Chap1 Letat
Chap1 Letat
Chap1 Letat
CHAPITRE 1
« L’ÉTAT »
Licence fondamentale « droit en français »
Semestre :1
A. Le territoire :
Les historiens ont montré que l'apparition de l'État va de pair avec celle du territoire,
car l'existence de frontières permet de fixer les limites dans lesquelles s'exerce le pouvoir
Étatique.
Exemple :
L’Alsace-lorraine, annexée par l’Allemagne en 1870 appartient, en raison de la volonté de
ses habitants, à la nation française bien qu’elle fasse partie de l’aire culturelle germanique.
Que le sentiment d’un destin partagé soit un ferment puissant d’identité nationale ne
signifie pas pour autant que les éléments objectifs ne joue aucun rôle. Car, n’existe pas de
nation sans volonté de vivre ensemble, cette volonté repose bien souvent sur une langue ou
une culture.
En effet, les auteurs français (RENAN) considèrent que la genèse d’une nation est
beaucoup plus complexe et qu’à côté des éléments ethniques, il faut faire entrer en ligne de
compte « le volontarisme ». La conception française est celle du vouloir vivre ensemble. Elle
signifie que les nations se forment sous l’influence de facteurs aussi nombreux que varié. Sans
doute il faut prendre en considération les éléments objectifs , mais aussi combiner avec les
éléments subjectifs .
D’abord, les événements historiques : les guerres, les calamités, en sens inverse, les
années de prospérité, les réussites communes. L’âme nationale est faite de souvenirs partagés,
de souffrance et de bonheur.
Ensuite, la communauté d’intérêt, principalement d’ordre économique, qui résulte en grande
partie de la cohabitation sur le même territoire.
Enfin, le sentiment de la parenté spirituelle, le fait que sans avoir les mêmes croyances,
une nation c’est une famille
2. L’ÉTAT ET LA NATION :
En occident, la nation est considérée comme le résultat d’un processus historique se
développant et même s’achevant avant la naissance de l’État : celui-ci abaissant en dernier
lieu, pour centraliser politiquement et juridiquement la nation. En fait, dans la plupart des
pays européens, le format de la nation a précédé celle de l’État. La nation allemande, la nation
italienne ont été des réalités sociologiques évidentes avant de prendre chacune la consistance
d’un État.
Dans cette perspective de « l’antériorité » de la nation par rapport de l’État, se pose le
problème de savoir si toute nation peut et correspondre un État. Le droit international apporte
sur ce point une réponse positive. Notamment à travers le principe des nationalités et le des
peuples à disposer d’eux-mêmes [l’auto-détermination].
Exemple :
Droits de législation et de règlementation, de justice, de police, de battre la monnaie,
de lever et entretenir une armée, d’accéder à la fonction publique, de conférer la nationalité.
Sur le plan externe, la souveraineté de l’État réside dans son indépendance à l’égard
de toute autre autorité. La souveraineté externe de l’État est en effet limitée par
l’obligation de respecter la souveraineté des autres États. L’État doit observer les règles
3. L’État de droit :
La souveraineté serait arbitraire si elle n’était limitée par le droit c’est la thèse de
l’autolimitation de l’État par le droit (Carré de Malberg).
L’État de droit se distinguerait de l’État de police en ce sens que, dans le premier, la
puissance publique ne peut agir que sur la base et dans les limites des règles qui s’imposent à
elle tandis que le second, malgré l’existence des règles juridiques, la puissance publique
pourrait agir selon son bon vouloir sans être tenu au respect de ces règles.
La théorie de l’État de droit a permis de subordonner l’administration au respect de la
loi, mais le législateur, seul apte à exprimer la volonté nationale, restait souverain. L’évolution
des dernières décennies a conduit à soumettre le législateur au respect de la constitution, à
travers le contrôle de la constitutionalité des lois.
Section 2 : les formes de l’État
Juridiquement, l’État se présente sous deux aspects principaux, l’État simple (unitaire)
comme la France, Maroc, Algérie, Tunisie, et l’État composé (fédéral, à l’instar des États-Unis
ou de l’Allemagne.
A. État unitaire :
Dans l’État unitaire, un seul pouvoir politique s’exerce sur l’ensemble du territoire.
Cette formule implique l’existence d’autorités politiques uniques ; une telle forme d’État
suppose l’assimilation des communauté hétérogènes dans un même ensemble national et donc
un recouvrement parfait entre la nation et l’État.
Cependant, il peut être difficile de gérer un État moderne à partir d’un centre unique
et l’éloignement du lieu de décision des administrés nuit tant à l’information du pouvoir sur
les problèmes réels des citoyens qu’à l’adéquation entre ces problèmes et les décisions qui
seront prisent, Napoléon III disait : « on peut gouverner de loin, mais on n’administre bien
que de près. »
D’où l’existence de modalités d’organisation de l’État unitaire : la décentralisation et
la déconcentration
1. La déconcentration (rapprocher l’administration de l’administré) :
La déconcentration s’analyse dans le transfert de moyens et d’attribution
administratives du pouvoir central au bénéfice d’agents de l’État placés à un niveau local,
c’est redistribution territoriale de pouvoir Étatique, un rééquilibrage entre le centre et la
périphérie est effectué au sein de l’administration d’État.
« C’est toujours le même marteau qui frappe, mais on en a raccourci le manche Pour
ajuster les coups » Odilon barrot
Selon l’article 135 de la constitution : « les collectivités territoriales du Royaume sont : les
régions, les préfectures, les provinces, et les communes. Toute autre collectivité territoriale
est créée par la loi ».
En outre l’État central garde un pouvoir de contrôle sur les activités des collectivités
décentralisées. L’article 145 de la constitution stipule que : « dans les collectivités territoriales,
les walis de régions et gouverneurs de provinces et préfectures représente le pouvoir central »
Parfois l’autonomie laissée à certaines collectivités peut aller plus loin que la simple
décentralisation. C’est le cas de l’Italie où il existe des régions disposant d’un pouvoir législatif
et en Espagne avec la mise en place dans le cadre de la constitution de 1978 de communautés
autonomes dotées de compétences variables selon les communautés.
C’est également le cas aujourd’hui de Royaume-Uni après la dévolution de pouvoir à
l’Ecosse et pays de galles et après l’accord sur le régime particulier de l’Irlande du nord en
1997 [Good Friday agreement].
Ces États que l’on peut qualifier de « régionaux » ou « communautaires » se
distinguent cependant des États fédéraux en raison de l’existence d’un ordre juridique unique,
celui de l’État.
B. L’État fédéral :
Il s’agit d’une union d’État ou, si l’on veut, d’un État d’États, unis par un lien de société.
Ce principe donne naissance à une fédération (alliance) ou à un État fédéral. De ce fait, l’État
fédéral est un regroupement de collectivités qui acceptent d’abandonner une partie de leurs
compétences au profit de regroupement qu’elles constituent.
L’État fédéral dispose des attributs de la souveraineté notamment sur le plan
international tandis que les collectivités qui le composent (État fédérées) conservent certaines
de leurs compétences.
On assiste donc à la superposition de deux structures qui ne se confondent pas, la
structure fédérale et les structures des États fédérées.
Sur le plan politique, l’État fédéral tente d’établir un équilibre entre le centre chargé
de la gestion des intérêts communs et la périphérie qui entoure composé d’entité fédérées qui
conservent la gestion de leurs intérêts propres. Cet équilibre est évolutif et comme tel,
naturellement générateur de tensions entre le centre et la périphérie.
Le droit fédéral l’emporte sur le droit des entités fédérées (règle de primauté) et
s’applique sur le droit des entités fédérées sans que soit nécessaires à cet effet une
quelconque intervention des entités fédérées (règles de l’application directe)
En un mot, le super-État dispose de la souveraineté plénière. Il apparait, en
conséquence, seul sur la scène internationale au point de faire figure d’État unitaire.