Strony Od RIELF 2018 32 7
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Adama DIAW
Université Gaston Berger, Saint-Louis (Sénégal)
[email protected]
Résumé
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REVUE INTERNATIONALE DES ECONOMISTES DE LANGUE FRANÇAISE 2018, Vol. 3, Nº2
Introduction
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dans les autres régions du monde, hormis l’Amérique latine et les Caraïbes.
Cette répartition géographique très inégale des richesses créées soulève le
problème relatif à la nature et à la qualité de la croissance. Dans les pays en
développement, la croissance du revenu moyen explique 70% de la variation de
la réduction de la pauvreté à court terme (Kraay, 2004). Dans ce cas de figure,
la croissance pourrait être considérée comme étant favorable aux pauvres et
donc de bonne qualité. Par conséquent, les stratégies de croissance efficaces
peuvent alors conduire à la réduction de la pauvreté. La croissance est jugée de
bonne qualité ou comme étant solidaire si elle associe un fort taux de croissance
à des perspectives d’emploi productif ouvertes à tous, de façon à ce que tous
les segments de la société puissent profiter de la croissance et de l’emploi, tout
en permettant une correction des inégalités, en particulier celles qui touchent
les plus pauvres (FMI, 2013). La montée incessante des inégalités dans les
pays d’Afrique Subsaharienne permet de s’interroger sur les caractéristiques
de la croissance soutenue30 en termes de redistribution. Cette problématique
attire de plus en plus l’intérêt des chercheurs et attise les débats aux niveaux :
international, sous-régional et national. Ainsi, le Sénégal a connu une évolution
de la croissance économique de plus de 6% par an depuis 201531. La croissance
dynamique est imputable entre autres, aux conditions extérieures favorables
(baisse des cours mondiaux du pétrole, des matières premières et des denrées
alimentaires) et à la diversification des exportations. Cette croissance est-elle
vraiment en adéquation avec les ressources de main-d’œuvre nationale étant
donné l’ampleur des problèmes pressants auxquels le Sénégal est confronté ? Cette
interrogation permet de ressortir les motifs qui demeurent le soubassement de
la fragilité de la croissance. Celle-ci s’explique par le risque externe résultant
principalement de chocs commerciaux. Or la spécialisation dans les produits
primaires caractérisés par une grande variabilité des prix continue d’exposer le
Sénégal à ces chocs défavorables. Ceux-ci rendent l’économie très vulnérable
en ayant des répercussions, d’une part, sur le PIB par habitant en termes réels
qui a connu une progression très lente depuis l’accession à la souveraineté
internationale et d’autre part, sur l’accentuation de la faiblesse de la productivité
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Par ailleurs, ces déséquilibres sont associés aux rigidités structurelles internes.
Par conséquent, les structures domestiques qui pourraient être corrigées de
manière endogène, ont renforcé l’impact des chocs externes.
Le secteur productif est caractérisé par une imperfection de base qui est à
l’origine de la faible productivité :
• Le dualisme
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• La faible productivité
L’existence d’un secteur informel peut être perçue comme une manière de
survivre dans un environnement économique défavorable. La croissance
du secteur informel au Sénégal ne peut pas contribuer efficacement à
l’augmentation de la production (Echeviny et Mutin, 2009).
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aucun doute sur la présence d’un rationnement structurel du crédit. Ceci est
justifié par la faible élasticité qui caractérise la relation entre l’investissement et
les taux d’intérêt. Ainsi, une politique d’expansion monétaire de la BCEAO aura
des implications incertaines sur la sphère réelle. Les institutions financières
sont peu disposées à ajuster le taux de prêt sur le coût de refinancement payé
à la banque centrale.
En effet, les taux d’intérêt des emprunts bancaires qui sont de 11% pour
l’industrie manufacturière et 10,9% pour le secteur des services, combinés
au coût de financement élevé des projets d’investissement, ne favorisent pas
la croissance économique. Seules 36,4% des grandes entreprises sénégalaises
ont accès au financement bancaire, quant aux très petites entreprises, 73,3%
d’entre elles n’y ont pas accès, ce qui corrobore l’effet de rationnement du
crédit. En outre, les demandes de crédits refusées aux entreprises sont de 43%
pour le secteur des services et de 22% pour le secteur manufacturier (Arigbo
et al., 2008). Ces imperfections des marchés du crédit bancaire s’expliquent,
entre autres, par une aversion au risque susceptible de créer une situation de
surliquidité au niveau du secteur bancaire. En effet, les institutions bancaires
supportent des coûts élevés dus au niveau de risques importants relatifs à
la sélection adverse et l’aléa moral. Le but recherché par ces institutions est
la rentabilité des projets à financer alors qu’il n’y a aucune certitude sur la
sécurisation des prêts. Il y a de ce fait un niveau élevé de créances cumulées
irrécouvrables qui sous-tend le rationnement de crédit (Dufrénot et al., 2007).
Par ailleurs, l’activité bancaire consiste principalement à la collecte de dépôts et
la distribution de crédits à court terme notamment dans le secteur formel, alors
qu’une croissance soutenable devrait avoir besoin d’un montant plus élevé de
financement transnational à long terme (Kablan, 2009).
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Des efforts en termes de gouvernance ont été notés mais la faiblesse dans la
mise en œuvre des politiques publiques et les problèmes d’application de la
réglementation continuent toujours de porter atteinte au potentiel économique
du pays (BM, 2018). Ceci peut être justifié la détérioration progressive de
l’efficacité du gouvernement susceptible.
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Selon l’étude du CREFAT (2018) sur la mobilité selon le sexe du chef de ménage,
il apparaît que la non pauvreté est assez importante (41,8% des ménages dirigés
par les femmes sont restés non pauvres en 2011) et que la pauvreté durable est
relativement réduite (18,8% des ménages, pauvres en 2005, sont restés pauvres
en 2011) pour les ménages dirigés par les femmes. On observe également que
23,8% des ménages dirigés par les femmes sont sortis de la pauvreté entre
2005 et 2011, tandis que sur la même période 15,6% des ménages dirigés par
les femmes ont basculé de la non pauvreté en 2005 à une situation de pauvreté
en 201137.
34 CREFAT, (2018), ONDD, p.97.
35 Idem, p.97.
36 CREFAT, 2018, p.59.
37 Idem, p.59.
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Conclusion
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Bibliographie
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