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ROYAUME DU MAROC

E.H.T.P.
COURS DE MATHEMATIQUES
1 ERE ANNEE
K. MOUALLIF
Annee universitaire 2007-2008
2
1
Chapitre I
Integrale de Lebesgue
I.1 Ensembles mesurables. Mesures.
Denition I.1.1 Soit X un ensemble et T(X) lensemble des parties de
X. On appelle tribu (ou -alg`ebre) sur X, un ensemble / T(X) qui
poss`ede les proprietes suivantes :
i) /;
ii) A / = A
c
/ o` u A
c
designe le complementaire de A dans X;
iii) Pour toute famille nie ou denombrable A
i

iIIN
delements de /,
[
iI
A
i
/
Remarques I.1.1 Il resulte de i) et ii) que X /;
Il decoule de ii) et iii) que toute intersection nie ou denombrable
delements de / est un element de /;
2 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Si A, B / alors AB = A B
c
/.
Exemples I.1.1 T(X) est une tribu sur X ;
Soient X un ensemble et E X, la famille / = ,X,E,E
c
est une
tribu sur X.
Denition I.1.2 On appelle espace mesurable tout couple (X,/) forme
par un ensemble X et une tribu / sur X. Les elements de / sont appeles
ensembles mesurables.
Remarque I.1.1 Soit T une famille quelconque de parties de X. Il est
facile detablir lexistence de la plus petite tribu sur X contenant T,
notee (T). Il sagit en fait de lintersection de toutes les tribus sur X
contenant T.
Denition I.1.3 La tribu (T) est appelee tribu engendree par T.
Exemple I.1.1 Prenons X = IR
n
muni de sa topologie usuelle et T
lensemble des ouverts de IR
n
. Il est clair que T nest pas une tribu car
le complementaire dun ouvert nest pas en general un ouvert. La tribu
(T) engendree par T est appelee tribu de Borel ou tribu Borelienne sur
IR
n
. Elle sera notee B(IR
n
) et ses elements seront appeles Boreliens.
I.1. ENSEMBLES MESURABLES. MESURES. 3
En theorie dintegration, nous serons amenes `a travailler dans
IR = IR +
muni des operations usuelles avec les conventions suivantes:
1) a = a IR;
2) a . () = a > 0 ;
3) 0 . () = 0, ce qui exprimera que lintegrale dune fonction
innie sur un ensemble de mesure nulle est nulle ou que lintegrale dune
fonction nulle sur un ensemble de mesure innie est nulle.
Les operations (+) + () et () + (+) ne sont pas denies.
Denition I.1.4 Soit (X,/) un espace mesurable. Une mesure positive
sur (X,/) est une application
: / IR
+
= IR
+
+
telle que
i) () = 0 ;
ii) Pour toute famille nie ou denombrable A
i
,i I IN densembles
mesurables de X, deux `a deux disjoints, on a

[
iI
A
i

=
X
iI
(A
i
).
Le triplet (X,/,) est alors appele espace mesure.
4 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Exemple I.1.2 Soient (X,/) un espace mesurable et a X. On consid`ere
lapplication

a
: / IR
+
denie par
A /
a
(A) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
1 si a A
0 si a / A
Cest une mesure sur (X,/) appelee mesure de Dirac au point a.
Donnons `a present des proprietes importantes de la mesure ;
Proposition I.1.1 Soit (X,/,) un espace mesure.
i) Si A, B / alors A B = (A) (B).
ii) Si A, B / avec A B et (A) < +alors (BA) = (B)(A).
iii) Si (A
n
)
n1
est une suite quelconque delements de / alors

+
[
n=1
A
n


+
X
n=1
(A
n
).
iv) Si (A
n
)
n1
est une suite croissante delements de / alors

+
[
n=1
A
n

= lim
n+
(A
n
).
v) Si (B
n
)
n1
est une suite decroissante delements de / telle que (B
1
) <
+ alors

+
\
n=1
B
n

= lim
n+
(B
n
).
I.1. ENSEMBLES MESURABLES. MESURES. 5
Demonstration :
i) On a B = A (BA) avec A (BA) = , donc
(B) = (A) + (BA) (I.1)
et nalement (A) (B).
ii) Si (A) < +, on peut le soustraire des deux membres de (I.1), do` u
le resultat.
iii) Considerons
T
1
= A
1
et T
n
= A
n

n1
[
k=1
A
k

pour n 2.
On peut verier aisement que
n IN

T
n
/ et T
n
A
n
Les T
n
sont deux `a deux disjoints et
+
[
n=1
T
n
=
+
[
n=1
A
n
.
Par consequent

+
[
n=1
A
n

+
[
n=1
T
n

=
+
X
n=1
(T
n
)
+
X
n=1
(A
n
).
iv) On a A
1
A
2
. . . A
n
. . .. Posons
E
1
= A
1
et E
n
= A
n
A
n1
n 2.
La suite (E
n
)
n1
est telle que
A
n
=
n
[
k=1
E
k
et
+
[
n=1
A
n
=
+
[
n=1
E
n
.
6 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
De plus, les ensembles E
n
sont deux `a deux disjoints, donc
(A
n
) =
n
X
k=1
(E
k
)
et par suite
lim
n+
(A
n
) =
+
X
n=1
(E
n
) =

+
[
n=1
E
n

+
[
n=1
A
n

v) Pour tout n 1, posons E


n
= B
1
B
n
; La suite (E
n
)
n
est croissante,
par consequent

+
[
n=1
E
n

= lim
n+
(E
n
)
Or
+
[
n=1
E
n
= B
1

+
\
n=1
B
n

, donc
(B
1
)

+
\
n=1
B
n

= lim
n+
((B
1
) (B
n
)).
Comme (B
1
) < +, il en resulte que

+
\
n=1
B
n

= lim
n+
(B
n
).
Denitions I.1.1 Soit (X,/,) un espace mesure.
Si (X) est nie, on dit que est bornee (ou nie).
Si X est reunion denombrable densembles de mesure nie, on dit que
est -nie.
Si (X) = 1, on dit que (X,/,) est un espace probabilise ; Les
elements de X sont appeles eventualites et les elements de / sont appeles
evenements.
I.1. ENSEMBLES MESURABLES. MESURES. 7
Denition I.1.5 Un ensemble N / est dit negligeable par rapport `a
(ou -negligeable) si (N) = 0.
Denition I.1.6 On dira quune propriete T est vraie -presque partout
(pp) si et seulement si lensemble sur lequel T est fausse est contenu
dans un ensemble -negligeable.
Proposition I.1.2 Soient (X,/,) un espace mesure et S
n
une suite
densembles negligeables. Alors S =
+
[
n=1
S
n
est negligeable.
Demonstration :
On a S =
+
[
n=1
S
n
/ avec (S
n
) = 0 n 1. Dapr`es la proposition
(I.1.1)
0 (S)
+
X
n=1
(S
n
) = 0.
Denition I.1.7 Soit (X,/,) un espace mesure. La mesure est dite
compl`ete si tout sous-ensemble dun ensemble negligeable est mesurable.
Theor`eme I.1.1 Il existe une tribu / sur IR
n
et une mesure sur
(IR
n
,/) uniques telles que :

n
Y
i=1
]a
i
,b
i
[

=
n
Y
i=1
(b
i
a
i
) .
/ B(IR
n
) avec inclusion stricte.
compl`ete.
/ est la tribu de Lebesgue sur IR
n
et la mesure de Lebesgue sur IR
n
.
8 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Remarques I.1.2 Soit lespace mesure (IR
n
,/,).
Tout point de IR
n
est negligeable. Etablissons ce resultat dans le cas
particulier o` u n = 1.
Soit a IR. Lensemble a est mesurable car cest un ferme de IR. On
a
a
3
5
a
1
p
,a +
1
p
2
4
p IN

par suite
(a)

3
5
a
1
p
,a +
1
p
2
4

p IN

do` u
(a)
2
p
p IN

et ainsi
(a) = 0.
Toute partie nie ou denombrable de IR
n
est negligeable. Par exemple,
dans (IR,/,), lensemble l Q est negligeable (bien quil soit dense dans
IR).
La mesure de Lebesgue admet bien dautres ensembles negligeables que
les ensembles denombrables ; la fronti`ere du pave
n
Y
i=1
]a
i
,b
i
[ par exemple
est negligeable dans IR
n
.
I.2. FONCTIONS MESURABLES 9
I.2 Fonctions mesurables
Soit (X,/) un espace mesurable.
Denition I.2.1 Une fonction f : X IR est dite mesurable si et
seulement si
IR f
1
(], +[) = x X : f(x) > /.
Le lemme suivant donne quatre denitions equivalentes de la mesurabi-
lite ;
Lemme I.2.1 Soit f : X IR. Les propositions suivantes sont
equivalentes
(a) IR A

= x X : f(x) > /.
(b) IR B

= x X : f(x) /.
(c) IR C

= x X : f(x) /.
(d) IR D

= x X : f(x) < /.
Demonstration :
Il est clair que (a) (b) car A

et B

sont complementaires. On a de
meme (c) (d). Montrons que (a) (c).
On a legalite C

=
+
\
n=1
A

1
n
do` u (a) = (c).
De la meme facon, legalite A

=
+
[
n=1
C
+
1
n
permet darmer que
10 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
(c) = (a).
Remarque I.2.1 Si f est `a valeurs complexes, elle se decompose en
partie reelle et partie imaginaire
f = 1e(f) +i1m(f)
o` u 1e(f) et 1m(f) sont `a valeurs dans IR.
Denition I.2.2 Lapplication f : X l C est dite mesurable si et
seulement si 1e(f) et 1m(f) sont mesurables.
Donnons `a present une classe importante de fonctions mesurables ;
Denition I.2.3 On consid`ere lespace mesurable (IR
n
,/) o` u / est la
tribu de Lebesgue et f : IR
n
IR. Si f est continue alors f est
mesurable.
Demonstration :
Lintervalle ], + [ ( IR) est un ouvert de IR. Lensemble A

=
f
1
(], +[) est donc un ouvert de IR
n
car f est continue. Il en resulte
que, A

B(IR
n
). Do` u A

/.
La fonction f est donc /-mesurable.
Denition I.2.4 Soient (X,/) un espace mesurable et E un sous-ensemble
I.2. FONCTIONS MESURABLES 11
quelconque de X. On appelle fonction caracteristique de E, la fonction

E
denie par

E
(x) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
1 si x E
0 si x / E
La fonction caracteristique poss`ede les proprietes suivantes :
8
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
:

= 0;

X
= 1;

AB
=
A
.
B
;

AB
=
A
+
B

AB
;

A
c = 1
A
.
Proposition I.2.1 Soit A X. Alors la fonction caracteristique de A
est mesurable si et seulement si lensemble A est mesurable.
Demonstration :
Soit IR, on a
A

= x X :
A
(x) > =
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
X si < 0
A si 0 < 1
si 1
Donc A

/ pour tout IR si et seulement si A /.


Remarque I.2.2 Il existe des fonctions mesurables qui ne sont pas conti-
nues. Cest le cas par exemple de la fonction f =
]0,1[
avec X = IR et
/ = /
12 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Proposition I.2.2 Soient (X,/) un espace mesurable et f, g : X IR
mesurables. Alors les fonctions suivantes sont mesurables
i) f +g, lorsque cette somme existe ;
ii) max (f,g) et min (f,g) ;
iii) [f[, f( IR), f
2
et f g.
Demonstration :
Pour simplier la demonstration on se limite aux fonctions `a valeurs dans
IR:
i) Utilisant la densite de l Q dans IR, il vient :
A

=
[
r l Q

x X : f(x) > r x X : g(x) > r

.
Les fonctions f et g etant mesurables et l Q denombrable, on en deduit
que A

/.
ii) x X : max (f(x),g(x)) > = x X : f(x) > x X :
g(x) >
x X : min (f(x),g(x)) > = x X : f(x) > x X : g(x) >
.
Par suite les deux fonctions sont mesurables.
I.2. FONCTIONS MESURABLES 13
iii) Si IR, lensemble
x X : f(x) > =
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
ou X si = 0

x X : f(x) >

si > 0

x X : f(x) <

si < 0
On voit que pour toute valeur de , lensemble x X : f(x) > est
mesurable.
Si 0 alors x X : [f(x)[ > = x X : f(x) > x
X : f(x) <
si < 0 alors x X : [f(x)[ > = X
donc [f[ est mesurable.
Pour f
2
, on a
si 0 alors x X : f
2
(x) > = x X : [f(x)[ >

si < 0 alors x X : f
2
(x) > = X
donc f
2
mesurable.
On a f g =
1
2
n
(f +g)
2
f
2
g
2
o
donc mesurable.
Proposition I.2.3 Soient (X,/) un espace mesurable et f
n
: X
IR, n IN, des fonctions mesurables. Alors f = sup
n
f
n
, g = inf
n
f
n
, f

=
liminf
n
f
n
et g

= limsup
n
f
n
sont mesurables.
14 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Demonstration :
On a pour g(x) = inf
n
f
n
(x)
x X : g(x) =
+
\
n=1

x X : f
n
(x)

.
De facon analogue pour f(x) = sup
n
f
n
(x)
x X : f(x) > =
+
[
n=1

x X : f
n
(x) >

.
Puisque toutes les fonctions f
n
sont mesurables, alors f et g sont mesu-
rables.
On rappelle dautre part que
f

= liminf
n
f
n
= sup
n
inf
mn
f
m
,
g

= limsup
n
f
n
= inf
n
sup
mn
f
m
.
On en deduit que f

et g

sont aussi mesurables.


Corollaire I.2.1 Soient (X,/) un espace mesurable et f
n
: X
IR, n IN, des fonctions mesurables. Si (f
n
)
n
converge simplement
vers f sur X alors f est une fonction mesurable.
Demonstration :
Pour tout x X, on a f(x) = lim
n
f
n
(x).
Or lim
n
f
n
(x) = liminf
n
f
n
(x) = limsup
n
f
n
(x), donc f est mesurable.
Denition I.2.5 Soit (X,/) un espace mesurable. Une fonction denie
sur X est dite etagee ou simple sil existe un nombre ni densembles
I.2. FONCTIONS MESURABLES 15
mesurables A
1
,A
2
, . . . ,A
n
et n valeurs nies
1
,
2
, . . . ,
n
tels que
e =
n
X
i=1

A
i
(I.2)
On notera que lecriture (I.2) nest pas unique. Une fonction etagee est
donc une fonction mesurable nie et qui ne prend quun nombre ni de
valeurs.
La somme, le produit et le module de fonctions etagees sont etagees.
Le theor`eme dapproximation suivant montre limportance des fonctions
etagees
Theor`eme I.2.1 Soit f : (X,/) IR
+
mesurable. Il existe une suite
de fonctions etagees positives (e
n
)
n1
telle que
i) 0 e
1
e
2
. . . f
ii) x X e
n
(x) f(x).
Autrement dit, toute fonction positive mesurable est limite simple dune
suite croissante de fonctions etagees positives.
Demonstration :
i) Pour n IN, decoupons lintervalle [0,n] en n2
n
intervalles de longueur
1
2
n
.
16 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Considerons les ensembles
I
n,k
=
8
>
>
>
<
>
>
>
:
n
x X :
k
2
n
f(x) <
k+1
2
n
o
si 0 k < n2
n
x X : f(x) n si k = n2
n
Les ensembles I
n,k
sont mesurables car f lest. Les ensembles I
n,k
sont
deux `a deux disjoints et X =
n2
n
[
k=0
I
n,k
.
Posons
e
n
(x) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
k
2
n
si x I
n,k
avec 0 k < n2
n
n si x I
n,k
avec k = n2
n
.
On voit que e
n
0 et que e
n
(x) =
n2
n
X
k=0
k
2
n

I
n,k
(x).
La fonction e
n
est donc etagee et par construction e
n
f n 1.
Il reste `a prouver que (e
n
)
n
est une suite croissante. Soit x X
1
er
cas : Il existe k, 0 k < n2
n
tel que
k
2
n
f(x) <
k+1
2
n
. Ceci donne
e
n
(x) =
k
2
n
et
2k
2
n+1
f(x)
2k + 2
2
n+1
.
Si
2k
2
n+1
f(x) <
2k+1
2
n+1
alors e
n+1
(x) =
2k
2
n+1
= e
n
(x) ;
Si
2k+1
2
n+1
f(x)
2k+2
2
n+1
alors e
n+1
(x) =
2k+1
2
n+1
=
k
2
n
+
1
2
n+1
> e
n
(x).
Notons que k < n2
n
, entraine 2k + 1 < (n + 1)2
n+1
.
2
`eme
cas : On suppose que x est tel que f(x) n.
Si f(x) n + 1 alors
e
n
(x) = n, e
n+1
(x) = n + 1 do` u e
n+1
(x) e
n
(x).
I.2. FONCTIONS MESURABLES 17
Si n f(x) < n + 1 alors
n2
n+1
2
n+1
f(x) < (n + 1)2
n+1
.
Dautre part, il existe k
/
tel que k
/
2
n+1
f(x) < k
/
+ 1, cest `a dire
k

2
n+1
f(x) <
k

+1
2
n+1
avec k
/
< (n + 1)2
n+1
.
Il en decoule que
e
n+1
(x) =
k
/
2
n+1
.
Linegalite k
/
+1 > n2
n+1
ou encore k
/
n2
n+1
implique alors e
n+1
(x)
n = e
n
(x).
Finalement (e
n
)
n
est une suite croissante et pour tout n IN

, e
n
f.
ii) Pour montrer la convergence simple, considerons un point x X. On
a deux possibilites:
f(x) < + ou f(x) = +
a) Si f(x) < + alors
> 0, n
0
IN tel que f(x) < n
0
et
1
2
n
0
<
dautre part
n n
0
, k
/
tel que
k
/
2
n
f(x) <
k
/
+ 1
2
n
.
On remarque que k
/
f(x)2
n
< n
0
2
n
n2
n
, ce qui entraine e
n
(x) =
k

2
n
.
Par suite
> 0, n
0
IN tel que n n
0

e
n
(x) f(x)

<
1
2
n

1
2
n
0
<
18 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
cest `a dire e
n
(x) f(x).
b) Si f(x) = + alors n IN

f(x) n do` u e
n
(x) = n.
Par consequent lim
n+
e
n
(x) = + = f(x).
Conclusion : Pour tout x X, on a e
n
(x) f(x) ce qui ach`eve la
demonstration du theor`eme.
I.3 Integrale de Lebesgue des fonctions positives
mesurables
Seules les fonctions mesurables sont integrables au sens de Lebesgue.
Notons que dans la pratique, la classe des fonctions mesurables etant
tr`es etendue, toutes les fonctions utilisees seront mesurables.
On consid`ere (X,/,) un espace mesure. Commencons par considerer le
cas dune fonction positive etagee.
Denition I.3.1 Soit e =
n
X
i=1

A
i
une fonction etagee positive sur X.
On appelle integrale de e sur X par rapport `a la mesure , le nombre
positif (eventuellement +) note
Z
X
e d egal `a
n
X
i=1

i
(A
i
).
(On admettra que la valeur de cette integrale est independante de la
representation de e).
I.3. INT

EGRALE DE LEBESGUE DES FONCTIONS POSITIVES MESURABLES19


Remarque I.3.1 Si pour un certain indice i on a

i
= 0 et (A
i
) = +
alors le produit
i
(A
i
) = 0.
Denition I.3.2 On dit que e est integrable sur X par rapport `a si
Z
X
e d est nie.
Denition I.3.3 Si E est un ensemble mesurable, on denit lintegrale
de e sur E par
Z
E
e d =
Z
X
e
E
d =
n
X
i=1

i
(E A
i
).
En particulier si E /, alors
Z
E
d = (E).
Exemple I.3.1 On se place dans (IR,/,) et on consid`ere la fonction e
appelee fonction de Dirichlet et denie par
e(x) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
1 si x l Q
0 si x / l Q
e est une fonction positive etagee
e = 1
l Q
+ 0
l Q
c
.
Prenons E = [0,1]
Z
[0,1]
e d =

[0,1] l Q

= 0
e est donc integrable au sens de Lebesgue sur [0,1].
20 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Lintegrale dune fonction etagee positive poss`ede les proprietes sui-
vantes :
Proposition I.3.1 Soient f, g deux fonctions etagees positives et
IR
+
. On a

Z
X
(f + g) d =
Z
X
f d +
Z
X
g d;

Z
X
f d =
Z
X
f d;
f g =
Z
X
f d
Z
X
g d.
Nous sommes `a present en mesure de denir lintegrale dune fonction
mesurable positive en sappuyant sur le theor`eme (I.2.1)
Denition I.3.4 Soit f : X IR
+
une fonction mesurable positive.
Lintegrale de f sur X par rapport `a est denie par
Z
X
f d = sup
Z
X
e d ; 0 e f et e etagee

.
(La borne superieure est prise sur toutes les fonctions etagees positives
qui minorent f.)
Remarque I.3.2 Toute fonction f : X IR positive mesurable poss`ede
une integrale au sens de Lebesgue. Cependant, cette integrale est soit po-
sitive nie soit egale `a +
Denition I.3.5 Soit f : X IR
+
une fonction mesurable positive.
I.3. INT

EGRALE DE LEBESGUE DES FONCTIONS POSITIVES MESURABLES21


La fonction f est dite integrable si
Z
X
f d est nie.
Si E /, on pose
Z
E
f d =
Z
X
f
E
d.
La proposition suivante contient des proprietes elementaires de lintegrale
qui se demontrent par application directe de la denition.
Proposition I.3.2 Soient f, g : X IR
+
deux fonctions mesurables
et E, F /. On a
Si f g alors
Z
E
f d
Z
E
g d;
Si E F = alors
Z
EF
f d =
Z
E
f d +
Z
F
f d;
Si E F alors
Z
E
f d
Z
F
f d.
Nous donnons `a present le theor`eme de la convergence monotone appele
aussi theor`eme de Beppo-Levi qui est lun des principaux resultats de la
theorie de lintegrale de Lebesgue
Theor`eme I.3.1 Soient f
n
: X IR
+

n
une suite croissante de
fonctions mesurables positives qui converge simplement vers une fonction
f. Alors
lim
n+
Z
X
f
n
d =
Z
X
f d
Demonstration :
Rappelons que si A
n
, n IN est une suite croissante densembles
22 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
mesurables alors

[
nIN
A
n

= lim
n+
(A
n
).
Montrons le lemme suivant :
Lemme I.3.1 Soit e une fonction etagee positive et B
n

n
une suite
croissante densembles mesurables avec X =
[
n
B
n
. Alors on a
lim
n+
Z
B
n
e d =
Z
X
e d.
Demonstration :
On a e =
m
X
i=1

A
i
, donc
Z
B
n
e d =
m
X
i=1

i
(A
i
B
n
).
La suite (A
i
B
n
)
n
est croissante et A
i
=
[
n
(A
i
B
n
) do` u
(A
i
) = lim
n+
(A
i
B
n
).
Par consequent lim
n+
Z
B
n
e d =
m
X
i=1

i
(A
i
) =
Z
X
e d.
Demontrons `a present le theor`eme :
La fonction f est mesurable comme limite simple dune suite de fonctions
mesurables.
Dune part, on a
f
n
f =
Z
X
f
n
d
Z
X
f d = lim
n+
Z
X
f
n
d
Z
X
f d. (I.3)
Dautre part, soit e etagee positive telle que 0 e f et soit ]0,1[.
On pose B
n
=

x X/ f
n
(x) (1 )e(x)

.
I.3. INT

EGRALE DE LEBESGUE DES FONCTIONS POSITIVES MESURABLES23


Lensemble B
n
est mesurable, la suite (B
n
)
n
est croissante et X =
[
n
B
n
.
En eet X
[
n
B
n
car pour x X, f
n
(x) f(x) :
Si f(x) = 0 alors e(x) = 0 et donc x B
n
;
Si f(x) > 0 alors il existe n
0
IN tel que f
n
0
(x) (1 )f(x)
(1 )e(x), donc x B
n
0
;
Si f(x) = +, alors il existe n
0
IN tel que f
n
0
(x) (1)e(x), do` u
x B
n
0
.
On constate que f
n
(1 )e
B
n
, donc
Z
X
f
n
d (1 )
Z
B
n
e d
et en utilisant le lemme
lim
n+
Z
X
f
n
d (1 ) lim
n+
Z
B
n
e d = (1 )
Z
X
e d
ceci etant vrai pour tout ]0,1[, on en deduit que :
lim
n+
Z
X
f
n
d
Z
X
e d (I.4)
et par suite
lim
n+
Z
X
f
n
d
Z
X
f d.
De (I.4) et (I.3), on tire
lim
n+
Z
X
f
n
d =
Z
X
f d
ce qui termine la demonstration du theor`eme.
Remarque I.3.3 Nous savons que toute fonction positive mesurable de
X dans IR
+
est limite simple croissante de fonctions etagees positives.
24 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Le theor`eme (I.3.1) permet donc de demontrer facilement les proprietes
suivantes de lintegrale dune fonction mesurable positive.
Proposition I.3.3 Soient f, g : IR
+
deux fonctions positives mesu-
rables et IR
+
. On a

Z
X
(f +g) d =
Z
X
f d +
Z
X
g d;

Z
X
f d =
Z
X
f d.
Dans la suite, on designera par M
+
lensemble des fonctions mesurables
de X dans IR
+
.
Lemme I.3.2 (Lemme de Fatou)
Soit (f
n
)
n
une suite delements de M
+
alors
Z
X
liminf
n
f
n
d liminf
n
Z
X
f
n
d.
Demonstration :
Soit la fonction g
n
= inf
mn
f
m
. La suite (g
n
)
n
est croissante, g
n
est positive
mesurable et lim
n
g
n
= sup
n
g
n
= liminf
n
f
n
.
Le theor`eme (I.3.1) entraine que
Z
X
liminf
n
f
n
d = lim
n
Z
X
g
n
d = liminf
n
Z
X
g
n
d.
Or g
n
f
n
donc
Z
X
g
n
d
Z
X
f
n
d et par consequent
liminf
n
Z
X
g
n
d liminf
n
Z
X
f
n
d.
I.3. INT

EGRALE DE LEBESGUE DES FONCTIONS POSITIVES MESURABLES25


Proposition I.3.4 Si f : X IR
+
est mesurable, alors lapplication
: / IR
+
A (A) =
Z
A
f d
est une mesure sur (X,/).
Demonstration :
Pour tout A /, on a (A) =
Z
X
f
A
d IR
+
;
() =
Z

fd =
Z
X
f

d =
Z
X
0d = 0 ;
Soit (A
n
)
n1
une suite densembles mesurables deux `a deux disjoints.
Montrons que

[
n
A
n
!
=
X
n
(A
n
).
Posons A =
+
[
n=1
A
n
et f
n
=
n
X
k=1
f
A
k
= f
n
[
k=1
A
k
.
On constate que (f
n
)
n
est une suite croissante de fonctions positives
et mesurables qui converge simplement vers f
A
. Le theor`eme (I.3.1)
entraine que
lim
n
Z
X
f
n
d =
Z
X
f
A
d =
Z
A
f d = lim
n
n
X
k=1
Z
A
k
f d =
+
X
n=1
Z
A
n
f d.
Proposition I.3.5 Soit f M
+
. On a
f = 0 pp
Z
X
f d = 0.
Demonstration :
=) Soit E
n
=
n
x X/ f(x)
1
n
o
. Lensemble E
n
est mesurable et on
26 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
a f
1
n

E
n
. Donc
Z
X
f d
1
n
(E
n
),
ce qui prouve que (E
n
) = 0. On a

x X/ f(x) > 0

=
+
[
n=1
E
n
.
Cet ensemble mesurable est donc negligeable comme reunion denombrable
densembles negligeables.
=) Posons E = x X/ f(x) > 0. Il existe un ensemble N negligeable
tel que E N. Or E /, donc (E) = 0.
On consid`ere la suite de fonctions f
n
= n
E
. On a
Z
X
f
n
d = n(E) =
0.
On note que f liminf
n
f
n
= lim
n
f
n
. En utilisant le lemme (I.3.2),
il vient
0
Z
X
f d
Z
X
liminf
n
f
n
d liminf
n
Z
X
f
n
d = 0
ainsi
Z
X
f d = 0.
Proposition I.3.6 Soit f M
+
et N un ensemble -negligeable. Alors,
on a
Z
N
f d = 0.
I.4. FONCTIONS INT

EGRABLES 27
Proposition I.3.7 Soient f, g : X IR
+
mesurables. On a
f = g pp =
Z
X
f d =
Z
X
g d.
I.4 Fonctions integrables
On consid`ere (X,/,) un espace mesure. Soit f : X IR et soient f
+
et f

les fonctions positives denies par :


f
+
(x) = supf(x),0, la partie positive de f et
f

(x) = supf(x),0, la partie negative de f.


On verie facilement que
f = f
+
f

, f
+
=
1
2

[f[ + f

,
[f[ = f
+
+f

et f

=
1
2

[f[ f

.
Remarque I.4.1 Lapplication f est mesurable si et seulement si f
+
et
f

sont mesurables.
Denition I.4.1 Soit f : X IR mesurable. On dit que f est integrable
sur X par rapport `a , si et seulement si f
+
et f

le sont. Lintegrale
de f est alors denie par
Z
X
f d =
Z
X
f
+
d
Z
X
f

d.
Si E /, on denit :
Z
E
f d =
Z
X
f
E
d =
Z
E
f
+
d
Z
E
f

d.
28 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Proposition I.4.1 Soit f : X IR mesurable ;
f est int egrable [f[ est int egrable.
Demonstration :
=) Les applications f
+
et f

sont integrables, donc


Z
X
[f[ d =
Z
X

f
+
+ f

d =
Z
X
f
+
d +
Z
X
f

d < +.
=) On a f mesurable et
Z
X
[f[ d < +. Les fonctions positives f
+
et f

sont mesurables et verient f


+
[f[ et f

[f[.
On en deduit que
Z
X
f
+
d < + et
Z
X
f

d < +, donc f est


integrable. Cette proposition est fausse pour lintegrale de Riemann. En
eet la fonction
f(x) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
1 si x l Q
+1 si x / l Q
nest pas Riemann-integrable sur X = [0,1]. Cependant [f[ = 1 est
Riemann-integrable sur X = [0,1].
Proposition I.4.2 Soient f, g : X IR integrables. Alors on a
f = g pp =
Z
X
f d =
Z
X
g d.
Proposition I.4.3 Soient f : X IR integrable et N un ensemble
negligeable. Alors
Z
N
f d = 0.
I.4. FONCTIONS INT

EGRABLES 29
Proposition I.4.4 Toute fonction f : X IR integrable est nie pp.
Demonstration :
Posons E = x X : [f(x)[ = +. Nous avons E =
\
nIN

E
n
o` u
E
n
= x X : [f(x)[ n.
Lensemble E
n
est mesurable car [f[ lest. On en deduit que E est me-
surable.
On a n
E
n
[f[, donc
(E) (E
n
)
1
n
Z
X
[f[ d.
Comme
Z
X
[f[ d < + on en deduit que (E) = 0.
Ainsi, lorsquon fait du calcul integral, on peut se limiter aux fonctions
`a valeurs dans IR ou dans l C.
On designe par /
1
IR
(X,/,), /
1
(X) ou /
1
lensemble des fonctions f :
X IR integrables sur X par rapport `a la mesure .
Notons que

Z
X
f d


Z
X
[f[ d, pour toute fonction f /
1
.
Proposition I.4.5 Soient f, g : X IR. On suppose que f est me-
surable et que g est integrable. Si [f[ g pp alors f est integrable et
Z
X
[f[ d
Z
X
g d.
Demonstration :
Puisque f est mesurable alors [f[ est aussi mesurable. Considerons len-
30 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
semble
N = x X/ [f(x)[ > g(x).
On voit que N / et que (N) = 0. De la proposition (I.3.2), on tire
Z
X
[f[ d =
Z
N
[f[ d +
Z
N
c
[f[ d.
Comme
Z
N
[f[ d = 0, alors
Z
X
[f[ d =
Z
N
c
[f[ d
Z
N
c
g d =
Z
X
g d
Proposition I.4.6 Soient f, g /
1
et IR. Alors
i) f /
1
et f +g /
1
;
ii)
Z
X
f d =
Z
X
f d et
Z
X
(f + g) d =
Z
X
f d +
Z
X
g d.
Nous avons dej`a vu une justication du passage `a la limite sous le signe
somme pour une suite monotone (voir theor`eme (I.3.1)). Le theor`eme
fondamental suivant donne une autre justication
Theor`eme I.4.1 (Theor`eme de convergence dominee de Lebesgue)
Soit f
n
: X IR, n IN une suite de fonctions mesurables. On
suppose que
i) La suite (f
n
) converge simplement vers f ;
ii) Il existe g /
1
telle que pour tout n
[f
n
[ g. (I.5)
Alors,
I.4. FONCTIONS INT

EGRABLES 31
Pour tout n, f
n
/
1
et f /
1
;
lim
n+
Z
X
[f
n
f[ d = 0 ;
lim
n+
Z
X
f
n
d =
Z
X
f d.
Demonstration :
f est mesurable car cest une limite simple de fonctions mesurables ;
Linegalite (I.5) entraine que pour tout n, f
n
/
1
;
De la convergence simple de (f
n
) vers f et de linegalite (I.5) on tire
[f[ g do` u f /
1
;
On a [f
n
f[ 2g. Denissons la suite de fonctions mesurables
positives

n
= 2g [f
n
f[.
On a 2g = lim
n

n
= liminf
n

n
.
Lapplication du lemme (I.3.2) conduit `a
Z
X
2g d liminf
n
Z
X

n
d
=
Z
X
2g d + liminf
n

Z
X
[f
n
f[ d

.
On en deduit que
limsup
n
Z
X
[f
n
f[ d 0 ou encore lim
n
Z
X
[f
n
f[ d = 0.
Linegalite

Z
X
f
n
d
Z
X
f d


Z
X
[f
n
f[ d
32 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
permet de conclure.
Donnons une deuxi`eme version de ce theor`eme
Theor`eme I.4.2 Soient f : X IR mesurable et f
n
: X IR, n
I IN une suite de fonctions mesurables. On suppose que
i) La suite (f
n
)
nI
converge pp vers f ;
ii) Il existe g /
1
telle que pour tout n I
[f
n
[ g pp.
Alors,
Pour tout n I, f
n
/
1
et f /
1
;
lim
n+
Z
X
[f
n
f[ d = 0 ;
lim
n+
Z
X
f
n
d =
Z
X
f d.
Terminons ce paragraphe par des resultats relatifs aux fonctions `a valeurs
complexes.
Denition I.4.2 Soit f : X l C mesurable. La fonction f est dite
integrable si [f[ est integrable.
Proposition I.4.7 Soit f : X l C mesurable. On a f = 1e(f) +
i1m(f),
f est integrable si et seulement si 1e(f) et 1m(f) sont integrables.
I.5. CALCUL INT

EGRAL 33
On a alors
Z
X
f d =
Z
X
1e(f) d + i
Z
X
1m(f) d.
Remarque I.4.2 Si f est une fonction `a valeurs complexes, integrable,
alors on a

Z
X
f d


Z
X
[f[ d.
Il est important de noter que le theor`eme de Lebesgue reste valable pour
les fonctions `a valeurs dans l C.
I.5 Calcul integral
Soit (X,/,) un espace mesure.
I.5.1 Integrales dependant dun param`etre
Soit I un intervalle de IR borne ou non. On consid`ere
f : I X IR
(t,x) f(t,x)
Theor`eme I.5.1 On suppose que
i) lapplication x f(t,x) est mesurable pour tout t I,
ii) pour presque tout x X, lapplication t f(t,x) est continue en
t
0
I et
34 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
iii) il existe g /
1
telle que pour tout t I : [f(t,x)[ g(x) pp.
Alors, pour tout t I, la fonction x f(t,x) est integrable et la
fonction F denie par F(t) =
Z
X
f(t,x) d(x) est continue en t
0
.
La notation d(x) signie que la mesure porte sur lensemble dont la
variable est x.
Demonstration :
Linegalite [f(t,x)[ g(x) pp entraine que la fonction x f(t,x) /
1
.
Pour montrer la continuite de F en t
0
, on consid`ere une suite t
n

delements de I telle que t


n
t
0
et on va prouver que F(t
n
) F(t
0
).
Posons f
n
(x) = f(t
n
,x) et f(x) = f(t
0
,x). Les fonctions f
n
et f sont
mesurables, [f
n
[ g pp et (f
n
)
n
converge vers f presque partout. Lap-
plication du theor`eme de convergence dominee (I.4.2) implique que f
n
et f sont integrables et
F(t
0
) =
Z
X
f(t
0
,x) d(x) =
Z
X
f(x) d(x)
= lim
n
Z
X
f
n
(x) d(x) = lim
n
Z
X
f(t
n
,x) d(x)
= lim
n
F(t
n
).
Theor`eme I.5.2 Soit I un intervalle ouvert de IR. On suppose
i) lapplication x f(t,x) est integrable pour tout t I,
ii) pour presque tout x X,
f
t
(t,x) existe et
iii) il existe g /
1
telle que pour tout t I on a

f
t
(t,x)

g(x) pp.
I.5. CALCUL INT

EGRAL 35
Alors, pour tout t I, la fonction x
f
t
(t,x) est integrable, la
fonction F denie par F(t) =
Z
X
f(t,x) d(x) est derivable et on a
F
/
(t) =
Z
X
f
t
(t,x) d(x).
Remarque I.5.1 Ces deux theor`emes restent valables pour les fonctions
f(t,x) `a valeurs dans l C.
I.5.2 Integrale de Lebesgue et integrale de Riemann
La fonction f =
l Q[0,1]
nest pas Riemann-integrable. Cependant elle
est Lebesgue-integrable car
Z
IR
f d =

l Q [0,1]

= 0.
Theor`eme I.5.3 Soit [a,b] un intervalle compact de IR et soit f : [a,b]
IR.
Si f est Riemann-integrable sur [a,b] alors f est Lebesgue-integrable sur
[a,b] et on a legalite
Z
b
a
f(x) dx =
Z
[a,b]
f(x) d(x). (I.6)
Remarque I.5.2 On voit que dans le cas des integrales propres, lintegrale
de Lebesgue est beaucoup plus generale que lintegrale de Riemann. Legalite
(I.6) montre que lon peut donc calculer lintegrale de Lebesgue dune
fonction Riemann-integrable par les methodes classiques.
36 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Theor`eme I.5.4 Soit I un intervalle de IR et soit f une fonction lo-
calement Riemann-integrable sur I. Alors f est Lebesgue-integrable sur
I si et seulement si lintegrale de Riemann generalisee
Z
I
f(x) dx est
absolument convergente et on a
Z
I
f(x) dx =
Z
I
f(x) d(x). (I.7)
Remarque I.5.3 On constate que lorsquune integrale generalisee existe,
lintegrale de Lebesgue existe si et seulement si lintegrale est absolument
convergente et on a legalite (I.7).
On voit que les integrales generalisees semi-convergentes echapperont
ainsi aux theor`emes dintegration. Ceci semble constituer une petite vic-
toire de lintegrale de Riemann sur lintegrale de Lebesgue. Mais une
integrale generalisee nest pas `a proprement parler, une integrale de Rie-
mann.
Dans la suite, on notera d(x) = dx pour x IR et d(x) = dx
1
dx
2
. . . dx
n
pour x IR
n
.
I.5.3 Theor`eme de Fubini
Nous enoncerons ce theor`eme pour des fonctions de deux variables reelles.
Theor`eme I.5.5 Soient f : IR
2
IR mesurable et EF un ensemble
I.5. CALCUL INT

EGRAL 37
mesurable de IR
2
.
(i) Si f est positive sur E F alors on a
Z
EF
f(x,y) dxdy =
Z
E
dx
Z
F
f(x,y) dy =
Z
F
dy
Z
E
f(x,y) dx, (I.8)
(= eventuellement `a +) ;
(ii) f /
1
(E F)
Z
E
dx
Z
F
[f(x,y)[ dy ou
Z
F
dy
Z
E
[f(x,y)[ dx
est nie ;
(iii) Si f /
1
(E F) alors on a les egalites (I.8).
Remarque I.5.4 Laspect pratique `a retenir est que lon peut calculer
une integrale double en choisissant lordre dintegrabilite que lon veut,
pourvu que lune au moins des integrales iterees en module existe. Lexis-
tence des deux integrales
Z
E
dx
Z
F
f(x,y) dy et
Z
F
dy
Z
E
f(x,y) dx
nimplique pas lintegrabilite de f sur E F
I.5.4 Changement de variables
Soient X et Y deux domaines de IR
n
et : Y X une fonction bijec-
tive telle que et
1
soient de classe C
1
.
On note J

(y) la matrice jacobienne de au point y :


38 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
J

(y) =

i
y
j
(y)

1i,jn
o` u = (
1
, . . . ,
n
) et y = (y
1
, . . . ,y
n
)
Theor`eme I.5.6 Une fonction f est integrable sur X si et seulement si
f((y))

det J

(y)

est integrable sur Y et on a


Z
X
f(x) dx =
Z
Y
f((y))

det J

(y)

dy
Exemple I.5.1 Soient f : IR IR une fonction mesurable et a IR

.
On consid`ere lintegrale
Z
IR
f(ax) dx.
On eectue le changement de variable
y = ax x =
1
a
y.
Ainsi, on a
: IR IR
y x =
1
a
y,
do` u J

(y) =

1
a

et det J

(y) =
1
a
.
On obtient nalement
Z
IR
f(ax) dx =
1
[a[
Z
IR
f(y) dy.
I.6. ESPACES L
P
39
I.6 Espaces L
p
Soit (X,/,) un espace mesure. Lensemble /
1
= /
1
IR
(X,/,) ou
/
1
l C
(X,/,) est un espace vectoriel sur IR ou l C.
Pour f /
1
, on pose
|f|
1
=
Z
X
[f[d.
Lapplication f |f|
1
nest pas une norme. En eet,
|f|
1
= 0 f = 0 pp.
Cest une semi norme sur /
1
car
|f +g|
1
|f|
1
+|g|
1
, f, g /
1
et |f|
1
= [[|f|
1
, f /
1
, IR ou l C.
On sait que pour tout f, g /
1
f = g pp =
Z
X
f d =
Z
X
g d.
On introduit alors dans /
1
la relation 1
f1g f = g pp.
On verie facilement que 1 est une relation dequivalence. On pose
L
1
= L
1
(X,/,) = /
1
/1.
40 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Cest donc lespace vectoriel quotient, des classes dequivalence des fonc-
tions de /
1
modulo legalite pp.
L
1
=

f : f /
1
.
Dans ce qui suit, on identie

f et f. Ainsi, si f L
1
, f designera
lensemble des fonctions g telles que g = f pp.
Proposition I.6.1 Lapplication
|.|
1
: L
1
IR
+
f |f|
1
=
Z
X
[f[d
est bien denie et cest une norme sur L
1
.
En eet, |f|
1
est independant du representant choisi dans la classe de
f. De plus, pour tout f L
1
|f|
1
= 0 f = 0 pp

f =

0 f = 0 dans L
1
.
Il est important de noter que :
L
1
est considere comme un espace de fonctions (on ne distingue pas
deux fonctions egales pp).
L
1
est un espace vectoriel norme.
Denition I.6.1 Pour p [1, + [, on denit lensemble L
p
=

f :
X IR/ [

f[
p
L
1
.
I.7. EXERCICES 41
On a les resultats suivants :
Proposition I.6.2 Lapplication
|.|
p
: L
p
IR
+
f |f|
p
=
Z
X
[f[
p
d
1
p
est bien denie et cest une norme sur L
p
.
Proposition I.6.3 (Inegalite de Holder)
Soient p, q ]1, +[. Si f L
p
et g L
q
avec
1
p
+
1
q
= 1, alors
fg L
1
et |fg|
1
|f|
p
|g|
q
.
Theor`eme I.6.1 Pour 1 p < +, L
p
est un espace de Banach (es-
pace vectoriel norme complet).
I.7 Exercices
Exercice I.7.1 Soit X = IR. On consid`ere les deux familles
T
1
=

]a,b[, a, b IR

et
T
2
=

[a,b], a, b IR

.
Demontrer que :
(T
1
) = (T
2
).
42 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Exercice I.7.2 Soit X un ensemble non vide et T une famille de par-
ties de X. On suppose que X T et que T est stable par passage au
complementaire.
On note T
/
la plus petite famille contenant T, stable par reunion et in-
tersection denombrable.
a/ Verier que / = E T
/
: E
c
T
/
est une tribu sur X.
b/ On designe par (T) la tribu engendree par T. Montrer que T
/
=
(T).
Exercice I.7.3 Soient (X,/,) un espace mesure et (A
n
)
n
une suite
densembles mesurables. On pose A =
\
nIN
[
kn
A
k
.
1) Montrer que si la serie
+
X
n=0
(A
n
) converge, alors (A) = 0.
2) On suppose que (X) est nie et quil existe s > 0 tel que pour tout
n IN, (A
n
) s.
i) Montrer que (A) s.
ii) Montrer, `a laide dun contre exemple, que si (X) = + alors il
se peut que (A) < s.
Exercice I.7.4 Soit (X, /, ) un espace mesure. Montrer que toute fonc-
tion constante sur X est mesurable.
Exercice I.7.5 On se place dans (IR, /, ).
I.7. EXERCICES 43
a/ Montrer que toute fonction f : IR IR nulle presque partout (p.p.)
est mesurable.
b/ Soit f : IR IR continue. Montrer que
f = 0 p.p. = f = 0.
Exercice I.7.6 Soit f : IR IR derivable. La fonction f
/
: IR IR
est-elle mesurable?
Exercice I.7.7 Soit (X, /, ) un espace mesure o` u est une mesure
compl`ete. On consid`ere une suite f
n
: X IR, n IN de fonctions
mesurables qui converge p.p. vers une fonction f. Montrer que f est
mesurable.
Exercice I.7.8 Soient (X,/,) un espace mesure et f : X IR
+
mesurable. Montrer que
> 0 on a

x X, f(x)

Z
X
f d.
(Lemme de Tchebychev)
Exercice I.7.9 Soient (X, /, ) un espace mesure, f : X IR
+
me-
surable et N un ensemble negligeable. Montrer que
Z
N
f d = 0.
44 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Exercice I.7.10 Soient (X, /, ) un espace mesure tel que (X) < +
et f : X IR
+
une fonction integrable. Pour tout n IN, on pose
A
n
= x X : n f(x) < n + 1
et
B
n
= x X : f(x) n.
a/ Montrer que
+
X
n=0
n(A
n
) =
+
X
n=1
(B
n
).
b/ Montrer que la serie
+
X
n=0
(B
n
) est convergente.
Exercice I.7.11 Soient (X,/,) un espace mesure et f : X IR
+
une fonction integrable. Posons A
n
= x X/ f(x) > n. Montrer les
assertions suivantes
(a) > 0 A / tel que (A) < + et
Z
X
f d
Z
A
f d +.
(b) lim
n+
n(A
n
) = 0.
Exercice I.7.12 On consid`ere lespace mesurable (IN,T(IN)). Lappli-
cation

d
: T(IN) IR
+
denie par

d
(A) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
card(A) si A est fini
+ si A est infini
I.7. EXERCICES 45
est une mesure appelee mesure de denombrement.
Montrer que toute fonction f : IN IR
+
est mesurable et que
Z
IN
f d
d
=
+
X
n=0
f(n).
Exercice I.7.13 Soient (X, /, ) un espace mesure et f
n
: X
IR
+
, n IN

une suite croissante de fonctions mesurables. On sup-


pose que (f
n
) converge presque partout vers une fonction mesurable f.
Montrer que
lim
n+
Z
X
f
n
d =
Z
X
f d.
Exercice I.7.14 Soit (X, /, ) un espace mesure et f
n
: X IR
+
, n
IN

une suite de fonctions mesurables. Montrer que


Z
X
+
X
n=1
f
n
d =
+
X
n=1
Z
X
f
n
d.
Exercice I.7.15 Soit (X, /, ) un espace mesure, f /
1
et N un en-
semble negligeable. Montrer que
Z
N
f d = 0.
Exercice I.7.16 Soient (X, /, ) un espace mesure et f, g /
1
. Mon-
trer que si f = g p.p., alors
Z
X
f d =
Z
X
g d.
46 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Exercice I.7.17 Soient (X, /, ) un espace mesure et f : X IR
integrable. Montrer que
f = 0 pp A /
Z
A
f d = 0.
Exercice I.7.18 Soient (X,/,) un espace mesure et f : X IR me-
surable. Montrer que si f est integrable alors lensemble x X/ f(x) ,=
0 peut sexprimer comme une reunion denombrable densembles me-
surables de mesure nie. La reciproque est-elle vraie ? Justier votre
reponse.
Exercice I.7.19 Soit la suite de fonctions
f
n
(x) =
n
3
2
x
1 +n
2
x
2
; x [0,1] et n IN.
a/ Etudier la convergence simple et uniforme de la suite (f
n
) sur [0,1].
b/ A-t-on le droit decrire
lim
n+
Z
1
0
f
n
(x) dx =
Z
1
0
lim
n+
f
n
(x) dx ?
Exercice I.7.20 Sachant que
Z
+
0
exp (x
2
) dx =

2
,
calculer
lim
n+
Z

n
0

1
x
2
n

n
dx.
I.7. EXERCICES 47
Exercice I.7.21 Soient (X, /, ) un espace mesure et f
n
: X
IR
+
, n IN une suite de fonctions -integrables qui converge simple-
ment vers une fonction f integrable. Pour tout n IN, on suppose que
Z
X
f
n
d =
Z
X
f d.
Montrer que la suite (f
n
) converge vers f dans L
1
.
Exercice I.7.22 Soient (X, /, ) un espace mesure et f : X IR
+
une fonction integrable. Determiner lim
n+
Z
X
f
n
d.
Exercice I.7.23 Demontrer que
Z
+
0
exp (x) cos

x dx =
+
X
n=0
(1)
n
n!
(2n)!
.
Exercice I.7.24 Calculer lim
n+
Z
n
0
dx
1 +x + + x
n
.
Exercice I.7.25 Calculer de deux facons dierentes
lim
n+
Z
1
0
nx sin x(1 x)
n
dx.
Exercice I.7.26 Soient (X, /, ) un espace mesure et f
n
: X
IR
+
,n IN une suite decroissante de fonctions positives mesurables
qui converge simplement vers une fonction f. En supposant que f
0
est
integrable, montrer que
lim
n+
Z
X
f
n
d =
Z
X
f d.
48 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
Exercice I.7.27 Chercher lim
n+
Z
n
0

1
x
n

n
exp

x
2

dx.
Exercice I.7.28 Calculer lim
n+
Z
+
0
nxsin (x) exp (x)
1 +n
2
x
2
dx.
Exercice I.7.29 On consid`ere la suite de fonctions denies sur [0,1] par
f
n
(x) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
n
3
2
x si x [0,
1
n
]
1

x
si x [
1
n
,1]
(n IN

)
a/ Etudier la convergence simple de (f
n
) sur [0,1].
b/ Etudier la convergence uniforme de (f
n
) sur [0,1].
c/ A-t-on
lim
n+
Z
1
0
f
n
(x) dx =
Z
1
0
lim
n+
f
n
(x) dx ?
Exercice I.7.30 Soient (X, /, ) un espace mesure et f
n
: X
IR, n IN une suite de fonctions integrables telle que
8
>
>
>
>
<
>
>
>
>
:
+
X
n=0
f
n
est absolument convergente sur X dans IR,
+
X
n=0
Z
X
[f
n
(x)[ d est convergente dans IR.
a/ Montrer que
+
X
n=0
f
n
est integrable et que
Z
X
+
X
n=0
f
n
(x) d =
+
X
n=0
Z
X
f
n
(x) d.
b/ En utilisant la question a/, demontrer que
J =
Z
+
0
sin x
exp (x) 1
dx =
+
X
n=1
1
n
2
+ 1
.
I.7. EXERCICES 49
Exercice I.7.31 Determiner lim
n+
Z
n
0

1
x
n

n
x
2
dx.
Exercice I.7.32 Calculer I =
Z
1
0
ln x
1 x
dx.
Exercice I.7.33 Montrer que
F(t) =
Z
+
0
exp (x
2
t)
1 +x
2
dx
est derivable pour t > 0 et donner F
/
(t) sous forme integrale.
Exercice I.7.34 Montrer que
Z
+
0
exp (x
2
) dx =

2
en considerant, pour tout t 0, les fonctions
F(t) =

Z
t
0
exp (x
2
) dx

2
et G(t) =
Z
1
0
exp

t
2
(1 +x
2
)

1 +x
2
dx.
Exercice I.7.35 Soit f : IR
+
IR une fonction mesurable. On sup-
pose quil existe a IR tel que
Z
+
0
exp (ax)f(x)dx < +.
Pour t IR, on pose F(t) =
Z
+
0
exp (tx)f(x) dx. Montrer que la
fonction F est derivable sur I =]a, +[.
Exercice I.7.36 Soit
f(x,y) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
0 si (x,y) = (0,0)
xy
(x
2
+y
2
)
2
si (x,y) [1,1]
2
et (x,y) ,= (0,0).
50 CHAPITRE I. INT

EGRALE DE LEBESGUE
a/ Calculer
Z
[1,1]
dx
Z
[1,1]
f(x,y) dy et
Z
[1,1]
dy
Z
[1,1]
f(x,y) dx.
b/ Verier que f nest pas integrable sur [0,1] [0,1]. Quelle remarque
peut-on faire?
51
Chapitre II
Transformation de Fourier dans L
1
II.1 Transformation de Fourier
Dans ce qui suit, L
1
designera L
1
IR
(IR) ou L
1
l C
(IR)
Denition II.1.1 Soit f L
1
. On appelle transformee de Fourier de
f, la fonction Tf ou

f denie, pour tout t IR, par
Tf(t) =

f(t) =
Z
IR
exp (i2tx)f(x) dx.
On verie facilement lexistence de cette integrale .
Lapplication T qui `a tout f L
1
associe

f sappelle transformation de
Fourier.
Pour f L
1
, on pose
Tf(t) =
Z
IR
exp (i2tx)f(x) dx,
52 CHAPITRE II. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L
1
appelee transformee de Fourier conjuguee de f.
Theor`eme II.1.1 Si f L
1
alors

f est continue et bornee sur IR.
Demonstration :
Pour tout t IR, lapplication x exp (i2tx)f(x) est mesurable et
pour tout x IR, lapplication
t exp (i2tx)f(x) est continue.
On a

exp (i2tx)f(x)

[f(x)[ avec f L
1
.
Par consequent lapplication
t

f(t) =
Z
IR
exp (i2tx)f(x) dx
est continue sur IR. Dautre part
[

f(t)[ =

Z
IR
exp (i2tx)f(x) dx

|f|
1
< +
donc sup [

f(t)[, t IR = |

f|

|f|
1
ce qui prouve que

f est bornee.
Theor`eme II.1.2 Si f L
1
alors lim
[t[+
[

f(t)[ = 0.
Proposition II.1.1 Soient f et g L
1
. Les fonctions f.
b
g,

f.g sont dans
L
1
et
Z
IR
f(u)
b
g(u) du =
Z
IR

f(x)g(x) dx.
II.2. PROPRI

ET

ES DE LA TRANSFORM

EE DE FOURIER 53
Demonstration :
Puisque
b
g est bornee, alors f.
b
g L
1
. De meme

f.g L
1
. On a
Z
IR
f(u)
b
g(u) du =
Z
IR
f(u)
Z
IR
exp (i2ux)g(x) dx

du
=
Z
IR
g(x)
Z
IR
exp (i2ux)f(u) du

dx
=
Z
IR

f(x)g(x) dx
car lapplication : (x,u) exp (i2ux)f(u)g(x) est integrable. En
eet
Z
IR
dx
Z
IR
[(x,u)[ du =
Z
IR
[f(u)[ du
Z
IR
[g(x)[ dx < +.
La proposition decoule du theor`eme (I.5.5).
Remarque II.1.1 Les resultats ci-dessus sont valables pour T.
Pour simplier les ecritures des formules, on introduit la notation T

f(x)

`a la place de Tf.
II.2 Proprietes de la transformee de Fourier
a) Si x
k
f(x) L
1
pour k = 0,1, . . . ,n alors

f est n fois derivable et on
a pour k = 1, . . . ,n

(k)
= D
k
f = (i2)
k
T

x
k
f(x)

.
54 CHAPITRE II. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L
1
Demonstration :
Supposons

f derivable jusqu`a lordre p avec p < n.
Lapplication h
x
: t exp (i2tx)f(x) est C

;
Lapplication x h
(p)
x
(t) = (i2x)
p
exp (i2tx)f(x) est integrable ;
De plus t (i2x)
p
exp (i2tx)f(x) est derivable et

(i2x)
p+1
exp (i2tx)f(x)

(2)
p+1

x
p+1
f(x)

L
1
, pour tout
p < n.
Le theor`eme (I.5.2) donne

(p+1)
(t) = (i2)
p+1
T

x
p+1
f(x)

(t).
b) Si, pour tout k 0,1, . . . ,n, la fonction f
(k)
est continue et integrable,
alors
T(f
(k)
)(t) = (2it)
k
f(t).
Demonstration :
On a
T(f
/
)(t) = lim
a+
Z
a
a
exp (i2tx)f
/
(x) dx
=

exp (i2tx)f(x)

a
a
+
Z
a
a
(2it) exp (i2tx)f(x) dx.
f
/
est continue donc
Z
a
0
f
/
(x) dx = f(a) f(0). Comme f
/
L
1
, alors
l = lim
a+
f(a) existe. On a l = 0, car sinon, lim
x+
[f(x)[ = [l[ > 0 et
pour ]0,[l[[, il existe A > 0 tel que pour tout x > A: [f(x)[ > [l[
ce qui est absurde.
II.2. PROPRI

ET

ES DE LA TRANSFORM

EE DE FOURIER 55
On montre de meme que lim
x
f(x) = 0. Ainsi
T(f

)(t) = (2it)

f(t)
Pour n 2 et compte tenu des hypoth`eses le resultat sobtient par
iterations successives de la formule ci-dessus.
c) T est lineaire. Cest une consequence de la linearite de lintegrale.
d) Soient f L
1
et a IR

. Si g(x) = f(ax), alors


b
g(t) =
1
[a[

t
a
!
Demonstration :
On eectue le changement de variables y = ax
b
g(t) =
Z
IR
exp (i2tx)f(ax) dx
=
Z
IR
exp

i2t
1
a
y

f(y)
1
[a[
dy
=
1
[a[

t
a

e) Pour f L
1
, on a les proprietes suivantes :
i) Tf = T f o` u f est la conjuguee de f lorsque celle-ci est `a valeurs
dans l C;
ii) Tf

= Tf = (Tf)

o` u f

est la symetrisee de f denie par f

(x) =
f(x) ;
56 CHAPITRE II. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L
1
iii) Si f est paire alors

f est paire ;
iv) Si f est impaire alors

f est impaire ;
v) Si f est reelle paire alors

f est reelle paire ;
vi) Si f est reelle impaire alors

f est imaginaire impaire ;
vii) T(T
a
f)(t) = exp (i2at)

f(t) o` u T
a
f est la translatee de f denie
par T
a
f(x) = f(x a) ;
viii) T
a

f = T(exp (i2ax)f(x)).
II.3 Transformee de Fourier inverse
Notons que si f L
1
, sa transformee de Fourier nest pas necessairement
dans L
1
.
Theor`eme II.3.1 Si f et

f sont dans L
1
, alors
T

f(t) = f(t), pour tout t o` u f est continue.
Corollaire II.3.1 Si f est continue et f,

f L
1
alors
T

f = f.
Theor`eme II.3.2 Si f et

f sont dans L
1
, alors
T

f = f p.p.
II.3. TRANSFORM

EE DE FOURIER INVERSE 57
Corollaire II.3.2 i) Pour f L
1
, on a

f = 0 = f = 0 p.p.
ii) Pour f L
1
C
0
(IR), on a

f = 0 = f = 0.
iii) Pour f, g L
1
, on a

f =
b
g = f = g p.p.
iv) Pour f, g L
1
C
0
(IR), on a

f =
b
g = f = g.
Theor`eme II.3.3 (Formule de reciprocite de Fourier).
On suppose que :
i) f L
1
;
ii) Il existe un nombre ni de reels a
1
,a
2
, . . . ,a
p
tels que f soit de classe
C
1
sur ] ,a
1
[, ]a
1
,a
2
[, . . . , ]a
p
, +[ ;
iii) f
/
L
1
.
Alors, on a
lim
a+
Z
a
a
exp (i2tx)

f(x) dx =
1
2

f(t
+
) +f(t

.
Proposition II.3.1 Supposons que f C
0
(IR) et f,

f L
1
. Alors, on
a pour tout t IR
T

f(t) = f

(t).
58 CHAPITRE II. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L
1
II.4 Convolution
Denition II.4.1 Soient f et g : IR l C. On appelle produit de convo-
lution de f et g, la fonction
f g(x) =
Z
IR
f(u)g(x u) du.
Proposition II.4.1 Si f et g L
1
alors
i) f g = g f ;
ii) f g L
1
;
iii) T(f g) = T(f) T(g).
II.5 Exercices sur la transformation de Fourier
Exercice II.5.1 Soit a l C tel que 1e(a) > 0 et on pose
|(x) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
1 si x > 0
0 si x 0
Determiner la transformee de Fourier de f dans les cas suivants
a/ f(x) = exp (ax)|(x) ;
b/ f(x) = exp (ax)|(x) ;
c/ f(x) =
x
k
k!
exp (ax)|(x) ;
d/ f(x) =
x
k
k!
exp (ax)|(x) ;
II.5. EXERCICES SUR LA TRANSFORMATION DE FOURIER 59
e/ f(x) = exp

a[x[

;
f/ f(x) = sign(x) exp

a[x[

.
Exercice II.5.2 Calculer la transformee de Fourier de f(x) = exp

ax
2

, a >
0, via une equation dierentielle.
Exercice II.5.3 Verier que la convolution est une operation bilineaire
continue de
L
1
L
1
dans L
1
telle que |f g|
1
|f|
1
|g|
1
.
Exercice II.5.4 Calculer
Z
+
0
cos (xy)
1 +y
2
dy, x IR.
Exercice II.5.5 Montrer que si f C
2
(IR) et f, f

, f

L
1
, alors

f L
1
.
Exercice II.5.6 On se propose de demontrer le resultat suivant :
Si f et

f L
1
alors T

f(t) = f(t), pour tout t o` u f est continue.
a/ On pose pour n IN

, g
n
(x) = exp

2
n
[x[

. Calculer

g
n
(s).
b/ Montrer que
Z
IR

f(x)g
n
(x) exp (i2tx) dx =
Z
IR
f(u)

g
n
(u t) du, t IR.
c/ Demontrer que
lim
n+
Z
IR

f(x)g
n
(x) exp (i2tx) dx = T

f(t).
60 CHAPITRE II. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L
1
d/ Calculer
Z
IR

g
n
(s) ds.
e/ Verier que
Z
IR
f(u)

g
n
(u t) du f(t) =
Z
IR

f(s + t) f(t)

g
n
(s) ds.
f/ On suppose que f est continue en t. Montrer que > 0, > 0
tel que
1.

Z
[s[

f(s +t) f(t)

g
n
(s) ds

,
2. lim
n+
Z
[s[>

f(s +t) f(t)

g
n
(s) ds = 0.
3. Conclure.
Exercice II.5.7 Determiner f C
0
(IR)L
1
paire et solution de lequation
integrale
Z
+

f(x) cos (2tx) dx =


8
>
>
>
<
>
>
>
:
1 [2t[ si [t[ <
1
2
0 si [t[
1
2
En deduire les valeurs de I =
Z
+
0
1 cos x
x
2
dx et J =
Z
+
0
sin x
x
dx.
Exercice II.5.8 Determiner

f si f est denie sur IR par f(x) =
exp

x x
2

.
Exercice II.5.9 Soit f une fonction paire de L
1
. Comparer Tf et Tf.
Meme question si f est impaire.
II.5. EXERCICES SUR LA TRANSFORMATION DE FOURIER 61
Calculer Tf et Tf pour
f(x) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
1
a

[x[
a
2
si [x[ a
0 si x > a
; a > 0.
Exercice II.5.10 Une fonction mesurable f : IR l C est dite `a decroissance
rapide (D.R.) si
p IN lim
[x[+

x
p
f(x)

= 0.
1) Donner un exemple dune fonction `a (D.R.).
2) Montrer que si f est `a (D.R.) et si [f[ est integrable sur tout compact
de IR alors
p IN x
p
f(x) L
1
.
3) Montrer que
h
f L
1
et f est ` a (D.R.)
i
=

f C

(IR).
4) Montrer que

f C

(IR) et k IN f
(k)
L
1

=

f est ` a (D.R.).
5) Montrer que
h
f C
0
(IR) et f est ` a (D.R.)
i
= f L
1
L
2
.
62 CHAPITRE II. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L
1
Exercice II.5.11 Considerons un signal f : IR l C integrable. Trou-
ver une relation liant la densite spectrale denergie denie par
d : t

f(t)

2
et la fonction dautocorrelation denie par
c : x
Z
IR
f(u)f(u x) du.
Exercice II.5.12 Resoudre dans C
0
(IR) L
1
, lequation integrale
Z
+

exp

a[x t[

f(t) dt = exp

x
2

o` u a est un reel strictement positif.


63
Chapitre III
Theorie elementaire des
distributions
III.1 Introduction
En physique, on utilise souvent des fonctions singuli`eres dont les pro-
prietes sont contradictoires. On se propose, par exemple, de representer
une masse unidimensionnelle unite concentree au point x = 0. La fonc-
tion densite correspondante serait la limite dune suite de fonctions den-
sites d
h
(x) denie par
d
h
(x) =
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
1
2h
si [x[ h
0 si [x[ > h
64 CHAPITRE III. TH

EORIE

EL

EMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS


La fonction d
h
(x) a aussi la propriete suivante
Z
IR
d
h
(x) dx = 1 (masse totale)
Si lon admet lexistence dune densite limite notee ; celle-ci devrait
verier
i) (x) = 0 si x ,= 0
ii) (x) = + si x = 0
iii)
Z
IR
(x)dx = 1
appelee fonction de Dirac. Elle est representee graphiquement par
Elle represente de facon generale en physique, limpulsion unite `a lori-
gine.
Or on constate que les trois conditions i), ii) et iii) ci-dessus, sont incom-
III.1. INTRODUCTION 65
patibles pour une fonction. En eet, etant nulle presque partout, son
integrale doit etre nulle. Alors que faire?
Les physiciens (notamment Dirac vers 1920) ne se sont pas laisses arreter
par la contradiction. Loutil etait commode, meme sil netait pas satis-
faisant dun point de vue conceptuel. Ils utilis`erent aussi, sans rigueur
mathematique, dautres proprietes pour . Par exemple

Z
IR
(x)(x)dx = (0) pour toute bonne fonction ;
La fonction est la derivee de lechelon unite de Heaviside |(x).
Il a fallu attendre 1946 pour que soit construite, par Laurent Schwartz,
une theorie compl`ete de ces nouveaux objets mathematiques. Cest la
theorie des distributions qui est devenue depuis dun usage quasiment
obligatoire en physique. On obtient avec les distributions une generalisation
de la notion de fonction. La theorie des distributions rend compte egalement
de la nouvelle derivation, appelee derivation au sens des distributions
notion globale, contrairement `a la derivation usuelle. Notons au passage
quune fonction continue sera derivable au sens des distributions et meme
66 CHAPITRE III. TH

EORIE

EL

EMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS


indeniment derivable. Precisons pour terminer que nous nabordons ici
que les aspects elementaires de cette theorie.
III.2 Espace T des fonctions tests
On consid`ere f : IR
n
IR ou l C
Denition III.2.1 On appelle support de f lensemble
supp(f) = x IR
n
: f(x) ,= 0
Remarque III.2.1 Le support de f est un ferme en dehors duquel f
est nulle. De plus, cest le plus petit ferme ayant cette propriete.
On introduit lensemble
T(IR
n
) = T = f C

(IR
n
)/ supp(f) born e.
Remarque III.2.2 Lensemble T , = 0. En eet, la fonction
: IR IR
denie par
(x) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
0 si [x[ 1
e

1
1x
2

si [x[ < 1
III.2. ESPACE T DES FONCTIONS TESTS 67
est telle que supp() = [1,1] et C

(IR).
La fonction a lallure suivante :
Proprietes III.2.1 Muni de laddition et de la multiplication par un
scalaire, T est un l C-espace vectoriel.
T est une alg`ebre (f T, g T = fg T).
Si T alors

x
i
T pour tout i 1,2, . . . ,n.
Si T et C

, alors T.
Denition III.2.2 (Convergence dans T)
Soit (
m
) une suite de fonctions de T. On dit que (
m
) converge vers
T si
1) Il existe un compact K xe tel que pour tout m, supp(
m
) K ;
2) Pour tout k IN, les derivees partielles dordre k des
m
convergent
uniformement (quand m +) vers les derivees partielles correspon-
dantes de .
68 CHAPITRE III. TH

EORIE

EL

EMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS


III.3 Les distributions
Denition III.3.1 On appelle distibution sur IR
n
une forme lineaire
continue sur T.
On designera par T
/
lensemble des distributions (sur IR
n
).
Pour T T
/
et T, on a T() IR ou l C. On posera dans toute la
suite T() =< T, > o` u < .,. > designe le crochet de dualite.
Denition III.3.2 La fonctionnelle T est une distribution si elle verie
1)
1
,
2
l C,
1
,
2
T < T,
1

1
+
2

2
>=
1
< T,
1
> +
2
<
T,
2
>;
2) Si
m
dans T alors < T,
m
>< T, >.
Le deuxi`eme point est equivalent `a
[
m
0 dans T = < T,
m
> 0] .
Denitions III.3.1 Laddition dans T

et la multiplication par un sca-


laire sont denies par :
S, T T

< S + T, >=< S, > + < T, > T ;


S T

l C < S, >= < S, > T.


Proposition III.3.1 Muni de laddition et de la multiplication par un
scalaire, lensemble des distributions T
/
est un espace vectoriel sur l C.
III.3. LES DISTRIBUTIONS 69
Donnons `a present deux exemples importants de distributions.
Exemple III.3.1 Lensemble L
1
loc
(IR
n
) designe lespace des classes de
fonctions f : IR
n
IR ou l C integrables sur tout compact de IR
n
. A
toute fonction f L
1
loc
(IR
n
), on associe une distribution. En eet, soit
f une telle fonction, on denit T
f
par :
T < T
f
, >=
Z
IR
n f(x)(x)dx.
On montre que T
f
est bien une distribution.
Remarque III.3.1 On montre que pour tout f, g L
1
loc
(IR
n
),
f = g p.p. T
f
= T
g
.
ce qui permet didentier f et T
f
. Ainsi, pour tout f L
1
loc
(IR
n
) on
ecrira
< f, >=< T
f
, >=
Z
IR
n f(x)(x)dx.
Exemple III.3.2 La distribution de Dirac (au point 0) est denie, pour
tout T, par :
< , >= (0).
La distribution de Dirac au point a est denie, pour tout T, par :
<
a
, >= (a).
70 CHAPITRE III. TH

EORIE

EL

EMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS


Denition III.3.3 (Distribution reguli`ere)
Une distribution est dite reguli`ere si elle correspond `a une fonction lo-
calement integrable.
La distribution T est reguli`ere si et seulement si il existe une fonction f
localement integrable telle que T = T
f
.
Dans le cas contraire, on dira que T est singuli`ere.
Proposition III.3.2 La distribution de Dirac est singuli`ere.
III.4 Operations sur les distributions
III.4.1 Multiplication dune distribution par une fonction C

On ne peut pas denir de facon generale le produit de deux distribu-


tions. Par exemple, la fonction f denie par, f(x) =
1

[x[
est localement
integrable, on peut donc lui associer une distribution T
f
, mais on ne peut
pas le faire pour f.f = f
2
. On na pas T
f
.T
f
= T
f
2.
On peut cependant denir le produit dune distribution par une fonction
C

. En eet, si f L
1
loc
(IR
n
) et C

(IR
n
), alors on constate que
< T
f
, >=< T
f
, > T.
III.4. OP

ERATIONS SUR LES DISTRIBUTIONS 71


Ceci nous am`ene `a la denition suivante :
T T
/
C

(IR
n
) < T, >=< T, > T.
III.4.2 Derivation des distributions
Prenons f C
1
(IR). Pour tout T on a
< T
f
, >=
Z
IR
f
/
dx = [f]
+

Z
IR
f
/
dx.
Comme [f]
+

= 0, alors < T
f
, >= < T
f
,
/
> .
Denition III.4.1 Soit T T
/
. On denit sa derivee par rapport `a x
i
par
T

T
x
i
,

T,

x
i

.
Proposition III.4.1 Si T T
/
(IR
n
) alors
T
x
i
T
/
(IR
n
).
Il decoule de la proposition (III.4.1) quune distribution est toujours
derivable au sens des distributions et que ses derivees sont elles memes
des distributions. Une distribution est donc indeniment derivable (C

)
au sens des distributions.
Proposition III.4.2 Pour T et S T
/
(IR
n
) on a
(T + S)
x
i
=
T
x
i
+
S
x
i
(Derivation dune somme).
72 CHAPITRE III. TH

EORIE

EL

EMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS


Proposition III.4.3 Soit T T
/
(IR
n
) on a

x
i
T
x
j
=

x
j
T
x
i
=

2
T
x
i
x
j
(Egalite de Schwartz).
Proposition III.4.4 Soit T T
/
(IR
n
) et soit l C
(T)
x
i
=
T
x
i
.
Proposition III.4.5 Soient T T
/
(IR
n
) et f C

(IR
n
). On a

x
i
(fT) =
f
x
i
T + f
T
x
i
.
III.4.3 Convergence dune suite de distributions
Denition III.4.2 On dit que la suite (T
m
) de distributions converge
vers la distribution T si
T < T
m
, >< T, > .
Remarques III.4.1 Il sagit donc de la limite simple sur lensemble
des fonctions tests. On ecrira
T = lim
m
T
m
ou T
m
T

T.
La convergence dune suite de fonctions localement integrables (f
m
)
vers f localement integrable, au sens des distributions secrit
f
m
T

f T
Z
IR
f
m
dx
Z
IR
fdx.
III.5. EXERCICES 73
Proposition III.4.6 Si T
m
T

T alors
T
m
x
i
T

T
x
i
i = 1,2, . . . ,n.
Denition III.4.3 Soit (T
m
) une suite de distributions. On dit que la
serie

X
k=0
T
k
converge et a pour somme S si la suite des sommes partielles
S
m
=
m
X
k=0
T
k
converge vers la distribution S.
Remarque III.4.1 Compte tenu des resultats precedents si S =

X
k=0
T
k
alors
S
x
i
=

X
k=0
T
k
x
i
.
On peut deriver terme `a terme une serie convergente de distributions. Il
ny a donc aucune precaution speciale `a prendre.
III.5 Exercices
Exercice III.5.1 Soit |(x) la fonction echelon unite
|(x) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
0 si x < 0
1 si x 0.
Chercher sa derivee au sens des distributions.
74 CHAPITRE III. TH

EORIE

EL

EMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS


Exercice III.5.2 Soit la suite (f
n
) denie par
f
n
(x) =
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
n
2
si [x[
1
n
0 si [x[ >
1
n
.
Chercher lim
n
f
n
au sens des distributions.
Exercice III.5.3 Soit la suite (a
n
) IR telle que a
n
a. Verier que

a
n
T


a
.
Exercice III.5.4 On pose f
n
(x) = sin (2nx). Montrer que f
n
T

0.
Exercice III.5.5 Montrer que
f
n
L
1
f = f
n
T

f.
Exercice III.5.6 Calculer dans T
/
a/

d
2
dx
2
+
2

|(x) sin (x)

,= 0 ;
b/

d
dx

|(x) exp (x)

l C.
Exercice III.5.7 Montrer que la distribution de Dirac nest pas reguli`ere.
Exercice III.5.8 a/ Verier que ln [x[ L
1
loc
(IR).
b/ Soit T(IR). Calculer
lim
0
+

() ()

ln ().
III.5. EXERCICES 75
c/ Demontrer que lon a, au sens des distributions

ln [x[

/
= V p

1
x

o` u V p

1
x

designe la valeur principale de


1
x
, denie pour tout T(IR),
par

V p

1
x

= lim
0
+
Z
[x[
(x)
x
dx.
d/ Verier que xV p

1
x

= 1.
Exercice III.5.9 Soit T

(IR) la distribution de Dirac.


a/ Pour tout f C

(IR), verier que f = f(0).


b/ Pour tout n IN

, montrer que x
(n)
= n
(n1)
.
c/ En admettant que la distribution T = c, c IR, est la seule solu-
tion de lequation au sens des distributions xT = 0, resoudre dans T
/
lequation x
n
T = 0.
Exercice III.5.10 Soit f L
1
(IR) telle que
Z
IR
f(x)dx = 1. On pose
f
n
(x) = nf(nx). Chercher lim
n
f
n
au sens des distributions.
Exercice III.5.11 Trouver une distribution y = f| (o` u f C

(IR) et
| est la distribution echelon unite) qui satisfait, au sens des disributions,
lequation de loscillateur soumis `a un choc `a linstant t = 0
y +
2
y = k ( > 0, k > 0).
76 CHAPITRE III. TH

EORIE

EL

EMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS


Exercice III.5.12 On pose
(x) =
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
0 si [x[ 1
e

1
1x
2

si [x[ < 1.
1/ Soit
0
(x) = c(x) o` u la constante c est telle que
Z
IR

0
(x)dx = 1.
On pose pour
> 0,

(x) =
1

.
Montrer que h =


[2,2]
T(IR).
2/ Donner le support de h.
3/ Montrer que h(x) = 1 pour x [, +].
4/ Soit f C

(IR). On consid`ere la fonction


g(x) =
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
f(x)f(0)
x
si x ,= 0
f
/
(0) si x = 0.
Montrer par recurrence que
x ,= 0 g
(n)
(x) =
1
x
n+1
Z
x
0
t
n
f
(n+1)
(t) dt.
5/ En deduire que
lim
x0
g
(n)
(x) =
f
(n+1)
(0)
n + 1
et que g C

(IR).
III.5. EXERCICES 77
6/ Soit T tel que (0) = 0. Montrer que la fonction
(x) =
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
(x)
x
si x ,= 0

/
(0) si x = 0.
appartient `a T.
7/ Soit
0
T tel que
0
(0) = 1. Montrer que toute fonction T
secrit :
(x) = (0)
0
(x) +x(x)
o` u est une fonction de T.
8/ Resoudre dans T
/
lequation xT = 0.
Exercice III.5.13 Une fonction f : IR l C est dite `a decroissance
rapide (D.R.) si
p IN lim
[x[+

x
p
f(x)

= 0.
1/ Donner un exemple dune fonction `a (D.R.).
2/ Montrer que si f L
1
loc
(IR) et si f est `a (D.R.) alors pour tout p IN,
la fonction denie par x
p
f(x) est integrable.
3/ Montrer que si f est integrable et `a (D.R.) alors

f C

(IR).
4/ On suppose que f C

(IR) et que pour tout k IN, f


(k)
est integrable
sur IR. Montrer alors que

f est `a (D.R.).
5/ Soit o = f C

(IR)/ k IN f
(k)
est `a (D.R.). Montrer que o
78 CHAPITRE III. TH

EORIE

EL

EMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS


est un espace vectoriel stable pour la multiplication par un polynome.
6/ Montrer que
i) f o = f
/
o ;
ii) o L
1
L
2
.
7/ Montrer que si f o alors

f o.
8/ Soit f
n
o. On dit que f
n
o
0 si
p IN, q IN lim
n+
sup
xIR

x
p
f
(q)
n
(x)

= 0.
Naturellement
f
n
o
f si (f
n
f)
o
0.
On suppose que f
n
o
0. Demontrer que
i) f
/
n
o
0 ;
ii) Pour tout polynome P: Pf
n
o
0 ;
iii) f
n
L
1
0 ;
iv)

f
n
o
0. (Continuite de la transformee de Fourier sur o)
Exercice III.5.14 Une distribution temperee U est une forme lineaire
continue sur o.
Si
n
o
0 alors < U,
n
> 0.
a/ Verier que T o et que o
/
T
/
(une distribution temperee est
III.5. EXERCICES 79
bien une distribution).
b/ Verier que U
n
o

0 = U
n
T

0.
Exercice III.5.15 Montrer quune fonction integrable sur IR denit une
distribution temperee.
Exercice III.5.16 f est dite `a croissance lente si
A 0, a > 0 tels que [f(x)[ A[x[
m
si [x[ a.
Montrer que toute fonction f L
1
loc
(IR) et `a croissance lente denit une
distribution temperee.
Exercice III.5.17 Verier que T : o o est une bijection lineaire
dinverse T et que cette bijection est continue dans les deux sens.
Exercice III.5.18 Si U o
/
, on denit TU et TU par
< TU, >=< U,T > o;
< TU, >=< U,T > o.
Verier que TU et TU sont des distributions temperees.
Exercice III.5.19 Montrer que T : o
/
o
/
est une bijection lineaire,
bi-continue et que
TT = I et TT = I.
80 CHAPITRE III. TH

EORIE

EL

EMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS


Exercice III.5.20 Montrer que T = 1 o` u est la distribution de Di-
rac.
81
Chapitre IV
Fonctions de variable complexe
IV.1 Fonctions holomorphes
Denition IV.1.1 On appelle fonction de variable complexe une fonc-
tion dune partie de l C dans l C.
Denition IV.1.2 Soient une partie de l C, f une fonction de variable
complexe de dans l C et z
0
un point daccumulation de .
On dit que f admet une limite l en z
0
et on ecrit l = lim
zz
0
f(z) si
> 0 > 0 tel que [z z
0
[ [f(z) l[ .
Denition IV.1.3 On dit que f est continue en z
0
si lim
zz
0
f(z) =
f(z
0
).
Denition IV.1.4 Soient est un ouvert de l C et z
0
. On dit que
82 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
f est derivable en z
0
sil existe l C tel que lim
zz
0
f(z) f(z
0
)
z z
0
= ou
encore si
l C tel que f(z) = f(z
0
)+(zz
0
)+[zz
0
[(zz
0
) avec lim
zz
0
(z
z
0
) = 0.
Le nombre complexe est appele derivee de f en z
0
et est notee f

(z
0
).
Denition IV.1.5 Soit un ouvert de l C. La fonction f de variable
complexe est dite holomorphe sur si elle est derivable en tout point de
. La fonction derivee de f sera notee f

.
On dit aussi que f est holomorphe en z
0
lorsque f est derivable en z
0
.
Les proprietes classiques suivantes setendent aux fonctions de variable
complexe.
Propriete IV.1.1 Si f et g sont holomorphes sur et si , l C,
alors
(f + g)
/
= f
/
+ g
/
, (fg)
/
= f
/
g + fg
/
et

f
g

=
f
/
g fg
/
g
2
(si g ne sannule pas sur ).
Remarque IV.1.1 Les formules de derivation dune fonction composee
et dune fonction reciproque restent valables pour les fonctions de va-
riable complexe.
IV.1. FONCTIONS HOLOMORPHES 83
Denition IV.1.6 ( Fonction enti`ere)
Une fonction holomorphe sur tout le plan complexe l C est appelee fonc-
tion enti`ere.
Exemple IV.1.1 La fonction e
z
=
+
X
n=0
z
n
n!
est une fonction enti`ere. (Ici
le rayon de convergence est inni.)
Remarque IV.1.2 Prenons f : z l C z
2
l C. On constate que
f(z) = f(x +iy) = Z = X + iY = (x
2
y
2
) + i(2xy).
De facon generale, une fonction de variable complexe secrit
f(z) = f(x +iy) = |(x,y) +i1(x,y).
Proposition IV.1.1 La fonction f est continue en z
0
= x
0
+ iy
0
si et
seulement | et 1 sont continues en (x
0
,y
0
).
Theor`eme IV.1.1 (Conditions de Cauchy-Riemann)
La fonction f est holomorphe en z
0
= x
0
+ iy
0
| et 1 sont
dierentiables en (x
0
,y
0
) et
8
>
>
>
<
>
>
>
:
|
x
(x
0
,y
0
) =
1
y
(x
0
,y
0
) ;
|
y
(x
0
,y
0
) =
1
x
(x
0
,y
0
).
84 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Demonstration :
f holomorphe en z
0
l C tel que f(z) = f(z
0
) + (z z
0
) +[z
z
0
[(z z
0
) o` u (z z
0
) tend vers 0 lorsque z tend vers z
0
. En posant
z = x + iy, = S + iT, (x,y) =
1
(x,y) + i
2
(x,y) et en separant les
parties reelles et imaginaires dans legalite precedente, on obtient
8
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
:
|(x,y) = |(x
0
,y
0
) + (x x
0
)S (y y
0
)T
+
q
(x x
0
)
2
+ (y y
0
)
2

1
(x x
0
,y y
0
)
1(x,y) = 1(x
0
,y
0
) + (x x
0
)T + (y y
0
)S
+
q
(x x
0
)
2
+ (y y
0
)
2

2
(x x
0
,y y
0
)
ce qui prouve que | et 1 sont dierentiables en (x
0
,y
0
) et
8
>
>
>
<
>
>
>
:
S =
|
x
(x
0
,y
0
) et T =
|
y
(x
0
,y
0
),
S =
1
y
(x
0
,y
0
) et T =
1
x
(x
0
,y
0
).
Do` u le resultat.
Remarque IV.1.3 Ainsi si f(z) = |(x,y)+i1(x,y), alors = f
/
(z
0
) =
|
x
(x
0
,y
0
) +i
1
x
(x
0
,y
0
).
Exemple IV.1.2 Soit f(z) = z
2
. On a |(x,y) = x
2
y
2
et 1(x,y) =
2xy.
On voit que | et 1 sont dierentiables et les conditions de Cauchy-
Riemann sont veriees. f est donc holomorphe sur tout l C. La remarque
IV.2. INT

EGRATION COMPLEXE 85
precedente entraine que
f
/
(z) = 2x +i2y = 2z z l C.
IV.2 Integration complexe
Denition IV.2.1 Une courbe (arc, chemin) orientee dans l C est le
graphe dans le plan complexe dune application continue de [a,b] dans
l C.
Denition IV.2.2 Soit c une courbe orientee C
1
par morceaux dont
A = z(a) est lorigine et B = z(b) est lextremite. Le point C c sil
existe t [a,b] tel que C = z(t) = x(t) + iy(t) o` u x et y sont C
1
par
morceaux sur [a,b]. En allant de A vers B, on dit que la courbe c est
parcourue dans le sens AB,
Si la fonction f de variable complexe est continue sur c alors la fonction
f z de variable reelle est continue sur [a,b] et on a
Z
c
f(z)dz =
Z
b
a
f(z(t))z
/
(t)dt.
86 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Exemples IV.2.1 Soit c le cercle de centre O et de rayon R, R > 0
parcouru dans le sens trigonometrique, qui sera par convention le sens
positif. On a
z = z() = Re
i
[0,2].
Pour f(z) = c (=constante), on a
Z
c
+
f(z)dz =
Z
2
0
cRie
i
d = 0.
Pour f(z) =
1
z
, on a
Z
c
+
1
z
dz =
Z
2
0
1
Re
i
Rie
i
d = i2.
Les proprietes suivantes sont les memes que pour les integrales curvi-
lignes.
Proprietes IV.2.1

Z
c
+

f(z) +g(z)

dz =
Z
c
+
f(z)dz +
Z
c
+
g(z)dz.

Z
AB
f(z)dz =
Z
BA
f(z)dz.

Z
AB
f(z)dz =
Z
AC
f(z)dz +
Z
CB
f(z)dz.
Si [f(z)[ M z c alors

Z
c
f(z)dz

ML
o` u L est la longueur du chemin c egale `a
Z
b
a
[z
/
(t)[dt.
IV.3. TH

EOR
`
EME DE CAUCHY ET SES CONS

EQUENCES 87
IV.3 Theor`eme de Cauchy et ses consequences
Soit une courbe orientee C
1
par morceaux.
Denition IV.3.1 On dit que est fermee si son origine est egale `a
son extremite.
Denition IV.3.2 La courbe est dite simple si elle na pas de points
doubles, ce qui veut dire que lapplication t z(t) est injective sur
[a,b[.
Exemple dune courbe fermee simple (CFS)
Une courbe fermee simple est orientable et le sens positif sera par
convention le sens trigonometrique.
Remarque IV.3.1 Une courbe fermee simple peut etre consideree
comme etant la fronti`ere dun ouvert connexe et simplement connexe
88 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
qui sera appele interieur de et note

.
On rappelle que simplement connexe veut dire que linterieur de toute
CFS de est inclus dans . Cest donc un domaine sans trous.
Theor`eme IV.3.1 (Theor`eme de Cauchy)
Soient une courbe fermee simple et f une fonction holomorphe sur

. Alors
Z

+
f(z)dz = 0.
Proposition IV.3.1 Soit un ouvert de l C dont la fronti`ere est constituee
de deux courbes fermees simples disjointes
1
et
2
avec
2
entourant

1
.
Soit f une fonction holomorphe sur
1

2
.
IV.3. TH

EOR
`
EME DE CAUCHY ET SES CONS

EQUENCES 89
Alors on a
Z

+
1
f(z)dz =
Z

+
2
f(z)dz.
Demonstration :
On construit deux courbes fermees simples (voir gure plus haut)
8
>
>
>
<
>
>
>
:
c
1
= AB BC CD DA (`eches normales)
c
2
= AD DC CB BA (`eches en gras).
Le theor`eme de Cauchy entraine que :
Z
c
1
f(z)dz = 0 et
Z
c
2
f(z)dz = 0.
Donc
Z
c
1
f(z)dz +
Z
c
2
f(z)dz = 0.
Or
Z
BC
f(z)dz +
Z
CB
f(z)dz = 0 =
Z
DA
f(z)dz +
Z
AD
f(z)dz,
donc
Z

1
f(z)dz +
Z

+
2
f(z)dz = 0,
ce qui entraine
Z

+
1
f(z)dz =
Z

+
2
f(z)dz = 0.
Theor`eme IV.3.2 (Formule de Cauchy)
Soient une courbe fermee simple et f une fonction de la variable com-
plexe holomorphe sur

. Si z
0
est un point interieur `a alors
f(z
0
) =
1
2i
Z

+
f(z)
z z
0
dz. (IV.1)
90 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Demonstration :
Soit c un cercle de centre z
0
et de rayon r enti`erement interieur `a . La
fonction
f(z)
zz
0
est holomorphe sur le domaine limite par et c, elle est
aussi holomorphe sur et sur c.
La proposition (IV.3.1) donne legalite :
Z

+
f(z)
z z
0
dz =
Z
c
+
f(z)
z z
0
dz.
La fonction f etant continue en z
0
, donc pour tout > 0, il existe > 0
tel que
[z z
0
[ = [f(z) f(z
0
)[ .
Si nous prenons le rayon r < , nous aurons

Z
c
f(z) f(z
0
)
z z
0
dz



r
2r = 2.
Dautre part
Z
c
+
f(z
0
)
z z
0
dz = f(z
0
)
Z
c
+
dz
z z
0
.
Or z c peut secrire z = z
0
+re
i
avec [0,2], donc
Z
c
+
dz
z z
0
=
Z
2
0
1
re
i
ire
i
d = i2.
IV.3. TH

EOR
`
EME DE CAUCHY ET SES CONS

EQUENCES 91
Par consequent
> 0

+
f(z)
z z
0
dz 2if(z
0
)

2,
do` u
Z

+
f(z)
z z
0
dz = 2if(z
0
).
Remarques IV.3.1 Soit f une fonction holomorphe sur

o` u est
une courbe fermee simple.
1) Si z
1
est exterieur `a alors
1
2i
Z

+
f(z)
z z
1
dz = 0.
2) Si z
0

alors f(z
0
) =
1
2i
Z

+
f(z)
z z
0
dz.
La formule de Cauchy exprime quune fonction holomorphe sur

est
compl`etement determinee par ses valeurs sur la fronti`ere.
IV.3.1 Formule de Taylor
Soient D un ouvert de l C, z
0
D, f une fonction holomorphe sur D et
c un cercle de centre z
0
et de rayon R enti`erement contenu dans D.
92 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Soit z interieur `a c alors, il existe 0 tel que [z z
0
[ < R.
On ecrit la formule de Cauchy :
f(z) =
1
2i
Z
c
+
f(u)
u z
du
=
1
2i
Z
c
+
f(u)
u z
0
+z
0
z
du
=
1
2i
Z
c
+
f(u)
(u z
0
)

1
zz
0
uz
0

du
=
1
2i
Z
c
+
f(u)
u z
0
+
X
n=0

z z
0
u z
0

n
du
=
1
2i
Z
c
+
+
X
n=0

f(u)(z z
0
)
n
(u z
0
)
n+1

du
On pose
n
(u) =
f(u)(zz
0
)
n
(uz
0
)
n+1
. Comme f est holomorphe, alors elle est
continue et par suite bornee sur le compact c. Do` u
[
n
(u)[
M
R

n
u c.
La serie de fonctions
P

n
est normalement donc uniformement conver-
gente sur c. Les fonctions etant continues sur c, on admet lextension `a
IV.3. TH

EOR
`
EME DE CAUCHY ET SES CONS

EQUENCES 93
l C du theor`eme classique dintegration terme `a terme. Il en resulte que :
f(z) =
+
X
n=0

1
2i
Z
c
+
f(u)
(u z
0
)
n+1
du

(z z
0
)
n
.
Cest le developpement en serie enti`ere de f(z) autour de z
0
. En posant
a
n
=
1
2i
Z
c
+
f(u)
(u z
0
)
n+1
du,
on a
f(z) =
+
X
n=0
a
n
(z z
0
)
n
. (IV.2)
On note que cette serie enti`ere a un rayon de convergence au moins egal
`a R.
Remarques IV.3.2 Lequation (IV.2) entraine que la fonction f,
supposee holomorphe, est en fait C

sur linterieur de c.
Le point z
0
etant arbitraire, on conclut que la fonction f holomorphe
sur louvert D implique que f est C

sur D.
Il decoule de (IV.2) par un calcul simple que a
n
=
f
(n)
(z
0
)
n!
.
Theor`eme IV.3.3 (Serie de Taylor)
Soient une courbe fermee simple, f une fonction holomorphe sur

et z
0


. Alors on peut entourer z
0
par cercle c, de centre z
0
, inclus
dans

. On a
z

c f(z) =
+
X
n=0
f
(n)
(z
0
)
n!
(z z
0
)
n
94 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
avec
f
(n)
(z
0
) =
n!
2i
Z
c
+
f(u)
(u z
0
)
n+1
du,
ou encore
f
(n)
(z
0
) =
n!
2i
Z

+
f(u)
(u z
0
)
n+1
du. (IV.3)
Remarques IV.3.3 Legalite (IV.3) est la formule generalisee de
Cauchy. Pour n = 0, on retrouve la formule (IV.1) de Cauchy.
La formule (IV.3) entraine que si une fonction holomorphe est connue
sur une courbe fermee simple alors elle est connue, ainsi que toutes
ses derivees, `a linterieur de cette courbe.
IV.3. TH

EOR
`
EME DE CAUCHY ET SES CONS

EQUENCES 95
IV.3.2 Inegalites de Cauchy
Soient > 0, c un cercle 0 et de rayon et f une fonction holomorphe
sur c

c.
On a dapr`es le theor`eme (IV.3.3),
z

c f(z) =
+
X
n=0
a
n
z
n
,
avec a
n
=
f
(n)
(0)
n!
=
1
2i
Z
c
+
f(u)
u
n+1
du.
Notons que a
n
est independant du cercle c donc de . Utilisant le pa-
rametrage du cercle, il vient :
a
n
=
1
2i
Z
2
0
f(e
i
)

n+1
e
i(n+1)
ie
i
d
=
1
2
n
Z
2
0
f(e
i
)e
in
d.
En posant M() = max
[z[=
[f(z)[, on aura [a
n
[
1
2
n
Z
2
0
M()d, do` u
les inegalites dites de Cauchy
n IN [a
n
[
M()

n
. (IV.4)
96 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Theor`eme IV.3.4 (Theor`eme de Liouville)
Une fonction enti`ere bornee est constante.
Demonstration :
Soit f : l C l C telle que, pour tout z l C, f(z) =
+
X
n=0
a
n
z
n
. La fonction
f est holomorphe sur l C. Si M = sup
z l C
[f(z)[, alors
[a
n
[ =

f
(n)
(0)
n!

n
o` u est un reel strictement positif quelconque.
On constate que pour tout n 1, lim
+
[a
n
[ = 0. Or a
n
est independant
de , donc pour tout n 1, a
n
= 0, ce qui prouve que la fonction f est
constante.
Theor`eme IV.3.5 (Theor`eme de dAlembert-Gauss)
Tout polynome P de degre superieur ou egal `a 1 a au moins une racine
complexe.
Demonstration :
Soit P un polynome de degre n 1. Si P na pas de racines, alors la
fonction f denie par f(z) =
1
P(z)
est enti`ere. Pour tout z ,= 0, on a
[f(z)[ =
1
[P(z)[
=
1
[z[
n

a
n
+
a
n1
z
+ +
a
0
z
n

.
On voit que [f(z)[ 0 quand [z[ +, ce qui prouve que la
fonction f est bornee. Dapr`es le theor`eme de Liouville la fonction f
IV.3. TH

EOR
`
EME DE CAUCHY ET SES CONS

EQUENCES 97
est constante, et par consequent le polynome P est constant ce qui est
absurde car le degre de P est superieur `a 1.
Theor`eme IV.3.6 (Developpement en serie de Laurent)
Soient R
1
, R
2
deux reels tels que R
2
> R
1
0, z
0
l C et f une fonction
holomorphe dans la couronne ouverte de centre z
0
denie par :
C(R
1
,R
2
) = z l C/ R
1
< [z z
0
[ < R
2
.
Pour tout z C(R
1
,R
2
), on a
f(z) =
+
X

a
n
(z z
0
)
n
,
o` u
a
n
=
1
2i
Z
c
+
f(u)
(u z
0
)
n+1
du, (n ZZ),
et c est un cercle quelconque de centre z
0
inclus dans C(R
1
,R
2
).
Demonstration :
Soit z C(R
1
,R
2
), il existe deux reels
1
et
2
strictement positifs tels
que
R
1
<
1
< [z z
0
[ <
2
< R
2
.
98 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Soit c
1
(resp. c
2
) le cercle de centre z
0
et de rayon
1
(resp.
2
). On
construit deux courbes fermees simples :
8
>
>
>
<
>
>
>
:
= ABCDA (`eches normales)
= ADCBA (`eches en gras).
Le point z etant interieur `a , on peut y appliquer la formule de Cauchy
f(z) =
1
2i
Z

+
f(u)
u z
du.
Sur , on applique le theor`eme de Cauchy
0 =
1
2i
Z

+
f(u)
u z
du.
La somme donne alors
f(z) =
1
2i
Z

+
f(u)
u z
du.
Comme les integrales sur les segments AD et BC sannulent mutuelle-
ment, on obtient :
f(z) =
1
2i
Z
c
+
2
f(u)
u z
du +
1
2i
Z
c

1
f(u)
u z
du.
Sur c
+
2
, on a
1
2i
Z
c
+
2
f(u)
u z
du =
1
2i
Z
c
+
2
f(u)
u z
0
1
1
zz
0
uz
0
du.
Or sur c
2
, [z z
0
[ < [u z
0
[ =
2
, donc

zz
0
uz
0

< 1 et
1
1
zz
0
uz
0
=
+
X
n=0

z z
0
u z
0

n
.
Do` u,
1
2i
Z
c
+
2
f(u)
u z
du =
1
2i
Z
c
+
2
+
X
n=0
f(u)
(z z
0
)
n
(u z
0
)
n+1
du
=
+
X
n=0

1
2i
Z
c
+
2
f(u)
(u z
0
)
n+1
du

(z z
0
)
n
,
IV.3. TH

EOR
`
EME DE CAUCHY ET SES CONS

EQUENCES 99
dapr`es la convergence uniforme de la serie.
Sur c
+
1
, on a
1
2i
Z
c
+
1
f(u)
z u
du =
1
2i
Z
c
+
1
f(u)
z z
0
1
1
uz
0
zz
0
du.
Or sur c
1
, [z z
0
[ > [u z
0
[ =
1
, donc

uz
0
zz
0

< 1 et
1
1
uz
0
zz
0
=
+
X
n=0

u z
0
z z
0

n
.
Do` u,
1
2i
Z
c
+
1
f(u)
z u
du =
1
2i
Z
c
+
1
+
X
n=0
f(u)
(u z
0
)
n
(z z
0
)
n+1
du
=
+
X
n=0

1
2i
Z
c
+
1
f(u)(u z
0
)
n
du

1
(z z
0
)
n+1
=
+
X
n=1

1
2i
Z
c
+
1
f(u)(u z
0
)
n1
du

1
(z z
0
)
n
.
Ainsi, on a
f(z) =
+
X
n=0
a
n
(z z
0
)
n
+
+
X
n=1
a
n
(z z
0
)
n
avec
a
n
=
1
2i
Z
c
+
2
f(u)
(u z
0
)
n+1
du, n = 0,1,2, . . .
et
a
n
=
1
2i
Z
c
+
1
f(u)
(u z
0
)
n+1
du, n = 1,2, . . .
En remplacant lindice n o` u n = 1,2, . . . par lindice n o` u n = 1,
2, . . ., on peut alors ecrire
+
X
n=1
a
n
(z z
0
)
n
=
n=1
X

a
n
(z z
0
)
n
et par
consequent
f(z) =
+
X

a
n
(z z
0
)
n
.
100 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Dautre part, on peut remplacer dans les formules donnant les a
n
, les
cercles c
1
et c
2
par le cercle
c = z l C/ [z z
0
[ = r o` u r ]
1
,
2
[.
IV.4 Points singuliers. Residus
IV.4.1 Points singuliers
Denition IV.4.1 On dit que z
0
est un point singulier isole de f sil
existe un disque ouvert de centre z
0
tel que f soit holomorphe dans
sauf au point z
0
.
Exemple IV.4.1 z
0
= 0 est un point singulier isole de f(z) =
1
z
.
IV.4.2 Classication des singularites
Soit z
0
un point singulier isole de f, il existe donc un disque ouvert
de centre z
0
tel que f soit holomorphe dans sauf au point z
0
.
On peut donc developper f en serie de Laurent dans la couronne ouverte
z
0
. On a alors
z z
0
, f(z) =
+
X

a
n
(z z
0
)
n
.
IV.4. POINTS SINGULIERS. R

ESIDUS 101
Trois cas sont alors possibles ;
1
er
cas : Pour tout n < 0, a
n
= 0. On a donc f(z) =
+
X
n=0
a
n
(z z
0
)
n
=
a
0
+a
1
(z z
0
) + .
Il sut de poser f(z
0
) = a
0
pour prolonger f en une fonction holomorphe
dans . On dit dans ce cas que z
0
est un point singulier eliminable (on
dit aussi que lon a une singularite apparente en z
0
).
Proposition IV.4.1 Soit z
0
un point singulier isole de f. Le point z
0
est eliminable si et seulement si lim
zz
0
f(z) existe et est nie.
La demonstration est laissee en exercice.
Exemple IV.4.2 Soit f la fonction denie, pour z ,= 0, par f(z) =
sin z
z
.
On a
f(z) =
1
z

z
z
3
3!
+

= 1
z
2
3!
+
z
4
5!
+ .
0 est donc un point singulier eliminable de f. On voit que lim
z0
sin z
z
= 1.
2
`eme
cas : Il existe n
0
< 0 tel que a
n
0
,= 0 et a
n
= 0, pour tout n < n
0
.
Donc, pour tout z z
0
, on a
f(z) = a
n
0
(z z
0
)
n
0
+a
n
0
+1
(z z
0
)
n
0
+1
+ + a
1
(z z
0
)
1
+ g(z)
102 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
avec g(z) =
+
X
n=0
a
n
(z z
0
)
n
. On dit dans ce cas que z
0
est un pole dordre
(n
0
).
Remarque IV.4.1 On a
f(z)(z z
0
)
n
0
= a
n
0
+a
n
0
+1
(z z
0
) + +a
1
(z z
0
)
n
0
1
+
=
+
X
n=0
a
n
0
+n
(z z
0
)
n
.
En posant k(z) =
+
X
n=0
a
n
0
+n
(z z
0
)
n
, on voit que la fonction k est
holomorphe en z
0
et k(z
0
) ,= 0. On en deduit que f secrit
f(z) =
k(z)
(z z
0
)
n
0
,
do` u la proposition suivante.
Proposition IV.4.2 z
0
est un pole dordre m IN

si et seulement si
f(z) =
k(z)
(zz
0
)
m
avec k holomorphe en z
0
et k(z
0
) ,= 0.
Exemple IV.4.3 Soit f la fonction denie par f(z) =
1
(z1)
2
(z2)
. Le
complexe z = 2 est un pole dordre 1 (simple) alors que z = 1 est un
pole dordre 2 (double).
Proposition IV.4.3 Le complexe z
0
est un pole dordre m de f si et
seulement si
lim
zz
0
(z z
0
)
m
f(z)
existe, est nie et est non nulle.
IV.4. POINTS SINGULIERS. R

ESIDUS 103
La demonstration de cette proposition est laissee en exercice.
3
`eme
cas : Il existe une innite dentiers n < 0 tel que a
n
,= 0. Ici z
0
est
dit point singulier essentiel de f.
Exemple IV.4.4 Soit la fonction f denie, pour tout z ,= 0, par f(z) =
e
1
z
. On a
f(z) = 1 +
1
1!z
+ +
1
n!z
n
+
On constate que lon a une innite de puissances negatives dans le
developpement de Laurent, donc 0 est un point singulier essentiel.
IV.4.3 Residus
Soit z
0
un point singulier isole de f. Il existe donc un disque ouvert
de centre z
0
tel que f soit holomorphe dans z
0
et on a :
z z
0
f(z) =
+
X

a
n
(z z
0
)
n
.
Denition IV.4.2 On appelle residu de f au point singulier isole z
0
et on note Res(f,z
0
) le coecient a
1
de son developpement de Laurent
autour de z
0
:
Res(f,z
0
) = a
1
=
1
2i
Z
c
+
f(z)dz.
o` u c est un cercle quelconque de centre z
0
contenu dans .
Theor`eme IV.4.1 (Theor`eme des residus)
104 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Soit une courbe simple et fermee et f holomorphe sur

sauf en
un nombre ni de points singuliers z
1
,z
2
, . . . ,z
p
interieurs `a . Alors
Z

+
f(z)dz = 2i
p
X
i=1
Res(f,z
i
).
Demonstration :
On peut en eet entourer chaque point singulier z
i
par un cercle c
i
,
interieur `a , de centre z
i
de sorte que les cercles c
i
soient deux `a deux
disjoints (voir gure ci-dessous).
Une generalisation de la technique utilisee dans la demonstration de la
proposition (IV.3.1) conduit `a :
Z

+
f(z)dz =
p
X
i=1
Z
c
+
i
f(z)dz
= 2i
p
X
i=1
Res(f,z
i
).
IV.4.4 Calcul pratique des residus
Remarque IV.4.2 Sur les zeros des fonctions holomorphes ;
Soient a l C et f holomorphe dans un voisinage 1 ouvert de a. On
IV.4. POINTS SINGULIERS. R

ESIDUS 105
suppose que f(a) = 0. Pour tout z 1, on a
f(z) =
+
X
n=0
f
(n)
(a)
n!
(z a)
n
=
+
X
n=1
f
(n)
(a)
n!
(z a)
n
.
Si f

(a) ,= 0, alors f(z) = (z a)(z) avec holomorphe sur 1 et


(a) ,= 0. On dit dans ce cas que a est un zero simple de f.
Si f

(a) = 0 et f

(a) ,= 0, alors f secrit f(z) = (z a)


2
(z) avec
holomorphe sur 1 et (a) ,= 0. On dit dans ce cas que a est un zero
double (ou dordre deux) de f.
Dune facon generale, a serait une racine dordre N de f si
f(a) = f

(a) = f

(a) = . . . = f
(N1)
(a) = 0 et f
(N)
(a) ,= 0.
Dans ce cas f(z) = (z a)
N
H(z) o` u H est holomorphe sur 1 et H(a) ,=
0.
Si z
0
est un pole simple de f, pour tout z z
0
, on a
f(z) =
a
1
z z
0
+ a
0
+a
1
(z z
0
) +
do` u
Res(f,z
0
) = a
1
= lim
zz
0
(z z
0
)f(z).
Dans le cas o` u la fonction f secrit sous la forme f(z) =
g(z)
h(z)
o` u g et
h sont holomorphes au voisinage de z
0
, z
0
etant zero simple de h et
106 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
g(z
0
) ,= 0, alors on peut ecrire :
Res(f,z
0
) = lim
zz
0
(z z
0
)
g(z)
h(z)
= lim
zz
0
g(z)
h(z)h(z
0
)
zz
0
=
g(z
0
)
h
/
(z
0
)
.
Si z
0
est un pole dordre n > 1, alors pour tout z z
0
, on a
f(z) =
a
n
(z z
0
)
n
+ +
a
1
(z z
0
)
+ f
1
(z).
Donc (z z
0
)
n
f(z) = a
n
+ +a
1
(z z
0
)
n1
+ (z z
0
)
n
f
1
(z) et par
consequent
Res(f,z
0
) = lim
zz
0
1
(n 1)!
d
n1
dz
n1

(z z
0
)
n
f(z)

.
Une deuxi`eme methode consiste `a ecrire
f(z) =
k(z)
(z z
0
)
n
avec k(z) = a
n
+a
n+1
(zz
0
)+ +a
1
(zz
0
)
n1
+
En posant u = z z
0
, on a autour de u = 0,
k(z
0
+u) = a
n
+ a
n+1
u + + a
1
u
n1
+
Le residu Res(f,z
0
) de f au point z
0
est le coecient de u
n1
.
Si z
0
est un point singulier essentiel, alors on doit chercher le coecient
a
1
dans le developpement de Laurent.
IV.5. CALCUL DINT

EGRALES PAR LA M

ETHODE DES R

ESIDUS 107
IV.5 Calcul dintegrales par la methode des residus
IV.5.1 Lemmes de Jordan
Lemme IV.5.1 Soient
1
,
2
[0,2[ (
1
<
2
),
S =

z l C/
1
Arg(z)
2

, f une fonction denie sur S et


R
larc
de cercle de centre O et de rayon R contenu dans S et deni par
R
=
n
Re
i
,
1

2
o
. On suppose que f est continue pour [z[ assez grand.
Si lim
[z[+
[zf(z)[ = 0 (z S), alors lim
R+
Z

+
R
f(z)dz = 0.
Demonstration :
Pour R assez grand, on pose M(R) = sup
z
R
[f(z)[ = [f(z
R
)[. On a

+
R
f(z)dz

Z

2

1
f(Re
i
)iRe
i
d

RM(R) (
2

1
) .
On a lim
R+
RM(R) = lim
R+
R[f(z
R
)[ = lim
[z
R
[+
[z
R
f(z
R
)[ = 0, do` u le
resultat.
Lemme IV.5.2 Soient
1
,
2
[0,2[ (
1
<
2
),
S =

z l C/
1
Arg(z)
2

, f une fonction denie sur S et


R
larc
de cercle de centre O et de rayon R contenu dans S et deni par
R
=
108 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Re
i
,
1

2
. On suppose que f est continue pour [z[ assez petit.
Si lim
[z[0
[zf(z)[ = 0 (z S), alors lim
R0
Z

+
R
f(z)dz = 0.
Demonstration analogue `a celle du lemme (IV.5.1).
Lemme IV.5.3 Soient
1
,
2
[0,] (
1
<
2
),
S =

z l C/
1
Arg(z)
2

, f une fonction denie sur S et


R
larc
de cercle de centre O et de rayon R contenu dans S et deni par
R
=
Re
i
,
1

2
. On suppose que f est continue pour [z[ assez grand.
Si lim
[z[+
[f(z)[ = 0, alors pour tout > 0, on a lim
R+
Z

+
R
f(z)e
iz
dz =
0.
Demonstration :
Pour R assez grand, on pose M(R) = sup
z
R
[f(z)[ =

f(z
R
)

. On a

+
R
f(z)e
iz
dz

Z

2

1
f(Re
i
)iRe
i
e
iR(cos +i sin )
d

M(R)R
Z

2

1
e
Rsin
d
M(R)R
Z

0
e
Rsin
d.
IV.5. CALCUL DINT

EGRALES PAR LA M

ETHODE DES R

ESIDUS 109
On a
Z

0
e
Rsin
d = 2
Z
2
0
e
Rsin
d et sin
2

pour 0

2
,
donc
Z
2
0
e
Rsin
d
Z
2
0
e
R
2

d =

2R

1 e
R

.
Par consequent

+
R
f(z)e
iz
dz

2M(R)R

2R
h
1 e
R
i

M(R).
Or lim
R+
M(R) = 0, donc lim
R+
Z

+
R
f(z)e
iz
dz = 0.
Lemme IV.5.4 Soient
1
,
2
[0,2[ (
1
<
2
), R > 0, ]0,R[, f une
fonction holomorphe dans le disque pointe z l C/ 0 < [z[ < R et larc

= e
i
/
1

2
. Si 0 est un pole simple de f, alors
lim
0
Z

f(z)dz = i (
2

1
) Res(f,0).
Demonstration :
Il decoule du theor`eme de Laurent que pour tout z tel que 0 < [z[ < R,
on a
f(z) =
Res(f,0)
z
+g(z)
o` u g est holomorphe dans le disque de centre O et de rayon R. Par suite
Z

f(z)dz = Res(f,0)
Z

dz
z
+
Z

g(z)dz.
110 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Dautre part, pour r
0
tel que 0 < r
0
< R, g est holomorphe sur le disque
ferme de centre O et de rayon r
0
. Il existe donc M > 0 tel que pour tout
z qui verie [z[ r
0
, on a [g(z)[ M.
Pour assez petit, 0 < < r
0
, on a alors

g(z)dz

Z

2

1
g(e
i
)ie
i
d

M (
2

1
) ,
do` u lim
0
Z

g(z)dz = 0. Par ailleurs, on a


Z

dz
z
=
Z

2

1
1
e
i
ie
i
d = i (
2

1
) ,
do` u le resultat.
IV.5.2 Calcul dintegrales
IV.5.2.1 Premier type :
On se propose de calculer par la methode des residus lintegrale I =
Z
2
0
R(sin , cos )d o` u R(x,y) est une fraction rationnelle nayant pas
de poles sur le cercle trigonometrique x
2
+ y
2
= 1.
On pose z = e
i
, donc cos =
1
2

z +
1
z

, sin =
1
2i

z
1
z

et d =
dz
iz
. Si
[0,2[, z decrit le cercle trigonometrique c
0
.
IV.5. CALCUL DINT

EGRALES PAR LA M

ETHODE DES R

ESIDUS 111
En posant f(z) =
1
iz
R

1
2i

z
1
z

,
1
2

z +
1
z

, on voit que lintegrale I se


ram`ene `a :
I =
Z
c
+
0
f(z)dz = 2i
X
Res(f,z
i
)
o` u les z
i
sont tous les points singuliers de f interieurs `a c
0
.
Exemple IV.5.1 Calculer I =
Z
2
0
d
2 + sin
. On a
I =
Z
c
+
0
1
iz
1
2 +
1
2i

z
1
z

dz =
Z
c
+
0
2
z
2
+ 4iz 1
dz.
Les complexes z
0
= (2 +

3)i et z
1
= (2

3)i sont les deux poles


simples de
2
z
2
+4iz1
. Seul z
1
est interieur `a c
0
et on a
Res(f,z
1
) =
2
2z
1
+ 4i
=
1
z
1
+ 2i
=
1
2i +

3i + 2i
=
1

3i
.
Finalement, I = 2iRes(f,z
1
) = 2i
1

3i
=
2

3
.
IV.5.2.2 Deuxi`eme type :
Dans ce cas, linteret est porte sur les integrales du type I =
Z
+

P(x)
Q(x)
dx
o` u P, Q sont deux polynomes `a coecients reels, Q na pas de zeros reels
et d

Q d

P + 2. Remarquons que sous ces conditions lintegrale est


convergente.
112 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
On pose f(z) =
P(z)
Q(z)
et on consid`ere le contour
R
= ABCA suivant
On a
Z

+
R
f(z)dz = 2i
X
Res(f,z
i
) o` u les z
i
sont tous les points singu-
liers de f interieurs `a
R
.
Z

+
R
f(z)dz =
Z
+R
R
f(x)dx +
Z
c
+
R
f(z)dz (IV.5)
o` u c
R
est larc BCA. On fait tendre R vers + dans (IV.5).
Dune part,
Z
+R
R
f(x)dx tend vers I et dautre part, lim
[z[+
[zf(z)[ =
lim
[z[+

z
P(z)
Q(z)

= 0. La fonction f etant continue pour [z[ assez grand,


on en deduit dapr`es le lemme (IV.5.1) de Jordan, que
lim
R+
Z
C
+
R
f(z)dz = 0.
Comme linterieur de
R
tend vers le demi-plan [1m z > 0] , lorsque R
+, on obtient
I = 2i
X
Res(f,z
i
)
o` u les z
i
sont les points singuliers de la fonction f dont la partie imagi-
naire est strictement positive.
Exemple IV.5.2 Calculer I =
Z
+
0
dx
1 +x
6
dx.
En posant f(z) =
1
1+z
6
et I =
1
2
J, on a J =
Z
+

dx
1 +x
6
dx. La fonction
IV.5. CALCUL DINT

EGRALES PAR LA M

ETHODE DES R

ESIDUS 113
1
1+z
6
poss`ede six poles simples qui sont z
k
= e
i
(2k+1)
6
, k = 0, . . . ,5. Seuls
z
0
= e
i

6
, z
1
= e
i

2
et z
2
= e
i
5
6
sont dans le demi-plan [1m z > 0] et
Res(f,z
k
) =
1
6z
5
k
I =
1
2
Z
+

dx
1 +x
6
dx =
1
2
2i

1
6

e
i

6
+e
i

2
+ e
i
5
6

=

6

1 + 2 sin

6

=

3
.
IV.5.2.3 Troisi`eme type :
On se propose de calculer I =
Z
+

P(x)
Q(x)
sin (x) dx

resp. I =
Z
+

P(x)
Q(x)
cos (x) dx

o` u > 0, P et Q sont deux po-


lynomes tels que d

Q d

P + 1 et Q est sans racines reelles.


On cherchera en fait `a calculer lintegrale suivante
J =
Z
+

P(x)
Q(x)
e
ix
dx.
Bien entendu I = 1m(J) (resp. I = 1e(J)). On consid`ere la fonction
f(z) =
P(z)
Q(z)
e
iz
et le contour
R
= ABCA.
On a
Z

+
R
P(z)
Q(z)
e
iz
dz =
Z
+R
R
P(x)
Q(x)
e
ix
dx +
Z
c
+
R
P(z)
Q(z)
e
iz
dz. (IV.6)
114 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
o` u c
R
est le demi-cercle BCA. Comme lim
[z[+

P(z)
Q(z)

= 0, alors le lemme
(IV.5.3) assure que
lim
R+
Z
c
+
R
P(z)
Q(z)
e
iz
dz = 0.
En faisant tendre R vers + dans (IV.6), on obtient :
J =
Z
+

P(x)
Q(x)
e
ix
dx = 2i
X
Res(f,z
i
)
o` u les z
i
sont les points singuliers de la fonction f dont la partie imagi-
naire est strictement positive.
Exemple IV.5.3 Calculer I =
Z
+
0
cos x
1 +x
2
dx. On a
I =
Z
+
0
cos x
1 +x
2
dx =
1
2
Z
+

cos x
1 +x
2
dx
Soit J =
Z
+

e
ix
1 +x
2
dx. En posant f(z) =
e
iz
1+z
2
, on voit que le seul pole
(simple) de f interieur au demi-plan [1m z > 0] est le complexe i. Donc
J = 2iRes(f,i) = 2i
e
1
2i
= e
1
et par consequent I =
1
2
1e(J) =

2e
.
IV.5.2.4 Calcul de lintegrale de Dirichlet
On se propose de calculer I =
Z
+
0
sin x
x
dx. On peut verier facilement
que lintegrale I est convergente.
La methode precedente nous am`ene `a considerer la fonction f(z) =
e
iz
z
sur le contour
R
. Mais ici, 0 est racine de Q. On voit que 0 est un
IV.5. CALCUL DINT

EGRALES PAR LA M

ETHODE DES R

ESIDUS 115
pole situe sur le chemin dintegration. Nous allons changer de contour
de mani`ere `a eviter la singularite. Considerons le contour suivant =
AA
/
C
/
B
/
BCA.
Le pole 0 est alors `a lexterieur de , donc
Z

+
e
iz
z
dz = 0, cest-`a-dire
Z
r
R
e
ix
x
dx
Z
c

+
r
e
iz
z
dz +
Z
R
r
e
ix
x
dx +
Z
c
+
R
e
iz
z
dz = 0
o` u c

r
(resp. c
R
) est le demi-cercle A
/
C
/
B
/
(resp. BCA) de centre O et
de rayon r (resp. R). On en deduit que
2i
Z
R
r
sin x
x
dx +
Z
c
+
R
e
iz
z
dz
Z
c

r
e
iz
z
dz = 0.
Sur BCA, on a
lim
[z[+

1
z

= 0 = lim
R+
Z
c

+
R
e
iz
z
dz = 0.
Sur B
/
C
/
A
/
, le lemme (IV.5.4) implique que
lim
r0
Z
c

+
r
f(z)dz = iRes(f,0) = i1 = i.
Donc 2i
Z
+
0
sin x
x
dx = i et par consequent,
Z
+
0
sin x
x
dx =

2
.
116 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
IV.6 Exercices
Exercice IV.6.1 On rappelle que
e
z
=
+
X
n=0
z
n
n!
z l C,
e
z
1
+z
2
= e
z
1
e
z
2
z
1
, z
2
l C
et
(e
z
)
/
= e
z
z l C.
a/ Montrer que [e
z
[ = e
Re(z)
.
b/ Resoudre e
z
= 1.
c/ e
z
est-elle injective? surjective?
d/ Montrer que e
z+i2
= e
z
. Conclure.
e/ Montrer que lapplication z e
z
restreinte `a la bande
U = x +iy, x IR, y < +
est une bijection dans l C0. Son inverse est lapplication u Log[u[+
iArg u avec Arg u < +. La fonction ainsi denie est la
determination principale du logarithme :
Log u = Log[u[ +iArg u, Arg u < +.
f/ Trouver les images par e
z
des ensembles suivants :
La droite y = y
0
avec y
0
< + ;
IV.6. EXERCICES 117
Le segment x = 0 avec y < + ;
La bande Im(z) < h avec h < +.
g/ A-t-on legalite Log(z
1
z
2
) = Log(z
1
) +Log(z
2
)?
Exercice IV.6.2 On pose pour z l C
sin (z) =
e
iz
e
iz
2i
, cos (z) =
e
iz
+e
iz
2
,
sinh (z) =
e
z
e
z
2
et cosh (z) =
e
z
+ e
z
2
.
a/ Verier que
cosh (iz) = cos (z), sinh (iz) = i sin (z), cos
2
(z) + sin
2
(z) = 1,
cos (z +z
/
) = cos (z) cos (z
/
) sin (z) sin (z
/
) et
sin (z + z
/
) = sin (z) cos (z
/
) + cos (z) sin (z
/
).
b/ Montrer que pour tout z = x + iy l C, on a
[ cos (z)[
2
= cos
2
(x) + sinh
2
(y).
A-t-on [ cos (z)[ 1 z l C?
c/ Resoudre dans l C
cos (z) = 0, sin (z) = 0, cosh (z) = 0 et sinh (z) = 0.
Exercice IV.6.3 Montrer que la fonction f denie par f(z) = z nest
holomorphe en aucun point de l C.
118 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Exercice IV.6.4 Trouver toutes les fonctions holomorphes dont la par-
tie reelle est
u = x
2
y
2
.
Exercice IV.6.5 On pose u(x,y) = e
x
(x sin (y)y cos (y)). Determiner
v(x,y) pour que
f(z) = u(x,y) +iv(x,y)
soit holomorphe.
Exercice IV.6.6 Soit f holomorphe de l C dans l C. On pose pour z =
x +iy,
f(z) = u(x,y) +iv(x,y).
On suppose quil existe a, b et c IR non tous nuls, tels que pour tout
(x,y) IR
2
, on a
au(x,y) + bv(x,y) = c.
Montrer que f est constante.
Exercice IV.6.7 Calculer lintegrale
I =
Z
c
+
sin

z
2

+ cos

z
2

(z 1)(z 2)
dz
o` u c est le cercle de centre O et de rayon 3.
IV.6. EXERCICES 119
Exercice IV.6.8 Soient z
0
l C, r > 0 et f une fonction holomorphe
sur et `a linterieur du cercle c de centre z
0
et de rayon r. Montrer que
f(z
0
) =
1
2
Z
2
0
f(z
0
+ re
i
)d.
(Cest le theor`eme de Gauss sur la valeur moyenne)
Exercice IV.6.9 Soient a et b IR

+
et lellipse dequation
x
2
a
2
+
y
2
b
2
= 1, 0 < b a.
Calculer
Z

+
dz
z
. En deduire que
Z
2
0
dt
a
2
cos
2
(t) + b
2
sin
2
(t)
=
2
ab
.
Exercice IV.6.10 Si R > 0, on designe par c le segment joignant les
points daxes R et R +i. Pour a > 0, montrer que
lim
R+
Z
c
+
e
iaz
e
2z
1
dz = 0.
Exercice IV.6.11 Soient R > 0, a > 0, b IR et c = z l C/ [z[ =
R et 1e(z) 0. Montrer que
lim
R+
Z
c
+
z
2
b
2
z
2
+ b
2
e
iaz
z
dz = 0.
Exercice IV.6.12 Pour chacune des fonctions suivantes, determiner
les points singuliers et les residus correspondants :
1. f(z) =
(z
4
+1)
2
z
4
(zp)

z
1
p

; p IR, p / 0, 1,1 ;
120 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
2. f(z) =
1
sin (z)
;
3. f(z) =
1
z
n
1
, n 1 ;
4. f(z) = cos

1
z

;
5. f(z) = sin

1
z

;
6. f(z) =
e
z
(z1)(z2)
3
;
7. f(z) = e
(
1
z
)
;
8. f(z) =
2ze
z
1e
2z
.
Exercice IV.6.13 Determiner le developpement en serie de Laurent au
voisinage des singularites :
(z 3) sin

1
z + 2

et
e
2z
(z 1)
3
.
Exercice IV.6.14 Calculer les integrales
Z
c
+
1
e
1
z
z + 1
dz o` u c
1
est le cercle de centre O et de rayon r (r > 1) et
Z
c
+
2
e
zt
z
2
(z
2
+ 2z + 2)
dz o` u c
2
est le cercle de centre O et de rayon 3.
Exercice IV.6.15 Calculer par la methode des residus :
1.
Z
2
0
d
1 2a sin () + a
2
, 0 < a < 1 ;
2.
Z
2
0
cos ()
a + cos ()
d, a > 1 ;
3.
Z
+

x
2m
1 +x
2n
dx, m, n IN

, n m 1 ;
IV.6. EXERCICES 121
4.
Z
+
0
1
(1 +x
2
)
2
dx ;
5.
Z
+
0
x sin (2x)
4 +x
2
dx ;
6.
Z
+
0
sin (2x)
4 +x
2
dx ;
7.
Z
+

sin
2
(x)
1 +x
2
+ x
4
dx.
Exercice IV.6.16 Soit a ]0,1[. Calculer
I =
Z
+

e
ax
1 +e
x
dx,
en utilisant la fonction f denie par f(z) =
e
az
1+e
z
et le contour rectangu-
laire delimite par les droites dequations x = R, x = R, y = 0 et y =
2.
Exercice IV.6.17 Soit n un entier naturel superieur ou egal `a 3. Cal-
culer `a laide du contour
lintegrale I =
Z
+
0
dx
1 +x
n
, o` u R > 1 et =
2
n
.
Exercice IV.6.18 Soient a > 0 et f la fonction denie par f(z) =
z
ae
iz
.
1) Quelles sont les singularites de f ? De quelle nature sont-elles? Les
122 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
situer sur le plan.
2) Calculer les residus en chacune des singularites.
3) Calculer I(a) =
Z
+

x
a e
ix
dx en utilisant le contour rectangulaire
suivant
4) En deduire la valeur de lintegrale I =
Z
2
0
ucotg(u)du.
Exercice IV.6.19 La determination choisie pour Log z etant
Log(z) = Log[z[ + iArg(z), 0 Arg(z) < 2.
Calculer
I =
Z
+
0
Log(x)
(1 +x
2
)
2
dx
en utilisant la fonction f denie par f(z) =
Log(z)
(1+z
2
)
2
et le contour
R,r
ci-dessous avec r assez petit et R assez grand.
IV.6. EXERCICES 123
Exercice IV.6.20 On consid`ere le contour
R,
suivant :
La partie courbe

est le demi-cercle centre au point z = i et de rayon


. On suppose petit et R grand.
Soient f la fonction de la variable complexe denie par f(z) =
2ze
z
1e
2z
et
I =
Z
+
0
x
sinh (x)
dx.
1) Determiner les points singuliers de f, leur nature et les residus.
2) Calculer J =
Z

+
R,
f(z)dz.
3) Montrer que lim
0
Z

f(z)dz = 1.
4) Calculer lim
0
lim
R
Z
CD
f(z)dz +
Z
EF
f(z)dz

en fonction de I.
5) Calculer lim
R+
Z
BC
f(z)dz +
Z
FA
f(z)dz

.
7) En deduire la valeur de I.
Exercice IV.6.21 Soit a > 0. Chercher la transformee de Fourier de
e
x
2
et e
ax
2
`a laide du theor`eme des residus.
Exercice IV.6.22 Verier que les zeros dune fonction holomorphe (non
nulle) sont isoles.
124 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Exercice IV.6.23 On consid`ere la fonction f denie par
f(z) =
1
z
2
+ 2

2z + 1
, z l C.
On pose z
1
=

2 + 1 et z
2
=

2 1.
1) Determiner les poles de f et calculer les residus correspondants.
2) Montrer que pour tout z l C tel que [z[ < [z
1
[, on a
f(z) =
1
2
+
X
n=0

z
n+1
1
z
n+1
2

z
n
.
3) Soient p IN

et g la fonction denie par


g(z) =
z
2p
+ 1
z
p
(z
2
+ 2

2z + 1)
.
Calculer les residus de g aux poles 0, z
1
et z
2
.
4) Soit le cercle unite oriente dans le sens direct. Calculer les integrales :
Z

+
f(z)dz et
Z

+
g(z)dz.
5) En utilisant les questions precedentes, developper en serie de Fourier
la fonction
h(x) =
1

2 + cos x
, x IR.
Exercice IV.6.24 Soit f holomorphe dans un voisinage de z
0
sauf en
z
0
. Montrer que la lim
zz
0
f(z) existe et est finie si et seulement si les
coecients a
n
(n < 0), du developpement de Laurent sont nuls.
IV.6. EXERCICES 125
Exercice IV.6.25 1) Soient z = a un pole simple de f et

un arc
de cercle de centre a, dangle et de rayon > 0. On suppose assez
petit pour que f soit holomorphe dans un disque pointe D

(a,r), r >
contenant

. Demontrer que
lim
0
Z

f(z)dz = iRes(f,a).
2) Soient n un entier naturel superieur ou egal `a 2 et f la fonction
denie par f(z) =
z1
z
n+1
1
. Determiner les points singuliers, leur nature
et les residus.
3) On consid`ere le contour
R
suivant
o` u =
2
n+1
, a = e
i
, AB est larc de cercle de centre O et de rayon R
et CD est larc

. On suppose que R est assez grand et assez petit.


Calculer
Z

+
R
f(z)dz.
4) Calculer lim
R+
Z

+
R
f(z)dz et lim
0
Z

f(z)dz.
5) Determiner la valeur de lintegrale
I
n
=
Z
+
0
1
1 +x + + x
n
dx.
126 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
6) Calculer lim
n+
I
n
.
7) Retrouver cette limite par le theor`eme de convergence dominee.
Exercice IV.6.26 Prouver que
Z
+
0
cos

x
2

dx =
Z
+
0
sin

x
2

dx =
1
2
s

2
en utilisant la fonction f denie par f(z) = e
z
2
et le contour
On admet que
Z
+
0
e
x
2
dx =

2
.
Exercice IV.6.27 On consid`ere le contour suivant
On suppose que r est assez petit et R assez grand. Soient a IR et f la
fonction denie par f(z) =
e
iaz
e
z
e
z
.
1) Calculer I =
Z

+
f(z)dz.
2) Montrer que
I =
Z
BC
f(z)dz+
Z
C

f(z)dz+K

Z
r
R
f(x)dx
Z

+
r
f(z)dz +
Z
R
r
f(x)dx
!
,
IV.6. EXERCICES 127
o` u K est une constante reelle non nulle que lon calculera.
3) Montrer que
lim
R+
Z
BC
f(z)dz = lim
R+
Z
C

f(z)dz = 0.
4) Donner
Z
r
R
f(x)dx +
Z
R
r
f(x)dx
en fonction de
Z
R
r
sin (ax)
sinh (x)
dx.
5) Deduire de ce qui prec`ede la valeur de
J =
Z
+
0
sin (ax)
sinh (x)
dx.
Exercice IV.6.28 Calculer par la methode des residus
I
n
=
Z
2
0
cos
2n
() d.
Exercice IV.6.29 Soient p IR0, 1, +1 et f la fonction denie
par
f(z) =
(z
4
+ 1)
2
z
4
(z p)(z
1
p
)
, z l C.
1) Determiner les poles et les residus de f en ces poles.
2) Soit c le cercle trigonometrique parcouru dans le sens direct. Calculer
lintegrale
J(p) =
Z
c
+
f(z)dz.
128 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
3) Calculer par la methode des residus
I =
Z
2
0
cos
2
(2t)
1 2p cos (t) + p
2
dt.
Exercice IV.6.30 1) Soit z
0
un point singulier isole de f. Demontrer
que z
0
est un point singulier eliminable de f si et seulement si lim
zz
0
f(z)
existe et est nie.
2) On consid`ere la fonction f denie par f(z) =
ze
iz
sinh (z)
. Determiner les
poles et les residus.
3) Pour n IN

, on designe par
n
le contour (dans l C) suivant
Calculer I
n
=
Z

+
n
f(z)dz.
4) Determiner la valeur de lintegrale J =
Z
+
0
x cos (x)
sinh (x)
dx.
Exercice IV.6.31 Soit f la fonction denie par f(z) =
2
(z1)(z+1)
.
Developper f en serie de Laurent autour des points z = 0 et z = 1.
IV.6. EXERCICES 129
Exercice IV.6.32 Soient a, b et l C tels que 0 < Re(a) < 1 et
0 < Re(b) < 1. On consid`ere la fonction f denie par
f(z) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
e
az
a
bz
1e
z
si z ,= 0
si z = 0
1) Montrer que f est holomorphe `a lorigine si est convenablement
choisi.
2) Calculer dans ce cas f
/
(0).
3) Determiner les poles de f.
4) On consid`ere le rectangle
R
suivant
Calculer
Z

+
R
f(z)dz.
5) Calculer lim
R+
Z
BC
f(z)dz et lim
R+
Z
DA
f(z)dz.
6) Sachant que I(a) =
Z
+

e
ax
1 +e
x
dx =

sin (a)
, calculer
lim
R+
Z
CD
f(z)dz.
7) En deduire la valeur de lintegrale
Z
+

e
ax
a
bx
1 e
x
dx.
130 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
Exercice IV.6.33 On consid`ere la fonction f denie par f(z) = cot (z) =
cos (z)
sin (z)
.
1) Montrer que pour tout x, y IR tel que [y[ >
1
2
, on a

f(x + iy)


1+e

1e

.
2) Montrer que pour tout y IR tel que [y[
1
2
et pour tout k ZZ on
a,

f(k +
1
2
+iy)

tanh

.
3) Pour chaque n IN, on note c
n
le bord du carre dont les cotes sont
portes par les droites x =

n +
1
2

et y =

n +
1
2

. Montrer quil
existe M > 0 tel que pour tout n IN et tout z c
n
, on a [f(z)[ M.
4) Soit a ] 1,1[. On consid`ere la fonction g
a
denie par g
a
(z) =
f(z)
za
.
Determiner les points singuliers de g
a
, leur nature et les residus.
5) Calculer lintegrale I
n
=
Z
c
+
n
g
a
(z)dz.
6) On pose J
n
=
Z
c
+
n
g
a
(z)
z
dz; calculer J
n
.
7) Chercher lim
n+
J
n
.
8) Deduire de ce qui prec`ede les sommes des series :
+
X
p=1
1
a
2
p
2
(a ,= 0) et
+
X
n=1
1
n
2
.
Exercice IV.6.34 Soit la fonction h denie par h(z) =

1
sin (z)

1
z

1
zt

1
z

o` u t est un nombre complexe nappartenant pas `a ZZ.


1) Trouver les points singuliers et les residus de h.
IV.6. EXERCICES 131
2) Pour tout n IN, on designe par c
n
le bord du carre dont les cotes
sont portes par les droites x =

n +
1
2

et y =

n +
1
2

.
a/ Montrer que si z = x + iy alors [ sin (z)[
2
=
cosh (2y)cos (2x)
2
.
b/ Demontrer quil existe M > 0 tel que pour tout n, et tout z c
n
, on
a

1
sin (z)

M.
3) En deduire que lim
n+
Z
c
n
h(z)dz = 0. En appliquant le theor`eme des
residus, demontrer
1
sin (t)
=
1
t
+
+
X
n=1
(1)
n
2t
t
2
n
2

2
.
132 CHAPITRE IV. FONCTIONS DE VARIABLE COMPLEXE
133
Chapitre V
Transformation de Laplace et
applications
V.1 Generalites
Soit f : IR IR ou l C. On suppose que f(t) = 0 pour t < 0 et que
f L
1
loc
([0, +[).
Denition V.1.1 On appelle transformee de Laplace de f, la fonction
F , denie pour p l C par
F(p) =
Z
[0,+[
e
pt
f(t)dt
On ecrit F(p) = /

f(t)

ou encore F(p) < f(t). On dit aussi que F(p)


est limage de f(t).
Denition V.1.2 Lapplication / : f F est appelee transformation
134 CHAPITRE V. TRANSFORMATION DE LAPLACE ET APPLICATIONS
de Laplace.
Donnons des resultats relatifs `a lexistence de lintegrale de Laplace :
Proposition V.1.1 i) Si F(z) existe pour z l C alors F(p) existe pour
tout nombre complexe p tel que 1e(p) 1e(z).
ii) Lensemble E = 1e(z)/ F(z) existe) a lune des formes suivantes
, ], +[, [, +[ ou IR.
Demonstration :
i) Soit p l C tel que 1e(p) 1e(z). On a

e
pt
f(t)

= e
1e(p)t
[f(t)[ e
1e(z)t
[f(t)[ =

e
zt
f(t)

Par consequent si F(z) existe alors F(p) existe.


ii) Supposons que E ,= et soient x E et u x. Il existe donc un
z l C de la forme z = x +iy tel que F(z) existe. Dapr`es i), F(u) existe
car 1e(u) = u 1e(z) = x, do` u u E.
Considerons = inf E. Il est clair que :
E =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
], +[ ou [, +[ si est fini
IR si = .
V.1. G

EN

ERALIT

ES 135
Denition V.1.3 On appelle abscisse de f, et on le note
f
, le nombre :

f
=
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
si E = IR
si E =], +[ ou [, +[
+ si E = .
Remarque V.1.1 Le nombre
f
joue un role analogue `a celui du rayon
de convergence dune serie enti`ere. La droite verticale du plan complexe
1e(p) =
f
partage ce plan en deux demi-plans tels que F(p) existe pour
1e(p) >
f
et nexiste pas pour 1e(p) <
f
. Pour 1e(p) =
f
, on doit
faire une etude directe selon le cas.
Donnons `a present une condition susante dexistence de F(p) ;
Denition V.1.4 On dit que la fonction f est dordre exponentiel ()
si et seulement si
IR, M > 0 et t
0
> 0 tel que pour tout t t
0
, on a [f(t)[ Me
t
.
136 CHAPITRE V. TRANSFORMATION DE LAPLACE ET APPLICATIONS
Ce qui est equivalent `a dire que : f(t) =

e
t

au voisinage de +.
Exemple V.1.1 Pour tout
0
> 0, on a t
n
=

0
t

.
Proposition V.1.2 Une fonction bornee est dordre exponentiel (0).
Remarque V.1.2 Les fonctions utilisees dans la pratique sont dordre
exponentiel.
Proposition V.1.3 Si f(t) =

e
t

alors F(p) existe pour tout p tel


que 1e(p) > et par suite
f
.
Demonstration :
Comme f L
1
loc
([0, +[), il sut de verier lintegrabilite de e
pt
f(t)
au voisinage de +. Or au voisinage de +, on a

e
pt
f(t)

Me
1e(p)t
e
t
= Me
[1e(p)]t
,
donc F(p) existe si 1e(p) > .
Exemple V.1.2 On consid`ere la fonction Echelon unite ou fonction de
Heaviside denie par
|(t) =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
1 si t 0
0 si t < 0.
V.1. G

EN

ERALIT

ES 137
Pour p ,= 0, la transformee de Laplace de | est F(p) =
Z
+
0
e
pt
dt =
2
4

e
pt
p
3
5
+
0
. Lintegrale existe si et seulement si 1e(p) > 0. On a dans
ce cas lim
t+
e
pt
= 0, do` u F(p) =
1
p
. Ainsi
/

|(t)

=
1
p
.
Labscisse de convergence etant egal `a 0.
Theor`eme V.1.1 La fonction F est holomorphe dans le demi-plan p
l C/ 1e(p) >
f
et on a
F
(m)
(p) = /

(t)
m
f(t)

.
Ce resultat, dont la demonstration est admise, decoule de lextention aux
variables complexes du theor`eme de derivation sous le signe somme
F(p) =
Z
+
0
e
pt
f(t)dt,
F

(p) =
Z
+
0
(t)e
pt
f(t)dt,
.
.
.
F
(m)
(p) =
Z
+
0
(t)
m
e
pt
f(t)dt = /

(t)
m
f(t)

.
Theor`eme V.1.2 (Formule dinversion de Bromwich)
Si F est la transformee de Laplace de f et si pour tout >
f
,
138 CHAPITRE V. TRANSFORMATION DE LAPLACE ET APPLICATIONS
F( + i) est Lebesgue integrable sur IR, alors pour tout t o` u f est
continue, on a
f(t) =
1
2i
Z
+i
i
e
pt
F(p)dp.
Demonstration :
Soient >
f
et p = +i2u. On a
F(p) = F( + i2u)
=
Z
+
0
e
(+i2u)t
f(t)dt
=
Z
IR
e
i2ut
e
t
f(t)dt.
Nous constatons que :
F( + i2u) = T

e
t
f(t)

(u) =

e
t
f(t)(u),
egalite qui met en evidence le lien entre les transformations de Fourier
et de Laplace.
Il decoule des hypoth`eses que u

e
t
f(t)(u) est integrable et t
e
t
f(t) est aussi integrable puisque >
f
. Nous pouvons donc appli-
quer le theor`eme dinversion de la transformation de Fourier ; pour tout
t o` u f est continue, on a
e
t
f(t) =
Z
IR
e
i2ut
F( +i2u)du,
V.2. PROPRI

ET

ES DE LA TRANSFORMATION DE LAPLACE 139


do` u
f(t) =
Z
IR
e
(+i2u)t
F( + i2u)du
=
1
2i
Z
+i
i
e
pt
F(p)dp.
Remarques V.1.1 1) Le calcul de lintegrale de Bromwich le long de la
droite verticale = z l C/ 1e(z) = peut se faire par la methode
des residus.
2) La fonction F etant holomorphe dans le demi-plan 1e(p) >
f
, tous
les points singuliers de e
pt
F(p) se situent `a gauche de .
Denition V.1.5 Si F est la transformee de Laplace de f, on dit que f
est la transformee de Laplace inverse de F et on ecrit f(t) = /
1

F(p)

.
On dit aussi que la fonction f est loriginal de la fonction F.
V.2 Proprietes de la transformation de Laplace
Propriete V.2.1 (Linearite)
Soient et deux scalaires. Si /

f(t)

= F(p) et /

g(t)

= G(p), alors
/

f(t) +g(t)

= F(p) +G(p).
Propriete V.2.2 (Changement dechelle)
140 CHAPITRE V. TRANSFORMATION DE LAPLACE ET APPLICATIONS
Soit F(p) = /

f(t)

. Alors, pour tout a > 0


/

f(at)

=
1
a
F

p
a

.
En eet, /

f(at)

=
Z
+
0
e
pt
f(at)dt =
Z
+
0
e
p
u
a
f(u)
du
a
=
1
a
F

p
a

.
Propriete V.2.3 (Translation : Formule du retard)
Soient f une fonction nulle sur ] ,0[ et a IR. On suppose que
F(p) = /

f(t)

. La fonction g denie par, g(t) = f(t a), est nulle pour


t < a et
/

g(t)

= e
ap
F(p) = e
ap
/

f(t)

.
En eet
/

g(t)

(p) =
Z
+
a
e
pt
f(t a)dt
=
Z
+
0
e
p(u+a)
f(u)du
= e
ap
/

f(t)

(p).
Exemple V.2.1 Echelon unite retarde de a > 0.
On a /

|(t a)

(p) =
e
pa
p
.
V.2. PROPRI

ET

ES DE LA TRANSFORMATION DE LAPLACE 141


Propriete V.2.4 (Transformee de Laplace dune derivee)
Supposons que f soit continue, de classe C
1
par morceaux sur [0, +[.
Si f et f

ont des transformees de Laplace, alors


/

(t)

(p) = p/

f(t)

(p) f

0
+

.
En eet, pour a > 0
Z
a
0
e
pt
f

(t)dt =
h
e
pt
f(t)
i
a
0
+ p
Z
a
0
e
pt
f(t)dt
= e
pa
f(a) f

0
+

+ p
Z
a
0
e
pt
f(t)dt.
Lexistence de /[f], /

et legalite ci-dessus impliquent que lim


a+
e
pa
f(a)
existe. Puisque t e
pt
f(t) est integrable, alors cette limite est nulle.
Si les conditions sont veriees jusqu`a lordre n, le resultat precedent
donne :
/

f
n
(t)

(p) = p
n
/

f(t)

(p)p
n1
f

0
+

p
n2
f


0
+

f
(n1)

0
+

.
Propriete V.2.5 (Transformee dune primitive)
On suppose que f C
0

[0, +[

et on pose (t) =
Z
t
0
f(x)dx. Si /[f]
et /[] existent, alors
/

(t)

(p) =
/

f(t)

(p)
p
.
En eet, puisque C
1

[0, +[

et

= f, alors /[] existe. On a


donc
/

(t)

(p) = p/

(t)

(p) (0) = /

f(t)

(p),
142 CHAPITRE V. TRANSFORMATION DE LAPLACE ET APPLICATIONS
do` u le resultat.
Proprietes V.2.1 Ici F designe la transformee de Laplace de la fonc-
tion f.
On a /

f(t)
t

(p) =
Z

p
F(u)du.
Soient f, g /
1
loc

[0, +[

avec f(t) = g(t) = 0 pour t < 0. Alors


/[f g] = /[f] /[g] .
On a /

f(t) cos bt

=
1
2

F(p ib) +F(p + ib)

et /

f(t) sin bt

=
1
2i

F(p ib) F(p + ib)

.
Considerons une fonction f bornee T-periodique (T > 0). Bien en-
tendu f est supposee nulle pour t < 0. On a
/[f(t)] =
Z
T
0
e
pt
f(t)dt
1 e
pT
.
On suppose que le rayon de convergence de
+
X
n=0
a
n
t
n
est + et que le
rayon de convergence de la serie
+
X
n=0
a
n
n! t
n+1
est non nul. Alors
/
2
4
+
X
n=0
a
n
t
n
3
5
=
+
X
n=0
a
n
n!
p
n+1
.
lim
t0
+
f(t) = lim
p+
pF(p), p IR, si les limites existent. (Cest le
theor`eme de la valeur initiale)
lim
t+
f(t) = lim
p0
+
pF(p), p IR, si les limites existent. (Cest le
theor`eme de la valeur nale)
La transformation de Laplace inverse est aussi lineaire.
V.3. APPLICATIONS DE LA TRANSFORMATION DE LAPLACE 143
V.3 Applications de la transformation de Laplace
A laide dun calcul formel, la transformation de Laplace permet de
resoudre un certain nombre de probl`emes dierentiels `a conditions ini-
tiales. Ce procede technique est appele calcul operationnel ou calcul sym-
bolique.
La determination des images et des originaux se fait dans la pratique `a
laide de la table des transformees de Laplace appelee aussi dictionnaire
dimages.
Exemple V.3.1 On se propose de resoudre lequation dierentielle y

(t)+
3y(t) = e
2t
avec y(0) = 1.
On pose Y (p) = /

y(t)

. On applique / aux deux membres de lequation :


/

(t)

+ 3/

y(t)

= /
h
e
2t
i
pY (p) y(0) + 3Y (p) =
1
p + 2
On obtient donc une equation algebrique :
(p + 3)Y (p) =
1
p + 2
+ 1 =
p + 3
p + 2
do` u Y (p) =
1
p+2
.
Apr`es avoir trouve Y (p), on cherche y(t) = /
1

Y (p)

`a laide de la
table. On trouve y(t) = e
2t
.
144 CHAPITRE V. TRANSFORMATION DE LAPLACE ET APPLICATIONS
V.4 Table des transformees de Laplace usuelles
f(t) F(p) f(t) F(p)
|(t)
1
p
e
(at)
sin (t)

(p+a)
2
+
2
t
n
(n IN)
n!
p
n+1
t cos (t)
p
2

2
(p
2
+
2
)
2

2
1
p
3
2
t sin (t)
2p
(p
2
+
2
)
2
1

1
p
1
2
t
n
e
(at) n!
(p+a)
n+1
(a l C) e
(at) 1
p+a
sin (2

t)

e
(

1
p)
p
3
2
(a ,= b)
e
(at)
e
(bt)
ba
1
(p+a)(p+b)
cos (2

t)

e
(

1
p)
p
1
2
(a ,= b)
be
(bt)
ae
(at)
ba
p
(pa)(pb)
sin (at)at cos (at)
2a
3
1
(p
2
+a
2
)
2
cosh (t)
p
p
2

2
sin (bt)+bt cos (bt)
2b
p
2
(p
2
+b
2
)
2
sinh (t)

p
2

2
cos (at)
1
2
at sin (at)
p
3
(p
2
+a
2
)
2
cos (t)
p
p
2
+
2
at cosh (at)sinh (at)
2a
3
1
(p
2
a
2
)
2
sin (t)

p
2
+
2
sinh (at)+at cosh (at)
2a
p
2
(p
2
a
2
)
2
e
(at)
cos (t)
p+a
(p+a)
2
+
2
cosh (at) +
1
2
at sinh (at)
p
3
(p
2
a
2
)
2
V.5 Exercices
Exercice V.5.1 Chercher les transformees de Laplace des fonctions sui-
vantes :
a/ f(t) = e
at
, a l C;
V.5. EXERCICES 145
b/ f(t) = cos (t), IR;
c/ f(t) = sin (t), IR;
d/ f(t) = t
n
, n IN;
e/ f(t) = cosh (t), IR;
f/ f(t) = sinh (t), IR.
Exercice V.5.2 Soit f une fonction bornee de periode T > 0.
a/ Montrer que labscisse de f est
f
= 0.
b/ Montrer que F(p) =
F
0
(p)
1e
pT
o` u F
0
(p) =
Z
T
0
e
pt
f(t)dt.
c/ Chercher la transformee de Laplace de
i) f(t) = [ sin t[ ;
ii) f(t) =
t
T
si 0 t < T et f(t +T) = f(t).
Exercice V.5.3 Soient f et g /
1
loc

[0, +[

avec f(t) = g(t) = 0 si


t < 0.
a/ Verier que f g(t) =
Z
t
0
f(u)g(t u)du.
b/ Demontrer que /[f g] = /[f] /[g].
c/ Resoudre lequation integrale suivante : y(t) = t
2
+
Z
t
0
sin (t x)y(x)dx.
Exercice V.5.4 Resoudre `a laide de la transformee de Laplace :
a/ y

2y

+y = cos t sin t, y(0) = 0, y

(0) = 1.
b/ y

3y

+ 3y

y = t
2
e
t
, y(0) = 1, y

(0) = 0, y

(0) = 2.
146 CHAPITRE V. TRANSFORMATION DE LAPLACE ET APPLICATIONS
Exercice V.5.5 Resoudre les syst`emes dierentiels :
a/
8
>
>
>
<
>
>
>
:
x

(t) = x + 5y
y

(t) = x 3y
; x(0) = 1 , y(0) = 2.
b/
8
>
>
>
<
>
>
>
:
x

(t) x(t) + 2y(t) = 1


x

(t) + y

(t) + 2x(t) = 0
; x(0) = 2 , y(0) = 1.
c/
8
>
>
>
<
>
>
>
:
f

(t) +g

(t) = t
f

(t) g(t) = e
t
; f(0) = 3 , f

(0) = 2 , g(0) = 0.
Exercice V.5.6 Resoudre
y

(t) +
Z
t
0
y(x)dx = 1 avec y(0) = .
Exercice V.5.7 Donner `a laide de la table de Laplace la valeur de
lintegrale
I =
Z
+
0
te
2t
cos (t)dt.
Exercice V.5.8 Resoudre
ty

(t) + (1 t)y

(t) =
t
2
2
t , y(0) = y
0
.
Exercice V.5.9 Soit u(t) une fonction nulle pour t < 0 et veriant pour
t positif lequation dierentielle
t
d
2
u
dt
2
+
du
dt
+

n +
1
2

t
4

u(t) = 0
V.5. EXERCICES 147
et soit U(p) sa transformee de Laplace.
1

) Etablir lequation dierentielle satisfaite par U(p).


2

) En deduire U(p).
Dans la suite du probl`eme, on supposera que
U(p) =

p
1
2

p +
1
2

n1
et on pose U(p) = F
n
(p) = /[f
n
(t)].
3

) Montrer que, pour tout k 0,1, . . . ,n 1, on a


Z
+
0
e

t
2
t
k
f
n
(t)dt = 0.
4

) Calculer /

e
t
2
f
n
(t)

.
5

) En deduire que e
t
2
f
n
(t) =
n
X
k=0
(1)
k
C
k
n
t
k
k!
.
6

) Calculer /

t
2
f
n
(t)

.
7

) En deduire que e
t
2
f
n
(t) =
1
n!
e
t d
n
dt
n

e
t
t
n

.
8

) On pose L
n
(t) =
1
n!
e
t d
n
dt
n

e
t
t
n

. La fonction L
n
est appelee polynome
de Laguerre dordre n. Deduire des resultats precedents que le syst`eme
de fonctions

t
2
L
n
(t)

n0
est un syst`eme de fonctions orthogonales,
cest-`a-dire
Z
+
0
e
t
L
m
(t)L
n
(t)dt = 0, si m ,= n.
148 CHAPITRE V. TRANSFORMATION DE LAPLACE ET APPLICATIONS
149
Chapitre VI
Espaces de Hilbert
VI.1 Denitions et notations
Dans tout ce qui suit, IK designera IR ou l C.
Denition VI.1.1 Soit E un espace vectoriel sur IK. Un produit sca-
laire sur E est une application
< .,. > : E E IK
(x,y) < x,y >
veriant :
H
1
) < x,x > 0 et < x,x >= 0 x = 0 ;
H
2
)
1
,
2
IK, x
1
, x
2
, y E <
1
x
1
+
2
x
2
,y >=
1
< x
1
,y >
+
2
< x
2
,y > ;
H
3
) x, y E < x,y >= < y,x >.
150 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
De la denition (VI.1.1), il decoule que pour tout
1
,
2
IR et x, y
1
, y
2

E on a
< x,
1
y
1
+
2
y
2
>=
1
< x,y
1
> +
2
< x,y
2
> .
Denition VI.1.2 Un espace vectoriel muni dun produit scalaire sap-
pelle espace prehilbertien.
Proposition VI.1.1 Soit H un espace prehilbertien sur IK. Pour x
H, on pose
|x| =

< x,x >. On a les resultats suivants :
i) [ < x,y > [ |x| |y| x,y H (Inegalite de Cauchy-Schwarz) ;
ii) |x + y|
2
+ |x y|
2
= 2|x|
2
+ 2|y|
2
x,y H (Egalite du pa-
rallelogramme) ;
iii) Lapplication x |x| est une norme sur H ;
iv) Soient a,b,c H et m le milieu du segment [b,c]. On pose d(a,b) =
|x y|. On a alors d
2
(a,b) + d
2
(a,c) = 2d
2
(a,m) +
1
2
d
2
(b,c) (Lemme de
la mediane).
La demonstration est laissee en exercice.
Denition VI.1.3 On appelle espace de Hilbert, un espace prehilbertien
complet (par rapport `a la norme |x| =

< x,x >).
Exemples VI.1.1 i) Lespace H = IR
n
est un espace de Hilbert pour le
VI.2. LESPACE DE HILBERT L
2
151
produit scalaire
< x,y >=
n
X
i=1
x
i
y
i
.
ii) Lespace H = l C
n
est un espace de Hilbert pour le produit scalaire
< x,y >=
n
X
i=1
x
i
y
i
.
VI.2 Lespace de Hilbert L
2
Soit (X,/,) un espace mesure. On rappelle que L
2
est lensemble des
classes dequivalence des fonctions f : X IK mesurables telles que
[f[
2
soit integrable.
On a les proprietes suivantes :
i) Si f, g L
2
alors f g L
1
;
ii) Si f, g L
2
alors f + g L
2
;
iii) Si f L
2
et IK alors f L
2
;
iv) L
2
est un espace vectoriel sur IK;
v) Pour f,g L
2
, on pose < f,g >=
Z
X
f(x)g(x)d(x). Alors < .,. >
est un produit scalaire sur L
2
.
Remarque VI.2.1 L
2
est un espace prehilbertien. La norme associee
au produit scalaire est
|f|
2
=
Z
X
[f(x)[
2
d(x)
1
2
=

< f,f >.


152 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
Theor`eme VI.2.1 L
2
est un espace de Hilbert.
Demonstration :
Soit (f
n
) une suite de Cauchy dans L
2
. On peut par raisonnement clas-
sique, extraire une sous suite (f
n
k
)
k1
telle que

f
n
k+1
f
n
k

2

1
2
k
pour
tout k = 1,2, . . ..
Posons g
n
=

f
n
1

+
n
X
k=1

f
n
k+1
f
n
k

et g =

f
n
1

+
+
X
k=1

f
n
k+1
f
n
k

.
La fonction g
n
est positive mesurable pour tout n et
|g
n
|
2
2

2
4

f
n
1

2
+
n
X
k=1

f
n
k+1
f
n
k

2
3
5
2

f
n
1

2
+ 1

2
.
Notons dautre part, que g = lim
n
g
n
et par consequent g est mesurable.
Dapr`es le lemme de Fatou on a
Z
X
g
2
d liminf
n
Z
X
g
2
n
d

f
n
1

2
+ 1

2
.
Do` u g
2
integrable, ce qui prouve que g
2
est nie presque partout. Donc
la serie

f
n
1

+
+
X
k=1

f
n
k+1
f
n
k

converge p.p., cest-`a-dire que la serie de fonctions f


n
1
+
+
X
k=1

f
n
k+1
f
n
k

est absolument convergente p.p.


Posons A = x X/ g(x) < + et denissons la fonction f, egale p.p.
VI.2. LESPACE DE HILBERT L
2
153
`a g, par
f(x) =
8
>
>
>
>
<
>
>
>
>
:
f
n
1
+
+
X
k=1

f
n
k+1
f
n
k

si x A
0 si x / A
.
Pour tout x X, on a

f(x)

2
g
2
(x). Puisque f est mesurable, alors
f L
2
. Sachant que f
n
k
= f
n
1
+
k1
X
p=1

f
n
p+1
f
n
p

, alors

f
n
k

converge
p.p. vers f. Montrons `a present que f
n
k
converge dans L
2
vers f. Pour
tout x A, on a

f(x) f
n
k
(x)

2
=

f(x) f
n
1
(x)
k1
X
p=1

f
n
p+1
(x) f
n
p
(x)

2
=

+
X
p=k

f
n
p+1
(x) f
n
p
(x)

2
g
2
(x).
Par suite

f(x) f
n
k
(x)

k
est une suite de fonctions positives, mesu-
rables, telles que

f(x) f
n
k
(x)

2
converge p.p. vers 0,

f(x) f
n
k
(x)

2
g
2
(x) p.p. et
g
2
L
1
.
Le theor`eme de la convergence dominee entraine que
lim
k
Z
X

f(x) f
n
k
(x)

2
d(x) = lim
k

f f
n
k

2
2
=
Z
X
0 d = 0.
Par consequent f
n
k
converge dans L
2
vers f. Or on sait que dans un
espace metrique, toute valeur dadherence dune suite de Cauchy est
limite de la suite, donc on a
lim
n+
|f f
n
|
2
= 0.
154 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
VI.3 Meilleure approximation sur un sous espace
vectoriel
Soit H un espace prehilbertien. On note < .,. > le produit scalaire sur
H et |.| la norme associee.
Denition VI.3.1 On dit que x H et y H sont orthogonaux si
< x,y >= 0.
Soit S H, on appelle orthogonal de S lensemble
S

= y H/ < x,y >= 0 x S.


Proprietes VI.3.1 i) Si x et y sont orthogonaux alors |x+y|
2
= |x|
2
+
|y|
2
;
ii) Plus generalement si
1
,
2
, . . . ,
n
, elements de H, sont deux `a deux
orthogonaux, alors

n
X
k=1
c
k

2
=
n
X
k=1
[c
k
[
2
|
k
|
2
.
On sinteresse au probl`eme suivant :
Soient H un espace prehilbertien, V un sous-espace vectoriel de H et f
un element de H.
Existe-t-il f

V tel que |f f

| = min
vV
|f v| = d(f,V )?
Denition VI.3.2 Lelement f

, lorsquil existe, sappelle meilleure ap-


VI.3. MEILLEURE APPROXIMATION SUR UN SOUS ESPACE VECTORIEL155
proximation de f sur V ou projection de f sur V . On le note f

=
pr
V
(f).
Theor`eme VI.3.1 Soient H un espace prehilbertien et V un sous-espace
vectoriel complet de H. Alors, pour tout f H, il existe un unique
f

V tel que
|f f

| = min
vV
|f v|.
Demonstration :
Existence : On pose d = d(f,V ) = inf
vV
|f v|. Pour n IN

, il existe
v
n
V tel que
d |f v
n
| < d +
1
n
.
On a donc lim
n+
|f v
n
| = d. Montrons que (v
n
) est une suite de
Cauchy. Grace `a legalite du parallelogramme, nous pouvons ecrire :

v
p
v
q

2
=

v
p
f + f v
q

2
= 2

v
p
f

2
+2

f v
q

2f (v
p
+ v
q
)

2
.
On a

2f (v
p
+v
q
)

2
= 4

f
v
p
+v
q
2

2
4d
2
et pour p et q assez grands

v
p
v
q

2
2

d +
1
p

2
+ 2

d +
1
q

2
4d
2
= 4d

1
p
+
1
q

+ 2

1
p
2
+
1
q
2


2
.
156 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
La suite (v
n
) est donc de Cauchy ; V etant complet, on en deduit que
v
n
f

V .
Comme lim
n+
|f v
n
| = d et |.| etant continue, il vient |f f

| = d.
Unicite : Si f

et h

sont deux solutions, alors


|f

|
2
= |f

f + f h

|
2
= 2 |f

f|
2
+ 2 |f h

|
2
4

f
f

+h

2
,
do` u |f

|
2
2d
2
+ 2d
2
4d
2
, soit f

= h

.
Proposition VI.3.1 Soient H un espace prehilbertien, V un sous-espace
vectoriel complet de H et f H.
f

est la meilleure approximation de f sur V si et seulement si f

V
et f f

.
Proposition VI.3.2 Soit H un espace prehilbertien. Si V est un sous-
espace vectoriel de dimension nie de H, alors V est complet.
VI.4 Theor`eme de Riesz
Proposition VI.4.1 Soit H un espace prehilbertien. Pour tout a H,
lapplication
: x < x,a >
est une forme lineaire continue sur H de norme egale `a |a|.
VI.5. SYST
`
EMES ORTHOGONAUX 157
Theor`eme VI.4.1 (Theor`eme de Riesz)
Soient H un espace de Hilbert et une forme lineaire continue sur H.
Alors il existe un unique a H tel que, pour tout x H, (x) =<
x,a >.
VI.5 Syst`emes orthogonaux
Denitions VI.5.1 Soit H un espace prehilbertien.
Un ensemble denombrable B =
n
/ n IN H0 est appele
syst`eme orthogonal si <
n
,
m
>= 0 pour n ,= m;
syst`eme orthonorme si <
n
,
m
>=
n,m
o` u
n,m
est le symbole de
Kronecker ;
syst`eme total si B

= 0.
Denition VI.5.1 Si B est un syst`eme orthogonal, les nombres
c
n
(f) =
< f,
n
>
<
n
,
n
>
=
< f,
n
>
|
n
|
2
sont appeles coecients de Fourier de f relativement `a B.
Propriete VI.5.1 Soit B = (
n
)
n1
un syst`eme orthogonal. Alors B est
libre, cest-`a-dire :
m IN

m
X
i=1

i
= 0 =
i
= 0, i = 1, . . . ,m.
158 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
Proposition VI.5.1 Soient H un espace prehilbertien et B = (
n
)
n1
un syst`eme orthogonal. Alors pour tout f H on a linegalite :
+
X
n=1

c
n
(f)

2
|
n
|
2
|f|
2
(Inegalite de Bessel).
Demonstration :
Soit p IN

et V
p
= V ect

1
,
2
, . . . ,
p

le sous-espace vectoriel engendre


par
n

1
,
2
, . . . ,
p
o
. Lespace V
p
est de dimension nie, donc complet. Soit
f H et f

= pr
V
p
(f). On a f

V
p
et < f f

,v >= 0 pour tout


v V
p
, donc
< f,
i
>=< f

,
i
> pour tout i = 1,2, . . . ,p.
Or f

=
p
X
j=1

j
, donc
< f,
i
>=
i
<
i
,
i
> .
Ainsi,
i
=
<f,
i
>
<
i
,
i
>
et par suite f

=
p
X
i=1
c
i
(f)
i
.
Dautre part :
|f|
2
= |f f

+f

|
2
= |f f

|
2
+|f

|
2
,
do` u |f

|
2
|f|
2
, cest-`a-dire
p
X
i=1

c
i
(f)

2
|
i
|
2
|f|
2
.
Ceci etant vrai pour tout p IN

, on en deduit que :
+
X
n=1
[c
n
(f)[
2
|
n
|
2
|f|
2
.
VI.5. SYST
`
EMES ORTHOGONAUX 159
Denition VI.5.2 (Base Hilbertienne)
Soient H un espace de Hilbert et B =
n
/ n IN

un syst`eme ortho-
gonal. La famille B est appele base hilbertienne si pour tout f H, on
a f =
+
X
n=1
c
n
(f)
n
.
(On dit que f se developpe en serie de Fourier dans H relativement `a la
base B).
Theor`eme VI.5.1 Soit H un espace de Hilbert et B =

n
/ n IN

un syst`eme orthogonal. Les assertions suivantes sont equivalentes :


i) B est un syst`eme total ;
ii) Lensemble des combinaisons lineaires nies delements de B est
dense dans H ;
iii) B est une base hilbertienne ;
iv) f H : |f|
2
=
+
X
n=1

c
n
(f)

2
|
n
|
2
(Egalite de Parseval).
Demonstration :
i) = ii)
Soit B
c
lensemble des combinaisons lineaires nies delements de B. Sup-
posons B
c
,= H. Il existe donc f H tel que f / B
c
. Or B
c
est un
sous-espace vectoriel de H, donc B
c
est un sous-espace vectoriel ferme
de H et par suite B
c
est complet. Donc il existe un unique f

B
c
tel
que f f

B
c

. Comme B B
c
, alors

B
c

= 0, do` u
160 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
f = f

ce qui contredit f / B
c
.
ii) = iii)
Soit f H = B
c
. Pour tout > 0, il existe un nombre ni de scalaires

1
,
2
, . . . ,
m
tels que

f
m
X
k=1

< .
Or on a par le theor`eme de la projection

f
m
X
k=1
c
k
(f)
k

f
m
X
k=1

< .
On a aussi, pour tout p m

f
p
X
k=1
c
k
(f)
k

f
m
X
k=1

<
car
m
X
k=1

k
V ect

1
,
2
, . . . ,
p

, ce qui prouve que la serie


+
X
n=1
c
n
(f)
n
est convergente et a pour somme f.
iii) = iv)
On a |f|
2
=

f
p
X
n=1
c
n
(f)
n

2
+
p
X
n=1

c
n
(f)

2
|
n
|
2
. En faisant tendre
p vers +, on obtient |f|
2
=
+
X
n=1

c
n
(f)

2
|
n
|
2
.
iv) = i)
Soit f B

. Pour tout n IN

, on a < f,
n
>= 0, donc |f| = 0 et par
consequent f = 0.
Remarque VI.5.1 Soit B une base hilbertienne. Deux elements de H
VI.6. TH

EORIE L
2
DES S

ERIES DE FOURIER 161


ayant memes coecients de Fourier sont egaux. En eet
c
n
(f) = c
n
(g) n = c
n
(f g) = 0 n ;
Legalite de Parseval prouve que f = g.
VI.6 Theorie L
2
des series de Fourier
Soit T > 0. On consid`ere lensemble L
2
p
(0,T) des classes de fonctions
mesurables f : IR l C periodiques de periode T et telles que
Z
[0,T]

f(t)

2
dt < +.
On montre que L
2
p
(0,T) est un espace de Hilbert pour le produit scalaire
< , > denie pour tout f, g L
2
p
(0,T) par
< f,g >=
Z
[0,T]
f(t)g(t)dt.
La norme associee etant
|f|
2
=

Z
[0,T]

f(t)

2
dt
!1
2
.
On verie dautre part que le syst`eme trigonometrique
B =

n
= e
i2nt
T
/ n ZZ

162 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT


est une base hilbertienne de lespace de Hilbert H = L
2
p
(0,T).
Remarques VI.6.1 Pour n, m ZZ, on a <
n
,
m
>=
8
>
>
>
<
>
>
>
:
0 si n ,= m
T si n = m.
Il decoule du theor`eme (VI.5.1) que toute fonction f L
2
p
(0,T) ad-
met un developpement en serie de Fourier (par rapport `a B) et on a
f =
+
X
n=
c
n
(f)e
i2nt
T
(la convergence est au sens de la norme de L
2
p
)
avec
c
n
(f) =
< f,
n
>
<
n
,
n
>
=
1
T
Z
[0,T]
f(t)e

i2nt
T
dt.
Legalite de Parseval secrit alors |f|
2
2
=
Z
[0,T]

f(t)

2
dt =
+
X
n=

c
n
(f)

2
T,
cest-`a-dire
+
X
n=

c
n
(f)

2
=
1
T
Z
[0,T]

f(t)

2
dt.
VI.7 Exercices
Exercice VI.7.1 Soient H un espace de Hilbert et M un sous espace
vectoriel ferme de H. Montrer que H est somme directe de M et M

.
Exercice VI.7.2 Soient H un espace de Hilbert et une forme lineaire
continue sur H. On se propose de montrer qu il existe un unique a
H tel que (x) =< x,a > pour tout x H.
1/ Verier que si = 0, alors a = 0.
VI.7. EXERCICES 163
2/ On suppose ,= 0.
i/ Montrer que M = ker est un sous espace vectoriel ferme de H avec
M ,= H et M

,= 0.
ii/ On consid`ere b M

, b ,= 0. Montrer que pour tout x H


b est orthogonal `a

x
(x)
(b)
b

Conclure.
Exercice VI.7.3 Soit E un espace de Hilbert. Montrer que lorthogonal
F

dune partie F est un sous espace vectoriel ferme de E.


Exercice VI.7.4 Soit (E
n
)
n
une suite despaces de Hilbert. Soit E len-
semble de toutes les suites x = (x
1
, . . . ,x
n
, . . .) telles que, pour tout
n IN, x
n
E
n
et la serie
P
|x
n
|
2
est convergente. Montrer que
E est un espace de Hilbert.
Exercice VI.7.5 (Polynomes orthogonaux)
Soit I un intervalle ferme de IR. On suppose que

I ,= .
On se donne une fonction denie, continue, strictement positive sur

I et telle que
n IN
Z
I
[t
n
[ (t) dt < +. (VI.1)
Une telle fonction sera appelee fonction poids.
164 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
On consid`ere lensemble
S

f c
0
(I,IR)/
Z
I

f(t)

2
(t) dt < +

.
S

a une structure despace vectoriel sur IR et < f,g >=


Z
I
f(t)g(t)(t) dt
denit un produit scalaire sur S

.
S

est un espace prehilbertien et compte tenu de (VI.1) on a T S

o` u
T designe lespace des polynomes.
a/ Demontrer quil existe une suite de polynomes p
0
, p
1
, . . . , p
n
, . . . et
une seule veriant
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
(i) d
o
p
n
= n ;
(ii) le coecient de x
n
est egal `a 1 (p
n
est unitaire );
(iii) q T
n1
< p
n
,q >= 0.
(T
n1
designe lensemble des polyomes de degre inferieur ou egal `a n1).
Remarquer que les polynomes p
n
de degre n veriant < p
n
,q >= 0, pour
tout q T
n1
, coincident `a des constantes multiplicatives pr`es.
Les polynomes (p
n
) veriant (i) et (iii) sappellent polynomes orthogo-
naux sur I relativement `a la fonction poids .
b/ On consid`ere (p
n
) la suite des polynomes unitaires orthogonaux re-
lativement `a sur I. Montrer que cette suite verie les relations de
VI.7. EXERCICES 165
recurrence
p
n
(x) = (x
n
)p
n1
(x)
n
p
n2
(x)
avec
n
=
|p
n1
|
2
|p
n2
|
2
et
n
=
xp
n1
,p
n1
)
|p
n1
|
2
.
c/ Montrer que les n racines du polunome p
n
sont reelles, distinctes et
appartiennent `a I.
Exercice VI.7.6 Soit E un espace vectoriel sur IR. On suppose que E
est un prehilbertien. On note < .,. > le produit scalaire et |.| la norme
associee. On consid`ere F un sous espace vectoriel de E de dimension
nie et B =
1
, . . . ,
n
une base de F.
1/ Soit f E et

la meilleure approximation de f dans F. Montrer


que

=
n
X
i=1
a

i
o` u les a

i
sont solutions dun syst`eme lineaire (n n)
que lon precisera.
2/ Montrer que la matrice G = (g
ij
) avec g
ij
=<
i
,
j
> , 1 i
n, 1 j n est inversible.
3/ Soient a, b IR et une fonction poids sur [a,b] (cf. exercice
(VI.7.5)). On se donne une fonction f continue sur [a,b].
a) Montrer quil existe un et un seul p

n
T
n
tel que
Z
b
a
(x)

f(x) p

n
(x)

2
dx = min
p
n
T
n
Z
b
a
(x)

f(x) p
n
(x)

2
dx
o` u T
n
designe lensemble des polynomes `a coecients reels de degre
inferieur ou egal `a n.
166 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
b) Montrer que p

n
=
n
X
i=0
a

i
x
i
o` u les a

i
sont solutions dun syst`eme `a
preciser.
c) Application : Prendre [a,b] = [1,1] et pour tout x [1,1], (x) = 1
et f(x) = [x[.
Determiner p

2
.
Faire une representation graphique pour expliquer la propriete de p

2
.
Exercice VI.7.7 Determiner les reels a, b, c, d et e qui minimisent
lintegrale :
Z
+1
1

x
5
ax
4
bx
3
cx
2
dx e

2
dx.
Exercice VI.7.8 Trouver (a
0
,b
0
,c
0
) IR
3
qui realise le minimum de la
fonction
f(a,b,c) =
Z
+
0

x
3
ax
2
bx c

2
exp (x) dx.
Exercice VI.7.9 Considerons N+1 couples de nombres reels (x
i
,y
i
), i =
0, . . . ,N, o` u les x
i
sont distincts. Soient (x
i
) > 0, i = 0, . . . ,N, des
nombres appeles poids. On dit que
P

n
(x) =
n
X
i=0
a

i
x
i
(n < N)
est un polynome qui realise la meilleure approximation au sens des moindres
VI.7. EXERCICES 167
carres si
N
X
i=0
(x
i
)

y
i
P

n
(x
i
)

2
= min
P
n
T
n
N
X
i=0
(x
i
)

y
i
P
n
(x
i
)

2
; (VI.2)
T
n
designe lensemble des polynomes `a coecients reels de degre inferieur
ou egal `a n. On pose E = IR
N+1
.
1/ Denir un produit scalaire < .,. > sur E (ainsi que la norme |.|
associee) et un sous espace vectoriel F de E, de telle mani`ere que le
probl`eme (VI.2) se ram`ene au probl`eme suivant
Chercher p

n
F tel que |y p

n
| = min
p
n
F
|y p
n
|
o` u y =
0
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
@
y
0
y
1
.
.
.
y
N
1
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
A
.
2/ En deduire lexistence et lunicite dune solution pour le probl`eme
(VI.2), caracterisee par le syst`eme suivant
n
X
i=0
a

i
N
X
j=0
(x
j
)x
i+k
j
=
N
X
j=0
(x
j
)y
j
x
k
j
; k = 0, . . . ,n.
3/ On suppose que (x
j
) = 1 pour tout j 0,1, . . . ,N et on consid`ere
168 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
la matrice
U =
0
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
@
1 x
0
x
2
0
. . . x
n
0
1 x
1
x
2
1
. . . x
n
1
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
1 x
N
x
2
N
. . . x
n
N
1
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
A
.
Montrer que la solution du probl`eme (VI.2) est obtenue en eectuant la
resolution du syst`eme lineaire
U
t
Ua = U
t
y o` u a =
0
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
@
a

0
a

1
.
.
.
a

n
1
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
A
.
4/ Application : on consid`ere le tableau de donnees
x
i
1
1
2
0
1
2
1
y
i

3
2
0
1
4
0 0
(x
i
) 1 1 1 1 1
Determiner la droite des moindres carres (P

1
) et la parabole des moindres
carres (P

2
).
5/ On pose x =
1
N+1
N
X
i=0
x
i
, y =
1
N+1
N
X
i=0
y
i
, cov (x,y) =
1
N+1
N
X
i=0
(x
i
x) (y
i
y)
et

2
x
=
1
N+1
N
X
i=0
(x
i
x)
2
.
On consid`ere D = P

1
= a

0
+a

1
x la droite des moindres carres. Montrer
VI.7. EXERCICES 169
que a

1
=
cov(x,y)

2
x
, a

0
= y a

1
x et en deduire que le couple ( x, y) D.
170 CHAPITRE VI. ESPACES DE HILBERT
171
Annexe A
Polynomes orthogonaux
I.1 Les polynomes de Legendre
Le polynome de Legendre de degre n est deni par
P
n
(x) =
1
2
n
n!
d
n
dx
n
(x
2
1)
n
, x [1,1]
172 ANNEXE A. POLYN

OMES ORTHOGONAUX
avec P
0
(x) = 1.
Les premiers sont :
P
0
(x) = 1 ;
P
1
(x) = x ;
P
2
(x) =
1
2
(3x
2
1) ;
P
3
(x) =
1
2
(5x
3
3x) ;
P
4
(x) =
1
8
(35x
4
30x
2
+ 3) ;
P
5
(x) =
1
8
(63x
5
70x
3
+ 15x) ;
. . . . . . . . .
On peut les denir par la formule de recurrence
8
>
>
>
<
>
>
>
:
P
0
(x) = 1, P
1
(x) = x ;
P
n
(x) =
2n1
n
xP
n1
(x)
n1
n
P
n2
(x).
La famille des polynomes de Legendre est orthogonale relativement `a la
fonction-poids
w(x) = 1 sur lintervalle [1,1], cest-`a-dire
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
Z
1
1
P
n
(x)P
m
(x) dx = 0 si n ,= m ;
Z
1
1

P
n
(x)

2
dx =
2
2n + 1
(,= 0).
I.2. LES POLYN

OMES DE LAGUERRE 173


Les monomes 1, x, x
2
, . . . sexpriment en fonction des polynomes P
n
:
1 = P
0
(x) ;
x = P
1
(x) ;
x
2
=
1
3

2P
2
(x) + P
0
(x)

;
x
3
=
1
5

2P
3
(x) + 3P
1
(x)

;
x
4
=
1
35

8P
4
(x) + 20P
2
(x) + 7P
0
(x)

;
. . . . . . . . .
I.2 Les polynomes de Laguerre
Le polynome de Laguerre de degre n est deni par
L
n
(x) = e
x
d
n
dx
n
(e
x
x
n
) , x [0, +[.
Les premiers sont :
L
0
(x) = 1 ;
L
1
(x) = x + 1 ;
L
2
(x) = x
2
4x + 2 ;
L
3
(x) = x
3
+ 9x
2
18x + 6 ;
L
4
(x) = x
4
16x
3
+ 72x
2
96x + 24 ;
L
5
(x) = x
5
+ 25x
4
200x
3
+ 600x
2
600x + 120 ;
. . . . . . . . .
174 ANNEXE A. POLYN

OMES ORTHOGONAUX
On peut les denir par la formule de recurrence
8
>
>
>
<
>
>
>
:
L
0
(x) = 1, L
1
(x) = x + 1 ;
L
n
(x) = (2n x 1)L
n1
(x) (n 1)
2
L
n2
(x).
La famille des polynomes de Laguerre est orthogonale relativement `a la
fonction-poids
w(x) = e
x
sur lintervalle [0, +[, cest-`a-dire
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
Z

0
e
x
L
n
(x)L
m
(x) dx = 0 si n ,= m ;
Z

0
e
x

L
n
(x)

2
dx = (n!)
2
(,= 0).
Les monomes 1, x, x
2
, . . . sexpriment en fonction des polynomes L
n
:
1 = L
0
(x) ;
x = L
1
(x) +L
0
(x) ;
x
2
= L
2
(x) 4L
1
(x) + 2L
0
(x) ;
x
3
= L
3
(x) + 9L
2
(x) 18L
1
(x) + 6L
0
(x) ;
. . . . . . . . .
I.3 Les polynomes dHermite
Le polynome dHermite de degre n est deni par
H
n
(x) = (1)
n
e
x
2 d
n
dx
n
(e
x
2
) , x ] , +[.
I.3. LES POLYN

OMES DHERMITE 175


Les premiers sont :
H
0
(x) = 1 ;
H
1
(x) = 2x ;
H
2
(x) = 4x
2
2 ;
H
3
(x) = 8x
3
12x ;
H
4
(x) = 16x
4
48x
2
+ 12 ;
H
5
(x) = 32x
5
160x
3
+ 120x ;
. . . . . . . . .
On peut les denir par la formule de recurrence
8
>
>
>
<
>
>
>
:
H
0
(x) = 1, H
1
(x) = 2x ;
H
n
(x) = 2xH
n1
(x) 2(n 1)
2
H
n2
(x).
La famille des polynomes de Laguerre est orthogonale relativement `a la
fonction-poids
w(x) = e
x
2
sur lintervalle ] , +[, cest-`a-dire
8
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
:
Z

e
x
2
H
n
(x)H
m
(x) dx = 0 si n ,= m ;
Z

e
x
2

H
n
(x)

2
dx = 2
n
(n!)

(,= 0).
176 ANNEXE A. POLYN

OMES ORTHOGONAUX
Les monomes 1, x, x
2
, . . . sexpriment en fonction des polynomes H
n
:
1 = H
0
(x) ;
x =
1
2
H
1
(x) ;
x
2
=
1
4
H
2
(x) +
1
2
H
0
(x) ;
x
3
=
1
8
H
3
(x) +
3
4
H
1
(x) ;
. . . . . . . . .
I.4 Les polynomes de Tchebychev
Le polynome de Tchebychev de degre n est deni par
T
n
(x) = cos (narccos x) , x [1,1].
Les premiers sont :
T
0
(x) = 1 ;
T
1
(x) = x ;
T
2
(x) = 2x
2
1 ;
T
3
(x) = 4x
3
3x ;
T
4
(x) = 8x
4
8x
2
+ 1 ;
T
5
(x) = 16x
5
20x
3
+ 5x ;
. . . . . . . . .
I.4. LES POLYN

OMES DE TCHEBYCHEV 177


On peut les denir par la formule de recurrence
8
>
>
>
<
>
>
>
:
T
0
(x) = 1, T
1
(x) = x ;
T
n
(x) = 2xT
n1
(x) T
n2
(x).
La famille des polynomes de Laguerre est orthogonale relativement `a la
fonction-poids
w(x) =
1

1x
2
sur lintervalle [1,1], cest-`a-dire
8
>
>
>
>
>
>
>
>
<
>
>
>
>
>
>
>
>
:
Z
1
1
1

1 x
2
T
n
(x)T
m
(x) dx = 0 si n ,= m ;
Z
1
1
1

1 x
2

T
n
(x)

2
dx =
8
>
>
>
<
>
>
>
:
si n = 0

2
si n = 1,2, . . .
Les monomes 1, x, x
2
, . . . sexpriment en fonction des polynomes T
n
:
1 = T
0
(x) ;
x = T
1
(x) ;
x
2
=
1
2

T
2
(x) +T
0
(x)

;
x
3
=
1
4

T
3
(x) + 3T
1
(x)

;
x
4
=
1
8

T
4
(x) + 4T
2
(x) + 3T
0
(x)

;
. . . . . . . . .
Le polynome T
n
admet n racines reelles sur lintervalle [1,1] ;
T
n
(x) = 0 pour x = x
k
= cos

(2k + 1)

2n

; k = 0,1, . . . ,n 1.
En outre
T
n
(x) = 1 pour x = 1, cos
2
n
, . . .
178 ANNEXE A. POLYN

OMES ORTHOGONAUX
et
T
n
(x) = 1 pour x = cos

n
, cos
3
n
, . . .
TABLE DES MATI
`
ERES 179
Table des mati`eres
I Integrale de Lebesgue 1
I.1 Ensembles mesurables. Mesures. . . . . . . . . . . . . . . 1
I.2 Fonctions mesurables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
I.3 Integrale de Lebesgue des fonctions positives mesurables 18
I.4 Fonctions integrables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
I.5 Calcul integral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
I.5.1 Integrales dependant dun param`etre . . . . . . . 33
I.5.2 Integrale de Lebesgue et integrale de Riemann . . 35
I.5.3 Theor`eme de Fubini . . . . . . . . . . . . . . . . 36
I.5.4 Changement de variables . . . . . . . . . . . . . . 37
I.6 Espaces L
p
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
I.7 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
180 TABLE DES MATI
`
ERES
II Transformation de Fourier dans L
1
51
II.1 Transformation de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
II.2 Proprietes de la transformee de Fourier . . . . . . . . . . 53
II.3 Transformee de Fourier inverse . . . . . . . . . . . . . . . 56
II.4 Convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
II.5 Exercices sur la transformation de Fourier . . . . . . . . 58
III Theorie elementaire des distributions 63
III.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
III.2 Espace T des fonctions tests . . . . . . . . . . . . . . . . 66
III.3 Les distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
III.4 Operations sur les distributions . . . . . . . . . . . . . . 70
III.4.1 Multiplication dune distribution par une fonction
C

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
III.4.2 Derivation des distributions . . . . . . . . . . . . 71
III.4.3 Convergence dune suite de distributions . . . . . 72
III.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
IVFonctions de variable complexe 81
TABLE DES MATI
`
ERES 181
IV.1 Fonctions holomorphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
IV.2 Integration complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
IV.3 Theor`eme de Cauchy et ses consequences . . . . . . . . . 87
IV.3.1 Formule de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
IV.3.2 Inegalites de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . 95
IV.4 Points singuliers. Residus . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
IV.4.1 Points singuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
IV.4.2 Classication des singularites . . . . . . . . . . . 100
IV.4.3 Residus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
IV.4.4 Calcul pratique des residus . . . . . . . . . . . . . 104
IV.5 Calcul dintegrales par la methode des residus . . . . . . 107
IV.5.1 Lemmes de Jordan . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
IV.5.2 Calcul dintegrales . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
IV.5.2.1 Premier type : . . . . . . . . . . . . . . . 110
IV.5.2.2 Deuxi`eme type : . . . . . . . . . . . . . . 111
IV.5.2.3 Troisi`eme type : . . . . . . . . . . . . . . 113
IV.5.2.4 Calcul de lintegrale de Dirichlet . . . . 114
182 TABLE DES MATI
`
ERES
IV.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
V Transformation de Laplace et applications 133
V.1 Generalites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
V.2 Proprietes de la transformation de Laplace . . . . . . . . 139
V.3 Applications de la transformation de Laplace . . . . . . . 143
V.4 Table des transformees de Laplace usuelles . . . . . . . . 144
V.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
VI Espaces de Hilbert 149
VI.1 Denitions et notations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
VI.2 Lespace de Hilbert L
2
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
VI.3 Meilleure approximation sur un sous espace vectoriel . . 154
VI.4 Theor`eme de Riesz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
VI.5 Syst`emes orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
VI.6 Theorie L
2
des series de Fourier . . . . . . . . . . . . . . 161
VI.7 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
A Polynomes orthogonaux 171
TABLE DES MATI
`
ERES 183
I.1 Les polynomes de Legendre . . . . . . . . . . . . . . . . 171
I.2 Les polynomes de Laguerre . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
I.3 Les polynomes dHermite . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
I.4 Les polynomes de Tchebychev . . . . . . . . . . . . . . . 176

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