Séance 5 IED
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Séance 5 IED
En principe, lorsqu’une loi est promulguée, elle est censée s’appliquer à l’ensemble de ceux auxquels
ses dispositions s’adressent même s’ils en ignorent l’existence et le contenu.
Cependant dans la pratique, l’application d’une loi peut susciter plusieurs difficultés :
Quel est le domaine territorial de compétence de la loi marocaine ? C’est le problème de l’application
de la loi dans l’espace.
Quel est le domaine d’application temporel de deux lois qui se succèdent ? C’est le problème de
l’application de la loi dans le temps.
Par espace, il faut entendre ici le territoire de l’Etat qui constitue le champ d’exercice de la
souveraineté.
La question qui se pose ici est de savoir si la loi doit être appliquée de manière absolue à toutes les
personnes qui se trouvent sur le territoire d’un pays sans faire la distinction entre les citoyens et les
étrangers, et si elle doit s’appliquer uniquement dans les limites du territoire ou même en dehors du
pays ?
Ces questions sont dues au fait que le contenu des règles juridiques varie dans l’espace, c’est-à-dire
que d’un pays à l’autre, et pour le même domaine, les règles qui s’appliquent sont différentes.
Pour échapper aux conséquences de la relativité juridique découlant de la multiplicité des régimes
variant d’un Etat à un autre, on a pensé à une solution fondée sur deux principes : celui de la
territorialité des lois et celui de la personnalité des lois.
Conformément à ce principe, la loi s’applique à toutes les activités qui s’exercent dans le pays et à
toutes les personnes qui se trouvent dans les limites de ce pays.
Autrement dit, ce principe permet l’application des lois aussi bien aux nationaux qu’aux étrangers
résidents ou de passage dans un pays.
Ainsi par exemple, le droit pénal marocain s’applique aux étrangers qui commettent des infractions
sur le territoire marocain. De même, les français habitant au Maroc sont soumis à la fiscalité
marocaine.
Il s’agit d’une exception au principe de la territorialité des lois. En effet, ce dernier ne peut
s’appliquer d’une manière absolue et l’Etat peut être amené à appliquer sur son territoire des lois
étrangères.
Ce principe se justifie par le fait que dans certains domaines, il faut prendre en considération certains
éléments comme la culture, les traditions, la religion, l’histoire…
C’est le cas en matière de statut personnel dans laquelle interférent plusieurs considérations. Ainsi,
au Maroc, les étrangers peuvent se marier, divorcer conformément à leur loi nationale, à condition
toutefois que l’application de cette loi ne soit pas contraire à l’ordre public marocain.
Autrement dit, le conflit s’articule autour des situations et des effets juridiques nés sous l’égide de
l’ancienne loi et qui continuent de produire effet dans le cadre de la nouvelle loi.
Pour échapper au problème découlant de la succession de deux lois, on a cherché une solution
fondée sur le principe de la non rétroactivité des lois nouvelles.
Ce principe qui découle de la constitution signifie que la loi ne s’applique pas à des actes ou faits
juridiques antérieurs à son entrée en vigueur.
Ce principe se justifie par des considérations de sécurité et de stabilité juridique : si une personne qui
a obéi à une loi pouvait être inquiétée par la suite du fait d’une loi postérieure, la loi perdrait toute
crédibilité puisque personne n’oserait plus s’y conformer de crainte de voir son comportement
incriminé par une loi postérieure.
Cas des lois interprétatives : la loi expliquant ou interprétant une loi antérieure obscure est
logiquement rétroactive puisqu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une loi nouvelle, mais plutôt de
l’interprétation d’une loi ancienne.
Cas des lois pénales plus douces : il s’agit des lois pénales nouvelles ayant prévu des peines moins
sévères pour sanctionner les délinquants ayant commis des infractions réprimées plus sévèrement
par la loi ancienne. Dans ce cas, le juge est habilité à faire bénéficier le délinquant des dispositions de
la loi pénale plus douce. C’est ce qui découle de l’ article 6 du code pénal « lorsque plusieurs lois ont
été en vigueur entre le moment où l’infraction a été commise et le jugement définitif, la loi, dont les
dispositions sont les moins rigoureuses, doit recevoir application ».
L’exception de la nouvelle loi pénale plus douce ne joue que si le procès était en cours ou que le
jugement n’était pas encore définitif.