PH 104 - Cours II République-II Empire
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Thème 2
La France dans l’Europe des nationalités : politique et société (1848-1871)
Chapitre I
La IIème République de 1848 à 1851
Issue d'une insurrection en 1830, la Monarchie de Juillet disparaît dix-huit ans plus
tard dans une autre révolte populaire. Pour la première fois depuis 1792, un régime
républicain est instauré. Quelles sont les réalisations de la IIe République ? Pourquoi
a-t-elle duré si peu de temps ?
Le jour même, un gouvernement provisoire est mis en place. Ses membres sont
désignés de façon inédite, par acclamation des Parisiens présents à l’Hôtel de Ville de Paris.
Présidé par Dupont-de-l’Eure, dont la popularité vient de sa participation à la Révolution de
1789, il compte onze membres d'opinions politiques différentes :
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- Les Républicains radicaux sont représentés par Ledru-Rollin, nommé
ministre de l’Intérieur.
- Les Républicains modérés sont représentés par le poète Alphonse de
Lamartine, ministre des Affaires étrangères, François Arago, ministre de la guerre ou encore
Victor Schœlcher, sous-secrétaire d’état aux colonies.
- Le socialiste Louis Blanc et l’ouvrier Albert complètent ce gouvernement.
Des symboles républicains sont mis en place : le drapeau tricolore est maintenu
comme drapeau de la nation, la devise républicaine « Liberté, Egalité » est officialisée et
enrichie d’une troisième mot : « Fraternité »; le visage de « Marianne » serein mais
déterminé devient celui de la République triomphante.
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• Les députés républicains modérés, majoritaires s’inquiètent du regroupement, à Paris,
de 150 000 ouvriers dans les ateliers nationaux, considérés comme un gouffre
financier et pouvant constituer des foyers de propagation d'idées subversives. Ils en
décident la fermeture le 22 juin 1848.
2. Un président autoritaire
• L'élection au suffrage universel du président de la République favorise les candidats
populaires. Louis-Napoléon Bonaparte, qui joue de la notoriété de son oncle,
Napoléon Ier, prétend rendre à la France son prestige international. Il est élu président le 11
décembre 1848.
• Par ailleurs, l'insurrection ouvrière de juin 1848 a inquiété les campagnes où l'on
craint les « partageux ». Aux élections législatives de mai 1849, un « parti de
l'Ordre » (500 députés), dominé par des conservateurs, obtient la majorité. Le
gouvernement, composé de conservateurs, est dirigé par le monarchiste Odilon Barrot,
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opposé aux idées démocratiques. Il adopte des lois réactionnaires, restreignant la liberté de
la presse et le droit de vote. Il faut désormais pour voter pouvoir justifier de trois années de
résidence au même endroit : cela exclut une bonne partie des ouvriers, souvent contraints de
changer d'emploi et de domicile régulièrement.
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Chapitre II
Le Second Empire (1852-1870)
Le Second Empire constitue une période contrastée : la France connaît à la fois une
spectaculaire réussite économique et une sévère défaite militaire, un régime autoritaire
maintient pourtant le suffrage universel… Quelles sont les principales caractéristiques
du Second Empire ?
B. La libéralisation du régime
• À partir de 1860, les choix de l'Empereur en matière de politique extérieure le
privent d'une partie de ses soutiens. Napoléon III soutient le combat des Italiens pour
l'unité de leur pays et se coupe ainsi de son électorat catholique (qui refuse de voir diminuer
le pouvoir temporel du pape). En 1860, il conclut un traité de libre-échange avec le
Royaume-Uni contre l'avis des grands industriels français. Sur le plan militaire,
l'expédition mexicaine lancée en 1861 est un échec. Enfin, la France est affaiblie par la
montée en puissance de la Prusse qui triomphe des Autrichiens à Sadowa (1866).
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1. Les impacts de la libéralisation sur la vie politique
• Ces choix et ces revers l'obligent à faire quelques concessions politiques.
En 1859, une loi accorde l’amnistie à tous les opposants politiques : les exilés
sont autorisés à rentrer en France sans risquer d’être poursuivis. Si de nombreux opposants
républicains rentrent en France, certains comme Victor Hugo refuse toute compromission
avec le régime : « il ne rentrera en France que quand la Liberté y sera elle-même rentrée »
Le Corps législatif obtient l'initiative des lois et peut interpeller le
gouvernement. Le contrôle de la presse est assoupli. L'opposition peut alors s'organiser.
En 1864, les libéraux modérés et leur chef de file, Adolphe Thiers réclame les
« cinq libertés nécessaires ». Un « Tiers Parti » se constitue, parti intermédiaire entre les
républicains et les députés soutenant le régime : il est favorable aux réformes et à la mise en
place d'un « empire parlementaire ». Leur combat commun aboutit lors des élections de
1869.
• Napoléon III donne suite à certaines revendications sociales : le droit de grève en
1864 et la liberté de réunion en 1868.
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2. Les impacts de la libéralisation sur les institutions
• En 1860, le Corps législatif obtient le droit de s’adresser à l’empereur et ses débats
sont publiés dans leur intégralité.
• En 1861, le Corps législatif obtient le droit de voter le budget, puis en 1867 celui
d’interpeller les ministres et en 1869 celui de voter les lois en les amendant.
• En janvier 1870, une nouvelle constitution est adoptée qui fait du Second Empire,
un régime parlementaire.
• Le 8 mai 1870, le plébiscite approuve à 80% l’évolution libérale du régime.
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C. La modernisation de la France
• Dans toute l'Europe occidentale, la période du Second Empire correspond à une
phase de croissance économique qui ne s'affaiblit que vers 1865. Napoléon III bénéficie,
encourage et exploite intelligemment ce contexte favorable pour développer l'économie
française et permettre un certain décollage industriel.
• Le Second Empire est sans doute le premier régime français à privilégier des
objectifs économiques. Avant de devenir empereur, Louis-Napoléon a publié quelques
brochures dans ce domaine : sa pensée est à la fois originale et hétéroclite. Soucieux
d'apporter une réponse aux problèmes sociaux de son temps, il s'inspire du saint-simonisme.
Le libre-échange doit entraîner une prospérité générale et donc une amélioration de la
condition ouvrière. Dans cette perspective, il conclut avec l'Angleterre le traité de libre-
échange de 1860.
• Le rôle de l'État est essentiel dans le développement économique : ses
investissements sont très importants, au point d'augmenter lourdement la dette publique.
Napoléon III n'hésite pas à utiliser sa fortune personnelle pour financer certains projets
comme la bonification de terres agricoles. Il développe également des fermes modèles sur
ses propriétés.
• L'une des principales initiatives de Napoléon III est la révolution des transports.
Six grandes compagnies de chemin de fer sont créées, la longueur des voies ferrées est
multipliée par cinq. Le commerce intérieur peut alors s'épanouir dans ce qui apparaît pour
la première fois comme un véritable marché national. Des ports déjà relativement
importants comme Le Havre, Bordeaux et Marseille sont agrandis, d'autres sont créés,
comme Saint-Nazaire. Ils abritent une flotte moderne et nombreuse. Enfin, les villes les plus
importantes sont reliées par le télégraphe.
• De grands travaux sont entrepris à travers tout le pays. La capitale est réaménagée,
sous la direction du baron Georges Haussmann (1809-1981), préfet de la Seine de 1853
à 1870. Paris s'agrandit ; une nouvelle enceinte fortifiée est érigée ; un système
d'éclairage au gaz, un réseau d'adduction d'eau potable et des égouts sont mis en place.
De larges avenues sont percées à travers les vieux quartiers. Elles améliorent la
circulation, embellissent la ville et surtout facilitent la répression en cas d'insurrection
populaire (elles rendent possible l'emploi de la cavalerie et de l'artillerie). Les Halles,
construites au centre de la ville, approvisionnent les Parisiens ; les premiers grands
magasins (Au Bon marché) concurrencent les petits commerces.
Enfin, le système bancaire français connaît un développement remarquable sous le
Second Empire. Les banques familiales comme celle des Rothschild continuent de prospérer
mais elles sont concurrencées par de grandes banques de dépôt ou d'affaires, comme le
Crédit Lyonnais (1863) ou la Société générale (1864). Elles drainent l'épargne des Français
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et investissent leurs fonds dans l'industrie et le commerce. Ces banques sont le véritable
moteur de la croissance. Sous l'Empire, les Français se familiarisent également avec les
chèques et les billets de banques.
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