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ESS Extension de la Sécurité Sociale

Vers l’universalisation de la sécurité sociale :


l’expérience de la Tunisie

Mohamed Chaabane

ESS – Document no 4

Service politiques et Développement de la sécurité sociale


BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL
Copyright © Organisation internationale du Travail 2003
Première édition 2003

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BIT / Mohamed Chaabane


Vers l'universalisation de la sécurité sociale: l'expérience de la Tunisie. Document no 4
Genève, Bureau international du Travail, 2003

Sécurité sociale, champ d'application, condition d'ouverture des droits, rôle de l'OIT, pays en
développement
02.03.1
Version imprimée : ISBN 92-2-213067-7
Version électronique : ISBN: 92-2-213068-5

Egalement disponible en anglais: Towards the universalization of social security: The experience of
Tunisia, ESS Paper No. 4
Version electronique : ISBN 92-2-113068-3; ISSN 1020-959X
Version imprimé : ISBN 92-2-113067-3; ISSN 1020-9581

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Imprimé à Genève
Table des matières
Bref résumé...............................................................................................................................................................iv
Introduction................................................................................................................................................................1
1.Données démographiques et sociales......................................................................................................................1
2. Bref historique de l’évolution de la protection sociale en Tunisie......................................................................2
3. Le système actuel de protection sociale ..............................................................................................................3
3.1 La sécurité sociale...............................................................................................................................................3
3.1.1 Couverture des régimes légaux de sécurité sociale...............................................................................3
3.1.2 Qui dirige le système de sécurité sociale ..............................................................................................4
3.1.3 Deux catégories de risques couvertes ...................................................................................................5
3.1.4 Exceptions au principe de la correspondance .......................................................................................7
3.1.5 Contributions ........................................................................................................................................7
3.2 Les programmes de promotion et d’assistance sociale .......................................................................................8
3.2.1 L’intervention de l’État ........................................................................................................................8
3.2.2 Le secteur associatif..............................................................................................................................9
4. Évaluation de l’expérience tunisienne en matière d’extension de la sécurité sociale .........................................9
4.1 L’étendue de la couverture légale .......................................................................................................................9
4.2 Le degré d’adhésion aux régimes de sécurité sociale .......................................................................................11
4.2.1 La couverture sociale du secteur organisé ..........................................................................................11
4.2.2 La couverture sociale dans les autres secteurs....................................................................................13
5. Le programme d’avenir en matière d’extension de la sécurité sociale .............................................................16
5.1 Les objectifs à moyen terme .............................................................................................................................16
5.2 Les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs ..............................................................................16
5.3 L’état d’avancement de la réalisation des objectifs ..........................................................................................18
5.3.1 Pour le secteur de la pêche ...............................................................................................................18
5.3.2 Pour le secteur agricole ....................................................................................................................19
6. Conclusion ........................................................................................................................................................20
Annexes ...................................................................................................................................................................22
ESS documents déjà publiés ....................................................................................................................................30

iii
Bref résumé1
Les régimes statutaires de sécurité sociale couvrent normalement la grande majorité de
la population active tunisienne. Les programmes de développement social et d'assistance
couvrent normalement les catégories de personnes à bas revenu ou aux personnes qui ne sont
pas couvertes par un régime de sécurité sociale. Il existe, d’autre part, des programmes d'aide
aux familles dans le besoin, des programmes destinés aux personnes âgées et aux handicapées,
des allocations pour les familles qui accueillent des personnes âgées ainsi que l'assistance
médicale gratuite.
Le nombre de personnes encore susceptibles d'être couvertes par un régime de sécurité
sociale était estimé en 1999 à 8.35% de la population active. Parmi ceux-ci, le 16.5% est
composé par:
• des travailleurs agricoles saisonniers et occasionnels
• des travailleurs participant à programmes de développement (chômeurs qui réalisent un
travail communautaire)
• des gens de maison
• des fonctionnaires du culte
• des chômeurs
Les raisons pour lesquelles ces catégories ne sont pas couvertes ont trait à leur caractère
marginal, les capacités limitées de paiement des cotisations et leur dépendance aux formes
alternatives de protection sociale.
Les deux régimes de sécurité sociale du secteur formel, à savoir le régime du secteur
public ainsi que celui des salariés du secteur privé non-agricole, ont réalisé le meilleur score de
couverture. Néanmoins, la couverture d'autres secteurs comme celui des travailleurs
indépendants, des travailleurs agricoles et non agricoles, ainsi que celui des salariés non
agricoles, n'ont pas eu le même succès.
Jusqu'à un certain point, cela dépend du fait que tant le niveau de recouvrement des
cotisations, comme l'attribution des prestations, sont mal adaptés aux caractéristiques
particulières des populations concernées.
Afin d'augmenter le taux de couverture de ces régimes, des mesures ont été prises, avec
plus ou moins de succès: des procédures d'inspection et d'affiliation obligatoire; l'assistance
médicale gratuite soumise à vérification de non assujettissement du demandeur à un régime de
sécurité sociale; l'adaptation des régimes en fonction des besoins des personnes accidentées,
comme par exemple, les pêcheurs travaillant sur des petits bateaux et les pêcheurs
indépendants.
L'objectif est d'élargir et d'améliorer la couverture de la sécurité sociale en réalisant des
études et en adaptant les régimes aux besoins et aux capacités financières des différentes
catégories de travailleurs, ainsi qu’en modifiant le niveau et le recouvrement des cotisations,
compte tenu des caractéristiques spécifiques des populations concernées; Il faudrait aussi
consulter les représentants de la population concernée ainsi que ceux des employeurs, et ceci à
tous les niveaux de la conception du système.

1
Mohamed Chaabane, Directeur général du Centre de Recherches et d'Etudes de Sécurité Sociale, Tunis.

iv
Introduction
Se protéger contre les risques de la vie, a été l’une des préoccupations majeures de
l’homme. Une réponse à cette préoccupation a été pendant longtemps apportée soit dans un cadre
familial; (la famille en général et les enfants en particulier, étaient considérés comme une
assurance pour l’avenir) soit dans un cadre religieux, soit dans un cadre corporatiste.
Les formes de cette couverture différaient selon les époques et les cultures.
Ce besoin de protection a amené par la suite au développement d’autres formes
d’assistance et de solidarité sociale et de sécurité sociale sans que les formes traditionnelles de
protection ne disparaissent complètement.
La Tunisie a consenti des efforts considérables dans le domaine de la promotion de
l’homme en général et en matière de protection sociale en particulier. Mais avant de traiter les
divers aspects de ce sujet, il serait utile de rappeler quelques données démographiques et sociales
qui permettent de mieux situer le contexte de l’extension de la protection sociale.

1. Données démographiques et sociales


La population tunisienne compte 9.443.0002 habitants en 1999. Elle est à 62,44%
urbaine. C’est une population relativement jeune puisque l’âge moyen et de 28,1 ans et la
proportion des moins de 15 ans représente 30,8% de la population totale alors que les plus de 60
ans ne représentent que 9%. Toutefois sous l’effet de la baisse constante du taux de natalité, des
changements radicaux sont en train de s’opérer et il est prévu que la proportion des moins de 15
ans, déjà en baisse, continue à baisser pour atteindre 18,9%3 en 2030 ; alors que les plus de 60
ans représenteront à cette date 16% de la population. La tranche de la population en âge actif (15
à 59 ans) continuera à augmenter jusqu’en 2015 pour commencer à baisser à partir de cette date.
(Voir en annexe 1, les projections de la structure de la population tunisienne jusqu’en 2030).
Sur un autre plan il est intéressant d’examiner à travers le tableau suivant, les
caractéristiques d’évolution de la population active au cours des dernières années:

Rubrique 1984 1994 1997


Population active (en milliers) 2137.2 2772.4 2978.4
Population occupée (en milliers) 1786.4 2320.6 2503.6
Population concernée par un régime de sécurité sociale (en milliers) - 1951.7 2040.8
Population en chômage (en milliers) 245.2 378.4 416.2
Part de l’agriculture dans la population occupée (%) 28,1 21,9 22,0
Part de l’industrie dans la population occupée (%) 36,7 34,9 34,1
Part des services dans la population occupée (%) 35,2 43,2 43,9

Source: Rapport national sur le développement humain - 1999 - élaboré par le Gouvernement de la République tunisienne et le PNUD.

2
Source: Rapport national sur le développement humain – 1999 – élaboré par le gouvernement de la République tunisienne et le
PNUD.
3
Le taux de pauvreté est déterminé à partir des enquêtes menées par l’Institut National de la Statistique sur le budget et la
consommation des ménages qui permettent d’estimer la distribution des revenus des ménages et d’identifier la population vivant en
deçà du seuil de pauvreté. Ce seuil représente le revenu minimum en deçà duquel une personne ne peut pas assurer ses besoins
les plus élémentaires. Il est déterminé à partir de la dépense annuelle monétaire et non monétaire des ménages.

1
Pour l’année 1999, le nombre de travailleurs concernés par un régime de sécurité sociale
est estimé à 2.141.000 personnes pour une population occupée estimée à 2.565.000 soit un taux
de couverture légale de 83,47% étant signalé que ce taux ne reflète pas la couverture réelle de la
population occupée dans la mesure où une partie de la population assujettie à la sécurité sociale,
notamment parmi les indépendants et les salariés agricoles, n’y adhère pas.
D’autre part, la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus, qui bénéficient d’une
pension de vieillesse ou de survivant, a atteint 40% en 1999. Elle est en constante évolution du
fait de l’arrivée à maturité des régimes de sécurité sociale.
Sur le plan social et sanitaire, les dépenses totales de santé représentent 5,6% du PIB et
l’espérance de vie à la naissance a atteint 72,4 ans en 1998 (70,6 ans pour les hommes et 74,2
ans pour les femmes). Le taux de pauvreté a été de 6,2% en 1995.

2. Bref historique de l’évolution de la protection sociale en Tunisie


La Tunisie a connu très tôt les formes de protection collective. Déjà avec l’introduction
de l’islam, est apparue l’institution de la "Zakat", qui est une sorte d’impôt prélevé par ceux qui
ont des biens ou disposent de revenus (commerçants, agriculteurs) sous forme de pourcentage de
la production agricole, du cheptel, du capital de commerce ou des sommes thésaurisées en
liquide ou équivalent. Son produit est versé au profit notamment des pauvres et des nécessiteux.
Le taux de cet "impôt", les quota minima de son exigibilité ainsi que les règles de son utilisation
sont codifiés d’une manière très précise. Bien que la "zakat" constitue une obligation religieuse,
son versement dépend, comme tout acte religieux du bon vouloir du "débiteur". Actuellement,
son rôle dans la protection sociale est devenu subsidiaire, compte tenu de la place prise par les
formes non religieuses d’assistance et de solidarité sociale.
Plus tard, se sont développées les œuvres de bienfaisance individuelle ou collective.
Jusqu’à leur suppression à la fin des années 1950, les « Habous » jouaient un rôle important dans
ce domaine. Il s’agissait d’un legs de l’usufruit d’un ou plusieurs biens au profit d’une œuvre de
bienfaisance. Les domaines d’intervention des « habous » étaient aussi divers que la diversité des
besoins de la société: construction et entretien des écoles, octroi de pensions aux élèves pauvres,
orphelinats, création d’hôpitaux…
Après l’indépendance, l’assistance sociale au profit des couches démunies et vulnérables
a été organisée par l’État dans le cadre d’un fond de solidarité sociale, financé en partie par les
deniers publics et en partie par des dons des particuliers et des entreprises.
D’autres programmes ont été mis en place au profit des familles nécessiteuses (octroi
d’aides) des handicapés (octroi d’aides, soins et fourniture d’appareillages) des personnes âgées
dépourvues de revenus (aide à l’accueil chez les familles ou hébergement dans des foyers des
personnes âgées).
Par ailleurs un système d’aide médicale a été institué au profit des personnes démunies ou
à faible revenu qui ne sont pas couvertes par un régime de sécurité sociale. Le système permet la
gratuité totale de soins dans les établissements publics de santé au profit des personnes démunies
ainsi que l’octroi de soins dans les mêmes établissements, à tarif réduit, au profit des personnes
dont le revenu ne dépasse pas un montant fixé en fonction de la composition de la famille. Il
offre une couverture décente des besoins des populations concernées en matière de santé.
La sécurité sociale a fait son apparition en premier lieu dans le secteur public. En 1898,
une Société de prévoyance des fonctionnaires et employés tunisiens chargée de gérer les régimes
de pension de retraite au profit des fonctionnaires publics a été créée.

2
Toujours dans le même secteur, un système d’indemnités familiales a été institué en
1918, suivi de la création en 1944, d’une majoration pour salaire unique. Un régime de
prévoyance a été créé en 1951, couvrant la longue maladie et les opérations chirurgicales.
Dans le secteur privé, le développement de la sécurité sociale avant l’indépendance a été
plus timide. Il s’est limité à la réparation des accidents du travail (1921) l’institution d’un régime
d’allocations familiales dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des professions libérales
(1944) ainsi que la création d’une caisse mutualiste de retraite essentiellement au profit des
employés du secteur bancaire (1949).
Ce n’est qu’à partir des années 1960 que la sécurité sociale a connu un développement
important notamment dans le secteur privé, tant au niveau du champ d’application personnel,
qu’au niveau du champ d’application matériel.
En effet, le régime de sécurité sociale dans le secteur public qui ne couvrait au début que
les fonctionnaires titulaires, a été étendu progressivement à l’ensemble des agents publics,
indépendamment de leur statut, mode de rémunération ou nationalité.
Dans le secteur privé, le premier régime institué en 1960 concernait les travailleurs
salariés de l’industrie, du commerce et des services.
La couverture fut par la suite étendue en 1965 aux étudiants (volet soins santé et
allocations familiales) aux salariés agricoles permanents (1981) aux travailleurs indépendants
agricoles et non agricoles (1982) et aux travailleurs tunisiens à l’étranger non couverts par une
convention de sécurité sociale (1989).
Sur le plan du champ d’application matériel il faut noter l’introduction en 1974, d’un
régime de pensions de vieillesse, d’invalidité et de survivants dans le secteur privé.

3. Le système actuel de protection sociale


Ce système s’articule autour de deux volets:
• La sécurité sociale qui prend de plus en plus d’importance et qui concerne
actuellement 83,47%4 de la population occupée et plus des deux tiers5 de la
population active.

• Les programmes de promotion sociale qui s’adressent à ceux qui ne bénéficient pas
de la sécurité sociale.

3.1 La sécurité sociale

3.1.1 Couverture des régimes légaux de sécurité sociale


Les régimes légaux de sécurité sociale couvrent actuellement la majeure partie de la
population active occupée. Ils s’appliquent aux catégories socioprofessionnelles suivantes:
• Les agents du secteur public qu’ils soient employés par l’État, les collectivités
locales ou les établissements publics.

4
Ce taux est obtenu en rapportant le nombre des personnes assujetties à un régime de sécurité sociale à celui de la population
occupée.
5
Ce taux est obtenu en rapportant le nombre des personnes assujetties à un régime de sécurité sociale à celui de la population
active, y compris les personnes en chômage.

3
• Les salariés du secteur privé non agricole régis par le code du travail: il s’agit des
salariés de l’industrie, du commerce, des services des professions libérales et des
associations ainsi que les catégories assimilées aux salariés tels que les
coopérateurs ou les représentants du commerce.

• Les salariés du secteur agricole à l’exclusion de ceux employés moins de 45 jours


par trimestre chez le même employeur.

• Les travailleurs non salariés du secteur agricole et non agricole: la notion de


travailleur non salarié est très large et couvre toute personne qui travaille pour son
propre compte. Elle va du chef d’entreprise au petit vendeur, du médecin libéral à
l’artisan.

• Les étudiants: auxquels s’applique un régime particulier leur permettant, en


contrepartie d’une cotisation symbolique, de bénéficier des prestations de soins de
santé et des prestations familiales pour ceux d’entre eux qui ont des enfants.

• Les travailleurs tunisiens à l’étranger: il s’agit des tunisiens qui exercent une
activité à l’étranger à quelque titre que ce soit et qui ne sont pas couverts en matière
de sécurité sociale, ni dans le cadre d’une convention de sécurité sociale ni d’un
régime particulier. Contrairement aux autres régimes précités, l’adhésion à ce
régime est facultative et couvre les soins de santé reçus en Tunisie ainsi que la
branche assurance invalidité, vieillesse et décès.

Il faut signaler par ailleurs, que le bénéfice des droits au titre de ces régimes est ouvert,
outre à l’assuré lui-même, au conjoint et aux enfants à charge (pour ce qui est des pensions de
survie, des indemnités en cas de décès et des soins de santé) ainsi qu’aux ascendants à condition
qu’ils ne soient pas couverts par un régime de sécurité sociale et qu’ils soient à la charge
effective du salarié (soins de santé).
La notion d’enfant à charge englobe les enfants mineurs, (jusqu’à l’âge de 20 ans) les
enfants qui poursuivent des études supérieures (jusqu’à 25 ans) ainsi que les enfants handicapés
et les filles pour autant qu’elles n’aient pas de revenus propres ou qu’elles ne soient pas mariées,
indépendamment de leur âge.

3.1.2 Qui dirige le système de sécurité sociale


L’administration du système tunisien de sécurité sociale est essentiellement publique.
Deux caisses placées sous la tutelle de l’État et dont les conseils d’administration sont de
composition tripartie (État, employeurs, salariés) assurent la gestion des régimes légaux de
sécurité sociale: La Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS) pour le
secteur public et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) pour le secteur privé.
L’intervention du secteur privé (assurances et mutuelles) demeure très limitée et se
traduit par la gestion à titre complémentaire et facultatif, d’une couverture en matière de soins de
santé. Pour des informations complémentaires sur les assurances-groupe et les mutuelles, se
référer à la section 3.1.3.
Le marché privé de l’assurance vie et de retraite complémentaire est resté, en dépit des
encouragements fiscaux, embryonnaire. Ceci est dû, entre autres, au taux de remplacement élevé
garanti par les régimes légaux de retraite.

4
3.1.3 Deux catégories de risques couvertes
Concernant le champ d’application matériel des régimes tunisiens de sécurité sociale, il y
a lieu de distinguer entre deux catégories de branches:
• Les branches qu’on retrouve dans tous les régimes, à savoir: la branche assurance
maladie maternité qui comporte des prestations en espèces (indemnités de maladie
et de maternité) et des prestations en nature (octroi des soins de santé).

• La branche assurance à partie limitié, qui recouvre des prestations familiales de


divers types, des prestations supplémentaires et l’allocation décès.

3.1.3.1 Les branches que l'on retrouve dans tous les régimes
Le montant des indemnités de maladie dans le secteur public est égal à la totalité de la
rémunération pendant les deux premiers mois et à la moitié de la rémunération pour les périodes
qui suivent, l’indemnité de maternité est accordée à taux plein pendant deux mois et peut être
complétée par un congé post-natal de 4 mois à moitié traitement.
Dans le secteur privé, l’indemnité de maladie est égale aux deux tiers du salaire ou
revenu déclarés dans la limite d’un plafond de deux fois le SMIG dans la plupart des cas.
L’indemnité de maternité est accordée pendant un mois, renouvelable par périodes de 15 jours
sur prescription médicale. Elle est calculée sur les mêmes bases que l’indemnité de maladie.
Au niveau des prestations en nature, les régimes de sécurité sociale permettent la prise en
charge d’une manière acceptable, d’une gamme complète de soins de santé au profit de l’assuré
et des membres de sa famille à charge (conjoint non assuré, enfants et parents à charge), y
compris les soins lourds et coûteux, tels que l’hémodialyse, les opérations de chirurgie
cardiovasculaire ou les greffes d’organes.
Les soins de santé sont garantis aux assurés relevant du secteur public, au choix de
l’assuré, qui peuvent choisir soit le système de remboursement des frais (limité à la longue
maladie et aux opérations chirurgicales ou étendu à toutes les maladies), soit l’octroi des soins
dans les structures hospitalières et sanitaires relevant du Ministère de la Santé Publique.
Pour les assurés relevant du secteur privé, les soins de santé sont dispensés dans les
structures hospitalières et sanitaires relevant du Ministère de la Santé Publique ou dans les
policliniques de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Dans tous les cas, le bénéficiaire des
soins doit payer un ticket modérateur qui demeure dans la plupart des cas dans la limite du
raisonnable et ne constitue pas un obstacle à l’accès aux soins. En effet, la contribution du
malade en cas d’hospitalisation en service de réanimation dans une structure à vocation
universitaire publique ne dépasse pas les 60 DT6 quelle que soit la période d’hospitalisation.
Le dispositif des régimes légaux de sécurité sociale est complété par des couvertures
facultatives soit dans le cadre de contrats d’assurance groupe souscrits par des entreprises au
profit de leurs salariés (un millier de contrats pour près de 200.000 adhérents) soit par des
mutuelles (une cinquantaine de mutuelles opérant notamment dans le secteur public).
Il faut signaler toutefois, qu’une réforme radicale du système d’assurance maladie est en
cours et se traduira par la création d’un régime de base unifié applicable à tous les assurés
sociaux couvrant les prestations nécessaires à la préservation et au rétablissement de la santé,
éventuellement complété par des assurances complémentaires facultatives.

6
1 DT = 0.7 US$.

5
La branche assurance invalidité, vieillesse et survivants, comporte l’octroi de pensions
d’invalidité, de vieillesse ou de survivants en cas de décès de l’assuré. L’ouverture du droit est
soumis à certaines conditions d’âge et de stage ; par ailleurs, le montant de la prestation est fixé
par rapport à la durée de cotisation, et au montant des salaires ou des revenus déclarés, avec
toutefois un minimum vital garanti (la moitié des deux-tiers du SMIG7 ou du SMAG8 selon les
cas.
Le taux de remplacement varie de 35% pour 15 ans de cotisations à 90% pour 40 ans de
cotisations dans le secteur public et de 40% pour 10 ans de cotisation et 80% pour 30 ans de
cotisations dans le secteur privé.
Le nombre de bénéficiaires de pensions a été en 1999 de 271.438 (163.266 bénéficiaires
de pensions de vieillesse, 7.358 bénéficiaires de pensions d’invalidité, 61.824 bénéficiaires de
pensions de conjoint survivant et 38.990 bénéficiaires de pensions d’orphelin).
L’assurance accidents du travail et maladies professionnelles couvre toutes les catégories
de salariés sans restriction aucune, y compris ceux qui ne sont pas couverts par les autres
branches tels que les salariés agricoles saisonniers ou les gens de maison. Elle couvre également
d’autres catégories non considérés comme salariées tels que les élèves de l’enseignement
technique et professionnel et les apprentis. Les travailleurs indépendants peuvent s’assurer à titre
volontaire contre le risque accident de travail.
Le régime de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles prévoit
l’octroi des prestations suivantes:
• les soins de santé que nécessite l’état de la victime;

• des indemnités journalières octroyées durant toute la période


d’incapacité temporaire et dont le montant est égal aux deux-tiers du salaire de la
victime;

• la fourniture, la réparation et le remplacement des appareils


orthopédiques et de prothèses nécessaires à la victime;

• l’octroi de rentes en cas d’incapacité permanente égale ou supérieure à 15%, dont le


montant est fixé par référence au salaire antérieur de l’assuré et à son taux
d’incapacité: le taux de la rente est égal au taux d’incapacité réduit de moitié pour
la tranche inférieure à 50% et majoré de moitié pour la tranche supérieure à 50%.

• L’octroi de rentes de survivants en cas de décès de la victime, dont le montant varie


entre 50% du salaire pour un seul survivant (conjoint ou enfant) et 80% dudit
salaire pour 4 survivants ou plus.

3.1.3.2 Les branches à champ d’application limité


On retrouve dans cette catégorie les prestations familiales qui ne concernent que les
agents du secteur public, les salariés du secteur privé non agricole et les salariés relevant du
secteur organisé (sociétés, et coopératives agricoles, grandes exploitations).
Les prestations familiales comportent notamment:

7
SMIG: Salaire Minimum Inter professionnel garanti (180 DT environ par mois).
8
SMAG: Salaire minimum agricole garanti (5.809 DT par jour et 145.225 DT par mois).

6
• Les allocations familiales accordées exclusivement au titre des 3 premiers enfants.
Leur montant est dégressif en fonction du rang de l’enfant et varie entre 7.320 DT
par mois pour le premier enfant et 5.693 DT par mois pour le troisième enfant.

• La majoration pour salaire unique accordée aux ménages qui ne disposent que d’un
seul revenu découlant d’une activité professionnelle. Son montant varie selon le
nombre d’enfants ouvrant droit aux allocations familiales de 3.125 DT par mois
pour un enfant à 7.815 DT par mois pour trois enfants.

• Le capital décès qui est une prestation versée en une seule fois au profit des ayants
droit de l’assuré décédé et dont le montant peut atteindre l’équivalant de 30
mensualités de salaire. Cette prestation est prévue pour les agents du secteur public,
les salariés du secteur privé non agricole et les travailleurs non salariés.

Pour plus de détails sur les régimes tunisiens de sécurité sociale se reporter au tableau
synoptique figurant en annexe II.
La branche assurance chômage n’est pas encore introduite dans le système tunisien de
sécurité sociale à l’exception d’une aide ponctuelle et limitée dans le temps qui peut être
accordée aux travailleurs du secteur privé en cas de perte soudaine de leur emploi pour des
raisons indépendantes de leur volonté (cas du chômage technique par exemple).

3.1.4 Exceptions au principe de la correspondance


Les prestations offertes par ces différents régimes obéissent en règle générale au principe
de correspondance entre le niveau et la durée des cotisations versées et le niveau des prestations.
Toutefois ce principe connaît des exceptions liées à la volonté de préserver une solidarité entre
les assurés.
Ainsi, les revenus pris en compte pour le calcul des pensions de vieillesse d’invalidité et
de survivants pour les salariés du secteur privé est plafonné à 6 fois le SMIG. Par contre, le
rendement des premières annuités de cotisations est majoré et un minimum de pension, égal la
moitié ou aux deux-tiers du SMIG ou du SMAG, est instauré. Ces deux dernières mesures sont
destinées à favoriser les assurés à bas revenus ainsi que ceux dont l’emploi n’est pas stable et ne
permet pas de réaliser beaucoup d’années de cotisations.
De même, quoique soient liées les allocations familiales au montant des salaires déclarés, les
salaires pris en compte sont plafonnés à un montant très bas (122 DT par trimestre) pouvant être
atteint par l’immense majorité des assurés. Enfin le droit aux soins de santé, n’est pas lié au
montant des revenus déclarés.

3.1.5 Contributions
Le financement des régimes de sécurité sociale est assuré quasi exclusivement par les
cotisations des employeurs et des travailleurs dont les taux varient d’un secteur à l’autre en
fonction de la consistance des prestations garanties et des capacités contributives des populations
visées. Ainsi ce taux atteint 23,25% des salaires pour les salariés du secteur privé non
agricole alors qu’il ne dépasse pas 6,45% d’un salaire forfaitaire pour les salariés agricoles. Pour
plus de détails se reporter à l’annexe n°2 sur les taux de cotisations.

7
Les cotisations des salariés sont prélevées à la source par l’employeur et reversées, en même
temps que les siennes, à la Caisse de sécurité sociale concernée. Leur taux de recouvrement9
dépasse les 90%10. Par contre, il demeure assez bas pour les indépendants: entre 47 et 66%.
Le revenu de placement des réserves constitue une autre source importante de
financement, quoique celui-ci soit en régression en raison du ralentissement de l’augmentation
des réserves et de la baisse des taux d’intérêts du marché financier.
Sur le plan de l’équilibre financier, le système tunisien de sécurité sociale, en sa globalité,
génère encore des excédents ; avec toutefois un déficit au niveau des régimes agricoles. Par
ailleurs, des risques de déficit sont prévus à plus ou moins long terme au niveau de la branche
assurance invalidité, vieillesse et survivants, dont les dépenses représentent 68% des dépenses
techniques de la sécurité sociale.

3.2 Les programmes de promotion et d’assistance sociale


Destinés aux catégories à faible revenu et à ceux qui ne bénéficient pas des régimes de
sécurité sociale, ces programmes sont essentiellement administrés soit par l’État soit par le corps
associatif. Leur financement est assuré par le budget de l’Etat et par le produit des donations.

3.2.1 L’intervention de l’État


Elle se traduit notamment par:se traduit notamment par:
• Un programme d’aide aux familles nécessiteuses: qui vise les familles au-dessous
du seuil de la pauvreté absolue (109.000 actuellement) permet l’octroi d’une aide
permanente de 109 DT par trimestre.

• Un programme analogue vise les personnes âgées et les handicapés dans le besoin.

• L’octroi d’une indemnité aux familles qui acceptent le placement d’une personne
âgée.

• L’assistance médicale gratuite qui s’adresse aux groupes défavorisés de la


population non couvertes par un régime de sécurité sociale (personnes âgées sans
soutien, chômeurs, travailleurs agricoles saisonniers…) et qui comporte deux
catégories d’aide:

1. La gratuité totale de soins de santé dans les structures publiques de santé au


profit des familles nécessiteuses (150.000 bénéficiaires). Le choix des
bénéficiaires se fait à partir d’un fichier de pauvreté établi sur la base
d’enquêtes sociales approfondies.

2. L’octroi des soins de santé à tarif réduit, dans les mêmes structures au profit des
familles à revenu limité (1 à 2 fois le SMIG au maximum selon la composition
de la famille) et qui ne sont pas couvertes pas un régime de sécurité sociale
(500.000 bénéficiaires). Pour bénéficier de cette forme d’assistance les
postulants doivent remplir une double condition:

- avoir un revenu qui ne dépasse pas le SMIG si la famille comporte 2 personnes


ou moins;

9
Le taux de recouvrement des cotisations représente le rapport entre les sommes payées par les employeurs et autres travailleurs
indépendants au titre des cotisations et celles dues par eux.
10
Source: Annuaire statistique de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (1998).

8
- 1,5 fois le SMIG si la famille comporte 3 à 5 personnes;

- 2 fois le SMIG si la famille comporte plus de 5 personnes.

- ne pas être affilié ou assujetti à un régime de sécurité sociale.

Le programme d’assistance médicale gratuite a fait l’objet d’une révision complète en


vue de mieux cibler les bénéficiaires au vu du registre national de la pauvreté et d’enquêtes
réalisées en vue de vérifier la situation réelle du postulant notamment du point de vue des
revenus et du non-assujettissement à un régime de sécurité sociale. Les demandes de bénéfice
sont examinées, après enquête sociale, par des commissions locales, créées au niveau de chaque
circonscription. L’attribution du droit à l’assistance médicale gratuite est du ressort de
commissions régionales, qui statuent sur les dossiers transmis par les commissions locales, en se
référant aux critères et orientations de base définis par une commission nationale créée auprès du
ministère de la Santé Publique.
Le système décrit ci-dessus, permet aux attributaires de recevoir la gamme complète des
soins offerts par les structures sanitaires et hospitalières relevant du Ministère de la Santé
Publique ; étant signalé que le système public de santé dispose de 25 hôpitaux et instituts à
vocation universitaire, 32 hôpitaux régionaux, 113 hôpitaux de circonscription et 1.951 centres
de santé de base et qu’il y a un centre de santé de base pour 4.889 habitants.

3.2.2 Le secteur associatif


Ce secteur prend de plus en plus d’importance dans la promotion et la gestion des
programmes d’assistance sociale. Il intervient dans des domaines aussi divers que la distribution
d’aides aux nécessiteux, la protection des personnes âgées, la gestion de foyers pour personnes
âgées, la prise en charge de malades à revenus modestes obligés de se déplacer pour recevoir des
soins spécialisés, la formation et la rééducation des handicapés.

4. Évaluation de l’expérience tunisienne en matière d’extension de


la sécurité sociale
L’évaluation de l’étendue de la couverture en matière de sécurité sociale peut être faite à deux
niveaux:
1) l’étendue de la couverture légale;
2) le degré d’adhésion réelle des personnes concernées par la couverture légale.

4.1 L’étendue de la couverture légale


Comme cela a été indiqué précédemment, le champ d’application personnel de la sécurité
sociale a été étendu progressivement à la majeure partie de la population occupée, qu’elle soit
salariée ou non salariée. La législation tunisienne de sécurité sociale vise également une large
frange de travailleurs du secteur informel (artisans, petits métiers, petits agriculteurs, pêcheurs y
compris les petits armateurs et les pêcheurs à pied…).
Le nombre des personnes assujetties à un régime de sécurité sociale est estimé en 1999 à
2.141.000 soit 83,47%11(10) de la population occupée. Les catégories non encore couvertes par la
législation de sécurité sociale représentent 16.53% de la population occupée; ce sont notamment:

11
Ce taux représente le rapport entre le nombre des personnes concernées par un régime de sécurité sociale et le nombre total des
personnes occupées à une activité professionnelle. Il reflète l’effort à fournir pour étendre le champ d’application de la sécurité

9
• Les salariés agricoles occasionnels et saisonniers (réalisant moins de 45 jours de
travail par trimestre chez le même employeur); leur nombre est estimé à 124.000;

• Les ouvriers des chantiers de développement: il s’agit de personnes en chômage


employées à des travaux d’utilité publique et payées sur des fonds publics, leur
nombre est évalué à 53.000;

• Le personnel de maison dont le nombre est estimé à 50.000;

• Les auxiliaires familiaux dont le nombre est estimé à 128.000;

• Les gens du culte à l’exclusion de ceux parmi eux qui exercent une activité
professionnelle couverte par un régime de sécurité sociale. Leur nombre est évalué
approximativement à 8.000;

• Les personnes en chômage au nombre de 416.000.

Il y a lieu toutefois de souligner que les salariés agricoles occasionnels et saisonniers, les
ouvriers des chantiers de développement et le personnel de maison sont couverts en matière de
réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles. De même les agents du culte
ou leurs ayants droit bénéficient en cas d’incapacité ou de décès d’une rente prise en charge par
l’État. L’absence de couverture de ces catégories dans le cadre d’un régime de sécurité sociale
est due à plusieurs facteurs notamment:
• La dispersion et le caractère marginal des secteurs concernés qui rendent très
difficile sinon quasi-impossible le suivi des affiliations et le contrôle du respect de
l’obligation de s’affilier. En effet, les travailleurs agricoles occasionnels et
saisonniers travaillent généralement pendant de courtes périodes chez de petits
agriculteurs d’où la difficulté de les localiser.

• La même remarque est valable pour les gens de maison, qui en dépit d’une
réglementation datant de 1965 qui régit leur emploi, demeurent quant à leur
embauche, leur régime de travail et leur rémunération, en dehors de tout circuit
organisé. Le fait que les gens de maison soient employés par les particuliers dans
leurs domiciles privés rend inopérante toute velléité d’investigation ou de contrôle.
Par ailleurs les conditions particulières de l’emploi des catégories précitées, rendent
très difficile de connaître avec précision les données de base nécessaires à la
conception et la mise en place d’un régime de sécurité sociale (densité de l’emploi,
rémunération, répartition par groupe d’âge…).

• La faible capacité contributive des populations concernées: Quoiqu’il n’existe pas


actuellement des données quantifiées sur les revenus de ces populations, il est
communément admis que les rémunérations dans les secteurs en question sont
faibles, compte tenu notamment de la discontinuité de l’emploi et de la faible
qualification des personnes employées.

sociale à l’ensemble de la population occupée (objectif retenu aux horizons de 2004). Ce concept est différent de celui de la
couverture réelle développé à la section 4-2 et à l’annexe 4, qui mesure le nombre de cotisants effectifs parmi la population
assujettie à un régime de sécurité sociale.

10
• Il en est de même pour les employeurs surtout dans le secteur agricole où la taille
réduite des exploitations et les aléas climatiques agissent fortement sur les revenus
de l’exploitant.

• Dans ces conditions une cotisation, même à un faible taux, serait lourde à supporter
aussi bien par l’employeur que par le salarié ; ce qui constitue un obstacle sérieux à
l’extension effective de la sécurité sociale à ces catégories. Or il est connu que
toute personne aspire en premier lieu à satisfaire ses besoins essentiels. Le besoin
de sécurité et de prévoyance ne figure pas dans l’échelle des priorités tant que ces
besoins essentiels ne sont pas complètement satisfaits.

• L’existence de formes supplétives de protection sociale: La couverture par un


régime de sécurité sociale n’est pas ressentie comme un besoin pressant par les
populations concernées et ce pour les raisons suivantes:

- La survivance de traditions ancrées de solidarité familiale notamment dans les


relations parents-enfants. En effet, il est communément admis que les enfants
continuent à vivre avec leurs parents et être à leur charge jusqu’à ce qu’ils
trouvent un emploi et même au-delà, jusqu’à ce qu’ils fondent un foyer. En
retour, il est du devoir des enfants de subvenir aux besoins de leurs père et mère
quand ceux ci perdent leur capacité de gain. D’ailleurs cette obligation
alimentaire des enfants à l’égard des parents est inscrite dans le code tunisien de
statut personnel.

- L'existence de programmes d’aide sociale au profit des démunis: programme


d’aide aux familles nécessiteuses, mécanismes de solidarité sociale, octroi d’une
rente aux gens de culte incapables de travailler et, en cas de décès, à leur
conjoint.

- L’assistance médicale gratuite qui permet à toutes les personnes à faible revenu
et non couvertes par un régime de sécurité sociale de recevoir des soins d’un
niveau acceptable soit gratuitement, soit en contrepartie d’un versement très
modéré.

4.2 Le degré d’adhésion aux régimes de sécurité sociale


La mise en place de régimes de sécurité sociale est certes un élément essentiel de
l’extension de la protection sociale, mais demeure inopérante si les personnes visées n’adhérent
pas à ces régimes (ou n’y cotisent pas) d’où l’importance d’évaluer la couverture réelle des
catégories de la population concernées par les régimes de sécurité sociale.
Sur ce plan, les résultats enregistrés en Tunisie sont mitigés. Si des performances ont été
réalisées au niveau du secteur organisé, les résultats, dans d’autres secteurs, sont restés en deçà
de ce qui était attendu.
Pour l’évolution du taux de couverture par secteur, se reporter à l’annexe III.

4.2.1 La couverture sociale du secteur organisé


Les deux régimes de sécurité sociale régissant le secteur organisé à savoir le régime du
secteur public et le régime des salariés dans le secteur privé non agricole, ont enregistré les
meilleurs résultats en matière de couverture sociale.
En effet, la quasi-totalité des agents du secteur public, y compris les contractuels les
occasionnels et les détachés, sont inscrits réellement dans le régime qui leur est applicable. De

11
même, le taux de couverture dans le régime des salariés du secteur privé non agricole a atteint
97,15%12 en 1999 alors qu’il n’était que de 73,15% en 1989. Le salaire moyen déclaré dans le
secteur privé non agricole a augmenté de 6,59% en moyenne par an au cours des dix dernières
années.
Les performances enregistrées sont dues à une série de facteurs, notamment:
• L’évolution des mentalités: se prémunir contre le risque maladie en préparant la
couverture des soins qui deviennent de plus en plus chers et garantir ses vieux
jours est devenu une priorité pour une grande majorité des salariés des entreprises
d’autant plus que la charge principale des cotisations, incombe à l’employeur à
mesure de 15,5% contre 7,75% à la charge du salarié dans le secteur privé non
agricole.

• Les campagnes de sensibilisation et le rôle éducatif exercé par les syndicats ont eu
une grande influence dans cette évolution, mais la valeur d’exemple des prestations
fournies par la sécurité sociale a été déterminante dans le changement de l’attitude
du travailleur vis-à-vis de la sécurité sociale. En effet, le travailleur voyant dans son
entourage, que des soins parfois très lourds tels que l’hémodialyse, les opérations
de chirurgie cardiovasculaires ou les greffes d’organes sont pris en charge dans le
cadre de l’assurance maladie et surtout, constatant l’indépendance financière dont
jouissent ses aînés, bénéficiaires d’une pension de vieillesse, est devenu de plus en
plus exigeant quant à ses droits en matière de couverture sociale, que ce soit au
niveau de la déclaration de toutes les périodes de travail, qu’au niveau du montant
des salaires déclarés; ces deux éléments constituant la base de liquidation des droits
à pension de retraite.

• Le système de contrôle mis en place au niveau de la Caisse Nationale de Sécurité


Sociale; il prend deux formes: le contrôle sur place et le contrôle comptable (pour
les grandes entreprises) en vue de déceler les sous déclarations et les fraudes. Ce
contrôle est facilité pour le secteur non agricole par le fait que les entreprises qui
emploient beaucoup de main d’œuvre sont concentrées dans les grandes villes. Il
est d’autant plus opérant que la législation en vigueur prévoit de lourdes sanctions
financières contre les employeurs en infraction:

a) prescription triennale des actions;

b) recouvrement des sommes non versées au cours des trois années précédant le
contrôle;

c) dommages intérêts dont le montant ne peut être inférieur aux sommes dues et
non versées;

d) pénalités de retard dont le taux atteint 27% du principal des sommes dues pour
les 90 premiers jours et 18% par année pour les périodes au-delà du premier
trimestre.

• D’autres mesures d’ordre législatif et réglementaire ont contribué à la


généralisation de la couverture sociale dans le secteur organisé. Il y a lieu de citer à
cet effet:

12
Source: statistiques de la CNSS.

12
a) Le lien établi dans le secteur public entre l’affiliation à la CNRPS qui gère la
sécurité sociale dans ce secteur et le paiement de la rémunération de l’agent.
Le numéro d’affiliation attribué par la CNRPS à tout agent nouvellement
recruté constitue son identifiant auprès de l’administration qui l’emploie. En
conséquence, tout ministère, collectivité locale ou établissement public,
doivent procéder à l’affiliation de leurs agents avant de pouvoir les rémunérer.

b) L’introduction depuis 1988, d’une disposition au niveau des régimes de


sécurité sociale du secteur privé, permettant au salarié, dans un délai d’une
année à compter de la date de cessation des relations du travail, d’agir contre
son employeur pour réclamer le règlement des cotisations de sécurité sociale
qu’il n’avait pas payées à la CNSS. Il bénéficie de droit dans son action de
l’assistance judiciaire.

L’introduction de cette disposition vise à répondre au besoin de certains


salariés qui hésitent pendant la durée de leur travail à réclamer à leur
employeur le versement des cotisations ou à le dénoncer par crainte des
mesures de rétorsion que ce dernier pourrait prendre à leur encontre et qui
vont jusqu’au licenciement. Leur droit d’agir est reporté jusqu’après la
cessation des relations du travail.

c) La notification périodique par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale aux


salariés des salaires déclarés et des cotisations versées à leur compte. Ce qui
permet au salarié de comparer ce qui est déclaré par son employeur par rapport
à ses salaires réels.

d) La gestion par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale depuis l’année 1995, du


régime de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles,
auparavant confiée aux compagnies d’assurance.

La déclaration nominative des salariés employés et des salaires qu’ils ont


perçus, faite par l’employeur auprès de la Caisse Nationale de Sécurité
Sociale, sert aussi bien pour le régime de réparation des accidents du travail
que pour les autres régimes. Or, toute omission ou sous-déclaration pourrait
avoir des lourdes conséquences financières et même pénales, au cas où un
salarié non déclaré serait victime d’un accident du travail ou serait atteint
d’une maladie professionnelle; car il supportera la totalité des dépenses
découlant de l’accident ou de la maladie.

4.2.2 La couverture sociale dans les autres secteurs


En dépit des progrès réalisés ces dernières années, les résultats enregistrés au niveau des
secteurs autres que le secteur organisé restent mitigés.
En effet, seulement le 50,96% des travailleurs indépendants dans le secteur non agricole
concernés par la législation de sécurité sociale, sont réellement affiliés en 1999. Ce taux était en
1989 de 14,68%.
Pour les travailleurs indépendants dans le secteur agricole, le taux de couverture a été de
56,08% contre 13,93% en 1989.
Pour les salariés agricoles, ce taux est passé de 20,65% en 1989 à 46,62% en 1999 mais
avec un taux très bas pour les salariés chez les petits agriculteurs (20,74%) et les pêcheurs
employés sur des petits bateaux (31%).

13
Les raisons de ces faibles performances résident dans les facteurs cités dans le chapitre 4-
1 précédent, qui ont constitué un obstacle à l’extension généralisée de la couverture légale en
matière de sécurité sociale et qui sont dues à la dispersion géographique des populations
concernées et à la difficulté de contrôle, à la faiblesse de leur capacité contributive et de
l’existence de formes alternatives de protection sociale.
A ces facteurs s’ajoute, dans certains cas, une inadéquation des conditions de fixation et
de recouvrement des cotisations et d’octroi des prestations par rapport aux particularités des
populations concernées. Comme nous allons le constater à travers les exemples dans les
chapitres suivants, l’inadéquation du mode de calcul ou de recouvrement des cotisations ou le
caractère non attractif des prestations peuvent constituer un obstacle sérieux à l’application des
régimes et, par voie de conséquence, à l’effectivité de la couverture sociale.
Pour améliorer le taux de couverture des régimes, des mesures ont été prises tout au long
de ces dernières années avec plus ou moins de succès.
Il y a lieu de souligner tout d’abord que les mesures transitoires introduites lors de
l’institution de ces régimes, ont permis l’octroi de pensions de retraite aux personnes dépassant
un certain âge (50 ou 55 ans) au bout d’un nombre réduit d’années de cotisations (à partir de 2
ans pour les plus âgés); cela a eu pour principale conséquence l’affiliation massive des personnes
proches de l’âge de retraite à ces régimes sans pour autant que les personnes plus jeunes ne
suivent le mouvement.
Il est à considérer que ces mesures transitoires, en permettant aux personnes âgées au
moment de l’introduction des régimes qui les concernent de bénéficier de prestations qu’elles
n’auraient pas eues si les règles normales de fonctionnement des régimes avaient été respectées,
ont constitué une avancée sociale au profit de personnes souvent démunies. Mais la règle de
solidarité qui sous-tend ce genre de mesures et qui se manifeste par une adhésion aussi massive
des jeunes, n’a pas fonctionné. En conséquence, l’équilibre démographique des cotisants a été
rompu et les régimes en question se sont trouvés très rapidement en situation de déficit financier,
qu’il a été nécessaire de combler en recourant aux excédents du régime général.
Le recours aux procédures de contrôle et d’affiliation forcée trouve ses limites dans la
dispersion géographique des populations concernées par les régimes rendant toute opération de
contrôle systématique, coûteuse et aux résultats incertains. Par ailleurs, une opération de contrôle
systématique peut avoir un impact négatif et renforcer, chez les intéressés, le sentiment que
l’affiliation à la sécurité sociale s’apparente beaucoup plus à une collecte forcée d’impôt qu’à un
mécanisme de protection sociale.
La soumission du bénéfice de l’assistance médicale gratuite à la vérification de non-
assujettissement du demandeur à un régime de sécurité sociale. Cette mesure prise en 1999, s’est
traduite par une révision complète de la liste des bénéficiaires de la gratuité totale de soins et
celle des bénéficiaires de soins à tarif réduit, compte tenu de leur situation sociale et aussi de leur
assujettissement éventuel à la sécurité sociale ; l’objectif étant d’orienter ceux qui sont assujettis
à un régime de sécurité sociale vers le régime dont ils relèvent. L’opération de révision étant
achevée tout récemment, il n’est pas possible d’en mesurer l’impact sur les affiliations à la
sécurité sociale.
L’adaptation des régimes aux besoins des assurés concernés: à ce sujet, sont à citer deux
expériences aux résultats différents:
1) Au niveau du régime de sécurité sociale des travailleurs indépendants: à la suite
d’une analyse du système en vigueur et de consultations avec les représentants des
catégories concernées des modifications à la législation ont été introduites en 1995
qui ont porté sur l’unification de la couverture sociale des travailleurs indépendants
au sein d’un seul régime.

14
Auparavant, ils existaient deux régimes, l’un applicable aux indépendants non
agricoles et l’autre applicable aux indépendants agricoles, avec des différences, tant
au niveau de l’étendue et du montant des prestations qu’à celui du taux et de la base
de calcul des cotisations. Cette unification a certes eu pour conséquence de relever
le taux de cotisations pour les travailleurs indépendants agricoles, mais en contre
partie, l’étendue et le niveau des prestations ont été améliorés.
2) L’élargissement de la fourchette des revenus forfaitaires sur lesquels sont calculées
les cotisations: Avant ces modifications, les classes de revenu servant de base au
calcul des cotisations et des prestations variaient entre deux-tiers et 10 fois le SMIG
pour les indépendants non agricoles et entre 1 et 2 fois le SMAG pour les
indépendants agricoles.
Désormais les assurés concernés peuvent cotiser sur la base d’une des 10 classes de
revenus qui s’échelonnent entre 1 et 18 fois le SMIG ou le SMAG selon le secteur
d’activité auquel appartient l’assuré.
Afin d’éviter la sous-déclaration des revenus et pour contrecarrer une tendance
constatée précédemment et consistant cotiser sur la base des classes de revenus les
plus basses, un barème fixant la classe de revenu minimum a été fixé. Ce barème
tient compte de la profession de l’assuré (médecin, commerçants, architecte,
artisan…) et la taille de l’entreprise ou de l’exploitation agricole. Ce barème a été
élaboré sur la base d’une évaluation des revenus moyens pour chaque corps et
l’assuré doit cotiser sur la base de classe de revenus au moins égale à celle prévue
par le barème. Il peut bien entendu cotiser par référence à une classe de revenus
supérieure, comme il peut obtenir un sous-classement s’il prouve que ses revenus
réels sont inférieurs au plancher fixé pour sa catégorie par le barème.
Ces mesures, accompagnées d’une campagne d’explication et de sensibilisation qui
a été menée en 1996 en collaboration avec les organisations professionnelles, ont
permis de réaliser près de 70.000 nouvelles affiliations en l’espace de deux ans
(1996 et 1997) et d’améliorer sensiblement le taux de couverture.
Au niveau de la couverture sociale des pêcheurs plusieurs aménagements ont été
apportés sans pour autant obtenir de résultats tangibles.
A l’institution du régime en 1977, il était prévu d’étendre purement et simplement
le régime des salariés non agricoles aux pêcheurs, pêcheurs indépendants et petits
armateurs, avec les mêmes prestations et le même taux de cotisations avec toutefois,
la fixation d’une base forfaitaire de calcul des cotisations en fonction de la
spécialisation (pêcheur, mécanicien, réparateur de filets, capitaine, capitaine en
second, patron de pêche) et prélèvement du montant des cotisations des pêcheurs
payés à la part, sur la masse commune des dépenses avant distribution des parts. Il
était prévu également que les cotisations seraient récoltées à travers des mutuelles
au moyen de timbres à coller sur un document prévu à cet effet.
Dès le début de la mise en application de ce régime, la formule de recouvrement des
cotisations s’est avérée inopérante, faute de la constitution par les pêcheurs de
mutuelles et fut abandonnée au profit d’un recouvrement direct par la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale.
En 1982, et pour encourager l’affiliation au régime, l’assiette de calcul des
cotisations des pêcheurs payés à la part et employés sur les bateaux de moins de 30
tonneaux, a été ramenée pendant deux ans aux deux-tiers du SMIG.

15
Enfin, en 1989, les pêcheurs employés sur des petits bateaux, les pêcheurs
indépendants et les petits armateurs, ont été intégrés dans le régime de sécurité
sociale agricole. Ceux employés sur des bateaux de plus de 30 tonneaux ont
continué à relever du régime des salariés non agricoles. Toutes ces mesures n’ont
pas permis d’améliorer le taux de couverture des pêcheurs employés sur des petits
bateaux.
En conclusion, on peut affirmer que des progrès importants ont été réalisés en
matière d’extension de la couverture par la sécurité sociale ; l’objectif final étant
que la sécurité sociale se substitue dans une large part à l’assistance sociale dans la
satisfaction des besoins essentiels de la population. Toutefois beaucoup reste à faire
pour atteindre cet objectif et la tâche est d’autant plus rude qu’elle concerne les
secteurs qui imposent le plus de contraintes, à prendre en compte pour l’extension
de la couverture sociale.

5. Le programme d’avenir en matière d’extension de la sécurité


sociale
5.1 Les objectifs à moyen terme
Sur le plan politique, deux objectifs ont été fixés pour les 4 prochaines années:
1) L’extension du champ d’application personnel de la sécurité sociale à toute la
population active occupée. Ceci implique l’extension des régimes existants ou l’institution de
nouveaux régimes au profit des catégories citées au chapitre 4.2.1 qui ne sont pas actuellement
couvertes par un régime de sécurité sociale: salariés agricoles occasionnels et saisonniers, gens
de maison, ouvriers des chantiers de développement, gens de culte…
Il demeure entendu qu’à ce stade, le système tunisien de sécurité sociale conservera son
caractère professionnel et ne concernera pas les personnes sans activité tels que les chômeurs,
qui demeureront, pour le moment, exclus du champ d’application de la sécurité sociale et
continueront de relever des mécanismes d’assistance et de solidarité sociale.
2) L’amélioration du taux de couverture des régimes de sécurité sociale en vigueur:
l’effort portera notamment sur les régimes des salariés agricoles et des indépendants.
La réalisation de ces deux objectifs permettra d’étendre la couverture sociale à au moins
85% de la population tunisienne, étant signalé que parmi les personnes comptées en chômage, il
y a ceux qui sont des ayants droit d’assurés sociaux et bénéficient de ce fait de la sécurité sociale
(conjoints, enfants mineurs, filles non mariées.)

5.2 Les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs


La démarche adoptée dans la réalisation des objectifs d’extension de la sécurité sociale,
tient compte des enseignements tirés de l’expérience antérieure afin d’éviter les erreurs du passé
et les corriger.
Dans ce contexte, la démarche s’articule autour des principes suivants:
• La réalisation d’études tenant compte de la réalité sur le terrain. En effet, au-delà
des aspects techniques et financiers qui conditionnent la viabilité de tout régime de
sécurité sociale, il est important d’étudier au préalable la population visée pour
adapter son régime de couverture à ses besoins spécifiques, à ses habitudes, à sa
capacité contributive ainsi qu’aux particularités de l’emploi dans le secteur.

16
• Il est patent que les enquêtes statistiques et les recensements effectués
périodiquement ne rendent qu’une image globalisante, basée sur des moyennes, et
ne permettent pas de saisir les nuances ni de traduire les desiderata des populations
ciblées. De ce fait, il est nécessaire d’affiner et compléter les informations données
par les statistiques par des enquêtes plus ciblées basées sur des visites sur le terrain
et des entretiens avec les personnes concernées.

• L’adaptation du champ d’application matériel des régimes de sécurité sociale à


instituer aux besoins et aux capacités financières des catégories à couvrir. Rien ne
sert en effet, de mettre en place un régime aussi complet que possible, alors qu’il ne
répond pas aux besoins des personnes concernées ou qu’il s’avère trop coûteux.

• Il est préférable de commencer par un régime modeste qui couvrirait des branches
essentielles de la sécurité sociale (invalidité, vieillesse, décès, soins de santé et
accidents du travail et maladies professionnelles), quitte à l’améliorer et le
compléter par la suite, progressivement. La devise en la matière devrait être: mieux
vaut avoir un régime incomplet mais applicable, qu’un régime parfait qui ne puisse
être appliqué.

• L’adaptation des conditions de fixation et de recouvrement des cotisations et


d’octroi des prestations aux particularités des populations concernées: il est
utopique par exemple d’exiger d’un petit agriculteur de payer des cotisations basées
sur les salaires réels servis et de produire une déclaration de salaire nominative,
alors que cet agriculteur est parfois analphabète, souvent éloigné de la
représentation de la caisse de sécurité sociale la plus proche, et ne dispose
généralement, d’aucune comptabilité. Ce serait dans ce cas lui demander
l’impossible et l’organisme de sécurité sociale lui-même ne peut effectuer aucun
contrôle.

Autant faciliter les choses pour tout le monde, en simplifiant le mode de fixation et de
recouvrement des cotisations ou d’octroi des prestations. On y perdra certes en précision, mais
ou y gagnera en efficacité. Des formules permettant d’atteindre cet objectif seront explorées
dans le cadre des études en cours ou programmées, notamment:
• la fixation de l’assiette des cotisations patronales non pas sur la base des salaires
réellement servis, mais selon un forfait tenant compte de la nature de l’activité, de
la taille de l’entreprise ou de l’exploitation, de taille des unités de pêche, du type de
pêche… Ce sont là autant de paramètres qui permettent, en tenant compte des
usages, d’évaluer approximativement, dans chacun des secteurs visés, le nombre de
salariés et la masse des salaires distribués. Ceci évitera aux employeurs du secteur
agricole et informel, la tâche rébarbative de déclaration nominative des salaires. Ils
n’auront plus qu’à régler une somme connue d’avance, selon un calendrier qui tient
compte du cycle de leur production;

• la forfaitisation de l’assiette des cotisations salariales et l’adoption d’une formule


permettant leur règlement direct par l’assuré;

• la liquidation des droits à prestations sur une base forfaitaire;

• le rapprochement des services de la Caisse de sécurité sociale en mettant en place,


le cas échéant, des centres itinérants sur les lieux d’activité (ports de pêche, zones
rurales…).

17
Une expérience en ce sens, qui semble avoir eu du succès d’après les résultats
enregistrés jusqu’à présent, a été tentée depuis 1995 au niveau du régime de
réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles pour les petits
agriculteurs, les pêcheurs, les employeurs de gens de maison ou les particuliers
recourant aux services de travailleurs occasionnels pour des travaux à durée limitée.
Cette expérience a consisté à fixer la cotisation à ce régime sous la forme d’un
forfait arrêté en fonction de la superficie de l’exploitation agricole et du type de
culture, du type de la pêche (côtière ou au feu) ou de la durée prévisionnelle des
travaux à réaliser par le travailleur occasionnel. Les débiteurs de la cotisation ont
par ailleurs la possibilité, soit de la payer en un versement annuel unique, soit de la
fractionner en paiements trimestriels.

• L’engagement de concertations avec les représentants des populations visées et


ceux des employeurs à tous les stades de la mise en place du système: celui de
l’évaluation, celui de la fixation des options et celui de la définition détaillée. Cette
concertation permettra d’améliorer la compréhension du système et d’éviter les
malentendus et d’obtenir l’adhésion des représentants des populations concernées
aux formules retenues ce qui constitue un appui de taille à l’effort d’explication
nécessaire au moment de la mise en œuvre du régime.

5.3 L’état d’avancement de la réalisation des objectifs


Pour la réalisation des objectifs d’extension de la sécurité sociale à l’ensemble de la
population active occupée, trois études ont été entamées au niveau de la sécurité sociale des
pêcheurs, celles des salariés agricoles et celle des gens du culte. Deux autres études sont prévues
qui concerneront l’extension de la sécurité sociale aux gens de maison et l’évaluation du régime
des indépendants.
Conformément à la démarche retenue, les études concernant les pêcheurs et salariés
agricoles ont été précédées par un travail de prospection et de visites sur le terrain selon un
programme arrêté en commun accord avec l’Union tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche qui
constitue l’organe représentatif du secteur.
Au cours de leurs déplacements, soit dans les différents ports de pêche soit dans les
diverses zones agricoles, les responsables des études en question ont eu des entretiens avec les
différentes parties concernées: organisations locales d’agriculteurs et de pêcheurs, exploitants
agricoles, armateurs salariés agricoles, pêcheurs, responsables des représentations régionales au
locales de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.
Ces contacts ont été complétés par la réalisation d’un questionnaire auprès d’un
échantillon de la population cible.
Ce travail d’évaluation a permis de tirer un certain nombre d’enseignement et d’expliquer
les résultats modestes enregistrés au niveau de la couverture sociale de ces catégories.
Les principaux enseignements ont été:

5.3.1 Pour le secteur de la pêche

• La fluctuation des revenus moyens selon la région ou la période de l’année. Le


rapport entre les régions où les revenus sont les plus hauts et celles où les revenus
sont les plus bas est 1 à 2,5. De même, ces revenus ne sont pas constants tout au
long de l’année. Ils sont élevés durant la saison de pêche et bas hors saison. Par
contre, il n’a y a pas différences notables entre la pêche côtière et la pêche en haute
mer quant aux revenus.

18
• Le caractère saisonnier du travail dans la pêche: ceux qui travaillent plus de 6 mois
par an, ne représentent que 44% de la population intéressée.

• L’extrême mobilité des pêcheurs qui sont embauchés sur place à l’occasion des
sorties en pêche.

• Un pêcheur peut être engagé par plusieurs armateurs au cours d’un trimestre, ce qui
rend problématique la déclaration de toutes les périodes de travail effectuées chez
les différents armateurs.

• De même cette mobilité de l’emploi ne reconnaît pas la distinction légale entre les
bateaux de moins de 30 tonneaux et ceux de plus de 30 tonneaux soumis à des
régimes de sécurité sociale déférents. Le pêcheur passe fréquemment d’une
catégorie à une autre, ce qui rend artificielle la distinction légale établie entre les
deux types de pêche et pose des problèmes inextricables au niveau de l’affectation
des droits au titre des régimes de sécurité sociale.

• Les résultats de cette évaluation ont été soumis aux représentants des pêcheurs qui
ont approuvé les conclusions à laquelle elle a abouti et un consensus a été dégagé
sur les orientations et principes devant régir la réforme du régime de sécurité
sociale des pêcheurs à savoir:

• La conception d’un régime unique applicable à tout le secteur de la pêche qu’elle


soit côtière, au harpon ou au chalut, avec toutefois des dispositions particulières
pour la pêche à bord de petites barques dont le tonnage est inférieur à 5 tonneaux et
ce, compte tenu de la très faible capacité contributive de cette catégorie.

• L’adaptation aux capacités financières du secteur et au caractère intermittent de


l’emploi du contenu du régime à mettre en place. Par exemple, le décompte des
périodes de cotisation validées pour la retraite par trimestre, risque de léser les
intéressés dans la mesure où de nombreux trimestres au cours desquels la période
d’emploi est insuffisante ne seront pas pris en compte.

• La mise en place d’un système de fixation et de recouvrement des cotisations,


forfaitaire et simplifié.

A cet égard, deux formules sont à l’étude:


1) soit l’application d’un forfait par embarcation à l’instar de ce qui est applicable en
matière d’assurance contre les accidents du travail et les maladies professionnelles ;
2) soit le prélèvement de la cotisation patronale au moment de la vente des produits de
la mer dans les marchés de gros, par le biais d’une taxe qui serait appliquée à la
valeur des ventes et dont le produit serait transféré à la Caisse Nationale de Sécurité
Sociale.
Dans les deux cas, la cotisation salariale sera payée directement par le pêcheur selon une
procédure simplifiée (collage de timbres sur un carnet par exemple). Les informations recueillies
à ce niveau serviront à déterminer les droits à prestations du pêcheur concerné.

5.3.2 Pour le secteur agricole


Le travail d’évaluation réalisé sur le terrain a permis de tirer les conclusions tenant aux
situations suivantes:

19
• Au caractère saisonnier du travail dans le secteur agricole, lié à la taille des
exploitations et aux aléas climatiques qui conditionnent le recours ou non à une
main d’œuvre supplémentaire.

• Au recul de la population agricole lié à l’urbanisation accélérée du pays et aux


meilleures conditions de vie et de gain qu’offrent les secteurs secondaire et
tertiaire. Il faut rappeler à ce sujet que la population rurale qui représentait 60% de
la population en 1966 ne représente plus actuellement que 37,6%. En conséquence
de cette situation on constate un vieillissement de la population.

• A la dispersion des exploitations agricoles et leur éloignement des représentations


régionales et locales de la sécurité sociale. Par ailleurs, cette dispersion et le faible
nombre de personnes concernées par zone, rend très coûteuse la multiplication des
représentations de la sécurité sociale.

• A la méconnaissance de la plupart des salariés agricoles de leurs droits en matière


de couverture sociale et à leur crainte de perdre leur emploi en cas d’exigence
d’une couverture.

• Cette étude sera soumise aux partenaires sociaux afin de tirer les enseignements
d’une manière concertée et de formuler des propositions en vue d’une extension
généralisée et effective de couverture sociale à l’ensemble des travailleurs
agricoles.

6. Conclusion
L’extension de la protection sociale, notamment dans le cadre de la sécurité sociale,
constitue un facteur déterminant du progrès social car elle permet de satisfaire dans la dignité, les
besoins essentiels de la personne et d’éviter le retour à la pauvreté. Cependant, cette extension ne
doit pas se limiter à la mise en place de législations certes nécessaires, mais des conditions
nécessaires doivent être mises en oeuvre pour que la protection soit effective.
Ceci exige un effort d’adaptation et d’imagination pour coller aux réalités des diverses
composantes de la société et trouver des solutions qui permettent une avancée dans la protection
sociale. Il vaut mieux être modeste au début et envisager une couverture qui serait
« insuffisante », que de voir grand et mettre en place un système qui serait dans la réalité,
inapplicable.
Un effort d’éducation et de sensibilisation doit en outre, être poursuivi, d’autant plus qu’à
première vue, le besoin de prévoyance ne figure pas parmi les priorités d’une large frange de la
population préoccupée plutôt par la satisfaction des besoins immédiats. Les partenaires sociaux
et les organisations professionnelles ont un rôle important dans ce domaine.
Un dernier aspect mérite aussi de ne pas être oublié, c’est celui de la viabilité financière
des régimes de sécurité sociale, actuels ou à instituer. Les ressources nécessaires de financement
de ces régimes, à moyen et long terme doivent être identifiées dès le début, sinon on risquerait
d’avoir des régimes qui accuseront au bout de quelques années des déficits qu’il serait difficile à
combler.
Le développement des régimes de sécurité sociale ne doit pas par ailleurs, nous amener à
renier les formes traditionnelles de protection sociale, issues de l’entraide et de la solidarité, dans
toute leurs variantes ; car ces formes traditionnelles, par leur aspect non codifié et la facilité de

20
leur adaptation aux situations particulières, constituent le filet de sécurité nécessaire au cas où la
sécurité sociale serait inopérante.

21
Annexes

1. Projection de la population tunisienne par tranche d’âge selon l’hypothèse basse

2. Tableau comparatif des régimes de sécurité sociale

3. Evolution du taux découverture des régimes de sécurité sociale

4. Taux de cotisation répartis entre employeur et employé (pourcentage)


Taux de cotisation par branche (pourcentage)

22
Annexe 1 Projection de la population tunisienne par tranche d'âge selon l'hypothèse basse (en milliers)

Tranche 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030


d'âge
Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %

00 - 04 959,7 9,9 927,2 9,0 925,2 8,4 921,5 7,9 876,3 7,2 811,2 6,5 751,8 5,8
05 - 09 981,0 10,2 956,0 9,2 924,5 8,4 923,1 8,0 919,8 7,6 875,0 7,0 810,2 6,3
10 - 14 1071,7 11,1 978,7 9,5 954,2 8,7 923,1 8,0 921,9 7,6 918,8 7,3 874,2 6,8
S/ 00-14 3012,4 31,2 2861,9 27,7 2803,9 25,5 2767,7 23,9 2718,0 22,4 2605,0 20,7 2436,2 18,9
15 - 19 1050,5 10,9 1068,9 10,3 976,5 8,9 952,3 8,2 921,4 7,6 920,5 7,3 917,6 7,1
20 - 24 952,4 9,9 1046,5 10,1 1065,2 9,7 973,4 8,4 949,6 7,8 919,0 7,3 918,2 7,1
25 - 29 829,5 8,6 948,0 9,2 1042,2 9,5 1061,3 9,2 970,2 8,0 946,7 7,5 916,5 7,1
30 - 34 753,0 7,8 825,0 8,0 943,5 8,6 1037,8 9,0 1057,3 8,7 967,0 7,7 944,0 7,3
35 - 39 663,6 6,9 747,9 7,2 820,1 7,5 938,4 8,1 1032,9 8,5 1052,9 8,4 963,4 7,5
40 - 44 564,6 5,8 657,2 6,4 741,5 6,8 813,7 7,0 931,8 7,7 1026,3 8,2 1046,9 8,1
45 - 49 439,0 4,5 556,5 5,4 648,6 5,9 732,6 6,3 804,7 6,6 922,3 7,3 1016,5 7,9
50 - 54 305,6 3,2 429,5 4,2 545,1 5,0 636,0 5,5 719,4 5,9 790,7 6,3 907,0 7,0
55 - 59 265,4 2,7 295,2 2,9 415,2 3,8 527,8 4,6 616,8 5,1 698,5 5,6 768,4 6,0
S/15-59 5823,6 60,3 6574,7 63,6 7197,9 65,6 7673,3 66,2 8004,1 66,0 8243,9 65,6 8398,5 65,1
60 - 64 256,0 2,6 250,9 2,4 279,7 2,5 394,1 3,4 501,8 4,1 587,7 4,7 666,9 5,2
65 - 69 232,6 2,4 233,7 2,3 230,0 2,1 257,3 2,2 363,6 3,0 464,4 3,7 545,8 4,2
70 - 74 151,1 1,6 200,0 1,9 202,3 1,8 200,4 1,7 225,6 1,9 320,0 2,5 410,5 3,2
75 - 79 107,2 1,1 117,0 1,1 156,5 1,4 160,1 1,4 160,1 1,3 181,9 1,4 259,6 2,0
80 & + 81,3 0,8 97,1 0,9 109,4 1,0 140,0 1,2 153,9 1,3 159,7 1,3 176,9 1,4
S/ 60& + 828,2 8,6 898,7 8,7 977,9 8,9 1151,9 9,9 1405,0 11,6 1713,7 13,6 2059,7 16,0
Total 9664,2 100,0 10335,3 100,0 10979,7 100,0 11592,9 100,0 12127,1 100,0 12562,6 100,0 12894,4 100,0
Source: Institut National des Statistiques: projection de la population tunisienne 1995 - 2030 - Niveau national

23
Annexe 2: Tableau comparatif des regimes de securite sociale
SECTEUR PRIVE
Régime des salariés Régime des indépendants Régime des salariés Régime agricole Régime des travailleurs
LIBELLES SECTEUR PUBLIC non agricole agricole et non agricole agricole amélioré tunisiens à l’étranger
I- LEGISLATION Loi 85-12 du 05/03/1985 Loi 60-30 du Décret n° 95-1166 du Loi 81-6 du 12/02/1981 Loi 89-73 du 02/09/1989 Décret n° 89-107 du
14/12/1960 3/07/1995 10/01/1989
II- TAUX DE COTISATION 17,2 % 23,25 % 11 % 6,45 % 15 % 10,65 %
Dont pour la retraite 14,2 % 11,5 % 7% 5,25 % 7,5 % 5,25 %

Employeur 9,2 % 15,50 % 11 % 4,40 % 10 % 10,65 %


Salarié 8% 7,75 % - 2,05 5% -
III- PRESTATIONS - 1er enfant : 7d,320/mois
- 2ème enfant : 6d,507/mois Idem - - Idem -
Allocations familiales 13 - 3ème enfant : 5d,693/mois

Majoration pour salaire unique 1 - 1er enfant : 3d,125/mois


- 2ème enfant : 6d,500/mois Idem - - - -
- 3ème enfant : 7d,815/mois

Indemnité de maladie Payée par l’employeur sur la base 50 % du salaire pour les
d’un salaire pour les 2 premiers 2/3 du salaire Idem 44 premiers jours et 2/3 à Idem 2/3 du salaire
mois et la moitié du salaire pour les partir du 45ème jour
4 autres mois.

Payée par l’employeur sur la base 50% du salaire pour une


Indemnité de couches 2/3 du salaire pour une durée d’un mois 2/3 du salaire pour une
d’un salaire pour les 2 premiers durée d’un mois durée d’un mois
mois et la moitié du salaire pour les Idem renouvelable Idem
renouvelable renouvelable
4 autres mois.

- 12 à 30 fois le salaire mensuel


Capital décès selon l’ancienneté avec une -
Idem Idem - -
réduction selon l’âge pour les
retraités et majoration de 10% par
enfant à charge.

13
Les allocations familiales et les majorations pour salaire unique dans le secteur public sont payées directement par l’employeur.

24
SECTEUR PRIVE
Régime des salariés Régime des indépendants Régime des salariés Régime agricole Régime des travailleurs
LIBELLES SECTEUR PUBLIC non agricole agricole et non agricole agricole amélioré tunisiens à l’étranger
- Soins dans les hôpitaux publics - soins dans les
pour toute nature de maladies hôpitaux publics pour
(carnet de soins) toutes les maladies Idem Idem Idem Idem
(carnet de soins).
ou
- Soins dans les
- Octroi des soins - Remboursement des frais de soins polycliniques. Idem Idem Idem Idem
de longue maladie et des opérations
chirurgicales avec possibilité
d’adhérer au régime facultatif pour
être remboursé sur les autres
maladies courantes moyen-nant un
taux de cotisations de 4,5% (3% à la
charge de l’employeur et 1,5% à la
charge du salarié).

- Soins à l’étranger
- Soins thermaux
- Hémodialyse
- Actions sanitaires - Appareillage, etc … Idem Idem Idem Idem Idem

- Pensions de retraite

• Age normal de retraite 60 ans 60 ans 65 ans 60 ans 60 ans 65 ans

• Taux de la pension 35% pour 15 ans de service et 90% 40% pour 10 ans de 30% pour 10 ans de service 40% pour 10 ans de Idem 30% pour 10 ans de
pour 40 ans de service. service et 80% pour 30 et 80% pour 35 ans de service et 80% pour 30 service et 80% pour 35
ans de service. service. ans de service. ans de service.

25
SECTEUR PRIVE
Régime des salariés Régime des indépendants Régime des salariés Régime agricole Régime des travailleurs
LIBELLES SECTEUR PUBLIC non agricole agricole et non agricole agricole amélioré tunisiens à l’étranger
• Stage requis 15 ans 5 ans 10 ans 10 ans 10 ans 10 ans

• Pension minimum 2/3 du SMIG 2/3 ou 50% du SMIG 30% du SMIG ou du 40% du SMAG 50% du SMAG 50% du SMIG
selon la durée de SMAG.
cotisation.

- Pension d’invalidité

• Taux minimum d’invalidité Invalidité totale Invalidité de 2/3 au Idem Idem Idem Idem
moins

Salaire. Taux d’invalidité 50 % pour 5 ans de 30 % pour 5 ans de service 40 % pour 5 ans de Idem 30 % pour 5 ans de
- Taux de la pension
service et 80 % pour 30 et 80 % pour 35 ans de service et 80 % pour 30 service et 80 % pour 35
ans de service. service. ans de service. ans de service.

5 ans Idem Idem Idem


• Stage requis - Idem

• Pension convertie à une pension de A l’âge légal de retraite


- Idem Idem Idem Idem
retraite

Idem Idem Idem De 50 à 75% de la


- Pensions de veuves de 50% à 75% de la pension du Idem
défunt. pension de défunt.

10% pour chaque enfant dans la 30% pour chaque Idem 20% pour chaque enfant Idem 30% pour chaque enfant
- Pension d’orphelins
limite de 50% et la pension de enfant dans la limite de dans la limite de 50% de dans la limite de 50% de
défunt. 50% de la pension du la pension du défunt. la pension de défunt.
défunt.

26
Annexe 3: Evolution du taux de couverture des régimes de sécurité sociale
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

Salariés non agricoles


Assujettis 753.603 730.215 748.296 770.086 797.298 826.739 855.637 871.796 910.695 940.589 969.892
Affiliés 551.255 594.656 601650 624.224 645.203 670.800 748.222 778.915 855.878 906.056 942.298
Taux de couverture (% 73,15 81,44 80,40 81,06 80,92 81,14 87,45 89,35 93,98 96,33 97,15

Salariés agricoles
Assujettis 109.467 153.090 152.918 153.950 154.695 156.357 156.817 157.986 159.607 155.829 156.135
Affiliés 22.610 14.892 19.298 19.759 30.335 34.276 42.848 51.541 66.612 66.736 72.787
Taux de couverture (%) 20,65 9,73 12,62 12,83 19,61 21,92 27,32 32,62 41,74 42,83 46,62

Indépendants non agricoles


Assujettis 242.500 253.300 260.800 273.300 285.400 298.300 278.069 291.464 314.664 319.146 335.107
Affiliés 35.595 39.032 46.155 59.334 68.721 79.294 92.125 125.629 149.264 155.252 170.777
Taux de couverture (%) 14,68 15,41 17,70 21,71 24,08 26,58 33,13 43,10 47,44 48,65 50,96

Indépendants agricoles
Assujettis 222.500 222.900 223.400 233.900 224.100 224.600 160.812 160.334 166.111 160.101 159.948
Affiliés 31.005 31.744 37.656 46.433 55.231 65.054 74.321 75.693 84.931 85.432 89.704
Taux de couverture (%) 13,93 14,24 16,86 19,85 24,65 28,96 46,22 47,21 51,13 53,36 56,08

Divers
Assujettis 4.123 4.486 1.541 1.495 1.450 1.287 1.230 1.180 1.281 1.864 1.939
Affiliés 4.123 4.486 1.541 1.495 1.450 1.287 1.230 1.180 1.281 1.864 1.939
Taux de couverture (%) 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

S/Total Secteur privé


Assujettis 1.332.193 1.363.991 1.386.955 1.432.731 1.462.943 1.507.283 1.452.565 1.482.760 1.552.358 1.577.529 1.623.021
Affiliés 644.588 684.810 706.300 751.245 800.940 850.711 958.746 1.032.958 1.157.966 1.215.340 1.277.505
Taux de couverture (%) 48,39 50,21 50,92 52,43 54,75 56,44 66,00 69,66 74,59 77,04 78,71
Secteur Public
Assujettis 387.407 398.208 409.845 421.269 432.658 444.418 461.316 476.653 488.417 504.218 518.134
Affiliés 387.407 398.208 409.845 421.269 432.658 444.418 461.316 476.653 488.417 504.218 518.134
Taux de couverture (%) 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

Total
Assujettis 1.719.600 1.762.199 1.796.800 1.854.000 1.895.601 1.951.701 1.913.881 1.969.413 2.040.775 2.081.747 2.141.155
Affiliés 1.031.995 1.083.018 1.116.145 1.172.514 1.233.598 1.295.129 1.420.062 1.509.611 1.646.383 1.719.558 1.795.639
Taux de couverture (%) 60,01 61,46 62,12 63,24 65,08 66,36 74,20 77,04 80,67 82,60 83,86

27
Annexe 4: Taux de cotisation répartis entre employeur et employé (as percentage)

Régimes des Régime des Régime des Salariés Régime agricole Régime des
Secteur public salariés non non salariés Agricoles amélioré travailleurs
agricoles tunisiens à
l’étranger

Employeur 9,2 15,5* - 4,40* 10* -


Salarié 8 7,75 11 2,05 5 10,65*

Total 17,2 23,25 11 6,45 15 10,65

• A ces taux s’ajoute la contribution de l’employeur au régime de réparation des accidents de travail et des maladies
professionnelles dont le taux varie en fonction de la branche d’activité (entre 0.5% et 5 %) ainsi qu’une contribution de
0.5% à la charge de l’employeur pour financer les interventions à caractère économique.

Taux de cotisation par branche (as percentage)

Branche Secteur Régimes des salariés Régime des non Régime des Salariés Régime agricole Régime des
public non agricoles salariés amélioré travailleurs
Agricoles tunisiens à
l’étranger

Prestations familiales - 4,1 - - 4,50 -


Assurances sociales
- Pensions de vieillesse 2 6,25 4 1,20 3 5,40
d’invalidité et de
survivants
-Capital décès 14,2 11,5 7 5,25 7,50 5,25

-Prelevt ATMP
-Partic . FAS
- Accidents du travail et
maladies professionnelles 1 - - - - -
1 - - - -
0,4 - - - -
- 0,5 à 5 - forfaits en fonction de - -
la nature de
l’exploitation

Total 17,2 23,25 * 11 * 6,45 * 15 * 10,65 *

* Compte non tenu des cotisations au titre du régime des accidents du travail et des maladies professionnelles.

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ESS documents déjà publié

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1
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http://www.ilo.org/public/english/protection/socsec/pol/publ/index.htm
2
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3
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