Spiruline Bilan&Perspective
Spiruline Bilan&Perspective
Spiruline Bilan&Perspective
LA SPIRULINE
BILAN ET PERSPECTIVES
THESE
Présentée et soutenue publiquement
le : 13 mai 2008
Pour obtenir le Diplôme d’état de
DOCTEUR EN PHARMACIE
PAR
Hélène CRUCHOT
Jury de la Thèse :
Président :
Juges :
B. HOEN Professeur
J.P. DASPET Maître de Conférences
M.C. GAUTHEROT Pharmacien
UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE
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Septembre 2007
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Septembre 2007
A Notre Président de Thèse,
Pharmacien titulaire,
A Arnaud,
A mes amis,
3. Aspects nutritionnels
1
2. Tour d’horizon des éventuelles propriétés thérapeutiques de la spiruline,
d’après les résultats des recherches cliniques menées et publiées
1.1 La malnutrition
1.2 Le kwashiorkor
1.3 Le marasme
1.4 Le kwashiorkor marasmique
1.5 Données épidémiologiques
4. Evolution et pronostic
2
6.1 Réhabilitation nutritionnelle avec la spiruline au Burkina Faso
6.2 Evaluation de l’efficacité de la supplémentation en spiruline auprès
d’enfants atteints de malnutrition sévère, au Niger
6.3 Essai de réhabilitation nutritionnelle au Sénégal
6.4 Etude sur les bénéfices nutritionnels de la spiruline, réalisée en Inde
du sud
6.5 Etude menée en Chine
6.6 Etudes menées au Zaïre
6.7 Etude menée au Togo
6.8 Etude menée au Vietnam
3
10. Exemples de productions locales de spiruline
10.1 En Afrique
10.2 En Asie
10.3 En Amérique du sud
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
4
LISTE DES ABREVIATIONS
5
HACCP : Hazard Analysis Critical Control Point
HDL : High Density Lipoprotein
HSV : Herpès Simplex Virus
IC (50) : Concentration d’un produit permettant un Inhibition de 50 % de l’activité
enzymatique ou oxydante
IFP : Institut Français du Pétrole
IHSM : Institut Halieutique et des Sciences Marines
IL : Interleukine
IMC : Indice de Masse Corporelle
IRD : Institut de Recherche pour le Développement
LDL : Low Density Lipoprotein
MELISSA : Micro Ecological Life Support System Alternative
MIT : Massachussetts Institute of Technology
MPE : Malnutrition Protéino-Energétique
NADP : Nicotinamide Adénine Dinucléotide Phosphate
NASA : National Aeronautics and Space Administration
NCHS : National Center for Health Statistics
NFS : Numération Formule Sanguine
NK : Natural Killer (Cells)
NOS : Nitrite Oxyde Synthétase
OCADES : Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
ORL : Otorhinolaryngologie
OTEC : Ocean Thermal Energy Conversion
PAS : Plans d’Ajustements Structurels
PASS : Producteurs Associés de Spiruline du Sud
PIB : Produit Intérieur Brut
PGE2 :Prostaglandine E2
PLA2 : Phospholipase A2
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
ppm : partie par million
PS : Photosystème
PVC : Polychlorure de Vinyle
PVD : Pays en Voie de Développement
QI : Quotient Intellectuel
SIDA : Syndrome d’Immunodéficience Acquis
SMA : Sommet Mondial de l’Alimentation
SOD : Superoxyde Dismutase
TBARS : Taux des substances réagissant avec l’acide thiobarbiturique
TECHNAP : Technologies Appropriées (en faveur des PVD)
TNF : Tumor Nécrosis Factor
UNICEF : Fond des Nations Unies pour l’Enfance
UV : Ultraviolet
VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine
6
Introduction
7
8
Qu’ont en commun un Aztèque, un enfant africain malnutri et un astronaute en
mission dans l’espace ? La réponse est : la spiruline. Le premier l’a consommée dans le passé,
le second est susceptible d’en consommer actuellement et le troisième sera sans doute amené
à le faire dans un futur proche.
A mi-chemin entre le règne végétal et le règne animal, la spiruline est un micro-organisme
appartenant à la classe des cyanobactéries. Elle croît dans des eaux alcalines, chaudes et
salées et possède des qualités nutritives exceptionnelles.
Entre le XVIème siècle, où on sait qu’elle était consommée par les populations aztèques, et
aujourd’hui, la spiruline a plusieurs fois suscité l’intérêt avant de retomber dans l’oubli.
Les deux parties suivantes mettent en parallèle la vision de la spiruline, qu’ont les pays
industrialisés et émergents, par rapport à celle qu’ont les pays en voie de développement.
Ainsi, la deuxième partie relate son approche par les pays industrialisés : les différents
domaines dans lesquels elle est utilisée puis les études cliniques les plus pertinentes publiées
au sujet de ses propriétés thérapeutiques éventuelles.
La troisième partie reflète ce que représente la spiruline pour les pays en voie de
développement. Dans un premier temps, nous définirons la notion de malnutrition protéino-
énergétique et nous préciserons quelques données épidémiologiques. Ensuite, nous décrirons
les manifestations cliniques et biologiques de la malnutrition, ses causes et ses conséquences à
plus ou moins long terme. Enfin, nous exposerons les intérêts de la spiruline dans la lutte
contre ce fléau, en rapportant les résultats de plusieurs études réalisées sur des enfants
malnutris.
9
Nous nous attarderons également sur les difficultés rencontrées lors des projets d’exploitation
de la spiruline dans ces pays, avant d’exposer quelques conseils pour favoriser leur pérennité.
Nous terminerons par la présentation des principales organisations non gouvernementales
impliquées dans ce type de projet et nous verrons quelques exemples d’exploitations,
principalement en Afrique, mais aussi en Inde et au Chili.
10
Première partie
Présentation de la spiruline
11
12
1. La spiruline : généralités
La spiruline fait partie des micro-organismes : ni végétale ni animale, elle est classée
parmi les cyanobactéries [1]. Ce groupe comprend l’ensemble des bactéries autotrophes,
c’est-à-dire capables d’utiliser l’énergie de la lumière pour la photosynthèse [2].
Mais, contrairement aux algues et aux plantes également dotées de ce pouvoir
photosynthétique, elle appartient à l’embranchement des procaryotes, car elle n’a pas de
noyau bien individualisé. A noter que cette appartenance à la classe des cyanobactéries est
récente. En effet, elle est longtemps restée classée parmi les « algues bleu-vert », ce pour
plusieurs raisons :
Il existe à ce jour 200 genres et environ 1 500 espèces de cyanobactéries connues ; étant
très difficiles à détecter, il en reste sans doute encore beaucoup à découvrir.
La spiruline est la plus connue de toutes ; d’un point de vue taxonomique, elle appartient à
l’ordre des Nostocales, à la famille des Oscillatoriaceae et au genre Arthrospira [3][4].
A noter qu’il y a parfois malheureusement un véritable méli-mélo entre les termes
“Spiruline”, “Spirulina” et “Arthrospira”. Ces confusions proviennent à la fois d’erreurs
de déterminations scientifiques dans les années 1950 et de la dénomination commerciale
de certaines cyanobactéries alimentaires.
En pratique, il faut retenir que le terme “Spiruline” correspond au nom commercial d’une
espèce de cyanobactérie alimentaire appartenant toujours au genre Arthrospira. Le mot
“Spirulina” est le nom commercial anglophone de la spiruline, mais il désigne également
un genre de cyanobactérie assez éloigné de Arthrospira, et surtout non comestible (par
exemple : Spirulina major, Spirulina subtilissima, Spirulina princeps, Spirulina gigantea
ou Spirulina subsalsa) [5].
13
Parfois, les spires au centre du filament sont plus rapprochées qu’aux extrémités et
la forme générale peut-être celle d’un diabolo, avec un diamètre de spire plus petit
au centre et aux extrémités.
Les scientifiques étudiant la spiruline ont donc d’abord pensé qu’il existait de
nombreuses espèces d’Arthrospira ; en fait, l’analyse de leurs caractéristiques
génétiques, effectuées par Scheldeman et al en 1999, basées sur l’ARDA
(Amplified Ribosomal DNA Restriction Analysis) ne fait apparaître que deux
espèces presque identiques d’Arthrospira [6]. Ils supposent alors que de ces deux
espèces dérivent plusieurs souches.
Voici quelques précisions à propos des notions de souches et d’espèces : une
espèce est une entité réunissant des êtres vivants présentant un ensemble de
caractéristiques morphologiques, anatomiques, physiologiques, biochimiques et
génétiques communes. Les espèces sont regroupées en genres et divisées en sous
ensembles dénommés souches ou variétés.
Actuellement, 50 souches d’Arthrospira recensées à travers le monde ont été
étudiées pour en décrire la diversité génétique. C’est l’association Antenna
Technologies qui, en collaboration avec l’université de Genève, a récemment
effectué ce travail de classification de différentes souches d’Arthrospira (figure 3).
Celui-ci repose sur le séquençage génétique d’un fragment d’ADN hypervariable,
mais spécifique des cyanobactéries. Il en ressort une très forte homogénéité du
genre Arthrospira, même lorsque les souches ont des morphologies variées ou
lorsqu’elles proviennent de lieux géographiques très différents. Leur conclusion est
qu’il n’existerait a priori que deux espèces génétiquement différentes parmi ces
souches [3]. Ces deux espèces sont : Arthrospira platensis, initialement originaire
du Kanem (Tchad) et Arthrospira geitleri ou maxima, originaire du
Mexique (figure 2) :
14
Spirulina maxima se caractérise par des trichomes de 70 à 80 µm de
long, de 7 à 9 µm de diamètre et légèrement effilés aux extrémités ;
ils forment une spirale régulière de 3 à 8 tours et de 40 à 60 µm de
diamètre. Les cellules constituantes des trichomes mesurent entre 5 à
7 µm de long et ne rétrécissent pas au niveau des articulations [5].
Figure 2 : Filaments des deux espèces de spiruline observés au microscope optique [7]
Tableau I : Descriptions de plusieurs variétés d’Arthrospira platensis, selon l’endroit où elles poussent
naturellement [5]
A noter que la distance entre les spires varie beaucoup selon l’intensité lumineuse :
sous éclairage intense, elle peut être réduite à 10 µm alors que sous faible
éclairage, elle peut dépasser 100 µm.
En ce qui concerne les différentes souches (ou variétés) de spirulines, on distingue
les spirulines "spiralées", "ondulées", et "droites" (cf. figure 3).
15
Le terme "spiralées" désigne les souches dont les filaments ont la forme d’une
queue de cochon, telle la "Lonar" (Inde) ; le terme "ondulées" désigne les souches
dont les filaments sont en spirale étirée, telle la "Paracas" (Pérou) ;
le terme "droites" désigne les souches dont les filaments sont tellement étirés
qu’ils donnent l’impression d’être presque rectilignes.
Des photographies de ces différentes souches sont présentées dans l’annexe 1 [8].
Figure 3 : Classification d'une vingtaine de souches de spirulines (Arthrospira sp) d'après la séquence
génétique d'un fragment d'ADN comprenant la région située entre deux gènes de phycocyanine
(cpcB-cpcA spacer) [3]. © Antenna.ch
16
Dans le cadre de ce travail, lorsque la spiruline est évoquée en tant que
cyanobactérie, il est sous-entendu les spirulines en général, c'est-à-dire l’ensemble
des cyanobactéries appartenant au genre Arthrospira. D’autre part, sauf mention
contraire, la spiruline étudiée dans les expériences de réhabilitation nutritionnelle
ou lors de recherches cliniques et scientifiques, est la variété platensis.
17
- les carboxysomes : ils contiennent le ribulose-1,5 phosphate
carboxylase, responsable de la fixation du CO2.
Cette enzyme n'est présente que dans des conditions de hautes
intensités lumineuses et de hautes concentrations en nitrates ;
- les granules d’amidon cyanophycéen (glycogène), d’hydrates de
carbone similaires à l’amylopectine et ceux de volutine
(polyphosphates) constituent des formes de réserve énergétiques ;
- les ribosomes riches en acide ribonucléique ;
- les globules lipidiques ;
- les vésicules de gaz : elles se présentent sous la forme de faisceaux de
minuscules cylindres contenant de l’azote. Leur rôle est de réguler la
flottabilité des filaments de spiruline.
1.2 Croissance
Grâce à ses pigments chlorophylliens, la spiruline est une espèce photo-
autolitotrophe aérobie. Par conséquent, contrairement aux bactéries photo-
autotrophes anaérobies qui n’ont que le photosystème I, elle est dotée des
photosystèmes I et II [11].
Chez la spiruline, la photosynthèse constituant la clé de sa croissance, il paraît
utile de faire quelques rappels concernant ce processus.
18
Le PS I possède une plus grande variété de pigments que le PS II et il est riche
en chlorophylle de type a P700 : celle-ci absorbe des longueurs d’onde de 430
nm dans le bleu et de 700 nm dans le rouge. La source d’électrons est
constituée par les minéraux et les molécules organiques.
Le PS II est riche en chlorophylle de type a P680. C’est à son niveau que se
produit la photolyse de l’eau, c’est-à-dire qu’il récupère les électrons libérés
par les molécules d’eau.
La phycocyanine, pigment spécifique aux cyanobactéries, est essentielle au
transport de l’énergie vers le PS II [14].
19
Voici quelques précisions concernant le rôle des chlorophylles [17] : ce sont des
pigments photosynthétiques et, à ce titre, elles peuvent être excitées par les
radiations lumineuses.
Cette excitation est due à la présence de liaisons conjuguées (et donc d'électrons
délocalisés) : l'arrivée d'un photon fait passer un électron délocalisé d'un état
fondamental (non excité) à un état excité. La chlorophylle, une fois excitée,
retourne à son état fondamental, plus stable thermodynamiquement. Ceci peut se
faire de plusieurs manières, en particulier :
o le donneur d’électrons est devenu l’eau (H2O) ; elles ont pu dès lors
conquérir tous les milieux ;
o l’accepteur final d’électrons est l’oxygène O2 ; il provient totalement
d’ H2O ;
o les deux photosystèmes PS I et PS II sont présents ;
o il existe un couplage entre les réactions photochimiques et la synthèse
des glucides.
20
Figure 4 : Représentation de l’équilibre entre les réactions de photosynthèse et de respiration, chez les
organismes photosynthétiques [15]
Par ailleurs, le seul prédateur de la spiruline est le flamant rose ; mais c’est aussi
cet animal qui lui fournit, par l’intermédiaire de ses fientes, les éléments dont elle
a besoin pour sa croissance. Voici quelques précisions :
la spiruline est la principale nourriture du flamant rose nain, Phoeniconaias minor.
Les rebords internes du bec de l’oiseau contiennent de minces lamelles et des
plaquettes filtrantes. Quand il bouge sa langue d'arrière en avant, elle agit comme
un piston et l'eau est repoussée hors du bec à travers les rebords filtrants. De cette
façon, les flamants ne boivent pas d'eau salée et la spiruline est piégée dans le bec.
Comme la langue possède de nombreuses barbes épineuses sur sa surface
supérieure, elle entraîne, par son action de pompe, la pâte "d'algues" dans le long
cou vers l’estomac.
Le sel inévitablement absorbé avec la spiruline humide est excrété par les reins.
Le flamant se nourrit donc en balayant son bec de part et d’autre de l’eau peu
profonde dans laquelle il émet aussi ses déjections. C’est ainsi que se crée un cycle
de l’azote : l’oiseau absorbe de l’azote à travers les protéines de la spiruline et il en
restitue ensuite une bonne partie, que la spiruline utilise à son tour comme élément
nutritif [5].
1.3 Ecologie
21
- en sécrétant des molécules qui s’avèrent actives contre une vaste
gamme de bactéries.
D’autre part, le flamant rose nain, Phoeniconaias minor, a joué dans le passé un
rôle de vecteur aérien pour la spiruline, laquelle a ainsi pu coloniser
progressivement de nouveaux habitats. En effet, les flamants ont pour habitude de
voler sur de longues distances pour rechercher de la nourriture. Or, la spiruline
s’accrochant aux écailles de leurs pattes et à leurs plumes, elle s’est trouvée ainsi
transportée dans d’autres lacs alcalins où elle a pu proliférer.
A l’état naturel, la spiruline est donc retrouvée dans des lacs de la ceinture
intertropicale du globe terrestre (cf. tableau II), dont les eaux sont riches en
carbonate de sodium (Na2CO3), bicarbonate de sodium (NaHCO3), divers
minéraux et une source d’azote fixé.
Ces lacs sont situés approximativement entre 35° de latitude Nord et 35° de
latitude Sud ; ils sont peu profonds et agités par des vents légers.
En dehors des sites cités dans le tableau II, d’autres endroits sont possibles,
notamment partout où vivent le flamant nain (Afrique et Asie) et le flamant de
James, Phoenicoparrus jamesi (Amérique du sud).
22
Tableau II : Sites géographiques où pousse naturellement la spiruline [5]:
AFRIQUE
Noms des pays Localisations précises
Algérie Tamanrasset
Tchad Région du Kanem : lacs Latir, Ouna, Borkou, Katam, Yoan,
Leyla, Bodou, Rombou, Moro, Mombolo,
Liwa, Iseirom, Ounianga kebir
Soudan Cratère de Djebel Marra
Djibouti Lac Abber
Ethiopie Lacs Aranguadi, Lesougouta, Nakourou, Chiltu, Navasha,
Rodolphe
Congo Mougounga
ASIE
Azerbaidjan
AMERIQUE du SUD
Uruguay Montevideo
AMERIQUE du NORD
EUROPE
Hongrie
France Camargue
23
1.4 Reproduction
Son mode de reproduction est la bipartition par scission simple. C’est une
reproduction asexuée, par segmentation des filaments ; ce processus ne doit pas
être confondu avec la mitose, laquelle n’existe que chez les eucaryotes [1].
Sa vitesse de multiplication est particulièrement rapide dès que la température
dépasse 30°C à l’ombre ; lorsque ces conditions sont réunies et que le milieu est
favorable, le temps de génération est très court (7 heures).
Les filaments microscopiques se développent simultanément et ils constituent des
"fleurs d’eau" également appelés "blooms" [5].
1.5 Déplacement
24
2. La spiruline : de sa naissance à nos jours
La spiruline est considérée, par les biologistes, comme l’un des premiers
"végétaux" apparus sur terre, il y a environ 3,5 milliards d’années [20].
Quatre siècles plus tard, en 1939, Y. Creach, pharmacienne des troupes coloniales
françaises découvre des galettes d’algue séchée sur un marché à Massakong
(Tchad). Ces galettes étaient principalement consommées par les gens malades,
les femmes après leur accouchement et les blessés suite aux guerres entre tribus
rivales. Cette pharmacienne en rapporte quelques échantillons en France pour les
analyser et les identifier. Mais étant donné le contexte à cette époque (deuxième
guerre mondiale), les recherches n’ont pas beaucoup avancé et elles ont été
stoppées après son décès [21].
25
Ces villageois consommaient ces "gâteaux d’algue" avec du mil et cela constituait
leur repas principal. Brandily pensait alors qu’il s’agissait de la chlorelle (algue
verte d’eau douce) [23]. Cette bouillie verte récoltée à la surface des lacs de cette
région, à l’aide d’un filet à mailles très fines, a intrigué certains occidentaux. C’est
ainsi que l’Institut Français du Pétrole (IFP), par l’intermédiaire de l’un de ses
membres G. Clément, a lancé des études sur cette fameuse algue [24]. Grâce à cet
institut, financé en grande partie par une taxe sur les carburants, la France a pu
devenir pionnière en ce qui concerne l’étude de la spiruline.
Son intérêt nutritionnel ayant été soulevé, l’IFP a alors aidé à la création d’un site
de production au Mexique dirigé par l’ingénieur français H. Durand-Chastel [5].
En effet, au début des années 1960, cet ingénieur l’a redécouvert par hasard alors
qu’il débarquait au Mexique pour prendre la direction de Sosa Texcoco, une unité
de production de carbonate de soude. Cette usine tire sa matière première
(la saumure) des sédiments du lac au bord duquel elle est implantée. Mais,
Durand-Chastel est rapidement intrigué par la formation de matières organiques
qui perturbent la cristallisation des carbonates. Le hasard a voulu qu’en 1967 se
déroule à Mexico, le congrès international du pétrole. A cette occasion, Durand-
Chastel a assisté à une conférence sur la spiruline, présentée comme une substance
naturelle consommée depuis très longtemps par une ethnie des rives du lac Tchad,
en Afrique centrale.
Il a pu faire le lien avec l’intrus qui lui causait des problèmes. Mais, d’une
ennemie, l’ingénieur a décidé de faire de cette "algue" une amie, en la cultivant
dans les bassins semi-naturels d’évaporation de sa société Sosa Texcoco. Il a
réussit à mettre au point un procédé de fabrication d’une pâte comestible et
exportable. C’est lui l’initiateur de la première installation industrielle productrice
de spiruline (la variété qu’il a cultivé depuis 1968 est Spirulina maxima). Sa
production commerciale a débuté en 1976 [5].
Pendant ce temps, toujours au début des années 1960, les publications sur la
spiruline commencent à apparaître. A cette époque, le botaniste belge J. Léonard,
lors d’une expédition transsaharienne confie un échantillon de produit végétal à
son confrère P. Compère pour identification. Ce dernier lui annonce qu’il s’agit de
Spirulina platensis [25].
26
En 1971, il fonde une association (ACMA = Association pour Combattre la
Malnutrition par l’Algoculture) qui développe le concept de ferme de spiruline.
L’algue représente pour lui le complément nutritionnel idéal pour lutter contre la
faim dans les pays en voie de développement. Avec l’aide de son épouse, il
consacre alors l’essentiel de son temps à sa diffusion en Afrique et en Asie du
sud-est, malheureusement avec plus ou moins de succès. En effet, les nombreux
atouts de la spiruline suscitent rapidement l’engouement des humanitaires : vitesse
de croissance, culture adaptée aux conditions climatiques des pays du Sud, bonne
conservation une fois séchée, prix de revient au kilo entre 2 et 10 euros. Pourtant,
elle souffre de la non-reconnaissance par certains organismes internationaux (dont
la FAO : Food and Agricultural Organization) : pour eux, la spiruline n’est qu’une
solution parmi d’autres.
27
Afin d’asseoir la crédibilité scientifique de son programme, Antenna Technology
a financé aussi quelques études qui seront évoquées dans la 2ème partie.
Depuis 1986, R. Fox est Président d'honneur de l'International Society for Applied
Algology. Actuellement retraité depuis quelques années, il étudie toujours les possibilités de
nouvelles souches "mutantes" de spiruline. Son association ACMA n'existe plus mais des
scientifiques, des membres d'associations humanitaires et d’autres associations s'intéressent
toujours à la production et à l'utilisation de cette cyanobactérie. Cependant, à l’heure
actuelle, la spiruline n’est toujours pas reconnue d'utilité publique par l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS). Avec l'aide du sénateur Durand-Chastel, ancien directeur de
Sosa Texcoco (production intensive de spiruline au Mexique) et d'un ami italien, R. Fox a
aussi crée un institut international de la spiruline, lequel délivre maintenant un diplôme
d'algoculture.
A noter qu’H. Durand-Chastel est récemment décédé (le 19 octobre 2007), à l’âge de 90
ans. Il a été l’un des pionniers concernant la spiruline puisqu’il a été le premier à produire
de la spiruline à grande échelle (1000 kg/jour), dès 1976, à partir des bassins semi-naturels
reliques du lac Texcoco des Aztèques de Mexico. Il avait également obtenu par la suite un
brevet pour la production en photobioréacteur d’une spiruline enrichie.
En France, c’est J.P. Jourdan qui est l’un des plus grands connaisseurs en spiruline. Diplômé
du MIT (Massachusetts Institute of Technology), il a fait sa carrière dans l'industrie
chimique avant de consacrer sa retraite, dans le sud de la France, au développement de la
spiruline en faveur des enfants du tiers-monde. Après avoir été l’élève de R. Fox et de F.
Ayala, il a collaboré activement avec des ONG dont les programmes impliquent la spiruline.
Il a notamment écrit un ouvrage de référence, disponible sur internet et régulièrement remis
à jour, dans lequel il partage son expérience pratique de plus de 15 années de production de
spiruline. Il y montre aussi comment appliquer les méthodes du génie chimique pour
perfectionner cette production, même à petite échelle et sans moyens techniques
sophistiqués [29].
A noter que dans l’exposition permanente « l’Homme et les gènes », proposée à la Cité des
Sciences et de l’Industrie (Paris, la Villette), la spiruline est présentée comme le plus ancien
micro-organisme de notre planète [31].
28
3. Aspects nutritionnels
3.1.1 Protéines
29
Tableau III : Teneur de la spiruline "Flamant Vert" en acides aminés [35]
alanine 47
arginine 43
acide aspartique 61
acide glutamique 91
cystine 6
glycine 32
histidine 10
isoleucine 35
leucine 54
lysine 29
méthionine 14
phénylalanine 28
proline 27
sérine 32
thréonine 32
tryptophane 9
tyrosine 30
valine 40
en gras : acides aminés essentiels
30
3.1.1.2 Utilisation protéique nette
L’utilisation des protéines ingérées est déterminée par la digestibilité,
c’est-à-dire la proportion d’azote protéique réellement assimilée par
l’individu.
Contrairement à d’autres micro-organismes proposés comme source de
protéines (levures, chlorelles…), la spiruline ne possède pas de paroi
cellulosique ; elle a donc l’énorme avantage d’être parfaitement digestible
sans cuisson ni autre traitement destiné à rendre ses protéines accessibles.
Leur digestibilité est évaluée à 83 % [32].
La valeur nette d’utilisation protéique est estimée entre 53 et 61 % [32].
Il s’agit du gain de poids d’un animal ou d’un individu, divisé par le poids
des protéines ingérées. Ces mesures sont en général effectuées sur le rat en
croissance et les protéines de référence sont la lactalbumine ou la caséine.
La valeur de l’efficacité protéique de la spiruline, déterminée chez le rat en
croissance est estimée, suivant les auteurs, entre 1,80 et 2,6, la valeur pour
la caséine étant de 2,5 [32].
Selon une étude rapportée par M. Vermorel [33], la vitesse de croissance
de rats recevant de la spiruline comme seule source de protéines est
supérieure ou égale à celle de rats témoins. De plus après supplémentation
en acides aminés essentiels, les rats recevant de la spiruline ont fixé, pour
une même quantité d'énergie métabolisable, des quantités de protéines
égales ou plus importantes que les rats témoins. Ces résultats indiquent une
bonne utilisation métabolique des acides aminés issus de spirulines, ce qui
est encore confirmé par les teneurs en acides aminés libres trouvées dans le
sang et les muscles des animaux testés.
Plus récemment, chez l’Homme, le ratio d’efficacité protéique a été estimé
à 1,90 pour la spiruline seule. Le tableau V, qui illustre les résultats de cette
étude, montre l’intérêt de l’ajout de spiruline pour améliorer ce ratio.
31
3.1.1.4 Rôle des protéines
Dans l’organisme, les protéines exercent des fonctions diverses :
3.1.2 Lipides
32
Le profil des acides gras de la spiruline est rapporté dans le tableau VI.
Le tableau VII indique les teneurs en différents acides gras issus
d’Arthrospira maxima produite par la société Sosa Texcoco.
33
Tableau VII : Teneur moyenne en acides gras de Arthrospira maxima produite par la société
Sosa Texcoco au Mexique [5] :
34
Chez l’adulte, les apports journaliers conseillés sont respectivement de 5 g
et 1,5 g [36].
3.1.3 Glucides
35
Tableau VIII : Teneur en acides nucléiques de la spiruline et d’autres aliments [32]
3.1.5 Vitamines
36
Par ailleurs, on sait maintenant que chez la femme enceinte, une surdose en
vitamine A peut entraîner des malformations du fœtus : ce risque est si réel
que l’OMS a établi, en 1998, une série de recommandations en vue de
sécuriser l’apport de vitamine A aux femmes en âge de procréer.
Etrangement, ce document ne mentionne nulle part l’apport de
caroténoïdes (comme ceux de la spiruline) comme alternative sans danger à
la délicate supplémentation en vitamine A.
Il est également important de noter que les teneurs en β-carotène dans la
spiruline peuvent varier en fonction des conditions de séchage, de la
granulométrie et des conditions de conservation à long terme du produit
final. Les valeurs annoncées au début du paragraphe correspondent à des
échantillons de spiruline séchée par pulvérisation, donc sans chauffage ;
dans le cas du séchage sur tambours chauffants, ces valeurs seraient
diminuées de près d'un tiers. En effet, les caroténoïdes étant très sensibles à
l’oxydation, il faut avoir connaissance des procédés de séchage utilisés, de
façon à s’assurer de leur préservation dans le produit fini.
Du point de vue du carotène, la meilleure méthode de séchage serait la
lyophilisation (malheureusement très chère), suivie du séchage en couche
mince à température inférieure à 60°C ; en ce qui concerne la conservation
à long terme, les formes en flocons ou en semoule grossière de spiruline
sont mieux que la forme poudre.
La biodisponibilité des caroténoïdes de la spiruline a été démontrée par
plusieurs études menées chez le rat ou le poulet [39][40][41] et chez
l’Homme [42].
De plus, une étude en 1993 portant sur 5 000 enfants indiens d'âge pré-
scolaire, a montré la surprenante efficacité d'une dose quotidienne unique
d'un gramme de spiruline sur la déficience chronique en vitamine A ; selon
cette étude, cette très faible dose de spiruline suffirait à réduire
considérablement les risques de cécité et d'atteinte neurologique
consécutifs à la déficience en vitamine A chez l'enfant (cf. deuxième partie
2.9.).
37
Par ailleurs, les propriétés antioxydantes du tocophérol vis à vis des acides
gras insaturés pourraient expliquer la bonne conservation de ces derniers
dans la spiruline séchée.
38
Ces valeurs indiquent qu’un gramme de cette spiruline couvrirait plus de
80 % des apports quotidiens en B12 pour un adulte.
Il serait souhaitable que des recherches spécifiques soient entreprises afin
de déterminer si certaines souches de spiruline et/ou certaines conditions de
culture, pourraient permettre l’obtention d’un meilleur rapport
B12/analogues inactifs. Il est sans doute probable que les autres sources
alimentaires de vitamine B12 renferment aussi une proportion d’analogues
sans intérêt nutritionnel.
3.1.6 Minéraux
Les minéraux les plus intéressants chez la spiruline sont le calcium, le magnésium,
le phosphore et le potassium. Les trois premiers minéraux cités sont présents dans
la spiruline à des teneurs comparables à celles trouvées dans le lait ;
Les quantités relatives de ces éléments dans la spiruline sont équilibrées, ce qui
exclut le risque de décalcification par excès de phosphore.
Une haute teneur en potassium est également à souligner car, dans le cadre des
pays industrialisés, bien des nutritionnistes s'élèvent contre les trop faibles rapports
potassium/sodium dans la grande majorité des aliments disponibles.
Par ailleurs, la spiruline peut être considérée comme une excellente source
alimentaire de magnésium, grâce à sa teneur en chlorophylle. En effet, comme cela
a été écrit précédemment, la molécule de chlorophylle renferme un atome de
magnésium en son centre. Les régions aux sols pauvres en magnésium sont
nombreuses et provoquent chez les populations qui les habitent, des syndromes de
carences incluant des troubles cardio-vasculaires et nerveux.
La carence en magnésium est aussi très fréquente chez les enfants en état de
malnutrition grave, car ceux-ci n’absorbent souvent que des bouillies de céréales
pauvres en magnésium.
39
Les bonnes sources de magnésium alimentaire sont les produits animaux, les fruits
et les légumes, ainsi que certaines eaux minérales. Les farines complètes, bien que
riches en magnésium, ne constituent pas une source idéale de magnésium car il est
peu absorbable du fait de la présence de phytates.
3.1.7 Oligo-éléments
Les oligo-éléments présentant le plus d’intérêts dans la spiruline sont le fer, le
zinc, le sélénium. Mais elle en renferme d’autres, comme le montre le tableau XII.
3.1.7.1 Le fer
40
La thématique du fer dans le cadre de la malnutrition infantile est assez
complexe : l’enfant gravement dénutri possède généralement un important
stock de fer hépatique qui provient d’une incapacité à éliminer ou à
recycler le fer libéré par la fonte musculaire ou l’hémolyse. Ce n’est donc
qu’au cours de la reprise de poids qu’un apport en fer est indispensable.
3.1.7.2 Le zinc
Le zinc participe à la synthèse de nombreuses métallo enzymes. Il joue un
rôle catalytique et module l'activité de plusieurs enzymes intervenant dans
la digestion. Il est impliqué dans le métabolisme des glucides (il entre
notamment dans la composition de l’insuline), des lipides et des protéines.
Le zinc participe aussi à la synthèse et au métabolisme des acides
nucléiques. Antioxydant essentiel, il protège l'organisme des effets
toxiques des radicaux libres car il est protecteur des groupements thiols des
protéines. Chez l’Homme, le zinc est également nécessaire à l’absorption
du complexe des vitamines B.
Par ailleurs, il est essentiel au bon fonctionnement du système
immunitaire : les personnes souffrant d’une carence importante présentent
une susceptibilité accrue à divers agents pathogènes.
Le zinc participe également à la croissance, au développement cognitif et
au fonctionnement moteur, notamment chez l’enfant. Après la vitamine A,
le fer et l’iode, le zinc fait maintenant l’objet d’une très forte attention : il
s’agit sans doute du quatrième micro-nutriment majeur dans la lutte contre
la malnutrition .
L’absorption du zinc se fait au niveau de l’intestin grêle. Sa
biodisponibilité dépend surtout de la composition du repas : tout comme
pour le fer, la présence de phytates ou de tanins réduit fortement la
proportion de zinc absorbé. Les protéines animales sont de bonnes sources
en zinc biodisponible, mais elles sont souvent rares dans les pays en
développement.
La spiruline cultivée sans apport intentionnel de zinc dans le milieu de
culture n’en contient généralement que des traces (2 à 4 mg pour 100 g de
spiruline). Ces valeurs sont insuffisantes pour que ces spirulines puissent
être considérées comme de bonnes sources de zinc, puisque les apports
journaliers recommandés (AJR) sont de 0,6 à 3 mg/j chez un
nourrisson/enfant (ces variations dépendent du type de régime alimentaire
associé), de 4 à 12 mg/j pour un adolescent et de 3 à 8 mg/j chez l’adulte
[36].
Or, la spiruline présente l’avantage de pouvoir être très facilement enrichie
en zinc. De ce fait, on trouve actuellement sur le marché européen une
spiruline titrant 6 mg de zinc par gramme (cf. 4.3.2.).
41
La biodisponibilité du zinc de la spiruline n’a pas encore fait l’objet de
publications scientifiques, mais on peut raisonnablement s’attendre à de
très bons résultats au vu de la biodisponibilité prouvée du fer et du
magnésium de la spiruline.
3.1.7.3 Le sélénium
Le sélénium est un micro-nutriment essentiel qui intervient dans la
protection contre les espèces oxygénées réactives. Il est impliqué dans
l’élimination des acides gras peroxydés et, en association avec la vitamine
E, dans la destruction des radicaux libres. Les doses quotidiennes
recommandées pour l’adulte sont de 50 µg, avec une limite supérieure de
sécurité fixée à 400 µg. En effet, une toxicité chronique appelée sélénose,
apparaît systématiquement pour des consommations de l’ordre de
5 000 µg/jour [51].
Plusieurs études démontrent la possibilité d’enrichir la spiruline en
sélénium, par addition de sélénite de sodium au milieu de culture [51][52].
Des essais de supplémentation menés sur des rats artificiellement carencés
en sélénium ont aboutit à la conclusion que la spiruline enrichie en cet
élément était une excellente source de sélénium [53] ; ce chercheur signale
par ailleurs que sa biodisponibilité y est élevée.
Néanmoins, contrairement à l’enrichissement de la spiruline en fer ou en
zinc, celui en sélénium comporte des risques : tous ces sels sont dangereux
à manipuler et de fortes surdoses dans une culture de spiruline
n’aboutissent pas à la mort de celle-ci ; elle pourrait alors présenter des
niveaux de sélénium potentiellement dangereux en cas de consommation.
3.1.7.4 L’iode
Cet élément est indispensable au développement et au bon fonctionnement
de la thyroïde. Une carence en iode provoque chez l’enfant de graves et
irréversibles troubles du développement. Le risque de carence en iode
concerne environ un milliard (!) de personnes sur notre planète ; elle
constitue la première cause de maladie mentale évitable.
Les apports quotidiens recommandés en iode sont les suivants [36] :
42
D’autre part, comme les sels d’iode sont chers et que la spiruline ne semble
pas, en conditions normales, concentrer activement cet élément, il est à
craindre que l’enrichissement des milieux de culture n’aboutisse à un fort
gaspillage.
Néanmoins, du fait de l’importance de l’iode, il serait souhaitable de
continuer les recherches sur la possibilité d’enrichir la spiruline en cet
élément. En particulier, d’autres états d’oxydation de l’iode devraient être
testés dans les milieux de culture : par exemple l’iode élémentaire (sous
forme d’anion I3-), les iodates et les periodates.
Les carotènes
Comme cela a été écrit précédemment, la spiruline est l'un des aliments
les plus riches en β-carotène.
D’un point de vue quantitatif, 1 kg de spiruline sèche renferme en
moyenne 3,7 g de caroténoïdes totaux. La moitié environ sont des
carotènes orangés (alpha, bêta et gamma) ; parmi eux on compte
environ 1,4 g de β-carotène.
Depuis une vingtaine d'années, de nombreuses recherches ont montré
que la consommation de fruits et de légumes riches en β-carotène
assurait une véritable prévention vis-à-vis des risques de cancer. Or, le
β-carotène d'origine synthétique n'a pas toujours fait la preuve de tels
avantages. Une recherche récente menée en Israël montre que le
β-carotène naturel issu des algues a un pouvoir antioxydant nettement
plus efficace que celui d’origine synthétique : il est mieux assimilé et
contient, en outre, l'isomère 9-cis que l'on ne retrouve pas dans les
formulations de synthèse [54].
Les xanthophylles
43
Selon un ordre décroissant de leur importance quantitative, on retrouve
la cryptoxanthine, l’échinenone, la zéaxanthine, la lutéine et
l’euglenanone.
3.1.8.2 Chlorophylle a
La spiruline a l'un des taux les plus élevés en chlorophylle que l'on puisse
trouver dans la nature (en moyenne 10 g/kg de matière sèche). Elle ne
dépasse pas cependant les niveaux de Chlorella (2 à 3 %), micro-algue très
intéressante sur le plan nutritionnel. La chlorophylle est connue pour son
pouvoir nettoyant et purifiant. Ses propriétés aident à détoxiquer
l’organisme des agressions liées à la pollution. La chlorophylle est parfois
appelée le "sang vert" en raison de la très grande ressemblance de sa
structure moléculaire avec l'hémoglobine : cette dernière a en effet un
atome de fer en son centre, ce qui confère au sang sa couleur rouge ; de son
côté, la chlorophylle a un atome de magnésium qui lui donne sa couleur
verte [3].
3.1.8.3 Phycocyanine
44
3.2 Synthèse des apports quantitatifs de la spiruline, en regard des apports
recommandés
protéines 65 % en poids
glucides 15 % en poids
lipides 6 % en poids
minéraux 7 % en poids (cendres totales <10)
fibres 2 % en poids
eau 5 % en poids (norme < 10)
45
Tableau XI : Composition de la spiruline en vitamines, et comparaison avec les apports recommandés selon
l’âge [32][36]
46
Tableau XII : Composition de la spiruline en minéraux et oligo-éléments, avec en parallèle les apports
recommandés selon l’âge [32][36]
[les valeurs inscrites en caractères gras sont celles obtenues par enrichissements spécifiques des
milieux de culture de la spiruline. Les cases correspondent à celles dont les valeurs ne sont pas
encore déterminées par les nutritionnistes].
47
3.3 Préservation des nutriments et micro-nutriments jusqu’à la
consommation
Il est important d’insister sur le fait que les qualités nutritionnelles de la spiruline
sont préservées à partir du moment où elle n’est pas cuite et que ses conditions de
conservation sont respectées :
48
3.4 Tolérance et acceptabilité alimentaire
3.4.1 Toxicité
Avec des décennies de recul concernant la consommation de spiruline par
certaines populations, et, à l’issue des nombreuses études menées par des
chercheurs spécialisés dans le domaine des cyanobactéries, il ressort que la
spiruline (genre Arthrospira) n’est pas toxique, contrairement à la plupart
des autres cyanobactéries [59][60][61]. Ces dernières produisent en effet
un grand nombre de métabolites bioactifs, parmi lesquels des toxines :
neurotoxines (anatoxine-A, β-N-méthylamino-L-alanine), hépatotoxines
(microcystine) ou hématoxines, responsables de cas d’empoisonnements
humain ou animal.
Mais, le genre Arthrospira ne possédant pas les gènes assurant la synthèse
de ces toxines, la spiruline destinée à l’alimentation humaine a été
autorisée à la vente depuis de nombreuses années dans les pays
industrialisés. Aux Etats-Unis, la spiruline est classée "GRAS" (Generally
Recognized As Safe) par la Food and Drug Administration (FDA). En
France, le Comité Supérieur d’Hygiène Publique a donné, en 1984, un avis
favorable pour la consommation humaine de toutes les spirulines [10].
En principe, les espèces toxiques de cyanobactéries (Oscillatoria agardhii,
Microcystis aeruginosa, Anabaena, Anabaenopsis, Aphanizomenon
flos-aquae…) vivent plutôt dans des habitats aquatiques dulcicoles ou
marins et le milieu très alcalin dans lequel pousse la spiruline ne leur est
pas favorable [5]. Néanmoins, la possibilité d’une contamination des
spirulines par ces algues n’est pas écartée.
La commercialisation de spirulines destinées à la consommation par les
êtres humains, doit s’entourer de garanties toxicologiques, notamment en
mettant en avant l’absence d’autres cyanobactéries que le genre
Arthrospira dans les conditionnements. Par exemple, si l’étiquette d’un
produit porte une mention du type "algues bleu-vert", "super aliment bleu-
vert" sans que le nom de "spiruline" n’y figure, alors il s’agit probablement
d’une autre espèce de cyanobactérie, laquelle peut éventuellement contenir
des toxines.
49
Enfin, des germes de moisissures existent systématiquement dans les
cultures puisque des moisissures apparaissent régulièrement sur le flottant
laissé longtemps sans agitation ; l'analyse bactériologique décèle
couramment entre 5 et 500 colonies/g, sans qu'aucune norme n'ait été
imposée dans la plupart des pays [29].
Tableau XIII : Normes imposées en France pour la contamination des spirulines alimentaires en bactéries et
métaux lourds (selon l’Arrêté du 21/12/1979) [5]
50
Concernant l’éventualité de la présence de toxiques organiques, mutagènes
et/ou tératogènes, des études ont été effectuées dans le passé.
Les éventuelles propriétés toxiques des paraffines contenues dans la
spiruline ont été étudiées sur le rat et le porc par J.Tulliez et al.[62]. La
rétention de l'heptadécane (constituant majeur de ces paraffines) a été
étudiée chez ces animaux recevant de la spiruline comme seule source de
protéines. Chez le rat on constate une accumulation qui se stabilise vers le
quatrième mois, à une valeur finale qui dépend de la teneur en lipides de
l'animal. Chez le porc, l'heptadécane semble beaucoup mieux métabolisé et
cet hydrocarbure est très faiblement retenu. Compte tenu de ce que l'on
connaît de la toxicité des hydrocarbures, les auteurs de l’étude déclarent
qu’aucune toxicité aiguë ou chronique n'est à craindre.
Le 3-4-benzopyrène a été dosé dans la spiruline car il constitue un bon
indicateur de la présence des hydrocarbures polycycliques aromatiques,
connus pour leurs pouvoirs mutagènes et cancérigènes. Les quantités
observées se sont révélées bien en dessous de ce que l'on retrouve dans la
plupart des légumes courants [60].
Aucune tératogénicité n’a été observée chez trois espèces animales, à
quatre étapes de gestation différentes, avec des concentrations de spiruline
égales à 10, 20 et 30 % de la diète.
De même, aucun effet mutagène ou de toxicité subaiguë ou chronique n'a
été décelé [62][63].
51
L’apport maximal tolérable (AMT) est l’apport quotidien continu le plus
élevé qui ne comporte vraisemblablement pas de risques d’effets
indésirables pour la santé chez la plupart des individus, en fonction de l’âge
et du sexe.
Le tableau XIV met en parallèle la quantité moyenne des micro-nutriments
susceptibles d’être toxiques à haute dose, retrouvée dans 5 g de spiruline,
et, l’AMT de ces éléments [36]. On peut constater effectivement qu’une
consommation, même abusive, de spiruline n’engendre pas de toxicité.
Vitamine
600 600 600 900 3 000
A (µg) 3 000
3 000 3 000
Vitamine
E (mg) 0,25 à 200 300 1 000
ND ND 1 000 1 000 1 000
0,95
Les valeurs inscrites en caractères gras correspondent aux teneurs obtenues par enrichissement
spécifique des milieux de culture de la spiruline. L’abréviation ND signifie que les valeurs n’ont
pas été déterminées.
52
Les sociétés commercialisant la spiruline conseillent donc de commencer
par une dose de 1 g/j et d’augmenter progressivement par palier de 1 g
tous les trois jours, jusqu’à la dose quotidienne souhaitée [65].
De plus, la spiruline pouvant exercer un effet stimulant chez certaines
personnes, il est préférable de ne pas en prendre le soir.
Par ailleurs, les personnes souffrant de phénylcétonurie doivent éviter la
spiruline car, comme tous les aliments renfermant des protéines, elle
contient de la phénylalanine. Aucune interaction médicamenteuse n’a été
signalée jusqu’alors.
53
Par ailleurs, les régions les plus touchées par la malnutrition sont aussi
celles où l’introduction de spiruline dans l’alimentation est la plus aisée, du
fait de la nature des plats traditionnels. Par exemple, en Afrique, elle est
incorporée dans la sauce qui accompagne les bouillies de céréales ; en Inde,
elle est ajoutée aux boissons, biscuits et friandises traditionnels.
- 55 % de mil
- 18 % d’arachide
- 14 % de niébé Dose recommandée : 100g/j
- 10 % de sucre Prix indicatif (2005) : ≈ 1,30 € /kg
- 3 % de spiruline
[XEWEUL signifie « tout ce qui est bénit, ce qui est bon »].
- 44 % de maïs
- 22 % de sorgho Dose recommandée : 100g/j
- 22 % de soja Prix indicatif (2006) : ≈ 1 € /kg
- 10 % de sucre
- 2 % de spiruline
54
Au Tchad, dans les régions où Arthrospira platensis pousse naturellement,
sa consommation est ancienne et régulière : les femmes des villages la
récoltent et la font sécher au soleil dans des cuvettes de sable construites
pour la circonstance [68]. Le produit en forme de galette ainsi obtenu
s’appelle le Dihé ; il est ensuite transformé pour pouvoir être utilisé sous
forme de sauce. La sauce au Dihé seul renferme de l’eau, de l’huile, de la
poudre de gombo et de tomate séchés, de l’oignon, du sel, un
cube “Maggi” et 9 à 10 g de spiruline par personne. Trois autres types de
sauce sont également consommées, selon que la sauce au Dihé est
agrémentée de haricots, de poisson séché ou de viande.
55
Pour une boisson fouettée plus épaisse, il est possible de mettre de la glace
ou d’utiliser plus de fruits et moins de jus. Bien mixer la préparation avant
consommation.
Ingrédients :
- 2 pêches ou 150 g de fraises ou 1 banane ou 3 abricots (selon la
saison)
- 1 /2 litre de lait de soja vanillé ou de lait de riz
- 1 c. à café de spiruline
- cannelle (facultatif)
Mixer le tout avant de déguster.
Cake à la spiruline :
Ingrédients :
Préparation :
Laisser gonfler la spiruline séchée dans un demi verre d'eau, jusqu'à obtenir
une pâte homogène. Mélanger à part la farine, les oeufs, le lait, l'huile et le
sel. Ajouter la levure et la spiruline gonflée puis mélanger. Ajouter le
jambon et les olives coupées en rondelles. Faire cuire à thermostat 6.
[à noter que du fait de la cuisson, la spiruline perd une partie de ses qualités
nutritionnelles].
56
Figure 5b : Cake à la spiruline. © Algosophette
Taboulé à la spiruline :
57
Pour plus d’idées, un recueil de recettes a été édité et publié en 2001 par
B. Sisso [72]. Peintre et professeur de yoga, cette femme consomme de la
spiruline depuis 1978 et affirme que sa très bonne santé et son énergie
quotidienne sont liées à cette consommation. Elle organise des stages de
dégustation, de façon à faire connaître la spiruline.
58
4. Différents moyens d’obtenir de la spiruline
En dehors de la "cueillette" de la spiruline issue des lacs où elle pousse naturellement, la
spiruline doit être produite si on veut couvrir la demande. Or, le seul moyen de la
produire en grande quantité est la culture en bassins.
En fonction de la surface totale d’exploitation des bassins et des moyens technologiques
utilisés, on distingue la culture familiale, la culture artisanale et la culture industrielle.
Pour fixer les idées, la production quotidienne est quantifiée en grammes dans le cadre
d’une culture familiale, en kilogrammes dans le cadre d’une culture artisanale et en
tonnes dans le cadre d’une culture industrielle.
Les photobioréacteurs sont surtout utilisés pour la production de biomasse très pure, afin
d’en extraire des molécules à haute valeur ajoutée ; ils ne sont pas adaptés à la culture de
masse.
59
4.2 Cultures familiale et artisanale
La pluviométrie
La saison et l’ensoleillement
60
4.2.1.2 Facteurs concernant les bassins de culture
Localisation
Le lieu d’implantation des bassins ne doit pas se faire au hasard mais après
mûre réflexion. En effet, il faut respecter quelques règles a priori pas
toujours évidentes : ne pas construire les bassins sous des arbres (besoin
d’ensoleillement), ni en un lieu inondable, ni près d'une route ou d'une
industrie (pollution). Eviter aussi la proximité de certains éléments comme
les haies, barres rocheuses, forêts, etc. qui peuvent entraîner des
conséquences importantes sur le microclimat.
Le terrain du site choisi pour la construction des bassins doit être aménagé
avant toute chose (épierrage, nivellement du sol, confection d’une dalle en
ciment). Le site doit être facilement accessible mais clôturé pour prévenir
des interventions extérieures (curiosité sur le contenu des bassins, vol du
matériel et des matériaux etc.) [73].
Il est également préférable d’avoir une source d’eau à proximité des
bassins. Certes la croissance de la spiruline ne requiert que peu d'eau, mais
les lavages sont abondants (nettoyage des toiles de filtration, des ustensiles
utilisés, lavage des bassins en cours de rénovation, etc.). De plus, la
propreté du matériel et du personnel de production doit être irréprochable
pour limiter les risques de contamination des cultures.
Le site doit être assez spacieux pour accueillir non seulement les bassins
mais aussi les locaux adjacents. Il faut en effet prévoir :
Tous ces locaux peuvent évidemment être regroupés dans un même édifice.
Mode de construction
Les bassins en dur (figure 6) sont faits avec du béton renforcé, du ciment,
des pierres cimentées, des parpaings, des briques, du banco etc. Ce sont les
plus durables (durée moyenne de 10 ans) et les plus faciles à nettoyer, mais
aussi les plus chers. L’idéal est de les construire sur une dalle en béton
armé de 10 cm d’épaisseur minimum, coulée sur un terrain bien compacté.
Les bassins en bois-plastique (figure 5 ) existent aussi : le sol nivelé est
recouvert avec un film plastique et les montants sont constitués par un
cadre en bois (planches, panneaux, lattes, tasseaux) supportant une bâche
plastique de forte épaisseur. En principe, au bout de trois ans, ils exigent
des réparations voire un remplacement total.
61
Les bassins en argile constituent une solution faute de mieux : il s’agit
d’une excavation ceinturée par un muret en terre compactée rendue étanche
par de la glaise, par des briques cuites ou par un film plastique. La spiruline
pousse très bien dans ces bassins mais sa pureté bactériologique doit être
surveillée de plus près ; il y a, en effet, un risque accru de présence de
micro-organismes anaérobies au fond. En général, leur étanchéité est
améliorée par l’utilisation d’un film plastique.
Globalement, il faut retenir que les bassins sans garniture intérieure ne sont
pas satisfaisants, car on retrouve des grains de sable fin ou des particules
d’argile dans le produit fini, du fait de l’agitation. C’est pourquoi la dalle
en ciment ou en béton est fortement conseillée [29] [74].
62
En revanche, des bassins étroits (largeur inférieure à 3 m) sont plus faciles
à agiter et à couvrir (figures 6a et 6b).
Couverture
63
Les films utilisés doivent être stabilisés contre les rayons UV et ne pas
poser de problème de sécurité alimentaire. Des orifices d'aération et/ou
d'accès doivent être prévus, ainsi qu’un dispositif d'ombrage [29][73].
A noter que la culture sous serre offre certains avantages :
Systèmes d’agitation
64
En cas d’agitation par une pompe immergée, un débit de 1 à 2 m3/h, peut
suffire pour des bassins de 10 à 15 m². Des surfaces de bassin plus grandes
nécessitent des pompes plus puissantes qui risqueraient de casser la
spiruline. Il vaut mieux alors faire appel à un brassage par roue à aubes
(figures 8 et 9) :
dans ce cas, un moteur électrique entraîne un axe sur lequel sont placées
des pales. A chaque tour, les pales plongent dans le bassin sur une
profondeur d'environ 10 à 15 cm et font avancer la veine liquide
correspondante. Le moteur utilisé ne doit pas tourner à plus de 30 à
40 tours/minute. Il est donc nécessaire de prévoir une grande
démultiplication de la vitesse de rotation du moteur. Dans son ouvrage, J.P
Jourdan signale que des moteurs d'occasion, en provenance de machines à
laver le linge mises au rebut, sont bien adaptés car ils sont souvent très
robustes et tournent lentement (350 à 400 t/min). La démultiplication peut
être obtenue en faisant appel à des pièces de bicyclette : un petit pignon
fixé sur l'axe du moteur et une transmission par chaîne font tourner une
roue de vélo solidaire de la roue à aubes [77].
moteur électrique
65
Comme le montre la figure 9, lorsque l'agitation est assurée par une roue à
aubes (ou une pompe), une chicane médiane facilite la circulation.
Cependant, l’idéal pour ne créer aucun espace mort dans le bassin, est de
compléter cette chicane par des chicanes d'angles capables de rediriger les
flux depuis les bords vers le centre. Ce système est plutôt utilisé lorsque les
bassins ont une surface plus importante et dans le cadre des cultures
industrielles, car il complique l'installation.
Par ailleurs, la fréquence d’agitation est aussi un paramètre important.
L’ensemble des spécialistes affirme qu’une agitation discontinue
énergique est préférable à une agitation continue mais faible. En effet,
l’agitation énergique est toujours plus efficace quand elle est intermittente,
car, à chaque redémarrage il se produit un brassage, alors qu'en continu la
masse d'eau a tendance à se déplacer d'un bloc (sauf si des chicanes sont
installées en travers du courant).
L’agitation au balai une fois par jour au minimum constitue une bonne
pratique, notamment lorsque le bassin est assez profond.
Les spirulines vivent dans une eau à la fois salée et alcaline. L'eau utilisée
pour le milieu de culture doit être potable sans sentir le chlore. Pour ce qui
est de la quantité d’eau nécessaire pour la constitution du milieu initial, il
est important de savoir par exemple, qu’une surface totale de culture de
1 000 m2 exige 200 m3 d’eau.
Les eaux trop dures sont à éviter car elles peuvent gêner la culture en
formant des boues minérales, surtout lorsque l’ensemencement initial en
spiruline n’est pas assez concentré [79][80].
En général, les eaux de pluie, de source ou de forage conviennent bien.
La salinité est apportée par les produits chimiques servant d’engrais (à
l’exception de l'urée, ce sont des sels) et complétée par du chlorure de
sodium.
L'alcalinité est apportée sous forme de bicarbonate de sodium ou, à défaut,
à partir de soude caustique ou de carbonate de sodium, lesquels vont se
bicarbonater lentement au contact de l'air.
66
En pratique, la composition des milieux de culture est variable, en fonction
de la disponibilité ou du prix d’achat des produits chimiques nécessaires à
leur élaboration [79].
Les limites de salinité et d'alcalinité permises sont assez larges mais, pour
des raisons d'économie et de productivité, on fait en sorte de respecter les
valeurs minimales nécessaires.
67
A ce stade, il est important de remarquer que la consommation d'intrants se
fait en deux temps et correspond à deux formulations différentes :
Le milieu proposé par C. Zarrouk est un milieu standard très souvent cité
comme référence. Il présente l’intérêt de s’adapter à presque toutes les
souches de spiruline et de simplifier considérablement le travail de
l’algoculteur. Toutefois, il comporte des minéraux chers (dont plusieurs
sont en excès) et pas toujours faciles à se procurer.
Ce milieu "Zarrouk" est fabriqué à partir d’eau distillée et contient divers
éléments répertoriés dans les tableaux XVI et XVII.
68
NaHCO3 16,8
K2HPO4 0,5
NaNO3 2,5
K2SO4 1
NaCl 1
MgSO4, 7 H2O 0,2
CaCl2 0,04
FeSO4, 7 H2O 0,01
EDTA* 0,08
Solution A5 g/L
H3BO3 2,86
MnCl2, 4 H2O 1,81
ZnSO4, 7 H2O 0,222
CuSO4, 5 H2O 0,079
MoO3 0,015
Solution B6 g/L
NH4VO3 0,02296
K2Cr2(SO4)4, 24 H2O 0,096
NiSO4, 7 H2O 0,04785
Na2WO4, 2 H2O 0,01794
Ti2(SO4)3 0,04
Co(NO3)2, 6 H2O 0,04398
69
A titre d’exemple, un flacon contenant 150 g de culture de spiruline à une
concentration de 1 g/L, permet au moins quatre cultures successives : la
première dans un bocal de 2 L, la deuxième dans une bassine de 10 L, la
troisième dans une de 50 L et la quatrième dans un petit bassin de 1 m2,
jusqu’à parvenir à un bassin de 1 000 L. A partir d’1 g de semence, un taux
de croissance de 20 % par jour permet d’obtenir 20 m2 d’un bassin de 15
cm de profondeur, la récolte étant possible dès le quarantième jour.
Après l’ensemencement, les dilutions à effectuer dépendent essentiellement
des conditions climatiques (température et ensoleillement) : un climat
chaud et ensoleillé permet à la culture de se multiplier rapidement ; des
dilutions de l'ordre de 25 à 30 % par jour sont possibles. Par contre, un
climat plus tempéré et nuageux freinant la croissance, les dilutions
dépassent rarement 15 à 20 % par jour.
70
5) Alimentation de la spiruline
Une fois que la culture a démarré, il faut tenir compte des constituants qui
disparaissent du milieu, après avoir été consommés par la spiruline. Les
experts conseillent de ne pas rationner les éléments nutritifs pour la
spiruline : selon eux, il est préférable d’avoir des ravitaillements fréquents
et fractionnés plutôt qu’une nourriture importante mais tardive [79][82].
L’idéal est de reconstituer le milieu nutritif après chaque récolte de 1 kg de
spiruline.
Deux sortes de nourriture doivent être prévues :
VARIANTES 1 2 3 4
par kg de spiruline récoltée g g g g
Urée 350 350 220 350
Phosphate trisodique 150 150
Phosphate trisodique 170
Sulfate dipotassique 30 30
Nitrate de sodium 385
Nitrate de potasse 35 35
Sulfate de magnésium 30 30 30 30
Sulfate de fer (solution à 5 g de sulfate/ litre) 1 litre 1 litre 1 litre 1 litre
Chaux 10 10 10 10
71
l'emploi de sucre blanc : c’est une méthode facile et bon
marché. En contrepartie, des risques de pollution des bassins
(boues ou milieu trouble) sont souvent signalés.
A travers deux processus conjoints, la fermentation la nuit et
l’oxydation la journée, le sucre se transforme en CO2 et en
alcool. Les connaisseurs conseillent donc d’introduire 300 à 600
grammes de sucre par kg de spiruline récoltée.
Selon J.P Jourdan, le nettoyage des bassins doit se faire environ tous les 3
mois. La meilleure méthode consiste à transférer provisoirement la majeure
partie du contenu du bassin dans un bassin voisin, puis de vidanger les
boues, et brosser les bords et le fond, en rinçant. L’idéal pour maintenir un
milieu clair est de brosser une fois par jour le fond et les côtés du bassin,
agiter pendant la nuit, et garder un pH inférieur à 10,5. Si cela ne suffit pas,
il faut épurer ou purger le milieu.
En effet, après deux à quatre mois de culture (selon le niveau de
productivité) sans purge, il est fréquent que le milieu de culture, neuf et
parfaitement clair au départ, devienne plus ou moins trouble ; la vitesse de
filtration baisse et le pressage de la biomasse devient difficile. C’est
pourquoi les spécialistes recommandent la pratique régulière de purges,
voire même le remplacement total du milieu. L’inconvénient est que cela
peut gêner l’environnement et coûter cher en produits. Ainsi, dans le cadre
de cultures en région sèche, il est conseillé d’évaporer les purges par
lagunage ; les sels minéraux récupérés peuvent ensuite réintégrer les
milieux de culture de spiruline.
72
La fréquence d’agitation (minimum 4 fois par jour si agitation
manuelle / agitation continue si système électrique sans risque de
rompre les filaments / agitation pendant 15 minutes par heure si
pompes immergées) ;
73
elle consiste à vider et stériliser le bassin infesté et à redémarrer
avec une souche garantie sans droite comme celles provenant de
l'Institut Pasteur ou de chez J. Falquet à Genève [29].
Par ailleurs, il faut savoir que tant que la spiruline est en
croissance active, bien nourrie, récoltée, agitée, à pH > 9,5, d'une
belle couleur vert foncé et que le milieu est régulièrement purgé,
aucune espèce d'algue concurrente ne réussit habituellement à
envahir le bassin. Cependant, l'apparition d'algues étrangères est
toutefois possible, par exemple l'hiver en zone tempérée, sans que
l’on s’en rende compte [87]. C'est pourquoi il est prudent de faire
examiner (une ou deux fois par an), un échantillon de culture dans
un laboratoire équipé d'un bon microscope. Bien entendu, il faut
que le laborantin soit entraîné à reconnaître ce qui n'est pas de la
spiruline.
D’après J.P Jourdan, le fait d’avoir une culture assez dense dès le
début, évite le développement des chlorelles, diatomées et autres
variétés d’algues : en effet, elles sont privées de lumière donc
restent au fond.
Les algues intruses peuvent être de simples chlorelles (algues
vertes monocellulaires comestibles), des Oocystis (grosses
chlorelles) ou des cyanobactéries toxiques comme celles citées en
début de première partie. Une planche située en annexe 3 permet
de différencier les plus facilement.
L’apparition d’anomalies :
74
Par ailleurs, la couleur du milieu de culture est une chose facile à
vérifier car elle ne nécessite pas d’équipement particulier. Elle
permet généralement de bien apprécier l’état de la culture [88] :
4.2.3 Récolte
75
Deux autres raisons renforcent ce choix : une température plus faible et le
bénéfice d'une pleine journée d'ensoleillement pour le séchage (quand celui
ci est solaire).
La récolte étant une opération un peu délicate, il est conseillé de suivre un
protocole assez rigoureux, divisible en quatre étapes successives :
4.2.3.1. Filtration
La récolte consiste d’abord à filtrer une partie de la culture sur une toile
très fine (maille de 30 à 60 µm) de manière à recueillir la spiruline sur la
toile et à laisser passer le filtrat qui pourra être réutilisé dans le bassin de
production.
Afin de récolter une spiruline aussi pure que possible, il est conseillé de
disposer de trois tamis superposables :
76
Figure 11 : Toile de filtration contenant la spiruline récoltée.
© TECHNAP/CREDESA 2001.
Lorsque la culture est sale, malodorante ou trop salée, J.P Jourdan conseille
de laver la biomasse avec de l'eau douce potable avant le pressage et le
séchage.
De son côté, J. Falquet pense que le lavage de la spiruline après la récolte
et avant le pressage est à éviter : selon lui, un lavage à l’eau douce
provoque un choc osmotique qui peut faire éclater les cellules (certaines
souches de spiruline sont particulièrement sensible à ce phénomène) ;
d’autre part, dans bien des cas l’eau disponible pour ce lavage risque d’être
elle-même contaminée. On risque alors un double effet négatif :
suppression de la protection apportée par l’alcalinité du milieu de culture et
contamination par des germes présents dans l’eau de lavage [91].
77
Figures 12 a (à gauche) et 12b : A gauche, c’est une presse type pressoir utilisée par J.P
Jourdan. A droite, c’est une presse à vis, réalisée par les Ets AFAP (Pahou).
© TECHNAP/CREDESA 2001.
4.2.3.3 Séchage
78
Figure 13 : Extrusion de spiruline Figure 14 : Spaghetti de spiruline
essorée à l’aide d’un pistolet SIKA. disposés sur un tamis avant d’être
© TECHNAP/CREDESA 2001 installés dans un four de séchage.
© TECHNAP/CREDESA 2001
A noter que lorsque la biomasse est trop fluide, l’extrusion est impossible ; la
biomasse doit alors être étalée en couche mince sur un film de polyéthylène avant
d’être séchée.
Une fois extrudée, la spiruline est séchée au soleil, ou mieux, dans un courant d'air
à faible humidité relative et forte capacité d'absorption d'eau (séchoir solaire
indirect, ou électrique, ou à gaz, ou déshumidificateur), jusqu'à ce qu'elle ne soit
plus molle du tout. Elle se détache alors facilement du support plastique et se broie
aisément.
Avec un bon ensoleillement et un air sec, le séchage solaire est la solution la plus
rapide et la moins coûteuse pour des faibles productions. Ce mode de séchage
nécessite cependant que la spiruline soit protégée par une moustiquaire et qu’elle
ne soit pas exposée directement aux rayons du soleil : un soleil intense et direct
provoque une destruction de la chlorophylle par les rayons UV, ainsi qu’une
altération sensible de son goût et de ses qualités nutritives.
Dans un séchoir coquillage (figures 15a et 15b), comme celui proposé par le
GERES (Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités), c'est le
couvercle noir placé au-dessus de la spiruline qui, par rayonnement, chauffe la
spiruline placée sur le plateau inférieur ; la ventilation (tirage naturel par une
cheminée axiale supérieure) accélère le processus [93].
79
Toutefois, le climat chaud et humide de certaines régions d’Afrique (Bénin
par exemple) ne permet pas un chauffage solaire. Il faut donc d’autres
techniques de séchage : par exemple, le séchage dans une armoire
métallique munie d'un déshumidificateur et d'un ventilateur recyclant l'air à
travers plusieurs plateaux (figures 16a et 16b). Les paramètres
conditionnant la teneur finale en eau du produit sont :
la température de l’air
l’humidité relative de l’air
le débit de ventilation dans le séchoir
la durée du séchage.
Figures 16a et 16b : Cabines de séchage (au Bénin) chauffées au gaz, permettant
l’installation de neuf plateaux recouverts de spiruline essorée.
TECHNAP/CREDESA 2001
80
Le premier séchoir (figure 16a) comporte 9 claies de 0,57 m² (soit 5,1 m²
au total) et peut charger 1,9 kg de spiruline essorée/m². Sa capacité permet
de fournir 2,8 kg de spiruline sèche/jour.
Le deuxième séchoir (figure 16b) dispose de 9 claies de 0,40 m² (soit 3,7
m² au total). Sa capacité de séchage est sensiblement identique au premier.
Ces deux séchoirs travaillent à une température de 65°C avec un
ventilateur. Le chauffage est obtenu avec du gaz butane ; il faut compter
2,5 à 2,8 kg de butane pour l’obtention d’1kg de spiruline sèche [93].
4.2.3.4. Broyage
Une fois sèche, la spiruline peut être broyée à l’aide d’un moulin à café, de
façon à obtenir une poudre plus ou moins fine selon le goût de chacun. J.P
Jourdan signale que les broyeurs manuels de marque Sfinx ou Corona, très
répandus dans beaucoup de pays d'Afrique et d'Amérique Latine, sont
particulièrement efficaces et bien adaptés.
La densité apparente de la spiruline extrudée, séchée et broyée est de
0,66 kg/litre [29].
81
4.2.4 Conditionnement et conservation
82
Au final, sur le plan de la qualité nutritionnelle du produit sec, quatre
paramètres sont à prendre en compte :
Une spiruline de bonne qualité, emballée sous vide dans ces sachets, et
conservée à une température inférieure à 30°C se conserve pendant cinq
ans [97].
83
A noter que ce type de conditionnement n’est pas dangereux pour la santé
puisque, grâce aux multicouches, l’aluminium n’est pas en contact direct
avec le produit consommable.
Par ailleurs, la taille des sachets a aussi son importance. En effet, des
sachets de 25, 35 ou 50 grammes permettent de garantir la qualité de la
spiruline car ils sont consommés dans la semaine ; ce n’est pas le cas des
gros sachets qui renferment de la spiruline pour plusieurs mois. Une fois
ouverts, si aucune précaution spéciale n’est prise pour la conservation, la
spiruline finit par perdre une partie de ses propriétés. De plus, les petits
sachets ont un prix plus accessible aux personnes démunies, en
comparaison de celui des sachets de 100 g ou plus.
Certes, l’emballage est un élément important du coût de la spiruline, mais il
est important de ne pas le négliger. Pour les petites exploitations, il est
possible de réduire le coût si les exploitants décident de se grouper autour
d’une centrale d’achat.
Néanmoins, le prix de l'emballage paraît tout de même excessif, par rapport
au prix des intrants par exemple. Il serait souhaitable que des études soient
menées afin de trouver d'autres solutions de conditionnement ou de
distribution de la spiruline.
84
4.3 Culture industrielle
85
Le séchage industriel sur tambours chauffants, trop néfaste pour les
filaments de spiruline, a progressivement laissé sa place à la pulvérisation
dans l’air chaud (le "spray-drying" = atomisation), principale méthode
actuellement utilisée dans le cadre de grosses productions. Le procédé
consiste à liquéfier les cellules de spiruline en les cassant pour constituer
un liquide qui pourra ensuite être pulvérisé dans une chambre conique
contre un courant d’air à très haute température (entre 180 et 210°C). Cette
technique présente pourtant un inconvénient majeur qui touche les qualités
nutritionnelles du produit : la liquéfaction de la spiruline en poudre rompt
la membrane cellulaire et expose le contenu du produit à une oxydation
accélérée, laquelle dégrade certains composants actifs. De plus, la haute
température contribue aussi à augmenter la dégradation de ces composants
[32].
Les petits producteurs industriels ont, par conséquent, adopté le principe
utilisé dans les fermes artisanales : le séchage en couche mince par flux
d’air à température modérée ; c’est actuellement la meilleure technique de
séchage au regard de la qualité nutritionnelle du produit final.
A noter que le séchage sur "lit jaillissant" a été récemment testé avec
succès [98]. La technique consiste à pulvériser une biomasse très liquide
(environ 5 % de matière sèche) sur des billes de matière synthétique
constamment agitées par un courant d’air chaud. Le choc des billes entre
elles détache continuellement la pellicule de matière sèche qui se forme à
leur surface ; la poudre tombe au fond de l’appareil et s’accumule.
Une autre différence existe sur le plan des mesures d’hygiène entourant
la culture de spiruline. Comme pour chaque produit de l’industrie
alimentaire destiné à la consommation humaine, les normes en matière
d’hygiène sont draconiennes. Des conditions hygiéniques irréprochables
sont requises à chaque étape de la culture et jusqu’au moment de la vente
au consommateur. Afin de respecter ces règles, les producteurs industriels
sont donc soumis à des contraintes particulières :
86
Les installations artisanales reposent davantage sur une relation sensorielle
avec la culture : l’observation, les suivis oculaire, olfactif et tactile
remplacent souvent les instruments et dispositifs issus de laboratoires. La
qualité de la spiruline artisanale est essentiellement garantie par l’hygiène
des manipulateurs et des matériaux. Le dispositif est volontairement souple
pour être adaptable aux conditions locales.
On s’aperçoit vite que toutes les technologies nécessaires à la qualité de la
production industrielle ont un coût, lequel est sans commune mesure avec
les techniques simplistes utilisées dans les cultures artisanales. Mais cela
est normal puisqu’il s’agit en pratique de deux productions aux finalités
très différentes :
87
4.3.2 Principales fermes industrielles implantées dans les pays
industrialisés ou émergents
88
Earthrise Farms dans le désert de l’Imperial Valley, en Californie
Earthrise Farms (figure 19) est située au sud de la Californie, dans le désert
du Colorado (à l'est de l'Imperial Valley, dans le désert du Sonoran). Les
précipitations annuelles extrêmement faibles et l'ensoleillement sont les
conditions idéales pour la culture de spiruline : dans le désert californien,
les pluies représentent en moyenne 42 litres / m2 / an, ce qui rend inutile le
recours à l'utilisation de serres. La Spiruline est cultivée dans des bassins
peu profonds, alimentés par l'eau très minéralisée en provenance du fleuve
Colorado. Les installations sont éloignées de toute source de pollution.
La ferme dispose de 40 bassins d’une surface égale à 5 000 m², ce qui
correspond à une surface totale de production de 20 hectares.
L’exploitation fait travailler 50 personnes sur le site [101].
89
Figure 19 : Vue aérienne de la ferme Earthrise. © 2004 Earthrise Nutritionals LLC.
90
Environ 450 tonnes de spiruline sont récoltées par an à Earthrise Farms, la
production mondiale étant actuellement de l'ordre de 3 500 tonnes [101].
L’annexe 4 représente une estimation de l’évolution de la production
mondiale de spirulines entre les années 1975 et 1999.
91
Société INTER'CHINA, en République Populaire de Chine
Une station de pompage puise l'eau du lac avec la spiruline sauvage qui s'y
trouve pour l'amener vers des bassins naturels situés au bord du lac (figures
23a et 23b) ; ces bassins naturels sont différents des bassins artificiels dans
lesquels le pH de l’eau est relevé artificiellement. De plus, la spiruline est
nourrie exclusivement par l'eau du lac, sans aucun ajout de produit
quelconque comme c'est souvent le cas dans les bassins artificiels afin
d’accélérer son développement industriel et commercial.
Ensuite cette eau subit toute une série de filtrages, contrôles et analyses
afin de permettre, en bout de chaîne, l'extraction d'une spiruline naturelle
exempte d’additif chimique (figures 24a et 24b) [106].
92
Figures 24a (à gauche) et 24b : A gauche, opération de filtration. A droite, extraction pour analyse.
© 2005 Inter'China.
Le système de séchage n’est pas précisé dans les documents recueillis sur
cette société. Ceux-ci évoquent l’utilisation "d’équipements de séchage
avancés" qui permettent à la spiruline essorée d'être immédiatement séchée
dans un délai d'une seconde. Cela, de manière à préserver toutes les
qualités nutritionnelles de la spiruline.
La spiruline produite par cette exploitation est la spiruline Green-A. Sa
composition moyenne pour 100 g est précisée en annexe 6 [109].
93
Figure 25 : Hainan DIC microalgae Co., Ltd . Spirulinasource.com © 1999-2004.
94
Siam Algae Company dans les environs de Bangkok, en Thaïlande
La spiruline cultivée par les filiales de DIC est Arthrospira platensis ; elle
est produite dans le cadre de la même culture biologique contrôlée.
Elle est certifiée pure à 100 % et ne contient ni colorants, ni conservateurs,
ni pesticides, ni organisme génétiquement modifié. Le laboratoire qui
contrôle la production est le Tokyo Metropolitan Industrial Technology
Research Institute, lequel est agrée par l'Union européenne.
95
La spiruline produite sur ce site a reçu la certification GMP et elle est
conforme au cahier des charges du HACCP ( Hazard Analysis Critical
Control Point) ; il s’agit d’un moyen de gestion de la sécurité sanitaire des
aliments par de nombreux contrôles continus effectués tout au long de la
production.
Depuis l’an 2001, elle est certifiée ISO 9001 [113].
96
Après environ 7 jours de culture, les filaments spiralés qui ont grandi et se
sont multipliés suffisamment permettent la récolte.
Les conditions météorologiques, citées précédemment, permettent de
générer une production annuelle en spiruline de l’ordre de 350 tonnes
[116].
97
Figure 31 : Roues à aubes assurant l’agitation du milieu de culture des bassins.
© Cyanotech Corporation 2006.
98
2) Phase de croissance en bassins
L’eau contenant les algues est pompée, filtrée et concentrée grâce à des
tamis vibrants en acier inoxydable.
Dans un souci écologique, toute l’eau recueillie est ensuite transférée
dans les bassins de culture afin qu’elle puisse participer au prochain
cycle de croissance.
La pâte de spiruline est ensuite rincée trois fois avec de l’eau de source
pure. Cette étape est importante car elle permet l’obtention d’une
spiruline présentant un goût ni salé ni piquant (contrairement à la
plupart des spirulines produites industriellement).
Une fois rincée, on fait passer le concentré de spiruline dans un système
de filtration par le vide, afin de la préparer à la phase de séchage.
Entre l’étape de récolte et la fin du séchage, il ne se passe qu’un quart
d’heure.
5) Séchage
99
Figure 33 : Schéma représentant la technique de séchage utilisée par Cyanotech :
l’"Ocean Chill DryingT ". © Cyanotech Corporation 2006.
100
Celui-ci est capable de stimuler et renforcer la structure moléculaire
d’une substance, retarder le processus de dégradation et maintenir la
subtile bioénergie au niveau d’origine pendant un laps de temps
prolongé.
Tout ceci explique l’effet protecteur de ce verre spécial. Il n’existe
actuellement aucun autre verre offrant cette combinaison unique de
protection totale contre le spectre visible et la perméabilité simultanée
dans les spectres UV, violet et infrarouge.
Ce conditionnement permet d’assurer aux consommateurs l’achat d’une
spiruline aussi fraîche que le jour où elle a été récoltée. De plus, le
verre est recyclable.
D’une part, des échantillons d’eau sont prélevés chaque jour et soumis
à des contrôles très stricts. D’autre part, 15 tests différents sont
effectués sur chaque lot de spiruline, afin d’en déterminer les qualité et
sécurité alimentaires. A noter que l’exploitation dispose d’un
laboratoire interne lui permettant de réaliser tous ces contrôles.
101
Voici quelques précisions permettant de mieux comprendre comment
Cyanotech a pu se différencier de toutes les autres cultures industrielles
de spiruline [5]. Du fait que le fond de l’océan descend à pic à Keahole
Point, le gouvernement américain a construit et testé, il y a plusieurs
décennies, un dispositif produisant de l’énergie à partir du gradient
thermique de l’océan à cet endroit. Il s’agit d’une forme d’énergie
renouvelable appelée OTEC (Ocean Thermal Energy Conversion). En
pratique, il s’agit d’utiliser la différence de température existant entre
les eaux de surface et les eaux très profondes pour produire de
l’électricité.
Cyanotech a utilisé le système de canalisations existant pour pomper
l’eau profonde de l’océan. Cette eau entre dans la composition des
milieux de culture. Mais Cyanotech se sert aussi du phénomène
physique lors des étapes de séchage : le CO2 qui doit servir de gaz
séchant dans le séchoir à atomisation, est d’abord asséché par
condensation sur une partie froide de l’échangeur de chaleur refroidi
par l’eau de l’océan [5].
102
N’étant pas atomisée ni séchée à haute température, la spiruline conserve
alors son intégrité cellulaire et, par conséquent, ses principes actifs sont
protégés de l’oxydation. A en croire les essais menés par les scientifiques
qui travaillent pour le compte de Biorigin, cette technique a également
l'avantage de produire naturellement des micro-granules, lesquels offrent
une biodisponibilité optimale de leurs micro-nutriments par rapport à celle
des spirulines séchées par les autres méthodes de séchage industriel [122].
En effet, le temps de dissolution dans l’organisme de la spiruline ne doit
être ni trop rapide (pour que le produit franchisse l’estomac et libère ses
principes actifs dans l’intestin, où ils pourront être résorbés), ni trop lent
(dans ce cas, les nutriments et micro-nutriments sont absorbés en moins
grande quantité par l’organisme). Or, il se trouve justement que le temps de
dissolution de la spiruline Biorigin est idéal alors que celui des spirulines
séchées par les procédés standards (spray drying notamment) est trop long.
Par ailleurs, dans un souci constant de qualité, la spiruline Biorigin est
produite conformément au référentiel Ecocert : cela signifie qu’elle
bénéficie de l’attestation de conformité attribuée aux productions
écologiques de plantes aquatiques qui vérifient les conditions du cahier des
charges (méthode HACCP). Une équipe de biochimistes est présente en
permanence sur le site [122].
Les figures 41 à 46 représentent un éventail des produits
commercialisés par la société Biorigin [123] :
Spiruline BIORIGIN
103
AZINA - Zinc végétal (figure 37)
104
Voici la gamme des produits qu’elle propose ; certains sont représentés par
la figure 39 [125] :
Figure 39 (a,b,c,d,e en partant du haut à gauche jusqu’en bas à droite) : Représentation de différents produits
commercialisés contenant de la spiruline de marque "Flamant vert". © 2008 Flamant Vert.
105
Alpha Biotech, en France
Figure 40 : Société Alpha Biotech vue du ciel (Le Frostidié 44410 Assérac).
© Alpha Biotech 2006.
Figures 41a (à gauche) et 41b : Bassins "raceway" installés sous serre appartenant à la société Alpha Biotech. La
photo de droite montre le même bassin vu sous un autre angle. On distingue nettement le
séparateur médian et le système de roues à aubes. © Alphabiotech 2006
106
Le procédé de culture à l’eau de mer permet d’apporter naturellement du
calcium, magnésium, fer, zinc, potassium, cuivre, manganèse…à la
spiruline. Ces éléments, contenus dans la cyanobactérie, ont la particularité
de présenter une grande biodisponibilité au niveau de l’organisme qui la
consomme.
Le séchage de la spiruline récoltée est réalisé par de l’air à température
ambiante (maximum 30°C), ce qui permet de garantir une excellente
qualité biochimique du produit final.
Des analyses sont pratiquées régulièrement de façon à contrôler l’absence
de métaux lourds dans les produits. Ces analyses sont effectuées par le
CEVA (Centre d’Etude et de Valorisation des Algues situé dans les Côtes
d’Armor) [127].
D’autre part, une analyse bactériologique par Petrifilm est effectuée sur
chaque lot en interne. Ensuite, des échantillons de chaque lot de production
sont analysés par un laboratoire indépendant (Clabo Conseil, à Merville
dans le département du Nord).
Figure 42a (à gauche) : Flacon contenant de la spiruline séchée en poudre, commercialisée par
Alpha Biotech. Alpha Biotech 2006
Figure 42b (au centre) : Tubes renfermant un extrait liquide de spiruline commercialisé également
par Alpha Biotech. Alpha Biotech 2006
Figure 42c (à droite) : Flacon contenant des comprimés de spiruline cultivée sous serre près de
Perpignan. Koilon 2006
107
D’après la notice, la composition pour 100 g est la suivante : protéines 50 g
― glucides 13 g dont des polysaccharides sulfatés ― lipides 11 g dont 4 g
d'acides gras essentiels et 2 g de sulfolipides ― minéraux : fer 16 g /
magnésium 1,2 g / zinc 0,7 g / calcium 0,07 g ― humidité 5 g ― fibres 2 g
― chlorophylles 2 g ― caroténoïdes : 0,77 g dont 0,4 g de provitamine A
― vitamines : 0,2 % : E,PP,B1,B2,B3,B12,K,C. Tous les acides aminés
essentiels sont présents.
108
calcium 0,1 % ; magnésium 0,2 % ; zinc 0,005 % ― fibres : moins de 1 %
― humidité : 5 % ― chlorophylles : 2 % ― caroténoïdes : 0,8 % dont
0,4 % de provitamine A ― vitamines : 0,1 % : E, PP, B1, B2, B3, B12, K,
C . La "posologie" indiquée est de 10 à 20 comprimés par jour en cure de 3
semaines.
109
Après conditionnement, la production est distribuée localement,
directement chez des particuliers ou en magasins spécialisés. La qualité de
cette Spiruline Filao est contrôlée par un laboratoire accrédité COFRAC
(COmité FRançais d'ACcréditation) [131].
ALGOSUD est une unité de production d'algues d'eau douce sous serres en
Petite Camargue. C'est aussi un lieu de culture de spiruline, sans recours
aux produits phytosanitaires ni conservateurs. La ferme de Lunel est
actuellement la plus importante unité de production de spiruline en France.
Rémi Bosc est le responsable et il travaille avec Aurélien ; tous les deux
sont des permanents de la ferme aquacole [132].
Ce site, situé aux portes de la Camargue, bénéficie d’un ensoleillement
exceptionnel.
Comme le montre la figure 44, les bassins de culture de spiruline sont
implantés sous 1 200 m2 de serres.
Jusqu’à l’année dernière, les mois de récolte s’échelonnaient entre les mois
de mai et décembre, avec des pics de production en été (10 kg de matière
sèche par jour). La production annuelle était égale à une tonne.
110
Depuis environ un an, les serres sont équipées d’un système de chauffage
qui permet une production toute l’année [133].
111
Figure 48 : Etape d’extrusion de la spiruline. © Algosud
Après l’opération d’extrusion (figure 48), la spiruline est répartie sur des
clayettes, lesquelles sont ensuite placées dans un four. Le séchage par
ventilation dure 8 heures et s’effectue à une température maximale de
40°C.
La spiruline produite est vendue en ligne sous la dénomination "spiruline
de petite Camargue". La gamme de produits proposée est variée [134] :
Spiruline produite sur le site " la Capitelle ", près de Lodève (département
de l’Hérault)
112
La période de récolte s’étend sur 5 mois par an environ, en fonction des
conditions climatiques.
L’agitation se fait par pompe vide-cave (250 Watts pour 70 m²) et
l’extrusion est réalisée à l’aide d’un embauchoir à saucisse modifié. A
noter aussi qu’une installation photovoltaïque alimente l’exploitation et
leur maison située juste à côté.
Le couple assure lui-même le conditionnement et la vente de sa spiruline,
sous forme de spaghettis droits. Une partie de la production est écoulée
dans un magasin de produits diététique à Lodève, ainsi que dans 4
coopératives Bio du département ; une autre partie est vendue à une
clientèle de particuliers, sur place ou par correspondance et, le restant, sur
les marchés du Terroir pendant la saison touristique.
113
Concernant la spiruline produite dans le sud de la France (Algosud, Filao
etc.), les prix proposés sont dégressifs en fonction du nombre de sachets ou
de lots achetés. Il faut compter actuellement (premier trimestre 2008), en
moyenne, entre 13 et 15 € pour 100 g de poudre sèche de spiruline.
Quant aux produits à base de spiruline produite à l’étranger (Earthrise,
Alpha Biotech, Cyanotech, Biorigin, Flamant Vert etc.), les prix de vente
proposés intègrent le prix des produits, les frais de manutention,
d'emballage et de conservation des produits ainsi que les frais de transport.
Pour toucher un large public, ces produits sont mis en vente sur internet.
On y trouve la spiruline aussi bien sous forme de comprimés, de gélules, de
paillettes ou de poudre, que dans la composition de produits plus élaborés
destinés aux animaux ou appartenant au secteur des cosmétiques. Plus le
produit est élaboré, plus les prix s’envolent.
A titre indicatif, le site http://shopping.cherchons.com/r/spiruline.html
propose un comparatif, actualisé quotidiennement, des prix de ventes de
produits identiques sur le marché selon les différents fournisseurs.
114
4.4 Production en photobioréacteurs
La spiruline ayant besoin de chaleur pour pousser, la plupart des climats tempérés
sont trop froids pour envisager sa culture dans des bassins de plein air durant toute
l’année. Les lieux où elle peut être produite de façon économiquement raisonnable
sont donc limités. Dans le but de la produire dans d’autres endroits du monde et
d’étendre les périodes de culture, des chercheurs ont étudié, durant ces 20
dernières années, d’autres systèmes, et en particulier la production en
photobioréacteurs (figures 50a et 50b).
La spiruline peut en effet être produite sous des climats plus froids, soit dans des
bioréacteurs, soit dans des tubes transparents chauffant comme des panneaux
solaires. Ces systèmes, dont les coûts de production sont encore élevés, ne sont
utilisés que pour produire de la spiruline haut de gamme (très pure), dans le but
d’en extraire ensuite des molécules à haute valeur ajoutée : le pigment
phycocyanine, les antioxydants, les polysaccharides et les acides gras essentiels
(notamment l’acide γ–linolénique). Ces molécules sont utilisées dans les secteurs
de la santé, de l’agroalimentaire et de la cosmétologie (cf. deuxième partie 1.).
115
La production en photobioréacteurs contrôlés a comme principal avantage, le
maintien de la stérilité de la culture, c’est à dire l’absence de contamination du
réacteur par d’autres souches que celle que l’on désire cultiver. Pour ce faire, on
commence par stériliser le réacteur et le milieu de culture contenant tous les
éléments nutritifs essentiels à la croissance. Cette stérilisation est réalisée par mise
en contact avec de la vapeur à 121°C pendant 20 minutes au minimum. Ensuite, on
peut introduire l’inoculum de la souche à cultiver. A chaque nouvelle introduction
de quelque chose dans le réacteur, il faut bien sûr veiller à conserver la stérilité
obtenue [137].
Deux autres paramètres sont surveillés : la température et le pH ; la spiruline
ayant une croissance optimale dans des conditions de température à 35°C et de pH
compris entre 9,5 et 10,5, le maintien de la valeur de ces paramètres nécessite des
mécanismes régulateurs. Un capteur et un actionneur sont donc utilisés : le capteur
mesure la donnée que l’on souhaite réguler (la température ou le pH), et
l’actionneur corrige un éventuel écart observé. Cette correction se fait au moyen
d’une consigne, respectivement une électrovanne laissant circuler un liquide chaud
ou froid, ou une pompe envoyant un acide ou une base. L’actionneur est lui-même
commandé par un régulateur dans lequel on implante une loi de commande plus ou
moins complexe qui permet de gérer l’écart observé entre la mesure du paramètre
et sa consigne [137].
L’agitation est aussi un paramètre important qu’il faut d’ailleurs prévoir au
moment de la conception ou du choix des bioréacteurs utilisables dans la
production de spirulines. Comme dans le cadre des cultures en bassins, il faut
s’assurer qu’il existe un brassage suffisant des cellules et du milieu de culture de
façon à éviter l’existence de gradients de concentration ou de zones peu agitées qui
ne fonctionneraient pas de façon optimale dans le réacteur. L’agitation du réacteur
peut se faire par des moyens mécaniques ou pneumatiques (par injection de gaz).
A noter qu’il existe aussi des réacteurs tubulaires dans lesquels l’agitation est
essentiellement assurée par la turbulence de l’écoulement.
Le dernier paramètre, à connaître et à contrôler, est l’intensité lumineuse
incidente sur le réacteur. Les réacteurs peuvent être éclairés soit par l’extérieur, à
travers la paroi (énergie solaire ou lampes), soit par l’intérieur dans le réacteur
(lampes directement dans le réacteur). C’est cette intensité lumineuse qui est à la
base de la vitesse de production de la biomasse.
116
Figure 51 : Photobioréacteur du centre technique de l’Agence Spatiale Européenne
(ESTEC) à Noordwijk (Pays Bas) dans lequel on cultive Spirulina platensis en discontinu.
Il n’y a donc aucun réservoir de milieu frais pouvant alimenter le réacteur.
117
118
Deuxième partie
119
120
1. Différents secteurs d’activité utilisant la spiruline
121
• Fibres de type IIA : ce sont des fibres oxydatives à contraction
rapide et résistantes à la fatigue. Elles contiennent beaucoup de
myoglobine, de mitochondries et de capillaires mais, elles
possèdent une coloration intermédiaire. Elles se retrouvent
généralement en grand nombre dans les muscles de la jambe des
athlètes ;
• Fibres de type IIB : ce sont des fibres glycolytiques à contraction
rapide et sensibles à la fatigue. Elles contiennent peu de
myoglobine, de mitochondries et de capillaires. Ces fibres, appelées
fibres blanches, sont celles qui présentent le plus grand diamètre.
Leur teneur en glycogène est élevée. Elles sont majoritairement
situées dans les muscles du bras.
Concernant les agents antioxydants, les besoins sont accrus chez les
sportifs. En effet, de par la grande consommation d'oxygène qu'il engendre,
le sport crée une surproduction de radicaux libres. Cette production est une
réaction normale, mais elle doit être "contrôlée" par un apport suffisant de
nutriments de neutralisation.
De façon générale, les radicaux libres exercent une action nocive sur
l’organisme, en stimulant le processus de vieillissement et en attaquant les
cellules et le matériel génétique. Ils contribuent à augmenter les risques de
cancer et de maladies cardiovasculaires. Dans le cadre de la pratique
sportive, lors d’efforts physiques intenses, les radicaux libres s’accumulent,
amplifiant les courbatures, les crampes et les risques de rupture tissulaire.
Seuls des antioxydants permettent de contrecarrer leur action, en les
interceptant et en les neutralisant.
Il est donc vivement conseillé aux sportifs de supplémenter leur
alimentation en agents antioxydants.
D’après l’analyse nutritionnelle de la spiruline décrite dans la première
partie (cf. 3.), on voit bien qu’elle peut s’avérer utile dans ce cadre, étant
données les nombreuses sources d’antioxydants qu’elle fournit :
β-carotène (10,4 mg pour 10 g), vitamine E (1 mg pour 10 g), zinc,
sélénium, vitamine C et enzyme SOD.
122
Tous ces éléments sont de puissants antioxydants capables de lutter
activement contre les radicaux libres.
Par ailleurs, le déficit en fer, avec ou sans anémie concomitante, est très
fréquent chez les sportifs. Une incidence accrue a été démontrée dans la
course à pieds, la natation, le ski, le patinage à glace, le football, la
gymnastique ainsi que dans toute activité sportive intense, prolongée ou
répétée. Or, le fer joue un rôle clé dans le transport de l’oxygène, par le
biais de l’hémoglobine et de la myoglobine. Chez les sportifs, le glucose
est le carburant et l’oxygène, le comburant.
Un déficit en fer a plusieurs causes, mais il correspond toujours à un apport
alimentaire insuffisant pour couvrir les pertes. Or, chez les sportifs, les
pertes sont accrues : il y a les pertes par hémolyse intravasculaire, les
pertes gastro-intestinales, urinaires et sudorales. Les pertes digestives
s’expliquent par des lésions traumatiques du tube digestif, liées à la
pratique de certains sports. Par exemple, 50 à 80 % des marathoniens
présentent du sang dans leurs selles. Les pertes urinaires concernent
l’hématurie consécutive à l’augmentation de la filtration rénale avec
l’exercice et aux lésions micro traumatiques de l’arbre urinaire ; elle est
surtout observée chez les coureurs, triathlètes et cyclistes.
L’hémoglobinurie, observée en cas de destruction des globules rouges
vieillis ou lipoperoxydés, correspond aussi à une perte de fer. De même
que la myoglobinurie observée lors de la pratique intense de sports micro
traumatiques (course à pieds sur un sol dur) [140].
Un déficit en fer peut affecter les performances, notamment dans les sports
d’endurance. Il s’accompagne en effet :
123
Le fer contenu dans la spiruline est hautement biodisponible (cf. première
partie 3.1.7.1). A fortiori, une spiruline enrichie en fer est encore plus
indiquée.
Par exemple, la spiruline Végifer®, produite dans les montagnes de la
cordillère des Andes et commercialisée sous la marque Flamant Vert,
contient 600 mg de fer pour 100 g de poudre sèche.
Cette teneur, supérieure à celle des autres spirulines commercialisées
résulte de l’absorption naturelle par Arthrospira platensis, du fer présent
dans son milieu de culture [140].
La spiruline contient aussi du magnésium ; cet élément est nécessaire à la
contraction et à la relaxation musculaire. Indispensable à la transmission de
l’influx nerveux, le magnésium exerce aussi une action antifatigue et
antistress. A noter que la vitamine B6 optimise l’assimilation du
magnésium. Les sportifs sont exposés aux risques d’insuffisance
magnésienne ; dans ce cas, la survenue de crampes est plus fréquente.
Le calcium est aussi un minéral important puisque l’augmentation de sa
concentration intracellulaire permet la contraction des muscles
squelettiques. La spiruline renferme également une quantité appréciable de
calcium.
Pour toutes les raisons évoquées et pour son action énergisante, la spiruline
constitue donc un complément alimentaire naturel de choix sur le plan de
l'hygiène alimentaire du sportif, quel que soit son âge et son domaine.
Les sportifs consommateurs réguliers de spiruline déclarent en tirer les
bienfaits suivants, comparativement à la période où ils n’en consommaient
pas encore :
124
- sur le plan nutritionnel : la spiruline pure est plus riche en vitamines,
minéraux et oligo-éléments que les produits industriels ayant subi un
traitement thermique de conservation détruisant les micro-nutriments
sensibles. De plus, les micro-nutriments d’origine naturelle ont toujours
une meilleure biodisponibilité que ceux d’origine synthétique
amalgamés artificiellement en laboratoire.
Son utilisation par de grands athlètes est très répandue dans le monde.
Conseils d’utilisation :
utilisée en cure longue, la spiruline facilite la récupération après l’effort. En
cure courte intensive, elle aide à la préparation d’une épreuve sportive. En
fin de saison, son emploi permet de diminuer la sensation de fatigue
physique et musculaire et les risques de crampes.
En fonction de l’entraînement, le sportif peut prendre 5 à 10 g de spiruline
par jour (poudre sèche ou sous forme de comprimés). En cas d’efforts très
intenses, la dose peut aller jusqu’à 20 g par jour (triathlon, marathon). Cette
dose est à adapter en fonction de l’expérience de chaque sportif. La prise
de spiruline juste après la compétition permet une meilleure évacuation des
déchets et une récupération plus rapide [140][142]].
125
A moins de combiner astucieusement et régulièrement des
protéines de légumineuse et des protéines de céréales, le sujet
risque une carence en acides aminés essentiels ;
la vitamine A : la forme active de la vitamine A (rétinol),
directement utilisable par l’organisme, se trouve dans les produits
animaux tels que l'huile de poisson et le foie. Un apport adéquat
en protéines et en lipides est nécessaire à son absorption. Le règne
végétal peut apporter des précurseurs de la vitamine A,
essentiellement sous forme de b-carotène. Celui-ci doit être
transformé par le corps pour être activé et utilisable par
l’organisme ; pour cela il a besoin de matières grasses et de bile ;
la vitamine D : elle existe sous deux formes, l'une synthétisée par
la peau en présence de soleil et l'autre apportée principalement
par le poisson.
le zinc : les aliments les plus riches en zinc sont les poissons, la
viande et les céréales complètes.
126
Après quelques jours d’utilisation, l’effet énergisant de la spiruline fait que
la personne, non seulement ne se sent pas fatiguée (puisqu’elle n’est pas
carencée), mais en plus elle se sent plus dynamique qu’avant le début de
son régime.
Cette constatation émane de nombreux témoignages de femmes (et
d’hommes aussi) qui l’ont testée [144].
Par ailleurs, la prise de 5 à 10 g de spiruline 20 à 30 minutes avant les
repas, entraîne un sentiment de satiété lequel facilite le suivi d’un régime
hypocalorique.
Ce phénomène est lié à sa teneur en phénylalanine (2,8 g pour 100 g de
matière sèche) : cet acide aminé est métabolisé dans l'intestin en
phényléthylamine, laquelle déclenche la sécrétion d’une hormone (la
cholécystokinine) qui donne au cerveau un signal de satiété ; c’est en
quelque sorte un coupe-faim naturel et sans danger [145].
127
Figure 53 : Boîte de 200 g renfermant de la terrine pour les chats ; elle est
faite avec de la viande biologique (47 % poulet et 5 % dinde) et de la
spiruline a été ajoutée « pour purifier le corps des résidus toxiques ».
Les inscriptions sur l’emballage indiquent qu’il s’agit d’un « repas complet
et facile à digérer avec un mélange équilibré de vitamines et minéraux ».
© zooplus AG.
Figures 54a (à gauche) et 54b : A gauche, pâtée pour chien préparée dans une
boucherie bavaroise, à partir d’ingrédients naturels et frais. La variété "agneau
+ millet + courgettes" est enrichie en spiruline. A droite, pâtée pour chien
contenant du poulet, du bœuf et de la spiruline.
© zooplus AG.
128
Les éleveurs de vaches laitières emploient la spiruline pour améliorer la
flore intestinale, facteur important chez les ruminants. Son utilisation en
complément de leur ration fourragère permet également de réduire la durée
de l’antibiothérapie dans le cadre des mammites [151].
D’autre part, les éleveurs de bétail ayant constaté fortuitement qu’elle
favorisait la production de sperme chez les taureaux et la fertilité des
femelles, ils s’en servent aussi pour augmenter les taux de reproduction de
leurs animaux. Cela leur permet d’avoir plus d’animaux à vendre.
129
Voici quelques précisions pour bien comprendre l’intérêt de la spiruline,
plus particulièrement au moment de la mue. Si les oiseaux sont en bonne
santé, la période de mue se déroule normalement. Il est essentiel de donner
une nourriture bien équilibrée car cette étape est éprouvante pour les
oiseaux. Le plumage représente environ 10 % du poids de l'oiseau. A titre
d’exemple un canari normal possède environ 1 500 plumes, il est alors
facile d'imaginer la débauche d'énergie que l'oiseau devra produire. Ce
phénomène a souvent pour effet d'entraîner une perte de poids. C’est
pourquoi l’apport de protéines et de sels minéraux est primordial pour
garantir une bonne mue. En effet, les plumes sont constituées de kératine et
l'aspect du plumage reflète l'état de santé de l'oiseau. Chez un oiseau
malade ou souffrant de carence, la mue est souvent longue et partielle. Or,
c'est de la qualité de la mue que va découler la valeur d'une bonne saison
d'exposition ainsi que de la prochaine saison d'élevage [155].
De façon générale, les éleveurs d’oiseaux peuvent utiliser la spiruline
comme complément alimentaire, afin [154]:
Concernant les oiseaux aux plumages très colorés vivant dans les zoos ou
achetés par les amateurs, la spiruline permet d’obtenir de belles couleurs
éclatantes (figures 55 à 57). C’est notamment le cas pour les perroquets, les
perruches, les ibis, les flamants roses, les canaris, les chardonnerets, les
inséparables…
130
Figures 56a et 56b : Deux canaris de couleur ; celui de gauche est "rouge orange givré" et
celui de droite est classé dans la catégorie "opale". © marmiche-Juin//2004.
131
D’autre part, l’utilisation de la spiruline permet également un taux de
croissance plus rapide chez les poissons, ainsi qu’une réduction des
polluants dans les effluents : ceci est intéressant sur le plan
environnemental et permet aussi aux exploitations piscicoles de diminuer le
recours à des systèmes de traitements coûteux des effluents [157].
En aquariophilie, la première indication de la spiruline concerne la
pigmentation qu’elle induit chez les poissons, notamment grâce à sa
richesse en caroténoïdes Ces derniers renforcent l’éclat de la couleur des
poissons. Au Japon par exemple, elle est très prisée pour obtenir une
pigmentation de qualité des poissons utilisés dans la préparation des sushis
et des crustacés [156].
Par ailleurs, sa richesse naturelle en nutriments en fait un complément
alimentaire bénéfique pour les poissons tropicaux d’aquarium.
Les éleveurs de poissons qui connaissent la spiruline pour l’employer
depuis de nombreuses années, conseillent également de l’utiliser lors de la
préparation des poissons à la reproduction. Son ajout dans la nourriture
permet en effet d’augmenter les chances de reproduction de tous les
poissons, tant en eau douce qu’en eau de mer. La réduction du stress chez
les poissons constitue un autre effet bénéfique attribuable à l’utilisation
régulière de spiruline [157].
132
Figures 59a (à gauche) et 59b : A gauche, boîte de 200
comprimés à la spiruline destinés à l’alimentation des
poissons d'agrément. Il est possible de les coller à la vitre de
l'aquarium pour nourrir les poissons au niveau désiré ou de les
laisser tomber pour nourrir les poissons du fond. © 2007 Ciao
GmbH.
A droite, comprimés à la spiruline destinés à tous les poissons
tropicaux. © Hagen.com.
133
Figures 60a (à gauche) et 60b : A gauche, "GALA" est une nourriture principale,
de qualité supérieure, sous forme de flocons pour poissons exotiques.
Elle est enrichie en spiruline et contient de la vitamine C stabilisée.
A droite, "Spirulina Dajana" s’utilise pour la préparation de nourriture ou
directement pour l’alimentation des nauplies d’artémia, artémia adultes ou
toutes petites crevettes vivantes. Elle peut aussi être additionnée à la nourriture
congelée habituellement utilisée. © 2000-2007 AQUARIOFIL.COM - SARL.
134
Figure 61 : Photographie d’une carpe Koï mâle
mesurant 80 cm. © koitropic.com
Comme leurs ancêtres les Cyprinidés, les carpes Koï sont omnivores et
dépourvues d’estomac. Elles utilisent les enzymes qu’elles trouvent dans
les insectes, pour leur digestion [160]. Elles aiment donc fouiller dans le
sol naturel, pour y trouver des petits insectes, des vers de vase, des
escargots aquatiques, des larves de moustique ou des daphnies etc[161].
Cette diversité de nourritures vivantes étant très réduite dans les bassins
artificiels (car dépourvus de sol naturel), il est donc indispensable
d’alimenter les Koï avec une nourriture de substitution. Celle-ci doit
apporter idéalement tous ces éléments naturels, avec un enrichissement en
protéines, végétaux, vitamines, oligo-éléments, et surtout enzymes (figures
62a et 62b) [162].
La spiruline est donc parfaitement adaptée aux exigences nutritives de ces
carpes. D’ailleurs, les grands spécialistes japonais la recommandent
vivement. Son utilisation régulière en complément de l’alimentation permet
d’une part d’obtenir la garantie de poissons plus robustes et sains, et
d’autre part, de renforcer les motifs rouges et jaunes des Koï (sans
influencer le blanc pur et brillant du fond). La dose de spiruline conseillée
pour cette indication doit être comprise entre 5 et 20 % de la ration
alimentaire quotidienne [162].
Diverses formules sont commercialisées ; les granulés "Spirulina plus"
contiennent par exemple les ingrédients suivants : spiruline (4 %),
crevettes, farine de végétaux et de froment, huile de poisson, vitamines A,
D3, E et C, oligo-éléments, anti-oxydant [163][164].
135
Figures 62a (à gauche) et 62b : A gauche, pot de 1 litre renfermant de la nourriture à base de
spiruline, destinée aux carpes Koï élevées en bassins artificiels.
© Gooster 2003-2007.
A droite, nourriture pour carpes Koï, enrichie en bactéries probiotiques, spiruline et bêta-carotène.
© Velda.com [165]
136
Figure 63 : Photographie de quatre carpes Koï dont le régime alimentaire contient entre 5
et 20 % de spiruline ; on peut effectivement constater que les couleurs (rouge, jaune,
orange) sont éclatantes et que le fond blanc brillant est très contrastant pour les
trois premières. Ph. Guillet ©. [166]
137
Les colorants font partie de la classe des additifs alimentaires ; ils sont
utilisés dans le but de renforcer ou conférer une coloration aux aliments,
afin de rendre leur aspect plus attractif. Comme pour les trois autres classes
d’additifs, une réglementation existe : certains sont carrément interdits, et
pour ceux qui peuvent rentrer dans la composition d’un aliment, une dose
journalière admissible est calculée, de façon à établir une sécurité
alimentaire. La réglementation diffère cependant selon les pays car les
scientifiques ne sont pas tous d'accord sur leur toxicité potentielle à plus ou
moins long terme.
Les colorants alimentaires peuvent être d’origine naturelle ou synthétique ;
ils sont identifiables sur l’étiquetage des aliments, par le code E suivi d’un
nombre compris entre 100 et 180 (par exemple E 141 pour le vert
chlorophylle et E 160 pour les caroténoïdes).
Lorsqu’ils sont d’origine naturelle, ils peuvent provenir du monde minéral,
végétal ou animal. Les traitements industriels nécessaires à leur extraction
et leur purification sont coûteux. De plus, l’origine naturelle n’exclut pas
automatiquement les dangers pour les consommateurs.
L’origine synthétique est souvent préférée car la fabrication se révèle
généralement moins onéreuse. Mais, si lors de la synthèse, les conditions
optimales de sécurité ne sont pas réunies, la consommation de l’aliment
peut s’avérer dangereuse (par exemple si la fabrication exige des solvants,
lesquels ne sont pas entièrement éliminés dans le produit fini). Ainsi, à
distance de leur mise sur le marché, il a été établi que de nombreux
colorants chimiques étaient cancérogènes.
Les effets secondaires les plus fréquemment rencontrés après la
consommation d’aliments renfermant certains colorants sont : les réactions
allergiques (asthme, urticaire), une toxicité dirigée sur certains organes, un
effet cancérogène et/ou génotoxique.
L’extraction de la phycocyanine à partir de la spiruline se fait après culture
en photobioréacteurs. Ce colorant est couramment utilisé au Japon, en
Chine et en Thaïlande. En Europe, la phycocyanine représente le seul
colorant bleu naturel autorisé dans l’industrie alimentaire. Aux Etats-Unis,
la FDA exigeant un long et coûteux processus d’approbation pour l’emploi
des colorants naturels dans l’alimentation, la phycocyanine extraite de la
spiruline est encore très peu utilisée par rapport aux colorants chimiques
[5][167].
138
Ainsi, en utilisant de la spiruline en complémentation d’une alimentation
équilibrée, la peau devient plus nette et fraîche, les cheveux retrouvent vigueur
et brillance, tandis que les ongles fortifiés cassent moins facilement [168].
De façon un peu plus détaillée, sa teneur en vitamine A permet un bronzage
plus rapide et plus uniforme au soleil. Sa teneur en vitamine B5 permet à la
peau de conserver son hydratation et sa souplesse ; elle aide aussi à renforcer
les cheveux contre les agressions chimiques et mécaniques. La vitamine B8, en
diminuant l’excrétion de sébum, réduit la principale cause de chute des
cheveux [168].
Figures 64a (à gauche) et 64b : A gauche, masque vivifiant et purifiant au kiwi et à la spiruline. Il élimine
les impuretés et peaux mortes et apporte les vitamines naturelles pour une peau nette et
éclatante. © Le club santé 2007.
A droite, Sérum bleu contenant un extrait liquide de spiruline fraîche à teneur garantie en
phycocyanine. Ce complément possède de puissantes propriétés antioxydantes,
antiradicalaires, détoxifiantes et immunostimulantes. La notice d’emploi conseille de prendre
une ampoule diluée dans un demi verre d'eau, le matin, pendant 14 jours et de renouveler la
cure plusieurs fois dans l'année, aussi souvent que nécessaire. © easy parapharmacie.com
D’autre part, grâce à ses composants capables de lutter contre les effets
néfastes des radicaux libres (notamment le vieillissement), la spiruline fait
l’objet de recherches menée par certains laboratoires. Parmi ces éléments
antioxydants, la SOD, le β-carotène, la vitamine E, le sélénium et le zinc
exercent une action synergique bénéfique en préservant l’ensemble des cellules
de l’organisme contre l’action des radicaux libres. En évitant la
dégénérescence cellulaire, on peut donc retarder les effets du vieillissement.
Jusqu’à présent, cet aspect de la spiruline est surtout envisagé par le biais
d’une supplémentation par voie orale. La prévention des effets du
vieillissement cutané par les éléments précédemment cités de la spiruline, n’est
pas encore beaucoup développée sous la forme topique.
139
Récemment en France, le laboratoire Jade Recherche, lequel étudie depuis
quelques années la phycocyanine, a réussi à mettre au point un extrait liquide
de spiruline titré en phycocyanine. Ce laboratoire a également développé une
"crème cosmétique Soleil Bleu" renfermant de la phycocyanine, dont l’effet
protecteur est utilisé pour combattre les rayonnements UV, générateurs de
radicaux libres et d’oxydation. Cette crème contient aussi de l’aloé vera. Elle
est nutritive et favorise le renouvellement cellulaire. En plus de la crème, il est
conseillé d’utiliser les ampoules (5 ml) contenant l’extrait liquide de spiruline
titré en phycocyanine (9,5 mg), soit par voie interne, soit en application sur la
peau. Dans ce cas, on peut parler de cosmétique intelligente et performante car
elle associe cosmétique interne et externe [169].
Par ailleurs, la spiruline renferme une teneur élevée en acide γ-linolénique (cf.
première partie 3.1.2.2.). Cet acide gras essentiel polyinsaturé est
indispensable à l’Homme car son organisme ne sait pas le fabriquer. Or, il
exerce une action thérapeutique importante sur le derme : atténuation de
certains phénomènes inflammatoires (notamment après des brûlures) et
amélioration de la qualité des cicatrisations cutanées. Cet acide étant très rare
dans la nature (onagre, bourrache, cassis), son extraction à partir de la spiruline
pourrait constituer une offre intéressante pour l’industrie cosmétique.
1.3 Médecine
140
1.3.2 Recherche génétique
La spiruline contient beaucoup d’enzymes. Parmi elles, trois endonucléases
de restriction ont été découvertes. Elles agissent comme des ciseaux pour
couper l’ADN des microbes envahisseurs. Les chercheurs pensent que c’est
grâce à ces enzymes que la spiruline existe depuis plus de trois milliards
d’années : elle s’en est probablement servie pour dégrader l’ADN
d’ennemis écologiques (bactéries, virus) qui avaient pénétré dans ses
cellules [171].
Ces enzymes coupent les molécules d’ADN bicaténaire au niveau de
séquences nucléotidiques très précises.
Parmi les trois endonucléases retrouvées dans la spiruline, une est
spécifique car elle n’est retrouvée dans aucune autre espèce de bactérie,
champignon ou algue ; elle a donc été appelée "Spl-1"[172].
Les scientifiques japonais l’extraient de cultures de spiruline en
photobioréacteurs et la vendent dans les laboratoires de recherche
génétique. Les deux autres enzymes de restriction peuvent être extraites à
partir des micro-algues anabaena et nostoc.
Ces enzymes sont utilisées dans des expériences de recombinaison
génétique in vitro pour introduire des séquences d’ADN d’origines diverses
dans des plasmides [171].
1.4 Environnement
141
- les chlorofluorocarbures (CFC, qui ont également pour effet
d’appauvrir la couche d’ozone) : 9,5 % ;
- le protoxyde d’azote (N20) : 4 %.
142
En effet, elle résulte de l’utilisation intensive des combustibles fossiles
(pétrole, gaz naturel, charbon). A l’heure actuelle, plus de 70 % de la
consommation énergétique mondiale est tirée des énergies fossiles alors
que 0,2 % seulement est fournie par le soleil. Les pays industrialisés et les
pays dits "de transition" (Chine, Inde) émettent plus des deux tiers des
GES.
A noter que les pays industrialisés sont aussi ceux qui possèdent les
meilleures technologies disponibles pour réduire ces émissions.
Le CO2 est, de loin, le plus important des GES d'origine anthropique ; il est
actuellement responsable de 80 % de l'effet de serre imputable aux pays
industrialisés. Chaque année, 24 milliards de tonnes de C02 sont libérées
dans l'atmosphère. Les forêts et les océans ne suffisent plus à les
réabsorber, c'est donc 3,2 tonnes de C02 ainsi que d'autres gaz qui
s'accumulent chaque année, créant l'effet de serre [173].
Or, contrairement à d'autres GES, on ne connaît pas encore de procédés
efficaces de capture. En effet, les technologies chimiques existantes de
capture du CO2 ont un coût élevé [176].
A moyen terme, on pensait que d'autres technologies pourraient permettre
de réduire ces coûts. Mais, des études ont montré que le rendement d'une
centrale électrique thermique équipée de systèmes de capture serait environ
15 % moindre, ce qui pourrait majorer de 30 % le coût du kilowattheure
produit. En outre, la capture du CO2 entraîne une surconsommation
énergétique, donc une surproduction de CO2. Enfin, ces technologies ne
pourraient concerner que des grandes installations fixes.
Par ailleurs, le stockage du CO2 est également envisagé dans des gisements
d'hydrocarbures épuisés, dans les nappes aquifères ou dans les océans ;
cette dernière formule repose sur l'idée d'accélérer le processus naturel
d'absorption du CO2 par les océans, en y injectant du CO2 et en espérant
qu'il y séjournera plusieurs centaines d'années avant de se redégager dans
l'atmosphère. Outre leurs difficultés techniques et leur coût élevé (lié au
transport du CO2), ces injections, ne sont envisageables que pour les
émissions d'installations fixes (en raison de la nécessité de récupérer le
CO2 émis). Ces solutions de stockage génèrent aussi de nombreuses
incertitudes quant à leur impact sur l'environnement.
la réduction du déboisement,
la préservation du couvert forestier existant,
le développement du reboisement,
le remplacement (aussi souvent que possible) du ciment et de
l’acier par le bois, dans les domaines de la construction et de
l’ameublement. En effet, le bois est un matériau qui fixe le
carbone, alors que la production des autres matériaux émet
des GES dans l'atmosphère.
143
A côté de ces solutions, la spiruline devrait avoir aussi sa place. En effet,
puisqu’elle a permis la vie sur Terre il y a 3 milliards d’années, par le biais
de la réduction du gaz carbonique et l’introduction de l’oxygène dans une
atmosphère comprenant uniquement du CO2, du méthane, de
l’ammoniaque et de l’hydrogène, pourquoi ne servirait-elle pas à absorber
une partie de l’excès de CO2 émis ?
On sait que pour atteindre un rendement optimal de croissance, la spiruline
a besoin de CO2 en grande quantité, que ce soit pour sa culture en bassins
ou en photobioréacteurs. En couplant les bassins à des centrales thermiques
classiques productrices d’électricité (centrales au charbon par exemple, qui
rejettent en moyenne 13 % de CO2), le CO2 émis peut être assimilé par la
spiruline plutôt que de s’échapper dans l’atmosphère [178]. Ce procédé
permet également le traitement des eaux usées de la centrale puisque les
nitrates et phosphates sont des éléments nécessaires au milieu de culture de
la spiruline [179].
Des projets ont déjà été testés à petite échelle [180] ; il serait bien de
poursuivre les études afin de pouvoir développer des cultures de spiruline
couplées aux structures industrielles grandes émettrices de CO2.
144
En effet, en raison de la fermentation entérique particulière aux ruminants,
les bovins sont les principaux responsables du rejet de ce gaz dans
l’atmosphère. Une culture de la spiruline produit 50 tonnes de protéines à
l’hectare (contre 160 kg pour le bœuf) et elle assure en parallèle une
absorption de 25 tonnes de carbone à l’hectare [178].
120000 105000
100000
quantité d'eau nécessaire (litres) à la
production d'1kg de protéines
80000
60000
37500
40000
12400 12500
9000
20000
2100
0
spiruline soja blé maïs riz bovins
145
50
50
45
40
rendement en protéines en tonnes par hectare et par an
35
30
25
20
15
10
2,5 3
2
0,16 0,2 0,8
5
0
bovins riz blé maïs soja canne à spiruline
sucre
146
C’est en Inde que la première expérimentation a eu lieu, dans le petit
village de Karla, au centre du pays. La construction, terminée en 1984,
fonctionne encore actuellement. Il comprend des sanitaires surélevés d’où
les effluents vont, par gravitation, dans le digesteur (cuve de fermentation
en anaérobie), dont l’effluent riche en azote et en sels minéraux, sert de
nourriture à la spiruline, après fermentation.
Par contre au Sénégal, à Ronkh, le désintéressement des autorités
villageoises ont fait que le projet a été stoppé.
Au nord Togo, dans le village de Farendé, le projet lancé en 1983 a connu
aussi des difficultés d’adaptation. Un gazomètre devait recueillir le biogaz
produit par le digesteur : le gaz carbonique était recyclé pour optimiser la
croissance de la spiruline tandis que le méthane servait à la stérilisation des
instruments chirurgicaux.
Sur Terre, 97,5 % de l’eau est salée. L’eau douce ne constitue donc
qu’environ 2,5 % du total de l’eau ; or, plus des deux tiers sont concentrés
dans les glaciers et la couverture neigeuse, et environ un tiers gît dans les
nappes souterraines, plus ou moins accessibles. Par conséquent, il reste
seulement 0,1 % d’eau douce facilement disponible à la surface des terres
[182].
Au fil des décennies, l’eau douce est devenue une denrée très précieuse car
les réserves s’amenuisent dangereusement. Il est urgent de l’économiser et
surtout de ne pas la gaspiller car elle est indispensable à la vie sur Terre.
Comme le montre la figure 83, la culture de la spiruline consomme
nettement moins d’eau que d’autres cultures ou que l’élevage de bétail,
rapporté à la production d’une même quantité de protéines. Sans compter
qu’à elle seule, la spiruline constitue un complément alimentaire complet.
147
Ensuite, on enrichit l’eau traitée en phosphore, azote, fer.
Cette opération (traitement + enrichissement) permet un
meilleur rendement de production mais il augmente le coût de
réalisation d’une culture.
L’analyse qualitative et quantitative n’a pas retrouvé de
différences significatives avec l’analyse d’une même souche
cultivée à partir d’eau douce.
- le recyclage de l’atmosphère
- le traitement des déchets
- le traitement et le recyclage de l’eau
- la production de nourriture nécessaire à l’équipage.
148
Il est bien entendu que tout ceci doit se faire dans un espace réduit, sans
constituer de danger pour les êtres humains.
La solution trouvée est celle d’un écosystème artificiel fermé composé de cinq
compartiments formant une boucle de recyclage [185] :
149
2. Tour d’horizon des éventuelles propriétés thérapeutiques de la spiruline,
d’après les résultats des recherches cliniques menées et publiées
Depuis une trentaine d’années, de nombreuses études sont menées sur la spiruline, afin
d’apporter des preuves de certains effets thérapeutiques soupçonnés car observés chez
les consommateurs réguliers.
Certaines études ont été réalisées in vitro, d’autres in vivo, chez certaines espèces
animales ou chez l’Homme. Le travail qui suit met en évidence les principaux axes de
recherche et expose quelques études de référence, publiées dans diverses revues
scientifiques internationales.
Une des premières études publiées relate les recherches menées par Manoj et
al.[186]. Ces scientifiques ont remarqué que l'extrait alcoolique de spiruline
empêchait de manière plus significative la peroxydation des lipides, par rapport
aux antioxydants chimiques : inhibition de 65 % contre 35 % avec
l’α-tocophérol, 45 % avec le butylhydroxyanisol et 48 % avec le β-carotène.
L'extrait aqueux de spiruline a également montré un effet antioxydant plus
puissant (76 %) que l'acide gallique (54 %) et l'acide chlorogénique (56 %). Un
aspect intéressant de leurs résultats est que l'extrait aqueux avait une activité
antioxydante significative même après l’enlèvement des polyphénols.
Dans une autre étude, par Zhi-gang et al. [187], les effets antioxydants de deux
fractions d'un extrait d'eau chaude de spiruline ont été étudiés en utilisant trois
systèmes qui produisaient des radicaux superoxyde (O2•), lipidiques et
hydroxyle (OH•). Les deux fractions ont montré la capacité significative à
débarrasser les radicaux hydroxyles (radicaux les plus fortement réactifs de
l'oxygène), sans aucun effet sur les radicaux superoxyde. Une fraction a permis
un nettoyage significatif des radicaux lipidiques, même à faible concentration.
Dans une autre étude menée par Miranda et al. [188], l'activité antioxydante
d'un extrait méthanolique de Spirulina maxima a été déterminée in vitro et in
vivo. L'activité antioxydante in vitro a été testée sur un homogénat de cerveau
de rat incubé à 37°C, avec et sans l'extrait de spiruline.
150
Les résultats ont montré que la peroxydation de cet homogénat a été inhibée à
presque 95 % en présence de 0,5 mg d'extrait méthanolique. La concentration
de l’extrait méthanolique capable de réduire de 50 % la peroxydation (IC50) a
été évaluée à seulement 180 µg/ml.
La capacité antioxydante a aussi été évaluée in vivo, dans le plasma et le foie
d’animaux recevant une dose quotidienne de 5 mg d’extrait méthanolique de
spiruline, pendant 2 et 7 semaines. L'activité antioxydante du plasma a été
mesurée dans un homogénat de cerveau incubé pendant une heure à 37°C. La
production d’éléments oxydés dans le foie après deux heures d’incubation a
été évaluée par le biais du taux de substances réagissant avec l’acide
thiobarbiturique (= TBARS, marqueurs de lipoperoxydation), dans le groupe
expérimental et dans le groupe témoin. Elle s’est révélée être égale à 97 % et
71 % pour le groupe expérimental, contre 74 % et 54 % pour le groupe témoin,
après respectivement 2 et 7 semaines. Cet effet antioxydant a été attribué au β-
carotène, à l’α-tocophérol et aux composés phénoliques, lesquels agissent
individuellement et/ou en synergie.
Plusieurs études sur Spirulina platensis ayant déjà mis en évidence des
propriétés antiradicalaire (radicaux hydroxyle et peroxyle) et inhibitrice de la
peroxydation des lipides microsomaux, une étude a été menée dans le but de
déterminer à quel(s) composant(s) pouvaient être attribués ces effets. La
phycocyanine de S. platensis a donc été extraite, purifiée et caractérisée. Les
chercheurs ont étudié l'activité antioxydante des différentes fractions obtenues
tout au long de son procédé de purification, par le biais de l’évaluation de son
activité antiradicalaire vis à vis des radicaux hydroxyles. Ils ont pu observer
qu'une augmentation du contenu en phycocyanine était positivement corrélée à
une augmentation de l'activité antioxydante des différentes fractions. Par
conséquent, la phycocyanine semble être le composant en grande partie
responsable de l'activité antioxydante de la spiruline [189].
151
Figure 67 : Histogramme comparant l’activité antiradicalaire du Spirulysat®
par rapport à celle du butylhydroxyanisol et du tocophérol.
© ALPHA BIOTECH.
Une étude menée par Romay [191] rapporte que la phycocyanine a empêché
l’hémolyse d’érythrocytes induite par le 2,2'-azobis dihydroxychloride
(AAPH), générateur de radicaux libres peroxyl. Cette inhibition s’est révélée
aussi efficace que celle issue de l’activité du Trolox® ou de l’acide ascorbique,
puissants antioxydants. En se basant sur les valeurs de l’IC 50 (concentration
de l'additif permettant une inhibition de 50 % de la peroxydation), la
phycocyanine s'est avérée être un antioxydant 16 fois plus efficace que le
Trolox® et environ 20 fois plus efficace que l’acide ascorbique.
Ces résultats ont été confirmés lors d’une étude ultérieure [192], laquelle a
prouvé que l'activité antioxydante de la phycocyanobiline (un composant de
phycocyanine) était plus puissante que celle de l’α-tocophérol, l’acide caféique
et la zéaxanthine. Dans cette étude in vitro, l'effet antioxydant de la
phycocyanobiline était évalué par le biais de l'oxydation du linoléate
méthylique, induite par le AAPH et dirigée sur des liposomes de
phosphatidylcholine. La phycocyanobiline a été distribuée en dehors des
liposomes pour éliminer les radicaux du AAPH et pour éviter l'initialisation
des réactions radicalaires en chaîne. Cette étude a également montré que la
phycocyanine issue de la spiruline séchée par la méthode du "spray drying",
possédait une activité antioxydante semblable à celle de la phycocyanine
extraite de spiruline fraîche. Les résultats suggèrent que l'activité antioxydante
de la phycocyanine serait attribuable à la phycocyanobiline, groupement
prosthétique de la phycocyanine, puisque la partie protéique se serait
dénaturée sous l’action du séchage.
Du fait que la phycocyanobiline semble responsable de la majorité de l’effet
antioxydant de la phycocyanine, il serait intéressant de l’extraire de la spiruline
dans le but de la commercialiser, afin d’utiliser cette propriété chez l’Homme.
152
Une étude publiée en 2001 [193], avait pour objectif d’observer l’effet
antiradicalaire de la phycocyanine et de son chromophore, la
phycocyanobiline, vis à vis du peroxynitrite (ONOO ─). Cet anion, produit de
la réaction in vivo de l'oxyde nitrique avec le superoxyde, est un oxydant
puissant et polyvalent capable de s’attaquer à un large éventail de molécules
biologiques. Il peut notamment réagir avec l'ADN, les protéines et les lipides à
l'état physiologique, provoquant des dommages cellulaires importants ; sa
réaction avec l'ADN provoque des lésions des bases nucléiques. Les résultats
ont montré que ces deux composés de la spiruline ont permis une élimination
efficace de l’anion peroxynitrite.
Cette étude a permis de montrer que la phycocyanobiline a inhibé
significativement et de façon dose dépendante, les cassures dans un brin
monocaténaire issu d’un plasmide d'ADN super-enroulé, provoquées par
ONOO ─. La valeur IC 50 obtenue (concentration permettant l’inhibition de 50
% de ces effets) était égale à 2,9 ± 0,6 µmol/l.
L’action antiradicalaire propre à chacun des deux composés a été quantifiée, en
mesurant la cinétique de destruction des protéines par la technique de
décoloration du rouge de pyrogallol. La proportion relative antioxydante et la
valeur de l'IC 50 indiquent clairement que la phycocyanine est plus efficace
que la phycocyanobiline dans ce rôle antiradicalaire.
Ces résultats suggèrent que la phycocyanine a la capacité d'inhiber les effets
biologiques délétères provoqués par ONOO ─ ; si cet effet était confirmé par
d’autres études, la phycocyanine pourrait être utilisée comme agent
thérapeutique antiradicalaire.
153
- les molécules du système immunitaire : anticorps, système du
complément, cytokines (interleukines, interférons, facteurs de nécrose
des tumeurs, facteurs de croissance hématopoïétiques, facteur de
croissance des tumeurs) et molécules d’adhésion (sélectines,
intégrines).
Toutes les études réalisées à ce jour sur les animaux (souris, rats, hamsters,
poulets, dindes, chats et poissons) ainsi que les constats émanant de
consommateurs réguliers de spiruline, vont dans le même sens : la spiruline
agit positivement sur le système immunitaire.
Evidemment, connaissant sa composition qualitative et quantitative en micro-
nutriments, ces résultats n’ont rien d’étonnant. Certaines vitamines du groupe
B, les molécules antioxydantes (β-carotène, vitamine E, zinc, sélénium) et
l’acide γ-linolénique qui entrent dans sa composition ont déjà prouvé
individuellement leurs effets stimulants sur le système immunitaire. Il est alors
logique que l’association de ces molécules soit synergique.
Mais, le plus intéressant est que cet effet "dopant" du système immunitaire
reposerait aussi sur la présence de molécules complexes, polysaccharidiques et
polypeptidiques, dont les effets immunostimulants sont étudiés depuis le
milieu des années 90.
154
2.2.1. Renforcement du système immunitaire chez différentes espèces
animales
Suite à des études menées in vitro ou in vivo sur des souris, hamsters, poulets,
dindes, chats et poissons, les chercheurs ont constaté que la spiruline
améliorait, de façon constante, l’activité du système immunitaire. Voici
quelques précisions concernant la façon dont les études ont été menées (pour
évaluer leur pertinence) et les résultats obtenus.
155
En outre, les cultures de macrophages exposées à la spiruline ont
produit, dans le surnageant, un facteur capable de détruire les cellules
tumorales, dont l’activité était comparable à celle du produit issu des
macrophages, suite à une exposition au lipopolysaccharide.
Ces résultats suggèrent que l'exposition in vitro à l'extrait de spiruline
augmente la fonction effectrice sélective des cellules du système
immunitaire du poulet.
156
Ces études montrent que la supplémentation en spiruline, à cette dose,
active plusieurs fonctions immunitaires, humorales et à médiation
cellulaire, avec pour conséquence une augmentation du potentiel de
résistance à la maladie chez les poulets.
Deux études ont été menées dans le but d’étudier, chez le rat,
l’influence de la poudre de Spirulina platensis sur des réactions
anaphylactiques induites par le composé 48/80.
Ce composé, également appelé "polyamine aromatique", est connu
pour son effet histamino-libérateur ; on l’utilise en allergologie comme
produit de référence dans les essais cutanés. Rappelons que l'histamine
est un médiateur essentiel de la physiopathologie de multiples
pathologies allergiques. Elle est synthétisée dans les cellules
inflammatoires et immunocompétentes, dans les cellules pariétales de
l'estomac et dans les neurones (réserve labile). Elle est libérée au
niveau de la peau, de l'intestin, du foie et des bronches, lors du conflit
antigène anticorps ou sous l'effet d’agents divers. Ses actions
biologiques résultent de l’activation de quatre types de récepteurs ; elle
entraîne une action vasodilatatrice puissante, une augmentation de la
perméabilité capillaire, une bronchoconstriction, une activation des
cellules inflammatoires, stimule les sécrétions gastriques et exerce
selon les cas des effets inhibiteurs ou stimulants sur le système nerveux
central ou périphérique [201].
A partir de ces études, les constats des chercheurs ont été les suivants :
157
Effets immunomodulateurs d’une alimentation enrichie en spiruline
chez les souris [202]
Les auteurs de cette étude ont été les premiers à publier des travaux
détaillés sur les propriétés immunomodulatrices de Spirulina platensis,
chez les souris dont le régime alimentaire en comportait.
Selon leurs résultats, les souris nourries avec de la spiruline ont
développé un plus grand nombre d’anticorps en provenance de la rate,
suite à une inoculation de globules rouges de moutons ; il s’agit d’une
réponse immunitaire primaire contre ces cellules étrangères.
L’immunoglobuline G, anticorps produit lors d’une réponse
immunitaire secondaire, n’a pratiquement pas vu sa production
augmenter.
De plus, le pourcentage de cellules phagocytaires, dans les
macrophages péritonéaux des souris ayant reçu de la spiruline, a
significativement augmenté.
L’addition d'un extrait à l’eau chaude de spiruline à une culture in vitro
de cellules de rate, a permis une prolifération significative de celles-ci,
alors que cet ajout n’a pas eu d’effet sur la culture de cellules de
thymus. L’extrait de spiruline a également augmenté de façon
significative la production d’interleukine-1 (IL-1) par les macrophages
péritonéaux des souris.
Il semble donc que l'addition de l'extrait de spiruline à une culture in
vitro de rate et d’un surnageant de macrophages stimulés par cet extrait,
s’est traduit par une augmentation de la production d'anticorps. Cet
extrait de spiruline s’est montré capable d’augmenter la réponse
immunitaire, plus particulièrement la réponse primaire, en stimulant la
fonction phagocytaire des macrophages et la production d’IL-1.
Les résultats obtenus sont venus confirmer les études préliminaires
menées par Liu et ses collaborateurs [203].
158
Deux semaines après le début de l'ingestion de phycocyanine, les souris
ont été immunisées avec une solution aqueuse d'ovalbumine. Puis, une
semaine après l'immunisation primaire, elles ont été soumises à
l'immunisation orale par le biais des microsphères contenant de
l’ovalbumine, deux fois par semaine. Les taux d’anticorps IgA, IgE et
IgG1 ont été déterminés par la méthode ELISA (enzyme-linked
immunosorbent assay).
Les résultats obtenus ont montré que les souris ayant reçu le traitement
par phycocyanine pendant 6 semaines, ont produit un nombre important
d’anticorps d'IgA dans les plaques de Peyer, les ganglions
lymphatiques mésentériques, la muqueuse intestinale et les cellules de
rate. Les taux sériques des anticorps antigène-spécifique IgG1 et IgE
ont été ramenés à zéro, après à une administration de phycocyanine
pendant une durée de 8 semaines. Cependant, il faut noter que
l'inflammation du petit intestin a été réduite au bout de 6 semaines de
phycocyanine, soit 2 semaines avant que le taux des anticorps IgG1 et
IgE ne soient indétectables.
Ces résultats suggèrent que la phycocyanine serait capable de stimuler
les fonctions du système immunitaire muqueux et de réduire
l'inflammation allergique, en supprimant les anticorps antigène-
spécifique IgE.
Ces fonctions, si elles étaient prouvées chez l’Homme, permettraient de
renforcer l’organisme dans sa lutte face aux maladies infectieuses et
aux manifestations inflammatoires consécutives à une allergie.
L’étude a été réalisée chez 127 sujets. Les résultats ont d’abord montré
que le taux des IgA salivaires était significativement plus élevé chez les
sujets consommant régulièrement de la spiruline depuis plus d’un an,
comparativement à ceux qui en consomment depuis moins d’un an.
Les chercheurs à l’origine de cet essai ont ensuite réussi à mettre en
évidence une corrélation positive entre le taux de ces anticorps et la
quantité cumulée de spiruline consommée.
159
Il est cependant intéressant de noter que l'étude a été sponsorisée par la
ferme Earthrise, laquelle a choisit la stratégie de soutenir des travaux
purement scientifiques sur l'intérêt de la spiruline. Bien que les moyens
de ses chercheurs soient nettement plus limités que ceux des
laboratoires pharmaceutiques, ils continuent leurs investigations.
Pour se répliquer, les virus doivent pénétrer dans une cellule qui les accepte,
c’est-à-dire portant en surface des récepteurs s'accordant aux structures virales
superficielles.
Une étude, conduite in vitro, a permis de mettre en évidence, grâce à des essais
d’inhibition réalisés en microplaques, l’activité antivirale d’un extrait à l’eau
chaude issu de Spirulina maxima [207]. Cette activité a été testée sur plusieurs
virus. L’extrait de spiruline a empêché l’infection par le virus Herpès Simplex
type 2 (HSV-2), le virus de la rage, le Cytomégalovirus et le virus Herpès
Simplex type 1. Pour chacun de ces virus, les concentrations de l’extrait de
spiruline ayant permis une inhibition effective de 50 % ont été respectivement de
0,069 – 0,103 – 0,142 et 0,333 mg/ml. Concernant Adénovirus, une
concentration de 2 mg/ml en extrait de spiruline n’a engendrée qu’une inhibition
effective de 20 % de l’infection. A cette même concentration, aucun effet
antiviral n’a été observé vis-à-vis du Rotavirus SA-11 et vis-à-vis des virus
responsables de la rougeole, de l’encéphalite de Van Bogaert, de la stomatite
vésiculeuse et de la poliomyélite. L'activité antivirale la plus élevée a été
constatée sur HSV-2.
L’étude a aussi montré que l’effet antiviral ne résultait pas d’un effet virucide ;
l'infection herpétique a été inhibée au tout début du cycle viral, c’est-à-dire au
stade d’adsorption et de pénétration du virus dans les cellules hôte.
De façon à isoler et identifier le composé de la spiruline présentant cette activité
antivirale, différents extraits ont été fabriqués en utilisant plusieurs solvants de
polarité différente.
La plus forte activité a été constatée avec un extrait méthanol-eau (3:1), ce qui
laisse penser que l’effet est probablement lié à la forte polarité de cet extrait de
spiruline.
Une autre étude a été conduite en 1998 par A. Belay et al [208], afin d’observer
les effets de la spiruline vis à vis du virus de l’immunodéficience humaine de
type 1 (VIH-1). Ces chercheurs ont mis en évidence que l’extrait hydrosoluble
d’Arthrospira platensis était capable de freiner la réplication de ce virus dans des
lymphocytes T humains, dans des cellules mononucléaires de sang périphérique
et dans des cellules de Langerhans. Des concentrations de cet extrait de spiruline,
comprises entre 0,3 et 1,2 µg/ml, ont permis une réduction de 50 % environ de la
réplication virale dans les cellules mononucléaires (par comparaison avec des
cellules non en contact avec l’extrait). Dans ces cellules, la concentration en
extrait ayant permis une réduction de 50 % de la charge virale se situait entre 0,8
et 3,1 mg/ml.
D’autre part, l’équipe a constaté que l’extrait s’avérait capable d’inactiver
directement l’infection par le VIH-1 lorsqu’il était préincubé avec le virus, avant
l’addition de cellules T humaines.
160
Le fractionnement de l’extrait de spiruline utilisé pour les besoins de l’étude a
montré que l’activité antivirale était attribuable à la fraction polysaccharidique.
Ces résultats, s’ils étaient confirmés dans le futur par d’autres études in vitro plus
poussées puis in vivo chez l’animal et chez l’homme, permettraient d’attribuer à
la fraction polysaccharidique de la spiruline, un potentiel thérapeutique très
intéressant et sans risque de toxicité.
161
Activité anti-HIV1
valeur de l’IC 50 lorsque valeur de l’IC 50 lorsque
le composé est absent au le composé est présent au
moment de l’infection moment de l’infection
Calcium-spirulan 9,3 µg/ml 1,8 µg/ml
Activité anti-HSV1
valeur de l’IC 50 lorsque valeur de l’IC 50 lorsque
le composé est absent au le composé est présent au
moment de l’infection moment de l’infection
Calcium-spirulan 9,7 µg/ml 0,85 µg/ml
D’autre part, d'un point de vue thérapeutique, il est essentiel qu'une molécule
antivirale conserve sa biodisponibilité le plus longtemps possible dans le sang.
Or, dans le contexte décrit ici, le temps de demi-vie du DS est beaucoup plus
court que celui du Ca-SP : 30 minutes chez le lapin et moins de 30 minutes chez
la souris, contre 150 minutes pour le Ca-SP chez ces deux espèces animales
[212].
Les résultats de cette étude sont donc très prometteurs puisque le Ca-SP semble
présenter toutes les propriétés nécessaires à un bon agent antiviral : temps de
demi-vie élevé dans le sang, activité à de faibles concentrations sans risque de
stimulation de la réplication virale. Il serait bien maintenant d’approfondir ces
recherches en conduisant des études, toujours pertinentes, à long terme, sur de
larges échantillons de population humaine.
162
Si ces effets prometteurs sont confirmés, il sera alors utile de mettre au point des
procédés d'extraction du Ca-SP à partir de spiruline, procédés qui devront être
compétitifs sur le plan commercial.
Chaque patient a été suivi médicalement en parallèle, au rythme d’une fois par
mois, pendant la durée de l’étude (12 mois). A noter que dans l’échantillon de
l’étude, 84,9 % des sujets sont infectés par le VIH-1, 4,7 % le sont par le VIH-2
et 10,4 % sont infectés par ces deux virus.
Les résultats obtenus après les six premiers mois de suivi sont les suivants :
le nombre moyen de CD4 des patients prenant de la spiruline est passé de 143,88
à 185,5 dans le groupe 1 (p = 0,042) et de 280,97 à 284,53 dans le groupe 2 (p
=0,46). Concernant le groupe 3, la moyenne des CD4 a baissé de façon non
significative, contrairement aux sujets placebo dont la moyenne des CD4 est
passée de 546,6 à 338,1 (p =0,01).
Sur le plan nutritionnel, la moyenne géométrique de l’IMC (Indice de Masse
Corporelle) s’est améliorée de façon significative pour tous les sujets : l’IMC est
passé d’une moyenne de 21,5 à 22 (p < 0,001).
La mesure de la charge virale est encore en cours d’analyse.
Bien que ces résultats soient préliminaires, on peut légitimement avancer que la
prise quotidienne de spiruline semble avoir un impact positif sur la prise en
charge clinique, biologique et nutritionnelle des patients infectés par le VIH.
163
Néanmoins, la dénutrition est un problème qui reste très fréquent lors de
l’infection par le VIH. Or, les aspects nutritionnels chez les victimes de ce virus
ont longtemps été ignorés, l'attention étant presque toujours centrée sur les
médicaments. Il est bien établi maintenant que le virus du Sida exerce un effet
dévastateur sur le bien-être nutritionnel des personnes infectées [214] :
globalement,
164
Une prise en charge nutritionnelle est donc indispensable en complément du
traitement médicamenteux [216]. Elle permet notamment d'obtenir :
165
Insuffisance de l’apport calorique
Mauvaise assimilation
Diarrhées
Altération du métabolisme et de la mise
en réserve des nutriments
166
16 des 28 sujets présentant une forme homogène de leucoplasie
2 des 8 sujets présentant une érythroplasie
2 des 4 sujets présentant une leucoplasie verruqueuse
Aucun des sujets présentant des lésions ulcérées et nodulaires.
Dans cette étude, l'effet d’un extrait pur de phycocyanine a été évalué
chez l’Homme, sur la croissance et la multiplication des cellules K 562
de la leucémie myéloïde chronique. Les résultats ont montré une
diminution significative (49 %) de la prolifération de ces cellules
lorsqu’elles sont traitées avec 50 µmol/l de phycocyanine pendant 48
heures. D'autres études, utilisant la microscopie électronique ou à
fluorescence, indiquent des aspects typiques d’apoptose, telles que la
diminution du volume cellulaire, la turgescence de la membrane
plasmique et la condensation de la chromatine du noyau.
L'électrophorèse sur gel d’agarose de l'ADN des cellules traitées
préalablement par la phycocyanine, montre que celui-ci a été dégradé en
petits fragments caractéristiques de l’apoptose.
D’autre part, l'analyse, par cytométrie de flux, des cellules traitées avec
25 et 50 µmol/l de phycocyanine pendant 48 heures indique que,
respectivement 14,11 et 20,93 % des cellules sont en phase sub-G0/G1.
Les chercheurs ont aussi constaté la libération du cytochrome dans le
cytosol et le clivage de la poly(ADP)-ribose polymérase.
L’étude a également permis de mettre en évidence une down-régulation
de Bcl-2 (protéine active à la surface des mitochondries et bloquant
l’apoptose dans des conditions normales), mais sans aucun changement
de Bax (protéine pro-apoptotique). Or, le rapport Bcl-2/Bax constitue un
paramètre déterminant pour le sort des cellules. Ici, les chercheurs ont
observé une diminution de ce rapport, ce qui est en faveur de l’apoptose.
167
En conclusion, la phycocyanine s’est avérée capable de favoriser, de
façon dose dépendante, l'apoptose des cellules K562 par le biais de trois
éléments : la libération du cytochrome C à partir des mitochondries, le
clivage de la poly (ADP)-ribose polymérase par les capsases et la down-
régulation de Bcl-2.
Voici quelques précisions permettant de mieux comprendre ce qui
précède : afin de préserver l’intégrité du message génétique, la cellule a
développé un ensemble de réponses spécifiques vis à vis du stress
génotoxique ; par exemple, la poly (ADP)-ribosylation est un des
mécanismes impliquant une modification post-traductionnelle immédiate
induite par les cassures présentes dans l’ADN. La poly (ADP)-ribose
polymérase qui catalyse cette réaction, détecte et signale les interruptions
du squelette sucre-phosphate dans l’ADN, et participe activement à la
réparation par excision de bases. Si l’ADN est trop endommagé, le
clivage de l’enzyme par les caspases, survenant en même temps que celui
d’autres enzymes de réparation et de protéines structurales nucléaires,
empêche une réparation futile et assure l’irréversibilité du programme de
mort cellulaire par apoptose [220].
168
Effet du calcium-spirulan sur l’invasion tumorale et métastatique chez
des souris [222]
169
Par ailleurs, chez des souris, sept injections intraveineuses discontinues
de 100 µg de Ca-SP ont permis une diminution marquée de la
colonisation des poumons par des cellules B16-BL6 de mélanome, dans
un modèle expérimental de métastases pulmonaires. En cherchant à
expliquer par quel mécanisme le Ca-SP pouvait réduire les métastases
pulmonaires, les auteurs de l’étude ont remarqué que l’injection de ce
composé engendrait une forte inhibition de la dégradation de l’héparane
sulfate [222].
Les résultats de l’ensemble de leurs recherches suggèrent donc que le
Ca-SP semble capable d’empêcher l'invasion tumorale de la membrane
basale, par la prévention de l'adhérence et de la migration des cellules
tumorales sur la laminine et par une inhibition de l’activité de
l’héparanase tumorale.
Il serait très intéressant de démontrer cette activité par des études menées
chez l’Homme car une telle action serait prometteuse dans le domaine de
la cancérologie, notamment au niveau de la réduction de l’invasion
tumorale et de la diffusion métastatique.
170
aucune régression tumorale n’a été constatée dans les groupes
témoin ;
une régression totale de tumeur a été observée chez 30 % des
hamsters du groupe 5 (spiruline + Dunaliella), chez 20 % de
ceux du groupe 6 (β-carotène) et chez 15 % de ceux du groupe
4 (canthaxanthine) ;
une régression partielle de la tumeur a été constatée chez 70 %
des animaux restant du groupe 5, chez 80 % de ceux du groupe
6 et 85 % de ceux du groupe 4 ;
aucun des hamsters traités par l’acide rétinoïque (groupe 3) n'a
montré de régression totale de la tumeur, mais 70 % d’entre eux
ont montré une régression partielle.
Par ailleurs, l'extrait testé s’est toujours révélé être plus efficace que le
β-carotène seul, ce qui suggère un effet synergique entre ses divers
composants.
La présence et la quantité de TNF-α a été évaluée par des techniques
d’immunohistochimie. Les chercheurs ont ainsi pu observer une
augmentation très significative du nombre de macrophages activés
sécréteurs de TNF-α, dans les tumeurs des poches buccales des animaux
des groupes 5 (spiruline + Dunaliella), 6 (β-carotène) et 7 (α-tocopherol).
Par comparaison, un plus petit nombre de ces macrophages a été
retrouvé dans les poches des hamsters du groupe 4 (canthaxanthine) et
encore moins dans celles des hamsters du groupe 3 (acide 13-cis-
retinoïque) [225].
Une étude menée sur ce sujet ultérieurement par Schwartz et al [226] a
permis de montrer que l’effet précédemment observé de la spiruline sur
l’épithélioma spinocellulaire de hamster était liée à sa phycocyanine.
Celle-ci, administrée oralement (140 µg tous les trois jours pendant 28
jours) a exercé un effet cytostatique et cytotoxique, uniquement envers
les cellules tumorales. Les carcinomes qui commençaient à se développer
ont été détruits par une réaction immunologique : en effet, un infiltrat
dense de lymphocytes et de monocytes a été constaté sur le site tumoral.
Les monocytes se sont avérés cytotoxiques envers les cellules tumorales,
par le biais d’une sécrétion augmentée de TNF-α et les lymphocytes se
sont avérés être des cellules T.
171
La seconde étude a été conduite par des chercheurs de la Davis School of
Medicine. Elle a montré que la spiruline augmentait la production
d’IFN-γ, ainsi que le nombre et l’efficacité des cellules NK.
Bien que ces deux études aient été menées sur un petit échantillon de
sujets, elles viennent confirmer l’intérêt de poursuivre les recherches afin
d’apporter des preuves des bénéfices de la spiruline dans la prévention et
le traitement adjuvant de certaines pathologies cancéreuses.
172
Par contre, cet effet a été supprimé par un prétraitement à la
phycocyanine ; cet effet suppresseur s’est avéré comparable à celui
engendré par l'alpha tocophérol (antioxydant), ou par le chlorure de
gadolinium (agent destructeur des cellules de Küpffer).
La phycocyanine a aussi supprimé l'augmentation des niveaux de nitrites
sériques (234 %), ainsi que l'activité des NOS hépatiques (75 %)
provoquées par la T3.
Cette étude porte sur l'effet d'un prétraitement par la phycocyanine (issue
de Spirulina platensis), sur l'hépatotoxicité chez les rats induite par du
tétrachlorure de carbone.
L'administration intra-péritonéale (200 mg/kg) d'une dose de
phycocyanine aux rats, une ou trois heures avant la stimulation par du
tétrachlorure de carbone (0,6 ml/kg), a réduit significativement
l'hépatotoxicité induite par ce produit chimique. Par exemple, l'activité de
la glutamate pyruvate transaminase sérique était presque égale aux
valeurs obtenues chez les rats témoins.
D’autre part, les pertes de cytochrome microsomal P450, de glucose-6-
phosphatase et d'aminopyrine-N-déméthylase ont été réduites de façon
significative, ce qui suggère que la phycocyanine apporterait une
protection aux enzymes hépatiques. A noter que le mécanisme éventuel
impliqué dans cette hépatoprotection n’est pas encore élucidé.
173
Le degré de stress oxydant rénal a été évalué par le biais du taux des
marqueurs de lipoperoxydation (TBARS), le taux de glutathion réduit, et
par l'activité enzymatique de la SOD et de la catalase.
Les initiateurs de l’étude ont constaté que l’administration de spiruline,
telle qu’elle a été décrite précédemment, a permis de restaurer la fonction
rénale, de réduire significativement la peroxydation lipidique,
d’augmenter les niveaux de glutathion et d’améliorer l’activité
enzymatique de la SOD et de la catalase. Ces effets observés sont
dépendants de la dose de spiruline ingérée.
174
Chez les souris ayant reçu uniquement du HgCl2, les résultats obtenus
montrent une augmentation temps-dépendant significative de la teneur en
malondialdéhyde et de l’activité de la phosphatase acide, avec en
parallèle une diminution de l’activité de la phosphatase alcaline et de la
lactate déshydrogénase.
Le dérivé mercurique a également engendré des altérations pathologiques
au niveau des glomérules et des tubules proximaux et distaux. En
comparaison, chez les souris ayant reçu de la spiruline et du HgCl2, on a
observé une augmentation de l’activité de la phosphatase alcaline et de la
lactate déshydrogénase, avec en parallèle une diminution de la teneur en
malondialdéhyde et de l’activité de la phosphatase acide. De plus, on a
constaté que les altérations des néphrons étaient significativement
moindres dans ce groupe de souris.
En conséquence, il a été conclu de cette étude que Spirulina fusiformis
était capable de réduire significativement les dommages rénaux causés
par le chlorure mercurique, chez les souris.
175
Les souris ayant reçu uniquement de la doxorubicine ont montré une
mortalité plus élevée (53 %) et plus d’ascite. Chez ces souris, les
dommages sur le myocarde se sont traduits par une perte de myofibrilles,
une vacuolisation cytoplasmique et un gonflement mitochondrial.
L’activité de la SOD et de la glutathion peroxydase ont diminué tandis
que la peroxydation des lipides a augmenté. Les souris ayant reçu un
prétraitement par de la spiruline ont sensiblement été protégés de la
toxicité cardiaque induite par l’agent anticancéreux : on a constaté chez
elles un taux de mortalité moindre (26 % seulement), moins d’ascite,
moins de peroxydation lipidique et une normalisation des enzymes
antioxydantes ; de plus, l’étude de l’ultrastructure du myocarde a montré
des dommages minimes.
Par ailleurs, il a été démontré, dans une étude in vitro, que l’effet
cytotoxique de la doxorubicine sur des cellules cancéreuses ovariennes,
n’était pas compromis par l’utilisation concomitante de la spiruline.
L’ensemble de ces résultats suggère que la spiruline exercerait un effet
protecteur contre la cardiotoxicité induite par la doxorubicine et on peut
envisager qu’elle pourrait améliorer l’index thérapeutique de cet agent
anticancéreux.
176
Action neuroprotectrice vis à vis des effets de l’acide kainique [234]
177
Puis il s’accumule surtout dans la peau. La principale voie d’élimination
est l’excrétion par voie urinaire rapide sous les formes trivalente et
pentavalente ; près de 90 % de la totalité de l’arsenic est excrété par voie
urinaire pendant les douze premières heures. Parmi les voies
d’élimination moins importantes, il y a la peau, les cheveux, les ongles et
la sueur. Chez l’ Homme, la demi-vie de l’arsenic inorganique se situe
entre 2 et 40 jours.
L’exposition prolongée à l’arsenic présent dans l’eau de boisson est à
l’origine de cancers de la peau, du poumon, de la vessie, du rein, et
qu’elle est aussi responsable de changements cutanés tels que les
modifications de pigmentation et/ou hyperkératose.
178
groupe placebo groupe spiruline-zinc
concentration en arsenic dans
150,1 ± 18,3 161,7 ± 23,9
de l’eau non filtrée (µg/l)
quantité d’arsenic excrétée
72,1 ± 14,5 78,4 ± 19,1
dans les urines (µg/l)
concentration en arsenic dans
8,3 ± 3,6 9,7 ± 5,4
l’eau filtrée (µg/l)
quantité d’arsenic excrétée
18,4 ± 7,3 21,6 ± 5,8
dans les urines (µg/l)
Tableau XXI : Résultats de l’étude menée afin d’évaluer l’efficacité d’un extrait spiruline-zinc administré
chez des sujets victimes d’empoisonnement chronique à l’arsenic présent dans leur eau de boisson.
D'autres études menées par la même équipe ont constaté une activité anti-
inflammatoire de la phycocyanine chez quelques modèles d’animaux [237]. Ainsi,
ils ont montré que la phycocyanine réduisait sensiblement et de façon dose
dépendante, l’œdème d'oreille engendré par l’injection d'acide arachidonique (0,5
mg par oreille) ou d’activateur tissulaire du plasminogène (4 µg par oreille), chez
les souris. Cet effet anti-inflammatoire a été également constaté sur l’œdème de la
patte de rats mâles (race Sprague Dawley) provoqué par l’injection de
carraghénates (0,1 ml d’une suspension à 1 %) et sur le granulome induit par
l’introduction d’une boulette de coton stérile dans l’aisselle de rats. L’effet anti-
inflammatoire de la phycocyanine a été comparé avec celui de l’indométacine,
médicament anti-inflammatoire standard.
La mesure de l'augmentation du poids (en mg) de biopsies d’un morceau d'oreille
de 6 millimètres a été comparée chez les rats témoins et chez ceux ayant reçu de la
phycocyanine. De la même façon, les chercheurs ont comparé l'activité de la
myéloperoxidase, marqueur d’infiltration par les neutrophiles.
179
L'augmentation de l'épaisseur de patte (en mm) a aussi été comparée. Sept jours
après l’implantation du coton, le granulome a été enlevé et son poids sec a été
déterminé. Parallèlement, la toxicité aiguë a été évaluée chez les souris et les rats.
Les résultats obtenus sont les suivants : l'administration par voie orale de
phycocyanine a permis une réduction significative de l’inflammation (p < 0,05),
dans tous les modèles examinés. Concernant l'essai aigu de toxicité chez les deux
espèces animales, même à la dose la plus élevée testée (3 000 mg/kg, per os),
aucune toxicité de la phycocyanine n'a été observée. Par rapport à l’indométacine,
la puissance de l’effet anti-inflammatoire de la phycocyanine s’est révélée
inférieure ; en effet, la même activité anti-inflammatoire est obtenue avec une dose
de 50 à 300 mg/kg per os de phycocyanine, contre 3 à 10 mg/kg per os du
médicament [237].
180
Dans l'essai mené sur le sang entier, la phycocyanine a inhibé très efficacement la
COX-2, avec une valeur IC 50 égale à 80 nmol/l. Les chercheurs ont aussi
constaté que la phycocyanine réduite et la phycocyanobiline (chromophore de la
phycocyanine), étaient de pauvres inhibiteurs de COX-2 et sans sélectivité vis à vis
de celle-ci. Par conséquent, cala laisse penser que c’est l'apoprotéine de la
phycocyanine qui pourrait jouer un rôle clé dans l'inhibition sélective de COX-2.
181
Cette efficacité peut s'expliquer par le fait que la pectine, prise oralement,
empêche la réabsorption immédiate du radionucléide parvenu dans
l'intestin grêle.
Nesterenko a démontré que 3 à 4 cures de 4 semaines de pectine par an,
distribuée aux enfants dans les écoles de villages hautement contaminés,
parvenaient à maintenir la charge en Césium137 en dessous du seuil de
50 becquerels par kilo de poids corporel ;
Cet effet a été étudié par le biais du test du micronoyau dans des
érythrocytes polychromatiques de moelle osseuse de souris.
Ce test du micronoyau, en mesurant les aberrations chromosomiques
dans les cellules nucléées de moelle osseuse de rongeurs, peut permettre
la détection d'une vaste gamme de changements de l'intégrité des
chromosomes. Ces changements découlent presque tous, au départ, de la
cassure d'un ou de plusieurs chromatides. Les micronoyaux sont des
entités nucléaires distinctes du noyau principal, présentes dans le
cytoplasme des cellules en interphase et constitués de fragments
chromosomiques (effets clastogènes) ou de chromosomes entiers (effets
aneugènes) perdus au cours de la mitose. En pratique, ce test est
actuellement le seul test de mutagenèse pouvant mettre en évidence les
remaniements génomiques consécutifs aux anomalies chromosomiques
de nombre et/ou de structure [243].
Dans cette étude, des souris ont été exposées à des radiations gamma,
rayonnements ionisants pouvant provoquer des anomalies
chromosomiques. Les tissus les plus radiosensibles étant les tissus
hématopoïétiques, l’effet protecteur d’un extrait éthanolique de Spirulina
platensis vis à vis de ce rayonnement, a été évalué par le test du
micronoyau ; les chercheurs ont constaté que cet extrait avait permis une
réduction importante du nombre de micronoyaux induits par les
radiations gamma.
182
Ils ont aussi noté que l'effet radioprotecteur observé se révélait à peu près
identique lorsque l’extrait de spiruline était administré avant ou après
l’exposition aux rayonnements. Selon eux, l’extrait de spiruline
renfermerait des molécules protectrices agissant comme facteurs
stabilisants de l’ADN ; ils ont écarté la possibilité d'un mécanisme
éliminateur de radicaux.
Effet d’un extrait de phycocyanine sur des lésions induites par des
radiations chez le rat [245]
Des rats Wistar ont été exposés à des rayons X, à des doses de 5 Gy. Une
diminution significative de l'activité déshydrogénase, des liaisons
phosphates riches en énergie et de l'efficacité de la défense antioxydante,
ainsi qu'une augmentation significative du taux de pyruvate, ont été
observées pendant 4 semaines. L’étude a montré que le fait de nourrir ces
rats avec un extrait de phycocyanine issu de Spirulina platensis a permis
la correction de ces anomalies.
A noter qu’un résultat similaire a été obtenu, après des injections de
tocophérol ou d’un complexe de 6 vitamines hydrosolubles.
183
Une récupération a été observée dans des leucocytes et dans des cellules nucléées
de moelle osseuse, de même qu’une amélioration du nombre de colonies formant
des unités granulocytaires et monocytaires (CFU-GM), chez les souris après
injection intra péritonéales d’acide hydrochlorique de benzohydrazine ou après que
leur organisme entier ait été soumis à des radiations gamma.
Chez l'être humain, les premières études ont été réalisées en 1988, au Japon, par
Nakaya et al [248]. Trente hommes en bonne santé mais présentant une
hypercholestérolémie et une hypertriglycéridémie modérée ont constaté une
réduction de leurs taux de LDL et triglycérides, après consommation de 4,2 g de
spiruline par jour pendant huit semaines, le régime alimentaire n’étant pas modifié.
Leur taux de cholestérol total a diminué de 4,5 % au bout d’un mois tandis que
celui de HDL est resté à son niveau initial.
184
Les chercheurs ont aussi constaté que lorsque la prise de spiruline était
discontinue, le taux de LDL retrouvait sa valeur initiale.
Selon eux, l’effet bénéfique de la spiruline serait lié à une augmentation de
l’activité de la lipoprotéine lipase, enzyme clé du métabolisme des lipoprotéines.
En réduisant le taux de LDL, la consommation de spiruline pourrait être bénéfique
quant à la prévention des maladies cardiovasculaires.
En effet ce LDL, appelé mauvais cholestérol, s’accumule sur la paroi interne des
artères, générant la formation de plaques d’athérome avec un risque élevé
d’athérosclérose.
Une autre étude, publiée en décembre 2001 [249], avait pour objectif d’évaluer le
rôle de la supplémentation en spiruline sur la glycémie et les taux de lipides
sanguins. Vingt-cinq sujets présentant un diabète de type 2 ont été aléatoirement
répartis en deux groupes : le groupe 1 a reçu 2 g par jour de spiruline pendant 2
mois ; le groupe 2, supplémenté par un placebo, constituait le groupe témoin.
L'efficacité de la supplémentation en spiruline a été déterminée en comparant les
taux de glucose dans le sang des sujets, avant et après la supplémentation. Le
profil lipidique et la valeur de l’hémoglobine glyquée HbA1c ont également été
analysés chez tous les sujets.
La supplémentation, pendant une durée de deux mois, a eu comme conséquence
une réduction significative des glycémies à jeun et post-prandiales. La valeur de
l’HbA1c s’est également révélée plus basse, ce qui suggère une amélioration de
l’équilibre glycémique sur du long terme. En ce qui concerne l’évolution du profil
lipidique, les chercheurs ont constaté une baisse significative du taux de
triglycérides ; la réduction des taux de cholestérol total et de LDL-cholestérol a été
couplée avec une légère augmentation du taux de HDL-cholestérol. Les indices
d’athérogénicité (cholestérol total/HDL-cholestérol et LDL-cholestérol/HDL-
cholestérol) ont donc diminué, ce qui permet de réduire le risque cardiovasculaire.
D’autre part, le taux de l'apolipoprotéine B (fraction protéique majeure des LDL
petites et denses très athérogènes) avait significativement baissé tandis que celui
de l’apolipoprotéine A1 (fraction protéique majeure des lipoprotéines HDL
protectrices) était plus élevé. Le rapport apo A1/apo B étant augmenté, le risque
cardiovasculaire est abaissé.
L’ensemble de ces résultats suggère donc que la supplémentation régulière en
spiruline (2 g par jour) semble bénéfique pour le contrôle du diabète de type 2 et
pour l’obtention d’un meilleur profil lipidique, de façon à prévenir le risque
cardiovasculaire.
Une étude a également été menée dans le but d’évaluer les effets de la spiruline
chez des patients présentant une hyperlipidémie consécutive à un syndrome
néphrotique [251].
185
En cas de syndrome néphrotique, de grandes quantités de protéines plasmatiques
sont perdues dans les urines, ce qui engendre une diminution de la pression
oncotique. Pour répondre à ceci, le foie synthétise plus de protéines, notamment
l’albumine mais aussi des lipoprotéines, ce qui induit une hyperlipidémie
secondaire. On sait déjà que les acides gras essentiels tel que l'acide gamma-
linolénique (GLA) peuvent empêcher l'accumulation du cholestérol dans
l’organisme. Or, la spiruline renferme justement une quantité appréciable de
GLA.
L’étude, d’une durée de deux mois, a été menée sur 23 patients âgés de 2 à 13 ans
et présentant un syndrome néphrotique. Ils ont été séparés en deux groupes : le
groupe 1 a reçu, en guise de traitement, le médicament habituel ; le groupe 2 a reçu
le même médicament plus 1 g de spiruline par jour. La taille, le poids, la glycémie
à jeun et les taux de triglycérides, de cholestérol total, de LDL et HDL-cholestérol
ont été mesurés au début et à la fin de l’étude. Les résultats obtenus sont présentés
dans le tableau XXII
groupe 1 groupe 2
(médicament seul) (médicament + spiruline)
taux de
baisse de 69,87 mg/dl baisse de 116,33 mg/dl
cholestérol total
taux de
baisse de 61,13 mg/dl baisse de 94,14 mg/dl
LDL-cholestérol
taux de
baisse de 22,62 mg/dl baisse de 67,72 mg/dl
triglycérides
LDL-cholestérol /
HDL-cholestérol baisse de 1,13 baisse de 1,66
cholestérol total/
HDL-cholestérol baisse de 1,19 baisse de 1,96
HDL-cholestérol/
augmentation significative augmentation significative
LDL-cholestérol
Tableau XXII : Résultats de l’étude menée sur les enfants atteints de syndrome néphrotique
Ces résultats montrent que la spiruline à la dose de 1 g par jour pendant 2 mois a
contribué à la réduction des paramètres lipidiques néfastes, tout en maintenant le
taux de HDL-cholestérol.
L’objectif d’une étude très récente (novembre 2007) consistait à évaluer les effets
chez l’Homme de la supplémentation orale de 4,5 g par jour de Spirulina maxima
pendant 6 semaines, sur les taux de lipides sériques, la glycémie et la tension
artérielle. Elle a été menée sur 36 sujets volontaires (16 hommes et 20 femmes),
âgés de 18 à 65 ans [252]. Ces sujets n'ont pas modifié leurs habitudes alimentaires
ni leur mode de vie pendant la durée de l’étude.
186
Sur chacun, un échantillon de sang a été prélevé après un jeûne de 12 heures, afin
de déterminer les concentrations plasmatiques en glucose, en triglycérides, en
cholestérol total, en HDL-cholestérol et en aspartate aminotransférase. Des
mesures anthropométriques comprenant la tension artérielle, la taille, le poids et
l'index de masse corporel (BMI) ont été également réalisées.
Les résultats obtenus en comparant les valeurs de début et de fin d’étude montrent
qu'il n'y a pas de changement significatif concernant les valeurs de la glycémie et
de l'aspartate aminotransférase. En revanche, des différences significatives ont été
observées pour les autres valeurs, comme le montre le tableau XXIII :
valeurs valeurs
au début de au terme de significativité
l’étude l’étude
triglycérides
233,7 ± 177,8 167,7 ± 100,7 p < 0,001
(mg/dl)
cholestérol total
181,7 ± 37,5 163,5 ± 34,4 p < 0,001
(mg/dl)
HDL-cholestérol
43,5 ± 14,4 50 ±18,8 p < 0,01
(mg/dl)
Pression artérielle hommes : hommes :
systolique 121 ± 9 111 ± 8 p < 0,01
(mmHg) femmes : femmes :
120 ± 9,5 109 ± 11 p < 0,002
Tableau XXIII : Résultats de l’étude des effets d’une supplémentation en spiruline sur les taux de
triglycérides, cholestérol et la pression artérielle, chez 36 sujets
187
2.8 Effets sur la flore intestinale
Une étude conduite chez le rat [253] a montré qu’un régime alimentaire
quotidien enrichi en spiruline (5 %) pendant 100 jours, avait permis une
augmentation de 13 % du poids de leur cæcum et de plus de 300 % sa teneur en
Lactobacillus et Bifidus, par rapport à des rats non nourris avec de la spiruline.
Par ailleurs, le taux de vitamine B1 dans le cæcum avait augmenté de 43 % ;
puisque la spiruline n’apporte pas directement cette quantité de vitamine B1, cela
laisse penser qu’elle a permis une meilleure absorption de celle-ci à partir de
l’alimentation des rats.
Chez l’Homme, les Lactobacillus sont des bactéries hôtes naturels de l’intestin et
du colon qui participent à l’équilibre microbien du tube digestif. On les appelle
des probiotiques (micro organismes vivants non pathogènes). Ils assurent trois
types de fonctions :
La flore bactérienne intestinale est un équilibre bactérien fragile qui peut être mis
à mal à la suite de diarrhées, de colites ou de la prise d'antibiotiques.
Les sujets victimes du syndrome d’immunodéficience acquis (SIDA) présentent
une malabsorption des nutriments, liée aux infections opportunistes. Ces
infections, provoquées par certains microorganismes comme Candida albicans,
accentuent l'expression des symptômes de la maladie. D’autre part, les diarrhées
fréquentes chez ces patients ou les infections à E. Coli en général, contribuent à
un déséquilibre des bactéries de l’intestin, au profit des pathogènes. Il est donc
conseillé d’adopter, chez les patients infectés, une supplémentation nutritive à
base de Bifidus et Lactobacillus, pour renforcer le combat contre la progression
de la maladie. Dans ce cadre, et cela vient compléter ce qui a été écrit
précédemment (cf. 2.2.2.), la spiruline pourrait offrir une stratégie intéressante, à
la fois thérapeutique et alimentaire, en complément des traitements
indispensables.
188
En 2001, l’OMS rapporte que 250 millions d’enfants d’âge préscolaire souffrent
d’une carence infra-clinique en vitamine A ; trois millions souffrent de
xérophtalmie clinique et 300 000 sont aveugles suite à la xérophtalmie.
Une étude, sponsorisée par le gouvernement indien, portant sur 5 000 enfants
indiens d'âge préscolaire [255], a démontré l'étonnante efficacité d'une dose
quotidienne unique d'1 g de spiruline sur la déficience chronique en vitamine A :
le symptôme de la tache de Bitot présent initialement chez 80 % des sujets n’a
été retrouvé que chez 10 % d’entre eux, après 150 jours de supplémentation en
spiruline.
Cette étude montre que de très faibles doses de spiruline suffisent à réduire
considérablement les affections oculaires et les risques de cécité consécutives à
la déficience en vitamine A chez l'enfant.
Une autre étude menée sur 400 enfants indiens scolarisés a permis de montrer
que la supplémentation régulière en spiruline à la dose d’1 g par jour augmentait
leur statut en vitamine A de la même façon que l’administration de vitamine A
pure (beaucoup plus chère).
189
Si tous ces effets venaient à être confirmés par des études pertinentes à plus grande
échelle chez des populations humaines variées, la spiruline offrirait en outre deux
intérêts majeurs :
190
Troisième partie
La spiruline
dans les pays en voie de
développement
191
192
Grâce à ses qualités nutritives exceptionnelles, la spiruline suscite, depuis plusieurs
décennies, un intérêt tout particulier dans le domaine de la lutte contre la malnutrition qui
sévit dans les PVD. Cela constitue d’ailleurs, depuis sa redécouverte et jusqu’à ce jour, la
principale finalité de son utilisation.
1.1 La malnutrition
Alors que la famine correspond à manque quantitatif de nourriture, sur un
territoire donné et pour une longue période, la malnutrition est liée avant tout à
la qualité des aliments absorbés, c’est-à-dire à leur valeur nutritionnelle.
Elle se définit comme un état pathologique provenant de l’usage prolongé d’une
nourriture ne fournissant pas l’ensemble des éléments nécessaires à la santé
(glucides, lipides, protéines, mais aussi et surtout acides gras essentiels,
vitamines, minéraux, fibres, etc.). Il existe un déséquilibre cellulaire entre
l’approvisionnement en énergie et nutriments d’une part, et les besoins de
l’organisme pour assurer sa croissance, ses diverses fonctions et son maintien
physiologiquement satisfaisant.
Le terme est aussi employé pour caractériser une alimentation constituée
d’apports excessifs ou déséquilibrés en certains nutriments (typiquement
graisses, sucres et protéines dans les pays industrialisés). Dans le cadre de ce
travail, il n’est question que de malnutrition par sous-alimentation.
Lorsque le déficit alimentaire résulte surtout d’un déficit énergétique et
protéique, on parle de malnutrition protéino-énergétique (MPE).
Si le déficit porte surtout sur le fer, on parle d'anémie nutritionnelle.
Lorsqu’il porte principalement sur la vitamine A, il s’agit d’une avitaminose
pouvant conduire à l’apparition de xérophtalmie.
193
1.2 Le kwashiorkor
Cette forme apparaît à la faveur d'un déséquilibre nutritionnel (régime pauvre en
protéines et riche en glucides) dans les semaines ou les mois qui suivent le
sevrage [257] [259]. Cette carence en protéines est la source d’un ensemble de
perturbations. En effet, elle provoque au niveau cellulaire, une diminution de la
synthèse des protéines à demi-vie brève. Cela concerne essentiellement des
protéines d’origine hépatique (en fait, la majeure partie des protéines
plasmatiques à l’exception des globulines), et également une série d’enzymes
fabriquées par le pancréas exocrine et la muqueuse intestinale.
L' hypoalbuminémie qui en résulte entraîne une baisse de la pression oncotique,
dont le résultat est la fuite d'eau et de sel dans le liquide interstitiel , ce qui
aboutit à la constitution d’œdèmes et d’hypovolémie. Cette hypovolémie
engendre une hypersécrétion de l’hormone anti-diurétique et d’aldostérone,
favorisant ainsi la rétention hydrosodée et la surcharge cardiaque.
En outre, le mauvais fonctionnement du pancréas exocrine et des cellules
intestinales ne permet pas une bonne absorption des aliments, ce qui exacerbe les
effets de carence.
Il se crée alors un véritable cercle vicieux qui, s’il n’est pas rompu, va s’emballer
et provoquer un déficit tel que le fonctionnement de l’organisme se ralentit voire
s’arrête définitivement.
1.3 Le marasme
C’est la forme la plus fréquente. Le régime qui mène au marasme est non
seulement pauvre en protéines, comme au cours du kwashiorkor, mais aussi en
glucides et en lipides : le déséquilibre est global et homogène [257]. La
néoglucogenèse est sollicitée. Par élévation de la cortisolémie, le catabolisme
protidique au niveau du muscle strié s'accentue, l'anabolisme protéique hépatique
se majore. Ceci provoque la disparition du pannicule adipeux et une fonte des
masses musculaires.
Le marasme pur ne s'accompagne donc pas d'une baisse importante des protéines
sanguines ni d'œdèmes, contrairement au kwashiorkor [259].
194
Pratiquement aucun progrès n’a donc été accompli en ce qui concerne l’objectif
du SMA, lequel était de réduire de moitié le nombre de personnes
sous-alimentées avant 2015.
La FAO estime que pour atteindre cet objectif dans les pays en développement,
il faudrait que le nombre de personnes sous-alimentées diminue de 31 millions
par an entre 2001-2003 et 2015 (figure 69) [260].
Les figures 71 et 72 sont des cartes géographiques montrant l’état d’insécurité
alimentaire dans le monde en 2005, d’après les chiffres dont dispose la FAO.
Toujours selon la FAO, la sous-alimentation tue, chaque année, près de six
millions d’enfants en dessous de 5 ans dans le monde ; cela représente 55 % des
décès d’enfants dans les PVD. La plupart meurent de maladies infectieuses –
dont la diarrhée, la pneumonie, le paludisme ou la rougeole – alors qu’ils
auraient pu survivre si leur système immunitaire n’avait pas été affaibli par la
malnutrition.
De son côté, l’UNICEF déclare que, dans l’ensemble du monde en
développement, un enfant de moins de cinq ans sur quatre (soit environ 146
millions d’enfants) souffre d’insuffisance pondérale. C’est en Asie du Sud, et
dans une moindre mesure en Afrique subsaharienne, que le problème de la sous-
alimentation des enfants est le plus grave.
195
Tableau XXIV : Evolution du nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en développement et les pays en
transition, entre les périodes 1990-1992 et 2001-2003. © FAO 2006
Figure 70 : Graphique circulaire représentant la proportion des personnes sous-alimentées dans le monde,
sur la période allant de 2001 à 2003 [260] :
196
Figure 71 : Représentation de l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde en 2005.
© FAO 2005
Figure 72 : Carte, actualisée grâce aux dernières données disponibles, représentant les pays touchés par la
malnutrition en 2005 [261]
197
La malnutrition est par ailleurs une urgence nettement moins visible que la
famine. En effet, l’UNICEF fait remarquer que les trois quarts des enfants qui
meurent de causes liées à la malnutrition, sont atteints de formes modérées ou
légères, ne s'accompagnant d'aucun signe extérieur [259].
Toujours selon l’UNICEF, voici l’estimation du nombre d’enfants victimes de
maladies évitables chaque années, essentiellement liées à la malnutrition :
Face à ces constats désastreux, faut-il rappeler que le droit de chacun à une
bonne nutrition relève du droit international, et qu’il apparaissait déjà dans la
Déclaration des droits de l'enfant (Déclaration de Genève) adoptée en 1924 ?
L'expression la plus complète du droit à la nutrition figure dans la Convention
relative aux droits de l'enfant de 1989 [262] ; les 191 ratifications en 1997 en
font l'instrument des droits de l'homme le plus universellement approuvé de
l'histoire. Les Etats qui ont ratifié cette Convention ont de ce fait reconnu le droit
qu'a tout enfant de jouir du meilleur état de santé possible et donc son droit à une
bonne nutrition avec ses trois composantes vitales : aliments, santé et soins.
198
2. Causes de la malnutrition dans les pays en voie de développement
La compréhension des causes de la malnutrition est indispensable pour pouvoir
apprécier l'ampleur et la profondeur du problème, les progrès déjà accomplis ainsi que
les possibilités de progrès futurs.
Les causes de la malnutrition dans les PVD sont multiples et très souvent liées entre
elles. Deux causes principales immédiates se distinguent :
l'insuffisance, quantitative et qualitative, de la ration alimentaire et la maladie. Leur
interaction tend à créer un cercle vicieux ; l'enfant malnutri, résistant moins bien à la
maladie, tombe malade plus souvent, et de ce fait la malnutrition empire.
Les causes sous-jacentes se divisent en trois domaines, et aboutissent aux deux causes
précédemment citées : l'insécurité alimentaire des ménages, l'insuffisance des services
de santé et d'assainissement, et la mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux
femmes.
• Le rôle des femmes : elles ont un rôle spécial à jouer dans le maintien
de la sécurité alimentaire ; dans la plupart des sociétés, elles assurent
seules la préparation, la cuisson, la conservation et le stockage de la
nourriture familiale ;
199
le plus souvent, elles ont aussi la responsabilité de la production et de
l’achat des aliments. Or, pour que la sécurité alimentaire du ménage se
traduise en une bonne nutrition, il est indispensable d’alléger les
femmes de ce fardeau de travail qui les empêche de satisfaire aux
besoins de leurs enfants, toujours en rapport avec la nutrition.
200
Ces parasites constituent donc une cause importante de malnutrition ; ils
entravent la croissance et entraînent une anémie grave, de la dysenterie, un retard
de puberté et des problèmes d'apprentissage et de mémoire.
En réalité, il existe une intrication entre la maladie et la malnutrition, au point
qu’il est parfois difficile de savoir qui est à l'origine de quoi. D’une part, les
maladies infectieuses se déclarent plus facilement chez les petits enfants et ceux-
ci y résistent moins bien s'ils sont mal nourris.
D’autre part, les infections provoquent aussi la malnutrition, en favorisant l'usure
de l’organisme et en augmentant les besoins en protéines ; les diarrhées
infectieuses affaiblissent considérablement les enfants et la malnutrition
s’installe progressivement.
En dehors des parasitoses intestinales, les maladies comme la rougeole, la
coqueluche et les infections broncho-pulmonaires sont fréquentes ; de son côté,
le paludisme entraîne des anémies chroniques car il entretient des parasites qui se
nourrissent aux dépens des globules rouges.
2.3 Mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux femmes
La persistance dans les PVD d’une mauvaise qualité des soins prodigués aux
enfants et aux femmes, résulte de nombreux facteurs socioculturels et
économiques [265] :
201
• Le faible niveau de ressources financières des pays du tiers-monde : il
constitue un facteur majeur de malnutrition : les villages n’ont pas les
moyens de s’équiper en infrastructures telles que des écoles, des
hôpitaux ou des centres de santé ; cela rend donc difficile l’accès aux
besoins vitaux des populations pour sortir de l’engrenage : l’éducation,
l’alimentation et la santé.
Bien entendu et malheureusement, tous les efforts des familles pour assurer une
bonne nutrition, peuvent être réduits à néant par les facteurs politiques,
économiques et idéologiques régnant dans le pays où elles vivent.
202
Tous ces signes apparaissent très progressivement et n’attirent pas
l’attention. Pourtant, à ce stade, un simple conseil diététique suffirait à
redresser la situation. Cet état précaire peut facilement, être aggravé par la
survenue d’un épisode infectieux.
Les œdèmes apparaissent soit progressivement, soit de façon brutale et
signent le passage à la phase d’état. Cette phase d’état est marquée par une
symptomatologie beaucoup plus riche :
203
Dans l'ensemble, il a l'aspect d'un "petit vieux".
Généralement, l'enfant atteint de marasme est facile à tirer d’affaire
parce qu'il mange bien, mais sa récupération est lente.
Alors que la protidémie est le plus souvent normale dans le marasme, elle
est franchement abaissée dans le kwashiorkor ; l’hypoprotidémie avec un
taux d’albumine effondré est même caractéristique de ce syndrome. La
préalbumine et l'apolipoprotéine A1 sont également effondrées.
Voici quelque précisions concernant ces protéines sériques :
la préalbumine est considérée comme un indicateur précoce de la
malnutrition dont la sensibilité est attribuée d’une part à sa synthèse
hépatique, et d’autre part à sa demi-vie brève (48 heures). On l’utilise en
pédiatrie pour dépister les formes infracliniques de déficience protidique
et pour le suivi de l’évolution des diverses formes de MPE déclarées.
L’apolipoprotéine A1 est également un indicateur précoce de
malnutrition ; les avantages qu’il présente par rapport à la préalbumine
sont sa meilleure sensibilité à la renutrition et le fait qu’il est très peu
influencé par les facteurs infectieux associés à l’état de malnutrition. Par
conséquent, l’apolipoprotéine A1 reflète plus spécifiquement l’état
nutritionnel que la préalbumine.
L’albumine, avec sa demi-vie biologique de 20 jours, est un bon
marqueur de dénutrition chronique.
Le bilan hydro-électrolytique
204
Le bilan lipidique
Le bilan phosphocalcique
Modifications hématologiques
205
4. Evolution et pronostic
En l’absence de traitement, l’évolution est grave puisque dans 8 cas sur 10, l’enfant
décède en quelques jours ou au maximum quelques semaines après l’apparition des
œdèmes ; dans les deux autres cas, si l’enfant arrive à surmonter le risque vital, il est
exposé à des séquelles parfois irréversibles [258].
Du point de vue pronostic à court terme, la mortalité est de nos jours encore très élevée,
pour les individus des PVD souffrant de MPE sévère. Le plus mauvais pronostic est
constaté chez les enfants présentant des troubles hydro-électrolytiques ou des infections
graves. Beaucoup d’autres signes sont aussi de mauvais pronostic :
Les infections :
elles sont indissociables, synergiques et d’étiologie diverse :
bactériennes, virales, parasitaires ou mycosiques. Elles peuvent toucher
tous les organes : tractus digestif et sphères ORL, broncho-pulmonaire
et uro-génitale.
La fièvre est inconstante alors que l’anorexie est par contre constante.
Chez le malnutri, le paludisme prend une forme cholérique avec
diarrhée profuse.
La figure 73 montre la part de responsabilité de ces infections dans le
décès des enfants malnutris dans les PVD en 1995, d’après l’OMS.
206
L’hypoglycémie :
tous les enfants sévèrement malnutris doivent être considérés comme
potentiellement hypoglycémiques.
La défaillance cardiaque :
elle se voit surtout dans le kwashiorkor. Cette insuffisance cardiaque
est responsable de la mort dans bien des cas de kwashiorkor. Elle est le
plus souvent globale (insuffisance des ventricules droit et gauche).
Il faut soupçonner une insuffisance cardiaque dès lors que le poids n'a
pas chuté malgré la fonte des œdèmes.
207
Les complications à type de carence nutritionnelle spécifique :
les plus fréquentes sont liées aux déficits en fer, vitamines A, B, C, D,
iode, zinc et cuivre. Chacun de ces déficits engendre des conséquences
néfastes à moyen et long terme ; elles sont précisées un peu plus loin.
208
3) Elévation des risques pour la santé maternelle
5) Troubles de l'immunité
209
6) Abaissement de la productivité physique
210
6. En quoi la spiruline représente-t-elle un espoir dans le combat contre la
malnutrition ?
Le Burkina Faso est un pays d’Afrique de l’ouest dont 56 % des habitants ont
moins de 18 ans et où les femmes représentent plus de la moitié de la population.
Avant l’entrée dans le nouveau millénaire, les taux de mortalité infantile et de
mortalité des moins de 5 ans ont diminué. En revanche, la santé des enfants s’est
dégradée à cause du paludisme, des infections respiratoires aiguës, de la diarrhée
et de la malnutrition. La pauvreté a encore aggravé la situation des femmes et des
enfants [272].
Par ailleurs, ce pays est l’un des plus pauvres au monde selon le rapport du PNUD
publié en 2001 : 61,2 % de la population vit en deçà du seuil de pauvreté
monétaire (1$/j). De plus, le taux de croissance de la population est très élevé : en
1975, le pays compte 6,2 millions d’habitants, en 1999 il y en avait 11,2 millions
et les prévisions parlent de 18,5 millions en 2015.
En 2005, la situation est la suivante [272] :
211
Les protéines représentant un luxe inaccessible au plus grand nombre, le Burkina
Faso est confronté à la MPE : elle touche actuellement 45 % de la population
totale du pays. Les cas de marasme et de kwashiorkor sont nombreux.
D’autre part, 80 % de la population travaille dans le secteur agricole mais ce
secteur n’est ni réellement efficace ni adapté au taux de croissance de la population
[272] .
Face à ces constats, le pays a décidé de diversifier sa production agricole, afin de
rendre les protéines plus abondantes et accessibles financièrement. La rareté de
l’eau et l’aridité des sols ont conduit à des essais de culture locale de spiruline.
C’est ainsi que le centre de réhabilitation nutritionnelle de Ouagadougou utilise,
depuis l’an 2000, de la spiruline en complément de la farine Misola, dans le but
d’améliorer l’état des enfants malnutris.
Objectif
Méthodologie utilisée
o groupe 1 : 170 enfants ayant reçu 200 g de Misola (731 ± 7 Kcal par
jour) ;
o groupe 2 : 170 enfants ayant reçu 10 g de spiruline en plus de 200 g
d’aliments traditionnels (millet, légumes et fruits – 748 ± 6 Kcal par
jour) ;
o groupe 3 : 170 enfants ayant reçu 10 g de spiruline et 200 g de Misola
(767 ± 5 Kcal par jour) ;
o groupe 4 : 40 enfants n’ayant reçu que 200 g d’aliments traditionnels
(722 ± 8Kcal par jour) ; ils ont servi de groupe-témoin. Il s’agissait
d’enfants dont les mères n’avaient pas accepté qu’ils rentrent dans le
protocole d’étude. Leurs déficiences en vitamines et minéraux ont
cependant été corrigées, après la clôture de l’étude.
212
L’étude s’est déroulée sur une période allant de la fin de l’année 2002 au début de
l’année 2003 ; elle a duré 8 semaines.
La consommation du Misola utilisé apporte 12 % de lipides, 16 % de protéines et
61 % de glucides, soit 410 kcal.
La composition de la spiruline cultivée au CMSC est semblable à celle des
spirulines rapportées dans la littérature ; la consommation de 10g fournit 6 % de
lipides, 57,10 % de protéines et 13,84 % de glucides, soit 33,8 kcal.
La dose de spiruline fournie quotidiennement aux enfants des groupes 2 et 3 était
de 10 g, répartie sur deux repas. Ce sont les mamans qui, sur les conseils des
médecins nutritionnistes, étaient chargées de préparer les mélanges destinés à leur
enfant. Chaque enfant était nourri 4 fois par jour, à heures fixes : 6h30,
10h30,14h30 et 18h30.
Au départ, les repas étaient pris à l’intérieur du CREN, puis lorsque les mères
savaient se débrouiller seules, elles pouvaient nourrir leurs enfants à la maison.
Le poids ainsi que les trois indices anthropométriques ont été mesurés tous les
jours, pendant toute la durée de l’étude, de façon à mesurer l’évolution de l’état
nutritionnel des enfants.
Pour l’interprétation des résultats, les comparaisons ont été réalisées par analyse
statistique et calcul des Z-scores (médiane ± déviation standard) pour chaque
indice. Ces calculs ont été effectués d’après les références du National Center for
Health Statistics (NCHS).
Résultats obtenus
Le nombre total des enfants avait été déterminé avant le début de l’étude, de façon
à ce que l’échantillon soit représentatif. Les enfants des groupes 1, 2 et 3 ont été
répartis de façon aléatoire (tableau XXV). Les résultats sont présentés dans le
tableau XXVI.
Par ailleurs, il est important de signaler que la compliance au traitement a été
excellente : aucun enfant n’a abandonné l’étude et les mères rapportent qu’elles
n’ont pas eu de difficulté pour leur faire accepter les préparations.
Ses résultats s’expliquent par le fait que les enfants du groupe 3 sont ceux qui ont
reçu l’alimentation apportant le plus d’énergie (767 ± 5 kcal par jour) et le plus de
protéines (environ 37 g par jour).
213
Une étude antérieure réalisée par Branger et al. [273] sur des enfants malnutris au
Burkina Faso, ne montrait pas d’amélioration significative quant à l’ajout de 5 g de
spiruline aux mets traditionnels ou au Misola. Les auteurs de cette étude réalisée
en 2002 ont conclu que leurs recherches en mentionnant que la dose de spiruline
était peut-être trop faible pour obtenir des résultats significatifs.
Il en est de même pour l’étude réalisée à Dakar en 1995 par Sall et al. [274] : leurs
résultats montraient un gain de poids moindre avec pourtant la même dose de
spiruline (10 g par jour) ; mais dans ce cas, la durée de l’étude était réduite de
moitié (30 jours) par rapport à celle menée en 2003 par Simpore et al.(8 semaines)
[275].
Groupe 2
Groupe 3 Groupe 4
Groupe 1 (spiruline + analyse
(spiruline + (mets
(Misola seul) mets variance
Misola) traditionnels)
traditionnels)
Age (mois) 15,39 ± 8,3 14,96 ± 5,9 13,86 ± 8,5 15,19 ± 4,35 p = NS
Taille (cm) 67,00 ± 8,3 69,84 ± 5,8 69,06 ± 8,5 68,24 ± 4,5 p < 0,01
Périmètre
brachial 11,17 ± 1,2 10,40 ± 1,0 11,20 ± 1,2 10,37 ± 1,0 p < 0,001
(cm)
Poids (kg) 6,12 ± 1,4 5,98 ± 1,1 5,99 ± 1,5 6,10 ± 1,2 p = NS
T/A
-3,93 ± 5,3 -2,64 ± 2,1 -3,35 ± 5,3 -3,23 ± 1,5 p = 0,057
(z-score)
P/T
-1,73 ± 2,51 -2,88 ± 0,95 -3,05 ± 0,75 -2,32 ± 1,02 p <0,001
(z-score)
P/A
-4,01 ± 1,0 -3,88 ± 1,0 -4,38 ± 0,91 -3,99 ± 0,90 p <0,001
(z-score)
protéines 27,1 ± 1,7 27,8 ± 1,6 33,3 ± 1,2 22,1 ± 1,3 p<0,001
(g/j)
Tableau XXV : Indices anthropométriques mesurés chez les 550 enfants, au début de l’étude (Jo)
214
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4
P/T
-1,73 ± 2,51 -2,88 ± 0,95 -3,05 ± 0,75 -2,32 ± 1,02
(z-score) à J0
P/T (z-score) à
-1,14 ± 2,64 -1,80 ± 1,53 -1,18 ± 1,63 -2,00 ± 0,99
J56
Student T test
p = 0,035 p < 0,001 p < 0,001 p = 0,065
taux de
34,14% 37,50% 62,90% 17,35%
progression
P/A
(z-score) à J0 -4,01 ± 1,0 -3,88 ± 1,0 -4,38 ± 0,9 -3,99 ± 0,90
P/A
(z-score) à J56 -2,95 ± 1,12 -3,10 ± 1,14 -2,71 ± 1,17 -3,45 ± 1,0
Student T test
p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001 p = 0,013
taux de
progression 26% 20% 38% 14%
Tableau XXVI : Evolution de l’état nutritionnel des enfants entre le début (J0) et à la fin de
l’étude (J56)
Conclusion
Les résultats de cette étude suggèrent que la spiruline constitue une solution pour
accélérer la récupération nutritionnelle des enfants malnutris. Dans un contexte de
faible consommation en protéines (10 g par jour en Afrique contre 29 g en
Amérique latine et 63 g dans les pays industrialisés), l’intégration de la spiruline
(10 g) à l’alimentation traditionnelle ou au Misola, semble permettre la
récupération nutritionnelle des enfants malnutris et la couverture de leurs besoins
en micro-nutriments.
Ils ont donc encouragé le CMSC de Ouagadougou à poursuivre la culture de
spiruline, dans le but d’utiliser ses composants en complément de l’alimentation
des enfants admis au centre.
Les auteurs de l’étude insistent par ailleurs sur le fait que la participation des
familles d’enfants atteints de malnutrition et de toute la communauté, est
essentielle pour réussir à diminuer la prévalence de cette affection dans les pays
d’Afrique.
215
6.2 Evaluation de l’efficacité de la supplémentation en spiruline auprès
d’enfants atteints de malnutrition sévère, au Niger [276]
Contexte de l’étude
Le Niger est considéré comme le pays le plus pauvre du monde. Le rapport 2005
du PNUD le classe, en effet, au dernier rang de l’échelle mondiale de
développement humain [277]. Son économie repose essentiellement sur
l'agriculture et l'élevage qui, à eux seuls, contribuaient pour 45 % du produit
intérieur brut (PIB) en 1995. Malheureusement, situé de part et d’autre du Sahel et
du Sahara, le pays est en proie, à un processus de désertification qui déstabilise son
potentiel agricole et l’élevage. Ces deux mamelles de l'économie nigérienne étant
de plus tributaires de nombreux aléas climatiques, le pays s’est donc lourdement
endetté.
La situation du pays en 2005 est la suivante [277] :
216
En 2002, sur 2 829 admissions, la MPE a occupé le troisième rang des motifs
d’hospitalisation, avec 425 entrées [276].
Objectifs
Méthodologie
- 45 cas de marasme
- 3 cas de kwashiorkor
- 8 cas de forme mixte.
Par ailleurs, à l’admission tous les enfants présentaient des signes ou des
pathologies associées à leur malnutrition. Ainsi, plus de 3 enfants sur 4 étaient
fébriles et anorexiques à l’entrée tandis que plus de 1 sur 2 présentaient une
gastro-entérite (vomissements + diarrhée) et des lésions cutanéo-phanériennes.
217
De plus, chaque enfant a été traité médicalement en fonction des signes cliniques
présentés et des résultats des examens complémentaires.
Résultats obtenus
J0 J14
protidémie
55,438 73,209
moyenne (g/L)
âge (mois)
protidémie 6 à 12 13 à 18 19 à 24
(g/L)
J0 55,252 55,411 56,091
J14 74,715 71,908 76,570
progression (en %) 35,225 29,772 36,510
Toutes les tranches d’âge montrent une progression similaire, la meilleure étant
observée pour les 6-12 mois et les 19-24 mois.
Cependant si l’on tient compte de la pathologie associée, la protidémie ne
progresse pas forcément. En effet, l’étude montre que la diarrhée semble
influencer négativement l’évolution de la protidémie puisque celle-ci régresse de
près 9 % chez les enfants diarrhéiques. Chez les enfants qui n’ont pas présenté
de diarrhée pendant la période de l’étude, la progression constatée est de
36,43 %.
Deux raisons permettent d’expliquer ces faits :
218
Tableau XXIX : Evolution moyenne de l’albuminémie entre J0 et J14
J0 J14
albuminémie
26,850 35,085
moyenne (g/L)
âge (mois)
albuminémie 6 à 12 13 à 18 19 à 24
(g/L)
J0 27,667 26,710 25,259
J14 35,104 33,212 36,552
progression (en %) 26,880 24,340 44,708
J0 J14
préalbuminémie
0,16 0,256
moyenne (g/L)
Cette protéine est abaissée au départ chez tous les enfants. Après 14 jours de
supplémentation en spiruline, elle se normalise grâce à une progression de 60 %.
219
On constate que la progression est nettement plus élevée dans la forme
oedémateuse que dans les formes à composante marasmique majeure.
Sur le plan de l’évolution moyenne de la préalbuminémie en fonction de l’âge,
l’étude montre que les trois tranches d’âge progressent de manière importante,
avec cependant une bien meilleure progression dans celle des 6-12 mois.
Par ailleurs, là encore, la diarrhée semble influencer très négativement l’évolution
du taux de préalbumine : en effet, celui-ci a augmenté de plus de 65 % chez les
enfants qui n’ont pas fait de diarrhée alors qu’il a régressé d’environ 10 % chez
ceux qui en ont fait au cours de l’étude.
J0 J14
hémoglobinémie
8,567 8,954
moyenne (g/dL)
âge (mois)
hémoglo-
6 à 12 13 à 18 19 à 24
-binémie
(g/dL)
J0 8,872 8,449 7,821
J14 9,166 8,410 9,030
progression (en %) 3,313 -0,46 15,458
Les figures 74, 75 et 76 représentent les courbes pondérales des enfants selon la
forme de MPE dont ils sont atteints ; l’axe des abscisses représente les jours de
pesées (P0 correspond au poids des enfants au début de l’étude et P14, leur poids
après 14 jours de supplémentation en spiruline) ; l’axe des ordonnées représente le
poids des enfants exprimé en g.
220
La courbe
pondérale des
enfants
marasmiques
montre
initialement une
légère chute du
poids (les deux
premiers jours),
avant
d’entreprendre une
ascension lente.
Figure 74 : Evolution pondérale moyenne des enfants atteints de marasme, en fonction du temps [276]
Figure 75 : Evolution pondérale moyenne des enfants atteints de kwashiorkor, en fonction du temps [276]
Figure 76 : Evolution pondérale moyenne des enfants atteints de la forme mixte, en fonction du temps [276]
221
Conclusions
Cette étude de l’effet de la spiruline chez des enfants sévèrement malnutris montre
des réponses différentes en fonction des affections associées et des groupes d’âges.
Certaines sont très appréciables comme la progression de la protidémie, de
l’albuminémie et de la préalbumine chez les enfants non diarrhéiques. Dans ce cas,
la spiruline semble donc parfaitement indiquée.
Le fait que l’évolution de ces mêmes paramètres soit plutôt négative en cas de
diarrhée associée, assombrit un peu ce tableau optimiste. Cependant, il ne faut pas
pour autant conclure que la spiruline ne constitue pas une bonne supplémentation
alimentaire en cas de diarrhée. La durée d’observation (14 jours) est certainement
trop courte pour cerner tous les contours de l’effet de sa supplémentation. En cas
de diarrhée chez les sujets malnutris, il faut un certain temps pour que les villosités
intestinales se reconstituent, de façon à favoriser de nouveau l’absorption des
nutriments. Une chose est sûre : les éléments qui aident le mieux cette régénération
sont tous contenus dans la spiruline, à savoir les protéines, les vitamines et les
lipides.
Contexte de l’étude
222
Objectif
Méthode
- 17 cas de kwashiorkor
- 35 cas de marasme
- 7 cas de kwashiorkor marasmique.
L’âge moyen de ces enfants était de 19,11 ± 6,43 mois ; cet âge correspond à une
période de grande vulnérabilité dans les PVD. A noter que plus de 70 % de ces
enfants étaient issus d’un milieu rural ou des quartiers suburbains (transplantés de
l'exode rural). Or, dans ces zones, il existe une augmentation du nombre de cas
d’appauvrissement, un taux élevé d'analphabétisme, une mauvaise pratique du
sevrage, ainsi qu’une hygiène individuelle et collective défectueuse [279].
Pour les besoins de l’étude, chaque enfant a reçu une dose journalière de
10 g de spiruline en poudre, répartie en deux prises journalières mélangée à la
bouillie de céréales. Ceci pendant 30 jours en milieu hospitalier, suivis de 30 jours
à domicile.
L'examen clinique a été standardisé à l'aide d'une fiche d'observation sur laquelle
étaient notés l'état général, les troubles digestifs, les œdèmes, les lésions cutanéo-
phanériennes et les troubles psychiques. Une pesée de chaque enfant a été réalisée
quotidiennement à l'aide d'une balance permettant une précision à 10 grammes
près.
Le périmètre brachial a été évalué à J1, J8, J15, J30 et J60. La mesure de la taille a
été réalisée à J1, J30 et J60. Les indices anthropométriques P/A (poids/âge), T/A
(taille/âge) et P/T (poids/taille) ont été comparés aux normes NCHS (National
Center for Health Statistics) et exprimés en Z-score. Concernant l’évaluation des
paramètres biologiques, les examens ont été réalisés à J1, J8, J15, J30 et J60 ;
diverses valeurs biologiques ont été mesurées : la Numération Formule Sanguine
(NFS), les protéines sériques (préalbumine, la transférine, l'apolipoprotéine A1 et
la protéine C réactive (CRP). A noter que la préalbumine et l’apolipoprotéine A1
représentent les meilleurs marqueurs sériques de l’état nutritionnel.
Résultats
223
Sur le plan clinique, 88,13 % des enfants présentaient à l’admission, une diarrhée
traînante dont la résolution sous traitement s'est faite en moyenne en 5 à 6 jours.
Quant aux œdèmes retrouvés chez 100 % des cas de kwashiorkor et 71,43 % des
formes mixtes, leur fonte a été totale entre le cinquième et le huitième jour.
A noter que ces résultats sont nettement meilleurs que ceux obtenus en République
Centrafricaine (délai de 10 à 15 jours) [280]. De même, dans une autre étude
utilisant une poudre de têtes de crevettes, 31 % des enfants présentaient encore des
œdèmes au-delà du dixième jour [281].
Les résultats obtenus pour l’étude menée à Dakar sont superposables à ceux
obtenus avec le Suppletal® (aliment diététique hyperprotidique) [282].
224
Tableau XXXV : Indices anthropométriques (P/A, T/A, P/T) selon le type de malnutrition constaté
chez les enfants
Indices anthropométriques
P/A (Z-score) T/A (Z-score) P/T (Z-score)
K KM M K KM M K KM M
J15 -3,11±0,79 -3,76±0,44 -3,76±0,81 -1,65±1,47 -1,89±1,97 -2,26±1,68 -2,68±0,97 -3,12±1,21 -3,07±0,84
J30 -2,69±0,95 -3,13±0,45 -3,49±0,92 -1,95±1,44 -2,07±1,78 -2,52±1,66 -1,95±0,96 -2,23±1,15 -2,25±0,99
J60 -2,55±0,86 -3,00±0,57 -3,29±1,09 -2,04±1,41 -2,32±1,86 -2,73±1,70 -1,52±1,02 -1,86±0,99 -2,14±1,05
225
Tableau XXXVII : Evolution du taux plasmatique de préalbumine
Préalbumine en mg/L
J1 J8 J15 J30 J60
décédés 10±0,9 12±0,8 19±1,2 ─ ─
Sortis
8±1,6 11±0,8 9±0,00 ─ ─
contre avis
réhabilités 8±0,3 15±1,1 20±1,5 19±1,8 18±0,46
Les résultats du bilan protidique montrent donc une amélioration très nette des
marqueurs de l’état nutritionnel.
Conclusion de l’étude
Cette expérimentation menée chez des enfants sénégalais malnutris, a montré que
la spiruline était bien acceptée, bien tolérée, qu’elle assurait une prise pondérale
satisfaisante, ainsi qu’une normalisation des marqueurs de l’état nutritionnel.
A l’issue de leur étude, les chercheurs ont formulé la conclusion suivante : « avec
un prix de revient compétitif, la spiruline pourrait être d’un grand intérêt dans la
récupération et la prévention de la malnutrition protéino-énergétique ».
L’Inde a connu une forte croissance économique au cours des dix dernières
années, notamment dans le secteur de la technologie de l’information. Mais ces
progrès n’ont pas profité à tous les habitants de manière égale. De fortes disparités
se maintiennent, fondées sur la classe sociale, la caste, le sexe et la géographie. Le
nouveau gouvernement de coalition de l’Alliance Progressive Unie, arrivé au
pouvoir en mai 2004, a promis de privilégier le développement social dans le cadre
de son "programme minimum commun national". Il doit s’efforcer d’éliminer
certaines inégalités dans la société indienne, en réduisant la pauvreté, en
augmentant le budget de l’éducation, en accélérant la prestation de services de
santé et en améliorant la nutrition et la sécurité alimentaire.
En 2005, la situation est la suivante [286] :
226
- 47 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
modérée à grave ;
- 18 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
grave ;
- 16 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’émaciation modérée à
grave ;
- 46 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance
modéré à grave ;
- l’espérance de vie à la naissance est de 64 ans ;
- l’anémie est une des principales causes de la mortalité des mères et de
l’insuffisance pondérale des nourrissons à la naissance ;
- l’assainissement insuffisant est responsable de diarrhées, lesquelles
constituent la deuxième cause de décès des enfants. Si l’accès à l’eau
propre s’est amélioré, 122 millions de foyers n’ont toujours pas de
toilettes.
Objectif
Méthodologie
Résultats obtenus
Les résultats (tableau XXXVIII) ont été présentés lors du Congrès Mondial de
Nutrition (New Delhi, 1999) ; il en ressort que :
227
Tableau XXXVIII : Pourcentage des enfants dont l’état nutritionnel s’est amélioré de façon significative,
en fonction des différents paramètres cités. [285]
Groupe témoin
Groupe des enfants ayant
Paramètres mesurés n’ayant pas reçu
reçu de la spiruline
de spiruline
Poids 63,33 % 43,00 %
Taux d’hémoglobine 93,33 % 23,33 %
Protéines sériques totales 93,33 % 16,66 %
Fer plasmatique 63,33 % 40,00 %
Ferritine 93,33 % 16,66 %
Vitamine A 90,00 % 26,06 %
Conclusion
Toutes les études qui viennent d’être présentées font apparaître que la spiruline pourrait
constituer une méthode efficace de prévention des déficiences nutritionnelles touchant les
enfants des PVD, dans le sens où elle les aiderait à parvenir à une croissance et un potentiel
optimaux.
D’autres études cliniques ont par ailleurs démontré qu’une prise quotidienne de 10 g de
spiruline, ajoutés à une base suffisante en calories et en protéines, permettait une
récupération complète en quelques semaines [288]. Voici quelques précisions succinctes les
concernant.
228
6.6 Etudes menées au Zaïre
o Patricia Bucaille, à l’occasion de sa thèse de doctorat en médecine, a mené
une étude en 1990, sur la récupération nutritionnelle avec la spiruline, à
l’Hôpital Général de Référence de Kabinda. Son étude a porté sur 28 enfants
atteints de MPE sévère admis dans cet hôpital. La spiruline a été administrée
sur une période de 7 à 11 mois, à raison de 10 g par jour, incorporée à des
biscuits au manioc [287].
Il est important de souligner que 26 des enfants avaient une ou plusieurs
maladies associées à leur MPE : on dénombrait en effet 5 enfants contaminés
par le VIH, 5 cas de tuberculose, 3 cas de rougeole, 10 cas de paludisme, 10
cas de gale , 3 cas de bronchite, 3 cas d’ankylostomiase et 1 cas d’amibiase.
Les résultats obtenus ont été très bons : au cours du traitement, l’état de la
moitié des enfants a été amélioré tant au niveau biochimique qu’au niveau
clinique. A l’issue de l’étude, l’albuminémie et le score de Mac Laren,
utilisés comme indicateurs de l’évolution de l’état nutritionnel, ont
objectivement montré une nette amélioration chez tous les enfants. Des tests
ont également montré une récupération sur le plan comportemental. Le gain
moyen hebdomadaire en albumine a été estimé à 2,55 g/L.
A noter qu’initialement, l’étude portait sur des enfants âgés de 1 à 5 ans ;
mais, pour des raisons éthiques, il a fallu l’élargir de façon à englober des
enfants plus âgés, fort mal en point, qui venaient d’eux-mêmes réclamer leur
part de “petits gâteaux verts”.
Le personnel de l’hôpital, impressionné par les résultats obtenus, a décidé
dans la foulée de réunir des fonds nécessaires à la mise en route d’une unité
de production, afin de pouvoir disposer de spiruline pour ses patients.
Pendant l’étude, 5 enfants sont décédés (dont 3 contaminés par le VIH) et 4
ne se sont pas présentés à la dernière visite de contrôle.
En considérant les énormes difficultés rencontrées pour mener des tels essais
(enfants gravement malades et capacités très limitées des infrastructures de
l’hôpital rural de Kabinda), les résultats obtenus sont très encourageants sur
le plan de la reconnaissance des bénéfices de la spiruline.
A l’époque (1990), Patricia Bucaille concluait son travail en écrivant :
« D’autres études menées de façon plus stricte, sur une population plus large
et sur une durée plus longue, seraient souhaitables pour compléter les
connaissances et les constatations cliniques actuelles, trop peu nombreuses
dans la littérature » [287]. Certes des recherches ont été menées depuis, mais
la spiruline n’a pas encore décroché la reconnaissance qu’elle mérite (sans
doute), quant à ses bénéfices dans le combat contre la MPE.
229
Par ailleurs, 13 enfants présentaient une anémie avancée (taux
d’hémoglobine compris entre 5 et 7 g/dL). Après les 3 mois d’alimentation
enrichie en spiruline, le taux d’hémoglobine a connu une progression de
90 % chez 10 enfants, de 60 % chez 4 enfants et de 50 % chez 2 autres cas.
Pour les cas restants, l’hémoglobinémie s’est normalisée.
Dans le village de Farendé, une étude clinique a été conduite en 1989 sur les
enfants atteints de malnutrition. C’est à cet endroit que Ripley Fox a
implanté l’un des premiers circuits de culture intégrée. Les mères
accompagnaient leurs enfants au centre de soin où ils recevaient
quotidiennement, de la part d’une infirmière, 10 g de spiruline en
complément de leur alimentation habituelle [5]. Cette dose de spiruline,
mélangée avec du mil, a entraîné des résultats remarquables, comme en
témoignent les photographies des figures 77 et 78. Les enfants, après l’effet
de surprise lié à la couleur verte prononcée de la spiruline, l’ont finalement
bien acceptée. Au bout d’une semaine, les premiers signes d’amélioration
clinique et le gain de poids étaient déjà visibles.
230
Figure 78 : Photographie d’une fillette avant et après 3 mois de
supplémentation en spiruline. © 2001
231
7. Problèmes rencontrés par les initiateurs de projets d’exploitation de spiruline
dans ces pays
La spiruline, en attendant d’avoir conquis les principales organisations de santé
internationales et le monde scientifique souvent sceptiques, n’en a pas moins sur le
terrain de très nombreux adeptes : organisations de santé locales, congrégations
religieuses, centres de réhabilitation nutritionnelle, médecins et infirmiers ayant pu se
rendre à l’évidence du « plus » apporté par la spiruline.
Nombreuses sont, par conséquent, les ONG petites ou moyennes souhaitant implanter
des cultures locales.
Or, il se trouve que 95 % des projets d’implantation dans les PVD ne voient pas le jour.
De plus, parmi les 5 % restant, 1/3 périssent, 1/3 vivotent et 1/3 se développent [289].
Quelles sont les raisons de tant d’échecs ?
La production locale de spiruline est à la fois plus complexe et plus longue que les
projets humanitaires couramment pratiqués par les ONG (constructions d’école, de
puits, dons de matériels ou de médicaments…). Ceci s’explique notamment par le fait
qu’elle fait appel à des connaissances diverses : techniques, biologiques, commerciales,
gestion des ressources humaines et gestion financière [289].
Par ailleurs, l’expérience montre que l’effort à fournir le plus important se situe après la
construction de la ferme. Or, beaucoup d’ONG sous-estiment le suivi de l’exploitation et
se trouvent souvent contraintes à poursuivre un projet devenu trop lourd pour elles. En
effet, nombre d’entre elles concentrent leurs efforts en amont des obstacles et, lorsque
les réelles difficultés apparaissent, elles ne s’y sont pas préparées.
232
Cette période favorable, de quelques semaines à quelques mois, correspond
généralement à la période de présence des représentants de l’ONG sur place.
Ceux-ci repartent alors avec le sentiment de la "mission accomplie".
Malheureusement, les premières difficultés surviennent le plus souvent après le
départ de l’ONG et elles sont majorées par trois facteurs [290]:
233
7.3 Troisième difficulté majeure : la pérennité de l’exploitation
234
Ps . S + Pv . C = Pr (100 + marge d’exploitation)
Des études économiques montrent que les exploitations africaines dont la surface
est inférieure à 400 voire 600 m2, conduisent à un prix de revient de la spiruline
incompatible avec le marché international [290]. En effet, elles ne peuvent guère
concurrencer ce marché international de plus en plus tendu, dont les exportations à
très bas prix constituent une menace permanente pour les productions locales.
A noter que le niveau de rentabilité décrit ici pour l’Afrique existe probablement
de la même façon dans les autres PVD.
Le système d’autofinancement comporte donc certains inconvénients en rapport
avec ce qui vient d’être présenté. Le coût d’investissement sur le continent africain
étant de l’ordre de 15 000 € les 100 m2 (bâtiments compris), il apparaît difficile de
prétendre à l’autosuffisance d’une exploitation si l’on ne dispose pas d’un
minimum de 60 000 à 100 000 €. Cette somme n’étant pas à la portée de toutes les
ONG, il est alors nécessaire de demander un financement extérieur à des bailleurs
de fonds institutionnels. Une telle démarche est longue et exige une certaine
expérience.
Par ailleurs, ces projets de moyenne envergure nécessitent une solide connaissance
de la culture de spiruline et une certaine rigueur dans l’organisation et la gestion. Il
est évident que l’échec d’un projet de grande taille a un impact considérablement
plus large que celui d’une culture en petits bassins…
Néanmoins, si on s’est préparé dès le début à répondre aux problèmes financiers,
les fermes de culture autofinancées semblent présenter de réels avantages :
235
7.4 Quatrième difficulté majeure : le contexte économique mondial
Cette difficulté n’est pas spécifiquement liée à la spiruline mais le contexte
économique mondial a un retentissement sur sa production locale. Si les projets
spiruline ne prennent pas, c’est aussi parce qu’en produisant de la spiruline on ne
génère pas d’argent ; on génère à manger pour des populations locales, ce qui ne
présente aucun intérêt pour les institutions financières internationales assurant la
tutelle des PVD.
En effet, il ne faut pas perdre de vue que la principale cause des difficultés des
PVD à se sortir de la misère et de la famine est liée à la dette qu’ils ont contracté
vis à vis des pays riches. Or, avec le recul, il semble que la politique menée par
les institutions internationales financières et commerciales, a causé des dégâts
qui ont encore aggravé la situation des pays pauvres. Le FMI (Fond Monétaire
International), la Banque Mondiale et l’OMC (Organisation Mondiale du
Commerce), chargées d’aider ces pays ont, semble-t-il, fait plus de mal que de
bien depuis une trentaine d’années. Le FMI et la Banque Mondiale ont utilisé
leurs statuts de créanciers privilégiés pour conditionner l’octroi de prêts aux
PVD, avec en contrepartie une libéralisation de leur économie ; ces institutions
ont favorisé l’ouverture des économies des pays endettés au marché mondial
(multinationales occidentales) [291]. Mais, le modèle économique néolibéral a
constitué un obstacle au développement des pays pauvres car il a généré des
déficits de leur balance commerciale. Ces déficits ont ensuite été comblés par
des emprunts extérieurs qui n’ont fait qu’augmenter l’endettement.
Rétrospectivement, il apparaît que cette politique a contribué à maintenir les
pays pauvres dans le cercle vicieux de l’endettement et de la dépendance envers
les pays riches.
Ainsi, les petits producteurs locaux des PVD doivent craindre à la fois les
importateurs de spiruline à bas prix, et les investisseurs étrangers venant profiter
de conditions climatiques favorables et d’une main d’œuvre bon marché. Si la
production locale de spiruline revient plus cher que de l’importer des pays
riches, les PVD qui souhaiteront s’en procurer continueront de s’endetter et leur
économie locale en pâtira.
Par ailleurs, les règles imposées par les institutions financières ont
malheureusement contribué au démantèlement des services publics, des services
sociaux et de santé publique, des productions locales et des marchés intérieurs
des PVD.
Des Plans d’Ajustement Structurels (PAS) ont été décidés par le FMI et la
Banque Mondiale, de façon à ce que les pays lourdement endettés puissent
équilibrer leur balance des paiements [292]. Mais, en réalité, ces pays ont dû
brader leurs ressources nationales au profit des multinationales occidentales, et
restructurer leur économie vers la production pour l’exportation, afin de se
procurer des devises fortes pour payer leur dette.
Ces PAS défendent donc les intérêts des institutions financières et des
multinationales appartenant aux pays riches ; ils sont synonymes de pauvreté et
de dénuement pour les populations car ils sont pratiqués le plus souvent au
détriment de leur survie. Le pire dans tout ça est que de nombreux dirigeants
africains sont complices de cette situation, en déléguant leurs responsabilités
politiques aux institutions financières internationales. Les grandes puissances
sont effectivement parvenues à placer au pouvoir en Afrique des alliés sûrs et
corrompus, de façon à pouvoir perpétuer ce système immoral [291].
236
En effet, suite aux PAS, l’essentiel de la politique économique des PVD est
décidée à l’extérieur du pays concerné. La dette permet aux créanciers d’exercer
des pressions très fortes sur les pays endettés ; les pays soumis à cette pression
ont été progressivement contraints à abandonner toute souveraineté. Les
gouvernements ne sont donc plus en mesure de mettre en place la politique pour
laquelle ils ont été élus. Il s’agit en quelque sorte d’une nouvelle forme de
colonisation.
N’est-il pas scandaleux de constater que de nombreux pays d’Afrique exportent
des denrées alimentaires à des prix ridiculement bas vers l’Europe ou les Etats-
Unis, alors que dans ces mêmes pays la moitié des enfants souffre de
malnutrition ?
Il apparaît donc clairement qu’une autre solution doit être trouvée rapidement
pour que ces pays arrivent à se relever. Les enfants et les populations à bas
revenus sont finalement des victimes désignées puisqu’elles n’ont aucun poids
politique pour se révolter contre l’écrasement manifesté par les pays riches.
Les agences des Nations Unies (FAO, UNICEF, OMS), spécialisées dans le
domaine de la lutte contre la faim et la malnutrition, bien que compétentes, sont
trop timides vis à vis des règles économiques imposées par les institutions
financières. Or, tant que les secteurs de la nutrition et de la santé seront soumis
aux lois du marché, les populations les plus pauvres ne pourront jamais s’en
sortir.
237
8. Conseils pour faciliter la réussite d’un projet d’exploitation de la spiruline
sur du long terme
Un projet d’exploitation de spiruline en PVD se divise en plusieurs étapes successives et
des conseils particuliers se rapportent à chacune d’elles. Le schéma représenté par la
figure 79, indiquant toutes ces étapes dans le cadre d’une ferme de 600 m2, est
applicable quelle que soit la taille de l’exploitation [289].
Ces conseils sont le fruit de l’expérience et du vécu de membres de l’ONG TECHNAP
(cf. 9.2), impliquée depuis une vingtaine d’années dans ce type de projets. Ils sont
enseignés au Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricoles de Hyères
(CFPPA) [293].
D’après le schéma, on s’aperçoit qu’il faut compter entre 4 et 5 ans pour la préparation
et la construction d’une ferme.
GRANDES ETAPES
DUN PROJET SPIRULINE DANS UN PVD
(FERME 600 M2)
s n n
ire t io ati o
n a n r
te re ve t
ds tie rm
a r oi on o je
n ds ie n n /fo n
at c r ha e
s
p
r e t -P fo i er s
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bo xp d’
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n
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s e e A h i n n c g p
de n tu
r d’ er
c d’ nt
io
tru ra ie
x
i x s io a d e h d e
t e s ar iv
ho is gn u ec u b on ém Su
C M Si Et R Et O C D
1 année 1 mois 1 mois 2 mois 1 année 3 mois 2 mois 2 années 2 mois 5 années
Sous la flèche représentant le temps qui passe, la durée moyenne de chaque étape
est notée en petits caractères.
238
8.1 Choix des partenaires
Avant de s’engager dans un tel projet, il convient de vérifier s’il existe une
demande locale à la fois forte et bien identifiée. Pour cela, il suffit de se procurer
de la spiruline et de vérifier son intérêt sur place. Si cet intérêt se confirme, il faut
ensuite s’assurer qu’il n’existe pas déjà un site de production proche pouvant
satisfaire aux besoins constatés.
Les principaux partenaires issus des pays riches sont : les ONG, les spécialistes de
la spiruline, les bailleurs de fonds (banques, fondations, entreprises…), les
fournisseurs de matériaux et équipements.
L’axe central du projet est l’alliance profonde entre l’ONG et le partenaire local.
Ces deux partenaires doivent avoir des motivations claires et des objectifs
humanitaires communs. Ils doivent se montrer totalement disponibles pour la
cause commune et être à la fois compétents et complémentaires pour la mission
qui leur revient.
239
8.3 Rédaction et signature d’une convention de projet
Afin de limiter au maximum les problèmes décrits ci-dessus, cette convention doit
préciser :
• le contexte du projet
• les principes communs des partenaires et les objectifs du projet
• les engagements de l’ONG et du partenaire local
• ses modalités d’application (gestion du projet, suivi et évaluation,
gestion des fonds…) ;
• les responsabilités de chaque partenaire
• sa date de validité et sa durée
• la résolution des litiges.
8.7 Construction
Elle doit être suivie au plus prêt sur le terrain, grâce à des missions successives.
Cette étape passe par des Appels d’Offre ou parfois par des gré à gré. Elle devient
officielle lorsque les procès verbaux de réception provisoire sont établis et prend
fin au moment de la Transmission de Propriété.
240
o savoir lire, écrire et communiquer rationnellement ; au minimum il doit
posséder le BEPC, la préférence voulant qu’il soit bachelier voire
titulaire d’un diplôme Bac+2 ;
o savoir compter et pratiquer aisément le calcul mental et la règle de
trois ;
o savoir observer et "ressentir" les plantes ;
o en cas d’exploitation importante, savoir commander et animer une
équipe ;
o être totalement partie prenante de l’exploitation et de ses objectifs
humanitaires.
241
Concentrer la responsabilité de l’exploitation, tant technique que
financière, sur une seule et même personne ;
Etablir dès que possible une comptabilité de la ferme. Quelle que soit la
solution de financement de l’exploitation, la connaissance des coûts
d’exploitation est nécessaire. Il est indispensable de s’opposer à la
tendance naturelle dans les PVD visant à travailler au jour le jour et
commençant à chercher de nouvelles recettes lorsque les caisses sont
vides.
Bien que banales, de telles vérités ne sont pas forcément claires dans
tous les esprits, tant au niveau du partenaire local que de l’ONG. En
principe, aucun projet ne devrait voir le jour sans l’établissement d’un
compte d’exploitation mensuel prévisionnel, préparé en parallèle avec
le budget d’investissement [293] ;
Comité de gestion de
la ferme
TOTALEFFECTIF : 19
(ONG + Diocèse de
- 7 PERMANENTS
Koudougou)
- 12 RECOLTANTES
Direction OCADES
abbé Raphaël Gansonre
M. Louis Ouedraogo
Responsable
Chef d'exploitation
commerciale
Denise Ouedraogo
Corinne Chiarry
Grossistes 1 Technicien
(Ouaga, d'intervention
Koudougou, Ambroise
Bobo, etc.)
242
Le responsable de l’exploitation doit néanmoins veiller à ce que
l’équipe travaille dans un bon état d’esprit, avec une communication
professionnelle permanente au sein de celle-ci. Quelles que soient les
difficultés d’implantation de l’esprit d’entreprise, le fait de travailler
chaque jour pour une cause humanitaire devrait constituer un moteur
essentiel de réussite et de progrès rapide au sein d’une équipe.
243
Reste alors la possibilité d’action sur le prix de revient [290].
La diminution de ce prix de revient passe bien sûr par la rationalisation de
l’exploitation, en améliorant notamment les techniques de récolte et d’ensachage,
en trouvant des intrants moins chers, et en diminuant la consommation énergétique
(eau, électricité, gaz).
244
9 Principales associations intégrant dans leurs projets la culture de spiruline
dans les PVD
V. Guigon est le directeur technique restant sur le terrain ; c’est lui qui se charge
de l’évaluation des sites, de la formation des équipes et du contrôle des projets sur
le terrain. Il s’occupe aussi de la prospection et de la liaison avec d'autres ONG.
Antenna s’efforce de rester une structure souple pour assurer une utilisation
optimale des fonds sur les projets (formation et fonctionnement). Elle coopère avec
d’autres associations pour éviter les doublons et assurer une diffusion rapide de la
spiruline.
Tous les membres de l’association en France sont des bénévoles: ils assurent la
recherche, la mise en oeuvre, le financement et le support logistique des projets
[298].
Les principaux sites où la spiruline est exploitée grâce à Antenna sont : Madurai
(Inde du sud), Dakar (Sénégal), Bangui (République Centre Afrique), Tuléar
(Madagascar), Loumbila (Burkina Faso, Safo (Mali) et Baleyera (Niger).
Avec 500 m² de nouveaux bassins mis en production en 2006, Antenna
Technologies a permis la production d’environ 1,5 tonne de spiruline, ce qui
représente des traitements pour 15 000 enfants pendant 6 semaines [297].
245
9.2 TECHNAP
TECHNAP est une association “loi 1901” créée en 1985, qui milite pour la mise
en œuvre de technologies appropriées en faveur des pays en voie de
développement. C’est en fait un collectif rassemblant des ONG ayant les mêmes
motivations et méthodes dans le domaine de la lutte contre la malnutrition. Leur
credo est le suivant : l’amélioration de la santé par le biais de l’acquisition d’un
meilleur statut nutritionnel est à la base de toute politique de croissance.
L’association ACMA de R. Fox faisant partie des ONG représentées par
TECHNAP, cette dernière a bénéficier de l’expérience de l’algologue en matière
de spiruline. C’est donc naturellement qu’elle a choisi de promouvoir la culture
et la diffusion d’Arthrospira platensis pour lutter contre la malnutrition.
TECHNAP comprend une trentaine de membres, tous bénévoles, ingénieurs ou
techniciens pour la plupart. Les associations qui la composent sont notamment
représentées par Targuinca, le GERES (Groupe Energies Renouvelables,
Environnement et Solidarités), le CEPAZE (Centre d’Echanges et Promotion des
Artisans en Zones à Equiper) ou CODEGAZ (association humanitaire du
personnel de Gaz de France) [299].
TECHNAP recherche constamment des solutions nouvelles aussi bien pour la
construction des fermes de production, leur exploitation et la distribution, que
pour les aspects plus théoriques concernant la spiruline elle-même. Son objectif
est de progresser au niveau de chaque étape des projets d’exploitation des fermes
de spiruline : construction des bassins et de leurs équipements, méthodes de
culture et de récolte, méthodes de séchage, méthodes de conditionnement…
Les réalisations lancées ou menées par TECHNAP sont essentiellement situées
au Bénin et au Burkina Faso.
9.3 CODEGAZ
246
Ses actions concernent plusieurs domaines [301] : la nutrition, le parrainage
d’enfants, l’eau, l’enseignement/formation, la santé, l’énergie et le
développement durable. En matière de nutrition, l’association s’est spécialisée
dans la culture de spiruline.
Les réalisations de CODEGAZ en 2006 en matière de spiruline font suite à
quatre expériences réussies de mise en place de la culture de spiruline au Bénin,
au Burkina Faso, à Madagascar et au Togo.
Au vu des résultats obtenus dans l’ensemble des pays bénéficiant d’une
production de spiruline, CODEGAZ est convaincue de l’efficacité de cette
cyanobactérie pour réduire les conséquences de la malnutrition dans les PVD.
Une fois la viabilité d'un projet et la conformité du partenaire examinées,
CODEGAZ établit une convention de partenariat avec les représentants locaux
de la population. Cette convention a une valeur contractuelle et sert de référence
au suivi ainsi qu'aux contrôles effectués au fur et à mesure de l'avancement du
projet. Les membres de CODEGAZ s'attachent à partager leur savoir-faire entre
les différents projets conduits par diverses équipes.
Les principales ressources de CODEGAZ sont constituées par : les cotisations
des adhérents, les dons de particuliers ou d'entreprises, les subventions ou
contributions de partenaires (Fondation d'Entreprise Gaz de France, Unités de
Gaz de France, organismes de santé, autres ONG…), les subventions allouées
par les organismes institutionnels (Communauté Européenne, Ministère des
Affaires Etrangères, Collectivités territoriales ...) [302].
Les projets déjà réalisés grâce à cette association concernent les pays suivants :
Les membres de l’association estiment avoir sauvé 1 000 enfants par jour depuis
leur contribution à la lutte contre la malnutrition grâce à la spiruline, jusqu’en
2005. A partir de 2007, leur objectif est d’en supplémenter 15 000 par jour.
9.4 Targuinca
247
Depuis 2001, Targuinca intervient principalement auprès des populations
nomades du Niger et, tout en continuant à apporter des aides d'urgence, s'attache
de plus en plus à appuyer des projets de développement durable.
Entre 2001 et 2002, des bassins de spiruline ont été implantés et l’association a
participé au suivi médical des enfants admis au Centre Pédiatrique de Niamey
[305].
Ses actions sont [304] :
Les projets et réalisations de l’association sont avant tout motivés par des liens
d'amitié sincère, de confiance et de respect, tissés avec les partenaires nigériens :
ADDS (Alliance pour le Développement Durable et la Solidarité), Andital
(association pour le développement du pastoralisme), populations de Gougaram
et de Tchin Telloust, écoles d’Awidarere et d’Eneker, service de pédiatrie de
l'Hôpital de Niamey, etc.
Tous les membres de Targuinca agissent en tant que bénévoles.
Ceux-ci paraissent être avant tout attentifs aux besoins et aux demandes réelles
des populations car ils s’arrangent toujours pour que ce soit des partenaires
locaux qui soient porteurs des projets. Cela permet effectivement de les
impliquer activement dans la réalisation de ces projets.
L'association s'autofinance partiellement grâce aux cotisations, appels aux dons
et manifestations. Pour financer les projets importants, elle demande des
subventions à des bailleurs de fonds. La totalité des fonds collectés est ensuite
directement reversée aux populations nécessiteuses, dans le cadre des projets
soutenus [305].
9.5 CREDESA
248
Ces spécialistes sont chargés de montrer aux mères de famille comment
optimiser les ressources naturelles du pays (légumes, fruits, poissons) pour
mieux nourrir leurs enfants, en équilibrant leurs repas.
Lorsqu’il a eu connaissance de la spiruline, le CREDESA a tout de suite vu le
parti que l’on pouvait tirer de sa disponibilité locale.
Comme l‘éducation nutritionnelle des mamans ne pouvait régler tous les
problèmes, il fallait autre chose. Or, aux yeux des membres de cet organisme, la
spiruline permet d’apporter sous une forme concentrée, un contenu étonnant en
protéines, vitamines et autres micro-nutriments de grande valeur.
La spiruline a finalement offert un levier incomparable pour accompagner la
politique d’éducation nutritionnelle du CREDESA. Des diètes sans valeur sont
dès lors enrichies avec un peu de spiruline ; en ce qui concerne les enfants
gravement dénutris, cette dernière constitue une alternative aux traitements
lourds en hôpital.
9.6 OCADES
9.7 ALCMK
249
Les objectifs de l’apprentissage sont :
Pour mener à bien son projet, l’association s’appuie sur des spécialistes aptes à la
formation et à la sensibilisation des populations. Elle bénéficie de l’intervention
de partenaires extérieurs pour la partie technique et les matériaux.
Cette association souhaiterait au minimum former 120 femmes, sensibiliser
1 000 personnes sur les propriétés nutritionnelles du Dihé et créer 3 unités de
transformation de la spiruline.
250
10. Exemples de productions locales de spiruline
10.1 En Afrique
Le Burkina Faso (figure 81) est le premier pays au monde à avoir reconnu la
valeur de la spiruline et à en avoir inscrit la production dans ses priorités.
Koudougou
251
Aujourd'hui sa production moyenne est de 170 kg/mois.
La ferme est gérée comme une entreprise moderne et satisfait à
l'autofinancement de sa production. Elle doit aussi rassembler les fonds
nécessaires pour son développement. Elle n'en reste pas moins une
entreprise à vocation humanitaire dans le sens où l'objectif reste une
minimisation des prix de vente de la spiruline pour le grand public et la
distribution à perte pour les plus démunis. La production de la ferme a été
agréée par le ministère de la santé en 2005 après vérification de la qualité
de la spiruline [310].
Nayalgue
252
La recherche des financements nécessaires a été entreprise et le
Gouvernement Burkinabé, conscient de ses responsabilités en matière de
politique de la santé du pays, a décidé non seulement de financer la
totalité des investissements mais aussi de subventionner des recherches
médicales sur l’efficacité de la spiruline (préciser son rôle dans la lutte
contre la malnutrition et mieux connaître son rôle dans le traitement des
personnes affectées par le VIH) [310].
A noter que c'est la première fois en Afrique, et sans doute au monde,
qu'un gouvernement apporte un tel soutien officiel et finance
complètement la construction d'une ferme de production de spiruline.
Les travaux ont débuté en janvier 2005. Une fois terminés, la surface
totale de culture devrait se composer de 18 bassins de 200 m2 chacun + 2
bassins d’ensemencement de 50 m2 chacun + 9 bassins de vidange de
50 m2 chacun. La ferme est actuellement en exploitation et il est possible
de la visiter.
A terme, les objectifs de la ferme sont de produire 8 tonnes par an (soit
600 kg par mois) de spiruline. Compte tenu de cette capacité de
production, il est prévu que la ferme puisse fournir de la spiruline à trois
groupes cibles :
253
La production est destinée pour une part à l’orphelinat de Loumbila, et
pour l’autre partie, à la commercialisation.
L’équipe sur place prévoit une extension jusqu’à 690 m2 de surface totale
de bassins, ce qui permettrait de traiter 7 200 enfants supplémentaires. A
la fin de l’année 2007, le financement n’avait pas encore été trouvé.
254
10.1.2 BENIN
Davougon
255
Pahou
256
10.1.3 NIGER
257
Grâce au financement de la première phase de travaux, par l'association
Talents et Partage (Société Générale), la construction de bassins d’une
surface totale de 50 m² a démarré au premier semestre. Cette phase
pilote doit se poursuivre par une extension de 200 m² d’ici la fin de
l’année et de 200 m² supplémentaires courant 2008 [311].
Le futur chef d’exploitation était en cours de formation au début de
l’année 2007. La souche de spiruline, fournie par ANTENNA, a dû
arriver sur place dans le courant du mois de juin et la production a dû
commencer fin juillet.
Depuis avril 2007, en attendant la production locale, de la spiruline en
provenance d’un autre site de production nigérien a été distribuée dans
Dogondoutchi pour permettre aux populations de faire connaissance avec
ce produit.
Bermo
258
Deux personnes, l’instituteur d’Agharous et l’adjoint d’Issouf Maha, ont
été formés par Pierre Ancel (CODEGAZ) et se sont engagés à assurer
bénévolement le contrôle et la supervision de la culture. Ils ont à leur tour
formé un jeune homme pour assurer les tâches courantes (entretien et
nourriture des bassins, récolte de la spiruline).
En mai de la même année, la productivité était de près de 9 g/jour/m².
Les récoltes sont distribuées gratuitement aux familles d’Agharous [311].
Ces deux bassins pilotes ont une double vocation, expérimentale et
pédagogique.
A l’époque, Issouf Maha souhaitait que le Centre d’agro-écologie
dispose, dans l’avenir, d’une ferme de spiruline autonome. Il a proposé
aux responsables des projets africains de les aider à se fournir en natron à
bas prix, produit à Tegguida n’Tessoum, à 100 km d'Agharous.
10.1.4 MALI
259
Au mois de mai 2007, la phase 2 était terminée et la période
d’accoutumance et de formation se terminait.
Depuis, la production mensuelle est de 35 kg, ce qui correspond à
420 kg/an. Il est prévu d’améliorer ce chiffre, de façon à atteindre
l’objectif de 500 kg/an [312].
La spiruline produite est diffusée aux centres de santé communautaire de
la région, aux enfants de l’école de Safo, à des associations et à des
particuliers de Safo et de Bamako. Plusieurs actions de promotion ont
déjà eu lieu, notamment à l’occasion d’évènement tels que le Forum
Social ou le Salon de l’Agriculture de Bamako.
La décision de lancer la troisième phase devait être prise à la fin du mois
d’août 2007.
Mopti
260
10.1.5 MADAGASCAR
Morondava
261
Par ailleurs, il est important de signaler que, dans ce pays, la spiruline a
fait ses preuves en tant que complément alimentaire permettant de réduire
les conséquences de la malnutrition ; elle est reconnue par les autorités
médicales et gouvernementales malgaches (visite du Président de la
République de Madagascar).
Tuléar
262
La première phase du projet a abouti sur la construction de 120 m² de
bassins dans le village d'Ibity, à proximité de l'usine cimentière de
HOLCIM, laquelle est le principal partenaire d'ATA ; cette proximité a
été choisie pour faciliter l'approvisionnement en eau et en énergie
électrique.
263
- à Mahazina : 30 m² de bassins assurent une production de
spiruline depuis juin 2006. Le projet est soutenu par les
associations Zazakely et SOS Enfants ; le porteur du programme
est l’association Vonjiaina.
- à Ambano : 60 m² de bassins sont opérationnels depuis
septembre 2006. Le porteur du programme est la congrégation
des sœurs de Notre Dame de la Salette. L’objectif est de
produire 76 kg de spiruline par an pour subvenir aux besoins de
900 enfants.
- à Amadea : la surface de production prévue est de 60 m² ; les
travaux ont commencé en février 2007. L’objectif est également
de produire 76 kg de spiruline par an pour subvenir aux besoins
de 900 enfants.
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
SENEGAL
BURUNDI
KENYA
CAMEROUN
TOGO
264
10.2 Asie
INDE du Sud
L’Inde n’est plus classée parmi les PVD ; elle fait actuellement partie
des pays dits "émergents".
Madurai
265
Elle ne pose pas de problème de concurrence car les coûts de production
sont plus bas dans les structures artisanales, à condition de maintenir une
productivité de 7 à 8 g/j/m2 [317].
Pondichéry
266
10.3 Amérique du sud
Chili
A noter que le Chili est également classé dans les pays émergents.
Francisco AYALA est un spécialiste chilien qui totalise 25 ans
d’expérience au sujet de la spiruline. En 1990, grâce aux soutiens
d’ACMA et d'autres organismes dont l’association Solidarité Mondiale
contre la Faim, il a installé dans le village de LA HUAYCA (province
d'Atacama, figure 91), sous l'appellation "SOLARIUM", une production
semi-intensive de spiruline (figure 92) [319].
Actuellement, l’entreprise Solarium compte 3 hectares de bassins. Une
partie de la production est exportée pour être vendue aux pays
industrialisés et l’autre partie est offerte aux pays du Tiers-Monde qui ne
disposent pas encore de culture locale.
Après 17 années de terrain à différents niveaux de production (artisanal,
semi-industriel et industriel), cette entreprise dispose d’un savoir faire
suffisant pour développer des projets de production de Spiruline partout
où les conditions climatiques et basiques permettent la croissance de la
spiruline. L’équipe a également étudié les facteurs de réussite d’un projet
de production semi-industrielle et industrielle [320].
267
Figure 92 : Photographie montrant des bassins de l’exploitation Solarium.
© spirulinefrancefree.fr
268
Conclusion
269
270
En 2008, malgré les importants moyens déployés par la communauté internationale et
les différents états depuis plusieurs décennies, le problème de la malnutrition protéino-
énergétique continue à se poser avec acuité dans les pays en voie de développement. D’un
autre côté, tous les pays industrialisés connaissent aussi des déséquilibres alimentaires, mais
les répercussions sur la santé sont différentes, se manifestant à plus long terme.
Face aux grands défis du monde actuel (mondialisation, maîtrise de l’énergie,
protection de l’environnement, lutte contre l’infection à VIH/SIDA…), il est urgent de trouver
des solutions efficaces et économiquement adaptées aux populations des pays concernés.
La spiruline semble bien être une solution envisageable avec sérieux :
- d’une part, sa culture et sa conservation sont compatibles avec les conditions
climatiques des pays du Sud, ceci pouvant se faire en tenant compte des
ressources locales (eau, intrants, moyens techniques et financiers, facteurs
humains).
- d’autre part, sa composition nutritive exceptionnelle, la biodisponibilité de ses
constituants, son acceptabilité et son absence de toxicité représentent des
intérêts certains pour les programmes de réhabilitation nutritionnelle. Les
études déjà réalisées montrent de manière évidente que la spiruline (5 à 10 g
par jour) peut être d’une grande utilité, même si elle ne peut, à elle seule,
constituer la solution unique à la malnutrition.
Depuis quelques années, plusieurs organisations non gouvernementales ont donc
intégré la spiruline dans leurs programmes de lutte contre la malnutrition, tout en essayant
d’assurer la formation d’autochtones capables d’assumer une production locale autonome.
Certes, certaines fermes ont montré qu’il était possible de rentabiliser économiquement une
exploitation à but social et de réaliser un "profit humanitaire" (Nayalgue au Burkina, Pahou au
Bénin, Ibity à Madagascar), mais il n’en demeure pas moins que sur le plan financier, les
organisations gouvernementales et intergouvernementales sont nécessaires pour accompagner
ces associations dans leur démarche.
Toutefois, on constate que la spiruline est toujours ignorée des stratégies de lutte
proposées par les nutritionnistes et les professionnels de santé œuvrant pour l’UNICEF ou la
FAO. La première chose à faire est donc de convaincre ces personnes des bénéfices apportés
par la consommation de spiruline, en complément des repas traditionnels.
271
Par ailleurs, la culture de la spiruline est possible en respectant l’environnement ; elle
pourrait même participer, dans une certaine mesure, à la réduction de la quantité de certains
gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère.
En effet, consommatrice de dioxyde de carbone et productrice d’oxygène lors de sa
croissance, la spiruline présente un intérêt évident dans le cadre des mesures fixées lors du
dernier Grenelle de l’environnement (octobre 2007). De plus, sa culture fait aussi appel à des
formes d’énergies nouvelles, participant ainsi à la maîtrise de l’énergie (séchoirs solaires,
panneaux photovoltaïques).
Dans le but d’explorer à fond tous les trésors qu’elle recèle et de lui attribuer enfin des
bénéfices réels, il me paraît donc indispensable d’envisager les perspectives suivantes :
Investir dans la recherche sur les techniques de culture, de façon à trouver des
solutions optimales à moindre coût pour chaque étape de la production (et jusqu’à la
distribution), toujours dans un souci du respect de l’environnement ;
272
Des fonds seront nécessaires si on veut établir avec certitude les différentes indications
et préciser les modalités concernant l’emploi de la spiruline ou de ses extraits chez
l’Homme, en fonction de son âge et de son état physiopathologique ;
Promouvoir ensuite son utilisation dans les programmes nationaux de lutte contre la
malnutrition ;
Poursuivre les recherches concernant son utilité dans la réduction des gaz à effet de
serre.
Puisse mon travail être un vecteur de diffusion de la spiruline partout où elle pourrait aider
l’être humain et notre Planète.
273
274
Annexes
275
276
Annexe 1 : Photographies représentant différentes souches de spirulines [8]
277
ANNEXE 2 : Structure biochimique de la phycocyanine [56]
278
ANNEXE 3 : Planche pour comparer les spirulines à d'autres algues [29]
© Jean-Paul Jourdan
279
ANNEXE 4 : Estimation de la production de spirulines (exprimée en tonnes)
à travers le monde, entre les années 1975 et 1999.
280
ANNEXE 5 : Analyse et composition de la poudre de spiruline produite à
Earthrise Farm © Copyright 2004 ENI.
Amino Acids
Essential Aminos per 10g %total Essential Aminos per 10g %total
Isoleucine 350 mg 5.6 % Phenylalanine 280 mg 4.5 %
Leucine 540 mg 8.7 % Threonine 320 mg 5.2 %
Lysine 290 mg 4.7 % Tryptophan 90 mg 1.5 %
Methionine 140 mg 2.3 % Valine 400 mg 6.5 %
281
Minerals (per 10 grams / % U.S. Daily Value)
Minerals per 10g USDV %DV Minerals per 10g USDV %DV
Calcium 70 mg 1000 mg 7 % Manganese 0.5 mg 2 mg 25 %
Iron 15 mg 18 mg 80 % Chromium 25 mcg 120 mcg 21 %
Phosphorus 80 mg 1000 mg 8 % Molybdenum * mcg 75 mcg *%
Iodine * mg 150 mcg * % Chloride * mg 3400 mg *%
Magnesium 40 mg 400 mg 10 % Sodium 90 mg 2400 mg 4%
Zinc 0.3 mg 15 mg 2 % Potassium 140 mg 3500 mg 4%
Selenium 10 mcg 70 mcg 14 % Germanium 60 mcg * mg *%
Copper 120 mcg 2 mg 6 % Boron * mg * mg *%
282
ANNEXE 6 : Composition de 100g de SPIRULINA GREEN-A [109]
283
Annexe 7 : Analyse et composition de Spirulina pacifica (poudre et comprimés)
produite par Cyanotech [120]
(comprimés)
Protein > 52 %
Moisture <7%
Minerals < 17 %
Beta-carotene > 1600 mg/kg
Total Carotenoids > 3500 mg/kg
Phycocyanin (crude) > 10 %
C-Phycocyanin > 4.5 %
(comprimés)
Total aerobic bacteria < 105 cfu/gram
Total coliforms < 10 cfu/gram
E. coli negative
Salmonella negative
Staphylococcus aureus negative
Arsenic < 0.5 ppm
Cadmium < 0.2 ppm
Lead < 0.2 ppm
Mercury < 0.025 ppm
Pesticides negative
284
Bibliographie
285
286
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321
322
Table des matières
323
324
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION 7
1. La spiruline : généralités 13
3. Aspects nutritionnels 29
3.1.1 Protéines 29
3.1.1.1 Teneur et composition 29
3.1.1.2 Utilisation protéique nette 31
3.1.1.3 Efficacité protéique 31
3.1.1.4 Rôle des protéines 32
3.1.1.5 Besoins de base en protéines pour l’organisme humain 32
3.1.2 Lipides 32
3.1.2.1 Lipides totaux 32
3.1.2.2 Acides gras 32
3.1.2.3 Lipides insaponifiables 34
3.1.2.4 Rôles des lipides et besoins spécifiques en acides gras essentiels 34
3.1.3 Glucides 35
3.1.5 Vitamines 36
3.1.5.1 Le β-carotène (précurseur de la vitamine A) 36
3.1.5.2 Les tocophérols (vitamine E) 37
3.1.5.3 Les vitamines du groupe B 38
3.1.6 Minéraux 39
325
3.1.7 Oligo-éléments 40
3.1.7.1 Le fer 40
3.1.7.2 Le zinc 41
3.1.7.3 Le sélénium 42
3.1.7.4 L’iode 42
3.4.1 Toxicité 49
326
4.2.3 Récolte 75
4.2.3.1 Filtration 76
4.2.3.2 Lavage et essorage 77
4.2.3.3 Séchage 78
4.2.3.4 Broyage 81
327
1.3.1 Diagnostic biologique 140
328
TROISIEME PARTIE : La spiruline dans les pays en voie de 191
développement
2.3 Mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux 201
femmes
329
6.1 Réhabilitation nutritionnelle avec la spiruline au Burkina Faso 211
330
8.6 Etude technique détaillée 240
331
CONCLUSION 269
ANNEXES 275
BIBLIOGRAPHIE 285
332