Spiruline Bilan&Perspective

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UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE

FACUTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BESANCON


PLACE SAINT-JACQUES – 25030 BESANCON CEDEX – TELECOPIE : 03.81.66.55.29

ANNEE 2008 – N° 25. 08. 15

LA SPIRULINE

BILAN ET PERSPECTIVES

THESE
Présentée et soutenue publiquement
le : 13 mai 2008
Pour obtenir le Diplôme d’état de

DOCTEUR EN PHARMACIE
PAR

Hélène CRUCHOT

Née le 25 mars 1971 à Dole (39)

Directeur de Thèse : J.P. DASPET Maître de Conférences

Jury de la Thèse :

Président :

L. NICOD Maître de Conférences

Juges :

B. HOEN Professeur
J.P. DASPET Maître de Conférences
M.C. GAUTHEROT Pharmacien
UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE
FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BESANÇON

DOYEN Professeur Hugues BITTARD

ASSESSEURS MEDECINE Professeur Daniel SECHTER


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MEDECINE
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PROFESSEUR AGREGE DU SECOND DEGRE, PROFESSEURS ASSOCIES A TEMPS PARTIEL


M. Patrice BLEMONT DROIT
MME Sandra CHAVIN ANGLAIS
CEL
MME Frédérique ROUSSEY ANGLAIS

Septembre 2007
A Notre Président de Thèse,

Madame Laurence NICOD,

Maître de Conférences de Biologie cellulaire,

Vous nous avez fait le grand honneur


d’accepter la présidence de cette thèse.

Veuillez trouver ici nos sincères


remerciements et l’expression de notre
respectueuse reconnaissance.
A Notre Directeur de Thèse et Juge,

Monsieur Jean-Patrick DASPET,

Maître de Conférences de biophysique et informatique,

Vous nous avez fait l’honneur


d’accepter de suivre la réalisation de
cette thèse.
Vous nous avez offert un sujet à la fois
original et très riche. Nous avons
apprécié votre gentillesse et votre
disponibilité.

Veuillez trouver dans ce travail


l’expression de nos sincères
remerciements.
A Notre Juge,

Monsieur le Professeur Bruno HOEN,

Service des Maladies Infectieuses et Tropicales au CHU de Besançon,

Vous nous avez fait l’honneur de juger


notre travail.

Veuillez trouver dans ce travail


l’expression de notre respectueuse
reconnaissance.
A Notre Juge,
Madame Marie-Claire GAUTHEROT,

Pharmacien titulaire,

Vous nous avez fait l’honneur d’accepter de


juger notre travail.

Veuillez trouver ici l’expression de nos


remerciements les plus sincères.
A mes parents,

Pour leur confiance, leur amour, leur


présence et leur soutien dans les épreuves
que la vie nous a réservées.

Qu’ils trouvent dans cette thèse le


témoignage de ma profonde reconnaissance
et de l’amour que j’ai pour eux.

A Arnaud,

Dix ans après ton « départ », ton absence est


toujours douloureuse à supporter. Tu m’as
insufflé une force et un courage qui m’ont
permis de reprendre mes études et d’être là
aujourd’hui.

Je te dédie cette thèse.

A tous les membres de ma famille,

Vivants ou disparus, je vous dédie cette


thèse.

A mes amis,

Gabrièla, Laurent et Martine, François,


Daniel et Geneviève, Lauren, Aurélie,
Marlène, Lulu, Céline, Adeline

Merci pour votre soutien, votre présence et


votre amitié.

A toute l’équipe de la Pharmacie de Devecey,

Merci pour votre accueil chaleureux, votre


gentillesse et vos précieux conseils.
Merci pour le temps que vous me consacrez
et pour les connaissances pratiques que vous
m’apportez.
C’est un immense plaisir de travailler en
votre compagnie.
SOMMAIRE
LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Présentation de la spiruline
1. La spiruline : généralités

1.1 Caractéristiques structurales


1.2 Croissance
1.3 Ecologie
1.4 Reproduction
1.5 Déplacement

2. La spiruline : de sa naissance à nos jours

3. Aspects nutritionnels

3.1 Analyse nutritionnelle qualitative et quantitative


3.2 Synthèse des apports quantitatifs de la spiruline, en regard des
apports recommandés
3.3 Préservation des nutriments et micro-nutriments jusqu’à la
consommation
3.4 Tolérance et acceptabilité alimentaire

4. Différents moyens d’obtenir de la spiruline

4.1 Exploitation des ressources naturelles


4.2 Cultures familiale et artisanale
4.3 Culture industrielle
4.4 Production en photobioréacteurs

DEUXIEME PARTIE : La spiruline dans les pays industrialisés

1. Différents secteurs d’activité utilisant la spiruline

1.1 Industrie agroalimentaire


1.2 Industrie cosmétique
1.3 Médecine
1.4 Environnement
1.5 Recherche spatiale

1
2. Tour d’horizon des éventuelles propriétés thérapeutiques de la spiruline,
d’après les résultats des recherches cliniques menées et publiées

2.1. Activité antioxydante et antiradicalaire


2.2. Effets sur le système immunitaire
2.3 Activité détoxifiante et protectrice de certains organes
2.4 Action anti-inflammatoire
2.5 Effets radio protecteurs
2.6 Effets stimulants sur la lignée érythrocytaire
2.7 Effets sur l’hyperlipidémie, le diabète et l’hypertension artérielle
2.8 Effets sur la flore intestinale
2.9 Effets dans le cadre d’une déficience chronique en vitamine A

TROISIEME PARTIE : La spiruline dans les pays en voie de


développement

1. Quelques définitions et données épidémiologiques autour de la malnutrition

1.1 La malnutrition
1.2 Le kwashiorkor
1.3 Le marasme
1.4 Le kwashiorkor marasmique
1.5 Données épidémiologiques

2. Causes de la malnutrition dans les pays du tiers-monde

2.1 Insécurité alimentaire des ménages


2.2 Insuffisance des services de santé et d’assainissement
2.3 Mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux femmes

3. Manifestations cliniques et biologiques de la malnutrition

3.1 Aspects cliniques


3.2 Anomalies biologiques

4. Evolution et pronostic

5. Conséquences de la malnutrition à plus ou moins long terme

6. En quoi la spiruline représente-t-elle un espoir dans le combat contre la


malnutrition ?

2
6.1 Réhabilitation nutritionnelle avec la spiruline au Burkina Faso
6.2 Evaluation de l’efficacité de la supplémentation en spiruline auprès
d’enfants atteints de malnutrition sévère, au Niger
6.3 Essai de réhabilitation nutritionnelle au Sénégal
6.4 Etude sur les bénéfices nutritionnels de la spiruline, réalisée en Inde
du sud
6.5 Etude menée en Chine
6.6 Etudes menées au Zaïre
6.7 Etude menée au Togo
6.8 Etude menée au Vietnam

7. Problèmes rencontrés par les initiateurs de projets d’exploitation de


spiruline dans ces pays

7.1 Première difficulté majeure : la maîtrise de la culture


7.2 Deuxième difficulté majeure : la formation du personnel local
7.3 Troisième difficulté majeure : la pérennité de l’exploitation
7.4 Quatrième difficulté majeure : le contexte économique mondial

8. Conseils pour faciliter la réussite d’un projet d’exploitation de la spiruline


sur du long terme

8.1 Choix des partenaires


8.2 Mission préparatoire
8.3 Rédaction et signature d’une convention de projet
8.4 Etude d’avant-projet
8.5 Recherche de fonds
8.6 Etude technique détaillée
8.7 Construction
8.8 Formation du personnel et démarrage de la culture
8.9 Suivi de l’exploitation, circuits humanitaires et commerciaux

9. Principales associations intégrant dans leurs projets, la culture de spiruline


dans les PVD

9.1 Antenna Technologies


9.2 TECHNAP
9.3 CODEGAZ
9.4 Targuinca
9.5 CREDESA
9.6 OCADES
9.7 ALCMK

3
10. Exemples de productions locales de spiruline

10.1 En Afrique
10.2 En Asie
10.3 En Amérique du sud

CONCLUSION

ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES MATIERES

4
LISTE DES ABREVIATIONS

AAPH : 2,2’-azobis dihydroxychloride


ACMA : Association pour Combattre la Malnutrition par l’Algoculture
ADN : Acide Désoxyribonucléique
AJR : Apports Journaliers Recommandés
ALCMK : Association de Lutte Contre la Malnutrition au Kanem
AMT : Apport Maximal Tolérable
ANR : Apport Nutritionnel Recommandé
ARDA : Amplified Ribosomal DNA Restriction Analysis
ARN : Acide Ribonucléique
AS : Apport Suffisant
ASE : Agence Spatiale Européenne
ATA : Antenna Technologies Antsirabé
ATF : Antenna Technologies France
ATP : Adénosine Triphosphate
Ca – SP : Calcium Spirulan
CEPAZE : Centre d’Echange et Promotion des Artisans en Zones à Equiper
CEVA : Centre d’Etude et de Valorisation des Algues
CFC : Chloro-Fluoro-Carbure
CFPPA : Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CMSC : Centre Médical St Camille
CMV : Cytomégalovirus
COX : Cyclooxygénase
CREDESA : Centre Régional pour le Développement et la Santé
CREN : Centre de Renutrition et d’Education Nutritionnelle
CRP : Protéine C réactive
DER : Dépense Energétique de Repos
DHA : Acide Docosahexaénoïque
DIC : Dainippon Ink Chémicals
DS : Dextrane Sulfate
EAR : Equivalents d’Activité du Rétinol
EDTA : acide Ethylène Diamine-Tétra- Acétique
ELISA : Enzyme-Linked Immunosorbent Assay
EPA : Acide Eicosapentaénoïque
EPO : Erythropoïétine
EPS : Exo Polysaccharide sulfaté
ET : Ecart Type
EVA : Etendue des Valeurs Acceptables
FAO : Food and Agricultural Organization
F CFA : Franc de Coopération Financière en Afrique
FDA : Food and Drug Admistration
FMI : Fonds Monétaire International
GERES : Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarité
GES : Gaz à Effet de Serre
GLA : Acide gamma- linolénique
GMP : Good Manufactoring Practice
GRAS : Generally Recognized As Safe

5
HACCP : Hazard Analysis Critical Control Point
HDL : High Density Lipoprotein
HSV : Herpès Simplex Virus
IC (50) : Concentration d’un produit permettant un Inhibition de 50 % de l’activité
enzymatique ou oxydante
IFP : Institut Français du Pétrole
IHSM : Institut Halieutique et des Sciences Marines
IL : Interleukine
IMC : Indice de Masse Corporelle
IRD : Institut de Recherche pour le Développement
LDL : Low Density Lipoprotein
MELISSA : Micro Ecological Life Support System Alternative
MIT : Massachussetts Institute of Technology
MPE : Malnutrition Protéino-Energétique
NADP : Nicotinamide Adénine Dinucléotide Phosphate
NASA : National Aeronautics and Space Administration
NCHS : National Center for Health Statistics
NFS : Numération Formule Sanguine
NK : Natural Killer (Cells)
NOS : Nitrite Oxyde Synthétase
OCADES : Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
ORL : Otorhinolaryngologie
OTEC : Ocean Thermal Energy Conversion
PAS : Plans d’Ajustements Structurels
PASS : Producteurs Associés de Spiruline du Sud
PIB : Produit Intérieur Brut
PGE2 :Prostaglandine E2
PLA2 : Phospholipase A2
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
ppm : partie par million
PS : Photosystème
PVC : Polychlorure de Vinyle
PVD : Pays en Voie de Développement
QI : Quotient Intellectuel
SIDA : Syndrome d’Immunodéficience Acquis
SMA : Sommet Mondial de l’Alimentation
SOD : Superoxyde Dismutase
TBARS : Taux des substances réagissant avec l’acide thiobarbiturique
TECHNAP : Technologies Appropriées (en faveur des PVD)
TNF : Tumor Nécrosis Factor
UNICEF : Fond des Nations Unies pour l’Enfance
UV : Ultraviolet
VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine

6
Introduction

7
8
Qu’ont en commun un Aztèque, un enfant africain malnutri et un astronaute en
mission dans l’espace ? La réponse est : la spiruline. Le premier l’a consommée dans le passé,
le second est susceptible d’en consommer actuellement et le troisième sera sans doute amené
à le faire dans un futur proche.
A mi-chemin entre le règne végétal et le règne animal, la spiruline est un micro-organisme
appartenant à la classe des cyanobactéries. Elle croît dans des eaux alcalines, chaudes et
salées et possède des qualités nutritives exceptionnelles.
Entre le XVIème siècle, où on sait qu’elle était consommée par les populations aztèques, et
aujourd’hui, la spiruline a plusieurs fois suscité l’intérêt avant de retomber dans l’oubli.

L’objet de ce travail a consisté à réaliser une étude bibliographique sur la spiruline,


présentée dans ce manuscrit en trois parties principales.

La première partie présente la spiruline : ses caractéristiques (physiques, biologiques


et écologiques), son histoire, sa composition nutritionnelle qualitative et quantitative et les
différentes techniques de culture existant actuellement à travers le monde. Les questions
concernant son acceptabilité, les différents modes de consommation et les risques de toxicité
seront également traitées.

Les deux parties suivantes mettent en parallèle la vision de la spiruline, qu’ont les pays
industrialisés et émergents, par rapport à celle qu’ont les pays en voie de développement.

Ainsi, la deuxième partie relate son approche par les pays industrialisés : les différents
domaines dans lesquels elle est utilisée puis les études cliniques les plus pertinentes publiées
au sujet de ses propriétés thérapeutiques éventuelles.

La troisième partie reflète ce que représente la spiruline pour les pays en voie de
développement. Dans un premier temps, nous définirons la notion de malnutrition protéino-
énergétique et nous préciserons quelques données épidémiologiques. Ensuite, nous décrirons
les manifestations cliniques et biologiques de la malnutrition, ses causes et ses conséquences à
plus ou moins long terme. Enfin, nous exposerons les intérêts de la spiruline dans la lutte
contre ce fléau, en rapportant les résultats de plusieurs études réalisées sur des enfants
malnutris.

9
Nous nous attarderons également sur les difficultés rencontrées lors des projets d’exploitation
de la spiruline dans ces pays, avant d’exposer quelques conseils pour favoriser leur pérennité.
Nous terminerons par la présentation des principales organisations non gouvernementales
impliquées dans ce type de projet et nous verrons quelques exemples d’exploitations,
principalement en Afrique, mais aussi en Inde et au Chili.

10
Première partie

Présentation de la spiruline

11
12
1. La spiruline : généralités
La spiruline fait partie des micro-organismes : ni végétale ni animale, elle est classée
parmi les cyanobactéries [1]. Ce groupe comprend l’ensemble des bactéries autotrophes,
c’est-à-dire capables d’utiliser l’énergie de la lumière pour la photosynthèse [2].
Mais, contrairement aux algues et aux plantes également dotées de ce pouvoir
photosynthétique, elle appartient à l’embranchement des procaryotes, car elle n’a pas de
noyau bien individualisé. A noter que cette appartenance à la classe des cyanobactéries est
récente. En effet, elle est longtemps restée classée parmi les « algues bleu-vert », ce pour
plusieurs raisons :

- son habitat aquatique,


- la présence d’un système photosynthétique producteur d’oxygène,
- son aptitude à développer des biomasses importantes,
- sa morphologie proche de celle des algues,
- sa couleur liée à sa teneur en pigments bleu (phycocyanine) et vert
(chlorophylle).

Il existe à ce jour 200 genres et environ 1 500 espèces de cyanobactéries connues ; étant
très difficiles à détecter, il en reste sans doute encore beaucoup à découvrir.
La spiruline est la plus connue de toutes ; d’un point de vue taxonomique, elle appartient à
l’ordre des Nostocales, à la famille des Oscillatoriaceae et au genre Arthrospira [3][4].
A noter qu’il y a parfois malheureusement un véritable méli-mélo entre les termes
“Spiruline”, “Spirulina” et “Arthrospira”. Ces confusions proviennent à la fois d’erreurs
de déterminations scientifiques dans les années 1950 et de la dénomination commerciale
de certaines cyanobactéries alimentaires.
En pratique, il faut retenir que le terme “Spiruline” correspond au nom commercial d’une
espèce de cyanobactérie alimentaire appartenant toujours au genre Arthrospira. Le mot
“Spirulina” est le nom commercial anglophone de la spiruline, mais il désigne également
un genre de cyanobactérie assez éloigné de Arthrospira, et surtout non comestible (par
exemple : Spirulina major, Spirulina subtilissima, Spirulina princeps, Spirulina gigantea
ou Spirulina subsalsa) [5].

1.1 Caractéristiques structurales


La spiruline se présente sous la forme d'un filament pluricellulaire bleu-vert,
mobile, non ramifié et enroulé en spirale. Ce filament est appelé trichome ; sa
forme hélicoïdale, observable uniquement en milieu liquide, est caractéristique du
genre. C’est d’ailleurs de là que la spiruline tient son nom.
Par ailleurs, contrairement à certaines autres cyanobactéries (Anabaena, Nostoc), la
spiruline ne possède pas les cellules spécialisées permettant la fixation de l’azote
de l’air (hétérocystes).
La longueur moyenne du filament est de 250 µm lorsqu'il a 7 spires et son
diamètre est d'environ 10 µm. Mais les paramètres de l’hélice (épaisseur,
longueur) ne sont pas toujours les mêmes selon les chercheurs qui étudient la
spiruline.
Ainsi, le genre Arthrospira a été retrouvé en maints endroits dans le monde et, il a
été constaté une grande variation dans la taille et la forme des trichomes (tableau
I).

13
Parfois, les spires au centre du filament sont plus rapprochées qu’aux extrémités et
la forme générale peut-être celle d’un diabolo, avec un diamètre de spire plus petit
au centre et aux extrémités.
Les scientifiques étudiant la spiruline ont donc d’abord pensé qu’il existait de
nombreuses espèces d’Arthrospira ; en fait, l’analyse de leurs caractéristiques
génétiques, effectuées par Scheldeman et al en 1999, basées sur l’ARDA
(Amplified Ribosomal DNA Restriction Analysis) ne fait apparaître que deux
espèces presque identiques d’Arthrospira [6]. Ils supposent alors que de ces deux
espèces dérivent plusieurs souches.
Voici quelques précisions à propos des notions de souches et d’espèces : une
espèce est une entité réunissant des êtres vivants présentant un ensemble de
caractéristiques morphologiques, anatomiques, physiologiques, biochimiques et
génétiques communes. Les espèces sont regroupées en genres et divisées en sous
ensembles dénommés souches ou variétés.
Actuellement, 50 souches d’Arthrospira recensées à travers le monde ont été
étudiées pour en décrire la diversité génétique. C’est l’association Antenna
Technologies qui, en collaboration avec l’université de Genève, a récemment
effectué ce travail de classification de différentes souches d’Arthrospira (figure 3).
Celui-ci repose sur le séquençage génétique d’un fragment d’ADN hypervariable,
mais spécifique des cyanobactéries. Il en ressort une très forte homogénéité du
genre Arthrospira, même lorsque les souches ont des morphologies variées ou
lorsqu’elles proviennent de lieux géographiques très différents. Leur conclusion est
qu’il n’existerait a priori que deux espèces génétiquement différentes parmi ces
souches [3]. Ces deux espèces sont : Arthrospira platensis, initialement originaire
du Kanem (Tchad) et Arthrospira geitleri ou maxima, originaire du
Mexique (figure 2) :

 Spirulina platensis (figure 1) est la plus connue et la plus utilisée lors


des travaux de recherche ou lors de l’ensemencement de nouvelles
cultures. Elle se compose de trichomes atteignant 350 µm de long et
entre 6 et 12,45 µm de diamètre ; ils sont un peu rétrécis au niveau des
articulations. Les tours de spire ont un diamètre de 20 à 50 µm,
diminuant légèrement vers les extrémités [5].

Figure 1 : Spirulina platensis observée au microscope. © Antenna.ch

14
 Spirulina maxima se caractérise par des trichomes de 70 à 80 µm de
long, de 7 à 9 µm de diamètre et légèrement effilés aux extrémités ;
ils forment une spirale régulière de 3 à 8 tours et de 40 à 60 µm de
diamètre. Les cellules constituantes des trichomes mesurent entre 5 à
7 µm de long et ne rétrécissent pas au niveau des articulations [5].

Figure 2 : Filaments des deux espèces de spiruline observés au microscope optique [7]

Tableau I : Descriptions de plusieurs variétés d’Arthrospira platensis, selon l’endroit où elles poussent
naturellement [5]

Longueur des Diamètre des Diamètre des Distance entre


Date Auteur et lieu
cellules (µm) cellules (µm) spires (µm) les spires (µm)
R. Fox
1980 Lac Orovilca 2,5 7,8 36 95
(Pérou)
S. Pargaonkar
1984 Lac Lonar 4,5 12 99 55
(Inde)
H. Durand-Chastel
1990 Lac Cratère 3,2 12,45 52,3 52
(Mexique)
G. Planchon
1993 Paracas 2,4 9,5 33 43
(Pérou)
G. Planchon
1994 Camargue 2,3 11,6 44 109
(France)
K. Nguyen
1994 Toliara 3,8 7,2 21,2 32,5
(Madagascar)
G. Knutsen
1994 Olive Mill 2,6 6,1 32 65
(Californie)

A noter que la distance entre les spires varie beaucoup selon l’intensité lumineuse :
sous éclairage intense, elle peut être réduite à 10 µm alors que sous faible
éclairage, elle peut dépasser 100 µm.
En ce qui concerne les différentes souches (ou variétés) de spirulines, on distingue
les spirulines "spiralées", "ondulées", et "droites" (cf. figure 3).

15
Le terme "spiralées" désigne les souches dont les filaments ont la forme d’une
queue de cochon, telle la "Lonar" (Inde) ; le terme "ondulées" désigne les souches
dont les filaments sont en spirale étirée, telle la "Paracas" (Pérou) ;
le terme "droites" désigne les souches dont les filaments sont tellement étirés
qu’ils donnent l’impression d’être presque rectilignes.
Des photographies de ces différentes souches sont présentées dans l’annexe 1 [8].

Figure 3 : Classification d'une vingtaine de souches de spirulines (Arthrospira sp) d'après la séquence
génétique d'un fragment d'ADN comprenant la région située entre deux gènes de phycocyanine
(cpcB-cpcA spacer) [3]. © Antenna.ch

Sachant que certaines souches initialement spiralées peuvent devenir ondulées ou


droites, la question du nombre de variétés de spiruline fait encore débat entre les
scientifiques : leur existence est-elle liée à une mutation irréversible de l’une des
deux espèces ou à une adaptation transitoire à des conditions de vie différentes ?

16
Dans le cadre de ce travail, lorsque la spiruline est évoquée en tant que
cyanobactérie, il est sous-entendu les spirulines en général, c'est-à-dire l’ensemble
des cyanobactéries appartenant au genre Arthrospira. D’autre part, sauf mention
contraire, la spiruline étudiée dans les expériences de réhabilitation nutritionnelle
ou lors de recherches cliniques et scientifiques, est la variété platensis.

Les cellules de cyanobactéries n’ayant pas de plastes individualisés, leur coloration


est homogène. Cependant, en microscopie optique, on distingue une zone
périphérique colorée (= le chromoplasma) et une partie centrale plus claire (= le
centroplasma) [9].
La microscopie électronique a aussi permis de mieux connaître la structure et le
fonctionnement de ces cellules. Leur organisation est relativement simple et
semblable à celle des cellules de procaryotes [1][10] :

• Absence de membrane nucléaire et donc de noyau bien individualisé ;


• Absence de mitochondries, réticulum endoplasmique, appareil de
Golgi, et flagelles ;
• Les cellules sont limitées par une fine membrane constituée de 4
couches minces différenciables en microscopie électronique : deux
d’entre elles présentent une analogie chimique et structurale avec la
paroi des bactéries gram négatif car elles sont riches en mucopolymères
et mucopeptides. Elles sont néanmoins un peu plus complexes, mais il
est important de retenir que cette membrane est totalement exempte de
cellulose. Une enveloppe externe, riche en caroténoïdes, peut parfois
l’enrober.
• Sur le plan ultra structural, le chromoplasma apparaît comme un
système membranaire comprenant des thylakoïdes ; la spiruline ne
renfermant pas de chloroplastes, ce sont ces thylakoïdes qui constituent
les sites de photosynthèse. Ce sont des filaments pigmentés disposés
généralement de façon pariétale concentrique. Ils renferment les
phycobilisomes, granules porteurs des pigments photosynthétiques
(chlorophylle a, β-carotène et oxycaroténoïdes, phycocyanine et
phycoérythrine).
• Le nucléoplasme (ou centroplasma) correspond d’une part, à des
fibrilles d’acide désoxyribonucléique (ADN) représentant le génome
(entre 2 et 8x109 Daltons) et, d’autre part, à des grains d’acide
ribonucléique (ARN).
L’ADN est colorable par les réactifs histologiques classiques (Feulgen,
hématoxyline, etc.) et visible au microscope électronique sous forme de
fines aiguilles de 250 nm.

Le chromoplasma présente de nombreuses inclusions dont les plus importantes sont


[3] :
- les granules de cyanophycine : la cyanophycine, molécule propre aux
cyanobactéries, est un polymère d'acide aspartique et d'arginine. Ce
polypeptide, non fabriqué par les ribosomes, constitue une forme de
réserve d'azote et d'énergie ;

17
- les carboxysomes : ils contiennent le ribulose-1,5 phosphate
carboxylase, responsable de la fixation du CO2.
Cette enzyme n'est présente que dans des conditions de hautes
intensités lumineuses et de hautes concentrations en nitrates ;
- les granules d’amidon cyanophycéen (glycogène), d’hydrates de
carbone similaires à l’amylopectine et ceux de volutine
(polyphosphates) constituent des formes de réserve énergétiques ;
- les ribosomes riches en acide ribonucléique ;
- les globules lipidiques ;
- les vésicules de gaz : elles se présentent sous la forme de faisceaux de
minuscules cylindres contenant de l’azote. Leur rôle est de réguler la
flottabilité des filaments de spiruline.

1.2 Croissance
Grâce à ses pigments chlorophylliens, la spiruline est une espèce photo-
autolitotrophe aérobie. Par conséquent, contrairement aux bactéries photo-
autotrophes anaérobies qui n’ont que le photosystème I, elle est dotée des
photosystèmes I et II [11].
Chez la spiruline, la photosynthèse constituant la clé de sa croissance, il paraît
utile de faire quelques rappels concernant ce processus.

La photosynthèse est un phénomène physiologique d'importance capitale, puisqu’il


est indispensable à toute forme de vie animale et humaine. Grâce à ce processus,
sous l’action de la lumière, un organisme photosynthétique peut élaborer de la
matière organique indispensable à son développement : il le fait à partir d’éléments
minéraux, en absorbant le gaz carbonique et l’eau, et en rejetant de l’oxygène.
Pour sa photosynthèse, la spiruline a besoin d’eau, de carbone, et d’éléments
nutritifs dont l’azote en particulier. Elle assimile une source de carbone minéral (le
CO2 atmosphérique) et la convertit en énergie biochimiquement utilisable
représentée par le glucose. Son point commun avec les autres cyanobactéries est
qu’elle ne possède pas le cycle de Krebs complet [5][10].
L'énergie lumineuse est captée par des pigments assimilateurs représentés par les
chlorophylles. La chlorophylle de la spiruline et des autres bactéries
photosynthétiques se situe dans les régions spécialisées de leur membrane
cellulaire : les phycobilisomes des thylakoïdes.
La photosynthèse est divisée en deux phases : une série de réactions dites
"lumineuses" et une série de réactions dites "obscures" [12] :

 les réactions lumineuses nécessitent la présence de lumière et s'effectuent


dans les membranes thylakoïdiennes, pour le cas de la spiruline (dans les
chloroplastes pour les cellules végétales). Cette lumière permet d’apporter
l’énergie nécessaire à la réaction photosynthétique. Les thylakoïdes
contiennent des pigments photosynthétiques organisés en deux photosystèmes :
les photosystèmes I et II, respectivement notés PS I et PS II. C’est au niveau
des membranes communes à deux thylakoïdes que se trouvent ces deux
photosystèmes ; ils sont toujours placés à proximité l’un de l’autre [13].

18
Le PS I possède une plus grande variété de pigments que le PS II et il est riche
en chlorophylle de type a P700 : celle-ci absorbe des longueurs d’onde de 430
nm dans le bleu et de 700 nm dans le rouge. La source d’électrons est
constituée par les minéraux et les molécules organiques.
Le PS II est riche en chlorophylle de type a P680. C’est à son niveau que se
produit la photolyse de l’eau, c’est-à-dire qu’il récupère les électrons libérés
par les molécules d’eau.
La phycocyanine, pigment spécifique aux cyanobactéries, est essentielle au
transport de l’énergie vers le PS II [14].

Au cours de cette phase lumineuse, il y a photolyse de l’eau : les molécules


d'oxygène et d'hydrogène se séparent. On assiste également à la synthèse
d'ATP (Adénosine triphosphate), molécule dont la consommation libère
beaucoup d’énergie, et de NADP (Nicotinamide Adénine Dinucléotide
Phosphate) [15].

12 H 2 O + 12 NADP + 12 (ADP+P) → 6 O 2 + 12 (NADPH+H + ) + 12 ATP

 les réactions obscures ont lieu dans le stroma (matrice) du thylakoïde, où


l'énergie produite lors de la phase lumineuse y est stockée sous forme d'ATP et
de NADP réduit. Cette énergie est utilisée pour la synthèse de molécules
organiques, par réduction du dioxyde de carbone.
Cette phase est dite obscure car elle correspond à une série de réactions qui ne
nécessitent pas de lumière ; ce n’est pas pour autant qu’elles se déroulent la
nuit, au contraire. Ces réactions forment le cycle de Calvin. A l’issue de ce
cycle, une molécule de glucose est synthétisée [16].

18 ATP + 12 (NADPH + H +) + 6 CO 2 → 18 ADP+ P + 12 NADP + 6H 2 O + C 6 H 12 O 6

La formule générale de la photosynthèse peut donc s’écrire de la façon


suivante :

6 CO2 + 6 H2O + hν (énergie lumineuse) --------> C6H12O6 + 6 O2

Bien que la spiruline ne renferme que de la chlorophylle de type a, il en existe


d’autres sortes, en particulier chez d’autres types d’algues : les chlorophylles b, c
et d.
Tous les pigments chlorophylliens sont des chromoprotéines dont le groupement
prosthétique est une porphyrine hydrophile à quatre noyaux tétrapyrroliques,
centrée sur un atome de magnésium ; elle est estérifiée par un alcool à longue
chaîne carbonée, le phytol hydrophobe. C’est la nature des substituants des
groupements pyrroles qui les différencie sur le plan structural.
Les différences entre les chlorophylles se situent donc au niveau de leur structure
moléculaire et de leur longueur d’onde d’absorption des radiations lumineuses.
Dans la membrane des thylakoïdes, les granules de chlorophylle sont associées à
des protéines, formant ainsi des complexes protéines-pigments.

19
Voici quelques précisions concernant le rôle des chlorophylles [17] : ce sont des
pigments photosynthétiques et, à ce titre, elles peuvent être excitées par les
radiations lumineuses.
Cette excitation est due à la présence de liaisons conjuguées (et donc d'électrons
délocalisés) : l'arrivée d'un photon fait passer un électron délocalisé d'un état
fondamental (non excité) à un état excité. La chlorophylle, une fois excitée,
retourne à son état fondamental, plus stable thermodynamiquement. Ceci peut se
faire de plusieurs manières, en particulier :

 en émettant de la lumière (c'est la fluorescence constatée dans une solution


de chlorophylle) ;
 en transférant son énergie à une molécule très proche (c'est la résonance,
qui permet aux pigments de l'antenne collectrice des photosystèmes de
transférer l'énergie lumineuse de molécule en molécule jusqu'à une
chlorophylle piège) ;
 en perdant un électron (c'est la photochimie, laquelle permet à la molécule
de chlorophylle piège du photosystème, de réduire un accepteur d'électron
et donc de réaliser la chaîne photosynthétique).

Avant l’apparition des cyanobactéries sur Terre, la photosynthèse était qualifiée de


photosynthèse bactérienne primitive [18] ; elle avait deux caractéristiques :

o les pigments qui captaient l'énergie lumineuse (bactériochlorophylle)


ne formaient qu'un seul photosystème ;
o la source d'électrons était un composé minéral soufré réduit : le SH2.

Avec l’évolution, lorsque les cyanobactéries sont apparues, la photosynthèse s’est


modifiée [19] :

o le donneur d’électrons est devenu l’eau (H2O) ; elles ont pu dès lors
conquérir tous les milieux ;
o l’accepteur final d’électrons est l’oxygène O2 ; il provient totalement
d’ H2O ;
o les deux photosystèmes PS I et PS II sont présents ;
o il existe un couplage entre les réactions photochimiques et la synthèse
des glucides.

La nuit, c’est la respiration qui permet à la spiruline de produire l’énergie


nécessaire à son entretien et à sa croissance. Les hydrates de carbone produits
pendant le jour, subissent une oxydation qui les convertit en protéines, avec en
parallèle une formation de CO2 (lequel reste dissous dans le milieu de culture) et
d’ H2O [5].
Puis, avec le retour de la lumière du jour, le CO2 participera à un nouveau cycle
de photosynthèse.
Comme le montre la figure 4, la photosynthèse et la respiration s'équilibrent
globalement.

20
Figure 4 : Représentation de l’équilibre entre les réactions de photosynthèse et de respiration, chez les
organismes photosynthétiques [15]

Par ailleurs, le seul prédateur de la spiruline est le flamant rose ; mais c’est aussi
cet animal qui lui fournit, par l’intermédiaire de ses fientes, les éléments dont elle
a besoin pour sa croissance. Voici quelques précisions :
la spiruline est la principale nourriture du flamant rose nain, Phoeniconaias minor.
Les rebords internes du bec de l’oiseau contiennent de minces lamelles et des
plaquettes filtrantes. Quand il bouge sa langue d'arrière en avant, elle agit comme
un piston et l'eau est repoussée hors du bec à travers les rebords filtrants. De cette
façon, les flamants ne boivent pas d'eau salée et la spiruline est piégée dans le bec.
Comme la langue possède de nombreuses barbes épineuses sur sa surface
supérieure, elle entraîne, par son action de pompe, la pâte "d'algues" dans le long
cou vers l’estomac.
Le sel inévitablement absorbé avec la spiruline humide est excrété par les reins.
Le flamant se nourrit donc en balayant son bec de part et d’autre de l’eau peu
profonde dans laquelle il émet aussi ses déjections. C’est ainsi que se crée un cycle
de l’azote : l’oiseau absorbe de l’azote à travers les protéines de la spiruline et il en
restitue ensuite une bonne partie, que la spiruline utilise à son tour comme élément
nutritif [5].

1.3 Ecologie

Ce qui distingue le genre Arthrospira des autres cyanobactéries, c’est le milieu


naturel où elles vivent. En effet, les spirulines prolifèrent dans des eaux très
minéralisées, extrêmement alcalines et chaudes. Ces conditions environnementales
très contraignantes excluent la plupart des autres êtres vivants. De plus, le
développement des spirulines dans ces milieux contribue encore à renforcer l’effet
d’exclusion, par trois phénomènes [5][10] :

- en consommant les carbonates et bicarbonates de son milieu, la


spiruline tend à augmenter l’alcalinité de celui-ci ;
- ses filaments pigmentés et flottants forment un écran qui prive de
lumière solaire les rares algues qui pourraient s’accommoder du milieu
de culture (exemple de la chlorelle, microalgue comestible pouvant
proliférer dans des cultures de spirulines trop peu concentrées) ;

21
- en sécrétant des molécules qui s’avèrent actives contre une vaste
gamme de bactéries.

D’autre part, le flamant rose nain, Phoeniconaias minor, a joué dans le passé un
rôle de vecteur aérien pour la spiruline, laquelle a ainsi pu coloniser
progressivement de nouveaux habitats. En effet, les flamants ont pour habitude de
voler sur de longues distances pour rechercher de la nourriture. Or, la spiruline
s’accrochant aux écailles de leurs pattes et à leurs plumes, elle s’est trouvée ainsi
transportée dans d’autres lacs alcalins où elle a pu proliférer.

A l’état naturel, la spiruline est donc retrouvée dans des lacs de la ceinture
intertropicale du globe terrestre (cf. tableau II), dont les eaux sont riches en
carbonate de sodium (Na2CO3), bicarbonate de sodium (NaHCO3), divers
minéraux et une source d’azote fixé.
Ces lacs sont situés approximativement entre 35° de latitude Nord et 35° de
latitude Sud ; ils sont peu profonds et agités par des vents légers.
En dehors des sites cités dans le tableau II, d’autres endroits sont possibles,
notamment partout où vivent le flamant nain (Afrique et Asie) et le flamant de
James, Phoenicoparrus jamesi (Amérique du sud).

22
Tableau II : Sites géographiques où pousse naturellement la spiruline [5]:
AFRIQUE
Noms des pays Localisations précises

Algérie Tamanrasset
Tchad Région du Kanem : lacs Latir, Ouna, Borkou, Katam, Yoan,
Leyla, Bodou, Rombou, Moro, Mombolo,
Liwa, Iseirom, Ounianga kebir
Soudan Cratère de Djebel Marra
Djibouti Lac Abber
Ethiopie Lacs Aranguadi, Lesougouta, Nakourou, Chiltu, Navasha,
Rodolphe
Congo Mougounga

Kenya Lacs Nakuru, Elmenteita, Cratère, Natron


Tanzanie Lac Natron
Tunisie Lac Tunis; Chott el Jerid

Zambie Lac Bangweoulou


Madagascar Beaucoup de petits lacs près de Toliara

ASIE

Inde Lacs Lonar et Nagpur, réservoir près de Madurai


Myanmar Lacs Twyn Taung, Twyn Ma et Taung Pyank

Sri Lanka Lac Beira


Pakistan Mares près de Lahore
Thaïlande Lacs d’effluents d’une usine de tapioca, province de Radburi,
80 km au Sud-Ouest de Bangkok

Azerbaidjan

AMERIQUE du SUD

Pérou Réservoir d’eau près de Paracas


Près de l’Ile d’Amantani dans le lac Titicaca

Mexique Lac Texcoco ; Lac Cratère

Uruguay Montevideo

Equateur Lac volcanique Quiliotoa : cratère de 1km de diamètre

AMERIQUE du NORD

Californie Oakland ; Del Mar Beach


Haïti Lac Gonâve
Rép.Dominicaine Lac Enriquillo

EUROPE

Hongrie
France Camargue

23
1.4 Reproduction

Son mode de reproduction est la bipartition par scission simple. C’est une
reproduction asexuée, par segmentation des filaments ; ce processus ne doit pas
être confondu avec la mitose, laquelle n’existe que chez les eucaryotes [1].
Sa vitesse de multiplication est particulièrement rapide dès que la température
dépasse 30°C à l’ombre ; lorsque ces conditions sont réunies et que le milieu est
favorable, le temps de génération est très court (7 heures).
Les filaments microscopiques se développent simultanément et ils constituent des
"fleurs d’eau" également appelés "blooms" [5].

1.5 Déplacement

La spiruline est capable d’effectuer deux types de déplacement : la motilité et la


flottabilité.
Le trichome exerce un mouvement oscillatoire, de forme hélicoïdale, en rotation
autour du grand axe. La spiruline peut donc évoluer dans l’eau en se vissant ; ce
déplacement s’effectue à la vitesse de 5µm par seconde. La microscopie
électronique a permis de comprendre la motilité des filaments : cette technique met
en évidence l’existence de fimbriae de 2 à 10 nm de diamètre et 1 à 2 µm de
longueur ; ces filaments tubulaires dépassent de minuscules pores situés sur le
pourtour des extrémités de la cellule. Les fimbriae sont aplatis contre la paroi
cellulaire externe et pointent dans la même direction. Comme des rameurs sur une
galère, ils propulsent le filament d’arrière en avant [10].
La spiruline peut également fabriquer des vésicules de gaz d’environ 70 nm de
long et 10 nm de diamètre, faites d’une chaîne de protéines tissées. Ces vésicules
ressemblent à des tubes creux cylindriques comportant des capuchons coniques.
Elles se trouvent habituellement près des parois terminales des cellules et sont
empilées les unes sur les autres. Elles se forment et se remplissent de gaz lorsque
la lumière du soleil apparaît : tels des ballons dirigeables, elles permettent au
filament de spiruline de remonter en surface pour recevoir la lumière et ainsi
commencer la photosynthèse [5].
A la fin du jour, les cellules sont surchargées par les grandes quantités d’hydrates
de carbone fabriquées, lesquels engendrent une haute pression osmotique interne.
Ne pouvant plus supporter cette pression, les vésicules implosent. Le gaz libéré est
compressé et absorbé par les fluides environnants. Les vésicules s’effondrent et le
filament de spiruline redescend vers le fond obscur. Pendant la nuit, grâce au
phénomène de respiration précédemment décrit, la majeure partie des hydrates de
carbone accumulés est convertie en protéines, pendant que du CO2 est perdu. Pour
recommencer un cycle de photosynthèse le lendemain, de nouvelles vésicules de
gaz se forment de sorte que les filaments de spiruline soient à la surface de l’eau
avant l’aube [5].
Par conséquent, on peut en déduire qu’une limitation en CO2 augmente la
flottabilité alors que la production d’hydrates de carbone la diminue.
Ces deux méthodes de locomotion permettent à la spiruline de se protéger elle-
même contre une overdose mortelle de soleil. Les mouvements de circulation de
bas en haut puis de haut en bas lui permettent d’absorber la juste quantité de
lumière dont elle a besoin. Elle est aussi capable de ramer hors de la dangereuse
spire de ses compagnes qui flottent toutes en masse, dès le lever du jour.

24
2. La spiruline : de sa naissance à nos jours

 Les cyanobactéries ont eu un rôle majeur dans l’évolution de notre planète, en y


créant une atmosphère contenant de l’oxygène. Avant leur apparition,
l’atmosphère terrestre ne contenait qu’un taux extrêmement faible d’oxygène, et la
biosphère était majoritairement composée de bactéries anaérobies utilisant, entre
autres, le cycle du soufre. Ainsi, par leur production d’oxygène par photosynthèse,
les cyanobactéries ont permis l’apparition et le maintien sur Terre de formes de
vie plus évoluées, telles que les algues, les plantes puis les animaux [1].
En fait, nous leur devons les conditions nécessaires à la vie sur Terre, telle que
nous la connaissons actuellement. L’oxygène est en effet un constituant vital de
tous les tissus vivants : végétaux, animaux et êtres humains en ont besoin, à l'état
libre ou combiné, pour vivre. L’oxygène constitue 21 % en volume de
l’atmosphère terrestre, 85,8 % en masse des océans et 60 % du corps humain
[19].

 La spiruline est considérée, par les biologistes, comme l’un des premiers
"végétaux" apparus sur terre, il y a environ 3,5 milliards d’années [20].

 En 1492, Christophe Colomb la découvre au Mexique, sous forme de petites


galettes vertes séchées et le note dans son carnet de bord. Il mentionne ce qu’il
croit être une algue, sous le vocable « potion magique » [5].
La spiruline constituait alors la nourriture principale des Aztèques au Mexique,
jusqu’à la conquête espagnole au XVIe siècle ; ils la récoltaient sous le nom de
"tecuitlatl", autour du lac de Texcoco. Ils la considéraient comme un produit
mystérieux sécrété par les minéraux et la mangeaient en complément des céréales.
Mais, n’étant pas du goût des conquistadors, lesquels préféraient le cacao et le
maïs, elle est ensuite tombée dans l’oubli [5].

 Quatre siècles plus tard, en 1939, Y. Creach, pharmacienne des troupes coloniales
françaises découvre des galettes d’algue séchée sur un marché à Massakong
(Tchad). Ces galettes étaient principalement consommées par les gens malades,
les femmes après leur accouchement et les blessés suite aux guerres entre tribus
rivales. Cette pharmacienne en rapporte quelques échantillons en France pour les
analyser et les identifier. Mais étant donné le contexte à cette époque (deuxième
guerre mondiale), les recherches n’ont pas beaucoup avancé et elles ont été
stoppées après son décès [21].

 En 1940, un chercheur, P. Dangear, rapporte l’expérience d’Y. Creach, en


publiant en France un article qui mentionne pour la première fois l’existence de
galettes consommées par certaines populations du Tchad. Il écrit qu’elles sont
fabriquées à partir de " l’algue bleue Spirulina " et connues sous le nom de
"Dihé" [22].

 En 1959, l’anthropologue et cinéaste français M.Y. Brandily signale à son tour


dans la revue " Sciences et Avenir ", l’existence au Nord de la République du
Tchad, d’une population (les Kanembous) se nourrissant de ces galettes séchées
depuis des temps reculés.

25
Ces villageois consommaient ces "gâteaux d’algue" avec du mil et cela constituait
leur repas principal. Brandily pensait alors qu’il s’agissait de la chlorelle (algue
verte d’eau douce) [23]. Cette bouillie verte récoltée à la surface des lacs de cette
région, à l’aide d’un filet à mailles très fines, a intrigué certains occidentaux. C’est
ainsi que l’Institut Français du Pétrole (IFP), par l’intermédiaire de l’un de ses
membres G. Clément, a lancé des études sur cette fameuse algue [24]. Grâce à cet
institut, financé en grande partie par une taxe sur les carburants, la France a pu
devenir pionnière en ce qui concerne l’étude de la spiruline.
Son intérêt nutritionnel ayant été soulevé, l’IFP a alors aidé à la création d’un site
de production au Mexique dirigé par l’ingénieur français H. Durand-Chastel [5].

 En effet, au début des années 1960, cet ingénieur l’a redécouvert par hasard alors
qu’il débarquait au Mexique pour prendre la direction de Sosa Texcoco, une unité
de production de carbonate de soude. Cette usine tire sa matière première
(la saumure) des sédiments du lac au bord duquel elle est implantée. Mais,
Durand-Chastel est rapidement intrigué par la formation de matières organiques
qui perturbent la cristallisation des carbonates. Le hasard a voulu qu’en 1967 se
déroule à Mexico, le congrès international du pétrole. A cette occasion, Durand-
Chastel a assisté à une conférence sur la spiruline, présentée comme une substance
naturelle consommée depuis très longtemps par une ethnie des rives du lac Tchad,
en Afrique centrale.
Il a pu faire le lien avec l’intrus qui lui causait des problèmes. Mais, d’une
ennemie, l’ingénieur a décidé de faire de cette "algue" une amie, en la cultivant
dans les bassins semi-naturels d’évaporation de sa société Sosa Texcoco. Il a
réussit à mettre au point un procédé de fabrication d’une pâte comestible et
exportable. C’est lui l’initiateur de la première installation industrielle productrice
de spiruline (la variété qu’il a cultivé depuis 1968 est Spirulina maxima). Sa
production commerciale a débuté en 1976 [5].

 Pendant ce temps, toujours au début des années 1960, les publications sur la
spiruline commencent à apparaître. A cette époque, le botaniste belge J. Léonard,
lors d’une expédition transsaharienne confie un échantillon de produit végétal à
son confrère P. Compère pour identification. Ce dernier lui annonce qu’il s’agit de
Spirulina platensis [25].

 En 1968, l’américain R. Fox, docteur en microbiologie fonde le mas laboratoire


de "la Roquette", à Saint-Bauzille de Putois dans l’Hérault. Il veut ainsi
développer la recherche et la formation sur la culture des micro-algues.
Ce scientifique est également titulaire d’un diplôme en zoologie de Pomona
College, auteur d’un travail de "postgrad" en bactériologie à l’université de
Californie (Los Angeles) et titulaire d’un doctorat en microbiologie (université de
Strasbourg) [5].
En découvrant au début des années 1970, la spiruline produite à Sosa Texcoco et
ses qualités, il décide d’en faire un outil de politique humanitaire. Son laboratoire
lui permet alors d’étudier la culture de la spiruline et de mettre au point des
moyens simples et bon marché pour la cultiver dans des villages des pays en voie
de développement (PVD).

26
En 1971, il fonde une association (ACMA = Association pour Combattre la
Malnutrition par l’Algoculture) qui développe le concept de ferme de spiruline.
L’algue représente pour lui le complément nutritionnel idéal pour lutter contre la
faim dans les pays en voie de développement. Avec l’aide de son épouse, il
consacre alors l’essentiel de son temps à sa diffusion en Afrique et en Asie du
sud-est, malheureusement avec plus ou moins de succès. En effet, les nombreux
atouts de la spiruline suscitent rapidement l’engouement des humanitaires : vitesse
de croissance, culture adaptée aux conditions climatiques des pays du Sud, bonne
conservation une fois séchée, prix de revient au kilo entre 2 et 10 euros. Pourtant,
elle souffre de la non-reconnaissance par certains organismes internationaux (dont
la FAO : Food and Agricultural Organization) : pour eux, la spiruline n’est qu’une
solution parmi d’autres.

 Parallèlement, en 1970, un rapport du Dr Hiroshi Nakamura (microbiologiste


président du comité de développement de la spiruline au Japon) indique toutes les
caractéristiques de celle-ci. Ce scientifique japonais a réuni les études concernant
"l’algue" qui avait été utilisée comme nourriture pour le peuple pendant le blocus
américain, durant la seconde guerre mondiale. Son rapport a été ensuite publié, en
1978, dans l’ouvrage " Food from Sunlight " du Dr Christopher Hills [26].
Il est le fondateur de "University of the Trees" en Californie, et aussi le président
de "Microalgae International Union". Son livre apporte en complément, des
indications de culture et de consommation. Les produits de la vente de cet ouvrage
ont notamment servi à financer des projets d’aide alimentaire aux pays
défavorisés. Ces deux hommes ont été les pionniers de la recherche sur la
spiruline, observant sur eux-mêmes ses effets bénéfiques [5][10].

 Au cours de la conférence alimentaire mondiale en 1974, la spiruline a été


déclarée « meilleure source alimentaire du futur » par l’Organisation des Nations
Unies (ONU) [10].

 En 1979, H. Durand-Chastel quitte le Mexique et l’usine sera contrainte de


modifier son activité en 1982, suite à des problèmes de qualité de production.
C’est l’entreprise Earthrise qui prend le relais, en ouvrant une ferme dans le désert
californien. En pleine vague New Age, cette entreprise lance la « superfood »
(super aliment aux multiples vertus). Conditionnée sous la forme de petites
gélules, la spiruline conquière alors toute l’Amérique, d’Ouest en Est. Sous la
forme de poudre, elle est utilisée pour la réalisation de cocktails dont les amateurs
sont, paraît-il, nombreux ! [27]

 En 1984, après le Mexique (lac Texcoco) et l’Afrique (lac Tchad), la Chine se


lance dans la production de spiruline à l’état naturel (lac Chenghai) [5].

 Au début des années 1990, l’organisation humanitaire suisse Antenna


Technology, renoue avec le projet du couple Fox. Cette ONG (organisation non
gouvernementale) prétend que la spiruline serait la solution au problème de la
faim dans le monde, étant donné qu’elle peut permettre la production d’une
grande quantité d’éléments nutritifs essentiels sur un espace très réduit : en effet,
dans une ferme exploitant la spiruline, le rendement est de 9 tonnes de protéines à
l’hectare contre 1 tonne pour le blé ou le soja [28].

27
Afin d’asseoir la crédibilité scientifique de son programme, Antenna Technology
a financé aussi quelques études qui seront évoquées dans la 2ème partie.

 Le premier colloque international sur la spiruline s’est tenu au lac Chenghai


(Yunnan, Chine) en 1996 [10].

Depuis 1986, R. Fox est Président d'honneur de l'International Society for Applied
Algology. Actuellement retraité depuis quelques années, il étudie toujours les possibilités de
nouvelles souches "mutantes" de spiruline. Son association ACMA n'existe plus mais des
scientifiques, des membres d'associations humanitaires et d’autres associations s'intéressent
toujours à la production et à l'utilisation de cette cyanobactérie. Cependant, à l’heure
actuelle, la spiruline n’est toujours pas reconnue d'utilité publique par l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS). Avec l'aide du sénateur Durand-Chastel, ancien directeur de
Sosa Texcoco (production intensive de spiruline au Mexique) et d'un ami italien, R. Fox a
aussi crée un institut international de la spiruline, lequel délivre maintenant un diplôme
d'algoculture.
A noter qu’H. Durand-Chastel est récemment décédé (le 19 octobre 2007), à l’âge de 90
ans. Il a été l’un des pionniers concernant la spiruline puisqu’il a été le premier à produire
de la spiruline à grande échelle (1000 kg/jour), dès 1976, à partir des bassins semi-naturels
reliques du lac Texcoco des Aztèques de Mexico. Il avait également obtenu par la suite un
brevet pour la production en photobioréacteur d’une spiruline enrichie.

En France, c’est J.P. Jourdan qui est l’un des plus grands connaisseurs en spiruline. Diplômé
du MIT (Massachusetts Institute of Technology), il a fait sa carrière dans l'industrie
chimique avant de consacrer sa retraite, dans le sud de la France, au développement de la
spiruline en faveur des enfants du tiers-monde. Après avoir été l’élève de R. Fox et de F.
Ayala, il a collaboré activement avec des ONG dont les programmes impliquent la spiruline.
Il a notamment écrit un ouvrage de référence, disponible sur internet et régulièrement remis
à jour, dans lequel il partage son expérience pratique de plus de 15 années de production de
spiruline. Il y montre aussi comment appliquer les méthodes du génie chimique pour
perfectionner cette production, même à petite échelle et sans moyens techniques
sophistiqués [29].

Concernant la spiruline en France, le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique a donné, en


1984, un avis favorable pour sa consommation par l’Homme [5][10].
Depuis, les recherches ont beaucoup évolué et on a découvert d’autres applications
possibles de la spiruline, notamment dans le domaine médical.
Afin de tenter de démêler le vrai du faux au sujet des effets thérapeutiques potentiels qui lui
sont attribués, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) a consacré un colloque
de 3 jours sur l’île des Embiez (Var), au mois de mai 2004 [30].

A noter que dans l’exposition permanente « l’Homme et les gènes », proposée à la Cité des
Sciences et de l’Industrie (Paris, la Villette), la spiruline est présentée comme le plus ancien
micro-organisme de notre planète [31].

28
3. Aspects nutritionnels

3.1 Analyse nutritionnelle qualitative et quantitative


Selon les différentes études réalisées afin de déterminer de façon précise les
teneurs en nutriments et micronutriments de la spiruline, il apparaît des écarts
assez conséquents. En premier lieu, cela vient du fait qu’il existe différentes
souches de spirulines, de même qu’il existe aussi différents cépages dans le
domaine vinicole. De plus, et c’est la principale raison invoquée par les
chercheurs, les différentes méthodes de culture, récolte, séchage et conservation
des échantillons influencent davantage les écarts de composition biochimique
[32 ]. C’est pourquoi toutes les spirulines proposées sur le marché mondial ne sont
pas exactement identiques sur le plan de leur composition nutritionnelle. Les
teneurs évoquées par la suite sont donc des valeurs moyennes.

3.1.1 Protéines

3.1.1.1 Teneur et composition

La spiruline est particulièrement riche en protéines puisqu’elles


représentent 50 à 70 % de son poids sec. A noter que les teneurs les plus
élevées sont obtenues lorsque la récolte a lieu au début de la période
lumineuse. D’autre part, par comparaison avec les autres sources de
protéines végétales qui sont toutes moins riches, la spiruline est
consommable dans sa totalité [32].
D’un point de vue qualitatif, les protéines de la spiruline ont une valeur
biologique très haute car elles renferment tous les acides aminés
essentiels pour l’adulte (tableau III) ; ceux-ci représentent 47 % du poids
total des protéines. Les acides aminés essentiels les moins représentés sont
les molécules soufrées : méthionine et cystéine ; ils sont toutefois présents
à plus de 80 % de la valeur idéale définie par la FAO (sur la base de
l’albumine de l’œuf et de la caséine).
Il a été démontré que le séchage sur tambours chauffants utilisé lors de la
production industrielle, réduit de 30 % environ la teneur en méthionine par
rapport au séchage par pulvérisation [33]. Un apport optimal d’acides
aminés essentiels peut être obtenu en consommant la spiruline en
complément de céréales telles que le riz, le blé et le millet, ou des graines
oléagineuses (sésame par exemple).
Le tableau III indique, à titre d’exemple, la teneur en acides aminés dans
1 kg de spiruline de la marque " Flamant Vert " (selon la notice) [34].
A noter que l’histidine et la cystéine sont considérés essentiels chez les
nouveaux nés et enfants jusqu’à l’âge de 10 ans ; l’arginine est aussi
rattachée aux acides aminés essentiels car notre organisme n’en produit pas
assez.

29
Tableau III : Teneur de la spiruline "Flamant Vert" en acides aminés [35]

Nom des acides aminés Teneur en g/kg de spiruline


(poids sec)

alanine 47
arginine 43
acide aspartique 61
acide glutamique 91
cystine 6
glycine 32
histidine 10
isoleucine 35
leucine 54
lysine 29
méthionine 14
phénylalanine 28
proline 27
sérine 32
thréonine 32
tryptophane 9
tyrosine 30
valine 40
en gras : acides aminés essentiels

Le profil de référence des acides aminés (tableau IV) permet d’évaluer la


qualité des protéines alimentaires, à partir de l’indice chimique corrigé de
la digestibilité ; il est fondé sur le besoin estimatif moyen en acides aminés
essentiels et en protéines totales chez les enfants de 1 à 3 ans.

Tableau IV : Profil recommandé pour la teneur en acides aminés


des protéines alimentaires [36]

Acide aminé Profil recommandé


(en mg par g de protéine)
Histidine 18
Isoleucine 25
Leucine 55
Lysine 51
Méthionine + Cystéine 25
Phénylalanine +
47
Tyrosine
Thréonine 27
Tryptophane 7
valine 32

30
3.1.1.2 Utilisation protéique nette
L’utilisation des protéines ingérées est déterminée par la digestibilité,
c’est-à-dire la proportion d’azote protéique réellement assimilée par
l’individu.
Contrairement à d’autres micro-organismes proposés comme source de
protéines (levures, chlorelles…), la spiruline ne possède pas de paroi
cellulosique ; elle a donc l’énorme avantage d’être parfaitement digestible
sans cuisson ni autre traitement destiné à rendre ses protéines accessibles.
Leur digestibilité est évaluée à 83 % [32].
La valeur nette d’utilisation protéique est estimée entre 53 et 61 % [32].

3.1.1.3 Efficacité protéique

Il s’agit du gain de poids d’un animal ou d’un individu, divisé par le poids
des protéines ingérées. Ces mesures sont en général effectuées sur le rat en
croissance et les protéines de référence sont la lactalbumine ou la caséine.
La valeur de l’efficacité protéique de la spiruline, déterminée chez le rat en
croissance est estimée, suivant les auteurs, entre 1,80 et 2,6, la valeur pour
la caséine étant de 2,5 [32].
Selon une étude rapportée par M. Vermorel [33], la vitesse de croissance
de rats recevant de la spiruline comme seule source de protéines est
supérieure ou égale à celle de rats témoins. De plus après supplémentation
en acides aminés essentiels, les rats recevant de la spiruline ont fixé, pour
une même quantité d'énergie métabolisable, des quantités de protéines
égales ou plus importantes que les rats témoins. Ces résultats indiquent une
bonne utilisation métabolique des acides aminés issus de spirulines, ce qui
est encore confirmé par les teneurs en acides aminés libres trouvées dans le
sang et les muscles des animaux testés.
Plus récemment, chez l’Homme, le ratio d’efficacité protéique a été estimé
à 1,90 pour la spiruline seule. Le tableau V, qui illustre les résultats de cette
étude, montre l’intérêt de l’ajout de spiruline pour améliorer ce ratio.

Tableau V : Comparaison des valeurs du ratio d’efficacité protéique de la spiruline et d’autres


céréales [32]

Nature de l’aliment apportant les Valeur du ratio d’efficacité


protéines protéique
spiruline seule 1,90
maïs seul 1,23
riz seul 2,2
blé seul 1,15
riz + spiruline (rapport 3 pour 1) 2,35

31
3.1.1.4 Rôle des protéines
Dans l’organisme, les protéines exercent des fonctions diverses :

- structurales : elles rentrent dans la composition des acides


nucléiques, du collagène et de l’élastine du derme et de
l’hémoglobine ; l’actine et la myosine sont deux protéines
indispensables à la contraction musculaire ;
- régulatrices : les enzymes, les hormones, les anticorps et les
récepteurs sont des protéines ;
- énergétiques : l’oxydation de 1g de protéine fournit une énergie
égale à 4 kcal.

3.1.1.5 Besoins de base en protéines pour l’organisme humain


Jusqu’à l’âge de 3 ans, ce besoin est de 2g par kg de poids corporel et par
jour. Chez l’adulte, il est égal à 0,75 g par kg et par jour. Ces besoins de
base augmentent de façon accrue en cas de stress ou d’infections. La
grossesse, l’allaitement et la pratique intense de sport contribuent
également à accroître les besoins protéiques.

3.1.2 Lipides

3.1.2.1 Lipides totaux

Les systèmes d’extraction actuels permettent une quantification plus


précise que dans le passé : le pourcentage des lipides totaux est compris
entre 6 et 13 % du poids sec en spiruline. Ces lipides totaux peuvent être
séparés en une fraction saponifiable (83 %) et une fraction insaponifiable
(17 %).
La fraction saponifiable est surtout composée de monogalactosyl
diglycérides et de digalactosyl diglycérides (23 %), de sulfoquinovosyl
diglycéride (5 %), et de phosphatidyl glycérol (25,9 %). Les triglycérides
sont rares (0,3 %) et on détecte en outre 4,6 % de phospholipides indéfinis
[5].

3.1.2.2 Acides gras

Les acides gras se distinguent par la longueur de leur chaîne carbonée et


leur degré d’insaturation.
Les acides gras essentiels sont des acides gras polyinsaturés classés en
deux groupes (oméga-3 et oméga-6), selon la position de l'insaturation la
plus proche du groupe méthyle terminal. Ceux du groupe oméga-3 jouent
un rôle préventif sur les risques cardiovasculaires, tandis que les acides
gras oméga-6 ont un rôle hypocholestérolémiant.
Les besoins en acides gras essentiels correspondent à 1 à 2 % des calories
journalières chez l’adulte et à 3 % de ces calories chez les enfants.
Actuellement, les nutritionnistes recommandent une alimentation
fournissant un rapport oméga-6/oméga-3 situé entre 4 et 5 [36].

32
Le profil des acides gras de la spiruline est rapporté dans le tableau VI.
Le tableau VII indique les teneurs en différents acides gras issus
d’Arthrospira maxima produite par la société Sosa Texcoco.

Tableau VI : Profil typique des acides gras d’Arthrospira platensis [32] :

% des acides gras


Acides gras
totaux
palmitique (16:0) 25 à 60 %
linoléique 10 à 30 %
(18:2) oméga-6
gamma-linolénique 8 à 40 %
(18:3) oméga-6
oléique 5 à 16 %
(18:1) oméga-6
palmitoléique 0,5 à 10 %
(16:1) oméga-6
stéarique (18:0) 0,5 à 2 %
alpha-linolénique traces
(18:3) oméga-3

La spiruline est considérée comme l’une des meilleures sources alimentaires


connues d'acide γ-linolénique, après le lait humain et quelques huiles végétales peu
courantes, fort chères et non chauffées (huiles d'onagre, de bourrache, de pépin de
cassis et de chanvre). Par exemple, la spiruline " Flamant Vert " renferme 10 g de
cet acide gras et 8 g d’acide linoléique par kg de matière sèche.
La présence d'acide γ-linolénique est à souligner du fait de sa rareté dans les
aliments courants et de sa haute valeur alimentaire présumée. C’est en effet un
acide gras essentiel qui joue un rôle clé au niveau de la régulation des mécanismes
cellulaires (cf. deuxième partie 2.).

33
Tableau VII : Teneur moyenne en acides gras de Arthrospira maxima produite par la société
Sosa Texcoco au Mexique [5] :

% des acides gras


Acides gras
totaux
palmitique (16:0) 35,6 %
linoléique (18:2) oméga-6 23,36 %
γ-linolénique 19,6 %
(18:3) oméga-6
α-linolénique 7,3 %
(18:3) oméga-3
oléique (18:1) 4,7 %
palmitolinolénique (16:1) 4,08 %
palmitoléique 3,33 %
mystirique (14:0) 1,1 %
laurique (12:0) 0,38 %
stéarique (18:0) 0,33 %
heptadécaènoïque (17:1) 0,22 %

3.1.2.3 Lipides insaponifiables

Ils sont essentiellement représentés par des paraffines (25 % :


hydrocarbures saturés à longues chaînes), des alcools terpéniques (5 à
10 %) et des stérols (1,5 %) [32].

3.1.2.4 Rôles des lipides et besoins spécifiques en acides gras


essentiels
Les lipides constituent une source de réserve énergétique, par
l’intermédiaire des triglycérides stockés dans le tissu adipeux. L’oxydation
d’1 g de lipides fournit 9 kcal.
Les phospholipides entrent dans la composition des membranes cellulaires
et du surfactant pulmonaire.
Les acides gras polyinsaturés sont les précurseurs des prostaglandines, des
leukotriènes et des tromboxanes qui sont des médiateurs chimiques des
réactions inflammatoires et immunitaires.
Les sulfolipides de la spiruline suscitent actuellement de nouvelles
recherches dans le but de prouver leur effet thérapeutique potentiel dans le
cadre des infections par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
Les acides α-linolénique et linoléique sont considérés comme des acides
gras essentiels car ils ne peuvent être synthétisés par l’organisme à partir
d’autres acides gras ou de glucose.
Pour les nouveaux nés, durant la phase de développement prénatal et
jusqu’à l’âge de 2 ans, 4,5 % de l’apport énergétique total doit provenir de
l’acide linoléique et 1 % doit provenir de l’acide α-linolénique.
Une femme enceinte a besoin quotidiennement de 10 g d’acide linoléique
(11 g lors de l’allaitement) et de 2 g d’acide α-linolénique (2,2 g si elle
allaite).

34
Chez l’adulte, les apports journaliers conseillés sont respectivement de 5 g
et 1,5 g [36].

3.1.3 Glucides

Ils représentent 15 à 25 % de la matière sèche des spirulines.


L'essentiel des glucides assimilables est constitué de polymères tels que des
glucosanes aminés (1,9 % du poids sec) et des rhamnosanes aminés (9,7 %) ou
encore de glycogène (0,5 %) [32].
Les glucides simples ne sont présents qu'en très faibles quantités : ce sont le
glucose, le fructose et le saccharose. On trouve aussi des polyols comme le
glycérol, le mannitol et le sorbitol.
Comme cela a été décrit précédemment, les parois cellulaires des spirulines
s'apparentent à celles des bactéries Gram-négatif ; en effet, elles sont formées de
glucosamines et d'acide muramique associés à des peptides. Bien que non
digestibles de prime abord, ces parois étant relativement fragiles, le contenu
cellulaire est très facilement accessible aux enzymes de digestion.
Sur le plan nutritionnel, la seule substance glucidique intéressante par sa quantité
chez la spiruline est le méso-inositol phosphate qui constitue une excellente source
de phosphore organique ainsi que l'inositol (350 à 850 mg/kg mat. sèche). Cette
teneur en inositol est égale à environ huit fois celle de la viande de bœuf et à
plusieurs centaines de fois celle des végétaux qui en sont les plus riches.
A noter que des recherches ont déjà été menées concernant les polysaccharides de
la spiruline, lesquels exerceraient des effets stimulants sur les mécanismes de
réparation de l'ADN (cf. deuxième partie 2.2.3.).
Un polysaccharide spécifique de la spiruline, le spirulan, a été isolé et
partiellement caractérisé [37]. Porteur de nombreux résidus sulfate et contenant de
l’acide uronique, il est fortement polyanionique ; son squelette consiste
essentiellement en méthyl-rhamnose et méthyl-xylose. Au vu des résultats des
études publiées, cette substance semble prometteuse dans certaines applications
thérapeutiques (cf. deuxième partie 2.2.2.).

3.1.4 Acides nucléiques


La teneur en acides nucléiques (ADN et ARN) est un point nutritionnel important
car la dégradation biochimique d'une partie de leurs composants (les purines :
adénine et guanine) produit en dernier lieu de l'acide urique. Or, une élévation du
taux d'acide urique plasmatique peut produire à la longue des calculs rénaux et des
crises de goutte. Il est généralement admis que la dose maximum admissible à
long terme d'acide nucléique se situe aux alentours de quatre grammes par jour,
pour un adulte. Il faut également tenir compte du fait que l'ARN produit deux fois
plus d'acide urique que l'ADN, pour une même teneur en purines, et que l'élévation
du taux d'acide urique dépend aussi de multiples facteurs, tels que l'âge, le sexe ou
encore l'obésité...

Chez A. platensis comme chez A. maxima, on rapporte des valeurs de 4,2 à 6 %


d'acides nucléiques totaux dans la matière sèche. La proportion d'ADN serait d'un
quart à un tiers par rapport à l'ARN [32]. Le tableau VIII compare la teneur en
acide nucléique de la spiruline avec celle de trois autres aliments.

35
Tableau VIII : Teneur en acides nucléiques de la spiruline et d’autres aliments [32]

acides nucléiques totaux


aliments
(en % de matière sèche)
viande de bœuf 1,5
foie de bœuf 2,2
spiruline 4à6
levure 23

La teneur en acides nucléiques des spirulines est très inférieure à celle de la


généralité des êtres unicellulaires.
En se basant sur une valeur moyenne de 5 % en acides nucléiques, la limite
quotidienne de 4 g d'acides nucléiques représente le contenu de 80 g de spiruline
sèche. Cette quantité équivaut à environ huit fois la dose de spiruline
recommandée comme supplément alimentaire. On peut donc raisonnablement
penser que la teneur en acides nucléiques de la spiruline ne pose pas de problèmes,
même à long terme et pour des doses élevées.

3.1.5 Vitamines

3.1.5.1 Le β-carotène (précurseur de la vitamine A)


La vitamine A est indispensable à tous les âges de la vie. Son rôle
primordial dans le mécanisme de la vision est maintenant clairement établi.
Elle intervient également dans la régulation (activation, répression) de
l'expression des gènes, et se trouve donc impliquée dans de nombreuses
fonctions de l'organisme : développement de l'embryon, croissance des
cellules, renouvellement des tissus (peau, muqueuse intestinale), système
immunitaire...
En plus des propriétés de la vitamine A, le β-carotène peut agir comme
antioxydant, notamment grâce à sa capacité à détruire les radicaux libres.
Ce caroténoïde provitaminique représente 40 à 60 % des caroténoïdes
présents dans la spiruline. On trouve entre 700 et 2000 mg de β-carotène et
environ 100 à 600 mg de cryptoxanthine par kg de spiruline sèche ; ces
deux caroténoïdes sont convertibles en vitamine A par les mammifères
[38].
Cette conversion du β-carotène en vitamine A se fait chez l’humain dans
une proportion d’environ 17 à 20 %. Cette proportion peut varier selon la
dose de β-carotène absorbée et selon l’état physiologique de la personne.
Quelques grammes de spiruline suffisent donc à couvrir entièrement les
besoin en vitamine A d’un adulte.
D'autre part, l'absence de rétinol (vitamine A libre) exclut un éventuel
risque de surdosage, le β-carotène n'étant pas toxique par accumulation, au
contraire de la vitamine A.

36
Par ailleurs, on sait maintenant que chez la femme enceinte, une surdose en
vitamine A peut entraîner des malformations du fœtus : ce risque est si réel
que l’OMS a établi, en 1998, une série de recommandations en vue de
sécuriser l’apport de vitamine A aux femmes en âge de procréer.
Etrangement, ce document ne mentionne nulle part l’apport de
caroténoïdes (comme ceux de la spiruline) comme alternative sans danger à
la délicate supplémentation en vitamine A.
Il est également important de noter que les teneurs en β-carotène dans la
spiruline peuvent varier en fonction des conditions de séchage, de la
granulométrie et des conditions de conservation à long terme du produit
final. Les valeurs annoncées au début du paragraphe correspondent à des
échantillons de spiruline séchée par pulvérisation, donc sans chauffage ;
dans le cas du séchage sur tambours chauffants, ces valeurs seraient
diminuées de près d'un tiers. En effet, les caroténoïdes étant très sensibles à
l’oxydation, il faut avoir connaissance des procédés de séchage utilisés, de
façon à s’assurer de leur préservation dans le produit fini.
Du point de vue du carotène, la meilleure méthode de séchage serait la
lyophilisation (malheureusement très chère), suivie du séchage en couche
mince à température inférieure à 60°C ; en ce qui concerne la conservation
à long terme, les formes en flocons ou en semoule grossière de spiruline
sont mieux que la forme poudre.
La biodisponibilité des caroténoïdes de la spiruline a été démontrée par
plusieurs études menées chez le rat ou le poulet [39][40][41] et chez
l’Homme [42].
De plus, une étude en 1993 portant sur 5 000 enfants indiens d'âge pré-
scolaire, a montré la surprenante efficacité d'une dose quotidienne unique
d'un gramme de spiruline sur la déficience chronique en vitamine A ; selon
cette étude, cette très faible dose de spiruline suffirait à réduire
considérablement les risques de cécité et d'atteinte neurologique
consécutifs à la déficience en vitamine A chez l'enfant (cf. deuxième partie
2.9.).

3.1.5.2 Les tocophérols (vitamine E)


Les tocophérols sont des composés liposolubles qu'on regroupe sous le
terme de vitamine E. Il en existe quatre variétés : l'α-tocophérol (le plus
actif), le β-tocophérol, le γ-tocophérol et le δ-tocophérol.
Antioxydante, la vitamine E contribue à neutraliser les radicaux libres qui
peuvent s'accumuler dans les membranes lipidiques et tissus gras de
l'organisme ; elle joue donc un rôle essentiel dans la protection de la
membrane cellulaire.
La teneur mesurée en vitamine E par kg de spiruline sèche est de 50 à
190 mg, ce qui est comparable à celle du germe de blé considéré comme la
référence sur le plan de l’apport en cette vitamine.
Des disparités de teneur existent et proviennent principalement des
conditions de séchage de la spiruline.
Dans son ouvrage [5], Fox considère comme très probable que le séchage
par « spray-drying », lequel brise très fortement les filaments de spiruline,
réduise considérablement la durée de conservation des vitamines sensibles
à l’oxydation, dont la vitamine E.

37
Par ailleurs, les propriétés antioxydantes du tocophérol vis à vis des acides
gras insaturés pourraient expliquer la bonne conservation de ces derniers
dans la spiruline séchée.

3.1.5.3 Les vitamines du groupe B

Bien que moins riche que la levure en vitamines du groupe B (B12


exceptée), la spiruline constitue néanmoins une bonne source de ces
cofacteurs : le tableau XI précise les teneurs de la spiruline pour les
différentes vitamines de ce groupe.
Il est intéressant de souligner sa teneur exceptionnelle en vitamine B12,
laquelle est de loin la vitamine la plus difficile à obtenir dans un régime
sans viande car aucun végétal courant n'en contient.
La vitamine B12 (cobalamine) participe à la synthèse des neuromédiateurs.
Elle est aussi le cofacteur d’enzymes catalysant le métabolisme des acides
nucléiques et la synthèse de méthionine. C’est une vitamine essentielle au
maintien de l’intégrité du système nerveux, plus particulièrement de la
gaine de myéline protectrice des nerfs.
Sa structure chimique est proche de celle de l’hème, mais l’atome central
de fer est remplacé par un atome de cobalt. Son absorption digestive (au
niveau de l’iléon) fait appel à une glycoprotéine secrétée par les cellules
pariétales de l’estomac.
Un déficit en vitamine B12 entraîne une forme d’anémie, appelée anémie
de Biermer ou anémie pernicieuse. Celle-ci se caractérise par la présence
de globules rouges de très grande taille (macrocytose). La carence peut
provenir d'un défaut d'apport alimentaire en cette vitamine (régimes
végétaliens stricts, malnutrition) ou d'un défaut d'absorption.
D'autre part, des études ont montré que certains états pathologiques
entraînent systématiquement une déficience en vitamine B12 : c'est le cas
par exemple des infections à VIH [43][44].

D’après l’ancienne méthode standard, la teneur en vitamine B12 de la


spiruline serait quatre fois plus riche que celle du foie cru, longtemps
considéré comme meilleure source. Cependant, il existe une controverse à
propos de la biodisponibilité réelle du complexe B12 de la spiruline chez
l'homme.
Actuellement, la méthode de choix pour le dosage de la vitamine B12 est
basée sur la chimiluminescence. En utilisant cette méthode, une souche
particulière de spiruline (NIES-39) a été soigneusement étudiée en terme
de contenu et d’identité des composés de la famille de la vitamine B12, les
corrinoïdes [45]. Il en résulte que le corrinoïde prédominant (83 %) est une
pseudo-B12, le 7-adeninyl cyanocobamide : il ne présente pas d’activité
vitaminique B12 chez l’homme mais n’interfère pas dans le métabolisme
normal de la vitamine B12 [45].
La véritable vitamine B12 active représente tout de même 17 % des
corrinoïdes totaux.
Une note technique de la firme « Cyanotech » mentionne une teneur totale
en corrinoïdes de 7 µg par gramme de spiruline et une fraction de 36 %
représentant la vitamine B12 assimilable par l’homme [46].

38
Ces valeurs indiquent qu’un gramme de cette spiruline couvrirait plus de
80 % des apports quotidiens en B12 pour un adulte.
Il serait souhaitable que des recherches spécifiques soient entreprises afin
de déterminer si certaines souches de spiruline et/ou certaines conditions de
culture, pourraient permettre l’obtention d’un meilleur rapport
B12/analogues inactifs. Il est sans doute probable que les autres sources
alimentaires de vitamine B12 renferment aussi une proportion d’analogues
sans intérêt nutritionnel.

3.1.6 Minéraux
Les minéraux les plus intéressants chez la spiruline sont le calcium, le magnésium,
le phosphore et le potassium. Les trois premiers minéraux cités sont présents dans
la spiruline à des teneurs comparables à celles trouvées dans le lait ;

• dans le corps humain, 99 % du calcium se situe dans les os et les


dents. Le restant sert à la coagulation du sang, à la contraction
musculaire, à la stimulation nerveuse, au fonctionnement de la
parathyroïde et au métabolisme de la vitamine D.
• le magnésium est un élément essentiel des os, des tissus mous et des
fluides de l’organisme. Il intervient dans le métabolisme des hydrates
de carbone et des acides aminés. Il participe également à la régulation
des contractions neuromusculaires, à l’absorption du calcium, du
phosphore, du sodium, du potassium et des vitamines C, E et B.
• le phosphore se trouve dans chaque cellule de l’organisme ; il est
indispensable au transfert d’énergie, à la croissance du squelette et à
la réparation des cellules.
• le potassium, avec le sodium régulent la distribution de l’eau du
corps, entre les compartiments extracellulaires et intracellulaires. Il
est également nécessaire à la croissance, à la contraction musculaire,
à la conversion du glucose en glycogène et à de nombreuses réactions
enzymatiques.

Les quantités relatives de ces éléments dans la spiruline sont équilibrées, ce qui
exclut le risque de décalcification par excès de phosphore.
Une haute teneur en potassium est également à souligner car, dans le cadre des
pays industrialisés, bien des nutritionnistes s'élèvent contre les trop faibles rapports
potassium/sodium dans la grande majorité des aliments disponibles.
Par ailleurs, la spiruline peut être considérée comme une excellente source
alimentaire de magnésium, grâce à sa teneur en chlorophylle. En effet, comme cela
a été écrit précédemment, la molécule de chlorophylle renferme un atome de
magnésium en son centre. Les régions aux sols pauvres en magnésium sont
nombreuses et provoquent chez les populations qui les habitent, des syndromes de
carences incluant des troubles cardio-vasculaires et nerveux.
La carence en magnésium est aussi très fréquente chez les enfants en état de
malnutrition grave, car ceux-ci n’absorbent souvent que des bouillies de céréales
pauvres en magnésium.

39
Les bonnes sources de magnésium alimentaire sont les produits animaux, les fruits
et les légumes, ainsi que certaines eaux minérales. Les farines complètes, bien que
riches en magnésium, ne constituent pas une source idéale de magnésium car il est
peu absorbable du fait de la présence de phytates.

En revanche, le magnésium contenu dans la spiruline a été démontré biodisponible


pour l’Homme [47].
Il faut garder présent à l’esprit que la carence en magnésium tend aussi à entraîner
une carence en potassium, ce dernier n’étant alors plus absorbé par l’organisme.
Face à cela, la spiruline, à la fois riche en magnésium et en potassium, semble
donc parfaitement indiquée dans les formules de renutrition.

3.1.7 Oligo-éléments
Les oligo-éléments présentant le plus d’intérêts dans la spiruline sont le fer, le
zinc, le sélénium. Mais elle en renferme d’autres, comme le montre le tableau XII.

3.1.7.1 Le fer

Cet oligo-élément, présent dans l’hémoglobine, permet le transport de


l’oxygène depuis les poumons vers les tissus irrigués. Il rentre dans la
composition des complexes enzymatiques qui catalysent le métabolisme
des protéines. A noter également que le calcium et le cuivre agissent en
conjonction avec le fer.
Les spirulines naturelles contiennent rarement plus de 500 mg/kg de fer.
Par contre, dans le cas des spirulines cultivées, l’ajout au milieu de culture
de sels de fer, souvent complexés à l’EDTA (Ethylène Diamine Tétra
Acétique) ou à l’acide citrique, élève facilement ces valeurs entre 600 à
1000 mg/kg, voire bien au delà. Il existe même sur le marché européen des
spirulines titrant près de 6 000 mg/kg en fer2+ [48].
Cette très haute teneur en fer de la spiruline cultivée est à souligner
doublement du fait que les carences en fer sont très répandues, en Occident
comme dans le tiers-monde, surtout chez les femmes et les enfants
(anémies ferriprives), et aussi parce que les bonnes sources alimentaires de
fer sont rares. Par comparaison, les céréales complètes, classées parmi les
meilleures sources de fer, n'en contiennent que 150 à 250 mg/kg.
De plus, le fer d’origine végétale ne présente qu’une très faible
biodisponibilité, à cause de la présence de facteurs anti-nutritionnels
(comme les phytates et les tanins) qui empêchent la métabolisation du fer :
seul environ 5 % de ce fer est réellement absorbable.
Quant aux suppléments de fer administrés sous forme de sulfate ferreux, ils
peuvent poser des problèmes de toxicité, probablement à cause de leur effet
pro oxydant et sont souvent responsables de diarrhées ou d’autres signes
d’intolérance.
Dans le cas de la spiruline, la biodisponibilité élevée du fer a été démontrée
tant chez le rat [49] que chez l'homme [50].
Cette dernière étude démontre que le fer de la spiruline est mieux absorbé
que celui de la viande, ce qui est exceptionnel pour un fer non-héminique.

40
La thématique du fer dans le cadre de la malnutrition infantile est assez
complexe : l’enfant gravement dénutri possède généralement un important
stock de fer hépatique qui provient d’une incapacité à éliminer ou à
recycler le fer libéré par la fonte musculaire ou l’hémolyse. Ce n’est donc
qu’au cours de la reprise de poids qu’un apport en fer est indispensable.

Par ailleurs, l’apport de fer alimentaire est lui aussi complexe : à la


problématique des facteurs anti-nutritionnels qui en limitent la
biodisponibilité, s’ajoute le fait que chez l’humain, son absorption ne
s’effectue que sur une très courte portion du tube digestif, au niveau du
duodénum. Cette absorption dépend aussi de l’état d’oxydation du fer, l’ion
ferreux Fe++ étant mieux assimilé que l’ion ferrique Fe+++.

3.1.7.2 Le zinc
Le zinc participe à la synthèse de nombreuses métallo enzymes. Il joue un
rôle catalytique et module l'activité de plusieurs enzymes intervenant dans
la digestion. Il est impliqué dans le métabolisme des glucides (il entre
notamment dans la composition de l’insuline), des lipides et des protéines.
Le zinc participe aussi à la synthèse et au métabolisme des acides
nucléiques. Antioxydant essentiel, il protège l'organisme des effets
toxiques des radicaux libres car il est protecteur des groupements thiols des
protéines. Chez l’Homme, le zinc est également nécessaire à l’absorption
du complexe des vitamines B.
Par ailleurs, il est essentiel au bon fonctionnement du système
immunitaire : les personnes souffrant d’une carence importante présentent
une susceptibilité accrue à divers agents pathogènes.
Le zinc participe également à la croissance, au développement cognitif et
au fonctionnement moteur, notamment chez l’enfant. Après la vitamine A,
le fer et l’iode, le zinc fait maintenant l’objet d’une très forte attention : il
s’agit sans doute du quatrième micro-nutriment majeur dans la lutte contre
la malnutrition .
L’absorption du zinc se fait au niveau de l’intestin grêle. Sa
biodisponibilité dépend surtout de la composition du repas : tout comme
pour le fer, la présence de phytates ou de tanins réduit fortement la
proportion de zinc absorbé. Les protéines animales sont de bonnes sources
en zinc biodisponible, mais elles sont souvent rares dans les pays en
développement.
La spiruline cultivée sans apport intentionnel de zinc dans le milieu de
culture n’en contient généralement que des traces (2 à 4 mg pour 100 g de
spiruline). Ces valeurs sont insuffisantes pour que ces spirulines puissent
être considérées comme de bonnes sources de zinc, puisque les apports
journaliers recommandés (AJR) sont de 0,6 à 3 mg/j chez un
nourrisson/enfant (ces variations dépendent du type de régime alimentaire
associé), de 4 à 12 mg/j pour un adolescent et de 3 à 8 mg/j chez l’adulte
[36].
Or, la spiruline présente l’avantage de pouvoir être très facilement enrichie
en zinc. De ce fait, on trouve actuellement sur le marché européen une
spiruline titrant 6 mg de zinc par gramme (cf. 4.3.2.).

41
La biodisponibilité du zinc de la spiruline n’a pas encore fait l’objet de
publications scientifiques, mais on peut raisonnablement s’attendre à de
très bons résultats au vu de la biodisponibilité prouvée du fer et du
magnésium de la spiruline.

3.1.7.3 Le sélénium
Le sélénium est un micro-nutriment essentiel qui intervient dans la
protection contre les espèces oxygénées réactives. Il est impliqué dans
l’élimination des acides gras peroxydés et, en association avec la vitamine
E, dans la destruction des radicaux libres. Les doses quotidiennes
recommandées pour l’adulte sont de 50 µg, avec une limite supérieure de
sécurité fixée à 400 µg. En effet, une toxicité chronique appelée sélénose,
apparaît systématiquement pour des consommations de l’ordre de
5 000 µg/jour [51].
Plusieurs études démontrent la possibilité d’enrichir la spiruline en
sélénium, par addition de sélénite de sodium au milieu de culture [51][52].
Des essais de supplémentation menés sur des rats artificiellement carencés
en sélénium ont aboutit à la conclusion que la spiruline enrichie en cet
élément était une excellente source de sélénium [53] ; ce chercheur signale
par ailleurs que sa biodisponibilité y est élevée.
Néanmoins, contrairement à l’enrichissement de la spiruline en fer ou en
zinc, celui en sélénium comporte des risques : tous ces sels sont dangereux
à manipuler et de fortes surdoses dans une culture de spiruline
n’aboutissent pas à la mort de celle-ci ; elle pourrait alors présenter des
niveaux de sélénium potentiellement dangereux en cas de consommation.

3.1.7.4 L’iode
Cet élément est indispensable au développement et au bon fonctionnement
de la thyroïde. Une carence en iode provoque chez l’enfant de graves et
irréversibles troubles du développement. Le risque de carence en iode
concerne environ un milliard (!) de personnes sur notre planète ; elle
constitue la première cause de maladie mentale évitable.
Les apports quotidiens recommandés en iode sont les suivants [36] :

- 50 µg pour les enfants de moins d’un an,


- environ 100 µg entre 1 et 10 ans,
- environ 130 µg pour les adultes,
- 175 µg pour la femme enceinte et 200 µg pendant
l’allaitement.

Malheureusement, la spiruline qui pousse naturellement ne renferme pas


d’iode. Des scientifiques ont donc cherché à l’enrichir en modifiant son
milieu de culture. Les publications jusqu’alors disponibles sur le sujet
manquent de clarté et les teneurs en iode annoncées semblent sujettes à
caution.

42
D’autre part, comme les sels d’iode sont chers et que la spiruline ne semble
pas, en conditions normales, concentrer activement cet élément, il est à
craindre que l’enrichissement des milieux de culture n’aboutisse à un fort
gaspillage.
Néanmoins, du fait de l’importance de l’iode, il serait souhaitable de
continuer les recherches sur la possibilité d’enrichir la spiruline en cet
élément. En particulier, d’autres états d’oxydation de l’iode devraient être
testés dans les milieux de culture : par exemple l’iode élémentaire (sous
forme d’anion I3-), les iodates et les periodates.

3.1.8 Phytonutriments et enzymes

3.1.8.1 Caroténoïdes naturels

Les caroténoïdes sont de longues molécules très hydrophobes, colorées


(jaune à rouge) et possédant un système de doubles liaisons conjuguées.
Dans les caroténoïdes, on distingue d’une part les carotènes, et d’autre part,
les xanthophylles : les carotènes sont constitués uniquement de carbone et
d'hydrogène alors que les xanthophylles contiennent en plus des atomes
d'oxygène.
La spiruline renferme un spectre large de 10 caroténoïdes différents
[3][10].
L'ensemble de ses caroténoïdes travaille en synergie au niveau de
l’organisme, pour en augmenter la protection face à l'agression des
radicaux libres oxygénés.

 Les carotènes

Comme cela a été écrit précédemment, la spiruline est l'un des aliments
les plus riches en β-carotène.
D’un point de vue quantitatif, 1 kg de spiruline sèche renferme en
moyenne 3,7 g de caroténoïdes totaux. La moitié environ sont des
carotènes orangés (alpha, bêta et gamma) ; parmi eux on compte
environ 1,4 g de β-carotène.
Depuis une vingtaine d'années, de nombreuses recherches ont montré
que la consommation de fruits et de légumes riches en β-carotène
assurait une véritable prévention vis-à-vis des risques de cancer. Or, le
β-carotène d'origine synthétique n'a pas toujours fait la preuve de tels
avantages. Une recherche récente menée en Israël montre que le
β-carotène naturel issu des algues a un pouvoir antioxydant nettement
plus efficace que celui d’origine synthétique : il est mieux assimilé et
contient, en outre, l'isomère 9-cis que l'on ne retrouve pas dans les
formulations de synthèse [54].

 Les xanthophylles

L'autre moitié des caroténoïdes totaux de la spiruline est constituée de


xanthophylles jaunes, soit environ 1,6 g par kg de matière sèche.

43
Selon un ordre décroissant de leur importance quantitative, on retrouve
la cryptoxanthine, l’échinenone, la zéaxanthine, la lutéine et
l’euglenanone.

3.1.8.2 Chlorophylle a

La spiruline a l'un des taux les plus élevés en chlorophylle que l'on puisse
trouver dans la nature (en moyenne 10 g/kg de matière sèche). Elle ne
dépasse pas cependant les niveaux de Chlorella (2 à 3 %), micro-algue très
intéressante sur le plan nutritionnel. La chlorophylle est connue pour son
pouvoir nettoyant et purifiant. Ses propriétés aident à détoxiquer
l’organisme des agressions liées à la pollution. La chlorophylle est parfois
appelée le "sang vert" en raison de la très grande ressemblance de sa
structure moléculaire avec l'hémoglobine : cette dernière a en effet un
atome de fer en son centre, ce qui confère au sang sa couleur rouge ; de son
côté, la chlorophylle a un atome de magnésium qui lui donne sa couleur
verte [3].

3.1.8.3 Phycocyanine

Cette protéine complexe, hydrosoluble, est présente à hauteur de 150 g/kg


de spiruline sèche. La phycocyanine est spécifique de l'algue bleu-vert
puisqu'on ne la trouve nulle part ailleurs dans la nature. Elle est apparue un
milliard d'années avant la chlorophylle, et peut être considérée comme un
précurseur de l'hémoglobine et de la chlorophylle dans la mesure où son
noyau renferme à la fois un ion fer et un ion magnésium [55]. Sa structure
biochimique est présentée en annexe 2 [56].
Dans la deuxième partie seront détaillées ses propriétés thérapeutiques
supposées, au vue des essais cliniques réalisés et publiés.

3.1.8.4 Superoxyde dismutase

Les enzymes sont des catalyseurs de certaines réactions biochimiques.


Comme les vitamines, elles sont altérées par la chaleur et détruites par la
cuisson. La spiruline en renferme notamment une, laquelle joue un rôle de
antioxydant primaire : la superoxyde dismutase (SOD) ; sa teneur est
d’environ 1,5 millions d'unités / kg de spiruline sèche [54].
Les enzymes antioxydantes présentes normalement dans les cellules
éliminent de façon permanente et efficace les radicaux libres primaires dès
leur formation. Mais, dans certaines conditions (tabac, alcool, pollution…),
l’organisme subit un stress oxydant et se laisse très vite dépasser par les
radicaux libres primaires. Ceux-ci vont alors oxyder les constituants
cellulaires et engendrer la formation de radicaux libres secondaires,
capables de réactions d’oxydation en chaîne. Cette cascade de réactions
conduit à la destruction des cellules, responsable de nombreuses
pathologies dégénératives et de vieillissement précoce. Cet aspect est
détaillé dans la deuxième partie (cf. 2.1.).

44
3.2 Synthèse des apports quantitatifs de la spiruline, en regard des apports
recommandés

Les tableaux IX à XII indiquent la composition quantitative en nutriments et


micro-nutriments de la spiruline, avec en parallèle les apports recommandés par
les nutritionnistes.

Tableau IX : Composition moyenne globale de la spiruline [29]

protéines 65 % en poids
glucides 15 % en poids
lipides 6 % en poids
minéraux 7 % en poids (cendres totales <10)
fibres 2 % en poids
eau 5 % en poids (norme < 10)

L’étendue des valeurs acceptables pour les macronutriments (EVA) correspond


aux intervalles recommandés relativement à la répartition de l’apport énergétique
entre les différents éléments qui fournissent l’énergie (glucides, lipides et
protéines) ; le but est de réduire les risques de maladies chroniques et de garantir
un apport suffisant en nutriments essentiels. Ces intervalles sont exprimés en
pourcentage de l’apport énergétique total.

Tableau X : Etendue des valeurs acceptables pour les macro-nutriments [36]

Age Glucides Protéines Lipides Acide linoléique Acide


totaux totales totaux (ω6) α-linolénique
(ω3)
1-3 ans 45 à 65 % 5 à 20 % 30 à 40 % 5 à 10 % 0,6 à 1,2 %
4-18 ans 45 à 65 % 10 à 30 % 25 à 35 % 5 à 10 % 0,6 à 1,2 %
Adultes 45 à 65 % 10 à 35 % 20 à 35 % 5 à 10 % 0,6 à 1,2 %

45
Tableau XI : Composition de la spiruline en vitamines, et comparaison avec les apports recommandés selon
l’âge [32][36]

Noms Teneur ANR ou ANR ANR ANR ANR


des vitamines dans AS (*) enfants adultes pendant pendant
100g Nourrissons la la
de grossesse lactation
spiruline 0-6 7-12 1-4 5- hommes femmes
sèche mois mois ans 8
ans
Vitamine A1 116601 400* 500* 300 400 900 700
770 1 300
= rétinol (µg)
Vitamine B1 0,2* 0,3* 0,5 0,6 1,2 1,1
3,4 à 5 1,4 1,4
= thiamine (mg)
Vitamine B2 0,3* 0,4* 0,5 0,6 1,3 1,1
3 à 4,6 1,4 1,6
= riboflavine(mg)
Vitamine B3 2* 4* 6 8 16 14
14 18 17
= niacine (mg)
Vitamine B5 =
1,7* 1,8* 2* 3* 5* 5*
acide panto- 0,1 6* 7*
thénique (mg)
Vitamine B6
0,5 à 0,1* 0,3* 0,5 0,6 1,3 1,3
(mg) 1,9 2
0,8
= pyridoxine
Vitamine B8 5* 6* 8* 12* 30* 30*
5 à 10 30* 35*
= biotine (µg)
Vit. B9 (µg) 65* 80* 150 200 400 400
10 600 500
= acide folique
Vit. B12 (µg) = 100 à 0,4* 0,5* 0,9 1,2 2,4 2,4 2,6 2,8
cyanocobalamine 340
Vitamine C
40* 50* 15 25 90 75
= acide 1,5 à 3 85 120
ascorbique (mg)
Vitamine E
4* 5* 6 7 15 15
= alpha 5 à 19 15 19
tocophérol (mg)

L’apport nutritionnel recommandé (ANR) est l’apport nutritionnel quotidien moyen


permettant de combler les besoins nutritionnels de 98 % de sujets occidentaux en bonne
santé, en fonction de l’âge et du sexe.
L’apport suffisant (AS*) représente l’objectif de consommation usuelle lorsqu’on ne peut
pas fixer l’ANR pour un micro-nutriment donné.
1
: la vitamine A est exprimée en équivalents d’activité du rétinol (EAR) ; or la spiruline ne
renferme que des caroténoïdes, c’est à dire des précurseurs de la vitamine A.
Pour pouvoir faire une comparaison, il faut utiliser le facteur de conversion suivant :
1 EAR = 1 µg de rétinol = 12 µg de β-carotène.
Comme 100g de spiruline sèche renferment environ 140 mg de β-carotène, cela correspond
à une teneur moyenne en rétinol égale à 11 660 µg (soit 580 µg pour 5 g de spiruline).

46
Tableau XII : Composition de la spiruline en minéraux et oligo-éléments, avec en parallèle les apports
recommandés selon l’âge [32][36]

Noms Teneur ANR ou AS ANR ANR ANR ANR


des dans (*) enfants adultes pendant pendant
minéraux et 100g nourrissons la la
oligo- de 0-6 grossesse lactation
5- homme
éléments spiruline mois 7-12 1-4 femme
8ans
sèche mois ans
Calcium 100 à 210* 270* 500* 800* 1 000 1 000
(mg) 700 1 000 1 000
Magnésium 200 à 30* 75* 80 130 420 320
(mg) 300 350 310
Phosphore 670 à 100* 275* 460 500 700 700
(mg) 900 700 700
Potassium 640 à 400* 700* 3000* 4700*
3800* 4700*
(mg) 1 540 4 700* 5 100*
Sodium 200 à 120* 370* 1000* 1500*
1200* 1500*
(mg) 450 1 500* 1 500*
Fer 0.27* 11 7 10 8 18
60 à 180
(mg) 27 9
Zinc 2* 3 3 5 11 8
2 à 60
(mg) 11 12
Sélénium 15* 20* 20 30 55 55
1 à 50
(µg) 60 70
Cuivre 200* 220* 340 440 900 900
800
(µg) 1 000 1 300
Chrome 0,2* 5,5* 11* 15* 35* 25*
280
(µg) 30* 45*
Manganèse 0,003* 1,2* 1,5* 2,3* 1,8*
2,5 à 3,7 0,6*
(mg) 2* 2,6*
Bore
8
(mg)
Molybdène 2* 3* 17 22 45 45
700
(µg) 50 50
Nickel
300
(µg)
Vanadium
200
(µg)
Cobalt
150
(µg)

[les valeurs inscrites en caractères gras sont celles obtenues par enrichissements spécifiques des
milieux de culture de la spiruline. Les cases correspondent à celles dont les valeurs ne sont pas
encore déterminées par les nutritionnistes].

47
3.3 Préservation des nutriments et micro-nutriments jusqu’à la
consommation
Il est important d’insister sur le fait que les qualités nutritionnelles de la spiruline
sont préservées à partir du moment où elle n’est pas cuite et que ses conditions de
conservation sont respectées :

o la spiruline fraîche (biomasse pressée mais non lavée) est la forme


optimale sur le plan qualitatif, mais elle ne se conserve que 6 heures
au maximum à température ambiante, ou 2 à 3 jours à 4°C.
o la spiruline réduite en poudre, séchée et conditionnée dans un
emballage bien fermé, à l’abri de l’humidité et de la lumière,
conserve ses qualités nutritives d’avant séchage, pendant 5 ans [10]
[29].

La tenue du produit sec, en terme de contenu nutritionnel, répond avant tout à


quatre paramètres :
- type de séchage (filaments intacts ou filaments brisés)
- taux d’humidité résiduel (maximum 8 %)
- protection contre la lumière
- protection contre l’oxygène

La spiruline sèche présente un phénomène de bleuissement après une forte


exposition à la lumière : en effet, la chlorophylle est assez vite détruite par des
réactions photochimiques et la couleur bleue de la phycocyanine apparaît alors
comme dominante.
L’action combinée de la lumière et de l’oxygène est des plus dommageable : il est
donc important de la conserver dans un conditionnement opaque et hermétique.
Dans ces conditions, la spiruline séchée ne perd que très peu de sa valeur
nutritionnelle, même après 4 ans de stockage [57].
Au moment de la production de spirulines, ce sont les procédés de séchage (par
ailleurs souvent coûteux) qui risquent le plus d’altérer les vitamines qu’elle
renferme. Lors du mini-colloque sur la production artisanale de spiruline (Mialet -
26 au 28 juin 2002), R. Fox a proposé une méthode de séchage qui semble
prometteuse lorsqu’il s’agit de produire directement une préparation alimentaire
contenant de la spiruline (une farine de sevrage par exemple) : c’est le « mix-
drying » ; la pâte de spiruline fraîche contenant 80 % d’humidité est mixée avec la
farine préalablement déshydratée et précuite par chauffage à 80°C. Le grand
avantage de cette technique est de baisser immédiatement le taux d’humidité de la
spiruline afin de sortir au plus vite de la zone où l’activité de l’eau permet encore
les réactions enzymatiques et le développement de micro-organismes
contaminateurs. Les essais réalisés sont encourageants et le pain à la spiruline ainsi
obtenu est jugé « délicieux » [58].

48
3.4 Tolérance et acceptabilité alimentaire

3.4.1 Toxicité
Avec des décennies de recul concernant la consommation de spiruline par
certaines populations, et, à l’issue des nombreuses études menées par des
chercheurs spécialisés dans le domaine des cyanobactéries, il ressort que la
spiruline (genre Arthrospira) n’est pas toxique, contrairement à la plupart
des autres cyanobactéries [59][60][61]. Ces dernières produisent en effet
un grand nombre de métabolites bioactifs, parmi lesquels des toxines :
neurotoxines (anatoxine-A, β-N-méthylamino-L-alanine), hépatotoxines
(microcystine) ou hématoxines, responsables de cas d’empoisonnements
humain ou animal.
Mais, le genre Arthrospira ne possédant pas les gènes assurant la synthèse
de ces toxines, la spiruline destinée à l’alimentation humaine a été
autorisée à la vente depuis de nombreuses années dans les pays
industrialisés. Aux Etats-Unis, la spiruline est classée "GRAS" (Generally
Recognized As Safe) par la Food and Drug Administration (FDA). En
France, le Comité Supérieur d’Hygiène Publique a donné, en 1984, un avis
favorable pour la consommation humaine de toutes les spirulines [10].
En principe, les espèces toxiques de cyanobactéries (Oscillatoria agardhii,
Microcystis aeruginosa, Anabaena, Anabaenopsis, Aphanizomenon
flos-aquae…) vivent plutôt dans des habitats aquatiques dulcicoles ou
marins et le milieu très alcalin dans lequel pousse la spiruline ne leur est
pas favorable [5]. Néanmoins, la possibilité d’une contamination des
spirulines par ces algues n’est pas écartée.
La commercialisation de spirulines destinées à la consommation par les
êtres humains, doit s’entourer de garanties toxicologiques, notamment en
mettant en avant l’absence d’autres cyanobactéries que le genre
Arthrospira dans les conditionnements. Par exemple, si l’étiquette d’un
produit porte une mention du type "algues bleu-vert", "super aliment bleu-
vert" sans que le nom de "spiruline" n’y figure, alors il s’agit probablement
d’une autre espèce de cyanobactérie, laquelle peut éventuellement contenir
des toxines.

A côté de ce genre de contamination, il faut également envisager celle par


les micro-organismes. Dans les milieux de culture, au pH élevé (> 9,5) où
l'on travaille, la majorité des microbes dangereux pour l'homme sont
normalement inactivés en deux jours.
Mais, lorsque le pH est inférieur à cette valeur (cultures jeunes à base de
bicarbonate ou en cas de trop forte injection de CO2), l’effet protecteur
n’est plus assuré. Par ailleurs, il existe un risque que certains microbes
pathogènes introduits dans des cultures de spiruline (suite au non respect
des règles d'hygiène) deviennent résistants aux pH élevés ; cela a pu être
vérifié [29].
Les cultures contiennent également des microbes biodégradeurs adaptés au
milieu de culture : ils jouent un rôle bénéfique à côté du zooplancton, en
purifiant le milieu et en recyclant des nutriments, tout en aidant à éliminer
l'oxygène et en fournissant du gaz carbonique.

49
Enfin, des germes de moisissures existent systématiquement dans les
cultures puisque des moisissures apparaissent régulièrement sur le flottant
laissé longtemps sans agitation ; l'analyse bactériologique décèle
couramment entre 5 et 500 colonies/g, sans qu'aucune norme n'ait été
imposée dans la plupart des pays [29].

La forte capacité de la spiruline à fixer certains polycations (cadmium,


plomb, chrome, cuivre) nécessite d’effectuer des contrôles sur les teneurs
en métaux lourds des spirulines destinées à la consommation humaine.
Lorsque la spiruline est récoltée en milieu naturel, on a par exemple
retrouvé des teneurs élevées en arsenic et fluor [5][10].
L’accumulation de métaux lourds dans la spiruline peut être liée à la
composition géologique du lieu de récolte ou au fait que son
environnement de culture soit pollué.
Sur un plan théorique, les métaux lourds présents dans les milieux de
culture de spiruline pourraient aussi constituer un risque de toxicité si leur
teneur venait à dépasser un certain taux. Le tableau XIII indique les limites
en métaux lourds et bactéries exigées pour la commercialisation des
spirulines alimentaires en France [5].

Tableau XIII : Normes imposées en France pour la contamination des spirulines alimentaires en bactéries et
métaux lourds (selon l’Arrêté du 21/12/1979) [5]

Type d’agent contaminant norme admise

métaux lourds sur poids sec, en ppm (mg/kg)


arsenic ≤3
plomb ≤5
étain ≤5
cadmium ≤ 0,5
mercure ≤ 0,1
iode ≤ 5 000
bactéries sur produit frais ou sec
germes aérobie (30°C) ≤ 100 000 par gramme
coliformes fécaux (44,5°C) < 10 par gramme
anaérobiesulfito-réducteurs (46°C) < 100 par gramme
Clostridium perfringens ≤ 1 par gramme
Salmonella absence dans 25 grammes
Staphylococcus aureus ≤ 100 par gramme

50
Concernant l’éventualité de la présence de toxiques organiques, mutagènes
et/ou tératogènes, des études ont été effectuées dans le passé.
Les éventuelles propriétés toxiques des paraffines contenues dans la
spiruline ont été étudiées sur le rat et le porc par J.Tulliez et al.[62]. La
rétention de l'heptadécane (constituant majeur de ces paraffines) a été
étudiée chez ces animaux recevant de la spiruline comme seule source de
protéines. Chez le rat on constate une accumulation qui se stabilise vers le
quatrième mois, à une valeur finale qui dépend de la teneur en lipides de
l'animal. Chez le porc, l'heptadécane semble beaucoup mieux métabolisé et
cet hydrocarbure est très faiblement retenu. Compte tenu de ce que l'on
connaît de la toxicité des hydrocarbures, les auteurs de l’étude déclarent
qu’aucune toxicité aiguë ou chronique n'est à craindre.
Le 3-4-benzopyrène a été dosé dans la spiruline car il constitue un bon
indicateur de la présence des hydrocarbures polycycliques aromatiques,
connus pour leurs pouvoirs mutagènes et cancérigènes. Les quantités
observées se sont révélées bien en dessous de ce que l'on retrouve dans la
plupart des légumes courants [60].
Aucune tératogénicité n’a été observée chez trois espèces animales, à
quatre étapes de gestation différentes, avec des concentrations de spiruline
égales à 10, 20 et 30 % de la diète.
De même, aucun effet mutagène ou de toxicité subaiguë ou chronique n'a
été décelé [62][63].

3.4.2 Réactions allergiques


Avec le recul, on peut constater que contrairement à la majorité des
aliments courants, la spiruline ne semble pas provoquer de réactions
allergiques, que ce soit par ingestion ou par contact. L’étude clinique
menée par Yang en 1997 [64] va dans le même sens (cf. deuxième partie
2.2.). Après plus de trente ans de production industrielle ou artisanale,
aucun accident alimentaire attribuable directement ou non à sa
consommation ou à sa production n’est à déplorer [30].

3.4.3 Risques de surdoses

Il n’existe à ce jour aucun cas de surdose en spiruline documenté dans la


littérature scientifique. Des consommateurs de plus de 10 g par jour
pendant plusieurs années consécutives ne rapportent aucun effet négatif.
En ce qui concerne un éventuel risque de toxicité aiguë, aucune donnée ne
fixe une limite de consommation ; des consommateurs anecdotiques de
plus de 100 g par jour n’ont décelé, en effet, aucune conséquence néfaste
particulière [10]. A priori, le seul indice témoignant d’une forte
consommation de spiruline est la légère coloration orangée de la peau,
particulièrement visible au niveau de la paume des mains. Ce phénomène,
lié à l’accumulation bénigne de caroténoïdes dans la peau, est néanmoins
parfaitement réversible.

51
L’apport maximal tolérable (AMT) est l’apport quotidien continu le plus
élevé qui ne comporte vraisemblablement pas de risques d’effets
indésirables pour la santé chez la plupart des individus, en fonction de l’âge
et du sexe.
Le tableau XIV met en parallèle la quantité moyenne des micro-nutriments
susceptibles d’être toxiques à haute dose, retrouvée dans 5 g de spiruline,
et, l’AMT de ces éléments [36]. On peut constater effectivement qu’une
consommation, même abusive, de spiruline n’engendre pas de toxicité.

Tableau XIV : Apports maximaux tolérés concernant les principaux micro-nutriments


contenus dans la spiruline [36]

Micro- Teneur AMT AMT AMT AMT AMT


nutriments dans Nourrissons enfants adultes pendant pendant
5g la gros- la
de -sesse lacta-
spiruline 0-6 7-12 1-4 5-8 homme femme tion
sèche mois mois ans ans

Vitamine
600 600 600 900 3 000
A (µg)  3 000
3 000 3 000
Vitamine
E (mg) 0,25 à 200 300 1 000
ND ND 1 000 1 000 1 000
0,95

Fer (mg) 3à9 40 40 40 40 45 45


45 45
Zinc (mg) 0,1 à 3 4 5 7 12 40 40
40 40
Sélénium 0,05 à
45 60 90 150 400 400 400 400
(µg) 2,5

Les valeurs inscrites en caractères gras correspondent aux teneurs obtenues par enrichissement
spécifique des milieux de culture de la spiruline. L’abréviation ND signifie que les valeurs n’ont
pas été déterminées.

3.4.4 Précautions d’emploi

La dose courante de spiruline utilisée comme complément alimentaire (en


dehors des états de malnutrition sévère) se situe aux alentours de 3 à 5 g
par jour. En lien direct avec ses propriétés détoxicantes (cf. deuxième
partie 2.3), lorsque les dosages de départ sont trop élevés, des symptômes
tels que des troubles gastro-intestinaux et/ou des céphalées peuvent
survenir.

52
Les sociétés commercialisant la spiruline conseillent donc de commencer
par une dose de 1 g/j et d’augmenter progressivement par palier de 1 g
tous les trois jours, jusqu’à la dose quotidienne souhaitée [65].
De plus, la spiruline pouvant exercer un effet stimulant chez certaines
personnes, il est préférable de ne pas en prendre le soir.
Par ailleurs, les personnes souffrant de phénylcétonurie doivent éviter la
spiruline car, comme tous les aliments renfermant des protéines, elle
contient de la phénylalanine. Aucune interaction médicamenteuse n’a été
signalée jusqu’alors.

3.4.5 Acceptabilité par les consommateurs


L’acceptabilité alimentaire de la spiruline a longtemps constitué un contre-
argument systématique à son introduction dans les programmes
nutritionnels. L’intensité de sa couleur verte et son grand pouvoir colorant
sur les autres aliments l’empêche d’être dissimulée au sein d’une
préparation culinaire. A côté de la couleur, les objections portent aussi sur
le goût et l’odeur.
Certes, la spiruline fraîchement récoltée ne présente pratiquement aucun
arôme ni goût ; c’est donc à ce moment là qu’elle est le plus agréable à
consommer. Mais, pour se conserver, elle doit être séchée et réduite en
poudre ou en granulés fins. Or, sous cette forme, elle dégage une odeur
spécifique rappelant celle du foin ou du poisson séché. Elle présente
également un goût salé, ce qui explique son utilisation comme exhausteur
de goût. Dans le contexte culturel européen, il apparaît donc évident qu’elle
ne peut être du goût de tous. Il est de toute façon toujours plus difficile
pour des adultes (par rapport aux enfants), d’accepter des nourritures
nouvelles : le fait d’avoir associé pendant des années certains goûts, odeurs
et couleurs à ce qui est « bon », handicape l’introduction d’un nouvel
aliment quel qu’il soit.
Afin d’augmenter le nombre de consommateurs dans les pays
industrialisés, des essais préliminaires ont donc été réalisés. Leur but
consistait à déterminer les quantités de spiruline nécessaires à
l’enrichissement de divers aliments, sans pour autant en modifier leur goût.
Ainsi, il est possible d’ajouter 1g de spiruline dans la plupart des aliments
qui accompagnent la consommation de spiruline, sans que leur saveur
initiale ne soit altérée ; les pâtes tolèrent jusqu’à 2,5 g [30].
Dans l’un de ses ouvrages [66], R. Fox fait remarquer que l’ajout de
quelques grammes de sucre vanillé en poudre (pour 1 kg de spiruline
séchée), masque le goût et l’odeur de la spiruline, sans que l’on sente le
goût et l’odeur de vanille.

Heureusement, son utilisation comme complément alimentaire dans la lutte


contre la malnutrition (cf. troisième partie) pose moins de problèmes à ce
niveau. Cela s’explique notamment par le fait qu'on retrouve, avec d'autres
ingrédients des cuisines asiatiques et africaines, des odeurs comparables à
celle de la spiruline séchée. Après un premier effet de surprise, les enfants
en bas âge malnutris l’acceptent finalement très facilement.

53
Par ailleurs, les régions les plus touchées par la malnutrition sont aussi
celles où l’introduction de spiruline dans l’alimentation est la plus aisée, du
fait de la nature des plats traditionnels. Par exemple, en Afrique, elle est
incorporée dans la sauce qui accompagne les bouillies de céréales ; en Inde,
elle est ajoutée aux boissons, biscuits et friandises traditionnels.

3.4.6 Modes de consommation

3.4.6.1 Dans les pays en voie de développement

La spiruline ne remplace pas les aliments caloriques tels que le manioc, le


riz, le blé, la pomme de terre ou le maïs, mais c'est un ingrédient idéal de la
sauce protéinée qui accompagne la "boule" africaine ; elle permet ainsi
d’apporter non seulement ses protéines, mais les nombreux autres éléments
très favorables à la bonne santé de tous et notamment des jeunes enfants.
Depuis quelques années, diverses formulations de farines de sevrage
contenant de la spiruline sont apparues dans plusieurs pays [67] :

 Farine XEWEUL (Sénégal) :

- 55 % de mil
- 18 % d’arachide
- 14 % de niébé Dose recommandée : 100g/j
- 10 % de sucre Prix indicatif (2005) : ≈ 1,30 € /kg
- 3 % de spiruline

[XEWEUL signifie « tout ce qui est bénit, ce qui est bon »].

 Farine SOSPISOMA (République Démocratique du Congo)

- 44 % de maïs
- 22 % de sorgho Dose recommandée : 100g/j
- 22 % de soja Prix indicatif (2006) : ≈ 1 € /kg
- 10 % de sucre
- 2 % de spiruline

 Farine MISOLA + spiruline (Burkina-Faso)

- 60 % de petit mil grillé (ou 30% de riz + 30% de maïs)


- 20 % de soja grillé
- 10 % d’arachide grillé Dose recommandée : 200g/j
- 9 % de sucre Prix indicatif (2005) ≈ 1,20 € /kg
- 5 % de spiruline
- 1 % de sel

54
Au Tchad, dans les régions où Arthrospira platensis pousse naturellement,
sa consommation est ancienne et régulière : les femmes des villages la
récoltent et la font sécher au soleil dans des cuvettes de sable construites
pour la circonstance [68]. Le produit en forme de galette ainsi obtenu
s’appelle le Dihé ; il est ensuite transformé pour pouvoir être utilisé sous
forme de sauce. La sauce au Dihé seul renferme de l’eau, de l’huile, de la
poudre de gombo et de tomate séchés, de l’oignon, du sel, un
cube “Maggi” et 9 à 10 g de spiruline par personne. Trois autres types de
sauce sont également consommées, selon que la sauce au Dihé est
agrémentée de haricots, de poisson séché ou de viande.

Voici un autre exemple de recette de garniture à ajouter à un plat de


céréales (riz, millet, sorgho) ; pour la réaliser, il faut faire revenir une
gousse d'ail et deux oignons émincés, avec des baies roses, du poivre vert
et un soupçon de piment. Ensuite, lorsque ce mélange est cuit, on y ajoute
une cuillère à soupe de spiruline dissoute dans un peu d’eau. Il ne reste plus
alors qu’à mixer et verser la purée obtenue sur le plat de céréales cuites.

3.4.6.2 Dans les pays riches


Il est possible de consommer la spiruline en assaisonnement de salades, de
bouillons, de sauce tomate ou de soupes. Elle peut aussi assaisonner les
plats cuisinés, en fin de cuisson.
L’industrie alimentaire propose, à l’heure actuelle, de nombreux produits
enrichis en spiruline : tagliatelles, soupes instantanées, gelées, pâte à
tartiner, barres énergétiques, crèmes glacées, desserts chocolatés, gâteaux,
boissons fermentées, yaourts, bonbons, aliments diététiques pour régimes
hyperprotéinés…[69].
La spiruline séchée se présente sous la forme d’une poudre de couleur vert
foncé ; sa granulométrie est fine puisque le diamètre des particules est
compris entre 9 et 25 µm [5]. Cela permet de la mélanger facilement dans
de la purée, des sauces ou du fromage blanc. Pour une utilisation lors de la
préparation d’une boisson, il est nécessaire de bien remuer le liquide de
base et de verser progressivement la spiruline dans ce liquide en
mouvement.
Néanmoins, dans les pays riches, ces modes de consommation restent rares.
La spiruline y est plutôt utilisée sous forme de poudre, comprimés,
granulés ou gélules (cf. deuxième partie 1.1.1.).
En guise d’illustration, voici quelques idées de recettes (figures 5a, 5b, 5c,
5d [70] [71] :

Jus de fruits pour petits déjeuners complets :

Préparation pour 2 personnes : mélanger une cuillère à café de spiruline à


500 ml de jus de pomme, d’orange ou d'ananas. Y ajouter des fruits frais
comme des pêches, des poires, des pommes, de l’ananas, des bananes, des
oranges ou des baies. On peut aussi y incorporer des ingrédients comme
des amandes ou des graines de tournesols, ou des parfums comme la
vanille ou le citron vert.

55
Pour une boisson fouettée plus épaisse, il est possible de mettre de la glace
ou d’utiliser plus de fruits et moins de jus. Bien mixer la préparation avant
consommation.

Milk shake aux fruits :

Ingrédients :
- 2 pêches ou 150 g de fraises ou 1 banane ou 3 abricots (selon la
saison)
- 1 /2 litre de lait de soja vanillé ou de lait de riz
- 1 c. à café de spiruline
- cannelle (facultatif)
Mixer le tout avant de déguster.

Figure 5a : Milk shake à la spiruline. © Algosophette

Cake à la spiruline :

Ingrédients :

- 4 cuillères à soupe de Spiruline


- 150 g de farine
- 3 oeufs
- 10 cl de lait
- 1 cuillère à soupe d'huile d'olive
- 1 pincée de sel
- 1 sachet de levure
- quelques dés de jambon
- quelques olives

Préparation :
Laisser gonfler la spiruline séchée dans un demi verre d'eau, jusqu'à obtenir
une pâte homogène. Mélanger à part la farine, les oeufs, le lait, l'huile et le
sel. Ajouter la levure et la spiruline gonflée puis mélanger. Ajouter le
jambon et les olives coupées en rondelles. Faire cuire à thermostat 6.
[à noter que du fait de la cuisson, la spiruline perd une partie de ses qualités
nutritionnelles].

56
Figure 5b : Cake à la spiruline. © Algosophette

Sauce guacamole à la spiruline :

Ingrédients : 2 avocats, jus d’un citron, 2 c. à café d’ail, 3 c. à café de


spiruline, 1 tomate, ½ oignon, 2 c. à café de sauce au chili, sel et poivre.
Mixer le tout avant de déguster.
La consistance épaisse est idéale pour les apéritifs.

Figure 5c : Sauce guacamole à la spiruline. © Algosophette

Taboulé à la spiruline :

Pour 4 personnes : faire tremper 6 cuillères à soupe de semoule spéciale


couscous, une heure dans de l’eau froide, bien égoutter. Hacher ensemble 2
ou 3 échalotes, 1 oignon, 1 concombre, 2 tomates (qu’on aura
préalablement ébouillanté pour les éplucher plus facilement), 1 petite
poignée de feuilles de menthe et une cuillère à café de spiruline, puis
mélanger à la semoule. Servir frais.

Figure 5d : Taboulé à la spiruline. © Algosophette

57
Pour plus d’idées, un recueil de recettes a été édité et publié en 2001 par
B. Sisso [72]. Peintre et professeur de yoga, cette femme consomme de la
spiruline depuis 1978 et affirme que sa très bonne santé et son énergie
quotidienne sont liées à cette consommation. Elle organise des stages de
dégustation, de façon à faire connaître la spiruline.

58
4. Différents moyens d’obtenir de la spiruline
En dehors de la "cueillette" de la spiruline issue des lacs où elle pousse naturellement, la
spiruline doit être produite si on veut couvrir la demande. Or, le seul moyen de la
produire en grande quantité est la culture en bassins.
En fonction de la surface totale d’exploitation des bassins et des moyens technologiques
utilisés, on distingue la culture familiale, la culture artisanale et la culture industrielle.
Pour fixer les idées, la production quotidienne est quantifiée en grammes dans le cadre
d’une culture familiale, en kilogrammes dans le cadre d’une culture artisanale et en
tonnes dans le cadre d’une culture industrielle.
Les photobioréacteurs sont surtout utilisés pour la production de biomasse très pure, afin
d’en extraire des molécules à haute valeur ajoutée ; ils ne sont pas adaptés à la culture de
masse.

4.1 Exploitation des ressources naturelles


L’exploitation des lacs où pousse naturellement la spiruline constitue un moyen
d’en obtenir. Mais, il ne faut pas pour autant les surexploiter. La spiruline qui s’y
trouve a, en effet, plusieurs utilités :

• nourrir des enfants en état de malnutrition ;


• faire vivre les flamants qui se trouvent dans ces lacs ;
• servir de réservoir de souches de spiruline naturelle, utilisables pour débuter et
maintenir les cultures de fermes commerciales de spiruline.

De quelle façon ces lacs peuvent-ils être exploités ?


Il est possible de pomper l’eau du lac, de l’envoyer directement sur les tamis de
récolte et de sécher la bouillie de micro-algue au soleil. C’est la méthode la plus
simple, la moins chère et la plus rapide à mettre en place. Certes, le produit obtenu
est comestible et consommable, mais sa qualité n’est pas suffisante pour être
commercialisé. D’autre part, par cette méthode, l’écosystème est menacé.
Une méthode plus raisonnable consiste donc à construire des bassins près du lac, à
y envoyer l’eau filtrée puis à renvoyer au lac l’eau usée. Ce système permet
d’obtenir un produit de haute qualité pour la consommation humaine (filtration
avec filtre de 50 µm avant l’arrivée dans les bassins) et également une récolte
d’algues moins pure (filtre 150 µm), utilisable pour l’aviculture ou l’aquaculture,
tout ceci sans déranger l’écosystème. Cette méthode nécessite la construction d’un
réservoir en béton de 60 m2 pour chaque surface de production égale à 3 000 m2.
L’eau pompée du lac arrive dans le réservoir, puis passe par gravité dans un filtre à
sable avant d’arriver dans les bassins artificiels de culture de spiruline [5].

59
4.2 Cultures familiale et artisanale

4.2.1 Paramètres influençant la réussite des cultures de spiruline

4.2.1.1 Facteurs climatiques


 La température

La spiruline pousse idéalement lorsque la température du milieu de culture


est de 37°C. Des températures supérieures à 40°C ne lui conviennent pas,
et, elle meurt lorsqu’elle est exposée à 43°C. Par ailleurs, à 20°C, sa
croissance est pratiquement nulle [29].
Néanmoins, le handicap d'un climat trop froid peut être compensé
artificiellement par la construction de bassins sous serre. Ce système est
même particulièrement intéressant car il constitue aussi une protection
contre l'évaporation, les insectes, les poussières et les pluies diluviennes,
lesquelles peuvent engendrer une dilution du milieu de culture ou une perte
de milieu par débordement des bassins.

 La pluviométrie

La conduite de bassins de culture nécessite un minimum de ressources en


eau. Les eaux de pluie sont intéressantes car propres et minéralement
neutres. La teneur en eau du milieu doit impérativement être constante. Le
manque ou l’excès d’eau sont néfastes. Sous les climats à faible
pluviométrie, ou à saison sèche longue, il est donc nécessaire de prévoir
une citerne pour stocker de l'eau de pluie, laquelle sert à compenser
l'évaporation des bassins. A l’inverse, dans les régions à fortes
précipitations, la présence d'une couverture translucide au-dessus des
bassins doit permettre d’éviter une dilution du milieu de culture.

 La saison et l’ensoleillement

La culture de spiruline est le plus souvent saisonnière. En effet, dans les


régions tempérées, l'hiver est généralement trop froid pour cultiver la
spiruline (sauf avec chauffage et éclairage artificiel trop coûteux).
Même dans des régions chaudes, un arrêt peut être rendu nécessaire par
l'importance des pluies, de la sécheresse ou des vents de sable à certaine
saison.
Le climat idéal est donc celui où il ne fait jamais froid et où les pluies sont
harmonieusement réparties, de façon à compenser l'évaporation, comme
par exemple certains points du versant Est des Andes. Un autre type de
climat idéal est le désert au pied de montagnes qui assurent un large
approvisionnement en eau, comme par exemple le désert d'Atacama au
Chili [66].

60
4.2.1.2 Facteurs concernant les bassins de culture

 Localisation

Le lieu d’implantation des bassins ne doit pas se faire au hasard mais après
mûre réflexion. En effet, il faut respecter quelques règles a priori pas
toujours évidentes : ne pas construire les bassins sous des arbres (besoin
d’ensoleillement), ni en un lieu inondable, ni près d'une route ou d'une
industrie (pollution). Eviter aussi la proximité de certains éléments comme
les haies, barres rocheuses, forêts, etc. qui peuvent entraîner des
conséquences importantes sur le microclimat.
Le terrain du site choisi pour la construction des bassins doit être aménagé
avant toute chose (épierrage, nivellement du sol, confection d’une dalle en
ciment). Le site doit être facilement accessible mais clôturé pour prévenir
des interventions extérieures (curiosité sur le contenu des bassins, vol du
matériel et des matériaux etc.) [73].
Il est également préférable d’avoir une source d’eau à proximité des
bassins. Certes la croissance de la spiruline ne requiert que peu d'eau, mais
les lavages sont abondants (nettoyage des toiles de filtration, des ustensiles
utilisés, lavage des bassins en cours de rénovation, etc.). De plus, la
propreté du matériel et du personnel de production doit être irréprochable
pour limiter les risques de contamination des cultures.

Le site doit être assez spacieux pour accueillir non seulement les bassins
mais aussi les locaux adjacents. Il faut en effet prévoir :

- des allées de circulation entre les bassins ;


- un local pour le stockage des matériaux et des produits chimiques
(intrants) ;
- un local pour les pesées, les analyses et les contrôles, le
conditionnement et la tenue des registres de production ;
- un emplacement pour les séchoirs solaires ;
- un autre local pour un séchoir chauffé au gaz (précaution élémentaire
durant la saison des pluies car la spiruline produite serait perdue faute
de pouvoir être séchée).

Tous ces locaux peuvent évidemment être regroupés dans un même édifice.

 Mode de construction

Les bassins en dur (figure 6) sont faits avec du béton renforcé, du ciment,
des pierres cimentées, des parpaings, des briques, du banco etc. Ce sont les
plus durables (durée moyenne de 10 ans) et les plus faciles à nettoyer, mais
aussi les plus chers. L’idéal est de les construire sur une dalle en béton
armé de 10 cm d’épaisseur minimum, coulée sur un terrain bien compacté.
Les bassins en bois-plastique (figure 5 ) existent aussi : le sol nivelé est
recouvert avec un film plastique et les montants sont constitués par un
cadre en bois (planches, panneaux, lattes, tasseaux) supportant une bâche
plastique de forte épaisseur. En principe, au bout de trois ans, ils exigent
des réparations voire un remplacement total.

61
Les bassins en argile constituent une solution faute de mieux : il s’agit
d’une excavation ceinturée par un muret en terre compactée rendue étanche
par de la glaise, par des briques cuites ou par un film plastique. La spiruline
pousse très bien dans ces bassins mais sa pureté bactériologique doit être
surveillée de plus près ; il y a, en effet, un risque accru de présence de
micro-organismes anaérobies au fond. En général, leur étanchéité est
améliorée par l’utilisation d’un film plastique.
Globalement, il faut retenir que les bassins sans garniture intérieure ne sont
pas satisfaisants, car on retrouve des grains de sable fin ou des particules
d’argile dans le produit fini, du fait de l’agitation. C’est pourquoi la dalle
en ciment ou en béton est fortement conseillée [29] [74].

Concernant la physionomie des bassins, il est recommandé qu’ils soient de


forme arrondie et sans angles vifs. Leur fond doit être aussi plan que
possible, avec une légère pente vers un endroit plus creux d’accès facile
pour faciliter la vidange. L’expérience montre que la profondeur idéale est
comprise entre 20 et 40 cm. Par ailleurs, les bords du bassin doivent être
surélevés par rapport au niveau du terrain, de façon à limiter l’entrée des
poussières et des petits animaux.

 Nombre et surface unitaire

Dans le cadre d’un projet de culture artisanale, l’installation doit


comprendre deux sortes de bassins : ceux servant pour l’ensemencement et
ceux réservés à la production proprement dite [75].
Les premiers sont petits (2 à 4 m²) et de forme ronde ou rectangulaire ; au
nombre de deux ou trois, ces bassins d’ensemencement ont un rôle
primordial dans la survie d’une culture. Ils permettent en effet de faire
croître la micro algue à partir d’une quantité modeste de spiruline souche,
en la repiquant dans des volumes de plus en plus grands ; il arrive un
moment où les cuvettes, bassines, et containers utilisés au départ ont besoin
d'être relayés par des volumes dépassant les 100 litres. Ce type de bassin
permet aussi de conserver une partie de la spiruline, en cas de pollution des
bassins de production [76].
En ce qui concerne les bassins de production, ils sont rectangulaires et leur
surface varie généralement entre 30 et 50 m². La largeur maximale
conseillée est de 3 à 4 m ; cette largeur est volontairement limitée afin de
toujours pouvoir pratiquer une agitation manuelle, par exemple en cas de
panne d’électricité empêchant les autres dispositifs d’agitation de
fonctionner. La longueur moyenne de ces bassins est comprise entre 8 et
15 m [76].
Les personnes ayant des années d’expérience dans ce domaine signalent
qu’il est préférable de construire deux ou plusieurs petits bassins de
production plutôt qu'un seul grand : cela permet d’en vider un (pour le
nettoyer ou le réparer par exemple) sans perdre son contenu. De plus, si
une des cultures d’un bassin venait à être contaminée ou à mourir, un autre
bassin permettrait de continuer et de réensemencer.
En pratique, le coût d'investissement au m² décroît quand augmentent la
surface unitaire et le rapport surface/périmètre des bassins [29].

62
En revanche, des bassins étroits (largeur inférieure à 3 m) sont plus faciles
à agiter et à couvrir (figures 6a et 6b).

Pour une culture familiale (ou destinée à un dispensaire), les spécialistes


recommandent que la surface unitaire soit comprise entre 5 et 20 m². Cette
surface de bassin permet d’obtenir une production allant de 15 à 80 g de
spiruline par jour.
A titre indicatif, voici les surfaces requises pour les autres types de
production de spiruline [29] :

• 50 à 100 m² pour une production artisanale ;

• 1 000 m² et plus pour une production semi-artisanale ;

• 5 000 m² maximum pour une production industrielle.

Figure 6a (à gauche) et 6b : La photo de gauche montre un bassin en bois-plastique de 7m2 , installé


à Pahou (Bénin) ; l’homme est en train d’agiter le milieu de culture de spiruline, à l’aide d’un balai.
Sur la photo de droite, c’est un bassin en béton de 33 m2 , en cours de construction. Sa largeur est
de 3 m, ce qui rendra l’agitation manuelle possible. © TECHNAP/CREDESA 2001.

 Couverture

Il est souvent utile, voire nécessaire, d'installer une serre ou au moins un


toit sur le bassin (figure 7a) : cela permet de le protéger contre les excès de
pluie, de soleil ou de froid, et contre les chutes de feuilles, fientes
d'oiseaux, vents de sable et débris divers, tout en lui permettant de
"respirer".
Le toit peut être en toile de tente blanche ou en tissu polyamide enduit PVC
blanc laissant passer une partie de la lumière mais capable d'arrêter
suffisamment la pluie. Il peut aussi être en plastique translucide : film de
polyéthylène traité anti-UV utilisé pour la construction des serres horticoles
[29]. Si le toit est opaque, il faut le mettre suffisamment haut pour que le
bassin reçoive assez de lumière par les bords. Il est souvent utile de
compléter le toit par une moustiquaire sur les côtés.
L’installation d’une serre (figure 7b) consiste à recouvrir le bassin d'un
film translucide avec une pente de 4 % et une tension suffisante pour éviter
la formation de poches d'eau en cas de fortes pluies.

63
Les films utilisés doivent être stabilisés contre les rayons UV et ne pas
poser de problème de sécurité alimentaire. Des orifices d'aération et/ou
d'accès doivent être prévus, ainsi qu’un dispositif d'ombrage [29][73].
A noter que la culture sous serre offre certains avantages :

- Ombrable et aérable, la serre est idéale quel que soit le climat ;


elle permet un contrôle de la température, de la lumière, de la
pluie, de l’évaporation, ainsi que celui des insectes, autres
animaux, poussières et feuilles mortes. C’est la protection la plus
efficace pour réduire la consommation d’eau en climat aride.
- Suffisamment étanche, le bassin peut alors être alimenté en gaz
carbonique provenant de la combustion d’un gaz ou de la
fermentation d’un compost.
- En cas d’infestation de la culture par des larves, il est facile de
laisser monter la température à 42-43°C, le temps de les tuer.

Figures 7a (à gauche) et 7b : La photo de gauche montre un bassin de culture de spiruline recouvert


d’un toit ; sur celle de droite, on peut voir une serre recouvrant un bassin de 20 m2 à Mialet (Gard).
© TECHNAP/CREDESA 2001.

 Systèmes d’agitation

Une exposition directe à un fort soleil provoque la photolyse des filaments


de spiruline. Mais, en diminuant l’intensité lumineuse, on diminue aussi la
photosynthèse totale. L’agitation du milieu de culture constitue un bon
moyen d’éviter la photolyse sans modifier l’intensité lumineuse, en mettant
alternativement les filaments à la lumière et à l’ombre.
L'agitation permet également de s’assurer que les filaments ne restent pas
dans des micro-zones où les éléments nutritifs essentiels sont épuisés. Elle
empêche aussi la formation d’amas de spiruline suite à l’emmêlement de
leurs filaments ; c’est important car, à l’intérieur de cas amas, les filaments
ne voient pas la lumière et les bactéries ont tendance à proliférer.
Par ailleurs, l’agitation permet aussi d’améliorer l’élimination de
l’oxygène.
Les agitations peuvent se faire manuellement, avec un balai ou une rame,
ou grâce à des pompes n'endommageant pas les spirulines (pompes à
hélice, vis, palettes, diaphragme ou vortex) [29][77].

64
En cas d’agitation par une pompe immergée, un débit de 1 à 2 m3/h, peut
suffire pour des bassins de 10 à 15 m². Des surfaces de bassin plus grandes
nécessitent des pompes plus puissantes qui risqueraient de casser la
spiruline. Il vaut mieux alors faire appel à un brassage par roue à aubes
(figures 8 et 9) :
dans ce cas, un moteur électrique entraîne un axe sur lequel sont placées
des pales. A chaque tour, les pales plongent dans le bassin sur une
profondeur d'environ 10 à 15 cm et font avancer la veine liquide
correspondante. Le moteur utilisé ne doit pas tourner à plus de 30 à
40 tours/minute. Il est donc nécessaire de prévoir une grande
démultiplication de la vitesse de rotation du moteur. Dans son ouvrage, J.P
Jourdan signale que des moteurs d'occasion, en provenance de machines à
laver le linge mises au rebut, sont bien adaptés car ils sont souvent très
robustes et tournent lentement (350 à 400 t/min). La démultiplication peut
être obtenue en faisant appel à des pièces de bicyclette : un petit pignon
fixé sur l'axe du moteur et une transmission par chaîne font tourner une
roue de vélo solidaire de la roue à aubes [77].

Figure 8 : Système d’agitation d’un bassin par roue à aubes [78].

roue à aubes séparateur médian

moteur électrique

Le séparateur médian installé dans l'axe du bassin


permet de réaliser une circulation en hippodrome. Les
flèches indiquent le sens du liquide en agitation : on
voit bien que la cloison centrale oblige le retour du
liquide par l'autre bras de l'hippodrome.

Figure 9 : Schéma indiquant le principe d’agitation par roue à aubes


dans un bassin muni d’un séparateur médian [77]

65
Comme le montre la figure 9, lorsque l'agitation est assurée par une roue à
aubes (ou une pompe), une chicane médiane facilite la circulation.
Cependant, l’idéal pour ne créer aucun espace mort dans le bassin, est de
compléter cette chicane par des chicanes d'angles capables de rediriger les
flux depuis les bords vers le centre. Ce système est plutôt utilisé lorsque les
bassins ont une surface plus importante et dans le cadre des cultures
industrielles, car il complique l'installation.
Par ailleurs, la fréquence d’agitation est aussi un paramètre important.
L’ensemble des spécialistes affirme qu’une agitation discontinue
énergique est préférable à une agitation continue mais faible. En effet,
l’agitation énergique est toujours plus efficace quand elle est intermittente,
car, à chaque redémarrage il se produit un brassage, alors qu'en continu la
masse d'eau a tendance à se déplacer d'un bloc (sauf si des chicanes sont
installées en travers du courant).
L’agitation au balai une fois par jour au minimum constitue une bonne
pratique, notamment lorsque le bassin est assez profond.

4.2.1.3 Facteurs liés au milieu de culture


Il s’agit essentiellement de la composition de ce milieu, de son entretien et
de son stockage. Ces paramètres sont étudiés dans le paragraphe 4.2.2.

4.2.2 Démarrage et conduite des cultures

La culture de spiruline se divise en six grandes étapes successives :

1) Choix du lieu d’implantation des bassins (cf. 4.2.1.2 )

2) Construction des bassins (cf. 4.2.1.2 )

3) Elaboration du milieu de culture initial

Les spirulines vivent dans une eau à la fois salée et alcaline. L'eau utilisée
pour le milieu de culture doit être potable sans sentir le chlore. Pour ce qui
est de la quantité d’eau nécessaire pour la constitution du milieu initial, il
est important de savoir par exemple, qu’une surface totale de culture de
1 000 m2 exige 200 m3 d’eau.
Les eaux trop dures sont à éviter car elles peuvent gêner la culture en
formant des boues minérales, surtout lorsque l’ensemencement initial en
spiruline n’est pas assez concentré [79][80].
En général, les eaux de pluie, de source ou de forage conviennent bien.
La salinité est apportée par les produits chimiques servant d’engrais (à
l’exception de l'urée, ce sont des sels) et complétée par du chlorure de
sodium.
L'alcalinité est apportée sous forme de bicarbonate de sodium ou, à défaut,
à partir de soude caustique ou de carbonate de sodium, lesquels vont se
bicarbonater lentement au contact de l'air.

66
En pratique, la composition des milieux de culture est variable, en fonction
de la disponibilité ou du prix d’achat des produits chimiques nécessaires à
leur élaboration [79].
Les limites de salinité et d'alcalinité permises sont assez larges mais, pour
des raisons d'économie et de productivité, on fait en sorte de respecter les
valeurs minimales nécessaires.

Concernant l’alcalinité, le pH initial du milieu doit être assez élevé (entre


7,8 et 8,5). Le pH d'une culture florissante doit ensuite se situer entre 9,5 et
10,5. Il faut savoir que lorsque le pH dépasse 10,5, le CO2 apporté est
insuffisant pour compenser le prélèvement par la spiruline et sa croissance
est donc limitée par le manque de CO2. Un apport de CO2 permet alors
d’abaisser le pH tout en fournissant du carbone pour continuer la
croissance de la spiruline.
La salinité, correspondant à la somme des poids de tous les sels dissous
dans le milieu, doit être au minimum égale à 13 g/litre [29][79].
En pratique, les spécialistes de la culture de spirulines recommandent que
le niveau d’eau des bassins soit de l’ordre de 20 cm ; en effet, cette hauteur
donne une inertie thermique et une inertie de pH confortables.
Les produits chimiques jouant le rôle d'engrais pour assurer la croissance
de la spiruline sont appelés les "intrants" : ils doivent contenir de l’azote,
du phosphore et du potassium ; ces éléments classiques existent sous des
formes variées. D’autre part, le soufre, le magnésium, le calcium et le fer
doivent aussi être ajoutés dès lors qu’ils ne sont pas apportés en quantité
suffisante par l'eau, le sel et les engrais [29].
Les sources d’azote préférées des spirulines sont l’ammoniac et l’urée,
mais ces produits sont toxiques au-delà d’une concentration limite. L’azote
est donc le plus souvent apporté par du nitrate, dont on peut mettre sans
danger une forte dose, afin de constituer une réserve d’azote à long terme.
Le phosphore peut être apporté par du phosphate monoammonique
(NH4H2PO4), du phosphate trisodique (Na3PO4,12H2O) ou du phosphate
dipotassique (K2HPO4).
Le potassium, quant à lui, peut être apporté par le nitrate de potassium, le
chlorure de potassium, le sulfate ou le phosphate dipotassique.
La source de magnésium employée est généralement le sulfate de
magnésium, appelé sel d’Epsom (MgSO4,7H2O).

Si l'on ne dispose pas de produits chimiques, certaines méthodes


d'utilisation de produit naturels peuvent être employées. Elles sont
explicitées dans le Manuel de Culture Artisanale de la spiruline, écrit par
J.P. Jourdan [29]. Cet expert de la culture de spirulines déconseille par
ailleurs l’emploi d’engrais agricoles ordinaires, car ils sont peu solubles et
renferment de nombreuses impuretés.
Le milieu doit en outre contenir tous les oligo-éléments nécessaires à la
croissance de la spiruline : zinc, acide borique, manganèse, cuivre, chrome,
cobalt, molybdène…; ceux-ci sont généralement présents dans l'eau utilisée
ou apportés par les impuretés des sels.

67
A ce stade, il est important de remarquer que la consommation d'intrants se
fait en deux temps et correspond à deux formulations différentes :

- la première consommation correspond à la préparation du milieu


liquide dans lequel on introduit la souche de spiruline que l'on veut
voir croître, à travers toutes les étapes de son développement,
depuis les petits bassins successifs d'ensemencement, jusqu'au
bassin définitif où la récolte sera possible (tableau XV) [79].
- la deuxième consommation est une consommation d'entretien
(tableau XVIII) : chaque fois qu'on récolte de la spiruline, il faut
remettre dans le bassin une quantité d'intrants en rapport avec ce
qui vient de sortir du bassin sous forme de spiruline. Une
formulation spécifique correspondant à cette consommation est
détaillée un peu plus loin.

Nom de l’intrant Formule chimique g/L


Bicarbonate de sodium NaHCO3 8
Chlorure de sodium NaCl 5
Nitrate de potassium KNO3 2
Sulfate de potassium K2SO4 1
Phosphate monoammonique NH4H2PO4 0,2
Sulfate de magnésium MgSO4, 7 H2O 0,2
Urée NH2-CO-NH2 0,02
Chaux Ca(OH)2 0,02
Sulfate de fer FeSO4, 7 H2O 0,005

Tableau XV : Exemple de composition chimique d’un milieu initial


pour cultiver les spirulines ; ce milieu convient
pour des eaux de dureté nulle ou faible [29].

Le milieu proposé par C. Zarrouk est un milieu standard très souvent cité
comme référence. Il présente l’intérêt de s’adapter à presque toutes les
souches de spiruline et de simplifier considérablement le travail de
l’algoculteur. Toutefois, il comporte des minéraux chers (dont plusieurs
sont en excès) et pas toujours faciles à se procurer.
Ce milieu "Zarrouk" est fabriqué à partir d’eau distillée et contient divers
éléments répertoriés dans les tableaux XVI et XVII.

68
NaHCO3 16,8
K2HPO4 0,5
NaNO3 2,5
K2SO4 1
NaCl 1
MgSO4, 7 H2O 0,2
CaCl2 0,04
FeSO4, 7 H2O 0,01
EDTA* 0,08

*EDTA : il réagit avec le sulfate de fer pour donner un composé


dans lequel l'atome de fer chélaté ne peut plus réagir aux réactifs courants.

Tableau XVI : Eléments contenus dans le milieu "Zarrouk",


avec leur teneur exprimée en g/L [29].

Pour chaque litre de ce milieu de base sont ajoutés 1ml de solution A5 et


1ml de solution B6, dont les compositions sont données par le tableau
XVII.

Solution A5 g/L
H3BO3 2,86
MnCl2, 4 H2O 1,81
ZnSO4, 7 H2O 0,222
CuSO4, 5 H2O 0,079
MoO3 0,015

Solution B6 g/L
NH4VO3 0,02296
K2Cr2(SO4)4, 24 H2O 0,096
NiSO4, 7 H2O 0,04785
Na2WO4, 2 H2O 0,01794
Ti2(SO4)3 0,04
Co(NO3)2, 6 H2O 0,04398

Tableau XVII : Composition des solutions A5 et B6 du milieu "Zarrouk" [29]

4) Ensemencement de la souche choisie

Les experts en culture de spiruline recommandent aux futurs exploitants de


choisir une semence exclusivement spiralée, de grande taille, filtrant
facilement et de couleur bleu-vert.
Ils leur conseillent de se procurer des souches pures (monoclonales) à
l’Institut Pasteur ou chez ANTENNA Technologies, à Genève [29][76].

69
A titre d’exemple, un flacon contenant 150 g de culture de spiruline à une
concentration de 1 g/L, permet au moins quatre cultures successives : la
première dans un bocal de 2 L, la deuxième dans une bassine de 10 L, la
troisième dans une de 50 L et la quatrième dans un petit bassin de 1 m2,
jusqu’à parvenir à un bassin de 1 000 L. A partir d’1 g de semence, un taux
de croissance de 20 % par jour permet d’obtenir 20 m2 d’un bassin de 15
cm de profondeur, la récolte étant possible dès le quarantième jour.
Après l’ensemencement, les dilutions à effectuer dépendent essentiellement
des conditions climatiques (température et ensoleillement) : un climat
chaud et ensoleillé permet à la culture de se multiplier rapidement ; des
dilutions de l'ordre de 25 à 30 % par jour sont possibles. Par contre, un
climat plus tempéré et nuageux freinant la croissance, les dilutions
dépassent rarement 15 à 20 % par jour.

La difficulté de cette étape est justement de réussir à augmenter la taille des


bassins sans trop diluer la spiruline, le risque étant de tout perdre. Un
instrument simple à utiliser évite ce genre de souci : le disque de Secchi
(figure 10).

Le disque de Secchi est un instrument


constitué d’une baguette mesurant 30 cm
de long, graduée en centimètres. A son
extrémité est fixé un disque blanc de
diamètre compris entre 30 et 40 mm.

Figure 10 : Représentation d’un disque de Secchi.


© TECHNAP/CREDESA 2001 [81]

Cet instrument permet en effet d’évaluer la concentration en spiruline dans


les bassins. Son mode d’emploi est le suivant :
il faut commencer par agiter le bassin pour l’homogénéiser avant de laisser
ensuite décanter les boues pendant quelques minutes. Le disque est alors
introduit dans l’eau et on relève à quelle graduation il devient impossible
de le distinguer dans le milieu de culture. Par exemple, s’il a fallu atteindre
5 cm pour ne plus distinguer le disque, on dira que le disque de Secchi est à
5 unités.
Pour savoir comment faire évoluer la taille des bassins, il suffit d’attendre
que le disque de Secchi dans un bassin plus petit soit de 2 unités. On dilue
alors le tout dans un bassin plus grand pour avoir un disque de Secchi de 8
ou 9 unités. Il est important de ne pas dépasser cette valeur pour garder des
dilutions aux normes, le risque étant encore une fois de perdre
complètement la culture [81].
Une fois la taille de bassin voulue atteinte, on arrête les dilutions et la
récolte peut commencer.

70
5) Alimentation de la spiruline

Une fois que la culture a démarré, il faut tenir compte des constituants qui
disparaissent du milieu, après avoir été consommés par la spiruline. Les
experts conseillent de ne pas rationner les éléments nutritifs pour la
spiruline : selon eux, il est préférable d’avoir des ravitaillements fréquents
et fractionnés plutôt qu’une nourriture importante mais tardive [79][82].
L’idéal est de reconstituer le milieu nutritif après chaque récolte de 1 kg de
spiruline.
Deux sortes de nourriture doivent être prévues :

o une nourriture obligatoire : il faut redonner au bassin les éléments


perdus tels que l'azote, le phosphore, le potassium, le fer, le
magnésium.
C’est la composition élémentaire de la spiruline qui permet de
calculer ce qu'il faut remettre dans le bassin chaque fois qu'on en
récolte 1 kilo de masse sèche. Le tableau XVIII indique quatre
variantes possibles pour ce liquide d’entretien :

VARIANTES 1 2 3 4
par kg de spiruline récoltée g g g g
Urée 350 350 220 350
Phosphate trisodique 150 150
Phosphate trisodique 170
Sulfate dipotassique 30 30
Nitrate de sodium 385
Nitrate de potasse 35 35
Sulfate de magnésium 30 30 30 30
Sulfate de fer (solution à 5 g de sulfate/ litre) 1 litre 1 litre 1 litre 1 litre
Chaux 10 10 10 10

Tableau XVIII : Exemples de formulations pour un liquide nourricier [82]

o une nourriture non obligatoire : la nourriture carbonée.


Si on n'apporte pas cette nourriture carbonée, la spiruline se contentera
du carbone apporté par le gaz carbonique de l'air et la productivité sera
faible (≈ 4g/m²/j). On a donc intérêt à amener un supplément de
carbone pour produire plus. Il existe trois méthodes de
supplémentation [29]:

 l'emploi de bicarbonate : c’est ce qu'il y a de mieux quand on en


trouve à un prix acceptable ;
 l'emploi du gaz carbonique en bouteille : c’est un moyen qui
fonctionne bien mais il est assez cher ; de plus, il nécessite de
prendre de nombreuses précautions ;

71
 l'emploi de sucre blanc : c’est une méthode facile et bon
marché. En contrepartie, des risques de pollution des bassins
(boues ou milieu trouble) sont souvent signalés.
A travers deux processus conjoints, la fermentation la nuit et
l’oxydation la journée, le sucre se transforme en CO2 et en
alcool. Les connaisseurs conseillent donc d’introduire 300 à 600
grammes de sucre par kg de spiruline récoltée.

6) Entretien des bassins et surveillance des cultures

Selon J.P Jourdan, le nettoyage des bassins doit se faire environ tous les 3
mois. La meilleure méthode consiste à transférer provisoirement la majeure
partie du contenu du bassin dans un bassin voisin, puis de vidanger les
boues, et brosser les bords et le fond, en rinçant. L’idéal pour maintenir un
milieu clair est de brosser une fois par jour le fond et les côtés du bassin,
agiter pendant la nuit, et garder un pH inférieur à 10,5. Si cela ne suffit pas,
il faut épurer ou purger le milieu.
En effet, après deux à quatre mois de culture (selon le niveau de
productivité) sans purge, il est fréquent que le milieu de culture, neuf et
parfaitement clair au départ, devienne plus ou moins trouble ; la vitesse de
filtration baisse et le pressage de la biomasse devient difficile. C’est
pourquoi les spécialistes recommandent la pratique régulière de purges,
voire même le remplacement total du milieu. L’inconvénient est que cela
peut gêner l’environnement et coûter cher en produits. Ainsi, dans le cadre
de cultures en région sèche, il est conseillé d’évaporer les purges par
lagunage ; les sels minéraux récupérés peuvent ensuite réintégrer les
milieux de culture de spiruline.

Au cours de la culture, plusieurs paramètres sont à contrôler


régulièrement ; les cinq premiers cités doivent être contrôlés
quotidiennement [83] :

 La température du milieu (température optimale : 35°C) ;

 Le pH du milieu (pH optimum compris entre 9,5 et 10,5) ;

 La salinité du milieu (13 g/L au minimum) ;

 Le niveau d’eau des bassins : il faut ajouter quotidiennement (de


préférence le soir) de l'eau dans les bassins, de façon à maintenir
le niveau de départ, c’est-à-dire environ 20 cm ; cette eau sert à
compenser l’évaporation qui a eu lieu dans la journée. Pour éviter
de mettre en péril la culture, la quantité d’eau ajoutée ne doit pas
dépasser plus de 10 % du volume du bassin ;

 La concentration en spiruline (grâce au disque de Secchi) ;

72
 La fréquence d’agitation (minimum 4 fois par jour si agitation
manuelle / agitation continue si système électrique sans risque de
rompre les filaments / agitation pendant 15 minutes par heure si
pompes immergées) ;

 Le degré d’ensoleillement / ombrage des bassins ;

 La quantité d’exo polysaccharide sulfaté (EPS) formée : il


s’agit d’une espèce d’alginate secrétée par les spirulines, et qui
forme comme une capsule au niveau de leur surface externe.
L’EPS est ensuite peu à peu relâché dans le milieu de culture.
Dans un premier temps, il se dissout dans ce milieu, le rendant
plus épais ; ensuite, il se polymérise, s’insolubilise et finit par
former des grumeaux jaune-bruns gélatineux parfois visibles à
l’œil nu. Selon J.P Jourdan, le fait de ne pas récolter beaucoup, en
laissant monter la concentration en spiruline, augmenterait le
passage d’EPS dans le milieu. Un excès de formation est lié à un
manque d’azote fixé et/ou à un pH trop bas ; on peut y remédier
en ajoutant de l’urée et/ou du carbonate de soude [29].
Les masses gélatineuses de polysaccharides, lorsqu’elles sont
nombreuses, piègent les filaments de spiruline, les entraînent au
fond du bassin où ils meurent, faute de lumière et d’accès aux
éléments nutritifs. En dehors de cette perte de rendement, la forte
production d'EPS est aussi un problème dans le sens où elle salit
le milieu de culture et conduit à des difficultés de récolte [84].
Par ailleurs, lors du colloque qui a eu lieu en 2004 sur l’île des
Embiez, d’autres experts ont fait remarquer qu’un excès d'EPS
semblait conduire à une impossibilité d'essorer la biomasse par
pressage, alors qu'un défaut d'EPS semblait conduire à une
biomasse très collante mais facilement essorable [30].

 L’aspect des filaments de spiruline : afin de s’assurer que le


milieu de culture ne comporte que de la spiruline et pas d’autres
espèces d’algue proches, il convient d’observer régulièrement les
filaments au microscope.
Des "spirulines droites" apparaissent fréquemment dans les
cultures, sans que personne ne sache encore pourquoi. Les
scientifiques ont pu vérifier que ces "droites" apparues jusqu’à
présent étaient bien des spirulines (Arthrospira platensis), de
composition normale [85]. Ces vérifications ont été réalisées en
utilisant des critères dimensionnels, morphologiques et nuances
de couleur, et également grâce à une étude des "empreintes
génétiques" par l'Université de Genève [86]. Néanmoins, elles ont
des inconvénients, notamment une difficulté à se récolter. De
plus, il convient d’être vigilant car elles ressemblent aux
cyanobactéries Oscillatoria, dont il existe des variétés toxiques.
Finalement, sur ce sujet des spirulines droites, les experts en
culture de spiruline restent humbles et reconnaissent volontiers
leur ignorance. La seule parade connue est une prophylaxie
rigoureuse :

73
elle consiste à vider et stériliser le bassin infesté et à redémarrer
avec une souche garantie sans droite comme celles provenant de
l'Institut Pasteur ou de chez J. Falquet à Genève [29].
Par ailleurs, il faut savoir que tant que la spiruline est en
croissance active, bien nourrie, récoltée, agitée, à pH > 9,5, d'une
belle couleur vert foncé et que le milieu est régulièrement purgé,
aucune espèce d'algue concurrente ne réussit habituellement à
envahir le bassin. Cependant, l'apparition d'algues étrangères est
toutefois possible, par exemple l'hiver en zone tempérée, sans que
l’on s’en rende compte [87]. C'est pourquoi il est prudent de faire
examiner (une ou deux fois par an), un échantillon de culture dans
un laboratoire équipé d'un bon microscope. Bien entendu, il faut
que le laborantin soit entraîné à reconnaître ce qui n'est pas de la
spiruline.
D’après J.P Jourdan, le fait d’avoir une culture assez dense dès le
début, évite le développement des chlorelles, diatomées et autres
variétés d’algues : en effet, elles sont privées de lumière donc
restent au fond.
Les algues intruses peuvent être de simples chlorelles (algues
vertes monocellulaires comestibles), des Oocystis (grosses
chlorelles) ou des cyanobactéries toxiques comme celles citées en
début de première partie. Une planche située en annexe 3 permet
de différencier les plus facilement.

L’observation au microscope permet aussi de constater si les


filaments sont cassés (par agitation trop vive, trop de lumière ou
manque de potassium), s’ils sont de petite taille (vitesse de
croissance trop rapide, salinité ou pH trop élevés) ou à l’inverse,
anormalement longs (manque de fer) [88].

 L’apparition d’anomalies :

• diminution de la teneur en phosphate du filtrat ;


• manque d’oxygène : si l'oxygène peut être considéré comme
un poison pour la spiruline quand il est en forte
sursaturation pendant la photosynthèse active, ce n'est pas le
cas en l'absence de lumière puisque la spiruline a alors
besoin d'oxygène pour respirer. Comme l'a montré J.
Falquet, on atteint facilement l'anoxie en présence de 100
ppm de sucre, même en agitant la nuit [32].
• changement de couleur du milieu de culture ;
• apparition d’une odeur forte et désagréable ;
• formation d’amas ;
• contamination par des bactéries et/ou des métaux lourds ;

On comprend aisément la nécessité d’avoir, sur le site


d’exploitation, un petit laboratoire de contrôle, afin de pouvoir
surveiller régulièrement l’absence de contaminants (bactéries,
autres micro-algues, protozoaires, larves d’insectes etc.).

74
Par ailleurs, la couleur du milieu de culture est une chose facile à
vérifier car elle ne nécessite pas d’équipement particulier. Elle
permet généralement de bien apprécier l’état de la culture [88] :

□ une couleur pâlie signale souvent un manque d’azote fixé


et/ou de CO2 ; il faut alors vérifier le pH du milieu. Si
l’examen au microscope montre que la couleur pâle est liée
à des cellules "vides", alors la culture a probablement été
stressée (par un brusque changement de pH ou une variation
brutale de la pression osmotique dans les cellules) ;
□ une culture jaune ou vert-olive indique qu’il y a eu
destruction de la chlorophylle (photolyse), suite à un excès
de lumière, d’un manque d’azote, d’une agitation trop faible
ou d’un pH supérieur à 11,5 ;
□ une culture jaunâtre sur un fond d’eau grisâtre ou laiteux
signifie que la micro-algue souffre d’un déficit en carbone et
éventuellement en azote. De plus, il a en général beaucoup
de bactéries. Mais normalement, elles ne s’attaquent pas à la
spiruline (surtout si l’agitation est rapide) et elles meurent
dès qu’il n’y a plus de polysaccharides dans le milieu ;
□ une absence de couleur indique que la spiruline a été soit
piégée (dans des amas de polysaccharides, dans des cristaux
de carbonate de calcium ou de phosphate), soit dévorée par
des prédateurs : larves de moustique, larve d’Ephydra
(mouche des marais salés), amibes. La seule chose à faire
est alors de nettoyer totalement le bassin et de recommencer
une culture.

Toutes les anomalies rencontrées lors des cultures de spiruline,


ainsi que leurs remèdes sont bien décrits par J.P Jourdan dans son
manuel [29] ; il est possible de s’y référer pour plus de précisions.

4.2.3 Récolte

La récolte doit être organisée de façon à maintenir un flux continu entre


matières premières et produit fini ; ainsi, une récolte régulière (tous les
deux jours) permet à la culture de garder un rythme de croissance
exponentiel.
Il est important d’évaluer régulièrement la densité des bassins en spiruline,
afin d’éviter les phénomènes de limitation de croissance. Ceux-ci
apparaissent suite au manque de lumière, dans le cadre de cultures trop
denses. C’est le disque de Secchi qui permet de savoir s’il est temps de
récolter ou pas. Lorsque celui-ci est à inférieur à 3 unités, c’est le bon
moment [89][90].
Une fois la culture prête pour la récolte, on doit pouvoir prélever au moins
25 % de la culture par jour.
D’autre part, l’expérience prouve qu’il est préférable de pratiquer la récolte
le matin de bonne heure, car la teneur de la spiruline en protéines y est
généralement plus élevée que le soir.

75
Deux autres raisons renforcent ce choix : une température plus faible et le
bénéfice d'une pleine journée d'ensoleillement pour le séchage (quand celui
ci est solaire).
La récolte étant une opération un peu délicate, il est conseillé de suivre un
protocole assez rigoureux, divisible en quatre étapes successives :

4.2.3.1. Filtration

La récolte consiste d’abord à filtrer une partie de la culture sur une toile
très fine (maille de 30 à 60 µm) de manière à recueillir la spiruline sur la
toile et à laisser passer le filtrat qui pourra être réutilisé dans le bassin de
production.
Afin de récolter une spiruline aussi pure que possible, il est conseillé de
disposer de trois tamis superposables :

 Le premier est un simple crible sur un cadre de bois qui


permet de stopper les feuilles, les gros insectes ou encore
les petits animaux qui tomberaient dans le bassin ;
 le second, constitué comme le premier, est recouvert en
plus par une toile de nylon qui laisse passer la spiruline
mais stoppe les boues et les larves d'insectes ;
 le troisième est, comme le second, sauf que la toile de
nylon simple est remplacée par une toile de récolte à
maille très fine (30 µm par exemple).

Des petits volumes sont prélevés manuellement du milieu de culture ou


grâce à une pompe électrique, celle-ci permettant un travail plus rapide et
plus productif.
La filtration s'opère en faisant couler le liquide à travers les différents
tamis.
Après un temps variable selon l'importance de la récolte et la concentration
de la spiruline dans le milieu (entre 30 minutes et une bonne heure), la pâte
verte de spiruline qui s'est accumulée sur le filtre peut être récupérée.
La toile de filtration est enlevée du cadre et une boule de spiruline (bien
mobile si la spiruline est de bonne qualité), se rassemble au fond de la
poche constituée par la toile (figure 11). Cette biomasse contient entre 80 et
100 g de spiruline sèche/kg de spiruline égouttée, soit 8 à 10 % [29].

La consistance de la biomasse obtenue dépend de la santé de la culture :


une culture neuve donne une biomasse facile à récolter, car s'agglomérant
bien, alors qu'une culture plus ancienne ou en mauvais état donne une pâte
très liquide car renfermant un pourcentage d'eau très élevé.

76
Figure 11 : Toile de filtration contenant la spiruline récoltée.
© TECHNAP/CREDESA 2001.

Bien entendu, la biomasse doit être récoltée rapidement, afin de à ne pas la


laisser traîner à l'air libre : il s’agit d’éviter les fermentations provoquées
par la décomposition des protéines et également toute contamination
provenant de l'extérieur.

4.2.3.2. Lavage et essorage

Lorsque la culture est sale, malodorante ou trop salée, J.P Jourdan conseille
de laver la biomasse avec de l'eau douce potable avant le pressage et le
séchage.
De son côté, J. Falquet pense que le lavage de la spiruline après la récolte
et avant le pressage est à éviter : selon lui, un lavage à l’eau douce
provoque un choc osmotique qui peut faire éclater les cellules (certaines
souches de spiruline sont particulièrement sensible à ce phénomène) ;
d’autre part, dans bien des cas l’eau disponible pour ce lavage risque d’être
elle-même contaminée. On risque alors un double effet négatif :
suppression de la protection apportée par l’alcalinité du milieu de culture et
contamination par des germes présents dans l’eau de lavage [91].

L'essorage est réalisé par pression. La biomasse égouttée est, si possible,


transférée dans une autre toile fine, enveloppée elle-même dans un linge
ordinaire. Le paquet ainsi constitué est ensuite placé dans une presse à vis
(figure 12b) ou sous une lourde charge (figure 12a).

Le temps de pressage dépend essentiellement de la qualité de la biomasse :


une biomasse ferme ne nécessite que 10 à 15 minutes de pressage alors
qu’une pâte très liquide requiert plus de 20 minutes. Dès l'apparition du
liquide vert passant à travers la toile de pressage, il est conseillé de stopper
les opérations.
Dans tous les cas le pressage ne doit pas excéder 30 à 35 minutes, afin de
réduire le risque de fermentation (surtout en milieu tropical) [29].
La biomasse ainsi pressée contient environ 20 % de matière sèche.

77
Figures 12 a (à gauche) et 12b : A gauche, c’est une presse type pressoir utilisée par J.P
Jourdan. A droite, c’est une presse à vis, réalisée par les Ets AFAP (Pahou).
© TECHNAP/CREDESA 2001.

4.2.3.3 Séchage

Le séchage est le seul moyen sûr de conserver et de distribuer la spiruline


sans chaîne de froid. Lorsque la spiruline pressée ne peut être séchée de
suite, il faut la conserver dans un récipient fermé, au réfrigérateur bien
froid et pas trop longtemps (sinon elle dégage une odeur désagréable lors
de l'extrusion).
A la différence des productions industrielles, lors d’une production
artisanale, les filaments entiers de spiruline sont soumis au séchage. Le
temps de séchage est plus long, mais l’intérieur des cellules n’est pas
soumis au contact direct des gaz chauds.
La spiruline "égouttée" contient environ 90 % d'eau. La spiruline essorée
en contient encore près de 80 %. Or, la spiruline séchée ne doit pas
contenir plus de 7 à 8 % d'eau.
Comme le séchage doit être suffisamment rapide pour que le produit sèche
sans fermenter, la biomasse issue du pressage est préalablement répartie
par extrusion en "spaghetti", sur un plateau formé d’un cadre garni d’une
moustiquaire en nylon ou en inox (maille 1 mm)(figure 14). L’extrusion
peut aussi se faire à l'aide d'un décorateur de gâteau, d'un pistolet à colle
silicone professionnel modifié (type SIKA)(figure 13) ou avec un poussoir
à saucisses [92].

78
Figure 13 : Extrusion de spiruline Figure 14 : Spaghetti de spiruline
essorée à l’aide d’un pistolet SIKA. disposés sur un tamis avant d’être
© TECHNAP/CREDESA 2001 installés dans un four de séchage.
© TECHNAP/CREDESA 2001

A noter que lorsque la biomasse est trop fluide, l’extrusion est impossible ; la
biomasse doit alors être étalée en couche mince sur un film de polyéthylène avant
d’être séchée.
Une fois extrudée, la spiruline est séchée au soleil, ou mieux, dans un courant d'air
à faible humidité relative et forte capacité d'absorption d'eau (séchoir solaire
indirect, ou électrique, ou à gaz, ou déshumidificateur), jusqu'à ce qu'elle ne soit
plus molle du tout. Elle se détache alors facilement du support plastique et se broie
aisément.
Avec un bon ensoleillement et un air sec, le séchage solaire est la solution la plus
rapide et la moins coûteuse pour des faibles productions. Ce mode de séchage
nécessite cependant que la spiruline soit protégée par une moustiquaire et qu’elle
ne soit pas exposée directement aux rayons du soleil : un soleil intense et direct
provoque une destruction de la chlorophylle par les rayons UV, ainsi qu’une
altération sensible de son goût et de ses qualités nutritives.
Dans un séchoir coquillage (figures 15a et 15b), comme celui proposé par le
GERES (Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités), c'est le
couvercle noir placé au-dessus de la spiruline qui, par rayonnement, chauffe la
spiruline placée sur le plateau inférieur ; la ventilation (tirage naturel par une
cheminée axiale supérieure) accélère le processus [93].

Figures15a (à gauche) et 15b : Séchoir coquillage fourni par le GERES. © TECHNAP/CREDESA


2001.

79
Toutefois, le climat chaud et humide de certaines régions d’Afrique (Bénin
par exemple) ne permet pas un chauffage solaire. Il faut donc d’autres
techniques de séchage : par exemple, le séchage dans une armoire
métallique munie d'un déshumidificateur et d'un ventilateur recyclant l'air à
travers plusieurs plateaux (figures 16a et 16b). Les paramètres
conditionnant la teneur finale en eau du produit sont :

 la température de l’air
 l’humidité relative de l’air
 le débit de ventilation dans le séchoir
 la durée du séchage.

Le déshumidificateur doit être capable d'abaisser l'humidité relative de l'air


à 30 %. Ce dispositif est une sorte de séchoir thermodynamique, permettant
de s'affranchir totalement de l'humidité de l'air ambiant et des poussières.
Le seul problème est qu'il faut refroidir l'armoire pour éviter de dépasser
45°C à l'intérieur. En climat chaud et humide cela peut obliger à recourir à
un climatiseur, à moins de sécher de nuit. A titre indicatif, on obtient 40 à
50 g de spiruline sèche par heure avec une puissance de 350 Watt (hors
climatiseur) [93].

Il est aussi possible d’utiliser un séchoir électrique pour fruits et légumes,


tel l'appareil suisse de marque Stöeckli, de puissance 450 Watt (ou 600
Watt), avec des plateaux de 33 cm de diamètre ; sa capacité moyenne de
séchage est de 20 g par heure (compté en sec) [93].

Si l'on n'a pas d'électricité, on peut employer un séchoir chauffé au gaz


(butane ou méthane de digesteur) [29].

Figures 16a et 16b : Cabines de séchage (au Bénin) chauffées au gaz, permettant
l’installation de neuf plateaux recouverts de spiruline essorée.
 TECHNAP/CREDESA 2001

80
Le premier séchoir (figure 16a) comporte 9 claies de 0,57 m² (soit 5,1 m²
au total) et peut charger 1,9 kg de spiruline essorée/m². Sa capacité permet
de fournir 2,8 kg de spiruline sèche/jour.
Le deuxième séchoir (figure 16b) dispose de 9 claies de 0,40 m² (soit 3,7
m² au total). Sa capacité de séchage est sensiblement identique au premier.
Ces deux séchoirs travaillent à une température de 65°C avec un
ventilateur. Le chauffage est obtenu avec du gaz butane ; il faut compter
2,5 à 2,8 kg de butane pour l’obtention d’1kg de spiruline sèche [93].

La durée du séchage varie selon :

• l'épaisseur de biomasse fraîche disposée sur chaque plateau


• le nombre de plateaux superposés
• le taux d’humidité de la biomasse à sécher
• la température et l'humidité de l'air
• le débit d'air.

En pratique, le temps de séchage ne doit pas dépasser 6 à 8 heures.


La température maximale pour conserver toutes les qualités nutritives de la
spiruline est fixée à 65°C. Le produit final doit être d'une jolie couleur
verte, craquant, facile à détacher du support de séchage et facile à
transformer en poudre. Celle ci doit contenir moins de 9 % d'eau pour bien
se conserver. En effet, les études menées par A. Belay [94] , montrent que
le taux d’humidité résiduel limite se situe vers 8 % ; au delà de ce
pourcentage, la croissance de moisissures et de bactéries devient possible.
A noter que les spaghetti secs obtenus par séchage à basse température
(40°C) ne sont pas creux alors que ceux séchés à 65°C comportent souvent
un canal central vide [29]. Un broyage modéré (type moulin à café) les
transforme en granulés réguliers.

4.2.3.4. Broyage
Une fois sèche, la spiruline peut être broyée à l’aide d’un moulin à café, de
façon à obtenir une poudre plus ou moins fine selon le goût de chacun. J.P
Jourdan signale que les broyeurs manuels de marque Sfinx ou Corona, très
répandus dans beaucoup de pays d'Afrique et d'Amérique Latine, sont
particulièrement efficaces et bien adaptés.
La densité apparente de la spiruline extrudée, séchée et broyée est de
0,66 kg/litre [29].

81
4.2.4 Conditionnement et conservation

Durant la mauvaise saison, une "souche" de spiruline doit impérativement


être conservée dans son milieu de culture. Les contenants (bocaux,
bonbonnes, bassines) devront laisser passer la lumière et être stockés dans
un lieu clair mais à l'ombre, ou être sous éclairage électrique. Même si les
cultures de spiruline survivent à des températures inférieures à 10°C, voire
à de brèves gelées, il est prudent de ne pas les stocker en dessous de 18°C
pendant de longues périodes, car les risques de contamination augmentent
[95][96].
En ce qui concerne la biomasse non lavée et pressée jusqu’à une teneur en
matière sèche comprise entre 20 et 30 %, la durée de conservation ne
dépasse pas quelques heures à température ambiante. Réfrigérée à 4°C,
cette biomasse peut-être conservée deux à trois jours ; cette durée peut
atteindre une bonne semaine si on ajoute 5 à 10 % de sel. Le mélange de
biomasse de spiruline avec une huile alimentaire ainsi que certains
condiments (herbes aromatiques) permettent également de prolonger le
temps de conservation [32].
La congélation de la biomasse de spiruline est possible mais elle doit
s’effectuer aussi rapidement que possible (couches minces ou installations
spéciales), sans quoi la taille des cristaux de glace produits risque
d’endommager ses filaments. Dans ces conditions, lors de la décongélation,
il se produirait une exsudation massive du contenu cellulaire ; le produit
obtenu serait peu engageant car de texture semi-gélifiée et de couleur bleue
très foncée.
Le séchage reste de loin le processus de conservation le plus utilisé pour la
spiruline.
Les trois spécialistes J. Falquet, J.P Jourdan et C. Darcas estiment que les
méthodes de séchage en couche mince par flux d’air à température
modérées sont préférables pour garder les qualités nutritionnelles de la
spiruline jusqu’au moment de la consommation.
La technique du "mix-drying" présentée par R. Fox lors du colloque sur la
production de spiruline artisanale (Mialet, 2002) [58] semble prometteuse
lorsqu’il s’agit de produire directement une préparation alimentaire
contenant de la spiruline . Il s’agit d’une méthode de séchage basée sur
l’association de spiruline à une céréale : la pâte de spiruline renfermant
80 % d’humidité est mixée avec une farine de sevrage préalablement
déshydratée et précuite par chauffage à 80°C. La proportion est d’une
partie de spiruline pour dix parties de farine. L’ensemble est ensuite mis en
forme et séché. Cette technique, en permettant de baisser immédiatement le
taux d’humidité de la spiruline, présente l’avantage de s’écarter au plus vite
de la zone où l’activité de l’eau engendre encore les réactions
enzymatiques et le développement de micro-organismes contaminants. Les
essais réalisés jusqu’à maintenant sont encourageants, d’autant plus que le
pain à la spiruline, obtenu par cette méthode, est jugé "délicieux".

82
Au final, sur le plan de la qualité nutritionnelle du produit sec, quatre
paramètres sont à prendre en compte :

 le type de séchage (gardant les filaments intacts ou brisant les


filaments) ;
 le taux d’humidité résiduel
 la protection contre la lumière
 la protection contre l’oxygène

Les deux premiers paramètres ayant été précédemment évoqués, reste à


étudier les deux autres.
En cas de forte exposition à la lumière, la chlorophylle est assez vite
détruite par des réactions photochimiques ; la couleur bleue de la
phycocyanine apparaît alors comme dominante.
La sensibilité de la spiruline séchée vis-à-vis de l’oxygène a été étudiée par
plusieurs scientifiques. En 1997, A. Belay a publié les résultats de ses
essais concernant les effets de l’oxygène sur de la poudre de spiruline
séchée [94] : après un stockage de cinq mois, à 25°C, dans de simples
sachets en polyéthylène, 50 % du β-carotène de la spiruline était détruit ;
parallèlement, la même spiruline conditionnée dans des sachets étanches à
l’oxygène, avait conservé 98 % de son β-carotène.
D’autres chercheurs ont aussi montré qu’une spiruline, même délicatement
séchée, pouvait devenir malodorante suite à une oxydation pendant son
stockage.
L’action combinée de la lumière et de l’oxygène est donc des plus
dommageables : par conséquent, seul un conditionnement opaque et sous
vide (ou sous gaz inerte) peut garantir la conservation longue durée de la
spiruline [32]. Les sachets aluminisés multicouches thermoscellables sont
donc fortement recommandés (figure 17).

Figure 17 : Sachets aluminisés pour la conservation idéale de la spiruline séchée.


Photo J.P Jourdan, décembre 2006 [97].

Une spiruline de bonne qualité, emballée sous vide dans ces sachets, et
conservée à une température inférieure à 30°C se conserve pendant cinq
ans [97].

83
A noter que ce type de conditionnement n’est pas dangereux pour la santé
puisque, grâce aux multicouches, l’aluminium n’est pas en contact direct
avec le produit consommable.
Par ailleurs, la taille des sachets a aussi son importance. En effet, des
sachets de 25, 35 ou 50 grammes permettent de garantir la qualité de la
spiruline car ils sont consommés dans la semaine ; ce n’est pas le cas des
gros sachets qui renferment de la spiruline pour plusieurs mois. Une fois
ouverts, si aucune précaution spéciale n’est prise pour la conservation, la
spiruline finit par perdre une partie de ses propriétés. De plus, les petits
sachets ont un prix plus accessible aux personnes démunies, en
comparaison de celui des sachets de 100 g ou plus.
Certes, l’emballage est un élément important du coût de la spiruline, mais il
est important de ne pas le négliger. Pour les petites exploitations, il est
possible de réduire le coût si les exploitants décident de se grouper autour
d’une centrale d’achat.
Néanmoins, le prix de l'emballage paraît tout de même excessif, par rapport
au prix des intrants par exemple. Il serait souhaitable que des études soient
menées afin de trouver d'autres solutions de conditionnement ou de
distribution de la spiruline.

4.2.5 Contrôle de la qualité bactériologique du produit fini (cf. 3.4.1)

Voici quelques remarques concernant les règles d’hygiène à appliquer dans


le cadre de la production de spiruline destinée à la consommation
alimentaire humaine.
Concernant les cultures artisanales et familiales, les mesures d’hygiène
sont moins draconiennes que pour une production industrielle (cf. 4.3.1).
Le personnel des exploitations, les locaux (laboratoire, aire de séchage, lieu
de conditionnement) et les matériels utilisés doivent être aussi propres que
possible. Ces matériels ainsi que les mains des employés doivent être
soigneusement lavés et séchés. Le contact direct des mains avec le produit
sec est prohibé (pour éviter une contamination par Staphylococcus aureus)
et une attention toute particulière doit être apportée au produit dès lors que
celui-ci est séché.

4.2.6 Etudes toxicologiques (cf. 3.4.1)

84
4.3 Culture industrielle

4.3.1 En quoi diffère-t-elle de la culture artisanale ?

Au-delà de la taille des exploitations, la distinction entre culture artisanale


et industrielle réside davantage dans la relation différente à la technique.
En effet, certaines installations construites dans les pays en voie de
développement (PVD) dépassent parfois la taille de certaines exploitations
industrielles, notamment françaises.
Ce sont les recherches concernant le développement du genre Arthrospira
en milieu naturel et en milieux contrôlés, qui ont permis l’élaboration de
protocoles visant à optimiser la culture des spirulines de l’échelle familiale
à l’échelle industrielle.
La production industrielle est principalement commercialisée en tant que
complément alimentaire "de confort" dans les pays de l’hémisphère Nord
(pays riches). Une petite partie est réservée à d’autres utilisations étudiées
dans la deuxième partie (aquaculture, alimentation des animaux, industrie
cosmétique).

En premier lieu, les installations industrielles de production de spiruline


sont pensées par rapport à un ensemble de normes sanitaires. Des
conditions environnementales très saines sont donc recherchées : la qualité
de l’eau, de l’air et de la nourriture joue un rôle important dans la qualité
du produit final. En effet, les éléments contenus dans une eau impure, un
air pollué ou une nourriture de mauvaise qualité contaminent un produit
destiné à l’alimentation humaine. Les grosses installations industrielles
sont généralement équipées d’un laboratoire interne leur permettant le
contrôle des intrants ainsi que le suivi de la qualité de la production.

Ensuite, les technologies utilisées pour la culture industrielle sont issues


de la recherche scientifique, dans le but de maximiser les rendements de
production. La spiruline produite industriellement est aussi souvent
enrichie en diverses molécules, grâce à des procédés qui sont ensuite
brevetés (cf. deuxième partie).

De plus, la surface unitaire et la surface totale des bassins de culture


sont nettement plus importantes dans le cadre des grosses exploitations
industrielles, par rapport aux exploitations artisanales. Le plus souvent, il
s’agit de bassins en plastique de type "raceway", systèmes de culture en
masse utilisés depuis les années 1950 ; ils se présentent comme des bassins
à ciel ouvert, peu profonds, circulaires ou formant des boucles étroitement
imbriquées les unes contre les autres. Ils sont munis de deux branchements
assurant l’arrivée du milieu de culture frais et le prélèvement de la récolte.
En pratique, les bassins de culture industrielle ne sont pas beaucoup plus
larges que les bassins artisanaux, mais ils sont très allongés.

Concernant l’agitation du milieu de culture, du fait de la forme des bassins


industriels, le brassage s’effectue toujours mécaniquement, grâce à de
grandes roues à aubes. Les bassins sont, par ailleurs, toujours munis d'une
chicane médiane.

85
Le séchage industriel sur tambours chauffants, trop néfaste pour les
filaments de spiruline, a progressivement laissé sa place à la pulvérisation
dans l’air chaud (le "spray-drying" = atomisation), principale méthode
actuellement utilisée dans le cadre de grosses productions. Le procédé
consiste à liquéfier les cellules de spiruline en les cassant pour constituer
un liquide qui pourra ensuite être pulvérisé dans une chambre conique
contre un courant d’air à très haute température (entre 180 et 210°C). Cette
technique présente pourtant un inconvénient majeur qui touche les qualités
nutritionnelles du produit : la liquéfaction de la spiruline en poudre rompt
la membrane cellulaire et expose le contenu du produit à une oxydation
accélérée, laquelle dégrade certains composants actifs. De plus, la haute
température contribue aussi à augmenter la dégradation de ces composants
[32].
Les petits producteurs industriels ont, par conséquent, adopté le principe
utilisé dans les fermes artisanales : le séchage en couche mince par flux
d’air à température modérée ; c’est actuellement la meilleure technique de
séchage au regard de la qualité nutritionnelle du produit final.
A noter que le séchage sur "lit jaillissant" a été récemment testé avec
succès [98]. La technique consiste à pulvériser une biomasse très liquide
(environ 5 % de matière sèche) sur des billes de matière synthétique
constamment agitées par un courant d’air chaud. Le choc des billes entre
elles détache continuellement la pellicule de matière sèche qui se forme à
leur surface ; la poudre tombe au fond de l’appareil et s’accumule.

Une autre différence existe sur le plan des mesures d’hygiène entourant
la culture de spiruline. Comme pour chaque produit de l’industrie
alimentaire destiné à la consommation humaine, les normes en matière
d’hygiène sont draconiennes. Des conditions hygiéniques irréprochables
sont requises à chaque étape de la culture et jusqu’au moment de la vente
au consommateur. Afin de respecter ces règles, les producteurs industriels
sont donc soumis à des contraintes particulières :

- port de gants, masques et résilles ;


- utilisation de matériel en plastique alimentaire, verre ou inox ;
- filtration de l'air ;
- stérilisation des outils, du produit et des emballages.

Pour terminer, le vocabulaire employé n’est pas le même : les producteurs


industriels sont appelés "ingénieurs" ou "scientifiques" ; le concepteur de
l’exploitation est un "technicien" ; la spiruline est produite dans une
"ferme" ou un "laboratoire".
Dans le cadre artisanal, le personnel est composé d’"algoculteurs",
d’"apprentis", de "paysans", de "personnes récoltantes" et de "chercheurs
de terrain". Cette dernière appellation indique que les chercheurs travaillent
directement sur le terrain ou dans des laboratoires de fortune, en tout cas
bien loin du monde universitaire et de ses moyens techniques.
Cette différence de vocabulaire révèle bien l’existence d’un fossé entre les
deux types de culture.

86
Les installations artisanales reposent davantage sur une relation sensorielle
avec la culture : l’observation, les suivis oculaire, olfactif et tactile
remplacent souvent les instruments et dispositifs issus de laboratoires. La
qualité de la spiruline artisanale est essentiellement garantie par l’hygiène
des manipulateurs et des matériaux. Le dispositif est volontairement souple
pour être adaptable aux conditions locales.
On s’aperçoit vite que toutes les technologies nécessaires à la qualité de la
production industrielle ont un coût, lequel est sans commune mesure avec
les techniques simplistes utilisées dans les cultures artisanales. Mais cela
est normal puisqu’il s’agit en pratique de deux productions aux finalités
très différentes :

→ la production artisanale est destinée aux populations locales


pauvres et en état de dénutrition plus ou moins sévère. Elle n’est
pas un luxe pour eux et ils doivent pouvoir l’acheter avec le peu
de moyens dont ils disposent. C’est en partie pour cela que les
techniques utilisées sont simples et accessibles, de façon à ne
pas faire flamber les coûts de production et donc les prix de
vente.
Par ailleurs, les populations qui la consomment ne prêtent pas
tant d’attention à la qualité de la production que les populations
aisées ; les règles d’hygiène ne sont pas du même niveau dans
les pays pauvres et dans les pays riches. Certes, une spiruline
artisanale peut être de très bonne qualité. Mais si elle est
produite et surtout séchée et manipulée dans un environnement
riche en microbes, elle ne pourra être consommée que par des
personnes habituées à cet environnement ; elle ne pourrait être
commercialisée en ville ou sur le marché international, qu’après
des analyses permettant de vérifier qu'elle est conforme aux
normes en vigueur dans les pays importateurs.

→ la production industrielle est commercialisée dans les pays


riches. Elle est vendue dans certaines pharmacies ou
commerces de produits diététiques, à des prix très élevés.
Evidemment, la spiruline dans ces pays ne correspond pas à un
besoin vital : elle est surtout utilisée pour stimuler l’appétit,
comme complément alimentaire en accompagnement des
régimes amaigrissants ou pour renforcer la masse musculaire
des sportifs de haut niveau (cf. deuxième partie 1.1.1.).
Pour avoir l’autorisation d’être mise sur le marché, la spiruline
produite est soumise à de nombreux contrôles très poussés et
forcément…coûteux. Les industries cherchent toujours à
produire une spiruline offrant des qualités nutritionnelles
optimales.
Par ailleurs, il existe une concurrence entre les différents
producteurs industriels, laquelle n’existe pas au niveau des
producteurs locaux des pays du tiers-monde.

87
4.3.2 Principales fermes industrielles implantées dans les pays
industrialisés ou émergents

 Sosa Texcoco, au Mexique

Figure 18 : Sosa Texcoco près de la ville de Mexico.


Spirulinasource.com © 1999-2004.

C’est au Mexique que la spiruline a été exploitée industriellement pour la


première fois. L’usine de production (figure 18) est située à proximité du
lac Texcoco dans lequel croît naturellement Arthrospira maxima.
Initialement, il s’agissait d’une unité de production de carbonate de soude à
partir de la saumure issue des sédiments du lac. Mais la spiruline du lac est
venue perturber la cristallisation des carbonates. L’usine s’est alors
tournée, au début des années 70, vers la production de spiruline à grande
échelle, essentiellement destinée aux populations des pays du tiers-monde.
En réalité, l’usine ne cultive pas la spiruline, elle se contente de la récolter
et de la transformer avant de la vendre. Néanmoins, en comparant les
productions cumulées de spiruline dans les différents pays du Monde
depuis 1975, c’est cette exploitation qui compte la plus grande quantité
produite [5].
A partir de 1979, une partie de la production est exportée vers les Etats-
Unis, en vue d’une utilisation comme complément alimentaire.
Au cours de l’année 1992, alors que la production annuelle avoisinait les
500 tonnes, les autorités américaines ont décidé de bloquer les
exportations. Le lac Texcoco étant situé près de Mexico, une des villes les
plus polluées, la qualité de la spiruline a été jugée insatisfaisante. Des
mesures ont alors été prises pour améliorer la qualité du produit, y compris
la stérilisation à la chaleur pour détruire les bactéries dans le lac.
Néanmoins, l’usine a dû se tourner vers une commercialisation destinée
aux secteurs de l’alimentation animale et de l’aquaculture. Elle est
maintenant fermée depuis plusieurs années.
Cependant, les techniques mises au point par Sosa Texcoco ont inspiré les
plus grosses fermes de production de spiruline qui sont apparues après.

88
 Earthrise Farms dans le désert de l’Imperial Valley, en Californie

Earthrise est la ferme de spiruline la plus connue dans le monde, et sans


doute aussi la plus respectée, en raison de son rôle de pionnier dans la
culture de cette cyanobactérie, dès le début des années 80. C’est en 1976
que l’idée de ferme à spiruline est née aux Etats-Unis. Après plusieurs mois
d’essais sur des bassins pilotes, la ferme est devenue officielle, sous le nom
de Proteus Corporation. La production industrielle de spiruline a vraiment
démarré dans le courant de l’année 1977. Mais, au mois d’août de cette
même année, la ferme a été totalement détruite par le passage de l’ouragan
Doreen et les importantes inondations (totalement inattendues pour la
région) qui ont suivi [99][100].
Une nouvelle ferme (figure 19) a donc été construite en 1979, dans la
même région, mais sur un terrain plus élevé. En 1982, un partenariat a été
établi avec une société japonaise, Dainippon Ink Chemicals (DIC). Ce
partenariat unique a engendré un véritable bond de la production de
spiruline, et une couverture de marchés internationaux. C’est au moment
où la ferme est devenue en grande partie la propriété de DIC (division du
groupe bancaire Sumitomo) que son nom a été remplacé par celui
d’Earthrise Farms [5].
La plus grande ferme mondiale de spiruline allie donc les innovations
technologiques japonaises aux ressources californiennes et américaines.
Le directeur général du département nutrition de DIC est Hidenori
Shimamatsu (japonais), le président d’Earthrise Farms est Yoshimichi Ota
(japonais) et le président de l’opération marketing est Robert Henrikson
(américain).

Earthrise Farms (figure 19) est située au sud de la Californie, dans le désert
du Colorado (à l'est de l'Imperial Valley, dans le désert du Sonoran). Les
précipitations annuelles extrêmement faibles et l'ensoleillement sont les
conditions idéales pour la culture de spiruline : dans le désert californien,
les pluies représentent en moyenne 42 litres / m2 / an, ce qui rend inutile le
recours à l'utilisation de serres. La Spiruline est cultivée dans des bassins
peu profonds, alimentés par l'eau très minéralisée en provenance du fleuve
Colorado. Les installations sont éloignées de toute source de pollution.
La ferme dispose de 40 bassins d’une surface égale à 5 000 m², ce qui
correspond à une surface totale de production de 20 hectares.
L’exploitation fait travailler 50 personnes sur le site [101].

89
Figure 19 : Vue aérienne de la ferme Earthrise. © 2004 Earthrise Nutritionals LLC.

Les mois d'avril à septembre sont particulièrement favorables car les


températures, comprises entre 40 et 50 °C, permettent une multiplication
rapide des filaments. La récolte est effectuée quotidiennement. Au moment
où la durée de l’ensoleillement est la plus longue, la récolte peut occuper
du personnel 24 heures sur 24 ; il faut en effet toujours rester en phase avec
les taux de croissance explosifs de la spiruline.
A intervalles réguliers, les bassins sont agités à l'aide de grandes roues à
aube (environ 15 m de longueur). Au moment de la récolte, la spiruline est
séparée de l'eau du milieu de culture grâce à de fins tamis spéciaux. Un
premier tamis filtre les débris des bassins et les tamis suivants permettent
de ne retenir au final que de la spiruline. L’épaisse pâte verte recueillie par
le dernier filtre renferme environ 80 % d’eau. Elle est immédiatement
soumise au procédé de séchage par "spray-drying" (figure 20).
Une fois séchée, la poudre est ensuite soit immédiatement conditionnée
sous atmosphère restreinte, soit pressée lentement et à froid pour obtenir
des comprimés [100].
Entre le moment de la récolte et celui du conditionnement, la spiruline
n’est jamais en contact avec les mains des employés, ce qui évite les
risques de contamination. D’autre part, il ne s’écoule pas plus de 15
minutes entre ces deux étapes de la production, ce qui évite une déperdition
des composés nutritionnels.
Le conditionnement se compose d’emballages hermétiques spécialement
adaptés.

Figure 20 : Tour de séchage par atomisation (3 étages) à Earthrise Farms.


© 2000 Robert Henrikson, Ronore Enterprises, Inc [102]

90
Environ 450 tonnes de spiruline sont récoltées par an à Earthrise Farms, la
production mondiale étant actuellement de l'ordre de 3 500 tonnes [101].
L’annexe 4 représente une estimation de l’évolution de la production
mondiale de spirulines entre les années 1975 et 1999.

La spiruline produite à Earthrise Farms est soumise aux contrôles de


qualité très stricts des autorités sanitaires des Etats-Unis et de celles l’état
de Californie. Soixante polluants environnementaux différents sont d’abord
recherchés dans chaque lot. Ensuite, chacun subit encore 18 contrôles de
qualité différents. La commercialisation n’est autorisée que lorsque le
service Qualité certifie conforme tous ces contrôles (certification GMP
pour Good Manufactoring Practice).
Cette spiruline a reçu, de la part de la FDA (Food and Drug
Administration), l’avis GRAS (Generally Recognized as Safe) : il s’agit
d’une reconnaissance de la sécurité de la spiruline comme aliment, sur la
base des documents techniques remis par Earthrise Nutritionals, LLC.
Depuis l’an 2000, la production est certifiée ISO 9001 (Quality
Management System) [103].
A noter qu’après chaque récolte l'eau est recyclée ; seule la partie perdue
par évaporation est rajoutée.
En ce qui concerne la commercialisation de la spiruline produite sur le site,
Earthrise Farms dispose d’un département commercial situé près de Los
Angeles. Vingt-sept personnes y sont employées à la distribution en
Amérique du Nord (USA et Canada) mais aussi dans le monde entier par le
biais d’entreprises partenaires situées dans plus de 30 pays en Amérique du
Sud, en Europe ou en Asie. Aux Etats-Unis, la vente se fait surtout en
boutiques de produits naturels ou en magasins spécialisés. C’est depuis le
début des années 90 que la spiruline Earthrise est commercialisée dans des
pays européens, notamment en Allemagne, au Royaume Uni et en Italie.
Elle est disponible en France depuis le 1er janvier 2000, où elle est
commercialisée par la société Natésis basée à Mérignac, près de Bordeaux.
(figure 21) [104].
La composition de la spiruline produite sur le site d’Earthrise Farms est
présentée dans l’annexe 5.

Figure 21 : Flacon renfermant des comprimés de spiruline


en provenance d’Earthrise Farms ; il est commercialisé
en France par la société Natésis.
© Natesis.

91
 Société INTER'CHINA, en République Populaire de Chine

La spiruline produite par cette société n’est pas cultivée en bassins


artificiels ; elle provient d’un lac naturellement alcalin : le Lac Chenghai,
situé dans la Province de Yunnan (figure 22).
Considéré par les experts comme le paradis de la spiruline, ce lac est situé
dans les montagnes du sud-ouest de la Chine, à 1500 mètres d'altitude. Ce
lieu est totalement dépourvu de pollution. Le pH de l’eau est compris entre
8,6 et 9,3. Par ailleurs, le lac est riche en carbone et en nombreux
minéraux.
Ce site dispose d’une moyenne annuelle d’ensoleillement de 2 700 heures
et d’une température moyenne de 18,7°C [105].

Figure 22 : Lac Chenghai (Chine) naturellement alcalin où la spiruline croît spontanément.


© 2005 Inter'China.

Une station de pompage puise l'eau du lac avec la spiruline sauvage qui s'y
trouve pour l'amener vers des bassins naturels situés au bord du lac (figures
23a et 23b) ; ces bassins naturels sont différents des bassins artificiels dans
lesquels le pH de l’eau est relevé artificiellement. De plus, la spiruline est
nourrie exclusivement par l'eau du lac, sans aucun ajout de produit
quelconque comme c'est souvent le cas dans les bassins artificiels afin
d’accélérer son développement industriel et commercial.

Ensuite cette eau subit toute une série de filtrages, contrôles et analyses
afin de permettre, en bout de chaîne, l'extraction d'une spiruline naturelle
exempte d’additif chimique (figures 24a et 24b) [106].

Figures 23a (à gauche) et 23b : A gauche, opération de pompage de l’eau du lac.


A droite, brassage de l’eau après pompage. © 2005 Inter'China.

92
Figures 24a (à gauche) et 24b : A gauche, opération de filtration. A droite, extraction pour analyse.
© 2005 Inter'China.

Le système de séchage n’est pas précisé dans les documents recueillis sur
cette société. Ceux-ci évoquent l’utilisation "d’équipements de séchage
avancés" qui permettent à la spiruline essorée d'être immédiatement séchée
dans un délai d'une seconde. Cela, de manière à préserver toutes les
qualités nutritionnelles de la spiruline.
La spiruline produite par cette exploitation est la spiruline Green-A. Sa
composition moyenne pour 100 g est précisée en annexe 6 [109].

La Société INTER'CHINA a été créée en juillet 1995 ; elle porte ce nom


car ses produits sont distribués via internet. L’objectif poursuivi est de
mettre à la portée du public des produits de qualité, à un prix accessible
[108].
La Dirigeante de cette société est diplômée de l'Université des Sciences
Médicales de Chine de Shenyang. Avant de fonder sa société, cette femme
a exercé la médecine pendant neuf années. C’est sans doute en partie grâce
à cela que son entreprise approvisionne les établissements hospitaliers de
toute la Chine.
En effet, les concurrents ne manquent pas puisque le pays compte
actuellement environ 80 unités de production industrielle de spiruline,
lesquelles totalisent une capacité annuelle de plus de 500 tonnes. On peut
par exemple citer l’exploitation située sur l’île de Hainan (Chine du sud) :
Hainan DIC Microalgae Company (figure 25) a une capacité de production
annuelle en spiruline de l’ordre de 300 tonnes ; à côté de cette grosse
ferme, il y a aussi celles situées dans le Fujian (province du sud-est de la
Chine), le Jiangsu (province de la Chine centrale), l’Hubei (province du
centre-est), le Shandong (province de la Chine orientale) et celles installées
le long de la vallée du Huang He (fleuve Jaune). A noter que la ferme
située dans la province de Guangdong (Chine du sud) cultive la spiruline
dans de l’eau de mer [107].

93
Figure 25 : Hainan DIC microalgae Co., Ltd . Spirulinasource.com © 1999-2004.

L’entreprise qui assure la production de cette spiruline est considérée


comme la plus grande au monde, sur le plan des recherches scientifiques, et
du développement à partir de spirulines naturelles.
Des contrôles très stricts du lac sont régulièrement effectués.
En outre, le contrôle de qualité de la spiruline est réalisé à chacune des
étapes de la production. Au final, la poudre de spiruline Green-A est
soumise à des contrôles poussés et rigoureux (70 analyses différentes).
C’est un laboratoire allemand spécialisé, Chemisches Laboratorium
Lübeck, qui effectue ces contrôles et certifie la qualité et la sécurité
sanitaire de la spiruline produite.
Face à sa composition riche et équilibrée en micro-nutriments, cet institut a
d’ailleurs désigné la spiruline Green-A comme un produit « de Classe-
Top » [105].
En 1996, cette spiruline a été désignée "Special Natural Aliment" pour les
athlètes chinois participant aux Jeux Olympiques à Atlanta. L’année
suivante, elle a obtenu la certification "Five Protective Health Function"
remise par le Ministère de la Santé (cinq actions pour la protection de la
santé). En 2000, la spiruline Green-A a obtenu l’appellation "Produit Bio",
grâce au Label Green Food décerné par les Etats-Unis (figure 26) [110].

Figure 26 : Logo représentant le Label obtenu


par la spiruline Green-A, certifiant
sa qualité alimentaire.
Copyright© 2005 Inter'China.

En France, la société Direct-Import Inter’China, installée dans le


département de l’Héraut, commercialise la spiruline récoltée par la société
Inter’China.
La Spiruline Green-A est également distribuée dans de nombreux magasins
de produits diététiques répartis dans différentes régions de France. Elle est
aussi présentée lors de manifestations telles que le Salon des Produits
Naturels et Bio, le but étant alors de réaliser des ventes directes [108].

94
 Siam Algae Company dans les environs de Bangkok, en Thaïlande

La construction de cette exploitation a débuté en 1977. Le climat tropical


de cette région de Thaïlande permet une culture de spiruline toute l’année.
Cette culture se fait dans des bassins peu profonds (15 à 25 cm d’eau) de
type "raceway", agités mécaniquement par des roues à aubes (figure 28).
Le mode de culture est le même que celui pratiqué par Earthrise Farms. La
production est comprise entre 100 et 150 tonnes par an [111].
Cette ferme (figure 27) est la propriété de DIC. En fait, le groupe DIC est
incontestablement le plus grand producteur mondial de spiruline puisqu’il
est propriétaire des exploitations Earthrise Nutritionals, LLC aux Etats-
Unis, Siam Algae Co., Ltd en Thaïlande et Hainan DIC microalgae Co.,
Ltd, en République Populaire de Chine [112].

Figure 27 : Vue aérienne de Siam Algae Co., Ltd (Thaïlande)


© 2000 Robert Henrikson, Ronore Enterprises, Inc.

Figure 28 : Bassins de spiruline de Siam Algae Company ;


au premier plan, on peut distinguer un système de roues à aubes.
© 2000 Robert Henrikson, Ronore Enterprises, Inc.

La spiruline cultivée par les filiales de DIC est Arthrospira platensis ; elle
est produite dans le cadre de la même culture biologique contrôlée.
Elle est certifiée pure à 100 % et ne contient ni colorants, ni conservateurs,
ni pesticides, ni organisme génétiquement modifié. Le laboratoire qui
contrôle la production est le Tokyo Metropolitan Industrial Technology
Research Institute, lequel est agrée par l'Union européenne.

95
La spiruline produite sur ce site a reçu la certification GMP et elle est
conforme au cahier des charges du HACCP ( Hazard Analysis Critical
Control Point) ; il s’agit d’un moyen de gestion de la sécurité sanitaire des
aliments par de nombreux contrôles continus effectués tout au long de la
production.
Depuis l’an 2001, elle est certifiée ISO 9001 [113].

 Cyanotech Corporation, à Keahole Point sur l’île d’Hawaii

La société Cyanotech, dirigée par le Dr Gerald Cysewski, est située sur la


côte de Kona de l’île d’Hawaii, dans un parc réservé à l’aquaculture : le
Natural Energy Laboratory of Hawaii. Ce site dispose d’un environnement
totalement vierge, aucune exploitation agricole ou chimique n’étant à
proximité [114].
Il y a 200 ans, le volcan Hualalai est entré en éruption à proximité de
l’endroit où la ferme se trouve actuellement. Toute la côte a été recouverte
de lave brûlante. Les bassins actuels ont été installés au milieu de ce champ
de lave inutile pour l’agriculture.
Le climat est idéal : le soleil brille pendant toute l’année et une brise de
mer assure un apport permanent d’air pur. Les environs étant constitués de
blocs de lave, il n’y a pas de poussière qui se soulève et tombe dans les
bassins. De plus, cet endroit bénéficie d’un soleil plus intense que sur les
autres côtes des Etats-Unis. La pluviométrie y est par ailleurs très faible, ce
qui n’affecte pas la teneur en nutriments des milieux de culture. La douceur
du climat tout au long de l’année permet une culture, en continu sur l’année
[114].

Depuis 1984, Cyanotech produit et commercialise des produits naturels


obtenus à partir de diverses microalgues. Elle cultive notamment Spirulina
platensis pacifica : grâce au climat particulier, à l’effet permanent du soleil
et à la composition idéale de l’eau utilisée pour le milieu de culture, la
spiruline s’est progressivement adaptée à son milieu ; Spirulina platensis a
donc donné une nouvelle variante : Spirulina platensis pacifica. Celle-ci
pousse plus rapidement, est plus grande et contient davantage de bêta-
carotène. Il ne s’agit pas d’une modification génétique, mais d’une
adaptation à l’environnement [115].
Sa culture se fait dans des bassins ouverts, installés à proximité de l’océan
Pacifique (figures 29 et 30). Ces bassins reposent directement sur un fond
de pierre ponce. Leur aménagement est comparable à celui d’un étang de
jardin. Un film plastique spécial est posé sur les rebords de pierre ponce
d’une hauteur de 30 cm. La profondeur de l’eau dans les bassins ne dépasse
pas 20 cm. Le fond de lave absorbe beaucoup de chaleur solaire le jour et
la dégage à nouveau la nuit ; cela permet au milieu de culture de conserver
sa température la nuit.
L’exploitation totalise 69 bassins dont 40 sont réservés à la culture de la
spiruline. Chacun de ces bassins (200 m de long et 16 m de large environ)
offre une surface de 3 000 m2, ce qui correspond à une surface totale de 12
hectares pour la production de spiruline [116].

96
Après environ 7 jours de culture, les filaments spiralés qui ont grandi et se
sont multipliés suffisamment permettent la récolte.
Les conditions météorologiques, citées précédemment, permettent de
générer une production annuelle en spiruline de l’ordre de 350 tonnes
[116].

L’activité de Cyanotech allie productivité et respect de l’environnement ;


en effet, elle utilise des ressources naturelles et pratique le recyclage des
matières premières et des éléments nutritifs. Le directeur admet que ce
principe de vaste recyclage permet aussi de réduire significativement les
coûts de production [115].

Figure 29 : Vue aérienne des bassins de culture de spiruline,


appartenant à l’entreprise Cyanotech (Hawaii).
© Cyanotech Corporation 2006

Figure 30 : Vue aérienne de la ferme Cyanotech ; © Cyanotech Corporation 2006.


Au premier plan, les bassins de couleur rouge renferment des algues
productrices d’astaxanthine. Au second plan, les bassins vert foncé
sont ceux où la spiruline est cultivée. La masse sombre sur la droite
de la photo correspond au champ de lave sur lequel sont disposés les
bassins.

L’eau utilisée pour le milieu de culture est un mélange d’eau de l’océan


pompée à 600 m de profondeur et d’eau de source provenant de la forêt
tropicale située plus haut. Le volume total d’eau nécessaire pour fournir le
milieu de culture de tous les bassins est de l’ordre de 140 000 litres.
L’agitation modérée des milieux de culture est assurée continuellement par
de grandes roues à aubes (figure 31) ; elles permettent une exposition
idéale de tous les filaments de spiruline à l’intense soleil hawaiien [116].

97
Figure 31 : Roues à aubes assurant l’agitation du milieu de culture des bassins.
© Cyanotech Corporation 2006.

La méthode de production de spiruline sur ce site se déroule en huit étapes


successives (figure 32) [117] :

1) Pompage de l’eau de l’océan

L’eau profonde du Pacifique est pompée grâce à de grandes


canalisations plongeant à 600 m de profondeur. Cette eau se distingue
par sa pureté exceptionnelle et sa richesse en minéraux. En effet, selon
les océanographes, elle n’a pas été en contact avec l’atmosphère depuis
plus de 2 500 ans. De plus, elle renferme 94 minéraux et oligo-
éléments différents ; notamment riche en calcium et magnésium, il
suffit de la compléter avec une source de bicarbonate de soude pour
qu’elle devienne un milieu de culture idéal pour la spiruline.

Figure 32 : Schéma représentant les huit étapes de la production de spiruline


à Cyanotech Corporation. © Cyanotech Corporation 2006

98
2) Phase de croissance en bassins

Afin d’optimiser la croissance de la spiruline, l’eau du milieu est


enrichie en dioxyde de carbone. A noter que ce CO2 ajouté a la même
qualité que celui qui est utilisé pour enrichir les eaux de boisson
gazeuses.
Aucune matière organique n’est ajoutée au milieu de culture ; seuls des
éléments minéraux de première qualité (notamment azote, potassium,
fer et phosphore) sont employés de façon à augmenter la teneur des
éléments apportés par l’eau de mer. Ce milieu de culture riche permet
de maintenir un profil nutritionnel optimal de la spiruline.

3) Récolte de la biomasse sur des tamis vibrateurs

L’eau contenant les algues est pompée, filtrée et concentrée grâce à des
tamis vibrants en acier inoxydable.
Dans un souci écologique, toute l’eau recueillie est ensuite transférée
dans les bassins de culture afin qu’elle puisse participer au prochain
cycle de croissance.

4) Rinçage à l’eau douce et préparation au séchage

La pâte de spiruline est ensuite rincée trois fois avec de l’eau de source
pure. Cette étape est importante car elle permet l’obtention d’une
spiruline présentant un goût ni salé ni piquant (contrairement à la
plupart des spirulines produites industriellement).
Une fois rincée, on fait passer le concentré de spiruline dans un système
de filtration par le vide, afin de la préparer à la phase de séchage.
Entre l’étape de récolte et la fin du séchage, il ne se passe qu’un quart
d’heure.

5) Séchage

Le procédé utilisé est unique et breveté : l’"Ocean Chill DryingTM "


(figure 33) autrement dit, séchage par le froid océanique. Il s’agit d’une
innovation technique permettant de contourner les effets négatifs de
l’atomisation par la chaleur sur la qualité du produit final.
H. Desmorieux, chercheuse française ayant étudié l'impact des
techniques de séchage sur la spiruline, a démontré que l’atomisation par
la chaleur a un impact non négligeable sur la qualité du produit final
[118].
Des tests menés par Cyanotech montrent clairement que la spiruline ne
perd que 5 à 10 % de caroténoïdes avec son système de séchage contre
50 à 60 % avec la technique habituelle du spray-drying [116].
Ici, la pâte de spiruline fraîche est donc séchée à basse température ; le
processus ne dure que cinq secondes. Le séchage s’effectue dans une
chambre d’atomisation renfermant moins de 1 % d’oxygène.

99
Figure 33 : Schéma représentant la technique de séchage utilisée par Cyanotech :
l’"Ocean Chill DryingT ". © Cyanotech Corporation 2006.

Pour commencer, l’eau froide de l’océan (40°F, ce qui correspond à


5°C) est pulvérisée à un débit de 50 L/min, dans le gaz humide
représenté par le CO2. L’eau contenue dans le CO2 est condensée par
l’air froid. Le CO2 ainsi asséché, est entraîné dans le séchoir à
atomisation, lequel reçoit le liquide de spiruline. Dès lors que le gaz de
séchage rencontre le liquide atomisé, une évaporation quasi-instantanée
des composants volatils se produit, et les composants solides se
transforment en une poudre fine et compacte. Cette poudre de spiruline
est extraite de la chambre de séchage en même temps que le gaz, et
séparée de celui-ci par un système cyclone : la poudre est récupérée à la
base du cyclone, alors que le CO2 s'échappe à sa partie supérieure. Ce
CO2 est ensuite récupéré et recyclé pour être utilisé comme élément de
croissance, dans les milieux de culture [116].

L’utilisation d’un air de séchage pratiquement exempt d’oxygène


permet de conserver intactes les substances nutritives de la spiruline qui
sont sensibles à l’oxydation.

6) Conditionnement de la poudre de spiruline

La poudre de spiruline sèche recueillie est ensuite immédiatement


conditionnée dans un emballage la mettant à l’abri de l’oxydation et de
la lumière. Cet emballage est le verre VioSol® (figures 34 et 35),
spécifiquement développé pour cette application. Voici le principe de
son fonctionnement [119] : ce verre offre une protection totale contre la
lumière visible mais il laisse passer la lumière violette et les
infrarouges, particulièrement riches en énergie. Grâce à cette
particularité, les constituants fragiles de la spiruline bénéficient d’une
protection optimale. De plus, les oxydes métalliques dans le verre
permettent également d’absorber l’énergie de la lumière provenant de
l’extérieur (comme un type de capteur solaire) et de la diffuser ensuite
très lentement à l’intérieur.

100
Celui-ci est capable de stimuler et renforcer la structure moléculaire
d’une substance, retarder le processus de dégradation et maintenir la
subtile bioénergie au niveau d’origine pendant un laps de temps
prolongé.
Tout ceci explique l’effet protecteur de ce verre spécial. Il n’existe
actuellement aucun autre verre offrant cette combinaison unique de
protection totale contre le spectre visible et la perméabilité simultanée
dans les spectres UV, violet et infrarouge.
Ce conditionnement permet d’assurer aux consommateurs l’achat d’une
spiruline aussi fraîche que le jour où elle a été récoltée. De plus, le
verre est recyclable.

7) Compression à froid pour l’obtention de comprimés

La poudre de spiruline générée par le procédé de séchage étant très


fine, la fabrication de comprimés n’est pas aisée. L’entreprise résolu le
problème en utilisant la technique de compression à froid. Néanmoins,
comme on peut le constater avec l’annexe 7, contrairement à certains
comprimés de spiruline mis sur le marché, ceux élaborés par Cyanotech
ne renferment pas 100 % de poudre de spiruline ; des additifs sont
ajoutés et ils représentent 1,5 % du poids [120].

8) Analyses de la qualité du produit final

D’une part, des échantillons d’eau sont prélevés chaque jour et soumis
à des contrôles très stricts. D’autre part, 15 tests différents sont
effectués sur chaque lot de spiruline, afin d’en déterminer les qualité et
sécurité alimentaires. A noter que l’exploitation dispose d’un
laboratoire interne lui permettant de réaliser tous ces contrôles.

Figure 39 : Flacon en verre Figure 40 : Flacon en verre VioSol ® contenant


renfermant des comprimés de des comprimés de spiruline élaborés par Cyanotech
spiruline élaborés par Cyanotech et commercialisés par la société Marcus Rohrer.
et commercialisés par la société A droite, ce sont des comprimés de spiruline avant leur
Nutrex. conditionnement.  Marcus Rohrer 2006.
© 2003 Nutrex Hawaii Inc.

101
Voici quelques précisions permettant de mieux comprendre comment
Cyanotech a pu se différencier de toutes les autres cultures industrielles
de spiruline [5]. Du fait que le fond de l’océan descend à pic à Keahole
Point, le gouvernement américain a construit et testé, il y a plusieurs
décennies, un dispositif produisant de l’énergie à partir du gradient
thermique de l’océan à cet endroit. Il s’agit d’une forme d’énergie
renouvelable appelée OTEC (Ocean Thermal Energy Conversion). En
pratique, il s’agit d’utiliser la différence de température existant entre
les eaux de surface et les eaux très profondes pour produire de
l’électricité.
Cyanotech a utilisé le système de canalisations existant pour pomper
l’eau profonde de l’océan. Cette eau entre dans la composition des
milieux de culture. Mais Cyanotech se sert aussi du phénomène
physique lors des étapes de séchage : le CO2 qui doit servir de gaz
séchant dans le séchoir à atomisation, est d’abord asséché par
condensation sur une partie froide de l’échangeur de chaleur refroidi
par l’eau de l’océan [5].

 Biorigin, dans la région de Quito, en Equateur

Le site de culture se situe à 2 500 mètres d'altitude, dans la cordillère des


Andes, sur la ligne de l'Equateur. Cette situation géographique particulière
offre un air pur, une eau limpide et un microclimat, répondant parfaitement
aux besoins de croissance de la spiruline. L’air y est sec et la durée
d'ensoleillement est de 12 heures. L’altitude offrant un ensoleillement
maximal, la photosynthèse est optimale tout au long de l’année [121].
De façon à maîtriser totalement la contamination par des facteurs
extérieurs, la culture se fait en milieu fermé. Cela offre la garantie d’une
absence de pollution organique et atmosphérique.
D’autre part, tous les besoins en eau du site sont assurés par une source
d'eau pure en provenance des glaciers volcaniques andins. En outre, la
culture de cette spiruline bénéficie de phosphates naturels et de sels
minéraux naturels appelés nitrates du Chili. Les nitrates du Chili
proviennent de gisements naturels réputés ; ils contiennent 15 % d'azote,
18,4 % de sodium, 11,6 % de potassium, 1 % de soufre (sous forme de
sulfates), 0,12 % de calcium, 0,14 % de magnésium et de nombreux autres
oligo-éléments, c'est-à-dire tous les éléments nutritifs nécessaires à une
croissance optimale de la spiruline [121].

La technique de culture utilisée par Biorigin est unique : la biomasse est en


permanence en mouvement dans une mince lame d'eau sur une légère
pente. Selon les responsables de Biorigin, cette dynamique permanente
favorise un développement homogène de la spiruline.
Après récolte, la spiruline est égouttée puis séchée.
Au moment de l’égouttage, la pâte est passée dans des filières pour obtenir
des filaments, ce qui permet ensuite d’enchaîner directement l’étape du
séchage.
Celui-ci est réalisé par un procédé exclusif développé en Suisse : le
séchage par lit fluidisé, à faible température.

102
N’étant pas atomisée ni séchée à haute température, la spiruline conserve
alors son intégrité cellulaire et, par conséquent, ses principes actifs sont
protégés de l’oxydation. A en croire les essais menés par les scientifiques
qui travaillent pour le compte de Biorigin, cette technique a également
l'avantage de produire naturellement des micro-granules, lesquels offrent
une biodisponibilité optimale de leurs micro-nutriments par rapport à celle
des spirulines séchées par les autres méthodes de séchage industriel [122].
En effet, le temps de dissolution dans l’organisme de la spiruline ne doit
être ni trop rapide (pour que le produit franchisse l’estomac et libère ses
principes actifs dans l’intestin, où ils pourront être résorbés), ni trop lent
(dans ce cas, les nutriments et micro-nutriments sont absorbés en moins
grande quantité par l’organisme). Or, il se trouve justement que le temps de
dissolution de la spiruline Biorigin est idéal alors que celui des spirulines
séchées par les procédés standards (spray drying notamment) est trop long.
Par ailleurs, dans un souci constant de qualité, la spiruline Biorigin est
produite conformément au référentiel Ecocert : cela signifie qu’elle
bénéficie de l’attestation de conformité attribuée aux productions
écologiques de plantes aquatiques qui vérifient les conditions du cahier des
charges (méthode HACCP). Une équipe de biochimistes est présente en
permanence sur le site [122].
Les figures 41 à 46 représentent un éventail des produits
commercialisés par la société Biorigin [123] :

 Spiruline BIORIGIN

Ce sont des comprimés ou granulés contenant 100 % de spiruline.


Les conditionnements proposés sont les suivants : 180 comprimés (soit
90 g de poudre de spiruline) - 320 comprimés (160 g) (figure 36b) -
1000 comprimés (500 g) - granulés en pot de150 g (figure 36a)[124] ;

Figures 36a (à gauche) et 36b : Pots de granulés et de comprimés Biorigin.  phytolis

103
 AZINA - Zinc végétal (figure 37)

Ce produit contient de la spiruline BIORIGIN fortement enrichie en


zinc durant sa croissance. Ce procédé rend le zinc beaucoup plus
facilement assimilable par l’organisme. Chaque comprimé renferme
99,8 % de spiruline et 0,2 % de dioxyde de silicium.
Quatre comprimés apportent 13,3 mg de zinc biodisponible, ce qui
correspond à 89 % des apports journaliers recommandés.
Les comprimés sont conditionnés par pots de 120 (soit 60 g de poudre
de spiruline) [124].

Figure 37 : Pot de 120 comprimés Azina.  phytolis

 FERRINA - Fer végétal (figure 38)

Il s’agit d’une spécialité renfermant de la spiruline BIORIGIN


fortement enrichie en fer. Chaque comprimé renferme 99,8 % de
spiruline et 0,2 % de dioxyde de silicium. Quatre comprimés apportent
11,4 mg de fer biodisponible, ce qui correspond à 71 % des apports
journaliers recommandés.
Les comprimés sont conditionnés par pots de 120 (soit 90 g de poudre
de spiruline) [124].

Figure 38 : Pot de 120 comprimés Ferrina. phytolis

A noter qu’une entreprise suisse commercialise aussi la spiruline produite


sur le site équatorien, dans de nombreux pays d’Europe. Elle la vend sous
la dénomination "Flamant vert". En France, c’est à Bourges que se trouve
le siège social de la filiale commercialisant la spiruline "Flamant vert".

104
Voici la gamme des produits qu’elle propose ; certains sont représentés par
la figure 39 [125] :

 Comprimés de spiruline dosés à 500 mg (figure 39 b) ou gélules


dosées à 400 mg (figure 39 a) ;
 Micro-granules en boîtes de 120 ou 500 g ;
 Tagliatelles BIO (figure 39 e) : elle renferment 4 % de spiruline et de
la semoule de blé issu de l’agriculture biologique ;
 Barres vitalité au chocolat et à la spiruline (3 %) (figure 39 d) ;
 Comprimés ou gélules Spiruseng : complexe de spiruline (90 %) et
ginseng (10%). Ce complément alimentaire associe les qualités
reminéralisantes de la spiruline aux propriétés énergisantes de la
racine de ginseng ;
 Comprimés ou gélules Spiru.C (figure 39c) : complexe de spiruline
(80 %) et acérola (20 %). L' acérola est aussi connue sous le nom de
cerise des antilles. Elle pousse dans les pays chauds sur de petits
arbres. Ce fruit unique possède une richesse en Vitamine C naturelle
environ 25 fois plus importante que l'orange.
Cette spécialité permet donc un apport intéressant en vitamine C
puisque la spiruline seule n’en fournit pas beaucoup. Trois grammes
de Spiru C, soit six comprimés, apportent 0,6 g d’acérola soit 90 mg
de vitamine C naturelle. A noter que l’apport journalier recommandé
en vitamine C est de 180 mg.

Figure 39 (a,b,c,d,e en partant du haut à gauche jusqu’en bas à droite) : Représentation de différents produits
commercialisés contenant de la spiruline de marque "Flamant vert". © 2008 Flamant Vert.

105
 Alpha Biotech, en France

Alpha Biotech est une société bretonne spécialisée dans la production et la


commercialisation de micro-algues et phytoplanctons. Le mode de
production est écologique puisqu’elle n’utilise aucun produit
phytosanitaire, mais des engrais homologués par l’agriculture biologique.
L’eau chaude est fournie par chauffe eau solaire. Installée au cœur des
marais salants de Guérande, la société filtre et stérilise l'eau de mer avant
de l’utiliser. La première unité commerciale de production de spiruline y a
débuté en 1997 (figure 40). Une autre unité de production existe dans le
Roussillon depuis 2003 [126].

Figure 40 : Société Alpha Biotech vue du ciel (Le Frostidié 44410 Assérac).
© Alpha Biotech 2006.

Les deux sites sont situés dans un environnement privilégié. La culture en


eau de mer permet l’apport naturel à la spiruline, de minéraux et d’oligo-
éléments. En raison du climat de la France, lequel n’est pas idéal toute
l’année pour la culture de spirulines, les bassins sont installés sous serre. Ils
sont agités en continu par des roues à aubes et contrôlés chaque jour au
microscope (figures 41a et 41b).

Figures 41a (à gauche) et 41b : Bassins "raceway" installés sous serre appartenant à la société Alpha Biotech. La
photo de droite montre le même bassin vu sous un autre angle. On distingue nettement le
séparateur médian et le système de roues à aubes. © Alphabiotech 2006

106
Le procédé de culture à l’eau de mer permet d’apporter naturellement du
calcium, magnésium, fer, zinc, potassium, cuivre, manganèse…à la
spiruline. Ces éléments, contenus dans la cyanobactérie, ont la particularité
de présenter une grande biodisponibilité au niveau de l’organisme qui la
consomme.
Le séchage de la spiruline récoltée est réalisé par de l’air à température
ambiante (maximum 30°C), ce qui permet de garantir une excellente
qualité biochimique du produit final.
Des analyses sont pratiquées régulièrement de façon à contrôler l’absence
de métaux lourds dans les produits. Ces analyses sont effectuées par le
CEVA (Centre d’Etude et de Valorisation des Algues situé dans les Côtes
d’Armor) [127].
D’autre part, une analyse bactériologique par Petrifilm est effectuée sur
chaque lot en interne. Ensuite, des échantillons de chaque lot de production
sont analysés par un laboratoire indépendant (Clabo Conseil, à Merville
dans le département du Nord).

Alpha Biotech commercialise deux types de produits à base de


spiruline [128][129][130] :

• de la spiruline séchée, sous forme de poudre (le Spilyomer, figure


42a) ou sous forme de comprimés (Spiruline Koilon, figure 42c) ;
• un extrait liquide de spiruline fraîche (le Spirulysat, figure 42b).

Figure 42a (à gauche) : Flacon contenant de la spiruline séchée en poudre, commercialisée par
Alpha Biotech.  Alpha Biotech 2006
Figure 42b (au centre) : Tubes renfermant un extrait liquide de spiruline commercialisé également
par Alpha Biotech.  Alpha Biotech 2006
Figure 42c (à droite) : Flacon contenant des comprimés de spiruline cultivée sous serre près de
Perpignan.  Koilon 2006

La poudre lyophilisée, conditionnée dans un récipient disposant d’un


bouchon verseur, est bien adaptée pour une consommation quotidienne. A
noter que la culture en eau de mer, sans rinçage, lui confère un goût salé
original qui se différencie de celui des autres spirulines en poudre sur le
marché [128]. On peut la saupoudrer sur les salades, le riz, les poissons….

107
D’après la notice, la composition pour 100 g est la suivante : protéines 50 g
― glucides 13 g dont des polysaccharides sulfatés ― lipides 11 g dont 4 g
d'acides gras essentiels et 2 g de sulfolipides ― minéraux : fer 16 g /
magnésium 1,2 g / zinc 0,7 g / calcium 0,07 g ― humidité 5 g ― fibres 2 g
― chlorophylles 2 g ― caroténoïdes : 0,77 g dont 0,4 g de provitamine A
― vitamines : 0,2 % : E,PP,B1,B2,B3,B12,K,C. Tous les acides aminés
essentiels sont présents.

Le Spirulysat® est le premier extrait liquide de spiruline disponible sur le


marché (figure 52). Il renferme 110 mg de phytonutriments et 8 mg de
phytopigments par monodose. C’est en fait un ensemble d’innovations
technologiques qui permet actuellement de restituer le meilleur de la
spiruline fraîche [129]. La société Alpha Biotech assure utiliser des
procédés exclusifs d’extraction sans élévation de température, permettant
de garantir l'intégrité de toutes les molécules hydrosolubles
thermosensibles contenues dans la spiruline.
Les extraits liquides ont donc logiquement une qualité optimale. De plus,
des essais ont montré qu’ils étaient encore mieux assimilés que la forme
sèche.
A noter qu’en fonction de son exposition à la lumière, cet extrait bleu
présente des reflets rouges liés à la fluorescence de la phycocyanine qu’il
contient.
D’après la notice, il est conseillé d’utiliser cette forme galénique en cures
de fond de 30 jours, à raison de 2 ampoules par jour, après une maladie, un
état de fatigue ou de stress intenses, de façon à se rétablir plus rapidement.

Figure 52 : Publicité Alpha Biotech sur son produit phare : le spirulysat®


© Alphabiotech 2007

La Spiruline Koilon est également produite par la société Alpha Biotech,


avec les mêmes procédés, mais dans la ferme implantée dans le Roussillon
[130]. D’après la notice qui l’accompagne, sa composition moyenne (en %
de poids sec) est la suivante : protéines : 54,5 % présence de tous les acides

108
calcium 0,1 % ; magnésium 0,2 % ; zinc 0,005 % ― fibres : moins de 1 %
― humidité : 5 % ― chlorophylles : 2 % ― caroténoïdes : 0,8 % dont
0,4 % de provitamine A ― vitamines : 0,1 % : E, PP, B1, B2, B3, B12, K,
C . La "posologie" indiquée est de 10 à 20 comprimés par jour en cure de 3
semaines.

4.3.3 Trois exemples de culture artisanale en France

 Spiruline Filao, produite dans le département du Var

Le sud de la France présente un climat idéal (méditerranéen) pour le


développement de la spiruline. Dix agriculteurs expérimentés ont donc
décidé de se lancer dans sa production, et de s’associer pour proposer une
spiruline de qualité appelée "spiruline Filao" [131].
Ces producteurs ont crée une charte à laquelle ils doivent tous adhérer :
c’est la charte PASS (Producteurs Associés de Spiruline du Sud).
Ils se sont donc engagés à respecter des critères de production identiques,
ainsi qu’un contrôle de la qualité à tous les stades de fabrication.
Les dix adhérents à cette charte sont installés dans une zone géographique
allant de Toulon à Aubagne (frontière du département des Bouches du
Rhône).
Cette spiruline n’est produite qu’en saison chaude, c’est-à-dire de mai à
octobre. Elle est cultivée dans des bassins abrités sous un tunnel plastique.
Pour l’anecdote, la spiruline Filao a été présentée pour la première fois au
Salon International de l’Agriculture de Paris, en mars 2007.

Voici quelques précisions concernant leur méthode de culture :


les producteurs de spiruline Filao ont choisi de ne pas laver la spiruline
pour faire diminuer le pH, contrairement à ce qui est souvent pratiqué au
niveau des grosses exploitations. Leur choix paraît tout à fait pertinent.
En effet, l’eau de rinçage ayant un pH nettement inférieur à celui de la
spiruline produite (pH # 10), il y a un risque évident de choc osmotique :
la paroi cellulaire de chaque cellule de spiruline peut exploser et laisser
sortir l'ensemble des micro-nutriments. Dès lors, les vitamines, enzymes et
autres constituants risquent d’être soumis à l’oxydation, ce qui nuirait à la
qualité finale de la spiruline. Afin d’abaisser la valeur du pH, ces
algoculteurs préfèrent presser la pâte de spiruline (à l’aide d’une presse
mécanique) de façon à éliminer l’excès d’eau alcaline [131]. Cette méthode
permet effectivement de préserver l’intégrité des micro-nutriments.
Après cette étape d’essorage, la spiruline est façonnée en spaghetti, de sorte
à faciliter son séchage.
C’est la méthode de séchage à très basse température qui est utilisée,
contrairement à celle pratiquée pour la plupart des spirulines industrielles
(technique du "spray drying"). D’une part, parce qu’elle assure une
meilleure préservation des vitamines et phytonutriments, et d’autre part,
parce qu’elle forme naturellement des micro-granules. Or, comme cela a
été précédemment écrit, ces micro-granules sont plus faciles à utiliser que
la poudre et ils se conservent encore mieux.

109
Après conditionnement, la production est distribuée localement,
directement chez des particuliers ou en magasins spécialisés. La qualité de
cette Spiruline Filao est contrôlée par un laboratoire accrédité COFRAC
(COmité FRançais d'ACcréditation) [131].

 Spiruline ALGOSUD, produite en Camargue (département de l’Hérault)

ALGOSUD est une unité de production d'algues d'eau douce sous serres en
Petite Camargue. C'est aussi un lieu de culture de spiruline, sans recours
aux produits phytosanitaires ni conservateurs. La ferme de Lunel est
actuellement la plus importante unité de production de spiruline en France.
Rémi Bosc est le responsable et il travaille avec Aurélien ; tous les deux
sont des permanents de la ferme aquacole [132].
Ce site, situé aux portes de la Camargue, bénéficie d’un ensoleillement
exceptionnel.
Comme le montre la figure 44, les bassins de culture de spiruline sont
implantés sous 1 200 m2 de serres.

Figure 44 : Serres de la ferme aquacole de Lunel (Hérault).


© Algosud.

Les propriétaires de cette ferme assurent apporter un soin extrême à tous


les niveaux de production, notamment :

 En utilisant une eau provenant d'une source souterraine régulièrement


contrôlée :
 En réalisant des analyses complètes sur le milieu de culture ;
 En respectant un protocole strict tout au long des différentes étapes de
la production ;
 En pratiquant des analyses bactériologiques et toxicologiques sur
chaque lot de produits finis ;
 En faisant bénéficier chaque produit d'une traçabilité certifiant la
qualité incomparable de la production.

Jusqu’à l’année dernière, les mois de récolte s’échelonnaient entre les mois
de mai et décembre, avec des pics de production en été (10 kg de matière
sèche par jour). La production annuelle était égale à une tonne.

110
Depuis environ un an, les serres sont équipées d’un système de chauffage
qui permet une production toute l’année [133].

Les figures 45 à 48 représentent quelques étapes de la récolte : chaque


matin en période de culture, le producteur fait passer une partie de l'eau du
bassin à travers un filtre qui retient la spiruline (figure 45). Il laisse
égoutter un moment avant de déposer la spiruline dans un deuxième tissu
(figure 46).

Figure 45 : Recueil de la spiruline cultivée, par filtration.


© Algosud

Figure 46 : Pâte de spiruline recueillie dans un tissu,


avant de pratiquer l’essorage. © Algosud

Figure 47 : pâte de spiruline essorée, prête pour être


transformée en longs spaghettis.
© Algosud

111
Figure 48 : Etape d’extrusion de la spiruline. © Algosud

Après l’opération d’extrusion (figure 48), la spiruline est répartie sur des
clayettes, lesquelles sont ensuite placées dans un four. Le séchage par
ventilation dure 8 heures et s’effectue à une température maximale de
40°C.
La spiruline produite est vendue en ligne sous la dénomination "spiruline
de petite Camargue". La gamme de produits proposée est variée [134] :

 Spiruline en comprimés : pot de 200 comprimés (100 g) ;


 Spiruline en gélules : pot de 240 gélules (90 g) ;
 Spiruline concassée : pot de 100 g ;
 Spiruline en paillettes : pot de 100 g ;
 Spiruline à l’acérola en comprimés : pot de 200 comprimés
(117 g) ;
 Spiruline au ginseng en comprimés : pot de 200 comprimés
(116 g) ;
 Pâtes Bio* sans gluten, à la spiruline 4 % :
de forme “fusili”, elles sont conditionnées en sachets de 250 g ; à
noter que ces pâtes sont issues de l’agriculture biologique ;
 Pâtes Bio* à la spiruline 4 % :
de forme “farfalle”, elles sont conditionnées en sachets de 250 g ;
elles sont également issues de l’agriculture biologique.

 Spiruline produite sur le site " la Capitelle ", près de Lodève (département
de l’Hérault)

La ferme appartient à Philippe et Estelle Calamand, lesquels cultivent la


spiruline depuis 1998. A cette époque cette activité n’était pas
administrativement reconnue. Le démarrage de leur activité a pu se faire
après un long parcours du combattant à l’issue duquel ils ont obtenu le
statut d’agriculteur, qui leur a permis d’exploiter leur 100 m², 200 m², puis
actuellement 300 m² de surface de culture de spiruline [58].

112
La période de récolte s’étend sur 5 mois par an environ, en fonction des
conditions climatiques.
L’agitation se fait par pompe vide-cave (250 Watts pour 70 m²) et
l’extrusion est réalisée à l’aide d’un embauchoir à saucisse modifié. A
noter aussi qu’une installation photovoltaïque alimente l’exploitation et
leur maison située juste à côté.
Le couple assure lui-même le conditionnement et la vente de sa spiruline,
sous forme de spaghettis droits. Une partie de la production est écoulée
dans un magasin de produits diététique à Lodève, ainsi que dans 4
coopératives Bio du département ; une autre partie est vendue à une
clientèle de particuliers, sur place ou par correspondance et, le restant, sur
les marchés du Terroir pendant la saison touristique.

4.3.4 Quelques exemples de prix de vente de spiruline en France


Le laboratoire Arkopharma élabore des gélules à base de spiruline
(figure 49), lesquelles peuvent être achetées en pharmacie.
Les indications inscrites sur la notice délivrée avec ce produit indique qu’il
s’agit d’un "complément alimentaire de premier choix préconisé au cours
des convalescences, des régimes amincissants, en cas de fatigue
intellectuelle et de fatigue physique, notamment chez les sportifs".
La dose recommandée est de 2 gélules le matin, le midi et le soir.
Chaque gélule renferme 390 mg de poudre de plante entière de spiruline.
Deux conditionnements sont proposés : la boîte de 45 gélules (code CIP
7263180) à 7,40 € (soit 421 € le kg de spiruline sèche) et la boîte de 150
gélules (code CIP 7263323) à 21 € (soit 359 € le kg).

Figure 49 : Boîte de 45 gélules de spiruline vendues par


le laboratoire pharmaceutique Arkopharma.
© Arkopharma 2008

113
Concernant la spiruline produite dans le sud de la France (Algosud, Filao
etc.), les prix proposés sont dégressifs en fonction du nombre de sachets ou
de lots achetés. Il faut compter actuellement (premier trimestre 2008), en
moyenne, entre 13 et 15 € pour 100 g de poudre sèche de spiruline.
Quant aux produits à base de spiruline produite à l’étranger (Earthrise,
Alpha Biotech, Cyanotech, Biorigin, Flamant Vert etc.), les prix de vente
proposés intègrent le prix des produits, les frais de manutention,
d'emballage et de conservation des produits ainsi que les frais de transport.
Pour toucher un large public, ces produits sont mis en vente sur internet.
On y trouve la spiruline aussi bien sous forme de comprimés, de gélules, de
paillettes ou de poudre, que dans la composition de produits plus élaborés
destinés aux animaux ou appartenant au secteur des cosmétiques. Plus le
produit est élaboré, plus les prix s’envolent.
A titre indicatif, le site http://shopping.cherchons.com/r/spiruline.html
propose un comparatif, actualisé quotidiennement, des prix de ventes de
produits identiques sur le marché selon les différents fournisseurs.

114
4.4 Production en photobioréacteurs

La spiruline ayant besoin de chaleur pour pousser, la plupart des climats tempérés
sont trop froids pour envisager sa culture dans des bassins de plein air durant toute
l’année. Les lieux où elle peut être produite de façon économiquement raisonnable
sont donc limités. Dans le but de la produire dans d’autres endroits du monde et
d’étendre les périodes de culture, des chercheurs ont étudié, durant ces 20
dernières années, d’autres systèmes, et en particulier la production en
photobioréacteurs (figures 50a et 50b).
La spiruline peut en effet être produite sous des climats plus froids, soit dans des
bioréacteurs, soit dans des tubes transparents chauffant comme des panneaux
solaires. Ces systèmes, dont les coûts de production sont encore élevés, ne sont
utilisés que pour produire de la spiruline haut de gamme (très pure), dans le but
d’en extraire ensuite des molécules à haute valeur ajoutée : le pigment
phycocyanine, les antioxydants, les polysaccharides et les acides gras essentiels
(notamment l’acide γ–linolénique). Ces molécules sont utilisées dans les secteurs
de la santé, de l’agroalimentaire et de la cosmétologie (cf. deuxième partie 1.).

Figures 50a (à gauche) et 50b : La photo de gauche représente un photobioréacteur


industriel linéaire ( © Microalgae S.p.a. Italy) ;
celle de droite montre un photobioréacteur circulaire (© Addavita ltd. UK) [135].

Un bioréacteur est la version biologique du réacteur chimique. L’existence d’une


enceinte fermée permet le contrôle des principaux paramètres influençant la
culture. Ce système de production en laboratoire existe déjà pour d’autres sources
telles que des bactéries, des champignons ou des virus. Néanmoins, pour la
production de spiruline, il s’agit d’un véritable défi technologique. En effet, la
spiruline étant un micro-organisme photosynthétique, le réacteur doit être éclairé
pour que la croissance ait lieu ; en d’autres termes, elle nécessite un
photobioréacteur. Mais, la pénétration de la lumière est d’autant plus faible que la
culture est plus concentrée ; la difficulté consiste donc à trouver le meilleur
compromis entre concentration de la culture et productivité [136].

115
La production en photobioréacteurs contrôlés a comme principal avantage, le
maintien de la stérilité de la culture, c’est à dire l’absence de contamination du
réacteur par d’autres souches que celle que l’on désire cultiver. Pour ce faire, on
commence par stériliser le réacteur et le milieu de culture contenant tous les
éléments nutritifs essentiels à la croissance. Cette stérilisation est réalisée par mise
en contact avec de la vapeur à 121°C pendant 20 minutes au minimum. Ensuite, on
peut introduire l’inoculum de la souche à cultiver. A chaque nouvelle introduction
de quelque chose dans le réacteur, il faut bien sûr veiller à conserver la stérilité
obtenue [137].
Deux autres paramètres sont surveillés : la température et le pH ; la spiruline
ayant une croissance optimale dans des conditions de température à 35°C et de pH
compris entre 9,5 et 10,5, le maintien de la valeur de ces paramètres nécessite des
mécanismes régulateurs. Un capteur et un actionneur sont donc utilisés : le capteur
mesure la donnée que l’on souhaite réguler (la température ou le pH), et
l’actionneur corrige un éventuel écart observé. Cette correction se fait au moyen
d’une consigne, respectivement une électrovanne laissant circuler un liquide chaud
ou froid, ou une pompe envoyant un acide ou une base. L’actionneur est lui-même
commandé par un régulateur dans lequel on implante une loi de commande plus ou
moins complexe qui permet de gérer l’écart observé entre la mesure du paramètre
et sa consigne [137].
L’agitation est aussi un paramètre important qu’il faut d’ailleurs prévoir au
moment de la conception ou du choix des bioréacteurs utilisables dans la
production de spirulines. Comme dans le cadre des cultures en bassins, il faut
s’assurer qu’il existe un brassage suffisant des cellules et du milieu de culture de
façon à éviter l’existence de gradients de concentration ou de zones peu agitées qui
ne fonctionneraient pas de façon optimale dans le réacteur. L’agitation du réacteur
peut se faire par des moyens mécaniques ou pneumatiques (par injection de gaz).
A noter qu’il existe aussi des réacteurs tubulaires dans lesquels l’agitation est
essentiellement assurée par la turbulence de l’écoulement.
Le dernier paramètre, à connaître et à contrôler, est l’intensité lumineuse
incidente sur le réacteur. Les réacteurs peuvent être éclairés soit par l’extérieur, à
travers la paroi (énergie solaire ou lampes), soit par l’intérieur dans le réacteur
(lampes directement dans le réacteur). C’est cette intensité lumineuse qui est à la
base de la vitesse de production de la biomasse.

Deux grands types de fonctionnement existent pour les photobioréacteurs [137] :

• fonctionnement en discontinu (figure 51) : on introduit au départ une


quantité définie et calculée de nutriments dans le milieu ainsi que
l’inoculum, et on laisse croître la biomasse jusqu’à ce qu’elle épuise les
constituants, ce qui termine la culture. Ce type de réacteur est donc
totalement fermé jusqu’à l’épuisement du milieu de culture ; il faut le
nettoyer pour démarrer un autre cycle.

• fonctionnement en continu (figure 52) : on alimente en permanence le


milieu de culture avec du milieu frais tout en retirant parallèlement la
biomasse produite, avec le même débit. Le volume dans le réacteur est
donc constant.

116
Figure 51 : Photobioréacteur du centre technique de l’Agence Spatiale Européenne
(ESTEC) à Noordwijk (Pays Bas) dans lequel on cultive Spirulina platensis en discontinu.
Il n’y a donc aucun réservoir de milieu frais pouvant alimenter le réacteur.

Figure 52 : Photobioréacteur (ESTEC, Noordwijk) fonctionnant en continu pour


la culture de Spirulina platensis ; on peut apercevoir les bidons d’alimentation
en milieu frais et de récolte de la biomasse posés par terre.

La modélisation mathématique des différents types de photobioréacteurs est très


utile pour les scientifiques, car elle leur permet de réaliser des simulations : grâce à
un ordinateur, ils peuvent calculer ce que va produire le photoréacteur. Cette
modélisation est également à la base du choix des dimensions du réacteur et de
l’optimisation de celui-ci, dès lors que l’on cherche à concevoir un équipement
répondant à des objectifs donnés [138].
Cette modélisation nécessite d’abord de connaître la vitesse de consommation et
de production des principaux constituants impliqués dans la réaction biochimique
(CO2, minéraux, O2, biomasse…). Il faut ensuite être capable de relier cette vitesse
calculée aux flux de matière qui entrent et qui sortent du réacteur (ou qui s’y
accumulent), pour calculer la productivité. Celle-ci est exprimée en grammes de
produit par litre de réacteur et par heure.

117
118
Deuxième partie

La spiruline dans les pays


industrialisés

119
120
1. Différents secteurs d’activité utilisant la spiruline

1.1 Industrie agroalimentaire

1.1.1 Complément alimentaire pour les sportifs, les végétariens et les


personnes faisant un régime amaigrissant

1.1.1.1 Utilité chez les sportifs

La qualité de l'alimentation est une composante importante de l'équilibre


des sujets sportifs. La diététique est l'art d'adapter l'alimentation aux
besoins de l'organisme. Ces besoins sont comblés par l'apport en énergie
calorique (principalement les glucides et les lipides), et l’apport en
vitamines et oligo-éléments. Les vitamines et les minéraux jouent le rôle de
cofacteurs des réactions de transformation des aliments en énergie.
Ainsi, chez les sportifs, une diététique spécifiquement adaptée peut
optimiser la préparation et les facultés de récupération à l'effort. Une
alimentation équilibrée et diversifiée permet de fournir à l’organisme une
combinaison de macro et micro-nutriments d'origine variée,
complémentaires les uns des autres.
Si une nourriture équilibrée suffit bien souvent pour pratiquer une activité
physique, il en va autrement s’il s’agit d’un sport régulier et de
compétition. Dans ce cas, à côté de cette alimentation, il est nécessaire
d’apporter une supplémentation en certains éléments, de façon à couvrir
tous les besoins.
Les besoins nutritionnels du sujet sportif sont globalement élevés, en
rapport avec une augmentation des dépenses de l'organisme avec l'activité
physique. En dehors de l’augmentation de l’apport calorique, les besoins
concernent aussi les protéines, certaines vitamines et des micro-nutriments
antioxydants.
Les besoins accrus en protéines s’expliquent par le fait que ces protéines
sont à la base de la constitution des muscles. Un muscle strié est en effet
constitué de cellules musculaires comportant un important matériel
contractile composé de nombreuses myofibrilles ; ces myofibrilles sont des
structures tubulaires allongées d'un diamètre de 1 à 2 µm, constituées de
deux types de myofilaments : les filaments fins constitués d'actine associée
à de la tropomyosine et de la troponine, et les filaments épais constitués de
myosine. Par ailleurs, les muscles sont constitués de trois sortes de fibres
musculaires [139] :

• Fibres de type I : ce sont des fibres oxydatives à contraction lente et


résistantes à la fatigue. Elles contiennent beaucoup de myoglobine,
de mitochondries et de capillaires. La myoglobine est le
transporteur principal de l'oxygène dans les tissus musculaires ;
c’est une protéine composée d'une chaîne unique de 153 acides
aminés, contenant un noyau porphyrique avec un atome de fer au
centre.

121
• Fibres de type IIA : ce sont des fibres oxydatives à contraction
rapide et résistantes à la fatigue. Elles contiennent beaucoup de
myoglobine, de mitochondries et de capillaires mais, elles
possèdent une coloration intermédiaire. Elles se retrouvent
généralement en grand nombre dans les muscles de la jambe des
athlètes ;
• Fibres de type IIB : ce sont des fibres glycolytiques à contraction
rapide et sensibles à la fatigue. Elles contiennent peu de
myoglobine, de mitochondries et de capillaires. Ces fibres, appelées
fibres blanches, sont celles qui présentent le plus grand diamètre.
Leur teneur en glycogène est élevée. Elles sont majoritairement
situées dans les muscles du bras.

Le fait d’utiliser la spiruline régulièrement en complément de


l’alimentation est intéressante à ce niveau : très riche en protéines de
haute digestibilité, elle permet aux muscles de pouvoir récupérer plus
facilement après l'effort. De plus, la masse musculaire se développe plus
vite et présente une bonne qualité.
Par ailleurs, comme cela a été précisé dans la première partie (cf. 3.1.5.),
la spiruline contient aussi quatre vitamines nécessaires au métabolisme
énergétique et à la synthèse protéique : les vitamines B1, B2, B3 et B6.
Les trois premières participent à l'utilisation des glucides (principal
carburant du sportif) dans l'organisme via plusieurs voies de production
d'énergie (métabolisme énergétique) ; elles permettent aux muscles de
bénéficier de tout le glycogène dont ils ont besoin. La vitamine B6 est
associée à la synthèse protéique ; elle est donc indirectement reliée à la
performance sportive.

Concernant les agents antioxydants, les besoins sont accrus chez les
sportifs. En effet, de par la grande consommation d'oxygène qu'il engendre,
le sport crée une surproduction de radicaux libres. Cette production est une
réaction normale, mais elle doit être "contrôlée" par un apport suffisant de
nutriments de neutralisation.
De façon générale, les radicaux libres exercent une action nocive sur
l’organisme, en stimulant le processus de vieillissement et en attaquant les
cellules et le matériel génétique. Ils contribuent à augmenter les risques de
cancer et de maladies cardiovasculaires. Dans le cadre de la pratique
sportive, lors d’efforts physiques intenses, les radicaux libres s’accumulent,
amplifiant les courbatures, les crampes et les risques de rupture tissulaire.
Seuls des antioxydants permettent de contrecarrer leur action, en les
interceptant et en les neutralisant.
Il est donc vivement conseillé aux sportifs de supplémenter leur
alimentation en agents antioxydants.
D’après l’analyse nutritionnelle de la spiruline décrite dans la première
partie (cf. 3.), on voit bien qu’elle peut s’avérer utile dans ce cadre, étant
données les nombreuses sources d’antioxydants qu’elle fournit :
β-carotène (10,4 mg pour 10 g), vitamine E (1 mg pour 10 g), zinc,
sélénium, vitamine C et enzyme SOD.

122
Tous ces éléments sont de puissants antioxydants capables de lutter
activement contre les radicaux libres.

Par ailleurs, le déficit en fer, avec ou sans anémie concomitante, est très
fréquent chez les sportifs. Une incidence accrue a été démontrée dans la
course à pieds, la natation, le ski, le patinage à glace, le football, la
gymnastique ainsi que dans toute activité sportive intense, prolongée ou
répétée. Or, le fer joue un rôle clé dans le transport de l’oxygène, par le
biais de l’hémoglobine et de la myoglobine. Chez les sportifs, le glucose
est le carburant et l’oxygène, le comburant.
Un déficit en fer a plusieurs causes, mais il correspond toujours à un apport
alimentaire insuffisant pour couvrir les pertes. Or, chez les sportifs, les
pertes sont accrues : il y a les pertes par hémolyse intravasculaire, les
pertes gastro-intestinales, urinaires et sudorales. Les pertes digestives
s’expliquent par des lésions traumatiques du tube digestif, liées à la
pratique de certains sports. Par exemple, 50 à 80 % des marathoniens
présentent du sang dans leurs selles. Les pertes urinaires concernent
l’hématurie consécutive à l’augmentation de la filtration rénale avec
l’exercice et aux lésions micro traumatiques de l’arbre urinaire ; elle est
surtout observée chez les coureurs, triathlètes et cyclistes.
L’hémoglobinurie, observée en cas de destruction des globules rouges
vieillis ou lipoperoxydés, correspond aussi à une perte de fer. De même
que la myoglobinurie observée lors de la pratique intense de sports micro
traumatiques (course à pieds sur un sol dur) [140].
Un déficit en fer peut affecter les performances, notamment dans les sports
d’endurance. Il s’accompagne en effet :

- d’une augmentation excessive du taux sanguin de lactates ;


- d’une diminution du VO2 max (volume maximal d’oxygène
prélevé au niveau des poumons et utilisé par les muscles, par
unité de temps) ;
- d’une diminution de la puissance maximale et de la capacité
d’endurance ;
- d’une augmentation de la sensation de surcharge
d’entraînement ;
- d’une diminution des capacités à se concentrer ;
- d’asthénie et fatigabilité musculaire.

Le déficit en fer altère donc la capacité physique à l’effort, l’endurance et


la performance physique. Afin d’avoir une balance en fer équilibrée, les
sportifs doivent avoir recours à la supplémentation car l’apport alimentaire
seul ne suffit pas. Or, parmi les sels de fer, seul le fer ferreux est utilisable
car les autres (sulfate, glutamate, citrate…) sont assez mal absorbés et
nécessitent une quantité élevée pour corriger le déficit. Mais, à dose élevée,
ils ont une action pro oxydante (production du radical hydroxyle très
toxique pour les cellules). Ils sont aussi responsables d’effets indésirables
digestifs, de par leur nature astringente.

123
Le fer contenu dans la spiruline est hautement biodisponible (cf. première
partie 3.1.7.1). A fortiori, une spiruline enrichie en fer est encore plus
indiquée.
Par exemple, la spiruline Végifer®, produite dans les montagnes de la
cordillère des Andes et commercialisée sous la marque Flamant Vert,
contient 600 mg de fer pour 100 g de poudre sèche.
Cette teneur, supérieure à celle des autres spirulines commercialisées
résulte de l’absorption naturelle par Arthrospira platensis, du fer présent
dans son milieu de culture [140].
La spiruline contient aussi du magnésium ; cet élément est nécessaire à la
contraction et à la relaxation musculaire. Indispensable à la transmission de
l’influx nerveux, le magnésium exerce aussi une action antifatigue et
antistress. A noter que la vitamine B6 optimise l’assimilation du
magnésium. Les sportifs sont exposés aux risques d’insuffisance
magnésienne ; dans ce cas, la survenue de crampes est plus fréquente.
Le calcium est aussi un minéral important puisque l’augmentation de sa
concentration intracellulaire permet la contraction des muscles
squelettiques. La spiruline renferme également une quantité appréciable de
calcium.

Pour toutes les raisons évoquées et pour son action énergisante, la spiruline
constitue donc un complément alimentaire naturel de choix sur le plan de
l'hygiène alimentaire du sportif, quel que soit son âge et son domaine.
Les sportifs consommateurs réguliers de spiruline déclarent en tirer les
bienfaits suivants, comparativement à la période où ils n’en consommaient
pas encore :

 une meilleure endurance,


 une récupération plus rapide après des efforts soutenus,
 de meilleures performances.

De plus, face aux nombreuses sources de compléments alimentaires


existant sur le marché, la spiruline présente un triple intérêt pour les
athlètes :

- sur le plan sanitaire : bien souvent, afin d’améliorer leurs performances,


les athlètes ont recours à des produits industriels et étrangers sous
forme de cachets dont une bonne partie est constituée d’additifs
chimiques. A l’opposé, la spiruline commercialisée est toujours pure
(au pire, certains comprimés renferment 1,5 % d’additifs). Bien
entendu, la spiruline n’a rien à voir avec les produits dopants contraires
à l’éthique sportive ;

- sur le plan de la sécurité alimentaire : la spiruline commercialisée étant


soumise à des règles strictes, les sportifs ont l’assurance de consommer
un produit sain.

124
- sur le plan nutritionnel : la spiruline pure est plus riche en vitamines,
minéraux et oligo-éléments que les produits industriels ayant subi un
traitement thermique de conservation détruisant les micro-nutriments
sensibles. De plus, les micro-nutriments d’origine naturelle ont toujours
une meilleure biodisponibilité que ceux d’origine synthétique
amalgamés artificiellement en laboratoire.

Son utilisation par de grands athlètes est très répandue dans le monde.

Conseils d’utilisation :
utilisée en cure longue, la spiruline facilite la récupération après l’effort. En
cure courte intensive, elle aide à la préparation d’une épreuve sportive. En
fin de saison, son emploi permet de diminuer la sensation de fatigue
physique et musculaire et les risques de crampes.
En fonction de l’entraînement, le sportif peut prendre 5 à 10 g de spiruline
par jour (poudre sèche ou sous forme de comprimés). En cas d’efforts très
intenses, la dose peut aller jusqu’à 20 g par jour (triathlon, marathon). Cette
dose est à adapter en fonction de l’expérience de chaque sportif. La prise
de spiruline juste après la compétition permet une meilleure évacuation des
déchets et une récupération plus rapide [140][142]].

1.1.1.2 Utilité chez les végétariens


L’alimentation végétarienne se définit par l’exclusion des aliments
provenant de la chair animale. Lorsqu’il s’agit de la suppression stricte de
tous les produits d’origine animale (incluant donc les oeufs et les produits
laitiers), on parle de végétalisme.
Le risque majeur d’un régime végétarien mal conduit est donc l’installation
de certaines carences. Plus le régime est sévère et exclut des aliments, plus
il est difficile de rééquilibrer le tout d’un point de vue nutritionnel. Les
études montrent chez les végétariens et végétaliens, un taux souvent
insuffisant en nutriments principalement apportés par les produits
animaux [143] :

 le fer : le fer absorbable est celui lié à l’hémoglobine (fer


héminique), protéine retrouvée exclusivement dans le monde
animal (viandes rouges et poissons) ;
 la vitamine B12 : en dehors de la spiruline, cette vitamine est
exclusivement apportée par le monde animal (viandes).
 les acides gras polyinsaturés à longue chaîne appartenant à la
famille des oméga-3 : acides docosahexaénoïque (DHA) et
eicosapentaénoïque (EPA) ; on ne les retrouve que dans la chair des
poissons gras ;
 le calcium : il est surtout présent dans les produits laitiers d’origine
animale ;
 les protéines : les viandes et les poissons sont les sources les plus
courantes et les plus importantes de protéines. Les végétaux
peuvent apporter aussi des protéines, mais à l’inverse des protéines
animales, les protéines végétales ne contiennent pas toujours tous
les acides aminés essentiels dans les proportions nécessaires.

125
A moins de combiner astucieusement et régulièrement des
protéines de légumineuse et des protéines de céréales, le sujet
risque une carence en acides aminés essentiels ;
 la vitamine A : la forme active de la vitamine A (rétinol),
directement utilisable par l’organisme, se trouve dans les produits
animaux tels que l'huile de poisson et le foie. Un apport adéquat
en protéines et en lipides est nécessaire à son absorption. Le règne
végétal peut apporter des précurseurs de la vitamine A,
essentiellement sous forme de b-carotène. Celui-ci doit être
transformé par le corps pour être activé et utilisable par
l’organisme ; pour cela il a besoin de matières grasses et de bile ;
 la vitamine D : elle existe sous deux formes, l'une synthétisée par
la peau en présence de soleil et l'autre apportée principalement
par le poisson.
 le zinc : les aliments les plus riches en zinc sont les poissons, la
viande et les céréales complètes.

La supplémentation en spiruline (3 à 5 g par jour de façon continue) permet


donc d’éviter les éventuelles carences liées aux régimes végétariens et
végétaliens mal conduits.

1.1.1.3 Utilisation comme adjuvant de régimes amaigrissants


Dans le cadre d’un régime amaigrissant, les carences en micro-nutriments
sont fréquentes car l’alimentation est souvent déséquilibrée, suite à des
privations irraisonnées de certaines catégories d’aliments. C’est ce qu’on
observe notamment dans les régimes restrictifs. Pour qu’un régime visant à
perdre du poids n’engendre pas de carences, il faut conserver un apport
nutritionnel équilibré et diversifié : tout est toujours une question de
quantités.
Un régime basé sur la restriction des matières grasses entraîne
généralement une insuffisance d’apport en acides gras essentiels et en
vitamines liposolubles (A, D, E, K). Un régime supprimant ou limitant les
produits laitiers peut entraîner une carence en calcium.
Bien souvent, les personnes qui font un régime se sentent fatiguées à cause
des carences engendrées. La sensation de frustration, difficilement
supportable lorsque les privations sont trop strictes, engendre souvent un
comportement agressif de la part de ces personnes. Le risque des régimes
restrictifs est l’"effet yo-yo" : plus le régime amaigrissant est court et
efficace, plus la reprise de poids est importante dès la fin du régime, avec
le retour aux habitudes alimentaires. Au fil des années, le sujet grossit car il
prend toujours plus de kilos qu’il n’en perd.

La spiruline, grâce à son apport naturel et équilibré en vitamines, minéraux


et oligo-éléments, peut donc être considérée comme une véritable alliée
pour les personnes qui veulent entamer un régime.
De plus, par son effet détoxifiant (lié notamment à la présence de
chlorophylle), elle aide à éliminer les toxines [144].

126
Après quelques jours d’utilisation, l’effet énergisant de la spiruline fait que
la personne, non seulement ne se sent pas fatiguée (puisqu’elle n’est pas
carencée), mais en plus elle se sent plus dynamique qu’avant le début de
son régime.
Cette constatation émane de nombreux témoignages de femmes (et
d’hommes aussi) qui l’ont testée [144].
Par ailleurs, la prise de 5 à 10 g de spiruline 20 à 30 minutes avant les
repas, entraîne un sentiment de satiété lequel facilite le suivi d’un régime
hypocalorique.
Ce phénomène est lié à sa teneur en phénylalanine (2,8 g pour 100 g de
matière sèche) : cet acide aminé est métabolisé dans l'intestin en
phényléthylamine, laquelle déclenche la sécrétion d’une hormone (la
cholécystokinine) qui donne au cerveau un signal de satiété ; c’est en
quelque sorte un coupe-faim naturel et sans danger [145].

1.1.2 Nourriture pour l’aquaculture et complément alimentaire pour


certaines espèces animales

La spiruline n’est pas exclusivement réservée à la consommation humaine.


Elle est en effet utilisée comme complément alimentaire chez les animaux
de compagnie (chiens, chats), les chevaux, les vaches, les poules, les
poissons et les oiseaux [146][147].
Concernant les chiens et les chats, la spiruline permet d’améliorer l’état de
la peau et de rendre les poils brillants et plus résistants. Elle ouvre l’appétit
des jeunes chiots et chatons, remet sur patte plus rapidement les mères qui
viennent de mettre bas et rend plus vigoureux les sujets âgés et fatigués.
Elle aide aussi à la régulation de l'appétit des chiens boulimiques. D’autre
part, en vieillissant, les risques de décalcification augmentent ; il est
possible de limiter les carences en calcium, en donnant de la spiruline à
l’animal, en cures régulières deux ou trois fois par an, pendant cinq jours
consécutifs [148][149].
La spiruline sous forme de poudre est ajoutée à la pâtée ; la dose dépend du
poids de l’animal [150]:

• une cuillerée à soupe pour les chiens de grande taille


• une cuillerée à dessert pour les chiens de taille moyenne
• une cuillerée à café pour les chiens de petite taille et les chats.

La spiruline peut aussi être administrée sous forme de comprimés (un


comprimé pour 10 kg).
Depuis quelques années, des aliments enrichis en spiruline sont
commercialisés et il est possible de s’en procurer chez certains vétérinaires
ou par Internet (Figures 53, 54a et 54b).

127
Figure 53 : Boîte de 200 g renfermant de la terrine pour les chats ; elle est
faite avec de la viande biologique (47 % poulet et 5 % dinde) et de la
spiruline a été ajoutée « pour purifier le corps des résidus toxiques ».
Les inscriptions sur l’emballage indiquent qu’il s’agit d’un « repas complet
et facile à digérer avec un mélange équilibré de vitamines et minéraux ».
© zooplus AG.

Figures 54a (à gauche) et 54b : A gauche, pâtée pour chien préparée dans une
boucherie bavaroise, à partir d’ingrédients naturels et frais. La variété "agneau
+ millet + courgettes" est enrichie en spiruline. A droite, pâtée pour chien
contenant du poulet, du bœuf et de la spiruline.
© zooplus AG.

Les propriétaires de chevaux de course ajoutent la spiruline (3 à 6


comprimés soit 1 à 2 g de poudre pour 100 kg) à leur nourriture, car elle a
une action énergisante sur eux et leur permet de récupérer plus vite de
leurs efforts prolongés. Ils l’utilisent aussi lorsque l’animal a été malade ou
blessé, dans le but d’accélérer sa guérison (en moyenne 5 à 25 g par jour).
D’un point de vue esthétique, leur robe devient plus brillante [151].

128
Les éleveurs de vaches laitières emploient la spiruline pour améliorer la
flore intestinale, facteur important chez les ruminants. Son utilisation en
complément de leur ration fourragère permet également de réduire la durée
de l’antibiothérapie dans le cadre des mammites [151].
D’autre part, les éleveurs de bétail ayant constaté fortuitement qu’elle
favorisait la production de sperme chez les taureaux et la fertilité des
femelles, ils s’en servent aussi pour augmenter les taux de reproduction de
leurs animaux. Cela leur permet d’avoir plus d’animaux à vendre.

Chez les lapins, les maladies respiratoires et intestinales accompagnées de


diarrhée sont particulièrement fréquentes. Concernant les infections des
voies respiratoires supérieures, les divers symptômes (rhinite,
conjonctivite) sont regroupés sous le terme de syndrome respiratoire,
appelé pasteurellose. Il s’agit d’une infection causée par la bactérie
Pasteurella multocida. Les lapins infectés présentent des écoulements
purulents au niveau des narines et/ou des yeux, accompagnés
d'éternuements, de difficultés à respirer et de toux. L’infection, très
contagieuse, doit être prise au sérieux car elle se complique assez souvent
de septicémie ou se localise à d’autres endroits (oreille moyenne, abcès du
cerveau ou cutanés). Les traitements antibiotiques sont longs, coûteux et
peu efficaces. Globalement, les conséquences sont importantes, tant dans le
cadre d’un élevage de lapins que d’une animalerie de laboratoire [152].
De nombreux lapins sont porteurs sains, la maladie ne se déclenchant que
s’ils sont fatigués, soumis à un stress (le lapin stress facilement) ou placés
malencontreusement dans un courant d’air.
L’ajout de spiruline à leur régime alimentaire permet d’augmenter
efficacement leur résistance à cette infection. Evidemment, elle ne doit pas
dispenser des mesures de prophylaxie habituelles pour cette maladie
(hygiène de son environnement et de son alimentation, vaccination
préventive)[153].

L’ajout de spiruline au régime alimentaire habituel des poules (jusqu’à


10 % de la ration) permet d’améliorer la qualité des œufs : ceux-ci sont
notamment d’un jaune plus prononcé. Chez les poulets et autres volailles,
elle permet d’améliorer la qualité de leur chair ; étant plus jaune, la viande
a aussi un aspect plus engageant, ce qui facilite la vente aux
consommateurs [151].

Les éleveurs d’oiseaux sont nombreux à supplémenter la nourriture


humidifiée de leurs volatiles avec de la spiruline (100 mg par kg de poids
corporel). Pendant la période de reproduction, elle favorise la croissance
des oisillons et assure une meilleure protection contre les staphylocoques et
Escherichia coli (colibacillose). Pendant la période de mue, elle permet de
surmonter la fatigue physique et les états de stress (et leurs conséquences)
qui affectent tous les oiseaux durant cette période délicate. De plus, elle
favorise un plumage plus doux et plus solide. L’idéal est de l’utiliser à
partir du début de la période de reproduction jusqu’à la fin de la période de
mue [154].

129
Voici quelques précisions pour bien comprendre l’intérêt de la spiruline,
plus particulièrement au moment de la mue. Si les oiseaux sont en bonne
santé, la période de mue se déroule normalement. Il est essentiel de donner
une nourriture bien équilibrée car cette étape est éprouvante pour les
oiseaux. Le plumage représente environ 10 % du poids de l'oiseau. A titre
d’exemple un canari normal possède environ 1 500 plumes, il est alors
facile d'imaginer la débauche d'énergie que l'oiseau devra produire. Ce
phénomène a souvent pour effet d'entraîner une perte de poids. C’est
pourquoi l’apport de protéines et de sels minéraux est primordial pour
garantir une bonne mue. En effet, les plumes sont constituées de kératine et
l'aspect du plumage reflète l'état de santé de l'oiseau. Chez un oiseau
malade ou souffrant de carence, la mue est souvent longue et partielle. Or,
c'est de la qualité de la mue que va découler la valeur d'une bonne saison
d'exposition ainsi que de la prochaine saison d'élevage [155].
De façon générale, les éleveurs d’oiseaux peuvent utiliser la spiruline
comme complément alimentaire, afin [154]:

- d’améliorer leurs défenses immunitaires ;


- de favoriser leur rétablissement en cas de troubles liés à des
carences ;
- de pallier aux états de fatigue liés aux mues, aux pontes et aux
changements de saison ;
- d’apporter tous les éléments nécessaires à la croissance des
petits ;
- de compenser chez les animaux âgés, une assimilation
déficiente.

Concernant les oiseaux aux plumages très colorés vivant dans les zoos ou
achetés par les amateurs, la spiruline permet d’obtenir de belles couleurs
éclatantes (figures 55 à 57). C’est notamment le cas pour les perroquets, les
perruches, les ibis, les flamants roses, les canaris, les chardonnerets, les
inséparables…

Figures 55a (à gauche) et 55b : A gauche, la photographie représente deux éclectus.


A droite, il s’agit d’un ara. Photographies de R. Low.

130
Figures 56a et 56b : Deux canaris de couleur ; celui de gauche est "rouge orange givré" et
celui de droite est classé dans la catégorie "opale". © marmiche-Juin//2004.

Figures 57a et 57b : A gauche, un chardonneret - © chanly.apinc.org ;


à droite un flacon contenant de la poudre de spiruline destinés
aux oiseaux - spirulinasource.com © 1999 – 2004.

En aquaculture, la spiruline est utilisée pour l’enrichissement des granulés


destinés à nourrir les poissons (figures 58a, b et c). Le Japon est le pays qui
représente le plus grand marché de poissons d’élevage. Les éleveurs
japonais sont nombreux à utiliser la spiruline dans l’alimentation de leurs
poissons, car elle permet de pallier à deux inconvénients majeurs [156] :

- le risque d’infections et de maladies : la spiruline renforce leur


résistance, en stimulant leur système immunitaire ; la
conséquence est un moindre recours aux médicaments pour les
soigner. Le taux de survie des jeunes poissons est aussi
amélioré ;
- la saveur, la texture et la couleur de la chair des poissons
d’élevage sont inférieures à celles des poissons sauvages ; la
spiruline permet d’améliorer la qualité gustative et visuelle par
l’obtention d’une coloration plus soutenue de leur chair ;

131
D’autre part, l’utilisation de la spiruline permet également un taux de
croissance plus rapide chez les poissons, ainsi qu’une réduction des
polluants dans les effluents : ceci est intéressant sur le plan
environnemental et permet aussi aux exploitations piscicoles de diminuer le
recours à des systèmes de traitements coûteux des effluents [157].
En aquariophilie, la première indication de la spiruline concerne la
pigmentation qu’elle induit chez les poissons, notamment grâce à sa
richesse en caroténoïdes Ces derniers renforcent l’éclat de la couleur des
poissons. Au Japon par exemple, elle est très prisée pour obtenir une
pigmentation de qualité des poissons utilisés dans la préparation des sushis
et des crustacés [156].
Par ailleurs, sa richesse naturelle en nutriments en fait un complément
alimentaire bénéfique pour les poissons tropicaux d’aquarium.
Les éleveurs de poissons qui connaissent la spiruline pour l’employer
depuis de nombreuses années, conseillent également de l’utiliser lors de la
préparation des poissons à la reproduction. Son ajout dans la nourriture
permet en effet d’augmenter les chances de reproduction de tous les
poissons, tant en eau douce qu’en eau de mer. La réduction du stress chez
les poissons constitue un autre effet bénéfique attribuable à l’utilisation
régulière de spiruline [157].

Figures 58a (à gauche), 58b (au centre) et 58c (à droite) :


A gauche, aliment pour les poissons tropicaux, constitué de crisps enrichis d’un concentré
en spiruline pour plus de résistance.
Au centre, aliment complet en comprimés, riche en spiruline, spécifiquement adapté aux
poissons de fond herbivores.
A droite, alimentation complète naturelle, riche en spiruline, spécialement adaptée aux
besoins alimentaires des Locaridés : Plecostomus, Otocinclus et Ancistrus et autres
poissons de fonds herbivores. Elle se présente sous forme de disques de 11 mm de
diamètre qu’on dépose au fond de l’aquarium ; ils se dissolvent très lentement pour ne pas
troubler l’eau. © Spectrum Brands, Inc.

132
Figures 59a (à gauche) et 59b : A gauche, boîte de 200
comprimés à la spiruline destinés à l’alimentation des
poissons d'agrément. Il est possible de les coller à la vitre de
l'aquarium pour nourrir les poissons au niveau désiré ou de les
laisser tomber pour nourrir les poissons du fond. © 2007 Ciao
GmbH.
A droite, comprimés à la spiruline destinés à tous les poissons
tropicaux. © Hagen.com.

Pour tous les aliments enrichis en spiruline 3 à 5 % (figures 59 et 60), la notice


mentionne que le concentré naturel d’algue favorise la digestion et la vitalité des
poissons, tout en renforçant leur résistance immunitaire. Il est aussi spécifié que
les aliments sont fabriqués à basse température (75°C), contrairement aux
alimentations courantes qui sont fabriquées entre 135 et 155°C ; ceci permet une
meilleure préservation des éléments nutritifs et des vitamines naturelles
(principalement A, B, D). D’autre part, le ratio protéines/lipides est optimisé
pour améliorer l’assimilation par l’organisme, de façon à limiter les déchets
organiques des poissons et donc conserver une eau plus claire plus longtemps
[158].

133
Figures 60a (à gauche) et 60b : A gauche, "GALA" est une nourriture principale,
de qualité supérieure, sous forme de flocons pour poissons exotiques.
Elle est enrichie en spiruline et contient de la vitamine C stabilisée.
A droite, "Spirulina Dajana" s’utilise pour la préparation de nourriture ou
directement pour l’alimentation des nauplies d’artémia, artémia adultes ou
toutes petites crevettes vivantes. Elle peut aussi être additionnée à la nourriture
congelée habituellement utilisée. © 2000-2007 AQUARIOFIL.COM - SARL.

Il existe aussi une espèce particulière de poisson pour laquelle la spiruline


est très utilisée : la carpe Koï (Figure 61).
Au Japon, depuis plus de 2000 ans, les carpes sont domestiquées et élevées,
en alternance, dans les rizières en terrasse des fermes. Les cultivateurs de
riz les élevaient pour les manger, mais entre 1820 et 1830, ils ont
commencé à élever et croiser des poissons présentant des mutations de
couleur. Les fermiers conservaient les poissons les plus colorés comme
animaux de compagnie, pour le plaisir des yeux. La carpe possède un
certain polychromatisme. Certaines couleurs ont été obtenues par sélection
génétique : variétés ornementales avec du rouge, bleu, orange, jaune, blanc,
noir... Cette création de variétés de différentes couleurs a progressivement
étendu leur renommée et, petit à petit, les Koï furent admirés par un
nombre croissant de japonais. En 1974, l'empereur Hirohito en choisissant
de mettre des Koï dans les douves du palais Impérial, a contribué
grandement au développement de nouveaux élevages [159].
Au cours du XXième siècle, le commerce des variétés colorées et
sélectionnées s’est développé fortement. Les pays possédant déjà une
connaissance de l'élevage des carpes (Israël, Asie, Malaisie, Indonésie et
autres pays asiatiques chauds) se sont également lancés dans ce commerce
lucratif.
Les méthodes d'élevage des Koï sont inspirées de l'aquaculture
traditionnelle (grossissement rapide en vue de la consommation) et portent
au départ sur des carpes originaires d’Asie Mineure (corps allongé). Par la
suite, elles ont été croisées avec d'autres variétés au corps plus trapu, en
provenance d'Europe (Allemagne) et habituées à des températures plus
basses [159].

134
Figure 61 : Photographie d’une carpe Koï mâle
mesurant 80 cm. © koitropic.com

Comme leurs ancêtres les Cyprinidés, les carpes Koï sont omnivores et
dépourvues d’estomac. Elles utilisent les enzymes qu’elles trouvent dans
les insectes, pour leur digestion [160]. Elles aiment donc fouiller dans le
sol naturel, pour y trouver des petits insectes, des vers de vase, des
escargots aquatiques, des larves de moustique ou des daphnies etc[161].
Cette diversité de nourritures vivantes étant très réduite dans les bassins
artificiels (car dépourvus de sol naturel), il est donc indispensable
d’alimenter les Koï avec une nourriture de substitution. Celle-ci doit
apporter idéalement tous ces éléments naturels, avec un enrichissement en
protéines, végétaux, vitamines, oligo-éléments, et surtout enzymes (figures
62a et 62b) [162].
La spiruline est donc parfaitement adaptée aux exigences nutritives de ces
carpes. D’ailleurs, les grands spécialistes japonais la recommandent
vivement. Son utilisation régulière en complément de l’alimentation permet
d’une part d’obtenir la garantie de poissons plus robustes et sains, et
d’autre part, de renforcer les motifs rouges et jaunes des Koï (sans
influencer le blanc pur et brillant du fond). La dose de spiruline conseillée
pour cette indication doit être comprise entre 5 et 20 % de la ration
alimentaire quotidienne [162].
Diverses formules sont commercialisées ; les granulés "Spirulina plus"
contiennent par exemple les ingrédients suivants : spiruline (4 %),
crevettes, farine de végétaux et de froment, huile de poisson, vitamines A,
D3, E et C, oligo-éléments, anti-oxydant [163][164].

135
Figures 62a (à gauche) et 62b : A gauche, pot de 1 litre renfermant de la nourriture à base de
spiruline, destinée aux carpes Koï élevées en bassins artificiels.
© Gooster 2003-2007.
A droite, nourriture pour carpes Koï, enrichie en bactéries probiotiques, spiruline et bêta-carotène.
© Velda.com [165]

La nourriture représentée par la figure 62b, est essentiellement constituée


de produits à base de poissons et de fruits de mer, de protéines végétales,
de graisses et d’hydrates de carbone. Elle est enrichie en oligo-éléments et
vitamines, dont la vitamine C stabilisée. Les bactéries probiotiques ont été
ajoutées en raison de leur grande efficacité dans l’assimilation et la bonne
digestion des constituants alimentaires ; cela conditionne dans une large
mesure le bien-être animal des carpes. De façon à renforcer leur système de
défense immunitaire et à réduire au minimum leur sensibilité aux maladies,
la préparation est aussi enrichie d’un stimulateur immunitaire. Le β-
carotène et la spiruline sont ajoutés pour renforcer le contraste des couleurs
[165].
A noter aussi que la composition particulière de cette nourriture fait qu’elle
ne trouble pas l’eau et n’affecte pratiquement pas le biotope du bassin et sa
filtration. Les carpes sont nourries plusieurs fois par jour avec cette
nourriture, en sachant qu’une dose correcte doit pouvoir être assimilée en
cinq minutes [165].
Au Japon les éleveurs de Koï travaillent dans de véritables fermes
aquatiques. Certains sont spécialisés dans telle ou telle variété, d'autres
recherchent à obtenir de nouvelles variétés aux couleurs toujours plus
prononcées (figure 63).
En Chine et au Japon, mis à part les carpes Koï, le fait d’ajouter de la
spiruline à la nourriture de tous les poissons d’élevage est considéré
comme un bon investissement puisqu’au final ils peuvent vendre les
poissons plus chers. Les éleveurs de Koï reçoivent en guise de récompense
des médailles lors de concours organisés régulièrement [159].

136
Figure 63 : Photographie de quatre carpes Koï dont le régime alimentaire contient entre 5
et 20 % de spiruline ; on peut effectivement constater que les couleurs (rouge, jaune,
orange) sont éclatantes et que le fond blanc brillant est très contrastant pour les
trois premières. Ph. Guillet ©. [166]

1.1.3 Colorant alimentaire


Grâce aux pigments naturels que l’on sait extraire des spirulines, on obtient
des colorants naturels utilisables notamment dans l’industrie alimentaire.
Trois pigments peuvent être extraits, mais actuellement c’est le premier cité
ci-dessous qui est le plus utilisé dans cette indication ; les deux autres
pigments sont plutôt utilisés dans le domaine pharmaceutique (cf.
deuxième partie 2.).

• La phycocyanine : c’est un pigment retrouvé exclusivement


chez les cyanobactéries, la spiruline étant celle qui en renferme
le plus (10 à 15 %). Cette substance hydrosoluble donne une
couleur bleue lorsqu’on la mélange à de l’eau.
Le bleu est une couleur primaire recherchée car très rare dans la
nature. On l’utilise aussi pour obtenir, en le mélangeant à
d’autres couleurs, des tons différents. Au Japon, divers aliments
renfermant de la phycocyanine extraite de spirulines, sont
commercialisés sous la marque "Linablue" créée par le groupe
Dainippon Ink and Chemicals ; on peut citer par exemple des
chewing-gums, sorbets, sucettes glacées, bonbons, boissons sans
alcool, gelées et produits laitiers [167].
• La chlorophylle : c’est un pigment vert abondant dans le
monde végétal : tous les végétaux à feuilles renferment environ
2 g de chlorophylle a par kilogramme de feuilles fraîches. Elle
est extraite depuis longtemps à partir des plantes herbacées,
luzerne ou encore les orties. La spiruline, avec sa teneur de 1 %
en chlorophylle a, présente un meilleur rendement. Néanmoins,
elle reste encore peu utilisée en Europe.
• Les caroténoïdes : ce sont des pigments orangés qui sont
actuellement extraits à partir de certains végétaux (carotte,
potiron, courge).

137
Les colorants font partie de la classe des additifs alimentaires ; ils sont
utilisés dans le but de renforcer ou conférer une coloration aux aliments,
afin de rendre leur aspect plus attractif. Comme pour les trois autres classes
d’additifs, une réglementation existe : certains sont carrément interdits, et
pour ceux qui peuvent rentrer dans la composition d’un aliment, une dose
journalière admissible est calculée, de façon à établir une sécurité
alimentaire. La réglementation diffère cependant selon les pays car les
scientifiques ne sont pas tous d'accord sur leur toxicité potentielle à plus ou
moins long terme.
Les colorants alimentaires peuvent être d’origine naturelle ou synthétique ;
ils sont identifiables sur l’étiquetage des aliments, par le code E suivi d’un
nombre compris entre 100 et 180 (par exemple E 141 pour le vert
chlorophylle et E 160 pour les caroténoïdes).
Lorsqu’ils sont d’origine naturelle, ils peuvent provenir du monde minéral,
végétal ou animal. Les traitements industriels nécessaires à leur extraction
et leur purification sont coûteux. De plus, l’origine naturelle n’exclut pas
automatiquement les dangers pour les consommateurs.
L’origine synthétique est souvent préférée car la fabrication se révèle
généralement moins onéreuse. Mais, si lors de la synthèse, les conditions
optimales de sécurité ne sont pas réunies, la consommation de l’aliment
peut s’avérer dangereuse (par exemple si la fabrication exige des solvants,
lesquels ne sont pas entièrement éliminés dans le produit fini). Ainsi, à
distance de leur mise sur le marché, il a été établi que de nombreux
colorants chimiques étaient cancérogènes.
Les effets secondaires les plus fréquemment rencontrés après la
consommation d’aliments renfermant certains colorants sont : les réactions
allergiques (asthme, urticaire), une toxicité dirigée sur certains organes, un
effet cancérogène et/ou génotoxique.
L’extraction de la phycocyanine à partir de la spiruline se fait après culture
en photobioréacteurs. Ce colorant est couramment utilisé au Japon, en
Chine et en Thaïlande. En Europe, la phycocyanine représente le seul
colorant bleu naturel autorisé dans l’industrie alimentaire. Aux Etats-Unis,
la FDA exigeant un long et coûteux processus d’approbation pour l’emploi
des colorants naturels dans l’alimentation, la phycocyanine extraite de la
spiruline est encore très peu utilisée par rapport aux colorants chimiques
[5][167].

1.2 Industrie cosmétique


La phycocyanine extraite de la spiruline est aussi utilisée dans le domaine de la
cosmétologie, notamment pour la variété de couleurs qu’elle peut donner lors
de son mélange avec d’autres composés. Depuis de nombreuses années, elle
rentre ainsi dans la composition de rouges à lèvres et de crayons pour souligner
les yeux, disponibles sur le marché asiatique. En Europe, le marché est moins
développé car plus récent [167]. Par ailleurs, la spiruline renferme toutes les
vitamines et minéraux nécessaires pour avoir une peau, des cheveux et des
ongles sains.

138
Ainsi, en utilisant de la spiruline en complémentation d’une alimentation
équilibrée, la peau devient plus nette et fraîche, les cheveux retrouvent vigueur
et brillance, tandis que les ongles fortifiés cassent moins facilement [168].
De façon un peu plus détaillée, sa teneur en vitamine A permet un bronzage
plus rapide et plus uniforme au soleil. Sa teneur en vitamine B5 permet à la
peau de conserver son hydratation et sa souplesse ; elle aide aussi à renforcer
les cheveux contre les agressions chimiques et mécaniques. La vitamine B8, en
diminuant l’excrétion de sébum, réduit la principale cause de chute des
cheveux [168].

Les figures 64a et 64b représentent des spécialités de cosmétiques intégrant de


la spiruline dans leur formulation ; elles sont commercialisées en France.

Figures 64a (à gauche) et 64b : A gauche, masque vivifiant et purifiant au kiwi et à la spiruline. Il élimine
les impuretés et peaux mortes et apporte les vitamines naturelles pour une peau nette et
éclatante. © Le club santé 2007.
A droite, Sérum bleu contenant un extrait liquide de spiruline fraîche à teneur garantie en
phycocyanine. Ce complément possède de puissantes propriétés antioxydantes,
antiradicalaires, détoxifiantes et immunostimulantes. La notice d’emploi conseille de prendre
une ampoule diluée dans un demi verre d'eau, le matin, pendant 14 jours et de renouveler la
cure plusieurs fois dans l'année, aussi souvent que nécessaire. © easy parapharmacie.com

D’autre part, grâce à ses composants capables de lutter contre les effets
néfastes des radicaux libres (notamment le vieillissement), la spiruline fait
l’objet de recherches menée par certains laboratoires. Parmi ces éléments
antioxydants, la SOD, le β-carotène, la vitamine E, le sélénium et le zinc
exercent une action synergique bénéfique en préservant l’ensemble des cellules
de l’organisme contre l’action des radicaux libres. En évitant la
dégénérescence cellulaire, on peut donc retarder les effets du vieillissement.
Jusqu’à présent, cet aspect de la spiruline est surtout envisagé par le biais
d’une supplémentation par voie orale. La prévention des effets du
vieillissement cutané par les éléments précédemment cités de la spiruline, n’est
pas encore beaucoup développée sous la forme topique.

139
Récemment en France, le laboratoire Jade Recherche, lequel étudie depuis
quelques années la phycocyanine, a réussi à mettre au point un extrait liquide
de spiruline titré en phycocyanine. Ce laboratoire a également développé une
"crème cosmétique Soleil Bleu" renfermant de la phycocyanine, dont l’effet
protecteur est utilisé pour combattre les rayonnements UV, générateurs de
radicaux libres et d’oxydation. Cette crème contient aussi de l’aloé vera. Elle
est nutritive et favorise le renouvellement cellulaire. En plus de la crème, il est
conseillé d’utiliser les ampoules (5 ml) contenant l’extrait liquide de spiruline
titré en phycocyanine (9,5 mg), soit par voie interne, soit en application sur la
peau. Dans ce cas, on peut parler de cosmétique intelligente et performante car
elle associe cosmétique interne et externe [169].

Par ailleurs, la spiruline renferme une teneur élevée en acide γ-linolénique (cf.
première partie 3.1.2.2.). Cet acide gras essentiel polyinsaturé est
indispensable à l’Homme car son organisme ne sait pas le fabriquer. Or, il
exerce une action thérapeutique importante sur le derme : atténuation de
certains phénomènes inflammatoires (notamment après des brûlures) et
amélioration de la qualité des cicatrisations cutanées. Cet acide étant très rare
dans la nature (onagre, bourrache, cassis), son extraction à partir de la spiruline
pourrait constituer une offre intéressante pour l’industrie cosmétique.

1.3 Médecine

1.3.1 Diagnostic biologique


Comme cela a été décrit au début de la première partie, la spiruline
renferme des pigments photosynthétiques. Parmi eux, les
phycobiliprotéines, telles que la phycoérythrine (rouge) et la phycocyanine
(bleue) sont extraites. Ces pigments sont utilisés comme marqueurs
fluorescents dans le dépistage de certaines maladies (cancer, détection dans
les dons de sang d’une éventuelle contamination par le virus du SIDA) et
dans le domaine de la recherche médicale. Ce sont en effet des colorants
fluorescents stables, hydrosolubles et extrêmement sensibles [170].
Ces molécules fluorescentes peuvent facilement être liées à des anticorps
monoclonaux. Le biologiste n’a alors plus qu’à suivre leur cheminement à
l’intérieur du corps humain ; lorsque l’anticorps se fixe sur un récepteur de
cellule ou de tissu, la fluorescence du pigment associé permet d’observer
l’aspect cytologique des cellules situées à cet endroit.
Ces extraits sont issus de spiruline cultivée en photobioréacteurs. On les
retrouve dans des kits de diagnostics médicaux et également dans les
techniques de cytométrie de flux.
En 2000, le coût de l’extrait purifié en phycoérythrine ou en phycocyanine,
destiné à cet usage, se situait entre 30 000 et 70 000 $ US/kg [170]. En
dépit de ce prix très élevé, la demande est en progression constante chaque
année. Ceci s’explique sans doute par le fait que ces marqueurs sont 10 à
30 fois plus intenses que les marqueurs conventionnels ; de plus, ils
constituent une alternative aux marqueurs radioactifs peu populaires.

140
1.3.2 Recherche génétique
La spiruline contient beaucoup d’enzymes. Parmi elles, trois endonucléases
de restriction ont été découvertes. Elles agissent comme des ciseaux pour
couper l’ADN des microbes envahisseurs. Les chercheurs pensent que c’est
grâce à ces enzymes que la spiruline existe depuis plus de trois milliards
d’années : elle s’en est probablement servie pour dégrader l’ADN
d’ennemis écologiques (bactéries, virus) qui avaient pénétré dans ses
cellules [171].
Ces enzymes coupent les molécules d’ADN bicaténaire au niveau de
séquences nucléotidiques très précises.
Parmi les trois endonucléases retrouvées dans la spiruline, une est
spécifique car elle n’est retrouvée dans aucune autre espèce de bactérie,
champignon ou algue ; elle a donc été appelée "Spl-1"[172].
Les scientifiques japonais l’extraient de cultures de spiruline en
photobioréacteurs et la vendent dans les laboratoires de recherche
génétique. Les deux autres enzymes de restriction peuvent être extraites à
partir des micro-algues anabaena et nostoc.
Ces enzymes sont utilisées dans des expériences de recombinaison
génétique in vitro pour introduire des séquences d’ADN d’origines diverses
dans des plasmides [171].

1.4 Environnement

1.4.1 Diminution de la pollution environnementale (de l’atmosphère et


des sols)
La pollution atmosphérique est un problème planétaire qu’il convient de
s’efforcer de résoudre pour ne pas hypothéquer la vie des générations
futures. Parmi le vaste programme de protection de l’environnement, la
limitation de la production des gaz à effet de serre (GES) est un sujet
important et d’actualité.
Voici en quelques mots ce qu’est l’effet de serre. La plus grande partie du
rayonnement solaire traverse directement l’atmosphère pour réchauffer la
surface du globe. La terre, à son tour, renvoie cette énergie dans l’espace
sous forme de rayonnement infrarouge de grande longueur d’onde. La
vapeur d’eau, le gaz carbonique, et d’autres gaz absorbent ce rayonnement
renvoyé par la terre, empêchent l’énergie de passer directement de la
surface du globe vers l’espace, et réchauffent ainsi l’atmosphère.
L’augmentation de la teneur atmosphérique en GES peut donc se comparer
à la pose d’un double vitrage : si les apports de rayonnements solaires à
l’intérieur de la serre restent constants, la température s’élèvera.

Les principaux GES émis par l’activité humaine sont [173] :

- le gaz carbonique (CO2) : 64,2 % de part de responsabilité dans le


réchauffement climatique ;
- le méthane (CH4) : 19,3 % ;

141
- les chlorofluorocarbures (CFC, qui ont également pour effet
d’appauvrir la couche d’ozone) : 9,5 % ;
- le protoxyde d’azote (N20) : 4 %.

Une des conséquences de l’émission excessive de ces gaz est le


réchauffement climatique. Les climatologues prévoient une augmentation
de la température moyenne du globe de 2°C entre 1990 et 2100 en cas de
doublement de la concentration des GES dans l’atmosphère [174]. Dans
l’hypothèse où rien ne serait entrepris pour limiter l’augmentation de leur
concentration dans l’atmosphère, un réchauffement beaucoup plus élevé
pourrait être à prévoir. Or, on sait qu’une variation de seulement quelques
degrés de la température moyenne de la planète, engendre déjà une
profonde transformation de sa physionomie.

Les incidences du réchauffement climatique sont par exemple [174] :

• la fonte d’une partie des glaciers polaires et l’élévation du


niveau des mers ;
• la perturbation du cycle de l'eau avec pour conséquence
l’augmentation de la fréquence et de l'intensité des catastrophes
naturelles d'origine climatique (canicules, sécheresses,
inondations, tempêtes, cyclones). Les famines peuvent devenir
omniprésentes dans certains secteurs ;
• la recrudescence et le déplacement géographique de certaines
maladies infectieuses, suite à l'élévation de la température et à
la multiplication des inondations (paludisme, dengue, fièvre
jaune, encéphalites à tiques, salmonellose, choléra) ;
• la modification des courants marins : le ralentissement du Gulf
Stream au niveau du nord de l’océan atlantique, aurait pour
conséquence un fort refroidissement de la température moyenne
en Europe occidentale tandis que la température aurait tendance
à s’élever dans le reste du globe ;
• la baisse de la biodiversité avec disparition des espèces
animales et végétales qui ne seront pas capables de s’adapter
rapidement au changement. La physionomie de l’écosystème
changeant, les espèces animales et végétales restantes
évolueront inévitablement ;
• un coût économique important : aux coûts directs (dégâts des
tempêtes, par exemple), s'ajoutent les coûts d'adaptation
(construction de digues, modification des cultures, etc.).

Suite au protocole de Kyoto ratifié le 10 décembre 1997, les pays


développés signataires se sont engagés non plus à stabiliser leurs émissions
de GES, mais à les réduire (objectifs quantifiés avec échéances
calendaires). Les états-membres de l’union européenne ont décidé de
répartir leurs efforts en fonction de leur niveau d’émission de 1990, de leur
démographie, ou de leur besoin de développement économique [175].
Les pays industrialisés ont une responsabilité particulière dans
l'accumulation des émissions de ces gaz dans l'atmosphère, depuis la
révolution industrielle.

142
En effet, elle résulte de l’utilisation intensive des combustibles fossiles
(pétrole, gaz naturel, charbon). A l’heure actuelle, plus de 70 % de la
consommation énergétique mondiale est tirée des énergies fossiles alors
que 0,2 % seulement est fournie par le soleil. Les pays industrialisés et les
pays dits "de transition" (Chine, Inde) émettent plus des deux tiers des
GES.
A noter que les pays industrialisés sont aussi ceux qui possèdent les
meilleures technologies disponibles pour réduire ces émissions.

Le CO2 est, de loin, le plus important des GES d'origine anthropique ; il est
actuellement responsable de 80 % de l'effet de serre imputable aux pays
industrialisés. Chaque année, 24 milliards de tonnes de C02 sont libérées
dans l'atmosphère. Les forêts et les océans ne suffisent plus à les
réabsorber, c'est donc 3,2 tonnes de C02 ainsi que d'autres gaz qui
s'accumulent chaque année, créant l'effet de serre [173].
Or, contrairement à d'autres GES, on ne connaît pas encore de procédés
efficaces de capture. En effet, les technologies chimiques existantes de
capture du CO2 ont un coût élevé [176].
A moyen terme, on pensait que d'autres technologies pourraient permettre
de réduire ces coûts. Mais, des études ont montré que le rendement d'une
centrale électrique thermique équipée de systèmes de capture serait environ
15 % moindre, ce qui pourrait majorer de 30 % le coût du kilowattheure
produit. En outre, la capture du CO2 entraîne une surconsommation
énergétique, donc une surproduction de CO2. Enfin, ces technologies ne
pourraient concerner que des grandes installations fixes.

Par ailleurs, le stockage du CO2 est également envisagé dans des gisements
d'hydrocarbures épuisés, dans les nappes aquifères ou dans les océans ;
cette dernière formule repose sur l'idée d'accélérer le processus naturel
d'absorption du CO2 par les océans, en y injectant du CO2 et en espérant
qu'il y séjournera plusieurs centaines d'années avant de se redégager dans
l'atmosphère. Outre leurs difficultés techniques et leur coût élevé (lié au
transport du CO2), ces injections, ne sont envisageables que pour les
émissions d'installations fixes (en raison de la nécessité de récupérer le
CO2 émis). Ces solutions de stockage génèrent aussi de nombreuses
incertitudes quant à leur impact sur l'environnement.

Il apparaît donc nécessaire de favoriser le développement des "puits" de


carbone [177] ; les solutions les plus couramment évoquées sont :

 la réduction du déboisement,
 la préservation du couvert forestier existant,
 le développement du reboisement,
 le remplacement (aussi souvent que possible) du ciment et de
l’acier par le bois, dans les domaines de la construction et de
l’ameublement. En effet, le bois est un matériau qui fixe le
carbone, alors que la production des autres matériaux émet
des GES dans l'atmosphère.

143
A côté de ces solutions, la spiruline devrait avoir aussi sa place. En effet,
puisqu’elle a permis la vie sur Terre il y a 3 milliards d’années, par le biais
de la réduction du gaz carbonique et l’introduction de l’oxygène dans une
atmosphère comprenant uniquement du CO2, du méthane, de
l’ammoniaque et de l’hydrogène, pourquoi ne servirait-elle pas à absorber
une partie de l’excès de CO2 émis ?
On sait que pour atteindre un rendement optimal de croissance, la spiruline
a besoin de CO2 en grande quantité, que ce soit pour sa culture en bassins
ou en photobioréacteurs. En couplant les bassins à des centrales thermiques
classiques productrices d’électricité (centrales au charbon par exemple, qui
rejettent en moyenne 13 % de CO2), le CO2 émis peut être assimilé par la
spiruline plutôt que de s’échapper dans l’atmosphère [178]. Ce procédé
permet également le traitement des eaux usées de la centrale puisque les
nitrates et phosphates sont des éléments nécessaires au milieu de culture de
la spiruline [179].

Des projets ont déjà été testés à petite échelle [180] ; il serait bien de
poursuivre les études afin de pouvoir développer des cultures de spiruline
couplées aux structures industrielles grandes émettrices de CO2.

Le protoxyde d'azote N2O est un puissant gaz à effet de serre dont le


pouvoir de réchauffement global sur 100 ans est 310 fois plus élevé qu'une
masse équivalente de CO2. La cause première des émissions de N2O
provient essentiellement des phénomènes de nitrification / dénitrification
dans les sols cultivés notamment du fait de l'utilisation d'engrais azotés
minéraux et de la gestion des déjections animales. Les émissions en
provenance du secteur de l’industrie chimique constituent aussi une source
importante de N2O : fabrication de glyoxal, d'acides adipique, glyoxylique
et nitrique. A noter que la part attribuée au trafic routier est en forte hausse
du fait de la généralisation des pots catalytiques sur les voitures.

Les émissions de CH4 proviennent essentiellement du lisier, de la digestion


du bétail et des déchets (notamment des décharges).
La spiruline présente un intérêt car elle pourrait permettre, dans une
certaine mesure, de réduire ces deux types d’émissions. En effet, comme
cela a été décrit dans la première partie, la culture de la spiruline présente
certains avantages :

- elle ne nécessite aucun engrais chimique donc il n’y a pas de


risque d’émission de protoxyde d’azote ;
- elle permet d’obtenir une grande quantité de protéines pour une
consommation faible d’eau (figure 65) ;
- elle constitue une alternative aux cultures céréalières et à
l’élevage d’animaux de boucherie, lesquels ont un rendement
protéique nettement inférieur et une consommation d’eau
nettement plus élevée (figures 65 et 66).

En remplaçant progressivement et partiellement les protéines animales


issues des bovins par des protéines issues de spiruline, on obtiendrait une
baisse conséquente de l’émission de méthane.

144
En effet, en raison de la fermentation entérique particulière aux ruminants,
les bovins sont les principaux responsables du rejet de ce gaz dans
l’atmosphère. Une culture de la spiruline produit 50 tonnes de protéines à
l’hectare (contre 160 kg pour le bœuf) et elle assure en parallèle une
absorption de 25 tonnes de carbone à l’hectare [178].

120000 105000

100000
quantité d'eau nécessaire (litres) à la
production d'1kg de protéines
80000

60000
37500

40000

12400 12500
9000
20000
2100

0
spiruline soja blé maïs riz bovins

Figure 65 : Histogramme en trois dimensions mettant en évidence


la quantité d’eau nécessaire à la production d’un kilogramme
de protéines, pour divers nutriments habituellement exploités
pour leur richesse en protéines [181].

145
50

50

45

40
rendement en protéines en tonnes par hectare et par an
35

30

25

20

15

10
2,5 3
2
0,16 0,2 0,8
5

0
bovins riz blé maïs soja canne à spiruline
sucre

Figure 66 : Histogramme en trois dimensions mettant en évidence le rendement


de production de protéines en tonnes par hectare et par an, pour
diverses sources de protéines [181].

En ce qui concerne la possibilité de recyclage de certains déchets, la


spiruline (et certaines micro-algues) a été utilisée dans le passé par Ripley
Fox. La spiruline étant capable d’utiliser, pour sa croissance, les déjections
des élevages porcins ou aviaires (sources de nitrates et de phosphates à
l’origine de phénomènes d’eutrophisation des eaux), ce scientifique a mis
en place, dès le début des années 80, le système de cultures intégrées
villageoises. Installés dans certains pays (Madagascar, Inde, Chine,
Vietnam, Sénégal, Togo), le but était de réduire les coûts de culture. L’idée
reposait sur la participation directe de l’homme dans le cycle de la
spiruline, par le biais du recyclage des déjections humaines ; celles-ci
étaient récupérées et transférées dans les bassins de culture de spiruline.
L’engrais fourni permettait sa croissance et la production de méthane (gaz
de fermentation) [5].
Le procédé était adapté à la disponibilité des matières premières et aux
habitudes et tabous culturels de chaque pays. En pratique, la réticence des
populations des deux derniers pays cités a entraîné l’échec du projet.

146
C’est en Inde que la première expérimentation a eu lieu, dans le petit
village de Karla, au centre du pays. La construction, terminée en 1984,
fonctionne encore actuellement. Il comprend des sanitaires surélevés d’où
les effluents vont, par gravitation, dans le digesteur (cuve de fermentation
en anaérobie), dont l’effluent riche en azote et en sels minéraux, sert de
nourriture à la spiruline, après fermentation.
Par contre au Sénégal, à Ronkh, le désintéressement des autorités
villageoises ont fait que le projet a été stoppé.
Au nord Togo, dans le village de Farendé, le projet lancé en 1983 a connu
aussi des difficultés d’adaptation. Un gazomètre devait recueillir le biogaz
produit par le digesteur : le gaz carbonique était recyclé pour optimiser la
croissance de la spiruline tandis que le méthane servait à la stérilisation des
instruments chirurgicaux.

1.4.2 Baisse de la consommation en eau dans le domaine


agroalimentaire

Sur Terre, 97,5 % de l’eau est salée. L’eau douce ne constitue donc
qu’environ 2,5 % du total de l’eau ; or, plus des deux tiers sont concentrés
dans les glaciers et la couverture neigeuse, et environ un tiers gît dans les
nappes souterraines, plus ou moins accessibles. Par conséquent, il reste
seulement 0,1 % d’eau douce facilement disponible à la surface des terres
[182].
Au fil des décennies, l’eau douce est devenue une denrée très précieuse car
les réserves s’amenuisent dangereusement. Il est urgent de l’économiser et
surtout de ne pas la gaspiller car elle est indispensable à la vie sur Terre.
Comme le montre la figure 83, la culture de la spiruline consomme
nettement moins d’eau que d’autres cultures ou que l’élevage de bétail,
rapporté à la production d’une même quantité de protéines. Sans compter
qu’à elle seule, la spiruline constitue un complément alimentaire complet.

Dans la perspective d’une limitation de la consommation d’eau douce,


certains experts en spiruline ont déjà commencé à étudier des cultures
utilisant l’eau de mer.
L’étude menée à partir de mai 2001 jusqu’à février 2004 par Tsarahevitra
Jarisoa (Institut des Sciences Marines de Madagascar), Loïc Charpy
(Institut de Recherche pour le Développement, Marseille) et Nardo Vicente
(Institut Océanographique Paul Ricard, sur l’île des Embiez) permet
d’apporter quelques éléments de réponse [183] :

 En milieu marin non traité, S. platensis est capable de pousser


mais les biomasses obtenues sont inférieures à celles obtenues
après un traitement de l’eau de mer.
L’eau de mer possède un pH autour de 8 (limite inférieure
requise pour le développement de la spiruline), des traces de
phosphore, azote, fer, et des quantités élevées de calcium
(400 mg/l) et magnésium (1 200 mg/l), gênant la croissance
de la cyanobactérie. Un traitement de cette eau par du
carbonate de soude permet de précipiter une certaine quantité
de calcium et magnésium.

147
Ensuite, on enrichit l’eau traitée en phosphore, azote, fer.
Cette opération (traitement + enrichissement) permet un
meilleur rendement de production mais il augmente le coût de
réalisation d’une culture.
 L’analyse qualitative et quantitative n’a pas retrouvé de
différences significatives avec l’analyse d’une même souche
cultivée à partir d’eau douce.

Les études doivent être poursuivies en cherchant les solutions permettant


d’optimiser les rendements tout en minimisant les coûts de production. Par
exemple, si on arrivait à prouver la faisabilité d’une culture dans de l’eau
de mer non traitée mais enrichie, ces coûts seraient nettement abaissés.

1.5 Recherche spatiale


L’un des sujets d’étude des programmes d’exploration spatiale concerne la
création, le développement et l’amélioration des technologies mises en jeu
dans les systèmes de soutien de vie pour les missions habitées. Un programme
de recherche, du nom de projet MELiSSA (Micro Ecological Life Support
System Alternative, ce qui signifie en français : option micro-écologique pour
un système de support-vie), a débuté en 1989 [184] ; il est mené
conjointement par la NASA (National Aeronautics and Space Administration)
et l’ASE (Agence Spatiale Européenne). A l’heure actuelle, une dizaine
d’équipes dans toute l’Europe et au Canada travaillent dessus.
Ce projet exploite la capacité de certains microorganismes à traiter les déchets
et à régénérer l’atmosphère, dans le cadre d’écosystèmes clos artificiels.
Or, parmi toutes les espèces de microorganismes alimentaires existantes sur
Terre, la spiruline est la seule a avoir été retenue par les scientifiques afin
d’être cultivée dans des stations orbitales, dans le cadre de voyages de longue
durée ou à longue distance.

Pour des missions habitées courtes ou en orbites proches de la Terre, il est


possible d’embarquer les ressources nécessaires à la survie de l’équipage ou
de les ravitailler en cours de mission : l’oxygène et la nourriture sont produits
sur Terre et stockés à bord.
Les déchets produits pendant la mission (CO2, urine) sont stockés après
traitement physico-chimique. Mais, avec la perspective future de missions
habitées de longue durée (missions sur la planète Mars), ces solutions ne sont
plus envisageables. En effet, pour des raisons de volume et de masse, et donc
de coûts, il n’est pas question d’exporter depuis la Terre, la totalité de
l’oxygène, de l’eau et des aliments nécessaires à un très long séjour de
plusieurs cosmonautes. De plus, les capacités de recyclage des systèmes
physico-chimiques étant limitées, il faut trouver une solution qui permette à la
fois :

- le recyclage de l’atmosphère
- le traitement des déchets
- le traitement et le recyclage de l’eau
- la production de nourriture nécessaire à l’équipage.

148
Il est bien entendu que tout ceci doit se faire dans un espace réduit, sans
constituer de danger pour les êtres humains.
La solution trouvée est celle d’un écosystème artificiel fermé composé de cinq
compartiments formant une boucle de recyclage [185] :

o le premier accueille l’ensemble des déchets organiques alimentaires,


fécaux, papiers et eau produits par les membres de l’équipage ;

o le deuxième compartiment contient des bactéries thermophiles qui


transforment les déchets solides et liquides en dioxyde de carbone,
acides gras volatils et ammoniaque ;

o le troisième est inoculé par des bactéries nitrifiantes


(photohétérotrophes) qui transforment les acides gras volatils en
biomasse consommable et l’ammoniaque en nitrates (source d’azote
assimilable pour la photosynthèse) ;

o le quatrième compartiment renferme la spiruline (photoautotrophe) ;


elle se sert du CO2, de l’eau et des minéraux précédemment formés
pour sa croissance. En même temps, elle réalise une régénération rapide
de l’atmosphère en oxygène, avec un bon rendement. La biomasse de
spiruline produite constitue une excellente source de protéines pour les
cosmonautes ;

o le dernier compartiment sert au développement de la culture de plantes


supérieures utilisées pour équilibrer la ration alimentaire de l’équipage.

Etant donné la difficulté technologique pour développer un tel système et


s’assurer qu’il soit fiable, le projet n’est encore pas abouti. Des essais de
culture de spiruline en apesanteur sont en cours.

149
2. Tour d’horizon des éventuelles propriétés thérapeutiques de la spiruline,
d’après les résultats des recherches cliniques menées et publiées

Depuis une trentaine d’années, de nombreuses études sont menées sur la spiruline, afin
d’apporter des preuves de certains effets thérapeutiques soupçonnés car observés chez
les consommateurs réguliers.
Certaines études ont été réalisées in vitro, d’autres in vivo, chez certaines espèces
animales ou chez l’Homme. Le travail qui suit met en évidence les principaux axes de
recherche et expose quelques études de référence, publiées dans diverses revues
scientifiques internationales.

2.1. Activité antioxydante et antiradicalaire


Les mécanismes du vieillissement cellulaire et de la cancérisation sont de
mieux en mieux connus, et la communauté scientifique s’accorde pour dire que
le vieillissement cellulaire et certains cancers sont liés à l’effet oxydatif des
radicaux libres ; ceux-ci font des ravages en altérant l’ADN nucléaire et les
structures internes de la mitochondrie.
L’intérêt des antioxydants réside dans leur effet neutralisant sur les radicaux
libres, avant que ceux-ci ne commettent des dégâts irréversibles, c’est-à-dire
immédiatement au moment de leur formation au cours du métabolisme
cellulaire.
La spiruline étant particulièrement riche en antioxydants puissants comme le
β-carotène, la vitamine E, le zinc, le sélénium, la superoxyde dismutase, il est
logique qu’elle ait des propriétés antioxydantes et antiradicalaires.
Mais des études suggèrent que d’autres mécanismes seraient impliqués dans la
lutte contre le cancer et dans le domaine de la radioprotection.

Une des premières études publiées relate les recherches menées par Manoj et
al.[186]. Ces scientifiques ont remarqué que l'extrait alcoolique de spiruline
empêchait de manière plus significative la peroxydation des lipides, par rapport
aux antioxydants chimiques : inhibition de 65 % contre 35 % avec
l’α-tocophérol, 45 % avec le butylhydroxyanisol et 48 % avec le β-carotène.
L'extrait aqueux de spiruline a également montré un effet antioxydant plus
puissant (76 %) que l'acide gallique (54 %) et l'acide chlorogénique (56 %). Un
aspect intéressant de leurs résultats est que l'extrait aqueux avait une activité
antioxydante significative même après l’enlèvement des polyphénols.
Dans une autre étude, par Zhi-gang et al. [187], les effets antioxydants de deux
fractions d'un extrait d'eau chaude de spiruline ont été étudiés en utilisant trois
systèmes qui produisaient des radicaux superoxyde (O2•), lipidiques et
hydroxyle (OH•). Les deux fractions ont montré la capacité significative à
débarrasser les radicaux hydroxyles (radicaux les plus fortement réactifs de
l'oxygène), sans aucun effet sur les radicaux superoxyde. Une fraction a permis
un nettoyage significatif des radicaux lipidiques, même à faible concentration.

Dans une autre étude menée par Miranda et al. [188], l'activité antioxydante
d'un extrait méthanolique de Spirulina maxima a été déterminée in vitro et in
vivo. L'activité antioxydante in vitro a été testée sur un homogénat de cerveau
de rat incubé à 37°C, avec et sans l'extrait de spiruline.

150
Les résultats ont montré que la peroxydation de cet homogénat a été inhibée à
presque 95 % en présence de 0,5 mg d'extrait méthanolique. La concentration
de l’extrait méthanolique capable de réduire de 50 % la peroxydation (IC50) a
été évaluée à seulement 180 µg/ml.
La capacité antioxydante a aussi été évaluée in vivo, dans le plasma et le foie
d’animaux recevant une dose quotidienne de 5 mg d’extrait méthanolique de
spiruline, pendant 2 et 7 semaines. L'activité antioxydante du plasma a été
mesurée dans un homogénat de cerveau incubé pendant une heure à 37°C. La
production d’éléments oxydés dans le foie après deux heures d’incubation a
été évaluée par le biais du taux de substances réagissant avec l’acide
thiobarbiturique (= TBARS, marqueurs de lipoperoxydation), dans le groupe
expérimental et dans le groupe témoin. Elle s’est révélée être égale à 97 % et
71 % pour le groupe expérimental, contre 74 % et 54 % pour le groupe témoin,
après respectivement 2 et 7 semaines. Cet effet antioxydant a été attribué au β-
carotène, à l’α-tocophérol et aux composés phénoliques, lesquels agissent
individuellement et/ou en synergie.

Plusieurs études sur Spirulina platensis ayant déjà mis en évidence des
propriétés antiradicalaire (radicaux hydroxyle et peroxyle) et inhibitrice de la
peroxydation des lipides microsomaux, une étude a été menée dans le but de
déterminer à quel(s) composant(s) pouvaient être attribués ces effets. La
phycocyanine de S. platensis a donc été extraite, purifiée et caractérisée. Les
chercheurs ont étudié l'activité antioxydante des différentes fractions obtenues
tout au long de son procédé de purification, par le biais de l’évaluation de son
activité antiradicalaire vis à vis des radicaux hydroxyles. Ils ont pu observer
qu'une augmentation du contenu en phycocyanine était positivement corrélée à
une augmentation de l'activité antioxydante des différentes fractions. Par
conséquent, la phycocyanine semble être le composant en grande partie
responsable de l'activité antioxydante de la spiruline [189].

L’activité antiradicalaire de la phycocyanine a été comparée aux activités de 2


substances de référence utilisées dans le domaine agroalimentaire : le
tocophérol et le butylhydroxyanisol (BHA). La figure 67 montre l’activité anti-
radicalaire de l’extrait liquide de Spiruline (Spirulysat) titré en phycocyanine
par rapport à ces deux produits [190]. On peut constater que l’extrait de
spiruline titré en phycocyanine a une activité antiradicalaire supérieure à celles
des deux autres substances de référence.

151
Figure 67 : Histogramme comparant l’activité antiradicalaire du Spirulysat®
par rapport à celle du butylhydroxyanisol et du tocophérol.
© ALPHA BIOTECH.

Une étude menée par Romay [191] rapporte que la phycocyanine a empêché
l’hémolyse d’érythrocytes induite par le 2,2'-azobis dihydroxychloride
(AAPH), générateur de radicaux libres peroxyl. Cette inhibition s’est révélée
aussi efficace que celle issue de l’activité du Trolox® ou de l’acide ascorbique,
puissants antioxydants. En se basant sur les valeurs de l’IC 50 (concentration
de l'additif permettant une inhibition de 50 % de la peroxydation), la
phycocyanine s'est avérée être un antioxydant 16 fois plus efficace que le
Trolox® et environ 20 fois plus efficace que l’acide ascorbique.
Ces résultats ont été confirmés lors d’une étude ultérieure [192], laquelle a
prouvé que l'activité antioxydante de la phycocyanobiline (un composant de
phycocyanine) était plus puissante que celle de l’α-tocophérol, l’acide caféique
et la zéaxanthine. Dans cette étude in vitro, l'effet antioxydant de la
phycocyanobiline était évalué par le biais de l'oxydation du linoléate
méthylique, induite par le AAPH et dirigée sur des liposomes de
phosphatidylcholine. La phycocyanobiline a été distribuée en dehors des
liposomes pour éliminer les radicaux du AAPH et pour éviter l'initialisation
des réactions radicalaires en chaîne. Cette étude a également montré que la
phycocyanine issue de la spiruline séchée par la méthode du "spray drying",
possédait une activité antioxydante semblable à celle de la phycocyanine
extraite de spiruline fraîche. Les résultats suggèrent que l'activité antioxydante
de la phycocyanine serait attribuable à la phycocyanobiline, groupement
prosthétique de la phycocyanine, puisque la partie protéique se serait
dénaturée sous l’action du séchage.
Du fait que la phycocyanobiline semble responsable de la majorité de l’effet
antioxydant de la phycocyanine, il serait intéressant de l’extraire de la spiruline
dans le but de la commercialiser, afin d’utiliser cette propriété chez l’Homme.

152
Une étude publiée en 2001 [193], avait pour objectif d’observer l’effet
antiradicalaire de la phycocyanine et de son chromophore, la
phycocyanobiline, vis à vis du peroxynitrite (ONOO ─). Cet anion, produit de
la réaction in vivo de l'oxyde nitrique avec le superoxyde, est un oxydant
puissant et polyvalent capable de s’attaquer à un large éventail de molécules
biologiques. Il peut notamment réagir avec l'ADN, les protéines et les lipides à
l'état physiologique, provoquant des dommages cellulaires importants ; sa
réaction avec l'ADN provoque des lésions des bases nucléiques. Les résultats
ont montré que ces deux composés de la spiruline ont permis une élimination
efficace de l’anion peroxynitrite.
Cette étude a permis de montrer que la phycocyanobiline a inhibé
significativement et de façon dose dépendante, les cassures dans un brin
monocaténaire issu d’un plasmide d'ADN super-enroulé, provoquées par
ONOO ─. La valeur IC 50 obtenue (concentration permettant l’inhibition de 50
% de ces effets) était égale à 2,9 ± 0,6 µmol/l.
L’action antiradicalaire propre à chacun des deux composés a été quantifiée, en
mesurant la cinétique de destruction des protéines par la technique de
décoloration du rouge de pyrogallol. La proportion relative antioxydante et la
valeur de l'IC 50 indiquent clairement que la phycocyanine est plus efficace
que la phycocyanobiline dans ce rôle antiradicalaire.
Ces résultats suggèrent que la phycocyanine a la capacité d'inhiber les effets
biologiques délétères provoqués par ONOO ─ ; si cet effet était confirmé par
d’autres études, la phycocyanine pourrait être utilisée comme agent
thérapeutique antiradicalaire.

2.2. Effets sur le système immunitaire


Voici d’abord un bref rappel concernant le fonctionnement de notre système
immunitaire, de façon à mieux comprendre ensuite l’impact de la spiruline.
L'immunité est une fonction physiologique permettant aux êtres vivants de
développer des mécanismes de défense. Le système immunitaire constitue
pour cela un ensemble complexe et coordonné de molécules, cellules, tissus et
organes capables de reconnaître et tolérer le "soi", tout en reconnaissant et
rejetant le "non soi" : substances étrangères, agents infectieux (bactéries, virus,
champignons, parasites) auxquels il est exposé, propres constituants altérés
(cellules tumorales par exemple) [194].
Ce système comprend ainsi :

- les organes lymphoïdes centraux (thymus et moelle osseuse) et


périphériques (rate, ganglions lymphatiques, tissu lymphoïde annexé
aux muqueuses) ;

- les cellules de l’immunité : lymphocytes B et T selon leur origine,


lesquels se différencient en sous-populations lymphocytaires, avec des
protéines membranaires CD caractéristiques. Il y a aussi les cellules
naturellement tueuses (cellules NK) et les cellules présentatrices
d’antigènes (monocytes, macrophages, cellules dendritiques…) ;

153
- les molécules du système immunitaire : anticorps, système du
complément, cytokines (interleukines, interférons, facteurs de nécrose
des tumeurs, facteurs de croissance hématopoïétiques, facteur de
croissance des tumeurs) et molécules d’adhésion (sélectines,
intégrines).

Des mécanismes de défense non spécifiques (barrières naturelles, cellules


phagocytaires…) et spécifiques (lymphocytes et anticorps ciblant un antigène
précis) se complètent pour assurer une réponse immunitaire adaptée.
Il faut aussi distinguer les réactions immunitaires primaires et secondaires. La
prolifération sélective de lymphocytes menant à la formation de clones de
cellules effectrices contre un antigène constitue la réponse primaire. Entre
l'exposition à l'antigène et la production maximale de cellules effectrices, il se
passe un délai de 5 à 10 jours (temps nécessaire à la différenciation des
lymphocytes activés). Lorsque l'organisme rencontre le même antigène
quelque temps plus tard, la réaction se produit plus vite (3 à 5 jours) et plus
longtemps : c'est la réaction immunitaire secondaire ; elle résulte de la
mémoire immunitaire, laquelle repose sur les cellules mémoires élaborées en
même temps que les lymphocytes effecteurs à vie courte. Au cours de la
réponse primaire, les cellules mémoires ne sont pas actives mais elles
survivent plus longtemps et prolifèrent rapidement lors d'une deuxième
exposition. La réaction immunitaire secondaire donne naissance à un nouveau
clone de cellules mémoires et de nouveaux lymphocytes effecteurs.

La réponse immunitaire comporte donc la reconnaissance et la présentation de


l'antigène, ainsi que la stimulation, la multiplication et la différenciation des
deux types de lymphocytes.
Les dérèglements du système immunitaire peuvent être à l'origine de diverses
manifestations pathologiques : états d'hypersensibilité (ou allergies), maladies
auto-immunes ou déficits immunitaires responsables d'infections ou de
cancers.

Toutes les études réalisées à ce jour sur les animaux (souris, rats, hamsters,
poulets, dindes, chats et poissons) ainsi que les constats émanant de
consommateurs réguliers de spiruline, vont dans le même sens : la spiruline
agit positivement sur le système immunitaire.
Evidemment, connaissant sa composition qualitative et quantitative en micro-
nutriments, ces résultats n’ont rien d’étonnant. Certaines vitamines du groupe
B, les molécules antioxydantes (β-carotène, vitamine E, zinc, sélénium) et
l’acide γ-linolénique qui entrent dans sa composition ont déjà prouvé
individuellement leurs effets stimulants sur le système immunitaire. Il est alors
logique que l’association de ces molécules soit synergique.
Mais, le plus intéressant est que cet effet "dopant" du système immunitaire
reposerait aussi sur la présence de molécules complexes, polysaccharidiques et
polypeptidiques, dont les effets immunostimulants sont étudiés depuis le
milieu des années 90.

154
2.2.1. Renforcement du système immunitaire chez différentes espèces
animales
Suite à des études menées in vitro ou in vivo sur des souris, hamsters, poulets,
dindes, chats et poissons, les chercheurs ont constaté que la spiruline
améliorait, de façon constante, l’activité du système immunitaire. Voici
quelques précisions concernant la façon dont les études ont été menées (pour
évaluer leur pertinence) et les résultats obtenus.

 Augmentation de la fonction phagocytaire des macrophages de chat


[195]

Des macrophages obtenus après un lavement des alvéoles de bronches


de chats ont été isolés et cultivés sur des plaques de verre. Les
macrophages ont ensuite été exposés à un extrait hydrosoluble de
Spirulina platensis, à des concentrations comprises entre 0 et 60 µg/ml,
pendant 2 heures. L'exposition à cet extrait n'a pas causé de toxicité
significative sur les macrophages par rapport au groupe témoin
(macrophages non traités). Les cultures en monocouche, de
macrophages traitées et celles servant de témoin, ont été incubées avec
des globules rouges de mouton ainsi qu'avec E. Coli viable. Après cette
incubation, il a été constaté que le pourcentage de macrophages
phagocytaires pour ces deux antigènes particuliers avait
respectivement doublé et augmenté de plus de 10 %, dans les cultures
traitées avec des concentrations variables d'extrait de spiruline.
Cependant, les chercheurs ont remarqué que le nombre de particules
internalisées par les macrophages phagocytaires ne différait pas entre le
groupe témoin et le groupe traité. Les données de l’étude montrant que
l'extrait de Spirulina platensis augmente la fonction phagocytaire des
macrophages, cela laisse penser qu’une supplémentation en spiruline
pourrait augmenter la capacité de résistance aux maladies chez les
chats.

 Stimulation des macrophages de poulets après une exposition in vitro à


un extrait de spiruline [196]

Le but de cette étude consistait à mettre en évidence l’influence de


l’exposition de macrophages de poulets à un extrait de Spirulina
platensis. Des cultures en monocouches de macrophages issus d’un
exsudat abdominal de poulet ont été mises en contact avec un extrait de
spiruline pendant une à seize heures ; la concentration cet extrait variait
de 10 à 40 µg/ml.
Les résultats obtenus ont montré une prolifération accrue et une
meilleure efficacité phagocytaire (vacuolisation augmentée) des
macrophages, avec une cytotoxicité minime. Le pourcentage de
macrophages phagocytaires actifs sur les globules rouges non opsonisés
de mouton et le nombre moyen de ces globules rouges internalisés s’est
révélé significativement plus élevé dans le groupe de macrophages
ayant été en contact avec de la spiruline, par rapport au groupe témoin.

155
En outre, les cultures de macrophages exposées à la spiruline ont
produit, dans le surnageant, un facteur capable de détruire les cellules
tumorales, dont l’activité était comparable à celle du produit issu des
macrophages, suite à une exposition au lipopolysaccharide.
Ces résultats suggèrent que l'exposition in vitro à l'extrait de spiruline
augmente la fonction effectrice sélective des cellules du système
immunitaire du poulet.

 Augmentation du potentiel immunitaire chez les poulets [197] [198]

Plusieurs études menées en parallèle par différents chercheurs ont mis


en évidence l’effet favorable de la spiruline sur le système immunitaire
des poulets.
Des poulets Leghorn blancs (= poulets à croissance lente) et des
poussins destinés à la rôtisserie ont été nourris jusqu’à l’âge de 7
semaines et 3 semaines respectivement, avec une alimentation enrichie
en spiruline à des concentrations variables (0 = lots témoins, 10, 100,
1 000 ou 10 000 ppm). Dans chaque lot, les poussins avaient un poids
corporel comparable au début de l’étude. Les chercheurs ont observé
une augmentation significative (p ≤ 0,05) de poids de la bourse de
Fabricius (équivalent du thymus chez l’Homme) et de la rate,
uniquement dans le lot des poussins supplémentés en spiruline. Ils
n’ont observé aucune différence quant au titre des anticorps dirigés
contre les globules rouges de moutons pendant la réponse primaire.
D’autre part, le pourcentage de macrophages phagocytaires et la
réponse secondaire par les anticorps se sont révélés meilleurs chez les
poulets et poussins supplémentés en spiruline, par rapport aux lots
témoins ; les résultats ont été fonction de la dose de spiruline reçue.
Ainsi, chez les poulets Leghorn ayant reçu 10 000 ppm de spiruline, le
titre de ces anticorps (6,8 Log2) s’est révélé plus élevé par rapport à
ceux qui n’ont pas reçu de spiruline (5,5 Log2). Dans le groupe des
poussins, les chercheurs ont observé un titre d’IgG supérieur d’une
unité logarithmique chez ceux ayant reçu 10 000 ppm, par rapport à
celui du lot témoin.
La supplémentation en spiruline (10 000 ppm) a aussi permis de
multiplier par 2 l’activité des cellules NK, par rapport à celle des
groupes témoins.
De plus, les poussins et poulets ayant reçu entre 1 000 et 10 000 ppm
de spiruline ont développé une réponse lymphoproliférative (à
lymphocytes T) plus puissante que les témoins, suite à l’injection d’un
antigène (phytohémaglutinine) provoquant une hypersensibilité cutanée
à basophiles. Cette réponse a été évaluée en comparant la mesure de
l’épaisseur de la membrane interdigitée avant et après l’injection.
Les chercheurs ont aussi remarqué que les poulets nourris avec 1 000
ppm ou plus de spiruline ont significativement éliminé plus d’E Coli de
la circulation (30 à 40 minutes après l'inoculation intraveineuse), et
diminué le nombre de Staphylococcus aureus dans la rate (80 minutes
après inoculation).

156
Ces études montrent que la supplémentation en spiruline, à cette dose,
active plusieurs fonctions immunitaires, humorales et à médiation
cellulaire, avec pour conséquence une augmentation du potentiel de
résistance à la maladie chez les poulets.

 Spiruline et inhibition des manifestations anaphylactiques chez le rat


[199][200]

Deux études ont été menées dans le but d’étudier, chez le rat,
l’influence de la poudre de Spirulina platensis sur des réactions
anaphylactiques induites par le composé 48/80.
Ce composé, également appelé "polyamine aromatique", est connu
pour son effet histamino-libérateur ; on l’utilise en allergologie comme
produit de référence dans les essais cutanés. Rappelons que l'histamine
est un médiateur essentiel de la physiopathologie de multiples
pathologies allergiques. Elle est synthétisée dans les cellules
inflammatoires et immunocompétentes, dans les cellules pariétales de
l'estomac et dans les neurones (réserve labile). Elle est libérée au
niveau de la peau, de l'intestin, du foie et des bronches, lors du conflit
antigène anticorps ou sous l'effet d’agents divers. Ses actions
biologiques résultent de l’activation de quatre types de récepteurs ; elle
entraîne une action vasodilatatrice puissante, une augmentation de la
perméabilité capillaire, une bronchoconstriction, une activation des
cellules inflammatoires, stimule les sécrétions gastriques et exerce
selon les cas des effets inhibiteurs ou stimulants sur le système nerveux
central ou périphérique [201].

A partir de ces études, les constats des chercheurs ont été les suivants :

 100 % des chocs anaphylactiques provoqués ont été inhibés


lorsque la poudre de spiruline était administrée avant le
composé 48/80, aux doses de 0,5 et 1 mg/g de poids corporel ;
 réduction significative des taux d’histamine sériques chez les
rats ayant reçu de la spiruline ;
 l’inhibition de la libération d’histamine et la diminution de la
production de TNF-α, par les mastocytes de péritoine de rat
activés par le composé 48/80 ou les IgE anti-dinitrophenyl, sont
dépendantes de la dose de spiruline reçue.

Les auteurs ont alors émis l’hypothèse que la spiruline pourrait


renfermer des molécules possédant des propriétés inhibitrices de la
dégranulation mastocytaire chez le rat.
Des études chez l’Homme devraient être menées, de façon à évaluer si
la prise régulière de spiruline pourrait, par exemple, permettre la
diminution des manifestations clinico-biologiques liées aux réactions
d’hypersensibilité immédiate.

157
 Effets immunomodulateurs d’une alimentation enrichie en spiruline
chez les souris [202]

Les auteurs de cette étude ont été les premiers à publier des travaux
détaillés sur les propriétés immunomodulatrices de Spirulina platensis,
chez les souris dont le régime alimentaire en comportait.
Selon leurs résultats, les souris nourries avec de la spiruline ont
développé un plus grand nombre d’anticorps en provenance de la rate,
suite à une inoculation de globules rouges de moutons ; il s’agit d’une
réponse immunitaire primaire contre ces cellules étrangères.
L’immunoglobuline G, anticorps produit lors d’une réponse
immunitaire secondaire, n’a pratiquement pas vu sa production
augmenter.
De plus, le pourcentage de cellules phagocytaires, dans les
macrophages péritonéaux des souris ayant reçu de la spiruline, a
significativement augmenté.
L’addition d'un extrait à l’eau chaude de spiruline à une culture in vitro
de cellules de rate, a permis une prolifération significative de celles-ci,
alors que cet ajout n’a pas eu d’effet sur la culture de cellules de
thymus. L’extrait de spiruline a également augmenté de façon
significative la production d’interleukine-1 (IL-1) par les macrophages
péritonéaux des souris.
Il semble donc que l'addition de l'extrait de spiruline à une culture in
vitro de rate et d’un surnageant de macrophages stimulés par cet extrait,
s’est traduit par une augmentation de la production d'anticorps. Cet
extrait de spiruline s’est montré capable d’augmenter la réponse
immunitaire, plus particulièrement la réponse primaire, en stimulant la
fonction phagocytaire des macrophages et la production d’IL-1.
Les résultats obtenus sont venus confirmer les études préliminaires
menées par Liu et ses collaborateurs [203].

 Influence d’un régime alimentaire comportant Spirulina platensis sur


les taux de différentes classes d’immunoglobulines sériques chez la
souris [204]

Cette étude a été conduite dans le but de déterminer l’influence de la


phycocyanine contenue dans la spiruline, sur les réponses immunitaires
muqueuses et systémiques, ainsi que sur l'inflammation liée à une
allergie.
Pour induire la production d’anticorps spécifiques dans les tissus
lymphoïdes périphériques tels que les plaques de Peyer et les ganglions
lymphatiques mésentériques, des microsphères biodégradables en poly
(DL-lactide-co-glycolide) ont été utilisées ; l’ovalbumine, utilisée
comme antigène modèle, a été préalablement incorporée dans ces
microsphères. A noter que ces systèmes microparticulaires, renfermant
un antigène donné, sont utilisés comme agent immunitaire dans la
vaccination par voie orale.

158
Deux semaines après le début de l'ingestion de phycocyanine, les souris
ont été immunisées avec une solution aqueuse d'ovalbumine. Puis, une
semaine après l'immunisation primaire, elles ont été soumises à
l'immunisation orale par le biais des microsphères contenant de
l’ovalbumine, deux fois par semaine. Les taux d’anticorps IgA, IgE et
IgG1 ont été déterminés par la méthode ELISA (enzyme-linked
immunosorbent assay).
Les résultats obtenus ont montré que les souris ayant reçu le traitement
par phycocyanine pendant 6 semaines, ont produit un nombre important
d’anticorps d'IgA dans les plaques de Peyer, les ganglions
lymphatiques mésentériques, la muqueuse intestinale et les cellules de
rate. Les taux sériques des anticorps antigène-spécifique IgG1 et IgE
ont été ramenés à zéro, après à une administration de phycocyanine
pendant une durée de 8 semaines. Cependant, il faut noter que
l'inflammation du petit intestin a été réduite au bout de 6 semaines de
phycocyanine, soit 2 semaines avant que le taux des anticorps IgG1 et
IgE ne soient indétectables.
Ces résultats suggèrent que la phycocyanine serait capable de stimuler
les fonctions du système immunitaire muqueux et de réduire
l'inflammation allergique, en supprimant les anticorps antigène-
spécifique IgE.
Ces fonctions, si elles étaient prouvées chez l’Homme, permettraient de
renforcer l’organisme dans sa lutte face aux maladies infectieuses et
aux manifestations inflammatoires consécutives à une allergie.

 Influence de Spirulina platensis sur le taux d’IgA dans la salive de


l’Homme [205]

L’étude a été réalisée chez 127 sujets. Les résultats ont d’abord montré
que le taux des IgA salivaires était significativement plus élevé chez les
sujets consommant régulièrement de la spiruline depuis plus d’un an,
comparativement à ceux qui en consomment depuis moins d’un an.
Les chercheurs à l’origine de cet essai ont ensuite réussi à mettre en
évidence une corrélation positive entre le taux de ces anticorps et la
quantité cumulée de spiruline consommée.

 Effets de la spiruline chez les patients atteints de rhinite allergique


[206]

Le docteur Gershwin, de l'Université de Californie à Irvine, a annoncé


en 2005 le résultat d'une étude menée sur 36 patients souffrant de
rhinite allergique. L’essai randomisé a été mené en double aveugle
versus placebo.
De cette étude, il ressort que l’ingestion quotidienne de 2 g de spiruline
permettrait de réduire significativement le niveau de l’interleukine 4
(IL-4), laquelle est responsable de la production des Ig E, médiateurs
des symptômes de la rhinite allergique. L’étude ayant été conduite chez
un petit nombre de sujets, ces résultats sont à confirmer par des études
à plus grande échelle.

159
Il est cependant intéressant de noter que l'étude a été sponsorisée par la
ferme Earthrise, laquelle a choisit la stratégie de soutenir des travaux
purement scientifiques sur l'intérêt de la spiruline. Bien que les moyens
de ses chercheurs soient nettement plus limités que ceux des
laboratoires pharmaceutiques, ils continuent leurs investigations.

2.2.2. Activité antivirale

Pour se répliquer, les virus doivent pénétrer dans une cellule qui les accepte,
c’est-à-dire portant en surface des récepteurs s'accordant aux structures virales
superficielles.

Une étude, conduite in vitro, a permis de mettre en évidence, grâce à des essais
d’inhibition réalisés en microplaques, l’activité antivirale d’un extrait à l’eau
chaude issu de Spirulina maxima [207]. Cette activité a été testée sur plusieurs
virus. L’extrait de spiruline a empêché l’infection par le virus Herpès Simplex
type 2 (HSV-2), le virus de la rage, le Cytomégalovirus et le virus Herpès
Simplex type 1. Pour chacun de ces virus, les concentrations de l’extrait de
spiruline ayant permis une inhibition effective de 50 % ont été respectivement de
0,069 – 0,103 – 0,142 et 0,333 mg/ml. Concernant Adénovirus, une
concentration de 2 mg/ml en extrait de spiruline n’a engendrée qu’une inhibition
effective de 20 % de l’infection. A cette même concentration, aucun effet
antiviral n’a été observé vis-à-vis du Rotavirus SA-11 et vis-à-vis des virus
responsables de la rougeole, de l’encéphalite de Van Bogaert, de la stomatite
vésiculeuse et de la poliomyélite. L'activité antivirale la plus élevée a été
constatée sur HSV-2.
L’étude a aussi montré que l’effet antiviral ne résultait pas d’un effet virucide ;
l'infection herpétique a été inhibée au tout début du cycle viral, c’est-à-dire au
stade d’adsorption et de pénétration du virus dans les cellules hôte.
De façon à isoler et identifier le composé de la spiruline présentant cette activité
antivirale, différents extraits ont été fabriqués en utilisant plusieurs solvants de
polarité différente.
La plus forte activité a été constatée avec un extrait méthanol-eau (3:1), ce qui
laisse penser que l’effet est probablement lié à la forte polarité de cet extrait de
spiruline.

Une autre étude a été conduite en 1998 par A. Belay et al [208], afin d’observer
les effets de la spiruline vis à vis du virus de l’immunodéficience humaine de
type 1 (VIH-1). Ces chercheurs ont mis en évidence que l’extrait hydrosoluble
d’Arthrospira platensis était capable de freiner la réplication de ce virus dans des
lymphocytes T humains, dans des cellules mononucléaires de sang périphérique
et dans des cellules de Langerhans. Des concentrations de cet extrait de spiruline,
comprises entre 0,3 et 1,2 µg/ml, ont permis une réduction de 50 % environ de la
réplication virale dans les cellules mononucléaires (par comparaison avec des
cellules non en contact avec l’extrait). Dans ces cellules, la concentration en
extrait ayant permis une réduction de 50 % de la charge virale se situait entre 0,8
et 3,1 mg/ml.
D’autre part, l’équipe a constaté que l’extrait s’avérait capable d’inactiver
directement l’infection par le VIH-1 lorsqu’il était préincubé avec le virus, avant
l’addition de cellules T humaines.

160
Le fractionnement de l’extrait de spiruline utilisé pour les besoins de l’étude a
montré que l’activité antivirale était attribuable à la fraction polysaccharidique.
Ces résultats, s’ils étaient confirmés dans le futur par d’autres études in vitro plus
poussées puis in vivo chez l’animal et chez l’homme, permettraient d’attribuer à
la fraction polysaccharidique de la spiruline, un potentiel thérapeutique très
intéressant et sans risque de toxicité.

Une équipe de chercheurs japonais a mené plusieurs études concernant l'activité


antivirale d'un polysaccharide sulfaté isolé après extraction aqueuse de Spirulina
platensis : le calcium-spirulan (Ca-SP). Ce polysaccharide se compose de
rhamnose, ribose, mannose, fructose, galactose, xylose, glucose, acide
glucuronique, acide galacturonique, sulfate et calcium.
Ils ont d’abord mis en évidence le fait que le Ca-SP était capable d’inhiber
sélectivement la pénétration de certains virus enveloppés dans les cellules hôte :
HSV-1, CMV, virus de la rougeole, virus des oreillons, virus influenza A et
VIH-1 [209].
Ensuite, ils ont cherché à déterminer le rôle de l'ion calcium de la molécule
Ca-SP dans l'activité antivirale, en utilisant des molécules de type sodium-
spirulan (Na-SP) ou de type H-SP. Ils ont comparé l’effet de chaque molécule
sur la formation du syncytium du virus HIV-1. Il en est ressorti que le sodium-
spirulan présente un effet inhibiteur comparable au Ca-SP à des concentrations
supérieures à 5 µg/ml et une IC 50 de 10,5 µg/ml ; par contre, il stimule la fusion
cellulaire en dessous de 1 µg/ml. Quant au H-SP, il n’a pas présenté d'inhibition
de la formation de syncytium, mais un effet stimulant sur la réplication virale en
dessous de 5 µg/ml.
Par ailleurs, le Ca-SP désulfaté ne présente plus d'activité inhibitrice. Cela
confirme le rôle important des ions sulfates dans l'activité inhibitrice.
Néanmoins, le H-SP qui possède des groupements sulfates, ne présente pas
d'activité. Il apparaît donc que la conformation moléculaire du Ca-SP (chélation
du calcium avec les groupements sulfate) joue un rôle important dans l'activité
antivirale [210].
Les chercheurs ont ensuite approfondi leurs recherches en comparant ces
propriétés à celles d'un autre polysaccharide sulfaté, le dextrane sulfate (DS),
contre deux types de virus : le virus HIV de type 1 (HIV-1) et le virus de l'herpès
simplex type 1 (HSV-1). L'ensemble de leurs expériences ont été réalisées in
vitro et ex vivo [211].
Une première expérience a consisté à comparer l'effet inhibiteur des deux
molécules sur la réplication des virus HIV-1 et HSV-1 (cf. tableaux XIX et XX ).
La concentration nécessaire pour obtenir 50 % d'inhibition contre le virus HIV-1
(IC 50) est respectivement de 9,3 et 9,6 µg/ml pour Ca-SP et DS. Les auteurs ont
mis en évidence le fait que le calcium-spirulan intervient très certainement à un
stade très précoce du phénomène de réplication du virus.
Par ailleurs, une deuxième expérience menée sur HIV-1 a montré que le Ca-SP
inhibait totalement la formation du syncytium viral à des concentrations voisines
de 25 µg/ml, alors que l'on n'obtenait pas de blocage total avec le dextrane
sulfate, même à des concentrations supérieures à 100 µg/ml. Les valeurs de l’IC
50 sont respectivement de 7,3 et de 14,2 µg/ml pour Ca-SP et DS. De plus, à de
faibles concentrations, le DS stimule la fusion cellulaire, alors que le Ca-SP
continue à l'inhiber [212].

161
Activité anti-HIV1
valeur de l’IC 50 lorsque valeur de l’IC 50 lorsque
le composé est absent au le composé est présent au
moment de l’infection moment de l’infection
Calcium-spirulan 9,3 µg/ml 1,8 µg/ml

Dextrane sulfate 9,6 µg/ml 2,3 µg/ml

Activité anti-HSV1
valeur de l’IC 50 lorsque valeur de l’IC 50 lorsque
le composé est absent au le composé est présent au
moment de l’infection moment de l’infection
Calcium-spirulan 9,7 µg/ml 0,85 µg/ml

Dextrane sulfate 173 µg/ml 0,92 µg/ml

Tableaux XIX (en haut) et XX : Comparaison de l’effet inhibiteur du calcium-spirulan


et du dextrane sulfate sur la réplication virale de HIV-1 et HSV-1 [212].
© CEVA

L'ensemble de ces résultats suggère que le Ca-SP présenterait un potentiel


antiviral à l'encontre de HIV-1 équivalent à celui du DS, mais avec une
inhibition plus forte sur HSV-1.
Le Ca-SP inhiberait la réplication du virus en empêchant celui-ci de se lier à la
cellule hôte, et par conséquent en inhibant la fusion cellulaire entre cette dernière
et le virus. Le composé antiviral semble créer, en effet, une perturbation des
interactions ioniques possibles entre les glycoprotéines membranaires du virus et
les phospholipides présents sur la membrane de la cellule hôte.

D’autre part, d'un point de vue thérapeutique, il est essentiel qu'une molécule
antivirale conserve sa biodisponibilité le plus longtemps possible dans le sang.
Or, dans le contexte décrit ici, le temps de demi-vie du DS est beaucoup plus
court que celui du Ca-SP : 30 minutes chez le lapin et moins de 30 minutes chez
la souris, contre 150 minutes pour le Ca-SP chez ces deux espèces animales
[212].

Les résultats de cette étude sont donc très prometteurs puisque le Ca-SP semble
présenter toutes les propriétés nécessaires à un bon agent antiviral : temps de
demi-vie élevé dans le sang, activité à de faibles concentrations sans risque de
stimulation de la réplication virale. Il serait bien maintenant d’approfondir ces
recherches en conduisant des études, toujours pertinentes, à long terme, sur de
larges échantillons de population humaine.

162
Si ces effets prometteurs sont confirmés, il sera alors utile de mettre au point des
procédés d'extraction du Ca-SP à partir de spiruline, procédés qui devront être
compétitifs sur le plan commercial.

Très récemment, lors de la 4ième conférence sur le VIH/SIDA à la Cité des


Sciences et de l’Industrie, les résultats préliminaires d’une étude menée au
Burkina ont été communiqués [213] ; voici les éléments importants :
L’objectif consistait à évaluer l’impact de la prise d’Arthrospira platensis sur
l’état général et physique, le statut immunologique et l’état nutritionnel de
personnes infectées par le VIH à Bobo-Dioulasso.
Au total, 192 patients (âgés de 20 ans et plus) confirmés VIH positifs ont été
recrutés (après obtention de leur consentement éclairé) dans un essai randomisé
en double aveugle, avec contrôle placebo. Ils ont été répartis en trois groupes
selon leur nombre de lymphocytes CD4 :

o Groupe 1 : 65 sujets (CD4 ≤ 200/ml)


o Groupe 2 : 68 sujets ( 200 < CD4 ≤ 400/ml)
o Groupe 3 : 59 sujets (CD4 > 400/ml)

Chaque patient a été suivi médicalement en parallèle, au rythme d’une fois par
mois, pendant la durée de l’étude (12 mois). A noter que dans l’échantillon de
l’étude, 84,9 % des sujets sont infectés par le VIH-1, 4,7 % le sont par le VIH-2
et 10,4 % sont infectés par ces deux virus.
Les résultats obtenus après les six premiers mois de suivi sont les suivants :
le nombre moyen de CD4 des patients prenant de la spiruline est passé de 143,88
à 185,5 dans le groupe 1 (p = 0,042) et de 280,97 à 284,53 dans le groupe 2 (p
=0,46). Concernant le groupe 3, la moyenne des CD4 a baissé de façon non
significative, contrairement aux sujets placebo dont la moyenne des CD4 est
passée de 546,6 à 338,1 (p =0,01).
Sur le plan nutritionnel, la moyenne géométrique de l’IMC (Indice de Masse
Corporelle) s’est améliorée de façon significative pour tous les sujets : l’IMC est
passé d’une moyenne de 21,5 à 22 (p < 0,001).
La mesure de la charge virale est encore en cours d’analyse.
Bien que ces résultats soient préliminaires, on peut légitimement avancer que la
prise quotidienne de spiruline semble avoir un impact positif sur la prise en
charge clinique, biologique et nutritionnelle des patients infectés par le VIH.

Par ailleurs, comme le suggère l’étude ci-dessus, indépendamment de son rôle


éventuel sur le virus responsable de l’infection VIH/SIDA, la spiruline aurait
aussi un effet bénéfique sur le plan nutritionnel. Cet intérêt pourrait s’expliquer
par sa composition nutritive et au vu de la physiopathologie de l’infection par le
VIH. Ce virus a un tropisme particulier pour les lymphocytes T porteurs de la
protéine de surface CD4.
Avec la progression de la maladie, l’affaiblissement des défenses immunitaires
engendre, chez les sujets infectés, des infections plus ou moins graves et des
cancers. De gros efforts de recherche ont permis la mise sur le marché de
nouvelles molécules antivirales, plus efficaces et mieux tolérées, améliorant à la
fois la survie et la qualité de vie des patients pouvant avoir accès à ces
traitements coûteux.

163
Néanmoins, la dénutrition est un problème qui reste très fréquent lors de
l’infection par le VIH. Or, les aspects nutritionnels chez les victimes de ce virus
ont longtemps été ignorés, l'attention étant presque toujours centrée sur les
médicaments. Il est bien établi maintenant que le virus du Sida exerce un effet
dévastateur sur le bien-être nutritionnel des personnes infectées [214] :
globalement,

 il réduit l'absorption de substances nutritives ;


 il bouleverse l'appétit et les métabolismes ;
 il détériore les muscles et les organes ;
 il rend le corps plus vulnérable aux agressions extérieures.

Lors de l’infection par le VIH, on constate très fréquemment un amaigrissement


chez les sujets atteints. Celui-ci est lié [215] :

- à une augmentation de la dépense énergétique de repos (DER),


- et/ou à une diminution des prises alimentaires,
- et/ou à une majoration des pertes digestives.

L’augmentation de la DER est présente très précocement, même en l’absence


de signe clinique. Elle représente un hyper métabolisme d'environ 11 à 15 %. Il
se produit alors une compensation par une augmentation de la prise alimentaire.
Les séropositifs ont donc des besoins nutritionnels supérieurs à la normale,
particulièrement pour ce qui est des protéines (jusqu’à 50 % de plus) et de
l’énergie (jusqu’à 15 %).
Lorsque d'autres facteurs apparaissent (anorexie, dysphagie, diarrhées par
exemple), la balance énergétique se négative et la perte de poids peut être de 0,5
à 2 kg par mois, voire plus. Lors d'une infection secondaire à la maladie, la
majoration de la DER est forte, atteignant 50 %, avec un catabolisme intense. La
perte de poids peut alors atteindre plusieurs kg/semaine [215].
La diminution de la prise alimentaire est la principale cause de dénutrition
chez ces patients. Elle peut être liée à :

- l’anorexie induite par la maladie ou ses complications. Une composante


psychogène est fréquente, marquée par un état dépressif ;
- une candidose buccale et/ou œsophagienne, des ulcérations
œsophagiennes, qui peuvent rendre l'alimentation douloureuse, voire
impossible ;
- un état occlusif, lors du développement d'un lymphome digestif ou de
sarcomes de Kaposi.

Concernant la majoration des pertes digestives, environ 50 % des malades


sont confrontés à un problème de diarrhées, auxquelles peut s'ajouter une
malabsorption.
Les causes peuvent être parasitaires (cryptosporidiose, microsporidiose),
bactériennes (salmonellose, infections à Clostridium difficile ou à mycobactéries
atypiques), virales (Cytomégalovirus, herpès virus et adénovirus), tumorales
(lymphomes digestifs, sarcomes de Kaposi digestifs) [215].

164
Une prise en charge nutritionnelle est donc indispensable en complément du
traitement médicamenteux [216]. Elle permet notamment d'obtenir :

• une amélioration de l'état général (reprise de forces, reprise de poids et


de masse maigre, baisse de la fréquence des infections opportunistes) ;
• une diminution de la dépendance, une reprise des activités et un
traitement possible à domicile ;
• une amélioration de l'état psychologique.

Certes, la prise en charge nutritionnelle a une meilleure efficacité (amélioration


de l'état général et de la qualité de vie) lorsque les infections sont contrôlées ;
son effet est plus modeste lors des poussées infectieuses.
La grande majorité des personnes infectées par le VIH vivent dans des pays en
voie de développement ou dans des pays émergents dont les ressources, les
médicaments et les services de santé sont rares. Pour ces personnes, une
alimentation équilibrée est donc indispensable pour les aider à affronter la
maladie.
En 2003, en collaboration avec l’OMS, la FAO a publié un manuel destiné aux
personnes infectées par le VIH. Cet ouvrage met en lumière la relation existant
entre l’infection et l’alimentation, et donne des conseils nutritionnels [217].
Plusieurs recherches ont déjà montré que l’apparition de la maladie pouvait être
retardée dans le cas de séropositifs bien nourris ; elles ont aussi établi que des
régimes alimentaires riches en protéines, en énergie et en micro-nutriments
contribuaient à améliorer la résistance aux infections opportunistes chez les
malades du Sida et donc à prolonger leur vie dans de meilleures conditions
[216].
D’après ce qui a été décrit dans la première partie de cet exposé, la spiruline
offre donc les qualités nutritives idéales pour être utilisée dans cette indication.

Grâce à son apport équilibré en micro-nutriments variés, une administration


quotidienne de quelques grammes de spiruline permettrait de rompre le cercle
vicieux dysfonctionnement immunitaire ─ infection VIH/SIDA ─ malnutrition
(figure 68).

Ainsi, même si la spiruline ne se révèle pas comme le remède miracle et même si


elle n'empêche pas que l'on meurt du sida, elle peut néanmoins protéger et
renforcer le système immunitaire des individus. Leur organisme pourra alors
lutter plus efficacement contre les ravages de la maladie et mieux supporter les
traitements médicamenteux.

165
Insuffisance de l’apport calorique
Mauvaise assimilation
Diarrhées
Altération du métabolisme et de la mise
en réserve des nutriments

Multiplication du virus Carences nutritionnelles


Progression accélérée de la
maladie
Morbidité accrue

Affaiblissement des défenses


immunitaires
Aggravation du stress oxydant

Figure 68 : Représentation du cercle vicieux entre malnutrition et infection par le VIH

2.2.3. Effets anticancéreux


Actuellement, peu d’études concernant le potentiel de la spiruline dans le
domaine de la cancérologie humaine ont été publiées. Les résultats d’essais
menés chez des hamsters, des souris ou in vitro sont un peu plus nombreux.

 Effet sur la prévention de la leucoplasie buccale [218]

Des chercheurs, membres du Centre Régional du Cancer au Kerala en


Inde, ont évalué l’effet de l’administration de spiruline sur la prévention
de la leucoplasie de la bouche, chez des sujets présentant déjà des lésions
précancéreuses. L’étude a été menée sur 87 chiqueurs de tabac, ce
comportement étant reconnu comme facteur de risque d’apparition de ce
type de cancer.
Parmi l’échantillon retenu, 44 patients ont reçu 1g de spiruline par jour
pendant 12 mois et 43 sujets ont reçu la même dose de placebo.
Les résultats ont montré une régression complète des lésions
précancéreuses chez 20 sujets parmi les 44 ayant été supplémenté en
spiruline (# 45,5 %) contre 3 sujets parmi les 43 du groupe témoin
(# 7 %) [p<0,0001]. En stratifiant les sujets selon leur type de
leucoplasie, les chercheurs ont observé que la réponse à la spiruline était
plus prononcée lorsque les lésions étaient homogènes ; en effet, une
régression complète était constatée chez :

166
 16 des 28 sujets présentant une forme homogène de leucoplasie
 2 des 8 sujets présentant une érythroplasie
 2 des 4 sujets présentant une leucoplasie verruqueuse
 Aucun des sujets présentant des lésions ulcérées et nodulaires.

De plus, dans l’année qui a suivi l’arrêt de la supplémentation en


spiruline, 9 patients sur les 20 ayant connu une régression totale de leurs
lésions (45 %), ont développé des lésions récurrentes.
Les résultats de cette étude sont intéressants et prometteurs car, dans les
pays développés, la consommation du tabac est responsable d’une
augmentation importante de l'incidence du cancer de la bouche et des
poumons. Il serait donc important d’approfondir cet aspect
potentiellement utile de la spiruline, par le biais de la réalisation d’études
rigoureuses sur une large population humaine. Si cet effet de la spiruline
était confirmé, il serait alors facile de l’utiliser comme agent
thérapeutique, en l’incorporant dans le régime alimentaire quotidien des
patients. Par ailleurs, sa bonne tolérance et son absence d’effets
indésirables sont des atouts essentiels dans ce domaine car les molécules
anticancéreuses posent souvent des problèmes de tolérance.

 Effets de la phycocyanine sur la croissance des cellules K562 de la


leucémie humaine [219]

Dans cette étude, l'effet d’un extrait pur de phycocyanine a été évalué
chez l’Homme, sur la croissance et la multiplication des cellules K 562
de la leucémie myéloïde chronique. Les résultats ont montré une
diminution significative (49 %) de la prolifération de ces cellules
lorsqu’elles sont traitées avec 50 µmol/l de phycocyanine pendant 48
heures. D'autres études, utilisant la microscopie électronique ou à
fluorescence, indiquent des aspects typiques d’apoptose, telles que la
diminution du volume cellulaire, la turgescence de la membrane
plasmique et la condensation de la chromatine du noyau.
L'électrophorèse sur gel d’agarose de l'ADN des cellules traitées
préalablement par la phycocyanine, montre que celui-ci a été dégradé en
petits fragments caractéristiques de l’apoptose.
D’autre part, l'analyse, par cytométrie de flux, des cellules traitées avec
25 et 50 µmol/l de phycocyanine pendant 48 heures indique que,
respectivement 14,11 et 20,93 % des cellules sont en phase sub-G0/G1.
Les chercheurs ont aussi constaté la libération du cytochrome dans le
cytosol et le clivage de la poly(ADP)-ribose polymérase.
L’étude a également permis de mettre en évidence une down-régulation
de Bcl-2 (protéine active à la surface des mitochondries et bloquant
l’apoptose dans des conditions normales), mais sans aucun changement
de Bax (protéine pro-apoptotique). Or, le rapport Bcl-2/Bax constitue un
paramètre déterminant pour le sort des cellules. Ici, les chercheurs ont
observé une diminution de ce rapport, ce qui est en faveur de l’apoptose.

167
En conclusion, la phycocyanine s’est avérée capable de favoriser, de
façon dose dépendante, l'apoptose des cellules K562 par le biais de trois
éléments : la libération du cytochrome C à partir des mitochondries, le
clivage de la poly (ADP)-ribose polymérase par les capsases et la down-
régulation de Bcl-2.
Voici quelques précisions permettant de mieux comprendre ce qui
précède : afin de préserver l’intégrité du message génétique, la cellule a
développé un ensemble de réponses spécifiques vis à vis du stress
génotoxique ; par exemple, la poly (ADP)-ribosylation est un des
mécanismes impliquant une modification post-traductionnelle immédiate
induite par les cassures présentes dans l’ADN. La poly (ADP)-ribose
polymérase qui catalyse cette réaction, détecte et signale les interruptions
du squelette sucre-phosphate dans l’ADN, et participe activement à la
réparation par excision de bases. Si l’ADN est trop endommagé, le
clivage de l’enzyme par les caspases, survenant en même temps que celui
d’autres enzymes de réparation et de protéines structurales nucléaires,
empêche une réparation futile et assure l’irréversibilité du programme de
mort cellulaire par apoptose [220].

 Effet des polysaccharides de la spiruline sur les endonucléases [221]

Certaines formes communes du cancer sont le résultat de l'ADN


cellulaire endommagé, provoquant ainsi une croissance cellulaire
déchaînée. Des biologistes spécialisés en cytologie ont mis en évidence
chez l’Homme, un système complexe d'enzymes spéciales appelées
endonucléases, capables de réparer l'ADN chromosomique endommagé
de façon à garder les cellules vivantes et saines. Lorsque ces enzymes
sont désactivées sous l'effet de radiations ou de toxines, les erreurs dans
l'ADN ne sont pas réparées et le cancer peut ainsi se répandre.
Le professeur Pang Qishen et son équipe de chercheurs chinois ont mené,
en 1988, des essais in vitro, dans le but d’étudier l’effet des
polysaccharides de la spiruline sur ce système des endonucléases. Il s’est
avéré que les polysaccharides ont stimulé ce système, ce qui a permis
d'améliorer l'activité enzymatique du noyau cellulaire et de faciliter la
synthèse réparatrice de l'ADN.
D’autres études complémentaires seraient intéressantes pour confirmer
cet effet, de façon à établir si les polysaccharides de la spiruline
pourraient être proposés dans la prévention des processus de
cancérisation.

168
 Effet du calcium-spirulan sur l’invasion tumorale et métastatique chez
des souris [222]

Voici d’abord quelques rappels de cancérologie qui permettront de bien


comprendre ensuite le mécanisme d’action du calcium-spirulan.
Dans un premier temps, dit pré-invasif, les cellules tumorales perdent les
contacts avec les cellules voisines, mais leur prolifération et leur
désorganisation restent limitées au compartiment épithélial d’origine,
séparées du reste de l’organisme par une membrane basale, riche en
collagène de type IV et en laminine.
Cette prolifération initiale est appelée carcinome in situ. Dans un second
temps, les cellules cancéreuses franchissent la membrane basale,
devenant carcinome micro-invasif puis invasif. Elles forment une masse
tumorale, et peuvent envahir secondairement les vaisseaux lymphatiques
et sanguins, aboutissant à la formation de métastases.
La membrane basale constitue le premier rempart contre l’invasion
tumorale. C’est une spécialisation de la matrice extracellulaire, limitant
entièrement les structures épithéliales et vasculaires. Elle forme une
frontière avec le tissu conjonctif. Les membranes basales sont constituées
essentiellement de laminine, de collagène de type IV, de fibronectine, de
protéoglycane d’héparane sulfate. Elles jouent un rôle primordial dans la
morphogenèse, la différenciation cellulaire, l’architecture tissulaire et
l’adhérence cellulaire [223].
L’héparanase est une enzyme normalement exprimée par les cellules
normales, permettant de réguler indirectement la mitogenèse, la néo-
vascularisation et la réparation des tissus. Un de ces mécanismes d'action
est de cliver le protéoglycane d'héparane sulfate. Ce glycosaminoglycane
est présent à la surface des cellules endothéliales et assure la cohésion de
la membrane basale (matrice extracellulaire). Le clivage de ce
protéoglycane entraîne la libération de facteurs de croissance.
L'héparanase étant surexprimée par les cellules tumorales, elle favorise
alors les métastases et leur néovascularisation [223]. Ces phénomènes
sont essentiels à la propagation et à la survie des tumeurs cancéreuses.

L’étude avait pour objectif d’évaluer l'effet du calcium-spirulan isolé à


partir de Spirulina platensis, sur l'invasion des cellules B16-BL6 de
mélanome, cellules 26 M3.1 de carcinome du colon et cellules HT-1080
de fibrosarcome. Un mécanisme d’inhibition de l’invasion a été mis en
évidence grâce à l’étude de la capacité des cellules tumorales à traverser
une membrane basale reconstituée à base de Matrigel®.
Cette matrice est une membrane basale reconstituée extraite d’un
sarcome de souris, particulièrement riche en protéines de la matrice extra
cellulaire. Elle est composée de laminine, de collagène IV, d’entactine et
de protéoglycane d’héparane sulfate.
Elle constitue un environnement physiologiquement pertinent pour des
études concernant la morphologie, la migration ou l'invasion des cellules.
Les chercheurs ont constaté que le Ca-SP empêchait de manière
significative l'invasion des cellules tumorales, leur migration et leur
adhérence, sur la laminine, sans exercer ces effets vis à vis de la
fibronectine.

169
Par ailleurs, chez des souris, sept injections intraveineuses discontinues
de 100 µg de Ca-SP ont permis une diminution marquée de la
colonisation des poumons par des cellules B16-BL6 de mélanome, dans
un modèle expérimental de métastases pulmonaires. En cherchant à
expliquer par quel mécanisme le Ca-SP pouvait réduire les métastases
pulmonaires, les auteurs de l’étude ont remarqué que l’injection de ce
composé engendrait une forte inhibition de la dégradation de l’héparane
sulfate [222].
Les résultats de l’ensemble de leurs recherches suggèrent donc que le
Ca-SP semble capable d’empêcher l'invasion tumorale de la membrane
basale, par la prévention de l'adhérence et de la migration des cellules
tumorales sur la laminine et par une inhibition de l’activité de
l’héparanase tumorale.
Il serait très intéressant de démontrer cette activité par des études menées
chez l’Homme car une telle action serait prometteuse dans le domaine de
la cancérologie, notamment au niveau de la réduction de l’invasion
tumorale et de la diffusion métastatique.

 Effets sur la régression des tumeurs de poche buccale de hamsters [224]

La régression du carcinome de la poche buccale de hamster (sac laryngé


sous-épiglottique) a été étudiée après injection locale d’alpha-tocopherol,
de canthaxanthine (caroténoïde non précurseur de vitamine A) et d'un
extrait composé de spiruline + Dunaliella (algue verte halophile que l’on
peut trouver plus particulièrement dans les marais salants ou dans des
zones de salinité moyenne. L’étude a montré que la régression de ce
cancer était accompagnée d'une induction significative de TNF-α (facteur
de nécrose de tumeur) dans les macrophages du secteur de la tumeur,
suggérant un mécanisme possible de destruction de tumeur. Pour les
besoins de l’étude, 140 jeunes hamsters mâles ont été divisés en sept
groupes égaux de 20 animaux. Des carcinomes épidermoïdes ont été
induits dans les poches buccales droites, par application sur la peau d’une
solution à 0,5 % de 7,12-diméthylbenz(a)anthracène (produit reconnu
pour engendrer des épithéliomas spinocellulaires), pendant 14 semaines,
à raison de trois fois par semaine. Les groupes 1 et 2 ont servi de groupe
témoin car ils n’ont reçu que du placebo en guise de traitement. Les
hamsters des groupes 3 à 7 ont respectivement reçu, deux fois par
semaine, une injection dans les poches buccales droites de 0,1 ml d'acide
13-cis-retinoïque (1,9 mg/ml), de canthaxanthine, d'algues extrait, de
β-carotène et d'α-tocopherol.

Des études scientifiques préliminaires ont déjà démontré l’efficacité de


l’acide 13-cis-retinoïque, de la canthaxanthine, du β-carotène et de
l'α-tocopherol sur la régression de ce cancer. Il s’agissait donc ici
d’évaluer l’efficacité de l’extrait par comparaison à celle de ces
substances.
Au bout de quatre semaines de ce traitement, les animaux ont été
sacrifiés et les poches buccales droites ont été excisées. Selon les
groupes, les tumeurs ont montré des degrés de régression variables :

170
 aucune régression tumorale n’a été constatée dans les groupes
témoin ;
 une régression totale de tumeur a été observée chez 30 % des
hamsters du groupe 5 (spiruline + Dunaliella), chez 20 % de
ceux du groupe 6 (β-carotène) et chez 15 % de ceux du groupe
4 (canthaxanthine) ;
 une régression partielle de la tumeur a été constatée chez 70 %
des animaux restant du groupe 5, chez 80 % de ceux du groupe
6 et 85 % de ceux du groupe 4 ;
 aucun des hamsters traités par l’acide rétinoïque (groupe 3) n'a
montré de régression totale de la tumeur, mais 70 % d’entre eux
ont montré une régression partielle.

Par ailleurs, l'extrait testé s’est toujours révélé être plus efficace que le
β-carotène seul, ce qui suggère un effet synergique entre ses divers
composants.
La présence et la quantité de TNF-α a été évaluée par des techniques
d’immunohistochimie. Les chercheurs ont ainsi pu observer une
augmentation très significative du nombre de macrophages activés
sécréteurs de TNF-α, dans les tumeurs des poches buccales des animaux
des groupes 5 (spiruline + Dunaliella), 6 (β-carotène) et 7 (α-tocopherol).
Par comparaison, un plus petit nombre de ces macrophages a été
retrouvé dans les poches des hamsters du groupe 4 (canthaxanthine) et
encore moins dans celles des hamsters du groupe 3 (acide 13-cis-
retinoïque) [225].
Une étude menée sur ce sujet ultérieurement par Schwartz et al [226] a
permis de montrer que l’effet précédemment observé de la spiruline sur
l’épithélioma spinocellulaire de hamster était liée à sa phycocyanine.
Celle-ci, administrée oralement (140 µg tous les trois jours pendant 28
jours) a exercé un effet cytostatique et cytotoxique, uniquement envers
les cellules tumorales. Les carcinomes qui commençaient à se développer
ont été détruits par une réaction immunologique : en effet, un infiltrat
dense de lymphocytes et de monocytes a été constaté sur le site tumoral.
Les monocytes se sont avérés cytotoxiques envers les cellules tumorales,
par le biais d’une sécrétion augmentée de TNF-α et les lymphocytes se
sont avérés être des cellules T.

Cet effet a été récemment évalué chez l’Homme ; la littérature


scientifique rapporte effectivement les résultats de deux études menées
en 2000 [227].
Une équipe de chercheurs, travaillant à Osaka Center for Cancer and
Cardiovascular Deseases, a mené ses essais sur un groupe de 12 adultes
de sexe masculin. Ils ont pu montrer que la prise de spiruline avait
augmenté non seulement le nombre de cellules NK, mais aussi leur
efficacité. Cette augmentation s’est avérée effective une à deux semaines
après le début de la prise de spiruline et s’est poursuivie jusqu’à 12 à 24
semaines après l’arrêt du traitement.

171
La seconde étude a été conduite par des chercheurs de la Davis School of
Medicine. Elle a montré que la spiruline augmentait la production
d’IFN-γ, ainsi que le nombre et l’efficacité des cellules NK.
Bien que ces deux études aient été menées sur un petit échantillon de
sujets, elles viennent confirmer l’intérêt de poursuivre les recherches afin
d’apporter des preuves des bénéfices de la spiruline dans la prévention et
le traitement adjuvant de certaines pathologies cancéreuses.

2.3 Activité détoxifiante et protectrice de certains organes


Ces effets seraient liés à la phycocyanine, laquelle est rappelons-le, le principal
pigment de la spiruline, retrouvé nulle part ailleurs. Elle est constituée d’une
structure protéique reliée à un chromophore : la phycocyanobiline. Elle se
compose du même noyau tétrapyrrolique que la chlorophylle, et possède en plus
de l’atome de magnésium, un ion fer. Globalement, cette structure est proche de
celle des pigments biliaires, et cela permettrait d’expliquer en partie l’activité
détoxifiante et hépatoprotectrice.

 Protection du foie contre le stress oxydant hépatique [228]

Les cellules de Küpffer, situées dans le foie, fonctionnent comme des


macrophages ; elles contribuent donc aux mécanismes de défense de
l'organisme en phagocytant des bactéries, virus, particules étrangères et
débris cellulaires. Mais, lorsque leurs activités sont exacerbées, elles
peuvent provoquer une cytotoxicité et une inflammation car elles
représentent un des principaux sites de formation des dérivés réactifs de
l’oxygène. En effet, au cours de la phagocytose, un processus
métabolique connu sous le nom de "poussée respiratoire", apparaît dans
les macrophages activés et conduit à l’activation d’une oxydase
membranaire, laquelle catalyse la réduction de O2 en O2•─. Cet anion
superoxyde est extrêmement toxique pour les microorganismes ingérés,
mais il génère aussi la production d’autres agents oxydants puissants : les
radicaux OH •et H2O2• [194].

Le but de cette étude était d'évaluer l’influence de la phycocyanine sur le


fonctionnement des cellules de Küpffer, en présence de stress oxydant, en
considérant ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires.
D’une part, ses effets sur la phagocytose et sur l’activité de "poussée
respiratoire" ont été étudiés sur des foies isolés de souris, placés sous
perfusion.
D’autre part, les chercheurs ont aussi étudié l'influence de la
phycocyanine sur le TNF-α (cytokine pro-inflammatoire), sur les taux de
nitrites sériques et sur l'activité de la Nitrite Oxyde Synthétase (NOS)
hépatique, chez des rats soumis à une administration d'hormone thyroïde
tri-iodothyronine (T3), condition connue pour générer un stress oxydatif
hépatique, avec une activité accrue des cellules de Küpffer.
Les chercheurs ont constaté que sans prétraitement avec de la
phycocyanine, les niveaux de TNF-α dans le sérum ont été multipliés par
82 suite à l’hyperthyroïdie.

172
Par contre, cet effet a été supprimé par un prétraitement à la
phycocyanine ; cet effet suppresseur s’est avéré comparable à celui
engendré par l'alpha tocophérol (antioxydant), ou par le chlorure de
gadolinium (agent destructeur des cellules de Küpffer).
La phycocyanine a aussi supprimé l'augmentation des niveaux de nitrites
sériques (234 %), ainsi que l'activité des NOS hépatiques (75 %)
provoquées par la T3.

La phycocyanine semble donc capable de diminuer significativement la


"poussée respiratoire" résultante de la suractivité phagocytaire des
cellules de Küpffer. Cet effet pourrait contribuer à une abolition du stress
oxydant induit par le TNF-alpha et les NO produits, en réponse à l’état
d’hyperthyroïdie.

 Protection du foie contre la toxicité induite par le tétrachlorure de


carbone [229]

Cette étude porte sur l'effet d'un prétraitement par la phycocyanine (issue
de Spirulina platensis), sur l'hépatotoxicité chez les rats induite par du
tétrachlorure de carbone.
L'administration intra-péritonéale (200 mg/kg) d'une dose de
phycocyanine aux rats, une ou trois heures avant la stimulation par du
tétrachlorure de carbone (0,6 ml/kg), a réduit significativement
l'hépatotoxicité induite par ce produit chimique. Par exemple, l'activité de
la glutamate pyruvate transaminase sérique était presque égale aux
valeurs obtenues chez les rats témoins.
D’autre part, les pertes de cytochrome microsomal P450, de glucose-6-
phosphatase et d'aminopyrine-N-déméthylase ont été réduites de façon
significative, ce qui suggère que la phycocyanine apporterait une
protection aux enzymes hépatiques. A noter que le mécanisme éventuel
impliqué dans cette hépatoprotection n’est pas encore élucidé.

 Protection des reins contre la toxicité induite par l’administration de


cisplatine chez des rats [230]

Le cisplatine, agent alkylant anticancéreux est bien connu pour sa


toxicité rénale dose dépendante et cumulative. Récemment, on s’est
aperçu que le stress oxydant rénal engendré par cette molécule (même
administrée à dose unique) occasionnait un dysfonctionnement rénal.
Des chercheurs ont donc voulu tester l’effet protecteur rénal de la
spiruline (par le biais de Spirulina fusiformis) vis à vis des effets
toxiques induits par le cisplatine.
La spiruline, a donc été administrée per os à des rats, à des doses de 500,
1 000 et 1 500 mg/kg, pendant une durée de 5 jours (2 jours avant
l’administration de 5 mg/kg de cisplatine et jusqu’à 3 jours après). La
surveillance des dommages causés sur le rein a été effectuée par les
mesures de créatinine plasmatique, d’urémie, de clairance à la créatinine
et à l’urée, ainsi que les taux de nitrites sériques.

173
Le degré de stress oxydant rénal a été évalué par le biais du taux des
marqueurs de lipoperoxydation (TBARS), le taux de glutathion réduit, et
par l'activité enzymatique de la SOD et de la catalase.
Les initiateurs de l’étude ont constaté que l’administration de spiruline,
telle qu’elle a été décrite précédemment, a permis de restaurer la fonction
rénale, de réduire significativement la peroxydation lipidique,
d’augmenter les niveaux de glutathion et d’améliorer l’activité
enzymatique de la SOD et de la catalase. Ces effets observés sont
dépendants de la dose de spiruline ingérée.

Les résultats de cette étude démontrent clairement le rôle charnière des


espèces oxygénées réactives et leur implication dans le
dysfonctionnement rénal ; ils laissent aussi entrevoir le potentiel
thérapeutique de la spiruline, grâce à ses effets antioxydants, dans le
cadre des néphrotoxicités induites par le cisplatine.

 Protection des reins contre la toxicité induite par le chlorure mercurique,


chez des souris suisse albinos [231]

La toxicité rénale du mercure inorganique chez l’Homme et les animaux


est bien établie. En effet, le mercure est un métal lourd et ses sels
inorganiques endommagent les reins, conduisant à une diminution
(oligurie) ou une absence (anurie) de production d’urine, ce qui aboutit à
une urémie et à la nécessité de pratiquer des dialyses rénales. Une étude a
été réalisée de façon à mettre en évidence l’effet de Spirulina fusiformis
sur les dommages rénaux induits par le chlorure mercurique.
Pour les besoins de l’étude, les souris albinos suisses ont été divisées en 4
groupes :

1) le groupe témoin qui a reçu uniquement du NaCl 0,9 % par voie


intra péritonéale ;
2) un groupe qui a reçu, par voie intra péritonéale, du HgCl2 à la
dose de 5 mg/kg de poids corporel ;
3) un groupe qui a reçu uniquement de la spiruline par voie orale, à
la dose de 800 mg/kg de poids corporel ;
4) le dernier groupe a reçu du HgCl2 et de la spiruline aux doses
précédemment évoquées.

En ce qui concerne les souris ayant reçu de la spiruline, son


administration a débuté 10 jours avant celle du chlorure mercurique et
s’est achevée 30 jours après, soit 40 jours au total. Les souris ont été
autopsiées 1, 3, 7, 15 et 30 jours après l’administration du toxique.
L’activité de la phosphatase alcaline, de la phosphatase acide, de la
lactate déshydrogénase et le taux de malondialdéhyde (produit final de la
peroxydation lipidique, utilisé comme marqueur biochimique du stress
oxydant) ont été mesurés sur un homogénat de reins.

174
Chez les souris ayant reçu uniquement du HgCl2, les résultats obtenus
montrent une augmentation temps-dépendant significative de la teneur en
malondialdéhyde et de l’activité de la phosphatase acide, avec en
parallèle une diminution de l’activité de la phosphatase alcaline et de la
lactate déshydrogénase.
Le dérivé mercurique a également engendré des altérations pathologiques
au niveau des glomérules et des tubules proximaux et distaux. En
comparaison, chez les souris ayant reçu de la spiruline et du HgCl2, on a
observé une augmentation de l’activité de la phosphatase alcaline et de la
lactate déshydrogénase, avec en parallèle une diminution de la teneur en
malondialdéhyde et de l’activité de la phosphatase acide. De plus, on a
constaté que les altérations des néphrons étaient significativement
moindres dans ce groupe de souris.
En conséquence, il a été conclu de cette étude que Spirulina fusiformis
était capable de réduire significativement les dommages rénaux causés
par le chlorure mercurique, chez les souris.

 Protection des reins contre la toxicité induite par la gentamicine ou le


paraminophénol, chez le rat [231]

La gentamicine, antibiotique de la famille des aminosides, engendre une


néphrotoxicité dose dépendante. Le paraminophénol est un antalgique
présentant aussi une toxicité rénale. L’effet d’une supplémentation
alimentaire en spiruline (30 % de la ration alimentaire habituelle) sur les
dommages causés par ces médicaments, a été testé chez le rat. De la
même façon que dans les études précédemment décrites, les chercheurs
ont constaté que la spiruline avait permis une réduction significative des
effets néphrotoxiques induits par l’administration de l’un ou l’autre de
ces médicaments.

 Effet protecteur contre la cardiotoxicité induite par la doxorubicine [232]

La doxorubicine est un agent anticancéreux intercalant de la famille des


anthracyclines. Elle est responsable d’une cardiotoxicité cumulative. Le
mécanisme de cette cardiotoxicité résulte de la production d'espèces
réactives de l'oxygène et d’un dysfonctionnement mitochondrial.
L'objectif de cette étude était de déterminer si la spiruline pouvait servir
d’agent cardioprotecteur, dans le cadre d’une administration de
doxorubicine chez des souris.
Les souris ont reçu de la doxorubicine par voie intra péritonéale, à la dose
de 4 mg / kg de poids corporel, une fois par semaine et pendant 4
semaines (schéma thérapeutique utilisé chez l’Homme). La spiruline a été
administrée par voie orale pendant 3 jours (deux fois par jour) avant la
première injection de doxorubicine, puis pendant 7 semaines, les quatre
premières étant celles où la doxorubicine était administrée.
La toxicité cardiaque a été évaluée 3 semaines après la fin de la période
de traitement par l’agent anticancéreux.
Les éléments utilisés pour cette évaluation étaient la mortalité, le volume
de l'ascite, la congestion hépatique, le stress oxydatif et les modifications
de l’ultrastructure du tissu cardiaque.

175
Les souris ayant reçu uniquement de la doxorubicine ont montré une
mortalité plus élevée (53 %) et plus d’ascite. Chez ces souris, les
dommages sur le myocarde se sont traduits par une perte de myofibrilles,
une vacuolisation cytoplasmique et un gonflement mitochondrial.
L’activité de la SOD et de la glutathion peroxydase ont diminué tandis
que la peroxydation des lipides a augmenté. Les souris ayant reçu un
prétraitement par de la spiruline ont sensiblement été protégés de la
toxicité cardiaque induite par l’agent anticancéreux : on a constaté chez
elles un taux de mortalité moindre (26 % seulement), moins d’ascite,
moins de peroxydation lipidique et une normalisation des enzymes
antioxydantes ; de plus, l’étude de l’ultrastructure du myocarde a montré
des dommages minimes.
Par ailleurs, il a été démontré, dans une étude in vitro, que l’effet
cytotoxique de la doxorubicine sur des cellules cancéreuses ovariennes,
n’était pas compromis par l’utilisation concomitante de la spiruline.
L’ensemble de ces résultats suggère que la spiruline exercerait un effet
protecteur contre la cardiotoxicité induite par la doxorubicine et on peut
envisager qu’elle pourrait améliorer l’index thérapeutique de cet agent
anticancéreux.

 Effet protecteur sur le stress oxydant engendré par l’halopéridol [233]

L’halopéridol est un médicament neuroleptique très efficace mais dont


les effets indésirables extrapyramidaux, limitent souvent l’utilisation chez
les patients : mouvements parkinsoniens, dyskinésies tardives, akathisie
et dystonies. Une étude a été menée sur des rats afin d’étudier l’influence
de la spiruline sur le stress oxydatif et les effets indésirables induits par
cette molécule. La prise d’halopéridol engendre, en effet, la production
de radicaux libres oxygénés impliqués dans l’apparition des dyskinésies
tardives. Pour les besoins de l’étude, l’halopéridol (1 mg/kg/j, de J0 à
J49) a été administré par voie intrapéritonéale chez les rats ; cette dose
provoque chez eux des mouvements de mastication sans raison. A partir
du vingtième jour de ce traitement, une supplémentation en spiruline a
été administrée en plus de l’alimentation habituelle, par sonde gastrique
(45, 90 ou 180 mg/kg/j), jusqu'à J49.
L’effet de la spiruline a été évalué par le biais de l’observation des
mouvements de mastication dans les différents groupes de rats testés,
ainsi que par le dosage des antioxydants enzymatiques ou non.
Les auteurs de l’étude ont remarqué que la supplémentation en spiruline,
à la dose de 180 mg/kg/j, avait permis d’améliorer de façon significative
le taux des antioxydants (enzymatiques ou non enzymatiques) et de faire
régresser les manifestations de dyskinésie tardive chez les rats.
Par conséquent, il est légitime de penser qu’en utilisation chronique, la
spiruline, véritable cocktail d’antioxydants, pourrait se révéler capable
d’empêcher la neurodégénérescence engendrée consécutivement à la
prise d’halopéridol. Les autres études menées pour démontrer l’effet
antioxydant de la spiruline vont toutes dans le même sens.

176
 Action neuroprotectrice vis à vis des effets de l’acide kainique [234]

Les auteurs de cette étude ont essayé de mettre en évidence le rôle de la


phycocyanine, dans le cadre d’une toxicité induite par de l'acide kainique
administrée chez l’animal. Cet acide est une neurotoxine dont l’effet
toxique est attribué à la production d’espèces réactives de l'oxygène.
Trois lots de rats ont été utilisés pour les besoins de l’étude : un lot
témoin, un lot traité par de l’acide kainique et un lot recevant à la fois de
l’acide kainique et de la phycocyanine extraite de spiruline (lot
expérimental).
Les résultats ont montré que l'incidence des modifications
neurocomportementales se révélait nettement moindre dans le lot des rats
ayant reçu de la phycocyanine.
Par ailleurs, l'administration par voie orale de 100 mg/kg de
phycocyanine a empêché les troubles comportementaux et les effets
néfastes sur les cellules gliales, causés par l’injection d’acide kainique
dans l’hippocampe des rats. Les dommages neuronaux engendrés ont été
évalués par le biais de la modification des récepteurs périphériques de
benzodiazépine (marqueur microglial) et de l'expression de la protéine
acide des gliofilaments (marqueur astroglial).
Tout ceci suggère donc un effet protecteur de la phycocyanine sur les
neurones. L'étude a aussi permis de constater que la phycocyanine avait
diminué l’état épileptique chez les rats du lot expérimental, laissant
supposer qu’un usage thérapeutique serait possible dans le cadre du
traitement de certaines formes d'épilepsie.
Les auteurs pensent que l'effet protecteur de la phycocyanine dans ce
type de dommages neuronaux est probablement lié à ses propriétés
antioxydantes et éliminatrices de radicaux libres.
Un aspect intéressant de cette étude est aussi le constat que
l'administration par voie orale de la phycocyanine exerce son effet dans
l’hippocampe, après avoir traversé la barrière hématoencéphalique.
N’ayant pas engendré d’effets indésirables et si son activité était
confirmée par d’autres études, la phycocyanine pourrait être employée
pour traiter des dommages neuronaux provoqués par un stress oxydant,
par exemple dans le cadre des maladies neurodégénératives, telles que la
maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson.

 Effets de la spiruline enrichie en zinc chez des patients victimes d’un


empoisonnement chronique à l’arsenic [235]

Des millions de personnes au Bangladesh, en Inde, à Taiwan et au Chili


ingèrent une quantité élevée d’arsenic en consommant l’eau potable.
Plusieurs milliers d’entre eux ont déjà développé un empoisonnement
chronique à l’arsenic. Mais, il n’existe aucun traitement spécifique contre
l’intoxication lorsqu’elle est causée par une exposition prolongée.
Le mode de toxicité de l’arsenic est lié à son métabolisme dans le corps
humain. Après ingestion, l’arsenic inorganique se retrouve rapidement
dans la circulation sanguine, où il se fixe principalement à
l’hémoglobine. Dans les 24 heures qui suivent, il se retrouve
principalement dans le foie, les reins, les poumons, la rate et la peau.

177
Puis il s’accumule surtout dans la peau. La principale voie d’élimination
est l’excrétion par voie urinaire rapide sous les formes trivalente et
pentavalente ; près de 90 % de la totalité de l’arsenic est excrété par voie
urinaire pendant les douze premières heures. Parmi les voies
d’élimination moins importantes, il y a la peau, les cheveux, les ongles et
la sueur. Chez l’ Homme, la demi-vie de l’arsenic inorganique se situe
entre 2 et 40 jours.
L’exposition prolongée à l’arsenic présent dans l’eau de boisson est à
l’origine de cancers de la peau, du poumon, de la vessie, du rein, et
qu’elle est aussi responsable de changements cutanés tels que les
modifications de pigmentation et/ou hyperkératose.

Une étude randomisée versus placebo, menée par un service de


pharmacologie au Bangladesh, a été conduite dans le but de mettre en
évidence les effets d’un extrait de spiruline (250 mg) enrichi en zinc
(2 mg) chez des sujets victimes de ce type d’empoisonnement. L’étude a
porté sur 41 patients : 17 ont reçu le placebo et 24 ont reçu un extrait de
spiruline enrichi en zinc, par voie orale, deux fois par jour pendant 16
semaines. Pendant les 6 premières semaines, les patients ont bu l’eau
habituelle (c’est-à-dire non filtrée). Puis, pendant 2 semaines, chacun des
sujets de l’étude avait à sa disposition l’eau potable filtrée, grâce à un
dispositif installé au niveau de chaque maison. Cette eau filtrée
renfermait une quantité non dangereuse d’arsenic.
Puisque les manifestations d’un empoisonnement chronique à l’arsenic
apparaissent prioritairement au niveau de la peau, l'efficacité de l'extrait
de spiruline-zinc a été évaluée en comparant les manifestations cutanées
(scores cliniques) et la teneur en arsenic dans les urines et les cheveux,
dans les deux groupes de patients.
Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau XXI. On s’aperçoit
que l’absorption d’une teneur élevée en arsenic s’accompagne d’une plus
grande excrétion de ce toxique dans les urines. Après 2 semaines de
consommation d’eau filtrée, les chercheurs ont constaté une réduction
significative de l’absorption d’arsenic et, par voie de conséquence, de la
teneur en arsenic dans les urines. Ils ont aussi observé une forte
augmentation de l’excrétion urinaire arsenicale, après 4 semaines du
traitement par la spiruline-zinc (138 ± 43,6 µg/l) ; cet effet s’est
prolongé pendant encore 2 semaines. De plus, la teneur en arsenic dans
les cheveux des sujets du groupe spiruline-zinc était inférieure de 47, 1 %
par rapport à celle des cheveux du groupe placebo. Par ailleurs aucun
effet nuisible de la spiruline n’a été reporté par les médecins qui ont suivi
les patients tout au long de l’étude. Les scores cliniques de diagnostic du
mélanome, évalués avant et après traitement, n'étaient pas statistiquement
significatifs (p > 0,05) dans le groupe placebo, alors qu’ils l’étaient dans
le groupe traité par l’extrait spiruline-zinc (p < 0,01). Dans ce dernier
groupe, les scores cliniques de diagnostic d’hyperkératose, établis avant
et après traitement, étaient statistiquement significatifs (p < 0,05).

178
groupe placebo groupe spiruline-zinc
concentration en arsenic dans
150,1 ± 18,3 161,7 ± 23,9
de l’eau non filtrée (µg/l)
quantité d’arsenic excrétée
72,1 ± 14,5 78,4 ± 19,1
dans les urines (µg/l)
concentration en arsenic dans
8,3 ± 3,6 9,7 ± 5,4
l’eau filtrée (µg/l)
quantité d’arsenic excrétée
18,4 ± 7,3 21,6 ± 5,8
dans les urines (µg/l)

Tableau XXI : Résultats de l’étude menée afin d’évaluer l’efficacité d’un extrait spiruline-zinc administré
chez des sujets victimes d’empoisonnement chronique à l’arsenic présent dans leur eau de boisson.

Au vu de ces résultats, on peut penser que l’extrait de spiruline (250 mg)


enrichi en zinc (2 mg) administré par voie orale, deux fois par jour
pendant 16 semaines, pourrait être utilisé dans le traitement des
dommages cutanés (mélanome et hyperkératose), provoqués par une
exposition prolongée à l’arsenic contenu dans l’eau de boisson.

2.4 Action anti-inflammatoire


Dans ce qui semble être le premier rapport sur les propriétés antioxydantes et anti-
inflammatoires de la phycocyanine, Romay et al. [236] ont prouvé que la
phycocyanine pouvait éliminer les radicaux hydroxyle (IC 50 = 0,91 mg/ml) et
alcoxyle (IC 50 = 76 µg /ml) avec une puissance comparable à 0,125 mg/ml de
diméthylsulfoxyde (DMSO) et à 0,038 µg/ml de Trolox®, éliminateurs spécifiques
respectifs de ces deux radicaux.
D’autre part, la phycocyanine a également empêché la peroxydation microsomale
des lipides hépatiques (IC 50 = 12 mg/ml).
Il est intéressant de noter que cette activité éliminatrice des espèces réactives
oxygénées de la phycocyanine était seulement 3 fois inférieure à celle de la SOD.
L'ajout de SOD à la phycocyanine n'ayant pas modifié l'activité antioxydante de la
phycocyanine, on peut penser que leur mécanisme d’action est différent.

D'autres études menées par la même équipe ont constaté une activité anti-
inflammatoire de la phycocyanine chez quelques modèles d’animaux [237]. Ainsi,
ils ont montré que la phycocyanine réduisait sensiblement et de façon dose
dépendante, l’œdème d'oreille engendré par l’injection d'acide arachidonique (0,5
mg par oreille) ou d’activateur tissulaire du plasminogène (4 µg par oreille), chez
les souris. Cet effet anti-inflammatoire a été également constaté sur l’œdème de la
patte de rats mâles (race Sprague Dawley) provoqué par l’injection de
carraghénates (0,1 ml d’une suspension à 1 %) et sur le granulome induit par
l’introduction d’une boulette de coton stérile dans l’aisselle de rats. L’effet anti-
inflammatoire de la phycocyanine a été comparé avec celui de l’indométacine,
médicament anti-inflammatoire standard.
La mesure de l'augmentation du poids (en mg) de biopsies d’un morceau d'oreille
de 6 millimètres a été comparée chez les rats témoins et chez ceux ayant reçu de la
phycocyanine. De la même façon, les chercheurs ont comparé l'activité de la
myéloperoxidase, marqueur d’infiltration par les neutrophiles.

179
L'augmentation de l'épaisseur de patte (en mm) a aussi été comparée. Sept jours
après l’implantation du coton, le granulome a été enlevé et son poids sec a été
déterminé. Parallèlement, la toxicité aiguë a été évaluée chez les souris et les rats.
Les résultats obtenus sont les suivants : l'administration par voie orale de
phycocyanine a permis une réduction significative de l’inflammation (p < 0,05),
dans tous les modèles examinés. Concernant l'essai aigu de toxicité chez les deux
espèces animales, même à la dose la plus élevée testée (3 000 mg/kg, per os),
aucune toxicité de la phycocyanine n'a été observée. Par rapport à l’indométacine,
la puissance de l’effet anti-inflammatoire de la phycocyanine s’est révélée
inférieure ; en effet, la même activité anti-inflammatoire est obtenue avec une dose
de 50 à 300 mg/kg per os de phycocyanine, contre 3 à 10 mg/kg per os du
médicament [237].

Néanmoins, la DL 50 (dose de substance causant la mort de 50 % d'une population


animale donnée) pour l’indométacine était égale à 12 mg/kg chez les rats et 50
mg/kg chez les souris. De plus, ce médicament est responsable de nombreux effets
indésirables chez l’Homme, contrairement à la phycocyanine.
A ce stade de l’étude, les auteurs pensent que les propriétés antioxydantes et
antiradicalaires de la phycocyanine vis à vis des dérivés actifs de l’oxygène,
contribuent en partie à son activité anti-inflammatoire. Ils ont aussi évoqué la
possibilité d’un effet modificateur sur le métabolisme de l’acide arachidonique.

Afin de trouver le mécanisme anti-inflammatoire de la phycocyanine, les mêmes


chercheurs ont réalisé d’autres expériences. Par exemple, l’influence de la
phycocyanine sur la concentration en prostaglandine E2 (PGE2) et sur l'activité de
la phospholipase A2 (PLA2) a été déterminée sur un œdème d’oreille de souris
induit par de l'acide arachidonique ou du 12-O-tétradécanoyl-phorbol-13-acétate
[238]. La phycocyanine (50 à 200 mg/kg per os) a inhibé, de façon dose
dépendante, la production de PGE2 dans l'oreille des souris traitées avec l’acide
arachidonique. Par ailleurs, à la dose de 100 à 400 mg/kg, elle a contribué à
réduire modérément l’activité de la PLA2. Dans cette étude, on a comparé
l’efficacité de la phycocyanine à celle du triamcinolone (10 mg/kg per os),
médicament de référence pour son effet inhibiteur de l’activité de la PLA2. Les
résultats obtenus montrent clairement que les effets anti-inflammatoires de la
phycocyanine résultent, au moins partiellement, de l'inhibition de la production de
PGE2 et d'une inhibition modérée de l'activité PLA2.

En 2000, une équipe de chercheurs indiens a mis en évidence le fait que la


phycocyanine issue de Spirulina platensis exerçait un effet inhibiteur sélectif de la
cyclooxygenase-2 (COX-2), avec un rapport IC 50 COX-2 / IC 50 COX-1 très bas
(0,04). Ils ont conduit deux types d’essais in vitro en parallèle : un essai avec une
enzyme isolée et un essai sur du sang entier [239]. Dans le premier cas, ils ont
constaté que l'importance de l'inhibition dépendait de la période de pré-incubation
de la phycocyanine avec l’enzyme COX-2, mais pas de la période de pré-
incubation avec la COX-1.
Par ailleurs, la valeur IC 50 obtenue pour l'inhibition de COX-2 par la
phycocyanine est beaucoup plus basse (180 nmol/l) que celles obtenues avec le
celecoxib (255 nmol/l) ou le rofecoxib (401 nmol/l), médicaments anti-
inflammatoires non stéroïdiens inhibiteurs sélectifs de COX-2.

180
Dans l'essai mené sur le sang entier, la phycocyanine a inhibé très efficacement la
COX-2, avec une valeur IC 50 égale à 80 nmol/l. Les chercheurs ont aussi
constaté que la phycocyanine réduite et la phycocyanobiline (chromophore de la
phycocyanine), étaient de pauvres inhibiteurs de COX-2 et sans sélectivité vis à vis
de celle-ci. Par conséquent, cala laisse penser que c’est l'apoprotéine de la
phycocyanine qui pourrait jouer un rôle clé dans l'inhibition sélective de COX-2.

2.5 Effets radio protecteurs


 Effet protecteur de la spiruline contre les radiations [240]

En 1990-91, l’Institut de Médecine Nucléaire de Minsk (Biélorussie), a


mis en place un programme de recherche visant à traiter, tous les 20
jours, 100 enfants souffrant d’empoisonnement lié à la consommation
d’aliments cultivés sur les terres radioactives, suite à la pollution
provoquée par l’explosion d’un réacteur sur le site de la centrale
nucléaire de Tchernobyl, en 1986.
Les résultats de cette étude ont été publiés en 1993 ; ils montrent les
effets bénéfiques, sur la santé des enfants, de la supplémentation en
spiruline à la dose de 5 g/j. Les scientifiques ont en effet constaté que la
spiruline permettait notamment de réduire la dose radioactive reçue après
consommation de nourriture contaminée par les radionucléides Césium
137 et Strontium 90. La radioactivité de l’urine de ces enfants était
réduite de 50 % au bout de 20 jours de supplémentation en spiruline.
Cette dernière semble protéger les cellules de l’organisme contre les
effets néfastes des radiations. Lorsque la durée de son administration était
de 45 jours consécutifs, la radioactivité des urines des enfants avait
diminué de 83 %.

En juillet 2004, un article remis aux ambassades de Suisse et de France à


Minsk [241], indique néanmoins que les pectines, polysaccharides
naturels, se révèlent plus efficaces que la spiruline pour diminuer la dose
radioactive présente dans l’organisme, après ingestion d’aliments
contaminés. Traditionnellement utilisée dans la fabrication des
confitures, la pectine est aussi utilisée en médecine, sous forme de
comprimés et purifiée, dans le traitement des intoxications aux métaux
lourds (plomb et mercure). Suite à la catastrophe de Tchernobyl, une
firme ukrainienne a développé la pectine de pomme pour le traitement et
la prévention des maladies dues au Césium 137 chez des enfants vivant
dans les zones contaminées par les retombées radioactives ; elle a obtenu
un brevet pour la commercialisation de comprimés effervescents de
pectine de pomme en Biélorussie, sous le nom de Yablopekt®. Le
Professeur Nesterenko a alors comparé l’efficacité des comprimés
effervescents ukrainiens de pectine de pomme ainsi que celle d’une
préparation contenant 15 à 16 % de pectine, par rapport à celle de la
spiruline. Mélangée à de l'eau ou du lait, cette forme galénique est, selon
ce Professeur, « mieux acceptée et tolérée par les enfants et elle s’est
révélée au moins aussi efficace que les comprimés effervescents et
beaucoup plus efficace que la spiruline ».

181
Cette efficacité peut s'expliquer par le fait que la pectine, prise oralement,
empêche la réabsorption immédiate du radionucléide parvenu dans
l'intestin grêle.
Nesterenko a démontré que 3 à 4 cures de 4 semaines de pectine par an,
distribuée aux enfants dans les écoles de villages hautement contaminés,
parvenaient à maintenir la charge en Césium137 en dessous du seuil de
50 becquerels par kilo de poids corporel ;

ce seuil correspond à la valeur à partir de laquelle apparaissent des dégâts


irréversibles au niveau du cœur, de l’œil, des systèmes immunitaire et
endocrinien, ou d'autres organes.
Cependant, contrairement à la pectine, la spiruline ne se contente pas de
réduire la radioactivité dans l’organisme ; en plus de sa capacité à fixer le
Césium 137, elle entraîne aussi une augmentation des lymphocytes T
suppresseurs. C’est pourquoi la Russie a autorisé la spiruline comme
aliment thérapeutique, dans le traitement des enfants souffrant
d’empoisonnement suite à la consommation des aliments contaminés par
des radionucléides. Leur moelle osseuse étant endommagée, elle ne peut
plus produire de globules rouges et blancs normaux ; ces enfants sont
anémiques et deviennent rapidement immunodéficients. En leur donnant
5 g de spiruline par jour, ils connaissent un rétablissement extraordinaire
en moins de six semaines. Par comparaison, les enfants qui ne bénéficient
pas de cette thérapeutique restent gravement immunodéficients.

 Effet radio protecteur de l’extrait de Spirulina platensis sur les cellules de


moelle osseuse de souris [242]

Cet effet a été étudié par le biais du test du micronoyau dans des
érythrocytes polychromatiques de moelle osseuse de souris.
Ce test du micronoyau, en mesurant les aberrations chromosomiques
dans les cellules nucléées de moelle osseuse de rongeurs, peut permettre
la détection d'une vaste gamme de changements de l'intégrité des
chromosomes. Ces changements découlent presque tous, au départ, de la
cassure d'un ou de plusieurs chromatides. Les micronoyaux sont des
entités nucléaires distinctes du noyau principal, présentes dans le
cytoplasme des cellules en interphase et constitués de fragments
chromosomiques (effets clastogènes) ou de chromosomes entiers (effets
aneugènes) perdus au cours de la mitose. En pratique, ce test est
actuellement le seul test de mutagenèse pouvant mettre en évidence les
remaniements génomiques consécutifs aux anomalies chromosomiques
de nombre et/ou de structure [243].
Dans cette étude, des souris ont été exposées à des radiations gamma,
rayonnements ionisants pouvant provoquer des anomalies
chromosomiques. Les tissus les plus radiosensibles étant les tissus
hématopoïétiques, l’effet protecteur d’un extrait éthanolique de Spirulina
platensis vis à vis de ce rayonnement, a été évalué par le test du
micronoyau ; les chercheurs ont constaté que cet extrait avait permis une
réduction importante du nombre de micronoyaux induits par les
radiations gamma.

182
Ils ont aussi noté que l'effet radioprotecteur observé se révélait à peu près
identique lorsque l’extrait de spiruline était administré avant ou après
l’exposition aux rayonnements. Selon eux, l’extrait de spiruline
renfermerait des molécules protectrices agissant comme facteurs
stabilisants de l’ADN ; ils ont écarté la possibilité d'un mécanisme
éliminateur de radicaux.

Cette capacité de l’extrait éthanolique de spiruline à réduire l'incidence


des micronoyaux dans les cellules de moelle osseuse, laisse penser qu’il
possède des propriétés antimutagènes et stimulatrices des réparations de
l’ADN. Ces résultats sont venus renforcer l’idée émise deux ans plus tôt
par Schwartz et al. [244].

 Effet d’un extrait de phycocyanine sur des lésions induites par des
radiations chez le rat [245]

Des rats Wistar ont été exposés à des rayons X, à des doses de 5 Gy. Une
diminution significative de l'activité déshydrogénase, des liaisons
phosphates riches en énergie et de l'efficacité de la défense antioxydante,
ainsi qu'une augmentation significative du taux de pyruvate, ont été
observées pendant 4 semaines. L’étude a montré que le fait de nourrir ces
rats avec un extrait de phycocyanine issu de Spirulina platensis a permis
la correction de ces anomalies.
A noter qu’un résultat similaire a été obtenu, après des injections de
tocophérol ou d’un complexe de 6 vitamines hydrosolubles.

2.6 Effets stimulants sur la lignée érythrocytaire


Une étude a été conduite par des scientifiques chinois [246], dans le but d’évaluer
les effets des polysaccharides et de la phycocyanine issus de la spiruline, sur le
sang périphérique et la moelle osseuse hématopoïétique de souris.
La phycocyanine et les polysaccharides ont été isolés et purifiés à partir de
Spirulina platensis. En utilisant les techniques de culture de colonies formant des
unités érythroïdes (CFU-E) sur des cellules fœtales de foie de souris in vitro, les
chercheurs ont constaté que la phycocyanine possédait une forte activité
stimulatrice de l’érythropoïèse. Ils ont pu établir que 12,5 ng de phycocyanine
correspondent à 850 mU d'érythropoïétine (EPO).
Cette hormone, normalement produite par des reins sains, règle la production par
les cellules souches, des globules rouges dans la moelle osseuse. Or, les globules
rouges du sang contiennent l'hémoglobine permettant la fixation de l'oxygène au
niveau des poumons et son transport vers les tissus. L'érythropoïèse est la fonction
par laquelle l'organisme assure le renouvellement des globules rouges : chaque
jour, 200 milliards sont ainsi produits par la moelle osseuse de l'adulte sain, afin de
compenser les pertes physiologiques et l'élimination des globules rouges vieillis.
Les effets des polysaccharides et de la phycocyanine sur le sang périphérique, sur
le système hématopoïétique et sur les cellules souches, ont été étudiés chez des
souris normales, irradiées et anémiques.
Les résultats ont démontré la capacité de ces deux constituants à influencer la
différenciation et la prolifération des cellules souches hématopoïétiques engagées.

183
Une récupération a été observée dans des leucocytes et dans des cellules nucléées
de moelle osseuse, de même qu’une amélioration du nombre de colonies formant
des unités granulocytaires et monocytaires (CFU-GM), chez les souris après
injection intra péritonéales d’acide hydrochlorique de benzohydrazine ou après que
leur organisme entier ait été soumis à des radiations gamma.

En conclusion, ces recherches ont montré que la phycocyanine issue de la spiruline


influait sur les cellules souches situées dans la moelle osseuse, exerçant un effet
stimulant sur la production de nouveaux globules rouges et également des globules
blancs. Les scientifiques chinois auteurs de l’étude ont en effet observé que la
phycocyanine pouvait stimuler la production de cellules blanches, même quand les
cellules souches de la moelle osseuse se trouvent endommagées sous l’effet de
produits chimiques toxiques ou de radiations.
Etant donné que la phycocyanine et les polysaccharides issus de la spiruline sont
capables de diminuer le degré d'anémie de la souris, des essais devraient être
menés (à grande échelle) dans la population humaine, de façon à établir si cette
activité est susceptible de servir dans le traitement de certaines formes d’anémie.

2.7 Effets sur l’hyperlipidémie, le diabète et l’hypertension artérielle


Les effets de la spiruline sur le métabolisme lipidique ont également été étudiés.
Une activité hypocholestérolémiante a notamment été montrée sur des modèles
animaux. La spiruline aurait une action inhibitrice sur l'élévation des taux de
cholestérol, triglycérides et phospholipides dans le plasma de rats dont
l'hyperlipidémie a été introduite par le fructose. Afin de comprendre le mécanisme
responsable de cet effet (action sur la lipase des lipoprotéines et/ou sur la lipase
des triglycérides hépatiques), d’autres essais ont été menés sur des rats Wistar
mâles [247]. Les rats témoins ont été alimentés par une ration riche en fructose
induisant une hypercholestérolémie. En effet, le fructose est rapidement transformé
en acétyl-CoA ou en acide α-glycérophosphorique ; il accroît ainsi l'activité
d'enzymes responsables de la synthèse des acides gras telles que l'acétyl-CoA
carboxylase et l'acide gras synthétase. Trois autres lots de rats ont reçu en plus de
la spiruline, à raison de 5, 10 et 15 %. Les constats ont été les suivants : l'élévation
des taux de cholestérol total, de cholestérol HDL, de triglycérides et de
phospholipides est inhibée de façon significative quand la ration contient de la
spiruline. En outre, la spiruline ne semble pas avoir d'effet sur la teneur de ces
différents lipides dans le foie. Ceci est confirmé par le fait que l'activité
lipoprotéine lipase est accrue significativement par une alimentation contenant de
la spiruline alors que l'activité de la lipase des triglycérides hépatiques ne varie
pas. Ces deux activités ont été mesurées dans le plasma, après injection d'héparine
qui permet leur libération dans le sang.

Chez l'être humain, les premières études ont été réalisées en 1988, au Japon, par
Nakaya et al [248]. Trente hommes en bonne santé mais présentant une
hypercholestérolémie et une hypertriglycéridémie modérée ont constaté une
réduction de leurs taux de LDL et triglycérides, après consommation de 4,2 g de
spiruline par jour pendant huit semaines, le régime alimentaire n’étant pas modifié.
Leur taux de cholestérol total a diminué de 4,5 % au bout d’un mois tandis que
celui de HDL est resté à son niveau initial.

184
Les chercheurs ont aussi constaté que lorsque la prise de spiruline était
discontinue, le taux de LDL retrouvait sa valeur initiale.
Selon eux, l’effet bénéfique de la spiruline serait lié à une augmentation de
l’activité de la lipoprotéine lipase, enzyme clé du métabolisme des lipoprotéines.
En réduisant le taux de LDL, la consommation de spiruline pourrait être bénéfique
quant à la prévention des maladies cardiovasculaires.

En effet ce LDL, appelé mauvais cholestérol, s’accumule sur la paroi interne des
artères, générant la formation de plaques d’athérome avec un risque élevé
d’athérosclérose.

Une autre étude, publiée en décembre 2001 [249], avait pour objectif d’évaluer le
rôle de la supplémentation en spiruline sur la glycémie et les taux de lipides
sanguins. Vingt-cinq sujets présentant un diabète de type 2 ont été aléatoirement
répartis en deux groupes : le groupe 1 a reçu 2 g par jour de spiruline pendant 2
mois ; le groupe 2, supplémenté par un placebo, constituait le groupe témoin.
L'efficacité de la supplémentation en spiruline a été déterminée en comparant les
taux de glucose dans le sang des sujets, avant et après la supplémentation. Le
profil lipidique et la valeur de l’hémoglobine glyquée HbA1c ont également été
analysés chez tous les sujets.
La supplémentation, pendant une durée de deux mois, a eu comme conséquence
une réduction significative des glycémies à jeun et post-prandiales. La valeur de
l’HbA1c s’est également révélée plus basse, ce qui suggère une amélioration de
l’équilibre glycémique sur du long terme. En ce qui concerne l’évolution du profil
lipidique, les chercheurs ont constaté une baisse significative du taux de
triglycérides ; la réduction des taux de cholestérol total et de LDL-cholestérol a été
couplée avec une légère augmentation du taux de HDL-cholestérol. Les indices
d’athérogénicité (cholestérol total/HDL-cholestérol et LDL-cholestérol/HDL-
cholestérol) ont donc diminué, ce qui permet de réduire le risque cardiovasculaire.
D’autre part, le taux de l'apolipoprotéine B (fraction protéique majeure des LDL
petites et denses très athérogènes) avait significativement baissé tandis que celui
de l’apolipoprotéine A1 (fraction protéique majeure des lipoprotéines HDL
protectrices) était plus élevé. Le rapport apo A1/apo B étant augmenté, le risque
cardiovasculaire est abaissé.
L’ensemble de ces résultats suggère donc que la supplémentation régulière en
spiruline (2 g par jour) semble bénéfique pour le contrôle du diabète de type 2 et
pour l’obtention d’un meilleur profil lipidique, de façon à prévenir le risque
cardiovasculaire.

Après supplémentation en spiruline, la modification du spectre des lipides, l'état


immunologique et la coagulation ont été évalués chez 68 patients présentant une
cardiopathie ischémique avec des plaques d’athérome sur les artères [250]. Il a été
constaté que la consommation régulière de celle-ci a eu pour effet de corriger les
réactions en cascade de procoagulation ainsi que les réactions
immunopathologiques, caractéristiques du processus d’athérosclérose.

Une étude a également été menée dans le but d’évaluer les effets de la spiruline
chez des patients présentant une hyperlipidémie consécutive à un syndrome
néphrotique [251].

185
En cas de syndrome néphrotique, de grandes quantités de protéines plasmatiques
sont perdues dans les urines, ce qui engendre une diminution de la pression
oncotique. Pour répondre à ceci, le foie synthétise plus de protéines, notamment
l’albumine mais aussi des lipoprotéines, ce qui induit une hyperlipidémie
secondaire. On sait déjà que les acides gras essentiels tel que l'acide gamma-
linolénique (GLA) peuvent empêcher l'accumulation du cholestérol dans
l’organisme. Or, la spiruline renferme justement une quantité appréciable de
GLA.
L’étude, d’une durée de deux mois, a été menée sur 23 patients âgés de 2 à 13 ans
et présentant un syndrome néphrotique. Ils ont été séparés en deux groupes : le
groupe 1 a reçu, en guise de traitement, le médicament habituel ; le groupe 2 a reçu
le même médicament plus 1 g de spiruline par jour. La taille, le poids, la glycémie
à jeun et les taux de triglycérides, de cholestérol total, de LDL et HDL-cholestérol
ont été mesurés au début et à la fin de l’étude. Les résultats obtenus sont présentés
dans le tableau XXII

groupe 1 groupe 2
(médicament seul) (médicament + spiruline)
taux de
baisse de 69,87 mg/dl baisse de 116,33 mg/dl
cholestérol total
taux de
baisse de 61,13 mg/dl baisse de 94,14 mg/dl
LDL-cholestérol
taux de
baisse de 22,62 mg/dl baisse de 67,72 mg/dl
triglycérides
LDL-cholestérol /
HDL-cholestérol baisse de 1,13 baisse de 1,66

cholestérol total/
HDL-cholestérol baisse de 1,19 baisse de 1,96

HDL-cholestérol/
augmentation significative augmentation significative
LDL-cholestérol

Tableau XXII : Résultats de l’étude menée sur les enfants atteints de syndrome néphrotique

Ces résultats montrent que la spiruline à la dose de 1 g par jour pendant 2 mois a
contribué à la réduction des paramètres lipidiques néfastes, tout en maintenant le
taux de HDL-cholestérol.

L’objectif d’une étude très récente (novembre 2007) consistait à évaluer les effets
chez l’Homme de la supplémentation orale de 4,5 g par jour de Spirulina maxima
pendant 6 semaines, sur les taux de lipides sériques, la glycémie et la tension
artérielle. Elle a été menée sur 36 sujets volontaires (16 hommes et 20 femmes),
âgés de 18 à 65 ans [252]. Ces sujets n'ont pas modifié leurs habitudes alimentaires
ni leur mode de vie pendant la durée de l’étude.

186
Sur chacun, un échantillon de sang a été prélevé après un jeûne de 12 heures, afin
de déterminer les concentrations plasmatiques en glucose, en triglycérides, en
cholestérol total, en HDL-cholestérol et en aspartate aminotransférase. Des
mesures anthropométriques comprenant la tension artérielle, la taille, le poids et
l'index de masse corporel (BMI) ont été également réalisées.
Les résultats obtenus en comparant les valeurs de début et de fin d’étude montrent
qu'il n'y a pas de changement significatif concernant les valeurs de la glycémie et
de l'aspartate aminotransférase. En revanche, des différences significatives ont été
observées pour les autres valeurs, comme le montre le tableau XXIII :

valeurs valeurs
au début de au terme de significativité
l’étude l’étude
triglycérides
233,7 ± 177,8 167,7 ± 100,7 p < 0,001
(mg/dl)
cholestérol total
181,7 ± 37,5 163,5 ± 34,4 p < 0,001
(mg/dl)
HDL-cholestérol
43,5 ± 14,4 50 ±18,8 p < 0,01
(mg/dl)
Pression artérielle hommes : hommes :
systolique 121 ± 9 111 ± 8 p < 0,01
(mmHg) femmes : femmes :
120 ± 9,5 109 ± 11 p < 0,002

pression artérielle hommes : hommes :


diastolique (mmHg) 85 ± 6,5 77 ± 9 p < 0,01
femmes : femmes :
85 ± 11 79 ± 7,5 p < 0,03

Tableau XXIII : Résultats de l’étude des effets d’une supplémentation en spiruline sur les taux de
triglycérides, cholestérol et la pression artérielle, chez 36 sujets

Les variations de concentration en HDL-cholestérol et en cholestérol total se sont


révélées dépendantes de la concentration en triglycérides, avec respectivement p =
0,247 et p = 0,108. Les valeurs calculées des concentrations plasmatiques en LDL-
cholestérol ont été sensiblement réduites suite à la consommation de spiruline,
mais indépendamment des changements du taux de triglycérides
Par ailleurs, des différences significatives ont été constatées sur les valeurs de la
tension artérielle, chez les femmes et les hommes (tableau XXIII).
Les résultats de cette étude suggèrent donc que la consommation de spiruline à la
dose de 4,5 g par jour exercerait un effet hypolipémiant direct sur les triglycérides
et le LDL-cholestérol, et indirect sur les taux de cholestérol total et d’HDL-
cholestérol. Elle permettrait aussi de diminuer les valeurs de la pression artérielle
systolique et diastolique.

187
2.8 Effets sur la flore intestinale
Une étude conduite chez le rat [253] a montré qu’un régime alimentaire
quotidien enrichi en spiruline (5 %) pendant 100 jours, avait permis une
augmentation de 13 % du poids de leur cæcum et de plus de 300 % sa teneur en
Lactobacillus et Bifidus, par rapport à des rats non nourris avec de la spiruline.
Par ailleurs, le taux de vitamine B1 dans le cæcum avait augmenté de 43 % ;
puisque la spiruline n’apporte pas directement cette quantité de vitamine B1, cela
laisse penser qu’elle a permis une meilleure absorption de celle-ci à partir de
l’alimentation des rats.
Chez l’Homme, les Lactobacillus sont des bactéries hôtes naturels de l’intestin et
du colon qui participent à l’équilibre microbien du tube digestif. On les appelle
des probiotiques (micro organismes vivants non pathogènes). Ils assurent trois
types de fonctions :

- amélioration de la digestion, du transit digestif et de l’absorption des


aliments ;
- protection contre les infections par renforcement de la barrière
intestinale ;
- stimulation du système immunitaire.

La flore bactérienne intestinale est un équilibre bactérien fragile qui peut être mis
à mal à la suite de diarrhées, de colites ou de la prise d'antibiotiques.
Les sujets victimes du syndrome d’immunodéficience acquis (SIDA) présentent
une malabsorption des nutriments, liée aux infections opportunistes. Ces
infections, provoquées par certains microorganismes comme Candida albicans,
accentuent l'expression des symptômes de la maladie. D’autre part, les diarrhées
fréquentes chez ces patients ou les infections à E. Coli en général, contribuent à
un déséquilibre des bactéries de l’intestin, au profit des pathogènes. Il est donc
conseillé d’adopter, chez les patients infectés, une supplémentation nutritive à
base de Bifidus et Lactobacillus, pour renforcer le combat contre la progression
de la maladie. Dans ce cadre, et cela vient compléter ce qui a été écrit
précédemment (cf. 2.2.2.), la spiruline pourrait offrir une stratégie intéressante, à
la fois thérapeutique et alimentaire, en complément des traitements
indispensables.

2.9. Effets dans le cadre d’une déficience chronique en vitamine A


Les conséquences d'un déficit en vitamine A sont nombreuses. Elles sont
cependant réversibles, jusqu'à un certain point, par une intervention appropriée,
souvent difficile à réaliser au niveau communautaire dans les pays en
développement pourtant les plus touchés. Les lésions oculaires représentent les
conséquences les plus étudiées de cette carence et sont classiquement regroupées
sous le terme de xérophtalmie. On peut observer, au niveau de la rétine, une
altération précoce de l'adaptation à l'obscurité (héméralopie) et, au niveau de la
cornée, une kératinisation progressive avec atrophie de la conjonctive bulbaire,
pouvant aboutir à la cécité. La tache de Bitot apparaît lorsque la xérophtalmie
n’est pas traitée. L’affection débute par une sécheresse de la conjonctive puis
survient une infiltration de couleur grise dans la cornée.
La dégénérescence de la cornée conduit progressivement à la cécité [254].

188
En 2001, l’OMS rapporte que 250 millions d’enfants d’âge préscolaire souffrent
d’une carence infra-clinique en vitamine A ; trois millions souffrent de
xérophtalmie clinique et 300 000 sont aveugles suite à la xérophtalmie.
Une étude, sponsorisée par le gouvernement indien, portant sur 5 000 enfants
indiens d'âge préscolaire [255], a démontré l'étonnante efficacité d'une dose
quotidienne unique d'1 g de spiruline sur la déficience chronique en vitamine A :
le symptôme de la tache de Bitot présent initialement chez 80 % des sujets n’a
été retrouvé que chez 10 % d’entre eux, après 150 jours de supplémentation en
spiruline.
Cette étude montre que de très faibles doses de spiruline suffisent à réduire
considérablement les affections oculaires et les risques de cécité consécutives à
la déficience en vitamine A chez l'enfant.
Une autre étude menée sur 400 enfants indiens scolarisés a permis de montrer
que la supplémentation régulière en spiruline à la dose d’1 g par jour augmentait
leur statut en vitamine A de la même façon que l’administration de vitamine A
pure (beaucoup plus chère).

En résumé, les effets immunostimulants, détoxifiants et le potentiel anti-cancéreux de


la spiruline ou de ses extraits sont, à mes yeux, ceux qui nécessitent d’être approfondis
et prouvés prioritairement.
L’ensemble des études scientifiques actuellement publiées sur le sujet suggère que la
spiruline agit sur les organes impliqués dans l’élaboration du système immunitaire
(foie, rate, thymus, ganglions lymphatiques, végétations adénoïdes, amygdales et
moelle osseuse), tout en stimulant le fonctionnement des cellules immunitaires. Ainsi,
non seulement la spiruline semble stimuler la production des éléments du système
humoral (anticorps, cytokines) mais elle augmente aussi le nombre et l’efficacité des
cellules participant à l’immunité à médiation cellulaire (lymphocytes T, macrophages,
cellules B et cellules NK). De plus, la spiruline stimulerait aussi l’immunité muqueuse
par augmentation de la production des IgA sécrétoires. Elle diminuerait aussi les
réactions inflammatoires allergiques en empêchant la production des Ig E.
Concernant son potentiel éventuel dans la lutte contre le cancer, la spiruline jouerait
un rôle favorable par l’intermédiaire de ses polysaccharides membranaires et des
agents antioxydants qu’elle renferme. Cinq mécanismes différent ont été mis en
évidence à travers les études présentées :

• l’accélération de l’excrétion de substances radioactives mutagènes et la


neutralisation de molécules chimicotoxiques mutagènes (effet
préventif) ;
• la neutralisation des radicaux libres ;
• la stimulation des endonucléases ;
• la stimulation de la production et de l’efficacité des cellules NK, de
l’IFN-γ et du TNF-α ;
• l’inhibition de l’invasion tumorale et métastatique.

Au sujet de ses potentiels antiviraux, le fait que le calcium-spirulan bloque la


pénétration de certains virus dans la cellule hôte, empêchant ainsi toute réplication,
est aussi très prometteur.

189
Si tous ces effets venaient à être confirmés par des études pertinentes à plus grande
échelle chez des populations humaines variées, la spiruline offrirait en outre deux
intérêts majeurs :

 dans le cadre d’un complément thérapeutique curatif destiné à des


patients immunodéprimés, puisqu’elle a déjà prouvé sa totale
innocuité et l’absence absolue de risque de surdosage (cf. première
partie 3.4.1 et 3.4.3) ;

 associée aux traitements habituels destinés aux cancéreux, aux


séropositifs et à tous les malades en général, car elle n’entre pas en
compétition avec aucuns d’entre eux ; elle potentialise même leurs
effets par son pouvoir stimulant sur le système immunitaire.
De plus, par son effet tonifiant et dynamisant sur un plan
métabolique général, elle pourrait même aider les patients à
surmonter les effets secondaires inhérents aux thérapies
allopathiques.

190
Troisième partie

La spiruline
dans les pays en voie de
développement

191
192
Grâce à ses qualités nutritives exceptionnelles, la spiruline suscite, depuis plusieurs
décennies, un intérêt tout particulier dans le domaine de la lutte contre la malnutrition qui
sévit dans les PVD. Cela constitue d’ailleurs, depuis sa redécouverte et jusqu’à ce jour, la
principale finalité de son utilisation.

1. Quelques définitions et données épidémiologiques autour de la malnutrition

1.1 La malnutrition
Alors que la famine correspond à manque quantitatif de nourriture, sur un
territoire donné et pour une longue période, la malnutrition est liée avant tout à
la qualité des aliments absorbés, c’est-à-dire à leur valeur nutritionnelle.
Elle se définit comme un état pathologique provenant de l’usage prolongé d’une
nourriture ne fournissant pas l’ensemble des éléments nécessaires à la santé
(glucides, lipides, protéines, mais aussi et surtout acides gras essentiels,
vitamines, minéraux, fibres, etc.). Il existe un déséquilibre cellulaire entre
l’approvisionnement en énergie et nutriments d’une part, et les besoins de
l’organisme pour assurer sa croissance, ses diverses fonctions et son maintien
physiologiquement satisfaisant.
Le terme est aussi employé pour caractériser une alimentation constituée
d’apports excessifs ou déséquilibrés en certains nutriments (typiquement
graisses, sucres et protéines dans les pays industrialisés). Dans le cadre de ce
travail, il n’est question que de malnutrition par sous-alimentation.
Lorsque le déficit alimentaire résulte surtout d’un déficit énergétique et
protéique, on parle de malnutrition protéino-énergétique (MPE).
Si le déficit porte surtout sur le fer, on parle d'anémie nutritionnelle.
Lorsqu’il porte principalement sur la vitamine A, il s’agit d’une avitaminose
pouvant conduire à l’apparition de xérophtalmie.

Trois indicateurs anthropométriques sont utilisés pour constater les conséquences


de la malnutrition sur le corps humain [256] :

- le retard de croissance (rapport taille/âge)


- l’émaciation ou dépérissement (rapport poids/taille)
- l’insuffisance pondérale (rapport poids/âge).

La MPE peut se manifester de façon légère ou grave [257] [258] :

- on la qualifie de légère lorsque l’alimentation est insuffisante en quantité,


pour respecter les besoins en énergie et en protéines, et en qualité. Le
problème de la qualité correspond à des déficits en certains acides aminés
dits essentiels, certaines vitamines (groupes A et B) ou en fer. Chez les
enfants, cela se traduit par un ralentissement voire un arrêt de la croissance
et une perte de poids.
- on la qualifie de sévère à partir du moment où l’individu présente soit des
oedèmes au niveau des deux pieds, soit une émaciation importante (rapport
poids/taille inférieur de 3 écarts-types à la médiane de la population de
référence), soit des signes cliniques de malnutrition sévère. Elle peut alors
prendre diverses formes, telles que le marasme ou le kwashiorkor [259].

193
1.2 Le kwashiorkor
Cette forme apparaît à la faveur d'un déséquilibre nutritionnel (régime pauvre en
protéines et riche en glucides) dans les semaines ou les mois qui suivent le
sevrage [257] [259]. Cette carence en protéines est la source d’un ensemble de
perturbations. En effet, elle provoque au niveau cellulaire, une diminution de la
synthèse des protéines à demi-vie brève. Cela concerne essentiellement des
protéines d’origine hépatique (en fait, la majeure partie des protéines
plasmatiques à l’exception des globulines), et également une série d’enzymes
fabriquées par le pancréas exocrine et la muqueuse intestinale.
L' hypoalbuminémie qui en résulte entraîne une baisse de la pression oncotique,
dont le résultat est la fuite d'eau et de sel dans le liquide interstitiel , ce qui
aboutit à la constitution d’œdèmes et d’hypovolémie. Cette hypovolémie
engendre une hypersécrétion de l’hormone anti-diurétique et d’aldostérone,
favorisant ainsi la rétention hydrosodée et la surcharge cardiaque.
En outre, le mauvais fonctionnement du pancréas exocrine et des cellules
intestinales ne permet pas une bonne absorption des aliments, ce qui exacerbe les
effets de carence.
Il se crée alors un véritable cercle vicieux qui, s’il n’est pas rompu, va s’emballer
et provoquer un déficit tel que le fonctionnement de l’organisme se ralentit voire
s’arrête définitivement.

1.3 Le marasme

C’est la forme la plus fréquente. Le régime qui mène au marasme est non
seulement pauvre en protéines, comme au cours du kwashiorkor, mais aussi en
glucides et en lipides : le déséquilibre est global et homogène [257]. La
néoglucogenèse est sollicitée. Par élévation de la cortisolémie, le catabolisme
protidique au niveau du muscle strié s'accentue, l'anabolisme protéique hépatique
se majore. Ceci provoque la disparition du pannicule adipeux et une fonte des
masses musculaires.
Le marasme pur ne s'accompagne donc pas d'une baisse importante des protéines
sanguines ni d'œdèmes, contrairement au kwashiorkor [259].

1.4 Le kwashiorkor marasmique

C’est une forme de malnutrition pour laquelle le tableau clinique présente


simultanément des signes des deux maladies.

1.5 Données épidémiologiques


Dix ans après le Sommet Mondial de l’Alimentation (SMA) tenu à Rome en
1996, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde demeure
obstinément élevé. En 2001-2003, selon les estimations de la FAO, ce nombre
s’élevait encore à 854 millions de par le monde, dont 820 millions dans les pays
en développement, 25 millions dans les pays en transition vers l'économie de
marché et 9 millions dans les pays industrialisés (figure 70) [260].

194
Pratiquement aucun progrès n’a donc été accompli en ce qui concerne l’objectif
du SMA, lequel était de réduire de moitié le nombre de personnes
sous-alimentées avant 2015.
La FAO estime que pour atteindre cet objectif dans les pays en développement,
il faudrait que le nombre de personnes sous-alimentées diminue de 31 millions
par an entre 2001-2003 et 2015 (figure 69) [260].
Les figures 71 et 72 sont des cartes géographiques montrant l’état d’insécurité
alimentaire dans le monde en 2005, d’après les chiffres dont dispose la FAO.
Toujours selon la FAO, la sous-alimentation tue, chaque année, près de six
millions d’enfants en dessous de 5 ans dans le monde ; cela représente 55 % des
décès d’enfants dans les PVD. La plupart meurent de maladies infectieuses –
dont la diarrhée, la pneumonie, le paludisme ou la rougeole – alors qu’ils
auraient pu survivre si leur système immunitaire n’avait pas été affaibli par la
malnutrition.
De son côté, l’UNICEF déclare que, dans l’ensemble du monde en
développement, un enfant de moins de cinq ans sur quatre (soit environ 146
millions d’enfants) souffre d’insuffisance pondérale. C’est en Asie du Sud, et
dans une moindre mesure en Afrique subsaharienne, que le problème de la sous-
alimentation des enfants est le plus grave.

Figure 69 : Projections de la FAO concernant la sous-alimentation dans le monde en développement


en 2015. © FAO 2006

195
Tableau XXIV : Evolution du nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en développement et les pays en
transition, entre les périodes 1990-1992 et 2001-2003. © FAO 2006

nombre de personnes nombre de personnes


sous-alimentées en sous-alimentées en
1990-1992 (millions) 2001-2003 (millions)
Monde en développement
Proche Orient 19,6 31,6
Afrique du Nord 5,4 6,0
Afrique Centrale 22,7 46,8
Afrique de l’Est 75,1 86,9
Afrique Australe 34,1 36,0
Afrique de l’Ouest 37,2 36,5
Asie de l’Est 198,7 159,5
Asie du Sud-Est 80,0 65,3
Asie du Sud 290,4 298,5
Amérique du Sud 42,0 33,3
Amérique Centrale 5,0 7,4
Caraïbes 7,7 6,7
Pays en transition
Communauté des Etats 19,1 20,8
indépendants
Etats Baltes 0,4 0,1
Europe de l’Est 3,9 3,8

Figure 70 : Graphique circulaire représentant la proportion des personnes sous-alimentées dans le monde,
sur la période allant de 2001 à 2003 [260] :

196
Figure 71 : Représentation de l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde en 2005.
© FAO 2005

Figure 72 : Carte, actualisée grâce aux dernières données disponibles, représentant les pays touchés par la
malnutrition en 2005 [261]

197
La malnutrition est par ailleurs une urgence nettement moins visible que la
famine. En effet, l’UNICEF fait remarquer que les trois quarts des enfants qui
meurent de causes liées à la malnutrition, sont atteints de formes modérées ou
légères, ne s'accompagnant d'aucun signe extérieur [259].
Toujours selon l’UNICEF, voici l’estimation du nombre d’enfants victimes de
maladies évitables chaque années, essentiellement liées à la malnutrition :

• Infections aiguës respiratoires : 2,2 millions


• Maladies diarrhéiques : 2,2 millions
• Périnatalité : 2,1 millions
• Maladies non transmissibles* : 1,2 millions
• Rougeole : 800 000
• SIDA : 700 000
• Diphtérie, coqueluche, tétanos, polio : 700 000
• Accidents : 600 000
• Paludisme : 400 000

* y compris malformations congénitales, problèmes cardiovasculaires, asthme, troubles digestifs, etc...

Face à ces constats désastreux, faut-il rappeler que le droit de chacun à une
bonne nutrition relève du droit international, et qu’il apparaissait déjà dans la
Déclaration des droits de l'enfant (Déclaration de Genève) adoptée en 1924 ?
L'expression la plus complète du droit à la nutrition figure dans la Convention
relative aux droits de l'enfant de 1989 [262] ; les 191 ratifications en 1997 en
font l'instrument des droits de l'homme le plus universellement approuvé de
l'histoire. Les Etats qui ont ratifié cette Convention ont de ce fait reconnu le droit
qu'a tout enfant de jouir du meilleur état de santé possible et donc son droit à une
bonne nutrition avec ses trois composantes vitales : aliments, santé et soins.

198
2. Causes de la malnutrition dans les pays en voie de développement
La compréhension des causes de la malnutrition est indispensable pour pouvoir
apprécier l'ampleur et la profondeur du problème, les progrès déjà accomplis ainsi que
les possibilités de progrès futurs.
Les causes de la malnutrition dans les PVD sont multiples et très souvent liées entre
elles. Deux causes principales immédiates se distinguent :
l'insuffisance, quantitative et qualitative, de la ration alimentaire et la maladie. Leur
interaction tend à créer un cercle vicieux ; l'enfant malnutri, résistant moins bien à la
maladie, tombe malade plus souvent, et de ce fait la malnutrition empire.
Les causes sous-jacentes se divisent en trois domaines, et aboutissent aux deux causes
précédemment citées : l'insécurité alimentaire des ménages, l'insuffisance des services
de santé et d'assainissement, et la mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux
femmes.

2.1 Insécurité alimentaire des ménages

La sécurité alimentaire d’un ménage se définit comme un "accès durable à des


denrées alimentaires quantitativement et qualitativement suffisantes pour assurer
à tous les membres de la famille, une ration compatible avec une vie saine".
Elle dépend de plusieurs facteurs [263] [264] :

• L’accès aux vivres (accès financier, physique et social), à différencier


de la disponibilité des vivres : même si un marché regorge de produits,
lorsqu’ils sont chers (viande, fruits et légumes par exemple), alors les
familles trop pauvres pour les acheter ne peuvent bénéficier de la
sécurité alimentaire.

• La disponibilité des vivres : dans les zones rurales, la sécurité


alimentaire dépend de l’accès à la terre et aux autres ressources
agricoles requises pour garantir une production familiale suffisante. Or,
le manque de terre, la mauvaise qualité des terres et leur éloignement
par rapport aux villages, constituent des causes de l’indisponibilité des
vivres.
Dans les zones urbaines, où les denrées alimentaires sont surtout
achetées sur les marchés, il en faudrait toute une gamme à des prix
abordables pour que la sécurité alimentaire soit garantie. Lorsque cette
condition n’existe pas, des aides humanitaires peuvent intervenir pour
distribuer des denrées à bas prix, aux personnes les plus défavorisées.

• Les conditions climatiques : elles se révèlent peu propices aux cultures,


à l’élevage, au stockage, à la transformation et conservation des
aliments ; elles contribuent donc à l’extrême précarité de la sécurité
alimentaire, notamment dans les zones à climat désertique et celles où
les cultures sont souvent détruites par la mousson.

• Le rôle des femmes : elles ont un rôle spécial à jouer dans le maintien
de la sécurité alimentaire ; dans la plupart des sociétés, elles assurent
seules la préparation, la cuisson, la conservation et le stockage de la
nourriture familiale ;

199
le plus souvent, elles ont aussi la responsabilité de la production et de
l’achat des aliments. Or, pour que la sécurité alimentaire du ménage se
traduise en une bonne nutrition, il est indispensable d’alléger les
femmes de ce fardeau de travail qui les empêche de satisfaire aux
besoins de leurs enfants, toujours en rapport avec la nutrition.

• La mauvaise organisation des circuits de distribution de nourriture : elle


contribue, encore trop souvent, à des inégalités sur le plan alimentaire.

• La persistance de coutumes traditionnelles : elle a aussi sa part de


responsabilité car elle influence la consommation alimentaire ; une
valeur symbolique est souvent attribuée à certains aliments pourtant de
faible valeur nutritive. De plus, les meilleures parts sont souvent
réservées aux hommes, les femmes et enfants mangeant ce qui reste.

2.2 Insuffisance des services de santé et d’assainissement


Un élément essentiel de la bonne santé est l’accès à des services de santé curatifs
et préventifs, de bonne qualité et d’un coût abordable. Les familles devraient
donc disposer d’un centre de santé à une distance raisonnable, dans lequel exerce
du personnel qualifié et équipé pour donner les conseils et prodiguer les soins
requis. Or, d’après le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), en 1997, dans les 35 pays les plus pauvres de la planète, 30 à 50 % de
la population n’a pas les moyens d’accéder à un quelconque service de santé
[262].
A noter que dans les PVD, les services préventifs de santé et de nutrition sont
souvent moins demandés que les soins curatifs. La prévention est pourtant vitale
et d’un excellent rapport coût/efficacité.
Par ailleurs, le manque d’accès à l’eau potable et à un assainissement efficace,
favorise l’insalubrité dans et autour des maisons, ce qui contribue à majorer les
risques de maladies infectieuses. A l’heure actuelle, plus de 1,1 milliards
d’individus sur terre n’ont toujours pas accès à l’eau potable et 2,9 milliards ne
disposent pas d’un assainissement satisfaisant [259]. Près de 3 millions d'enfants
meurent chaque année de maladies dues au manque d'hygiène et à l'absence
d'assainissement.
C'est aux femmes et aux enfants qu'il incombe habituellement d'aller chercher
l'eau nécessaire aux besoins du ménage ; cette tâche absorbe beaucoup de temps
et d'énergie. A titre d’exemple, les fillettes et les femmes d'Afrique rurale
passent au moins 40 milliards d'heures par an à transporter de l'eau. On a estimé
qu'en diminuant la distance jusqu'au point d'eau, on permettrait aux femmes de
conserver de bonnes réserves d'énergie, jusqu'à 300 à 600 calories par jour.
Par ailleurs, lorsque les aliments sont manipulés sans respect de l'hygiène et que
l'environnement, couvert de déchets animaux et humains, est insalubre, les
jeunes enfants sont souvent victimes de parasites intestinaux. La transmission est
facile et insidieuse : un enfant peut attraper des ankylostomes en marchant pieds
nus, des ascaris en mettant ses doigts sales dans sa bouche. Ainsi, il n'est pas rare
de voir un enfant héberger jusqu'à 1 000 ankylostomes, ascaris et trichocéphales
qui pompent le sang et les nutriments.

200
Ces parasites constituent donc une cause importante de malnutrition ; ils
entravent la croissance et entraînent une anémie grave, de la dysenterie, un retard
de puberté et des problèmes d'apprentissage et de mémoire.
En réalité, il existe une intrication entre la maladie et la malnutrition, au point
qu’il est parfois difficile de savoir qui est à l'origine de quoi. D’une part, les
maladies infectieuses se déclarent plus facilement chez les petits enfants et ceux-
ci y résistent moins bien s'ils sont mal nourris.
D’autre part, les infections provoquent aussi la malnutrition, en favorisant l'usure
de l’organisme et en augmentant les besoins en protéines ; les diarrhées
infectieuses affaiblissent considérablement les enfants et la malnutrition
s’installe progressivement.
En dehors des parasitoses intestinales, les maladies comme la rougeole, la
coqueluche et les infections broncho-pulmonaires sont fréquentes ; de son côté,
le paludisme entraîne des anémies chroniques car il entretient des parasites qui se
nourrissent aux dépens des globules rouges.

2.3 Mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux femmes
La persistance dans les PVD d’une mauvaise qualité des soins prodigués aux
enfants et aux femmes, résulte de nombreux facteurs socioculturels et
économiques [265] :

• La discrimination à l’égard des femmes et des jeunes filles : en Asie de


sud par exemple, les taux très élevés de malnutrition des enfants et
d’insuffisance pondérale à la naissance, sont liés au faible accès des
femmes à l’éducation ainsi qu’à leur place réduite sur le marché du
travail rémunéré.

• Le manque de connaissances au sujet de l’allaitement : les croyances


traditionnelles, en prétendant que le colostrum est sale, font qu’il est
souvent rejeté. Or, il est indispensable pour que le nouveau né acquiert
des défenses immunitaires (anticorps maternels). A noter aussi que les
femmes malnutries produisent peu de lait.
Ensuite, à partir de l’âge de 6 mois, les nourrissons devraient recevoir
des aliments complémentaires car le lait maternel ne suffit plus à
couvrir leurs besoins nutritionnels. Jusqu’à l’âge de 18 mois, ils
devraient bénéficier d’au moins quatre repas par jour, faciles à digérer
et riches en énergie et nutriments.
D’autre part, les sevrages trop précoces sont à éviter car ils entraînent
chez les enfants un refus temporaire de s’alimenter, par manque
d’appétit et à cause de la séparation trop brusque avec leur mère.

• L’insuffisance de protection de la santé des enfants : ceux-ci doivent


recevoir des soins essentiels et au moment opportun ; il existe ainsi un
calendrier précis des vaccinations à pratiquer. Il est donc indispensable
que la population ait accès à des informations sanitaires correctes.

201
• Le faible niveau de ressources financières des pays du tiers-monde : il
constitue un facteur majeur de malnutrition : les villages n’ont pas les
moyens de s’équiper en infrastructures telles que des écoles, des
hôpitaux ou des centres de santé ; cela rend donc difficile l’accès aux
besoins vitaux des populations pour sortir de l’engrenage : l’éducation,
l’alimentation et la santé.

• Le défaut d’éducation des femmes : il contribue malheureusement à


certaines maladresses qui ne font qu’aggraver l’état de leurs enfants ;
par exemple, les coutumes traditionnelles employées pour faire cesser
les diarrhées et les vomissements engendrent une perte d’appétit chez
les enfants malades. Les enfants malades sont mis à la diète alors que
les maladies fébriles, bien que coupant l'appétit, augmentent néanmoins
les besoins en protéines ; les enfants diarrhéiques sont privés d’eau, ce
qui provoque des états de déshydratation plus ou moins sévères.

• L’inégalité dans la division des tâches et des ressources au sein même


de la famille et des communautés : toujours favorable aux hommes, elle
met en danger le bien-être des enfants et des femmes. En particulier, les
femmes enceintes ou allaitantes devraient bénéficier de certaines
mesures : supplémentation en aliments de valeur nutritive élevée,
suppression des travaux pénibles, temps pour se reposer et assurer les
soins pré et postnatals.

Bien entendu et malheureusement, tous les efforts des familles pour assurer une
bonne nutrition, peuvent être réduits à néant par les facteurs politiques,
économiques et idéologiques régnant dans le pays où elles vivent.

3. Manifestations cliniques et biologiques de la malnutrition

3.1 Aspects cliniques

3.1.1 En cas de kwashiorkor


Ce syndrome atteint généralement l’enfant dans les semaines ou les mois
qui suivent le sevrage, c’est-à-dire le plus souvent entre 18 mois et 2 ans et
demi.
Le début est progressif et marqué par [263] :

- une diarrhée traînante, très souvent attribuée, à tort ou à raison, à


un épisode infectieux banal ;
- des troubles psychomoteurs : l’enfant est triste, grognon et
renonce à ses jeux ; puis il perd progressivement l’appétit ;
- des modifications de l’aspect des cheveux, lesquels sont défrisés
et ternes.

202
Tous ces signes apparaissent très progressivement et n’attirent pas
l’attention. Pourtant, à ce stade, un simple conseil diététique suffirait à
redresser la situation. Cet état précaire peut facilement, être aggravé par la
survenue d’un épisode infectieux.
Les œdèmes apparaissent soit progressivement, soit de façon brutale et
signent le passage à la phase d’état. Cette phase d’état est marquée par une
symptomatologie beaucoup plus riche :

- l’œdème est le signe le plus frappant : il est ferme mais


gardant le godet, indolore et assez nettement déclive ; il
apparaît d’abord au dos des pieds et aux paupières, puis
s’étend aux membres inférieurs et la face, atteignant parfois le
dos des mains, rarement le reste du corps. Il est exceptionnel
que les séreuses soient atteintes ;
- les lésions cutanées, muqueuses et phanériennes sont très
évocatrices : troubles de la pigmentation (hypochromie ou
hyperchromie) ; altérations des cheveux portant sur leur
couleur (pâles, roux ou blancs), sur leur texture (défrisés,
perdant leur souplesse), et sur leur solidité (ils deviennent
cassants et tombent facilement);
- l'atteinte de l'état général est évidente avec une accentuation
des signes de la phase pré-oedemateuse ; l’enfant devient de
plus en plus apathique ; la pâleur du visage est fréquente ; le
pannicule adipeux est préservé.

En plus de ces signes, l'enfant souffrant de kwashiorkor a la diarrhée et fait


souvent des infections pulmonaires et cutanées. En dehors de l’anémie, il
présente aussi des carences en vitamine A et en zinc. Son refus de
s'alimenter contraste donc avec ses besoins accrus en nutriments.

3.1.2 En cas de marasme


Le marasme se rencontre le plus souvent au moment de la première année
de vie, mais il peut exister à tout âge. Il est très souvent associé aux
maladies diarrhéiques.
Les signes cliniques associés à cet état s’opposent à ceux du kwashiorkor
par [263] :

- un retard staturo-pondéral très important, plus marqué pour le


poids que pour la taille ; ce poids est habituellement inférieur de
60 % par rapport au poids normal pour l’âge ;
- une fonte musculaire et des tissus adipeux sous-cutanés :
l’aspect général est celui d’un enfant squelettique avec une
relative grosse tête, des articulations saillantes, un gros ventre,
des hanches étroites, des fesses plates et fripées ;
- une conservation de l’appétit (au début de l'affection, l’enfant a
même réellement faim) ;
- une atteinte moins marquée du caractère (l’enfant reste plus
longtemps vif et actif).

203
Dans l'ensemble, il a l'aspect d'un "petit vieux".
Généralement, l'enfant atteint de marasme est facile à tirer d’affaire
parce qu'il mange bien, mais sa récupération est lente.

3.2 Anomalies biologiques

Les anomalies biologiques, sans être spécifiques, sont fréquentes. Leur


interprétation est souvent difficile car elles résultent de l’intrication de la
malnutrition et de la surinfection [266].

 Les protéines sériques

Alors que la protidémie est le plus souvent normale dans le marasme, elle
est franchement abaissée dans le kwashiorkor ; l’hypoprotidémie avec un
taux d’albumine effondré est même caractéristique de ce syndrome. La
préalbumine et l'apolipoprotéine A1 sont également effondrées.
Voici quelque précisions concernant ces protéines sériques :
la préalbumine est considérée comme un indicateur précoce de la
malnutrition dont la sensibilité est attribuée d’une part à sa synthèse
hépatique, et d’autre part à sa demi-vie brève (48 heures). On l’utilise en
pédiatrie pour dépister les formes infracliniques de déficience protidique
et pour le suivi de l’évolution des diverses formes de MPE déclarées.
L’apolipoprotéine A1 est également un indicateur précoce de
malnutrition ; les avantages qu’il présente par rapport à la préalbumine
sont sa meilleure sensibilité à la renutrition et le fait qu’il est très peu
influencé par les facteurs infectieux associés à l’état de malnutrition. Par
conséquent, l’apolipoprotéine A1 reflète plus spécifiquement l’état
nutritionnel que la préalbumine.
L’albumine, avec sa demi-vie biologique de 20 jours, est un bon
marqueur de dénutrition chronique.

Par ailleurs, l'aminoacidémie est très abaissée. Le déficit porte


essentiellement sur les acides aminés essentiels ; parmi eux, les acides
aminés ramifiés (valine, leucine, isoleucine) sont particulièrement bas.
L’urée sanguine est abaissée, ainsi que l’excrétion urinaire de créatinine
sur 24 heures, ce qui reflète la diminution des masses musculaires.

 Le bilan hydro-électrolytique

La natrémie est basse mais le capital sodé intracellulaire est augmenté du


fait des troubles de la perméabilité des membranes cellulaires.
La kaliémie est basse ou très basse.
L' osmolarité sanguine est très abaissée .
Dans le kwashiorkor, il existe une augmentation du volume total de l'eau
et une anomalie de la distribution des compartiments liquidiens avec une
inflation du secteur liquidien extracellulaire [263] [266].

204
 Le bilan lipidique

On observe une baisse du cholestérol total et estérifié, suite à la


diminution de l’absorption des graisses et aux anomalies de transport. Le
rapport cholestérol libre/cholestérol total est fortement augmenté. La
synthèse des triglycérides est diminuée.

 Le bilan phosphocalcique

La calcémie est le plus souvent normale ; l'hypocalcémie est rare.


Par contre la déplétion en phosphore et en magnésium est habituelle,
mais généralement asymptomatique.

 Modifications hématologiques

L’anémie est fréquente ; d’intensité variable, elle est parfois profonde. En


dehors des anémies carentielles, on rencontre aussi des anémies
hémolytiques et génotypiques.

 Autres anomalies biochimiques

La glycémie est normale ou basse, et souvent instable.


Le taux de zinc plasmatique est abaissé. Il en résulte des troubles cutanés
trophiques rencontrés notamment dans le kwashiorkor. Ce déficit en zinc
est aussi en partie responsable de l'installation de l'anorexie par
modification du goût, et/ou à des troubles du comportement.
Le taux de l’amylase sérique est abaissé.
Les phosphatases alcalines sont abaissées, de même que les vitamines
hydro et liposolubles.
Une baisse de l’immunité est également constatée [266].

205
4. Evolution et pronostic

En l’absence de traitement, l’évolution est grave puisque dans 8 cas sur 10, l’enfant
décède en quelques jours ou au maximum quelques semaines après l’apparition des
œdèmes ; dans les deux autres cas, si l’enfant arrive à surmonter le risque vital, il est
exposé à des séquelles parfois irréversibles [258].
Du point de vue pronostic à court terme, la mortalité est de nos jours encore très élevée,
pour les individus des PVD souffrant de MPE sévère. Le plus mauvais pronostic est
constaté chez les enfants présentant des troubles hydro-électrolytiques ou des infections
graves. Beaucoup d’autres signes sont aussi de mauvais pronostic :

- la disparition de la boule graisseuse de Bichat ;


- l’hypoglycémie profonde ;
- le déficit en magnésium ;
- l’apparition d’une hépatomégalie et de pétéchies.

Le pronostic à long terme est essentiellement représenté par le développement psycho-


intellectuel. En effet, les enfants qui ont souffert de MPE sévère développent plus
fréquemment des troubles du comportement, et tendent à manifester des traits
antisociaux.

5. Conséquences de la malnutrition à plus ou moins long terme

Les enfants sévèrement malnutris sont rapidement exposés à plusieurs risques


potentiellement mortels, correspondant aux complications de la MPE ; voici les
problèmes rencontrés à court et moyen terme [264] :

 Les infections :
elles sont indissociables, synergiques et d’étiologie diverse :
bactériennes, virales, parasitaires ou mycosiques. Elles peuvent toucher
tous les organes : tractus digestif et sphères ORL, broncho-pulmonaire
et uro-génitale.
La fièvre est inconstante alors que l’anorexie est par contre constante.
Chez le malnutri, le paludisme prend une forme cholérique avec
diarrhée profuse.
La figure 73 montre la part de responsabilité de ces infections dans le
décès des enfants malnutris dans les PVD en 1995, d’après l’OMS.

 Les troubles de la thermorégulation :


Ils sont associés à une augmentation de la mortalité chez les enfants
sévèrement malnutris. On estime qu’il y a hypothermie si la
température axillaire est inférieure à 35°C. L'hypothermie et
l'hypoglycémie surviennent généralement ensemble et sont souvent
associées à la septicémie.
L' hypothermie, principalement rencontrée dans le marasme, est très
souvent mortelle.

206
 L’hypoglycémie :
tous les enfants sévèrement malnutris doivent être considérés comme
potentiellement hypoglycémiques.

Figure 73 : Données épidémiologiques concernant les différentes causes de mortalité,


chez les enfants, liées à la malnutrition. Source : OMS, d'après C.J.L. Murray and A.D. Lopez,
The Global Burden of Disease, Harvard University Press, Cambridge, USA, 1996; et D.L. Pelletier,
E.A. Frongillo and J.P. Habicht, 'Epidemiological evidence for a potentiating effect of malnutrition
on child mortality', in American Journal of Public Health, 1993, p. 83 [267].

 La défaillance cardiaque :
elle se voit surtout dans le kwashiorkor. Cette insuffisance cardiaque
est responsable de la mort dans bien des cas de kwashiorkor. Elle est le
plus souvent globale (insuffisance des ventricules droit et gauche).
Il faut soupçonner une insuffisance cardiaque dès lors que le poids n'a
pas chuté malgré la fonte des œdèmes.

 Les troubles hydro-électrolytiques :


tous les enfants sévèrement malnutris ont des déficits en potassium et
en magnésium. Les œdèmes sont en partie le résultat de ces déficits.
Par contre il y a toujours un excès de sodium dans l' organisme, même
si la concentration est faible dans le sang. C’est pourquoi il faut
s’abstenir de surcharger l’organisme en sodium car il peut tuer l’enfant.
Ces déficits peuvent mettre 2 semaines à se corriger.

207
 Les complications à type de carence nutritionnelle spécifique :
les plus fréquentes sont liées aux déficits en fer, vitamines A, B, C, D,
iode, zinc et cuivre. Chacun de ces déficits engendre des conséquences
néfastes à moyen et long terme ; elles sont précisées un peu plus loin.

Sur le long terme, les conséquences désastreuses de la malnutrition peuvent se


diviser en 6, de la façon suivante [268] :

1) Hausse de la mortalité des enfants

Chaque année, la malnutrition contribue, directement ou indirectement,


au décès de plus de six millions d'enfants de par le monde [269].
Cette mortalité infantile élevée contribue malheureusement à renforcer
le cercle vicieux reliant misère et incitation à une natalité maximale ;
d’où une augmentation des besoins en nourriture alors qu’elle ne
suffisait déjà pas. Pour ces peuples très pauvres, les enfants constituent,
en effet, de la main d’œuvre et la seule "assurance vieillesse" possible.

2) Entrave à la croissance et au développement du cerveau [270]

• La carence en iode est la principale cause évitable d'arriération


mentale dans le monde. Un important déficit en iode in utero
provoque chez le fœtus des lésions cérébrales graves et
irréversibles, entraînant une arriération mentale profonde
(crétinisme). En effet, La prolifération des neurones du cortex
préfrontal a lieu durant la période prénatale. Des carences moins
graves peuvent abaisser de 10 points le quotient intellectuel (QI)
de l'enfant.
• L'anémie ferriprive chez les nourrissons et les jeunes enfants
risque d'abaisser le QI d'environ 9 points.
• La croissance du fœtus est conditionnée par l'état nutritionnel de
la mère avant sa grossesse, et le poids pris au cours de celle-ci.
• La carence en acide folique entraîne au premier mois de la
grossesse des anomalies du tube neural.
• Le QI peut être réduit de 5 points à la suite d'une insuffisance
pondérale à la naissance.
• Il est prouvé que les enfants qui présentent un important retard
statural à l'âge de deux ans ont un QI inférieur de 5 à 11 points à
celui des enfants de taille normale.
• Une étude a montré que les enfants nourris au sein ont
généralement des QI supérieurs d'environ 8 points à ceux des
enfants allaités au biberon.

208
3) Elévation des risques pour la santé maternelle

• L'anémie ferriprive est en cause dans environ 20 % des décès


maternels en Afrique et en Asie.
• Le pouvoir de la vitamine A dans la protection des enfants
contre la cécité est connu depuis longtemps, mais son aptitude à
renforcer la résistance aux infections et à réduire le risque létal,
n’est admis que depuis peu de temps par la communauté
scientifique et médicale. Une douzaine d’études menées au
Brésil, au Ghana, en Inde, en Indonésie et au Népal, ont prouvé
que la supplémentation en vitamine A abaisse de 44 % la
mortalité maternelle, de 35 à 50 % la mortalité diarrhéique et de
50 % la mortalité rougeoleuse [267].
• La carence en zinc, très fréquente dans les PVD, est associée à
une prolongation du travail pendant l'accouchement, ce qui
accroît le risque de décès. Une carence grave semble aussi
entraver le développement fœtal. Diverses études montrent que
la supplémentation en zinc réduit les complications de la
grossesse.
• La carence en iode accroît le risque de fausse-couche et de
mortinatalité. De plus, dans certaines régions où le déficit
d’apport est important, elle majore la mortalité maternelle par
hypothyroïdie sévère.
• En dehors des anomalies du tube neural, la carence en acide
folique contribue aussi à augmenter le risque de morbidité et de
mortalité maternelles. Elle favorise également l’insuffisance
pondérale à la naissance.

4) Incapacités physiques permanentes

• La carence en acide folique entraîne des anomalies du tube


neural connues sous le nom de spina bifida, chez les nouveaux-
nés.
• La carence en vitamine D contrarie l'ostéogenèse et peut aboutir
au rachitisme.

5) Troubles de l'immunité

La malnutrition exerce un effet nocif sur le système immunitaire, en


particulier chez les jeunes enfants et les femmes enceintes. Il est bien
établi depuis fort longtemps que le remède contre l'immunodéficience,
induite par la malnutrition, est en premier lieu l’assurance d’un régime
alimentaire contenant tous les nutriments essentiels.
Le zinc, indispensable à la croissance et au développement des cellules,
est tout aussi vital pour le bon fonctionnement du système immunitaire.
En outre, plusieurs études ont mis en évidence l’existence d’un lien
entre la malnutrition au début de la vie (y compris pendant la période
fœtale) et l’apparition ultérieure de maladies chroniques : cardiopathies,
diabète et hypertension [265].

209
6) Abaissement de la productivité physique

Les carences en protéines, fer, zinc et vitamine A notamment, ainsi que


les maladies infectieuses chroniques liées aux déficits immunitaires,
réduisent les capacités de travail.
D’autre part, les retards de croissance et les moindres performances
intellectuelles nuisent également aux capacités productives des
individus devenus actifs. Au bout du compte, c’est donc le
développement économique de ces pays qui est menacé.
Ainsi, dans certains pays, les pertes de vies, les infirmités et la chute de
productivité consécutives aux carences en vitamines et en minéraux
coûtent plus de 5 % du produit national brut [265].
La malnutrition contribue aussi à entraver l'efficacité des
investissements dans les domaines de la santé et de l'éducation.

210
6. En quoi la spiruline représente-t-elle un espoir dans le combat contre la
malnutrition ?

Grâce à sa teneur élevée en protéines de haute valeur biologique et facilement


digestibles, ainsi qu’à sa richesse en micro-nutriments essentiels, la spiruline semble
constituer un atout majeur dans le traitement des troubles liés à la malnutrition.
Depuis le début des années 90, les essais cliniques se sont multipliés dans le but de
convaincre l’ensemble de la communauté scientifique et l’OMS en particulier, de ses
effets bénéfiques dans la lutte contre la MPE.
Malheureusement, l’argent manque souvent pour financer des études de rigueur
scientifique, seules valables aux yeux des décideurs de programmes nutritionnels dans
les PVD. Pour eux, les sourires et cris de joie des enfants qui, s’ils n’avaient pas reçu de
spiruline, seraient morts, ne constituent pas des preuves valables.
Par ailleurs, les hôpitaux équipés et les laboratoires d’analyses ne se trouvent
généralement pas dans les régions qui abritent les cas les plus sévères de malnutrition,
ce qui est un obstacle supplémentaire à l’obtention de données scientifiques.
Le nombre d’études dont les résultats ont été publiés étant limité, voici celles qui servent
de référence pour les chercheurs qui étudient la spiruline.

6.1 Réhabilitation nutritionnelle avec la spiruline au Burkina Faso [271]


 Contexte de l’étude

Le Burkina Faso est un pays d’Afrique de l’ouest dont 56 % des habitants ont
moins de 18 ans et où les femmes représentent plus de la moitié de la population.
Avant l’entrée dans le nouveau millénaire, les taux de mortalité infantile et de
mortalité des moins de 5 ans ont diminué. En revanche, la santé des enfants s’est
dégradée à cause du paludisme, des infections respiratoires aiguës, de la diarrhée
et de la malnutrition. La pauvreté a encore aggravé la situation des femmes et des
enfants [272].
Par ailleurs, ce pays est l’un des plus pauvres au monde selon le rapport du PNUD
publié en 2001 : 61,2 % de la population vit en deçà du seuil de pauvreté
monétaire (1$/j). De plus, le taux de croissance de la population est très élevé : en
1975, le pays compte 6,2 millions d’habitants, en 1999 il y en avait 11,2 millions
et les prévisions parlent de 18,5 millions en 2015.
En 2005, la situation est la suivante [272] :

- le taux de mortalité des moins de 5 ans est égal à 191 ‰ ;


- le taux de mortalité infantile est égal à 96 ‰ ;
- 19 % des nouveaux-nés présentent une insuffisance pondérale à la
naissance ;
- 38 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
modérée à grave ;
- 14 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
grave ;
- 19 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’émaciation modérée à
grave ;
- 39 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance
modéré à grave ;
- l’espérance de vie à la naissance est de 48 ans.

211
Les protéines représentant un luxe inaccessible au plus grand nombre, le Burkina
Faso est confronté à la MPE : elle touche actuellement 45 % de la population
totale du pays. Les cas de marasme et de kwashiorkor sont nombreux.
D’autre part, 80 % de la population travaille dans le secteur agricole mais ce
secteur n’est ni réellement efficace ni adapté au taux de croissance de la population
[272] .
Face à ces constats, le pays a décidé de diversifier sa production agricole, afin de
rendre les protéines plus abondantes et accessibles financièrement. La rareté de
l’eau et l’aridité des sols ont conduit à des essais de culture locale de spiruline.
C’est ainsi que le centre de réhabilitation nutritionnelle de Ouagadougou utilise,
depuis l’an 2000, de la spiruline en complément de la farine Misola, dans le but
d’améliorer l’état des enfants malnutris.

 Objectif

Le but de l’étude consistait à évaluer l’impact d’une alimentation composée de


spiruline et de Misola, sur l’état nutritionnel d’enfants atteints de malnutrition.

 Méthodologie utilisée

Le Misola est une farine locale, composée de 60 % de millet grillé, 20 % de soja


grillé, 10 % d’arachide, 9 % de sucre et 1 % de sel. Elle est produite par le CREN
(centre de renutrition et d’éducation nutritionnelle) du Centre Médical St Camille
(CMSC) de Ouagadougou. La spiruline utilisée pour l’expérience est cultivée dans
des bassins artificiels construits au sein même du CMSC.
L’étude s’est déroulée en 2005, dans ce centre médical. Elle a porté sur un
échantillon de 550 enfants malnutris, dont l’âge était compris entre 6 mois et 5 ans.
La répartition de ces enfants, selon leur forme de MPE, était la suivante :

- 455 présentaient un marasme sévère ;


- 57 présentaient un marasme moyennement sévère ;
- 38 présentaient un kwashiorkor en plus du marasme.
Tous ces enfants ont été répartis en 4 groupes, selon le type d’alimentation qu’ils
ont reçu pendant toute la durée de l’étude :

o groupe 1 : 170 enfants ayant reçu 200 g de Misola (731 ± 7 Kcal par
jour) ;
o groupe 2 : 170 enfants ayant reçu 10 g de spiruline en plus de 200 g
d’aliments traditionnels (millet, légumes et fruits – 748 ± 6 Kcal par
jour) ;
o groupe 3 : 170 enfants ayant reçu 10 g de spiruline et 200 g de Misola
(767 ± 5 Kcal par jour) ;
o groupe 4 : 40 enfants n’ayant reçu que 200 g d’aliments traditionnels
(722 ± 8Kcal par jour) ; ils ont servi de groupe-témoin. Il s’agissait
d’enfants dont les mères n’avaient pas accepté qu’ils rentrent dans le
protocole d’étude. Leurs déficiences en vitamines et minéraux ont
cependant été corrigées, après la clôture de l’étude.

212
L’étude s’est déroulée sur une période allant de la fin de l’année 2002 au début de
l’année 2003 ; elle a duré 8 semaines.
La consommation du Misola utilisé apporte 12 % de lipides, 16 % de protéines et
61 % de glucides, soit 410 kcal.
La composition de la spiruline cultivée au CMSC est semblable à celle des
spirulines rapportées dans la littérature ; la consommation de 10g fournit 6 % de
lipides, 57,10 % de protéines et 13,84 % de glucides, soit 33,8 kcal.
La dose de spiruline fournie quotidiennement aux enfants des groupes 2 et 3 était
de 10 g, répartie sur deux repas. Ce sont les mamans qui, sur les conseils des
médecins nutritionnistes, étaient chargées de préparer les mélanges destinés à leur
enfant. Chaque enfant était nourri 4 fois par jour, à heures fixes : 6h30,
10h30,14h30 et 18h30.
Au départ, les repas étaient pris à l’intérieur du CREN, puis lorsque les mères
savaient se débrouiller seules, elles pouvaient nourrir leurs enfants à la maison.
Le poids ainsi que les trois indices anthropométriques ont été mesurés tous les
jours, pendant toute la durée de l’étude, de façon à mesurer l’évolution de l’état
nutritionnel des enfants.
Pour l’interprétation des résultats, les comparaisons ont été réalisées par analyse
statistique et calcul des Z-scores (médiane ± déviation standard) pour chaque
indice. Ces calculs ont été effectués d’après les références du National Center for
Health Statistics (NCHS).

 Résultats obtenus

Le nombre total des enfants avait été déterminé avant le début de l’étude, de façon
à ce que l’échantillon soit représentatif. Les enfants des groupes 1, 2 et 3 ont été
répartis de façon aléatoire (tableau XXV). Les résultats sont présentés dans le
tableau XXVI.
Par ailleurs, il est important de signaler que la compliance au traitement a été
excellente : aucun enfant n’a abandonné l’étude et les mères rapportent qu’elles
n’ont pas eu de difficulté pour leur faire accepter les préparations.

La comparaison des indices anthropométriques P/T et P/A, entre le début et la fin


de l’étude (tableau XXVI), montre que l’état nutritionnel s’est amélioré chez tous
les enfants, mais de façon encore plus nette chez ceux nourris par la spiruline +
Misola (groupe 3).
On constate également que l’ajout de 10 g de spiruline au Misola permet une
meilleure récupération nutritionnelle par rapport à l’utilisation de la spiruline ou du
Misola seuls ; la correction de l’insuffisance pondérale s’est montrée plus rapide.
Au terme des 8 semaines du programme de réhabilitation alimentaire, les prises de
poids selon les groupes d’enfants ont été les suivantes :

- 20 g par jour pour les enfants du groupe 1 ;


- 25 g par jour pour les enfants du groupe 2 ;
- 34 g par jour pour les enfants du groupe 3 ;
- 15 g par jour pour les enfants du groupe 4 (groupe témoin).

Ses résultats s’expliquent par le fait que les enfants du groupe 3 sont ceux qui ont
reçu l’alimentation apportant le plus d’énergie (767 ± 5 kcal par jour) et le plus de
protéines (environ 37 g par jour).

213
Une étude antérieure réalisée par Branger et al. [273] sur des enfants malnutris au
Burkina Faso, ne montrait pas d’amélioration significative quant à l’ajout de 5 g de
spiruline aux mets traditionnels ou au Misola. Les auteurs de cette étude réalisée
en 2002 ont conclu que leurs recherches en mentionnant que la dose de spiruline
était peut-être trop faible pour obtenir des résultats significatifs.
Il en est de même pour l’étude réalisée à Dakar en 1995 par Sall et al. [274] : leurs
résultats montraient un gain de poids moindre avec pourtant la même dose de
spiruline (10 g par jour) ; mais dans ce cas, la durée de l’étude était réduite de
moitié (30 jours) par rapport à celle menée en 2003 par Simpore et al.(8 semaines)
[275].

Groupe 2
Groupe 3 Groupe 4
Groupe 1 (spiruline + analyse
(spiruline + (mets
(Misola seul) mets variance
Misola) traditionnels)
traditionnels)
Age (mois) 15,39 ± 8,3 14,96 ± 5,9 13,86 ± 8,5 15,19 ± 4,35 p = NS
Taille (cm) 67,00 ± 8,3 69,84 ± 5,8 69,06 ± 8,5 68,24 ± 4,5 p < 0,01
Périmètre
brachial 11,17 ± 1,2 10,40 ± 1,0 11,20 ± 1,2 10,37 ± 1,0 p < 0,001
(cm)
Poids (kg) 6,12 ± 1,4 5,98 ± 1,1 5,99 ± 1,5 6,10 ± 1,2 p = NS
T/A
-3,93 ± 5,3 -2,64 ± 2,1 -3,35 ± 5,3 -3,23 ± 1,5 p = 0,057
(z-score)
P/T
-1,73 ± 2,51 -2,88 ± 0,95 -3,05 ± 0,75 -2,32 ± 1,02 p <0,001
(z-score)
P/A
-4,01 ± 1,0 -3,88 ± 1,0 -4,38 ± 0,91 -3,99 ± 0,90 p <0,001
(z-score)

protéines 27,1 ± 1,7 27,8 ± 1,6 33,3 ± 1,2 22,1 ± 1,3 p<0,001
(g/j)

T/A = taille/âge ; P/T = poids/taille ; P/A = poids/âge ; NS = non significatif

Tableau XXV : Indices anthropométriques mesurés chez les 550 enfants, au début de l’étude (Jo)

214
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4

P/T
-1,73 ± 2,51 -2,88 ± 0,95 -3,05 ± 0,75 -2,32 ± 1,02
(z-score) à J0
P/T (z-score) à
-1,14 ± 2,64 -1,80 ± 1,53 -1,18 ± 1,63 -2,00 ± 0,99
J56
Student T test
p = 0,035 p < 0,001 p < 0,001 p = 0,065

taux de
34,14% 37,50% 62,90% 17,35%
progression
P/A
(z-score) à J0 -4,01 ± 1,0 -3,88 ± 1,0 -4,38 ± 0,9 -3,99 ± 0,90

P/A
(z-score) à J56 -2,95 ± 1,12 -3,10 ± 1,14 -2,71 ± 1,17 -3,45 ± 1,0

Student T test
p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001 p = 0,013

taux de
progression 26% 20% 38% 14%

Tableau XXVI : Evolution de l’état nutritionnel des enfants entre le début (J0) et à la fin de
l’étude (J56)

 Conclusion

Les résultats de cette étude suggèrent que la spiruline constitue une solution pour
accélérer la récupération nutritionnelle des enfants malnutris. Dans un contexte de
faible consommation en protéines (10 g par jour en Afrique contre 29 g en
Amérique latine et 63 g dans les pays industrialisés), l’intégration de la spiruline
(10 g) à l’alimentation traditionnelle ou au Misola, semble permettre la
récupération nutritionnelle des enfants malnutris et la couverture de leurs besoins
en micro-nutriments.
Ils ont donc encouragé le CMSC de Ouagadougou à poursuivre la culture de
spiruline, dans le but d’utiliser ses composants en complément de l’alimentation
des enfants admis au centre.
Les auteurs de l’étude insistent par ailleurs sur le fait que la participation des
familles d’enfants atteints de malnutrition et de toute la communauté, est
essentielle pour réussir à diminuer la prévalence de cette affection dans les pays
d’Afrique.

215
6.2 Evaluation de l’efficacité de la supplémentation en spiruline auprès
d’enfants atteints de malnutrition sévère, au Niger [276]
 Contexte de l’étude

Le Niger est considéré comme le pays le plus pauvre du monde. Le rapport 2005
du PNUD le classe, en effet, au dernier rang de l’échelle mondiale de
développement humain [277]. Son économie repose essentiellement sur
l'agriculture et l'élevage qui, à eux seuls, contribuaient pour 45 % du produit
intérieur brut (PIB) en 1995. Malheureusement, situé de part et d’autre du Sahel et
du Sahara, le pays est en proie, à un processus de désertification qui déstabilise son
potentiel agricole et l’élevage. Ces deux mamelles de l'économie nigérienne étant
de plus tributaires de nombreux aléas climatiques, le pays s’est donc lourdement
endetté.
La situation du pays en 2005 est la suivante [277] :

- le taux de mortalité des moins de 5 ans est égal à 256 ‰ ;


- le taux de mortalité infantile est égal à 150 ‰ ;
- 13 % des nouveaux-nés présentent une insuffisance pondérale à la
naissance ;
- 40 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
modérée à grave ;
- 14 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
grave ;
- 14 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’émaciation modérée à
grave ;
- 40 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance
modéré à grave ;
- un enfant meurt toutes les 4 minutes des conséquences de la
malnutrition ;
- l’espérance de vie à la naissance est de 45 ans ;
- 41 % de la population n’a pas d’accès durable à l’eau potable ;
- 42 % de la population totale souffre de malnutrition ;
- 61 % de la population vit avec moins de 1$ par jour, 85 % vit avec
moins de 2$ par jour ;
- la couverture sanitaire est faible (47,35 %) et inégalement répartie, les
zones rurales étant particulièrement défavorisées.

Un étudiant nigérien, dans le cadre de sa thèse pour l’obtention du diplôme de


docteur en médecine, a organisé en 2002, une étude dans le cadre de la lutte contre
la malnutrition dans son pays. A l’époque où il a commencé son travail de
recherche, les chiffres de la malnutrition dans le pays étaient les suivants :
concernant les enfants de moins de 5 ans, 16 % souffraient de sous-nutrition aiguë
(indice P/T<-2ET) et 32 % présentaient un retard de croissance (indice T/A<-ET).
Par ailleurs, 28,6 % des adultes présentaient une déficience chronique en énergie
(indice P/T < 18,5).
Chaque année, environ 3 000 enfants sont admis au service de pédiatrie A de
l’hôpital national de Niamey (capitale du Niger).

216
En 2002, sur 2 829 admissions, la MPE a occupé le troisième rang des motifs
d’hospitalisation, avec 425 entrées [276].

 Objectifs

Le but de cette étude était de tester l’efficacité de la récupération nutritionnelle


chez des enfants en état de malnutrition sévère, par adjonction de spiruline au
régime traditionnel à base de bouillie de mil ou autre céréale.
De façon plus spécifique, l’étudiant nigérien, souhaitait également évaluer la
rapidité et l’importance de la normalisation des signes biologiques et des signes de
récupération nutritionnelle.

 Méthodologie

L’étude prospective longitudinale portait sur 56 enfants présentant une MPE


sévère, admis dans le service de pédiatrie A de l'hôpital national de Niamey.
L’auteur de l’étude a choisi un hôpital comme lieu d’étude car, selon lui, les
malades graves hospitalisés sont les seuls que l’on peut suivre quotidiennement sur
le plan médical et dont on peut contrôler l’alimentation.
L’étude s'est déroulée dans ce service hospitalier, sur une période de 11 mois (du 6
juin 2002 au 10 mai 2003).
Les critères d’inclusion dans l'étude étaient : tous les enfants âgés de 6 à 24 mois
révolus présentant une MPE ; à noter que sont considérés comme malnutris
sévères, les enfants dont le rapport P/T (indice anthropométrique poids pour taille),
exprimé en score d'écart type (ET), est inférieur ou égal à -3ET.
La répartition des enfants selon leur forme de MPE était la suivante :

- 45 cas de marasme
- 3 cas de kwashiorkor
- 8 cas de forme mixte.

Par ailleurs, à l’admission tous les enfants présentaient des signes ou des
pathologies associées à leur malnutrition. Ainsi, plus de 3 enfants sur 4 étaient
fébriles et anorexiques à l’entrée tandis que plus de 1 sur 2 présentaient une
gastro-entérite (vomissements + diarrhée) et des lésions cutanéo-phanériennes.

Concernant le déroulement de l'étude, chaque enfant recevait 10 g de spiruline en


granulés, repartis en 2 prises journalières, et mélangés à la bouillie de mil pendant
14 jours. Il faut préciser qu’aucun enfant n’a reçu d’alimentation hypercalorique
durant son séjour à l’hôpital ; l’alimentation a été uniquement constituée de la
nourriture habituelle supplémentée en spiruline.
Le suivi clinique des enfants a été standardisé grâce à une fiche d’observation où
sont notés les signes les plus courants de la MPE sévère, ainsi que leur durée
d’évolution.
Le poids était relevé quotidiennement, le matin.
Un bilan para clinique a été réalisé à l'entrée et à la sortie de l'étude (soit 2
semaines après l’admission). Il incluait à la fois des examens systématiques
(hémogramme, protéines totales sériques, albumine et préalbumine sériques) et
des examens guidés par l'orientation diagnostique.

217
De plus, chaque enfant a été traité médicalement en fonction des signes cliniques
présentés et des résultats des examens complémentaires.

 Résultats obtenus

Les tableaux XXVII à XXXIV exposent l’évolution des différents paramètres


mesurés chez les enfants, entre le début et la fin de l’étude.

J0 J14
protidémie
55,438 73,209
moyenne (g/L)

Tableau XXVII : Evolution moyenne de la protidémie entre le début (J0)


et la fin de l’étude (J14)

La progression observée pour la protidémie est de 32 %.

âge (mois)
protidémie 6 à 12 13 à 18 19 à 24
(g/L)
J0 55,252 55,411 56,091
J14 74,715 71,908 76,570
progression (en %) 35,225 29,772 36,510

Tableau XXVIII : Evolution moyenne de la protidémie en fonction de l’âge

Toutes les tranches d’âge montrent une progression similaire, la meilleure étant
observée pour les 6-12 mois et les 19-24 mois.
Cependant si l’on tient compte de la pathologie associée, la protidémie ne
progresse pas forcément. En effet, l’étude montre que la diarrhée semble
influencer négativement l’évolution de la protidémie puisque celle-ci régresse de
près 9 % chez les enfants diarrhéiques. Chez les enfants qui n’ont pas présenté
de diarrhée pendant la période de l’étude, la progression constatée est de
36,43 %.
Deux raisons permettent d’expliquer ces faits :

- les enfants malnutris diarrhéiques prélevés à leur admission (avant tout


traitement) présentaient très probablement une déshydratation comme
cela est habituel. Ainsi le premier taux de protéine se trouve
anormalement élevé du fait de l’hémoconcentration concomitante. Ce
taux élevé s’abaisse ensuite après la réhydratation, et l’élévation induite
par la consommation spiruline est insuffisante pour positiver le gain en
protéine.
- la diarrhée peut aussi induire un phénomène de malabsorption. Il est
bien connu que dans les cas de malnutrition sévère avec diarrhée
persistante, une grande partie des aliments ne sont pas absorbés, du fait
de la destruction des villosités intestinales.

218
Tableau XXIX : Evolution moyenne de l’albuminémie entre J0 et J14

J0 J14
albuminémie
26,850 35,085
moyenne (g/L)

On observe une progression de 30 % avec la supplémentation en spiruline.

Tableau XXX : Evolution moyenne de l’albuminémie en fonction de l’âge

âge (mois)
albuminémie 6 à 12 13 à 18 19 à 24
(g/L)
J0 27,667 26,710 25,259
J14 35,104 33,212 36,552
progression (en %) 26,880 24,340 44,708

L’évolution de l’albuminémie est particulièrement importante pour la tranche des


19-24 mois.
A noter que cette évolution présente une différence significative selon que les
enfants ont présenté ou non une diarrhée au cours de l’étude.

Tableau XXXI : Evolution moyenne du taux de préalbumine sérique entre J0 et J14

J0 J14
préalbuminémie
0,16 0,256
moyenne (g/L)

Cette protéine est abaissée au départ chez tous les enfants. Après 14 jours de
supplémentation en spiruline, elle se normalise grâce à une progression de 60 %.

Tableau XXXII : Evolution moyenne du taux de préalbumine sérique en fonction


de la forme de MPE

taux forme MPE


kwashiorkor
préalbumine marasme
et forme mixte
(g/L)
J0 0,169 0,151
J14 0,254 0,270
progression (en %) 50,29 78,80

219
On constate que la progression est nettement plus élevée dans la forme
oedémateuse que dans les formes à composante marasmique majeure.
Sur le plan de l’évolution moyenne de la préalbuminémie en fonction de l’âge,
l’étude montre que les trois tranches d’âge progressent de manière importante,
avec cependant une bien meilleure progression dans celle des 6-12 mois.
Par ailleurs, là encore, la diarrhée semble influencer très négativement l’évolution
du taux de préalbumine : en effet, celui-ci a augmenté de plus de 65 % chez les
enfants qui n’ont pas fait de diarrhée alors qu’il a régressé d’environ 10 % chez
ceux qui en ont fait au cours de l’étude.

Tableau XXXIII : Evolution moyenne du taux d’hémoglobine entre J0 et J14

J0 J14
hémoglobinémie
8,567 8,954
moyenne (g/dL)

A l’admission, les enfants présentaient tous un taux moyen d’hémoglobine bas.


La progression, après 14 jours de supplémentation en spiruline, est de 4,5 %.

Tableau XXXIV : Evolution moyenne du taux d’hémoglobine en fonction de l’âge

âge (mois)
hémoglo-
6 à 12 13 à 18 19 à 24
-binémie
(g/dL)
J0 8,872 8,449 7,821
J14 9,166 8,410 9,030
progression (en %) 3,313 -0,46 15,458

On constate que la progression du taux d’hémoglobine a été très bonne dans le


groupe des 19-24 mois, mais nulle dans celui des 13-18 mois.

Les figures 74, 75 et 76 représentent les courbes pondérales des enfants selon la
forme de MPE dont ils sont atteints ; l’axe des abscisses représente les jours de
pesées (P0 correspond au poids des enfants au début de l’étude et P14, leur poids
après 14 jours de supplémentation en spiruline) ; l’axe des ordonnées représente le
poids des enfants exprimé en g.

220
La courbe
pondérale des
enfants
marasmiques
montre
initialement une
légère chute du
poids (les deux
premiers jours),
avant
d’entreprendre une
ascension lente.

Figure 74 : Evolution pondérale moyenne des enfants atteints de marasme, en fonction du temps [276]

La courbe pondérale des enfants


atteints de kwashiorkor montre une
chute progressive du poids pendant
la première semaine (perte des
oedèmes) suivie d’une courte
stabilisation puis d’une remontée du
poids (à partir du dixième jour).

Figure 75 : Evolution pondérale moyenne des enfants atteints de kwashiorkor, en fonction du temps [276]

Les enfants atteints de la


forme mixte présentent une
courbe pondérale dont
l’ascension est lente mais
très régulière.

Figure 76 : Evolution pondérale moyenne des enfants atteints de la forme mixte, en fonction du temps [276]

Globalement, quelle que soit la forme de malnutrition, on constate que l’évolution


pondérale est toujours favorable à la fin de l’étude.

221
 Conclusions

Cette étude de l’effet de la spiruline chez des enfants sévèrement malnutris montre
des réponses différentes en fonction des affections associées et des groupes d’âges.
Certaines sont très appréciables comme la progression de la protidémie, de
l’albuminémie et de la préalbumine chez les enfants non diarrhéiques. Dans ce cas,
la spiruline semble donc parfaitement indiquée.
Le fait que l’évolution de ces mêmes paramètres soit plutôt négative en cas de
diarrhée associée, assombrit un peu ce tableau optimiste. Cependant, il ne faut pas
pour autant conclure que la spiruline ne constitue pas une bonne supplémentation
alimentaire en cas de diarrhée. La durée d’observation (14 jours) est certainement
trop courte pour cerner tous les contours de l’effet de sa supplémentation. En cas
de diarrhée chez les sujets malnutris, il faut un certain temps pour que les villosités
intestinales se reconstituent, de façon à favoriser de nouveau l’absorption des
nutriments. Une chose est sûre : les éléments qui aident le mieux cette régénération
sont tous contenus dans la spiruline, à savoir les protéines, les vitamines et les
lipides.

6.3 Essai de réhabilitation nutritionnelle au Sénégal [274]

 Contexte de l’étude

Dans ce pays, la situation en 2005 est la suivante [278]:

- le taux de mortalité des moins de 5 ans est égal à 136 ‰ ;


- le taux de mortalité infantile est égal à 77 ‰ ;
- 18 % des nouveaux-nés présentent une insuffisance pondérale à la
naissance ;
- 17 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
modérée à grave ;
- 3 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
grave ;
- 8 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’émaciation modérée à
grave ;
- 16 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance
modéré à grave ;
- l’espérance de vie à la naissance est de 56 ans ;
- 72,7 % de la population a accès à l’eau potable ;
- la malnutrition, les diarrhées et les fièvres constituent les déterminants
majeurs de la mortalité des enfants entre 0 et 5 ans.

A l’époque où l’étude a été réalisée, les formes graves de MPE (marasme et


kwashiorkor) représentaient une préoccupation majeure du milieu hospitalier
dakarois car elles constituaient plus de 30 % des hospitalisations avec une
mortalité intra hospitalière de 10 à 20 %. La nécessité d'une amélioration de la
prise en charge devenait indispensable. L’idée était donc de trouver des solutions
appropriées pour une réhabilitation nutritionnelle au moindre coût.

222
 Objectif

Le but de cette étude était de tester l’effet de la spiruline sur la réhabilitation


nutritionnelle d’enfants atteints de malnutrition sévère. La comparaison avec les
résultats d’autres études utilisant d’autres produits pour la réhabilitation, devait
permettre de voir quelle solution était la plus rapidement efficace.

 Méthode

L’étude s'est déroulée dans le service de Médecine Infantile du CHU de Dakar et


au Centre de Récupération Nutritionnelle du dispensaire Saint-Martin de Rebeuss,
du 13 Juin au 20 Décembre 1995.
Un échantillon de 59 enfants (dont 34 garçons et 25 filles) victimes de MPE grave,
a été utilisé pour l’expérimentation ; leur répartition était la suivante :

- 17 cas de kwashiorkor
- 35 cas de marasme
- 7 cas de kwashiorkor marasmique.

L’âge moyen de ces enfants était de 19,11 ± 6,43 mois ; cet âge correspond à une
période de grande vulnérabilité dans les PVD. A noter que plus de 70 % de ces
enfants étaient issus d’un milieu rural ou des quartiers suburbains (transplantés de
l'exode rural). Or, dans ces zones, il existe une augmentation du nombre de cas
d’appauvrissement, un taux élevé d'analphabétisme, une mauvaise pratique du
sevrage, ainsi qu’une hygiène individuelle et collective défectueuse [279].
Pour les besoins de l’étude, chaque enfant a reçu une dose journalière de
10 g de spiruline en poudre, répartie en deux prises journalières mélangée à la
bouillie de céréales. Ceci pendant 30 jours en milieu hospitalier, suivis de 30 jours
à domicile.
L'examen clinique a été standardisé à l'aide d'une fiche d'observation sur laquelle
étaient notés l'état général, les troubles digestifs, les œdèmes, les lésions cutanéo-
phanériennes et les troubles psychiques. Une pesée de chaque enfant a été réalisée
quotidiennement à l'aide d'une balance permettant une précision à 10 grammes
près.
Le périmètre brachial a été évalué à J1, J8, J15, J30 et J60. La mesure de la taille a
été réalisée à J1, J30 et J60. Les indices anthropométriques P/A (poids/âge), T/A
(taille/âge) et P/T (poids/taille) ont été comparés aux normes NCHS (National
Center for Health Statistics) et exprimés en Z-score. Concernant l’évaluation des
paramètres biologiques, les examens ont été réalisés à J1, J8, J15, J30 et J60 ;
diverses valeurs biologiques ont été mesurées : la Numération Formule Sanguine
(NFS), les protéines sériques (préalbumine, la transférine, l'apolipoprotéine A1 et
la protéine C réactive (CRP). A noter que la préalbumine et l’apolipoprotéine A1
représentent les meilleurs marqueurs sériques de l’état nutritionnel.

 Résultats

La spiruline a été mélangée à la bouillie ou à du lait. Avec son goût de poisson


fumé, les enfants l'ont acceptée facilement et la tolérance a été jugée bonne car il
n'y a pas eu de cas d'aggravation ou de survenue clinique de troubles digestifs au
cours de la réalimentation, ni de phénomènes allergiques cutanés ou respiratoires.

223
Sur le plan clinique, 88,13 % des enfants présentaient à l’admission, une diarrhée
traînante dont la résolution sous traitement s'est faite en moyenne en 5 à 6 jours.
Quant aux œdèmes retrouvés chez 100 % des cas de kwashiorkor et 71,43 % des
formes mixtes, leur fonte a été totale entre le cinquième et le huitième jour.
A noter que ces résultats sont nettement meilleurs que ceux obtenus en République
Centrafricaine (délai de 10 à 15 jours) [280]. De même, dans une autre étude
utilisant une poudre de têtes de crevettes, 31 % des enfants présentaient encore des
œdèmes au-delà du dixième jour [281].
Les résultats obtenus pour l’étude menée à Dakar sont superposables à ceux
obtenus avec le Suppletal® (aliment diététique hyperprotidique) [282].

Le poids moyen des enfants réhabilités était de 6,49 ±1,62 kg à l'entrée ; à la


sortie, c’est-à-dire après une durée d'hospitalisation de 30 jours, ce poids moyen
est passé à 7,64 ± 1,69 kg (p<0,01), soit un gain moyen de 50 g par jour.
Cette progression de poids s’avère supérieure à celle observée avec le Nesmida®
(protéolysat de lactalbumine aujourd'hui retiré du commerce) et la poudre de têtes
de crevettes [282]. Cependant, si on se réfère à l’ouvrage de JC. WATERLOW
[283], le gain de poids acquis n’est pas suffisant puisqu’il n’atteint pas 10 à 20
g/kg/jour ; effectivement, dans l’étude de Dakar, le gain de poids observé n’est
que de 7,64 g/kg/ jour.

Par ailleurs, le périmètre brachial a nettement augmenté, avec une différence


significative (p<0,01) au terme de l'hospitalisation (10,74 ± 1,40 cm à l'entrée
contre 12,51 ± 1,39 à la sortie). Ceci reflète une reconstitution partielle de la masse
musculaire des enfants.

Les tableaux XXXV, XXXVI, XXXVII présentent l’évolution de divers


paramètres mesurés chez les enfants. Les résultats sont exprimés en moyenne ±
déviation standard.

Le taux sanguin d’hémoglobine chez des enfants de l’âge de ceux de l’échantillon


étant normalement compris entre 11 et 13 g pour 100 ml, le bilan hématologique
indique que les enfants sont anémiés à l'entrée (tableau XXXVI).
Après la réhabilitation nutritionnelle, on peut constater que leur taux
d'hémoglobine a augmenté de façon significative (p< 0,05).
Ces résultats, sur le plan hématologique sont meilleurs comparés à ceux obtenus
lors des essais de réhabilitation avec le "rouye" (bouillie de mil complet) [284] ou
le Nesmida® [281] ; ceci tend à confirmer la réelle efficacité de la spiruline,
probablement grâce à sa richesse en fer biodisponible.

224
Tableau XXXV : Indices anthropométriques (P/A, T/A, P/T) selon le type de malnutrition constaté
chez les enfants

Indices anthropométriques
P/A (Z-score) T/A (Z-score) P/T (Z-score)
K KM M K KM M K KM M

J1 -3,11±1,05 -4,28±0,68 -4,53±0,72 -1,67±1,47 -1,89±1,97 -2,26±1,68 -2,66±1,24 -3,74±0,68 -4,11±0,91

J8 -3,37±0,84 -3,81±0,63 -4,10±0,72 -1,67±1,47 -1,89±1,97 -2,26±1,68 -3,01±1,00 -3,74±0,89 -3,53±0,91

J15 -3,11±0,79 -3,76±0,44 -3,76±0,81 -1,65±1,47 -1,89±1,97 -2,26±1,68 -2,68±0,97 -3,12±1,21 -3,07±0,84

J30 -2,69±0,95 -3,13±0,45 -3,49±0,92 -1,95±1,44 -2,07±1,78 -2,52±1,66 -1,95±0,96 -2,23±1,15 -2,25±0,99

J60 -2,55±0,86 -3,00±0,57 -3,29±1,09 -2,04±1,41 -2,32±1,86 -2,73±1,70 -1,52±1,02 -1,86±0,99 -2,14±1,05

P/A = Poids/Age T/A = Taille/Age P/T = Poids /Taille


K = Kwashiorkor KM = Kwashiorkor marasmique M = Marasme

Tableau XXXVI : Evolution du taux d’hémoglobine

Taux d’hémoglobine en g/dL


J1 J8 J15 J30 J60
décédés 8,30±1,41 7,90±1,52 8,06±1,51 — —
sortis contre
7,40±2,85 5,96±2,68 8,40±0,00 — —
avis
réhabilités 7,20±1,01 6,65±1,03 6,76±1,90 7,42±1,30 8,10±2,12

Le seuil minimal de référence concernant la valeur de la préalbumine sérique chez


les enfants étant de 60 mg/L, ceux de l’étude présentaient donc un taux initial très
bas. Le tableau XXXVII indique que ce taux a ensuite évolué de manière très
satisfaisante, dès le 8ème jour de réhabilitation.
A J30, la valeur atteinte montre même que le pourcentage de récupération est égal
à 175,5 %.

225
Tableau XXXVII : Evolution du taux plasmatique de préalbumine

Préalbumine en mg/L
J1 J8 J15 J30 J60
décédés 10±0,9 12±0,8 19±1,2 ─ ─
Sortis
8±1,6 11±0,8 9±0,00 ─ ─
contre avis
réhabilités 8±0,3 15±1,1 20±1,5 19±1,8 18±0,46

En ce qui concerne l'apolipoprotéine A1, sa progression a également été


significative : d’une valeur de 0,85 ± 0,33 g/L à l'entrée, elle atteint
1,17 ± 0,38 g/L à la sortie ; la valeur normale est de 1,2 g/L).

Les résultats du bilan protidique montrent donc une amélioration très nette des
marqueurs de l’état nutritionnel.

 Conclusion de l’étude

Cette expérimentation menée chez des enfants sénégalais malnutris, a montré que
la spiruline était bien acceptée, bien tolérée, qu’elle assurait une prise pondérale
satisfaisante, ainsi qu’une normalisation des marqueurs de l’état nutritionnel.
A l’issue de leur étude, les chercheurs ont formulé la conclusion suivante : « avec
un prix de revient compétitif, la spiruline pourrait être d’un grand intérêt dans la
récupération et la prévention de la malnutrition protéino-énergétique ».

6.4 Etude sur les bénéfices nutritionnels de la spiruline, réalisée en Inde


du sud [285]
 Contexte

L’Inde a connu une forte croissance économique au cours des dix dernières
années, notamment dans le secteur de la technologie de l’information. Mais ces
progrès n’ont pas profité à tous les habitants de manière égale. De fortes disparités
se maintiennent, fondées sur la classe sociale, la caste, le sexe et la géographie. Le
nouveau gouvernement de coalition de l’Alliance Progressive Unie, arrivé au
pouvoir en mai 2004, a promis de privilégier le développement social dans le cadre
de son "programme minimum commun national". Il doit s’efforcer d’éliminer
certaines inégalités dans la société indienne, en réduisant la pauvreté, en
augmentant le budget de l’éducation, en accélérant la prestation de services de
santé et en améliorant la nutrition et la sécurité alimentaire.
En 2005, la situation est la suivante [286] :

- le taux de mortalité des moins de 5 ans est égal à 74 ‰ ;


- le taux de mortalité infantile est égal à 56 ‰ ;
- 30 % des nouveaux-nés présentent une insuffisance pondérale à la
naissance ;

226
- 47 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
modérée à grave ;
- 18 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale
grave ;
- 16 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’émaciation modérée à
grave ;
- 46 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance
modéré à grave ;
- l’espérance de vie à la naissance est de 64 ans ;
- l’anémie est une des principales causes de la mortalité des mères et de
l’insuffisance pondérale des nourrissons à la naissance ;
- l’assainissement insuffisant est responsable de diarrhées, lesquelles
constituent la deuxième cause de décès des enfants. Si l’accès à l’eau
propre s’est amélioré, 122 millions de foyers n’ont toujours pas de
toilettes.

 Objectif

L’essai clinique a été réalisé conjointement par l’association Antenna


Technologies (cf. 9.1) et le Medical College of Madurai. Leur but était d’évaluer
les effets de la spiruline sur des enfants âgés de 1 à 6 ans, atteints de malnutrition à
des degrés divers.

 Méthodologie

Il s’agit d’une étude comparative cas-témoins menée sur un échantillon de 60


enfants hospitalisés dans le service de pédiatrie de l’hôpital Rajaji à Madurai.
Parmi cet échantillon, 30 enfants ont reçu de la spiruline à la dose de 1g/j pendant
toute la durée de l’étude. Les autres n’ayant reçu qu’un placebo, ont constitué le
groupe-témoin.
L’étude a duré 6 semaines.
Les paramètres mesurés, au départ puis chaque semaine jusqu’à la fin de l’étude,
étaient les suivants : poids, taux d’hémoglobine, protéines sériques totales, fer
plasmatique, ferritine et vitamine A.

 Résultats obtenus

Les résultats (tableau XXXVIII) ont été présentés lors du Congrès Mondial de
Nutrition (New Delhi, 1999) ; il en ressort que :

• la protidémie a baissé de façon significative dans le groupe témoin


(p<0,001) alors qu’elle est passée de 53,38 ± 10,6 g/L à 103 ± 13 g/L
chez les enfants recevant de la spiruline ; cela correspond à une
progression d’environ 91 % (p<0,001) ;
• l’hémoglobinémie est passée de 9,7 ± 1,5 g/dl à 10,3 ± 1,3 chez les
enfants ayant reçu de la spiruline, soit une progression d’environ 61 %
(p<0,001).

227
Tableau XXXVIII : Pourcentage des enfants dont l’état nutritionnel s’est amélioré de façon significative,
en fonction des différents paramètres cités. [285]

Groupe témoin
Groupe des enfants ayant
Paramètres mesurés n’ayant pas reçu
reçu de la spiruline
de spiruline
Poids 63,33 % 43,00 %
Taux d’hémoglobine 93,33 % 23,33 %
Protéines sériques totales 93,33 % 16,66 %
Fer plasmatique 63,33 % 40,00 %
Ferritine 93,33 % 16,66 %
Vitamine A 90,00 % 26,06 %

A la lecture du tableau XXXVIII, on constate également que les protéines


apportées par la spiruline permettent une augmentation du taux global des
protéines sériques. La consommation de spiruline a aussi permis d’améliorer de
façon très nette les constantes biologiques en rapport avec le fer, ainsi que le
niveau de vitamine A des enfants.

 Conclusion

Au vu des résultats obtenus après 6 semaines de supplémentation en spiruline


(1 g/j), on peut supposer que ses effets bénéfiques sur une période plus longue
seraient encore meilleurs.

Toutes les études qui viennent d’être présentées font apparaître que la spiruline pourrait
constituer une méthode efficace de prévention des déficiences nutritionnelles touchant les
enfants des PVD, dans le sens où elle les aiderait à parvenir à une croissance et un potentiel
optimaux.
D’autres études cliniques ont par ailleurs démontré qu’une prise quotidienne de 10 g de
spiruline, ajoutés à une base suffisante en calories et en protéines, permettait une
récupération complète en quelques semaines [288]. Voici quelques précisions succinctes les
concernant.

6.5 Etude menée en Chine

A l’hôpital pour enfants de Nanjing (province de Jiangxi), une étude a consisté à


donner à ces enfants sans appétit, diarrhéiques ou constipés, un mélange de
spiruline et d’orge germé grillé. Lors de la 4ème conférence internationale
d’algologie appliquée, à Villeneuve d’Ascq en 1987, le professeur Miao Jian Ren
de l’académie des sciences agricoles, a annoncé les résultats de cette étude ; son
commentaire en guise de conclusion a été : « cette algue bleue est un réel aliment
de santé pour les enfants » [5].

228
6.6 Etudes menées au Zaïre
o Patricia Bucaille, à l’occasion de sa thèse de doctorat en médecine, a mené
une étude en 1990, sur la récupération nutritionnelle avec la spiruline, à
l’Hôpital Général de Référence de Kabinda. Son étude a porté sur 28 enfants
atteints de MPE sévère admis dans cet hôpital. La spiruline a été administrée
sur une période de 7 à 11 mois, à raison de 10 g par jour, incorporée à des
biscuits au manioc [287].
Il est important de souligner que 26 des enfants avaient une ou plusieurs
maladies associées à leur MPE : on dénombrait en effet 5 enfants contaminés
par le VIH, 5 cas de tuberculose, 3 cas de rougeole, 10 cas de paludisme, 10
cas de gale , 3 cas de bronchite, 3 cas d’ankylostomiase et 1 cas d’amibiase.
Les résultats obtenus ont été très bons : au cours du traitement, l’état de la
moitié des enfants a été amélioré tant au niveau biochimique qu’au niveau
clinique. A l’issue de l’étude, l’albuminémie et le score de Mac Laren,
utilisés comme indicateurs de l’évolution de l’état nutritionnel, ont
objectivement montré une nette amélioration chez tous les enfants. Des tests
ont également montré une récupération sur le plan comportemental. Le gain
moyen hebdomadaire en albumine a été estimé à 2,55 g/L.
A noter qu’initialement, l’étude portait sur des enfants âgés de 1 à 5 ans ;
mais, pour des raisons éthiques, il a fallu l’élargir de façon à englober des
enfants plus âgés, fort mal en point, qui venaient d’eux-mêmes réclamer leur
part de “petits gâteaux verts”.
Le personnel de l’hôpital, impressionné par les résultats obtenus, a décidé
dans la foulée de réunir des fonds nécessaires à la mise en route d’une unité
de production, afin de pouvoir disposer de spiruline pour ses patients.
Pendant l’étude, 5 enfants sont décédés (dont 3 contaminés par le VIH) et 4
ne se sont pas présentés à la dernière visite de contrôle.
En considérant les énormes difficultés rencontrées pour mener des tels essais
(enfants gravement malades et capacités très limitées des infrastructures de
l’hôpital rural de Kabinda), les résultats obtenus sont très encourageants sur
le plan de la reconnaissance des bénéfices de la spiruline.
A l’époque (1990), Patricia Bucaille concluait son travail en écrivant :
« D’autres études menées de façon plus stricte, sur une population plus large
et sur une durée plus longue, seraient souhaitables pour compléter les
connaissances et les constatations cliniques actuelles, trop peu nombreuses
dans la littérature » [287]. Certes des recherches ont été menées depuis, mais
la spiruline n’a pas encore décroché la reconnaissance qu’elle mérite (sans
doute), quant à ses bénéfices dans le combat contre la MPE.

o En décembre 1995, le docteur Kalenga (Fondation Mutundu à Lubumbashi),


a mené une étude sur 20 enfants âgés de 2 à 13 ans, atteints de malnutrition
sévère [5]. Ces enfants ont reçu 10g de spiruline par jour en complément de
feuilles de manioc cuites, de riz, de boukari ou de maïs cuit.
Après 3 mois de ce traitement, les gains de poids constatés ont été les
suivants :
- 80 % pour 7 enfants ;
- 70 % pour 5 enfants ;
- 40 % pour 6 enfants ;
- 20 % pour 2 enfants.

229
Par ailleurs, 13 enfants présentaient une anémie avancée (taux
d’hémoglobine compris entre 5 et 7 g/dL). Après les 3 mois d’alimentation
enrichie en spiruline, le taux d’hémoglobine a connu une progression de
90 % chez 10 enfants, de 60 % chez 4 enfants et de 50 % chez 2 autres cas.
Pour les cas restants, l’hémoglobinémie s’est normalisée.

6.7 Etude menée au Togo

Dans le village de Farendé, une étude clinique a été conduite en 1989 sur les
enfants atteints de malnutrition. C’est à cet endroit que Ripley Fox a
implanté l’un des premiers circuits de culture intégrée. Les mères
accompagnaient leurs enfants au centre de soin où ils recevaient
quotidiennement, de la part d’une infirmière, 10 g de spiruline en
complément de leur alimentation habituelle [5]. Cette dose de spiruline,
mélangée avec du mil, a entraîné des résultats remarquables, comme en
témoignent les photographies des figures 77 et 78. Les enfants, après l’effet
de surprise lié à la couleur verte prononcée de la spiruline, l’ont finalement
bien acceptée. Au bout d’une semaine, les premiers signes d’amélioration
clinique et le gain de poids étaient déjà visibles.

Figure 77 : Photographie d’un petit garçon du village de Farendé ayant pu


bénéficier du programme de supplémentation en spiruline [181]

230
Figure 78 : Photographie d’une fillette avant et après 3 mois de
supplémentation en spiruline. © 2001

6.8 Etude menée au Vietnam


Le centre de nutrition infantile d’Ho Chi Minh ville a élaboré des formules
d’aliments de supplémentation pour lesquels la teneur en spiruline
représentait 5 % du poids total. Il a ensuite procédé à des essais
d’alimentation sur une cinquantaine d’enfants issus de deux crèches de la
ville. Les résultats ont révélé une bonne acceptabilité du produit, avec un
effet favorable sur le plan nutritionnel, comparable à celui de 100 g de
soyamine (Programme Alimentaire Mondial), sous un volume nettement
plus restreint [5].

En conclusion, toutes ces études montrent de façon évidente que la consommation


quotidienne de 10 g de spiruline en complément de l’alimentation habituelle, peut être
d’une grande utilité dans les programmes de lutte contre la malnutrition.
Certes, à elle seule, elle ne constitue pas une solution unique, mais elle peut certainement
contribuer efficacement à améliorer la stratégie de lutte dans les PVD.

231
7. Problèmes rencontrés par les initiateurs de projets d’exploitation de spiruline
dans ces pays
La spiruline, en attendant d’avoir conquis les principales organisations de santé
internationales et le monde scientifique souvent sceptiques, n’en a pas moins sur le
terrain de très nombreux adeptes : organisations de santé locales, congrégations
religieuses, centres de réhabilitation nutritionnelle, médecins et infirmiers ayant pu se
rendre à l’évidence du « plus » apporté par la spiruline.
Nombreuses sont, par conséquent, les ONG petites ou moyennes souhaitant implanter
des cultures locales.
Or, il se trouve que 95 % des projets d’implantation dans les PVD ne voient pas le jour.
De plus, parmi les 5 % restant, 1/3 périssent, 1/3 vivotent et 1/3 se développent [289].
Quelles sont les raisons de tant d’échecs ?
La production locale de spiruline est à la fois plus complexe et plus longue que les
projets humanitaires couramment pratiqués par les ONG (constructions d’école, de
puits, dons de matériels ou de médicaments…). Ceci s’explique notamment par le fait
qu’elle fait appel à des connaissances diverses : techniques, biologiques, commerciales,
gestion des ressources humaines et gestion financière [289].
Par ailleurs, l’expérience montre que l’effort à fournir le plus important se situe après la
construction de la ferme. Or, beaucoup d’ONG sous-estiment le suivi de l’exploitation et
se trouvent souvent contraintes à poursuivre un projet devenu trop lourd pour elles. En
effet, nombre d’entre elles concentrent leurs efforts en amont des obstacles et, lorsque
les réelles difficultés apparaissent, elles ne s’y sont pas préparées.

7.1 Première difficulté majeure : la maîtrise de la culture


Les techniques de culture de la spiruline sont aujourd’hui bien connues des
spécialistes, mais il est rare qu’une ONG, lorsqu’elle débute, en ait un à sa
disposition. Pourtant, force est de constater que cette culture est un art
relativement complexe pour le commun des mortels.
Parmi les problèmes les plus fréquemment posés, on peut citer l’apparition des
spirulines droites, les spirulines fragmentées, le jaunissement plus ou moins
rapide des cultures, les difficultés de filtration et/ou de pressage, l’apparition de
goût ou d’odeur désagréable, les éventuelles contaminations par d’autres algues,
etc.
Lorsqu’on débute, la culture est difficile à maîtriser car elle dépend de nombreux
facteurs croisés (température, ensoleillement, nourriture, agitation, pH...).
En outre, afin de pouvoir se faire conseiller à distance par un connaisseur, il faut
déjà avoir acquis un certain niveau de connaissance et d’expérience, de façon à
lui formuler correctement la difficulté rencontrée.
A cela, on peut aussi ajouter que le matériel cédé par l’ONG est parfois mal
adapté ou rapidement mis hors service sur le terrain : pH mètres en panne ou mal
utilisés, solutions étalons et kits d’analyse périmés…La mise en évidence des
causes est alors plus difficile [290].

L’apparente facilité des projets d’exploitation provient du fait que le démarrage


d’une culture de spiruline ne pose généralement pas de problème : la souche et le
milieu de culture sont neufs, les conditions de développement sont optimales.

232
Cette période favorable, de quelques semaines à quelques mois, correspond
généralement à la période de présence des représentants de l’ONG sur place.
Ceux-ci repartent alors avec le sentiment de la "mission accomplie".
Malheureusement, les premières difficultés surviennent le plus souvent après le
départ de l’ONG et elles sont majorées par trois facteurs [290]:

- l’incapacité de l’acteur local, encore peu expérimenté, non seulement à


trouver la cause, mais aussi à décrire le problème de culture rencontré ;
- les difficultés et délais de communication : barrière de la langue,
nécessité absolue de liaisons téléphoniques car le producteur local et le
spécialiste sont souvent très loin l’un de l’autre ;
- l’évolution très rapide de la spiruline, laquelle est tout autant capable
d’une duplication toutes les 7 heures que d’une mort subite.

7.2 Deuxième difficulté majeure : la formation du personnel local


Lorsque la maîtrise de la culture par l’ONG est acquise, il s’agit ensuite de
transmettre ce savoir à une petite d’exploitation locale. Rappelons qu’il est
quasiment indispensable de disposer sur place d’un partenaire sérieux et
organisé, et de certaines facilités (eau, électricité et téléphone). Le recul permet
de constater que la grande majorité des implantations réussies en Afrique (durée
de vie prolongée au-delà de 5 ans), sont pour l’instant le fait de congrégations
religieuses locales stables et organisées [290].
Le transfert du savoir est relativement rapide : il faut compter entre quelques
heures et quelques jours selon les moyens pédagogiques utilisés et l’entendement
des étudiants.
En revanche, l’acquisition du savoir faire nécessite du temps et de la patience
car elle est le fruit de l’expérience.

D’autre part, toujours dans le cadre de la formation, la maîtrise de la gestion


d’une unité de production de spiruline, quelle ait 50 ou 5 000 m2, est une étape
tout aussi longue à acquérir pour l’exploitant. L’expérience montre qu’en
Afrique, cet aspect est particulièrement délicat à aborder, tant sont absentes des
préoccupations locales les notions d’organisation, de discipline, d’anticipation,
de procédures, de contrat, de comptabilité, pourtant piliers de toute entreprise
[290]. En réalité, la notion d’entreprise est pratiquement absente du tempérament
africain, encore prisonnier de sa tradition et de ses racines. Il est ainsi fréquent de
constater des ruptures de stock d’intrants, des négligences dans la comptabilité et
une surveillance irrégulière des cultures.
Quelques années de patience et de conseils sont nécessaires pour que, peu à peu,
chacun au niveau de l’exploitation se sente responsable et soit efficace. Au final,
la survie d’une exploitation passe par la professionnalisation progressive de
l’équipe en place. Même si l’ONG démarre sur une base louable alter
mondialiste, force lui sera de reconnaître qu’elle n’échappera pas aux principes
universels de l’entreprise. Bien entendu, ces notions ne doivent pas empêcher
pour autant le respect des principes humanitaires et le travail dans la bonne
humeur.

233
7.3 Troisième difficulté majeure : la pérennité de l’exploitation

La construction d’une ferme de culture a un coût, mais l’exploiter sur le long


terme coûte encore beaucoup plus cher. Or, l’ONG et le partenaire local ont
tendance à oublier ce point [289] [290].

Dans le cadre de petites installations (quelques dizaines de m2), c’est le plus


souvent l’ONG qui se concentre sur la construction et le démarrage de la ferme ;
les aspects financiers, sont confiés au partenaire local : congrégation religieuse
ou associations.
Pour ces micro-installations qui produisent quelques kilogrammes de spiruline
par mois, les coûts mensuels (en prenant en compte tous les salaires, les intrants,
l’ensachage, les réparations et remplacements de matériel, l’eau, le téléphone et
l’électricité), étaient de l’ordre de 80 à 150 € en 2006 (ordre de grandeur pour
l’Afrique), soit entre 50 000 et 100 000 F CFA. Ces coûts, même modérés,
constituent une charge supplémentaire pour le financeur, dont il n’a
apparemment pas souvent conscience à l’origine.
Ainsi, les coûts d’exploitation dépassent en quelques années le coût de
réalisation, et ceci d’autant plus rapidement que l’unité de production est petite.
Au bout du compte, produire de la spiruline sur de petites installations revient
toujours plus cher que d’importer de la spiruline industrielle (environ 15 € le kg).
En pratique, les petites unités de production de spiruline en milieu villageois ou
par le biais d’une association locale humanitaire, en fournissent au maximum
quelques kilogrammes par mois et offrent un impact humanitaire limité au regard
des efforts fournis.
Néanmoins, l’expérience montre qu’il est souvent intéressant de commencer par
ces petites installations, pour « se faire la main », et aussi parce que les coûts
d’investissements sont faibles (environ 10 000 €). De plus, ce type d’installation
a l’avantage de faire connaître la technique de culture de la spiruline, et de
permettre la distribution de spiruline fraîche, plus efficace et plus facilement
tolérée. On crée ainsi dans les PVD, des "noyaux d’intérêt" de la spiruline,
propices au démarrage dans un deuxième temps, de projets plus grands, à
objectif d’autofinancement [290].

Dans le cadre des exploitations artisanales de quelques centaines de m2, c’est


effectivement le principe de l’autofinancement qui est pratiqué. Il consiste à
financer les coûts d’exploitation en commercialisant (sur place) une partie de la
production, la partie restante étant destinée à la distribution sociale pour les plus
démunis.
Cette part sociale que peut fournir une exploitation est fonction du prix de
revient de la production et du prix de vente de la partie commercialisée, selon la
relation suivante [290] :

234
Ps . S + Pv . C = Pr (100 + marge d’exploitation)

Pv . 100 – Pr (100 + marge brute d’exploitation)


d’où S=
Pv - Ps

avec S = pourcentage de la production distribuée socialement


C = pourcentage de la production commercialisée
Pr = prix de revient au kilo de la production totale
Pv = prix de vente de la production commercialisée
Ps = prix de vente social
le signe . correspond à une multiplication

Des études économiques montrent que les exploitations africaines dont la surface
est inférieure à 400 voire 600 m2, conduisent à un prix de revient de la spiruline
incompatible avec le marché international [290]. En effet, elles ne peuvent guère
concurrencer ce marché international de plus en plus tendu, dont les exportations à
très bas prix constituent une menace permanente pour les productions locales.
A noter que le niveau de rentabilité décrit ici pour l’Afrique existe probablement
de la même façon dans les autres PVD.
Le système d’autofinancement comporte donc certains inconvénients en rapport
avec ce qui vient d’être présenté. Le coût d’investissement sur le continent africain
étant de l’ordre de 15 000 € les 100 m2 (bâtiments compris), il apparaît difficile de
prétendre à l’autosuffisance d’une exploitation si l’on ne dispose pas d’un
minimum de 60 000 à 100 000 €. Cette somme n’étant pas à la portée de toutes les
ONG, il est alors nécessaire de demander un financement extérieur à des bailleurs
de fonds institutionnels. Une telle démarche est longue et exige une certaine
expérience.
Par ailleurs, ces projets de moyenne envergure nécessitent une solide connaissance
de la culture de spiruline et une certaine rigueur dans l’organisation et la gestion. Il
est évident que l’échec d’un projet de grande taille a un impact considérablement
plus large que celui d’une culture en petits bassins…
Néanmoins, si on s’est préparé dès le début à répondre aux problèmes financiers,
les fermes de culture autofinancées semblent présenter de réels avantages :

o la production de plusieurs tonnes de spiruline par an permet de


s’attaquer au problème de la malnutrition, à l’échelle nationale ;
o l’entreprise apporte une véritable richesse locale, en faisant travailler
une équipe d’exploitation, des ateliers locaux pour la maintenance, des
agents commerciaux, etc…

235
7.4 Quatrième difficulté majeure : le contexte économique mondial
Cette difficulté n’est pas spécifiquement liée à la spiruline mais le contexte
économique mondial a un retentissement sur sa production locale. Si les projets
spiruline ne prennent pas, c’est aussi parce qu’en produisant de la spiruline on ne
génère pas d’argent ; on génère à manger pour des populations locales, ce qui ne
présente aucun intérêt pour les institutions financières internationales assurant la
tutelle des PVD.
En effet, il ne faut pas perdre de vue que la principale cause des difficultés des
PVD à se sortir de la misère et de la famine est liée à la dette qu’ils ont contracté
vis à vis des pays riches. Or, avec le recul, il semble que la politique menée par
les institutions internationales financières et commerciales, a causé des dégâts
qui ont encore aggravé la situation des pays pauvres. Le FMI (Fond Monétaire
International), la Banque Mondiale et l’OMC (Organisation Mondiale du
Commerce), chargées d’aider ces pays ont, semble-t-il, fait plus de mal que de
bien depuis une trentaine d’années. Le FMI et la Banque Mondiale ont utilisé
leurs statuts de créanciers privilégiés pour conditionner l’octroi de prêts aux
PVD, avec en contrepartie une libéralisation de leur économie ; ces institutions
ont favorisé l’ouverture des économies des pays endettés au marché mondial
(multinationales occidentales) [291]. Mais, le modèle économique néolibéral a
constitué un obstacle au développement des pays pauvres car il a généré des
déficits de leur balance commerciale. Ces déficits ont ensuite été comblés par
des emprunts extérieurs qui n’ont fait qu’augmenter l’endettement.
Rétrospectivement, il apparaît que cette politique a contribué à maintenir les
pays pauvres dans le cercle vicieux de l’endettement et de la dépendance envers
les pays riches.
Ainsi, les petits producteurs locaux des PVD doivent craindre à la fois les
importateurs de spiruline à bas prix, et les investisseurs étrangers venant profiter
de conditions climatiques favorables et d’une main d’œuvre bon marché. Si la
production locale de spiruline revient plus cher que de l’importer des pays
riches, les PVD qui souhaiteront s’en procurer continueront de s’endetter et leur
économie locale en pâtira.
Par ailleurs, les règles imposées par les institutions financières ont
malheureusement contribué au démantèlement des services publics, des services
sociaux et de santé publique, des productions locales et des marchés intérieurs
des PVD.
Des Plans d’Ajustement Structurels (PAS) ont été décidés par le FMI et la
Banque Mondiale, de façon à ce que les pays lourdement endettés puissent
équilibrer leur balance des paiements [292]. Mais, en réalité, ces pays ont dû
brader leurs ressources nationales au profit des multinationales occidentales, et
restructurer leur économie vers la production pour l’exportation, afin de se
procurer des devises fortes pour payer leur dette.
Ces PAS défendent donc les intérêts des institutions financières et des
multinationales appartenant aux pays riches ; ils sont synonymes de pauvreté et
de dénuement pour les populations car ils sont pratiqués le plus souvent au
détriment de leur survie. Le pire dans tout ça est que de nombreux dirigeants
africains sont complices de cette situation, en déléguant leurs responsabilités
politiques aux institutions financières internationales. Les grandes puissances
sont effectivement parvenues à placer au pouvoir en Afrique des alliés sûrs et
corrompus, de façon à pouvoir perpétuer ce système immoral [291].

236
En effet, suite aux PAS, l’essentiel de la politique économique des PVD est
décidée à l’extérieur du pays concerné. La dette permet aux créanciers d’exercer
des pressions très fortes sur les pays endettés ; les pays soumis à cette pression
ont été progressivement contraints à abandonner toute souveraineté. Les
gouvernements ne sont donc plus en mesure de mettre en place la politique pour
laquelle ils ont été élus. Il s’agit en quelque sorte d’une nouvelle forme de
colonisation.
N’est-il pas scandaleux de constater que de nombreux pays d’Afrique exportent
des denrées alimentaires à des prix ridiculement bas vers l’Europe ou les Etats-
Unis, alors que dans ces mêmes pays la moitié des enfants souffre de
malnutrition ?
Il apparaît donc clairement qu’une autre solution doit être trouvée rapidement
pour que ces pays arrivent à se relever. Les enfants et les populations à bas
revenus sont finalement des victimes désignées puisqu’elles n’ont aucun poids
politique pour se révolter contre l’écrasement manifesté par les pays riches.
Les agences des Nations Unies (FAO, UNICEF, OMS), spécialisées dans le
domaine de la lutte contre la faim et la malnutrition, bien que compétentes, sont
trop timides vis à vis des règles économiques imposées par les institutions
financières. Or, tant que les secteurs de la nutrition et de la santé seront soumis
aux lois du marché, les populations les plus pauvres ne pourront jamais s’en
sortir.

237
8. Conseils pour faciliter la réussite d’un projet d’exploitation de la spiruline
sur du long terme
Un projet d’exploitation de spiruline en PVD se divise en plusieurs étapes successives et
des conseils particuliers se rapportent à chacune d’elles. Le schéma représenté par la
figure 79, indiquant toutes ces étapes dans le cadre d’une ferme de 600 m2, est
applicable quelle que soit la taille de l’exploitation [289].
Ces conseils sont le fruit de l’expérience et du vécu de membres de l’ONG TECHNAP
(cf. 9.2), impliquée depuis une vingtaine d’années dans ce type de projets. Ils sont
enseignés au Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricoles de Hyères
(CFPPA) [293].

D’après le schéma, on s’aperçoit qu’il faut compter entre 4 et 5 ans pour la préparation
et la construction d’une ferme.

GRANDES ETAPES
DUN PROJET SPIRULINE DANS UN PVD
(FERME 600 M2)

s n n
ire t io ati o
n a n r
te re ve t
ds tie rm
a r oi on o je
n ds ie n n /fo n
at c r ha e
s
p
r e t -P fo i er s
fo
/ c rm a tio
n lo n n e n fe it
bo xp d’
u
va e
d gé de ti o
n
e lo
s e e A h i n n c g p
de n tu
r d’ er
c d’ nt
io
tru ra ie
x
i x s io a d e h d e
t e s ar iv
ho is gn u ec u b on ém Su
C M Si Et R Et O C D

1 année 1 mois 1 mois 2 mois 1 année 3 mois 2 mois 2 années 2 mois 5 années

Sous la flèche représentant le temps qui passe, la durée moyenne de chaque étape
est notée en petits caractères.

Figure 79 : Etapes d’un projet d’exploitation de spiruline [293]

238
8.1 Choix des partenaires

Avant de s’engager dans un tel projet, il convient de vérifier s’il existe une
demande locale à la fois forte et bien identifiée. Pour cela, il suffit de se procurer
de la spiruline et de vérifier son intérêt sur place. Si cet intérêt se confirme, il faut
ensuite s’assurer qu’il n’existe pas déjà un site de production proche pouvant
satisfaire aux besoins constatés.

Le choix du partenaire local est très important puisqu’il conditionne notamment la


réussite et la pérennité du projet. Ce partenaire local doit :

• être demandeur du projet (besoins humanitaires réels)


• se situer dans un PVD politiquement stable et peu corrompu
• exister depuis longtemps
• avoir déjà à son actif des programmes de développement locaux
réussis ;
• avoir parmi ses objectifs, la lutte contre la malnutrition
• disposer d’une ligne de téléphone, d’Internet ou d’un fax
• pouvoir nommer un chef de projet disponible.

Les principaux partenaires issus des pays riches sont : les ONG, les spécialistes de
la spiruline, les bailleurs de fonds (banques, fondations, entreprises…), les
fournisseurs de matériaux et équipements.
L’axe central du projet est l’alliance profonde entre l’ONG et le partenaire local.
Ces deux partenaires doivent avoir des motivations claires et des objectifs
humanitaires communs. Ils doivent se montrer totalement disponibles pour la
cause commune et être à la fois compétents et complémentaires pour la mission
qui leur revient.

8.2 Mission préparatoire


Avant le début du projet, cette mission consiste à faire se rencontrer les deux
partenaires. C’est à ce moment qu’ils apprennent à se connaître et constatent des
objectifs communs. Il doivent rédiger et signer une convention de projet.
Il est néanmoins fréquent de constater par la suite des problèmes et il est
important que chaque partenaire suive la ligne de conduite qu’il a décrit dans la
convention. Ces problèmes rencontrés sont :

- une absence de communication et d’écrits réguliers (en interne chez les


deux partenaires et entre les partenaires) ;
- une volonté et/ou une compétence insuffisantes de la part d’un
partenaire ;
- des objectifs cachés par l’un ou l’autre.

239
8.3 Rédaction et signature d’une convention de projet
Afin de limiter au maximum les problèmes décrits ci-dessus, cette convention doit
préciser :

• le contexte du projet
• les principes communs des partenaires et les objectifs du projet
• les engagements de l’ONG et du partenaire local
• ses modalités d’application (gestion du projet, suivi et évaluation,
gestion des fonds…) ;
• les responsabilités de chaque partenaire
• sa date de validité et sa durée
• la résolution des litiges.

8.4 Etude d’avant-projet


Elle doit être convaincante sur tous les plans : objectifs du projet, principes
techniques et financement (budget d’investissement et budget d’exploitation).
Bien entendu, elle doit être approuvée par les partenaires.

8.5 Recherche de fonds


Elle doit se faire impérativement après la signature de la convention et l’étude
d’avant-projet. C’est une étape qui prend beaucoup de temps mais elle permet
d’éclaircir les idées. La connaissance de la nécessité des deux types de budget est
indispensable à ce stade.

8.6 Etude technique détaillée


Cette étape doit être traité en parallèle ou après la demande de fonds. Elle prend
aussi beaucoup de temps mais demeure indispensable. En effet, elle permet de
définir en détail la construction et le fonctionnement de la ferme.

8.7 Construction
Elle doit être suivie au plus prêt sur le terrain, grâce à des missions successives.
Cette étape passe par des Appels d’Offre ou parfois par des gré à gré. Elle devient
officielle lorsque les procès verbaux de réception provisoire sont établis et prend
fin au moment de la Transmission de Propriété.

8.8 Formation du personnel et démarrage de la culture


A ce stade du projet, il faut d’abord rédiger les procédures d’exploitation, puis
recruter et sélectionner le personnel. Vient ensuite la formation de celui-ci.
Il est essentiel de bien choisir le futur responsable d’une exploitation. Les qualités
requises chez celui-ci sont les suivantes [290] :

240
o savoir lire, écrire et communiquer rationnellement ; au minimum il doit
posséder le BEPC, la préférence voulant qu’il soit bachelier voire
titulaire d’un diplôme Bac+2 ;
o savoir compter et pratiquer aisément le calcul mental et la règle de
trois ;
o savoir observer et "ressentir" les plantes ;
o en cas d’exploitation importante, savoir commander et animer une
équipe ;
o être totalement partie prenante de l’exploitation et de ses objectifs
humanitaires.

Par ailleurs, le responsable d’exploitation ne doit pas être le responsable de


l’organisation locale avec laquelle l’ONG a conclu un accord de partenariat. En
effet, ce dernier, compte-tenu de son statut, est le plus souvent appelé à d’autres
tâches.
Or, un responsable d’exploitation doit consacrer la majorité de son temps à la
spiruline (voire la totalité pour les exploitations de plus de 3 personnes) : la
rapidité d’évolution de la spiruline nécessite des soins quotidiens, ce qui n’autorise
pas l’absentéisme.

En ce qui concerne la formation du personnel il existe actuellement trois ouvrages


de référence dans le domaine de la culture des spirulines, destinés justement à
aider les débutants : le "manuel de culture de spiruline artisanale" de J.P. Jourdan
[29], "technique, pratique et promesses" de R. Fox [5], ainsi que celui de
G. Planchon [294].
Depuis avril 2004, il est également possible, de venir se former au Centre de
Formation Agricole de Hyères, lequel permet aux débutants de mieux connaître
leurs futures tâches et d’éviter les principaux écueils [289] [290]. Dirigé par C.
Villard, ce centre offre deux sortes de formations :

- des stages courts (5 jours), réservés plutôt aux responsables ou chefs de


projet d’ONG. Un de ces stages est spécifiquement consacré à
"l’organisation de projets spiruline en PVD".
- des stages longs (cycle de 400 heures comprenant 3 mois à Hyères
suivis d’1 mois dans une ferme en PVD). Ils sont plutôt réservés aux
futurs chefs de projet ou responsables d’exploitation des fermes de
production.

A noter que pour la formation de l’exploitant, les ouvrages précédemment cités ne


sont pas exploitables en l’état, car souvent trop riches. Il est préférable de rédiger
un « mode d’emploi de la ferme » adapté aux conditions particulières du site.
En ce qui concerne plus particulièrement la formation "gestion du personnel" de
l’exploitant responsable, voici quelques conseils issus de l’expérience de
producteurs de spiruline au Burkina Faso [293] :

 Etablir un organigramme de l’exploitation, un règlement intérieur et


préciser par écrit les tâches de chacun. A titre d’exemple, le schéma de
la figure 80 représente l’organigramme de la ferme Koudougou
(Burkina Faso) ;

241
 Concentrer la responsabilité de l’exploitation, tant technique que
financière, sur une seule et même personne ;

 Etablir dès que possible une comptabilité de la ferme. Quelle que soit la
solution de financement de l’exploitation, la connaissance des coûts
d’exploitation est nécessaire. Il est indispensable de s’opposer à la
tendance naturelle dans les PVD visant à travailler au jour le jour et
commençant à chercher de nouvelles recettes lorsque les caisses sont
vides.
Bien que banales, de telles vérités ne sont pas forcément claires dans
tous les esprits, tant au niveau du partenaire local que de l’ONG. En
principe, aucun projet ne devrait voir le jour sans l’établissement d’un
compte d’exploitation mensuel prévisionnel, préparé en parallèle avec
le budget d’investissement [293] ;

Comité de gestion de
la ferme
TOTALEFFECTIF : 19
(ONG + Diocèse de
- 7 PERMANENTS
Koudougou)
- 12 RECOLTANTES

Direction OCADES
abbé Raphaël Gansonre
M. Louis Ouedraogo

Responsable
Chef d'exploitation
commerciale
Denise Ouedraogo
Corinne Chiarry

Grossistes 1 Technicien
(Ouaga, d'intervention
Koudougou, Ambroise
Bobo, etc.)

2 Gardiens Responsable Responsable Elève 12


Moussa et récoltes et d'entretien Comptable Récoltantes
Ramodé caisse Victor Nana Emmanuel (journalières)
Olivia Zongo (+ Jo)

Figure 80 : Organigramme des ressources humaines pour la ferme de Koudougou,


établi en mars 2006. © TECHNAP 2006

 Savoir impliquer le personnel dans le fonctionnement de la ferme. Le


salaire peut apparaître comme un dû, quel que soit le travail effectué, à
l’image du fonctionnariat, très prisé en Afrique. Or, il est essentiel que
chaque employé comprenne que la ferme fonctionne uniquement grâce
à la volonté et au labeur de chacun : le salaire perçu doit refléter très
exactement les résultats de la production. Des primes à la productivité
sont parfois utilisées car elles constituent un excellent moyen de prise
de conscience et de motivation.

242
Le responsable de l’exploitation doit néanmoins veiller à ce que
l’équipe travaille dans un bon état d’esprit, avec une communication
professionnelle permanente au sein de celle-ci. Quelles que soient les
difficultés d’implantation de l’esprit d’entreprise, le fait de travailler
chaque jour pour une cause humanitaire devrait constituer un moteur
essentiel de réussite et de progrès rapide au sein d’une équipe.

Une fois que le responsable de l’exploitation s’est procuré la souche de


spiruline à ensemencer, le démarrage de la culture peut avoir lieu. Elle
débute dans des bassines avant d’être transférée dans le ou les bassins
construits.

8.9 Suivi de l’exploitation, circuits humanitaires et commerciaux


Ce suivi de l’exploitation consiste à :

• améliorer les procédures d’exploitation afin de diminuer le prix de


revient ;
• surveiller la comptabilité
• diagnostiquer les difficultés rencontrées lors de la culture et apprendre
progressivement à y faire face sans aide extérieure.

Concernant la part de la production destinée à la distribution humanitaire, le


suivi consiste à :

• choisir des circuits fiables pour cette distribution


• calculer le pourcentage de la production qui peut être distribuée
socialement
• définir son prix
• constater l’efficacité sur les sujets malnutris.

Le but de ce type d’exploitation étant au final de pouvoir distribuer de la spiruline


à moindre coût pour la population locale dans le besoin, le responsable de la ferme
doit chercher des solutions pour augmenter cette part de la production. En réalité,
si on reprend la formule décrite précédemment, les degrés de liberté dont il dispose
sont assez limités :

 le prix de vente commercial ne peut augmenter au-delà d’un certain


seuil. En effet, il doit tenir compte de la concurrence nationale et
internationale qui, si elles n’existent pas au démarrage du projet, seront
vite présentes dès lors que la spiruline aura du succès localement ;

 la marge d’exploitation de peut pas trop se réduire car le risque est de


mettre en danger la santé financière de la ferme ;

 le prix de la part humanitaire dépend du pouvoir d’achat des plus


démunis, lequel est nul dans certains cas ; il n’est donc pas question de
l’augmenter.

243
Reste alors la possibilité d’action sur le prix de revient [290].
La diminution de ce prix de revient passe bien sûr par la rationalisation de
l’exploitation, en améliorant notamment les techniques de récolte et d’ensachage,
en trouvant des intrants moins chers, et en diminuant la consommation énergétique
(eau, électricité, gaz).

Cependant, le moyen de loin le plus efficace consiste à augmenter la surface de


l’exploitation, afin de bénéficier de l’effet d’échelle. Cela permet en effet de :

• diminuer la part relative du personnel non productif (charges fixes)


• améliorer la productivité des récoltants grâce à des ateliers centralisés
et l’utilisation de pompes de récolte ;
• diminuer les coûts spécifiques d’entretien (séchoirs et bassins plus
grands, matériel labo, informatique, frais de téléphone)
• diminuer le coût des intrants (achats en gros)
• diminuer le coût relatif de l’ensachage (commandes en gros) et de la
publicité
• limiter les coûts énergétiques (eau : utilisation de forage ─ électricité :
système solaire raccordé au réseau).

En ce qui concerne la part de production destinée à la vente commerciale, les


modalités sont :

• fixer le prix de vente


• choisir un représentant commercial et définir précisément son rôle
• débuter la promotion pour faire connaître la spiruline et ses bienfaits, à
une large population ;
• définir des lieux de vente stratégiques
• choisir un conditionnement adapté à une conservation optimale, tout en
gardant à l’esprit les soucis d’économie.

244
9 Principales associations intégrant dans leurs projets la culture de spiruline
dans les PVD

9.1 Antenna Technologies


Antenna Technologies France (ATF, enregistrée au Journal Officiel le 15/10/2002)
est l'émanation d'une association d'origine suisse, Antenna Technologies Genève,
créée en 1990, à but non lucratif et reconnue d'utilité publique. Au terme de 10
années de recherches dont 5 ans de développement de sites pilotes en Inde et en
Afrique, l’association suisse a développé un programme de technologies
appropriées pour la culture de spiruline à l'échelle locale dans les pays défavorisés.
ATF est une association "loi 1901" engagée dans la lutte contre la malnutrition,
plus spécialement auprès des enfants de 0 à 5 ans [295]. Elle a également choisi la
spiruline comme complément alimentaire privilégié pour mener ce combat. Elle se
compose d’une trentaine de scientifiques de haut niveau et pluridisciplinaires,
chargés d'effectuer les recherches et développements. Ces scientifiques ont
notamment déjà validé, par une démarche scientifique, les propriétés
nutritionnelles de la spiruline.
Ils ont également mis au point des systèmes de production en bassins,
spécialement étudiés pour les pays à climat tropical [296].
Ses actions sont les suivantes [297] :

- mettre en place des sites de production de spiruline autonomes dans des


pays où la malnutrition constitue un problème important ;
- fournir les souches de spiruline, ainsi que les méthodes de culture ;
- intervenir dans le repérage des sites, la supervision de la construction
des bassins de culture ;
- assurer la formation sur place et, par la suite, une assistance régulière et
la mise en place d'un équilibre financier pérenne, de façon à assurer la
production dans la durée.

V. Guigon est le directeur technique restant sur le terrain ; c’est lui qui se charge
de l’évaluation des sites, de la formation des équipes et du contrôle des projets sur
le terrain. Il s’occupe aussi de la prospection et de la liaison avec d'autres ONG.

Antenna s’efforce de rester une structure souple pour assurer une utilisation
optimale des fonds sur les projets (formation et fonctionnement). Elle coopère avec
d’autres associations pour éviter les doublons et assurer une diffusion rapide de la
spiruline.
Tous les membres de l’association en France sont des bénévoles: ils assurent la
recherche, la mise en oeuvre, le financement et le support logistique des projets
[298].
Les principaux sites où la spiruline est exploitée grâce à Antenna sont : Madurai
(Inde du sud), Dakar (Sénégal), Bangui (République Centre Afrique), Tuléar
(Madagascar), Loumbila (Burkina Faso, Safo (Mali) et Baleyera (Niger).
Avec 500 m² de nouveaux bassins mis en production en 2006, Antenna
Technologies a permis la production d’environ 1,5 tonne de spiruline, ce qui
représente des traitements pour 15 000 enfants pendant 6 semaines [297].

245
9.2 TECHNAP

TECHNAP est une association “loi 1901” créée en 1985, qui milite pour la mise
en œuvre de technologies appropriées en faveur des pays en voie de
développement. C’est en fait un collectif rassemblant des ONG ayant les mêmes
motivations et méthodes dans le domaine de la lutte contre la malnutrition. Leur
credo est le suivant : l’amélioration de la santé par le biais de l’acquisition d’un
meilleur statut nutritionnel est à la base de toute politique de croissance.
L’association ACMA de R. Fox faisant partie des ONG représentées par
TECHNAP, cette dernière a bénéficier de l’expérience de l’algologue en matière
de spiruline. C’est donc naturellement qu’elle a choisi de promouvoir la culture
et la diffusion d’Arthrospira platensis pour lutter contre la malnutrition.
TECHNAP comprend une trentaine de membres, tous bénévoles, ingénieurs ou
techniciens pour la plupart. Les associations qui la composent sont notamment
représentées par Targuinca, le GERES (Groupe Energies Renouvelables,
Environnement et Solidarités), le CEPAZE (Centre d’Echanges et Promotion des
Artisans en Zones à Equiper) ou CODEGAZ (association humanitaire du
personnel de Gaz de France) [299].
TECHNAP recherche constamment des solutions nouvelles aussi bien pour la
construction des fermes de production, leur exploitation et la distribution, que
pour les aspects plus théoriques concernant la spiruline elle-même. Son objectif
est de progresser au niveau de chaque étape des projets d’exploitation des fermes
de spiruline : construction des bassins et de leurs équipements, méthodes de
culture et de récolte, méthodes de séchage, méthodes de conditionnement…
Les réalisations lancées ou menées par TECHNAP sont essentiellement situées
au Bénin et au Burkina Faso.

9.3 CODEGAZ

Il s’agit d’une association “loi 1901” reconnue d’intérêt général et partenaire de


Gaz de France. Fondée en 1989, son siège social est basé à Paris et son président
actuel est François Guilleminot.
Elle regroupe des salariés et des retraités bénévoles de Gaz de France et
contribue à des actions de développement intégré [300].
Son but est d’apporter une aide humanitaire aux PVD et aux populations du
quart-monde. Cette aide a pour vocation le développement durable des
populations les plus défavorisées. Elle s’accompagne généralement d'un transfert
de savoir-faire et de la création d'emplois. Le souhait des membres n'est pas
d'imposer un schéma de développement aux populations concernées, mais de
mettre à leur disposition les moyens et les compétences des équipes, afin d'aider
à la réalisation des projets locaux.
CODEGAZ coopère avec d’autres associations ou organisations impliquées dans
le quart-monde et les PVD, pour satisfaire des besoins locaux exprimés et
vérifiés, « selon des critères humanitaires partagés ».
A l'heure actuelle, 22 projets ou actions de solidarité sont mis en oeuvre dans
divers pays en voie de développement.

246
Ses actions concernent plusieurs domaines [301] : la nutrition, le parrainage
d’enfants, l’eau, l’enseignement/formation, la santé, l’énergie et le
développement durable. En matière de nutrition, l’association s’est spécialisée
dans la culture de spiruline.
Les réalisations de CODEGAZ en 2006 en matière de spiruline font suite à
quatre expériences réussies de mise en place de la culture de spiruline au Bénin,
au Burkina Faso, à Madagascar et au Togo.
Au vu des résultats obtenus dans l’ensemble des pays bénéficiant d’une
production de spiruline, CODEGAZ est convaincue de l’efficacité de cette
cyanobactérie pour réduire les conséquences de la malnutrition dans les PVD.
Une fois la viabilité d'un projet et la conformité du partenaire examinées,
CODEGAZ établit une convention de partenariat avec les représentants locaux
de la population. Cette convention a une valeur contractuelle et sert de référence
au suivi ainsi qu'aux contrôles effectués au fur et à mesure de l'avancement du
projet. Les membres de CODEGAZ s'attachent à partager leur savoir-faire entre
les différents projets conduits par diverses équipes.
Les principales ressources de CODEGAZ sont constituées par : les cotisations
des adhérents, les dons de particuliers ou d'entreprises, les subventions ou
contributions de partenaires (Fondation d'Entreprise Gaz de France, Unités de
Gaz de France, organismes de santé, autres ONG…), les subventions allouées
par les organismes institutionnels (Communauté Européenne, Ministère des
Affaires Etrangères, Collectivités territoriales ...) [302].
Les projets déjà réalisés grâce à cette association concernent les pays suivants :

- le Bénin (1993-1995 et 2000) ;


- le Togo (1997) ;
- le Burkina Faso (1999-2002) ;
- le Gabon (2003) ;
- Madagascar (2003-2005) ;
- le Niger, le Sénégal et le Mali (2005-2007).

Les membres de l’association estiment avoir sauvé 1 000 enfants par jour depuis
leur contribution à la lutte contre la malnutrition grâce à la spiruline, jusqu’en
2005. A partir de 2007, leur objectif est d’en supplémenter 15 000 par jour.

9.4 Targuinca

L’association Terre-Monde Targuinca est une ONG française basée en Haute-


Normandie (Houlbec-Cocherel, Eure), créée en 1990. Il s’agit d’une association
de solidarité internationale reconnue d'intérêt général par l’Etat français ; elle a
pour objet d’apporter aide et soutien aux populations sud-sahariennes victimes
d’isolement et de misère [303].
Cette association a effectué de nombreuses missions conduites par des bénévoles
pour acheminer des aides d'urgence au Pérou, en Algérie, en Ukraine et en
Roumanie : médicaments essentiels et matériel de chirurgie, cabinets dentaires,
couveuses, vêtements, matériel scolaire, pièces de rechange pour pompes
hydrauliques et compléments alimentaires [304].
En 1993, Targuinca a fusionné avec ACMA ; depuis, elle a orienté l’essentiel de
ses actions dans la lutte contre la malnutrition. En 1995, elle a pris
définitivement la succession d’ACMA, laquelle n’existe plus depuis cette date.

247
Depuis 2001, Targuinca intervient principalement auprès des populations
nomades du Niger et, tout en continuant à apporter des aides d'urgence, s'attache
de plus en plus à appuyer des projets de développement durable.
Entre 2001 et 2002, des bassins de spiruline ont été implantés et l’association a
participé au suivi médical des enfants admis au Centre Pédiatrique de Niamey
[305].
Ses actions sont [304] :

• la promotion et le développement de la spiruline comme solution au


problème de la faim dans le monde ;
• la formation de personnel à la culture de la spiruline ;
• l’implantation de fermes de spiruline dans une dynamique
communautaire, avec l’objectif d’assurer l’autosuffisance alimentaire
des populations villageoises.

Les moyens utilisés sont [305] :

o la distribution de spiruline dans les établissements de santé (hôpitaux,


dispensaires de brousse, associations familiales) ;
o l’adaptation des cultures aux ressources naturelles locales et leur
intégration aux actions de développement du pays ;
o l’étude des propriété nutritionnelles et thérapeutiques de la spiruline sur
des pathologies ciblées ;
o un travail en partenariat étroit avec les populations et les ONG locales.

Les projets et réalisations de l’association sont avant tout motivés par des liens
d'amitié sincère, de confiance et de respect, tissés avec les partenaires nigériens :
ADDS (Alliance pour le Développement Durable et la Solidarité), Andital
(association pour le développement du pastoralisme), populations de Gougaram
et de Tchin Telloust, écoles d’Awidarere et d’Eneker, service de pédiatrie de
l'Hôpital de Niamey, etc.
Tous les membres de Targuinca agissent en tant que bénévoles.
Ceux-ci paraissent être avant tout attentifs aux besoins et aux demandes réelles
des populations car ils s’arrangent toujours pour que ce soit des partenaires
locaux qui soient porteurs des projets. Cela permet effectivement de les
impliquer activement dans la réalisation de ces projets.
L'association s'autofinance partiellement grâce aux cotisations, appels aux dons
et manifestations. Pour financer les projets importants, elle demande des
subventions à des bailleurs de fonds. La totalité des fonds collectés est ensuite
directement reversée aux populations nécessiteuses, dans le cadre des projets
soutenus [305].

9.5 CREDESA

Le Centre Régional pour le Développement et la Santé mène depuis 1983, des


activités visant la promotion des soins de santé primaires au Bénin. C’est un
organisme sous tutelle des Ministères de l’Education et de la Santé. Une de ses
activités principales concerne l’éducation nutritionnelle de la population [306].
Cet organisme regroupe notamment des médecins, nutritionnistes, assistantes
sociales, sages-femmes.

248
Ces spécialistes sont chargés de montrer aux mères de famille comment
optimiser les ressources naturelles du pays (légumes, fruits, poissons) pour
mieux nourrir leurs enfants, en équilibrant leurs repas.
Lorsqu’il a eu connaissance de la spiruline, le CREDESA a tout de suite vu le
parti que l’on pouvait tirer de sa disponibilité locale.
Comme l‘éducation nutritionnelle des mamans ne pouvait régler tous les
problèmes, il fallait autre chose. Or, aux yeux des membres de cet organisme, la
spiruline permet d’apporter sous une forme concentrée, un contenu étonnant en
protéines, vitamines et autres micro-nutriments de grande valeur.
La spiruline a finalement offert un levier incomparable pour accompagner la
politique d’éducation nutritionnelle du CREDESA. Des diètes sans valeur sont
dès lors enrichies avec un peu de spiruline ; en ce qui concerne les enfants
gravement dénutris, cette dernière constitue une alternative aux traitements
lourds en hôpital.

A noter que lorsqu’il a pris conscience de l’atout que pouvait représenter la


spiruline pour accroître l’impact de sa politique santé dans la population, le
CREDESA a signé un partenariat avec TECHNAP et le GERES (expert en
séchage des denrées alimentaires), pour monter un projet de production de
spiruline à Pahou. C’est majoritairement grâce aux subventions de l’Union
Européenne et du Ministère Français des Affaires Etrangères, que ce projet a pu
démarrer en 1998 [306].

9.6 OCADES

L'OCADES est l’Organisation Catholique pour le Développement et la


Solidarité. Il s’agit d’une organisation apolitique à but non lucratif implantée au
Burkina Faso. Elle a été créée en 1973, lors de la Conférence Épiscopale du
Burkina mais n’a été officiellement reconnue par l’Etat Burkinabé qu’en mai
1998 [307].
Ses services concernent le financement d’activités hydrauliques rurales et de
projets ayant rapport avec la sécurité alimentaire. L’organisation s’est
notamment impliquée dans le financement de la construction de plusieurs fermes
d’exploitation de spiruline au Burkina.

9.7 ALCMK

C’est l’Association de Lutte Contre la Malnutrition au Kanem (Tchad). L’actuel


président se nomme Malloum Abakar Kaya. Un des objectifs de cette association
est de sensibiliser la population du Tchad à l’utilisation de la spiruline comme
aliment de lutte contre la malnutrition et d’améliorer les techniques de
transformation du Dihé [308].
Les buts de l’association sont :

- améliorer les conditions socio-économiques des femmes ;


- aider les femmes productrices de Dihé à se prendre en charge en leur
offrant un emploi ;
- développer la commercialisation d’un produit de qualité.

249
Les objectifs de l’apprentissage sont :

- connaître les techniques de récolte, filtrage, pressage, séchage et


conservation du Dihé ;
- respecter les mesures élémentaires d’hygiène ;
- mettre en valeur un produit de qualité à travers des activités
génératrices de revenus ;
- informer et sensibiliser la communauté sur les propriétés nutritionnelles
de la spiruline.

Pour mener à bien son projet, l’association s’appuie sur des spécialistes aptes à la
formation et à la sensibilisation des populations. Elle bénéficie de l’intervention
de partenaires extérieurs pour la partie technique et les matériaux.
Cette association souhaiterait au minimum former 120 femmes, sensibiliser
1 000 personnes sur les propriétés nutritionnelles du Dihé et créer 3 unités de
transformation de la spiruline.

250
10. Exemples de productions locales de spiruline

10.1 En Afrique

10.1.1 BURKINA FASO

Le Burkina Faso (figure 81) est le premier pays au monde à avoir reconnu la
valeur de la spiruline et à en avoir inscrit la production dans ses priorités.

Figure 81 : Carte du Burkina Faso. © ATF

 Koudougou

Historiquement c’est dans cette ville située à 100 km à l’Ouest de


Ouagadougou (capitale du pays) que la production de la spiruline a
commencé en 1999, sous la direction de l'OCADES Koudougou et de
l'ONG française CODEGAZ [309][310].
Les trois principaux objectifs de la ferme du Petit Séminaire (figure 82)
étaient alors de :
- fournir les centres de récupération nutritionnelle du diocèse
(CREN) et les centres de santé Burkinabé de façon à lutter
contre la malnutrition. Cette partie, initialement vendue à perte,
est aujourd'hui encore subventionnée par la partie
commercialisée ;
- commercialiser le reste de la production (80 %), de façon à
équilibrer les coûts de production et proposer à la population
locale une spiruline bon marché ;
- lutter contre le chômage de la ville de Koudougou, grâce à la
création d'emplois an niveau de la ferme.

251
Aujourd'hui sa production moyenne est de 170 kg/mois.
La ferme est gérée comme une entreprise moderne et satisfait à
l'autofinancement de sa production. Elle doit aussi rassembler les fonds
nécessaires pour son développement. Elle n'en reste pas moins une
entreprise à vocation humanitaire dans le sens où l'objectif reste une
minimisation des prix de vente de la spiruline pour le grand public et la
distribution à perte pour les plus démunis. La production de la ferme a été
agréée par le ministère de la santé en 2005 après vérification de la qualité
de la spiruline [310].

Figure 82 : Ferme du Petit Séminaire à Koudougou. © ATF

 Nayalgue

La grande demande du marché (les carences alimentaires sont


particulièrement caractérisées au Burkina Faso) et le succès de la
spiruline cultivée à Koudougou ont été à la base d’un nouveau projet du
Diocèse de Koudougou.
Nayalgué se situe à 7 km de Koudougou.
Depuis 2001, CODEGAZ par l’intermédiaire de Pierre Ancel, imagine un
projet de grande envergure qui offrirait des tonnages de spiruline plus
importants, à la mesure des besoins du pays et des pays limitrophes.
L’effet de taille, en permettant une diminution des coûts de revient,
pourrait permettre une augmentation significative de la part humanitaire.
C’est donc un projet de ferme de 3 600 m² de bassins qui a été étudié puis
décidé. Il est le résultat d’un partenariat entre le Gouvernement
Burkinabé (maître d’ouvrage), l’OCADES (maître d’œuvre) et
TECHNAP [310].
TECHNAP apporte à l'OCADES son expertise en matière d'ingénierie,
de contrôle de gestion, d'achat et d'approvisionnement de matériel depuis
la France, de sélection et formation du personnel, de promotion et de
distribution de la spiruline. Cette association est également présente
auprès du Ministère de la Santé, pour l’aspect "recherche médicale".

252
La recherche des financements nécessaires a été entreprise et le
Gouvernement Burkinabé, conscient de ses responsabilités en matière de
politique de la santé du pays, a décidé non seulement de financer la
totalité des investissements mais aussi de subventionner des recherches
médicales sur l’efficacité de la spiruline (préciser son rôle dans la lutte
contre la malnutrition et mieux connaître son rôle dans le traitement des
personnes affectées par le VIH) [310].
A noter que c'est la première fois en Afrique, et sans doute au monde,
qu'un gouvernement apporte un tel soutien officiel et finance
complètement la construction d'une ferme de production de spiruline.

Les travaux ont débuté en janvier 2005. Une fois terminés, la surface
totale de culture devrait se composer de 18 bassins de 200 m2 chacun + 2
bassins d’ensemencement de 50 m2 chacun + 9 bassins de vidange de
50 m2 chacun. La ferme est actuellement en exploitation et il est possible
de la visiter.
A terme, les objectifs de la ferme sont de produire 8 tonnes par an (soit
600 kg par mois) de spiruline. Compte tenu de cette capacité de
production, il est prévu que la ferme puisse fournir de la spiruline à trois
groupes cibles :

- groupe 1 : les enfants de moins de cinq ans souffrant de


malnutrition grave et pris en charge dans les CREN (16 600
enfants dénutris traités/an : 25 % de la production) ;
- groupe 2 : les personnes vivants avec le VIH (2 000 malades
traitées par an : 20 % de la production) ;
- groupe 3 : au sein de la population générale, toute personne
soucieuse d'améliorer son état de santé (44 000 personnes par
an : 55 % de la production) : il est en effet prévu que cette part
de production soit revendue en Afrique de l’Ouest et en Europe,
de sorte à assurer l’équilibre financier de la ferme.

Cette ferme, tout en restant artisanale dans ses techniques de production,


sera une véritable entreprise à vocation humanitaire lorsqu’elle aura
atteint ces objectifs. Elle devrait alors employer 40 personnes.

 Loumbila (15 km au Nord de Ouagadougou)

Avec le soutien d’ANTENNA Technologies Genève, l’association des


Travailleuses Missionnaires, laquelle recueille des enfants laissés à
l’abandon, a entrepris en l’an 2000 la culture de spiruline sur le site de
l’orphelinat.. La production permet de fournir un complément alimentaire
de façon à améliorer la nourriture de ces enfants.
Au départ, 4 bassins de 10 m² (en briques de pierre taillée + bâche
plastique avec protection par des serres) ont été construits. Ces cultures
ont ensuite été complétées par d’autres bassins.
Actuellement, 330 m2 sont exploités, avec une productivité moyenne de
6g/j/m2 (soit une production mensuelle de 50 kg). Cette surface permet le
traitement de 6 600 enfants [309].

253
La production est destinée pour une part à l’orphelinat de Loumbila, et
pour l’autre partie, à la commercialisation.
L’équipe sur place prévoit une extension jusqu’à 690 m2 de surface totale
de bassins, ce qui permettrait de traiter 7 200 enfants supplémentaires. A
la fin de l’année 2007, le financement n’avait pas encore été trouvé.

 Bobo Dioulasso (2ème ville du Burkina)

L’ Ordre de Malte, présent au Burkina Faso, soutient financièrement une


structure locale d'aide aux plus démunis (dispensaires-trottoirs) dans cette
ville. ANTENNA apporte son soutien pour que cette structure puisse
fournir de la spiruline aux populations dont elle s'occupe. Deux bassins
de 10 m² ont donc été construits [309].
Actuellement, la production tourne mais la productivité pourrait encore
être améliorée ; chaque jour, environ 20 doses journalières sont fournies à
des enfants de 1 à 5 ans.

 Ouahigouya ( 4ème ville du Burkina)

ANTENNA, par l’intermédiaire de deux citoyens suisses installés dans la


ville (André et Chantal BUHLER), a projeté la construction de 400 m² de
bassins qui pourront produire 800 kg de spiruline.
En 2005, la ferme fonctionnait avec 125 m² de bassins et une productivité
de 3g/jour/m² ; celle-ci devait être améliorée en 2006 pour atteindre
5g /jour/m² [309].

 Nanorro (75 km au Nord de Koudougou)

Jacqueline et Roger Cousin, promoteurs du projet, ont confié à


l'OCADES (opérateur de la ferme de Koudougou) la gestion financière
de leur projet et, à ANTENNA Technologies, le suivi technique et
opérationnel.
A coté des deux petits bassins « historiques », deux bassins de 60 m²
chacun ont récemment été ensemencés. Deux autres bassins de 60 m²
sont déjà construits et devraient être mis en service ultérieurement [309].

 Sapouy ( province du Ziro, 100 km au sud de Ouagadougou)

Deux bassins de 10 m2 chacun produisent en moyenne 120 g de spiruline


par jour [309].

 Sabou (sur l'axe Ouaga - Bobo à 85 km de Ouagadougou)

Six bassins de 20 m2 doivent être exploités dans un avenir proche ; il est


prévu que la spiruline produite soit distribuée aux CREN et aux
personnes nécessiteuses [309].

254
10.1.2 BENIN

Il existe actuellement deux sites de production : historiquement le premier


est celui de Davougon, l’autre est installé à Pahou (figure 83).

Figure 83 : Carte du Bénin. © Antenna Technologies France

 Davougon

TECHNAP a fait ses premières armes au Bénin, en 1993-1994, dans ce


village. A cet endroit se trouve le Centre de Santé St Camille qui abrite
un dispensaire, un centre anti-lèpre et une unité de formation de jeunes
filles. Ce centre a été fondé par des frères Camilliens.
A la suite de contacts entre Etienne Boileau, membre de TECHNAP, et le
Père Bernard Moéglé du centre St Camille, les frères Camilliens ont
décidé de favoriser un premier essai de production de spiruline : un
bassin expérimental en bois-plastique de 4 m² a donc été réalisé en 1993.
A ce bassin pilote, se sont progressivement ajoutés d’autres bassins en
béton, l’ensemble atteignant actuellement 33 m² [310].
La productivité est de 5 g de spiruline/jour. La biomasse essorée n’est pas
séchée : elle est distribuée, dès sa récolte, tous les jours, en dilution avec
de l’eau sucrée, aux malades hospitalisés du Centre St Camille. Elle n’est
pas uniquement fournie à des enfants malnutris, mais aussi à des
tuberculeux et des personnes contaminées par le VIH ; la spiruline leur
fait le plus grand bien en augmentant leur résistance aux nombreuses
maladies opportunistes qui les guettent.

255
 Pahou

Désirant doter le Bénin d’une ferme de spiruline un tant soit peu


significative vis-à-vis des problèmes de malnutrition du pays, TECHNAP
(Etienne Boileau, Claude Darcas) a abordé en 1995 le CREDESA
(Yvette Pagnon).
L’unité de production de spiruline a démarré son activité en 1998. A
partir de cette date et jusqu’en 2001, 8 bassins de 30 à 40 m² chacun
(total 260 m²) ont pu être mis en place sur un terrain appartenant au
CREDESA (figure 84) [310].
Un laboratoire, un magasin et deux séchoirs ont ensuite été ajoutés. Le
responsable de la ferme, Roger Adounkpé, ingénieur agronome était à
cette époque secondé par une personne chargée des ventes, une équipe de
2 ouvriers et 5 femmes récoltantes.
Fin 2002, une première extension de la ferme a pu se faire, grâce à des
crédits japonais. Les travaux ont permis de donner de l’air au site
(accroissement de la surface du terrain d’environ 1 000 m²), et de mettre
en place des nouveaux bassins portant ainsi la surface exploitée à 500 m².
Cependant, il faudrait une surface de 1 000 m2 pour que la ferme de
Pahou puisse mieux répondre à la demande et produire à un meilleur coût
de revient. Dans ce cas, les ventes de spiruline au secteur humanitaire
pourraient être augmentées.

Figure 84 : Parpaings de béton revêtus de bâches en plastique, sur le site


de la ferme de Pahou. © spirulinefrancefree.fr

256
10.1.3 NIGER

les points en vert foncé


représentent les
programmes réalisés ;

les points en vert clair


représentent les projets.

Figure 85 : Carte du Niger. © Antenna Technologies France

 Boubon (coopérative Banituri à 24 km au Nord-Ouest de Niamey)

Cette coopérative, basée à Niamey, a comme objectif principal


l'amélioration de la santé de la population nigérienne, en produisant et en
mettant à disposition des produits phytothérapeutiques à bas prix.
Avec le soutien d’ANTENNA Technologies, un projet d’exploitation de
spiruline est en cours. A terme, 400 m² de surface de culture devraient
permettre le traitement de 8 000 enfants.
Actuellement, la productivité est de 2,2 kg par mois ; elle doit être
améliorée [311].

 Balleyera (100 km au Nord de Niamey)

Un partenariat entre la coopérative agro-pastorale de Tabarnassa,


CODEGAZ et ANTENNA Technologies France a permis la construction
de 200 m2 de surface de bassins.
Le but est d’étendre cette surface à 400 m2, ce qui permettrait de soigner
8 000 enfants. Depuis son lancement en mars 2006, la ferme fonctionne
très bien et a une productivité de 6,7g/m²/jour [311].

 Dogondoutchi (300 km à l’Est de Niamey)

En partenariat avec TARBIYYA TATALI, une association de


développement local à la fois dynamique, compétente et motivée, un
projet d’exploitation de spiruline a débuté au début de l’année 2007.

257
Grâce au financement de la première phase de travaux, par l'association
Talents et Partage (Société Générale), la construction de bassins d’une
surface totale de 50 m² a démarré au premier semestre. Cette phase
pilote doit se poursuivre par une extension de 200 m² d’ici la fin de
l’année et de 200 m² supplémentaires courant 2008 [311].
Le futur chef d’exploitation était en cours de formation au début de
l’année 2007. La souche de spiruline, fournie par ANTENNA, a dû
arriver sur place dans le courant du mois de juin et la production a dû
commencer fin juillet.
Depuis avril 2007, en attendant la production locale, de la spiruline en
provenance d’un autre site de production nigérien a été distribuée dans
Dogondoutchi pour permettre aux populations de faire connaissance avec
ce produit.

 Bermo

Ce projet a été mis en place au dispensaire de la mission catholique


Notre-Dame des Apôtres, dirigée par Sœur Odile Lesenne, grâce à un
financement de l'association Tibériade. Les premiers bassins en béton
offraient une surface de 2 x 15 m². La spiruline y est exclusivement
nourrie grâce à des produits disponibles localement [311].
Avant l'installation d'une centrale solaire au dispensaire, l'agitation
s'effectuait manuellement. Cette centrale photovoltaïque a été installée en
novembre 2001, par des étudiants en BTS d'un lycée technique
d’Angers.
La production de spiruline est utilisée dans sa totalité par le dispensaire.

 Agharous (80 km au Nord-Ouest d’Agadez)

Depuis février 2000, un programme de sensibilisation aux qualités


nutritionnelles et thérapeutiques de la spiruline a été mis en place au
Niger : l’association Targuinca a fourni des stocks de spiruline et
organisé leur distribution dans les hôpitaux de Niamey et d’Agadez, ainsi
que dans des dispensaires de brousse (au Nord du pays).
Durant cette période, Targuinca a été orientée vers le village d’Agharous
pour implanter les premiers bassins. Le projet a été réalisé en partenariat
avec l’ADDS (Association pour le développement durable et la
solidarité). Son fondateur, Issouf Maha, dirige le Centre d’Agro-écologie
et de développement intégré d’Aghrarous, centre de formation et de
recherche sur les techniques agricoles adaptés à l’environnement oasien.
En mars-avril 2002, deux bassins de 13 m² (banco et bâches plastiques)
ont été installés dans ce Centre.
La souche Paracas ensemencée a été donnée par J.P. Jourdan.
L’agitation est manuelle et la spiruline est séchée car la consommation de
spiruline fraîche pose problème en zone nomade.
Les touaregs consomment en effet couramment des aliments secs car ils
sont bien adaptés à leurs conditions de vie ; la spiruline séchée peut être
stockée, ce qui est rassurant et évite des allers-retours trop contraignants.

258
Deux personnes, l’instituteur d’Agharous et l’adjoint d’Issouf Maha, ont
été formés par Pierre Ancel (CODEGAZ) et se sont engagés à assurer
bénévolement le contrôle et la supervision de la culture. Ils ont à leur tour
formé un jeune homme pour assurer les tâches courantes (entretien et
nourriture des bassins, récolte de la spiruline).
En mai de la même année, la productivité était de près de 9 g/jour/m².
Les récoltes sont distribuées gratuitement aux familles d’Agharous [311].
Ces deux bassins pilotes ont une double vocation, expérimentale et
pédagogique.
A l’époque, Issouf Maha souhaitait que le Centre d’agro-écologie
dispose, dans l’avenir, d’une ferme de spiruline autonome. Il a proposé
aux responsables des projets africains de les aider à se fournir en natron à
bas prix, produit à Tegguida n’Tessoum, à 100 km d'Agharous.

10.1.4 MALI

les points en vert


foncé représentent
les programmes déjà
réalisés ;

les points en vert


clair représentent
des projets.

Figure 86 : Carte du Mali . © Antenna technologies France

 village de Safo (15 km au nord de Bamako)

Les partenaires du programme sont : la Commune rurale de Safo (figure


86), l’association Cab Démé So (association malienne d'appui au
développement rural), ATF et CODEGAZ. L’objectif est de participer à
la lutte contre la malnutrition en produisant 900 kg de spiruline sèche par
an en fin de projet, ce qui permettrait de soigner 9 000 enfants. Le projet
s’est déroulé en 3 phases : constructions de bassins dont la surface totale
atteint 50 m² puis 250 m² et à terme, 450 m².
En parallèle, le projet participe à la formation du personnel
d'exploitation, à la sensibilisation des populations et des agents de santé
à l'usage de la spiruline et à sa diffusion.

259
Au mois de mai 2007, la phase 2 était terminée et la période
d’accoutumance et de formation se terminait.
Depuis, la production mensuelle est de 35 kg, ce qui correspond à
420 kg/an. Il est prévu d’améliorer ce chiffre, de façon à atteindre
l’objectif de 500 kg/an [312].
La spiruline produite est diffusée aux centres de santé communautaire de
la région, aux enfants de l’école de Safo, à des associations et à des
particuliers de Safo et de Bamako. Plusieurs actions de promotion ont
déjà eu lieu, notamment à l’occasion d’évènement tels que le Forum
Social ou le Salon de l’Agriculture de Bamako.
La décision de lancer la troisième phase devait être prise à la fin du mois
d’août 2007.

 village de Sansanding (50 km au nord de Ségou)

Le projet a débuté avec la construction de deux bassins de 25 m² ; à


terme, il est prévu que la surface de production soit de 350 m².
La spiruline est actuellement distribuée au Centre de santé
communautaire de Sansanding et au service pédiatrique de l'hôpital de
Markalla (20 km). Lorsque la productivité sera suffisante, l’objectif est
d’en vendre une partie sur le marché de Ségou.
Les partenaires financiers du projet sont : la Fondation Alta Mane,
l’association Spiruline Équitable et Vivendi Universal.
A la fin du mois de juin 2007, la surface de culture (150 m²) permettait
une production mensuelle encourageante de 27 kg. La prochaine étape
d’extension devait se décider à l’automne 2007 [312].

 Mopti

L’initiative du projet revient à l'association franco-malienne AU FIL DE


LA VIE, laquelle lutte contre le NOMA, terrible maladie assimilable à
une lèpre du visage. Elle touche les enfants présentant un état de
malnutrition et souffrant de certaines infections buccales.
La spiruline, grâce à sa remarquable composition en micro-nutriments
peut corriger les carences alimentaires qui favorisent l'apparition de cette
maladie et également accroître les défenses immunitaires de l'organisme
des enfants.
Les autres partenaires du programme sont : la ville de Mopti, ATF,
l’association Cab Démé So et le Fonds FSD du SCAC de l’Ambassade
de France au Mali.
Le projet est récent ; il vise à construire des d’installations de production
de spiruline ( 330 m² puis 600, 900 et à terme 1 200m² de surface totale),
à sensibiliser la population et les agents de santé à l’usage de la spiruline
et à la diffuser [312].
A la fin de l’année 2007, la surface de culture devait être égale à 330 m²,
permettant le traitement de 6 500 enfants (2 g/jour pendant 6 semaines)
par an.
Le terme de ce projet est prévu pour juillet 2009 : l’installation de 1 200
m² devrait employer 15 personnes et permettre de traiter 24 000 enfants
par an.

260
10.1.5 MADAGASCAR

Figure 87 : Carte de Madagascar. © Madascope.com

 Morondava

Financés par CODEGAZ, TECHNAP et le diocèse de Morondava à


l’ouest de Antananarivo (figure 87), deux bassins de 12 et 30 m² ont été
installés fin 2001. En raison des risques d’inondation, ces bassins sont
surélevés à 70 cm au dessus du sol. La souche utilisée pour
l’ensemencement est la Paracas et la production (initiale) s’est révélée
élevée : 10 g / jour / m² [313].
La surface de culture s’est ensuite progressivement étendue pour
atteindre 500 m² en 2005. C’est le diocèse qui l’exploite, pour le compte
des religieuses qui assurent les soins quotidiens des populations
démunies.
Cette surface a permis le traitement en 2005 d’environ 5000 enfants
malgaches malnutris accueillis au sein du dispensaire.

261
Par ailleurs, il est important de signaler que, dans ce pays, la spiruline a
fait ses preuves en tant que complément alimentaire permettant de réduire
les conséquences de la malnutrition ; elle est reconnue par les autorités
médicales et gouvernementales malgaches (visite du Président de la
République de Madagascar).

 Tuléar

ANTENNA Technologies a aidé au financement de la construction de


40 m² de bassins de spiruline au domicile de Mme Vololonavalona,
laquelle travaille à l’IHSM (Institut Halieutique des Sciences Marines)
basé à Toliara (figure 104). Maître de conférence, elle a soutenu en 2002,
une thèse de doctorat sur les lacs à spiruline de la région.
En 2004, elle a encadré sur le terrain, les travaux de recherche menés par
Tsarahevitra Jarisoa. Cet élève malgache a réalisé une thèse sur la culture
des spirulines dans l’eau salée, sous la direction de L. Charpy (directeur
des recherches à l’Institut de Recherche pour le Développement à Paris)
et de N. Vicente (Université Aix-Marseille I). Il était également encadré
par R. Fox et J.P. Jourdan. L’objectif final de sa thèse, soutenue fin 2004,
était de proposer un système de culture des spirulines en eau de mer,
viable dans les conditions de Madagascar [313].
Les bassins sont en béton, sous toiture et ombrage. Une partie de leur
production est destinée au dispensaire des Assomptionnistes de Tuléar.

 Antsirabé (2ème ville de Madagascar, 250 km au sud de Tananarive)

Plusieurs membres d’ATF se sont réunis pour fonder en 2005, une


émanation de cette association : ANTENNA Technologies Antsirabé
(ATA). Durant leurs précédents séjours malgaches, ils avaient pu
constater la détresse liée à la malnutrition dans cette région.
Le but de cette association malgache est donc de monter des projets de
culture de spiruline dans la région des Hauts Plateaux de Madagascar,
afin de lutter contre la malnutrition rencontrée localement. La ferme de
production se trouve à Ibity, à quelques kilomètres au sud d'Antsirabé
(figure 88) [314].
Le rôle d’ATA est d’assurer l’équilibre financier pour permettre la
pérennité des installations et la rétribution du personnel exploitant. Les
futurs exploitants et les étudiants qui préparent un diplôme ou une thèse
sur ce sujet, sont formés gratuitement.
Son but final est de faire en sorte que les acteurs locaux se prennent en
charge et assurent leur avenir.
A noter que l’implantation de spiruline à cet endroit constitue un défi
technique car cette région est la plus froide de Madagascar ; les quelques
producteurs existant préférant se cantonner dans des régions
climatiquement plus favorables (Sud Ouest de Madagascar), personne
n'avait encore osé tenter cette expérience à cet endroit [315].
Les efforts ont été récompensés puisque non seulement la culture à
réussi, mais d'autres centres de production ont vu le jour dans le secteur.

262
La première phase du projet a abouti sur la construction de 120 m² de
bassins dans le village d'Ibity, à proximité de l'usine cimentière de
HOLCIM, laquelle est le principal partenaire d'ATA ; cette proximité a
été choisie pour faciliter l'approvisionnement en eau et en énergie
électrique.

Figure 88 : Ferme de production de spiruline à Ibity. © Antenna

Au début de l’année 2007, le potentiel de production de la ferme était de


200 kg de spiruline sèche par an, permettant le traitement de 2 000
enfants.
Un tiers de cette production est fournie gratuitement à des associations
s'occupant d'enfants malnutris. Parallèlement, les effets de la spiruline sur
ces enfants sont contrôlés par le biais d'un suivi médical. La distribution a
lieu sous forme de gélules, mais également en chapelets de berlingots de
doses de 2 ou 3 g.
Les deux-tiers restants sont vendus pour assurer l’équilibre financier de
l’association ATA, bien qu'en dehors des trois salariés de l'exploitation,
toutes les interventions soient du bénévolat total. Ce projet a
effectivement permis l'embauche de trois personnes : deux techniciens et
un technicien formateur-coordinateur régional.
La ferme constitue également un centre de formation des techniciens, de
développement et de diffusion de la technologie [315].
Une extension de 30 m² a récemment pu être réalisée grâce au
financement du Lions club France Australe. Au mois de juin 2007, la
surface totale d’exploitation est donc passée à 240 m². Une nouvelle
extension de 150 m² était prévue durant le second semestre 2007.
L’objectif des membres d’ATA est de subvenir aux besoins de 10 000
enfants en 2008.

Quatre autres fermes ont été implantées en 2006, au sein d'autres


associations et congrégations d'Antsirabé [315] :

- à Ambahano : 30 m² de bassins sont opérationnels depuis janvier


2006 ; l’objectif est de produire 38 kg de spiruline par an pour
subvenir aux besoins de 450 enfants souffrant de malnutrition,
accueillis au centre des Enfants du Soleil à Antsirabé ou dans
des centres nutritionnels dont ils ont la charge.

263
- à Mahazina : 30 m² de bassins assurent une production de
spiruline depuis juin 2006. Le projet est soutenu par les
associations Zazakely et SOS Enfants ; le porteur du programme
est l’association Vonjiaina.
- à Ambano : 60 m² de bassins sont opérationnels depuis
septembre 2006. Le porteur du programme est la congrégation
des sœurs de Notre Dame de la Salette. L’objectif est de
produire 76 kg de spiruline par an pour subvenir aux besoins de
900 enfants.
- à Amadea : la surface de production prévue est de 60 m² ; les
travaux ont commencé en février 2007. L’objectif est également
de produire 76 kg de spiruline par an pour subvenir aux besoins
de 900 enfants.

10.1.6 Autres lieux de productions locales africaines [316]

 REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

 Unité de production de Bangui (avec pour partenaire Kénose-


ANTENNA)

 REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE du CONGO

 Unité de production de Goma


toutes ont pour
 Unité de production de Kinshasa
partenaire ANTENNA
 Unité de production d'Uvira
Technologies Grands
 Unité de production de Rutshuru
Lacs
 Unité de production de Butembo

 SENEGAL

 Unité de production de Bambey (ATF)

 BURUNDI

 Unité de production de Nyanzalac (AT)


 Unité de production de Rumonge (AT)
 Unité de production de Kaniosha (AT)

 KENYA

 Unité de production de Mombassa (AT)

 CAMEROUN

 Unité de production de Maroua (AT)

 TOGO

 Unité de production de Lomé (AT)

264
10.2 Asie

 INDE du Sud

Figure 89 : Carte de l’Inde. Division Géographique de la Direction des Archives


du Ministère des Affaires Etrangères © 2004

L’Inde n’est plus classée parmi les PVD ; elle fait actuellement partie
des pays dits "émergents".

 Madurai

L'Ecopark, situé à 12 km de Madurai (figure 89), a été mis en place, il y


a 7 ans, par ANTENNA Genève.
La production, d’environ 100 kg/mois grâce aux 525 m² de bassins,
permettait une distribution de spiruline à 2 000 enfants issus des villages
et des camps de réfugiés. D’autres bassins ont été ajoutés ensuite, portant
la surface totale d’exploitation à 810 m², ce qui correspond à une
production mensuelle d'environ 150 kg.
A noter qu’une installation industrielle de production de spiruline,
destinée en partie à l’exportation, est implantée à 40 km de Madurai.

265
Elle ne pose pas de problème de concurrence car les coûts de production
sont plus bas dans les structures artisanales, à condition de maintenir une
productivité de 7 à 8 g/j/m2 [317].

 Pondichéry

Cette ville fait partie d'un groupe de 50 communautés internationales


choisies par l'International Institute for a Sustainnable Development pour
leur réussite dans une dizaine d'activités jugées prioritaires par les
Nations Unies. Elle bénéficie notamment de 25 ans d'expérience en
matière de développement d'activités agro-écologiques.
Au début des années 1990, Bonaventure Chanson a fondé la "Simplicity's
Spirulina Farm". Après avoir collecté de nombreuses informations sur la
spiruline, il a ensuite effectué d'importantes expérimentations en
laboratoire. Parallèlement à ses recherches, il a introduit la
consommation de spiruline à l'intérieur de la communauté.
Depuis 1997, sous la direction de l’ingénieur hollandais Hendrick,
"Simplicity" produit de la spiruline pour la consommation des habitants
de Pondichéry et également pour la vente à l'extérieur.
La communauté possède 10 bassins en ciment de 30 m² chacun et aussi
quelques bassins en plastique selon le modèle de Madurai (figure 90).
La production moyenne est actuellement de 450 kg par an, ce qui permet
de fournir un complément alimentaire pour 1 370 personnes [317].
La spiruline fraîche est distribuée aux enfants, l'autre partie de la récolte
est vendue 20$/ kg (prix de vente unique, quelque soit la quantité par
paquet).
A noter que cette ferme assure aussi un rôle de formation et de conseil en
faveur de l'installation d'autres unités du même type.

Figure 90 : Femme récoltant la spiruline cultivée dans les bassins de la ferme


"Simplicity". © spirulinefrancefree.fr [318]

266
10.3 Amérique du sud

 Chili

A noter que le Chili est également classé dans les pays émergents.
Francisco AYALA est un spécialiste chilien qui totalise 25 ans
d’expérience au sujet de la spiruline. En 1990, grâce aux soutiens
d’ACMA et d'autres organismes dont l’association Solidarité Mondiale
contre la Faim, il a installé dans le village de LA HUAYCA (province
d'Atacama, figure 91), sous l'appellation "SOLARIUM", une production
semi-intensive de spiruline (figure 92) [319].
Actuellement, l’entreprise Solarium compte 3 hectares de bassins. Une
partie de la production est exportée pour être vendue aux pays
industrialisés et l’autre partie est offerte aux pays du Tiers-Monde qui ne
disposent pas encore de culture locale.
Après 17 années de terrain à différents niveaux de production (artisanal,
semi-industriel et industriel), cette entreprise dispose d’un savoir faire
suffisant pour développer des projets de production de Spiruline partout
où les conditions climatiques et basiques permettent la croissance de la
spiruline. L’équipe a également étudié les facteurs de réussite d’un projet
de production semi-industrielle et industrielle [320].

Figure 91 : Carte du Chili. © Routard.com

267
Figure 92 : Photographie montrant des bassins de l’exploitation Solarium.
© spirulinefrancefree.fr

268
Conclusion

269
270
En 2008, malgré les importants moyens déployés par la communauté internationale et
les différents états depuis plusieurs décennies, le problème de la malnutrition protéino-
énergétique continue à se poser avec acuité dans les pays en voie de développement. D’un
autre côté, tous les pays industrialisés connaissent aussi des déséquilibres alimentaires, mais
les répercussions sur la santé sont différentes, se manifestant à plus long terme.
Face aux grands défis du monde actuel (mondialisation, maîtrise de l’énergie,
protection de l’environnement, lutte contre l’infection à VIH/SIDA…), il est urgent de trouver
des solutions efficaces et économiquement adaptées aux populations des pays concernés.
La spiruline semble bien être une solution envisageable avec sérieux :
- d’une part, sa culture et sa conservation sont compatibles avec les conditions
climatiques des pays du Sud, ceci pouvant se faire en tenant compte des
ressources locales (eau, intrants, moyens techniques et financiers, facteurs
humains).
- d’autre part, sa composition nutritive exceptionnelle, la biodisponibilité de ses
constituants, son acceptabilité et son absence de toxicité représentent des
intérêts certains pour les programmes de réhabilitation nutritionnelle. Les
études déjà réalisées montrent de manière évidente que la spiruline (5 à 10 g
par jour) peut être d’une grande utilité, même si elle ne peut, à elle seule,
constituer la solution unique à la malnutrition.
Depuis quelques années, plusieurs organisations non gouvernementales ont donc
intégré la spiruline dans leurs programmes de lutte contre la malnutrition, tout en essayant
d’assurer la formation d’autochtones capables d’assumer une production locale autonome.
Certes, certaines fermes ont montré qu’il était possible de rentabiliser économiquement une
exploitation à but social et de réaliser un "profit humanitaire" (Nayalgue au Burkina, Pahou au
Bénin, Ibity à Madagascar), mais il n’en demeure pas moins que sur le plan financier, les
organisations gouvernementales et intergouvernementales sont nécessaires pour accompagner
ces associations dans leur démarche.
Toutefois, on constate que la spiruline est toujours ignorée des stratégies de lutte
proposées par les nutritionnistes et les professionnels de santé œuvrant pour l’UNICEF ou la
FAO. La première chose à faire est donc de convaincre ces personnes des bénéfices apportés
par la consommation de spiruline, en complément des repas traditionnels.

271
Par ailleurs, la culture de la spiruline est possible en respectant l’environnement ; elle
pourrait même participer, dans une certaine mesure, à la réduction de la quantité de certains
gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère.
En effet, consommatrice de dioxyde de carbone et productrice d’oxygène lors de sa
croissance, la spiruline présente un intérêt évident dans le cadre des mesures fixées lors du
dernier Grenelle de l’environnement (octobre 2007). De plus, sa culture fait aussi appel à des
formes d’énergies nouvelles, participant ainsi à la maîtrise de l’énergie (séchoirs solaires,
panneaux photovoltaïques).

Parallèlement à la culture artisanale de spiruline dans les pays en développement, de


grands groupes chinois, américains ou indiens se sont lancés dans sa culture industrielle, dans
le but de la commercialiser dans les pays riches, à des prix pouvant atteindre 400 € le kg.
Dans ces pays, la spiruline est loin d’être indispensable ; elle constitue un produit de confort
le plus souvent utilisé par les sportifs, ou un complément alimentaire capable de pallier à la
malnutrition par déséquilibre des apports nutritionnels, aux états de fatigue et au manque
d’appétit.
Depuis quelques années, les études cliniques réalisées sur les animaux ou l’Homme se
sont multipliées. Dirigées par des chercheurs de différents pays, elles suggèrent que la
spiruline ou ses extraits exerceraient diverses actions thérapeutiques préventives voire
curatives.

Dans le but d’explorer à fond tous les trésors qu’elle recèle et de lui attribuer enfin des
bénéfices réels, il me paraît donc indispensable d’envisager les perspectives suivantes :

 Investir dans la recherche sur les techniques de culture, de façon à trouver des
solutions optimales à moindre coût pour chaque étape de la production (et jusqu’à la
distribution), toujours dans un souci du respect de l’environnement ;

 Vulgariser sa production artisanale ;

 Produire à plus grande échelle afin de réduire les coûts de production ;

 Poursuivre les recherches cliniques avec la rigueur exigée par la communauté


scientifique et médicale, afin de préciser et valider l’existence de propriétés
thérapeutiques exploitables en médecine et en diététique.

272
Des fonds seront nécessaires si on veut établir avec certitude les différentes indications
et préciser les modalités concernant l’emploi de la spiruline ou de ses extraits chez
l’Homme, en fonction de son âge et de son état physiopathologique ;

 Promouvoir ensuite son utilisation dans les programmes nationaux de lutte contre la
malnutrition ;

 Développer des techniques moins coûteuses d’extraction de ses composés actifs


spécifiques (phycocyanine, calcium-spirulan) ;

 Poursuivre les recherches concernant son utilité dans la réduction des gaz à effet de
serre.

Puisse mon travail être un vecteur de diffusion de la spiruline partout où elle pourrait aider
l’être humain et notre Planète.

273
274
Annexes

275
276
Annexe 1 : Photographies représentant différentes souches de spirulines [8]

© Antenna Technologies 2004-2007

Forme ondulée type "Paracas"

Forme spiralée type "Lonar"

Forme droite type M2

[échelle : 2,5 cm représentent 0,1 mm]

277
ANNEXE 2 : Structure biochimique de la phycocyanine [56]

sous-unité α phycocyanobiline sous-unité β


(20,5 kDa) (23,5 kDa)

278
ANNEXE 3 : Planche pour comparer les spirulines à d'autres algues [29]

© Jean-Paul Jourdan

279
ANNEXE 4 : Estimation de la production de spirulines (exprimée en tonnes)
à travers le monde, entre les années 1975 et 1999.

© 2000 Robert Henrikson, Ronore Enterprises, Inc.

280
ANNEXE 5 : Analyse et composition de la poudre de spiruline produite à
Earthrise Farm © Copyright 2004 ENI.

Physical Properties General Analysis


Composition 100% Spirulina Protein 55 - 70 %
Appearance fine powder Carbohydrates 15 - 25 %
Color dark blue-green Fats (Lipids) 06 - 08 %
Odor and Taste mild like seaweed Minerals (Ash) 07 - 13 %
Bulk Density 0.35 to 0.60 kg/liter Moisture 03 - 07 %
Particle Size 64 mesh through Fiber 08 - 10 %

Amino Acids
Essential Aminos per 10g %total Essential Aminos per 10g %total
Isoleucine 350 mg 5.6 % Phenylalanine 280 mg 4.5 %
Leucine 540 mg 8.7 % Threonine 320 mg 5.2 %
Lysine 290 mg 4.7 % Tryptophan 90 mg 1.5 %
Methionine 140 mg 2.3 % Valine 400 mg 6.5 %

Non-Essential per 10g %total Non-Essential per 10g %total


Alanine 470 mg 7.6 % Glycine 320 mg 5.2 %
Arginine 430 mg 6.9 % Histidine 100 mg 1.6 %
Aspartic Acid 610 mg 9.8 % Proline 270 mg 4.3 %
Cystine 60 mg 1.0 % Serine 320 mg 5.2 %
Glutamic Acid 910 mg 14.6 % Tyrosine 300 mg 4.8 %

Total Amino Acids : 6.2 grams per 10 grams

Vitamins (per 10 grams / % U.S. Daily Value)


Vitamins per 10g USDV %DV Vitamins per 10g USDV %DV
Vitamin A 23000IU 5000IU 460 % B1 Thiamine .35 mg 1.5 mg 23 %
Beta Carotene 14 mg 3 mg 460 % B2 Riboflavin .40 mg 1.7 mg 23 %
Vitamin C 0 mg 60 mg 0 % B3 Niacin 1.4 mg 20 mg 7%
Vitamin D 1200 IU 400 IU 300 % B6 Pyridoxine 80 mcg 2.0 mg 4%
Vitamin E 1.0 mg 30 IU 3 % Folate 1 mcg 0.4 mg 0%
Vitamin K 200 mcg 80 mcg 250 % B12 Colobalimine 20 mcg 6 mcg 330 %
Biotin 0.5 mcg 0.3 mg 0 % Pantothenic Acid 10 mcg 10 mg 1%
Inositol 6.4 mg * *%

281
Minerals (per 10 grams / % U.S. Daily Value)
Minerals per 10g USDV %DV Minerals per 10g USDV %DV
Calcium 70 mg 1000 mg 7 % Manganese 0.5 mg 2 mg 25 %
Iron 15 mg 18 mg 80 % Chromium 25 mcg 120 mcg 21 %
Phosphorus 80 mg 1000 mg 8 % Molybdenum * mcg 75 mcg *%
Iodine * mg 150 mcg * % Chloride * mg 3400 mg *%
Magnesium 40 mg 400 mg 10 % Sodium 90 mg 2400 mg 4%
Zinc 0.3 mg 15 mg 2 % Potassium 140 mg 3500 mg 4%
Selenium 10 mcg 70 mcg 14 % Germanium 60 mcg * mg *%
Copper 120 mcg 2 mg 6 % Boron * mg * mg *%

Natural Pigment Phytonutrients (per 10 grams / % total)


Pigments Color per 10g % spirulina
Phycocyanin Blue 1400 mg 14 %
Chlorophyll Green 100 mg 1.0 %
Carotenoids Orange 47 mg .47%

Natural Carotenoids (per 10 grams / % total)


Pigments Color % per 10g % spirulina
Carotenes Orange 54 % 25 mg 0.25 %
>>>Beta carotene 45 % 21 mg 0.21 %
>>>Other Carotenes 9% 4 mg 0.04 %
Xanthophylls Yellow 46 % 22 mg 0.22 %
>>>Myxoxanthophyll 19 % 9 mg 0.09 %
>>>Zeaxanthin 16 % 8 mg 0.08 %
>>>Cryptoxanthin 3% 1 mg 0.01 %
>>>Echinenone 2% 1 mg 0.01 %
>>>Other Xanthophylls 6% 3 mg 0.03 %
Total Carotenoids Orange/Yellow 100 % 47 mg 0.47 %

Natural Phytonutrients (per 10 grams / % total)


Phytonutrient Composition per 10g % spirulina
Gamma Linolenic Acid Essential Fatty Acid 130 mg 1.3 %
Glycolipids Lipid 200 mg 2.0 %
Sulfolipids Glycolipid 10 mg 0.1 %
Polysaccharides Carbohydrate & Sugar

282
ANNEXE 6 : Composition de 100g de SPIRULINA GREEN-A [109]

Copyright© 2005 Inter'China.All Rights Reserved

283
Annexe 7 : Analyse et composition de Spirulina pacifica (poudre et comprimés)
produite par Cyanotech [120]

Physical Spirulina Pacifica™ is a free-flowing green to bluish-green powder. It has a mild


Properties seaweed odor and is not soluble; it forms a suspension. The Particle is <125
(poudre) microns and Bulk Density is >0.48 (g/ml).

Typical Protein: > 52 %


Composition Moisture: < 7.0 %
(poudre) Minerals: < 14 %
Total carotenoids: > 4200 mg/kg
Beta-carotene: > 2000 mg/kg
Phycocyanin (crude): > 11 %
C-phycocyanin: > 5 %

Quality Total aerobic bacteria: < 105 cfu/gram


Control Total coliforms: < 10 cfu/gram
(poudre) E. coli: negative
Pesticides: negative
Arsenic: < 0.5 ppm
Cadmium, Lead: < 0.2 ppm each
Mercury: < 0.025 ppm
Salmonella: negative
Staphylococcus aureus: negative

Manufacturing Tablets are cold-pressed and manufactured in accordance with NPA-Good


Manufacturing Practices, and in accordance with local and State of Hawaii
(comprimés) regulations. Silica (1%), chicory inulin (0.4%), and magnesium stearate (0.1%)
are used as tableting aids. Cyanotech holds a current Food Establishment
Permit issued by the State of Hawaii and operates under an ISO 9001:2000
Quality Management System.

Typical Composition Property Limits

(comprimés)
Protein > 52 %
Moisture <7%
Minerals < 17 %
Beta-carotene > 1600 mg/kg
Total Carotenoids > 3500 mg/kg
Phycocyanin (crude) > 10 %
C-Phycocyanin > 4.5 %

Quality Control Property Limits

(comprimés)
Total aerobic bacteria < 105 cfu/gram
Total coliforms < 10 cfu/gram
E. coli negative
Salmonella negative
Staphylococcus aureus negative
Arsenic < 0.5 ppm
Cadmium < 0.2 ppm
Lead < 0.2 ppm
Mercury < 0.025 ppm
Pesticides negative

© Cyanotech octobre 2007.

284
Bibliographie

285
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c06/2005. [consulté le : 18/10/2007]. Disponible sur :
http://spirulinefrance.free.fr/Resources/Juin%202005.pdf

319. Fonds Mondial de la Solidarité contre la Faim.


De la spiruline au Chili [en ligne].
[consulté le : 19/10/2007]. Disponible sur :
http://www.globenet.org/fmsfaim/francais/solarium.htm

320. Jourdan J.P.


Solarium spirulina farm in the Atacama desert (North Chile).
Bulletin de l’Institut Océanographique de Monaco numéro spécial 12.
Monaco : Musée Océanographique ; 1993.

321
322
Table des matières

323
324
SOMMAIRE 1

LISTE DES ABREVIATIONS 5

INTRODUCTION 7

PREMIERE PARTIE : Présentation de la spiruline 11

1. La spiruline : généralités 13

1.1 Caractéristiques structurales 13


1.2 Croissance 18
1.3 Ecologie 21
1.4 Reproduction 24
1.5 Déplacement 24

2. La spiruline : de sa naissance à nos jours 25

3. Aspects nutritionnels 29

3.1 Analyse nutritionnelle qualitative et quantitative 29

3.1.1 Protéines 29
3.1.1.1 Teneur et composition 29
3.1.1.2 Utilisation protéique nette 31
3.1.1.3 Efficacité protéique 31
3.1.1.4 Rôle des protéines 32
3.1.1.5 Besoins de base en protéines pour l’organisme humain 32

3.1.2 Lipides 32
3.1.2.1 Lipides totaux 32
3.1.2.2 Acides gras 32
3.1.2.3 Lipides insaponifiables 34
3.1.2.4 Rôles des lipides et besoins spécifiques en acides gras essentiels 34

3.1.3 Glucides 35

3.1.4 Acides nucléiques 35

3.1.5 Vitamines 36
3.1.5.1 Le β-carotène (précurseur de la vitamine A) 36
3.1.5.2 Les tocophérols (vitamine E) 37
3.1.5.3 Les vitamines du groupe B 38

3.1.6 Minéraux 39

325
3.1.7 Oligo-éléments 40
3.1.7.1 Le fer 40
3.1.7.2 Le zinc 41
3.1.7.3 Le sélénium 42
3.1.7.4 L’iode 42

3.1.8 Phytonutriments et enzymes 43


3.1.8.1 Caroténoïdes naturels 43
3.1.8.2 Chlorophylle a 44
3.1.8.3 Phycocyanine 44
3.1.8.4 Superoxyde dismutase 44

3.2 Synthèse des apports quantitatifs de la spiruline, en regard 45


des apports recommandés

3.3 Préservation des nutriments et micro-nutriments 48


jusqu’à la consommation

3.4 Tolérance et acceptabilité alimentaire 49

3.4.1 Toxicité 49

3.4.2 Réactions allergiques 51

3.4.3 Risques de surdoses 51

3.4.4 Précautions d’emploi 52

3.4.5 Acceptabilité par les consommateurs 53

3.4.6 Modes de consommation 54


3.4.6.1 Dans les pays en voie de développement 54
3.4.6.2 Dans les pays riches 55

4. Différents moyens d’obtenir de la spiruline 59

4.1 Exploitation des ressources naturelles 59

4.2 Cultures familiale et artisanale 60

4.2.1 Paramètres influençant la réussite des cultures de spiruline 60


4.2.1.1 Facteurs climatiques 60
4.2.1.2 Facteurs concernant les bassins de culture 61
4.2.1.3 Facteurs liés au milieu de culture 66

4.2.2 Démarrage et conduite des cultures 66

326
4.2.3 Récolte 75
4.2.3.1 Filtration 76
4.2.3.2 Lavage et essorage 77
4.2.3.3 Séchage 78
4.2.3.4 Broyage 81

4.2.4 Conditionnement et conservation 82

4.2.5 Contrôle de la qualité bactériologique du produit fini 84

4.2.6 Etudes toxicologiques 81

4.3 Culture industrielle 85

4.3.1 En quoi diffère-t-elle de la culture artisanale ? 85

4.3.2 Principales fermes industrielles implantées dans les pays 88


industrialisés ou émergents

4.3.3 Trois exemples de culture artisanale en France 108

4.3.4 Quelques exemples de prix de vente de spiruline en France 113

4.4 Production en photobioréacteurs 115

DEUXIEME PARTIE : La spiruline dans les pays industrialisés 119

1. Différents secteurs d’activité utilisant la spiruline 121

1.1 Industrie agroalimentaire 121

1.1.1 Complément alimentaire pour les sportifs, les végétariens 121


et les personnes faisant un régime amaigrissant
1.1.1.1 Utilité chez les sportifs 121
1.1.1.2 Utilité chez les végétariens 125
1.1.1.3 Utilisation comme adjuvant de régimes amaigrissants 126

1.1.2 Nourriture pour l’aquaculture et complément 127


alimentaire pour certaines espèces animales

1.1.3 Colorant alimentaire 137

1.2 Industrie cosmétique 138

1.3 Médecine 140

327
1.3.1 Diagnostic biologique 140

1.3.2 Recherche génétique 141

1.4 Environnement 141

1.4.1 Diminution de la pollution environnementale 141


(de l’atmosphère et des sols)

1.4.2 Baisse de la consommation en eau dans le domaine 147


agroalimentaire

1.5 Recherche spatiale 148

2. Tour d’horizon des éventuelles propriétés thérapeutiques 150


de la spiruline, d’après les résultats des recherches
cliniques menées et publiées

2.1. Activité antioxydante et antiradicalaire 150

2.2. Effets sur le système immunitaire 153

2.2.1. Renforcement du système immunitaire chez 155


différentes espèces animales
2.2.2. Activité antivirale 160
2.2.3. Effets anticancéreux 166

2.3 Activité détoxifiante et protectrice de certains organes 172

2.4 Action anti-inflammatoire 179

2.5 Effets radio protecteurs 181

2.6 Effets stimulants sur la lignée érythrocytaire 183

2.7 Effets sur l’hyperlipidémie, le diabète et l’hypertension 184


artérielle

2.8 Effets sur la flore intestinale 188

2.9 Effets dans le cadre d’une déficience chronique en vitamine A 188

328
TROISIEME PARTIE : La spiruline dans les pays en voie de 191
développement

1. Quelques définitions et données épidémiologiques autour 193


de la malnutrition

1.1 La malnutrition 193

1.2 Le kwashiorkor 194

1.3 Le marasme 194

1.4 Le kwashiorkor marasmique 194

1.5 Données épidémiologiques 194

2. Causes de la malnutrition dans les pays du tiers-monde 199

2.1 Insécurité alimentaire des ménages 199

2.2 Insuffisance des services de santé et d’assainissement 200

2.3 Mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux 201
femmes

3. Manifestations cliniques et biologiques de la malnutrition 202

3.1 Aspects cliniques 202

3.1.1 En cas de kwashiorkor 202

3.1.2 En cas de marasme 203

3.1 Anomalies biologiques 204

4. Evolution et pronostic 206

5. Conséquences de la malnutrition à plus ou moins long terme 206

6. En quoi la spiruline représente-t-elle un espoir dans le 211


combat contre la malnutrition ?

329
6.1 Réhabilitation nutritionnelle avec la spiruline au Burkina Faso 211

6.2 Evaluation de l’efficacité de la supplémentation en spiruline 216


auprès d’enfants atteints de malnutrition sévère, au Niger

6.3 Essai de réhabilitation nutritionnelle au Sénégal 222

6.4 Etude sur les bénéfices nutritionnels de la spiruline, 226


réalisée en Inde du sud

6.5 Etude menée en Chine 228

6.6 Etudes menées au Zaïre 229

6.7 Etude menée au Togo 230

6.8 Etude menée au Vietnam 231

7. Problèmes rencontrés par les initiateurs de projets 232


d’exploitation de spiruline dans ces pays

7.1 Première difficulté majeure : la maîtrise de la culture 232

7.2 Deuxième difficulté majeure : la formation du personnel local 233

7.3 Troisième difficulté majeure : la pérennité de l’exploitation 234

7.4 Quatrième difficulté majeure : le contexte économique mondial 236

8. Conseils pour faciliter la réussite d’un projet 238


d’exploitation de la spiruline sur du long terme
8.1 Choix des partenaires 238

8.2 Mission préparatoire 239

8.3 Rédaction et signature d’une convention de projet 239

8.4 Etude d’avant-projet 240

8.5 Recherche de fonds 240

330
8.6 Etude technique détaillée 240

8.7 Construction 240

8.8 Formation du personnel et démarrage de la culture 240

8.9 Suivi de l’exploitation, circuits humanitaires et commerciaux 243

9. Principales associations intégrant dans leurs projets, 245


la culture de spiruline dans les PVD
9.1 Antenna Technologies 245

9.2 TECHNAP 246

9.3 CODEGAZ 246

9.4 Targuinca 247

9.5 CREDESA 248

9.6 OCADES 249

9.7 ALCMK 249

10. Exemples de productions locales de spiruline 251

10.1 En Afrique 251

10.1.1 BURKINA FASO 251


10.1.2 BENIN 255
10.1.3 NIGER 257
10.1.4 MALI 259
10.1.5 MADAGASCAR 261
10.1.6 Autres lieux de production locale 264

10.2 En Asie 265

10.3 En Amérique du sud 267

331
CONCLUSION 269

ANNEXES 275

BIBLIOGRAPHIE 285

TABLE DES MATIERES 323

332

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