Methodologie Documentaire
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M É T H O D O L O G I E D O C U M E N TA I R E
FORMATION DES ÉTUDIANTS DE DEUXIÈME
ET TROISIÈME CYCLES À PARIS IV
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mél : [email protected] pondant à la discipline étudiée, réper- aspects, mais pas forcément selon le
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même découpage ni dans le même permettant d’obtenir un type d’infor- mentaires à leur disposition. Bien,
ordre ; ils peuvent être déclinés diffé- mation bien précis (rechercher le site c’est-à-dire ni trop, ni trop peu : ne
remment selon les modalités propres d’une université ou d’une biblio- pas se noyer dans une bibliographie
à chaque formation (durée, nombre thèque, rechercher une revue électro- exponentielle que l’on n’arrive plus à
de participants, complémentarité nique, rechercher une œuvre maîtriser, parce que l’on cherche tous
avec d’autres interventions, disponible en ligne…). azimuts, sans faire le tri ; ne pas, non
contraintes liées aux locaux et au plus, passer à côté d’informations
matériel disponible) et selon les exi- importantes parce que l’on n’a pas su
gences de chaque discipline (par chercher.
exemple, la question de la translitté- Pour le bibliothécaire qui prépare de
ration pour les slavisants). Le parti L’ENJEU, telles formations, cela implique d’ou-
pris est d’être aussi concret et prag- blier temporairement certains
matique que possible. À la différence POUR LES réflexes professionnels : on aurait
de ce qui vient d’être fait dans le tendance à structurer les cours selon
paragraphe précédent, on n’abuse ENSEIGNANTS des typologies par supports et/ou
pas du vocabulaire professionnel, on mode de publication des documents,
définit les termes techniques incon- COMME POUR LES typologies bibliothéconomiquement
tournables, on privilégie comme fil satisfaisantes, mais pas forcément
conducteur la démarche de re- BIBLIOTHÉCAIRES, opératoires pour les étudiants.
cherche des étudiants plutôt que Cela implique, aussi et surtout, de
les catégories bibliothéconomiques EST DE DONNER renoncer à l’exhaustivité et de faire
traditionnelles. un gros travail de sélection : il est plus
Ainsi, on partira de la question « Où AUX ÉTUDIANTS efficace de présenter un choix hiérar-
trouver tel genre d’information ? » chisé et commenté de ressources
plutôt que d’une catégorisation, QUI DÉBUTENT documentaires que de noyer l’audi-
a priori, des ouvrages de référence. toire sous une avalanche de réfé-
Ou encore, on partira de cas concrets UNE RECHERCHE rences. Essayer de faire simple ne
pour déterminer les composantes – et veut pas dire être simpliste.
leurs variantes – d’une description DES REPÈRES
bibliographique.
Dans le même ordre d’idées, à pro-
SUFFISANTS POUR Intégration au cursus
pos des outils de recherche sur Inter- et ancrage disciplinaire…
net, on renonce à citer une pléiade
d’index généraux, moteurs de BIEN UTILISER Les interventions du SCD s’insèrent
recherche et méta-outils ; on se dans des formations plus générales,
contente d’en sélectionner un par LES RESSOURCES séminaires ou travaux dirigés pour
genre pour montrer le principe de les étudiants de maîtrise et de DEA.
leur fonctionnement et leurs limites ; DOCUMENTAIRES Les méthodes, outils et techniques
en revanche, on met l’accent sur des qui se cachent derrière la « méthodo-
sites ressources spécialisés dans la MISES À LEUR logie documentaire » ne constituent
discipline étudiée et sur des outils pas, en eux-mêmes, des objets
DISPOSITION d’étude ; ils appartiennent plutôt au
corpus instrumental de connais-
Liste des sigles sances et de savoir-faire que met en
jeu l’étude d’une discipline.
DEA : Diplôme d’études approfondies Bref, on essaie de se poser systémati- Il ne saurait donc être question de
quement la question de l’usage pour monter de toutes pièces une forma-
DESS : Diplôme d’études supérieures
spécialisées
et par l’étudiant, des ressources tion à la recherche documentaire
qu’on lui présente. Cette approche sans lien organique avec le contenu
DEUG : Diplôme d’études universitaires
peut sembler utilitariste à outrance. Il des enseignements. Il n’est pas non
générales
ne faut pas, cependant, perdre de vue plus envisageable de concevoir une
MLA : Modern Language Association que l’objectif n’est pas de former des formation affranchie du champ disci-
NTIC: Nouvelles technologies de bibliothécaires mais des utilisateurs plinaire, transposable, clés en main,
l’information et de la communication quelque peu éclairés. L’enjeu, pour pour tous les types de recherche.
SCD : Service commun de la documentation les enseignants comme pour les Cette double condition d’efficacité, à
UFR : Unité de formation et de recherche bibliothécaires, est de donner à des savoir intégration de la dimension
VLB : Verzeichnis Lieferbarer Bücher étudiants qui débutent une recherche documentaire aux enseignements
des repères suffisants pour bien universitaires et adaptation à chaque
UKOP : United Kingdom Official Publications
employer les ressources docu- discipline, a été réaffirmée dans les
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conclusions des groupes de travail tiplier les séances ; le tuteur leur la recherche bibliographique et archi-
réunis par la Sous-direction des consacre entre 10 et 15 heures de tra- vistique ; des cours existent depuis
bibliothèques sur le thème de la for- vail, ce qui alourdit d’autant la charge près de vingt ans, assurés tantôt par
mation à l’information. financière du tutorat pour le SCD. des professeurs tantôt par des conser-
Ainsi, le SCD n’a pas pour vocation de Cette formule de coopération entre vateurs.
prendre entièrement en charge des l’UFR et le SCD n’en demeure pas Sous sa forme actuelle, cet enseigne-
cours de méthodologie documen- moins intéressante. Son principal ment consiste en un cycle de douze
taire, mais de participer, en coopéra- avantage est de considérer la métho- heures, intitulé « Recherche et docu-
tion avec les enseignants et pour les dologie documentaire comme partie mentation », obligatoire pour une
aspects relevant de sa compétence, centaine d’étudiants de maîtrise. Il
aux formations mises en place dans est sanctionné par un dossier docu-
chaque UFR. Cette participation du LE SERVICE mentaire à constituer et par un exa-
SCD peut d’ailleurs revêtir des formes men final. Les douze heures
différentes : cours directement assu- COMMUN DE LA permettent d’approfondir bien des
rés par les bibliothécaires, mais aussi points : règles générales de citation,
organisation de séances de travaux d’utilisation des sources et de présen-
pratiques (TP) à la bibliothèque, col-
DOCUMENTATION tation des références ; panorama des
laboration pour la préparation de bibliothèques, centres de documenta-
supports de cours, formation des A POUR VOCATION tion et fonds d’archives musicaux ;
tuteurs… principes généraux d’organisation
Pour illustrer quelques-unes des DE PARTICIPER, des bibliothèques et de consultation
déclinaisons possibles, on peut de leurs catalogues ; outils d’identifi-
rendre compte rapidement de quatre EN COOPÉRATION cation et de localisation des sources
formations bien rodées, program- et des documents ; bibliographie/dis-
mées à Paris IV sur la période AVEC LES cographie générale et spécialisée…
octobre-décembre 1998. Le SCD s’y Ce cours, très complet, a été, à l’ori-
implique à des degrés divers, mais ENSEIGNANTS gine, élaboré par la responsable de la
toujours en concertation avec les bibliothèque de l’UFR de musicologie
enseignants. La première concerne ET POUR LES et un conservateur du SCD. Il est
une trentaine d’étudiants en maîtrise depuis assuré, pour l’essentiel, par la
d’allemand. Le SCD n’y intervient ASPECTS RELEVANT responsable de la bibliothèque de
qu’en appui de l’enseignante chargée l’UFR. Le SCD participe aux mises à
d’un cycle de méthodologie d’une DE SA COMPÉTENCE, jour et prend en charge quatre heures
douzaine d’heures. Son cours, actua- d’intervention liées aux cédéroms
lisé et complété sur quelques points AUX FORMATIONS bibliographiques et aux utilisations
précis avec l’aide du SCD, aborde l’en- d’Internet en musicologie. L’investis-
semble des questions méthodolo- MISES EN PLACE sement qu’a représenté le travail de
giques spécifiques à la maîtrise, en conception de ce cours a été, pour le
intégrant aussi bien les aspects docu- SCD, compensé par la présence, au
mentaires (lieux-ressources, biblio-
DANS CHAQUE UFR sein de l’UFR, d’une personne-relais
graphies et répertoires spécialisés, capable d’assurer le suivi de cet
techniques de recherche, présenta- enseignement. La structure du cours
tion de références bibliogra- intégrante d’une formation méthodo- n’est, toutefois, pas figée. L’UFR réflé-
phiques…) que la présentation des logique plus large, placée sous la res- chit à des évolutions possibles,
grandes étapes du mémoire, les ponsabilité d’une enseignante. C’est notamment l’aménagement de TP et
méthodes d’organisation du travail et une garantie en termes de pérennisa- séances modulables selon les options
de gestion du temps, les conseils de tion, d’intégration au cursus de l’étu- choisies par les étudiants pour leur
rédaction scientifique. diant, d’adaptation à la discipline. maîtrise.
Le SCD organise pour les étudiants Pour l’UFR d’études slaves, c’est dans
qui suivent ces travaux dirigés (TD) le cadre d’un séminaire de DEA que le
des démonstrations des cédéroms …même si les cours SCD est directement chargé d’un
VLB, Docthèses, Francis, Modern ne sont pas tous assurés cours de quatre heures sur la
Language Association et Myriade ; par des enseignants recherche documentaire. Au fil du
elles se déroulent à la bibliothèque séminaire, des intervenants autres
du Grand Palais et sont conduites par La formation mise en place à l’UFR de que ceux du SCD peuvent aborder des
un tuteur de la bibliothèque, germa- musicologie procède de la même phi- points ayant trait à la documentation.
niste, formé par le SCD aux cédéroms losophie, mais le SCD y apporte un En raison justement de cette variété,
bibliographiques. La nécessité de tra- autre mode de contribution. L’UFR a l’aspect « accès aux documents » du
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vailler en petits groupes oblige à mul- une longue tradition de formation à cours, assuré par le SCD, est centré sur
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sente pas dépassé par une recherche tentés de solliciter le SCD pour former aussi qu’enseignants et chercheurs se
dont il ne comprend pas les résultats. les étudiants « aux cédéroms et à soient suffisamment approprié les
Les dossiers documentaires consti- Internet », comme s’il s’agissait de outils électroniques pour en extraire
tués par les étudiants de musicologie contenus et non de supports d’infor- la substantifique moelle et l’intégrer
et d’anglais, à l’issue de la formation, mation. L’écueil serait justement à leurs enseignements, non comme la
sont d’ailleurs souvent de niveau d’accréditer l’idée que la documenta- touche obligée de modernité, mais
honorable, dénotant une relative comme ressources à exploiter au
aisance dans la conduite d’une même titre que d’autres.
recherche. Peu importe, à la limite, qui assure de
telles formations du moment qu’elles
IL EST ESSENTIEL sont bien intégrées aux enseigne-
Internet ments. Même si enseigner n’est pas
prétexte à formation ? QU’UNE FORMATION leur métier, les bibliothécaires peu-
vent, à l’occasion, assurer des cours si
Ce problème de maîtrise des résultats cela permet de lancer un projet péda-
d’une recherche prend une acuité À LA MÉTHODOLOGIE gogique porté et relayé par les ensei-
particulière avec la documentation gnants. Il serait dommage de rester
électronique. DOCUMENTAIRE bloqué sur des questions de principe
Sur le fond, les techniques de tant que la prise en compte de la
recherche à mettre en œuvre ne sont DÉGAGE D’ABORD dimension documentaire, dans les
pas radicalement différentes de celles pratiques d’enseignement et de
qui s’appliquent à l’imprimé : cerner LE SOUBASSEMENT recherche, n’est pas systématisée.
les notions-clés de son sujet, bien Certes, il est évident que les SCD n’ont
naviguer d’index en renvois, butiner COMMUN ni les moyens ni les compétences
de répertoires en bibliographies, criti- pour prendre en charge des forma-
quer et interpréter l’information… À TOUTES tions documentaires dans toutes les
La différence essentielle tient à la disciplines, que le cœur de leurs
pléthore des informations désormais LES DÉMARCHES tâches est de constituer et de faire
simultanément accessibles. Avec les vivre des collections avant de se lan-
fichiers manuels et les bibliographies DE RECHERCHE, cer à corps perdu dans « l’aventure
papier, une stratégie de collection- pseudo-pédagogique »4. Il est non
neur reste viable : le chercheur piste POUR PRÉCISER moins évident que n’apporter aucune
les références dans un corpus qui réponse aux demandes de formation
demeure à échelle humaine ; l’ex- ENSUITE joue contre l’intégration du SCD dans
haustivité semble ambitieuse mais l’université, contre la vitalité de sa
pas déraisonnable. Avec Internet, le fréquentation aussi, puisque plus les
souci majeur devient d’éviter le bruit
LES SPÉCIFICITÉS utilisateurs seront avertis, mieux les
et de resserrer sa recherche ; la tac- ressources des bibliothèques seront
tique de la boule de neige, agrégeant LIÉES utilisées.
au fur et à mesure les résultats, donne La diversité des formules adoptées à
très vite des résultats incontrôlables ; AUX DIFFÉRENTS Paris IV montre qu’il faut s’adapter
on glisse vers une logique beaucoup cas par cas, le facteur déterminant
plus sélective. Cette approche pose, SUPPORTS restant l’implication des enseignants.
du reste, moins de problèmes aux
étudiants qui démarrent une Novembre 1998
recherche qu’à des chercheurs confir-
més qui doivent adapter leur pra-
tique. tion électronique est, par essence, dif-
C’est paradoxalement la méconnais- férente. Il est, au contraire, essentiel
sance des NTIC, assortie souvent qu’une formation à la méthodologie
d’une vague inquiétude, qui peut ser- documentaire dégage d’abord le sou-
vir de tremplin à la formation docu- bassement commun à toutes les
mentaire. Certains enseignants, démarches de recherche, pour préci-
eux-mêmes peu familiarisés avec la ser ensuite les spécificités liées aux 4. François LAPÈLERIE, « Faut-il des livres pour
documentation électronique, sont différents supports. Essentiel donc les étudiants ? » BBF, 1997, n° 5, p. 88-89.
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