I.4 Les Grandes Classes de Réactions
I.4 Les Grandes Classes de Réactions
I.4 Les Grandes Classes de Réactions
Chapitre
de réactions 26
Mots-clés
Addition Réaction électrolytique
Carbocation Réaction radicalaire
Carbonion Réarrangement
Contrôle Cinétique/Thermodynamique Relation de Hammet
Effet isotopique Solvant
Elimination Substitution
Postulat de Hammond Théorie HSAB
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D eux démarches différentes peuvent être adoptées pour présenter la chimie organique : l’une consiste à
en ordonner le contenu selon une classification des composés en fonctions (alcools, amines, etc.) ou
en grandes classes (glucides, stéroïdes, etc.), l’autre est fondée sur une classification des types de réaction
(additions électrophiles, substitutions nucléophiles, etc.).
Ces deux approches ne sont ni opposées, ni exclusives l’une de l’autre, mais complémentaires, puisqu’elles
permettent de considérer les mêmes faits sous des angles différents. La déshydratation des alcools, par
567
Partie II ■ Chimie organique descriptive
exemple, figurera dans le premier cas parmi l’ensemble des propriétés de la fonction alcool, alors que dans
le second elle sera envisagée à l’occasion d’une étude générale des réactions d’élimination, en même temps
que certaines réactions des dérivés halogénés, des ammoniums quaternaires ou des esters.
Pour parvenir à une bonne compréhension, en profondeur, de la chimie organique, il est fructueux d’opérer
un regroupement entre ces deux points de vue. Le choix de la première démarche, qui convient mieux pour
un premier contact avec la chimie organique, a été fait jusqu’ici dans ce livre, mais ce chapitre propose,
sans rien ajouter à la matière déjà traitée, une sorte de catalogue des réactions déjà rencontrées où elles sont
classées en fonction de leur type et de leur mécanisme.
Toutes les réactions précédemment décrites n’ont pas toutes trouvé leur place dans cette classification.
Seules sont répertoriées ici celles dont le mécanisme a été effectivement indiqué et présente un certain
caractère de généralité. Il n’est du reste pas possible d’exposer toute la chimie organique dans une
étude ordonnée par types de réactions, car certaines entrent difficilement dans une classification systé-
matique, et les rapprochements auxquels on serait alors conduit peuvent devenir assez artificiels.
Vous avez ici la possibilité d’effectuer un travail personnel extrêmement efficace, en essayant d’abord de
recenser vous-même dans les chapitres antérieurs les réactions relevant de chaque type de bilan et de méca-
nisme. Pour cela :
• relevez d’abord la liste des types de réactions pris en compte dans la suite de ce chapitre, c’est-à-
dire en fait la liste des rubriques qu’il comporte, ou encore les sous-titres du paragraphe 26.2 ;
• puis, sans prendre connaissance de façon détaillée du contenu de ces rubriques, recherchez (essen-
tiellement dans les chapitres 8 à 20) les réactions qui correspondent à chacune d’elles et comparez
ensuite votre « moisson » aux listes proposées.
Ce chapitre débute par un court résumé des modes de formation et des comportements réactionnels des
principaux intermédiaires (carbocations, carbanions), et se termine par un recensement des principaux
outils de raisonnement utilisables pour élucider le mécanisme des réactions. Sur ces deux points aussi, vous
pouvez procéder d’abord à une recherche personnelle dans les chapitres antérieurs.
568
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
26.1.1 Carbocations
Les carbocations portent une charge positive, et une orbitale vide, sur un carbone.
a) Structure
Les carbocations présentent une géométrie plane :
+
C C
b) Stabilité relative
Elle augmente avec le degré de substitution du carbone :
chap. 15,
Primaires < Secondaires < Tertiaires § 15.4.2
Exemples
H
+ +
CH3 CH CH2 CH3 CH CH3 (primaire secondaire)
CH3
+ +
CH3 C CH2 CH3 C CH2 CH3 (primaire tertiaire)
CH3 CH3
c) Modes de formation
Rupture hétérolytique d’une liaison entre un carbone et un atome plus électronégatif que le carbone :
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paire d’ions
solvant
δ+ δ−
protique –
C X C X
ou
+
catalyseur
page 271
Une telle rupture se rencontre notamment dans les réactions des dérivés halogénés, des alcools et
des hydroxydes d’ammonium quaternaire. Elle peut être facilitée dans un solvant protique et/ou par
une catalyse acide, parfois indispensable (AlCl3 pour les dérivés halogénés ; H+ ou Zn2+ pour les page 333
alcools).
569
Partie II ■ Chimie organique descriptive
+
+
C C +E C C
pages
208, 213, Cet électrophile peut être H+, Cl+ ou Br+, ou un autre carbocation.
269 et 271
et § 9.2.3
d) Réactions
Dans tous les cas, les réactions des carbocations aboutissent à l’arrivée d’un doublet électronique sur
le carbone porteur de la charge.
Réaction avec un nucléophile
Nu C Nu C
+
Ce nucléophile peut être un anion (Cl−, CN−, OH−…), une molécule possédant un doublet libre
§13.2,
(H2O, NH3,…) ou une molécule non saturée (alcène, hydrocarbure benzénique).
page 271
Élimination d’un H+ en α avec création d’une double liaison
chap. 13,
§ 13.2.2 et H
chap. 15,
§ 15.2.2.b
+
+
C C +E C C + H
+
Réarrangement
éventuel
RX – X– + Y– RY
+
C
+ E+ – H+
C C C C
Carbocation
570
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
e) Conjugaison et hyperconjugaison
Un carbocation peut être stabilisé par le phénomène de mésomérie s’il se trouve séparé par une liaison
simple d’un doublet π ou d’un doublet n. On parle alors de carbocation résonant et l’on peut écrire
plusieurs formes limites de résonance en utilisant les formules de Lewis « ordinaires ». Un carboca-
tion résonant ou conjugué sera toujours plus stable qu’un carbocation non résonant.
Cependant, dans certains cas, le phénomène de conjugaison « classique » ne suffit pas pour expli-
quer la stabilité ou la réactivité de certains ions ou de certaines molécules. On peut alors avoir recours
au phénomène d’hyperconjugaison. Ainsi concernant la stabilité relative des carbocations en fonction
de leur degré de substitution, les effets inductifs et mésomères classiques ne permettent pas d’expli-
quer pourquoi un carbocation tertiaire est plus stable qu’un primaire. En effet, ces carbocations sont
non résonants au sens classique du terme et la valeur d’électronégativité de l’atome de carbone est
voisine de celle de l’atome d’hydrogène. L’hyperconjugaison correspond ici à une stabilisation de la
lacune électronique par un phénomène de résonance « non classique » faisant intervenir les doublets
des liaisons σ des groupes alkyles. Ainsi on a tendance en chimie organique à considérer les groupes
alkyles comme donneurs d’électrons ; cependant, il ne s’agit en aucun cas d’un effet inductif donneur
mais plutôt d’un effet mésomère.
La figure donnée ci-dessous représente la stabilisation par hyperconjugaison (ligne en pointillé
rouge) d’un cation primaire et d’un cation tertiaire (plus stable). Dans cet exemple, les électrons σ des
liaisons C—H participent à la stabilisation de la lacune.
+ +
H
C C C C
H C
26.1.2 Carbanions
Les carbanions portent une charge négative, et un doublet libre, sur un carbone.
a) Structure
Les carbanions présentent une géométrie pyramidale :
–
–
C
C
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b) Stabilité relative
Elle diminue quand le degré de substitution du carbone augmente :
chap. 5,
Primaires > Secondaires > Tertiaires § 5.3.2.a
571
Partie II ■ Chimie organique descriptive
c) Modes de formation
Ils se forment par rupture hétérolytique d’une liaison entre un carbone et un atome moins électroné-
gatif que le carbone :
paire d’ions
solvant
aprotique
δ− δ+ +
C M C M
–
Une telle rupture se rencontre essentiellement dans les réactions des organométalliques (dérivés
sodés M = Na, organomagnésiens M = MgX, organolithiens M = Li).
Deux méthodes de préparations d’organométalliques sont rappelées ci-dessous :
Échange halogène-métal (réaction de Grignard)
Et2O δ− δ+
RX + Mg R – MgX
hydrogène labile
δ− δ+
C H + B– M+ C M+B H
De tels hydrogènes labiles se trouvent, par exemple, dans les alcynes vrais, le cyclopentadiène, les
§ 10.2.3, composés carbonylés.
§ 18.2.2
et page 264
d) Réactions
Dans tous les cas, les réactions des carbanions aboutissent à la mise en commun de leur doublet libre.
Comportement basique
Les carbanions sont des bases fortes, capables de prendre un H+ même à des acides faibles :
R− + AH o RH + A−
chap. 14, Les réactions des organomagnésiens constituent des exemples typiques de ce comportement.
§ 14.2.1.a
Comportement nucléophile
Les carbanions manifestent de l’affinité pour les carbones déficitaires, mais deux cas peuvent se
présenter :
• carbone déficitaire saturé : le carbanion se substitue à l’un des atomes ou groupes portés par ce
carbone :
δ+ δ−
R– + C Y R C + Y–
572
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Les exemples sont nombreux : alkylation des alcynes vrais ou des composés carbonylés ; réactions
des organomagnésiens avec un dérivé halogéné ou avec l’orthoformiate d’éthyle, etc.
• carbone déficitaire non saturé : le carbanion, en se liant à ce carbone, amorce une réaction § 10.3.2,
§ 18.2.2.b,
d’addition : § 14.2.1.a et b
δ+ δ−
R– + C Z R C Z–
Les additions nucléophiles des organomagnésiens sur les aldéhydes et les cétones, ou sur les
§ 14.2.3.a et c
nitriles illustrent ce comportement.
AH
RX RH
M
–
– M+
:
RM C
B– C
+ Substitution
C C
C H Addition
Carbanion
26.2.1 Substitutions
a) Substitution nucléophile
Sur un carbone saturé
– δ+ δ–
Nu + C X C Nu + X–
La SN2
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C’est une substitution nucléophile bimoléculaire impliquant une seule étape (absence d’intermédiaire
réactionnel) ; elle obéit à une cinétique d’ordre deux (qui justifie le mécanisme bimoléculaire). Elle
est concertée (les liaisons sont simultanément formées et rompues) et est stéréospécifique (inversion
de configuration au niveau du centre réactionnel). Elle est favorisée pour les halogénoalcanes
primaires (peu encombrés) et dans un solvant aprotique dipolaire.
–
– δ– δ– –
Nu C X Nu C X Nu C X
état de transition
573
Partie II ■ Chimie organique descriptive
La SN1
C’est une substitution nucléophile unimoléculaire impliquant deux étapes (présence d’un intermé-
diaire réactionnel) ; elle obéit à une cinétique d’ordre un (qui justifie le mécanisme unimoléculaire).
Lors de la première étape, on observe la dissociation de la liaison C — X avec formation d’un carboca-
tion intermédiaire, c’est l’étape cinétiquement déterminante. Elle est non stéréospécifique (racémisation
lorsque la substitution a lieu au niveau d’un centre chiral). Elle est favorisée pour les halogénoalcanes
tertiaires (carbocation stabilisé) et dans un solvant protique polaire.
+
intermédiaire réactionnel
Le nucléophile, dans tous les cas, porte un doublet libre et ce peut être un anion ou une molécule
neutre ; le substrat peut être une molécule ou un cation mais la nature (neutre ou ionique) du produit de
la réaction est déterminée dans tous les cas par la règle de conservation des charges (par exemple : un
anion + une molécule r une molécule + un anion, ou une molécule + une molécule r deux molécules).
Ces réactions peuvent aboutir à la création de liaisons C — C, C — O, C — N, C — S, C — X.
− −
RO — Éther X 13.2.1 ; p. 349
− — −
ArO Éther X 16.2.3
− — −
SH Thiol X 15.6
− — −
RS Thioéther X 15.7
− — −
RCOO Ester X 13.2.1
− — −
CN Nitrile X 13.2.1 ; 19.6.5
− −
NO2 — Dérivé nitré X 13.2.1
− −
RC ≡ C — Alcyne X p. 239, 13.2.1
− −
—C—C — — Dérivé alkylé X 18.2.2.b ; 20.1.3.b ;
20.2.4.c
O
− — − 8.4.1.b ; 13.2.1 ;
R (RMgX) Hydrocarbure X
14.2.2.a
−
H2O — Alcool X 13.2.1
−
NH3 — Amine X p. 387
−
R3N — Ammonium quat. X 17.2.2
574
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Beaucoup d’étapes élémentaires dans des processus complexes sont des substitutions nucléophiles SN2 ; chap. 14,
− § 14.2.3.d,
exemple : ouverture d’un ion bromonium par attaque de Br ou d’un époxyde par un organomagnésien.
page 215
X Nu
+ Nu– + X–
O O
Cette réaction est en fait le résultat d’un processus d’addition-élimination catalysé ou non par les
acides.
• On rencontre par exemple le mécanisme par catalyse acide dans la réaction d’hydrolyse des esters. chap. 15,
§ 15.4.4
+ O H
O O H O H H
H2O +
R C + H+ R C R C R C O
OR’ O OR’ O R’ H
+ O R’
O H
OH H
R C + R’OH + H+ R C O
+
O O
H R’
O :O :
O
R C + Nu– R C Nu R C + X–
δ+
X Nu
δ− X
X X Nu X Nu X Nu Nu
– –
: :
+ Nu –
+ X–
–
:
Ces réactions sont rendues difficiles par l’interaction électronique existant entre les doublets libres
de l’halogène X et les électrons π du cycle ; en outre, la mobilité des électrons du cycle a pour effet que
l’atome de carbone portant le groupe partant X est peu déficitaire donc peu électrophile.
575
Partie II ■ Chimie organique descriptive
Dans l’exemple rappelé ci-dessous concernant la synthèse du phénol, les conditions de tempéra-
ture nécessaires traduisent bien cette difficulté.
Cl OH
200 °C
+ NaOH + NaCl
— −
Énolate (cétone) β-dicétone RO 20.1.3.b
— −
Énolate (ester) β-cétoester RO 20.2.4.c
− −
OH R — CO — CX3 Acide CX3 18.2.2.d
Cl OCH3
NO2 NO2
+ CH3O–Na+ + Cl–
NO2 NO2
Question 26.A
Écrire le mécanisme détaillé de cette substitution nucléophile aromatique.
576
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Les réactions des sels de diazonium benzéniques avec perte de diazote sont également des substi-
tutions nucléophiles sur l’un des carbones du cycle ; s’effectuant en deux étapes, la réaction s’appa- chap. 17,
rente à une SN1. § 17.2.5
+
N2 Y
+
Y:
+ N2
H E H E H E H E
+
+
+
+ E + H+
+
La présence d’un ou de plusieurs groupements donneurs d’électrons liés au cycle aromatique faci-
lite cette réaction.
26.2.2 Éliminations
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Les deux principaux mécanismes de β-élimination (E1 et E2) sont rappelés ci-dessous.
• Le mécanisme E2, comme celui de SN2, est bimoléculaire et obéit à une cinétique d’ordre deux. Il
est concerté et stéréospécifique.
X
X
C C C C C C + BH + X–
–
–
H B H B
577
Partie II ■ Chimie organique descriptive
X –
B
H
1ère étape + 2e étape +
C C C C C C + H
H
+ X–
• Le mécanisme E1CB est un mécanisme unimoléculaire en deux étapes. Il a lieu en milieu basique
lorsque le nucléofuge est un mauvais groupe partant (OH, NR2) et très souvent lorsque le carbanion
intermédiaire peut être stabilisé. La première étape correspond à une déprotonation (par la base) de
la position β et formation d’un anion intermédiaire (exemple carbanion). L’élimination anti-
Zaïtsev de Hofmann (voir 17.2.2.c) s’explique par un mécanisme de type E1CB.
X X
Σ Σ
C C C C C C
Σ
H B
+ BH + X–
Le résultat d’une réaction d’élimination peut être la création d’une double liaison, d’une triple
liaison ou d’un cycle. C’est sur ce critère que sont classées les réactions rassemblées ci-après, sans
§ 13.2.2.a,
§ 19.6.3 autre référence à leurs mécanismes, qui sont divers (E1 et E2 ; syn-élimination).
Dans un véritable mécanisme E1CB on passe par la formation d’un carbanion qui est d’autant plus
stabilisé qu’il n’est pas substitué par des groupements alkyles. L’hydrogène est de ce fait arraché du côté
du carbone le moins substitué ce qui conduit au final à l’alcène le moins substitué. Ce mécanisme E1CB
est favorisé lorsque le nucléofuge est un mauvais groupe partant et lorsqu’il est chargé ce qui est le cas
des ammoniums quaternaires.
578
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
SN1 SN2 E1 E2
Classe de R dans III>II>I I>II>III III>II>I III>II>I
R—X
Solvant Protique Aprotique polaire Protique Aprotique polaire
Entité attaquante Nucléophile Nucléophile chargé Base faible Base forte
neutre (Solvolyse) faiblement encombrée
concentrée
Température Ambiante Ambiante Elevée Elevée
Molécularité Unimoléculaire Bimoléculaire Unimoléculaire Bimoléculaire
Nombre d’étapes 2 1 2 1
Intermédiaire Carbocation aucun Carbocation aucun
Dérivé 9.4.1.ca
Métal C C
gem-dihalogéné
Catalyse Alcool C C
C=O 15.2.4.b
Oxydant Alcool C =O
C 15.2.4.ab
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a.* Zn : + Cl C C Cl ZnCl2 + C C
b. **H C OH + H2 Cr O4 H C O Cr O3 H
: :
579
Partie II ■ Chimie organique descriptive
26.2.4 Additions
a) Addition électrophile
Le substrat est attaqué par le fragment électrophile provenant de la rupture du réactif, pour donner un
cation sur lequel vient ensuite se lier l’autre fragment. Ces réactions sont caractéristiques des liaisons
éthyléniques ou acétyléniques ; les petits cycles (cyclopropane) réagissent de façon analogue.
+
E E E
+
δ+ δ– [Nu–]
C C + E Nu C C ou C C C C
Nu
X2 C C — CX — CX — p. 213
HX C C — CH — CX — p. 208
C C
R — CO3H C C 9.2.2.a
O
X2 —C≡C— — CX = CX — 10.2.1.b
HX —C≡C— — CH = CX — 10.2.1.c
} {
HX C=C—C=C addition 1,2
+ 20.1.1.a
X2 C=C—C=C addition 1,4
HX — CH — C — CX — 11.2.2.b
X2 — CX — C — CX — 11.2.2.b
b) Addition nucléophile
Le fragment nucléophile provenant du réactif attaque les électrons π d’une liaison multiple (ou une
liaison d’un cycle tendu) pour donner un anion qui, le plus souvent, capte ensuite un proton dans une
étape finale d’hydrolyse.
δ+ δ− H2O
:
Y + C A Y C A– Y C AH
580
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
H2O C=O
C HO — C —OH 18.2.1.f
ROH C=O
C HO — C —OR 18.2.1.g
HC ≡ N C
C=O N ≡ C — C — OR 18.2.1.e
−
H C
C=O H — C — OH 18.2.1.c
− C
C=O RC ≡ C — C — OH
RC ≡ C p. 239
— CO — C −— C
C=O — CO — C — C — OH 18.2.2.c
−
R (RMgX) C
C=O R — C — OH 14.2.3.a
−
R (RMgX) O=C=O R — CO — OH 14.2.3.a
−
H C=N
C— H — C — NH — p. 388
−
H —C≡N — CH2 — NH2 19.5.5
− C C
H H — C — C — OH p. 349
O
− C C
R (RMgX) R — C — C — OH p. 349
O
−
R (RMgX) C = CC— C = Oa R — C — CH — C = O 20.2.1.a
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a. Une double liaison se prête normalement à des attaques électrophiles : une attaque nucléophile
n’est possible que dans le cas d’une double liaison conjuguée avec un groupement attracteur d’élec-
trons.
581
Partie II ■ Chimie organique descriptive
26.2.5 Réarrangements
Une réaction peut ne pas se limiter à une transformation du groupe fonctionnel, et comporter une parti-
cipation du squelette de la molécule. Il n’est pas possible de dégager des principes généraux à partir
des quelques exemples de réarrangements qui ont été signalés, et qui seront seulement rappelés ici :
a) Réarrangement de Wagner-Meerwein
§ 26.1.1.b CH3 Cl
CH3 CH3
b) Réarrangement pinacolique
page 456
R R R
H+
R C C R R C C R
OH OH R O
c) Réarrangement benzylique
chap. 20,
§ 20.1.3.a Ph
OH–
Ph C C Ph Ph C COOH
O O OH
d) Réarrangement de Beckmann
chap. 18,
§ 18.2.1.h R OH
H+
C N R C NH R’
R’
O
La préparation d’une cétone à partir de deux molécules d’un acide, pour laquelle aucun mécanisme
n’a été indiqué, peut s’interpréter également par un réarrangement, après que, dans une première
§ 20.2.4.c
et page 421 étape, se soit formé un anhydride :
O
– H2O
2R C OH O C C O R C R + CO2
O R R O
582
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
a) Substitution radicalaire
Le mécanisme de cette réaction photochimique en chaîne a été précisé, et trois exemples ont été
rencontrés, concernant toujours la substitution de H par un halogène sur un carbone saturé :
chap. 8,
• Chloration du méthane. § 8.2.2,
chap. 20,
• Chloration du propène, sans addition sur la double liaison. § 20.1.2.b,
• Chloration du toluène, sélectivement sur la chaîne latérale. page 269
b) Addition radicalaire
Les hydracides, dans des conditions propres à évoquer une réaction radicalaire (présence d’un amor-
ceur, comme un peroxyde) s’additionnent sur la liaison éthylénique dans le sens contraire à celui que
page 210
laisserait prévoir la règle de Markownikov (effet Karasch).
L’addition des halogènes sur le cycle benzénique est également une addition radicalaire, photo-
chimique et en chaîne.
c) Polymérisation radicalaire
La polymérisation des dérivés vinyliques, celle du styrène par exemple, s’effectue selon un méca-
nisme radicalaire en chaîne, dont la phase de propagation peut se schématiser ainsi : § 9.2.3
583
Partie II ■ Chimie organique descriptive
donnons un certain nombre d’outils élémentaires de la chimie organique qui ont été utilisés pour une
meilleure compréhension de cette discipline et pour la mise en place des mécanismes réactionnels.
Énergie
EaR→A
EaR→B EaR→A
EaA→B
R A
B R
EaR→A
EaA→B
B EaB→A
R A
A
B
Le cas 1 de la figure 26.1 décrit le profil énergétique d’une réaction sous contrôle cinétique. On
remarque que l’énergie à fournir pour passer de R à A (EaRrA) ou B (EaRrB) est très inférieure à celle
qu’il faut fournir pour passer de A (EaArR) ou de B (EaBrR) à R. La réaction est irréversible et la
formation de A et de B ne dépend que de leurs vitesses relatives de formation.
Le cas 2 décrit une réaction sous contrôle thermodynamique. L’énergie nécessaire pour passer de A
à B (EaArB)ou de B à A (EaBrA) est très inférieure à celle nécessaire à la conversion de R en A
(EaRrA). Ainsi, dès que l’énergie fournie au système permet la formation de A, un équilibre s’établit
entre A et B. La quantité de A et de B ne dépend pas des conditions opératoires et sera uniquement
reliée à la constante d’équilibre thermodynamique existant entre A et B.
Dans le cas 3, on remarque que l’énergie nécessaire à la formation de A à partir de R (EaRrA)
est légèrement inférieure à celles permettant la conversion de A en B (EaArB) ou de B en A
(EaBrA). Dans ce cas, l’ajustement des conditions opératoires permettra soit d’accumuler A, la
réaction sera alors sous contrôle cinétique soit d’établir l’équilibre entre A et B, les proportions de
584
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Exemples
Nous allons illustrer le cas 3 en détaillant la réaction d’addition de HCl sur le buta-1,3-diène vue au
chapitre 20.
+
+ HCl – –
Cl Cl
+
carbocation allylique
Cl
+ I : 3-chlorobut-1-ène
–
Cl +
+
–
Cl
Cl
II : 1-chlorobut-2-ène
Dans le cas de l’addition de H+ sur le butadiène, le carbocation intermédiaire le plus stable est le
cation allylique résonant. On explique ensuite la formation des deux produits, le 3-chlorobut-1-ène
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et le 1-chlorobut-2-ène, par l’addition de Cl− sur l’un ou l’autre des deux sites positifs de l’intermé-
diaire réactionnel.
585
Partie II ■ Chimie organique descriptive
• Illustrons maintenant ces faits expérimentaux par un diagramme énergétique (fig. 26.2).
Énergie
Carbocation
allylique
II : 3-chlorobut-1-ène
I : 1-chlorobut-2-ène
Buta-1,3-diène + HCl
Coordonnées de la réaction
586
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
l’état de transition 1 et l’état initial (pour la première étape) ou entre l’état de transition 2 et l’état
intermédiaire qui le précède (pour la deuxième étape). L’évaluation qualitative de la vitesse nous
oblige à connaître la structure de l’état de transition ce qui n’est pas chose aisée si l’on se réfère à la
définition que l’on en a donnée au chapitre 5. La connaissance de la nature de l’état de transition peut
également être très utile pour l’établissement du mécanisme réactionnel d’une réaction. Malheureu
sement les états de transition sont très instables et n’ont qu’une existence fugace, il n’existe pas de
moyens expérimentaux permettant de les piéger et donc de les identifier. L’utilisation du postulat de
Hammond permet dans certains cas de simplifier le problème.
Enoncé du postulat
Le postulat de Hammond suggère que les structures énergétiques d’énergies voisines qui se trans-
forment l’une en l’autre ont des structures moléculaires semblables. Ainsi, lorsqu’une réaction fait
apparaître consécutivement un état de transition et un état intermédiaire ou l’inverse, le postulat de
Hammond énonce qu’il est possible d’assimiler la structure de l’état de transition à celui de l’intermé-
diaire réactionnel. En conséquence, tout ce qui stabilisera l’intermédiaire réactionnel stabilisera
également l’état de transition.
Prenons l’exemple de l’addition de HCl sur un alcène. C’est une réaction en 2 étapes dont la
première est cinétiquement déterminante. En utilisant le postulat de Hammond, il est possible de dire
chap. 9,
que les états de transition de la première et de la deuxième étape ressemblent tous les deux à § 9.2.1
l’intermédiaire réactionnel, celui-ci leur étant proche en énergie.
L’utilisation du postulat de Hammond a plusieurs intérêts :
Prévoir le produit d’une réaction : si le réactif d’une réaction peut évoluer de plusieurs façons diffé-
rentes et que la réaction est cinétiquement contrôlée alors la réaction la plus rapide conduira à l’inter-
médiaire le plus stable.
Exemple
Cas de l’addition de HCl sur le propène décrit au chapitre 9. On sait d’après la règle de Markownikov
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que la réaction évolue vers la formation du carbocation le plus stable. En fait, le postulat de Hammond
permet de dire que l’état de transition conduisant au carbocation le plus stable sera de plus basse chap. 9
énergie que celui qui conduit au carbocation le moins stable (fig. 9.1). La vitesse de réaction étant
inversement proportionnelle à l’énergie d’activation Ea (Loi d’Arrhénius, [cf. 5.2.3]), il est possible d’en
déduire que le carbocation le plus stable sera formé plus rapidement que le moins stable. C’est la
raison pour laquelle l’addition notamment de HCl sur un alcène dissymétrique conduit au carbocation
−
le plus stable qui par réaction avec Nu conduit au produit le plus substitué [cf. 9.2.b].
Prévoir l’influence d’un paramètre sur la vitesse de réaction : il sera possible de faire varier la vitesse
d’une réaction en 2 étapes en jouant sur les conditions opératoires à condition que celles-ci aient une
influence sur la stabilité de l’intermédiaire réactionnel.
587
Partie II ■ Chimie organique descriptive
Exemple
Énergie
état de transition
état intermédiaire
S2
S1
état initial
Coordonnées de la réaction
Imaginons effectuer la même réaction dans un solvant S1 puis dans un solvant S2. Si S1 stabilise plus
l’état intermédiaire que S2 alors la réaction sera plus rapide dans S1 que dans S2 (fig. 26.3). En effet, en
vertu du Postulat de Hammond, l’état de transition qui précède l’état intermédiaire sera également
stabilisé dans le solvant S1. La différence d’énergie entre l’état de initial et l’état de transition (Ea) sera
alors plus petite et la vitesse de réaction sera donc augmentée à condition bien évidemment que la
stabilisation du réactif de départ ne soit pas ou peu affectée par le changement de solvant. Ceci est
relativement fréquent si l’on imagine que les réactifs sont dans la plupart des cas neutre et que les
états intermédiaires sont chargés et donc plus sensibles d’un point de vue stabilité aux variations de
solvant [cf. 5.6].
a) le de Hammett
Si l’on considère l’échelle des pKa correspondant à l’ionisation des acides benzoïques para- ou
méta-substitués, on s’aperçoit qu’il est possible de corréler ces valeurs avec le pouvoir électro-don-
neur ou électro-accepteur des groupements fixés en para ou en méta (la corrélation n’est pas possible
dans le cas de substitution en ortho car les effets électroniques se trouvent perturbés par des effets
attribuables à l’encombrement lié à la forte proximité dans ce cas des groupes X et COOH).
X X
COOH + H2O
Ka(X) –
COO + H3O
+
588
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Ainsi, comme le montre les données du tableau 26.7, les groupements donneurs d’électrons situés
en haut du tableau conduisent aux valeurs de pKa les plus élevées alors que les groupements accep-
teurs d’électrons contribuent à diminuer ce pKa.
589
Partie II ■ Chimie organique descriptive
Constantes x de Hammett
Substituant méta m para p Substituant méta m para p Substituant méta m para p
H 0 0 F +0,34 +0,06 CF3 +0,43 +0,54
O O –
+
H3C O H3CO
OH OH
H 3C O
+
H3CO
O O
OH OH
–
590
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Question 26.B
Les constantes d’ionisation, à 20 °C, des acides méta- et para-cyanobenzoïques sont respective-
− − −
ment de 2,51 ⋅ 10 4 et 2,82 ⋅ 10 4. L’acide benzoïque a une constante d’ionisation Ka de 6,76 ⋅ 10 5
à 20 °C. Calculer σm et σp pour le substituant cyano (CN).
b) La constante de Hammett
Connaissant la variation du pKa des acides benzoïques en fonction de la nature et de la position d’un
substituant X, est-il possible de prévoir l’évolution chimique d’une autre réaction ?
La réponse est affirmative si l’on peut établir une corrélation linéaire entre la réaction étudiée et la
réaction d’ionisation des acides benzoïques.
C’est le cas, par exemple, de la saponification des esters benzoïques substitués, pour laquelle il est
possible d’établir une corrélation entre la vitesse de saponification des esters benzoïques kx (constante chap. 15,
de vitesse) et les pKa(X) des acides benzoïques correspondants. § 15.4.4
X X
HO–/H2 O
COOCH3 COO– + CH3OH
kH ou kX
log(kX/kH)
p-NO2
+1,0 m-NO2
0,5 m-Cl
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p-Cl
log(Ka(X)/ka(H))
591
Partie II ■ Chimie organique descriptive
c) La relation de Hammett
Compte tenu de ce qui a été défini plus haut, à savoir, log (Ka(X)/Ka(H)) = σX, nous pouvons alors
établir la relation suivante qui est appelée relation de Hammett.
log(kX/kH) = X
Bien d’autres réactions que la saponification des esters benzoïques vérifient cette relation. Le
tableau 26.9 regroupe les valeurs de ρ pour certaines d’entre elles. La réaction d’ionisation dans l’eau
des acides benzoïques substitués est utilisée comme réaction de référence pour déterminer la valeur
des ρ d’autres réactions. Elle est caractérisée par une constante ρ égale à +1,00.
Réaction
Ionisation des acides benzoïques dans l’eau à 20 ºC +1,00
Lorsqu’une telle relation peut s’établir, on peut tirer un certain nombre de renseignements qui nous
seront utiles en particulier pour l’établissement des mécanismes réactionnels.
592
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
log(kX/kH) ρ>0
log(Ka(X)/ka(H))
ρ< 0
ρ< 0
Exemple 1
Prenons l’exemple d’une substitution électrophile aromatique. La première étape, cinétiquement dé-
terminante, est l’addition de l’électrophile sur le cycle aromatique avec formation d’un véritable car-
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chap. 12,
bocation. La valeur de ρ est égale à −6,40. Cette valeur négative est en accord avec la charge positive
§ 12.2.2.a
développée par l’intermédiaire réactionnel. La forte valeur absolue correspond au développement
d’une charge directement sur le cycle lui-même, la stabilité de cet intermédiaire (et donc celle de l’état
de transition qui le précède) sera très sensible à la nature du groupement X.
H E E
E+
+
étape lente
+ H +
X X X
593
Partie II ■ Chimie organique descriptive
Exemple 2
À l’inverse, prenons le cas d’une substitution nucléophile d’ordre 2 comme par exemple la réaction
−
des ions iodure I sur les chlorures de benzyle (ρ = + 0,79). La réaction se déroule en une étape et l’état
de transition associée à cette unique étape ne développe pas de charge réelle. L’effet du substituant X
sur la stabilité de cet état de transition va être limité d’où une faible valeur absolue de ρ. Son signe
positif est dû à un apport d’électrons à l’état de transition par l’attaque de I− .
I
– –
+ Cl
X X X
état de transition
Exemple 1
La réaction de saponification des benzoates d’éthyle a une sensibilité ρ égale à +2,54.
Si l’on s’intéresse au passage des esters aux carboxylates, deux mécanismes peuvent être intuitive-
ment proposés (dans les deux cas la première étape est cinétiquement déterminante). Le premier
correspond à une attaque du carbonyle de l’ester par l’ion hydroxyde et conduit à un état de transition
I chargé négativement. Le second passe par la rupture de la liaison C−OEt et conduit à un état de
transition II chargé positivement.
OH
–
COOEt X C OEt état de transition
chargé négativement
– O
HO , kx
I ou
+
X C OEt état de transition
X chargé positivement
O
II
Connaissant la valeur de ρ de cette réaction (+2,54), il est facile de trancher entre ces deux proposi-
tions. En effet, comme nous l’avons défini précédemment si la valeur de ρ est positive alors la réaction
chap. 15
sera accélérée par la présence de groupement attracteur d’électrons (σ > 0). Comparons les deux états
de transition I et II. Seule la structure I chargée négativement peut être stabilisée par la présence d’un
X attracteur d’électrons. Ceci permet de conclure, sans ambiguïté, que le mécanisme de la réaction est
celui correspondant à l’attaque de l’hydroxyde sur le carbonyle. C’est ce mécanisme qui a été proposé
dans le chapitre 15.
594
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Exemple 2
Substitution nucléophile des chlorures de benzyle parasubstitués.
La réaction d’hydrolyse, dans un mélange eau-acétone, des chlorures de benzyle a un ρ de −1,82 alors
−
que la réaction des ions iodures I sur ces mêmes chlorures a un ρ de +0,79.
Ces deux réactions correspondent à des substitutions nucléophiles. La valeur négative du ρ de la
première, nous indique que le passage du réactif à l’état de transition correspond à une perte
d’électrons.
La seconde, caractérisée par un ρ positif montre que l’on apporte des électrons à l’état de transition.
Nous pouvons en déduire que la première réaction est une SN1 qui conduit à la formation d’un carbo-
−
cation intermédiaire. Par contre I réagit selon un mécanisme de SN2, avec attaque directe de l’anion
3
sur le carbone sp du chlorure de benzyle.
+
CH2Cl CH2 CH2OH
H2 O –
+ Cl + HCl ρ=–1,82
SN 1
X X X
CH2Cl CH2I
I
I
– –
X CH + Cl ρ=+0,79
SN 2
Cl
X état de transition X
Question 26.C
On donne les valeurs de Hammett des substitutions nucléophiles suivantes :
H2O
a) ArCH2Cl + OH− ArCH2OH + Cl− ρ = −0,333
−
b) ArCH2Cl + H2O ArCH2OH + Cl ρ = −2,178
−
c) ArCHClPh + EtOH ArCHPh + Cl ρ = −5,090
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595
Partie II ■ Chimie organique descriptive
Question 26.D
On donne différentes valeurs de ρ en valeur absolue : 5,92 ; 2,54 ; 0,99.
Faites correspondre chacune de ces valeurs à une réaction ci-après en précisant le signe de la
constante et en expliquant votre choix.
R R
– C2H5OH (85 %) –
a) CO2 C2 H5 + OH CO2 + C2H5OH
25 °C
R R
b) + +
+ NO2 NO2 + H
R R
– –
c) O + C 2H 5 I O C 2H5 + I
2<kH/kD<7 Effet isotopique primaire Rupture de liaison C−H ou C−D dans l’étape lente
1,2<kH/kD<2 Effet isotopique Pas de rupture de liaison C−H ou C−D dans l’étape lente
secondaire normal mais modification de la force de liaison due au changement
de l’état d’hybridation sp2sp3 du centre réactif
kH/kD<1 Effet isotopique Pas de rupture de liaison C−H ou C−D dans l’étape lente
secondaire inverse mais modification de la force de liaison due au
changement de l’état d’hybridation sp3sp2 du centre
réactif
596
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Exemple
La réaction d’hydrolyse du chlorure de benzyle paraméthylé est une réaction de type SN1 avec forma-
tion d’un carbocation (C sp2) dans l’étape lente.
Cl +
CH2OH
H2 O –
+ Cl + HCl
Exemple
L’addition de HCN sur un aldéhyde conduit à la formation d’une cyanhydrine. L’effet isotopique mesu-
ré est de 0,7 et correspond donc à un EIS inverse. Ce résultat démontre le changement sp2sp3 du
carbone du groupe carbonyle dans l’étape cinétiquement déterminante.
Ceci s’explique par l’attaque du carbone de l’acide cyanhydrique sur le carbonyle avant la protonation
de l’oxygène. Ce résultat n’est pas surprenant si l’on considère que l’acide cyanhydrique n’est pas
−
assez fort pour se dissocier en H+ + CN .
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D D
–
H O H OH
O H
H C N C CN
N +
H D
597
Partie II ■ Chimie organique descriptive
O 6,1 Formation
O EIP d’énolate par
– arrachement du
H3C CH3 HO H3C – CH3 proton
H3C H H CH3
CH3 H CH3
D D
D
0,7 Formation d’une
EIS cyanhydrine
D Pas de rupture
H OH de C−H ou C−D
O dans l’étape
H C N CN cinétiquement
déterminante
mais passage
H D d’un carbone
sp2 à un
carbone sp3
598
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Question 26.E
Prévoir la nature primaire ou secondaire de l’éventuel effet isotopique des réactions suivantes
(l’étoile marque les hydrogènes qui peuvent être remplacés par du deutérium).
–
O _ O
OH *
* *
a) (CH3)2CH CH(CH3)2 (CH3)2CH C(CH3)2
H2O
b) * *
Cl OH
OEt
EtOH
I * *
c 1) CH3 CH2 CH2 CH3
* *
c) CH3 CH2 CH2 CH3
EtONa * *
CH3 CH CH CH2 CH3
c 2)
Cette technique a été utilisée notamment dans le chap. 15 [cf. 15.2.3] pour mieux comprendre le méca-
nisme d’estérification des alcools
théorie HSAB (Hard and Soft Acid and Base ou Acide et Base Dur et Mou en français).
599
Partie II ■ Chimie organique descriptive
On peut déterminer la dureté absolue d’une entité comme étant égale à η = (EI+AE)/2 où EI
correspond à son énergie d’ionisation et AE son affinité électronique. Il existe des tables dans
lesquelles les entités sont classées dans l’absolu.
b) Variation de la dureté
D’un point de vue qualitatif, il est possible de comparer la dureté d’entités en examinant différents
facteurs.
• La dureté varie avec la taille des entités. Si l’on se réfère au tableau de Mendeleiev, il est possible
de dire que la dureté de l’atome d’oxygène est supérieure à celle du carbone (O et C sur la même
ligne avec C à droite de O donc O plus électronégatif que C). Il est possible également, en compa-
rant les éléments d’une même colonne, de dire que l’ion Li+ est plus dur que Na+ et lui-même plus
dur que K+ (à charge égale, la taille de l’atome augmente)
• La dureté varie également avec la charge des entités : ainsi, pour un même atome la dureté
augmente avec sa charge. Par exemple, le Nickel (0) est plus mou que le Nickel (+I) et lui même
plus mou que le Nickel (+II) (pour un même atome, la charge augmente).
• La dureté diminue avec la conjugaison. Si l’on compare la dureté de deux entités possédant un
atome d’oxygène chargé négativement comme par exemple les ions méthanolate et phénolate, il est
possible de remarquer que la charge négative est fortement localisée sur l’oxygène dans le cas du
méthanolate ce qui rend ce site dur. La résonance de la charge négative, observée dans le cas du
phénolate, diminue la densité électronique sur l’oxygène rendant ce site plus mou que le
précédent.
–
O O
–
CH 3 O –
méthanolate phénolate
• La dureté varie avec l’état d’hybridation d’un atome. Ainsi par exemple, un carbone sp (50 %
de caractère s et 50 % de caractère p) sera plus dur qu’un carbone sp2 (1/3 de caractère s et 2/3 de
chap. 4,
§ 4.2.2
caractère p) et lui-même plus dur qu’un carbone sp3 (1/4 de caractère s et 3/4 de caractère p). En
fait, plus le caractère s d’une orbitale est important plus les électrons localisés dans cette orbitale
seront proches du noyau.
Question 26.F
Classer les ions donnés ci-dessous par ordre de dureté décroissante :
− − − −
a) F , I , Br , Cl
− − − −
b) OH , F , CH3 , NH2
− −
c) CH3O , CH3
− −
d) CH3O , CH3S
− −
e) C6H5O , CH3O
− −
f) CH3CH CH2COCH3, CH3CH COCH3
600
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Exemple
−
Les ions thiocyanates SCN possèdent, de part la résonance, deux sites potentiels pouvant attaquer
un électrophile. En effet, la charge négative peut être portée par le soufre qui est un gros atome ou par
l’azote plus petit. D’après la théorie HSAB, il est possible de dire que le soufre est plus mou que
l’azote.
Comparons maintenant les deux électrophiles, CH3I et CH3COCl. Le carbone sp3 du méthyle de CH3I
est plus mou que le carbone sp2 du carbonyle de CH3COCl. En toute logique, CH3I sera plutôt attaqué
par le soufre alors que CH3COCl sera quant à lui plutôt attaqué par le site dur de l’ion thiocyanate, à
savoir par l’azote.
–
mou
S C N
CH3 I
mou CH3 S CN
– CH3 CO Cl S C N CO CH3
S C N dur
dur
• La basicité et la nucléophile sont des propriétés liées. Ainsi, on comprendra aisément que, à la fois
la basicité et la nucléophilie des anions sont supérieures à celles des molécules neutres correspon-
dantes. L’ion hydroxyde HO− est plus basique et plus nucléophile que l’eau de part la présence d’un
excès de charge négative.
En utilisant, la théorie HSAB énoncée plus haut, on peut définir que le rapport basicité/nucléophilie
sera plus grand pour des entités dures que pour des entités molles. En effet, si l’on considère la compé-
tition entre l’élimination et la substitution susceptibles de se produire au départ d’un même composé,
il est possible de classer les deux sites d’attaque, que sont le proton et le carbone, selon leur dureté.
L’hydrogène est en effet plus dur que le carbone. Ainsi, la réaction d’une base dure avec le proton sera
privilégiée alors que la réaction sur le carbone sera quant à elle favorisée par les bases molles.
601
Partie II ■ Chimie organique descriptive
Pouvoir basique
Σ
− Élimination
+ HX
Pouvoir nucléophile
H
Substitution + X–
X
Exemple
Réaction du méthanolate et du phénolate de sodium sur le bromure d’isopropyle.
Si l’on se réfère au chapitre 13, la réaction d’un dérivé bromé secondaire avec une entité chargée
négativement peut conduire à une substitution nucléophile d’ordre 2 de l’halogène ou bien à une
chap. 13
élimination d’ordre 2 de HBr.
Ces deux réactions se produisent respectivement par l’attaque de l’entité chargée négativement sur
le carbone secondaire (on parle alors de nucléophile) ou par l’attaque sur le proton (on parle alors
d’une base).
Nous avons vu précédemment que l’ion phénolate était plus mou que le méthanolate de sodium.
Nous en déduisons que le méthanolate conduira préférentiellement à la réaction d’élimination
alors que l’attaque du phénolate se fera plutôt sur le carbone ce qui conduira à une substitution
nucléophile.
dur
EtONa H CH3
+ NaBr
H E2 H H
dur H
mou CH3
H H Br OCHCH3
SN 2
+ NaBr
mou ONa
602
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
O
H
H
–
O H A H
O H
H
O
La force de solvatation des anions dépendra de leur taille. Les protons des solvants protiques
polaires sont des sites durs et s’associeront plus volontiers avec des petits anions. Parmi les halogé-
nures (F−, Cl−, Br−, I−), le plus solvaté, donc le moins réactif, est de loin l’ion fluorure qui ne réagit pas
dans les solvants protiques polaires.
diélectrique ε supérieure à 15
• les aprotiques peu polaires possédant un moment dipolaire compris entre 3 et 2,5 Debye et une
constante diélectrique inférieure à 15
• les aprotiques apolaires possédant un moment dipolaire inférieur à 2,5 et une constante diélec-
trique inférieure à 15. Ce classement impose la connaissance des valeurs de μ et de ε pour chaque
solvant, ce qui nécessite un effort de mémoire supplémentaire. Il est néanmoins possible de
raisonner sur la structure des solvants afin de les associer à l’une ou l’autre de ces trois
sous-catégories.
603
Partie II ■ Chimie organique descriptive
N
O
N P O H
N S H3C C N +N
C
C
N –
O O O
O
Nitrobenzène
O
+ + –
N
N H H3 C C N +N
+ – S + C + H3 C –
N P O C O
O – O
–
N O – Nitrométhane
Il est possible de remarquer que tous les solvants aprotiques dipolaires possèdent une liaison
multiple (double ou triple) entre deux atomes d’électronégativité différente. La délocalisation des
électrons mobiles permet d’inscrire une charge négative sur l’atome le plus électronégatif. La présence
de cette charge sur un atome peu encombré est responsable de la solvatation des cations.
N
+ – +
N P O Li
• Aprotique peu polaire : non donneur de liaison hydrogène ; 3 > μ > 2,5 Debye et ε < 15
Et2O, THF, dioxane
δ−
O
δ+ δ+
+
δ
O
O
−
δ − O
δ
Diéthyléther Et2O THF Dioxane
Tétrahydrofurane
Les solvants aprotiques peu polaires présentent une liaison simple entre deux atomes d’électro-
négativité différente, ce qui permet d’inscrire des charges partielles δ+ et δ−. Les propriétés de
cette catégorie de solvant seront les mêmes que celles des solvants aprotiques dipolaires mais à un
degré moindre.
604
Chapitre 26 ■ Les grandes classes de réactions
Les solvants aprotiques apolaires ne possèdent que des atomes de carbone et d’hydrogène
d’électronégativité comparable. Ce sont des hydrocarbures qui ne solvatent ni les anions, ni les
cations.
Li+ F –
Br F
DMSO
Nous avons vu au chapitre 5 que les solvants aprotiques polaires étaient capables de solvater les
cations. Ainsi, M+ sera donc solvaté par le DMSO ce qui permettra à l’anion libéré de son cation de
chap. 5
réagir. Là encore, la solvatation du cation va dépendre de sa nature et la théorie HSAB permet une
approche qualitative de ce phénomène. La solvatation des cations par les solvants aprotiques dipolaires
dépend de l’interaction existante entre le site négatif du solvant qui peut être qualifié de dur selon la
théorie HSAB et le cation. Il est clair que la solvatation des cations variera avec la dureté du cation.
Ainsi, l’ion Li+, qui est l’un des cations les plus durs, sera fortement solvaté dans le DMSO. En revanche,
les ions ammonium, comme Et4N+, seront considérés comme mous et seront donc moins solvatés. Il est
certain que la réaction sera favorisée lorsque l’on utilisera LiF dans le DMSO plutôt que Et4N+F
Question 26.G
Expliquer le résultat des réactions suivantes en utilisant la théorie HSAB :
–HC(COOCH )
C2H5O– 3 2
a) CH3CH CH2 (CH3)2CHBr (CH3)2CHCH(COOCH3)2
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
O
–
b) + CH3O– O CH2 CH2 COOCH3
O
+ CH3S– CH3S CH2 CH2 COO–
605
Partie II ■ Chimie organique descriptive
Exercices
EXERCICES ET QCM
26-b On étudie l’addition de HCl sur l’isoprène (ou méthylbutadiène, CH2 = C(CH3)CH = CH2).
Prévoir, en vous aidant du diagramme énergétique associé à ces réactions, quel sera le produit majori-
taire à basse température (-60°C) puis à température ambiante.
26-c Expliquer en utilisant le postulat de Hammond pourquoi, en se plaçant dans les conditions
d’une substitution nucléophile du 1er ordre, la cinétique d’hydrolyse du 2-chloro-2-méthylpropane est
supérieure à celle du 2-chloropropane. Vous pouvez vous aider d’un diagramme énergétique.
26-d La mesure de la basicité d’une série de pyridines monosubstituées révèle les résultats suivants :
X X
4
Ka 3
+
+ H
2
N + N1
H
1. Peut-on appliquer la corrélation de Hammett aux pyridines substituées en utilisant les valeurs des
constantes σ des benzènes substitués ? Justifier.
2. Pourquoi n’y a t-il pas de pyridines substituées en position 2 dans cette liste?
3. Tracer le graphe de log KaX/KaH en fonction des constantes des substituants σ.
4. Déterminer et interpréter la valeur de la constante de réaction ρ.
606