Taguieff 1999
Taguieff 1999
Taguieff 1999
1940-1944
études et documents
PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF
GRÉGOIRE KAUFFMANN
MICHAËL LENOIRE
sous la direction de
Pierre-André Taguieff
PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF
GRÉGOIRE KAUFFMANN
MICHAËL LENOIRE
ouvrage dirigé par
PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF
avec la participation de
Robert Belot, Annick Duraffour, Marc Knobel,
Claude Singer, Patrick Weil
1999
Introduction
Pierre-André Taguieff
1. Lucien Rebatet, Les Mémoires d’un fasciste, t. II : 1941-1947, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1976,
p. 23.
2. Lucien Rebatet, « Je suis un journaliste national. Je veux aller sur le front de Russie »,
Supplément au bulletin d’Inter-France, 27 juin 1941.
3. Ibid. Cette posture velléitaire conduira Robert Brasillach à surnommer son ami et son
collaborateur de Je suis partout, qui habitait à Neuilly : « le Retenez-moi de Neuilly » (lettre de R.
Brasillach au Dr Faure, 23 novembre 1943 ; citée par Robert Belot, Lucien Rebatet. Un itinéraire
fasciste, Paris, Le Seuil, 1994, p. 281).
4. La distinction entre « collaboration d’Etat » – politique délibérée, au nom de la raison d’Etat,
d’accord avec l’Allemagne – et « collaborationnisme » (impliquant des sympathies ou des
convergences idéologiques) a été introduite par Stanley Hoffmann dans son article pionnier,
os
« Vichy et la collaboration » [1968], Preuves, n 219-220, juillet-septembre 1969, pp. 60-74 (repris
dans Stanley Hoffmann, Essais sur la France. Déclin ou renouveau ?, Paris, Le Seuil, 1974, pp. 41-
66). Les travaux historiographiques ultérieurs sont tributaires de ce modèle d’intelligibilité fécond,
qui a eu notamment pour effet de relativiser l’opposition entre Parisiens et Vichyssois. La littérature
savante sur la question étant fort riche, nous nous limiterons à quelques études de référence : Jean-
Pierre Azéma, La Collaboration 1940-1944, Paris, PUF, 1975 ; Pascal Ory, Les Collaborateurs
1940-1945, Paris, Le Seuil, 1976 ; Dominique Veillon, La Collaboration. Textes et débats, Paris, Le
Livre de Poche, 1984 ; Henry Rousso, La Collaboration, Paris, MA éditions, 1987 ; Philippe
Burrin, « Le collaborationnisme », in Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), La France des
années noires, Paris, Le Seuil, 1993, vol. 1, pp. 333-383 ; Robert O. Paxton, « La collaboration
d’Etat », in ibid., pp. 333-361 ; Yves Durand, La France dans la Deuxième Guerre mondiale 1939-
e re
1945, Paris, Armand Colin, 2 éd., 1993 (1 éd., 1989) ; Philippe Burrin, La France à l’heure
allemande 1940-1944, Paris, Le Seuil, 1995. Il convient de rappeler que, parallèlement aux travaux
de Stanley Hoffmann, ceux de l’historien allemand Eberhard Jäckel ont renouvelé l’approche du
phénomène « collaboration », comme le montre son grand livre La France dans l’Europe de Hitler
re
(tr. fr. D. Meunier, Paris, Fayard, 1968 ; 1 éd. all., 1966), dont l’importance a été reconnue par
Robert O. Paxton comme par Stanley Hoffmann (op. cit., p. 45). Voir Robert O. Paxton, La France
de Vichy 1940-1944, tr. fr. C. Bernard, Paris, Le Seuil, 1973 ; nouvelle éd. revue et mise à jour par
l’auteur, Paris, Le Seuil, 1997, pp. 12, 430, 433 (et préface de S. Hoffmann, ibid., p. 39). Voir aussi
Jean-Pierre Azéma, « Vichy et la mémoire savante : quarante-cinq ans d’historiographie » in J.-P.
Azéma et François Bédarida (dir.), Le Régime de Vichy et les Français, Paris, Fayard, 1992, pp. 28,
30.
5. J’emprunte cette métaphore à Philippe Burrin, « La France dans le champ magnétique des
o
fascismes », Le Débat, n 32, novembre 1984, pp. 52-72.
6. Au début de 1943, André Chaumet, très représentatif des professionnels de l’antisémitisme
journalistique des milieux collaborationnistes, résume ainsi le mythe raciste manichéen : « Entre la
conception juive de la vie et notre conception à nous, Aryens, […], entre l’Europe et la toundra
asiate, l’ultime combat s’engagera. […]. “Toi, Juif” ou “Moi Aryen” ?…[…]. Et que l’on voudrait –
avec Pierre Laval – que “la France comprenne qu’elle devrait être tout entière avec l’Allemagne” et
où elle devrait l’être pour poser cette question-là » (« “Toi”, Juif ou “Moi” Aryen. Tel est l’enjeu de
o
la guerre à l’Est », Le Cahier jaune, n 13, février 1943, p. 3 ; nous respectons la typographie de
l’article publié).
o
7. Voir Denis Hollier, « Fahrenheit 451 (en dessous de zéro) », Critique, n 594, novembre 1996,
pp. 934-935 (article constituant une éclairante analyse critique du livre de David Carroll, cité infra,
p. 11, note 3).
8. Voir l’article, devenu célèbre, de Walter Benjamin, « L’œuvre d’art à l’époque de sa
reproductibilité technique » [1935], tr. fr. M. de Gandillac, in W. Benjamin, Œuvres, vol. 2 : Poésie
et révolution, Paris, Les Lettres Nouvelles, 1971, pp. 171-210, en partic. p. 210.
9. Voir David Carroll, French Literary Fascism. Nationalism, Anti-Semitism, and the Ideology of
Culture, Princeton, N. J., Princeton University Press, 1995. Y sont étudiés notamment les « cas »
Brasillach, Céline, Rebatet, Drieu la Rochelle.
10. Voir Robert O. Paxton, « La spécificité de la persécution des Juifs en France », Annales E.S.C.,
e o
48 année, n 3, mai-juin 1993, pp. 605, 608-610.
11. Ibid., p. 606. Sur cette spécificité française de l’antisémitisme politique moderne, voir Pierre
Birnbaum, Un Mythe politique : la « République juive ». De Léon Blum à Pierre Mendès France,
Paris, Fayard, 1988.
12. Voir les ouvrages suivants, illustrant la multiplicité des approches récentes (depuis le début des
années quatre-vingt) de la « Solution finale » : Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, tr.
fr. M.-F. de Paloméra et A. Charpentier, Paris, Fayard, 1988 ; [collectif], L’Allemagne nazie et le
génocide juif, Paris, Gallimard/Le Seuil, 1982 ; [collectif], Devant l’histoire. Les documents de la
controverse sur la singularité de l’extermination des Juifs par le régime nazi, tr. fr. B. Vergne-Cain
et alii, Paris, Le Cerf, 1988 ; Gerald Fleming, Hitler et la Solution finale, tr. fr. C. d’Aragon, Paris,
Commentaire/Julliard, 1988 ; Zygmunt Bauman, Modernity and the Holocaust, Cambridge, Polity
Press, 1989 ; François Bédarida (dir.), La Politique nazie d’extermination, Paris, Albin Michel,
1989 ; Philippe Burrin, Hitler et les Juifs. Genèse d’un génocide, Paris, Le Seuil, 1989 ; Arno
Mayer, La « Solution finale » dans l’histoire, tr. fr. M.-G. et J. Carlier, Paris, La Découverte, 1990 ;
Michael R. Marrus, L’Holocauste dans l’histoire, tr. fr. F. Brodsky, Paris, Eshel, 1990 ; Christopher
e
R. Browning, Des hommes ordinaires. Le 101 bataillon de réserve de la police allemande et la
Solution finale en Pologne, tr. fr. E. Barnavi, Paris, Les Belles Lettres, 1994 ; Saul Friedländer,
L’Allemagne nazie et les Juifs. 1. Les années de persécution 1933-1939, tr. fr. M.-F. de Paloméra,
Paris, Le Seuil, 1997 ; Hans Mommsen, Le National-socialisme et la société allemande. Dix essais
d’histoire sociale et politique, tr. fr. F. Laroche, Paris, Editions de la Maison des sciences de
l’homme, 1997, en partic. pp. 179-241.
13. Il s’agit là d’un modèle descriptif qui, en reconstruisant l’enchaînement supposé des
événements, tend à lui donner une signification rationnelle : le processus observable des
persécutions aboutissant à l’extermination est ainsi interprété comme une démarche intentionnelle
ou comme l’accomplissement d’un programme, selon les stades successifs. Voir notamment Raul
Hilberg, op. cit., pp. 51 sq. Ce modèle « intentionnaliste » est fort discutable, d’abord parce qu’il ne
tient guère compte de l’événement, de l’adaptation aux circonstances, de la gestion des contraintes
imprévues, ensuite parce qu’il tend à négliger la pluralité des causes ou des facteurs au profit d’une
interprétation monocausale du processus génocidaire, enfin parce qu’il revient à « fataliser »
l’extermination des Juifs d’Europe, faisant ainsi oublier « la complexité et la sinuosité du cours
historique » (Philippe Burrin, op. cit., [1989], p. 14), sa contingence essentielle. Voir Denis
Peschanski, Vichy 1940-1944. Contrôle et exclusion, Bruxelles, Complexe, 1997, pp. 78-79, 83,
193-196.
e
14. Voir notamment Eliahu Ben Elissar, La Diplomatie du III Reich et les Juifs (1933-1939), Paris,
Christian Bourgois, 1969 ; Uwe Dietrich Adam, Judenpolitik im Dritten Reich, Düsseldorf, Droste,
1972 ; Id., « Les mesures nazies concernant les Juifs du début de la Seconde Guerre mondiale
jusqu’à l’attaque allemande contre l’URSS », in L’Allemagne nazie et les Juifs, op. cit., pp. 177-
189 ; Karl A. Schleunes, « Un tortueux itinéraire : les politiques nazies envers les Juifs allemands
(1933-1939) », in ibid., pp. 177-133 ; Christopher R. Browning, « L’origine de la solution finale :
du contexte militaire et politique à la prise de décision (1939-1941) », in François Bédarida (dir.),
La Politique nazie d’extermination, op. cit., pp. 156-176. Voir aussi les remarques de Robert O.
Paxton, art. cit., pp. 611 sq., et l’exemplaire discussion critique des approches historiographiques
par Ian Kershaw dans Qu’est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, tr. fr.
re
J. Carnaud, nouvelle éd. augmentée et mise à jour, Paris, Gallimard, 1997, pp. 163-209 (1 éd.
angl., 1985).
15. Henry Rousso, « Une justice impossible. L’épuration et la politique antijuive de Vichy »,
e o
Annales E.S.C., 48 année, n 3, mai-juin 1993, p. 768.
o
16. Claire Andrieu, « Le mythe de la banque juive et les réalités de l’aryanisation », Pardès, n 16,
1992, p. 83.
17. Voir Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion. Faux et usages d’un faux, Paris,
Berg International, 1992, tome I.
18. Voir Joseph Billig, L’Institut d’étude des questions juives, Paris, C.D.J.C., Editions du Centre,
1974.
19. L’instrument de travail indispensable sur la question reste la somme de Joseph Billig, Le
Commissariat général aux questions juives (1941-1944), Paris, C.D.J.C., Editions du Centre, t. I,
1955 ; t. II, 1957 ; t. III, 1960.
20. François Bédarida, préface à : Adam Rayski, Le Choix des Juifs sous Vichy. Entre soumission et
résistance, Paris, La Découverte, 1992, p. II.
21. Pour une reconstruction de cette narration mythique fondatrice située au cœur de la vision
antisémite de l’antisémitisme, voir Pierre-André Taguieff, « Sur une argumentation antijuive de
o
base : l’auto-victimisation du narrateur », Sens, n 7, juillet 1983, pp. 133-156. Ce schéma narratif
se rencontre par exemple dans les textes suivants : Hermann de Vries de Heekelingen, Israël. Son
passé. Son avenir, Paris, Librairie académique Perrin, 1937, pp. 11-12 ; Charles Lesca, « En
Amérique latine – Les Juifs ont créé l’antisémitisme », Je suis partout, 15 avril 1938, p. 8 ; George
Montandon, Comment reconnaître et expliquer le Juif ?, Paris, Nouvelles Editions françaises, 1940,
pp. 43-44 (qui cite H. de Vries de Heekelingen, ibid.) ; Louis Thomas, Les Raisons de
l’antijudaïsme, Paris, Les Documents contemporains, 1942, pp. 17-50 ; Henri Labroue, « L’histoire
du judaïsme à la Sorbonne » [leçon d’ouverture de la chaire d’« Histoire du judaïsme », prononcée
e o
le 15 décembre 1942], La Question juive en France et dans le monde, 2 année, n 7, janvier-février
1943, pp. 39-40 (cite H. de Vries de Heekelingen).
22. La thèse selon laquelle les « causes générales » de l’antisémitisme sont à chercher dans la
« nature » des Juifs, censée leur dicter des attitudes et des conduites négatives (domination,
exploitation, destruction, etc.) à l’égard des autres peuples, est souvent légitimée, dans la littérature
e
antijuive de langue française depuis la fin du XIX siècle, par des citations de certains passages du
livre de Bernard Lazare, L’Antisémitisme, son histoire et ses causes (Paris, Léon Chailley, 1894).
Ces citations d’énoncés extraits de leur contexte, indéfiniment reproduites par les propagandistes
antijuifs, et attribuées avec insistance au « Juif Bernard Lazare », sont notamment les suivantes :
« Il faut donc que la cause générale de l’antisémitisme ait toujours résidé en Israël même et non
chez ceux qui le combattirent » (chapitre I ; rééd., Documents et Témoignages [Henry Coston],
1969, p. 11) ; « Partout, et jusqu’à nos jours, le Juif fut un être insociable » (ibid., p. 12) ; « Les
Juifs émancipés pénétrèrent dans les nations comme des étrangers […]. Ils entrèrent dans les
sociétés modernes non comme des hôtes, mais comme des conquérants » (chapitre IX, p. 114) ;
« Les Juifs sont aux deux pôles de la société contemporaine. Ils ont été parmi les fondateurs du
capitalisme industriel et financier, et ils ont protesté avec la véhémence la plus extrême contre ce
capital » (chapitre XIII, pp. 168-169). Voir par exemple l’usage que fait Jean Drault des références
routinisées à Bernard Lazare dans son Histoire de l’antisémitisme, Paris, Editions C.-L. [Editions
Calmann-Lévy « aryanisées »], 1942, pp. 7 sq. ; le chapitre I de cette « histoire » antisémite de
l’antisémitisme porte le titre « Les causes de l’antisémitisme », qui paraphrase celui du premier
chapitre de l’essai de Bernard Lazare : « Les causes générales de l’antisémitisme ». Robert
Brasillach, dans son éditorial du premier numéro spécial de Je suis partout sur la « question juive »,
où il propose d’« organiser un antisémitisme de raison », salue ainsi l’auteur de L’Antisémitisme :
« Bernard Lazare, à qui il faut toujours en revenir parce qu’il était un Juif fort conscient […] » (« La
o
question juive », Je suis partout, n 386, 15 avril 1938).
23. Denis Peschanski, Vichy 1940-1944. Contrôle et exclusion, Bruxelles, Complexe, 1997, p. 40.
24. C’est ainsi que le Centre d’action et de documentation (C.A.D.), créé par Henry Coston
(directeur) et Paul Lafitte en mars 1941, rediffuse telle quelle l’édition des Protocoles des Sages de
Sion réalisée par l’Office de propagande national (O.P.N.), créé en 1937 par Coston. L’édition
d’avant guerre, titrée Le Péril juif (et sous-titrée « Texte intégral des Protocoles des Sages
d’Israël »), comportait une introduction (op. cit., pp. 3-4) non signée (due vraisemblablement à son
directeur, Coston), qu’en 1941 les propagandistes du C.A.D. n’ont pas cru devoir « actualiser ». Le
C.A.D., précisait un tract d’autoprésentation, « a pour but la lutte contre la Judéo-Maçonnerie, ses
agents, ses filiales et leurs complices » (« But et action du C.A.D. », in Jean Bertrand et Claude
Wacogne, La Fausse éducation nationale. L’emprise judéo-maçonnique sur l’école française, Paris,
C.A.D., s.d. [1943], p. 2). On ne trouve pas non plus de références directes à la conjoncture dans la
er
longue introduction (non signée, datée du 1 août 1943) de l’édition des Protocoles réalisée par le
C.E.A. (Centre d’études antibolcheviques, dirigé par Louis-Charles Lecoconnier, dit Lecoc), Les
« Protocoles » des Sages de Sion (Paris, Editions C.E.A., 1943). Quant à la brève introduction,
signée Louis Tournayre, de l’édition des Protocoles réalisée par la « Société d’Edition de
Propagande française » (Paris, s.d.), Le Péril juif. Texte intégral des Protocoles des Sages de Sion,
elle se termine allusivement ainsi : « La connaissance des Protocoles est indispensable à quiconque
veut comprendre quelque chose aux événements qui se déroulent sous nos yeux ; car celui qui
ignore ce point de la Question juive ne saurait rien dire, sur le terrain de l’économie, de la
sociologie et de la politique, qui soit valable ou pertinent » (op. cit., p. 4). Cette édition était due au
périodique collaborationniste Au pilori (« Hebdomadaire de combat contre la judéo-maçonnerie »),
dont Louis Tournayre (un proche de Coston et de Lucien Pemjean dans les années trente) était
l’administrateur.
25. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, tr. fr. M. Delmotte, Paris,
Calmann-Lévy, 1981, pp. 171 sq. ; Renée Poznanski, Les Juifs en France pendant la Seconde
re
Guerre mondiale, Paris, Hachette, nvelle éd. mise à jour et corrigée, 1997 (1 éd., 1994), pp. 116-
117. Pour un modèle d’intelligibilité distinguant et articulant les différentes composantes et les
différents niveaux de ce qu’il est convenu d’appeler globalement « l’antisémitisme », voir Michael
R. Marrus, « The Theory and Practice of Anti-Semitism », Commentary, 74 (2), août 1982, pp. 38-
o
42 ; tr. fr. M.-J. Jolivet : « Théorie et pratique de l’antisémitisme », Sens, n 1, janvier 1985, pp. 17-
25.
26. Voir Michael R. Marrus, art. cit. [1982], p. 38, qui montre l’inconsistance de la « théorie
“virale” de l’antisémitisme ».
27. « Indéfinie » en ce sens, notamment, que l’extension de la catégorie « Juif », dans l’imaginaire
antisémite, ne possède pas de limites clairement définissables. Il s’agit d’une catégorie aux bords
flous et d’une entité indistincte, comme suffit à le montrer l’impossibilité de répondre de façon
consensuelle, d’un point de vue antijuif, à une question du type : « Les “métis juifs” sont-ils des
Juifs ? » En outre, ce que les théoriciens antisémites stigmatisent sous l’appellation de
« judaïsation » des esprits et/ou des âmes, cette prétendue « judaïsation » ne fabrique-t-elle pas
indéfiniment des Juifs, comme par imprégnation ou contamination ? La judéité est fictionnée
comme une qualité négative ayant force de contagion. D’où la tendance des théoriciens antijuifs à
une définition décisionniste de l’identité juive, du type : « Est juif qui est catégorisé comme juif par
un antijuif » (ou, selon la formule célèbre attribuée à Karl Lueger : « Qui est juif, c’est moi qui en
e
décide »). Voir Jacques Droz, « Schönerer et l’antisémitisme autrichien », Austriaca, 13 année,
juin 1988, p. 46. Chef du Parti chrétien-social (créé en 1889), Lueger fut élu en 1895 maire de
Vienne, charge qu’il conserva jusqu’à sa mort en 1910. On notera que la formule de Lueger entre en
contradiction avec les définitions racistes biologisantes du Juif, lesquelles sont objectivistes jusqu’à
la caricature. Voir les remarques de Lucy S. Dawidowicz, La Guerre contre les Juifs 1933-1945, tr.
fr. G. Gamet, Paris, Hachette, 1977, p. 31.
28. Voir Philippe Burrin, Hitler et les Juifs. Genèse d’un génocide, Paris, Le Seuil, 1989, pp. 105
sq. ; Arno Mayer, La « Solution finale » dans l’histoire, op. cit., pp. 233 sq. (L’historien américain
accorde à l’antibolchevisme le rôle déterminant dans la réalisation de la Solution finale). Sur la
mobilisation des groupes collaborationnistes initiée par l’attaque allemande du 22 juin 1941, sous la
bannière de la croisade contre le « judéo-bolchevisme », voir Rita Thalmann, La Mise au pas.
Idéologie et stratégie sécuritaire dans la France occupée, Paris, Fayard, 1991, pp. 233 sq.
29. Voir Denis Peschanski, Vichy 1940-1944. Contrôle et exclusion, op. cit., pp. 73 sq.
30. Voir Maxime Steinberg, « Le paradoxe français dans la Solution finale à l’Ouest », Annales
e o
E.S.C., 48 année, n 3, mai-juin 1993, pp. 583-594.
31. Rita Thalmann, « La traque des Juifs dans le contexte de la “mise au pas” de la France »,
Annales E.S.C., mai-juin 1993, p. 603.
32. Ibid., pp. 595-596.
33. Robert O. Paxton, « La spécificité de la persécution des Juifs en France », Annales E.S.C., mai-
juin 1993, p. 615.
34. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., pp. 80-81, 212-213, 328.
35. Robert O. Paxton, « La spécificité de la persécution des Juifs en France », art. cit. p. 616. Pour
plus de précisions sur le tournant de l’été 1942 dans l’opinion, voir Serge Klarsfeld, Vichy-
Auschwitz. Le rôle de Vichy dans la Solution finale de la question juive en France. 1942, Paris,
Fayard, 1983, pp. 163-192 ; Asher Cohen, « Le “peuple aryen” vu par le Commissariat général aux
questions juives », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. XXXV, septembre-octobre 1986,
pp. 482-494 ; Id., Persécutions et sauvetages. Juifs et Français sous l’Occupation et sous Vichy,
Paris, Le Cerf, 1993, pp. 300 sq. ; Pierre Laborie, L’Opinion française sous Vichy, Paris, Le Seuil,
1990, pp. 278-280 ; Id., « 1942 et le sort des Juifs : quel tournant dans l’opinion ? », Annales E.S.C.,
mai-juin 1993, pp. 655-666 ; André Kaspi, Les Juifs pendant l’Occupation, édition revue et mise à
jour, Paris, Le Seuil, 1997, pp. 241 sq. ; Denis Peschanski, Vichy 1940-1944, op. cit., pp. 182 sq.
Voir aussi Stéphane Courtois, Adam Rayski (dir.), Qui savait quoi ? L’extermination des Juifs
1941-1945, Paris, La Découverte, 1987 ; Laurent Gervereau et Denis Peschanski (dir.), La
Propagande sous Vichy, 1940-1944, Paris, BDIC-La Découverte, 1990.
36. Otto Abetz, télégramme du 2 juillet 1942, cité par Serge Klarsfeld, Die End-lösung der
Judenfrage in Frankreich. Deutsche Dokumente, 1941-1944, Cologne, 1977, p. 74 ; document
traduit dans Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz…, op. cit., p. 226. Voir aussi Maxime Steinberg, art.
cit., p. 585.
37. Voir Serge Klarsfeld, ibid. [1983], passim ; Maxime Steinberg, ibid., pp. 585 sq. ; Asher Cohen,
op. cit. [1993], pp. 211 sq.
38. Loi du 17 juillet 1940, limitant « l’accès aux emplois dans les administrations publiques » aux
sujets possédant « la nationalité française, à titre originaire », en tant que nés d’un père français ; loi
du 22 juillet 1940, décrétant la révision des naturalisations accordées après la loi du 27 août 1927 ;
abrogation, le 27 août 1940, du décret-loi Marchandeau (du 21 avril 1939) qui interdisait les
attaques racistes et antisémites par voie de presse ; loi du 3 octobre 1940 « portant statut des juifs » ;
loi du 4 octobre 1940 « sur les ressortissants étrangers de race juive », autorisant les préfets à
prononcer l’internement administratif des Juifs étrangers de leurs départements respectifs ;
abrogation, le 7 octobre 1940, du décret Crémieux (du 24 octobre 1870) qui avait permis aux Juifs
d’Algérie d’obtenir la nationalité française. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les
Juifs, op. cit., pp. 17 sq. ; Robert O. Paxton, art. cit., p. 610 ; Michel Abitbol, Les Juifs d’Afrique du
Nord sous Vichy, Paris, Maisonneuve et Larose, 1983, pp. 62 sq. ; Denis Peschanski, Vichy 1940-
1944, op. cit., pp. 144 sq. ; Richard Weisberg, Vichy, la justice et les Juifs, tr. fr. L.-E. Pomier et Y.
re
Coleman, Amsterdam, Editions des Archives contemporaines, 1998 (1 éd. améric., 1996), pp. 61
sq.
39. Charles Maurras, in La Gazette de France, 11 février 1901 ; texte reproduit in Charles Maurras,
Dictionnaire politique et critique [« établi par les soins de Pierre Chardon »], art. « Juif (la question
juive) », fascicule 9, Paris, A la Cité des Livres, 1932, p. 360. Voir Pierre Pierrard, Juifs et
catholiques français, Paris, Le Cerf, 1997, p. 300.
40. Charles Maurras, ibid. Sur ce passage, voir Pierre Boutang, Maurras. La destinée et l’œuvre,
Paris, Plon, 1984, p. 707, note 14.
41. Charles Maurras, ibid.
42. Voir Philippe Burrin, La Dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery 1933-1945, Paris, Le Seuil,
1986, p. 27.
43. Voir Paul Sérant, Le Romantisme fasciste, Paris, Fasquelle, 1959 ; Id., Les Dissidents de
l’Action française, Paris, Copernic, 1978.
44. C’est Lucien Rebatet, saisi par la « fascisation », qui va le plus loin dans le retournement anti-
maurrassien, ouvrant la voie du collaborationnisme intégral. Voir Robert Belot, op. cit., en partic.
pp. 198 sq., 264 sq.
45. Voir Walter Laqueur, Le Terrifiant secret. La « solution finale » et l’information étouffée, tr. fr.
re
A. Roubichou-Stretz, Paris, Gallimard, 1981 (1 éd. angl., Londres, 1980).
46. Voir Claude Singer, Vichy, l’Université et les Juifs. Les silences et la mémoire, Paris, Les Belles
Lettres, 1992, pp. 198 sq. ; Id., L’Université libérée, l’Université épurée (1943-1947), Paris, Les
Belles Lettres, 1997, pp. 194, 204, 251, 259, 272, 279, 307-313 ; Asher Cohen, op. cit., pp. 151 sq.,
346 sq.
47. Sur les choix stratégiques et les engagements idéologiques des journalistes dans le contexte de
l’Occupation, voir Christian Delporte, Les Journalistes en France 1880-1950. Naissance et
construction d’une profession, Paris, Le Seuil, 1999, p. 325-365.
o
48. Maurice-Ivan Sicard, « Vers un nouveau fascisme (II) », Au pilori, n 163, 16 septembre 1943,
p. 1. Sicard, né en 1910, avait adhéré en 1936 au P.P.F. et deviendra l’un des principaux lieutenants
de Doriot. Il publiera en 1964 une Histoire de la collaboration (Paris, L’Esprit nouveau) sous le
pseudonyme de Saint-Paulien.
49. Le Procès de Charles Maurras. Compte rendu sténographique, Paris, Albin Michel, 1946,
p. 44.
50. Le Procès de Xavier Vallat présenté par ses amis, Paris, Le Conquistador, 1948, p. 76.
51. Voir Jeannine Verdès-Leroux, Refus et violences. Politique et littérature à l’extrême droite des
années trente aux retombées de la Libération, Paris, Gallimard, 1995, en partic. pp. 156 sq., 255 sq.
52. Henri Du Moulin de Labarthète, Le Temps des illusions. Souvenirs (juillet 1940-avril 1942),
Genève, Les Editions du Cheval ailé, 1946, p. 280 ; cf., aussi le procès-verbal d’interrogatoire
d’Henri Du Moulin de Labarthète, R G, 22 octobre 1946, Archives nationales 3 W (suite). Voir
Joseph Billig, Le Commissariat général aux questions juives (1941-1944), Paris, C.D.J.C., Editions
du Centre, 1960, tome III, p. 11 ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit.,
pp. 19-20 ; Denis Peschanski, Vichy 1940-1944, op. cit., p. 147. Sur l’usage de cette affirmation
célèbre, voir Henry Rousso, « Une justice impossible. L’épuration et la politique antijuive de
Vichy », Annales E.S.C., 48 (3), mai-juin 1993, pp. 765-766.
53. Xavier Vallat, Le Nez de Cléopâtre… Souvenirs d’un homme de droite 1918-1945, Paris,
Editions « Les Quatre Fils Aymon », 1957, p. 238. Vallat cite la fameuse déclaration de Du Moulin
de Labarthète (ibid.). Sur le rôle du maurrassien Alibert dans la mise en place de la politique
antijuive de Vichy, voir Michael Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., pp. 19, 32, 77, 98, 335 ;
Michèle Cointet-Labrousse, Vichy et le fascisme, Bruxelles, Complexe, 1987, puis 1991, pp. 36,
140-141, 199 ; Richard H. Weisberg, op. cit., pp. 45 sq., 134, 136, 157 sq., 171, 200-202.
54. Henri Du Moulin de Labarthète, op. cit., p. 280.
55. Voir infra, mon analyse des revendications d’autonomie, de priorité ou de paternité idéologique
de l’antisémitisme français (première partie, chapitre IV).
56. Cf., Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., p. 55. Voir aussi Philippe Burrin, La France
à l’heure allemande, op. cit., p. 399 ; Jean-Paul Cointet, Marcel Déat. Du socialisme au national-
socialisme, Paris, Perrin, 1998, pp. 278-281.
57. Voir Claude Lévy, Les Nouveaux Temps et l’idéologie de la collaboration, Paris, Armand
Colin, 1974, pp. 183-189.
58. La difficulté interprétative est récurrente. A propos de Georges Simenon, auteur d’une série de
dix-sept articles intitulée « Le péril juif ! » dans la Gazette de Liège (du 19 juin au 13 octobre
1921), Pierre Assouline s’interroge : « Le rédacteur et signataire du “Péril juif” ! […] est-il un
antisémite convaincu ou bien a-t-il agi par opportunisme, comme le ferait n’importe quel
arriviste ? » (P. Assouline, Simenon. Biographie, Paris, Julliard, 1992, p. 55). L’antisémitisme
opportuniste, voire mercenaire, ne se distingue pas nécessairement, par des marques formelles, de
l’antisémitisme d’adhésion ou de conviction.
59. Voir, à titre indicatif, le dossier présenté par André Halimi, La Délation sous l’Occupation,
Paris, Alain Moreau, 1983, en partic. pp. 127-203 (« La presse et la délation »).
60. Paul Sézille, secrétaire général de l’Institut d’étude des questions juives et « président-
fondateur » du Groupe des Amis antijuifs, n’hésite pas, par exemple, à dénoncer aux autorités
allemandes, le 12 août 1941, un directeur de cinéma nommé Molina, dans lequel il voit un « Juif
e
espagnol parfaitement camouflé » (lettre citée par Léon Poliakov et Joseph Wulf, Le III Reich et
les Juifs, Paris, Gallimard, 1959, pp. 339-340).
61. Voir Georges Virebeau [Henry Coston], « Protéger la France, épurer la race… L’invasion
juive », La France au travail, 11 septembre 1940 ; René Martial, « Les étrangers camouflés »,
Aujourd’hui, 6 mai 1942. Ces deux articles sont reproduits infra, dans la partie « Documents ».
62. Tract reproduit par André Halimi, op. cit., p. 122.
63. Voir Benno Müller-Hill, Science nazie, science de mort. L’extermination des Juifs, des Tsiganes
et des malades mentaux de 1933 à 1945, tr. fr. O. Mannoni, Paris, Odile Jacob, 1989 ; Robert Jay
Lifton, Les Médecins nazis. Le meurtre médical et la psychologie du génocide, tr. fr. B. Pouget,
Paris, Laffont, 1989 ; Michael Pollak, « Une politique scientifique : le concours de l’anthropologie,
de la biologie et du droit », in François Bédarida (dir.), La Politique nazie d’extermination, Paris,
Albin Michel, 1989, pp. 75-99 ; Robert N. Proctor, Racial Hygiene. Medicine under the Nazis,
Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1989 ; Paul Weindling, L’Hygiène de la race. I.
Hygiène raciale et eugénisme médical en Allemagne, 1870-1932, tr. fr. B. Frumer, Paris, La
Découverte, 1998 ; Ernst Klee, La Médecine nazie et ses victimes, tr. fr. O. Mannoni, Arles, Actes
Sud, 1999.
64. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., pp. 51-52.
65. En 1943, George Montandon traduit un livre de synthèse, paru en allemand deux ans
auparavant, de Otmar von Verschuer, Manuel d’eugénique et hérédité humaine, Paris, Masson et
ie
C , 268 p. Verschuer présente son ouvrage comme « la première synthèse d’eugénique qui tienne
triplement compte de l’hérédité générale, de la raciologie et de l’hygiène raciale au sens restreint »
(ibid., p. 1). Ce « manuel » qui se veut strictement scientifique est destiné à faciliter l’enseignement
de la « science eugénique » (ibid.). En 1942 était paru, à l’initiative de Karl Epting, un volume
présentant au lecteur français la biopolitique nazie, avec des contributions de Fischer et de
Verschuer : Etat et santé (Paris, Sorlot), volume constituant le quatrième des Cahiers de l’Institut
allemand. A quelques exceptions près (Montandon, Laville, Martial), on ne trouve pas, dans le
corpus des textes racistes publiés par des auteurs français, d’équivalents de ce discours savant, se
référant à la génétique mendélienne, mêlant les thèses du racisme « nordique » avec les vues
eugéniques (privilégiant les préoccupations propres à l’eugénique dite « négative », dont relèvent
les mesures de stérilisation forcée et d’« euthanasie » active des malades mentaux).
66. Un biologiste allemand, E. Lehmann, affirme ainsi en 1933 que la « vision du monde national-
socialiste a conquis l’Allemagne et [que] le noyau de cette vision du monde est formé par la science
biologique » (Biologie im Leben der Gegenwart, Munich, 1933, p. 5 ; cité par Robert N. Proctor,
op. cit., p. 62). Pour d’autres exemples, voir Benoît Massin, « Anthropologie raciale et national-
socialisme : heurs et malheurs du paradigme de la “race” », in Josiane Olff-Nathan (dir.), La
Science sous le Troisième Reich, Paris, Le Seuil, 1993, pp. 198-199.
67. Voir Mark B. Adams (éd.), The Wellborn Science. Eugenics in Germany, France, Brazil and
Russia, New York/Oxford, Oxford University Press, 1990 ; Jacques Léonard, Médecins, malades et
e
société dans la France du XIX siècle, Paris, Sciences en situation, 1992 ; Pierre-André Taguieff,
« Eugénisme ou décadence ? L’exception française », Ethnologie française, t. 24, janvier-mars
o
1994, n 1, pp. 81-103 ; Id., « Face à l’immigration : mixophobie, xénophobie ou sélection. Un
o
débat français dans l’entre-deux-guerres », Vingtième siècle, n 47, juillet-septembre 1995, pp. 103-
e
131 ; Anne Carol, Histoire de l’eugénisme en France. Les médecins et la procréation XIX -
e
XX siècles, Paris, Le Seuil, 1995.
68. Voir William H. Schneider, Quality and Quantity. The Quest for Biological Regeneration in
Twentieth-Century France, New York et Cambridge, Cambridge University Press, 1990 ; Pierre-
André Taguieff, La Couleur et le sang. Doctrines racistes à la française, Paris, Editions Mille et
une nuits, 1998.
69. En témoigne déjà, à la fin des années vingt, la somme publiée par Marie-Thérèse Nisot, La
Question eugénique dans les divers pays, Bruxelles, Georges Van Campenhout, tome 1, 1927 ;
tome 2, 1929. Voir aussi Mark B. Adams (ed.), op. cit.
70. C’est contre la vision dominante – même dans la France de Vichy – de la « question juive » que
le biologiste Charles Laville, proche de George Montandon, théoricien de l’eugénique raciale et du
racisme « aryaniste », énonce au début de 1942, dans la revue de l’Institut d’étude des questions
juives : « Une politique doit être biologique ou ne pas être… Entendons par là qu’une politique
tendant à s’instaurer par de simples considérations d’ordre théorique ou sentimental, au lieu de
prendre appui sur les lois de la nature, […] est une politique qui, d’elle-même, se condamne à
l’échec » (« Le racisme, loi biologique fondamentale », La Question juive en France et dans le
re o
monde, 1 année, n 1, février-mars 1942, p. 31 ; soul. dans le texte).
re
71. Voir infra, 1 partie, le chapitre IV de mon étude. Ces manifestations textuelles extrêmes – tous
les fusiller, tous les stériliser – de l’« antisémitisme meurtrier » (Jeannine Verdès-Leroux, op. cit.,
p. 158), favorisé par le contexte de l’Occupation et la montée aux extrêmes inévitablement
provoquée par les logiques d’engagement total du côté de la collaboration, permettent de faire
ressortir la différence entre ce maximalisme antijuif lié à une situation d’exception et
l’antisémitisme politico-littéraire illustré avant 1940 par les écrits de l’Action française.
72. Sur le principe de cette analyse, voir Pierre-André Taguieff, « Le racisme », Les Cahiers du
o
CEVIPOF, n 20, 1998, pp. 13 sq.
73. Drieu la Rochelle et Céline représentent des cas mixtes : écrivains ralliés au « fascisme » (plus
précisément, séduits par l’hitlérisme), ils se démarquent l’un et l’autre, avant les années
d’occupation, de l’« antisémitisme d’Etat » tel que Maurras le définissait, à savoir hors de toute
référence à la « biologie raciale ». Céline et Drieu, au contraire de Brasillach, ont dès 1938 posé la
« question juive » dans le cadre de la vision raciste du monde. Voir par exemple : Pierre Drieu la
Rochelle, « A propos du racisme », L’Emancipation nationale, 29 juillet 1938 (article repris dans
Chronique politique, 1934-1942, Paris, Gallimard, 1943, [pp. 154-159], pp. 155-156) ; Louis-
Ferdinand Céline, L’Ecole des cadavres, Paris, Denoël, 1938, pp. 215 sq., 260-265.
74. Voir Pierre-André Taguieff, La Couleur et le sang, op. cit. ; les principaux auteurs illustrant le
courant biologico-raciste sont : Georges Vacher de Lapouge, Gustave Le Bon, Jules Soury, puis,
dans les années trente et quarante, René Martial et George Montandon.
75. Le présent ouvrage se donne pour objet d’analyser le discours antijuif produit par les acteurs
engagés, en France, dans les opérations de propagande et d’endoctrinement accompagnant la
politique antijuive de Vichy et celle des nazis, dont les objectifs et les logiques d’action diffèrent et
interfèrent à la fois. Prendre pour objet l’antisémitisme des agitateurs et des plumitifs n’implique
nullement de sous-estimer l’importance de l’antisémitisme administratif, bureaucratique ou policier,
celui des fonctionnaires zélés qui appliquent les directives et obéissent aux ordres de leur hiérarchie,
qu’il s’agisse d’arrêter, d’interner ou de déporter. Dans le contexte de l’occupation allemande, donc
sous contrôle nazi, à partir du printemps 1942, la haute administration publique, au nom du devoir
d’obéissance et de la collaboration d’Etat, s’est laissée instrumentaliser par l’appareil nazi, elle s’est
faite complice des nazis (et plus spécifiquement de la SS, après la nomination de Karl Oberg à la
tête de la police allemande et de la Sipo-SD) dans la réalisation de la « solution finale ». Ni René
Bousquet (secrétaire général à la Police du gouvernement Laval), ni Jean Leguay (délégué de
Bousquet en zone occupée) n’étaient des idéologues antijuifs. Mais ces hauts fonctionnaires se sont
chargés, sans états d’âme, de la gestion bureaucratique des rafles, des internements et des
déportations massives de Juifs et autres « indésirables ». L’action antijuive des serviteurs de l’Etat
(et d’un Etat collaborateur) relevait de la stricte rationalité bureaucratique, elle ne supposait nulle
motivation passionnelle autre qu’un banal désir carriériste. Cet aspect « institutionnel » de
l’antisémitisme à l’époque de Vichy a été minutieusement étudié par Robert O. Paxton et Michael
R. Marrus, par Serge Klarsfeld, Asher Cohen, Anne Grynberg, Denis Peschanski ou Renée
Poznanski. Dans le présent ouvrage, nous nous proposons d’étudier plus spécifiquement les
productions discursives relevant de l’antisémitisme idéologique, en les situant dans leurs contextes
et en les saisissant dans leurs interactions avec les autres formes d’antisémitisme.
76. Voir Ernst Nolte, Le Fascisme dans son époque, vol. 3 : Le National-socialisme, tr. fr. P.
re
Stéphano, Paris, Julliard, 1970 (1 éd. all., 1963), p. 152.
77. J’emprunte le terme à François Bourricaud, Le Bricolage idéologique. Essai sur les intellectuels
et les passions démocratiques, Paris, PUF, 1980, pp. 37 sq.
78. Voir Robert S. Wistrich, Antisemitism. The Longest Hatred, Londres, Thames Methuen, 1991,
p. 53. Pour une vue d’ensemble, voir Jacob Katz, From Prejudice to Destruction. Anti-Semitism
1700-1933, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1980.
79. Voir Léon Poliakov, Histoire de l’antisémitisme, tome III : De Voltaire à Wagner, Paris,
Calmann-Lévy, 1968, pp. 103-117, 131-143 ; Henri Arvon, Les Juifs et l’idéologie, Paris, PUF,
1978, pp. 66-71.
80. Voir Fadley Lovsky, Antisémitisme et mystère d’Israël, Paris, Albin Michel, 1955, pp. 263-273 ;
Léon Poliakov, ibid., pp. 87 sq. ; Arthur Hertzberg, The French Enlightenment and the Jews. The
Origins of Modern Anti-Semitism, New York et Londres, Columbia University Press, 1968 puis
1990 ; Shmuel Ettinger, « Les racines de l’antisémitisme des temps modernes », Dispersion et
o
Unité, n 12, 1972, pp. 205-232 ; Hannah Arendt, Sur l’antisémitisme, tr. fr. M. Pouteau, Paris,
Calmann-Lévy, 1973, pp. 110, 130 sq. ; Jacob Katz, Hors du ghetto. L’émancipation des Juifs en
re
Europe 1770-1870, tr. fr. J.-F. Sené, Paris, Hachette, 1984 (1 éd. amér., 1973), en partic. pp. 107-
e
108 ; Pierre Pluchon, Nègres et Juifs au XVIII siècle. Le racisme au siècle des Lumières, Paris,
Tallandier, 1984 ; Robert S. Wistrich, op. cit., pp. 43-53.
81. Voir Marc Crapez, La Gauche réactionnaire. Mythes de la plèbe et de la race dans le sillage
des Lumières, Paris, Berg International, 1997, en partic. pp. 137-151.
82. Voir par exemple Louis-Ferdinand Céline, L’Ecole des cadavres, Paris, Denoël, 1938, pp. 113-
114 : « Avant la venue d’Hitler, les Juifs trouvaient ça très normal les méthodes racistes. Ils se
faisaient pas faute eux-mêmes d’être racistes, largement, effrontément, frauduleusement. […]. La
religion judaïque est une religion raciste ». Trois ans plus tard, Gérard Mauger varie sur le même
thème d’accusation : « Les Juifs, créateurs du plus ancien racisme, et en même temps du plus
anormal, se sont institués, avec l’aide de leurs valets, maçons et démocrates, les gardiens vigilants
du tabou, qui, jusqu’à ces derniers temps, interdisait de parler de la race » (« Les classes sociales et
o
la race », L’Ethnie française, n 2, avril 1941, p. 6).
83. Fadley Lovsky, ibid., pp. 303-321 ; Léon Poliakov, ibid., pp. 289 sq. ; Id., Histoire de
l’antisémitisme, t. IV : L’Europe suicidaire 1870-1933, Paris, Calmann-Lévy, 1977, en partic. pp.
46-55 ; Pierre Sorlin, « La Croix » et les Juifs (1880-1899). Contribution à l’histoire de
l’antisémitisme contemporain, Paris, Grasset, 1967 ; Norman Cohn, Histoire d’un mythe. La
« Conspiration » juive et les Protocoles des Sages de Sion, tr. fr. L. Poliakov, Paris, Gallimard,
1967 ; Jeannine Verdès-Leroux, Scandale financier et antisémitisme catholique. Le krach de
l’Union Générale, Paris, Le Centurion, 1969, en partic. pp. 101 sq., 127-151 ; Henri Arvon, op. cit.,
pp. 133-135 ; Yves Chevalier, L’Antisémitisme. Le Juif comme bouc émissaire, Paris, Le Cerf,
1998, pp. 279-303 ; Pierre Pierrard, Juifs et catholiques français. D’Edouard Drumont à Jacob
Kaplan 1886-1994, Paris, Le Cerf, 1997.
84. Voir Robert F. Byrnes, Antisemitism in Modern France 1. The Prologue to the Dreyfus Affair,
New Brunswick, Rutgers University Press, 1950, pp. 115 sq. ; Edmund Silberner, « French
o
Socialism and the Jewish Question (1865-1914) », Historia Judaïca, vol. XVI, n 1, avril 1954, pp.
3-38 ; Fadley Lovsky, ibid., pp. 274-277 ; Jeannine Verdès-Leroux, ibid., pp. 152 sq. ; Léon
Poliakov, op. cit., t. III, pp. 380 sq. ; Henri Arvon, ibid., pp. 135 sq. ; Paul Bénichou, « Sur
o
quelques sources françaises de l’antisémitisme moderne », Commentaire, n 1, 1978, pp. 67-79 ;
Marc Angenot, Ce que l’on dit des Juifs en 1889. Antisémitisme et discours social, Saint-Denis,
Presses Universitaires de Vincennes, 1989, en partic. pp. 44 sq., 113 sq. ; Francis Kaplan, Marx
antisémite ?, Paris, Imago et Berg International, 1990 ; Antoine Leca, « Les thèmes idéologiques de
l’antisémitisme chez les socialistes français (1845-1890) », Revue de la Recherche juridique. Droit
o
prospectif, XX-62, 1995, n 3, pp. 983-1003 ; Marc Crapez, La Gauche réactionnaire…, op. cit.,
pp. 224 sq.
85. Voir Fadley Lovsky, ibid., pp. 351-396 ; Léon Poliakov, ibid., pp. 321 sq. ; Id., Histoire de
l’antisémitisme, t. IV : L’Europe suicidaire 1870-1933, op. cit., pp. 56 sq. ; Zeev Sternhell, Maurice
Barrès et le nationalisme français, Paris, Armand Colin, 1972, pp. 254-281 ; Id., « Le déterminisme
physiologique et racial à la base du nationalisme de Maurice Barrès et de Jules Soury », in Pierre
Guiral, Emile Témime (dir.), L’Idée de race dans la pensée politique française contemporaine,
Paris, Editions du CNRS, 1977, pp. 117-138 ; Bernard Lewis, Sémites et antisémites, tr. fr. J.
Carnaud et J. Lahana, Paris, Fayard, pp. 49 sq., 110 sq. ; Sander L. Gilman, L’Autre et le Moi.
Stéréotypes occidentaux de la race, de la sexualité et de la maladie, tr. fr. C. Cantoni-Fort, Paris,
PUF, 1996, pp. 163 sq., 209 sq.
e
86. Voir Théophile Simar, Etude critique sur la formation de la doctrine des races au XVIII siècle et
e
son expansion au XIX siècle, Bruxelles, Maurice Lamertin, 1922, pp. 279 sq. ; Jeannine Verdès-
Leroux, op. cit., pp. 110 sq., 124 sq. ; Zeev Sternhell, Maurice Barrès…, op. cit., pp. 232 sq. ; Léon
Poliakov, Le Mythe aryen. Essai sur les sources du racisme et des nationalismes, Paris, Calmann-
Lévy, 1971, pp. 263 sq. ; Michael R. Marrus, Les Juifs de France à l’époque de l’affaire Dreyfus.
L’assimilation à l’épreuve, tr. fr. M. Legras, Paris, Calmann-Lévy, 1972, pp. 22 sq.
87. Zeev Sternhell, Maurice Barrès…, op. cit., pp. 246 sq. ; Id., La Droite révolutionnaire…, op.
cit., pp. 215-244 ; Léon Poliakov, op. cit. [1977], pp. 67 sq. ; Jean-Paul Honoré, « Le vocabulaire
o
de l’antisémitisme en France pendant l’affaire Dreyfus », Mots, n 2, mars 1981, pp. 73-76, 83-87 ;
Stephen Wilson, Ideology and Experience. Antisemitism in France at the Time of the Dreyfus
Affair, Rutherford, N.J., Fairleigh Dickinson University Press, 1982.
88. Sur les multiples croisements, en France, du « darwinisme social », de l’eugénisme et de la
« théorie des races » (ou doctrines racialistes), voir Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire, op.
cit., pp. 146 sq. ; Linda L. Clark, Social Darwinism in France, The University of Alabama Press,
1984 ; William H. Schneider, Quality and Quantity. The Quest of Biological Regeneration in
Twentieth-Century France, op. cit. ; Jean-Marc Bernardini, Le Darwinisme social en France (1859-
1918). Fascination et rejet d’une idéologie, Paris, Editions du CNRS, 1997 ; Pierre-André Taguieff,
La Couleur et le sang. Doctrines racistes à la française, op. cit.
89. Voir Zeev Sternhell, Maurice Barrès…, op. cit., pp. 246 sq. ; Eugen Weber, L’Action française,
tr. fr. M. Chrestien, Paris, Stock, 1964, en partic. pp. 225 sq., 316 sq., 413 sq., 550 sq. ; Ernst Nolte,
Le Fascisme dans son époque, vol. 1 : L’Action française, tr. fr. P. Stéphano, Paris, Julliard, 1970,
en partic. pp. 338 sq. ; Hannah Arendt, Sur l’antisémitisme, op. cit., en partic. pp. 108-118 ; Jean-
Paul Honoré, art. cit., pp. 80-83 ; Henry H. Weinberg, « The Image of the Jew in late Nineteenth-
os
Century French Literature », Jewish Social Studies, vol. XLV, n 3-4, été-automne 1983, pp. 241-
250 ; Michel Winock, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Paris, Le Seuil, 1990 ;
Pierre Birnbaum, « La France aux Français ». Histoire des haines nationalistes, Paris, Le Seuil,
1993.
90. Voir Pierre Birnbaum, Un mythe politique : la « République juive », op. cit.
91. Voir Ralph Schor, L’Opinion française et les étrangers en France 1919-1939, Paris,
Publications de la Sorbonne, 1985, en partic. pp. 182 sq., 556 sq., 613 sq.
92. Voir Ralph Schor, L’Antisémitisme en France pendant les années trente. Prélude à Vichy,
Bruxelles, Complexe, 1992.
93. Voir par exemple Hans Mayer, Les Marginaux. Femmes, Juifs et homosexuels dans la
littérature européenne, tr. fr. L. Muhleisen, M. Jacob et P. Franchini, Paris, Albin Michel, 1994
re
(1 éd. all., 1975). C’est ainsi que fonctionnent des catégories polémiques d’amalgame telles que
les « quatre Etats confédérés » ou l’« anti-France », ou encore des expressions routinisées telles que
« judéomaçonnisme », « judéobolchevisme », etc. Le discours reconnu comme antisémite est
toujours en même temps autre chose, il vise simultanément plusieurs cibles, associées dans les
systèmes de représentations sociales.
94. Ces deux épithètes, dans la rhétorique nazie, apparaissent comme contiguës ou mutuellement
substituables. Le 28 novembre 1940 sort en Allemagne un documentaire de Fritz Hippler sur le
« judaïsme international », portant le titre Der ewige Jude (« Le Juif éternel ») tourné en Pologne
sur l’ordre de Goebbels ; il sera projeté en 1942 sur les écrans français sous le titre « Le Péril juif »,
souvent utilisé en guise de sur-titre des Protocoles des Sages de Sion depuis 1920. Voir Régine
Mihal Friedman, L’Image et son Juif. Le Juif dans le cinéma nazi, Paris, Payot, 1983, pp. 10, 70-71.
Selon Dominique Rossignol, « Le Péril juif » aurait été projeté dans le cinéma du palais Berlitz, à
l’occasion de l’exposition « Le Juif et la France » (5 septembre 1941-11 janvier 1942) (Histoire de
la propagande en France de 1940 à 1944, Paris, PUF, 1991, p. 226). Cette exposition parisienne,
organisée par le capitaine Sézille, avait utilisé du matériel provenant de l’exposition nazie « Le Juif
éternel » (organisée à Munich en novembre 1937), grâce à l’aide apportée par l’ambassade
d’Allemagne (Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, op. cit., p. 299). « Le Péril juif » est
projeté au Balzac en juillet 1942, action de propagande ayant lieu après l’ordonnance allemande du
7 juin 1942 imposant le port de l’étoile jaune en zone occupée, et alors même que s’opère la rafle du
Vel’d’Hiv’(Renée Poznanski, Les Juifs en France…, op. cit., p. 301).
95. Voir Pierre-André Taguieff, Les Fins de l’antiracisme, Paris, Michalon, 1995, pp. 198 sq. ; Id.,
Le Racisme, Paris, Flammarion, 1997, pp. 65 sq.
96. Voir Marie-France Rouart, Le crime rituel ou le sang de l’autre, Paris, Berg International, 1997.
97. Voir Henri Rollin, L’Apocalypse de notre temps, Paris, Gallimard, 1939 (rééd., Paris, Allia,
1991) ; Norman Cohn, Histoire d’un mythe…, op. cit. ; Jacob Katz, Jews and Freemasons in
Europe 1723-1939, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1970 (tr. fr. S. Courtine-Denamy,
Paris, Le Cerf, 1995) ; Léon Poliakov, La Causalité diabolique. Essai sur l’origine des
persécutions, Paris, Calmann-Lévy, 1980 ; Pierre-André Taguieff (dir.), Les Protocoles des Sages
de Sion. Faux et usages d’un faux, op. cit.
98. Voir Raoul Girardet, Mythes et mythologies politiques, Paris, Le Seuil, 1986, en partic., pp. 25-
63.
99. En référence à l’antisémitisme moderne, Joseph Gabel remarquait que, si « la fausse conscience
raciste nie l’histoire », l’idéologie raciste, quant à elle, « tend à bâtir […] une pseudo-histoire qui,
au lieu d’expliquer le Juif par l’histoire, prétend expliquer l’Histoire par le Juif » (La Fausse
conscience. Essai sur la réification, Paris, Editions de Minuit, 1962, p. 20). Cette déshistoricisation
est exprimée par des expressions telles que « le Juif international » (titre d’un livre de Henry Ford,
The International Jew, paru en 1920 aux Etats-Unis, traduit en allemand dès 1922 : Der
internationale Jude) ou « le Juif éternel » (der ewige Jude).
100. Edouard Drumont, La France juive. Essai d’histoire contemporaine, Paris, C. Marpon et E.
Flammarion, 1886, 2 tomes.
101. Voir Jeffrey Mehlman, Legs de l’antisémitisme en France, Paris, Denoël, 1984, p. 22.
102. Voir Edouard Drumont, op. cit., t. I, introduction, en partic. les pp. V-VI, XIV-XVII.
103. Maurice Barrès, L’Appel au soldat, Paris, Fasquelle, 1900, p. 465. Voir les analyses pionnières
de Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire…, op. cit., pp. 177 sq. L’historien israélien y construit
le modèle de l’« antisémitisme populaire », en tant que « formule de rassemblement » (et non pas
simple « haine du Juif »), « capable de servir de plate-forme à un mouvement de masse, contre la
démocratie libérale et la société bourgeoise » (p. 180). Sur la « formule antijuive » dans le
boulangisme tel qu’il est rêvé par Barrès, voir ibid., pp. 210 sq.
104. Voir Hannah Arendt, Sur l’antisémitisme, op. cit., pp. 232-254. Ce que montre Arendt, c’est
e
que les propagandistes antijuifs, dès la fin du XIX siècle, visent à mobiliser l’ensemble des
« déclassés » de toutes les classes sociales, en vue d’un coup de force ou d’un plébiscite, sous la
supposition que les Juifs constituent les « victimes de prédilection » (p. 235) de la « populace »,
confondue avec le peuple. Arendt insiste sur ce point, capital pour sa démonstration : « La populace
est avant tout un groupe où se retrouvent les résidus de toutes les classes. C’est ce qui rend facile la
confusion avec le peuple qui, lui aussi, comprend toutes les couches de la société. […] La populace
acclame toujours l’“homme fort”, le “grand chef”. Car la populace hait la société, dont elle est
exclue, et le Parlement, où elle n’est pas représentée » (p. 233). L’antisémitisme « fin de siècle » se
présente ainsi comme un mythe populiste instrumentalisé par des leaders « césaristes ».
105. André [du Quesnay] de Boisandré [1858-1910], Petit Catéchisme antijuif, Paris, Librairie
antisémite, 1899 ; nouvelle édition, texte revu et complété par André Chaumet, préface de Jean
Drault, Paris, C.E.A. [Centre d’études antibolcheviques], 1942, première partie (« De
l’antisémitisme »), p. 15.
106. Ibid., avant propos, p. 9.
107. Ibid., première partie, p. 17.
108. Ibid., avant propos, p. 9.
109. Ibid., p. 10.
110. Edouard Drumont, op. cit., introduction, p. VIII.
111. André de Boisandré, op. cit., première partie, p. 15.
112. Edouard Drumont, Le Testament d’un antisémite, Paris, E. Dentu, 1891, p. 5.
113. Voir Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire, op. cit., pp. 196-201.
114. Edouard Drumont, op. cit., p. x.
115. Ibid.
116. Cité par Zeev Sternhell, op. cit., p. 178, note 2.
117. Jules Guérin, « Premières initiations au péril juif », L’Antijuif, 7 mai 1899 (cité par Zeev
Sternhell, ibid., p. 211).
118. Maurice Barrès, « La formule antijuive », Le Figaro, 22 février 1890. Sur le contexte, voir
Léon Poliakov, Histoire de l’antisémitisme, t. IV : L’Europe suicidaire 1870-1933, Paris, Calmann-
Lévy, 1977, pp. 51-58.
119. Charles Maurras notera en ce sens : « Tout paraît impossible, ou affreusement difficile, sans
cette providence de l’antisémitisme. Par elle tout s’arrange, s’aplanit et se simplifie » (L’Action
française, 28 mars 1911). Voir Colette Capitan Peter, Charles Maurras et l’idéologie d’Action
française, Paris, Le Seuil, 1972, pp. 75-78 ; Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire…, op. cit.,
pp. 213-214.
120. Maurice Barrès, art. cit. Cet éloge de la haine est réitéré à la fin d’un court récit, « La haine
emporte tout », où Barrès écrit : « La haine n’est pas un bas sentiment, si l’on veut bien réfléchir
qu’elle ramasse notre plus grande énergie dans une direction unique, et qu’ainsi nécessairement elle
nous donne sur d’autres points d’admirables désintéressements » (Du Sang, de la volupté et de la
e re
mort, Paris, A. Fontemoing, 7 éd., 1903 [1 éd., 1894], p. 100). Voir Pierre-André Taguieff, Les
Fins de l’antiracisme, op. cit., pp. 361 sq.
121. Voir Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire…, op. cit., pp. 209-211.
122. Charles Maurras, in L’Action française, 27 mai 1929.
123. Voir Alastair Hamilton, L’Illusion fasciste. Les intellectuels et le fascisme 1919-1945, tr. fr. M.
Paz, Paris, Gallimard, 1973, pp. 191-273 ; Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche. L’idéologie fasciste
en France, Paris, Le Seuil, 1983 ; Philippe Burrin, La Dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery 1933-
1945, Paris, Le Seuil, 1986 ; Serge Berstein, La France des années 30, Paris, Armand Colin, 1988,
en partic. pp. 53-101 ; Daniel Lindenberg, Les Années souterraines 1937-1947, Paris, La
Découverte, 1990 ; Eugen Weber, La France des années trente. Tourments et perplexités, tr. fr. P.-
E. Dauzat, Paris, Fayard, 1995 ; Jeannine Verdès-Leroux, Refus et violences. Politique et littérature
à l’extrême droite des années trente aux retombées de la Libération, Paris, Gallimard, 1995.
124. Voir Eugen Weber, L’Action française, op. cit. ; Ernst Nolte, Le Fascisme dans son époque,
vol. 1 : L’Action française, op. cit. ; Zeev Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, op.
cit. ; Id., La Droite révolutionnaire 1885-1914…, op. cit. ; Paul J. Kingston, Anti-Semitism in
France during the 1930’s : Organisations, Personalities and Propaganda, University of Hull Press,
o
Occasional Papers in Modern Languages, n 14, 1983 ; Jeffrey Mehlman, Legs de l’antisémitisme
en France, Paris, Denoël, 1984 ; Ralph Schor, L’Opinion française et les étrangers en France
1919-1939, op. cit. ; Pierre Birnbaum, Un Mythe politique : la « République juive », op. cit. ; Eugen
Weber, Ma France. Mythes, culture, politique, tr. fr. C. Dovaz, Paris, Fayard, 1991 ; Richard
Millman, La Question juive entre les deux guerres. Ligues de droite et antisémitisme en France,
Paris, Armand Colin, 1992 ; Marc Crapez, La Gauche réactionnaire, op. cit. ; Pierre-André
Taguieff, La Couleur et le sang. Doctrines racistes à la française, op. cit.
125. Pierre Drieu la Rochelle, Gilles, nouvelle édition [texte intégral], Paris, Gallimard, 1942 ; rééd.
coll. « Folio », 1973, pp. 159, 572.
126. Voir Michel Winock, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, op. cit., pp. 352 sq.
127. Pierre Drieu la Rochelle, Gilles, op. cit., préface [datée de juillet 1942] de la nouvelle édition,
p. 10.
128. Voir par exemple Raoul Girardet, « Notes sur l’esprit d’un fascisme français 1934-1939 »,
o
Revue française de science politique, vol. 5, n 3, juillet-septembre 1955, pp. 529-546 ; Jean
Touchard, « L’esprit des années 1930 : une tentative de renouvellement de la pensée politique
française », in [coll.], Tendances politiques dans la vie française depuis 1789, Paris, Hachette,
1960, pp. 89-120 ; Jean Plumyène et Raymond Lasierra, Les Fascismes français 1923-1963, Paris,
Le Seuil, 1963 ; Jean-Louis Loubet del Bayle, Les Non-conformistes des années 30. Une tentative
de renouvellement de la pensée politique française, Paris, Le Seuil, 1969 ; Pierre-Marie
Dioudonnat, Je suis partout 1930-1944. Les maurrassiens devant la tentation fasciste, Paris, La
Table Ronde, 1973 ; Philippe Machefer, Ligues et fascismes en France (1919-1939), Paris, PUF,
1974 ; Pierre Milza, Fascisme français. Passé et présent, Paris, Flammarion, 1987, en partie. pp.
114-220 ; Robert Soucy, Le Fascisme français 1924-1933, tr. fr. F. Chase, Paris, PUF, 1989 ; Id.,
French Fascism : The Second Wave, 1933-1939, New Haven et Londres, Yale University Press,
1995 ; Herman Lebovics, La « Vraie France ». Les enjeux de l’identité culturelle, 1900-1945, tr. fr.
re
G. de Laforcade, Paris, Belin, 1995 (1 éd. amérie., 1992) ; David Carroll, French Literary
Fascism. Nationalism, Anti-Semitism, and the Ideology of Culture, Princeton, New Jersey,
Princeton University Press, 1995.
129. Sur Vichy interprété comme « la grande revanche des minorités », relevant « essentiellement
des forces conservatrices », voir Stanley Hoffmann, Essais sur la France. Déclin ou renouveau ?,
Paris, Le Seuil, 1974, pp. 19 sq. C’est aussi la revanche des « laissés-pour-compte du suffrage
universel » (Yves Durand, Vichy 1940-1944, Paris, Bordas, 1972, p. 53) et des « marginaux de la
politique, des “non conformistes” de tout poil » (Pierre Milza, Fascisme français, op. cit., p. 230).
Sur les hommes de Vichy en tant que « fossoyeurs de la République », voir Philippe Burrin, La
Dérive fasciste…, op. cit., pp. 326 sq.
130. Le livre de Ralph Schor, L’Antisémitisme en France pendant les années trente (Bruxelles,
Complexe, 1992) porte ce sous-titre : « Prélude à Vichy ».
131. Céline, L’Ecole des cadavres, Paris, Denoël, 1938, p. 33. Voir Annick Duraffour, « Céline
o
propagandiste », Politiques, n 2, printemps 1992, pp. 89-98, et infra, son étude critique.
132. Céline, op. cit., pp. 33, 34-35.
133. Céline, ibid., préface à l’édition de 1942 (reproduite dans les Cahiers Céline 7, Paris,
Gallimard, 1986, p. 174). Céline oublie Drieu la Rochelle qui, dans son roman Gilles, faisait dire à
son porte-parole : « Il doit y avoir, dans le rôle des Juifs, une nécessité biologique pour qu’on
retrouve ainsi toujours leurs mots dans la salive des décadences » (op. cit., p. 553).
134. Céline, Les Beaux Draps, Paris, Nouvelles Editions françaises [Denoël], 1941 [mis en vente le
28 février]. Voir Philippe Alméras, Céline. Entre haines et passion, Paris, Robert Laffont, 1994, pp.
216 sq.
135. Céline, lettre publiée en guise de « réponse » à une enquête de L’Appel sur le thème : « Faut-il
exterminer les Juifs ? », L’Appel, 30 octobre 1941, p. 1 (texte reproduit dans les Cahiers Céline 7,
o
op. cit., p. 128). L’hebdomadaire L’Appel (n 1, 6 mars 1941) était dirigé par Pierre Costantini, chef
de la « Ligue française d’épuration, d’entraide sociale et de collaboration européenne », qu’il avait
créée le 15 septembre 1940. Voir Pierre Philippe Lambert, Gérard Le Marec, Partis et mouvements
de la collaboration, Paris 1940-1944, Paris, Jacques Grancher, 1993, pp. 119 sq.
L’antisémitisme à l’époque
de Vichy : la haine, la lettre
et la loi
Pierre-André Taguieff
« Les Juifs avaient été chassés de France à plusieurs reprises. Ils ont
recommencé à pulluler vers la fin du XVIIIe siècle et ils ont atteint leur
apogée ces dernières années. Le mouvement de résistance, c’est
Edouard Drumont qui l’a amorcé par la publication de La France juive
[…]. Cette vigoureuse étude connut “une fortune presque sans égale
dans l’histoire littéraire”. […]. Après la guerre de 1914, le triomphe
des Juifs fut complet. Ils régnaient partout. […]. Le mouvement
antisémite reprit de la vigueur il y a quelques années. Les compagnons
de Drumont et du Marquis de Morès, les premiers antisémites, les Jean
Drault, Urbain Gohier, Lucien Pemjean virent arriver du renfort.
Darquier de Pellepoix lutta avec La France enchaînée […] ; Je suis
partout, avec Alain Laubreaux, Lucien Rebatet et Robert Brasillach
s’engagea à fond. Et enfin les livres de Louis-Ferdinand Céline
montrèrent dans une lumière tragique la gravité du problème » 397.
Si Drumont est le grand homme attendu d’un Jean Drault 398, son vieux
compagnon et fidèle disciple, il est surprenant de voir honorer sa mémoire
un Montandon, dont l’« ethnisme » se situe dans l’héritage du racisme
« scientifique » de Georges Vacher de Lapouge 399. Il n’est pas moins
surprenant de tomber sur un Henri Poulain célébrant Drumont, en
mai 1944, comme « l’incarnation de la résistance aryenne contre l’invasion
juive » 400. Rebatet, quant à lui, insiste en avril 1944 sur le talent littéraire
du « prophète » : « Nous ne célébrerions pas le centenaire de Drumont s’il
n’avait été d’abord un superbe écrivain » 401, affirmation immédiatement
renforcée par une comparaison avec celui que Marcel Déat appellera dans
ses Mémoires politiques « le génial Céline » et qu’il gratifiera d’un « cœur
d’or » 402 – « Drumont était un brave type comme l’est aujourd’hui notre
Céline » 403. Mais, ajoute Rebatet, « pour que Drumont prenne dans notre
littérature la grande place à laquelle il a droit, il suffira que cette littérature
et que l’université soit enfin désenjuivées » 404.
Dans ce testament des antisémites collaborationnistes qu’est Je vous
hais ! (Paris, avril 1944, 143 p.), ensemble de textes et de documents
antijuifs réunis par Henry Coston (avec la collaboration de G. Montandon,
A. Bernardini, J. Drault, J. Ploncard, etc.) 405, le dernier article, signé Jean
Drault, est consacré à retracer « un siècle et demi d’antisémitisme » 406. Il
se termine sur un éloge du « visionnaire » Drumont : « L’actualité fait
constater la réalisation des prophéties d’Edouard Drumont qui, initiateur
de la France à l’antisémitisme, fut aussi l’annonciateur des grands
événements tragiques auxquels nous assistons » 407.
En mai 1941, Jean Boissel consacrait son éditorial du Réveil du peuple
à « la question juive », où il se risquait à faire lui-même une prophétie, en
esquissant un programme d’action antijuive planétaire visant l’élimination
totale et définitive de la « nation juive » :
« Aucune question quelle qu’elle soit : politique, économique, sociale,
ne saurait […] trouver sa solution sans que, préalablement, la question
juive soit réglée. […]. Nous devons […] bien préciser qu’il s’agit d’un
problème mondial. Sa solution européenne ne saurait donc être qu’une
étape. Plus tard, lorsque l’Amérique, après la France et après
l’Angleterre, sera, dans le cadre mondial, devenue totalitaire, après
pendaison de Roosevelt, la question juive pourra être définitivement
réglée. A ce moment-là, les décisions seront simples rassemblement
dans un lieu approprié, et de surveillance facile, de la nation juive et
stérilisation de tous les Juifs mâles en âge de procréation. Au bout
d’une génération, c’en sera fini de cette race de sadiques, de criminels,
de tortionnaires de l’espèce humaine. […]. Déjà, cinq mille de ces
poux humains sont partis en wagons verrouillés en direction de camps
de concentration. Et ce n’est qu’un début. […]. “La France aux
Français !” du prophète Edouard Drumont deviendra bientôt une
réalité » 408.
Cette interprétation raciste et eugéniste de la « solution de la question
juive », impliquant à la fois la concentration en camps de travail de tous
les Juifs (incarnant une « race inférieure » et « parasitaire ») et le recours
systématique à la stérilisation forcée, méthode d’élimination empruntée à
l’eugénique dite négative 409, Boissel, après et avec bien d’autres fanatiques
antijuifs, n’a cessé de la prôner. Il y revient encore dans le numéro spécial
du Réveil du peuple consacré à Drumont, paru le 3 mai 1944 pour fêter le
centenaire de la naissance du « prophète ». De La France juive, Boissel
n’hésite pas à soutenir que « c’est sur cette infrastructure […] qu’Adolf
Hitler devait, quelque cinquante ans plus tard, entreprendre la plus
formidable croisade antijuive que le monde ait jamais vue » 410. Mais,
poursuit le journaliste pronazi, rien n’a été fait en France « depuis
qu’apparemment les Juifs ne sont plus au pouvoir ». C’est pourquoi il faut
d’urgence « abolir ces temps d’hypocrisie, de lâcheté et de complicité »,
et, selon Boissel, réaffirmer l’essentiel de la vision antijuive du monde :
« La question juive, pour la France comme pour le monde, est le
problème des problèmes. Aucun retour à la santé sans qu’Israël soit
mis hors d’état de nuire et de procréer » 411.
La réalisation du programme de « purification » du corps national,
souvent imaginée – dans le discours de presse – à travers la métaphore
polémique de l’« épouillage » 412, est de plus en plus fréquemment
« rationalisée » à partir de l’été 1942, par certains professionnels de
l’antisémitisme de plume, en tant qu’opération de type eugéniste.
L’élimination du peuple juif est rêvée comme effet de la stérilisation
systématique et obligatoire de tous les procréateurs juifs potentiels.
Prônées par les premiers eugénistes disciples de Francis Galton, à la fin du
e
XIX siècle, comme méthode pratique d’élimination des lignées de
« dégénérés » 413, la ségrégation et la stérilisation des « indésirables » ont
ainsi été envisagées pour résoudre la « question juive » de façon
définitive : la privation complète de descendance implique la disparition
programmée du peuple juif.
Céline, le nouveau prophète
La stérilisation systématique des Juifs avait été présentée comme une
mesure d’éradication, la seule efficace, dans le cadre d’une abjecte fiction,
parue le 23 juillet 1942 dans Au pilori, titrée « 14 juillet 2142 ». Cette
utopie futuriste, qui commence par un constat en guise de sous-titre : « Le
dernier Juif vient de mourir ! », est présentée comme extraite du « journal
d’un Français moyen en l’an de grâce 2142 ». Le 14 juillet 2142 serait
donc mort « le dernier représentant » de cette « racd abjecte » qui, précise
le « journal », « vivait, depuis sa naissance, à l’ancien Zoo du Bois de
Vincennes, dans une tanière spécialement réservée à son usage » : le
« problème juif » est enfin « réglé » définitivement. Le « journal » fictif, à
la date du 18 juillet 2142, comporte un bref récit de la mise en œuvre du
programme d’« extinction de la race juive », placé sous le haut patronage
de Céline : « D’où est partie l’idée première, l’idée force, l’idée
salvatrice ? Est-ce Drumont, est-ce Gobineau, ou le génial (c’était avoir du
génie vu l’époque…) Céline qui lança le premier l’idée mirifique. Un seul
moyen pour se débarrasser des Juifs, sans massacres, sans pogroms : les
stériliser. Oui, tous, mâles et femelles. Les enfermer d’abord dans de
vastes camps, les prendre un à un, et hop ! l’incision ; rappel très indiqué
de la Circoncision. Mais où se trouve le miracle, c’est que la chose fut
faite. Il y eut de par le monde, après la dernière guerre mondiale en 1939-
1945, une entente générale sur le problème juif et ses solutions. La race
maudite avait fait trop de mal, déclenché trop de cataclysmes, la coupe
débordait et c’était offenser la divinité que de laisser les Juifs sans
punition. Cette punition ce fut l’extinction de la race juive par le moyen
cité plus haut. La stérilisation ! Quelle belle chose que ce fut. Aujourd’hui,
la terre nourrit deux fois plus d’hommes qu’en 1930. Il n’y a plus de Juifs
pour les affamer » 414.
Le 10 août 1942, dans Le Réveil du peuple, Jean Boissel définit pour sa
part le programme pratique de ce qu’il appelle « racisme » et précise son
« point de vue totalitaire » sur la partie « négative » de son « programme »
de « politique raciale », concernant la « question juive » : « Il va, en ce qui
concerne la solution de la question juive, après le recensement et le
rassemblement – en camp de concentration d’abord, dans une île ceinturée
de barbelés ensuite – jusqu’à la STÉRILISATION des éléments mâles en âge
de procréer. Là réside seulement la solution de la question juive, laquelle
vise à L’EXTINCTION de cette race de pourrisseurs, seule solution au seul
vrai problème, tout le reste n’étant que poésie ou littérature » 415.
A la date du 20 juillet 2142, le « journal d’un Français moyen »
précise : « Ce fut un beau hourvari dans les camps de Juifs quand le
DÉCRET DE STÉRILISATION parut. […]. Le Décret, daté du 25 juin 1950, se
présentait comme suit : Article premier. Tous les Juifs, à quelque sexe,
confession ou nationalité qu’ils appartiennent, seront stérilisés. Art. II. Les
opérations de stérilisation devront être terminées au plus tard le 25 juin
1953. […] » 416.
Dans l’un de ses derniers articles de L’Appel, Paul Riche revient sur la
question de la « solution », après avoir déploré l’inefficacité de la politique
antijuive conduite depuis 1940 : « Nous sommes loin de nos espoirs. Nous
regrettons d’avoir eu confiance. On nous a trompés une fois de plus ». La
thèse de Paul Riche, dans cet article titré « Des ghettos capitonnés,
s.v.p. ! », paru le 9 mars 1944, est la suivante : les Juifs n’ont cessé de
bénéficier en France d’un « scandaleux traitement de faveur », et les
« antijuifs » se sont contentés de « discuter de la question juive », au lieu
d’agir. Car il faut agir contre les Juifs sans discussion, en visant sans états
d’âme leur élimination totale :
« La solution de la question juive doit être discrétionnaire. Quel est le
but ? Délivrer l’Aryen, lui permettre de construite sa société, de
continuer son œuvre civilisatrice. Pour ce, il faut lutter contre le Juif
comme le médecin contre la syphilis, comme le paysan contre le
phylloxéra, comme l’hygiéniste contre la vermine, comme le prêtre
contre l’erreur, comme le défricheur contre la forêt vierge, comme le
soldat contre l’ennemi. […]. Et si dans quelques années – par un décret
de la Providence –, nous n’avons plus de Juifs du tout ? Quelle veine !
Un beau sujet de discussions en moins ! » 417.
Les analogies, les comparaisons et les métaphores sollicitées par le
journaliste-propagandiste de L’Appel suggèrent toutes que la bonne
« solution » ne peut être qu’une destruction : il faut détruire les germes de
la maladie contagieuse, abattre les obstacles, éliminer l’ennemi, éradiquer
l’erreur, nettoyer, désinfecter et purifier les corps comme les lieux
d’habitation.
Hygiénisme et eugénisme fournissent les représentations permettant
aux antijuifs radicaux, qui se disent souvent eux-mêmes « racistes », les
moyens d’imaginer la « solution finale » de la « question juive » :
sélectionner et stériliser.
Drumont n’avait certes pas prôné, en tant que méthode d’élimination
radicale, la stérilisation eugénique des Juifs, qui ne faisait partie ni du
champ d’expérience ni de l’horizon d’attente 418 du moment antisémite
qu’il incarna. Dans l’espace de l’antisémitisme « classique », les
« solutions » de la « question juive » se réduisaient à trois : l’assimilation
(sur le modèle historique de la conversion religieuse), la ségrégation (ou la
discrimination : l’exigence d’un « statut » pour les Juifs) et l’expulsion.
Une quatrième solution s’est peu à peu dessinée à la fin du XIXe siècle et au
cours des quarante premières années du XXe siècle : l’extermination
physique. Mais, dans le même temps, à l’intersection de l’hygiénisme, de
l’eugénisme et du racisme antijuif, s’est dessinée une cinquième solution :
la sélection des individus considérés comme Juifs ou « enjuivés » et leur
stérilisation, afin de priver ces derniers de descendance. Cette solution
revient donc à condamner à une mort différée l’ensemble formé par la
« race juive » (ou l’« anti-race », selon l’expression souvent employée
dans la langue nazie) 419. Il faut bien reconnaître que son plus célèbre et
véhément prophète français a été Céline. Celui que Je suis partout saluait
comme « le prophète de Bagatelles et de L’Ecole des cadavres » 420 a en
effet, dans son deuxième pamphlet antijuif, indiqué en termes de
« sélection » et de « stérilisation » – certes en louvoyant à travers les
connotations et en faisant jouer les effets métaphoriques de ces termes – la
voie de la « déjudaïsation » efficace. Pour interpréter correctement les
pages de L’Ecole des cadavres consacrées aux méthodes de
« déjudaïsation », il convient d’avoir à l’esprit les deux sens du mot
« stérilisation » entre lesquels le texte célinien ne cesse d’osciller : d’une
part, la stérilisation chirurgicale et eugénique ; d’autre part, la stérilisation
pasteurienne. Dans les propositions convulsives d’épuration antijuive
lancées par Céline en 1938, « stériliser », qui définit indistinctement le
programme célinien, se dit en deux sens : rendre certains individus stériles,
en supprimant leur capacité de procréer ; ou bien désinfecter, aseptiser, en
détruisant les germes pathogènes présents dans un milieu donné. Le
programme antijuif de Céline s’énonce sur ces deux registres, entre
lesquels il ne cesse de jeter des ponts, entretenant l’équivoque. Ce
programme relativement crypté a été cependant clairement décodé par des
agitateurs antijuifs, selon deux lectures distinctes : d’une part, la mise à
mort des Juifs ; d’autre part, les stérilisations eugéniques obligatoires.
Dans une brochure diffusée en 1941, l’idéologue du Francisme, Paul
Guiraud, traitant de « antisémitisme et [de] l’antimaçonnisme », n’hésite
pas à conclure :
« Contre les Juifs et les Maçons, il n’y a que deux mesures
révolutionnaires : la confiscation indistincte des biens – l’élimination
des personnes » 421.
Mais les partisans d’une « solution raciste » de la « question juive »
peuvent aussi imaginer des mesures de « stérilisation » au sens chirurgical,
conformément à la tradition du sélectionnisme racial. C’est ainsi que, dans
Le Réveil du peuple, le 1er avril 1943, Jean Boissel publie un article en
forme de mise au point : « Où en est la question juive », dans lequel il
n’hésite pas à critiquer l’insuffisance des mesures antijuives prises ou
envisagées par Darquier de Pellepoix lui-même, en particulier la révision
des naturalisations accordées depuis la loi du 10 août 1927, voire depuis le
décret Crémieux du 24 octobre 1870 (abrogé par la loi du 7 octobre 1940).
Si Boissel exige la mise en œuvre des mesures juridiques d’exclusion des
Juifs, sans restriction ni distinction, la « solution raciste » qu’il esquisse,
fondée sur le dépistage du « sang B » érigé en critère de judéité 422, relève
des pratiques d’eugénique négative, et en particulier de la stérilisation
forcée, destinée à priver de descendance tous les Juifs vivants. C’est ce
programme d’extermination différée, inspirée par les politiques de
stérilisation eugénique de masse, que l’agitateur antijuif célèbre comme
rendant possible une « solution définitive » de la « question juive » :
« Non ! monsieur Darquier, non ! Ce que nous demandons, nous, c’est
l’abrogation pure et simple du décret de la Constituante du
27 septembre 1791, ayant accordé criminellement la citoyenneté
française aux Juifs. Depuis, la France n’a jamais été en repos,
tourmentée qu’elle était par ses tréponèmes. Car la question juive, vous
ne l’ignorez pas, Monsieur le Commissaire, est, comme la syphilis,
d’ordre biologique. Et même le décret de la Constituante abrogé, nous
n’aurions encore qu’une solution juridique… alors que nous désirons,
nous, une solution RACISTE. Ce que nous voulons, nous, c’est la prise
de sang qui permettra de découvrir l’existence de sang B même chez
des “présumés” Aryens, sous prétexte que leur état civil et leur
certificat de baptême en témoignent. Et le produit d’amours illicites,
qu’en faites-vous, alors que ces “camouflés” sont incontestablement
les plus dangereux par l’esprit qu’ils portent en eux ?…Une seule
solution définitive, catégorique celle-là et base de la vraie révolution :
prise de sang et stérilisation. Cela est l’œuvre de demain. Cela seul
permettra la SELECTION, devenue, en matière humaine,
indispensable » 423.
La solution sélectionniste de la « question juive », telle qu’elle est
esquissée et prônée par Céline, est certes post-drumontienne, et rompt
totalement avec l’antijudaïsme chrétien que Drumont avait contribué à
intégrer dans le sélectionnisme ethno-racial « fin de siècle », en cours de
constitution à l’époque du boulangisme. Mais les drumontiens
collaborationnistes, tous lecteurs et admirateurs, parfois même disciples,
de Céline – le Céline des pamphlets, surtout des deux premiers –, se sont
montrés à leur manière fidèles à l’esprit de l’intransigeantisme antijuif de
Drumont, alors même qu’ils allaient bien au-delà des mesures d’exclusion
envisagées par leur vieux maître, en se laissant tenter par les rêves
céliniens d’éradication. En 1938, Céline a reconnu sa dette à l’égard de
Drumont – qu’il avait vraisemblablement peu pratiqué –, et ce, dans un
passage de L’Ecole des cadavres où il exhorte ses contemporains à lire les
grands auteurs d’une « science » qu’il avait baptisée « judéologie » :
« Certains judéologues possèdent leur science à fond, sur le bout des
doigts, les rudiments, l’Histoire des Juifs, du complot juif depuis
l’Ethnologie, la Biologie du Juif. Leurs travaux sont célèbres,
incontestés, fondamentaux. Tous les Aryens devraient avoir lu
Drummont [sic] » 424.
A suivre le docteur Destouches, l’antisémitisme de Maurras paraît
dériver d’une mauvaise lecture de Drumont, en ce que le théoricien
politique de l’Action française, précisément parce qu’il pense en
nationaliste – distinguant entre les « bons Juifs », patriotes, et les
« mauvais Juifs », « pas patriotes » 425 –, se veut étranger au racisme, voire
ennemi du racisme. Or, réplique Céline, « les Juifs n’ont peur que du
racisme » 426. C’est pourquoi, selon le refondateur de l’antisémitisme
radical en France, il convient de passer de l’« antisémitisme d’Etat » de
l’Action française à une vision biologique et raciale de la « question
juive », bref à ce que Maurras appelait l’« antisémitisme de peau », et
auquel son « antiracisme » répugnait.
Dans le contexte discursif de L’Ecole des cadavres, « racisme »
signifie tout autant eugénisme, c’est-à-dire sélection et élimination des
éléments « défectueux », ou « nuisibles ». A s’engager dans le jeu des
métaphores biomédicales du pamphlet – lequel ne se contente pas de dire
qu’il faut être contre les Juifs, et pourquoi, mais indique comme il convient
de l’être, pour obtenir une efficacité maximale –, une leçon se dégage : il
s’agit de pratiquer désormais le racisme antijuif en hygiéniste et en
« chirurgien ». Céline pose une question rhétorique, reformulant une
vieille évidence de l’antisémitisme meurtrier : « Le chirurgien fait-il une
distinction entre les bons et les mauvais microbes ? » 427. Suivons le fil de
la métaphore. Pour le chirurgien qui se propose d’opérer de façon efficace,
il s’agit d’abord de « stériliser », pour supprimer « tous les germes […], et
par conséquent toute possibilité d’infection » 428, puis d’extirper. Or,
comme pour « dératiser un navire, dépunaiser votre maison » 429, il faut
pratiquer une « désinfection » totale du pays – corps et âme –, et non plus
se contenter d’inoffensives « désinfections littéraires », rejetées par le
pamphlétaire-idéologue comme « non efficaces, irréelles », et dont il voit
l’illustration dans les « déjudaïsations à l’italienne, à la Maurras » 430.
George Montandon et Gérard Mauger (dans L’Ethnie française, en
1941) 431, non moins que Lucien Rebatet (dans Les Décombres, en 1942),
montreront qu’ils ont entendu le message et retenu la leçon. Rebatet
célèbre ainsi l’auteur de L’Ecole des cadavres, quatre ans après la parution
du pamphlet :
« Céline, notre grand Céline, vient d’écrire [en 1938] un livre qui
apparaîtra deux ans après d’un sublime bon sens, L’Ecole des
cadavres, sa plus magnifique prophétie, plus vaste encore que ses
fameuses Bagatelles. Tout y est dit et prédit. Ferdinand envoie au bain
Maurras, “lycéen enragé”, “Maurras, vous êtes avec les Juifs, en dépit
de vos apparences” » 432.
Dans l’univers de L’Ecole des cadavres, la « déjudaïsation » efficace et
réelle est imaginée comme une stérilisation, la « stérilisation Pasteur
parfaite » 433 qu’implique le « racisme ». « Déjudaïser » efficacement, c’est
donc purifier, nettoyer, épouiller, désinfecter, stériliser. Quoi donc ? Le
corps aryen. L’objectif peut être ainsi précisé : le peuple français doit être
réduit à son identité aryenne pure. Le mythe de la « pureté raciale », chez
Céline, à cet égard disciple de Georges Vacher de Lapouge 434, fonctionne
comme un mythe d’action, tourné vers l’avenir tel qu’il est désirable (selon
les normes aryanistes). Ce que Céline appelle « le racisme » ne doit donc
pas être compris, à l’instar du racialisme gobinien, comme une doctrine
fondée sur le mythe d’une « pureté du sang » originelle et perdue, sur fond
de nostalgie, voire de désespoir, mais bien plutôt comme une doctrine
pratique, impliquant un programme d’action, et prescrivant notamment des
opérations de sélection et de purification, en vue de fabriquer la nouvelle
France « aryenne » 435 – il est vrai que, par la suite, Céline se montrera,
spécialement dans ses lettres aux journaux (entre 1941 et 1943), parfois
sceptique sur la possibilité de « régénérer » le peuple français 436. Dans
L’Ecole des cadavres, le pamphlétaire antijuif semble n’avoir nul doute
sur la possibilité et la nécessité de réaliser son programme mythopolitique,
qu’il place sous le signe du « racisme » :
« Racisme d’abord ! Racisme avant tout ! […]. Désinfection !
Nettoyage ! Une seule race en France : l’Aryenne !… » 437.
A l’instar de Drieu 438, Céline est assurément attiré par la politique de
l’extrême, il a le goût du maximalisme rédempteur, il sacrifie au culte de
l’énergie sans mesure, il donne dans l’intransigeantisme héroïque : « Je
hais les tièdes », confiera-t-il à Cocteau 439 dans une lettre. Il y ajoute cette
précision : « Vous connaissez ma position – raciale si j’ose dire. Et s’il
s’agit de racisme, alors je suis contre les Juifs ou n’importe qui
aveuglément » 440. Dans L’Ecole des cadavres, le maximalisme s’exprime
notamment par la position d’alternatives strictes : « On veut se débarrasser
du Juif, ou on ne veut pas s’en débarrasser. Qui veut la fin veut les
moyens, et pas les demi-moyens » 441. Mais Céline se fait aussi théoricien
de l’évolution du vivant, et se prononce sur le devenir racial :
« Aucun compromis : “Devenir ou disparaître”, loi naturelle du
“devenir” biologique. Les races ne sont pas elles deviennent » 442.
Cette vision du devenir impitoyable, où l’on reconnaît la marque du
« darwinisme social », comporte une dimension prophétique :
« Nous n’allons pas vers la fonte des races, mais au contraire vers
l’exaltation des races, exaltation biologique, très naturelle » 443.
L’évolutionnisme prophétique et normatif de Céline se fonde sur la
thèse d’une différenciation croissante des « races », présentée à la fois
comme une loi naturelle et comme un processus bon en lui-même, dans la
mesure où il satisfait le principe de réduction identitaire à soi de chaque
entité raciale (les « meilleures » comme les « pires ») :
« Les rejetons aryens de plus en plus aryens, les jaunes de plus en plus
jaunes, les Juifs hybrides grotesques (regardez ces figures) de plus en
plus impossibles » 444.
La conclusion de cette prétendue loi d’évolution différenciante tient
dans une prédiction ambiguë, en ce qu’elle pourrait bien être une
prescription : « Le Juif doit disparaître » 445. Une question demeure : la
sélection éliminera-t-elle d’elle-même « le Juif », ou bien faudra-t-il, pour
l’accélérer, faire appel à la sélection volontaire ? Hésitation entre une
réponse inspirée par le « darwinisme social » et la voie de l’eugénique
raciale, « positive » (visant à faire naître des individus dotés d’une « bonne
hérédité ») et « négative » (visant à empêcher de naître certains types
d’individus jugés « indésirables ») 446. Il les rappelle à sa manière, en
respectant l’orthodoxie sélectionniste :
« Il s’en faut de cent mille élevages, de cent et cent mille sélections
raciales, éliminations rigoureuses, (entre toutes celle du Juif) avant que
l’espèce ne parvienne à quelque tenue décente, aux possibilités
sociales. Tous les végétaux, tous les animaux ont passé par la sélection.
Pourquoi pas l’homme ? […]. Par l’effet de quelle providence le chien
est-il devenu fidèle, vigilant ? sociable ? La vache, laitière ? Le cheval,
trotteur ? […] Par la sélection raciste, par l’élimination très stricte de
tous les immondes, avant le dressage de tous les confus, les douteux,
les hybrides néfastes, de tous les sujets trop bâtards, récessifs » 447.
Comme l’écrivait dans Je suis partout, en février 1944, le doriotiste
Pierre-Antoine Cousteau : « C’est notre génial ami Céline qui l’a dit – et il
faut toujours en revenir à Céline – […] » 448.
o
1. Yves Durand, « Vichy joue l’Allemagne », L’Histoire, n 31, février 1981 ; repris dans le
collectif Etudes sur la France de 1939 à nos jours, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1985,
pp. 81-82. Il s’agit pour Vichy de conserver l’apparence d’une souveraineté nationale tout en
intégrant la France dans l’ordre nouveau européen ; cf., Yves Durand, La France dans la Deuxième
e e
Guerre mondiale 1939-1945, Paris, Armand Colin, 1995 (2 éd., 2 tirage), pp. 51-54.
2. Voir Marc Ferro, Pétain, Paris, Fayard, 1987, pp. 76 sq.
3. Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération 1938-1944, Paris, Le Seuil, coll. « Points
Histoire », 1979, p. 101.
4. Voir Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, tr. fr. C. Bertrand, nouvelle éd. revue et
re
mise à jour par l’auteur, Paris, Le Seuil, 1997 [1 éd., 1973], pp. 212-229.
5. Yves Durand, art. cit., p. 82 ; Id., op. cit., pp. 89-102. Voir Limore Yagil, « L’Homme nouveau »
et la Révolution nationale de Vichy (1940-1944), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du
Septentrion, 1997, pp. 255-274.
6. Robert O. Paxton, ibid., p. 213.
7. Ibid., p. 214. Voir Bernard Laguerre, « Les dénaturalisés de Vichy, 1940-1944 », Vingtième
o
siècle, n 20, octobre-décembre 1988, pp. 3-15.
8. Voir Dominique Rossignol, Vichy et les Francs-maçons. La liquidation des sociétés secrètes
1940-1944, Paris, Jean-Claude Lattès, 1981 ; Lucien Sabah, Une Police politique de Vichy : le
Service des Sociétés Secrètes, Paris, Klincksieck, 1996.
9. Cf., Dominique Gros, « Le droit antisémite de Vichy contre la tradition républicaine », Le Genre
o
humain, n 28, novembre 1994, pp. 17-27.
10. Cette législation antijuive est d’origine française, ainsi que de nombreux historiens
contemporains l’ont établi. Cependant, à partir de 1941, les lois antijuives représentent déjà des
compromis. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, tr. fr. M. Delmotte, Paris,
Calmann-Lévy, 1981, pp. 20,26 ; Denis Peschanski, Vichy 1940-1944. Contrôle et exclusion,
Bruxelles, Complexe, 1997, pp. 143 sq. ; Marc Olivier Baruch, Servir l’Etat français.
L’administration en France de 1940 à 1944, Paris, Fayard, 1997, pp. 127-131 ; Renée Poznanski,
Les Juifs en France…, op. cit., pp. 99 sq., 251 sq.
11. Voir Robert O. Paxton, op. cit., pp. 217-229 ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les
Juifs, op. cit., passim ; Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz. Le rôle de Vichy dans la solution finale de
la question juive en France, Paris, Fayard, 2 vol., 1983 et 1985 ; Asher Cohen, Persécutions et
sauvetages. Juifs et Français sous l’Occupation et sous Vichy, Paris, Le Cerf, 1993, pp. 48 sq., 267
sq.
12. Le décret-loi Marchandeau du 21 avril 1939, modifiant la loi de 1881 sur la presse, punissait
toute attaque par voie de presse « envers un groupe de personnes qui appartiennent par leur origine
à une race ou à une religion déterminée, lorsque cette attaque aura pour but d’exciter la haine entre
citoyens ou habitants ». Voir Journal officiel, 25 avril 1939. Cf., Michael R. Marrus, Robert O.
Paxton, op. cit., p. 17 ; Ralph Schor, L’Antisémitisme en France pendant les années trente,
Bruxelles, Complexe, 1992, p. 142. La loi Marchandeau a eu pour conséquence de faire disparaître
en grande partie les articles de presse antisémites durant un peu plus d’une année, jusqu’à son
abrogation le 27 août 1940. C’est en vertu du décret-loi Marchandeau que Darquier de Pellepoix fut
condamné en 1939 à une peine d’emprisonnement et à une amende pour les attaques ignobles
contre les Juifs qu’il lançait dans son bimensuel La France enchaînée (Michael R. Marrus, Robert
O. Paxton, ibid., pp. 56, 261).
13. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., p. 17 ; Marc Ferro,
Pétain, op. cit., p. 238 ; Asher Cohen, ibid., pp. 70-71.
14. Ph. Pétain, La France nouvelle, Principes de la communauté. Appels et messages, 17 juin 1940-
17 juin 1941, Paris, Fasquelle, 1941, p. 88 (ou : Paroles aux Français. Messages et écrits, 1934-
1941, Lyon, H. Lardanchet, 1941, p. 90).
15. Ph. Pétain, La France nouvelle, op. cit., p. 89 (ou : Paroles aux Français, op. cit., p. 91). Avant
de citer en conclusion de son article ces « paroles fameuses » du Maréchal, Pierre Lyautey écrit :
« Le mot nouveau de ce mois est […] celui de collaboration. Mais il n’implique pas
étymologiquement un renoncement. On peut apprécier Beethoven et se laisser éblouir par Ravel.
[…]. C’est même cette diversité qui permet de supporter la durée dans l’effort. Symbole que nous
avons tous reconnu en un chêne centenaire d’une de nos plus vieilles forêts. […]. L’ensemble offre
un aspect d’unité. C’est cette unité que nous saluons dans le chêne symbolique qu’a consacré le
Maréchal Pétain […] » (Pierre Lyautey, « Vers la France nouvelle », Voici la France de ce mois,
o
vol. I, n 10, décembre 1940, p. 15).
re o
16. Mgr Baudrillart, interview publiée par La Gerbe, 1 année, n 20, 21 novembre 1940 (extraits
dans : Pascal Ory, La France allemande (1933-1945). Paroles du collaborationnisme français
[présenté par Pascal Ory], Paris, Gallimard/Julliard, 1977, pp. 117-118 ; Dominique Veillon, La
Collaboration, op. cit., pp. 201-202). Sur le contexte, voir Philippe Burrin, La France à l’heure
allemande, op. cit., pp. 224 sq. ; Etienne Fouilloux, Les Chrétiens français entre crise et libération
1937-1947, Paris, Le Seuil, 1997, pp. 118 sq., 220 sq. Le cardinal Baudrillart acceptera de faire
partie du comité d’honneur du Groupe Collaboration (dont le fonctionnement en zone libre est
autorisé par Darlan en novembre 1941) placé sous le patronage de Fernand de Brinon (Philippe
Burrin, La France à l’heure allemande, op. cit., pp. 411-413). Son anticommunisme radical le
conduit à voir l’Allemagne nazie, après le 22 juin 1941, comme un moindre mal (ibid., p. 413). Il
meurt le 19 mai 1942. Sur cette figure illustrant un courant minoritaire de la collaboration, voir
Yves Marchasson, « Autour du cardinal Baudrillart » in Eglises et Chrétiens dans la Deuxième
Guerre mondiale. La France, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1982, pp. 227-236 ; Paul
Christophe, 1939-1940. Les catholiques devant la guerre, Paris, Editions ouvrières, 1989, pp. 61-
94 ; Id., « Le cardinal Baudrillart et ses choix pendant la Seconde Guerre mondiale », Revue
d’histoire de l’Eglise de France [Paris], janvier-juin 1992, pp. 57-76 ; Michèle Cointet, L’Eglise
sous Vichy 1940-1945, Paris, Perrin, 1998, pp. 324 sq.
17. Ph. Pétain, message du 30 octobre 1940, in Paroles aux Français, op. cit., p. 91 (ou : La France
nouvelle, op. cit., p. 89).
o
18. Charles Maurras, « Le Chef a parlé, qu’on le suive », Voici la France de ce mois, vol. I, n 10,
er
décembre 1940, pp. 1-5. Voir aussi L’Action française, 1 novembre 1940 (article de Maurras
reproduit et commenté dans : Robert Havard de la Montagne, Histoire de « l’Action française »,
Paris, Amiot-Dumont, pp. 199-202).
19. Charles Maurras, « Le Chef a parlé… », art. cit., p. 3.
20. Ibid., p. 4. Cet appel à l’unanimisme inconditionnel a fait école, comme en témoigne cette
déclaration faite en 1942 par le professeur Pierre Mauriac, doyen de la Faculté de médecine de
Bordeaux, lors de la séance d’ouverture de l’année universitaire : « Comme je comprends les
profondes paroles de Bossuet : “L’hérétique est celui qui a une opinion” » (cité par Eugen Weber,
L’Action française, tr. fr. M. Chrestien, Paris, Stock, 1964, p. 497).
21. Charles Maurras, La Seule France. Chronique des jours d’épreuve, Lyon, H. Lardanchet, 1941
[avril], épigraphe, p. 5.
22. Cf., Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, op. cit. [1997], pp. 63-64.
23. Charles Maurras, « Le bienfait du Chef » (16 août 1940), in C. Maurras, La Seule France, op.
cit., pp. 270-271. Maurrassien et pétainiste, René Benjamin exprime ainsi son enthousiasme : « La
France possède deux grands hommes, Philippe Pétain et Charles Maurras ; l’un est la force de la
pensée ; l’autre est la force de l’action. […]. Pétain au pouvoir couronne la pensée de Maurras »
(cité par Robert Aron, Histoire de Vichy 1940-1944, Paris, Fayard, 1954, p. 202). Ce couplage
hagiographique circulait dans l’espace des représentations sociales dès l’été 1940.
24. Cf., Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération 1938-1944, Paris, Le Seuil, coll. « Points
Histoire », 1979, pp. 93 sq.
25. Charles Maurras, La Seule France, op. cit., pp. 272-273 (article du 16 août 1940). Dans le
même sens, voir Charles Maurras, La Contre-Révolution spontanée. La recherche, la discussion,
l’émeute, 1899-1939, Lyon, H. Lardanchet, 1943, pp. 230-231, 242-244. Maurras conclut son livre
par un éloge immodéré du Maréchal : « Le seul nom du Chef héroïque annonce, montre, dit que
quelque chose a tressailli aux entrailles de l’Etre… » (p. 244).
26. Voir Christian Faure, Le Projet culturel de Vichy. Folklore et Révolution nationale 1940-1944,
Lyon, Presses Universitaires de Lyon, et Paris, Editions du CNRS, 1989.
27. Voir Francine Muel-Dreyfus, Vichy et l’éternel féminin. Contribution à une sociologie politique
de l’ordre des corps, Paris, Le Seuil, 1996.
28. Sur la Révolution nationale comme processus inachevé (« avorté ») et travaillé par de multiples
contradictions dérivant d’un choix politique, celui d’« intégrer et éventuellement [de] “refaire” la
France au sein d’une Europe momentanément dominée », voir Jean-Marie Guillon, « La
philosophie politique de la Révolution nationale », in Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.),
Le Régime de Vichy et les Français, Paris, Fayard, 1992, pp. 167-183.
o
29. Yves Durand, « Vichy joue l’Allemagne », L’Histoire, n 31, février 1981, repris in Etudes sur
la France de 1939 à nos jours, op. cit., p. 78.
30. Dans Le Temps, daté du 24 juillet 1940, on se réjouit de la révision des naturalisations qui
« permettra d’éliminer rapidement des éléments douteux et mêmes nuisibles qui s’étaient glissés
dans la communauté française […] » (cité par Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les
Juifs, tr. fr. M. Delmotte, Paris, Calmann-Lévy, 1981, p. 27). Deux ans plus tard, au début de
septembre 1942, Laval affirme lors d’une conférence de presse : « Personne, ni rien, ne pourra nous
dissuader de mener à bien la politique qui consiste à purger la France des éléments indésirables,
o
sans nationalité » (cité par Michael R. Marrus, « Vichy et les enfants juifs », L’Histoire, n 22,
avril 1980 ; repris dans La France de 1939 à nos jours, op. cit., p. 109).
31. Il est ainsi hautement significatif que le Commissariat général aux questions juives ait pu être à
la fois une administration officielle de l’Etat français et un instrument du collaborationnisme
idéologique : l’antisémitisme fédère, par-delà les chapelles. Le maurrassien Xavier Vallat y a joué
pleinement son rôle, tout comme le raciste Darquier de Pellepoix.
32. Pascal Ory, présentation, in La France allemande, op. cit., p. 27.
33. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, tr. fr. M. Delmotte, Paris,
Calmann-Lévy, 1981, pp. 29-30. Sur l’antisémitisme de Pétain, proche de celui de Maurras et de
Vallat, voir Jean-Baptiste Duroselle, « Le gouvernement de Vichy et la persécution des Juifs », in
Georges Wellers, André Kaspi et Serge Klarsfeld (dir.), La France et la question juive 1940-1944,
C.D.J.C. et Sylvie Messinger, 1981, pp. 17-19. Voir aussi Asher Cohen, op. cit., pp. 73 sq.
34. Le Juif et la France, Paris, Institut d’étude des questions juives, s.d. [septembre 1941], [16 p.],
pp. 14-15 (« La libération »). La « statue » mentionnée, « interprétée par un praticien, d’après une
maquette du sculpteur René Péron », représente une jeune femme (de « type aryen », figure de la
France) tenant dans son bras droit un enfant, tandis qu’elle repousse de son bras gauche un gnome
doté d’un « nez juif » tenant dans ses mains des bourses pleines d’or, et semble écraser du pied un
autre personnage répulsif (doté de « marques juives ») étreignant le globe de ses doigts crochus. On
aura noté que l’auteur anonyme de cette brochure fait référence aux « lois du 14 juin 1941 » ; il
s’agit de la loi du 2 juin 1941 (le second statut des Juifs) remplaçant la loi du 3 octobre 1940 portant
statut des Juifs et de la loi du 2 juin 1941 prescrivant le recensement des Juifs, lois publiées l’une et
l’autre dans le Journal Officiel le 14 juin 1941 (pp. 2475, 2476).
35. George L. Mosse, L’Image de l’homme. L’invention de la virilité moderne, tr. fr. M. Hechter,
Paris, Editions Abbeville, 1997, p. 175.
36. Ibid., p. 72.
37. Voir Michèle C. Cone, Artists Under Vichy. A case of Prejudice and Persecution, Princeton,
N.J., Princeton University Press, 1992, p. 155.
38. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., pp. 17 sq. ; Claude
Singer, Vichy, l’Université et les Juifs, Paris, Les Belles Lettres, 1992, pp. 71 sq. ; Asher Cohen, op.
cit., pp. 57 sq.
39. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, ibid., pp. 103 sq. ; Henry Rousso, « L’aryanisation
o
économique. Vichy, l’Occupant et la spoliation des Juifs », Yod, n 15-16, 1982, pp. 51-79 ; Claire
o
Andrieu, « Le mythe de la banque juive et les réalités de l’aryanisation », Pardès, n 16, 1992, pp.
71-101 ; Asher Cohen, op. cit., pp. 113 sq.
40. Charles Maurras, La Seule France, op. cit., pp. 197-199.
41. Je suis partout, 27 octobre 1934 (cité par Pierre Birnbaum, Un Mythe politique : la
« République juive », Paris, Fayard, 1988, p. 173).
42. Voir Pierre Birnbaum, « Juifs sans terre », in Le Coût Freudien – Le Cercle Bernard Lazare
(éd.), L’Homme et la Terre, Point Hors Ligne, 1991, pp. 197-215.
43. L’Alerte, 31 octobre 1942 (cité par P. Birnbaum, ibid., p. 206 ; voir aussi P. Birnbaum, Un
Mythe politique…, op. cit., p. 175, note 5).
44. Voir Dominique Rossignol, op. cit., pp. 158 sq.
45. Retour à la Terre, Paris, éditions de l’Europe Future, s.d., (30 p.), p. 9 (cité par C. Faure, Le
Projet culturel de Vichy, Presses Universitaires de Lyon, 1989, p. 120).
o
46. Robert Brasillach, « Prologue », La Chronique de Paris, n 1, novembre 1943, p. 2 (cité par
o
Marc Olivier Baruch, « Les revues de l’Etat français », La Revue des revues, n 24, 1997, p. 43).
47. Charles Maurras, La Seule France, op. cit., p. 199.
48. Ibid., p. 193.
49. Ibid., p. 199.
50. Ph. Pétain, message du 11 octobre 1940, in Paroles aux Français, op. cit., p. 88.
51. Voir Marc Olivier Baruch, « Les revues de l’Etat français », art. cit., pp. 36, 38 ; Denis
Peschanski, Vichy 1940-1944. Contrôle et exclusion, Bruxelles, Complexe, 1997, p. 45. René
Vincent qui fut l’un des « non-conformistes des années trente » (il signe en avril 1930 le manifeste
de la Jeune droite, paru dans le premier numéro de Réaction, et lance la revue Combat (1934-1939),
devient membre du cabinet du secrétaire général à l’Information Paul Marion en juin 1941, avant de
lancer en novembre de la même année le mensuel Idées. Voir Denis Peschanski, « Vichy au
singulier, Vichy au pluriel. Une tentative avortée d’encadrement de la société (1941-1942) »,
e o
Annales E.S.C., 43 année, n 3, mai-juin 1988, pp. 648-649. Pour situer René Vincent, voir Jean-
Louis Loubet del Bayle, Les Non-conformistes des années 30, Paris, Le Seuil, 1969, passim.
e
52. René Vincent, « Révolution et tradition », Idées. Revue de la Révolution nationale, 3 année,
o
n 20, juin 1943, pp. 32-34. Peut-être faut-il mettre en relation ce style oxymorique (« révolution
conservatrice », « tradition révolutionnaire ») avec la coexistence plus ou moins conflictuelle, dans
la revue Idées, entre « les adeptes de la révolution rétrograde et les “nationaux-révolutionnaires” »
(Jeannine Verdès-Leroux, op. cit., pp. 350-351), et comprendre cette rhétorique du paradoxe comme
l’expression d’une tentative permanente pour surmonter l’antithèse.
o
53. René Vincent, « Découverte de la France » (éditorial), Idées, n 1, novembre 1941 (cité par
Marc Olivier Baruch, art. cit., p. 39). Dans le même sens, voir Armand Petitjean, « France-
e o
Europe », Idées, 3 année, n 16, février 1943, pp. 5-17.
54. Ph. Pétain, message du 11 octobre 1940, in Paroles aux Français, op. cit., p. 79. D’où la
critique du « principe des nationalités sans contrôle » qui constitue « un facteur de troubles et de
désagrégation » (Armand Petitjean, ibid., pp. 9).
55. Ibid., pp. 80-81.
56. René Vincent, « Découverte de la France », art. cit.
57. Henry Rousso, « Vichy : politique, idéologie et culture », in Jean-Pierre Rioux (dir.), La Vie
culturelle sous Vichy, Bruxelles, Complexe, 1990, pp. 24-25. Sur l’Ecole nationale des cadres
d’Uriage, voir Bernard Comte, « L’esprit d’Uriage : pédagogie civique et humanisme
révolutionnaire », ibid., p. 179-202 ; Id., Une Utopie combattante. L’école des cadres d’Uriage
1940-1942, Paris, Fayard, 1991.
58. Henry Bordeaux, Images du Maréchal Pétain, Paris, Sequana, 1941 [achevé d’imprimer le
30 janvier], p. 105. Membre de l’Académie française, Henry Bordeaux (1870-1963) avait publié,
quelques mois auparavant, un ouvrage célébrant Pétain, Les Murs sont bons. Nos erreurs et nos
espérances (Paris, Fayard, 1940), où il s’affirmait héritier de la « politique balzacienne », qui
« inspire celle de Paul Bourget, de Maurice Barrès, de Charles Maurras, celle que je m’honore
d’avoir servie » (cité par Francine Muel-Dreyfus, op. cit., p. 31).
o
59. Voir Henry Rousso, « Vichy, le grand fossé », Vingtième siècle, n 5, janvier-mars 1985, pp. 59-
60 ; Denis Peschanski, Vichy 1940-1944. Contrôle et exclusion, Bruxelles, Complexe, 1997, p. 20.
60. Voir Eugen Weber, L’Action française, tr. fr. M. Chrestien, Paris, Stock, 1964, p. 489 ; Michael
R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., pp. 19, 32 ; Denis Peschanski, « Les statuts
des Juifs du 3 octobre 1940 et du 2 juin 1941 », in C.D.J.C., Il y a 50 ans : le statut des Juifs de
Vichy, Paris, C.D.J.C., 1991, p. 26 ; Jean-Pierre Azéma, « Vichy », in Michel Winock (dir.),
Histoire de l’extrême droite en France, Paris, Le Seuil, 1993, p. 198 ; Robert O. Paxton, La France
de Vichy 1940-1944, op. cit., pp. 214, 313-314.
61. Cardinal Pierre-Marie Gerlier (19 novembre 1940), cité par Michèle Cointet, L’Eglise sous
Vichy 1940-1945, Paris, Perrin, 1998, p. 25 ; voir aussi Jean-Pierre Azéma, De Munich à la
Libération 1938-1944, Paris, Le Seuil, 1979, p. 106. Pour replacer de tels propos dans leur contexte,
voir Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, op. cit., pp. 192 sq. ; Michael O. Marrus,
Robert O. Paxton, ibid., pp. 185 sq. ; Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, op. cit., pp.
226 sq. ; Etienne Fouilloux, Les Chrétiens français entre crise et libération 1937-1947, Paris, Le
Seuil, 1997, pp. 99 sq., 121 sq.
62. Voir Pierre Laborie, L’Opinion française sous Vichy, op. cit., pp. 225-228.
63. Cardinal Gerlier, cité par Marc Ferro, Pétain, Paris, Fayard, 1987, p. 218 ; voir aussi Robert O.
Paxton, ibid., p. 192 ; Michèle Cointet, ibid., pp. 22 sq. Cet acte d’allégeance au pétainisme
n’empêchera pas le cardinal Gerlier de s’opposer aux persécutions antijuives. En présence de
Pétain, il n’avait pas craint de se référer publiquement à « ce peuple sans distinction de races qui
constitue ce bon peuple de France » (cité par Renée Poznanski, op. cit., p. 114, d’après une lettre de
Bernard Schônberg, rabbin de Lyon, à Isaïe Schwartz, grand rabbin de France, datée du 27 février
1941). Voir aussi Pierre Laborie, L’Opinion française…, op. cit., p. 279, note 1.
64. Etienne Fouilloux, Les Chrétiens français…, op. cit., p. 100 ; voir aussi pp. 104, 124.
65. Paris, Grasset, 1933 (préface et commentaires de Max Bonnafous).
66. Voir René Gillouin, « Pétain », in France 1941. La Révolution nationale constructive, Paris,
Editions Alsatia, 1941, p. 79 : « Le nouvel Etat est national, autoritaire, hiérarchique et social ».
Proche du Maréchal, l’idéologue traditionaliste René Gillouin, fortement marqué (bien que
protestant) par la pensée maurrassienne, a rédigé nombre de discours de Pétain. Voir Robert O.
Paxton, op. cit., pp. 258-259, 300 ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit.,
pp. 87, 192-193 ; Marc Ferro, Pétain, Paris, Fayard, 1987, pp. 145 sq., 243 sq., 287 sq. ; Francine
Muel-Dreyfus, Vichy et l’éternel féminin, Paris, Le Seuil, 1996, pp. 47-48, 193-194, 213, 242.
67. René Gillouin, ibid.
o
68. Marc Olivier Baruch, « Les revues de l’Etat français », La Revue des revues, n 24, 1997, p. 37,
note 10.
69. Cf., Christian Faure, Le Projet culturel de Vichy, op. cit., p. 272.
70. Le philosophe Gustave Thibon (né en 1903) collabora notamment à la revue Idées, qui se
proposait, selon René Vincent son fondateur, « d’aider la Révolution nationale à se réaliser dans les
re o
esprits aussi bien que dans les institutions » (Idées, 1 année, n 1, novembre 1941, éditorial, p. 2).
Thibon était l’un des théoriciens de l’anticapitalisme « proudhonien » de Vichy et un auteur
traditionaliste prolixe, défendant le « réalisme de la terre » et appelant à la « restauration de formes
sociales de type patriarcal ». Dès le milieu des années trente, Thibon déplorait « la révolte des
masses contre l’autorité » et stigmatisait la Révolution française : « Après 150 ans, les miasmes de
1789 continuent à corrompre le monde » (« Notes sur la biologie des révolutions », Revue de
e o
philosophie, 38 année, nouvelle série, t. VII, n 1, janvier-février 1938, p. 25). Voir par exemple ses
livres : Diagnostics. Essai de physiologie sociale, Paris, Librairie de Médicis, 1940 ; Retour au réel.
Nouveaux diagnostics, Lyon, H. Lardanchet, 1943. Sur Thibon, voir Robert O. Paxton, La France
de Vichy…, op. cit., p. 312 ; Denis Pelletier, « Thibon (Gustave) », in Jacques Julliard et Michel
Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français, Paris, Le Seuil, 1996, pp. 1110-1111 ;
Francine Muel-Dreyfus, op. cit., pp. 27, 33-36, 224, 251, 283, 290. Collaborateur de la Revue
universelle dirigée par le maurrassien Henri Massis, ainsi que de l’hebdomadaire Demain (Lyon)
fondé par Jean de Fabrègues, Thibon écrivait aussi dans les Cahiers de formation politique (Vichy)
dirigé par Edouard Lizop, aux côtés de Maurice Bouvier-Ajam (président de l’Institut d’études
corporatives et sociales) et de William Garcin (chef des services sociaux de la Légion française des
combattants). Voir Eugen Weber, L’Action française, op. cit., pp. 503, 550 ; Francine Muel-
Dreyfus, ibid., pp. 112, 194-196. Voir aussi Henry Coston (dir.), Partis, journaux et hommes
politiques d’hier et d’aujourd’hui, numéro spécial de Lectures françaises, décembre 1960, pp. 88-
89. Thibon était en outre membre du Conseil général du Centre français de synthèse (avec Max
Bonnafous, Lucien Romier, René Gillouin, etc.), organisme qui, à Vichy, était chargé de la
formation corporative des partisans de la Révolution nationale. Voir le portrait de Thibon brossé par
Henri Massis dans : Maurras et notre temps, Genève et Paris, La Palatine, 1951, tome II, pp. 170-
182.
71. Voir Michel Winock, « Une question de principe », in Pierre Birnbaum (dir.), La France de
l’affaire Dreyfus, Paris, Gallimard, 1994, pp. 543-572.
72. Imp. à Clermont-Ferrand, visa de censure en date du 22 janvier 1942, 237 p.
73. François Valentin, préface à : Penser français, op. cit., p. 8.
74. Ibid. Rappelons que la Légion avait été créée le 29 août 1940, sur la base d’un projet de Xavier
Vallat, dont François Valentin était le directeur de cabinet. Voir Jean-Paul Cointet, La Légion
française des combattants, op. cit., pp. 53-72. Selon Dominique Rossignol, après un an d’existence
(de l’été 1940 à l’été 1941), la Légion aurait totalisé plus d’un million et demi de membres (Histoire
de la propagande en France de 1940 à 1944, op. cit., p. 31), chiffre qu’il convient de réviser en
baisse eu égard aux évaluations proposées par Jean-Paul Cointet (ibid., pp. 296-305), qui avoisinent
le million.
75. François Valentin, in op. cit., p. 7.
76. Penser français, op. cit., p. 21.
77. Ibid. Un autre slogan dit : « Avec la Légion pensez et agissez français » (cité par Dominique
Rossignol, ibid., p. 33).
78. Penser français, ibid., p. 21.
79. Ibid., pp. 21 et 87 (citation extraite de la déclaration de la Légion, du 31 août 1941 ; voir aussi
p. 11). Le Maréchal, dans son message du 11 octobre 1940, avait fourni le modèle explicatif du
« désastre » et défini les normes du « redressement » : « Le désastre n’est, en réalité, que le reflet,
sur le plan militaire, des faiblesses et des tares de l’ancien régime politique. […]. Le régime
nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des
hommes » (Maréchal Pétain, Paroles aux Français, Lyon, H. Lardanchet, 1941, pp. 78, 82).
80. Penser français, ibid., p. 83.
81. Ibid., p. 87. Dans le même sens, voir Colonel [Michel] Alerme, Les Causes militaires de notre
défaite, Paris, Publications du Centre d’études de l’Agence Inter-France, 1941 [juillet], pp. 103 sq. ;
Paul Allard, Les Provocateurs à la guerre, Paris, Les Editions de France, 1941 [octobre], pp. 22 sq.
(« Comment les écrivains juifs font la guerre »). Michel Alerme avait fondé en 1937, avec
Dominique Sordet, l’Agence Inter-France qui, sous l’Occupation, publie des ouvrages de
propagande expressément collaborationnistes ; voir Pascal Fouché, L’Edition française…, op. cit.,
vol. I, pp. 251-253. L’alternative stricte du type « démocratie parlementaire (anarchie et corruption)
ou régime autoritaire (un chef, une hiérarchie) » se rencontre dans de multiples essais, tels que :
Georges Suarez, Pétain ou la démocratie ? Il faut choisir, Paris, Grasset, 1941 ; Edouard Dujardin,
De l’ancêtre mythique au chef moderne, Paris, Mercure de France, 1943 [mars], pp. 104-112 (le
« parlementarisme français » n’a été que « le masque » de la « ploutocratie » [pp. 104-105] ; et
« l’évolution exigeait un retour à l’absolutisme » [p. 108], une « restauration de l’autorité »
[p. 110]). Georges Suarez (né en 1890, condamné à mort et exécuté le 9 novembre 1944) prend la
direction du quotidien Aujourd’hui en décembre 1940 (il la conservera jusqu’en août 1944), et titre
significativement son premier article, paru le 3 décembre 1940 : « Pétain ou la démocratie ? Il faut
choisir ». Dans Aujourd’hui, instrument docile de la Propaganda-Staffel, visant un lectorat de droite
et conservateur, Suarez célébrait Pétain (auquel il avait consacré une biographie devenue un best-
seller en 1941 : Le Maréchal Pétain, Paris, Pion, 1940) tout en prônant une collaboration franco-
allemande inconditionnelle. Voir Pascal Fouché, ibid., p. 239 ; Pierre-Marie Dioudonnat, L’Argent
nazi à la conquête de la presse française 1940-1944, Paris, Jean Picollec, 1981, pp. 55-56.
82. Penser français, ibid., p. 89.
83. Ibid., p. 87.
84. Ibid., pp. 95, 101.
85. Ibid., pp. 101, 105.
er
86. Ibid., p. 104. Voir Maréchal Pétain, Paroles aux Français, op. cit., pp. 57-58. Le 1 janvier
1942, le Maréchal déclare : « Je ne veux pas [sic] pour mon pays ni du marxisme ni du capitalisme
libéral. L’ordre qui doit s’y instaurer ne saurait être qu’un ordre sévère » (reproduit in La Doctrine
du Maréchal classée par thèmes, Mâcon, s.d. [1943], p. 100). Dans le texte d’orientation doctrinale
qu’ils publient dans la première livraison de France. Revue de l’Etat nouveau (Vichy), dont ils sont
les co-directeurs, Adrien Bagarry et Gabriel Jeantet écrivent : « Nous n’apportons pas ici une
doctrine nouvelle de l’Etat ; la doctrine du Maréchal Pétain est notre doctrine. […]. Nous voulons
simplement pénétrer de sa pensée un certain nombre de Français patriotes et étudier avec eux
l’application aux faits de sa doctrine, c’est-à-dire la réalisation de la Révolution nationale. […].
Opposée sur tous les plans au libéralisme comme au communisme, la doctrine du Maréchal propose
à la France un ORDRE COMMUNAUTAIRE, qu’instaurera la Révolution nationale ; c’est là ce qui
apparente notre révolution aux révolutions européennes » (« Parallèle de départ », France,
re o
1 année, n 1, juin 1942, pp. 3, 8-9).
87. Penser français, ibid., p. 105.
88. « Penser français », c’est notamment rester fidèle à « l’humanisme chrétien » (ibid., pp. 37-41)
et pratiquer « le réalisme politique » (ibid., pp. 43-51).
89. Ibid., p. 105.
90. C’est au marquis René de La-Tour-du-Pin La Charce (1834-1924), auteur de Vers un ordre
e re
social chrétien. Jalons de route 1882-1907 (Paris, Beauchesne, 5 éd., 1929 ; 1 éd., 1907), que se
réfèrent le plus volontiers les catholiques traditionalistes ralliés au Maréchal, lorsqu’ils inscrivent
leur vision de la « question juive » dans le cadre d’une tradition proprement française (le texte de
référence de La-Tour-du-Pin sur la « question juive », datant de 1898, est reproduit aux pages 330-
352 de son livre précité). Robert Vallery-Radot (1885-1970), catholique traditionaliste et
monarchiste, spécialiste de l’antimaçonnisme, qui devient en 1940 l’un des doctrinaires principaux
de la Révolution nationale de stricte orthodoxie maréchaliste, argumente contre les Juifs dans la
voie ouverte par La-Tour-du-Pin (« Ne traiter les Juifs que comme des étrangers, et des étrangers
dangereux », op. cit., p. 347). Voir Robert Vallery-Radot, Israël et nous, Paris, Grasset, 1940
[mars], pp. 25-27, etc. Dans son ouvrage maréchaliste Sources d’une doctrine nationale. De Joseph
de Maistre à Charles Péguy (Paris, Sequana, 1942 [mai]), Vallery-Radot classe La-Tour-du-Pin
parmi les « précurseurs d’une Révolution nationale » (op. cit., p. 9). Collaborateur de La Gerbe et
de La Légion, l’auteur de Dictature de la maçonnerie (Paris, Grasset, 1934) deviendra co-rédacteur
en chef (avec Jean Marquès-Rivière) de la revue antimaçonnique dirigée par Bernard Faÿ, Les
Documents maçonniques (mensuel, d’octobre 1941 à juin 1944).
91. Penser français, ibid., pp. 105-106.
92. Ibid., pp. 106-107. Cette rhétorique judéophobe ne se distingue pas de celle de Charles Lesca
(1887-1948), rédacteur en chef (septembre 1939-mai 1940), administrateur général puis directeur
er
(1 octobre 1943) de Je suis partout, qui écrivait en 1941 : « Nous avions […], dans ce journal [Je
suis partout], dénoncé avec une singulière vigueur les dangers que faisait courir à la France
l’invasion juive. Depuis 1936, notamment, nous ne cessions de révéler l’envahissement par les juifs
des principales fonctions de l’Etat et de tous les postes d’où l’on peut influencer l’opinion
publique : grande presse, agences d’information, radio, théâtre, cinéma » (Quand Israël se venge,
Paris, Grasset, 1941 [juin], p. 12). Dans la collection « Les Juifs en France », fondée par Robert
Denoël (qui avait inventé une maison d’édition ad hoc, les « Nouvelles Editions françaises »), l’on
trouvait les titres suivants : Dr George Montandon, Comment reconnaître et expliquer le Juif ?
(novembre 1940, vol. I) ; Dr Fernand Querrioux, La Médecine et les Juifs selon les documents
officiels (décembre 1940, vol. II) ; Lucien Pemjean, La Presse et les Juifs depuis la Révolution
jusqu’à nos jours (mars 1941, vol. III) ; Lucien Rebatet, Les Tribus du cinéma et du théâtre
(avril 1941, vol. IV).
93. Penser français, ibid., p. 107.
94. C’est là négliger le fait que le C.G.Q.J. avait été créé sous la pression allemande et qu’il résultait
d’un compromis.
95. Ibid., pp. 107-108. Le discours collaborationniste varie sur les mêmes thèmes, et ne se distingue
du vichyssois orthodoxe que par le ton et certaines inflexions stylistiques, comme le montre ce
passage d’un article de Robert Jullien-Courtine : « Subventionnant tour à tour la droite et la gauche
[…], la banque juive régnait sur la France. On sait où cela nous a menés. Réduire les trusts à
l’impuissance, détruire à jamais la féodalité financière des Juifs, telle est la tâche que doit s’assigner
la Révolution nationale. Le Maréchal a su prendre parti. Suivons-le ! » (« Noblesse de finance et
finance juive », L’Appel, 20 août 1942). Voir aussi Raymond Recouly, Les Causes de notre
effondrement, Paris, Les Editions de France, 1941 [avril], pp. 12-14 (pour « relever notre
malheureux pays, le gouvernement du Maréchal Pétain a jugé indispensable d’établir un statut des
Juifs », p. 12) ; Charles Lesca, op. cit., p. 12 (« Notre antisémitisme […] était fondé sur des raisons,
il ne réclamait aucune violence contre les personnes, il ne voulait que l’institution d’un “statut”, qui
aurait remis les juifs à leur place en les évinçant de la conduite des affaires de la France »).
96. Penser français, ibid., p. 11.
97. Voir ibid., p. 11 : « l’Ordre nouveau par la Révolution nationale » (déclaration du 31 août
1941).
98. Ibid., p. 109. La citation du Maréchal est extraite de l’appel du 13 août 1940 (Paroles aux
Français, op. cit., p. 63 : « Ces défaillances, ces trahisons… »).
99. Penser français, ibid., p. 13 (déclaration du 31 août 1941).
100. Ibid., p. 11.
101. Ibid., p. 12 (déclaration, ibid.). Les « Principes de la communauté » du Maréchal (in La France
nouvelle, Paris, Fasquelle, 1941 [décembre], pp. 7-11) étaient affichés avec le portrait du Chef de
« l’Etat français » sur les murs des administrations. Voir Louis Salleron, « Limites de la
e o
communauté », Idées, 3 année, n 16, février 1943, pp. 27-45 (qui renvoie à François Perroux,
Théorie de la communauté, Paris, Domat-Montchrestien, 1942) ; François Perroux, Communauté,
e
Paris, PUF, 1942 ; François Perroux, Yves Urvoy, Renaître. Essais – 4 série – Politique, Paris,
Librairie de Médicis, 1943 [juillet], pp. 12-44 (« Ordre communautaire ») ; [collectif], Vers la
Révolution communautaire. Les Journées du Mont-Dore 10-14 avril 1943, Paris, Sequana, 1943
[août], comprenant le « Manifeste du Mont-Dore » du 12 juillet 1943, qui commence par une
« Adresse au Maréchal » (« “Les Principes de la Communauté” que vous avez édictés ont inspiré
les travaux auxquels vous avez bien voulu nous convier en vue d’étudier les fondements d’un Etat
nouveau », op. cit., p. 19). Sur ce « communautarisme », voir Pierre Bitoun, « L’équivoque
o
vichyssoise (4) », Bulletin du MAUSS, n 16, décembre 1985, pp. 153-186 ; Daniel Lindenberg, Les
Années souterraines 1937-1947, Paris, La Découverte, 1990, pp. 165-246 ; Id., « Des années 1930 à
o
Vichy », Esprit, n 181, mai 1992, pp. 178-186.
102. Penser français, ibid., p. 134.
103. Ibid., p. 12 (déclaration du 31 août 1941). Voir pp. 139-141, sur le thème pétainiste du retour à
la terre. Dans un livre dédié « aux jeunes paysans en espérance de la Révolution corporative qu’ils
feront », Louis Salleron oppose ainsi la France à l’Angleterre : « L’Angleterre est un pays de
marchands. […]. La nation, malgré sa dimension, n’est en quelque sorte qu’une cité – la Cité. […].
La France, au contraire, est, dans son tréfonds, un pays de paysans » (Naissance de l’Etat
corporatif. Dix ans de syndicalisme paysan, Paris, Grasset, 1942 [janvier], p. 293). La réduction de
l’Angleterre à un pays ou un peuple de marchands est une composante rhétorique des amalgames de
propagande visant les Britanniques et plus largement les Anglo-saxons « enjuivés ». Côté
vichyssois, voir Jean de La Herse, La Porte hébraïque ou la vocation juive de l’Angleterre, Vichy,
Editions de « La Porte Latine », 1944. Côté collaborationniste, voir Henri-Robert Petit, Rothschild
roi d’Israël et les Américains, Paris, Nouvelles Etudes françaises, 1941 ; Pierre-Antoine Cousteau,
L’Amérique juive, Paris, Les Editions de France, 1942 ; Henry Coston, L’Amérique, bastion
d’Israël, Paris, C.A.D., 1942 ; André Chaumet, Juifs et Américains, Rois de l’Afrique du Nord,
Paris, Editions du C.E.A., 1943 [mars]. Henri Pourrat, maréchaliste enthousiaste, écrivait par
exemple : « D’un côté le paysan, l’homme de l’instinct […]. De l’autre le banquier, l’homme de
calcul, issu du peuple hébreu, peuple de citadins […] » (L’Homme à la bêche. Histoire du paysan,
Paris, Flammarion, 1941, p. 224 ; l’auteur n’hésite pas à reprendre ici à son compte les vues du
théoricien et dignitaire nazi Walther Darré).
104. Penser français, ibid., pp. 143-153.
105. Ibid., p. 12 (déclaration du 31 août 1941).
106. Ibid., et pp. 159 sq.
107. Ibid., p. 165.
108. Ibid., p. 12 (déclaration du 31 août 1941), et pp. 175 sq., 187 sq.
109. Voir Limore Yagil, « L’Homme nouveau » et la Révolution nationale de Vichy, op. cit., pp. 44-
45. Le S.G.J. sera transformé en Commissariat général à la jeunesse en décembre 1943 (Dominique
Rossignol, Histoire de la propagande…, op. cit., p. 134). Georges Pelorson, « chef de la
Propagande des Jeunes » au S.G.J. (depuis février 1941), soutient personnellement la J.F.O.M.
(Limore Yagil, ibid., p. 75). Voir Georges Pelorson, « Jeunesse 1941 », in France 1941, op. cit., pp.
215-231. Sur la trajectoire de Pelorson, voir Wilfred D. Halls, Les Jeunes et la politique de Vichy,
re
tr. fr. J. Sénémaud, préface de Jean-Pierre Rioux, Paris, Syros/Alternatives, 1988 (1 éd. angl.,
Oxford University Press, 1981), pp. 151-153.
110. Paul Baudouin, déclaration citée dans Paris-Soir, 29 décembre 1940.
o
111. Franc-Jeu, n 6, novembre 1941 (cité par Limore Yagil, ibid., p. 77). Le projet des dirigeants
de la J.F.O.M. est ainsi esquissé : « Nous ne voulons ni d’intellectuels aux corps débiles, ni
d’athlètes aux crânes d’oiseaux, mais des hommes » (cité par Limore Yagil, ibid., p. 78). Dans le
même sens, Paul Haury, inspecteur général de l’Instruction publique, vice-président de l’Alliance
nationale contre la dépopulation, secrétaire d’Etat à la Famille et à la Santé d’août 1941 à
avril 1942, assigne à l’Université le devoir de former « non des cerveaux », mais des « élites de
chair et de sang » (L’Université devant la famille, Commissariat général à la famille, s.d. ; cité par
Francine Muel-Dreyfus, op. cit., p. 284).
112. La dénonciation de l’individualisme est une présupposition de la célébration de la
e
« communauté », supposée commune à toutes les « révolutions du XX siècle ». Voir Limore Yagil,
ibid., pp. 76-77.
113. Extrait de Franc-Jeu, cité par Limore Yagil, ibid., p. 76.
o
114. Franc-Jeu, n 14, 14 mars 1942.
115. Ibid. Georges Pelorson n’hésite pas à préciser : « La réalisation de ce programme social [de la
Révolution nationale], – pour tout dire : ce socialisme sans haine de classes, – voilà ce que les
jeunes attendent tout d’abord de la Révolution du Maréchal » (in France 1941, op. cit., p. 221).
Pelorson, en mars 1942, dans un discours adressé aux mouvements de jeunesse, célèbre la
« communion absolue, définitive, dans une seule foi, sous un même drapeau, aux ordres d’un seul
chef », et ajoute : « C’est dans la mystique du chef que la personne humaine trouve sa meilleure
école et sa plus grande exaltation » (cité par Aline Coutrot, « Quelques aspects de la politique de la
jeunesse », in Le Gouvernement de Vichy 1940-1942, Paris, Armand Colin, 1972, p. 272).
116. Voir Limore Yagil, ibid., p. 79. Dans une causerie donnée le 17 mai 1941 sous les auspices du
Groupe Collaboration à la Maison de la Chimie (Paris), le président de la section Collaboration-
o
Jeunesse qui venait d’être créée (cf., La Gerbe, n 44, 8 mai 1941), Marc Augier (1908-1990 ; dit
plus tard « Saint-Loup »), prévenait ses auditeurs que son mouvement était inconditionnellement
fermé aux jeunes Juifs : « Nous voulons rassembler les meilleurs éléments de notre peuple […].
Mais nous ne voulons rassembler que les éléments de notre peuple. Nous prononçons l’exclusion
totale, absolue des minorités étrangères, la minorité juive en particulier. […]. Aucun camouflage ne
sera possible, […] le distinguo subtil que font les Juifs entre le problème religieux et le problème
racial ne sera pas admis » (« Jeunesses d’Europe, unissez-vous ! », in Saint-Loup, J’ai vu
l’Allemagne [Paris, Sorlot, 1941], nouvelle édition, Châtillon-sur-Chalaronne, Le Flambeau, 1991,
p. 110).
117. Extraits de Franc-Jeu, cités par Limore Yagil, op. cit., p. 79.
118. Ibid. Tous ces énoncés antijuifs avaient été fixés dans la production textuelle répétitive de
professionnels de l’anti-judéomaçonnisme tels que Lucien Pemjean, Urbain Gohier, Henry Coston
ou Léon de Poncins (1897-1975). Celui-ci, catholique traditionaliste et doctrinaire de la contre-
révolution, a consacré l’essentiel de son œuvre de polygraphe à dénoncer les « maîtres mystérieux
et destructeurs », les « puissances obscures à l’œuvre dans l’histoire », afin de justifier l’appel à une
réaction contre le régime démocratique. Voir Léon de Poncins, Les Forces secrètes de la
Révolution. F… M… – Judaïsme, Paris, Bossard, 1928 ; Id., Les Juifs maîtres du monde, Paris,
e
Bossard, 1932 ; Id., La Mystérieuse Internationale juive, Paris, Beauchesne, 1936 (2 éd., revue et
augmentée, 1941) ; Id., (en collab. avec Emmanuel Malynski), La Guerre occulte. Juifs et F… M…
e
à la conquête du monde, Paris, Beauchesne, 1936 (2 éd., 1938 ; édition hors commerce, Orléans,
avril 1940) ; Id., Israël destructeur d’empires, Paris, Mercure de France, 1942 [septembre] ; Id.,
L’Enigme communiste, Paris, Beauchesne, 1942 [octobre] ; Id., Les Forces occultes dans le monde
moderne, Paris, Mercure de France, 1943. La « main invisible » qui mène l’histoire, selon de
Poncins, c’est celle d’un judaïsme ésotérique : « Le marxisme professe une doctrine apparente,
mais, derrière cette façade envahissante, il y a une doctrine secrète d’inspiration judaïque, dont le
sens occulte a longtemps échappé aux observateurs » (L’Enigme communiste, op. cit., p. 6).
119. En octobre 1940, s’efforçant de justifier la « loi portant statut des Juifs » du 3 octobre, le
ministre secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Paul Baudoin, avait déclaré en termes
euphémisés, devant un groupe de journalistes américains : « Nous avons décidé de limiter l’action
d’une communauté spirituelle qui, quelles que soient ses qualités, est toujours restée indépendante
de la communauté spirituelle française » (cité par Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit.,
p. 33). Baudouin ajoutait que les Juifs, en raison de leur « influence internationale considérable »,
tendaient à constituer « un empire dans ùn empire », ce qui ne pouvait être toléré par « l’Etat
français ». Le télégramme que, le 18 octobre 1940, Jacques Guérard envoie à Gaston Henry-Haye,
l’ambassadeur de France à Washington, transmet les mêmes « arguments » standard : l’invasion
(« les Israélites sont entrés en France en nombre toujours croissant »), l’infiltration et la domination
(« les Israélites […] ont été au pouvoir entre 1936 et 1940 »), la réaction naturelle et légitime des
indigènes (« la réaction était aussi inévitable en France qu’elle l’a été dans les pays où les Juifs ont
à un moment donné exercé le pouvoir » ; « nous avons ainsi été amenés à la conviction qu’une des
conditions du relèvement national était l’éloignement des Israélites d’un certain nombre de
carrières »), et l’euphémisation, mâtinée de dénégation, des mesures « défensives » prises (« aucun
esprit de représailles n’a inspiré la loi qui vient d’être promulguée »). Voir André Kaspi, Les Juifs
pendant l’Occupation, Paris, Le Seuil, 1991 ; édition revue et mise à jour, coll. « Points Histoire »,
1997, pp. 61-62 ; Marc Olivier Baruch, Le Régime de Vichy, Paris, La Découverte, 1996, p. 25.
o
120. Franc-Jeu, n 5, 8 novembre 1941 (cité par Limore Yagil, ibid., p. 79). Robert Hervet,
secrétaire général des Amis des Compagnons, s’étonne, dans un rapport, de l’appui de la Légion et
du Secrétariat général à l’information donné à la J.F.O.M. qui pourrait bien être financée par les
caisses noires du P.S.F. et du P.P.F., et déplore que l’essentiel de l’activité de ce mouvement
consiste à lancer des slogans du type « A bas de Gaulle » ou « Les Juifs à la porte » (Les
Compagnons de France, Paris, France-Empire, 1965, p. 152 ; cité par Aline Coutrot, in op. cit.,
p. 279). Dans le même sens, voir Philippe Amaury, De l’information à la propagande d’Etat. Les
deux premières expériences d’un « ministère de l’Information » en France (1939-1940, 1940-
1944), Paris, L.G.D.J., 1969, p. 203 ; Wilfred D. Halls, Les Jeunes et la politique de Vichy, op. cit.,
p. 348.
o o
121. Voir Franc-Jeu, n 5 et n 23, juillet 1942 (cf., Limore Yagil, ibid.). Les rédacteurs de Franc-
Jeu précisent qu’ils n’admettent aucune des dérogations prévues par la loi du 2 juin 1941 (voir l’art.
8 de ce texte législatif). De telles positions et propositions montrent que les doctrinaires de la
J.F.O.M. sont représentatifs de la composante collaborationniste de Vichy, au même titre que ceux
du Service d’Ordre légionnaire (S.O.L.), organisme de transition entre la Légion française des
combattants et la Milice. Voir Jean-Paul Cointet, La Légion française des combattants 1940-1944.
La tentation du fascisme, Paris, Albin Michel, 1995, pp. 174 sq.
122. Voir par exemple les pages conclusives du livre publié en janvier 1941 par André Chaumet (en
collaboration avec H.-R. Bellanger), Les Juifs et nous (Paris, Jean-Renard, p. 179-195). Le
programme du « sionisme obligatoire » est ainsi esquissé : « Une solution internationale s’impose :
Chasser le Juif et le localiser » (p. 179). André Chaumet, correspondant du Weltdienst depuis 1935
et membre du P.P.F., était journaliste à Paris-Soir. Il deviendra un homme de confiance de la
Propaganda-Staffel et de l’ambassade d’Allemagne, ce qui lui vaudra de devenir le directeur de
Notre Combat pour la nouvelle France socialiste (lancé en juillet 1941), puis, en été 1942, celui du
Cahier jaune (rebaptisé Revivre, « le grand magazine illustré de la race », en mars 1943) et, pour
finir, celui de Germinal, en avril 1944.
123. Gabriel Malglaive, Juif ou Français. Aperçus sur la question juive, Editions C.P.R.N., 1942 [
« achevé d’imprimer le 28 février » ], pp. 214-215.
124. Paris, Flammarion, 285 p.
125. Op. cit., p. 264.
126. Ibid., p. 266.
127. Ibid., pp. 266-269.
128. Ibid., p. 264.
129. Le nom d’André Demaison était connu pour être celui de l’auteur du Livre des bêtes qu’on
appelle sauvages qui, l’année même de sa parution (1929), avait obtenu le Grand prix du roman de
l’Académie française.
130. Ce programme général est bien sûr susceptible de faire l’objet de diverses interprétations, liées
soit à des questions d’opportunité, soit à des clauses restrictives (par exemple, concernant les
interdictions stipulées par les statuts des Juifs, les dérogations accordées à ceux qui ont « rendu à
l’Etat français des services exceptionnels »), soit à la vision des Juifs, biologico-raciste ou
catholique-traditionaliste, qu’ont les antisémites militants (les racistes visent logiquement
l’expulsion totale des Juifs, qu’ils soient français ou étrangers, alors que nombreux sont, parmi les
traditionalistes, ceux qui se satisfont des mesures d’exclusion impliquées par les statuts des Juifs).
131. Voir Denis Peschanski, Vichy 1940-1944, op. cit., p. 194.
132. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., pp. 85 sq., 138 sq. ;
Emmanuelle Triol, « L’aryanisation des biens. L’application judiciaire du statut des Juifs », Le
o
Genre humain, n 28, novembre 1994, pp. 61-71 ; Jean-Marc Béraud, « Le Juif interdit de travail »,
os
Le Genre humain, n 30-31, mai 1996, pp. 209-229.
os
133. Voir Eric Loquin, « Le Juif “incapable” », Le Genre humain, n 30-31, mai 1996, pp. 173-
188 ; Michel Verpeaux, « Le Juif “non citoyen” », ibid., pp. 189-207. Sur les liens entre la création
de « catégories d’incapables » (fondées ou non sur la race), le postulat d’inassimilabilité des Juifs et
la logique de l’extermination, voir Dominique Gros, « Le droit antisémite de Vichy contre la
o
tradition républicaine », Le Genre humain, n 28, novembre 1994, pp. 17-27.
134. Michael R. Marrus, « Les juristes de Vichy dans “l’engrenage de la destruction” », Le Genre
os
humain, n 30-31, mai 1996, p. 51.
e
135. Voir l’admirable étude de Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires. Le 101 bataillon
de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne, tr. fr. E. Barnavi, Paris, Les
Belles Lettres, 1994.
136. Primo Levi, Si c’est un homme, tr. fr. M. Schruoffeneger, Paris, Julliard, 1987, puis Presses
Pocket, 1990, p. 212. Voir Raul Hilberg, « La bureaucratie de la solution finale » [1982, tr. fr.
M. Carlier], in L’Allemagne nazie et le génocide juif [Colloque de l’Ecole des Hautes Etudes en
sciences sociales], Paris, Gallimard/Le Seuil, 1985, pp. 219-235. Pour le cas français, voir
os
Dominique Gros, « Un droit monstrueux ? », Le Genre humain, n 30-31, mai 1996, pp. 561-575.
137. Cf., Danièle Lochak, « La doctrine sous Vichy ou les mésaventures du positivisme », in Les
Usages sociaux du droit, Paris, PUF, 1989, pp. 252 sq., qui insiste sur la banalisation du droit
antijuif et la légitimation corrélative de la politique antisémite. Voir aussi Danièle Lochak, « Ecrire,
os
se taire… Réflexions sur l’attitude de la doctrine française », Le Genre humain, n 30-31,
mai 1996, pp. 433-462.
138. L’armée allemande attaque l’Union soviétique le 22 juin 1941. Sur l’importance et les terribles
conséquences de cette guerre totale, prenant l’allure d’une croisade contre le « judéo-
bolchevisme », sur la réalisation du génocide, voir Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe,
tr. fr. M.-F. de Paloméra et A. Charpentier, Paris, Fayard, 1988, pp. 236 sq. ; Arno Mayer, La
« solution finale » dans l’histoire, tr. fr. M.-G. et J. Carlier, Paris, La Découverte, 1990, pp. 239
sq. ; Philippe Burrin, Hitler et les Juifs. Genèse d’un génocide, Paris, Le Seuil, 1989, pp. 103 sq.,
151 sq.
139. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., pp. 29-30 ; Henry
Rousso, Les Années noires. Vivre sous l’Occupation, Paris, Gallimard, 1992, pp. 96-98 ; Denis
Peschanski, Vichy 1940-1944, op. cit., p. 84, note 2.
140. Pascal Ory, présentation de : La France allemande. Paroles du collaborationnisme français
(1933-1945), Paris, Gallimard/Julliard, 1977, pp. 17-18.
141. Cet unanimisme exploité par la propagande pétainiste dégage parfois un parfum totalitaire,
comme dans cette formule : « Pense Pétain et tu vivras Français » (citée par Yves Durand, La
France dans la Deuxième Guerre mondiale, op. cit., p. 28).
142. Denis Peschanski, Vichy 1940-1944, op. cit., p. 60.
143. Paul Baudouin, Neuf mois au gouvernement (avril-décembre 1940), Paris, La Table Ronde,
1948, p. 366.
144. La dénonciation des Juifs et l’appel à leur exclusion se manifestent, dans les déclarations de
Pétain, sur le mode de l’allusion, de la suggestion, de la référence indirecte. Dans son appel du
13 août 1940, il vise ainsi à justifier l’« épuration de nos administrations, parmi lesquelles se sont
glissés trop de Français de fraîche date » (Paroles aux Français, op. cit., p. 60). Dans l’article du
15 août 1940 sur « l’éducation nationale » (Revue des Deux Mondes), Pétain dénonce « l’Anti-
France » (op. cit., p. 223), sans pour autant stigmatiser expressément « les Juifs », qui en font partie,
comme la plupart de ses destinataires le savent.
145. Voir Michèle Cotta, La Collaboration 1940-1944, Paris, Armand Colin, 1964, en partic. pp. 13
sq., 135 sq. ; Pierre-Marie Dioudonnat, Je suis partout 1930-1944. Les maurrassiens devant la
tentation fasciste, Paris, La Table Ronde, 1973, pp. 341 sq. ; Claude Lévy, Les Nouveaux Temps et
l’idéologie de la collaboration, Paris, Armand Colin, 1974 ; Jean-Pierre Azéma, De Munich à la
Libération 1938-1944, Paris, Le Seuil, 1979, pp. 149 sq., 223 sq. ; Pascal Ory, Les Collaborateurs
re
1940-1945, Paris, Le Seuil, 1980 (1 éd., 1976) ; Dominique Veillon, La Collaboration. Textes et
débats, Paris, L.G.F., 1984, en part. pp. 179 sq., 233 sq. ; Philippe Burrin, La France à l’heure
allemande 1940-1944, Paris, Le Seuil, 1995, puis coll. « Points Histoire », 1997, en partic. pp. 58
sq., 296-361, 378 sq., 425-427 ; Jeannine Verdès-Leroux, Refus et violences. Politique et littérature
à l’extrême droite des années trente aux retombées de la Libération, Paris, Gallimard, 1996, en
partic. pp. 143-257.
146. Si, en général, le Maréchal est ménagé par les ultras, ces derniers dénoncent inlassablement,
surtout après novembre 1942, le « pseudo-fascisme catholique » (Drieu la Rochelle, dans La
Nouvelle Revue française, janvier 1943) ou la politique « réactionnaire » de Vichy (inspirée par les
traditionalistes maurrassiens), et, s’indignant de la « mollesse » de la collaboration d’Etat, exigent
un durcissement des mesures répressives. Céline et Rebatet interviennent dans ce sens, mêlant leurs
voix à celles des Paul Riche, Clément Serpeille de Gobineau ou Pierre Costantini. Voir Jean-Pierre
Azéma, « Vichy », in Michel Winock (dir.), Histoire de l’extrême droite en France, Paris, Le Seuil,
1993, pp. 209-210. La position de Drieu est clairement exposée dans la lettre qu’il adresse à
François Mauriac, en tant que directeur de la NRF, le 23 décembre 1940 : « Je suis contre les
maurrassiens et contre les néo-démocrates pour une union “en faisceau” de la droite et de la gauche
par leurs éléments sincèrement anticapitalistes, antijuifs, et antimaçons et trouvant dans le Maréchal
un signe ni anglais ni allemand mais européen » (lettre reproduite dans : Pierre Drieu la Rochelle,
Textes retrouvés, Monaco, Le Rocher, 1992, p. 106).
147. Le vrai clivage, relevant d’une différence de nature, apparaît sur la question du rapport à la
collaboration, les ultras se distinguant par leur choix d’une collaboration inconditionnelle, totale et
active (Jean-Pierre Azéma, ibid., p. 210). Les rédacteurs de Au pilori se déchaînent contre Vichy,
Xavier Vallat et les « réactionnaires » maurrassiens. Voir par exemple Paul Riche, « Bravo ! les
e
Juifs… », Au pilori, 17 avril 1941 ; « “Au pilori” et M Xavier Vallat », Au pilori, 9 octobre 1941 ;
Jean Méricourt, « Vichy semeur de haine », Au pilori, 8 janvier 1942 ; Jean Lestandi, « Histoire de
fous. Xavier Vallat, Haut-Commissaire aux affaires juives », ibid., pp. 1 et 3.
148. Jean-Pierre Azéma, ibid., pp. 210-211.
149. Philippe Burrin, La France à l’heure allemande…, op. cit., pp. 378 sq.
e
150. Voir Gérard Loiseaux, La Littérature de la défaite et de la collaboration, 2 édition, Paris,
Fayard, 1995. Cet ouvrage comporte une étude fouillée des activités de l’Amt Schrifttum de
l’Office Rosenberg, dirigé par Hans Hagemeyer puis, à partir de 1943, par Bernhard Payr, l’auteur
de Phönix oder Asche ? [ « Phénix ou Cendres ? » ], livre publié en 1942 où étaient analysés les
écrits de soixante-dix auteurs français.
151. Voir Elisabeth Dunan, « La Propaganda-Abteilung de France : tâches et organisation », Revue
o
d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, n 4, octobre 1951, pp. 19-32 ; Claude Lévy,
« L’organisation de la propagande allemande en France », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre
o
mondiale, n 64, octobre 1966, pp. 7-28.
152. Gérard Loiseaux, La Littérature de la défaite et de la collaboration, op. cit., p. 522.
153. Philippe Burrin, ibid., p. 378. Pour une étude détaillée de l’emprise idéologicoculturelle des
autorités d’occupation nazies en France, voir Rita Thalmann, La Mise au pas. Idéologie et stratégie
sécuritaire dans la France occupée, Paris, Fayard, 1991.
154. Philippe Burrin, ibid., p. 425.
155. Ibid. Sur les hommes et les groupes proposés, au début de 1941, à l’autorisation du MBF
(Militärbefehlshaber in Frankreich), voir Rita Thalmann, La Mise au pas, op. cit., pp. 225 sq.
156. Voir Claude Singer, Vichy, l’Université et les Juifs, op. cit., pp. 200-205 ; Asher Cohen,
Persécutions et sauvetages, op. cit., pp. 151 sq., 349 sq. Voir infra, les études sur Labroue,
Montandon et Martial.
157. Voir Asher Cohen, ibid., pp. 158 sq. ; Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, op. cit.,
pp. 329 sq., 378 sq., 417 sq. ; Jeannine Verdès-Leroux, Refus et violences, op. cit., pp. 143-257.
Plus spécifiquement, voir Marie Balvet, Itinéraire d’un intellectuel vers le fascisme : Drieu la
Rochelle, Paris, PUF, 1984, pp. 181 sq. ; Robert Belot, Lucien Rebatet. Un itinéraire fasciste, Paris,
Le Seuil, 1994, pp. 233 sq. ; Philippe Aiméras (éd.) : Louis-Ferdinand Céline, Lettres des années
noires, Paris, Berg International, 1994. Voir infra, les études sur Rebatet (R. Belot) et Céline (A.
Duraffour), ainsi que les notices consacrées à J. Drault, P.-A. Cousteau, R. Brasillach et H. Coston.
158. Voir Claude Lévy, Les Nouveaux Temps…, op. cit., pp. 184-187 ; Pascal Fouché, L’Edition
française sous l’Occupation, op. cit., vol. II, pp. 126 sq. ; Gérard Loiseaux, op. cit., pp. 128, 451,
575 (note 51), 584 (note 86) ; Pierre-Marie Dioudonnat, Les 700 rédacteurs de « Je suis partout »,
op. cit., p. 86. Louis Thomas était un protégé de l’ambassadeur Abetz et du SD (Michael R. Marrus,
Robert O. Paxton, op. cit., pp. 306-307). Il finira par être considéré comme le « spécialiste des
affaires juives du R.N.P. [Rassemblement national populaire] » (Philippe Burrin, La Dérive
fasciste…, op. cit., p. 412).
159. Michael R. Marrus, « Les juristes de Vichy dans “l’engrenage de la destruction” », Le Genre
os
humain, n 30-31, mai 1996, p. 52. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs,
tr. fr. M. Delmotte, Paris, Calmann-Lévy, 1981, pp. 35-76.
160. Voir Pierre Birnbaum, Un Mythe politique : la « République juive », Paris, Fayard, 1988, pp.
310-326 ; Id., Les Fous de la République. Histoire politique des Juifs d’Etat, de Gambetta à Vichy,
Paris, Fayard, 1992, pp. 418 sq. ; Pierre Laborie, L’Opinion française sous Vichy, Paris, Le Seuil,
1990, pp. 131-140 ; Richard Millman, La Question juive entre les deux guerres. Ligues de droite et
antisémitisme en France, Paris, Armand Colin, 1992, pp. 245-279 ; Ralph Schor, L’Opinion
française et les étrangers en France 1919-1939, Paris, Publications de la Sorbonne, 1985, pp. 549
sq., 613 sq., 699 sq. ; Id., L’Antisémitisme en France pendant les années trente. Prélude à Vichy,
Bruxelles, Complexe, 1992, p. 21-49.
161. Michael R. Marrus, art. cit., p. 52.
162. Pierre Laborie, L’Opinion française sous Vichy, op. cit., p. 276.
163. Voir Denis Peschanski, Vichy 1940-1944, op. cit., pp. 33-34, 179-191.
164. Ibid., pp. 34, 191.
165. Voir infra, le chapitre IV de la présente étude.
166. Zeev Sternhell, « 1880-1940 : un statut des Juifs dans le programme de la droite antisémite
française », in Serge Klarsfeld (dir.), Il y a 50 ans : le statut des Juifs de Vichy [actes du colloque du
er
C.D.J.C., Paris, 1 octobre 1990], Paris, C.D.J.C., 1991, pp. 15-21. L’hypothèse est reprise et
élargie dans : Zeev Sternhell, « La droite révolutionnaire entre les anti-Lumières et le fascisme »,
essai placé en introduction de la nouvelle édition de : La Droite révolutionnaire 1885-1914. Les
origines françaises du fascisme, Paris, Gallimard, 1997, pp. LVI-LXXVI. Sternhell affirme ainsi que
« les idées qui triomphent en 1940 à force d’être assénées pendant un demi-siècle deviennent des
idées reçues » (p. LVL), que « le statut des Juifs, comme la plupart des mesures prises par le
gouvernement de Vichy, dans ce que ces mesures ont d’essentiel, est inscrit au programme de la
e
droite révolutionnaire depuis la dernière décennie du XX siècle » (p. LXIX).
167. Jeannine Verdès-Leroux, Refus et violences. Politique et littérature à l’extrême droite des
années trente aux retombées de la Libération, op. cit.
168. Voir Louis Dupeux (dir.), La « Révolution conservatrice » dans l’Allemagne de Weimar, Paris,
Kimé, 1992 ; Stefan Breuer, Anatomie de la Révolution conservatrice, tr. fr. O. Mannoni, Paris,
re
Editions de la Maison des sciences de l’homme, 1996 (1 éd. all., 1993).
169. Jean Pierre Faye, Langages totalitaires [1972], édition augmentée de l’introduction théorique
[Théorie du récit, 1972], Paris, Hermann, 1973 ; Id., Migrations du récit sur le peuple juif, Paris,
Pierre Belfond, 1974.
170. Zeev Sternhell, « La fonction politique et culturelle du racisme », in Michel Wieviorka (dir.),
Racisme et modernité, Paris, La Découverte, 1993, p. 58.
171. Sur cette question, voir Pierre-André Taguieff, Les Fins de l’antiracisme, Paris, Michalon,
1995, pp. 21 sq., 276 sq. Le préjugé fondamental sur le « préjugé » consiste à postuler qu’il
« conduit à » l’acte par sa dynamique propre.
172. Denis Peschanski, « Vichy au singulier, Vichy au pluriel. Une tentative avortée d’encadrement
e o
de la société (1941-1942) », Annales E.S.C., 43 année, n 3, mai-juin 1988, p. 657.
173. Voir Michel Winock, La Fièvre hexagonale. Les grandes crises politiques 1871-1968, Paris,
Calmann-Lévy, 1986.
174. Voir Jean-Pierre Azéma, Jean-Pierre Rioux, Henry Rousso (dir.), « Les guerres franco-
o
françaises », numéro spécial de la revue Vingtième siècle, n 5, janvier-mars 1985.
175. Denis Peschanski, ibid., pp. 657-658, qui se réfère sur ce point à Henry Rousso, « Vichy, le
o
grand fossé », Vingtième siècle, n 5, janvier-mars 1985, pp. 55-79. C’est à Stanley Hoffmann
qu’on doit d’avoir attiré l’attention sur la dimension des « relations franco-françaises » en tant que
facteur explicatif de Vichy et de la collaboration (« Collaborationism in France during World War
II », Journal of Modern History, 40 (3), septembre 1968, pp. 375-396 ; repris dans Stanley
Hoffmann, Essais sur la France. Déclin ou renouveau ?, Paris, Le Seuil, 1974, pp. 41-66).
176. Denis Peschanski, ibid., p. 658.
177. Voir Dominique Rémy, Les Lois de Vichy, Paris, Romillat, 1992 (textes et commentaires) ;
Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., pp. 399-414.
178. Cf., Dominique Gros, « Le droit antisémite de Vichy contre la tradition républicaine », Le
o
Genre humain, n 28, novembre 1994, p. 17-27 ; Id., « Peut-on parler d’un “droit antisémite” ? »,
os
Le Genre humain, n 30-31, mai 1996, pp. 13-44. Voir aussi Robert Badinter, Un Antisémitisme
ordinaire. Vichy et les avocats juifs (1940-1944), Paris, Fayard, 1997 ; Richard H. Weisberg, Vichy,
la justice et les Juifs, tr. fr. L.-E. Pomier et Y. Coleman, Amsterdam, Editions des Archives
re
contemporaines, 1998 (1 éd. amér., 1996).
179. Denis Peschanski note dans ce sens : « L’exclusion des Juifs est au cœur du régime, et, au
moins jusqu’à l’été 1942, elle suscite l’approbation d’une large majorité de l’opinion » (Vichy 1940-
1944, op. cit., pp. 181-182).
180. Voir Renée Poznanski, Les Juifs en France…, op. cit., p. 108.
181. Voir Pierre Laborie, « The Jewish Statutes in Vichy France and Public Opinion », Yad Vashem
Studies, XXII, 1992, pp. 89-114.
182. Voir Jacques Polonski, La Presse, la propagande et l’opinion publique sous l’Occupation,
Paris, C.D.J.C., 1946, p. 87 ; Jean Laloum, La France antisémite de Darquier de Pellepoix, Paris,
Syros, 1979, pp. 160 sq. ; Pierre Laborie, op. cit., pp. 278-280 ; Id., « 1942 et le sort des Juifs : quel
e o
tournant dans l’opinion ? », Annales E.S.C., 48 année, n 3, mai-juin 1993, pp. 655-666. Philippe
Burrin conclut ainsi son chapitre consacré à « l’opinion » : « L’été 1941 est décidément un
tournant : le début d’un tournant qui se fait par degrés, non sans à-coups, et qui n’achève sa courbe
qu’à la fin de 1942 » (La France à l’heure allemande…, op. cit., p. 197). Denis Peschanski
argumente en faveur d’un basculement de l’opinion en été 1942, rupture plutôt qu’aboutissement
d’un processus (« Que savaient les Français ? », in Stéphane Courtois, Adam Rayski [dir.], Qui
savait quoi ?, op. cit., pp. 82-89 ; étude reprise in Denis Peschanski, Vichy 1940-1944, op. cit., pp.
182-188). Mais le basculement a lui-même été suivi par une hiérarchisation liée à un nouveau
contexte : en novembre 1942, l’opinion « s’émeut davantage du STO, qui, lui, touche toutes les
familles » (ibid., p. 34 ; voir aussi pp. 78-79). Ainsi que le note Pierre Assouline, d’une façon
générale, « la question juive n’était pas prioritaire pour l’opinion publique de l’Occupation », et,
« dans l’ordre des préoccupations immédiates, elle venait bien après le ravitaillement et le sort des
prisonniers de guerre » (Le Fleuve Combelle, Paris, Calmann-Lévy, 1997, p. 171). Il s’ensuit que
l’on sombre dans l’anachronisme lorsqu’on se contente de « plaquer notre très contemporaine
obsession du génocide sur la mentalité des années 40 » (ibid.).
183. Asher Cohen, Persécutions et sauvetages, op. cit., pp. 229 sq., 240, 277 sq., 497-501. Cet
historien situe le tournant dans l’opinion dès juillet-août 1942, à partir duquel l’opposition au
régime de Vichy ne cessera de s’étendre et de se radicaliser. Voir aussi Serge Klarsfeld, Vichy-
Auschwitz. Le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France-1942, Paris,
Fayard, 1983 [t. I], pp. 161 sq. ; Claude Singer, Vichy, l’Université et les Juifs, op. cit., pp. 139 sq.,
194 sq. ; Renée Poznanski, Les Juifs en France…, op. cit., pp. 353-364, 454 sq.
184. Pierre Laborie, L’opinion française…, op. cit., p. 280. En 1936, le père Joseph Bonsirven
notait : « Presque partout règne un antisémitisme latent, à peu près inconscient, fait de défiance, de
répulsion, de préjugés » (Juifs et chrétiens, Paris, Flammarion, 1936, p. 7 ; dans le même sens, voir
Joseph Bonsirven, « Y-a-t-il un réveil de l’antisémitisme ? », Etudes, t. 222, 20 janvier 1935,
p. 227). Voir Ralph Schor, L’Opinion française et les étrangers…, op. cit., p. 182 ; Id.,
L’Antisémitisme en France…, op. cit., p. 25 ; Eugen Weber, La France des années 30. Tourments et
perplexités, tr. fr. P.-E. Dauzat, Paris, Fayard, 1995, pp. 141 sq. ; Philippe Burrin, La France à
l’heure allemande…, op. cit., p. 45 ; Pierre Pierrard, Juifs et catholiques français, Paris, Le Cerf,
1997, pp. 255 sq.
185. Voir Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, t. I, op. cit., pp. 353 sq., 383 sq. ; Asher Cohen, op. cit.,
pp. 305 sq.
186. Jeannine Verdès-Leroux, op. cit., p. 55.
187. Voir Léon Poliakov, L’Europe suicidaire 1870-1933 [Histoire de l’antisémitisme, t. IV], Paris,
Calmann-Lévy, 1977, pp. 319 sq. ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit.,
pp. 41-44 ; Ralph Schor, L’Opinion française et les étrangers…, op. cit., p. 182 ; Richard Millman,
La Question juive entre les deux guerres, op. cit., pp. 7, 38-40, 101, 144-145 ; Ralph Schor,
L’Antisémitisme en France…, op. cit., pp. 10-11.
188. Voir Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion. Faux et usages d’un faux, Paris,
Berg International, 1991, tome I, pp. 67 sq.
189. Voir Louis W. Bondy, Racketeers of Hatred, Londres, Newman Wolsey, 1946, pp. 189 sq.,
re
247 sq. ; Pascal Ory, Les Collaborateurs 1940-1945, Paris, Le Seuil, 1980 (1 éd., 1976), pp. 13
sq., 25-26 ; Pierre-Marie Dioudonnat, L’Argent nazi à la conquête de la presse française 1940-
1944, Paris, Editions Jean Picollec, 1981, pp. 223 sq. ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy
et les Juifs, op. cit., pp. 53, 345 (note 57), 262 ; Dominique Rossignol, Vichy et les Francs-maçons,
Paris, Jean-Claude Lattès, 1981, pp. 85-86, 168 ; Philippe Burrin, La Dérive fasciste. Doriot, Déat,
Bergery 1933-1945, Paris, Le Seuil, 1986, pp. 67, 464 (note 3) ; Pierre Milza, Fascisme français.
Passé et présent, Paris, Flammarion, 1987, p. 153 ; Ralph Schor, L’Antisémitisme en France…, op.
cit., pp. 42-43.
190. Voir Paula Hyman, De Dreyfus à Vichy. L’évolution de la communauté juive en France 1906-
1939, tr. fr. S. Boulongne, Paris, Fayard, 1985, pp. 299 sq. C’est d’abord en tant qu’« étranger » que
le Juif est rejeté dans l’antisémitisme politique à la française. Voir Gérard Noiriel, Le Creuset
e e
français. Histoire de l’immigration XIX -XX siècles, Paris, Le Seuil, 1988, pp. 337-338. Mais il
incarne l’étranger dangereux, le plus dangereux de tous les étrangers, d’où la diabolisation qui le
vise spécifiquement. Dans le même sens, voir Claude Singer, Vichy…, op. cit., pp. 32 sq.
191. Michael R. Marrus, art. cit., p. 52. Cf., Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., p. 48.
192. Sur le thème du « bellicisme juif » (ou du « Juif belliciste »), voir Léon Poliakov, L’Europe
suicidaire 1870-1933, op. cit., pp. 331 sq. ; Pierre Birnbaum, Un Mythe politique…, op. cit., pp. 356
sq. ; Ralph Schor, L’Opinion française…, op. cit., pp. 623-625 ; Id., L’Antisémitisme en France…,
op. cit., pp. 163 sq. ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., pp. 48-49 ; Philippe Burrin, La
France à l’heure allemande…, op. cit., p. 45. Ce thème de propagande passe au premier plan dans
la littérature antijuive au cours des années 1937-1939, littérairement anobli par la publication chez
Denoël, en décembre 1937, du premier des pamphlets antisémites de Céline, Bagatelles pour un
massacre, que son immense et immédiat succès a transformé en opération de propagande
particulièrement réussie. Voir infra, l’étude d’Annick Duraffour sur Céline en tant que
propagandiste antijuif. Le premier des pamphlets de Céline est immédiatement intégré dans le jeu
des références légitimatoires des professionnels du discours antijuif, ainsi qu’en témoignent ces
remarques de Robert Brasillach : « Le succès du livre de Céline, véritable “cri de révolte des
indigènes”, eût été inconcevable il y a dix ans. Au Parlement, dans la rue, chez les médecins, les
avocats, la question juive est désormais au premier rang » (« La question juive », Je suis partout,
o
n 386, 15 avril 1938 ; voir aussi l’article de Brasillach dans L’Action française du 13 janvier 1938,
et celui de Lucien Rebatet dans Je suis partout du 21 janvier 1938). Ce « pacifisme » de propagande
constitue un thème privilégié pour les agents d’influence et les journalistes pro-nazis stipendiés :
Paul Ferdonnet, La Guerre juive, Paris, Baudinière, 1938 [sorti au début de 1939], p. 49 ; Clément
Serpeille de Gobineau, Pour la paix des peuples-Contre la guerre juive, texte publié et diffusé par
le Weltdienst (Service mondial) en mai-juin 1939 (cf., Ralph Schor, L’Antisémitisme en France…,
op. cit., pp. 42-43 ; petit-fils de Gobineau, Clément Serpeille, dit Serpeille de Gobineau [1886-
1944], était déjà, avant l’Occupation, en relations suivies avec certaines personnalités de
l’ambassade d’Allemagne à Paris, en même temps qu’il collaborait au bulletin du Weltdienst). Le
thème d’accusation est massivement exploité dans la propagande collaborationniste après le 22 juin
1941. Voir par exemple l’article de Paul Riche, « La guerre juive », L’Appel, 11 juin 1942 ; ou la
brochure signée « Gérard », Les Juifs et la guerre, Paris, imprimerie spéciale du C.E.A. [Centre
d’études antibolcheviques], s.d. [fin 1942 ou début 1943], 48 p. La « thèse » est ainsi exposée : « La
guerre actuelle a été voulue par les Juifs, déclarée par les Juifs, dans leur intérêt et dans leur intérêt
seul » (op. cit., p. 48). Le C.E.A., émanation du Comité d’action antibolchevique (C.A.A.) présidé
par Paul Chack, était dirigé par Louis-Charles Lecoconnier (dit Lecoc ou Lecoq), « chef de
propagande » du C.A.A. (cf., Dominique Rossignol, Histoire de la propagande…, op. cit., pp. 289-
e
290). Lecoc dénonce Marx comme « l’évangéliste de la haine », laquelle « va marquer le XX siècle
du signe de la lutte des classes, susciter […] des guerres civiles atroces et provoquer enfin une
o
guerre d’extermination qui embrase toute la terre » (Le Cahier jaune. Revivre, n 6, 20 juin 1943,
p. 9). Dans le même numéro de Revivre, André Chaumet réaffirme que la guerre est l’« œuvre du
judaïsme » et que « c’est la juiverie qui a voulu cette guerre » (« Ils ont rompu le pacte qui nous lie
à la race humaine », ibid., p. 11). Voir aussi Pierre Costantini, « La guerre des Juifs », L’Appel,
26 août 1943 ; Paul Chack, discours prononcé le 3 mai 1944 lors de la commémoration du
centenaire de la naissance de Drumont, cité dans Aujourd’hui, 4 mai 1944. Cf., infra, ces deux
articles dans la partie « Documents », et l’étude de G. Kauffmann sur « les anti-juifs parisiens et la
mémoire de Drumont ».
193. Henry Coston, en particulier, ne cesse de dénoncer le « complot juif » qui aurait provoqué la
guerre, laquelle serait donc une « guerre juive ». Voir Henry Coston, « Ceux qui voulaient la guerre.
Nous exigeons le châtiment de tous les coupables », La France au travail, 8 août 1940, p. 3 ;
Georges Virebeau [pseudonyme de H. Coston], « Un texte qui en dit long. Les Juifs voulaient la
guerre », Paris-Soir, 11 décembre 1940, p. 3 ; Henry Coston, « Ceux qui ont voulu la guerre », Au
pilori, 26 août 1943, pp. 1 et 3. Dans le même sens, cf., l’article non signé paru dans le numéro de
o
Notre Combat pour la nouvelle France socialiste consacré au thème « Le Juif et la France » (n 4,
septembre 1941) : « La participation de la presse juive dans la guerre » (p. 10). La thèse est ainsi
exposée : « Les Juifs voulaient la guerre. Aussi la presse obéissait-elle au même mot d’ordre,
prêcher la guerre sainte contre l’Allemagne » (ibid.).
194. Paris, Nouvelles Etudes françaises, 1941. Sur cet opuscule, voir Robert Belot, op. cit., pp. 279-
282.
195. On lit par exemple dans Les Décombres (1942) : « Wagnérien, nietzschéen, antisémite,
anticlérical, connaissant par le menu le folklore national-socialiste, j’étais naturellement désigné
pour jouer dans notre bande le rôle de S.A. d’élite » (rééd., Paris, Pauvert, 1976 : Les Mémoires
d’un fasciste, t. I, p. 64).
196. Lucien Rebatet, Le Bolchevisme…, op. cit., pp. 46-47. Voir aussi Lucien Rebatet,
« Bolchevisme : poison juif », L’Appel, 26 février 1942, qui commence par cette profession de foi
antijuive : « Je hais le bolchevisme avant tout parce qu’il est la création des Juifs, l’émanation
d’Israël, un de ses buts suprêmes ». Dans un article de L’Appel du 5 novembre 1942, « Aryanisme
chrétien », Paul Riche s’efforce de théoriser un christianisme débarrassé de ses références à la
« Bible sémite » : « Il faut que l’aryanisme parvienne à son sommet, […] que les pasteurs chrétiens
de toutes obédiences acceptent le Dieu de sang pur, le Principe racial, et que l’humanité régénérée
par l’esprit de vie expulse elle-même ses déchets » (art. cit., p. 3).
197. « Le fond du bolchevisme c’est une affaire juive, déclare Jacques Doriot, qui repart sur le front
de l’Est », Au pilori, 25 mars 1943, p. 5. Quelques mois plus tard, André Chaumet, conformément
au postulat que toute guerre est I’« œuvre du judaïsme », dénonce « l’aspect effroyable qu’a pris
cette guerre juive à l’Est », et rappelle que le bolchevisme est le « poste avancé du judaïsme
o
mondial » (art. cit., Le Cahier jaune. Revivre, n 6, 20 juin 1943, p. 11).
198. Charles Maurras, Mes Idées politiques, Paris, A. Fayard, 1937, préface (« La politique
naturelle »), p. LXIX.
199. Charles Maurras, Mes Idées politiques, préface, op. cit., pp. LXX-LXXI. Ce passage est cité dans
son entier, moyennant quelques menus aménagements (Henri Béraud, par exemple n’est pas
mentionné), par Jean-Louis Lagor (l’un des pseudonymes de Jean Arfel, dit « Jean Madiran », né en
1920), dans Le Temps de l’imposture et du refus, 1944-1947, Paris, L’Indépendance Française,
1947, pp. 77-79. Arfel-Lagor, soucieux d’assurer une bonne diffusion du message antijuif de cette
page de Maurras, n’hésite pas à faire suivre chaque patronyme cité par Béraud d’une parenthèse
comportant la mention « juif » – sur le mode : « Kerensky (juif) ; […] Rosa Luxembourg (juive) ;
[…] Kurt Eisner (juif) ; […] Marx (juif) ? » (p. 78). Un pédagogue antijuif scrupuleux que ce Jean-
Louis Lagor…, qui poursuivra sa carrière idéologique dans les années 1980-1990 au service du
Front national, en tant que directeur politique du quotidien national-catholique Présent, fondé en
janvier 1982. Voir Pierre-André Taguieff, « Nationalisme et réactions fondamentalistes en France »,
o
Vingtième siècle, n 25, janvier-mars 1990, pp. 49-73.
200. Alain Laubreaux, Ecrit pendant la guerre, Paris, Editions du Centre d’études de l’agence Inter-
France, 1944 [mars], p. 10 [texte de préface daté du 17 octobre 1943]. Laubreaux (1899-1968) était
le critique dramatique de Je suis partout (du 14 février 1941 au 7 juillet 1944), et collaborait au Cri
du peuple, ainsi qu’au Petit Parisien. Il sera condamné à mort par contumace le 5 mai 1947.
201. Article repris dans Charles Maurras, Dictionnaire politique et critique, fasc. 9, Paris, A la Cité
des Livres, 1932, pp. 361-364.
202. Ibid., p. 362.
203. Voir Jean Arfel [dit plus tard « Jean Madiran » ], « Réflexions sur la barbarie moderne », La
os
Revue universelle, n 86-87, août 1944, pp. 119-120. Arfel (dit aussi « Jean-Louis Lagor »), qui
collaborait également à L’Action française, proposait de frapper à la tête la modernité
intrinsèquement barbare, c’est-à-dire d’« éliminer » sa principale source intellectuelle : la
« tolérance moderne » (ibid., p. 126), présente dans toutes les figures de la « barbarie moderne », à
savoir « la démocratie internationale », le « maçonnisme », le communisme et la « nation juive »
(ibid., pp. 119-120).
204. Dans Le Sens du conflit (Paris, Flammarion, 1942), André Demaison stigmatise la « frénésie
messianique » (p. 272) des Juifs et déplore « les cruautés d’Israël » (p. 266) – sur le mode
magnanime « oublions[-les] » –, non sans voir partout la main invisible d’Israël : « Judaïsme et
Angleterre ne faisaient qu’un. Depuis 1933, la prépondérance des Juifs ne fit que s’accentuer. […].
Les Juifs ont fait union complète avec le gouvernement, se sont installés dans les banques, les
entreprises coloniales et métropolitaines […], dirigent de grands journaux, occupent des postes de
ministres […], gouvernent les Indes, clé de l’Empire […], contrôlent les cinémas et la radio […].
Aux Etats-Unis, […] les Juifs […] ont accaparé le cinéma, la presse, la radio, les magasins de
nouveauté et la finance. […]. Hitler affirme que ce sont les Juifs qui, en Allemagne, ont fomenté la
révolution intérieure en 1918. On est sûr que ce sont eux qui ont fait la révolution russe. […]. Leur
presse et surtout leurs conversations font d’eux les pires distributeurs de “bobards”, les plus
dangereux informateurs du pouvoir comme de l’opinion » (pp. 96-97).
205. Voltaire, Dictionnaire philosophique, article « Jephté ou des sacrifices de sang humain »,
Paris, Garnier Frères, 1967, pp. 256-257 ; cité partiellement par Henri Labroue, Voltaire antijuif,
Paris, Les Documents contemporains, 1942, p. 160. Dans le même sens cf., Henri Labroue,
e
« Histoire du judaïsme à la Sorbonne », La Question juive en France et dans le monde, 2 année,
o
n 7, janvier-février 1943, pp. 34-37.
206. Henri Labroue, op. cit., pp. 160-161, note 1. Si Labroue renvoie à peu près correctement à La
France juive (t. II, pp. 381-412), il mentionne à tort La France juive devant l’opinion (Paris, C.
Marpon et E. Flammarion, 1886, 308 p.), au lieu d’un essai de Drumont paru cinq ans plus tard, le
Testament d’un antisémite (Paris, E. Dentu, 1891, XI-456 p.), dont les pages 321-333 sont
consacrées à justifier l’accusation de meurtre rituel. Dans le même sens, voir Edouard Drumont,
préface à : Henri Desportes, le Mystère du sang chez les Juifs de tous les temps, Paris, Albert
Savine, 1889, pp. I-XI ; Id., préface à : Albert Monniot, Le Crime rituel chez les Juifs, Paris, Pierre
Téqui, 1914, pp. v-x. L’accusation de « Molochisme » se rencontre en effet dans l’opuscule de
Flavien Brenier, Les Juifs et le Talmud. Morale et principes sociaux des Juifs d’après leur livre
saint : le Talmud, Paris, Ligue Française Antimaçonnique, 1913, 85 p. (Voir notamment pp. 9, 70-
72, 77 [note 199]). Ainsi Labroue n’hésite-t-il pas à prendre au sérieux l’un des plus anciens et des
plus mythiques thèmes d’accusation visant les Juifs : le crime rituel. Sur cette légende qui, écrivait
Renan, « n’est rien moins qu’une folie monstrueuse », voir la récente étude historique et critique de
Marie-France Rouart, Le Crime rituel ou le sang de l’autre, Paris, Berg International, 1997.
207. Cette vision des deux « internationales » secrètement alliées dans leur œuvre commune de
destruction de la « civilisation occidentale » avait été banalisée, au cours des années trente, par la
masse des productions textuelles antijuives, notamment celles d’obédience catholique et contre-
révolutionnaire (Mgr Jouin, Léon de Poncins, etc.). Voir par exemple Léon de Poncins, Les Juifs
maîtres du monde, Paris, Bossard, 1932, p. 9 : « Juifs, les chefs socialistes d’Autriche et
d’Amérique. Juif, Léon Blum, chef du socialisme français. L’internationale du Sang. A l’autre pôle,
les hommes mystérieux de la finance internationale […]. L’internationale de l’Or. L’internationale
de l’Or et l’internationale du Sang, théoriquement adversaires farouches, en fait alliées ; toutes deux
sont dirigées par une élite de Juifs ». Ce schéma à la fois (pseudo-) explicatif et accusatoire peut se
reconnaître dans un passage devenu célèbre de l’appel du 11 juillet 1940 lancé par Pétain : « Le
capitalisme international et le socialisme international […] ont été d’autant plus funestes que,
s’opposant l’un à l’autre en apparence, ils se ménageaient l’un et l’autre en secret. Nous ne
souffrirons plus leur ténébreuse alliance » (Paroles aux Français, op. cit., pp. 57-58). Pétain fait ici
fonctionner le schème polémique en évitant de nommer la « direction juive » de la secrète
« alliance » : il pouvait compter sur une reconstruction du message total de la part des récepteurs
qui avaient intériorisé la représentation antijuive, pièce maîtresse de ce qui fonctionnait comme un
e
code culturel depuis la fin du XIX siècle, l’antisémitisme.
208. Voir Pierre Péan, Le Mystérieux Docteur Martin, 1895-1969, Paris, Fayard, 1993, puis L.G.F.,
1996, pp. 249-251.
209. Robert Labat, cité par Pierre Péan, ibid., p. 251.
210. Voir Pierre Péan, ibid., pp. 106, 230-231.
211. Voir Dominique Rossignol, Vichy et les Francs-maçons, op. cit., pp. 22, 101, 144. Labat sera
révoqué par Laval le 27 mai 1942. Pour plus de précisions sur la carrière de Labat, voir Lucien
Sabah, Une police politique de Vichy : le Service des sociétés secrètes, Paris, Klincksieck, 1996,
passim.
212. Robert Labat, cité par Pierre Péan, op. cit., p. 250. Un an plus tard, Léon de Poncins déplore
l’ignorance et le peu d’empressement des fonctionnaires français dans la lutte contre le « péril
juif » : « Sous la pression des Allemands on a bien créé des bureaux et des commissions, mais on
l’a fait à contre-cœur, leurs attributions sont restreintes et, jusqu’à présent (mars 1942), la plupart
des fonctionnaires préposés à ces questions délicates ignorent à peu près tout des problèmes qu’ils
ont à résoudre ; ils n’en comprennent ni l’ampleur, ni la gravité, ni la complexité […]. Personne n’a
encore tenté de toucher aux principes profonds qui ont permis la mainmise d’Israël sur tous les
rouages de la vie économique, sociale et politique » (Israël destructeur d’empires, Paris, 1942
[septembre], pp. 154-155). Il convient de préciser, contre ce que suggère Léon de Poncins, que c’est
seulement au cours de l’été 1942, « lorsque l’étau monstrueux de la solution finale atteignit
l’Europe occidentale, que commencèrent les pressions brutales des autorités nazies sur le
gouvernement français » (Michael R. Marrus, « La place du génocide juif dans l’histoire : les faits
et les interprétations », in François Bédarida [dir.], La Politique nazie d’extermination, Paris, Albin
Michel, 1989, p. 297).
213. Robert Labat, ibid.
214. Ibid. Cette proposition montre que Labat avait parfaitement compris la « stratégie préventive »
de l’administration française et la « politique d’anticipation » pratiquée par Vichy dès 1940 (et
poursuivie jusqu’en 1942) en matière de mesures antijuives, stratégie et politique illustrant le
« programme antijuif autonome » de Vichy, ainsi que l’a établi Robert O. Paxton, notamment dans
e o
son article : « La spécificité de la persécution des Juifs en France », Annales E.S.C., 48 année, n 3,
mai-juin 1993, pp. 605-619 (en partic. pp. 609, 611-612, 613-614).
215. Voir Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, tr. fr. C. Bertrand, nouvelle édition,
Paris, Le Seuil, 1997, pp. 212 sq. ; Philippe Burrin, La Dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery 1933-
1945, Paris, Le Seuil, 1986, pp. 329 sq., 344 sq. ; Jean-Pierre Azéma, « Vichy », in Michel Winock,
Histoire de l’extrême droite en France, Paris, Le Seuil, 1993, pp. 195 sq. ; Denis Peschanski, Vichy
1940-1944. Contrôle et exclusion, Bruxelles, Complexe, 1997, pp. 20 sq., 60 sq., 144 sq.
216. Voir Zeev Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, Paris, Armand Colin et
F.N.S.P., 1972, en partic. pp. 217 sq., 246 sq. ; Id., La Droite révolutionnaire 1885-1914. Les
origines françaises du fascisme, Paris, Le Seuil, 1978, en partic. pp. 146-244.
217. Voir notamment Pierre Pierrard, Juifs et catholiques français. D’Edouard Drumont à Jacob
Kaplan 1886-1994, Paris, Le Cerf, 1997.
218. Voir Zeev Sternhell, « 1880-1940 : un statut des Juifs dans le programme de la droite
antisémite française », in C.D.J.C., Il y a 50 ans : le statut des Juifs de Vichy, Paris, Editions du
C.D.J.C., 1991, pp. 20-21.
219. Voir Joseph Billig, Le Commissariat général aux questions juives (1941-1944), Paris,
C.D.J.C., Editions du Centre, 1955, tome I, pp. 73-75 ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op.
cit., p. 84.
220. Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, ibid. Pour plus de précisions, voir Joseph Billig, ibid.,
pp. 55-56.
221. Loi du 29 août 1940, article premier et art. 2 (extraits). Voir Jean-Paul Cointet, « Les anciens
combattants. La Légion française des combattants », in Le Gouvernement de Vichy 1940-1942.
Institutions et politiques, Paris, Armand Colin et F.N.S.P., 1972, pp. 123-143 ; Id., « La Légion
française des combattants et la question juive », in Georges Wellers, André Kaspi et Serge Klarsfeld
(dir.), La France et la question juive 1940-1944, Paris, C.D.J.C. et Editions Sylvie Messinger, 1981,
pp. 101-111 ; Id., La Légion française des combattants 1940-1944. La tentation du fascisme, Paris,
Albin Michel, 1995, en partic. pp. 28 sq., 53 sq.
222. Voir Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1941, nouvelle édition, op. cit., p. 221 ;
Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., pp. 89-96 ; Henri Lerner, « Antisémitisme et droite
o
traditionnelle en France : l’exemple Xavier Vallat », Annales du C.E.S.E.R.E., n 5, 1982, pp. 39-
51. Voir aussi Joseph Billig, op. cit., pp. 85-93 ; Eugen Weber, l’Action française [1962], tr. fr.
M. Chrestien, Paris, Stock, 1964, pp. 485 sq. ; Pierre Pierrard, Juifs et catholiques français, op. cit.,
pp. 300 sq.
223. Xavier Vallat, propos tenus lors d’une conférence de presse du début d’avril 1941, cités par
Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., p. 90. Vallat paraphrasait le communiqué de Vichy
du 17 octobre 1940 (dont nous citons ci-après de larges extraits) et l’argumentaire adressé par le
directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères à l’ambassadeur de France aux Etats-Unis
pour justifier le (premier) statut devant l’opinion américaine (18 octobre 1940), où l’on relève la
dénégation suivante : « Aucun esprit de représailles n’a inspiré la loi qui vient d’être promulguée »
(document reproduit dans Marc Olivier Baruch, Le Régime de Vichy, Paris, La Découverte, 1996,
p. 25).
224. Communiqué du gouvernement de Vichy, 17 octobre 1940 ; document cité dans : Le Statut des
Juifs de Vichy. Documentation, textes rassemblés et présentés par Serge Klarsfeld, Les Fils et Filles
de déportés juifs de France [FFDJF], 1990, et reproduit dans : Marc Olivier Baruch, Le Régime de
Vichy, op. cit., pp. 24-25.
225. Xavier Vallat, cité par Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., p. 116.
226. Les Allemands avaient, le 27 septembre 1940, pris une ordonnance visant explicitement les
Juifs en zone occupée, mais ils n’avaient rien exigé de comparable pour la zone libre (voir Joseph
Billig, op. cit., pp. 30-31 ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, ibid., pp. 20-21). Avant cette
ordonnance allemande, Vichy avait pris des mesures indirectement antijuives : l’abrogation de la loi
Marchandeau le 27 août 1940, mais aussi la promulgation de lois permettant de réviser les
naturalisations (loi du 22 juillet 1940) ou de limiter l’accès aux professions médicales et judiciaires
(lois du 16 août et du 10 septembre 1940) ainsi qu’aux emplois dans les administrations publiques
(loi du 17 juillet 1940). Voir Joseph Billig, op. cit., pp. 19-22 ; Michael R. Marrus, Robert O.
Paxton, ibid., pp. 17-18. Dans un communiqué aux journaux de la zone libre sur la « Question juive
en France », le 22 août 1940, Dominique Sordet, directeur de l’agence « Inter-France », insiste sur
le fait que les lois de juillet et d’août 1940, « sans nommer les Juifs, prescrivent certaines conditions
qui peuvent les gêner pour l’exercice de la médecine et l’accès aux emplois » (cité par Jacques
Polonski, La Presse, la propagande et l’opinion publique sous l’Occupation, op. cit., p. 34 ;
Dominique Rossignol, Histoire de la propagande…, op. cit., p. 211). Sur la concurrence (et la
course de vitesse) entre les autorités françaises et les Allemands en matière de mesures antijuives,
liées à la question de la souveraineté française, voir Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-
1944, op. cit., pp. 221 sq. ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, ibid., pp. 26-27 ; Robert O.
e o
Paxton, « La spécificité de la persécution des Juifs en France », Annales E.S.C., 48 année, n 3,
mai-juin 1993, pp. 608 sq.
227. Voir Eugen Weber, L’Action française, op. cit., en partic. pp. 225 sq., 316 sq., 413 sq., 506-
507 ; Victor Nguyen, Aux origines de l’Action française. Intelligence et politiques à l’aube du
e
XX siècle, Paris, Fayard, 1991, en partic. pp. 314-319, 332-334, 413 sq., 887 sq. ; Id., « Note sur les
problèmes de l’antisémitisme maurrassien », in Pierre Guiral, Emile Témime (dir.), L’Idée de race
dans la pensée politique française contemporaine, Paris, Editions du CNRS, 1977, pp. 139-155.
228. Robert O. Paxton, « La spécificité… », art. cit. (1993), pp. 613 sq.
229. Cité par Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., p. 83.
230. Xavier Vallat, cité par Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, ibid., p. 116. Voir aussi Robert
O. Paxton, « La spécificité… », art. cit., p. 609 (où, par une malencontreuse coquille, est
mentionnée la date inexacte du 17 juillet 1942). Sur cette revendication de paternité idéologique,
voir infra, le chapitre suivant.
231. Xavier Vallat, cité par Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, ibid., p. 116.
232. Xavier Vallat, 22 janvier 1942, cité par Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., p. 116.
233. Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, ibid.
234. Gabriel Malglaive, Juif ou Français. Aperçus sur la question juive, préface de M. Xavier
Vallat, Commissaire général aux Questions juives, Editions C.P.R.N., 1942 [ « achevé d’imprimer
le 28 février 1942 » ], 223 p. [Avec deux cartes]. Vallat écrit de ce livre qu’il est « consacré au
problème juif en France » (préface, p. 3).
235. Cf., Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., p. 199, 286. C’est
Malglaive que Vallat désigne pour diriger le « Service d’Information et de Propagande » qu’il crée
au début de 1942 dans le cadre du C.G.Q.J. Une note non datée de la direction du Commissariat
général précise ainsi l’objectif de ce service de propagande : « Mettre en valeur les raisons qui ont
amené le Gouvernement à prendre certaines mesures contre les Juifs. Ces raisons, les Juifs les
portent en eux. C’est ce qui sera démontré » (C.D.J.C., CXCV-109). Ce Service ne fonctionnera pas,
vraisemblablement en raison de l’orientation vichyssoise, à la Vallat, de la propagande antijuive
telle que son directeur la concevait : les autorités allemandes, qui s’efforçaient alors de remplacer
Vallat par Darquier à la tête du C.G.Q.J., désiraient conserver la haute main sur la propagande
antijuive. Voir Joseph Billig, Le Commissariat général…, op. cit., t. II, pp. 268-270 ; Asher Cohen,
Persécutions et sauvetages, op. cit., pp. 149-150.
236. Voir Dominique Rossignol, Histoire de la propagande en France de 1940 à 1944, op. cit.,
p. 213.
237. Ibid., p. 212, note 1.
238. Xavier Vallat, « Le problème juif », in X. Vallat, Le Nez de Cléopâtre. Souvenirs d’un homme
de droite (1919-1944), préface de Charles Maurras, Paris, Editions « Les Quatre Fils Aymon »,
1957, p. 226. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., p. 89.
239. Xavier Vallat, préface à Gabriel Malglaive, op. cit., p. 6.
240. Ibid., p. 7.
241. Ibid., p. 5.
242. Joseph Barthélemy, 9 août 1941, cité et paraphrasé d’après Michael R. Marrus, Robert O.
Paxton, op. cit., p. 88. Sur le cas Barthélemy, soit celui d’un respectable juriste qui apparaissait
comme un « homme modéré » et un « anti-antisémite », ce qui ne l’a pas empêché de signer la loi
antijuive du 2 juin 1941 et d’introduire la notion de « race » dans le projet de réforme
constitutionnelle de l’époque, voir les fines analyses de Richard H. Weisberg, Vichy, la justice et les
Juifs, op. cit., pp. 157-181.
243. Xavier Vallat, in Le Matin, 5 avril 1941 ; Le Temps, 7 avril 1941 (cités par Michael R. Marrus,
Robert O. Paxton, op. cit., p. 90).
244. Xavier Vallat remercie Gabriel Malglaive, dans sa préface au livre de ce dernier, d’avoir, « en
ces temps excessifs […], écrit un livre sans haine » (Gabriel Malglaive, op. cit., p. 4). Manière de se
démarquer de l’antisémitisme racial et brutal, attribué en propre aux Allemands.
245. Charles Maurras, La Seule France. Chronique des jours d’épreuve, Lyon, H. Lardanchet, 1941
[avril], 331 p.
246. Ibid., p. 5 (épigraphe). Quelques mois plus tard, le Maréchal lui retourne le compliment en lui
envoyant son recueil de textes et de discours paru en octobre 1941, Paroles aux Français (Lyon, H.
Lardanchet), avec cette dédicace : « Au plus français des Français » (cité par Eugen Weber,
L’Action française, op. cit., p. 489).
247. Charles Maurras, La Seule France, op. cit., pp. 194-200, première partie du chapitre X : « Juifs
et francs-maçons » (pp. 194-212).
248. Ibid., pp. 194-196. Maurras ajoute aussitôt entre parenthèses, à propos des citations de Bernard
Lazare : « Tiré de son vieux livre de 1894, L’Antisémitisme et ses causes, réimprimé en 1934 »
(ibid., p. 196). Voir Bernard Lazare, L’Antisémitisme, son histoire et ses causes, Paris, Léon
Chailley, 1894 ; nouvelle édition, Paris, Jean Crès, 1934, [2 vol.], vol II, pp. 184 et 186. Ce livre de
Bernard Lazare est cité et exploité dès les premières pages du livre de Jean Drault, Histoire de
l’antisémitisme, Paris, Editions C.-L. [Calmann-Lévy « aryanisées » ], 1942, pp. 7-12. C’est chez
« le Juif Bernard Lazare » que les antisémites de tradition drumontienne croient avoir trouvé la
preuve, ou l’aveu, de ce que « les créateurs de l’antisémitisme sont les Juifs eux-même » (Jean
Drault, op. cit., p. 7). Voir aussi Henri Labroue, « L’histoire du judaïsme à la Sorbonne », La
e o
Question juive en France et dans le monde, 2 année, n 7, janvier-février 1943, p. 35. Des extraits
du premier chapitre du livre de Bernard Lazare sont publiés, sous le titre « L’antisémitisme, son
histoire et ses causes vues… par un Juif », dans le volume Je vous hais ! (Paris, imprimé dans la
e
2 quinzaine d’avril 1944, pp. 134-136), recueil de textes antijuifs dus à des auteurs
collaborationnistes, publié à l’intitiative de Henry Coston.
249. Charles Maurras, ibid., p. 196.
250. Eugen Weber, op. cit., p. 506.
251. Eugen Weber, op. cit., pp. 506-507 ; Asher Cohen, op. cit., pp. 159-160. Voir l’Action
er
française des 29 août, 13 septembre, 31 octobre et 1 décembre 1940, et des 6-8 octobre 1941.
252. Ibid., pp. 196-197.
253. Xavier Vallat, Le Nez de Cléopâtre, op. cit., p. 226. Sur la « théorie des quatre Etats
confédérés » chez Maurras, voir Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, op. cit.,
t. I, pp. 118-138.
254. Charles Maurras, La Seule France, op. cit., p. 196, note 1 (souligné dans le texte).
255. Xavier Vallat, Le Nez de Cléopâtre, op. cit., p. 221 : « Le mot [“antisémitisme”] comporte une
adhésion au principe racial que, pour ma part, j’ai toujours rejeté. Premièrement parce que la race
juive est, scientifiquement, une ânerie. Deuxièmement, parce que le préjugé de la race, qui choque
d’une manière générale l’esprit français, est totalement incompatible avec l’esprit chrétien ».
256. Ibid. Dans le même sens, Vallat déclare lors de son procès, début décembre 1947 : « Dans la
législation française, il n’y a pas imitation de la législation d’un régime totalitaire quelconque : il y
a fidélité à une tradition antijuive d’Etat, qui peut trouver des précédents, aussi bien dans le passé
historique de notre propre nation que dans celui de la chrétienté » (audience du 3 décembre 1947, in
Le Procès de Xavier Vallat présenté par ses amis, Paris, Editions du Conquistador, 1948, p. 77).
257. Xavier Vallat, préface à Gabriel Malglaive, op. cit., p. 6.
258. Ibid., p. 8.
259. Cf., Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., p. 89.
260. Voir Marc Knobel, « Un événement bien parisien en 1941 : une cérémonie à la mémoire
o
d’Edouard Drumont », Yod, n 19, 1984, pp. 59-65.
261. L’Appel, 22 mai 1941.
262. Xavier Vallat, préface à Gabriel Malglaive, op. cit., p. 6.
263. Ibid., p. 5.
264. Gabriel Malglaive, op. cit., pp. 211, 215.
265. Voir Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., pp. 114-117.
266. Ibid., p. 263.
267. Ibid., p. 117.
268. Cf., Joseph Billig, Le Commissariat général aux questions juives (1941-1944), Paris, C.D.J.C.,
Editions du Centre, 1955, t. I, pp. 56 sq., 73 sq.
re o
269. Gérard Mauger, « Billet politique », L’Ethnie française, 1 année, n 2, avril 1941, p. 26.
Gérard Mauger était un disciple de Montandon, et un inconditionnel des thèses de celui-ci. Voir
Joseph Billig, Le Commissariat général aux questions juives (1941-1944), Paris, C.D.J.C., Editions
du Centre, 1957, t. II, pp. 312-315.
270. Voir Joseph Billig, le Commissariat général…, op. cit., t. I, p. 55 ; Michael R. Marrus, Robert
O. Paxton, Vichy et les Juifs, op. cit., pp. 84, 263.
271. Gérard Mauger, « Billet politique », art. cit., p. 26.
272. Gérard Mauger de la Branière signe ainsi un article « scientifique » sur « les Juifs devant
l’anthropologie moderne », paru le 25 août 1941 dans Lectures 40 (pp. 35-36), où il se montre un
montandonien très orthodoxe. De la même facture, du Maître : George Montandon, « L’ethnie juive
o
et le type racial juif », Revue internationale des sociétés secrètes, n 12, 15 juin 1939, pp. 375-384 ;
Id., Comment reconnaître et expliquer le Juif ?, Paris, Nouvelles Editions françaises [Denoël], 1940
[novembre], pp. 7-35. Dans sa leçon inaugurale du 15 décembre 1942 à la Sorbonne, Henri Labroue
cite les travaux « scientifiques » du « raciologue » Montandon et de l’« anthropologue » Mauger
(art. cit., La Question juive…, janvier-février 1943, pp. 28-29).
o
273. Gérard Mauger, « Billet politique », L’Ethnie française, n 2, avril 1941, p. 26.
274. Voir George Montandon, L’Ethnie française, Paris, Payot, 1935, pp. 9-36 ; id., « Mise au point
de raciologie : le problème des races. L’ethnie juive devant la science », les Cahiers du Centre
re o
d’examen des tendances nouvelles [Bruxelles], 1 année, n 1, septembre 1938, pp. 5-21 ; Id.,
e o
« Définitions », L’Ethnie française, 3 année, n 8, mai-juin 1943, pp. 2-4.
re
275. Voir George Montandon, « Ce que signifie l’ethnie française », L’Ethnie française, 1 année,
o
n 1, mars 1941, pp. 2-4. Cette analyse de la « composition raciale » de la population de la France
est reprise pour l’essentiel par l’historien et critique littéraire Jacques Boulenger (1879-1944),
collaborateur du quotidien doriotiste Le Cri du peuple puis de Je suis partout (du 29 octobre 1943
e
au 16 août 1944), dans son livre Le Sang français, Paris, Denoël, 1943 [4 trimestre], en partic. pp.
311-313. La distinction entre les trois « races » constituant la population de l’Europe est
directement empruntée à Georges Vacher de Lapouge, qui la présente et s’efforce de l’établir
scientifiquement dès le chapitre premier des Sélections sociales (Paris, A. Fontemoing, 1896, pp.
10-28). Voir Pierre-André Taguieff, La Couleur et le sang. Doctrines racistes à la française, Paris,
Editions Mille et une nuits, 1998, pp. 123 sq.
o
276. Gérard Mauger, « Billet politique », L’Ethnie française, n 1, mars 1941, p. 21.
o
277. Gérard Mauger, « Billet politique », L’Ethnie française, n 2, avril 1941, p. 26. Voir aussi
Gérard Mauger, « Vers le statut du Juif », Au pilori, 17 avril 1941 (l’auteur se présente comme
« ancien élève de l’Ecole d’Anthropologie de Paris »).
278. Ibid. Ce motif d’accusation avait été lancé dès l’été 1940 par Jean Drault (« Vichy-Ghetto »,
La France au travail, 7 août 1940). Voir aussi Clément Serpeille de Gobineau, « La Troisième
République française et ce qu’elle a valu », in Arthur de Gobineau, La Troisième République
française et ce qu’elle vaut, Paris, Pierre Lagrange, 1943 [décembre], pp. 264-265.
279. Gérard Mauger, ibid.
280. Ibid. Parallèlement, Au pilori orchestre une violente campagne contre Vallat. Voir par
exemple : Jean Méricourt, « Sauvetage des Juifs ? », Au Pilori, 3 avril 1941, p. 1 ; Louis Thomas,
« Paris et les Juifs », Au pilori, 8 mai 1941, p. 3 ; Jean Méricourt, « Faillite de Maître Xavier
Vallat », Au pilori, 4 septembre 1941, p. 1 ; Id., « Le scandale du Commissariat aux Juifs », Au
pilori, 23 octobre 1941, p. 3 ; Id., « Un peu de pudeur, M. Vallat ! », Au pilori, 19 mars 1942, p. 1.
o
281. Gérard Mauger, « L’affaire Montandon », L’Ethnie française, n 3, mai-juin 1941, pp. 3-4.
282. Ibid., p. 4. La dénonciation de « ceux qui font profession d’antiracisme » est un lieu commun
du discours antijuif, qu’on rencontre souvent dans des contextes argumentatifs où, par une stratégie
de rétorsion, le racisme est attribué aux Juifs comme leur « invention » propre, qu’ils veulent
d’autant moins reconnaître qu’ils professent l’« antiracisme ». Voir par exemple Jacques Boulenger,
« Racisme des antiracistes », Aujourd’hui, 25 juin 1943, pp. 1 et 2 ; Pierre Clémenti, « Notre
o
position devant le Juif », Le Pays libre, n 100, 9 janvier 1944, p. 3 ; Henri Poulain, « Veut-on enfin
en France protéger la race ? », Je suis partout, 30 avril 1943.
283. Gérard Mauger, ibid., p. 4. Par décret du 27 juillet 1941, Montandon recouvre la nationalité
o
française (voir L’Ethnie française, n 5, septembre 1941, p. 1).
284. Gérard Mauger, « L’affaire Montandon », art. cit., p. 4.
285. Lyon, H. Lardanchet, 1941 [achevé d’imprimer le 15 avril].
re o
286. « Echos », L’Ethnie française, 1 année, n 4, juillet 1941, pp. 24-25.
287. La rédaction de la revue, quelques mois plus tard, oppose « les forces aryennes » aux « forces
o
afro-syriaques et judéo-maçonnes » (« Au “Journal officiel” », L’Ethnie française, n 5,
septembre 1941, p. 1). Dans la dernière livraison de sa revue, Montandon revient à l’antithèse
banale et sloganique « le Juif » versus « l’Aryen » (George Montandon, « Loi trompeuse »,
o
L’Ethnie française, n 10, avril 1944, p. 4, note).
re o
288. « Notre but » [signé « L’Ethnie française » ], L’Ethnie française, 1 année, n 1, mars 1941,
p. 1.
o
289. George Montandon, « L’aryanisme français », L’Ethnie française, n 2, avril 1941, p. 2. Voir
o
aussi : Gérard Mauger, « Le Comte Arthur de Gobineau et son œuvre », L’Ethnie française, n 2,
avril 1941, pp. 14-18 ; George Montandon, « Georges Vacher de Lapouge », L’Ethnie française,
o
n 3, mai-juin 1941, pp. 5-9 ; A.G. de Champlis, « La France et la pensée raciale », ibid., pp. 13-14 ;
o
George Montandon, « L’étudiant français et la science ethnique », L’Ethnie française, n 6,
mars 1942, pp. 1-6.
290. George Montandon, « L’aryanisme français », art. cit., p. 3.
291. Ibid.
292. Ibid.
293. Gérard Mauger, « L’affaire Montandon », art. cit., pp. 2-3.
294. Voir George Montandon, Comment reconnaître et expliquer le Juif ?, Paris, Nouvelles
Editions françaises, collection « Les Juifs en France » (vol. 1), 1940 [novembre], p. 4 : sous la
rubrique « Du même auteur », on lit notamment : « En manuscrit : L’Ethnie juive ou Ethnie
putain ». Début juillet 1940, Montandon expliquait la défaite de la France par « l’effondrement
démographique » de « l’ethnie française » et surtout l’influence pernicieuse de la « communauté
ethnique juive » : « En sus de ses fautes à elle, la nation française avait été empoisonnée par l’esprit
de l’ethnie putain » (« Les Juifs démasqués », La France au travail, 2 juillet 1940). Cette
« appellation scientifique » [sic] est justifiée, selon le « savant ethnologue », par la « luxure » de
« l’ethnie judaïque » et « le fait que cette communauté, au lieu de servir une patrie, un pays, se met,
comme une fille publique, au service de tous les pays » (ibid.). Montandon se flatte d’avoir
précédemment publié un « mémoire » dans la revue raciste italienne La Difesa della Razza, le
5 novembre 1939 (pp. 18-23), sous le titre « Détermination psychologique de l’ethnie judaïque :
“l’ethnie putain” ». Voir infra, l’étude de Marc Knobel. En mai 1943, Montandon redéfinit
« l’ethnie juive », d’une part, comme une « association de filous » ou « association filoutaire », une
« bande de “gangsters” » dont le « langage spécial » ou l’« argot propre » et « international » serait
« le yiddisch » et, d’autre part, comme une « communauté ethnique prostituée » (George
Montandon, « Ethnoraciologie judaïque. Sociologie de l’ethnie juive », L’Ethnie française,
e o
3 année, n 8, mai 1943, pp. 7-9).
295. George Montandon, « Les mauvais bergers », La France au travail, 10 juillet 1940 (cité par G.
Mauger, ibid., p. 3). Ce quotidien avait été lancé le 30 juin 1940. Qu’il soit en rivalité avec
Montandon n’empêche pas Serpeille de Gobineau de dénoncer et de « combattre ouvertement, avec
violence, tous les disciples de Maurras et particulièrement les antisémites non racistes » (Clément
Serpeille de Gobineau, « Les antijuifs non racistes sont dangereux », Au pilori, 18 décembre 1941,
p. 6). Et Serpeille, en bon agent d’influence des autorités d’occupation, vise particulièrement le
Commissaire général Vallat : « Parmi les gens de droite, on se disait antijuif certes, antimaçon, mais
toujours aussi antiraciste. […]. Cette tendance a sécrété des antijuifs non racistes de l’espèce de
Xavier Vallat, particulièrement dangereux, lui, du fait du poste qu’il occupe » (ibid.).
296. George Montandon, « Ethno-raciologie judaïque… », art. cit., p. 9. Cet article reproduit la
leçon inaugurale des cours professés à l’Institut d’étude des questions juives et ethnoraciales
(I.E.Q.J.E.R.), inauguré le 24 mars 1943 en présence de Darquier de Pellepoix, Commissaire
général aux questions juives. Montandon venait d’être nommé directeur de l’I.E.Q.J.E.R. Les autres
« professeurs » et « chargés de cours » de l’Institut étaient : Armand Bernardini (« généalogie
sociale » et onomastique juive), Charles Laville (« judéo-cratie »), Pierre Villemain (« philosophie
ethno-raciale »), Jean Héritier (histoire) ; cf., le « programme des cours » de l’I.E.Q.J.E.R. dans
o
L’Ethnie française, n 8, mai 1943, p. 32. Sur cet Institut dirigé par Montandon, voir Joseph Billig,
Le Commissariat général…, t. II, pp. 310-315 ; Id., L’Institut d’étude des questions juives, Paris,
C.D.J.C., Editions du Centre, 1974, pp. 79-80 ; Jean Laloum, La France antisémite de Darquier de
Pellepoix, Paris, Syros, 1979, pp. 73 sq. ; Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs,
op. cit., pp. 198, 274-277 ; Claude Singer, Vichy, l’Université et les Juifs, op. cit., pp. 204-205 ;
Asher Cohen, Persécutions et sauvetages, op. cit., pp. 349 sq.
e o
297. George Montandon, « La qualité de Juif », L’Ethnie française, 3 année, n 9, juillet 1943,
p. 4.
298. Ibid.
o
299. Formule d’autoprésentation, dans L’Ethnie française, n 10, avril 1944, p. 1.
300. George Montandon, « La qualité de Juif », art. cit., p. 4.
301. Ibid.
302. Ibid.
303. Gérard Mauger, « Bibliographie » [sur Hubert Thomas-Chevallier, La Protection légale de la
race. Essai sur les lois de Nuremberg, Paris, Presses Universitaires de France, 1942], L’Ethnie
o
française, n 9, juillet 1943, p. 40.
304. On notera que le « péril juif » peut être traduit et dénoncé soit dans une langue raciste,
fonctionnant avec des métaphores bio-médicales (« cancer », etc.), soit dans une langue
« spiritualiste », où la hantise fondamentale est celle d’une « judaïsation » des esprits, imaginée
comme une forme pathologique de contagion mentale. Voir par exemple Léon de Poncins, Israël
destructeur d’empires, op. cit., p. 155 : « Les mesures de répression personnelle ne mèneront à rien
de durable si l’esprit judaïque demeure et inspire toujours notre vie publique. […] Le péril juif n’est
devenu menaçant pour l’Occident qu’au jour où celui-ci s’est laissé contaminer par l’esprit
judaïque ».
305. Armand Bernardini, « Pour la création d’un office de l’état civil familial », L’Ethnie française,
o
n 4, juillet 1941, p. 16.
306. Le titre d’un article tardif du directeur de l’I.E.Q.J.E.R. définit son programme antijuif
e o
minimal : « Interner ! Déporter ! », La Question juive en France et dans le monde, 3 année, n 12,
janvier 1944, pp. 26-38.
307. Comte Armand de Puységur, Les Sangsues de Marianne. Nos parlementaires, Paris,
Baudinière, s.d. [1943], p. 138. Dans sa préface, l’auteur précise que « ce livre est écrit depuis
mars 1942 » (ibid., p. 9). Nous respectons ici l’usage de la minuscule dans l’expression « le juif »,
telle qu’elle apparaît chez Puységur en 1943, dans ce pamphlet illustrant la littérature antijuive de
tradition drumontienne telle que la produisait l’extrême droite collaborationniste.
308. Voir par exemple les brochures inspirées par les Protocoles des Sages de Sion : Pierre Milès,
Voici la Cause de nos maux : la Juiverie, Paris, Sorlot, s.d. [1938] ; Institut d’étude des questions
juives, Français !… Il faut redevenir [sous-titre en première page de couverture : « Lisez le terrible
diagnostic de notre mal. Le virus c’est le Juif. Vite ! Car il y a des maux qu’on connaît trop tard tel
le cancer » ], Paris, Editions nouvelles, 1942.
309. Pierre Costantini, « Juifs et enjuivés », L’Appel, 25 décembre 1941, p. 1.
310. Comte Armand de Puységur, ibid., p. 138.
311. Paris, Baudinière, s.d. [1942], 128 p. Pascal Fouché mentionne ce pamphlet parmi les « actions
de propagande en 1942 » (L’Edition française sous l’Occupation, op. cit., vol. I, p. 277).
Cependant, le même livre est mentionné sous la rubrique « Livres parus » dans le premier numéro,
daté de février-mars 1942, de La Question juive en France et dans le monde, qui donne 1941 en tant
qu’année de parution. Le plus vraisemblable est de supposer que ce pamphlet, s’il a été imprimé à la
fin de 1941, n’est sorti que début 1942.
312. Comte Armand de Puységur, ibid., p. 9.
313. ibid., p. 125.
314. Le tirage de Paris-Soir était de 1 150 000 en mai 1940, il se réduira à 286 000 en mai 1944.
Sur l’usage, dans la polémique antijuive, des métaphores parasitologiques, biologico-médicales et
hygiénistes (« poux », « épouillage », etc.), en particulier dans la grande presse quotidienne (Le
Petit Parisien, Paris-Soir, Le Matin), voir David Ball, « Des poux et des hommes la “solution
e o
finale” dans les quotidiens en 1942 », Les Temps Modernes, 52 année, n 591, décembre 1996-
janvier 1997, pp. 146-173).
315. Comte Armand de Puységur, Les Sangsues de Marianne, op. cit., pp. 138-139.
316. ibid., p. 147. Ces énoncés se rencontrent dans la plupart des brochures et des livres de
propagande antijuive d’allégeance collaborationniste. Voir par exemple Henri Faugéras, Les Juifs,
peuple de proie, Paris, Les Documents contemporains, 1943 [avril], p. 9 : « Les Juifs sont au centre
de tous les problèmes intéressant l’Europe et notre Révolution nationale » ; p. 89 : « Le Juif est
l’ennemi né des autres hommes et le peuple juif est l’ennemi héréditaire des autres peuples […]. La
France nationale doit considérer les Juifs campés sur son sol comme les sujets d’un peuple avec
lequel elle est en état de guerre ». Sur « Les Documents contemporains », émanation des Editions
Le Pont, elles-mêmes appartenant à l’Ambassade d’Allemagne, voir Pierre-Marie Dioudonnat,
L’Argent nazi à la conquête de la presse française (1940-1944), Paris, Picollec, 1981, pp. 106-127 ;
Pascal Fouché, L’Edition française sous l’Occupation, op. cit., vol. I, pp. 249-250.
317. Comte Armand de Puységur, Qu’était le juif…, op. cit., p. 11.
318. ibid., p. 12.
319. ibid., p. 114. Léon de Poncins raillait ceux qui, sous l’« influence juive », soutenaient que
l’antisémitisme « avait été inventé par Hitler », alors que l’antisémitisme est « vieux de trois mille
ans, commun à toutes les races, à toutes les civilisations et à toutes les traditions spirituelles »,
(Israël destructeur d’empires, op. cit., [septembre 1942], p. 154). Ce postulat était présenté comme
une vérité factuelle par Robert Brasillach dans son éditorial du premier numéro spécial de Je suis
partout consacré à la « question juive » : « Tous les peuples ont été antisémites […]. Tous les
régimes […]. C’est là un fait contre lequel ne peuvent rien les plus puissantes clameurs » (« La
o
question juive », Je suis partout, n 386, 15 avril 1938 : « Les Juifs »). Dans ce numéro spécial de
Je suis partout dont les articles avaient été écrits ou rassemblés par Lucien Rebatet, il s’agissait
notamment pour celui-ci, désireux de fixer sa « doctrine » en la matière, de montrer « l’universalité
de l’antisémitisme ». Voir Robert Belot, Lucien Rebatet…, op. cit., p. 217.
320. Le théoricien antisémite Hermann de Vries de Heekelingen résumait ainsi cette vision :
« L’antisémitisme s’est montré parmi tous les peuples et dans tous les âges, parmi toutes les
religions et dans toutes les civilisations. Partout, il a parcouru les mêmes étapes. […]. Installation
[…]. Affermissement. […]. Apogée. […]. Résistance. […]. Hostilité ouverte » (Israël. Son passé.
Son avenir, Paris, Librairie académique Perrin, 1937, pp. 11-12). Voir supra, mon Introduction (I).
Hermann de Vries de Heekelingen était un collaborateur régulier de la Revue internationale des
Sociétés secrètes, créée par Mgr Jouin en janvier 1912 et dirigée par ce très actif diffuseur des
Protocoles jusqu’à sa mort en juin 1932. La R.I.S.S. sera dirigée ensuite par le chanoine Schaeffer
(† 1940), proche de l’Action française, président de la Ligue franc-catholique créée par Mgr Jouin
(Ralph Schor, L’Antisémitisme en France…, op. cit., pp. 29,33 ; Pierre Pierrard, Juifs et catholiques
français…, op. cit., pp. 159-161, 253-255, 263-265).
321. Comte Armand de Puységur, Les Sangsues de Marianne, op. cit., pp. 147-148.
322. Louis Thomas, Les Raisons de l’antijudaïsme, Paris, Les Documents contemporains, 1942
[mars], p. 222.
323. André Chaumet et H.-R. Bellanger, Les Juifs et nous, Paris, Editions Jean-Renard, 1941
[janvier], pp. 179, 194 (soul. dans le texte). Prudent sur la question, Marcel Déat se prononce
clairement, au printemps 1943, en faveur de la solution sioniste, sans pour autant préciser le lieu qui
permettrait d’établir le futur Etat juif : « Un territoire, un Etat, une nation, voilà le magnifique
cadeau que l’Europe se déclare prête à offrir aux Juifs. Mais à une condition, c’est qu’ils soient tous
résidents et domiciliés effectifs dans ce territoire » (« Vers un Etat juif ? », Revivre [ex-Cahier
jaune], 5 mai 1943, p. 6). Voir infra, partie « Documents ». Quant à Montandon, partisan lui aussi
de la « solution sioniste », son ultime message est le suivant : « Il s’agit […] non pas tant d’un
sionisme-patrie que d’un sionisme-prison » (compte rendu de Léon Brasat, Synthèse de la question
e o
juive [Paris, Sorlot, 1943], L’Ethnie française, 4 année, n 10, avril 1944, p. 31).
324. E. Fayolle-Lefort, Le Juif cet inconnu, Paris, Les Editions de France, 1941 [février], pp. 114,
119. Fayolle-Lefort avait auparavant publié, anonymement, un pamphlet antijuif en forme
d’autobiographie : Est-ce que je deviens antisémite ? (Paris, Les Editions de France, 1938). C’est lui
qui lance, dans l’hebdomadaire de Costantini, ce qu’il ose nommer « Une grande enquête de
re o
L’Appel. Faut-il exterminer les Juifs ? » (L’Appel, 1 année, n 35, 30 octobre 1941, p. 1). Il
o
publiera un article dans L’Ethnie française (n 7, janvier 1943, pp. 32-35 : « Le Juif schizoïde »).
Les Editions de France s’étaient spécialisées dans la publication d’ouvrages de propagande
collaborationniste ; voir Pascal Fouché, L’Edition française…, op. cit., passim.
325. Comte Armand de Puységur, Les Sangsues de Marianne, op. cit., p. 250. Dans le même sens,
voir Lucien Pemjean, « Pour une Europe sans Juifs », Au pilori, 23 décembre 1943, p. 1.
326. Saul Friedländer a proposé de caractériser l’antisémitisme hitlérien comme un « antisémitisme
rédempteur » (L’Allemagne nazie et les Juifs, vol. 1 : Les années de persécution 1933-1939, tr. fr.
M.-F. de Paloméra, Paris, Le Seuil, 1997, p. 15).
327. Claude Vacher de Lapouge, préface [mars 1943] à : Hubert Thomas-Chevallier, Le Racisme
français, Nancy, Georges Thomas, 1943, p. IX. Cette préface reprend et développe le discours
prononcé par Lapouge à Paris le 22 décembre 1942, en présence de Darquier, lors de la séance
d’inauguration de l’Institut d’anthropo-sociologie (créé le 23 novembre 1942), dont il venait d’être
nommé président. Sur cet Institut qui ne fonctionnera que quelques mois (décembre 1942-mars
1943), voir Joseph Billig, Le Commissariat général aux questions juives, op. cit., t. II, pp. 306-310 ;
Claude Singer, Vichy, l’Université et les Juifs, op. cit., p. 204 ; Asher Cohen, Persécutions et
sauvetages, op. cit., pp. 348-349. Né le 28 septembre 1886, Claude Vacher de Lapouge venait
e
d’atteindre sa 56 année lorsque la présidence de l’Institut d’anthropo-sociologie lui fut confiée (il
mourra en 1963). Sur le fondateur de l’« anthroposociologie », Georges Vacher de Lapouge (1854-
1936), voir Pierre-André Taguieff, La Couleur et le sang. Doctrines racistes à la française, Paris,
Editions Mille et une nuits, 1998, pp. 91-163 (et bibliographie, pp. 194-204).
328. Ce jugement flatteur, dû à Jacques Chardonne (Voir la figure, Paris, Grasset, 1941, p. 42),
avait été largement diffusé par l’éditeur allemand de Fabre-Luce (Philippe Burrin, La France à
l’heure allemande 1940-1944, Paris, Le Seuil, 1997, pp. 408, 536-537, note 14).
329. Alfred Fabre-Luce, Journal de la France, mars 1939-juillet 1940, Paris, J.E.P., 1941 [achevé
e
d’imprimer le 20 janvier], 2 partie, ch. I (« Hitlérisme français »), pp. 203-229. Ce chapitre
disparaît dans l’édition dite « définitive » du Journal de la France, 1939-1944, Genève, C.
Bourquin (Les Editions du Cheval Ailé), 1946, 2 vol. (Réédition, Paris, Fayard, 1969, en 1 vol.).
330. ibid., pp. 224, 228. Au printemps de l’année suivante, Alfred Fabre-Luce, rallié à la politique
de Laval, publie son Anthologie de la Nouvelle Europe (Paris, Pion, 1942), sa contribution à une
doctrine de la collaboration, où il se propose de « montrer à l’étranger », notamment, que « les
lettres françaises avaient leur part d’honneur et de responsabilité dans la création du monde où nous
entrons [c’est-à-dire le “nouvel ordre européen”] » (op. cit., p. II). Parmi les « pères spirituels de
l’Europe de 1940 » (p. IV), Fabre-Luce classe bien sûr Gobineau, mais aussi Renan et Maurras,
lance au passage que « Proudhon, Michelet, Quinet […] traitaient déjà des thèmes nationaux-
socialistes » (p. III). De Gobineau et de Georges Sorel, Fabre-Luce écrit sans sourciller : « Deux
hommes qui passèrent d’abord assez inaperçus dans leur pays d’origine, mais qui y ont exercé l’an
dernier [1940] une singulière influence, par l’intermédiaire de leurs illustres disciples : Adolf Hitler
er
et Benito Mussolini » (ibid.) ; précisons que ces propos de Fabre-Luce sont datés du 1 août 1941
(p. XLV). En 1940, dans la France occupée, Firmin-Didot avait réédité l’Essai sur l’inégalité des
races humaines de Gobineau, qui fait l’objet d’un nouveau tirage en 1941 (cf., Pascal Fouché,
L’Edition française sous l’Occupation, op. cit., vol. I, pp. 87, 242). Quant au cliché d’un Gobineau
théoricien de l’antisémitisme, il est réactivé et propagé par les milieux journalistico-littéraires de la
collaboration parisienne : l’Essai de Gobineau figure ainsi parmi les « ouvrages à lire et à
consulter » indiqués par George Montandon dans son pamphlet antijuif déguisé en manuel
« scientifique », paru à la fin de novembre 1940, Comment reconnaître et expliquer le Juif ? (Paris,
Nouvelles Editions françaises [Denoël], 94 p.), l’Essai voisinant avec Bagatelles pour un massacre
de Céline, La France juive de Drumont, Vers un racisme français de René Gontier, La Mystérieuse
internationale juive de Léon de Poncins et Le Juif ou l’internationale du parasitisme de Georges
Saint-Bonnet, parmi d’autres « classiques » de l’antisémitisme doctrinal (p. 91). Or, loin de
permettre de justifier le jugement d’un Gobineau antisémite, la lecture de l’Essai conduit bien plutôt
à vérifier le relatif bien-fondé de l’accusation, lancée par Céline en 1947, d’un Gobineau
« philosémite » (cf., Pierre-André Taguieff, La Couleur et le sang, op. cit., pp. 29-31, 161).
331. Pierre Drieu la Rochelle, « Pensées urgentes », La Gerbe, 14 novembre 1940 ; repris dans Ne
plus attendre. Notes à leur place, Paris, Grasset, 1941 [janvier], p. 43. On notera au passage que
Drieu, dans de nombreux textes de ce type (où il pointe les prétendus inventeurs ou précurseurs
français du « fascisme »), a élaboré un modèle d’interprétation idéologico-politique du « fascisme »
qu’une certaine historiographie s’est contentée de retraduire en termes académiques. C’est, dans une
certaine mesure, le cas des travaux par ailleurs remarquables de Zeev Sternhell, fondés sur le
postulat des « origines françaises du fascisme », qu’il situe dans les divers courants de la « droite
révolutionnaire », de 1885 à 1914 (La Droite révolutionnaire…, op. cit.). L’histoire des idées
politiques tend à se réduire dès lors – l’érudition en plus – à un simple décalque de schémas d’actes
d’appropriation idéologique, liés à des stratégies de légitimation et de mobilisation.
332. Claude Vacher de Lapouge, préface in Hubert Thomas-Chevallier, op. cit., p. IX. Voir aussi T.
Chastel, « Racisme français », Le Réveil du peuple, 15 mai 1943 (compte rendu). Gérard Mauger
classait Gobineau et Lapouge parmi les « précurseurs », en France de « l’ethno-racisme », les autres
« principaux ethno-anthropologues français » étant Broca, Quatrefages, Manouvrier, Topinard,
o
Montandon et Vallois (« Le Comte Arthur de Gobineau et son œuvre », L’Ethnie française, n 2,
avril 1941, p. 14). Dans un article paru un an plus tard, Montandon mentionne les mêmes auteurs, à
l’exception de Vallois (« Rassenforschung und Antisemitismus in Frankreich », Weltkampf, cahier
2, avril-juin 1942, pp. 89-97). Drumont y est cité en tant que « polémiste et historien antisémite »,
ainsi distingué des représentants de l’« étude » ou de la « recherche raciale » à la française (p. 97).
Weltkampf était la publication trimestrielle de l’Institut pour l’Etude de la question juive (Francfort),
créé à l’initiative d’Alfred Rosenberg, et dont l’inauguration avait eu lieu en mars 1941. Le premier
cahier de cette revue se prétendant « scientifique » (sous-titrée : « Die Judenfrage in Geschichte und
Gegenwart » [la question juive dans l’histoire et dans les temps présents]) était sorti au printemps
1941. Voir Joseph Billig, Alfred Rosenberg dans l’action idéologique, politique et administration
du Reich hitlérien, Paris, C.D.J.C., Editions du Centre, 1963, pp. 72-85.
333. Voir George L. Mosse, Toward the Final Solution. A History of European Racism, Londres,
J.M. Dents, 1978, p. 62 ; Pierre-André Taguieff, La Force du préjugé, Paris, La Découverte, 1988,
puis Gallimard, 1990, p. 523, note 41 ; Id., La Couleur et le sang, Paris, Mille et une nuits, 1998,
pp. 57-58.
334. Henri Labroue, Voltaire antijuif, Paris, Les Documents contemporains, 1942, 262 p.
re o
335. Henri Labroue, « Voltaire antijuif », La Question juive…, 1 année, n 1, février-mars 1942,
pp. 15-30. Du livre, cet article reprend notamment une partie de l’introduction, des passages des
chapitres VI (« Déficients intellectuels »), x (« L’argent ! l’argent ! »), XII (« Cruauté des Juifs ») et
XVI (« Pourquoi ils sont détestés »), ainsi que la conclusion tout entière.
o
383. Le Cahier jaune, n 9, octobre 1942, p. 2 de couverture. Trois jours après la leçon inaugurale
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383. Le Cahier jaune, n 9, octobre 1942, p. 2 de couverture. Trois jours après la leçon inaugurale
(15 décembre 1942) de Henri Labroue, titulaire de la chaire d’histoire du judaïsme à la Sorbonne, Je
suis partout en publie un compte rendu titré « Drumont à la Sorbonne », signé Henri Landon
(18 décembre 1942), qui se termine par un hommage à l’auteur de La France juive : « Il est bon
[…] de pouvoir évoquer ici Drumont et de penser au tardif triomphe du lutteur solitaire ».
384. Voir le rapport de la Propaganda-Staffel du 13 décembre 1941 (C.D.J.C., LXXV-236), où est
précisée la désignation des rédacteurs en chef du Cahier jaune : « André Chaumet de Paris-Soir et
[C.-E.] Duguet du Matin. Les deux sont, depuis 1935, correspondants du “Service mondial” et ils
sont des spécialistes attitrés dans le domaine de la propagande antijuive ». Voir Joseph Billig, Le
Commissariat général…, op. cit., t. II, pp. 286-287.
385. « Nos lettres de noblesse », art. cit. [Commentaire non signé, mais attribuable à A. Chaumet].
386. Marc Angenot, Ce que l’on dit des Juifs en 1889. Antisémitisme et discours social, Saint-
Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 1989, p. 24.
387. Christophe Prochasson, « Les années 1880 : au temps du boulangisme », in Michel Winock
(dir.), Histoire de l’extrême droite en France, Paris, Le Seuil, 1993, p. 70.
388. Xavier Vallat écrit à Jean Drault le 10 mars 1942 : « Je n’oublie pas la publication de votre
conférence sur Edouard Drumont mais j’attendais d’avoir fait quelques économies sur les fonds
modestes dont je puis disposer pour ma propagande pour pouvoir les affecter à votre imprimeur »
(C.D.J.C., CXI-22 ; voir Joseph Billig, Le Commissariat général…, op. cit., t. II, p. 269). Parmi les
personnalités invitées par Sézille, au nom de l’Institut d’étude des questions juives, lors de la
« journée Drumont » (le 24 septembre 1941), on relève les noms de Xavier Vallat (qui s’y fait
représenter) et de Clément Serpeille de Gobineau, qui ne cessait pourtant alors de dénoncer
l’« antisémitisme d’Etat » du Commissaire général, et ce, au nom de son propre « antisémitisme
racial » ; voir par exemple Serpeille de Gobineau, « L’antisémitisme d’Etat », Au pilori, 5 juin
1941, pp. 1 et 6. Serpeille n’en est pas moins aussi sévère pour Montandon, dont il rejette
notamment la notion d’« ethnie juive », qui implique d’attacher une « très grande importance à la
religion pour repérer les Juifs », alors que le « racisme antijuif » bien compris doit supposer que
« c’est la race juive qui sécrète sa religion » (« Mises au point sur le racisme », Au pilori, 12 février
1942, p. 1). Montandon réagit par une mise au point violemment polémique envoyée à la presse,
provoquant une réplique venimeuse de Serpeille, qui donne dans l’argument ad hominem, comme le
montre cette lettre du 26 février 1943, où il résume les « arguments » avancés le même jour dans Au
pilori : « 1° Le Dr Montandon est un niais. […]. 2° Le Dr Montandon est un vicieux et un obsédé
sexuel. […]. 3° Le Dr Montandon est un faux savant et il se contredit. […]. 4° Le Dr Montandon est
un aigri ayant conscience de son infériorité et un lâche. […]. 5° Le Dr Montandon est un menteur
conscient et un calomniateur » (lettre reproduite dans David Rousset, Le Pitre ne rit pas, Paris,
e
Editions du Pavois, 1948, pp. 80-83 ; puis dans Léon Poliakov et Joseph Wulf, Le III Reich et les
Juifs, op. cit., pp. 333-335).
389. Robert Brasillach, « Les communards et nous », Je suis partout, 21 mai 1943, où Drumont est
salué comme « le précurseur génial du national-socialisme français ». Brasillach avait auparavant
cru discerner des « lueurs préfascistes » chez Drumont (mais aussi chez Péguy ou chez Sorel) ; voir
Je suis partout, 8 juillet 1938.
o
390. Lucien Rebatet, « Drumont parmi nous », Je suis partout, n 663, 28 avril 1944, pp. 1 et 4.
391. Lucien Rebatet, art. cit., p. 1.
392. Ibid.
393. Ibid.
394. Lucien Rebatet in Je suis partout, 16 août 1944 (cité par Pierre-Marie Dioudonnat, Je suis
partout 1930-1944, op. cit., p. 379 ; voir aussi Robert Belot, Lucien Rebatet. Un itinéraire fasciste,
Paris, Le Seuil, 1994, p. 320).
395. Voir par exemple Pierre Andreu, « L’antisémitisme de Drumont », Combats [organe de la
o
Milice], n 7, 19 juin 1943 (cf., Jeannine Verdès-Leroux, Refus et violences, op. cit., pp. 357, 389-
390). Il en va de même pour Toussenel (voir supra, le livre que Louis Thomas lui consacre en
1941) et pour Proudhon. Dans un article paru le 7 décembre 1940 dans La Gerbe, « Vrai socialisme
français », Drieu la Rochelle célèbre le « premier socialisme français », et suggère à ses
contemporains de s’« inspirer de ce que fut l’âme du socialisme français », celui de « Saint-Simon,
de Fourier, de Cabet, de Toussenel (qui découvrit en même temps l’anticapitalisme et
l’antisémitisme. On devrait bien rééditer son livre aujourd’hui introuvable : Les Juifs rois de
l’Epoque […]), de Proudhon » (Drieu la Rochelle, Ne plus attendre…, op. cit., p. 73). Voir aussi
Henri Bachelin, P.-J. Proudhon, socialiste national (1809-1865), Paris, Mercure de France, 1941
[en sur-titre : « Les précurseurs »] ; Jacques Bourgeat, P.-J. Proudhon, père du socialisme français,
Paris, Denoël, 1943. De multiples tracts et brochures de propagande ont été confectionnés à partir
d’une opposition manichéenne entre le « socialisme français » (ou « national ») et le « marxisme
(communisme, bochevisme) juif ». Voir par exemple les brochures suivantes : La Révolution
socialiste (Paris, Comité d’action antibolchevique, s.d., 16 p.), où au marxisme, dénoncé comme
« une fondation et une exploitation juives » (p. 7), est opposée « la Révolution socialiste française »
e
(pp. 15-16) ; Lequel choisissez-vous ? (Paris, C.O.L., 2 trimestre 1944, 16 p.), où l’on peut lire que,
« si le socialisme est aryen, le bolchevisme, lui, est essentiellement juif, cauchemar malsain du
bourgeois juif Karl Marx » (pp. 10-11).
396. Voir l’article de Jean Drault dans La France au travail du 14 décembre 1940, critiquant
sévèrement le livre de Montandon qui venait de sortir en librairie, Comment reconnaître et
expliquer le Juif ? (Paris, Nouvelles Editions françaises, 1940 [novembre]). Cette maison d’édition
avait été créée par Robert Denoël pour publier une série d’ouvrages antijuifs (la collection « Les
Juifs en France »), qu’il ne souhaitait pas voir figurer au catalogue des éditions Denoël (Pascal
Fouché, op. cit., vol. I, pp. 80-81).
397. Dr George Montandon, Comment reconnaître et expliquer le Juif ? avec dix clichés hors texte
suivi d’un Portrait moral du Juif selon les livres de G. Batault […] – L.-F. Céline – Edouard
Drumont […], Paris, Nouvelles Editions françaises, 1940 [novembre], pp. 44-46. Ce petit livre (94
p.), paru dans la collection « Les Juifs en France » dont il constitue le volume 1, est composé de
deux parties distinctes : la première (« Caractères physiques du Juifs », pp. 7-35) est l’exposition
par Montandon de sa vision « scientifique » de « l’ethnie juive » ; la seconde (« Portrait moral du
Juif […] », pp. 37-90), qui se présente comme une compilation d’extraits, pour l’essentiel,
d’ouvrages antisémites, n’est pas attribuable de façon certaine à Montandon. En effet, dès la
première page de cette partie, à la suite d’une citation de La France juive de Drumont, on lit : « Ces
notes d’Edouard Drumont concordent parfaitement avec l’exposé scientifique du Professeur
Montandon » (p. 37). Cette auto-référence à la troisième personne du singulier paraît pour le moins
étrange, venant dudit professeur.
398. Voir Jean Drault, Histoire de l’antisémitisme, Paris, Editions C.-L. [Calmann-Lévy, après
l’aryanisation de cette maison d’édition], 1942, pp. 132 sq. Dans le premier numéro de la « revue
mensuelle de l’Institut d’études [sic] des questions juives », Drault dit avoir rencontré Drumont en
1889 ; voir Jean Drault, « Comment j’ai connu Drumont », La Question juive en France et dans le
re o
monde, 1 année, n 1, février-mars 1942, p. 47.
re o
399. Voir George Montandon, « Georges Vacher de Lapouge », L’Ethnie française, 1 année, n 3,
mai-juin 1941, pp. 5-9. Sur l’héritage lapougien, tel qu’il est revendiqué entre 1940 et 1944, voir
Pierre-André Taguieff, La Couleur et le sang, op. cit., pp. 146 sq.
o
400. Henri Poulain, in La Chronique de Paris, n 7, mai 1944. Voir le Mémoire de maîtrise de
Grégoire Kauffmann, Jean Drault, un compagnon de Drumont dans la collaboration 1940-1944
(Université de Paris I, 1996), pp. 74 sq.
401. Lucien Rebatet, « Drumont parmi nous », art. cit.
402. Marcel Déat, Mémoires politiques, introduction et notes de Laurent Theis, Paris, Denoël, 1989,
pp. 897-898.
403. Lucien Rebatet, art. cit.
404. Ibid.
405. Ce volume est publié par une officine du Parti populaire français, le Bureau central de presse et
d’informations, dont le directeur est Maurice-Ivan Sicard, l’un des principaux dirigeants du P.P.F.,
secrétaire national à la Propagande et à la Presse du parti de Doriot. Voir Jean-Paul Brunet, Jacques
Doriot. Du communisme au fascisme, op. cit., en partie, pp. 418, 445.
406. Jean Drault, « Un siècle et demi d’antisémitisme », Je vous hais !, avril 1944, pp. 138-141. Cet
article est agrémenté de plusieurs portraits (dessins ou photographies) de « grands » auteurs
antijuifs : E. Drumont, le marquis de Morès, L. Pemjean, Mgr Jouin, L.-F. Céline, H. Coston,
« Professeur Montandon », U. Gohier, J. Drault. Dans son « manuel » paru en 1943, Synthèse de la
question juive [Paris, Sorlot, 190 p.], Léon Brasat commence par citer, dans sa bibliographie, les
« œuvres de Drumont », celles de Joseph Santo (son « maître et ami » auquel il dédie son livre),
celles de L.-F. Céline (les trois pamphlets), les plus récents livres de George Montandon (dont
Comment reconnaître et expliquer le Juif ?) et les « œuvres du Dr René Martial, Mercure de
France » (op. cit., p. 183).
407. Ibid., p. 141.
408. Jean Boissel, « La question juive », Le Réveil du peuple, 23 mai 1941, p. 1. Le jour précédent,
Au pilori consacrait sa une à un triple commentaire du slogan « Drumont au Panthéon ! » Dans ce
cadre, Jean Lestandi sollicitait « instamment du gouvernement le transfert des cendres de Drumont
au Panthéon, car c’est là, et là seulement, que doit être la demeure éternelle de ce grand prophète, de
ce très grand Français » ; Robert Pierret s’engageait « à mener contre Israël et ses complices une
lutte sans merci », afin que « notre grand Drumont dorme en paix, les temps annoncés par lui étant
enfin venus » (« Cuistres et fantoches ») ; et la rédaction de l’hebdomadaire signait, « en mémoire
d’Edouard Drumont (1844-1917) », un article consacré à célébrer « les précurseurs français de
l’antisémitisme », à savoir Toussenel, Gougenot des Mousseaux, A. Chirac, et surtout Drumont (Au
pilori, 22 mai 1941, p. 1).
409. Le motif de la stérilisation, comme méthode d’action antijuive radicale, apparaît dans les
réponses données par les lectrices de Au pilori, dans le cadre d’un immonde « grand concours de fin
d’année » lancé le 20 décembre 1940 par l’hebdomadaire sur le thème : « Où les fourrer ? » [après
leur expulsion]. Si des lectrices préconisaient l’envoi de « tous les youpins dans les puits de charbon
d’Angleterre », la « pendaison pure et simple », le « four crématoire » et la noyade, de nombreuses
autres prônaient « la stérilisation du Juif » (Au pilori, 10 janvier 1941, p. 6). Jean Portail
commente : « C’est une idée qui nous est chère » (ibid.). La « balle dans la nuque » est également
envisagée (ibid.), ainsi que l’incinération dans un volcan (ibid., 31 janvier 1941, p. 6). Le premier
prix (« trois paires de bas de soie naturelle, qualité supérieure ») est attribué à une certaine Charlotte
Baré, habitant Clichy, qui préconise à la fois le recensement de tous les Juifs, leur regroupement
dans « un quartier qui leur sera affecté » et leur stérilisation, afin que « cette race […] disparaisse du
globe terrestre où depuis 2 000 ans elle sème le trouble » (ibid., 7 mars 1941, p. 6). Il importe de
noter que de tels appels à l’extermination sont « antérieurs à la prise de décision concernant la
solution finale » (Philippe Burrin, « Que savaient les collaborationnistes ? », in Stéphane Courtois,
Adam Rayski (dir.), Qui savait quoi ? L’extermination des Juifs 1941-1945, Paris, La Découverte,
1987, p. 73).
410. Jean Boissel, « Edouard Drumont et notre temps », Le Réveil du peuple, 3 mai 1944, p. 1.
411. Ibid.
412. Voir David Ball, « Des poux et des hommes : la “solution finale” dans les quotidiens en
o
1942 », Les Temps Modernes, n 591, décembre 1996-janvier 1997, pp. 146-173.
413. Voir par exemple Georges Vacher de Lapouge, Les Sélections sociales, Paris, A. Fontemoing,
1896, pp. 458-489.
414. Jacques Bouvreau [pseudonyme ?], « 14 juillet 2142. Le dernier Juif vient de mourir ! », Au
pilori, 23 juillet 1942. Voir infra, partie « Documents ». Le « drame historique en neuf tableaux »
titré La Victoire de l’Aigle (Paris, La Ligue française, s.d.), dû à Jean Troupeau-Housay, co-
fondateur (avec Pierre Costantini) de la Ligue française (le 15 septembre 1940) et secrétaire général
de cette dernière, se conclut sur la même vision d’un avenir radieux, celle d’un monde sans Juifs.
Après avoir décrit les six étapes de la « conquête juive » du monde, le plumitif collaborationniste
passe aux trois derniers « tableaux », décrivant les étapes de la victoire finale des « Aryens » : « Le
plan de la conjuration mondiale est découvert. […]. Un conflit mondial est déchaîné. […]. Les
judéo-maçonneries anglaises et américaines s’écroulent. […]. Le grand capital est anéanti. Le pur et
vrai socialisme est instauré de l’Oural à Gibraltar. […]. A tout jamais Israël est mis dans
l’impossibilité de perpétrer ses crimes : tous les Juifs sont stérilisés. […]. Toutes les nations sont
fraternellement réconciliées sous le signe de la croix gammée, […] triomphe de l’aigle sur le
serpent, symbole millénaire du judaïsme » (texte reproduit partiellement dans Pascal Ory, La
France allemande, op. cit., pp. 179-180).
o
415. Jean Boissel, « Racisme », Le Réveil du peuple, n 42, 10 août 1942, p. 1 (soul. dans le texte).
Il est clair que la stérilisation eugénique constitue pour Boissel la méthode pratique d’élimination
définitive de la « race » juive : ce qu’il appelle « politique raciale » implique une stratégie antijuive
par étapes (recenser, exclure, isoler, stériliser) aboutissant à la disparition totale de l’ennemi mortel
de « l’Aryen ».
416. Jacques Bouvreau, art. cit.
417. Paul Riche, « Des ghettos capitonnés, s.v.p. ! », L’Appel, 9 mars 1944. Sur ce fanatique antijuif
et antimaçon, responsable du Cercle aryen, lié au Weldienst et à la Gestapo, voir infra, la notice qui
lui est consacrée.
418. J’emprunte bien sûr ces deux catégories à Reinhart Koselleck, Le Futur passé. Contribution à
la sémantique des temps historiques, tr. fr. J. et M.-C. Hoock, Paris, Editions de l’EHESS, 1990,
pp. 307-329.
419. En 1927, le nazi Arno Schickedanz publie à Leipzig Das Judentum, eine Gegenrasse [« La
Juiverie, une anti-race »], où il dénonce les Juifs en tant que « parasites sociaux », représentant une
« anti-race » produite par « une sorte de contre sélection » (cité par Edouard Conte, Cornelia
Essner, La Quête de la race. Une anthropologie du nazisme, Paris, Hachette, 1995, p. 210). Sur le
« Juif » comme Gegenrasse dans la doctrine hitlérienne, voir notamment Saul Friedländer,
L’Antisémitisme nazi. Histoire d’une psychose collective, Paris, Le Seuil, 1971, pp. 144-145, 181
sq.
o
420. « Céline nous écrit », [chapeau de l’extrait de la lettre], Je suis partout, n 622, 9 juillet 1943,
p. 1 ; voir Cahiers Céline 7, Paris, Gallimard, 1986, p. 185.
421. Paul Guiraud, Idées premières de la prochaine Révolution française, Paris, Editions du Coq de
France, s.d. [1941], non paginé [pp. 4-5, phrase encadrée]. Le Parti franciste avait été autorisé le
5 mai 1941. Voir Arnaud Jacomet, « Les chefs du Francisme : Marcel Bucard et Paul Guiraud »,
Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, 25 (97), janvier 1975, pp. 45-66 ; Alain Deniel,
Bucard et le Francisme, Paris, Jean Picollec, 1979, en partie, pp. 154-156.
422. Voir Jean-Marie Baron, La Grande découverte. Les Juifs et le sang B, Paris, Centre de
documentation et de propagande [C.D.P., créé au début de 1936 par Henry-Robert Petit], 1938. La
thèse, aussi délirante que scientiste, exposée dans cette brochure de propagande, est que les Juifs
sont « dangereux » en raison directe de la prédominance du sang B dans les populations juives
considérées : « Le sang B est cause de tous les maux sociaux » (ibid., p. 9). La même thèse se
rencontre, sous une forme plus élaborée, chez le Docteur René Martial, notamment dans Les Métis
(Paris, Flammarion, 1942, en partic. pp. 119 sq.) et dans Français, qui es-tu ? (Paris, Mercure de
France, 1943, pp. 71 sq.)
er
423. Jean Boissel, « Où en est la question juive », Le Réveil du peuple, 1 avril 1943. La hantise du
Juif dissimulé, rendu imperceptible par l’assimilation, est au cœur de l’imaginaire antijuif moderne
à la française. Voir par exemple René Martial, « Les étrangers camouflés », Aujourd’hui, 6 mai
1942, pp. 1 et 2 (article reproduit infra, partie « Documents »).
424. Louis-Ferdinand Céline, L’Ecole des cadavres, Paris, Denoël, 1938, pp. 34-35 (les majuscules
sont de Céline).
425. Ibid., p. 260.
426. Ibid., p. 264.
427. Ibid., p. 261.
428. Ibid., p. 262.
429. Ibid., p. 264.
430. Ibid.
o
431. Voir George Montandon, « L’aryanisme français », L’Ethnie française, n 2, avril 1941, pp. 5-
o
6 ; Gérard Mauger, « L’affaire Montandon », L’Ethnie française, n 3, mai-juin 1941, pp. 2-4.
432. Lucien Rebatet, Les Décombres, rééd. [Expurgée], Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1976, p. 145.
433. Céline, op. cit., p. 264.
434. Voir Pierre-André Taguieff, La Couleur et le sang, op. cit., pp. 124 sq., 161-162. Après avoir
longuement cité Lapouge, Paul Riche conclut ainsi un article consacré à l’éloge du « racisme » :
« Si l’on veut qu’il y ait ici une élite, il faut, dès à présent, considérer l’avenir sous l’angle de la
sélection », (« Racisme, espoir français », L’Appel, 20 août 1943).
435. Partisan déclaré d’un « racisme français » et de l’institution, en France, de « lois raciales » sur
le modèle des lois allemandes (lois eugénistes de 1933-1934 et « lois de Nuremberg » de 1935),
Guy Crouzet défend le principe des mesures de stérilisation eugénique et déplore le fait que celles-
ci, qui devraient relever des « lois premières des sociétés humaines », se heurtent en France à
« l’ignorance et [à] l’indifférence », ainsi qu’au « libéralisme » et à un « respect mal compris de la
personne humaine », lié à « certains scrupules religieux », contraires au « progrès humain », (« Un
er
juste racisme », Les Nouveaux Temps, 1 février 1941, p. 1). Crouzet se montre aussi soucieux
d’empêcher « l’infiltration de sang africain » que d’en finir avec l’« influence pernicieuse » des
Juifs, principaux bénéficiaires de l’« égalitarisme maçonnisant » et de l’universalisme de l’Eglise.
Voir Guy Crouzet, « Vers les lois raciales. Obstacles à vaincre », Les Nouveaux Temps,
23 décembre 1941 ; Id., « La leçon de l’étoile jaune », ibid., 16 juin 1942 ; Id., « Vers un racisme
français. Le mélange des sangs », ibid., 17 juillet 1942. Cf., Claude Lévy, Les Nouveaux Temps et
l’idéologie de la collaboration, op. cit., pp. 186-187.
436. Dans Les Beaux Draps (Paris, Nouvelles Editions françaises [Denoël], 1941), Céline ajoute au
programme sélectionniste l’impératif d’une préservation de « l’enfance » (émotion, création,
enthousiasme, grâce, etc.) par une « Ecole » nouvelle, qui serait « magique » (op. cit., p. 178) :
« L’enfance notre seule [sic] salut » (ibid., p. 169).
437. Céline, L’Ecole des cadavres, op. cit., p. 215. Les métaphores de nettoyage-épuration-
désinfection peuvent être tout autant appliquées aux entités et aux pratiques du monde de la culture,
selon la même visée antijuive, fondée sur une hantise de la souillure. Lucien Pemjean, qui se
classait parmi les disciples et continuateurs de Drumont, rappelait ainsi, en mars 1941, la « voie que
nous avions indiquée », à savoir « purger » la France « de tous ses éléments de décomposition et de
dégénérescence, à commencer par l’emprise et la corruption juive » (La Presse et les Juifs depuis la
Révolution jusqu’à nos jours, Paris, Nouvelles Editions françaises [Denoël], 1941 [mars], p. 110).
Cette purge ou purgation doit être en même temps un « travail de désinfection » (ibid., p. 119) :
puisque les Juifs, par le « canal de la presse », affirme Pemjean, « nous ont imprégnés jusqu’à la
moelle » de « l’esprit de leur race », il « faut donc commencer par l’épurer intégralement, cette
presse, en chassant ses pourrisseurs, en dissipant ses miasmes […] » (ibid., p. 118).
438. Voir Pierre Drieu la Rochelle, Journal 1939-1945, Paris, Gallimard, 1992, pp. 402-403, 416
sq. Le sublime se confond, chez Drieu, avec l’extrême, le « barbare », le « grand » (bien sûr), le
« révolutionnaire », la « force » et l’« énergie ».
439. Céline, lettre à Jean Cocteau (sans date), in Cahiers Céline 7, op. cit., p. 230.
440. Ibid.
441. Céline, L’Ecole des cadavres, op. cit., p. 261.
442. Ibid., p. 109.
443. Ibid., pp. 108-109.
444. Ibid., p. 109.
445. Ibid.
446. On notera qu’en 1942 Montandon, à l’instar de Céline, emploie en un sens sélectionniste le
mot « racisme », tout en optant plus nettement pour une solution eugéniste : « racisme », note
Montandon, « peut être admis dans le langage courant pour désigner la doctrine de la mise en valeur
d’une communauté quelconque, qu’elle soit race, ethnie ou nation. […]. La race se forme et
s’affirme avec le temps : sans doute, elle s’hérite, mais […], plus qu’un passé, elle est un devenir.
Cela même signifie tout un programme sur le plan de l’eugénique ou hygiène raciale, pour la
o er
rénovation de la France » (« Race et racisme », Le Réveil du peuple, n 40, 1 juillet 1942, p. 1). En
1943, le président du R.N.P., Marcel Déat, affirme dans le même sens que « la race française est un
bien d’avenir, plus encore qu’elle n’est un legs du passé », et déduit de ce postulat « la nécessité et
l’urgence d’une politique intelligente et rigoureuse de la natalité, de l’eugénique, de l’élevage »
(« Vers un Etat juif ? », Revivre [ex-Cahier jaune], 5 mai 1943, p. 5). Déat prône, conformément
aux principes de l’eugénique raciale, un contrôle de la « reproduction des hommes », afin de
« garder des contaminations ce fonds irremplaçable du peuple, sans quoi rien n’est possible », ce
qui légitime l’Etat procédant « aux épurations indispensables » (ibid.). Voir infra, partie
« Documents ».
447. Ibid., pp. 135-136.
o
448. Pierre-Antoine Cousteau, « Puisque ce sont toujours les mêmes… », Je suis partout, n 652,
11 février 1944, p. 1. Cousteau, après avoir adhéré à la Milice, s’était rapproché en 1944 du P.P.F.
Voir infra, la notice qui lui est consacrée.
ÉTUDES
Céline, un antijuif fanatique
Annick Duraffour
1. Les pamphlets
La première évidence est que, loin de prendre une distance par rapport
à ses deux pamphlets d’avant-guerre, Céline en assume pleinement le sens
et la portée. La préface à la réédition de L’Ecole des cadavres, en 1942,
souligne le renversement complet de la situation politique et idéologique
en quatre ans : « L’eau a passé sous les ponts depuis la sortie de ce livre !
Le monde a changé de visage ». C’est pour dire qu’il était seul, en 1938, et
au risque d’une condamnation en correctionnelle, à assumer les positions
qui sont celles, désormais, des collaborationnistes parisiens :
« L’Ecole était le seul texte à l’époque (journal ou livre) à la fois et en
même temps : antisémite, raciste, collaborateur (avant le mot) jusqu’à
l’alliance militaire immédiate, antianglais, antimaçon et présageant la
catastrophe absolue en cas de conflit » 82.
Epure des trois cents pages du pamphlet, qui ne ment pas, et
revendique comme mérite particulier une position prohitlérienne de
conviction, qui ne doit rien à la défaite. L’autocaractérisation, énoncée
dans l’énumération, vaut comme bref manifeste : elle prescrit les
composantes de la « bonne » position – antisémitisme, racisme, alliance
avec l’Allemagne – et nomme les ennemis – juifs, anglais, maçons –. Ce
sont exactement, en 1942, les orientations des groupuscules parisiens
prohitlériens, ou celles de la propagande allemande. C’est aussi,
implicitement, une leçon donnée au gouvernement de Vichy, toujours
suspecté de mollesse en matière de racisme. Céline se pose, à l’occasion de
cette préface, en hérault du collaborationnisme. L’antériorité de son
engagement, sa cohérence soulignée, le légitiment dans ce rôle.
Autre indice d’une continuité assumée : les rééditions de Bagatelles
pour un massacre en octobre 1941, juillet 1942 et octobre 1943 83 et celles
de L’Ecole des cadavres en septembre 1942, après une « nouvelle
commercialisation d’exemplaires de 1938 sous une nouvelle couverture »
effectuée en 1941 84. Céline intervient directement auprès de Karl Epting,
directeur de l’Institut allemand à Paris, pour obtenir les tonnes de papier
nécessaires : « Vous avez eu l’amabilité, un certain jour, de me faire savoir
qu’au cas où mon éditeur arriverait à manquer de papier pour imprimer
mes livres – vous pourriez peut-être venir à mon secours. Je n’ai pas oublié
ces alléchantes paroles – nous avons lutté jusqu’ici contre la pénurie
croissante mais à présent nous sommes à bout. Pour réimprimer mes
principaux ouvrages, il nous faudrait 15 Tonnes de papier… » 85. Démarche
renouvelée en mai 1943 : « J’ai l’honneur de porter à votre connaissance
un fait, tout cru. Ni Bagatelles, ni L’Ecole ni Les Beaux Draps ne sont plus
en vente ni imprimés depuis près d’un an faute de papier – Sauf miracle je
n’aurai plus de papier. Denoël n’a pas en tout 5 tonnes par an ! Et il
s’imprime tant de choses… Il s’agit donc de 3 ou 4 tonnes de Bons matière
papier. Je me demande mon cher Directeur ce que vous en pensez ? » 86.
Ajoutons enfin que deux de ces rééditions – celle de L’Ecole en
septembre 1942 et celle de Bagatelles en octobre 1943 – sont augmentées
de photographies 87, parfois sous-titrées de la main de Céline. F. Gibault
souligne la motivation économique de ces ajouts 88. Il s’agit d’un curieux
mélange de scènes historiques, de scènes de mœurs et de clichés de
propagande 89. Survol de l’histoire de France au XXe siècle, pour en
suggérer, semble-t-il, la décadence. La dignité, le courage ou la noble
émotion des photos évoquant la guerre de 14-18 contrastent avec le futile,
le ridicule, le pitoyable ou l’odieux des autres clichés. Les plus
significatifs ridiculisent les parlementaires de la IIIe République à travers
un « spécimen de parlementaire barbu », les noirs (ou les métis ?) par
l’image d’un couple d’hommes « déguisés » – « Métisse et cie » – l’un en
soldat, l’autre en femme, les « Français 1939 », « optimistes » et avinés.
D’autres attaquent les bolcheviks « tous juifs », « la haute Angleterre
dirigeante optimiste – [puisque la] frontière [est] sur le Rhin », ou la
Révolution française à travers une signature de Mirabeau suggérant
semble-t-il son appartenance à la franc-maçonnerie 90.
Son intervention auprès du directeur de l’I.E.Q.J. 91, le capitaine
Sézille, en octobre 1941, prouve encore que Céline assume pleinement
sous l’Occupation ses pamphlets comme œuvres de combat antijuif. Ayant
visité l’exposition « Le Juif et la France » 92, il déplore l’absence de ses
deux premiers pamphlets au rayon de la librairie :
« Je ne suis pas un auteur que sa “vente” tracasse beaucoup […]. Mais
en visitant votre exposition j’ai été tout de même frappé et un peu
peiné de voir qu’à la librairie ni Bagatelles ni L’Ecole ne figurent alors
qu’on y pavoise une nuée de petits salsifis, avortons forcés de la
14e heure, cheveux sur la soupe. Je ne me plains pas – je ne me plains
jamais pour raisons matérielles – mais je constate là encore hélas – la
carence effroyable (en ce lieu si sensible) d’intelligence et de solidarité
aryenne – démonstration jusqu’à l’absurde pour ainsi dire » 93.
Enfin, Céline publie en février 1941 un nouveau pamphlet, Les Beaux
Draps. Sans être encore virulent, il s’y livre à ses premières mises en cause
du régime de Vichy : il récuse l’interprétation pétainiste de la défaite, se
moque des « décrets de pudeur » (pp. 155-158) 94, ramène « les mensonges
qui [vous] ont fait tant de mal » 95 au seul mensonge juif (pp. 25-26). Un
portrait de Bidasse, le paysan qui, débarqué à Paris, est immédiatement
saisi et perverti « par la publicité et la propagande juives », prend le
contre-pied du mythe ruraliste de la terre qui ne ment pas (pp. 46-48).
Antisémitisme et antichristianisme opèrent leur jonction dans la critique de
l’antisémitisme d’origine chrétienne (pp. 80-82), celui qui inspire
l’entourage maurrassien du Maréchal. Outre ces premières prises de
position à l’égard du régime de Vichy, le texte livre une radiographie de
l’opinion face à l’occupation allemande. Il en dénombre les courants qui
s’opposent à une sérieuse collaboration : patriotes, gaullistes, bourgeois
enjuivés, intellectuels progressistes et antiracistes, ouvriers antiallemands
et plutôt philosémites. Travail de démystification et critique de l’opinion
française qui, aux yeux de l’auteur, préfère « la férule du Juif » à « la
présence des Allemands » (p. 40). Mais aussi mesure de l’écart qui sépare
la presse collaborationniste, trop « optimiste », de l’opinion réelle.
Evaluation des obstacles à surmonter pour la mise en œuvre du racisme.
Au-delà de l’actualité, ce nouveau pamphlet reprend les thèmes et les
positions des pamphlets d’avant-guerre, avec quelques déplacements
d’accent et décalages d’approche. La critique de la modernité traitée sous
l’angle de la standardisation culturelle dans Bagatelles, vise ici
l’économisme planificateur, le machinisme, le travail en usine, le
rationalisme. Le raffinement émotif, réservé à Ferdinand dans le premier
pamphlet, est posé comme finalité d’une école nouvelle, qui éveillerait
l’artiste en chacun, et cesserait de saboter les « joies primitives créatrices »
(p. 163). Enfin, la question sociale passe au premier plan, comme étape
préalable aux « grandes symphonies d’aventure », d’ordre racial. Céline
développe, sous le nom de « Communisme Labiche » 96 l’idée jusqu’alors
rapidement évoquée d’un communisme sans les juifs 97. Ces pages, où se
dessinent les perspectives d’un renouveau, font la spécificité des Beaux
Draps. La vitupération de l’opposant antisémite à la IIIe République laisse
place à l’utopie lyrique. Céline se place du point de vue de ceux qui tirent
quelque espoir de la situation née de la défaite, et parle en « conseiller »,
susceptible d’être écouté, du moins à Paris.
Ainsi, la question juive et l’invective antisémite sont-elles moins
centrales que dans les pamphlets précédents. Il faut dire que le contexte
historique affaiblit la nécessité d’une démonstration de la malfaisance
juive… et le gouvernement de Vichy semble alors avoir compris la
leçon 98. Céline s’est expliqué dans une interview accordée à Henri Poulain
de cette moindre importance de la question juive dans Les Beaux Draps :
« Pour le Juif, j’avais fait de mon mieux dans les deux derniers bouquins…
Pour l’instant, ils sont quand même moins arrogants, moins
crâneurs… » 99. Peut-on en déduire une modération nouvelle de l’auteur
sur le sujet, vu les événements ? Céline déplace plutôt l’angle d’attaque.
La malfaisance juive semble tenue pour un fait acquis, même si plusieurs
pages en rappellent encore les effets. C’est désormais la détermination
dans l’action qui compte : il faut aller au terme de l’épuration. L’exclusion
des juifs de la société française est posée comme préalable à toute mesure
de redressement national. Le communisme est à essayer, mais « les Juifs
absolument exclus » (p. 113). On peut concéder le retour au suffrage
universel, mais « éloignez d’abord le juif ! » (p. 195).
Céline insiste sur la nécessité du passage à l’acte, en de brefs appels :
« Vinaigre ! Luxez le juif au poteau ! Y a plus une seconde à perdre »
(p. 197).
Ou encore :
« Bouffer du juif, ça suffit pas, je le dis bien, ça tourne en rond, en
rigolade, une façon de battre du tambour si on saisit pas leurs ficelles,
qu’on les étrangle pas avec. Voilà le travail, voilà l’homme. Tout le
reste c’est du rabâchis, ça vous écœure tous les journaux dits
farouchement antisémites » (p. 115).
Appel à la virilité déterminée, active, contre le discours qui tourne en
rond. Le véritable antisémitisme est celui qui agit, avec cordes ou ficelles.
C’est le thème de l’épigraphe liminaire « A la corde sans pendu », qui
condense l’oscillation – habituelle dans les lettres aux journaux – entre
l’injonction et la déploration. Ouverture remarquable, qui inverse aussi les
lois de la dédicace : l’hommage à la corde qui n’a pas servi, qui devrait
servir, remplace l’hommage aux maîtres, aux aînés ou aux morts 100.
Mais ce passage où Céline joue du sens figuré (les « ficelles des
juifs ») et du sens propre (saisir leurs ficelles et les étrangler avec), et où,
de corde en ficelle, est rappelée la phrase en épigraphe, est aussi le seul à
bénéficier d’une note en bas de page qui précise :
« J’entends par juif, tout homme qui compte parmi ses grands-parents
un juif, un seul ».
Cette note lapidaire n’est pas innocente. Elle prend position sur un des
points-clé de tout programme d’épuration juive : la question de savoir qui
est Juif. Céline révise à sa manière l’article premier de la loi portant statut
des juifs du 3 octobre 1940 101 qui stipule : « Est regardé comme juif, pour
l’application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents
de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint
lui-même est juif » 102. Céline, on le voit, élargit la définition du juif à la
mesure de l’épuration qu’il exige.
Courbe de fréquence
Sur la trentaine de lettres recensées envoyées aux journaux entre 1940
et 1944, nous n’en voyons qu’une qui soit strictement dégagée de
l’actualité politique. Quatre autres peuvent être considérées comme
moindrement ou indirectement engagées (lettres du 22 février 1941 à
Combelle pour Le Fait, du 5 avril 1941 au Pays libre, d’octobre 1941 à La
Gerbe, de janvier 1942 aux Nouveaux Temps). Mais, même là, on trouve
l’interpellation des écrivains passés en zone libre (« à combien trahissent-
ils ? »), la dénonciation de l’entrée en guerre contre l’Allemagne, le
soutien apporté à l’idée de restaurants coopératifs lancée par Camille Fégy,
la critique du rôle de la presse, et le portrait du Français dénaturé, égaré
par elle. En 24 mois (de début 1941 à fin 1942), il envoie 20 lettres. Trois
d’entre elles ne comportent pas de propos antisémites, une quatrième
refuse de « rabâcher » sur la question juive et renvoie aux trois livres déjà
écrits sur le sujet. A partir de 1943, en 18 mois, le rythme d’intervention se
raréfie (7 lettres seulement), le propos antisémite aussi (3 lettres). Céline
suit en effet le mouvement général de désengagement que marquent de
nouvelles prudences, le silence ou les réorientations d’itinéraire. Ce
désengagement accompagne les doutes grandissants quant à la perspective
d’une victoire allemande.
Dans le cas de Céline, la réorientation stratégique du discours
idéologique est relativement tardive. Elle apparaît le plus nettement en
octobre 1943, dans la réponse donnée à une enquête de Paris-Midi, publiée
sous le titre « la Race française court-elle à son déclin ? » 158. Il est frappant
de voir alors le chantre du racisme revenir aux déterminants
environnementaux de la santé, alors qu’on lui parle de race. Céline utilise
le discours hygiéniste, en lieu et place du discours de « l’hygiène raciale ».
La substitution révèle aussi la profonde continuité imaginaire qui unit chez
lui race et santé, dans la hantise commune de la dégradation, dans
l’indistinction entre souillure et contamination.
H. Labroue
15 rue Chernovicz, Paris 16e
16 décembre 1942.
Monsieur le Ministre de l’Educ. Nle [Abel Bonnard]
M. le Ministre,
J’ai l’honneur de vous rendre compte des incidents qui ont marqué ma
première leçon à la Sorbonne, le 15 courant, à 15 heures, amphit. Michelet.
1°– Je parlais depuis quelques minutes quand un étudiant cria à mon
adresse : « Enlevez-le ». Je ne relevai pas l’interruption. Il y avait dans la
salle des employés et fonctionnaires de la Faculté et de l’Académie (des
journaux ont signalé la présence dans l’auditoire de M. le recteur Gidel et
du secrétaire de l’Académie, M. Hitte). Aucun d’eux ne chercha à prendre
l’identité de ce perturbateur. J’eus dès lors l’impression que ces employés
et fonctionnaires étaient venus pour surveiller le professeur plus que les
étudiants.
2°– Un quart d’heure plus tard, ce même étudiant et une douzaine
d’autres étudiants et étudiantes se levèrent avec ensemble et quittèrent
bruyamment la salle, après avoir jeté une pluie de papillons, écrits en
caractères d’imprimerie. Veuillez en trouver ci-joint deux exemplaires.
L’un porte les mots : « Une chaire d’antisémitisme vient d’être créée à la
Sorbonne. Nous ne pouvons admettre la nazification de l’esprit français.
BOYCOTTONS CE COURS ! INTERDISONS-LE ! ». L’autre exemplaire porte les
mots : « Français ! Ne laissez par les méthodes nazies s’installer en
France ! ».
3°– Les employés et fonctionnaires qui se trouvaient, les uns à
l’intérieur, les autres à l’extérieur de l’amphithéâtre, ne firent rien pour
s’assurer de l’identité de ces manifestants, – alors qu’un contrôle sévère
avait été exercé sur mes invités à leur entrée dans la salle.
4°– Un photographe du Matin étant sur le point d’opérer en toute
tranquillité, un appariteur prit l’initiative, pendant que je parlais, d’engager
un colloque avec lui, et il éleva la voix au point de gêner mes auditeurs et
moi-même. Il fallut que M. Darquier de Pellepoix, Commissaire général
aux questions juives, qui était assis à proximité, fît cesser cette
intervention.
5°– Ma leçon finie je me retirai dans mon cabinet, où diverses
personnes vinrent me saluer. Comme je m’apprêtais à sortir par où j’étais
entré, c’est-à-dire par l’amphithéâtre, un agent de la Faculté (ou de
l’Académie) m’apprit qu’un fort groupe d’étudiants stationnait à la porte
de l’amphithéâtre (pourquoi donc ne les avait-on pas obligés à se
disperser ?), en vue de me conspuer. Il me conseilla de sortir par un
escalier dérobé. J’insistai pour sortir par la grande porte, non seulement
par souci de dignité, mais dans l’espoir que ces étudiants, en manifestant,
se manifesteraient par leurs gestes ou leurs paroles et que, par suite, il
serait facile aux agents de l’ordre de les identifier aux fins de sanctions.
Mais, comme on me représenta qu’un autre cours venait de commencer
dans ce même amphithéâtre, je ne voulus pas troubler ce cours et sortis par
une porte dérobée.
Tels sont les faits. La préméditation des perturbateurs est attestée par le
fait – qu’ils étaient massés, – qu’ils poussaient en cœur des exclamations,
– qu’ils sont partis en bande, – qu’ils avaient apporté et ont utilisé des
boules chargées de gaz lacrymogène, – qu’ils avaient apporté les papillons
qu’ils ont répandus, – qu’ils ont longuement stationné à la porte, en
attendant ma sortie.
Il vous apparaîtra sans doute que ces faits comportent [sic] des
sanctions promptes et énergiques et que, faute de ces sanctions, ces
étudiants, encouragés par l’impunité, aggraveraient leurs manifestations
dès mon prochain cours, qui aura lieu lundi prochain à 10 heures, salle
d’histoire no 2. Ces sanctions viseront sans doute non seulement les
perturbateurs, mais [aussi] les responsables de la police intérieure, qui se
sont révélés, soit par négligence, soit volontairement, inaptes aux fonctions
qui leur sont dévolues.
Je me permets de souligner que les textes desdits papillons visent, par-
dessus ma personne, la chaire même que vous avez créée et contiennent
sommation d’avoir à la supprimer.
Bien plus, ces textes, en s’élevant contre « la nazification de l’esprit
français » et « les méthodes nazies », constituent une provocation à
l’adresse de l’autorité occupante, provocation qui, si elle n’était pas
sévèrement sanctionnée, pourrait être de nature à alerter cette autorité.
Je me place en confiance sous votre tutelle, certain que vous voudrez
m’assurer le libre exercice de l’enseignement que m’avez fait l’honneur de
me confier.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de mon respectueux
dévouement.
P.S. Des élèves de l’Ecole des Sciences politiques m’ayant demandé à
suivre mes cours, j’ai l’intention de remettre à chacun d’eux une invitation
individuelle. Au cas où les étudiants de la Faculté des lettres voudraient
faire le vide autour de mes cours, la présence de ces élèves ferait échec à
leur tentative, et elle serait de nature à encourager ceux des étudiants qui
craindraient, s’ils suivaient mon cours, de se trouver isolés.
1. Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, 1940-1944, Paris, Le Seuil, 1995, pp. 425 et
539.
6 o
2. A.N., Z 576, n 4952, dossier d’instruction de la procédure menée contre Jacques Ménard.
3. Au pilori, 29 janvier 1942.
4. Cf., Marc Knobel, « Les “mondanités” de l’Association des journalistes antijuifs », dans Le
o
Monde Juif, n 135, septembre-octobre 1989, p. 136.
5. C.D.J.C., CXCV-214.
6. Au pilori, 12 mars 1942.
6 o
7. A.N., Z 576, n 4952, doc. cit., rapport du 23 juillet 1945 de l’inspecteur Mathieu de la police
judiciaire à la préfecture de police.
8. L’Appel, 26 mars 1942.
9. Marc Knobel, art. cit., p. 137.
6 o
10. A.N., Z 576, n 4952, doc. cit.
11. Au pilori, 25 mars 1943.
12. Ibid, 8 avril 1943.
13. Ibid, 29 avril 1943.
14. Marc Knobel, art. cit.
15. Par exemple, Au pilori, 15 octobre 1942, et Le Matin, 8 octobre 1942.
o
16. Le Cahier jaune, n 9, octobre 1942.
6 o
17. A.N., Z 576, n 4952, doc. cit., traduction de l’allemand de la note du conseiller de légation
Zeitschel au chargé d’affaires Rahn en date du 12 octobre 1942.
6 o
18. A.N., Z 576, n 4952, doc. cit.
19. Au pilori, 15 octobre 1942.
6 o
20. A.N., Z 576, n 4952, doc. cit.
21. Ibid.
22. C.D.J.C., CCCLXX-30.
23. A.N., 3 W 356, bordereau 3409, documents sur la propagande allemande antisémite en France,
o
1943-1944, document n 19.
6 o
24. A.N., Z 576, n 4952, doc. cit.
25. A.N., 3 W 356, bordereau 3409, doc. cit.
26. Ibid.
6 o
27. A.N., Z 161, n 2209, dossier d’instruction de la procédure menée contre Alfred Gendrot dit
Jean Drault.
6 o
28. A.N., Z 288 à 292, n 3275, dossier d’instruction de la procédure menée contre Bernard Faÿ et
le Service des Sociétés secrètes, scellé 349, une liste des membres de l’Association des journalistes
antijuifs, suite à perquisition réalisée chez Jean Marquès-Rivière, 5 rue des Minimes à Paris.
29. Il s’agit vraisemblablement d’Albert Simonin et non de Charles Simonin.
Georges Mauco : un itinéraire
camouflé Ethnoracisme
pratique et antisémitisme
fielleux
Patrick Weil
1. Cf., son autobiographie Vécu 1899-1982, Paris, Emile-Paul, 1982, préface de Françoise Dolto.
2. Paris, Armand Colin.
3. Cf., Olivier Roux, Présentation du fonds Mauco des Archives Nationales.
4. Cf., Pierre-André Taguieff, « Catégoriser les inassimilables : immigrés, métis, juifs. La sélection
ethnoraciale selon le Docteur Martial », in Gilles Ferréol éd., Intégration, lien social et citoyenneté,
Presses universitaires du Septentrion, 1998, pp. 101-134.
o
5. Conférence permanente des Hautes Etudes internationales, texte n 3 de la mission française
portant sur l’assimilation des étrangers en France, éd. S.D.N., Paris, avril 1937, 115 p.
6. « La politique d’immigration de la France et des Etats-Unis à l’égard des réfugiés d’Europe
o
Centrale à la veille de la Seconde Guerre mondiale », Les Cahiers de la Shoah, n 2,
novembre 1995, pp. 51-84.
7. A.N., F 60/494.
8. Article conservé au fonds Mauco déposé aux Archives nationales ; A.N., AP 577/5.
9. Ce passage semble inspiré directement de Gustave Tridon, Du Molochisme juif, études critiques
et philosophiques, Bruxelles, Maheu, 1884.
o
10. L’Ethnie française, n 6, mars 1942, pp. 6 à 15.
11. Ce dernier, ami de l’anthropologue allemand Hans F.K. Günther, était professeur titulaire de la
chaire d’ethnologie de l’Ecole d’anthropologie depuis 1933. Se situant dans la tradition de Vacher
de Lapouge, il était l’un des animateurs de l’école raciste française.
12. A.N., 2W/66.
13. L’Ethnie française, op. cit., p. 6.
14. Procès verbal du témoignage de Georges Mauco devant la Cour suprême de Justice à Riom ;
A.N., 2W/66, p. 3.
15. Ibid., p. 4.
16. Dans son témoignage de Riom, Mauco avait ajouté une dénonciation des avocats « spécialisés
dans le travail des interventions tels MM. Moutet, Berthon, Lamour », des membres du comité
consultatif auprès du ministère de l’Intérieur : président Jean Longuet, E. Kahn, R. Lambert,
P. Perrin, Grzesinski, Bernhard, Tischauer, Munzenberg et des responsables des associations de
défense des réfugiés : H. Levin, A. Lévy, W. Oualid, Lange, J. Godart, C. Bouglé, Jouhaux,
P. Perrin.
17. L’Ethnie française, op. cit., p. 8.
18. Ibid., p. 10.
19. Ibid., p. 11.
20. Ibid., p. 13.
21. Ibid.
22. P.V. Riom, p. 5.
23. Ibid.
24. L’Ethnie française, op. cit., p. 14.
25. Ibid.
26. A.N., AP 577/5
27. Vécu, op. cit.
28. Ibid, p. 106. Montandon est devenu expert ethnoracial auprès de Xavier Vallat en 1941 au
Commissariat aux affaires juives, puis, à partir de 1943, directeur de l’Institut d’étude des questions
juives et ethnoraciales (I.E.Q.J.E.R.) ; il s’est spécialisé dans la reconnaissance des “types juifs” et
il opère avec l’aval des nazis dans le camp de Drancy ; il meurt exécuté par la Résistance en 1944.
29. A.N., AP 577/5
30. « Note rectificative », L’Ethnie Française, janvier 1943, p. 15.
31. Cf., Patrick Weil, « Racisme et discrimination dans la politique française de l’immigration :
o
1938-1945/1974-1995 », Vingtième Siècle, n 47, juillet-septembre 1995, pp.74-99.
32. A.N., CAC 860269-0001.
33. A.N., CAC 770623-68, projet d’instruction en date du 6 juin 1945, complété par une instruction
complémentaire pour le ministère de la Justice et son service des naturalisations en date du 18 juillet
1945.
34. A.N., CAC 860269-0001.
35. Des Français pour la France, Paris, Gallimard, 1946, p. 230.
36. Procès-verbal sommaire officiel (document ronéoté) de la réunion du 10 avril 1945, pp.12-13,
A.N., MI 34347.
37. Dans une lettre que Mauco adresse à M. Bousquet, Directeur des étrangers et des conventions
administratives, le 3 avril 1945, il indique « Je ne vois pas de critiques importantes à formuler au
[…] mémoire que vous m’avez fait parvenir. […] Toutefois je noterais : 1) qu’il n’est pas question
de l’attitude à prendre à l’égard des réfugiés qui peuvent continuer à affluer en France comme ils
l’ont fait dans le passé.[sic] » A.N., F 60/493.
38. Lettre à G. Mauco, 28 juin 1945, A.N., CAC 860269/0001.
39. A.N., CAC 860269, art. 7.
40. Ibid.
41. Art. 28 du projet d’ordonnance (Archives du conseil d’Etat).
42. Paris, La Pensée Universelle.
43. Cf., Elisabeth Roudinesco, « Georges Mauco (1899-1988) : un psychanalyste au service de
Vichy. De l’antisémitisme à la psychopédagogie », L’Infini, automne 1995, pp. 73-84 et « Mauco
Georges (1899-1988) psychanalyste français », in Elisabeth Roudinesco et Michel Plon,
Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, 1997, pp. 659-660.
George Montandon
et l’ethno-racisme
Marc Knobel
Le rôle joué par les très rares ethno-raciologues français dans les
années 1930-1940 n’est en rien comparable avec celui des raciologues
allemands au service du nazisme, ni par l’ampleur « scientifique », ni par
l’ancrage institutionnel ou la fonction politique assignée à l’« hygiène
raciale » dans les deux pays. En France, pratiquement seul, l’un d’entre
eux, George Montandon, fera pourtant parler de lui.
Un certain George-Alexis Montandon
George-Alexis Montandon est le fils d’un riche industriel. Il est né à
Cortaillod, en Suisse, le 19 avril 1879, d’une vieille famille française.
Après avoir fréquenté la faculté de médecine de Genève, en 1903, il
poursuit ses études aux facultés de Zurich et de Lausanne. Il obtient, en
1906, son diplôme de médecin de l’Etat 1 et jusqu’en 1908 il exerce à
Zurich. Il passe toute l’année 1909 à suivre des cours à Hambourg puis à
Londres et à préparer sa première exploration, dans le sud-ouest de
l’Ethiopie. Il consigne la relation et les résultats de ce voyage dans
plusieurs publications 2. Au retour de cette expédition, Montandon
s’installe à Lausanne comme médecin. Il quitte ensuite la Suisse et
s’engage, en 1914, comme volontaire aux formations militaires de Bourg-
en-Bresse, jusqu’en 1916, puis retourne à Lausanne.
En 1919, il publie Généalogie des instruments de musique et les cycles
de civilisation 3. Peu après la guerre, le comité international de la Croix-
Rouge le charge de négocier et d’organiser le rapatriement par Vladivostok
de prisonniers de guerre autrichiens retenus en Sibérie. Montandon part de
Genève en mars 1919 pour Vladivostok où il rencontre sa future femme,
une jeune russe de 22 ans. A son retour, il consigne les impressions
recueillies au cours de ce voyage dans un ouvrage publié chez Alcan, Deux
ans chez Koltchak et chez les Bolcheviques (1919-1921). Le livre
provoque une polémique en Suisse à cause de la sympathie que l’auteur
exprime pour les révolutionnaires russes 4. Quelques mois plus tard, il
payera de sa carrière le fait de passer pour un communiste. Dans un de ses
ouvrages, L’Ologenèse humaine, il raconte qu’en 1921 le conseil d’Etat
suisse refusa de ratifier sa nomination par une partie du corps enseignant
comme professeur d’ethnologie à la faculté de Neuchâtel, pour des raisons
politiques 5. Montandon intéresse aussi la police. Un premier rapport, daté
d’août 1921, signale qu’il est membre du Parti communiste de Lausanne.
Dans une note de renseignement non signée et classée « secret », le
10 février 1923, il est souligné qu’il reçoit une subvention mensuelle de
5 000 francs suisses des services secrets russes. Cet argent serait destiné à
la propagande en faveur de l’Union soviétique 6. Un dernier rapport de la
police de Sûreté vaudoise du 18 février 1923, souligne cependant sa perte
d’influence au sein du parti. Montandon continuera néanmoins à
manifester sa sympathie pour la Révolution bolchevique, allant jusqu’à
écrire dans la revue Clarté 7, fondée en 1918 par Henri Barbusse, et dans
L’Humanité. Dans le quotidien communiste du 15 décembre 1926,
l’ethnologue fait paraître sous le pseudonyme de Montardit une étrange
étude, sans la moindre connotation antisémite : « L’origine des types
juifs ».
George Montandon, Charles Burnier et Paul Rivet
En 1922-23, Montandon devenu l’un des actionnaires de La Gazette de
Lausanne, mène une campagne de dénigrement et de diffamation contre
son directeur, Charles Burnier. Il lui reproche sa gestion malheureuse et lui
tient rigueur de n’avoir publié aucun compte rendu de son livre, Deux ans
chez Koltchak. Il écrit alors des brochures dont le contenu est d’une
grossièreté telle que plusieurs imprimeurs refusent de les publier. Il fait
néanmoins paraître anonymement une énième brochure : Burnier-fumier.
Burnier porte plainte. Le 19 décembre 1924, George Montandon est
condamné à 10 jours de prison et 100 francs d’amende pour diffamation et
injures. Au début du mois d’avril, conscient du malaise qu’il provoque, il
cède son cabinet médical, quitte Lausanne et se fixe d’abord à Thonon,
puis définitivement à Paris. Il décide alors de se consacrer à l’ethnologie et
à la mise en valeur des multiples données recueillies au cours de ses
voyages.
Jusqu’en 1927, il travaille au laboratoire d’anthropologie du Muséum
national d’histoire naturelle de Paris 8, dont le directeur, le professeur René
Verneau, est assisté de Paul Rivet. Très vite, une grande hostilité oppose
Montandon à Rivet 9. Pensait-il devoir succéder au professeur Verneau ? Il
est en fait supplanté par quelqu’un de plus sociable et brillant que lui.
Montandon éprouve-t-il une certaine frustration ? Ce qui est sûr, c’est qu’il
évolue alors vers une conception plus personnelle de la science ethnique,
qui se distingue nettement de celle de Rivet. Alors que ce dernier veut
démonter les préjugés et stigmatiser le racisme, Montandon prône une
hiérarchie absolue des civilisations. La « science ethnique », écrit-il
quelques années plus tard, « est la science, non pas des individus, mais des
groupements humains, la science qui les distingue, non seulement
corporellement, mais selon tous les degrés de leurs réalisations dans les
domaines linguistiques, religieux, culturel et mental » 10. Et de préciser
aussitôt que « l’idée même qu’il pût y avoir des races différentes […] était
devenue une hantise pour ceux qui […] avaient décrété que tous les
individus du globe pouvaient être ramenés à une commune mesure… » 11.
Sous l’Occupation, Louis-Ferdinand Céline racontera que Montandon était
pris de « bouffées de haine » lorsqu’il parlait de « la crapule » Paul Rivet :
« Transi, soudain […] il lui vient du rose aux joues blafardes lorsqu’il
parle de Rivet et de Serpeille de Gobineau » 12.
De l’« ologenèse culturelle » aux notions « d’ethnie
» et de « race »
Ayant quitté le laboratoire du Muséum, Montandon cherche vainement
une consécration universitaire. En 1931, il est finalement admis à l’Ecole
d’anthropologie de Paris 13. En plus de ses cours, il étudie les influences
d’une culture s’exerçant sur une masse ethnique donnée, dans le temps et
l’espace. La classification qu’il utilise pour réaliser cette étude s’appuie
sur les travaux et observations de Fritz R. Graebner et du père W. Schmidt,
les fondateurs de l’Ecole diffusionniste allemande. Ses livres de références
sont ceux d’ethnologues et anthropologues allemands 14. En 1934, il publie
L’Ologenèse culturelle. Traité d’ethnologie culturelle, aux éditions Payot.
Ses 778 pages évoquent le développement de la civilisation 15, l’éclosion
de cycles culturels, régionaux et locaux, le processus de formation d’un
cycle culturel et la production humaine 16. L’année 1933 voit paraître La
Race, les races, mise au point d’ethnologie somatique, où il distingue les
notions « d’ethnie » et de « race ». L’ethnie serait un groupement naturel,
pour la détermination duquel entrent en ligne de compte tous les caractères
humains, somatiques certes, mais surtout linguistiques ou culturels. En
revanche, la race est, selon lui, un groupement humain qui se détermine
uniquement d’après ses caractéristiques physiques, anatomiques, bref par
ses caractères somatiques.
Montandon évoque l’existence de ce qu’il appelle les cinq
« Grand’races » de l’espèce humaine 17 qu’il qualifiera peu après de
« mentalement inégales » entre elles 18. Il admet que le nombre minimum
admissible de « Grand’races » est de trois (les blancs, les noirs et les
jaunes). Au-delà, se profilent déjà quelques-unes de ses idées fixes. Sous
l’Occupation, nous retrouverons cette même obsession du classement, le
besoin de distinguer les individus entre eux par des catégorisations rigides.
L’Ethnie française
Au vu de ses publications, le directeur de l’Ecole d’anthropologie,
Louis Marin, le nomme professeur titulaire de la chaire d’ethnologie. En
1935, Montandon publie chez Payot un ouvrage qui porte le titre évocateur
de L’Ethnie française. Dans les années trente, ce terme est en compétition,
dans les milieux scientifiques, avec d’autres néologismes plus savants
proposés ça et là : ethnos, ethnicum, ethnea 19. Mais, telle qu’elle est
décrite par Montandon, l’ethnie exprime en fait ce que le nazisme entend
par Volkstum (l’identité et la tradition au sens populaire), notion sur
laquelle se fonde la politique d’hygiène raciale du troisième Reich 20. Les
Allemands eux-mêmes reconnaîtront que la doctrine de Montandon sur
l’ethnie coïncide en partie avec les conceptions les plus « avancées » de
l’ethnologie allemande 21.
Dans L’Ethnie française, il distingue une ethnie typiquement française
(France, Belgique, Canada, Suisse…) qui se caractérise par la langue. Cet
ouvrage contient également un court chapitre intitulé « La composante
judaïque en France » (pp. 137-145) dans lequel et « contrairement aux
esprits simples qui ne connaissaient qu’une seule race juive » 22,
Montandon défend l’idée qu’il n’y a pas de race juive du point de vue
anthropologique mais deux « ethnies juives » : la « race alp-arménienne »
et la « race méditerranéenne ». Il pense néanmoins qu’il existe un type
racial juif reconnaissable physiquement.
D’une dérive probable puis certaine de l’ethnologue
En août 1935, le vieux musée du Trocadéro ferme ses portes. Sous les
auspices de Léon Blum, Paul Rivet organise la création du futur musée de
l’Homme, qui est inauguré en mai 1937. La même année, Paul Rivet et
Georges-Henri Rivière créent le premier grand musée du folklore en
France : le musée national des Arts et Traditions Populaires. Au même
moment, une équipe de scientifiques et d’enseignants formée autour de
Paul Rivet lance une revue intitulée Races et Racisme. Cette publication
veut instruire le public sur le développement pris par les théories racistes
dans certains pays 23. Races et Racisme se distingue nettement d’une autre
revue importante, la Revue anthropologique de l’Ecole d’anthropologie de
Paris où l’on trouve de nombreux articles (idéologiquement racistes) sur
les questions raciales 24. C’est durant cette période que la dérive de George
Montandon l’amène à devenir en 1938, un militant antijuif.
Les multiples travaux que l’ethnologue a publiés jusque-là lui ont
demandé beaucoup d’efforts et de travail. La consécration fut
probablement pour lui d’être nommé professeur à l’Ecole d’anthropologie
de Paris, d’avoir quelques élèves et de correspondre avec des raciologues,
principalement allemands et italiens. Il dispose même d’un certain
prestige, mais auprès d’un public bien déterminé, assez âgé et plutôt
conservateur. Que peut-il espérer de mieux ? Succéder à Louis Marin ? Il
n’est pas sûr qu’il y ait vraiment songé, tant il semble l’apprécier (voir par
exemple son Ologenèse humaine, p. 9) 25. Mais l’intérêt du public s’est
déplacé vers le musée de l’Homme et un nouvel institut universitaire,
l’Institut d’ethnologie, créé en 1925 par Lucien Lévy-Bruhl et Paul Rivet.
De plus, l’Institut d’ethnologie 26 tout comme le musée de l’Homme,
s’inscrivent dans une tradition durkheimienne, défendant des idées
politiques de gauche 27. Ainsi, l’Institut est devenu peu à peu le principal
rival de l’Ecole d’anthropologie qui est politiquement marquée à droite et
développe, quant à elle, une méthodologie descriptive. L’Ecole
d’anthropologie de Paris apparaît surtout, dès les années trente, comme
une ancienne structure. Or, Montandon, en quête d’une consécration
universitaire, aurait préféré enseigner ailleurs. Le domaine de recherche
qui est le sien offre certes quelques perspectives, mais il considérait sans
doute qu’il lui manquait un thème plus porteur. Il fallait le trouver, étudier
un peuple bien déterminé, fixer son attention sur lui et publier nombre
d’analyses, pour un plus large public.
Mais, quel peuple ? Les Lapons et les Basques ont déjà été étudiés par
Montandon. Ces essais, n’intéressant que quelques rares spécialistes, n’ont
pas fait de lui un plus grand ou plus riche savant. Il faut souligner une
autre donnée importante, si l’on veut comprendre les dérives
montandoniennes : de 1934 à 1945, 928 ouvrages sont publiés sur les
races, les étrangers ou les Juifs. Sur ces 928 titres, environ 626 sont à
connotation raciste et antisémite. 63 % de ces titres sont publiés dans les
années 1934-1939 28. Parler, écrire ou publier sur les Juifs apparaît donc
comme un commerce lucratif. Or, Montandon est très regardant lorsqu’il
s’agit de défendre ses intérêts matériels. Il suffit de rappeler qu’il avait eu,
en 1920, des démêlés avec la Croix-Rouge, lors de la reddition de ses
comptes 29 ; qu’en 1922-1923, l’actionnaire Montandon s’était montré sous
un jour peu reluisant dans les différends qu’il avait eus avec le directeur de
La Gazette de Lausanne, critiquant sa gestion et se plaignant en outre de
ne pas percevoir de dividendes suffisants en tant qu’actionnaire 30 ; que
tout au long de ces années, il vivait en « aristocrate » 31 et qu’enfin, sous
l’Occupation, il édifiera une imposante fortune en monnayant des
certificats « d’aryanité ou de non aryanité ».
De plus, dans la correspondance qu’il entretient avec des raciologues
allemands et italiens, une question revient continuellement : les Juifs.
Montandon cherche à être reconnu en Allemagne. Il reçoit les dernières
publications raciologiques allemandes 32. Nous savons qu’en 1926 comme
en 1935, l’ethnologue avait déjà travaillé sur ce sujet. Il n’en faisait certes
pas encore un objet de fixation particulière. Il n’aura donc pas de mal à
approfondir la question et à l’exploiter. A partir de ces éléments, il pourra
justifier, dès 1938, les pires aberrations. Ce sont à la fois ces conceptions
et l’orientation de sa pensée, son antijudaïsme ou encore le besoin d’être
reconnu qui feront de lui non le militant antisémite de la première heure,
mais celui qui sait le devenir, lorsque le moment devient propice. Une de
ses remarques résume fort bien le personnage. Le 26 avril 1940, au journal
La Lumière qui le décrivait comme « un apôtre du racisme hitlérien »,
Montandon répond simplement que « prétendre à ce propos que j’obéis à
des suggestions hitlériennes est un non-sens. C’est plutôt Hitler qui s’est
saisi des miennes – les réalisant en pleine guerre et sans accords
réciproques » 33.
Ethnisme juif et néo-palestinisme
En octobre 1938, le raciologue allemand Hans F.K. Günther se déclare
d’accord avec la solution de la question juive proposée par l’auteur de
L’Ethnie française et du Problème des races. C’est dans « L’Ethnie juive
devant la science », développement de quelques chapitres de L’Ethnie
française, pour le numéro 1 des Cahiers du Centre d’examen des
tendances nouvelles (septembre 1938), que Montandon se manifeste
publiquement comme militant antisémite. Pour les besoins de sa thèse, il
souligne à nouveau les particularités du type juif et de « l’ethnisme juif ».
Il conclut que l’existence de ces particularités doit justifier la mise à
l’index du Juif. Ainsi propose-t-il « la création d’un Etat israélite […] qui
serait la condition indispensable pour pouvoir mettre un frein aux abus de
l’ethnisme juif en dehors de la Palestine ». Les Juifs enfreignant la
politique de « préservation » risqueraient la peine de mort ou la castration,
et « en ce qui concerne les femmes […] la répression consisterait à les
défigurer en leur coupant l’extrémité nasale, car il n’est rien qui enlaidisse
davantage que l’ablation de l’extrémité du nez » (p. 22). Dans sa
correspondance, Hans F.K. Günther mettant en doute ces propositions,
Montandon confirme l’exactitude de ses propos 34. Günther se déclare
néanmoins d’accord avec la solution de la question juive proposée par
Montandon et rappelle qu’il en a formulé une semblable dans son livre
Rassenkunde des jüdischen Volkes. En effet, dans cet ouvrage, paru en
1930 chez J.F. Lehmann, à Munich (pp. 338-346), Günther préconise la
création d’un Etat juif comme seul moyen possible d’éviter ce qu’il
considère comme une action de désagrégation, biologique et spirituelle,
conduite par les Juifs au sein des peuples. Günther juge que l’existence du
sionisme facilite la solution, à moins que des difficultés insurmontables ne
s’y opposent du côté arabe, rendant préférable le choix d’une autre
région 35. D’autres raciologues nazis approuvent également l’hypothèse de
la création d’un Etat juif. En revanche, les services d’Alfred Rosenberg et
de la SS s’y opposent catégoriquement. Une correspondance fort édifiante
s’échange à ce sujet, de janvier à juin 1939, entre Montandon et Ulrich
Fleischhauer qui, sur le conseil de Louis-Ferdinand Céline 36, prend
l’initiative de cet échange. Fleischhauer est alors le directeur d’un
organisme que Rosenberg contrôlera pour développer la propagande
antisémite, le Weltdienst (« Service mondial »). Dans sa correspondance,
Montandon s’étonne de l’opposition du Weltdienst à cette solution d’un
Etat juif 37. Au mois d’avril 1939, il revient sur ce sujet lors d’une
conférence qu’il donne à la Sorbonne, puis il publie un long article dans
Contre-Révolution (dirigé par Léon de Poncins) où il réaffirme sa
position : « Il est clair que cet Etat juif devrait être souverain de façon à
pouvoir entretenir des légations et consulats, dont relèveraient les Juifs
[…] et à pouvoir doter ces ressortissants-là de passeports juifs » 38.
Montandon insiste. Il se plaint qu’en France les antisémites passent leur
temps à s’entre-déchirer, il dénonce les suspicions qui règnent ici ou là et
les luttes intestines. Il admet que les antisémites peuvent diverger sur les
modalités à suivre. Ils doivent néanmoins arriver au même but, qui est
« l’exclusion des Juifs de la vie française ». « On m’a reproché de partir »,
écrit-il, « en combattant les Juifs, d’une question personnelle. Oui ! C’est
une question personnelle qui m’a définitivement fixé […]. Je propose une
solution qui soit générale et définitive […]. Car le refus d’octroyer à la
nation juive un territoire, où cela nous conduira-t-il ? Au pogrome tout
simplement. Etes-vous pour le pogrome ? Sommes-nous pour le
pogrome ? Tant que vous voulez s’il ne s’agit que de satisfaire ses
ressentiments personnels ! […] Je crois même que la question juive serait
réglée si l’on autorisait légalement tout Français chrétien à tuer deux Juifs.
Les Juifs qui auraient échappé prouveraient par là qu’ils n’ont fait de mal à
personne, ni matériellement, ni moralement. Combien y en aurait-il ? Cela,
c’est une autre affaire » 39. En mars 1943, il conclut une conférence en
expliquant qu’historiquement « trois solutions ont été mises à l’épreuve »
pour résoudre le « problème juif » : l’assimilation, la ségrégation et
l’émancipation. Toutes ces solutions ayant échoué, il n’en reste que deux
autres :
« Si la communauté juive était susceptible d’être rassemblée en un
point et capable de se constituer normalement, on pourrait appliquer le
principe de la stabilisation, sur un territoire donné. Mais les prémisses
nécessaires à cette solution ne sont pas remplies aujourd’hui […].
Quelle est, pour nous autres, la solution normale appliquée au
problème que pose l’existence d’une bande de gangsters ? Une seule :
l’extirpation. Vous vous rendez donc compte que la conception sociale
que nous avons envisagée de la communauté juive légitimerait par
avance toutes les mesures, allant jusqu’à la mort du troupeau, qui
auraient pour but d’assurer l’élimination totale de l’association
filoutaire de nos pays d’Occident » 40.
Comment reconnaître le Juif ?
De 1938 à 1940, Montandon vaque surtout à l’une de ses occupations
préférées, la description et la détermination des caractères somatiques du
Juif. Le texte qu’il avait publiée en 1938 dans Les Cahiers du Centre
d’examen des tendances nouvelles lui avait valu une certaine notoriété.
Darquier de Pellepoix, conseiller municipal de Paris, président du
Rassemblement antijuif de France et directeur de La France enchaînée,
applaudit 41. Le 24 mars 1939, il invite Montandon à donner une
conférence sur « le problème des Races ». Ce dernier affirme alors que les
Juifs sont plus profondément différents des Français qu’aucun autre peuple
au monde parce qu’ils sont différents sur les cinq points qui caractérisent
l’ethnie : 1, les caractères physiques ; 2, la religion ; 3, la langue ; 4, les
coutumes ; 5, la mentalité. En avril 39, il donne une conférence à la Ligue
franc-catholique : « L’Ethnie juive et le type racial juif » 42. Ses causeries
passionnent l’auditoire, comme en témoignent ces quelques lignes :
« En parlant, vous avez dit que les Juifs ne pouvaient pas être reconnus
à leur squelette et que, par conséquent, ils n’étaient même pas
propriétaires de leur os. C’était très drôle, c’était très spirituel et cela a
amusé l’auditoire » 43.
Néanmoins, et même chez les antisémites, Montandon est loin de faire
l’unanimité. Un différend l’oppose à l’Action française et à Jean-Pierre
Maxence de l’hebdomadaire Gringoire. Dans une lettre du 25 janvier
1939, il reproche à Maxence, mais aussi à Charles Maurras, d’affirmer que
le racisme est inapplicable en France. Il se livre à une explication savante :
on ne fait pas de « racisme vrai » mais de l’ethnisme qui doit être le
principal et unique fondement de la politique antisémite française 44. La
réponse de Maxence ne se fait pas attendre. Il dénonce les déductions
fragiles de Montandon puis proclame solennellement qu’il est antisémite,
mais « antisémite d’Etat comme Maurras et absolument hostile à la
frénésie et à la barbarie raciste, cela non par solidarité juive comme vous le
pensez, mais par raison ; je puis vous dire que vos outrances, vos
affirmations mal contrôlées servent la cause du judaïsme international. Il
est certaines attitudes qui, dans un pays civilisé, paraîtront toujours
provocantes » 45. Dans sa réponse, Montandon persiste et critique
l’antisémitisme à la française :
« A quoi a abouti l’antisémitisme de Drumont, prolongé par Maurras,
et par Darquier ? “Nous ne sommes arrivés à rien !” – disait un ancien
militant de Drumont. Mais à quoi est arrivée l’Allemagne avec son
ethnoracisme par rapport aux Juifs ? Et que craignent les Juifs en Italie
et ailleurs ? Ce n’est pas l’antisémitisme (ils s’en foutent), mais
l’ethnoracisme » 46.
Montandon, convaincu que l’ethnoracisme est la seule et unique
manière de lutter efficacement contre les Juifs, fait paraître le 5 novembre
1939 dans la revue italienne raciste La Difesa della Razza, un article
intitulé « L’etnia puttana » (« L’ethnie putaine [sic] »), où il prétend
esquisser une « détermination psychologique » de « l’ethnie juive » en tant
qu’« ethnie putain ». Son article voisine avec un article d’esprit analogue
d’Eugen Fischer et avec celui de Ludwig Ferdinand Clauss, le théoricien
de l’âme germanique. Pour souligner l’importance de ce texte, La Difesa
della Razza met en évidence les titres et mérites de l’auteur et précise qu’il
s’est toujours montré un ami de l’Italie, car, durant la guerre éthiopienne, il
s’est résolument rangé du côté italien 47. L’article de Montandon est un
assemblage d’allégations fantaisistes et d’attaques antisémites d’une
incroyable violence. Après l’armistice, il poursuivra son étude du « type
racial juif » dans La France au travail où il donne une série d’articles à
partir d’août 1940. La même année, il publie un nouvel ouvrage :
Comment reconnaître le Juif, édité par les Nouvelles éditions françaises 48,
qui sont en fait une filiale de Denoël. Montandon y explique que l’ethnie
juive se serait « formée à cheval sur les deux races arménoïde et araboïde »
(p. 20). Ainsi s’expliquerait le fait que « le Juif ne dispose même pas d’un
squelette dont il soit racialement le propriétaire » (p. 20) et que, chez « le
Juif », le « masque propre des parties molles [est] sus-jacent à une forme
crânienne quelconque », et « sous-jacente […] à une carnation quelconque
[sic] » (p. 21).
La revue de Gérard Mauger et George Montandon
En juillet 1940, l’un de ses disciples, Gérard Mauger, lui propose de
diriger un mouvement qu’il veut créer. A défaut, il dit avoir l’autorisation
de publier une revue « scientifique » dont le titre pourrait être emprunté à
celui d’un de ses ouvrages (L’Ethnie française). Gérard Mauger est
nommé rédacteur en chef. Montandon accepte de diriger la revue dont les
contributions principales seront bien évidemment les siennes. Elles
consistent en une série d’articles intitulés « L’ethnie juive » (un article par
numéro). Dès le premier numéro (mars 1941), les buts de L’Ethnie
française sont exposés. La revue soutient la politique mise en œuvre par
Pétain mais encourage surtout la collaboration franco-allemande. Elle veut
aussi permettre aux Français de scruter le problème ethnoracial et de se
situer par rapport aux autres communautés. Dans ce même numéro,
Montandon définit ce qu’est l’ethnie française, puis fait l’historique de
l’ethnie juive, un peu comme il l’avait déjà fait en 1926, pour L’Humanité.
Dans le second numéro (avril 1941), il soutient que le Français est, plus
qu’il ne s’en doute, de souche aryenne, en précisant toutefois qu’il espère
une entente avec l’Allemagne, l’Italie et la France. Cela permettrait
d’appliquer « des mesures antisémites et anti-exotiques d’ensemble ». Il
préconise dans l’immédiat « la reconnaissance de l’état d’infériorité qu’ont
suscité les éléments étrangers à l’ethnie aryenne », ainsi que la nécessité
« d’éliminer et d’éloigner ces éléments […] des territoires de l’ethnie
française ». Après son numéro 5, de septembre 1941, L’Ethnie française
suspend pendant cinq mois sa parution, en raison de difficultés matérielles.
Elle reparaît en mars 1942 (numéro 6). Et son numéro 7 ne paraît qu’en
janvier 1943 seulement. Jusque-là, L’Ethnie française était financée par
l’Institut allemand de Paris. Mais ce dernier décide de ne plus soutenir la
revue pour en laisser le soin à l’Union française pour la défense de la race
(U.F.D.R.), présidée par le Commissaire général aux questions juives,
Darquier de Pellepoix. Dans un rapport du 23 mai 1943 concernant les
modifications à appliquer à la dite revue, le rapporteur note que ses
dirigeants techniques, MM. Mauger et Montandon ont complètement
perdu de vue le but initial. Il s’étonne de voir que c’est surtout la question
juive qui est traitée dans les pages de cette publication, alors que cette
matière devait être entièrement réservée à un autre titre, La Question juive
en France et dans le monde. Le rapporteur n’aime d’ailleurs guère le titre
de la revue, « le terme “ethnie” n’est pas français », écrit-il 49. Il propose
alors de changer son titre et son contenu, en « Origines Françaises », avec
comme sous-titre : « Races – provinces – folklore ». Il est convaincu
qu’ainsi conçue et, au surplus, adroitement illustrée, cette revue atteindrait
mieux son but et susciterait mieux qu’elle ne le fait l’intérêt et la curiosité
du public. Il est probable qu’une revue qui aurait incité le lecteur à
rechercher son identité culturelle dans l’espace clos où langues, savoir-
faire, habitats, fêtes, arts populaires… deviennent les signes majeurs, se
serait sûrement mieux vendue.
Les recherches ethnoraciales de Montandon apparaissent d’inspiration
et de tradition allemande et la lecture de L’Ethnie française est fastidieuse.
Le numéro suivant paraît en mai 1943. Cependant aucun changement
notable ne peut être remarqué. Montandon a su défendre sa revue, son titre
et son concept. Il a de bonnes relations avec le SD à qui il rend de petits
services. Le SS-Obersturmführer (lieutenant-colonel) Roethke, chef de la
section des Affaires juives au SD, précise dans une note du 31 juillet
1943 50 que « le spécialiste des questions raciales, le professeur
Montandon, travaille en relations étroites avec les sections IV B-B.ds et IV
B-K.dr ». Le service iv B étant la section des Affaires juives au SD, le
B.ds était le chef de la police de sécurité et du SD (pour la France) et le
Kdr, la Kommandatur 51.
En juillet 1943, paraît le neuvième numéro de la revue. Montandon y
publie pour l’essentiel quelques textes issus de cours donnés par l’équipe
de l’Institut d’étude des questions juives et ethno-raciales. En février 1944,
la revue manque de lecteurs et risque de disparaître. Montandon plaide
alors sa cause auprès du service de la propagande du C.G.Q.J. qui propose
de lui accorder une subvention exceptionnelle de 50 000 francs, afin que
ne tarisse pas la publication de revues spécialisées dans la « question
juive ». La disparition de ce titre « pouvant être interprétée uniquement
comme un recul de l’antisémitisme en France », le C.G.Q.J. propose même
de souscrire 500 abonnements pour un total de 50 000 francs. Le rédacteur
de cette lettre signale toutefois que, si, grâce à ce geste, la revue peut
survivre, le Commissariat « n’est pas maître de ses textes et qu’ils peuvent
parfaitement ne pas convenir ». Il ajoute que le C.G.Q.J. devrait prévenir
d’éventuels désaccords en prenant contact avec « Mauger son propriétaire
en vue d’offrir aux lecteurs une revue rédigée suivant ses vues et non
seulement suivant celles de Montandon » 52.
Examens ethno-raciaux
Une autre activité de George Montandon mérite d’être soulignée. Dès
que la législation antijuive commença à produire ses effets, certaines
personnes réclamèrent un moyen de prouver qu’elles n’étaient pas juives,
alors que d’autres y furent « invitées » par le C.G.Q.J. ou par la préfecture
de police. En octobre 1941, le C.G.Q.J. délivre des certificats de non-
appartenance à la « race juive », mais Dannecker tente d’associer un
« expert » allemand des questions raciales aux services de Xavier Vallat,
Commissaire général, pour contrôler la remise de certificats qui étaient
jusque-là délivrés par des juristes. Vallat manifeste son mécontentement
du fait qu’on veut lui imposer un « expert » allemand, et fait une
proposition indiquant qu’il a offert à Montandon, en décembre 1941, d’être
attaché au C.G.Q.J. en qualité d’ethnologue 53. Les expertises, les examens
commencent aussitôt. Quand une personne lui est envoyée, Montandon
doit transmettre le rapport au Commissariat, sans en donner copie à
l’intéressé, et sans même lui donner connaissance de sa conclusion.
L’intéressé devait venir le chercher personnellement ou le demander par
écrit, au Commissariat.
Voici comment Montandon, le 24 mars 1943, présente son « travail » :
« Au cours de l’année qui vient de s’écouler, celui qui vous parle a eu
l’occasion, soit pour le C.G.Q.J., soit pour le juge d’instruction, soit
pour les tribunaux, d’examiner plusieurs centaines d’individus plus ou
moins Juifs, dont les papiers de familles étaient incomplets, dans le but
de déterminer si, du point de vue ethno-racial, il y avait lieu de
considérer les individus en question comme Juifs, comme non-Juifs ou
comme demi-Juifs. Or, je puis dire que si même telle n’avait pas été
notre intention, nous aurions involontairement vu défiler devant nos
yeux tous les aspects de la question juive. Et c’est bien ce que prétend
être un examen ethno-racial : un examen total de l’individu […].
Expliquons-nous. En premier lieu, l’examen sera total en ce sens qu’il
inventoriera l’individu soumis à l’investigation sous tous ses aspects :
sous ses aspects héréditaires, c’est-à-dire biologiques ou raciaux, et
sous ses aspects traditionnels, c’est-à-dire proprement ethniques […].
A côté de l’examen individuel naturellement nécessaire,
l’établissement du dossier familial est capital. Ce n’est que l’examen
de la famille au sens large […] qui permet de statuer en connaissance
de cause […]. Voilà pourquoi on peut dire que l’examen ethno-racial
est plus que total, car il est et doit être familial » 54.
Les rapports établis par Montandon comportent donc quatre parties.
Dans la première, dite « antécédents ethniques », il précise l’état civil des
parents de l’intéressé et se préoccupe de la circoncision, le fait pour un
homme d’être ou non circoncis étant à ses yeux particulièrement
important 55. Puis vient l’examen de la « race biologique ». Alors que
l’individu se déplace devant Montandon, ce dernier analyse sa stature, sa
constitution, ses pieds ; l’examen anthropométrique se poursuit, permettant
de distinguer entre dolichocéphales et brachycéphales. Après vient
l’examen du « faciès » : le teint, les cheveux, l’iris, la face, les pommettes,
le nez, la bouche et les oreilles 56. Enfin, une série de considérations
peuvent confirmer ou infirmer : « Si l’on voulait juger l’examiné
seulement par sa contenance et ses oreilles écartées, on pourrait le classer
parmi les plus ou moins Juifs. Cependant, l’allure générale est celle d’un
individu de race alpine » 57. A partir de ces éléments, vient la conclusion,
du type : « En conséquence, le soussigné estime que l’examiné peut être
considéré comme non-juif de façon provisoire » 58. Est-il nécessaire de
préciser que les examens de Montandon pouvaient avoir des conséquences
dramatiques pour les individus ? Ils étaient d’ailleurs connus et vivement
dénoncés par la Résistance. Le Combat médical de mars 43, organe des
médecins antiracistes et résistants, lui consacre cette longue brève :
« M. Montandon donne des consultations […] qui lui assurent un
confortable revenu. On cite le cas d’une ancienne aristocrate russe dont
les aïeux depuis 6 siècles sont connus comme de purs aryens mais dont
le mari porte un nom douteux du point de vue aryanité et qui a été
dirigée chez Montandon pour expertise. Après avoir […] mesuré son
crâne, la largeur de ses hanches, son sternum et vérifié la cambrure de
son pied, M. Montandon décréta qu’elle était juive indiscutablement.
D’éminentes personnalités de l’Office russe (collaborateur) ont été
obligées d’intervenir en sa faveur. Nous nous demandons si M.
Montandon a pris toutes les mesures de Goebbels, du faciès de Laval et
du crâne de Mme de Brinon, qui sait ? Cela nous réserverait bien des
surprises ! »
Pour établir les certificats, Montandon exige des honoraires élevés, il
édifie ainsi une imposante fortune 59. Ses services comportent un tarif
régulier qui est fixé officiellement à 400 francs 60. Mais, ce tarif peut
facilement atteindre ou dépasser les 2 000 francs 61. Lorsque Montandon se
déplace, le coût est nettement majoré : plus de 10 000 francs. D’un
examiné suffisamment riche, Montandon accepte des pots-de-vin et délivre
un certificat de non-appartenance à la « race juive ». Le témoignage d’un
résistant Juif dépeint les conditions dans lesquelles on pouvait obtenir une
expertise favorable :
« Mon avocat… est allé voir Montandon et a réglé la chose en lui
payant la somme de 50 000 francs ! Par la suite, Montandon a donné
un certificat que, vu la circoncision, je pourrais certes appartenir à la
race juive, mais qu’il a constaté après examen approfondi que ce
n’était pas le cas » 62.
Un autre témoignage est encore plus édifiant. Le propriétaire du Lido
l’aurait soudoyé en lui offrant trois caisses de champagne 63…
Le Commissariat général aux questions juives, soucieux de ménager
son budget, avait proposé que l’Union générale des israélites de France
(U.G.I.F.) prenne en charge les cas où un nécessiteux avait été reconnu
comme Juif. Contrainte de le faire sous la menace 64, car la préfecture de
police tenait absolument à ce que toutes les expertises confirmant l’origine
juive des personnes examinées soient payées, l’U.G.I.F. réglait
Montandon. Dans le cas où un nécessiteux était déclaré non-Juif, les frais
devaient en principe être assumés par l’Assistance publique 65. Néanmoins,
le rapport d’une brigade de la préfecture de police, réalisé le 14 août 1945,
à la Libération, précise que lorsque l’intéressé ne pouvait pas payer la
consultation, il était automatiquement déclaré comme Juif.
L’I.E.Q.J.E.R.
Le 24 mars 1943 est fondé à Paris, au 21 rue de la Boétie, l’Institut
d’étude des questions juives et ethno-raciales (I.E.Q.J.E.R.) qui est
patronné par Abel Bonnard 66 et Darquier de Pellepoix. L’I.E.Q.J.E.R.
succède à l’I.E.Q.J. qui avait été créée en 1941 par Theodor Dannecker 67
et occupe son ancien siège. La direction de l’organisme est confiée à
George Montandon qui assurera le cours d’ethnoraciologie judaïque.
Depuis plusieurs mois déjà, il était question de créer un tel institut. En
janvier 1943, dans L’Ethnie française, Gérard Mauger publie un article qui
met en cause l’Ecole d’anthropologie de Paris. Mauger reconnaît que de
« très éminents savants » y prodiguent leur enseignement mais souligne
que l’auditoire est insuffisant. Dans ces conditions, il propose que l’Ecole
soit réorganisée et confiée à un homme qui « comprenne réellement que
cette science doit être répandue dans un but pratique et non pas constituer
le sujet et le thème de laïus ultra-confidentiels » 68. Cet article reflète bien
évidemment les positions de George Montandon.
Quelques jours auparavant, Darquier avait fondé au C.G.Q.J. une
Direction de la propagande dont le programme est présenté le 12 décembre
1942, au conseiller de l’ambassade d’Allemagne, Ernst Achenbach 69.
Trois groupements sont créés. En premier lieu, un Institut
d’anthroposociologie, présidé par Claude Vacher de Lapouge, aura pour
tâche de « donner le ton dans les milieux exclusivement scientifiques et
spécialisés ». L’Institut d’étude des questions juives et ethno-raciales,
dirigé par le professeur Montandon, devra « étudier activement et à fond
tous les aspects du problème juif restés jusqu’ici dans l’ombre ». Enfin,
l’Union française pour la défense de la race (U.F.D.R.), présidée par
Darquier en sa qualité de Commissaire général, « prendra la suite du
Rassemblement anti-juif de France, fondé par Darquier en 1939 ».
L’U.F.D.R. s’appliquera à « faire pénétrer dans les masses les idées
précises et étudiées par l’I.E.Q.J.E.R. » 70. Darquier sollicite alors
Montandon, qui, dans une lettre adressée le 29 janvier 1943 à Pierre
Gérard, adjoint au cabinet du Commissariat général, expose ses conditions.
Il demande que le docteur René Martial n’intervienne pas dans les activités
de l’Institut. Il exige également que la presse présente son Institut comme
un organe scientifiquement indépendant. Les articles et communiqués
devront lui accorder une publicité égale à celle faite en faveur de l’Institut
d’anthropo-sociologie 71.
L’inauguration a finalement lieu le 24 mars. Dans sa conférence
inaugurale 72, Montandon explique que l’Institut étudiera les questions se
rapportant aux « races » et aux « peuples » et à « l’étude des personnes
appartenant au peuple de race juive en France et dans le monde ». Il
présente aussi l’équipe enseignante de l’année. Gérard Mauger assurera un
enseignement supérieur d’eugénisme et de démographie. Dans son cours
de « philosophie ethno-raciale », le biologiste Pierre Villemain dégagera
les rapports existants entre les nouvelles doctrines raciales et les anciennes
doctrines spirituelles 73. Le cours d’onomastique sera donné par Armand
Bernardini 74 et celui d’histoire de la littérature par un spécialiste du
e
XVI siècle, Jean Héritier, journaliste au Pilori. L’ingénieur Charles Laville
assurera le cours de « judéocratie » ou « technique de l’intrusion juive
dans la direction du pays ». Ces professeurs devront former les cadres qui
auront à examiner ou à régler « des affaires intéressant les Juifs ». Ils
seront aussi chargés d’un centre de documentation. Durant l’inauguration
de ce nouvel institut, Darquier de Pellepoix prend la parole pour préciser :
« Cette lutte n’est [pas] autre chose que celle du bien contre le mal, de
Dieu contre Satan » 75.
Les premiers cours sont donnés respectivement par Montandon,
Mauger, Héritier, Villemain et Laville. Montandon dénonce l’« ethnie
putain », et explique que les Juifs « vivent au milieu des autres peuples en
état de prostitution ethnique » 76. Mais les cours de l’Institut n’ont pas plus
de succès que ceux de l’Ecole d’anthropologie. Il y eut 270 personnes pour
l’inauguration de l’Institut, mais ils ne furent qu’une trentaine à assister
aux cours donnés dès le lendemain. Tout au long des mois d’avril et de
mai, les auditeurs ne sont plus qu’une vingtaine en moyenne pour chaque
cours.
Environ trente personnes assistent aux cours de Montandon en mars,
une vingtaine en avril, moins d’une vingtaine en mai et un peu moins
d’une quinzaine en juin. Il suggère alors d’accorder un diplôme d’assiduité
aux auditeurs qui suivent régulièrement deux cours au moins, pendant
deux années scolaires ou quatre cours au moins, pendant une année
scolaire. Très rapidement, l’I.E.Q.J.E.R., comme l’Institut d’anthropo-
sociologie, perdent leur raison d’être. La disparition de ces organismes est-
elle due au fait que, pour les nazis, il n’existe pas de position idéologique
satisfaisante qui puisse être défendue par un théoricien n’étant pas
d’origine germanique ? Ou est-elle due au fait que ces cours suscitent si
peu d’intérêt chez les Français qu’il n’est pas nécessaire de poursuivre
l’entreprise ? 77 De plus, l’I.E.Q.J.E.R. n’était aucunement conçu comme
une continuation de l’ancien Institut d’étude des questions juives du
capitaine Sézille. Ne disposant pas des mêmes moyens ni du même budget,
ses activités se limitaient à quelques cours.
L’attentat
Le matin du 3 août 1944, à 8 heures 30, une camionnette s’arrête
devant le domicile de Montandon, au 22 rue Louis-Guespin à Clamart, à
une dizaine de mètres seulement de la gendarmerie. Deux ou trois
hommes, des Résistants, en descendent et sonnent à la porte. Madame
Montandon vient ouvrir, elle est tuée d’un coup de revolver. Les visiteurs
pénètrent ensuite dans le pavillon, montent à l’étage et trouvent George
Montandon, lui aussi armé. Un échange de coups de feu a lieu et ils
prennent la fuite 78. Atteint au côté droit, Montandon, encore conscient,
demande à être transporté à l’hôpital Lariboisière, alors sous
administration allemande. Sitôt alertée, la gendarmerie de Clamart effectue
les premières recherches et transmet l’enquête au commissaire de police de
la ville de Vanves qui avise les Renseignements Généraux. Le 5 août, un
employé de la mairie de Clamart dresse l’acte de décès de Madame
Montandon. Aussitôt informé, le responsable du consulat de Suisse à Paris
écrit au ministre des Affaires étrangères à Berne afin de lui signaler qu’à
sa connaissance, Montandon aurait été victime d’un attentat mais ne serait
que blessé 79. « Ainsi que vous le savez sans doute, Monsieur Montandon »
écrit le diplomate, « était le conseiller du C.G.Q.J. chargé de procéder à
des expertises en vue d’établir dans des cas douteux l’aryanité ou la non
aryanité de certaines personnes. Cette activité n’est probablement pas
étrangère au sort qui lui a été réservé » 80. George Montandon est transféré
en Allemagne quelques jours plus tard et décède le 30 août 1944 à
20 h. 15, au Karl-Weinrich-Kranhenhaus de Fulda, du moins selon l’acte
de décès rédigé le 2 septembre 1944. Le 27 septembre 1944, une
information judiciaire est ouverte contre lui par la cour de justice de la
Seine. L’individu étant décédé, le dossier est classé sans suite le 14 juin
1945. Quelques jours plus tard, un employé mentionne sur un registre de la
ville de Clamart que : « Montandon, George, né le 19 avril 1879 à
Cortaillod, est condamné le 27 mars 1945 à l’indignité nationale » 81.
« Anglais 4,5
Belges 4,4
Alsaciens 4,01
Suédois 3,7
Français 3,2
Allemands 3,1
Hollandais 3,08
Ecossais 2,7
Italiens 2,6
Danois 2,5
Tchèques 2,4
Grecs 2,25
Arméniens 2,01
Juifs 1,6 [variabilité atypique : de 0,9 à 2,7]
Arabes 1,6
Russes 1,4
Polonais 1,2
Nègres (Amérique) 0,9 »
Lieu
A BA B O Indice
d’origine
Perse 47,24 23,62 8,65 20,49 1,73
Géorgie 43,09 19,12 10,73 26,95 1,80
Russie 42,3 23,5 6,2 28 1,6
Pologne 41,5 17,4 8 33,1 1,9
Allemagne 41,1 11,9 4,9 42,1 2,7.
Hollande 39,4 13,5 4,5 42,6 2,5
Roumanie 38,8 19,8 15,3 26,1 1,6
Espagne 33 23,2 5 38,8 1
Maroc 35,9 19,9 7,3 40,2 1,63
Asie
33 20 13 34 1,4
Mineure
Tunisie 31 15,5 12,5 41 1,55
Asie
29,2 30,5 7,9 32,3 0,9
moyenne
Askenazim 40,8 18,7 7,1 33,4 1,9
Sephardis 33 23,2 5 38,8 1,3
Karaïtis 30,3 25,7 7,5 36,5 1,14
Les données recueillies dans ce tableau 128, mises en relation avec celles
qui concernent les peuples européens et tout particulièrement l’« ethnie
française » ou la « race française », doivent permettre le repérage des types
juifs susceptibles de fournir les meilleurs immigrés dans la catégorie
« Juifs », ce qui revient à pouvoir identifier les types juifs les plus aptes à
se croiser avec des Français « de souche » pour engendrer de « bons
métis ». Ce qu’il faut impérativement rappeler, c’est que « l’ethnie
française n’a résorbé au cours de son histoire que des peuples ou parties de
peuples n’ayant que des indices biochimiques se classant dans certaines
limites et non au-delà ni en deçà » 129, et que « l’indice moyen personnel au
bloc français est de 3,2 » 130. Martial suppose donc que, dans le cas de la
France, il y a eu sélection sanguine de fait, « sélection spontanée »,
fonctionnant comme si les « affinités biologiques » 131 avaient été connues :
il s’agit dès lors de faire systématiquement et en connaissance de cause ce
qui a toujours été fait de façon empirique, selon les pulsions et les
répulsions naturelles. Mais, une fois de plus, la sélection s’avère, dans le
cas des Juifs, infiniment plus difficile à faire que pour d’autres ethnies : il
est aisé de comprendre « comment un peuple instable comme les Juifs, qui
a essaimé dans le monde entier, a subi ou recherché partout des
métissages, en arrive à compter autant d’indices biochimiques que de pays
ou même de localités où il s’est arrêté, et qu’au seul Maroc, il en compte
au moins sept » 132.
La conclusion de Martial, celle qu’il offre aux dirigeants politiques
français, n’est guère favorable à l’ouverture des frontières aux candidats
juifs à l’immigration : leur indice biochimique est le plus souvent trop bas,
et leurs caractéristiques psychologiques, fort éloignées de celles de l’ethnie
française, ne les qualifient pas en tant que coproducteurs potentiels de
« bons métis » avec des Français de « vieille souche ». L’indice moyen des
Français étant de 3,2, qu’en conclure pour une politique sélective de
l’immigration juive ? Donnons sur ce point le dernier mot au docteur
Martial :
« L’indice moyen personnel au bloc français est de 3,2. Ceux des Juifs
qui se rapprochent le plus du nôtre, sont ceux des Juifs allemands : 2,7
et hollandais : 2,5, c’est-à-dire des Juifs qui peuvent presque être
classés dans le type européen malgré leur origine asiatique. Au
contraire, tous les autres Juifs se classent, de par leur indice
biochimique, dans les types exotiques, variant de 1,9 à 0,9, et les Juifs
asiatiques – y compris les espagnols – ont les indices les plus bas […].
Or, le métissage, en nombre suffisant, d’un peuple à indice élevé avec
un peuple à indice inférieur, abaisse à coup sûr l’indice du premier et
diminue probablement d’autant la valeur de la race. Il y aurait donc
intérêt, au point de vue de la race française, à n’admettre au métissage
que des Juifs allemands et hollandais […]. Ces faits d’ordre biologique
doivent être examinés avec soin et comparativement aux constatations
d’ordre psychologique qui ont une valeur égale, car le résultat le plus
important d’un métissage réside dans la valeur psychologique du métis,
dans sa capacité à s’incorporer à la psychologie ambiante, ethnique,
nationale. Non que la qualité physique soit à dédaigner, loin de là, mais
l’une n’exclut pas l’autre » 133.
En dépit de telles nuances (mais nous ne sommes encore qu’en 1934),
et toujours à l’exception des Juifs allemands et hollandais – qui « ont
moins de 15 % de B et présentent un état de stabilité égal à celui des
Européens » –, Martial, en 1942, réaffirmera que « les Juifs appartiennent
surtout à l’immense réservoir asiatique, toujours menaçant pour
l’Europe » 134. Les Juifs constituent donc, pour la plupart, de mauvais
candidats à l’immigration en France : lorsque leur formule sanguine ne les
condamne pas, c’est leur psychologie de métis « instables, doublés
d’anxieux », de « revendicateurs perpétuels » 135, de conquérants et de
destructeurs de tout ordre social qui les rend indésirables. En 1942, Martial
insiste sur la hiérarchie des urgences dans la lutte pour la défense de
l’identité sanguine des Français :
« Les Français ne sont pas négrifiés, comme le prétend l’Ecole
anthropologique allemande, et peuvent encore mettre une barrière à ce
métissage-là, mais ils subissent la pression de l’Asie, comme tout
l’Occident […]. Les Occidentaux sont déjà trop asiatisés […], et c’est
là le grand danger racial et social pour la race française » 136.
Or, l’asiatisation de la France passe d’abord par l’immigration juive.
La sélection qui la concerne doit en conséquence être particulièrement
sévère…
VI – Juifs, métèques, métis : menaces
sur l’identité propre
Dans la théorie « synthétique » du docteur Martial, les deux premières
« lois de la vie et de la constance des races » sont les suivantes : « 1. La
race tend à la constance ; 2. Le métissage tend à la désagrégation de la
race » 137.
Le métissage « anarchique », c’est pour toute nation la voie de
l’abandon. La pente naturelle que descendent les démocraties modernes,
c’est celle du « laisser faire » en matière d’immigration et de métissage. Et
la France, depuis qu’elle est aveuglée par l’utopie égalitaire, pèche
habituellement par négligence, insouciance, voire laxisme. Telles sont les
convictions absolues du spécialiste de la « greffe inter-raciale ». D’où
l’exhortation mise en épigraphe de Vie et constance des races, en 1939 :
« France, ne t’abandonne pas » 138. Car le métissage non sélectif, c’est
l’inévitable effet de l’invasion pacifique de la France par des étrangers
sous divers prétextes, « intrus » devenus locataires en passe de chasser
avec arrogance les propriétaires trop hospitaliers, si ces derniers ne se
réveillent point de leur « douce somnolence » 139. D’où l’avertissement
adressé aux locataires abusifs mis en épigraphe du livre de 1942 sur Les
Métis : « Nous habitons la même maison, mais nous ne l’avons pas
construite ensemble » 140. Et d’ajouter, dans Français, qui es-tu ? : « La
maison “France” doit rester aux Français » 141. L’oubli d’une vérité aussi
vitale, voilà ce qui a conduit à la catastrophe :
« Le culte du veau d’or, l’enfant qui vient, considéré comme une
charge au lieu d’un accroissement heureux, la stabilité dans l’égoïsme
et l’instabilité dans la société, la pullulation des métis, les
naturalisations opérées au moyen de protections politiques, le
féminisme anglo-saxon exacerbé par les Juives, la clameur des
revendications dont les Juifs et les Judéo-francs-maçons étaient
toujours les avocats, tout cela a mené la France à l’abîme » 142.
C’est ici qu’intervient l’homme de science, l’expert en matière de races
et d’immigration s’adressant au politique :
« L’étude de la vie des races, qui conduit elle aussi à la connaissance
de soi-même, doit être et peut seule être le point de départ de la
renaissance » 143.
Les deux dernières lois de la bioanthropologie « synthétique » vont
pouvoir éclairer l’action politique à venir :
« 3. L’histoire montre la lutte entre l’instinct de conservation ou
constance, et les causes de destruction ; 4. Pour que le métissage
individuel ou massif réussisse, une sélection sévère doit être
pratiquée » 144.
Se référant à Martial, Jacques Boulenger demande en 1943 la création
d’un « ministère de la race et de la famille » 145. Le bioanthropologue
prônait en effet aussi bien des interdictions de mariage que des
stérilisations obligatoires, en vertu des « principes de sélection » dont la
validité n’était pas moins établie, selon lui, dans l’ordre de la politique de
la famille que dans celle de l’immigration. Par exemple, le « vrai code de
la famille » devra interdire tous les mariages avec des « étrangers venant
de pays situés au-delà de […] [la] frontière des sangs », ainsi que « tous les
mariages sangs B avec des Français et des Françaises » 146. En termes plus
directs, Martial propose d’insérer dans le code de la famille et le certificat
prénuptial « l’interdiction de mariage avec des asiatiques, des asiatisés et
des nègres » 147. Et il déplore que le code de la famille, en France, ne
compte pas de prescriptions concernant la « stérilisation des individus
dangereux pour leur descendance » 148, ceux qui, porteurs des maladies
visées par la loi allemande du 14 juillet 1933 modifiée par celle du 25 mai
1935, sont « dangereux pour leur descendance et pour la société » 149.
La mixophobie radicale, s’autorisant de la science, aura été depuis la
fin du XIXe siècle l’une des plus fortes incitations idéologiques à rejeter la
démocratie individualiste, égalitaire et libérale, en tant que régime
« laxiste » ouvrant les frontières, abolissant – ne serait-ce qu’idéalement –
les barrières de couleur, et ne pouvant sans se nier interdire
l’engendrement des métis « inassimilables » ou « inadaptables » ni
réglementer strictement, sur la base de sélections raciales et ethnico-
nationales, l’immigration. Le système démolibéral est dénoncé en ce sens
comme système produisant nécessairement les conditions de sa propre
décadence. Et la décadence, pour la pensée typologique radicale impliquée
par le nationalisme à base raciale, c’est le changement d’identité
collective : un peuple entre en décadence lorsque son génotype et son
phénotype se transforment au point de devenir autres. C’est cette
aliénation, ce devenir-autre que soi que la pensée raciste désigne comme le
péché capital. Si l’immigration est plus un « problème psychologique et
biologique » qu’un « phénomène économique », c’est précisément parce
qu’elle risque de rendre méconnaissable l’identité de la France :
« La présence continue et massive d’étrangers dans un pays donné tend
à modifier la race qui l’habite et qui l’a formé » 150.
On reconnaît ici le thème récurrent de la perte irrémédiable de
l’essentiel, celui de la souillure ineffaçable, de la tache indélébile, celui
aussi de la défiguration d’un visage identitaire. Non seulement
l’immigration opère une substitution d’une moins bonne population à une
meilleure, mais elle fait pour ainsi dire tache, et la tache s’étend, comme
par contagion. Cet imaginaire de l’identité irréversiblement souillée fait se
rejoindre racisme et nationalisme, la faute suprême étant de laisser se
perdre une qualité essentielle, une propriété substantielle de l’être collectif.
D’où l’impératif de conservation, s’opposant à toute transformation qui
« défigure » à jamais. Martial, parmi d’autres, quant à eux dénués de titres
scientifiques, exprime à sa manière cette hantise d’une transsubstantiation
négative de l’identité de la « race française » :
« L’immigration provoquée et non sélectionnée, l’invasion des réfugiés
de toutes les races et de toutes les espèces politiques ont transformé
notre pauvre France en une terre de colonisation à la merci des
regroupements ethniques […]. Le nombre des métis mal réussis et
dysharmoniques la défigurera encore plus […] » 151.
Sous la conceptualisation scientifique perce l’explication prélogique,
comme l’atteste cette remarque sur la contagion :
« N’oublions pas que l’instabilité et le déséquilibre mental du métis
sont contagieux » 152.
La défiguration, qui est dégénération, est aussi dénaturation
contagieuse. Dans cet imaginaire mythique de la contagion généralisée, les
jumelages de figures négatives sont ordinaires. Maurras articulait
antisémitisme politique et xénophobie par la formule : « Le Juif ouvre la
porte au métèque », Martial semble n’affirmer pour sa part qu’une terrible
vérité, à savoir que le Juif ouvre la France aux métis. Voilà ce qui aurait
mis la France en crise d’identité. Or, selon Martial, dès 1934, « la crise de
la race française est […] la question vitale […]. Etre ou ne pas être » 153.
Car l’existence de la France est indissociable de son essence, qu’elle risque
de perdre à jamais par le métissage.
Il faudrait plus précisément s’interroger sur les irrationnelles raisons de
l’association récurrente du Juif et du métis dans la pensée xénophobe
moderne, qu’elle soit populaire ou savante, qu’elle ait recours ou non à une
théorie explicite des races. Au fond, sous le regard des raciologues, Juifs et
métis reviennent au même, en ce qu’ils appartiennent à la même catégorie
des incatégorisables. La question peut dès lors paraître simplifiée. Il n’en
est rien, car la raciologie bute sur la raison dernière de l’exceptionnalité
juive, qu’elle doit bien reconnaître comme étant d’ordre « psychologique »
ou « culturel » : l’endogamie ritualisée, le rejet des « mariages mixtes »,
voilà ce qui fait malgré tout du peuple juif un peuple exemplaire pour
certains théoriciens expressément « racistes » (parmi ceux qui se désignent
comme tels). Produits d’une infinité de métissages et pourtant
exemplairement « racistes », les Juifs incarnent aux yeux du raciologue un
paradoxe difficile à dénouer. L’énigme peut être ainsi résolue : les Juifs ne
sont bien que des métis, un ensemble flou de métis de multiples origines,
instables et incohérents comme tous les métis, mais que l’observance
stricte et continue de rites religieux a comme soudés entre eux, jetant des
ponts imperceptibles et tissant des fils invisibles entre des êtres
universellement dispersés. Voilà pourquoi l’identité juive ne peut être
déterminée qu’en termes psychologiques ou historico-culturels. Les
anthropologues partisans du matérialisme biologique strict sont amenés à
le reconnaître, bon gré mal gré : ce qu’il y a de stable chez les Juifs, c’est
leur identité communautaire internationale que le seul lien religieux leur
confère depuis les origines, elles-mêmes mêlées. Martial l’énonce en
1942 :
« C’est le fond religieux avec la langue hébraïque, les traditions,
l’histoire qui maintiennent la race, et, en définitive, comme pour toutes
les races c’est la psychologie qui en constitue le caractère distinctif
indélébile » 154.
C’est ici que surgit un second paradoxe que nous avons brièvement
relevé : c’est par leur souci supposé de conserver à tout prix leur identité
collective que les Juifs se signalent à l’attention des raciologues, qu’ils
sont dignes d’admiration pour les antisémites eux-mêmes, en même temps
qu’ils deviennent, par cette « supériorité » raciale, exceptionnellement
inquiétants. Des métis, certes, mais des métis dangereux par leurs
singulières aptitudes vitales d’autoconservation. Des métis d’autant plus
dangereux qu’ils ne sont pas immédiatement et toujours identifiables
comme tels, contrairement aux métis « de couleur ». Le « péril juif » doit
dès lors, selon Martial, se reformuler de la façon suivante :
« Les Juifs sont souvent eux-mêmes des racistes convaincus […]. Pour
fixer les idées à ce sujet, relisez donc la Bible, au livre d’Esdras, le
chapitre IX : Désolation et prière d’Esdras à l’occasion de mariages
avec des femmes étrangères, et le chapitre x du même livre : Renvoi
des femmes étrangères (les enfants métis eux-mêmes furent renvoyés).
L’anarchie raciale qu’on [les Juifs] veut nous imposer n’a d’autre but
que celui de nous dominer, elle n’est qu’un moyen pour achever la
détrempe des caractères » 155.
L’argument est récurrent dans le discours antijuif à base raciale :
« racistes » pour eux-mêmes (le « racisme » étant une méthode infaillible
d’autoconservation de la « pureté de la race »), les Juifs « infiltrés » dans
les nations sont « antiracistes » pour les autres. Et cet « antiracisme »
instrumental serait pour eux une méthode infaillible de conquête et de
domination. Ce qu’en langue académique le docteur Martial, lauréat de
l’Institut, suggère savamment, Céline l’exprime clairement avec cette noire
clarté qui naît de la violence littéraire :
« Je n’ai rien de spécial contre les Juifs en tant que juifs, je veux dire
simplement truands comme tout le monde, bipèdes à la quête de leur
soupe […]. Mais c’est contre le racisme juif que je me révolte, que je
suis méchant, que je bouille, ça jusqu’au tréfonds de mon bénouze !…
Je vocifère ! Je tonitrue ! Ils hurlent bien eux aux racistes ! Ils arrêtent
jamais ! aux abominables pogroms ! aux persécutions séculaires ! C’est
leur alibi gigantesque ! […]. Pour un Juif, souvenez-vous bien… tout
non-Juif n’est qu’un animal ! […]. L’Aryen n’a aucun culot […]. Il a
honte de sa propre race ! […]. Les Juifs eux, n’ont pas honte du tout de
leur race juive, tout au contraire, nom de Dieu ! […]. Le “Mythe des
races”, c’est pour nous ! le mensonge préjudicieux ! » 156.
Alors que le traitement pamphlétaire du « racisme juif » est une
méthode de diabolisation et de pathologisation radicales, la reconnaissance
d’un « racisme juif », fut-il minoritaire, peut au contraire fonder un
jugement positif sur les Juifs, et ce, dans un contexte judéophobe. Ce qui
est alors digne d’éloge, c’est le « racisme » originel et originaire de
« l’ethnie juive », racisme sinon perdu, du moins en passe de l’être.
Martial, qui ne semble guère apprécier les outrances céliniennes, écrit par
exemple :
« La Bible […] nous montre les anciens Juifs très soucieux au contraire
[des Juifs modernes métissés] de ne pas perdre la pureté de leur race
[…]. De nos jours encore, il y a des Juifs, infiniment estimables et
courageux, qui voudraient garder leur intégrité raciale » 157.
Telle est la survivance que Martial n’hésite pas à ériger en exemple à
suivre. Ce qu’il convient d’imiter chez les Juifs, c’est le double souci
d’autoconservation identitaire et de fécondité (la « maternité-honneur »).
Car telle est la double condition de la puissance d’une « race » ou d’une
« ethnie » (« race-résultat »). Le blâme antijuif est à la mesure d’un tel
éloge, dès lors qu’intervient la rivalité mimétique : il faut, pour un Martial,
que les Français deviennent identitairement et idéalement (ou
analogiquement) des « Juifs » à l’ancienne (d’authentiques « racistes »),
sinon les Juifs réels, forts de leur solidarité de race, l’emporteront dans
l’impitoyable lutte pour l’existence. Tel est le singulier message : nous
devons nous-mêmes devenir comme des « Juifs » pour ne pas être
emportés par la double vague des métis supérieurs et des métis de couleur.
Bref, la duplicité supposée des Juifs modernes contraint les non-Juifs à
lutter sur deux fronts : face au « racisme » des Juifs à l’ancienne, se donner
une conscience raciale ; face à « l’infiltration » par immigration et
métissage des Juifs métissés et nomades (Juifs « antiracistes » par nature),
fermer les frontières et expulser les « indésirables ».
Le Juif, ce métis paradoxal sous le regard mixophobe, cet être instable
par nature pourtant doté d’une identité stable, serait donc politiquement
voué aux activités de désorganisation et de subversion, de la discussion
critique perpétuelle à la révolution violente et permanente : le Juif incarne
en ce sens, plus qu’aucun autre métis, le désordre qui engendre le
désordre, le chaos contagieux, destructeur de tout ordre. S’il n’était que
pur désordre, « chaos racial » inapte à se constituer en sujet agissant,
comme les autres métis, le Juif ne serait guère dangereux. Mais, selon le
docteur Martial, il tient sa puissance négative d’être doublement constitué,
et d’agir en conséquence d’une double manière : en « raciste » et rival, en
« métis » et « animal » parasitaire. Tel est peut-être le fantasme antijuif à
la fois le plus profond et le plus spécifique, où se découvre la source de
l’ambivalence des attitudes judéophobes : dans la haine moderne visant les
Juifs, il y a de la peur et du ressentiment, de la phobie et de l’admiration.
Les Juifs inquiètent les antijuifs.
o
1. « Jacques Doriot vous parle », Le Cahier jaune, n 3, février 1942, p. 1. Voir infra, partie
« Documents ».
2. Ibid., p. 2 (discours du 25 mai 1941) ; soul. dans le texte.
3. André Chaumet, « Ils ont rompu le pacte qui nous lie à la race humaine », Le Cahier jaune [sur-
o
titre]. Revivre [« Le grand magazine illustré de la race »], n 6, 20 juin 1943, p. 10.
e o
4. George Montandon, in L’Ethnie française, 4 année, n 10, avril 1944, p. 32 (« Bibliographie »).
Montandon avait auparavant caractérisé Martial, sans même le nommer, comme un « pseudo-
e o
anthropologiste français » (« Bibliographie », L’Ethnie française, 3 année, n 7, janvier 1943,
p. 44).
e o
5. George Montandon, « Définitions », L’Ethnie française, 3 année, n 8, mai 1943, p. 2 (soul.
dans le texte).
6. René Martial, La Race française, Paris, Mercure de France, 1934.
7. George Montandon, L’Ethnie française, Paris, Payot, 1935.
8. George Montandon, « Définitions », art. cit. p. 4.
9. Le premier numéro du Bulletin paraît en octobre 1942. Alexis Carrel assurera les fonctions de
Régent de la Fondation jusqu’à sa suspension le 21 août 1944. Il meurt quelques mois plus tard, le
5 novembre 1944.
10. Voir Claude Singer, L’Université libérée, l’Université épurée (1943-1947), Paris, Les Belles
Lettres, 1997, p. 307.
11. Voir Alain Drouard, Une inconnue des sciences sociales : la Fondation Alexis Carrel 1941-
1945, Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 1992, pp. 230, 404.
12. Robert Gessain, « Complexe ethnique de la patrie française » (mai 1943), conférence citée,
d’après les archives François Perroux, par Alain Drouard, op. cit., p. 231. Voir aussi Francine Muel-
Dreyfus, Vichy et l’éternel féminin, Paris, Le Seuil, 1996, pp. 350-351.
13. Voir Herman Lebovics, La « Vraie France ». Les enjeux de l’identité culturelle, 1900-1945, tr.
re
fr. G. de Laforcade, Paris, Belin, 1995 [1 éd. améric., 1992], p. 51.
14. Ibid., p. 52.
o er
15. « Les secrets du sang » (non signé), Le Téméraire, n 4, 1 mars 1943, p. 2. Voir Pascal Ory, Le
Petit nazi illustré. Une pédagogie hitlérienne en culture française : « Le Téméraire » (1943-1944),
Paris, Editions Albatros, 1979, pp. 66-69, 102-104.
16. « Les secrets du sang », art. cit. [Conclusion].
17. Voir Joseph Billig, Le Commissariat général aux questions juives (1941-1944), Paris, C.D.J.C.,
Editions du Centre, 1957, t. II, pp. 63 sq., 137.
18. Cité par Joseph Billig, ibid., p. 136.
19. C.-E. Duguet, « L’Institut anthropo-sociologique [sic] gardien de la pureté raciale », Le Matin,
22 décembre 1942, p. 1.
20. Ibid.
21. C.D.J.C., CXCIII-162.
22. C.-E. Duguet, « L’Institut d’anthropo-sociologie a été inauguré hier », Le Matin, 23 décembre
1942, p. 2. Duguet, rédacteur en chef du Cahier jaune, y présente plus longuement l’Institut, dirigé
par « le fils d’un des grands théoriciens du racisme », Claude Vacher de Lapouge, qui « sera
secondé, dans la lourde tâche qu’il doit assumer, par le docteur René Martial, théoricien de
l’anthropobiologie des races, par M. Saint-Germes […], et par un grand nombre de médecins, de
juristes, de professeurs et de spécialistes qualifiés qui rechercheront avec lui les bases scientifiques
sur lesquelles devra s’appuyer la France rénovée de demain » (« L’An neuf, la France s’achemine-t-
e o
elle enfin vers le règlement de la question juive ? », Le Cahier jaune, 2 année, n 12, janvier 1943,
pp. 4-5).
e o
23. Voir C.D.J.C., CXCIII-162 ; et l’écho dans L’Ethnie française, 3 année, n 7, janvier 1943, p. 47
(« Dernière heure »).
24. « Inauguration de l’Institut d’étude des questions juives et ethno-raciales », L’Ethnie française,
e o
3 année, n 8, mai 1943, p. 1 (non signé).
25. Voir Joseph Billig, Le Commissariat général…, t. II, op. cit., p. 271 sq. ; Id., L’Institut d’étude
des questions juives, Paris, C.D.J.C., Editions du Centre, passim ; et, infra, la notice sur Paul
Sézille.
e o
26. La Question juive en France et dans le monde, 2 année, n 7, janvier-février 1943, p. 63. Avant
d’être reprise en mains par Montandon, La Question juive…, revue dite « mensuelle » de l’Institut
d’étude des questions juives, ne se montrait nullement hostile à Martial, présenté comme un auteur
o
« connu par ses travaux d’avant-guerre concernant les races humaines » (La Question juive…, n 4,
juillet-août-septembre 1942, p. 107), avant d’être louangé par Charles Laville (devenu gérant de la
revue, après l’éviction de Sézille) pour son livre paru en 1942 chez Flammarion, Les Métis : « Ce
livre est à lire » (ibid., p. 112), en ce qu’il « s’est donné pour tâche de diffuser dans le grand public
les notions, encore peu connues de lui, relatives aux problèmes conditionnant la Race. Problème
capital, s’il en fût, et dont l’exacte solution domine tout l’avenir de notre pays » (ibid., p. 110).
27. Voir Claude Singer, Vichy, l’Université et les Juifs. Les silences et la mémoire, Paris, Les Belles
Lettres, 1992, pp. 200-203.
o
28. Claude Singer, ibid., p. 204. Dans J’accuse (n 9, 5 février 1943, p. 1), on apprend que « le
cours à peine commencé, le “professeur” se vit interrompre par des sifflements stridents et des cris :
“A bas le racisme ! Pas besoin de cette ordure en France ! Allez rapporter ça chez Hitler !” […].
Blême de rage et tremblant de frousse, Martial quitta l’amphithéâtre sous une Marseillaise entonnée
par les étudiants » (cité par Claude Singer, ibid., p. 203). Une dépêche de Londres, datée du 7 mai
1943, est reprise par la presse marocaine le lendemain, rapportant dans des termes voisins le cuisant
échec du professeur Martial.
29. Claude Singer, ibid., p. 204.
30. « A l’Institut d’anthroposociologie. “La race n’est pas morte mais il faut la sauvegarder”,
er
affirme le professeur Martial dans sa première conférence », Aujourd’hui, 1 février 1943.
31. René Martial, Notre race et ses aïeux, op. cit., p. 9.
32. Ibid., pp. 9-10.
33. Ibid., p. 10.
34. Ibid., p. 63.
35. Dès la seconde moitié des années trente, les thèses de Martial ont été discutées et réfutées par un
certain nombre de biologistes et d’anthropologues, qui se sont souvent montrés fort sévères pour les
approximations conceptuelles et les conclusions non fondées du raciologue eugéniste. Voir
notamment : Henri-Victor Vallois, compte rendu de René Martial, La Race française [Paris, 1934],
L’Anthropologie, t. XLV, pp. 436-438 ; Julius Brutzkus, « Les groupes sanguins parmi les
populations juives », Congrès international de la population, VII : Problèmes qualitatifs de la
population, Paris, Hermann, 1938, pp. 72-82 ; Jacques Millot et Paul Lester, Les Races humaines,
e
Paris, Armand Colin, 2 éd. revue et mise à jour, 1939, pp. 7-9, 208-209 ; Jacques Millot, « Egalité
et races », Etudes Carmélitaines, 1939, pp. 58-59 ; Jean Rostand, Hérédité et racisme, Paris,
o
Gallimard, 1939, pp. 66-67 (repris par Georges Schreiber dans Races et racisme, n 19,
décembre 1939, p. 46) ; Georges Lakhovsky, La Civilisation et la folie raciste, Paris, Editions
S.A.C.L., 1939, pp. 127-140.
36. Voir le très beau livre de Célestin Bouglé, La Démocratie devant la science. Etudes critiques
e
sur l’hérédité, la concurrence et la différenciation, Paris, Félix Alcan, 1904 (3 éd. augmentée,
1923) ; et l’étude pénétrante d’Alain Policar, « Science et démocratie. Célestin Bouglé et la
o
métaphysique de l’hérédité », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n 61, janvier-mars 1999, pp. 86-
101.
37. Voir Zeev Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, Paris, Armand Colin et Presses
de la FNSP, 1972, pp. 282-283.
re
38. Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines (1 éd., 1853-1855), éd. critique
par Jean Boissel, Paris, Gallimard, 1983, pp. 162, 171, 173, 344, 406, 412.
39. Voir Pierre-André Taguieff, Les Fins de l’antiracisme, Paris, Michalon, 1995, pp. 147-154.
40. Arthur de Gobineau, op. cit., p. 174.
41. Ibid., p. 412.
42. Ibid., p. 1163.
43. Georges Vacher de Lapouge, Les Sélections sociales. Cours libre de science politique professé
à l’université de Montpellier (1888-1889), Paris, A. Fontemoing, 1896, pp. 155-196. Voir Pierre-
André Taguieff, La Couleur et le sang. Doctrines racistes à la française, Paris, Mille et une nuit,
1998, pp. 111 sq.
44. Hervé Le Bras, Marianne et les lapins. L’obsession démographique, Paris, Olivier Orban,
1991 ; Pierre-André Taguieff, « Face à l’immigration : mixophobie, xénophobie ou sélection. Un
o
débat français dans l’entre-deux-guerres », Vingtième siècle. Revue d’histoire, n 47, juillet-
septembre 1995, pp. 103-131.
e o
45. René Martial, « Etrangers et métis », Mercure de France, 50 année, n 990, 15 septembre-
er
1 octobre 1939, p. 518.
46. Ibid.
47. Voir William H. Schneider, « L’eugénisme en France : le tournant des années trente », Sciences
sociales et santé, 4(3-4), novembre 1986, pp. 81-114 ; Id., Quality and Quantity. The Quest for
Biological Regeneration in Twentieth-Century France, Cambridge, Cambridge University Press,
1990, pp. 231-255 ; Id., « Hérédité, sang et opposition à l’immigration dans la France des années
trente », Ethnologie française, XXIV (1), janvier-mars 1994, pp. 104-117.
48. Voir René Martial, Les Métis, Paris, Flammarion, [mars] 1942, pp. 10, 116 sq., 146 sq.
[Gobineau, Lapouge, Bernard Lazare], 158 sq. [« Contre l’asiatisation de la population française »],
224-226 ; Id., « Asie », Aujourd’hui, 30 juin, pp. 1, 2 ; Id., Français, qui es-tu ?, Paris, Mercure de
France, [juin] 1942, pp. 97-103 ; Id., Notre race et ses aïeux, Paris, Chez Perceval, 1943, pp. 40 sq.
49. William H. Schneider, art. cit. [1994].
50. Voir René Martial, « Immigration, variole et vaccination », Revue d’Hygiène et de Police
sanitaire, t. XLI, 1919, pp. 987-992 ; Id., « L’examen sanitaire des immigrants à la frontière et leur
logement dans le pays », Revue d’Hygiène, t. XLVIII, 1926, pp. 1050-1092.
51. Paris, Librairie Larose, et Cuesmes-lez-Mons (Belgique), Imprimerie fédérale, 304 p.
52. Sa leçon inaugurale est publiée sous le titre « Anthropo-biologie des Races. L’esprit sous la
e o er
matière », dans le Mercure de France, 49 année, n 971, 1 décembre 1938, pp. 276-303.
53. René Martial, La Race française, Paris, Mercure de France, 1934, p. 317.
54. René Martial, Race, Hérédité, Folie. Etude d’anthroposociologie appliquée à l’immigration,
Paris, Mercure de France, 1938, pp. 9-10 ; Id., Vie et constance des races. Leçons d’anthropo-
biologie professées à la faculté de médecine de Paris, Paris, Mercure de France, 1939, p. 39 ; Id.,
Les Métis, Paris, Flammarion, 1942, pp. 95 et 119 ; Id., Notre race et ses aïeux, op. cit., p. 9.
55. René Martial, Vie et constance des races…, op. cit., pp. 15-39.
56. René Martial, « Les peuples du Caucase. Nouvelle orientation dans les études d’anthropologie ;
la corrélation céphalo-hémathique ; relations du Caucase avec notre Occident », L’Anthropologie,
t. 46, 1936, p. 89. Voir aussi René Martial, « Le parallélisme céphalo-hématique et ses
e
conséquences au point de vue de la définition de la race », Revue anthropologique, 45 année,
juillet-septembre 1935, pp. 227-233.
57. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 44.
58. Voir Sander L. Gilman, « Jews and Mental Illness : Medical Metaphors, Anti-Semitism, and the
Jewish Response », Journal of the History of the Behavorial Sciences, vol. 20, avril 1984, pp. 150-
159.
59. René Martial, Les Métis, op. cit., pp. 132 et 219.
60. René Martial, La Race française, op. cit., p. 245 ; Id., Les Métis, op. cit., p. 119 ; Id., « Les
peuples du Caucase », art. cit., pp. 65, 321 (« La méthode synthétique »).
61. René Martial, La Race française, op. cit., p. 245.
62. Ibid., pp. 245-246 ; Id., « Les Peuples du Caucase », art. cit., p. 86.
63. René Martial, La Race française, op. cit., pp. 7-9, 316-317 ; Id., Les Métis, op. cit., pp. 9 et 95.
64. René Martial, La Race française, op. cit., p. 248.
65. Ibid., p. 245 ; Id., Français, qui es-tu ?, op. cit., pp. 28 sq.
66. René Martial, La Race française, op. cit., p. 297 ; Id., Les Métis, op. cit., p. 119.
67. Voir Ludwig Hirszfeld et Hanna Hirszfeld, « Essai d’application des méthodes sérologiques au
problème des races », L’Anthropologie, t. xxix, 1918-1919, Paris, Masson, janvier 1920, pp. 505-
537 ; Raymond Dujarric de la Rivière et Nicolas Kossovitch, « Les groupes sanguins en
e
anthropologie », Annales de médecine légale, 14 année, avril 1934, pp. 275-294 ; Id., Les Groupes
sanguins, Paris, J.B. Baillière et fils, 1936, préface de K. Landsteiner. Dans ce dernier ouvrage, qui
fait alors autorité, les auteurs mentionnent La Race française dans leur importante bibliographie
thématique, sous la rubrique « Données anthropologiques ».
68. René Martial, La Race française, op. cit., pp. 297-300.
69. Ibid., pp. 299-300. Voir aussi René Martial, Les Métis, op. cit., pp. 125 sq.
70. René Martial, La Race française, op. cit., p. 300.
71. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 125.
72. Ibid., pp. 239-240. Cette classification en six « types ethno-sérologiques » sera reprise et
discutée par Jacques Genevay (« Groupes sanguins et psychologie des peuples », Revue de
psychologie des peuples, 2(2), mai 1947, pp. 125-126.). Sur la « découverte » en 1942, par Léone
Bourdel (co-auteur, avec J. Genevay, de Sang, tempéraments, travail et races, Paris, Maloine,
1946), de la « relation entre les groupes sanguins et le tempérament psychologique », voir les
réserves émises par Georges A. Heuse, « La psychologie ethnique en France (1945-1950) », Revue
e
de psychologie des peuples, 6(2), 2 trimestre 1951, pp. 129-130.
73. Voir René Martial, La Race française, op. cit., pp. 240 et 306 ; Id., Les Métis, op. cit., p. 19.
74. René Martial, La Race française, op. cit., pp. 304-305. Voir Id., Les Métis, op. cit., pp. 15-20.
75. René Martial, La Race française, op. cit., p. 313.
76. Ibid. ; voir Id., Les Métis, op. cit., pp. 137-138.
77. Le problème est posé par Martial dans un long article titré « L’immigration et le pouvoir de
e
résorption de la France. Science et politique de l’immigration », Revue anthropologique, 43 année,
octobre-décembre 1933, pp. 351-369, 447-467.
78. René Martial, La Race française, op. cit., pp. 313-314. Voir Id., Les Métis, op. cit., p. 126 : « On
peut fixer la limite de l’asiatisation du sang européen à 15 % de B. Tous les peuples ou races ayant
plus de 15 % de B sont à l’est de cette frontière ».
79. René Martial, La Race française, op. cit., p. 315 (et p. 14) ; Id., Les Métis, op. cit., p. 186.
80. René Martial, « Etrangers et métis », art. cit., p. 527 ; voir Id., La Race française, op. cit.,
p. 321.
81. René Martial, La Race française, op. cit., p. 317.
82. René Martial, Race, Hérédité, Folie…, op. cit., pp. 119 sq. ; Id., Les Métis, op : cit., pp. 43 et
145 sq. Sur le contexte culturel et politique de l’entre-deux-guerres, autour des questions posées par
l’immigration, voir Joseph J. Spengler, France Faces Depopulation : Postlude Edition, 1936-1976,
re
Durham, Duke University Press, 1979 (1 éd., 1938), pp. 194-217 ; William H. Schneider, Quality
and Quantity…, op.cit., pp. 230 sq. ; Id., « Hérédité, sang et opposition à l’immigration… », art.
cit. ; Pierre-André Taguieff, « Face à l’immigration… », art. cit. ; Patrick Weil, « Racisme et
discrimination dans la politique française de l’immigration : 1938-1945/1974-1995 », Vingtième
o
siècle. Revue d’histoire, n 47, juillet-septembre 1995, pp. 77-102.
83. René Martial, « L’examen sanitaire des immigrants à la frontière et leur logement dans le
pays », Revue d’Hygiène, t. XLVIII, p. 1052. Voir aussi René Martial, « De l’immigration. Nouvelles
formules à adopter », Le Concours médical, 50 (6), 5 février 1928, p. 363 ; Id., « Conditions
techniques d’une saine immigration », Le Concours médical, 50 (13), 25 mars 1928, p. 881.
84. Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme considérés dans leurs
re
principes fondamentaux, Bouère, Morin, 1986 (l éd., 1851), pp. 222-225.
85. Arthur de Gobineau, op. cit., p. 174.
86. Donoso Cortés, op.cit.
87. Cité par le Dr Edgar Bérillon, Les Caractères nationaux. Leurs facteurs biologiques et
psychologiques, Paris, Amédée Legrand, 1920, p. 59.
88. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 43.
89. Ibid., pp. 82 sq., 224-225. Voir Jacques Boulenger, Le Sang français, Paris, Denoël, 1943, p. 57.
90. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 60.
91. Ibid., pp. 60-61 (et 198).
92. Ibid., p. 61.
93. René Martial, Race, Hérédité, Folie…, op. cit., pp. 101-102, 140-141. Sur la légende du
métissage comme « mélange des sangs », voir Georges Lakhovsky, La Civilisation et la folie
raciste, Paris, Editions S.A.C.L., 1939, pp. 127-140.
94. René Martial, ibid., p. 105. Voir Id., Français, qui es-tu ?, op. cit., p. 86.
95. René Martial, Vie et constance des races…, op. cit., p. 254.
96. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 58. Voir Pierre-André Taguieff, La Couleur et le sang…, op.
cit., pp. 34 sq., 66 sq., 111 sq.
97. René Martial, Vie et constance des races…, op. cit., pp. 252-253.
98. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 46.
99. René Martial, Race, Hérédité, Folie…, op. cit., p. 9.
100. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 46. Voir René Martial, Français, qui es-tu ?, op. cit., p. 94.
101. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 46.
102. Ibid., pp. 184 sq.
103. Ibid., p. 5.
104. René Martial, « Etrangers et métis », art. cit., pp. 515 et 527 ; Id., Vie et constance des races…,
op. cit., p. 248.
105. René Martial, « Etrangers et Métis », p. 515.
106. Ibid., p. 527. Voir aussi René Martial, Vie et constance des races…, op. cit., pp. 314 sq. ; Id.,
Les Métis, op. cit., pp. 22, 139 ; Id., Français, qui es-tu ?, op. cit., pp. 111-112. Les sélections
eugéniques et les exclusions ethnoraciales sont ici politiquement finalisées par le principe
nationaliste par excellence : l’intérêt national, étranger à la stricte problématique racialiste. Voir
e e
Anne Carol, Histoire de l’eugénisme en France. Les médecins et la procréation (XIX -XX siècle),
Paris, Le Seuil, 1995, pp. 137 sq. ; Pierre-André Taguieff, « Eugénisme ou décadence ? L’exception
française », Ethnologie française, 24 (1), janvier-mars 1994, pp. 81-103.
o
107. René Martial, « Politique de l’immigration », Mercure de France, n 884, 15 avril 1935,
p. 288.
108. René Martial, La Race française, op. cit., p. 233.
109. Ibid., p. 234.
110. Ibid., p. 235. Voir René Martial, Les Métis, op. cit., p. 37.
111. Voir René Martial, Les Métis, op. cit., pp. 37-42.
112. René Martial, La Race française, op. cit., p. 344. Voir René Martial, Les Métis, op. cit., pp.
177-179.
113. René Martial, La Race française, op. cit., p. 237.
114. Eugène Pittard, Les Races et l’Histoire. Introduction ethnologique à l’histoire, Paris, Albin
re
Michel, 1953 (1 éd., 1924), p. 416.
115. René Martial, La Race française, op. cit., p. 233.
116. Ibid., p. 238.
117. Ibid., pp. 233-234.
118. Ibid., pp. 236-238. Rappelons ici l’un des principaux clivages entre les argumentations
antijuives dans les années trente, que symbolise l’opposition explicite entre l’Action française et les
partisans du racisme de type national-socialiste : d’une part, la dénonciation maurrassienne de la
« religion raciste » et de l’« antisémitisme de peau » (Charles Maurras, in L’Action française,
15 juillet 1936) ; de l’autre, la défense – voire l’éloge – par Lucien Rebatet ou Céline de la
« raciologie » à l’hitlérienne, en tant qu’idée « raisonnable » (Lucien Rebatet, « L’Eglise et les
o
Juifs », in « Les Juifs et la France », Je suis partout, n spécial, 17 février 1939). Sur cette partition
idéologique chez les doctrinaires français du nationalisme et du « fascisme », cf., Robert Belot,
« Critique fasciste de la raison réactionnaire : Lucien Rebatet contre Charles Maurras », Mil neuf
o
cent, n 9, 1992, pp. 58-59 ; Pierre-André Taguieff, La Force du préjugé. Essai sur le racisme et ses
doubles, Paris, La Découverte, 1988, pp. 133 sq.
119. René Martial, La Race française, op. cit., p. 235 ; Id., Les Métis, op. cit., p. 79. A l’égard de
ceux des Juifs qui sont des « racistes convaincus », et qui, en conséquence, « repoussent le
métissage », Martial ne cache pas son admiration : « Leur tenue morale et religieuse est souvent très
belle » (ibid.). Jacques Boulenger, en 1943, fait également l’éloge du « racisme juif » (op. cit., pp.
47, 108).
120. René Martial, La Race française, op. cit., p. 237, note 1.
121. Ibid., p. 238 ; voir aussi René Martial, Les Métis, op. cit., p. 130.
122. René Martial, La Race française, op. cit., p. 238.
123. Ibid.
124. René Martial, Les Métis, op. cit., pp. 130 sq.
125. René Martial, La Race française, op. cit., p. 241.
126. Ibid., pp. 241 et 305.
127. Ibid., p. 340, 345 (la « vieille souche » est « encore bonne »).
128. Nicolas Kossovitch et Ferdinand Benoit, « Contribution à l’étude anthropologique et
sérologique (groupes sanguins) des Juifs modernes », Revue anthropologique, tome 42, avril-juin
1932, pp. 99-125.
129. René Martial, La Race française, op. cit., p. 239.
130. Ibid., p. 240.
131. Ibid., p. 307.
132. Ibid., p. 305-306.
133. Ibid., p. 240-241. Voir aussi René Martial, Les Métis, op. cit., p. 131 : « Seuls les Juifs
allemands et hollandais ont moins de 15 % de B ».
134. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 130.
135. Ibid., p. 225.
136. Ibid., p. 10.
137. Ibid., p. 117.
138. René Martial, Vie et constance des races…, op. cit., p. 7.
139. René Martial, « Etrangers et métis », art. cit., p. 515.
140. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 9 (et p. 58).
141. Op. cit., p. 103. Voir René Martial, « Politique de race », Révolution nationale, 11 juillet 1942.
142. René Martial, Les Métis, op. cit., pp. 92-93.
143. Ibid., p. 93.
144. Ibid., p. 117.
145. Jacques Boulenger, op. cit., p. 63.
146. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 225.
147. Ibid., p. 180.
148. Ibid., p. 232.
149. Ibid., p. 233.
150. René Martial, « Etrangers et métis », art. cit., p. 514. Voir René Martial, Français, qui es-tu ?,
op. cit., pp. 102-103.
151. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 117.
152. Ibid., p. 84 (et p. 58).
153. René Martial, La Race française, op. cit., p. 313.
154. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 132.
155. Ibid., p. 79. Cinq ans auparavant, Martial esquissait un rapprochement entre les sélections
décrites dans le livre d’Esdras et les lois de Nuremberg (« Métissage et immigration », in Rapport
er er
du 1 Congrès latin d’eugénique (Paris, 1 -3 août 1937), Paris, Masson, 1937, p. 22).
156. Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre, Paris, Denoël, 1937, pp. 72-73, 129
(nous citons ces passages tels quels, avec leurs particularités typographiques). Le 4 janvier 1942,
Drieu la Rochelle note dans son Journal : « Le malheur des Juifs, ce n’est pas seulement d’avoir été
racistes et d’avoir enseigné le racisme aux autres, c’est d’avoir lié leur sort au libéralisme, au
e e
rationalisme, au matérialisme, aux doctrines du XVIII et du XIX » (Journal 1939-1945, Paris,
Gallimard, 1992, p. 285).
157. René Martial, Les Métis, op. cit., p. 130.
NOTICES
BIOGRAPHIQUES
ARMAND BERNARDINI
(Armand Sjoestedt, dit)
1. Henry Coston, Dictionnaire de la politique française, t. II, Publications Henry Coston, 1980,
p. 55.
7
2. A.N., F 14783, Sûreté nationale, listes et fiches de Camelots du Roi et de militants d’Action
française entre 1914 et 1933.
3. Ibid.
5 o
4. A.N., Z 153, n 6382, dossier d’instruction de la procédure menée contre Armand Sjoestedt, dit
« Bernardini », exposé du parquet de la cour de justice de la Seine daté du 17 juillet 1946.
5. Henry Coston, Dictionnaire…, t. II, op. cit., p. 55.
6. Au pilori, 13 mai 1943.
5 o 7
7. A.N., Z 153, n 6382, doc. cit. ; F 14783, doc. cit.
5 o
8. A.N., z 153, n 6382, doc. cit.
7
9. A.N., F 14783, doc. cit.
5 o
10. A.N., Z 153, n 6382, doc. cit.
11. Au pilori, 29 avril 1943 et 13 mai 1943.
12. Ibid., 13 mai 1943.
13. A.P.P., BA 1903, « La Cagoule ».
7
14. A.N., F 12962, direction des Renseignements Généraux du ministère de l’Intérieur, notes
journalières de la préfecture de police sur les réunions et manifestations, 1930-1933. Henry Coston,
Dictionnaire…, t. II, op. cit., p. 55. Déjà en septembre 1922, au cours de la projection du film « Les
Deux Orphelines » au cinéma Max Linder, Bernardini causa un scandale, ce qui lui valut une
7
arrestation (A.N., F 14783, doc. cit.).
5 o
15. A.N., Z 153, n 6382, doc. cit.
16. Henry Coston, Dictionnaire…, t. II, op. cit., p. 55.
5 o
17. A.N., Z 153, n 6382, doc. cit.
18. Ibid.
19. Ibid., procès-verbal d’interrogatoire de Bernardini le 22 janvier 1946 devant le juge
d’instruction Zoussmann.
20. Ibid., exposé du parquet de la cour de justice de la Seine daté du 17 juillet 1946.
21. Ibid.
22. La Question juive en France et dans le monde, avril-mai 1943.
5 o
23. A.N., Z 153, n 6382, doc. cit., rapport de l’inspecteur Petitjean de la direction de la police
o
judiciaire de la préfecture de police, n H. 47.443, daté du 8 juillet 1946.
24. La Question juive en France et dans le monde, avril-mai 1943.
5 o
25. A.N., Z 153, n 6382, doc. cit., procès-verbal d’interrogatoire de Bernardini le 22 janvier 1946
devant le juge d’instruction Zoussmann.
6 o
26. A.N., Z 288 à 292, n 3275, dossier d’instruction de la procédure menée contre Bernard Faÿ et
le Service des Sociétés secrètes, scellé 42, journal du nommé William Gueydan de Roussel
découvert dans le coffrage d’une cheminée de son appartement, 10 rue de l’Université à Paris.
27. William Gueydan de Roussel est né le 4 novembre 1908 à Lausanne. Il obtient sa licence en
droit à l’Université de Genève. Il part en Allemagne préparer sa thèse de doctorat sur l’évolution du
pouvoir exécutif dans ce pays, thèse qu’il soutient à l’Université de Genève. C’est lors de ce séjour
qu’il rencontre le juriste et philosophe politique Carl Schmitt, dont il deviendra le traducteur. Il sera
soupçonné de travailler pour le Weltdienst, centre mondial de propagande antisémite. A Paris, il
devient l’élève de Bernard Faÿ, professeur au Collège de France. Devenu l’un de ses intimes, il le
suit comme auxiliaire à la Croix-Rouge pendant la campagne de France. Gueydan de Roussel,
nostalgique des titres nobiliaires – il ajoute à son nom paternel celui de sa mère en y incorporant la
particule – fait paraître A l’aube du racisme. L’homme, spectateur de l’homme, ouvrage préfacé par
son professeur dont il est devenu entre-temps le secrétaire. Bernard Faÿ, chargé des questions
maçonniques, lui donne pour mission de perquisitionner les loges maçonniques en zone sud. Il se
sert aussi de Gueydan de Roussel (qui maîtrise parfaitement l’allemand) pour ses traductions.
Gueydan est arrêté avec le capitaine François Méténier, ancien responsable de la Cagoule,
soupçonné d’être à l’origine de l’arrestation de Laval le 13 décembre 1940. Il ne sort de prison que
le 4 février 1941. Dès lors, il travaille pour les Allemands, et plus précisément pour les services de
la Gestapo de l’avenue Foch et du boulevard Flandrin. Sous son code personnel AG.FR3, il remplit
des rapports sur tous les adversaires de la collaboration et mène des activités policières. Il est
condamné par contumace le 27 novembre 1947. De Suisse où il s’est réfugié, il gagne l’Argentine
en juillet 1948. Il mène alors une vie paisible à la campagne et reprend ses travaux d’érudition. Il
meurt le 9 août 1996 dans sa propriété des Andes patagoniques. Etrangement, Henry Coston, qui a
connu Gueydan de Roussel, n’en fait jamais mention dans ses ouvrages, tout comme il est avare
d’informations sur la C.E.J.M. et le Cercle aryen.
6 o
28. A.N., Z 288 à 292, n 3275, scellé 532, documents découverts dans le coffrage d’une cheminée
de l’appartement du nommé Gueydan de Roussel, 10 rue de l’Université à Paris, concernant la
Commission d’études judéo-maçonniques.
29. Ibid., discours dactylographié de Gueydan de Roussel pour le déjeuner du premier anniversaire
de la C.E.J.M. le 6 avril 1943. Pourfendeur de l’ennemi américain, Bernardini donne sa contribution
à la brochure de propagande intitulée Lafayette, nous voici !, sortie au début de l’année 1943 pour
répondre énergiquement au débarquement en Afrique du Nord de novembre 1942. Bernardini prend
part au déjeuner dans les salons du Cercle aryen réunissant le 11 décembre 1943 les signataires de
l’Appel des intellectuels français contre les bombardements aériens des populations civiles par les
Alliés (Bulletin d’information anti-maçonnique, 25 décembre 1943).
30. Ibid.
31. L’Appel, 5 novembre 1942.
6 o
32. A.N., Z 288 à 292, n 3275, scellé 532, doc. cit.
33. Ibid.
34. C.D.J.C., XLVI-35. La lettre n’est pas signée mais elle ne peut émaner que de Bernardini, d’une
part en raison de son contenu, et d’autre part du fait qu’elle soit accompagnée sous la même cote
d’un document en allemand ne parlant que de l’intéressé.
35. Le prix de la France aryenne décerné à Maurice-Ivan Sicard, pour Vive la France, le 29 février
1944 serait de l’initiative de Bernardini. Le conditionnel prévaut car la source n’est pas dépourvue
de nombreuses informations erronées (A.N., 268 Mi 1, liste des personnalités du gouvernement de
Vichy : service diplomatique, presse, radio, et partis politiques. Office of Strategic Services.
Research and Analysis Branch. A selected Who’s who in Vichy France, June 1940-August 1944).
6 o
36. A.N., Z 288 à 292, n 3275, doc. cit., scellé 530, documents découverts dans le coffrage d’une
cheminée du nommé William Gueydan de Roussel, 10 rue de l’Université à Paris, concernant le
« Cercle aryen », pièce 91.
37. Ibid., pièce 189.
38. Ibid., pièces 147 à 150.
39. David Pryce-Jones, Paris in the Third Reich. A history of the German Occupation, 1940-1944,
London, Collins, Michael Rand Picture Editor, 1981, p. 227.
40. L’Ethnie française, avril 1941.
41. C.D.J.C., XLVI-35.
5 o
42. A.N., Z 153, n 6382, doc. cit., audition de Bernardini détenu à la prison de Rottenburg
(Allemagne, zone française d’occupation) le 8 septembre 1945 devant la brigade de Tübingen
re
(section Reutlingen, compagnie de Ravensburg, Légion Sud de la 1 armée française).
43. Ibid.
JEAN BOISSEL
(Anselme, Marie, Jean Boissel, dit)
Fils de gendarme, Jean Boissel est né le 1er mai 1891 à Bains (Haute-
Loire). Cet architecte de formation est diplômé de l’école des Arts
décoratifs et de l’école des Travaux publics de Paris. D’abord dessinateur-
vérificateur, puis inspecteur des travaux publics, il est incorporé en 1912
au 76e régiment d’infanterie. Nommé lieutenant en 1915 puis affecté en
1916, en qualité d’officier de renseignement, au 7e régiment d’infanterie, il
fut également aviateur. Sa bravoure au front lui valut trois citations. Grand
mutilé (cinq blessures), il est réformé à la suite de la perte de l’œil gauche.
Boissel est fait chevalier de la Légion d’honneur le 31 mai 1918.
A la fin de la guerre, il est nommé surveillant des travaux au service de
la Reconstruction des régions libérées du secteur de Compiègne. Il publie
en 1933 Les Croix de sang, livre de souvenirs du front en même temps que
profession de foi antisémite et antiparlementaire. Il y pose les jalons d’une
« mystique d’ancien combattant » qui formera le corps de doctrine du
Front franc.
Au lendemain du 6 février 1934, Boissel fonde une petite publication
intitulée R.I.F. (Racisme International Fascisme), organe d’une Légion
frontiste « antimaçonnique, antiparlementaire et antijudéométèque ». Les
conditions d’adhésion à la Légion frontiste sont les suivantes : « N’être ni
Juif, ni politicien, ni Franc-Maçon, sous peine de représailles à venir » 1.
En avril 1935, Boissel se rend en Allemagne où il participe aux
manifestations de la Ligue mondiale antijuive. Il prend la parole lors d’une
réunion publique tenue à Berlin (29 avril). Le 9 mai, il est au Sportpalast
de Nuremberg où, aux côtés de Julius Streicher, il prononce une allocution
devant un auditoire de près de 15 000 personnes. Au cours de ses
nombreux séjours en Allemagne, Boissel rencontre certains hauts
dignitaires du Reich, parmi lesquels Himmler et Rosenberg. Il aurait aussi
rencontré Adolf Hitler le 17 septembre 1935. Cette même année, il
collabore au Siècle nouveau, et au Porc-épic d’Henry Coston.
Après avoir tenté de se faire élire au conseil municipal de la Muette,
sous l’étiquette « national-socialiste antijuif », Boissel lance en mars 1936
Le Réveil du peuple, bimensuel dont la publication sera plusieurs fois
interrompue. Le journal accueille les signatures de Jean Drault, Urbain
Gohier, René-Louis Jolivet, Jacques Ditte et Serpeille de Gobineau.
Etroitement lié au Service mondial d’Erfurt, Le Réveil du peuple reproduit
dans ses colonnes les bulletins de cette officine antisémite. Boissel est
d’ailleurs un des participants français au Congrès antijuif d’Erfurt,
organisé en septembre 1937. Il s’y rend en compagnie de Jean Drault.
Le 1er septembre 1936, Jean Boissel annonce dans Le Réveil du peuple
la création du Front franc, dont le programme accorde une large place à la
lutte antijuive :
« Le Front franc n’est pas antisémite, mot d’invention juive pour créer
des confusions intolérables, il est anti-juif, il est contre tous les Juifs,
les bons Juifs n’étant qu’une rare exception. Le Front franc est raciste.
Il veut que les enfants voient couler dans leurs veines du sang “franc”,
non du jus de métèque ou du suint de youpin ».
Les outrances du Réveil du peuple vaudront à son directeur une peine
de quatre mois d’emprisonnement pour menaces de mort au chef du
gouvernement (10 janvier 1938). L’article incriminé, intitulé « Blum-la-
ruine », est daté du 1er mars 1937.
Le Réveil du peuple, géré de manière chaotique, connaît une diffusion
relativement faible : le premier numéro est tiré à 15 000 exemplaires, puis
le tirage décroît rapidement et se stabilise à 6 000 exemplaires. Dans la
profusion anarchique des groupements antisémites des années trente, le
Front franc, qui attire dans ses rangs quelques déçus de la Solidarité
française, demeure un mouvement sans influence notable. Si Boissel
soutient d’abord l’action de Darquier de Pellepoix (il participe notamment
à la réunion antijuive organisée par Darquier le 11 mai 1937 à la salle
Wagram), les rapports entre les deux hommes se détériorent : le 15 juin
1937, Le Réveil du peuple ouvre ses colonnes aux Francistes de Bucard.
Ces derniers accusent le Rassemblement antijuif de Darquier d’être
noyauté par des militants de l’Action française.
En juillet 1937, Jean Boissel tente de fédérer autour de lui diverses
personnalités antisémites en annonçant la création d’une « Ligue antijuive
universelle », placée sous la présidence d’honneur de la veuve d’Edouard
Drumont et animée par Jean Drault, Lucien Pemjean, Jacques Ditte et lui-
même. L’initiative tourne court : dans Le Grand Occident du 15 septembre
au 15 octobre 1937, Lucien Pemjean et Jean Boissel publient une
déclaration commune annonçant que « l’union des éléments antijudéo-
maçonniques n’a pas encore sonné. Trop de tendances et de méthodes
particulières et surtout trop de frictions personnelles s’opposent encore au
grand rapprochement nécessaire ». En février 1938, un Front anti-juif est
créé sous l’égide de Jean Boissel, de Jean Renard et de l’avocat Picard.
D’un tempérament exalté 2, Boissel, dont l’œil droit est recouvert d’un
bandeau exhibé comme un emblème, se plaît à affirmer qu’il a reçu une
mission : rassembler dans une perspective pacifiste les peuples allemands
et français délivrés de l’emprise d’Israël.
A la suite d’une perquisition opérée à son domicile le 2 octobre 1939,
il est arrêté pour intelligence avec l’ennemi et emprisonné. Libéré par un
détachement de soldats allemands le 13 juillet 1940, il collabore au
quotidien La France au travail, sous le pseudonyme « Anselme ». Il y
signe une rubrique d’actualité intitulée « Sans laisser de trace » 3. Il
réorganise le Front franc 4 et, à partir du 1er novembre, reprend la
publication du Réveil du peuple, qui installe son siège au 22 rue de la Paix,
dans les anciens locaux du journal L’Epoque d’Henri de Kerillis. L’équipe
rédactionnelle du journal se confond avec les cadres du mouvement. Roger
Cazy est l’administrateur général du Réveil du peuple et le délégué général
du Front franc 5. Auguste Féval, qui occupe la fonctions de rédacteur en
chef, est aussi le secrétaire général du mouvement 6. Le fils de Boissel,
Maurice, a le titre de « surveillant chef ». Boissel crée aussi un service
d’ordre, les « Corps francs », dont les membres doivent « former
l’armature du parti ». Ils portent l’uniforme et sont armés d’un fouet à
chien 7.
La charte du Front franc, publiée dans Le Réveil du peuple du
22 novembre 1940 énumère comme suit les conditions d’adhésion au
mouvement :
« — Etre Français
— Justifier d’une ascendance strictement aryenne 8
— Justifier de sa fidélité à la lutte entreprise
— Justifier, pour les Chefs, des gages donnés à la patrie. »
L’audience du mouvement est des plus restreinte. La préfecture de
police évalue à 150 le nombre des membres inscrits au Front franc 9.
Boissel fait pourtant partie, début juillet 1941, du comité fondateur de la
L.V.F. et, aux côtés de Clémenti, Déat, Doriot, Costantini et Deloncle, il
prend la parole lors de la grande réunion organisée le 18 juillet 1941 au
Vélodrome d’Hiver. Quelques militants du Front franc iront combattre sur
le front de l’Est.
Dans la deuxième quinzaine de juin 1941, Le Réveil du peuple avait
cessé de paraître. La mauvaise gestion de son directeur aurait entraîné un
déficit de quelques 450 000 francs. Roger Cazy et Auguste Féval
provoquent alors une scission au sein du parti. Pendant une vingtaine de
jours, ils occupent l’immeuble du Front franc et en interdisent l’accès aux
partisans de Jean Boissel, qui tentent de s’en emparer par la force : le
1er juillet, entraînés par les deux fils Boissel, ils font irruption dans les
locaux de la rue de la Paix, où Cazy et Féval tiennent une réunion. Ils se
battent à coups de fouets. L’intervention de la police rétablit l’ordre 10.
Cazy et Féval parviennent à rallier quelques dissidents et mettent en place
une « correspondance clandestine » par le canal de l’Institut d’étude des
questions juives du capitaine Sézille. Ce dernier s’opposera avec vigueur à
cette tentative de noyautage 11.
Le 24 juillet 1941, Cazy adresse aux membres du Front franc une note
ronéotypée dans laquelle il explique les raisons qui l’ont conduit, avec
Féval, « à éliminer M. Boissel » : « J’ai vécu […] dans l’intimité de ces
gens [la famille Boissel], écrit-il, et c’est à ce moment que je les ai
“posés”. Voulez-vous que je résume ? Un enfer où l’homme, le chef,
n’était plus qu’une pauvre épave, ballottée entre sa femme et ses fils qui
avaient partie liée contre lui ». Cazy dénonce l’« orgueil comique de
Boissel », sa « passivité écœurante », son « esprit de lucre et de rapine ». Il
considère enfin que le fondateur du Front franc est atteint d’un
déséquilibre mental causé par ses blessures de guerre 12. Boissel porte
l’affaire devant le tribunal civil de la Seine et saisit les autorités
allemandes. Il reprend possession des locaux du 22 rue de la Paix et
conserve officiellement ses prérogatives de chef du Front franc.
En décembre 1941, après être resté plusieurs mois en sommeil, le
mouvement adresse à ses anciens adhérents une circulaire dans laquelle le
nouveau secrétaire général du parti, l’architecte Maurice Laschett 13, fait
connaître que le Front franc a « enfin déjoué le complot qui s’était tramé
contre lui et qu’il continue sa marche un moment ralentie » 14. Mais la
plupart des militants restent indifférents à cette reprise d’activité. Ils se
tournent vers d’autres formations, notamment le Francisme de Bucard.
Isolé, Boissel réorganise la rédaction du Réveil du peuple avec l’appui
de René Gérard 15. Le journal reparaît le 15 avril 1942. Le premier numéro
de cette nouvelle série est tiré à 22 000 exemplaires 16. Maurice Boissel
occupe désormais le poste de secrétaire général du « Front des jeunes » du
Front franc 17. Jean-Jacques, le second fils de Boissel, s’engagera dans le
N.S.K.K. en octobre 1942, puis dans la Milice où il participera aux
opérations contre le maquis de Savoie 18.
Selon un rapport de police du 21 octobre 1942, Jean Boissel recevait
des autorités allemandes une subvention mensuelle de 15 000 francs 19.
Mais à partir de la fin 1943, le Front franc cesse pratiquement d’exister. Le
Réveil du peuple continue néanmoins de paraître jusqu’à la veille de la
Libération.
Réfugié à Baden-Baden, puis à Sigmaringen, Jean Boissel est arrêté et
condamné à mort le 27 juin 1946. Ses biens sont confisqués et il est radié
de la Légion d’honneur. Le 25 novembre 1946, sa peine est commuée en
travaux forcés à perpétuité. Il meurt en détention le 19 octobre 1951.
Le chef du Front franc ne semble jamais avoir été pris au sérieux par
ses pairs. Dans ses Mémoires politiques, Marcel Déat tourne en dérision
« le sombre et triste Boissel et son introuvable Front franc » 20. Le
lieutenant de Doriot, Victor Barthélemy, écrira quant à lui : « Jean Boissel,
en dehors de ses titres incontestables d’ancien combattant, et malgré son
courage, ne joua qu’un rôle politique effacé, son parti n’ayant jamais
dépassé le stade du groupuscule » 21.
Boissel a publié en 1941 La Crise, œuvre juive, manière de la conjurer
et Souvenirs de mes prisons.
G. Kauffmann
er
1. R.I.F., 1 numéro, s.d.
2. Boissel s’adonne au spiritisme et consulte une voyante. Cf., Philippe Burrin, La France à l’heure
allemande, 1940-1944, Paris, Le Seuil, 1995, p. 419, et le témoignage de Mathieu Laurier
[pseudonyme de Pierre Vigouroux] : « Jean Boissel, trépané de la grande guerre, monomane du
mystère, généralement occupé à interroger les esprits, à faire tourner les tables et autres
calembredaines » (Il reste le drapeau noir et les copains, Les Editions Ragnarök, 1996, p. 33). Voir
aussi A.P.P., GA, F4, dossier « Front franc », rapport du 4 août 1941 reproduisant la note de Roger
Cazy du 24 juillet 1941, et révélant qu’une voyante aurait prédit à Boissel en février 1933 « la
destinée la plus haute ». Cazy affirme aussi dans ce document que « la famille Boissel se livre à des
séances de spiritisme et […] Mme Boissel est probablement “médium” ».
3. A.P.P, GA, c3, dossier « La France au travail », rapport du 3 août 1940.
4. Cherchant à éviter la prépondérance d’un seul grand mouvement, les autorités allemandes
favorisent l’émergence des petits partis.
5. Né le 15 juin 1898 à Fourmies, ancien combattant de 14-18, Cazy préside au début des années
1930 la section d’Arras de la Solidarité française. Il rejoint le Front franc en 1938. Arrêté le 21 juin
1939 pour menées pro-hitlériennes et reconstitution de ligue dissoute, il retrouve Boissel à la prison
de Loos-lès-Lille. Il sera condamné en 1946 à dix ans de travaux forcés et à la dégradation
nationale.
6. Né le 2 juin 1900 à Tunis, il est le petit fils du romancier Paul Féval. Ancien officier de marine, il
adhère à la Solidarité française après le 6 février 1934 et fonde à Nantes le journal La Solidarité. Il
entre peu après au Front franc.
7. A.P.P., GA, F4, doc. cit., rapport du 29 janvier 1942.
8. Pour entrer dans les rangs du Front franc, il faut, comme le rappelle Auguste Féval dans Le
Réveil du peuple du 10 janvier 1941, « fournir d’une façon détaillée son ascendance du côté
paternel et maternel jusqu’aux grands-parents inclus ».
9. A.P.P., GA, F4, doc. cit., rapport du 29 janvier 1942.
10. Ibid., rapport du 29 janvier 1942.
11. Lettre de Paul Sézille à Jean Boissel, 28 juillet 1941 (C.D.J.C., XI, B-439).
12. A.P.P., GA, F4, doc. cit., rapport du 29 janvier 1942.
13. Laschett quittera le Front franc en septembre 1943 pour rejoindre les Francistes de Bucard.
14. A.P.P., GA, F4, doc. cit., rapport du 29 janvier 1942.
15. Riche homme d’affaires, premier secrétaire général de l’I.E.Q.J, évincé de ce poste par
Dannecker en juin 1941 et remplacé par le capitaine Sézille.
16. A.P.P., GA, F4, doc. cit., rapport du 17 avril 1942.
17. Maurice Boissel sera condamné en 1946 à quatre ans d’emprisonnement et à dix ans de
dégradation nationale. La clémence de ce verdict s’explique par son état de son santé et ses
déficiences intellectuelles.
18. A.P.P., BA, 2022, dossier « Lucien Pemjean », rapport du 16 octobre 1945.
19. A.P.P., GA, F4, doc. cit.
20. Paris, Denoël, 1989, p. 778.
21. Du Communisme au fascisme. L’histoire d’un engagement politique, Paris, Albin Michel, 1978,
p. 249.
ROBERT BRASILLACH
1. Paris, Pion, 1941 ; repris dans Une génération dans l’orage, Paris, Pion, 1968, p. 37.
2. Paris, Librairie de la Revue française, Alexis Redier éd., 1931, 256 p.
3. Voir Eugen Weber, L’Action française, tr. fr. M. Chrestien, Paris, Stock, 1964, pp. 555 et suiv.
4. Paris, Plon, 1936, 87 p.
5. Paris, Plon, 1939, 446 p.
6. Paris, Plon, 92 p.
7. Paris, Plon, 362 p.
8. Voir Pierre-Marie Dioudonnat, Je suis partout, 1930-1944. Les maurassiens devant la tentation
fasciste, Paris, La Table Ronde, 1973, pp. 365-369 ; Robert Belot, Lucien Rebatet, Un itinéraire
fasciste, Paris, Le Seuil, 1994, pp. 304 et suiv., et le témoignage de Brasillach dans son « Journal
d’un homme occupé » (in Une génération dans l’orage, Paris, Plon, 1968, pp. 483 et suiv.).
9. Cf., Jeannine Verdès-Leroux, Refus et violences, Paris, Gallimard, 1995, pp. 180-192.
10. Sur le procès et les derniers jours de Robert Brasillach, voir Michel Laval, Brasillach ou la
trahison du clerc, Paris, Hachette, 1992, pp. 137-289.
PAUL CHACK
1. Henry Coston, Dictionnaire de la politique française, t. I, Paris, Librairie française, 1979, p. 231.
6 o
2. A.N., Z 6, n 66, dossier d’instruction de la procédure menée contre Paul Chack.
3. Ibid.
4. Philippe Randa, Dictionnaire commenté de la collaboration française, Paris, Jean Picollec, 1997,
p. 423.
6 o
5. A.N., Z 6, n 66, doc. cit.
6. Henry Coston, op. cit., p. 232.
7. Pierre Pierrard, Juifs et catholiques français. De Drumont à Jules Isaac, 1886-1945, Paris,
Fayard, coll. « Les grandes études historiques », 1970, p. 259.
6 o
8. C’est ce que déclarera Paul Chack à la Libération (A.N., Z 6, n 66, doc. cit., procès-verbal
d’interrogatoire et de confrontation de Paul Chack devant le juge d’instruction Berry en date du
8 novembre 1944).
9. Philippe Bourdrel, La Cagoule. Histoire d’une société secrète du Front populaire à la
e
V République, Paris, Albin Michel, 1992, p. 241.
6 o
10. A.N., Z 6, n 66, doc. cit.
11. Jean-Paul Brunet, Jacques Doriot. Du communisme au fascisme, Paris, Balland, 1986, p. 233.
6 o
12. A.N., Z 6, n 66, doc. cit.
13. Ibid.
14. Ibid., rapport médical réalisé le 22 novembre 1944 par le docteur Paul, médecin-expert près le
tribunal de la Seine, en vertu d’une ordonnance du 20 novembre 1944.
15. Ibid., procès-verbal d’interrogatoire et de confrontation de Paul Chack devant le juge
d’instruction Berry en date du 8 novembre 1944. Lecoc, ancien avocat à la cour d’appel de Paris, fut
un des compagnons de route du lieutenant-colonel de La Rocque. Gontier de Vasse, présenté
comme journaliste, s’était réfugié en Angleterre après la bataille de Dunkerque et y fut emprisonné
pendant trois mois pour propos défaitistes. Il sera condamné par la cour de justice de la Seine à cinq
ans de prison et à 120 000 francs d’amende le 20 juin 1946.
16. Ibid.
17. Ibid.
18. Ibid.
19. A.N., 3 W 359, dossier 10, document 7, copie des déclarations de la princesse Mourousi
entendue par les services du commissaire divisionnaire Marc Bergé à la direction des
Renseignements Généraux le 18 avril 1947, adressée au président de la commission d’instruction de
la Haute Cour de justice le 23 mai 1947.
20. Dominique Rossignol, Histoire de la propagande en France de 1940 à 1944. L’utopie Pétain,
Paris, P.U.F., 1991, pp. 285-286.
21. « Le Coc [sic] se rendait très fréquemment en Allemagne pour y observer les méthodes
allemandes en matière de lutte anti-communiste et anti-juive afin de les appliquer en France. Très
dur, il exigeait de chacun des membres de son comité un rendement maximum en matière de
répression anti-juive et anti-communiste et c’est pourquoi j’ai démissionné », dixit la princesse
Euphrosine Mourousi (A.N., 3 W 359, dossier 10, document 7, doc. cit.).
6 o
22. A.N., Z 6, n 66, doc. cit., procès-verbal d’interrogatoire de Paul Chack devant le juge
d’instruction Berry en date du 13 novembre 1944.
23. Dominique Rossignol, op. cit., p. 287.
24. Ibid.
25. Ibid.
26. Pierre Philippe Lambert et Gérard Le Marec, Partis et mouvements de la collaboration, Paris
1940-1944, Paris, Grancher, 1993, p. 180.
27. A.N., 72 AJ 1839, Agence française d’information de presse (A.F.I.P.), les Communistes,
dossier intitulé « Comité d’action antibolchevique ». Coupure de presse Ouest-Eclair du 5 mai
1942.
28. Pierre Philippe Lambert et Gérard Le Marec, op. cit., p. 179.
29. Dominique Rossignol, op. cit., p. 288.
30. A.N., 72 AJ 1839, doc. cit., communiqué de l’A.F.I.P. du 8 août 1941.
31. Henry Coston, Partis, journaux et hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui, Paris, Librairie
française, numéro spécial des Lectures françaises, décembre 1960, p. 147.
32. Philippe Randa, op. cit., p. 158.
6 o
33. A.N., Z 6, n 66, doc. cit., procès-verbal d’interrogatoire et de confrontation de Paul Chack
devant le juge d’instruction Berry en date du 8 novembre 1944.
34. Dominique Rossignol, op. cit., p. 277.
35. C.D.J.C., xig-101.
36. Le Matin, 9 mars 1942.
6 o
37. A.N., Z 288 à 292, n 3275, dossier d’instruction de la procédure menée contre Bernard Faÿ et
le Service des Sociétés secrètes, scellé 530, documents découverts dans le coffrage d’une cheminée
de l’appartement du nommé William Gueydan de Roussel, 10 rue de l’Université à Paris,
concernant le « Cercle aryen », pièces 22 à 26.
38. Ibid., pièces 12 à 14.
39. Ibid., pièces 27 à 29.
6 o
40. A.N., z 6, n 66, doc. cit., rapport du 8 novembre 1944 de l’inspecteur Cantot de la Brigade
mondaine (police judiciaire/ préfecture de police).
41. Agathon, Guidargus du livre politique sous l’Occupation, 1990, p. 288.
42. Philippe Randa, op. cit., p. 426.
43. Peter Novick, L’Epuration française, 1944-1949, Paris, Balland, 1985, pp. 258-259.
6 o
44. A.N., Z 6, n 66, doc. cit.
PIERRE CLÉMENTI
(François Clémenti, dit)
6 o
1. A.N., Z 183, n 2312 bis, dossier d’instruction de la procédure menée contre Christian Message
et autres, note sur Pierre Clémenti, chef du Parti français national-collectiviste.
2. C.D.J.C., LXI-32, rapport strictement confidentiel du 12 juin 1941 sur Pierre Clémenti.
6 o
3. A.N., Z 183, n 2312 bis, doc. cit.
4. Le Pays libre, 5 septembre 1943.
5. A.N., versement 890158, direction générale de la police nationale, police judiciaire, fichier
central de la police, article 17, liasse 3, affaires politico-judiciaires, dossier Le Pays libre.
6. Le Pays libre, 5 septembre 1943.
7. A.N., versement 890158, article 17, liasse 3, doc. cit.
6 o
8. A.N., Z 183, n 2312 bis, doc. cit.
9. Ibid.
10. Mathieu Laurier, Il reste le drapeau noir et les copains, Les éditions Ragnarök, 1996, p. 22.
Sous ce nom se cache Pierre Vigouroux qui a écrit ce livre de son exil vénézuélien et qui a été
pendant de longues années un des lieutenants de Clémenti tant au P.F.N.-C. qu’au Pays libre.
11. Henry Coston, Partis, journaux et hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui, Paris, Librairie
française, numéro spécial des Lectures françaises, décembre 1960, p. 90.
12. Paul J. Kingston, Anti-Semitism in France during the 1930’s : Organisations, Personalities and
o
Propaganda, University of Hull Press, Occasional Papers in Modern Languages, n 14, 1983, p. 39.
13. Archives du ministère des Affaires étrangères, série administrative « C », sous-série « 346 » (C-6
Intérieur), copie d’un rapport des services de la préfecture de police de mars 1935 au sujet de La
Libre parole populaire et de Henry Coston.
14. Ibid.
15. Ibid.
16. Ibid.
17. D’après l’état civil, François Clémenti épouse Maria Dupont le 3 octobre 1939 à Fresnes, alors
qu’il est incarcéré. Ils divorcent le 3 décembre 1943.
18. Le Pays libre, 20 avril 1937.
6 o
19. A.N., Z 183, n 2312 bis, doc. cit.
20. Le Pays libre, 5 septembre 1943.
21. A.N., versement 890158, article 17, liasse 3, doc. cit.
22. Paul J. Kingston, op. cit., p. 41.
23. Numéro du Pays libre sans date ayant pour titre « Eh ! Non ! Nous ne sommes pas morts ! ». Il
semble être paru en 1938.
24. Paul J. Kingston, op. cit., p. 12.
5 o
25. A.N., Z 231, n 8105. Dossier d’instruction de la procédure menée contre Maria Dupont,
o
rapport de la direction de la police judiciaire de la préfecture de police du 5 juillet 1939 (n L.S.
o
2111-216-n 5) signé par l’inspecteur principal adjoint Savary.
26. Paul J. Kingston, op. cit., p. 42.
27. Ibid., p. 41.
5 o 6 o
28. A.N., Z 231, n 8105, doc. cit. z 183, n 2312 bis, doc. cit.
29. A.N., versement 890158, article 17, liasse 3, doc. cit.
30. Mathieu Laurier, op. cit., p. 22.
31. Paul J. Kingston, op. cit., p. 41.
32. C.D.J.C., LXI-32, doc. cit.
33. Le Pays libre, 20 septembre 1941.
34. Ibid.
35. C.D.J.C., LXI-32, doc. cit.
36. Ibid.
37. Le Matin, 26 août 1940.
40
38. A.N., AJ 890, Commandant du Grand Paris, état-major administratif, police spéciale, rapports
du directeur général de la police municipale au préfet de police en date du 20 août 1940.
39. C.D.J.C., LXI-32, doc. cit.
40. Pierre Philippe Lambert et Gérard Le Marec, Partis et mouvements de la collaboration, Paris
1940-1944, Paris, Grancher, 1993, p. 114.
41. Ibid.
42. Ibid.
43. Henry Coston, Partis, journaux et hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui, op. cit., p. 91.
44. Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, 1940-1944, Paris, Seuil, 1995, p. 419.
45. Par exemple, L’Appel, 14 octobre 1943.
46. Le Pays libre, 14 novembre 1943.
47. Pierre Philippe Lambert et Gérard Le Marec, op. cit., p. 115.
48. Ibid.
49. Ibid.
41
50. A.N., F 120, services de l’Information sous le gouvernement de Vichy, subventions à des
organismes de presse, 1941-1944, dossier Le Pays libre, rapport du 3 février 1944 à monsieur
l’inspecteur des Finances, directeur de l’administration générale, au sujet de l’enquête sur les
incidents ayant entraîné la suspension du journal Le Pays libre et sur le droit au titre de ce journal.
51. Mathieu Laurier, op. cit., p. 22.
e
52. Information fournie par la section du XX siècle des A.N.
53. Le Monde, 17 et 18 janvier 1954. Nous regrettons que les Archives de la Justice militaire
persistent à refuser l’accès au dossier d’instruction de Pierre Clémenti.
54. Henry Coston, Partis, journaux et hommes politiques…, op. cit., p. 533.
55. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France, Lyon, P.U.L.,
1992, p. 53.
56. Henry Coston, Dictionnaire de la politique française, t. II, Publications Henry Coston, 1980,
p. 131.
57. Ibid. Voir Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle droite, Paris, Descartes et Cie, 1994, pp. 10-
11, 120 sq.
58. Jean-Yves Camus et René Monzat, op. cit., p. 53.
59. Ibid., p. 253.
60. Henry Coston, Dictionnaire de la politique française, t. IV, Publications Henry Coston, 1982,
p. 147.
PIERRE COSTANTINI
(Dominique Costantini, dit)
Henry Coston est sans aucun doute le plus acharné des antisémites de
ce siècle 1. L’évolution de l’opinion sur la « question juive », des années
trente à nos jours, n’a eu aucune incidence sur son jugement et son mode
de pensée. Les diverses péripéties qui ont jalonné sa carrière de publiciste
l’ont parfois fait douter mais n’ont jamais ébranlé ses convictions. Né à
Paris le 20 décembre 1910, d’un couple de petits commerçants, Henry
Coston explique sa force et son obstination par ses racines auvergnates :
« c’est sans doute à cette ascendance terrienne qu’il doit sa ténacité et sa
combativité » 2. Il quitte la capitale après que son père eut été gazé devant
Verdun 3 et passe une partie de son enfance et son adolescence à
Villeneuve-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne. Pensionnaire au collège de la
ville, il côtoie le futur écrivain Paul Guth et le futur sénateur radical-
socialiste Jacques Bordeneuve. En février 1926, il travaille pour l’agence
locale de la Société Générale 4.
Henry Coston relate que la lecture de La Fin d’un monde d’Edouard
Drumont et de L’Œuvre, le petit périodique pamphlétaire nationaliste et
socialisant, qu’animaient avant-guerre Gustave Téry et Urbain Gohier,
découverts dans le grenier d’un vieil oncle 5, ont éveillé son intérêt pour la
« question juive ». De plus, selon lui, le fait d’établir des fiches pour sa
banque et de constater que les mêmes noms de sociétés financières, de
personnages et de familles revenaient régulièrement 6 [sic] l’auraient
conforté dans l’idée de la mainmise de la « judéo-maçonnerie » sur
l’économie. Il s’inscrit à l’Action française quelques semaines ou mois
plus tard et accepte avec enthousiasme le poste de secrétaire de la section
locale du mouvement. Il signe ses premiers écrits dans les chroniques
locales de la presse royaliste du Sud-Ouest : L’Express du Midi, quotidien
régional catholique fondé en 1891 et Le Paysan du Sud-Ouest,
hebdomadaire nationaliste et catholique du Lot-et-Garonne créé en 1890 et
dirigé par Georges Audebez. Dès cette époque, il réunit la documentation
utile aux militants convaincus.
Il crée à la fin de l’année 1928 une feuille antisémite et
antimaçonnique, La Contre-Révolution de Villeneuve-sur-Lot et de Lot-et-
Garonne, qui ne connaîtra que deux numéros. Ses attaques contre le baron
local de la politique, le ministre de la marine Georges Leygues, l’obligent
à quitter Villeneuve-sur-Lot. Ils s’installe alors à Paris, où il se rendait
quelquefois pour assister à des réunions organisées par l’Action française.
C’est à l’une d’elles qu’il rencontre Jacques Ploncard, qui deviendra son
plus vieux compagnon de lutte. Ce dernier, né le 13 mars 1910 à Chalon-
sur-Saône, a suivi un parcours très semblable à celui de Coston. Tous deux
ont fréquenté dès l’adolescence les milieux royalistes. Elève au lycée
d’Autun, Ploncard s’intéresse également au journalisme et rédige en 1926
quelques articles antisémites et nouvelles littéraires comme correspondant
de L’Autunois 7. Il écrit aussi à L’Echo de Saône-et-Loire. En 1927, il
s’installe dans la capitale où il suit des cours à l’école commerciale de
l’avenue Trudaine. Il est exclu de cet établissement après y avoir introduit
des brochures de propagande 8. Jacques Ploncard a l’indéniable avantage
sur Coston de fréquenter les personnes susceptibles de le conseiller dans la
lutte antijuive et antimaçonnique, comme l’abbé Duperron avec ses
Cahiers de l’Ordre et Monseigneur Jouin avec sa Revue Internationale des
Sociétés Secrètes 9. Ces deux revues accueillent épisodiquement la
signature de Ploncard, qui fonde en 1927 une petite feuille pamphlétaire,
La Lutte. Coston y rédigera quelques articles. Jacques Ploncard voit plus
grand encore en reprenant le titre de la mythique Libre parole du « pape de
l’antisémitisme », Edouard Drumont, tombée dans le domaine public
depuis que le député Joseph Denais l’a abandonnée en 1924. Le premier
numéro sort le 1er juillet 1928 10.
L’année 1930 constitue un tournant dans leur jeune carrière. Ils se
rapprochent du député-maire antijuif d’Oran, le docteur Molle, qui incarne
à leurs yeux la victoire et l’épanouissement de leurs idées politiques. Ils
adhèrent à son Parti national populaire créé en septembre 1930 et écrivent
dans son Petit Oranais. Assoiffés d’action, ils veulent introduire un sang
neuf dans la lutte antisémite. En mai 1930, Henry Coston crée les
« Jeunesses anti-juives ». Le programme est sans ambiguïté :
« 1° Expulsion des Juifs immigrés en France.
2° Fermeture rigoureuse des frontières pour eux.
3° Pas de nationalisation, nier aux Juifs le droit de s’appeler Français.
4° Boycottage des Juifs dans tous les domaines de la vie sociale,
politique, économique, et […] numerus clausus pour les écoles, les
universités, et […] exclusion des Juifs de tous les corps sportifs et
savants.
5° Constitution des Juifs dans une minorité nationale avec recherche
par voie légale (mesures de police, judiciaires) de l’origine juive de
l’individu et contrôle des cas de changement de noms.
6° Reprise des biens de la Congrégation juive, c’est-à-dire des millions
que nous ont volés, avant, pendant et après la guerre, les financiers et
les spéculateurs juifs » 11.
Henry Coston verra ses vœux en partie exaucés par le régime de
Vichy.
Le mois d’octobre 1930 est à marquer d’une pierre blanche. La Libre
parole, de nouveau tombée dans le domaine public, est ressuscitée par
Henry Coston, dans le prolongement des numéros mensuels de La
Nouvelle France. Si l’événement est d’une telle importance, c’est parce
que Coston, épigone de Drumont, mènera toutes ses campagnes avec ce
journal jusqu’à son interdiction en avril 1939 en application du décret-loi
Marchandeau. Jacques Ploncard l’accompagne dans cette nouvelle
entreprise. Le journal sera le réceptacle de deux générations d’antisémites.
Il accueillera de vieux journalistes comme Jean Drault, Lucien Pemjean et
Albert Monniot, et de jeunes activistes comme Maurice-Christian
Dubernard, René-Louis Jolivet ou Henri-Robert Petit. De périodicité
variable, la publication se présentera sous diverses formes : journal de
grand format ou revue. Après la mort du docteur Molle le 8 janvier 1931,
Coston et Ploncard tentent de maintenir son héritage idéologique. Jacques
Ploncard accompagne Armand Bernardini à Oran pour introniser l’avocat
Michel Parés 12.
Si Henry Coston et Jacques Ploncard s’associent à des œuvres
communes, il leur arrive également de batailler chacun de son côté. Ainsi,
Ploncard suit Armand Bernardini dans le cadre des Comités nationalistes
de la Seine déclarés en juin 1930, pour lesquels il s’occupe du secrétariat
général 13. Plus tard, Jacques Ploncard contribuera à la rubrique de
politique étrangère du Courrier royal, de La Liberté et de Paris-Midi. Il
collaborera aussi à L’Intransigeant 14, quotidien modéré et en principe
ennemi puisque dirigé par Louis Louis-Dreyfus. En 1936, il s’engage au
Parti populaire français de Jacques Doriot 15. Ces quelques divergences
entre Ploncard et Coston s’expliquent par une différence de
tempéraments : le premier, plus effacé, laisse le soin au second, plus va-t-
en guerre, de prendre la tête de leur « croisade ».
En avril 1931, Ploncard accomplit son service militaire. Il est versé
dans le 29e bataillon de chasseurs en Alsace 16. Coston, quant à lui, est
exempté le 31 mars 1933 pour tuberculose pulmonaire 17. Il dépose en
juillet 1933 à la préfecture de police les statuts d’un groupement politique
nommé Les Francistes – Front national ouvrier-paysan, qu’il crée avec
René-Louis Jolivet, membre de la Solidarité française de François Coty et
futur rédacteur en chef du Radio-Journal de Paris sous l’Occupation 18.
Parmi les principaux dirigeants, citons Jacques Ploncard, Marya del
Rosario, épouse de Coston, Maurice-Christian Dubernard, ancien
secrétaire général du Parti national populaire. Le mouvement est doté d’un
organe, La Libre parole populaire. Les principes fondamentaux sont
revendiqués dans la brochure Que veulent les Francistes ? : « la lutte
contre la Judéo-Maçonnerie, le Marxisme, le Parlementarisme, la
Démocratie et le Capitalisme, par l’union des Anciens Combattants et des
Jeunes Générations, pour le Corporatisme, la protection de la Race et la
défense de la civilisation Aryo-Chrétienne par une entente internationale
avec tous les mouvements étrangers de même tendance ». Comme Henry
Coston le soulignera lui-même, cette doctrine s’apparente étroitement au
national-socialisme 19.
Le temps des affinités de vues avec Charles Maurras est révolu. Le
journal de la Ligue d’Action française critique le penchant de Coston pour
l’Allemagne hitlérienne 20. Des rixes opposent les Francistes de Coston aux
membres du Francisme de Marcel Bucard pour le monopole du titre.
Malgré sa faible influence, les idées véhiculées par le parti constituent une
première en France. Il est accusé d’hitlérisme et on le soupçonne d’être
subventionné par les services nazis. Le 25 mars 1934, aux côtés d’Adolf
Hitler, il fait la une du Droit de vivre, l’organe officiel de Ligue
internationale contre l’antisémitisme de Bernard Lecache, principal
adversaire de Coston, sous la manchette « Il y a des hitlériens à Paris. A
vous, Français, de les chasser ! ». Henry Coston se rend en Allemagne, en
mars 1934, en compagnie de son épouse et de Jacques Ploncard. A
Nuremberg, ils sont reçus par le gauleiter de la Franconie, l’antisémite
fanatique Julius Streicher, qui dirige le journal Der Stürmer 21. Ce ne sera
pas le seul voyage outre-Rhin. Ses relations avec le Weltdienst, centre de
propagande antisémite mondial du lieutenant-colonel Fleischhauer basé à
Erfurt, se manifestent entre autres par sa présence à Berne en mai 1935 :
un procès doit trancher sur l’authenticité des Protocoles des Sages de Sion,
« plan universel de domination juive ». Coston devait être appelé à la barre
par Fleischhauer avant que les témoins de la défense ne puissent déposer.
Il se contentera d’y assister et d’exposer sa version à ses lecteurs 22.
L’arrivée de Pierre Clémenti en août 1934 mène les Francistes à la
faillite 23. Henry Coston se ressaisit en publiant en décembre 1934 une
nouvelle mouture de son journal, intitulée Libres paroles. Le programme
de son ancien parti est reconduit dans le Parti socialiste national de France
déclaré le 28 novembre 1934 par Maurice-Christian Dubernard 24 et auquel
est rattachée la revue Le Siècle nouveau. Coston rachète en janvier de la
même année l’hebdomadaire Porc-épic. Il part en 1936 pour l’Afrique du
Nord. Suivant les traces de Drumont, il se présente dans l’ancienne
circonscription d’Alger où son maître à penser avait été triomphalement
élu en 1898. La campagne électorale d’avril 1936 est émaillée de
nombreux incidents. Un Juif d’Algérie, Léon Ben Kalifa, est tué par un
permanent du local de Coston. Le Droit de vivre demande en représailles
que l’on arrête « l’assassin Coston » 25. Ce dernier recueille finalement le
26 avril 1936 environ 10 % des suffrages exprimés avec 1 708 voix.
Face à la victoire du Front populaire, Henry Coston décide de
prolonger son séjour en Afrique du Nord et organise le Front français avec
l’aide de René Barthélemy 26. Il adapte sa presse, La Libre parole d’Alger
puis La Libre parole nord-africaine, aux circonstances. A son retour à
Paris, il se brouille avec Henri-Robert Petit qui tient le Centre de
documentation et de propagande créé au début de l’année 1936. Il l’accuse
d’avoir dilapidé ses archives et sa bibliothèque 27.
Henry Coston intensifie sa propagande antijuive et antimaçonnique en
diffusant insignes, timbres, papillons, tracts, brochures, revues, livres, dans
la capitale, mais également en Algérie, en Alsace et dans quelques villes
de province. Plusieurs maisons d’édition se succèdent pendant ces années :
Nouvelles éditions nationales, Centre de documentation et de propagande,
Office de propagande nationale, Société d’édition et de propagande, et
Bureau central de presse et d’édition. Sous son nom ou sous le
pseudonyme Georges Virebeau, il publie ou dirige de nombreux livres et
brochures : Le Parlement aux ordres de la F… M… (1931), Le Cartel
maçonnique contre la France (1932), L’Annuaire général de la Franc-
Maçonnerie française. Les Loges et leurs principaux dignitaires (avec
Marya del Rosario) (1933), Les Francs-Maçons célèbres, Paroles
nationalistes, Les Mystères de la Franc-Maçonnerie (1934), La
Conjuration juive, Juifs et Francs-Maçons démasqués (1935),
Algerusalem (1936), La Conspiration juive 28, La France, colonie juive,
Les Juifs contre la France (1937), Les Coulisses du Front Populaire, La
Presse aux ordres des Juifs, Les Juifs et leurs crimes, Les Deux cents
familles, Le Péril Juif. Texte intégral des Protocoles des Sages d’Israël
(1938). Nettement moins productif, Jacques Ploncard, prenant parfois le
pseudonyme de Fergus, écrit Les Espions et les traîtres, Pourquoi je suis
anti-juif et Le Juif démasqué. Une perquisition est faite au domicile de
Coston, à Clichy, et au siège de ses sociétés rue du Cardinal-Mercier à
Paris le 23 juin 1939. Elle s’inscrit dans le cadre de la commission
rogatoire émanant du juge d’instruction Combeau, datée de la veille, à la
suite d’une enquête menée pour procédure contre X et autres inculpés de
propagande étrangère. Les archives de Coston sont alors saisies.
A l’inverse de Jacques Ploncard, Henry Coston n’est pas mobilisé en
1939. Le premier regagne la capitale après treize mois de captivité. Pour
une approche globale, et donc sommaire, de la carrière de Henry Coston
sous l’Occupation, nous pouvons nous reporter à la notice individuelle
établie le 25 janvier 1952 par le commissaire du gouvernement de la cour
de justice de la Seine 29, en y apportant des informations supplémentaires :
« Coston Henri,
Condamné par la Cour de justice de la Seine le 15.3.47 pour
intelligence avec l’ennemi.
Exposé sommaire des faits qui ont motivé la condamnation à subir.
De 1940 à 1943, Coston Henri, journaliste de profession, membre
influent du P.P.F. 30, par ailleurs entré en relation dès 1935 avec les
dirigeants nazis, écrivit de nombreux articles violemment antisémites
et antimaçonniques, à tendance nettement germanophile.
C’est ainsi qu’il écrivit sous sa propre signature dans de nombreux
journaux tels que Les Cahiers de la France Nouvelle 31, Le Pilori, Le
Cri du Peuple, La France au Travail, et sous le pseudonyme de
Georges Virebeau, dans le Pariser-Zeitung et le Paris-Soir 32. Il écrivit
également quelques articles dans la France au Travail sous le
pseudonyme de Diogène.
Mais surtout Coston occupa le poste de Directeur du Centre d’Action
et de Documentation (C.A.D.), organisme fondé par lui en mars 1941 33
avec l’appui des Allemands 34, dont le rôle tout d’abord de diffusion
d’ouvrages et tracts antisémites et antimaçonniques se transforma par
la suite pour devenir celui d’un véritable service de renseignements
visant à dépister toutes les activités hostiles à la politique de
collaboration. Coston devenu dès lors l’homme de confiance des
Allemands, immatriculé sous le no FR 12 par leurs services, recrute des
collaborateurs, les obligeant à adhérer au P.P.F., divise le C.A.D. en 4
sections, forme un réseau de correspondants en province, chargé
d’enquêter sur toutes les activités anticollaborationnistes. En définitive,
le C.A.D. financé et contrôlé directement par les Allemands, dresse un
fichier comportant plusieurs milliers de fiches nominatives concernant
toutes les personnes suspectes et confectionné d’après les rapports
hebdomadaires envoyés au centre par ses correspondants.
De leur côté, Coston et son secrétaire général Babize dressent des
rapports destinés soit au P.P.F. ou bien au service français des Sociétés
Secrètes, soit même à la section Moerschell 35, soit enfin, après
traduction, à différents organismes ennemis tels que l’Ambassade
Allemande ou la Gestapo.
Parallèlement, le Centre poursuit son œuvre initiale de propagande
antimaçonnique et antisémite par la publication et la diffusion de
nombreuses brochures et de tracts. Coston fera même paraître une
revue intitulée Le Bulletin d’Information antimaçonnique – La Libre
Parole 36. Tiré à plusieurs milliers d’exemplaires dont certains
reviendront à la Propagandastaffel.
En août 1944, Coston quittera Paris avec les Allemands, après avoir
opéré la destruction de la quasi totalité des archives de son service.
Coston a été condamné aux travaux forcés à perpétuité (commué), à la
confiscation de ses biens et à la dégradation nationale le 15.3.1947 par
la Cour de justice de la Seine » 37.
Henry Coston retrouve donc tardivement au P.P.F. Jacques Ploncard
qui s’occupe de propagande et qui signe lui aussi des articles dans
L’Appel, Au pilori, Le Cri du peuple, Les Documents maçonniques et
Pariser Zeitung. Ce dernier écrit également pour Le Matin et, en se
présentant comme un ancien élève de l’Institut d’ethnologie 38, pour
L’Ethnie française. Jacques Ploncard est aussi le chef du service de
dépouillement des archives du Grand Orient de France, dont l’objectif est
de fournir de la documentation au C.A.D. pour l’élaboration du Bulletin
d’information anti-maçonnique, dont il est l’un des rédacteurs 39. Sa
fidélité au maréchal Pétain lui vaut d’être décoré de la francisque. Il prête
serment à Paris le 15 septembre 1943 40.
Coston et Ploncard fréquentent les milieux antisémites et participent
aux mondanités de l’Association des journalistes antijuifs – Coston en
assure la vice-présidence tandis que Ploncard en est le secrétaire général
adjoint – 41, et de la Commission d’études judéo-maçonniques (C.E.J.M.)
dont ils sont des membres influents. En effet, si le lieutenant SS Moritz,
chef de l’action antimaçonnique allemande en zone occupée, est le
véritable instigateur de cette commission, William Gueydan de Roussel en
accepte l’idée le 18 mars 1942 après avoir consulté Henry Coston, Jacques
Ploncard et Armand Bernardini 42. La première réunion officielle de la
C.E.J.M. a lieu le 7 avril 1942. Les sept « piliers » de l’organisation sont le
lieutenant SS Moritz, Armand Bernardini, Henry Coston, Jacques
Ploncard, Charles Laville, Philippe Poirson et William Gueydan de
Roussel, le président en titre 43. Ils siègent dans les locaux du Grand Orient
de France rebaptisés Section d’histoire contemporaine de la Bibliothèque
nationale. Lors de la réunion du 20 avril 1942, Gueydan de Roussel précise
que le mobilier de la C.E.J.M. a été réquisitionné chez un Juif, que les
archives dépouillées ont été récupérées dans les loges de la zone occupée
et que l’argent provient pour moitié de la Bibliothèque nationale et pour
autre moitié des autorités occupantes 44. Il souhaite centraliser la
documentation concernant les rapports entre la franc-maçonnerie et les
Juifs, en distinguant l’aspect historique de l’aspect politique, étudiés lors
des séances hebdomadaires. Des orateurs extérieurs et des personnalités
allemandes sont invités occasionnellement. Sous l’impulsion de
Bernardini, un fichier de noms juifs est élaboré 45.
Coston et Ploncard ont également participé aux activités du Cercle
aryen, dont la création répond à une nécessité d’extériorisation de la
C.E.J.M. au cours de sa deuxième année d’existence. L’idée en revient à
Gueydan de Roussel, comme le démontrent ses archives récupérées à la
Libération. Après plusieurs mois de préparation avec Antoine Dessus (dit
Tony Dessus), administrateur du Cercle européen et futur secrétaire
général du Cercle, Gueydan de Roussel réunit le premier conseil
d’administration le 17 juin 1943 46. Parmi les noms les plus cités dans les
différents conseils d’administration, retenons Henry Coston, Jacques
Ploncard, Paul Riche, Armand Bernardini et Alphonse Moreau de la
Meuse. L’ouverture officielle n’a lieu que le 20 novembre 1943 47.
Gueydan de Roussel parvient à obtenir la participation de Paul Chack,
président du Comité d’action antibolchevique, qui cautionne le Cercle
aryen en en acceptant la présidence 48. Mais la cheville ouvrière du
groupement demeure Gueydan de Roussel, qui obtient du chef supérieur
de troupes d’assaut SS Rôthke, chargé des affaires juives, la réquisition du
Cercle général des Lettres et des Arts, au 5 boulevard Montmartre 49. Tous
les éléments sont réunis pour accueillir le Paris collaborationniste : bar,
restaurant, salles de réunion… Le Cercle aryen est à la mesure des
ambitions de Gueydan de Roussel, qui cherchera à imposer son « Alliance
aryenne universelle », destinée à être la réponse à l’existence de l’Alliance
israélite universelle. A l’initiative du Cercle est créé le prix de la France
aryenne, décerné à Maurice-Ivan Sicard le 29 février 1944 pour son
ouvrage Vive la France. Les salons servent aussi de cadre aux
manifestations du centenaire de Drumont en avril et mai 1944.
Au sein du Cercle aryen, Henry Coston est nommé président de la
commission des admissions tandis que les conférences sont planifiées par
Jacques Ploncard 50. La stérilité des débats, centrés sur des questions de
fonctionnement interne et d’« éthique antisémite », ainsi que les luttes
intestines, réduisent à néant les projets de Gueydan de Roussel. Jacques
Ploncard démissionne en février 1944 : il quitte sa présidence et le conseil
d’administration, tout en demeurant membre. Henry Coston ne l’oublie pas
pour autant quand il met sur pied les manifestations en l’honneur du
centenaire d’Edouard Drumont. Ploncard figure par exemple parmi les
membres du jury du prix Drumont décerné à Joseph-Marie Rouault pour
son ouvrage La Vision de Drumont et à René-Louis Jolivet pour
« l’ensemble de son action antijuive depuis 1930 » 51. Enfin, quelques
semaines avant, Henry Coston, principal inspirateur et rédacteur de Je vous
hais !, « la publication la plus violemment antisémite de la période de
l’Occupation » 52, le sollicite 53. Par cette brochure de propagande Coston
atteint « le sommet de son art ». Il faut préciser que contrairement à ce
qu’avance Ariane Chebel d’Appollonia 54, il ne s’agit en aucune façon
d’une œuvre de la rédaction du Cahier jaune, mais du Parti populaire
français agissant à travers le Bureau central de presse et d’informations
dirigé par Maurice-Ivan Sicard.
En plus des ouvrages précédemment cités, Henry Coston est aussi
l’auteur de La Franc-Maçonnerie démasquée, liste de F… M…
appartenant au Parlement, à la Presse, au Barreau et des dirigeants de la
Secte (1940), La Finance Juive et les Trusts 55, 1892-1942. Le
Cinquantenaire de La Libre Parole (1942), Le Bourrage de crâne.
Comment la Presse trompait l’opinion avec Albert Simonin, Les
Corrupteurs de la jeunesse. La Mainmise judéo-maçonnique sur la presse
enfantine, Du Sang sur la cité ! Les Complicités judéo-maçonniques dans
la révolution espagnole (1943), Dans les coulisses de la République.
Ministres, préfets et policiers, agents d’exécution de la dictature
maçonnique 56, Les Trafiquants de la misère ouvrière (1944). Autant de
livres qui justifient qu’il fasse partie des écrivains interdits en 1944 57.
Quant à Jacques Ploncard, il est l’auteur de Pourquoi a-t-on condamné la
F… M… ?
Après la Libération, Jacques Ploncard s’exile au Portugal pour plus de
vingt ans : il a été condamné à la peine de mort par contumace le 29 mai
1947 58. Il vit sous les dorures de la résidence présidentielle de Salazar dont
il est un des conseillers et le biographe. Il intègre la rédaction diplomatique
du Diaro da Manha, quotidien du dictateur, et devient l’éditorialiste de
l’émission « La Voix de l’Occident » à Radio-Lisbonne 59. Il ne reviendra
définitivement en France qu’une fois devenu indésirable dans sa terre
d’asile, après la Révolution des œillets en 1974. Henry Coston, lui,
n’échappe pas à la sentence prononcée contre lui. Retrouvé en Autriche en
octobre 1946, il est lourdement condamné. Il évite la peine capitale : le
commissaire de la République ne l’ayant pas obtenue pour son supérieur
hiérarchique, Bernard Faÿ 60, s’abstient de la réclamer 61. Pendant cinq
années, Henry Coston vivra dans le microcosme des anciens
collaborationnistes de Fresnes, Saint-Martin-de-Ré et Saint-Sulpice-la-
Pointe 62. A la faveur d’une grâce médicale applicable dès avril 1951 63 et
motivée par la crainte d’une rechute de tuberculose pulmonaire, il recouvre
la liberté. L’amnistie, qui efface la totalité des condamnations du casier
judiciaire, arrive plus tardivement, en 1959 64.
Contournant subtilement la loi, Henry Coston reprend son combat. Il
avait déjà mis à profit ses années de détention pour écrire L’ABC du
journalisme 65 avec « l’aide précieuse de sa femme et celle du vicaire de la
paroisse qui lui apportait, dissimulés sous sa soutane, les documents dont il
avait besoin » 66. A sa sortie de prison, Noël Jacquemart l’accueille, ainsi
que d’autres anciens condamnés pour faits de collaboration, à L’Echo de la
presse, puis, à partir de 1957, au Charivari. La nouvelle épouse de Coston,
Gilberte, lui sert de prête-nom. C’est ainsi qu’il fonde en octobre 1951 le
Club international des journalistes et écrivains d’union latine avec son
bulletin Clubinter-Presse.
A l’automne 1952, s’ouvre à Paris la Librairie française, officine des
lecteurs des droites nationales et radicales. Elle sera la cible de plusieurs
attentats. Henry Coston la cédera à Jean-Gilles Malliarakis en
décembre 1975 67. Elle fermera ses portes, rue de l’Abbé-Grégoire, le
14 juillet 1995. Henry Coston et son épouse se consacrent à la vente par
correspondance de livres anciens, puis à la diffusion de nouveaux livres et
à l’édition par souscription. Bien évidemment, Coston rééditera et
diffusera ses propres livres. Il vient aussi en aide au révisionniste Paul
Rassinier en rééditant son ouvrage Le Mensonge d’Ulysse. En mai 1954,
l’apport du Club national des lecteurs et de ses 1 600 membres 68 assure la
pérennité du système. Son petit bulletin Nouveaux livres, puis Presse et
Littérature contribue également à la renaissance littéraire de l’extrême
droite. Il écrit en 1955 Les Financiers qui mènent le monde, présenté de
nos jours comme l’ouvrage non-conformiste de l’après-guerre le plus
vendu. Mais il n’a pas abandonné son terrain de prédilection,
l’antisémitisme : il publie en 1956, sous le pseudonyme Gygès, Les
Israélites dans la société française avec un répertoire onomastique.
La presse nationaliste reçoit de temps à autre ses articles : Jeune
Nation, Défense de l’Occident, Carrefour, Europe-Action, Présent,
National-hebdo, Monde et Vie… Toutefois, son itinéraire journalistique
d’après-guerre est marqué indubitablement par ses Lectures françaises. Le
premier numéro est confectionné au Portugal où Henry Coston est allé
recueillir les conseils de Jacques Ploncard 69. Il sort des presses en
mars 1957. Michel de Mauny, collaborateur de la Société générale de
presse et du Courrier de Paul Dehême, est supposé tenir le rôle de
directeur de la publication. L’éditorial est signé Pierre-Antoine Cousteau
qui participe à ce périodique jusqu’à sa mort en décembre 1958. La revue
mensuelle, farouchement antigaulliste 70, et qui entend dévoiler les
coulisses de la politique, de la franc-maçonnerie, de la presse et de la
finance, reste attachée aux noms de Henry Coston, Pierre-Antoine
Cousteau, Michel de Mauny, Jacques Ploncard d’Assac, Georges Ollivier,
Paul Rassinier, Jacques Bordiot, Pierre Hofstetter, Pierre Fontaine, etc.
Elle maintient au goût du jour la théorie conspirationniste. Jean-Yves
Camus et René Monzat précisent que, dans Lectures françaises, « sont
[…] répertoriés tous les faits tendant à prouver que la puissance
économique et financière est aux mains des Juifs ; que les gouvernements
obéissent aux injonctions de la franc-maçonnerie ; que les Etats sont, peu
ou prou, soumis à la volonté d’un lobby pro-sioniste qui les oriente dans le
sens favorable aux intérêts israéliens » 71. Henry Coston cède ses droits
d’administrateur à Jean Auguy, directeur de la Diffusion de la pensée
française, plus communément appelée groupe Chiré, en décembre 1976,
puis se décharge officiellement de la responsabilité de la rédaction, et de la
direction politique en mars 1981 72.
Hormis sa longue collaboration à Lectures françaises, Jacques
Ploncard, présenté par son ami Coston comme « l’auteur le plus lu du
mouvement traditionaliste et anti-marxiste européen » 73, collabore à des
journaux favorables à l’Algérie française 74 : Aspects de la France, Libertés
françaises, La Nation française, C’est-à-dire, Jeune Nation, Salut public
de l’Algérie française, puis Lecture et tradition, Présent… En relation
avec les milieux traditionalistes catholiques, il donne quelques articles à
des journaux suisses, dont Controverses 75. Il fait part mensuellement à ses
lecteurs de ses réflexions dans la Lettre politique, et soutient l’Alliance
générale contre le racisme [sic] et pour le respect de l’identité française,
présidée par Bernard Antony, qui s’attaque essentiellement à toute
manifestation considérée comme anticatholique 76. Outre son livre majeur
publié en 1958, Doctrines du nationalisme, Ploncard est l’auteur de L’Etat
corporatif. L’expérience portugaise, L’Eglise et la Révolution, L’Erreur
africaine (1963), La Nation, l’Europe et la Chrétienté, Dictionnaire
politique de Salazar (1964), Critique nationaliste, La Crise du
communisme (1965), Le Poids des clés de Saint Pierre (1966), Salazar, La
Réaction (1967), Lénine et la technique du coup d’Etat (2e éd., 1968), La
Peur des Mots (1968), Joseph de Maistre (1969), Les Jeunes ont droit à la
vérité (1970), Les Idées qui tuent (1971), Manifeste nationaliste (1972),
L’Eglise occupée (1975), Le Secret des francs-maçons (1979).
Henry Coston, qui souhaite documenter ses militants, exerce un
magistère sur toutes les familles de l’extrême droite française, même s’il
ne fait pas l’unanimité chez chacune d’elles. Son œuvre a été encensée par
l’ancien milicien François Brigneau, « sans doute le meilleur polémiste de
l’extrême droite » 77, au cours des journées culturelles de National-hebdo
en 1990 :
« Comment pourrions-nous parler de culture sans parler de Coston. Il
est la culture politique de la droite nationale et populaire. Son œuvre
considérable – construite avec l’aide et la collaboration de
Mme Coston qui est une archiviste et une documentaliste de premier
ordre – a été d’une importance capitale, essentielle. On ne peut pas
écrire aujourd’hui sans avoir constamment recours aux quatre tomes de
son Dictionnaire politique, aux Financiers qui mènent le monde, au
Veau d’or est toujours debout, à la République du Grand Orient pour
ne citer que quelques titres.
Sans lui, sans sa mémoire prodigieuse et sa connaissance du dessous
de l’histoire contemporaine, nous n’aurions pu faire le travail de
démystification que nous avons tenté de faire » 78.
Henry Coston a voulu écrire l’histoire en opposition à ce qu’il nomme
l’histoire « officielle » ou « conformiste ». Il est ainsi parvenu à propager
une contre-culture conspirationniste et a fait des émules comme Yann
Moncomble 79 ou Emmanuel Ratier 80, ce dernier étant souvent présenté
comme son héritier spirituel. Ses quatre tomes du Dictionnaire de la
politique française et le numéro spécial de Lectures françaises intitulé
Partis, journaux et hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui 81 sont
souvent utilisés par les historiens (bien que rarement référencés). Henry
Coston a aussi rédigé ou dirigé bien d’autres livres et brochures, souvent
réédités 82 : Les Origines secrètes de la guerre 1939-1945 (1957), La Haute
banque et les Trusts (1958), Le Retour des deux cents familles (1960),
Dictionnaire des pseudonymes (1961), Les Technocrates et la Synarchie
(1962), La Haute finance et les révolutions, L’Europe des banquiers
(1963), La République du Grand Orient, Pétain toujours présent (avec
Jacques Isorni) en 1964, La France à l’encan (1965), Le Secret des dieux
(1968), Onze ans de malheur, Infiltrations ennemies dans l’Eglise (avec
Edith Delamare, Léon de Poncins, Jacques Bordiot et Gilles de Couessin)
en 1970, Dictionnaire des dynasties bourgeoises et du monde des affaires
(1975), Les Deux cents familles au pouvoir (1977), Prélats et Francs-
Maçons (sous le pseudonyme Georges Virebeau) en 1978, La Conjuration
des Illuminés, Dictionnaire des changements de noms (en deux tomes sous
le pseudonyme l’Archiviste Jérôme) en 1979, Procès de Louis XVI et de
Marie-Antoinette (1981), La Fortune anonyme et vagabonde (1984), Le
Monde secret de Bidelberg. Comment la haute finance et les technocrates
dominent le monde (sous le pseudonyme Georges Virebeau) en 1986, Le
Veau est toujours debout (1987), Les Mystères des Francs-Maçons (sous
le pseudonyme Georges Virebeau), Contribution à l’histoire des Francs-
maçons sous l’Occupation (sous le pseudonyme Argus) en 1988, Les
Trafiquants de la misère paysanne, Les Trusts étranglent le petit
commerce, Une Nouvelle synarchie internationale. La Trilatérale domine
les nations et asservit les peuples. Voici ses agents secrets dans le monde
(1990), Mais qui gouverne l’Amérique ? (sous le pseudonyme Georges
Virebeau), Les Francs-Maçons dans la République (sous le pseudonyme
Saint-Pastour), Le Fric est à gauche. Comment les héritiers des « 200
familles » ont séduit les enfants du Front Populaire (1991), La Guerre de
Cent ans des sociétés secrètes, Le Traquenard européen de Jean Monnet,
La « Trahison » de Vichy, 1940 (1993), L’Ordre de la Francisque (sous le
pseudonyme l’Archiviste Jérôme), Les Communistes et la deuxième guerre
mondiale. Des documents oubliés (1939-1944) (sous le pseudonyme
Georges Virebeau), Non ! L’Ecologie n’est pas de gauche, « Tous
pourris ! » (1995), L’Age d’or des années noires. Le cinéma arme de
guerre ? (1996), Signé : Drumont 83, Mes années de lutte contre
l’imposture (1997).
Prévues depuis plusieurs années, les mémoires de Henry Coston
devraient être publiées, après sa demande de souscription 84. Les trois
tomes s’intituleraient successivement Tribulations d’un militant, La
Vengeance d’Hiram et Feu la presse libre.
M. Lenoire
1. L’auteur rédige actuellement une thèse de doctorat sur Henry Coston sous la direction de Jean-
François Sirinelli.
2. Henry Coston, Les Corrupteurs de la jeunesse. Mainmise judéo-maçonnique sur la presse
enfantine, Paris, Bulletin d’information anti-maçonnique, numéro spécial, diffusion du C.A.D.
3. Henry Coston, L’Age d’or des années noires. Le cinéma arme de guerre ?, Paris, Publications
H.C., 1996, p. 7. Son père meurt le 22 juin 1920 à Foulayronnes, près d’Agen.
4. Henry Coston, Mes années de lutte contre l’imposture, Paris, Publications H.C., 1997, p. 3.
5. Propos recueillis par Michel Toda, « Henry Coston, dictionnaire vivant de la politique », Le Choc
du mois, janvier 1990, p. 49.
6. Cassette audio : « André Figueras s’entretient avec Henry Coston », Chiré-en-Montreuil.
7. A.N., versement 890158, direction générale de la police nationale, police judiciaire, fichier
central de la police, article 12, liasse 3, épuration, enquête judiciaire sur le Centre d’action et de
documentation dirigé par Henry Coston dit Georges Virebeau, journaliste, 1945, rapport sur Jacques
Ploncard du 12 mai 1945.
8. Ibid.
er
9. Au pilori, 18 mars 1943 et 1 avril 1943.
10. Henry Coston, Signé : Drumont, Paris, Publications Henry Coston, 1997, p. 47. Sous le
pseudonyme Georges Virebeau, Henry Coston donne quelques articles à cette Libre parole qui
s’éteint en juillet 1929.
11. Au pilori, 29 avril 1943.
12. Cf., notice « Armand Bernardini (Armand Sjoestedt, dit) ».
13. Ibid.
14. Henry Coston, Dictionnaire de la politique française, t. I, Paris, Librairie française, 1979,
p. 859.
15. Ibid.
16. Au pilori, 13 mai 1943.
17. Paul J. Kingston, Anti-Semitism in France during the 1930’s : Organisations, Personalities and
o
Propaganda, University of Hull Press, Occasional Papers in Modern Languages, n 14, 1983, p. 43.
18. Henry Coston, Dictionnaire…, t. I, op. cit., pp. 468 et 571.
19. Henry Coston, Les Corrupteurs de la jeunesse…, op. cit.
20. L’Action française, 6 juin 1934 et 6 juillet 1934. En reproduisant des articles de la R.I.S.S. qui
attaquent Coston, L’Action française reprend à son compte ces critiques. Encore en phase avec le
mouvement royaliste, Henry Coston sort le premier numéro de la Monarchie française en
janvier 1933 avec pour rédacteur en chef sa femme, Marya del Rosario, assistée de Pierre-Jacques
Ensch. D’après elle, il y eut trois ou quatre numéros.
21. Archives du ministère des Affaires étrangères, série administrative « C », sous-série « 346 » (C-6
Intérieur), lettre du 17 mars 1934 du consul de France à Nuremberg au ministre des Affaires
étrangères français.
22. La Libre parole et Le Porc-épic, 30 mai 1935, 13 juin 1935 et 27 juin 1935.
23. Cf., notice « Pierre Clémenti (François Clémenti, dit) ».
24. A.P.P., « Archives des associations ».
25. Le Droit de vivre, 25 avril 1936. Autre titre : « Ben Kalifa est mort, assassiné par Coston » dans
Le Droit de vivre, 2 mai 1936.
26. La Libre parole nord-africaine, 7 mai 1936.
27. Cf., notice « Henri-Robert Petit (Henri Petit, dit) ».
28. Selon Alice Yaeger Kaplan, Louis-Ferdinand Céline dans son pamphlet Bagatelles pour un
massacre, ne se contente pas de s’inspirer de cette brochure, il retranscrit presque intégralement
dix-sept pages et les incorpore entre les pages 277-288 de son livre (cf., Relevé des sources et
citations dans Bagatelles pour un massacre, Tusson, éditions du Lérot, 1987, p. 19).
29. Lucien Sabah, Une Police politique de Vichy : le Service des Sociétés Secrètes, Paris,
Klincksieck, 1996, pp. 185-186.
30. Ce rapport omet de signaler la présence de Henry Coston parmi les rares membres de
l’éphémère Parti national-socialiste français de l’ancien séminariste Christian Message en 1940.
31. Il s’agit en fait d’une brochure non périodique dirigée et rédigée par Coston qui n’a eu que
quatre numéros : Les Juifs en France avec Jean-Louis Vannier alias Robert Courtine, Quand la
Franc-Maçonnerie gouvernait la France, L’Amérique, bastion d’Israël et La Franc-Maçonnerie
e
sous la III République, liste des ministres et des politiciens francs-maçons.
32. Il convient d’y ajouter Les Documents maçonniques et L’Appel.
er
33. Le C.A.D. fut en réalité fondé le 1 avril 1941.
34. Henry Coston occupe officiellement les locaux de la Grande Loge de France, rue Puteaux à
Paris, en octobre 1941. Ils deviennent ainsi le siège du Centre d’action et de documentation.
35. L’inspecteur Georges Moerschell est le chef du Service des associations dissoutes rattaché à la
préfecture de police.
36. Le premier Bulletin d’information anti-maçonnique est daté du 29 octobre 1941. Pendant un an,
jusqu’en octobre 1942, Victor Chaubeyre assure la correspondance pour la zone libre. Henry
Coston répète à souhait dans ses publications qu’il a été empêché par l’ambassadeur Abetz de sortir
une nouvelle Libre parole en 1941. Il omet de préciser que quatre numéros sortent du 25 octobre au
11 décembre 1943, les deux premiers sous forme ronéotypée, les deux autres au format du Bulletin
d’information anti-maçonnique. Ces quatre numéros font partie d’une série confidentielle réservée
aux correspondants du C.A.D.
37. Henry Coston est jugé dans le cadre du procès du Centre d’action et de documentation pour
lequel il occupait le poste le plus en vue, celui de directeur. Les trois autres prévenus sont ses
adjoints : Paul Lafitte et Henry Babize, condamnés respectivement à dix ans et à cinq ans de
prison ; et sa secrétaire, la future Mme Coston, condamnée à dix ans d’indignité nationale (cf.,
Henry Coston, Mes années de lutte…, op. cit., p. 14).
38. Au pilori, 13 novembre 1941.
39. Henry Coston, Mes années de lutte…, op. cit., p. 14.
e
40. Information fournie par la section du XX siècle des A.N.
41. Cf., notice « L’Association des journalistes antijuifs ».
6 o
42. A.N., Z 288 à 292, n 3275, dossier d’instruction de la procédure suivie contre Bernard Faÿ et
le Service des Sociétés secrètes, scellé 42, journal du nommé Gueydan de Roussel découvert dans le
coffrage d’une cheminée de son appartement, 10 rue de l’Université à Paris.
43. Ibid., scellé 532, documents concernant la Commission d’études judéo-maçonniques découverts
chez Gueydan de Roussel, discours dactylographié de Gueydan de Roussel pour la réunion du
deuxième anniversaire de la C.E.J.M. le 14 avril 1944.
44. Ibid., scellé 531, documents concernant la Commission d’études judéo-maçonniques découverts
chez Gueydan de Roussel, discours dactylographié de Gueydan de Roussel.
45. Cf., notice « Armand Bernardini (Armand Sjoestedt, dit) ».
6 o
46. A.N., Z 288 à 292, n 3275, scellé 42, doc. cit.
47. Ibid.
48. Cf., notice « Paul Chack ».
6 o
49. A.N., Z 288 à 292, n 3275, doc. cit., scellé 530, documents concernant le Cercle aryen.
50. Ibid., scellé 495, lettres ayant trait à Jacques Ploncard.
51. Bulletin d’information sur la question juive, 21 mai 1944.
52. Agathon, Guidargus du livre politique sous l’Occupation, 1990, p. 248.
53. Henry Coston n’en est pas à son premier coup d’essai : son nom est cité dans la précédente
brochure du Bureau central de presse et d’informations, en janvier 1943, ayant pour titre Lafayette,
nous voici ! Très prisé de nos jours par les « collectionneurs », Je vous hais ! a été vendu selon
Henry Coston à 15 000 exemplaires (cf., David Pryce-Jones, Paris in the Third Reich. A history of
the German Occupation, 1940-1944, London, Collins, Michael Rand Picture Editor, 1981, p. 228).
54. Ariane Chebel d’Appollonia, L’Extrême droite en France. De Maurras à Le Pen, Bruxelles,
e
Complexe, coll. « Questions au XX siècle », 1996, p. 84.
55. Par communiqué du Contrôle militaire des informations au ministère de la Guerre, cet ouvrage
est retiré de la vente à la Libération (cf., Agathon, op. cit., p. 295).
56. Ibid. (cf., Agathon, op. cit., p. 291).
57. Ibid., p. 288.
58. Il a été amnistié par la suite.
59. Henry Coston, Dictionnaire…, t. I, op. cit., p. 859.
60. Bernard Faÿ, né le 3 avril 1893 à Paris, professeur au Collège de France, administrateur général
de la Bibliothèque nationale à partir du 6 août 1940 en remplacement de Julien Caïn, est le directeur
er
des Documents maçonniques, revue mensuelle (1 numéro, 15 octobre 1941). Il est chargé de
l’exécution de la loi du 13 août 1940 concernant l’interdiction des associations secrètes et
l’obligation, pour les fonctionnaires et agents de l’Etat, de souscrire une déclaration. Le
12 novembre 1940, le maréchal Pétain lui confie la mission de centraliser et d’inventorier les
archives maçonniques. Le 22 novembre de cette même année, il obtient du SS-Sturmbannfiihrer
Schilling, délégué du chef de la Sûreté et du SD pour la France et la Belgique, l’immeuble du Grand
Orient de France, rue Cadet à Paris, bien que les Allemands soient toujours maîtres des locaux. Le
décret du 17 septembre 1941 (voir le Journal officiel du 21 septembre 1941) renforce les pouvoirs
de Bernard Faÿ, qui est chargé de rechercher, réunir, conserver et éditer tous les documents
maçonniques en vue de l’application de la loi du 11 août 1941 sur les sociétés secrètes, ordonnant la
publication dans le Journal officiel des noms des anciens dignitaires et leur interdisant l’accès et
l’exercice des fonctions et mandats énumérés à l’article 2 de la loi du 2 juin 1941 portant statut des
Juifs. Le Centre d’action et de documentation de Coston, bien que soumis aux services
antimaçonniques allemands, bénéficie malgré tout d’une subvention mensuelle de 20 000 francs du
cabinet civil du maréchal Pétain via les bureaux parisiens du Service des Sociétés secrètes (Cf.,
A.N., 334 AP 22, cour de justice de la Seine, compte-rendu sténographique du procès de l’affaire
dite des « Sociétés secrètes », 25 novembre-5 décembre 1946). Bernard Faÿ est condamné le
5 décembre 1946 aux travaux forcés à perpétuité. Après avoir connu les geôles de Fresnes, Saint-
Martin-de-Ré, Fontevrault et Angers, il s’évade à la fin de septembre 1951 et se réfugie en Suisse. Il
décède à Paris le 31 décembre 1978.
61. Henry Coston, Mes années de lutte…, op. cit., p. 14.
62. Ibid., pp. 14-15.
63. Philippe Randa, Dictionnaire commenté de la collaboration française, Paris, Jean Picollec,
1997, p. 457.
o o
64. Ordonnance n 59-199 du 31 janvier 1959 et loi n 59-140 du 31 juillet 1959.
65. Devenu en 1960 Le Journalisme en trente leçons. Dans le même esprit « didactique », il faut
mentionner Ce qu’il faut savoir quand on publie un livre édité en 1983.
66. Propos recueillis par Michel Toda, « Henry Coston… », article cit., p. 50.
67. Lectures françaises, mars 1997, p. 24.
68. Henry Coston, Mes années de lutte…, op. cit., p. 15.
69. Lectures françaises, mars 1997, pp. 1-2.
e
70. Henry Coston prend nettement position contre la Constitution de la V République en 1958. Sa
e
70. Henry Coston prend nettement position contre la Constitution de la V République en 1958. Sa
revue perd aussitôt 30 % des abonnés, et donc autant de rentrées d’argent. Il parvient malgré tout à
redresser la barre grâce à la Librairie française (cf., Lectures françaises, mars 1997, p. 5).
71. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France, Lyon, P.U.L.,
1992, p. 467.
72. Lectures françaises, mars 1997, p. 33.
73. Henry Coston, Dictionnaire…, t. I, op. cit., p. 859.
74. Selon Jacques Bordiot, Henry Coston est mis en garde à vue lors de la guerre d’Algérie et subit
aussi quatre perquisitions. (Cf., Lecture et tradition, avril-mai 1980, p. 18).
75. Jean-Yves Camus et René Monzat, op. cit., p. 171.
76. Ibid., p. 377.
77. Ibid., p. 61.
78. Cité par Le Droit de vivre, mars-avril-mai 1990.
79. Henry Coston préface notamment deux de ses ouvrages : La Trilatérale et le mondialisme en
1980 et L’Irrésistible expansion du mondialisme en 1981. Yann Moncomble est décédé en 1990.
80. Il est l’auteur d’une Encyclopédie politique française éditée en 1992 et considérée comme le
cinquième tome du Dictionnaire de la politique française de Coston. Avec ce dernier, Emmanuel
Ratier réalise en 1994 une refonte du Dictionnaire des pseudonymes.
81. C’est dans cet ouvrage qu’Alain de Benoist, avant de faire les beaux jours de la Nouvelle droite,
fait ses classes sous le nom de Cédric de Gentissard. Voir Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle
droite, Paris, Descartes et Cie, 1994, p. 111.
82. Après la cession de la Librairie française, Henry Coston fonde les Publications Henry Coston
pour assurer son indépendance.
83. Se réclamant toujours de Drumont, Henry Coston avec Jacques Ploncard, Maurice Bardèche,
Emmanuel Beau de Loménie, Maurice-Ivan Sicard, Xavier Vallat et d’autres, patronnent la Société
des amis d’Edouard Drumont, association fondée en 1964 par Abel Manouvriez et Hubert Biucchi.
84. Henry Coston, Mes années de lutte…, op. cit.
ROBERT COURTINE
(dit Robert-Julien Courtine, ou Robert
Jullien-Courtine)
6 o
1. A.N., Z 122, n 1750, dossier d’instruction de la procédure menée contre Robert Courtine,
o
procès-verbal n 72 de l’audition de Robert Courtine du 23 mars 1946 devant Jean Gau,
commissaire de police à la direction des Renseignements Généraux, vu les instructions de monsieur
le commissaire divisionnaire Bergé, chef de service.
2. Ibid.
3. Henry Coston et Emmanuel Ratier, Encyclopédie des Pseudonymes, Paris, t. II, Faits et
Documents, 1994.
6 o
4. A.N., Z 122, n 1750, doc. cit.
5. Jean Hérold-Paquis, Des illusions… désillusions ! Mémoires, Paris, Bourgoin, 1948, p. 98.
6. Henry Coston, Partis, journaux et hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui, Paris, Librairie
française, numéro spécial des Lectures françaises, décembre 1960, p. 101.
7. Sous le pseudonyme Jean-Louis Vannier, Robert Courtine rédige la partie historique de cette
brochure.
8. Nous pouvons mettre au moins à l’actif de Courtine l’article intitulé « Une organisation juive de
combat : la L.I.C.A. », pp. 123-125.
9. Bulletin d’information anti-maçonnique, 14 mai 1944.
6 o
10. A.N., Z 122, n 1750, doc. cit. La présence de Courtine au sein du service de presse de l’Institut
d’étude des questions juives et de la rédaction du bulletin du groupe des « Amis de l’Institut » est
moins évidente. Un rapport, émanant probablement de la police, daté du 16 décembre 1946
(C.D.J.C., XCVI-80) fait allusion à cette collaboration. Mais le dossier d’instruction de Robert
Courtine ne fait aucunement état de sa présence.
11. Jean Hérold-Paquis, op. cit., p. 98.
6 o
12. A.N., Z 122, n 1750, doc. cit.
13. Ibid.
14. Le Monde, 3 et 4 mai 1998.
15. Libération, 18 et 19 avril 1998.
16. Who’s who in France, 1996-1997, p. 488.
17. Le Monde, 18 avril 1998 et Libération, 18 et 19 avril 1998.
18. Le Monde, 3 et 4 mai 1998.
19. Le Monde, 18 avril 1998.
PIERRE-ANTOINE
COUSTEAU
1. La famille compterait parmi ses aïeux le savant Antoine Darquier de Pellepoix (1730-1810),
astronome et membre de l’Académie des sciences. Louis Darquier ajoutera à son nom l’additif « de
Pellepoix » dans les années 1930. Voir le communiqué d’Inter France Informations consacré à
Darquier au moment de sa nomination au poste de Commissaire général aux questions juives en
mai 1942 (C.D.J.C., xxxv-2).
2. Lettre de Mme Laurens datée du 25 novembre 1975 (C.D.J.C., CXII-3).
3. C.D.J.C., LXII-11, note trouvée dans les archives du C.G.Q.J. et rédigée dans le but de
« défendre la calomnie qui s’acharne sur Darquier », s.d.
4. A.N., 334 AP 40, Haute Cour de justice, compte-rendu sténographique du procès Darquier (jugé
par contumace), audience du 9 décembre 1947.
5. Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, Paris, Calmann-Lévy, 1981, p. 262.
6. C.D.J.C., LXII-11 et xxxv-2, doc. cit.
7. En avril 1928, Darquier épouse une jeune Anglaise, Mlle Jones Morrison.
8. Son fémur est troué par une balle et il doit subir deux opérations.
9. Paul J. Kingston, Anti-Semitism in France during the 1930’s, Organisations, Personalities and
Propaganda, University of Hull Press, 1983, p. 17.
10. Ibid., et A.P.P., GA, D9, dossier « Darquier de Pellepoix », rapport du 25 avril 1935 dans lequel
Darquier est qualifié de « ligueur d’Action française ».
11. C.D.J.C., xcvi-82.
12. A.P.P., GA, D9, doc. cit., rapport du 5 novembre 1936.
13. Le Rassemblement antijuif de France se constituera en association déclarée le 22 mars 1938.
14. La France enchaînée, 8-15 mai 1938.
15. Paul J. Kingston, op. cit., p. 21.
16. La France enchaînée, 22-29 avril 1938.
17. Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., p. 262.
18. Paul J. Kingston, op. cit., pp. 20-21.
19. Pierre Pierrard, Juifs et catholiques, de Drumont à Jules Isaac, Paris, Fayard, 1970, pp. 259-
260.
20. Un ancien membre du Rassemblement antijuif de France, Jean Labarre, écrira à Darquier dans
une lettre datée du 21 mai 1942 : « Qu’est devenu votre bon chien que vous excitiez au cri de “Aux
Juifs !” ? » (C.D.J.C., CCCXXIX-22).
21. Paul J. Kingston, op. cit., p. 18.
22. Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, op. cit., p. 266.
23. Paul J. Kingston, op. cit., p. 18 ; Ralph Schor, L’Antisémitisme en France pendant les années
trente, Bruxelles, Complexe, 1992, p. 45.
24. A.P.P., GA, D9, doc. cit., rapport du 13 juin 1942.
25. A.N., 334AP 40, doc. cit.
26. Selon le témoignage d’un officier des Forces françaises libres évadé d’Allemagne (A.N., 3AG
2/326, Bureau central de renseignements et d’action [B.C.R.A.], dossier « Darquier de Pellepoix »,
coupure de presse, s. d.).
27. A.P.P, GA, D 9, doc. cit., rapport du 20 juin 1941.
28. A.N., 3AG 2/326, doc. cit.
29. C.D.J.C., XLIX-42.
30. Michael R. Marrus et Robert O. Paxton, op. cit., p. 269.
31. Voir Fred Kupferman, « La politique de Laval : 1942-1944 » in La France et la question juive,
1940/1944, éditions du C.D.J.C. et éditions Sylvie Messinger, 1981, Actes du colloque organisé par
le C.D.J.C. du 10 au 12 mars 1979, publiés sous la direction d’André Kaspi, de Georges Wellers et
de Serge Klarsfeld, p. 36.
32. Ibid., p. 38. Voir aussi Michael R. Marrus et Robert O. Paxton, op. cit., p. 273.
33. Michael R. Marrus et Robert O. Paxton, op. cit., p. 276.
34. C.D.J.C., xxvb-92.
35. En mars 1939, lors d’une réunion organisée par le Rassemblement antijuif, Montandon donne
une conférence sur le « Problème des Races » (C.D.J.C., XCV-90 et xcv-41). Peu après, il se voit
ouvrir les colonnes de La France enchaînée.
36. Communiqué du C.G.Q.J., 4 janvier 1943, C.D.J.C., CXX-3.
37. Voir Joseph Billig, Le Commissariat général aux questions juives, op. cit., t. II, pp. 297-304.
38. Ibid., pp. 306-321.
39. Ibid., p. 330.
40. A.N., 334 AP 40, doc. cit.
41. A.P.P., GA, D 9, doc. cit., rapport du 17 février 1943.
42. C.D.J.C., CXIV-83.
43. A.P.P., GA, D 9, doc. cit. Cette information, que ne corrobore aucun autre document, doit être
accueillie avec prudence.
44. C.D.J.C., CXII
45. A.P.P., GA, D9, doc. cit., rapport du 18 mai 1945.
46. A.N., 334 AP 40, doc. cit.
47. Selon Philippe Ganier-Raymond dans L’Express du 28 octobre 1978.
48. Voir Le Monde du 20-21 février 1972.
49. Ibid.
50. Voir à ce sujet l’interview de Philippe Ganier-Raymond dans Le Monde du 17 novembre 1978.
51. Voir France-Soir du 2 novembre 1978.
JEAN DRAULT
(Alfred, Achille, Olivier Gendrot, dit)
6 o
1. A.N., z 161, n 2209, dossier d’instruction de la procédure suivie devant la cour de justice de la
Seine contre Alfred Gendrot dit Jean Drault.
2. Drumont, la « France juive » et la « Libre parole », Paris, « Bibliothèque du Hérisson », Société
d’éditions littéraires et techniques, 1935, p. 10.
3. Les Cahiers de l’Ordre, 25 mai 1927.
4. La Ligue, créée en 1889, est présidée par Drumont et animée par Jacques de Biez.
5. Le Pilori, dès son premier numéro d’avril 1886, s’était déclaré violemment antisémite et avait été
un des premiers à saluer la parution de La France juive. Le 5 décembre 1886, le journal publie le
premier article de Drumont sur La France juive (« Comment j’ai fait la France juive »). De
nombreux rédacteurs du Pilori compteront parmi les collaborateurs de Drumont à La Libre parole.
6. A.P.P., BA, 1999, dossier « Jean Drault », rapport daté de mars 1929.
7. Drumont, la « France juive » et la « Libre parole », op. cit., p. 190.
8. A.P.P., BA, 1999, doc. cit., rapport daté de mars 1929. En 1899, Drault accompagne une nouvelle
fois Drumont en Algérie. Au cours d’une rixe il est arrêté par les forces de l’ordre. La cour d’Alger
le condamne à huit jours de prison.
9. Tombé pratiquement dans l’oubli, Drumont s’éteint à Paris le 3 février 1917.
6 o
10. A.N., Z 161, n 2209, doc. cit.
11. Jean Drault, Histoire de l’antisémitisme, Paris, Aux armes de France, 1944, p. 190.
12. Selon les estimations de la préfecture de police, Paris-Soir tire alors à 450 000 exemplaires
(A.P.P., GA, c3, dossier « La France au travail », rapport du 10 juillet 1940).
13. Boissel collabore au quotidien sous le pseudonyme d’« Anselme ».
14. Pseudonyme d’Edouard Moreau de Bellaing.
er
15. A.P.P., GA, C3, doc. cit., rapport du 1 octobre 1940. Il faut comprendre dans ce chiffre
l’édition départementale d’une importance de 30 000 exemplaires, qui a été lancée le 14 août 1940.
16. Ibid., rapport du 14 septembre 1940.
17. 7 août 1940.
18. L’ouvrage est réédité en 1944 aux éditions Aux armes de France. L’auteur y ajoute un passage
ayant trait aux années d’occupation.
19. Op. cit., p. 7.
20. Dans son ouvrage, Drault professe à plusieurs reprises un antijudaïsme religieux, reprenant à
son compte les développements de Drumont dans la France juive et de Gougenot des Mousseaux
dans Le Juif, le judaïsme et la judaïsation des peuples chrétiens (Paris, H. Plon, 1869).
21. Voir la lettre de Drault à l’ambassadeur d’Allemagne Otto Abetz, C.D.J.C, v-43, 3 juin 1942.
22. 25 mars 1943. L’article est signé Servan, pseudonyme de Jean Drault.
6 o
23. A.N., z 161, n 2209, doc. cit., rapport médico-légal du Dr Heuyer, 18 mars 1946.
URBAIN GOHIER
(Urbain Degoulet-Gohier, dit)
1. Un rapport de la Sûreté générale daté du 3 juillet 1900 rapporte les propos d’un « conservateur »
qui aurait « bien connu » Gohier : « Il a toujours été aigri, malheureux… la cause est dans son état
7
civil qu’il n’a pas su accepter avec résignation » (A.N., F 15960/2, dossier « Urbain Gohier »).
2. En mai 1944, Gohier évoquera en ces termes les années passées dans cet établissement parisien :
« Ce fut mon premier contact avec la juiverie : premières impressions de surprise et de répulsion »
(« Réminiscences », Au pilori, 4 mai 1944).
3. Dictionnaire des contemporains, Paris, Office Général d’Edition, tome V, p. 245.
7
4. A.N., F 15960/2, doc. cit., rapport du 2 août 1898 retraçant la biographie d’Urbain Gohier.
5. Cf., Urbain Gohier, La Terreur juive, Paris, chez l’Auteur, 1906, p. 7.
6. Chroniqueurs et polémistes, Paris, E. Sansot, 1906, p. 160.
7. Engagé volontaire dans sa jeunesse, Gohier aurait gardé un mauvais souvenir de son passage à
l’armée (voir Henry Coston, Dictionnaire de la politique française, Paris, La Librairie française,
1967, tome I, p. 499).
7
8. A.N., F 15960/2, doc. cit., rapport du 2 juin 1900.
9. Paris, Editions de la Revue Blanche, 1899, 364 p.
10. Le frère de Georges Clemenceau qui, au procès Zola (février 1898), avait plaidé pour Perrenx,
le gérant de L’Aurore.
11. Paris, Editions de la Revue Blanche, 1902, p. 115.
7
12. Selon l’expression d’un rapport de la Sûreté générale du 3 juillet 1900 (A.N., F 15960/2, doc.
cit.). « L’âpreté de mes polémiques ne m’attire que des haines individuelles », écrira Gohier en
1934 (Mon jubilé après cinquante années de journalisme (1884-1934), Paris, chez l’Auteur). Henry
Coston, qui a connu Gohier dans les années 1930, garde le souvenir d’un personnage irascible et
« soupe au lait » (entretien de l’auteur de cette notice avec Henry Coston, le 11 février 1998).
13. Cf., Marc Crapez, La Gauche réactionnaire, mythes de la plèbe et de la race, Paris, Berg
International, 1997, p. 237.
14. Voir la lettre de démission de Gohier et l’article de Vaughan dans L’Aurore du 13 avril 1902.
15. Histoire d’une trahison, 1889-1903, Paris, Société parisienne d’édition, 1903, p. 231.
16. Voir La Libre parole du 7 mars 1903.
7
17. A.N., F 15960/2, doc. cit. Gohier est alors impliqué dans le procès intenté aux dirigeants de
l’Association internationale antimilitariste. Voir Jean Maitron (dir.), Dictionnaire biographique du
mouvement ouvrier français, Paris, Les Editions ouvrières, t. XII, p. 298.
18. La Vieille France, 17 janvier 1918.
19. D’après Jean Drault in Histoire de l’antisémitisme, Paris, éditions C.L. [Calmann-Lévy
aryanisées], 1942, p. 128.
20. A l’instigation des antisémites d’Algérie, Drumont ouvrit ce concours dans La Libre parole du
22 octobre 1895. Parmi les membres du jury, signalons aussi Maurice Barrès, de Millevoye,
rédacteur en chef de La Patrie, et plusieurs députés et anciens députés. Bernard Lazare offrit
également sa collaboration au jury, qu’il quitta cependant après un différend avec Drumont devant
aboutir peu après à un duel. Les résultats du concours furent proclamés le 7 novembre 1896.
21. Op. cit., p. VI. En outre, Gohier rappelle dans cet ouvrage qu’il a été « un des premiers à
réclamer contre les grands voleurs juifs une répression qui devait logiquement atteindre les grands
voleurs chrétiens » (p. 265). « Les journaux les plus ardents à repousser la révision de la sentence
qui a frappé Dreyfus ont des juifs pour directeur » écrit-il aussi (p. 175).
22. « La terreur militaire » est le titre de la dernière partie de L’Armée contre la Nation.
23. Op. cit., p. 28.
24. Voir La Libre parole du 22 février 1909. Assisté de Georges Thiébaud et d’Oscar Havard,
Gohier remplace Drumont pendant la période de ses visites académiques. Sur la candidature de
Drumont à l’Académie française, voir Edouard Drumont, Sur le chemin de la vie, Paris, Georges
Crès et Cie Editeurs, 1914, pp. 209-261.
25. Ces deux ouvrages sont publiés sous une adresse de fantaisie : Cracovie, I. N. Godlust.
26. Gohier avait été un collaborateur de L’Œuvre, fondée par Gustave Téry. En 1915, ce dernier
transforme L’Œuvre en un grand quotidien proche de la gauche (A.P.P., BA, 1999, dossier « Jean
Drault », rapport du 10 septembre 1915). Gohier se brouille alors avec Téry et, suivi de Jean Drault,
crée L’Œuvre française. Un procès s’ensuivit : « Téry vint se plaindre au tribunal que le titre et la
couleur de la brochure de Gohier insultaient son titre à lui et insinuaient perfidement que son
L’Œuvre tout court n’était pas française », écrira Jean Drault dans son Histoire de l’antisémitisme,
op. cit, p. 145.
er
27. Voir L’Œuvre française du 14 janvier 1916 et du 1 février 1917.
28. « Protocols ». Procès verbaux de réunions secrètes des Sages d’Israël, Paris, Edition de la
« Vieille France », 1920 (Introduction et Appendice non signés, dus à Urbain Gohier ; version de
S.A. Nilus). Voir aussi les Protocoles des Sages d’Israël, Paris, édition nouvelle de la « Vieille
France », 1924, édition revue : novembre 1925 (Introduction et Annexes « augmentées » par Urbain
Gohier).
29. Sur la brouille Gohier/Daudet, voir Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion,
faux et usage d’un faux, t. I, Paris, Berg international, 1992, pp. 43-44 (note 14).
30. Mon jubilé…, op. cit., p. 22.
31. Sur L’Ami du peuple, voir Ralph Schor, « Xénophobie et extrême droite : l’exemple de L’Ami
du peuple, 1928-1937 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, janvier-mars 1976, pp. 117-
145.
7
32. Selon une estimation de la Sûreté générale (rapport du 8 octobre 1929, A.N., F 15960/2).
33. Mon jubilé…, op. cit., p. 25.
34. La Nouvelle aurore, 3 octobre 1929. Daudet poursuivra Gohier devant les tribunaux qui, le
20 mai 1931, le condamnent à 10 000 francs d’amende pour diffamation (voir « Le sieur Degoulet-
Gohier sévèrement étrillé », L’Action française, 21 mai 1931).
35. La Nouvelle aurore, 2 novembre 1929.
36. 11 août 1940. L’article est intitulé : « Nos maîtres, Urbain Gohier ».
37. C.D.J.C., xxxv-48.
38. 3 juin 1942, C.D.J.C., v-43.
39. Lettre de Drault à Boffinger du 22 mars 1943, figurant dans le dossier d’instruction de la
6 o
procédure suivie devant la cour de justice de la Seine contre Jean Drault, A.N., z 161, n 2209.
40. Paris, éditions du Vieux Colombier, 1962, p. 346.
41. Cité par Jean Galtier-Boissière, Mémoires d’un Parisien, Paris, Quai Voltaire, 1994, p. 991.
GEORGES OLTRAMARE 1
Lucien Pemjean est né le 5 mars 1861 à Lyon. Son père, capitaine des
chasseurs à pied, le destine au métier de soldat. Il fait ses études au
Prytanée militaire de la Flèche, institution réservée aux fils d’officiers
titulaires de la Légion d’honneur. La discipline rigoureuse de
l’établissement le dissuade de faire carrière dans l’armée et, son
baccalauréat obtenu, Pemjean trouve un emploi dans une compagnie
d’assurances.
Admirateur des héros de la Commune, le jeune homme se lie aux
milieux socialistes de la capitale. Entré en relation avec Félix Pyat et Jean-
Baptiste Clément (l’auteur du Temps des cerises), il participe comme
chroniqueur parlementaire au lancement de la feuille blanquiste Ni Dieu ni
Maître. Agé de vingt ans, il fait paraître en 1881 un petit opuscule, Le
Socialisme expérimental. Ayant pris la parole durant un meeting, Pemjean
est appelé à comparaître devant la justice pour « apologie de fait qualifié
de crime » (1882). Il s’exile alors à Bruxelles – où il crée en 1885 un petit
bulletin socialiste et révolutionnaire intitulé L’Insurgé – puis à Londres
(1887).
De retour en France, il s’engage, comme beaucoup de blanquistes,
dans le mouvement boulangiste. En 1889, il publie Cent ans après.
L’ouvrage, virulent réquisitoire contre les opportunistes au pouvoir, est
dédicacé au « proscrit » Boulanger, qui remercie Pemjean en tête de
l’ouvrage.
Au début des années 1890, on retrouve Pemjean dans l’orbite des
milieux anarchistes et du marquis de Morès. Condamné en 1892 à six mois
de prison pour « excitation des militaires à la désobéissance », il est
incarcéré le 1er janvier 1893 à la maison d’arrêt de Sainte-Pélagie, dans la
section réservée aux détenus politiques. Edouard Drumont, condamné
quelque temps auparavant à une peine de trois mois d’emprisonnement,
fait partie de ses compagnons de captivité. La conversion de Pemjean à
l’antisémitisme daterait de cette rencontre. Il écrira en 1942 dans Le
Cinquantenaire de la Libre parole 1 :
« Les entretiens que j’avais eu avec Drumont pendant le premier mois
de mon incarcération m’avaient convaincu de l’injustice primordiale de
la question juive. Jusque là, en effet, je n’avais étudié la question
sociale que sous l’angle de l’évolution économique et sous les aspects
de la lutte entre le capital et le travail […], sans tenir suffisamment
compte du facteur spéculation et accaparement représenté par
l’élément juif. »
Pour avoir, dans la Revue libertaire 2, protesté contre l’exécution de
l’anarchiste Vaillant, Pemjean est compris dans les arrestations en masse
opérées dans les milieux anarchistes début 1894. Impliqué dans le procès
des Trente, il parvint, le 12 mai 1894, à s’évader du palais de Justice avec
la complicité de sa maîtresse. L’épisode fit grand bruit dans la presse de
l’époque. Réfugié une nouvelle fois à Londres – où l’anarchiste Michel
Zévaco l’aurait embauché dans sa fabrique de romans-feuilletons –
Pemjean est amnistié en 1898. Il s’engage alors aux côtés des
antidreyfusards et se voit ouvrir les colonnes de La Libre parole. Il fonde
en 1900 un petit brûlot hebdomadaire, Le Salut public et, l’année suivante,
il lance Le Cri du Transvaal, feuille « exclusivement consacrée à la
propagande boërophile » 3. La publication reçoit le soutien de personnalités
comme Jules Lemaître et Edouard Drumont. Le journal change de titre en
1901 pour devenir L’Ami des Boërs, organe d’une fantomatique « Ligue
d’action pro-boërs » 4. En 1914, trop vieux pour combattre, Pemjean
poursuit ses activités de publiciste et crée le Courrier du soldat, feuille qui
ambitionne, à l’avant comme à l’arrière, de « galvaniser l’énergie
nationale ». Elle disparaît au bout de sept numéros.
Après la Première Guerre, Pemjean, qui avait publié quelques romans
de cape et d’épée, se cantonne dans la littérature populaire et devient le
directeur littéraire des éditions Baudinière. Il donnera bien en 1930 une
série d’articles à La Nouvelle aurore antisémite d’Urbain Gohier, mais
c’est en publiant Vers l’invasion (Paris, Baudinière, 1933) 5, qu’il
manifestera véritablement son retour dans la lutte antijuive et
antimaçonnique, à laquelle il consacrera le reste de sa vie. « Aux yeux de
la plupart de ceux qui connaissent mon nom, j’ai été, je suis, je reste
l’anarchiste Lucien Pemjean. Pourquoi ? car j’ai toujours ferraillé en isolé,
en franc-tireur » 6, écrit-il dans l’intention probable de justifier un itinéraire
politique pour le moins sinueux.
En octobre 1934, il fonde avec Paul Ferdonnet l’agence de presse
Prima 7. Comme l’indique un rapport de police, cette officine est
considérée « comme étant exclusivement un instrument de propagande
hitlérienne en France » 8. Probablement créée avec des capitaux allemands,
l’agence Prima aurait été chargée par les services nazis de répartir des
fonds de propagande dans les milieux du journalisme 9. Pemjean quitte
l’agence Prima en 1935. Il y sera remplacé par Pierre Mouton.
Outre une collaboration épisodique à La Libre parole ressuscitée par
Henry Coston, il se consacre, entre 1934 et 1939, à la direction de sa revue
mensuelle Le Grand Occident. Parmi les nombreuses feuilles antisémites
qui se répandent alors, Le Grand Occident est une des rares publications à
connaître une parution régulière. La revue, qui disparaît en août 1939,
résistera d’ailleurs au décret Marchandeau. Si les premiers numéros du
Grand Occident semblent entièrement rédigés par son directeur, Pemjean
reçoit bientôt l’appui de deux « vétérans » de l’antisémitisme qui avaient
fait leurs armes aux côtés de Drumont : Jean Drault et Albert Monniot 10.
Henri-Robert Petit, Louis Tournayre, Joseph Santo ou encore Jean Boissel
participent également à la rédaction du mensuel. D’abord « organe de
propagande et d’action contre la judéo-maçonnerie », puis, à partir de
janvier 1936, « organe de propagande et d’action contre l’anti-France », Le
Grand Occident tire à ses débuts à quelques 6 000 exemplaires. S’il faut en
croire Lucien Pemjean, la revue compte, en juin 1938, 10 000 lecteurs et
« sympathisants ».
En avril 1939, Le Grand Occident paraît avec la fameuse manchette
« Pétain au pouvoir » et un article de Pemjean réclamant la formation d’un
ministère d’union nationale placé sous la présidence du vainqueur de
Verdun. Ces propos entretiendront pendant l’Occupation le mythe d’une
« conjuration Pétain » organisée avant la guerre par Pemjean et ses amis 11.
Lié au « Service mondial » d’Erfurt, soupçonné de menées hitlériennes,
Pemjean fait l’objet d’une surveillance policière. Une perquisition est
effectuée à son domicile le 3 juillet 1939.
Jean Galtier-Boissière, qui a connu Pemjean pendant l’Occupation,
décrit dans son journal « un très vieux monsieur mis à la mode de 1890 »,
un « vieillard tremblotant » 12. Agé de 80 ans en 1941, en proie à de graves
problèmes de santé, le journaliste connaît néanmoins un étonnant regain
d’activité. Dès l’été 1940, il participe au lancement du nouveau Paris-Soir
et prête sa collaboration à La France au travail. On trouve sa signature
dans Le Matin, Le Réveil du peuple et, à partir de 1943, dans Au pilori. Il
participe également à l’édition spéciale du Centre d’action et de
documentation de Coston, Le Cinquantenaire de la Libre parole. Très lié à
Pierre Clémenti, il est un rédacteur régulier du Pays libre, où il publie de
mars à octobre 1941 ses « Souvenirs d’un vieux frondeur ». A cette
époque, il tente de faire reparaître sa revue Le Grand Occident, avec le
sous-titre « Renaissance Française-Europe réelle » 13. Il est fort probable
que les autorités allemandes s’y soient opposées. Cette déconvenue
l’engage à publier dans Le Pays libre du 26 avril 1941 une lettre ouverte
« aux anciens amis du Grand Occident ». Pemjean y déclare s’être
entretenu avec Clémenti pour que Le Pays libre soit envoyé à tous les
anciens abonnés, souscripteurs et sympathisants du Grand Occident.
Au début du printemps 1941, il publie dans la série « Les Juifs en
France » (Nouvelles éditions françaises) La Presse et les Juifs, depuis la
révolution jusqu’à nos jours. Il y brocarde une opinion française
« domestiquée » par les Juifs. Ceux-ci, par le biais de vastes opérations
boursières, auraient progressivement pris le contrôle de la totalité des
grandes agences de presse nationales. Dans Phénix ou Cendres (1942),
Bernard Payr, le directeur de l’Amt Schrifttum de l’Office Rosenberg,
consacre un long passage au livre de Pemjean qui, déclare-t-il, « donne un
aperçu impressionnant du développement et de l’ampleur de l’enjuivement
de la presse française » 14. Cette même année 1941, Pemjean crée un
« Comité de vigilance pour une solution radicale de la question juive ».
Sollicitant l’adhésion du professeur George Montandon, il définit comme
suit le programme du groupement antijuif :
« Ce comité, composé d’un petit nombre d’antisémites compétents et
éprouvés, élaborerait, pour les soumettre au Maréchal et en saisir au
besoin l’opinion publique, les lois et décrets susceptibles de nous
délivrer promptement de l’emprise d’Israël. L’action gouvernementale
est mal partie […] Il fallait commencer par frapper un grand coup en
dénationalisant tous les Juifs […] Il s’agit de créer ainsi le choc
psychologique et le climat propre à leur élimination » 15.
Le Comité de vigilance semble n’avoir exercé aucune influence. Sans
doute n’est-il resté qu’à l’état de projet.
Le dernier article de Lucien Pemjean paraît dans Au pilori du 16 août
1944. « Mon seul regret serait de ne pouvoir assister à l’anéantissement de
l’exécrable et maudite juiverie », déclare-t-il dans une lettre à Jean Boissel,
quelques jours avant la libération de Paris 16. Arrêté le 20 août 1944 par un
groupe de F.F.I., il est incarcéré à la Santé, puis au camp de Drancy 17. Le
vieux journaliste, gravement malade, s’éteint dans une chambre de
l’hôpital Tenon le 10 janvier 1945. Son état de santé n’avait pas permis au
juge d’instruction de procéder aux interrogatoires d’usage.
Lucien Pemjean est l’auteur de quelques romans, parmi lesquels
L’Auberge rouge de Peyrabeille (1907), Germaine (1916), Cyrano de
Bergerac, son premier amour (1926), Le Gosse de l’Assistance (1926) et
Le Capitaine d’Artagnan (1931).
G. Kauffmann
1. Brochure publiée par le C.A.D. d’Henry Coston.
2. L’article incriminé, publié dans la Revue libertaire du 20 février au 5 mars 1894, est intitulé
« L’Expiation ». Ce périodique accueille également la signature de Sébastien Faure.
3. N° 1 du 21 juillet 1901.
4. L’Ami des Boërs disparaît en avril 1902.
5. L’ouvrage est réédité en 1934 sous un nouveau titre : La Maffia judéo-maçonnique.
6. Vers l’invasion, op. cit., p. 158.
7. A. N, AP15, cabinet Bluet, sténographie judiciaire du procès Paul Ferdonnet, audience du
11 juillet 1945. Le compte-rendu d’audience révèle que l’agence Prima publiait chaque soir un petit
bulletin ronéotypé alimenté par des nouvelles que Paul Ferdonnet téléphonait à Pemjean depuis
Berlin.
8. Cité par Paul J. Kingston dans Anti-semitism in France during the 1930’s : Organisations,
Personalities and Propaganda, University of Hull Press, 1983.
9. A.N., AP 15, doc. cit.
10. Monniot s’éteint le 21 novembre 1938. Un panégyrique lui est consacré dans le Grand Occident
de janvier 1939.
11. Les chroniqueurs de la radio de Londres sont probablement à l’origine de cette rumeur. Voir le
Journal de Galtier-Boissière, Paris, Quai Voltaire, 1992, p. 171. Voir également la réponse de
Pemjean aux accusations portées contre lui par la radio de Londres dans Au pilori du 8 juillet 1943.
12. Op. cit., pp. 28 et 171.
13. A.P.P., BA, 2022, dossier « Lucien Pemjean », rapport du 8 avril 1941.
14. « Phénix ou Cendres », traduction de Gérard Loiseaux dans La Littérature de la défaite et de la
collaboration, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1995, p. 182.
15. C.D.J.C., XCV-138. Lettre de Lucien Pemjean à Montandon, 31 octobre 1941. Dans une autre
lettre datée du 8 novembre 1941, Lucien Pemjean remercie Montandon de sa « précieuse »
adhésion. « Le Dr Querrioux sera des nôtres », ajoute-t-il dans ce même courrier (C.D.J.C., XCV-
138a).
16. Lettre de Lucien Pemjean à Jean Boissel datée du 18 août 1944, A.P.P., BA, 2022, doc. cit.
17. A.P.P., BA, 2022, doc. cit., rapport du 16 octobre 1945.
HENRI-ROBERT PETIT
(Henri Petit, dit)
Drumont, le Précurseur !
L’Appel, no 2, octobre 1941.
Nous voici réunis dans le dessein de célébrer ce grand Français que fut
Edouard Drumont. Nous voulons faire mieux que de lui apporter
simplement l’hommage d’une dévotion intacte ou d’une pensée fidèle.
Nous essayons d’écarter le voile de ténèbres dont la mort l’avait
enveloppé, afin qu’apparaisse son vrai visage, son visage d’éternité.
Bien des années ont passé, Edouard Drumont pendant lesquelles il
semblait que les Français qui se réclamaient de votre doctrine seraient
forcés de renoncer à la mettre en action. Il semblait que le grain, semé
tenacement par vous pendant toute votre vie, ne produirait aucune
moisson. Les Juifs triomphaient et les antisémites de France, les
défenseurs de l’aryanisme se demandaient avec angoisse si vous n’aviez
pas vécu en vain.
Mais, soudain, un magnifique exemple nous est venu de l’Est. Un
grand peuple, un de ces peuples qui ont la volonté de créer de la force avec
la souffrance qui les déchire, avec le chagrin qui les accable, avec la
misère qui les étreint, s’est engagé dans la voie féconde qui mène à la
pureté des races. Alors, peu à peu, d’autres nations d’Europe ont ouvert les
yeux. Elles ont compris que les Juifs sont les vrais responsables du
déclenchement des deux guerres de 1914 et de 1939. Elles ont compris que
le Juif, partout destructeur, est indésirable partout.
Alors, les tenants français de la cause aryenne ont senti revivre en eux
un grand espoir. On eût dit, Edouard Drumont, que la pierre de votre
tombeau s’était par miracle soulevée pour que votre esprit puisse souffler
de nouveau sur notre pays et le nettoyer.
Avec ces gerbes printanières, ils vous apportent l’expression de leur
volonté de suivre, quoi qu’il puisse advenir, le chemin que votre génie leur
a tracé.
1. Voir l’article de Jean Drault dans Au pilori du 20 avril 1944, « Les complicités de Vichy »
(infra).
Race, hérédité, sang
Georges Virebeau (Henry Coston, dit)
« Causerie scientifique »
A quoi reconnaît-on les Juifs ?
La France au travail, 18 juillet 1940.
S’il en était besoin, les lettres reçues par La France au travail, et dont
la rédaction n’a reproduit (11 juillet) que celles dont l’auteur autorisait
formellement la publication, démontreraient la nécessité de nous libérer
enfin, en France aussi, de la tyrannie du juif. Celui-ci tentera d’échapper
au « repérage ». Quand on parlera de race, il répondra religion. La
communauté juive est une ethnie parfaitement complète, qui a voulu rester
une dans sa dispersion.
Lorsqu’on lit une affirmation aussi péremptoire que celle citée en
épigraphe sous la plume d’un homme qui, malgré certaines mésaventures,
fut un grand savant, on a le droit de se dire qu’il y a anguille sous roche.
Pour le moment, nous demandons : Y a-t-il réellement un type judaïque et
quel est-il ?
Vous entendez d’autres personnes que les intéressés nier le type racial
judaïque, même de gens de bonne foi et, qui plus est, certains confrères
plus ou moins teintés d’anthropologie ! Cela ne peut s’expliquer que parce
qu’ils prennent la partie pour le tout. Les caractères grand’raciaux mis à
part (caractères du Blanc, par opposition à ceux du Nègre, par exemple),
les individus représentant le type reconnu d’un groupe sont toujours plus
rares que les individus à caractères moins typiques.
Il ne serait donc pas du tout étonnant que le type racial judaïque ne fût
pas bien reconnaissable chez la majorité des membres de l’ethnie juive,
étant donnée la dispersion de cette dernière parmi les nations du globe.
Cependant, la plupart des gens, sans même qu’ils soient anthropologues,
font très fréquemment le diagnostic, et cela bien qu’il s’agisse, dans le type
judaïque, d’un cas de métissage à plusieurs degrés, comme nous
l’exposerons par la suite. Le spécialiste qui s’adonne à cette recherche
s’aperçoit même bientôt que la possibilité de reconnaître des juifs parmi
les diverses ethnies européennes et peut-être plus grandes que parmi
d’autres types métissés des mêmes ethnies. Cela est dû à la « dominance »
de certains caractères qu’on trouve chez les juifs, selon les lois dites de
Mendel (ne pas confondre avec Mandel !).
Quels sont donc les caractères du type judaïque, ses traits propres, dont
l’effet sur la rétine est bien connu, mais qu’il s’agit d’énumérer ? Ce sont :
a) Un nez fortement convexe, d’ailleurs différent selon les individus,
fréquemment avec proéminence de la cloison nasale, et ailes très mobiles.
Chez certains sujets de l’Europe sud-orientale, le profil en bec de vautour
est si accentué qu’on pourrait croire à un produit sélectionné ; ce n’est pas
là seulement une figure de rhétorique, car il se réalise dans les
groupements humains, et naturellement surtout dans ceux qui sont séparés
du reste du monde, ces phénomènes d’auto-domestication comparables
aux phénomènes de domestication chez les animaux domestiques.
b) Des lèvres charnues, dont l’inférieure proémine, souvent très
fortement.
c) Des yeux peu enfoncés dans les orbites, avec, habituellement,
quelque chose de plus humide de plus marécageux que ce n’est le cas pour
d’autres types, et une fente palpébrale moins ouverte.
Les trois organes que sont les yeux, le nez et les lèvres sont donc
fortement accusés quantitativement ; on peut dire qu’ils sont lourdement
« chargés » et c’est la combinaison des caractères mentionnés de ces trois
organes qui constitue principalement ce que nous appelons le masque
judaïque.
Des caractères moins fréquents et moins marquant du type juif sont : le
cheveux frisé (il faut attacher encore moins d’importance à certains
caractères occasionnels des oreilles et des dents) et, pour le corps : les
épaules légèrement voûtées, les pieds plats, sans parler d’attitudes telles
que : le geste griffu ; l’allure dégingandée ou la démarche « en battoirs ».
Reconnaissant cependant que ces attitudes, et même les caractères
mentionnés des épaules et des pieds, sont peut-être à mettre plutôt sur le
compte du milieu ethnique que sur celui du type racial.
L’étude des maladies ou pathologies raciales fournit aussi certaines
données.
On attribue non sans raison aux juifs une forte proportion de diabète
bulbaire (nerveux), d’arthritisme à formes cutanées ou viscérales, de lèpre,
de névroses. S’il est possible que les trois premiers groupes d’affections se
soient greffés plus particulièrement sur le type racial judaïque, le
quatrième (les névroses) doit être plus en rapport avec l’ethnie juive en
général qu’avec son type racial.
D’autre part, il faut bien s’en rendre compte, aucun caractère du
squelette n’est spécifique du type racial judaïque. Le juif n’a pas de type
osseux dont il soit le propriétaire. Cette constatation suffit à nous montrer
que le juif ne saurait être représentatif d’une des grandes races dans ce
quelles ont de classique. C’est donc essentiellement un type mélangé,
métissé. L’application du masque particulier des parties molles sur une
charpente osseuse hybride nous sera expliquée par le processus complexe
de métissage, dont la résultante a précisément été le type racial judaïque.
George Montandon
Se basant sur le fait que le type racial judaïque n’a pas de squelette qui
lui soit propre (voir La France au travail du 18 juillet), quelques malins en
ont pris prétexte pour nier l’existence du type judaïque. Or c’est
simplement là la conséquence du métissage qui est à la base du type. Mais
quel métissage ?
On peut dire que le type judaïque est métissé à trois degrés :
1° Ce type, dont nous avons énuméré les caractères, se trouve à cheval,
morphologiquement et territorialement (en ce qui concerne son ancien
habitat, la Palestine), sur les deux races alpines et méditerranéenne dans
leurs prolongements asiatiques, à savoir : au Nord, sur la sous-race (de la
race alpine) arménoïde, ou assyroïde, ou anatolienne, trapue et à tête
courte ; au Sud, sur la sous-race (de la race méditerranéenne) araboïde ou
orientale, déliée et à tête et face allongée. C’est précisément parce que le
juif appartient à l’une et à l’autre de ces deux sous-races, relevant de deux
races différentes (dont la première est somatiquement à la base des
Achkénazim ou juifs d’Allemagne et la seconde à la base des Séphardim
ou juifs d’Espagne), que l’on ne peut pas reconnaître un juif à son crâne et
à son squelette. Mais on remarquera que les deux types arménoïdes et
araboïdes ont tous deux, même chez les individus non juifs ethniquement,
un grand nez aquilin ou plongeant ;
2° Le type judaïque a subi, comme la situation géographique de son
ancien habitat permettait déjà de le supposer, des contacts anciens avec les
types, déjà plus ou moins constitués, mongoloïde et négroïde, le premier se
trahissant à l’occasion par des fentes palpébrales rétrécies et relevées, ainsi
que par de fortes pommettes ; le second se manifestant, encore plus
nettement que le premier, par la fréquence du cheveu frisé et des fortes
lèvres ;
3° La situation ancienne des juifs au carrefour des trois continents de
l’Ancien-Monde, puis leur dispersion sur le globe, ont été l’occasion, outre
les deux systèmes de métissage précités, de très nombreux croisements,
plus individuels que ceux du premier groupe, principalement avec d’autres
sous-races des races méditerranéennes ou brunes, et alpines ou alp-
arménienne, et également avec les diverses sous-races de la race blonde.
On s’était autrefois posé la question de savoir si les assez nombreux
individus juifs à complexion blonde dérivaient d’une émigration ancienne
du type blond vers le Proche-Orient ou uniquement des contacts avec la
race blonde lors de la diaspora. C’est cette dernière possibilité qui est
aujourd’hui uniquement retenue.
Les trois degrés de métissage ayant concouru à l’élaboration du type
judaïque ont été mentionnés dans leur ordre d’influence : c’est donc le
premier qui reste le plus important, qui est la base primaire du produit
mixte réalisé, unifié finalement par le jeu d’un autre phénomène encore
qui, à la longue, a fixé le type.
En effet, sur le type mixte se sont greffés peu a peu, en même temps
que l’ethnie juive prenait corps, des traits propres, en vertu du principe
d’auto-domestication mentionnée la dernière fois, et surtout en vertu du
principe dit d’orthogenèse, selon lequel les divers types zoologiques
accentuent de plus en plus leurs traits, selon lequel donc les types raciaux
s’affirment avec le temps. Ces traits propres ne sont pas des traits
contraires à ceux des types-souches, mais bien comme l’accentuation de
leur combinaison, ainsi que le montre le résultat de l’amalgame du grand
nez arménoïde et du nez aquilin araboïde.
Ces traits constituent le masque judaïque dont nous avons énuméré les
caractères et c’est cette application d’un masque propre des parties molles
sur des charpentes osseuses diverses qui est la clef du problème racial juif.
Il faut, à ce propos, relever la tendance habituelle des négateurs d’un
type somatique judaïque de jouer sur les mots. Quand un anthropologue dit
qu’il n’y a pas de « race » juive, ce n’est pas là un jugement qualitatif,
mais simplement quantitatif. Cela veut dire que le type somatique judaïque
n’est pas taxonomiquement (c’est-à-dire au point de vue de la
classification systématique) une race proprement dite, par opposition au
groupement dit grand’race et au groupement dit sous-race ; mais il y a bien
une race somatique, si le terme de « race » s’étend, comme cela se fait
dans le langage anthropologique courant, à tout groupe de la hiérarchie
raciale, à tout type racial dans le sens de « groupe somatique quelconque ».
On pourra donc dire, en résumé, que, somatiquement, le gros de la
communauté ou de l’ethnie juive représente une sous-race hybride
caractérisée par des traits propres secondaires des parties molles.
Le Réveil du peuple
Monsieur,
Puissent ces lignes tomber sous vos yeux et nous permettre d’avoir de
votre part des précisions incontestables au sujet de votre origine. Avant la
guerre, les milieux JUIFS n’arrêtaient pas de faire du battage à votre sujet et
de vous revendiquer comme étant un de leurs coreligionnaires. Nous ne
nous appesantirons pas sur ce terme que nous considérons comme
impropre, attendu que depuis l’armistice, ou même auparavant, un certain
nombre de JUIFS ont crû qu’il était très malin, pour se « désenjuiver », de se
faire baptiser, de faire une première communion, ou de se marier au grand
tra-la-la avec fleurs, orgues et suisses.
C’était d’ailleurs une excellente affaire pour nos judéo-chrétiens,
toujours à l’affût de voir tomber quelques centaines ou milliers de francs
dans les escarcelles du denier du culte, d’un culte voué à un Dieu… qui
prêchait la pauvreté !
Nous vous demandons plutôt si vous ne faites pas partie de la race
juive.
Vous n’ignorez pas que chacun répète, officiellement ou sous le
manteau, que votre nom n’est que l’anagramme de NETTER, et que NETTER
est un nom spécifiquement juif. Passons ! […].
Nous aimerions donc connaître, Monsieur Trénet, la généalogie de
votre famille. Mais, minute ! Cette généalogie ne doit point s’arrêter à vos
grands-parents paternels ou maternels. Il nous faut aussi les parents de vos
grands-parents. Cela vous fait donc quatorze noms, prénoms, dates et lieux
de naissance, à nous fournir. Il est évident, attendu que nous ne mettons
point en doute pour l’instant votre bonne foi, mais que nous nous méfions
terriblement des fausses ascendances que ces messieurs les Juifs savent se
procurer si facilement au moyen de leur argent et de la complicité de
certains employés d’administration d’Etat Civil, que nous nous réservons
de faire les enquêtes nécessaires afin de déterminer très exactement si vous
êtes JUIF ou si vous ne l’êtes pas.
Car si vous n’êtes pas juif, nous nous poserons la question pourquoi la
publicité juive d’avant-guerre trouva le moyen de vous faire passer comme
mort alors que vous ne l’étiez point, et qu’aujourd’hui elle vous fasse
passer comme ARYEN alors qu’elle vous glorifiait comme étant une
émanation artistique de la race élue.
Car si vous l’êtes, l’opinion française se demande quelle peut être votre
dose de culot pour réapparaître sur les planches, quelles sont les
protections qui vous permettent de venir nous narguer du haut de tréteaux
où vous n’avez absolument rien à faire.
Enfin, dernière question :
— Vous savez, Monsieur TRÉNET, qu’il est médicalement prouvé que le
sang juif n’a absolument rien de commun avec le sang ARYEN. Etes-vous
disposé à vous laisser faire une prise de sang de façon à permettre de se
rendre compte si, malgré les états civils que vous seriez susceptible de
nous présenter, il n’y aurait de votre part pas de maquillage comme cette
chevelure blonde que l’on voit sur vos affiches et qui nous paraît si bien
« oxygénée ».
Monsieur TRÉNET, vous avez la parole.
Le Réveil du peuple
Pour une fois les Juifs, dont tous les comportements sont racistes, n’ont
pas tort à la lettre lorsqu’ils se défendent comme de beaux diables de
constituer une race. La thèse favorite de leurs sociologues est qu’ils
représentent une collectivité à substrat confessionnel, formée des débris du
peuple hébreu renforcés d’éléments hétérogènes convertis à la foi mosaïste
et cimentés par des persécutions séculaires dont elle a été la victime. Ainsi
que Salomon Reinach n’hésitait pas à écrire assez comiquement : « Il n’y a
pas, il n’y a pas eu, il n’y aura jamais de race juive ».
C’est que le terme de race est quelque peu flou et, en la circonstance,
prête admirablement à la confusion. Il s’étend dans son sens large tant à
l’espèce humaine (dite parfois la race humaine) qu’aux collectivités à
caractère atavique, qu’elles soient nationales (on parle quelquefois de race
française) ou familiales (on dira « une race royale », « une vieille race
terrienne »). Dans son acception la plus restreinte, il appartient à la
classification zoologique, dans l’échelle taxonomique de laquelle il se situe
à l’extrémité, après l’espèce. Les différences qui permettent de définir la
race zoologique sont multiples, ayant trait soit aux formes extérieures, soit
au squelette.
Or, il est bien vrai que le Juif n’est détenteur ni d’un squelette qui lui
soit propre ni d’un crâne qui puisse aider à sa discrimination. […] Le crâne
juif peut être brachycéphale, mésocéphale ou dolichoséphale. Les indices
faciaux ne jouent guère, non plus que celui du prognathisme.
Pourtant, le Juif est le plus souvent reconnaissable, immédiatement, à
son physique. Il est aussi très rare qu’un œil tant soit peu exercé ne puisse
démêler en lui un ensemble de particularités qui, pris [sic] isolément, ne
sauraient être considérées comme spécifiques, mais dont le recoupement
est probant. Le nez « en banane », la lèvre charnue (principalement la lèvre
inférieure), les oreilles décollées, le cheveu crépu et aussi une « dégaine »
caractéristique, ne se rencontrent conjointement que chez le prototype
caricatural pour la désignation duquel le terme youpin vient tout
naturellement sous la plume. Mais le plus souvent, deux seulement de ces
caractères suffisent à l’identification d’un sujet. C’est donc que, s’il
n’existe pas, zoologiquement parlant, de race juive, il existe bien, par
contre, un type juif et qui consiste essentiellement dans le modelage sui
generis de ces parties molles, cartilages et musculatures, dont l’étude,
longtemps dédaignée par une anthropologie hypnotisée sur le squelette, a
été, depuis une trentaine d’années, restituée à sa vraie place. […]
L’ethnie est un composé de caractères somatiques, linguistiques,
religieux, culturels et psychiques, lesquels sont diversement dosés sans que
leur intégrité soit nécessairement requise. On les observe cependant, les
uns et les autres, dans le Judaïsme qui est bien une ethnie-type, englobant
ce qu’il y a de racial en elle. Nous avons proposé, il y a déjà quelques
années de lui appliquer le terme d’ethnie raciomorphe à laquelle le
professeur Montandon a donné son agrément.
Cette ethnie doit être appelée juive.
[…] Ce peuple juif demeuré si complètement un dans sa dispersion, est
pourtant l’addition, depuis bientôt deux mille ans, de deux grands groupes
historico-géographiques, dont la diversité culturelle et linguistique ne porte
aucunement atteinte à une incoercible cohésion ethno-raciale. A savoir les
Séphardim dits parfois génériquement « juifs portugais », et les
Achkénazim, qui englobent les « juifs allemands » et les « pollacks ». […]
Il est extrêmement significatif de constater une proportion beaucoup plus
forte de Juifs confessionnellement tièdes, non pratiquants ou agnostiques
déclarés, chez les Séphardim que chez les Achkénazim. Pourtant ces
derniers, on vient de le voir, ont dans leurs veines beaucoup moins de sang
judéo-palestinien que les Séphardim. Ils réagissent ethniquement par une
plus stricte observance de la loi mosaïste contre leur demi-carence d’ordre
para-racial. Preuve que la « religion » juive – qui n’est pas une religion au
sens universellement spiritualiste du terme – n’est en réalité qu’un « signe
de ralliement ethnique » (Montandon dixit) et dont l’apostille est la
mutilation ethnique de la circoncision. On ne saurait donc traiter
sérieusement de la question juive si l’on prétend faire abstraction, dans un
esprit parfaitement primaire, de ce précieux critère que constitue le facteur
dit religieux.
Quant à l’ethnie française, elle est à substrat racial (composée qu’elle
est de populations nordiques – ou sub-nordiques – alpines et
méditerranéennes), noologique (aryenne), religieux (chrétienne) et
linguistique (latine).
Or, durant la grande parenthèse que nous avons vécue durant cent
quarante ans, la France a fait, à une cadence de plus en plus accélérée, de
l’ethnomorphose. Nous désignons par ce terme, employé pour la première
fois à notre connaissance, par le professeur Willy Hellpach (de
Heidelberg) le phénomène ethno-psychologique d’adultération qui a pour
cause l’apport massif d’éléments hétérogènes non assimilables. La
majorité des Français de 1914 étaient [sic] encore des « Français
historiques ». Mais ceux de 1939 n’avaient plus guère de commun que le
nom avec les Français de 1789. Ce en quoi Céline a cent fois raison
lorsqu’il écrit avec sa géniale brutalité coutumière : « Il faut refaire du
Français ».
Ces éléments hétérogènes non assimilables qui nous ont rendus à ce
point méconnaissables à nous-mêmes n’étaient autre que les Juifs, et eux
seuls. On se trouve bel et bien en présence d’une mortelle entreprise qui ne
prétendit rien moins que de faire entrer la nation hébraïque, si longtemps
campée sur notre sol, parmi les éléments constitutifs de l’ethnie française.
Ainsi la France eut-elle pu être tenue pour un conglomérat gallo-romain,
germanique et juif. Le Juif Darmesteter a pu, il y a quatre-vingts ans,
professer les profondes affinités de l’esprit français post-révolutionnaire et
du Judaïsme. C’est que le dit esprit prétendu français était déjà et à son
insu profondément judaïsé par le truchement de la Judéo-Maçonnerie,
instigatrice de la Révolution dite française. C’est un même attentat contre
l’âme aryenne que rêvait de perpétrer en Allemagne le Juif Rathenau qui
voyait, dans une civilisation judéo-allemande, comme une réplique de la
culture gréco-latine.
Du fait même de ses composants, l’ethnie française s’intégrera tout
naturellement, et dès la première génération née sur son sol, les lignées
provenant des ethnies aryennes qui lui sont apparentées le plus
directement, en l’espèce les celtes, les germaniques et les latines. Quant
aux Wallons, aux Romands et aux Canadiens qui acquièrent la nationalité
française, il faut voir en eux des réintégrés et non des nationalisés. Enfin,
le terme de « métèque » ne saurait être appliqué qu’aux éléments ou trop
exotiques ou mal conscients de leur aryanisme.
« Tout cela est bien joli, nous diront d’imprudents censeurs, mais
pourquoi parler d’autre chose que de racisme ? » Au risque de paraître à
leurs yeux pédants, coupeurs de cheveux en quatre et équilibristes sur des
pointes d’aiguilles, nous nous obstinerons à penser que rien d’autre que la
confusion des idées ne saurait être gouverné par la confusion des termes.
Le racisme est une doctrine de sauvegarde de la race biologique, fondée
sur la génétique et dont le principal objectif est la prohibition de
l’exogamie génératrice de métissages. Le Yankee, aux yeux duquel, et
bien avant que Gobineau commençât à tenir la plume, quiconque a
seulement une goutte de sang noir semble à peine un homme, est un
puritain du racisme. Par contre, lorsqu’il se propose, pour conserver au
nord-américanisme ses caractéristiques anglo-saxonnes, de contingenter
l’immigration des Méditerranéens, il agit en ethniste. La doctrine de
protection de notre ethnie qui est essentiellement grand’raciale (tous les
Français sont des Europoïdes) sera raciste par rapport aux autres
grand’races (la mongoloïde et la négroïde). Vis-à-vis du Judaïsme, fait
spécifiquement ethnique mais qui a débordé par son hyper-renforcement
sur le plan de la génétique et donc de la race, elle sera ethno-raciste. […]
Ainsi nous ne craindrons pas de le dire – et sans éprouver en
conscience le sentiment de tenir le langage d’un sectarisme inhumain – le
Juif même qui peut paraître le mieux « assimilé » doit être encore mis au
régime de la liberté surveillée. Quand bien même il pourrait établir que sa
famille est fixée en France depuis le moyen âge et que ses pères sont
convertis depuis quelques générations ! Connaissons bien la puissance
indestructible des hérédités judaïques. Et surtout ne confondons pas
l’« assimilation », c’est-à-dire le mimétisme parachevé qui est très
accessible au Juif avec cette intégration qui est pour lui une impossible
gageure. S’il s’y efforce pourtant et si louable que doive être tenue sa
bonne volonté, il ne saurait en fin de compte parvenir qu’à être un refoulé
ethno-racial. Son instinct millénaire ainsi comprimé risquera toujours de
faire explosion dans sa descendance. Il pourra certes prétendre
légitimement à un statut favorisé dans le cadre d’une législation protectrice
de l’ethnie française, mais il donnera la mesure de sa sincérité en
souhaitant tout le premier qu’il ne puisse accéder, dans la France rénovée
par la Révolution Nationale, aux postes de direction et de responsabilité.
Georges Mauco
Politique de race
Révolution nationale, 11 juillet 1942.
La loi du 2 juin 1941, portant statut sur les Juifs, débute comme suit :
« Art. 1er. – Est regardé comme Juif :
1° Celui ou celle appartenant ou non à une confession quelconque, qui
est issu d’au moins 3 grands-parents de race juive, ou de 2 seulement, si
son conjoint est lui-même issu de 2 grands-parents de race juive.
Est regardé comme étant de race juive le grand-parent ayant appartenu
à la religion juive… »
Une pareille rédaction de la loi excuse l’exclamation fréquente de
personnes les moins à même de définir la « race » qui vont répétant
qu’affaire de race n’est pas affaire de religion. Car dans son acception
courante, c’est-à-dire pour la moyenne du grand public, si la race est une
entité vague et de valeur chancelante se distinguant d’autres entités
raciales par des caractères choisis au gré de l’argumentation du moment,
elle n’en est pas moins une entité n’englobant pas tous les facteurs
humains, et excluant en particulier, le facteur religieux.
Ces incompréhensions et ces contradictions apparentes auraient été
éliminées dès le début si le législateur n’avait pas craint, au lieu de se
servir du mot « race » dans une acception faussée, désuète et ne convenant
pas même au but qu’il se proposait, de recourir à la terminologie moderne
des ethnologues et de parler d’« ethnie » ou d’« ethnicité » juive. D’autant
plus qu’il est peu de communautés humaines où le terme d’ethnie surclasse
si heureusement celui de « race ».
Répétons une fois de plus que pour tout individu scientifiquement sain
d’esprit, la race est un groupe se distinguant des autres groupes par ses
caractères biologiques (somato-psychiques) héréditaires, tandis que
l’ethnie est un groupe naturel déterminé par la totalité de ses caractères
possibles, héréditaires, non héréditaires mais traditionnels, et
éventuellement acquis. Plus en détail, les caractères ethniques pourront
donc être somatiques, linguistiques, religieux, coutumiers et psychiques
(les caractères somatiques et les propriétés psychiques de base formant les
caractères raciaux de l’ethnie envisagée).
Si maintenant nous confrontons la communauté juive avec une
quelconque autre entité raciale, ethnique ou nationale, nous constatons que
la communauté juive diffère des autres pour chacune des cinq rubriques
envisagées.
1. Dans le domaine biologique, c’est sous le rapport morphologique
(somatique) que la distinction saute naturellement aux yeux ; elle se
manifeste si fréquemment de façon spéciale (même si cette manifestation
ne se réalise pleinement que chez une minorité des membres de la
communauté) que chacun connaît les traits de ce qu’on peut appeler le type
juifu : protusion des globes oculaires, de l’appendice nasal et des lèvres, de
l’inférieure en particulier, mollesse des tissus, geste griffu, allure louche,
démarche en battoirs. Mais cette morphologie s’accompagne de caractères
souvent taxés de sociaux, et qui, en effet, se concrétisent socialement,
comme nous le verrons dans un instant, mais qui n’en ont pas moins une
racine biologique. Ces caractères sont de deux ordres, physiologiquement,
l’anatomie juifue s’accompagne du phénomène connu sous le terme de
parasitisme – parasitisme de l’ensemble de la communauté considérée
globalement, et de la très grande majorité de ses membres pris
individuellement. Psychiquement, la morphologie juifue est flanquée
d’absence de sensibilité morale, comme l’a fait remarquer le Professeur
Maignon, de l’Ecole d’Alfort.
2. En ce qui concerne le domaine religieux, il n’y a pas besoin
d’insister longuement pour démontrer que la communauté juive est unique
dans les annales de l’humanité. Sans doute, chaque religion est unique,
mais ce qu’il y a de tout à fait particulier à la religion de l’ethnie juive,
c’est qu’elle n’appartient qu’à la communauté juive et que la quasi-totalité
des membres de cette communauté lui appartiennent, alors que, fait connu,
le catholicisme, le protestantisme, l’islamisme, etc., chevauchent toutes les
frontières raciales, ethniques et nationales. On peut ajouter que, parmi les
religions supérieures, la religion juive est devenue – car ce n’était pas le
cas à l’origine – la moins spirituelle de toutes, de telle sorte qu’elle ne
représente plus aujourd’hui qu’un amas de coutumes matérielles,
constatation suffisant à faire comprendre que la pseudo-religion juive ne
peut avoir la prétention de supplanter des confessions qui lui sont
actuellement supérieures. Mais, fait étrange, et qui marque aussi la
distance qui sépare le Juif de l’Aryen dans le domaine de l’appréciation
des choses religieuses, il n’est aucune religion qui soit aussi insultante à
l’égard des autres credos que ce n’est le cas de la pseudo-religion juive,
selon des textes multiples et toujours en honneur du véritable catéchisme
de l’âme hébraïque : le Talmud. Nous avons dit que la religion juive était
en fait un ensemble de pratiques matérielles ; en d’autres termes, c’est une
religion areligieuse – d’où il découle cette conséquence capitale : un Juif,
total ou partiel, ne peut se prétendre « sans religion », car appartenir à la
religion juive ou n’en pas avoir est tout un. Tandis qu’il peut exister des
Aryens athées, le Juif ou le demi ou quart de Juif qui se prétend sans
religion doit être considéré comme juif du point de vue religieux, c’est-à-
dire comme légalement juif. Dans ce domaine, on n’oubliera pas que toute
circoncision même chirurgicale est une circoncision religieuse lorsqu’elle
est pratiquée sur un Juif, un demi-Juif ou un quart de Juif ; elle est
religieuse parce qu’effectuée avec une arrière-pensée simili-religieuse dans
le crâne, soit des parents de l’opéré, soit du médecin opérant, soit des
professeurs de chirurgie qui, sous l’influence juive, ont enseigné il y a
cinquante ans, que la circoncision était hygiénique (thèse fausse) et on fait
prévaloir (en France) l’opération circulaire, conforme aux exigences du
Pentateuque, au lieu du débridement longitudinal qui n’enlève aucune
portion de tégument.
3. Passons à la rubrique linguistique, qui, semble-t-il, ne doit pas prêter
à des considérations bien particulières. Cependant, il sera bon de faire
d’abord remarquer que si la langue hébraïque est aujourd’hui inconnue de
la majorité des Juifs, il n’y a aucune fraction d’une autre communauté sur
le globe (quelques savants, bien entendu, mis à part) qui parle l’hébreu.
Cela ne veut pas dire que même les Juifs ignorant l’hébreu ne soient pas
parfois reconnaissables à leur parler ; dans les pays où ils vivent par
grosses agglomérations comme c’est le cas en Pologne et en Russie
occidentale, ils manifestent un accent spécial lorsqu’ils parlent le polonais
ou le russe, ce qui, souvent, permet de les reconnaître. On remarquera,
d’autre part, que la langue hébraïque fête, à l’intérieur de l’ethnie juive, un
certain renouveau du fait du mouvement sioniste, et cette reviviscence ne
doit, à notre sens, pas être vue d’un mauvais œil par les autres
communautés, car le jour où les Juifs parleraient tous l’hébreu, il est à
présumer que le camouflage linguistique leur serait plus malaisé que ce
n’est le cas aujourd’hui. Mais il est un autre phénomène qu’il faut relever
dans le domaine linguistique de la communauté juive : c’est le fait qu’en
même temps que les Juifs délaissaient leur langue officielle, ils créaient un
idiome qui leur est propre : le yiddish, fabriqué principalement d’éléments
hébreux, germaniques et slaves par un brassage des sons, des formes et de
la syntaxe. La formation de cet idiome international est comparable à celle
des argots internationaux d’escarpes, destinés à n’être compris que des
membres de la confrérie des malfaiteurs.
4. Cette considération nous conduit au quatrième aspect de toute
ethnie, aspect social, coutumier ou culturel. Bien naturellement, la
communauté juive, comme toute autre communauté, se distingue par des
coutumes multiples qui lui sont propres. Et l’on remarquera que la presque
totalité des coutumes particulièrement judaïques ont un lien quelconque
avec ce qui, pour les Juifs, tient lieu de religion. Quel que pût être l’intérêt
d’une énumération de ces coutumes, cet intérêt disparaît devant celui que
présente le comportement général de l’ethnie juive du point de vue social.
Nous avons dit plus haut que la communauté juive présentait, entre autres
caractères biologiques, celui du parasitisme. Ce parasitisme se traduit
matériellement par le fait que les Juifs se livrent habituellement à des
métiers d’intermédiaires, terrain de culture du profit pour le profit. Il en est
résulté l’organisation de la mise en coupe des communautés au milieu
desquelles campent les membres de l’association juive. L’exploitation des
autres peuples a dégénéré en un véritable pillage, comme le montre
mathématiquement le fait que, dans presque tous les pays, la majeure
partie de leurs richesses est aux mains d’une minorité infime de Juifs.
5. Et nous touchons enfin à la dernière rubrique, celle de la mentalité.
Que si dans les quatre domaines précités : anatomique, confessionnel,
linguistique et social, les Juifs diffèrent de nous, ils en diffèrent cependant
moins que d’autres populations considérées sous l’une seule de ces
rubriques (morphologiquement, les Juifs sont plus proches de nous que des
Nègres, leur religion voisine plus la religion chrétienne que le Bouddhisme
et d’autres grandes religions ; leur langue, en qualité d’idiome sémitique,
est plus parente des langues indo-aryennes que les parlers dravidiens,
australiens, amérindiens, etc.). Ce qui est cependant particulier aux Juifs
par rapport à nous, c’est que, quelque minime que puisse être la différence
avec nous, cette différence existe toujours et dans tous les domaines. Et
c’est peut-être dans le domaine mental que cette différence est la plus
grande. C’est aussi dans ce domaine que la différence est la plus
dangereuse. Et c’est enfin par rapport à ce domaine que la loi est le plus en
défaut, car, ce qu’il y a lieu de poursuivre chez le Juif, c’est sa mentalité ;
tous les autres critères, morphologique, religieux, linguistique et culturel,
ne doivent qu’être des adjuvants permettant de dépister la mentalité juive.
Mentalité à deux aspects, selon qu’on la considère par rapport aux
individus ou par rapport aux Etats ! C’est une mentalité asociale,
exploitante et dissociante d’autrui par rapport aux individus des
populations au milieu desquelles se dispersent les membres de la
communauté juive. C’est une mentalité à base de prostitution ethnique si
l’on envisage le fait que l’action juive au lieu de se concentrer sur un
territoire et une nation, porte sur tous les Etats, de sorte que les effets
apparemment utiles qui peuvent en résulter dans certains cas particuliers se
neutralisent l’un l’autre et ne peuvent être mis au bénéfice ni de l’ethnie
juive, ni de ses membres pris individuellement.
Faire partie de l’ethnie juive c’est donc lui appartenir soit sous le
rapport biologique ou racial, soit sous le rapport confessionnel, soit sous le
rapport linguistique, soit sous le rapport, qui l’emporte sur tous les autres,
le mental. Quand un homme au patronyme de SILBERSTEIN a été baptisé
chrétien, descend de chrétiens depuis trois générations d’après ses
documents, a épousé une aryenne et fait baptiser ses enfants, mais se fait
arrêter au moment de franchir la frontière suisse dans l’appréhension qu’il
était soit d’être pris pour un Juif malgré son rattachement à une confession
chrétienne, soit d’être pris pour un Aryen astreint au service de la relève
comme tout autre Aryen non inféodé aux puissances juives, nous disons
que cet homme a la mentalité juive et que la loi devrait donner la
possibilité de le re-enregistrer comme Juif. Ce serait le cas si, au lieu de
parler de race juive et d’expliquer la race par la religion, la loi se contentait
de parler tout simplement d’ethnicité juive, déterminable par l’ensemble
des critères que fournissent la biologie, la langue, la religion et l’areligion,
la sociologie et la psychologie.
1. Coston fait allusion au décret-loi Marchandeau (21 avril 1939), qui punissait toute attaque par
voie de presse « envers un groupe de personnes qui appartiennent par leur origine à une race ou à
une religion déterminée, lorsqu’elle a pour but d’exciter la haine entre les citoyens ou habitants ».
2. Urbain Gohier.
3. En particulier : Ligue Internationale contre l’Antisémitisme (B. Lecache), Groupement Israélite
(R. de Rothschild), Centre de Liaison des Immigrés (Zevin), Comité Central d’Assistance aux
Emigrants Juifs (W. Onalid), Comité d’Assistance aux Réfugiés (A. Lévy), Secours Rouge, Ligue
des Droits de l’Homme (Khan).
4. Selon le ministère de l’Intérieur, ils seraient, aujourd’hui, plus d’un million, car nombre d’ex-
Français sont aujourd’hui considérés comme Juifs (N. d. l. R.).
5. Martial fait ici une erreur de date : Lapouge est mort le 20 février 1936.
6. Il s’agit bien sûr de Georges Vacher de Lapouge (1854-1936), dont le patronyme est ici
incorrectement orthographié.
Le complot juif,
ou la clé de l’histoire
Jean Drault
La menace juive
Au pilori, no 144, 22 avril 1943.
Voici le manifeste que les fondateurs de l’A.J.U. lancèrent alors aux Juifs
de l’univers :
« L’union que nous désirons fonder NE SERA PAS UNE UNION FRANÇAISE,
anglaise, irlandaise ou allemande, mais une UNION JUIVE UNIVERSELLE.
D’autres peuples et d’autres races sont divisés en nationalités ; nous seuls
n’avons pas de citoyens, mais exclusivement des coreligionnaires. EN
AUCUNE CIRCONSTANCE UN JUIF NE DEVIENDRA L’AMI D’UN CHRÉTIEN OU D’UN
Le Japon, qui a conscience du péril, n’est pas entré dans les vues
d’Israël. Au contraire, il s’est élevé contre ses prétentions à la dictature
mondiale. Mais le plan juif ne s’est-il pas réalisé en partie en ce qui
concerne l’Amérique du F ∴ ROOSEVELT, juif d’origine, et la Chine du F
∴ Tchang Kaï Cheik ? Les fusils américains et chinois ne se sont-ils pas
mis au service d’Israël pour combattre l’anti-juif HITLER et l’Europe
aryenne ?
Cette guerre constitue l’ultime phase de la lutte millénaire que le
Judaïsme mène contre les peuples non juifs. Le triomphe des Juifs et de
leurs « alliés » signifierait l’asservissement total de notre planète aux
« Sages de Sion ».
Français, veux-tu devenir l’esclave du Juif ?
Jean Drault
Maintes fois des lecteurs – soit en toute candeur, soit pour nous
embarrasser – nous ont posé cette question : « Puisque nos vainqueurs ont
délivré leur pays de la peste juive et qu’ils veulent en délivrer le monde,
pourquoi n’en délivrent-ils pas tout de suite la France, où ils sont maîtres ?
Pourquoi n’imposent-ils pas l’opération ? »
Le public de bonne foi sait très bien que nous n’avons pas qualité pour
répondre, ni même pour solliciter la réponse, l’armistice n’est pas la paix,
nous tomberions sous le coup de quelque chinoiserie.
Mais, de 1919 à 1939, c’était la paix ; nous avions le droit de causer ;
nous l’avons fait ; très hautement, j’ai dit dans le Bulletin du Service
Mondial, dont le siège était alors à Erfurt, l’admiration « sportive » que
m’avait inspirée la lutte du peuple allemand contre vingt nations coalisées,
et l’admiration plus grande encore que m’inspirait sa déclaration de guerre
à la nation la plus riche, la plus habile, la plus dure, la plus dangereuse
entre toutes, la nation juive.
Eh bien, rétorquèrent les hommes du Welt Dienst (en douze ou quinze
langues), pourquoi ne tentez-vous pas chez vous ce que nous avons
accompli chez nous ? Il fallait l’avouer : parce que les Français, tout
victorieux qu’ils se croyaient, n’avaient ni l’audace, ni la vitalité, ni le
patriotisme agissant des Germains.
Nous ne pouvions qu’exprimer l’espoir d’un sursaut fortuit. Nous ne
pouvions que démontrer l’intérêt du Reich à nettoyer la France, comme il
s’était nettoyé lui-même : car, même en temps de paix, l’épuration de
l’Allemagne ne saurait être complète et définitive si les Allemands
laissaient subsister, sur leur flanc et dans leur dos, une horde d’ennemis
embusqués de ce côté-ci du Rhin pour des incursions continuelles de
l’autre côté, un camps retranché plein de Juifs frénétiques ; enflammés
d’une passion de représailles, appuyés par une multitude de complices,
pourris ou stipendiés.
C’est la situation actuelle, encore aggravée. La France est submergée
de Juifs comme au temps du Front populaire et leur propagande est
effrontée. D’une part, ils exploitent l’invention des « Juifs bien nés »
lancée pour le salut des Juifs qui passent à la caisse ; d’autre part, ils
entonnent la complainte de « la pauvre race persécutée » qui touche le
cœur des prêtres, des prélats, des moines, des religieuses, des vieilles
femmes pitoyables.
J’en voyais un exemple dans une ville du Centre : les gendarmes
occupants venaient d’empoigner un petit Hébreux criminel, en pleine école
nationale professionnelle où il était caché ; les élèves « goyim »
protestaient en invoquant leurs « privilèges », et les mères « goyim »
s’indignaient au nom de la charité : comme on voit dans le conte de la
Jungle intitulé Riki-Tikki-Tavi, le stupide oiseau qui stigmatise la
mangouste coupable de détruire les œufs du cobra ; chaque œuf contient
un petit cobra, futur chasseur d’oiseaux ; mais pour l’oiseau, un œuf doit
rester sacré.
Le Juif et le cobra ne sont pas inquiets avec une proie aussi bête.
A la grande revue militaire de 1939, dans la loge du président Lebrun,
les deux compères Rothschild-Mandel et Hoare-Belisha s’étaient réjouis
d’admirer une si belle armée française, leur armée, magnifiquement
équipée, pourvue des engins les plus perfectionnés ; ils n’avaient pas
réfléchi que cette échantillon était à peu près la cinquième partie de ce
qu’il aurait fallu pour tenir tête à l’invasion. En six semaines, tout fut
liquidé ; deux millions de guerriers français peuplèrent les camps de
prisonniers, ramassés par de simples avant-gardes ; les Allemands purent
entasser, avec Giraud, cent généraux français dans une seule forteresse et
s’amusèrent à les traiter comme des coqs en pâte. Mais ils ne touchèrent
pas aux Juifs.
Alors, il n’y eut rien de fait. « Tu sais vaincre Annibal, et tu ne sais pas
tirer parti de ta victoire ! »
Les Juifs sont toujours là, manœuvrant les terroristes, machinant les
félonies, préparant la famine et l’insurrection, prêchant aux fonctionnaires
et aux ouvriers l’ignoble sabotage, corrompant les maîtres de la jeunesse
pour qu’ils enseignent l’assassinat comme à Voiron, ou l’enjuivement.
Les Juifs ont étouffé l’idée de la relève, qui ne pouvait se réaliser en
grand que dans un élan d’enthousiasme. Les Juifs continuent
d’empoisonner l’ouvrier français qui, flagorné comme un despote, comblé
d’allocations, d’indemnités, de sursalaires, de primes, et n’ayant pas
l’énergie de faire lui-même sa révolution, l’attend toute cuite des
bourreaux bolcheviks.
La perception des impôts n’est plus qu’un distributeur de sportules. En
sortant de leur bureau, les soi-disant prolétaires vont au cabaret s’offrir
mutuellement des chopines à 20 francs, et les mères achètent pour leurs
filles, chez la petite modiste du village, des chapeaux à 330 francs.
C’est le plan textuel des « Protocols » : « Nous augmenterons sans
mesure les salaires des ouvriers, nous développerons leurs appétits que
nous les empêcherons de satisfaire en provoquant (disette et marché noir)
le renchérissement continu des choses nécessaires. Alors, ils deviendront
furieux et se jetteront sur les bourgeois qu’ils extermineront, faisant ainsi
place nette pour le peuple élu ». Exactement ce que nous voyons, et ce que
nous allons voir.
Tant que la juiverie ne sera pas éliminée, il n’y aura pas de paix dans le
monde. Tant que les Juifs tiendront la France, l’Allemagne, même
victorieuse, ne sera pas à l’abri d’un retour offensif : à sa porte, les Juifs
garderont un refuge, une base de départ et l’Europe, un foyer d’infection.
C’était tout à fait la thèse du comte Harry d’Arnim, ambassadeur
d’Allemagne à Paris en 1872.
Drumont a noté dans la France juive (T.I.P. 432) que d’Arnim,
pourtant considéré par Bismarck comme le seul homme qui pût le
remplacer, différait d’avis avec le chancelier sur la façon de résoudre la
question juive en Europe.
« Le prince de Bismarck, écrit Drumont, encourageait la République
juive en France, pour que la France fût impuissante, sans s’occuper des
dangers que présentait pour le monde le foyer d’infection qu’il laissait
grandir.
Le comte d’Arnim, au contraire, voulait guérir la France pour que
l’Europe ne tombât pas malade, grâce à ce voisinage. Il s’inspirait de la
maxime de Philippe II : “Mieux vaut éteindre l’incendie dans la maison de
son voisin que de l’attendre dans la sienne.” A la France une fois en
monarchie, soit avec le comte de Chambord, soit avec le prince impérial, il
offrait la Belgique et Metz en compensation de l’Alsace, tandis que
l’Allemagne occupait la Hollande, et devenait une puissance maritime.
L’Angleterre qui, en dépit des déjeuners du prince de Galles avec
Gambetta, nous a constamment trahis et a fini par prendre Chypre et
l’Egypte à notre barbe et à notre nez, était tenue en échec pour longtemps.
L’Europe entrait dans une ère de paix et d’ordre, qui aurait pu se prolonger
un siècle. »
La thèse du comte d’Arnim était la bonne. Les Juifs, aidés par le parti
républicain, la firent alors échouer.
Elle est à reprendre dans ses grandes lignes.
Mort au juif !
Au pilori, 14 mars 1941.
Ce cri a retenti une centaine de fois au cours des siècles. Ce n’est pas
un cri de haine. C’est un cri de libération.
Mort au Juif ! Mort à la vilenie, à la duplicité, à la ruse juive ! Mort à
l’argument juif ! Mort à l’usure juive ! Mort à la démagogie juive ! Mort à
tout ce qui est faux, laid, sale, répugnant, négroïde, métissé, juif ! C’est le
dernier recours des hommes blancs traqués, volés, dépouillés, assassinés
par les sémites et qui retrouvent la force de se dégager de l’abominable
étreinte.
Mort au Juif !
C’est l’appel ultime d’un peuple d’aryens qui est tombé dans le piège
gluant de la générosité et que les fauves judaïques ont assailli.
Mort au Juif ! Voilà ce à quoi nous sommes réduits pour avoir été
confiants, sans défense, obligeants, charitables, accueillants, pour avoir
traité les youpins sur un pied d’égalité, pour avoir accepté les grands faux
principes de la judéo-maçonnerie, pour nous être empêtrés dans le
labyrinthe capitaliste de la République juive, pour avoir écouté Blum,
supporté Mandel, pour ne pas avoir botté Rotschild, secoué Lazard,
dégringolé Halphen, chassé Worms, foudroyé Cornélius Hertz, pulvérisé
les Lévy, les Cohen, les Kahn, les Kohn et les Kuhn, pour nous être
enjuivassés !
Mort ! Mort au Juif ! Oui. Répétons. Répétons-le ! Mort ! M.O.R.T.
AU JUIF !
Là !
Le Juif n’est pas un homme, c’est une bête puante. On se débarrasse
des poux. On combat les épidémies. On lutte contre les parasites. On
monte à l’assaut des invasion microbiennes. On se défend contre le mal,
contre la mort – donc contre le Juif !
Il faut extirper de la nation tout ce qui est juif. C’est une nécessité
vitale. C’est la seule condition de renaissance possible. Sans cela, nous ne
guérirons pas ; nous ne nous relèverons pas ; nous ne redeviendrons jamais
la France.
Il y eut dans le monde des problèmes douloureux, des catastrophes
nationales : invasions de sauterelles, éruptions volcaniques, inondations,
lèpre ; nous luttons contre l’alcoolisme, le chômage, la syphilis, la
tuberculose. Depuis deux siècles, le Juif est la maladie de la France.
C’est le microbe dont nous souffrons. Faisons œuvre de salubrité
publique en repoussant le Juif ! En l’obligeant à s’éloigner ! A vivre où il
voudra, mais pas ici, mais pas chez nous, mais pas sur le sol de notre patrie
que nous avons mis deux mille ans à construire et deux cents ans
d’enjuivement maçonnico-anglais à perdre.
L’Europe est aryenne. La France est celte, gauloise, latine, aryenne.
Hors d’ici, les sémites !
Chassons le Juif ! Mort au Juif !
Car enfin, bon Dieu ! La petite plaisanterie dépasse les bornes. On
nous tua 1 700 000 des nôtres entre 1914 et 1918, on nous vola tout notre
argent, on nous poussa à la catastrophe de 1940, deux millions d’entre-
nous sont prisonniers, tout cela pour des intérêts juifs ! Pour que Rotschild,
Lazard, Halphen, Stern, David-Weil, Bloch-Lainé, Fould, Heine,
Beckmann, Cahen d’Anvers, Mayer et autres repus d’or puissent suer leur
graisse dans les châteaux de province, pour que tous ces youtres à
milliards (qu’ils nous ont extorqués) puissent continuer leur métier
d’usuriers à notre détriment !
Il est un moment où le vase déborde. Nous n’en pouvons plus
d’indignation. Il nous faut agir.
Et puisque les avertissements, les campagnes, les protestations n’ont
pas l’air d’émouvoir les Juifs de Vichy et leurs hommes de paille, qu’ils
nous délèguent en grands visiteurs chargés de copieuse missions, nous
allons procéder autrement.
Mort au Juif !
Nous allons constituer une équipe de déblayage. Il ne sera pas difficile,
hein, les gars ! de rassembler une légion antijuive qui se chargera du
premier travail. Qu’on nous écrive ! Vite ! Nous classerons les braves par
muscles et par bonne volonté.
Nous allons faire du bon boulot français.
Ah ! Le Juif Worms continue à nous défier ! Ah ! Le Juif David-Weill
est passé à Paris ! Ah ! Les commerçants juifs ont des combines avec les
commissaires enjuivés ! Ah ! Les Juifs stockent notre alimentation et font
du marché noir ! 84 francs le litre d’huile ! 200 fr. le kilo de jambon ! Ah !
Le Juif Gregh, grand manitou du ravitaillement général derrière l’enjuivé
Achard, a laissé revenir à vide d’Afrique Occidentale 250 000 tonnes de
cargos, pour protéger ses petites combines avec l’Uruguay ! Ah ! Le Juif
Rueff a laissé s’évader quarante milliards ! Ah ! Les Juifs américains se
mêlent de mettre l’embargo sur notre or, affament la population française,
attendent avec appétit le mois prochain où nous serons privés de pain !
spéculent sur nos colonies, jouent avec notre peau et celle des malheureux
Français qu’ils entourloupent dans les troupes gaullistes, nous conduisent à
une défaite plus grave encore que celle de l’été dernier ! veulent nous faire
définitivement crever !
Eh bien ! Ils crèveront avant nous !
Mort au Juif !
Entendez-vous, Parisiens, Français de la zone occupée ! Demain, il n’y
aura plus de pain, plus de viande ici pendant qu’en zone non occupée on
tue 15 000 têtes de bétail de trop en un mois, et que l’Afrique du Nord
regorge de stocks !
Demain, il y aura pour les paysans français une catastrophe encore plus
grave. Partout, en zone non occupée, individuellement, avec précaution,
sans bruit, les Juifs ont ACHETE LA TERRE. Contre du papier-monnaie,
nos cultivateurs ont vendu leurs fermes, leurs champs, leurs bêtes, leurs
outils. Ils sont devenus les fermiers des Juifs. Des dizaines de milliers
d’hectares sont depuis cet été AUX MAINS DES JUIFS. ALERTE !
ALERTE ! Nous disons ici, sachant bien quels seront nos moyens futurs et
nos buts, qu’un jour nous rendrons la terre aux paysans, mais que nous ne
rendrons pas l’argent aux Juifs. Mort au Juif, voleur de notre sol national !
En avant les gars !
Formons la chaîne ! Ici, on veut des cœurs neufs, propres, pour le
grand déblayage ! De n’importe quel parti, pourvu que l’homme soit de
sang blanc ! Il est temps que finisse la comédie imprudente des youtres qui
se gorgent de nos efforts et qui exploitent odieusement l’ouvrier français.
Juifs et capitalistes, c’est tout un ! Youtres et enjuivés sont complices !
Les usuriers et les marchands noirs paieront le meurtre de nos fils, de nos
frères et les souffrances du peuple !
Ecrasons les poux ! Mort au Juif ! Que la France se reprenne, se relève,
se réveille, se rassemble, se gare du danger, combatte pour elle-même.
Mort au Juif ! Au secours les « goïm », les petits gars en qui brûle
encore un peu de feu du pays français, qui croient que l’avenir est possible
et que tout peut être sauvé ! Venez à nous !
Mort, mort à tout ce qui est Juif.
Paul Sézille
Les Juifs ont voulu cette guerre. Pas tous, évidemment, avec une égale
intensité, avec une égale franchise. Il y eut des nuances dans le bellicisme
juif. Il y eut même quelques Juifs qui comprirent qu’ils seraient sans doute
les premières victimes d’une débâcle française. M. Emmanuel Berl,
notamment, demeura obstinément « Munichois », mais il dut convenir
dans une lettre au bourreur de crânes professionnel Galtier-Boissière que le
judaïsme politiquement organisé était « tout entier d’un seul côté : du côté
de la guerre ».
C’est l’évidence même. Nous l’avons tous constaté, nous en avons
mille preuves, mille témoignages. Et pouvait-il en être autrement ? Dès
que Hitler est arrivé au pouvoir, le peuple juif est automatiquement entré
en guerre avec l’Allemagne. Il avait une revanche à prendre, des places à
conquérir, il s’efforçait, de son mieux, de dresser une coalition contre son
ennemi. Rien de plus normal, rien de plus légitime. Lorsqu’on fait la
guerre, on prend ses alliés où on peut. Je comprends parfaitement que les
Juifs aient tout fait pour nous précipiter contre le IIIe Reich. Je comprend
moins que nous ayons été assez stupides – nous qui n’avions aucune
querelle avec nos voisins – pour nous laisser faire, pour nous transformer
bénévolement en soldats d’Israël.
Mais il est inutile de récriminer. Ce qui est fait est fait. Seulement,
maintenant, il faut régler nos comptes. Tous les Français ont été appelés au
combat, la mort les a fauchés avec une dédaigneuse indifférence (125 000
soldats, 80 000 civils), le malheur de nos armes a réduit un million et demi
de nos camarades en captivité, des villes ont été anéanties, des centaines de
milliers de maisons ont été saccagées, le pays a été ruiné, aujourd’hui
encore tout le monde supporte plus ou moins le poids de la défaite.
Terrible cataclysme qui atteint sans distinction les bons et les mauvais, les
fascistes et les antifascistes. C’est la France, toute la France, qui est punie
et qui souffre. Ainsi le veut la dure loi de la guerre et si l’on doit s’efforcer
par tous nos moyens de limiter les effets de la débâcle, – on oublie trop
souvent qu’elle aurait pu être infiniment plus tragique si Pétain n’avait pas
signé l’armistice et amorcé la collaboration avec le vainqueur, – il faut
avoir l’élémentaire bonne foi d’admettre que l’effondrement de la France
ne pouvait pas ne pas avoir des conséquences dramatiques ou désagréables
pour nous les Français et que le châtiment ne pouvait s’abattre qu’au
hasard, les plus durement frappés étant le plus souvent ceux qui méritaient
le moins de l’être.
Lorsqu’il s’agit des Français, on semble se consoler allègrement de ces
injustices souvent inévitables 7. C’est la guerre, n’est-ce pas ?… Alors
pourquoi donc fait-on des mines effarouchées dès qu’il s’agit des Juifs et
prétend-on établir de subtiles distinctions, séparer les « bons » des
« mauvais », les baptisés des talmudiques, les anciens combattants des
non-combattants, les « assimilés » des non-assimilés ?
En tant que nation, répétons-le, les Juifs ont fanatiquement désiré cette
guerre. Pris individuellement, ils ont tous, ou presque, travaillé de toutes
leurs forces à provoquer le conflit, usé de tout leur crédit, de toutes leurs
influences, pour entretenir les préjugés antifascistes, pour exciter les
Français contre leurs voisins.
Et puis, il n’y a pas que le passé. Il y a le présent. Depuis le 23 juin
1940, le combat a cessé entre la France et l’Allemagne ; depuis l’entrevue
de Montoire 8, la France est incitée à reprendre dignement sa place dans
l’Europe fasciste ; depuis le 22 juin 1941, la France est devenue, qu’on le
veuille ou non, solidaire des armées qui défendent la civilisation contre la
barbarie soviétique. Les agressions anglo-saxonnes contre notre Empire
ont achevé ce renversement des alliances dont on peut déplorer que les
gens de Vichy n’aient pas pris l’initiative mais qui est désormais inscrit
dans notre destin, qui nous est littéralement imposé non par nos
vainqueurs, mais par les circonstances. La France vaincra avec l’Europe ou
elle disparaîtra avec l’Europe.
Or, de même que le peuple juif était en guerre avec l’Allemagne bien
avant septembre 39, il continue, après que nous avons déposé les armes, à
lutter par tous les moyens contre le Reich et ses alliés. Le peuple juif est
tout entier dans le camp des adversaires de l’Europe fasciste. Ce faisant, il
se trouve en état de guerre CONTRE NOUS AUSSI. Il ne s’agit pas seulement
de faire expier aux Juifs leur complot contre la paix et leurs méfaits de
jadis. Il s’agit surtout d’assurer notre sécurité et l’avenir de notre pays. Les
Juifs sont nos ennemis. Traitons-les sans haine, sans plus de haine que des
ressortissants malheureux d’une nation vaincue. Mais traitons-les en
ennemis.
Pendant ma captivité, privé comme je l’étais d’informations, j’avais
cru, je l’avoue, que la question juive était réglée et même qu’il était
inélégant de s’acharner ainsi que le faisaient certains journalistes parisiens
sur des gens qu’un statut draconien – sur le papier seulement, hélas ! –
avait retranchés de notre communauté. Mais quelle désillusion en
rentrant…
C’est surtout en zone dite libre, en « zone juive », que le scandale est
criant. Il faut avoir vu les Juifs de Lyon, de Marseille, de Nice et de
Cannes. Lucien Rebatet les a longuement décrits ici-même l’an dernier,
mais si je ne les avais contemplé de mes yeux, j’aurais pu croire – que
notre cher Lucien m’excuse – qu’il exagérait. Ces Juifs-là, ce n’est pas
dans les soupes populaires qu’il faut aller les chercher. C’est dans les
boîtes élégantes où l’on a le billet de mille facile et des accommodements
avec le marché noir. Ils sont gras et luisants, plus cossus que jamais, plus
arrogants, plus sûrs d’eux-mêmes qu’ils ne l’ont jamais été. Ils sont libres
de trafiquer, libre aussi de continuer à saboter la paix et la révolution
nationale, libres de répandre les mots d’ordre de de Gaulle et d’afficher
leur sympathie pour les assassins de Mers el Kébir et de Billancourt.
Et je pensais, en visitant tous les Cintra de la zone nono, tous ces
ghettos parfumés et encombrés de ploutocrates crépus et lippus, à mes
pauvres camarades des Stalags. Je ne pensais qu’à eux. J’étais obsédé par
le souvenir de nos durs travaux et de nos maigres pitances.
Etait-il possible qu’un million et demi de Français supportassent de
façon si directe et si pénible les conséquences de notre défaite pendant
qu’un million de Juifs continuaient à coucher dans leur lit et à boire des
cocktails ? Etait-il donc inévitable que les innocents payassent en masse
compacte pour les coupables ?
J’ignore quelle solution sera donnée après la guerre au problème juif.
Mais je sais qu’on pourrait lui donner une solution provisoire qui
rétablirait sans attendre un peu d’équité dans cette France à l’envers où la
Révolution nationale n’est pas encore esquissée.
Il suffirait de décider purement et simplement que JUSQU’AU RETOUR DU
DERNIER DE NOS CAPTIFS, UN JUIF NE PEUT AVOIR, SOUS AUCUN PRÉTEXTE, UNE
SITUATION MORALE ET MATÉRIELLE SUPÉRIEURE À CELLE D’UN PRISONNIER DE
GUERRE FRANÇAIS.
La situation des prisonniers de guerre est rude mais elle est
supportable. En imposant à Lévy et à Bloch de manger ce que mangent le
K.G. Dupont ou le K.G. Durant, de coucher dans des baraques semblables
à celles du K.G. Moreau ou du K.G. Villette, de remuer chaque jour autant
de mètres cubes de terre que le K.G. Brossard ou le K.G Le Breton, la
France ne pourrait être accusée d’inhumanité.
Donc, tous les Juifs adultes, sans exception, sans passe-droit, sans
protestation possible, derrière des barbelés et gardés militairement. Il ne
s’agit pas, je le répète, d’être cruel ou de se venger aveuglement. Il s’agit
d’une mesure de justice et de légitime défense. Il s’agit aussi d’utiliser une
main-d’œuvre médiocre certes, mais abondante et à bon marché pour
exécuter de grands travaux dont notre pays a besoin, pour déblayer la
neige l’hiver, pour aider les paysans l’été. Avec de bons contremaîtres
inflexibles et vigilants, des novices arrivent très rapidement à un
rendement très acceptable. J’en parle en connaissance de cause : mon
commando de Thuringe n’était composé que d’intellectuels et nous étions
stupéfaits nous-mêmes de la besogne que nous réussissions à abattre après
quelques mois d’entraînement. Pourquoi les Juifs n’auraient-ils pas à leur
tour des ampoules aux mains ?
Pour dix heures de travail, les prisonniers de travail juifs recevraient un
salaire fixe de 14 francs par jour qui leur permettrait de se procurer un
certain nombre d’objets non contingentés, crayons, pâte dentifrice,
limonade, miroirs de poche, etc. Ils auraient droit à deux lettres et à deux
cartes par mois. Il recevraient des soins médicaux gratuits. Ils auraient
toute facilité pour organiser entre eux, le jour du sabbat, de petites
réunions artistiques ou musicales.
Naturellement l’Etat français prendrait soin de leurs femmes. Celles-ci
seraient autorisées à prélever sur leurs fortunes personnelles des sommes
qui ne pourraient excéder en aucun cas l’allocation versée aux femmes de
nos prisonniers de guerre, le surplus étant saisi en faveur du Secours
National et servant en partie à payer des allocations aux femmes de P.G. 9
juifs absolument privées de ressources.
Après la signature de la paix, mais seulement après le retour du dernier
de nos prisonniers, on pourrait envisager une libération progressive de nos
ennemis et leur exportation massive vers d’autres terres. Mais pour
l’instant, tout autre statut que celui de prisonnier de guerre est choquant.
C’est une insulte à nos morts et à nos captifs. D’ailleurs les Juifs qui
envisagèrent avec tant de sérénité de faire massacrer des millions de
Français devraient s’estimer heureux de s’en tirer à si bon compte. Il vaut
mieux, après tout, remuer de la terre dix heures par jour que d’avoir six
pieds de terre sur le ventre comme les victimes de la guerre juive.
Evidemment, si l’on réalisait ce projet dont je n’hésite pas à dire qu’il
est plein de modération et d’humanité, la Conscience Universelle si
indifférente aux malheurs des Aryens pousserait des hurlements horribles.
Est-il besoin de dire que nous nous fichons éperdument de la
Conscience Universelle ?
Jacques Bouvreau 10
deux fois plus d’hommes qu’en 1930. Il n’y a plus de Juifs pour les
affamer.
20 JUILLET 2142. – Ce fut un beau chouvari dans les camps de Juifs
quand le DÉCRET DE STÉRILISATION parut. Le mur des Lamentations faillit
être submergé par le flot des pleurs du peuple élu. Le Décret, daté du
25 juin 1950, se présentait comme suit :
ARTICLE PREMIER : Tous les Juifs, à quelque sexe, confession ou
nationalité qu’ils appartiennent, seront stérilisés.
ARTICLE II : Les opérations de stérilisation devront être terminées au
Racisme
Le Réveil du peuple, no 42, 10 août 1942.
La question juive, on le sait, ne s’est pas posée dans tous les pays
d’Europe avec la même acuité apparente. Et cela pour des raisons très
diverses. C’est ainsi que beaucoup de Français de bonne foi ont peu à peu
découvert le problème, depuis la guerre. Le rôle d’une propagande
objective et convaincante est précisément d’aider à cette prise de
conscience. Un progrès certain a été accompli, mais il reste à dissiper
beaucoup de malentendus et à surmonter beaucoup de préjugés.
Rien n’était plus éloigné de la pensée raciste que la mentalité française
moyenne. Il reste un très gros effort à faire pour infléchir la réflexion de
nos compatriotes vers des notions pour lesquelles ils ont une sorte de
répugnance, non pas instinctive, mais apprise. Car ils ont puisé dans
l’enseignement, dans la littérature, dans l’atmosphère politique du dernier
demi-siècle, un lot de concepts et de jugements dont il leur est difficile de
se débarrasser. Aussi bien ne faut-il pas compter que la majorité soit assez
courageuse pour opérer, surtout dans l’âge mûr, une révision
philosophique. La sclérose s’ajoute ici à la paresse, et une fois de plus, il
faut compter sur les jeunes, sur les très jeunes. A condition que leur
formation ne soit pas abandonnée aux hasards d’expériences
contradictoires, et jusqu’ici plutôt incohérentes.
Il ne doit cependant pas être impossible, ni même très difficile,
d’expliquer aux Français, à travers l’exemple juif lui-même, ce que c’est
qu’une race. Ils sont certainement moins sensibles à l’intégrité de leur sang
que les Juifs, et moins soucieux de se garder des mélanges réputés impurs.
Il ne doit pas non plus être très compliqué, en s’aidant par exemple des
vues ingénieuses et pénétrantes de H.S. Chamberlain, de concilier la
notion biologique de la race avec la réalité historique du cadre national.
Autant les Allemands sont fondés à rechercher les sources de leur race en
deçà de l’histoire, autant les Français ont le droit de faire intervenir les
données politiques et géographiques.
L’Allemagne, forte de son peuple, a toujours ignoré les frontières
« naturelles » dont le mythe a sans cesse hanté les Français, et que
d’ailleurs la lecture de la carte suggérait si facilement. La doctrine
nationale-socialiste a donc pris appui sur le Volk, et a toujours conçu les
limites territoriales comme flottantes et élastiques. Les Français, selon
l’expression d’un auteur contemporain, ne pensent pas leur collectivité
comme une lignée, à la manière allemande, mais comme une population,
assurément apparentée, mais plus encore cantonnée sur un sol nettement
délimité. Il est vrai que l’ethnie française a connu de vastes mélanges et
d’intenses brassages. Il est exact que nous sommes des métis, mais,
comme je le disais un jour, des métis aryens. Ce qui est une autre affaire.
Et cette ethnie s’est consolidée, a pris et maintenu ses caractères dans le
cadre historique français.
Ces idées simples et conformes au vrai sont fort importantes, à mon
sens, parce qu’elles rapprochent de la donnée biologique la définition
traditionnelle de la nation, telle que Renan ou Fustel de Coulanges l’ont
enseignée à des générations. Cela posé, notre richesse raciale est à
maintenir, à sauver, la race française est un bien d’avenir, plus encore
qu’elle n’est un legs du passé. D’où la nécessité et l’urgence d’une
politique intelligente et vigoureuse de la natalité, de l’eugénique, de
l’élevage, si l’on ose dire, en donnant à ce mot son sens plein, qui va du
physique au moral. Et c’est alors que les Français les plus prévenus, ou les
plus obstinés, commencent à apercevoir la nécessité de garder des
contaminations de fonds irremplaçable du peuple [sic], sans quoi rien n’est
possible. Le minimum de précautions est toujours assuré quand il s’agit
des animaux ; il n’y a que la reproduction des hommes qui soit livrée aux
pires accidents. Nous savons bien qu’ici l’obstacle est grand : il y a tant de
fausse pudeur dans les mots, tant d’hypocrisie dans les mœurs, que nous
faisons l’effet d’entrer par effraction dans le domaine des tabous et des
refoulements. Comptons, là aussi, sur une lente éducation.
La corde la plus sensible que l’on ait pu faire vibrer chez les Français
est évidemment celle de la pitié pour les éternels « persécutés ». On sait du
reste que toute une propagande catholique va dans le même sens. Il faut
donc démontrer à cette opinion hésitante ou rétive deux vérités
importantes : la première, que les nations décidées à renaître et à faire leur
révolution véritable, ont toutes les raisons de se défier des Juifs, d’être en
défense contre eux et de les tenir à l’écart. La seconde, que ces précautions
n’ont rien à voir avec une haine systématique, qu’elles ne témoignent
d’aucun fanatisme, d’aucune frénésie, et que personne ne rêve de tortures
et de pogromes.
Sur le premier point, les documents et les preuves ne manquent certes
pas, et il est inutile d’y insister. Quant aux perpectives qui s’ouvrent à
propos du traitement que l’on peut prévoir pour les Juifs, il est à la fois
nécessaire et facile de s’en expliquer. Toutes les mesures qui ont été prises
ou envisagées jusqu’à présent visent à la protection de la communauté
nationale contre des influences « étrangères », au sens fort du terme. Non
pas simplement étrangères, parce que manifestant des réactions, des
tendances, des instincts, qui sont à contre-sens des nôtres.
Tout se passe comme si les Juifs, dispersés à travers le monde,
n’avaient jamais cessé de mettre leur vraie nationalité, celle qui procède de
la communauté d’origine raciale, au-dessus des patries d’adoption. Tout se
passe comme si ces terres choisies à dessein ou au hasard n’étaient qu’un
champ d’expansion de leurs énergies. Et l’on sait dans quel sens celles-ci
se déploient spontanément : richesse et puissance sont les deux objectifs
essentiels. Et tout Israël, d’un bout du monde à l’autre bout, conspire
spontanément avec chacun de ses représentants, où qu’il soit. Comment
des Français y résisteraient-ils, malgré une intelligence indéniable, et
parfois une habileté qui tient en échec les pires manœuvres ? Il n’y a pas
en France que des Normands ou des Auvergnats. Et puis notre économie a
autre chose à faire qu’à se protéger contre les empiétements juifs, de même
que notre vie politique, notre presse et nos professions libérales. C’est
donc affaire à l’Etat que de procéder aux épurations indispensables.
Les pouvoirs publics n’ont pas à apporter dans cette action méthodique
la moindre trace de haine, ils n’ont pas à exercer une persécution. Ils ont à
mettre chacun à sa place. Aussi bien, tout ce qu’on a pu faire jusqu’ici est-
il fragmentaire et souvent empirique. Il y a des décalages entre pays
voisins, il y en a même en France, d’une zone à l’autre. Ce qui ne laisse
pas d’être fâcheux. Et c’est pourquoi, de plus en plus, on a compris et
affirmé que le problème juif dépassait les Etats pris un à un, et ne
trouverait sa solution que dans le cadre européen. La récente déclaration
du Docteur Gœbbels ne laisse à cet égard aucun doute, et elle est d’une
importance capitale.
La grande « persécution » que l’Europe médite contre les Juifs de tous
les pays consistera, après la guerre, à leur offrir un territoire et à leur
demander de constituer, s’ils en sont capables, un Etat, comme tous les
autres peuples de la planète.
Ceux qui s’obstineront à voir là un geste barbare et un acte hautement
inhumain apparaîtront comme des intoxiqués inguérissables, ou
simplement comme des hypocrites fieffés. Depuis des siècles, les Juifs,
demeurés une race, restés un peuple, sont installés comme des parasites
dans tous les pays. La diaspora a été déplorée par Israël comme un affreux
châtiment, mais il faut reconnaître qu’il s’en est passablement accommodé.
Au point d’inspirer, parallèlement, le bolchevisme russe et la ploutocratie
anglo-saxonne.
Le plus remarquable est que les « démocraties », qui luttent pour la
vengeance d’Israël persécuté, affectent aussi de promettre une patrie aux
Juifs. Mais ne soyons pas dupes des apparences : il s’agit là, si nous osons
ce mot, d’une manière de Vatican israélite, d’une patrie symbolique,
suffisante pour détenir une souveraineté et pour servir de refuge aux
capitaux vagabonds. Cependant que les succursales continueraient à
fonctionner en tous pays et sous toutes les latitudes. Ce serait, à peu de
frais, un considérable accroissement de puissance, et rien ne serait changé
à rien. Sauf que, cette fois, chaque Juif aurait en somme deux nationalités
très officiellement. Il va de soi que la solution envisagée par les
protecteurs du sionisme ne se rejoint pas avec les anticipations du national-
socialisme.
Un territoire, un Etat, une nation, voilà le magnifique cadeau que
l’Europe se déclare prête à offrir aux Juifs. Mais à une condition, c’est
qu’ils soient tous résidents et domiciliés effectifs en ce territoire. C’est que
les douze tribus s’y retrouvent au grand complet, avec tous les rameaux
subséquents. Et que s’il reste de-ci, de-là des Juifs en divers secteurs du
monde, ils y soient exactement comme les autres étrangers, et soumis aux
mêmes règles. Etant entendu que l’Europe aura a établir sa loi commune à
l’égard des non-Européens.
Ce sera un spectacle passionnément curieux de voir s’ériger cette petite
tour de Babel politico-sociale. Que de voir, en particulier, s’opérer un vrai
retour à la terre et à l’usine, que d’assister à la différenciation nécessaire
des professions. Il n’est pas exclu que les Juifs nouveau style deviennent
antisémites, en ce sens que les travailleurs authentiques exigeront les
mesures les plus draconiennes contre les intermédiaires et les parasites de
toute nature. Lesquels pullulent, cela va sans dire.
Là-dessus on nous dira peut-être : « Tout cela est bel et bon. Mais où
les mettra-t-on ? » Nous n’en savons rien, et nous n’avons pas de
proposition à faire. Que chacun consulte un planisphère et se livre au jeu
des pronostics. Ce sera au moins aussi instructif que d’ouïr la radio
anglaise. Mais qu’on se dise bien que l’idée du futur Etat juif n’a pas été
exprimée à la légère, qu’elle s’inscrit désormais dans les buts de guerre de
l’Europe, en même temps que dans ses plans de révolution et
d’organisation continentales. Ce qui signifie que chaque nation, élaborant
pour l’heure des statuts provisoires, est d’avance exonérée des mesures
définitives. Et celles-ci seront ce qu’elles doivent être, de la part d’une
Europe enfin unie, et maîtresse de ses destins : sans faiblesse et sans
crainte, sans haine et sans cruauté. Ce qui ne leur enlève évidemment rien
de leur caractère définitif et radical.
Il nous paraît que la question juive, envisagée sous cet angle, devient
perceptible à l’esprit français. C’est probablement l’étape décisive. Il me
souvient de l’avoir franchie pour mon compte dans un discours public, en
juillet 1942, et d’avoir provoqué du même coup quelques remous
d’hostilité et d’incompréhension. Je mesure avec satisfaction le chemin
parcouru, et je me trouve, en somme, en nombreuse et forte compagnie.
Tout au moins en Europe. Mais, maintenant, les Français peuvent suivre.
Lucien Pemjean
Pour en finir
Au pilori, 22 juillet 1943.
1. Nous rappelons que cette appellation scientifique de la communauté ethnique juive a été
couramment acceptée après notre mémoire : Détermination psychologique de l’ethnie judaïque :
l’ethnie putain, paru dans le numéro du 5 novembre 1939 de La Difesa della Razza (Rome),
mémoire pour lequel nous avons par ailleurs été violemment attaqué par La Lumière (12 avril 1940)
et par L’Ordre (18 avril) en particulier.
2. Il s’agit bien sûr de l’Institut d’étude des questions juives, dont le secrétaire général était le
capitaine Sézille.
3. Sézille fait allusion aux combattants de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme,
créée en juillet 1941.
4. Né en 1910, Maurice-Ivan Sicard adhère au P.P.F. dès sa fondation en 1936. Rédacteur en chef
du périodique doriotiste Jeunesse de France, puis de L’Emancipation nationale, il est en 1942
secrétaire à la presse et à la propagande du P.P.F. Réfugié en Espagne après la Libération, il
publiera de nombreux ouvrages sous le nom de Saint-Paulien.
5. Organe du Rassemblement antijuif de France, La France enchaînée est créé en mars 1938.
6. Né en 1883, l’écrivain Abel Bonnard fut ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse de
1942 à 1944.
7. Souvent mais pas toujours. Rien n’empêchait de coller au mur Mandel, Blum et Reynaud et de
les mettre ainsi, à égalité avec les pauvres gars qui sont tombés pendant la campagne de France et
qui, eux, n’étaient certainement pas responsables de cette guerre criminelle.
8. Entrevue Pétain-Hitler du 22 octobre 1940.
9. Prisonniers de guerre.
10. Pseudonyme probable d’un des rédacteurs d’Au pilori.
11. Qu’on ne s’y trompe pas : cet article a été rédigé en juillet 1942. Il n’a de « prophétique » que la
date de la fin de la guerre.
e
12. En février 1942, des hommes d’Etat de la III République comme Léon Blum, Edouard Daladier
ou Guy de La Chambre, et des militaires comme le général Gamelin, sont déférés devant la cour
spéciale de Riom. Accusés d’être responsables de la guerre et de la défaite, ils sont jugés en vertu de
textes qui n’existaient pas au moment des faits. Les débats, qui tournent à la confusion du régime de
Vichy, sont suspendus en avril 1942 sur l’ordre des Allemands. La plupart des accusés leur seront
livrés.
Réactions aux lois et mesures
antijuives
Henry Coston
Mesures antijuives
Extrait de L’Emancipation des Juifs en France, Paris, Institut d’étude des
questions juives, Editions nouvelles, s. d. [novembre 1940], pp. 57-61.
Mesures prises
Le Gouvernement du Maréchal Pétain vient de prendre des mesures
qui ne peuvent être considérées que comme une première étape vers la
solution de la question juive en France.
C’est très bien d’avoir obligé les commerçants juifs à apposer sur leur
devanture une affiche jaune avec l’indication : « Entreprise Juive » ; c’est
parfait d’avoir empêché les médecins et les avocats d’exercer leur
profession ; c’est excellent d’interdire le service militaire aux enfants
d’Israël ; c’est une bonne mesure d’avoir abrogé le décret Crémieux ; mais
ces dispositions son nettement insuffisantes parce qu’elles n’apportent
qu’une solution très partielle au problème.
Ne sont considérés comme israélites que les individus ayant trois
grands-parents juifs. Les lois sur l’hérédité humaine sont plus absolues et
doivent être considérées comme appartenant à la race hébraïque tous sujets
ayant un seul grand-parent juif.
Il ne faut pas oublier que la race juive, en tant que race orientale,
prime, dans les croisements, sur les races aryennes. Il y a une question de
prédominance du sang qui intervient et qu’il ne faut pas méconnaître. Le
métis du juif ou demi-juif est souvent plus juif que le juif : comme chez
tous les hybrides, les défauts de deux races sont concentrés sur le sujet
résultant du croisement. Jusqu’à présent le gouvernement du Maréchal
Pétain est resté muet sur les mesures propres à défendre la race contre
toute introduction de sang étranger dans la grande famille française.
Pourtant l’abâtardissement de la race est un des plus graves problèmes
de l’heure actuelle : il est capital pour l’avenir immédiat du Pays. Ce n’est
pas parce qu’il a été écarté jusqu’à ce jour qu’il faut commettre l’erreur
impardonnable de continuer à l’ignorer.
« La faute contre le sang et contre la race est le péché originel de ce
monde et la fin de l’humanité épuisée » a déclaré le chancelier Hitler dans
son livre Mein Kampf. Ces paroles sont profondément justes et qui veut les
ignorer serait indigne de présider aux destinées d’un pays comme le nôtre,
épuisé par les guerres, défiguré par un métissage intempestif et anarchique.
« Rendre au sang sa pureté naturelle, c’est peut-être la plus grande tâche
qu’on puisse se proposer aujourd’hui » a déclaré Alfred Rosenberg. La
lutte pour le redressement de la race est donc l’œuvre capitale à envisager.
Il nous souvient d’avoir été reçu, il y a deux ans, par un médecin,
comptant parmi les plus éminents de Paris, très versé dans les questions de
races ; il nous tint ce langage :
« Par suite de croisement incohérents, le Français a perdu son
harmonie corporelle ; si demain dans la région parisienne on voulait avoir
de beaux enfants, on ne trouverait pas dix mille étalons convenables,
propres à la reproduction ». Paroles fortes, mais combien angoissantes et
malheureusement vraies.
Mesures à prendre
Elles sont multiples, tellement le mal est profond par suite de
l’enjuivement de la France.
Elles doivent être draconiennes si l’on considère la situation
dramatique du Pays par suite des mariages inter-raciaux, cause de la
dénatalité. A l’heure présente, il n’y a plus vingt millions de Français de
vieille souche authentique. Là, est le drame poignant de la nation française,
résultat d’une politique criminelle contre la race qui dure depuis plus de
cent-cinquante ans.
La France a subi des invasions massives d’éléments juifs. Sous Saint-
Louis il y avait déjà un million d’hébreux : ce roi, plus sentimental que
politique, encourageait ceux-ci à se convertir et leur versait une pension
sur sa cassette royale. Des milliers et des milliers de sémites, pour
bénéficier de ses largesses, abjurèrent la foi de Moïse ; ils se dissimulèrent
sous le masque de la conversion et infestèrent littéralement le Midi de la
France. Leurs descendants ont été tous ces ministres et politiciens de la IIIe
République qui conduisirent la France au désastre.
Il fallait les voir prendre la défense de leurs coreligionnaires au cours
de ces dernières années et connaître leurs relations pour comprendre que la
race parlait toujours chez eux ; il fallait regarder leur portrait pour
reconnaître en eux les signes et les stigmates des descendants de la grande
tribu.
La question juive n’est pas une question religieuse : elle est
essentiellement raciale. Par contrecoup elle touche au domaine spirituel,
économique, politique et matériel.
Les mesures indispensables à appliquer pour faire retrouver au pays
son vrai visage sont les suivantes :
1. – Abrogation pure et simple du décret de l’Assemblée Constituante du
27 septembre 1791 accordant le droit de citoyenneté aux Juifs.
2. – Abolition du décret de Napoléon Ier du 17 mars 1808 autorisant les
Juifs à choisir des noms français. Obligation pour les descendants de
ceux-ci de reprendre les noms hébraïques de leurs ancêtres.
3. – Annulation de toutes les naturalisations concernant des individus
juifs.
4. – Attribution de la qualité de Juif à toute personne ayant UN grand-
parent juif, même converti à une autre religion.
5. – Interdiction de tout mariage mixte entre juif et non juif et vice versa.
Possibilité pour le conjoint non juif d’obtenir l’annulation de son
mariage.
6. – Justification de l’ascendance aryenne pour obtenir un emploi, un
poste ou un mandat, dans l’Administration, la Représentation ou la
Direction de l’Economie Nationale.
7. – Recensement de toute la fortune appartenant aux Juifs en vue de sa
restitution ultérieure à la communauté française.
8. – Nomination de commissaires chargés de contrôler et de procéder à
l’inventaire des exploitations, firmes et entreprises juives, afin
d’obtenir dans le plus bref délai, l’aryanisation intégrale du commerce,
de l’industrie et des professions libérales.
9. – Organisation sur le territoire de la métropole, de districts réservés
exclusivement aux Juifs où ceux-ci seront cantonnés en attendant que
le problème les concernant soit tranché sur le plan européen.
10. – Extension des mesures prises dans la métropole à toutes les colonies
françaises ou territoires sous mandat.
Il y a actuellement en France environ deux millions de Juifs dont un
tiers à peine se reconnaît comme tel. Les deux autres tiers sont camouflés
sous des faux noms, sous de fausses nationalités ou sous de fausse
confessions. Le Juif a usé successivement de trois procédés pour se faire
admettre dans la communauté des peuples : la conversion, le droit de
citoyenneté, la naturalisation. Peu lui importe, pour tromper les non juifs,
de répudier sa race, sa religion, ou une nationalité quelconque d’emprunt,
puisqu’il reste n’importe comment un Juif et que le déguisement sous
lequel il se cache lui permet de poursuivre son œuvre de destruction des
autres peuples.
Le salut de la France, pour une très grande part, réside dans la solution
du problème juif. Ce problème demande des mesures rapides et
énergiques.
Si les gouvernants français qui semblent pourtant vouloir le
redressement du Pays, ne savaient pas appliquer à ce problème les
solutions appropriées à la situation, la France perdrait la dernière bataille
qui lui reste à perdre, avant son déclin et sa chute irrémédiables.
Georges Oltramare
L’étoile jaune
Je suis partout, 6 juin 1942.
L’étoile jaune
L’Appel, 11 juin 1942.
Le Cahier jaune
Mettez-les au travail !
Le Cahier jaune, no 9, octobre 1942, p. 2 [article attribuable à André
Chaumet].
Quand, ici même, j’ai dénoncé le danger de l’attitude des antijuifs qui
se prétendaient ou se prétendent encore non racistes, j’ai fait allusion à
l’expression d’« ethnie ». Ce terme employé pour l’ethnie française n’est
pas mauvais : il sert à englober l’ensemble des races qui constituent la
nation française ; utilisé pour les Juifs, qui sont plus caractéristiquement
une race, il donne libre cours aux prétentions des antijuifs sympathisants
quand même à certains Juifs, qu’ils disent assimilés ou qui déclarent
vouloir s’assimiler.
Par ce que j’ai parlé du terme « ethnie », le docteur Montandon s’est
cru visé et s’est insurgé contre mon allusion. Il déclare que son terme
d’« ethnie » englobe la race, donc nous sommes d’accord. Mais en même
temps, il donne une très grande importance à la religion pour repérer les
Juifs, alors que moi je prétends que c’est la race juive qui sécrète sa
religion dont elle a besoin comme discipline et qui est une loi imposée par
les rabbins.
Il est inquiétant, quand on parle de la question juive, d’employer un
terme vague qui n’infère pas un déterminisme formel des caractères
psychiques et des aptitudes spécifiques, parce qu’on ouvre la porte à ceux
qui prétendent que c’est la loi des rabbins et les interdictions des aryens
vis-à-vis d’eux qui ont donné aux Juifs leur goût de la spéculation, du
commerce et leur antipathie pour les métiers d’ouvriers, d’agriculteurs ou
de soldats. Ainsi des sympathisants aux théories de Montandon, comme
Ploncard, Coston et J.-P. Maxence, se déclaraient, avant la guerre, dans les
séances orageuses du Club du Faubourg, antiracistes tout en étant antijuifs.
En cela, ils étaient contre moi et prétendaient que jamais les doctrines
racistes ne seraient prises en considération en France. Je crois maintenant
qu’ils pensent autrement, mais ils devraient le dire ; de même que le
docteur Montandon devrait dissiper l’équivoque que le terme « ethnie »
appliqué aux Juifs semble provoquer.
Quant à moi, j’ai toujours défendu l’extension du racisme hors du
cadre spécial de la question juive. Car le problème racial a des incidences
sur la politique, l’économie, et il est impossible de résoudre certains
problèmes du monde moderne si l’on n’envisage pas le fait Race.
De plus, le racisme antijuif devient, étendu ainsi, moins choquant à
certains pleurnichards qui s’apitoient sur les pauvres Juifs. Surtout, je
demande aux militants de l’antijudaïsme d’éviter de s’acoquiner
uniquement avec des réactionnaires ou des fossiles datant de l’affaire
Dreyfus, car ils risquent ainsi de rendre les Juifs sympathiques au peuple.
Ils favorisent ainsi le jeu des Juifs qui finançaient les organes de droite
pour les attaquer et fixer ainsi l’antisémitisme dans la réaction.
Parlons maintenant de l’Eglise catholique et du racisme. Soit dit en
passant, il ne semble pas que les porte-parole des autres confessions
chrétiennes aient pris position sur ce grave problème.
Pour mon compte personnel, ce que je puis affirmer, c’est que l’œuvre
capitale de mon aïeul Gobineau : « l’Essai sur l’Inégalité des races
humaines » n’est pas à l’Index. Et je précise. Je m’en suis informé à Rome,
étant fort jeune, en 1910, – et le directeur de la Confédération de l’Index,
un vénérable dominicain, le Père Lépidi, m’a montré des documents
formels.
Quant à l’Encyclique « Mit brennender Sorge » (Avec un brûlant
souci…), lancée par le Pape Pie XI, le 14 mars 1937, le moins qu’on puisse
dire, c’est qu’elle n’est pas précisément catégorique comme condamnation
du racisme.
C’était bien l’avis d’un prêtre éminent qui, d’ailleurs, partageait mes
idées, lequel me signala certaines phrases caractéristiques de cette
encyclique, entre autres celle-ci :
« La race… le peuple… valeurs fondamentales de la communauté
humaine, toutes choses qui tiennent dans l’ordre terrestre une place
nécessaire et inaltérable. »
Et puis plus loin :
« Nul ne songe, certes, à barrer la route qui doit conduire la jeunesse
allemande à la constitution d’une vraie communauté ethnique… »
Voilà ce que les Juifs ou les enjuivés appelaient une condamnation du
racisme venant de très haut (selon un euphémisme qui leur était cher).
Mais le clergé catholique, malheureusement, est infesté d’influences
projuives. Ces influences néfastes tentent de transformer une religion
soutenue par les aryens et très spiritualiste en une sorte de prolongement
du judaïsme matérialiste. La confusion et l’équivoque sont d’autant plus
graves que les gens ainsi influencés se disent humains et cherchent à
apitoyer leurs sympathisants sur les malheurs d’Israël. De plus, ces
influences sont renforcées par l’action de Juifs convertis avec plus ou
moins d’ostentation et de cabotinage.
Le plan est clair. Il est mené de main de maître par les Juifs et leurs
auxiliaires francs-maçons. Il s’agit d’organiser un front commun
idéologique contre le national-socialisme.
Sous nos yeux, encore maintenant, ce front se renforce. On capte la
Jeunesse, on la flatte, on stimule sa générosité, on défend les Juifs ; soit on
sympathise avec les Maçons si l’on a des tendances à gauche, soit avec les
maurrassiens si l’on est plutôt axé vers la droite.
En somme, sur le plan européen, on veut que la France fasse échec à la
Révolution que nous voulons voir triompher, en la faisant nous-mêmes,
socialiste dans le cadre des communautés nationales 1.
George Montandon
Lettre au Pilori
Au pilori, 19 février 1942.
A la suite de l’article de M. Serpeille de Gobineau, nous avons reçu la
lettre suivante du professeur Montandon que, fidèles à notre
impartialité, nous reproduisons intégralement :
Mon cher directeur,
Les incompréhensions de M. Clément Serpeille, dans Au pilori du
12 février, m’obligent à vous demander l’insertion dans votre prochain
numéro des lignes suivantes :
Mes confrères, pris à partie pour de prétendues interprétations d’avant-
guerre, sauront se défendre eux-mêmes. Personnellement, je n’ai pas
attendu M. Clément Serpeille pour proclamer – avant la guerre –
l’existence de la race juive, et je pense mieux savoir par quoi se détermine
la race que ceux ayant acquis leurs connaissances sur les hippodromes et
dans les rendez-vous de vespasiennes.
Mais, en sus des propriétés raciales, c’est-à-dire biologiques
héréditaires (monotiques et mentales), l’homme jouit de propriétés
noologiques (linguistiques, religieuses, culturelles et mentales non
héréditaires), l’ensemble des propriétés raciales et noologiques non
héréditaires constituant les propriétés ethniques. Toute population peut
donc être envisagée soit sous le rapport racial, soit sous le rapport
noologique, soit sous le rapport ethnique, et j’insiste toujours sur
l’importance variable des divers facteurs chez les différents peuples. Chez
le peuple juif, le facteur racial joue un très grand rôle (il est d’ailleurs des
peuples où ce rôle est encore plus grand), mais de ne pas vouloir
reconnaître la valeur des stigmates non raciaux, telle la circoncision (qui
n’est pas héréditaire n’est-ce pas ?), serait en priver de précieux éléments
de diagnostic.
La preuve de l’inconscience de M. Clément Serpeille ressort de son
texte. Il prétend la religion juive « sécrétée par la race », donc élément de
la race au sens restreint (par opposition à la race au sens large ou ethnie).
Que me reproche-t-il donc de tenir compte de la religion !
En fait, la religion juive ne m’intéresse pas au point de vue religieux
(je soutiens depuis longtemps que c’est un signe de ralliement ethnique ;
voir, entre autres, le Cri du Peuple du 8 août 1941 et l’Ethnie française de
septembre 1941, sans parler de publications d’avant-guerre), mais en tant
qu’élément adjuvant du diagnostic ethnique – exactement comme le fait la
législation allemande.
D’ailleurs, la querelle que me cherche M. Clément Serpeille ne
provient-elle pas de ce que j’ai, dans mes fonctions 2 ; déclaré « Juif » un
de ses amis en faveur duquel il était intervenu en me demandant avec
insistance de le déclarer « Aryen » et en me proposant un déjeuner amical
à trois ?
Je vous prie, etc.
Jacques Ploncard
Les néo-antisémites
Au pilori, no 144, 22 avril 1943.
Notre article sur les néo-antisémites n’a pas plu à tout le monde. On
nous l’a écrit souvent, en omettant de signer.
Peu nous chaut l’opinion de ces correspondants anonymes qui se
sentent touchés.
Depuis quinze ans et plus, nous avons tant « encaissé », que les piqûres
de ces moustiques de l’ancien marais juif nous semblent insignifiantes.
Nous disions, dans notre précèdent article, que les Christophe Colomb
de l’antisémitisme, ces petits malins de juin 1940, avaient découvert le
péril juif au moment même où l’Hébreu, s’enfuyant avec la caisse, cessait
brusquement d’être celui-qui-paie.
Nous ajoutions que c’était là une forme de courage que nous
n’arrivions pas à apprécier.
Sur ce, l’honorable Bernard Lecache 11, qui échappa au peloton
d’exécution et sévit à Alger à la tête d’un grand journal « français », aurait
consacré un article aux traîtres antisémites, un article digne des plus beaux
jours du front judéo-populaire.
Son contenu, nous l’ignorons. Tout ce que nous savons, c’est que nous
en prenons pour notre grade.
Nous qui connaissons bien notre Lecache, nous ne doutons pas qu’il
fasse des gorges chaudes de certains ralliement in extremis à la Révolution
Nationale (Quand on pense qu’un vice-président de la L.I.C.A. est
contrôleur général des finances à Toulouse et que l’un des membres du
conseil central dirige le secrétariat général d’un organisme économique
quasi officiel).
Tout de même, les Antijuifs que le Juif Lecache faisait matraquer par
ses nervis, certain soir de 1937, avaient une autre allure que les margoulins
qui bouffent, aujourd’hui, du Juif à l’abri des coups.
Ils n’écrivaient pas leurs articles sur un comptoir. Ils n’escomptaient
nul profit, nul avantage. Ils s’étaient lancés tête baissée, dans la bagarre,
sans souci du lendemain. Par fierté, par devoir, par patriotisme.
Pas de bas calculs chez ces vaillants qui faillirent payer de leur vie le
droit d’avoir dit Non à la canaille belliciste des ghettos.
Nulle ambition sordide chez ce héros de guerre mutilé cent pour cent
qui lâcha un jour la règle de l’architecte pour prendre la plume du
pamphlétaire, chez ce conseiller municipal qui abandonna une carrière
pleine d’avenir pour prendre, en 1936, le commandement d’une équipe de
« nettoyeurs » 12.
L’antisémitisme ne payait pas alors. Etre le directeur de Je suis
partout, de La France enchaînée, du Grand occident, de la R.I.S.S., de La
Bataille, du Réveil du peuple, ou de la Libre parole – je le fus de 1930 à
1939 – n’était pas une sinécure.
Il fallait souvent payer de sa bourse. Toujours de sa personne.
Etre antisémite, écrire dans un journal antijuif, avant la guerre, ce
n’était pas seulement exprimer une opinion non conformiste : c’était aussi
s’exposer aux médisances des sots et aux insultes des vendus.
C’était compromettre à jamais sa carrière, risquer de perdre sa
situation, attirer la haine sur les siens.
L’antisémite était un galeux, un pestiféré dont on s’écartait en douce.
Je me souviens d’un de ces futurs néo-antisémites cuvée 40 qui,
m’apercevant un jour sur les boulevards, fit mine de ne pas me reconnaître
pour n’avoir pas à me serrer la main. Le malheureux plaçait alors sa copie
chez Lévy des Ecoutes, tout comme cet autre, avant de jouer le
pourfendeur d’Hébreux, les fesses confortablement calées dans un fauteuil
ex-juif, plaçait ses espoirs en Mandel par lequel il espérait faire
commanditer, – sur le budget des Colonies –, son journal faussement
national.
Nous les avons connus tous ces tranche-montagnes, tous ces
matamores : au temps de Blum, ils filaient doux, les bougres. Il n’y avait
pas de plumes plus serves, de consciences plus élastiques, d’échines plus
souples.
Ils s’inclinaient devant les ventre dorés du journalisme qu’ils
vomissent aujourd’hui :
– Parfaitement, monsieur Dreyfus !
– A vos ordres, monsieur Bollack !
– Quel génie, monsieur Lazareff !
Et d’allumer avec humilité le cigare du « patron ». Et de l’aider à
remettre son pardessus, avec cette prévenance que l’on ne trouve que chez
les domestiques bien stylés. Et pour avoir l’honneur de mettre leur nom au
bas d’un article publié par les Pourrissoirs d’alors, nos gaillards
endossaient avec joie la livrée-maison.
La chose est trop connue en même temps que trop récente pour que
nous ayons oublié, et surtout pour que le public ait oublié. Les palinodies
de certains nous font rire, mais elles ne font rire que nous. Devant tant de
bassesse, qu’il a tendance à généraliser à l’excès, l’homme de la rue est
écœuré. On aurait voulu lui rendre le Juif sympathique qu’on ne s’y serait
pas pris autrement.
Nous en avons assez d’être confondus avec ces fantoches, assez d’être
assimilés à ces faux bonshommes. « Nous ne sommes pas des
convertis ! », Je suis partout l’a dit maintes fois. Répétons-le avec lui.
Pour éviter toute méprise, pour éviter que les ouvriers de la treizième
heure, plus ou moins sincères, viennent détourner les justes colères de leur
véritable objectif, il importe de faire dès aujourd’hui l’inventaire de ce que
nous appelons la « vieille garde ».
Au pilori, dont le directeur 13 et les principaux collaborateurs ont fait
leurs preuves quand Israël était roi, ouvre ses colonnes, largement et sans
réticence, aux extraits de la presse antijuive d’avant la défaite. Il portera à
son tableau d’honneur les noms de ceux qui n’ont pas attendu que
l’antisémitisme soit à la mode, que le Juif soit réduit à l’impuissance pour
affirmer leurs convictions.
Une place y sera réservée à ceux qui, depuis 1940, ont nettement pris
position contre Israël, à ceux qui, publiquement, ont répudié leurs erreurs
anciennes, reconnu leurs fautes passées, avec cette ardeur qu’entraînent la
bonne foi et la conviction. Nous ne voulons avec nous, dans ce dur combat
contre un ennemi touché, mais qui espère la revanche, que des journaliste
pouvant répondre avec franchise à cette question sans équivoque :
– Qu’as-tu fais pour être pendu si les Juifs revenaient ?
Juin 1940
14. Occupation de Paris par les Allemands.
17. Demande d’armistice. Reparution à Paris du quotidien Le Matin.
22. Signature de l’armistice à Rethondes.
23. Le quotidien Paris-Soir reparaît (sous contrôle allemand).
25. L’armistice entre en vigueur.
29. Le gouvernement s’installe à Vichy.
30. Premier numéro du quotidien La France au travail (créé avec l’appui d’Otto
Abetz).
Marcel Déat directeur politique de L’Œuvre (quotidien).
Juillet 1940
10. L’Assemblée nationale donne les pouvoirs constituants au
maréchal Pétain.
11. A Paris, Alphonse de Châteaubriant et Marc Augier lancent La Gerbe
(hebdomadaire).
Premiers actes constitutionnels fondateurs de l’Etat français.
12. Premier numéro d’Au pilori, « hebdomadaire de combat contre la judéo-
maçonnerie ».
22. Loi instituant une commission chargée de réviser toutes les naturalisations
accordées depuis la loi du 10 août 1927.
27. Remise à Pétain du rapport sur la constitution d’un Parti national unique (Marcel
Déat).
30. Création des Chantiers de la Jeunesse.
Août 1940
3. Otto Abetz nommé ambassadeur du Reich à Paris.
6. Bernard Faÿ, professeur au collège de France, est nommé
administrateur général de la Bibliothèque Nationale.
13. Dissolution des « sociétés secrètes » (les loges maçonniques).
17. L’Illustration (hebdomadaire) reparaît à Paris.
23-29. Création de la Légion française des combattants.
27. Abrogation du décret-loi Marchandeau (21 avril 1939), qui punissait toute
attaque par voie de presse « envers un groupe de personnes qui appartiennent par leur origine
à une race ou à une religion déterminée, lorsqu’elle a pour but d’exciter la haine entre les
citoyens ou habitants ».
été. William Gueydan de Roussel publie A l’aube du racisme, préface de Bernard Faÿ,
Paris, E. de Boccard.
Septembre 1940
Première liste Otto : les Allemands interdisent 842 auteurs juifs ou
« antiallemands ».
10. Henri Jeanson fonde le quotidien Aujourd’hui.
21. Reparution de L’Œuvre à Paris.
24. Création à Paris du Groupement des énergies françaises pour l’unité continentale,
dit Groupe Collaboration, présidé par Alphonse de Châteaubriant, directeur de
l’hebdomadaire La Gerbe.
27. Ordonnance allemande imposant le recensement des Juifs en zone occupée.
Octobre 1940
Premier numéro du mensuel Les Documents maçonniques, dirigé par Bernard Faÿ,
secondé par Robert Vallery-Radot et Jean Marquès-Rivière (avec la collaboration de :
Jacques Ploncard, Henry Coston, etc.).
3. Premier statut des Juifs.
7. Abrogation du décret Crémieux : les Juifs d’Algérie perdent la citoyenneté
française.
8. Le Petit Parisien reparaît.
19. Le Cri du peuple (quotidien) de Jacques Doriot.
24. Entrevue Hitler-Pétain à Montoire.
30. Le maréchal Pétain annonce qu’il entre « dans la voie de la collaboration ».
Novembre 1940
er
1 . Lancement, avec l’aide d’Otto Abetz, du quotidien Les Nouveaux Temps, dirigé
par Jean Luchaire.
Le Réveil du peuple, bimensuel puis mensuel de Jean Boissel.
3. Fernand de Brinon nommé ambassadeur de France.
Décembre 1940
Parution du livre de George Montandon, Comment reconnaître et expliquer le Juif
?, Paris, Nouvelles Editions françaises [Denoël], coll.
« Les Juifs en France », vol. I.
er
1 . La N.R.F. reparaît sous la direction de Drieu la Rochelle.
13. Destitution de Pierre Laval.
20. Au pilori lance un concours à l’intention de ses lectrices : « Où les fourrer ? [les
Juifs] »
fin décembre. Dr Fernand Querrioux, La Médecine et les Juifs selon les documents
officiels, Paris, Nouvelles Editions françaises [Denoël], coll.
« Les Juifs en France », vol. II.
Janvier 1941
22. Création du Conseil national.
fin janvier. Sortie du livre signé André Chaumet et H.-R. Bellanger, Les Juifs et
nous, Paris, Editions Jean Renard, préface de Clément Serpeille de Gobineau.
Pierre Drieu la Rochelle, Ne plus attendre, Paris, Grasset.
Février 1941
La création du Rassemblement national populaire (R.N.P.) est annoncée. Ses fondateurs
sont Marcel Déat, Eugène Deloncle, Jean Goy, Jean Fontenoy et Jean Van Ormelingen (dit «
Vanor »).
L.-F. Céline publie Les Beaux Draps.
« Le Juif Süss » sort sur les écrans parisiens.
Sortie du livre d’E. Fayolle-Lefort, Le Juif, cet inconnu, Paris, Les Editions de
France.
er
1 . Le Pays libre (hebdomadaire) de Pierre Clémenti reparaît.
7. Reparution de l’hebdomadaire Je suis partout.
9. L’amiral Darlan est nommé vice-président du Conseil et Rossignol ministre des
Affaires étrangères.
10. Darlan, dauphin du maréchal Pétain.
23. Paul Marion secrétaire général adjoint à l’Information (puis secrétaire général
en août).
Mars 1941
Gérard Mauger et George Montandon lancent la revue L’Ethnie française.
Lucien Pemjean, La Presse et les Juifs depuis la révolution jusqu’à nos jours, Paris,
Nouvelles Editions françaises [Denoël], coll. « Les Juifs en France », vol. III.
6. Premier numéro de L’Appel (organe de la Ligue française), hebdomadaire dirigé
par Pierre Costantini.
29. Xavier Vallat est nommé Commissaire général aux questions juives.
Avril 1941
er
1 . Création du Centre d’action et de documentation (C.A.D.), dirigé par Henry
Coston.
Lucien Rebatet, Les Tribus du cinéma et du théâtre, Paris, Nouvelles Editions françaises
[Denoël], coll. « Les Juifs en France », vol. IV.
Charles Maurras, La Seule France, Lyon, H. Lardanchet.
25. Robert Brasillach reprend sa place de rédacteur en chef à Je suis partout.
printemps. Louis Thomas, Les Précurseurs. Alphonse Toussenel, socialiste national
antisémite (1803-1885), Paris, Mercure de France.
Mai 1941
Sur l’ordre de Werner Best, chef d’Etat-major du MBF en zone occupée, près de 4 000
Juifs étrangers sont arrêtés puis internés dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-
Rolande.
Création à Bordeaux, par Henri Labroue, d’un Institut d’études juives.
4. Congrès du P.P.F. à Paris, où Doriot s’engage dans l’antisémitisme frénétique à base
raciale.
11. Inauguration de l’Institut d’étude des questions juives (I.E.Q.J.), créé à l’initiative
de Dannecker.
24. Doriot définit les mesures antijuives qu’il prône au Congrès du
P.P.F. de la France occupée.
Juin 1941
Reparution de l’hebdomadaire Le Franciste (Marcel Bucard et Paul Guiraud).
Premier numéro de La Légion, mensuel de la Légion française des combattants.
2. Deuxième statut des Juifs.
Loi française prescrivant le recensement des Juifs.
5. Conférence de Georges Oltramare, aux Ambassadeurs, sur
« l’anticonformisme de Céline ».
22. L’armée allemande attaque l’Union soviétique.
Doriot déclare au Congrès du P.P.F. de la zone non occupée, à Lyon :
« Il faut en finir avec le Juif ».
Après avoir créé le Groupe des amis de l’I.E.Q.J., dit Groupe des amis antijuifs, Paul
Sézille remplace René Gérard à la tête de l’I.E.Q.J.
Juillet 1941
Louis Thomas, Les Précurseurs. Arthur de Gobineau, inventeur du racisme (1810-
1882), Paris, Mercure de France.
Création du Comité d’action antibolchevique (C.A.A.) présidé par Paul Chack.
7. Marcel Déat, Jacques Doriot, Marcel Bucard et Pierre Costantini annoncent la
création de la L.V.F.
22. Loi française « relative aux entreprises juives, biens et valeurs appartenant aux
Juifs » (« aryanisation »).
31. Goering donne l’ordre à Heydrich de « procéder à tous les préparatifs nécessaires
[…] pour une solution complète [Gesamtlösung] de la question juive dans la sphère
d’influence allemande en Europe ».
Août 1941
12. Discours de Pétain dit du « vent mauvais ».
13. En zone occupée, confiscation des récepteurs de radio appartenant aux Juifs.
Septembre 1941
Réimpression du livre de Jacques Benoist-Méchin : Eclaircissements sur Mein Kampf.
ère
La doctrine d’Adolf Hitler, Paris, Albin Michel (1 éd., 1939).
Numéro spécial du bimensuel (dirigé par André Chaumet) Notre Combat pour la
Nouvelle France socialiste : « Le Juif et la France ».
2. Pacte d’unité d’action Doriot-Costantini cimentant l’alliance entre le Parti populaire
français (P.P.F.) et la Ligue française.
5. Au palais Berlitz, à Paris, inauguration de l’exposition « Le Juif et la France », sous
la responsabilité officielle de l’Institut d’étude des questions juives, dont le capitaine
Sézille est le secrétaire général.
23. Aux Ambassadeurs, Xavier Vallat assiste à la conférence de Jean Drault sur «
Edouard Drumont, son combat et ses luttes ».
24. « Journée Drumont » organisée par l’I.E.Q.J.
Octobre 1941
Le Commissariat général aux questions juives délivre les premiers
« certificats de non-appartenance à la race juive ».
Réédition de Bagatelles pour un massacre, de L.-F. Céline. Deux rééditions
suivront en juillet 1942 et octobre 1943.
L’agence « Inter-France » de Dominique Sordet devient officiellement
« Inter-France Information », agence collaborationniste.
Lucien Rebatet publie Le Bolchevisme contre la civilisation, aux Nouvelles Editions
françaises [Denoël].
3. Sept synagogues parisiennes sont plastiquées par Eugène Deloncle et ses hommes
du Mouvement social révolutionnaire (M.S.R.) au moyen d’explosifs fournis par le SD.
Promulgation de la Charte du travail.
12. Révolution nationale, hebdomadaire du M.S.R.
30. L’Appel lance une enquête sur le thème « Faut-il exterminer les Juifs ? ».
Novembre 1941
Premier numéro du Cahier jaune, revue mensuelle de l’I.E.Q.J.
10. La France socialiste succède à La France au travail.
21-26. A Weimar, congrès des écrivains européens, auquel participent des hommes de
lettres comme Drieu la Rochelle, Ramon Fernandez, Marcel Jouhandeau, Robert Brasillach,
Jacques Chardonne, Abel Bonnard…
27. Déchéance des parlementaires juifs.
29. Création de l’Union générale des Israélites de France (U.G.I.F.).
Décembre 1941
Création de l’Association des journalistes antijuifs (A.J.A.), présidée par Jacques
Ménard.
11. Déclaration de guerre de l’Allemagne et de l’Italie aux Etats-Unis.
20. Sur une proposition de L.-F. Céline et d’Au pilori, une réunion est organisée dans
les locaux de ce journal. Les leaders collaborationnistes antijuifs qui ont répondu à
l’invitation élaborent une « plate-forme » commune, en vue de la création d’un parti unique.
fin 1941-début 1942. Comte Armand de Puységur, Qu’était le juif avant la guerre
? Tout ! Que doit-il être ? Rien !, Paris, Editions Baudinière.
Janvier 1942
2. Dans la zone libre, décret ordonnant le recensement des Juifs établis en France depuis
1936.
11. Fermeture de l’exposition « Le Juif et la France », au palais Berlitz. L’exposition se
transporte ensuite à Bordeaux, puis à Nancy.
12. Officialisation du Service d’ordre légionnaire (S.O.L.), dirigé par Joseph Darnand
et François Valentin.
7. Les Juifs de la zone occupée sont soumis au couvre-feu.
Février 1942
19. Ouverture du procès de Riom.
février-mars. Premier numéro de La Question juive en France et dans le monde,
publication de l’I.E.Q.J.
Mars 1942
er
1 . A la salle Wagram, inauguration de l’exposition « Le Bolchevisme contre l’Europe
», organisée sous le haut patronage du secrétariat général à l’Information.
début mars. Sortie du livre de Gabriel Malglaive, Juif ou Français. Aperçus sur la
question juive, Editions C.P.R.N., préface de Xavier Vallat. L’ouvrage est diffusé par le
secrétariat général à l’Information.
20. Pour célébrer le cinquantenaire de La Libre parole et la sortie du livre de Jean
Drault Histoire de l’antisémitisme (Paris, éd. Calmann-Lévy aryanisées), un grand
déjeuner est organisé par l’Association des journalistes antijuifs au restaurant parisien
L’Ecu de France.
27. Le premier convoi de « déportés raciaux » quitte Drancy pour l’Est.
fin mars. Docteur René Martial, Les Métis, Paris, Flammarion.
Louis Thomas, Les Raisons de l’antijudaïsme, Paris, Les Documents contemporains.
Henri Labroue, Voltaire antijuif, Paris, Les Documents contemporains.
Avril 1942
Installation de la Gestapo en zone occupée.
7. Première réunion officielle de la Commission d’études
judéomaçonniques (C.E.J.M.).
15. Renvoi sine die du procès de Riom.
18. Retour de Pierre Laval au gouvernement. Abel Bonnard est nommé ministre, secrétaire
d’Etat à l’Education nationale.
20. Le Centre d’action et de documentation d’Henry Coston publie un numéro spécial
intitulé Le Cinquantenaire de La Libre parole.
28. Installation en France d’un commandement supérieur de la SS, avec à sa tête le
général Karl Oberg.
Mai 1942
6. Darquier de Pellepoix est nommé Commissaire général aux
questions juives.
Juin 1942
Theodor Dannecker met fin aux activités de l’Institut d’étude des questions juives.
7. Une ordonnance allemande (29 mai) impose aux Juifs le port de l’étoile jaune en
zone occupée.
Diffusion du troisième Cahier du témoignage chrétien :
« Antisémites ».
Juillet 1942
Lucien Rebatet publie Les Décombres. Projection, au
Balzac, du film « Le Péril juif ».
2. Conférence sur la coopération policière franco-allemande où René Bousquet
(secrétaire général à la Police) rencontre Karl Oberg (chef de la SS et de la police allemande
en France).
4. Entretien entre Darquier, Bousquet, Dannecker et Helmut Knochen (qui dirige la
Sipo-SD).
16-17. Rafle du Vel’d’Hiv’(opération « Vent printanier ») : 12 884 Juifs sont arrêtés
à Paris et déportés.
16. « Nous savons maintenant que le règne du Juif va prendre fin » (Au pilori).
Août 1942
Rafles de Juifs étrangers en zone libre et transferts en zone occupée.
23. Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, fait lire dans toutes les paroisses de son
diocèse une lettre pastorale dans laquelle il condamne les rafles de Juifs.
Septembre 1942
Réédition de L’Ecole des cadavres, de L.-F. Céline.
Le secrétaire d’Etat à l’Information, Paul Marion, confie à Darquier la mission d’assurer
trois émissions de radio par semaine (quatre à partir de janvier 1943), en vue de justifier
l’action antijuive du gouvernement.
fin septembre. Sortie du livre de Léon de Poncins, Israël destructeur d’empires, Paris,
Mercure de France.
Octobre 1942
Réédition par le C.E.A. du Petit catéchisme antijuif (1889) de A. de Boisandré, revu et
complété par André Chaumet, préface de Jean Drault.
29. A l’occasion du numéro spécial du Weltkampf consacré à la
« question juive » en France, la Commission d’études judéomaçonniques organise un
déjeuner auquel participent de nombreuses personnalités allemandes et françaises.
Novembre 1942
Création, sous l’égide du C.G.Q.J., de l’Union française pour la défense de la race
(U.F.D.R.).
E V
7. Ralliement de Drieu la Rochelle à Doriot, lors du I
national du P.P.F.
8-9. Débarquement anglo-américain en Afrique du Nord.
11. Les Allemands envahissent la zone sud.
17. Pleins pouvoirs à Laval.
Congrès
23. Création de l’Institut d’anthropo-sociologie, présidé par Claude Vacher de
Lapouge (codirecteurs : René Martial et Joseph Saint-Germès).
27. Sabordage de la flotte de Toulon.
Décembre 1942
Le C.G.Q.J se dote d’une Direction de la propagande.
11. Loi française imposant la mention « Juif » sur les titres d’identité délivrés aux Juifs
français et étrangers.
15. Leçon inaugurale de Henri Labroue, à la chaire d’« Histoire du judaïsme » à la
Sorbonne, en présence de Darquier.
22. Inauguration de l’Institut d’anthropo-sociologie (présidé par
Claude Vacher de Lapouge), en présence de Darquier.
24. Darlan est assassiné à Alger.
Janvier 1943
25. Premier cours d’anthropobiologie des races (Paris, Faculté de Médecine) par
René Martial.
30. Création de la Milice par Darnand.
Février 1943
Création de l’Institut d’étude des questions juives et ethno-raciales (I.E.Q.J.E.R.),
dirigé par George Montandon.
2. Capitulation allemande à Stalingrad.
15. La loi sur le Service du travail obligatoire (S.T.O.) entre en vigueur (classes 40 à 42).
28. Exposition à Marseille : « Juifs et Maçons ».
Mars 1943
Premier numéro de Revivre (« Le grand magazine illustré de la race »), ex-Cahier jaune,
dirigé par André Chaumet.
er
1 . La ligne de démarcation est supprimée pour les citoyens « à part
entière ».
9. Première projection à Paris du film français « Forces occultes » au cinéma des
Champs-Elysées, en présence de l’ambassadeur de Brinon.
13-14. Darquier déclare : « L’expulsion totale [des Juifs] est le but à atteindre » (Le
Matin).
16. Jacques Ploncard, dans Le Matin, réclame l’« institution d’un ministère de la
Race ».
24. Leçon inaugurale des cours de l’I.E.Q.J.R., par Montandon, en présence de
Darquier.
Avril 1943
Diffusion dans les deux zones, par le secrétariat général à l’Information, de la
brochure antisémite signée Jean de la Herse [pseudonyme collectif], L’Eglise et les Juifs
(Vichy, Editions de « La Porte latine ») et du livre de Léon de Poncins, La Mystérieuse
Internationale juive.
29. Entrevue Hitler-Laval à Berchtesgaden.
Mai 1943
8. Premier numéro de Combats, organe de la Milice (hebdomadaire), dirigé par Henry
Charbonneau.
printemps. Hubert Thomas-Chevallier, Le Racisme français, préface de Claude Vacher
de Lapouge, Nancy, Georges Thomas.
Juillet 1943
24. Chute de Mussolini.
Août 1943
27. Robert Brasillach quitte Je suis partout, suivi par Georges Blond et Henri Poulain.
Sept.-oct. 1943
Rafles menées dans la zone d’occupation italienne.
Octobre 1943
L’U.F.D.R. cesse toute activité. Jacques Boulenger, Le Sang français, Paris, Denoël.
er
1 . Pierre-Antoine Cousteau directeur politique de Je suis partout.
Novembre 1943
20. Ouverture du Cercle aryen au 5 boulevard Montmartre.
Décembre 1943
Diffusion dans les deux zones de la brochure signée Jean de la Herse, La Porte
hébraïque ou la vocation juive de l’Angleterre, Vichy, Editions de « La Porte latine ».
18. Pétain se plie aux exigences allemandes.
Janvier 1944
Joseph Darnand secrétaire général au Maintien de l’ordre. Philippe Henriot
secrétaire d’Etat à l’information et à la propagande.
12. L’ancien président de la Ligue des droits de l’Homme Victor Basch, ainsi que
son épouse, sont assassinés par la Milice.
Février 1944
26. La « démission » du Commissaire général aux questions juives, Darquier de
Pellepoix, est rendue publique. Il est remplacé par Charles Mercier du Paty de Clam.
29. Le président du Cercle aryen, Paul Chack, décerne le « Prix de la France aryenne »
à Maurice-Ivan Sicard pour son ouvrage Vive la France (Paris, Editions de France, 1943).
Le jury, émanation du Cercle aryen, avait également retenu le livre de Léon Brasat,
Synthèse de la question juive (Paris, Sorlot, 1943).
Mars 1944
16. Marcel Déat est nommé ministre du Travail et de la Solidarité nationale.
Avril 1944
fin avril. Diffusion de la brochure de propagande violemment antisémite Je vous
hais ! (textes et documents réunis par Henry Coston).
28. Premier numéro de l’hebdomadaire Germinal (directeur : André Chaumet).
29. Dans les salons du Cercle aryen, le « prix Edouard Drumont » (créé par Henry
Coston et Paul Lafitte) est remis à Joseph-Marie Rouault pour son livre La Vision de
Drumont (Paris, Mercure de France, 1944).
Mai 1944
3. Manifestations célébrant le centenaire de la naissance d’Edouard Drumont.
15. Parution d’une nouvelle édition du livre de Léon de Poncins, La Mystérieuse
Internationale Juive, au Mercure de France.
Juin 1944
6. Débarquement allié en Normandie.
13. Darnand nommé secrétaire d’Etat à l’Intérieur.
20. Assassinat de Jean Zay.
Juillet 1944
5. Les « ultras » du collaborationnisme rédigent une « Déclaration commune sur la
situation politique ».
7. Georges Mandel est assassiné par la Milice.
31. Le dernier grand convoi de « déportés raciaux » quitte Drancy pour Auschwitz.
Août 1944
5. Le maréchal Pétain condamne l’action de la Milice.
9. Ordonnance du gouvernement provisoire de la République française instituant
notamment la nullité de tous les actes « qui établissent ou appliquent une discrimination
quelconque fondée sur la qualité de juif ».
16. Karl Schwendemann, collaborateur d’Otto Abetz chargé de la section presse,
invite les journalistes collaborationnistes à se réfugier en Allemagne.
17. Derniers numéros de la presse quotidienne parisienne. Dernier
Conseil des ministres de Laval.
19-25. Insurrection et libération de Paris. Octobre 1944
23. Georges Suarez condamné à mort (exécuté le 9 novembre).
31. Le comte Armand de Puységur (né le 4 mars 1869) est condamné à mort (peine
commuée en réclusion à perpétuité le 12 décembre 1945).
Décembre 1944
18. Paul Chack condamné à mort (exécuté le 9 janvier 1945).
Janvier 1945
27. Charles Maurras condamné à la réclusion perpétuelle et à la dégradation
nationale : « C’est la revanche de Dreyfus ! ».
Février 1945
6. Brasillach (condamné à mort le 19 janvier 1945) fusillé au fort de Montrouge.
Mars 1945
15. Suicide de Drieu la Rochelle.
Mai 1945
8. Capitulation de l’Allemagne.
Juin 1945
6. Jacques Benoist-Méchin condamné à mort (gracié en 1947).
19. Marcel Déat condamné à mort par contumace.
22. Arrestation de Louis Thomas (condamné le 15 octobre 1949 aux travaux forcés à
perpétuité).
Juillet 1945
4. Abel Bonnard condamné à mort par contumace par la Haute Cour de justice.
11. Paul Ferdonnet condamné à mort (exécuté le 4 août).
Aout 1945
15. Pétain condamné à mort (peine commuée).
Septembre 1945
17. Jean Hérold-Paquis condamné à mort (exécuté le 11 octobre).
Octobre 1945
3. Darnand condamné à mort (exécuté le 10 octobre).
9. Pierre Laval condamné à mort et exécuté.
Janvier 1946
22. Jean Luchaire condamné à mort (exécuté le 22 février).
Juin 1946
27. Jean Boissel condamné à mort (peine commuée en travaux forcés ; meurt le 16 octobre
1951).
Novembre 1946
4. Jean Drault condamné à sept ans de prison (peine commuée en cinq années de
réclusion, en décembre 1947).
23. Lucien Rebatet et Pierre-Antoine Cousteau condamnés à mort (peines
commuées, en avril 1947, en travaux forcés à perpétuité).
Décembre 1946
5. Bernard Faÿ condamné aux travaux forcés à perpétuité (évadé en septembre 1951).
Mars 1947
15. Henry Coston condamné aux travaux forcés à perpétuité, puis gracié en avril
1951.