Alain Troesch DS N°2
Alain Troesch DS N°2
Alain Troesch DS N°2
MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch
La présentation, la lisibilité, l’orthographe, la qualité de la rédaction, la clarté, la précision et la concision des raison-
nements entreront pour une part importante dans l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les résultats de leurs calculs.
L’usage de tout document et de tout matériel électronique est interdit. Notamment, les téléphones portables doivent
être éteints et rangés.
Étant donné un ensemble ordonné A, on appelle chaîne de A un sous-ensemble X ⊂ A totalement ordonné, et an-
tichaîne de A un sous-ensemble X ⊂ A dont les éléments sont deux à deux incomparables. Le but de ce problème
est l’étude des antichaînes de cardinal maximal (ou antichaînes maximales). On montre notamment que ce cardinal
maximal est aussi le nombre minimal de parts dans une partition en chaînes de A. On donne une condition pour qu’un
« niveau » du graphe de couverture de cardinal maximal soit une antichaîne maximale.
Ainsi, on ne peut pas espérer trouver une antichaîne plus grande constituée d’éléments de même cardinaux. Cela reste
vrai même en enlevant la contrainte sur l’uniformité
des cardinaux.
n
Le théorème de Sperner affirme en effet que est la taille maximale d’une antichaîne de P(E). Le but de la fin
⌊ n2 ⌋
de la partie est de démontrer ce théorème.
On appelle chaîne maximale de P(E) une chaîne E0 ⊂ E1 ⊂ · · · ⊂ En−1 ⊂ En telle que pour tout i ∈ [[0, n]], |Ei | = i.
En particulier, E0 = ∅ et En = E. Soit B un sous-ensemble de E. On dit qu’une chaîne maximale passe par B si l’un
de ses éléments est égal à B.
4. Montrer que deux éléments distincts d’une antichaîne ne peuvent pas appartenir à une même chaîne (qu’elle
soit maximale ou non).
5. Montrer que le nombre de chaînes maximales de P(E) est n!.
Indication : On pourra considérer la succession des éléments de E qu’on ajoute pour passer de Ei à Ei+1 , pour
i ∈ [[0, n − 1]].
6. Soit k ∈ [[0, n]], et B un sous-ensemble de E de cardinal k. Montrer que le nombre de chaînes maximales de
P(E) passant par B est égal à k!(n − k)!
7. Soit A une antichaîne de P(E), et pour tout k ∈ [[0, n]], mk le nombre d’éléments de A de cardinal k. Justifier
Xn
que le nombre de chaînes maximales passant par l’un des éléments de l’antichaîne A est mk k!(n − k)!.
k=0
8. En déduire n
X mk n
n 6 1 puis: |A| 6 .
⌊ n2 ⌋
k=0 k
1
n
Ainsi, toute antichaîne de P(E) est constituée d’au plus ⌊n , et on en a trouvé une de cette taille. Cela prouve le
2⌋
théorème de Sperner.
Le but de cette partie est de montrer l’existence d’une partition en chaînes de P(E) constituée d’exactement ⌊ nn ⌋ .
2
Ainsi, cette valeur sera le minimum du nombre de parts d’une partition en chaînes de P(E).
Soit E un ensemble de cardinal n. On appelle chaîne symétrique couvrante de P(E) une chaîne constituée des ensembles
Ei , i ∈ [[k, n − k]], pour un certain k ∈ [[0, ⌊ n2 ⌋]], et vérifiant Ek ⊂ Ek+1 ⊂ · · · ⊂ En−k , et pour tout i ∈ [[k, n − k]],
|Ei | = i. Ainsi, il s’agit d’une tranche du milieu d’une chaîne maximale.
On cherche maintenant à construire une partition de P(E) en chaînes symétriques couvrantes.
2. (a) Donner le diagramme de couverture de P([[1, n]]), pour n = 1, 2, 3.
(b) Dans chacun de ces trois cas, déterminer une partition de P([[1, n]]) en chaînes symétriques couvrantes.
3. Soit E un ensemble de cardinal n et e ∈ E. Soit S ⊂ P(E \ {e}) une chaîne symétrique couvrante de P(E \
{e}), dont les éléments sont Ek ⊂ · · · ⊂ En−1−k . Montrer que {Ek , . . . , En−1−k , En−1−k ∪ {e}} et {Ek ∪
{e}, . . . , En−2−k ∪ {e} sont des chaînes symétriques couvrantes de P(E) (si elles sont non vides).
4. En déduire, pour tout ensemble E de cardinal fini, l’existence d’une partition de P(E) en chaînes symétriques
couvrantes. jnk
5. En remarquant que toute chaîne symétrique couvrante contient un sous-ensemble de E de cardinal , montrer
2
n
qu’il existe une partition en chaînes de P(E) constituée de parts.
⌊ n2 ⌋
6. Expliquer en quoi cet argument fournit une preuve du théorème de Sperner indépendante de la preuve de la
partie I.
A+ = {x ∈ F | ∃a ∈ A, a 6 x} et A− = {x ∈ F | ∃a ∈ A, a > x.}
Montrer que A+ ∪ A− = F et A+ ∩ A− = A
Indication : par l’absurde, en cherchant à contredire soit la propriété d’antichaîne, soit la maximalité de A.
5. En considérant min(C) et max(C), montrer que A+ 6= F et A− 6= F .
2
6. En déduire que le théorème de Dilworth est vrai pour F , et conclure.
Un tel n-uplet (x1 , . . . , xn ) est alors appelé système de représentants distincts des ensembles A1 , . . . , An .
(a) Montrer que la condition de Hall « ∀J ⊂ [[1, n]], |A(J)| > |J| » est une condition nécessaire.
∗
(b) Montrer qu’elle est suffisante.
Indication : on raisonnera par récurrence. Supposant la condition de Hall vérifiée, on dit que J est critique si
|A(J)| = |J|. On distinguera alors 2 cas suivant que les seuls sous-ensembles J critiques sont ∅ et éventuellement
[[1, n]], ou qu’il en existe un autre. Dans le premier cas, on regardera ce qui se passe en enlevant un point. Dans le
second, on justifiera que si J est critique, A(J) est un système de représentants distincts de (Aj )j∈J , puis on ôtera
ces points aux différents Ai restants.
5. Soit E un sous-ensemble ordonné rangé normé biparti, tel que |N0 | 6 |N1 |. Montrer que E est de Sperner si et
seulement si pour tout sous-ensemble X de N0 , le nombre d’éléments y de N1 tels qu’il existe x ∈ X vérifiant
y > x est au moins égal à |X|.
Une propriété symétrique est valable aussi lorsque |N0 | > |N1 |, déduite de celle prouvée ici en considérant
l’ordre opposé.
6. Montrer que si la condition de la question précédente est satisfaite, en notant x1 , . . . , xℓ les éléments de N0 , on
peut trouver y1 , . . . , yℓ deux à deux distincts dans N1 tels que pour tout i ∈ [[1, ℓ]], xi 6 yi .
3
• E est de Sperner par niveau si pour tout k ∈ [[0, h − 1]], l’ensemble biparti Pk est de Sperner ;
• E est unimodal s’il existe k0 ∈ [[0, h]] tel que (|Nk |)06k6k0 soit croissante, et (|Nk |)k0 6k6h soit décroissante.
∗
1. Soit E de Sperner par niveau, et unimodal. Montrer que E est de Sperner.
Indication : on pourra construire une partition de E en se servant de la question IV-6.
On dit que E est régulier si tous les éléments d’un niveau donné sont couverts par le même nombre non nul d’éléments
du niveau d’au-dessus, et inversement tous les éléments d’un niveau donné couvrent le même nombre non nul d’éléments
du niveau inférieur.
∗
2. Montrer que si E est régulier et unimodal, alors E est de Sperner.
L’ensemble P(E) ordonné par inclusion, rangé par le cardinal, est régulier et unimodal, comme on s’en assure faci-
lement. On retrouve donc ainsi le fait qu’une antichaîne maximale peut être formée à l’aide des éléments d’un même
niveau, donc formée de sous-ensembles de même cardinal.