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Janvier 2016
SOMMAIRE
Mots clés : analyse de flux de matières, économie circulaire, métabolisme urbain, gestion durable des
ressources, comptabilité de flux de matières
Une revue de littérature recensant 26 études régionales d’analyse de flux de matières à travers le monde
a permis de distinguer dix méthodes et d’identifier deux facteurs qui influencent le choix d’une méthode
par rapport à une autre. Le premier facteur correspond aux objectifs de l’analyse de flux de matières et le
deuxième facteur est le niveau d’applicabilité de la méthode qui comprend l’accessibilité de celle-ci et la
disponibilité des sources de données requises. Ces deux critères ont été utilisés pour comparer les dix
méthodes d’analyse de flux de matières et créer un arbre de décision qui vise à orienter les ministères,
les chercheurs, les acteurs publics et les acteurs privés, vers la méthode la plus appropriée.
L’essai a aussi permis de formuler des recommandations générales pour initier de façon efficace des
démarches d’analyse de flux de matières au Québec. Premièrement, l’organisation d’une gouvernance
régionale pour la gestion des ressources doit être une étape initiale et primordiale. Pour aider à organiser
cette gouvernance, il faut d’abord développer un cadre stratégique provincial et ensuite construire des
plates-formes régionales de gestion des ressources. Deuxièmement, les résultats de l’essai ont aussi
montré que les données disponibles pour la réalisation d’une analyse de flux de matières étaient
insuffisantes au Québec, les bases de données existantes doivent donc être bonifiées et restructurées.
Troisièmement, considérant que l'analyse de flux est un processus laborieux et qui demande un travail
important de réflexion en amont, il est essentiel de choisir la méthode en fonction des objectifs formulés
par l’ensemble des acteurs concernés et de pérenniser la démarche dans le temps.
i
REMERCIEMENTS
Pour commencer, j’aimerais adresser mes remerciements les plus sincères à mon directeur d’essai,
Monsieur Manuele Margni, qui m’a confié avec confiance un sujet d’essai passionnant et d’actualité
québécoise. La rigueur dans ses commentaires et son support lors d’importantes décisions m’ont permis
d’atteindre mes objectifs.
Je tiens aussi à remercier mes collègues du CIRAIG, Gabrielle van Durme et Charles Thibodeau, qui ont
su alimenter mes réflexions, structurer mes idées, et orienter mes recherches documentaires tout au long
de mon essai.
Je veux aussi remercier Daniel Normandin, directeur à l’Institut de l’EDDEC, et Mélanie McDonald,
coordonnatrice à l’Institut de l’EDDEC, pour leur temps, leur disponibilité et leurs judicieux conseils. Merci
également à tous les collaborateurs qui m’ont généreusement alloué des entretiens. Ces discussions ont
permis de guider mes réflexions.
Un gros merci à tout mes proches qui m’ont accompagné tout au long de mon parcours scolaire. Merci à
mes parents qui m’ont toujours encouragé dans mes études. Un merci tout spécial à ma mère qui a
toujours été présente pour approuver mes choix et les réorienter en cas de besoin. Merci aussi à ma
sœur et mon copain qui m’encouragent chaque jour à suivre mes rêves. Merci pour votre patience et
votre bonne humeur.
Enfin, j’aimerais remercier mon ami Daniel qui a toujours cru en moi et m’a fait réaliser qu’avant tout il faut
vivre la vie.
ii
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION ........................................................................................................................................... 1
2. MÉTHODOLOGIE ................................................................................................................................ 14
iii
4.1.2. Minerai métallique et non métallique ................................................................................... 44
4.1.3. Plastique .............................................................................................................................. 45
4.1.4. Eau ....................................................................................................................................... 45
4.1.5. Énergie ................................................................................................................................. 45
4.1.6. Émissions dans l’air ............................................................................................................. 46
4.1.7. Rejets dans l’eau ................................................................................................................. 46
4.1.8. Importations et exportations ................................................................................................ 47
4.1.9. Autres flux uniquement comptabilisés dans la méthode Eurostat 2001 .............................. 47
4.2. Constat sur les sources de données québécoises pour l’analyse de flux de matières ............... 48
6. RECOMMANDATIONS ........................................................................................................................ 58
6.1. Organiser une gouvernance régionale des flux de ressources ................................................... 58
6.1.1. Développer un cadre stratégique provincial ........................................................................ 58
6.1.2. Construire des plates-formes régionales de gestion des ressources .................................. 59
6.2. Améliorer l’applicabilité québécoise ............................................................................................. 61
6.2.1. Bonifier et restructurer les bases de données existantes .................................................... 61
6.2.2. Développer une méthode d’analyse de flux de matières sur mesure ................................. 61
6.3. Mettre en place un dispositif efficace dès le départ ..................................................................... 62
6.3.1. Choisir la méthode en fonction d’objectifs formulés par l’ensemble des acteurs ................ 62
6.3.2. Pérenniser la démarche d’analyse de flux de matières ....................................................... 63
CONCLUSION ............................................................................................................................................. 64
RÉFÉRENCES ............................................................................................................................................ 66
iv
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................................... 74
ANNEXE 1 : LISTE DES INDICATEURS UTILISES POUR INTERPRETER LES RESULTATS D’UNE
ANALYSE DE FLUX DE MATIERES SELON LA METHODE EUROSTAT 2001 .............. 76
v
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
Figure 1.2 : Fluctuation des prix des matières premières au cours de la période 1900 à 2013 ................... 5
Figure 1.4 : Circulation des flux de matières et d’énergie sur le territoire de la Bourgogne ....................... 10
Figure 3.1 : Convention utilisée pour illustrer le métabolisme territorial dans la méthode Eurostat 2001 .. 17
Figure 3.2 : Délimitation à définir lors de la réalisation d'une analyse de flux de matières ......................... 19
Figure 3.4 : Schéma d’analyse de flux de matières pour la méthode Baccini et Brunner 1991 ................. 21
Figure 3.5 : Schéma d’analyse de réseau pour le système de gestion des eaux au Danemark ................ 33
Figure 3.6 : Diagramme des principaux flux de matières entrants et sortants de l'Île de Montréal ............ 34
Figure 3.7 : Résultats totaux de la consommation de ressources pour le Canton de Genève ................... 39
Figure 5.1 : Méthodologie préconisée pour évaluer les méthodes d’analyse de flux de matières ............. 49
Figure 5.2 : Arbre de décision pour choisir la méthode d’analyse de flux de matières ............................... 57
Figure 6.1 : Exemple d'organisation d'une plate-forme régionale de gestion des ressources .................... 60
Tableau 3.2 : Exemple de procédés par type d’activité selon la méthode Baccini et Brunner 1991 .......... 22
Tableau 3.3 : Revue de littérature sur les méthodes d'analyse de flux de matières régionales ................. 24
Tableau 3.6 : Exemple de tableau de compilation pour la méthode d’analyse de l’émergie ...................... 35
Tableau 3.7 : Procédés et sous-procédés utilisés pour l'AFM du Canton de Genève ................................ 38
Tableau 3.8 : Comparaison des méthodes régionales d'analyse de flux de matières ................................ 40
Tableau 5.1 : Objectifs derrière les méthodes d'analyse de flux de matières et leurs descriptions ........... 51
Tableau 5.2 : Identification des objectifs par méthode d'analyse de flux de matières ................................ 51
Tableau 5.3 : Catégories de méthodes qui répondent aux mêmes objectifs principaux ............................ 52
Tableau 5.6 : Grille d’évaluation de l’applicabilité des méthodes d’analyse de flux de matières ................ 54
vi
LISTE DES ACRONYMES
CE Communauté européenne
HQ Hydro-Québec
vii
MRC Municipalités régionales de comté
NU Nations unies
UE Union européenne
viii
LEXIQUE
Analyse de flux de matières Un outil qui quantifie les flux de matières qui traversent un
territoire bien défini en termes de masse à un temps donné.
L’analyse de cet quantification permet de caractériser le
système du point de vue de ses besoins matériels, de ses
échanges avec les autres systèmes, de ses impacts
environnementaux, etc. (France. Ministère de l’Écologie, du
Développement durable et de l’Énergie (MEDDE), 2014)
Écologie industrielle et territoriale Un concept de l’économie circulaire qui vise à boucler les flux
de matières et d’énergie dans l’industrie. Il se base sur l'analyse
des flux de matière et cherche à avoir une approche globale du
système industriel en le représentant comme un écosystème
(Organisation pour le Respect de l’Environnement dans
l’Entreprise (ORÉE), 2008)
Approche ascendante Cette approche analytique est dite « bottom-up » où l'on part du
détail, du « bas », c'est-à-dire l'échelon le plus fin, pour
consolider progressivement et opérer une synthèse. (France.
MEDDE, 2014)
ix
Approche descendante Cette approche analytique est dite « top-down » où, partant de
l'ensemble, on décompose en éléments toujours plus détaillés,
pour déboucher sur une une « dissection totale », un état des
lieux de l'objet étudié. (France. MEDDE, 2014)
Système socio-économique Il est borné dans l’espace par les limites administratives du
territoire considéré. Il contient la population humaine, ses
activités, ses productions et ses artefacts. Il exclut les
composantes naturelles du territoire comme l’eau, l’air et le sol.
(France. MEDDE, 2014)
x
INTRODUCTION
Depuis la révolution industrielle, les sociétés ont adopté un modèle de développement économique
linéaire qui consiste à prélever des ressources dans la nature, les transformer, les consommer, puis les
jeter comme si les ressources naturelles étaient infinies et que les capacités de la biosphère à absorber
ces rejets étaient illimitées (Alterre Bourgogne, 2013). Or, la liste des problèmes environnementaux
provoqués par cette organisation linéaire des activités économiques ne fait qu’augmenter (France.
Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie (MEDDE), 2014). Il est vrai que la prise
de conscience collective a permis de mettre en place des stratégies de réduction des impacts
environnementaux associées à l’utilisation du modèle linéaire, mais ces stratégies ne feront que retarder
l’échéance (Institut de l’économie circulaire, 2013). L’adoption d’un nouveau modèle s’impose. La
transition vers un modèle d’économie circulaire permettrait de mieux répondre aux enjeux du
développement durable tout en créant de la valeur d’un point de vue économique, social et
environnemental (Ellen MacArthur Foundation, 2015a). À l’inverse du modèle linéaire, le modèle circulaire
vise à boucler les flux de matières pour diminuer la quantité de ressources qui entre dans une économie
et la quantité de déchets qui en sort (Institut de l’environnement, du développement durable et de
l’économie circulaire (EDDEC), 2015). Le modèle d’économie circulaire vise donc à découpler la
croissance économique et la consommation des ressources par l’utilisation d’une série de concepts
innovants qui permettent d’optimiser la façon dont les ressources sont utilisées tout au long du cycle de
leur vie (Institut EDDEC, 2015).
Pour réduire le besoin en matière des sociétés, il faut au préalable mieux connaître la consommation de
matières et d’énergie qu’elles engendrent (France. MEDDE, 2014). Pour cela, l’analyse de flux de
matières (AFM) peut être utilisée. Cette approche vise à comprendre la manière dont un territoire prélève,
importe, transforme, consomme, rejette et exporte l’énergie et les matières (Baccini et Brunner, 1991).
Plus souvent utilisée dans le passé à l’échelle nationale, l’AFM devient aujourd’hui un outil de plus en plus
employé dans les villes et les régions (Kennedy et autres, 2010). En effet, les municipalités et les
municipalités régionales de comté (MRC) représentent un niveau de gouvernance pertinent pour instaurer
des démarches d’AFM parce que celles-ci possèdent des compétences qui leur permettent de mettre en
œuvre des projets qui se rattachent à l’économie circulaire. En plus de leur pouvoir d’action, les régions
possèdent le pouvoir de mobiliser et d’accompagner les acteurs concernés du territoire. Au Québec, la
stratégie gouvernementale pour le développement durable 2015-2020 vise à encourager les projets
d’économie circulaire en créant les conditions qui facilitent leur émergence (Québec. Ministère du
Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
(MDDELCC), 2015a). Par conséquent, la mise en œuvre de démarches d’AFM au Québec semble être
une avenue prometteuse. Toutefois, le choix d’une méthode d’AFM pour le Québec n’est pas chose facile,
car il n’existe pas de méthode largement éprouvée qui s’applique à l’échelle régionale. En vérité, il existe
deux grandes lignées de pensées dans les méthodes d’AFM : la méthode Eurostat 2001 et la méthode de
Baccini et Brunner 1991 (Eurostat, 2001 et Baccini et Brunner, 1991). Depuis la création de ces deux
1
grandes méthodes, plusieurs villes et régions à travers le monde ont tenté de les adapter dans le but de
les appliquer à l’échelle régionale. Il existe donc aujourd’hui une grande variété de méthodes d’AFM
régionales qui découlent des deux grandes lignées de pensées, comportant chacune leurs conditions
d’application, leurs avantages et leurs limites.
L’essai a donc pour objectif d’explorer les méthodes applicables dans le contexte québécois et de
développer une approche qui vise à orienter les utilisateurs vers la méthode d’AFM qui répond le mieux à
leurs besoins. Pour ce faire, une revue de littérature sur les méthodes d’AFM applicables à l’échelle
régionale a d’abord été réalisée. Ensuite, les bases de données fédérales, provinciales et régionales ont
été explorées pour établir un constat sur les sources de données disponibles au Québec pour réaliser les
AFM. Enfin, les méthodes d’AFM existantes ont été évaluées en fonction de plusieurs critères et un outil
d’aide à la décision pour les utilisateurs d’AFM au Québec a été développé.
Pour assurer une recherche d’informations diversifiées et fiables, une revue de littérature composée de
nombreux articles scientifiques, de publications gouvernementales, de monographies et de ressources
Internet a été réalisée. De plus, pour compléter la collecte d’information et alimenter les réflexions,
l’auteure de cet essai a aussi réalisé plusieurs entrevues et échanges de courriels avec des
professionnels et des chercheurs spécialisés en AFM et en économie circulaire. Finalement, pour
s’assurer de la fiabilité des sources, une attention particulière a été portée pour que la majorité des
références consultées soient récentes et vérifiées par les pairs.
Le travail qui en découle commence par une mise en contexte. Ce premier chapitre explique pourquoi il
est impératif que les sociétés québécoises transitent vers un modèle d’économie circulaire et comment
l’AFM peut être utilisée pour faciliter cette transition. Le second chapitre présente les objectifs de l’essai et
la méthodologie qui a été développée pour réaliser ce travail. Par la suite, le chapitre 3 présente un court
historique de l’AFM et montre les résultats de la revue de littérature portant sur les études régionales
d’AFM à travers le monde. Ainsi, les éléments méthodologiques, les objectifs, les données requises, les
avantages et les limites de chacune des méthodes d’AFM sont présentés. Au chapitre 4, les différentes
sources de données disponibles au Québec pour faire des AFM sont mentionnées. Les conclusions tirées
du chapitre 3 et 4 seront utilisées au chapitre 5 pour expliquer l’évaluation multicritère des méthodes.
C’est dans ce même chapitre que l’approche développée visant à orienter les utilisateurs vers la méthode
d’AFM la plus appropriée est présentée. Enfin, le chapitre 6 présentera les recommandations formulées
pour initier de façon efficace des démarches d’AFM au Québec.
2
1. MISE EN CONTEXTE
Aujourd’hui, la raréfaction des ressources devient un problème de plus en plus préoccupant causant non
seulement l’augmentation des prix des matières premières, mais aussi d’importantes conséquences
environnementales et des tensions géopolitiques (Alterre Bourgogne, 2013). Les sociétés doivent
repenser leur modèle économique si elles veulent être en mesure de soutenir les activités humaines dans
le futur. Pour ce faire, elles doivent préalablement observer la manière dont les ressources sont gérées
sur leur territoire (Barles, 2007). L’AFM est un outil qui permet d’identifier les ressources utilisées par un
territoire, de les quantifier et de comprendre comment elles sont utilisées (Eurostat, 2001). Le chapitre qui
suit vise d’abord à expliquer les limites du modèle économique actuel et comment il est possible de
transiter vers un nouveau modèle économique plus durable. Ensuite, il vise à expliquer ce qu’est l’AFM et
pourquoi il est pertinent d’appliquer cette démarche dans les régions québécoises.
Figure 1.1 : Schéma simplifié du modèle économique linéaire (inspirée de Institut de l’économie
circulaire, 2013)
En effet, les entreprises importent des matières, les utilisent pour faire des produits et vendent ces
produits à des consommateurs qui les disposent lorsque ceux-ci ne s’avèrent plus utiles. Ce phénomène
est de plus en plus important, car en terme de volume, plus de 65 billions de tonnes de matières brutes
sont entrées dans le système économique mondial en 2010 et les prévisions prévoient que ce chiffre
pourrait atteindre environ 82 billions de tonnes en 2020 (Ellen MacArthur Foundation, 2015b).
Il est vrai que ce modèle de développement a permis d’accélérer le « progrès » et à des milliards
d’individus d’accéder à une certaine prospérité matérielle, mais le fondement de cette société de
consommation se trouve aujourd’hui face aux défis environnementaux, de l’emploi et de l’augmentation
de la population mondiale. Le prélèvement sur les ressources naturelles dépasse déjà largement la
biocapacité de la terre, c’est-à-dire sa capacité à régénérer des ressources renouvelables, à fournir des
ressources non renouvelables et à absorber les déchets. De plus, avec la croissance démographique et la
croissance économique des pays en voie en développement, même les prévisions les plus conservatrices
suggèrent que les demandes en pétrole, charbon, minerai de fer et autres ressources vont augmenter de
plus du tiers de la demande actuelle (McKinsey Global Institute, 2011). Aujourd’hui, il est possible
d’affirmer que le modèle économique linéaire ne peut plus répondre aux enjeux rencontrés par les
sociétés. Les limites naturelles de la Planète obligent donc les sociétés à revoir leurs modes de
fonctionnement.
3
1.1.1. Pertes de ressources significatives au sein du système
Le modèle de production linéaire entraîne des pertes importantes de ressources. Ces pertes peuvent
survenir pour de multiples raisons : pertes dans la chaîne de production, pertes en fin de vie, pertes sous
forme d’énergie et dégradation des services écosystémiques (Ellen MacArthur Foundation, 2015b).
Les faibles coûts des ressources comparativement aux coûts de la main-d’œuvre sont responsables des
pertes rencontrées dans les chaînes de production. Les entreprises ne mettent pas en priorité l’efficacité
avec laquelle les ressources sont utilisées, car il a toujours été plus rentable d’utiliser de nouvelles
ressources que d’investir du temps à réfléchir à comment optimiser l’usage de celles-ci. Par conséquent,
des pertes considérables sont causées entre la quantité de matières extraites jusqu’à leur fabrication
finale. En effet, le Sustainable Europe Research Institute (SERI) estime que chaque année, la fabrication
de produits dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE)
consomme plus de 21 billions de tonnes de matières qui ne sont pas physiquement incorporées dans les
produits eux-mêmes (Sustainable Europe Research Institute (SERI) et Vienna University of Economics
and Business (WU), 2014). De plus, des pertes énormes sont engendrées lors de la chaîne de production
alimentaire. Ces pertes sont estimées à plus du tiers de la quantité de nourriture produite pour la
consommation humaine chaque année (Gustavsson et autres, 2011).
Les pertes de ressources en fin de vie sont dues aux faibles taux de réutilisation, recyclage ou
compostage et méthanisation des produits en fin de chaîne. En effet, en 2010, en Europe, 2,7 billions de
tonnes de déchets ont été générées, mais seulement 40 % ont été réutilisées, recyclées ou compostées
et méthanisées (Ellen MacArthur Foundation, 2015a). Les taux de recyclage qui sont significativement
importants le sont seulement pour quelques types de matières qui sont dans la plupart des cas des
matières qui se trouvent dans des volumes importants et relativement homogènes. De plus, plusieurs
produits ne sont pas conçus pour être désassemblés et il est donc difficile de recycler chaque matière
dans la filière appropriée en fin de vie.
Le système linéaire entraîne une extraction et une transformation de matières de plus en plus importante.
Lorsqu’un produit est réutilisé, des gains énergétiques importants sont à considérer et lorsqu’un produit
est recyclé, une petite quantité d’énergie est sauvée. Il existe plusieurs opportunités pour économiser de
l’énergie par l’adoption d’une économie circulaire (McKinsey Global Institute, 2011).
La dégradation des services écosystémiques est un phénomène très préoccupant qui prend de plus en
plus d’ampleur. En effet, le rapport « Millennium Ecosystem Assessment » (MEA) mentionne que parmi
les 24 services écologiques que la Planète fournit, 15 sont dégradés ou utilisés de façon non durable
(Millenium Ecosystem Assessment, 2005). De plus, un récent rapport sur l’économie des écosystèmes et
de la biodiversité évalue les pertes des services écosystémiques dues à la déforestation en Chine à plus
de 12 billions de dollars américains par année au cours de la période 1950 à 1998 (Bishop et autres,
2010). Les coûts de ces pertes de services écosystémiques correspondent aux frais de régulation du
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climat et de l’eau, l’épuisement des réserves de bois et de carburants, les pertes de productivité agricole,
la conservation des sols et la prévention des inondations (Bishop et autres, 2010).
Aujourd’hui, le modèle linéaire mène à un ralentissement économique dans certains pays. En effet, la
croissance économique peut être perturbée par l’augmentation du prix des matières premières. Depuis
les années 2000, un tournant considérable a été remarqué dans le prix de ces matières. La figure 1.2
présente la fluctuation de ces prix au cours de la période 1900 à 2013. Pour obtenir un prix représentatif
de l’ensemble des matières, une moyenne a été calculée en considérant les quatre catégories de
matières suivantes : nourriture, produits agricoles (excluant la nourriture), métaux et énergie (World
Economic Forum, s.d.).
Figure 1.2 : Fluctuation des prix des matières premières au cours de la période 1900 à 2013 (tirée
de World Economic Forum, s.d.)
Cette augmentation des prix des matières est causée par plusieurs facteurs. Premièrement, la forte
augmentation de la demande en métaux a forcé les entreprises d’extraction à produire plus que leur mode
de production optimal. Par conséquent, le coût pour produire une petite quantité de plus de matière leur
est plus grand et les prix se trouvent donc augmentés. Le marché se trouve alors très instable, car de
petites augmentations de la demande peuvent résulter à une augmentation considérable des prix des
matières. Deuxièmement, étant donné l’épuisement de certaines ressources, il devient de moins en moins
facile d’extraire de grandes quantités de matières par les entreprises. Le recours à de nouvelles
technologies et à des quantités plus grandes d’énergie devient indispensable aux entreprises ce qui
entraîne une augmentation des prix des matières premières. Troisièmement, les conditions
météorologiques ainsi que les crises politiques peuvent entraîner des fluctuations dans l’offre de certaines
matières. Quatrièmement, la présence d’une quantité de plus en plus importante de nouveaux
investisseurs dans le marché combinée avec les médias sociaux entraîne des « effets de modes » dans
le domaine de l’investissement dans les ressources qui mène à des fluctuations du marché. Enfin, toutes
5
ces causes mènent à l’augmentation des prix des matières qui provoque un ralentissement économique
des entreprises et éventuellement un ralentissement de l’économie en général. Ces effets se manifestent
de deux manières principales : par l’augmentation des coûts d’approvisionnement en matières premières
et par l’augmentation des coûts de couverture de risque. (Ellen MacArthur Foundation, 2015a)
Les déséquilibres tels que l’augmentation des prix des ressources et l’instabilité des approvisionnements
rencontrés dans le modèle linéaire sont susceptibles d’empirer dans les années à venir. Sans conteste,
l’accroissement de la population mondiale, estimée à atteindre plus de 11 billions en 2100, contribue à
augmenter le nombre de consommateurs sur la Planète et par le fait même, la quantité de ressources
nécessaires (Department of Economics and Social Affairs, 2015). Les estimations prévoient aussi qu’avec
la croissance économique importante de la Chine et de l’Inde, les deux pays les plus peuplés, il pourrait y
avoir l’arrivée de trois billions de plus de consommateurs dans la classe moyenne d’ici 2030 (McKinsey
Global Institute, 2011).
En plus de la croissance démographique, la hausse des besoins en infrastructure est de plus en plus
déterminante. D’une part, pour répondre aux besoins de la population croissante et d’autre part, pour
répondre aux besoins des entreprises qui nécessitent de nouvelles infrastructures technologiques pour
extraire les ressources plus difficilement accessibles (McKinsey Global Institute, 2011). Par conséquent,
plus il y a de ressources à extraire, plus il y a d’infrastructures à construire, plus il y a de ressources à
extraire, et ce cercle vicieux peut continuer jusqu’à l’épuisement complet des ressources et la dégradation
des services écosystémiques.
Le modèle linéaire a aussi provoqué dans la plupart des pays, une forte dépendance aux
approvisionnements extérieurs en ressources. Cette dépendance représente un risque important dans un
système où les activités socio-économiques reposent entièrement sur l’importation de ressources, car
plusieurs facteurs peuvent nuire à ces importations. D’abord, les risques politiques grandissants peuvent
contribuer à amplifier l’instabilité dans les approvisionnements. Ensuite, la globalisation des marchés, où
les ressources sont transportées à l’échelle mondiale, signifie que des variations locales de prix des
ressources peuvent rapidement influencer le prix des matières à l’échelle mondiale. Enfin, les variations
dans le climat peuvent aussi mener à une amplification des déséquilibres rencontrés dans le modèle
linéaire. Les industries qui extraient des ressources peuvent faire face à des variations régionales de
climat qui entraînent l’instabilité dans les prix et les approvisionnements. Actuellement, les ressources les
plus souvent affectées sont les produits agricoles et l’eau. (Ellen MacArthur Foundation, 2015a)
Compte tenu des limites du modèle linéaire présentées précédemment, l’adoption d’un nouveau modèle
s’impose. Il est vrai que la prise de conscience collective a permis de mettre en place des stratégies de
réduction des impacts environnementaux associés à l’utilisation du modèle linéaire, mais ces stratégies
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ne feront que retarder l’échéance. Ainsi, il est important de repenser les façons de faire et d’adopter un
nouveau modèle de développement. La transition vers un modèle d’économie circulaire permettrait de
mieux répondre aux enjeux du développement durable des sociétés en créant de la valeur autant d’un
point de vue économique que social et environnemental.
Figure 1.3 : Principales composantes de l’économie circulaire (tirée de Institut EDDEC, 2015)
Les concepts innovants derrière l’économie circulaire sont les suivants : l’écoconception,
l’approvisionnement durable, l’économie de fonctionnalité, l’écologie industrielle et territoriale, la
consommation durable, l’allongement de la durée de vie des produits et le recyclage des déchets.
L’écoconception consiste à concevoir des produits ou des services dans le but de diminuer leurs impacts
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sur l’environnement à toutes les étapes de leur cycle de vie et donc de penser à comment les produits
pourront être réemployés, recyclés ou valorisés en fin de vie. L’économie de fonctionnalité vise à
repenser le modèle d’affaire des entreprises en transitant d’une économie de vente de produits à une
économie de vente de services. De cette façon, il est possible pour les entreprises de récupérer les
produits en fin de vie, de réutiliser les pièces qui fonctionnent encore et de recycler ou valoriser les autres.
L’écologie industrielle et territoriale est un concept innovant qui permet de créer un réseau d’acteurs qui
peuvent se partager des ressources et de l’énergie sur un territoire donné. Par exemple, une entreprise
qui rejette de la vapeur d’eau dans le cadre de ces activités pourrait acheminer ce « déchet » à une autre
entreprise qui nécessite de la vapeur d’eau comme « ressource » pour ses activités. Par conséquent, les
déchets de l’un deviennent les ressources de l’autre.
L’économie circulaire est vectrice de nombreuses solutions aux enjeux économiques, sociaux et
environnementaux actuels. Dans un premier temps, plusieurs études montrent que le modèle circulaire
peut contribuer à lutter contre le dérèglement climatique (Aurez et autres, 2015). Dans un deuxième
temps, l’économie circulaire représente un potentiel de création d’emplois qui a été démontré par
plusieurs études prospectives à travers le monde (Deboutière et Georgeault, 2015). Dans un troisième
temps, une étude anglaise récente conduite par Green Alliance et le WRAP au Royaume-Uni a
récemment démontré que la transition vers un modèle d’économie circulaire permet de redynamiser les
territoires (Morgan et Mitchell, 2015). En vérité, le modèle circulaire permet de créer de nouvelles activités
économiques et des emplois, et ce de façon très importante dans les zones les plus touchées par le
chômage (Morgan et Mitchell, 2015). Dans le même ordre d’idées, réduire la dépendance d’un territoire
vis-à-vis les approvisionnements en matières premières permet de renforcer la résilience de son
économie (Ellen MacArthur Foundation et McKinsey Institute, 2015). Dans un quatrième temps,
l’économie circulaire peut contribuer à améliorer la sécurité alimentaire des populations en réduisant le
gaspillage et la dépendance des territoires vis-à-vis les approvisionnements lointains (Badgley et autres,
2006). En somme, l’économie circulaire est profitable à tous les acteurs. Les entreprises se trouvent
avantagées par la création de nouveaux groupes de profits et l’opportunité de prendre de l’expansion en
modifiant leur modèle économique de départ. Les consommateurs et les utilisateurs tirent bénéfice par
l’amélioration de la qualité des services. L’économie se trouve aussi avantagée par l’atténuation de
l’instabilité du marché et des risques d’approvisionnement, la croissance du marché due aux
changements sectoriels et à la création d’emplois, la réduction des externalités et l’épargne de sommes
substantielles sur les coûts en matières et énergie (Ellen MacArthur Foundation, 2015a).
À l’heure actuelle, il n’existe pas de mode d’emploi standardisé sur la façon d’engager une transition vers
l’économie circulaire. Or, plusieurs organisations se penchent sur cette question et tentent d’élaborer des
stratégies collectives de mise en œuvre. Plusieurs éléments pour faciliter la mise en œuvre de projets
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d’économie circulaire sont tout de même bien connus. Parmi ces éléments se trouve l’application de
l’économie circulaire à l’échelle régionale et territoriale. En effet, il est plus facile de mettre en place des
projets d’économie circulaire à l’échelle d’un territoire parce que les territoires sont confrontés à des
contraintes qui leur sont propres et les projets doivent être élaborés dans le but de répondre à leur réalité
unique (Lévy et Aurez, 2015). La sensibilisation, la formation et la mobilisation des acteurs concernés
peuvent aussi grandement faciliter l’engagement vers une démarche d’économie circulaire. Il a souvent
été démontré dans les études de cas comme Dislaub, Eurovia et Neopost en France que la mobilisation
des acteurs était un facteur de réussite indispensable (Aurez et autres, 2015). Enfin, l’engagement vers
des projets d’économie circulaire est souvent ralenti par le fait que le terme « déchet » est souvent mal
perçu dans les sociétés, c’est-à-dire qu’il représente une chose non désirée qui doit être éliminée. Il faut
donc tranquillement faire évoluer le statut de déchet pour être en mesure que les gens le perçoit comme
une matière résiduelle contenant encore de la valeur (Enckell et Carré, 2015).
Étant donné que l’objectif majeur de l’économie circulaire est d’optimiser les flux d’énergie et de matières
pour rendre plus efficace l’utilisation des ressources sur un territoire donné, il est important de mieux
comprendre au préalable la circulation de ces flux d’énergie et de matières dans le territoire. Par
conséquent, il serait important d’améliorer la connaissance des gisements de matières et d’énergies des
territoires pour élaborer des stratégies régionales d’économie circulaire. L’analyse de flux de matières
(AFM) est un outil qui permet d’effectuer cet état de lieux et de justifier les prises de décision politiques
(France. MEDDE, 2014). L’AFM constitue donc un premier pas vers l’adoption d’une économie circulaire.
La réalisation d’une comptabilité de flux de matières consiste à quantifier tous les flux de matières et
d’énergie qui traversent un territoire. Dans ce cas, tous les flux qui entrent sur le territoire tels que les
importations et les extractions locales ainsi que tous les flux qui sortent du territoire tels que les
9
exportations et les rejets vers la nature sont inventoriés. Cet inventaire contient toutes les catégories de
matières utiles au territoire et chaque matière est quantifiée en tonne. De plus, la caractérisation de ce
métabolisme territorial repose sur le principe de la conservation de la masse d’Antoine Lavoisier, « Rien
ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Brunner et Rechberger, 2004). Pour respecter ce
principe, le bilan doit être équilibré de part et d’autre. Par conséquent, la différence entre la quantité de
matière qui sort du territoire et la quantité qui entre sur le territoire correspond à l’accumulation nette de
matières dans le territoire. Ces accumulations sont souvent nommées « stock » et représentent les
bâtiments, les infrastructures, les véhicules, etc. La figure 1.4 illustre le fonctionnement d’un territoire et la
circulation des différents flux de matières et d’énergie sur celui-ci (Alterre Bourgogne, 2013). Le socle
central représente le système socio-économique d’un territoire qui est alimenté par des échanges
économiques avec le reste du monde (importation et exportation). Ce système qui représente la société
repose sur un deuxième socle qui représente la biosphère dans laquelle la société vient puiser et rejeter
pour fonctionner (extractions intérieures et émissions vers la nature).
Figure 1.4 : Circulation des flux de matières et d’énergie sur le territoire de la Bourgogne (tirée de
Alterre Bourgogne, 2014, p. 1)
1.3.2. Intérêts de l’analyse de flux de matières
Il est vrai qu’il existe différentes méthodes qui permettent d’étudier les flux de matières et d’énergie, mais
la plupart de ces approches visent des flux spécifiques (eau, énergie, déchets, etc.) et isolent différents
secteurs (habitat, transport, industrie, agriculture, etc.). D’ailleurs, ces méthodes mènent à des réponses
de « bout de tuyau » ou « end-of-pipe », c’est-à-dire qu’elles atténuent les effets, mais n’éliminent pas les
10
causes. À l’inverse, l’AFM est une approche systémique qui permet de prendre en compte tous les types
de flux et comment ils interagissent ensemble. De cette façon, l’AFM apporte un atout considérable qui
permet d’avoir une vision d’ensemble du métabolisme d’un territoire. Par ailleurs, l’AFM est un outil
puissant qui permet d’éclairer les décisions politiques autant d’un point de vue national, régional
qu’urbain. Il permet de poser un jugement sur la durabilité d’un territoire et ainsi mieux cibler les politiques
et stratégies environnementales à développer. Enfin, l’AFM est une approche grandement utilisée à
travers le monde si bien qu’il est parfois possible de comparer les résultats obtenus avec d’autres études
et d’évaluer où se situe un territoire en terme de gestion des ressources par rapport à un autre. (France.
MEDDE, 2014)
Même si l’application de l’AFM à l’échelle nationale a fait ses preuves, il est avantageux d’effectuer des
analyses sur de plus petits territoires pour mieux comprendre la consommation de matières à l’intérieur
d’un pays afin de trouver des solutions pour réduire cette consommation et optimiser la gestion des
ressources. De plus, les villes sont porteuses de compétences environnementales importantes telles que
la gestion des déchets et la gestion des eaux usées. Les régions ont d’ailleurs la responsabilité de
développer des politiques et stratégies pour répondre aux enjeux environnementaux auxquels elles sont
confrontées. À l’heure actuelle, les stratégies développées par les territoires demeurent sectorielles et
mènent à des réponses de « bout-de-tuyau », c’est-à-dire que la cause du problème n’est pas éliminée.
La réalisation d’AFM à l’échelle des villes et des régions permettrait d’adopter une approche systémique
qui pourrait contribuer à rendre plus performantes les stratégies développées. Tout cela considéré, les
villes représentent un réel potentiel pour favoriser la mise en place de stratégies tels que des projets
d’économie circulaire.
En addition, la mise en place de ces projets d’économie circulaire s’effectue de façon beaucoup plus
efficace lorsque ceux-ci sont déployés à l’échelle d’une région. En effet, chaque territoire possède ses
propres particularités quant à l’atteinte d’un développement économique durable et il est nécessaire de
bien les identifier avant de pouvoir penser à les résoudre. De plus, la proximité des acteurs entre eux sur
le territoire et l’établissement d’une vision partagée de la consommation des ressources participe à
faciliter le déploiement de ces projets.
L’amélioration des connaissances concernant la consommation de matières sur un territoire est à la base
de toute politique et stratégie publique de gestion des ressources. Le développement de cette stratégie
permettrait non seulement de diminuer la consommation en énergie et en matières, mais garantirait une
aussi meilleure résilience des territoires (Barles, 2009).
Tout comme la mise en œuvre de l’économie circulaire, il n’existe pas de mode d’emploi standardisé pour
la réalisation d’une AFM. Toutefois, il existe certaines d’étapes indispensables qui seront présentées ci-
dessous (France. MEDDE, 2014).
11
Une première étape très importante consiste à identifier les objectifs de l’étude. Étant donné que plusieurs
circonstances peuvent mener à réaliser une AFM et que les types de résultats peuvent varier en fonction
de la méthodologie qui est employée, il est très important que le choix de la méthode soit cohérent avec
les objectifs fixés. Par conséquent, il faut au préalable bien définir pourquoi l’étude est réalisée, qui
voudra s’en servir et comment elle sera utilisée. Plusieurs objectifs peuvent par la suite être formulés tels
que d’identifier des pistes d’amélioration pour optimiser la gestion des ressources sur le territoire
(EcoRes, 2015), d’identifier des solutions pour améliorer les performances environnementales (Sahely et
autres, 2003), mesurer la performance énergétique et matérielle, l’intensité des échanges avec l’extérieur,
la pression sur les ressources (France. MEDDE, 2014), orienter les prochaines politiques publiques
(Kennedy et autres, 2010), etc.
La seconde étape vise à choisir la méthodologie d’AFM qui sera utilisée. Plusieurs études portant sur la
caractérisation de métabolisme urbain ont tout simplement choisi une méthode nationale largement
éprouvée, comme la méthode Eurostat 2001 qui sera discutée dans le chapitre suivant, et l’on adaptée
pour qu’elle soit applicable à l’échelle d’une région ou d’une ville. Par conséquent, plusieurs études se
retrouvent face à une incohérence entre les objectifs et la méthode choisie. Cette incohérence mène à
l’obtention de résultats moins pertinents à utiliser. Par exemple, en France le gouvernement désire que
les régions et départements comprennent mieux la circulation des flux de matières sur leurs territoires
dans le but de mettre en place des projets d’économie circulaire à l’échelle régionale. Cependant, ils ont
choisi d’utiliser la méthode Eurostat 2001 qui permet seulement de quantifier les flux qui entrent, sortent
et s’accumulent sur le territoire, mais ne permet pas de comprendre comment ces flux circulent au sein du
territoire lui-même. Le choix de la méthode est donc une étape cruciale qui dépend de plusieurs choses,
dont les objectifs préalablement fixés et les données disponibles.
Une troisième étape consiste à choisir comment les données seront organisées. Peu importe le choix de
la méthode, il n’existe pas d’outil à l’heure actuelle qui permet de structurer les données collectées et de
les traiter automatiquement. Le choix de l’organisation des données doit suivre une nomenclature bien
précise pour garder une certaine cohérence. La nomenclature européenne « Material Flow Analysis »
(MFA) 2011 est très utilisée, car elle correspond à celle choisie dans la méthode nationale Eurostat 2001
(Eurostat, 2001).
Une quatrième étape est de créer une équipe responsable de la mise en œuvre du projet (comité de
pilotage) et une équipe responsable d’appliquer la méthodologie sélectionnée (comité technique) (France.
MEDDE, 2014).
L’abondance des ressources naturelles du Québec lui confère une position avantageuse d’un point de
2
vue mondial. En effet, le Québec couvre une superficie de 1 667 712 km qui renferme d’importantes
réserves en eau, énergie, forêts et mines (Québec. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles
12
(MERN), 2013a). Par conséquent, en 2013, l’utilisation et la transformation des ressources comptaient
pour 10,2 % du produit intérieur brut (PIB) et 4,5 % de la totalité des emplois au Québec (Québec. MERN,
2013a). L’extraction et la transformation de ces ressources entraînent des bénéfices sociaux et
économiques, mais s’accompagnent aussi de conséquences environnementales non désirées. De plus, la
perturbation des services écosystémiques représente un risque de plus en plus préoccupant quant à la
durabilité des activités économiques des entreprises québécoises. Par conséquent, la nouvelle stratégie
gouvernementale de développement durable du Québec 2015-2020 prévoit « Gérer les ressources
naturelles de façon responsable et respectueuse de la biodiversité » pour soutenir la vitalité économique
et maintenir la biodiversité (Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), 2015a). Pour ce faire, elle vise à gérer les
ressources naturelles de façon efficiente et concertée en améliorant par exemple les connaissances par
l’acquisition et la diffusion de données concernant la gestion des ressources et les impacts et risques
associés. Elle suggère aussi de déployer de nouveaux mécanismes de concertation pour instaurer entre
les diverses parties prenantes une culture de collaboration permettant l’adhésion des populations
concernées à des objectifs communs. En complément, la stratégie vise aussi à « Développer une
économie prospère d’une façon durable, verte et responsable » en incitant d’ici 2020,
De plus, la stratégie vise à assurer l’aménagement durable du territoire, soutenir le dynamisme des
collectivités et améliorer l’efficacité énergétique (Québec. MDDELCC, 2015a). Tous ces objectifs peuvent
être atteints en encourageant la mise en place de l’économie circulaire au profit de l’économie linéaire.
Par conséquent, la réalisation d’AFM dans les régions québécoises peut contribuer à engager cette
transition de modèle économique et cadre parfaitement avec les orientations de la nouvelle stratégie
gouvernementale de développement durable du Québec 2015-2020 (Québec. MDDELCC, 2015a). En
effet, la caractérisation des métabolismes territoriaux au Québec pourrait initier une démarche de travail
collaboratif pour la mise en place de projets d’économie circulaire entre les acteurs des territoires. Elle
supporterait une meilleure connaissance de la gestion des ressources sur le territoire québécois et
permettant de mesurer l’efficacité des démarches déployées. Dans une optique de transition économique,
la comptabilité de flux de matières au Québec représente un outil indispensable pour identifier des pistes
d’amélioration de la gestion des ressources.
En somme, la réalisation d’AFM dans les régions québécoises permettrait d’améliorer les connaissances
de la gestion des ressources, ce qui correspond à une première étape pour un Québec durable.
13
2. MÉTHODOLOGIE
Comme mentionné dans le chapitre précédent, la réalisation d’AFM dans les régions québécoises pourrait
faciliter la transition vers une économie circulaire plus durable. Toutefois, actuellement, il n’existe pas de
méthode ayant été largement éprouvée qui peut s’appliquer à l’échelle de toutes les régions québécoises.
Par conséquent, pour initier des démarches d’AFM au Québec, il faut au préalable encadrer le choix
d’une méthode par les acteurs régionaux. Cet essai a donc pour objectif principal d’explorer les méthodes
applicables dans le contexte québécois et de développer une approche qui vise à orienter les utilisateurs
vers la méthode d’AFM qui répond le mieux à leurs besoins. Pour atteindre cet objectif, la méthodologie
utilisée dans cet essai est présentée à la figure 2.1.
Pour la recherche sur les méthodes d’AFM, de nombreux articles, monographies et site Internet ont été
consultés. De plus, lors de cette recherche, pour chaque méthode, une attention particulière a été portée
sur les éléments méthodologiques utilisés, les avantages, les limites, les objectifs, les résultats obtenus,
les données nécessaires, les éléments de mises en œuvre et les projets émergés grâce à l’AFM. Malgré
les nombreuses sources disponibles sur les différentes études de métabolisme urbain, peu d’information
était fournie sur les éléments de mises en œuvre et les projets qui ont émergés grâce à la réalisation de
l’AFM. Par conséquent, pour approfondir les connaissances sur certaines méthodes, des entretiens avec
14
des chercheurs et des acteurs du territoire concernés ont été effectués. À cet égard, le directeur de
l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire (EDDEC), Daniel
Normandin, a été consulté pour identifier les acteurs clés à contacter. Cette première partie de la
recherche d’information a permis d’identifier et de décrire les méthodes d’AFM existantes à travers le
monde et de formuler des enseignements des expériences étrangères.
La deuxième partie de la recherche d’information portait sur les sources de données disponibles pour la
réalisation d’AFM au Québec. Lors de cette recherche, les bases de données fédérales, provinciales et
municipales ont été explorées dans le but de détecter les données disponibles et les données
manquantes. Cette deuxième partie de recherche a donc permis de formuler un constat sur les données
québécoises disponibles pour réaliser des AFM.
Pour réaliser la deuxième étape de la méthodologie, les conclusions tirées de la revue de littérature ont
été utilisées pour identifier des critères qui influencent le choix d’une méthode d’AFM par rapport à une
autre. Ces critères ont par la suite été utilisés dans une analyse multicritère pour comparer les méthodes
d’AFM entre elles. Suite à cette comparaison, un arbre de décision a été construit pour orienter les
acteurs régionaux vers la méthode la plus appropriée.
Enfin, la troisième étape consistait à formuler des recommandations générales pour instaurer la démarche
d’AFM au Québec. Ces recommandations découlent des conclusions tirées des enseignements des
expériences étrangères, du constat sur les sources de données québécoises disponibles et de
l’évaluation des méthodes.
15
3. L’ANALYSE DE FLUX DE MATIÈRES : MODÈLES MÉTHODOLOGIQUES
À travers le monde, il existe deux grandes familles de méthodes d’AFM : Eurostat 2001 et Baccini et
Brunner 1991 (Eurostat, 2001 et Baccini et Brunner 1991). Initialement, ces deux méthodes avaient été
développées pour être appliquées à l’échelle nationale. Par conséquent, pour être en mesure d’appliquer
ces méthodes à l’échelle régionale, plusieurs études ont créé leur propre méthode d’AFM inspirée de ces
méthodes. Par conséquent, il existe maintenant plusieurs méthodes d’AFM régionale qui découlent des
deux grandes familles initiales. Le chapitre qui suit commencera par présenter les deux grandes familles
et les éléments méthodologiques de base qu’elles possèdent. Ensuite, les méthodes de métabolisme
urbain développées à travers le monde seront expliquées. Enfin, les enseignements tirés des expériences
étrangères seront présentés.
Les premiers constats sur la dépendance d’un territoire à l’importation de quantités importantes de
ressources furent réalisés en 1965. L’américain Abel Wolman a mis en lumière pour la première fois dans
son article « Metabolism of cities » que les villes agissaient comme des parasites qui dépendent
entièrement d’importations de ressources pour leur fonctionnement et rejettent vers la biosphère leurs
déchets (Hammer et autres, 2003). C’est plus tard dans les années 1990 que l’AFM a été utilisé
concrètement pour les premières fois à l’échelle nationale et a permis de faire un état des lieux de
l’utilisation des ressources en Autriche et au Japon (Japon. Ministry of the Environment, 1992). Depuis,
l’intérêt à réaliser des AFM a rapidement augmenté dans la communauté scientifique et beaucoup
d’efforts ont été menés pour harmoniser les différentes approches méthodologiques développées
(Hammer et autres, 2003).
À ce jour, toutes les méthodes qui existent sont basées sur le principe de conservation de la matière.
Partant de cette notion, deux grandes familles de méthodes se distinguent. La première méthode utilise
un principe analytique de type ascendant, c’est-à-dire que l’on part du détail, l’échelon le plus fin, pour
consolider progressivement et opérer une synthèse (France. MEDDE, 2014). Cette ligne de pensée
découle des constatations émises en 1991 par Baccini et Brunner dans leur livre intitulé : « The
Metabolism of the Antroposphere » (Baccini et Brunner 1991). Aujourd’hui, le guide référentiel de cette
méthode est le « Practical Handbook of MFA » rédigé en 2004 par Brunner et Rechberger (Brunner et
Rechberger, 2004). La deuxième méthode utilise un principe analytique descendant qui part de
l’ensemble et décompose en éléments plus détaillés pour déboucher sur un état des lieux de l’objet
étudié. Cette analyse est donc plus globale et quantifie les flux qui entrent et sortent du système sans
porter attention au fonctionnement interne de celui-ci, souvent représenté comme une boîte noire. Le
guide référentiel de cette méthode est « Eurostat » et a été rédigé en 2001 et mis à jour en 2013
(Eurostat, 2001 et Eurostat, 2013). Dans le texte qui suit, les éléments méthodologiques de base ainsi
que les forces et faiblesses de chacune de ces méthodes, seront présentés.
16
3.1.1. Méthode Eurostat 2001 (type descendant)
En 2001, l’Union européenne (UE), appelée à cette période la Communauté européenne (CE), a élaboré
le guide pratique Eurostat 2001. Ce guide présente une méthode pour mettre en œuvre la comptabilité
des flux de matières à l’échelle d’un pays en Europe. Cet ouvrage avait pour objectif principal de faciliter
la réalisation d’AFM dans les pays européens. La publication de ce guide fut un premier pas vers
l’harmonisation terminologique des concepts d’AFM et des tables de compilation de données.
Figure 3.1 : Convention utilisée pour illustrer le métabolisme territorial dans la méthode Eurostat
2001 (tirée de Eurostat, 2001, p. 16)
En addition aux cinq catégories de matières identifiées par la méthode, les éléments d’équilibrage ainsi
que les flux indirects sont pris en compte. Le tableau 3.1 qui suit présente les différentes catégories, leur
description et un aperçu des sous-catégories de matières qui y sont inclus. (Eurostat, 2001)
17
Tableau 3.1 : Classification et catégories de flux de matières (inspiré de Eurostat, 2001 et France.
MEDDE, 2014)
18
Pour réaliser l’AFM selon la méthode Eurostat 2001, il faut absolument que les limites du système étudié
soient déterminées. Il existe deux types de délimitation (illustrées à la figure 3.2). Les flèches illustrées sur
la figure représentent les transferts de flux de matières. La première représente la frontière entre le
système socio-économique et l’environnement local où sont extraites les ressources (minerai, eau, etc.) et
où sont rejetés les déchets. La deuxième représente la frontière entre le système socio-économique
étudié et les autres systèmes socio-économiques d’où viennent les importations et d’où partent les
exportations. (Hammer et autres, 2003)
Figure 3.2 : Délimitation à définir lors de la réalisation d'une analyse de flux de matières (inspirée
de Eurostat, 2001)
Dans une AFM, l’interprétation des données s’effectue avec plusieurs indicateurs intégrés. Ceux-ci se
distinguent des indicateurs utilisés dans les autres approches d’évaluation environnementale, car ils ne
sont pas sectoriels comme la production de déchets et l’utilisation de l’eau. Les indicateurs utilisés dans
l’AFM mesurent plusieurs choses, dont la quantité de ressources naturelles qui sont prélevées dans la
biosphère pour assurer le fonctionnement de l’économie d’un territoire, la quantité de matières rejetées
dans l’environnement (eau, air et sol) et la quantité de matière qui s’accumule sur le territoire sous forme
de bâtiments ou d’infrastructures. De plus, ces indicateurs permettent de mesurer la performance
énergétique et matérielle, l’intensité des échanges avec l’extérieur et la pression sur les ressources. Ces
informations sont très utiles pour développer les nouvelles politiques et stratégies de gestion des
ressources. Les indicateurs utilisés dans l’AFM sont très nombreux. Par conséquent, la figure 3.3
présente les principaux indicateurs et comment ils sont calculés. Pour plus d’information sur les
indicateurs et ce qu’ils représentent, l’annexe 1 de cet ouvrage décrit chaque indicateur en détail. (France.
MEDDE, 2014)
19
Figure 3.3 : Principaux indicateurs utilisés en analyse de flux de matières (tirée de Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE), 2008, p. 78)
La méthode Eurostat 2001 permet d’évaluer la durabilité des activités socio-économiques d’un territoire
en posant un diagnostic sur l’utilisation des ressources sur un territoire bien défini à un temps donné en
utilisant de nouveaux indicateurs intégrés. La simplicité de la méthode lui permet d’être facilement
adaptée pour une application à l’échelle régionale. Malgré ces avantages, la méthode Eurostat 2001
comprend quelques limitations. Tout d’abord, l’énergie n’est pas comptabilisée en tant que telle, car les
flux sont comptabilisés en tonnes de matières et non en joules. Ensuite, elle ne comptabilise pas la
consommation d’eau, car celle-ci se retrouve en quantité trop importante ce qui viendrait camoufler les
autres résultats. Or, l’eau est un enjeu très important pour certains territoires. Par la suite, cette méthode
ne permet pas de prendre en considération les enjeux associés à des flux très faibles en masse même si
ceux-ci sont rares, voire toxiques. De plus, il est difficile d’appliquer cette méthode ailleurs qu’en Europe,
car les nomenclatures de flux varient et les sources de données sont très différentes. Enfin, l’inconvénient
majeur de cette méthode est la présence de la boîte noire. En effet, sans savoir comment les flux circulent
au sein d’un territoire, il est difficile de proposer des actions concrètes pour améliorer leur valorisation.
(France. MEDDE, 2014 et Rosado et autres, 2014)
20
3.1.2. Méthode Baccini et Brunner 1991 (type ascendant)
La méthode Baccini et Brunner 1991 est une méthodologie de comptabilité de matières et de substances
qui a originellement été développée pour évaluer l’efficacité de procédés technologiques. Par exemple,
pour évaluer l’efficacité avec laquelle un système de traitement des eaux usées fonctionnait, on calculait
le ratio entre la quantité de sortants décontaminés et la quantité d’entrants contaminés ce qui donnait une
indication de l’efficacité du traitement. Avec les années, la méthode a été adaptée pour évaluer et
contrôler les processus métaboliques des systèmes créés par l’homme et améliorer l’utilisation des
ressources et la protection de l’environnement (Brunner et Rechberger, 2004).
Comme mentionné précédemment, la méthode Baccini et Brunner 1991 est de type ascendant. Par
conséquent, plus de données doivent être amassées afin de dresser un portrait détaillé de la circulation
des flux dans un système socio-économique donné ce qui évite d’avoir une boîte noire. Cet élément est
probablement l’avantage le plus important que représente cette méthode par rapport à la méthode
Eurostat 2001. La figure 3.4 présente un schéma d’AFM pour la méthode Baccini et Brunner 1991. Les
rectangles représentent des « procédés » et les flèches représentent des « flux » de matières. Les lignes
pointillées représentent les « limites du système » étudié. Ces limites sont définies de la même façon que
la méthode Eurostat 2001 expliquée plus tôt. Les petits rectangles qui apparaissent parfois dans les
procédés représentent l’accumulation nette de matières : les « stock ». (Brunner et Rechberger, 2004)
Figure 3.4 : Schéma d’analyse de flux de matières pour la méthode Baccini et Brunner 1991 (tirée
de Brunner et Rechberger, 2004, p. 42)
21
Pour s’assurer que l’analyse prend en compte tous les flux nécessaires aux activités humaines, cette
méthode suggère de formuler les activités anthropogéniques auxquelles le territoire doit subvenir. Dans le
guide de Brunner et Rechberger 2004, quatre activités sont formulées : résider et travailler, transporter et
communiquer, se nourrir et nettoyer. Ces activités sont ensuite divisées en procédés. Par exemple, la
construction de bâtiment peut être un procédé découlant de l’activité résider et travailler. Le tableau 3.2
présente les procédés compris pour chaque type d’activité. De plus, il est à noter qu’il est possible de
formuler d’autres activités et qu’il est aussi possible de représenter les procédés en différents secteurs
économiques (primaire, secondaire, tertiaire) (Brunner et Rechberger, 2004).
Tableau 3.2 : Exemple de procédés par type d’activité selon la méthode Baccini et Brunner 1991
(inspiré de EcoRes, 2015, p. 22)
Activité Procédés
Se nourrir
Produire de la nourriture liquide ou solide (inclus la chasse, la cueillette, la
production agricole) et sa distribution aux consommateurs
Consommer (cuisiner, manger et boire)
Élimination des déchets provenant des résidus digérés
Nettoyer
Pour s’occuper de la santé humaine (hygiène)
Maintenir la qualité (esthétique et fonctionnement) de produits
Protection environnementale (gestion et traitement des déchets)
Résider et
Pour construire
travailler
Maintenir la qualité (esthétique et fonctionnement) de produits
Protection environnementale (gestion et traitement des déchets)
Transporter et
Pour transporter les personnes et les marchandises
communiquer
Pour transporter l’information
L’avantage de cette méthode est la compréhension de la circulation des flux au sein du système ce qui
permet d’associer les flux de matières avec les activités économiques et leur spatialisation dans la ville ou
dans la région. Ceci permet entres autres d’identifier les flux les plus impactant pour l’environnement,
ceux qui possèdent un potentiel de valorisation et les acteurs qui peuvent améliorer l’efficacité à laquelle
ces flux sont utilisés. Ainsi, il est plus facile d’orienter les politiques environnementales.
Cette méthode peut sembler plus rigoureuse et systémique que la méthode Eurostat 2001 en raison des
nombreuses données élémentaires qu’elle utilise. Or, l’analyse approfondie du fonctionnement interne du
territoire rend les choses plus difficiles, plus longues et nécessite plusieurs estimations pour contrecarrer
les données manquantes (Brunner et Rechberger, 2004).
22
3.2. Les modèles méthodologiques d’analyse de flux de matières développées à travers le monde
Pour faire l’inventaire des méthodes d’AFM appliquées à l’échelle d’une ville ou d’une région, une revue
de littérature a été réalisée. Cette revue de littérature comporte 26 études. Les études n’ayant pas assez
d’information pour comprendre les méthodologies ont été exclues. Les études ayant inventorié les flux de
matières, mais n’ayant pas appliqué une méthodologie d’AFM ont été exclues. Les études faisant
l’inventaire de tous les flux de matières entrants et sortants d’un territoire ont été privilégiées par rapport
aux études focalisées sur des matières particulières. Cependant, certaines d’entre elles qui ont utilisé des
méthodes originales et intéressantes à appliquer dans le contexte québécois ont été retenues. Par
exemple, l’étude du Danemark avec la méthode de l’analyse de réseau. Ainsi, parmi les 26 études
recensées, dix méthodes distinctes et pertinentes ont été identifiées. Le tableau 3.3 présente les
différentes études de métabolisme urbain en fonction des méthodes préconisées. Le texte qui suit
présentera chacune des méthodes localement développées en portant une attention particulière aux
éléments méthodologiques, aux sources de données utilisées, aux avantages, aux limites et aux types de
résultats obtenus.
23
Tableau 3.3 : Revue de littérature sur les méthodes d'analyse de flux de matières régionales
24
3.2.1. Méthode Eurostat 2001 adaptée à l’échelle régionale (Bourgogne)
La revue de littérature a montré que la méthode Eurostat 2001 adaptée à l’échelle régionale est la
méthodologie d’AFM la plus fréquemment employée. En effet, celle-ci a notamment été utilisée en
Bourgogne (Alterre Bourgogne, 2013), à Lille (Duret et autres, 2007), à Limerick (Browne et autres, 2009),
au Pays basque (IHOBE, 2002), à Singapour (Shultz, 2007), en Wallonie (ICEDD, 2013), à Lisbonne
(Niza et autres, 2009) et à York (Barett et autres, 2002). L’étude de la Bourgogne sera ici présentée à titre
de référence pour présenter cette méthode, car cette étude présente le plus d’information sur la
méthodologie étant donné qu’elle a participé à réaliser un guide méthodologique référentiel pour la
« Comptabilité des flux de matières dans les régions et les départements » en France (France. MEDDE,
2014). Ce guide présente de façon détaillée comment réaliser chaque étape de la méthode Eurostat 2001
de façon adaptée à l’échelle régionale.
De 2012 à 2013, Alterre Bourgogne, une agence régionale responsable pour l’environnement et le
développement soutenable en Bourgogne, a réalisé une AFM à l’échelle de celle-ci et de quatre de ses
départements : l’Yvonne, la Côte-d’Or, la Nièvre et la Saône-et-Loire (Alterre Bourgogne, s.d.). Cette
étude dénommée « La Bourgogne comptabilise ses flux de matières » découle de la stratégie nationale
de développement durable qui vise à augmenter la productivité avec laquelle la matière est utilisée dans
l’économie (Alterre Bourgogne, 2013). Les objectifs de cette étude étaient de comprendre le
fonctionnement physique du territoire, d’identifier les flux de matières les plus critiques, de communiquer
les résultats à la population et d’élaborer un guide méthodologique à destination des autres régions
françaises pour la réalisation de leur propre AFM (EcoRes, 2015).
La méthodologie employée se base sur la méthode Eurostat 2001 comme décrite précédemment, mais
apporte des suggestions quant aux sources de données qui renseignent sur flux de matières utilisés en
région. De plus, l’étude a choisi de réaliser une méthode à l’échelle d’un département, car les limites de
ce territoire correspondent à une limite administrative. En effet, l’étude démontre que lorsque le territoire
étudié est délimité par une limite administrative, les données sont plus susceptibles d’exister et il est
parfois plus facile d’y avoir accès (Alterre Bourgogne, 2013).
Comme mentionné plus tôt dans la description de la méthode Eurostat 2001, les données nécessaires
pour réaliser cette méthode repose dans la plupart des cas sur des statistiques nationales et régionales et
ne sont donc pas désagrégées sur le territoire (France. MEDDE, 2014). Toutefois, cette méthode vise à
comptabiliser l’ensemble des flux de matières qui traversent le territoire et la disponibilité des données
peut affecter la rigueur des résultats (Eurostat, 2001).
Ce type de méthode permet de bien visualiser les besoins matériels du territoire et d’identifier les flux à
enjeux, mais ne permet pas de comprendre comment ces flux de matières circulent dans le territoire
(Eurostat, 2001). Il est donc difficile de mettre en place des projets d’économie circulaire comme
l’écologie industrielle et territoriale quand les acteurs impliqués dans la gestion d’une ressource ne sont
25
pas identifiés (Organisation pour le Respect de l’Environnement dans l’Entreprise (ORÉE), 2008). De
plus, cette méthode ne permet pas de prendre en compte les flux d’eau qui sont porteurs d’enjeux
importants (France. MEDDE, 2014). Cette méthode de type ascendant permet donc :
La mise en œuvre de cette démarche a permis de mettre en lumière l’importance des flux de matériaux
de construction et des flux agricoles et alimentaires et de développer des stratégies pour optimiser
l’utilisation de ces ressources et de réduire les impacts sur l’environnement. Dans le cas des matériaux de
construction, la quantification de ces flux par la réalisation de l’AFM ainsi que la mise en place d’une
procédure de recyclage des déchets de chantier a permis de valoriser trois millions de matériaux
provenant des bâtiments et travaux publics (BTP). De plus, cette région vise à réaliser un schéma de
cohérence territoriale (SCOT) afin de diminuer l’étalement urbain non réfléchi qui cause l’utilisation
d’importantes quantités de ressources. Elle vise aussi à mieux connaître les aires d’approvisionnement
alimentaire et de réduire le gaspillage de la nourriture. (Alterre Bourgogne, 2013)
Enfin, un échange de courriel avec Valérie Trivier, documentaliste pour Alterre Bourgogne, a permis
d’identifier les projets qui découleront des résultats de l’AFM. En effet, une étude de la direction régionale
de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) est en cours de lancement. Cette étude
est à destination d’une communauté de communes d’un territoire bourguignon sur le potentiel en terme
d’économie circulaire ainsi que sur la possibilité d’avoir une animation pérenne en terme d’écologie
territoriale. De plus, les résultats de l’AFM ont été présentés à différents réseaux d’acteurs lors des
journées organisées par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) et la DREAL
sur le plan climat et la prévention des déchets. (Trivier, 2015)
3.2.2. Méthode Eurostat 2001 adaptée à l’échelle régionale et indicateur LEPO (Paris)
Tout comme pour la Bourgogne, l’AFM réalisée auprès de Paris et de ses régions découle d’une volonté
nationale à mettre en œuvre des projets d’économie circulaire. Ce projet financé par l’Agence nationale
de la recherche (ANR) avait aussi pour objectif d’orienter les prochaines stratégies de développement de
la ville. (France. MEDDE, 2014) L’étude portait concrètement sur Paris, la région Grande couronne et la
région Petite couronne. La méthode employée dans cette étude se base sur Eurostat 2001, mais
comporte une adaptation majeure intéressante. Étant donné que Eurostat 2001 a été développée pour
être appliquée à l’échelle nationale, les indicateurs ont été développés en considérant que les lieux de
rejets et de traitements des déchets se trouvent à l’intérieur même du pays en raison des réglementations
et ne sont donc pas considérés comme des flux sortants. Cependant, dans le cas d’une région, la
26
situation est très différente, car il est très rare qu’une ville traite ses déchets en milieu urbain. Pour cette
raison, cette étude a adapté la méthode Eurostat en regroupant la classe « émission vers la nature » et
« exportations » pour les rediviser en trois classes : « exportations exceptées les déchets », « émissions
locales vers la nature » et « émissions exportées vers la nature » (Barles, 2009). Par conséquent, un
nouvel indicateur a été élaboré : local and exported processed output (LEPO). Celui-ci est calculé en
additionnant les rejets locaux et les rejets exportés ce qui correspond à l’ensemble des rejets du système
vers la nature (Barles, 2009). L’étude porte aussi sur trois échelles ce qui permet d’obtenir des résultats
contrastés entre les trois régions et de les expliquer en fonction des réalités différentes rencontrées par
celles-ci (Barles, 2009).
Pour la compilation des données, cette étude a bénéficié de la particularité administrative de la ville de
Paris, c’est-à-dire qu’elle représente à la fois une municipalité et un département (Barles, 2009). Par
conséquent, la plupart des données nécessaires étaient disponibles, ce qui n’est pas le cas pour les
autres villes françaises (Barles, 2009). Les données nécessaires pour réaliser cette méthode sont les
mêmes que la méthode Eurostat 2001 et rencontrent les mêmes avantages (données non désagrégées)
et inconvénients (tous les flux de matières doivent être comptabilisés pour obtenir des résultats fiables)
(Eurostat, 2001). Dans l’étude dirigée par Sabine Barles, professeure à l’Université de Paris 1, l’origine
des sources de données et leurs qualités sont bien documentées (Barles, 2009). Les données les plus
précises collectées concernent l’extraction de la biomasse, l’importation, l’exportation et les déchets des
ménages. Les données concernant les émissions vers la nature sont de moins bonne qualité, car elles ont
été estimées à partir des données nationales. Ainsi, les données concernant les flux directs ont pu être
comptabilisés. À l’inverse, les données concernant les flux indirects (extractions intérieures inutilisées et
flux indirects) n’ont pas pu être comptabilisés en raison des manques de données.
Les résultats obtenus par cette étude ont permis de comprendre le niveau de durabilité de la ville, de
quantifier l’ensemble des flux de matières qui traversent le territoire et de mettre en lumière certains flux
qui pourraient être optimisés. En ce qui concerne la sensibilisation envers le grand public, les résultats de
l’étude du métabolisme urbain ont été utilisés pour concevoir une infographie. Cette infographie créée par
l’Agence d’Écologie Urbaine de la mairie de Paris présente sous forme de schéma interactif les flux qui
entrent, sortent et s’accumulent sur le territoire de Paris. Un entretien a été réalisé auprès de Thierry
Mareschal, chargé de projets à la division éco-développement de l’Agence d’Écologie Urbaine à Paris,
pour mieux comprendre la démarche de mobilisation des acteurs du territoire autour du concept
d’amélioration du métabolisme. Concrètement, l’infographie avait pour objectif de sensibiliser les acteurs
du territoire afin d’initier peu à peu l’émergence de projets d’économie circulaire (Mareschal, 2015). Pour
l’instant, aucun projet d’économie circulaire n’a été entrepris suite à cette démarche, mais la prise de
conscience collective a permis de faire émerger plusieurs idées de projets qui devraient voir le jour dans
les prochaines années (Mareschal, 2015).
27
3.2.3. Méthode d’analyse du métabolisme urbain (UMAn) (Lisbonne)
Le cas de Lisbonne métropolitain est particulier, car deux études d’AFM ont été réalisées auprès de cette
ville. La première a été réalisée en 2009 pour l’année de référence de 2004 et utilisait la méthode
Eurostat 2001 adaptée à l’échelle régionale présentée plus haut (Niza et autres, 2009). La deuxième
étude a été réalisée en 2014 pour les années 2003 à 2009 et effectue une prévision pour les années 2010
et 2050. Cette deuxième étude utilise une nouvelle méthode qui vise à pallier les inconvénients
rencontrés par l’utilisation de la méthode Eurostat 2001 (Rosado et autres, 2014). Cette méthode se
nomme l’analyse du métabolisme urbain (UMAn). L’étude a été réalisée sur Lisbonne métropolitain qui
comporte neuf municipalités au nord (Amadora, Cascais, Lisbon, Loures, Mafra, Odivelas, Oeiras, Sintra
et Vila Franca de Xira) et neuf municipalités au sud (Alcohete, Almada, Barreiro, Moita, Montijo, Palmela,
Sesimbra, Setubal et Seixal) (Rosado et autres, 2014).
Tableau 3.4 : Lacunes identifiées à la méthode Eurostat 2001 (tiré de Rosado et autres, 2014)
La réponse apportée à la lacune numéro trois, catégorisation de matières limitée, est la plus pertinente
dans un contexte d’application nord-américain selon Leonardo Rosado, chercheur responsable de cette
étude, qui explique dans un échange de courriel avec l’auteur de l’essai que les autres réponses
concernent surtout l’adaptation des sources de données européennes (Rosado, 2015). L’utilisation d’une
catégorisation comportant 28 types de flux permet d’identifier plus de matières pouvant potentiellement
être valorisées ce qui est très utile lorsque la finalité de l’étude est d’optimiser la gestion des ressources et
de mettre en place des projets d’économie circulaire (Rosado, 2015). Le tableau 3.5 présente la
catégorisation utilisée dans la méthode UMAn.
28
Tableau 3.5 : Catégorisation utilisée dans la méthode UMAn (tiré de Rosado et autres, 2014, p. 88)
Les résultats de la deuxième étude ont permis de vérifier la performance des politiques mises en place en
raison de l’AFM réalisée sur plusieurs années. De plus, l’étude a permis d’identifier plusieurs flux qui
peuvent être valorisés, tels que les plastiques. Enfin, une carte interactive de Lisbonne métropolitain est
consultable sur Internet. Cette carte permet de voir en tonnes et par capital (tonne par habitant) la
consommation matériel domestique par type de matières par municipalité, l’eau usée et potable par
municipalité et la population de chaque municipalité (Anonyme, s.d.). Cet outil peut être utilisé par les
différents acteurs du territoire qui désirent obtenir des informations concernant les flux de matières. Enfin,
comme pour la méthode employée en Bourgogne et à Paris, les données nécessaires pour réaliser cette
méthode sont les mêmes que la méthode Eurostat 2001 et rencontrent les mêmes avantages (données
non désagrégées) et inconvénients (tous les flux de matières doivent être comptabilisés pour obtenir des
résultats fiables) (Eurostat, 2001).
29
3.2.4. Adaptation hybride de la méthode Eurostat 2001 et Baccini et Brunner 1991 (Bruxelles)
La réalisation d’un métabolisme urbain pour la Région de Bruxelles-Capitale émane d’une volonté
nationale à mettre en œuvre des projets plus concrets d’économie circulaire. Cette étude a été
commanditée et financée par Bruxelles Environnement dans le cadre de l’initiation de la construction
collective du programme régional en économie circulaire « Be Circular, Be Brussels ». Pour établir ce
métabolisme urbain, les données des années 2010, 2011 et 2012 ont été utilisées. Cependant, l’année
pour laquelle le plus de données sont disponibles est 2011, qui sera par la suite utilisée comme année de
référence pour l’AFM. (EcoRes, 2015)
La méthode d’AFM utilisée pour cette région provient d’un travail de recherche important sur les études
ayant préalablement effectué une AFM à l’échelle d’une région. Les enseignements tirés de cette revue
de littérature ont permis de développer une nouvelle méthodologie qui répond mieux aux besoins de la
Région de Bruxelles-Capitale. Il a donc été choisi d’implanter une méthodologie hybride sur base des
données disponibles. La base de cette méthode utilisée est Eurostat 2001, mais certaines adaptations ont
été effectuées pour contrecarrer les inconvénients de cette méthode. D’abord, chaque ressource (énergie,
eau, matière) est décrite en unités adaptées à une meilleure compréhension que la méthode Eurostat qui
présente les résultats en une seule unité et effectue des agrégations de flux de matières très diverses.
Par contre, la classification matérielle des produits entrants et sortants utilisée dans la méthode Eurostat
2001 a été conservée pour cette étude (biomasse, minéraux métalliques, minéraux non métalliques et
vecteurs énergétiques fossiles). Ensuite, les résultats sont subdivisés par secteurs économiques, lorsque
possible, ce qui suit la méthode Baccini et Brunner 1991. Pour la classification des flux, la méthode
suggère d’utiliser le code de Nomenclature statistique des Activités économiques dans la Communauté
européenne (NACE) (ménages, industrie, secteur tertiaire et transport). De plus, les flux indirects ne sont
pas pris en compte. Finalement, les flux de matières sont subdivisés en quatre catégories : flux de
matières importés et exportés, flux dissipés (déchets, émissions vers l’air et l’eau émis), estimation du
stock matériel et flux de production de biomasse. (EcoRes, 2015)
La méthode développée par Bruxelles commence par collecter les données non agrégées présentent
dans les statistiques nationales et, lorsque possible, les données désagrégées sont collectées. Ainsi,
cette approche méthodologique permet d’adapter la méthode en fonction des données disponibles.
Toutefois, l’expérience bruxelloise a montré que parfois des estimations doivent être faites concernant
certaines données ce qui diminue la qualité des résultats (EcoRes, 2015).
30
Phase 4 : Approfondissement des connaissances sur les flux sélectionnés et les mesures de
valorisation de ces flux ;
Phase 5 : Partage dynamique et communicatif des résultats auprès d’experts et d’acteurs du
territoire. (EcoRes, 2015)
Cette manière de mettre œuvre le projet est intéressante, car elle permet de cibler concrètement les
résultats désirés, d’en tirer un maximum de bénéfices et de mobiliser les acteurs concernés sur le
territoire. Pour l’instant, les résultats concrets ne sont pas disponibles, car l’étude est trop récente et les
recommandations sont en cours de réalisation.
Il est à noter que cette étude utilise aussi une approche intéressante, car suite à l’AFM elle évalue le
potentiel théorique de valorisation de certains flux (EcoRes, 2015). Cette approche est pertinente, car elle
permet d’identifier où les efforts doivent être investis pour tirer un maximum de bénéfices.
La méthode « input-output » a souvent été utilisée dans des villes localisées un peu partout dans le
monde : Amazonie (Amann et autres, 2002), Liverpool (Barett et autres, 2001), Los Angelos (Ngo et
Pataki, 2008), Toronto (Sahely et autres, 2003) et Vienne (Brunner et autres, 1998). Le but de ces projets
était d’orienter les politiques publiques pour améliorer les performances environnementales en identifiant
les flux les plus dommageables pour l’environnement. En effet, plusieurs études ont accompagné leur
AFM d’une évaluation des impacts sur l’environnement.
La méthodologie utilisée quantifie les flux qui entrent et sortent du territoire sans toutefois viser à
comprendre la circulation des flux dans le territoire. De plus, la méthode n’oblige pas à quantifier tous les
flux qui traversent le territoire. Les flux étudiés sont alors choisis par les décideurs, souvent représentant
les flux majoritaires qui traversent le territoire. Par conséquent, cette méthode nécessite de connaître au
préalable les flux de matières les plus importants ou les plus impactants. Par contre, à l’inverse des
méthodes qui découlent de la méthode Eurostat 2001, cette méthode permet aux utilisateurs de
construire leurs catégories de flux de matières en fonction des données qui leur sont disponibles. (Sahely
et autres, 2003)
Les résultats de l’étude permettent de poser un constat sur la durabilité de la ville uniquement d’un point
de vue très global et environnemental. Les conclusions obtenues sont les suivantes : l’augmentation de la
consommation d’énergie et d’eau est plus basse que l’augmentation de la population, l’augmentation de la
consommation des combustibles et de la nourriture est plus grande que l’augmentation de la population,
l’augmentation des déchets et des eaux usées est plus basse que l’augmentation de la population et
l’augmentation du dioxyde de carbone est plus grande que l’augmentation de la population. (Sahely et
autres, 2003)
31
De plus, selon monsieur Malaz Sebai, chef de projets chez Second Cycle à Toronto, entreprise qui vise à
détourner des matières des sites d’enfouissement, les résultats de l’étude n’ont pas permis de mettre en
place des projets de valorisation des flux parce que les acteurs n’avaient pas été impliqués en amont
(Sebai, 2015).
L’analyse de réseau est une méthode qui utilise une approche systémique dans le but de mesurer la
performance d’un système (Pizzol et autres, 2013). Initialement, cette méthode était utilisée pour analyser
les systèmes économiques afin d’optimiser le profit (Hannon, 1973). Avec les années cette méthode a été
adaptée pour être appliquée sur les systèmes naturels et les systèmes humains. Un système humain peut
être défini par une série d’interactions et d’interdépendances entre des infrastructures construites par
l’homme et les activités qu’elles procurent à la société. Ces systèmes peuvent donc représenter la gestion
de l’eau, la gestion des déchets, la production de l’énergie, le transport, etc. L’analyse de la performance
de ces systèmes vise à identifier les éléments qui peuvent être améliorés afin de tendre vers un modèle
durable.
L’Université d’Aarhus au Danemark a réalisé une analyse de réseau pour les années 2004 à 2008 et a
aussi réalisé des prévisions pour les années 2015 et 2020. Cette analyse a été effectuée sur un système
de gestion de l’eau d’une municipalité nommée Hillerod. Le but était de tester la méthode, discuter de son
applicabilité et identifier des pistes de solutions pour améliorer le système de gestion de l’eau (Pizzol et
autres, 2013).
La première étape de la méthode consiste à identifier les limites du système étudié. Dans le cas de
l’étude du Danemark, les limites identifiées correspondaient aux limites administratives de la municipalité
et aux limites théoriques existantes entre la technosphère et la biosphère (Pizzol et autres, 2013).
Autrement dit, tous les flux qui étaient tirés des réservoirs naturels et utilisés par l’homme pour les
activités de production et de consommation d’eau étaient pris en compte.
La méthode considère que les ressources sont traitées par un certain nombre d’utilisateurs au sein d’un
système. Ainsi, la deuxième étape de la méthode consiste à identifier ces utilisateurs d’eau. Pour l’étude
du Danemark, sept utilisateurs d’eau ont été identifiés : distributeurs publics d’eau potable ; distributeurs
privés d’eau potable ; services publics ; ménages ; industries ; producteurs d’énergie et acteurs
responsables du traitement des eaux usées. La figure 3.5 présente ces différents utilisateurs d’eau dans
des cercles et les flux entrants et sortants d’eau sous forme de flèches. De cette façon, il est possible de
mieux comprendre comment les flux d’eau sont organisés entre les acteurs d’un territoire et d’avoir une
meilleure connaissance de la qualité et de la quantité des flux. L’utilisation de cette méthode permet plus
facilement de mettre en place des projets d’économie circulaire, car les acteurs sont identifiés et ils
peuvent plus facilement être mobilisés. Il sera aussi d’autant plus facile d’évaluer les bénéfices
potentiellement générés par la mise en place de projets d’économie circulaire (Pizzol et autres, 2013).
32
Figure 3.5 : Schéma d’analyse de réseau pour le système de gestion des eaux au Danemark (tirée
de Pizzol et autres, 2013, p. 23)
Enfin, la réalisation de cette méthode n’est pas une tâche facile, car un nombre important de données
doivent être récoltées auprès des acteurs dispersés sur le territoire. Or, les données sont plus fiables, car
celles-ci découlent rarement d’estimations. De plus, les données reflètent mieux la réalité du territoire et
l’AFM mesure plus efficacement la circulation des différents flux. En raison du niveau de précision des
données à récolter, les recommandations formulées suite à cette AFM s’avèrent plus concrètes et
précises que les recommandations formulées suite à la méthode Eurostat 2001. En effet, cette étude a
permis d’élaboration une stratégie qui inclut la participation de tous les acteurs concernés dans la gestion
de l’eau sur le territoire : d’augmenter la réutilisation de l’eau de pluie, de créer plus d’acteurs sur le
réseau pour avoir différents flux de différentes qualités et de recycler l’eau au sein du système lui-même.
(Pizzol et autres, 2013)
À l’inverse des autres méthodes, l’analyse de l’émergie ne découle pas des deux grandes familles de
méthodes présentées plus tôt. La méthode d’analyse de l’émergie permet d’évaluer la durabilité d’une
ville en intégrant l’ensemble des flux interagissant avec le territoire sur la base d’une unité commune, soit
l’émergie solaire (seJ) (Odum, 1996). L’émergie représente une quantité d’énergie incorporée dans un
bien ou un service ramenée à l’énergie fournie par le soleil (Odum, 1996). Autrement dit, l’émergie
caractérise tous les produits et les services en équivalent d’énergie solaire. Ainsi, il est possible d’évaluer
l’ensemble des éléments entrants dans un système sur la base d’une unité commune, ce qui permet de
supprimer les problèmes d’interprétation ou de subjectivité qui sont fréquents dans d’autres méthodes
d’AFM (Odum, 1996).
33
Cette méthodologie a été appliquée avec succès à de multiples reprises dans des régions urbaines telles
que Bejing (Zhang et autres, 2011), Macao (Lei et autres, 2008), Rome (Ascione et autres, 2009) et
dernièrement sur l’Île de Montréal (Vega-Azamar et autres, 2013). Le principe derrière cette méthode a
été introduit pour la première fois par Howard T. Odum et repose sur le fait que toutes les transformations
énergiques possèdent un certain niveau d’efficacité (Odum, 1996). En effet, cette efficacité peut être
exprimée sous forme de transformité (Odum, 1996). La transformité s’exprime en seJ/J ou seJ/g ou seJ/$,
ainsi elle représente la quantité d’émergie nécessaire pour produire une joule (ou un gramme ou un
dollar) d’un certain bien ou service (Brown et Ulgiati, 2004). Plus le facteur de transformité est petit, plus
la conversion est efficace (Brown et Ulgiati, 2004).
Une analyse de l’émergie débute par l’élaboration d’un diagramme représentant le système qui sera
étudié avec ses principaux flux de matières entrants et sortants. La figure 3.6 présente le diagramme
réalisé dans l’étude sur l’Île de Montréal (Vega-Azamar et autres, 2013).
Figure 3.6 : Diagramme des principaux flux de matières entrants et sortants de l'Île de Montréal
(tirée de Vega-Azamar et autres, 2013, p. 20)
Suite à la réalisation du diagramme, un tableau doit être construit pour compiler les données brutes et
calculer les flux d’émergie correspondants. Dans une analyse de l’émergie, les flux sont distribués dans
cinq catégories : les ressources renouvelables, les ressources non renouvelables, les importations, les
exportations et les déchets (Brown et Ulgiati, 2004). Le tableau 3.6 présente un exemple de tableau de
compilation des données (Vega-Azamar et autres, 2013). Il est à noter que dans cette analyse, les
radiations solaires et le vent doivent être pris en compte.
34
Tableau 3.6 : Exemple de tableau de compilation pour la méthode d’analyse de l’émergie (inspiré de
Vega-Azamar et autres, 2013, p. 21)
Ressources non
renouvelables
10 09 19
4 Perte de couches arables 4.01x10 g/an 2.29x10 Odum, 2000 9.17x10
Importations
11 08 20
5 Céréales 1.66x10 g/an 9.82x10 Odum, 1996 1.63x10
14 06 21
6 Eau potable 6.99x10 g/an 3.00x10 Pulselli, 2010 2.10x10
11 08 20
7 Aluminium 1.88x10 g/an 7.76x10 Ascione et 1.46x10
autres, 2009
Exportations
8 Dépenses des touristes 2.12x10
09
$/an 1.61x10
12 Lei et autres, 3.41x10
21
2009
Déchets
15 05 Huang et Chen, 21
9 Eaux usées 4.63x10 J/an 6.66x10 3.08x10
2005
Une fois l’émergie calculée pour chaque élément, plusieurs indicateurs peuvent être utilisées pour évaluer
la durabilité du territoire comme l’indicateur « Environmental loading ratio » (ELR) qui fait le ratio entre les
ressources non renouvelables et les ressources renouvelables (Vega-Azamar et autres, 2013). De cette
façon, plus cet indicateur est petit, plus le territoire est durable (Vega-Azamar et autres, 2013).
Les sources de données utilisées dans l’analyse de l’émergie sur l’Île de Montréal sont très intéressantes
parce que certaines d’entre elles peuvent être utilisées dans les régions québécoises. Les sources de
données consultées sont les suivantes : Statistique Canada, Institut de la statistique du Québec (ISQ),
Montréal en statistiques, Environnement Canada, ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles
(MERN), Hydro-Québec (HQ) et la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Les données qui
n’étaient pas disponibles pour le secteur manufacturier ont été estimées à partir des données de 2005 de
CANSIM et ont été adaptées en fonction des indices de prix. Toutefois, la traçabilité des données est
difficile, car l’étude n’indique pas clairement quels documents ont été consultés pour compiler les
données. De plus, l’étude explique rarement comment certaines données ont été estimées et ne discute
pas de la qualité des données employées. Enfin, l’avantage principal de cette méthode est la
comparabilité à l’internationale. En effet, étant donné l’utilisation de la même unité, il y a moins de risques
de mauvaise interprétation des résultats (Vega-Azamar et autres, 2013). La principale limite repose sur le
fait que la méthode doit parfois utiliser des données monétaires pour contrebalancer le manque de
données (Vega-Azamar et autres, 2013).
35
3.2.8. Analyse de l’éco-efficacité du métabolisme urbain (Shenzhen)
Comme la revue de littérature a permis de le montrer, l’analyse de l’éco-efficacité est une méthode d’AFM
moins fréquemment utilisée. L’Université de Bejing a utilisé cette méthode pour évaluer l’éco-efficacité du
métabolisme urbain de la ville de Shenzhen en Chine pour les années 1998 à 2004 (Zhang et Yang,
2007).
L’éco-efficacité d’un métabolisme urbain fait référence à la quantité de services sociaux créés par unité de
ressource consommée ou par unité de pollution engendrée par le fonctionnement du métabolisme et ce,
sur une période de temps arbitrairement choisie (Zhang et Yang, 2007). L’OCDE a proposé une équation
qui met en relation l’environnement et l’économie pour mesurer l’éco-efficacité (Stigson, 1999). Cette
équation est exprimée par E=S/I où « S » représente la variation de la quantité de services sociaux (PIB
ou population), « I » représente la variation du fardeau écologique sur une période de temps définie et
« E » représente l’éco-efficacité (Stigson, 1999). Cependant, « I » dépend de deux facteurs : l’efficacité de
l’utilisation des ressources (R) et l’efficacité des systèmes de recyclage des déchets (P). Ces facteurs
sont exprimés par R= α/β et P= α/β, où α équivaut à l’augmentation de PIB ou de population et β équivaut
à l’augmentation des ressources et de l’énergie utilisées, puis α équivaut à l’augmentation de PIB ou de
population et β équivaut à l’augmentation des polluants et de déchets (Zhang et Yang, 2007). En somme,
R reflète l’éco-efficacité du métabolisme urbain en vue de la réduction des ressources à la source et P
reflète l’éco-efficacité du métabolisme urbain en vue du recyclage et de la valorisation des déchets
(Zhang et Yang, 2007). Pour calculer concrètement l’éco-efficacité, il suffit de quantifier R et P. Lors de
l’interprétation des résultats, plus « E » est élevé, meilleure est l’éco-efficacité du métabolisme étudié pour
la période de temps choisie (Zhang et Yang, 2007).
Cette méthode comporte plusieurs limites, car pour calculer l’éco-efficacité, les seules ressources qui sont
comptabilisées dans cette méthode sont l’eau et l’énergie. Par conséquent, toutes les autres ressources
qui peuvent représenter des enjeux considérables sont exclues de l’étude. De plus, pour la quantification
des déchets et des émissions, seulement les eaux usées, les déchets industriels gazeux, les déchets
solides, la suie, le dioxyde de soufre et les poussières sont comptabilisés. Ainsi, cette méthode dit
mesurer l’éco-efficacité d’un métabolisme territorial, mais elle ne considère pas l’ensemble du poids
physique qu’il engendre. Or, les données qui sont nécessaires à sa réalisation sont peu nombreuses et
facilement accessibles. Cette méthode s’avère donc souvent facilement applicable.
L’étude réalisée pour la ville de Vancouver avait pour objectif principal de faire l’inventaire des flux de
matières et d’énergie et de calculer leurs impacts environnementaux. Le but était de sensibiliser les
décideurs et la population aux conséquences environnementales qui découlent du fonctionnement du
métabolisme urbain. Ainsi, la méthode vise à comptabiliser l’ensemble des flux qui traversent le territoire
afin de pouvoir quantifier le plus précisément possible l’ensemble des impacts. (Moore et autres, 2013)
36
La méthode préconisée par les chercheurs de cette étude fait l’inventaire des flux de matières et d’énergie
en adoptant l’approche ascendante. Cette approche permet donc de mieux comprendre la circulation des
flux physique sur le territoire. Pour mettre en œuvre la méthode d’analyse du métabolisme urbain, l’étude
a débuté par définir les délimitations du système. Ensuite, elle a identifié les classes et sous-classes de
matières et d’énergie qui traversent le territoire. Enfin, elle a procédé à la compilation des données. Étant
donné que l’étude doit compiler plusieurs données désagrégées, cette phase a été la plus longue. Or,
contrairement au Québec, la Colombie-Britannique possède plus de bases de données régionales ce qui
a favorisé la compilation des données pour la ville de Vancouver. De surcroît, pour conserver une bonne
traçabilité des données utilisées, l’étude fait référence à un fichier supplémentaire sur les données
employées. (Moore et autres, 2013)
La présentation des résultats ne permet pas de bien voir la circulation des flux sur le territoire, car l’étude
s’est concentrée sur la présentation des résultats d’évaluation des impacts environnementaux (Moore et
autres, 2013). Cependant, cette méthode permet de comprendre comment les flux circulent à l’intérieur du
territoire.
Les projets d’AFM qui se basent sur la méthode de type ascendant de Baccini et Brunner 1991 sont rares.
En effet, à ce jour seulement deux études ont utilisé cette approche méthodologique, soient le canton de
Genève (Emmenegger, 2003) et Birmingham (Hunt et autres, 2014). Cette méthode est rarement
privilégiée en raison du niveau de précision nécessaire dans les données (EcoRes, 2015). Le projet de
métabolisme du canton de Genève a fait office de référence pour la réalisation d’AFM en raison de la
rigueur des données, l’appropriation et la concrétisation par le Canton des mesures pratiques proposées
par l’étude. Par conséquent, cette étude sera utilisée à titre de référence dans la section qui suit.
Le canton de Genève possède une certaine autonomie législative et réglementaire qui lui confère le
pouvoir de mieux contrôler la mise en place de projets d’économie circulaire sur le territoire. L’activité
économique principale de ce canton est le secteur tertiaire qui représente plus de 80 % (activités de
services). Il y a aussi quelques activités agricoles et industrielles comme l’horlogerie, la chimie fine et
l’agroalimentaire. (Emmenegger, 2003)
L’engagement de Genève vers une démarche d’AFM découlait d’un désir à améliorer les performances
environnementales et surtout à mettre en place des projets d’écologie industrielle sur le territoire. De ce
fait, l’agenda 21 de ce canton stipule à l’article 12 que « l’état doit inciter la mise en place de synergies
entre les acteurs économiques » (Emmenegger, 2003). Ainsi, de façon plus précise, le bilan métabolique
avait pour objectifs de comprendre le fonctionnement physique du territoire, d’identifier les flux à enjeux
stratégiques et de définir des actions orientées vers certaines filières pour répondre à ces enjeux
(Emmenegger, 2003).
37
La méthode Baccini et Brunner a été utilisée dans cette étude. Les flux étudiés sont les matériaux de
construction, les produits alimentaires, l’eau, le bois et papier, les métaux, les plastiques et l’énergie. Les
procédés choisis représentent les trois secteurs économiques ainsi que les ménages. Pour faciliter la
récolte des données et avoir des résultats plus pertinents, les secteurs économiques ont été différenciés
en sous-procédés, présentés dans le tableau 3.7. Il est à noter que l’étude distingue séparément le
traitement des déchets (usine d’incinération, station d’épuration, décharge et recyclage). (Emmenegger,
2003)
Tableau 3.7 : Procédés et sous-procédés utilisés pour l'AFM du Canton de Genève (inspiré de
Emmenegger, 2003)
Procédé Sous-procédé
Secteur Industries extractives
primaire Agriculture, sylviculture
Secteur Production d’électricité, gaz, eau
secondaire Construction
Industries manufacturières (fabrication de machines et d’équipement, fabrication
d’équipements électroniques et de précision (horlogerie), édition, industrie chimique
Secteur Commerce, réparation
tertiaire Transports
Banques, assurances et autres services
Assainissement, voirie, et gestion des déchets
Les données nécessaires pour la réalisation de cette méthode se retrouvent très désagrégées ce qui rend
le processus de compilation long et ardu. Souvent, les données manquantes doivent être obtenues par
des questionnaires et des entretiens auprès des acteurs du territoire. De plus, les données lacunaires
doivent parfois être complétées par des estimations. Pour traiter les données compilées, le logiciel STAN
est utilisé. Ce logiciel permet de calculer automatiquement les stocks et d’illustrer la circulation des flux au
sein du système étudié. La figure 3.7 présente le bilan du métabolisme urbain du canton de Genève. La
schématisation du bilan global permet de bien visualiser les différents flux et leurs niveaux d’importance.
La présente étude a permis de déterminer les flux et les stocks les plus importants dans le canton de
Genève, d'identifier les indicateurs les plus importants comme l’émission de gaz à effet de serre (GES) et
d'identifier les secteurs où il est particulièrement pertinent d’agir. L’identification des indicateurs-clés où il
faut concentrer les efforts pour réduire la quantité de GES émis dans l’atmosphère ainsi que les secteurs
d’activités économiques où il faut mettre en place des stratégies de réduction a permis de formuler des
actions concrètes et ciblées.
En somme, les résultats de l’AFM ont permis de formuler des recommandations pour améliorer la
performance environnementale du canton. D’abord, l’étude a recommandé d’établir une stratégie visant à
diminuer la consommation d’énergie pour le chauffage et l’électricité. Ensuite, elle a suggéré d’augmenter
la capacité des installations de méthanisation des déchets organiques et enfin elle a conseillé d’améliorer
l’efficacité du recyclage des matériaux de construction (Emmenegger, 2003).
38
Figure 3.7 : Résultats totaux de la consommation de ressources pour le Canton de Genève (tirée de
Emmenegger, 2003, p. 8)
3.3. Enseignements des expériences étrangères pour l’analyse de flux de matières au Québec
Les exemples étrangers présentés dans ce chapitre permettent de tirer diverses leçons pour la réalisation
d’AFM au Québec. Une synthèse des conclusions tirées de la revue de littérature est présentée au
tableau 3.8. Tout d’abord, chaque cas d’étude souligne bien la difficulté d’obtenir des données
appropriées et précises. En effet, plusieurs études ont dû avoir recours à des estimations ce qui a
grandement diminué la qualité des données compilées. De plus, lorsqu’il était possible d’aller chercher
des données via des questionnaires et des entretiens, les taux de réponse étaient faibles et parfois sans
retour. Par ailleurs, dans certaines études étrangères, la traçabilité des données utilisées s’avère
manquante ce qui empêche les lecteurs d’apprécier les résultats. En addition, le niveau de désagrégation
des données à collecter est très différent d’une méthode à l’autre. Les méthodes qui adoptent une
approche ascendante nécessitent l’utilisation de données très désagrégées, c’est-à-dire qu’elles se
retrouvent dispersées au sein des différents acteurs du territoire. La compilation de ces données est donc
plus longue et plus ardue. Or, ces études permettent d’expliquer clairement le fonctionnement du territoire
concernant sa consommation en ressources. Les expériences étrangères ont aussi permis de voir que la
sélection des flux mesurés varie en fonction des méthodes préconisées. Certaines méthodes se
concentrent uniquement sur les flux de matières les plus importants ou les plus impactant, tandis que
d’autres méthodes mesurent absolument tous les flux qui traversent le territoire.
39
Tableau 3.8 : Comparaison des méthodes régionales d'analyse de flux de matières
40
Tout compte fait, ce retour d’expériences a permis de mettre en lumière deux éléments importants :
l’importance de choisir une méthode qui permet d’obtenir les types de résultats souhaités et,
la disponibilité des données qui influence souvent le choix de la méthode.
Les expériences ont montré que les résultats découlant de la réalisation de l’AFM apportent rarement des
bénéfices concrets et mesurables sur l’optimisation de l’utilisation des ressources sur le territoire. En
vérité, certaines études comme celle réalisée à Toronto, n’ont pas choisi une méthode cohérente avec les
objectifs identifiés. Par conséquent, les résultats n’ont pas permis de mettre en œuvre tous les projets qui
étaient initialement désirés. De plus, les acteurs qui pourraient tirer bénéfices des résultats de l’AFM ne
sont que très rarement consultés en amont. La consultation de ces acteurs pourrait permettre d’orienter le
choix de la méthode en fonction d’objectifs collectifs et mobiliser les acteurs dès le départ afin de favoriser
leur participation dans la collecte des données.
41
4. L’ANALYSE DE FLUX DE MATIÈRES : SOURCES DE DONNÉES POUR LE QUÉBEC
Les enseignements des expériences étrangères en termes de réalisation d’AFM ont montré que la
disponibilité des données est souvent un élément crucial à prendre en compte lors du choix de la
méthode. Le chapitre qui suit vise dans un premier temps à présenter les données qui sont disponibles
pour la réalisation d’AFM au Québec et les stratégies pour collecter les données manquantes. Dans un
deuxième temps, un constat sur les sources de données québécoises disponibles pour l’AFM sera
présenté.
Comme mentionné précédemment, il existe deux grandes familles de méthodes : les méthodes de type
descendant et les méthodes de type ascendant. Les sources de données nécessaires pour la méthode de
type descendant se trouvent souvent disponibles auprès des entités administratives, car celles-ci ont
l’obligation légale de compiler certaines informations (Barles, 2009). Les régions québécoises sont donc
favorisées en ce sens, car elles possèdent trois, voire quatre niveaux administratifs : le fédéral, le
provincial, le municipal et les MRC. À l’inverse de la méthode de type descendant, les sources de
données pour la méthode de type ascendant se trouvent, dans la plupart des cas, dispersées entre les
différents acteurs du territoire (EcoRes, 2015 et Emmenegger, 2003). Ces données sont donc plus
difficiles à collecter, car chaque acteur doit être contacté.
Le sous-chapitre qui suit présentera les sources de données qui peuvent être utilisées pour réaliser une
AFM au Québec. Lorsqu’aucune source de donnée québécoise n’est identifiée, des stratégies pour
collecter les données manquantes seront proposées.
Pour présenter ces sources de données, une classification a été développée. Cette classification s’inspire
des catégories de matières identifiées dans la méthode Eurostat 2001 et des catégories de matières
utilisées dans la méthode du canton de Genève (Eurostat, 2001 et Emmenegger, 2003). Par conséquent,
les sources de données disponibles seront présentées selon la classification suivante : biomasse
(agricole, sylvicole et aquatique), eau, énergie, minerai métallique et non métallique, plastique, émissions
dans l’air, rejets dans l’eau, importations et exportations et autres flux (extraction intérieure inutilisée, flux
indirects associés aux importations et exportations et éléments d’équilibrage).
4.1.1. Biomasse
La biomasse est une grande catégorie de matières qui regroupe tous les produits agricoles, sylvicoles et
aquatiques. La biomasse issue de l’agriculture comprend les céréales, les racines et tubercules, les
cultures sucrières, les légumineuses, les noix, les cultures oléagineuses, les légumes, les fruits, les fibres
et les résidus de récolte (Eurostat, 2001). Pour collecter les données sur ces matières, plusieurs sources
sont disponibles. À l’international, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture
compile les quantités de produits agricoles exportées et importées pour le Canada (Food and Agriculture
42
Organization of the United Nations (FAOstat), 2014). En ce qui a trait aux quantités de produits agricoles
consommés par les habitants au Québec, la base de données CANSIM peut être utilisée pour consulter
des tableaux qui présentent la consommation par type d’aliment et par canadien (Canada. Statistique
Canada, 2014). CANSIM est la principale base de données socio-économique de Statistique Canada et
elle est mise à jour quotidiennement pour offrir les données les plus récentes et fiables (Canada.
Statistique Canada, 2014). Cependant, elle offre souvent des données monétaires ce qui est moins
intéressant lors de la compilation de données en termes de masse. Le gouvernement du Québec quant à
lui, offre plusieurs publications via le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
(MAPAQ) et l’ISQ. Le MAPAQ enquête chaque année sur les tendances de consommation des
Québécois et dernièrement, il a publié le bottin statistique de l’alimentation qui dévoile les quantités
d’aliments consommées par les citoyens québécois (Québec. Ministère de l’Agriculture, Pêcheries et
Alimentation (MAPAQ), 2015). Pour obtenir les données sur la production agricole, il faut consulter les
données publiées par l’ISQ par exemple, le « Profil sectoriel de l’industrie bioalimentaire au Québec »
(Québec. Institut de la statistique du Québec (ISQ), 2014a). Dans ce document, les quantités de
production agricole sont disponibles en fonction des régions administratives.
Tout compte fait, plusieurs sources de données sont accessibles concernant l’importation, la production,
la consommation et l’exportation de biomasse agricole. Or, peu de bases de données fiables quantifient
les flux de produits agricoles en fin de vie, aussi appelés les matières organiques résiduelles (MOR). Une
première approche pourrait consister à faire l’inventaire des installations de récupération, recyclage et
valorisation des MOR présentent sur le territoire d’étude. Pour ce faire, le ministère du Développement
durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) propose sur
son site Internet, un répertoire québécois des projets confirmés qui traitement les MOR au Québec
(Québec. MDDELCC, 2015b). Le site présente aussi les quantités de matières traitées et les rejets
engendrés par chacun de ces projets (Québec. MDDELCC, 2015b). Une seconde approche pourrait
consister à utiliser le répertoire des récupérateurs, recycleurs et valorisateurs de RECYC-QUÉBEC pour
identifier des acteurs de la gestion des MOR et les contacter pour obtenir plus d’information sur leurs
activités (Québec. RECYC-QUÉBEC, 2012). Il est à noter que certaines nouvelles installations peuvent
manquer au répertoire, car celui-ci date de 2012 et l’industrie du traitement des MOR est en plein essor
au Québec. Une troisième approche pourrait consister à contacter la municipalité qui récolte parfois des
données concernant les taux de récupération et de recyclage. Par exemple, la CMM a créé une carte
interactive qui présente les taux de récupération des MOR par municipalité (Communauté métropolitaine
de Montréal (CMM), 2015).
Dans la méthode Eurostat 2001, les résidus de récoltes sont comptabilisés (Eurostat, 2001). Ces flux
représentent par exemple la paille de céréales qui peut être utilisée dans l’économie. Pour calculer ces
résidus de récolte, le guide Eurostat 2009 fournit des taux de récupération (Eurostat, 2009).
43
La biomasse issue de la sylviculture comprend le bois industriel et le bois de chauffage. Pour récolter les
données sur la production du bois au Québec, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP)
fournit des renseignements concernant les volumes de bois récoltés, importés et exportés, et ce par
région administrative (Québec. Ministère de la Forêts, Faune et Parcs (MFFP), 2013). Cependant, il est
difficile de faire la distinction entre le bois industriel et le bois de chauffage. Pour être en mesure de
distinguer ces deux catégories, il faut avoir recours à des enquêtes auprès des industries et des ménages
du territoire.
Il est à noter que les quantités de biomasse issue de la sylviculture sont souvent fournies en volume et
non en masse. Le tableau 4.1 présente les taux de conversion en distinguant les feuillus et les conifères
(Eurostat, 2009). Lorsque l’espèce est inconnue, la méthode Eurostat convient qu’un facteur de
3
conversion de 0,60 tonne par m peut être utilisé (Eurostat, 2009).
Tableau 4.1 : Facteurs de conversion pour le bois à 15 % d’humidité (tiré de France. MEDDE, 2014,
p. 30)
3
Espèce Densité en tonne par m
Conifères 0,52
Feuillus 0,68
Pour obtenir des informations concernant la fin de vie du bois, le site Internet de RECYC-QUÉBEC
contenant le répertoire des récupérateurs, recycleurs et valorisateurs peut être utilisé afin d’identifier les
acteurs à consulter (Québec. RECYC-QUÉBEC, 2012).
Les minerais métalliques comprennent le fer, les métaux non ferreux, le cuivre, le nickel, le plomb, le zinc,
l’étain, l’or, l’argent, la platine, la bauxite et l’uranium (Eurostat, 2001). Les minerais non métalliques quant
à eux, comprennent le marbre, le granite, le grès, la craie, le dolomie, l’ardoise, les minéraux d’engrais
chimiques, le sel, le calcaire, le gypse, les argiles, le kaolin, le sable, le gravier et les matériaux terreux
d’excavation (Eurostat, 2001). Les quantités de minerais importés et exportés sont publiées par le MERN
sur leur site Internet (Québec. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), 2013b). L’ISQ
compile dans plusieurs bilans les quantités de minerais qui sont produits au Québec par région
44
administrative et par mine (Québec. ISQ, 2014b). Il n’existe pas de sources de données pour quantifier
les minerais qui entrent sur le territoire sous forme de produit tel qu’un véhicule, un appareil électrique,
etc. Par conséquent, il faut avoir recours à des estimations en posant des hypothèses. Pour quantifier les
flux de minerais en fin de vie, une approche pourrait consister à faire l’inventaire des installations de
récupération, recyclage et valorisation de minerais présents sur le territoire d’étude. Pour ce faire, le site
Internet de RECYC-QUÉBEC qui offre un répertoire des récupérateurs, recycleurs et valorisateurs
québécois peut être consulté (Québec. RECYC-QUÉBEC, 2012).
4.1.3. Plastique
Les plastiques comprennent l’ensemble des sept classes de plastiques et se trouvent dans les
emballages, les plastiques de la construction (fenêtres, etc.), dans les véhicules, dans les meubles ainsi
que dans les appareils ménagers et électroniques (Emmenegger, 2003). Il n’existe pas de base de
donnée qui puisse informer sur les quantités de plastiques qui sont importés, produits, rejetés et exportés.
Ainsi, pour l’AFM il faut estimer la répartition d’utilisation (véhicules, bâtiments, appareils électriques,
mobilier, emballage, appareil ménager, industrie) pour chaque secteur et les ménages (Emmenegger,
2003). Tout comme pour les minerais métalliques et non métalliques, il n’existe pas de sources de
données pour quantifier les plastiques qui entrent sur le territoire sous forme de produit. Il faut donc faire
comme pour les minerais et estimer les quantités en posant des hypothèses. De plus, pour estimer les
flux de plastiques, la même approche que pour les minerais est suggérée, soit d’identifier les installations
de récupération, recyclage et valorisation de plastiques via l’inventaire de RECYC-QUÉBEC et contacter
ces acteurs (Québec. RECYC-QUÉBEC, 2012).
4.1.4. Eau
Pour faire l’inventaire des flux d’eau sur un territoire, il faut identifier les quantités qui sont produites,
importées, distribuées, consommées, traitées et exportées. Les municipalités ont les compétences
juridiques suivantes en ce qui a trait à la gestion de l’eau au Québec : la fourniture de l’eau potable et
l’assainissement des eaux usées (de Ladurantaye, 2010). Par conséquent, pour obtenir les quantités
d’eau mentionnées plus haut, il faut consulter les sites Internet des municipalités et, au besoin, les
contacter. Pour ce qui a trait à la consommation d’eau par personne, le ministère des Affaires municipales
et Occupation du territoire (MAMROT) publie des rapports annuels sur l’usage de l’eau potable par les
citoyens québécois (Québec. Affaires municipales et Occupation du territoire (MAMROT), 2013).
4.1.5. Énergie
L’énergie comprend les combustibles fossiles et l’électricité (Emmenegger, 2003). Le lignite, la houille, les
schistes, les sables bitumineux, la tourbe, le pétrole brut, les gaz naturels liquides et le gaz naturel font
partie des combustibles fossiles qui doivent être comptabilisés lors d’une AFM (Eurostat, 2001). Il est à
noter que par l’application des méthodes qui découlent d’Eurostat 2001, les unités doivent être converties
en tonne de matières. Par conséquent, lorsque les gaz naturels sont présentés en gigawattheure (GWh),
45
il est possible d’utiliser le facteur de conversion suivant : 1 kilotonne = 1000 tonnes = 16,6 GWh (France.
MEDDE, 2014). De plus, il existe un site Internet américain privé qui offre un outil pour convertir les
différents types d’énergie sous différentes unités (Energy Information Administration (EIA), 2014).
Au niveau du fédéral, l’Association canadienne des carburants et l’Office de l’efficacité énergétique (OEE)
sont source de données en ce qui a trait à la production de carburants par les industries canadiennes et à
la consommation d’énergie par les industries et les ménages (Association canadienne des carburants,
2014 et Canada. Office de l’efficacité énergétique (OEE), 2014). Au niveau du provincial, le MERN publie
des rapports sur les quantités de production, de consommation, d’importation et d’exportation des
différentes sources d’énergie au Québec (Québec. MERN, 2013c). De plus, la Société de l’assurance
automobile du Québec (SAAQ) publie aussi des rapports qui concernent le nombre de véhicules en
circulation, le type de carburant utilisé par ces véhicules, et ce par région administrative (Québec. Société
de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), 2013). Il existe donc plusieurs sources de données
disponibles pour l’énergie. Il est à noter que le récent rapport « État de l’énergie au Québec » présente
l’inventaire de ces flux d’énergie à l’échelle de la province (Pineau et Whitmore, 2015).
Les émissions dans l’air comprennent le dioxyde de carbone, le méthane, le protoxyde d’azote, les
oxydes d’azote, les carbones hydrofluorés, les perfluorés, les hexafluorures de soufre, le monoxyde de
carbone, le dioxyde de soufre, l’ammoniac, les métaux lourds, les polluants organiques persistants et les
particules (Eurostat, 2009). Des inventaires fédéraux et provinciaux peuvent être consultés pour compiler
les données qui concernent les émissions dans l’air. Au fédéral, l’inventaire des émissions de polluants
atmosphériques (IEPA) fournit les quantités d’émissions de différents polluants par province (Canada.
Environnement Canada, 2015a). Au provincial, l’inventaire québécois des émissions atmosphériques
(IQÉA) compile l’ensemble des données sur les émissions atmosphériques (Québec. Ministère du
Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
(MDDELCC), 2011). Ces deux inventaires fournissent des données générales pour le Québec et non des
données en fonction des régions. Une première approche pour obtenir les émissions à l’échelle d’une
région consiste à régionaliser les données provinciales ou fédérales en utilisant le prorata de la population
pour les émissions liées aux ménages, ou le prorata de l’emploi dans les différentes secteurs d’activités
économiques pour les émissions liées aux différentes industries (France. MEDDE, 2014).
Les rejets dans l’eau comprennent l’azote, le phosphore, les métaux lourds, les substances organiques et
les immersions de matériaux en mer (Eurostat, 2009). Pour l’AFM, il s’agit de comptabiliser les quantités
de polluants rejetés chaque année dans l’eau, et non pas les concentrations de polluants observées dans
les masses d’eau. En raison de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement 1999 qui stipule
que les propriétaires ou exploitants d’installations qui répondent aux critères de déclarations doivent
46
produire une déclaration de leurs rejets dans l’eau à l’Inventaire national des rejets de polluants (INRP), il
est possible d’identifier les quantités de polluants rejetés par les entreprises (Canada. Environnement
Canada, 2015b). Cependant, les entreprises qui rejettent des polluants sur le territoire étudié doivent être
préalablement identifiées.
Cette catégorie comprend l’ensemble des matières qui peuvent entrer ou sortir du système socio-
économique du territoire. Ainsi, elle regroupe la biomasse, l’eau, l’énergie, les minerais et les plastiques.
Plusieurs sources de données ou stratégies de collecte des données ont donc déjà été présentées dans
les sections ci-dessous. Or, certaines sources de données sont spécialisées uniquement dans les
importations et les exportations et il peut être intéressant de les consulter. Statistique Canada propose
des documents intéressants qui présentent les importations et les exportations canadiennes annuelles de
plusieurs matières. De plus, l’ISQ propose aussi des documents, dans la Banque de données statistiques
officielles sur le Québec, qui présentent les importations et exportations québécoises. Pour obtenir les
données pour les territoires, la situation est plus difficile. En effet, il existe rarement des mécanismes de
compilation des données relatives aux exportations et importations dans les municipalités et les MRC. De
ce fait, il est nécessaire d’entreprendre une démarche laborieuse et d’enquêter auprès des acteurs du
territoire afin de mesurer les quantités qui entrent et qui sortent.
Cette section comprend les extractions intérieures inutilisées, les flux indirects associés aux importations
et exportations et les éléments d’équilibrage. Ces flux ne sont pas toujours quantifiés dans les AFM. Or, la
méthode Eurostat 2001, souvent employée, calcule ces flux. Les sources de données utilisées pour
compiler ces informations seront présentées dans le texte qui suit.
47
d’affiner la connaissance de ces flux cachés. Les coefficients disponibles pour la France sont disponibles
auprès du SOeS. (France. MEDDE, 2014)
« Tout matériau ou produit importé ou exporté pèse davantage, en termes de flux physiques
mobilisés par le système socio-économique, que son poids propre apparent. Des terres, des
combustibles énergétiques et d’autres matériaux ont été mobilisés (extraits, déplacés, rejetés
ou consommés) sur le territoire ou à l’étranger, pour sa fabrication et son acheminement. Les
flux indirects sont les matières qui ont été mobilisées pour la fabrication d’un produit ou d’un
service prêt à être importés ou exportés en déduisant la masse du produit lui-même. Ces flux
ne sont pas physiquement importés ou exportés. » (France. MEDDE, 2014, p. 73)
Pour calculer ces flux, le guide référentiel « Comptabiliser les flux de matières dans les régions et les
départements » présente une marche à suivre inspirée de la méthode Eurostat, 2001 (France. MEDDE,
2014).
Pour ce qui concerne les éléments d’équilibrage, ils comprennent, en entrée, l’oxygène pour les
processus de combustion, l’oxygène pour la respiration (bétail et humain) et l’azote pour le procédé
Haber-Bosch. En sortie, ils comprennent la vapeur d’eau pour la combustion et les émissions de dioxyde
de carbone et de vapeur d’eau dues à la respiration (bétail et humain) (Eurostat, 2001). Le guide
référentiel sur la « Comptabilité des flux de matières dans les régions et les départements » présente des
consignes méthodologiques qui permettent de calculer ces éléments d’équilibrage (France. MEDDE,
2014).
4.2. Constat sur les sources de données québécoises pour l’analyse de flux de matières
Les sources de données québécoises présentées dans ce chapitre permettent de tirer diverses leçons
pour la réalisation d’AFM au Québec. Tout d’abord, les données québécoises se retrouvent sur plusieurs
plateaux administratifs (fédéral, provincial, municipal et MRC). Ces plateaux ne publient pas tous à la
même fréquence et n’utilisent pas toutes les mêmes années de référence. Par conséquent, il peut être
difficile de choisir une année de référence pour l’AFM au Québec, car certaines données ne sont pas
disponibles pour toutes les années. Par ailleurs, la majorité des sources de données disponibles se
retrouvent à l’échelle du Canada et du Québec et non pour les régions. Il est donc obligatoire d’avoir
recours à des estimations ou à des enquêtes sur le terrain (questionnaires et entretiens) pour quantifier
les flux de matières régionaux. Ces approches prennent beaucoup de temps et risquent d’être ralenties
par la confidentialité des données dans les entreprises. De plus, l’identification des sources de données
disponibles au Québec a permis de remarquer que lorsque les données sont disponibles à l’échelle
régionale, elles le sont en fonction des régions administratives québécoises. Il peut donc être intéressant
d’explorer la possibilité d’utiliser les régions administratives comme périmètre d’étude pour l’AFM au
Québec. Enfin, ce bilan sur les sources de données disponibles au Québec a permis de mettre en
évidence le besoin d’améliorer les données disponibles pour favoriser l’application d’études d’AFM.
48
5. L’ANALYSE DE FLUX DE MATIÈRES : CHOIX DE MÉTHODE
Compte tenu des nombreuses méthodes d’AFM présentées dans le chapitre 3 et des sources de données
limitées au Québec présentées au chapitre 4, il convient de développer une approche qui vise à orienter
les utilisateurs vers la méthode la plus appropriée. Les ministères, les chercheurs, les entreprises et les
municipalités doivent choisir la méthode qui leur permet d’obtenir des résultats utiles et fiables. L’OCDE
souligne l’importance de bien choisir un modèle de départ qui considère les intentions des utilisateurs, les
disponibilités institutionnelles, les collaborations nécessaires et les données disponibles, sans toutefois
s’engager dans une démarche exagérément ambitieuse de compilation des données qui risque de
devenir une fin en soi (OCDE, 2008). Le chapitre qui suit vise donc à présenter une approche qui
permettra aux régions québécoises d’orienter leur choix de méthode pour qu’elle leur soit des plus
profitable possible. La méthodologie préconisée pour évaluer ces méthodes d’AFM repose sur quatre
étapes qui sont présentées dans la figure 5.1.
Figure 5.1 : Méthodologie préconisée pour évaluer les méthodes d’analyse de flux de matières
La première étape consiste à identifier les critères qui peuvent influencer le choix d’une méthode d’AFM
par rapport à une autre. Les deux critères identifiés sont : la cohérence avec les objectifs et l’applicabilité
québécoise. La deuxième étape découle du premier critère et consiste à séparer les méthodes en
fonction des objectifs auxquels elles peuvent répondre. Ceci permettra aux utilisateurs d’éliminer
certaines méthodes qui ne cadrent pas avec les objectifs qu’ils souhaitent atteindre. La troisième étape
quant à elle découle du second critère et consiste à évaluer les méthodes en fonction des critères
49
d’applicabilité québécoise. Cette étape permettra d’attribuer à chaque méthode un niveau d’applicabilité
dans le contexte québécois. Enfin, la quatrième étape consiste à utiliser les résultats de l’étape deux et de
l’étape trois pour créer un outil d’aide à la décision qui orientera les utilisateurs vers la méthode la plus
appropriée pour eux. De plus, l’évaluation des méthodes permettre de formuler des recommandations
quant à la mise en place de dispositifs québécois favorisant la démarche d’AFM.
5.1. Identification des critères qui influencent le choix d’une méthode d’analyse de flux de matières
Avant d’évaluer les méthodes pour comptabiliser les flux de matières présentées au chapitre 2, il convient
de déterminer les critères pour choisir une méthode. Ces critères sont inspirés des critères utilisés dans la
« Revue de la littérature sur les comptes des matières résiduelles solides » réalisée par l’ISQ pour
comparer les modèles de comptabilité des flux de matières (Québec. Institut de la statistique du Québec
(ISQ), 2011). Pour s’assurer que la méthode choisie entraîne une application concrète, utile et
pragmatique, les critères suivants ont été sélectionnés : cohérence avec les objectifs et applicabilité
québécoise.
Les résultats d’une AFM peuvent être utilisés pour plusieurs choses dont établir des constats sur la
durabilité du territoire, réaliser des études et travaux de recherche sur des flux en particulier, orienter des
politiques publiques, comparer les performances du territoire avec d’autres études et mettre en place des
projets d’écologie industrielle et territoriale. De plus, les résultats peuvent être utilisés pour évaluer des
tendances en termes de secteur d’activité, par catégorie de matières, etc. Il faut donc s’assurer que la
méthode choisie puisse créer les résultats souhaités pour en tirer les bénéfices désirés. La cohérence
avec les objectifs est donc le critère le plus important pour choisir la méthode, car si la méthode ne
permet pas d’obtenir les résultats voulus, il vaut peut-être mieux ne pas réaliser l’AFM (OCDE, 2008).
Certains modèles peuvent apparaître attrayants étant donné leur caractère exhaustif. Par exemple, dans
un modèle idéal, tous les flux de matières seraient calculés, et ce pour l’ensemble des secteurs et acteurs
présents sur le territoire. Par contre, pour des raisons évidentes (ex. faisabilité, coûts), il est nécessaire de
prendre en considération l’accessibilité du modèle et la disponibilité des données nécessaires dans un
contexte québécois. L’applicabilité québécoise jouera ainsi un rôle important dans le choix de la méthode.
5.2. Séparation des méthodes en fonction des objectifs auxquels elles peuvent répondre
Pour séparer les méthodes en fonction de leurs objectifs, une liste qui comprend les objectifs principaux
pouvant être atteints par la réalisation d’une AFM a d’abord été réalisée. Ensuite, les méthodes ont été
séparées dans différentes catégories.
50
5.2.1. Formulation des objectifs d’analyse de flux de matières
Les objectifs derrière la réalisation d’une AFM sont présentés dans le tableau 5.1.
Tableau 5.1 : Objectifs derrière les méthodes d'analyse de flux de matières et leurs descriptions
Objectif Description
Évaluer la durabilité des activités La méthode permet d’utiliser des indicateurs qui permettent
socio-économiques du territoire d’évaluer la durabilité du territoire.
Identifier des pistes de solutions La méthode permet de faire un constat sur l’utilisation des
pour améliorer les performances ressources qui permet d’identifier des pistes de solution pour
environnementales du territoire améliorer les performances environnementales. La méthode permet
donc par le fait même d’orienter les politiques publiques.
Améliorer la compréhension de la La méthode permet de mieux comprendre la circulation des flux de
circulation des flux sur le territoire matières sur le territoire et donc d’optimiser la gestion des
afin d’évaluer la possibilité de ressources par la mise en œuvre de projets d’économie circulaire
mettre en place des projets précis, tels que des projets d’écologie industrielle et territoriale.
d’économie circulaire
Identifier des pistes de solutions La méthode permet de se focaliser uniquement sur un ou quelques
pour améliorer les performances flux qui sont majoritaires sur le territoire, mais de façon plus
de la gestion d’un ou de quelques approfondie.
flux majoritaires sur le territoire
Sensibiliser le grand public à La méthode permet de communiquer les résultats au grand public
l’utilisation responsable des dans le but de les sensibiliser à l’utilisation responsable des
ressources ressources.
Pour former les catégories de méthodes qui répondent aux mêmes objectifs identifiés dans la section
précédente, le tableau 5.2 associe chaque méthode aux objectifs auxquels elle peut répondre. Il est à
noter que pour simplifier le tableau, les objectifs ont été numérotés et sont présentés à la page suivante.
Tableau 5.2 : Identification des objectifs par méthode d'analyse de flux de matières
51
Les objectifs sont les suivants : (1) évaluer la durabilité des activités socio-économiques du territoire,
(2) identifier des pistes de solutions pour améliorer les performances environnementales du territoire,
(3) améliorer la compréhension de la circulation des flux sur le territoire afin d’évaluer la possibilité de
mettre en place des projets d’économie circulaire, (4) identifier des pistes de solutions pour améliorer les
performances la gestion d’un ou de quelques flux majoritaires sur le territoire et sensibiliser le grand
public à l’utilisation responsable des ressources.
Par conséquent, chaque catégorie présentée au tableau 5.3 répond aux mêmes objectifs. C’est grâce à
l’évaluation multicritère des méthodes en fonction de l’applicabilité que l’utilisateur sera en mesure de
choisir la méthode la plus appropriée dans la catégorie souhaitée.
Tableau 5.3 : Catégories de méthodes qui répondent aux mêmes objectifs principaux
5.3. Évaluation multicritère des méthodes en fonction des critères d’applicabilité québécoise
Pour présenter l’évaluation, les critères d’évaluation seront d’abord présentés. Ensuite, les systèmes de
cotation et de pondération choisis pour la méthode d’analyse multicritère seront expliqués. Enfin, la grille
d’évaluation sera présentée ainsi que les résultats.
Sans procéder à une analyse détaillée, les critères suivants seront pris en compte pour évaluer les
méthodes en fonction de leur applicabilité québécoise : l’accessibilité et la disponibilité des données
nécessaires. La disponibilité des données sera elle-même évaluée en fonction de deux critères :
l’adaptabilité de la méthode face aux données disponibles et le niveau de désagrégation des données
nécessaires. Le tableau 5.4 présente les différents critères ainsi que leur description.
52
5.3.2. Cotation et pondération
Accessibilité
Cote Description
1 La méthode est uniquement accessible à des chercheurs ou des personnes ayant un bon niveau
de connaissance dans la méthode
2 La méthode est accessible pour tout le monde, mais une formation est nécessaire
3 La méthode est accessible pour tout le monde sans formation nécessaire
Adaptabilité
Cote Description
1 La méthode ne peut pas s’adapter en fonction des données disponibles
2 La méthode peut s’adapter légèrement en fonction des données disponibles
3 La méthode peut facilement s’adapter en fonction des données disponibles
Niveau de désagrégation des données nécessaires
Cote Description
1 La majorité des données sont désagrégées
2 Les données sont parfois désagrégées
3 Les données ne sont pas désagrégées
Les expériences étrangères ont démontré que la disponibilité des données était un facteur incontournable
à considérer lors du choix de la méthode. Par conséquent, une pondération de « 3 » a donc été appliquée
à ce critère. La « disponibilité des données » se trouve donc à être trois fois plus importante que
l’« accessibilité ». De plus, une autre pondération a été ajoutée au niveau du critère « adaptabilité »
(sous-critère de la disponibilité des données). Si une méthode ne peut être adaptée lorsque des données
ne sont pas disponibles, celle-ci ne peut tout simplement plus être utilisée. Si les données sont très
désagrégées, la compilation des données prendra plus de temps, mais la méthode pourra tout de même
être utilisée. Par conséquent, le critère « adaptabilité » aura une pondération de « 2 » par rapport au
critère « niveau de désagrégation des données ». L’utilisation d’un système de pondération permet
d’approfondir l’analyse et personnaliser la méthode à la problématique (Raumentwicklung, 2007).
53
5.3.3. Grille d’évaluation des méthodes d’analyse de flux de matières
Le tableau 5.6 présente la grille d’évaluation des méthodes. Le score maximal pour le critère « accessibilité » est de 3, tandis que le score
maximal pour le critère « disponibilité des données » est de 9. Par conséquent, la disponibilité des données se trouve à être trois fois plus grande
que l’accessibilité, ce qui correspond à une pondération de « 3 » désirée.
Tableau 5.6 : Grille d’évaluation de l’applicabilité des méthodes d’analyse de flux de matières
Applicabilité
54
5.3.4. Résultats de l’évaluation
Les résultats pour l’accessibilité montrent que les méthodes de Toronto et de Shenzhen sont les plus
simples à mettre en œuvre. En effet, ces deux méthodes ne nécessitent pas de connaissances poussées
sur l’AFM, car elles sont les méthodes qui nécessitent le moins de données et les données les plus
simples. Toutes les autres méthodes, à l’exception de la méthode de Montréal, nécessitent que les
utilisateurs investissent des efforts pour apprendre et s’approprier la démarche d’AFM. Dans le cas de
Montréal, la méthode est complexe et nécessite de comprendre des concepts poussés. De ce fait, ce
n’est pas tous les utilisateurs qui peuvent entreprendre de réaliser une AFM par la méthode de Montréal.
En ce qui concerne les résultats pour la disponibilité des données, les méthodes de Toronto et de
Shenzhen peuvent mieux s’appliquer dans le contexte québécois, car elles ont obtenu un score de 9 sur
9. Dans le cas de Shenzhen, la méthode nécessite peu de données non désagrégées qui sont toutes
disponibles au Québec. Elle représente donc la méthode la plus applicable au Québec. Toronto est aussi
une méthode très applicable, car elle permet de choisir les flux étudiés en fonction des données qui sont
disponibles. De plus, cette méthode collecte des données non désagrégées, alors il est plus facile et
moins long de collecter les données nécessaires. En troisième rang se trouve la méthode de Montréal
avec un score de 8 sur 9. Cette méthode, quant à elle, s’applique relativement bien au Québec, car elle
peut s’adapter aux données disponibles et utiliser des données monétaires lorsque les quantités en
termes de tonnes ne sont pas disponibles. En théorie, tous les flux doivent être recensés, mais en
pratique les études quantifient seulement les flux qu’ils trouvent les plus pertinents. De plus, les données
ne sont pas désagrégées ce qui facilite la compilation. Les méthodes du Danemark, de Vancouver et de
Genève ont obtenu un score de 7 sur 9 étant donné que la collecte de données est difficile au Québec
parce que celles-ci se retrouvent fortement dispersées au sein des acteurs du territoire. Cependant, ces
méthodes choisissent les flux de matières qui sont étudiés et peuvent donc s’adapter en fonction des
données disponibles. La méthode de Bruxelles a obtenu un score de 6 sur 9, car celle-ci commence par
collecter les données agrégées et lorsque possible, elle collecte des données désagrégées. L’approche
méthodologique employée par Bruxelles permet donc de légèrement s’adapter en fonction des données
disponibles. Enfin, les méthodes de la Bourgogne, de Paris et de Lisbonne ont obtenu un score de 4 sur
9. Ces méthodes sont les moins applicables au Québec parce qu’elles nécessitent une quantité
importante de données pour être employées et certaines de ces données ne sont pas disponibles au
Québec. De plus, la méthode ne peut pas facilement s’adapter en fonction des données disponibles parce
que l’inventaire de tous les flux de matières est nécessaire pour pouvoir utiliser les indicateurs et obtenir
des résultats valables. Au final, les méthodes les plus applicables au Québec se trouvent à être Toronto
et Shenzhen avec un score de 12 sur 12. Ensuite, il y a les méthodes de Montréal, de Vancouver, de
Genève et du Danemark qui ont obtenu le score de 9 sur 12. Enfin, il y a la méthode de Bruxelles qui a
obtenu le score de 8 sur 12 et les méthodes de la Bourgogne, de Paris et de Lisbonne qui ont obtenu le
score de 6 sur 12.
55
5.4. Création de l’outil d’aide à la décision pour le choix de la méthode
Suite à la séparation des méthodes en fonction des objectifs et de l’évaluation des méthodes en fonction
de leur niveau d’applicabilité québécoise, un outil d’aide à la décision a été développé pour accompagner
les utilisateurs à choisir la méthode qui répond le mieux à leur besoin. La section qui suit vise à justifier le
choix du type d’outil, expliquer l’élaboration de l’outil et présenter l’outil en soi.
Étant donné que l’outil sera utilisé par une gamme très variée d’utilisateurs tels que des gouvernements,
des municipalités, des chercheurs et les entreprises, il faut qu’il reste accessible à tous. Ainsi, un arbre de
décision a été choisi comme approche pour orienter les utilisateurs vers la meilleure méthode pour eux.
L’approche visuelle est particulièrement utile pour comprendre les décisions séquentielles comme c’est le
cas avec le choix de la méthode d’AFM (Olivas, 2007). En addition, l’arbre de décision permet de
déterminer de façon rapide et simple des décisions alternatives (Olivas, 2007).
Comme mentionné précédemment, le choix d’une méthode doit d’abord s’orienter en fonction des
résultats souhaités. Ainsi, l’arbre de décision commence par poser des questions sur les objectifs. Une
fois que la catégorie de méthode qui répond aux objectifs visés est identifiée, le tri des méthodes se base
sur l’applicabilité québécoise. Advenant le cas où des méthodes répondent aux mêmes objectifs et
possèdent le même niveau d’applicabilité québécoise, celles-ci seront choisies en fonction de leurs
avantages et désavantages méthodologiques respectifs. L’arbre de décision est présenté à la figure 5.2.
Pour choisir l’ordre dans lequel les questions concernant les objectifs allaient être posées, des questions
concernant les objectifs les plus englobant ont été posées en premier. Lorsqu’un objectif est plus
englobant qu’un autre, il n’entre pas en compétition avec celui-ci. Ce choix a été pris pour diminuer la
subjectivité de l’outil. Les deux objectifs les plus englobant se trouvent à être : évaluer la durabilité des
activités socio-économiques du territoire et identifier des pistes de solutions pour améliorer les
performances environnementales du territoire. Cependant, certaines méthodes peuvent répondre à ces
deux objectifs, alors pour ne pas mettre ces deux objectifs en compétition, une troisième option a été
créée : évaluer la durabilité des activités socio-économiques et identifier des pistes de solutions pour
améliorer les performances environnementales du territoire. Ainsi, à partir de cette question, trois options
sont possibles. À chacune de ces options, une question concernant l’objectif le plus englobant des
objectifs restants a été posée. Cet objectif est d’améliorer la compréhension de la circulation des flux sur
le territoire afin d’évaluer la possibilité de mettre en place des projets d’économie circulaire. Ensuite, pour
séparer les méthodes restantes, lorsque pertinent, une question concernant les autres objectifs a été
posée. Enfin, pour séparer les méthodes restantes, des avantages et désavantages méthodologiques
découlant du chapitre 2 sont présentés dans un encadré.
56
À quoi vont servir les résultats de l’analyse de
flux de matières ?
Évaluer la durabilité des Évaluer la durabilité des activités socio- Identifier des pistes de
activités socio-économiques économiques et identifier des pistes de solutions pour améliorer les
du territoire solutions pour améliorer les performances performances
environnementales du territoire environnementales du territoire
Est-ce qu’on vise à améliorer la Est-ce qu’on vise à améliorer la Est-ce qu’on vise à améliorer la
compréhension de la circulation compréhension de la circulation compréhension de la circulation
des flux sur le territoire afin des flux sur le territoire afin des flux sur le territoire afin
d’évaluer la possibilité de mettre d’évaluer la possibilité de mettre d’évaluer la possibilité de mettre
en place des projets d’économie en place des projets d’économie en place des projets d’économie
circulaire ? circulaire ? circulaire ?
Figure 5.2 : Arbre de décision pour choisir la méthode d’analyse de flux de matières
57
6. RECOMMANDATIONS
Les enseignements tirés des expériences étrangères, les leçons tirées des sources de données
disponibles au Québec ainsi que l’évaluation des méthodes d’AFM a permis de formuler plusieurs
recommandations qui visent entre autres à organiser une gouvernance régionale des flux de ressources,
améliorer l’applicabilité québécoise et tirer le maximum de bénéfices d’une démarche d’AFM.
Étant donné que les régions jouent un rôle essentiel de mobilisation et d’accompagnement des acteurs
publics et privés, l’organisation d’un dispositif facilitant l’application plus systémique des principes de
l’économie circulaire paraît comme une étape initiale et primordiale. Pour aider à organiser cette
gouvernance, il faut d’abord développer un cadre stratégique provincial et ensuite construire des plates-
formes régionales de gestion des ressources.
À l’image de la France, pour mettre en œuvre l’économie circulaire de façon efficace et initier des
démarches d’AFM, le Québec devrait s’approprier un cadre stratégique provincial. Comme mentionné
précédemment, la stratégie de développement durable du gouvernement québécois prévoit encourager la
mise en place de projets d’économie circulaire. Ainsi, en assumant que la région apparaît comme un
niveau de gouvernance pertinent pour assurer une transversalité et une articulation efficace entre les
acteurs, les thématiques et les échelles territoriales, la prochaine étape cohérente serait de décliner
l’économie circulaire comme un projet de territoire. C’est exactement ce que la France avait prévu dans
sa deuxième feuille de route issue de la Conférence environnementale de septembre 2013. En effet, cette
feuille de route prévoyait « accroître la connaissance de flux de déchets et de matières, ainsi que des
coûts de financements associés à leur gestion » (France. MEDDE, 2014). Pour ce faire, elle prévoyait
améliorer les connaissances en développant des plates-formes régionales. Au Québec, les régions
comme les municipalités et les MRC possèdent un pouvoir d’action considérable concernant les projets
d’économie circulaire. En adoptant leur transmettant la responsabilité d’initier les projets d’économie
circulaire, le Québec pourrait développer un cadre stratégique qui viserait principalement à les encadrer.
La stratégie devra dans un premier temps viser à sensibiliser les acteurs aux enjeux qui concernent la
gestion des ressources par l’utilisation d’outils bien connus comme des conférences et des documents
explicatifs. Dans un deuxième temps, la stratégie devra viser à former les acteurs aux outils qu’ils peuvent
utiliser pour débuter une démarche d’économie circulaire. À cet égard, la rédaction et le partage de
guides pourraient être utile. Ces guides devront expliquer comment mettre en place une plate-forme
régionale de gestion des ressources comme il sera décrit dans la section qui suit. Enfin, les régions
pourront s’approprier la démarche et mettre en œuvre des projets.
58
Pour aider les régions à s’approprier la démarche d’économie circulaire, la stratégie gouvernementale
pourrait instaurer un réseau de partage des expériences. Ce réseau regroupant des expériences positives
et négatives de modification du métabolisme territorial pourrait d’une part, contribuer à motiver les acteurs
à mettre en œuvre certains projets lorsque ceux-ci se sont avérés fructifiant dans d’autres régions et
d’autre part, bâtir une meilleure résilience. De ce fait, le gouvernement engagerait, au Québec, une
dynamique d’amélioration continue des méthodes et outils en économie circulaire.
L’AFM est un outil innovant qui peut grandement aider au pilotage et à l’évaluation des politiques et
actions qui se rattachent à la gestion des ressources. Cependant, pour être efficace, l’AFM nécessite une
large appropriation par les acteurs concernés. Pour faciliter cette appropriation, il est ici recommandé de
construire des plates-formes régionales pour la gestion des ressources.
La figure 6.1 présente un exemple d’organisation d’une plate-forme régionale de gestion des ressources
développé par le Commissariat général au développement durable en France (France. MEDDE, 2014).
Cette plate-forme possède deux dimensions principales qui permettent d’améliorer le métabolisme du
territoire. La première dimension est la comptabilité de flux qui regroupe toutes les informations
concernant l’utilisation des ressources sur le territoire. Cette dimension est alimentée par deux sources
principales qui sont les démarches de métabolisme (entreprises, groupes d’entreprises, filières, secteurs,
substance, territoire) et les autres travaux complémentaires sur la connaissance des flux (aire
d’approvisionnement, empreinte environnementale) (France. MEDDE, 2014). La deuxième dimension est
la coordination des acteurs qui repose sur le dialogue d’animation et de coopération. Le fonctionnement
de cette dimension nécessite une communauté d’acteurs diversifiés (institutions d’État, collectivités
locales, entreprises, chercheurs) et des règles de gouvernance bien définies (contrôle de l’application de
décision, moyen de prise de décision, réflexion collective préalable) (France. MEDDE, 2014).
Étant donné qu’au Québec les collaborations multi-acteurs ne sont pas spontanées, les acteurs publics
doivent créer les conditions préalables à l’instauration de plates-formes régionales. Ainsi, la stratégie
cadre discutée dans la section précédente doit prévoir former les régions (municipalités et MRC) pour
qu’elles soient en mesure d’identifier, d’accompagner et d’organiser efficacement les collaborations multi-
acteurs sur un territoire.
59
Figure 6.1 : Exemple d'organisation d'une plate-forme régionale de gestion des ressources (tirée de France. MEDDE, 2014, p. 100)
60
6.2. Améliorer l’applicabilité québécoise
Les résultats de l’essai ont montré que les données disponibles pour la réalisation d’une étude de
comptabilité des flux de matières étaient beaucoup moins nombreuses au Canada et au Québec qu’en
Europe. D’où la nécessité de bonifier et de restructurer les bases de données existantes et développer
des méthodes d’AFM sur mesure.
Comme mentionné au chapitre 3, les données sont dispersées à travers les différentes publications et
sources de données qui sont manipulées par différentes institutions et plateaux administratifs. La
première tâche consiste à identifier les sources originales et colliger les données. La seconde tâche
consiste à vérifier, réviser et supplémenter ces données afin de les adapter à un cadre cohérent qui
facilite la compilation des données en AFM. Il est vrai que cette restructuration des données peut être une
tâche difficile, car les données disponibles sont actuellement compilées et structurées de façon différente.
Pour faciliter cette restructuration, le cas de Genève peut être utilisé à titre d’exemple. Genève est une
ville qui possède un certain pouvoir législatif, ainsi elle a forcé le développement de registres compatibles
avec la compilation de données en AFM (Emmenegger, 2003). Pour l’instant, au Québec, il est tout de
même possible de compiler certaines données. Toutefois, pour faciliter la tâche, il est recommandé de
fixer les limites de l’étude d’AFM aux limites des régions administratives, car plus de données sont
compilées et disponibles en fonction de ces régions.
Plusieurs pays se questionnent actuellement sur la pertinence de développer un guide référentiel national
pour accompagner la mise en œuvre d’une méthode d’AFM. Or, lorsqu’un guide est réalisé, une méthode
est arbitrairement imposée à toutes les régions du pays. Comme cet essai l’a démontré, le type de
résultats varie en fonction de la méthode sélectionnée. Pour créer des résultats concrets qui seront
utilisés, une méthode d’AFM doit être choisie en fonction des objectifs formulés et de l’applicabilité de
celle-ci. Par conséquent, quand un pays impose une méthode particulière, certaines régions ne pourront
tirer pleinement bénéfice de la mise en place d’une telle démarche. Il est vrai que l’application d’une
méthode uniforme permet de comparer les régions entre elles. Cependant, pour un gouvernement,
l’objectif principal derrière la réalisation d’une AFM n’est pas de comparer les résultats, mais de mettre en
œuvre des projets concrets d’économie circulaire qui permettent d’améliorer la gestion des ressources. Il
est donc recommandé d’accompagner les régions à choisir une méthode qui répond le mieux à leurs
enjeux. Si aucune méthode ne correspond parfaitement, des spécialistes de l’AFM doivent être mis à la
disposition des régions pour qu’elles soient en mesure de construire leur propre méthode tout comme
c’était le cas à Bruxelles-Capitale et à Lisbonne. Ces deux villes ont apporté des modifications aux
méthodes d’AFM existantes pour qu’elles répondent efficacement à leurs objectifs, à leurs contraintes
d’applicabilité tout en en sélectionnant les éléments méthodologiques les plus avantageux.
61
6.3. Mettre en place un dispositif efficace dès le départ
La mise en place d’une démarche d’AFM demande beaucoup d’efforts. Il est ainsi important de bien
réfléchir en amont à comment instaurer la démarche pour qu’elle soit des plus profitables. Pour ce faire, la
méthode doit être choisie en fonction des objectifs formulés par l’ensemble des acteurs concernés et la
démarche doit être pérennisée dans le temps.
6.3.1. Choisir la méthode en fonction d’objectifs formulés par l’ensemble des acteurs
Tout d’abord, pour tirer profit au maximum des résultats d’une AFM, il faut en amont définir les objectifs et
le niveau d’effort qui pourra être investi. Pour ce faire les questions suivantes fournies par l’OCDE
peuvent orienter les utilisateurs :
Qu’est-ce qu’on cherche à faire avec les résultats de la comptabilité de flux de matières ? Est-ce
qu’il y a des problèmes en particuliers qu’on vise à régler ? Qui consultera les résultats et qui s’en
serviront ?
Quels seront les coûts de l’étude ? Combien de personnes sont nécessaires et quel niveau
d’expertise est requis ?
Quels sont les avantages, désavantages, coûts et bénéfices des différentes alternatives ? Est-ce
que des résultats similaires pourraient être obtenus par l’entremise d’une approche différente de
l’AFM ? (traduction libre : OCDE, 2008, p. 130)
L’AFM possède de nombreuses utilités qui peuvent profitées à de nombreux utilisateurs potentiels. Les
résultats peuvent aussi servir aux gouvernements et aux citoyens en orientant des politiques publiques.
Pour identifier la méthode d’AFM la plus appropriée et la plus pertinente pour tous ces acteurs, l’arbre de
décision développée au chapitre 4 peut faciliter la tâche. Par contre, il est important que les utilités
particulières des résultats soient priorisées et discutées avec tous les acteurs concernés en amont de
l’étude. Il est vrai que susciter l’implication des acteurs du territoire peut être long, mais il a souvent été
démontré que les bénéfices en termes d’acceptation des résultats en valent la peine (OCDE, 2008).
L’entretien avec monsieur Malaz Sebai, chargé de projets pour l’entreprise Second Cycle à Toronto, a
permis de confirmer que le manque de consultations avec les acteurs du territoire en amont d’une étude
d’AFM entraîne des résultats qui ne sont pas utilisés, car ils ne correspondent pas aux besoins de ceux-ci
(Sebai, 2015).
Les enseignements des expériences étrangères ont permis de voir que souvent les méthodes d’AFM sont
très ambitieuses et ne sont pas nécessairement utilisées pour répondre à des problèmes particuliers. En
ce sens, il est essentiel de choisir la méthode qui sera utilisée en fonction des objectifs, mais aussi en
fonction du niveau d’effort disponible. Cette approche permet d’éviter l’usage de méthodes trop
ambitieuses qui entraînent la production de résultats théoriques et inutiles.
62
Bref, la réalisation d’une AFM doit demeurer concrète, orientée vers les utilisateurs et réaliste quant au
niveau d’effort disponible (OCDE, 2008). Ainsi, il est recommandé d’adopter des approches
méthodologiques qui se focalisent sur les flux les plus importants, qui permettent d’obtenir un niveau de
détail satisfaisant et qui produisent des résultats concrets qui peuvent être utilisés par les acteurs.
Pour maximiser la démarche d’AFM, il est important d’engager un processus répétitif de production et
d’amélioration des données d’AFM. La pérennisation de la démarche permettra dans un premier temps de
produire des résultats qui reflètent la nouvelle réalité du territoire en termes d’utilisation des ressources,
ce qui permettra de développer de nouveaux projets d’économie circulaire pour répondre aux nouveaux
enjeux. Il sera aussi possible de comparer la performance du territoire avec les années précédentes et de
mesurer l’efficacité des projets qui ont été mis en place. Enfin, la pérennisation de la démarche d’AFM
permet non seulement de maximiser le retour sur l’investissement, mais permet aussi d’effectuer des
prévisions pour les années à venir ce qui permettra d’orienter les prochaines politiques
environnementales.
63
CONCLUSION
L’objectif du travail était d’explorer les méthodes applicables dans le contexte québécois et de développer
une approche pour orienter les utilisateurs vers la méthode d’AFM qui répond le mieux à leurs besoins.
Cet objectif a bel et bien été atteint, car un arbre de décision a été construit pour aider les acteurs du
territoire à choisir la méthode appropriée. Pour ce faire, cet ouvrage a commencé par examiner les études
de métabolisme urbain qui ont été effectuées à travers le monde. Dix méthodes distinctes ayant le
potentiel d’être appliquées dans les régions québécoises ont été identifiées. La revue de littérature a
permis de montrer les principales différences entre ces méthodes en ce qui a trait aux données requises
pour réaliser la méthode et leur niveau d’agrégation, le type de résultats produits, les éléments
méthodologiques, les avantages et les limites. De plus, deux facteurs qui influencent le choix de la
méthode ont aussi été identifiés : la cohérence avec les objectifs de l’étude et le niveau d’applicabilité. En
effet, le choix d’une méthode d’AFM doit absolument être cohérent avec les objectifs derrière cette
réalisation. Par exemple, si l’objectif principal pour les utilisateurs est de mettre en œuvre des projets
d’écologie industrielle et territoriale, la méthode doit permettre d’améliorer la compréhension de la
circulation des flux à l’intérieur du territoire ce qui élimine plusieurs des méthodes existantes.
Suite aux enseignements des expériences étrangères, l’essai a présenté les sources de données
québécoises qui étaient disponibles pour la réalisation d’AFM. Il a été montré que les données étaient
disponibles sur plusieurs plateaux administratifs et étaient donc publiées selon différents standards. Par
conséquent, au Québec, il est actuellement difficile et long d’obtenir toutes les données nécessaires pour
la réalisation d’une AFM. De plus, il existe peu de données compilées dans les régions québécoises ce
qui rend la tâche d’autant plus difficile pour les acteurs qui doivent avoir recours à des estimations ou des
enquêtes sur le terrain par l’entremise de questionnaires et d’entretiens.
Les conclusions tirées de la revue de littérature sur les métabolismes urbains et le constat sur les sources
de données québécoises disponibles pour l’AFM ont permis par la suite de trier les méthodes selon
plusieurs critères. D’abord, les méthodes ont été séparées en fonction des objectifs auxquels elles
peuvent répondre. Ce premier tri a permis de séparer les méthodes en cinq catégories distinctes. Ensuite,
l’applicabilité québécoise des méthodes a été évaluée. À cet égard, une analyse multicritère a été utilisée.
Les méthodes ont donc été comparées en fonction de leur accessibilité et de la disponibilité des données
requises. Pour évaluer la disponibilité des données, deux critères ont été retenus : l’adaptabilité des
méthodes face aux données disponibles et le niveau de désagrégation des données nécessaires. De
cette façon, les méthodes ont été classées selon leur potentiel d’application au Québec. Enfin, en prenant
en considération les objectifs auxquels les méthodes peuvent répondre et leur niveau d’applicabilité au
Québec, un arbre de décision a été construit. Cet arbre a pour objectif d’éclairer les utilisateurs et de les
orienter vers la méthode d’AFM la plus appropriée.
64
En somme, l’essai a aussi permis de formuler des recommandations générales pour initier de façon
efficace des démarches d’AFM au Québec. Étant donné que l’essai a montré que les régions jouent un
rôle essentiel de mobilisation et d’accompagnement des acteurs publics et privés, la première
recommandation vise à organiser un dispositif qui facilite l’application plus systémique des principes de
l’économie circulaire. Pour aider à organiser cette gouvernance, il a d’abord été recommandé de
développer un cadre stratégique provincial et ensuite de construire des plates-formes régionales de
gestion des ressources. Les résultats de l’essai ont aussi montré que les données disponibles pour la
réalisation d’une AFM au Québec se trouvaient en trop faibles quantités. La deuxième recommandation
vise donc à bonifier et restructurer les bases de données existantes. La troisième recommandation
formulée vise à optimiser les bénéfices qui seront tirés de la démarche d’AFM. Pour ce faire, il est d’abord
crucial de choisir la méthode qui sera utilisée en fonction d’objectifs formulés par l’ensemble des acteurs
concernés par la démarche et d’ensuite penser à comment la démarche peut être pérennisée dans le
temps.
L’AFM représente un premier pas vers un Québec durable, mais comme démontré dans cet ouvrage, son
application n’est pas chose facile. La réalisation d’AFM doit donc obligatoirement être encadrée par les
différents paliers gouvernementaux. Une nouvelle approche pour encadrer l’AFM au Québec pourrait être
de réglementer les différents secteurs industriels pour qu’ils démontrent l’atteinte d’un certain taux de
récupération, recyclage ou valorisation de leurs matières en fin de vie. Cette réglementation aurait pour
effet d’augmenter la traçabilité des matières sur les territoires et de faciliter la compilation des données
lors de réalisation d’AFM au Québec.
65
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ANNEXE 1 - LISTE DES INDICATEURS UTILISES POUR INTERPRETER LES RESULTATS D’UNE
ANALYSE DE FLUX DE MATIERES SELON LA METHODE EUROSTAT 2001 (tirée de
France. MEDDE, 2014)
76
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