Appel Prop
Appel Prop
Appel Prop
des déchets et de
l’assainissement urbain
Appel à propositions
pour des actions de recherche
et des actions pilotes
DATE DE CLÔTURE : 15 octobre 2000
Le programme intitulé “ Gestion durable des déchets et de l’assainissement urbain ” a été bâti à
partir d’une analyse de la problématique et des enjeux liés à la gestion durable des déchets et de
l’assainissement des eaux usées et des excreta dans les villes des pays en développement1.
Le présent appel à propositions est lancé pour faire progresser la connaissance et identifier des
réponses opérationnelles sur cette double thématique.
Objectifs du programme
Dans la gestion des déchets comme en assainissement, les expériences et les approches innovantes
se sont multipliées durant cette décennie. Il s’agit maintenant :
> d’évaluer l’efficacité et la cohérence des systèmes en place tant du point de vue technique que
socio-économique, gestionnaire, environnemental ;
> d’identifier les problèmes auxquels se heurtent les décideurs, opérateurs et bailleurs de fonds ;
> de travailler à leur résolution.
1
La question du drainage des eaux pluviales, bien qu’étant une autre préoccupation majeure d’environnement urbain
dans ces pays, n’est pas explicitement abordée. Il n’en demeure pas moins que les raisons et l’impact du mauvais
drainage dans ces pays sont intimement liés à la maîtrise insuffisante des déchets solides et liquides ; des recher-
che-actions sur ces deux derniers thèmes seront naturellement amenées à traiter de celui des eaux pluviales.
Actions pilotes
Les actions pilotes ont pour objectif de tester en vraie grandeur de nouvelles voies et hypothèses
afin d’en analyser les contraintes et les potentialités. Il s'agira essentiellement d'actions novatrices
qui devront répondre aux attentes des acteurs confrontés aux réalités du terrain.
Ces expériences mettront en œuvre des solutions techniques, institutionnelles, organisationnelles
ou financières, en veillant à ne négliger aucun de ces aspects dans les montages proposés. Elles
seront conduites en étroit partenariat avec les autorités municipales et, d’une manière générale,
chercheront à associer le plus largement possible l’ensemble des acteurs concernés aux réflexions
et aux actions engagées.
Ces actions pilotes sont à concevoir plus comme des volets pilotes de projets en cours que comme
des projets pilotes à part entière.
Articulations entre actions de recherche et actions pilotes
Les deux types d’actions, formes de réponse différentes à un questionnement commun, peuvent se
féconder mutuellement en cours de programme, à l'image de ce qui s’est produit dans le cadre du
programme Eau potable. Une action pilote peut, par exemple, être proposée comme un test d'appli-
cation en vraie grandeur d'une action de recherche, ou bien à l'inverse, une action de recherche
peut exploiter des observations ou des résultats d'une action pilote.
II. ENJEUX
Dans les pays en développement, les pratiques en matière de gestion des déchets liquides et solides
contredisent plus encore que dans les pays industrialisés, les principes de prudence écologique et
de développement durable. Ces pratiques ont des impacts désastreux, à court et long terme, pour
l’état sanitaire et la santé des populations, les sols et les ressources, etc. La situation est particuliè-
rement critique dans les villes où les densités élevées de population entraînent des concentrations
de déchets qui compliquent encore la situation. Les besoins en assainissement ne sont que très
rarement couverts de manière satisfaisante. L’urbanisation se poursuit, débordant les capacités des
autorités urbaines qui ne parviennent pas à la gérer et la maîtriser.
Mais, dans ces pays des changements radicaux sont aussi à l’œuvre. Des solutions endogènes et
novatrices apparaissent et fructifient, avec souvent très peu de moyens et en dépit des multiples
obstacles rencontrés. Il n'en demeure pas moins que la recherche de solutions a besoin d’être sou-
tenue pour en accélérer le développement et la diffusion.
Dès 1990, en écho aux réflexions préparatoires à la Conférence des Nations Unies sur l'Environ-
nement et le Développement (Rio de Janeiro, 3-14 juin 1992), la Coopération française a mis en
place un groupe de travail “ Environnement et développement urbain en Afrique subsaharienne ”.
Responsables africains et bailleurs de fonds se sont également mobilisés sur la question urbaine.
Ils ont conjointement lancé le Programme de développement municipal (PDM) en 1992, avec pour
objectif de soutenir les politiques de décentralisation et le renforcement des municipalités africai-
nes. À l’écoute des demandes des maires, conscient des enjeux et de l’urgence qu’il y a à apporter
des solutions durables au problème des déchets, le PDM a engagé, dès 1994, avec l’appui de la
Coopération française, un ambitieux programme d’actions. Les résultats de ces actions ont été
présentés et débattus, en février 1996 à Abidjan, dans le cadre d’un séminaire rassemblant la
communauté africaine des professionnels et des responsables en charge de la gestion des déchets.
Les participants ont énoncé ce que devraient être les bases des nouvelles politiques africaines des
déchets pour une gestion durable. Trois niveaux d’intervention ont été définis pour la poursuite du
programme : local (municipal), national et régional. Le PDM s’est vu confier la mise en œuvre des
actions de niveau régional, ce qu'il a entrepris de 1996 à 1998, à travers la création et l’animation
du réseau africain des professionnels des déchets (African Waste Net).
Dans le même temps, pour accompagner une forte demande dans cet autre domaine, encore flou,
qu’est l’approvisionnement en l’eau potable de ces populations, en forte augmentation, qui ne sont
plus rurales mais pas encore urbaines, la Coopération française a financé un programme de recher-
che et d’actions pilotes intitulé “ Eau potable et assainissement dans les quartiers périurbains
et les petits centres ”. Ce programme, animé par le Programme Solidarité Eau (pS-Eau) a été en-
gagé en 1995. Le PDM a été associé à l’exploitation des résultats de ce programme.
Au terme de ce programme, qui a permis d’importantes avancées dans le domaine de l’eau pota-
ble2, il est apparu que la question de l’assainissement avait été insuffisamment approfondie pour
que des solutions opérationnelles puissent être dégagées. Lors du séminaire final de mai 1998 à
Ouagadougou, les participants du Sud ont demandé à la Coopération française de reconduire un tel
programme focalisé cette fois sur les questions d’assainissement. C’est l’objet du présent pro-
gramme.
A côté des efforts déployés par la Coopération française, d’autres acteurs de l’aide au développe-
ment ont récemment apporté d’importantes contributions à la recherche-action en environnement
urbain. Citons, par exemple, le Programme d’économie environnementale urbaine et populaire
(Preceup), financé par la Commission européenne de 1994 à 1999 et conduit par une ONG interna-
tionale issue d’Afrique (ENDA), ou encore le Groupe de projets “ Gestion de l’environnement
urbain ”, financé par la Coopération suisse et le Fonds national suisse de la recherche scientifique
de 1994 à 1999, programmes qui tous deux ont soutenu des expériences menées sur les trois conti-
nents du Sud (Afrique, Amérique latine, Asie du Sud). De son côté, la Banque mondiale a engagé
des programmes de recherche, sur les questions d’eau et d’assainissement, mais l’assainissement
reste encore trop souvent relativement marginal au sein de ses projets sectoriels Eau ou Urbain.
2
“ Eau potable et assainissement dans les quartiers périurbains et les petits centres ”, pS-Eau, 1998, 158 p.
I. INTRODUCTION THEMATIQUE
L’appel à proposition concerne la gestion des déchets solides et l’assainissement des eaux usées et
des excreta en milieu urbain. Même si l’on cible sur la gestion des déchets et de l’assainissement
d’origine domestique, on prendra en compte l’impact de grosses infrastructures telles que les hôpi-
taux ou les marchés sur l’environnement habité.
La gestion des déchets et l’assainissement partagent les objectifs communs suivants :
améliorer la santé publique, le confort et le bien-être des habitants ;
protéger l’environnement et notamment les ressources en eau ;
améliorer la gestion urbaine.
La mauvaise maîtrise de ces fonctions qui relèvent de la responsabilité des municipalités (que cel-
les-ci l’assument directement ou en délèguent tout ou partie de l’exploitation) peut avoir des
conséquences sanitaires et économiques désastreuses, qu’elles soient directes ou indirectes. Or,
aujourd'hui, dans la plupart des villes des pays en développement, ces services publics ne sont pas
assurés de manière satisfaisante. La situation est d'autant plus inquiétante que les quantités
d’ordures, d’eaux usées et d’excreta ne cessent de croître avec la croissance urbaine et la mutation
des modes de production et de consommation. Des plans de gestion cohérents et durables sont
donc largement attendus.
Déchets solides
La collecte, puis l’élimination ou le recyclage des déchets solides sont essentiels, non seulement en
terme d’aménagement urbain, mais aussi de salubrité publique et de préservation de
l’environnement. Les déchets produits quotidiennement et disséminés dans toute la ville doivent
être collectés, transportés et, s’ils ne sont pas récupérés pour un autre usage, stockés durant de
nombreuses années sur des sites de décharge appropriés. Toutes ces opérations représentent une
charge importante pour les communes, qui ne disposent généralement pas des ressources nécessai-
res au financement des investissements et du fonctionnement de tels systèmes et doivent imaginer
d’autres organisations. Le recyclage et la valorisation d’une partie des déchets pourraient permettre
une minimisation des coûts de transport ou de mise en décharge, par des activités de compostage
par exemple.
Depuis quelques années, des travaux associant la communauté des élus africains, des chercheurs,
des experts et des techniciens municipaux ont permis d’engager la réflexion. La « Déclaration
Afin de recueillir les préoccupations précises des divers acteurs concernés par les questions des
déchets solides ou de l’assainissement, un appel à idées a été largement diffusé durant le deuxième
semestre 1999 et le premier semestre 2000. C’est sur cette base qu’ont pu être identifiés de nom-
breux thèmes qui ont ensuite été précisés et qui constituent une ébauche d’un état de l’art.
Le résultat de ces étapes a été une expression très riche et très détaillée de questions qu’il semblait
dommage de résumer et d’en perdre le contenu. Il a donc été décidé de mettre à disposition de tous
le contenu détaillé des thèmes proposés (cf. Chapitre : « Thèmes spécifiques »). Néanmoins,
l’ensemble de ces interrogations a pu être structuré autour de 4 entrées problématiques, communes
aux aspects gestion des déchets et assainissement des eaux usées et des excreta :
1. technico-économique, environnementale et sanitaire
2. sociologique, anthropologique, culturelle, spatiale et territoriale
3. micro- et macro-économique et financière
4. institutionnelle et juridique
Pour chaque entrée problématique, un renvoi est proposé vers les thèmes spécifiques. Ces thèmes
spécifiques qui reflètent des attentes issues de l’appel à idées et exprimées par le comité scientifi-
que ont une valeur indicative. D’autres préoccupations s’inscrivant dans les 4 entrées problémati-
ques pourront éventuellement être proposées en réponse à l’appel à propositions ; ces propositions
seront retenues si le comité scientifique les juge pertinentes. Une même proposition peut recouvrir
de façon transversale plusieurs thèmes généraux et les aspects tant gestion des déchets
qu’assainissement des eaux usées et des excreta.
II. Gestion durable de l’assainissement des eaux usées et des excreta .....................................27
Eaux usées et excreta - 1 : Valorisation et traitement des déchets liquides .................................... 27
Eaux usées et excreta - 2 : Évolutivité des systèmes d’assainissement et faisabilité technico-
économique des systèmes collectifs à coût réduit ................................ 29
Eaux usées et excreta - 3 : Bilan comparatif de divers systèmes d’assainissement autonome........ 31
Eaux usées et excreta - 4 : Gestion domestique de l’assainissement : pratiques, attitudes,
comportements et demande .................................................................. 33
Eaux usées et excreta - 5 : Éducation à l’hygiène et promotion de l’assainissement...................... 36
Eaux usées et excreta - 6 : Économie du secteur de l’assainissement autonome ............................ 37
Eaux usées et excreta - 7 : La participation des opérateurs privés indépendants à l’amélioration du
service public d’assainissement............................................................ 38
Eaux usées et excreta - 8 : Vers une meilleure intégration des équipements d’assainissement
individuel et collectif............................................................................ 39
Eaux usées et excreta - 9 : Rationalité des acteurs et régulation du service d’assainissement........ 40
Déchets solides – 1 :
Valorisation des déchets
Problématique
De par leur nature et leur composition, les déchets solides urbains des villes des pays en dévelop-
pement peuvent constituer une matière première pour diverses activités économiques, agricoles,
artisanales ou industrielles. L’exploitation de ce gisement peut avoir des impacts positifs sur toute
la chaîne de gestion des déchets et au-delà (génération d’emplois et de ressources).
Malheureusement, cet aspect de la gestion des déchets est resté longtemps ignoré par les gestion-
naires urbains d’abord préoccupés par la collecte et l’évacuation des déchets. C’est au secteur in-
formel que reviennent les activités de récupération, de recyclage et de transformation des déchets.
Mais, les marges bénéficiaires sont faibles, en raison de contraintes techniques (tri manuel, déchets
centralisés à la décharge) et économiques (méconnaissance des produits finis, coûts de produc-
tion).
Cette conception restreinte de la gestion des déchets évolue : les déchets sont de plus en plus
considérés comme une ressource, bien que l’impact économique de la valorisation soit encore mal
connu, et la gestion des déchets tend à s’élargir à la valorisation. Celle-ci devient alors une compo-
sante d’un schéma global et cohérent de gestion des déchets, selon une approche qui, à l’idéal,
prend en compte d’autres objectifs (économiques, sanitaires et sociaux, environnementaux).
L’intégration de la valorisation à la filière de gestion des déchets a des retombées de plusieurs
ordres :
– économiques et financières (création d’emplois et de ressources, production de matières
premières secondaires pour l’artisanat, l’agriculture et l’industrie, impact sur les coûts glo-
baux de gestion de la filière déchets) ;
– techniques et organisationnelles (incidences sur les choix techniques des équipements et
l’organisation des différentes séquences de la filière) ;
– sociaux (lutte contre la marginalisation sociale et la pauvreté urbaine).
Attentes
> La récupération est, en l’absence de système organisé de tri des déchets, un des petits métiers
existant dans la filière, première étape du processus de valorisation. Une étude comparative des
pratiques (acteurs, modes d’intervention, perceptions, motivations et comportements), conduite
selon une approche socio-anthropologique devrait permettre de mettre en évidence d’éventuels
freins possibles au développement de la valorisation dans les villes de pays en développement,
et notamment d’éventuels blocages d’ordre socio-culturels.
– quels sont les déterminants socio-culturels (ethniques, religieux, socio-économiques) atta-
chés à l’exercice du métier de récupérateur ?
– quelles sont les perceptions et comportements des populations vis-à-vis de la récupération
et des récupérateurs vis-à-vis des populations ?
Ces analyses pourraient s’intégrer dans une étude anthropologique plus vaste sur la représenta-
tion que les populations ont des déchets. Ceci renvoie aux notions de « propre » et de « sale »
et à leur intégration dans les comportements culturels.
> La valorisation semble être une préoccupation largement partagée, les motivations d’ordre
économique l’emportant sur les autres (gestionnaire, environnementale, etc.). Pourtant, elle
n’est pratiquée qu’à une petite échelle, de manière marginale. On constate par exemple que si
Problématique
La précollecte est une pratique largement répandue dans les pays en développement. Il s’agit d’une
collecte primaire des ordures et de leur évacuation, effectuées au moyen de tricycles ou de charret-
tes à traction animale ou humaine, depuis les parcelles jusqu’à des points de regroupement dési-
gnés. Elle est principalement prise en charge par le secteur informel (comités de quartiers, associa-
tions, micro entreprises, etc.), qui pallient ainsi les insuffisances du service public, en particulier
dans les quartiers inaccessibles aux véhicules conventionnels de collecte des ordures. La conjonc-
tion de plusieurs facteurs a favorisé le développement de cette pratique :
– attentes des populations ;
– chômage des jeunes et donc disponibilité de main d’œuvre.
Si elle a permis d’étendre la couverture du service de ramassage des ordures aux quartiers périphé-
riques, et donc d’atteindre un nombre élevé de producteurs de déchets, la précollecte se heurte à un
certain nombre de difficultés :
– articulation entre la précollecte et les autres séquences de la filière ;
– concurrence entre acteurs de la filière et rivalités entre structures du même quartier ;
– absence de marketing social et non optimisation des circuits ;
– adaptation de la technologie aux besoins et aux contraintes des villes ;
– statuts des structures et des acteurs.
L’action du réseau Waste Net (réseau africain des professionnels des déchets solides) a permis de
faire le point sur ces pratiques. On sait désormais que :
– la précollecte a permis d'étendre le service de collecte des ordures là où les solutions trop
technicistes ont échouées ;
– les populations, même à faible revenu, sont disposées à contribuer financièrement et direc-
tement à l'amélioration de la gestion des déchets ;
– les négociations du contrat de service entre les prestataires de service de précollecte et les
populations sont déjà bien établies et qu'il n'y a plus de sensibilisation à faire entre ces pres-
tataires et les habitants.
Les questions soulevées au vu des cas étudiés sont les suivantes :
> Niveau de service exigible dans cette séquence de la filière. Telle que la précollecte est prati-
quée, les prestataires de service ont pour seule obligation d'enlever les ordures de l'abonné. La
question du lieu d'entreposage des déchets n’est pas posée. Les contrats de service entre le
prestataire et l'abonné sont passés sous seing privé et, en cas de litige, c'est l'autorité commu-
nale qui fait office d'arbitre. Le traitement de ces contrats dépasse donc les relations entre co-
contractants pour impliquer d'autres acteurs notamment la municipalité ou la communauté.
> Organisation de la concurrence. Le système de zonage et de concessions de zones aux presta-
taires de service, pour résoudre le problème de leur nombre de plus en plus élevé et de leur
concentration en centre ville, ne permet pas une émulation des acteurs qui se complaisent dans
ce privilège.
> Interfaces précollecte-évacuation (service public, service privé informel, service privé formel).
Ces interfaces sont très difficiles à gérer en l’absence d’un cadre de concertation, de négocia-
tion et d’intermédiation.
Une meilleure maîtrise de cette séquence par les collectivités locales, au plan institutionnel, orga-
nisationnel et technique, devrait permettre de simplifier et d’améliorer la collecte des déchets dans
les villes du tiers monde.
Problématique
Les points de regroupement ou postes de transit sont des points de rupture de charge, des lieux de
stockage provisoire et parfois de traitement des déchets. Compte tenu de leurs fonctions, ils sont
des composantes importantes d’une stratégie de gestion intégrée des déchets solides. Mais leur
mise en place se heurte à de multiples problèmes d’ordre technique et urbanistique (conception,
construction et aménagement des infrastructures), institutionnel et organisationnel (mode de ges-
tion et responsabilités), social et économique (choix du site, gestion des conflits, coûts), environ-
nementaux (pollution, nuisance, normes, protection).
En raison de ces difficultés, très peu de villes disposent aujourd’hui de points de rupture de charge
fonctionnels et appropriés. Ceux-ci sont plutôt assimilables à des mini-décharges non contrôlées.
La pression foncière, l’hostilité des riverains, le coût des aménagements, les normes et techniques
de réalisations sont les principales contraintes à prendre en compte pour améliorer ce maillon es-
sentiel de la filière.
Par ailleurs, les points de regroupement, les postes de transfert sont des sites stratégiques où peu-
vent s’organiser une valorisation décentralisée des déchets, à condition que leur aménagement leur
gestion soient conçus dans cette optique.
On remarque également que les villes possédant des centres d’enfouissement ou des décharges
contrôlées sont peu nombreuses dans les pays en développement. L’un des obstacles est le coût
élevé des installations garantissant l’étanchéité et protégeant des nuisances. Les municipalités ont
alors souvent recours aux coopérations bi ou multilatérales qui imposent des normes environne-
mentales difficiles à satisfaire dans le contexte économique et social des villes de ces pays.
Attentes
> Du type et de la forme des installations au niveau des ruptures de charge dépend la bonne arti-
culation entre la collecte et le transport des déchets. Mais les seuls critères techniques sont in-
suffisants. Le choix du site et du type d’infrastructure doivent aussi prendre en compte des pa-
ramètres sociaux, économiques et environnementaux. Les actions pilotes à entreprendre de-
vraient permettre de concevoir et d’expérimenter différents types de points de rupture de
charge qui, tout en facilitant et optimisant l’articulation avec les autres séquences de la filière,
soient fonctionnels et acceptés des riverains.
> Les activités de récupération et de valorisation des déchets sont intéressantes si elles sont réali-
sées le plus en amont possible, de manière à influer sur les coûts de transport et de production.
Le tri à la source et la collecte sélective sont difficiles à réaliser dans le contexte des villes des
pays en développement. Les points de regroupement et les postes de transfert offrent cette op-
portunité, à condition que leur aménagement et leur mode de gestion soient conçus dans ce
sens. Des expérimentations devraient permettre d’évaluer les avantages et les contraintes des
installations adaptées aux activités de valorisation.
> La multiplication des points de rupture de charge, bien que recommandée dans l’optique d’une
gestion efficiente et intégrée, s’accompagne souvent de conflits entre les opérateurs de la pré-
collecte et les populations, surtout les plus pauvres, qui préfèrent se passer des opérateurs et
apporter elles-mêmes leurs déchets jusqu’aux points de regroupement, de conflits entre les pré-
collecteurs et les sociétés privées concessionnaires, rémunérées en fonction des quantités, et
qui encouragent l’approvisionnement tous azimuts de ces points. Il s’agirait donc
d’expérimenter des modes de gestion concertée, qui préservent les intérêts de tous les acteurs,
habitants et opérateurs de la précollecte.
Déchets solides - 4 :
Optimisation de la chaîne de transport des déchets
Problématique
L’opération de transport des déchets concerne l’enlèvement et le transfert des ordures des lieux de
production ou des points de regroupement vers les postes de transit, ou des postes de transit vers
les décharges finales.
Le choix des moyens de transport se porte souvent sur des solutions conventionnelles (bennes,
bennes tasseuses, lève containers, camions remorques ou semi-remorques et autres équipements
spécialisés). Le matériel utilisé, souvent importé paraît, d’un point de vue opérationnel, inadaptés
aux besoins des villes des pays en développement (contenances, maniabilité, etc.) et les coûts de sa
maintenance sont importants.
On estime qu’actuellement les charges liées au transport, qu’il soit réalisé en régie municipale ou
par délégation, absorbe plus de 60% du budget consacré par les municipalités à la gestion des dé-
chets, au détriment des autres séquences de la filière.
L’enjeu est donc de parvenir à optimiser la chaîne de transport des déchets (parcours, matériels,
manutention, etc.).
Attentes
> Il s’agirait d’identifier et, le cas échéant, de tester des solutions de transport alternatives qui
présenteraient un meilleur rapport coût / efficacité, d’analyser notamment les possibilités et les
conditions d’utilisation des ‘’camions entrepreneurs’’ pour transporter des ordures.
> La maîtrise des coûts passe par des choix techniques concernant les circuits de collecte, les
points de regroupement ou postes de transfert, les modes de transport, etc. Or, les municipalités
sont démunies face à ces questions. Il s’agirait de mettre au point des méthodes et outils d’aide
à la décision pour l’établissement de schémas de transport des déchets optimum. Ces méthodes
et outils doivent en particulier guider l’organisation de la collecte et du transport des déchets
(nombre, nature et équipements des points de rupture de charge, itinéraires ; ressources humai-
nes, etc.) ainsi que le choix du matériel (bennes, camions, remorques, etc.) et faciliter le suivi
et le contrôle des opérations (gestion, maintenance). En ce sens, il serait intéressant d’explorer
la possibilité d’utiliser d’autres infrastructures de transport tels que le fer et l’eau, lorsqu’elles
existent en zone urbaine.
Problématique
L’efficience et la viabilité des montages techniques, technologiques et organisationnels, si effica-
ces soient-ils, dépendent de l’équilibre financier du système, considéré dans sa globalité. Or, la
question du financement de la gestion des déchets et surtout la mesure du coût réel du service sont
des aspects peu pris en compte dans les diagnostics de situation, dans l’élaboration des stratégies et
des planifications et dans la conception des projets et des investissements.
Pour financer le secteur des déchets, les collectivités publiques ont généralement recours à une
diversité de formes et sources de financement : financement direct par la collectivité ou l’État sur
fonds propres ou par emprunts, fonds de concours ou autre dotations spéciales dans certains pays.
Ce mode de financement budgétaire reste limité en l’absence d’une réforme globale de la fiscalité
locale.
Les collectivités locales peuvent recourir à la perception de taxes : taxe d’enlèvement des ordures
ménagères et parfois taxe sur la consommation d’eau. Mais ces taxes sont d’un rendement et d’un
taux de recouvrement trop faibles pour que leur produit puisse réellement contribuer au finance-
ment du service. Récemment certaines villes ont instauré une taxe sur la consommation
d’électricité. Celle-ci couvrant plus largement les quartiers populaires périphériques peut être d’un
meilleur rendement, à condition que le service qui en justifie la perception soit effectivement ren-
du.
On assiste par ailleurs à un double mouvement de privatisations et de mobilisations de type com-
munautaire, associative, individuelle. L’on observe aussi que les prestataires privés assument une
part importante des activités de la filière de gestion des déchets, qu’il s’agissent sous contrat de
délégation ou relèvent de l’économie informelle. Dans ce contexte, on voit les systèmes de paie-
ment direct par l’usager du service se répandre. Mais, un tel système dit de recouvrement direct
des coûts, nécessite un rapport entre le prestataire et l’usager. Aussi, ne peuvent-ils financer que le
premier maillon de la chaîne de gestion, c’est-à-dire la précollecte, et ne peuvent que difficilement
être utilisés, sauf convention spéciale qui reste encore à expérimenter, pour les fonctions lourdes
comme le transfert le traitement et l’élimination.
Il est probable que devant l’impossibilité de financer le secteur par les seules ressources budgétai-
res ou par les seules ressources provenant directement des utilisateurs, c’est en combinant plu-
sieurs modes de financement, adaptés à chaque séquence de la filière, que se trouvent les solutions
pour financer durablement la gestion des déchets. Encore faut-il au préalable avoir une connais-
sance fine des coûts réels, car une des difficultés majeures auxquelles sont confrontés les gestion-
naires des déchets solides tient à leur non-maîtrise des coûts (qu’il s’agisse de coûts par nature ou
par poste, fussent-ils directs ou indirects, apparents ou cachés). En général se pose un problème
d’accès à l’information économique et financière qui fait obstacle à la définition de stratégies et de
schémas financiers cohérents. C’est par exemple le cas lorsque l’activité de précollecte est assurée
par un prestataire qui se fait rémunérer directement par l’utilisateur. Même dans le cas où il y a
délégation, il n’existe généralement pas de disposition faisant obligation de fournir les informa-
tions permettent d’établir une lisibilité financière des flux monétaires.
Tout l’enjeu pour les collectivités locales est de parvenir à construire des stratégies financières
viables et durables, en adéquation avec les ressources communales disponibles et mobilisables
auprès des contribuables.
Attentes
> Pour apporter des réponses au problème de l’accès à l’information on devrait s’attacher à défi-
nir des outils et mécanismes de recueil et exploitation des informations pertinentes, de gestion
> En matière de récupération indirecte des coûts, la plupart des pays tendent maintenant de
transférer la taxe devant financer le service d’enlèvement des déchets solides sur des produits
de consommation courante tels que l’eau, l’électricité, etc. Même si déjà en phases expérimen-
tales ces options s’avèrent plus performantes que les précédentes. C’est par exemple le cas des
classiques taxes d’enlèvement des ordures ménagères dont le taux de recouvrement se révèle
peu satisfaisant. Il n’en demeure pas moins qu’elles posent des questions :
- Comment les mettre en place pour assurer une juste péréquation entre consommateurs ayant
des index de consommation et des ratios de production de déchets solides ménagers diffé-
rents (utilisation de l’électricité basse tension, par exemple) ?
- Comment taxer et recouvrer efficacement les catégories qui échappent à l’enrôlement par
l’électricité ou l’eau ?
- Dans le cas d’une taxe transférée sur la consommation d’électricité, comment intégrer la
moyenne tension qui contribue pour un taux important à la production de déchets solides as-
similables aux ordures ménagères lesquelles, dans la plupart des cas, sont prises en charge
par la collectivité, sans contrepartie ?
Une analyse comparative des expériences menées dans ce domaine devrait permettre de for-
muler des recommandations pour le financement de l’ensemble du secteur des déchets.
> Il est également attendu une analyse des principes de redistribution à mettre en œuvre au tra-
vers d’une fiscalité ou parafiscalité locale ou nationale, afin d’assurer un financement durable
de ces services.
Problématique
La responsabilité de la gestion des déchets solides urbains est de toujours une compétence recon-
nue aux collectivités locales, mais celles-ci se trouvent en difficulté pour l’assumer pleinement.
Dans les grandes villes, l’État s’est souvent substitué aux communes, passant directement des mar-
chés de concession avec l’aide des financements internationaux. Les villes moyennes, livrées à
elles-mêmes, essayent sans grand succès de faire face à des besoins qui ne cessent de croître, no-
tamment dans les périphéries nouvellement urbanisées. En pratique, jusqu’à une période récente, la
gestion des déchets solides suivait un schéma très classique (collecte, évacuation et enfouissement
en régie municipale ou par une concession globale) avec des résultats très contrastés mais partout
insuffisants.
Les politiques de décentralisation ont remis les collectivités locales au centre de la gestion des
services de proximité, l’un des plus proches des populations étant sans nul doute celui de la ges-
tion des déchets. Parallèlement, l’implication de nouveaux acteurs (entreprises privées, associa-
tions, bénéficiaires des services), associée à l’utilisation de technologies alternatives dans le ra-
massage des ordures, ont permis d’étendre le service à une plus grande partie de la population, en
particulier celle vivant dans les périphéries. Mais, d’une part, ces initiatives ont exploité un marché
local de services sans régulation des prix ni normes de qualité (faute d’un cadre de coordination
adapté, la collectivité locale se trouve, devoir régler des conflits de concurrence entre les prestatai-
res de service ou avec les populations) et, d’autre part, les niveaux de service atteints ne répondent
pas aux besoins. La performance des dispositifs adoptés peut être mise en doute.
La municipalité est bien le premier acteur responsable de la gestion des déchets, non plus forcé-
ment comme gestionnaire direct et unique du service mais, pour le moins, dans un rôle de coordi-
nation de l’intervention des multiples acteurs impliqués et de régulation. Elles sont amenées à
concevoir et gérer un schéma technique, financier et organisationnel global et cohérent, qui prenne
en compte l’ensemble de la filière ainsi que l’ensemble du territoire municipal, et non seulement
une clientèle solvable où chaque acteur voit son rôle délimité et articulé avec celui des autres ac-
teurs et où chaque maillon voit sa pérennité assurée grâce à une gestion et un financement durable.
Les collectivités locales ont dès lors besoin d’un renforcement de leurs capacités de maîtrise
d’ouvrage pour l’élaboration et la mise en œuvre de ces schémas, la promotion d’un processus de
concertation entre les acteurs et l’organisation de contractualisation entre les différents interve-
nants de la filière des déchets.
Attentes
> Les municipalités qui ne peuvent ou ne souhaitent pas assumer seules la gestion des déchets
mettent en place des systèmes de gestion partagée en utilisant une ou plusieurs formes juridi-
ques à leur disposition (exploitation en régie, par délégation contractuelle – concession, affer-
mage –, passation de marchés publics de prestation de service) ou d’autres formules, plus ou
moins formalisées (participation communautaire, etc.). Il s’agirait de déterminer les modes de
gestion partagée les plus appropriés pour les différentes séquences de la filière et leur articula-
tion dans un schéma d’ensemble cohérent. L’analyse porterait sur des expériences significati-
ves d’organisation correspondant à différents objectifs ou méthodes définis en fonction des
contextes, et notamment des capacités contributives et participatives des habitants, du nombre
et de la répartition des lieux de valorisation ou d’élimination et des modalités de collecte
sélectives qui en résultent, ainsi que des modes de transport, de regroupement ou de transfert,
etc. Une analyse comparative permettrait d’apprécier les performances respectives des diffé-
rents modes de gestion du service des déchets (techniques, financières, qualité du service) en
établissant un bilan coûts-avantages pour chacun et en mettant en évidence leurs points forts et
Problématique
On a pris l’habitude de penser un système unique au niveau de chaque agglomération, qui généra-
lement concentre les déchets sur une seule décharge et nécessite des systèmes de transports qui
finissent par avoir des coûts d’exploitation prohibitifs dans les zones éloignées et non équipées.
Or, on sait que moins on les concentre plus les rejets sont assimilables par la nature. Cela a été
reconnu pour les rejets liquides et des unités de traitement localisées desservies par des réseaux de
collecte de proximité ont été expérimentés avec succès dans les pays du Nord.
Des expériences de ce type ont aussi été menées dans quelques villes d’Afrique. Sans transposition
simpliste et hâtive, il serait intéressant d’explorer des solutions alternatives pour le traitement des
déchets solides, afin de vérifier différentes hypothèses.
> Quelle est l’échelle la plus pertinente pour gérer efficacement le traitement et l’élimination des
déchets, satisfaisant tant du point de vue de l’environnement que des conditions économiques
et de l’acceptation par les populations ?
> Est il possible d’introduire dans le schéma de certaines villes l’hypothèse de deux ou plusieurs
décharges, quelle optimisation économique et environnementale peut-on en attendre ?
> Peut-on, et à quelles conditions, gérer le système complet de collecte, traitement et élimination
au niveau d’un quartier ?
> Quelle transpositions aux quartiers périphériques des procédés et des modes de gestion adaptés
aux petits centres ruraux ?
De telles actions doivent intégrer les pratiques culturelles des populations et peuvent s’appuyer sur
les dynamiques communautaires qui, en Afrique subsaharienne, ont beaucoup influencé la filière
des déchets. Grâce à la concertation les besoins s’expriment, les solutions s’imaginent et se cons-
truisent, parfois les premiers financements émergent. Cette dynamique ne pourrait-elle pas utile-
ment, si l’environnement technique et administratif le permettait, générer des projet alternatifs de
gestion des déchets à une échelle de proximité ?
Attentes
> Il s’agirait de concevoir et faire l’étude de faisabilité de l’éclatement d’un schéma de collecte
avec plusieurs décharges : analyse coûts / avantages sur les plans technique, organisationnel,
financier et environnemental.
> La gestion de mini décharge de quartier mériterait d’être expérimentée pour analyser les condi-
tions d’émergence de nouvelles technologies adaptées et vérifier la possibilité d’une prise en
charge collective de ce type d’équipement pour l’élimination des déchets.
> Les programmes de tri sélectif à la source sont en voie de diffusion dans les pays du Nord. Des
expérience probantes ont été menées dans des pays d’Asie et d’Amérique latine. Des recher-
ches et expérimentations pourraient être menées dans le but d’adapter des techniques de tri, de
sélection et d’élimination aux conditions socio-économiques locales africaines et en particulier
répondre à la question suivante :peut on conjuguer tri et traitement des déchets ménagers (par
enfouissement et/ou brûlage), à quelles conditions ?
Pour fonder la pertinence d’expériences alternatives dans le domaine des déchets, il serait intéres-
sant d’étudier les facteurs qui déterminent les différentes pratiques, les comportements, les attitu-
des des populations vis-à-vis des ordures ménagères. Ceci amènerait à éclairer les conceptions des
notions « d’espaces publics » concernant l’environnement et la gestion des déchets.
Problématique
Le traitement et la valorisation des eaux usées et des excreta revêtent une importance grandissante
quoique inégale selon les contextes socio-économiques et la situation physique des agglomérations
considérées. Les villes des pays en développement sont confrontées aux coûts très élevés des in-
frastructures de traitement et de valorisation des eaux usées et des excreta et de leur maintenance,
rapportés à la faiblesse de leurs ressources et de celles de leurs administrés, ainsi qu’à un manque
de connaissances des solutions et de leurs avantages comparatifs. À cela s’ajoute le fait que les
contextes juridiques sont encore peu contraignants. Pour toutes ces raisons, la protection du milieu,
et donc de la santé des usagers, a jusqu’à présent été négligée au profit de solutions plus faciles à
mettre en œuvre mais qui ne répondent qu’à une partie du problème : mettre à distance les ef-
fluents collectés ou les faire disparaître à l’œil, in situ, généralement dans un milieu hydrique et à
essayer de trouver des solutions à l’évacuation des boues issues des différents types de traitement.
La logique qui prédomine encore actuellement est donc celle de l’évacuation et de la mise à dis-
tance de ces rejets, au niveau de la parcelle ou de l’agglomération, sans se préoccuper de l’impact
sur la santé ou sur l'environnement.
Un état des lieux des choix techniques des filières de collecte et de traitement demande donc à être
effectué dans un premier temps ainsi que des analyses du milieu récepteur et de ses capacités à
achever l’épuration des effluents issus de ces filières.
Des effluents bruts sont souvent valorisés directement ou indirectement à différentes fins (produc-
tion de cultures maraîchères, recharge de nappes, etc.). Une telle pratique engendre souvent des
problèmes sanitaires et environnementaux. L'étude de ces pratiques et de leurs impacts constitue
une première étape nécessaire afin de justifier les actions à entreprendre par la suite.
Le souci de traitement et valorisation des eaux usées et des excreta connaît un regain d’intérêt,
dans le but d’améliorer l’environnement sanitaire, et, dans une perspective gestionnaire, pour sou-
lager l’économie globale de la filière de traitement, en diminuant son coût voir en couvrant une
partie des frais afférents à son exploitation. Diverses formes de réutilisation des effluents sont pos-
sibles suivant les filières de traitement (irrigation agricole, réutilisation à des fins récréatives et
municipales, recharge des nappes, aquaculture, épandage, etc.), mais requièrent une qualité d'eau
en rapport avec un usage donné.
La réalisation de pilotes comparant différentes filières de traitement peut présenter un intérêt. Il
peut également être envisagé de compléter des expériences existantes sur différents terrains afin de
dégager des enseignements réplicables à grande échelle. En s’appuyant sur des résultats déjà obte-
nus, il pourrait par exemple s’agir de comparer des filières de traitement, avec ou sans valorisation,
pour dégager l’intérêt qu’aurait une municipalité à favoriser la valorisation des effluents et pour
mieux connaître les contraintes afférentes.
Attentes
> La valorisation des eaux usées est à replacer dans le cadre de la gestion intégrée des ressources
en eau. Une étude de l'opportunité de la réutilisation des eaux usées par rapport à la mobilisa-
tion des eaux conventionnelles serait par conséquent opportune : étude du bilan "Ressources en
eau - Emplois" à l'échelle nationale, régionale ou locale faisant apparaître les reliquats mobili-
sables ou les situations critiques.
Problématique
Dans les efforts menés depuis une vingtaine d’années pour développer des solutions alternatives à
moindre coût global (investissement + exploitation), l’assainissement autonome tient bien sûr une
large place. Les latrines améliorées à fosse ventilée (VIP) et celles à chasse manuelle ont ainsi
apporté des solutions durables, tout en répondant à la demande des ménages pour un assainisse-
ment plus efficace et engendrant moins de nuisances. Pourtant, dans les villes ou les quartiers à
densités de population élevées, les volumes d’eaux usées ménagères atteignent des quantités telles
que les réseaux s’imposent, d’autant qu’il n’y a plus nécessairement assez d’espace disponible sur
les parcelles ou en dehors pour construire des dispositifs individuels de stockage ou d’infiltration
dans le sol. C’est d’ailleurs le sort qui, en quelques années, frappe bien des zones initialement dis-
persées et périurbaines, du fait de la croissance soutenue que connaissent de nombreuses grandes
villes des pays en développement.
Pour répondre à cette contrainte ou pour assainir les zones urbaines où la nature du sol (imperméa-
bilité notamment) interdit les dispositifs autonomes, des systèmes collectifs ou semi-collectifs à
coût réduit ont donc été recherchés et expérimentés.
Trois grands types d’innovations ont ainsi vu le jour :
> Le premier a essentiellement consisté à modifier les normes de dimensionnement en se fondant
sur : les lois de l’hydraulique, une révision des niveaux de risque acceptables, des observations
expérimentales et quelques progrès technologiques. Il a été notamment appliqué de façon ex-
tensive au Brésil dans les années 1980. L’expérience a été capitalisée et restituée dans un do-
.
cument méthodologique du PNUD / Banque mondiale3
> Le second, expérimenté dans plusieurs pays d’Amérique latine4 et désigné par
“ assainissement condominial ”, cherchait aussi, comme le précédent, à diminuer le diamètre
des canalisations, mais surtout à en réduire la longueur totale, en ajustant les branches termina-
les du réseau non plus au réseau de voirie mais aux limites interparcellaires. De plus, un tel
système fait supporter à des groupes de familles voisines, selon un régime de copropriété, la
charge d’investissement en réseau tertiaire ainsi que certaines fonctions d’entretien relevant
traditionnellement de l’entreprise concessionnaire du système d’assainissement. Il en résulte
non seulement une réduction globale des coûts d’investissement et des charges d’entretien,
mais aussi une prise de conscience des contraintes d’un assainissement collectif susceptible
d’entraîner une évolution des comportements individuels (en matière de rejets) dans un sens
favorable au bon fonctionnement des égouts.
> Le troisième, utilisé d’abord en Zambie mais jamais répliqué à une large échelle, est appelé
“ sans solides ” (solid-free) car le réseau ne se raccorde plus à la plomberie interne des loge-
ments mais aux fosses privatives, dans lesquelles les matières solides ont décanté. Cette com-
binaison permet de réduire significativement le diamètre des canalisations, à la fois parce que
les solides sont interceptés avant de s’y déverser mais aussi parce que le stockage des effluents
dans les fosses atténue fortement le facteur de pointe des débits dans le réseau.
3
A. Bakalian et al. Simplified Sewerage Design Guidelines , Water and Sanitation Report n°7, PNUD / Banque
mondiale, Washington, 1994
4
En Bolivie (à La Paz notamment), en Argentine, au Brésil (région du Nordeste dès 1982, Brasilia à partir de
1991…). Sur ce dernier pays, voir notamment :
B. Dardenne Expérience en assainissement non conventionnel : le système condominial, Sinergix, Sao Paulo,
1993
5
Typiquement, plus de 90% des parcelles en sont dotées.
Problématique
En matière de planification de l’assainissement, la justification des choix techniques et gestionnai-
res impose de mettre en regard les coûts et les performances, attendues ou avérées.
La comparaison des coûts de différentes variantes possibles d’assainissement a été abordée dans le
cadre de la recherche “ historique ” menée par la Banque mondiale à la fin des années 19706. Fon-
dée sur une quarantaine d’études de cas réparties dans quatorze pays, cette étude a reconstitué et
systématiquement comparé les coûts totaux actualisés7 de plusieurs variantes d’assainissement
individuel (5) et collectif (4), ainsi que leurs combinaisons éventuelles. Ramenés par ménage, ces
coûts en sont extrêmement variables puisque le rapport entre la solution la plus économique (la-
trine à chasse manuelle) et la plus onéreuse (égout) était de 1 à 20. Cette étude a, en outre, dépassé
l’analyse des coûts financiers pour aborder celle des coûts économiques, réalisant un bilan compa-
ratif coûts / avantages.
Néanmoins, cette étude de référence, déjà ancienne, présente des lacunes. Certaines alternatives,
expérimentées avec succès voire généralisées depuis, n’ont pas été envisagées alors (latrines VIP
par exemple) ou bien l’ont été sur la base de coûts reconstitués de façon très hypothétique, faute de
marché pour ces techniques ou ces filières.
Par ailleurs, les termes des comparaisons ont souvent été faussés par l’absence de prise en compte
de dispositifs spécifiques d’assainissement des eaux usées ménagères (puisards par exemple) dans
les filières autonomes.
Enfin, la méthodologie utilisée pour évaluer les avantages et les coûts indirects associés aux diffé-
rentes variantes était beaucoup plus “ frustre ” que celle employée pour les coûts directs, du fait
des connaissances encore très lacunaires que l’on pouvait avoir de l’impact de l’assainissement sur
l’environnement.
Attentes
> Une comparaison des coûts et des avantages de différentes variantes, menée avec le même
souci de rigueur , viendrait combler les lacunes soulignées plus haut. De telles études ne pour-
raient porter toutefois que sur un nombre très réduit d’études de cas. À l’idéal, on disposerait
pour chacun de ces cas :
- du recul nécessaire pour analyser des coûts directs stabilisés ;
- de marchés relatifs à plusieurs services ou variantes technologiques effectivement offerts lo-
calement, et à leurs différentes composantes (construction / vidange, fournitures / main
d’œuvre, etc.) ;
- d’une mesure de la satisfaction des différents segments de la population relevant de ces dif-
férents systèmes ou services.
Une synergie est attendue avec les études de cas concernées par deux autres thèmes : le thème 4
“ Gestion domestique de l’assainissement : pratiques, attitudes, comportements et demande ”
pour l’analyse du budget des ménages consacré à l’assainissement et le thème 7 “ Participation
des opérateurs privés indépendants à l’amélioration du service public d’assainissement ” pour
la connaissance des coûts pratiqués par les opérateurs privés du secteur.
6
Résultats publiés dans la collection “ Technologies appropriées pour l’alimentation en eau et l’assainissement ”.
Voir notamment : J. Kalbermatten et al. Résumé des options technologiques et des options économiques, Ban-
que mondiale, 1982
7
Coûts d’investissement + dépenses annuelles de fonctionnement
Problématique
La nécessité de ne plus fonder la planification et la gestion des services d’assainissement sur une
approche techniciste découlant d’une logique d’offre de services, mais de s’efforcer plutôt de ré-
pondre à une demande, est de plus en plus largement reconnue par les spécialistes du secteur8.
Cependant, une approche par la demande présente des limites et se heurte à plusieurs obstacles,
d’ordre méthodologique principalement.
> Une recherche récente9 pose la question de la compatibilité d’une approche fondée sur la de-
mande avec la recherche de l’innovation, d’une part, et avec le problème des externalités,
d’autre part.
Consultés sur les améliorations qu’ils souhaiteraient voir apporter à l’assainissement de leur
habitat, et pour lesquelles ils consentiraient à payer, les ménages ne peuvent en effet répondre
qu’en référence à ce qu’ils connaissent. Or, l’information fait défaut. Il en découle un risque
que les projets fondés exclusivement sur la demande n’aient qu’une faible capacité novatrice.
De surcroît, la pauvreté et l’urgence des problèmes que ces mêmes ménages doivent résoudre
dans leur environnement immédiat et dégradé les rendent peu aptes à exprimer une demande
qui intégrerait des préoccupations environnementales ou sociales plus larges que celles qui les
concernent très directement. Les coûts externes d’un assainissement inadéquat demeurent ainsi
non révélés par leurs demandes individuelles.
Un certain nombre d’acteurs vont plus loin et insistent sur le manque de demande pour des
services publics d’assainissement. Le problème est-il celui de l’absence totale de demande, ou
bien les programmes n’offrent-ils pas les bons “ produits ”, auquel cas, les intéressés
n’imaginent même pas que le service public puisse être porteur de solutions répondant à leurs
attentes et besoins ?
Remarquons que le terme de demande doit être ici compris dans son acception la plus large. Il
s’agit non seulement de la demande concernant ce qui relève a priori du secteur public (rac-
cordement aux égouts par exemple) mais aussi de celle qui, dans la plupart des villes, est ac-
tuellement satisfaite par le secteur privé, via l’assainissement autonome, et notamment par une
multitude de petits entrepreneurs du secteur informel qui construisent les fosses, les latrines ou
les puits perdus, ainsi que par ceux qui les vidangent.
Enfin, soulignons que le développement d’un service public d’assainissement est nécessaire-
ment confronté, de prime abord, à la connaissance des segments de population qui relèveraient
a priori de chacune des deux formes possibles du service : autonome ou collectif.
> En lien avec cette préoccupation de mieux comprendre la demande (ou les demandes), les
opérateurs du secteur formulent le souhait de voir émerger des outils et des méthodes
d’évaluation de la demande qui soient plus efficaces, plus simples et moins coûteux que les
enquêtes traditionnelles de consentement à payer10.
Ces dernières ont d’ailleurs jusqu’à présent été davantage utilisées pour évaluer la demande en
services d’approvisionnement en eau que pour celle concernant l’assainissement. À la lumière
8
Référence : Rapport de synthèse de la conférence électronique sur “ les approches stratégiques de
l’assainissement ” - 11 octobre-10 novembre 1999 ; Jonathan Parkinson – GHK Research and Training
9
Menée de 1997 à 1998 sous le pilotage de GHK Research and Training, et associant WEDC à l’Université de
Loughborough et le Groupe régional eau et assainissement (GREA) d’Asie du Sud (Programme d’alimentation
en eau et d’assainissement PNUD-Banque mondiale)
10
voir e-conference précédemment citée
Attentes
> Il paraît ainsi du plus haut intérêt d’étudier ce qui détermine les différentes pratiques indivi-
duelles d’assainissement autonome, les comportements et les attitudes des individus vis-à-vis
de l’assainissement de leur habitat et, plus généralement, comment se segmente la demande
des populations pour un assainissement amélioré.
Le statut foncier, la densité d’habitation, l’espace disponible sur la parcelle, les modes
d’approvisionnement en eau utilisés, la capacité d’infiltration du sol et les modes d’épargne et
de financement possibles, sont autant de variables susceptibles d’avoir une influence sur la
demande en assainissement. Quels sont leurs effets respectifs et comment ces effets se hiérar-
chisent-ils ? Y en a-t-il d’autres ?
Fondées sur des études de cas, de telles explorations du comportement auraient avant tout une
vocation explicative mais devraient avoir pour objectif final de parvenir à une modélisation
utilisable à des fins prédictives. En particulier pour l’assainissement des eaux usées des quar-
tiers, il serait intéressant de voir si on peut arriver à définir un seuil de densité d’occupation à
partir duquel la demande pour un assainissement collectif devient suffisamment forte pour jus-
tifier cette solution.
Précisons aussi qu’il y a, a priori, autant de fonctions pour lesquelles la demande est à étudier
que de composantes possibles du service. Ces composantes ne se limitent pas aux dispositifs
d’assainissement à la parcelle (parmi lesquelles on peut déjà distinguer les techniques
d’assainissement des excreta, les techniques d’assainissement des eaux usées ménagères et cel-
les qui ne sont spécifiques ni à l’assainissement des eaux usées ni à celui des excreta).
La demande pour le service de vidange des fosses a beaucoup moins retenu l’attention des
opérateurs et devrait également être étudiée.
Parmi les recherches à mener sur la demande, une place toute particulière devra être prévue
pour l’étude anthropologique des représentations de l’assainissement. En effet, une des expli-
cations avancées de façon récurrente pour expliquer la faible priorité accordée à ce secteur,
tant par les ménages eux-mêmes que par les pouvoirs publics (relativement à la place donnée à
l’alimentation en eau par exemple), tient à la façon dont l’assainissement serait perçu, ce qui
renvoie aux notions de “ propre ” et de “ sale ” et aux tabous même dont les excreta sont par-
fois l’objet.
Il est notamment attendu une analyse précise des conceptions symboliques en matière
d’assainissement, de populations confrontées à l’agglomération et aux contraintes de la densi-
té, mais encore (ou non) imprégnées par les traditions de leur origine rurale.
> En ce qui concerne les outils d’évaluation de la demande, des recherche pourraient s’attacher à
répondre à la question de savoir si les outils actuels peuvent être exploités de façon à fournir
des éléments utilisables à des fins de planification, et si oui, comment. Un détour par
l’exploration des techniques d’évaluation contingente, issues principalement du marketing
mais aussi de l’économie de l’environnement, pourrait non seulement apporter des éléments de
11
ONEA : Office National de l’Eau et de l’assainissement
12
voir les programmes menés en Guinée (PADEULAC - 92), au Burkina (PACVU - 94) et depuis peu au Niger
(PRI - 99)
Problématique
Le succès d’un projet d’assainissement amélioré dépend très étroitement du niveau de conscience
que les “ bénéficiaires ” ont de l’impact sur leur santé de leurs pratiques quotidiennes. Le projet ne
parvient ainsi à atteindre l’objectif d’amélioration sanitaire qu’à condition que l’innovation tech-
nologique s’accompagne d’une mutation des comportements.
De nombreuses techniques d’information, de sensibilisation et d’éducation à l’hygiène – dites
“ d’IEC ” – sont connues et documentées. De même que diverses autres méthodes, dites de
“ marketing social ”, qui visent également à promouvoir la demande pour un assainissement
amélioré et à assurer que l’utilisation des dispositifs proposés sera optimale. Chacune a ses
partisans et ses détracteurs et le choix de telle ou telle ne relève guère de la rationalité.
De nombreux spécialistes insistent sur les difficultés qu’ils rencontrent à promouvoir efficacement
les messages d’éducation et d’information. Ils posent la question de la durabilité du changement
comportemental induit par ces messages et regrettent la place relativement secondaire générale-
ment donnée à cette composante dans les projets d’assainissement, notamment en milieu urbain.
L’une des principales limites observable en matière d’éducation sanitaire tient au fait que, le plus
souvent, les programmes d’animation, de sensibilisation ou d’éducation sont des composantes de
projets particuliers. Les actions menées sont ponctuelles et déconnectées des politiques municipa-
les ou nationales, ce qui en limite l’impact et la pérennité.
Attentes
> De nombreuses publications présentent les techniques existantes en matière de sensibilisation à
l’hygiène. Il n’est donc pas attendu une nouvelle analyse de ces techniques, si ce n’est sous
l’angle d’une analyse détaillée d’expériences réussies et innovantes mettant en exergue, par le
choix d’indicateurs précis et adaptés, la façon dont certains moyens techniques ou méthodolo-
giques ont pu garantir le succès des activités promotionnelles ou éducatives mises en œuvre,
ou d’une étude comparative systématique des conditions de faisabilité d’un ensemble de tech-
niques et méthodes.
> Il est principalement attendu de ce thème, une évaluation de véritables politiques municipales
ou nationales d’éducation à l’hygiène allant au-delà de la classique approche projet, et la pro-
position de recommandations pour la mises en œuvres de telles politiques.
> Il serait également intéressant d’analyser l’impact sur le comportement des démarches
d’éducation à l’hygiène par rapport aux pratiques traditionnelles.
Problématique
Parce qu'elle est largement assurée par des opérateurs privés indépendants, au bénéfice de clients
familiaux et en dehors de toute relation contractuelle avec l'État, l'activité du secteur de
l’assainissement autonome a un poids économique encore très mal connu. Ainsi est-il difficile de
répondre à des questions aussi stratégiques que les quelques suivantes : combien de familles sont-
elles concernées ? quelle est la part de l’assainissement dans les budgets familiaux ? combien
d'emplois ce secteur représente-t-il ? quel est le chiffre d'affaire global de la filière ? quelle est la
variabilité saisonnière de ce chiffre d'affaires ? etc.
Faute de données précises et statistiquement significatives, les planificateurs en sont donc réduits à
des projections hasardeuses quant à la volonté de payer des familles, la capacité d'investissement
des entreprises ou même l’importance des flux d'effluents à traiter. Une meilleure connaissance
quantitative de l'économie de ce secteur d'activité permettrait certainement d'y mener des actions
plus cohérentes et plus efficaces (investissements mieux dosés, tarifs mieux adaptés à la volonté à
payer des familles, outils financiers et mesures d’incitation, de soutien et de structuration mieux
adaptés aux besoins des entreprises et des ménages).
Attentes
Il est proposé de mener des recherches visant à évaluer de manière quantifiée l'ensemble du secteur
de l'assainissement autonome à l'échelle d'une ville entière. L’analyse macro-économique du sec-
teur devra nécessairement se nourrir des résultats d’enquêtes fines auprès de la population.
Le programme précédent (dans le domaine de l'eau potable) a montré qu'une telle évaluation im-
plique des enquêtes poussées auprès d'un échantillon représentatif d'usagers et d'opérateurs, mais
aussi l'exploitation des résultats d'enquêtes existantes (sur les revenus et les dépenses des ménages)
et de ceux d'études antérieures, afin de disposer d'un ensemble de données à croiser entre elles
jusqu'à aboutir à un schéma cohérent de l'économie globale. Parmi les questions à aborder, et cette
liste n'est pas limitative, on peut citer les suivantes :
> Combien une famille consacre-t-elle en moyenne à l'assainissement de sa parcelle ? Cette ana-
lyse des budgets familiaux sera différenciée selon les divers services d'assainissement utilisés,
en tenant compte de leurs performances et de la satisfaction exprimée par les usagers.
> Comment ces dépenses sont-elles réparties entre le propriétaire et le(s) locataire(s)?
> Comment les investissements sont-ils financés ? Le recours au crédit est-il courant ou les usa-
gers adoptent-ils plutôt des stratégies d’épargne préalable sur une période plus ou moins lon-
gue (cf. enseignements du PSAO à Ouagadougou) ?
> Quel est le chiffre d'affaires global de l'assainissement à l’échelle de la ville et quelles sont ses
variations saisonnières (que l'on sait importantes) ?
Problématique
L’offre de service public en matière d’assainissement (généralement via un réseau d’égouts) est
encore très limitée dans la plupart des villes africaines (à l’exception d’Abidjan, Dakar et Nairobi).
Moins de 10 % des familles sont raccordées à un égout et les autres n’ont généralement aucun
accès à un service public. Elles organisent elles-mêmes l’assainissement de leur parcelle, en mobi-
lisant des opérateurs privés indépendants pour la construction des ouvrages (maçons, petits entre-
preneurs) ou leur vidange. Ces opérateurs assurent donc le service d’assainissement de 90 % des
familles des grandes villes (et le pourcentage frôle les 100 % dans les petites villes).
Attentes
Il est proposé des recherches sur ces entreprises, en portant une attention particulière aux questions
suivantes :
> La démarche entrepreneuriale (comment les entreprises ont été créées, comment a été constitué
le capital de départ, quelles sont les relations avec l’administration, avec les concurrents ?).
> La démarche commerciale (quels services sont proposés, sont-ils adaptables à la demande,
quelle est la stratégie de marketing et de communication de l’opérateur ?).
> L’évaluation du taux de desserte (combien de familles utilisent les services, dans quels quar-
tiers ? quelles catégories socio-économiques ?) et de la satisfaction des usagers.
> Combien d'emplois permanents et temporaires existe-t-il dans ce secteur d'activité et quelle est
la part de ces emplois assurée par l'opérateur national et par les opérateurs indépendants ?
> Les performances économiques de ces opérateurs (en reconstituant de véritables comptes
d’exploitation qui mettent clairement en évidence leur capacité à autofinancer leurs investis-
sements, à couvrir leurs besoins en fonds de roulement).
> Les relations avec des institutions publiques (État, municipalités, autorité de régulation) et
avec les concessionnaires éventuels (publics ou privés) ; simple indifférence, coopération ou
opposition ?
> la structuration du milieu professionnel, en associations ou unions, et sa capacité de négocia-
tion collective avec l’administration (tarifs, chartes qualité, sites de dépotage, sites de parking,
marchés publics de vidange, etc.) ;
> L’intégration plus ou moins réussie de ces opérateurs dans les politiques d’assainissement et
de développement urbain (on s’intéressera en particulier à la collecte et au traitement des pro-
duits de vidange de fosses, qui constituent un problème particulièrement sensible dans de
nombreuses villes).
Problématique
Bien que l’assainissement autonome domine largement le paysage, il est rarement inséré dans les
politiques d’assainissement au niveau national ou municipal. Il relève d’une démarche individuelle
des familles, que l’administration se contente d’encourager, sans réellement la soutenir. On peut
cependant estimer qu’une véritable stratégie d’amélioration de l’assainissement passe par une
meilleure intégration de ces dispositifs d’assainissement autonome dans le système global
d’assainissement de la ville, afin d’en maximiser les effets positifs et d’en réduire les impacts né-
gatifs.
Il existe quelques expériences de ce type. Celle de l’ONEA13 à Ouagadougou (et depuis peu à Bo-
bo Dioulasso) est particulièrement poussée. La stratégie de l’ONEA consiste à inciter les familles à
construire des latrines et des fosses plus performantes et moins polluantes en subventionnant une
partie du surcoût que cela entraîne. De plus, la qualité des nouvelles fosses n’est pas contrôlée par
des agents de l’administration, mais simplement garantie par le recours à des artisans agréés par
l’administration qui s’engagent à respecter une charte de qualité. Cette démarche originale a
l’immense intérêt de coûter relativement peu cher et de pouvoir ainsi être financée sans trop de
difficultés à partir d’une petite surtaxe perçue sur la vente de l’eau14. Il n’existe pas, à notre
connaissance, d’autres stratégies aussi largement appliquées d’intégration des dispositifs
d’assainissement individuels dans une démarche globale d’amélioration de l’assainissement ur-
bain, mais il existe cependant des initiatives locales, certainement riches et diversifiées, qui mérite-
raient d’être d’avantage documentées et comparées en elles.
Attentes
> Sur ce thème, il s’agirait d’analyser des expériences de promotion de systèmes
d’assainissement individuel amélioré ou semi-collectifs, pour lesquelles on dispose d’un mi-
nimum de recul nécessaire (au moins deux ans d’activité) et qui aient atteint une envergure
suffisante pour mériter une analyse institutionnelle et économique. Ces expériences devraient
avoir accompagné ou favorisé une véritable mutation dans l’attitude de l’administration à
l’égard de l’assainissement individuel et trouvé leur traduction dans les schémas directeurs
d’assainissement. L’analyse devrait s’attacher à évaluer l’insertion des dispositifs promus dans
le dispositif global d’assainissement ainsi que leurs effets induits et leur capacité à être diffu-
sés.
> Comme pour le thème 3, une attention devra âtre portée à l’analyse de l’impact des formes
d’assainissement autonome sur l’organisation territoriale et sur la configuration de l’espace ur-
bain.
13
Office National de l’Eau et de l’Assainissement, Burkina Faso
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Cette expérience a déjà été analysée et documentée ; toute nouvelle analyse devra prendre en compte la littéra-
ture déjà existante.
Problématique
Sans entrer dans des considérations générales, toutes aussi intéressantes soient-elles, sur la ville,
sur le sens et les réalités des processus de décentralisation, sur les notions d’intérêt général et de
service public, et sur les formes que peut prendre l’exercice du pouvoir local, il importe de repla-
cer la question de l’assainissement des eaux usées et des excreta dans une perspective plus large,
comme enjeu et composante d’une politique de la ville.
“ Parent pauvre des politiques urbaines ”, il n’en demeure pas moins que l’assainissement est un
service public et que la responsabilité de le garantir revient aux municipalités. On a vu que, bien
souvent, dans les grandes villes, coexistent différents systèmes d’assainissement des déchets liqui-
des (avec des zones oubliées par les politiques et les projets), ainsi qu’une pluralité d’acteurs
concernés, et il convient de se demander comment et dans quelle mesure il est possible d’articuler,
coordonner et réguler les interventions des uns et des autres pour un fonctionnement optimum du
service d’assainissement à l’échelle de la ville. Enfin, si la nécessité d’une approche intégrée, glo-
bale, cohérente de la gestion urbaine est communément admise, le fait que la cohérence soit rare-
ment assurée en matière d’assainissement est avéré. Ces considérations amènent à un questionne-
ment sur la place réelle de l’acteur municipal, quelle maîtrise a-t-il effectivement de
l’assainissement ? Quels seraient les modes de gestion les plus appropriés ? Comment réguler les
relations entre les acteurs et donner une cohérence à la politique en matière d’assainissement ?
L’enjeu est de conforter une compréhension globale de la problématique de l’assainissement et de
favoriser son intégration dans une politique cohérente de gestion urbaine.
Les formes de régulation ne peuvent être mises en place sans voir au préalable fait le point sur les
rationalités des acteurs : rationalité économique, rationalité sociale liée au prestige, etc.
Il est ensuite proposé d’aborder ces questions en examinant la manière dont la fonction de régula-
tion est assumée. Celle-ci, essentielle à la bonne marche du service et à la mise en cohérence, a
plusieurs objectifs, correspondant à différents modes de régulation :
- la maîtrise des risques sanitaires (éducation sanitaire essentiellement, etc.) ;
- la maîtrise de l’impact sur les milieux (normes, surveillance, etc.) ;
- l’adaptation au processus d’urbanisation, la maîtrise des coûts et le bon fonctionnement du
service ainsi que sa cohérence aussi bien interne qu’avec les autres dimensions de la gestion
urbaine (incitations, réglementations, normes, tarification, régulation des relations entre ac-
teurs, articulation et coordination des dispositifs, etc.)
Il convient de distinguer le cas des villes disposant d’un réseau développé (systèmes collectifs de
collecte et de traitement des eaux usées et des eaux vannes, dans le cadre de services collectifs
d’assainissement, sous forme de régies municipales ou de service concédés) de celui des villes ne
disposant pas de réseau ou d’un réseau peu développé. En fonction des cas, la fonction sera plus
ou moins complexe à assumer. Le plus couramment, la juxtaposition de différents systèmes
d’assainissement impliquera une régulation à différents niveaux de la filière, et selon différents
modes, adaptés aux objectifs et aux intervenants concernés.
> Maîtrise du risque sanitaire. Compte tenu de leur forte implication dans la prise en charge de
l’assainissement, c’est surtout sur les usagers mêmes que repose la maîtrise du risque sanitaire,
sur leur compréhension des enjeux et leurs comportements. On peut parler ici
d’“autorégulation”. Le programme “ Eau potable ” a permis de mettre en évidence combien il
était important que les populations acquièrent une vision et une compréhension globale des en-
jeux liés à l’assainissement, et l’impact considérable que cela pouvait avoir sur l’évolution des
comportements (pratiques, prises de responsabilité, etc.).
Attentes
> Cohabitation de plusieurs systèmes d’assainissement
Il serait intéressant d’établir, sur quelques cas et à partir d’un recensement des différents sys-
tèmes d’assainissement utilisés et des types d’acteurs concernés, une typologie des modes
d’organisation autour de l’assainissement urbain en précisant comment la régulation est mise
en œuvre.
Ces études doivent s’attacher à décrire et analyser les situations réelles (et notamment les pra-
tiques des ONG et projets de développement) confrontées à la répartition des compétences
telle qu’établie par les textes, ainsi qu’aux modes d’organisation souhaités ou souhaitables
Les systèmes de régulation indépendants ou contractuels, existant dans certaines villes dispo-
sant d’un réseau d’assainissement développé, pourront également être étudiés, au regard no-
1. Thèmes de travail
Le programme sera mis en œuvre autour d’une vingtaine d’actions de recherche et actions pilotes.
Ces actions seront sélectionnées parmi les propositions qui auront été soumises en réponse au pré-
sent appel d’offres. Les termes de référence proposent, pour chacune des quatre entrées probléma-
tiques retenues, plusieurs thèmes spécifiques possibles (éléments de contexte et attentes spécifi-
ques).
2. Champ géographique
Les sites d’études doivent se situer dans les pays de la zone de solidarité prioritaire15 (ZSP)
définie par la Coopération française.
Toutefois, les équipes sont invitées à intégrer dans leur référentiel les résultats et enseignements
d’expériences significatives menées dans d’autres régions du monde, ainsi que de toute recherche
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Liste des pays de la ZSP :
* Proche-Orient : Liban, Palestine.
* Afrique : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap-Vert, Centrafrique,
Comores, Congo, RD Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Gui-
née-Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Libéria, Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mozambique,
Namibie, Niger, Ouganda, Rwanda, Sao Tomé, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Tanzanie, Tchad, Togo, Tu-
nisie, Zimbabwe.
* Asie du Sud-Est : Cambodge, Laos, Viêt Nam.
* Caraïbe : Haïti, Cuba, République dominicaine, Petites Antilles, Surinam.
* Pacifique : Vanuatu.
3. Conditions de participation