B 9 000 000.vf3-Sav
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1. LE POLYETHYLENE
La naissance du polyéthylène
- en Angleterre
En 1932, à l'Alkali Division des Imperial Chemical Industries, à Northwich (Cheshire), est
entreprise une recherche sur l'influence des très hautes pressions sur les réactions en chimie
organique. Entre autres réactions on étudie celle de l'éthylène et du benzaldéhyde sous 3000
atmosphères, à 170°C; mais, aucun résultat intéressant n'est obtenu. Deux ans plus tard, un essai de
polymérisation de l'éthylène seul, sans autre substance organique, est tenté à 180°C. Avec l'aide du
laboratoire de thermodynamique d'Amsterdam, familiarisé avec les équipements permettant de
travailler sous très haute pression, est installé un petit réacteur de 80 cm3. Cette fois, 8 grammes d'une
poudre blanche identifiée comme étant du polyéthylène sont obtenus. Après enquête, il semble bien
que ce résultat positif soit dû à une entrée accidentelle d'air, conséquence d'un joint défaillant. L'air,
plus précisément l'oxygène, a joué le rôle d'amorceur1.
Quoi qu'il en soit, ce nouveau matériau se révèle particulièrement intéressant par ses propriétés
électriques dont on entrevoit une valorisation pratique car il répond à une demande du marché: c'est
d'abord l'isolation des câbles sous-marins: c'est ensuite la fabrication d'équipements radar embarqués
et terrestres grâce à ses propriétés mécaniques, ses possibilités de mise en forme, associées à ses
propriétés électriques (constante diélectrique élevée, faible facteur de perte même aux fréquences
centimétriques)
En 1937, la première unité pilote est mise en service et des études sur la polymérisation en
autoclave sont engagées. En 1939, les I.C.I mettent en service une unité de 100 t/an, en Angleterre. Un
câble coaxial isolé avec du polyéthylène est installé entre Baltimore et Washington. Un projet de
câble sous marin reliant l'Angleterre et la France est envisagé. Mais le projet est abandonné en raison
de l'ouverture des hostilités entre le Royaume-Unis et l'Allemagne.
- en Allemagne
Les recherches ont débuté à Ludwigshafen vers 1938. Deux qualités sont mises au point, les
Lupolene N et H. La qualité N a une masse molaire basse (2000 à 3000), un point de fusion de 105-
108 °C (polymérisation dans le méthanol sous 200 bars.) Le produit se présente sous forme d'une cire
utilisable comme additif de l'Oppanol B 1150 (polyisobutène). Le Lupolene H est une qualité de haute
masse molaire (15.000 – 20.000) dont le point de fusion est de 115-116 °C. Il est obtenu par
polymérisation sans solvant, sous 2 000 bars, en présence d'une quantité contrôlée d'oxygène.
Application : films par calandrage (100 microns) et par extrusion (50 microns).
Pour éviter les destructions des ateliers par les bombardements alliés, à la fin de la guerre la
production est déplacée à Gendorf. La capacité de l'atelier est alors de 5 tonnes/mois. La principale
1
Le résultat a été divulgué lors de la rencontre de la Faraday Society en 1935. Il a été critiqué par Staudinger et Mark qui
considéraient la molécule d'éthylène trop stable pour s'homopolymériser (Cin Richard, Plastiquarium reprints, octobre 2008)
(sinon la seule) application concerne l'isolement des câbles pour hautes fréquences (radar, câbles sous-
marins etc.)2
En 1944, le procédé I.C.I. est l'objet d'une variante: la polymérisation est réalisée par BASF non
plus en autoclave, mais dans un long réacteur tubulaire, où les pressions peuvent atteindre 4000 bars3.
Avant la guerre (1940), seule la Société des Usines Chimiques Rhône-Poulenc semble
s'intéresser au polyéthylène.
Dans une lettre du 16 décembre 1939, les Câbles de Lyon interrogent la S.U.C.R.P. sur l'intérêt du
polyéthylène proposé par les I.C.I (section alkalis) et remettent un échantillon provenant d'Angleterre.
A cette époque, les propriétés qui retiennent le plus d'attention sont les caractéristiques diélectriques,
la résistance à l'eau et aux agents chimiques, des propriétés qui trouvent un intérêt particulier et
avantageux dans l'électrotechnique. Avec la guerre, les moyens humains et matériels étant limités, la
question est restée en suspens; on en reparle cependant en février 1943, sans rien décider, faute de
moyens. On ressort les échantillons de 1939 classés sous le nom commercial de Polythène. En mai
1944, alors que la guerre arrive à son terme et que l'Allemagne est dévastée, la direction suggère
cependant de négocier un accord avec l'I.G.Farben , un interlocuteur bien connu de la société
française, de préférence aux I.C.I., pour acheter des droits sur ses brevets français 865 752 et 836 988
(sans intérêt) qui revendiquent l'introduction d'un comonomère (chlorure de vinyle et acétate de
vinyle) pour "augmenter la masse moléculaire" . On visite(!) l'atelier de Lupolène.
Mais vu les circonstances, les discussions ne vont pas loin. Français et Allemands ont d'autres soucis
immédiats. Le projet "polyéthylène" ne sera repris par la S.U.C.R.P. que dix ans plus tard dans un
contexte technique, économique, politique totalement différent. Mais le premier producteur, en France,
ne sera pas la société française la plus expérimentée en polymérisation, mais celle qui disposera d'une
source industrielle du monomère éthylène.
L'histoire industrielle du polyéthylène en France commence réellement au début des années 50,
donc très tardivement. La période de guerre a figé toute activité, y compris de recherches dans le
domaine de la polymérisation en général, de l'éthylène en particulier. Cette recherche s'est développée
en Angleterre et aux Etats-Unis, outre l'Allemagne précitée, car le polyéthylène intéresse la défense
nationale. En 1945, la France se retrouve en décalage par rapport aux Etats alliés: on n'a aucune
expérience, tant sur le produit que sur sa fabrication et sa transformation. Par ailleurs, le monomère,
l'éthylène, est un produit chimiquement très simple mais dont les sources sont alors limitées, soit
d'origine agricole à partir de l'alcool éthylique de fermentation (par déshydratation), soit d'origine
carbochimique : c'est un des sous-produits de la décomposition pyrolytique de la houille (l'éthylène
entre pour 2% environ dans la composition des gaz de cokeries)4.
La première tâche de l'industrie houillère est de remettre en état l'outil industriel c'est-à-dire les
puits, l'extraction de la houille, les fours. Il faut attendre 1950, soit 5 ans après la fin des hostilités pour
que les Mines du Nord envisagent d'extraire l'éthylène des gaz des cokeries et 1951 pour que soit
constituée une société dédiée à la polymérisation de l'éthylène des fours.
amorceur radicalaire peroxydique classique (oxygène ou peroxyde). Mais, le procédé sous haute
pression est suffisamment lourd pour susciter la recherche par d'autres sociétés de procédés plus
faciles à exploiter
- Aux Etats-Unis, au moins trois sociétés pétrolières essayent de mettre au point un procédé
moins contraignant:
. Phillips Petroleum5, avec Paul Hogan et Robert Bank qui, en travaillant sur
l'amélioration des carburants, découvrent fortuitement, en 1951, l'aptitude des sels de chrome à exercer
un rôle catalytique sur les oléfines. Les recherches qu'ils conduisent aboutissent à la mise au point d'un
procédé de polymérisation sous basse pression de l'éthylène en suspension dans un hydrocarbure léger,
catalysée par des sels de chrome. Le procédé conduit à un polymère de densité plus élevée (HDPE)
que le procédé anglais. Le procédé, en suspension, (" slurry") est exploité commercialement à partir de
1963.6
. La Standard Oil of Indiana, qui utilise un catalyseur au molybdène. Un brevet a été
déposé le 28 avril 1951. La Standard Oil of Indiana deviendra Amoco qui fusionnera avec BP en 2001.
BP-Amoco prend alors simplement le nom de BP en 2002.
. DuPont, qui a déposé un brevet le 2 août 1951, également pour un polyéthylène de
haute densité.
. La Tennessee Eastman Kodak (TEK), qui travaille sur la polymérisation catalysée
du propylène depuis les années 1940.
- En Allemagne, un universitaire, Karl Ziegler, de l'Université de Mannheim découvre
l'aptitude de l'éthylène à se polymériser en présence d'un catalyseur organométallique.
Ces divers procédés sont concurrents du procédé anglais. Ils s'en distinguent par les conditions
de synthèse, sous basses pressions et par les caractéristiques des polymères obtenus. Ils conduisent à
des familles de produits de microstructures différentes, plus cristallins. Par voie de conséquence la
mise en œuvre de ces polyéthylènes et leurs domaines d'applications sont sensiblement différents.
Les Houillères
5
Devenu Chevron-Phillips en 2000 comme conséquence de la très grave explosion dans la raffinerie de Phillips du 23 oct.
1989. Fusion avec Conoco en 2002.
6
Ce procédé se développera lentement mais en définitive permettra d'accéder à des développements comparables aux autres
procédés
En 1951 est constituée, sous le nom d'Ethylène-Plastique, une société au capital de 400 millions
de francs qui sera porté à 600 millions en 1953. Les actionnaires sont: les Houillères du Nord et du Pas
de Calais (34%), la société Huiles, Goudrons et Dérivés (H.G.D.) 7 (17%) dans laquelle les Houillères
participent pour les 2/3 environ, la Compagnie Pechiney (Alais, Froges et Camargue) 32%., L'Air
Liquide (17%). Il est prévu statutairement que le service commercial sera confié pour partie à
H.G.D.et à Pechiney8
Dans cette nouvelle société, comme dans H.G.D., Pechiney est un peu, à son corps défendant, un
sleeping partner. M. Jouven, directeur à Pechiney, regrette que la participation de sa société soit
"comme simple capitaliste". "Il existe, certes, un comité technique, dont le fonctionnement y est tout
théorique. Ce sont les Houillères de Bassin qui ont la gestion technique de l'affaire". Mais, "Il ne faut
pas oublier que nous sommes minoritaires et minorisés dans Ethylène-Plastique"9. Péchiney est
intéressé par cette nouvelle matière pour laquelle la demande s'avère forte, dont les qualités sont
reconnues dans les industries électriques, mais qui est susceptibles d'intéresser aussi d'autres secteurs
de développement. Ainsi Lazare Carnot, de la Cellophane, est" extrêmement intéressé par le"
polythène" dont il prévoit une grosse consommation pour les films et la fabrication des bouteilles".10
Chez Pechiney, dont l'attitude volontariste est manifeste, on fait déjà la réflexion suivante en 1954:
"Au point de vue du polythène, une usine de production limitée (3.000 à 4.000 tonnes) est
installée à Mazingarbe. Les négociations avec (les Houillères de) l'Est sont peu avancées, mais on
peut penser qu'une usine sera installée à Carling13; sa production sera limitée par la production de
l'ammoniac des Houillères de l'Est. Je ne serais pas étonné qu'on se trouve limité à quelques milliers
de tonnes, disons 4.000 à 6.000 tonnes.
7
Mines de Lens (2 parts) ; Compagnie des mines de Vicoigne, Noeux, Drocourt (1 part), Société des mines de Dourges (1
part); ces 3 sociétés ont créé la société avec A.F.C. (1 part). La société H.G.D. a été fondée le 5 novembre 1923
8
Les confrères, en l'occurrence Kuhlmann et Saint-Gobain, n'ont pas apprécié le comportement de Pechiney .Ils reprochent à
cette société de "se prostituer" avec les Houillères
9
Archives Pechiney Courrier Jouven
10
Comité de Gestion de Pechiney, décembre 1951
11
Institut pour l'Histoire du Temps Présent. André Thépot, Marcel Skrobrk
12
Archives Nationales 56AS36
13
Houillères du Bassin de Lorraine
Le marché français du polythène doit atteindre 20.000 tonnes dans un avenir qui n'est pas très
éloigné," …"Si nous voulons garder sur ce marché une place de premier plan nous serons amenés à
envisager la fabrication de polythène à partir de l'éthylène du pétrole"..
La première idée serait de le faire à Naphtachimie, mais je crains dans ces conditions
d'arriver très vite au plafond de production d'éthylène, d'une part de gêner l'extension de l'oxyde
d'éthylène et, d'autre part, de limiter l'usine de polythène à un tonnage relativement petit, disons de
l'ordre de 7.000 tonnes à 8.000 tonnes. Dans ces conditions, je crois qu'il est de l'intérêt de tout le
monde de monter une grande usine de polythène sur la Basse Seine où les disponibilités d'éthylène ()
devraient atteindre autant de fois 8.000 tonnes qu'il y aura de crackings catalytiques ...On
envisagerait 24.000 tonnes (en basse Seine) à Gonfreville et Port-Jérôme".14 "La solution qui s'impose
pour des raisons de rapidité est de construire à trois (i.e. les Houillères, Pechiney, Air liquide) une
usine en Basse Seine sur licence I.C.I., bien que nous soyons fort mécontents de nos relations avec les
Houillères"15.
La décision sera prise va dans ce sens.
Parallèlement, s'agissant des nouveaux procédés, la société Pechiney a acquis la licence du Professeur
Ziegler (catalyse organométallique, basse pression) mais elle considère qu'on ne peut démarrer cette
production avec un procédé encore expérimental que dans une usine "relativement petite".
La demande commerciale en polyéthylène est forte. Pour suivre le marché, la Société des
Charbonnages est rapidement confrontée à un manque d'éthylène d'autant plus crucial que la source
carbochimique continue à s'amenuiser avec la fermeture progressive des puits et la baisse d'activité
des Houillères dont la production charbonnière est devenue non compétitive16. La situation de l'atelier
de Mazingarbe décline. Il sera définitivement fermé en 1967. La continuité industrielle est assurée par
une usine située à Mont, à proximité de Lacq, démarrée quelques années plus tôt, en 1959, par
Ethylène Plastique et une seconde usine située à Lillebonne en Normandie, dans le cadre de la Société
Ethylène Plastique Normandie, démarrée la même année. Dans les deux cas la production fait appel à
la base pétrolière.
La nouvelle source d'éthylène est donc maintenant nécessairement d'origine pétrolière, grâce en
particulier au développement du vapocraquage. Elle va modifier la géographie des sources de matière
première.
Au début, le pétrole brut est importé depuis les pays d'extraction par voie maritime. Pour le stockage
et le raffinage on installe donc des unités dans des zones portuaires, sur les façades méditerranéenne
(Berre, Fos) et atlantique (Donges), dans l'estuaire de la Seine, plus tard sur la Côte d'Opale
(Dunkerque). Le développement des techniques de transports (oléoduc, gazoduc) tel le pipeline
Méditerranée-Rhône-Reichstett, (qui permet -ou permettra-) d'alimenter les bassins lorrain et sarrois)
autorise l'implantation, dans certains cas, des installations de traitements du pétrole (ou de produits
pétroliers) loin des ports de déchargement et de construire des raffineries à l'intérieur des terres
(Feyzin, Carling-Saint-Avold).
Les grands secteurs géographiques où se développe (où va se développer) la pétrochimie seront
ainsi:
- les Pyrénées atlantiques à Mont, à proximité du gisement d'hydrocarbure de Lacq (dont
l'épuisement progressif est prévisible à court terme).
- la Seine Maritime (l'estuaire de la Seine) avec les sites de Lillebonne-Notre-Dame-de-
Gravenchon et de Gonfreville l'Orcher, Port Jérôme.
- les Bouches-du-Rhône: sites de Lavéra, Berre l'Etang, Fos-sur-Mer,
- la Moselle: Carling-Saint-Avold, seul héritage des Houillères (celles du Bassin de
Lorraine) mais alimenté par l'oléoduc Méditerranée-Rhône-Reichstett
- le Nord : la Côte d'Opale : Dunkerque (Mardyck)
14
Lettre de Jouven à de Vitry et Normand 17 mars 1954 (Archives Pechiney)
15
Courrier de Jouven à Bruneton (Air Liquide) (Archives Pechiney)
16
Voir chapitre Charbonnages de France dans Contribution à l'histoire des Polymères
- le Rhône: Feyzin qui n'est pas un site chimique mais une raffinerie desservie par l'oléoduc
Méditerranée-Rhône-Reichstett. Il fournit les usines chimiques de la région Rhône-Alpes, celle de
Balan notamment, en éthylène.
En France, l'activité pétrochimique est donc très dispersée sur les différentes façades maritimes,
à la différence de l'Europe du Nord où la concentration est très importante. Alors que les capacités en
éthylène de Gonfreville, Lavera, Carling sont respectivement 525.000 t/an, 740.000 t/an et 570.000
t/an, on compte dans la Belgique proche 2.210.000 t/an à Anvers (7 raffineries) 1.250.000 t/an à
Geleen. Aux Pays Bas, à Rotterdam, on dénombre 5 raffineries.
Une fois résolus les problèmes rencontrés pour la mise en valeur du gisement de Lacq, en
particulier la teneur élevée en soufre, cause de corrosion fissurante, le démarrage industriel du site
pétrochimique peut commencer. Un vapocraqueur sur gaz est installé à Mont18, à 4 km du gisement de
Lacq. La Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine (S.N.P.A.) dispose d''éthylène issu du craquage
des gaz (méthane, butane, propane) qu'elle peut proposer à la Société Ethylène-Plastique. Celle-ci
construit à Mont, une unité de polymérisation d'éthylène, comparable à celle de Mazingarbe (en
autoclave) qu'elle exploite à partir de 1959. En 1978, la société cesse la production de cet atelier
(éloigné de ses sites normand et lorrain) ; son contrat de fourniture d'éthylène n'est pas renouvelé.
Après l'arrêt nécessaire de l'usine de Mazingarbe, la continuité de la production est assurée par
deux antennes: un établissement en Seine-Maritime (Ethylène-Plastique Normandie) et l'atelier d'une
succursale d'Ethylène Plastique à Mont, de 1959 à 1978, dans les Pyrénées Atlantiques, mentionnée
précédemment.
La société Ethylène-Plastique-Normandie est dans le droit fil d'Ethylène-Plastique avec
qualitativement les mêmes actionnaires : Ethylène-Plastique (55%), Pechiney (20%) Air Liquide
(20%) HGD (5%). L'éthylène est fourni par le vapocraqueur de naphta de la raffinerie d'Esso Standard
de Port-Jérôme, en Normandie. La capacité initiale prévue est de 10. 000 t/an. L'usine, installée à
Lillebonne, est opérationnelle à partir de juillet 1959. Mais dès 1957, la décision avait été prise de
porter sa capacité à 25. 000 t/an.
Des accords récents permettent à la Société Chimique des Charbonnages et à Pechiney-Saint-
Gobain de construire leurs propres usines de polyéthylène. Cette liberté va être mise à profit par l'une
et l'autre de ces sociétés : la Société Chimique des Charbonnages décide de construire un atelier sur le
site de Carling-Saint-Avold20 des Mines de Lorraine en1968, et Pechiney-Saint-Gobain investit avec
British Petroleum à Lavéra
En 1972, la société est contrôlée uniquement par CdF (Charbonnages de France). Ethylène-
Plastique est en effet devenue 100% CdF. CdF Chimie a racheté à Rhône-Progil sa participation de
31,4 %, mais celle-ci continue de commercialiser les productions des ateliers de Lillebonne, Mont et
Saint-Avold 21.
17
Document Arkema
18
Voir chapitre La Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine: S.N.P.A, dans Contribution à l'histoire des Polymères
19
Massud: " De la suite dans les idées: Pechiney 1945-1970"
20
Officiel des matières plastiques 1971
21
Concurrents en 1973 : SNPA depuis 1964 à Balan
COCHIME depuis 1968 à Berre
ICI depuis 1972 à Fos-sur-Mer
La même année est mise en service une unité de polyéthylène à Lillebonne (90.000 t/an sur une ligne
unique, la plus grosse du monde, à cette époque). En 1971, CdF Chimie est le premier producteur
français de polyéthylène, le deuxième européen, le premier européen étant ROW (filiale 50/50
Shell/BASF). La capacité de production déclarée au début de 1972 est de 120.000 t/an.
CdF-Chimie envisage la mise en place, en septembre 1974, d'une nouvelle ligne, à Carling-Saint
Avold, de 90.000 t/an, analogue à celle de Lillebonne.
La marque commerciale Plastilène est abandonnée début 1973 au profit de Lotrène .
En 1973, les capacités sont les suivantes: Mont : 40 000 t/an de polyéthylène, Lillebonne : 190 000
t/an, Saint-Avold : 120 000 t/an.
CdF chimie est maintenant seule responsable de la politique commerciale : L'Air liquide a abandonné
la vente à partir de juillet 1973 ; dans le courant de la même année, cette société a cédé sa participation
en échange d'actions de la Société Chimique de la Grande Paroisse ; Rhône-Progil (Rhône-Poulenc)
est devenu uniquement commissionnaire.
En mars 1979, à Lillebonne, sur une ligne de 35.000 t/an, est démarrée la production d'un
nouveau produit qui sera commercialisé sous le nom de Norsoplast .C'est un polyéthylène de densité
élevée 0,935/0,965. Il est obtenu selon un procédé personnel, mis au point par CdF sur une ligne de
polyéthylène classique modifiée. Dans son principe, l’éthylène est injecté dans le réacteur autoclave
avec "un catalyseur approprié" (probablement un catalyseur organométallique de type Ziegler). La
polymérisation est effectuée à haute température et haute pression comparativement au procédé
Ziegler classique. Outre l'ouverture vers des qualités d'application améliorées, l'intérêt du procédé est
aussi sa productivité beaucoup plus, une meilleure maîtrise des caractéristiques macromoléculaires,
des propriétés mécaniques élevées (résistance aux chocs, rigidité)22. Le produit est adapté au moulage
par injection et au rotomoulage.
En 1988, la capacité de l'atelier atteint le niveau de 200.000 t/an sur trois lignes de production
L'unité de Lillebonne sera fermée à la fin de 1994. La production est prise en charge par l'atelier de
Carling-Saint-Avold.
Mais, les productions chimiques ont démarré en fait dès 1954 avec l'arrêt des activités
d’extraction et le développement de la fabrication de l'ammoniac et des engrais. La conjoncture
concernant les engrais devenant défavorable, on s'oriente alors vers la chimie organique, plus
précisément la synthèse de l’acrylonitrile dans le cadre d’Ugilor. Cette société qui a démarré en 1957
est une association de la Société d'Electrochimie d'Ugine et des Houillères du Bassin de Lorraine ;
elle deviendra filiale à 100% de CdF Chimie à partir de 1974, et sera intégrée plus tard au sein d'une
nouvelle société, Norsolor (1977-1988), filiale intégrale de CdF Chimie.
22
OPC 925 novembre 1978
Parallèlement, CdF Chimie (1971-1979) devient "CdF Chimie Ethylène et Plastiques" qui
comprend Norsolor (méthacrylate de méthyle, monomère et polymère, acide acrylique, esters et
dérivés acryliques en général). Ces sociétés sont réunies ensuite dans un même groupe au sein d'une
nouvelle société "Orkem", avant d'être intégrées dans le groupe pétrolier ATO (successivement ATO-
Atochem, Elf Atochem –ATO (groupe Elf), puis ATOFINA (Groupe TOTAL)
En 2004, les activités d’''ATOFINA sont réparties en deux groupes, l'un concernant les activités
pétrochimiques de base, "TOTAL PETROCHEMICALS", l'autre, "ARKEMA", rassemblant les
activités chimiques aval. Les polyoléfines, le polystyrène relèvent de Total Petrochemicals, les
dérivés de l'acide acrylique, comme les superabsorbants, les esters acryliques et méthacryliques, ainsi
que les copolymères d'éthylène et de dérivés acryliques sont du ressort d'Arkema.
Le Lotrène doit toujours faire face à une montée en puissance très forte d'une concurrence
agressive. Les nouveaux systèmes catalytiques organométalliques permettent de polymériser à basse
température et n'exigent pas les très hautes pressions du procédé d'origine des I.C.I. De plus, ils
ouvrent des possibilités d'élargissement du champ commercial.
On essaye donc d'améliorer le procédé. Les progrès portent sur la conduite du procédé, en particulier
grâce à la possibilité d’ajuster à volonté le profil de température ; cela permet de modifier très
largement la répartition moléculaire donc le comportement rhéologique, sans dépasser une pression
supérieure à 2.000 bars. On ambitionne ainsi d'accéder à des caractéristiques se rapprochant de celles
des polyéthylènes de haute densité. D'après les documents de la Société Lorraine de Polyoléfines, la
densité et la rigidité sont améliorées ainsi que la tenue au choc à froid.
Pour réduire les coûts d’investissements et devenir plus compétitif, on augmente le taux annuel
d’utilisation par un parfait contrôle de la réaction de polymérisation (efficacité de l’agitation,
développement de capteur et des organes de réglage haute pression, etc.)
Au niveau polymère on développe la fabrication de produits de spécialités: les Lotryl, qui sont
des copolymères de l'éthylène avec des monomères acryliques (acrylates de méthyle, butyle, 2-
éthylhexyle) pour applications câbles et pour renforçants choc; les Lotader, qui sont des terpolymères
éthylène-acrylate de glycidyle-anhydride maléique, commercialisés comme liants pour multicouches,
ou comme additif renforçant choc.23 .
En 1988, CdF Chimie devient Orkem par fusion de CdF Chimie-EP et Norsolor (ex Ugilor). La
plate forme pétrochimique est dotée maintenant de deux vapocraqueurs produisant 480.000 t/an
d'éthylène et 210.000 t/an de propylène.
23
Notice Arkema Carling Saint-Avold
Comme on l’a vu ci-dessus, à peine née, la société Orkem disparaît en 1990, absorbée par la nouvelle
société Atochem qui deviendra Elf-Atochem l'année suivante puis Atofina (filiale Total
Petrochemicals) en 2000 et Arkema en octobre 2004.
Auparavant, Orkem a cédé ses installations de polyoléfines de Carling (soit 210.000/220.000 tonnes de
polyéthylène sous forme de 3 lignes) à la société italienne Enichem.
Cette cession est temporaire. En 1994, Elf Atochem récupère ces installations, c'est-à-dire toujours les
lignes de PEBD, procédé haute pression24en autoclave, par voie radicalaire, qui sont rachetées à
Enichem.
En octobre 2004, les activités pétrochimiques du groupe pétrolier sont réparties selon les modalités
exprimées ci-dessus, entre Total Petrochemicals et Arkema, toutes deux appartenant au groupe Total.
La Société reprend la carte commerciale de CdF-Chimie; elle produit les différentes qualités
de polyéthylène: basse densité : Riblène, basse densité linéaire: Flexirène, très basse densité linéaire :
Clearflex, haute densité : Eraclène, ainsi que des copolymères éthylène-acétate de vinyle Greedflex
destinés au conditionnement de produits pharmaceutiques et agroalimentaires.
En 1990, le groupe Orkem (société héritière des Charbonnages après les restructurations des années
1980) est autorisé à céder ses participations dans plusieurs compagnies, dont Copolynor SA, à la
société italienne Enichem, filiale du groupe pétrolier italien ENI. La chimie lourde va à Atochimie, la
chimie fine, dont les peintures, va à Total. Orkem disparaît.
Enimont (maison mère d'Enichem) acquiert la totalité des parts du vapocraqueur de Copenor après le
rachat de la participation (30%) d'Elf Atochem provenant de la dissolution d'Orkem (1996). En 1991,
Enichem26 avec ses installations internationales, est le plus gros producteur de PEBD et PEBDL de la
CEE (part de 24%)27. Le PEBDL est la qualité produite à plus de 70 %; elle est destinée aux feuilles et
à l'emballage.
24
Vers de nouveaux défis 1954-2004, Carling Saint-Avold, Créapress Editions, Septembre 2004
25
En 2011 les capacités du vapocraqueur sont de 360.000 t/an d'éthylène et 190.000 t/an de propylène
26
Polimeri Europa qui avait repris les activités élastomères (polychloroprène) de Distugil (Rhône-Poulenc) à Champagnier
(Isère) a cessé ces activités en 2006 sur ce site.
27
Dossier Communauté européenne : affaire CIPEN
Après des discussions infructueuses avec la British Petroleum, Enichem s'associe en 1995 avec
la société Union Carbide pour créer une entreprise commune, Polymeri Europa Srl, créditée de 185.
000 tonnes de PEBD et 120.000 tonnes de PEBDL en 2000, à Mardyck, près de Dunkerque. Enichem
apporte à Polimeri Europa son outil de production, ses droits d'enlèvement d'éthylène, ses installations
de production de polyéthylène et son réseau de vente en Europe de l'ouest, à l'exception de son usine
de Porto Torres (Sardaigne), ses participations dans deux usines produisant de l'éthylène à Brindisi et
Dunkerque. Enichem possède principalement une expérience dans les procédés haute pression. Union
Carbide apporte son savoir technologique et une licence d'exploitation de son procédé Unipol de
fabrication du polyéthylène en phase gazeuse28.
Union Carbide se retire quelques années plus tard. Le procédé Unipol n'est pas installé. Ce
divorce rapide, après 5 ans, doit être jugé dans le contexte des discussions en cours entre Union
Carbide et la Dow Chemical en vue d'une association qui se traduira peu de temps après par une
absorption pure et simple d'Union Carbide par la société Dow Chemical 29.
En définitive, les vicissitudes de l'industrie chimique française vont conduire au début des
années 80 à un démantèlement patrimonial puis à une redistribution des actifs vers certains pôles
28
Commission européenne autorisation en date du 14/03/95
29
Dow est déjà fortement installé dans la région, (en Belgique), avec 265.000 t/an de Peld à Terneuzen, 310.000 t/an de
PEBDL à Terneuzen également et 130.000 t/an de PEHD à Tessenderlo (ICIS 2000
30
Document "Polimeri europa France"
31
Füzesserly Techniques de l'Ingénieur; Polyéthylène basse densité
32
Voir plus loin Seine-Maritime
33
Saint-Gobain. Fabriquer du polyéthylène fait partie des ambitions du Directeur des Recherches de la société. Cette
fabrication est mentionnée dans un programme du directeur des Recherches Organiques daté de 1943. Mais c'est très (trop)
tardivement, en mars 1959, que la Compagnie de Saint-Gobain qui n'a pas de procédé propre, cherche à s'associer à une
société étrangère afin de s'engager dans la production de polyéthylène. On prend langue avec la Standard Oil of Indiana qui
dispose d'un procédé personnel donnant accès à des polyéthylènes de densité élevée (0,958-0,965), mais dans le même temps
les directions de Pechiney et de la Compagnie de Saint-Gobain ont décidé de fusionner leurs activités chimiques dans une
nouvelle société " Pechiney-Saint-Gobain" qui est déjà engagée dans la polymérisation de l'éthylène avec le procédé Ziegler
au sein de la filiale Naphtachimie. Les discussions avec la société américaine sont abandonnées.
industriels. Pour ce qui concerne l'industrie des hauts polymères l'un de ces points de convergence
sera, logiquement, le secteur pétrolier.
La source pétrolière
En novembre 1941, un groupe de sociétés fonde la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine
(S.N.P.A.) dont l'objet est l'exploration pétrolière d'un périmètre très important dans la région Sud-
Ouest; les fonds sont apportés par l'Etat ( le plus gros bailleur), des sociétés paraétatiques (Office
National des Industries de l'Azote, Compagnie Française des Pétroles) et quelques sociétés privées
(Alais, Froges et Camargue, Saint-Gobain, Rhône-Poulenc). Le Bureau des Recherches Pétrolières se
substitue à l'Etat, en octobre 1945: c'est lui qui détient la majorité dans la S.N.P.A.
En décembre, la S.N.P.A découvre un gisement de gaz significatif dans la région de Lacq 35. Le
démarrage industriel de l'activité chimique de ce site commence seulement en 1956.
Le gaz lui-même est constitué par un mélange d'hydrocarbures saturés, principalement du méthane et
un peu d'éthane, propane, butane. Le craquage du méthane et de l'éthane, en présence d'oxygène,
permet de fabriquer acétylène et éthylène. Autour de ce gisement va se constituer un pôle chimique. A
partir de 1959, la S.N.P.A. vend l'éthylène issu du craquage du méthane à la Société Ethylène-
Plastique qui monte une unité de polymérisation d'éthylène, identique à celle de Mazingarbe, à Mont,
près de Lacq.
En 1962, une plate-forme chimique est donc créée par la S.N.P.A. à Mont. La S.N.P.A. est très
ambitieuse: elle en a les moyens. Partant de rien, sans tradition chimique mais riche du gaz (méthane,
butane, propane), du soufre (provenant de la désulfuration des gaz) et forte de ses appuis
gouvernementaux, elle envisage sans complexe de devenir un acteur industriel à part entière. Un an
après cette création (1963), un atelier de polymérisation du styrène est démarrée avec du styrène
importé et un procédé américain (probablement Cosden).
Avec la création de la société filiale Aquitaine-Plastiques, en 1963, la S.N.P.A. prend position dans le
domaine des matières plastiques de commodité qu'elle va s'efforcer d'étendre.
En 1966, Aquitaine-Plastiques devient Aquitaine-Organico après l'absorption de la société Organico
venant du groupe Pechiney, élargissant ainsi son domaine de compétence avec les polymères de
spécialité, les polyamides Rilsan.36
La S.N.P.A. décide de monter, dans la foulée, à Mont, en face de l'usine de la société Ethylène-
Plastique, une installation de polymérisation d'éthylène avec un procédé tubulaire. En 1964, 2 lignes
de polyéthylène haute pression de 12.000 t/an, sont installées et démarrées. A cette époque, ce sont,
dit-on, les plus importantes du monde en taille La capacité de production, en 1972, est de 40.000 t/an
de polyéthylène basse densité (Lacqtène).
34
Contribution à l'Histoire Industrielle des Polymères en France op.cit.
35
Les caractéristiques du gisement de Lacq sont les suivantes : profondeur: -3500 m; température: 150°C; pression: 670
kg/cm2 en bas, 530 kg en haut.
36
ATP acquiert la licence de la catalyse Ziegler Natta vers 1963 en vue de préparer des polymères stéréoréguliers dans le
domaine des élastomères de synthèse du type éthylène-propylène-diène. Mais, ces recherches (effectuées au Centre de
recherches de Lacq) sont abandonnées malgré des résultats positifs intéressants.
Dans les années 1970, le marché est très intéressé techniquement et économiquement par le
polyéthylène linéaire (PEBDL) qui offre des perspectives très intéressantes. Ce PEBDL est développé
par l'Union Carbide, aux Etats-Unis, selon un nouveau procédé en phase gazeuse. Peut-on le produire
dans les équipements de Mont ? Un atelier pilote de polymérisation en phase gazeuse est installé sur le
site pour étudier et mettre au point ce procédé. L'expérience, quoique techniquement réussie est
abandonnée en 1994, comme le sera à la même époque la tentative identique effectuée à l'usine de
Balan (Ain) de produire du PEBDL dans l'installation tubulaire en place dans cet établissement...
En 2005, Atofina (qui a succédé à la S.N.P.A puis à ATO) arrête l'unité d'EVA de 60.000 t
mais installe et démarre un nouvel atelier de copolymère Orevac de 18.000 t. C'est un polymère
constitué par une chaîne de copolymère éthylène-acétate de vinyle, sur laquelle est greffé l'anhydride
maléique probablement sur malaxeur. L'Orevac présente d'excellentes propriétés adhésives. Produit de
spécialité à haute valeur ajoutée, il est préconisé dans les applications telles que "adhésifs
thermofusibles, compounds sans halogène résistants au feu, couches semi-conductrice et couches
d'isolation pour la fabrication des câbles; isolants sonores pour l'industrie automobile, films
coextrudés pour l'industrie de l'emballage, additifs pour pétrole, essence, bitume".
Le vapocraqueur est arrêté à cette époque. Le site de Mont ne produit plus d'éthylène mais
accueille dorénavant des ateliers et laboratoires dont l'activité est consacrée à d'autres produits du
groupe, notamment aux intermédiaires pour polyamides, la production d'Orgasols (polyamides en
poudre de 5 à 60 micromètres pour cosmétiques, peintures), outre les copolymères greffés Orevac
précités.
En 1966, la S.N.P.A.37 s'associe à Total Chimie (50% Compagnie.Française des Pétrole, 50%
Compagnie Française de Raffinage) pour construire un vapocraqueur et une plateforme chimique à
Gonfreville dans l'estuaire de la Seine. L'U.C.E.A. (Union Chimique Elf Aquitaine) est créée à cet
effet.
Jusqu'à présent, les deux groupes pétroliers nationaux, C.F.P./C.F.R. et E.R.A.P. /S.N.P.A. ont
développé chacun de leur côté, séparément, leurs activités pétrochimiques:
. l'E.R.A.P./S.N.P.A. (filiale à 51% d'E.R.A.P.) ont créé l'Union Chimique Elf-Aquitaine
(20% E.R.A.P., 80% S.N.P.A.), U.C.E.A.,
. C.F.P./C.F.R. ont créé de leur côté une filiale à 100%, Total Chimie.
Les deux groupes décident de collaborer pour développer ensemble leurs productions. Pratiquement,
les décisions portent:
. en 1969, sur la réalisation des unités de production des grands intermédiaires, prévues
par l'un et par l'autre, à Feyzin et à Gonfreville l'Orcher, qui deviennent les deux sites pétrochimiques
de l'ensemble. Chaque site va être équipé d'un vapocraqueur: 320.000 tonnes/an d'éthylène à
Gonfreville, 300.000 tonnes/an à Feyzin.
. en 1970, sur une collaboration pour la fabrication de polymères de commodité et, en
aval, de leur transformation.
Pour gérer cet ensemble d'activités, une nouvelle structure est créée en 1971: c'est l'Union
Chimique Elf-Aquitaine et Total Chimie, groupement économique au nom d’A.T.O.
ATO engage un programme d'investissement ambitieux portant sur deux sites, Feyzin et Gonfreville,
tant pour l'augmentation de la capacité de craquage, l'ambition étant de produire, au terme de cinq ans
37
Voir Contribution à l'histoire des Polymères SNPA/ATO
600.000 t/an d'éthylène et 200.000 t/an de propylène (et d'autres intermédiaires), que pour
l'accroissement des capacités de polymérisation. On prévoit une production de 370.000 t/an de
polyéthylène38
En 1976, l'E.R.A.P. fait apport de ses actifs industriels et miniers à la S.N.P.A. qui devient la Société
Nationale Elf-Aquitaine, S.N.E.A.
- Le site de Balan (Ain), créé par la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine (S.N.P.A.)
L'usine de Balan est construite par la S.N.P.A ex-nihilo, dans la plaine de l'Ain, à partir de 1965,
dans le cadre d'un plan d'industrialisation de la région. Balan est situé à une vingtaine de kilomètres
de Lyon et de la raffinerie de Feyzin (dont l'exploitation débute en 1964)39.
En 1979, une ligne de production est consacrée aux copolymères éthylène-acétate de vinyle (3 à
18% d'acétate de vinyle). Une autre ligne est reconvertie pour être utilisée comme ligne pilote d'une
fabrication de polyéthylène basse densité linéaire. La ligne commencera à fonctionner en 1983. Cette
conversion d'une unité de polyéthylène haute pression à réacteur tubulaire en unité de production de
polyéthylène basse densité linéaire semble être le seul exemple au monde. Dans le processus
opératoire, on injecte le catalyseur Ziegler dans le mélange des monomères éthylène-butène et/ou
d'héxène. Dix ans après son lancement, l'unité est considérée comme opérationnelle. Mais, si "on a
une marche industrielle correcte on s'interroge sur son comportement économique". La réponse est
probablement négative car en 1992, alors que l'usine devient Elf-Atochem, on étudie la reconversion
de la ligne du PE linéaire en ligne EVA. C'est la fin de l'expérience du polyéthylène linéaire. La ligne
de production expérimentale est mise sous cocon en octobre 1993, puis convertie en ligne de
copolymère éthylène-acétate de vinyle à taux élevé d'ester; qui sera opérationnelle en 1996/1997.
38
« Elf Aquitaine: des origines à 1989 » Fayard 1998; « Elf Aquitaine dans le sud ouest » Acte 37ème congrès Féd. Hist.
Sud-est, Pau
39
En 1964, l'Union Générale des Pétroles (U.G.P), filiale de la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine (SNPA) et de
l'Entreprise de Recherches Pétrolières (ERAP) inaugure une raffinerie à Feyzin (Rhône) à proximité de Lyon. Elle est
complétée par un vapocraqueur de 280.000 tonnes dont la construction est financée par les industries utilisatrices régionales
et alimente Solvay, à Tavaux, Ugine-Kuhlmann, Rhône-Progil dans la région de Grenoble, Rhône-Progil à Roussillon et aux
Roches de Condrieu, Ugilor à Yvours, Ugine-Kuhlmann à Pierre Bénite et, bien entendu, l'usine de Balan..
40
Archives Nationales
Références
Plast. Mod. Elast., Décembre 1971 101
Histoires de Balan. Document Atofina
En 1975, les capacités annuelles de production de la raffinerie sont les suivantes: éthylène
320.000 t, portée à 400.000 t en mai 1976, propylène 173.000 t, isobutène 24.000 t, styrène 200.000 t.
Le site disposant d'une source importante de propylène, Ato-Chimie peut démarrer une production de
polypropylène de 70.000 tonnes/an selon le procédé Dart/El Paso (en milieu liquide), qui sera exploité
par la nouvelle société Appryl (joint-venture 50/50 Elf Atochem-BP). C'est aussi le procédé utilisé
sur le site BP-Naphtachimie de Lavéra.
Sur le site de Gonfreville coexistent donc à cette époque les productions suivantes:
. polyéthylène PEHD, procédé Hüls, en suspension
. polyéthylène PEBD, procédé haute pression ATO tubulaire.
. polypropylène, procédé Dart/El Paso exploité par la société Appril
En 1977, les capacités sont :
. polypropylène 70.000t/an
. polyéthylène haute densité: 60.000 t/an
. polyéthylène basse densité: 150.000t/an
41
Scholven et Hibernia ont fusionné avec VEBA Chemie en 1969. VEBA Chemie était une société charbonnière qui s'est
tournée vers le pétrole en 1956, puis vers le nucléaire.
42
Plastiques Modernes et Elastomères. Juin 1975, Officiel. des Matières Plastiques. 1 19 1972
En 1995 Elf Atochem et la société américaine Union Carbide 43 décident de créer une
association 50/50 et d'investir 500 millions de francs pour la production de polymères de spécialités :
la nouvelle société s'appellera Aspell Polymers. Elf-Atochem apporte son atelier de polyéthylène basse
pression. La société américaine fournit, elle, ses technologies c'est à dire le procédé Unipol et la
technologie de la société Union Carbide dans la production de polyéthylène destiné aux applications
câble. Sur le site de Gonfreville seront donc fabriquées les 3 familles de polyéthylènes: basse densité,
haute densité, et également basse densité linéaire (PEBDL) avec le procédé Unipol.
Dans la pratique, sont prévus :
. l'augmentation de la capacité annuelle de l'unité de polymérisation de l'éthylène en
phase gaz, de 150.000 à 300.000 t. pour fin 1996, qui sera complétée par "une section de
compoundage noir" d'une capacité de production de 100.000 tonnes/an.
. l'arrêt de l'unité de polymérisation en suspension (procédé Hüls), la production étant
assurée par le procédé Unipol
. l’addition à l'unité de polymérisation d'éthylène haute pression d’une section de
vulcanisation d'une capacité de production de 40.000 tonnes/an de polymères réticulables.44
L'installation Unipol permet ainsi de passer, en 1997 de 150.000 t/an à 280.000t/an et de fournir
des grades spéciaux pour les fibres et les câbles destinés aux très hauts voltages45
En 2000, Elf-Atochem et Union Carbide se séparent: la joint- venture est dissoute. Atochem
récupère la production de la plate forme de Gonfreville, soit un atelier de polymérisation en phase gaz
d'une capacité de 210.000 t/an, ainsi que l'atelier de 140.000 t/an de PEBD et copolymère
éthylène/acétate de vinyle. Union Carbide étant intéressée au premier chef à conserver l'activité câbles
électriques, le fond de commerce et la technologie d'Aspen sont repris directement et intégralement
par Union Carbide.
La dissolution d'Aspell (décidée prématurément) et la rupture des accords avec Elf-Atochem
s'analysent encore comme la nécessité pour Union Carbide de faire le ménage dans ses affaires après
le sinistre de Bhopal et avant d'être absorbée par la Dow Chemical, fin 2000.
Il faut noter que, à la même époque, parallèlement à la rupture des accords avec l'Union Carbide, on
assiste à un développement des activités du groupe Total dans le secteur des polyoléfines. De son
côté, en effet, en juin 1999, Total se rapproche du Belge Petrofina et d'Elf-Aquitaine: il devient
Totalfina SA. De leur côté en octobre 1999 Totalfina et Elf-Atochem fusionnent. La société prend le
nom de Total Fina Elf SA le 22 mars 2000, puis Total SA le 6 mai 2003. Par ces regroupements Total
intègre les importantes installations de production de polyéthylène PEHD de Feluy (170.000 t/an), et
Anvers (375.000 t/an de PEHD), en Belgique, venant de Petrofina. En même temps, elle hérite d'un
accord avec Solvay pour construire une nouvelle installation de polyéthylène PEHD.
43
Usine Nouvelle 1994
44
Séance du 20 mai du Conseil Municipal de Gonfreville l'Orcher.
45
Rappra W.C.Kuhlke
- En Seine-Maritime
En juin 1944, certains rapports internes témoignent de l'intérêt de la Direction des Recherches
de Rhône-Poulenc pour le polyéthylène et la synthèse de copolymères d’éthylène46.
Il faut cependant attendre 1955 pour qu'un programme de recherches soit adopté et janvier 1956 pour
que des essais soient engagés au laboratoire de Saint-Fons. L'apparition des brevets Ziegler obligent à
rebattre les cartes. Tout le monde se tourne vers les nouveaux procédés qui n'exigent pas des pressions
élevées. Le procédé Ziegler ne retient cependant pas l'attention de la Direction des
Recherches."Rhône-Poulenc a eu quelques rapports avec Ziegler. Il a abandonné en raison de la
personnalité de l'intéressé"47 . Par contre, on prend langue avec l'Amérique. La société Tennessee
Eastman est visitée en mai 1959 et des rapports d'études sont communiqués à Rhône-Poulenc. Cette
société s'intéresse à la polymérisation du propène avec un système trichlorure de
titane/organoaluminium. Mais c'est le procédé de Phillips Petroleum de polymérisation de l'éthylène
qui retient finalement l'attention des français.
La Sodefine peut ainsi proposer à sa clientèle une large gamme de résines de caractéristiques
différentes répondant aux deux modes de production.
Cependant, Rhône-Poulenc considère toujours que l'affaire mérite d’être poursuivie malgré ces
défections. Phillips et Petrofina entrent dans le capital et la SUCRP injecte de nouveaux capitaux. Sur
le plan technique, des améliorations sont apportées à la filtration et à la purification de l'éthylène A la
fin de l'année 1964, on a pu produire dans l’année 800 kg de produit de bonne qualité, ... mais ce
tonnage est à comparer aux 5.000 tonnes programmées.
En 1974, la production avoisine 23.000 t. Par la suite elle sera très fluctuante: 16 000 tonnes en
1975, 27.000 tonnes en 1977 (avec une 3ème ligne de production de 40.000 t nominale). Les principaux
clients sont les lunetiers d'Oyonnax, Tupperware, Les Câbles de Lyon.
En 1981, la production est arrêtée et l'usine fermée. En 1982, l’usine est démantelée.
50
Cayez Histoire de Rhône-Poulenc
A cette époque, on assiste à une recomposition du secteur des polyoléfines au sein des sociétés
européennes.
En 1996 la concurrence est active dans le domaine des polyoléfines partout dans le monde. Cela incite
la BASF à s'associer à Hoechst dans le domaine du polypropylène et à Shell pour le polyéthylène. Une
association avec Shell permettra à la nouvelle société d'arriver au niveau des récents compétiteurs
que sont Borealis, Neste oil et Statoil, et Polymeri Europa (association Enichem/Union Carbide).
Fin 1999, BASF et Shell rassemblent ainsi leurs activités dans les polyoléfines, c'est-à-dire les
sociétés suivantes :
. Montell (Montell N.V.), appartenant maintenant entièrement à Royal Dutch Shell. Montell
N.V. a été fondée en juin 1995 par création d’une association entre Montedison S.P.A. et Royal
Deutsch Shell
. Targor, fondée en 1997, joint venture entre BASF et Hoechst.
. Elenac (Elenac GMBH et Elénac S.A) appartenant paritairement à BASF, Deutsche Shell
Chimie S.A.
Montell et Targor sont crédités d'une production globale de 320.000 t/an de polypropylène, fabriqué
pour l'essentiel, semble-t-il par catalyse métallocène.
Mais, la nouvelle société, portant le nom de Basell, par son poids économique et ses procédés
hautement compétitifs risquant de fausser le jeu de la concurrence, la commission européenne juge
que ce regroupement doit être accompagné d'une cession d'actifs pour être acceptable.
Ainsi, le 1er octobre 2004 Basell reprend sa participation de 50% dans la CIPEN. Cette dernière
devient entièrement Exxon Mobil Chemicals Polymers
La capacité de production des deux établissements, c'est-à-dire la CIPEN et l'atelier appartenant
depuis l'origine à Exxon Mobil (alimentés tous les deux par le craqueur d'Exxon Mobil de Notre
Dame de Gravenchon) est de: 420 000 t/an dont 220.000 t/an de PEBDL
A la suite des accords de San Remo (24 avril 1920), la question de la destination et du partage
des réserves pétrolières de la Mésopotamie d'Irak a été tranchée. La France reçoit la part allemande de
la Turkish Petroleum Company qui deviendra plus tard l'Irak Petroleum Company, et le droit
d'acquérir jusqu'à 25 % des pétroles de l'Anglo-Persian Company (APOC) (amené directement de
Perse par pipes traversant des territoires sous mandat français)51.
Au niveau national, une loi est promulguée visant à développer une industrie française du
raffinage: un groupe national est créé, la Compagnie Française des Pétroles (C.F.P.), ainsi qu’en 1929
la Compagnie Française de Raffinage (CFR) qui reprend les parts de la Deutsche Bank dans la
Turkish Petroleum Company. Cette dernière devient en 1931 l'Irak Petroleum Company (IPC)
constituée par les apports de six compagnies: l’Anglo Iranian (qui deviendra la British Petroleum),
23,75 %, la Compagnie Française des Pétroles, 23,75%), la Standard Oil of New Jersey, 11,875%,
Mobil Oil, 11,875 %, et Gulbenkian, 5 %. Les 3 plus grandes sociétés qui dominent le marché du
pétrole - Standard Oil of New Jersey, Anglo-Iranian et Shell - s'accordent sur la nécessité de
discipliner le marché mondial et de mettre un frein à la guerre des prix. Le 17 septembre 1928, elles
signent l'accord d'Achnacarry par lequel elles décident de stabiliser leurs parts de marché au niveau de
1928 et de s'entendre pour régulariser la production et déterminer les prix du pétrole au niveau
mondial.
La région de Marseille, située favorablement sur la route du canal de Suez, est apparue comme
particulièrement bien placée pour accueillir des installations de raffinage.
Une première raffinerie est installée à Berre-l'Etang sous l'égide de la Compagnie de Saint-Gobain
associée au le groupe Royal Dutch Shell : la Raffinerie de Berre peut traiter 400.000 tonnes de brut52.
Elle est mise en service en 1931
En 1922, la Société Générale des Huiles de Pétrole (S.G.H.P.), groupe Anglo-Iranian Company (la
future Britsh Petroleum), installe un dépôt de pétrole sur la côte méditerranéenne, à Lavera.
Suite à la loi du 6 mars 1929 qui favorise l'industrie du raffinage en France, la même société y
construit une raffinerie, en 1933, alimentée par le pétrole d'Abadan. Elle peut traiter 330.000 tonnes de
brut par an.
En 1934, la Compagnie Française de Raffinage inaugure à la Mède, sur l'étang de Berre, une raffinerie
(Raffinerie de Provence) pouvant traiter 900 000 tonnes de brut par an.
Beaucoup plus tard, en 1963, une quatrième raffinerie est installée par Esso France (groupe Exxon
Mobil), à Fos sur Mer.
51
Un siècle de développement urbain et Industriel à Martigues Archives communales de Martigues
52
Delta 1 1 27 1960
53
Voir Pechiney in J.M.Michel Histoire Industrielle des polymères en France chapitre 3
La direction de Pechiney-A.F.C. suivait par contre l'évolution d'une autre source de produits
hydrocarbonés dont l'intérêt commençait à être suspecté voire reconnu : le pétrole. Ce projet, on y
avait réfléchi déjà en 1942.
En 1945, M. Moundlic54 rencontre le Docteur King55, président et fondateur56 de la Manchester Oil
Refinery (M.O.R.) qui avait monté, en Angleterre, un atelier pilote de craquage du naphta selon le
procédé Catarole, dans une société filiale: Petrocarbon. Le procédé Catarole permet de fabriquer
benzène, toluène et autres produits aromatiques ainsi que divers produits aliphatiques, à partir de
coupes pétrolières57. Une option est prise sur le procédé Catarole et une société d'étude est crée le 9
octobre 1945 sous le nom de NAPHTACHIMIE (avec Pechiney /Alais, Froges et Camargue et le
groupe Kuhlmann58).
La recherche d'un terrain est entreprise notamment en Basse Seine. On a évacué l'idée avancée en
1946 d'implanter les ateliers NAPHTACHIMIE à Saint-Auban (Alpes de Haute-Provence).
Quelques mois plus tard on apprend qu'aux Etats-Unis se développe le craquage en présence de vapeur
d'eau (steam cracking, vapocraquage59) qui permet d'obtenir un mélange de méthane et de propane. Le
9 novembre 1946, il est alors décidé de lever l'option sur le procédé Catarole et donc d'abandonner ce
dernier au profit du procédé américain. L'option est donc levée.
En avril 1950, un programme de fabrication est défini. On produira dans un premier stade par
craquage du naphta provenant de la raffinerie de Lavera: l'éthylène, le propylène, la coupe C4 et, par
transformation, les produits chimiques suivant :
54
Directeur à Pechiney
55
Polystyrène licence vendue à Pechiney. Voir Histoire Industrielle des polymères en France chapitre 2, Polystyrène
56
Avec G.Tubenthal
57
Le procédé Catarole a été mis au point par C.Weisman chimiste et futur président de l'Etat d'Israêl et E.Bergmann. Son
objectif est la synthèse de carbures aromatiques. Le procédé a été développé industriellement par Petrocarbon qui l'a exploité
à Carrington (U.K). Voir I.E.C. 1951 43 2312
58
Il y a des discussions entre la Compagnie Française des Pétroles, la Compagnie Pechiney, les Etablissements Kuhlmann et
"on aimerait connaître les intentions de Rhône-Poulenc" (février 1948-Archives Pechiney)
59
Le vapocraquage consiste à chauffer rapidement sous 1 bar de pression, dans des tubes en acier nickel-chrome, vers 720-
850° C, la charge d'hydrocarbures (légers ou lourds). Les molécules sont cassées au profit des fractions plus légéres, voire
très légères (surtout éthylène et propène) (voir http://www.societechimiquedefrance.fr/extras/Donnees/orga/vapo/texvapo.htm
60
Kuhlmann se désengagera en décembre 1956. En 1957 la répartition du capital est :
53,61 % pour Pechiney et Seichime (Société d'Exploitation et d'Intérêts Chimiques et Métallurgiques),
42,78 % Société Française B.P. qui a repris la part de Kuhlmann.
3, 61% pour le Groupe Rothschild. La banque Rothschild (Compagnie des Chemins de Fer du Nord) cédera la
totalité de ses actions en décembre 1959
Cette nouvelle structure industrielle pétrochimique est par ailleurs prête à accueillir d'autres
fabrications faisant appel à des bases chimiques pétrolières.
L'oxyde d'éthylène sera ainsi fabriqué par un procédé Scientific Design d'oxydation directe de
l'éthylène, dont un atelier pilote est en fonctionnement à la M.O.R. à Manchester61.
Pour l'isopropanol, ce sera le procédé Distillers.
Le cœur de cette nouvelle entreprise est le craqueur. Le vapocraqueur prévu à l'origine est de
10.000 tonnes/an d'éthylène. C'est à la Société Lummus qu'on en confie la construction. Dans cette
première étape on produira outre les 10.000 tonnes d'éthylène, 9.000 tonnes de propylène 62 et 8 à
10.000 tonnes d'oxyde d'éthylène. Ce vapocraqueur est le premier de ce type installé en France. L'unité
d'oxyde d'éthylène est également la première unité française pétrochimique.
61
Initialement il était prévu d'installer le procédé classique passant par la monochlohydrine du glycol. A cet effet l'atelier de
chlore de Ribécourt devait être transféré et installé à Lavera.
62
Le propylène devait servir à fabriquer directement l'isopropanol puis, par déshydratation, l'acétone alors que classiquement
il fallait passer par l'acétone pour fabriquer l'isopropanol
63
Histoire du site pétrochimique de Lavéra 1949-1987. Cyprès Centre d'information pour la prévention des risques majeurs
64
Projets abandonnés. L'usine de Naphtachimie, une fois démarrée, les dirigeants de Pechiney réfléchissent de nouvelles
fabrications qui n'avaient pas été envisagées dans les programmes d'origines (Procès verbaux Comités directeurs de
Pechiney)
- Oxyde de propylène. Projet d’usine de Dunkerque pour la fabrication de l’éthylène. Ce serait une usine
pétrochimique de Naphtachimie. On y prévoit le butanol par procédé oxo ainsi que deux ateliers de cracking. On envisage
également le propylène, l'oxyde de propylène l'oxyde d’éthylène et dérivés . On renonce à la fabrication d'acide téréphtalique
initialement prévue (dont les brevets tombent en 1968).
- La fabrication du styrolène est envisagée. On juge qu'elle sera bénéficiaire (selon P.Jean) et donnera une assise
supplémentaire à Naphtachimie. L’étude prévoit de 18 000 à 25.000 tonnes/an. La technologie serait de Koppers : des
discussions sont entames pour disposer de la licence : on cite les noms d’Ethylsynthèse et de Schneider (C.D.F.) Projet
styrène abandonné
.- On envisage également la construction d'une seconde usine: Strasbourg ? Dunkerque? "Plus je réfléchis plus je
crois que contrairement à l’avis de BP, la 2éme usine de Naphtachimie serait à monter à Strasbourg et non à Dunkerque
(l’économie réalisée par Dunkerque est insuffisante pour justifier à elle seule l’installation)" (18-11-60 P.Jean Directeur de
la Division Chimie (Pechiney)
65
Pechiney Lettre de Jouven au Président Raoul de Vitry (17-3-1954)
La société minière Hibernia A.G.66qui détenait 25 % des actions de Hüls, a acquis les brevets de
Ziegler. Hibernia et Hüls AG ont conclu une joint-venture dans le milieu des années 50, Vestolen
GmbH, pour commercialiser le Vestolen de Hüls67.
Par l'entremise du Dr Ambros, un contact est établi entre Pechiney et Hibernia. Le Dr Ambros est un
ancien Directeur de l'I.G.Farben congédié à la fin de la guerre. Connaisseur du milieu industriel
allemand, il joue le rôle d'intermédiaire pour établir des contacts entre Pechiney et le Professeur
Ziegler68. Une rencontre a lieu à Mannheim, le 6 mars 1954, puis à Paris le 3 avril suivant. Un
contrat est signé par Pechiney le 8 juillet 1955. Il est complété par un contrat d’assistance technique
avec Hibernia (14 décembre 1955). L'un et l'autre seront transférés à la société NAPHTACHIMIE le
11 mars 1958.
A la même période, existent des contacts avec Monsanto et Montecatini. Pechiney (M.Jouven)
n'hésite pas à proposer au Dr Ambros la création d'un club comprenant Hibernia, Hüls, Monsanto,
Pechiney. Sans succès…
Les autres sociétés françaises ne sont apparemment pas ouvertes aux discussions avec Ziegler. Les
Houillères, en particulier sont opposées à des négociations.69
Il est décidé de monter un atelier de polymérisation à Lavera. Son démarrage est prévu pour
février 1958. La production de polyéthylène selon Hibernia doit fonctionner en continu. L’installation
expérimentale est prévue pour 1.000 à 1.500 tonnes/an
Parallèlement, il est montée une installation discontinue. La mise au point de la polymérisation s'est en
fait révélée délicate: on s'est heurté en particulier à des problèmes de résidus de catalyseur, de croûtes,
de lavages difficiles car incomplets. La polymérisation est réalisée en réacteur verré. La poudre est
lavée, séchée, puis transformée en lentilles par passage dans une gélifieuse Werner-Pfeiderer.
"Lors du démarrage des ateliers PE en 1958, l'atelier continu utilisant le procédé Hibernia n'a
jamais pu fonctionner de façon industrielle, pas plus chez le bailleur de licence ou ses autres
licenciés. Quant à l'autre atelier, discontinu celui-là, les premières centaines de tonnes de sa
production obtenus laborieusement n'ont pu être écoulés que grâce à la vogue simultanée du hula-
66
HIBERNIA (Documents Jouven) Herne (Allemagne). Hibernia est une importante société minière (45..000 ouvriers),
propriété à 100% de l'Etat fèdéral
a) Productions:Ammoniac, éthylène par distillation des gaz de cokerie (600 tonnes d’éthylène /mois), Alcool
anhydre, Acide adipique à partir de phénol
b) Contrôle la société Scholven Chemie (ammoniac, benzène) et également Phenol Chemie à Zweckel ( phénol ,
acétone par le procédé cumène), avec Hibernia, Scholven, Harpen, Rutgers.
Actionnaires Hibernia 25 %, Scholven 25%, Harpen 25 %, Rutgers 25 %
c) contrôle Hùls à 25%
67
Vestolen GmbH a été dissoute lorsque Hüls est devenu la division des produits chimiques de Veba.
68
Karl Ziegler (1898-1973) a effectué des recherches sur les caoutchoucs durant la guerre. A la fin de la guerre, Ziegler est
professeur à l'université de Halle, en Allemagne de l'est, en territoire qui sera occupé par les soviétiques. Après l'Armistice,
les américains pressent Ziegler d'accepter un poste à l'institut de recherche sur le charbon de Mülheim (Allemagne de l'Ouest)
où il constitue une équipe de recherches.
GiulioNatta (1903-1979) a fait ses études à l'Institut polytechnique de Milan. Il travaille sur le caoutchouc synthétique durant
la période de guerre. (cf "Les caoutchoucs de synthèse, Denivelle, Bull.Soc.Chim. 1 (7) (1940)). Dans la foulée des travaux
de Ziegler sur l'éthylène, il étudie avec succès la polymérisation du propylène.
Karl Ziegler et Giulio Natta ont reçu le prix Nobel en 1963
69
Archives Péchiney Courrier Jouven
70
Renseignements donnés par Ambros, 13-12-58
hoop, cerceau qu'il s'agissait de faire tourner autour de sa taille par un mouvement de reins; ce
gadget passager n'étant pas difficile pour la qualité du polymère71".
En fait, le procédé présentait des défauts majeurs: la formation de croûtes, la consommation
importante de solvant et de catalyseur dont les résidus nuisibles étaient impossibles à éliminer par
lavage. Pour contourner ces difficultés, la voie royale s'est révélée être une polymérisation en phase
gazeuse "dont on commençait à parler dans la presse spécialisée" 72, en 1969. Cette voie passait par
une mise au point technologique (réacteur et équipements associés) et la recherche chimique pour
disposer de systèmes catalytiques plus performants et ne nécessitant pas leur extraction, in fine.
- L'usine a démarré fin 1953. Les capacités de production prévues à l'origine étaient :
Ethylène: 10.000 t /an, devant passer à 16.000 t/an
Propylène 9.000 t/an, devant passer à 19.000 t/an
En 1986, démarrage de l’oxyde d'éthylène : 7.800 t/an, devant passer à 12.500 t/an
Ces productions seront complétées ensuite par celles du butadiène, des dérivés de l'oxyde
d'éthylène (éthers de glycols, éthylène glycols, éthanolamines), dérivés de l'oxyde du propylène
(propylène glycol et polyéthers) et également par celles des polyisobutènes.
- Un deuxième programme est défini en 1955: extension des capacités de production des
installations de cracking et de séparation des gaz, soit passage de 10.000 à 18.000 t/an pour l'éthylène,
de 9.000 t/an à 19.000 t/an pour le propylène, de 7.500 t/an à 12.500 t/an pour l'oxyde d'éthylène,
4.000 t/an pour l'oxyde de propylène destiné à être transformé en propylène glycol (5.000 t/an).
Pour ces nouvelles installations on fait appel à la Société Lummus.
71
Histoire du site pétrochimique de Lavéra 1949:1987. Cyprés:op;cit.
72
Histoire du site pétrochimique de Lavéra 1949:1987. op.cit. La société allemande BASF travaillait sur un procédé en lit
fluide. La société américaine Union Carbide Corporation travaillait également sur un procédé en lit fluide qui sera dévoilé
dans les années 70
73
Officiel des matières plastiques 1973
74
Notice Ineos Innovene G)
Au début des années 80, la chimie française a été réorganisée en profondeur. Dans de nombreux
secteurs, les structures en place depuis des décades ont éclaté, entraînant des bouleversements
considérables. Pechiney et sa filiale NAPHTACHIMIE, n'y ont pas échappé.
En ce qui concerne les productions, Atochem reprend les ateliers de chlore, de chlorure de
vinyle, de chlorométhane, d'oxyde de propylène, et également, pour le compte d'ARCO (Atlantic
Richfield Co), de propylène glycols et polyéthers. A la Société Française B.P. sont dévolues
intégralement les activités polyoléfines (180.000 t/an) et polyisobutène (35.000 t/an). L'activité
polypropylène sera reprise dans le cadre d'une société nouvelle, APPRYL, association d'Atofina,
branche chimie du groupe TotalFinaElf (51%) et de B.P. (49%). La plate-forme pétrochimique abrite
75
Archives Pechiney
également les filiales Oxochimie (50/50 BP- Atofina), et Gexaro (50/50 BP- Atofina) qui produite du
benzène (170.000 t/an), du butyraldéhyde, du 2-éthylhexanol, du butanol, et de l’isobutanol76.
76
Caoutchouc et Plastiques 603 112 Août septembre 1980
77
infochimie 01-07-2002
78
http://fr.wikipédia
79
Nexant.Chemsystems 2011
80
Et lignes suivantes "Panorama des activités BP en France" (Documentation annuelle)
Le 1er février 1966, est fondée la Compagnie Chimique de la Méditerranée (COCHIME), une
association entre BASF 50% et Shell-Chimie 50%, dont l'usine est destinée à la fabrication de
polyéthylène basse densité (PEBD), selon le procédé radicalaire sous haute pression de la BASF
La fabrication démarrera sur le site de Berre en 1966. Les chiffres de production des premières
années sont de 3.133 t en 1966, 4.572 t en 1968, 65.000 t en 1971, et 100.000 t en 197582.
Shell Chimie annonce, en 1976, la construction d'un atelier de polypropylène85 de 70.000 tonnes
dont le démarrage est prévu pour fin 1978 - début 1979. Parallèlement, la mise en service86 d'un
craqueur est décidée pour 1981 (10 fours pour une capacité de 450.000 tonnes d'éthylène) à l'usine de
l'Aubette à Berre.
Durant les années 1990, le groupe Shell doit faire face à de grosses difficultés Il décide de se
recentrer sur ses activités polyéthylène et polypropylène. En 1991, la Shell est présente à Berre pour
81
L'évolution du complexe industriel de Fos/Lavéra/ Etang de Berre. J.Garnier List CNRS UMR 6123 Aix en Provence ;
Gérer et comprendre, Septembre 2001
82
Officiel des Matières Plastiques 80 (1971) id (1975)
83
opc 10-79
84
Michel Dumoulin Ed Réseaux économiques et Construction européenne 2004
85
1980. Les 2 groupes RP et Elf sont en déroute. Total et Elf sont appelés pour les sauver: création de Chloé Chimie
En 1982, Elf organise la fusion PCUK, ATO, Chloé Chimie
- Lavéra devient le domaine partagé entre BP et le nouveau groupe français
- Berre devient le domaine partagé entre Shell et le nouveau groupe français
86
Plastiques Modernes et Elastomère Septembre 1978
105.000 t/an de PEBD et à Fos pour 100.000 t/an. Trois ans plus tard Shell et Montecatini s'associent
pour former "MONTELL Polyoléfines"
En 1991, on cite dans la revue Petrochemical Work un projet de 130.000 t/an de polypropylène dont
le démarrage est prévu par Shell, à Berre.
En 1996-1998, le site pétrochimique de Shell-Berre se développera autour des polyoléfines,
polyéthylène et polypropylène.
Le groupe Shell prend le contrôle total de MONTELL Polyoléfines en 1997 et en 2002, le site de
Berre prendra le nom de Shell Pétrochimie Méditerranée
Dans le domaine des polyoléfines, la nouvelle société engage deux investissements majeurs
1- L'installation, à l'usine de l'Aubette, d'une unité Spheripol de polymérisation du propylène
par le procédé de Basell, en continu, en phase gazeuse, avec un catalyseur de Basell. Le démarrage88
de l'unité de polypropylène 285.000 t/an à l'Aubette a lieu en janvier 1999. Cette unité est considérée
à cette époque comme la plus grande du monde, équipée de 2 réacteurs en phase liquide (réacteurs
loop), de 2 réacteurs en phase gaz et d'une extrudeuse de grande capacité). Elle remplacera l'unité de
110.000 t/an qui sera fermée progressivement. Le procédé Spheripol a été mis au point à l'origine par
Himont l'une des maisons mère de Montell. Il est exploité à Anvers, Brindisi, Ferrare et Rome.
2- Le démarrage en Juin 1999 de 2 lignes de 55.000 t/an de polyéthylène utilisant le procédé
Elenac PEBD tubulaire haute pression. L'installation est arrêtée en 2000. A cette date Elenac (qui a
repris les activités de Hoechst dans le polyéthylène basse densité) est intégrée avec les sociétés
87
htpp://www.knak.jp/big/basell.htm
88
8 Mai 99 Usine Nouvelle
Montell, et Targor dans le nouveau groupe Basell. Elle apporte à la nouvelle société (fin 2000) son
procédé LUPOTECH T89, à Berre-l'Aubette, une unité de PEBD radicalaire, sur procédé tubulaire
très haute pression, soit une capacité 320.000 t/an de Lupolene TS sur un seul réacteur, le plus gros
du monde. (Ce polymère est surtout destiné au film et l'emballage)
• Société des Polyoléfines de Fos (SPF) (Shell Chimie 75 %, I.C.I .25%) (puis ELENAC, et
LYONDELLBASELL)
Dans le cadre de l'aménagement industriel de la zone de Fos envisagée par le gouvernement, les
I.C.I avait prévu, en 197192 un investissement industriel majeur pour la production de polyéthylène (4
réacteurs alimentés en éthylène par Naphtachimie), pour une capacité 50.000 t/an de polyéthylène.
Le démarrage était programmé pour 1973 avec l'éthylène de Naphtachimie. Mais, la crise
économique a donné un coup de frein à ce projet ambitieux et à d'autres qui l'accompagnaient.
Le programme ne se déroulera donc pas comme envisagé à l'origine. D'une part il sera amputé de
deux réacteurs (sur quatre), d'autre part une nouvelle société sera constituée dans laquelle la société
Shell est présente au côté des I.C.I. minoritaires. C'est la S.P.F, Société des Polyoléfines de Fos, où
Shell-Chimie est majoritaire, qui s'installera (Shell chimie 75%, ICI 25 %) pour fabriquer du
polyéthylène basse densité selon le procédé I.C.I., en autoclave (haute pression, radicalaire)
En 199093, la Société des Polyoléfines de Fos est créditée d'une production 100.000 t. environ; la
capacité étant de 140.000 t/an. La société sera reprise par BASF-Shell (ELENAC) en 1998.94
Comme rapporté ci-dessus, en 2000 les trois sociétés ELENAC (Shell/BASF), TARGOR
(BASF/HOECHST) et MONTEL (Shell) sont regroupées au sein de la société BASELL, rachetée en
2005 par la groupe ACCESS Industries. En 2007 BASELL fusionne avec la société LYONDELL.
L'ensemble devient LyondellBasell industries
- En Moselle.
L'usine du groupe belge est située à proximité de la plate forme de Carling qui l'approvisionne
en monomère.
.
Solvay exploite, à partir des années 1960, un procédé propriétaire de polymérisation de
l'éthylène, avec un catalyseur type Ziegler. Les premières productions ont lieu à Rosignano en Italie,
en 1965 (capacité 195.000 t/an), puis à Sarralbe, en 1971 (capacité 195.000 t/an).
89
Hydrocarbon engineering 78 juin 2008
90
Voir chapitre Polypropylène
91
Hydrocarbon engineering 78 juin 2008. Infochimie 1-07-2002
92
OMP 800 1971
93
Observatoire Statistique et économique des transports 1990 Serette;Dossier voir CIPEN Dossier Législation
communautaire
94
L'évolution du complexe industriel de Fos/Lavéra/ Etang de Berre .J.Garnier List CNRS UMR 6123 Aix en Provence;
ICIS 13-07-98
La fabrication de polyoléfine PEHD est effectuée sur 2 puis 3 lignes de production selon un procédé
en suspension (slurry), en réacteur vertical-boucle du type Phillips, avec catalyseur au titane, type
Ziegler, dans l'isobutane comme diluant. La pression est de 25-40 bars, la température de 75-110 °C.
Ce procédé est convertible au catalyseur au chrome95. Le polymère est commercialisé sous le nom de
marque Eltex.
Cet atelier de Solvay entre dans le giron de BP en 2000, qui reprend également les sites de
Belgique et des Etats Unis. Le 1er novembre 2001, Solvay Polyoléfine Europe et BP-France ont conclu
un accord pour la constitution d'une société dont chacun des partenaires possède la moitié des parts:
BP-France apporte son unité de Lavera devenue Innovene 1. Solvay apporte son unité de Sarralbe
L'association devient BP-SOLVAY-POLYETHYLENE. La capacité de l'atelier passe de 225.000 t/an
à 265.000 t/an. Le groupe BP procède également à l'acquisition de l'activité polypropylène de Solvay
avec, pour la France, l'unité de Sarralbe.
En 2005, le site est partagé entre deux productions: celle du polypropylène (reprise par BP) et
un site de production Innovene S France (repris par INEOS).
Selon Nexant, le procédé Innovene S (slurry) permet de couvrir une large gamme de densité (0,92 à
0,965). Il accepte les catalyseurs au chrome comme les catalyseurs type Ziegler; il est adaptable à la
technologie bimodale
En 2011, on produit sur le site le PEHD (195 kt en 2011) et le polypropylène (90 kt 2011) (Voir
sous-chapitre Polypropylène)
Articles généraux
95
Nexant Chemsystems 2011
2. LE POLYPROPYLENE
La polymérisation radicalaire sous haute pression de l'éthylène ne s'applique pas aux autres
alcènes dont le propylène. Il a fallu attendre les travaux de Giulio Natta et Paolo Chini (Mars 1954) à
Milan, confirmés par ceux de Karl Rehn (Hoechst) à Francfort, d’Arthur Anderson et Ivan Robinson
(Dupont), ainsi que ceux de Karl Ziegler et Heinz Martin au Max Planck de Mülheim, pour démontrer
les propriétés catalytiques des dérivés organométalliques du type Ziegler pour la polymérisation du
propylène.
Six ans plus tard (1993) Montedison est dans une situation financiére délicate avec une dette de
10 milliards de dollars. Montedison est contrôlée par Ferruzzi Finanziaria SPA. Himont est le secteur
le plus profitable de Montecatini, donc le plus facilement négociable.
C'est Shell qui profitera de la situation. Fin 1993 un accord est signé entre Montedison et Shell; une
association est créée concernant essentiellement les activités polypropylène. Cette "joint venture"
50/50 rassemble les activités de l'association sous le nom de Montell N.V. La nouvelle société est
leader en Europe pour la production de polypropylène. Les autorités de Bruxelles imposent des
conditions à cette association susceptible de faire obstacle à la concurrence. Une entreprise commune
est créée sous le nom de Sophia96 entre Shell Petroleum NV et Montedison Nederlanrd NV. Les
activités mondiales de Montedison dans la technologie du polypropylène ne sont pas incluses dans
Sophia mais seront transférées à une société, Technipol, détenue et contrôlée uniquement par
96
Décision de la Commission Européenne du 8 juin 1994 (31994DO 811)
Deux ans plus tard, la société Montell est conduite à vendre sa participation à Shell qui prend
donc le contrôle total de leur association, à l’exception toutefois la technologie du procédé Spheripol
("qui est utilisée dans plus de la moitié des usines de polypropylène au monde"). Shell cependant
garde le contrôle de l'autre procédé concurrent, Unipol, mis au point par la société américaine Union
Carbide en collaboration avec Shell pour le catalyseur.
• Rhône-Poulenc
Une étude a été engagée sur la polymérisation du propylène au début de 1955, au laboratoire des
hautes pressions du Centre de Recherches de Saint Fons, mais l'étude a été abandonnée quand sont
apparus les premiers brevets de Ziegler, au profit d'un catalyseur maison de polymérisation de
l'éthylène dont la formule n'est pas connue.
Ils ont été en France les pionniers dans la production du polyéthylène mais ne mentionnent une
commercialisation de polypropylène que très tardivement. Le procédé de polymérisation de l'éthylène
par voie radicalaire exploité par CdF n'était en effet pas applicable au propylène.
97
Elle deviendra TotalFina (1999) puis Total Petrochemical (2003)
98
Officiel des Matières Plastiques 1972 Plastiques Modernes et Elastomère, Publicité 1975
99
On trouve par ailleurs une publicité de C.D.F pour un polypropylène "Prylène", en 1972. (Officiel des Matières Plastiques)
100
Annales des mines Avril 1971
A la fin des années 70, il est prévu de construire à Besch, en Sarre, une unité de 60.000 tonnes.
Mais le projet est, semble-t-il, abandonné.
• Pechiney
Cette société est présente dans les recherches associées à son engagement dans le
développement du procédé de Ziegler pour l'éthylène avec Naphtachimie (alors filiale de Pechiney et
de la British.Petroleum.). Pechiney achète à Montecatini la licence pour la fabrication du
polypropylène (1958-1959). A Lavera, Naphtachimie étudie la mise au point du procédé de
polymérisation qui a été concédé par Montecatini. On produit au laboratoire du polypropylène, en
petite quantité, à partir de 1960. Le nom de marque commerciale, Napryl, est déjà choisi. Les
premiers chiffres que nous connaissons sont ceux des années 1966-1968 :
Mais le procédé n'est pas au point; on est très loin des prévisions; il faut réduire le taux
d'amorphe, diminuer les lavages dispendieux, trouver un meilleur catalyseur. Un atelier de 50.000
t/an, en continu, démarrera cependant en 1977 (procédé en solution ou slurry). "Mais pour être
compétitif, il aurait fallu une taille supérieure que notre part de marché ne nous permettait pas
d'espérer"
- La société Appryl
En 1986 est fondée la société Appryl, association entre Atofina, branche chimie du groupe
TotalFinaElf (51%), et BP (49%). Elle exploite l'atelier de polypropylène de 50.000 tonnes avec le
procédé Dart-El Paso acquis par ATO. C'est un procédé mis au point aux Etats-Unis. Atofina exploite
déjà un atelier de polymérisation du propylène sur la plate forme de Gonfreville selon ce procédé
DART installé en 1974-1976. Le polymère a été commercialisé par Atofina sous le nom de marque
Lactène P, dès 1974, avec du produit d'importation.
Ce procédé DART Industrie / El Paso (Rexell Drug and Chemicals) retenu pour Lavera, est un
procédé en solution dans le monomère mis au point aux Etats-Unis par Rexell et El Paso Natural
Gas102 qui ont fusionné vers 1960, Rexell faisant appel aux oléfines d'El Paso Natural Gas. C'est le
fruit de la collaboration entre Montedison, Mitsui Petrochemicals, Phillips Petroleum : c'est un
101
Caoutchouc et Plastiques 603 112 Août septembre 1980
102
Procédé Dart Industrie/El Paso Product. C'est un procédé original, sans solvant. Il permet de fabriquer homopolymère,
copolymères statistiques et copolymères séquencés.
procédé de polymérisation en masse dans le propylène liquide, en réacteur continu agité, à 65/75°C103.
Il permet de produire des copolymères sans solvant qui conviennent au marché de l'injection, à la
fabrication de fibres bandelettes, de non-tissés….
En 1989, Appryl exploite deux ateliers, l'un à Lavéra (Bouches du Rhône), l'autre à Gonfreville
(Seine Maritime) où ATO-Chimie104 dispose de l'ordre de 250.000 tonnes/an de propylène. Cette
même année, la première unité de l'atelier de Lavera, la plus ancienne, est fermée.
Malgré la baisse de capacité liée à cette fermeture, la capacité globale de l’usine de Lavéra continue à
progresser : elle passe de 230.000 t à 280.000 t en 1996105. C'est, alors, l'atelier de polypropylène le
plus grand du monde. A Gonfreville, fin 1999, la capacité de l'atelier passe de 140.000 à 200.000 t/an.
On y fabrique aussi des copolymères bloc éthylène-propylène pour lesquels est appliquée la nouvelle
technique de production des copolymères bloc mise au point à Mont par Elf Atochem, dans son centre
de recherches106 .
- Les conséquences de la fusion B.P.- Amoco :
En 1998-1999, BP et la société pétrolière américaine Amoco décident de fusionner. Amoco
possède son propre procédé de polymérisation du propylène (procédé Amoco-Chisso). C'est un
procédé en phase gaz, qui permet de produire homopolymère, copolymères et compounds-choc. Le
réacteur est du type horizontal avec une agitation mécanique. Ce polypropylène est commercialisé
sous le nom de marque Innovene PP.
Comme conséquence de cette association la société mixte Appryl actuelle est dissoute:
- Atofina, branche chimie de TotalFinaElf, reprend les actifs et activités polypropylène de
Gonfreville, y compris les compounds pour l'industrie automobile. Gonfreville: c'est, à cette époque
135.000 t /an (de copolyméres blocs) qui vont passer à 200.000 t/an dans le courant 2000.
- Atofina et BP créent une association pour la production de Lavéra dont l'opérateur est
Atofina. Lavera produit alors 270.000 t /an d'homopolymères et de copolymères statistiques.
Toujours comme conséquences de la fusion BP Amoco, deux associations sont créée en 1999:
- l'une concerne la production de polypropylène en Europe et remplace donc l'ancien
Appryl dont le nom n'est toutefois pas abandonné contrairement aux intentions initiales.
- l'autre est une alliance, au niveau mondial, de la recherche et la technologie d'Elf
Atochem et de BP-Amoco. Elle concerne les unités d'Appryl et celle d'Amoco, de Geel (500.000 t en
2000), en Belgique. BP-Amoco conserve seul l'exploitation de ses unités américaines.
Appryl se place au 3éme rang européen derrière Montell et Targor
103
Polypropylènes Jean-Marie Béchet, Génie des Procédés (schéma)
104
Rappelons que l'ERAP et la SNPA (filiale à 50 % d'ERAP) ont créé l'Union Chimique Elf Aquitaine (20% ERAP,80%
SNPA) et la CFP/CFR une liliale à 100% Total Chimie .Entre l'Union Chimique Elf Aquitaine et Total Chimie est créé un
groupement d'intérêt économique dénommé ATO.
105
Usine Nouvelle 4 avril1996; total.latochem.com.
106
Parallélement Appryl prévoit l'installation d'un atelier de 300.000 t à Grangemouth (Ecosse) pour 1996
En 2001 Atofina vient de prendre le 3ème rang mondial derrière BP après avoir racheté les
parts de "BP Résines et Compounds" dans Appryl. En 2001 la capacité de l'atelier de polypropylène
de Gonfreville est de 200.000 t.
Après le démarrage d'une nouvelle ligne à Feluy et l'intégration de la part d'Appryl la capacité
totale européenne de polypropylène d'Atofina s'élève à 1.100.000 t/an
La société est fondée en 1962. L'atelier de Lillebonne est alimenté en propylène par la plate-
forme de Port Jérôme. L'installation initiale a une capacité de production de 5.000 tonnes/an: Cette
société est constituée grâce aux apports de Hoechst (50 %), Air Liquide (16,5%), CDF Chimie
(16,5%), Ethylène plastique (16,5%). La technologie provient de Hoechst (catalyse Ziegler).
En 1964, la production est de 3.333 t. La capacité passe à 12.000 t/an en 1970. Elle est de
40.000 t/an en 1975 puis 80.000 t/an quelques années plus tard
L'activité est reprise, en 1976, par Hoechst France qui deviendra plus tard la Société Française
Hoechst (S.F.H.). Une unité de polypropylène de 120.000 t/an sur catalyseur métallocène démarre en
1990 ; elle sera portée à 150.000 t/an en 1993. L'ancienne unité de 80.000 t/an est fermée la même
année
En 1996 Hoechst porte sa capacité à 200.000 t/an et met en place le procédé Spheripol (technologie
Himont).
La S.F.H. disparaît en 1997. Le site de Lillebonne est alors occupé par trois sociétés:
. Celanese (acétaldéhyde), fermé en 2000
. Clariant (acide glycolique), fermé en 2001,
. Targor S.A. qui est une association (JV) fondée en 1997 entre BASF et Hoechst AG, . En
2000, Targor deviendra Basell Polyoléfines.
. Elenac, une JV entre Shell et BASF fondée en mars 1998, qui produit du polyéthylène
LLDPE- butène, avec catalyseur métallocène, en phase gaz, (densité 0.915). La capacité est de
175.000 t /an. Par dégoulottage, cette capacité passe à 210.000 t cette même année 1998.107
En mai 1999, c'est la fusion d'Elenac, des activités polypropylène de Montell (devenu
entièrement Shell) et de Targor, futur premier producteur mondial de polypropylène.
D'après les documents publiés par ExxonMobil, le site produit du polypropylène isotactique et
des copolymères propylène/éthylène. La polymérisation a lieu en masse, dans deux réacteurs de 44 m 3.
Une partie du polymère est formulée sur place en compounds avec les additifs nécessaires: charges,
élastomères, anti-oxydants, anti-UV, antistatiques, charges minérales etc., à hauteur de 60.000 t/an 112.
Shell Chimie annonce, en 1976, le projet de construction d'un atelier de polypropylène 113 de
70.000 tonnes dont le démarrage a lieu fin 1978- début 1979. Vingt ans plus tard, Montell envisage la
construction d'un atelier de polypropylène totalement modernisé.
En janvier 1999 est démarrée114par la société Basell (succédant à Montell) une unité de polypropylène
de 285.000 t /an à l'usine de l'Aubette, avec le procédé Spheripol. Elle remplace la vieille l'unité passée
à 110.000 tonnes qui sera fermée progressivement.
- Solvay (Sarralbe)
Solvay a monté un procédé personnel en suspension dans le n-hexane (slurry) dans son atelier
de Sarralbe. La production a démarré vers 1975 avec une unité de 50-60.000 t/an.
Entre 1975 et 1996, la capacité passe à 170.000 tonnes, puis ensuite à 250.000 tonnes.
Une société du Groupe Belge Baulieu (fabrication de fibre BCF, tapis, textiles techniques, tuft,
aiguillette, bandelette, canevas de tapis) a été créée pour étendre l'activité industrielle du groupe vers
l'amont en s'engageant dans la fabrication du polypropylène, matière première de base pour ses
productions textiles et également pour la production de résine destinée à "l'injection de pièces moulées
pour des articles tels que récipients pour produits alimentaires ou cosmétiques, pharmaceutiques ou
encore le mobilier de jardin, l'habitacle des voitures etc…"
La société a déjà élargi son domaine industriel avec l'absorption de la société Pinnacle Polymers aux
Etats-Unis, qui produit des résines de polypropylène (homopolymére, copolyméres choc) dans une
installation Unipol.
Polychim-Industrie SAS, fondée en 1989, est une société sœur de Pinnacle Polymers, avec une
installation de production de polypropylène à Loon-Plage. Elle est démarrée en fin 1989, avec une
capacité de 120.000t /an, portée par la suite à 220.000 t/an.
Cette société est, selon la notice publiée sur Internet, le premier producteur européen de compounds
granulés de polypropylène (650.000 t/an)115.
Le polypropylène est fabriqué généralement sur les mêmes sites et par les mêmes compagnies
que le polyéthylène.
112
Notice ExxonMobil Chemicals
113
1980. Les 2 groupes RP et Elf sont en déroute. Total et Elf sont appelés pour les sauver: création de Chloé Chimie
En 1982. Elf organise la fusion PCUK, ATO, Chloé Chimie
- Lavéra devient le domaine partagé entre BP et le nouveau groupe français
- Berre devient le domaine partagé entre Shell et le nouveau groupe français
114
8 Mai 1999, Usine Nouvelle
115
www.polychim-industrie; com/entreprise.html
116
Ullmann 2001
D’une façon générale, l'intérêt du polypropylène (vierge ou en mélange avec des charges et
certains élastomères) est lié à ses propriétés d'usage: faible coût, usinage facile, ténacité, flexibilité à
basse température, absence d'odeur et de toxicité.
Le catalyseur a été et reste toujours l'objet de recherches. Elles ont permis d'augmenter la
productivité dans des proportions considérables mais aussi de s'affranchir du solvant et des problèmes
117
http://www.matweb.com/search/datasheettext.aspx?matid=38586
118
http://www.totalpetrochemicalsusa.com/brochures/br_pp_film.pdf
119
Jean-Marie Béchet, Polypropylène J6545.fm 1995 Techniques de l'ingénieur (Principes des principaux procédés;
schémas)
qui lui sont associés et de régler, maîtriser, voire augmenter, la tacticité. Après le premier catalyseur
Ziegler-Natta, d'autres générations sont venues qui l'ont amélioré et supplanté comme le catalyseur
supporté TiCl4/Al(C2H5)3/MgCl2 et les métallocènes
Les capacités de production de polypropylène en 1993, en France, par site société et étaient les
suivantes:
. Lavéra (Appryl): 200.000 t/an
. Gonfreville (Appryl) : 150.000 t/an.
. Lillebonne (Hoechst) : 150.000 t/an,
. Sarralbe (Solvay) : 180.000 t/an,
. Berre (Shell) : 140.000t,
. Notre-Dame de Gravenchon (ExxonMobil) : 140.000 t/an,
120
PERP Report) Nexant Chem System; J.M. Bechet Polypropylène, Techniques de l'Ingénieur; Sumitomo Kagaku 2009 II 1
121
Chemical Market Resources, Inc New Génération polyolefins 7(4) février-mars 2002 (Schéma)
122
Technologie reprise par l'association BP-Amoco: un seul réacteur à lit horizontal. Cette technologie dérive du procédé
Amoco–Chisso (phase gaz). Elle utilise la technologie CD pour le catalyseur. Le même catalyseur est utilisé pour tous les
grades: moulage par injection, par soufflage, fibres, films, feuilles. Il convient pour toute la palette des produits:
homopolymères dans une large gamme de stéréorégularité, de fluidité et des copolymères, y compris les copolymères choc
avec renforçant caoutchouc (17-20% jusqu'à 30%)
. Procédé Amoco : Chemical Market Resources, Inc New Génération polyolefins 7(4), février-mars 2002 (Schéma).
. Innovene PP : Doc. INEOS Technologies Schéma. Il est comparable au procédé Amoco
Innovene PP Nexant (Schéma)
. Ullmann : 2001 (Schémas de principe: réacteur horizontal, réacteur vertical, lit fluidisé)
. Sumitomo Chemical Co Ltd Hideki Sato, Hiroyuki Ogawa: Review on development Polypropylene Manufacturing Process
(Schémas)
. Polypropylène : www.Societechimiquedefrance.fr/produit-du-jour:polypropylene.html
. Jean-Marie Béchet, Polypropylène J6545.fm 1995 Techniques de l'ingénieur (Schémas)
. Füzessery A, 3320 Techniques de l'ingénieur Génie des procédés 1991(Schémas)
. Polypropylène : www.Lummus.CBI.com
www.icischemicalbusiness.com (producteurs en 2005)