GP 26 Journalisme Radio
GP 26 Journalisme Radio
GP 26 Journalisme Radio
Journalisme radio
JOURNALISME RADIO
auditoire et de l’informer au plus près de sa réalité : tout un
art qui s’apprend certes dans les écoles de journalisme,
mais surtout sur le terrain, sur le tas, auprès de journalistes
engagés plus avant dans le métier.
C’est un peu ce rôle de « grand frère » qu’ambitionne de
jouer cet ouvrage. Écrit par un journaliste expérimenté,
formateur dans de nombreux pays africains, il entend
contribuer à renforcer les capacités de tous ceux qui
œuvrent dans les radios associatives et/ou communau-
taires, et qu’on surnomme affectueusement en Afrique les
« radioteurs ».
Largement documenté auprès des écrits des confrères et
illustré de nombreux exemples concrets, ce guide appor-
te des notions essentielles pour tout journaliste radio. Outre
les recommandations sur les techniques spécifiques à ce
métier de l’oralité, il attire également l’attention sur l’éthique
Journalisme radio
et la déontologie des médias dans le contexte africain.
Conseils pour la pratique
en Afrique subsaharienne
Diffusion : GRET
Campus du Jardin tropical, 45 bis avenue de la Belle Gabrielle,
94736 Nogent-sur-Marne Cedex, France.
Tél. : 33 (0)1 70 91 92 00. Fax : 33 (0)1 70 91 92 01.
Site Web : www.gret.org
L E S É D I T I O N S D U G R E T
ISBN : 978-2-86844-303-8. ISSN : 1258-3073.
Prix : 18 euros. Réf. Gret : GP 26.
François Pascal Mbumba Mpanzu
Journalisme radio
Conseils pour la pratique
en Afrique subsaharienne
3
La dernière partie est consacrée à une somme de préceptes sur
les normes professionnelles : la déontologie et l’éthique profes-
sionnelles. Cette partie est complétée par un éclairage sur les
textes de loi qui organisent et régulent le métier de journaliste.
Toute cette architecture repose sur de nombreux exercices. Des
exemples tirés des situations réelles, des papiers rédigés par
des professionnels servent de guide aux apprenants.
En définitive, on peut dire que cet ouvrage a rempli son contrat,
non seulement par la qualité de l’écriture de l’auteur, mais éga-
lement par la richesse de son contenu dans lequel se retrouvent
tant les théoriciens que les praticiens du journalisme. Le champ
choisi, l’Afrique subsaharienne, constitue un champ d’expéri-
mentation dont les résultats pourraient intéresser de nombreux
autres lecteurs. ■
Mambuya Obul’Okwess
Chef de travaux à l’IFASIC,
Institut facultaire des sciences de
l’information et de la communication
Kinshasa - Gombe
4
Remerciements
5
Nzita Puindi, Clotilde Aziza Bangwene, Pierre N’sana, Claude
Masumbuko, Linda Ololo, Thaddée Kongo et Norbert Wibyala,
toute notre reconnaissance pour les interactions positives
vécues sur le terrain dans la convivialité.
Enfin, cordial merci à toutes celles et à tous ceux qui, de quelque
manière, ont contribué à la publication de ce manuel et dont les
noms n’apparaissent pas ici. ■
L’auteur
6
Sommaire
5. Remerciements
11. Introduction
● QUATRIÈME PARTIE.
ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
185. La loi
8
188. Le délit de presse
194. La protection de l’individu contre la calomnie, la diffamation
et l’injure
195. La protection de la vie privée
196. La protection de l’ordre social, de la sûreté de l’État et
de l’honneur du chef de l’État
197. La protection des sources
199. La déontologie
207. L’éthique
Annexes
223. Lexique
229. Organigramme type d’une radio
231. Charte d’éthique professionnelle des journalistes
235. Déclaration des devoirs et des droits des journalistes
239. Corrigés des travaux pratiques
9
JOURNALISME RADIO – INTRODUCTION
Introduction
11
JOURNALISME RADIO – INTRODUCTION
12
JOURNALISME RADIO – INTRODUCTION
Radioteur, radioteuse
Pourquoi ce guide ?
Néologisme intégré au
De ces constats est né le besoin jargon journalistique
désignant le professionnel
d’un tel manuel écrit par un pro-
des médias évoluant dans
fessionnel africain, sur la base de
une radio associative ou
son expérience de formateur afin communautaire.
d’aider les « radioteuses » et
« radioteurs » à tendre vers le pro-
fessionnalisme et l’excellence, via l’acquisition de bonnes bases,
grâce à l’apprentissage et à l’entraînement.
Il s’agit de les aider à parfaire des compétences apprises sur le
tas, d’être susceptibles de faire partager grâce à la radio ce qui
a été vu, entendu, appris, senti ou ressenti dans le respect des
contraintes de temps et d’efficience qu’impose notre métier ;
s’exercer à l’art et à la manière de
collecter l’information et de gérer
ses sources ; maîtriser les tech- Journaliste
niques professionnelles de ré- Toute personne détentrice
daction radiophonique en évitant d’une carte de presse, qui
des pièges du langage ; optimiser travaille à la radio, à la
l’information de proximité ; s’im- télévision, dans un organe
prégner de l’éthique et de la déon- de presse écrite ou de la
presse en ligne et qui tire
tologie du métier de journaliste...
l’essentiel de ses revenus
Cet ouvrage aspire à répondre au par la collecte, le traitement
besoin des journalistes radio de (la mise en forme) et la
disposer d’outils de travail élabo- diffusion de l’information.
rés par des pairs et spécialement
adaptés à leurs conditions de tra-
vail, eu égard à l’abondante littérature déjà existant sur le mé-
tier du journaliste. Cet outil, élaboré à partir d’une expérience
contextualisée, aidera les journalistes des radios africaines à
trouver leur style au sein de normes professionnelles ainsi mieux
appropriées.
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JOURNALISME RADIO – INTRODUCTION
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JOURNALISME RADIO – INTRODUCTION
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Première partie
Le métier de journaliste
ans cette première partie, nous allons aborder des ques-
D tions générales, concernant la personne du journaliste, son
statut, son rôle et sa responsabilité, puis les grandes règles,
méthodes et techniques à connaître pour bien exercer ce mé-
tier. Si nos exemples et nos références sont plus spécifique-
ment axés sur la radio, ces principes s’appliquent à tout type
de journalisme. ■
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PREMIÈRE PARTIE
Son rôle n’est pas de dire ce qui est bien ou mal, mais de
dire ce qui est.
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
Le journaliste, un artisan
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
Le statut de journaliste
« Qui t’a fait roi ? », c’est la question posée à l’étudiant quand il vient se
former pour qu’il acquière d’entrée de jeu la modestie de son compor-
tement face à l’immense ambition que doit être celle de son métier.
« Qui t’a fait roi ? », c’est aussi poser la question « Qui est journaliste
professionnel ? » et d’abord, doit-on être journaliste professionnel ?
Oui, en effet, le journalisme est un métier. D’abord parce que je pense
qu’il s’apprend mais aussi parce que je crois que dans l’exercice de
ce métier, il y a des références, des règles, des techniques, des
devoirs… et se dire que ce journalisme est accessible à n’importe
qui avec cette espèce de mot écran qu’on appelle le talent est une
grave imbécillité. On vous dit avec talent une série d’erreurs, on vous
raconte avec talent une série de mensonges…, le talent n’a rien à
voir dans l’affaire.
Nous considérons tous qu’on doit être soignés par un médecin
professionnel, que nous devons être véhiculés par un chauffeur pro-
fessionnel, que notre voiture doit être entretenue par un garagiste
professionnel et que nous devrions être informés par des amateurs !
Il y a longtemps que ce débat devrait être tranché assez définitivement
même si bien entendu la profession doit rester ouverte, même si nous
devons reconnaître la capacité de professionnalisation d’un certain
nombre de gens qui sont recrutés dans ce métier, sur le terrain.
Loïc HERVOUET
journaliste, ancien médiateur de RFI, ancien directeur général
de l’École supérieure de Journalisme de Lille
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
Gislaine Itama
de la Radio
Télé Kintuadi
RTK / Kisangani
en RDC
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
Le droit d’informer et
la responsabilité sociale du journaliste
À l’instar d’une lampe qui éclaire, le journaliste, dans tous les pays,
joue un rôle majeur. Sa responsabilité sociale est donc de taille
vis-à-vis de ses concitoyens. Son rôle principal est d’informer de
manière à rendre ses auditeurs, ses lecteurs et ses téléspectateurs
ou ses internautes plus conscients du monde ou de la société dans
lesquels ils vivent. Il fait la collecte, le traitement et la diffusion de l’in-
formation. Par le fait même, il contribue à l’émergence de la démo-
cratie, de la bonne gouvernance, également au changement des
courants politiques, économico-sociaux et même culturels.
Face à sa responsabilité (…) le journaliste doit exercer son métier
dans le respect du code d’éthique et de déontologie en faisant aussi
le recoupage des sources ; faire attention afin de ne pas tomber dans
des diffamations ou des accusations gratuites.
Lorsque le sujet est sensible, chaque mot doit être pesé tout en pen-
sant toujours à l’impact que ses informations pourraient engendrer sur
son public. Dire sans nuire, montrer sans choquer, dénoncer sans
condamner, informer sans décourager. Tout cela va de pair avec le
droit du public d’être informé de façon correcte et professionnelle. Dans
sa responsabilité, le journaliste informe, forme, éduque et distrait.
Il sied de noter également « la responsabilité pénale » qui entoure le
métier d’informer, car le journaliste, en cas de « délit de presse »,
peut être poursuivi.
Badylon KAWANDA BAKIMAN
journaliste à la Radio catholique Tomisa de Kikwitau Kwilu
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
CARACTÉRISER L’INFORMATION
Définition de l’information
Dans toute société démocratique, quel que soit le continent, une
information est :
◆ « une donnée d’actualité (donnée significative universellement
ou collectivement prise dans les faits et événements du présent
ou ayant une signification pour le temps présent) ;
◆ sélectionnée et mise en forme ;
◆ par une conscience libre, formée à la recherche désintéressée
de la vérité et soucieuse du bien commun ;
◆ et diffusée par un média garantissant l’indépendance du jour-
naliste par rapport à tout pouvoir (politique, idéologique ou éco-
nomique, y compris par rapport aux intérêts de l’entreprise qui
l’emploie quand il y a un enjeu démocratique de l’information) »
(Jean-Luc MARTIN-LAGARDETTE).
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
Informer, c’est choisir. Choisir dans la masse des événements ceux qui vont
intéresser l’auditeur. Choisir parmi les événements sélectionnés ceux qui sont
les plus nouveaux, les plus intéressants, les plus utiles, les plus pertinents.
Caractéristiques de l’information
Voyons maintenant quels sont les traits pertinents d’une infor-
mation journalistique.
Elle doit notamment être :
◆ une nouveauté : l’information journalistique évoque un fait nou-
veau. Il s’agit de rapporter des éléments nouveaux que le public
ne connaît presque pas, ou pas du tout, et aimerait savoir, dé-
couvrir. « Il est d’usage de dire que la radio annonce l’événement,
que la télévision l’illustre et que la presse écrite la restitue dans un
contexte et une analyse plus pointue. [Néanmoins], si la radio
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
CHERCHER L’INFORMATION
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
Les sources
Source
Nous sommes entourés de gens La source est une personne
qui veulent parler. Le problème, ou une organisation qui est
c’est que dans ce qu’ils rapportent, à l’origine (à la source)
d’une information.
tout n’est pas correct. Le journaliste
Elle affirme quelque chose
est confronté en permanence à des
qui, selon elle, est une
« on-dit » (la rumeur), à de petits et information. Selon elle, la
grands mensonges, à des ap- précision est importante !
proximations, à des interprétations
qu’on veut lui présenter comme des
informations. Une partie importante de son travail, c’est d’ap-
prendre à connaître ses sources pour mieux s’en servir.
Par rapport à ses sources, le journaliste doit se demander sans
cesse : la personne à qui je parle est-elle la bonne personne ?
est-elle la personne indiquée pour avoir la bonne information ?
Autrement dit, le journaliste vérifie la fiabilité de la source qui
le renseigne, l’autorité de celle-ci ainsi que l’intérêt qu’a cette
source à délivrer l’information.
Même quand il a bien choisi ses interlocuteurs, le journaliste en
quête d’informations s’efforce de les vérifier en croisant les sour-
ces, pour notamment échapper à la désinformation et surtout à
la manipulation, à la propagande ou bien au marketing publici-
taire. Dans les principaux grands médias, la BBC par exemple,
vérifier deux fois une info est une règle de base.
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
RECOUPER L’INFORMATION
C’est un principe : il vaut mieux taire des faits sur lesquels on a encore des
doutes. Être prudent est une façon de préserver le capital de crédibilité de
chacun de nous.
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
EXEMPLE
Lire des citations est un art en soi. Elles peuvent très vite sembler
être le commentaire personnel du présentateur, chargé de la lec-
ture du journal parlé, même si l’écrit évite une telle construction.
Quelques exemples :
◆ Même si un bulletin précédent l’avait décrit comme étant en « bonne »
forme, cet après-midi M. X s’est montré plus « faible ».
◆ Le leader de l’opposition a dit que cette déclaration était une
« invention de toutes pièces destinée à tromper ».
◆ Par la suite, il a soutenu ne « ja-mais-a-voir-vu » le témoin.
*On joue ici sur l’intonation.
Pour montrer que les paroles d’autrui sont autres que celles du pré-
sentateur lui-même, il faut marquer une petite pause ou faire un chan-
gement de ton et de vitesse dans la voix au moment de lire la citation.
Robert MCLEISH
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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NOTRE MÉTIER : INFORMER
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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PREMIÈRE PARTIE
Comment informer
les auditeurs ?
xaminer pareille question paraît très ambitieux à première vue.
E Nous avons choisi d’explorer trois pistes susceptibles d’y
répondre :
◆ le champ de recherche du journaliste ;
◆ la manière de collecter des informations ;
◆ la question des angles de traitement de l’information.
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
◆ Soyez attentif aux dires des gens dans des lieux publics (rue, arrêt de
bus, gare, magasin, marché, supermarché, stade, bar, rivière, etc.).
◆ Aiguisez votre curiosité : le journaliste pose des questions sur des
matières qui accrochent son attention en provoquant et/ou alimen-
tant des conversations.
◆ En reportage, installez-vous près des personnes avec lesquelles vous
pouvez discuter de certains sujets d’actualité et faites attention aux
histoires racontées pour en dégager de nouveaux angles.
◆ Interrogez les statistiques, regardez au-delà des chiffres officiels
proposés.
◆ Intéressez-vous au non-dit des événements que vous couvrez (les
conséquences, les causes, les suites, les effets, les retombées).
◆ Recherchez les incidences locales d’une histoire et assurez-en le suivi.
◆ Regardez vers le futur.
◆ Posez-vous toujours la question « pourquoi ? » face à toute situation
et appliquez-vous à y répondre.
◆ Trouvez des idées nouvelles et créez de nouveaux contacts.
◆ Intéressez-vous aux marginalisés, aux exclus.
.../...
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COMMENT INFORMER LES AUDITEURS ?
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
3. Voir en annexe 1, pages 224 et 226, quelques explications sur l’affaire Cahuzac et
le Watergate.
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COMMENT INFORMER LES AUDITEURS ?
EXEMPLE 1
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
Choisir un angle
EXEMPLE 2
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COMMENT INFORMER LES AUDITEURS ?
SUJET ET ANGLE
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
EXEMPLE 3
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COMMENT INFORMER LES AUDITEURS ?
EXEMPLE 4
EXEMPLE 5
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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COMMENT INFORMER LES AUDITEURS ?
Exemples de brèves
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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PREMIÈRE PARTIE
Choisir et classer
ses informations
e chapitre aborde deux grands points : le premier présente
C les critères de choix des informations, tandis que le second
traite du classement des informations.
La proximité
Plus les gens et les choses sont proches de nous, de nos cen-
tres d’intérêt, plus ils intéresseront nos auditeurs. Plus ils sont
loin de nous, moins ils vont nous intéresser.
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
L’importance
L’importance d’une nouvelle se dégage par la façon dont elle
pourrait entraîner des effets considérables sur nous et sur d’au-
tres personnes auxquelles nous nous intéressons.
Par exemple, quand l’Opep, organisation des pays exportateurs
du pétrole, se réunit en vue d’augmenter le prix du pétrole, le
monde entier frémit, parce que nous sommes tous concernés.
De même, la loi budgétaire qui est votée au Parlement revêt une
grande importance pour les habitants du pays concerné dans
la mesure où elle régit les recettes et les dépenses de l’État,
c’est-à-dire la façon dont l’État compte gérer et éventuellement
faire progresser les différents secteurs de la vie nationale.
La densité événementielle
La densité événementielle, c’est le plus ou moins de l’événe-
ment. Entre deux événements, la priorité sera accordée à celui
dans lequel a été impliqué ou sera impliqué le plus grand nom-
bre de personnes, ou de vies humaines, et dont les consé-
quences positives ou négatives sont les plus importantes.
Ainsi, dans les informations au Sénégal, entre une collision d’au-
tobus qui a tué 25 personnes à Dakar et le naufrage du bateau
Diola, qui assure la liaison entre Dakar et la Casamance, avec
plus de mille huit cents personnes à son bord, la priorité sera
bien évidemment accordée au second événement.
L’intérêt humain
Par « intérêt humain », nous entendons le fait que nous pouvons
nous imaginer aux prises avec les mêmes difficultés que les
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CHOISIR ET CLASSER SES INFORMATIONS
La notoriété ou la célébrité
La notoriété ou la célébrité des personnes auxquelles se réfère
l’information a son importance. Ce n’est pas du tout un critère
arbitraire. On doit en tenir compte. Ainsi, l’intervention chirurgi-
cale subie par le président de la République est plus importante
que celle d’un étudiant lambda. Car, les actes du chef de l’État
ont un impact direct sur des millions de personnes.
Cet argument justifie l’intérêt de la presse occidentale en géné-
ral, notamment américaine, pour la vie privée des hommes
politiques. L’épisode de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, en
France en 2011, en est une illustration patente.
Le conflit
Les conflits, les luttes entre des individus, des ethnies, des grou-
pes armés ou des nations éveillent l’intérêt. Les conflits risquent,
en effet, d’entraîner des changements, lesquels se répercu-
teront sans doute sur notre vie. Toutefois, le risque existe de la
banalisation ou de la saturation des auditeurs, face à la récur-
rence de ces violences.
Les conséquences
Un autre critère de choix des informations est l’importance ou
la gravité des conséquences d’un événement. Un fait d’apparence
banale peut se révéler par la suite riche en rebondissements.
Comment pressentir les conséquences d’un événement ? Il
convient de faire usage d’un esprit de déduction, directement lié
à la capacité de raisonnement et au volume de connaissances
que l’on possède sur la matière relative à l’événement. C’est là
que le flair, l’expérience et la capacité d’analyse du journaliste
permettent de repérer les faits aux conséquences graves.
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
L’insolite
La nouveauté, l’inhabituel, sont des facteurs qui intéressent le
public. Ainsi « une femme qui met au monde des jumeaux »
n’est pas une nouvelle, mais « une femme qui accouche de sex-
tuplés » en est une. Cette règle est bien résumée par le vieux dic-
ton américain érigé au rang de principe journalistique, selon le-
quel « un chien qui mord un évêque n’est pas une information,
tandis qu’un évêque qui mord un chien, en est une ».
Ce qui sort de l’ordinaire est indéniablement une information.
L’actualité est bornée de « premières » et abonde en records
de tous genres. Il faudrait cependant respecter des limites, cer-
tains faits pouvant être inhabituels, sans pour autant présenter
de l’intérêt pour le public.
Audience
Le progrès
C’est le nombre ou la
Privilégier les informations qui font proportion (l’ensemble)
de l’audience est devenu une ha- de personnes qui écoutent
une émission de radio
bitude pour les médias aujour-
ou de télévision.
d’hui : les sports, les accidents, la
vie des célébrités, les crimes, la
corruption, la misère… Elles sont suivies comme des romans-
photos qui procurent du loisir, de la détente, une des fonctions
des médias étant de divertir. Elles ont par essence un caractère
éphémère. En revanche, une meilleure place pourrait être ré-
servée aux nouvelles sur le progrès (scientifique, technologique,
etc.) et le développement, dans la mesure où ces informations
ont un effet stimulant sur la société.
66
CHOISIR ET CLASSER SES INFORMATIONS
◆ Ouvrez le journal parlé avec les gros titres de l’actualité. Ce sont ces
nouvelles-là que vos auditeurs désireront entendre avant tout.
◆ Agencez les autres nouvelles de façon que chacune amène logique-
ment la suivante, dans le cadre d’un schéma global facile à saisir.
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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CHOISIR ET CLASSER SES INFORMATIONS
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PREMIÈRE PARTIE
Structurer et organiser
l’écriture de l’information
ne fois récoltée, l’information doit être traitée par le journa-
U liste pour être transmise de la manière la plus compréhen-
sible possible pour son public.
Que ce soit à l’antenne, sur le papier ou sur le Net, le journaliste
s’évertue à construire une information cohérente et significative
pour la rendre accessible à un public. On dira qu’il utilise un
« style journalistique », une écriture qui privilégie la concision,
la description de faits, la vulgarisation. C’est un style en quête
d’efficacité : il faut absolument se faire comprendre en peu de
mots, éviter les digressions, toucher rapidement le destinataire
(lecteur, auditeur, téléspectateur ou internaute).
De manière générale, l’écriture journalistique repose sur la
simplicité, une bonne connaissance et une maîtrise de la lan-
gue. Il s’agit d’aller droit au but – pas de fioriture, ni de suspens –,
de vouloir tout dire tout de suite : « Le style journalistique, c’est
surtout rendre compréhensible, rapidement et par le plus grand
nombre, le sens d’une information, en faisant ressortir l’essentiel
immédiatement, en donnant tout d’emblée » (Jean-Luc MARTIN-
LAGARDETTE). C’est encore plus vrai à la radio, en raison des spé-
cificités propres de ce média.
LE PAPIER RADIO
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
LE MESSAGE ESSENTIEL
◆ « Qui » indique les acteurs, les personnes qui sont concernées. C’est le
sujet de l’info : un homme (a entrepris telle action, a fait telle déclaration,
etc.) ; un événement (a lieu : manifestation politique ou culturelle, décision
sociale, accident, etc.) ; un fait (le coût de la vie a augmenté de tant de
pour cent, un vol a été commis, une nouvelle maladie est apparue, etc.).
◆ « Quoi » renvoie à l’événement, au fait. Il donne à comprendre ce qui
s’est passé (qu’est-ce qui s’est passé ?). C’est l’action, le verbe de la
phrase : le maire démissionne, un avion s’écrase, les prix augmentent…
◆ « Quand » fixe le moment de l’événement (la date, l’heure, le matin, à
midi, en fin d’après-midi, le soir, hier, la nuit, d’ici une semaine...).
◆ « Où » fait camper la scène ; il situe le lieu de l’événement (où ça s’est
passé ?) : dans tel pays, telle région, telle ville, au quartier X, sur telle
avenue, dans la salle X…
◆ « Pourquoi » fait appel au but. On considère les causes, les objectifs,
les raisons ou les conséquences de l’événement, du fait relaté : parce que
son mari l’a trompée (la dame s’est pendue) ; pour revendiquer le paie-
ment de leur bourse (les étudiants sont descendus dans la rue) ; parce
qu’ils étaient sous-payés (des militaires ont fait défection)…
◆ « Comment » renseigne sur le déroulement de l’action et son contexte
(par quels moyens ? de quelle façon ?) : par une pétition (le peuple a
demandé le départ du président de la Commission électorale natio-
nale indépendante) ; de source digne de foi (on apprend que…) ; (le
meurtrier a ôté la vie de ses victimes) avec un pilon…
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
Le message essentiel
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STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
Le son se
recueille sur des
enregistreurs
numériques
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STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
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STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
L’attaque
Le journaliste qui structure son papier commencera par une at-
taque appelée aussi accroche. À travers quelques mots et/ou
une tournure de phrase efficace, le journaliste va attirer l’atten-
tion de l’auditeur en l’amenant à écouter au-delà des dix pre-
mières secondes.
L’attaque, ou l’accroche, assure la liaison entre le lancement et
le papier ; ce qui nécessite une bonne coordination avec le pré-
sentateur qui écrit lui-même ses lancements. L’attaque peut être
une image forte, une comparaison, une affirmation, une « photo-
graphie », une anecdote courte et significative, etc.
L’attaque est l’amorce de l’information. Elle sert de porte d’en-
trée, cruciale dans la rédaction d’un papier. C’est l’argument
« publicitaire » qui permet d’accrocher l’attention de l’auditeur
pour lui donner l’envie de s’intéresser à l’information. On distin-
gue traditionnellement cinq sortes d’attaque :
◆ L’attaque classique : C’est l’information principale présentée
de façon simple.
EXEMPLES :
Inauguration ce matin de la tour X à Bamako.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon doit se rendre en
visite officielle au Niger le 11 novembre prochain.
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
82
STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
La chute
Tout papier se termine par une chute, c’est-à-dire par une forme
de conclusion qui, en réalité, n’en est pas une. Car, l’auditeur
est capable de tirer sa propre conclusion.
La chute doit plutôt rappeler le message essentiel. Elle peut être
une information ou le signal d’une information. Elle peut aussi
offrir l’occasion d’élargir l’angle auquel on s’est tenu dans le pa-
pier, esquisser rapidement un autre aspect du problème, sou-
lever une question, des hypothèses et des perspectives qui n’ont
pas été traitées, être le point de départ d’une réflexion pour
l’auditeur : « … Qu’en pensent les grévistes ? La prochaine
réunion apportera un éclairage important à ce sujet. »
La chute doit être particulièrement soignée. C’est la dernière
phrase qui reste dans la tête de l’auditeur à la fin de l’émission.
Dans la chute, selon la formule consacrée dans les écoles de jour-
nalisme, il s’agit de « fermer la porte, ouvrir la fenêtre ». La chute
peut donner l’occasion aussi de nuancer un message trop
catégorique.
Elle ne contient jamais de position du journaliste, ni de leçon de
morale.
EXEMPLES DE CE QU’IL NE FAUT PAS DIRE : « … Cette mesure prise
par le ministre va sûrement raviver la colère des grévistes » ;
« … Nous en appelons aux autorités municipales de vite réagir
pour prouver qu’elles travaillent pour le bien de la population
qui les a élues. »
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PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
PAPIER
84
STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
SE CHOISIR UN PLAN
JE PRÉCISE Le contexte :
Comment ?
J’EXPLIQUE La documentation :
Pourquoi ?
85
PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
Exemple
86
STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
EXEMPLE
◆ Apogée : Les contribuables vont voir leur impôt sur le revenu aug-
menter de 15 dollars en moyenne l’an prochain.
◆ Cause : Le Sénat a rejeté cet après-midi plusieurs amendements qui
visaient à ajourner le vote et adopté par 37 voix contre 36 le projet
de loi fiscale très controversé proposée par l’Assemblée nationale.
Ce projet était l’objet d’un vif débat depuis plus d’une semaine.
◆ Effet : Le texte va être appliqué après la promulgation de la loi par le
chef de l’État. On estime que la nouvelle loi va permettre une aug-
mentation des recettes de l’État de 40 millions de dollars pour l’an
prochain. L’essentiel de cette somme sera destiné à l’éducation,
notamment à l’école primaire, secondaire et professionnelle. Le vote
de ce projet de loi constitue une importante victoire pour le
Gouvernement.
D’après les partisans de cette méthode, les journalistes de la presse
audiovisuelle doivent considérer leurs papiers comme des cercles
plutôt que comme des pyramides inversées. Alors que la pyramide
est destinée à pouvoir être coupée à la base, sans que disparais-
sent les informations essentielles, l’article pour la radio ou la télé-
vision forme un tout, auquel rien ne peut être ôté.
Quoi qu’il en soit, cette méthode n’est pas encore universellement
admise pour être adoptée dans le travail quotidien du journaliste.
87
PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
Le plan en flash-back
C’est le plan du « retour en arrière ». On y recourt de deux ma-
nières.
On peut, dans un premier temps, exposer les faits suivant leur
déroulement. L’histoire est racontée selon l’ordre dans lequel les
événements se sont déroulés. C’est la chronologie simple. Elle
présente, certes, l’avantage d’aider à bien comprendre l’histoire
que le journaliste raconte ; mais elle a, en revanche, l’inconvénient
de partir du plus lointain pour terminer sur le plus proche.
La seconde façon de « retourner en arrière » est la chronolo-
gie inversée. Elle « commence par le fait le plus récent ou par
les perspectives ouvertes par l’événement pour remonter pro-
gressivement aux origines. Ainsi, l’auditeur a davantage le sen-
timent d’être en face d’une information mise à jour, dont le point
de départ ne lui est rappelé que pour mémoire. Cette technique
est tout particulièrement justifiée quand les conséquences d’un
fait sont plus importantes que son déroulement. Il est utile de
terminer un tel récit par un retour factuel aux derniers éléments
connus » (Patrice LOUIS et Tina DIVITA NGOIE).
88
STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
Exemple
Le plan démonstratif
Ce plan vise à démontrer quelque chose. Il est utilisé dans les
débats pour faire passer une idée avant une autre. Le journa-
liste qui anime un débat y recourt pour contredire et démonter
les arguments des invités qui usent de subterfuges. Pour cela,
il doit lui-même avoir une culture générale étendue, être bien
informé, afin de mettre en avant des arguments qu’il aura réuni
en consultant des bases de données officielles, de l’Internet
sourcé ou certains réseaux collaboratifs tels que le sourçage
pratiqué dans Wikipédia et d’autres wikis.
89
PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
EXEMPLE :
« M. X., dans telle interview, vous avez dit que… Or ce n’est pas
ce que vous venez de me dire à l’instant… »
Le journaliste peut aussi laisser parler un invité sur un sujet et le
contredire ensuite en lui disant :
« Ce n’est pas ce que vous disiez dans tel article, ou telle émis-
sion… »
90
STRUCTURER ET ORGANISER L’ÉCRITURE DE L’INFORMATION
91
PREMIÈRE PARTIE : LE MÉTIER DE JOURNALISTE
92
Deuxième partie
Radio locale
et information
de proximité
DEUXIÈME PARTIE
Radio
communautaire
du Katanga
(RDC)
95
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
96
LA RADIO LOCALE DANS SON ENVIRONNEMENT
La radio locale est celle qui dessert non pas une communauté
nationale (la nation tout entière), mais une population vivant sur
une aire géographique donnée, dans un lieu précis, dans un
milieu déterminé. L’adjectif « local » est donc ici opposé à
« régional », « national », « international » et « mondial ». La
radio locale diffère des radios régionales, nationales, interna-
tionales, mondiales.
La radio locale poursuit des objectifs essentiellement sociaux et
s’adresse aux préoccupations quotidiennes de son public. Elle
est libre et indépendante dans son fonctionnement. Autant elle
peut avoir une approche thématique, autant elle va s’occuper
et se préoccuper avant tout des problèmes de la communauté,
des villages ou des quartiers qu’elle couvre.
La radio locale ne verse pas pour autant dans le régionalisme,
le tribalisme, les discours identitaires ou xénophobes. Elle contri-
bue davantage à la lutte pour l’amélioration des conditions de vie
de la population qu’elle dessert, notamment les populations mar-
ginalisées, les plus démunies, telles que les femmes, les en-
fants, les populations rurales très défavorisées.
Pour les migrants par exemple, une radio locale peut offrir un
moyen d’expression et d’intégration communautaire. Étant un
trait d’union entre la culture d’origine et celle d’adoption, elle sert
de relais entre la communauté et son environnement.
Neno la Uzima
(radio
communautaire
chrétienne
émettant depuis
Bukavu en RDC)
97
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
La radio associative
C’est un média d’une association : association de défense des
droits de l’Homme, association de maraîchers, de paysans… La
radio associative est une radio locale. Néanmoins, elle peut cou-
vrir un territoire plus grand que le milieu où elle est implantée.
En République démocratique du Congo, par exemple, toutes
les organisations concernées par la loi du 27 juin 1921 modifiée
par la loi du 2 mai 2002, qui régit les associations sans but lu-
cratif (ASBL), ont, en vertu de ladite loi, la latitude de créer une
radio (ou une télévision) associative. Ainsi, les radios et télévi-
sions confessionnelles sont répertoriées dans la catégorie des
radios et télévisions associatives : c’est le cas par exemple de
la radiotélévision diocésaine Nguizani que nous évoquons un
peu plus loin.
EXEMPLE
La radio communautaire
EXEMPLES
99
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
100
LA RADIO LOCALE DANS SON ENVIRONNEMENT
101
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
La radio de proximité
102
LA RADIO LOCALE DANS SON ENVIRONNEMENT
Un technicien
jeune, plein de
dynamisme, est
un maillon fort
pour la radio
103
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
La radio associative est non commerciale, non marchande. Elle est prise
en charge par la base, c’est-à-dire par son auditoire, son bassin d’écoute.
104
LA RADIO LOCALE DANS SON ENVIRONNEMENT
105
DEUXIÈME PARTIE
L’information de proximité
107
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
La proximité géographique
Comme nous l’avons évoqué déjà plus haut, elle est résumée
par une formule aussi simple que cynique : la règle du « mort kilo-
métrique » dont la conséquence est la façon de traiter l’infor-
mation « distante ».
Pour traiter ce qui se passe à 1 000 km, si cela nous paraît important,
il faut chercher un ancrage local. (Jean-François BÈGE)
La proximité chronologique
Plus elle est fraîche, plus la nouvelle va intéresser notre audi-
teur. En priorité, le journaliste doit évoquer le présent, le passé
récent ou le futur proche (aujourd’hui, hier, demain) : « Ce qui
va se passer, l’avenir proche (demain ou dans la semaine à
venir) apparaît comme plus important que ce qui s’est déjà dé-
roulé et est terminé. Cela mérite d’autant plus d’attention que, à
l’inverse, les médias sont plus enclins à rendre compte d’un évé-
nement qu’à l’annoncer. En termes de métier, cela se traduit par
108
L’INFORMATION DE PROXIMITÉ
Radio
Phoenix
Université de
Lubumbashi
(RDC)
109
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
La proximité psycho-affective
L’être humain vit d’émotions conditionnées par l’amour, l’argent,
la santé, la réussite sociale, la famille… En tant qu’auditeur, il
est donc sensible à toute information touchant ces valeurs
affectives.
Par exemple, la hausse du prix de l’essence, la naissance d’un
enfant dans un couple célèbre, la fermeture d’une entreprise
locale licenciant de nombreux travailleurs, la réussite d’une per-
sonne du village à l’étranger… sont autant de sujets qui inté-
resseront les auditeurs.
De manière plus secondaire, les autres lois de proximité spéci-
fiques sont :
◆ la loi de notoriété ;
◆ la loi de spectacle ;
◆ la loi de la rareté ;
◆ la loi de l’effet d’annonce.
110
L’INFORMATION DE PROXIMITÉ
Monde
Région
Quartier
Passé immédiat
Futur immédiat
Passé lointain
Rue
Futur lointain
Terrorisme
Épidémies
Logement
Éducation
Présent
Emploi
Loi
temporelle
Moi Loi sociale
Mon
enfant
Mon argent
Ma santé
Ma sexualité
Loi de rareté Loi de notoriété
Mes vacances
Loi psycho-affective
111
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
112
L’INFORMATION DE PROXIMITÉ
113
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
Cas d’école
114
L’INFORMATION DE PROXIMITÉ
de Giheta. Elle est dotée d’un régime salarial partiel : seuls les per-
manents sont rémunérés, les bénévoles font du volontariat ;
◆ sa programmation : elle est participative puisqu’elle émane de la
base. En reflétant les besoins et les intérêts des habitants de Giheta
et spécialement des femmes, RIU s’emploie à favoriser l’accès et la
participation aux activités communautaires de son bassin d’écoute.
Elle fait ainsi de la communauté de Giheta et surtout des femmes son
principal protagoniste en l’impliquant dans tous les aspects fonda-
mentaux : adhésion, financement, gestion, contrôle, conception, pro-
duction, animation et diffusion des programmes ;
◆ son format : en tant que radio thématique, « La Voix de la femme »
vient contribuer on ne peut plus efficacement à la promotion de
l’égalité des droits entre les hommes et les femmes de Giheta et des
autres communes environnantes en vue de permettre aux femmes
de mieux participer à la vie démocratique de leur pays.
RIU s’approprie enfin la philosophie de l’Unesco contenue dans le pro-
jet « Les femmes parlent aux femmes ». Une philosophie qui consiste
à utiliser les stations de radios communautaires en faveur de
l’émancipation des femmes.
En novembre 2014, RIU a organisé à Giheta, sa troisième confé-
rence-débat publique placée sous le thème de la Santé de la
Reproduction : « Quelle attitude adopter vis-à-vis de la Santé de la
reproduction dans la commune ? ».
Ce thème avait été choisi sur recommandation des radios clubs de
RIU : ils voulaient aborder publiquement cette question sensible, face
à la recrudescence des cas de grossesses non désirées, notamment
chez les jeunes, et l’augmentation du nombre d’enfants, issus de ces
grossesses, élevés parfois dans des conditions misérables, avec
pour corollaire la déperdition scolaire et la multiplication des maria-
ges précoces.
La communauté était divisée entre deux courants d’influences contra-
dictoires : les Églises (catholique, protestantes, etc.) pratiquaient un
apostolat efficace, des animateurs zélés appelant les fidèles à
proscrire le recours aux méthodes de planning familial qui seraient
contraires à la volonté divine. En face, le gouvernement burundais
avait déployé des animateurs en santé publique qui préconisaient
ces méthodes pour éviter des grossesses non désirées.
Les habitants de Giheta étaient partagés entre ces deux logiques
diamétralement opposées, nombre de femmes étant courtisées par
les deux « camps » et plongées dans un dilemme qui ne réglait pas
le problème. Organiser un débat public sur la santé de reproduction
était donc bien une question de responsabilité communautaire.
La conférence-débat organisée et diffusée sur les antennes de RIU
a aidé à éclairer la population. Était commun aux Églises et .../...
115
DEUXIÈME PARTIE : RADIO LOCALE ET INFORMATION DE PROXIMITÉ
116
L’INFORMATION DE PROXIMITÉ
117
Troisième partie
L’écriture radiophonique
Qu’est-ce que l’écriture radiophonique ?
120
ratiquement tout ce que vous entendez à la radio, ou ce
P que vous voyez à la télévision, a fait l’objet d’un texte
écrit au préalable, à part la couverture en direct d’un match,
d’un défilé ou d’une activité dans une salle de conférence. Mais
même dans ces situations, la nécessaire improvisation ne se
fait pas au hasard : de petits commentaires documentés ont
été rédigés à l’avance, ainsi que des fiches aide-mémoire, pour
expliquer certains aspects techniques de l’événement. Il est
donc important de s’intéresser à l’écriture radiophonique.
On peut la définir comme la rédaction des textes destinés à être
présentés sur les antennes d’une radio. Des auteurs, comme
Bernard CHENUAUD et Guy RIBOREAU, trouvent deux sens à
cette expression (voir encadré ci-contre).
L’écriture radiophonique va être examinée en trois points :
◆ Le premier point, Principes de base pour la production, détaille
les grandes règles à garder en tête pour bien travailler en radio.
Écrire pour la radio, c’est écrire pour être facilement compris,
en suggérant des images à l’auditeur. S’il ne tient pas compte
des principes fondamentaux, le journaliste ne saura pas se faire
comprendre. L’écriture radiophonique diffère de l’écriture litté-
raire et exige plus de métier qu’elle.
◆ Le point suivant, Trouver le format adéquat, mentionne les di-
vers genres et formats de papiers auxquels recourt le journa-
liste à la radio. Car écrire pour la radio, c’est aussi savoir choi-
sir le type de papier que l’on veut écrire (une brève, une analyse,
etc.) et savoir le construire. En nous basant sur les éléments trai-
tés dans la première partie (message essentiel, plan, etc.), nous
approfondissons la rédaction des papiers, en évoquant – à l’aide
d’exemples – les questions de forme et de contenu du papier
et ses spécificités en radio.
◆ Enfin nous abordons la construction et la Présentation du jour-
nal parlé, exercice qui est au cœur de la production radio. ■
121
TROISIÈME PARTIE
La radio fait
partie de la
compagnie
de l’homme
123
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
C’est pourquoi, pour mieux tenir compte des attentes des audi-
teurs, le journaliste devra, avant d’amorcer toute écriture,
répondre aux trois questions préalables suivantes :
◆ Pour qui est-ce que j’écris ?
◆ Sur quel sujet ?
◆ Sous quel angle ?
D’un point de vue plus large, une station de radio, pour rester elle-
même et être reconnue et identifiée par ses auditeurs, tiendra
quant à elle compte :
◆ du public déterminé (âge, sexe, région) auquel elle s’adresse ;
◆ d’un format cohérent (musique traditionnelle, variétés interna-
tionales, information, etc.) ;
◆ d’une spécificité travaillée (couleur, habillage, tonalité).
124
PRINCIPES DE BASE POUR LA PRODUCTION RADIOPHONIQUE
125
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
126
PRINCIPES DE BASE POUR LA PRODUCTION RADIOPHONIQUE
La radio à la demande
EXEMPLE
127
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
128
PRINCIPES DE BASE POUR LA PRODUCTION RADIOPHONIQUE
EXEMPLE
130
TROISIÈME PARTIE
131
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
132
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
L’entrevue ou interview
EXEMPLE
133
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
L’interview d’opinion
Ici, l’avis de l’interviewé est obtenu sur des faits, des sujets, des évé-
nements suscitant des divergences de vue au sein de l’opinion.
L’interviewé, de par sa fonction ou en fonction du rang qu’il occupe,
est censé émettre un point de vue particulièrement intéressant, une
explication lumineuse sur une situation donnée.
L’entretien est semi-directif. Soit les personnes sont interrogées
individuellement pour avoir leurs opinions, soit collectivement sans que
cela ne prenne la forme d’un débat.
EXEMPLE
On peut chercher à :
◆ identifier des opinions et des croyances : « Que pensez-vous des
kuluna ? » (forme de criminalité répandue à Kinshasa) ;
◆ apprécier des connaissances : « Comment attrape-t-on le VIH ? » ;
◆ révéler des pratiques et des comportements : « Avez-vous déjà remis
de l’argent aux « roulages » ? » (policiers chargés de la circulation
routière en RDC).
L’interview « témoignage »
L’intervieweur fait parler le témoin d’un événement. Il recueille un
témoignage, ou plusieurs, qui permettent de reconstituer le récit d’un
fait auquel on n’a pas assisté.
134
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
LES FORMATS
135
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
136
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
Factuel ou commentaire ?
Les formats factuels s’intéressent strictement aux faits, sans
donner une quelconque interprétation. Ils se fondent sur le prin-
cipe de l’objectivité. Celle-ci consiste à décrire les faits tels
qu’ils se sont déroulés, c’est-à-dire à répondre aux six ques-
tions de référence : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi ?
Comment ?
L’objectivité du journaliste
137
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
Le distinguo forme/contenu
Voici une autre grille de lecture, définie entre autres par Radio
France Internationale (RFI). En radio, du fait de la transmission uni-
quement sonore de l’information, la programmation se doit d’être
une construction très structurée, pour aider l’auditeur à bien suivre
ce qui se passe. Les papiers définis par leur forme sont des outils
destinés à prendre l’auditeur par la main, ou plutôt par l’oreille...
Ces formats, plus particulièrement marqués par cette approche
en termes de structure, constituent la colonne vertébrale de
l’information en radio. Ce sont : la brève, les titres de l’actualité, les
lancements, le papier/billet, l’enrobé, le pied, le texte de liaison.
La brève
La brève est la façon la plus simple et la plus rapide de donner
une information. Elle permet de traiter une information de der-
nière minute. Elle est alors écrite dans les minutes qui précè-
dent le journal ou alors même que le journal a déjà commencé.
Texte court donnant une information complète en une ou deux
phrases, la brève est diffusée en quinze ou vingt secondes.
Parfois, elle atteint cinquante secondes, mais ne peut dépasser
une minute. Dans la brève, le journaliste donne le message
essentiel, c’est-à-dire le cœur de l’information en peu de mots.
La brève répond obligatoirement aux quatre premières questions
de référence (qui ? quoi ? quand ? où ?) parce que l’auditeur a
138
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
139
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
Ce sont les trois ou quatre sujets les plus importants qui précè-
dent et annoncent le journal, le bulletin ou le magazine d’info.
Ils informent sur le contenu du journal (ou du magazine) et se
rédigent en une ou deux phrases. La première sert d’accroche
en apportant l’info à l’auditeur, tandis que la seconde donne l’an-
gle choisi pour traiter cette information.
Les titres sont plus ou moins longs, ils prennent une quaran-
taine de secondes. Leur durée varie selon la longueur du jour-
nal (ou du magazine). Un minimum de trois titres (et un maxi-
mum de cinq) est adapté au journal classique de dix à quinze
minutes. Ce sont parfois des phrases nominales ou verbales
telles que :
« Alpha Blondy, en concert à Lomé. Point de départ de sa tour-
née africaine … »
ou « Alpha Blondy en concert à Lomé. C’est la première étape
d’une tournée qui va le conduire sur tout le continent africain... »
Toutefois, pour marquer le caractère exceptionnel d’une actua-
lité, le présentateur peut se contenter d’un seul titre. En brisant
le rythme habituel du journal, il sollicite l’attention de l’auditeur
sur une information à la une de toute l’actualité :
« Quatorzième sommet de la Francophonie à Kinshasa. Une édi-
tion spéciale consacrée entièrement à l’ouverture des festivités.
C’était ce midi à Kinshasa. »
En règle générale, la lecture des Fond musical
titres est soutenue par un tapis La musique sert de fond
musical et se termine par une tandis que les voix de forte
ponctuation sonore marquant la intensité sont entendues en
fin des titres et le début du déve- premier plan.
loppement.
140
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
Exemple de lancement
141
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
142
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
Le papier ou billet
143
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
EXEMPLE
Le pied ou la boucle
Le pied est le texte qui suit un papier (un reportage) pour le com-
pléter en apportant une conclusion ou en donnant une informa-
tion de dernière minute. Il est impérativement bref (5 à 10
secondes) et est rendu par le présentateur, généralement dans
une autre voix.
D’habitude le présentateur baisse un peu la voix de façon tou-
jours audible, en changeant de registre pour mettre en exergue
le pied.
144
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
145
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
EXEMPLE
◆ Enchaînements à éviter :
Son du maire de Bukavu : « … Vous rendez-vous compte ? Le coût
du litre à la pompe a connu une augmentation de quinze pour cent
à Bukavu. Ce qui est une véritable hécatombe. »
Micro : Le coût du litre a donc connu une augmentation estimée à
quinze pour cent. Le porte-parole de la société civile au Sud-Kivu
joint par notre confrère X a aussi confirmé que cette augmentation est
une véritable hécatombe.
Son du porte-parole de la société civile : « Cette augmentation est une
véritable hécatombe. Les prix de tous les services vendus à Bukavu
comme à l’intérieur de toute la province vont connaître une flambée
inimaginable. C’est surtout préjudiciable pour le petit peuple. »
◆ Construction préférable :
Son du maire de Bukavu : « … Vous rendez-vous compte ? Le coût
du litre à la pompe a connu une augmentation de quinze pour cent
à Bukavu. Ce qui est une véritable hécatombe. »
Micro : Même son de cloche de la part de la société civile sud-
kivoussienne. Le porte-parole, Séra Mapendo.
Son du porte-parole de la société civile : « Cette augmentation est une
véritable hécatombe. Les prix de tous les services vendus à Bukavu
comme à l’intérieur de toute la province vont connaître une flambée
inimaginable. C’est surtout préjudiciable pour le petit peuple. »
146
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
147
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
Le portrait
Exemples de portraits
TEXTE
148
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
TEXTE
149
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
principes, il a tout promis, tout dit et son contraire. Et s’il a fini par
terrasser un système qui avait dominé le Mexique pendant 71 ans,
ce n’est pas sur son programme, mais parce qu’il incarne la volonté
de changement des Mexicains. Mais dans ce pays de 100 millions
d’habitants, gagner est une chose, gouverner en est une autre.
◆ Chute : Vincente Fox va maintenant devoir descendre de cheval
pour passer aux choses sérieuses et là, il n’est pas sûr que la recette
Coca Cola soit la plus efficace.
Bernard CHENUAUD et Guy RIBOREAU
Le commentaire
150
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
1. L’éditorial
2. La chronique
151
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
Pour la préparer :
◆ Consultez une documentation sur le sujet pour constituer un dossier.
◆ Lisez le dossier, « surlignez » les informations essentielles et refer-
mez le dossier.
◆ Réfléchissez à ce que vous avez envie de dire, l’histoire que vous avez
envie de raconter.
◆ Notez quelques idées.
◆ Préparez un plan du papier.
◆ Organisez les informations par rapport au plan.
◆ Rédigez.
◆ Retournez au dossier pour préciser ou vérifier des informations.
Pour la rédiger :
◆ Respectez les règles de l’écriture radio.
◆ Recourez aux procédés de proximité avec l’auditeur, n’hésitez pas
à l’interpeller : « Vous n’allez pas me croire… » ; « Le saviez-vous ? » ;
« Je ne sais pas si vous avez remarqué… ».
◆ Mettez des images.
◆ Incorporez du témoignage ou des exemples concrets.
◆ Soignez les transitions.
◆ Trouvez des formules fortes pour l’attaque et la chute.
152
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
Exemple de chronique
153
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
3. La critique
TEXTE
154
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
5. La revue de presse
156
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
157
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
158
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
159
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
CRITÈRES DE
SORTES DE PAPIERS
DÉFINITION
160
TROUVER LE FORMAT ADÉQUAT
161
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
162
TROISIÈME PARTIE
La voix
est utilisée
en toute
efficience
par la
présentatrice
163
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
1. S’adresser à quelqu’un.
2. Écrire pour parler.
3. Sortir sa voix.
4. S’entraîner.
5. Mettre son texte en bouche.
6. Ne pas « manger » le micro.
http://www.24hdansuneredaction.com/radio/ Projet CFI et ESJ
S’adresser à quelqu’un
Vous n’avez pas à changer de voix ou à adopter un ton grave
quand vous parlez à votre ami. Vous n’êtes pas non plus sur
la place publique pour un discours.
Parler à la radio consiste à s’adresser à une personne. Levez
le nez régulièrement de votre papier et regardez le technicien
qui est en face de vous. Il est votre premier auditeur, votre
« ami ». Il peut vous faire signe de ralentir ou d’accélérer le
rythme lorsque vous commencez à traîner.
164
PRÉSENTER LES INFOS
Sortir sa voix
Le plus souvent, les premières fois, on est timide au micro. On lit
son texte comme on le fait d’habitude pour soi-même, comme si
l’on était dans sa chambre : la voix est morne, sans éclat. Il suf-
fira d’enlever le texte et de demander à la personne qui s’est
exprimée en soliloque de redire ce qu’elle a écrit pour entendre
165
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
166
PRÉSENTER LES INFOS
S’entraîner
L’entraînement est la clé du succès. Vous pouvez recourir à
plusieurs techniques pour améliorer votre diction. L’un des
exercices les plus connus consiste à lire son texte avec un
crayon entre les dents. Cela aide à mieux articuler et muscler
ses lèvres. Pour améliorer votre souffle, vous pouvez vous liv-
rer à un exercice matinal : comprimez l’air dans vos poumons,
de manière progressive et prolongée, gardez-le quelques mi-
nutes, et expirez lentement.
Un journaliste doit apprendre à se réécouter en considérant
sa voix comme un objet. Il peut demander l’aide d’un comé-
dien, tout comme il peut s’adresser à ses collègues ou à son
rédacteur en chef pour l’accompagner dans cette tâche. La
radio étant une équipe qui travaille ensemble, on doit pouvoir
s’entraider pour s’améliorer.
La mise en
bouche du
journal parlé
est une étape
importante,
RTK/Kisangani
167
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
flash, votre papier. Vous échauffez ainsi votre bouche et vos cor-
des vocales. Vous imprimez dans votre esprit la musique de
votre texte. À l’antenne, vous l’avez tellement dans la tête qu’il
coule tout seul. Certains présentateurs se massent les lèvres
avant d’entrer en studio et boivent un peu d’eau pour éviter
d’avoir la gorge sèche. La radio, c’est comme le sport : échauf-
fements et étirements sont de mise !
Exercices d’articulation
Articulez aussi rapidement et nettement que possible les listes sui-
vantes :
I. Musc, muse, ruse, rustre, rude, ruche, frustre, juste, buste, plus, brute,
brûle, brume, buffle, bûche, bulle, brusque, j’use, jusque, cruche,
cure, culte, cube.
II. Sieste, geste, gèle, gemme, j’erre, ferre, fresque, ferme, frêle, elle,
nette, jeune, benne, berne, herbe, herse, bêche, tchèque, zeste,
peste, presque, perce, prêtre, perle, prête.
III. Ces cent six sachets – sachez cela – si chers qu’Alix à Nice exprès
tout en le sachant chez Chassachax choisit, sont si chers qu’ils char-
ment peu.
IV. Roi, Paragarapharamus, quand vous désoriginaliserez-vous ? Je me
désoriginaliserai, quand le plus original des originaux se sera désori-
ginalisé. Or comme le plus original des originaux ne se désorigina-
lisera jamais, Paragarapharamus ne se désoriginalisera jamais.
.../...
168
PRÉSENTER LES INFOS
Exercice d’assouplissement
Lisez chaque phrase deux fois en articulant aussi rapidement et net-
tement que possible :
◆ Toi, daim têtu, tu t’es totalement trompé tant dans tes totems que
dans tes attitudes tatillonnes devant tes tuteurs.
◆ Un chasseur sachant chasser sans chien est un bon chasseur.
◆ Ciel, si ceci se sait, ses soins sont sans succès. (Changer ensuite s
par z).
◆ Je veux, j’exige et j’exagère.
◆ Gza, gzé, gzi, gzo, gzu, gzeu, gzou, gzan, gzin, gzon, gzun.
◆ Pour qu’un sage chasseur chasse bien, il faut que son chien de
chasse soit sage et sache chasser.
LE JOURNAL PARLÉ
169
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
Un mot d’ordre
170
PRÉSENTER LES INFOS
171
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
Parce qu’un flash est court, il survole l’actualité. Seules les informations les
plus importantes y ont leur place. Il faut aller à l’essentiel. Il est impossi-
ble de développer un sujet, une analyse ou d’en faire un commentaire.
Les faits d’abord. La nouveauté sur ce qui se passe. C’est l’ou-
verture du flash.
Une information qui tombe à 9 h 45 doit avoir sa place dans le flash de
10 h. Cette même information peut très bien ne pas apparaître dans le
journal de 13 h, parce qu’elle n’est pas capitale, mais elle était impor-
tante à 10 h.
Dans un flash, après les informations principales, on peut en outre :
◆ annoncer le dossier qui sera développé dans le journal de la mi-
journée ou du soir (promotion du travail de la rédaction) ;
◆ fournir des informations pratiques : circulation, météo, annonces de réu-
nions, résumé de circulaires administratives (proximité avec les auditeurs) ;
◆ éventuellement diffuser un son très court ou un papier selon l’appréciation
du présentateur et l’importance de l’actualité ;
◆ terminer par une annonce de spectacle, concert, ou une petite histoire
légère (pour passer l’antenne au programme suivant avec le sourire).
http://www.24hdansuneredaction.com/radio/ Projet CFI et ESJ
173
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
174
PRÉSENTER LES INFOS
Le rédacteur en
chef est le chef
d’orchestre
175
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
Exemple de conducteur
d’un journal parlé de 20 minutes
176
PRÉSENTER LES INFOS
177
TROISIÈME PARTIE : L’ÉCRITURE RADIOPHONIQUE
178
PRÉSENTER LES INFOS
EXERCICE PRATIQUE
◆ Réécrivez une dépêche de l’agence nationale de presse pour la met-
tre en forme diffusable sur les antennes de votre radio. Choisissez le
format qui vous convient.
◆ Entraînez-vous à plusieurs : chaque journaliste choisit un sujet et un
format. En tenant compte des caractéristiques des formats et des
règles d’écriture, le groupe de journalistes conçoit un journal d’in-
formation. Cet exercice demande du temps mais il peut être envi-
sagé comme la production essentielle d’un atelier interne de forma-
tion. De plus, cette production peut aussi avoir comme finalité un
passage sur l’antenne.
◆ DÉBAT : En radio, les genres sont-ils différents des formats ?
Corrigé en annexe 5 p. 244-247.
179
Quatrième partie
Éthique et déontologie
professionnelles
’un point de vue sémantique, l’éthique et la déontologie ne
D sont pas synonymes :
◆ la déontologie est un ensemble de règles internes dont se dote
un groupe professionnel qui s’engage à les respecter ;
◆ l’éthique, en revanche, n’est pas codifiée : elle relève des prin-
cipes, des valeurs et de la conscience individuelle de chacun.
183
Trois types de garde-fous existent, certains du fait des journa-
listes eux-mêmes, d’autres mis en place par le législateur. Nous
allons donc examiner successivement :
◆ la loi (droit pénal, civil et commercial) ;
◆ la déontologie (motifs non sanctionnés par la loi mais par le code
des journalistes) ;
◆ l’éthique (principes personnels fondés sur les valeurs morales,
religieuses ou philosophiques, la conscience individuelle du jour-
naliste). ■
184
QUATRIÈME PARTIE
La loi
out pays dispose d’une loi sur la presse. Celle-ci a pour fonc-
T tion de fixer un cadre légal à l’exercice du métier des pro-
fessionnels de l’information, en leur garantissant l’indépendance
nécessaire et en précisant leurs responsabilités à l’égard de la
société, de l’ordre public et des droits des personnes.
Cependant, toutes les situations, surtout les plus embarrassan-
tes ou complexes, ne sont pas prévues dans la loi. C’est pour-
quoi tout journaliste est appelé à solliciter son éthique et à se
mettre constamment face à sa propre responsabilité. Il est respon-
sable vis-à-vis du public, de l’événement et de ses protagonis-
tes, et vis-à-vis de sa profession.
La loi sur la presse règlemente le secteur médiatique. Elle codifie
les droits et devoirs et astreint le journaliste à exercer de ma-
nière professionnelle.
Le journaliste professionnel choisit librement d’exercer le métier
d’informer dans le respect des règles de l’éthique et de la déon-
tologie de sa profession. Il a des devoirs et des obligations : il
se doit d’informer en respectant le cadre légal défini par cha-
cun des États dans lequel il exerce sa profession. Il collecte
beaucoup d’informations mais ne traite et diffuse que celles qui
sont nouvelles et dignes d’intérêt pour son public.
Une telle vision de la pratique du journalisme n’est possible que
dans un État de droit où les libertés fondamentales sont pro-
mues et respectées et où le journaliste jouit, par voie de consé-
quence, du plein exercice de la liberté de presse.
185
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
186
LA LOI
LE DROIT DE LA PRESSE
En droit pénal, la loi édicte des sanctions portant sur les abus
possibles de la presse, sanctions qui doivent être écrites. Dans
toutes les législations, le droit pénal est d’interprétation stricte
et ne peut laisser place à l’interprétation, selon l’adage français
que tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. Les législations
de chaque pays varient grandement au niveau des infractions
de presse, de leurs sanctions et des procédures d’application
(André LINARD et Bertrand SCIRPO).
Les sanctions peuvent être d’ordre administratif (cas d’une peine
disciplinaire) et dans ce cas, selon la conception européenne
des droits de l’homme, elle s’apparente à une sanction pénale.
Le principe étant que lorsqu’il s’agit d’une sanction pénale, les
droits des citoyens et donc des journalistes doivent être encore
plus strictement garantis.
Le droit pénal en général et celui de la presse en particulier
reposent sur le triptyque suivant :
◆ un élément légal : un texte doit prévoir la sanction, en l’absence
de loi pas de sanction ;
◆ un élément matériel : un journaliste a écrit ou tenu des propos
injurieux ou diffamatoires à l’encontre d’une personne, d’un
groupe de personnes ou d’une structure économique ;
◆ un élément intentionnel : il faut que le journaliste ait eu, dans la
manière qu’il a eu de présenter ses propos, l’intention de nuire.
Dans l’hypothèse où un de ces éléments serait manquant, il est
dit que l’infraction n’est pas constituée et dans ce cas le jour-
naliste sera relaxé des faits pour lesquels il a été poursuivi.
LE DÉLIT DE PRESSE
188
LA LOI
189
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
Chaque État souverain, à travers sa loi sur la presse, fixe des limites et
sanctions pour donner un cadre au travail journalistique. La tendance
actuelle pousse les pays africains vers la dépénalisation des délits de
presse. Mais plusieurs États y opposent encore une résistance farou-
che, brandissant les risques de dérapages. Alors que bien évidem-
ment dépénalisation ne veut pas dire impunité, loin de là ; il s’agit de
décriminaliser les infractions de presse.
Au XXIe siècle, en Afrique, on continue d’aller en prison pour avoir
exercé son métier de journaliste. Un phénomène répressif qui entrave
la liberté de la presse et bâillonne ceux dont c’est le métier. Dans la fou-
lée de la vague de démocratisation des années 1990, la dépénalisa-
tion des délits de presse s’est donc révélée comme un mouvement
accompagnateur du renouveau dans la règlementation du secteur mé-
diatique en Afrique en général et au Sud du Sahara en particulier.
La dépénalisation des délits de presse (ou décriminalisation) est com-
prise comme la soustraction à la répression pénale des infractions
commises par voie de presse : c’est, en pratique, la suppression des
peines de prison visant des journalistes ayant commis des infractions
dans l’exercice de leur fonction. L’idée de la dépénalisation est de
commuer les peines de prison en peines d’amende. Il s’agit d’annuler
des actions répressives dirigées contre les personnes qui usent de
leur liberté d’expression, de leur liberté d’opinion, ou qui, satisfaisant
par exemple à une exigence de la démocratie induisant la culture de
la redevabilité, réclament aux dirigeants des comptes sur la gestion
de la chose publique, res publica.
Si la majorité des pays dits de vieille démocratie, en Europe ou en
Amérique, ont banni depuis longtemps de leurs arsenaux juridiques la
peine de prison pour des infractions commises par voie de presse,
l’Afrique est à la traîne, et la question de la dépénalisation y est loin de
faire l’unanimité.
Dès la première décennie du nouveau millénaire, les plaidoyers en ce
sens se sont pourtant multipliés au Maghreb et en Afrique subsaha-
rienne. De l’Algérie à l’Afrique du Sud, en passant par la Tunisie, la
Mauritanie, le Burkina Faso, le Bénin, le Niger, la Centrafrique, la
République du Congo et la République démocratique du Congo, la
plupart des pays africains se sont penchés sur la question.
Les Africains se sont tournés vers la Commission des droits de l’homme
de l’ONU qui a toujours considéré que les peines d’emprisonnement
pour délits de presse tels que la diffamation ou les imputations dom-
mageables, l’offense et l’outrage aux autorités, les faux bruits ou les
fausses nouvelles, constituent des mesures d’intimidation à l’endroit des
journalistes et visent plus à les faire taire qu’à règlementer leur pratique.
190
LA LOI
191
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
192
LA LOI
À travers les lois sur la presse, les citoyens sont protégés à plu-
sieurs niveaux :
◆ la protection de l’individu contre la calomnie, la diffamation et
l’injure ;
◆ la protection de la vie privée ;
◆ la protection de l’ordre public, de la sûreté de l’État et de
l’honneur du chef de l’État.
193
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
194
LA LOI
EXEMPLES
195
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
196
LA LOI
197
QUATRIÈME PARTIE
La déontologie
199
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
200
LA DÉONTOLOGIE
201
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
202
LA DÉONTOLOGIE
203
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
204
LA DÉONTOLOGIE
La conférence de rédaction
Le premier instrument d’autorégulation du métier reste la confé-
rence de rédaction, lieu de réflexion collective où chacun peut
émettre ses critiques par rapport à l’édition précédente et où se
résolvent souvent en groupe les questions de déontologie et
d’éthique.
Pour conclure sur les questions de déontologie et d’autorégulation,
il nous semble primordial que chaque journaliste connaisse le
code de déontologie en vigueur dans son pays, et s’y réfère
chaque fois que nécessaire. Il se doit également d’être au fait des
textes de loi nationaux et des limites qu’ils fixent, ainsi que des
textes adoptés par la profession au niveau mondial, sans se fer-
mer les yeux pour autant sur le fait que souvent des divergen-
ces importantes existent. Dans les pays où une structure de ré-
gulation est présente (observatoire des médias), les rédactions
tiendront compte de son avis, ainsi que de celui des organisa-
tions syndicales et de défense/protection de la liberté de la
presse. Le journalisme est un métier comportant des principes
collectifs tout autant qu’une éthique individuelle. ■
205
QUATRIÈME PARTIE
L’éthique
207
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
208
L’ÉTHIQUE
Conflits d’intérêts
Les journalistes ne devraient pas être membres d’associations
ou d’organisations, surtout d’organes politiques, dont ils peu-
vent être amenés à couvrir les activités. Ils risqueraient de faire
l’objet de pressions, soit pour dissimuler une information, soit au
contraire pour faire la publicité d’un événement. Il est donc pré-
férable que le journaliste évite d’avoir une autre activité, en par-
ticulier un engagement politique ou des fonctions publiques, car
cela risque de compromettre son intégrité. Mais en tant que
citoyen, il jouit des mêmes droits et libertés que les autres
citoyens. Il devra, dans ce cas de figure, se refuser de pro-
mouvoir des intérêts particuliers contraires à l’intérêt général et
s’interdire toute connivence et toute compromission.
Identité mensongère
Ne falsifiez pas votre identité pour pouvoir entrer en contact avec
quelqu’un ou vous rendre quelque part dans le but de faire un
papier ou de glaner des informations.
Ni espion, ni détective, le journaliste se retrouve parfois amené,
dans certaines situations particulièrement délicates, à cacher
sa vraie identité dans le seul but d’obtenir l’information. Il lui fau-
dra alors expliquer lors de la diffusion de l’enquête, par respect
pour son public et pour lui rendre compte, les raisons qui l’ont
209
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
La pratique du déguisement
210
L’ÉTHIQUE
La probité
N’utilisez pas de méthodes déloyales pour obtenir des informations :
pas d’enregistreurs cachés, pas d’informations extorquées sous
la menace ou achetées. Ces pratiques sont indignes d’un jour-
naliste professionnel. Elles mettent en cause la crédibilité, tant de
l’organe de presse pour lequel vous travaillez, que la vôtre propre.
Publier ou non ?
Autre subtilité dont le journaliste doit tenir compte est l’usage du off,
dont nous avons longuement parlé dans la première partie : Publier
ou pas ? Des autorités publiques ou politiques peuvent vous
demander d’ajourner la diffusion ou la publication d’une informa-
tion jusqu’à ce qu’elles aient pu procéder à une enquête ou réagir.
211
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
Le souci de la vérité
Le journaliste se doit de dire, d’écrire la vérité de façon la plus
objective possible. Il ne faut pas déformer, ni surinformer.
212
L’ÉTHIQUE
À propos de la vérité
Dire la vérité
Dire la vérité suppose que :
◆ l’on recherche la vérité, à travers les informations qu’on diffuse.
Cela signifie que le journaliste n’est pas un thuriféraire, ni un
panégyriste et encore moins un propagandiste. Le culte du men-
songe, de l’intoxication et de la manipulation est prohibé. La ca-
lomnie et le mensonge sont également bannis. Cette vérité que
l’on cherche à établir est non pour soi, mais pour l’intérêt géné-
ral du public et par respect pour ce même public ;
◆ l’intégrité du journaliste soit évidente. La crédibilité du journa-
liste résulte en partie de sa capacité à s’appliquer à lui-même ce
principe d’intégrité et de la mettre en pratique. Nous voulons
une presse libre et indépendante ; mais cette indépendance
commence en s’affranchissant, dans l’exercice de son métier, de
ses propres engagements et des soutiens financiers extérieurs
que reçoit le média ;
◆ le journaliste doit redorer le blason terni de son métier : hormis
l’épineux problème de viabilité financière et matérielle des entre-
prises de presse qui les emploient, les journalistes devront se
défaire de pratiques anti-professionnelles avilissantes pour toute
la profession, « camora », « gombo » ou « coupage » ; termes
employés pour qualifier la corruption des journalistes en Afrique
centrale et en Afrique de l’Ouest.
Cette pratique de corruption qui consiste à « euphoriser »
l’information moyennant quelques billets de banque, sous forme
de « transport », voire de « frais de diffusion », pousse le jour-
naliste à la partialité, afin de contenter son commanditaire. La
corruption entache la liberté rédactionnelle du journaliste et le
plonge dans un état d’esprit proche de la mendicité. Il est mal-
heureusement vrai que par manque de salaire régulier et
décent, nombre de journalistes africains se retrouvent conduits
213
QUATRIÈME PARTIE : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLES
◆ Dans votre pays, quels sont les actes pour lesquels un journaliste
peut être poursuivi en justice ?
◆ Selon la législation de votre pays, qui est responsable des délits de
presse ? Expliquez votre réponse.
◆ Pourquoi, selon vous, les professionnels des médias plaident en
faveur de la dépénalisation des délits de presse ?
◆ Quels sont les grands principes que doit observer un bon journaliste
dans l’exercice de sa profession ?
◆ DÉBAT : Quels sont les atouts donnés par une formation en journa-
lisme pour embrasser cette profession ?
Corrigé en annexe 5 p. 247-248.
214
JOURNALISME RADIO – CONCLUSION GÉNÉRALE
Conclusion générale
215
JOURNALISME RADIO – CONCLUSION GÉNÉRALE
216
JOURNALISME RADIO – CONCLUSION GÉNÉRALE
217
JOURNALISME RADIO – BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie
219
JOURNALISME RADIO – BIBLIOGRAPHIE
220
JOURNALISME RADIO – BIBLIOGRAPHIE
221
ANNEXES
ANNEXE 1
Lexique
223
ANNEXES
224
ANNEXE 1 : LEXIQUE
225
ANNEXES
226
ANNEXE 1 : LEXIQUE
227
ANNEXES
ANNEXE 2
Organigramme type
d’une radio
Assemblée générale
Conseil d’administration
DR Comité de gestion
Chef programmes
Rédacteur en chef Chef administration
et production
Chefs de Secrétaire
SP SAn SA Comptable AC
rubriques de rédaction
Reporters OS SMR AL C
Source : Gestion des ressources humaines. Renforcement des radios locales du Katanga,
Mediafrica.Net APM Bénin, 2010.
229
ANNEXES
ANNEXE 3
231
ANNEXES
232
ANNEXE 3 : CHARTE D’ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES
233
ANNEXES
ANNEXE 4
Préambule
Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est
une des libertés fondamentales de tout être humain.
De ce droit du public à connaître les faits et les opinions pro-
cède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes.
La responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime avant
toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs
employeurs et des pouvoirs publics.
La mission d’information comporte nécessairement des limites
que les journalistes eux-mêmes s’imposent spontanément. Tel est
l’objet de la déclaration des devoirs formulée ici. Mais ces
devoirs ne peuvent être effectivement respectés dans l’exercice
de la profession de journaliste que si les conditions concrètes de
l’indépendance et de la dignité professionnelle sont réalisées.
Tel est l’objet de la déclaration des droits qui suit.
236
ANNEXE 4 : DÉCLARATION DES DEVOIRS ET DES DROITS DES JOURNALISTES
237
ANNEXES
ANNEXE 5
Peut-on présenter des infos sur des faits qui ne se sont pas
encore déroulés ? Pourquoi ?
Il est possible pour le journaliste de parler des événements qui
vont se produire dans un futur proche. Car, l’info, ce n’est pas
seulement ce qui vient de se passer. C’est aussi ce qui se passe
ou qui va bientôt arriver. À cause de la prédominance des
« papiers compte rendu », on a, à tort, eu l’impression que l’info
n’est que ce qui s’est déjà passé. Il n’est pas mauvais d’annon-
cer de grands événements à travers des avant-sujets.
Il s’agit de :
◆ faire un tour à la société chargée de l’électricité pour connaître
les vraies raisons techniques de cette coupure électrique (vétusté
des fils et câbles souterrains, tornade ayant endommagé le cir-
cuit électrique, panne au niveau du barrage, etc.) ;
◆ chercher à savoir quand la situation pourra être rétablie pour
apaiser la population (dans un avenir proche ou dans plusieurs
semaines ?) ;
◆ faire un papier retraçant les cas précédents ayant conduit à des
désastres consécutifs aux problèmes techniques (un encadré
pourra être fait).
ANGLE DE LA SANTÉ
240
ANNEXE 5 : CORRIGÉS DES TRAVAUX PRATIQUES
241
ANNEXES
242
ANNEXE 5 : CORRIGÉS DES TRAVAUX PRATIQUES
243
ANNEXES
245
ANNEXES
246
ANNEXE 5 : CORRIGÉS DES TRAVAUX PRATIQUES
Dans votre pays, quels sont les actes pour lesquels un jour-
naliste peut être poursuivi en justice ?
C’est au cas par cas. Chaque pays dispose d’une loi qui règle-
mente le secteur médiatique. On peut néanmoins citer des cas
où le journaliste est traduit en justice : calomnies, diffamations
et injure, atteinte à la vie privée, trouble de l’ordre public, atteinte
à la sûreté de l’État, à l’honneur du Chef de l’État ; tous les cas
de délits de presse prévus par différentes lois nationales.
247
ANNEXES
248
Gret, Professionnels du développement solidaire À propos du CTA
Le Gret en 2014, c’est 747 professionnels, 160 projets et expertises au Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) est une
bénéfice d’au moins 2,3 millions de personnes dans une trentaine de pays. institution internationale conjointe des États du Groupe ACP
(Afrique, Caraïbes, Pacifique) et de l’Union européenne. Il intervient
Fondé en 1976, le Gret est une ONG internationale de développement,
dans les pays ACP pour améliorer la sécurité alimentaire et
de droit français, qui agit du terrain au politique, pour apporter des
nutritionnelle, accroître la prospérité dans les zones rurales et garantir
réponses durables et innovantes aux défis de la pauvreté et des inégalités.
une bonne gestion des ressources naturelles. Il facilite l’accès à
Le Gret est une ONG professionnelle, dans sa vision du secteur du
l'information et aux connaissances, favorise l’élaboration des politiques
développement qu’il souhaite doter de savoirs et de solutions innovantes,
agricoles dans la concertation et renforce les capacités des institutions
dans l’implication des populations du Sud qu’il considère actrices
et communautés concernées.
de développement, et dans ses pratiques. Considérant qu’agir pour le
développement nécessite une approche globale et pluridisciplinaire, Le CTA opère dans le cadre de l’Accord de Cotonou et est financé
le Gret intervient : par l’Union européenne.
• sur sept thématiques : Agriculture : filières et politiques agricoles ; Pour plus d’informations sur le CTA, visitez : www.cta.int
Citoyennetés et démocratie ; Eau potable, assainissement, déchets ;
Gestion des ressources naturelles et énergie ; Microfinance et
insertion professionnelle ; Santé : nutrition et protection sociale ;
Villes pour tous et décentralisation ;
• avec une diversité de métiers : la majorité des actions du Gret
concerne des projets de terrain. A travers la conduite d’expertises,
l’animation de réseaux et la production de références issues de
sa pratique, il diffuse des connaissances et influence les pratiques
et politiques pour un développement plus solidaire ;
• du local au global et du terrain au politique, à l’échelle de villages
jusqu’aux instances internationales.
www.gret.org
Gret, Professionnels du développement solidaire À propos du CTA
Le Gret en 2014, c’est 747 professionnels, 160 projets et expertises au Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) est une
bénéfice d’au moins 2,3 millions de personnes dans une trentaine de pays. institution internationale conjointe des États du Groupe ACP
(Afrique, Caraïbes, Pacifique) et de l’Union européenne. Il intervient
Fondé en 1976, le Gret est une ONG internationale de développement,
dans les pays ACP pour améliorer la sécurité alimentaire et
de droit français, qui agit du terrain au politique, pour apporter des
nutritionnelle, accroître la prospérité dans les zones rurales et garantir
réponses durables et innovantes aux défis de la pauvreté et des inégalités.
une bonne gestion des ressources naturelles. Il facilite l’accès à
Le Gret est une ONG professionnelle, dans sa vision du secteur du
l'information et aux connaissances, favorise l’élaboration des politiques
développement qu’il souhaite doter de savoirs et de solutions innovantes,
agricoles dans la concertation et renforce les capacités des institutions
dans l’implication des populations du Sud qu’il considère actrices
et communautés concernées.
de développement, et dans ses pratiques. Considérant qu’agir pour le
développement nécessite une approche globale et pluridisciplinaire, Le CTA opère dans le cadre de l’Accord de Cotonou et est financé
le Gret intervient : par l’Union européenne.
• sur sept thématiques : Agriculture : filières et politiques agricoles ; Pour plus d’informations sur le CTA, visitez : www.cta.int
Citoyennetés et démocratie ; Eau potable, assainissement, déchets ;
Gestion des ressources naturelles et énergie ; Microfinance et
insertion professionnelle ; Santé : nutrition et protection sociale ;
Villes pour tous et décentralisation ;
• avec une diversité de métiers : la majorité des actions du Gret
concerne des projets de terrain. A travers la conduite d’expertises,
l’animation de réseaux et la production de références issues de
sa pratique, il diffuse des connaissances et influence les pratiques
et politiques pour un développement plus solidaire ;
• du local au global et du terrain au politique, à l’échelle de villages
jusqu’aux instances internationales.
www.gret.org
G U I D E P R A T I Q U E
Journalisme radio
JOURNALISME RADIO
auditoire et de l’informer au plus près de sa réalité : tout un
art qui s’apprend certes dans les écoles de journalisme,
mais surtout sur le terrain, sur le tas, auprès de journalistes
engagés plus avant dans le métier.
C’est un peu ce rôle de « grand frère » qu’ambitionne de
jouer cet ouvrage. Écrit par un journaliste expérimenté,
formateur dans de nombreux pays africains, il entend
contribuer à renforcer les capacités de tous ceux qui
œuvrent dans les radios associatives et/ou communau-
taires, et qu’on surnomme affectueusement en Afrique les
« radioteurs ».
Largement documenté auprès des écrits des confrères et
illustré de nombreux exemples concrets, ce guide appor-
te des notions essentielles pour tout journaliste radio. Outre
les recommandations sur les techniques spécifiques à ce
métier de l’oralité, il attire également l’attention sur l’éthique
Journalisme radio
et la déontologie des médias dans le contexte africain.
Conseils pour la pratique
en Afrique subsaharienne
Diffusion : GRET
Campus du Jardin tropical, 45 bis avenue de la Belle Gabrielle,
94736 Nogent-sur-Marne Cedex, France.
Tél. : 33 (0)1 70 91 92 00. Fax : 33 (0)1 70 91 92 01.
Site Web : www.gret.org
L E S É D I T I O N S D U G R E T
ISBN : 978-2-86844-303-8. ISSN : 1258-3073.
Prix : 18 euros. Réf. Gret : GP 26.