Cervicalgie Commune Et Névralgies Cervicobrachiales

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 16

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 15-831-A-10 (2004)

15-831-A-10

Cervicalgie commune et névralgies


cervicobrachiales
J.-M. Vital
B. Lavignolle
V. Pointillart
Résumé. – Nous décrivons ici les douleurs naissant dans le cou qui peuvent irradier vers les membres
O. Gille
supérieurs et s’intègrent dans le cadre de la pathologie dégénérative cervicale. Les cervicalgies correspondent
M. de Sèze
souvent à des douleurs rapportées d’origine articulaire postérieure ou peuvent toucher le grand nerf occipital
d’Arnold : elles sont symptomatiques ou secondaires à l’arthrose cervicale. Leur traitement est le plus souvent
conservateur, associant physiothérapie, massages, tractions et dans certains cas manipulations ; infiltrations
articulaires postérieures, acupuncture, mésothérapie font partie de l’arsenal thérapeutique. À long terme, le
traitement de fond associant une rééducation posturale, un renforcement musculaire cervicopériscapulaire
cherche à éviter les récidives. Les névralgies cervicobrachiales correspondent fréquemment à une compression
d’un nerf rachidien ou de ses racines le plus souvent par hernie molle ou dure. Cette névralgie est en général
monoradiculaire et rarement accompagnée de signes déficitaires moteurs. Une compression
radiculomédullaire peut entraîner une névralgie cervicobrachiale le plus souvent bilatérale. Les examens
complémentaires pour reconnaître une cause compressive sont dominés par la tomodensitométrie et surtout
l’imagerie par résonance magnétique nucléaire. L’exploration électrique par électromyogramme et étude des
potentiels évoqués somesthésiques peut confirmer la souffrance radiculaire, la topographier et en préciser la
gravité. Le traitement conservateur doit être proposé de première intention en dehors de tout déficit
neurologique : il comprend l’immobilisation cervicale par collier, des tractions axiales, la physiothérapie, le
traitement médical avec antalgiques, anti-inflammatoires et myorelaxants. Les manipulations cervicales sont
très discutables en cas de hernie, en revanche, les infiltrations foraminales avec contrôle scanographique ou
épidurales sont un dernier recours efficace. La chirurgie pratiquée devant l’échec de toutes ces méthodes ou en
cas de déficit moteur se fait le plus souvent par voie antérieure : la dissectomie seule expose à la cyphose, le
comblement de l’espace discal peut se faire par greffe autologue, cage, voire prothèse chez les sujets les plus
jeunes.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Cervicalgie commune ; Névralgie cervicobrachiale ; Névralgie d’Arnold ; Hernie discale molle ;
Hernie discale dure ; Rééducation ; Traitement chirurgical

Introduction Rappel anatomique des structures


nerveuses du rachis cervical
Ce chapitre concerne les douleurs naissant au cou et qui parfois
irradient vers le membre supérieur. Elles s’intègrent le plus souvent Les nerfs rachidiens sont constitués par la réunion des racines
dans le cadre de la pathologie dégénérative cervicale. Après un antérieures motrices et postérieures sensitives formées en réalité de
rappel anatomique, nous décrivons séparément les cervicalgies radicelles ; les premières naissent du sillon médullaire latéral ventral,
communes et les névralgies cervicobrachiales. les secondes du sillon latéral dorsal ; les radicelles postérieures sont
trois fois plus nombreuses que les antérieures. La dure-mère
enveloppe ces deux racines et se prolonge par l’épinèvre à partir du
ganglion spinal. Le ligament dentelé disposé dans un plan frontal
sépare les radicelles antérieures et postérieures et amarre la moelle à
la dure-mère. L’arachnoïde se réfléchit à la partie médiale du
ganglion spinal. [1]
Les racines sont horizontales en région cervicale haute et obliques
en bas et en dehors à partir de C4 ; elles ne sont pas transversales,
J.-M. Vital (Professeur des Universités, praticien hospitalier) mais ont tendance à se diriger vers l’avant et le dehors. En réalité, il
Unité de pathologie rachidienne, CHU Pellegrin-Tripode, place Amélie-Raba-Leon, 33076 Bordeaux cedex,
France. existe d’après Frykholm [2] des variations d’orientation avec des
B. Lavignolle (Maître de conférence des Universités, praticien hospitalier) racines qui peuvent être horizontales, dirigées vers le haut, voire
Service de médecine et de rééducation, CHU Pellegrin-Tripode, place Amélie-Raba-Leon, 33076 Bordeaux
cedex, France. coudées (direction vers le haut puis vers le bas).
V. Pointillart (Professeur des Universités, praticien hospitalier)
Adresse e-mail : [email protected] Les nerfs rachidiens, constitués, vont circuler à la face supérieure du
O. Gille (Praticien hospitalier) pédicule puis de la transverse de la vertèbre portant le même
Unité de pathologie rachidienne, CHU Pellegrin-Tripode, place Amélie-Raba-Leon, 33076 Bordeaux cedex,
France. numéro que la racine. Outre ces rapports dure-mériens, les racines
M. de Sèze (Assistant hospitalier universitaire)
Service de médecine et de rééducation, CHU Pellegrin-Tripode, place Amélie-Raba-Leon, 33076 Bordeaux
et les nerfs rachidiens sont entourés par des structures
cedex, France. ostéoarticulaires qui peuvent constituer des éléments compressifs

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


15-831-A-10 Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales Appareil locomoteur

dans le cadre de la pathologie dégénérative. Près de leur origine, les


racines sont dans le canal rachidien ou foramen vertébral, derrière
la partie postérieure et latérale du disque intervertébral. La structure
du ligament longitudinal dorsal est discutée : elle est faite d’une
couche superficielle, la plus postérieure, fin prolongement de la
membrane tectoria et d’une couche profonde plus épaisse,
indissociable du disque et formant un complexe annulus-ligament. [3]
Entre ces deux couches se situent des plexus veineux qui sont en A
rapport avec les veines corporéales. Les racines, le ganglion puis le
nerf rachidien constitué circulent ensuite dans le foramen
intervertébral cervical qui est, non pas un orifice comme en région
lombaire, mais un véritable canal foraminal, dirigé légèrement en
bas en dehors et en avant, comme les transverses ; il est limité en
avant par l’uncus ou partie postérolatérale des plateaux qui se
surélève, en arrière par les articulations zygapophysaires, en bas et
en haut par les pédicules et transverses des vertèbres adjacentes. B
L’axe nerveux n’occupe que 20 à 50 % de la surface de ce canal ; il
est accompagné de plexus veineux et de graisse. En réalité, ce canal
foraminal comprend trois portions :
– la plus interne correspond au pédicule : les deux racines qui sont
encore séparées sont plus ou moins protégées par l’uncus en avant
et les articulaires en arrière selon le niveau d’insertion de ce
pédicule. [4] La racine antérieure motrice est décalée vers le bas par
rapport à la racine postérieure sensitive : elle serait donc plus C
exposée à ce niveau ; Figure 1 Les trois types de douleurs.
– la portion médiane est située derrière le canal de l’artère A. Douleur locale ou locorégionale.
B. Douleur rapportée.
vertébrale : elle est occupée par le ganglion spinal ;
C. Douleur référée.
– enfin, la portion la plus latérale est transversaire.
La transverse, creusée en gouttière, est occupée par le nerf rachidien Pendant la flexion de la tête, la portion moyenne du nerf s’allonge
constitué qui très vite va donner une branche antérieure et une et le muscle oblique inférieur, qui bouge peu, maintient amarré vers
branche postérieure plus petite. Wackenheim [5] décrit des variations le bas le nerf et aggrave l’étirement.
de dimension des canaux rachidiens avec pédicules transverses ou La rotation entraîne un étirement du nerf du côté opposé. Enfin,
courts réduisant de façon constitutionnelle la dimension l’extension et la rotation controlatérales entraînent une compression
antéropostérieure des foramens (qui normalement se situe entre du ganglion.
5,5 mm et 7 mm). Les apophyses unciformes caractérisent le rachis Après avoir décrit les nerfs rachidiens et leur distribution, on peut
cervical. Luschka parle de véritable articulation, tout comme décrire les différents types de douleur provoqués par l’irritation ou
MacNab [3] qui décrit l’articulation neurocentrale car les apophyses la compression d’un nerf ou par stimulation des récepteurs
unciformes se situent à l’aplomb des cartilages neurocentraux : en nociceptifs de ces différentes structures.
réalité, il existe en regard de ces apophyses unciformes, véritables
On peut opposer :
murs de protection des racines, des fissures discales assimilées à tort
à des cavités articulaires. – la douleur locale ou locorégionale avec lésion dans le territoire
Sur le plan dynamique, les foramens intervertébraux se ferment en cutané ;
extension (au même titre que le canal rachidien) et en rotation – la douleur rapportée avec lésion du tronc nerveux lui-même ; elle
homolatérale. est caractérisée par la présence de dysesthésies et est associée dans
Les branches antérieures des nerfs cervicaux constituent des plexus : les formes graves à des signes sensitifs, moteurs ou réflexes. Ce type
les quatre premières constituent le plexus cervical, les quatre de douleur existe dans les névralgies cervicobrachiales ;
dernières, avec la branche antérieure du premier nerf rachidien
– la douleur référée ; elle naît dans un métamère à partir d’un
thoracique, le plexus brachial : elles ont un territoire sensitif et
récepteur et est référée dans un dermatome ou un myotome. Elle
moteur classique sur lequel nous revenons dans la clinique des
n’est pas associée à des troubles neurologiques et a son origine au
névralgies cervicobrachiales.
niveau des apophyses articulaires, des ligaments et des muscles [6, 7,
Les branches postérieures des huit nerfs cervicaux assurent 8]
(Fig. 1).
l’innervation de l’ensemble de la région postérieure du cou.
Le grand nerf occipital d’Arnold, bien étudié par Grenier [6]
correspond à la branche postérieure du deuxième nerf cervical : Cervicalgie commune
18 dissections lui ont permis de distinguer deux coudes sur le trajet :
Le rachis cervical a pour fonction principale de soutenir la tête
– le premier se situe sous le muscle oblique inférieur ;
(fonction céphalophore) et de l’orienter dans l’espace pour optimiser
– le second lors de la traversée du muscle semi-épineux, qui se situe la vision stéréoscopique (fonction oculocéphalogyre). Cette région
3-4 cm au-dessous et 1 cm en dehors de la protubérance occipitale anatomique est très riche en capteurs proprioceptifs dont le rôle est
externe. capital dans la régulation du tonus musculaire et des réflexes
Un troisième accident se situe dans la traversée de la portion posturaux. [9, 10] Toute lésion articulaire au niveau cervical, quelle
terminale et fibreuse du trapèze (2 cm au-dessus et 3 cm en dehors qu’en soit la cause, provoque une contracture musculaire génératrice
de la même protubérance occipitale externe). de douleurs et source d’entretien de la lésion initiale.

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales 15-831-A-10

APPROCHE DIAGNOSTIQUE DES CERVICALGIES l’occipital avec les insertions du trapèze et la charnière sous-
occipitale. Les insertions musculaires sont souvent le siège de
¶ Interrogatoire douleur : la région scapulaire avec l’insertion du muscle élévateur
L’examen clinique est toujours précédé d’un interrogatoire rigoureux de la scapula, la région dorsale interscapulaire avec les muscles
car il apporte l’essentiel des arguments du diagnostic : rhomboïdes, le trapèze inférieur et les gouttières paravertébrales, la
région antérieure du cou avec les muscles sterno-cléido-mastoïdiens
– âge, profession, activités physiques habituelles ; et les creux sus-claviculaires sans oublier les aires ganglionnaires
– les antécédents cervicaux et généraux, voire familiaux pour des jugulocarotidiennes. Il peut exister des points douloureux
étiologies particulières ; périorbitaires (projection C1-C2) et de l’articulation
temporomaxillaire. (projection C3-C4).
– les circonstances de survenue : début brutal ou progressif, après
La recherche d’une douleur locale ou irradiée lors de la pression
un effort ou un traumatisme, un mouvement violent, ou en
axiale sur le sommet du crâne peut être utile pour orienter le
apparence de façon spontanée ;
diagnostic : pression en flexion explorant les disques, pression en
– les caractères de la douleur : intensité, rythme, diurne ou nocturne extension explorant les arcs postérieurs et pression en latéro-
avec réveil matinal, sensation de courbatures matinales ou de flexion-rotation (Spurling) explorant la zone uncovertébrale et
raideur ; foraminale.
– ancienneté de la douleur et évolution de l’intensité, influence des La proximité de la ceinture scapulaire et l’intrication des douleurs
médicaments ; cervicoscapulaires impose souvent un examen complet de l’épaule
au moindre doute.
– la localisation des douleurs : siège et irradiations scapulaire,
dorsale ou occipitale, soit irradiée au membre supérieur, à la face L’examen neurologique systématique doit comporter l’étude de la
antérolatérale du cou et à la face ; sensibilité, de la force musculaire des membres supérieurs et des
réflexes ostéotendineux, la recherche d’un signe de Claude-Bernard-
– l’existence de symptôme d’accompagnement : céphalées, Horner (territoire orthosympathique), et selon le contexte la
dysphagie, sensations vertigineuses, douleurs orbitaires, douleurs de recherche des signes de la fosse postérieure et des voies longues
l’articulation temporomandibulaire ; médullaires pyramidales.
– présence d’une altération de l’état général, d’une fièvre ; L’examen général complet est orienté vers une analyse locorégionale
– recherche d’un terrain anxiodépressif traité ou non. ORL, stomatologique (dysocclusion et syndrome douloureux de
l’articulation temporomandibulaire), vasculaire, ganglionnaire,
L’évaluation de la douleur et de l’incapacité cervicales peut être
pulmonaire, voire viscérale complète.
obtenue par un questionnaire traduit en français et validé du Neck
Pain and Disability Scale (NPDS) de Wheeler [11] par Demaille [12] Sur le plan fonctionnel ergonomique, il faut connaître l’influence des
parmi d’autres questionnaires. Chacune des 20 questions comporte positions du cou et de la tête dans les activités professionnelles avec
une échelle visuelle analogique de 0 à 100. Cette échelle permet surtout la position assise, les sports et loisirs avec les facteurs
d’avoir un score total sur la moyenne des questions au moment de statiques et dynamiques.
l’examen initial. Cette échelle permet de suivre l’évolution Le contexte psychoaffectif et social peut être évalué par un bilan
fonctionnelle avec le traitement et également d’évaluer les spécialisé ainsi que l’existence d’un contentieux juridique et
techniques utilisées. financier.

¶ Examen clinique ¶ Examens complémentaires


Ils doivent être demandés en fonction de la clinique, mais en général
Il n’est pas limité au seul rachis cervical et doit s’étendre aux régions
il est indispensable d’avoir des radiographies standards (face, profil,
de voisinage ; le crâne, le rachis dorsal, la ceinture scapulaire et les
3/4 droit et gauche complétées de clichés centrés sur la charnière
membres supérieurs.
occipitocervicale) et un bilan biologique avec au minimum une
L’inspection s’attache à définir le morphotype : longiligne ou numération formule sanguine et une vitesse de sédimentation.
bréviligne et l’aspect du cou : long et gracile ou court, à évaluer la D’autres examens spécialisés en imagerie (scanner, imagerie par
statique rachidienne de face et de profil avec une hyperextension résonance magnétique (IRM), équilibre sagittal global postural du
souvent causée par un trouble statique sous-jacent, en particulier rachis sur grande cassette) et plus complets en biologie sont
une cyphose dorsale ou une projection du cou en avant plus nécessaires pour écarter les cervicalgies symptomatiques ou
marquée chez les femmes, la recherche d’une attitude antalgique secondaires avant d’affirmer le diagnostic de cervicalgie commune.
avec un aspect « guindé » ou plus souvent une attitude antalgique
en latéroflexion-rotation ou torsion. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
L’étude de la mobilité doit rechercher une raideur globale ou Les cervicalgies secondaires nécessitent souvent le recours à des
segmentaire du rachis cervical, douloureuse ou non à la mobilisation examens plus complets en imagerie et en biologie. Il faut être
d’abord active en position assise en flexion-extension, rotations et rigoureux sur le diagnostic afin d’éviter un retard de traitement
latéroflexion droite-gauche avec limitation d’amplitude ou présence spécifique et de mettre en œuvre des traitements non seulement
d’un arc douloureux. La mobilité passive est étudiée en décubitus inefficaces mais aussi dangereux en ce qui concerne les
dorsal la tête hors de la table dans tous les secteurs pour faire la thérapeutiques manuelles et physiques.
part d’une limitation par contracture musculaire ou par lésion
Citons :
articulaire ou présence d’une raideur importante avec peu de
mobilité. Le schéma en étoile de Maigne [7] permet de consigner les – les cervicalgies post-traumatiques précoces qui nécessitent une
limitations sectorielles et les éléments de la douleur. étude attentive des clichés standards et dynamiques, surtout chez le
La palpation est réalisée en décubitus dorsal puis assis et doit sportif, voire tomographies ou scanner au moindre doute, en
explorer les apophyses épineuses en arrière dont les plus palpables particulier dans la luxation rotatoire C1–C2 de l’enfant ;
sont C2 et C7, les articulations postérieures et les processus – les cervicalgies tumorales avec le plus souvent une localisation
transverses latéralement entre les muscles scalènes, la base de métastatique d’un cancer viscéral ou d’un myélome, plus rarement

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


15-831-A-10 Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales Appareil locomoteur

une tumeur primitive agressive (chordome) ou bénigne (chondrome, Les facteurs psychogènes sont souvent présents, plutôt de type
ostéome ostéoïde) et très particulièrement le granulome éosinophile somatopsychiques avec une influence évidente de divers conflits
chez l’enfant et l’adolescent avec la vertebra plana dont l’évolution psychologiques et un bilan organique négatif. Ceci ne doit pas être
est habituellement favorable avec la simple immobilisation ; un motif de rejet du patient, mais sans somatiser il convient de
l’orienter vers un traitement anxiolytique léger, la relaxation et des
– les spondylodiscites à germes banals et à BK qui nécessitent pour
activités physiques. [15] Plus rarement, le trouble est véritablement
confirmer le diagnostic une scintigraphie et une biopsie chirurgicale
psychiatrique, soit d’ordre hystérique, soit d’ordre dépressif
ou percutanée au trocart sous contrôle scopique ;
nécessitant un traitement antidépresseur.
– les rhumatismes inflammatoires avec la polyarthrite rhumatoïde
Dans la fibromyalgie ou syndrome polyalgique idiopathique diffus
qui touche souvent le rachis cervical supérieur. La pelvispondylite
(SPID) avec une altération probable du contrôle neurologique central
se manifeste tardivement au niveau cervical, sauf dans les formes
de la douleur, la cervicalgie n’est qu’un élément du tableau
sévères et du sujet jeune.
cellulomyalgique diffus de l’ensemble du rachis et des ceintures. Le
– Les tumeurs de la fosse postérieure (astrocytome) ainsi que les diagnostic est établi sur les points gâchettes spécifiques avec un
malformations nerveuses (Arnold-Chiari) ou vasculaires peuvent se bilan rachidien normal. La dépression réactionnelle est souvent
manifester par des cervicalgies hautes ; présente avec l’asthénie, l’insomnie et les troubles fonctionnels
– le rare syndrome de Grisel ou torticolis nasopharyngien se viscéraux.
manifeste chez l’enfant après une infection ORL par un torticolis à
début brutal témoin d’une luxation C1–C2. ¶ Formes topographiques
Les cervicobrachialgies sont à distinguer des véritables névralgies
FORMES CLINIQUES DES CERVICALGIES COMMUNES cervicobrachiales (NCB) où la topographie est rapportée
métamérique par compression radiculaire liée à une hernie discale
¶ Formes symptomatiques ou à l’arthrose foraminale antérieure de l’uncus et postérieure de
l’articulation postérieure. Le bilan neurologique et l’imagerie
Elles se résument à trois tableaux.
assurent le diagnostic. Dans un bon nombre de cas, les
– La cervicalgie aiguë avec torticolis où l’attitude antalgique en manifestations brachiales sont projetées et référées avec un trajet
latéroflexion-rotation est plus ou moins marquée. La douleur est tronqué caractérisant les ténomyalgies d’un syndrome articulaire.
violente à la moindre tentative de mobilisation active mais la Par exemple le syndrome articulaire C4-C5 donne des ténomyalgies
mobilisation passive en décubitus est libre en situation de à l’épaule, le niveau C5-C6 donne des ténomyalgies des muscles
relâchement musculaire. Il faut un examen soigneux de la charnière épicondyliens latéraux (brachioradial et muscles long et court
sous-occipitale et complet sur le plan neurologique. extenseurs radiaux du carpe), le niveau C6-C7 donne des douleurs
du tendon du triceps et des muscles épicondyliens médiaux [6]
– La cervicalgie aiguë sans torticolis est souvent de cause basse avec
(Fig. 2).
irradiation unilatérale scapulaire et dorsale haute. La mobilisation
passive retrouve des secteurs indolores. Pour les cervicocéphalalgies, il faut être prudent avant de conclure à
des céphalées d’origine cervicale. Les contractures musculaires
– Les formes chroniques et récidivantes où la douleur est
bilatérales avec douleurs d’insertion occipitales des muscles trapèzes
cervicodorsale médiane ou cervico-occipitale unilatérale.
et splénius surviennent en fin de journée, aggravées par le
surmenage physique ou intellectuel et les conflits psychologiques.
¶ Formes étiologiques La douleur tensive est déclenchée en flexion cervicale. Il s’agit du
Elles sont difficiles à affirmer car la relation de cause à effet n’est pas syndrome myofascial décrit par Travell [8] qui touche également les
toujours évidente. Les anomalies radiographiques ne sont pas petits muscles profonds sous-occipitaux de Tillaux. La névralgie
toujours concordantes avec la clinique et plus de 50 % des patients occipitale habituellement unilatérale d’Arnold, branche postérieure
avec des images de lésions dégénératives cervicales n’ont pas de de C2, est liée à un conflit articulaire C1-C2 (entorse, arthrose ou
cervicalgies. [40] polyarthrite rhumatoïde) ou à une compression dans son trajet
musculaire sous l’oblique inférieur ou à travers le splénius et le
L’arthrose cervicale avec des manifestations dégénératives est quasi
tendon d’insertion du trapèze. La douleur est déclenchée en
constante après 40 ans en C5-C6 et C6-C7 avec l’uncodiscarthrose et
extension et rotation de manière unilatérale. Le point douloureux à
l’arthrose articulaire postérieure. L’IRM peut montrer des lésions de
l’émergence du nerf au triangle de Tillaux est sous-occipital C1-C2
discopathies inflammatoires de type MODIC 1 plus rare qu’au
avec des paresthésies, des sensations de brûlures ou de décharges
niveau lombaire.
électriques hémioccipitales et une cellulalgie au frottement (signe du
Les troubles statiques comprennent l’hyperlordose, la protraction shampoing). Seul le test infiltratif anesthésique réalisé sous contrôle
cervicale et les rares scolioses cervicales basses avec des douleurs de scopique au niveau de la face postérieure de l’articulation C1-C2 où
la concavité. se situe le ganglion de C2 peut confirmer ce diagnostic avec la
Le facteur musculaire est permanent. Douleurs et contractures sont sédation temporaire des douleurs. [16, 17, 18, 19] Des lésions arthrosiques
constantes dans les cervicalgies comme manifestations bien localisées, notamment en C1-C2, en tomodensitométrie (TDH)
d’accompagnement d’une pathologie articulaire (syndrome peuvent conduire à des arthrodèses C1-C2 s’il y a échec du
cellulomyalgique), [7] traumatique ou dégénérative. Ces contractures traitement conservateur. La névralgie de la branche postérieure de
peuvent être isolées (syndrome myofascial) [8] chez les sujets jeunes C3 est assez voisine de celle de C2 par conflit articulaire C2-C3 mais
de sexe féminin avec un cou longiligne et une musculature gracile. avec une projection occipitale plus médiane.
La musculature cervicodorsale de ces patientes est insuffisante et Les cervicoscapulalgies sont parfois des tendinites d’insertions par
inadaptée pour un travail statique de longue durée. microtraumatismes répétés sportifs ou professionnels ou plus
La mesure de force musculaire isométrique comparative montre que, souvent des myalgies référées d’un syndrome articulaire cervical et
en moyenne, les femmes développent une force inférieure de 25 % à il faut être certain d’un bilan organique négatif à l’épaule. Ainsi le
celle des hommes dans une population de 78 sujets sains actifs trapèze moyen et les scalènes innervés par le plexus cervical dans la
travaillant au CHU de Bordeaux et d’âge moyen de 33 ans. [13, 14] dysfonction articulaire C3-C4, l’élévateur de la scapula (angulaire)

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales 15-831-A-10

entraîne des perturbations de l’oculocéphalogyrie et de la régulation


du tonus musculaire et des réflexes posturaux dans son ensemble.
Les troubles se manifestent par une sensation ébrieuse avec
pseudovertiges et des difficultés de fixation des cibles. Le test de
Fukuda, la posturographie [ 2 0 ] et l’évaluation du sens de
positionnement céphalique confirme l’atteinte fonctionnelle du
C2C3 C3C4 système postural fin proprioceptif. Ce tableau bénin évolue
favorablement avec une rééducation spécifique du couplage
oculocervical décrit par Revel. [21]
La myélopathie cervicarthrosique des personnes âgées a une
évolution souvent lente et peu handicapante. Il faut exclure toute
manœuvre agressive dans le traitement physique. Ces patients
cervicalgiques nécessitent une surveillance car le risque
d’aggravation brutale neurologique est possible avec atteinte
habituelle des membres inférieurs ; une hypertonie plus marquée
que le déficit, des troubles sensitifs plus marqués pour la sensibilité
profonde et un signe de Babinski. Aux membres supérieurs, le
syndrome lésionnel de type périphérique moteur et sensitif a une
C4 C5 C3 C4
topographie mal systématisée.
Le syndrome sympathique de Barré-Liéou est très discuté avec en
dehors de banales lésions arthrosiques, un contexte anxiodépressif
et parfois post-traumatique. Le tableau associe des céphalées, des
sensations vertigineuses, des acouphènes, éblouissements et
fatigabilité à la lecture, trouble du sommeil et de l’attention avec
C5 C6 perte de mémoire, troubles vasomoteurs et sécrétoires de la face.
À côté des manifestations mineures du syndrome précédent, le
C7 syndrome d’insuffisance vertébrobasilaire est lié le plus souvent à
C6 T1
C7 des lésions artérielles ischémiques mais aussi parfois à un étirement
de la boucle artérielle au niveau de C1 ou à une compression plus
basse ostéophytique de l’artère vertébrale. Les troubles se
manifestent aux mouvements extrêmes de rotation et extension avec
des vertiges vrais, des troubles auditifs et visuels, des signes discrets
d’atteinte du tronc cérébral, des épisodes de dérobement brusque
des membres inférieurs (drop-attacks) avec chute sur les genoux. La
forme majeure du ramollissement bulbaire est le syndrome de
Figure 2 Les territoires douloureux après injection au niveau des articulaires pos-
Wallenberg. Ces complications rares mais graves doivent inciter à
térieures (douleurs référées) (d’après Grenier [6]).
une grande prudence dans le traitement manuel des cervicalgies du
innervé par le nerf scapulaire dorsal dans la dysfonction articulaire sujet âgé. [7]
C4-C5, les muscles supraépineux et infraépineux innervés par le nerf
TRAITEMENTS
supraépineux dans le niveau articulaire C5-C6. Ces myalgies
référées sont associées aux cellulalgies du métamère dorsal. Il faut ¶ Traitements symptomatiques
connaître aussi le retentissement des cervicalgies sur les haubans
Les médications antalgiques mineures sont utiles durant 8 à 15 jours,
latéraux avec l’existence possible d’un syndrome du défilé cervico-
associées aux anti-inflammatoires dans le cas d’une NCB ou d’une
costo-scalénique ou de la traversée cervico-thoraco-brachiale avec
cervicarthrose en poussée sur une courte période avec le port d’un
compression vasculonerveuse.
collier mousse. Les décontracturants sont souvent nécessaires pour
Les cervicodorsalgies sont liées à la musculature commune traiter une contracture diffuse et douloureuse. Les corticoïdes ne
cervicodorsale pour le trapèze et les muscles profonds dorsaux qui sont jamais indiqués dans la cervicalgie commune et seulement dans
remontent jusqu’en C3 et d’autre part à l’émergence des branches les NCB prolongées.
postérieures cervicales au niveau dorsal haut. La douleur Les injections locales sont représentées par la mésothérapie ou
interscapulaire bilatérale est souvent musculaire au niveau du intradermothérapie [22] reconnue comme traitement complémentaire
trapèze inférieur. Unilatérale, elle est plutôt une myalgie référée du local de la douleur. Elle associe les médications antalgiques et
niveau articulaire C4-C5 avec le muscle rhomboïde innervé par le décontracturantes de manière segmentaire métamérique et dans les
nerf scapulaire dorsal avec l’élévateur de la scapula (angulaire). Le zones douloureuses référées cellulomyalgiques dans le territoire de
niveau C7-T1 de la charnière cervicothoracique donne une douleur la branche nerveuse postérieure.
interscapulaire unilatérale avec une musculature profonde
Les infiltrations de corticoïdes sont indiquées dans les articulations
contracturée, une cellulalgie dorsale et une limitation douloureuse
postérieures [ 2 3 ] douloureuses après échec des traitements
cervicale basse unilatérale en extension-rotation.
précédents. Il est possible de les réaliser à chaque niveau
segmentaire y compris en C1-C2 pour la névralgie d’Arnold. [16] Elles
¶ Formes compliquées
doivent toujours être effectuées sous contrôle scopique. L’infiltration
Le syndrome tonique postural post-traumatique est fréquent chez le foraminale habituellement sous scanner est indiquée dans les
sujet jeune après entorse cervicale sous-occipitale en extension type compressions radiculaires. Il faut éviter l’injection massive
whiplash ou « coup du lapin ». L’existence du couplage oculo- d’anesthésique local en profondeur au contact du rachis et des
céphalo-cervical tonique et phasique a été démontrée chez l’animal structures vasculonerveuses compte tenu du risque potentiel de
et l’homme. Le trouble proprioceptif cervical post-traumatique déficit moteur et de dépression respiratoire.

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


15-831-A-10 Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales Appareil locomoteur

L’acupuncture est plus efficace sur les douleurs récentes que les céphalogyre suivie de la technique de couplage cervicoscapulaire et
douleurs chroniques. [24] des mouvements globaux en diagonales des membres supérieurs
La physiothérapie regroupe l’hydrobalnéothérapie, l’électrothérapie décrits par Kabat. [21]
par courants antalgiques ou par diélectrolyse médicamenteuse, les Le contrôle postural cervical en corrigeant la protraction et la lordose
ultrasons, la thermothérapie par rayonnements infrarouges, le laser doit être bien intégré par le patient avec un autoagrandissement actif
infrarouge, les applications de paraffine et fangos et autres et une translation postérieure du cou en positions debout, assise et
techniques sédatives et décontracturantes. quadrupédique.
Le massage en kinésithérapie [25] est souvent essentiel avec les
différentes techniques ; le pincer-rouler cutané pour les infiltrats Rééducation musculaire
cellulalgiques, les pressions locales des contractures, le pétrissage La musculature cervicale a trois rôles principaux ; la capacité à
des trapèzes, les frictions lentes au niveau des insertions, les soutenir une activité statique prolongée en puissance et endurance
étirements progressifs des masses musculaires, le massage des points pour assurer le support et la stabilité de la tête avec horizontalisation
douloureux crâniens et du visage, le massage réflexe vasoactif du regard, l’ajustement du tonus de posture grâce aux circuits
transversal pour l’ensemble du rachis cervicodorsal. sensitivomoteurs avec les afférences visuelles et proprioceptives
Les contentions rigides sont rarement justifiées dans la cervicalgie cervicales et l’adaptation dynamique multidirectionnelle grâce à une
commune, mais les dispositifs légers en mousse peuvent être utiles bonne répartition fonctionnelle des petits muscles segmentaires
de manière transitoire en phase aiguë. Les colliers standards ne sont profonds de Tillaux et le transversaire-épineux ou multifidus
pas toujours adaptés au morphotype du patient et il est possible de couplés aux muscles superficiels et moyens dont le sterno-cléido-
confectionner un collier simple avec un journal entouré d’un foulard mastoïdien, le splénius de la tête et du cou et les complexus.
ou d’un jersey avec un revêtement intérieur d’ouate ou de coton. Les techniques d’éveil musculaire statique ; la mobilisation des yeux
Les tractions mécaniques sont surtout indiquées dans les NCB avec dans des positions extrêmes alors que la tête reste immobile en
un poids maximal de 6 à 12 kg en légère flexion pendant 1 heure décubitus dorsal entraîne un recrutement des muscles cervicaux sans
pour obtenir une véritable décharge des articulations douleur à partir des réflexes oculocervicaux. Dans la technique des
uncovertébrales et l’ouverture des foramens. Dans les cervicalgies réflexes posturaux [26, 27] ou de sollicitation cervicale par diffusion
communes, seules les formes subaiguës prolongées peuvent d’énergie, le travail isométrique avec forte résistance des membres
bénéficier de tractions de faible intensité entre 3 et 6 kg pour obtenir inférieurs, de la ceinture pelvienne, du rachis lombaire puis des
une mise en tension musculaire de détente et un effacement des membres supérieurs entraîne des contractions réflexes des muscles
courbures. profonds du rachis cervical. Ces exercices sont possibles alors que le
cou est algique ou le siège de lésions ostéoarticulaires immobilisées
Les manipulations sont indiquées dans les cervicalgies subaiguës
ou opérées.
récentes de type dérangement articulaire intervertébral mineur. Elles
sont peu efficaces dans les formes chroniques arthrosiques et La fonction posturale est réadaptée pendant la phase algique par un
dangereuses dans les formes aiguës avec forte limitation et apprentissage du verrouillage cervical en position neutre. La
contracture importante. Elles sont plutôt contre-indiquées dans les technique de renforcement isométrique des muscles cervicaux en
radiculalgies récentes. La manipulation selon Maigne [7] doit force et endurance intervient une fois la période algique terminée. [21]
respecter la règle de la non-douleur et du mouvement libre. Il Le renforcement est analytique sur les extenseurs, les rotateurs et les
convient ainsi de faire les tests de posture de mise en tension pour latérofléchisseurs. Il faut utiliser des contractions de 6 à 8 secondes
éviter les complications d’une ischémie vertébrobasilaire. Le risque contre résistance manuelle avec un temps de repos égal. Les
d’accident est le plus fréquent au niveau du rachis cervical, de exercices de poussée axiale active contre résistance favorisent le
l’ordre de 1 cas sur 500 manipulations avec ischémie aiguë développement de la poutre composite périvertébrale. Le travail
gravissime bulboprotubérantielle et cérébelleuse (syndrome de statique intermittent est développé chez les sportifs entre 40 et 60 %
Wallenberg). Ce traitement est donc réservé aux médecins de la résistance maximale (RM) mesuré sur machine isométrique
compétents. Il est même question d’interdire les manipulations avec des contractions de 15 secondes en alternant 15 secondes de
cervicales. L’imagerie moderne artérielle montre que la rotation de repos. Le travail des haubans musculaires superficiels
la tête de 30 à 45° dans des amplitudes physiologiques entraîne un cervicoscapulaires comme le couple trapèze-deltoïde, scalènes et
arrêt circulatoire dans l’artère vertébrale et aussi de l’artère carotide sterno-cléido-mastoïdiens, est intensifié avec de fortes résistances
interne du côté opposé à la rotation. En dehors de ces techniques manuelles ou avec des haltères. Le couplage cervicoscapulaire est
dites articulaires de Maigne ou avec tractions de Cyriax, il existe développé pour favoriser les fixateurs de la scapula au rachis
aussi les techniques dites musculaires réflexes qui sont souvent tout cervical, nécessaire aux mouvements du membre supérieur. Ainsi, il
aussi efficaces et moins dangereuses au niveau du rachis cervical. faut solliciter simultanément la musculature cervicale en isométrique
Ce sont les techniques myotensives avec contre-résistance adaptée strict et les muscles périscapulaires en isométrique et en dynamique.
et les techniques ostéopathiques de myofascial release et de L’adaptation dynamique positionnelle et gestuelle est importante car
counterstrain. la mobilité du cou est au service du regard de façon conjointe avec
la mobilité oculaire et la gestuelle des membres supérieurs est très
¶ Traitement de fond liée à la stabilisation simultanée cervicoscapulaire. On utilise donc
des mouvements globaux des membres supérieurs en isométrique
Rééducation de la mobilité contre résistance selon les diagonales de Kabat. La reprogrammation
oculocervicale de Revel [21] suit selon les résultats du test clinique
La mobilisation passive est associée souvent au massage. [25] Elle est d’évaluation du sens de positionnement céphalique (SPC). Cette
d’abord analytique en débutant sur le rachis cervical sous-occipital, technique recrute dans une première séquence la participation
puis globale sur l’ensemble du rachis cervical sans oublier la automatique de la musculature extrinsèque oculaire pour maintenir
ceinture scapulaire avec la mobilité particulière de la scapula. le regard fixé sur une cible pendant que le rachis cervical est
La mobilité active est activée par une reprogrammation des liens mobilisé passivement dans toutes les amplitudes et principalement
neurophysiologiques du cou avec la vision et avec les membres en rotation. Les séquences suivantes privilégient la participation
supérieurs ; la technique de reprogrammation oculo-cervico- cervicale en restreignant le champ visuel grâce à des lunettes à

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales 15-831-A-10

vision fovéale ou avec une lorgnette en carton pour suivre une cible
mobile ou suivre des dessins géométriques. La dernière séquence
doit faire mémoriser le positionnement cervicocéphalique yeux
ouverts et yeux fermés avec lunettes, puis le couplage normal
oculocervical dans des poursuites de cibles sur rampe lumineuse.

Rééducation globale
Elle fait intervenir pour terminer : le couplage cervical et la
ventilation avec l’inspiration en correction active cervicale, les
sollicitations d’équilibration en position assise, en quadrupédie et
les exercices proprioceptifs par poussées déséquilibrantes en station
debout. A

Relaxation
Elle est souvent très utile dans les cervicalgies musculaires tensives
et dans la fibromyalgie où le renforcement est mal toléré. Il est
proposé des techniques concentratives dont la méthode de Schultz
ou la sophrotonie ou les méthodes de relaxation musculaire dont
celle de Jacobson. Souvent, il est très simple d’utiliser la technique
de « contracter-relâcher » avec des contractions très faibles suivant
une détente musculaire. La technique de counterstrain de Jones en
raccourcissement du muscle est mieux tolérée que les techniques
myotensives ou de « stretching » dans le syndrome myofascial.
B
Prévention des récidives
Elle est assurée par une pratique d’exercices musculaires simples
par le patient deux à trois fois par semaine. Parallèlement, le patient
doit être sensibilisé sur l’importance des attitudes de la tête et du
cou dans les activités soit domestiques, soit de travail, soit de
conduite automobile ou de loisirs.
En conclusion, l’approche de la cervicalgie commune nécessite
d’abord une bonne évaluation clinique et fonctionnelle. Le contrôle
de l’activité musculaire cervicale dans la dynamique et le
positionnement oculo-cervico-céphalique constitue une étape
essentielle dans la maîtrise de la douleur cervicale. L’acquisition
d’une musculature personnalisée pour chaque patient et adaptée à C
ses activités, mais suffisamment puissante sur le plan tonique,
constitue le seul traitement de fond à long terme des cervicalgies Figure 3 Anatomopathologie.
A. Hernie molle postérolatérale.
chroniques. Une prise en charge conjointe psychologique spécialisée B. Hernie molle médiane.
par des techniques comportementales et de « coping » est parfois la C. Hernie dure.
condition essentielle de la possibilité d’action du traitement
physique.
fragment discal peut reculer vers la moelle ou les racines : la hernie
molle fait partie des accidents précoces de la dégénérescence
cervicale ; au stade suivant, le disque se déshydrate, se pince, et perd
Névralgies cervicobrachiales ainsi ses fonctions d’amortisseurs ; les ostéophytes antérieurs et
postérieurs apparaissent aux plateaux vertébraux. La surcharge peut
Par définition, il s’agit de douleurs naissant au cou et irradiant vers toucher les apophyses unciformes et les articulations
le membre supérieur. Elles correspondent le plus souvent à une zygapophysaires, l’évolution peut se faire jusqu’à l’ankylose. Ces
compression d’un nerf rachidien ou des racines qui la constituent ; lésions de surcharge conduisant à la diminution de dimension du
cette compression peut être intradurale (par schwannome ou canal rachidien (segment vertébral mobile) et du foramen
méningiome) ou le plus souvent extradurale par hernie discale molle intervertébral touchent principalement le rachis cervical bas (C5-C6
ou hernie dure (discarthrose) s’intégrant dans la pathologie et C6-C7).
dégénérative discale : nous nous intéressons à cette cause
Il faut rajouter à ces lésions de surcharge des lésions d’hypermobilité
dégénérative qui est de loin la plus fréquente.
touchant le rachis sus-jacent et qui peuvent entraîner des sténoses
dynamiques, notamment en hyperextension. La hernie discale molle
PHYSIOPATHOLOGIE ( Fig. 3 ) peut s’exprimer sur ces segments hypermobiles qui peuvent être
Le processus dégénératif cervical dû au vieillissement s’exprime touchés par des antélisthésis plus ou moins fixés comme en région
moins cliniquement qu’à l’étage lombaire mais plus fréquemment lombaire.
qu’à l’étage thoracique. Dès lors, on peut opposer dans les causes compressives
Comme au rachis lombaire il existe des lésions de surcharges qui dégénératives : la hernie discale molle et la compression
touchent le disque intervertébral ; il commence par se fissurer et un ostéophytique (hernie discale dure).

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


15-831-A-10 Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales Appareil locomoteur

¶ Hernie discale molle précaire. Elle peut évoluer par crises répétées avec expression
douloureuse clinique correspondant à un état inflammatoire parfois
L’incidence annuelle de la hernie discale entraînant une névralgie
aggravé par des contraintes excessives ;
cervicobrachiale est de 6,5/100 000 chez l’homme et 4,6/100 000 chez
la femme. – ces lésions inscrites dans le nerf expliquent la qualité moindre des
résultats de la chirurgie décompressive, notamment sur les
Le niveau C5-C6 serait le plus touché puis les niveaux C6-C7 et C4-
paresthésies qui seraient plus fréquentes et marquées que dans les
C5. La notion du traumatisme cervical est retrouvée pour la plupart
névralgies par hernie molle alors que les déficits sont plus rares.
des auteurs dans seulement 10 % cas. On reconnaît comme facteurs
L’instabilité par atteinte discale et zygapophysaire concomitante sur
aggravants le soulèvement répété de poids, la cigarette, les
les segments cervicaux moyens peut entraîner par spondylolisthésis
microtraumatismes répétés, notamment sportifs (plongeons, sports
dit dégénératif, une compression en général bilatérale des racines
de contact), les vibrations ; les mouvements répétés du cou, la
dans les foramens.
conduite régulière de la voiture ne sont pas des facteurs aggravants
significatifs. Dans ces formes de compression arthrosique, qu’il y ait instabilité
ou non, la moelle peut être comprimée et la myélopathie débutante
Contrairement aux hernies discales lombaires, il existe peu de associée. On notera enfin que contrairement à la région lombaire, il
publications concernant l’anatomopathologie des hernies cervicales, existe une prépondérance des lésions antérieures discocorporéales
c’est-à-dire leur caractère transligamentaire ou non, leur situation sur les lésions de l’arc postérieur, ce qui peut faire penser d’emblée
dans le plan horizontal (dans le canal rachidien, dans le foramen) que la chirurgie par voie antérieure est plus apte à régler les
ou dans le plan sagittal (hernie migrée ou non). Le classique schéma problèmes de compression.
de de Palma et Rothman [28] montre trois situations possibles de
hernies molles : dans le foramen, postérolatérale et médiane venant
CLINIQUE
comprimer moelle et racine ; en réalité le premier cas avec hernie
migrée dans la partie moyenne du canal foraminal est exceptionnel ¶ Névralgie brachiale classique
car les apophyses unciformes protègent la racine ou le ganglion dans
ce segment. Simeone [29] décrit trois types de lésions discales : la La radiculopathie cervicale compressive s’exprime par la classique
fissure intradiscale qui entraîne la cervicalgie pure, la hernie latérale névralgie brachiale. L’examen cervical note une diminution de la
en dedans de l’uncus et la hernie médiane, en général sous- mobilité dans l’un des secteurs de flexion-extension, rotation ou
ligamentaire, pouvant comprimer la moelle. inclinaison latérale ; dans les formes aiguës, on peut noter une
attitude antalgique figée en véritable torticolis.
Enfin, Herkowitz [30] ne retient dans le plan horizontal que deux
types de hernie molle comprimant les racines : la hernie latérale qui La douleur brachiale est très évocatrice d’une compression
s’exprime par une radiculalgie pure et la hernie médiane qui peut radiculaire si elle se prolonge jusqu’aux doigts. Elle est parfois
entraîner radiculalgie (parfois bilatérale) et myélopathie. nocturne et insomniante et empêche souvent le sujet de rester à plat :
seule la position assise est tolérable. Ces formes hyperalgiques
Peu d’auteurs ont insisté sur la fréquence des hernies seraient pour certains le signe de compression du ganglion spinal.
transligamentaires opérées, c’est-à-dire correspondant aux formes les L’amélioration par immobilisation, notamment grâce à un collier, est
plus graves (hyperalgiques ou déficitaires). Dans la série des 57 cas assez spécifique mais il faut que ce collier ne mette pas la colonne
de dissectomies de Pointillart, [ 3 1 ] il y a 80 % de hernies en hypertension qui réduit les dimensions du foramen
transligamentaires et même séquestrées puisqu’il a fallu souvent intervertébral. Des douleurs dans la fosse sus-épineuse et surtout au
enlever le ligament longitudinal dorsal pour découvrir le fragment bord médial de la scapula peuvent être retrouvées notamment dans
isolé devant la racine. Enfin, la migration est rare : elle se fait le cas de névralgie C6 ou C7.
davantage vers le bas que vers le haut et exceptionnellement vers le
Les paresthésies auraient une meilleure valeur topographique :
foramen d’après MacNab. [3]
pouce pour C6, index et médius pour C7, annulaire et auriculaire
pour C8. Certaines manœuvres modifiant la douleur doivent être
¶ Hernie discale dure recherchées : l’impulsivité à la toux, la manœuvre de Valsalva sont
La hernie discale dure correspond en réalité à une discarthrose qui moins régulièrement trouvées dans les hernies cervicales que
va créer une ostéophytose touchant les apophyses unciformes, les lombaires. L’extension du cou devrait aggraver les douleurs par
bords postérieurs des plateaux vertébraux. Il s’agit d’ostéophytes compression foraminale. La compression axiale par appui sur la tête,
postérieurs en compression plus arrondis que les ostéophytes associée à une extension et rotation homolatérale constitue la
antérieurs en traction qui sont plus proéminents. Cette ostéophytose manœuvre de Spurling. [33] Elle est en pratique rarement positive. Le
est très souvent associée à un pincement discal ; les articulations patient peut être amélioré par une traction manuelle dans l’axe sur
postérieures voient parallèlement leur cartilage s’altérer et elles la tête, mais il l’est plus régulièrement par l’abduction de l’épaule,
s’hypertrophient pour parfois comprimer par l’arrière la racine, notamment dans le cadre des hernies cervicales. Davidson [34] qui a
plutôt dorsale, dans le foramen ; l’ensemble hypertrophie de l’uncus bien étudié ce signe le trouve positif dans 65 % de cas de sujets
et des articulaires-télescopage discal et articulaire entraîne une porteurs de hernies discales et pense que l’abduction obtenue
véritable sténose concentrique du foramen. Il s’agit en réalité de naturellement en mettant la main sur la tête, détend la racine (Fig. 4).
compression s’installant lentement et le plus souvent sans La présence de troubles vasomoteurs est exceptionnelle et doit
retentissement neurologique grâce à une adaptation parfaite du tissu orienter vers d’autres étiologies sur lesquelles nous reviendrons.
nerveux. Holt [32] a fait une étude histologique de ces racines L’examen neurologique sensitif moteur et réflexe est essentiel pour
enserrées et a montré une réaction fibreuse avec dégénérescence topographier la lésion radiculaire et reconnaître une éventuelle
touchant surtout la racine dorsale près de sa jonction avec le association à une atteinte médullaire. Parmi les schémas variables
ganglion et le ganglion lui-même. d’innervation métamérique sensitive, on peut retenir une
topographie simplifiée avec le territoire C5 à la face latérale de
Une telle anatomopathologie entraîne deux réflexions :
l’épaule, le territoire C6 à la face latérale du bras, de l’avant-bras et
– la radiculalgie par compression osseuse est le plus souvent en jusqu’au pouce, le territoire C7 à la face dorsale du bras, de l’avant-
rapport avec un excès de sollicitations au niveau cervical venant par bras et aux deux doigts intermédiaires, le territoire C8 à la face
des microtraumatismes répétés altérer un état d’équilibre radiculaire interne de l’avant-bras et aux deux doigts médians, le territoire T1 à

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales 15-831-A-10

Figure 4 Manœuvre de Da-


vidson : [34] en abduction, main
sur la tête, les radicelles s’écar-
tent de la hernie d’où l’améliora-
tion clinique.

la face interne du bras. Sur le plan moteur, l’atteinte des racines ¶ Atteintes radiculomédullaires
hautes a peu de conséquences ; l’atteinte C4 n’entraîne pas
Nous ne les détaillerons pas ici, mais il faut savoir par un examen
d’expression clinique de paralysie du nerf phrénique. Ceci
neurologique fin et complet reconnaître des signes de souffrance
s’explique par le caractère toujours polyradiculaire d’innervation du
médullaire associés à la névralgie cervicobrachiale (réflexes vifs,
diaphragme thoracique mais aussi des muscles du membre
diffus et polycinétiques, signes d’Hoffmann et de Babinski).
thoracique.
Nurick, [37] qui a classifié les myélopathies cervicarthrosiques selon
On peut néanmoins retenir des muscles de prédilection pour chaque le tableau neurologique, donne comme grade 0 l’atteinte radiculaire
racine : deltoïde et biceps brachial pour C5, extenseurs du poignet sans atteinte médullaire. Pour Crandall, [38] le stade 5 associe
et brachioradial pour C6, triceps brachial pour C7, fléchisseur brachialgie et atteinte médullaire.
profond des doigts et interosseux pour C8. Le grand pectoral
Hirabayashi [39] a bien démontré qu’il existait un décalage en hauteur
présente la particularité de recevoir une innervation radiculaire de
entre le niveau de sortie du canal des racines cervicales et celui des
l’ensemble des constituants du plexus brachial avec une
cornes ventrales et dorsales de la substance grise. Ceci peut
segmentation qui correspond assez bien à la disposition des
expliquer le décalage d’un à deux niveaux vers le haut de l’atteinte
faisceaux : une atrophie du faisceau inférieur abdominal peut être
médullaire par rapport à l’atteinte radiculaire ou même
observée dans une atteinte C8-T1 par exemple.
discovertébrale.
L’étude des réflexes ostéotendineux peut conduire à la constatation
Le signe de Lhermitte qui se traduit par une décharge électrique
d’une hypo-, voire d’une aréflexie, le réflexe bicipital explore C5, le
aux quatre membres lors de la flexion du cou est souvent retrouvé
réflexe styloradial C6, le réflexe tricipital C7 : ce dernier peut
dans les cas de hernies médianes appuyant sur la moelle épinière.
d’ailleurs être inversé (la percussion du tendon tricipital entraîne
une flexion du bras) dans les formes sévères.
BILAN RADIOLOGIQUE ( Fig. 5, 6, 7 )
Sur une longue série de névralgies cervicobrachiales dégénératives
Murphey [35] reconnaît la prépondérance des radiculalgies C7
¶ Clichés simples
(393 cas) sur les névralgies C6 (171 cas), C8 (50 cas), C5 (26 cas) et T1
(14 cas). Les déficits moteurs sont retrouvés par Lundsford [36] dans Pris de face, de profil (en découvrant bien la charnière
65 % des cas avec atteinte du triceps (37 %), puis du biceps (28 %), cervicothoracique en tirant sur les épaules ou en utilisant l’incidence
puis du deltoïde (1,9 %). du crawler) et de trois quarts, ils sont obligatoires ne serait-ce que
L’atteinte des muscles intrinsèques de la main n’est pas relevée ici pour éliminer des causes rares de compression radiculaire (fractures,
et pourtant des auteurs comme Simeone [29] estiment que l’atteinte tumeurs, infections).
de C8 entraîne plus de déficit moteur que de douleur et que la Dans le cadre le plus fréquent de la pathologie dégénérative, les
récupération de cette racine est loin d’être la règle. Les trois signes n’ont aucune spécificité car on sait la grande fréquence des
syndromes radiculaires (supérieur ou C5-C6 de Duchenne-Erb, signes d’arthrose cervicale qui touche surtout les segments cervicaux
moyen ou C7 de Remak et inférieur C8-T1 de Déjerine-Klumpke) bas C5-C6 et C6-C7 avec tendance au « serrage », c’est-à-dire à la
s’appliquent plus à des lésions plexuelles que radiculaires. rigidification de ces segments et souvent hypermobilité sur les

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


15-831-A-10 Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales Appareil locomoteur

Figure 5 Imagerie d’une hernie molle postérolatérale C5-C6G.


A. Scanner avec injection : image en cocarde.
B. Même patient en IRM axiale en séquence T2.
C. IRM sagittale en séquence T2.

Figure 6 Imagerie Figure 7 Hernie discale


d’une hernie sténosante mé- dure en tomodensitométrie.
diane C6-C7. A. Coupe axiale.
A. IRM axiale en sé- B. Reconstruction sa-
quence T2. gittale.
B. IRM sagittale en sé-
quence T2 : on note
l’empreinte sur la
moelle épinière.

segments sus-jacents (à rechercher sur des clichés dynamiques de


profil en flexion-extension). Pallis [40] décrit 75 % de signes
radiologiques chez des sujets asymptomatiques de plus de 50 ans.
De Palma et Rothman [28] décrivent 86 % de discarthrose (pincement
discal, ostéophytes antérieurs et postérieurs) au niveau C5-C6 chez
des sujets de plus de 70 ans.
Brooker [41] insiste sur la fréquence des fermetures de foramens sur
les clichés de trois quarts sans aucune expression clinique radiculaire
en rapport.

10

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales 15-831-A-10

[48]
¶ Tomodensitométrie ÉTUDE ÉLECTROPHYSIOLOGIQUE (HÉRAUT,
HADELMAN [49])
Faite avec injection veineuse de produit iodé, c’est un examen
sensible mais peu spécifique. Elle est moins performante qu’en Elle est indispensable pour authentifier la lésion radiculaire, la
lombaire, notamment pour les hernies discales molles car le quantifier, la topographier et éventuellement suivre son évolutivité
contraste naturel de la graisse épidurale est moins marqué. Par (Héraut [48] ). Elle permet aussi de redresser des diagnostics,
ailleurs, une hypertrophie veineuse périradiculaire après injection notamment dans les syndromes canalaires. Les moyens ne se
peut donner de fausses images de hernie. L’image spécifique de la résument pas à l’électrodiagnostic de détection ou
hernie discale est celle d’une cocarde avec la hernie au centre électromyogramme (EMG), qui ne parle que s’il y a lésion axonale
entourée d’un liseré veineux (Fig. 5A). La tomodensitométrie sévère avec signe d’activité spontanée de repos.
constitue un examen simple avec renseignements utiles pour Il faut y associer une étude de stimulodétection :
reconnaître une compression monoradiculaire.
– conduction motrice avec étude de l’onde F ;
¶ Myélographie couplée à la tomodensitométrie – potentiels sensitifs périphériques qui étudient la valeur des
Elle donne des renseignements plus précis puisque la colonne de grosses fibres proprioceptives et de la cellule en T du ganglion
liquide céphalorachidien est opacifiée autour de la moelle et des spinal. Il existe des potentiels sensitifs digitaux radiculaires
racines grâce à une injection de produit opaque hydrosoluble faisant (stimulation du pouce pour C6, de l’index pour C7 et du 5e doigt
suite à une ponction latérocervicale en C1-C2. Sur des clichés de pour C8, C5 ne pouvant être exploré) et des potentiels sensitifs
face et de trois quarts, on note un mauvais remplissage de la fossette tronculaires pour le radial et le musculocutané. Les potentiels
radiculaire, voire une amputation, tous signes qui peuvent être sensitifs sont altérés s’il y a atteinte du ganglion et conservés s’il y a
aggravés en hyperextension. L’opacification du ganglion n’existe pas atteinte supraganglionnaire ;
puisque l’espace sous-arachnoïdien s’interrompt au pôle médial de – réflexes ostéotendineux avec étude de réflexe H bicipital pour C5.
ce dernier. La tomodensitométrie, qui suit, permet d’approcher la
Enfin, les potentiels évoqués somesthésiques tronculaires (médian,
nature de la compression (discale, osseuse, mixte).
ulnaire) ou radiculaires étudient la voie proprioceptive. Perturbés
Cet examen comporte deux inconvénients : la ponction de l’espace
dans les myélopathies, ils peuvent être normaux dans les
sous-dure-mérien d’une part et d’autre part, ici encore, l’absence de
radiculopathies et sont moins fiables qu’aux membres inférieurs.
spécificité puisque Hitselberger, [42] sur une série de patients bilantés
pour neurinome de l’acoustique, trouve 21 % d’amputations
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
radiculaires.

¶ Discographie cervicale ¶ Clinique


Whitecloud [43] obtient 70 % de bons résultats après arthrodèse sur L’examen clinique permet de reconnaître des tableaux douloureux
disque symptomatique et donc douloureux à l’injection. En réalité, évoquant une névralgie cervicobrachiale et pouvant être parfois
récemment Shinomiya [44] et Connor [45] estiment que cet examen n’a associés.
aucune valeur dans le bilan des radiculalgies compressives et n’est
Les douleurs référées d’origine articulaire postérieure associent
pas sans risque de complications (notamment infectieuses).
points douloureux paravertébraux, ténomyalgies et cellulalgies dans
¶ Neurographie un territoire proche de la vraie névralgie cervicobrachiale, mais sans
paresthésies et ont été décrits au chapitre des cervicalgies
Décrite par MacNab, [3] elle peut être réalisée par voie antérieure,
communes.
latérale ou postérieure. Cette technique a malheureusement été
moins évaluée qu’en lombaire. Une périarthrite scapulohumérale peut cacher ou aggraver des
signes de névralgie cervicobrachiale. La mobilisation douloureuse
¶ Imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM) active ou passive de l’épaule doit faire penser à l’articulation.
Examen atraumatique, il permet de visualiser au mieux contenant L’aggravation des douleurs à la partie moyenne du cercle
et contenu sur des coupes sagittales, frontales et horizontales. d’abduction (mid-arc syndrome) ou en flexion contrariée du membre
Irremplaçable pour étudier la moelle cervicale, cet examen a été supérieur en supination (palm-up test) orientent vers une atteinte des
comparé dans ses résultats à la myélographie scanner. Les séquences rotateurs de l’épaule ou du long biceps.
pondérées T2 donnent de véritables images myélographiques. Si Une épicondylite par ses irradiations un peu atypiques peut faire
Brown [46] estime que dans le cadre de la dégénérescence cervicale penser à une radiculopathie de niveau C6.
l’IRM est plus sensible que le myéloscan (88 % de bon diagnostic Certaines algodystrophies avec parfois syndrome épaule-main sont
contre 81 %), Modic [47] donne des chiffres différents sur une étude reconnaissables devant la présence de signes vasomoteurs
prospective contrôlée chirurgicalement : la myélographie scanner exceptionnellement retrouvés dans les radiculalgies compressives
donne 85 % de résultats justes contre 74 % pour l’IRM et 67 % pour pures.
la myélographie seule. La myélographie scanner est supérieure pour
En réalité, les principaux diagnostics différentiels sont constitués par
l’étude des compressions dans les foramens (malgré la réalisation
des tableaux de compressions tronculaires qui s’intègrent le plus
de clichés de trois quarts en IRM).
souvent dans des syndromes canalaires et peuvent parfois être
Par ailleurs, la réalisation de clichés dynamiques en IRM n’est pas associés dans le cadre des « double crush syndromes ».
de pratique courante. Néanmoins, il est vraisemblable qu’à court
Le nerf médian peut être comprimé :
terme, devant la multiplication des machines, l’amélioration de la
technique et les risques de la myélographie cervicale, l’IRM sera le – entre les deux faisceaux superficiel et profond du rond pronateur :
principal examen demandé pour rechercher une cause compressive le tableau est aggravé en pronation forcée ;
à une radiculalgie.
– dans le trajet de sa branche interosseuse antérieure (atteinte du
¶ Scintigraphie osseuse long fléchisseur du pouce, du carré pronateur) ;
Elle doit faire partie du bilan d’une névralgie cervicobrachiale tenace – et surtout au canal carpien avec signe de Tinel et de Phalen
pour laquelle on craindrait une cause secondaire. positifs.

11

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


15-831-A-10 Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales Appareil locomoteur

Le nerf ulnaire peut être comprimé au coude ou au canal de Guyon. Rhumatismes inflammatoires (et notamment la polyarthrite
Le nerf radial peut être comprimé sous l’arcade de Frohse où seule chronique évolutive)
sa branche motrice est touchée. Ils peuvent entraîner par destruction des articulations sous-
Rapprochons de ces syndromes canalaires le syndrome du défilé occipitales, une compression des nerfs d’Arnold par télescopage
cervicothoracique où les étiologies compressives sont multiples : côte axial qui vient serrer l’espace C1-C2.
cervicale, première côte large, apophysomégalie de C7, anomalie des Le rachis cervical bas peut être atteint avec des instabilités entraînant
scalènes, compression par le petit pectoral. À côté de l’expression antélisthésis et rétrécissement foraminal.
neurologique C8-T1, le plus souvent s’associe une expression
artérielle (fatigabilité et gêne douloureuse à l’élévation et abduction Malformations cervicales
du membre thoracique, disparition du pouls radial et sensibilisation Elles sont parfois compliquées de compressions radiculaires. Il a été
des signes lors de la manœuvre d’Adson, membre en abduction- décrit des complications radiculaires au syndrome de Klippel-Feil :
extension et tête tournée à l’opposé) et veineuse avec cyanose, la myélographie scanner serait dans ces formes complexes plus facile
œdème, voire ulcérations cutanées. à interpréter que l’IRM. Cet examen a été déterminant dans ce cas
Le syndrome de Pancoast-Tobias associe une atteinte C8-T1, parfois de névralgie cervicobrachiale en rapport avec une agénésie
un syndrome de Claude Bernard-Horner ; le cancer de l’apex pédiculaire.
pulmonaire doit être cherché sur une radio pulmonaire ou un
TRAITEMENT
scanner thoracique.
¶ Traitement conservateur
¶ Autres causes de névralgies cervicobrachiales
Il doit toujours être tenté en dehors des cas où il y a déficit
compressives
radiculaire moteur et a fortiori atteinte médullaire.
Traumatiques En phase aiguë
Il peut exister d’authentiques hernies cervicales molles traumatiques Il doit faire appel à des techniques physiques passives :
médianes ou latérales, isolées ou pouvant s’associer à des luxations
– l’immobilisation par collier 23 h/24 h est bénéfique à condition
ou même des fractures. Dans ces cas, la pratique de l’IRM le plus
que le collier ne mette pas la colonne trop en extension ;
régulièrement possible, avant intervention chirurgicale ou même
réduction est souhaitable car il a été décrit des aggravations – des tractions axiales manuelles et surtout mécaniques. Nous
neurologiques lors de manœuvres de réduction intempestive ou de préférons, comme Zylbergold, [51] des tractions discontinues de
chirurgie réalisée par voie postérieure. Par ailleurs, il existe des 15 minutes, allongé, en flexion cervicale, en allant jusqu’à 10-20 kg
lésions des massifs articulaires (luxation uniarticulaire, fracture de traction. Ces tractions ouvriraient le foramen et réintégreraient le
articulaire, fracture-séparation du massif articulaire) qui peuvent disque ;
entraîner une compression postérieure de la racine. Ces lésions sont – la physiothérapie utilisant le chaud superficiel ou profond
classées par Argenson [50] dans les lésions à déplacement rotatoire, (ultrasons), le froid, les massages, le laser.
associées régulièrement à une déchirure du disque avec ou sans Le traitement médical fait appel aux anti-inflammatoires stéroïdiens
hernie. ou de synthèse, à l’aspirine ou à des analgésiques comme la codéine,
voire les opioïdes, avec myorelaxants.
Tumeurs vertébrales
Les manipulations cervicales constituent un véritable sujet de
Les métastases et le plasmocytome par envahissement épidural vers controverse : elles sont contre-indiquées en présence de signes
les foramen ou par tassement vertébral avec cyphose ou non radiculaires ou vertébrobasilaires. Krueger [52] a en effet décrit des
entraînent une fermeture des foramens. On pratique la scintigraphie accidents par thrombose de l’artère vertébrale. Dvorak [53] a évalué,
pour approcher le diagnostic et surtout une résonance magnétique sur une longue série de patients bien sélectionnés, le risque
nucléaire qui reconnaît sur des coupes sagittales globales du rachis neurologique en cervical à 1/16 716 et en lombaire à 1/20 125. Il est
d’éventuelles autres lésions et apprécie le degré de compression régulièrement décrit des complications radiculaires, voire
neurologique. radiculomédullaires après manipulation du rachis porteur de hernie
Les tumeurs primitives bénignes (granulome éosinophile, discale débutante. Finalement, toute suspicion de hernie confirmée
hémangiome, dysplasie fibreuse) peuvent entraîner une radiculalgie par scanner devrait faire contre-indiquer la manipulation.
cervicale compressive, a fortiori les tumeurs malignes plus L’infiltration sous scanner se fait par voie pré- ou rétrovasculaire
extensives vers le canal rachidien et le foramen et susceptibles de se avec une aiguille transversale allant vers le ganglion dans le foramen
compliquer de tassement vertébral. En réalité, ce sont les tumeurs intervertébral. Elle peut se faire sous scopie mais avec moins de
de l’arc postérieur près des articulaires comme l’ostéome ostéoïde précision et plus de risques, notamment vasculaires.
ou l’ostéoblastome qui peuvent entraîner une compression L’infiltration épidurale est le dernier traitement conservateur
radiculaire isolée. Les tumeurs intracanalaires sont dominées par le proposé ; l’espace C7-T1 est abordé avec une aiguille de Tuohy de
méningiome et bien sûr le neurinome avec douleurs nocturnes et 18 G, le sujet en décubitus latéral.
troubles sensitifs isolés au départ car la racine dorsale est touchée ; Sur une série de Castagnera [54] de 24 patients présentant une
l’élargissement du trou transversaire sur le cliché de trois quarts doit névralgie cervicobrachiale plutôt de nature arthrosique, il a été
faire pratiquer une IRM qui conduira à une chirurgie d’exérèse le injecté après lavage épidural au sérum physiologique soit de la
plus souvent après laminectomie, avant que les signes médullaires lidocaïne + triamcinolone (groupe A), soit le même mélange et de la
n’apparaissent. morphine (groupe B) : 72 % des sujets sont améliorés ou guéris au
maximum de recul sans différence entre les deux groupes A et B.
Infections
Ce sont essentiellement les spondylodiscites à pyogènes plus En phase non aiguë
souvent qu’à bacille de Koch qui peuvent se compliquer d’atteinte Le sujet peut bénéficier des thérapeutiques actives qui font aussi
radiculaire, soit par abcès épidural médian ou foraminal, soit par partie du traitement conservateur : il s’agit d’exercices isométriques
tassement avec cyphose dans les formes très destructives. du cou, dos et épaule, de relaxation, d’exercices aérobiques généraux

12

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales 15-831-A-10

Figure 8 Évolution naturelle d’une hernie molle gauche.


A. Cliché initial.
B. Cliché 6 mois après : parallèlement à l’amélioration cli-
nique, l’image de la hernie discale s’est réduite de volume.

et même d’une éducation dans une véritable « école du cou ». Toute Enfin, les hernies médianes sous-ligamentaires ont été opérées pour
participation active du sujet au traitement a un effet psychologique complications médullaires : la technique percutanée, dont l’effet est
certain. parfois retardé, est-elle alors acceptable ?
Les résultats du traitement conservateur comprenant donc collier,
¶ Traitement chirurgical
médication, physiothérapie avec notamment traction mécanique
sont positifs huit fois sur dix. Le traitement des radiculalgies compressives dégénératives
cervicales peut paraître complexe car il comprend le traitement des
De Palma, [28] sur 223 patients retrouvait à 3 mois :
hernies molles et des hernies dures, celui des hernies médianes et
– 29 % patients guéris ; postérolatérales, celui des radiculalgies et des myélopathies.
– 49 % améliorés ; L’indication est encore une fois retenue s’il y a déficit neurologique
(surtout moteur, le déficit réflexe ou sensitif constituant une
– 22 % encore gênés. indication moins formelle), s’il y a échec du traitement conservateur
Parmi ces derniers, les opérés ont été revus à 5 ans et seule la moitié ou récidive après ce dernier et surtout s’il y a bonne corrélation
était améliorée. Ceci veut dire comme pour la pathologie anatomoclinique ; d’ailleurs, à ce sujet, Robinson [57] a bien démontré
compressive lombaire que si le traitement conservateur est efficace, que dans le cadre des radiculalgies isolées les bons résultats étaient
il ne faut pas pour autant trop longtemps attendre pour opérer car inversement proportionnels au nombre de niveaux opérés (un
le résultat peut être moins bon pour des raisons anatomiques niveau : 94 % de bons résultats ; deux niveaux : 73 % ; trois niveaux :
décrites par Holt [32] et citées plus haut. 50 %).
Il faut par ailleurs retenir la grande propension des hernies molles à
¶ Techniques percutanées la résorption naturelle avec le temps, notamment dans les cas de
hernies transligamentaires très fréquentes, nous l’avons vu (Fig. 8).
Avant de parler de traitement chirurgical qui vit des échecs du
traitement conservateur ou des formes déficitaires, nous voudrions Lorsque la décision chirurgicale a été prise, deux abords sont
citer ici les techniques percutanées appliquées essentiellement aux possibles : l’abord antérieur par voie présterno-cléido-mastoïdienne
hernies cervicales molles. assure un accès direct aux corps vertébraux et aux disques ; le geste
de décompression peut être ou non (dissectomie pure) associé à une
Il peut s’agir de chémonucléolyse à la papaïne qui n’est actuellement
greffe : l’abord postérieur par voie médiane et au prix d’une
plus réalisée.
arthrectomie partielle permet un élargissement du foramen et une
L’injection de l’aprotinine (Iniprolt) a été proposée par Troisier. [55] ablation de hernie. Les résultats sur les radiculalgies sont
Ce produit moins neurotoxique diminuerait la pression osmotique identiques : 90 % de bons résultats en moyenne pour Robinson, [57]
du disque et entraîne une disparition totale de la radiculalgie dans Clements [58] pour la chirurgie par voie antérieure. Henderson [59] sur
60 % des cas. 846 voies postérieures reconnaît 90 % de bons résultats cliniques.
La nucléotomie percutanée a été pratiquée par Tajima (série non Dans cette voie postérieure, l’arthrodèse n’est pas obligatoire. Bien
publiée rapportée par Theron [ 5 6 ] ) sur 104 patients dont qu’il s’agisse souvent de problèmes d’écoles, certains auteurs ont
58 radiculalgiques. Les risques allergiques ou neurotoxiques, comme tenté de reconnaître des indications préférentielles pour chacune des
ceux de calcification, n’existent pas. Tajima décrit 78 % de bons voies. Simeone [29] estime qu’il faut préférer la chirurgie postérieure
résultats et 17 % de reprise chirurgicale. quand la compression osseuse existe à plus de trois niveaux et s’il
L’enthousiasme vis-à-vis de ces techniques percutanées dans le existe des lésions articulaires prédominantes. Herkowitz, [30]
traitement des hernies molles doit être tempéré par deux réflexions : défenseur de la chirurgie antérieure, estime néanmoins que cette
dernière est discutable dans les hernies hautes et chez les sujets au
– le traitement conservateur conduit à la guérison huit fois sur dix cou court. Il a comparé pour les hernies molles les deux techniques
en 6 semaines. Des résorptions de hernie discale au scanner en et propose systématiquement la voie antérieure pour les hernies
6 mois-1 an ont été régulièrement reconnues. Placer une aiguille médianes tandis que les hernies latérales sont traitées avec un
dans un disque herniaire peu avant la date de guérison naturelle ne résultat identique par voie antérieure et postérieure. MacNab [3]
permet pas une analyse objective du geste percutané ; estime que seules les hernies latérales et donc foraminales, qui sont
– la grande majorité des hernies latérales opérées dans l’unité de assez rares, peuvent s’extirper sans danger du fait de la mobilisation
pathologie rachidienne [31] étaient transligamentaires et très souvent du névraxe par voie postérieure.
séquestrées : l’efficacité des techniques percutanées (qu’elles soient Onimus, [60] sur une étude comparative de 14 voies postérieures et
chimiques ou mécaniques) paraît alors difficilement concevable. 14 voies antérieures, trouve des résultats immédiats légèrement

13

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


15-831-A-10 Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales Appareil locomoteur

Figure 9 Traitement chirurgical par voie anté-


rieure.
A. Décompression + greffe iliaque + plaque en ti-
tane.
B. Cage remplie d’os prélevé localement.
C. Prothèse cervicale en flexion.
D. Prothèse cervicale en extension.

meilleurs pour la voie antérieure sans différence à distance. L’auteur même de biomatériaux. Cette arthrodèse est indiquée en cas de
reconnaît que la voie antérieure est plus appropriée pour les hernies compression osseuse. En cas de hernie molle, chez le sujet jeune aux
médianes. disques assez hauts, la prothèse discale peut se discuter : elle
La voie antérieure semblant préférable, on peut discuter le autorise quelques degrés de mobilité en flexion-extension et donc
traitement des hernies discales molles, la dissectomie simple sans en théorie protège les segments sus- et sous-jacents. De toute façon,
greffe ; une série homogène de 57 cas de névralgies cervicobrachiales quel que soit le procédé de comblement de l’espace discal fixe
par hernie molle sans instabilité préopératoire sur les clichés (greffe-cage) ou mobile (prothèse), la décompression comprend pour
dynamiques a été analysée par Pointillart. [31] L’efficacité sur la la hernie molle l’ablation systématique du ligament longitudinal
radiculalgie se retrouve dans un peu plus de 90 % des cas ; l’analyse dorsal pour ne pas laisser en place une hernie séquestrée
montre 56 % de cervicalgies dont 7 % sont invalidantes : une seule transligamentaire et pour la hernie dure un effondrement au
reprise chirurgicale avec greffe a dû être réalisée. Un bloc complet a microdrill des ostéophytes des plateaux et des uncus (Fig. 9).
été obtenu une fois sur trois et la cyphose régionale moyenne est de
Nous terminons ce chapitre étiologique principal des compressions
6°. Lundsford [36] a pu comparer 155 dissectomies simples et
radiculaires cervicales arthrosiques par un algorithme de prise en
146 dissectomies + arthrodèse : il note 13 % de complications dans
charge : tout déficit moteur (a fortiori toute atteinte médullaire
le premier cas et 23 % dans le second (avec migration de greffon et
problèmes dus à la prise de greffe). La fusion antérieure permet associée) doit faire discuter d’emblée d’un acte chirurgical ; ailleurs,
d’obtenir à distance une meilleure anatomie en lordose mais au prix le traitement conservateur comprenant collier, anti-inflammatoires,
d’un acte plus lourd et présentant plus de complications. [61, 62] antalgiques et myorelaxants avec physiothérapie conduit à une
amélioration en 8 jours le plus souvent.
La cyphose régulièrement observée, les cervicalgies fréquentes mais
souvent transitoires ont fait utiliser initialement une greffe En cas d’échec, les examens complémentaires peuvent être discutés
intersomatique avec greffe de crête iliaque stabilisée par une plaque ainsi que des tractions discontinues. Une injection épidurale est le
vissée en titane, puis des cages intersomatiques plus anatomiques, dernier geste conservateur. La chirurgie n’est proposée que devant
le plus souvent autostables ; ces cages peuvent être remplies d’os une impasse thérapeutique avec parfaite corrélation
prélevé sur cette même crête, d’os prélevé dans le site opératoire ou anatomoclinique.

14

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Appareil locomoteur Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales 15-831-A-10

Références
[1] Sunderland S. Menvigeal: neural relations in the interver- [22] Lavignolle B, de Seze M, de Boysson A, Lavignolle V, Four- [43] Whitecloud TS, Seago RA. Cervical discogenic syndrome:
tebral foramen. J Neurosurg 1974; 40: 756-763 quet M, Jeanmaire Y et al. La mésothérapie dans le traite- results of operative intervention in patients with positive
[2] Frykholm R. Cervical nerve root compression. Acta Chir ment des douleurs projetées de la pathologie dégénérative discography. Spine 1987; 12: 313-316
Scand 1951; 160 suppl1: 149 du rachis. Études contrôlées randomisées versus infiltra- [44] Shinomiya K, Nakao K, Shindoh S, Mochida K, Furuya D.
tions. In: 1er Congrès national de Mésothérapie, Paris22-23 Evaluation of cervical discography in pain origin and pro-
[3] MacNab I, McCullogh J. Neck ache and shoulder pain. mars 2003 vocation. J Spinal Disord 1993; 6: 422-426
Baltimore: Williams and Wilkins, 1994
[23] Troisier O. Les infiltrations en pathologie cervicale. In: [45] Connor PM, Darden BV. Cervical discography complica-
[4] Veleanu C. Contribution to the anatomy of the cervical Simon L, Leroux JL, Privat JM, eds. Rachis cervical et méde- tions and clinical efficacy. Spine 1993; 18: 2035-2038
spine. Acta Anat 1975; 92: 467-480 cine de rééducation. Paris: Masson, 1985; 319-324 [46] Brown BM, Schwartz RH, Frank E, Blank NK. Preoperative
[5] Wackenheim A. Roentgen diagnosis of the craniovertebral [24] Pelleray B, Troisier O. Acupuncture et cervicalgies. In: evaluation of cervical radiculopathy and myelopathy by
region. Berlin: Springer-Verlag, 1974 Simon L, Leroux JL, Privat JM, eds. Rachis cervical et méde- surface-coil MR imaging. AJR Am J Roentgenol 1988; 151:
[6] Grenier F. Anatomie descriptive et fonctionnelle du nerf cine de rééducation. Paris: Masson, 1985; 347-349 1205-1212
d’Arnold (applications cliniques et thérapeutiques). 1985; [25] Teyssandier MJ, Euller L, Briffod P, Ziegler G. Médecine [47] Modic MT, Masaryk TJ, Mulopulos GP, Bundschuh C, Han
[thèse médecine], Bordeaux n°327 physique et masso-kinésithérapie des cervicalgies commu- JS, Bohlman H. Cervical radiculopathy: prospective evalua-
[7] Maigne R. Diagnostic et traitement des douleurs commu- nes. Rhumatologie 1977; 29: 393-399 tion with surface coil MR imaging, CT with metrizamide
nes d’origine rachidenne. Paris: Expansion Scientifique [26] Gallibert P, Veil E. Rôle de la rééducation dans les fractures and metrizamide myelography. Radiology 1986; 161:
Française, 1989 du rachis cervical non compliquées. In: Journée de rééduca- 753-759
[8] Travell J, Simmons D. Myofascial pain and dysfunction. tion. Paris: Expansion Scientifique Française, 1970; 5-14 [48] Héraut LA. Electrophysiologie des atteintes radiculaires et
Baltimore: Williams and Wilkins, 1983 [27] Van Gusteren W. Rééducation musculaire à base des myélopathies cervicarthrosiques. In: Cahier d’enseigne-
réflexes posturaux. Paris: Masson, 1968 ment de la SOFCOT. Rachis cervical dégénératif et traumati-
[9] Baron JB, Ushio N, Noto R. Oculo nuco vestibulo spinal que. Paris: Expansion Scientifique Française, 1994; 24-32
systems regulating the tonic postural activity. Statokinesi- [28] De Palma AF, Rothman RH. The intervertebral disc. Phila-
delphia: WB Saunders, 1970 [49] Hadelman S. The electrodiagnostic evaluation of nerve root
metric studies. Agressologie 1974; 15: 395-399
function. Spine 1984; 9: 42-48
[10] Richmond FJ, Abrahams VC. What are the proprioceptors [29] Simeone FA.In: Rothman RH, Simeone FA, eds. The spine. [50] Argenson C, Lovet J, Sanouiller JL, De Peretti F. Traumatic
of the neck. Prog Brain Res 1979; 50: 245-254 Philadelphia: WB Saunders, 1993; 553-557 rotatory displacement of the lower cervical spine. Spine
[11] Wheeler AH, Goolkasian P, Baird AC, Darden BV2nd. Deve- [30] Herkowitz HN, Kurz LT, Overholt DP. Surgical manage- 1988; 13: 767-773
lopment of the neck pain and disability scale: item analysis ment of cervical soft disc herniation. A comparison [51] Zylbergold RS, Piper MC. Cervical spine disorders: a com-
and criterion-related validity. Spine 1999; 24: 1290-1294 between the anterior and posterior approach. Spine 1990; parison of three types of traction. Spine 1985; 10: 867-871
15: 1026-1030
[12] Wlodyka-Demaille S, Poiraudeau S, Fermanian J, Catanza- [52] Krueger BR, Okazaki H. Vertebral basilar distribution infarc-
riti JF, Rannou F, Revel M. Traduction et validation d’une [31] Herkowitz HN, Pointillart V, Cernier A, Vital JM, Sénégas J. tion following chiropractic cervical manipulation. Mayo
échelle algofonctionnelle adaptée aux cervicalgies. Ann Anterior dissectomy without interbody fusion for cervical Clin Proc 1980; 55: 322-332
Réadapt Méd Phys 2001; 44: 132-142 disc hernation. Eur Spine J 1995; 4: 45-51
[53] Dvorak J, Loustalot D, Baumgartner H, Antinnes JA. Fre-
[13] Castaing JC, Ambroise-Casterot C, Sénégas X, Sénégas J. [32] Holt S, Yates PO. Cervical spondylosis and nerve root quency of complications of manipulation of the spine. A
Évaluation de la force isométrique des muscles du rachis lesions incidence and routine antopsy. J Bone Joint Surg [Br] survey among the members of the Swiss Medical Society of
cervical. Ann Kinésithér 1997; 7: 335-341 1966; 48: 407-423 Manual Medecine. Eur Spine J 1993; 2: 136-139
[14] Jordan A, Mehlsen J, Bulow PM, Ostergaard K, [33] Spurling RG, Bradford FK. Neurologic aspects of herniated [54] Castagnera L, Maurette P, Pointillart V, Vital JM, Erny P,
Danneskiold-Samsoe B. Maximal isometric strength of the nucleus pulposus. JAMA 1939; 113: 2019-2022 Sénégas J. Long-term results of cervical epidural steroid
cervical musculature in 100 healthy volunteers. Spine [34] Davidson RI, Dunn EJ, Metzmaker JM. The shoulder abduc- injection with or without morphine in chronic cervical radi-
1999; 24: 1343-1348 tion test in the diagnosis of radicular pain in cervical extra- cular pain. Pain 1994; 58: 239-243
[15] Sjaastad O, Saunte C, Hovdahl H, Breivik H, Gronbaek E. dural compressive monoradiculopathies. Spine 1981; 6: [55] Troisier O. Traitement des radiculalgies cervicales par injec-
Cervicogenic headache. An hypothesis. Cephalalgia 1983; 441-446 tion intradiscale d’aprotinine. Rachis 1990; 2: 15. 22
3: 249-256 [35] Murphey F, Simmons JC, Brunson B. Ruptured cervical discs [56] Théron J, Huet M, Courtheoux F. Nucléotomie percutanée
[16] Bogduk N. Local anaesthetic blocks of the second cervical 1938-1972. Clin Neurosurg 1973; 20: 9-17 cervicale. Rachis 1992; 4: 93
ganglion: a technique with application in occipital heada- [36] Lundsford LD, Bissonette DJ, Jannetai PJ, Sheptak PE, Zorub [57] Robinson RA, Smith GW. Anterolateral cervical disc
che. Cephalalgia 1981; 1: 41-50 DS. Anterior surgery for cervical disc disease: treatment of removal and interbody fusion for cervical disc syndrom.
lateral cervical disc herniation in 253 cases. J Neurosurg Bull John Hopkins Hosp 1955; 96: 223-224
[17] Lavignolle B, Grenier F, Vital JM. Névralgie d’Arnold, obs-
tacles anatomiques sur le trajet du nerf et déductions thé- 1980; 53: 1-11 [58] Clements DH, O’Leary PF. Anterior cervical dissectomy and
rapeutiques. Rev Méd Orthop 1991; 24: 5-10 [37] Nurick S. The pathogenesis of the spinal cord disorder asso- fusion. Spine 1990; 15: 1023-1025
ciated with cervical spondylosis. Brain 1972; 95: 87-100 [59] Henderson CM, Hennessy RG, Shuey HMJr, Shackelford
[18] Lavignolle B, Bruniquel L. Nerf d’Arnold et névralgie occi-
[38] Crandall PH, Batzdorf U. Cervical spondylotic myelopathy. EG. Posterior-lateral foraminotomy as an exclusive opera-
pitale. Traitement par infiltrations. Céphalées Méd Rééduc
J Neurosurg 1966; 25: 57-66 tive technique for cervical radiculopathy: a review of
1993; 67: 201-204
846 consecutively operated cases. Neurosurgery 1983; 13:
[19] Vital JM, Grenier F, Dautheribes M, Baspeyre H, Lavignolle [39] Hirabayashi K, Watanabe K, Wakano K, Suzuki N, Satomi K, 504-515
B, Senegas J. An anatomic and dynamic study of the greater Ishii Y. Expansive open-door laminoplasty for cervical spinal
[60] Onimus M, Destryumelle N, Gangloff S. Le traitement chi-
occipital nerve. Surg Radiol Anat 1989; 11: 205-210 stenotic myelopathy. Spine 1983; 8: 693-699
rurgical des hernies discales cervicales. Abord antérieur ou
[20] Vantichelen P. Intérêt des tests posturaux cliniques dans le [40] Pallis C, Jones AM, Spillane JD. Cervical spondylosis. Inci- abord postérieur? Rev Chir Orthop 1995; 81: 296-301
syndrome post-traumatique cranio-cervical. Rev Méd dence and applications. Brain 1954; 77: 274 [61] Watters WC3rd, Levinthal R. Anterior cervical dissectomy
Orthop 1991; 26: 45-54 [41] Brooker AE, Baryer RW. Cervical spondylosis: a clinical study with and without fusion. Spine 1994; 19: 2343-2747
[21] Revel M. Rééducation musculaire dans la cervicalgie. In: with comparative radiology. Brain 1965; 88: 925-936 [62] Sonntag VK, Klara P. Controversy in spine care. Is fusion
Simon L, Leroux JL, Privat JM, eds. Rachis cervical et méde- [42] Hitselberger WE, Witten RM. Abnormal myelograms in necessary after anterior cervical dissectomy? Spine 1996;
cine de rééducation. Paris: Masson, 1985; 313-319 asymptomatic patients. J Neurosurg 1968; 28: 204-206 21: 1111-1113

15

Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”


Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”

Vous aimerez peut-être aussi