Access To Safe Abortion French 0
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Accès à l’avortement
sans risque
Un outil pour évaluer les obstacles juridiques et autres
L’IPPF est un prestataire de services de Quoiqu’il y ait très peu de pays où l’avortement
santé sexuelle et reproductive actif dans
le monde entier et l’un des principaux
soit complètement illégal (et même dans ces pays
défenseurs de la santé et des droits en « l’état de nécessité » peut être invoqué pour
matière de sexualité et de reproduction
sauver la vie d’une femme), il n’y a pas de pays où
pour tous. C‘est une fédération
d’organisations nationales œuvrant avec et l’avortement est accessible sans aucun obstacle.
pour les communautés et les individus. L’avortement est toujours sujet à des conditions
qui reflètent la réticence d’une société ou d’un
IPPF
4 Newhams Row gouvernement à permettre aux femmes l’accès
London SE1 3UZ
United Kingdom à l’avortement sans risque. Ces obstacles sont
Tél : +44 20 7939 8200
Fax : +44 20 7939 8300 nombreux et incroyablement complexes.
Email : [email protected]
www.ippf.org Dans un pays ou un endroit donné, l’évaluation des lois et des obstacles
Œuvre de bienfaisance enregistrée au juridiques et autres concernant l’accès à l’avortement sans risque est une
Royaume-Uni sous le n° 229476
première étape nécessaire, si l’on veut savoir précisément comment les
Publié en novembre 2008 par la Fédération femmes peuvent avoir accès à des soins d'avortement complets, légaux et
internationale pour la Planification familiale
sans risque. Ce guide est un outil d’évaluation que les professionnels et
autres parties intéressées peuvent utiliser pour se connaître les obstacles
Imprimé avec des encres végétales sur du qui rendent l'accès à l'avortement sans risque difficile ou impossible.
papier fabriqué à partir de bois émanant de
forêts gérées écologiquement.
Ce guide souligne aussi les injustices auxquelles les femmes doivent
Edité et produit par faire face. Nous espérons que vous pourrez agir contre ces injustices
www.portfoliopublishing.com
Maquette d’Heidi Baker partout où elles existent.
L’IPPF œuvre pour un monde où tous, femmes, hommes et jeunes, où qu’ils soient, ont le
contrôle de leur corps et donc de leur destin. Un monde où tout un chacun est libre de
choisir d’être ou non parent ; libre de décider de l’opportunité d’avoir des enfants et de leur
nombre ; libre de chercher à avoir une vie sexuelle saine, sans craindre une grossesse non
désirée ou une infection sexuellement transmissible, VIH inclus. Un monde où le genre et
la sexualité ne sont plus sources d’inégalité ou de stigmatisation. L’IPPF ne reculera pas et
fera tout en son possible pour préserver ces choix et ces droits à l’intention des générations
futures.
Remerciements
Photos : IPPF/Irish Family Planning Association
Ecrit par Marcel Vekemans, Upeka de Silva et Manuelle Hurwitz. [en couverture] ; IPPF/Chloe Hall/Indonésie [page 4] ;
et IPPF/Jenny Matthews/Népal [page 42].
Nous tenons à saluer la contribution de Nathalie von Massenbach, Christina Maloney Le Bureau central de l’IPPF a signé le Code de
et Catherine Giboin qui ont mené des recherches considérables sur les lois en conduite européen CONCORD régissant les images
et les photographies. L’IPPF s’est engagé à respecter
matière d’avortement dans le monde entier. Nous tenons également à exprimer notre
ce code, élaboré par des ONG basées dans toute
reconnaissance à nos tout premiers lecteurs, dont les suggestions nous ont permis l’Europe. Les photographies utilisées dans cette
d’améliorer ce document, notamment Dilys Cossey, Jane Cottingham Girardin, Gill Greer, publication ne le sont qu’à fins d'illustrations.
Elles n'impliquent aucune prise de position, aucun
Eszter Kismodi, Rebecca Koladysz, Gulshun Rehman, Nono Simelela, Tran Nguyen Toan, comportement ni aucune activité particulière de la
Christina Zampas, et le personnel de l’Association ougandaise membre de l’IPPF. part des personnes apparaissant dans ces images.
Dr Gill Greer
Directrice Générale
Fédération internationale pour la planification familiale
Dr Nono Simelela
Connaissances et soutien techniques
Fédération internationale pour la planification familiale
Notes 38
Chapitre 1
Introduction
L’IPPF promeut et soutient activement le droit des femmes à choisir le nombre de leurs
enfants et l’espacement entre les naissances, à recourir à la contraception pour éviter des
grossesses non désirées et à avoir accès à l’avortement sans risque et légal.
1. S’attaquer aux obstacles et à l’injustice sur la terminologie, l’accès aux llois et réglementations,
S’il y a très peu de pays où l’avortement est totalement les origines des lois sur l’avortement, les conditions légales
illégal (et même là, on peut la plupart du temps invoquer à l’avortement, ainsi que sur d’autres obstacles liés à la
le « cas de force majeure » pour sauver la vie d’une femme législation ou la procédure. Cette partie du guide n’a pas
enceinte), il n’en existe aucun où l’accès à l’avortement besoin d’être lue de manière détaillée. Vous pouvez l’utiliser
est totalement libre de tout obstacle. Il y a toujours des pour avoir une vue d’ensemble, lire les chapitres qui vous
conditions pour refléter la réticence de la société ou intéressent plus particulièrement et vous y référer dans le
du gouvernement à autoriser les femmes à accéder à cadre d’évaluations pratiques.
l’avortement sans risque. Ces obstacles sont nombreux et La seconde partie du guide – la section sur l’évaluation
incroyablement complexes. Il est souvent difficile pour un – commence avec une introduction qui explique comment
citoyen, un prestataire de santé ou un militant des droits de utiliser l’outil au mieux, pour évaluer les obstacles, légaux
l’homme de comprendre (voire même de trouver) la/les loi(s) et autres, dans un pays ou une structure donnée. Les
locale(s), nationale(s) ou fédérale(s) sur l’avortement. Outre prestataires de soins et toutes les autres parties prenantes
les dispositions légales – fréquents obstacles constitutifs à peuvent utiliser cet outil dans le cadre de leur offre de
l’accès à l’avortement sans risque –, divers autres obstacles soins, de campagnes de sensibilisation, de plaidoyer ou de
peuvent réduire les possibilités d’une femme à accéder à un communication, de telle sorte que ces activités prennent
avortement sans risque et légal. en compte la législation existante et les obstacles inutiles
Ce guide est un outil d’évaluation que tous les intéressés qui bloquent l’accès à l’avortement sans risque. Toutes les
peuvent utiliser pour prendre connaissance de tous les questions renvoient au chapitre théorique correspondant.
obstacles, d’ordre juridique ou autre, qui limitent ou L’outil a pour but d’aider à déterminer les moyens de rendre
empêchent l’accès à l’avortement sans risque. les services d’avortement aussi complets que possible sans
Il pointe également les projecteurs sur l’injustice à laquelle enfreindre la législation locale en vigueur.
les femmes peuvent être confrontées. Nous comptons sur
vous pour lutter contre ce type d’injustice, là où elle existe.
2. A propos de ce guide
Quel que soit le pays ou le lieu, quand on cherche à savoir
avec précision comment les femmes peuvent obtenir des
soins liés à l’avortement qui soient légaux, sans risque et
complets, une étape préliminaire nécessaire consiste
à évaluer la législation et les obstacles de toute nature à
l’accès à l’avortement sans risque.
En première partie, ce guide présente une analyse des lois
et obstacles en matière d’avortement. Nous nous penchons
Chapitre 2
Analyse
conseils d’utilisation
L’Organisation mondiale de la santé et bon nombre d’autres organisations et experts ont
souligné le fait que l’avortement à risque est un problème majeur de santé publique et de
droits de l’homme.
l’IPPF7 et accessibilité de la loi en anglais, français, portugais son importance pour identifier les obstacles à l’accès aux
ou espagnol. Par la suite, nous avons intégré d’autres pays services d’avortement sans risque, au-delà des dispositions
pour illustrer des points précis. Nous avons parfois eu du mal légales en vigueur.
à avoir accès à la loi sur l’avortement ; il n’y a pas toujours L’IPPF encourage la diffusion de cet outil auprès de ses
de traduction de la langue locale et, quand il en existe une, Associations membres, des autres prestataires de services
il n’est pas toujours évident de la trouver. de santé, volontaires et partenaires, ainsi que de toutes les
Les exemples concernent les pays suivants : Afrique du parties prenantes, qu’elles soient directement concernées ou
Sud, Allemagne, Bangladesh, Barbade, Belgique, Bénin, simplement intéressées par la question de l’avortement sans
Brésil, Cameroun, Canada, Cuba, Egypte, Equateur, Etats- risque. Cet outil peut également être utilisé dans le cadre
Unis, Ethiopie, France, Ghana, Grèce, Guyana, Honduras, de groupes de travail et/ou de stages, que ce soit par des
Inde, Indonésie, Israël, Italie, Koweït, Liban, Malte, Maroc, prestataires, des volontaires, des activistes, des leaders et/ou
Ile Maurice, Mexique, Mongolie, Nouvelle-Zélande, Pakistan, de simples citoyens.
Pérou, Pologne, République tchèque, Royaume-Uni,
Thaïlande, Turquie, et Zambie.
3. Conseils d’utilisation
La première partie de ce guide est consacrée à l’analyse
des lois et obstacles liés à l’avortement. Dans le chapitre 3,
nous faisons le point sur la terminologie et proposons une
redéfinition et une explication des principaux concepts et
expressions utilisés dans la littérature juridique, par exemple :
durée de la grossesse, viabilité, santé et droits sexuels. Suit
un chapitre sur les traités, conventions, accords et pactes
internationaux statuant sur les questions d’avortement. Dans
le chapitre 5, nous rappelons les bases fondamentales des
lois sur l’avortement et, dans les chapitres 6 et 7, proposons
une analyse des lois sur l’avortement et des obstacles à
l’accès à l’avortement sans risque.
La seconde partie de ce guide est consacrée à un
outil d’évaluation pratique conçu par l’IPPF pour les
professionnels de la santé et autres intéressés par la question
de l’avortement. Il vous permettra de réaliser une analyse
détaillée de la législation et de la réglementation en matière
d’avortement dans votre pays, et des obstacles extra-
juridiques à l’accès à l’avortement sans risque. Après avoir
identifié votre mission en matière d’avortement (prestation
de services et/ou plaidoyer), vous trouverez une série de
questions qui vous aideront à étudier les lois et circonstances
qui régissent l’avortement. Cette partie du guide vise à vous
aider à prendre en compte les questions importantes :
nous ne proposons pas de réponse toute faite, car chaque
pays et/ou Etat est spécifique en la matière. Chaque
question est accompagnée d’un exemple pour faciliter la
compréhension du point abordé.
Nous vous encourageons également à procéder à une
analyse approfondie de la situation de facto, car cela a aussi
Chapitre 3
Terminologie
Analyse
Ce chapitre est consacré à la terminologie. Y sont rappelés et/ou explicités les principaux
concepts et expressions en usage dans le contexte juridique, par exemple : « début et durée
de la grossesse », « viabilité », « santé et droits sexuels ».
Les religions ont leurs propres définitions des stades du fœtus soit considéré viable, ce que la Cour suprême des
développement. Des théologiens musulmans ont conclu à Etats-Unis a défini, dans l’arrêt Roe vs. Wade (1973), comme
l’interdiction de tuer un fœtus dès lors qu’il peut être « potentiellement capable de vivre en dehors du ventre de
qualifié d’« enfant » – personne complètement formée et sa mère, bien qu’avec une aide artificielle »13. Nombreuses
qui a acquis une âme. Cependant, ces théologiens ne se sont les lois qui n’indiquent pas d’âge gestationnel pour
sont pas entendus sur le moment précis où cela se produit. définir la viabilité. D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la
Pour les écoles hanafite (prédominantes en Turquie, au santé elle-même n’en offre pas de définition. Néanmoins, on
Moyen-Orient et en Asie centrale) et shafeite (Asie du fixe généralement la viabilité à 24 (parfois 20 ou 22) à 28
Sud-est, sud de la Péninsule arabique et certaines régions semaines de gestation (depuis le premier jour des dernières
d’Afrique de l’Est) l’avortement est possible jusqu’à 120 règles), ou à partir d’un poids de naissance de 500 grammes.
jours. Tandis que pour l’école malikite (prédominante Les risques pour la santé mentale et physique et les
en Afrique du Nord et centrale), il est possible avec le handicaps associés aux naissances prématurées peuvent
consentement de la mère et l’autorisation de l’homme être graves. Dans certains contextes légaux, ces risques
jusqu’à 40 jours.12 peuvent être interprétés comme faisnat partie du « risque de
malformation fœtale », ce qui peut constituer une raison de
2. Début et durée de la grossesse recourir à un avortement.
Bon nombre de lois autorisent l’avortement dans des limites
données de durée de grossesse. Pour cela, on dispose 4. Définition de l’avortement
de plusieurs moyens de calculer l’âge gestationnel. Mais L’avortement est l’interruption d’une grossesse déjà établie.
l’ambiguïté terminologique de certaines lois crée matière En d’autres termes, c’est une méthode qui agit après
à confusion : beaucoup de lois renvoient au nombre de l’implantation. L’avortement peut être provoqué (réalisé
semaines depuis le début de la grossesse sans préciser volontairement) ou spontané.14
ce début d’un point de vue juridique : le premier jour
des dernières règles ? le moment de l’ovulation ? de la 5. Définition de la santé
conception ? de l’implantation ? 5.1 Santé mentale et santé physique
D’un point de vue médical – et de bon sens –, la L’Organisation mondiale de la santé prévoit les définitions
grossesse commence lorsque l’œuf fécondé vient se fixer sur holistiques suivantes : la santé est « un état de bien-être
la paroi utérine. En théorie, cela revient au premier jour des complet physique, mental et social et pas uniquement
dernières règles plus 19 jours ; en pratique, cela revient à l’absence de maladie ou d’infirmité »15 ; la santé mentale
un peu plus de deux semaines après le début des dernières n’est « … pas uniquement l’absence de trouble mental.
règles. Cela dit, l’âge gestationnel d’une grossesse – pour C’est un état de bien-être dans lequel l’individu réalise ses
être plus précis et sans conteste – est généralement mesuré propres capacités, peut supporter le stress ordinaire de la
par les prestataires de santé depuis le premier jour des vie, peut travailler productivement et fructueusement et est
dernières règles. La législation nationale peut spécifier la capable d’apporter une contribution à sa communauté »16.
limite de durée à dater du premier jour des dernières règles, Beaucoup de lois sur l’avortement autorisent le
de l’ovulation ou de l’implantation, ou encore ne pas la recours à l’avortement en cas de menace pour la santé
spécifier. Elle peut également prévoir différentes limites de de la femme. Mais toutes ne distinguent pas entre santé
durée selon les raisons invoquées pour chercher à avorter. physique et mentale, ce qui laisse la place à bon nombre
d’interprétations plus ou moins restrictives - ou libérales.
3. La viabilité du fœtus Les plus libérales permettent d’invoquer des raisons d’ordre
La viabilité est la capacité du fœtus à survivre en dehors de socioéconomique ou autre - viol, inceste, diagnostic de
l’utérus. Elle dépend de divers facteurs tels que le poids à malformation fœtale, etc.-, comme une menace pour
la naissance, l’âge gestationnel, le sexe du fœtus, le niveau la santé mentale de la femme susceptible d’avoir des
des connaissances médicales et la qualité des équipements conséquences aussi néfastes que la dépression et/ou la
médicaux disponibles dans un lieu donné. Certaines lois tendance suicidaire.
sur l’avortement autorisent la procédure jusqu’à ce que le Et compte tenu de l’influence de l’environnement social
et économique de la femme enceinte sur sa santé, certaines 5.3 Les droits en matière de reproduction
Analyse
lois sur l’avortement stipulent clairement que, réel ou Si le Programme d’action de la CIPD du Caire ne mentionne
prévisible, cet environnement doit être pris en considération pas explicitement le terme « avortement », il laisse supposer
dans l’évaluation des menaces pour sa santé.17 l’inclusion du droit à l’avortement en reconnaissant « le
droit fondamental de tous les couples et de tous les
5.2 Santé sexuelle et reproductive individus de déterminer librement et de façon responsable
La définition de la santé reproductive adoptée par le nombre de leurs enfants et l’espacement des naissances ;
la Conférence internationale sur la population et le le droit de disposer des informations et moyens nécessaires
développement (voir encadré ci-après) en 1994, au Caire, pour y parvenir… ». Bien entendu, cela a soulevé une
décrit les points fondamentaux qui distinguent la santé controverse qui a conduit les Etats-Unis, le Vatican et
sexuelle et reproductive des autres domaines de la santé. d’autres pays à refuser d’utiliser les termes « droits en
La santé reproductive ne se limite pas à la période de matière de reproduction» – et à empêcher autrui de le faire
procréation. Elle implique des facteurs socioculturels, – partout où ces termes sont susceptibles d’inclure le droit à
les rôles sexuels, le respect et la protection des droits l’avortement.
fondamentaux, notamment en matière de sexualité et de
relations interpersonnelles.18
Droits et santé en matière de reproduction : définitions du Programme d’action de la Conférence internationale sur
la population et le développement
La santé reproductive est un état de « bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine,
pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et pas uniquement l’absence de
maladies ou d’infirmité. Cela suppose donc qu’une personne peut mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité,
procréer et être libre de le faire aussi souvent ou aussi peu souvent qu’elle le désire. Cette dernière condition implique
qu’hommes et femmes ont le droit d’être informés et d’utiliser la méthode de planification familiale de leur choix, et
toute autre méthode de régulation des naissances qui ne soit pas contraire à la loi, qui soit sûre, efficace, abordable et
acceptable », qui comprend le droit d’accès à des services de santé appropriés permettant aux femmes de mener des
grossesses et de mettre leurs enfants au monde sans risque et aux couples de mettre toutes les chances de leur côté
pour avoir un enfant en bonne santé.
Pour compléter la définition de la santé reproductive, les soins en matière de reproduction sont définis comme « la
constellation des méthodes, techniques et services qui contribuent à la santé et au bien-être en matière de reproduction
en prévenant et en résolvant les problèmes de santé qui y sont liés. Cela comprend la santé sexuelle, dont le but
est l’épanouissement dans la vie et les relations interpersonnelles, et pas uniquement le conseil et les soins liés à la
reproduction et aux maladies sexuellement transmissibles. » (Paragraphe 7.2)
Gardant à l’esprit la définition précédente, les droits en matière de reproduction « recoupent certains droits
de l’homme déjà reconnus par les lois nationales, les documents internationaux et d’autres documents consensuels
émanant de l’ONU. A la base, on trouve le droit fondamental de tous les couples et individus de déterminer librement et
de façon responsable le nombre de leurs enfants et l’espacement des naissances ; le droit de disposer des informations
et moyens nécessaires pour y parvenir ; et enfin le droit de bénéficier des services les plus perfectionnés dans les
domaines de la sexualité et de la reproduction. Les décisions concernant la reproduction doivent être prises à l’abri de
toute discrimination, coercition ou violence, comme le stipulent les chartes des droits de l’homme. » (Paragraphe 7.3)
Chapitre 4
Nous aborderons ici les traités, conventions, accords et pactes internationaux statuant sur les
questions d’avortement.
l’autonomie sont présentes dans de nombreux traités et comme ayant force obligatoire du fait de leur usage à travers
Analyse
autres instruments de droit international. Pour trouver le/les les temps.
traités de l’ONU ratifié(s) par un pays, consulter Les lois islamiques de la charia peuvent être considérée
http://www.unhchr.ch/pdf/report.pdf comme relevant du droit coutumier. Dans certains pays, la
L’ONU tient une bibliothèque de traités internationaux, charia est la Loi ou fait partie de la Loi. Au Pakistan, par
et donne des éclaircissements utiles sur la primauté entre exemple, le code pénal a été révisé par la Cour suprême
les traités internationaux (accords, conventions, chartes, pour prendre en considération la loi islamique. Devenu
protocoles, déclarations, protocoles d’accord, ententes permanent en 1997, ce code révisé définit les stades de
et échanges de circulaires inclus) et la législation et la la grossesse par rapport à la formation des organes et des
Constitution d’un pays. membres selon les principes du droit islamique.
En principe, tout traité international ratifié par un pays
supplante la législation nationale car il « lie » le signataire23.
(En réalité, cela dépend des dispositions de la Constitution
nationale sur le statut des traités internationaux – ils peuvent
primer sur la législation et la Constitution d’un pays, être
à égalité avec eux, ou bien supplanter la législation d’un
pays mais pas sa Constitution.) Les choses progressent car
la communauté internationale a le droit d’observer ce qui
se passe dans le monde dans le domaine des droits de
l’homme et en particulier de la femme : « […] les Etats ne
sont pas souverains quand il s’agit d’intervenir librement
dans la vie de leurs citoyens et doivent se soumettre aux
principes transcendants de la dignité humaine qui exigent
d’eux le respect des droits de la personne »24. Pour en savoir
davantage sur les conventions et traités internationaux, voir
en Annexe, page 33. Pour des éclaircissements, visiter
http://untreaty.un.org/French/treaty.asp
Le tableau en page suivante présente les principaux
traités, pactes, conventions, déclarations et programmes
d’action concernant la question de l’avortement.
Il est fondé sur les informations contenues dans Safe and
Legal Abortion is a Woman’s Right (L’avortement sans risque
et légal est un droit de la femme), note d’orientation du
Centre pour les droits en matière de reproduction,
www.reproductiverights.org/pdf/pub_bp_safeandlegal.pdf
(en anglais)
Les principaux traités, pactes, conventions, déclarations et programmes d’action se rapportant à la question de
l’avortement
Droits de l’homme Instruments
Déclaration Pacte Pacte Convention Convention Convention Charte Convention de Déclaration Le Caire10 Beijing11
universelle international international des droits de relative aux américaine africaine des sauvegarde et
des relatif aux relatif la femme4 droits de relative aux droits de des Droits de Programme
droits de droits civils aux droits l’enfant5 droits de l'homme et l’Homme et d’action de
l’homme1 et politiques économi- l'homme6 des peuples7 des Libertés Vienne9
(ICCPR)2 ques, sociaux fondamen-
et culturels3 tales8
Le droit à la vie, Art. 3 Art. 6.1 Art. 6.1 Art. 4.1 Art. 4 Art. 2.1 Principe 1 § 96
à la liberté et à la Art. 9.1 Art. 6.2 Art. 7.1 Art. 6 Art. 5.1 § 7.3 § 106
sécurité § 7.17 § 108
§ 8.34
Le droit d’être libre Art. 5 Art. 7 Art. 37 Art. 5.1 Art. 5 Art. 3 **§ 56
de toute forme de Art. 5.2
torture, peine ou
traitement cruels,
inhumains ou
dégradants
Le droit de ne Art.2 Art. 2.1 Art. 2.2 Art. 1 Art. 2.1 Art. 1 Art. 2 Art. 14 *§ 18 Principe 1 § 214
pas subir de Art. 3 Art. 17.4 Art. 3 Principe 4
discrimination Art. 18.3
sexuelle
Le droit à la santé, Art. 10.2 Art. 10 Art. 24.1 Art. 16 **§ 41 Principe 8 § 89
à la santé de la Art. 12.1 Art. 11.2 Art. 24.2 Art. 18.1 § 7.45 § 92
reproduction et Art. 12.2 Art. 11.3 § 267
à la planification Art. 12.1
familiale Art. 14.2
1 http://www.unhchr.ch/udhr/lang/frn.htm
2 http://www2.ohchr.org/french/law/ccpr.htm
3 http://www.aidh.org/ONU_GE/Comite_Drteco/pacte1.htm
4 http://www.un.org/womenwatch/daw/cedaw/text/fconvention.htm
5 http://www.unicef.fr/accueil/s-informer/les-droits-de-l-enfant/la-convention-des-droits-de-l-enfant/var/lang/FR/rub/605.html
6 http://www.cidh.org/Basicos/French/c.convention.htm
7 ou Charte de Banjul: http://www.droitsdelhomme-france.org/IMG/Charte_africaine_des_droits_de_l_Homme_et_des_peuples.pdf
8 http:// www.echr.coe.int/NR/rdonlyres/086519A8-B57A-40F4-9E22-3E27564DBE86/0/FrenchFrançais.pdf
9 http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/G93/142/34/PDF/G9314234.pdf?OpenElement
10 http://www.sommetjohannesburg.org/institutions/frame-fnuap.html
11 http://www.aidh.org/Femme/Images/decla-pekin.pdf
Chapitre 5
Analyse
l’avortement
Ce chapitre est consacré à l’exploration des principes de base des lois sur l’avortement,
tels les droits de l’homme, le droit à la vie, le droit à la santé et le droit des femmes à
l’autodétermination en matière de reproduction.
1. Les droits de l’homme et le Centre pour les droits en matière de reproduction25 ont
Si bon nombre de lois sur l’avortement pénalisent à juste titre démontré en quoi l’avortement est une question
l’avortement provoqué, elles l’autorisent dans certaines de droits de l’homme, et nous proposons dans ce chapitre
circonstances ou, dans une période limitée dans le temps, de le rappeler.
sans restriction. Rares sont les pays qui n’acceptent
l’avortement dans aucune circonstance. Les raisons 2. Le droit des femmes à la vie
fondamentales qui sous-tendent la défense de l’avortement Le droit de tout être humain à la vie est protégé par de
légal dans certaines circonstances sont liées à la santé nombreux instruments de droits de l’homme. Or, en raison
publique, aux droits de l’homme et aux droits des femmes du lien étroit entre avortement à risque et taux élevés de
(notamment pour éliminer l’avortement à risque, éviter à mortalité maternelle, toute loi ne laissant aux femmes
la femme les conséquences d’une grossesse susceptibles d’autre choix que l’avortement à risque porte atteinte à leur
de nuire à sa santé physique et/ou mentale, ou éviter la droit à la vie. En 2000, interprétant l’article 6.1 du Pacte
naissance d’un enfant lourdement handicapé). international relatif aux droits civils et politiques, le Haut
Les droits de la femme peuvent être opposés aux droits Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a appelé
de son fœtus. Il est important de distinguer ici entre les les Etats à l’informer de « toute éventuelle mesure prise
droits légaux, qui varient d’un pays à l’autre, et les droits par un Etat pour aider les femmes à éviter une grossesse
« non légaux » fondés sur des considérations d’ordre moral, non désirée et s’assurer qu’elles n’aient pas à subir des
éthique, philosophique ou religieux qui, eux, varient d’un avortements clandestins dangereux pour leur vie »26.
individu à l’autre, et d’une religion à l’autre. A ce titre,
notons qu’aucune norme internationale n’assimile les droits 3. Le « droit à la vie » du fœtus
du fœtus aux droits d’une personne. Dans le monde entier, la jurisprudence maintient
Toute femme a droit sans conteste à la vie, à la santé, à principalement que le fœtus n’est pas encore une personne
la non-discrimination et à l’autodétermination en matière humaine et n’a donc pas de droit spécifique à la vie.27
de reproduction, à savoir des droits incomparables à ceux Nombreux sont les opposants à l’avortement qui parlent
du fœtus. Il est absolument capital d’être clair sur le fait que de « droit à la vie de l’enfant à naître ». Cela dit, les
toute vie (même autre qu’humaine) a de la « valeur » mais commissions régionales, la Cour européenne des droits de
que seules les « personnes », ce qui inclut les femmes, ont l’homme et bon nombre de cours nationales à travers le
des « droits ». monde se refusent à se prononcer catégoriquement sur
En 1996, l’IPPF a publié une Charte sur les droits en l’application au fœtus du droit à la vie. Par conséquent, la
matière de sexualité et de reproduction, dans laquelle décision sur la protection des intérêts du fœtus est laissée
se trouvent les droits qui, en théorie, justifient l’accès à aux pays. A ce titre, en reconnaissant que ce n’est qu’à
l’avortement légal pour toutes les femmes. Pour consulter partir de sa naissance qu’un enfant peut être juridiquement
cette Charte : www.ippf.org (uniquement en anglais) considéré comme personne physique, la plupart des
Plusieurs organisations, entre autres Human Rights Watch dispositions légales nationales stipulent que la capacité
juridique commence à la naissance. Si quelques pays la population et le développement réunie au Caire en 1994
protègent certains intérêts du fœtus, les autres ne le font demandait aux gouvernements « de considérer l’impact
pas, et tandis que très peu de pays interdisent totalement de l’avortement à risque sur la santé comme un problème
l’avortement, la plupart l’autorisent dans certaines majeur de santé publique ».28
circonstances (par exemple pour protéger la vie de la femme, Lors de la Quatrième Conférence mondiale sur les
sa santé physique et mentale ; en raison de difficultés femmes qui s’est tenue à Pékin en 1995, la communauté
économiques, de déficience fœtale, etc.). internationale a réitéré cette intention et pressé les
Une procédure qui est légale pratiquement dans le gouvernements de « considérer la révision des lois
monde entier, la fécondation in vitro, implique pourtant la prévoyant des mesures pénales contre les femmes ayant
destruction (ou la congélation pour une durée illimitée) des subi un avortement illégal ». De plus , dans un paragraphe
embryons non implantés. Dans de telles circonstances, la vie concernant la recherche en santé des femmes, la Plateforme
embryonnaire n’est pas protégée, ce qui montre bien que de Beijing pour l’action appelle les gouvernements à
le droit du fœtus à la vie n’est pas un absolu. Malgré un « comprendre les causes et conséquences de l’avortement à
consensus général sur ce point, les opposants au droit d’une risque et trouver de meilleures réponses ».29
femme à décider de ce qui concerne son propre corps, ou En 1999, lors de sa première révision, cinq ans après
d’avoir ou non des enfants, plaident pour une protection la CIPD, les gouvernements signataires ont approuvé
légale de toute nouvelle vie dès l’instant de la conception, une provision reconnaissant la nécessité d’améliorer la
en argumentant que « le droit à la vie » d’un embryon ou disponibilité des services d’avortement et leur sécurité.
d’un fœtus l’emporte sur les droits d’une femme. Au paragraphe 63 (iii), on peut lire : « Dans les cas où
En 2004, la Cour européenne des droits de l’homme l’avortement n’est pas interdit par la loi, les systèmes de
refusait d’étendre le droit à la vie au fœtus, tout comme santé devraient former et équiper les prestataires de soins,
elle refusait d’adopter une décision qui aurait remis en ainsi que prendre d’autres mesures pour veiller à ce que
question la validité des lois autorisant l’avortement dans 39 l’avortement soit sans risque et accessible. Des mesures
Etats membres du Conseil de l’Europe (cf. chap. 3, page 9, complémentaires devraient être prises pour protéger la santé
Commencement de la vie humaine et note 9). des femmes ».30
Analyse
matière de reproduction Presque tous les pays ont posé des conditions dans leurs lois
Nombreux sont les instruments de droits de l’homme qui sur l’avortement. On peut supposer que les droits ci-dessus
soutiennent le droit de la femme à prendre des décisions ont été pris en considération, dans une certaine mesure.
concernant son propre corps et qui garantissent la liberté Au-delà des droits individuels à la santé, les questions de
dans la prise de décision sur les questions d’ordre privé. santé publique (autrement dit, réduire la morbidité et la
Ces dispositions incluent la protection du droit à l’intégrité mortalité maternelles) sont un pilier sur lequel reposent
physique, le droit de décider librement et de façon les lois sur l’avortement. L’importance que l’on y accorde
responsable du nombre de ses enfants et de l’espacement varie, reflétant l’engagement des gouvernements dans
entre les naissances, et du droit au respect de la privauté. la protection du droit à la santé, en particulier celle des
Bien que beaucoup de gens estiment que les gouvernements femmes.
n’ont pas pour rôle de prendre la décision pour les femmes, Mais il y a d’autres aspects à prendre en considération,
bon nombre de gouvernements le font, sous la forme de lois quand on parle des lois sur l’avortement :
sur l’avortement ou de politiques tendant à limiter à un ou • la santé familiale (le sort de la famille si la femme/mère
deux le nombre d’enfants par foyer. meurt ou est malade ou handicapée)
La liberté d’interrompre une grossesse est limitée • les coûts (pour les individus, les familles, les systèmes de
pratiquement partout – que ce soit par la loi ou la santé, les pays)
déontologie médicale (ensemble des règles et devoirs • l’égalité (l’accès par les jeunes ou les personnes vivant
professionnels du médecin) - à une certaine période de dans la pauvreté)
temps, avec des variantes selon les motifs de l’nterruption • les femmes isolées, rurales, ou non éduquées
volontaire de grossesse. • les réfugié(e)s
Néanmoins, le respect du droit d’une femme à planifier • les immigrants illégaux
sa famille exige la mise en place par les gouvernements • les personnes déplacées
de services d’avortement légaux, sans risque et accessibles • les cas d’abus des femmes (grossesse après un viol,
à toutes les femmes. Dans certaines circonstances, inceste)
l’avortement peut être l’unique moyen pour une femme
d’exercer ce droit. Par exemple, une femme qui se retrouve Ce qui manque de façon quasi universelle dans les
enceinte suite à un acte sexuel non consenti se verra législations sur l’avortement, c’est le rôle du partenaire
contrainte de mettre au monde un enfant si on lui refuse masculin, du « géniteur ».
le droit d’avorter. Pour les femmes qui vivent dans des lieux
où les services de planification familiale et d’éducation ne
sont pas disponibles, l’accès à des services d’avortement
sans risque peut être le seul moyen de contrôler la taille de
leur famille. Enfin, certaines femmes utilisant régulièrement
un moyen de contraception peuvent devenir enceintes par
échec contraceptif et avoir, elles aussi, besoin de services
d’avortement.
Chapitre 6
1. Les risques pour la vie de la femme Exemple 2. Malte : l’avortement est interdit en toutes
L’un des principaux motifs pris en compte pour autoriser circonstances.34 Toute personne qui pratique un avortement encourt
l’avortement est celui invoqué « pour sauver la vie de la une peine d’emprisonnement de 18 mois à trois ans, de même
femme », que ce soit de façon explicite ou implicite, comme que toute femme qui se fait avorter, seule ou avec l’aide d’autrui.
par exemple pour des raisons de nécessité. Nombreux sont les Tout médecin, chirurgien, obstétricien ou apothicaire qui pratique
codes pénaux qui prévoient la notion de nécessité dans leurs un avortement encourt une peine d’emprisonnement de 18 mois à
dispositions générales pour autoriser des actes nécessaires à la quatre ans assortie d’une interdiction d’exercer à vie son métier. Il
préservation d’un bien, actes qui, dans d’autres circonstances, n’est pas dit clairement si un avortement pratiqué pour sauver la
seraient considérés comme illégaux. Cela dit, avant d’opter vie d’une femme enceinte est considéré comme légal conformément
pour ce type de défense en procès, il est conseillé de vérifier aux principes généraux du droit pénal en cas de nécessité. Les
et de clarifier la situation dans le pays concerné. dispositions spécifiques autorisant l’avortement pour ce motif ont
été supprimées du code en 1981.
Exemple 1. L’Egypte : l’art. 61 du Code pénal stipule que « toute
personne qui commet un délit par nécessité pour éviter un danger 2. Les risques pour la santé physique de la femme
grave et imminent constituant une menace pour elle-même ou une Les textes juridiques précisent parfois que l’avortement est
autre personne ne saurait être punie […] ». Bien que le plus souvent autorisé « pour préserver la santé physique de la femme »
ces raisons justifient la réalisation d’un avortement uniquement ou bien en cas de « risque d’atteinte grave à la santé
quand la vie de la femme enceinte est en danger, il arrive qu’en physique de la femme » ou de « grave danger pour la santé
Egypte cette condition soit interprétée pour englober les cas de de la femme ».
grossesse susceptible d’induire un risque élevé pour la santé de la
femme enceinte, voire les cas de déficience fœtale. Exemple 3. Cameroun, chapitre V, section 337 du Code pénal :
« (1) toute femme qui consent à favoriser un avortement pour
Seuls quelques pays (Chili, Malte, El Salvador, elle-même ou une autre est passible d’emprisonnement […] ;
Nicaragua,…) interdisent formellement l’avortement, même (2) Quiconque favorise l’avortement d’une, avec ou sans son
pour sauver la vie d’une femme. Cela dit, il n’est pas certain consentement, est passible d’emprisonnement […] Section 338 :
qu’il soit systématiquement permis d’invoquer l’état de Quiconque, usant de force à l’encontre d’une femme enceinte, […]
nécessité pour justifier un avortement afin de sauver la vie provoque, intentionnellement ou non, le décès […] de l’enfant à
d’une femme, d’autant que les systèmes judiciaires sont naître sera puni […] Section 339 : Aucune des deux sections susdites
souvent trop faibles pour permettre de soutenir ce type de ne s’applique aux actes réalisés par une personne qualifié en cas
défense. Le code pénal du Salvador, par exemple, prévoit des de nécessité avérée de protéger la mère d’un grave danger pour sa
dispositions légales sur le cas de nécessité qui autorisent santé ».
que certains actes qui, dans d’autres cas, seraient considérés
comme illégaux, puissent être jugés non condamnables s’ils S’il existe une liste de conditions spécifiques dans la
sont nécessaires pour préserver un bien.33 législation de certains pays, le manque de précision de la loi
y laisse souvent place à l’interprétation. La définition de la pratiqué dans les conditions suivantes : […] en cas de nécessité
Analyse
santé selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé) est – due à un problème de santé mentale de la femme enceinte, qui
ou devrait être – la référence (cf. page 10). doit être certifié ou approuvé par au moins un médecin qualifié
autre que celui qui pratiquera l’interruption médicale de grossesse.
3. Les risques pour la santé mentale de la femme […] A cet égard, il devra y avoir des indications médicales claires
L’interprétation de «la santé mentale » varie. Si l’OMS selon lesquelles la femme enceinte a […] un problème de santé et
n’en offre pas de définition spécifique, elle l’inclut dans sa l’examen et le diagnostic seront enregistrés dans le dossier médical
définition de la santé. On pourra adopter la proposition et conservés comme preuves. »37
qu’en a faite le ministre américain de la Justice en 1999
car elle en offre une définition utile : « la santé mentale Exemple 6. Ghana : « Il n’y a pas délit […] si l’avortement est
est un état de bonne performance des fonctions mentales causé […] tandis que la poursuite de la grossesse pourrait impliquer
qui permet d’avoir une activité productive, des relations […] une atteinte à sa […] santé mentale […]. »38
épanouissantes avec les autres et donne la capacité de
s’adapter au changement et de faire face à l’adversité. La Exemple 7. Nouvelle-Zélande : « Les raisons suivantes […]
santé mentale est indispensable au bien-être personnel, aux peuvent être prises en compte pour déterminer […] si la poursuite
relations avec la famille et autrui, ainsi qu’à la participation à d’une grossesse est susceptible d’induire une grave menace pour sa
la vie communautaire et sociale. »35 vie ou sa santé physique ou mentale : […] la personne pratiquant
Les risques pour la santé mentale d’une femme peuvent l’acte estime qu’une fausse-couche est nécessaire […] pour éviter
recouper d’autres motifs, comme par exemple les cas de une atteinte permanente à sa […] santé mentale. »39
viol (voir plus bas) ou de grave tension causée par des
circonstances psychologiques ou socioéconomiques (cf. Dans l’exemple 11, page 20, les indications relatives à la
page 21). Cela dit, rares sont les éclaircissements sur les santé mentale et au viol se recoupent.
limites de l’invocation du « risque pour la santé mentale »
comme motif d’avortement, qui peut raisonnablement 4. La grossesse après viol, inceste ou agression sexuelle
varier de la dépression légère à la détresse totale, risque Certaines lois stipulent que, si une grossesse résulte d’une
de suicide inclus. Dans de nombreux pays, « pour sauver forme quelconque d’agression sexuelle, l’avortement
la santé mentale de la femme » est une condition légale est légal. Si l’agression sexuelle s’entend le plus souvent
à l’avortement. Parfois, la condition ne fait référence qu’à dans le sens de viol ou d’inceste, elle peut comprendre le
l’atteinte permanente à la santé mentale. Certains pays détournement de mineur (rapport sexuel avec un mineur).40
lisent la santé mentale dans l’acception plus large de la Dans certains cas le viol, l’inceste et certaines conditions
santé sans référence spécifique à la santé mentale dans précisées (par exemple la grossesse après des rapports sexuels
la loi. C’est précisément ce qu’a fait le Comité des droits avec une femme ayant un handicap mental ou une maladie
de l’homme des Nations unies dans un cas au Pérou (cf. mentale ; le rapport sexuel obtenu sous la menace) ou des
www.reproductiverights.org/pdf/Interights_KL_v_Peru.pdf) conditions non précisées soient résumés sous la formulation
(en anglais) « si la grossesse résulte d’un acte contraire à la loi ».
Exemple 4. La Barbade : « la déclaration écrite d’une femme Exemple 8. Pologne : « il n’y a pas délit […] quand un médecin
enceinte affirmant en toute conscience que sa grossesse est la cause pratique cet acte dans un établissement de santé du secteur public,
d’un acte de viol ou d’inceste suffit à constituer un motif d’atteinte dans les cas où […] il y a une raison valable, confirmée par une
grave à sa santé mentale. Un médecin qualifié pourra alors attestation délivrée par les bureaux du ministère public, de suspecter
interrompre la grossesse si celle-ci n’excède pas 12 semaines et qu’il que la grossesse résulte d’un acte contraire à la loi ».41
estime, en toute bonne foi, que la poursuite de la grossesse pourrait
induire un risque […] ou une grave atteinte […] à la santé mentale Exemple 9. Brésil : « La peine est augmentée […] si la femme
de la femme enceinte. »36 enceinte est âgée de moins de 14 ans, aliénée ou déficiente mentale,
ou encore si son consentement a été obtenu par la fraude, de
Exemple 5. Thaïlande : « l’avortement thérapeutique […] sera sérieuses menaces ou la violence ».43
Exemple 10. Cameroun : « En cas de grossesse résultant d’un l’identification des rapports sexuels susceptibles d’être
viol, l’avortement par un médecin qualifié, après certification de considérés comme un inceste.
la validité du cas par le ministère public, ne saurait constituer un
délit. »44 Exemple 13. Afrique du Sud : « l’inceste inclut tout rapport
sexuel entre deux personnes liées par un degré de parenté qui exclut
Dans l’exemple qui suit, les indications pour viol et santé une union légale entre elles »53.
mentale se chevauchent.
Les conditions procédurales varient. Certains pays
Exemple 11. Inde : « Un médecin qualifié et déclaré ne saurait exigent que le cas soit porté devant la Cour ou rapporté
être coupable de délit ou crime si […] la poursuite de la grossesse aux autorités avant qu’il soit autorisé de pratiquer un
est susceptible d’induire un risque […] ou une atteinte grave à la avortement, ce qui décourage de nombreuses femmes à
[…] santé mentale de la femme enceinte. […] Explication : Quand chercher à se faire avorter pour ces motifs54. De plus, il
une grossesse est déclarée par la femme enceinte comme ayant été peut être très difficile de prouver un viol ou un inceste, car
causée par un viol, l’angoisse causée par une grossesse de cette cela peut impliquer la police, la justice, les médecins, des
nature sera présumée comme constituant une atteinte grave à la témoins, des certificats et un jugement. La procédure peut
santé mentale de la femme enceinte. »45 être longue et, de ce fait, empêcher matériellement de subir
un avortement pour viol. Sous la loi islamique en particulier,
Exemple 12. Nouvelle-Zélande : « Tout acte […] est considéré il est très difficile, voire quasiment impossible, de prouver
contraire à la loi sauf si, en cas de grossesse de 20 semaines de un viol.
gestation au plus, la personne qui réalise ledit acte estime […] que Si en principe la disponibilité des services d’avortement
la grossesse est le résultat d’un rapport sexuel entre (i) un parent en cas de viol en facilite l’accès, dans la pratique, l’accès ne
et un enfant ; ou (ii) un frère et une sœur ; ou (iii) un grand-parent s’en trouve facilité que si les femmes peuvent bénéficier du
et son petit-fils ou sa petite-fille ; ou (c) que la grossesse résulte service par simple déclaration au prestataire de service au
d’un rapport sexuel constituant un crime ou un délit au titre de la lieu de devoir satisfaire à des conditions administratives.
Section 131 (1) de la présente loi ; 46 ou (d) que la femme ou la
fille souffre d’un lourd retard mental […] (b) […] qu’il existe des 5. Maladies et malformations fœtales (risques pour le
raisons valables de croire que la grossesse résulte d’une agression fœtus)
sexuelle. »47 Le risque de déficience fœtale est une condition légale à
l’avortement courante. Certains pays précisent le type et le
L’inceste est généralement défini comme « tout acte degré de déficience nécessaire pour justifier ce motif. Il n’y a
sexuel entre des membres d’une même famille »48, ou « une généralement pas de limite en ce qui concerne la durée de
pénétration sexuelle impliquant des personnes ayant des la grossesse. Certains pays ne considèrent pas explicitement
liens étroits de parenté – par exemple, un père et sa fille, les risques pour le fœtus mais incluent ce critère dans la
une mère et son fils, un frère et sa sœur, voire tout contact formulation « pour préserver la santé physique ».
sexuel entre un enfant et son oncle ou sa tante »49. Il existe
des variantes à cette définition qui ont trait aux degrés de Exemple 14. Bénin : « L’interruption volontaire de grossesse
parenté50. En effet, « si certaines juridictions se limitent n’est autorisée que dans les cas suivants […] : lorsque l’enfant
aux liens strictement génétiques, d’autres incluent ceux à naître est atteint d’une affection d’une particulière gravité au
issus de l’adoption ou du mariage ; certaines interdisent moment du diagnostic.55
les rapports sexuels uniquement entre les membres d’une
famille nucléaire, tandis que d’autres étendent l’interdiction Exemple 15. Pologne : « Il n’y a pas délit […] quand un
aux rapports sexuels avec les oncles, tantes, neveux, nièces, médecin pratique cet acte dans un établissement de santé du
et cousins »51. secteur public, dans les cas où […] le diagnostic prénatal établi par
L’inceste peut est défini52 autrement pour inclure « toute autres deux médecins autres que lui […] a démontré la présence
activité sexuelle avec une personne que vous ne seriez d’une déficience grave et incurable chez le fœtus »56.
pas autorisé(e) à épouser ». Cette définition peut faciliter
Exemple 16. France : « L’interruption volontaire d’une grossesse Exemple 21. La Barbade : « le médecin doit tenir compte de
Analyse
peut, à toute époque, être pratiquée si […] il existe une forte l’environnement social et économique de la femme enceinte, qu’il
probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une soit actuel ou prévisible. »65
particulière gravité reconnue comme incurable au moment du
diagnostic »57. 7. Disponible à la demande
C’est la condition la plus libérale, même si la limite de la
Exemple 17. Koweït : « En cas de grossesse inférieure à quatre durée de gestation peut être stricte. Le caractère libéral
mois, l’avortement est autorisé […] s’il est établi que le fœtus des conditions peut se trouver limité par des restrictions,
naîtrait avec une grave affection physique ou mentale, que cette comme la notification aux parents ou à l’époux, leur accord,
affection est jugée incurable »58. des procédures administratives, des catégories spécifiées de
cadres cliniques et/ou de prestataires, etc. (cf. chapitre 7).
Il arrive qu’on mette en avant le risque de déficience L’avortement sur demande est parfois fondé sur la notion de
fœtale pour conseiller fermement à une femme d’avorter, « détresse » (cf. exemple 23) : la femme déclare simplement
voire de l’y contraindre, comme en cas de risque avéré de que la grossesse la plonge dans un état de détresse, ce qui
transmission à l’enfant à naître d’une maladie génétique rapproche le terme de la condition visant à « préserver la
dangereuse ou d’un lourd handicap. Dans certains cas, on santé mentale ».
a utilisé la séropositivité au VIH pour obliger des femmes à
subir un avortement59. Exemple 22. Guyana : « […] l’interruption médicale d’une
grossesse de huit semaines au plus […] peut être pratiquée ou
6. Les motifs socioéconomiques supervisée par un médecin. Il n’est pas nécessaire que le traitement
C’est l’une des expressions les plus ambiguës de la législation […] soit administré dans une institution approuvée. »66 (Nota bene :
sur l’avortement. Parfois, elle se distingue difficilement aucune condition préalable n’est requise)
de « l’avortement sur demande », puisqu’elle permet
des interprétations assez libres. Les motifs en question Exemple 23. Belgique : « Il n’y aura pas d’infraction lorsque
peuvent prendre en compte des circonstances telles que la femme enceinte, que son état place en situation de détresse,
les ressources d’une femme, son âge, son état civil ou le […] et que cette interruption est pratiquée […] avant la fin de
nombre de ses enfants vivants60. Néanmoins, il existe des la douzième semaine de la conception ; […] dans de bonnes
nuances plus au moins subtiles, ainsi que des interprétations conditions médicales, par un médecin, un établissement de soins
plus ou moins libérales. Quand un motif socioéconomique où existe un service d’information […] notamment sur les droits,
est reconnu, en général les motifs de santé physique et aides et avantages garantis par la loi […] aux mères célibataires
mentale le sont également, de même que, le plus souvent, ou non, et à leurs enfants, sur les possibilités offertes par l’adoption
les raisons de viol, d’inceste et de déficience fœtale.61 […] ; sur les moyens […] de résoudre les problèmes psychologiques
et sociaux posés par sa situation. Le médecin […] doit informer
Exemple 18. Afrique du Sud : « une grossesse peut être des risques médicaux actuels ou futurs qu’elle encourt en raison
interrompue […] entre la 13e et la 20e semaine de gestation de l’interruption de grossesse ; rappeler les diverses possibilités
incluse, si le médecin […] estime que […] la poursuite de cette d’accueil de l’enfant à naître […] ; s’assurer de la détermination
grossesse risque d’affecter significativement la situation sociale ou de la femme. […] le médecin ne pourra pratiquer l’interruption de
économique de la femme »62. grossesse que six jours après la première consultation […]. »67
Exemple 19. Zambie : « … il pourra être tenu compte de Exemple 24. Mongolie : « Devenir mère est une question
l’environnement actuel ou vraisemblablement prévisible de la qui regarde les femmes et une décision qui dépend d’elles. Dans
femme enceinte. »63 les trois premiers mois de la grossesse et à la demande de la
femme, […] l’avortement est pratiqué par un médecin et en milieu
Exemple 20. Ethiopie : « Outre les circonstances atténuantes hospitalier. »68
courantes qui justifient un simple allègement de la peine […] la Cour
pourra l’alléger sans restriction […] pour cause d’extrême pauvreté. »64
Chapitre 7
Analyse
(juridiques et autres)
Qui dit « avortement légal » ne dit pas forcément « avortement fait dans de bonnes
conditions et accessible ». Même dans les pays ayant une législation sur l’avortement
très libérale, les obstacles liés aux procédures – délai de réflexion obligatoire,autorisation/
consentement exigés, restrictions sur les prestataires et infrastructures, autorisations
médicales obligatoires – peuvent freiner ou empêcher l’accès aux services, tout comme le
manque d’informations sur les moyens d’obtenir un avortement légal et des institutions
judiciaires peu capables ou incapables de faire appliquer la loi. Toute analyse de la situation
juridique et politique de l’avortement doit comprendre une étude exhaustive des obstacles
juridiques à la prestation de services d’avortement sans risque et à l’accès à ces services.
L’objet de ce chapitre est d’en présenter les principaux aspects.
1. Limites liées à la durée de la grossesse Exemple 30. Royaume-Uni : « … si la grossesse n’a pas
La plupart des pays qui autorisent l’avortement limitent cette dépassé la 24e semaine »87.
autorisation à une période donnée83. Les limites varient
sensiblement d’un pays à l’autre et selon le motif légal Exemple 31. Afrique du Sud : « la période de gestation » est la durée
de l’avortement. A cela, il faut ajouter la difficulté liée à de grossesse calculée depuis le premier jour de ses dernières règles88.
l’ambiguïté qui règne autour du mode de calcul du début de
la grossesse (cf. page 10). Exemple 32. Etats-Unis : la Cour suprême a déclaré que le
fœtus n’étant pas une personne, il n’a pas droit à la protection
Exemple 27. Guyana : l’avortement est disponible sur demande garantie par la Constitution américaine avant d’avoir atteint le stade
jusqu’à la huitième semaine ; jusqu’à 12 semaines en cas de risque de viabilité89. La viabilité a été définie comme commençant entre la
pour la santé physique ou mentale de la femme, de viol ou d’inceste, 24e et la 28e semaine de gestation90.
de séropositivité à VIH, d’échec de la contraception ; jusqu’à 16
semaines pour les mêmes raisons mais avec l’autorisation de deux 2. Restrictions sur les infrastructures et le personnel
médecins; au-delà de 16 semaines, uniquement si trois médecins Bon nombre de pays restreignent l’accès à l’avortement en
considèrent en toute bonne foi qu’un avortement est nécessaire spécifiant les infrastructures médicales qui peuvent accueillir
pour sauver la vie de la femme ou empêcher une atteinte grave et les services d’avortement et les catégories de personnel
permanente à sa santé ou à celle de son enfant84. autorisées à en pratiquer. On trouve aussi des restrictions sur
la structure des cliniques ou la procédure à suivre.
Exemple 28. France : sur demande avant la fin de la 12e
semaine85 (sans aucune précision sur le commencement légal de la Exemple 33. Inde : « … un médecin praticien agréé, à savoir un
grossesse). médecin […] expérimenté ou formé en gynécologie-obstétrique […].
Aucune interruption de grossesse ne sera pratiquée conformément à
Exemple 29. Turquie : « l’utérus peut être vidé jusqu’à la la présente loi dans un lieu autre (a) qu’un hôpital établi ou géré par
10e semaine de grossesse »86 (sans aucune précision sur le le Gouvernement, ou (b) autre qu’un lieu approuvé au moment de la
commencement légal de la grossesse). procédure pour la pratique de ladite procédure »91.
Exemple 34. Guyana : « … un médecin autorisé […] dans Exemple 38. Royaume-Uni : « Une personne n’est pas coupable
un institution approuvée. “Le médecin autorisé” [est] un médecin de délit ou crime selon la loi sur l’avortement en cas d’interruption
dûment qualifié […] spécialisé en gynécologie-obstétrique ou de grossesse pratiquée par un médecin praticien déclaré, si deux
autorisé à pratiquer cette spécialité par la réglementation en médecins praticiens déclarés y sont favorables, en toute bonne foi
vigueur »92. […] »98.
Exemple 35. Israël : « …dans une institution médicale Exemple 39. Inde : « … si la durée de la grossesse est
reconnue ». La loi fournit une description très détaillée des conditions supérieure à douze semaines sans excéder vingt semaines et si, au
(y compris des équipements médicaux) pour qu’un dispensaire puisse moins deux médecins praticiens déclarés y ont favorables, en toute
être reconnu comme infrastructure adaptée en cas de grossesse bonne foi […] »99.
inférieure ou égale à 10 semaines. Au-delà de 10 semaines, seuls les
hôpitaux sont « reconnus » et encore sous certaines conditions93. Exemple 40. Israël : « L’avis favorable […] est donné par un
Comité de trois personnes. Ses membres sont […] désignés par
Exemple 36. Afrique du Sud : l’interruption de la grossesse le Directeur de l’institution et, s’il s’agit d’une autre institution
peut également être pratiquée pendant les 12 premières semaines médicale reconnue, par le ministre de la Santé ou une personne
de gestation par une sage-femme déclarée qui a suivi la formation mandatée par lui/elle à cet effet. Le comité est composé (1)
recommandée94. d’un médecin praticien qualifié ayant qualité de spécialiste en
gynécologie-obstétrique ; (2) d’un autre médecin praticien qualifié
Malgré les progrès des techniques d’avortement sans exerçant en gynécologie-obstétrique, médecine interne, psychiatrie,
risque, la plupart des pays restreignent le personnel et médecine familiale ou santé publique ; (3) d’un travailleur social
les institutions autorisés aux médecins praticiens agréés officiel »100.
et aux infrastructures officielles. En Inde, la majorité des
avortements a lieu en dehors du cadre légal. La disposition Nombreuses sont les législations qui imposent un
limitant les prestataires de services d’avortement aux processus précis d’approbation ou d’autorisation médicale,
médecins hautement qualifiés réduit l’accès des femmes ce qui implique des délais. Mais en cas d’urgence, ces
vivant en zone rurale aux services d’avortement sans derniers perdent généralement leur caractère obligatoire.
risque95. Le manque de prestataires peut aussi être lié aux
faibles revenus du personnel soignant ou à la fuite des Exemple 41. Israël : « L’accord doit être donné par écrit et
cerveaux parmi les prestataires de soins. préciser le motif justifiant l’interruption de la grossesse ». « Les
membres du Comité signent un accord par écrit conformément
3. Accords ou autorisations d’ordre médical au formulaire 4 fourni en Annexe, accord ensuite délivré par le
Beaucoup de pays exigent des prestataires de services secrétariat à l’intéressé(e) »101.
d’avortement l’obtention d’un accord de la part d’autres
spécialistes avant de pratiquer un avortement. Dans Exemple 42. Zambie : « Toute attestation d’avis […] sur une
certains pays à législation restrictive, le médecin doit interruption de grossesse doit être fournie avant le commencement
consulter des confrères afin d’attester de la nécessité d’un du traitement »102.
avortement pour sauver la vie de la femme96. Et même
dans certains pays à législation relativement progressiste Exemple 43. La Barbade : les conditions (pour un accord
(par ex. Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande ou Israël), la loi médical) ne s’appliquent pas « si le traitement choisi pour
exige l’autorisation de deux médecins ou d’un groupe de interrompre la grossesse est immédiatement nécessaire pour sauver
professionnels avant un avortement. la vie de la femme enceinte ou pour éviter une atteinte permanente
à sa santé physique ou mentale »103.
Exemple 37. Liban : « Lorsqu’un avortement est considéré
souhaitable […] d’un point de vue médical, il ne peut être pratiqué L’obtention d’une autorisation peut prendre du temps et,
[…] que si le médecin ou chirurgien praticien a consulté deux par conséquent, conduire à un dépassement de la période
confrères qui, tous deux, ont donné leur accord »97. légale.
4. L’accès aux recours attestant que la santé de la mère ne peut être sauvegardée qu’au
Analyse
Certaines législations obligent les juges à intervenir dans moyen d’un tel traitement » 108.
certaines circonstances pour autoriser ou refuser un
avortement. Il arrive que des juges, des officiers de police, Exemple 45. Turquie : « le consentement du conjoint sera requis
des procureurs ou des autorités sanitaires refusent l’accès à pour vider l’utérus ou pour une stérilisation »109.
l’avortement même quand il est légal, comme l’ont prouvé
deux affaires récentes. Au Mexique, en 2006, on a refusé Il arrive aussi que l’autorisation du conjoint ne soit
un avortement à une jeune fille violée à 13 ans, en vertu nécessaire qu’en cas d’urgence ou si la femme est
des convictions personnelles et religieuses de la justice et inconsciente.
des autorités sanitaires. Bien que l’avortement soit légal au
cours du premier trimestre dans tout le pays, il est quasiment Exemple 46. Indonésie : « Dans une situation d’urgence, pour
impossible d’obtenir ce type d’intervention en raison d’un sauver la vie d’une femme enceinte et/ou celle de son fœtus […un
vide réglementaire qui permet aux hauts fonctionnaires avortement] ne pourra être pratiqué […] qu’avec le consentement
d’abuser de leur autorité104. de la femme enceinte ou de sa famille ou de son conjoint. La
Au Pérou, en 2005, une jeune fille de 17 ans a été principale autorité dont le consentement sera sollicité est celle de la
contrainte de mener à terme une grossesse, alors que femme enceinte concernée. Le consentement ne sera donné par le
le fœtus souffrant d’une déficience mortelle, elle était conjoint ou d’autres membres de la famille que si la femme enceinte
légalement en droit de se faire avorter105. est inconsciente ou dans un état qui ne lui permet pas de donner ce
Les gouvernements ont l’obligation claire de veiller type de consentement »110.
à ce que les droits des femmes – y compris leur droit à
l’avortement sans risque – ne dépendent pas des caprices de 6. Autorisation parentale
hauts fonctionnaires. Si la jeune fille est mineure, l’autorisation parentale est
requise dans 28 pays. Dans certains cas, les parents peuvent
5. L’autorisation du conjoint ou partenaire être remplacés par d’autres catégories de personnes
L’autorisation d’un tiers, conjoint ou parent, est requise spécifiées. Certains pays recommandent mais n’imposent pas
dans un certain nombre de pays. Le Centre pour les droits la notification. L’exemple de la France illustre une solution
en matière de reproduction a recensé 12 pays exigeant intéressante : l’adolescente peut être accompagnée par
l’autorisation du conjoint106. Cela dit, dans certains d’entre un adulte de son choix. Il arrive que la santé physique et
eux, l’autorisation du conjoint n’est plus systématique en mentale d’une mineure, et même sa vie, soient mises en
cas d’urgence ou si le médecin considère que l’intervention danger si les parents étaient mis au courant. Certains pays
est absolument nécessaire. Par exemple, l’autorisation du optent pour des dispositions sur l’autorisation parentale qui
conjoint est requise au Maroc mais le médecin-chef de s’inspirent de leur législation générale et les appliquent aux
la préfecture peut outrepasser le refus du conjoint si un demandes en matière d’avortement.
médecin parvient à lui démontrer que l’intervention est
nécessaire pour sauvegarder la santé de la femme107. Exemple 47. Afrique du Sud : « En présence d’une mineure
enceinte, un médecin ou une sage-femme agréé […] doit conseiller
Exemple 44. Maroc : « L’avortement n’est pas puni lorsqu’il ladite mineure de consulter ses parents ou son représentant légal
constitue une mesure nécessaire pour sauvegarder la santé de […] avant que la grossesse ne soit interrompue : à la condition que
la mère et qu’il est ouvertement pratiqué par un médecin ou un l’interruption de la grossesse ne soit pas refusée à la mineure en
chirurgien avec l’autorisation du conjoint. Si le praticien estime raison du refus de celle-ci de les consulter »111.
que la vie de la mère est en danger, cette autorisation n’est pas
exigée. Toutefois, avis doit être donné par lui au médecin-chef de Exemple 48. Inde : « La grossesse d’une jeune femme n’ayant
la préfecture ou de la province. A défaut de conjoint, ou lorsque pas atteint l’âge de 18 ans […] ne peut être interrompue sans le
le conjoint refuse de donner son consentement ou qu’il en est consentement écrit de son représentant légal »112.
empêché, le médecin ou chirurgien ne peut procéder […] qu’après
avis écrit du médecin-chef de la préfecture ou de la province
Exemple 49. France : « Si la femme est mineure non émancipée, du temps la législation sur l’avortement. Des commissions
le consentement de l’un des titulaires de l’autorité parentale ou, le d’évaluation ont été créées. Il arrive que des modifications
cas échant, du représentant légal est recueilli. Si la femme mineure statistiquement non significatives soient utilisées pour
non émancipée désire garder le secret, le médecin doit s’efforcer, « démontrer » que la législation est « laxiste ». Lorsque la
dans l’intérêt de celle-ci, d’obtenir le consentement pour que le ou législation sur l’avortement est libéralisée ou décriminalisée,
les titulaires de l’autorité parentale ou, le cas échant, le représentant il peut y avoir une pseudo- augmentation de son occurrence
légal soient consultés […]. Si la mineure ne veut pas effectuer cette du fait que les avortements jusque-là clandestins sont
démarche ou si le consentement n’est pas obtenu, l’interruption désormais enregistrés dans les statistiques officielles. De
volontaire de grossesse ainsi que les actes médicaux et les soins plus, dans certains pays, les avortements après plus de
qui lui sont liés peuvent être pratiqués à la demande de l’intéressée 22 semaines de gestation sont considérés (et enregistrés)
[…]. Dans ce cas, la mineure se fait accompagner dans sa démarche comme des naissances provoquées.
par une personne majeure de son choix »113.
9. Les conditions liées au conseil
Exemple 50. Turquie : « Dans le cas de mineures, la permission Nombreuses sont les législations qui exigent qu’une femme
d’un parent sera exigée ; dans le cas de personnes sous tutelle enceinte reçoive des conseils avant d’interrompre une
juridique, soit parce qu’il s’agit de mineures ou parce qu’elles sont grossesse. Lors de ces sessions, les femmes peuvent recevoir
mentalement inaptes, le consentement de la mineure et de son des informations sur les possibilités de soutiens aux mères
représentant légal seront exigés, ainsi que l’autorisation d’un juge mariées ou célibataires, sur une éventuelle prise en charge
de paix. […] La condition relative à l’obtention de l’autorisation psycho-sociale, et sur d’autres aspects116. Mais il arrive que
d’un parent ou d’un juge de paix devient facultative s’il y a risque le service de conseil vise à dissuader la femme d’avorter,
de mettre en danger la vie ou un organe vital, à moins qu’une ou même à lui donner des informations médicalement
mesure d’urgence ne soit prise »114. inexactes.
Quand on se penche sur le contexte juridique de
7. Le consentement d’une femme mentalement chaque pays, il est capital d’analyser le type et la qualité
déficiente du service de conseil dispensé. Cela implique une analyse
Normalement, on ne peut pratiquer un avortement que sur de la situation de jure et de facto, car ces informations
une femme qui donne son plein assentiment. Dans bien n’apparaissent pas toujours dans les textes de loi.
des pays, la législation sur l’avortement considère que les
femmes mentalement déficientes ne peuvent donner leur Exemple 52. La Barbade : « Avant de pratiquer […] une
plein assentiment. Cela dit, la déontologie médicale veut interruption de grossesse, le médecin doit conseiller la femme […]
que, dans la mesure du possible, une personne mentalement ou s’assurer qu’elle a été conseillée par une personne autorisée/
déficiente joue un rôle dans le processus de prise de certifiée par la Ministre de la santé. La personne qui conseille
décision, indépendamment de sa capacité légale. une femme […] doit l’informer des alternatives à l’interruption
de grossesse et des moyens d’y accéder, de la procédure de
Exemple 51. Equateur : « L’avortement pratiqué par un l’interruption de grossesse et des éventuelles conséquences
médecin, avec le consentement de la femme, ou de son conjoint, ou immédiates et à long terme, lui conseiller des méthodes de
d’autres membres de sa famille proche si elle n’est pas capable de le contraception et l’informer sur les services de planification familiale
donner elle-même, n’est pas puni si la grossesse résulte d’un viol ou disponibles, et dispenser son conseil de sorte que la femme soit en
d’un acte pervers commis sur une femme idiote ou démente. Dans mesure de faire face aux conséquences sociales et psychologiques
ce cas, avant l’intervention, il est nécessaire d’obtenir l’autorisation de son interruption de grossesse. Dans le cas où elle déciderait de
du représentant légal de la femme »115. poursuivre sa grossesse, il doit la conseiller sur les possibilités de
l’adoption, d’une famille d’accueil et d’autres services »117.
8. La déclaration des avortements
Certains pays imposent la déclaration de toutes les Exemple 53. Afrique du Sud : « L’Etat promouvra la prestation
interruptions de grossesse, afin d’assurer un suivi du nombre d’un service de conseil non-obligatoire et non-directif avant et après
d’avortements sur une période donnée, et d’évaluer au cours l’interruption de grossesse »118.
Exemple 54. Allemagne : « Le conseil à la femme enceinte en une confirmation écrite ; il ne peut accepter cette confirmation
Analyse
situation d’urgence ou de conflit. (1) Le conseil sert à protéger la qu’après expiration d’un délai d’une semaine suivant la première
vie à naître. Il devrait être guidé par des efforts pour encourager demande de la femme, sauf dans le cas où le terme des douze
la femme à poursuivre sa grossesse et à l’ouvrir à la perspective semaines risquerait d’être dépassé. Cette confirmation ne peut
d’une vie avec l’enfant ; il devrait l’aider à prendre une décision intervenir qu’après l’expiration d’un délai de deux jours suivant
responsable et consciente. Aussi la femme doit-elle prendre l’entretien prévu […], ce délai ne pouvant être inclus dans celui
conscience que, nonobstant le respect qui lui est dû à elle, l’enfant à d’une semaine prévu ci-dessus »122.
naître a son propre droit à la vie à chaque stade de la grossesse et
que, de ce fait, une interruption de grossesse ne peut être envisagée Exemple 56. Belgique : « Le médecin ne pourra au plus tôt
d’un point de vue légal que dans des circonstances exceptionnelles : pratiquer l’interruption de grossesse que six jours après la première
si porter l’enfant jusqu’à son terme constituerait un fardeau si consultation prévue »123.
lourd et si extraordinaire pour la femme qu’il dépasserait les
limites raisonnables du sacrifice. Par le conseil et l’assistance, cette Exemple 57. Le médecin […] lui demandera de prendre sept
prestation devrait aider la femme à surmonter la situation de conflit jours de réflexion »124.
en rapport avec la grossesse et à remédier à la situation d’urgence.
[…] (2) Le conseil doit passer […] par l’Agence de conseil Bon nombre d’Etats aux Etats-Unis imposent un délai
« Grossesses et conflit ». […] Le médecin qui pratique l’interruption d’au moins 18 ou 24 heures entre la consultation de
de grossesse est exclu du conseil »119. conseil et l’intervention d’interruption de grossesse. Cela
oblige beaucoup de femmes à faire deux allers-retours
10. Les délais de réflexion entre le service de soins et leur domicile pour obtenir un
Le cadre légal du conseil s’accompagne souvent d’un avortement125.
délai de réflexion obligatoire. Cette période est supposée
permettre à la femme de bien réfléchir à toutes les solutions 11. Les restrictions sur la publicité liée à l’avortement
possibles avant de prendre sa décision120. Quand la femme Certains pays restreignent la publicité liée à l’avortement,
dispose de peu de temps à compter du moment où elle même parmi ceux ayant une législation progressiste. Cela
apprend qu’elle est enceinte pour se faire avorter dans les freine l’information sur le caractère légal de l’avortement,
délais légaux, le délai de réflexion obligatoire peut constituer la localisation des services d’avortement et les méthodes
un réel frein à l’accès à l’avortement. d’avortement disponibles. Les restrictions sur la publicité
En outre, les délais de réflexion sont particulièrement privent les femmes et les hommes d’informations des
pesants pour les femmes vivant loin de toute infrastructure plus utiles et réduisent l’accès aux services. Certains pays
médicale. Et si l’avortement sans risque est l’une des précisent que les informations ne peuvent être données
interventions médicales les plus sûres aujourd’hui, les risques que par les centres de planification familiale ou par des
de complications augmentent avec l’âge gestationnel. professionnels de santé.
On suppose que la femme a besoin de temps, après
avoir reçu des conseils, pour prendre la décision mûrement Exemple 58. Cameroun : « Nul ne commettra d’acte visant à
réfléchie d’interrompre sa grossesse ou de la poursuivre. provoquer ou faciliter un avortement, à savoir : (a) exposer, proposer
Dans les faits, les délais de réflexion obligatoires ne semblent ou faire proposer, vendre ou mettre en vente, distribuer ou faire
pas servir à défendre une cause sanitaire mais plutôt à distribuer, par quelque moyen que ce soit, un médicament ou une
dissuader d’opter pour un avortement. En général, la femme substance, un cathéter intra-utérin ou tout article semblable ; (b)
qui recourt à avortement a déjà pris sa décision, et les intervenir sur la place publique ou en réunion ; (c) vendre, mettre
délais sont des obstacles pour les femmes car ils induisent en vente ou proposer, même en privé, sur présentoir, sur affiche
des dépenses, des difficultés de déplacement et des risques ou prospectus sur les autoroutes ou dans les lieux publiques,
médicaux supplémentaires121. ou distribuer à domicile, envoyer par courrier sous emballage
ou enveloppe, scellés ou non, ou passer par quelque support de
Exemple 55. France : « Si la femme renouvelle […] sa distribution ou de transport que ce soit, livre, scénario, imprimé,
demande d’interruption de grossesse, le médecin doit lui demander publicité ou notice, affiche, dessin, tableau ou symbole ; ou (d) faire
de la publicité dans un cabinet de consultation de médecin, ou un institutions où elle s’applique, mais on la trouve également
lieu utilisé comme tel »126. dans la législation nationale.
Les institutions qui abritent des activités liées à
Exemple 59. Grèce : (1) « Toute personne qui, publiquement l’avortement et défendent les droits des femmes ne
ou par la distribution d’imprimés de textes, graphismes ou devraient embaucher que du personnel favorable aux droits
représentations picturales, fait la publicité ou promeut, même des femmes, ou du moins seulement des professionnels qui
indirectement, un médicament ou tout autre article ou méthode acceptent de pratiquer des avortements et/ou d’apporter
visant à permettre une interruption volontaire de grossesse ou, un soutien empathique aux femmes qui demandent un
au même moyen, propose ses services ou ceux d’un tiers pour avortement.
pratiquer ou participer à une interruption volontaire de grossesse,
est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à Exemple 60. Israël : « Aucun gynécologue ne se verra […]
deux ans. (2) L’apport d’informations ou d’explications de nature obligé d’interrompre une grossesse si cela est contraire à sa
médicale sur l’interruption volontaire de grossesse dans les centres conscience ou à son jugement médical »129.
de planification familiale ou dans le cadre de la formation des
médecins ou de toute autre personne légalement habilitée à utiliser Exemple 61. Nouvelle-Zélande : « Le médecin praticien
des méthodes pour l’interruption volontaire de grossesse, et la agréé, l’infirmier agréé, ou toute autre personne semblable, ne se
publication d’articles et autres productions semblables dans des trouvera pas dans l’obligation de pratiquer ou d’aider à pratiquer
revues spécialisées médicales ou pharmaceutiques, ne constitue pas un avortement […], de placer, d’aider à placer, de fournir, oud’aider
un délit »127. à fournir, ou de proposer quelque contraceptif que ce soit, ou de
donner quelque conseil que ce soit relatif à la contraception, s’il s’y
12. La clause de conscience refuse en invoquant la clause de conscience »130.
La clause de conscience permet aux prestataires de soins
de refuser de dispenser certains services de soins contraires Exemple 62. Royaume-Uni : « personne ne sera dans
à leurs convictions religieuses ou morales. Cela les dégage l’obligation […] de participer à un quelconque traitement autorisé
de la responsabilité légale d’avoir refusé de dispenser un par la présente loi qui soit incompatible avec ses convictions.
service auquel leurs patients ont droit conformément à la loi. [Mais] Rien […] n’éliminera le devoir de participer à tout
Invoquée trop souvent ou de façon inadéquate, la clause de traitement nécessaire à sauver la vie, ou prévenir une atteinte
conscience nie l’accès aux services et constitue une violation grave et permanente à la santé physique ou mentale, d’une femme
de l’obligation de soins du prestataire envers ses patients. enceinte »131.
Les prestataires de soins ne peuvent invoquer la clause de
conscience lorsqu’un(e) patient(e) a besoin de soins urgents 13. Les sanctions pour avortement illégal et activités
comme, par exemple, lorsque sa vie ou sa santé sont en connexes
danger, et ne devraient pas être dispensés de porter des Il est important de comprendre les sanctions encourues
soins liés à l’avortement tels les soins post-abortum. Les pour avoir aidé à pratiquer ou avoir pratiqué un avortement
prestataires de soins qui refusent de dispenser certains soins illégal et de savoir ce qu’il en est en réalité. Comment les lois
de santé en raison de leurs convictions devraient prévenir (parfois très dures) sont-elles appliquées ? Les prestataires et/
leurs patientes de leur position et être légalement contraints ou les femmes sont-ils condamnés ?
de les orienter, le cas échéant, vers des prestataires
appropriés et faciles d’accès128. Exemple 63. Bangladesh : « Quiconque entraîne volontairement
La clause de conscience devrait pouvoir s’appliquer aux une fausse-couche chez une femme enceinte […] et non en toute
individus mais pas aux institutions. Plus précisément, toute bonne foi […] est passible d’un peine d’emprisonnement […] d’une
institution du secteur public fonctionnant avec des fonds durée pouvant aller jusqu’à trois ans, ou d’une amende, ou les deux ;
gouvernementaux devrait garantir la disponibilité de tous les et, si la femme sentait déjà l’enfant bouger en elle, il ou elle est
services légaux. passible d’une peine d’emprisonnement […] d’une durée pouvant
La réglementation relative à la clause de conscience est aller jusqu’à sept ans, assortie d’une amende »132.
principalement couverte par les directives médicales ou des
Exemple 64. Ile Maurice : « Toute personne qui cause une vous et/ou une succession de consultations préalables. Ce
Analyse
fausse-couche chez une femme enceinte ou qui procure les moyens type de bureaucratie pèse sur la cliente et peut constituer
de provoquer une telle fauss-couche, que la femme soit consentante un déni de son droit à l’avortement légal dans les pays où
ou non, sera punie de servitude pénale pour un terme ne dépassant il ne peut être pratiqué que pendant une période limitée.
pas dix ans. […] Une peine semblable sera prononcée contre La surmédicalisation de l’avortement peut également
toute femme qui provoque sa propre fausse-couche. Tout médecin, augmenter les délais et les coûts et ainsi, avoir un impact
chirurgien, ou pharmacien qui renseigne sur, aide à, ou procure les négatif sur l’accès. A ce titre, on peut citer les procédures
moyens de faire une fausse-couche sera, s’il est condamné, puni de imposant une anesthésie générale et un séjour hospitalier,
serviyude pénale »133. ou des périodes légales arbitrairement courtes – par ex.
huit semaines pour un avortement par aspiration manuelle
Exemple 65. Cuba : La sanction encourue est une privation de alors que cette méthode est en réalité très facile à employer
liberté de cinq ans si la procédure […] a) est réalisée dans un but jusqu’à 12 semaines. De même, les prestataires qui
lucratif ; b) est réalisée en dehors d’une institution officielle ; c) est invoquent la clause de conscience sans adresser la cliente
réalisée par une personne autre qu’un médecin134. ailleurs, ceux qui exigent l’autorisation des parents ou
du partenaire, ou encore ceux qui imposent un délai de
14. Les obstacles extra-juridiques réflexion alors que la loi n’en prévoit pas, tous contribuent
Il s’agit-là d’obstacles généralement non couverts par la à empêcher encore davantage l’accès aux services
législation nationale mais qui font partie des pratiques d’avortement légal.
liées à l’avortement et/ou de la situation socioculturelle et
économique du pays. Le manque de médicaments, d’équipement médical et de
qualité des soins optimale
Le manque de personnel médical Pour dispenser des services d’avortement de qualité,
Dans certains pays, ou dans certaines zones (rurales, prestataires et institutions doivent avoir accès à ce qui se fait
montagneuses, défavorisées ou reculées, ainsi que dans localement de mieux en matière d’équipement, de matériel,
les camps de réfugiés), il peut se révéler difficile voire de fournitures, de traitements, de procédures de contrôle
impossible d’accéder à un service d’avortement légal ou à des infections et de traitement des déchets cliniques et des
certains types d’avortement (tels l’avortement médical et fœtus avortés. La plupart des pays proposent l’aspiration
l’avortement tardif). Parfois, cela s’explique par le manque ou la dilatation et le curetage. En revanche, ils sont moins
de professionnels formés, ce qui peut venir du manque de nombreux à proposer des méthodes d’avortement médical
formations à la prestation de services d’avortement. à base, par exemple, de mifépristone et misoprostol ou de
Ce type de formation devrait être accessible par (voire misoprostol seul, en raison du manque d’homologation
obligatoire pour) les gynécologues obstétriciens, les pour ce type de traitement. De plus, la garantie de soins
infirmières sages-femmes et les médecins généralistes qui le de qualité passe par l’accès à l’échographie, à l’anesthésie
souhaitent. Les facultés de médecine et écoles d’infirmières locale et générale, ainsi que par l’existence de dispositifs
et les centres d’excellence en matière d’avortement devraient de structures de référence. Si beaucoup de pays disposent
organiser ce type de formation. de protocoles et de directives à l’échelle nationale, tous ne
Il arrive aussi que le manque de prestataires soit dû aux couvrent pas les questions d’avortement et, quand c’est
restrictions excessives sur les types de professionnels de le cas, ils ne sont pas systématiquement appliqués. Les
santé autorisés à pratiquer des avortements, ou sur les types documents sont généralement publiés par le ministère de
d’institutions autorisées à en proposer. la Santé et, parfois, par des associations professionnelles.
L’Organisation mondiale de la santé a publié des directives
Le manque de services efficaces en 2003135 et l’IPPF des lignes directrices en 2004136.
L’accès aux services d’avortement sans risque ne devrait Par ailleurs, l’IPPF a mis au point des lignes directrices et
pas constituer un parcours excessivement difficile pour des protocoles pour l’avortement chirurgical et médical du
la cliente. Néanmoins, les systèmes de santé inefficaces premier trimestre (à paraître).137
génèrent de longues listes d’attente, des reports de rendez- Quand il n’y a pas de soins de qualité – et, en particulier,
de respect de la confidentialité et de conseil empathique –, les gouvernements ne libéralisent pas la loi alors qu’ils
les femmes sont plus susceptibles de recourir à l’avortement sont informés des taux élevés de mortalité et de morbidité
illégal. liées à l’avortement à risque et ce, alors même que cela
améliorerait la situation, et permettrait aux femmes d’exercer
Le manque d’information leurs droits. Parmi les nombreuses raisons à cela, citons
Le grand public (tout comme les prestataires de soins) ne l’influence de la religion, une opinion publique pas très
connaît pas toujours la loi et ne sait pas forcément où convaincue, l’ignorance des énormes coûts liés aux soins
s’adresser pour des services d’avortement légal. Les activités induits par les avortements à risque, les guerres intestines
de diffusion de l’information menées par des organisations entre partis et leaders politiques, voire l’influence de pays
non gouvernementales, des prestataires de soins et les plus « puissants ».
grands médias peuvent contribuer à lever cet obstacle.
Autres obstacles auxquels les jeunes femmes sont
Les coûts confrontées
Le coût élevé des services d’avortement peut également Outre les obstacles juridiques et extra-juridiques mentionnés
être un énorme obstacle à l’accès. Les coûts varient selon plus haut, les jeunes femmes enceintes cherchant un service
le type de service d’avortement, le lieu de l’intervention (s’il d’avortement peuvent être confrontées à d’autres difficultés.
s’agit d’un hôpital public ou privé) et même selon la raison Les obstacles supplémentaires qui empêchent les jeunes
de l’avortement. Et quand il y a dépassement d’honoraires, femmes d’accéder aux services d’avortement requièrent une
voire dessous de table, le coût officiel s’en trouve augmenté. attention particulière. Si la question de l’avortement reste
généralement un sujet de controverse, elle l’est encore plus
Exemple 66. République tchèque : Des frais seront exigés pour lorsqu’il s’agit de jeunes filles. Souvent, les jeunes filles,
les avortements pratiqués au-delà de huit semaines de gestation. les adolescentes, ne sont pas supposées avoir une activité
Il y a exonération des frais uniquement si l’avortement est sexuelle. Les jeunes femmes et filles enceintes alors qu’elles
médicalement recommandé138. ne sont pas mariées sont stigmatisées par les opposants
aux droits des femmes du fait d’être devenues enceintes et
Exemple 67. Royaume-Uni : « … l’avortement est légal et de chercher à se faire avorter ; mais il arrive aussi qu’elles
gratuit dans le cadre du National Health Service ; il peut être payant soient contraintes d’avorter par des personnes ayant intérêt
dans un cadre privé »139. à cacher ou nier leur grossesse. De plus, les jeunes femmes
n’ont pas facilement accès à une information exacte et des
Exemple 68. France : La Sécurité sociale couvre 70 pour cent services de qualité pour les soutenir. Par conséquent, elles
des dépenses en soins et hospitalisation associés à l’interruption tardent souvent à se faire avorter et/ou peuvent chercher de
légale de grossesse140. l’aide auprès d’une personne non qualifiée.
Les activités des opposants aux droits des femmes 15. Le cas spécifique de l’avortement médical/
Des femmes ont été harcelées, voire agressées à l’entrée médicamenteux
des cliniques où l’on pratique l’avortement. Dans plusieurs Compte tenu de l’absence de règlementations spécifiques
pays, des lois ont été promulguées pour lutter contre les à l’avortement médical, les obstacles liés à la procédure
actes violents de certains citoyens opposés à l’avortement. (comme les restrictions sur les institutions et personnes
En France, par exemple, depuis 1993, la loi condamne autorisées à dispenser et pratiquer l’avortement et/ou sur le
toute entrave à l’accès aux services d’avortement, qu’il temps de passage des clientes) rencontrés dans l’avortement
s’agisse d’une perturbation du fonctionnement d’un service chirurgical sont appliqués à l’avortement médical, ce qui
d’avortement ou de menaces exercées à l’encontre d’un dessert la cause en faveur de l’autorisation de l’avortement
prestataire. médicamenteux.
Chapitre 8
Conclusion
Analyse
Nous espérons que ces explications et exemples clarifient les nombreux défis que soulèvent
les efforts d’interprétation des lois relatives à l’avortement.
La première partie de ce guide peut être utilisée pour de constater qu’il est nécessaire en beaucoup d’endroits
montrer comment le respect du droit des femmes à la santé d’entreprendre des campagnes de sensibilisation et de
et à l’auto-détermination peut aider au développement plaidoyer pour permettre aux femmes de pleinement réaliser
de lois libérales en matière d’avortement. En outre, les leurs droits.
restrictions juridiques et autres exposées dans cet ouvrage La seconde partie de ce guide, la section sur l’évaluation,
mettent en évidence que, partout dans le monde, les vous invite à évaluer la législation dans votre pays et à
femmes doivent faire face à des violations de leurs droits comparer les lois de divers pays. Elle est aussi le lieu d’une
les plus fondamentaux. Le savoir permet d’informer et de réflexion sur les activités à entreprendre pour augmenter
motiver. En s’appuyant sur une recherche bien menée, l’accès aux services d’avortement sans risque.
une analyse de la situation dans chaque pays permettra
Annexe
Analyse
Nations Unies : Définitions
Extraits choisis par M. Vekemans, IPPF
Convention : Le statut de la Cour internationale de Glossaire des termes relatifs aux formalités se
Justice énonce comme source de droit les « conventions rapportant aux traités
internationales, soit générales, soit spéciales ». Le terme de Pour plus d’informations, veuillez consulter la Convention de
« Convention » est synonyme de « traité » mais s’emploie Vienne de 1969 sur le droit des traités :
d’une façon générale pour les traités multilatéraux formels http://untreaty.un.org/ilc/texts/instruments/francais/traites
dont les parties sont nombreuses. Les conventions sont
normalement ouvertes à la participation de la communauté Acceptation et Approbation : Les instruments d’
internationale dans son ensemble ou à celle d’un grand « acceptation » ou d’ « approbation » d’un traité ont le
nombre d’États. même effet juridique que la ratification et expriment le
consentement d’un État à être lié par ce traité. Certains
Protocole : Un terme utilisé pour des accords moins formels États ont recours à l’acceptation et à l’approbation au lieu
que les « traités » ou les « conventions » et couvrant des de procéder à la ratification lorsque, sur le plan national, la
instruments de cet ordre : (a) un instrument subsidiaire loi constitutionnelle n’exige pas la ratification par le chef de
complétant un traité, établi par les mêmes parties et portant l’État.
sur des questions secondaires (comme l’interprétation de
certaines clauses du traité ou la réglementation afférente à Acte de confirmation formelle : Cette expression est
des questions techniques). La ratification du traité entraîne employée en un sens équivalant au terme « ratification »
normalement et ipso facto la ratification du protocole. lorsqu’une organisation internationale exprime son
(b) un protocole facultatif se rapportant à un traité est un consentement à être liée par un traité.
instrument qui crée des droits et des obligations venant
s’ajouter aux droits et obligations prévus par le traité. Il Adhésion : L’ « adhésion » est l’acte par lequel un État
est d’ordinaire adopté le même jour, mais il a un caractère accepte de devenir partie à un traité déjà négocié et signé
indépendant et il doit être ratifié à part. (c) un protocole par d’autres États. Elle a le même effet juridique que la
fondé sur un traité-cadre est un instrument prévoyant des ratification.
obligations déterminées, qui met en œuvre les objectifs
généraux d’une convention-cadre préalable. (d) un Adoption : L’ « adoption » est l’acte officiel par lequel la
protocole d’amendement est un instrument qui contient des forme et la teneur du texte d’un traité sont fixées. L’adoption
dispositions modifiant un ou plusieurs traités antérieurs. s’effectue par le consentement des États participant à
son élaboration. Un traité peut aussi être adopté par une
Déclaration : Elle n’est pas toujours contraignante. On conférence internationale spécialement convoquée à la
choisit souvent délibérément cette qualification pour majorité des deux tiers des États présents et votants, à moins
montrer que les parties entendent non pas créer des que ces États ne décident, à la même majorité, d’appliquer
obligations contraignantes, mais seulement exprimer une règle différente.
certaines aspirations. Il est cependant possible de les rendre
contraignantes devant le droit international. Il faut donc Amendement : Ce terme désigne les modifications
établir dans chaque cas d’espèce si les parties ont voulu officielles apportées aux dispositions d’un traité, qui
rendre les obligations contraignantes ou non, mais ceci touchent toutes les parties à ce traité.
peut s’avérer une tâche difficile. Certaines « déclarations »
peuvent acquérir plus tard un caractère obligatoire. Par Application à titre provisoire : L’utilisation de clauses
ex., la Déclaration universelle des droits de l’homme de d’application à titre provisoire dans les traités est une
1948. Parmi les déclarations prévues pour avoir un effet conséquence de la nécessité de mettre en application les
contraignant, notons (a) un traité au sens propre ; (b) une obligations du traité avant la ratification formelle d’un traité
déclaration interprétative annexée à un traité ; (c) un accord par un état ou l’adhésion d’un état à un traité.
informel afférent à une question revêtant une importance a) Application à titre provisoire d’un traité qui est
mineure ; (d) une série de déclarations unilatérales. entré en vigueur : lorsqu’un état se décide à mettre
en application de façon provisoire les obligations d’un
traité (par exemple lorsque les procédures de ratification/ en est ainsi lorsque l’entrée en vigueur du traité n’est pas
Analyse
d’adhésion de cet état ne sont pas encore terminées). assujettie à un calendrier donné ou si un certain nombre
b) Application à titre provisoire d’un traité qui n’est de parties au traité, qui n’est pas encore entré en vigueur,
pas encore entré en vigueur : lorsqu’un état notifie décident de le mettre en application comme s’il était entré
qu’il va mettre en application de façon provisoire les en vigueur. Les obligations légales sont les mêmes que celles
obligations légales spécifiées au traité. L’application à titre d’un traité entré en vigueur.
provisoire n’a plus lieu si état notifie les autres Etats de
son intention de devenir partie au traité. Objection : Tout signataire ou tout État contractant a la
faculté de faire une objection à une réserve, notamment s’il
Authentification : Désigne la procédure par laquelle le considère que la réserve est incompatible avec l’objet et le
texte d’un traité est arrêté comme authentique et définitif. but du traité. L’État ayant formulé une objection peut en
Une fois intervenue l’authentification du traité, les États ne outre déclarer que son objection empêche le traité d’entrer
peuvent plus changer unilatéralement ses dispositions. en vigueur entre lui-même et l’État auteur de la réserve.
Déclaration : Les États font parfois des « déclarations » Ratification : La « ratification » désigne l’acte international
pour indiquer la manière dont ils comprennent une question par lequel un État indique son consentement à être lié par
ou interprètent une disposition donnée. Contrairement aux un traité. La ratification donne aux États le délai dont ils ont
réserves, les déclarations se bornent à préciser la position des besoin pour obtenir l’approbation du traité, nécessaire sur
États et n’ont pas pour objet d’écarter ou de modifier l’effet le plan interne, et pour adopter la législation permettant au
juridique du traité. traité de produire ses effets en droit interne.
Enregistrement et Publication : La Charte des Nations Réserve : C’est une déclaration faite par un État par laquelle
Unies dispose : « Tout traité ou accord international conclu il vise à exclure ou à modifier l’effet juridique de certaines
par un Membre des Nations Unies après l’entrée en vigueur dispositions du traité dans leur application à cet État. Des
de la présente Charte sera, le plus tôt possible, enregistré réserves peuvent être faites lors de la signature du traité, de
au Secrétariat et publié par celui-ci.» Les traités ou accords sa ratification, de son acceptation, de son approbation ou
qui ne sont pas enregistrés ne peuvent être invoqués devant au moment de l’adhésion. Les réserves ne doivent pas être
aucun organe de l’Organisation. L’enregistrement favorise la incompatibles avec l’objet et le but du traité. Un traité peut
transparence et la mise à la disposition du public des textes interdire les réserves ou n’autoriser que certaines réserves.
des traités.
Révision : Pratiquement la même chose qu’un
Entrée en vigueur : Les dispositions du traité fixent amendement. Certains traités prévoient une révision, en
normalement la date de l’entrée en vigueur. S’agissant plus des amendements. Dans ce cas, le terme « révision »
de traités multilatéraux, il est courant de disposer qu’un désigne une adaptation profonde du traité au changement
certain nombre d’États doivent exprimer leur consentement de circonstances alors que le terme « amendement » ne
avant que le traité puisse entrer en vigueur. Certains traités vise que les modifications portant sur des dispositions
prévoient que d’autres conditions doivent être remplies ou particulières.
qu’un certain laps de temps doit s’écouler une fois que
le nombre requis d’États a donné son consentement. Un Signature ad referendum : Un représentant peut signer un
traité entre en vigueur à l’égard des États ayant exprimé traité « ad referendum », c’est-à-dire à la condition que sa
le consentement exigé. Un traité peut stipuler encore signature soit confirmée par l’État.
qu’il entrera en vigueur provisoirement, lorsque certaines
conditions auront été satisfaites. Signature définitive : Si le traité n’est pas soumis à
ratification, acceptation ou approbation, la « signature
Entrée en vigueur à titre provisoire : Certains traités définitive » établit le consentement de l’État à être lié par le
comprennent une entrée en vigueur à titre provisoire. Il traité.
Informations complémentaires
Analyse
(Les références aux sites vous orientent vers la version anglaise. Les grandes organisations internationales publient aussi leurs
sites et nombre de leurs documents en d’autres langues. Il vous suffit de sélectionner la langue de votre choix)
Ipas www.ipas.org
IPPF www.ippf.org
First trimester abortion: surgical and medical guidelines and protocols (version
anglaise sous presse) : Disponible sur demande : [email protected]
Notes
(Les références aux sites vous orientent vers la version anglaise. Les grandes organisations internationales publient aussi leurs
sites et nombre de leurs documents en d’autres langues. Il vous suffit de sélectionner la langue de votre choix)
1 Organisation mondiale de la santé (1992) The Prevention 12 Syed IB (pas daté) Abortion, Islamic Research Foundation
and Management of Unsafe Abortion. Report of a Technical international, www.irfi.org/articles/articles_101_150/
Working Group (WHO/MSM/92.5), Geneva: WHO. abortion.htm
2 Organisation mondiale de la santé (2007) Unsafe Abortion. 13 Roe v. Wade, 1973, http://caselaw.lp.findlaw.com/scripts/
Global and Regional Estimates of the Incidence of Unsafe getcase.pl?navby=CASE&court=US&vol=410&page=113
Abortion and Associated Mortality in 2003, Geneva :
WHO, www.who.int/reproductive-health/publications/ 14 Pour les aspects techniques de l’avortement, voir (1) Terki
unsafeabortion_2003/ua_estimates03.pdf F et Malhotra U (2004) – Directives médicales et de
prestation de services, 3ème édition, chapitre 12, Londres :
3 Population Reference Bureau (2005) Unsafe Abortion. Fédération internationale pour la planification familiale,
Facts and Figures, www.prb.org/Template.cfm?Section pp278–96, http://content.ippf.org/output/ORG/files/5860.
=PRB&template=/ContentManagement/ContentDisplay. pdf ; (2) Organisation mondiale pour la santé (2003)
cfm&ContentID=12766 Safe Abortion: Technical and Policy Guidance for Health
Systems, www.who.int/reproductivehealth/publications/
4 FNUAP State of World Population 2004. Unmet Need, safe_abortion/
www.FNUAP.org/swp/2004/english/ch6/page3.htm
15 Organisation mondiale pour la santé (2007) Mental Health,
5 Cook RJ et Dickens BM (2003) Human rights dynamics of www.who.int/mediacentre/factsheets/fs220/en/
abortion law reform, Human Rights Quarterly, 25(9)
pp1–59. 16 ibid.
6 Pour cela, nous avons utilisé l’échelle de niveaux de 1 17 ONU, Département des affaires économiques et sociales,
à 5 (du plus restrictif au plus libéral) du Centre pour les Division de la population “II. Country Profiles: Description
droits en matière de reproduction. Chacune de ces cinq and Review of Variables : A. Abortion Policy: 1. Grounds on
catégories est illustrée par un exemple. Voir The World’s which abortion is permitted : f. Termination of pregnancy
Abortion Laws 2007 at www.reproductiverights.org/ for economic or social reasons” in Abortion Policies:
pub_fac_abortion_laws.html A Global Review, Volumes I (2001), II (2001), III (2002),
New York: United Nations, www.un.org/esa/population/
7 Chaque région de l’IPPF est représentée par au moins un publications/abortion/ doc/Notes.doc
pays.
18 Organisation mondiale de la santé (2004) Reproductive
8 Vekemans M, Asif K et Simelela N (2008) Glossary of Health, www.who.int/reproductive-health/publications/
Terms Related to Abortion (version provisoire, non encore strategy_small_en.pdf
publiée), London: International Planned Parenthood
Federation. 19 Major Dimensions of Abortion Policy, www.un.org/esa/
population/publications/abortion/doc/intro.doc
9 Cour européenne des Droits de l’Homme, www.echr.coe.
int/fr/Press/2004/juillet/Arr%C3%AAtdeGrandeChambreVoc 20 Cf. note 5.
France080704.htm
21 Balchin C (ed) (2003) Women, Law, and Society: An Action
10 Le début de la grossesse fait l’objet de controverses : Manual for NGOs, Pakistan: Shirkat Gah – Women’s
selon le Collège américain des obstétriciens et Resource Centre.
gynécologues, « la grossesse ne peut être considérée
comme établie qu’une fois l’implantation terminée » ; 22 Conceptualising Islamic Law, CEDAW and Women’s Human
(www.guttmacher.org/pubs/ tgr/08/2/gr080207. Rights in Plural Legal Settings (2006) www.unifem.org.in/
html) ; pour l’Eglise catholique, la vie humaine doit être PDF/complete%20study.pdf
protégée « dès le moment de la conception » (www. 23 Cela n’est néanmoins pas toujours respecté dans la pratique.
vatican.va/roman_curia/congregations/ cfaith/documents/
rc_con_cfaith_doc_19870222_respect-forhuman- life_ 24 Cf note 5.
en.html) ; l’Association médicale britannique emploie 25 Voir www.hrw.org/backgrounder/americas/argentina0605/
pour sa part les termes « grossesse établie, c’est-à- et www.crlp.org/pdf/pub_bp_safeandlegal.pdf
dire après l’implantation » (www.bma.org.uk/ap.nsf/
Content/AbortionTimeLimits) ; quant à elle, la législation 26 Voir § 10 of www.unhchr.ch/tbs/doc.nsf/(Symbol)/
autrichienne sur l’avortement stipule que « le début 13b02776122d4838802568b900360e80?Opendocument
de la grossesse est le moment de la nidation ». (http://
27 Une manière indirecte d’attribuer au fœtus un statut
annualreview.law.harvard.edu/population/abortion/Austria.
ambigu en cas de « double meurtre », à savoir que quand
abo.htm).
une femme enceinte est assassinée, il y aurait également
11 A Global Review of Laws on Induced Abortion, assassinat de son fœtus. Cf : www.whitehouse.gov/news/
www.guttmacher.org/pubs/journals/2405698.pdf releases/2004/04/20040401-3.html
28 Programme d’action de la Conférence internationale sur la 46 La section 131 (1) concerne : “Sexual conduct with
population et le développement, Le Caire, Egypte, 1994, dependent family member.” Cf. : www.legislation.govt.nz/
§ 8.25, UN Doc. A/CONF.171/13/Rev.1, 1995, www.iisd.ca/ libraries/contents/om_isapi.dll?clientID=1844598441
Analyse
Cairo/program/p00000.html &infobase=pal_statutes.nfo&jd=a1961-043%2fs.131-
ss.1&record={18F1A }&softpage=DOC#JUMPDEST_a1961-
29 Déclaration de Pékin ; Plateforme pour l’action, 4e 043/s.131-s.1
Conférence mondiale sur les femmes, Pékin, Chine, 1995,
§ 106K, Document de l’ONU. A/CONF.177/20, 47 Nouvelle-Zélande. Crimes acts, 1961 to 1999, article 187A
www.un.org/womenwatch/daw/beijing/platform (1)(b)(i,ii,iii)(c,d)(2)(b).
30 Mesures clefs pour la mise en œuvre du programme 48 http://en.wikipedia.org/wiki/Incest#Incest_taboos_
d’action de la Conférence internationale sur la population throughout_human_society
et le développement, UN GAOR, 21st Special Session,
New York, USA, 1999, UN Doc. A/S-21/5/Add.1, 1999, 49 Larsen D “Incest” – Your Guide to Abuse/Incest Support,
www.un.org/popin/unpopcom/32ndsess/gass.htm http://incestabuse.about.com/cs/incestrecovery/g/
defincest.htm
31 Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes, adoptée le 18 50 Par exemple, dans de nombreux pays islamiques, le mariage
décembre 1979, article 1, G.A. Res. 34/180, UN GAOR, entre cousins germains est répandu et n’est pas considéré
34th Session, Supp. No. 46, at 193, UN Doc. A/34/46 incestueux.
(1979) (entré en force le 3 septembre 1981), www.un.org/ 51 http://en.wikipedia.org/wiki/Incest#Sexual_relations_
womenwatch/daw/cedaw/committee.htm between_cousins_and_other_distant_relatives
32 Comité sur l’élimination des discriminations à l’égard des 52 L’IPPF n’offre pas de définition formelle de l’inceste.
femmes, 20e Session, Recommandation générale 24 sur les
femmes et la santé (1999), www.un.org/womenwatch/daw/ 53 Afrique du sud. Loi sur le droit des femmes à interrompre
cedaw/committee.htm leur grossesse, 1996, 1(iii).
35 US Department of Health and Human Services (1999) 56 Pologne. Code pénal, article 149a (3)3.
Mental Health: A Report of the Surgeon General – 57 France. Loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001, articles 10 et 11,
Executive Summary, Rockville, MD: US Department of Journal Officiel du 7 juillet 2001.
Health and Human Services, Substance Abuse and Mental
Health Services Administration, Center for Mental Health 58 Koweït. Décret de loi No. 25/1981, article 12.2.
Services, National Institutes of Health, National Institute of
59 Marcan-Markar M HIV-positive Women Pay High Price to be
Mental Health.
Mothers, http://ipsnews.net/shakti/0910_2.asp
36 Barbade. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse (Act
60 Ibid. note 12.
No. 4 of 1983), Section 4.
61 The World’s Abortion Laws (2007) www.reproductiverights.
37 Règlement du Conseil médical de la Thaïlande sur les
org/pdf/pub_fac_abortionlaws.pdf
critères de l’interruption thérapeutique de la grossesse,
2006, Conformément à la section 305 du code pénal de la 62 Afrique du sud. Loi sur le droit des femmes à interrompre
Thaïlande, No. 5(2). leur grossesse, 1996, 2(1)(b)(iv).
38 Ghana. Code Criminel, article 58. 63 Zambie. Loi sur l’interruption volontaire de la grossesse,
1972, Section 3(2).
39 Nouvelle Zélande. Crimes acts, 1961 to 1999, article
187A(2)(3). 64 Ethiopie. Code pénal, Proclamation No. 414/2004, article
550.
40 ibid. note 5.
65 Barbade. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse
41 Pologne. Code pénal, article 149a(3)4.
(Acte No. 4 of 1983), Section 4(3).
42 Brésil. Code pénal, article 126.
66 Guyana. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse
43 Ces traductions ne sont pas officielles et sont dues aux 1995 5(1-2).
auteurs de ce document. Le texte est cité dans son langage
67 Belgique. Code pénal, article 350.
d’origine, suivi d’une proposition de traduction. Nous nous
sommes basé sur la version anglaise des textes de loi, et 68 Mongolie. Décret No. 200, 1989, Amendement à la loi sur
non sur l’original (sauf pour les originaux en Espagnol ou la santé. § 56.
Portugais).
69 Guyana. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse
44 Cameroun. Code pénal, Section 339(2). 1995, 2(1)(g).
45 Inde. Loi sur l’interruption médicale de grossesse, No. 34 70 Namibie. Loi sur l’avortement et la stérilisation (1975),
de 1971, amendée par l’Acte No. 64 de 2002, 3 (b)(i) amendée par la loi 48 de 1982, 3(1)(e).
Explication I.
71 Guyana. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse
1995, 6(1)(e).
72 Inde. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse No. 95 Ipas, Inde, 2005, www.ipas.org/english/where_ipas_works/
34 of 1971, amendée par la loi No. 64 of 2002, 3(2)(ii) asia/India/index.pdf
Explication II.
96 Center for Reproductive Rights (1998) A Global Review of
73 Nouvelle-Zélande. Crimes acts, 1961 to 1999, article 187A Laws on Induced Abortion, 1985–1997, New York, NY:
(2)(a). Center for Reproductive Rights, www.reproductiverights.org
74 Israël. Amendement au droit pénal (Interruption de la 97 Liban. Décret présidentiel No. 13187 of 20 Octobre 1969,
grossesse), 1977, 5(a)(1). article 31 et article 31(2).
75 Israël. Amendement au droit pénal (Interruption de la 98 Royaume-Uni. Loi sur l’avortement 1967 (amendée) 1(1).
grossesse), 1977, 5(a)(2).
99 Inde. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse No. 34
76 Zambie. Loi sur l’interruption volontaire de la grossesse, of 1971, amendée par la loi No. 64 of 2002, 3(2)(b).
1972, Section3(1)(a)(iii).
100 Israël. Amendement au droit pénal (Interruption de la
77 Guyana. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse grossesse), 1977, 4.
1995, 6(1)(d).
101 Israël. Amendement au droit pénal (Interruption de la
78 Bianco M (2001) Women, The Girl Child and Human grossesse), 1977, 5(d) and 13(f).
Immunodeficiency Virus/Acquired Immunodeficiency
Syndrome (HIV/AIDS), www.un.org/womenwatch/daw/csw/ 102 Zambia. Règlements sur l’interruption de la grossesse
Bianco2001.htm (Instrument No. 219 of 1972), section 2(2).
79 Raye KL (1999) Violence, Women and Mental Disability, 103 Barbade. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse
www.mdri.org/report%20documents/violencewomenmd. (Acte No. 4 of 1983), Section 6.
doc 104 The Center’s Cases, www.reproductiverights.org/crt_ab_
80 International Helsinki Federation for Human Rights, www. access_legal.html
ihf-hr.org/viewbinary/viewdocument.php?doc_id=2051 105 Ibid. note 104.
81 UN Abortion Policies, www.un.org/esa/population/ 106 www.reproductiverights.org/pdf/pub_fac_abortionlaws.
publications/abortion/doc/canada1.doc pdf : les pays listés sont la Guinée équatoriale, le Japon, le
82 UN Abortion Policies, www.un.org/esa/population/ Koweït, le Malawi, les Maldives, le Maroc, la république de
publications/abortion/doc/cubasr1.doc Corée, l’Arabie saoudite, la Syrie, Taiwan, la Turquie et les
Emirats arabes unis.
83 Center for Reproductive Rights (2004) Crafting an Abortion
Law that Respects Women’s Rights: Issues to Consider. 107 Center for Reproductive Rights (2005) The World Abortion
Briefing Paper, New York, NY: Center for Reproductive Laws. 2005, New York, NY: Center for Reproductive Rights,
Rights, www.reproductiverights.org www.reproductiverights.org
84 Guyana. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse 108 Maroc. Code Pénal, 1962 amendé par La loi no. 181-66,
1995, 6(1). 1967, Chapitre VIII, section I, article 453.
85 France. Loi No. 79-1204 du 31 décembre 1979, http:// 109 Turquie. Loi No. 2827, 1983, Population Planning Law, 6.
cyber.law.harvard.edu/population/abortion/France.abo.htm 110 Indonésie. Loi sur la santé no. 23 of 1992, article 15 (1) et
86 Turquie. The Population Planning Law. Loi No. 2827 of 24 (2)c et § (2) Point c.
May 1983, http://annualreview.law.harvard.edu/population/ 111 Afrique du sud. Loi sur le droit des femmes à interrompre
abortion/TURQUIE.abo.htm leur grossesse, 1996, 5(3).
87 Royaume-Uni. Loi sur l’avortement 1967 (amendée). 112 Inde. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse No. 34
Règlements sur l’avortement 1991, Statutory Instrument of 1971, amendée par l’Acte No. 64 of 2002, 3(4)(a).
No. 499 of 1991, 3(3).
113 France. Code pénal, article L2212-7 (Loi n° 2001-588 du
88 Afrique du sud. Loi sur le droit des femmes à interrompre 4 juillet 2001 article 1 article 7).
leur grossesse, 1996, 1(1)(ii).
114 Turquie. Loi No. 2827, 1983, Population Planning Law, 6.
89 Roe v. Wade, 1973, Cf. http://supreme.justia.com/
us/410/113/case.html 115 Ecuador. Code pénal, article 447.
92 Guyana. Loi sur l’interruption médicale de la grossesse 118 Afrique du sud. Loi sur le droit des femmes à interrompre
1995, 2(1)(b). leur grossesse, 1996, 4.
93 Israël. Amendement au droit pénal (Interruption de la 119 Allemagne. Code pénal, Section 219.
grossesse), 1977, 1. 120 Ibid. note12.
94 Afrique du sud. Loi sur le droit des femmes à interrompre 121 Center for Reproductive Rights (2003) Access to Abortion:
leur grossesse, 1996. 2(2). Mandatory Delay and Biased Information Requirements,
www.crlp.org/pub_fac_medabor2.html
Analyse
123 Belgique. Code pénal, article 350 3°.
124 Italie. Loi No. 194 du 22 mai 1978, 5.
125 Guttmacher Institute Mandatory Counseling and Waiting
Periods for Abortion. State Policies in Brief as of April 1
2008, www.guttmacher.org/statecenter/spibs/spib_MWPA.
pdf
126 Cameroun. Loi No. 80-10 du 14 juillet 1980, www.un.org/
esa/population/publications/abortion/doc/camero1.doc
127 Grèce. Code pénal, article 305.
128 Ibid. note 12.
129 Israël. Amendement au droit pénal (Interruption de la
grossesse), 1977, 7.
130 Nouvelle Zélande. Lois sur la contraception, la stérilisation
et l’avortement 1977-1991, 46(1).
131 Royaume-Uni. Loi sur l’avortement 1967 (amendée) 4(1) et
(2).
132 Bangladesh. Code pénal (Acte XLV, 1860), Section 312.
133 Ile Maurice. Code pénal, article 235.
134 Cuba. Code pénal (Loi No. 62 du 29 décembre 1987),
article 267.2.
135 Organisation mondiale de la Santé (2004) Avortement
médicalisé : Directives techniques et stratégiques à
l’intention des systèmes de santé. Genève, Suisse :OMS.
http://www.who.int/reproductive-health/publications/safe_
abortion/safe_abortion_fr.pdf
136 Terki F et Malhotra U (2004) Directives médicales et de
prestation de services, 3ème édition, chapitre 12, Londres :
Fédération internationale pour la planification familiale,
pp278–96, http://content.ippf.org/output/ORG/files/5860.
pdf
137 Fédération internationale pour la planification familiale
(version anglaise sous presse) First Trimester Abortion :
Surgical and Medical Guidelines and Protocols. Londres :
IPPF.
138 République tchèque, loi sur l’avortement, 20 Octobre
1986, 9.
139 UN Abortion Policies, www.un.org/esa/population/
publications/abortion/doc/unitedkingdom.doc
140 Sterilization Laws and Government Funding for Family
Planning Services in EU Countries (2006) www.astra.org.pl/
sterilization.pdf
141 UN Abortion Policies, www.un.org/esa/population/
publications/abortion/doc/france1.doc
L’évaluation
de la situation
FRE_abortion_text_aw.indd 43 18/12/08 09:42:29
44 Acces a l’avortement sans risque Un outil pour évaluer les obstacles juridiques et autres
Cette partie du guide est un outil d’évaluation destiné à ceux aura comme mission de coordonner et faciliter l’ensemble
qui travaillent dans le secteur de la santé reproductive et du processus. Ce rôle peut éventuellement être assuré
sexuelle. Cette évaluation doit les aider à mieux comprendre conjointement par plusieurs personnes.
les systèmes légaux et règlementaires sur l’avortement au Idéalement, ce chef de groupe devrait avoir les
sein de leur propre pays, ainsi que les obstacles relatifs compétences suivantes :
aux services d’avortement, et, par là-même, à promouvoir • des aptitudes au leadership et à l’animation d’équipe
efficacement le droit des femmes à obtenir le meilleur niveau • une pratique des audits d’évaluation, ou du travail en
possible de soins de santé. En effet, cet objectif peut être mode projet
atteint d’une part en fournissant des services au maximum • une expérience en tant que formateur (il n’est pas
de ce qui est légalement autorisé dans chaque Etat, et nécessaire néanmoins que ce chef de projet soit un
d’autre part, en militant pour l’amélioration de l’accès à formateur professionnel)
l’avortement sans risque. Le processus d’évaluation peut • la capacité à susciter le respect chez ses collègues
être mené par un individu ou par une équipe incluant les • des connaissances sur les droits humains, sexuels et
managers, les prestataires de services ou les volontaires. Si reproductifs, ou tout au moins une bonne compréhension
besoin en est, des experts en droit et en droits de l’homme des enjeux.
doivent être également intégrés dans ce processus. La finalité
du processus d’évaluation est l’identification des obstacles à Le processus d’auto-évaluation peut se dérouler sous
un avortement légal et sans risque, et la proposition de pistes la forme d’un atelier réunissant l’ensemble des parties
d’action pour surmonter ces obstacles. prenantes concernées (par exemple : les équipes de
Evaluer la législation sur l’avortement, ainsi que permanents et de volontaires de l’IPFF, les organisations
l’ensemble des obstacles à un avortement sans risque, est un nationales et internationales partenaires, les professionnels
préalable indispensable qui nous permettra de garantir le du monde médical et juridique).
droit des femmes à obtenir l’ensemble des soins permettant Avant la réunion, le chef de projet devrait :
un avortement légal et sans risque. • rassembler toute la documentation possible sur les lois
et réglementations locales en matière d’avortement
Préparation (voir page 37, en particulier les informations concernant
Si c’est en tant qu’individu que vous démarrez ce processus le Centre for Reproductive Rights, Harvard University,
d’évaluation, il vous faut rassembler en un premier temps et l’IPPF). Il faut vérifier le code pénal du pays, la
tous les documents appropriés concernant les lois et constitution (si c’est pertinent), les lois portant sur
réglementations sur l’avortement, et identifier les experts en l’avortement / l’interruption de grossesse, les lois sur la
droit et droits de l’homme susceptibles de vous fournir des santé publique. Consulter des avocats et, si elles ont une
conseils et des approfondissements. Dans les états fédéraux, représentation locale ou nationale, les organisations non
assurez-vous que vous disposez bien des textes appropriés gouvernementales spécialisées
issus des législations locales et des législations fédérales. • contacter les organisations partenaires, ou des experts
Si le processus d’évaluation est mené par un groupe, en en droit et droits de l’homme, pour les impliquer dans le
tant qu’exercice d’apprentissage organisationnel, nous vous processus ou pour leur demander conseil
proposons ci-après quelques recommandations. Il vous faut • informer l’ensemble des équipes de permanents et
dans un premier temps nommer un chef de groupe, qui volontaires sur le lancement de cette auto-évaluation :
la nature du projet, ses objectifs, son déroulement, les A retenir : il faut intégrer, dans cet exercice d’évaluation,
personnes impliquées l’ensemble des parties prenantes concernées : managers et équipe
• diffuser avant la réunion les documents nécessaires à du programme, membres du conseil, partenaires, experts en droit
l’ensemble des participants, afin qu’ils aient le temps de et droits de l’homme, professionnels (c.-à-d. médecins, infirmières,
les lire et de se préparer à l’exercice sages-femmes, journalistes), militantes des associations des droits
• vérifier que la salle de travail sera suffisamment des femmes, et représentants des communautés et religions.
spacieuse pour accueillir tout le monde, et organiser
l’aménagement de façon à favoriser le travail collectif Répondre aux questions
et les échanges. Pour des raisons pratiques, et pour Il peut être pratique de répartir les participants en
minimiser les coûts d’organisation, choisissez un lieu sous-groupes, chaque sous-groupe ayant en charge
facilement accessible à chacun des participants l’élaboration des premières réponses à une des dimensions
• organiser les déplacements des participants (ce qui inclut du questionnaire d’évaluation. Puis chaque sous-groupe
les coûts de voyage et d’hébergement) présentera son travail à l’ensemble des participants en
• prévoir des rafraichissements (selon les procédures séance plénière.
internes) : cela joue souvent un rôle important dans le fait Dans les réponses au questionnaire, chacun peut
que les participants se sentent à l’aise se sentir libre d’ajouter dans le débat des thématiques
• préparer le matériel qui sera nécessaire pour la complémentaires, si elles semblent nécessaires.
séance de travail (flip-charts, stylos, transparents pour La colonne intitulée « Commentaires » devrait être
rétroprojecteur, matériel de projection si nécessaire) complétée pour :
• fournir des preuves et/ou apporter des précisions dans le
Pendant la réunion, le chef de projet devrait : cas d’une réponse positive
• être à l’aise avec les sujets évoqués • expliquer les raisons d’une réponse négative
• favoriser un style d’échanges, dans lequel chacun se sente • détailler des interrogations ou commentaires
encouragé à exprimer ses opinions complémentaires soulevés par la question posée
• aider les participants à comprendre et interpréter les
Évaluation
questions de façon appropriée La colonne intitulée « source d’information » devrait
• être flexible, et attentif aux suggestions, changements, être complétée pour recenser l’origine des exigences légales
interruptions ou manque de participation ; être conscient et réglementaires, et des diverses références citées dans le
du fait que certains participants peuvent se sentir inhibés, travail.
particulièrement si la réunion se déroule dans leur
environnement de travail quotidien Suggestion d’exercice
• décider à l’avance de qui sera le facilitateur de la réunion, Discuter en sous-groupes les raisons susceptibles
et qui assurera la prise de notes : il est plus efficace en d’être à la base des coditions requises pour accéder
effet de travailler avec des flip-charts, et de noter les à l’avortement. Cela devrait permettre, d’une part,
résultats des discussions de mettre en évidence jusqu’à quel point l’accès à un
• prendre le temps de discuter de chaque question : il avortement sans risque est injustement contraint, et,
ne sera sans doute pas possible de tout traiter en une d’autre part, de savoir quelles sont, en conséquence, les
seule réunion, peut-être faudra-t-il plusieurs réunions, pistes possibles pour un plaidoyer ciblé.
ou bien faudra-t-il répartir les participants en plusieurs
sous-groupes, chaque sous-groupe traitant une partie du
questionnaire.
3. A partir de la nidation
Évaluation
2. Raisons médicales Oui Non Commentaire Sources d’information
4. Si oui :
– combien de médecins doivent être impliqués ?
Évaluation
5. Un certificat médical est-il exigé pour prouver
le traumatisme psychique résultant du viol,
et autoriser l’avortement ?
* Ceci inclut les difficultés auxquelles la femme devrait faire face, par exemple parce que son conjoint l’a quittée, ou parce qu’elle
vient de débuter un nouveau travail, ou parce qu’elle n’a pas de logement.
2. Si oui :
– une demande orale est-elle suffisante ?
Évaluation
7. Autres raisons
voir chapitre 6, section 8 Oui Non Commentaire Sources d’information
Évaluation
– 8–11 semaines
– 12–15 semaines
– 16–19 semaines
– 20–23 semaines
– 24–28 semaines
– Au-delà de 28 semaines
Évaluation
– autres (merci de préciser)
2. Etablissements de santé autorisés à pratiquer l’avortement (suite) Oui Non Commentaire Sources d’information
2. Si oui :
– ce doit être un hôpital ou une clinique publics
2. Si oui :
– cela doit être un médecin
Évaluation
4. Si non, merci de préciser qui pratique
habituellement les avortements
4. Autorisations médicales
voir chapitre 7, section 3 Oui Non Commentaire Sources d’information
– médecin
– chirurgien
– psychiatre
– assistante sociale
Évaluation
– en cas de malformation fœtale
5. Autorisations judiciaires
voir chapitre 7, section 4 Oui Non Commentaire Sources d’information
– un avocat
– un magistrat
– un juge
Évaluation
– s’il y a des raisons liées à la santé mentale
6. Autorisation du conjoint
voir chapitre 7, section 5 Oui Non Commentaire Sources d’information
Évaluation
– 18 ans
– 21 ans
* Merci de noter que le terme « parents » englobe à la fois les parents et les tuteurs. Suite à la page suivante
7. Autorisation des parents ou du tuteur (suite) Oui Non Commentaire Sources d’information
8. Consentement et confidentialité*
voir chapitre 7, sections 5-7 Oui Non Commentaire Sources d’information
Évaluation
8. Que se passe-t-il dans les faits ?
9. Déclaration des services d’avortement (suite) Oui Non Commentaire Sources d’information
Si oui :
– doit-il être mené par le médecin qui va
pratiquer l’avortement ?
10. Obligations légales de conseil (suite) Oui Non Commentaire Sources d’information
– la procédure d’avortement
– la contraception
Évaluation
5. Combien de temps avant l’avortement cet
entretien doit-il avoir lieu ?
– plus de 8 jours
12. Publicité sur les services d’avortement (suite) Oui Non Commentaire Sources d’information
Évaluation
– emprisonnement
12. Publicité sur les services d’avortement (suite) Oui Non Commentaire Sources d’information
– les médecins
– les infirmières
– les médecins
– les infirmières
Évaluation
destiné à l’interruption de grossesse
– autres (merci de préciser)
Évaluation
– infirmières
– sages-femmes
2. Protocoles pour les services d’avortement Oui Non Commentaire Sources d’information
Évaluation
l’établissement de santé après l’intervention ?
(Si oui, merci de préciser quelles techniques
d’avortement requièrent cette nuit sur place)
4. Les différentes méthodes d’avortement sont-elles
bien pratiquées jusqu’au terme du délai légal
autorisé ? Par exemple, l’aspiration manuelle
intra-utérine est-elle pratiquée jusqu’à 12
semaines après la date des dernières règles ?
(Merci d’utiliser la question suivante, n° 3, portant
sur les médicaments, pour préciser votre réponse)
5. Une visite de suivi est-elle obligatoire ? (si oui,
merci de préciser combien de temps se sera écoulé
entre l’avortement et cette visite, pour chacune
des techniques d’avortement)
6. Est-il obligatoire pour le prestataire de fournir des
services de contraception post-avortement ?
2. Mifépristone et gemeprost
3. Misoprostol seul
4. Gemeprost seul
5. Méthotrexate et misoprostol
9. Dilatation et curetage
14. Méthotrexate
15. Gemeprost
Évaluation
– si la grossesse est le résultat d’un crime (viol,
inceste)
– si la femme vit dans des conditions de pauvreté
(merci de préciser les critères utilisés)
4. Coût des services d’avortement (suite) Oui Non Commentaire Sources d’information
2. Si oui :
– Incinération avant 24 semaines
– Associations de professeurs
Évaluation
– Célébrités
* Les réponses à ces questions peuvent être produites en discussion plénière et déboucher sur Suite à la page suivante
l’identification de pistes supplémentaires d’investigation.
Maintenant que vous connaissez la législation, merci de vous référer aux deux documents suivants : « l’Outil
IPPF d’auto-évaluation sur la Qualité des Soins » et « les Directives médicales et de prestations de services de
l’IPPF », sur la façon de fournir des services d’avortement complets et de haute qualité. Voir aussi le chapitre
« Informations complémentaires » en page 37.
1. Que dit votre constitution sur la mise en œuvre des instruments internationaux des droits de l’homme
destinés à protéger les droits des citoyens (comme les droits à la non-discrimination, à la santé, à la vie, et à
la protection contre tout traitement inhumain et dégradant) ?
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter les sources suivantes sur le site du Haut Commissariat aux droits de l’homme
des Nations Unies :
Évaluation
• Réservations et Ratifications 2006 : (http://www2.ohchr.org/english/bodies/ratification/index.htm)
• Ratification des principaux traités internationaux relatifs aux droits de l’homme
(http://www2.ohchr.org/english/bodies/docs/RatificationStatus.pdf)
Sur le même site, vous pouvez également trouver des informations intéressantes et pertinentes dans les documents suivants :
• la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (http://www2.ohchr.org/
french/law/cat.htm)
• la Convention relative aux droits des personnes handicapées (http://www2.ohchr.org/french/law/disabilities-convention.htm)
Vous pouvez aussi consulter, sur le site de la Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples :
• le Protocole relatif à la charte africaine des droits de l'homme et des peuples portant sur la création d'une cour africaine
des droits de l'homme et des peuples (http://www.achpr.org/francais/_info/court_fr.html)
• le Protocole à la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits de la femme en Afrique
(http://www.achpr.org/francais/_info/women_fr.html)
Déclaration Pacte international Pacte international Convention sur Convention relative Convention
universelle des relatif aux droits relatif aux droits l’élimination de aux droits de américaine relative
droits de l’homme civils et politiques économiques, toutes les formes l’enfant aux droits de
sociaux et culturels de discrimination à l’homme
l’égard des femmes
2. Quels
instruments des
droits de l’homme
votre pays a-t-il
signés ?
3. Quels
instruments des
droits de l’homme
votre pays a-t-il
ratifiés ?
4. Des réserves
ont-elles été
apportées ?
(Merci de fournir
des détails sur
la santé et les
droits sexuels et
reproductifs)
5. Les organes de
suivi des traités
sur les droits de
l’homme ont-ils
fait des recom-
mandations ou
des commentaires
généraux sur la
santé et les droits
sexuels et repro-
ductifs dans votre
pays ? (merci de
fournir des détails)
6. Ces instruments
ont-ils été
intégrés dans
la législation
nationale ?
s Conférences et
documents
Charte africaine des Convention Charte arabe des Vienne Conférence Beijing
droits de l’homme et européenne des droits de l’homme Internationale sur
des peuples droits de l’homme la population et le
développement
Évaluation
Que devriez-vous mettre en place pour être capable de fournir des services au maximum de ce qui est légalement autorisé, et
faciliter un accès facilité à l’avortement sans risque ? Merci de prendre en compte les possibilités suivantes :
Évaluation
• ateliers avec les parties prenantes, sur la clarification des valeurs, l’optimisation de la prise de conscience et de l’engagement
• plaidoyer interne
• formation à différents niveaux
• information, éducation et actions de communication
• recrutement
• optimisation des équipements, amélioration de la qualité des soins, introduction du contrôle de la fécondité, mise en
œuvre de méthodes modernes d’avortement (aspiration manuelle intra-utérine, avortement médicalisé)
• création de nouveaux équipements
• création de bases de données, analyse de l’existant à partir de la recherche actuelle
• recherche empirique
• élaboration de partenariats, par exemple avec les représentants locaux des organisations suivantes : IPPF, Organisation
Mondiale de la Santé, FNUAP (Fonds des nations Unies pour la Population), Fédération Internationale des Gynécologues
et Obstétriciens, IPAS, associations professionnelles et associations d’étudiants, ONG, Amnesty, associations des droits de
l’homme, Marie Stopes International, Population Council, agences de coopération, ainsi qu’avec les media, dirigeants,
parlementaires, avocats, chefs spirituels, autres…
Évaluation
• Mettre en place un système de collecte de données sur l’avortement, à un niveau national, régional et
international. La collecte des données et informations peut rendre plus efficaces les efforts de plaidoyer, et
aide les équipes à se tenir au courant des dernières nouvelles concernant l’avortement.
• S’informer des données que votre pays doit fournir sur les droits de l’homme, dans le cadre des traités
internationaux, afin que votre organisation puisse proposer des rapports alternatifs et s’assurer ainsi que
les enjeux de la santé sexuelle et reproductive (incluant l’avortement) soient bien pris en compte par les
instances concernées en matière de droits de l’homme.
• Etablir des partenariats avec les organisations travaillant sur la santé sexuelle, les droits de l’homme, et des
thèmes proches, pour faire avancer la question de l’avortement sans risque.
L’IPPF œuvre pour un monde où tous, femmes, hommes et jeunes, où qu’ils soient, ont le
contrôle de leur corps et donc de leur destin. Un monde où tout un chacun est libre de
choisir d’être ou non parent ; libre de décider de l’opportunité d’avoir des enfants et de leur
nombre ; libre de chercher à avoir une vie sexuelle saine, sans craindre une grossesse non
désirée ou une infection sexuellement transmissible, VIH inclus. Un monde où le genre et
la sexualité ne sont plus sources d’inégalité ou de stigmatisation. L’IPPF ne reculera pas et
fera tout en son possible pour préserver ces choix et ces droits à l’intention des générations
futures.
Remerciements
Photos : IPPF/Irish Family Planning Association
Ecrit par Marcel Vekemans, Upeka de Silva et Manuelle Hurwitz. [en couverture] ; IPPF/Chloe Hall/Indonésie [page 4] ;
et IPPF/Jenny Matthews/Népal [page 42].
Nous tenons à saluer la contribution de Nathalie von Massenbach, Christina Maloney Le Bureau central de l’IPPF a signé le Code de
et Catherine Giboin qui ont mené des recherches considérables sur les lois en conduite européen CONCORD régissant les images
et les photographies. L’IPPF s’est engagé à respecter
matière d’avortement dans le monde entier. Nous tenons également à exprimer notre
ce code, élaboré par des ONG basées dans toute
reconnaissance à nos tout premiers lecteurs, dont les suggestions nous ont permis l’Europe. Les photographies utilisées dans cette
d’améliorer ce document, notamment Dilys Cossey, Jane Cottingham Girardin, Gill Greer, publication ne le sont qu’à fins d'illustrations.
Elles n'impliquent aucune prise de position, aucun
Eszter Kismodi, Rebecca Koladysz, Gulshun Rehman, Nono Simelela, Tran Nguyen Toan, comportement ni aucune activité particulière de la
Christina Zampas, et le personnel de l’Association ougandaise membre de l’IPPF. part des personnes apparaissant dans ces images.
Accès à l’avortement
sans risque
Un outil pour évaluer les obstacles juridiques et autres
L’IPPF est un prestataire de services de Quoiqu’il y ait très peu de pays où l’avortement
santé sexuelle et reproductive actif dans
le monde entier et l’un des principaux
soit complètement illégal (et même dans ces pays
défenseurs de la santé et des droits en « l’état de nécessité » peut être invoqué pour
matière de sexualité et de reproduction
sauver la vie d’une femme), il n’y a pas de pays où
pour tous. C‘est une fédération
d’organisations nationales œuvrant avec et l’avortement est accessible sans aucun obstacle.
pour les communautés et les individus. L’avortement est toujours sujet à des conditions
qui reflètent la réticence d’une société ou d’un
IPPF
4 Newhams Row gouvernement à permettre aux femmes l’accès
London SE1 3UZ
United Kingdom à l’avortement sans risque. Ces obstacles sont
Tél : +44 20 7939 8200
Fax : +44 20 7939 8300 nombreux et incroyablement complexes.
Email : [email protected]
www.ippf.org Dans un pays ou un endroit donné, l’évaluation des lois et des obstacles
Œuvre de bienfaisance enregistrée au juridiques et autres concernant l’accès à l’avortement sans risque est une
Royaume-Uni sous le n° 229476
première étape nécessaire, si l’on veut savoir précisément comment les
Publié en novembre 2008 par la Fédération femmes peuvent avoir accès à des soins d'avortement complets, légaux et
internationale pour la Planification familiale
sans risque. Ce guide est un outil d’évaluation que les professionnels et
autres parties intéressées peuvent utiliser pour se connaître les obstacles
Imprimé avec des encres végétales sur du qui rendent l'accès à l'avortement sans risque difficile ou impossible.
papier fabriqué à partir de bois émanant de
forêts gérées écologiquement.
Ce guide souligne aussi les injustices auxquelles les femmes doivent
Edité et produit par faire face. Nous espérons que vous pourrez agir contre ces injustices
www.portfoliopublishing.com
Maquette d’Heidi Baker partout où elles existent.