Thèse Dépressionunipolaireetbipolaire
Thèse Dépressionunipolaireetbipolaire
Thèse Dépressionunipolaireetbipolaire
UFR DE MEDECINE
THESE
Pour le
DOCTORAT EN MEDECINE
(Diplôme d’État)
PAR
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Membres du Jury :
PRESIDENT DE L'UNIVERSITE et
PRESIDENT DU CONSEIL ACADEMIQUE PLENIER : BERNARD Mathias
PRESIDENT DU CONSEIL ACADEMIQUE RESTREINT : DEQUIEDT Vianney
VICE-PRESIDENT DU CONSEIL D'ADMINISTRATION : WILLIAMS Benjamin
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VICE PRESIDENTE DE LA COMMISSION DE LA
FORMATION ET DE LA VIE UNIVERSITAIRE : PEYRARD Françoise
DIRECTEUR GENERAL DES SERVICES : PAQUIS François
UFR DE MEDECINE
ET DES PROFESSIONS PARAMEDICALES
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MM. BACIN Franck - BEGUE René-Jean - BOUCHER Daniel - BOURGES Michel - BUSSIERE Jean-
Louis - CANO Noël - CASSAGNES Jean - CATILINA Pierre - CHABANNES Jacques – CHAZAL
Jean - CHIPPONI Jacques - CHOLLET Philippe - COUDERT Jean - DASTUGUE Bernard -
DEMEOCQ François - DE RIBEROLLES Charles - ESCANDE Georges - Mme FONCK Yvette - MM.
GENTOU Claude - GLANDDIER Gérard - Mmes GLANDDIER Phyllis - LAVARENNE Jeanine -
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Jean-Claude - MICHEL Jean-Luc - Mme MOINADE Simone - MM. MOLINA Claude - MONDIE
Jean-Michel - PERI Georges - PETIT Georges - PHILIPPE Pierre - PLAGNE Robert - PLANCHE
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RISTORI Jean-Michel - ROZAN Raymond - SCHOEFFLER Pierre - SIROT Jacques - SOUTEYRAND
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HORS CLASSE
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1ère CLASSE
MAITRES DE CONFERENCES DE
2ème CLASSE
Vous nous avez fait le plus grand honneur d’accepter la présidence de ce jury de thèse.
Nous tenons à vous remercier pour votre accompagnement durant notre parcours universitaire,
votre soutien dans notre projet. La confiance que vous nous accordez dans votre service nous
honore.
Veuillez trouver avec ce travail l’expression de nos remerciements les plus sincères.
Soyez assuré de notre gratitude et de notre plus grand respect.
À NOTRE JURY DE THÈSE
Vous nous faites l’honneur d’accepter cette invitation et de juger notre travail.
Vous nous avez aidés dans l’élaboration de ce travail et fait profiter de vos connaissances.
Vous avez soutenu notre projet et la confiance que vous nous accordez au sein de votre équipe
d’accueil nous honore profondément.
Nous vous prions de bien vouloir trouver ici l’expression de notre profond respect.
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Vous avez spontanément accepté de juger notre travail et nous vous en remercions sincèrement.
Votre savoir dans le domaine de la neuro-imagerie et votre dynamisme sont un modèle pour
nous.
Soyez assurée de notre profond respect.
DÉDICACES PERSONNELLES
À ma femme Mihaela qui me soutient de tout son amour et son intelligence, et avec qui je
partage une existence heureuse,
À notre fille Constance, « la curieuse », petit essentiel de bonheur.
À mes parents Martine et Gilles, qui m’ont éduqué et accompagné de la meilleure des façons,
À mon petit frère Thibault et le bonheur de se construire dans une fratrie,
À toute ma famille, ma marraine Chantal et mon parrain Denis qui me soutiennent tant dans ma
vie personnelle que professionnelle ; un clin d’œil à François qui a semé la graine de la
médecine dans mon parcours et à Clémence qui est partie me croyant « Docteur des chèvres »,
à Coco pour la relecture minutieuse,
À la famille Honciuc, pour leur accueil très attentionné et cette agréable rencontre culturelle, à
Anca qui a fait le déplacement en Auvergne, promis nous irons aux champignons,
Aux amis Allagnatois qui m’ont enseigné le « bon sens des campagnes », une psychothérapie
à développer sans aucun doute, à Gandou et les repos de garde à taquiner la truite,
À tous mes amis, mon copain Mehdi et notre amitié indéfectible, Julien mon binôme
d’excellence, Don Camillo et le Puy-de-Dôme sans p’tit plateau, Xav’ La dech’ toujours partant
pour le meilleur et pour le pire, Adrien pour mon éveil musical, Mathieu et les RCP pétanque,
Alex et le partage de l’amour de la lecture, Grand-Duc et notre amitié hors d’âge et millésimée,
Nico que j’espère retrouver sur les sommets, Claire, Maïfa, Romain, Rémi et ma dernière garde
de « somatique » d’anthologie, Aude ma styliste, Célian et notre engagement associatif, Rémi
et Thomas et notre amitié virile, Virginie qui m’a ouvert les yeux sur la génétique, Vincent,
Émile, Juju, Solène, Caro, Sébastien Jérémy, Méja, Jean-Baptiste, les amis de la spécialité,
Maxime, Lionel, Carole, Elsa pour les tarots houblonnés, Mathilde, Aurore, Caro, Mike,
Benjamin, Tom notre bâtisseur talentueux, Marie, Léo, Morgane mes amis d’enfance, Mathieu
et nos 103 Peugeot,
À tous les professionnels, des CMP A et B et du CHSM, que j’ai rencontrés dans mon parcours
de médecin et qui m’ont tous beaucoup apporté, à mes maîtres : Chloé, Julie, Rémi, Stéphane,
Marion, Dominique, Sabine, Magali, Fanny, Christine.
À tous ceux que j’oublie et qui n’auront pas la joie de prendre la poussière à la BU dans cette
thèse mais qui savent la valeur de notre amitié.
LISTE DES ABRÉVIATIONS :
AA : Arachidonic Acid
ACC : Anterior Cingular Cortex
AC-PC : Anterior to Posterior Commissure
ASRM : Altman Self-Rating Mania Scale
BD I, BD II : Bipolar Disorder I, Bipolar Disorder II
BDI : Beck Depression Inventory
BDRN : Bipolar Disorder Research Network
BET : Brain ExTraction
BOLD : Blood Oxygen Level Dependent
CDF-15 : Growth Differentiation factor 15
Cho : Choline
Cr : Creatine
CRLB : Cramér – Rao Lower Bounds
CRP : C Reactive Protein
DHA : DocosaHexaeonic Acid
DLPFC : Dorso-lateral PreFrontal Cortex
DSM 5 : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders – 5th Edition
EEG : Electro-EncéphaloGramme
EPA : EcosaPentaeonic Acid
FLAME : FMRIB’s Local Analysis of Mixed Effects
FLIRT : FMRIB’s Linear Image Registration Tool
FOV : Field Of View
FPPFC : FrontoPolar PreFrontal Cortex
FSL : FMIRB’s Software Library
FSPGR : Fast SPoiled GRadient-echo
FWHM : Full Width at Half Maximum
GABA : Gamma-AminoButiric Acid
GBD : Glutamate-Based Depression
Glx : Glutamine-glutamate-GABA complex
HAS : Haute autorité de santé
HC : Healthy Control
1H-MRS : Proton Magnetic Resonance Spectroscopy
HPN : HePsiN
HPX : HemoPeXin
IRMf : Imagerie par Résonnance Magnétique fonctionnelle
ITI : Inter-trial Interval
Lac : Lactate
Lip : Lipids
MADRS : Montgomery-Asberg Depression Rating Scale
MCFLIRT : Motion Correction FLIRT
MCP-1 : Monocyte Chemoattractant Protein 1
MDD : Major Depressive Disorder
mI : myo-inositol
MMP-7 : Matrix MetalloProteinase 7
MNI : Montreal Neurological Institute
MPAs : Minor Physical Anomalies
NAA : N-Acetyl Aspartate
NAcc : Noyau Accumbens
NEX : Nombre d’EXcitations
NIMH : National Institute of Mental Health
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PEPSI : Proton Echo-Planar Spectroscopy Imaging
ppm : parties par million
PRESS : Point RESolved Spectroscopy
RBP-4 : Retinol-Binding Protein 4
RDoC : Research Domain Criteria
RMN : Resonance Magnetic Nuclear
ROC (courbe) : Receiver Operating Characteristic
ROI : Region Of Interest
rsFC : resting state Functional Connectivity
SCID : Structured Clinical Interview for DSM
sIL-2R : soluble InterLeukin-2 Receptor
sIL-6R : soluble InterLeukin-6 Receptor
SRM : Spectroscopie par Résonnance Magnétique
sTNF-R1 : soluble Tumor Necrosis Factor Receptor 1
TE : Echo Time
TI : Inversion Time
TR : Reception Time
TTR : TransThyRetin
VBM : Voxel Based Morphometry
VOI : Volume Of Interest
YMRS : Young Mania Rating Scale
I. INTRODUCTION .............................................................................................................. 1
1. Clinique ...................................................................................................................... 5
3. Épidémiologie .......................................................................................................... 10
1. Clinique .................................................................................................................... 15
2. Nosographie ............................................................................................................. 17
3. Épidémiologie .......................................................................................................... 19
A. Introduction .................................................................................................................. 45
1. L’affect ..................................................................................................................... 46
1. Généralités ................................................................................................................ 49
2. Participants ............................................................................................................... 50
3. Paradigme ................................................................................................................. 52
4. Les acquisition IRM ................................................................................................. 54
E. Résultats ....................................................................................................................... 56
1. Matériel .................................................................................................................... 68
2. Méthode .................................................................................................................... 68
b) Mesures ................................................................................................................ 69
C. Résultats ....................................................................................................................... 71
C. Perspectives .................................................................................................................. 85
1. En imagerie fonctionnelle ........................................................................................ 85
2. En spectroscopie ....................................................................................................... 86
20
Tableau 1 : Critères d’évaluation du risque suicidaire, recommandations HAS de juin 2015.
.................................................................................................................................................. 22
Tableau 2 : Prise en charge pharmacologique du trouble bipolaire dans les épisodes maniaques,
dépressifs et les phases de maintenance 26 . ............................................................................. 25
Tableau 3 : Définition proposée du trouble du spectre bipolaire. 30.......................................... 27
Tableau 4 : Exemple de Matrice RDoC du NIMH. Version 1, sauvegarde juillet 2016. ......... 47
Tableau 5 : Caractéristiques démographiques et cliniques des participants des groupes sujet sain
(HC), trouble de l'humeur bipolaire de type II (BDII) et trouble de l'humeur unipolaire (MDD).
.................................................................................................................................................. 59
Tableau 6 : Principaux métabolites mesurés en SRM proton et signification. ........................ 70
I. INTRODUCTION
L’épisode dépressif caractérisé marque l’entrée dans le soin plus que l’entrée dans la
maladie. Le clinicien ne voit que très rarement des patients en phase symptomatique
hypomaniaque car cet état est limité dans le temps et n’est pas accompagné de plainte de la part
du patient, qui peut même le trouver bénéfique. Seule l’anamnèse minutieuse permettra peut-
être d’identifier des prodromes ou des traits pré-morbides de susceptibilité. La différenciation
entre trouble de l’humeur bipolaire et unipolaire est majeure car le traitement de la phase aiguë
dépressive, le traitement de maintien, les mesures associées, l’éducation thérapeutique et
l’information donnée au patient sur le pronostic ne seront pas les mêmes.
À ce jour, il n’existe pas de consensus sur un élément clinique pour faire la distinction
entre l’épisode dépressif du trouble bipolaire de type II et celui du trouble unipolaire. Dans la
nosographie actuelle, le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders – DSM 5,
l’épisode dépressif caractérisé a une description unique, et seuls les autres épisodes associés,
notamment l’identification d’une période d’excitation maniaque ou hypomaniaque, permettent
de différencier le trouble unipolaire du trouble bipolaire. L’amélioration de la prise de décision
du médecin spécialiste pourrait être facilitée par l’utilisation de critères plus objectifs et
1
discriminants, qui n’existent pas à ce jour. La recherche de tels critères est l’objet de recherche
des neurosciences cliniques et fondamentales.
Les neurosciences cognitives ont pour objet l’étude des bases neurales de la pensée.
Leurs apports conceptuels enrichissent la compréhension que nous avons des troubles mentaux,
comme le trouble de l’humeur et sa composante « dépression » par exemple. À l’heure actuelle,
ces apports sont d’ordre génétique, moléculaire, morphologique, physiologique et clinique. Ils
sont parcellaires et soumis à débat, mais la compréhension des mécanismes, qui sous-tendent
les troubles psychiatriques, s’affine.
Le travail que nous vous présentons porte sur la distinction entre le trouble dépressif
caractérisé, ou trouble de l’humeur unipolaire, et le trouble de l’humeur bipolaire de type II.
Nous faisons l’hypothèse que si nous parvenons à mettre en évidence un des mécanismes qui
sous-tend ces deux troubles, et qui aurait un profil différent pour ces deux troubles, cette
particularité pourrait se retrouver au cours de l’épisode dépressif caractérisé. L’épisode
dépressif caractérisé du trouble de l’humeur unipolaire et celui du trouble de l’humeur bipolaire,
dont les critères diagnostiques cliniques sont les mêmes, se verraient alors discriminés par un
critère complémentaire objectif.
Dans notre exposé, nous commencerons par les descriptions cliniques des troubles de
l’humeur unipolaire et bipolaire, l’exposition des critères diagnostiques de la nosographie
actuelle et des grandes lignes de leur prise en charge. Nous donnerons quelques éléments
épidémiologiques pour les mettre en perspective avec les enjeux de santé publique.
La partie suivante sera consacrée à une revue de la littérature sur les connaissances
actuelles qui permettraient de différencier le trouble dépressif unipolaire du trouble de l’humeur
bipolaire. Ces connaissances regroupent des arguments forts, des résultats préliminaires
intéressants attendant d’être répliqués et des hypothèses de travail. Nous verrons que ces
connaissances se recoupent et que certaines commencent à apporter une compréhension sur la
physiopathologie de ces troubles. Parmi l’ensemble des pistes empruntées par les
neurosciences, nous nous focaliserons sur les travaux menés sur notre problématique, de la
manière la plus exhaustive possible, en détaillant les aspects de neuro-imagerie fonctionnelle
et métabolique qui ont motivé notre travail de recherche. Nous ferons un bref rappel sur les
circuits de la récompense pour illustrer la partie sur la neuro-imagerie.
2
La troisième partie présentera notre travail de recherche de neuro-imagerie
fonctionnelle. Nous introduirons la notion d’affect, qui est à la fois une composante clinique
bien identifiée des troubles de l’humeur, mais aussi un objet singulier d’étude des neurosciences
qui peut être exploré à différents niveaux. Ces différents niveaux d’études sont organisés dans
des matrices que nous présenterons brièvement pour illustrer la démarche de recherche dans
laquelle s’inscrit notre étude. Ce travail a été réalisé au cours d’une mobilité à Cardiff (Pays de
Galles) lors de mon master 2 de neurosciences cliniques et fondamentales de l’université Claude
Bernard, Lyon 1. J’étais alors rattaché à l’équipe d’accueil NPsy-Sydo de Clermont-Ferrand.
C’est une étude sur l’activité du striatum ventral au cours d’un paradigme d’activation
d’anticipation d’une récompense à l’IRM fonctionnelle. Les trois groupes de sujets que nous
avons comparés sont des patients présentant un trouble de l’humeur bipolaire de type II en
phase euthymique (ou inter-épisodique), un groupe de patients avec un trouble de l’humeur
unipolaire en phase euthymique et un groupe contrôle de sujets dits sains.
Dans une dernière partie, nous discuterons ces premiers résultats et exposerons la
dynamique dans laquelle s’inscrivent nos travaux et ce qu’ils pourraient apporter, tant en termes
de connaissances fondamentales qu’en termes d’application clinique concrète dans
l’identification de biomarqueurs des troubles de l’humeur, pour l’amélioration de la prise en
charge des patients.
3
II. GÉNÉRALITÉS SUR LES TROUBLES DE L’HUMEUR
La première description d’un trouble de l’humeur date de 1 300 avant Jésus Christ dans
le poème du « Juste Souffrant ». Un haut fonctionnaire babylonien se voyait désemparé, quitté
de toute force, négligé, sans dignité et envahi de présages effrayants. Sa déchéance
psychologique, physique et sociale a duré 2 ans, jusqu’à ce que le dieu Marduck le libère. Les
babyloniens décrivaient déjà la clinique de troubles neurologiques et psychiatriques. 1 La
première trace écrite du lien fait entre la mélancolie et la manie, et donc du premier « diagnostic
2
de trouble bipolaire » de l’histoire, date d’un siècle avant Jésus Christ. Ce lien fut établi par
Arétée de Cappadoce. L’alternance des épisodes maniaques et dépressifs a ensuite été décrite
par T. Willis au XVIIème siècle. C’est E. Kraeplin qui a réuni les troubles de l’humeur,
bipolaires et unipolaires, dans le grand ensemble de la psychose maniaco-dépressive. Cet
ensemble distinguait 18 types évolutifs. La dichotomie a ensuite été réintroduite par K. Kleinst
et K. Leonhard, puis confirmée par C. Perris, J. Angst et G. Winokur. 3–5
D’un point de vue méthodologique, Moore utilise en 1930 l’analyse factorielle pour
étudier les troubles psychiatriques. Les premières échelles d’évaluations standardisées, pour
l’usage infirmier, sont publiées dans les années 1940. Le premier essai clinique contrôlé est
publié en 1957,6 année où sont proposés les premiers critères diagnostics de la maladie
maniaco-dépressive.7
4
Dans notre exposé nous présenterons plus en détail le trouble dépressif caractérisé et le
trouble de l’humeur bipolaire de type II car notre travail s’intéresse à ce qui pourrait permettre
de les discriminer.
1. Clinique
Un épisode dépressif marque une rupture avec un état antérieur. Cette rupture peut être
brutale ou insidieuse. La clinique est riche et la période d’état symptomatique comporte des
symptômes de différentes natures, qui peuvent être discrets ou au contraire très bruyants et au
premier plan, qui seront présent pendant plusieurs semaines. 9
5
L’hyperémotivité peut se manifester par l’effondrement qu’éprouve le patient à
la prise de conscience d’une difficulté d’un tiers, ou lorsqu’il compare à ses
difficultés en cours, au souvenir de son état pré-symptomatique ou à la bonne
santé d’autrui.
L’irritabilité et la colère peuvent elles aussi être la réponse à un tracas mineur.
Elles peuvent être la réponse à un sentiment d’incompréhension de l’entourage
ou à une frustration de ne plus pouvoir mener sa vie comme auparavant. Elles
sont non seulement éprouvées par le patient mais également souvent exprimées.
6
Les idées suicidaires apparaissent comme de simples images intrusives puis
font l’objet de ruminations. La mort est d’abord envisagée de manière passive,
puis de manière plus active. L’idée d’autolyse se présente avec de nombreuses
alternatives comme la guérison ou les pensées dites « velcros » (ne pas pouvoir
abandonner un proche, laisser une tâche inachevée). Les patients parlent
volontiers de ce type d’idées, et évoquer ces idées ne les provoque pas. Il est
donc indispensable d’interroger les patients sur cet aspect à chaque entretien
clinique. La prise en charge de ces idées constitue une urgence médicale.
7
réponses aux questions ont un délai qui s’allonge alors que le regard est fuyant,
perdu à l’horizon. L’état de stupeur correspond à l’état le plus sévère. A
l’inverse, le patient peut présenter un état d’agitation anxieuse et d’instabilité
psychomotrice. Le discours est alors répétitif et stérile. Cet état doit faire
craindre un raptus anxieux et justifie une hospitalisation.
Dans l’usage clinique comme dans la recherche, le trouble dépressif caractérisé est
communément diagnostiqué selon les critères du DSM 5.8 Dans cette 5ème édition, la définition
est restée stable pour ce trouble par rapport aux éditions précédentes. Pour retenir le trouble
dépressif caractérisé, 5 symptômes sur les 9 définis (dont au moins l’humeur dépressive ou
8
l’anhédonie) doivent être présents sur une période d’au moins deux semaines et représentant un
changement par rapport au fonctionnement antérieur de l’individu. Ces 9 symptômes sont :
1. Humeur dépressive présente quasiment toute la journée (se sentir vide, triste, sans
espoir)
2. Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités
quasiment toute la journée
3. Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime, ou diminution ou
augmentation de l’appétit presque tous les jours
4. Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours
5. Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours
6. Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours
7. Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être
délirante) presque tous les jours
8. Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision, presque tous les
jours
9. Pensées de mort récurrentes.
Les symptômes doivent induire une détresse cliniquement significative ou une altération
du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants. Ils ne doivent
pas être imputables aux effets physiologiques d’une substance ou d’une autre affection
médicale.
L’ensemble de ces critères signe l’épisode dépressif caractérisé si leur survenue n’est
pas mieux expliquée par un trouble schizoaffectif, une schizophrénie, un trouble
schizophréniforme, un trouble délirant ou d’autres troubles spécifiés ou non spécifiés du spectre
de la schizophrénie ou d’autres troubles psychotiques.
9
Le trouble dépressif caractérisé est subdivisé en deux catégories :
- Épisode unique
- Épisode récurrent
La définition du trouble est donc confondue avec celle de l’épisode si ce dernier est
isolé.
Ces deux subdivisions sont elles-mêmes définies selon leur sévérité et leur évolution :
- Léger
- Moyen
- Grave
- Avec caractéristiques psychotiques
- En rémission actuelle
- En rémission complète
- Non spécifié – Annexe 2.
3. Épidémiologie
Selon l’organisation mondiale de la santé, les troubles mentaux constituent une des plus
lourdes charges en termes de morbidité dans le monde, affectant environ 450 millions de
personnes. Le trouble dépressif caractérisé est une pathologie commune et complexe. La
prévalence vie entière de ce trouble est de l’ordre de 15%. 10 Presque 7,5% des 15-85 ans vont
faire l’expérience d’un épisode du trouble dépressif caractérisé, dont la moitié d’intensité
modérée à sévère selon les données INPES.11,12 La prévalence annuelle peut atteindre 25% dans
la population avec une affection médicale chronique.13 Les facteurs de risque sont
multifactoriels, génétiques, médicaux, sociaux et environnementaux.
4. Évolution et pronostic
10
pelvienne), des symptômes neurovégétatifs ou des modifications cognitives. L’évolution est
variable, certains patients ne connaissent pas de période de rémission (de plus de 2 mois sans
symptôme ou très peu et de faible intensité), d’autres n’auront plus de symptômes, pendant
plusieurs années, entre deux épisodes de faible intensité.
Distinguer les patients qui présentent une exacerbation de symptômes d’un trouble
dépressif de ceux qui présentent des symptômes d’apparition récente est important pour prédire
l’évolution de la maladie. La survenue récente de symptômes est associée à une récupération
probable à court terme. Certains patients dont l’épisode n’a débuté que depuis quelques mois
peuvent même présenter une rémission spontanée. La chronicisation des symptômes fait
décroitre les chances que les traitements conduisent à une rémission complète. Les rémissions
incomplètes sont également associées à la présence de symptômes psychotiques, de symptômes
sévères, d’une anxiété prédominante et de troubles de personnalité. 14
La plupart des patients avec des symptômes d’un trouble dépressif caractérisé évoluent
vers une amélioration clinique. Le début du rétablissement survient typiquement 3 mois après
le début des symptômes pour 40% des patients, et dans l’année pour environ 80% d’entre eux.
Une étude observationnelle prospective de patients présentant un trouble dépressif caractérisé
rapporte que 70% parviennent à une rémission : 43% en 6 mois avec un maintien supérieur à 3
ans, 40% avec des fluctuations entre rechute et rémission, et une minorité, 17%, demeurera
15
symptomatique sans période de rémission. Ces données sont similaires à la proportion des
33% des patients qui ne répondent pas à 4 lignes de traitement lors d’un essai : the Sequenced
Treatment Alternatives to Relieve Depression (STAR*D), mais moins que ce qui fut constaté
dans une cohorte finlandaise.16,17
Les symptômes dépressifs résiduels tels que la fatigue, les dysfonctions cognitives et
l’insomnie, peuvent persister après un traitement bien conduit. 18 La persistance de symptômes
après le traitement augmente le risque de récurrence d’épisode du trouble dépressif caractérisé.
Ces symptômes impactent négativement la qualité de vie du patient.
11
5. Prise en charge thérapeutique et suivi
Le deuxième volet est celui du suivi et des conseils de mode de vie. Ce suivi doit prendre
en compte les comorbidités, les prises de toxiques et l’automédication. Il doit également
permettre de vérifier les contre-indications aux traitements pharmacologiques et surveiller la
survenue d’effets indésirables, cela pour inciter à l’adhésion et à l’observance au traitement
proposé. Les conseils de mode de vie ne sont pas spécifiques au trouble dépressif caractérisé.
Les points clefs sont le respect des rythmes de vie, notamment le cycle nycthéméral, une activité
physique et sociale régulière et éviter la consommation de substances psychoactives.
12
Figure 1 : Stratégie thérapeutique globale de l’épisode dépressif caractérisé d’intensité sévère
de l’adulte.19
Le quatrième volet concerne les psychothérapies. Ces psychothérapies sont choisies en
fonction des préférences du patient, de l’efficacité de psychothérapies antérieures, des
compétences du clinicien, et de l’accessibilité financière. Il n’existe pas de données
comparatives entre les différentes approches, toutes les psychothérapies peuvent alors être
mises en œuvre. Elles peuvent être individuelles, familiales ou en groupe. Elles sont toutes
13
structurées à l’exception de la psychothérapie de soutien qui est propre à la relation de soins.
Les psychothérapies recommandées sont les suivantes :
- Psychothérapies de soutien
- Thérapies cognitivo-comportementales
- Psychothérapies psychodynamiques ou d’inspiration analytique
- Thérapies systémiques
- Psychothérapies interpersonnelles
- Thérapies d’acceptation et d’engagement
Le cinquième volet porte sur les antidépresseurs. Le choix de la molécule devrait être
guidé par le profil de tolérance et la simplicité de mise en place. En raison de cela, les inhibiteurs
sélectifs de la recapture de la sérotonine, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la
noradrénaline et la classe « autres antidépresseurs » (à l’exception de la tianeptine qui crée des
dépendances et de l’agomélatine hépatotoxique) sont les traitements de première intention. Les
tricycliques sont recommandés en seconde intention en raison de leur risque de toxicité
cardiovasculaire. Les inhibiteurs de la monoamine oxydase font l’objet d’une prescription
spécialisée, en « dernier recours », en raison de leur toxicité (hépato-toxicité et hypotension
artérielle, sauf si consommation d’amines sympathicomimétiques ou d’aliments riches en
tyramine où des crises hypertensives sont alors observées) et de leurs nombreuses interactions.
L’évaluation de l’efficacité, de la tolérance et du risque suicidaire justifie un suivi rapproché.
La recherche de la dose minimale efficace est la règle. La co-prescription de benzodiazépines
peut être justifiée en début de traitement. La durée de prescription d’un antidépresseur pour un
premier épisode doit se poursuivre 6 mois à un an après la rémission pour prévenir les rechutes.
L’arrêt du traitement doit être progressif, en concertation entre le médecin prescripteur et son
patient. Il peut exister des signes de sevrage en cas d’arrêt brutal.
Les derniers volets apportent des précisions sur l’attention qui doit être accordée à
l’entourage et aux populations de patients spécifiques que sont les personnes âgées et les
femmes enceintes.
14
C. Le trouble bipolaire
1. Clinique
15
avec un bon niveau de fonctionnement socio-professionnel, ce qui explique que cet état ne soit
que très rarement un motif de consultation médicale.
Nous allons décrire l’épisode maniaque pour lequel la symptomatologie est plus
évidente.9 Dans sa forme la plus caractéristique, le patient est très enjoué et la mimique est très
expressive. Le discours est spontané, il est difficile d’interrompre le patient qui présente une
agitation psychomotrice. Contrairement à la négligence que l’on retrouvait dans l’épisode
dépressif, l’habitus sera ici plus soigné, plus coloré et bien souvent extravagant.
- L’humeur qui est exaltée, de tonalité très positive. La perte de la juste distance
interpersonnelle s’accompagnera de familiarité. La labilité émotionnelle peut être
importante, avec des passages rapides du rire aux larmes. L’irritabilité est aussi souvent
associée. L’estime de soi augmentée et l’optimisme affirmé peuvent conduire le patient
à se lancer dans des projets démesurés, on parle alors de mégalomanie. L’hypersyntonie
est une hyperesthésie affective qui conduit le patient à ressentir les émotions de son
environnement affectif de manière exagérée. L’hypersensorialité donne à ces épisodes
une tonalité de plénitude due à l’acuité augmentée des perceptions sensorielles.
- L’hyperactivité physique se manifeste par une insomnie sans fatigue, avec des réveils
de plus en plus précoces, une absence de sentiment de fatigue. Ce symptôme est
important car il peut entretenir l’épisode maniaque. Un amaigrissement peut être associé
à la dépense énergétique accrue, due à l’hyperactivité, qui ne s’accompagne pas d’une
hausse des apports caloriques. La désinhibition conduit souvent les patients à des
difficultés personnelles (« engagements » affectifs fréquents) et professionnelles
16
(changement d’activité, excès d’activité stérile ou engagement dans des escroqueries).
Les actes médico-légaux sont fréquents.
- Le trouble de l’humeur bipolaire de type I (BDI), qui associe des épisodes de manie et
des épisodes dépressifs
- Le trouble de l’humeur bipolaire de type II (BDII), qui associe des épisodes
d’hypomanie et des épisodes dépressifs
- Le trouble cyclothymique, qui se défini par une succession sur une durée minimale de
2 ans de périodes d’hypomanie et de dépression légère. Ce trouble constitue une forme
atténuée de trouble bipolaire.
Le trouble de l’humeur bipolaire de type II est un trouble qui va associer des épisodes
dépressifs caractérisés et des phases hypomaniaques entrecoupées de phases inter-épisodiques,
avec ou sans symptômes résiduels. C’est un trouble pour lequel l’enjeu diagnostique est
important, car les phases hypomaniaques sont rarement le motif d’une consultation en
psychiatrie, les patients ne s’en plaignant pas. Elles devront être recherchées à l’anamnèse, car
le diagnostic d’un trouble de l’humeur bipolaire de type II conduit à une prise en charge
différente du trouble de l’humeur unipolaire.
2. Nosographie
Nous ne présenterons pas de nouveau dans cette partie les critères de l’épisode dépressif
caractérisé car ils sont les mêmes que ceux du trouble dépressif caractérisé. Cela fait de
l’épisode dépressif caractérisé un épisode peu spécifique du trouble de l’humeur unipolaire ou
bipolaire.8
17
L’épisode maniaque est défini comme une période nettement délimitée durant laquelle
l’humeur est élevée, expansive ou irritable. 8 L’augmentation anormale et persistante de
l’activité ou du niveau d’énergie persiste la plupart du temps, presque tous les jours, pendant
au moins 1 semaine. Parmi 9 critères, 3 doivent être présents avec une intensité significative,
c’est-à-dire marquant une rupture avec le comportement habituel :
Les modifications du niveau d’énergie doivent être présentes presque tous les jours
pendant au moins 4 jours consécutifs. L’épisode doit s’accompagner de modifications
indiscutables du fonctionnement, manifestes pour les autres. La sévérité de l’épisode n’est pas
suffisante pour entraîner une altération marquée du fonctionnement socio-professionnel ni une
hospitalisation. Les symptômes psychotiques sont exclus car ils sont une des signatures d’un
épisode maniaque. Enfin l’épisode ne doit pas être imputable aux effets physiologiques d’une
substance – Annexe 4.
18
b) Le trouble bipolaire de type I et II et le trouble cyclothymique.
Les critères diagnostiques des troubles bipolaires I doivent répondre à ceux d’au moins
un épisode maniaque.8 La survenue de l’épisode ne doit pas être mieux expliquée par un trouble
schizotypique, une schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant ou un autre
trouble du spectre de la schizophrénie ou un autre trouble psychotique spécifié ou non spécifié.
Le trouble est défini par son épisode en cours, sa rémission partielle ou complète, sa sévérité et
ses caractéristiques psychotiques – Annexe 5.
Le trouble bipolaire de type II sera retenu si le patient rempli les critères pour au moins
un épisode hypomaniaque et au moins un épisode dépressif, qu’il n’a jamais présenté d’épisode
maniaque, que les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un trouble schizoaffectif, une
schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant ou un autre trouble spécifié ou
non spécifié du spectre de la schizophrénie et autres troubles psychotiques 8 – Annexe 6.
3. Épidémiologie
Le trouble de l’humeur bipolaire, tel qu’il est diagnostiqué par la définition du DSM 5,
concerne 1 à 2 % de la population générale. Des enquêtes épidémiologiques portant sur la
19
prévalence de ce trouble et ses formes atténuées répondant à une définition étendue estiment
cette prévalence vie entière de 3,4 à 6,4%. 21
4. Évolution et pronostic
La totalité des épisodes représente 20% de la vie des patients et une évolution
22
défavorable concernerait 41% des patients. Des études de suivi plus récentes montrent des
taux plus importants. Sur une période de suivi de 13 ans, les patients présentaient des
symptômes pendant 50 % du temps, majoritairement à polarité dépressive.23,24 Selon l’OMS, il
fait partie des 10 maladies les plus coûteuses et invalidantes au plan mondial. Le taux de
mortalité est deux à trois fois supérieur pour la population de patients présentant ce trouble que
celui de la population générale. Le risque suicidaire est estimé à 15% dans la population non
prise en charge. La souffrance s’étend à l’entourage du patient. Le trouble expose également le
patient à la désocialisation et à la justice par la perte de contrôle qu’il entraîne. La comorbidité
avec l’abus de substance toxiques s’élèverait à 60%.
Sans traitement, le trouble bipolaire évolue vers une aggravation de la maladie avec des
25
épisodes de plus en plus fréquents et intenses. Identifier ce trouble et le prendre en charge
précocement est un enjeu de premier plan. Seul 5 à 15% des patients atteint de trouble bipolaire
de type II évolueront vers un trouble de type I.
20
5. Prise en charge thérapeutique et suivi
a) Introduction, évaluation
Pour le trouble de l’humeur bipolaire, les recommandations HAS de juin 2015 indiquent
qu’un avis spécialisé est requis 20 – figure 3.
Figure 3 : Arbre décisionnel des recommandations de l’HAS de juin 2015 sur le trouble
bipolaire.20
21
Tableau 1 : Critères d’évaluation du risque suicidaire, recommandations HAS de juin 2015. 20
L’épisode maniaque est une urgence médicale, la prise en charge comporte une
hospitalisation, une admission en soins psychiatriques à la demande d’un tiers ou en péril
imminent, la recherche systématique de prise de toxiques, la recherche de comorbidités non
psychiatriques, la recherche systématique de contage (IST), une chimiothérapie par
thymorégulateur (Parmi les trois classes disponibles) le plus précocement possible, un
traitement symptomatique sédatif si nécessaire, la surveillance clinique et paraclinique de
l’efficacité et de la tolérance de ces traitements, une prévention du risque suicidaire et
auto/hétéro-agressif, une sauvegarde de justice si dépenses excessives, une déclaration ALD
30, une information donnée aux proches.27
22
c) Les objectifs à long terme
Les objectifs de prise en charge thérapeutique à long terme selon l’HAS sont les
suivants :
- Stabiliser l’humeur
- Prévenir les rechutes
- Dépister et traiter les comorbidités psychiatriques et médicales
- Aider le patient à prendre conscience de sa pathologie et à accepter son traitement
- Préserver les capacités d’adaptation pour contribuer à l’autonomie et la qualité de vie
du patient
- Évaluer et tenter de préserver au maximum le niveau de fonctionnement social et
professionnel, et la vie affective et relationnelle
- Prendre en compte le mode de fonctionnement psychique et une dimension plus
subjective (affectivité, représentations).
23
dépressifs et dans la phase de maintenance de la rémission. Ces caractéristiques en font le « gold
standard » du traitement du trouble bipolaire en l’absence d’insuffisance rénale.
Les anticonvulsivants ont un mode d’action relativement mal connu mais il ferait
intervenir le métabolisme du GABA. Les principaux utilisés en clinique sont le valproate, la
lamotrigine etla carbamazépine. Ils sont efficaces dans les épisodes maniaques (valproate et
carbamazépine) et dans les épisodes dépressifs (lamotrigine) et peuvent tous contribuer à la
phase de maintenance.
Les antipsychotiques atypiques ont un mode d’action via les voies dopaminergiques et
sérotoninergiques. Les principaux utilisés sont la quétiapine, l’aripiprazole, l’olanzapine et la
clozapine. Ils sont efficaces principalement pour l’épisode maniaque et la phase de
maintenance, mais certains le sont aussi pour l’épisode dépressif comme l’olanzapine et la
quétiapine.
Dans un article de synthèse publié en 2015, les auteurs synthétisaient et exposaient des
indications pour guider le choix de la prescription à la lumière des connaissances actuelles –
Tableau 2.
24
Tableau 2 : Prise en charge pharmacologique du trouble bipolaire dans les épisodes maniaques,
dépressifs et les phases de maintenance 26 .
Comme pour le trouble dépressif caractérisé, la psychothérapie doit être associée, selon
les mêmes principes. La remédiation cognitive et les stratégies de réhabilitation peuvent aussi
faire partie de la stratégie de prise en charge.
Dans certaines indications comme des symptômes sévères après échec des autres
options thérapeutiques ou un pronostic vital mis en jeu (épisode dépressif sévère, mauvaise
tolérance aux traitements psychotropes, comorbidités médicales non psychiatriques, état
catatonique, épisode maniaque sévère et prolongé, contre-indication aux traitement
pharmacologiques : femmes enceintes et personnes âgées par exemple), les traitements
physiques tels que les sismothérapies peuvent aussi être un traitement curatif des épisodes.
25
III. REVUE DE LA LITTÉRATURE DES PRINCIPAUX
Dans la première partie, nous avons défini le trouble de l’humeur unipolaire et le trouble
bipolaire. Lorsqu’il s’agit d’un trouble bipolaire de type II, ces deux troubles aboutissent à une
demande de prise en charge à l’occasion de la survenue d’un épisode dépressif caractérisé (car
l’hypomanie est rarement un motif de consultation). Cet épisode dépressif est peu spécifique
car ses critères diagnostiques sont les mêmes pour les deux troubles.
Dans cette deuxième partie, nous verrons dans une revue de littérature quels sont les
principaux marqueurs candidats pour différencier le trouble de l’humeur unipolaire du trouble
de l’humeur bipolaire. Nous ferons un rappel sur le circuit de la récompense, qui est un
substratum anatomique de l’affect, en introduction de la partie sur l’imagerie.
En 2002, des auteurs avaient proposé des critères en faveur du diagnostic d’un trouble
bipolaire – Tableau 3. Ces caractéristiques cliniques de l’épisode dépressif sont celles qui sont
rappelées par les recommandations HAS.
26
Tableau 3 : Définition proposée du trouble du spectre bipolaire. 30
Une étude pour laquelle les auteurs ont revisité les hypothèses évoquées dans la
littérature a porté sur un très large échantillon de patients (1228 au total dont 386 bipolaires I,
158 bipolaires II et 684 unipolaires) et 34 caractéristiques cliniques de la dépression étudiées
dans de précédentes études.31
1. Symptomatologie délirante
2. Ralentissement psychomoteur
3. Incapacité
4. Plus fort taux de symptômes mixtes
5. Nombre plus important d’épisodes
6. Longueur plus courte des épisodes
7. Plus d’expérience d’élation de l’humeur après l’induction du traitement antidépresseur
27
Ces sept caractéristiques semblent robustes car elles permettent de discriminer
statistiquement les deux troubles dans un échantillon indépendant. Cependant seules deux
caractéristiques ressortent de cette étude pour différencier la dépression du trouble de l’humeur
bipolaire de type II de la dépression du trouble de l’humeur unipolaire :
Ces conclusions sont insuffisantes pour notre sujet car la seule caractéristique clinique
robuste, avant la mise en place du traitement lors du premier épisode de dépression pour
différencier le trouble de l’humeur bipolaire de type II de celui unipolaire, est la présence de
symptômes mixtes qui ne sont pas systématiquement présents lors du premier épisode dépressif.
Dans leur revue de la littérature, les auteurs suggèrent que les données montrent une
plus forte probabilité que ces MPAs soient associées à un trouble de l’humeur bipolaire qu’à
un trouble de l’humeur unipolaire.
28
présentant un trouble de l’humeur bipolaire et des patients euthymiques présentant un trouble
de l’humeur unipolaire.33 Les auteurs concluent leur méta-analyse en deux points principaux :
Les auteurs soulignent que de nombreuses variables connues pour avoir un impact
négatif sur la cognition ne sont pas suffisamment contrôlées. Parmi ces facteurs ils citent :
- Le traitement en cours,
- L’âge de survenue du trouble,
- Le quotient intellectuel pré-morbide,
- Le sous-type de trouble de l’humeur bipolaire.
Le métabolisme des acides gras a montré un rôle important dans la dépression bipolaire
et la dépression unipolaire. Le mécanisme physiopathologique suspecté et celui du rôle des
acides gras dans l’inflammation. Une étude portant sur les différents niveaux circulants d’acides
gras dans différents groupes de patients, a permis de préciser quelques profils qui se
différencient.34 Les quatre groupes comparés sont un groupe de patients avec une dépression
unipolaire, un avec une dépression bipolaire, un avec une dépression bipolaire en rémission et
enfin un groupe contrôle de sujets sains.
Les résultats de cette étude montrent qu’il n’y a pas de différence significative sur les
niveaux totaux d’acides gras polyinsaturés, d’acides gras saturés, ou des acides gras mono-
insaturés entre les différents groupes. Mais l’analyse plus spécifique de ratios a permis de
29
différencier certains groupes. Les patients avec un trouble de l’humeur bipolaire ont des ratios
plus importants d’acide arachidonique sur acide eicosapentaéonique (AA/EPA) de même que
d’acide arachidonique sur acide eicosapentaéonique + acide docosahexaéonique
(AA/(EPA+DHA)) en comparaison aux trois autres groupes. De plus le taux d’Omega 6 est
corrélé à la durée de la maladie dans le groupe avec dépression unipolaire alors que le ratio
AA/EPA l’est aussi dans le groupe dépression bipolaire. Le ratio AA/(EPA+DHA) est lui
corrélé avec la sévérité de la dépression dans les trois groupes cliniques.
Les auteurs de cette étude suggèrent que la balance oméga 3 / oméga 6 est pertinente
dans l’identification du trouble de l’humeur bipolaire et que l’étude des ratios pourrait
également être un biomarqueur de la sévérité des troubles de l’humeur.
Une étude menée sur des patients présentant un trouble de l’humeur bipolaire et un
trouble de l’humeur unipolaire, stabilisés, en ambulatoire, en comparaison avec des sujets sains,
a consisté au monitoring des cytokines pro-inflammatoires (récepteur soluble à l’interleukine
6, sIL-6R, récepteur soluble à l’interleukine 2, sIL-2R, protéine C-réactive, CRP, récepteur
soluble de type 1 au Tumor necrosis factor, sTNF-R1, récepteur soluble à la p-sélectine, sP-
selectin, protéine chimiotactique aux monocytes, MCP-1) et à la clinique de la polarité et de
l’intensité de l’humeur (Montgomery-Asberg Depression Rating Scale, MADRS, Young Mania
Rating Scale, YMRS).35
Sur la comparaison clinique et biologique entre les groupes, les patients présentant un
trouble de l’humeur bipolaire montraient un tabagisme plus élevé, plus de comorbidités
médicales, un indice de masse corporelle plus élevé et de plus fort taux de sIL-2R, sIL-6R,
CRP, sTNF-R1 et MCP-1. Lorsque tous les paramètres cliniques sont contrôlés (âge, score
MADRS, tabagisme, les comorbidités médicales, l’indice de masse corporelle) pour la
constitution de deux groupes homogènes de patients avec trouble de l’humeur bipolaire en
30
rémission et trouble de l’humeur unipolaire en rémission, le groupe de sujets avec trouble de
l’humeur bipolaire présente un taux plus élevé de sIL-6R, CRP, sTNF-R1 et MCP-1.
Les auteurs concluent que le trouble de l’humeur bipolaire est associé à une dérégulation
plus importante de l’inflammation que le trouble de l’humeur unipolaire.
3. L’axe hypothalamo-hypophysaire
Pour aller plus loin dans la compréhension de ces mécanismes inflammatoires, des
auteurs ont exploré la piste de l’axe hypothalamo-hypophysaire mis en perspective avec ces
36
marqueurs inflammatoires et la clinique. Ils ont suivi une cohorte de patients déprimés et
monitoré la survenue d’un épisode hypomaniaque sur une période de deux quatre ou six ans.
Les paramètres mesurés étaient le taux de cortisol au réveil ainsi que les courbes de
concentration de cortisol diurnes et vespérales, la protéine C-réactive et le Tumor necrosis
factor alpha.
Aucun des paramètres n’a été retrouvé comme statistiquement associé de manière
indépendante à la survenue d’un épisode hypomaniaque. Chez l’homme, l’association entre un
plus haut taux de cortisol diurne et une CRP plus élevée augmente l’odd ration de 10,99 d’avoir
un épisode hypomaniaque, ce qui n’est pas retrouvé chez la femme.
Les auteurs mettent en perspective ces résultats avec le facteur de risque « stress » déjà
identifié comme facteur de risque de l’épisode hypomaniaque.
31
Leur étude a permis d’analyser 320 protéines, et suite à l’ajustement et à la correction
de co-variables, six protéines ont été identifiées comme significativement différemment
exprimées dans les troubles de l’humeur :
MMP-7 a une expression commune aux troubles de l’humeur (BP I, BP II, MDD) en
comparaison aux sujets sains ; MMP-7, GDF-15 et HPN aux troubles de l’humeur bipolaire
(BP I et BP II) en comparaison aux sujets sains ; GDF-15, HPX, HPN, RBP-4 et TTR au trouble
de l’humeur bipolaire de type I en comparaison aux sujets sains. La précision diagnostique était
ainsi importante pour différencier le trouble de l’humeur bipolaire de type I des sujets sains
avec une aire sous la courbe ROC supérieure à 0,8 rendant ce panel intéressant pour
l’identification de ce trouble.
Une méta-analyse récente a été publiée par des auteurs qui se sont interrogés sur la
possibilité d’utiliser les taux centraux et périphériques de GABA comme biomarqueur de la
dépression unipolaire ou bipolaire. 38 Les résultats de cette méta-analyse montrent que dans la
dépression unipolaire, les taux centraux et périphériques de GABA sont diminués chez les
patients en phase dépressive mais normaux en phase euthymique en comparaison aux sujets
sains. Pour le trouble de l’humeur bipolaire, ces taux sont diminués chez les patients
symptomatiques sans traitement pharmacologique mais semble se normaliser avec le traitement
thymorégulateur, en comparaison aux sujets sains.
32
D. Comparaison MDD/BD – Sur le plan morphologique
Dans la dépression, le dogme d’un tissu cérébral vierge de toute anomalie a longtemps
prévalu reléguant cette pathologie au rang des maladies dites « fonctionnelles ». L’amélioration
de la sensibilité des outils d’imagerie, et notamment pour ce qui est de la morphologie de la
résolution spatiale, nous fait revenir sur ce dogme car des anomalies morphologiques du
système nerveux central commencent à être rapportées.
Ces résultats montrent, par la comparaison de groupes de patients déprimés avec des
sujets sains, une atrophie touchant les différents composants du système limbique,
l’hippocampe et l’amygdale, mais aussi les noyaux gris centraux, notamment le striatum, mais
aussi des régions corticales, le cortex frontal, préfrontal dorso-latéral et médian, orbito-frontal
et cingulaire antérieur. La perte de volume se fait principalement au dépend de la substance
grise.
Une étude menée sur des patients présentant un trouble de l’humeur bipolaire de type I,
en phase dépressive, des patients présentant une dépression unipolaire, en phase dépressive, et
des sujets sains portait sur des différences structurales. 41
Dans cette étude, les patients avec un trouble de l’humeur bipolaire avaient des volumes
réduits de substance grise au niveau de l’hippocampe et de l’amygdale, par rapport aux
unipolaires. Les patients avec une dépression unipolaire avaient, eux, une diminution de la
substance grise au niveau du gyrus cingulaire antérieur par rapport aux participants du groupe
bipolaire. Les prédictions d’un modèle multivarié de classification de motifs ont pu différencier
les deux groupes cliniques en phase dépressive avec une précision de 79,3% (p<.001)
D’autres études ont suivi cette hypothèse et une méta-analyse sur la morphométrie basée
sur le voxel (Voxel Based Morphometry VBM) dans la dépression bipolaire et unipolaire apporte
33
de la nuance sur des cerveau entiers.42 Dans les deux groupes cliniques sont montrés des
altérations volumétriques communes et distinctes. Les deux troubles de l’humeur bipolaire et
unipolaire sont associés à une réduction du volume de matière grise en comparaison au sujets
sains dans de nombreuses régions : l’insula, de manière bilatérale, les cortex préfrontal doso-
médial et ventro-médial incluant le cortex cingulaire antérieur (pregenual). Les différences
entre les deux groupes cliniques se font sur une diminution plus importante, et plus spécifique,
du volume de matière grise chez les patients présentant un trouble de l’humeur unipolaire au
niveau de nombreuses régions : le gyrus frontal médial droit, l’hippocampe gauche, le gyrus
temporal inférieur droit, le lobule pariétal inférieur gauche et le vermis cérébelleux droit.
Bien que de telles études ne permettent pas de tirer de conclusion causale, que seules
des études dans lesquelles le facteur expérimental étudié varie, quelques résultats sont à retenir.
L’atrophie de l’hippocampe est intéressante à mettre en perspective avec la clinique de la
dépression. L’hippocampe a une fonction mnésique mais aussi un rôle dans la navigation
spatiale et dans le temps (remémoration ou projection dans le futur). La dépression peut
s’accompagner de perte de mémoire autobiographique transitoire et d’incapacité à se projeter
dans l’avenir, ce qui pourrait être sous-tendu par la souffrance de l’hippocampe. Cette atrophie
hippocampique s’accroit d’avantage avec le nombre d’épisodes dépressifs et leur durée43 , cette
caractéristique est une piste de biomarqueur, surtout si ce volume se corrige en réponse aux
43
traitements comme le montrent des études pour les médicaments ou la sismothérapie. 44 Ce
potentiel biomarqueur est conforté car des études montrent qu’en pré-symptomatique, cette
diminution de volume existerait chez les sujets vulnérables à la dépression et que le volume
serait corrélé au nombre de traumatismes subis dans l’histoire de vie. 45
Des auteurs se sont intéressés au volume du striatum ventral dans une étude satellite
46
d’un projet d’étude génétique du trouble de l’humeur bipolaire. Leur hypothèse est que les
noyaux Accumbens et Caudé des enfants descendants de parents avec un diagnostic de trouble
de l’humeur bipolaire, ont des volumes réduits, et ce en termes de prédispositions génétiques,
alors que cela n’est pas vrai pour la dépression unipolaire. Ils ont confirmé leur hypothèse avec
leur étude et rapportent qu’ils ne peuvent pas conclure sur le caractère spécifique du trouble
bipolaire car leur échantillon de sujets incluait des sujets avec une symptomatologie
psychotique.
34
L’évolution du volume du noyau Accumbens induite par la prise d’un traitement
pharmacologique a également été étudiée. Les études sur les modèles animaux de la dépression
rapportent qu’une hypertrophie du noyau Accumbens peut-être induite par le stress. Cette
hypertrophie peut se voir normalisée suite à un traitement par kétamine chez l’animal.
Une équipe a testé cette hypothèse chez l’homme. 47 Deux cohortes ont été constituées.
Une cohorte A qui comparait le volume du noyau Accumbens à l’IRM d’un groupe de patients
MDD avec celui d’un groupe de sujets sains. Le groupe MDD était subdivisé en deux sous-
groupes par une mesure de spectroscopie du glutamate : un sous-groupe « dépression glutamate
dépendante » - GBD et un autre « dépression glutamate indépendante » - non-GBD. Dans cette
cohorte, les auteurs rapportent des volumes plus importants du noyau Accumbens gauche
uniquement pour les sujets du groupe MDD par rapport aux sujets contrôles. Les analyses en
sous-groupes montrent que cette hypertrophie est retrouvée de manière bilatérale pour les sujets
du sous-groupe MDD non-GBD par rapport aux sujets contrôles et MDD GBD.
Sur le plan fonctionnel, comparer directement deux troubles entre eux a peu de sens.
Pour permettre l’exploration, il faut définir un paradigme d’activation, c’est-à-dire trouver une
tâche activatrice d’un circuit donné. Pour les troubles de l’humeur, le circuit de la récompense
paraît pertinent car il pourrait être le substratum anatomique des aspects motivationnels, de
l’affect et de l’impulsivité. Ces caractéristiques sont modifiées par les troubles de l’humeur. La
comparaison des deux troubles, bipolaire et unipolaire, devient alors possible par cette
approche.
35
1. Le circuit de la récompense
36
Figure 4 : Schéma illustrant les connections du striatum ventral.
Flèches bleues afférences. Flèches grises : efférences. Amy = amygdala; BNST = bed nucleus
stria terminalis; dACC = dorsal anterior cingulate cortex; Hipp = hippocampus; hypo =
hypothalamus; MD = medio-dorsal nucleus of the thalamus; OFC = orbital frontal cortex; PPT
= pedunculopontine nucleus; S = shell; SNc = substantia nigra, pars compacta; STN =
subthalamic nucleus; Thal = thalamus; VP = ventral pallidum; VS = ventral striatum; VTA =
ventral tegmental area; vmPFC = ventral medial prefrontal cortex.
37
2. La connectivité cérébrale fonctionnelle
Une étude sur la connectivité des structures cérébrales de l’anticipation selon l’approche
mathématique de la théorie des graphes a été conduite chez des patients présentant une
dépression bipolaire et des patients présentant une dépression bipolaire en comparaison avec
des sujets sains.51 Il avait déjà été démontré que les sujets déprimés présentent une majoration
de péjoration de l’avenir par rapport aux sujets sains. Les patients bipolaires ont une impulsivité
et un risque d’épisode maniaque accru, ce qui autorise l’hypothèse de mécanismes
d’anticipation différents sous-tendant l’épisode dépressif dans les deux populations cliniques,
bipolaire et unipolaire. La théorie des graphes appliquée à la neuro-imagerie permet
l’identification de connectivité entre différentes régions du système nerveux central et ce sans
model prédictif initial, n’induisant ainsi pas de biais de modèle théorique.
Dans cette étude, le paradigme utilisé est celui dans lequel les participants doivent
deviner une valeur numérique et la qualité de leur prédiction est sanctionnée par un gain ou une
perte. La période d’anticipation est l’objet de l’analyse pour explorer la connectivité des circuits
de la récompense. Les paramètres évalués sont la densité de connexions, la longueur des voies
impliquées, et la direction de la connectivité (top-down ou bottom-up).
Les résultats de cette étude montrent que l’anticipation d’une perte est caractérisée par
une densité de connectivité plus importante chez les sujets sains dans les régions top-down
front-striatales et fronto-pariétales, dans les régions bottom-up striato-frontales chez les patients
avec une dépression unipolaire et par un manque de connectivité fronto-striatale chez les
patients avec une dépression bipolaire. L’anticipation d’un gain est lui caractérisé par une
densité de connectivité plus importante entre les régions fronto-médiales, striatales et fronto-
latérales chez les patients avec une dépression bipolaire et par une diminution de connectivité
bottom-up fronto-striato-médiale chez les patients avec une dépression unipolaire et ce, à des
niveaux cliniques de sévérité de la maladie comparables. Pour l’anticipation du gain, la
connectivité est globalement moindre chez les sujets sains.
Les auteurs ont donc montré que dans la dépression unipolaire, dans la dépression
bipolaire et chez les sujets sains, la densité des connections, la longueur des voies impliquées
et la direction de cette connectivité sont différentes pour l’anticipation d’un gain ou d’une perte.
38
Cela pourrait expliquer la physiopathologie des mécanismes neurobiologiques de l’anticipation
dans les troubles de l’humeur.
Les résultats de cette étude montrent une diminution de la connectivité chez les patients
bipolaires en comparaison avec les unipolaires et les sujets sains entre :
Une diminution de la connectivité est aussi présente chez les patients présentant une
dépression unipolaire en comparaison aux sujets avec une dépression bipolaire et sains entre :
39
anhédonie est, elle, associée à une hyper-connectivité du réseau du mode par défaut mais une
diminution de la connectivité entre ce réseau et le réseau cingulo-operculaire.
Les ganglions de la base ont été identifiés comme une composante importante des
circuits neuronaux qui supportent les processus psychiques en rapport avec la récompense. Cela
a d’abord été démontré chez l’animal, puis des chercheurs ont construit des paradigmes
d’activation permettant d’étudier cela chez l’homme. Les premières études ont permis de
confirmer l’implication du striatum ventral dans l’anticipation d’une récompense54 et du cortex
orbito-frontal pendant une prise de décision pouvant conduire à une récompense. 55
Une étude sur un groupe d’adolescents déprimés permet de rapporter une diminution de
l’activation du striatum ventral en réponse à l’anticipation d’une récompense par rapport à des
adolescents sans antécédents psychiatriques. Dans les mêmes conditions, les auteurs rapportent
à l’inverse une augmentation de l’activité des cortex préfrontaux ventraux et dorso-latéraux.
Une corrélation entre la diminution de l’activité du noyau caudé et la mesure de la diminution
des affects positifs dans l’environnement naturel a elle aussi été rapportée. 57
40
Leur étude d’IRM fonctionnelle utilisant un paradigme de récompense sociale leur a
permis de rapporter différents résultats :
Les auteurs rapportent ainsi que le déficit aux processus de récompense sociale est
différemment associé à la sévérité de l’épisode dépressif dans les deux troubles de l’humeur.
Une étude interventionnelle chez des sujets sains, a permis de tester l’hypothèse de
l’inflammation dans la dépression par un protocole qui apporte un autre argument à notre sujet
d’étude.60 Deux groupes de sujets sains ont vu l’activité de leur striatum ventral comparée lors
d’une tâche d’activation d’IRMf de récompense monétaire, un placebo étant administré aux
sujets d’un des groupes alors que ceux du deuxième recevaient une endotoxine. Une diminution
de l’activité du striatum ventral a été observée chez les sujets recevant l’endotoxine et montrant
des scores plus élevés aux auto-questionnaires de dépression et hétéro-évaluations de la
dépression.
41
6. L’activité à l’électro-encéphalographie
Des auteurs ont exploré les différences potentielles entre l’activité cérébrale mesurée
par électro-encéphalographie des patients présentant une dépression unipolaire de ceux
présentant une dépression bipolaire.61
- Pas de différence significative entre les deux groupes cliniques sur les valeurs absolues
de puissance à l’EEG, ni sur les indexes d’asymétrie frontale.
- L’analyse de la cordance montre des différences significatives entre les groupes
cliniques pour les valeurs de cordance thêta droites.
- L’analyse de la cohérence montre pour les patients présentant une dépression bipolaire
(en comparaison avec le groupe de patients unipolaires), une meilleure cohérence thêta
centro-temporale, alpha pariéto-temporale, mais une moins bonne cohérence alpha dans
les régions fronto-centrales droites et inter-hémisphériques centrales.
spectroscopie
Les résultats des études préliminaires faisaient suspecter une perte neuronale, des
dysfonctions métaboliques et une réduction de la densité de connections chez les patients avec
un trouble de l’humeur bipolaire de type I dans la région hippocampique. Une étude de
spectroscopie a comparé un groupe de patients euthymiques avec des sujets contrôles pour les
concentrations de N-acetylaspartate, de choline et de créatine dans l’hippocampe droit et gauche
pour des mesure en 1H-MRS.62
42
Les auteurs ne rapportent pas de différence significative pour les concentrations de
choline et concluent qu’il n’y a pas d’altération de la myéline ni de prolifération de cellules
gliales. Par contre les concentrations de N-acetylaspartate et de de créatine sont plus basses
dans l’hippocampe droit et gauche des participants du groupe clinique pour des compositions
de tissus identiques à l’intérieur du voxel. Cela montre qu’il existe une dysfonction neuronale
(activité et/ou densité) dans cette région pour les patients présentant une trouble de l’humeur
bipolaire de type I. De plus les auteurs rapportent une corrélation entre la durée de la maladie
et la diminution de la concentration dans l’hippocampe droit qui pourrait signer le caractère
évolutif de ce processus.
Une étude similaire, dans une population de jeunes adolescents présentant un trouble de
l’humeur bipolaire (moyenne d’âge 15 ans ½), en comparaison à des sujets sains, a été réalisée
dans une autre région anatomique : le cortex préfrontal dorso-latéral. 63
Les patients du groupe clinique présentent des taux plus faibles de N-acetylaspartate qui
signerait un développement altéré de l’arborisation dendritique et des connections synaptiques.
Cette étude retrouve, à la différence de la précédente, une corrélation inverse entre le taux de
choline et le nombre d’épisodes, pour cette région anatomique.
Une étude sur les altérations métaboliques retrouvées chez les patients présentant un
trouble de l’humeur bipolaire de type I et II, sans traitement pharmacologique au moment de
l’étude, retrouve une élévation des taux de lactate et d’acide-aminobutyrique dans la substance
grise en comparaison à celle de sujets sains. 64 Ces mesures ont été effectuées par des
acquisitions PEPSI (Proton Echo-planar spectroscopy imaging) sur une section axiale passant
par le cortex cingulaire antérieur.
43
l’humeur bipolaire (âge moyen 17 ans ½) a permis aux auteurs de rapporter des taux plus élevés
dans le cortex cingulaire antérieur du ratio choline/créatine dans le groupe clinique trouble de
l’humeur unipolaire.65
Les auteurs de cette méta-analyse rapportent que les patients avec un trouble de
l’humeur unipolaire ont des taux moins élevés de glutamine dans le cortex cingulaire antérieur
par rapport au sujets sains à l’inverse des patients avec un trouble de l’humeur bipolaire qui en
ont un plus élevé. Les auteurs concluent qu’un test mesurant ce taux de glutamine dans le cortex
cingulaire antérieur aurait eu une sensibilité de 66% et une spécificité de 85% pour différencier
la dépression unipolaire de la dépression bipolaire dans les données dont ils disposaient.
44
IV. ÉTUDE DE NEURO-IMAGERIE FONCTIONNELLE SUR
D’ACTIVATION DE RÉCOMPENSE
A. Introduction
Dans les deux premières parties, nous avons montré l’enjeu clinique de différencier la
dépression unipolaire de la dépression bipolaire afin d’établir précocement le diagnostic de
trouble bipolaire et de proposer une prise en charge adaptée, à savoir la prescription d’un
thymorégulateur dans la dépression bipolaire pour éviter un virage maniaque iatrogène sous
antidépresseur seul par exemple.
Puis nous avons exposé les hypothèses qui existent sur les différences
physiopathologiques entre le trouble de l’humeur unipolaire et le trouble de l’humeur bipolaire
en période symptomatique ou inter-épisodique. Nous avons mis en lumière l’objet d’étude des
neurosciences qu’est le circuit de la récompense. Ce réseau semble pertinent pour la
compréhension de la physiopathologie des troubles de l’humeur à travers une de leur
composante clinique : l’affect.
Notre étude s’inscrivait dans la continuité des travaux du laboratoire qui m’a accueilli à
Cardiff, le Cardiff University Brain Research Imaging Center. Sous la supervision locale de
Xavier Caseras, un chercheur qui venait de publier ses travaux sur la comparaison de l’activité
du striatum ventral en réponse à une récompense, à l’IRM fonctionnelle, entre un groupe de
patients euthymiques présentant un trouble de l’humeur bipolaire de type I, un groupe de
patients euthymiques présentant un trouble de l’humeur bipolaire de type II et un groupe de
sujets sains.67
Les résultats de cette étude montraient une activité significative du striatum ventral chez
tous les participants, pendant la période de l’anticipation de la récompense. Cette activité était
plus importante dans le groupe de patients bipolaires de type II que pour les autres groupes.
L’activité striatale était positivement corrélée aux dimensions cliniques de sensibilité à la
récompense et à la sensation de plaisir chez tous les participants.
45
Notre travail était une réplique de cette précédente étude, dans une autre population
clinique : un groupe de patients euthymiques présentant un trouble de l’humeur bipolaire II, un
groupe de patients euthymiques présentant un trouble de l’humeur unipolaire et un groupe de
sujets sains.
1. L’affect
L’étude des émotions n’est pas aisée car il est compliqué de s’entendre sur la définition.
« Tout le monde sait ce qu’est une émotion jusqu’à ce que l’on demande d’en donner une
définition. Après plus personne ne semble savoir » soulignaient déjà B. Fehr et J.Russel en
1984. Une approche a été proposée pour éviter cet écueil et organiser la recherche sur les
émotions en neurosciences affectives.
46
Les RDoC décrivent deux grands domaines affectifs fonctionnels : les systèmes à
valence positive et les systèmes à valences négative. Chaque domaine constitue une matrice
d’étude avec en lignes des processus et sous-processus émotionnels qui seront étudiés sur
différents niveaux (ou unités d’analyse), les colonnes : génétique, moléculaire, cellulaire,
anatomique, physiologique, comportemental, et paradigme expérimental. Cette approche
permet une meilleure compréhension de la physiopathologie des troubles psychiatriques en
mettant en perspective des dimensions symptomatiques cliniques avec une cartographie des
résultats de recherche expérimentale, en faisant ainsi des objets scientifiques.
C. Objectifs – Hypothèses
47
Dans une revue récente de la littérature, nous notons que l’hypo-sensibilité à la
récompense est en relation avec un sous type de l’anhédonie caractérisé par un déficit
motivationnel de la dépression unipolaire alors que l’hypersensibilité à la récompense est en
relation avec un cluster de symptômes maniaques et hypomaniaques caractérisés par une
approche motivationnelle excessive du trouble de l’humeur bipolaire. Les deux profils semblent
ainsi opposés pour ces deux troubles de l’humeur.69,70 Ce qui nous semble important de
souligner est que ces potentielles différences sur la sensibilité à la récompense ne sont pas
uniquement présentes à la phase aiguë de la maladie mais pourraient être des marqueurs « trait »
constitutifs permettant de faciliter la différentiation entre trouble unipolaire et trouble bipolaire
de type II.
Le striatum ventral est le hot spot des circuits de la récompense. Son activité serait
réduite en réponse à l’anticipation d’une récompense dans le trouble dépressif unipolaire en
rémission71,72 , ou augmentée dans le trouble bipolaire en rémission67,73 . Cependant des
résultats contradictoires sont également rapportés dans la littérature. 74
À ce jour seules deux études ont comparé spécifiquement des patients présentant un
épisode dépressif caractérisé au cours d’un trouble de l’humeur unipolaire et d’un trouble
bipolaire de type I, pendant l’anticipation d’une récompense75 , ou l’obtention d’une
récompense.76
Dans le cadre de notre travail, nous avons fait l’hypothèse principale de retrouver une
augmentation de l’activité du striatum durant la période de l’anticipation de la récompense pour
le groupe trouble bipolaire de type II et une diminution de cette même activité pour le groupe
trouble dépressif caractérisé, en comparaison au groupe de sujets sains.
Nous avons fait comme hypothèse secondaire de retrouver une diminution de l’activité
du striatum ventral dans les deux groupes cliniques par rapport aux contrôles pendant
l’obtention de la récompense.
48
l’humeur bipolaire de type II, des patients euthymiques présentant un trouble de l’humeur
unipolaire et des contrôles.
D. Matériel et Méthode
1. Généralités
Il s’agissait d’une étude transversale portant sur une population de patients présentant
un trouble de l’humeur bipolaire ou unipolaire et des sujets sains visant à étudier l’activité du
striatum ventral au cours d’un paradigme de récompense monétaire sur une durée d’inclusion
de 2 ans.
- Une visite d’inclusion durant laquelle les participants étaient distribués dans un des deux
groupes cliniques (BDII ou MDD) ou dans le groupe témoin selon leurs antécédents.
Ce premier temps vérifiait non seulement les critères d’inclusion mais également ceux
d’exclusion par la passation de différentes échelles à la recherche de symptômes
résiduels. Étaient également recueillies dans ce temps les données
sociodémographiques.
- À six semaines de l’inclusion, une seconde visite durant laquelle a été vérifié le maintien
d’un état euthymique des sujets inclus. Si cette condition était remplie, les sujets se
voyaient ensuite entrainés à l’accomplissement de la tâche du paradigme d’activation
de récompense monétaire. Puis l’acquisition IRMf était effectuée – Figure 5.
49
Figure 5 : Design de l’étude.
2. Participants
50
a) Critères d’inclusion
- Être droitier
- Être âgé de 18 à 35 ans
- Ne pas présenter de contre-indication à la réalisation d’une IRM, c’est-à-dire ne pas
porter d’implant ferromagnétique, ne pas avoir d’antécédents d’épilepsie ou
d’intervention neurochirurgicale et ne pas souffrir de claustrophobie.
- Les patients des groupes cliniques devaient avoir au moins un épisode dépressif
caractérisé dans leur histoire clinique, selon les critères de l’échelle Structured Clinical
Interview for DSM-IV – SCID-I 77 .
- Les patients du groupe BDII devaient avoir au moins un épisode d’hypomanie dans leur
histoire clinique, selon les critère de la SCID-I ou les critères de la définition stricte de
Zurich de l’hypomanie brève 78 .
- Les participant du groupe HC ne devaient pas présenter d’antécédent personnel de
trouble psychiatrique quel qu’il soit parmi ceux identifiés par la SCID-I, ni
d’antécédents familiaux de trouble de l’humeur ou trouble psychotique.
- Pour les deux groupes cliniques, l’euthymie était définie comme un score inférieur ou
égal à 3 pour les symptômes dépressifs ou hypomaniaque de la SCID-I dans les six
semaines précédant l’examen IRM.
Les critères d’exclusion au cours de l’étude étaient les symptômes résiduels durant la
période entre l’inclusion et l’examen IRM. Ils ont été recherchés par l’administration d’auto-
questionnaires et définis comme des scores supérieurs à 16 à l’échelle Beck Depression
Inventory – BDI79 ou supérieur à 5 à l’échelle Altman Self-Rating Mania Scale – ASRM. 80
Tous les sujets de l’étude ont été informés par écrit des risques de la procédure et des
retombées attendues. Ils ont donné leur consentement par écrit également. Ils ont été
51
dédommagés pour leurs déplacements en rapport avec l’étude. Le comité d’éthique local
(National Health System Research Ethics Committee) avait donné son accord pour la réalisation
de cette étude.
3. Paradigme
Nous avons demandé aux participants de jouer à des devinettes sur la valeur numérique
de cartes durant l’examen d’IRM. Le paradigme est validé pour l’étude du signal BOLD dans
les régions cérébrales du circuit de la récompense à la fois pour le trouble de l’humeur
unipolaire57 , mais aussi pour le trouble de l’humeur bipolaire67,73 – Figure 6.
52
Figure 6 : Paradigme de récompense monétaire en imagerie par résonnance magnétique
fonctionnelle.
La période d’anticipation comprend un gain potentiel (flèche jaune pointée vers le haut) ou une
perte potentielle (flèche jaune pointant vers le bas). Les analyses de l’issue se feront de la façon
suivante : issue favorable (renforcement positif : « récompense » - gain attendu ou
« soulagement » - échapper à une perte attendue) et issue défavorable (renforcement négatif :
« punition » - perte attendue ou « frustration » - manquer un gain attendu). ITI = Inter-trial
Interval.
Les participants ont été entrainés à ce jeu en laboratoire avant d’effectuer l’IRM, en
étant discrètement sensibilisés au fait que leur performance pouvait déterminer l’issue du jeu.
En réalité, les essais étaient semi-randomisés, et les issues du jeu étaient les mêmes pour chaque
participant. Sur les 24 essais – Figure 7 :
- 12 essais où les participants s’attendaient à gagner, ce qui était le cas pour 6 de ces essais
- 12 essais où les participants s’attendaient à perdre, ce qui était le cas pour 6 de ces essais.
53
- Soit au total 4 sous-groupes de 6 essais que nous avons regroupés de la façon suivante
pour les analyses statistiques :
o Pour la période d’anticipation : 12 anticipations d’un gain, 12 anticipations
d’une perte et un contraste (anticipation d’un gain moins anticipation d’une
perte)
o Pour la période d’obtention : 12 issues correspondant à un renforcement positif
(s’attendre à gagner et gagner ; s’attendre à perdre et échapper à cette perte), et
12 issues correspondant à un renforcement négatif (s’attendre à perdre, et
perdre ; s’attendre à gagner et manquer cette opportunité)
54
HDxMRI (TR=2s ; TE=35ms ; flip angle=90° ; FOV=205mm ; in plane resolution=64x64 ;
voxel size=3.2mm isotropic).
5. Analyse de données
Toutes les données d’IRMf ont été traitées en utilisant FMRIB’s Software Library
(https://fsl.fmrib.ox.ac.uk/fsl/fslwiki) en suivant les méthodes standards :
Pour le premier niveau d’analyse, nous nous sommes focalisés aux effets principaux :
l’anticipation d’un gain potentiel, l’issue favorable ou renforcement positif, et le contraste
anticipation d’un gain potentiel > anticipation d’une perte potentielle.
Nous avons exécuté le deuxième niveau d’analyse, ou analyse de groupes, avec FLAME
1 comme modèle mixte. Ainsi tous les effets de « groupe clinique » ont été explorés en incluant
55
la co-variable « âge » comme co-variable de non intérêt (nous le verrons lors de la description
des échantillons, nos groupes n’étaient pas homogènes en âge, c’est pourquoi nous avons voulu
contrôler cette variable). Cluster failure. 81
Comme notre hypothèse principale de travail concernait le Striatum Ventral, nous avons
choisi une approche type « région d’intérêt », Region of Interest – ROI. Nous avons repris la
région d’intérêt des travaux précédents de notre laboratoire 67 construite à partir des données de
82,83
deux méta-analyses précédentes . Le masque du striatum ventral, bilatéral, étaient deux
sphères de rayon 8mm centrées aux coordonnées :
Le niveau de significativité de nos analyses d’IRMf a été discuté avec les ingénieurs
statisticiens du Laboratoire de recherche. Les arguments d’un récent papier sur les taux de faux
positifs dans la littérature de neuro-imagerie fonctionnelle ont été pris en compte. 81 Ayant une
hypothèse forte sur l’activité de notre région d’intérêt, nous avons conduit les analyses sur cette
région, le striatum ventral, avec des statistiques très conservatrices de correction voxel par
voxel, et non en cluster, avec un seuil de significativité fixé à p<0.05.
E. Résultats
Un sujet du groupe HC et quatre du groupe BDII ont été exclus pour des symptômes
résiduels hypomaniaques. Deux sujets du groupe MDD et trois du groupe BDII ont été exclus
pour des symptômes résiduels dépressifs. Le groupe BDII se composait de 18 participants, celui
MDD de 19 participants et celui HC de 18 participants.
56
Suite à la réalisation de l’IRM, et au prétraitement des données brutes, nous avons dû
exclure 2 participants HC et 1 participant MDD car le bruit causé par leur mouvement de tête
durant l’acquisition était trop important et nous n’avons pas pu le corriger avec les logiciels
précédemment décrits – Figure 8.
- 18 participants MDD
- 18 participants BDII
- 16 participants HC
Nous n’avons pas trouvé de différence significative entre les groupes sur la variable
« genre » ( 2(2) = 2.0786, p > 0.1) mais une différence significative au niveau de la moyenne
d’âge (F (2.49) = 4.728, p = 0.0133). Les participants du groupe BDII étaient sensiblement plus
âgés que les participants des deux autres groupes – Tableau 5. Pour prendre en compte cette
particularité, nous avons ajouté la co-variable « âge » à notre modèle statistique.
Les deux groupes MDD et BDII ont montré des scores supérieurs aux échelles cliniques
par rapport aux sujets sains. Les scores cliniques confirmaient l’euthymie et les participants de
57
l’étude ne présentaient pas de symptôme thymique lors de la mesure d’imagerie. Les groupes
BDII et MDD étaient homogènes au niveau des scores de symptômes dépressifs à l’échelle
BDI, et les participants du groupe BDII avaient des scores discrètement plus élevés sur l’échelle
ASRM – Tableau 5.
58
Il n’y a pas eu de différence d’engagement dans la participation à la tâche durant l’IRM
entre les participants des trois groupes. En effet aucun des participants n’a manqué plus de 3
essais sur les 24 au total, ce qui correspond à une performance satisfaisante pour ce type de
paradigme.
60
Figure 9 : Anticipation de la récompense.
Ces images sont présentées selon les conventions en radiologie, le côté gauche de l’image
représentant l’hémisphère droit et vice versa. Ces coupes montrent les résultats de la
comparaison par paire entre les groupes ; majoration du signal BOLD de BDII par rapport à
HC (bleu), de MDD par rapport à HC (rouge), de MDD par rapport à BDII (vert). Pas d’autre
différence significative entre les groupes n’a été trouvée.
Un effet de groupe significatif a aussi été retrouvé pour le contraste (anticipation d’une
récompense – anticipation d’une perte). Pour cette analyse, la comparaison des groupes par
paires a seulement montré des différences significatives dans le striatum droit. Les participants
du groupe BDII montrent une augmentation du signal BOLD par rapport aux participants du
groupe HC et MDD (correction voxel par voxel, p<0,05). Figure 10.
61
Figure 10 : Anticipation de la récompense – contraste (anticipation d’une récompense –
anticipation d’une perte).
Ces images sont présentées selon les conventions en radiologie, le côté gauche de l’image
représentant l’hémisphère droit et vice versa. Ces coupes montrent les résultats de la
comparaison par paire entre les groupes ; majoration du signal BOLD de BDII par rapport à
HC (bleu), de BDII par rapport à MDD (rouge). Pas d’autre différence significative entre les
groupes n’a été trouvée.
Malgré l’effet de groupe significatif retrouvé dans le striatum droit pour l’obtention
d’une récompense, la comparaison des groupes par paires ne retrouve pas de résultats
significatifs.
62
5. La réponse BOLD à l’obtention pour le contraste (renforcement positif
Les trois groupes montrent un effet principal pour l’analyse de la période d’obtention,
du contraste (renforcement positif moins renforcement négatif). Figure 11, partie haute. Un
effet de group bilatéral a aussi été retrouvé pour ce contraste. La comparaison des groupes par
paires montre une seule différence significative dans le striatum ventral gauche, une
augmentation du signal BOLD chez les participants du groupe MDD en comparaison de ceux
du groupe HC. Figure 11, partie basse.
63
Au total :
Notre résultat principal concerne la période d’anticipation. Les patients MDD et BDII
ont une augmentation bilatérale de l’activité de leur striatum ventral en comparaison au sujet
HC durant l’anticipation de la récompense. L’augmentation de cette activité est plus importante
pour les patients du groupe MDD que ceux du groupe BDII dans le striatum droit.
La variation du signal BOLD montre des variations d’activités entre les groupes mais
ne renseigne pas sur la nature de cette activité, activatrice ou inhibitrice, ni sur l’aspect de
l’intégrité du tissu cérébral. Une approche méthodologique par spectroscopie peut nous
permettre de trouver des arguments de réponse à ces questions.
64
V. FAISABILITÉ DE L’ÉTUDE DE SPECTROSCOPIE
La spectroscopie est une technique d’imagerie non invasive qui mesure la composition
moléculaire d’une région du tissu cérébral. Elle peut donc discriminer des processus
physiologiques ou pathologiques sur la nature des fonctions ou l’intégrité des structures
neuronales.
Dans notre revue de littérature, nous avons vu que l’activité et/ou la densité de
l’hippocampe peut être modifiée dans le trouble bipolaire de type I. De même, le cortex
préfrontal dorso-latéral serait altéré chez les sujets jeunes présentant un trouble bipolaire, le
taux de choline étant inversement corrélé aux nombres d’épisodes pour cette région. Un
changement de statut d’oxydoréduction a également été rapporté par des auteurs dans le cortex
cingulaire antérieur de patients présentant un trouble de l’humeur bipolaire de type I ou II. Dans
cette même région, le cortex cingulaire antérieur, de jeunes patients avec une dépression en
cours unipolaire montrent des ratios différents de Choline / Créatine que ceux avec une
dépression en cours bipolaire. Une méta analyse montre même que la mesure de la glutamine
par spectroscopie dans le cortex cingulaire antérieur permettrait même de différencier la
66
dépression unipolaire de bipolaire avec une sensibilité de 66% et une spécificité de 85% .
Dans les autres troubles psychiatriques comme ceux d’addictologie, tout comme lors
d’études chez les sujets sains sur l’exploration des circuits de la récompense et de la motivation,
65
cortex cingulaire antérieur et Striatum ventral semblent être de bons objets d’étude pour la
spectroscopie. Nous allons illustrer cela par une brève présentation de ces travaux.
Les taux mesurés dans cette étude clinique confirment les observations faites chez le
modèle animal de l’implication de la dysfonction glutamatergique dans le syndrome de sevrage
en éthanol.
66
Les résultats de cette étude une association inverse entre les concentrations de glutamate
du cortex cingulaire antérieur et l’activation du striatum ventral chez les adolescents. De plus,
la réponse de l’amygdale est corrélée négativement au trait de personnalité « impulsivité », chez
les adolescents. Il n’y avait pas d’association significative chez l’adulte avec l’impulsivité.
L’association inverse entre les concentrations frontales en glutamate et l’activité du striatum
ventral à l’adolescence mis en perspective avec le modèle comportemental motivationnel
montre le rôle important de l’inhibition top-down des structures limbiques.
Cette étude est innovante, car elle n’a pas encore été réalisée. La particularité réside
dans le fait que bien que le but à long terme soit d’apporter un biomarqueur pour différencier
dépression bipolaire et dépression unipolaire, la comparaison de patients euthymiques nous
permettrait d’explorer un marqueur constitutif de chaque trouble. De plus contrairement à
l’IRM fonctionnelle, qui compare des groupes de sujets entre eux au cours de méthodes
d’acquisition complexes, la spectroscopie permet de mesurer des concentrations de métabolites
en valeur absolue. Ces mesures pourraient plus facilement permettre l’établissement de valeurs
seuils diagnostiques, toujours dans la perspective de trouver un jour un biomarqueur pour
chaque trouble.
Nous allons dans ce travail de thèse vous présenter l’étude de faisabilité de ce projet.
A. Objectif de l’étude
67
B. Matériel et méthode
1. Matériel
2. Méthode
Figure 12 : Position du VOI « Striatum Ventral Gauche » dans les trois plans orthogonaux.
De manière symétrique, le même VOI sera placé dans l’hémisphère droit.
68
Figure 13 : Position du VOI unique « Cortex Cingulaire antérieur » dans les trois plans
orthogonaux.
Un seul VOI pour les deux régions bilatérales.
a) Les participants
b) Mesures
Nous souhaitons mettre en œuvre la méthode SRM1H de SRM localisée à temps d’écho
court pour l’acquisition des signaux au niveau du Striatum Ventral et du Cortex Cingulaire
Antérieur de manière bilatérale. Le critère de jugement principal était la visualisation du signal
RMN des principaux métabolites cérébraux, i.e. avoir une résolution spectrale suffisante, et un
rapport signal/bruit, mesuré in vivo, >5, afin de permettre la quantification.
69
La validation de la quantification de la concentration des différents métabolites, par
SRM du proton, dans ces VOI, se basait sur l’évaluation de la borne minimale des variances de
l’estimation Cramer - Rao Lower Bounds (CRLB) qui sont estimés comme le pourcentage de
déviation standard de la modélisation pour les spectres des métabolites. Seuls les résultats avec
CRLB < 30% étaient retenus – Tableau 6.
c) Paramètres d’acquisition
Afin de pouvoir positionner les Voxels d’intérêt chez chaque participant, nous avons
procédé à l’acquisition d’images anatomiques en séquence 3D pondérées en T1 (3D T1
Inversion Recovery Sequence) dont les paramètres sont :
- TR = 8,8 s
- TE = 3,5 ms
70
- TI = 400 ms
- Épaisseur de coupe = 1,2 mm
- FOV = 24 cm
- Flip angle = 12°
- NEX = 1
- Résolution 288x288
Par la suite, l’acquisition des spectres s’est faite avec une séquence spectroscopique
localisée (PRESS) dont les paramètres étaient :
- TR = 1,5 s
- TE = 29 ms
- Module CHESS pour la suppression du signal de l’eau
- VOI « Striatum Ventral » = 15mmx15mmx15mm, Droit et Gauche
- VOI « Cortex Cingulaire Antérieur » = 20mmx20mmx20mm, médian pour couvrir les
CCA droit et gauche.
C. Résultats
1. Premier test
Le but était de définir le nombre d’accumulations nécessaires pour obtenir un signal sur
bruit suffisant pour les acquisitions au niveau du striatum ventral.
71
a) Striatum Ventral Gauche – 256 acquisitions
Nous avons placé le voxel dans la région du Striatum Ventral dans la position pour
laquelle les paramètres paraissaient optimaux – Figure 14.
Figure 14 : Position du VOI « Striatum Ventral » Gauche du premier sujet dans les 3 plans
orthogonaux. 15mmx15mmx15mm.
72
NS = 256
FWHM S/N data shift
phase
ppm Hz (ppm)
0,076 9,71 14 0,019 4 deg 0,6 deg/ppm
73
b) Striatum Gauche 512 Acquisitions
NS = 512
FWHM S/N data shift phase
ppm Hz (ppm)
0,067 8,56 19 0,01 3 deg -0,4 deg/ppm
74
c) Cortex Cingulaire antérieur – 256 acquisitions
Nous avons placé le voxel dans la région du Cortex Cingulaire Antérieur dans la position
pour laquelle les paramètres paraissaient optimaux, en position médiale, de plus grande taille
que les voxels précédents, recouvrant les deux CCA droit et gauche – Figure 17.
Figure 17 : Position du VOI « Cortex Cingulaire Antérieur » Droit et Gauche du premier sujet
dans les 3 plans orthogonaux. 20mmx20mmx20mm.
75
ACC - NS = 256
FWHM S/N data shift phase
ppm Hz (ppm)
0,057 7,28 23 0,024 3 deg 2 deg/ppm
76
2. Deuxième test : reproductibilité
- La variabilité de la qualité des spectres (ratio signal sur bruit, capacité à éliminer le
signal de l’eau et résolution spectrale) du striatum ventral interindividuelle.
- La variabilité de la qualité des spectres (ratio signal sur bruit, capacité à éliminer le
signal de l’eau et résolution spectrale) du striatum ventral intra individuelle. La qualité
des spectres n’étant pas la même entre le striatum ventral droit et le gauche pour un
même individu. Cette variabilité rendait inexploitable un des deux spectres.
- La bonne reproductibilité de l’enregistrement du spectre du cortex cingulaire antérieur
et sa qualité tout à fait satisfaisante pour analyser les valeurs absolues des concentrations
de métabolites.
De plus, le positionnement du voxel « striatum ventral », tel que nous l’avions fixé sur
les deux premiers sujets, de manière à optimiser la qualité du spectre, ne permettait pas
d’enregistrer le spectre du noyau Accumbens mais seulement des parties ventrales des noyaux
caudés et du putamen – Figure 19.
77
Figure 19 : Coupe coronale d’IRM passant par le striatum ventral.
Le carré avec les losanges représente la position du voxel « striatum ventral » gauche tel qu’il
a été fixé pour les deux premiers sujets. Le cercle est le repère anatomique du Noyau
Accumbens. Le carré rouge représente la position du voxel qui permettrait l’exploration de la
même région anatomique que celle de notre étude d’IRMf, à savoir la partie du striatum ventral
incluant le noyau Accumbens.
Notre hypothèse sur l’implication du noyau Accumbens étant forte, nous avons acquis
des spectres chez deux autres sujets. Nous avons fait varier les paramètres suivants :
- Position du voxel
- Taille du volume du voxel, jusqu’à 10mmx10mmx10mm
- Utilisation de bandes de saturation
- Essai d’un voxel unique médial de grande taille recouvrant les deux striatum ventraux
78
Les résultats de ces acquisitions ont tous menés aux mêmes conclusions :
- La qualité de la résolution spectrale n’a jamais été suffisante pour lancer des acquisitions
dans de bonnes conditions (entre 15 et 20 Hz), le voxel étant trop proche de structures
vasculaires et aériques (sinus, artères, veines).
- La suppression du signal de l’eau était également difficile, le voxel recouvrant
partiellement les ventricules.
- Le ratio signal sur bruit se dégradait considérablement avec la diminution du volume du
voxel.
Au total :
Nous pouvons résumer les enseignements des résultats de cette étude de faisabilité de
la manière suivante.
L’enregistrement d’un spectre d’une structure profonde comme le striatum ventral est
possible si l’on exclut le noyau Accumbens mais nécessite une accumulation importante de 512
acquisitions, ce qui correspond à un temps d’enregistrement assez long, i. e. deux fois 13
minutes. Malgré ces concessions, la variabilité interindividuelle est grande en termes de qualité
de spectre, de même que celle intra-individuelle entre le striatum droit et le striatum gauche.
79
VI. DISCUSSION
Nos résultats répliquent ceux des études sur le trouble bipolaire. Comme les études
antérieures nous retrouvons une hyper-activation du striatum ventral lors d’un paradigme de
67,73
récompense chez des patients présentant un trouble de l’humeur bipolaire de type II .
Par contre, ces résultats vont à l’encontre de notre hypothèse formulée sur le trouble
dépressif caractérisé. Nous avions fait l’hypothèse que les participants du groupe MDD auraient
une diminution de l’activité de leur striatum ventral pendant l’anticipation de la récompense
par rapport au sujets HC et aux patients du groupe BDII. En effet des études avaient montré
cette hypo-activation chez des patients présentant un trouble de l’humeur unipolaire en période
asymptomatique inter-épisodique 71,72 .
De plus, l’activité du striatum ventral droit plus importante pour les patients du groupe
MDD que ceux du groupe BDII est très en inadéquation avec notre hypothèse. Nous rappelons
cependant qu’à ce jour d’autres résultats contradictoires sont rapportés dans la littérature. 74
Ces résultats sont très intéressants car ils nous permettent de mieux analyser les résultats
des études déjà publiées dans la littérature. Cette contradiction apparente met la lumière sur les
biais qui ont pu être rencontrés dans les travaux précédents. Ces nouvelles données nous
permettent de mieux comprendre ce que l’on mesure et ainsi d’être plus précis et reproductible
à l’avenir. Cette étude apporte la confirmation de la possibilité de développer des biomarqueurs
des troubles bipolaires et unipolaires, afin de pouvoir les discriminer précocement, de manière
objective, et mieux les traiter. Elle nous donne également des indications sur le mode de
fonctionnement de nos traitements actuels.
80
Le statut symptomatique des participants aux études n’est pas toujours comparable.
Certaines études portent sur des patients en rémission, d’autre sur des patients en phase aiguë
de la maladie. Nous avons fait le choix d’inclure des patients asymptomatiques sur le plan de
l’humeur pour tenter d’identifier un marqueur trait du trouble et non de l’épisode thymique en
cours. Mais peut-être que les variations d’activité du striatum ventral au cours d’un paradigme
d’activation monétaire sont plus importantes entre des groupes cliniques en phase aiguë que
celles entre ces mêmes groupes cliniques en période asymptomatique et peuvent alors masquer
ces dernières.
Un autre biais est l’absence de contrôle d’un facteur clef qui est l’anhédonie. Nous avons
montré que l’anhédonie est un élément clinique important dont le substratum anatomique est le
circuit de la récompense. 56
Concernant l’anhédonie, nous avons rapporté dans notre revue de la littérature les
résultats d’une étude interventionnelle de neuro-imagerie fonctionnelle, que l’inflammation
peut induire de l’anhédonie, et que cette condition s’accompagne de modifications d’activités
du striatum ventral durant des paradigmes d’anticipation de récompense monétaire.60 Les
comorbidités de la dépression incluent les maladies inflammatoires. Certaines conséquences du
trouble psychiatrique telles que des modifications de l’hygiène de vie (comme la consommation
accrue de tabac par exemple, ou une négligence plus marquée de son état de santé) peuvent
elles-mêmes modifier ce statut inflammatoire. Ces particularités pourraient être des cofacteurs
non indépendants qui pourraient créer un biais et expliquer les résultats hétérogènes et
contradictoires.
Un autre biais pourrait venir des traitements. Ces derniers ne sont que très rarement
contrôlés dans les études. L’impact des psychotropes sur le fonctionnement du système nerveux
pourrait également faire varier l’activité du striatum ventral lors de paradigmes d’anticipation
de récompense dans des proportions bien plus grandes que l’appartenance à un groupe
présentant un trouble unipolaire ou bipolaire. Les patients unipolaires en rémission ne
bénéficiant pas de traitement lors de l’étude d’imagerie montrent une diminution de l’activité
72
de leur striatum ventral lors d’un paradigme de récompense alors que ceux bénéficiant d’un
traitement antidépresseur montreraient une augmentation de cette activité dans des conditions
comparables86 . Le biais qui serait alors rencontré serait celui de mesurer l’impact d’un
traitement pharmacologique et de le comparer entre deux populations pour lesquelles nous
81
n’avons pas d’hypothèse forte sur la particularité éventuelle du fonctionnement de la structure
enregistrée.
Un autre biais peut venir des paradigmes d’activation utilisés. Ils ne sont pas tous
identiques et cela doit nous inciter à la plus grande prudence lors de la comparaison des études.
Notre paradigme d’activation est un paradigme qui a été construit pour explorer l’anticipation
de la récompense. Nous l’avons utilisé pour cela car nous avions une hypothèse forte sur cette
période du processus de récompense. Mais ce paradigme permet aussi d’explorer la période
d’obtention de la récompense bien qu’il ne soit pas conçu pour cela. Nous avons présenté nos
résultats sur cette période du paradigme mais nous gardons une grande prudence avec ces
résultats, notre outil de mesure n’étant pas prévu pour cela. Or certaines études présentent des
résultats, voire des conclusions, sur certaines périodes de paradigmes, alors que le paradigme
n’est peut-être pas conçu pour cela. Pour certaines d’entre elles, le paradigme n’est pas exposé
dans le corps de l’article et il faut demander le « matériel supplémentaire » pour parvenir à
connaitre précisément les conditions de la mesure.
Tous ces biais considérés comme pouvant expliquer le delta entre notre hypothèse de
travail et nos résultats, nous avons également rapporté un résultat plus concordant avec la
clinique. Si l’on soustrait l’activité de l’anticipation d’une perte à celle de l’anticipation de la
récompense pour objectiver l’effet de saillance, les patients du groupe BDII ont une
augmentation de l’activité dans le striatum droit par rapport aux patients du groupe MDD et
HC. Cet effet de saillance est important car il correspondrait à la perte de contrôle rapportée par
la clinique que peuvent présenter les patients présentant un trouble de l’humeur bipolaire et qui
peut se caractériser par une certaine impulsivité ou une forte labilité émotionnelle.
L’augmentation de l’activité du striatum ventral pendant l’anticipation d’une récompense si
l’on soustrait l’anticipation d’une perte montrerait bien la variation de réponse du striatum en
fonction de l’enjeu. L’augmentation de l’activité du striatum ventral lors de l’anticipation de la
récompense seule chez les patients du groupe MDD serait alors plus en relation avec une hyper-
82
activation constante, sur la dimension « éveil », qui pourrait par exemple s’expliquer par le
traitement antidépresseur.
Notre étude de faisabilité montre que l’enregistrement d’un spectre du cortex cingulaire
antérieure est possible et sa qualité autorise des analyses statistiques sur les valeurs absolues
des concentrations des métabolites d’intérêts.
L’enregistrement d’un spectre d’une structure profonde comme le striatum ventral est
possible si l’on exclut le noyau Accumbens mais demeure peu fiable pour la comparaison entre
individus et même pour la comparaison entre le striatum droit et le striatum gauche d’un même
individu. Cette comparaison pourrait même s’avérer impossible si la qualité des spectres était
insuffisante.
83
Les difficultés d’exploration du striatum ventral sont dues à plusieurs facteurs :
- Les structures vasculaires et aériques trop proches rendent le contenu du voxel d’intérêt
trop hétérogène et les données inexploitables.
- Les tentatives de diminutions du volume du voxel d’intérêt, pour minimiser le
recouvrement des structures adjacentes hétérogènes sus citées, dégradent très fortement
le ratio signal / bruit et rend les données inexploitables.
- Le recours aux bandes de saturation bordant le voxel ne permet pas d’améliorer les
paramètres d’acquisition et la suppression du signal de l’eau devient plus difficile.
- L’essai d’augmentation de la taille du voxel qui recouvrirait le striatum ventral droit et
le striatum ventral gauche dans le même voxel d’intérêt, pour améliorer le ratio signal /
bruit, ne s’accompagne pas d’une amélioration de la qualité du signal enregistré, trop
de tissus hétérogènes appartenant alors à ce voxel.
Ces différents écueils pourraient être dépassés avec l’acquisition de la nouvelle machine
d’IRM de recherche qui permettra la déformation du voxel d’intérêt, et donc d’éviter la
perturbation du signal en se détournant des tissus hétérogènes (air et vaisseaux) tout en gardant
notre volume minimal garant d’un bon ration signal / bruit.
84
L’exploration du striatum ventral par une méthode en multi-voxels a été réalisée par
d’autres équipes, une étude de leur méthodologie pourrait nous permettre de répliquer cette
technique.
84
L’adaptation de la région d’intérêt à la technique utilisée n’est pas un inconvénient, car toutes
ces régions font partie des mêmes circuits, il faudra simplement bien redéfinir le rôle de chacune
et les modalités de leurs interdépendances.
C. Perspectives
Les résultats de nos travaux sont des éléments importants dans la compréhension de la
physiopathologie des troubles de l’humeur, et d’une de leur composante : l’anhédonie. Ils
contribuent à la recherche de biomarqueurs. Nous avons vu les limites et les biais inhérents à
cette recherche et forts de cela nous pouvons orienter nos travaux de recherche futurs, en
imagerie fonctionnelle avec un meilleur contrôle des biais, en spectroscopie selon les modalités
présentées dans notre étude de faisabilité.
1. En imagerie fonctionnelle
Une première piste d’étude pourrait être de réaliser des comparaisons entre l’activité du
striatum ventral lors d’un paradigme de récompense monétaire d’un patient en phase
asymptomatique inter-épisodique et celle de ce même patient, qui serait alors son propre
témoin, en phase aigüe pour quantifier la part de variation de l’activité due à l’épisode lui-même
et non plus au potentiel « trait » que représenterait sa condition clinique de trouble de l’humeur.
Plus que la comparaison de troubles entre eux, une comparaison plus ciblée sur
l’absence ou la présence de certains symptômes pourrait être un facteur clef. Nous avons
rappelé l’importance du symptôme « anhédonie » dans l’exploration du circuit de la
récompense, or celui-ci n’est jamais correctement évalué ni contrôlé dans les études de neuro-
imagerie fonctionnelle portant sur les troubles de l’humeur. L’utilisation d’outils spécifiques,
comme des échelles quantifiant ces dimensions cliniques parait pertinente.
85
même hygiène de vie). Ces considérations requièrent une très bonne collaboration entre les
structures hospitalières et les laboratoires car les fenêtres d’acquisition de données seront
étroites si les paramètres qui devraient être contrôlés sont nombreux.
Des études sur la mesure et la comparaison des modifications engendrées par les
traitements psychotropes à l’IRM fonctionnelle sur des sujets sains pourraient apporter des
indications sur les effets propres à chacun de ses traitements et ainsi permettre de mieux
contrôler ces effets lorsque des études sont menées entre différentes populations cliniques qui
ne pourront pas être accessibles lors de fenêtres thérapeutiques pour des raisons d’éthique.
La comparaison entre les études, les méta-analyses pourraient être facilitées par une
meilleure standardisation des paradigmes d’IRMf. Certaines études peuvent paraître
contradictoires car elles concluent à des résultats différents pour une même condition or il se
pourrait que pour des raisons encore inconnues, deux paradigmes similaires mais non identiques
ne permettent pas de mesurer la même activité exactement et donc de la comparer. La
réplication d’étude dont le paradigme a montré une bonne efficacité pourrait être une étape
permettant aussi de lever les contradictions qui existent dans la littérature.
2. En spectroscopie
Pour poursuivre l’étude de faisabilité de 1H MRS, il faudra évaluer par une revue de la
littérature réorientée, i. e. non ciblée sur le trouble de l’humeur unipolaire et bipolaire mais sur
le circuit de la récompense exploré dans d’autres conditions, si d’autres régions de ce circuit
pourraient nous permettre d’avancer sur la compréhension de la physiopathologie des troubles
de l’humeur. Le cortex préfrontal dorso latéral ou orbito-frontal peuvent être de bons candidats
car moins profonds que les noyaux gris centraux et tout autant en relation avec la problématique.
Cette démarche permettrait de mieux comprendre les contrôles top-down et bottom-up
défaillants ou surexprimés dans les troubles de l’humeur et les mettre en perspective avec la
clinique.
86
Bien que notre étude de faisabilité soit pour l’instant non concluante avec notre matériel
actuel, nous allons en janvier 2019 prochain faire l’acquisition d’une nouvelle machine siemens
Vida qui aura une antenne 64 canaux qui nous permettra d’augmenter le ration signal sur bruit.
De même, nous disposerons de nouvelles séquences RMN localisée, dites « semi-laser » qui
nous permettront de minimiser les artefacts de déplacement chimique. Nous n’avons également
pas testé le recours à l’acquisition multi-voxels qui a pour d’autres équipes permis d’obtenir
des résultats exploitables sur le noyau Accumbens.
3. Autres perspectives
Enfin une des perspectives de recherche dans la quête de biomarqueurs des troubles de
l’humeur pourrait être le recours à des marqueurs combinés. L’intégration de plusieurs
marqueurs, comme ceux présentés dans notre revue de la littérature, pourrait permettre la
constitution d’un statut biologique qui pourrait aider le clinicien dans sa démarche diagnostique
psychiatrique. La constitution de sous-groupes de patients dans les études en fonction de leurs
caractéristiques génétiques est également une piste explorée par des équipes de recherche,
comme celle qui m’a accueilli à Cardiff.
87
VII. CONCLUSION
Dans la nosographie actuelle, cet épisode dépressif peut être un élément clinique du
trouble dépressif récurrent – ou trouble de l’humeur unipolaire. Mais cet épisode, avec les
mêmes caractéristiques, peut aussi être un évènement clinique des troubles de l’humeur
bipolaire I et II lorsqu’il est associé à d’autres épisodes maniaques et hypomaniaques. Savoir
dans quel trouble intégrer l’épisode dépressif est un enjeu clinique capital, car sa prise en charge
relèvera de modalités et de traitements différents. Or, il n’existe pas à ce jour de biomarqueur
en pratique clinique courante et seule l’anamnèse peut renseigner le clinicien.
Dans ce travail, nous avons exploré le fonctionnement cérébral par sa mesure à l’IRM
fonctionnelle et la spectroscopie. Cette exploration est centrée sur le circuit de la récompense,
plus particulièrement deux régions clefs impliquées dans son substratum anatomique : le
striatum ventral et le cortex cingulaire antérieur. Ces régions ont été étudiées dans les troubles
de l’humeur unipolaire et bipolaire. Nous avons utilisé un paradigme d’activation de
récompense monétaire en neuro-imagerie fonctionnelle. Nous avons fait l’hypothèse de
l’existence d’une différence d’activité de ces régions entre des patients en rémission d’un
88
trouble de l’humeur bipolaire de type II, des patients en rémission d’un trouble de l’humeur
unipolaire et des sujets sains. L’objectif était d’identifier des marqueurs « traits » de la maladie.
Nous avons retrouvé des différences significatives entre les trois groupes dans la région
du striatum ventral.
89
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98
IX. ANNEXES
99
Annexe 1 : Épisode dépressif
100
Annexe 2 : Trouble dépressif caractérisé
101
Annexe 3 : Épisode maniaque
102
Annexe 4 : Épisode hypomaniaque
103
Annexe 5 : Trouble bipolaire de type 1
104
Annexe 6 : Trouble bipolaire de type 2
105
Annexe 7 : Questionnaire abrégé de Beck
106
107
Annexe 8 : Auto-questionnaire Altman
108
X. SERMENT D'HIPPOCRATE
Que les HOMMES m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je
sois couvert d'OPPROBRE et méprisé de mes confrères si j'y manque.
109
(Conseil national de l’ordre des médecins)
SERMENT D'HIPPOCRATE
Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois
de l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses
éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination
selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies,
vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne
ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances
pour forcer les consciences.
Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à
l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à
corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je
ne provoquerai jamais la mort délibérément.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ;
que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.
110
ALLAUZE Étienne François Louis
111