Citoyenneté Environnement
Citoyenneté Environnement
Citoyenneté Environnement
éducatives communes
Jean Simonneaux
Dans Pour 2008/3 (N° 198), pages 114 à 121
Éditions GREP
ISSN 0245-9442
DOI 10.3917/pour.198.0114
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Jean SIMONNEAUX
Maître de conférences en didactique
des sciences économiques et de gestion,
École nationale de formation agronomique de Toulouse
l
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1960 à 1980 ont vu le passage de l’instruction à l’éducation, les cours de morale ont
laissé place à l’instruction civique, à l’éducation civique puis à l’éducation à la citoyen-
neté. Sont également apparues les éducations à la santé, à l’environnement... Ce
changement marque une évolution des objectifs, l’instruction est une notion volonta-
riste et impérative dans laquelle tous les apprenants sont modelés et standardisés ;
l’instruction militaire en est une illustration emblématique. L’émergence progressive
de cette notion d’éducation va soutenir des objectifs d’émancipation des apprenants,
l’émergence du sujet pensant ; l’apprenant est alors considéré comme autonome, il
est appelé à se construire, à définir sa position face à un objet. L’éducation constitue
un processus dans lequel « doit s’épanouir, à terme, un citoyen adulte, libre, auto-
nome, exerçant sa raison critique dans une cité à laquelle il participe activement 1 ».
Il s’agit de préparer les individus à être des acteurs de demain, à prendre leurs res-
ponsabilités ; il s’agit non seulement de rendre le monde et les règles intelligibles
pour les élèves, mais aussi de rendre ceux-ci capables d’agir dans la société, notam-
ment dans la sphère publique. L’école participe, ou devrait participer, à l’élaboration
du futur en intégrant les jeunes générations dans la dynamique sociale, tant pour en
définir les enjeux et les principes que pour rendre les élèves acteurs. Cependant, les
compétences correspondantes sont difficilement circonscrites car elles correspon-
dent à des pratiques variables dans des contextes mouvants. L’éducation va contri-
buer à construire un rapport au monde, à soi et aux autres pour reprendre les
catégories de Bernard Charlot (1999).
nature, considérée comme valeur pour elle-même dans l’éducation relative à l’en-
vironnement, ne peut plus être pensée indépendamment des activités sociales et
économiques. Dans l’éducation relative à l’environnement, l’environnement était
abordé essentiellement dans les disciplines de la biologie-écologie, sciences de la
vie et de la terre, alors que pour l’éducation au développement durable, aucune
discipline n’a la légitimité de porter seule cet enseignement ; du coup, la concep-
tion même de l’environnement qui est transmise est beaucoup plus large, les
valeurs visées sont plus nombreuses, ouvrant des perspectives éducatives où
l’enjeu est de favoriser une pensée critique et donc l’autonomie et l’émancipation
des apprenants. L’éducation au développement durable va proposer des questions
dont on ne connaît pas forcément les réponses à l’avance, favoriser la recherche
et la critique des informations et donner un espace de pouvoir et de décision aux
apprenants en les encourageant ainsi à devenir des acteurs engagés et respon-
sables, sur des questions environnementales et socio-économiques. Cette der-
nière perspective met donc en synergie l’éducation à la citoyenneté et l’EDD. La
En guise de conclusion
À lire
Bernard Charlot, Du rapport au savoir, éléments pour une théorie, éd. Anthropos Économica,
1999.
Jean-Marc Lange, Patricia Victor, « Didactique curriculaire et “éducation à… la santé, l’environ-
nement et au développement durable” : quelles questions, quels repères ? », Didaskalia n° 28,
2006.
Alain Legardez, Laurence Simonneaux, L’école à l’épreuve de l’actualité – Enseigner les ques-
tions vives, éd. ESF, 2005.
Alain Mougniotte, Pour une éducation au politique, éd. L’Harmattan, 1999.
Jean Simonneaux, « L’initiation au développement durable et éducation à la citoyenneté… »,
Colloque «… pour une École inclusive … Quelle formation des enseignants ? », IUFM Créteil,
2005.
Jean Simonneaux, Jean-Marc Lange, Yves Girault, Patricia Victor, Cécile Fortin-Debart,
Laurence Simonneaux, « Multiréférentialité et rationalité dans les “éducations à…“ », Colloque
« Le développement durable sous le regard des sciences et de l’histoire : de la réflexion aux
pratiques éducatives et de formation », IUFM, Villeneuve d’Ascq, 2006. http://www.yvesgirault.
com/pages/jean-simonneaux.htm
Jean Simonneaux, « Les enjeux didactiques des dimensions économiques et politiques du déve-
loppement durable », in Écologie et politique n° 34, éd. Syllepse, Paris, 2007.
Jean Simonneaux, « L’éducation aux valeurs fait la valeur de l’éducation », in Les valeurs expli-
cites et implicites en formation, s/d D. Favre, A. Hasni et Ch. Reynaud, éd. De Boeck, à paraître.
Nicole Tutiaux-Guillon, « Le difficile enseignement des questions vives en histoire-géographie »,
in L’école à l’épreuve de l’actualité, enseigner les questions vives, s/d’Alain Legardez, Laurence
Simonneaux, éd. ESF, 2006.
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