Repères Dérives Sectaires OK
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1. Le culte de la personnalité 3
La naissance du groupe
Le culte du fondateur
Hors du groupe, pas de salut
Au-dessus des lois
3. La manipulation 7
Le prosélytisme
Le recrutement vocationnel
La confusion des fors externe et interne
Des vœux particuliers
Le secret imposé comme règle absolue
Mensonges, tromperies et dissimulations
L’autoritarisme du responsable et la soumission des membres
Tout questionnement vient du mauvais
Humiliations et culpabilisations
La sortie
4. L’incohérence de la vie 10
La vie « extra-ordinaire » des chefs
L’argent
Les mœurs
Conclusion 11
1. Le culte de la personnalité
1. La naissance du groupe
Un dysfonctionnement dans le discernement des vocations peut avoir des conséquences redoutables.
Les exemples abondent de candidats à la prêtrise refusés dans un diocèse mais acceptés dans un autre.
De même en ce qui concerne la reconnaissance d’une association de fidèles ou une communauté. Aussi,
les évêques suisses viennent-ils de rappeler cette exigence : « lorsque des candidats à la prêtrise ou à la vie
religieuse changent de lieu de formation ou de communauté, les informations entre les responsables doivent
circuler de manière claire et précise »1.
2. Le culte du fondateur
Il arrive dans certains groupes que le fondateur ou le supérieur prenne en quelque sorte la place du
Christ : les membres du groupe le vénèrent, le mettent sur un piédestal, lui vouent une obéissance
absolue. Dieu passe directement et ne passe que par lui. Sa parole est… parole d’Évangile. Et ses écrits
en arrivent à supplanter les Écritures, lesquelles ne peuvent se comprendre bien entendu que par les
explications du « maître ». Un tel investissement dans le fondateur permet tout naturellement de le
proclamer « Berger à vie ». Et bien évidemment, toute révélation de conduites scandaleuses est accueil-
lie par le déni, la dénonciation de complot et de persécution.
Le groupe ne se présente pas comme étant complémentaire de ce qui existe déjà mais il se pense exclu-
sivement alternatif. C’est par lui et par lui seul que passe aujourd’hui le salut de l’Église. Tout le reste
est taxé de tiédeur, d’infidélité, de modernisme. De cet élitisme, découle le caractère « holistique » de
ces communautés : toutes les vocations sont revendiquées dans le groupe qui ainsi se suffit à lui-même
comme une « arche de salut » et une Église parallèle. Le groupe se veut auto-suffisant jusque dans le
discernement ou l’accompagnement : les psychologues externes sont le diable ! Obligation est parfois
faite de se confesser uniquement à un prêtre de la communauté, les autres n’étant pas capables de
comprendre le charisme. La formation est strictement interne et l’accent est mis massivement sur la
pensée du fondateur.
1. C
onférence des évêques suisses et Union des supérieurs religieux de Suisse, Directives sur les abus sexuels dans l’Église catholique en Suisse,
3e édition, 2014.
Les habitants de la « Cité céleste » que constitue le groupe ne sont plus du monde. Ainsi, contraire-
ment aux injonctions des évêques, on ne cotise pas à la Cavimac. Sans parler des infractions au niveau
économique, ou au droit du travail ou aux règles de la sécurité. Par ailleurs, le flou juridique du groupe
expose les membres récalcitrants à toutes sortes d’abus sans le moindre recours possible.
1. Les ruptures
Elles sont multiples et enferment la recrue dans une véritable bulle totalement déconnectée de la
réalité :
• ruptures familiales à partir du moment où la famille émet quelque interrogation ;
• ruptures amicales ;
• rupture sociale avec changement de prénom et disparition du patronyme ;
• rupture des études, de la profession ;
• ruptures économiques : la recrue se déleste de ses biens entre les mains du groupe ;
• ruptures d’informations : ni télévision ni radio ni presse ; index pour les lectures ;
• rupture sanitaire : psychologues diabolisés, vaccinations interdites, médecines et psycho-
thérapies alternatives imposées, collusion avec des médecins amis de la communauté…
• rupture ecclésiale : fonctionnement auto-suffisant ; méfiance vis-à-vis des autorités ;
• et même rupture interne entre les membres : absence de relations interpersonnelles, avec
devoir de délation.
nourrie exclusivement des écrits du fondateur ou d’une sélection tendancieuse d’auteurs. L’accent
n’est pas mis sur la Parole de Dieu elle-même.
soit par la création de mots nouveaux, soit par le changement de signification des mots usuels.
avec surenchère des règles, signes et ascèses en tout genre au gré des inspirations, lubies et trou-
vailles du responsable. L’accent est mis sur le diable, d’où la fréquence des délivrances et exorcismes
7. Quelle pauvreté ?
On va chercher la nourriture à la Banque alimentaire. Les membres ne sont pas inscrits aux assu-
rances sociales mais demandent la CMU. Le travail est pour les gens du monde mais on pratique la
mendicité auprès de « vrais » pauvres : aux païens, les soucis du monde… Cependant, la collectivité en
tant que telle ne dédaigne pas les parcs immobiliers et autres investissements onéreux.
8. Une désincarnation
Certains groupes, de par leur conception et leur système ont atteint le lien qui relie les enfants à leurs
parents : l’autorité parentale est pour ainsi dire transférée au « berger », les enfants deviennent les
enfants de la communauté ; l’image des parents est dévalorisée.
Dans le domaine de la santé, l’évidence d’un besoin de traitement thérapeutique laisse la place à un
mot d’ordre dangereux : « Le Seigneur guérit ! Nous, nous le croyons. »
Les difficultés – objectives – rencontrées sont sublimées par l’invitation au sacrifice. La seule réponse
est du genre : « En souffrant, tu portes la croix qui sauve tes amis ; tu vis la croix, donc tu es sur le bon chemin,
tout près de Jésus ; tu as mal, donc tu grandis en luttant contre tes faiblesses ; tu souffres parce que ta conver-
sion est encore trop petite. » « Si tu n’as pas tenu le coup, c’est que tu ne pries pas assez ; c’est que tu ne t’es pas
assez dépouillé de toi-même. » Il convient de noter la proportion importante de membres en mauvaise
santé dans certains groupes : dépressions notamment, tentatives de suicide, suicides, déclenchement
ou aggravation de maladies psychiatriques.
1. Le prosélytisme
Les membres du groupe font des sorties de leur citadelle pour aller convertir les autres censés être
dans l’ignorance et l’erreur. À l’extérieur, l’altérité n’est pas l’objet d’un intérêt ou d’une curiosité, ou
promesse d’enrichissement. L’autre n’est véritablement accepté que nié dans sa différence et son
apport. Il est intéressant uniquement comme converti potentiel.
2. Le recrutement vocationnel
ll faut séduire et ramener à la communauté. Le recrutement est rapide, les captures sont souvent
jeunes et sans expérience véritable. Si la cible se pose malgré tout certaines questions, on lui met la
pression comme quoi le doute, c’est le diable. Le recruteur est passé dans l’art de la double contrainte.
Rappelons-nous simplement le canon 219 du Code de droit canonique : « Tous les fidèles jouissent du
droit de n’être soumis à aucune contrainte dans le choix d’un état de vie. »
Dans sa sagesse, l’Église recommande une distinction entre le for interne et le for externe, entre les
rôles de confesseur et de directeur spirituel, et la charge de supérieur. Or, on s’aperçoit que la confu-
sion est monnaie courante. De la même façon, le suivi psychologique ne devrait jamais être fait en
interne à une communauté ou une association chrétiennes, afin de préserver la liberté des personnes
et de réduire les interactions : prise de pouvoir, lutte d’influence, risque de concertation au mépris du
secret de l’accompagnement, gaffes variées et indiscrétions qui fusent vite dans un cercle restreint. Si
la même personne gère les postes communautaires importants, le suivi spirituel et psychologique, et
même la confession, on devine l’emprise qu’elle peut ainsi prendre sur les personnes. Cette distinction
du public et de l’intime est encore mise à mal par la mode de la « transparence », ou dit autrement par
les confessions publiques. Sous couvert de fraternité et de compassion, la personne est ainsi bafouée
dans son intimité salutaire et forcée à une sorte d’exhibitionnisme psycho-spirituel, c’est-à-dire fina-
lement à un viol psychique.
Puisque la fonction de ces associations est censée être le service de l’Église, tous les membres devraient
avoir la permission de converser librement et ouvertement avec les membres de la hiérarchie, chaque
fois que cela est nécessaire. Lorsqu’on accomplit des œuvres bonnes, on n’a pas peur de la lumière. Or,
il arrive qu’interdiction soit faite de parler à l’évêque local jugé incapable de comprendre le charisme…
De même, toute une documentation interne est utilisée qui doit demeurer cachée.
La dissimulation peut se faire dès le commencement, à savoir en vue d’obtenir l’approbation (docu-
mentation présentée aux autorités et documentation « interne » à laquelle les membres eux-mêmes
n’ont pas accès). Ensuite, même lorsque l’autorité parvient à pénétrer dans le fonctionnement du
groupe, ce dernier s’évertue à déjouer la vigilance et l’action entreprise pour assainir la situation.
L’obéissance – il est même question de soumission – est élevée à la dignité de vertu majeure, et ce, de
manière inconditionnelle et infiniment plus forte que dans une communauté religieuse classique. Or,
l’obéissance authentique n’est ni autoritarisme ni infantilisation. Elle passe aussi par des médiations
et non des coups de baguettes magiques du genre « Dieu m’a dit... » Les « petits chefs » peuvent se lais-
ser envahir par une certaine jouissance à conseiller et à commander, n’est-ce pas ?
« Je décidai de faire part de mes doutes et de mes questions au fondateur. Sa réponse fut courte et pré-
cise : “Je sens que tu ne fais plus partie de la communauté.” Onze ans de vie commune, de foi commune,
étaient balayés par ces quelques mots écrits sur un bout de papier. Dans ce système de certitudes, il ne
pouvait pas y avoir de doutes ni de questions. Répondre aux doutes, c’était reconnaître la possibilité d’en
avoir. L’exclusion était la seule réponse. L’ancienneté, l’engagement solennel à vie, les sacrifices effec-
tués, l’énergie donnée sans compter ne comptaient pour rien… »
9. Humiliations et culpabilisations
Le rebelle, le questionneur n’a jamais bonne presse dans une communauté déviante. Et en général, il
paye cher ses incartades, à coups d’humiliations et de culpabilisations : « S’expliquer, c’est se méfier… la
dépression est le refus de Dieu… aimer, c’est descendre dans la fange… se taire, c’est aimer… la tension est seul
fruit de notre méchanceté… se reposer, c’est ne pas assez aimer… revendiquer, c’est être égoïste… se défendre,
c’est n’être pas docile à l’Évangile. » Quant à ceux qui ne s’écrasent pas dans la soumission silencieuse,
10. La sortie
Quand un regard perspicace se pose sur la vie des « gourous », une grande distance apparaît
entre les paroles et les actes au niveau de l’argent, du pouvoir et des mœurs.
• Au niveau déjà de la charité : à l’égard des plus faibles, à l’égard de personnes dont la situa-
tion économique a changé, à l’égard des autres composantes de l’Église, etc.
• Le fondateur devrait être soumis aux mêmes ordinaire, règles et constitutions appliquées
dans la communauté… !
2. L’argent
• La mise en commun des biens : étant donné le peu de stabilité qu’offre la vie moderne et la
probabilité que des membres quittent la communauté après quelques années, il y a avan-
tage à mettre les biens d’un membre en sûreté jusqu’à sa mort, de sorte que s’il décide de
partir, ces biens puissent subvenir à ses besoins lorsqu’il sera hors de la communauté. Or à
la sortie, l’adepte s’en va souvent nu comme Job, alors que le Code de droit canonique parle
d’équité. On comprend dans ces conditions qu’un adepte, même un peu lucide, n’ait plus la
force de partir.
3. Les mœurs
Là, nous sommes dans des délits, voire des crimes caractérisés : pédophilie, viols, attouchements,
éphébophilie…
Sr Chantal-Marie SORLIN
Ce document a été rédigé à partir de 2014 par Sr Chantal-Marie Sorlin, à l'occasion de la création
du Bureau des dérives sectaires.