Rigoletto Massy 2019
Rigoletto Massy 2019
Rigoletto Massy 2019
RIGOLETTO
© Nelly Blaya
AVEC
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L’ARGUMENT
Les personnages
Après une ouverture d’une puissante intensité dramatique, le rideau se lève sur une grande
salle du palais où le Duc de Mantoue donne un bal. Le Duc entre en scène avec un de ses
ACTE I courtisans, Borsa, et lui confie qu’il a vu, à l’église, une jeune fille d’une grande beauté. Il a
PREMIER TABLEAU pu découvrir où elle demeure et de loin, lui fait la cour, mais il n’a pu apprendre son nom, de
même qu’elle ignore le sien.
Pendant que les danseurs en sont au menuet, un groupe de dames s’avance
et le Duc va vers la Comtesse Ceprano, et lui exprime son regret qu’elle quitte la Cour pour rentrer à
Ceprano. Le comte Ceprano qui, de loin, surveille ce manège, est pris à parti par Rigoletto, le bouffon
de la Cour, bossu et difforme, qui le nargue de ce qu’il ne peut empêcher le Duc de courtiser sa femme.
Le Duc continue de faire la cour à la comtesse Ceprano pendant que Marullo raconte à ses pairs courtisans que
Rigoletto, le bouffon de la cour, a une maîtresse. Pendant ce temps, Rigoletto se moque cruellement du comte
Ceprano pour son infortune ... Borsa et les autres coutisans se promettent, avec Ceprano, de se venger du bouffon.
Le comte Monterone, dont la fille a été séduite par le Duc, interrompt la fête et réclame vengeance. Rigoletto
ridiculise Monterone qui, père courroucé, maudit alors le bouffon terrifié
La scène se passe dans une ruelle obscure près de la maison de Rigoletto et du château du
Compte Ceprano.
ACTE I Rigoletto, en suivant la ruelle, rumine la malédiction de Monterone. Il est accosté par un
SECOND TABLEAU assassin de métier, Sparafucile, qui lui propose ses services. Bien qu’il n’en ait pas besoin
pour le moment, Rigoletto lui demande son nom et où on peut le trouver.
Une fois l’assassin parti, le bouffon dresse un parallèle entre leurs professions respectives,
l’un ayant pour arme sa langue et l’autre vivant de son épée.
Il déplore son sort de bouffon et exhale sa haine des courtisans que ses sarcasmes fustigent sans merci.
Sa fille Gilda, la seule source de bonheur dans la vie de Rigoletto, le reçoit affectueusement alors qu’il entre dans la
cour de sa maison. Gilda s’enquiert de l’histoire de la famille et insiste pour qu’il lui parle de sa mère ; Rigoletto lui
révèle seulement que sa mère est morte. Gilda essaie de la persuader de lui révéler quelque chose de son pays, de
sa famille et de ses amis, mais en vain.
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Craignant pour elle et toujours soupçonneux, Rigoletto ordonne à sa gouvernante, Giovanna, de surveiller Gilda de
près, il ordonne à Gilda de ne jamais quitter la maison.
Gilda ne l’avertit pas qu’elle est tombée amoureuse d’un homme qu’elle a vu à l’église et qui est en fait le Duc
travesti. Aussitôt que Rigoletto laisse Gilda seule, le Duc, habillé en étudiant pauvre, lui déclare son amour.
Après le départ du Duc, Rigoletto retourne chez lui et découvre les courtisans du Duc en train d’enlever Gilda, qu’ils
croient être la nouvelle maîtresse du Duc. Les courtisans expliquent à Rigoletto qu’ils sont en train d’enlever la
comtesse Ceprano, et le convainquent de tenir l’échelle les yeux bandés, aidant ainsi sans le savoir à l’enlèvement
de sa fille adorée.
Le second acte se passe dans le salon du Duc. Le Duc est ravi d’apprendre que Gilda a été
enlevée et il se précipite pour la retrouver dans sa chambre.
ACTE II
A ce moment, arrive Rigoletto. Il sait que sa fille doit être quelque part dans le Palais, et,
en affectant l’indifférence, se met, en posant des questions, en quête d’indices qui lui révè
leront où elle est. Lorsqu’il entend la réponse faite à un page apportant un message de la
Duchesse, qu’il n’est pas possible de déranger le Duc, il commence à soupçonner que Gilda en est la cause et, avec
véhémence, exige des courtisans qu’on lui rende la fille qu’ils ont enlevée chez lui.
Ils lui répondent d’aller chercher ailleurs sa maîtresse, mais il les stupéfie en s’écriant que c’est de son enfant qu’il
s’agit. Dans une scène puissante d’abord menaçant, puis suppliant, il essaie de leur faire dire où est Gilda, quand
une porte s’ouvre soudain et Gilda sort en courant de l’appartement du Duc.
Rigoletto, tout heureux, la serre dans ses bras, mais, la voyant en larmes, il se retourne furieux contre les courtisans
et leur enjoint de sortir. Restée seule avec son père, Gilda relate son premier entretien avec le Duc et l’enlèvement
qui le suivit. Rigoletto essaie de la consoler en lui promettant qu’ils vont quitter à jamais les lieux qui ont fait leur
malheur à tous deux. A ce moment, passe Monterone qu’on conduit à son cachot. Il s’arrête devant le portrait du
Duc pour déplorer que sa malédiction soit restée sans effet sur le libertin. Mais Rigoletto promet qu’il sera vengé,
tandis que Gilda qui aime encore celui qui l’a dupée, supplie son père de pardonne
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Le rideau se lève sur un décor d’auberge délabrée, dans un coin désert, sur les rives du
Mincio. Rigoletto amène Gilda à l’auberge de Sparafucile pour qu’elle voie le Duc, déguisé
ACTE III en officier de cavalerie, en train de faire la cour à la sœur de l’assassin, Maddalena. Gilda,
qui a tout vu et tout entendu, est anéantie par l’infidélité de son amoureux. Rigoletto
éloigne Gilda, avec ordre de revêtir un costume masculin et de s’enfuir à Vérone, pendant
que lui-même reste là.
Gilda partie, Sparafucile rencontre Rigoletto à l’extérieur de l’auberge et ils conviennent que le Duc doit être
assassiné et que Rigoletto retournera chercher le corps à minuit. Maddalena, maintenant, commence à regretter
d’avoir aguiché le Duc pour le livrer à son frère. Elle lui conseille donc de s’en aller avant l’orage, mais le Duc n’en a
pas envie et Sparafucile est ravi de le conduire à l’étage, dans le grenier à foin où il passera la nuit.
L’orage est au plus fort lorsque Gilda revient, travestie en homme. Elle s’approche de l’auberge et entend Maddalena
demander à son frère d’épargner le bel inconnu. Sparafucile accepte un compromis qui ne le privera pas de son
salaire : si un étranger vient à l’auberge avant minuit, il le tuera et il aura ainsi, à défaut de celui du Duc, un cadavre
à livrer dans un sac pour Rigoletto. En entendant cela, Gilda décide de se sacrifier pour celui qu’elle aime toujours.
Elle s’approche de la porte, demande à entrer.
Quand Maddalena ouvre à Gilda, un terrible coup de tonnerre retentit, couvrant les cris de la malheureuse au
moment où l’assassin la frappe. L’orage s’apaise peu à peu. Rigoletto revient chercher le cadavre du Duc. Enfin,
ce moment tant attendu de la vengeance est arrivé. Alors qu’il rame au milieu de la rivière, se préparant à jeter le
corps par-dessus bord, il entend la voix du Duc chanter au loin le refrain «La donna è mobile».
Il déchire le sac et découvre sa fille mourante q ui l ui d emande pardon. Eperdu d e douleur, i l l a prend d ans ses
bras. Ce sont, entre le père et la fille, de déchirants adieux et quand Gilda expire, Rigoletto, anéanti, clame que la
Malédiction a fait son œuvre.
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LE COMPOSITEUR / GIUSEPPE VERDI
Pendant ce qu’il nommera plus tard ses « années de galère » Verdi établie sa réputation avec des fortunes diverses,
grce à une impressionnante série d’opéras, écrits parfois à la hte et sans qu’il puisse en choisir toujours les
interprètes, mais dans lesquels il affine so n écriture, développe sa palette orchestrale, s’appuyant généralement
sur des trames historiques propres à trouver un écho dans une Italie en lutte contre l’occupant Se succèdent I Due
Foscari (ou se profile la technique du leitmotiv), Giovanna d’Arco, Attila, Macbeth ...
Toujours en butte à la censure qui impose des altérations concernant les sujets, les personnages,
l’époque ou le lieu, et fait changer maintes fois les titres des opéras lors de leurs créations dans les
diverses villes de la péninsule, Verdi se tourne vers le drame bourgeois avec Luisa Miller et Stiffelio.
Sans rival en Italie après 1850, las de se plier aux exigences des imprésarios et des publics, Verdi, auquel ses séjours
parisiens apportent beaucoup et qui peut compter désormais sur l’affection, la culture et la diplomatie de sa compagne
Giuseppina Strepponi (qu’il épousera en 1859), prend davantage de recul vis-à-vis de sa production. Choisissant
librement ses sujets, imposant plus que jamais sa volonté tyrannique aux librettistes, sachant mieux contourner
la censure, il va confirmer sa préférence donnée, depuis Luisa Miller, à l’humain et au social sur le politique.
Rigoletto (1851 ), premier volet de ce qu’on appellera plus tard avec Le Trouvère et La Traviata sa « trilogie populaire
», marque un tournant dans son évolution : le drame se resserre à ses trois acteurs essentiels, chargés d’un
immense potentiel dramatique avec des suites d’airs, de duos et brèves scènes bien délimitées. Ces trois opéras
tracent de bouleversants portraits de créatures féminines vouées au malheur ou à l’echec de leurs amours
par la société et le pouvoir. Avec Les Vêpres Siciliennes, Verdi confirme surtout sa réputation de premier
compositeur d’Europe, invité pour inaugurer l’Exposition Universelle.
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Il remanie par la suite Stiffelio sous le titre Aroldo, cette évolution laisse déconcerté le public traditionnel de Venise,
auquel échappent la grandeur et la nouveauté de Simon Boccanegra, et qui sanctionne l’absence d’airs à succès, en
même temps qu’une interprétation vocale insuffisante. Avec Un Bal Masqué, Verdi donne une synthèse
stupéfiante de son évolution, ayant assimilé toutes les influences parisiennes jusqu’à celles d’Offenbach, associant
l’amour à l’amitié et à la politique, mêlant intimement le léger et le tragique, et sachant s’ouvrir à un langage
orchestral et harmonique très subtil tout en déployant une vocalité à la respiration plus ample, et où de grands arias
s’intègrent parfaitement au discours continu. Après cet opéra Verdi annonce son intention de poser la plume et
s’investit dans le combat final du Risorgimento (V.E.R.D.I devenant un slogan pour Victor Emmanuel Roi d’Italie), se
laissant élire député de Busseto, et intronisant personnellement Cavour. Se voyant contesté par l’aile gauche de la
jeunesse intellectuelle soudain désengagée, dès lors que les frères Boito tiennent son Bal Masqué pour une «
œuvrette pitoyable », Verdi demeurera près de 30 ans sans offrir la primeur de ses nouveaux opéras : c’est à Saint
Petersbourg qu’il donne sa Force du Destin, à Paris Macbeth remanié, et Don Carlos écrit pour la nouvelle Exposition
Universelle. Avec Aïda (Le Caire, 1871 ), un opéra pour lequel Verdi reçoit une rémunération jamais perçue par aucun
compositeur, il se montre désireux, et capable, d’affirmer sa suprématie face à cette commande pour laquelle
Gounod et Wagner avaient failli être sollicités. L’œuvre, faisant appel au mythe de l’héroïne sacrificielle, repose sur des
voix de dimension nouvelle. Verdi observe ensuite une légère pause en écrivant un quatuor à cordes, puis sa Messa
da Requiem à la mémoire de Manzoni (1874) qu’il dirige triomphalement dans toute l’Europe. Réconcilié avec Boito
qui s’incline devant son génie, il bénéficie du concours de son cadet pour présenter triomphalement à Milan une
version refaite de Simon Boccanegra, nouvelle démonstration de son pouvoir d’intégrer la trame amoureuse à la
grande fresque humaine et politique. Il compose Otela puis Falstaff témoigne d’un stupéfiant renouvellement :
l’octogénaire, au faîte de 55 années de création, ouvre pour le siècle à venir le retour à la comédie. Verdi disparaît sans
héritiers et lègue sa fortune (et les droits d’auteurs à venir) à la Maison de retraite des vieux musiciens qu’il avait
fondé à Milan. Enterré simplement, selon son vœu, il reçut ensuite de la ville de Milan un hommage solennel, tel
qu’aucun compositeur n’en connut jamais. Une partie de son œuvre fut écartée au nom de la souveraineté du drame
wagnérien. Mais c’est d’Allemagne que partit, dès 1930, le grand mouvement de la « Renaissance-Verdi », aujourd’hui
fait universel.
1839 « Oberto »
1840 « Un giorno di regno »
1842 « Nabucco »
1843 « Lombardi alla prima Crociata »
( devenu « Jérusalem », 1847)
1844 « Ernani »
1845 « Giovanna d’Arco »
1813 Né à Roncole. 1845 « Alzira »
1832 Recalé au conservatoire de Milan. 1847 « Macbeth » (révisé en 1865)
Les opéras de Verdi
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LE CONTEXTE DE CRÉATION
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LA MUSIQUE
Avec Rigoletto, Verdi s’attache à la continuité dramatique et à l’expression des sentiments dans l’action.
Il privilégie la déclamation, recourt peu aux formes closes (airs, ensembles) et adopte une construction en
grands blocs dramatiques. Le bref prélude énonce le thème de la malédiction (une note sur un rythme pointé
répété de manière lancinante et menaçante), véritable obsession pour Rigoletto, qui réapparaît tout au long de
l’œuvre.
L’Opéra conjugue le tragique et le frivole avec des ruptures de ton : au prélude tragide succède une musique
de banda et de bal (Verdi évite ainsi le traditionnel choeur initial) et un ton superficiel et bouffon, brusquement
interrompu par l’arrivée de Monterone. Les contrastes de ce type abondent dans la partition : la farce de
l’enlèvement, ( 1, finale, chœur des conspirateurs « Zitti, zitti ») bascule en quelques mesures dans la tragédie de
Rigoletto ; après la description musicale effrayante de la sinistre taverne éclatent la morgue et l’insolence du duc
(Ill, n°11 « La donna è mobile») A ces ruptures de ton répond la grande variété des styles utilisés :
- le style parlante où, tandis que la voix exprime le texte, la mélodie est confiée à l’orchestre
ou aux instruments(l,n° 3 ; 1 n° 7),
- le récitatif, le duo comme une longue conversation (1, n° 4),
- l’arioso, (ll,n° 9, "Ebben piango"),
- l’aria, ("Caro nome"),
- la chanson strophique ("La donna è mobile").
Rigoletto, rôle typique de baryton dramatique verdien, n’a pas d’air soliste mais des scènes en récitatif
cantando, déclamation dramatique évoluant selon les méandres de son âme torturée : Rigoletto invectuce,
pleure, sup plie, devient lyrique lorsqu’il s’agit de Gilda. Les airs sont l’apanage du duc, libertin invétéré.
Tendresse et lyrisme éthéré caractérisent la ligne vocale de Gilda.
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QUELQUES THÈMES DE TRAVAIL
LE THÈME DE LA MALÉDICTION
Beaucoup d’opéras traitent du thème dramatique de la malédiction (blasphème) avec souvent son opposé : la
rédemption (vengeance divine ou destinée). La malédiction, c’était le titre préalable de l’ouvrage (Rigoletto).
Dans l’œuvre, elle est omniprésente, telle une obsession. Elle hante l’ouvrage, régulièrement répétée dans le
texte, revenant en leïtmotiv à l’orchestre, récurrente dans l’action, obsédant la conscience comme l’inconscient
de Rigoletto. Elle apparaît dès l’ouverture, pour être solennellement proférée dès la scène six par Monterone,
(sorte de « Commandeur »), elle se fait « passante » quand ce dernier ne semble revenir sur scène que pour la
susurrer. Et bien sûr, elle conclut les interventions de Rigoletto, jusqu’à la confession finale.
LE THÈME DE LA DISSIMULATION
Elle est multiple : Rigoletto qui dissimule sa paternité ; Gilda qui cache à son père ses rencontres avec le Duc,
celui-ci qui feint une autre identité que la sienne ... Elle relève de motifs divers, qui sont les motifs profonds du
drame : la jalousie et l’instinct de possession chez Rigoletto, la crainte, la pudeur chez Gilda mais aussi le désir de
préserver sa vie de femme naissante contre la tyrannie d’un père qui souhaite la maintenir en vierge recluse, la
ruse de séduction et le gôut du jeu chez le Duc ...
Elle donne lieu à un jeu de masques: la scène du rapt où Rigoletto, les yeux bandés ( « sono bandato ») croit
enlever une autre que sa fille (elle aussi baillonnée) ; de même, le quatuor final, où chacun joue un rôle différent
que celui que ses partenaires croient lui voir ou lui faire tenir.
Par elle, les identités sont perverties et s’échangent : Rigoletto connaît la souffrance de Monterone, Gilda se fait
complice de Maddalena, puis se substitue au Duc. Lequel se fait passer pour étudiant. Sans elle, la malédiction
de Monterone serait inopérante. Il faut ces duplicités et ces permutations pour qu’elle s’accomplisse.
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Victor Hugo dramaturge
À vingt-six ans, dans la célèbre préface de Cromwell, Victor Hugo jette les bases d’un genre nouveau : le drame
romantique. Dans ce texte, le jeune homme ambitieux remet en cause les règles bien établies du théâtre
classique, et introduit les thèmes romantiques sur la scène : multiplication des personnages, des lieux, mélange
des registres - le vulgaire et le recherché, le sublime et le grotesque - et met ainsi davantage de vie dans un
théâtre trop compassé. Revers de la médaille : Cromwell, pièce aux 6000 vers et aux innombrables
personnages n’est pas jouée - « injouable » disent certains ... C’est grâce à Hernani que le dramaturge accède
véritablement, en 1830, à la célébrité et prend une place déterminante parmi les modernes. Les années
suivantes, Hugo se heurtera aux difficultés matérielles (scène à l’italienne, peu propice aux spectacles
d’envergure) et humaines (réticences des Comédiens Français devant les audaces de ses drames). Il alternera
triomphes (Lucrèce Borgia) et échecs (Le Roi s’amuse), avant de décider, avec Alexandre Dumas, de créer une
salle dédiée au drame romantique : ce sera le Théâtre de la Renaissance où il fera donner, en 1838, Ruy Blas.
En 1843, l’échec des Burgraves l’affecte durement. Hugo désespère de parvenir à un théâtre à la fois exigeant
et populaire. Le dramaturge, frappé en outre par le deuil (Léopoldine meurt cette même année), délaisse la
scène. Victor Hugo marquera son retour au théâtre avec l’écriture, à partir de 1866, de plusieurs pièces, dont la
série du Théâtre en liberté.
Au fil des pages de certains articles de l’excellent numéro des 25 ans de l’Avant-Scène Opéra sur Rigoletto,
celui qui aime autant Victor Hugo et Le Roi s’amuse que Verdi et Rigoletto regrette de constater que les idées
reçues perdurent et que l’influence d’une tradition hostile au dramaturge et à sa pièce se fait encore sentir. A
lire que « tout le génie de Hugo n’a pu prolonger d’une seule soirée les tourments de son Triboulet » et que « Le
Roi s’amuse ne vit plus que dans les histoires de la littérature 1 », on sursaute : car enfin si le drame n’a pas
été, à sa création, joué plus d’un soir, c’est qu’il a été interdit ! et s’il n’a pas été repris en 1873, c’est qu’il a été de
nouveau interdit ! Après quoi il a connu sa deuxième représentation et bien d’autres de 1882 à 1886, en 1895,
1911-1912, puis, plus près de nous, en 1963, en 1991 et 1992 ; ce qui rend caduque la note selon laquelle
« la pièce n’a plus été jouée depuis 1912 » . A celui qui aurait besoin de la caution d’un homme de théâtre
très admiré, on pourrait signaler qu’après avoir mis en scène Hernani et Lucrèce Borgia, Antoine Vitez déclarait
en 1986 : « Ah ! j’ai envie de monter Le Roi s’amuse, j’envisage de monter Le Roi s’amuse ; c’est une œuvre
vraiment merveilleuse, [ ... ] qui a un équilibre, une beauté très rare, oui2 ». Alors pourquoi répéter que « le
théâtre de Hugo s’accomplit en mélodrame lyrique3 », que «Le Roi s’amuse n’est donc lui-même qu’à l’opéra 4 »,
comme s’il ne trouvait son « accomplissement » que transposé à l’opéra ?
Il est vrai que jusqu’à présent la gloire de Rigoletto éclipse celle du drame grâce auquel Verdi a, selon la belle
formule de Gilles de Van, « fait voler en éclats la belle idéalité du mélodrame traditionnel ». Donc que Le Roi
s’amuse, où le thème de la « malédiction » est si important, peut encore faire figure de pièce « maudite ».
Est-ce une raison pour en médire ? Et que valent les arguments de ses détracteurs ?
1 Jean-François Labie, « La Voix du remords », L’Avant-Scène Opéra, n° 112-113, juillet 2001, p. 1 03.
2 « Antoine Vitez à la Sorbonne », transcription d’une intervention et d’un débat, dans Romantisme, n°69, 3e trimestre
199 0, p. 121.
3 Jean-Michel Brèque, L’Avant-Scène Opéra, n° 112-113, juillet 2001, p. 77.
4 Ibid., p.85.
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Rappelons d’abord que Le Roi s’amuse, comme tout le théâtre de Hugo, ne « se réclame » pas du « genre
tragique6 ». L’auteur de la préface de Cromwell a rompu avec lui comme avec les règles classiques. Il a choisi
résolument le drame. Le drame, et non le mélodrame. Dire que « Le Roi s’amuse est bien dans son
essence un mélodrame7 », c’est ou bien reprendre le langage des ennemis de Hugo ou bien se tromper sur ce
qu’est le mélodrame. Celui-ci ne mérite pas, soit dit en passant, le mépris qui continue si souvent à s’attacher à
lui. Simplement, il a ses codes, que le théâtre de Hugo n’adopte pas. Par exemple, le mélodrame, sous sa forme la
plus répandue au moment où Hugo commence à écrire pour la scène, finit bien : c’est-à-dire que les « bons » y
sont récompensés et les « méchants » punis, que le jeune premier redresseur de torts y épouse la jeune
première longtemps menacée mais jamais déshonorée, que la justice est rétablie. Est-il besoin de souli gner à
quel point Le Roi s’amuse s’éloigne d’un tel schéma ? Triboulet est-il bon ? est-il méchant ? qui est récompensé ?
le tyran est-il puni ? Blanche échappe-t-elle au pire ? le dénouement est-il apaisant ?
Avant de présenter « les tirades torrentielles » comme « caractéristiques de Hugo 9» ou d’écrire que «
la grande tirade appartenait entièrement à Hugo » et que l’on y retrouvait « les formules les plus
convention-nelles du mélodrame 1 0», il conviendrait de s’aviser du fait que Hugo a expressément préconisé
de fuir « la tirade 11 ». L’impression d’entendre des tirades lorsqu’on assiste à la représentation d’une pièce de
Hugo résul te donc de la mauvaise interprétation d’acteurs peut-être mal dirigés qui déclament ou dévident les
vers sans tenir compte de leur structure et des avertissements de l’auteur. Reste que l’existence de pauses
dans l’action ne constitue pas nécessairement un défaut ; ou alors il faudrait considérer le monologue d’ Hamlet
comme une perte de temps !
Il arrive que le parti pris en faveur de Rigoletto et contre Le Roi s’amuse aille jusqu’à l’éloge de la censure. On
croit qu’une distance va être prise, puisque la « pudibonderie » est mise en cause et que la qualification comme
« scandaleuse » de la scène supprimée -entre le roi et Blanche que les courtisans viennent de lui livrer se trouve
entre guillemets, mais voici que le point de vue des censeurs est partagé : « scène particulièrement réaliste et
pénible où le roi se montre libertin, jouisseur et désinvolte devant une Blanche atterrée, laquelle se débat et
court s’enfermer ... dans la chambre du roi12». Que faut-il comprendre? Que ce ne sont pas des choses à montrer
-on ne voit« heureusement pas 1 3», nous dit le même critique, le duc de Mantoue « traîner la brebis dans son
antre 14»- ou qu’un roi ne saurait se comporter ainsi ? C’est la seconde hypothèse qui va se confirmer. « Le roi-
chevalier François est peint par Hugo sous des couleurs inédites et peu flatteuses dont on comprend que la
censure se soit émue 1 5». Emporté par sa « compréhension » de la censure, le commentateur ne voit d’ailleurs
qu’avantage à une atténuation, très fréquente dans les éditions de Rigoletto, de « la violence du verbe
hugolien 16», mais que Verdi, Gilles de Van nous le rappelle 17, a explicitement désapprouvée : « Una stanza e del
vino ! » (Une chambre et du vin ! ) au lieu de « Ta sœur, et mon verre ! » (que Piave et Verdi avaient très
fidèlement traduit : « Tua sorella e del vino ») .
Certes, il y avait quelque audace de la part de Hugo à désacraliser une figure aussi valorisée par l’histoire que
celle de François Ier ; mais la compréhension de la censure est, soulignons-le, poussée jusqu’à l’approbation, à
travers un réquisitoire contre le personnage, soigneusement distingué de son modèle historique : « Le brillant,
l’esprit, l’aisance parviennent mal à dissimuler ce que le personnage, peu sympathique au total, affiche
d’égoïsme, de cynisme, d’insensibilité.
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Sa capricieuse et presque infantile insouciance le réduit à la dimension d’un vulgaire libertin ». Cela n’est pas mal
vu, l’analyse est même très juste mais elle ne parvient pas à admettre que l’on puisse représenter ainsi la
monarchie française et un de nos glorieux souverains : « Si, vers 1 520, la royauté n’est que cela, il doit y avoir
quelque chose de pourri au royaume de France ... 1 8» Et si c’était précisément ce que Hugo voulait suggérer et
que les censeurs avaient bien deviné ! mais que l’auteur de ce commentaire refuse de croire, comme il refuse de
croire qu’un « souverain » puisse être « un vulgaire libertin ». Aussi se fait-il avocat de la défense ... du roi , lui
trouvant tout de même -dans le drame (plus complexe donc qu’il ne le laissait entendre)-« des circonstances
atténuantes », des faits qui sont à sa « décharge » ... Avant de conclure en faveur de la condamnation ... du
poète : « Au total, ce prétendu souverain n’est qu’un être sommaire et tout d’une pièce, sans vraie complexité
psychologique. L’opéra l’a modifié à son avantage, la musique lui conférant un peu plus de cœur et d’intériorité.
Mais le personnage n’en est pas devenu plus crédible pour autant 19».
On retrouve là un vieux reproche de la critique hostile à Hugo : son prétendu manque de « psychologie »,
combiné à un autre, non moins éculé : le défaut de crédibilité de ses créations. Tout se passe comme si l’im-
pératif de vraisemblance posé par Boileau et maintenu par la tradition scolaire restait toujours en vigueur dans
beaucoup d’esprits marqués par l’érection scolaire du classicisme en dogme. Mais la revanche de Hugo, sur le
terrain même choisi par l’adversaire, ne tarde pas à venir, parmi les supposés exemples d’invraisemblance : « Cet
être difforme [Triboulet] a cependant une fille (voilà qui est surprenant), très belle (autre prodige) 20. ». Comme le
fait dire avec humour Hugo à l’un de ses personnages du Théâtre en liberté : « Les monstres peu-
vent ne pas être célibataires21 » ... Mais la surprise qu’inspire la paternité du bouffon n’est peut-être que la
conséquence d’une inattention au texte de la pièce (et du livret) ; car, contrairement à ce qui est avancé
imprudemment, Triboulet n’a pas été condamné comme Quasimodo à la « chasteté22 », il n’a pas toujours été
« sexuellement frustré23 », il a connu le bonheur d’être aimé par une femme exceptionnelle.
Qu’elle ait été belle ne tiendrait pas plus du « prodige » que la beauté de la fille d’un père« difforme ». A moins de
s’imaginer qu’une belle femme ne puisse aimer un homme « laid » ou que tous les enfants ressemblent à leur
père exclusivement ! Voilà à quoi expose la soumission aux idées reçues (sensible également dans la répugnance
à l’égard de la façon dont Triboulet essaie de « dégoûter sa fille en lui montrant le manège » de son bien-aimé
auprès de Maguelonne : « le procédé est d’un goût des plus douteux24 ») : au ridicule tout simplement. Et ce n’est
pas le recours épisodique à la psychanalyse qui peut y faire échapper : Triboulet« a subi du fait de l’attentat du
roi [sur sa fille] une manière de castration25» ! L’opéra italien « propose le plus souvent des variations sur une
situation-type liant un ténor, une soprano et un baryton, laquelle reproduit du point de vue des profondeurs
psychanalytiques celle du trio fils-mère-père. Le baryton-père contredit et voue régulièrement à l’échec les
amours du fils-ténor et de la soprano-mère.
Ainsi dans La Traviata [soit !], Don Carlos [d’accord !], Tosca [tiens ! il n’est pas évident que Scarpia soit le père de
Mario !], etc. [soit. .. ]. Dans Rigoletto, la situation reste bien de ce type en dépit d’apparences contraires, le
bouffon-baryton s’opposant aux amours de sa fille-soprano et du Duc-ténor. Comme ceux d’Elisabeth de Valois
ou de la courtisane Violetta, les sentiments de Gilda comportent en dépit de son très jeune âge une dimension
maternelle, accrue peut-être par le fait que son amant est un Don Juan (le donjuanisme est une forme bien
connue d’attachement à la mère). Cette dimension est plus sensible chez Gilda que chez l’héroïne de Hugo du
fait de l’acclimatation du personnage dans le cadre de l’opéra italien26 [sans doute les jeunes filles y sont-elles
atteintes du syndrome de la ‘mamma’] ». Trêve de plaisanteries, disons-le carrément, la dénonciation du théâtre
de Hugo est un combat d’arrière-garde. Il n’y aurait jamais eu de Rigoletto sans Le Roi s’amuse. Verdi en était le
premier conscient et reconnaissant. Il a su discerner avec clairvoyance ce qui a échappé à tant de critiques et
qui n’est même pas encore entendu aujourd’hui, que « Le Roi s’amuse est l’histoire la plus grande et peut-être le
drame le plus beau des temps modernes », que Triboulet est« un personnage digne de Shakespeare27 » et « une
des plus belles et des plus fières créations du théâtre mondiaI28 ».
Arnaud Laster
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EN SAVOIR PLUS SUR L’OPÉRA
L’histoire de l’opéra
C’est de l’année 1600 que l’on a coutume de dater la naissance de l’Opéra. Pourtant, il est avéré qu’un «ouvrage»
dans lequel on s’exprimait en chantant a été représenté quelques années plus tôt, vers 1597 à Florence en Italie
(Dafné de Jacopo Peri). Malheureusement la partition est aujourd’hui perdue pour la plus grande partie.
Toujours à Florence en 1600 à l’occasion du mariage de Marie de Médicis avec Henri IV, roi de France, le même
Peri créé Euridice, opéra dont il est à la fois, compositeur et interprète puisque, il est excellent chanteur et tient
lui-même le rôle d’Orphée. Le nom de Peri est donc associé à la naissance de L’opéra. Le premier Opéra de
Claudio Monteverdi (1567-1643), Orfeo est considéré comme le premier véritable Opéra, créé au Théâtre de la
Cour de Mantoue le 24 février 1607, avec un succès considérable. Avec celui-ci on quitte l’expérimentation que
représente I’Euridice de Peri. Monteverdi atteint véritablement un art complet non seulement parce qu’il mêle le
chant à la danse avec un art consommé, mais aussi parce que le chant et le récitatif sont éclairés par les
couleurs instrumentales tout en exprimant les sentiments, le pathétique et l’émotion. Tous les éléments hérités
de sa pratique régulière du Madrigal y sont exaltés. L’Opéra est conçu comme une synthèse de la poésie, de la
danse, de la décoration et de la musique d’où la désignation sous le terme d’ « opéra » (pluriel du mot latin opus,
« œuvre » ). La combinaison des différentes disciplines, parties prenantes de ce genre nouveau, qui en fera une
forme inédite et puissante d’expression, susceptible de toucher le public sur plusieurs plans : musical, poétique
et émotionnel. C’est en cela que l’opéra est, comme son nom l’indique, pluriel. C’est en cela aussi qu’il est unique.
C. MONTEVERDI (1567-1643)
Les grands fondateurs de l’opéra
Orfeo
H. PURCELL (1659-1695)
Le roi Arthur
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EN SAVOIR PLUS ... SUR LA VOIX
LES CHANTEURS LYRIQUES
[ CANTOR / CANTATRICE ]
Selon que l’on soit un homme, une femme ou un
enfant, le chant lyrique connaît une classification
spécifique par tessiture. À savoir la partie de
l’étendue vocale ou de son échelle sonore qui
convient le mieux au chanteur, et avec laquelle il
évolue avec le plus d’aisance.
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LES INSTRUMENTS D’ORCHESTRE
LE HAUTBOIS
Le hautbois d’orchestre actuel est d’origine française. Il tient sa facture moderne
d’un perfectionnement du début du XXe siècle. Employé davantage dans l’orchestre à
l’époque romantique, il revient actuellement comme instrument soliste. Le hautboïste
donne le « LA » à l’orchestre lorsqu’il s’accorde.
LA CLARINETTE
Son nom vient du latin « clarus » qui signifie clair. Elle a été inventée en Allemagne
à la fin du XVIIe siècle à partir d’un instrument préexistant : le chalumeau dont-on a
augmenté l’étendue. Elle est modifiée au XIXe siècle pour atteindre le perfectionnement
que nous lui connaissons aujourd’hui. Il en existe une multitude de types, plus ou
moins graves. Il s’agit de l’instrument à vent possédant la plus grande étendue : 45
notes.
LE BASSON
Le basson est de la famille du hautbois. La sonorité du basson est mordante dans le
grave et étouffée dans l’aigu. Le dulcian est l’ancêtre du basson qui permet un jeu
plus aisé. Au XIXe siècle le basson allemand se différencie du basson français, si bien
qu’il faut un grand travail pour passer de l’un à l’autre. Le basson allemand est le plus
joué.
LE SAXOPHONE
Le saxophone est de la famille des bois mais n’a jamais été fabriqué en bois.
Le saxophone a été inventé par le belge Adolphe Sax en 1846. Il souhaitait créer
un nouvel instrument pour l’orchestre et en fit la publicité auprès des compositeurs
de son époque comme Berlioz. Mais c’est plus la musique militaire et le jazz qui le
rendirent célèbre.
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LES INSTRUMENTS À VENT : LES CUIVRES
LE COR
Aux XVIe et XVIIe siècles, le cor, ou trompe de chasse, est limité comme le clairon qui
peuple nos fanfares. Il a été plusieurs fois amélioré, en y ajoutant des pistons, pour
pouvoir figurer dans l’orchestre. Il devient « cor d’harmonie » avant de devenir « cor
chromatique » et enfin « double cor» en acquérant de nouvelles sonorités au milieu
du XIXe siècle.
LA TROMPETTE
La trompette est un très ancien instrument de musique. Fabriquée en os, en bois,
en cornes ou utilisant des coquillages, elle servait à communiquer, donner l’alarme
ou effrayer des ennemis, des animaux dangereux. Dans son évolution, elle garde
un côté guerrier et militaire. Les cérémonies romaines sont ponctuées de sonneries
à la trompette. Les casernes aujourd’hui sont encore rythmées par le clairon.
Les chasseurs sonnent le cor lors des battues. La trompette reste longtemps un
instrument limité avant l’invention du piston qui lui donne son allure actuelle.
LE TROMBONE
L’origine du trombone est très ancienne. Il descend de la saqueboute utilisée au
Moyen-âge. Son succès connaît des hauts et des bas. Il disparaît et revient plusieurs
fois au goût du jour. C’est au XVIIIe siècle qu’il revient définitivement. Sa coulisse est
apparue au IXe siècle, cette originalité donne des possibilités uniques qui attireront
de nombreux compositeurs.
LE TUBA
Le tuba a une histoire complexe. « Tuba » signifie « trompette » en latin et n’a pas
toujours désigné l’instrument que nous connaissons aujourd’hui. C’est au XIXe siècle
qu’Adolphe Sax et l’invention des pistons lui donnent la forme que nous pouvons voir
dans les orchestres symphoniques.
L’ALTO
Il est plus grand que le violon sans que sa taille soit clairement définie : elle peut varier
de 10 centimètres. En fait, la forme de l’alto n’est pas la forme idéale qu’il devrait
avoir. Pour sa tonalité, il devrait être plus gros, plus grand. Mais il doit garder une
taille jouable ; peu épais pour pouvoir se loger sur l’épaule de l’altiste, ne pas avoir un
manche trop grand... Bref, l’alto est un compromis.
Seul son timbre est clairement reconnaissable, très chaud dans les graves. Il a
longtemps été le parent pauvre des orchestres. Quelques œuvres pour alto ont été
écrites par des compositeurs romantiques tel Carl Ditters von Dittersdorf.
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LE VIOLONCELLE
Les premiers violoncelles apparaissent au milieu du XVIe siècle. Ils viennent
concurrencer fortement l’instrument roi de l’époque : la viole. Le rejet a été très fort en
France et il devient populaire par l’Allemagne où J.S. Bach lui consacre ses très célèbres
Suites pour violoncelle seul. Longtemps contenu à des rôles d’accompagnement,
c’est avec les orchestres symphoniques modernes qu’il s’installe définitivement.
LA CONTREBASSE
La contrebasse est le plus grand (entre 1,60m et 2m) et le plus grave des instruments à
cordes frottées. Elle est apparue plus tardivement que les violons, altos et violoncelles.
Les partitions d’orchestre pour contrebasse se contentent souvent de doubler les
violoncelles à l’octave inférieure. Mais la richesse de son jeu a incité les compositeurs
à lui consacrer plus de place. Les jazzmen l’affectionnent particulièrement et ont
inventé de nombreux modes de jeux avec ou sans archet, voire même avec l’archet
à l’envers, côté bois.
LE CLAVECIN
Le clavecin peut être muni de un, deux ou trois claviers. Il apparaît au début du XVIe
siècle, dérivé du psaltérion. Tout d’abord simple remplaçant du luth comme instrument
d’accompagnement du chant, il prend une importance croissante jusqu’au XVIIIe
siècle. Puis il est abandonné pour le pianoforte avant de réapparaître au XXe siècle
avec la grande claveciniste Wanda Landowska.
LES PERCUSSIONS
La famille des percussions se répartie en deux catégories : les membranophones et
les idiophones. Les membranophones sont construits autour d’une membrane ou de
cordes qui vibrent au-dessus d’une caisse de résonance lorsqu’on les frappe. Le son
est amplifié par cette caisse. On peut citer les tambours (membrane), les cymbalums
(cordes). Les idiophones sont les instruments dont le corps est lui-même l’élément
sonore. Citons les castagnettes, les carillons ou le triangle.
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LES INGRÉDIENTS DE L’OPÉRA
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