Egypte Ancienne 1839
Egypte Ancienne 1839
Egypte Ancienne 1839
ANCIENNE
Champollion-Figeac (M.,
Jacques-Joseph)
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ORNU UBRARf OF THE UNIVERSITY OF CAUFORNIA
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TYPOGRAPHIE DE FIRMIN D1DOT FRERES,
nrr jacob, h* 56.
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ÉGYPTE
ANCIENNE,
PAR
M. CHAMPOLLfON-FIGEAC,
CO*SFBY\TF.lB DR L\ BIBUOTHRQlîR BOYALR, RTC.
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PARIS,
F1BM1N D1DOT FRÈRES, ÉDITEURS.
mmtviMJIIS-MBlUIRES I>K I.*IH!*TITUT l>K RBAHri,
RVI lACOi, •«" Ml.
m nccr. xxxix.
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L'UNIVERS,
OU
TOIRE ET DESCRIPTION
DE TOUS LES PEUPLES,
DE LEURS RELIGIONS, MOEURS, COUTUMES,
EGYPTE
PAR M. CHAMPOLLION-FIGEAC,
IVATSU* A LA BIBLIOTHÈQUE DU BOI.
# . .
Lé* est située au centre de l'an- delà ntiû/rej et *e fleuve m frite encore
cien continent ; elle est arrosée par un le. cûfte* divin qu'une philosophie re-
tas fAi» grands fleuves connus : placée connu'sstinte nu tiu oro; ,.Hl: \: a/plus de
entre TA sic et l'Afrique, ce n'est pas quatTe'niilîeîahs.; l! 6âttôa}oli/s V' père
uns quelque contradiction que la Géo- nourricier de l'Egypte* et les varia-
graphie moderne l'attribuetantôt à tions extraordinaires qui se manifestent
f une, tantôt à l'autre de ces deux par- périodiquement dans son état exer- ,
tes du monde; enfin, communiquant cèrent une grande influence sur les vues
arec l'Europe par une mer facile et de politiques et les établissements des pre-
p-eu (Tétendue, elle sembla destinée, miers législateurs.
t^rsa position naturelle, à devenir le De plus grands phénomènes moraux
berceau delà civilisation, à en répandre se développèrent encore sur cette terre
les premiers essais et les premiers bien- dès l'origine des sociétés humaines.
faits sur le reste de la terre. Alors l'isolement des peuples les em-
Tout fut singulier ou mystérieux dans pêchait de se rencontrer et de se com-
<*rte contrée à jamais célèbre. Les battre. La vallée du Nil jouit très-long-
premières pages des annales humaines temps du calme nécessaire aux na-
si
nous entretiennent de ses immenses tions comme aux individus pour éla-
travaux et de sa gloire; sa constitution borer de grandes pensées, et fonder
physique était caractérisée par des phé- sur des bases solides la félicité publique
nomènes particuliers, et le progrès des ou domestique. Le pays tut observé
pences n'a pas affaibli de nos jours avec une attention et une persévérance
intérêt puissant qu'ils ont toujours inépuisables; la connaissance des lois
du climat inspira des règles de police
Les sources du fleuve auquel elle est qui participèrent de la constance ae ces
redevable de son existence et de sa fer- fois; une expérience réfléchie concou-
tilité, nous
sont inconnues comme elles rut sans cesse à les rendre plus corn-
i&ùatt aux plus anciens observateurs et plus parfaites, et la con-
Vimwmm. (Égttt..)
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3 L'UN vrRS. v
stitution politique se proposa de sou- elle par la voie si lente de l'expé
mettre, à des; règles certaines les mou- et du progrès au point d'avano
vements mêmes de la volonté et de social où ses plus anciens ou\
l'intelligence générales, à l'imitation nous l'ont montrée? ou bien , j
4e ces lois éternellement semblables elle' une science toute faîte
oui soumettent chaque jour lè sol de autre peuple qui l'avait précédée
1Keypte à l'action des mêmes phéno- cette voie de primitifs essais H'
mènes. nisation sociale? Que de jours et
Les sages égyptiens s'attachèrent nées dans l'une et l'autre supposi
avec une rare prédilection }r tfcut ce De telles difficultés n'émeuvent
Îui était en soi vrai utile -et durable.
, vrai, que les esprits qui les camp
,ç bonheur de tous étattjq but^e leur nent on n'en trouvera la soîi
:
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s- «• . » ».
EGYPTE.
justice, la culture des sciences, des nation pleinement constituée, d'un
arts et des lettres , et les cérémonies étatsagement policé. Nous avons dû
de la religion : la classe des militaires donner d'abord de l'ancienne Egypte
défendait l'état, le peuple avait pour cette idée générale qui préparera le
son lot la culture des terres, F industrie lecteur et l'intéressera peut - être
et le commerce. L'antiquité classique plus directement à l'étude des détails
tout entière a fait et conservé à PÉ- que nous allons présenter sur chacune
gypte une renommée de sagesse qui fait des principales parties de notre sujet.
supposer que son gouvernement fut Il embrassera l'histoire entière de l'E-
habituellement modéré et fondé sur gvpte , considérée dans sa constitution,
les vrais intérêts du pays. Il subit ce- physique et morale, dans ses princi-
pendant des révolutions intérieures pales institutions, leur marche pro-
qui amenèrent successivement sur le gressive ou rétrograde , enfin dans son
trône plusieurs races de rois; il subit influence sur la civilisation moderne.
aussi des invasions étrangères: le luxe «
c'est un grès habituellement employé on verra plus bas pourquoi ce lac fut
dans les édifices de la Thébaïde. Énlin célèbre dans l'antiquité.
vers Syène et Philae (voy. pl. 4 ) se On résumerait les notions sur l'état
trouvent ces carrières de granit rose physique de l'Egypte en disant, qu'elle
si renommées par les grands monu- est une vallée cultivée, une bande de
ments qui en ont été tirés, et d'où terre végétale qui traverse les déserts.
provient aussi l'obélisque de Louqsor, Les vallées qui servent de lit à de
nouvellement transporté à Paris. grands fleuves, forment une espèce de
Ces deux chaînes ne sont pas égale- Berceau dont les eaux occupent le fond.
ment rapprochées , d'où il resuite que L'opposé arrive en Egypte ; sa section
la vallée n'est point partout d'une lar- transversale est une courbe légèrement
geur égale ; cette largeur s'accroît à me- convexe ayant dans sa partie supé-
sure qu'elle avance vers la mer. Dans rieure uie échancrure profonde, qui
la région granitique , il n'y a que la est le lit même du Nil dans les basses
distance nécessaire pour le passage du taux. Il résulte de cette singulière dispo-
fleuve, et une étroite lisière de terrain sition du terrain , que dès que le fleuve
qui disparaît même parfois sous les s'élève tant soit peu au-dessus du ni-
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ÉGTPTE.
fcs berges, il peut submerger la fraîcheur, la force de la végétation
ia partie convexe du terrain li- nouvelle, l'abondance des productions
c'est-à-dire la totalité du qui couvrent la terre, surpassent tout
cultivé. Aussi l'Égvpte n'est que ce qu'on admire dans nos pays les plus
•tdu fleuve; ce qu'if n'arrose pas, vantés. Durant cette heureuse saison,
st le désert , et ce désert , les eaux l'Egypte n'est, d'un bout à l'autre,
nef ne sauraient, comme celles du au'une magnifique prairie, un champ
S. le rendre fertile. On explique par e fleurs ou un océan d'épis ; fertilité
pbenomène une ancienne fable reli- que relève le contraste de l'aridité ab-
des Égyptiens : Isis est l'épouse solue qui l'environne : cette terre si
; d'Osiris, nom sacré du Ml; déchue justiGe encore les louanges que
ys est l'épouse stérile de Ty- lui ont données jadis les voyageurs.
pbôn, "et ne pourrait engendrer que Mais malgré toute la richesse du spec-
p^r un adultère avec Osiris c'est-à- : tacle, la monotonie du site, il faut
&* que le désert ne peut être fé- l'avouer , en diminue beaucoup le
condé que par le >il. L'observation charme; l'aine éprouve un certain vide
a donne le mot de cette énigme sacer- par défaut de sensations renouvelées;
le
dotale, de cette allégorie ifondée sur et d'abord ravi , s'égare bientôt
l'oeil,
tin phénomène observé par l'antiquité avec indifférence sur ces plaines sans
et dont la véracité est aujourd'hui fin , qui , de tous côtés , jusqu'à perte
incontestable. de vue, présentent toujours les mêmes
Quant à l'aspect pittoresque de l'E- objets, les mêmes nuances, les mêmes
gypte, nous allons en emprunter les accidents.
traits principaux à la relation d'un sa- « Tout concourt à augmenter cet
vant ODservateur, M. de Rozière , in- effet. Le ciel, non moins uniforme que
génieur en chef des mines , et membre la terre, qu'une vodte con-
n'offre
àe la commission d'Ésypte. stamment pure, durant le jour plutôt
«Les environs deSyène et de la ca- blanche qu'azurée ; l'atmosphère est
taracte présentent un "aspect extrême- pleine d'une lumière que l'œil a peine
ment pittoresque. Mais le reste de a supportei ; et un soleil étincelant,
rÉsypte, le Delta surtout, est d'une dont rien ne tempère l'ardeur, em-
monotonie dont on se fait difficilement brase , tout le long du jour, cette im-
Tidée , et qu'il serait peut-être impos- mense plaine , presque découverte
sible de rencontrer ailleurs Les car, c'est un trait du site de l'Egypte,
champs du Delta offrent trois tableaux d'être dénué d'ombrages, sans être
différents, suivant les trois saisons de pourtant dénué d'arbres.
Tannée égyptienne; dès le milieu du « Telle qu'elle est, cependant, l'E-
printemps", les récoltes, déjà enlevées, gypte plaît encore aux étrangers , et
qu'une terre grise et
ne laissent voir enchante ses habitants. Elle possède
poudreuse, si profondément crevas- en effet, ce que les hommes prisent le
sée, qu'on oserait à peine la par- plus dans leur pays : un sol fertile et
un beau ciel. Sous ce climat heureux,
« A equinoxe d'automne, c'est une
I où l'eau n'est jamais glacée , où la
immense nappe d'eau rouge ou sau- neige est un objet inconnu, où les ar-
mârre, du sein de laquelle sortent des bres ne quittent leurs feuilles que pour
palmiers, des villages, et des digues en produire de nouvelles, la végétation
étroites qui servent de communica- n'est jamais suspendue; et le labou-
tions; après la retraite des eaux, qui reur, comblé dans ses vœux, ne comp-
se soutiennent peu de temps dans ce terait qu'une saison constamment pro-
degré d'élévation, et jusqu'à la fin de ductive, si les circonstances du débor-
la saison, on n'aperçoit plus qu'un sol dement du Nil ne limitaient la cul-
noir et fanceux. ture à une partie de l'année: aussi,
« C'est pendant l'hiver que la nature quand les travaux des hommes sup-
déploie toute sa magnificence. Alors pléent aux inondations, la terre peut
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L'UNIVERS.
donner jusqu'à deux ou trois récoltes de dix à douze pieds, se bifurque con-
dans un an. Aux avantages qu'elle stamment, ainsi que ses branches peu
tient de la nature, son antique civili- nombreuses, courtes et inflexibles, qui
sation ajoute, pour le voyageur éclairé, portent à leur extrémité, en forme de
un charme particulier registre, des tubercules assez gros
,
« Le Saïd étale une culture plus durs, ligneux, d'une forme irrégulière,
riche encore que la Basse-Égypte. Ce d'une couleur et d'un goût de pain
sont bien aussi ses immenses mois- d'épice, avec de larges faisceaux de
sons dorées de blé, d'orge, de maïs, feuilles longues et rigides, étalées en
ses champs de fèves fleuries à perte éventail. v
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ÉGYPTE.
«tique prospérité a cessé; et senté sur un grand nombre de monu-
it la nature la même en toutes ments, de forme humaine, assis sur
que par le passé, il Toit dans son trône, étroitement enveloppé dans
Érence des institutions sociales une tunique Weue ; sur ce corps hu-
casse d'un si prodigieux change- main est placée une téte de bélier,
t; faste et digne sujet de médita- dont la face est verte, et il tient dans
\
pour ceux qui retracent l'histoire ses mains un vase duquel s'épanchent
peuples et pour ceux qui sont ap- les eaux célestes. Le dieu Nil céleste
[fcies à m tache si glorieuse et si diffl- avait quelquefois à côté de ses repré-
de les régir. • sentations trois vases, qui étaient l'em-
blème de Vinondation : l'un a> ces
vases représentait l'eau que l'Éevpte
produit elle-même; le second, celle qui
H parait que les anciens philosophes vient de l'Océan en Egypte, au temps
zrecs avaient tiré du sanctuaire de de l'inondation ; et le* troisième, les
lEeypte l'opinion d'après laquelle Veau eaux de pluie qui , à l'époque de la
était le principe de toutes choses crue du Nil, tombent dans les parties
urement à Tor- méridionales de l'Éthiopie. Voilà ce
des autres par- aue raconte Horapollon , celui qui a
du globe, et que ce principe de écrit un précis sur l'interprétation des
ï humidité, oui était la mère et la
hiéroglyphes.
nourrice des êtres, fut appelé par les Le Nil terrestre était représenté par
Grecs l'Océan et par les Égyptiens le un personnage de forme humaine, fort
-V Ce nom fut aussi celui du grand gras, et qui semble participer des deux
fleuve qui arrosait leur pays. sexes. Sa tête était surmontée d'un
Ce fleuve fat en effet , de tout bououet d'iris ou glaïeul , symbole
temps, pour la teire^Egypte, le véri- du fleuve à l'époque de l'inondation.
Il faisait, au nom des rois qu'il avait
teur ; c'est au limon annuellement pris sous sa protection, .des offrandes
apporté par ses eaux que cette riche aux grands aieux de l'Egypte. On l'a
contrée doit son existence; c'est le en effet représenté portant sur une
Nil qui en maintient et en renouvelle tablette tantôt quatre vases contenant
inépuisable fécondité : aussi ce fleuve
l'eau sacrée, et séparés par un sceptre
fut non -seulement sur- ~ui est l'emblème de la pureté, tantôt
le très-saint, le père et le ,1 es pains, des fruits, des bouquets de
conservateur du pays, mais il fut fleurs et divers genres de comes-
encore regardé comme un dieu, et eut tibles , surmontés aussi du sceptre de
en cette qualité un culte et des prêtres. la pureté. Il était ainsi représenté sur
Les fteyptKM allaient jusqu'à con- deux bas -reliefs qui ornaient deux
sidérer leur fleuve sacré comme une cotés du dé sur lequel s'élevait en
image sensible d' Ammon, leur divinité Étîypte l'obélisque de granit qui vient
suprême; il n'était pour eux qu'une d'être transporté à Paris. De pareilles
ion réelle de ce dieu qui représentations de ce dieu existent sur
forme visible, vivifiait et beaucoup d'autres monuments: les
Ffiffvpte ; aussi Grecs
les Égyptiens appelaient ce dieu en leur
avaient appelé lé Nil, le Jupiter égyp- langue, Hôpi-môu, et ce nom signifie :
tien.
celui qui a la faculté de cacher ou re-
Les philosophes égyptiens avaient tirer ses eaux, après en avoir couvert
imagine dans le ciel des divisions sem- le solde l'Égypte pour le féconder.
blables à celles de
terre; ils avaient
la Rien n'est plus célèbre en effet, et
donc un Nil céleste et un Nil terrestre. dès la plus haute antiquité, que les
Lear grand dieu Cnouphis était con- inondations périodiques du Nil, et
sidéré comme la source et le régula- l'incertitude qui existait alors sur le
\y et il est repré- heu où il prend sa source n'a pas
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L'UNIVERS.
de Syène comme une chute prodi- que de courir très-vite et enfin a
, v
gieuse dont le fracas frappait de sur-
, rencontré, vu et entretenu dans
dité les habitants du voisinage Sénè-
: désert le philosophe hermétique 1
que et Cicéron n'hésitaient pas à le colas Flamel, et sa femme Pernel
croire, à le dire dans leurs écrits, et couple , dit-il , encore très - vivac
cette opinion servait de thème aux ré- ce couple, à la vérité, était mort c
cits qui se débitaient encore, avec un puis plus oc trois cents ans.
succès marqué, au siècle même des Mais des témoins désintéresses, p!
plus brillantes productions de no- amis du vrai que du merveilleux, o
tre littérature. Devant le grand roi vu et mesuré la cataracte de Syèn
Louis XIV et ses contemporains , Paul notre planche n° 3 en donne une id
Lucas, voyageur payé par la cour, très-fldèle.
racontait au public, de retour de son Sur les deux rives du fleuve s'élèvei
premier voyage au Levant, en !704, lesdeux culées d'une montagne tran
mi'à quelques lieues de Svène le bruit versale que son cours a coupée pre.
de la cataracte se faisait déjà entendre. que à pic pour y former son lit ; ce f
« Nous arrivâmes, ajoûte-t-il, une est inégal parsemé de pics de gran
,
heure avant le jour à ces chutes d'eau plus ou moins élevés, plus ou motr
si fameuses. Elles tombent par plu- rapprochés, formant des écueils don
sieurs endroits d'une montagne de quelques-uns sont de grandes fies ; ce
plus de deux cents pieds de haut. On pics s'élèvent au-dessus des eaux , e
me dit que lesBarbarinsydescendoient barrent le Nil dans tous les sens; ar
avec des radeaux, et j'en vis deux en ce ré té contre ces obstacles, le fleuve si
moment qui s'y jetèrent de cette ma- refoule , se relève et les franchit ; i
nière avecleNil. Le seul endroit remar- forme ainsi une suite de petites casca
quable est une belle napped'eaulargede des, dont chacune est haute d'un de-
30 pieds qui forme en tombant une es- mi-pied ou moins. L'espace est rem-
pèce d'arcade, par-dessous laquelle on i
1)1
de tourbillons et de gouffres, et
pourroit passer sans se mouiller, et il e bruit des eaux qui se brisent est
y a apparence qu'on prenoit autrefois entendu à quelque distance. Ce pas-
ce plaisir ; on y voit en effet comme une sage serait très-dangereux pour la na-
petite plate-forme où il va plusieurs ni- vigation , mais une espèce de chenal
ches pour s'asseoir . . Quand j'eus con-
. est ménagé sur la rive gauche ; durant
templé assez de temps cet endroit où les grosses eaux , tous les écueils de ce
le fleuve se précipite de si haut , l'élé- côte du fleuve sont couverts et s'y
vation et la commodité du lieu m'en- changent en canal navigable ; dans les
gagea à dessiner le cours du Nil , dont basses eaux, les barques remontent le
voici en petit la copie de la carte qu'on courant à la cordelle et en serrant la
m'a fart l'honneur de présenter au côte; en le descendant, elles sont en-
roi. » traînées avec une grande rapidité.
A ce récit en effet est jointe une Voilà au vrai la fameuse cataracte
prétendue carte du Nil , où ne sont pas de Syène, qui se réduit à quelques
oubliées les montagnes de 200 pieds cascades distribuées sur une certaine
de haut formant les cataractes selon
, étendue de terrain et dont l'ensemble
Paul Lucas, qui, du reste, avait acquis donne à peine quelques pieds de chute
le privilège des plus incroyables inven- aux eaux du Nilà son entrée en Egypte.
tions , par l'accueil que reçut sa pre- On ne peut s'empêcher de s'étonner
mière relation où il ne s'en est pas de l'existence d'un pareil obstacle à la
montré économe , lui qui avait déjà navigation du fleuve, quand on pense
vu , dans ses autres voyages , des à ces preuves nombreuses d'une ad-
géants escaladant les montagnes de ministration attentive et puissante
la Thessalie comme les marches or- dont le gouvernement de ancienne I
dinaires d'un escalier, des hommes à Égypte a laissé tant de traces encore
une seule jambe qui ne laissaient pas subsistantes. Ces écueils de Syène ac-
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ÉGYPTE. 11
csmiefit sa prévoyance ; mais ils nous pluiesdu tropique. Ces pluies com-
il mêlent plutôt, et on
ne doit y voir mencent dès le mois de mars. Cet
lu moyen efficace de défense contre effet ne se fait sentir sur le Nil en
\ B nuisions des peuplades éthiopien- Egypte qu'à la fin de juin dès cette ;
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L'UNIVERS.
vrai par les savants modernes, et l'ex- Les Égyptiens disent aussi <
vins.
haussement du sol du Delta égyptien siMahomet en eût bu, il aurait
est un des faits les plus importants mandé à Dieu une vie éternelle pc
sur lesquels la géologie puisse exercer pouvoir en boire toujours. On < en
ses théories. Ce qu'ils disaient relative- voie encore tous les jours à Consts
ment à Menés, n'est peut-être pas tinople , pour l'usage du grand - s
aussi exact ; les temps paraissent trop gneur et celui du sérail. L'an ah
courts pour qu'une lente opération chimique de cette eau a en effet ce
du fleuve ait pu, depuis Menés jusqu'à firme la bonne opinion que les Orie
nos jours, c'est-à-dire dans un espace taux et même les voyageurs europée
de près de sept mille ans, transformer en donnent généralement.
les bas-fonds des bords de la mer en On voit, par cettedescription abrég
terre habitable et cultivée. du Nil, tous les bienfaits qu'il répai
L'exhaussement est produit par les sur l'Egypte. Elle ne se forme, el
matières que le Nil détache des mon- n'existe que par lui ; si ses débord
tagnes de l'Abyssinie , entraîne avec ments cessaient , la disette la p/c
lui et abandonne successivement dans cruelle frapperait ses habitants; si
les diverses parties de son cours. Ces fleuve se desséchait, l'Egypte clisp*
matières exhaussent le lit du fleuve, raîtrait de la surface du globe , et J
et le limon déposé sur les terres ex- sol végétal qui la forme serait biente
hausse également celles qui en oc- stérileeten peu de temps reconquis pa
cupent y a équilibre dans
les rives. Il le désert : il ne resterait de ce crac*
les résultats de ces deux opérations. empire que le nom. Un illustre Por
On a déduit d'une foule de considé- tugais, Albuquerque, voulut détruir
l'Egypte au XV siècle de notre ère
e
rations très-rationnelles , et d'observa-
tions faites sur les lieux, que l'exhaus- et pour y parvenir , il songea à en dé
sement était de 57 pouces en mille tourner "le Nil avant qu'il atteignît h
ans, ce qui depuis le roi Menés donne- cataracte de Syène l'entreprise était
:
rait un exhaussement de 2(3 pieds 1/4. hardie, mais supérieure à son génie,
Or il est constaté que des fouilles de et l'Égypte échappa à la fureur de <x
quatorze à quinze mètres ( de 40 à 45 vice-roi des Indes portugaises.
pieds ) faites dans le Delta n'ont tra-
versé que des couches de terre végé- III. LE Fa Y or M ET LE LAC MŒRIS.
tale, entremêlées de couches de sable
quartzeux, semblable à celui que le On comprend tous les soins que le
ISil charrie. Il faut donc supposer que gouvernement de l'Egypte donna â
l'amélioration des bas - fonds de la rétablissement des canaux, quand on
Basse-Égypte fut antérieure au roi se rappelle (me le sort du pays dé-
Menés, qui avait été d'ailleurs précédé pendait entièrement de l'inondation
en Egypte par le gouvernement théo- du Nil ; si elle avait manqué abso-
cratiqùe. Peut-être faut-il seulement lument , l'Égypte , si féconde , était
attribuer à ce roi un système de cana- frappée de stérilité , et la famine dé-
lisation qui concourut très-directement truisait la population. Il était reconnu
à cette amélioration ; mais il est utile, aussi que si elle était insuffisante, iJ
dans toutes ces questions, de s'efforcer y avait disette ; il en était de même,
de mettre d'accord les faits naturels si l'inondation était trop abondante:
avec les données historiques. ces résultats dépendaient absolument
Du reste, l'eau du Nil a une répu- de la quantité des pluies de l'Abys-
tation bien ancienne de salubrité, et sinie, et aucun moyen humain ne pou-
les modernes la lui ont confirmée. vait les régler selon les besoins du
Elle est très-légère, et d'une saveur pays. La sagesse du gouvernement
très-agréable, ce qui a fait dire à un égyptien surmonta cependant ces dif-
voyageur qu'elle est parmi les eaux ce ficultés. Il avait compris de bonne
que le vin de Champagne est parmi les heure que les inondations du Nil par-
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ÉGYPTE.
Ajbv* 3 une hauteur convenable surmontées d'un colosse assis, et Hé-
ftp.-' - .' srules assurer l'abondance rodote en conclut que le lac avait été
mgarantissait aussi le repos des creusé de mains d'homme. Mais on a
fcçàes. Ce gouvernement entreprit pu y bâtir les pyramides avant que le
P
|r
prévenir le mal qui résultait ega-
* -i'une r rue insuffisante ou ex-
bas-fond fût occupé par les eaux dé-
rivées du Nil. (Voy. la planche 23. )
&^ Tr. ;
î pour assurer ces immenses L'importance de ce lac, qui n'avait
fcv 'y il fit disposer un réservoir pas moins de 60 -lieues carrées, était
I de soixante lieues carrées de immense pour PÉgypte : il régulari-
Lrv v c'est le lac du Fayoum.
: sait les inondations et rendait sans
Sous avons déjà dit qu'une cou-
[ effet sensible l'inégalité des pluies du
rir? de la chaîne Libyque , située à tropique. Au moyen ducanal tiré du
fia* journée et demie" au-dessus des Nil, le lac se remplissait lors de la
^Timides de Sakkara, et large d'en- crue des eaux, et s'élevait au niveau
Brr. une lieue el demie, e1 qui s'é- du plus haut débordement ; quand le
rpt en s'enfoncant au couchant , Nil décroissait, le lac était fermé par
a une vaste* plaine, au Favoum,
Knrj*jîitt des digues et des écluses, et conser-
bit est un appendice de la vaflée du vait les eaux jusqu'au mois de dé-
Bil, et qui égalait en développement cembre ; on ouvrait alors les digues f
fîétendue de la Basse- Kgvpte. C'est là les eaux s'écoulaient par deux embou-
fu existent les traces étendues de la chures , et elles contribuaient à as-
fbs vaste entreprise sociale qu'ait surer la fertilité dans le Fayoum , le
Dite le génie de l'homme, je veux territoire de Mempbis et une partie
dire le lac Mœris. La province où il de PÉgypte moyenne. Il suppléait
était situé formait sous les Grecs et ainsi à un débordement insuffisant
les Romains un nome appelé d'abord et pouvait prévenir les effets d'une
Crocodtlopplite et ensuite Arsinoïte , trop grande inondation en retenant
J
et par les Égyptiens, avant les Grecs, les eaux comme un vaste réservoir.
j
Piom , et P'hatom , mot qui désigne Ces grands intérêts étaient présents
]
un lieu aqueux , marécageux , et que à Pesprit du roi qui ordonna ce vaste
les Arabes ont conservé dans le nom ouvrage d'utilité publique, et l'histoire
J de Fayoum sous lequel cette province a été reconnaissante en conservant
est encore désignée aujourd'hui. au lac le nom
de Mœris.
La signification de ce nom permet Ce prince, qui porta aussi le nom de
de présumer que le sol du Fayoum Thutmosis dans les historiens grecs
fut d'abord occupé par un marais. régnait 1700 ans avant Jésus-Christ.
Selon le rapport des anciens, le pha- Son nom est encore gravé sur quelques-
raon Mœris en aurait fait un lac ; si uns des plus grands édifices de Thebes,
l'on âdmet qu'il fit creuser ce lac dans de la Nubie ; il reçut aussi les titres de
la partie occidentale de la province bienfaiteur des mondes, serviteur du
comme il avait près de quarante lieues Soleil. L'obélisque qui est à Saint-
de tour et une assez grande profon- Jean-de-Latran à Rome ; avait été
deur, il s'ensuivrait que
Éîjyp- les érigé en son honneur en Egypte; il y
tieus en le creusant auraient enlevé a aussi dans le musée de Turin une
plus de onze cents milliards de mètres statue de ce roi ; elle est de propor-
cubes de terre ; ce qui ne peut pas tions colossales , et en granit noir à
être supposé : il faut donc admettre taches blanches. Les prêtres égyptiens
que le roi Mœris profita de la dispo- parlèrent de lui à Hérodote, quoique
sition naturelle du terrain pour y éta- ce prince fût mort alors depuis plus
blir ce lac. Un canal , tiré du Nil de mille ans. Mœris a mérité, par les
et construit à travers les sables et immenses ouvrages exécutés sous son
l«s
y conduisait les eaux du
rochers, rèçne , notamment par le lac du
milieu du lac s'élevaient
fleuve; vers le Fayoum , dont nous avons essayé de
deux pyramides d'une grande hauteur, donner une idée, la renommée que Phis-
14 L'UNIVERS.
toire lui a conservée jusqu'à nos jours. mois de juillet amène la plan ta tic
Les eaux du lac du Fayoum, qu'on riz,du maïs, la récolte du lin e
appelle aussi en arabe Birket-el-Ka- coton, et l'abondance des raisins
roun , ont un degré de salure très-con- environs du Caire. Au mois d'à
sidérable ; trois mois après que l'eau
coupe du trèfl<
c'est la troisième
du Nil y est arrivée, elle est six fois floraison du nénuphar et du jasri
plus salée que celle de la mer, et ce-
pendant le lac n'est.alimenté que par
les palmiers et les vignes sont cha
de Fruits mûrs, les melons sont
leseaux douces du Nil. Mais des effio- trop aqueux. La récolte des oran/
rescences salines existent- sur les ber- citrons, tamarins, olives et du
6es du canal qui les conduit, et ces annonce le mois de septembre ; e
erges contiennent une quantité très- en octobre commencent des sema il
considérable de muriate de chaux ; la l'herbe s'élève assez haut pour cac
base calcaire du terrain du lac a quel- le bétail, et les acacias et autres
ques veines de sel gemme ; on trouve bustes épineux sont couverts de fle
aussi ce même sel dans les environs
odorantes. Rien n'égale nulle part ce
du lac.
richesse et cette variété de végétatic
que n'obtiendrait-on pas d'un tel pa
IV. FERTILITÉ DE L'EGYPTE.
>
si l'industrie et la civilisation euroi
ennes pouvaient y répandre tous lei
On peut donner une idée de la ferti- bienfaits?
lité de l'Egypte, en disant que la terre
porte tous les mois et des fleurs et des V. CLIMAT DE L'EGYPTE.
fruits. On sème les blés en novembre,
à mesure que les eaux du Nil se reti- Le climat de l'Égypte est très-saii
rent; les narcisses, les violettes et les et il a été reconnu par des rechercha
colocassiers fleurissent : on récolte les très-exactes, faites durant l'expéditio
dattes et le fruit du sébestier. En dé- française, que la mortalité parmi Je
cembre, les arbres perdent leur feuil- Européens y était moindre que dans no
lage mais les blés, les herbes, les climats. C'est cependant en Egypte qu
fleurs couvrent partout la terre, et lui la peste paraît avoir pris naissance e
donnent l'aspect d'un nouveau prin-
y être indigène. Elle se montre aprè
temps. En janvier, on sème les lupins la retraite des eaux de l'inondation
et autres crains, les fèves et le lin: Nous ferons voir, en parlant des mo-
l'oranger, le grenadier fleurissent, les mies ou corps embaumés, comment
blés montrent leurs épis dans la Haute* les anciens Égyptiens se proposèrent
Egypte, et dans la basse, on récolte de se préserver d'un tel fléau. 11 y a
la canne à sucre , le séné et le trèfle. cependant de très-mauvais vents en
Au mois de février, la verdure couvre Egypte ; les vents du nord soufflent en
toutes les campagnes, on sème le riz, octobre; au mois de juin, le vent em-
on récolte l'orge; les choux, les con- brasé du midi se manifeste, mais il
combres et les melons mûrissent. En dure peu de jours : on le nomme Kham-
mars , les plantes et les arbustes fleu- syn en Egypte et Sémoum dans le dé-
rissent,on récolte les blés semés en sert ; par son influence , l'atmosphère
octobre et en novembre. Durant la se trouble, une teinte pourpre la co-
première moitié d'avril, la récolte des lore; l'air n'est plus élastique ; une
roses; ensuite on sème des blés et on chaleur sèche et brûlante règne par-
en moissonne d'autres ; le trèfle donne tout, et des tourbillons, semblables aux
une seconde coupe ; en mai , la récolte émanations d'une fournaise ardente,
des blés d'hiver; l'acacia, le henné se succèdent par intervalle. Malheur
fleurissent , les fruits précoces sont au voyageur que le Sémoum surprend
cueillis, tels que les raisins, figues, dans le désert Ce fut par ce fléau si
! ,
caroubes et dattes. En juin, la Haute- l'on en croit l'histoire , que fut détruite
Egypte récolte la canne à sucre; le l'armée envoyée par Cambyse contre
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!
ÉGYPTE. 1S
'innée entière fut engloutie et dispa- alla consulter, et qui cessa de prédire
1 entièrement. "Le chameau, ce ro- et de parler, comme tous les autres,
fcûe habitant du désert , redoute le quand l'importance politique du pays
si:um, et quand ce vent souffle, il se où il était établi fut anéantie. On rap-
Jocstrait à son influence meurtrière, porte l'origine de l'oracle d' Ammon à
à tenant ses yeux constamment fer- une intervention supérieure, et on ra-
las et en enfonçant sa téte dans les conte qu'une colombe partie du grand
,
pbtes , qui dessèchent moins son ha- temple de Thèbes d'Egypte, alla dési-
face déjà embrasée par la haute tem- gner, avec évidence, le heu où l'oracle
pérature et la réverbération du désert. devait être établi. Le temple d'Am-
mon , qui était la grande divinité de
Tl. OASIS. Thèbes, et que les Grecs ont assimilé
à leur Jupiter, fut en effet construit
On donne le nom
d'Oasis n des dans la partie la plus fertile de l'Oasis.
portions plus ou moins étendues de La statue du dieu était faite avec du
terrain qu'une source d'eau fertilise bronze où l'on avait mêlé des émerau-
au milieu des sables ; ce sont de vé- des et autres pierres précieuses. Il
ritables fies de verdure sur la plage était porté sur une barque d'or, comme
stérile des déserts. Elles sont situées à les autres grands dieux de l'Egypte.
Poccident de la chaîne Libyque sur la Plus de cent prêtres étaient attachés
r/re gauche du Nil, et connues dès la au service du temple, et c'était par la
plus hante antiquité. Elles furent à la bouche des plus anciens que le dieu
même époque des dépendances du ter- Ammon rendait ses oracles , les plus
ritoire de l'Egypte. L histoire a en effet célèbres de toute l'antiquité; Hercule,
conservé la tradition d'une rébellion des Persée, et une foule d'autres personna-
habitants du territoire Libyque, dès les ges illustres dans les traditions histo-
premiers temps de la monarchie égyp- riques de la Grèce, allèrent religieuse-
tienne. On ne parvient dans ces can- ment le consulter. Non loin du temple
tons isolés qu'après plusieurs journées était une autre merveille; c'était une
de marche dans le désert; quelques source nommée la Fontaine du Soleil:
Toyageurs modernes y ont pénétre, et selon Hérodote , l'eau en était tiède le
Ton possède aujourd'hui des notions matin et froide à midi, tiède au cou-
exactes sur les principales Oasis de cher du soleil, et bouillante vers le
l'Egypte. milieu de la nuit. Alexandre-ie-Grand
Leur nom est tiré de l'ancienne lan- voulut visiter et consulter cet oracle
gue égyptienne où il signifiait habita- de Jupiter, l'auteur de sa race, disait-
tion, et comme
le dit un géographe il; il descendit donc des environs de
grec, c'étaient des régions habitées et Memphis dans , la Basse-Égypte , au-
entourées de vastes déserts; un autre f>rès
du Maréotis; il s'enfonça de
lac
écrivain grec trouvait qu'elles offraient à dans le désert avec les personnes
assez Qragréments pour mériter le nom qu'il avait désignées pour le voyage à
d'i&i des bienheureux. La grande l'Oasis d'Ammon. Les deux premiers
Oasis des anciens est celle qu'on nomme jours, Quinte-Curce, la fatigue
dit
aujourd'hui EJ-Khargéh , à la hauteur était quoiqu'on n'eût
supportable,
deThèbes : elle est la plus méridionale jamais vu de telles solitudes; mais dès
des Oasis de l'Egypte. En s'avançant qu'on fut avancé dans ces mers de
vers le Delta, on trouve celles de sable, l'aspect de la terre ne frappait
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I
16 '
L'tJlUVERS.
plus les yeux; pas un arbre, pas une tante est couverte par trois énorr
trace de végétation ; la provision d'eau, pierres qui lui servent de plafond ; e-
portée par les chameaux, était épuisée ont chacune 26 pieds sur 33, et pès
et fl n'y en avait pas dans ce sable brû- ainsi cent mille livres chaque ; <
lant; le soleil avait tout desséché; mais sculptures subsistent encore et pr<
il survint heureusement un peu de vent que le temple était dédié à
pluie, et on se désaltéra avec avidité, ë'ande divinité de Thèbes, à A mine
même en recevant dans sa bouche Peau a, le Jupiter-Ammon des Gre<
qui tombait du ciel. On mit quatre Des inscriptions en caractères bféfl
jours à traverser ces vastes solitudes. glyphiques accompagnaient les scèr
Comme on approchait , une troupe de religieuses figurées sur les bas-i
-
corbeaux vint servir de guide à l'ar- liefs. Non loin de ces ruines, au su
mée d'Alexandre; enfin il arriva h est, on retrouve dans un bois de pi
f Oasis d'Ammon, où il vit, au milieu miers la fontaine dont les eaux soi
d'immenses déserts, le temple en- alternativement chaudes et froid
touré d'un bois épais, où des sources dans l'espace de 12 heures. Voilà doi
nombreuses entretenaient la fraîcheur le véritable temple de Jupiter-Ammc
et la végétation, et il visita aussi la et la fontaine du Soleil dont Hérodot
fontaine du Soleil , dont Hérodote a donné la description et qu'Alexandn
avait fait connaître l'existence aux le-Grand alla visiter, après qu'il eu
Grecs, un siècle auparavant. Alexan- fait la conquête de l'Égypte. Cambys
dre consulta l'oracle, qui déclara avait voulu détruire ce temple; so
sans hésitation, qu'il était le fils de armée périt à la traversée du désert
Jupiter. Alexandre s'y rendit pour honorer U
Les voyageurs modernes ont re- dieu, et aussi , dit une tradition, para
trouvé à l'Oasis de Syouah les restes qu'Hercule et Persée avaient fait a
des temples égyptiens, la fontaine in- voyage. L'Oasis d'Ammon fut célè-
termittente qu'Hérodote et Alexandre bre dès la plus haute antiquité : c'é-
avaient bien connue, des tombeaux tait un temple dédié au grand dieu de
creusés dans le roc,des restes de momies l'Egypte, Ammon-Ra à tète de bélier,
et plusieurs lieues de terrains fertiles, comme le montrent les sculptures du
appartenants à plusieurs villages. La temple d'Omm-Beyda; quant à l'ora-
Vide de Syouah, qui donne aujourd'hui cle, il est vraisemblable qu'il fut ima-
son nom à l'Oasis, en est le chef-lieu. giné par les Grecs; et Cambyse, qui
Cette ville est placée sur le sommet le méprisait, ne pensait, en occu-
d'un rocher; elle est divisée en deux Eant le pays des Ammoniens , qu'à en
parties distinctes; dans une, celle qui
l lire la conquête.
est à l'Orient , habitent les gens ma- Autrefois réunies à l'Egypte, dont
riés , les femmes et les enfants ; dans elles étaient des dépendances politi-
l'autre, à l'occident, sur un sol plus ques, les Oasis en sont aujourd'hui
bas, les veufs et les garçons. Les rues séparées de fait, et ne conservent avec
sont couvertes et on circule dans la elle quedes relations de commerce; les
ville, d'une maison à l'autre, comme Oasis sont les stations , les lieux de
les abeilles dans une ruche; mais en rafraîchissement des caravanes qui
plein midi, ilfaut avoir une lampe à la Fartent chaque année de l'intérieur de
main. La population de Syouah est Afrique, et traversent Je grand dé-
d'environ 2500 individus. sert pour se rendre en Egypte. Elles
A une lieue et demie de cette ville, sont d'une ressource infinie pour la
à Test-nord -est, existent, à Omm- sûreté et le succès de ces voyages.
Béyda, les ruines d'un grand temple
de style égyptien; il était formé de Vil. LA MER 110UGB.
trois enceintes, dont la plus étendue
avait 360 pieds de longueur , sur 300 A l'orient du Nil , le sol de l'Egypte
de largeur. Une salle encore subsis- s'étend en désert montueux jusqtfaux
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ÉGYPTE. tî
rtvutsde la mer Rouge, dont la cote a sur leurs pas et de camper devant
f La même direction que le bassin Hahirotb; cette ville existe encore
_ O désert était occupé autrefois sous le nom de Hadjérctfa. Cest à peu
fa Troglodytes ou habitants de près vis-à-vis dece lieu que les Israélites
lescreusées dans le roc. L'extré- passèrent la mer Rouge à pied sec;
4e la mer Rouge est à la hauteur c'est là que s'est formé en effet un
Kaire; ces deux points ne sont ensablement qui a séparé cette mer du
thunes que d'environ 25 lieues; il v a vaste bassin oui la borne au nord , et
b même distance du bras occidentafde avant que cei ensablement fût com-
Jl mer Rouge à la mer Méditerranée, plet, if a dû n'être qu'un bas-fonds
[•or b mer Rouge se termine de ce guéable à marée basse. Moïse, qui
cdté par deux bras : c'est dans l'espace àvait long-temps habité les bords de la
trur^ulaire renfermé entre ces deux mer Rouge, ne devait pas ignorer
feras que sont situés des lieux célè- cette particularité; il en profita pour
bres dans l'histoire sainte,
le désert et sauver le peuple de Dieu des armes du
«mont Sinaï, par séjour de Moïsele Pharaon égyptien. Les Arabes Bé-
et des Israélites , et Pétat des lieux of- douins ont conservé jusqu'à nos jours
fre encore des rapports frappants avec la tradition du passage de la mer Rouge
ks indications et les relations de la par Moïse , et ils donnent encore a quel-
BibJe. ques sources d'eau douce le nom de Fon-
Cest à Memphis, à 25 lieues du bras taines de Moïse. On sait la suite de ce
droit de la mer Rouge, que se sont grand événement; les Israélites arrivè-
passés les grands événements où Moïse rent sans et saufs au désert de Sinaï et
j'>ue le principal rôle. Il entreprend dressèrent leurs tentes vis-à-vis de la
l'ordre de Dieu, de délivrer les montagne. Moïse v monta pour parler à
Hébreux de Pesclavage où ils vivent Dieu; il revint ensuite vers le peuple,
™ Egypte depuis plusieurs siècles ; il en fit assembler les anciens; il leur ex-
Amande Paiement du roi pour se posa les ordres de Dieu , qui , descendu
rendre dans le désert, afin, lui dit-il lui-même sur le Sinaï, au milieu des
te faire des sacrifices pour lesquels on éclairs, du tonnerre et des feux, donna
•inmoUit des animaux révérés par sa loi, dont Moïse présenta ensuite les
> Egyptiens. II se met en route suivi tables au peuple en lui disant : Elles
ie son
peuple, et après avoir em- sont écrites de la main de Dieu. Tou-
prunté aux Égyptiens , toujours sous le tes les descriptions de ces lieux men-
ntàne prétexte de leurs sacrifices dans tionnes dans la Bible sont encore
k désert, une grande quantité de vases d une complète exactitude; on y suit
doretd'argent, Moïse se rendit dans le Moïse errant avec son peuple aux en-
désert de Sinaï; il ne prit pas le che- virons du Sinaï, essayant, sans succès,
min le plus court; il conduisit les de passer en Syrie pour conquérir la
Hébreux , dit la Bible, par le chemin terre de Chanaan, attendant dans le
du désert qui est près de la mer désert que le courage et l'obéissance
Rouge. Il cachait ainsi au roi d'Egypte vinssent à son peuple indiscipliné, et
je véritable but de son entreprise, et que les souvenirs et les regrets de
ï suivit ,
pendant trois jours entiers r Egypte fussent effacés par la mort de
fc rivage ae cette mer; le premier, ils ceux des Israélites qui y étaient nés.
arrivèrent à un lieu nommé Socoth Il voulait donner a son peuple des
et quin'est plus connu ; le second lois et un culte qui fussent la hase et
au fond du désert , entre la mer et les garants de sa nationalité f il y tra-
«les rochers inaccessibles, et cette posi- vailla durant 38 ans, mais il mourut
tion est encore reconnaissable à Byr- pendant sa seconde entreprise contre
Soueys, où un coude de la mer se ioint la Syrie, sans entrer dnasla terre pro-
à la Haute chaîne du mont Attaka et mise, et il désigna Josué pour son
sembte fermer Je désert; le troisième successeur. Ainsi l'histoire des rois
jour, Dieu leur ordonna de revenir d'Egypte est intimement mêlée aux
r Livraison, (tarrru.)
,
18 L'UNIVERS.
ait dit que 1* Afrique en nourr
narrations de la Bible* et nous aurons
encore plusieurs fois l'occasion de faire beaucoup et qu'elle était leur
, W
— - qu'elles se prêtent un secours
voir
: ble patrie. Plus d'un moderne p
mutuel et concourent par leurs témoi-
gnages à la manifestation de la vérité
de fiustoire générale.
Nous ne devons pas omettre de rap- climats lointains, par cela seui
peler combien de tentatives ont été ces animaux ne ressemblent pas
laites pour mettre la mer Méditerranée
types qui lui sont familiers , à
qu'il a l'habitude de voir autou
en communication avec la mer Rouge,
lui. Sa réserve doit même aller
au moyen d'un canal , et pour parvenir
ainsi très-îacilement de l'Europe mé- qu'à se garder de croire qu'il ne
ridionale dans Tlnde. Mais les eaux exister que dans ces types, des for
de la mer Rouge sont élevées de plus de assorties, des proportions har
30 pieds au-dessus, du niveau de cellesde nieuses, des mouvements régal
la Méditerranée. C'est cette différence et gracieux, et des fonctions fa<
Asie et f Inde; on chercha les traces en Egypte avec lui des régions p
de ce grand ouvrage des anciens , et méridionales. Le plus singulier de
ce fut l'empereur INapoléon , alors gé- poissons est le btchir y qui tient à
l'ois du serpent par sa forme allons
néral en chef de l'armée d'Orient, oui
les découvrit le premier dans le dé-
et la nature de ses téguments ; 3
sert de Suèz ; il lit , avec son escorte cétacées, en ce qu'il est pourvu d
quatre lieues dans le canal même, dont vents ou d'ouvertures dans le
il reconnut ainsi la direction ; mais il Sar où l'eau s'échappe ; enlin des
faillit périr par le retour précipité de la rupèdes, par des extrémités a
marée, car il s'égara durant cette re- gues à leurs membres. Sa queue t
connaissance. La nuit approchait ; courte, son abdomen est de grande di
cependant il parvint heureusement à mension, et ses nageoires dorsale
Uadjcroth : c'est le lieu même où très-nombreuses. Il a environ deu
Moïse avait campé avant de traverser pieds de longueur, et, vivant dans le
la mer Rouge, et 3,300 ans avant lieux les plus profonds du ileuve, le,
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ÉGTPTE. 19
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L'UNIVERS.
ment dans leurs parades publiques mais ils savent aussi qu'il n'y en a |
après toutefois avoir arraché les dents en n'en approchant pas à une o
à cet animal très-carnassier. En cap- taine distance; la vipère se contente
tivité, il refuse toute nourriture, et les suivre du regard , après avoir dre<
c'est par la violence qu'on parvient à sa téte. Les bateleurs du Kaire y.
lui en faire avaler. viennent cependant à apprivoiser
Les espèces des couleuvres sont as- redoutable reptile; après lui avoir I
sez nombreuses en Égypte ; on a donné raché les crochets venimeux , ils
la description des cinq principales; la dressent à un grand nombre de ton
plus jolie de toutes est la couleuvre à qui charment la population de PÉgyfi
capuchon, remarquable par la dispo- et charmeraient aussi sans doute ce
sition très-gracieuse de ses couleurs , la de TOccident. La v ipère hajé se ch<w±
brièveté de sa queue et celle de son corps en bâton , contrefait le mort , etc. Poi
entier, qui ne dépasse guère un pied. en faire un bâton , le bateleur crael
L'ne grande tache noirâtre, qui couvre dans la gueule du serpent , le contrai
le dessus de sa téte, depuis le bout du à la fermer, lui appuie la main st
museau jusqu'à l'occiput, et qui ligure la téte, et aussitôt le serpent de viei
un capuchon, a fait donner à cette roide et immobile ; il semble tombé e
couleuvre le nom qu'elle uorte. Le catalepsie, et ne se réveille que lorsqu
scy thaïe des Pyramides, qui ressem- les bateleurs saisissent sa queue et 1
ble beaucoup à la vipère , a comme roulent fortement dans leurs main<
elle des crochets venimeux; il parvient Ceci rappelle tout ce que l'antiquit
rarement à une longueur uc deux nous a dit des nsylles, ou individu
pieds ; il est très-redouté au Kaire et qui ont le don ae charmer les serpent:
dans les environs des Pyramides; c'est et de guérir leurs morsures.
contre lui surtout qu'on invoque la Plusieurs auteurs ont attesté la vé-
science et le pouvoir surnaturel des rité de leur science sur ce point il pa
-,
nsylles , dont nous parlerons tout à raît que les psylles d'Egypte étaient les
l'heure, La vipère céraste, ou cornue, plus célèbres;" ils y formaient une cor-
n'est pas moins redoutable; au-dessus poration qui s'est perpétuée jusqu'à
de chacun de ses deux yeux naît une pe- nos jours. Les psylles actuels affir-
tite eminence ou petite corne , de 2 a 3 ment que tout homme qui ne descen-
lignes de hauteur, s'inclinant un peu drait pas d'un psylle de pure race psylle,
en arrière ; c'est de là que le céraste a tenterait en vain d'exercer leur pro-
tiré son nom. La vinèrc hajé est égale- fession ( car c'en est une parce qu'ils
,
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ÉGYPTE. 2!
sent commander; ils montraient plus les quatre mois d'hiver, ces animaux
d'audace que d'intelligence dans leurs ne prennent aucune nourriture. Le
réponses. On en vint à l'expérience : crocodile , quoique quadrupède , vit
Voulez- vous connaître , leur dit le également à terre et dans Peau ; mais
général, s'il il pond toujours ses œufs sur le sable,
y a des serpents dans ce
palais? et, s'il
y en a , pouvez-vous les où ils éclosent. Il passe la majeure
°toi&er de sortir de leur retraite? Ils partie du jour à sec, et la nuit tout
répondirent par une affirmation sur entière dans le fleuve , dont l'eau a
les deux questions : on les mit à Pé- une température plus chaude que n'est
ï>rewe, ils se répandirent dans les alors celle de l'air et de la rosée. De
appartements ; un moment après, ils tous les animaux que nous connais-
déclarèrent qu'il y avait un serpent, sons , le crocodile est celui sans doute
«s recommencèrent leur recherche, dont l'accroissement est le plus ex-
pour découvrir où il était: ils prirent traordinaire. Ses œufs ne sont pas
quelques convulsions en passant de- beaucoup plus grands que ceux d'une
vant une jarre placée à I angle d'une oie, et il en sort par conséquent un
«es ci ambres du palais, et indiquèrent animal proportionné; cependant cet
que l'animal était là; effectivement on en grandissant atteint jusqu'à
'
•e trouva
: ce fut un vrai tour d'adresse, 17 coudées de longueur, et Quelque
* les spectateurs convinrent que ces fois davantage. Il a^ les veux d'un co-
tyMei étaient fort avisés. Il paraît chon, les dents saillantes en dehors
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23 L'UN
et très-grandes dans la proportion de ture, comme on l'a raconté aussi des
son corps. Il est le seul de tous les crocodiles de l'Amérique, ii mange
animaux qui n'ait point de langue , le aujourd'hui durant toute l'année. Il y
seul aussi dont la mâchoire inférieure avait autrefois des crocodiles dans la
ne soit pas mobile, et oui fasse au con- Basse comme dans la Haute-Kgypte.
traire retomber la mâchoire supérieure Au contraire, on remonte, de" nos
sur l'inférieure. Il a des ongles extrê- jours, cent lieues du Nil, depuis son em-
mement forts, et une peau écai lieuse Douchure, sans en apercevoir : il paraît
qui est impénétrable sur le dos. Il voit que c'est l'élévation de la température
mal dans l'eau, mais, en plein air, sa qui retient le crocodile dans la Haute-
porté avec eux. Le crocodile, enten- A l'égard de sa langue, la vérité est qu'il
dant les cris de l'animal, se dirige vers en ii une, mais peu épaisse, et enga-
le lieu d'où vient la voix, et, rencon- gée dans des téguments. Il est vrai
trant dans son chemin l'appât qui a aussi que la mâchoire inférieure n'est
été tendu, l'avale avec l'hameçon. presque pas mobile, et c'est la mâ-
Alors les chasseurs le tirent à eux choire supérieure qui joue sur elle;
et lorsque le crocodile arrive sur la mais la mâchoire supérieure ne forme
terre, un d'entre eux, avant tout, qu'un seul tout avec sa tête entière.
s'avance et enduit les yeux de l'ani- C'est de cette manière que les anciens
mal d'argile délavée qu'il a préparée ; ont, en effet, représenté le mouve-
avec cette précaution , on vient facile- ment de la mâchoire supérieure du
ment à bout du reste; autrement, il crocodile, notamment sur les médail*
en coûterait beaucoup de peine. » les romaines de la colonie de Nîmes.
Voila ce qui se disait en Égvpte sur La dureté de Ja peau du crocodile est
le crocodile, du temps d'Hérodote. Les aussi une vérité incontestable ; les l«l-
observateurs modernes ont rectifié, en les de calibre tirées à une distance
,
certains points, une telle narration. moyenne, glissent sur ses écailles, et
Ainsi, dans le cas où, au commence- le réveillent à peine, s'il est endormi.
ment des choses , le crocodile passait C'est un petit pluvier qui nettoie sa
quatre mois sans prendre de nourri- gueule des innombrables insectes qui
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ÉGYPTE.
tarent, et dont le défaut de longue settes sont susceptibles d'éducation:
atfè oe lui permettrait pas de se dé- qu'elles s'attachent aux personnes qui
bm&er. Enfin on a apporté en
, en prennent soin; on les accoutume
France plusieurs momies de crocodiles aussi à êtrecaressées par tout le
ns-artistement embaumés. Quand monde ; elles lèchent comme les
ït mile approche la femelle , il la tourne chiens, et en ont t ute la familiarité.
hj le dos, et s'il oublie, ou s'il est D'autres fois, elles témoignent une
entpéhë de la retourner, quand il la affection particulière pour leurs maî-
îuît*,elk ne peut changer sa position tres, en mordant ou en égratigmant
par ses seuls efforts, et devient ainsi les personnes qu ne connaissent
elles
b pro*e des chasseurs. On porte à cinq pas. On peu disposé à
est, toutefois,
/;.rrv
•
ilti espèces de ernn.dik'S élever des roussettes, à cause de leur
]w rivent dans le NiL odeur et de celle de leurs urines.
autres animaux dont il
Panai (es XJichneumon est aussi un animal as-
nous est venu d'Kgypte un grand nom- sez timide pour être susceptible d'édu-
bre de momies, on doit surtout remar- cation ; on en acheté de jeunes , qui
fH 'ifcu , dont les Égyptiens connu-
l font la chasse aux rats et aux souris
noi deux espèces , le blanc et le noir, dans les maisons. Il devient doux et
qui d'insectes , de vers aquati-
vivent caressant en domesticité ; il distingue
î<j«s, et même de poissons. Les an- la voix de son maître, et le suit pres-
irfts ont attribué la sépulture que les que aussi fidèlement qu'un chien. Il
txvptiens accordaient a l'ibis, a leur mange dans le lieu le plus retiré et le
romoaissance fondée sur ce que l'ibis plus obscur, et il ne faut alors rap-
torusait les serpents. Il est connu procher qu'avec beaucoup de précau-
lujounihui que l'ibis ne fait point la tions. Il lape en buvant, et levé une
?uerre a ces reptiles. Les ibis ne ni- jambe de derrière en pissant; il a à la
3<eot point en Egypte , et ils y arri- fois des habitudes du chien et des
vent des que le B)9 commence à croî- grands carnassiers. Il vit de rats, de
tre; ils disparaissent avec l'inondation. serpents , d'oiseaux et d'œufs. Lors-
L'ibis était consacré au grand dieu que l'inondation le pousse vers les vil-
Thôth, 1 inventeur des sciences et des lages , il y détruit les poules et les pi-
lettres, et il est figuré très-fréquemment geons ; mais le renard lui fait la guerre,
»r les monuments antiques. On attri- et surtout le lézard nommé tupinam-
bue aussi à cet oiseau l'invention des bis, très-friand aussi des œufs de cro-
clysteres; on raconte que lorsqu'il est codile, mais plus adroit et plus agile
niatade , il s'injecte de l'eau dans l'anus, que l'ichneumon. Les anciens ont
au moyen de son bec et de son cou ait que, pour attaquer un serpent,
<p>i sont fort longs. Les ibis se voient l'ichneumon se roule dans la vase,
en Nubie, où les voyageurs les ont Îju'il la fait sécher au soleil, pour s'en
plusieurs fois observés ; on les trouve aire une espèce de cuirasse, qu'il pré-
salement dans toute l'Afrique. serve son museau en repliant sa queue
Les chauve-souris sont très-abon- autour, et qu'ainsi armé, il se jette
dantes en Êcvpte , il sur les plus grands serpents.
y en a huit genres
distincts; elles habitent l'intérieur des Quant aux grands quadrupèdes , on
temples abandonnés, les tombeaux et trouve aussi en Egypte la célèbre
lesautres édifices ruinés. Les unes hyène d'Orient ; elle y vit dans les lieux
poursuivent leur proie dans les airs les plus reculés, et sur la lisière du dé-
autres la saisissent sur les arbres. sert ; les terrains déchirés lui servent
Oile qu'on appelle la roussette n'a aussi d'asile. Elle inspire peu de ter-
presque pas de queue , et on a observé reur , et n'attaque que les troupeaux
quna face ressemblait à celledu chien
; ou les animaux isolés. Le schaM
prouve les roussettes en grand nom- est le loup d'Egypte ; il est également
bre, surtout dans les chambres de la très-rusé , très-hardi , et vit des proies
grande pyramide. On sait que les rous- qu'il se procure par tous les moyens
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24 L'UNIVERS.
connus. On peut dire qu'en général, de l'Afrique, le cordia mjnca, Tac
les animaux d'Egypte ont moins de lebbeeket le cassia fistula, origîna
férocité qu'en d'autres climats ; le cro- de l'Inde. Dans la Basse- Egypte , f.
codile même y est plus timide. lement inondée, croissent les rosea
L'hippopotame habite les régions deux espèces de nymphaca ou lotus
us méridionales du Nil; il ravage
1)1 enfin le papyrus, autrefois très-<x
es récoltes , mais n'attaque pas mun , aujourd'hui très-rare dans c*
l'homme. On repousse dans le Nil
le contrée, il y a quelques végétaux d.
avec des feux allumés et beaucoup de le désert. On sème dans les terres
bruit. rosées le trèfle et plusieurs aut
Si, à cette nomenclature des ani- plantes de la classe des légumineusc
maux les plus remarquables parmi ceux on cultive le riz , le froment , les fêx
qui se trouvent en Egypte, on voulait l'orge, leblé, la laitue, les lupir
ajouter la liste de ceux qui furent con- la gesse, les pois chiches, les lentil
nus par les anciens Égyptiens , et qui et le blé de Turquie; le pavot, le tat
sont figurés par la peinture ou par la et le chanvre y sont abondants; on r
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EGYPTE.
pqwtfbuile de cèdre, comme très- une production aussi utile. L'in-
f
T^rf a le prëserrerde la corruption. vention des papiers de coton et de
Us possède , écrites sur papyrus d'É- chiffes a fait négliger la culture du
-ffie des chartes de rois de France
, papyrus; on ne le trouve presque plus
^empereurs et de papes; des livres en en Egypte. Du reste , on peut voir au
aw ou en latin qui remontent aux ,
musée égyptien du Louvre et à la Bi-
r r«niers te nips <Je la monarchie fr;in- bliothèque royale de beaux manuscrits
<aise ; mais I antiquité de ces monu- sur papyrus a Egypte et de toutes les
aents écrits ne peut entrer en consi- époques.
dération à côté des papyrus égyptiens Pour compléter ce qui vient d'être
4*rooverts en Égypte , dans des jarres ditdans ce paragraphe relativement aux
-iarple, hermétiquement scellées, et productions naturelles de l'Egypte , il
imposées dans les tombeaux. Ces papy- est nécessaire de rappeler avec quel soin
rus sont de toute nature ; il y a des les anciens Égyptiens les étudie rent
rituels ou livres de prières pour les et le fréquent usage qu'ils en firent
morts , des registres de comptabilité dans leurs institutions publiques. Les
de simples lettres , des dossiers de animaux et les végétaux les plus con-
procès, et surtout des contrats passés nus en Egypte furent en effet consa-
entre particuliers pour achats et ven- crés à des divinités diverses, et em-
tes, et autres conventions civiles. ployés comme symboles religieux ou
Quelques-uns de ces contrats en carac- ornements sacrés dans les temples et
tères égyptiens remontent même aux les cérémonies du culte. Le nombre
tfmps antérieurs à Moïse, et n'ont pas des êtres divins était considérable dans
* présent moins de 3500 ans d'anti- la croyance égyptienne ; ils représen-
quité ; ils sont bien conservés , grâces taient individuellement les diverses
a la salubrité des lieux où ils ont été qualités du grand dieu qui les renferme
imposés, et vraisemblablement aussi toutes ; on consacra donc à chacun de
a la bonne préparation de cette espèce ces êtres divins l'animal à qui les
4c papier, dont aucun de nos papiers Égyptiens attribuaient de posséder es-
modernes n'égalera jamais la solidité sentiellement ces mêmes qualités;
et la durée. Les anciens se servirent chaque animal donc un symbole
était
de plusieurs sortes de papyrus ; le plus religieux , et employé comme tel
il est
fin et le plus beau était le papyrus dans les représentations nombreuses
roftt/, et papyrus augustus sous les 2ui nous restent du culte égyptien,
Romains; venait ensuite le papyrus l'est pour cela qu'il nous est parvenu
hiératique, servant aux écritures et un si grand nombre de figures, en tou-
aux livres qui intéressaient la religion ; tes manières, représentant les mêmes
on l'appela plus tard livius, pour flatter animaux, tels que le bélier, le scha-
Livie, la femme d'Auguste. Ces déno- kal , le chat, le singe, le crocodile,
minations varièrent dans la suite, quand Tépervier, l'ibis, le taureau, le sca-
on fabriqua du papyrus à Rome et en raoée, le boeuf, le vautour, diverses es-
d'autres villes de l'ancien monde, là où pèces de serpents , quelques insectes
la nature du sol favorisait la végétation et quelques arbres, arbustes et plantes.
de cette plante aquatique.L'Egypte en Pour faire comprendre les motifs du
cultiva cependant plus que toute autre choix de chacun de ces symboles,
contrée. Saint Jérôme dit que, de son nous citerons quelques exemples des
temps , l'usage du papyrus était géné- idées qui guidèrent ces prêtres et
rai aussi on avait grevé cette
; pro- philosophes de l'Égypte. Ils consacrè-
duction et cette industrie d'impôts rent le cynocéphale (espèce de singe)
tellement considérables, que Cassio- a la lune , parce que le cynocéphale,
dore ,par une épître bien con-
félicita nourri dans les temples , était privé
nue , le genre humain tout entier sur de la vue pendant les conjonctions du
la diminution opérée par Théodoric soleil avec la lune; Tépervier était le
dans le tarif de l'impôt existant sur symbole du dieu soleil , parce que cet
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L'UNIVERS.
oiseau avait ta faculté de fixer ses yeux sur un tapis de pourpre ! » Tous
sur cet astre; le scarabée était aussi sanctuaires de l'Egypte renferma
consacré au soleil, parce nue le sca- en effet un animal vivant; ce n*«
rabée a 30 doigts comme le mois so- pas l'animal qu'on adorait, maft
laire a 30 jours ; le vautour était aussi divinité dont il était \e symbole vit
l'emblème de la déesse-mère, parce et consacré. Les exclamations
qu'il n'y avait que des femelles parmi saint Clément sont donc sans ot:
cette espèce d'oiseau ; l'ibis était con- Les Égyptiens pensèrent qu'il é
sacré à la lune, parce que cet oiseau plus digne de leurs dieux, de les a
s'occupe de ses œufs pendant la durée rer dans des symboles animés I de
de la croissance et de la décroissance souffle créateur, que dans de vains
de la lune. L'ibis représentait le grand mulacres de matières inertes ;
Hermès ou Thôth , particulièrement croyaient d'ailleurs que l'intellige
adoré en Égypte , parce que cet oiseau des'animaux les liait de parenté a
marche avec mesure et gravité , que les dieux et les hommes.
son pas était un étalon métrique , et
qu'il avait inventé la science des nom- IX. POPULATION
bres. On disait aussi qu'une espèce de
cynocéphale connaissait la valeur des L'opinion selon laquelle l'ancien
lettres ; il était en conséquence le imputation de l'Egypte appartenait
rbole du dieu Thôth, l'inventeur a race nègre africaine, est une err**
sciences ; on figure, en effet, cet qui a long-temps été adoptée comi
animal tenant dans ses pattes une ta- une vérité. Les voyageurs au Levai
blette d'écrivain. Le bélier fut le sym- depuis la renaissance des lettres , j>
bole delà prééminence, d'Ammon-faa, capables d'apprécier avec exactittn
grand (lieu de l'Egypte, parce que
le w les notions que les monuments de P.
sa pr' m'Ô)a,e f° rce Pst d ans * a De, e
l gypte fournissaient sur cette quostk
téteetqu il est toujours placé en avant importante, ont contribué à propag<
du troupeau pour le conduire. Le cette fausse idée, et les géograpb<
chat, le crocodile, des serpents étaient n'ont guère manqué de la reproduin
aussi des emblèmes d'autres dieux de même de notre temps. I ne grave m
l'Egypte. Chacun de ces animaux torité s'était aussi déclarée pour cetl
était nourri avec beaucoup de soin, opinion, et avait, pour ainsi dire, reii
et selon ses goûts, dans le temple du cette erreur populaire. Tel fut IV
consacré au aîeu dont il était l'em- fet de ce que le célèbre Volney pub/i
blème, soigneusement mis en mo-
et sur les diverses races d'hommes au
mie anrès sa mort. S. Clément d'A- avait observées en Egypte. Il dit dan
lexandrie rapporte que les temples son } orage, qui est* dans toutes le
égyptiens étaient de magnifiques édi- bibliothèques , que les Coptes sont le!
fices, resplendissants d'or, d'argent et descendants des anciens Égyptiens
des pierres précieuses de l'Inde et de mie les ('optes ont le visage Douffi
l'Ethiopie: « Les sanctuaires, ajoute- 1 œil gonflé, le nez écrasé, et la lèvn
t-il,sont ombragés par des voiles tissus grosse "omme les mulâtres; qu'ils res
dur ; mais si vous avancez dans le fond semblent au sphinx des pyramides, le-
du temple et que vous cherchiez la quel est une téte de nègre très-carac-
statue, un employé du temple s'avance térisée , et il en conclut « que les an-
d'un air grave en chantant un hymne « ciens Égyptiens étaient de vrais
en langue égyptienne , et soulève un « nègres de l'espèce de tous les naturels
peu le voile, comme pour vous mon- « d'Afrique. A l'appui de son opi-
>»
trer le dieu; que voyez-vous alors? nion, Volney invoque celle d'Héro-
un chat, un crocodile, un serpent in- dote qui , à propos des habitants de la
digène, ou quelque autre animaldange- Colchide, rappelle que les Égyptiens
reux Le dieu des Égyptiens paraît !...
! avaient la peau noire et les cheveux
C'est une béte sauvage se vautrant , crépus. Mais ces deux qualités physi-
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ÉGYPTE.
saa m suffisent pas pour caractériser lèvres sont épaisses , sans être ren-
nègre, et la conclusion de versées comme citez les nègres ; les
§fp
Mkv, m
relative à l'origine nègre de dents sont belles, peu avancées; lin,
J3?*nne population égyptienne, est le teint est seulement cuivré : tels sont
entament forcée et inadmissible. les Abyssins observés par M. Larrey,
Les fets observés la contredisent très- et qui sont plus généralement connus
diimttmnt. sous le nom de Berbers ou Barabras ,
h* est, en effet, reconnu aujourd'hui, habitants actuels de la Nubie. M. Cail-
«3» les habitants de l'Afrique appar- Uaud, qui les a vus dans leur pays,
tiennent à trois races , dans tous les nous les dépeint comme des hommes
teams très-distinctes Tune de l'autre : laborieux, sobres, d'un tempérament
1* w% Nègres proprement dits,au sec; au-dessus de la Basse-Nubie, ils
«tre et à l'occident ; Y les Ca/res, sont plus robustes , leurs membres
b côte orientale qui ont un angle
**r , mieux proportionnés; leurs cheveux
ixiM moins obtus que celui des nè- sont à demi crépus, courts et boucles,
gres, et le nez élevé, mais les lèvres ou bien tressés comme les anciens
^paisses et les cheveux crépus; 3* les Egyptiens et habituellement huilés ;
Maures, semblables par la taille, la les Berbers sont, au Kaire , ce que les
phjriononiie et les cheveux , aux na- Suisses sont à Paris ; leur fidélité les
*v-os les mieux constituées de l'Europe fait employer dans les charges de con-
et de r Asie occidentale , et n'en diffé- fiance. Voila , selon les meilleurs obser-
rant que par la couleur de la peau qui vateurs, le type et les descendants de
*§t brume par le climat. C'est à cette l'ancienne race égyptienne; telle est
dernière race qu'appartenait l'ancienne aussi l'opinion de Qiampollion jeune,
population de l'Egypte , c'est-à-dire à qui a étudiéà la fois, sur les lieux, et les
umxblanche. Pour s'en convaincre, anciens et les modernes habitants de
?] suffit d'examiner humai-
les figures l'Egypte. « Les premières tribus qui
nes représentant des Égyptiens sur « peuplèrent l'Éçypte, dit-il, c-'est-à-
te monuments, et surtout le grand « dire la vallée ou Nil, entre la cata-
nombre de momies (jui ont été ouver- « raete de Syène et la mer, vinrent de
tes; couleur près de la peau , qui
à la « l'Abyssinie ou du Sennaar. Les an-
â été noircie par fa chaleur du climat, « ciens Egyptiens appartenaient à une
<* sont les mêmes hommes que ceux « race d'hommes tout-à-fait semblables
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28 L'UNIVERS.
gui est fondée sur l'observation des phis , offrit aux eaux un large lit de
faits. « Les Éthiopiens, écrit Diodore, sable inculte, etd'une pente régulière; il
affirment que l'Egypte est une de leurs y déposa son limon, et il en sortit l'un
colonies ; le sol lui-même y est amené des plus florissants empires de l'univers.
par le cours et les dépôts du Nil; il y Au-dessous de Mempnis, ses atterris-
a des ressemblances Frappantes entre sements créèrent une seconde contrée,
les usages et les lois des acux pays ; on égale à la surface même de la vallée
y donne aux rois le titre de dieux ; primitive; aucun homme, sans doute,
les funérailles sont l'objet de beaucoup ne fut témoin de cet autre miracle
de soins ; les écritures en usage en opéré par le Nil : mais l'état physique
Ethiopie sont celles mémesde l'Égypte, des lieux et une tradition constante en
et la connaissance des caractères sa- rendent un éclatant témoignage. La
crés, réservée aux prêtres seuls en Basse- Egypte fut ajoutée à la Haute ; la
Egypte , était familière à tous en mer Rouge, par des atterrissements
Ethiopie. Il y avait, dans les deux pays, successifs ,se sépara de la Méditerra-
des collèges de prêtres organisés de la née ; et l'état actuel de cette portion
même manière, et ceux qui étaient de la région du Nil devint des lors
consacrés au service des dieux , prati- un état normal auquel il ne manquait
les mêmes règles de sainteté et que la présence de l'homme.
El reté , étaient également rasés et
és de même ; les rois avaient aussi
Il y descendit de l'Éthiopie avec le
fleuve miraculeux qui forma d'abord
le même costume , et un aspic ornait l'Egypte et qui est encore, après des
leur diadème. Les Éthiopiens ajou- milliers d'années , la cause unique et
taient beaucoup d'autres considéra- nécessaire de son existence et de ses
,
ment d'un état phvsique antérieur tirées des tombeaux , ne sont pas au-
changé aussi par l'effet des révolutions trement agencées. Ils font encore usage
naturelles , occupait l'étroit espace qui de sandales tissues de feuilles de pal-
s'étend entre les oords de la mer Rouge mier, en tout semblables à celles
à l'est, et les chaînes de montagnes qu'on découvre dans les sépultures
parallèles à l'ouest. Le fleuve trouva égyptiennes. La plupart des animaux
enfin un libre passage dans sa direc- sacrés selon la religion égyptienne
tion vers le nord, et la vallée, de quel- sont étrangers à l'Egypte proprement
ques lieues de largeur, encaissée entre dite , et existent encore dans la Nubie;
les monts Arabiques et les monts Li- tels sont les ibis, blancs ou noirs , que
byques depuis Syène jusqu'à Mem- tous les voyageurs y ont retrouves,
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I
ÉGYPTE.
teEif habitants du pays, et qui ne dre , de proportions colossales comme
inascnt en Egypte qu avec l'inonda- de très-petites dimensions; ce sont
it ài Nil ; iis" )a quittent quand le toujours les mêmes caractères et la
mrt est rentré dans son lit. On même physionomie. Le teint des Egyp-
pitf sous la té te des momies un tiens était bruni par le climat ; cette
en bois , prenant le contour particularité a été exprimée dans les
h tête, et posant sur un pied de monuments , en donnant à la face des
Ikpies pouces , pour la relever. L'u- figures d'homme une teinte rougeâtre,
fee de ce meuble est inconnu dans et à celle de femme, qui paraît avoir
fevpte moderne ; il est commun en été moins brune , une teinte jaunâtre.
faîne, et M. Cailliaud en a rapporté Ces deux teintes pouvaient assez exac-
tout neufs, comme objets de coin j
m -
tement indiquer la nuance générale du
on- L'ancien gout égyptien , les teint des deux sexes de la population
caractères du style habi- égyptienne. On a ouvert un grand nom-
emplové dans la fabrique bre de momies dans divers pays , et on
fesmeubles de petites proportions, se n'a reconnu, dans l'examen d aucun de
^marquent encore dans les meubles ces nombreux corps égyptiens, de ca-
es objets de parure , armes et autres ractères physiques de la race nègre ; et
des babitants de la Nubie.
Biens! les cependant ces corps sont conservés
Lei coutumes changent bien rare- pour la plupart, en entier; la peau est
ment dans des pays où la population intacte, les cheveux,parfoisartistement
8tt babituellement isolée et vit bien arrangés, sont à leur place et adhè-
?
loin de r influence des idées nouvelles rent à la tête avec une solidité surpre-
*; de la perfection graduelle des arts. nante. On voit sur notre seconde
L'influence réciproque de P Ethiopie et planche deux têtes de momies exacte-
terÉgypte, dans l'antiquité, ne peut ment figurées : l'angle facial très-pro-
donc être contestée; les laits que nous noncé, le nez long et arqué, les che-
menons de citer corroborent les tradi- veux longs et non laineux , éloignent
tions de l'histoire : la population de toute idée d'origine africaine , et sont
l'Egypte v est descendue de l'Ethiopie ici un témoignage de plus en faveur
a*ec k 201: la Haute-Égypte a été, en des traditions historiques que nous
««et , bien plus tôt habitable que la avons d ja rapportées.
fosse, qui tut long-temps inondée, Les Egyptiens connurent très-bien
roême après que le Nil et la mer ne s'y larace nègre, et ils l'ont figurée dans
^«contrèrent plus; une population ve- leurs monuments avec une rare exac-
nue de F Asie n'aurait pu pénétrer dans titude. Notre première planche ne
vallée du Nil qu'à travers ces mers contient que des figures tirées de ces
ces marais, également impratica- mêmes monuments. C'est dans les tom-
bles pour les hommes . à ces époques beaux des rois, à Biban-el-Molouk
près de Thèbes , qu'on retrouve la re-
On voit par la figure d'homme, N° 1 présentation des diverses races d'hom-
de notre première planche comment , mes qui furent connues des Égyptiens.
les Égyptiens se représentaient eux- II faut conclure de l'exactitude de ces re-
inémes sur leurs monuments , et il est présentations, qui remontent au moins
impossible de retrouver sur cette fi- au XV e
siècle avant l'ère chrétienne
gure aucun des traits qui caractérisent qu'à cette époque l'Egypte connaissait
k race nègre. L'angle facial est beau très-bien l'ancien continent, les races
les traits sont réguliers les lèvres
, diverses oui habitaient l'Europe, l'A-
prononcées mais bien jointes , et le frique et r Asie , et les peuples princi-
reste des habitudes du corps tel les qu'on paux de ces deux dernières contrées.
les reconnaît dans les individus de la De longues guerres avaient mis en
race blanche. Cette même figure de contact rÉgypte avec l'intérieur de A- I
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30 L'UNIVERS.
4e nègres, différant entre elles par les des bas-reliefs. J'avais cru d'abord,
traits principaux que les voyageurs d'après les copies de ces bas- reliefs
modernes ont aussi indiqués comme publiées en Angleterre, que ces peu-
des dissemblances , soit a l'égard du ples , de race bien différente, conduits
teint qui fait les nègres noirs ou les par le dieu Horus, tenant le bâton
nègres cuivrés, soit^a l'égard d'autres pastoral , étaient li s nations soumises
formes non moins caractéristiques. au sceptre des Pharaons ; l'étude des
D'autres guerres avaient pousse les légendes m'a fait connaître que ce ta-
Égyptiens en Arabie et contre le grand bleau a une signification plus générale.
empire d'Assvrie ; les Arabes, les As- Il appartient a la 3' heure au jour,
syriens, les Mèdes, doivent donc se celle où le soleil commence à faire sen-
trouver ligures sur les monuments tir toute l'ardeur de ses rayons , et ré-
égvptiens; ils y sont en effet. Les In- chauffe toutes les contrées habitées de
diens y paraissent non moins fréquem- notre hémisphère. On a voulu y repré-
ment , parce que l'Egypte guerroya senter , d'après la légende même , les
avec les Indiens et sur terre et sur mer. habitants de VÈgypte et ceux des
Elle connut aussi les Ioniens, et par con- contrées étrangères. Nous a»ns donc
séquent la race grecque ; on les retrouve, ici sous les yeux l'image des diverses
en effet, dans des peintures de simple races d'hommes connues des Égyp-
ornement , exactement tels que les tiens, et nous apprenons en même
plus anciens vases grecs nous les font temps les grandes divisions géographi-
connaître, avec l'antique chlamvde ques ou ethnographiques établies à
le carquois sur l'épaule, l'arc d'une cette époque reculée.
main et la massue de l'autre, ou bien « Les hommes guidés par le pasteur
la lyre en main , dans des scènes do- des peuples, Uorus , appartiennent à
mestiques. Enfin, la race blunde de quatre familles bien distinctes. Le pre-
l'Europe fut également connue, et fi- mier ( n° 1 de notre planche ), le plus
gurée par les Égyptiens des temps an- voisin du dieu, est de couleur rouge
térieurs a la guerre de Troie , et leur sombre y taille bien proportionnée, phy-
costume n'annonçait pas, pour ces sionomie douce nez légèrement aqui-
,
temps reculés et chez les Européens, de lin , longue chevelure nattée, vêtu de
grands pas dans la carrière de la civi- blanc; les légendes désignent cette
lisation : ils étaient encore couverts espèce sous le nom de Rot-en-ne-rômc,
de peaux avec le poil , et tatoués pour la race des hommes, les hommes par
toute parure. excellence , c'est-à-dire les Égyptiens.
Telle était la science ethnographique ne peut y avoir aucune incertitude
« Il
de l'Egypte , dans les temps primitifs sur la race de celui qui vient après ( n* 2
de l'histoire écrite, et pour une époque denotre planche)-, il appartient à la race
certaine, intermédiaire entre Abraham des nègres, qui sont désignés sous le
et Moïse. Ce sont les tombeaux royaux nom gene raldeNAHASI.
de cette époque qui ont fourni les élé- « Le suivant présente un aspect bien
comme tous les voyageurs nui nous che) a la teinte de peau que nous nom-
ont précédés , l'étonnante fraîcneurdes mons couleur de enair, ou peau blan-
peintures et la linesse des sculptures che de la nuance la plus délicate, le
de plusieurs tombeaux. J'y ai fait des- nez droit ou légèrement voussé , les
siner la série de peuples figurée dans yeux bleus barbe blonde ou rousse
, .
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EGYPTE. 31
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L'UNIVERS.
aller en chercher une autre , suppose venue à leur esprit , aucune nécessite
?u*une population a déjà échappé à publique ne l'avait provoquée, et, en-
état de nature, à l'usage unique des tre les particuliers , il ne pouvait y
(nroductions spontanées de la terre, à avoir qu'un commerce d'échange pu-
'état de simple chasseur ou de pécheur rement accidentel et momentané.
qui sait ajouter à l'insuffisance de ces L'empire de quelques règles s'établit
productions. Les premiers habitantsde par l'effet de leur utilité générale; ce
(
'Égypte étaient au moins déjà formés rut le premier germe d'une législation
en tribus nomades, sans demeure fixe nationale, et, après une première idée
il est vrai , et tels que sont encore les d'ordre public, il est très-vraisembla-
Arabes Bédouins; mais l'esprit d'asso- ble que toutes les autres se succédè-
ciation avait déjà pénétre dans ces rent avec rapidité ; que cette popula-
peuplades vagabondes; l'esprit de fa- tion , que d'abord aucun lien commun
mille se manifestait aussi dans toutes n'unissait étroitement , s'aggloméra de
leurs coutumes il y en eut de généra-
: plus en plus , mit ses intérêts en com-
les pour toute la tribu, de particu- mun, et forma enfin, par uqe commu-
lières pour son chef et son protecteur : nauté de vues et d'entreprises une
c'est le commencement d'une organi- nation qui, se donnant ou acceptant
sation régulière , une première idée de bon gré une langue , une forme de
d'intérêts généraux et de justice. La ouvernement , des lois , une religion,
suite des siècles développa ces germes F écriture , les arts utiles et les beaux-
précieux; les familles, en se fixant arts, s'assura par sa sagesse la longue
isolément sur les bords fertiles du Nil, y possession de tous ces avantages , et
implantèrent sans y penser la tribu tout remplit enfin le monde entier d'une
entière; une terre prodigue de biens, durable renommée.
presque sans peine et sans travail, l'y Les commencements de ces grandes
attacha pour jamais; des demeures institutions nous sont inconnus,
permanentes s'élevèrent, leur voisi- comme ceux de la nation même qui
nage en fit des bourgades et des villages ; leur fut redevable de toutes ses pros-
le progrès de cette civilisation, d'abord pérités. L'histoire écrite nous a con-
agricole et dotée ensuite de tout le servé quelques souvenirs dont la fidé-
luxe des arts, en fit enfin des cités lité pourrait être suspectée ; le témoi-
fraudes et puissantes. C'est dans la gnage des monuments encore subsis-
Ïaute-Égypte qu'on jeta les fonde- tants est pour nous d'un autre poids,
ments des premières ; les points les et il ne saurait être légitimement in-
plus anciennement habités furent les firmé ou mis en doute , si l'inter-
territoires de Louqsor et de Karhac à prétation de ces documents si authen-
Thèbes, ensuite ceux où s'élevèrent tiques ne s'écarte pas dans ses ex-
plus tard les villes d'Esné , Efou et pressions des règles de la saine
les autres villes du Saïd au-dessus
, critique historique, et n'en tire que
de Dendera. La population continua des conséquences dont la simplicité
de descendre à mesure qu'elle fut sur- corrobore révidence.
abondante dans les régions supérieu- C'est d'après ces moyens éprouvés
res. Elle s'arrêta d'abord dans l'Egypte que nous allons exposer les notions
moyenne , et s'établit enfin dans la qu'il nous est possible de réunir ici sur
Basse-Égypte , à mesure que l'exhaus- les principales institutions publiques
sement du sol , la végétation et l'éta- de 1 Égypte: les monuments éclaircis
blissement des canaux principaux en au moyen des relations écrites par
desséchèrent le sol , assainirent le cli- les anciens, et les recherches faites
mat et la rendirent habitable. L'agri- par les savants modernes, doivent
culture, gui assurait les produits né- nous servir de guides : nous dirons
cessaires a la subsistance des habitants non pas comment furent les choses
du pays, était leur seule occupation; au commencement de l'empire égyp-
l'idée de commerce n'était pas encore tien, mais comment elles étaient à
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ÉGYPTE. 33
f Livraison. (ÉoTïT*.)
3
34 L'UNIVERS.
deux plus nobles missions dont l'homme travaillait, et le fruit de toutes c
puisse être investi , le culte de Dieu peines appartenait au gouvernemci
et celui de l'intelligence. Du reste, en Il en employait une partie à solder I
fait de despotisme (et nous ajoutons ces militaires, qui contenaient le peuj
réflexions pour rassurer les lecteurs dans le devoir, et il disposait du su
trop prompts â s'alarmer sur la con- fil
us à son gré: les deux classes pri >
dition sociale des premiers Égyptiens), égiées maintenaient ainsi la trois ici
il y a du despotisme de tant de façons, dans l'esclavage. Du reste, ces ni«
que les Égyptiens durent en accepter heurs ne frappèrent pas l'Kgv|i
une comme condition nécessaire: il y toute seule; I Inde et la Perse' «
a en effet, dans le gouvernement théo- Orient, les uaules dans l'Occident, ^.
cratique, chance ue despotisme reli- birent aussi le joug théocratique ,
âieux ; dans la monarchie, chance de pour i'Kgypte, ce ne fut même qu'ut
esj'otisme militaire ; dans l'aristo- coutume importée de i'hthiopic CHL
cratie ou olygarcuie, chance de despo- selon Diodorc de Sicile, les prètr«
1
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ÉGYPTE.
a sessœurs si sa descendance directe méliora; les connaît
manquait entièrement : on ne pouvait
utiies à la prospérité publique furent
vouloir plus fermement et
| garantir particulièrement recherchées , encou-
avec plus de certitude
le principe de ragées; l'administration de la cité se
• hérédité de la couronne royale. Cette completta par leur progrès succes-
autorité n'étaitpoint absolue; elle fut sif; elles concoururent au perfection-
tempérée par l'influence et le
concours nement de toutes les institutions ci-
la classe
sacerdotale , qui ne fut viles ce que les nations modernes
:
pas entièrement éloignée du gouver- ont découvert par de longs efforts
nement, quoique réduite cependant
à l'Egypte l'avait découvert aussi, en
son rôle naturel , celui
de diriger l'ad- avait fait les plus utiles applications
ministration des choses sacrées,
d'in- à sa propre félicité; et devenue forte
struire les peuples par
les préceptes et puissante dans tous les arts de la
la morale et la
Je pratique des arts. civilisation, elle s'engagea avec succès
Elle conserva de plus
les magistratures dans de grandes entreprises militaires,
a^ies; mais chez un peuple
éminem- dont l'histoire a conservé quelques
ment religieux, les ministres des dieux souvenirs. Kllefut, par l'effet même de
nient exercer toujours un grand ces on grès, soumise a cette diversité
«mpire sur l'état , sur^la
marche et de fortunes dont toutes les grandes
progrès de la nation qu'ils avaient
J« nations ont dri subir la commune loi,
•ong-temps gouvernée ; et les lots
du et CEgypte n'en lut pas même pré-
P^s ne se dépouillèrent jamais de servée par cette sagesse profonde dont
jet aspect religieux dont la première
l'antiquité sacrée et l'antiquité pro-
22* «• gouvernement les avait
Profondément empreintes. Le pouvoir
fane lui ont assuré l'honorable renom-
mée, dont nous allons reconnaître
et
nouveau fut contraint de
s'entendre les traces dans un tableau tres-som-
avec le pouvoir déchu, et le sceptre maire de ses institutions publiques.
Q v d admettre encore au partage
»l
de Celles-ci remontent à une si haute an-
» autorité le sceptre
sacerdotal. Thebes, tiquité, qu'il devient impossible d'in-
jwMieu du gouvernement theocra- diquer l'ancienneté relative de chacune
e, devint aussi
le siège du gou- de ces institutions; les historiens tarées
ornement civil; ce|>ëndant Mènes, le l'ignoraient eux-mêmes, ou ne pen-
Panier roi jeta les fondements de
, sèrent peut-être pas a s'en enquérir :
^emphis, qui devint larivale de à leur exemple, nous rappelons les faits
"ïebes, une seconde capitale de l'K- d<»nt les uvenir est conservé dans les
Çpte, et une ville tortillée. Le
(ils de annales qu'ils nous ont transmises, ou
Menés poursuivit l'exécution
des idées dans les monuments nouvellement
de son perc;
et c'est de cette ville nou- interprétés par la critique moderne.
ille que sortit la famille de rois
qui
tonna la troisième dvnastie
de ceux XI. KTAT POLITIQUE DR LA KATIOff.
J Wpte les pyramides
1
3.
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36 L'UNIVERS.
Suer que le temps est aussi une autre terrier ou cadastre authentique qui
onnée non moins importante dans la servait à rendre ces impôts plus équi-
recherche proposée. Les grands mo- tables. Les produits servaient à l'en-
numents construits en Egypte, comme tretien de la famille royale , des prêtres
les grandes excavations, portent avec et de l'année: c'étaient, si l'on veut,
eux le témoignage écrit de travaux les consommateurs ; les deux autres
successivement exécutés durant de lon- classes seules, les agriculteurs et les
gues années, et même pendant plu- commerçants étaient les producteurs :
sieurs règnes ; et cette succession (Tan- cela est vrai pour l'Egypte, cela est
nées a du produire les ouvrages qu'au- vrai partout ; et partout aussi l'apo-
rait exécutes, en moins de temps, une logue des membres et l'estomac servit
population plus nombreuse , employée à redresser les conclusions trop tôt
simultanément à ces travaux. Quoi qu'il tirées de ce simple rapprochement. On
en soit , celle de l'ancienne Egypte ne affirme aussi, et avec une vraisem-
paraît pas s'être élevée au-dela d'un blance qui a pour elle quelques tradi-
terme moyen entre six et sept mil- tions anciennes , que des assemblées
lions. politiques et solennelles étaient convo-
Après la révolution gui substitua le quées par le roi ou par la loi , soit dans
gouvernement des rois à celui des des circonstances extraordinaires, soit
prêtres, la division en classes diverses pour régulariser le taux et la nature
continua de subsister. Cette division des impots, soit enfin lorsque les chan-
était la base fondamentale de la con- gements de règne , et surtout les chan-
stitution égyptienne , et la royauté en gements de dynastie, les rendaient né-
était le sommet. On peut réduire à cessaires. Chaque nome envoyait un
quatre le nombre réel de ces classes : nombre de députés à l'assemblée gé-
les prêtres, les militaires, les agricul- nérale de ceux de la nation , et c'est
teurs et les commerçants. Les bergers, dans le labyrinthe qu'elle se réu-
ou gardiens de troupeaux, dont parle nissait.
Hérodote, devaient être au service des Cet édiûce célèbre a été vu par Hé-
agriculteurs; les interprètes apparte- rodote ; il subsistait encore au temps
naient à la classe sacerdotale ou a celle de Strabon : il nous semble rappeler
des commerçants , et les marins à l'ar- par sa forme et sa distribution , une
mée : le surplus de la population était des plus importantes institutions po-
esclave. Elle était assez également ré- litiques de I antiquité; et c'est sous ce
pandue sur la surface cultivée de l'E- rapport qu'un vif intérêt doit s'atta-
gypte. La loi attachait les enfants à la chera la description qu'Hérodote donne
profession de leur père , ils ne pou- du labyrinthe , en ces termes :
vaient pas la quitter; et il est vrai- « J'ai vu ce monument, dit-il, que
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ÉGTPTE 37
! dont les portes sont opposas alterna- un palais composé d'autres palais ,
it Ércement les unes aux autres. Six de et ce dernier mot donne le sens des
« ces aulœ sont exposées au nord , et aulœ d'Hérodote. Il y avait, ajoute
I six au midi;
elles sont continues et Strabon , autant de ces palais qu'il y
renfermées dans une enceinte formée avait jadis de nomes. C était un ou-
par un mur extérieur; les chambres vrage admirable, puisque chaque cham-
que renferment les bâtiments du laby- bre était couverte par une seule pierre,
rinthe sont toutes doubles , les unes et les cryptes ou couloirs l'étaient
souterraines, les autres élevées sur aussi par des pierres portant , sur toute
ces premières; elles sont au nombre leur longueur, d'un mur à l'autre.
de trois mille, quinze cents à chaque Aussi, en montant sur le haut de l'é-
étage. Nous avons parcouru celles qui d fice, on avait sous les yeux une vaste
sont au-dessus du sol , et nous en laine en pierres. Les dimensions de
parlons d'après ce que nous avons vu ;
r ensemble sont estimées à (i50 pieds
mats pour celles qui sont au-dessous ,
de côté. Enfin, comme complément
nous n'en savons que ce que Ton nous des d nnées relatives a la forme et à
en a dit, les gardiens n'ayant voulu, la destination du labyrinthe, Strabon
pour rien au monde, consentira nous ajoute ce qu'il avait appris, que le
les montrer; elles renferment, disent- nombre des palais égalait celui des
ils, les tombeaux des rois qui ont nomes ou provinces de l'Kgvpte, parce
anciennement fait bâtir le labyrinthe, qu'il était d'usage que les députés
et ceux des crocodiles sacrés ainsi ;
vinssent s'y réunir, chacun envoyant
nous ne pouvons rapporter sur ces ses prêtres et ses prétresses pour faire
chambres que ce que nous avons en- des sacrifices et pour juger les affaires
tendu dire. Quant à celles dp l'étage importantes.
supérieur, nous n'avons rien vu de A ces rapports de l'antiquité grecque
plus grand parmi les ouvrages sortis se I ent directement les notions re-
de la main des hommes : la variété in- cueillies de nos jours sur les grandes
finie des communications et des paie- Pancçyrics égyptiennes, assemblées à
ries rentrant unes dans
les autres,
les la fois politiques et religieuses, prési-
que Ton traverse pour arriver aux dées dYrdinaire par le roi ou l'un des
auke», cause mille surprises à ceux qui princes ses fils, et d nt la célébration
parcourent ces lieux , en passant tantôt est mentionnée sur des monuments
d'une des aulœ dans des chambres qui encore subsistants, comme un des de-
Ves environnnent, tantôt de ces cham- voirs les plus essentiels de la royauté.
bres dans des portiques, ou de ces On conclutdonc de tout ce qui précède,
portiques dans d'autres aulœ. Les qu'il y avait dans l'ancien nome Arsi-
plafonds sont partout en pierre, comme noîte, où était le lac Mœris, contrée
les murailles, et ces murailles sont plus connue aujourd'hui sous la déno-
chargées d'une foulede figures sculptées mination $ El-Fayoum , un vaste édi-
en creux ; chacune de ces aulœ est ornée fice formé de la reunion de douze pa-
d'un péristyle exécuté en pierres blan- lais composés d'un très-grand nombre
ches parfaitement assemblées; à l'angle d'appartements ; que cet édifice était
qui termine le labyrinthe, on voit une entièrement construit et couvert en
pyramide de quarante orgyes de haut, pierres asserhblées avec une grande
décorée de grandes fiçures sculptées perfection; que ces palais étaient ados-
en relief : on communique à cette py- sés ou contigus, sans se communiquer;
ramide par un chemin pratiqué sous qu'ils étaient dans une grande enceinte
terre. » formée de murailles et ornée de co-
Voilà ce qu'avu Hérodote du laby- lonnes ; que l'accès de ces palais était
rinthe, et impression que ce vaste
I
très-difficile, à cause de la multitude
édifice produisit sur son esprit. Stra- de galeries et de couloirs se croisant
bon n'en parle pas en termes moins dans tous les sens, qui y conduisaient ;
clogieux ; il dit que le labyrinthe est et que , privé du secours d'un conduc-
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38 L'UNIVERS.
teur, un étranger s'y égarait infailli- leurs mouvements, et les classes , c
blement. L'ensemble de ce monument lescorporations, et les individus. L>
frappa d'étonnement et d'admiration sacerdoce tout entier se retrouvait dan
tous les Grecs qui le \jrent, et ils dé- ces occasions mémorables ; et ces réu
claraient que tous les monuments de nions du corps sacerdotal étaienteom m
la Grèce reunis n'égalaient pas celui- de grandes cérémonies religieuses , cm
là. Cet édifice se nommait le Labyrin- l'Egypte tout entière venait s'incline;
the; le nombre des palais fixe à 12 au même instant devant la divinité
fait supposer qu'a l'époque où il fut peut-être était-ce là le lieu du concJa v<
édifié,! Égypte n'était divisée qu'en 12 pour l'élection du grand-prêtre-roi
nomes , nombre qui fut ensuite accru pour l'intronisation et le sacre du nou-
successivement et porté jusqu'à 36. veau roi , quand, après Menés, ce roi
L'époque indiquée par le nom du fon- ne fut plus le grand-prêtre; comme le
dateur, selon Manetbon. appuie cette fut plus tard le granu temple de Phi I i
dernière conjecture; ce fut, d'après cet à Memphis sous les Ptolémées, sans
historien , le roi Labarys qui éleva ce doute a l'imitation des Pharaons, nui
merveilleux palais: ce prince était le abandonnèrent le labyrinthe. Dans les;
Quatrième roi de la douzième dynastie; mêmes circonstances et dans ce même
'après les époques connues de l'his- lieu les grandes mesures d'administ ra-
,
toire des Pharaons, le règne de Labarys tion, les grands intérêts de la guerre
et la fondation du labyrinthe remon- et de la paix, l'examen des ressources
taient à trois mille cinq cents ans publiques, de leur variation et de ses
avant l'ère chrétienne ; et selon les listes causes, leur emploi au développement
du intime Manéthon, Sésostris, à qui des plus utiles établissements publics,
la division en 36 nomes est attribuée, à des entreprises militaires dans les-
est postérieur de dix-neuf cents ans à quelles il pouvait entrer, quoiqu'oftcii-
Labarys. Cet intervalle de temps entre sives, plus de prévisions de sdreté que
ces deux princes aurait donc suffi aux d'esprit de conquête, tous ces grands
progrèsdela civilisation égyptienne, qui intérêts de l'Egypte pouvaient être*
rendirent nécessaire sa division en pro- traitésdans ces assemblées formées de
vinces moins étendues et conséquent* tous les pouvoirs de l'état , le roi , Pé-
ment plus nombreuses. Par une singu- gase et l'armée.
larité digne de remarque, le labyrin- On s'expliquerait ainsi ces limites
the était construit dans une province légales mises à l'exercice de l'auto-
en dehors de la vallée de l'Egypte ; elle rité royale, que l'antiquité mentionne
était centrale pour tous les nômes; elle particulièrement parmi les sages in-
en avait un nombre égal au nord et au stitutions publiques de l'Egypte. — Le
midi , et, des douze palais, six regar- labyrinthe de Cnosse fut construit sur
daient aussi au nord, et les six autres le plan de celui des Égyptiens, mais les
au midi. Sur un des côtés du labyrin- Grecs n'en firent, en l'imitant, qu'une
the, s'élevait la pyramide qui ornait fabuleuse monstruosité, comme de t*w»t
le tombeau de son fondateur. d'autres institutions orientales, qu ils
Si le labyrinthe fut destiné aux as- ne cherchèrent même pas à com-
semblées nationales de l'Ëgypte, à réu- prendre.
nir, dans des occasions solennelles et XII. LOIS
d'un grand intérêt pour l'état, les dé-
putés sacerdotaux, civils et militaires Un assez grand nombre de règles so
des nomes du royaume, il faut conve- ciales sont citées par les écrivains de
nir qu'on ne pouvait imaginer une l'antiquité comme lois de l'ancienne
construction plus dignement et plus Egypte, et à leur suffrage il faut
convenablement appropriée à sa desti- ajouter celui de Hossuet, qui a dit que
nation. 11 était tout-à-fait conçu dans l'Kgypte était la source de toute bonne
l'esprit général des institutions égyp- police. L'examen de ces diverses règles,
tiennes , qui laissaient si peu libres de relativement à 1* Egypte, exigerait, pour
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,
ÉGYPTE.
^anei-ir à quelque certitude historique relative à îa monnafe, qui ne fut pas in*
" leur réalité , beaucoup de temps et troduite en tfgypte avant l'administra-
nterait de grandes difficultés. Les tion des Perses (525 avant J.-C.y. Ce-
anciens qui en parlent n'ont pendant DicdoredeSicile donne comme
assez distingue les époques de ces une loi égyptienne . celle qui prescri-
, et le* gouvernements différents vait de couper les deux mains à celui
lesquels
celles de ces lois qui qui faisait de la fausse monnaie. La
aèrent réellement, furent rendues, distinction des époques dans les lois
r ne citer qu'un seul exemple de est donc un point essentiel de l'étude
e contusion des temps, il suffira de cette partie des institutions égyp-
rappeler la loi contre les faux mon- tiennes; ne pouvant l'entreprendre
turs, mise par Diodore de Sicile au dans ce résume , nous nous bornerons
ubre des lois générales de l'Egypte, à rappeler ici les principales lois égyp-
côté et au même rang que les* plus tiennes dont l'antiquité a ce iservé le
nennes ; et cependant l'usage des souvenir.
taux monnayés ne commença en Le parjure était puni de mort; le
ypte qu'avec la domination des Per- serment étant admis par la législation
Herodote dit que Darius, fils égyptienne dans beaucoup de circon-
/îtaspe, fut le premier prince qui stances graves, il fallait en assurer
battre de la monnaie de 1 or le plus autant qu'on le pouvait la vérité
et qu'Aryandes, gouverneur de à l'égard de Dieu et des hommes.—
wtepour les Perses, ayant usurpé C'était un devoir pour tous les citoyens
des prorogatives rivales, en fai-
ttfce de prévenir les crimes, d'en poursui-
sant frapper de la nu nnaie d'argent, vre la punition, et celui qui, voyant
Danus ie Ut condamner a mort. L'o- un homme en danger, ne volait pas à
rioo commune est que la monnaie son secours, était assimilé à l'homicide
Darius, ou les dariquvs^ fut la et puni comme tel. —
L'homme devait
première monnaie introduite légale- détendre son semblable contre un as-
ment en Egypte, par la conquête des saillant , le garantir de sa fureur; s'il
Perdes il paraît que jusque-là PÉ-
: prouvait qu'il ne l'avait pas pu , il n'en
Rpte, pour ses relations intérieures, devait pas moins découvrir le coupable
«usait que d'une monnaie de con- et le poursuivre en justice. Il y avait
tention, et pour l'étranger, qu'elle dans cette loi l'idée de l'offense faite
comptait en anneaux d'or ou d'argent par l'effet de chaque crime ou de cha-
d'un poids détermi né ou vér.fié. Les que délit, à la société tout entière,
monuments rendent témoignage de et de l'intérêt qu'il y a pour chaque ci-
w$ peuples vaincus paient
faits : les toyen que ce crime ou ce délit soit
le*
anneaux de métaux ;
tributs en puni : l'exercice du droit de poursuiteau
tons une autre scène nom des lois était donc mis au nombre
, on pèse quel-
ques-uns de ces anneaux pour les don- des dev< irs et déféré à tous les ci-
en échange d'autres objets. Enfin,
u parait qu'il
toyens. —
Ils avaient tous la faculté d'ac-
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40 L'UNIVERS.
ne pouvait se soustraire à celle qui On attribue au roiBocchoris,de lavingt-
l'attendait à l'entrée même du tom- quatrième dvnastie, au huitième siècle
beau : une voix qui l'accusait avec vé- avant l'ère chrétienne^ immédiatement
rité, le faisait priver des honneurs de avant l'invasion des Ethiopiens, diver-
lasépulture. ses h >is relati ves au commerce.L ne dette
1
Cette sévérité fait supposer, et l'his- était nulle, si le débiteur affirmait par
toire ne dit rien de contraire à notre un serment solennel qu'il ne devait rien
conjecture , que les Égyptiens ne con- au créancier qui n'était nanti d'aucun
nurent point cet usage de notre Occi- titre. Dans aucun compte, l'intérêt dû
dent, celui qui admettait les composi- ne pouvait dépasser le capital. Les
tions pour les offenses; ils ne voulurent biens du débiteur étaient engagés pour
ses dettes, mais jamais sa personne :
Eas que le crime piH être effacé par un
raite avec la victime. La rigueur des la loi reconnaissait que la personne
gue a celui qui révélait aux ennemis était en même temps mis en possession
les secrets de l'état; on coupait la du tombeau de la famille de l'emprun-
main à celui qui falsifiait les poids, les teur; c'est à cette condition seulement
mesures, le sceau des princes ou celui qu'il pouvait en effet avoir à sa dispo-
des particuliers , à l'écrivain qui sup- sition les momies données en ga^e
posait des pièces ou qui altérait les ne pouvant certainement pas les dé-
copies qu'il en dél vrait: et, une idée placer du lieu où elles étaient déposées.
domine dans ces dernières lois , celle Celui qui ne paya t pas sa dette, était
d'empêcher que le coupable ne commette privé des honneurs de la sépulture de
deux fois le même crime. Les physio- famille, et en privait aussi ceux de ses
logistes de nos jours diront peut-être entants qui mouraient durant cet en-
que les Égyptiens avaient aussi observé gagement sacré.
et reconnu l'.nOuence des penchants. C'est au roi éthiopien Sabbacon,
La société égyptienne avait connu successeur de Bocchoris, qu'il avait dé-
le parricide, et la loi le punissait par trôné, retenu captif et fait bruïer vi-
les tortures et le bdcher. Les parents vant, qu'on attribue quelques modifi-
qui tuaient un de leurs enfants étaient cations dans les lois criminelles de
obligés de tenir son cadavre embrassé l'Egypte. Hérodote dit que ce Sabba-
pendant trois jours et trois nuits ; la con, si cruel envers Bocchor s, abolit la
loi ne leur infligeait pas la mort, p ;ur peine de mort, et imposa pour châti-
avoir ôté la vie à l'être à qui ils l'a- ment aux coupables qui l'avaient mé-
vaient donnée. L'homicide était aussi ritée, les travaux publics, notamment
puni de mort. Les lois pénales et cri- la construction des digues et l'exhaus-
minelles étaient égales pour l'homme sement du sol des villes par des terras-
et pour la femme ;*les femmes encein- sements.
tes , convaincues d'un crime capital, Parmi les autres lois de l'ancienne
f
n'étaient jugées et condamnées qu'a- Egypte, on d.-it citer encore celle qui
près l'accouchement, afin nue renrtnt, dispensait les fils de nourrir leurs pa-
innocent, fdt soustrait à nnfaiiw* de rents, et qui en faisa t une obligati n
la mère. pour les liiles. La circoncision était
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ÉGTPTE. 41
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42 L'UNIVERS.
exprimées par les noms de la mère dispositions, et tous les germes d'or-
que par ceux du père. Dans les dre public qu'elle renfermait , êtrr*
temps antérieurs, pour ceux de PÉ- commune à toutes les familles libre*
gypte vivant sous ses propres lois, il des diverses classes de la nation. J\
n'existe aucune trace de pareils usa- serait donc bien téméraire d'aflïrmel
ges. Les monuments historiques ( et encore que la polygamie était auto-
ilssont en très-grand nombre ) n'at- risée. On convient qu'elle était expres-
tribuent à aucun roi plusieurs épouses sément prohibée dans la classe sacer-
à la fois ; on en connaît deux à plu- dotale : on ne saurait prouver que cette
sieurs de ces princes, n tamment à prohibition ne s'appliquait pas égale-
Sésostris, oui vécut et réuna long- ment à toutes les autres. La monoga-
temps; il eut vingt-trois enfants ma* les, mie semble donc avoir été la condition
et cette circonstance donne quelque générale des familles égyptiennes; s'il
(>robabilité à l'opinion d'après laquelle en avait été autrement dans la lettre de
es enfants nés hors de mariage, même la loi, les princes et les prêtres, per-
d'une femme
esclave, étaient, en sonnages les plus influents de Petat,
Kgynte , considérés comme légitimes. devaient, par empire tout-puissant de
I
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. fcGYPTEN F«'.vr TE ErnnEiTTb
• • • •
• a
S: • -
ÉGYPTE.
.frappa ce pays; les greniers royaux „ et nous croyons pouvoir nier avec
étaient remplis des Dlés provenant certitude l'existence d'une telle prati-
[du cinquième des récoltes que l'état que en Egypte dès qu'elle forma une
(^relevait sur toutes les terres; celles société régulièrement policée,dès qu'elle
qui appartenaient aux prêtres et aux eut un gouvernement et des lois. Sous
temples en
étaient seules exceptées. pouvons avancer aussi que cette même
.Le peuple de l'Egypte s'adressa au opinion n'a pris quelque consistance
premier ministre Joseph, qui lui lit que dans des temps tres-niodernes
Tendre ses blés en réserve, et tout l'or relativement à l'époque où on suppose
qu'il en retira,
le déposa dans le tré-
il l'usage des sacrifiées humains; et des
sor royal. Lne
nouvelle distribution croyances nouvelles ont pu chercher
debieïut bientôt nécessaire; Joseph a l'accréditer, afin de frapper plus sûre-
demanda en échange les troupeaux que ment lesoroyancesanciennesdunejuste
possédaient les Egyptiens ; tous les réprobation. Selon les écrivains anciens,
chevaux , les brebis, les bœufs, les il n'existe sur ce sujet que des ouï-dire.
Soes lui furent livrés. La famine con- Ainsi Plutarque, ou l'auteur moins an-
cluant Tannée suivante , et le peuple cien encore peut-être, du traité d'Isis
,
plus que notre corps et nos terres; d'hui Kl-Kab j, on brûlait vifs d es hom-
n us m urrons donc sous vos yeux? mes qu'on appelait typhoniens, et qu'on
.\e\*tez-nous comme esclaves dû roi, jetait leurs cendres au vent. Di< dore
>t achetez aussi dos terres; vous nous de Sicile rapporte aussi comme un ouï-
tonnerez ensuite de la semence nour dire que, anciennement 9 les roisd'K-
«1 cultiver et pour empêcher qu elles gypte sacrifiaient sur le tombeau d'O-
»e se
r
changent en désert. » Joseph siris des hommes de la couleur de Ty-
donna de nouveau du blé et acheta phon , c'est-à-dire roux: et comme il
toutes les terres, que chacun vendait y avait plus d'étrangers que d'Égyp-
presse par la famine ; il accepta aussi les tiens de cette couleur, c'était les étran-
Personnes, et il leur dit « Vous et vos : gers que cette coutume atteignait plus
terres appartenez tous au Pharaon il ; particulièrement. D'autres écrivains
vous donnera la semence, vous lui livre- postérieurs ont commenté et amplifié
ts le cinquième des récoltes le surplus ; ces dires : un savant moderne était
v ous
restera |>our l'ensemencement et même si vivement frappé d'horreur
T otre nourriture; » et les terres et les pour une telle pratique, et en était si
Personnes sacerdotales furent seules préoccupé, qu'il ne voyait plus dans les
exceptées de cette loi générale qui ré- monuments égyptiens les plus inoffen-
duisit la population égyptienne en ser- sifs, les zodiaques par exemple ( ni. 1 1 ),
vitude, et lit du sol de Egypte la pro-
l que des signes de crimes et d'abomi-
pre, le fief des souverains; et du nation, des coutelas et des victimes.
souverain lui-même un seigneur féodal Mais il n'existe en réalité aucun té-
possédant ses hommes corps et biens, moignage imposant en faveur d'une
€t les attachant tous par une loi com- telleopinion, et des faits d'une certi-
mune au servage et à la glèbe telle fut : tude incontestable la contredisent. Ces
' F-fivpte pendant le reste du règne des faits sont de diverses natures d'abord
:
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L'UNIVERS.
n'a rien appris en Egypte sur ces sortes etAmasis fut l'avant-dernier roi de la
de sacrifices, et il y a recueilli des vingt-sixième dvnastie ; Amosis régnait
notions tout-à-fait contraires; il traite 1800ans avant Père chrétienne, et Ama-
d'absurdes les Grecs qui racontent
m
sis 1200 ans après lui. La distinction
qu'Hercule étant allé en Egypte, les des époques est donc ici une considé-
habitants voulurent le sacrifier en ration importante , et si de suffisantes
grande pompe, niais qu'arrivé auprès autorités attribuaient à Amosis l'abo-
de l'autel et au moment où les prières lition d'une coutume inhumaine, il
d'îlérodote qui est tout : de son temps c'est que les barbares qu'il chassa les
donc , et malgré les nombreuses infor- y avaient introduits ce n'est donc pas
:
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,
ÊGYPTE.
par le roi après sa victoire. Les prison- relatif à l'intronisation , au couronne-
niers, ainsi groupés, ont une physiono- ment et au sacre d'un roi d'Égynte :
mie tellement prononcée dans les bas- on ne trouvera donc là, qu'à lauie de
reliefs peints des temples de l'Egypte, gratuites interprétations, des preuves
qu'on y distingue facilement les peu- authentiques de sacrifices humains en
ples divers qui en ont fourni les types; Egypte. Il ne faut donc plus répéter
un y reconnaît l'Africain, l'Asiatique, une suppositii n traditionnelle, démen-
rindien , l'Arabe, etc.; chaque in- tie par les faits de l'histoire.
dividu est la le symbole de la contrée A ces nd ica t i< ns d verses su r la légis-
i . i
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46 L'UN vers;
d'ordres différents. Le caractère émi- collèges différents. Cette idée serait
nemment hiérarchique de toutes les analogue à tant d'autres que réalisa
institutions égyptiennes permet plutôt bien cei tainement la sage expérience
de supposer que les tribunaux de divers de l'Egypte ; mais il n'y a au sujet du
degrés étaient composés de prêtres de livre de Tnsmégiste qu'une relation
divers ordres; les prêtres du premier sur laquelle toutes les traditions pa-
ordre devaient donc aller siéger au raissent s'accorder, (''est qu'il était
grand tribunal de Thèbes. En se for- déposé sur une table placée devant le
mant, il désignait son président, et président , et qu'il était attentive-
d'ordinaire cet honneur était déféré ment consulté par le tribunal. Il sié-
à celui d'entre les magistrats qui était geait en robes blanches , et cette ex-
le plus Agé. Une chaîne d'or passée à pression bien moderne est la traduc-
son cou , et a laquelle était attachée tion des paroles des anciens, qui nous
une image en pierre précieuse de la apprennent que les magistrats égyp-
déesse Saté ( la vérité , ligure assise, tiens étaient revêtus d'une robe blan-
ou debout , d'une déesse caractérisée che de lin. Leur costume ne pouvait
car une |ilume qui surmonte sa tête), être, dans les diverses juridictions, que
était la marque de sa prééminence dans celui qui était particulier à Tordre des
le tribunal. >rétres d'où les juges étaient tires. Les
L'histoire ajoute que le président élu uges étaient entretenus par le roi;
appelait et désignait lui-même , pour a classe sacerdotale avait, il est vrai,
le remplacer comme juge , un autre sa portion des revenus publics et devait
f>rêtre tiré du même
collège d'où il était pourvoir a ses propres dépenses et à
ui-méme sorti. C'est donc à 31 qu'était celles di s temples et du culte public.
fixé le nombre des membres de ce tri- Mais en Egypte aussi la justice éma-
bunal supérieur; et aux soins que le nait du roi ,*ct il défrayait ceux qui la
corps sacerdotal se donnait pour ré- rendaient en son nom :du reste, ils
pandre l'enseignement dans tous les jurai* nt, en acceptant ces fonctions,
nomes, on peut croire que l'Egypte de desobéir au roi, s'il leur ordonnait
ne manqua jamais d'hommes capables une action injuste. Le peuple égyptien
d'occuper ses magistratures de divers vénérait les prêtres magistrats, «parce
degrés. Les hiérogrammates , prêtres qu'il leur était permis de voir le roi
chargés des affaires temporelles des nu. » C'est-à-dire que les juges admis
temples et de l'état, devaient posséder facilement auprès du roi tiraient de ce
l'écriture sacrée, la cosmographie, la privilège une considération qui les rc-
géographie, le système solaire, lunaire Ievait encore aux yeux de la multitude.
et planétaire , chorographio de l'E-
la On a conservé quelques souvenirs
gypte et la topographie du Nil : un de la forme de la procédure devant les
rouleau de papyrus et une palette de tribunaux égyptiens. L'objet de la de-
scribe , garnie "d'encre et de plumes mande était exposé par écrit; l'adver-
de roseau, étaient les insignes qui les saire répondait par le même moyen ;
peu loin , ce nous semble à propos , également par écrit ; les juges consul-
du grand tribunal des trente à Thebes, taient ensuite les livres de ïhoth, qui
les suppositions dans l'explication des décidaient le point en litige, et après
motifs qui tirent préférer ce nombre à qu'ilsavaient prononcé, le président fai-
tout autre; on a dit, en effet, que le sait connaître leur jugement en tour-
code des lois égyptiennes , rédigé par nant la ligure de Sait- ou de la vé-
Thôth Trismégistc, contenait dix li- rité vers celui des deux plaideurs qui
vres; que chaque magistrat était spé- avait gain de cause. Il n y avait donc
cialement adonné à l'étude d'un seul ni avocat , ni plaidoiries devant les
et (jue le tribunal des trente renfer- tribunaux de r£g\pte; ceux qui s'a-
mait ainsi trois magistrats possédant dressaient aux magistrats , le faisaient
à fond le même livre, et tirés de trois par écrit; des hommes de loi ou des
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ÉGYPTE.
airains instruits rédigeaient sans sitôt lacéré ;~dans certains cas, et les
iWte leurs p lacets ; mais les juges contrats passés entre des Egyptiens
ient à l'influence des paroles et des Grecs étant rédigés dans les
séductions des orateurs ha- • deux langues, c'est le contrat égyp-
à manier les passions humaines. tien qui faisait foi ; le contrat grec seul
Ii résulte de tout ce qui précède était sans effet. La prescription était
b législation égyptienne proté- aussi une loi de l'état; la revendica-
t tous les intérêts sociaux, pu- tion devait être exercée dans le délai
avec discernement et modérâ-
it de deux à trois années ; un héritier
délits et les crimes; la re-
tes paraissant en justice, devait prouver
km ajoutait encore à la sévérité sa filiation; sa prise de possession
lois humaines, en montrant au de l'héritage paternel était soumise à
les ctàtiments que lui ré- l'enregistrement légal sous peine d'a-
part dans une autre vie la justice mende ; de fréquentes amnisties étaient
rme. accordées par les Ptolémees après des
On est obligé d'avouer que les in- troubles dans le royaumes; enfin, il
études qui existent sur l'ensemble parait que ces princes autorisèrent de-
c<>rps des lois égyptiennes se ma- vant les tribunaux, du moins dans les
«stent aussi dans les résultats de causes où des Grecs étaient intéressés,
de leurs variations par l'effet le ministère des avocats et l'usage
invasions des étrangers à main des plaidoyers. V oici le sommaire d'un
pe, de leurs établissements tern- procès juge a Thèbes au mois de décem-
ircs d'abord , et deiinitifs quelques bre de l'an 1 17 avant 1ère chrétienne :
les plus tard. c'est tout a la fois un exemple des plus
Il oe subsiste, en effet, aucune anciens procès entre particuliers, et
Xrxr certaine des modifications ou un exposé des formes de procédure
ks innovations introduites dans les établies en Egypte sous les Ptolémees.
o», les coutumes et l'administration C'est un |iapyrus grec du musée de
le l'Egypte, par les rois d'origine Turin ( publié par M. Payron ) qui
«bipenne qui envahirent la contrée nous fournit ces curieux renseigne-
w VIII* siècle avant l'ère chrétienne, ments.
« s'y maintinrent pendant 44 ans. C'est devant le tribunal de Thèbes ,
ta est un peu plus instruit sur quel- la capitale du royaume, que l'affaire
ues particularités du réaime intro- est portée; il est près dé par Héra-
•H par l'effet dt* la conquête de l'É- clide, l'un des commandants des gar-
Wte par Alexandre-le-Grund , en 332 des-du-corps du roi , préfet du nome
irait J.-C. , et de la possession de de la banlieue et surintendant des
* pays par les rois
grecs ses sueces- contributions du nome : il est donc à
*urs mais , comme on va le voir par
; la fois officier militaire , civil et finan-
"piques exemples, et comme le prou- cier.Avec lui siègent deux autres com-
vent t»us les témoignages de l'his- mandants des gardes, Polémon et lié-
toire, l'ensemble des institutions na- rachde , qui est en même temps gym-
tionales fut respecté par la domina- nasiarque ; Apollonius et Uermogme,
grecque; quelques règles nou- des Amis du roi ( titre de cour);
TellfiS
rendues nécessaires par les
i Pancrate , oflicier de cour du second
[apports intimes des deux peuples ordre, un autre militaire, Paniscus
«autant les mêmes cités, habitant du pays et plusieurs autres.
y furent .
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L'UNIVERS.
occupé une maison qu'il possède dans fournit à la critique quelques données
cette ville (on en donne les contins ). sur diverses solennités publiques, sur
Le plaignant expose comment il a plu- plusieurs magistrats et leurs fonctions,
sieurs fois, depuis quelques années, sur les divers ordres de l'état, et d'au-
niais en vain , demande justice c«.ntre tres circonstances non moins intéres-
les occupants; il énumere les suppli- santes pour l'histoire. A la neuvième
ques qu'il a présentées tantôt à l'un , colonne, le juge résume les moyens
tantôt à l'autre magistral, et il ajoute opposés, et par son jugement , il main-
que , soit par l'adresse de ses adver- tient le eholehyte llorus dans la pos-
saires, soit par les devoirs de sa charge session de la "maison revendiquée par
militaire, il a été empêché jusque-la Hermias : ce fut donc le Grec qui per-
d'en venir à un jugement définitif; il dit son procès.
récapitule ses droits de propriété sur lin autre document non moins cu-
sa maison , et cette récapitulation oc- rieux est également tres-utile pour
cupe deux colonnes et demie du ma- nous faire connaître une partie de l'or-
nuscrit. Ondéjà que ce procès
voit ganisation administrative de l'Kgypte
ressemble beaucoup a ceux des temps sous les Grecs. C'est une supplique
modernes. adressée au même Ptolémée Kver-
Suivent les moyens présentés par gete II, au règne duquel se rap|iorte
Philocles et Dinon, avocats des deux le procès deja mentionné, supplique par
parties plaidantes; ces moyens sont laquelle les prêtres d'Isis a Philœ
exprimés à la troisième personne , et ( V. PL. h et ti.) se plaignent de vexa-
ne contiennent que le résumé des pré- tions sur lesquelles ils s'expriment en
tentions respectives, sans ornements ces termes: « Au roi Ptolémée, a la
oratoires. Chacun des avocats produit reine Cléopàtre sa sœur, a la reine
les titres d'acquisition ou de possession Cleopàlre sa femme, dieux évergetes,
favorables a son client, et d'autres salut. Nous , les prêtres d'Isis, adorée
actes légaux relatifs à la cause, rap- à l'A bâton et à Philœ , déesse très-
porte leurs dates et celles de leurs grande, considérant que les stratèges,
clauses qui sont utiles à fa discussion ; les épistates, les théharques, les greï-
ils concluent ensuite, en se fondant liers royaux , les épistates des corps
sur des textes de diverses lois, soit charges de garder le pays, tous les of-
générales , soit municipales. Philocles, ficiers publics qui viennent a Philœ,
avocat d'Ilermias cherche en même
, les troupes qui les accompagnent, et le
temps à corporation des
avilir la reste de leur suite, nous contraignent
choir hy tes et, invoquant une loi et
, de leur fournir de l'argent , et qu'il ré-
quelques rescrits auxquels ils auraient sulte de tels abus que le peuple est
/ contrevenu en exerçant leur profession appauvri , et que nous courons les ris-
de cholchytc ( qui* avait pour objet ques de n'avoir plus de quoi suffira
une partie de l'embaumement des aux dépenses, réglées par la loi, des
morts) dans le voisinage des temples, ce sacrifices et des libations qui se font
qui était formellement défendu par les pour la conservation de vous et de vos
lois. Dinon recommande au contraire enfants; nous vous supplions, dieux
celte corporation , en expliquant la très-grands, de charger, s il vous plaît,
nature, utilité de ses fonctions, en
I Ixuminius, votre parent et épistolo-
ajoutant qu'elle a une place marquée graphe, d écrire a Lochus, votre pa-
dans certaines cérémonies publiques; rent et stratège de la Thebaïde , de ne
enlin, en citant une loi contraire a la point exercer à notre égard de ces
première. Dinon oppose enlin a ller- vexations , ni de permettre à nul autre
mias l'inobservation des règles con- de le la re; de nous donner à cet eftet
sacrées par la hiérarchie judiciaire; les arrêtés et autorisations d'usage,
il invoque aussi la longue posses- dans lesquelles nous vous prions de
sion de son client, en énumere les an- consigner la permission d'élever une
nées, et à l'occasion de ce procès, il stèie où nous inscrirons lu bienfaisance
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EGYPTE. 49
ue vous aurez montrée à notre égard ce dernier point , le protocole des Pto-
11 cette occasion , afin que cette stèle lémées n'a pu encore être égalé dans
onserve éternellement fa mémoire de les cours modernes : les courtisans
a grâce que vous nous aurez accor- pourraient y puiser l'idée de auelques
lée. Cela étant fait, nous serons, innovations heureuses, utiles au moins
ïous et le temple, en ceci comme nous à leurs intérêts. Le roi et la reine
le sommes en d'autres choses, vos étaient qualiûés de dieux; le roi don-
très-obligés. Soyez heureux. » nait à la reine le titre de sœur, leurs
Cette supplique, gravée en grec sur enfants étaient princes. Parmi les per-
un socle en granit, a été découverte sonnages attardes au service du sou-
en Egypte en 1815; la traduction qu'on verain ou du palais, les uns avaient
vient de lire a été publiée par M. Le- le titre de parents du roi , d'autres
tronne en 1823. Il explique en même étaient du nombre des premiers amis,
temps les attributions des divers fonc- d'autres ensuite, des amis seulement;
tionnaires désignés dans l'inscription, il y avait auprès du roi, des troupes d'é-
voir d'un seul était la base du nou- personnes tirées des diverses classes ,
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ÉGTPTE. 51
terruption par des personnes des deux sont parsemées de bandes noires,
sexes, la tête couverte de cendres comme si elles eussent été brûlées en
une simple corde pour ceinture, et partie; aucun animal vivant ne fré-
s'abstenant de viande.de raisin, de fro- quente cette vallée de mort je ne :
ment et de vin. Kn attendant , on pré- compte point les mouches, les renards,
parait la momie du roi et son cercueil. les loups et les hyènes, parce que c'est
Le délai expiré on exposait publique-
, notre séjour dans les tombeaux et l'o-
ment la momie royale à l'entrée de deur de notre cuisine qui avaient attiré
son tombeau, et là chacun pouvait ac- ces quatre espèces affamées.
cuser le roi de ses fautes avec une en- « En entrant dans la partie la plus
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52 L'UNIVERS.
reculée de cette vallée, par une ouver- des piliers encore plus riches de déco-
ture étroite, évidemment faite de main rations , jusqu'à ce qu'on arrive enfin
d'homme et offrant encore quelques à la salle principale, celle que les Égvp-
légers restes de sculptures égyptiennes, tiens nommaient la salle dorée, plus
on voit bientôt au pied des montagnes, vaste que toutes les autres, et au mi-
ou sur les pentes , des portes carrées lieu de laquelle reposait la momie du
encombrées pour la plupart, et dont roi dans un énorme sarcophage de
il faut approcher pour apercevoir la granit. La vue de ces tombeaux donne
décoration : ces portes, qui se res- seule une idée exacte de l'étendue de
semblent toutes , donnent entrée dans ces excavations et du travail immense
les tombeaux des rois. Chaque tom- qu'elles ont coûté pour les exécuter au
beau a la sienne , car jadis aucun ne pic et au ciseau. Les vallées sont pres-
communiquait avec l'autre ; ils étaient que toutes encombrées de collines for-
tous isolés : ce sont les chercheurs de mées par les de pierre
petits éclats
trésors, anciens ou modernes, qui provenant des effrayants travaux exé-
ont établi quelques communications cutés dans le sein de la montagne.
forcées. Plusieurs mois m'ont à peine suffi
« Il me tardait, en arrivant à Biban- pour rédiger une notice un peu détaillée
el-MoIouk , de m'assurer que ces tom- des innombrables bas-reliefs que ces
beaux, au nombre de 16 (je ne parle tombeaux renferment et pour copier
ici que des tombeaux conservant des les inscriptions les plus intéressantes.
sculptures et les noms des rois pour Je donnerai cependant une idée géné-
qui furent creusés), étaient bien,
ils rale de ces monuments par la descrip-
comme je l'avais déduit d'avance de tion rapide et très-succincte de l'un
plusieurs considérations , ceux de rois d'entre eux, celui du Pharaon Rham-
appartenant tous à des dynasties thé- sès, fils et successeur de Meïamoun.
haines , c'est-à-dire à des princes dont La décoration des tombeaux royaux
la famille était originaire tle Thèbes. était systématisée, et ce que l'on trouve
L'examen rapide que je fis alors de ces dans l'un reparaît dans presque tous
excavations avant de monter à la se- les autres , à quelques exceptions près,
conde cataracte, et le séjour de plu- comme ie le dirai plus bas.
sieurs mois que j'y ai fait à mon re- Le bandeau de la porte d'entrée
«
tour, m'ont pleinement convaincu que est orné d'un bas-relief ( le même sur
ces hypogées ont renfermé les corps toutes les premières portes des tom-
des rois des XVIII e , XIX» et XXe
beaux royaux ) qui n'est au fond que
dynasties, qui sont en elTet toutes la préface ou plutôt le résumé de
trois des dynasties diospolitaines ou toute la décoration des tombes pha-
thébaines. raoniques. C'est un disque jaune au
« On n'a suivi aucun ordre, ni de milieu duquel est le soleil à tète de
dynastie, ni de succession, dans le choix bélier, c'est-à-dire le soleil couchai;!
de l'emplacement des diverses tombes entrant dans l'hémisphère inférieur,
royales : chacun a fait creuser la sienne et adiré par le roi à genoux; à ia
sur le point où il croyait rencontrer droite du uisque, c'est-à-dire à l'oriert,
une veine de pierre convenable à sa est déesse ISephtliys , et à la gauche
la
sépulture et à l'immensité de l'excava- (occident) la déesse Isis occupant les
tion projetée. Il est difficile de se dé- deux extrémités de la course du dieu
fendre d'une certaine surprise lorsque, dans l'hémisphère supérieur : à cote
après avoir passé sous une porte assez du soleil et dans le disque, on a sculpté
simple, on entre dans de grandes ga- un grand scarabée qui est ici , comme
leries ou corridors , couverts de scul- symbole de la régénération
ailleurs, le
ptures parfaitement soiçnées, conser- ou des renaissances successives : le roi
vant en grande partie 1 éclat des plus est agenouillé sur la montagne céleste,
vives couleurs , et conduisant succes- sur laquelle portent aussi les pieds des
sivement à des salles soutenues par deux déesses.
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ÉGYPTE. 53
« Le
sens général de cette composi- dans tout l'éclat de sa course ( à l'heure
tion se rapporte au roi défunt : pen- de midi), lequel adresse à son repré-
dant sa vie, semblable au soleil dans sentant sur la terre ces paroles conso-
sa course de l'orient à l'occident , le lantes. Voici ce que dit Phré, dieu
roi devait être le vivificateur, l'illu- grand , seigneur du ciel : « Nous t'ac-
minateur de l'Egypte et la source de « cordons une longue série de jours
tous les biens physiques et moraux « pour régner sur le monde et exercer
jours à la gauche en entrant dans tous du roi pendant sa vie), et sur les pa-
ces tombeaux. Ce tableau avait évi- rois opposées, on a figuré la marche du
demment pour but de rassurer le roi soleil dans l'hémisphère inférieur(image
vivant sur le fâcheux augure qui sem- du roi après sa mort). Plusieurs au-
blait résulter pour lui du creusement tres salles succèdent à ce corridor;
de sa tombe au moment où il était elles sont également ornées de peintures
plein de vie et de santé : ce tableau et de sculptures. La salle qui précède
montre en effet le Pharaon en costume celle du sarcophage, en çenéral con-
roval, se présentant au dieu Phré à sacrée aux quatre génies de l'amenti
téte d'épervier, c'est-à-dire au soleil contient, dans les tombeaux les plus
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S4 L'UNIVERS.
complets . la comparution du roi de- suader que ces frêles couleurs ont ré-
vant le tribunal des 42 juges divins qui sisté à plus de trente siècles. Les pa-
doivent décider du sort de son aine, rois de cette vaste salle sont couverres,
tribunal dont ne fut qu'une simple du soubassement au plafond, de ta-
image celui qui, sur la terre, accor- bleaux sculptés et peints comme dans
dait ou refusait aux rois les honneurs le reste du tombeau, et chargées de
de la sépulture. Une paroi entière de milliers d'hiéroglyphes formant les lé-
cette salle, dans le tombeau de Rham- gendes explicatives; le soleil est encore
sès V, offre les images de ces 42 asses- le sujet de ces bas-reliefs, dont un
seurs d'Osiris, mêlées aux justifica- grand nombre contiennent aussi , sous
tions que le roi est censé présenter, ou des formes emblématiques , tout le
faire présenter en son nom, à ces ju- système cosmogonique et les princes
ges sévères, lesquels paraissent être de la physique générale des Egyptiens.
chargés , chacun, de faire la recherche Une longue étude peut seule donner
d'un crime ou péché particulier, et de le sens entier de ces compositions que
le punir dans I ame soumise à leur ju- j'ai toutes copiées moi-même, en tran-
ridiction. Ce grand texte , divisé par scrivant en même temps tous les tes-
conséquent en 42 versets ou colonnes, tes qui les accompagnent. C'est du
n'est, a proprement parler, qu'une con- mysticisme le plus raffiné; mais il y
fession négative , comme on peut en a certainement , sous ces apparences
juger par les exemples qui suivent: emblématiques de vieilles vérités que
,
«La grande salle du tombeau de enfin ne sont qu'un petit réduit creusé
Rhamsès V, celle qui renfermait le à la hâte, grossièrement peint, et dans
sarcophage , et la dernière de toutes lequel on a déposé le sarcophage du
surpasse aussi les autres en grandeur roi, à peine ébauché. Cela prouve
et en magnificence. Le plafond, creusé avec évidence, qu'à son avènement au
en berceau et d'une tres-belle coupe trône, le premier soin d'un roi était
a conservé toute sa peinture : la fraî- de choisir le lieu de sa sépulture et
cheur en est telle, qu'il faut être ha- d'y fa re travailler jusqu'à sa mort. Si
bitué aux miracles de conservation des elle le surprenait, les travaux cessaient,
monuments de l' Egypte, pour se per- et le tombeau demeurait incom-
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v^t -On peut donc juger de la durée verses représentations témoignent en
3d recM d'un roi par l'état plus ou même temps de l'avancement des arts
pcuos avancé de l'excavatioiv aestinée en Egypte. Le luxe des tombeaux ne
isa sépulture, l^es tombeaux des prin- cédait en rien à celui des palais ; de
«oqui régnèrent le plus long-temps, grands ouvrages d'art les décoraient;
iussi les plus é'endus et les plus for était prodigué dans la préparation
«^tueusement ornés. On
remarque des momies royales; on en a trouvé
te le tombeau deRhamsès-Meïamoun, dont tous les doigts des mains et des
«peintures dont le sujet n'a rien de pieds, la face et peut-être la tête en-
^i.'.r t.rr et eatrt .mtrrs, les nivaux
. t tière étaient enfermes dans des étuis
k la cuisine , les meubles les plus élé- d'or massif ayant la forme de ces
|*ûU et les plus variés ( voyez plan- diverses parties du corps; des momies
ck2V un ; , arsenal complet où se étaient même entièrement dorées et
voient armes de toute espèce et les
des chargées de bijoux ; nos musées abon-
Çfeeisnes des levions égyptiennes; les dent eif colliers , bagues et autres
torques et les canges royales avec tou- joyaux en or et en pierres précieuses,
te leurs décorations ; enfin, des mu- recueillis dans les tombeaux : ceux des
«liens , notamment des joueurs de rois, qui devaient être les plus riches,
tarpe à 21 cordes. (Voyez planche ont été auss* les plus maltraites. Les
24 >C'est aussi dans la "peinture des vainqueurs des Pharaons trouvèrent
turnbeaux qu'on a recueilli de pré- un riche butin dans leurs sépultures.
cieuses données astronomiques, très- Plusieurs monuments égyptiens
u ri les à Y histoire des sciences et à nous ont transmis les opinions et les
celle des institutions publiques en pratiques de l'Egypte relatives à la
naissance et à l'éducation de ses rois.
Un connaîtra par les sujets figurés Étant assimilés à ses dieux, ils ne
sur nos planches 13, 15 et 16, le* cos- Pouvaient naître et grandir que par
tumes des rois égyptiens dans leurs assistance divine. C'est par suite de
diverses fonctions publiques. Sur la cette croyance, qu'à coté des grands
{tlanchte 13, le Pharaon armé en guerre, temples où une triade était adorée,
la tête casquée, son armure recou- on en construisit un de bien moindre
verte d'une tunique d'étoffe rayée, étendue, qui était l'image de la de-
et portant un riche collier, est assis meure céleste où la déesse, second
sur son char, attelé de deux che- personnage de cette triade , avait en-
vaux richement caparaçonnés , la fanté le jeune enfant qui la complé-
tête ornée de plumes d'autruche et tait, et ce jeune enfant n'était que la
retenus par des soldats. Des ombrel- représentation du roi qui faisait éle-
les préservent la tète du roi de l'ar- ver l'édifice : ce petit temple était
deur du soleil. Dans la planche 16, appelé Mammùi %
lieu de l'accouche-
le roi combat o ntre des Indiens; sa ment; et c'est ainsi que dans celui qui
haute taille est le symbole de la puis- est à coté du grand temple d Kdfou,
sance; il foule aux pieds ses ennemis; la naissance et l'éducation de Ptolé-
un serviteurelève aussi le llabelluin a la mée-Kvergete II sont associées à
hauteurdesa tête; le vautour, emblème celles du jeune Har-Sont-Tho , qui est
de la protection divine, plane au-des- le lils du dieu Har-Hat et de la déesse
sus du roi, et tient dans ses griffes le Halt-llôr, et oui forme avec son
svmbole de la victoire. Au-dessous de père et sa mère la triade adorée dans
scène principale , une file de li-
cette ce grand temple. Dans le mammisi
gures nous montre les divers ordres de d Hcrmonthis, c'est la naissance et
troupes employées par les Égyptiens l'enfance de Cacsarion , fils de Cléo-
et les armes particulières a chaque pàtre et de Jules-César, assimilées à
corps. Le sujet de la planche 15 est celles de Harphré, fils du dieu Mandou
one offrande faite au grand dieu de et de la déesse Ritho, triade adorée
Tbèbes assis sur son trône. Ces di- à Hermonthis. Enfin à Louqsor on
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56 L'UNIVERS.
voit une suite de scènes relatives à la garde royale; le troisième fils joi-
l'origine du roi Aménophis, fonda- gnait à ces mêmes titres de porte-
teur de ce palais : le dieu Thôth vient éventail et de secrétaire royal , celui
annoncer à 1 épouse de Thouthmosis I V, de commandant en chef dé la cava-
qu'A mn ion lui a accordé un fils; cette lerie, c'est-à-dire des chars. Ces mê-
reine, dont l'état de grossesse est vi- mes qualifications furent aussi don-
siblement exprimé , est conduite par nées a d'autres princes ; elles parais-
Chnouphis et Hathôr ( Vénus ) vers la sent avoir appartenu à toutes les
chambre d'enfantement (le mnmmt'sî) ; générations royales, ainsi que plu-
elle met au monde le roi qui fut Amé- sieurs titres sacerdotaux ou civils,
nophis; des femmes soutiennent la tels que ceux de prophète (classe de
gisante , et des génies divins , rangés prêtres) de divers dieux, de grand-
sous le lit, élèvent l'emblème de la prêtre d'Ammon et de chef suprême
,
vie vers le nouveau-né ; la reine nour- des diverses fonctions civiles. Le roi
rit ensuite le jeune prince; le nour- présidait ainsi , par les membres de
risson est présenté par le dieu Nil aux sa famille, h toutes les branches de
grandes divinités de Thèbes ; Am- l'administration publique; il régnait
mon-Ra caresse le royal enfant en et gouvernait en même temps; c'était,
Kigne de protection , et l'investit de disait-on peut-être, l'unité parfaite du
la royauté; en même temps, les pouvoir monarchique, et un élément
déesses protectrices de la Haute et de de sa durée ; élément impuissant tou-
la Basse-Kgvpte lui offrent la cou- tefois : Alexandre succéda en Egypte
ronne, emblème de sa future domi- à trente-une dvnasties de rois.
nation sur les deux contrées; Thôth Le prince désigné par l'ordre de
it lui-même le prénom royal qu'A-
cl iois primogéniture parvenait au trône
ménophis-Memnon doit à jamais illus- paternel ; c'était la religion qui con-
trer. A ces marques de la protection sacrait son avènement, et l'institu-
divine, qui n'étaient d'ailleurs figurées tion royale lui était donnée par les
sur les monuments que lorsque l'enfant dieux mêmes. On voit dans leRnames^
était devenu roi , on ajoutait tous les séum de Thèbes l'institution de Sé-
soins d une éducation civile, militaire sostris; il est en présence des deu*
et religieuse. On instruisait les jeunes plus grandes divinités de l'Egypte;
princes dans les préceptes et les céré- elles l'investissent des pouvoirs royaux
monies de la religion , dans les let- et lui en remettent les insignes. AflH
tres et les arts ; la tradition attribue mon-Ra , assisté de la déesse Mouth,
à quelques rois la composition d'ou- livre à Sésostris la faux de bataille ,
vrages relatifs à certaines parties des arme redoutable , type primitif de la
m
sciences ; enfin, les exercices gy n asti- harpê des mvthes grecs et en même,
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/EGYPTEN. EGYPTE EmnEITllï
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EGYPTE
rite* domestiques ; également protégées aussi durable que le ciel ; le roi aura
par ia loi et l'opinion, et soustraites, une longue suite de jours sur le trône
par leur commun
assentiment, à cette d'Egypte; il dominera sur toutes les
inégalitéde condition , si injustement contrées; Thôth inscrit à son nom
réalisée dans FOrient ancien et mo- toutes les attributions royales du so-
derne. L' Egypte flétrit un tel usage leil; midi et le nord, l'orient et
le
par sa sagesse et son équité; et un l'occident lui sont soumis; son règne
tel fait suffit pour révéler toute la sur le inonde sera joyeux ; on lui livre
supériorité de son état social. La con- les Barbares du midi et ceux du nord
dition sociale des femmes s'améliora à fouler sous ses sandales; toutes les
partout simultanément avec la civili- bonnes portes qui seront devant lui
sation; barbarie seule les lit es-
la seront ouvertes; de grandes victoires
claves. y a deux ou trois siècles
Il lui sont accordées dans toute les par-
on dissertait publiquement en France ties du monde , et son nom s'impri-
sur cette question , si les femmes sont mera profondément dans le cœur des
de la même espèce que les hommes ; Barbares. Les dieux et les déesses
et de graves docteurs ne décidaient prennent soin du salut du roi ; la daine
pas pour l'affirmative. Aujourd'hui du palais céleste lève sa main droite
lu contraire, on se demanderait, avec sur la tëtedu monarque, elle la couvre
plus de raison sans doute, si ces d'un casque en lui disant: « J'ai préparé
graves docteurs étaient des hommes. pour toi le diadème du soleil ; que ce
L'un des premiers devoirs de la casque demeure sur
ta corne (ton
royauté, celui dont l'accomplissement front), où je l'ai placé. »
rtiit le plus agréable aux dieux et aux La reine, les (ils et les filles du roi
hommes, c'était la fondation d'édifices prenaient part à toutes les cérémonies,
religieux , ornés de colosses et d'obé- et leur rang et leur place y étaient as-
lisques voy. pl. 14, entrée du palais
( signés. A la foule des dieux que le roi
de Louqsor), et témoignant a la fois devait honorer, il ajoutait religieuse-
de la piété du prince et de celle de ment ses propres ancêtres ; son père et
la D'innombrables bas-reliefs,
nation. sa mère recevaient les premiers hom-
>'ulptés peints, en étaient la dé-
et mages, et les aïeux, quelquefois en
lation principale; elle avait pour grand nombre, étaient ranges et nom-
objet l'onrande du monument à la més après eux dans l'ordre rétrograde
'riade à laquelle il était destiné. Le des générations ; le roi brûlait l'encens,
roi faisait lui-même cette offrande, disent les inscriptions, en l'honneur
et d'autres dieux recevaient aussi ses des pères de ses pères et des mères de
hommages ; et ils s'en montraient re- ses mères. Cet usage, qui se ratta-
connaissants en dotant, à leur tour, chait à une idée profondement morale*
le roi des dons les plus précieux et et profondément gravée dans l'esprit
te plus utiles. Dans ces offrandes, de la nation égyptienne , le respect des
le Pharaon est habituellement protégé vieillards et le culte des ancêtres , ne
|tfr une autre divinité, qui le conduit fut pas aboli par l'influence des étran-
vers le seigneur des dieux. A Louq- gers conquérants de l'Egypte; et l'un
sor, c'est à Ainmon que Sésostris des petits édifices des environs de
t'onsaera son grand édifice; le dieu Thèbes nous montre Ptolémée Ever-
lui dit : « Mon fils bien-aimé, seigneur gète II accomplissant diverses céré-
du monde, mon cœur se réjouit en monies religieuses en présence de per-
contemplant ta bonne œuvre; tu m'as sonnages dès deux sexes , revêtus des
voué cet édifice , je te fais le don d'une insignes de certaines divinités. Les
vie pure à passer dans la royauté tem- légendes écrites auprès de ces person-
porelle. » Les autres dieux s'associaient nages nous apprennent que ces hon-
a ce premier bienfait , et
y ajoutaient neurs sont décernés aux rois et aux
d'autres grâces non moins précieuses: reines de la famille des Ptolémées
i
édifice que le roi vient d'élever sera ancêtres en ligne directe d'Évergète II.
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L'UNIVERS.
Le premier bas-relief, à gauche, re- archers de la garde et suivi par les
présente en effet Ptolémée Philadelphe officiers attachés à sa personne. Dès
costumé en Osiris, assis sur un trône que l'ennemi était atteint, on lui li-
à côté duquel se trouve la reine Ar- vrait la bataille; la protection divine
sinoé, femme de Fhiladelphe, coiffée donnait la victoire au roi d'Fsypte,
des insignes des déesses Mouth et qui , aussitôt après , haranguait les
Hathor. Évergète II lève ses bras en chefs de ses troupes qui lui présentaient
signe d'adoration devant les deux époux, les prisonniers de marque faits sur
qualifiés , le divin père de ses pères, l'ennemi, et chaque corps d'armée fai-
Ptolémée ; la divine mère de ses mères sait le dénombrement écrit des mains
Arsinoé. Les mêmes hommages, l'en- droites et autres membres coupés aux
cens et la prière sont adressés par le ennemis morts sur le champ de bataille.
roi vivant a ses autres ancêtres admis Les soldats égyptiens étaient armés
au rang des dieux. de casques , d arcs , de carquois , de
Ces usages des Ptolémées n'étaient haches de bataille et de lances, t rie
qu'une imitation des usages antérieu- partie de l'armée, en ordre de ba-
rement pratiqués sous les Pharaons. taille et composée de fantassins pe-
Sur le Rhamesséum de Thèbes ,
samment armés ou hoplites, marchait
Sésostris célèbre une panégyrie; les la première; les troupes légères étaient
rois ses ancêtres y assistent par leur sur les flancs; les chars de guerre
image, et sont figurés par une suite de formaient la dernière ligne. Le roi
statuettes rangées par ordre de règne ; était au centre. Dans les combats sur
Ménès , le premier roi de PKçypte mer, les troupes, rangées sur le ri-
y occupe lepremier rang; après lui vage , soutenaient et secondaient la ma-
est figuré un autre très-ancien roi; rine; les vaisseaux manœuvraient en
viennent ensuite ceux de la XVIII* même temps à la voile et à l'aviron.
dynastie, représentant les neuf géné- Le roi commandait les troupes de
rations antérieures à Sésostris, et Sé- terre, il était au milieu d'elles a pied;
sostris lui - même. De même, à Mé- son char était avec les bagages. Apres
dinet-Habou , Rhamsès-Meïamoun cé- la vietoire, il poursuivait l'ennemi,
lèbre une cérémonie en présence de hissait les rivières sur des ponts que
f
ses ancêtres; neuf statuettes, rangées es monuments nous montrent tres-
chronologiquement , rappellent leurs distinctement, il s'approchait des villes
noms et leur existence. Ces statues ou et des forteresses, ordonnait l'escalade,
représentations des ancêtres royaux les enlevait et les détruisait ; il écou-
étaient aussi portées sur des bâlda- tait les propositions des envoyés en-
3uins dans les cérémonies religieuses, nemis , dictait les traités et imposait:
ont l'accomplissement était un des les tributs, qui consistaient en mé-
devoirs des rois. taux précieux, en productions rares
Lorsqu'une guerre était entreprise, et utiles, en instruments de guerre, et eu
la protection des dieux était invoquée animaux vivants particuliers aux pays
par des cérémonies publiques, et le subjugués , et qui étaient inconnus en
roi prenait le commandement de l'ar- Kpvpte. Le roi réunissait ensuite au-
mée. Elle entrait en campagne ; les tour de mi
i»ur ue supérieurs tic
chefs sujiérieurs
lui les cneis de
troupes de diverses armes prenaient armée, et leur adressait une alloeu-
l'armée, alloeu
leur ordre de marche , sur huit ou dix ion : « Livrez-vous a la joie, s'écriait-;
tion
hommes de hauteur. Un trompette et il , qu'elle s'élève jusqu'au ciel; les
un corj)s d'hoplites précédaient un char trangers sont renversés par ma force;
étrangers
d'où s élevait un mat, surmonté d'une la terreur de mon nom est venue,
tète de bélier ornée du disque so- leurs cœurs en ont été remplis; je me
laire : c'était le symbole du dieu Am- suis présenté devant eux comme un
mon-Ra guidant l'armée a l'ennemi. lion; je les ai poursuivis, semblable à
Le roi monté sur son char de guerre,
, un epervier; 'ai a
1 anéanti leurs ames
-•rivait le dieu; il était escorté par les criminelles; j ai franchi leurs fleuves;
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ÉGYPTE. 59
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60 L'UNIVERS.
composé de plusieurs corps de logis comme le faisaient, 1,50(
de cours et de pavillons, de grands ans après, les nains appartenant ad
et de petits appartements. Les façades barons féodaux de notre Europe. Da
principales étaient percées de belles compagnies de musiciens, de danseun
fenêtres, décorées avec beaucoup de et de danseuses , étaient aussi admi-
goût; l'édifice • entièrement construit ses dans le palais du roi , pour
en pierres, s'élevait de trois étages: varier les divertissements. Enfin ,
au premier, les fenêtres étaient ornées fêtes religieuses et des panégy
de balcons; des Barbares , en état de étaient fréquemment célébrées d
prisonniers, sculptés en saillie, for- le palais, d'après les indications j*>
maient les consoles qui supportaient la situes du rituel : la loi avait prévu
plate-forme. L'intérieur des, apparte- à la fois les plaisirs et les devoirs du
ments était orné de scènes domes- monarque.
tiques sculptées en relief sur les pa- C'est des monuments encore sub-
rois des murs; la peinture ajoutait à sistants en Egypte que sont tirées ces
l'effet de ces compositions. notions variées sur l'état et la con-
C'était là une véritable babitation dition des familles royales. L'étude
de famille; le roi y vivait familiè- plus approfondie de ces mêmes mo-
rement avec sa femme et ses enfants; numents étendra et complétera ces
ils jouaient en sa présence, même mêmes notions sur la vie intérieure;
avec lui , et la majesté royale s'ef- et toutes les productions des arts n>
façait sous les inspirations de la l'Egypte en rendront témoignage pour
tendresse paternelle. Le roi dînait toutes les époques de son histoire,
en famille ou seul ; il était servi tant ces usages étaient empreints dans
par les dames du palais. Au luxe et les mœurs publiques , tant les pres-
a l'élégance du mobilier, à la somp- criptions des lois étaient respectées
tuosité de l'babitation , on mêlait et affermies par leur religieuse ob-
habituellement les plus gracieuses pro- servation. Le système général des in-
ductions de la nature; des vases de stitutions publiques était tellement
fleurs ornaient les salons , des guir- lié dans ses diverses parties, telle-
landes de verdure se mariaient à ment implanté dans le sol et l'esprit
de riches décorations. Des jardins, du pays, que les influences diverses
ornés de pièces d'eau et de berceaux que la conquête y introduisit ne pu-
de vignes ou d'arbustes, d'arbres ra- rent rien contre lés vieilles habitudes
res et de larges allées , étaient des de la nation, et qu'elle fut dans la né-
dépendances des palais et des gran- cessité de les respecter. Aussi peut-on
des habitations. Le jeu des échecs dire que les monuments du temps
ou un jeu très-analogue, composé des Ptolémées expliquent avec certi-
d'une taule et de pièces nombreuses, tude les temps des Pharaons ; que h
de deux couleurs différentes et mo- relation des cérémonies célébrées pour
biles, était au nombre des distrac- le couronnement de ces rois grecs,
tions que le roi prenait dans son pa- s'appliquerait très - convenablement ,
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L'UNIVERS.
nent aux tribus sacerdotales , de faire geur de l'Egypte; près de cettr
tous les ans le voyage par eau à Alexan- tue, sera place le dieu principe;
temple, qui lui présentera l'arm
« Qu'il a ordonné que les citoyens qui la victoire, et tout sera disposé c
avaient quitté les rebelles armés, et manière la plus convenable. Que
ceux dont les sentiments avaient été prêtres fassent trois fois joi par
dans les temps de trouble opposés au
. service religieux auprès de ces stati
gouvernement et étaient rentrés dans qu'ils les parent des ornements
fe devoir, fussent maintenus en pos- crés, et qu'ils aient soin de leur
session de leurs propriétés; dre, dans les grandes solennités , 1
« Qu'étant entré dans Memphis , en les honneurs qui doivent, sui\
vengeur de son père et de sa propre l'usage, être rendus aux autres die
couronne, il a puni, comme ils le qu'il soit consacré au roi Ptolér
méritaient , les chefs de ceux qui s'é- une statue et une chapelle dorées a
taient révoltés sous son père, et avaient le plus saint des temples, t* que
dévasté le pays et dépouillé les tem- chapelle soit placée dans le sanctuaî
ples ;
avec toutes les autres, et que dans
« Qu'il a fait beaucoup de dons à randes solennités où Ton a eoutu
Apis , à Mnévis et aux autres ani- e faire sortir des sanctuaires »es cf
maux sacrés de l'Égvpte; pelles, on fasse sortir aussi ceil** Ju d i
« Qu'il a fait faire (le magnifiques ou- Épiphane très- gracieux ; et p«>ur
q
vrages au temple d'Apis, et a fourni cette chapelle puisse mieux être u
pour ces travaux une grande quantité tinguée des autres , maintenant
d'or et d'argent et de pierres précieu- dans la suite des temps, qu'on po
ses ; qu'il a élevé et des temples et au-dessus les dix couronnes d'or c
des chapelles et des autels, et qu'il roi, lesquelles porteront sur leur pa
a fait les réparations nécessaires à tie antérieure un aspic, à l'imitatic
ceux qui en avaient besoin, ayant le de ces couronnes à ligures d'aspû n
zèle d'un dieu bienfaisant pour tout sont sur les autres chapelles; et «,
ce qui concerne la divinité ; que , s'é- milieu de ces couronnes, sera pla<
tant informé de l'état où se trouvaient l'ornement royal appelé pschent , o
fes choses les plus précieuses renfer- lui que le roi portait lorsqu'il entra
mées dans les temples , il les a renou- Memphis dans le temple , afin d*
,
velées dans son royaume autant qu'il observer cérémonies légales pre:
les
était nécessaire; en récompense de crites pour la prise de possession d
quoi , les dieux lui ont donne la santé, la couronne; qu'on attache au tëtra
la victoire, et les autres biens;.... la gone environnant les dix couronne
couronne devant lui demeurer ainsi apposées à la chapelle dont on vien
qu'à ses enfants, jusqu'à la postérité de parler, des phylactères d'or, a va
la plus reculée : cette inscription : « C'est ici la chape! li
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ÉGYPTE.
M des couronnes ; ils seront appelés Cest un magnifique morceau de sculp-
prrtrfs du dieu Épiphane-Lucha- ture égyptienne. Le colosse , dont
ferrés-gracieux ) , et ils ajouteront une partie des jambes a disparu, n'a
aux autres qu'ils empruntent as moins de 34 pieds et demi de
au service desquels ils sont Eong. Il est tombé la face contre terre,
ce qui a conservé le visage parfaite-
n qu'il soit connu pourquoi ment intact. Sa physionomie suffit
on glorifie et Ton honore, pour le faire reconnaître comme une
tl est juste, le dieu Epiphane, statue de Sésostris.
gracieux monarque, le présent C'est au nord du colosse qu'exista
net sera gravé sur une stèle de un temple de Vénus (llatliôr), cons-
ire dure en caractères sacrés et en truit en calcaire blanc , et hors de la
•rferes grecs ; et cette stèle sera rande enceinte, du côtéde l'orient. Les
êw dans chacun des temples du ou il les faites par Champollion le jeune
e
t
du 2 et du 3' ordre, existant dans ont constaté dans cet endroit même
J
le royaume. » l'existence d'un temple orné de colon-
7e>t à 'Memphis , dans le temple nes-pilastres accouplées , en granit
ftitha , que ce décret fut rendu , et rose , et ce temple était dédié à Phtha
sfcbns de ce célèbre édifice existent et à Hathor (Yulcain et Vénus), les
*re; ilsont été vus par les voya- deux grandes divinités de Memphis.
nt français en 1 828 , et leurs reclier- Ce fut des prêtres mêmes du tem-
B^e sont même étendues jusqu'à re- ple de Phtha a Memphis qu'Hérodote
ntre la ca rri ère d ou fu rent t '
i rés les recueillit une grande partie des no-
âeriauxdece temple de mon- :c'est la tions qu'il a transmises sur l'Kgvpte,
P* deThorra, sur la rive orientale et c'est par ses relations écrites que
'Ml, et en face même de l'ancien Ton peut se convaincre combien la
lacement de Memphis. La matière religion égyptienne et les usages du
î on beau calcaire blanc ; des ins- pays concouraient à multiplier les fêtes
ultions à l'entrée de l'excavation mbliques, à donner plus d'éclat à
oncent que l'ouverture des plus Ieur célébration.
remonte au règne d'Ahmosis, D'ailleurs, la vie des peuples an-
*rf de la II XV
dynastie. Lne r ciens était tout extérieure de la l'obli-
:
«>t
<
à CeUl qui décfei-
, publiques n'était pas négligée, et les
lettTniin et se font encore jour antiques pratiques ne cessèrent qu'a-
tavers les sables qui ne tarderont vec indépendance de l'état. Les Pto-
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C4 L'UNIVERS.
Il s'agit de la fête célébrée à Alexan- pressoir plein de raisins. Soixa
drie en Tan 284 avant le christianisme, lyres les foulaient , en chant
à l'occasion de l'association au trône son de la flûte la chanson du pi
de Ptolémée-Philadelpbe,que Ptolémée- Silène y présidait, et le vin do
Soter, son père, chef de la dynastie lait tout le long; du chemin.
nouvelle, trouva bon de faire cou- Après cette division, marcha
ronner de son vivant. Rien n'a jamais qui portait en pompe les vases
égalé la magnificence de cette fête, tensiles d'or, savoir : quatre c
dont le récit a été recueilli dans l'his- en or, semblables à ceux de La
toire d'Alexandrie par Callixène de et autour desquels courait un <
parce que cette fête fut toute grecque, coup d'art; deux calices d'or et
et que le mythe de Bacchus en four- de cristal doré ; deux engythi
nit les principaux sujets. Ces person- d'or, hautes de quatre coudées,
nages étaient en grand nombre sur de autres moindres; dix urnes; un
vastes chars, et y liguraient les scè- de trois coudées, et vingt-cinq gi
nes principales de l'histoire du dieu. mazonomes.
Ses prêtres , ses prétresses y rem- A leur suite, marchaient seize (
plissaient leurs diverses fonctions. enfants, vêtus de tuniques blanc
Après cette partie du cortège, s'a- les uns couronnés de lierre , les
vançait un autre char à quatre roues, très de pin. Deux cent cinquante <
large de huit coudées, traîné par tre eux portaient des congés d o
soixante hommes, et portant assise quatre cents des congés d'à ci i
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ÉGYPTE. Ù3
uissure dorée. Devant lui et sur le les autres , deux mille troncs d ébène ;
i Péléphant était assis un petit
de d'autres , soixante cratères d'or et
tyre de cinq coudées , couronné de d'argent, et des paillettes d'or. Ils
anches de pin d'or; de la main étaient suivis de deux chasseurs ayant
Dite, il semblait donner un signal des javelots d'or, et menant des chiens
« une corne de chèvre en or. L'é- au nombre de deux mille quatre cents:
tant ava t .tout son harnais en or ces chiens étaient, les uns de l'Inde,
une guirlande de lierre en or au- les autres de l'Hyrcanie, ou molosses,
ur du cou. A sa suite, marchaient ou d'autres races. Passèrent ensuite
Kj cents petites Olles, vêtues de cent cinquante hommes portant des
niques de pourpre et ceintes d'une arbres d'où pendaient toutes sortes de
^ en or : celles qui étaient en
*e, au nombre de cent vingt, avaient
bétes sauvages et d'oiseaux ; on vit
porter dans des caçes, des perroquets,
s couronnes de pin en or : elles des paons, des pintades, des faisans
btent suivies de cent-vingt Satyres et nombre d'autres oiseaux d'Ethiopie.
"nés de toutes pièces , les unes en Après avoir parlé de beaucoup d au-
rs^ent , autres en bronze.
les tres choses et tait le détail des trou-
Derrière eux s'avançaient cinq ban- peaux d'animaux, Çallixène ajoute cent
« d'dnes, montés par des Silènes trente moutons d' Ethiopie, trois cents
I des Satyrescouronnés. De ces ânes, d'Arabie, vingt de Négrepont, vingt-
« uns avaientdes fronteaux et des six bœufs tout blancs des Indes, huit
ornais en or,
d'autres en argent. d Ethiopie, un grand ours blanc, qua-
J n avait
fait partir après eux vingt- torze léopards, seize panthères, gua-
JOW chars , attelés d'éléphants ; tre lynx , trois oursons, une girafe et
fixante autres, attelés de deux boucs; un rhinocéros d'Êthiopie.
mu. autres, attelés de snaks; sept \ n autre char était suivi de femmes
Jjteles d'orvx et
quinze de bubales. richement vêtues et magnifiquement
II
y avait en outre huit attelages de parées : elles portaient les noms des
™} autruches, sept de deux tfnes- villes, soit de l'Ionie, soit de celles
et quatre d'ànes
sauvages. Sur des Grecs qui habitaient l'Asie et les
ces chars étaient
montés des îles, et qui avaient été rangées sous
™ ant »i en tuniques, en larges cha- la domination des Perses. Elles avaient
F»ux et en habits
de cochers. A toutes des couronnes d'or.
a eux étaient montés De tout ce grand nombre de choses
d'autres
66 L'UNIVERS.
qui se trouvèrent à cette pompeuse trente-six pots à verser le vin, dix
cérémonie, Callixène n'a voulu parler grands aociptres, douze urnes, cin-
que de ce qui était en or et en argent ; quante corbeilles à présenter le pain,
car il y avait encore beaucoup d'objets diverses tables, cinq buffets à serrer les
dignes d'être vus et d'être rapportés; vaisselles d'or, une corne toute d'or de
nombre de bêtes féroces et de che- trente coudées : or, tous ces vases et
vaux, vingt-ouatre très-grands lions; ustensiles d'or doivent être exceptés
en outre, plusieurs chars à quatre de ceux qui furent portés par le cor-
roues-, qui portaient les images des tège même de Bacchus.
rois et même celles des dieux. Ensuite, marchaient quatre cents
^
Après cela , marchait un chœur de chariots portant l'argenterie, vin^t
six cents hommes, parmi lesquels trois portant la vaisselle d'or, et huit cents
cents cytharistes sonnaient de leur in- chargés d'aromates : enfin, toutes les
strument en accord ; ils avaient leurs parties de cette marche pompeuse
cythares toutes garnies d'or en pla- étaient accompagnées de cavalerie et
cage, et des couronnes de même mé- d'infanterie magnifiquement armées.
tal. Après eux, passèrent deux mille L'infanterie était au nombre de cin-
taureaux d'une seule et même couleur, quante-sept mille six cents hommes,
ayant les cornes dorées, des fronteaux et la cavalerie de vingt-trois mille deux
d or, et au milieu des cornes , des cou- cents.
ronnes, des colliers , des éçides devant Ce ne fut pas dans cette occasion
s
le fanon : tout cela était d or. seulement que se inentra la profu-
Après cela, il passa sept palmiers sion des richesses en Égvptc ; là comme
hauts de huit coudées, un caducée, partout ailleurs, le gouvernement ne
une foudre, l'un et l'autre de qua- pouvait être riche que dans une pro-
rante coudées , et un temple ; le tout portion analogue à la richesse du pays
d'or. Ce temple avait quarante coudées et a celle de ses habitants. Cette prb-
de tour; outre cela, chacune des deux f)ortion existait en effet en Égvpte , un
ailes était de huit coudées. On vit uxe sans frein s'y montrait de toutes
aussi à cette pompe nombre de ligu- parts ; dans les jeux publics, Ptoléméc
res dorées , dont plusieurs avaient Soter reçut vingt couronnes d'or, et la
douze coudées; des uetes féroces qui reine Iièrénice vingt-trois ; ces cou-
les surpassaient en grandeur, et des ronnes étaient portées sur des chars
aigles de vingt coudées. Trois mille d'or, et la dépense en fut estimée à
deux cents couronnes d'or taisaient plus de cinq cent mille francs. Ptolé-
partie de ce cortège. Il y avait une mée Philadelphe reçut aussi dans une
autre couronne d'or de quatre-vingts occasion semblable vingt couronnes
coudées de tour, enrichie de pierreries d'or, et l'on vit sur deux chars d'or,
et consacrée aux mystères ou aux cé- une de ces couronnes ayant 6 coudées
rémonies religieuses : c'était la cou- ou près de dix pieds de'diamètre, cinq
ronne qui embrassait l'entrée du tem- couronnes de cinq coudées , et six en-
ple de Bérénice. En outre, on portait core de quatre coudées chacune. A
une égide qui était aussi d'or, et il passa ces récits, l'antiquité se demandait en
nombre de couronnes d'or portées par quel autre pays que l'Egypte on pou-
des jeunes filles richement habillées. vait trouver un tel faste et les trésors
Une de ces couronnes avait deux cou- capables de l'entretenir ; ce n'était,
dées d'élévation et seize coudées de cir- disait-elle, ni à Perséj>oiis, ni à ftaby-
conférence. N'omettons pas une cui- lone , ni dans les régions arrosées pâr
rasse d'or de deux coudées , une cou- le Pactole; le JNil seul roulait effecti-
ronne de chêne enrichie de pierreries, vement de l'or, et comme le disait un
vingt boucliers d'argent, soixante- Foete, il était le véritable Jupiter de
rtre armures complètes ; deux bot- Egypte.
d'or de trois coudées ; douze bas- In gouvernement stable et bien
sins d'or, des coupes sans nombre, constitué pour le pays , la longue du-
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ÉGYPTE. 67
rée des mêmes préceptes d'administra- leurs actions furent inscrites sur des
tion que l'expérience avait consacrés stèles placées dans les édifices publics
l'entretien des canaux, la fertilité ex- des pays soumis à leur autorité, et aux
traordinaire du sol , telles étaient les exemples déjà cités , nous en ajoutons
sources plus certaines de l'abondance un nouveau tiré d'un monument qui
générale , du bien-éîre de la popula- existait autrefois à Adulis, en Ethio-
tion, de la richesse et de la force de pie. C'est à la gloire du roi Ptolémée
l'état : et l'on peut croire que le dé- Evergète I" que ce monument était
Touement aux intérêts du pays, leur consacré. Voici la traduction de ce qui
protection assidue, et l'application a été conservé de son texte : « Le
constante à leur prospérité, qui animè- grand roi Ptolémée, fils du roi Pto-
rent de génération en génération les lémée et de la reine Arsinoé, dieux
monarques égyptiens et les agents prin- Adelphes petit-fils du roi Ptolémée
,
chille par Homère fut pour Alexandre : §aré de toutes les contrées voisines
on s'efforçait d'imiter de telles actions e l'Eunhrate, de la Cilicie, de la
pour mériter de tels historiens. Pamphylie, de l'ionie, de IHelles-
Il y avait peut-être une intention pont ,de la Thrace , des troupes et
morale dans les manifestations si mul- îles richesses de ces contrées, des élé-
tipliées des flatteries de la caste sacer- phants indiens qui s'y trouvaient , des
dotale envers les souverains : on con- rois qui les gouvernaient , et ayant
naissait sansdoutela magique influence traversé ce fleuve, il a soumis la Mé-
des éloges accordés au devoir, et on I sopotamie, la Rabylonie, la Susiane,
excitait au bien par toutes les voies la Perse, la Médie et tout le reste du
ouvertes à la pauvre humanité il est
: pays jusqu'à la Bactriane; ayant re-
certain qu'en Egypte, la chose publique couvré les dieux et les choses sarrées
était au suprême degré la chose de enlevées d' Egypte par les Perses, il
tous, antérieure et supérieure à toutes les a renvoyées en Egypte avec d'au-
les choses de chacun. tres trésors pris dans ces divers lieux.»
C'est en ce sens que le soin qu'on ( Le reste de l'inscription est perdu ).
se donnait pour multiplier les monu- Ainsi , les actions mémorables des
ments publics, prenait sa source dans rois étaient, après les bienfaits des
un intérêt réellement national, dans un dieux , les sujets les plus ordinaires
sentiment très-patriotique. La nation des monuments nationaux en Egypte;
s'illustrait dan* les mêmes pages où elle cet usaçe remonte à ses plus anciens
honorait ses bons et sages monarques. temps historiques , et c'est ainsi qu'on
Les monuments deThèbes, ceux de l'E- retrouve, à Ouadi-Halfa, près de la
gypte entière en rendent témoignage à seconde cataracte, en Nubie, sur une
regard des Pharaons; les Ptolémées stèle du roi Osortasen de la XVI*
Meurent garde d'affaiblir un tel usage : dynastie , la représentation des vic-
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L'UNIVERS.
r
toires du roi dans la Nubie : le dieu qui leur adresse des reproches; les
Mandou , une des grandes divinités soldats, dispersés dans le camp, se
conduit et livre au roi tous les peu- reposent ou préparent leurs armes,
ples démette contrée, avec le nom de et donnent des soins aux bagages ; en
chacun d'eux, inscrit dans une espèce avant du camp, deux Égyptiens ad-
de bouclier attaché à la figure , age- ministrent la Bastonnade a deux pri-
nouillée et liée, qui représente chacun sonniers ennemis , afin , porte la lé-
de ces peuples, dont le nom, ou plu- fende hiéroglyphique , de leur faire
tôt celui du canton qu'ils habitaient, ire ce que fait la plaie de Schéto.
tels que Schanisk
, Osaou , Schoât, Au bas du tableau , est l'armée égyp-
Kôs , ne se retrouveraient que
etc. , tienne en marche , et à l'une des ex-
dans des écrivains remontant, comme trémités se voit un engagement entre
le monument de Ouadi-Halfa, à plus les chars des deux nations. l,a partie
de deux mille ans avant l'ère chré- gauche de ce massif offre l'image d'une
tienne. sériede forteresses desquelles sortent
Au Rhamesséion de Thèbes , on des Égyptiens emmenant des captifs :
a rappelé aussi les grandes actions les légendes sculptées sur les murs de
guerrières de Sésostris, qui vécut cinq chacune d'elles donnent leur nom , et
siècles après Osortasen. apprennent que Rhamsès-le-Grand les
Les tableaux militaires relatifs à a prises de vive force, la VIII' année
ses conquêtes couvrent les faces des de son règne.
deux massifs du pylône sur la pre- Il manque près de la moitié du
mière cour du palais; ils sont vi- massif de droite du pylône ce qui
:
sibles en assez grande partie, parce reste offre les débris d\in vaste bas-
que l'éboulement des portions supé- relief représentant une grande ba-
rieures du pylône a eu lieu du coté taille , toujours contre les Schéto ; on
opposé. Ces scènes militaires offrent Y a représenté l'un des principaux chefs
la plus grande analogie avec celles qui bactnens , nommé Schiropsiro ou
sont sciîlptées dans l intérieur du tem Schiropasiro , blessé et gisant sur le
pie iïlbsamboid et sur le pylône de bord fleuve , vers lequel se dirige
Louqsor, qui font partie du Rhames- aussi, fuyant devant le vainqueur, un
séion ou Rhamséion oriental de Thè- allié, le chef de la mauvaise race du
bes. Les inscriptions sont semblables, pays de Schirbech ou Schilbesch. A
et tous ces bas-reliefs se rapportent côté de la bataille est un tableau triom-
évidemment à une même campagne phal Rhamsès-le-Grand, debout, la
:
que dans cette vaste contrée sise entre « Les chefs des contrées du midi et
le Tigre et l'Euphrate d'un côté, l'Oxus « du nord conduits en captivité par sa
et l'indusde l'autre, contrée que nous « majesté. »
appelons assez vaguement la Perse. Les sculptures du massif de droite du
Les Égyptiens désignèrent ces peuples deuxième pylône ou mur sont le tableau
ennemis sous la dénomination de la d une bataille livrée sur le bo.d d'un
plaie de Schéto, de la même manière fleuve, dans le voisinage d'une ville que
que l'Éthiopie est toujours appelée la ceignent deux branches de ce fleuve,
mauvaise race de Kouscli , et il pa- et sur les murailles de laquelle on lit:
raît assez certain que c'est de peuples la ville forte Watsch, ou Batsch (la
du nord-est de la Perse, des Bactnens {>remière lettre est douteuse ). Vers
ou Scythes-Ract riens qu'il s'agit ici. 'extrémité actuelle du tableau , à la
On a sculpté sur le massif de droite gauche du spectateur, l'on voit le roi
la réception des ambassadeurs scvtho- Lhamsès sur son char lancé au galop
bactriens dans le camp du roi; ils au milieu du champ de bataille couvert
sont admis en la présence de Rhamsès de morts et de mourants. Il décoche
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ÉGYPTE. 69
ks flèches contre la masse des en ne- tourent ; sa harangue a pour but d'en-
Bis en pleine déroute ; derrière le char, courager ses compatriotes à se sou-
far le terrain que te héros vient de mettre au joug de Rhamsès-le-Grand.
fumer, sont entassés les cadavres des Ainsi, après les dieux, les rois ob-
laincus , sur lesquels s'abattent les tenaient les premiers honneurs déférés
ri* vaux d'un chef ennemi nommé 7b- par la voix publique ; et après les bas-
rokani, blessé d'une flèche à l'épaule reliefs où leur courage et leur pieté
ettombant sur l'avant de son char étaient célébrés «î l'envi dans toutes les
Sous les pieds des coursiers du
brise. cités, il n'était pas d'ouvrage d'art
bt,risent, dans diverses positions plus favorable à l'intention de longue
fes corps de Torokato, chef des sol- durée qui présidait à la construction
dais du pays de Sakbésou , et ceux de ces édifices, il n'en était pas de
de plusieurs autres guerriers de dis- plus flatteur non plus pour les rois
tiedion. Le
chef bactrien grand que leurs effigies colossales , érigées
SchiropasirOy se retire sur le bord du dans les cours princi pales des grands
fleuve; les flèches du roi ont deja at- temples, et formant une partie es-
teint Tiofouro et Simalrrosi fuyant sentielle de leur décoration. Les im-
ims la plaine et se dirigeant du côté menses ouvrages , d'un effet si gran-
de la ville. D'autres chefs se réfugient diose encore, après avoir subi les of-
ters le fleuve, dans If-quel se précipi- fenses des hommes et les coups meur-
tent les chevaux du chef Arobscàatosi, triers des siècles, n'étaient pas rares
fe^sseet qu'ils entraînent avec eux. dans les grandes villes, et les fonda-
Husieurs enfin, tels que Thotâro et teurs des grands édifices de l'Egypte
Ma/trima, frère (allié) de la plaie n'oublièrent pas d'y ériger leurs por-
de schéto des Bactriens ), sont allés
( traits; chaque portion de ces monu-
usourir en face de la ville , sur la rive ments, agrandis successivement , ren-
du fleuve , que d'autres , tels que le fermait le colossedu souverain qui avait
Bactrien Sipaphéro , ont été assez ordonné ces travaux. Le Memnonium
heureux pour traverser, secourus et de Thèbes en fournit la preuve et
accueillis sur la rive opposée par une l'exemple.
f 'Ule immense accourue pour connaître « Que l'on se figure , dit Champol-
résultat de la bataille. C'est au mi- lion lejeune, un espace d'environ
lieu de tout ce peuple amoncelé qu'on 1,800 pieds de longueur, nivelé par les
j>*rçoit un groupe donnant des secours dépots successifs de l'inondation cou- ,
^npressés à un chef que l'on vient de vert de longues herbes , mais dont la
retirer du fleuve où il s'est noyé ; on surface déchirée sur une multitude de
W tient suspendu par les pieds la Me points, laisse encore apercevoir des
en bas, et on s'efforce de lui faire débris d'architraves, des portions de
rendre l'eau qui le suffoque, afin de colosses , des fiUs de colonnes et des
le rappeler à la vie. Sa longue cheve- fragments d'énormes bas-reliefs que
lure semble ruisseler, et le traitement le limon du fleuve n'a pas enfouis en-
ne produira aucun effet, si l'on en core ni dérobés pour toujours à la cu-
juge par la physionomie et le mouve- riosité des voyageurs. La, ont existé
ment de l'assistance. On lit au-dessus plus de dix-huit colosses dont les
decegroupe: « Le chef de la mauvaise moindres avaient vingt pieds de hau-
* rare
du pays des Schirbesch , qui teur; tous ces monolithes, de diverses
« s ot éloigne de ses guerriers en matières , ont été brisés , et l'on ren-
* fuyant le roi du coté du fleuve. » contre leurs membres énormes disper-
Fini î c
2
, au milieu de la foule sortie sés ça et là les uns au niveau du sol,
,
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70 L'UNIVERS.
les colosses représentent : « Le sei-
entourant la base de ces colosses re-
présentant leur vainqueur, le Pharaon gneur souverain de la région supérieure
3' du nom, celui et de la région inférieure , le réfor-
Aménophis, le
mé'me que les Grecs ont voulu confom mateur des mœurs , celui qui tient le
dre avec le Memnon de leurs mythes monde en repos, l'Horus qui , grand
héroïques.
par sa force , a frappé les Barbares
^.
le roi soleil, seigneur de vérité, le
, lils
« C'est vers l'extrémité des
ruines
s'élèvent en- du soleil , Amenothnh , modérateur
et du côté du neuve que
de région pure, chéri d'Amon-Ra,
core, en dominant la plaine de Thèbes,
la
d'environ roi des cfieux. »
les deux fameux colosses,
« Ce sont là les titres et les noms du
GO pieds de hauteur, dont l'un, celui
d'une si grande célé- troisième Aménophis de la dix-hui-
du nord, jouit
Meni- tième dvnastie, lequel occupait le
brité sousïe nom de colosse de
trône dès Pharaons vers l'an 1680
BOA (voyez planche 8.) Formés chacun
trans- avant l'ère chrétienne. Ainsi se trouve
d'un seul bloc de grès-hrèche ,
complètement justifiée l'assertion que
portés des carrières de la Théhaide
Pausanias met dans la bouche des
supérieure, et placés sur d'immenses
repré- Thébains de son temps, lesquels sou-
bases de la même matière, ils
tenaient que ce colosse n'était nulle-
sentent tous deux un Pharaon
assis,
les genoux ment l'image dn Memnon des Grecs,
les mains étendues sur
vai- niais bien celle d'un homme du pays,
dans une attitude de repos. J'ai
nement cherché à motivera mes yeux nommé Ph~ tménoph.
et spi- « Ces deux colosses décoraient,
l'étrange erreur du respectable
prendre suivant toute apparence, la façade
rituel Denon, qui a voulu
extérieure du principal pylône de FA-
ces statues pour celles de deux
prin-
ménophion; et malgré l'état de dé-
cesses égyptiennes. Les inscriptions
hiéroglyphiques encore subsistantes, gradation oà la barbarie et le fana-
le dos- tisme ont réduit ces antiques mo-
telles que ce.les qui couvrent
sier du trône du colosse du sud
et les numents , on peut juger de l'élégance,
côtés des deux bases, ne laissent
au- du soin extrême et de la recherche
qu'on avait mis dans leur exécution,
cun doute sur le rang et la nature du
par celles des fi pures accessoires for-
personnage dont ces merveilleux mo-
nolithes reproduisaient les traits
et mant la décoration de la partie anté-
rieure du trône de chaque colosse. Ct
S-rpétuaient la mémoire. L
inscrip-
sont des figures de femmes debout,
on du dossier porte textuellement :
« L'Aroëris puissant, le
modérateur sculptées dans la masse même de cha-
, et n'ayant pas moins
des modérateurs, etc., le roi solei , aue monolithe
e 15 pieds de haut. La magnificence
seigneur de vérité (ou de justice), le
du soleil , le seigneur des diadè- de leur coiffure et les riches détails de
fils
leur costume sont parfaitement en
mes, Aménothpb, modérateur delà
rapport avec le rang des personnages
région pure, le bien-aimé d'Amon-
dont elles ranpelent le souvenir. Fes
Ra, etc., PHorus resplendissant, ce-
inscriptions hiéroglyphiques gravées
lui qui a agrandi la demeure
(la-
cune) à toujours , a érigé ces cons- sur ces statues, formant en quelque
tructions en l'honneur de son pere sorte les pieds antérieurs du trône de
Ammon; il a dédié cette statue
lui chaque statue d' Aménophis, nous ap-
colossale de pierre dure , etc. » Et
sur prennent que la fiçure de gauche repré-
grands sente une reine égyptienne, la mère
les côtés des bases on lit en
hiéroglyphes de plus d'un pied de pro- du roi, nommée fmau-flem-l'a* et
la figure de droite, la reine épouse
portion, exécutes, surtout ceux du
colosse du nord, avec une perfection
du même Pharaon, 7ata, dont le
et une élégance au-dessus de tout
éloge, nom était déjà donné par une foule de
la légende ou devise particulière ,
le monuments. Je connaissais aussi le
prénom et le nom propre du roi que nom de la femme de Thoutmosis IV
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ÉGYPTE. 71
Tmavrlîem-ra , mère d'Aménophis- dès qu'elle était frappée par les pre-
tfrnwon, par les bas-reliefs du palais miers rayons du soleil. Ces données
k Louqsor. merveilleuses réveillent sans peine
• Sur un autre point des ruines de dans notre esprit les souvenirs de
TAménophion, du coté de la monta- Memnon et de l'Aurore : les anciens,
gne Libvque , à la limite du désert qui avaient bien autant d'esprit que
et an peu à droite de Taxe passant nous , ne se firent faute d'imaginer et
entre les deux colosses existent deux
, de commenter un rapprochement.
tel
btacs de grès-brèche , d'environ trente Homère fait la guerre de
figurer à
pieds de long chacun , et présentant Troie un Memnon avec dix mille
u forme de deux énormes stèles. Leur Éthiopiens, comme auxiliaire de
surface visible est ornée de tableaux Priiim son oncle. Achille vengea sur
,
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, ,
72 L'UNIVERS
de véritables dépositions publiques d'avril, à la deuxième heure, l'an IV
faites par des témoins désintéressés , de notre empereur Vespasien Auguste
de la réalité d'un phénomène merveil- (le l" avril de l'an 73 de J.-C). —
leux , qui a fait qualifier de vocale Un Gaulois est au nombre de ces té-
cette célèbre statue. Dans ces inscrip- moins : Marcus Anicius Verus, fils de
tions , au nombre de soixante-douze Julien , inscrit dans la tribu Voltinia,
nouvellement réunies, publiées, tra- natif de Vienne (capitale de l'ancienne
duites et expliquées par M. Letronne, Allobrogie ),... de la III* légion cyré-
des individus sans qualités connues, et naïque ; j'ai entendu Memnon, en l'an 3
des tribuns, des centurions ou des dé- (du règne de Vespasien) le 4 des ides
curions militaires, des fonctionnaires de novembre; en l'an 4 le 7 des ca-
,
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,
ÉGYPTE. TS
* toi-même qui est assise en ce lieu ), coule dans mes veines; passants, jetez
« frappé des rayons brûlants des feux les veux sur ces lignes , qui sont de
! • du fils de I .atone. • « La parenthèse moi , Balbilla. »
[est assez mal placée, ajoute M. Le- La du roi Antiochus était
petite-lille
|
troone; mais les vers grecs n'en sont donc un des poètes de la cour d'Hadrien
pas moins fort passables pour être et de Sabine en Égypte, et les pièces
i ouvrage d'un préfet romain. » Sous le ?[u'elle composa au sujet de la visite
ligne d'Hadrien , un autre fonction- aite à Memnon par l'empereur, nous
naire s'exprimait ainsi en 13 vers montrent combien s'était généralisé
pecs : « Funisulanus Charisius ,
dans l'opinion publique le culte dont
stratège d'Hermonthis, natif de La- la statue de Memnon était devenue
j
I
topolts, accompagné de son épouse, l'objet, après avoir été d'abord celui
Fulvia, t'a entendu, ô Memnon, ren- d une simple curiosité. « Vers de Julia
dre un son, au moment où ta mère Balbilla, lorsque l'auguste Hadrien en-
éperdue honore ton corps des gouttes tendit Memnon: • tel est le titre qui
de sa rosée. Charisius, t'ayant fait précède la pièce suivante de 12 vers
un sacrifice et de pieuses libations grecs , traces sur le haut de la jambe
a chanté ces vers à ta gloire « Dès : — gauche du colosse :
toi, qui lui as parlé et Tas salué ami- tan , traversant les airs avec ses blancs
calement. » La
que l'empereur
visite coursiers , occupait la seconde mesure
Hadrien fit à Memnon, accompagné des heures marquée par l'ombre du
de l'impératrice Sabine et de ses cadran, Memnon rendit de nouveau
principaux offic ers, est un événement un son aigu , comme celui d'un instru-
important dans l'histoire de la statue ment de cuivre qui est frappé; et,
parlante; et cet événement porta plein de joie ( de la présence de l'em-
hors de toute limite et l'étendue des pereur), il rendit pour la troisième
inscriptions gravées sur le colosse et lois un son. L'empereur Hadrien sa-
l'emphase ridicule des expressions : lua Memnon autant de fois, et Bal-
au moment où Hadrien , qui visitait billa a écrit ces vers composés par elle-
toutes les merveilles de l'Égypte, par- même, qui montrent tout ce qu'elle
vint enfin en la présence de Memnon, a vu distinctement et entendu. Il a
on grava sur la statue son nom seul, été évident pour tous que les dieux
en grosses lettres, l'empereur Ha- le chérissent. »
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1
74 L'UNIVERS.
faire entendre un son dm
n , de peur temps, Cambyse me Ta enlevée. Main-
que le roi lui-même ne s'irritât, et tenant , mes plaintes ne sont plus que
Qu'une longue tristesse ne s'emparât des sons inarticulés et dénués de tous
e sa vénérable épouse. Aussi, Mem- sens , triste reste de ma fortuue pas-'
non, craignant le courroux de ce sée. » L'influence complète des idées
prince immortel , a fait entendre tout- grecques sur la prétendue statue de
a-coup une douce voix , et a témoigné Memnon de Thèbes se montre en son
3if il se plaisait en la compagnie des entier dans une dernière inscription,
ieux. » Le séjour d'Hadrien en Égypte Tune des plus remarquables par la
en l'an 130 de l'ère chrétienne est pensée et l'expression, et qui eut pour
un des faits les plus importants de l'his- auteur le poète Asclépiodote, procu-
toire de cette contrée dans le second rateur de l'empereur en Égvpte.
siècle de notre ère; il n'est pas éton- « Apprends, dit-il, ô Thétis, toi qui
nant que les fêtes et les cérémonies résides dans la nier, que Memnon res-
dont il fut l'occasion aient attiré sur pire encore, et que, réchauffé parle
ses traces et échauffé les poètes. Après flambeau maternel, il élève une voix
les temps d'Hadrienrenommée de , la sonore au pied des montagnes Liby-
,
écrit ces vers): Auparavant Memnon, les personnages dont nous venons de
fils de l'Aurore et de Tithon , nous a rapporter textuellement les témoigna-
seulement fait entendre sa voix ; main- ges. Il est temps de rétablir, contre
tenant il nous a salués comme connais- tant de religieuses et poétiques attes-
sances et amis. La nature, créatrice tations , la vérité de l'histoire , de dire
de toutes choses , a-t-elle donc donné l'origine de la statue vocale de Mem-
à la pierre le sentiment et la voix? La »» non, si elle parla et comment elle
fille de cette Trebulla faisait aussi des parla.
vers grecs, entendit Memnon et lui fit Aménophis III, de la XVIII» dy-
dire dans une inscription de 6 vers nastie égyptienne, occupait le trône
ce qui suit : « Cainbyse m'a brisée, moi, d' Égypte,* vers l'an 1080 avant l'ère
cette pierre que voici, représentant l'i- chrétienne. Il fit élever a Thèbes un
mage d'un roi d'Orient. Jadis , je pos- vaste édifice; sur ses ruines encore
sédais une voix plaintive qui déplorait subsistantes, on voit souvent répété
les malheurs de Memnon. Depuis long- le nom de ce prince, illustré par de
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ÉGYPTE. 75
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7e L'UNIVERS.
la partie détachée s'adapte au sarco- On voit par notre planche 8 que <
phage mieux même que ne le ferait restauration consiste en cinq as*
une pièce taillée tout exprès. de pierres qui rétablissent Tef
Cent quarante ans après Strabon, un d'Aménophis dans ses anciennes |
rien dit à Diodore de Sicile, qui ne très monuments del'Kgypte, les efî
nous en a rien transmis non plus; du temps et des invasions étranger*
moins encore du temps d'Hérodote; 4° un tremblement de terre. Tan
et c'est aux temps de Néron que com- avant l'ère chrétienne , brisa celui c
mence la grande renommée de la sta- deux colosses qui est placé vers
tue parlante de .M cm non à Thèbes. nord , et en détacha la partie su;
On a vu dans quelles emphatiques rieure; 5° quelques années après ,
paroles s'expriment les principales était bruit dans le pays des sons
q
inscriptions gravées sur le colosse rendait au lever au soleil la pari
même; aucun écrivain de l'époque ne de la statue restée en place , ou
se dispensa dès lors de parler de la socle qui la portait ; (i° dès le rèç»
grande merveille de l'Egypte : Juvé- de ISéron , ce bruit était générai
nal, Dion Chrysostôme, Lucien, Pau- ment répandu et annonçait une nie
sanias , Ptolémée , qui étaient allés veille qui attirait les curieux de tou
en Éey-pte, Pline, Tacite, Denys le condition; 7° dès cette même é/x 1
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I
ÉGYPTE. 77
gauche du Nil. du coté des d'utilité et île durée , dans toutes les f
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,
78 L'UNIVERS
seule pierre ou monolithes , de granit ments de plusieurs autres subsi s1
rose, tirés des carrières de Syene, dans encore à Rome; on en trouve a us
la Haute-hgypte , et leur forme est Velletri, Hénévent, Florence , Oatd
celle d'un long prisme , de forme qua- Arles; Constantin et Théodose en
drangulaire, se rétrécissant insensi- nèrent l'hippodrome et le palais i
de province romaine, Auguste com- filiation, des princes qui les élevèrent
prit combien ses dépouilles si mo- ils indiquent les accroissements ou ici
numentales pouvaient répandre d'é- embellissements exécutes par les soin)
clat sur la vWe éternelle, et il lit de chacun d'eux, et par là, répoqin
transporter à Rome les deux obélis- relative de chaque partie de Teamce;
3ues d'Héliopolis. Caïus Caligula en enfin, les obélisques eux-mêmes sont
emanda un troisième, et, au rap|>ort mentionnés dans ces inscriptions
de Pline, la mer n'avait jamais porté parmi les autres actes de la piété des
un vaisseau d'aussi colossales dimen- Pharaons.
sions, que celui oui fut construit On voit par notre planche 14 com-
pour cette entreprise. D'autres em- ment les Égyptiens employèrent Je*
pereurs imitèrent l'exemple d'A uguste; obélisques ; toujours accouplés , te
onze obélisques entiers, et les frag- n'eurent jamais l'idée d'en placer un
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-
ÉGYPTE.
I m milieu (Tun vaste espace où îl les fantassins régulièrement formés
b»î s'éclipser. Deux obélisques s'é- en carrés. Sur le massif de gauche
lient en avant du pylône ou entrée sont figurés une bataille sanglante, la
Btipale d'un temple ils annon- : défaite des ennemis, leur poursuite ,
çât majestueusement l'édifice et le passage d'un fleuve , la prise d'une
km les premiers insignes de la ville , et on amène ensuite les prison-
iredu prince qui Pavait construit niers , etc.
fhonneur des dieux de la contrée. Ces deux tableaux ont environ cin-
B préciserons davantage les notions quante pieds chacun; ils sont précédés
^ntielles, relatives aux obélisques, par les deux obélisques qui frappent d'a-
us ajouterons infailliblement à bord l'esprit du voyageur; on- peut se
ir ntérét , en les appliquant spécia- faire une idée, quoique b en faible, de
otnt à la description de l'obélisque leur effet dans l'ensemble de ces im-
Louqsor, si heureusement trans- menses constructions , par la vue res-
rte a Taris et destiné à l'ornement taurée de la façade du monument telle
me de nos places publiques. u'elle était aux temps de la splen-
Le v illage de Louasor est une portion 3 eur de l'Egypte. (V oy. pl. 14.)
territoire de Tnebes, sur la rive Une carrière de granit rose de la
r?îte du Nil. Des ruines étendues plus belle qualité, située à Svène ,
y
tirent le voyageur, et c'est vers vers la frontière méridionale de l'E-
sir extrémité nord que se présente gypte, à la première cataracte, a
fitrée pittoresque du palais, ligurée fourni la matière des deux obélisques.
ts son état primitif sur notre plan- Ils sont tous deux d'un seul morceau
1e 14. C'est un pylône, composé de ou monolithes. Les surfaces ont reçu
six massi's pyramidaux entre les- un poli parfait et brillant ; les arêtes
ïels une porte êst ménagée ; celle du sont vives et bien dressées , mais les
'tais de Louqsor n'a pas moins de faces de l'obélisque ne sont point
muante-deux pieds de hauteur; elle exactement planes. Elles ont à l'ex-
h surmontée d une corniche élégante; térieur une convexité de quinze lignes,
s pylônes ont dix-huit pieds de plus et si régulièrement exécutée , qu'on
'élévation et quatre-vingt-douze pieds ne saurait y voir qu'une preuve de
étendue de cliaque coté de cette la science de l'architecte.
urte. On peut diviser l'obélisque en deux
tn avant àu pylône étaient quatre parties : 1° le prisme quadrangulaire
tatua colossales, chacune d'environ ou fût, comprenant toute la partie du
(tarante pieds de hauteu r et d'un seul monument depuis sa base jusqu'au
ïoc , et en avant des colosses les pyramidion ; 2° le pyramidion , qui
beiisques de granit rose. est portion ta filée en forme de py-
la
Les sujets sculptés en bas-reliefs ramide et qui surmonte le prisme ou
or le ppotm sont d'un très grand in- fût.
erët historique. L'immense surface Les dimensions générales de l'obé-
le chacun de ces deux massifs est lisque ont été reconnues comme il suit :
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ao L'UNIVERS.
monument arrfve à 5000 quintaux. sur l'obélisque s'élève à 1GOO ;
L'obélisque était posé sur un dé autant de portraits fidèles de^
carré, en granit, dont la surface a figurés, et l'on comprend q<
été trouvée , par les fouilles , à 3" cette science
fidélité , complet
80 e au-dessous du sol actuel , et qui iconographie qui pouvait en
a été mis à découvert jusqu'à une pro-
fondeur de 1- 60*. On a reconnu que
tous les objets de I univers
était dans les inscriptions é^>*/
m
ce dé a été dégradé par la nature, et une condition essentielle et ton
il n'offre quant à l'extérieur qu'une taie, puisque chacun de ces
croûte friable et scoriée. Les faces sud avait un sens propre, absolu,
et nord étaient autrefois ornées de toute incertitude sur la nat
quatre cynocéphales en relief; les fa- l'objet figuré l'aurait privé aus
ces ouest et est étaient aussi occupées son expression comme signe <l <
état primitif jusqu'à nos jours en mon- tion des sculptures hiéro<rlypr]
tre suffisamment la solidité. Tous les et l'examen de celles de obéi 1 i
été exécutée; sur toutes les faces, les tion dont ils décoraient le frontis
caractères de l'inscription du milieu Quant au texte des inscription
sont sculptés en bas -relief dans le peut diviser l'ensemble de celle:
creux , à une profondeur de plus de chaque lace de l'obélisque, en
cinq pouces, et parfaitement polis; parties :
nière précision , et dans lequel chaque rieure ; on peut donner à cet encad
signe joint à la beauté et au fini du ment le nom de bannière royale
travail la plus grande pureté de dessin. renferme les titres honorifiques et
Le nombre total des signes sculptés ries des princes nommés dans les ol
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ÉGYPTE. 81
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L'UNIVERS.
et ce concours de deux rois à l'achè- nous suffira ici pour donner une i
,
de granit dont l'antiquité, l'origine et Les trois colonnes de cette face sont
la magn ficence peuvent concourir à uniformément terminées par le car-
l'éclat que les prodiges des arts répan- touche nom propre d»i roi , le fils du
dent sur une civilisation éclairée. Soleil, le chéri d'Ammon Rhamsès.
Les inscr ptions célèbrent à la fois A la Face Sud, la bannière et {'in-
la gloire des deux rois leurs victoi-
, scription de la colonne de droite pro-
res, leur piété, et rappellent spéciale- clament Sésostris « TAroéris puissant,
ment que ce sont eux qui ont élevé « ami de la vérité, roi modérateur,
ces mai niliques édifices en l'honneur « très-aimable comme Thmou , étant
du grand dieu deThèbes, auquel ils les n un chef né d'Ammon, et son nom
ont consacrés : c'était là la véritable des- « étant le plus illustre de tous. » Sur
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EGYPTE, 81
I meurt, le roi (tes pr s jet nom nemis , et sur l'amour que la prospé-
• propre;, celui qu" rité de la patrie inspire aux citoyens;
f comme le du ciel, par il l'enrichit de la dépouille de Vingt
peuples rivaux ou jaloux ; il ajouta à
». • toutes les merveilles de l'Egypte et de
AFace Est ,
la la bannière de la la Nubie, d'autres monuments non
tbffjnne de gauche est remarquable moins dignes de ce nom. Il voulu*
ptf le grand nombre de signes qui aussi , par des soins presque mi nu*
iemposent sa légende, qui signifie: tieux , s'assurer la gloire d'avoir érige
» L'Aroéris puissant, le grand des les deux obélisques de Louqsor, com-
* fanqueurs , combattant sur sa me s'ils devaient
par leur inaltérable
,
^nommée de ce roi qui date aujour- Les armes d'Achille avaient servi à
d'hui de trois mille quatre cents ans, plusieurs générations de héros, pour-
najoute-t-elle pas de merveilleux in- quoi le même monument ne servirait-
à un tel monument! Ce prince, il pas à plusieurs triomphes? Qu'il me
térêt
«ffet , illustra son nom et son rè- soit permis de te répéter ici : aura-
par les éminents services qu'il t-on nien tout fait , quand l'obélisque
rendit à son pays dans les camps com- de Sésostris sera convenablement
•ue dans la cité* ; il fut à la fois erand dressé sur une de nos places publi-
conquérant et sage législateur con-
; il ques, et doit-il suffire a la satisfac-
la véritable gloire , fondée sur le tion du gouvernement de l'y montrer
^ct que la victoire impose comme une difficulté vaincue,
6.
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«4 L'UNIVERS
un tour de force très- péri lieux de no- en maintinrent héroïquement l'hon-
tre mécanique moderne , qui aura neur et la renommée.
l'immense mérite d'avoir élevé sur un Puissent d'honorables suffrages
piédestal une pierre du poids de quel- donner un jour quelque valeur à un
ques milliers de quintaux? et ne vien- vœu sans intérêt , et qui , réalisé , ac-
dra-t-il à l'esprit ou au cœur d'aucune quitterait une dette sacrée pour la
des personnes dont la voix a quelque France tant qu'elle restera lidèle à sa
autorité dans les conseils du prince propre gloire !
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I
EGYPTE. 85
HfBses de rantiquité de la sagesse hu- oes personnages, inoiiDiinniemeni chi-
ujïDe ; et nous demandons a Dieu et nois de physionomie et de costume
hh hommes de nous dévoiler les mys- se retrouvent peints par des Egyptiens
tères de son origine , de ses expérien- au nombre des peuples étrangers re-
» , de son perfectionnement. présentés dans un des plus anciens
•
La nation égyptienne n'était pas tombeaux de la même ville; enfin, les
seuîe au monde dans ces temps si ré- certitudes historiques dans les annales
cite pour nous : à ia même époque de la Chine remontent à plus de six
Ét grands empires se partageaient les siècles au-dela des temps de la restau-
ferres et les mers de l'Orient; tous, ration de la monarchie égvptienne , '
que au plus haut période de sa splen- trent sous mille formes diverses ; les
deur, elleconfondit sa gloire avec ses chevaux etd'autres animaux y sont dans
oriîines monuments de style égyp-
; les la domesticité de l'homme ; des chars
tien et de la domination royale de guerre , de riches costumes , des
égyp-
tienne jalonnent encore en Ethiopie villes fortifiées, des ponts jetés sur
*n espace de quatre cents lieues, en des rivières dans le pays où la victoire
remontant le T\il au midi de la eata- a conduit l'armée et là flotte du Pha-
nrte de Syène. Dans le sanctuaire de raon, annoncentdans le paysocrupé par
^emné, au sud de la seconde cataracte, ces Indiens toutes les ressources d'une
If roi Osortasen , le troisième de la civilisation non moins avancée que
XVir dynastie égyptienne, est adoré celle de l'Kgypte, et on ne saurait re-
ff'mme un dieu. Les noms d'Amosis fuser à l'Inde les temps historiques
sixième roi de la même dynastie
te révélés par ces rapprochements.
* le prédécesseur immédiat de la A Babylone, les règnes de Bélus
XVIIr, sont inscrits dans les bas- et de IVinus étaient déjà anciens; Sé-
religieux du même temnle. Ce
rrîiefs miramis était morte depuis plus d'un
MThouthmosis III, le Mœris ae cette siècle; depuis le même temps les mer-
"réme XVIII e dynastie, qui consacra veilles de Babylone , ses riches palais
« temple au dieu iNil et au roi Osor- ses innombrables canaux, ses ponts
Wsen, l'un de ses ancêtres divinisé. et ses quais , annonçaient la splendeur
O même Thouthmosis éleva d'autres de l'empire ; cette reine illustre av ait
«lifices royaux et sacrés à Contra- élevé de vastes édifices dans la Médie
^wné, à Amada, autres lieux de la dans l'Assyrie, étendu sa puissance
-Nubie ; et ces témoignages historiques au-delà des sources du Tigre, et fondé
nous disent assez l'état avancé de l'fi- dans la Grande- Arménie, à cent cin-
thiopie et de l'Egypte dans une civili- quante lieues de Babylone , cette ville
^tion analogue, qui fit Thebes d'abord de Semiramacerte (là v ille de Sémira-
^ale et ensuite héritière de Méroé. mis), dont l'existence a paru fabu-
pans l' Asie orientale , l'empire chi- leuse malgré les rapports des écrivains
nois en était déjà alors, et depuis plu- grecs et orientaux , jusqu'au moment
81 ws siècles , a cette civilisation d'a- où des découvertes toutes récentes ,
dultes, qui n'était pas prédestinée à faites sous les auspices de la France
k tïrilite, et la Chine n'était vrai- ont fait retrouver sur les bords du lac
semblablement pas inconnue à l'E- de Van l?s ruines étendues de cette
^"pte quelques débris de l'industrie
; ville, de ses châteaux, et les vastes
chinoise ont été recueillis sur le sol do syringes qui furent creusées dans les
Thèbes, dans des fouilles profondes; flancs de la montagne, et qui sont
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L'UNIVERS
encore tapissées de nombreuses in- A Méroé, la théocratie arec ses <w
scriptions en caractères cunéiformes brageuses exigences , et autour d'cll
comme ceux des inscriptions de Baby- des peuplades de pasteurs indompU
lone, et en style assyrien. C'est là en- et vagabondes.
core un synchronisme très-significatif En Chine, l'égalité civile ouvrant
pour la civilisation égyptienne, comme tous, par la voie des lettres, par la pr
aussi de celle de Babvïone, qui eut, motion et le mariage, l'accès aux pr
bien des siècles après, les Chaldéens et mières charges de l'état et la parti*
les Perses pour héritiers de sa splen- pation à un pouvoir essentielleme
deur et de sa puissance. despotique par sa vétusté, de sa n
Les villes de la Svrie se confédé- ture imperfectible.
raient du temps de Moïse ; leur fon- Dans l'Inde, l'inertie flegmatiqi
dation , leur puissance remontaient à des masses les précipitant dans c
des époques antérieures; les courtiers éternel et contemplatif repos auqu
universels du commerce de l'Orient, un pouvoir mi-parti civil et religiei
les Phéniciens, les avaient fondées, les condamnait pour sou propre a va
enrichies et agrandies; ils fréquen- tage.
taient toutes les régions alors con- A Babylone, la tyrannie du roi <
nues , les cotes de l'Egypte sur la celle des satrapes s'appropriant av<
mer Rouge et la Méditerranée; des une ardeur rivale une domtnatîo
manuscrits phéniciens ont été trouvés hiérarchiquement tyrannique, esse*
mêlés avec des papyrus de l'Egypte. tiellement féodale, de laquelle depei
Ainsi , pendant que l'Kgj pte renais- daient, corps et biens, et les provinces
e
sait à son ancien état avec sa XVIII et les cités, et les individus.
dynastie, et couvrait de nouveau le A Tyr, à Sidon, au contraire, la dé
sol de ses villes de monuments où se mocraiie commerçante, des rois inar
déployait à l'envi le luxe de tous les chauds, et des marchands pour rois
arts ; 'autour d'elle , de près et de loin, population à oui le tarif des bénéfice;
le même avancement de Y intelligence tenait lieu d'esprit national ; qui
humaine, dirigé et soutenu par la animée d'un patriotisme de comptoir,
pratique des arts , se montrait dans fondait de nouvelles cités ou créait de!
les habitudes sociales , dans les cou- rois nouveaux sous les inspirations d<
tumes de paix et de guerre de plusieurs monopole , et que les satisfactions in«
des nations de l'Afrique et de l'Asie ; satiables du pouvaient seule*
lucre
en même temps se montraient aussi éloigner de l'émeute et des séditions ;
les premiers rois hellènes dans notre misérable clientelle pour tout gouver-
Europe; en tous ces lieux divers à la nement sage et prudent, et qui sait
fois le génie de l'homme accomplit par que l'homme, nativement doué de
sa culture sa divine destinée; l'or et sentiments plus impérieux que l'ab-
la puissance se montrent partout, mais jecte passion des intérêts, cherche ail-
à F Egypte seule le privilège de la sa- leurs que dans les races carthaginoises
gesse dans (es lois , et comme l'a dit les inspirations du patriotisme et les
Bossuet, «les exemples de toule bonne liens des devoirs civiques.
police ; » réalisés en effet par la com- A l'Egypte donc appartient légiti-
binaison en un pouvoir unique d'in- mement cette renommée de science et
fluences diverses , rivales, mais réci- de sagesse que lui fit unanimement l'an-
proquement restrictives , et forcément tiquité classique tout entière; elle est
dirigées par la puissance de l'habitude, confirmée par l'idée sommaire que
l'influence de l'opinion et l'effet des nous venons de donner de ses institu-
franchises réservées aux castes populai- tions sociales, des droits et des devoirs
res, vers le bien général , le culte des qu'elle avait faits à la royauté.
dieux et la dignité humaine.
Rien de pareil n'exista dans les ci- XIV. DE LA CLASSE SACERDOTALE.
vilisations contemporaines. On sait déjà , nous l'avons dit , que
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ÉGYPTE.
lacaste sacerdotale était, à proprement vivre, parce que le roi leur faisait dis-
parler, la partie instruite et savante tribuer du bled tiré des greniers pu-
de la nation. Elle était spécialement blics. Il est donc certain , par cette
vouée à l'étude des sciences et au curieuse et antique relation , que,
progrès des arts ; elle était chargée en avant l'invasion des pasteurs, ou
oatre des cérémonies du culte, de hyk-shos, c/est-a-dire , plus de deux
l'administration de la justice, de ré- mille ans avant l'ère chrétienne . la
tablissement et de la levée des impôts, caste sacerdotale était dotée de pro-
invariablement fixés d'après la nature f>riétés territoriales ; ce ne furent pas
et l'étendue de chaque portion de ter- es pasteurs qui imaginèrent ce moyen
rain mesurée d'avance; enfin, de toutes de conservation et de perpétuité pro-
les branches de l'administration ci- pre en Egypte au premier corps de
vile. l'état, ils respectèrent seulement un
Souveraine dans la primitive orga- usage consacre par les lois et par le
nisation de l'Égypte, en passant au temps ; ils le respectèrent dans les con-
second rang, lorsqu'une révolution jonctures les plus favorables à leur es-
l'obligea de céder premier au roi
le prit de conquête , et l'influence de la
créé par la caste militaire, elle con- caste sacerdotale explique
suffisam-
serva néanmoins la plus grande partie ment les ménagements qui furent
lui
de son influence ,
et, sans doute, parce alors accordés. I n autre privilège pa-
qne cette influence avait été fondée rait avoir été des l'origine concède en
dès foristine , sur de vastes possessions même temps à la caste sacerdot le ; ses
t rritoriales et sur de grands privilè- propriétés étaient exemptes d'impôt ;
ges. La caste sacerdotale était consti- toutes les terres d'Egypte, selon l'his-
tuée en effet sur le principe qui , dans toire précitée, furent taxées, au pro-
toute organisation sociale, porte avec fit du lise royal , au cinquième
lui, et lui seul, des éléments» immua- de leur produit*, excepté encore les
bles de solidité et de durée , sur la terres sacerdotales, qui furent libres
propri«Hé territoriale. Durant le règne de tout impôt sous les rois pasteurs.
des pasteurs, et de la XV! f dynastie Elles l'étaient auparavant sans doute;
des Pharaons, une famine ravagea et nous tirons notre pensée de l'uni-
TÉsypte. Ce
fut pendant le ministère formité des institutions égyptiennes
de Joseph , et l'on peut croire à une pour toutes les époques, car il en était
famine dans le pays le plus fertile ainsi du temps de l'annaliste que nous
mais où la certitude des récoltes repo- consultons : « Depuis ce temps ( de-
sait sur la régularité des inondations puis Joseph; jusqu'à ce jour, dit
du fleuve, et l'entretien régulier des Moïse, deux siècles après Joseph, on
canaux, en un mot, sur les soins at- paya au roi dans toute l'Egypte le
tentifs et expérimentés de l'adminis- cinquième du produit des terres, et
tration publique, puisque cette admi- ceci est comme passé en loi ; excepte
nistration et le gouvernement du pays les terres sacerdotales, qui sont affran-
appartenaient à une horde de barbares chies de cet impôt. » Les temples, c'est-
conquérants, incapables de prévoyance à-dire caste sacerdotale, jouissaient
la
p t ignorants de tout précepte d'ordre donc en Egypte de cette perpétuité de
social. L'histoire biblique de cette fa- possession et de revenus qui , s'ils s'é-
mine nous apprend que Joseph acheta lèvent à un taux considérable, sont
avec ses blés de réserve toutes les un moyen certain d'autorité et d'in-
propriétés particulières et fit ainsi le fluence', moyen dangereux pour l'or-
roi maître de toutes les terres de l'É- dre public, conservation des famil-
(a
pvpte, excepté, dit la Bible, les terres les, la prospérité de l'état, et contre le-
des prêtres qui leur avaient été don- quel tant d utiles exemples, consignés
,
ijws par le roi ; et les prêtres, ajoute dans l'histoire ancienne et moderne
l'historien furent dispensés de l*o-
. ont consacré une résistance nécessaire.
Wigation de vendre leurs terres pour La splendeur des temples et la pompe
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sa L'UNIVERS.
des cérémonies religieuses prouvent as- seigneur du monde , soleil
sez que le sacerdoce en Egypte posséda de la région inférieure, approuvé r
de grandes richesses ; et S est certain Phtha, Fils divin du soleil, seigneur
que le produit des terres n'en fut pas des contrées, Rhamsès chéri d Am-
la source unique. mon, divin président » titres officiels
,
11 nous est parvenu des registres de Rhamsès V, qui est aussi un des i
originaux des recettes faites dans les rois Rhamsès de Manéthon ; et c'est
temples , et ce n'est pas sans preuves dans ce même registre qu'on trouve
qu'on peut affirmer que ces recettes mentionné parmi les contribuables,
comprenaient des produits autres que un individu appartenant à la demeure
les revenus des domaines sacerdotaux; du roi divin , un habitant
c'est-à-dire
des redevances diverses étaient payées du palais bâti par un autre roi à Thè-
en nature aux temples de l'Kgyptê; la bes. I n autre ue ces registres de comp-
piété des citoyens ne pouvait pas rester tabilité, tenu par le scribe IMandou-
stérile, etlà 'où les métaux monnoyés mès, est presque sans lacunes pour
n'existaient pas, les produits de la cinq mois consécutifs; il y a aussi
terre ou de l'industrie devaient être parmi les personnes qui ont" payé leur
les seules valeurs habituellement en tribut , un nommé Natdi - Amoun ,
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EGYPTE.
Le texte de l'inscription de Rosette était considérable ; que sur le cercueil
sous donne, en effet, sur l'état légal de ces momies , plus ou moins riche-
If la caste sacerdotale et l'administra- ment traitées, étaient écrits, comme on
ion des tmples, une foule de rensei- le voit sur tous les cercueils connus, le
i cments du plus haut intérêt. Outre nom et la filiation du défunt. Dans les
*irs revenus propres , les temples bas temps on attachait même au cercueil
créeraient encore, sur les autres pro- une tablette en bois où ce nom et
priétés territoriales , des taxes en blé cette filiation étaient également écrits.
t en argent sur les terres laboura- Ainsi arrangées , ces momies étaient
is, et des taxes en nature sur la vi- mises en chantier dans les tombeaux
ne et les prairies. On ne peut énu- creusés dans la montagne , et où l'on
mer au juste les diverses sources de voit encore de ces momies empilées
induits sur lesquels reposait la ri- par milliers; les prêtres avaient la
Irese des temples ; mais les prêtres propriété et la police de ces funéraires
?uent habituellement les rois d'avoir habitations , et toutes les momies qui
•ourvu par leur autorité à ce que les y étaient déposées payaient chaque
r r'its des temples fussent maintenus année un droit fixe , dont le produit
le pays selon les anciennes lois tendait continuellement à s'accroître.
t l'on doit comprendre sans peine que Il existe des contrats qui rendent té-
* lois étaient d'autant plus sacerdo- moignage de ce fait , et qui nous ap-
ces au elles étaient plus anciennes, prennent encore que les prêtres ven-
t pria plus empreintes de la primitive daient pour un certain nombre d'an-
•lUsanee de la caste. Les temples per- nées les droits à percevoir dans di-
daient donc des droits sur les cho- vers tombeaux , à une espèce de fer-
es et sur les personnes; la dévotion mier général qui sous-traitait avec
ta rois, influencée par les prêtres, d'autres fermiers pour un ou plusieurs
w manquait pas d'y ajouter encore tombeaux en particulier; et dans un
t des dons fréquents et considéra- contrat, on trouve la liste nominative
nts; c'est encore les prêtres qui nous des momies qui, dans chaque tombeau,
[prennent par leurs louantes en payaient annuellement ce droit de
"honneur des rois qui ont fait beau- gîte. C'est ainsi que les vivants et les
oupdedons aux dieux de l'Egypte, morts concouraient également à en-
RB animaux sacrés , leur symbole vi- richir les temples et au maintien de
^nt: qui ont pourvu magnifiquement la puissance sacerdotale, dotée à la
• leurs funérailles , aux frais des sneri- fois par la loi, par la piété des rois et
i es, des solennités qui se célébraient des citoyens.
hns les temples; qui ont élevé des tem- Il est à remarquer, cependant, que
>!' S ou des chapelles, agrandi
,
décoré, le lise royal percevait alors sur
nrichi d'or et de pierres précieuses les temples* des impositions de plus
*nx qui existaient déjà ; et c'est pour d'un genre, et ce droit n'était, peut-
,f>
u> ces bienfaits rue les dieux ac- être, dans l'intention du législateur,
ordaient aux rois par la bouche des
,
qu'un moyen de modérer, au gré de
prêtres, la santé , la victoire , la force I autorité * publique , l'accroissement
tous les autres biens qu'ils pouvaient des richesses d une caste toujours
désirer. puissante par son influence morale;
Il faut mettre aussi au nombre des la bienfaisance des princes; et la raison
revenus des temples perçus par les vi- d'état prescrivant sans doute, selon les
vants, les redevances établies sur les temps, ou de rigoureuses perceptions,
usorts: résulte de diverses données
il ou des remises entières ou partielles.
authentiques, que, dans la Thébnïde, Il résulte en effet de diverses don-
ja momies qui n'avaient pas un tom- nées historiques, tirées de monuments
beau particulier, étaient déposées authentiques et notamment de l'in-
,
datis un tombeau commun à toute une scription de Rosette , que les temples,
tille, ou à tout un quartier, si la ville entre autres contributions au fisc royal,
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00 L'UNIVERS.
lui livraient chaque année une certaine le droit que les prêtres payaient
quantité de toiles de byssus , et il ar- être inities aux mystères. Cette
riva qu'à l'occasion de son couronne- tiation n'était vraisemblablement
ment « Ptolémée Épiphane Gt aux tem- l'avancement successif des néopbj
ples de rÉçvpte la remise non-seule- dans les divers degrés de la ni'
ment des toUes qu'ils étaient en retard sacerdotale, d'où il faudrait
de fournir depuis huit ans, mais en- plusieurs faits également rei
core celle des indemnités que le fisc blés , savoir : que l'avancement
pouvait réclamer pour une portion de l'ordre sacerdotal et la promotion
ces toiles qui , avant été fournies , se fonctions supérieures étaient n
trouvaient inférieures à l'échantillon : par une loi de l'état; que Pau toi
et ceci est une donnée curieuse , en ce royale intervenait dans 1 exécution
au'elle autorise à croire qu'il y avait cette loi, et que le lise percevait
dans ces temples des manufactures de droit sur les promotions : singuli<
toiles de byssus, et peut-être encore organisation qui a précédé de de
d'autres objets dont la consommation, mille ans le régime actuel de certain
comme celle de ces toiles, était con- classes sacerdotales qui tiennent au<
sidérable dans la caste sacerdotale. Les leur pouvoir et leur promotion
temples payaient aussi au lise une con- l'autorité civile , en reçoivent une d
tribution annuelle en blé et une au- ration nécuniaire, et la faculté de pc
tre en argent; Ptolémée Épiphane leur seder des propriétés territoriales a
eh fait aussi la remise pour les huit sont soumises à la loi générale u
premières années de son règne, quoi- contributions publiques.
que ce qui était du" formât , dit l'in- L'autre coutume singulière que ne
scription , une valeur considérable. La avons à signaler est l'obligation
ligne suivante de ce précieux monu- étaient tous ceux oui appartenais
ment nous apprend que les terres sa- aux tribus sacerdotales , de faire U
crées payaient aussi annuellement au les ans un voyage par eau à Alexandrie
trésor royal une artabc pour chaque Le nom de cette ville pourrait fai
aroure dé ces terres, et une amphore supposer que cette obligation impos
de vin pour chaque aroure de vigne, aux membres de tout rang de la cai
ce qui est évalue à un peu plus de six sacerdotale était une innovation il
anciens boisseaux de blé, ou outres traduite par les Ptolémees, en M
pains, pour un journal de terre la- moire peut-être d'Alexandre, fonda
bourable , et à environ trente-six de teur de la monarchie grecque e\
nos anciennes pintes de Paris \mir Égypte ; mais on ne saurait où trouve
un journal de vigne. la preuve d'une telle innovation ou (1
Deux autres obligations, imposées toute autre de cette importance faiU
au profit de la couronne sur la caste en Kgypte par les Ptolémees. A l'exern
sacerdotale, paraissaient un peu étran- pie d'Alexandre , ils respectèrent , ili
ges, et feront juger avec certitude du continuèrent les anciens usages de <*
degré de supériorité auquel la classe pa\ s ; et si sous les Ptolémees les prê-
militaire, d'où était tirée la famille tres étaient tenus de faire tous les ans
royale , était parvenue à l'égard de la un voyage par eau à Alexandrie,
caste sacerdotale, primitivement en c'était sans doute par suite d'une au*
possession d'une si haute prééminence cienne loi qui obligeait les membres
sur tous les autres ordres de l'état. du corps sacerdotal à se rendre une
Pour l'initiation aux mystères , chaque fois par an dans les capitales du royau-
prêtre payait un tribut au roi. me , Thèbes, Memphis et ensuite
Nous lisons en effet dans l'inscrip- Alexandrie; là était le grand-prêtre,
tion de Rosette que Ptolémée Épi- le centre de l'union et de la discipline
phane abaissa au taux anciennement en religieuse , l'autorité qui jugeait, qu*
usage, et tel qu'il était établi à la pre- conseillait, la source des promotions»
mière année du règne de son père, des récompenses et des faveurs. L'his*
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ÉGYPTE. 91
M donne aucune explication des leur autorité. Dans les bas-reliefs his-
dc la loi qui ordonnait ces voya- toriques, les Ptolémées et les empe-
à une caste très-nom- reurs romains se montrent dans des
autre conjecture sur ce
toute cérémonies publiques pareilles à celles
Hjft serait oiseuse ; il en résulte seu- où les monuments contemporains des
fenw»fit une preuve de plus de l'autorité plus anciens Pharaons connus nous
<te lois civiles sur la classe si puis- montrent ces mêmes Pharaons s' incli-
sant* des prêtres de l'Egypte, et, on nant devant la majesté divine person-
peut k dire, du perfectionnement suc- nifiée par les prêtres de divers ordres;
«sif des formes d'un gouvernement et jusqu'aux derniers temps de la
fii avait su conciiier en des points monarchie égyptienne, le monaroue
fe-importants l'autorité et l'obéis- appelé au trône par sa naissance tut
*ace, r usage de certains privilèges intronisé et sacré a Memphis, dans une
Hec accomplissement d'impérieux
1"
assemblée générale de Tordre sacer-
Avoirs ; habile enchaînement de fran- dotal, convoquée |>our la proclama-
chises spéciales à chaque caste et tion du nouveau roi. Dans tous les
Cane commune dépendance de l'auto- temps aussi de la monarchie, les rois
nie aes
rité des lors,
lois, qui savait a lois sou
à la fois sou- ne cessèrent uede travailler a l'édifica-
;ïedilica-
I
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92 L'UN]
ravager ou le détruire. Il a
riaient le cerdotal vivaient avec les enfants do
eu aussi ses mauvais jours. monarque, et remplissaient ainsi au-
Ainsi constituée sur ia possession près du roi lui-même les fonctions les
territoriale, la caste sacerdotale tout plus relevées dans le service du palais.
entière était comme une famille pos- L'alliance des rois et des prêtres était
sédant un vaste héritage, transmissible, intime comme celle de la royauté avec
selon des conditions connues, à ses le sacerdoce : pouvoir un "autrefois,
divers membres de génération en gé- et qu'une révolution avait divisé en
nération. C'est ce droit d'héritage de deux parties intimement adhérentes
la terre qui rendait obligatoire l'héré- pour leur commune utilité, maïs que
dité des fonctions, parce que la nature des intérêts rivaux devaient empêcher
de ces fonctions déterminait la part de jamais se confondre.
cohéréditaire afférente à chaque mem- L'organisation symétrique du culte
bre de la famille : c'est sur ce principe public multiplia , au gré d une popula-
fondamental que repose toute la con- tion essentiellement religieuse , les
stitution de la caste sacerdotale égyp- temples et les lieux sacrés ; l'habitation
tienne. des morts était aussi de ce nombre ;
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ÉGYPTE.
pauvres d'esprit les
les genre de maladie; c'était un moyeu
martyre, ou les plus
du de la mieux connaître , et de la guérir
emplois. Ceux-ci n'étaient s'il était possible. Quoique non pres-
sans doute ni les prêtres savants en- crite par les lois , cette spécialité n'est
seîgnani dans les écoles des temples pas étrangère aux sociétés modernes
les sciences , les arts , les lettres et les plus belles réputations médica-
b musique , le dessin , la cosmogonie, les sont , en général , fondées sur ces
a physique , l'histoire naturelle , la spécialités. Puisqu'elles étaient de rè-
rcimon et la morale ; ni des prêtres gle en Egypte, il faudrait voir dans
adnûnistrateurs des finances, chargés cette loi une nouvelle preuve de cet
de la repartition et de la levée des im- esprit de prévoyance, ou de régula-
pôts; des prêtres administrateurs
ni risme si l'on veut , qui avait fait trou-
de la justice
, interprétant des lois , et ver en Egypte des prescriptions im-
jugeant au nom du roi toutes les con- muables pour les nécessités les plus mo-
testations civiles et criminelles. Les biles des sociétés humaines. Avec la
membres de la caste sacerdotale étaient sévérité du régime imposé à la nation
donc dans le plus intime rapport avec tout entière, il est possible toutefois
tous les intérêts individuels, et les qu'il y eût en Egypte plus de constance,
intermédiaires inévitables entre Dieu plus d'uniformité dans la série an-
et les hommes , entre le roi et les ci- nuelle des faits physiques et physiolo-
tovens. Leur concours aux affaires pu- giques, dans l'état, conséquemment, de
bliques n'était pas moins constant la santé publique , et qu'elle lût ainsi
ni moins nécessaire ; l'esprit reli- à l'abri de ces importations pestilen-
gieux de la nation mêlait à toutes tielles qui rendent si variable l'état
ses actions l'iuvocation des dieux ; annuel de nos populations dans nos
dans la paix et dans la guerre , dans contrées, que rien ne préserve d'un
famille etdans la cité , à la retraite mélange universel et d une commu-
des eaux de l'inondation, à l'ouverture nauté réelle de biens et de maux. La
des sillons pour la semence des grains, variété et l'influence proportionnelle
a la récolte des fruits de des maladies pouvaient donc être ap-
terre , lesla
d'eux apparaissaient par
les prêtres , proximativement connues en Égypte,
dirigeaient les décisions les plus im- et l'administration sacerdotale \ qui
portantes, ou sanctifiaient
, par des avait sous sa main le collège de mé-
témoignages de leur satisfaction, la decine, pouvait régler chaque année
possession des fruits dont ils avaient le nombre des médecins à admettre et
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L'UNIVERS.
et l'expérience des conseils plus cer- Après
la retraite des
taine. Cetteimmense et merveilleuse laterre est couverte du limon
inondation du Nil, revenant tous les a déposé, et de la dépouille des
ans même jour, laissant pendant le
le maux de toute espèce que l'inondât/*
même espace de temps l'Egypte sous a submergés. L'élévation de la ter
les eaux, inculte et stérile, et sa po- pérature , après la retraite Piidu
pulation vagabonde sur une mer de dessèche tres-vite ce limon , et I
quelques mois; la retraite des eaux matières animales, après un long s
donnant au pays une surface nouvelle jour dans l'eau . tombent promi
et à la race humaine qui l'habitait une ment en putréfaction ; l'air en
activité que rien n'arrêtera plus que le corrompu , et la peste frappe et
retour inévitable du même phénomène; sonne la population imprévor.
cette régularité, cette prédestination Ordinairement les pestes les* pit
providentielle, imprimaient infaillible- meurtrières suivent les plus fort*
ment au caractère de la nation, des inondations ; les eaux s'élèvent en e
habitudes d'ordre et de prévoyance fet davantage dans les terres f atte
qui prennent rarement au cœur de gnent les cimetières sur des hauteur
nos populations mobiles et légères, où le volume du fleuve l'a fait parv<
impatientes de tout frein social, am- nir ; il y a donc plus d'inondation
bitieuses d'indépendance et considé- plus de matières animales en putréfai
rant le travail comme une obliga- tion plus de peste et plus de morte
,
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ËGYPÎE.
rions , et l'eau la plus salubre de l'u- notions sur l'histoire de la cruelle épi-
nivers. démie si commune dans le levant: sou-
L'histoire des pestes et des épidé- haitons avec lui que Mohamed Ali
mies observées depuis le sixième siè- éclairé par les conseils de notre savant
cle de l'ère chrétienne jusqu'à la fin philantrope, applique sa volonté tpute
du dix-huitième , est unanime sur un puissante à la destruction de ce fléau,
point : toutes lespestes , les véritables et imite en cela ( antique prévovance
pestes qui ont affligé l'Orient et l'Oc- des Pharaons : l'Europe serait recon-
cident, sont venues d'Égypte; l'É- naissante d'un tel bienfait, et la France
gypte est le pays natal de la peste ; cha- serait heureuse de l'avoir inspiré.
que année elle en éprouve les cruelles C'est aussi dans les sanctuaires que
atteintes; cependant la peste fut in- les sciences exactes étaient spéciale-
connue à l'antique Egypte , durant une ment étudiées, perfectionnées, et qu'on
longue série de siècles. Que s'est-il en recherchait attentivement les appli-
donc passé en Egypte dans ce long cations d'une utilité générale. Les as-
intervalle, pour qu'a tant de bien ait tronomes étaient aussi des prêtres ; et
succédé un si meurtrier fléau , depuis les vastes plates-formes des temples
te sixième siècle de notre ère? C'est servirent uobservatoires. Il est cer-
depuis ce même siècle que l'usage et tain, en effet, mie les Égyptiens ob-
l'obligation de momitier les morts ont servèrent assidûment l'ordre des phé-
cessé : les Pères du désert qui prê- nomènes célestes , et le connurent avec
chèrent le christianisme sur les bords toute la précision qu'exigent les usages
dû Nil, et saint Antoine surtout, qui communs de la société. L'explication
mourut en 356 , défendirent à grands de l'inégale durée des jours , des phases
crisaux nouveaux chrétiens , et sous de la lune , des éclipses , celle des mou-
les peines de la damnation éternelle, vements apparents des planètes, enfin
d'imiter les Daîens
leurs ancêtres
, l'étude de tous les principes fonda-
qui embaumaient cadavres de leurs
les mentaux de l'astronomie , composaient
parents, et les entouraient de signes une science réelle, qu'on s'attacha sur-
et d'ornements diaboliques; on écouta, tout à consacrer à l'utilité publique.
on suivit ces pieuses et ignorantes Elle fut mêlée intimement avec la re-
prédications répétées pendant un siè- ligion, et elle fournit au gouvernement,
cle : on ne lit plus ae momies , et dans ce pays où les phénomènes phy-
Tannée 543 est la date de la première siques se renouvelaient annuellement
peste à bubon que l'Egypte donna au avec une merveilleuse périodicité, plus
monde; elle ravagea l'Europe pendant d'un bon précepte pour une adminis-
un demi-siècle , et tous les ans , après tration éclairée et prévoyante. La suite
ta. retraite des eaux de l'inondation, des observations leur lit connaître que
rKçypte en éprouve les effets plus ou le lever des mêmes astres cessait,
moins meurtriers , plus ou moins con- après l'intervalle de plusieurs siècles,
tagieux pour les nations voisines; et de correspondre aux mêmes saisons ,
il n'y a jamais de peste dans la Haute- et ils avaient remarqué ce déplacement.
Kçypte, dans la partie du pays la plus Ils avaient divisé le ciel en constel-
chaude cependant, parce que le Nil, lations ; leurs noms et leurs ligures
encaissé dans la vallée, n'inonde pas avaient des rapports certains avec le
les terres riveraines, ne submerge pas climat de l'Éeypte. L'institution du
d'animaux , ne laisse pas après lui , en zodiaque fut leur ouvrage , et elle re-
se retirant , de germes d'un homicide monte à des époques antérieures à l'an
fléau. deux mille cinq cent avant l'ère chré-
C'est au docteur Pariset qu'appar- tienne. Le calendrier civil était réglé
tient opinion dont on
l'ingénieuse alors et le cycle sothique établi. L'an-
ient de motifs: il a exnliqué,
lire les née était composée de 365 jours, di-
je crois
, l'origine de la momification visés en 12 mois de 30 jours chacun ,
en Égypte, et recueilli de précieuses suivis de cinq jours épagomènes ou
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96 L'UNIVERS.
complémentaires. Alors aussi existait Mars, Jupiter, Saturne, et la u
la semaine, ou période de sept jours, en continuant d'en suivre la série;
l'un des plus antiques vestiges de la troisième jour était nécessaireim
civilisation, période d une certitude celui de Mercure , puisque la
sans égale , et qui ayant pour unique nète de Mercure était la premiï
élément le jour, permet de remonter quatre qui, dans Tordre de <
le nombre des jours de la semaine fut saient tout juste tableau des
le
tiré du nombre des planètes alors con- nètes après quatre roulenu
nues, et qu'on donna aux jours de la cutifs et
; il est a obs
semaine les noms de ces mêmes as- arriverait au même ordre dai
tres. Il est certain du moins que nominations des jours de la
l'antiquité classique nous a conservé et au même épuisement im
cette période ainsi constituée; et si tableau des planètes, 24 fois
l'on se demande pourquoi cette appa- affectant une planète a chaque
rence d'arbitraire, ou ce signe d'igno- du jour divisé en 24 parties ai
rance peut-être, qui se manifeste dans (î, selon une autre opinion
nui ne sont pas rangés dans l'ordre dre rétrograde des sept plani
des planètes selon la durée de leurs ré- viennent d'être nommées. (
volutions, c'est à l'Egypte que nous sur cet ordre que repose un de^ u-
demanderons la solution de ce singu- le plus universellement répandus, la
lier problème ; et nous apprendrons inaine, et peut être le seul dans
nue de noire temps, comme dans ceux sociétés modernes, qui ait pour |i
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EGYPTE.
zodiaques actuels,et de leur expression des temples ou des tombeaux en Haute-
chronologique, s'accréditèrent difficile- Kgvpte , a reconnu qu'en Tannée ju-
ment, malgré la science profonde de lienne 3285 avant l'ère chrétienne , les
Hilustre Fourier, dont l'esprit supé- Égvptiens avaient déterminé dans le
rieur et l'habileté de critique devaient ciel la vraie position de l'équinoxe
«pendant recommander les jugements. vernal, du solstice d'été et de l'é-
L'antiquité extraordinaire de la civili- quinoxe d'automne ; de plus , que 1 506
sation égyptienne était encore une ans plus tard , en 1 780 avant la même
opinion trop nouvelle , elle dérangeait ère , ils avaient reconnu que ces points
aussi trop d'avis contraires bruyam- primitifs s'étaient considérablement
ment énoncés avec plus ou moins de déplacés; enfin, que les Égyptiens ont
conviction, pour qu elle se put établir exprimé ces deux états du ciel sur leurs
sans contradicteurs, et il ne lui en man- monuments. M. Biot emploie en ces
qua point. Mais de nouvelles recher- curieuses recherches celles par les-
ches devaient les confondre, et on quelles Champollion le jeune , dans
n'en trouve presque plus aujourd'hui son Mémoire sur la notation graphi-
que contre ceux qui refuseraient à l'K- que des divisions civiles et astrono-
svpte autant de science et autant de miques du temps, avait prouvé par
siècles qu'il plaît à ses partisans de lui les monuments que l'année vague
en accorder. égyptienne, composée de 12 mois
Nous ne signalons pas ici une versa- dé* 30 jours et de 5 jours épagomènes
de plus dans les opinions de no-
tilité s'écrivait depuis la plus haute anti-
tretemps , mais un progrès , et il est quité sur les monuments par des signes
aujourd liui permis -d'exposer, de dé- qui la partageaient en trois saisons
montrer, de soutenir au sein même la végétation, la récolte et l'inonda-
des académies, la science et l'anti- tion. A chacun des douze mois était
itéde TÉgypte, les grandes actions attaché un personnage divin qui v pré-
ses rois , les grands travaux de ses sidait: parmi eux, Champollion faisait
artistes, les grandes découvertes de reconnaître les emblèmes des deux sol-
ses astronomes. L'un des plus savants stices et de l'équinoxe vernal; et
de notre époque, M. Biot, a porté M. Biot a fait voir que la répartition
au -delà de toute prévision la révéla- de ces emblèmes s'accordait très-exac-
tion des notions astronomiques dont tement avec les phases correspondan-
on ne peut refuser aux Égyptiens la tes de l'année solaire vraie , dans les
parfaite connaissance ; et il conlirme trente ou quarante siècles qui ont pré-
ainsi ce que Fourier avait publié, que cédé notre ère. Toutefois , l'année va-
les antiquités astronomiques observées gue était plus courte que cette année
enÉgypte faisaient remonter l'institu- vraie; la notation écrite de la première
tion de la sphère égyptienne, fruit d'ob- ne coïncidait plus avec l'état réel de
servations antérieures , au 25* siècle la seconde ; la différence s'accroissait
avant l'ère chrétienne; qu'ils en avaient tous les jours jusqu'à ce qu'elle eilt
ensuite observé les déplacements, et amené une nouvelle coïncidence entre
que des monuments subsistants por- les phases écrites et les pliases réelles.
tent des témoignages évidents de Ceci arrivait après un intervalle de
(*tte observation. Avec les formules 1505 ans juliens. Os
coïncidences
établies par les géomètres pour repré- appartiennent aux années 275 ,1780
senter les mouvements planétaires , et 3285 avant l'ère chrétienne; M. Biot
pour en reproduire les phénomènes et a reconnu celle de l'an 1780 comme
pour reconstruire l'état des cieux pour figurée au Rliamesseum de Thèbes,
une antiquité quelconque, M. Biot, différente, comme elle doit l'être,
interprétant les représentations astro- de celle de l'an 3285; distinction bien
nomiques dont Champollion le jeune a intentionnelle, conséôuemment obser-
recueilli les dessins dans les tableaux vée , et qui donne à la plus ancienne
historiques ou religieux qui décorent le caractère d'expression primitive, et
''livraison. (Kgypte.) 7
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L'tmivtàs.
permet de rapporter à la meïne épo- rrage ; mais la date des deux plurs ai
que l'institution originelle du calen- est encore postérieure de 12
drier civil dont l'Ktfvpte aura ainsi de 18 mois à celle de l'éciipse préc
té l'image pendant quatre mille tée ; il ne nous est donc parvenu i
l'Asie , par les Grecs que des notioi
,
Ceci est bien l'ueuvredes membres de qui ne remontent pas au-dela du VII
la caste sacerdotale charges de l'ob- siècle avant l'ère chrétienne. Mais 1
servation du ciel , et les recherches du annales de la Haute- Asie nous so
savant astronome moderne tendraient inconnues; la puissance des grain
à prouver que les anciens remplirent empires qui occupaient cette vas
*4 • 4* V* Alt A I,...— ^JV. / ,, lU>* Mil»
a
uigneinent leur oiuee. L. est a eux
0%
contrée semblera toujours inséparab
aussi que d'autres savants, nos con- de la pratique des sciences et des ar
temporains , ont attribué les noms et de la civilisation. H n'y pas de suppe
les ftgures des constellations, déter- table division du temps pour les usa
g
minés par leurs rapports avec le climat civils sans une astronomie fondée si
de i'Kgypte et ayant pour objet d'an-
, quelques théorèmes de géométrie ;
noncer l'ordre des saisons parles levers I usage de quelques instruments él
île ces constellations , au commence- mentaires leur put suft re pour ci-
de la nuit. Mats Ton ignore si observations d'éclipsés. Les prêtres <
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ÉGYPTE. 99
peuples, observent aussi les lois et mie; et cette erreur remonte en effet
le mouvement des astres , et conser- à une très-haute antiquité, selon les
veot une série d'observations qui re- rapports de quelques écrivains assez
montent à un nombre incroyable d'an- renommés , et les recherches plus ré-
nées, cette étude étant cultivée chez centes d'un de nos plus habiles cri-
eux dès les plus anciens temps. Ils tiques , M. Letronne. Mous rappelons
ont aussi soigneusement décrit les ici sommairement ces diverses no-
mouvements, la marche et la station tions.
des planètes , et l'influence bonne ou Toutes de l'antiquité
les traditions
mauvaise de chacune d'elles sur la placent berceau de l'astrologie
le
naissance des êtres, et ils en tirent dans la Chaldée et en Égypte , et Ton
souvent des prédictions sur les événe- {>eut remarquer en passant que ce fait
ments de la vie des hommes. >• >ien avéré est une nouvelle preuve
Porphyre a su que les prêtres égyp- des communications qui existèrent
tiens employaient les nuits, partie à (les entre ces deux contrées. Quant à l'E-
ablutions, et partie à l'observation gypte, adonnée très-anciennement à
des astres. Strabon a vu à Héliopolis la pratique de l'astrologie, Ciçéron
un vaste édifice qui était l'habitation nous dit formellement que les Egyp-
des prêtres adonnés spécialement à tiens sont considères comme connais-
l'étude de la philosophie et de l'astro- sant , depuis un grand nombre de siè-
nomie; et Diodore ajoute à ce qui cles , cette science des Chaldéens
vient d'être rapporté , que les prêtre* 2ui , fondée sur l'observation journa-
égyptiens prédisaient l'avenir tant par ère des astres , prédit l'avenir et la
la science des choses sacrées que par destinée des hommes. Hérodote avait
ceUe des astres. Clément d'Alexandrie, dit avant Cicéron : «Les Egyptiens sont
qui avait vu la fin des institutions les auteurs de plusieurs inventions
pharaoniques en Égypte, place dons telles que celle de déterminer, d'après
l'ordre des prêtres, et avant le scribe le jour où un homme est né, quels
sacré, le prêtre qui a les fonctions événements il rencontrera dans sa vie,
(Horoscope. D tenait dans ses mains, comment il mourra , et quels seront
dit lé savant Père , une horloge , et un son caractère et son esprit. » C'est à
7.
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100 L'UNIVERS
deux Égyptiens, célèbres sous ce rap- compliqués, et se fonder sur l'usai
port dans l'antiquité grecque et ro- de tables astronomiques, dont on n'ai
maine, et nommés Pétosiris et Né- corde pas aisément la connaissance i
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EGYPTE. 101
étudeaux besoins réels, ou aux pre- trologues attachés aux principaux tem-
sses de la société contemporaine. f)lcs de l'Egypte, et qui, gardiens fidè-
Il eo fut ainsi jusqu'à 1 époque de es des principes qui leur avaient été
f influence romaine en Egypte. Des le ens?ijsne> , les transmirent* en effet à
premier siècle de l'ère chrétienne, de leurs (descendants et. jusqu'à nous,
tarants astronomes écrivaient contre co/nme l'indiquent deux monuments
les astrologues et s'efforçaient de mon- que nous devori? 'cjfei uj,
trer la vanité de leur prétendue science; "Le premier, conservé par les écri-
mais ces attaques l'accréditèrent peut- vains ae la science, est le thème natal de
être , car bientôt l'empire romain tout l'univers; il indique les domiciles des
entier crut à l'astrologie , et ajouta planètes au moment même de la créa-
avec une sorte d'ardeur à la doctrine tion du monde : la Lune était dans le si-
futeurale des Étrusques la doctrine as- gne du Cancer; le Soleil dans le Lion;
trologique des Égyptiens. Elle sé- Mercure dans la Vierge ; Vénus dans
duisit des esprits très-élevés ; un il- laBalance; Mars dans le Scorpion ; Ju-
lustre Romain, Nigidius Figulus, ami piter dans le Sagittaire; Saturne dans
de Ciceron , était Tort adonné à Part le Capricorne. Le sage Antonin fit
divinatoire et croyait à la fois à la pos- inscrire en ces signes ce thème natal
sibilité de prédire* l'avenir et par lob- de l'univers sur les monnaies qui fu-
servation a es météores et par ('inspec- rent frappées la huitième année de
tion des entrailles des victimes; Lu- son règne en Égvpte, et l'empereur
cûjs Tarrutius , autre ami de l'ora- romain consacrait, accréditait par son
teur, pratiquait avec confiance et exemple la science des genêt hliaques
autorité la divination par les astres et dans le pays même où elle avait pris
dressait les nativités avec des tables naissance.
de phénomènes célestes rédigées se- D'autres monuments du règne de
lon le style égyptien. Si nous vou- ce même prince appartiennent aussi
bons dire "de quels noms célèbres l'his- à cette science illusoire et nous pré-
toire de cette opinion fut illustrée, sentent un exemple plus développe de
nous citerions Marc-Antoine, ayant ces mêmes thèmes : ce sont deux papy-
pour conseiller intime un astrologue rus écrits en grec et trouvés en Egypte.
égyptien, choisi par Cléopâtre, qui lui Les premières lignes du texte d'un de
inspirait ses prophéties et ses divi- ces papyrus contiennent un préam-
nations ; Auguste , qui fit dresser son bule qui est l'histoire même de la
thème natal par Theogène ; Tibère et science. L'astrologue qui a écrit ce
ses successeurs , dont un porta la thème natal invoque en effet ce qu'il
croyance jusqu'à faire mettre à mort a vu dans beaucoup de livres des an-
un personnage à qui un astrologue ciens sages , particulièrement des
avait prédit l'élévation à l'empire. Chaldéens, de Pétosiris, et surtout
Yesnasien et Domitien se dirigèrent du roi Néchous, qui avaient été eux-
par les plus savants dans cette science mêmes instruits par leur seigneur Her-
apposée , et le docte Hadrien lui-même mès, et par Asclépius, le même que
se disait en état de prédire, dès les Imouth, le fils d'Héphaïstus fPlitha).
calendes de janvier, ce qui devait lui Venait ensuite le thème natal, daté
arriver jusqu'au 31 décembre : et cette de la première heure du 18 e jour du
science était traditionnellement parve- mois égyptien Tybi, de la première
nue à Rome du plus profond des anciens année de l'empereur Antonin ; mais
temples de l'Egypte. Elle était encore le reste du manuscrit est perdu. On
en grande vogue en France, il n'y a peut y suppléer par un autre papyrus
pas plus de deux siècles. mieux conservé, portant sur la même
Tel a été le succès de la science fon- page deux colonnes d'écriture, delà
pée par les Égyptiens Pétosiris ctNé- même date, et ainsi conçu « L'an:
cepso, qui eurent pour successeurs premier d'Antonin César, notre sei-
toutes les générations des prêtres as- gneur, le 8 du mois d'Hadrien, selon
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103 L'UNIVERS.
les Hellènes, (c* est-a-dire t
les Grecs Mars , le point inférieur de Jupitei
d'Alexandrie), et selon les anciens et les confins de Vénus.
Le second la fortune es
sort de
Cles Égyptiens), le 18 du mois de
Tybi , a lij. première, heure du jour dans le Cancer, Il degrés, la mai
commençant.. V
.Le te\te dit «insulte : son de la Lune, le point supérieu
Le Sofeil'dims le Sagittaire, Itt de- de Jupiter, le point inférieur de Mars
grés 23»n>inuJesLf ;o;h)s la maison de*. les contins de Vénus. »
8 minutes , dans son deuxième firma- même en France au XVI siècle. Cetti
ment propre, dans les confins de Mer- partie des sciences occultes était auss
cure. considérée comme originaire de l'K
gypte; la chimie et l'alchimie tiraien
.Jupiter dans le Bélier, 2 degrés 44
minutes, dans le deuxième firmament,
même leur nom , selon les adeptes , d
celui de cette contrée, nommée Chêmé
dans la maison de Mars, le point su-
périeur du Soleil , le point inférieur de
ou Chimi, dans les livres coptes; le
Chaldéens, Pétorisis, Tséchous, Hernie
Saturne, sur les confins de Vénus.
et Asclépius ont conservé jusqu'à no
Mars à l'extrémité du Capricorne
jours leur antique renommée ; Pun d
30 degrés , point de minutes , dans le
nos deux papyrus astrologiques le
dixième firmament, la maison de Sa-
turne , son propre point supérieur , le
nomme formellement; d'autres antcj
rités, et les écrivains anciens surtout
point inférieur de Jupiter, et ses pro-
appellent Nécepso celui <uie le papyru
pres confins.
désigne par IVéchous: l un et Pautr
Vénus dans le Sagittaire , 2 degrés
à l'orient, dans la
noms ont été portés par des rois égyp
51 minutes,
maison de Jupiter, et les confins (du
tiens de la XX
YT dynastie. Le papy
rus désigne aussi le premier par ï
Soleil ? ).
titre de roi ; mais il est très-vraisem
Mercure dans le Sagittaire, 15 de- daucien
hlahle, d'après Pépithète
grés 2 minutes , dans Vespénis , la nue leur donne Ptolemée , que ce son
maison de Jupiter, et les confins de deux astrologues d'une époque biei
Vénus. antérieure au \IV siècle avant Pèn
L'horoscope dans le Sagittaire, t5 chrétienne , et telle était Popinion di
degrés , la maison de Jupiter , et les Cicéron, bien justifiée nar les fait
confins de Vénus. historiques ci -après rappelés.
La conjonction dans les Gémeaux , Cette opération divinatoire et pro
10 degrés, la maison de Mercure et phétique a laquelle nos deux papyru;
les confins de Mercure. donnent tout le caractère d'un faj
Le milieu du ciel dans la Vierge historique, et qu'ils nous présenten
8 degrés, la maison de Mercure, le comme le résultat d'une croyance i
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ÉGYPTE. m
par lagrâce de Sérapis : il guérissait rôle dans l'histoire de ces
mémorables
tes aveugles et les érloppés. Plus tard événements. Moïse et Aaron, étant
lemage A mu
phi s évoquait les démons en la présence du Pharaon, dît la
ei faisait pleuvoir à Tolonté. Le chris- Bible , Aaron jeta sa verge devant le
tianisme ne détruisit pas entièrement roi et ses serviteurs , et elle fut chan-
cette superstition ; Origène affirmait la {;ée en serpent. Le Pharaon fit venir
<ertituoe des préceptes et de l'usage de es sages d'Égvpte et les magiciens,
la magie , non pas de celle d'Èpicure et qui tirent la même chose, par les en-
<r*Aristote, disait-il, mais Part qui se chantements du pavs et pur les secrets
pratiquait de son temps ; il reconnaît la de leur art , car chacun d'eu* ayant
puissance de certains mots égyptiens jeté sa verge, elles furent changées en
pour opérer sur une classe de démons, serpents ; il est vrai que la verge d'Aa-
et celle de certains mots persans pour ron dévora les verges des Égyptiens.
açir sur une autre classe de ces gé- Dans une autre circonstance", Aaron
nies indomptés. Il avoue toutefois que éleva sa verge et frappa l'eau du fleuve
les gens instruits possèdent seuls ces devant le roi et ses serviteurs , et Peau
secrets de science, et que cette
la fut changée en sang; les poisson*
science est une
partie de cette théolo- moururent, le fleuve se corrompit,
gie cachée qui élève les esprits- vers le il y eut du sang dans toute l'Égypte ;
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104 ê LIN
beaux des rais à Thèbes que sont même; après que le soleil enfant
conservés ces précieux documents; reçu de deux déesses nourri
les soins
Famé du roi défunt, assimilée au ces, la barque part et navigue sur Yc
soleil, accomplit sa double destinée céan céleste , Partner, qui coule eomm
sur la terre et dans les cieux , comme un fleuve de rorient a ïoccident ^ o
l'astre lui-même parcourt successi- il forme un vaste bassin , dans lequ<
ve ment les deux hémisphères , I" hé- aboutit une branche du fleuve tra ver
misphère supérieur, ou lumineux , et sant Y hémisphère inférieur, cTocci
Théirii sphère inférieur, qui fut aussi dent en orient.
en Egypte celui des ténèbres. A ce « Chaque heure du jour est indiqué
premier tableau d'expressions toutes sur le corps du ciel par un disqui
métaphysiques , il en succède un se- rouge, et dans le tableau par douz<
cond ou dominent les signes les plus barques ou bari dans lesquelles parai
apparents de l'astronomie et de l'as- le dieu Soleil naviguant sur POcéai
trologie. Ce tableau , dressé sur un céleste avec un cortège qui change ï
plan régulier , parce que la science en chaque heure, et qui l'accompagne suj
dirigea la composition , est peint sur les aeujc rives.
les plafonds des tombeaux, et occupe « A la première heure , au moment
toute la longueur d'un corridor et de où vaisseau se met en mouvement,
le
deux salles continues. Voici , textuel- les esprits de l'Orient présentent leurs
lement, la description d'une de ces hommages au dieu debout dans son
importantes représentations, les plus naos , qui est élevé au milieu de la
anciennes de ce genre que la science bari ; l'équipage se compose de la déesse
ait jusqu'ici recueillies , et telles que SorL qui donne l'impulsion à la proue ;
Champollion jeune les a vues dans le
le du dieu Sev ( Saturne ) , à la tête de
tombeau d'un des Pharaons Rhamsès, lièvre, tenant une longue perche pour
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I
ÉGYPTE. 105
Hais , dans toute cette navigation des (le lion marin?) (influent) sur le bras
douze heures de nuit, comme il arrive gauche.
«score pour les barques qui remontent « Heure 10 e , le quadrupède Menté
le >fl , h
bari du soleil est toujours (le lion marin ? ) —
sur l'œil gauche.
,
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106 L'UNIVERS.
çtitue seule nos sciences actuelles ; la n'en était pas moins extravagante
partie s/)écutative, qui liait la science comme toutes les autres parties de
a la croyance religieuse, lien, néces- l'astrologie.
saire, indispensable même en Egypte, Les zodiaques découverts en Égypte
où la religion, pour être forte et pour portent avec eux , dans leur composi-
l'être toujours, avait voulu renfermer tion, les preuves de l'influence de cet
l'univers entier et son étude dans son art chimérique, déviation irration-
domaine sans borne ; ce qui a son bon nelle des préceptes élémentaires de
èt son mauvais coté, comme toutes l'astronomie. Notre planche it est
les conceptions humaines. » une réduction soignée du zodiaque
Onpeut voir une nouvelle preuve circulaire de Dendérah. Au premier
du mélange intime de la science avec aspect, on n'aperçoit qu'un mélange
les idées religieuses, dans l'usage oui de ligures diverses entourées d'inscrip-
existait encore en itgypte du temps des tions en caractères sacrés : une légère
empereurs , de mettre l'homme et les attention fera remarquer d'abord un
diverges portions de son corps sous l'in- cercle extérieur, occupé par une in-
fluence et la protection des planètes scription tracée en caractères de cet
ou dan dieux. Le papyrus , en écriture ordre, et coupée à des distances égales
hiératique, trouvé (fans la momie de par des ligures à tête de femme debout,
l'étauunoph , fils d'un archonte de ou à tête d'épervier accroupies , et qui
Thèbes, sous Trajan, est un curieux de leurs bras également élevés , sou-
exemple de ces pratiques superstitieu- tiennent un médaillon entièrement
ses que les sociétés modernes n'ont Parni de signes de toute espèce. Si
pas dédaigné d'imiter et de propager on étudie ce médaillon, où l'on a voulu
dans les tableaux fantastiques qui uér figurer le ciel, on reconnaît bientôt
corent ordinairement les almanaclis un peu au-dessous du centre de ce
populaires, comme si l'on réservait disque, vers la gauche, un lion, suivi
a dessein pour les livres les plus ré- d'une femme et marchant sur un ser-
pandus, un choix attentif des plus mi- pent: c'est réellement le signe du Lion
sérables erreurs de la science et de clans ce zodiaque. Derrière le groupe
l'imagination des hommes. On lit donc du lion marche une femme portant
dans le manuscrit de Pétainénoph, que dans sa main gauche une tige de blé:
sa chevelure appartient au Mil céleste, c'est la Vierge. Après elle, on retrouve
sa tête au dieu Soleil , ses yeux à la successivement, en allant de droite à
Vénus égyptienne , ses oreilles au dieu gauche , la Balance avec ses deux pla-
Macédo, gardien des tropiques, la teaux, le Scorpion, le Sagittaire, sous la
tempe gauche à l'esprit vivant dans forme d'un centaure ai lé; le Capricorne,
le soleil, la droite à l'esprit d'Amon, moitié chèvre et moitié poisson; un
le nez à Anuhis dans demeure de
la homme répandant l'eau contenue dans
Sackem, les lèvres au même Anubis, deux vases qu'il tient dans ses mains:
les dents a la déesse Selk, la barbe c'est le Verseau; les Poissons unis par
au dieu Macédo , le cou à Isis , les un triangle, et le signe figuratif eau ;
^ras à Osiris, les genoux à Aéith, un bélier, un taureau, deux ligures
dame de Sais, les coudes au dieu sei- humaines marchant en emble , ou les
gneur de G bel , le dos à Sischô . les Gémeaux; enfin le Cancer, qui les suit
parties sexuelles à Osiris ou a la immédiatement. Voilà bien les douze
déesse Koht , les cuisses au dieu Bal- signes du zodiaque; et pour recon-
bôr (l'œild'Horus), lesjambesà îNetphé, naître l'ordre dans lequel ils sont ran-
les pieds a I Mit ha, et les doigts aux dées- gés , en un mot quel était le premier
ses. Les astres et les divinités gou- des douze signes dans l'ordre de ce
vernaient toutes les zones de l'univers monument , M suffit de faire attention
physique et tous les êtres créés , et que le Cancer est placé immédiatement
cette opinion , pour être propre à ex- au-dt* t de la tête du lion ; qu'ainsi
pliquer en apparence bien des choses les douze signes forment, non pas
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KGYPTE. 107
m cerclesans commencement ni laire reproduit sur notre planche il.
la, mais une spirale qui indique tiai- Il n'en est pas de même des zodia-
frffleot que le Lion est le premier si- ques d'bsnéh, ville au midi de Thèoes;
gne dans le système de ce zodiaaue; et si la composition générale et géo-
tous les autres viennent après dans métrique de ces monuments présente
leur ordre ordinaire; et la vérité de partout une ressemblance réelle, on
<rt te observation est prouvée par l'état
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108 L'UNIVERS.
fut bien des siècles avant Père chré- « Le 16 novembre 1828, nous ar
tienne que le solstice d'été passa du v A mes en lin le soir à Dtneiémh.
Lion dans le Cancer; le Lion . pre- faisait unde lune magnifique,
clair
mier signe du zodiaque de Dendérah, nous n'étions qu'à une heure de di
aurait donc été le signe soUticial d'été tance des temples : pouvions-nous r
durant les 2160 ans antérieurs à ces sister à la tentation? Souper et pan
siècles ; et plus anciennement encore sur-le-champ furent l'affaire d'un i
la Vierge , premier signe du zodiaque stant seuls et sans guides , maïs a
:
4'Esnéh , aurait été le signe solsticial mes jusqu'aux dents, nous prîmes
pendant les 2160 ans précédents, dès travers champs, présumant <|ue h
que le Soleil aurait abandonné la Ba- temples étaient en ligne droite de n<
lance : et voilà comment, en admet- tre maasch. Nous marchâmes ainsi
tant ces explications comme exactes, chantant les airs variés des opéras le
on a trouvé tant d'antiquité et tant de plus nouveaux , pendant une heure f
siècles écrits dans les zodiaques de l'E- demie sans rien trouver. On découvri
gypte. enfin un homme; nous l'appelons
*
Mais on a refusé d'abord aux prêtres mais il s'enfuit à toutes jambes , nou
astronomes de Thèbes la connaissance prenant pour des Bédouins, car, ha
des lois de cette rétrogradation des billés à l'orientale et couverts d'ur
points équinoxiaux , ou de la préces- grand bernous blanc à capuchon . nou:
sion des équinoxes, qu'il faudrait leur ressemblions , pour l'Égyptien , à un<
accorder pour que les données pré- tribu de Bédouins tandis qu'un Eu-
,
cédentes fussent douées de quelque ropéen nous eut pris, sans balancer,
exactitude, |>our que la différence pour un chapitre de chartreux bien
dans Tordre des mêmes signes dans armés. On m amena le fuyard, et le
ces deux zodiaques prit être considérée plaçant entre quatre de nous, je lui
comme l'expression de résultats astro- ordonnai de nous conduire aux tem-
nomiques réellement observés et con- 5 les. Ce pauvre diable, peu rassure
statés par la science. Aujourd'hui qu'on 'abord, nous mit dans la bonne voie
paraît accorder aux Égyptiens la con- et finit par marcher de bonne grâce :
naissance des lois les plus importantes maigre, sec, noir, couvert de vieux
de la marche des corps célestes [supra, haillons, c'était une momie ambulante :
page 97), faut -il aussi admettre ces mais il nous guida fort bien et nous
données et lire les zodiaques comme le traitâmes de même. Les temples
des thèmes réguliers où serait écrit nous apparurent enfin. Je n'essaierai
l'état successif du ciel , réel et bien ob- pas de décrire l'impression que nous
servé, a plus de deux mille ans d'in- lit le grand propylori et surtout le por-
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ÉGYPTE. 100
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L'UNIVERS.
de l'époque de Domitien, tous ceux tions encore tendent à amoindrir
des parois de droite et de gauche du l'importance scientifique et archéolo-
pronaos portent les images et les lé- gique de ces monuments , qui n'en sont
gendes <\eSej)time Sévère, et de Géta, pas pour cela moins important* par
que son frère Caracalla eut la barbarie leur sujet , leur patrie et leur véritable
d'assassiner, en même temps qu'il Ht époque ; enlin on ne peut se soustraire
proscrire son nom dans tout l'empire; à la nécessité d'admettre d ias leur
il parait que cette proscription du composition l'influence des opinions as-
tvran fut exécutée à la lettre jusqu'au trologiques alors dominantes dans tout
fond de la Thébaïde, car les cartou- l'empire romain, où elles avaientété im-
ches noms - propres de l'empereur portées de la patrie même de ces zodia-
Géta sont tous martelés avec soin ; ques. La présence des décans sur te
niais ils ne l'ont pas été au point de zodiaque Je Dendérah caractérise tou-
m'empécher de lire très-clairement le tes les compositions analogues; et elles
nom ae ce malheureux prince : I'em- étaient, on pourrait dire, vulgaires eu
pereur César-Géta le directeur, Égypte, car des cercueils de momies,
« Ainsi donc , l'antiquité du pronaos de personnages peu considérables eu
d'Esnéh est incontestablement tixée ; sont ornés. Dans le cercueil de Péta-
sa construction ne remonte pas au- ménoph qui est à la Bibliothèque
,
delà de l'empereur Claude; ses sculp- royale, est peint un zodiaque com-
tures descendent jusqu'à Caracalla , mençant aussi par le signe du Uon ;
etdu nombre de celles-ci est le fameux celui du Cancer est tiré de la série , et
zodiaque dont on a tant parlé. » placé au-dessus; et il se trouve que te
Si donc ces zodiaques , évidemment Cancer était le signe où le soleil H
sculptés et édiliés par les Egyptiens trouvait au mois de janvier de Tan Oi
du temps de la domination romaine, de notre ère, qui est le mois de U
représentaient un état du ciel tel qu'on naissance de Petaménoph. L'n autre
a voulu l'y reconnaître d'après l'ordre zodiaque , commençant aussi par le
apparent des signes du zodiaque, la Lion, est peint dans le cercueil de ta
Vierge étant le signe chef dans l'un, jeune Sensuos, sœur du même Peta-
le Lion dans Pautre , et cette substi- ménoph, et morte à peu d'anneei
tution du Lion à la Vierge procédaut d'intervalle de son frère. L'ensemble
de l'intention de représenter dans ces de la composition des zodiaques , la
tableaux le phénomène que l'astrono- présence des décans, la singularité de
mie moderne nomme la précession ladissection des figures, qui est diffé-
des équinoxes, qui aurait été connu rente dans les monuments d'une épo-
des anciens, on est obligé de supposer que très- rapprochée comme le suât
,
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EGYPTE.
laclasse sacerdotale , tontes les scien- brables degrés de la toute-puissance du
ces étant le privilège de cette caste rand pontife à l'humble profession
puissante qui formait le premier ordre e portier des temples et des palais t
de Pétat et s'était intimement immis- peut-être même de leurs serviteurs,
cée aux droits et aux devoirs de la line nomenclature de ces fonctions
royauté. nombreuses , malgré qu'elle fût
Cest l'importance même de cette fort variée, serait bien aride sans
caste , la variété de ses attributions doute malgré sa nouveauté : nous
et l'incertitude des notions recueillies la hasarderons toutefois pour ce der*
sur elle par l'antiquité classique nier motif, et à cause de I authenticité
qui s'opposeront encore long-temps 5 des sources d'où nous la puisons, c'est*
ce que l'on connaisse complètement sa à-dire des monuments mêmes.
constitution politique : les Grecs, qui Chaque divinité avait ses prêtres
s'en occupèrent bien anciennement comme ses temples particuliers ; il est
avaient du sacerdoce une idée fort mince vraisemblable que les prêtres gardaient
relativement à l'autorité de la classe entre eux le rang même que la religion
sacerdotale égyptienne; en Grèce, le donnait aux dieux qu'ils desservaient,
service des temples était la seule oc- et le culte de grande divinité de
la
cupation des prêtres'; en Egypte, ils Thèbes, d'Ammon, roi des dieux ,
étaient un corps de l'état, gouvernant, étant le plus répandu , les monuments
pour ainsi dire , les rois et les peu- relatifs à ses prêtres devaient être les
ples au nom des dieux , et ayant lé plus nombreux ; ses temples devaient
monopole de l'administration de là être les mieux dotés , ils étaient élevés
justice, de la culture des sciences et dans la capitale de l'empire. Cest pour
Je leur enseignement. Aussi trouve- ces motifs qu'on retrouve donc assez
t-on les membres de cette caste par- fréquemment des serviteurs d'Ammon,
tout, dans tous les rangs de la société et de tous les degrés ,
rappelés dans
égyptienne) et reconnaît-on dans les les inscriptions égyptiennes. Avec les
attributions des plus infimes fonc- prêtres d'Ammon , elles nomment
tionnaires que, par quelques points, ils aussi des prêtres des autres dieux
se rattachent , ou par les titres , ou par d'Hap-mou (le Nil), d'Osiris,de Phtha
leur office , à la religion et à ses d'Horus, de Thoth , et des déesses
ministres. On retrouve dans quelque* fféith , Thméi ,
Bubastis, Souan ou
écrits des anciens les qualifications Lucine.
propres aux diverses classes des prê- Les monuments nous désignent aussi
tres : Clément d'Alexandrie désigne les grands-prêtres attachés au culte
très- vraisemblablement dans l'ordre des rois , et à la fois à celui d'un dieu
inverse de la préséance , le chanteur et d'un roi ; des rois revêtus du titre
l'horoscope, ou observateur des as- de grand-prêtre d'une divinité; enfin,
tres, rhiéro-rammate , le stoliste et les pères-prêtres ou prophètes ;
le prophète. Plus anciennement, r In- Les hiérogrammates ou scribes sa-
scription de Rosette nomme les pon- crés, charges de l'administration des
tifes, les prophètes, les stolistes, les revenus sacrés, tirant leur titre du dieu
utéropbores , les hiérogrammates et honoré dans le temple où ils étaient
les autres prêtres de tout ordre em- placés : il y avait aussi les hiérogram-
ployés sous des titres divers dans toute mates des villes.
Egypte. Enfin, en consultant les mo- Les archi -prophètes, les prophètes,
numents , source inépuisable de docu- les prophètes de Hathôr et autres
ments, on neut le dire , vierges encore, dieux ou déesses ;
la caste sacerdotale s'offre à nous avec Les gardiens des temples , ou atta-
ses ramifications inGnies dans tous les chés aux temples ; les supérieurs dans
rangs, et, n'en dédaignant aucnn, est les divers rangs;
présente partout, au moyen d'une vaste Les sphraghistes ou scribes des vic-
hiérarchie qui descend par d'innom- times, chargés de marquer d'un grand
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L'UNIVERS
sceau les victimes propres aux sacri- dérable de toutes, nous font conce
fices ;
l'idée d'un corps semblable a Vw
Les prêtres des villes , comme Tétait ceux qui existèrent autrefois <
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- • •
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1 "vi KN r.Yl- •
r Kl mu.:]! :
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EGYPTE. 113
$lkrai$on. (Égypte.) 8
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114 L'UNIVERS.
de cette classe de prêtres. D'autres tits sceaux en terre émaillée &
se distinguaient par des pectoraux en vaient à marquer les victimes de p
forme de petit naos, renfermant le petite taille, telles que les oies ,
scarabée sacré, ou des images de divi- veaux, etc. Des couteaux de sac
nités, la bari symbolique, les em- fice,des tables et des vases à libati
blèmes de la vie, de la stabilité, et en pierres dures ou tendres , méi
des ligures d'animaux sacrés. De ri- en terre cuite, mais également on
ches colliers à plusieurs rançs ajou- de sculptures ou de peintures
taient à l'éclat au costume des prê- voient aussi dans nos collections ;
tres, des bagues ornaient leurs doigts y remarque des autels de matières
et leurs pieds étaient couverts et dé- de formes variées ; enfin, des vans i
fendus par des chaussures en papyrus, crés en bronze ou en substances r
ou bien en palmier, nommées tabtebs, turelles, espèce de grand seau à ain
ayant la forme de la plante des pieds et destiné a porter Veau du ISil da
et se terminant par de longues pointes les cérémonies religieuses.
recourbées , et attachées sur le cou-de- Ces seaux grands ou petits, so
t
d'ordinaire trcs-ornés. Le Musée êgy
Les prêtres employaient dans toutes tien du Louvre en possède un
les cérémonies du culte divers usten- bronze, remarquable a la fois par
instruments en matières va-
siles et dimension et par les sculptures do
musées renferment pres-
riées, et nos il est couvert. La panse est occupée \\
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EGYPTE.
tonnage des monuments. Seion le un manuscrit également funéraire on ,
ap^>rt"d*Herodote, il n'y eut point lit les prières pour Thaouaisis, autre
s Kivpte J- \ >rétresses; ilOti Im Jtiii- servante d'Amon-Ra, titre religieux
fcs y étaient exclues du sacerdoce, commun peut-être aux femmes et aux
teamnoins les cérémonies iliaques et tilles des prêtres, en attendant que ,
iculte dlsis, introduits dans le inonde comme la lille ou la sœur du roi Thouth-
omaiu, admettaient lesfemmescomme mosis, elles fussent employées effecti-
jrètresses , et quelques monuments de vement au culte d'une déesse, qu'elles
art confirment cette première indica- entrassent réellement dans le sacer-
fcn. Il est vrai qu'elle est recueillie doce et obtinssent le titre et le rang
jursde l'Egypte ; mais l'inscription de de prêtresse. Ainsi , en la question
luette, qui est toute de formule égyp- présente, il est diflicile d'accorder le
atime, nomme
expressément des tem- témoignage des monuments antérieurs
xr S prêtresses, telles que Pyrrha et postérieurs à Hérodote , avec l'as-
i.ï fonctions d'athiophors
reiiipiit les sertion si positive de cet historien
te h reine Bérénice-Évergète; Areia, d'après laquelle le sacerdoce en Egypte
r:iiephore d'Aninoé Phitopator; en- aurait été interdit aux femmes : les
uii .Irène , prétresse de la même faits ici cnumérés autorisent à croire
reine Arsinoé. D'autres actes du règne le contraire. On sait aussi que, dans
ta Lapides en Egypte fournissent les familles royales et sacerdotales, les
à&> notions absolument semblables et filles étaient vouées des leur bas âge
ft&nment des prétresses des diverses au culte des divinités; les reines pre-
reines qui jouirent après leur mort naient le titre d'épouses cT Amman, et
ifes honneurs divins. la sépulture de plusieurs de ces reines
oue l'inscription de Ro-
bira-t-on ainsi qualifiées existe encore dans une
sette Egypte grecque et d'une
est de 1 vallée de Thebes, non loin du Rha-
^oquc assez postérieure à Hérodote ? messeum occidental. Un est donc for-
ues lors nous invoquerons les monu- tement induit à adopter une opinion
ments qui sont à la fois d'origine contraire à celle d' Hérodote , et à croire
^}ptienne pure et bien antérieurs aux 3ue les femmes ne furent pas exclues
fcmps de l'historien grec. Telle est u sacerdoce, qu'elles y parcouraient
uoe stèle du Musée royal du Louvre, à divers titres une hiérarchie de fonc-
<» le roi Thouthmosis III, de la tions variées qui les élevaient au rang
IXÏÏV dynastie, est suivi de la et aux fonctions de prêtresses, soit
pincesse Mouthetis, sa sceur ou sa des déesses, soit des reines divinisées.
qui est quai liée de prétresse des
i Les dispositions générales de la con-
déesse» Mouthis et llathor, et qui fait stitution de la classe sacerdotale furent
ses adorations à la première de ces sans doute obligatoires pour les prê-
deux divinités. Dans plusieurs autres tresses, comme elles l'étaient pour les
monuments du même musée , les fem- prêtres; l'objet que les statuts avaient
mes et les filles des urètres portent principalement en vue, c'était la consi-
des titres religieux qui pouvaient être dération nécessaire à cette caste, véri-
q u Hgue chose dp plus qu'une simple table ordre religieux dans ses fonctions
aussi que
qualification sociale. 11 fallait extérieures, mais réellement corps po-
t<3 tilles
des prêtres eussent quelque litique par son concours nécessaire
part aux privilèges de la caste à laquelle dans les affaires principales de l'état, par
rites appartenaient
irrévocablement, son influence inévitable même dans les
les déesses avaient besoin aussi de plus minimes, et surtout par sa con-
prêtresse de divers ordres pour leur stitution territoriale. La loi voulait lui
*r?ice. Aussi voit-on que dans un ta- faire cette considération en lui pres-
to»u funéraire Ténési , fille du prêtre crivant la pratique de toutes les ver*
« soleil Osoroéris , prend la qualité tus ; la piété envers les dieux et la pa-
* menante d'Amon-Ra , que sa
mère, trie, l'accomplissement régulier de
femme de ce prêtre, portait aussi. Dans tous les devoirs religieux, la fidélité à
8.
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116 L'UNIVERS.
la loi etau prince, la bonne adminis- de statues de grands-prétres dépo
tration des affaires publiques , la dans le temple par chaque pontift
science, la frugalité, la modestie, la son vivant. Plus tard , ils montré
retraite et la bienfaisance. 341 de ces statues à Hérodote, e
Ce que l'histoire rapporte de ces les lui comptant l'une après Tau
comme tous les degrés du sacerdoce l'Orient une règle qui n'était bon
sans en excepter le pontife suprême que pour la population de la Grèce
chef de la hiérarchie religieuse , dont des autres contrées de l'Occident,
le centre était dans la capitale de l'em- où généralement les hommes se m
pire et dans le temple de sa grande rient vers l'a^e de trente ans;
divinité, le temple d'Ammon à Tnèbes. comme en était autrement en Égypt
il
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EGYPTE. 117
? 10,227 ans, somme de sept périodes naire des choses humaines , qu'Héro-
de 1461 années. dote n'hésita pas à donner la préfé-
Quelque oiseuses et stériles aussi rence à la relation historique des
que puissent être ces indications, il prêtres sur la relation merveilleuse
reste le fait principal que nous avons d'Homère; « il me semble, ajoute-t-il,
recueilli du récit d Hérodote, qui a vu qu'Homère n'a pas ignoré ces faits;
dans le temple d'Ammon à Thèbes le mais comme ils ne s'accommodaient
"eu où étaient conservées les statues pas heureusement avec le plan de son
gyritt en bois, des grands-prétres épopée , il a adopté une autre version,
rtiefc de la
hiérarchie sacerdotale en en laissant apercevoir cependant qu'il
crypte. Ces statues devaient recevoir était instruit de la narration égyp-
au moins les
mêmes honneurs que celles tienne; » et cette réflexion si sensée
des ancêtres des autres familles con- est une preuve de plus de cette appli- .
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118 L'UN
cation constante d'Hérodote à la re- son hôte, et amenez-ie oevant moi
cherche attentive de la vérité. Au sou- alin que ic sache de lui-même ce qu
venir des brillants et poétiques récits peut alléguer en sa faveur? »
d'Homère, qui sont présents à l'esprit Thonis ayant reçu ces ordres, i
de tous nos lecteurs, ajoutons ici arrêter Pâris et refint ses vaisseau:
l'histoire de la destruction de Troie il le mena ensuite, avec Hélène,
d'après les annales égyptiennes, et Memphis, où l'on conduisit aussi tout
te. ic qu'Hérodote nous 1 a transmise. les richesses trouvées sur les vaisseau
Pàris enleva Hélène de Sparte, et et même les domestiques qui s'étaiei
voulut la conduire à Troie ; mais des réfugiés dans le temple. Lorsque toi
vents contraires qui s'élevèrent pen- furent rendus à Memphis, le roi d
dant qu'il traversait, la mer Egée le manda à Paris qui il était et d'où
jetèrent dans celle d'Ég\pte. Ces vents venait. Le prince déclara, sans di
ne s'étant pas calmés, ils le forcèrent Acuité, sa naissance, le nom de i
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i
ÉGYPTE. 119
nne tradition Tenant de Ménélas lui- nements qui avaient eu lieu dans leur
même, les Grecs, à la suite du rapt propre pays.
d'Hélène , assemblèrent une armée qui Et pourquoi auraient-ils ignoré les
arriva dans la Teucrîde pour soutenir Grecs, Troie et le bruit de la destruc-
Ménélas ; cette armée , après être dé- tion de l'empire de Priam, quand à, cette
barquée , établit son camp, envoya des même époque la renommée des Éevp-
députés à Troie; Ménélas lui-même tiens, de leurs armes , de leur civilisa-
fut du nombre. Cette députation, re- tion , avait pénétré dans toutes les par-
çue dans l'enceinte des murs de la ties de l'Asie; quand leur puissance,
Tille, réclama Hélène, ainsi que toutes assez révélée par leurs richesses et la
les richesses que P ins avait dérobées magnificence de leurs monuments, était
et emportées avec lui, et demanda, si intéressée à fréquenter tout le bassin
en outre , vengeance de l'injure faite oriental de la mer intérieure et l'Ar-
aux Grecs; mais les Troyens répon- chipel, qui n'en est qu'un appendice.
dirent alors ce qu'ils ont toujours L'active mais discrète curiosité des
soutenu depuis, soit sous la foi du Égyptiens leur avait appris les na-
serment, soit dans leurs discours or- tions voisines , leur puissance et leurs
dinaires, que ni Hélène, ni les richesses intérêts, et jusqu'à leur physionomie?
redemandées ne se trouvaient en leur Dans les tableaux emblématiques qui
pouvoir; que ces trésors, et Hélène décorent les tombeaux de leurs rois,
elle-même % étaient en Égypte , et qu'il ils ont habituellement représenté avec ,
serait injuste de les rendre respon- une bien remarquable précision , les
N»He> d'objets qup le roi d'Égypte habitants de l' Égypte et ceux des con-
tenait en sa possession. Mais les Grecs, trées voisines; le dieu Horus, le pas-
ajoutent les Égyptiens, avant pris cette teur des peuples , marche à leur tête ;
réponse pour une raillerie, firent le les Occidentaux
y figurent après les
siège de la ville , finirent par la pren- Asiatiques, et les Ioniens y sont nomi-
dre ; et après s'en être rendus les maî- nativement mentionnés.
tres, comme ils n'y trouvèrent pas C'est un Ionien que représente la
Hélène , forcés alors d'ajouter foi aux figure 6 de notre planche 1 ; c'est
1
premières paroles des Troyens, ils rén- une famille absolument grecque de
ovèrent Ménélas en Egypte. physionomie et de costume que re-
Ménélas s'y rendit donc; et après produit une précieuse peinture, en-
avoir remonté le Nil , il arriva clans core existante dans un des tombeaux
Memphis, où il se fit connaître; il de Beni-Hassan, où l'on voit une
fut traité avec les plus grands hon- femme, couverte d'une tunique pous- ,
neurs, comme un hôte distingué, et sant devant elle un âne qui porte deux
on lui remit, avec Hélène qui n'avait jeunes entants dans des paniers , et
point eu à se plaindre de son séjour sous la protection d'un homme habillé
en Egypte, les richesses qui lui' ap- de la chlamyde grecque, et tenant
partenaient. d une main l'antique lyre grecque à
Les Égyptiens disaient ensuite que trois cordes , et de l'autre un bâton.
Ménélas ^malgré tant de services, se Tout ceci est grec , puisqu'il est écrit
rendit coupable d'un sacrilège, et que, au-dessus , en signes alphabétiques
poursuivi par les Égyptiens, il remonta lourd, Ioniens; et ces figures de Grecs,
précipitamment sur ses vaisseaux et peintes exactement par les Égyptiens,
s'enfuit en Libye. Les prêtres égyp- remontent incontestablement a plus de
tiens ne savaient pas ce que .Ménélas quatre cents ans au-delà du temps des
devint après cette fuite, mais ils as- aventures d'Hélène et des malheurs
surèrent que tout ce qu'ils venaient de la famille de Priam.
de raconter au sujet des trésors d'Hé- Hérodote savait sans doute aussi
lène, ils le savaient d'une manière bien que nous les antiquités de la
certaine , soit par les recherches qu'ils Grèce et celles de l'Égypte; on ne doit
avaient faites , soit comme des évé- pas être surpris de la confiance qu'il
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L'UNIVERS.
accorde à la narration égyptienne; et un ouvrage peut-être sans modèle , el
cherchant jusque dans Homère les certainement sans rival. Du reste , il
faits les plus propres à la justifier , il faudrait nier tous les rapports de FÉ-
rappelle que ce poète convient que Pâ- gypte avec la Grèce dans les temps
ris , forcé par les vents d'errer en primitifs de ses annales, et les Grecs
divers lieux, aborda avec Hélène à eux-mêmes les ont assez reconnus et
Sidon, en Phénicie, limitrophe de proclamés, pour refuser aux prêtres
PEgypte; qu'il en emporta des toiles égyptiens toute notion certaine sur
peintes de diverses couleurs, précieux l'histoire des Grecs, leurs élevés : les
ouvrages des femmes de cette indus- Grecs eux-mêmes nous ont appris
trieuse cité ; qu'Hélène possédait plu- qu'Homère vit et connut l'Egypte, et
sieurs remèdes utiles que lui avait appris conféra avec ses prêtres, dépositaires,
la femme du prêtre Thonis , de Canope des sciences et des archives humaines.
le même dont les Égyptiens disaient Mille fois Hérodote révèle les era-
le nom à Hérodote; enfin que Méné- rnts de toute nature que leur ûrent
las avouait à Télémaque que les dieux Grecs.
l'avaient retenu long-temps en Egypte. Au contraire , dit encore Hérodote ,
Dans tous ces passages , dit Hérodote, les Égyptiens n'ont adopté aucune des
Homère manifeste qu'il avait connais- institutions des Grecs; et s'ij existe à
sance des courses de Paris et de son Chemmis, dans le nome de Thèbes,
débarquement en Egypte; et si, con- un temple consacré à Persée, fils de
tinuait-il, Hélène avait rte en effet Danaé, et en l'honneur de ce héros
dans Troie quand les Grecs menaçaient des jeux gvmniques , c'est parce que
la ville, certainement elle leur aurait Persée descendait de Danaùs et de
été rendue avec ou sans le consente- Lyncée, habitants de Chemmis, et
ment de Paris; car comment croire qui avaient autrefois passé en Grèce.
Priam et ses parents assez insensés Les prêtres égyptiens connaissaient
pour mettre en danger leur existence très-bien l'histoire des premiers phi-
cellede leur famille et de la vide en- losophes de la Grèce, et des tradi-
tière afin de favoriser les crimes de
, tions sur leur séjour et sur leurs re-
Pâris? Après même une telle résolu- cherches en Egypte y étaient soigneu-
tion , si elle avait été prise d'abord sement conservées. Ces prêtres affir-
auraient-ils persisté quand tant d'il- maient quec'estàeux-mémesqu'Orpliée
lustres Troyens, tant d'enfants même avait emprunté les mystères qu'il in-
de Priam succombaient sous le fer des stitua en l'honneur de* Bacchus et de
Grecs? Comment aussi expliquer la Cérès, qui, n'étaient que l'Osiris et
détermination d'Hector , héritier de l'Isis de l'Egypte, et que sa fable des
l'empire ,se sacrifiant à la défense enfers n'était qu'une parodie des cé-
d'un frère coupable et auteur de tant rémonies funéraires qu'il avait vu pra-
de maux ? Les Troyens eux-mêmes s'y tiquer par les Égyptiens. 11 s'en trou-
seraient unanimement soustraits en vait même parmf eux qui affirmaient
rendant Hélène, s'ils l'avaient pu; qu'Orphée et Amphion étaient nés sur
niais elle avait été retenue en Égypte le bord du ML Les vers d'Hésiode
et l'obstination des Grecs à ne pas le abondent en idées égyptiennes tra-
croire ne put être que l'ouvrage des vesties. Pythagore apprit en Égypte
dieux ; ils voulaient manifester aux tout ce qu'il parvint a savoir, et il
hommes que les grands crimes attirent sut beaucoup de choses très-positives,
toujours les grandes vengeances. D'a- et quelques-unes qui l'étaient un peu
près ces précieuses traditions histo- moins. Ses préceptes sur les prin-
riques , Hérodote aurait donc recueilli cipes de la philosophie naturelle, sa
en Égypte l'histoire de Troie ; et Ho- doctrine des nombres, ses mystères
mère, qui l'avait aussi connue, en sur la science, sur la morale, sur l'o-
avait compose une épopée : son génie rigine du monde , ses symboles et ses
en créa tout le merveilleux , et en fit énigmes, tout est égyptien dans cet
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EGYPTE.
«ère des prêtres de l'Égypte, si dis- munications qu'ils arrachèrent à la
bnïué d'ailleurs , et chéri par ses
si réserve habituelle des prêtres égyp-
maîtres, dont le plus illustre fut l'ar- tiens. Ils ne révélaient pas leurs mys-
chiprophète Soncnès. Solon, Thaïes de tères à toute sorte de personnes, dit
Milet apprirent d'eux aussi tout ce Clément d'Alexandrie ; ils ne portaient
qu'ils enseignèrent à la Grèce. Nous pas les choses divines à la connaissance
connaissons les maîtres égyptiens du di- des profanes, mais seulement des per-
vinPlaton ; Proclus nomme comme tels sonnages destinés au trône, et de ceux
Paténéïth,Ochaaps d* Héliopolis, Éty- d'entre les prêtres qui étaient les plus
nwn de Séhennytus l'histoire nomme
: distingués par la naissance, l'éduca-
encore Sechnoùphis d' Héliopolis. On tion ou la science. Et Fourier, dans
montra à Strabon le collège où Eu- cet écrit si justement admiré , où
doie et Platon avaient étudié à Hélio- Fontane trouvait, avec tant de rai-
polis; et je ne sais quel prêtre de son , la grâce d'Athènes réunie à la sa-
l'une de ces villes savantes lui répétait gesse de l'Éçypte , a résumé toutes ces
quelquefois : « O Platon Platon vous! ! pensées de I antiquité sur la puissance
« autres Grecs, vous n'êtes que des du sacerdoce dans l'Egypte , quand il
enfants ! » a dit que sa religion, 'unie à l'étude
Eudoxe reçut aussi à Héliopolis les des phénomènes naturels était en
,
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L'UNIVERS.
Sliquer les songes de faire des Dro-
et : Moïse ne s'occupa que de
ites, étant également instruit dans la plus élevée, car l'astroi
la science humaine et les secrets des mie, l'astrologie et la géométrie
p
dieux. On prête à Manéthon un juge- sèrent chez [es Egyptiens pour <
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,,
ÉGYPTE.
que cette même caste avait de longue
main préparé et habitué la population mais n'en existe qu'un très -petit
il
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,, .
154 L'UNIVERS.
devait habiter avant de recommen- habit de deuil, et tenant un long
cer le cours de ses transmigrations. ton dans leurs mains. Dans la \
mière; il est orné de peintures colo- mie de son fils. Le prêtre d'Os
riées avec beaucoup de soin , et il ap- accomplit les dernières cérémonies
partient à la momie d'un prêtre graih- la momie dressée devant rentrée
trait de la première partie du rituel ans laquelle est une estrade porta
et contient les prières relatives au la momie du mort. Une galerie, [
transport de la momie du défunt dans i m Hèle à cette grande salle , renferi
l'hypogée de sa famille, cérémonie offrandes funérain
les coffrets et les
lit funèbre placé dans une barque les génies de l'Orient, les oiseaux s
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ÉGYPTE.
bt. Le texte qui suit immédiate- et de vignettes dessinés en noir, avec
lent cette scène est relatif aux divi- une finesse et une pureté de trait ad-
mirables. Ce rouleau est de l'espèce
es divers membres du corps humain, de papyrus nommée royale, la plus
a traduction d'un texte analogue est précieuse de toutes; aussi est-il beau-
la page 106 ci-dessus. coup moins foncé, et a-t-il conservé
Un autre manuscrit hiéroglyphique plus de souplesse que les autres rou-
fest que l'extrait des trois parties du leaux découverts jusqu'ici dans les ca-
rand rituel funéraire, orne de pein- tacombes égyptiennes.
ures relatives aux divers textes. On .Un autre manuscrit hiératique n'est
remarque successivement le défunt qu'une feuille de papyrus contenant
ihonsoumosis, prêtre d'Ammon dans les premières formules de la prière
hjb hiérogrammate du temple de la
, pour les morts, intitulée : Tascho-
feesse Mouthis-Bouto, membre du Mah-Snau, par laquelle on supplie
allège des hiéroçrammates de Thèbes, « Hathôr, déesse de la contrée occi-
aisant une libation et offrant l'encens « dentale , de faire prospérer le nom
m dieu Phré - Atmou , seigneur du • de Sot r r , fils de Baphor , le jour et
rrand temple ; à Osiris Pethempamen- « la nuit; d'assurer à ce défunt une
bes, surnommé Onnofris, modéra- « place dans la demeure céleste, afin
teur à Isis , grand'mère
des vivants ; « que son nom germe dans le ciel par
iirine , et à Nephthys, déesse adelphe « le dieu Phré ( le soleil ) , et dans le
e tnme portent les légendes hiérogly- « monde physique par le dieu Sèv
phiques tracées au-dessus des person- « ( Saturne ) ; de faire enfin que ce
nages de la première scène ; Khonsou- « nom soit agréable à Osiris ,
seigneur
mosis, adorant les emblèmes de la « de l'occident, et à toutes les puis-
meure des morts ; le même person- « sances de l'Amenthès , maintenant
nage, labourant et coupant la mois- « et à toujours. » Ce manuscrit est de
son dans les Champs- Élysées, au mi- l'époque romaine en Egypte.
lieu des âmes pures; lé défunt sup- D'autres papyrus , également funé-
pliant à l'entrée de leur palais, dont raires , abondent en tableaux symbo-
les portes sont ouvertes , les quarante- liques, dans lesquels sont figurés les
deux juges des ames dans l'Amenthi ; formes emblématiques et les attributs
le même de différentes divinités, et principa-
, présentant des offrandes de
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156 L'UNIVERS.
le ciel personnifié : le dieu Sôou, Tune la plus curieuse de la Tell*
des formes de Knèph ou le Démiurge, gieuse des Egyptiens .
L'hiéL_
placé entre l'orient et l'occident, per- mate , dans la composition de ce sujet
sonnifiés sous l'apparence de deux singulier, a su donner un corps au*
femmes, élève, dans l'espace circon- idées les plus métaphysiques , et nous
scrit par le ciel ( Netphé), le vaisseau y trouvons la preuve" évidente que le
du soleil dont il semble ainsi déter-
, dogme de l'immortalité de Faîne et
miner le cours; 5° prières à Osiris, celui des récompenses et des peines
seigneur de la région de stabilité. Les dans une autre vie furent les fonde-
emblèmes de ce dieu , ainsi que Thôth ments principaux de la religion des
ibiocéphale, sont renfermés dans un anciens Égyptiens. Il est naturel en
cercle formé par le serpent qui se effet de ^trouver ces grands principes
mord la queue, emblème de l'éternité ; de la morale chez un peuple dont l'an-
6° prière à toutes les divinités oui tiquité tout entière a célébré la sa-
président aux régions habitées par les gesse. L' Écriture sainte elle-même ne
ames représentées symboliquement
,
dédaigne pas de la rappeler , quoi-
dans grand tableau suivant; 7° à
le qu'elle condamne en même temps ces
10° courtes invocations aux dieux Osi- formes matérielles sous lesquelles TÉ-
ris, Nofré-Atmou, et à la vache sa- gypte trouva bon de voiler ses doc-
crée d'Hathdr. trines.
Enfin, un autre manuscrit hiéro- Cette scène se trouve d'ordinaire à
glyphique, colorié, est entièrement la finde la seconde section du rituel
formé de tableaux symboliques relatifs funéraire entier, mais sert de conclu-
au système psychologique des hgyp- sion à tous les rituels abrégés ; elle
tiens*. On y a représenté les divers présente la Psycho$to*ie , c'est-à-dire
états de Pâme , ainsi que les divinités le jugement que, selon les doctrines
2ui présidaient a ses transmigrations. égyptiennes, devait subir l'ame des
:e papyrus appartenait à la momie morts en quittant le corps mortel
d'une femme nommée Tetcbonsis. dans la région inférieure de \\4mtn-
Malgré l'analogie des sujets de ces thi, où l'on examinait sévèrement et
manuscrits, on remarque toutefois où l'on pesait ses actions durant sa vie
quelques diversités dans le nombre sur la terre. L'édifice où la scène se
et l'ordre des scènes, diversités dé- passe est le prétoire même de l'A-
terminées très- vraisemblablement par menthi , le palais du juge suprême des
celle des qualités ou du rang du per- ames. On distingue à gauche de la
sonnage pour lequel le manuscrit fut scène le dieu lui-même assis sur son
dessine , et les plus complets comme trône. Il est caractérisé par une coif-
les plus beaux appartenaient nécessai- fure particulière, formée de la par-
rement aux membres de la caste sa- tie supérieure du pschent ( une tiare
cerdotale, à la classe spécialement royale }, ceinte d'un large diadème et
chargée du service des dieux et des unie au disque du soleil et aux cornes
choses sacrées. Ce qu'il y a d'uni- de bouc, emblèmes de la lumière et de
forme dans tous les rituels , c'est la la faculté génératrice. Le dieu tient
linde la vie, uniforme aussi pour soit pour exprimer le pouvoir d'exci-
tous , et telle qu'elle est représentée ter le mouvement des choses et de les
sur notre pl. 20. ralentir, soit par allusion au nom
f Après les divers pèlerinages de 1 ame de la région infernale à laquelle ce
du défunt dans les régions nombreuses dieu préside, c'est-à-dire PAmenthi,
Qu'elle doit visiter, elle arrive enfin qui attire les ames de tous les vivants
ans YAmenthi, l'enfer, où elle va su- et qu'on crovait les relancer dans le
bir son jugement. La scène qui le re- monde; ce dieu est Osiris, dieu très-
présente offre à nos regards la partie bienfaisant, seigneur de la vie, dieu
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ÉGYPTE. 127
Vulcain. Osiris, le principe humide conduite sur la terre. Elle est en outre
du monde, ne fut ainsi pour les Grecs, la présidente des quarante-deux juges,
du moins dans la croyance populaire, ou plutôt quarante-deux jurés votants
que l'inventeur de la vigne, le dieu 3ui ont le droit d'assister au jugement
uu vin, et le pin fut ajouté au thyrse. es aines, aux assises infernales, et
Devant la sainte habitation du dieu qui occupent , sur deux lignes , le haut
de l'Amenthi est un autel chargé d'of- de la scène.
frandes, telles que des pains, des vian- L'antiquité grecque parle de ces
des diverses, des grenades et des juges auxquels les Egyptiens soumet-
fleurs de lotus ; et ce lotus est le sym- taient les personnes* de toutes les
bole du monde matériel. classes de la nation avant de permettre
Le voisinage du séjour du suprême que leur dépouille mortelle fût dépo-
juge de l'Amenthi est annoncé par un sée dans le tombeau des ancêtres.
piédestal sur lequel se repose un ani- Certains juges inexorables examinaient
mal monstrueux , mais dont les formes en présence du peuple la conduite te-
sont si déterminées, qu'on ne peut y nue par le mort avec ses concitoyens,
méconnaître un hippopotame mélangé et ils refusaient à son corps une place
de crocodile : c'est le cerbère égyptien. dans la catacombe, s'il n'avait pas
Ici, c'est l'hippopotame femelle, qui, religieusement rempli ses devoirs en-
dans les tableaux astronomiques de vers les dieux et envers les hommes.
Thèbes et d'Lsnéh, occupe dans le Cette coutume, éminemment morale,
ciel même la place que les Grecs ont produisait d'autant plus d'effet sur les
donnée à ia grande Ourse. Cette con- moeurs publiques , qu'elle s'appliquait
stellation était nommé le Chien de aux rois mêmes. Les sculptures des
Typhon par les Égyptiens, et sa pré- temples et des palais qu'on voit encore
sence dans l'Amenthi ( l'enfer ; ne dans les ruines de Thebes , constatent
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1*8 L'UNIVERS.
suffisamment que les noms de quel- Cette déesse, fille du Soleil, dont
ques Pharaons furent proscrits par ces la figure est si fréquente sur les me*
mêmes juges suprêmes. numents, parce qu'elle était regardée
Ainsi les Égyptiens imitaient sur la comme laprotectrice de FÉgypte eî
terre , à l'égard du corps , ce qu'ils la directrice du pouvoir royal*, a été
croyaient, selon leurs doctrines reli- prise, par les Grecs pour \êut ffçra
gieuses , être pratiqué à l'égard des la Junon des Latins. Mais chez le>
ames dans l'enfer , l'Amenthi , où Égyptiens, Thméï était l'emblème dr
elles passaient après leur séparation la vérité; de là elle fut dite la pre-
du corps. La dernière scène des pa- mière née du dieu de la lumière, et
pyrus représente donc cette épreuve on lui attribua la suprême président
finale , la plus complète de toutes des régions infernales, où les appa-
puisqu'elle exige de ame un compte rences mondaines s'évanouissent, oè
l
général des motifs de ses actions , et tous les projets humains disparaissent
en tout la plus redoutable, puisque pour faire place aux éternelles réalités.
les juges sont les dieux mêmes, les Elle devait donc diriger et régler les
êtres supérieurs , ceux à qui tout est opérations des juges de rAmenthi, et
connu jusqu'aux plus secrètes pensées. son image, celle de la vérité, devait
Dans cette scène finale , 1 amê du se trouver appendue au cou et sur la
défunt, figurée, pour lever toute in- poitrine des juges composant le tribu-
certitude et comme dans sa présenta- nal qui , sur la terre, décidait des plus
tion à Thméï, sous les formes corpo- importants intérêts. des familles, /ë-
relles mêmes dont il fut revêtu du- *rité et justice sont deux idées essen-
rant son séjour sur la terre , se voit "tiellement connexes dans l'ordre mo-
de nouveau représentée à genoux, les ral; un seul et même mot exprimait
bras élevés, en attitude suppliante, l'une et l'autre dans l'ancienne langue
devant les images des quarante-deux des Égyptiens, et le plus beau et le
juges de l'Amenthi, rangées sur deux plus ordinaire des titres que prirent
files , ce qui a rendu nécessaire la ré- les Pharaons sur leurs obélisques, fut
pétition de la figure de l'ame , sur le sans doute celui d'ami de ThméU
sort de laquelle ces juges doivent pro- ami de la vérité, c'est-à-dire, de la
noncer la sentence. Les têtes de ces justice.
quarante-deux juges sont assez variées ; En présence de ces quarante-deux
les unes ont la forme humaine , d'au- juges, d'autres divinités Taisaient elles-
tres la tête de divers animaux, tels mêmes l'examen de la conduite que
Ïie crocodile, aspic, bélier, épervier, l'ame avait tenue sur la terre. Ses ac-
is, schakal, hippopotame, lion et tions étaient rigoureusement mises
cynocéphale. Cette diversité de têtes dans la balance de l'Amenthi , et cet
provenait de la nécessite de caractéri- instrument, qui décidera du sort de
ser un à un ces divers juges figurés l'ame, est placé au-dessous des juges.
hiératiquement , ayant d'ailleurs des Le fût ou colonne qui le supporte est
fonctions diverses leurs quarante-deux
; surmonté d'un cynocéphale assis
noms propres se lisent dans les rituels image symbolique 'de l'un des minis-
funèbres complets , auprès de la scène tres du dieu Thoth, appelé alternati-
du jugement, avec l'indication précise vement Api ( nombre, quantité ), et
de la région céleste à laquelle chacun Hap (jugement, sentence), noms,
d'eux présidait. Diodore de Sicile comme on le voit, relatifs aux fonc-
parle de ces quarante-deux génies en tions du* génie qui préside à la pesée
décrivant des bas-reliefs du tombeau des actions de l'ame sur la balance in-
d'Osymandias , sur lesquels était figuré fernale dont la garde lui était corn
le jugement de l'ame de ce conquérant; mise.
et dans d'autres manuscrits, ces juges Deux autres personnages sont de-
sont figurés assis devant Thméï, leur bout auprès des bassins de la balance,
et pèsent les bonnes et les mauvaises
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ÉGYPÎE. 1»
fions dudéfunt. La figure à droite, suprême des a mes, Osiris, dont la
toi examine attentivement le fil ou bouche doit prononcer la sentence dé-
<
jfomb au moyen duquel les Égyptiens finitive. Considéré selon ces fonctions
raient coutume d'estimer le poids dans l'enfer égyptien, Thoth corres-
'datif des deux bassins de l'instru- pond exactement au Mercure Psycho-
lent , est le dieu Horus le fils chéri
, pompe des Grecs.
Os iris et d'Isis, bien reconnaissable à Tel est le sens de la scène figurée
ia tête d'épervier, de même que par son dans la deuxième partie des papyrus
;
'•oui d'ordinaire écrit au-dessus de lui. elle rend ainsi sensible aux yeux toute
Le personnage de gauche , à la téte de la doctrine psychologique des Égyp-
idiakal , ou de loup d'Égypte est le , tiens, c'est-à-dire l'ame du défunt qui
lieu Anubis, fils d'Osiris et de Neph- entre dans l'Amenthi, et qui se trouve
tis. Les fonctions spéciales de ces deux en présence de la vérité ; ses minis-
frères étaient de peser les actions des tres, les quarante-deux juges, sont
morts en présence des juges de l'A- chargés d'examiner les motifs de ses
menthi. Les mauvaises sont symboli- actions ; ces mêmes actions sont pe-
quement figurées par un vase 'd'argile sées par certains dieux; la sagesse
posé dans le bassin de droite , et les divine (Thoth) écrit le résultat de
bonnes dans le bassin de çauche, par cette nesée; la bonté de Dieu, figurée
une petite figure de Thmeï, ou de sa par l'être bienfaisant par excellence
,
plume seulement, c'est-à-dire par le Osiris , récompense l'ame fidèle à ses
svmbole même de la justice
J et -de la devoirs en l'appelant dans un monde
venté. • 4 meilleur, ou bien il la punit de ses fau-
Kn avant de l'instrument redoutable tes en la rejetant sur la terre pour v
on voit une autre divinité, dont la subir de nouvelles épreuves et y en-
haute stature annonce la dignité; car, durer de nouvelles peines sous une
dans les tableaux symboliques des nouvelle forme corporelle, jusqu'à ce
Egyptiens, la hauteur des figures est qu'elle se présente pure de toute faute
presque toujours en raison du rang au tribunal de l'Amenthi. Ici l'ame
du personnage figuré, toutes les fois a été reconnue coupable de glouton-
du inoins que l'espace ne s'oppose pas nerie, et elle est renvoyée sur la terre
à la pratique de cette règle. L'hiero- sous forme d'une truie.
la
grammate a représenté ici le dieu Thoth On
trouve dans cette scène allégo-
(
la science et la sagesse divines per- rique toute la représentation de l'en-
sonnifiées ) , l'inventeur des lettres et fer des Grecs et des Romains. Orphée,
le premier législateur des Égyptiens. et les autres très-anciens instituteurs
Quand Osiris revêtit des formes hu- du culte des Grecs, furent les dis-
maines pour introduire la vie civile ciples des prêtres égyptiens ; il n'est
dans le monde, Thoth, le Mercure donc pas surprenant que le palais d'A-
des Égyptiens, fut son fidèle compa- dès ne soit en grande partie autre
gnon et comme l'ame de ses conseils. chose que la copie de l'Amenthi égyp-
Les mêmes traditions religieuses ajou- tien. Osiris est devenu en occident
taient au'il n'abandonna jamais Osiris, Adès, ou Pluton ; Thméï, Proserpine;
même lorsque ce dieu établit sa de- Oms, le Cerbère; Thoth, le Mercure
meure dans l'Amenthi pour juger les Psychopompe; enfin Horus, Api et
aines. Le Mercure égyptien est carac- Anubi, semblent être les types origi-
térisé par sa téte d'ibis , oiseau qui naux de Minos, Éaque et Rhaua-
dans récriture sacrée égyptienne , est mante et de tels rapprochements
:
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m L'UNIVERS.
L'expression figurée de cette même sur paroi de gauche la grande scé
la
croyance au sujet du jugement de l'ame de psychostasie. Ce vaste tu
la
des morts, par les svmboles qui pou- relief représente la salle h,
vaient la rappeler directement à l'es- (Oskh ) t ou le prétoire de F A men
prit de tous, était multipliée avec avec les décorations convenables,
une attentive persévérance: fondement gran<id juge Osiris occupe le fond
de la morale publique, elle était re- aile; au pied de son trône s'éle
ta sa
produite sur les monuments publics le lotus, emblème du monde matern
par le concours de tous les arts. Le surmonté de l'image de ses quatre ei
tableau qui la représente entrait dans fnnts, génies directeurs des quati
le système de décoration religieuse points cardinaux.
des grands édifices. On la retrouvait « Les quarante -deux ju^es asse
ainsi et dans les livres et dans les seurs d'Osiris sont aussi ranges su
temples de l'Egypte, tant que dura deux lignes, la téte surmontée d'un
l'influence des institutions nationales ; plume u autruche, symbole de la ju:
les rois et les citoyens comparaissaient tice debout sur un socle, en avai)
:
Hathor et Thméï, vers l'an 200 avant l'occident ou de l'enfer. Vers la port<
l'ère chrétienne, comme le disent les du tribunal parait la déesse Thméï
dédicaces, qui nomment le roi Ptolémée- dédoublée , c'est-à-dire figurée deux
Epiphaneet la reine Cléo pâtre sa femme. fois, à cause de sa double attribution
Cnampollion le jeune a vu et décrit ce de déesse de la justice et de déesse de
monument; il a déterminé l'époque de la vérité; la première forme, qualifiée
sa fondation, un peu antérieure au Thmeï,rect.ricede l'Amenthi (la vérité;,
règne d'Kpiphane; il a donné à la présente l'ame d'un Égyptien, sous Jes
fois le nom du prince qui le dédia formes corporelles, à ta seconde forme
et celui des divinités auxquelles il fui de la déesse (la justice), dont voici la
consacré : il a reconnu que le naos légende : Thméï, qui réside dans l'A-
du temple est divisé en trois salles menthi où elle pèse les cœurs dans la
,
tuaire principal, celui du milieu, est Dans le voisinage de celui qui doit su-
décoré de tableaux d'offrandes adres- bir l'épreuve, ont lit les mots suivants ;
sées à tous les dieux adorés dans le «Arrivée d'une aine dans l'Amenthi.»
temple, et que celui de droite est spé- Plus loin, s'élève la balance infernale,
cialement réservé à la déesse Hathor. les dieux Horus, iils d'isis, à tète
« Le sanctuaire de gauche, ajoute le d'épervier, et Anubis, fils d'Osiris, à
voyageur, est consacré à la déesse téte des chakal , placent dans les bas-
Thmeï, gui fut la Dicé et i'Aleté des sins de la balance , l'un le cœur du
mythes égyptiens aussi , tous les ta-
; prévenu , l'autre une plume , emblème
bleaux qui nécorent cette chapelle se de justice : entre le fatal instrument
rapportent-ils aux importantes fonc- qui doit décider du sort de l'ame , et
tions que remplissait cette divinité le trône d'Osiris, on a placé le dieu
dans l'Amenthi , les régions occiden- Thoth ibiocéphale , Thoth le deux
tales ou l'enfer des égyptiens. fois grand, le seigneur de Schmoun
« Les deux souverains de ce lieu (Hermopolis Magna;, le seigneur des
terrible , où les ames étaient jugées , divines paroles, le secrétaire de jus-
Osiris et Isis reçoivent d'abord les tice des autres dieux grands dans U
hommages de Ptolemée et d'Arsinoé, salle de justice et de vérité. Ce gref-
dieux Philopatores; et l'on a sculpté fier divin écrit le résultat de l'épreuve
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ÉGYPTE. 131
! Ob voit donc encore ici, dans le sanc- la téte, et marchant vers le fond du
tuaire de la déesse Thméî, la représenta- tombeau comme pour marquer la
,
«t dans ia deuxième partie de tous diquer celle qu'il faut suivre dans l'é-
tes funéraires.
rituels tude de ces tableaux qui offrent un in-
scènes d'un ordre sembla-
D'autres térêt d'autant plus piquant que, dans
,
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, .
L'UMVERS.
des faucilles : ce sont les ames qui et leur nature perverse et leur séjou
cultivent les champs de la vérité ; leur dans l'abtme des ténèbres. Les unei
légende porte « Elles font des liba-
: sont fortement liées à des poteaux , é
« tions Je Peau et des offrandes des les gardiens de la zône, brandissant
« grains des campagnes de gloire; elles leurs glaives , leur reprochent les cri-
« tiennent une faucille et moissonnent mes qu'elles ont commis sur la terre
« les champs qui sont leur partage; D'autres sont suspendues la té te en
« le dieu Soleil leur dit : Prenez vos bas; celles-ci, les mains liées sur h
« faucilles , moissonnez vos grains , poitrine et la tète coupée , marchenl
« emportez-les dans vos demeures en longues files ; queques-unes . les
« jouissez -en et les présentez aux dieux mains fiées derrière le dos , traînent
« en offrande pure. » Ailleurs , enfin sur la terre leur cœur sorti de leur
on les voit se baigner, nager, sauter poitrine; dans de grandes chaudières,
et folâtrer dans un grand bassin que on fait bouillir des ames vivantes
remplit l'eau céleste et primordiale soit sous la forme humaine, soit sous
le tout sous l'inspection du dieu Mt- celle d'oiseau , ou seulement leurs têtes
Céleste, le vieil Océan des mythes et leurs cœurs. Il y a des ames jetées
égyptiens. dans la chaudière avec l'emblème du
La marche du soleil dans Yhémi- bonheur et du repos céleste (l'éven-
sphère inférieur, celui des ténèbres, tail), auxquels elles avaient perdu tous
pendant les douze heures de nuit leurs droits. A chaque zône et auprès
c'est-à-dire la contre-partie des scènes des suppliciés, on lit toujours leur con-
précédentes, se trouve sculptée sur damnation et la peine qu'ils subissent.
les parois des tombeaux royaux, op- « Ces ames ennemies, y est-il dit,
posées à celles dont on vient de don- • ne voient point notre dieu lorsqu'il
ner une idée très-succincte. Là le * lance les rayons de son disque; elles
dieu , assez constamment peint en « n'habitent plus dans le monde ter-
noir de la tète aux pieds , parcourt « restre, et elles n'entendent point la
les 75 cercles ou zones auxquels « voix du Dieu grand lorsqu'il traverse
président autant de personnages di- « leurs zones; » tandis qu'on lit au
vins de toute forme et armés de glai- contraire , à côté de la représentation
ves. Ces cercles sont habités par les des ames heureuses, sur les parois
ames coupables qui subissent divers opposées : « Elles ont trouvé grâce aux
supplices. C'est véritablement là le « veux du Dieu grand ; elles habitent
type primordial de X Enfer du Dante, « les demeures de gloire , celles où
car h variété des tourments a de « l'on vit de la vie céleste ; les corps
quoi surprendre; et on ne doit pas « qu'elles ont abandonnés reposeront
rétonner que quelques voyageurs, « à toujours dans leurs tombeau*
effrayés de ces scènes de carnage, « tandis qu'ellesiouiront de la présence
aient cru y trouver la preuve de « du Dieu suprême. »
l'usage des sacrifices humains dans Cette double série de tableaux , tels
l'ancienne Egypte; mais les légendes que CI ki m poil ion le jeune les a re-
lèvent toute espèce d'incertitude à cet cueillis dans ses dessins, et expli-
égard. qués dans ses Lettres , nous offre donc
Les ames coupables sont punies le système psychologique égyptien
d'une manière différente dans la plu- dans ses deux points les plus impor-
part des zônes infernales que visite le tants et les plus moraux , les récom-
dieu Soleil : on a figuré ces esprits penses et les peines ; c'est un irréfra-
impurs, et persévérant dans le crime, gable témoignage en faveur de tout
presque toujours sous la forme hu- ce que les anciens ont dit de la doc-
maine , quelquefois aussi sous la forme trine égyptienne sur l'immortalité de
symbolique de la grue, ou celle de rame, et le but positif de la vie hu-
Yépervier à me humaine entièrement maine. L'Egypte symbolisa ainsi to
peint en noir, pour indiquer à la fois double destinée des ames nar la oein*
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,
ÉGYPTE 113
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184 L'UNIVERS.
met ces paroles adressées divins qui dès l'origine des choses,
fi*Homère
Ménélas
,
histoire. Ce fut l'Egypte qui les in- s'approprier celles des autres. Il fit
struisit ; elle leur communiqua la plus, il enseigna à les fixer d'une ma-
science qu'elle avait reçue des dieux nière durable , en inventant Part de
mêmes. l'écriture ; il organisa l'état social
D'après l'histoire sacrée de Ptëgvpte, établit la religion , et régla les céré-
ce fut Thoth, le premier Hermès, le monies du culte ; il connaître aux
fit
Trismégistc , ou trois fois très-grand , hommes l'astronomie et la science des
uni écrivit tous les livres par l'ordre nombres, la géométrie, l'usage des
du Dieu suprême. Ce premier Thoth poids et des mesures. Non content de
fut PUemies céleste, ou l'intelligence satisfaire à tous les besoins de la so-
divine personnlliée, le seul des êtres ciété humaine par ces importantes et
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ÉGYPTE. m
utiles créations , le second Hennés ment toutes les découvertes utiles
s'occupa aussi de tout ce qui pouvait faites par les membres de la caste
contribuer à embellir la vie : il in- sacerdotale, Thoth étant pour elle,
venta la musique, fabriqua la lyre, à à la fois , et son instituteur et sa pro-
laquelle il ne donna que trois cordes, pre image, sa personnification dans
et institua les exercices gymnastiques. les mythes sacrés ; Thoth était reconnu
C'est ce même dieu, enGn, qui fit pour l'arbitre souverain du cœur et
connaître aux hommes l'architecture de Y intelligence humaine, et le même
la sculpture, lapeinture et tous les mot égyptien exprimait en même temps
arts utiles. Voilà ce gu'en ont dit Pla- les idées coeur, intellect ou intelli-
ton , Plutarque et bien d'autres écri- gence. Dans les livres sacrés , le pre-
vains. mier Thoth , l'Hermès trois fois très-
Ils ajoutent que la langue et récri- grand , est qualifié de père et direc-
ture inventées par Thoth, et commu- teur de toutes choses, et d'historio-
niquées aux hommes par cette divinité graphe des dieux, et ces titres sont
bienfaisante , différaient de la langue pleinement justiOés par les attribu-
et de récriture des dieux , dont s'était tions particulières de cet être divin
servi le premier Hermès pour rédiger selon les mythes nationaux déjà rela-
ses livres. L'écriture employée par le tés. C'est ce même dieu qui pré*
second Hermès est appelée hiérogra- para la matière dont furent formés
pftique par Manéthon, parce qu'elle les corps de la race humaine; et il
servit d abord à écrire les livres sa- promit alors ( prescience trompeuse î)
crés, dont ce dieu confia la garde à de rendre ces nouveaux êtres fort
la caste sacerdotale, qui lui devait, doux, et de leur inspirer la prudence,
dit-on , son organisation et toutes les la tempérance, l'obéissance et l'amour
connaissances dont elle fut la déposi- de la vérité. Osiris et Isis révélèrent
taire et la dispensatrice. Il paraît même aux hommes les livres de Thoth qui
que cet instituteur des hommes ré- devaient régler leur vie intellectuelle
serva, pour cette caste seule, un certain et physique; ce Thoth est l'intelli-
ordre Je notions, entre autres celle de gence 'divine personnifiée dans cet être
la véritable longueur de l'année. Les puissant, et le dieu supérieur ne le
prêtres égyptiens reconnaissaient ce nomme que : Ame de mon ame et ,
dieu pour 1 auteur des livres sacrés intelligence sacrée de mon intelli-
Ji'.te
chacun d'eux devait posséder à gence en un mot, celui qui connaît
,
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136 L'UNIVERS.
rres ou la bibliothèque. La porte qui qu'il prit ces livres pour suides dai
conduit d'une de ces deux pièces dans la rédaction de son ouvrage, et
l'autre , et dont les ornements en re- nous est parvenu des fragments orif
lief ont été stuqués et dorés , porte naux en écriture sacrée , soit des h
l'annonce évidente de la destination tes authentiques des rois, soit è
donnée à la deuxième de ces deux sal- relations des événements de leur r
les. Au bas des jambages, et immé- gne , qui remontent aux temps <
cherchés, et l'on considérait comme une palme. Il faut qu'il ait toujours
tels ceux qui traitaient de la natu- dans son esprit les qitatre livres qui
re , de la hiérarchie et du culte des traitent des astres, l'un des astres
dieux : un roi nommé Suphis , celui errants , l'autre de la conjonction du
auquel on attribue la grande pyra- soleil et de la lune, les derniers de leur
mide, était l'auteur d'un de ces trai- lever. Vient ensuite le prêtre hiéro-
tés. On considérait aussi comme sacrés grammate , reconnaissais aux plumes
les livres historiques renfermant les qui ornent sa tête; il a dans ses mains
annales de la nation , les grandes ac- un livre et une palette garnie de l'en-
tions des rois et des citoyens illustres; cre et des joncs nécessaires pour écrire.
ces livres étaient déposes dans les ar- L'hiérogrammate doit posséder les
chives des temples; Manéthon déclare connaissances qu'on appelle hiérogly*
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Egypte. «7
(ou interprétatives des anciens ancienne aussi en Egypte, de célébrer,
0 et qui comprennent la cosmogra- par la poésie lyrique, chantée dans
phie , la géographie , les phases du so- les cérémonies publiques et dans les
leil et de la lune, celles des cinq pla- repas de famille, les louanges des
, la rhorographie de l'Egypte , le dieux et les belles actions des hommes.
du Mil et ses phénomènes, l'état Clément d'Alexandrie mentionne les
possessions des temples et des compositions de ce genre comme fai-
qui en dépendent, les mesures sant partie de deux des principaux
et tout ce qui est utile à l'usage des ouvrages d'Hermès : les bons exemples
temples. Le stoliste vient ensuite, laissés par les anciens rois y étaient con-
portant la coudée, emblème de la jus- signés pour l'instruction de leurs suc-
- e
et le vase de purification. Celui- cesseurs, et cette instruction procédait
• i sait tout ce qui concerne l'art d'en- de ces exemples mêmes rappelés tous
de marquer du sceau
et l'art les jours à la mémoire et à la vénéra-
jeunes victimes. Dix livres
les tion des hommes. Diodore de Sicile
relatifs au culte desdieux et aux pre- avait remarqué que les poëmes en
ide la religion ; ils traitent des sa- l'honneur de Sésostris différaient quel-
i, des prémices , des hymnes quefois , pour les faits , des annales
des prières , des pompes religieuses et des prêtres. Il n'est pas rare de trou-
autres sujets analogues. Après tous ver dans les tableaux historiques, dont
les prêtres marche le prophète, portant les monuments de l'fegypte sont dé-
le seau sacré , suivi de ceux qui portent corés, des scènes
où des chanteurs
des pains; comme le supérieur des accompatment leurs paroles avec le
autres prêtres, le prophète apprend son de divers instruments les louan-
:
les dix livres qu'on appelle sacerdo- ges des dieux et celles des bons rois
t'ius. où est contenu ce qui concerne devaient être constamment dans la
les lois et l'administration de l'état et bouche d'un peuple religieux et soumis,
de la cité, les dieux et la règle de comme elles étaient déjà dans tous ses
Tordre sacerdotal. Il y a en tout qua- livres.
rante-deux livres principaux d'Her- Outre le titre de ceux qu'a indiqués
mès, dont trente-six, où est exposée Clément d'Alexandrie, d'autres écri-
toute la philosophie des Egyptiens, vains de l'antiquité en désignent en-
sont appris par des prêtres des clas- core bien d'autres qui traitaient de
ses qui viennent d'être désignées ; les la physique, de la nature des choses,
>.\ autres livres sont étudiés par les de la connaissance de soi-même, et de
pastophores , comme appartenant à divers sujets philosophiques exposés
l'art de guérir , et ces livres parlent et discutés dans des discours à Tat à ,
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m L'UNIVERS
écrite en hiéroglyphes ; î! l'Interpréta logiques. L'empereur Alexandre-*
et offrit son ouvrage à un roi nommé vère parcourut l'Égypte, fît en le*
Ami non, qu'un autre ouvrage
ainsi des temples tous les livres mythim
sur le L'Inérogrammate Épeis
bien. qu'il y trouva , et les flt déposer <ïa
était l'auteur d'un commentaire sur le tombeau d'Alexandre à AlexarxMl
les symboles égyptiens, nui fut traduit afin qu'on ne prtt , à l'avenir , étudl
en grec par Àrius d'Héracléopolis. le contenu de ces ouvrages.. Hortil
Nous avons déjà parlé de l'ouvrage du connaissait la renommée des Rt*vptH|
roi Suphis ; un autre roiAthothis
, dans l'art de guérir, et l'emploi è
second roi de la première dynastie remèdes était réglé par la loi : tou
fondateur des palais de Memphis, com- infraction funeste au malade, exposa
posa des écrits d'anatomie : on attribue le médecin à la mort. J,a loi régl4
aussi des livres sur l'astronomie et sur aussi la composition des remèdes <y|
l'astrologie au roi H échos ou Né- consistaient en mixtions; et un livré
chepso, et a un Pétosiris dont on nr nommé Ambrés , contenait la soient!
connaît pas l'époque. Galien et Aêtius des diagnostics et des pronostics 4
citent un remède contre la pierre, médecine. Aélien nous a transmis 1
tiré des ouvrages de médecine de !Vé- renommée de l'Égyptien lachus, dort
chepso. Pline mentionne quelques don- la mémoire était célèbre dans sa pntrfc
nées relatives aux planètes, recueillies pour les services qu'il lui avait rendus
des mêmes écrivains Néchepso et par sa science profonde en médecine
Pétosiris ; et Servius ne craint pas et le succès avec lequel il avait com-
d'affirmer qu'ils avaient fait de bonnes battu et arrêté de meurtrières epidé-
observations sur la nature de certains mies. L'art de traiter les métaux et fou-
météores. Suidas attribue au même, tes les substances propres aux, autres
ou a un autre Pétosiris, des commen- arts utiles fut porté très-loin en Éçypte;
taires sur les dieux et les mystères des une science aujourd'hui très-pexiec-
Égyptiens. On nomma plus tard deux tionnée, la chimie, a pris son nom
géographes égyptiens , Cynchrus et de celui même que FÉgypte porta très-
Blautasus; Apollonius de 'Rhodes af- anciennement ( chémi ou chimi }.
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,
ÊGTPTE.
ton obtint des prêtres égyptiens beau- ces ouvrages est intitule, Pimander f
f
coup plus de communications que la et l'autre Àscltpius. Le premier traite
Hnpart des autres philosophes grecs; de la puissance et de la sagesse de
3 était profondément instruit de leurs Dieu ; le second de Dieu , de I homme,
rines cosino jon i.jues et psychologi- et de l'univers. Un autre ouvrage
;et parce qu' on les lui avait corn- d'Asclépius, les Définitions, est adressé
uécs comme des secrets , que le au roi Amiuon, et l'auteur s'y déclare
re même des hommes instruits le disciple de Thoth.
Usât indigne de connaître, Platon les Rien n'est plus connu dans l'an-
conserva dans son esprit comme des cienne littérature que les écrits réunis
jpystères sacrés , s'abstint de les con- sous la dénomination commune de
signer en corps de doctrine écrit, en Livres hermétiques; ils sont écrits en
parla avec réserve, et ne les rappela grec pour la plupart, on ne sait quand
dans ses ouvrages que par des phrases et moins encore par qui. Ceux qui les
énigmatiques et parfois inintelligibles écrivirent en cette langue déclarent
pour tout autre que pour lui-même. les avoir traduits de textes antiaues
Il laisse toutefois à entendre , il s'en en écritures sacrées égyptiennes, if est
«pliai je même
assez clairement , que certain qu'un examen attentif y fait
les doctrines égyptiennes dominent reconnaître des idées étrangères au
dans ses écrits. S'il se propose pour monde égyptien , qui sont nées de
sujet de ses méditations Tordre de sectes diverses dans des temps pos-
l'univers, il veut s'y livrer d'après térieurs à celui de la splendeur pha-
l'opinion de ceux qui l'introduisirent raonique, et qui turent ainsi inter-
dans cette étude par des signes figu- polées dans l'antique texte, comme
rés, indispensables pour pénétrer de pour leur donner quelque crédit à la
Ws secrets. Et ces opinions égyp- faveur de cette origine supposée. Mais
tiennes, si Platon s'imposa la réserve il ne faut pas, pour ces interpolations
son nom par l'antiquité classique , est- « Il est difficile à la pensée, lui dit-il,
il très - considérable
; les uns sur des de concevoir Dieu, et h la langue d'en
sujets graves et d'une haute philoso- parler. On ne peut décrire par des
phie, d'autres sur des matières oi- moyens matériels une chose immaté-
, les sciences occultes, et l'art rielle; et ce qui est étemel ne s'allie
de la divination. Deux ouvrages do- que très-diflicilement avecree qui est
minent cependant cette liste des pro- sujet au temps. L'un passe, l'autre
ductions attribuées à Thoth ou Her- existe toujours. une percep-
L'un est
mès, et ils sont dignes, par leur ob- tion de 1 esprit , une réa-
l'autre est
jet, de la réputation de sagesse supé- lité.... Ce qui peut être connu par les
rieure et de divine inspiration dont yeux par les sens, comme les corps
et
Tlioth a joui dans tous les temps et visibles peut être exprimé par le lan-
,
tous les pays de l'antiquité. L'un de gage; ce qui est incorporel, invisible,
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140 L'UNIVERS.
immatériel sans iorme, ne peut eire
, élèves de l'haypte, et employée dans
connu par nos sens : je comprends par leurs disciples , on l'a ho-
les livres
donc, ô Thoth, je comprends que Dieu norée en la mettant sous la protection
est ineffable. » d'un nom à jamais illustre dans les
« La mort dit-il ailleurs
, , est pour annales de la science et de la vertu,
certains hommes un mal qui les frappe celui de Socrate. La méthode socra-
d'une profonde terreur. C'est de 1 i- tique ou de l'enseignement par le
y
gnorance. La mort arrive par la dé- dialogue , est ainsi un autre bienfait
bilité et la dissolution des membres du émané de la science égyptienne.
corps ; le corps meurt , parce ou'il ne On retrouve cette même forme de
peut plus porter l'être : ce qu on ap- dialogue dans un autre écrit qui est
pelle mort, c'est seulement la destruc- considéré par les critiques modernes
tion des membres et des sens du comme le plus ancien et le plus au-
corps ( l'être, l'ame ne meurt pas). » thentique des premiers livres philoso-
« La vérité , ut-il encore , c'est ce Ehiques de l'Égypte. On a vu , plus
qui est éternel et immuable ; la vérité aut, le jugement qu'en a porté Cham-
est le premier des biens; la vérité n'est pollion le ieune, et qui s'applique
pas et ne peut pas être sur la terre: il surtout , dans son intention , au
se peut que Dieu ait donné à quelques Pimander d'Hermès Trismégiste. Cet
hommes , avec la faculté de penser aux ouvrage , souvent publié , et dont
choses divines, celle de penser aussi il existe plusieurs manuscrits grecs à
à la vérité; mais rien n'est la vérité sur la Bibliothèque royale, passe pour
la terre, parce que toute chose y est avoir été traduit ou au moins imité de
une matière, revêtue d'une forme cor- l'égyptien, et pour conserver, plus sû-
porelle sujette au changement, à l'al- rement que tout autre fragment , les
tération , à la corruption , à de nou- traces des doctrines psychologiques et
vellescombinaisons. L'homme n'est cosmologiques égyptiennes. Pimander
pas la , parce qu'il n'y a de vrai
vérité a aussi la forme "d'un dialogue qui a
que ce qui a tiré son essence de lieu entre Pimander et Thoth; et
soi-même, et qui reste ce qu'il est. comme le mot Pimander signifie 17»-
Ce qui change, au point de ne pas telligence suprême , et que Thoth est
être reconnu, comment cela serait-il aussi une autre Intelligence, manifestée
la vérité ? La vérité est donc ce qui aux hommes, c'est donc un dialogue
est immatériel, qui point en-
n'est entre l'Intelligence divine et l'Intelli-
fermé dans une enveloppe corporelle gence humaine, la première révélant
qui est sans couleur et sans ligure, a la seconde , pour le salut du eenre
exempt de changement et d'altération ;
humain, l'origine de l'ame, sa desti-
ce (mi est éternel. Toute chose qui née, ses devoirs, les peines ou les
périt est mensonge ; la terre n'est que récompenses qui lui sont réservées.
corruption et génération ; toute géné- IS'ous essaierons de donner une idée
ration procède d'une corruption ; les du contenu de ce dialogue. C'est Thoth
choses ue la terre ne sont que des ap- qui raconte lui-même sa conversation
parences et des imitations de la vé- avec Primander.
rité , ce que la peinture est à la réa- « Comme ie un jour sur
réfléchissais
lité. Les choses de la terre ne sont la nature des choses, élevant mon
pas la vérité. » entendement vers les cieux, et mes
Dans ce sommaire de pensées, plus sens corporels assoupis, commé il ar-
développées dans le texte des frag- rive dans le profond sommeil aux
ments , la forme de ce texte n'est pas hommes fatigués par le travail ou la
conservée; elle est la même dans tous satiété, il me sembla voir un être
les écrits hermétiques dont il nous d'une stature démesurée, qui, m'ap-
est parvenu quelques portions, et elle pclant de mon nom , m'interpella en
est remarquable, puisque introduite ces termes « Que désires-tu voir et
:
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EGYPTE. 141
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L'UNIVERS.
pèces qui toutes devaient se pro
animaux qui étaient en elle , les qua- selon leurs propres caractères
drupèdes, les serpents, les animaux « Celui donc qui se connaît lui
sauvages et les animaux domestiques ; conquis le bien supérieur à son es
mais l'Intelligence, père de tout, qui celui qui se laissa tromper par l'an)
est la vie et la lumière, a procréé du corps, fut Jeté dans les ténèb
l'homme semblable à elle - même de la mort.... Dieu, qui est l'intel
et Ta accueilli comme son fils; car il gence , a voulu que chaque homme i
Après ces paroles la Providence, selon songe. Et l'esprit , ainsi purifié par l'ef-
les lois des destinées et de l'harmonie fet de ces harmonies, retourne à l'état
des inondes, composa les mélanges si désiré, ayant un mérite et une force
d'éléments divers, et constitua les es- qui lui sont propres, et il habite enfin
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ïtGYPTE. 14$
ïfttceux qui célèbrent les louanges du bre des philosophes y fut grand, sans
Père. Ils sont dès lors placés parmi compter les sophistes : aussi le grand-
les pouvoirs, et à ce titre ils jouissent prêtre de Cérès disait-il encore € O :
ie Dieu. Tel est le suprême bien de mon lils! quelles étranges lumières
feux à qui il a été donné de savoir , ils ont apportées sur la terre ces hommes
ifrôinent Dieu.» « Ayant parlé ainsi, célèbres qui prétendent s'être asservi
Pimanderretourna parmi les pouvoirs la nature et nue l'étude de la philo-
!
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144 L'UNIVERS.
taie , à penser que les prêtres des dieux la forme mystique de sphinx &
des temples et des rois, devaient être d'insignes variés.
honorés par de pompeuses funérailles. Le second cercueil de la mon
Les monuments recueillis en Égypte l'hiérogrammate Soutimès
sont d'accord avec cette présomption. mait jadis le précédent ; les
Les plus riches cercueils, en bois peint qui décorent cette caisse s<
comme en matières dures, sont des tées avec plus de soin et de
cercueils de prêtres , et leurs momies que celles du premier cercuei
sont d'ordinaire enrichies de dorures remarque également le défunt
ou d'objets en or massif , plus abon- sant ses supplications aux dîet
dants quand le prêtre appartenait à à Chnouplus assisté de IVeïth
une classe plus élevée. On remarque ris, à Isis veuve, et à ^îephf"
au Musée du Louvre les riches cer- plorant la mort d'Osiris -
cueils de deux momies mâles; ils ont criptions contiennent le n<
appartenu à deux prêtres de Thèbes : titresde Soutimès , et une prit
le corps embaumé de chacun d'eux est censé adresser à la
était enfermé dans un double cercueil, monde céleste.
et n'est pas rare d'en trouver jus-
il . Uncartonnage de toile ;
ris se levant de son lit funèbre. Sur son trône et assisté de la déesse <
les pieds sont figurées les déesses Isis l'occident, reçoit de son (ils Hom
et Nephthys, pleurant la mort de leur accompagné du dieu Thoth , l'œil svn
divin frèrê Osiris. Toutes les parois bolique gauche 2° le défunt Poéri?
;
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ÉGYPTE.
< * |4*€Cond
cercueil de la momie de gnes sacrées. —
3* registre : l'Égypte
flftgrammate prêtre d'Amraon Poé- supérieure et l'Égypte inférieure^per-
sans couvercle. A l'extérieur, sonnifiées, adorant Osiris Sarapis, le
la téte , est peinte la déesse dieu de l'inondation. —
4' registre :
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140 L'UNIVERS.
$ XV. DES MILITAIRES. pas en ces régions de population no-
tante, sans feu ni lieu, inerte fa ou
Tous historiens de l'antiquité
les néante , à laquelle il oe restât d'à ut
donnent à la classe ou caste militaire ressource que celle de vendre sa vu
le second rang dans l'organisation so- son pays ; la loi avait donc déféré
ciale de l'Égvpte, et les monuments service militaire, comme unprivilé^
comme les écrivains déposent de sa à une classe de la nation, qu elle avî
puissance , et de son concours aux af- pourvue d'une dotation territorial*
faires commeà la défense de l'état. héréditaire œmme son office. Les É^rv
L'existence de cette caste puissante tiens pensaient qu'il était raisonnai
remonte aux premiers temps des éta- de remettre défense de l'état à cet
la
blissements civils de l'Egypte; sous qui possédaient quelque chose qu'
le gouvernement théorratique , elle avaient intérêt de protéger.
était aussi le second ordre de l'état ; On ignore d'après quelles règles U
elle devmt le premier quand les sol- produits de la dotation de cette casl
dats, las d'obéir à un pretre-roi, choi- étaient annuellement répartis entre h
sirent dans leurs rangs le plus illustre chefs de divers grades et les soldai
d'entre eux, rélevèrent sur le pavois, de diverses armes. La tradition autt:
et faisant succéder, dans l'exercice de rise à penser que la portion possède
l'autorité suprême, des hommes aux par chaque soldat n'était pas au-des
dieux, fondèrent les dynasties de rois, sous de six de nos arpents ( douz
etreconnurent Mènes comme chef du aroures); mais c'était plutôt l'habita
nouveau système de gouvernement. tion de sa famille et la sienne en temp
Ce fut alors que la théocratie vit rédui- de paix que sa solde en temps di
re son autorité jusque-là , souveraine, guerre. Une portion du revenu pu
en une influence presque aussi puis- blic était expressément affectée ain
sante, et qui, dans ses limites léga- dépenses de l'armée ; les terres mili-
les, lui laissait encore, même en ne taires étaient affranchies de toute im-
les dépassant pas, un pouvoir illimité position.
pour faire le bien. On a vu plus haut Au temps d'Hérodote, ces guerriers
quelle fut, après cette révolution mi- étaient connus sous deux dénomina-
litaire , la nouvelle position de l'ordre tions différentes : les Calasiries et
sacerdotal ; il la conserva jusqu'aux les Hermotvbies, suivant différents
les
derniers jours de la puissance égyp- nomes de I
Égypte d'où étaient ti-
ils
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>TE. 147
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148 L'UNIVERS
proposait par ces largesses de porter ils lançaient des flèches contre l'ennemi
le soldat à se marier, afin de main- ou le frappaient de la hache de ba-
interroge les sources les plus authen- lerie proprement dite : cette opinion
tiques, c'est-à-dire les monuments est tirée du témoignage unanime des
contemporains des anciennes époques monuments et des tableaux militaires.
de l'histoire égyptienne, on distinguera L'usage de monter et de guider le*
facilement les diverses espèces de chevaux n'était pas inconnu , mais il
troupes qui composaient ces armées. n'était pas employé dans l'armée ; on
D'abord les combattants en char, né- a remarqué dans deux ou trois bas-
cessairement en moindre proportion reliefs historiques, un homme monté
une part active à toutes les circon- que aussitôt le texte sacré dit : « Les
stances comme à toutes les fatigues Égyptiens se trouvèrent bientôt près
de la guerre. Montés sur un cnar, du camp d'Israël , sur le bord de la
excortés par leur garde et par les prin- mer, et toute la cavalerie et les cha-
cipaux officiers , armés de pied en cap, riots du Pharaon, avec toute son *r-
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,EGYP1 EN. EGYPTE
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ÉGYPTE. 149
veloppés parles Ilots, et y périrent tous. bles enfants de troupe; la loi leur
— Cette mention si souvent répétée défendait toute autre profession.
de la cavalerie égyptienne n'infirme Les grandes pages historiques dont
cependant pas l'autorité des monu- les surfaces des monuments égyptiens
ments ; et en se tenant plus près des sont ornées, nous enseignent aussi
textes originaux, on y trouverait men- tous les détails des camps. Une palis
tionnés plutôt des cavaliers que de la sade en formait l'enceinte ; un peloton
cavalerie; les mots du verset 23 disent de fantassins en gardait l'entrée; la
que les Égyptiens suiv irent les Hébreux, tente du roi ou du chef était au point
et entrèrent après eux, tous les chevaux opposé à l'entrée; de petites tentes,
de Pharaon , son char et ses cavaliers, destinées aux officiers principaux,
c'est-à-dire les hommes montés sur les étaient dressées près de la première ;
chars de guerre. Avec cette modification le lion apprivoisé du roi était tout au-
dans l'acception des mots, la tradition près, accroupi, les deux pattes de de-
historique ne sera plus contredite par vant liées ensemble, et surveillé par
les monuments qui, soit antérieurs, un gardien armé d'un long bâton.
soit postérieurs à Moïse, rendent con- Les chevaux et les ânes sans harnais
stamment le même témoignage contre étaient symétriquement rangés du côté
l'usage des corps de cavalerie dans l'ar- de l'entrée; les fourrages leur étaient
mée egvptienne. Aussi , dans leur can- distribués, soit à terre, soit dans des
tique dictions de grâces, les Hébreux mangeoires; les chars, en files réguliè-
ne parlent-ils que des chars du Pharaon res, étaient dans la partie opposée. Dans
tombés, comme une pierre, au fond les intervalles libres,on plaçait les ba-
des eaux. gages et harnais, ceux des chevaux
les
On tirera la même conséquence des Sour les atteleraux chars; ceux des
notions assez positives, et des mêmes nés, comme pour des bêtes de char-
temps, qui nous sont parvenues au su- ge , consistaient en un bât , auquel sont
jet de l'éducation de la caste militaire. attachés deux paniers ou autres usten-
Parmi les exercices variés qui fout siles propres au transport des vivres
partie de cette éducation , et qui sont et des liquides.
figurés sur de nombreux monuments, Sur la droite du camp étaient les
on ne retrouve aucune idée de l'équi- hommes valides, se livrant aux exer-
tation. Tous ces exercices se font à cicesou aux amusements que conseil-
pied , et sont dirigés selon les précep- lait règle ou le loisir; les recrues
la
tes de la gymnastique la plus perfec- sont instruites dans les manœuvres ;
tionnée. Rien n'est plus varié que les les anciens jouent, joutent ou se
poses et les attitudes des lutteurs querellent; plus loin l'ordonnance mi-
attaquant , se défendant , reculant et litaire est mise à exécution, et un in-
avançant tour à tour, se baissant, ou subordonné subit la peine à laquelle il
renversés , se relevant , et triomphant a été condamné; des officiers en char
de l'adversaire par la force , la ruse ou à pied inspectent partout et don-
et l'adresse. Dans ces exercices, les nent des ordres gui sont écoutés avec
lutteurs étaient nus; une large cein- attention, et exécutés vraisemblable-
ture soutenait et favorisait leurs ef- ment de même.
forts ( voy. pl. 32 ). Les exercices mili- Sur la gauche du camp étaient les
taires proprement dits n'étaient pas hôpitaux et les ambulances ; les che-
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150 L'UNIVERS.
vaux et les ânes malades y étaient sieurs substances solides en forme de
réunis ; des vétérinaires les soignaient gaines, et fermés avec un couvercle
et les pansaient; enlin, on voit à l'angle orné d'une téte de lion dorée; des
droit de ce même côté, les soldats fouets, des cravaches de combat de
malades auxquels l'infirmier adminis- formes assez différentes ; enfin , de
tre une potion qu'ils boivent avec em- belles côtes de mailles en métaux assor-
pressement. Les exercices des chars tis. Ces curieux objets militaires peints
et les manœuvres des corps de fantas- dans ce tombeau représentent sans
sins se passaient autour de la palissade nul doute des objets d'armement à
en dehors du camp. l'usage de l'armée dans l'antique
C'est à ces deux espèces d'armes seu- Égynte.
lement qu'il nous paraît que les Égyp- Chaque corps avait aussi son en-
tiens se bornèrent dans la composition seigne , et c'est dans ce même tombeau
de leur armée. Toutefois les corps de qu'on a retrouvé plusieurs types de ces
fantassins furent variés, et si nous nous signaux égyptiens; ils étaient placés à
en rapportons au témoignage des mo- l'extrémité d'une grande hampe qui
numents, nous y reconnaissons : l°des par son élévation , les rendait visibles
soldats portant un bouclier qui couvre a tous les yeux. Les enseignes étaient,
leur corps de la ceinture à la tête, ar- comme on devait le penser, empruntées
més d'une lance dans la main droite à la religion. Les unes consistaient
d'une courte hache dans la gauche , et dans la coiffure même et les insignes
couverts d'une courte tunique, ceux-ci caractéristiques des divinités représen-
marchent en colonne serrée et for- tées sous forme humaine, telles que
maient le gros de l'armée; 2° des sol- Ammon, Phtha, Osiris ou Isis; d'au-
dats composant sans nul doute les tres substituaient aux traits humains
troupes légères, portant de la main gau- du dieu ou de la déesse, la téte de l'a-
che un petit bouclier rond, de la droite nimal qui était son emblème vivant,
la harpé, ou sabre recourbé garni tel que l'épervier, le lion, et quelque-
d'un manche; leur tête était couverte fois même la figure complète de ce
d'un casque en cuir ou en métal diver- symbole , comme l'ibis et le schacal.
sement orné à son sommet ; 3° les ar- Avec les ressources d'une population
chers proprement dits, habilles de militaire aussi nombreuse, et le perfec-
longues tuninues, portaient un arc tionnement successif qu'elle acquit
triangulaire de grande dimension et dans l'art de la guerre, par l'étude
un énorme carquois sur l'épaule. et par la pratique , l'Egypte était en ce
Dans les marches de l'armée , les point aussi avancéequ'ait pu l'être toute
chars de guerre étaient à l'avant , à autre nation ancienne ou moderne,
l'arrière et sur les lianes; au centre, tant que l'usage des armes à feu fut
les fantassins pesamment armés inconnu ; et ceux qui , d'après une
protégés par leur grand bouclier; et opinion irréfléchie, disent et répètent
les troupes légères à l'avant-garde et que la nation égyptienne ne fut pas guer-
sur tous les points menacés. rière , parce qu'ayant plutôt étendu sa
L'n chef militaire a fait orner son tom- domination par (les colonies que par
beau de tous les instruments de sa pro- des conquêtes , elle n'eut pas l'avan-
fession ; ce tombeau a été étudié par des tage d'aguerrir ses soldats par les ba-
voyageurs modernes , qui ont eu la sa- tailles; ceux- la n'ont point étudié les
tisfaction d'y reconnaître un arsenal monuments où sont retracés en uu
antique tout entier plusieurs faisceaux
: nombre infini d'actions les faits mili-
de longues piques, des casques de taires de l'antique histoire de l'Egypte.
formes différentes et diversement or- Nous avons deja dit qu'environnée de
nés d'inscrustations en métaux ou en peuplades nombreuses, elle dut être
matières précieuses; des poignards habituellement sous les armes pour dé-
longs et droits dans leur fourreau et fendre ses richesses et sa civilisation
non moins ornés; des carquois de plu- contre leurs entreprises , et qu'obligée
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ÉGYPTE. 151
er
batailles de l'Iliade. On Ta
déjà remar- 1 tableau. Rhamsès- le -Grand est
qué : chaque groupe de ces vastes sur son char, les chevaux sont lancés
compositions, considéré à part, sera au grand galop ; il est suivi de trois de
jugé certainement défectueux dans quel- ses montes aussi sur des chars de
fils
ques points relatifs à la perspective, guerre; il met en fuite une armée as-
ou à ses proportions, comparativement syrienne et assiège une place forte.
aux parties voisines ; mais ces défauts 2\ Le roi à pied , venant de terras-
de détail sont rachetés, et au-delà, ser un chef ennemi , et en perçant uu
par l'effet des masses ; c'est, on peut second d'un coup de lance. Ce groupe
le dire , comme les plus beaux vases est d'un dessin et d'une composition
grecs peints , représentant des com- admirables.
e
bats , qui pèchent aussi, si péché il y 3 . Le roi est assis au milieu des
a, s tus les mêmes rapports que les bas- chefs de l'armée ; on vient lui annon-
reliefs égyptiens. cer que les ennemis s'avancent pour
Des scènes de cet ordre ont été ob- l'attaquer. On prépare le char du roi
servées sur tous les grands monuments et des serviteurs modèrent l'ardeur des
de l'Égypte ; elle appartiennent à des chevaux , qui sont dessinés , ici comme
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1S2 L'UNIVERS.
ailleurs, dans Plus loin se
la perfection. prince, lui présente un groupe de
voit l'attaque des ennemis , montés sur prisonniers arabes asiatiques. Plus
des cliars de guerre et combattant loin , le pharaon est représenté comme
sans ordre une ligne de chars égyptiens vainqueur , frappant lui - même un
méthodiquement rangés. Cette partie homme de cette nation, en même
du tableau est pleine de mouvement et temps que le prince ( Sésostris ) lui
d'action : c'est comparable à la plus présente les chefs militaires et une
belle bataille peinte sur les vases grecs, foule de prisonniers. Le roi , sur son
que ces tableaux nous rappellent invo- char , poursuit les Arabes , et son ûls
lontairement. frappe de sa hache les portes d'une
4«. Le triomphe du roi et sa ren- ville assiégée; le roi foule aux pieds
trée solennelle (a Thèbes , sans doute), les Arabes vaincus, dont une longue
debout sur un char superbe, traîné file lui sont amenés captifs par le
par des chevaux marchant au pas et rince son fils : tels sont les tableaux
C
richement caparaçonnés. Devant le istoriques décorant la paroi de gau-
char , sont deux rangs de prisonniers che de ce qui formait la salle princi-
africains , les uns de race nègre et les pale du monument, en supposant
autres de race barabra , formant des aue cette portion du spéos ait jamais
Sroupes parfaitement dessinés , pleins été couverte.
'effet et de mouvement. « La paroi de droite présente les
e
et 6 . Le roi faisant hommage de détails de la campagne contre les
captifs de diverses nations aux dieux Éthiopiens, les Bischari et des Nè-
de Thèbes et à ceux d'Ibsamboul. gres. Dans le premier tableau , d'une
Des monuments de la gloire du grande étendue, on voit les Barbares
père de Sésostris existent aussi dans en pleine déroute, se réfugiant dans
un autre lieu de la Nubie. Champol- leurs forêts, sur les montagnes, ou
lion le jeune, qui Ta explorée au mois dans les marécages. Ce second ta-
de janvier 1828, en donne la descrip- bleau , qui couvre le reste de cette
tion en ces termes : paroi , représente le roi assis dans un
« Près de Kalabschi est l'intéres- naos et accueillant , avec un geste de
sant monument de Bet-Oually, qui la main , son fils aîné ( Sésostris) , gui
nous a pris les journées des 28 , 29 lui présente, 1° un prince éthiopien
30 et 31 janvier jusqu'à midi. Là mes nommé Aménémoph fils de Poéri,
yeux se sont consolés des sculptures soutenu par deux de ses enfants, dont
barbares du temple de Kalabschi une coupe comme pour
l'un lui offre
qu'on a faites riclies parce qu'on ne lui donner la force d'arriver au
savait plus les faire belles, en contem- pied du trône du père de son vain-
5 tant les bas-reliefs historiques qui queur; 2° des chefs militaires égyp-
écorent ce spéos d'un fort beau style
, tiens; 3* des tables et des buffets cou-
et dont nous avons des copies com- verts de chaînes d'or et avec elles des
plètes. Ces tableaux sont relatifs aux peaux de panthère ; des sachets ren-
campagnes contre les Arabes et des fermant de Por en poudre, des troncs
peuples africains, les Kouschi (les de bois d'ébène, des dents d'éléphant,
Ethiopiens), et les Schari qui sont des plumes d'autruche, des faisceaux
probablement les Bischari a'aujour- d'arcs et de flèches , des meubles pré-
d'hui; campagnes de Sésostris dans cieux et toutes sortes de butin pris
sa jeunesse et du vivant de son père sur Pennemi ou imposé par la con-
comme le dit expressément Diodore quête; 4° à la suite de ces richesses,
de Sicile qui, à cette époque, lui fait marchent quelques Bischaris prison-
soumettre en effet les Arabes et pres- niers, hommes et femmes, l'une de
que toute la Libye. celles-ci portant deux enfants sur ses
« Le roi Rhainsès père de Sésos- ,
épaules et dans une espèce de couffe ,
tris, est assis sur son trône dans un suivent des individus conduisant au
naos, et son lils, en costume de roi des animaux vivants, les plus cu-
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EGYPTE JÔ3
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154 L'UNIVERS.
Rhamsès-Sésostris, au grand dieu de l'image d'une série de forteresses, des
Thèbes Ammon-Ra, les tableaux mi- quelles sortent des Égyptiens enime
litaires, relatifs aux conquêtes du roi, nant des captifs : les fégendes sculp
couvrent les faces des deux massifs tées sur les murs de chacune d'elle
du pylône sur la première cour du donnent leur nom, et apprennent qu
palais ; ils sont visibles en assez grande Rhainses- le -Grand les a prises d
partie, parce que réboulement des vive force, la huitième année de soi
portions supérieurs du pvlone a eu règne.
lieu du côté opposé. Ces scènes mili- Près de là on trouve un grand ta
taires offrent la plus grande analogie bleau de guerre, mais qui se partagt
avec cel es qui sont sculptées dans
t en deux parties principales : dans ui*
Tintérieui du temple d'Ibsamboul et vaste plaine, le roi Rnamsès vient de
sur le pylône de Louqsor, qui font vaincre les Schéto, qu'il a mis en pleine
partie duRhamesséum orienta! de Thè- déroute. Deux princes sont à la pour-
bes. Les inscriptions sont semblables suite de l'ennemi ; ces fils du roi se
et tous* ces bas-reliefs se rapportent nomment Mandouhi Schopsh et Schat-
évidemment à une même campagne hemkémé : c'étaient le 4T et le 5' des
contre des peuples asiatiques qu'on ne enfants de Rhamsès. Les vaincus sont
peut, d'après leur physionomie et d'a- encore des peuples de Schéto ( des
près leur costume, chercher ailleurs Bactriens?); ils se dirigent vers une
que dans cette vaste contrée sise en- ville placée à l'extrémité droite du
tre le Tigre et l'Kuphrate d'un côté, tableau, où s'ouvre une nouvelle scène.
l'Oxus et l'Indus de l'autre, contrée Quatre autres fils du conquérant , les
e e e
que nous appelons assez vaguement 7 , 8 , 9' et 10 de ses enfants, appelés
la Perse. Cette nation, ou plutôt le Méïamoun, Amenhemwa, Noubtei et
pavs qu'elle habitait, se nommait Setnanré, sont établis sous les murs
C/ito, Chcto, Schéto ou Schto. Les de la place ; les assiégés opposent une
Égyptiens désignèrent ces peuples en- vigoureuse résistance; mais déjà les
nemis sous la dénomination de la plaie Égyptiens ont dressé les échelles, et
de Schéto, de la même manière que les'murailles vont être escaladées. Une
TÉthiopie est toujours appelée la mau- fracture a malheureusement fait dis-
vaise race de Kôusch , et tout porte à paraître la première partie du nom
croire fermement que c'est de peuples de la ville assiégée : il finissait par....
du nord -est de la Perse, des Bac- apouro.
triens ou Scythes- Bactriens, qu'il s'a-
, Quelquefois les représentations des
git ici. hauts faits militaires des rois égyp-
Ona sculpté sur le massif de droite tiens s'exprimaient emblématiqiie-
la réception des ambassadeurs scytho- ment ; c'était comme des trophées éle-
baetriens dans le camp du roi ; ils vés ii leur gloire , et pour ainsi dire
sont admis en la présence de Rham- consacrés par la religion. Aussi dans
sès, qui leur adresse des reproches; les le vaste édifice de Medinet-IIabou,
soldats, dispersés dans le camp, se qui est à la fois un temple et un palais,
reposent ou préparent leurs armes, on remarque dans l'intérieur de la
et donnent des soins aux bagages ; en petite cour deux massifs de pylônes
avant du camp, deux Égyptiens admi- ornés, ainsi que les constructions nui
nistrent la bastonnade a aeux prison- les unissent au grand pavillon, de fri-
niers ennemis , afin , porte la légende ses anaglyphiques portant la légende
hiéroglyphique, de leur faire dire ce du fondateur Rhamscs-Méïamoun , et
que fait la plaie de Schéto. Au bas de bas -reliefs d'un grand intérêt
du tableau, est l'armée égyptienne en parce qu'ils ont trait aux conquêtes de
marche, et a l'une des extrémités se ce Pharaon.
voit un engagement entre les chars des La face antérieure du massif de
deux nations. droite est nresque entièrement occupée
La partie gauche de ce massif offre par une ligure colossale du conqué-
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ÉGTPTE. 155
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156 L'UNIVERS.
« livre les chefs des contrées méridio- attestant que Rhamsès-Méïamoun a
« nales ; conduis-les en captivité , et consacré cette grande porte en belle
« leurs enfants i leur suite ; dispose pierre de granit a son pere Amon-Ra
« de tous les biens existant dans leur et qu'enfin les battants ont été si riche-
« pays : laisse respirer ceux d'entre eux ment ornés de métaux précieux,
« qui voudront se soumettre, et punis qu'Ammon lui-même se rrjouit en les
« ceux dont le cœur est contre toi. contemplant.
« Je t'ai livré aussi le Nord.... (lacune); On se trouve , après avoir franchi
« la Terre-Rouge (l'Arabie) est sous tes cette porte , dans la seconde cour du
« sandales, etc., etc.» palais,où la grandeur pharaonique se
Une grande mais très-fruste,
stèle, montre dans tout son éclat la vue
:
constate que ces conquêtes eurent lieu seule peut donner une idée du majes-
la onzième année du règne du roi. tueux effet de ce péristyle , soutenu à
C'est à la même année du règne de l'est et à l'ouest par d'énormes colon-
Rhamsès-Méïamoun que se rapportent nades, au nord par des piliers contre
les sculptures des massifs du premier lesquels s'appuieut des cariatides, et
pylône du côté de la cour. Il s agit ici derrière lesquels se montre une seconde
d une campagne contre les peuples colonnade. Tout est chargé de sculptu-
asiatiques nommés Moschausch. res revêtues de couleurs très-brillantes
Au fond de cette première cour encore et c'est là qu'il faut envoyer,
:
s'élève un second pylône, décoré de pour les convertir, les ennemis systé-
figures colossales sculptées, comme matiques de l'architecture peinte.
partout ailleurs, de relief dans le creux; Les parois des quatre galeries de
celles-ci rappellent les triomphes de cette cour conservent toutes leurs dé-
Rhamsès-Méïamoun, dans la neuvième corations : de grands et vastes tableaux
année de son règne. Le roi , la tête sculptés et peints appellent de toute
surmontée des insignes du lils aîné part la curiosité des voyageurs. L'œil
d'Ammon , entre dans le temple d'A- se repose sur le bel azur des plafonds
mon-Ra et de la déesse Mouth, con- ornés d'étoiles de couleur jaune doré ;
subsiste encore, qu'elle était relative costume est tout-à-fait analogue à ce-
à l'expédition contre les Schakalascha, lui des Assyriens et des Mèdes figurés
les Fekkaro, les Pourosato, les Taônou sur les cylindres dits babyloniens ou
et les Ouschascha. Il y est aussi ques- persépoli tains.
tion des contrées d'Aumoretd'Oreksa, 1" tableau. Grande bataille : le
ainsi que d'une bataille navale. héros égyptien, debout sur un char
Une magnifique porte en granit rose lancé au galop, décoche des flèches
unit les deux massifs du second pylône. contre une foule d'ennemis fuyant
Des tableaux d'adoration aux diverses dans le plus grand désordre. On aper-
formes d'Amon-Ra et de Phtha en çoit sur le premier plan les cliefs
décorent les jambages, au bas desquels égyptiens montés sur des chars, e(
on lit deux inscriptions dédicatoires leurs soldats entremêlés à des alliés
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>TE. 157
les Fekkaro, massacrant les Robou dre importance, mais non pas moins
épouvantés, ou les liant comme pri- utiles pour l'histoire. Ainsi , la femme
sonniers de guerre. Ce tableau seul et la famille entière du roi vainqueur
contient plus de cent figures en pied, assistaient à son triomphe; la criti-
sans compter les chevaux. que a retiré de ces représentations les
T tableau. Les princes et les chefs noms et l'ordre de succession de ces
de l'armée égyptienne conduisent au enfants , et des données de ce çenre
roi victorieux quatre colonnes de ont servi à éclaircir avec certitude
prisonniers des scribes comptent et
: plus d'un doute sur le rang des prin-
enregistrent le nombre des mains droi- ces qui composèrent les nombreuses
tes et des parties génitales coupées dynasties égyptiennes.
aux Robou morts sur le champ de ba- Ainsi , sur la paroi du fond de la
taille. L'inscription porte textuelle- galerie de l'ouest de la même cour,
ment Conduite des prisonniers en
: « alerie formée par une double rangée
« présence de sa majesté ; ceux-ci sont 8 e piliers cariatides et de colonnes, 24
« au nombre de mille; mains coupées, grands bas-reliefs retracent les hom-
« trois mille; phallus, trois mille. » mages pieux du roi envers les dieux
Le Pharaon, aux pieds duquel on dé- ou les bienfaits que les grandes divi-
pose ces trophées , paisiblement assis nités de Thèbes prodiguent au Pha-
sur son char, dont les chevaux sont re- raon victorieux. Une série de ligures
tenus par des officiers , adresse une en pied ornent le soubassement de
allocution à ses guerriers ; il les féli- cette galerie et méritent une attention
cite de leur victoire, et prodigue fort particulière.
naïvement les plus grands éloges à sa Les légendes hiéroglyphiques inscri-
propre personne- tes à côtede ces personnages revêtus
En dehors de ce curieux tableau du riche costume des princes égyp-
existe une longue inscription malheu- tiens, dont ils tiennent en main les
reusement fort endommagée, et re- insignes caractéristiques, constatent
lative à cette campagne , qui date de qu'on a représenté ici enfants de
les
Tan 5 € du règne de Rhamsès-Méïa- Rhamsès-Méïamoun par ordre de pri-
moun. mogéniture. On a seulement fait deux
3* tableau. Le vainqueur , le fouet groupes distincts des enfants mâles et
en main et guidant ses chevaux , re- des princesses. Les princes , dont les
tourne ensuite en Égypte ; des grou- noms et les titres ont été sculptés à
pes de prisonniers enchaînés précè- côté de leurs images, sont au nombre
dent son char; des officiers étendent de huit, savoir :
au-dessus de la tête du Pharaon de 1 .Rhamsès - Amonmai basilico- ,
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i
158 L'UNIVERS.
étant successivement montés sur le La seconde campagne est plus
trône des Pharaons, leurs légendes taillée elle eut lieu contre les F
:
ont dû être surchargées pour recevoir karo, les Schatalascha et autres peu[
les cartouches prénoms ou noms pro- de même race, à physionomie htndo
tableau. Le roi Rhamsès
er
pres de ces princes parvenus au sou- 1 -Mt
verain pouvoir. 11 faut remarquer moun en costume civil, harangue
,
mées les Maschausch et les Rohou. tes : sur s'avancent par peu
le flanc
Dans le premier tableau l'armée , tons les troupes légères de différent]
égyptienne se met en marche, trom- armes ; les guerriers montés sur di
pettes en tiUe, et conduite par le char chars ferment la marche. Une d<
où reposant les insignes d'Ammon, la inscriptions de ce bas- relief comp.ij
divinité protectrice. Le sujet du le roi au germe de Mandou, s'avança r
deuxième tableau est une bataille san- x>ur soumettre la terre entière à s<
glante les Maschausch prennent la
: iois; ses fantassins, à des taureaux
fuite ; le roi quatre princes
et les et ses cavaliers ou chars, à des éper
égyptiens en font un horrible carnage. viers rapides.
e
On voit, sur le tableau suivant, Rham- 3 tableau. Défaite des Fekkari
sès -Méiamoun debout sur un trmie, et de leurs alliés. Les fantassins égyj
haranguant cinq rangs de chefs et de tiens les mettent en fuite sur tous \c
guerriers égyptiens qui conduisent une points du champ de bataille ; M< k«
foule d'ennemis prisonniers , et ces moun, secondé par ses chars de guerre
chefs font une réponse au roi. En tête en fait un horrible carnage; quelque
de chaque corps d'armée, on fait le chefs ennemis résistent encore, mon
dénombrement des mains droites cou- tés sur des chars traînés soit par dfttj
pées aux ennemis morts sur le champ de chevaux, soit par quatre boeufs : ai
bataille , ainsi que celui de leurs phallus, milieu de la mêlée et à une des extré-
sorte d'hommage rendu à la bravoure mités, plusieurs chariots, traînés pat
des vaincus. L'inscription porte à 2,535 des bœufs et remplis de femmes el
le nombre de ces trophées sur autant d'enfants, sont défendus par des Fek-
d'ennemis courageux et vaillants. karo ; des soldats égyptiens les atta-
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ÊGYPTE.
quent et les réduisent en esclavage. « a placé le monde entier dans mes
4* tableau. Après cette première «.mains. » Les princes et les chefs
victoire, l'armée égyptienne se met en répondent au Pharaon qu'il est un so-
marche, toujours dans Tordre le plus leil appelé à soumettre tous les peuples
méthodique et le plus régulier, pour du inonde, et que PÉgypte se réjouit
atteindre une seconde fois l'ennemi ; d'une victoire remportée par le bras
elle traverse des pays difficiles infestés du fils d'Ammon , assis sur le trône
de bêtes sauvages : sur le flanc de de son père.
l'armée , le roi, attaqué par deux lions, V
tableau. Retour du Pharaon
vient de terrasser l'un et combat con- vainqueur à Thèbes après sa double
tre l'autre. campagne contre les Robou et les
5* tableau. Le roi et ses soldats Fekkaro on voit : principaux chefs
les
arrivent sur bord de la mer au
le de ces nations conduits par R ha ses m
moment où égytienné en est
la flotte devant le temple de
grande triade la
venue aux mains avec la flotte des thébaine, Amon-Ra, Mouth et Chons.
Fekkaro, combinée avec celle de leurs Le texte des discours que sont censés
alliés les Schairotanas, reconnaissables prononcer les divers acteurs de cette
à leurs casques armés de deux cornes. scène à la fois triomphale et religieuse
Les vaisseaux égyptiens manœuvrent subsiste encore en grande partie. En
à la fois à la voile et à l'aviron des : voici la traduction :
tribune sur laquelle repose son bras « suivi les neuf arcs (les barbares);
gauche annuyé sur un coussin, haran- « tu as renversé tous les chefs ; tu as
gue ses fils ét les principaux chefs de « percé les cœurs des étrangers et
son armée, et termine son discours « rendu libre le souffle des narines de
par ces phrases remarquables « Amon- : « tous ceux qui.... (lacune). Ma bou-
« Ra était à ma droite comme à ma « che t'approuve. »
• gauche; son esprit a inspiré mes Ces tableaux retracent les principa-
« résolutions; Amon-Ra lui-même, les circonstances de deux campagnes
k
• préparant la perte de mes ennemis, du conquérant égyptien dans la XI*
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100 L'UNIVERS.
onnée de son règne; ils arment jus- On peut y recueillir aussi des noms
qu'au second pyfone du palais : de ce plus modernes et qui n'en sont p^s
point jusqu'au premier pylône, les moins utiles à l'histoire, qui ignore
sculptures n'abondent pas moins; mais souvent les faits que nous révèlent ces
plusieurs tableaux sont enfouis sous monuments. C'est ainsi qu'au temple
des collines de décombres. On peut situé au nord d'Esneh, et sur les sculpt ti-
distinguer deux bas-reliefs faisant par- res duquel se trouvent successivement
tie d'une troisième campagne du roi les noms de Ptolémée Évergète T% de
contre des peuples asiatiques, avec les sa femme Bérénice, de Philopator, et
légendes en très- mauvais état. L'un des empereurs Hadrien, Antonio e:
représente Rhamsès- Meïamoun com- Vérus, le soubassement extérieur dr
battant à pied , couvert d'un large la partie gauche est occupé par un ta-
bouclier , et poussant l'ennemi vers bleau représentant une série de captifs
une forteresse assise sur une hau- où sont figurés les peuples vaincus par
er
teur. Dans le second tableau, le roi, Ptolémée Évergètê 1 , selon tout<*
à la tête de ses chars, écrase ses apparence. Chacune des figures porte
adversaires en avant d'une place dont attaché à sa poitrine un bouclier sur
une partie de l'armée égyptienne lequel le nom de sa nation est tracé,
pousse le siège avec vigueur ; aes sol- et on lit très-distinctement, dans In
dats coupent des arbres et s'approchent liste des peuples que le vainqueur se
des fosses, couverts par des mantelets ; vante d'avoir soumis , les noms de
d'autres , après les avoir franchis, at- l'Arménie, de la Perse, de la Thrace et
taquent à coups de hache la porte de delà Macédoine; peut-être aussi ces
la ville; plusieurs, enfin, ont dressé conquêtes furent- elles faites par un
des échelles contre la muraille et mon- empereur romain.
tent à l'assaut, leurs boucliers rejetés 11 est toutefois indispensable de faire
contre une forteresse remplie de bar- tuel égyptien avait jusque-là conserve
bares. Les soldats égyptiens et les offi- toute son autorité, et l'accomplisse-
ciers attachés à la personne du roi ment des devoirs envers Dieu était
marchent à sa suite, rangés sur quatre pour le roi d'Égypte la plus solen-
files parallèles. nelle comme la plus importante de ses
Ces grandes sculptures méritent bien obligations.
le titre d'historiques, par le nombre Ces tableaux si multipliés des cam-
considérable de noms de peuples et pagnes de l'armée égyptienne donnent
de nations asiatiques ou africaines nécessairement une grande idée de
qu'on peut y recueillir, et qui ouvrent l'état militaire de l'Égypte. On a estime
un nouveau champ de recherches à la à 180 mille hommes "de toutes armes
géographie comparée ; ce sont de pré- les forces de cette nation habituelle-
cieux éléments pour la reconstruction ment sur pied ; mais cet état dut être
du tableau ethnographique du monde successivement augmenté quand l'É-
dans la plus antique période de son gypte entreprit des conquêtes quel-
histoire , et il parait possible de rap- quefois très-lointaines, et qui exigè-
procher ces noms égyptiens de peuples rent un très-grand développement dp
avec ceux que nous ont transmis les moyens militaires, sous le règne de
géographes grecs, et ceux que contien- Sésbstris, par exemple.
nent les textes hébreux et les mémoi- Son nom est un des plus fréquents
res originaux des nations asiatiques. dans les légendes historiques de l'F-
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•
* •
•
l
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EGYPTE. 161
route, il parvint à une mer où il lui tes épaules ont rendu maître de ce
fut impossible de naviguer à cause des pays. »
IV livraison. (Éctptb.) 11
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L'UNIVERS.
À trois heures environ au nord de teb, el-Magara et Seboutb-el-Kaditi
Béryte, en allant vers Tripoli, la route où paraissent avoir existé des issir»
coupe un contre-fort de roche calcaire ur le cuivre; les royaumes «Je B»
qui s'étend jusqu'à la mer, et au pied du- flone etde Ninive, une grande part
quel coule l'ancien l.vcus , nommé aussi l'Asie mineure, Pile de CJhypr*
par les Arabes, Nahr-cl-Kelb, Fleuve plusieurs «es de l'Archipel, et les pan
du chien. Le rocher, taillé pour 'a.re qu'on nomma ensuite la Perse : rie
place à la route, a été ensuite aplani n'égala jamais tant de puissance *
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EGYPTE. m
l'antique Thèbes, et il interrogea l'autorité d'un commandant militaire:
ies plus âgés parmi les prêtres, sur lé les inscriptionsgrecques du temps des
contenu des inscriptions hiéroglypni- Ptolémées et des Romains mention-
jues dont ces débris étaient couverts ; nent les noms et les qualités de quel-
°t les prêtres lui répondirent qu'on y ques-uns de ces hauts fonctionnaires
isait des notions sur l'état ancien de royaux et si' l'on voulait réunir des
;
l'Egypte, sur ses forces militaires et notions certaines sur la répartition des
»es "revenus
?
que ces notions se rap-
*
garnisons militaires dans PÉgypte des
wrtaient particulièrement à l'époque Pharaons et dans PÉgypte dès I.agi-
>ù le roi Rhamsès fit la conquête de la des, on pourrait avec succès prendre
'jbye, de l'Éthiopie, de la Syrie et de pour gurde l'état de ces répartitions
Asie; qu'il y avait alors "sept cent consigné dans le précieux opuscule
mile hommes en âge de porter les latin connu sous le litre de Notice des
rmes, et qu'à leur tète ce roi avait dignifcs de l'empire romain. L'état
»énétré chez les Mèdes, les Perses, physique de l'Egypte n'admettait pas
îhiis la Bactriane, la Scythie, en Ar- de* variations sensibles dans son sys-
nénie, en Cappadoce, et avait soumis tème de défense, tant que le système
i la fois la terre et les mers. Des monu- des armes ne changea point. Au midi,
nents encore debout nous tiennent on gardait Éléphantine, Syènc et les
aujourd'hui un semblable langage. De îles voisines ; a Test, Péluse et Daph-
ieux prêtres égyptiens nous rediraient né; à l'ouest, ÎUaréa et autres points
les mêmes paroles que celles que Ger- vers la chaîne libyque.
nanicus entendit sur les ruines de L'rtgypte eut "des possessions au-
rhèbes, et que Tacite nous a lidèle- delà de Svène et de la première cata-
nent conservées. racte. Plusieurs monuments élevés
A ces notions générales, tirées des par les anciens Pharaons y subsistent
àstes militaires Je l'Egypte, il nous encore , et des inscriptions votives ou
•este à ajouter quelques détails pro- dédicatoires prouvent , sans nul doute
pres a compléter, du moins autant que l'autorité militaire y était confiée
me nous le permettent les faits isolés par les Pharaons, à des princes même
ffii nous sont parvenus, ce qu'il est du pays et aux enfants de ses familles
wssible de bien savoir aujourd'hui les plus distinguées.
ror les institutions militaires de cette On n'a trouve, en effet, sur les mo-
llustre nation. numents de Nubie, que des noms
la
roi, chef de l'armée de terre et
Le de princes et nubiens
éthiopiens
le mer, s'en réservait le commande- comme gouverneurs de ces pays. La
nent supérieur, et déléguait à de Nubie était donc si intimement incor-
rrands oflîeiers celui des divisions, des porée à l'Egypte, que les Pharaons con-
)rovinces et des places d'armes. On a fiaient à des personnages nubiens le
mi plus haut, pag. 157, les titres et commandement des troupes dans leur
onctions militait es des trois fils du Pha- propre pays.
raon Rhamsès-Méïamoun, et à la p. 143 On voit, en effet, à Ibsamboul, sur
es grades accordés aux filsde Sesos- les rochers, une stèle sculptée, dans
ris. Les autres chefs militaires, fai- laquelle le nommé Mai, qui porte le
sant le service auprès du roi, étaient titre de commandant des troupes en
appelés a!es oeris, et leur tête était Nubie, et qui est né dans la contrée
ornée d'une plume d autruche. Les of- de Ouaou, l'un des cantons de la même
ùciers de divers grades étaient recon- contrée, célèbre les louanges de Hham-
nus à certains signes extérieurs. On y sès-le-Crand sur un ton très-empha-
ajouta des décorations honorifiques, tique. D'autres stèles désignent di-
enfiu des titres qui Tétaient également, vers autres princes éthiopiens comme
et qui étaient ceux de cousin, de pa- employés militaires de Sésostris en
rentou d'ami du roi. Nubie.
Chaque province ou nome était sous Une des excavations de Maschakith t
11.
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164 L'UNIVERS
dans la même contrée, est une cha- Le troisième spéos d'Ibrim est du
pelle dédiée à la déesse Anoukè
(Vesta) règne suivant , d'Aménophis II , suc-
et aux autres dieux protecteurs de la cesseur de Mœris , sous lequel les ter-
Nubie, par un prince éthiopien, nom- res du midi étaient administrées par
mé Pohi , qui était gouverneur de la un autre prince, nommé Osorsatë. Sur
province pendant le règne du même la paroi de droite, ce roi Aménophis II
Sésostris : il supplie la déesse pour est représenté assis, et deux princes,
que ce conquérant foule les Libyens parmi lesquels Osorsaté occupe le pre-
et les Nomades sous ses sandales, à mier rang, présentent au Pharaon les
toujours. tributs des terres méridionales et les
Dans un autre tableau, sculpté sur productions naturelles du pays, y com-
les rochers d'Ibsamboul , un autre pris des lions, des lévriers et des scha-
prince éthiopien présente au même cals vivants,comme porte l'inscription
roi Sésostris l'emblème de la victoire, gravée au-dessus du tableau , laquelle
et on y lit la légende suivante : Le spécifiait le nombre de chacun des
royal fils d'Éthiopie a dit : Ton père objets offerts, comme, par exemple,
Amon-Ra doté , ô Rhamsès , d une
t'a 40 lévriers et 10 schacals vivants ;
vie stable etpure ; qu'il t'accorde de l'état de dégradation du texte n'a pas
longs jours pour gouverner le monde permis d'en tirer autre chose que les
et pour contenir les Libyens , à tou- faits généraux. Au fond du speos la
jours. statue du roi Aménophis le représente
Ibrim, l'ancienne Primis des géo- assis entre les dieux d'Ibrim.
graphes grecs, en Nubie, est remar- Le plus récent de ces spéos, le qua-
quable par un certain nombre de spéos trième, est encore un monument du
ou excavations faites de main d'hom- même genre et du règne de Sésostris,
me dans le rocher. Champollion le Rhamses-le-Grand. Cest aussi un gou-
jeune, qui les a vues, en donne la des- verneur de la Nubie qui l'a fait creuser
cription suivante : en l'honneur des dieux d'Ibrim, Her-
Le second spéos, sculpté et peint, mès à téte d'épervier et la déesse
appartient au règne de Mœris, dont la Saté, à la gloire du Pharaon dont la
statue, assise entre celles du dieu sei- statue est assise au milieu des deux
gneur d' Ibrim et de la déesse Saté lu- divinités locales , dans le fond du
non,, dame de Nubie, occupe la niche spéos. Mais, à cette époque, les terres
du fond. Cette chapelle, aux dieux du du midi étaient gouvernées par un
pays, a été creusée par les soins d'un prince éthiopien, dont on retrouve des
prince nommé Nahi, grand person- monuments à Ibsamboul et à Ghirsché.
nage, portant dans toutes les légendes Ce personnage est figuré dans le spéos
le titre de gouverneur des terres mé- d'Ibrim, rendant ses respectueux hom-
ridionales, ce qui comprenait la Nubie mages à Sésostris, et à la tête de tous
entre les deux cataractes. Ce qui reste les fonctionnaires publics de son gou-
d'un grand tableau sculpté sur la pa- vernement, parmi lesquels on compte
roi de droite, nous montre ce prince deux hiérogrammates , plus le gram-
debout, devant le roi assis sur un mate des troupes , le grammate des
trône, et accompagné de plusieurs au- terres, l'intendant des biens, et d'au-
tres fonctionnaires publics, présentant tres scribes sans désignation plus par-
au souverain, à ce mie dit l'inscription ticulière ; et il est a remarquer, à
hiéroglyphique (malheureusement très- l'honneur de la galanterie égyptienne,
courte) qui accompagne ce tableau, les que la femme du prince éthiopien
revenus et tributs en or, en argent, Satnouï se présente devant Sésostris
en grains, etc., provenant des terres immédiatement après son mari, et
méridionales dont il avait le gouver- avant les autres fonctionnaires. Cela
nement. Sur la porte du spéos est montre, aussi bien que mille autres
inscrite la dédicace que le prince a faite faitspareils, combien la civilisation
du monument. égyptienne différait essentiellement de
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KG YPTE.
celle de rOnent, et se rapprochait de diverses ; des monuments semblables
la nôtre. décorent les intervalles des cinq por-
y a aussi sur les rochers qu'on
Il tes qui donnent entrée dans ce curieux
trouve de Philœ à Syène, un grand muséum.
Kmbre d'inscriptions commémorati- Les plus anciens bas-reliefs, ceux du
ves d'actes relatifs à des militaires. roi Horus , occupent une portion de la
On v voit des sculptures représentant paroi ouest : le Pharaon y est repré-
te princes éthiopiens rendant hom- senté debout, la hache d'armes sur
mage à Sésostris, ou à son grand-père ; r épaule,recevant d'Aramon-Ra l'em-
one inscription mentionnant une vic- blème de la vie divine, et le don de
toire remportée sur les Libyens, par subjuguer le nord et de vaincre le midi.
er
le roi Tbouthmosis I , Tan vu de Au-dessous sont des Éthiopiens , les
son règne, et le 8 du mois de pnamè- uns renversés, d'autres levant des
Qoth; une autre inscription du suc- mains suppliantes devant un chef
cesseur de ce roi , d'Aménophis III égyptien qui leur reproche, dans la lé-
Menwon), et en quatorze lignes, rap- gende, d'avoir fermé leur cœur à la
pelant que ce Pharaon venait de sou- prudence et de n'avoir pas écouté lors-
mettre les Éthiopiens , Tan de son V qu'on leur disait : « Voici que le lion
repie, et que, passant dans ce lieu, il s'approche de la terre d'Ethiopie
v a tenu une pnnégyrie. (Kousch). Ce lion -là était le roi
n des speos de Silsilis est encore
i
Horus qui fit la conquête de l'Ethio-
plus remarquable par l'ensemble des pie, et dont le triomphe est retracé sur
wjets militaires dont il est orné, et les bas-reliefs suivants.
il remonte aux premiers temps de Le roi vainqueur est porté par des
la
XVIir dynastie égyptienne. C'est chefs militaires sur un riche palanquin,
encore aux narrations de Champollion accompagné de flabellifères. Des ser-
le jeune
que la description qui suit est viteurs préparent le chemin que le
empruntée : cortège doit parcourir ; à la suite du
Le plus important des monuments Pharaon viennent des guerriers con-
de Silsilisest un grand spéos, ou édi- duisant des chefs captifs ; d'autres
ficecreusé dans la montagne , et plus soldats, le bouclier sur l'épaule, sont
singulier encore par la variété des en marche , précédés d'un trompette ;
époques des bas-reliefs qui le décorent. un groupe de fonctionnaires égyptiens,
Cette belle excavation a été commen- sacerdotaux et civils, reçoit le roi et
*
cée sous Horus de la XVIII e dynastie lui rend des hommages.
;
ou eo voulait faire un temple dédié à La légende hiéroglyphique de ce
Immon-Ra d'abord, et ensuite au dieu tableau exprime ce qui suit : « Le dieu
Nil, divinité du lieu, et au dieu Sevek gracieux revient (en Égypte), porté par
Saturne à tète de crocodile), divinité les chefs de tous les pays (les nomes) ;
principale du nome Ombite , auquel son arc est dans sa main comme celui
appartenait Silsilis. C'est dans cette de Mandou , le divin seigneur de l'É-
•nteation qu'ont été exécutés, sous le gypte ; c'est le roi directeur des vigi-
feçne d'Horus, les sculptures et ins- lants, qui conduit (captifs) les chefs de
criptions de la porte principale , tous la terre de Kousch (l'Ethiopie), race
'es du sanctuaire, et quel-
bas-reliefs perverse; ce roi, directeur des mon-
ques-uns des bas-reliefs qui décorent des, approuvé par Phré, fils du soleil
une longue et belle galerie transver- et de sa race, le serviteur d'Ammon,
sale qui
précède le sanctuaire. Horus, le vïvificateur. Le nom de sa
Cette galerie, très-étendue, forme majesté s'est fait connaître dans la
un véritable musée historique. Une de terre d'Ethiopie que le roi a châtiée
parois est tapissée, flans toute sa conformément aux paroles que lui
°n?ueur, de deux rangées de grandes avait adressées son pere Ammon. »
stèles ou de bas-reliefs sculptés sur un Un autre bas-relief représente la
rc
*,et, pour la plupart, d'époques conduite, par les soldats, des prison-
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'
166 L'UNIVERS.
niera du commun enfort grand nom- dire, elle-même * par ses tableaux,
bre leur légende exprime les paroles
; qu'elle Ut durant des siècles et av
qu'ils sont censés prononcer dans leur une persévérance dans ses entame*
humiliation : « O toi vengeur ! roi de qui proclame bien haut toute la ce ri
la terre de Kémé
(FÉgypte), soleil des tude de h science qui les établît.
Riphaïat (les pu
pies libyens), ton Ben i- Hassan, pl° s au midi que
nom est grand dans la terre de Kousch Kaire, a dans son voisinage un certai
(l'Ethiopie), dont tu as foulé les signes nombre de grottes décorées de peinti
royaux sous tes pieds ! » res d'une parfaite conservation, tout*
Enlin , nous indiquerons encore les relatives a la vie civile, aux arts
monuments de lieit Ouallv, en INubie, métiers, et, ce qui est plus rare, à I
Égvpte ; dans ces scènes variées , les hommes , femmes ou enfants, pris par
physionomies varient aussi selon les un des fils de Néhâthph, et piésenlés a
circonstances qui dominent le sujet ce chef par un scribe roval, nui of fre en
représenté. même temps une feuille Je papvrus
Mais ce n'est pas dans les temples sur laquelle sont relatés la date de la
seulement que l'historien doit cher- prise , et le nombre de captifs , qui
cher des données positives sur la caste était de trente-sept. Ces captifs, grands
militaire en Éaypte-, comme pour tou- et d'une physionomie toute particu-
tes les autres parties de ses annales, lière, à nez aquilin pour la plupart,
pour celle-ci les tombeaux recèlent des étaient blancs comparativement aux
documents plus précieux et plus com- Égyptiens , puisqu'on a peint leurs
plets que n'auraient pu l'être les plus chairs en jaune roux pour imiter ce
minutieuses narrations écrites. Des que nous nommons la couleur de chair.
tableaux sculptés et peints parlent plus Les hommes et les femmes sont habil-
vivement n l'esprit que
phrases les
les lés d'étoffes très-riches, peintes (sur-
plus parfaites, et ce ne sera pas sans tout celles des femmes) comme le sont
obtenir, nous l'espérons, l'approbation les tuniques des dames grecques, sur les
des lecteurs, que nous aurons préféré vases grecs du vieux style : la tunique,
jusqu'ici la simple description de ces la coiffure et la chaussure des femmes
tableaux si expressifs, à des déductions captives peintes à Béni -Hassan res-
nécessairement incomplètes dans leurs sert iblent n celles des dames grecques
dé'ails. L'tfgypte, eMe-nré'me, a tracé des vieux vases . et on voit sur la robe
pour nos veux ce que nous désirons d'une d'elles l'ornement enroulé fi
d'apprendre : laissons-la donc nous connu sons le nom de (/rerque , peint
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ËGYPTB. 167
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168 L'UNIVERS.
combattant celle d'un ennemi non de la XVII* dynastie ; qu'il est ail
moins avancé dans l'art naval. Les rejoindre le roi à Tanis ; qu'il a pri
navires sont conduits à la rame et part aux guerres de ce temps ,ou n
à la voile : ceux des deux partis s'ap- servi sur l'eau ; qu'il a ensuite com
prochent le plus possible ; les sol- battu dans le midi , où il a fait de-
dats rivaux s'attaquent et combattent prisonniers de sa main; que dans le
d'un bord à l'autre ; des cordages ar- guerres qui eurent lieu la sixième an
més de crocs sont lancés pour saisir née du règne du même Pharaon , il <
l'embarcation ennemie; on monte à pris un riche butin sur les ennemis
l'abordage ; l'équipage et les troupes qu'il a suivi le roi Ahmosis lorsqiH
sont égorgés ou faits prisonniers ; s'est rendu par eau dans l'Ethiopie
dans la mêlée, quelques navires sont pour lui imposer des tribus ; qu'il st
_ M—
. -1A M A 4**<k«*4 11 — Ml
renverses, et ils sont submerges avec
II lt il
distingua aussi dans cette guerre ; et
I I Jill_l1 < Il I
les hommes qui les montent. La forme qu'enfin, il a commandé des bâtiments
et l'armement de ces navires ne per- sous le reçue du roi Thouthmosis I er ,
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ÉGYPTE. 109
panégyriques, à peu près complet, et antique poème historique en prose.
qui déjà a obtenu quelque célébrité. «Les Schéto (ou Scythes) s'exhortent
(Test k
rouleau de papyrus possédé à attaquer les Égyptiens; dénombre-
par M. Sallier, d'Aix en Provence, et ment de leurs chefs et des diverses
le jeune , qui le rit nations leurs alliées dans cette guerre;
un grand nombre de peuples de l'Asie
ces termes : occidentale y sont dénommés, et par-
•J'ai reconnu dans un paquet de ticulièrement ceux de l'Asie mineure,
papyrus égyptiens non funéraires, l'un tels que les Lyciens et les Ioniens. —
long manuscrit en fort mauvais état, Dénombrement des forces égyptiennes.
<j<ji m'a paru contenir des thèmes as- Le roi les harangue pour les exciter
tro logiques en belle écriture hiérati- au combat c'est Rhamsès lui-même
:
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L'UNIVERS.
gvpte s'attacha à la conservation douze aroures de terre
documtnts de son histoire nationale. concédées à chaque individu
L'existence de l'ouvrage que nous ve- par les rois ses prédécesseurs et
nons de faire connaître n'a donc rien sies parmi les meilleures terres. M
de surprenant ; il nous prouve aussi peu de temps après, l'Égypte ayant
que les grands princes trouvèrent de attaquée par une armée nombre
clignes historiens, et les hommes dis- d'Assvriens, aucun soldat ne vouli
tingues de la caste militaire, d'élo- marcher. La classe des artisans „
quents panégyristes. L'éloge des ver- marchands et des ouvriers, se rai
tus militaires et de la science des com- autour du roi la protection des d
:
hats fut donc aussi pour la civilisation vint à son secours, et l'Ëgvpte ne
égyptienne une nécessité sociale. point envahie ; son salut fut ainsi 1"
Ivous avons presque épuisé l'ensem- \ rage de ceux que la loi ne
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Egypte. 171
du deuil public , la momie royale était beau de roi, martelé d'un bout à l'autre,
portée en grande pompe à l'entrée du excepté dans les parties où se trou-
tombeau ; elle y restait exposée aux re- vaient sculptées les images de la reine
grets ou aux malédictions ûi peuple as- sa mère et celles de sa femme qu'on ,
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172 L'UNIVERS.
d'environ quinze pieds de hauteur ; c'est tendue de l'empire; cette proscripti
celle d'un Pharaon debout , dont le nom les atteignit jusqu'au fond de la Tl
se lit sur l'agrafe de la ceinture qui lui baïde : les cartouches contenant le n<
serre sa tunique sur les reins. Utient propre de Géta sur le temple d'Esn
de la main gauche une grande enseigne sont aussi régulièrement mari.
sacrée, et son nom est encore gravé L'autorité morale du peuple égypti
en beaux hiéroglyphes sur le bâton de sur la renommée de ses rois rie sa
cette enseigne ; il se lit jusqu'à sept fois rait donc être mise en doute , et pei
sur les diverses parties de ce même être peut-on dire que quelque sagei
colosse. Une autre statue du même roi se révélait dans cette institution po
est au musée britannique; un second tique, parce que tous les citoyens >
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ÉGYPTE. 173
pour les pauvres communes quand ils ment pour vêtement une courte tuni-
avaient besoin d'elles pour lutter avec que de lin nommée Calasiris
, , serrée
sjccès contre la couronnne. Quoi qu'il par une ceinture au-dessus des han-
en soit , le droit attribué a la caste po- ches, ayant parfois de courtes manches
pulairede juger les actes des rois de
. , et garnies de franges par le bas.
condamner leur mémoire, et l'inévita- chaussure était en papyrus ou en cuir,
ble effet de ces jugements , ne sau- mais elle était vraisemblablement ré-
raient être mis en doute : toutefois servée aux classes supérieures. La téte
l'histoire a trop néglige les preuves était habituellement découverte; la
au'on aurait pu recueillir pour l'utilité chevelure était frisée ou nattée; un
4e tous , de 1 ancienneté et de l'efiica- manteau de laine était parfors jeté sur
ritéde cette singulière institution po- la tunique , et ils le quittaient à l'entrée
litique de la vieille Égygte. des temples. Les femmes portaient avec
La fertilité extraordinaire de la la tunique d'amples vêtements en lin ou
terre, un climat bienfaisant, de bon- en coton, à larges manches, unis ou
nes lois que l'expérience avait élabo- rayés, blancs ou de couleur unie; leur
rées , et que le temps sanctionna ; une chevelure était artistement soignée;
administration active et bienveillante leur téte, leurs oreilles et leurs mains
sans cesse occupée à établir et à con- étaient ornées de bandeaux , de boucles
solider Tordre public dans les champs et d'anneaux. Une chaussure légère
comme dans les cités ; l'influence iné- enveloppait leurs pieds; elles sortaient
vitable de la religion sur un peuple le visage découvert, accompagnées de
naturellement pieux, d'un caractère quelques femmes de service, qu'elles
facile, etqu'Hérodote considère comme avaient en assez grand nombre dans
les plus religieux des hommes, permet- leur maison. Habillées aussi avec d'am-
tent de penser qu'en Êgypte la classe ples robes d'étoffes rayées, les suivan-
populaire fut heureuse, et que, occupée tes avaient leurs cheveux tressés et
et laborieuse , modérée dans ses mœurs tombant sur leurs épaules ; elles por-
et dans ses vœux , elle trouva dans taient de plus un larçe tablier de même
son travail les sources d'une aisance gé- étoffe que leur robe , point de bijoux
nérale, et qui fut de longue durée. ni autres parures, et se tenaient dans
Les familles y étaient habituellement une situation très-respectueuse en pré-
nombreuses ; on voit dans les monu- sence de la dame de la maison. Les
ments les plus simples , peints sur un filles sorties de l'âge de l'enfance
panneau de bois ou sculptés sur une étaient habillées comme* leur mère , à
dalle de pierre calcaire , et représentant l'exception des ornements de la téte ;
les devoirs funèbres rendus aux chefs et les enfants des deux sexes n'avaient
'l une famille par tous ses enfants
, que pour tout habillement ou parure, durant
leur nombre pour les deux sexes s'é- les sept à huit premières années , que
lève de huit à douze et parfois au-delà ; des boucles d'oreilles.
et si le luxe de ces monuments désigne La race était belle, d'une haute
'les familles plus distinguées et des taille, un peu grêle en général, et
classes supérieures, ils rendent à l'é- vivant long-temps , comme le prou-
ard de ces familles le même témoi- vent celles des inscriptions funéraires
çnage quant au grand nombre des où l'âge des défunts dépasse, quatre-
enfante qui appartenaient à chacune ; vingts ans. Du reste, toutes les ex-
testableaux sculptés à Thebes nous ceptions à ces données générales se
donnent la liste de neuf descendants rencontraient dans la population égyp-
miles de Rhamsès-Méiamoun, et d'un tienne comme dans toutes les autres :
nombre encore plus considérable de nous ne réunissons ici que les traits
filles. L'ancienne société égyptienne principaux de sa constitution physique,
différa en ce point essentiel âe l'état d'après les monuments d'accord avec
des sociétés modernes. les récits de l'histoire. Du reste, Hé-
La classe populaire avait générale- rodote ,
qui a vu l'Égyptc avant sa
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174 L'UNIVERS.
entière, assure qu'après les les
Libyens , les Égyptiens étaient en et au premier étage , habitation pou
général les plus sains des hommes. Le la nuit, on ne voit, comme on l'ob
grand nombre de momies d'hommes serve aujofird'hui dans toutes les ville
ou de femmes , qui ont été ouvertes d'Égypte, que de très-petites croisées
corrobore ces divers témoignages. Les couleurs de la peinture qui nom
L'intérieur des familles dénote des fournit ces détails indiquent que ce
mœurs douces et des habitudes d'af- fenêtres étaient à deux vantaux , gai
fection. On voit un de ces intérieurs nis de carreaux en verres de couleur
peints dans un des tombeaux de Gour- Un grenier ouvert sur les côtés et uni
nah. Une mère de famille rentre chez terrasse découverte terminaient o
elle avec ses trois filles d'âges diffé- bâtiment. Un jardin était une dépen-
rents , suivies d'un vieux serviteur et dance des maisons de cet ordre ; dei
d'une servante d'un âge mur. Après arbres fruitiers en plein vent t et par
avoir traversé une première pièce, elles mi lesquels on distingue le grenaoiei
se trouvent dans la seconde, qui eu et le citronnier; des arbres d'agrément
précède plusieurs autres; trois jeunes de forme pyramidale, des bosquets ât
femmes de service viennent au devant verdure et des berceaux eu vigne , en
d'elle, et lui présentent respectueuse- faisaient une possession à la fois utile
ment des fruits et des rafraîchisse- et agréable. Ces vignes étaient régu-
ments; dans l'antichambre, une des lièrement arrosées; on vendangeait
trois filles se désaltère , pressée par la pour cueillir les raisins que la consom-
soif, tandis que la servante distribue mation journalière avait épargnés; Je
des (leurs et des joujoux à une petite raisin coupé était transporté avec des
fille et a un petit garçon sans vêtements, paniers dans une cuve placée entre
accourus vers la porte à la rencon- deux palmiers ; le raisin y était immé-
tre de leur mère, L'autorité paternelle diatement foulé par des hommes oui
fut toute- puissante en Kgvpte par les se soutenaient à une corde tendue
mœurs plutôt que par lès lois : la d'un palmier à l'autre. On emportait
vieillesse était vénérée; lorsque des aussi du pour l'approvisionne-
raisin
jeunes gens rencontraient un vieillard, ment de la maison; on prenait note
ils lui cédaient le chemin et se ran- du nombre de paniers; on infligeait
geaient de côté. De tels sentiments ne une bastonnade au domestique qui, du-
révèlent-ils pas une culture attentive rant les vendanges, n'avait pas ete
des affections de l ame? Les habitudes sobre et fidèle. Il y avait dans la mai-
qu'elles imprimaient se réalisaient son des pièces destinées à serrer toutes
surtout dans l'intérieur des familles. sortes de provisions en fruit, vin,
Çe que nous en savons à l'égard des pains et gâteaux ; en poisson , volaille
Egyptiens nous montre cet intérieur et gibier salés. Les viandes fraîche*
en possession de. tous les biens qui de noeuf , de chèvre et de monton
peuvent faire croire au bonheur, char- étaient d'un usage général. La viande
mer l'homme fidèle à ses devoirs so- de porc était proscrite ; cet animal était
ciaux , et le consoler parfois des peines considéré comme immonde , au point,
qu'ils peuvent engendrer. dit Hérodote, que si un Égyptien
Les habitations particulières étaient touche en passant un de ces animaux,
vastes et à plusieurs étages. Les cham- même seulement par ses vêtements,
bres qui les composaient avaient des il court sur-le-champ vers le fleuve et
destinations analogues aux usages mo- s'y plonge. Aussi était-il interdit aux
dernes. On voit , d une part, de grands gardiens de porcs d'entrer dans les
approvisionnements de comestibles temples, et ces hommes, rejetés ménif
variés, empilés sur des tablettes; d'un des rangs les plus intimes de la so-
autre côté, le sol est couvert par une ciété, ne trouvaient à se marier qu'a-
natte tressée en joncs de couleurs di- vec les filles de leurs pareils. L'inter-
; de petites fenêtres grillées diction religieuse de la viande de porc
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tjt mesure diététique et sanitaire
une le citron et la grenade , le mimusops
ma répandue en Orient, et ce ne el engi, originaire de l'Inde; le ricin
i»t pas tes Egyptiens seuls qui pour , oui fournissait une huile à brûler; les
artte raison , auraient refusé de baiser dattes du palmier ordinaire ; le fruit
ta Grec sur la bouche, ou de se ser- de l'acacia heterocarpe ; le blé com-
rrr de sou couteau de sa broche ou
, mun ; la figue du sveomore , et parmi
k >j mari m te : de tels scrupules les autres productions d'un emploi fré-
assistent encore de nos jours ; des quent dans les usages domestiques,
seulement en Orient
pratiques utiles la cire, la gomme résine, le vernis,
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176 L'UNIVERS.
lumé; lorsqu'il asuffisamment bouilli, grande pureté ; qu'elle paraît très-
le moût son marc sont mis dans une
et bonne pour la préparation des aliments,
toile , d'où le vin clarifié s'échappe dans et même pour les arts chimiques, où
des vases , au moyen d'une forte tor- elle peut remplacer l'eau de pluie, dont
sion donnée à cette toile avec des le- le pays est privé , et l'eau distillée
viers mus à force de bras d'hommes. difficileà obtenir en grande quantité
Il est très-vraisemblable que la bière dans un pays où les combustibles sont
de grains était d'un usage plus ordi- rares. Elle est surtout bienfaisante et
naire dans la classe laborieuse ; il en salutaire pour l'espèce humaine; elle
était là comme dans toutes les autres est peut-être la plus saine de toutes les
sociétés assez policées pour être divi- eaux de la terre; et sans lui attribuer
sées en classes de condition inégale; les vertus surnaturelles dont une lon-
la meilleure ou la plus agréable nour- gue tradition, à peine éteinte, la dotait
riture était et devait être non pas un sans hésitation , d'unanimes louanges
droit , mais un privilège pour la for- luisont accordées par ceux , soit étran-
tune. gers, soit naturels, qui en ont fait
Du reste, l'eau du Nil était d'un usage dans toutes les saisons , et l'on
usage universel , et si les anciens di- croira sans peine qu'il en existe à
vinisèrent le Meuve comme le créateur Constantinople un approvisionnement
et le père nourricier de l'Êgypte , ils pour l'usage du grand-seigneur et celui
ne lui devaient pas moins de gratitude de sa famille.
oour les qualités essentiellement bien- Les anciens Égyptiens ne négligè-
faisantes de ses eaux. Cette précieuse rent pas de chercher le moyen de
propriété était connue de tous dès la rendre toujours potable cette eau si
plus haute antiquité; Hérodote avait nécessaire, et que les effets de l'inon-
appris que lorsque le grand roi , celui dation rendent , pendant trois mois de
de -Perse, se mettait en campagne, on l'année, trouble, rougeâtre, épaisse,
amenait pour lui, outre les approvi- à force d'être chargée de limon, et réel-
sionnements en viandes et en grains lement dégoûtante, toutefois moins au
nécessaires à sa consommation person- goût qu'à la vue. Ils y parvinrent, et
nelle, l'eau même dont il aurait be- découvrirent que pour clarifier cette eau
soin pour toute la campagne ; que à toutes les époques de l'année , il suffi-
cette eau était tirée du Choaspe, qui sait de frotter avec des amandes amères
traverse la ville de Suze ; que c était la broyées, les bords ou les parois inté-
seule dont le roi fit usage, et qu'un rieures du vase où l'eau est contenue.
grand nombre de chariots à quatre C'est le même procédé que les Égyp-
roues , tirés par des mulets, portaient tiens de nos jours emploient au même
dans des flacons d'argent cette eau, effet, et avec un succès constaté par
qu'on avait fait bouillir auparavant. quelques milliers d'années. Rien nest
Un ignore si les Pharaons, clans leurs plus commun dans les représentations
voyages ou leurs guerres hors de l'É- des usages antiques de 1 Égypte , que
gv'pte et loin du Nil , faisaient apporter d'y voir, dans r intérieur des habita-
avec eux leur approvisionnement d'eau tions, comme au milieu des champs,
de leur fleuve sacré; ce qui est certain, dans les jardins, aussi bien que dans
c'est la juste renommée dont cette eau les lieux de travail , des jarres remplies
n'a pas cessé de jouir depuis les pre- d'eau , posées sur des trépieds en bois,
miers temps historiques jusqu'à nos dans les coins les plus abrités des ha-
jours. Les voyageurs anciens et mo- bitations, à l'ombre d'un arbre dans
dernes sont unanimes sur ce point ; et la campagne ou en plein air, rafraîchies
tous nos contemporains y ajoutent leur par des serviteurs qui agitent l'air au-
suffrage d'une expression non équivo- tour avec des éventails. On ne peut
que. L'analyse chimique a donné les douter, au surplus, que les anciens
raisons d'un tel phénomène , et a fait n'aient devancé les mode mes dans une
reconnaître que l'eau du Nil est d'une précaution si indispensable pour l'ap-
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EGYPTE, 177
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J78 LTÎS VERS.
trémement variée; les couleurs les métaux dorés {pl. 44), ornés d'émaux ou
plus brillantes , habilement mariées , de pierres lines, d'une élégance et d'un?
tonnaient des dessins d'une variété variété de formes que les peintures qui
infinie et que le goût
, moderne adop- nous les ont conservées peuvent seules
tera sans répugnance. révéler à notre esprit , après tous les
Les meubles en bois communs , en chefs-d'œuvre de 1 art des Grecs, com-
bois rares et exotiques, en métaux ornés plétaient le mobilier d'une maison
de dorures ou ciselés (pl. 23 et 57); les égyptienne; et d'après elle on peut ju-
étoffes unies, brochées, brodées, teintes ger de la magnificence des palais.
et peintes, en lin, en coton ou en soie, Sans doute ce luxe et cette magni-
produits des manufactures nationales ficence étaient inconnus au laboureur,
ou étrangères, contribuaient à l'agré- a l'artisan , à la majorité de la popula-
ment des maisons égyptiennes et aux tion mais à l'égard de l'Égypte comme
:
du reste du mobilier. Des nattes et des taient à tous ces biens essentiels, nous
tapis en couleurs vives et variées, et autorisent à considérer la population
quelquefois historiées, ou bien des égyptienne comme ayant été générale-
peaux d'animaux sauvages préparées, ment pourvue du nécessaire, et chacune
couvraient l'aire des appartements ou de ses classes comme étant en posses-
des portions les plus habitées; et des sion, selon sa place sur l'échelle des ri-
vases en or, en matières précieuses, en chesses, de toutes les commodités etde
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RCYPTK A OYFTFN
tous les agréments de la vie. Les palais au même usage que la précédente.
avaient un superflu qu'ils déversaient — Cuir maroquiné. Bandelettes et or-
sur de nobles industries qui honoraient nements , avec des sujets frappés sur
aussi le génie de l'homme, et la mai- gomme jaunâtre et représentant plu-
son du laboureur ne manquait jamais sieurs noms de Pharaons. — Feuille de
du nécessaire ; l'argile plus ou moins palmier ou jonc. Chaussures nommées
façonnée ou émaillee y remplaçait la Tabtebs en langue égyptienne , espèce
porcelaine peinte pour le service de la d'espardilles en feuilles de palmier tres-
table du riche; mais ceci n'intéresse sées, arrondies par ïe bout, imitant la
pas de très-près le régime général d'une forme de la plante des pieds avec les
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180 r/L M\ EKS.
ordinaire conservant des restes de do- que les précédents, mais remarquable;
rure. — Petit panier renfermant de pe- par la variété des verres de couleur en
tites olives en terre glaise enfilées et tremélésdont ils sont formés. Tem —
groupées de manière à imiter une émaillée, albâtre et lapis. Petites cou I
masse de cheveux. — Serpentine et al- pes et tasses de formes variées, e
j
bâtre oriental. Vases à collyre, de petits ustensiles à transvaser ou à prt
grandeurs diverses, destinés a renfer- parer des parfums liquides.
mer de l'antimoi ne en poudre, ou toute Bijoux et objets de pabure. -
autre préparation analogue au surmé Ornements d oreilles.- Coquilles fixée,
des Orientaux. —Terre emaillée, bois à un cordon , et ayant servi d'orne
dur, serpentine et albâtre. Étuis à col- ment s d'oreilles. —Or. Boucles d'oreille*
lyre de diverses formes, ou composés terminées par des têtes de bœuf, di
de plusieurs canons de roseaux réunis lion ou de gazelle. —
Argent et breiize
Kar une bandelette de toile. Bois, — Boucles d'oreilles, dont une est termi
ématite et bronze. Styles pour l'ap- née par une tête de bœuf. —
Boucle;
plication du collyre sur le prolonge- et pendants d'oreilles en or, verre doré
ment de l'angle externe des yeux. — or et saphir d'eau , bronze doré et ver
Basalte et albâtre. Molettes et pierres res de couleur. —
Pendants d'oreille ei
à broyer le surmé ou autres cosméti- bois, terre émaillée, émaux ou verre,
ques.— Bronze. Instruments pour la de couleur. —
Ornements d'oreilles for
préparation des collyres et autres cos- més de grains de verroterie ou de cor
métiques. — Terre émaillée, émail et al- naline , d'anneaux d'ivoire et de petite
bâtre oriental de diverses nuances. grenades en terre émaillée verte. -
Vases unguentaires destinés à conte- Ornements d'oreilles formés d'un cor
nir des huiles, onguents ou parfums don passé dans divers amulettes er
liquides. — Albâtre et brèche. Petites terre émaillée, et représentant le pois
amphores et vases ansés de diverses son latus, une grenouille, une espèce
formes. — Terre émaillée, émail et al- de chenille, des scarabées ou des têtes
bâtre oriental. Vases balsamaires avec symboliques de la déesse Hathôr. —
ou sans oreilles (masdi), et de formes Ornements d'oreilles formés de fleur
variées. — Terre émaillée, émail, al- variées en terre émaillée. —
Ornement!
bâtre et bronze. Vases ampulloïdes, ou d'oreilles en terre émaillée, cornalim
ampoules destinées à contenir des par- et lapis, représentant des grenouilles,
fums liquides, ou des huiles parfumées; le poisson latus, des scarabées, une
parfois avec une inscription hiérogly- sauterelle, une mouche, des cygnes,
phique. — Terre émaillée et albâtre. des cynocéphales, un lion , des'hippo-
Vases en forme de gourdes, avec ou potames, des gazelles, un lièvre, des
sans anses. Il y en a dont le goulot est. chats, un hérisson, des têtes humaines,
formé par une fleur de lotus, et les ou des têtes symboliques de la déesse
anses par deux singes accroupis, avec Hathôr.
des inscriptions hiéroglyphiques sur la Colliers. —Collier formé de coquil-
panse , telles que celles-ci Que le dieu
: lages naturels. —
Mois. Olives striées
Phtha accorde d'heureuses années au et peintes en rouge, provenant d'un
possesseur de ce vase ! Que le dieu collier. — Colliers formés d'annelets
Aiiimon et la déesse Mouthis accor- d'ivoire ou entremêlés de grains de cor-
dent d'heureuses années Que le dieu
! naline. —Colliers ou portions de col-
Phtha et la déesse Koht accordent liers formés de lentilles, petits disques,
d'heureuses années! etc. —
Albâtre crains ou olives et demi-olives en terre
oriental et terre émaillée. Vases de émaillée. —
Colliers ou portions de
formes diverses, ayant servi à conte- colliers formés de petits disques en terre
nir différents genres de cosmétiques. émaillée ou en émail de diverses cou-
Il y en a avec des légendes royales. leurs , alternés ou entremêlés. Autre—
Verres et émaux de couleur. Petits fla- formé de scarabées portant gravés sous
cons et vases destinés au même usage leur base des ornements variés ou des
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EGYPTE. 181
iTmbolcs. — Autres
formés de petits Sremier formé d'olives en or; le second
foats, d'un petit naos renfermant e vases à libations, de fleurs de lotus,
Image de la déesse Bubastis, de pe- de lézards et de poissons latus, alter-
its yeux symboliques en terre émail- nés et également en or ; le troisième
ee ,"ou de plaques carrées portant le rang est composé de grains d'agate,
Dom hiéroglyphique d'Osiris. Terre — avec une plaque représentant la tête
émaillée. Lentilles, disques , annelets, du bélier symbolique. — Collier en or
cylindres et amulettes provenant de col- formé d'une double chaîne en gour-
liers. —Autres formes de globules en mette, garni d'un fermoir à trois chaî-
terre émaillée, montés en or. En — nettes, portant une fleur de lotus et
Krains d'émail vert pomme ou bleu cé- deux poissons binni. —Collier en or
leste. —De grains et d'olives en pate de même travail , mais plus finement
d'email , en émaux et en verre de cou- exécuté; dans la chaîne est passée une
leur. —Grains, olives, perles et au- bélière à laquelle on a suspendu une
tres pièces en émail mosaïque, prove- plaque représentant des deux cotés un
nant de colliers , et très-remarquables épervier vu de face et travaillé à grains.
sous le rapport du travail et de la va- — Or. Fermoir d'un collier à six rangs.
riété des couleurs. —
Colliers formés — Or. Fermoir d'un collier orné de
de pièces de corail pâle; —
ou en grains deux chaînons terminés par deux pois-
et cylindres de spath vert; ou en — sons latus. — Émail. Franges de fer-
prinie d'améthyste; —
ou en cornali- moirs de colliers. —
Or. Fleur de lotus,
nes, d'une forme variée, et entremê- jadis incrustée d'émaux, provenantd'un
lées d'amulettes de diverses manières. collier.— Œil en lapis monté en or,
— Grains, olives et perles en jaspe, provenant d'un collier.
agate, chalcédoi ne, lapis, grenat, sar- —
Anneaux et bagues. Bague avec
donyx , granit , etc. , provenant de col- chaton carré en bois doré. — Émail et
liers.— Autre formé de perles
collier terre émaillée. Anneaux portant au
hexagones en argent massif ; formé — chaton des images de divinités en re-
d'une baguette de bronze plaquée en lief, telles que Atmou, Phtha, Horus,
ar;ent, et dans laquelle sont passées Hathôr, etc. — Bagues port mt au cha-
des sonnettes en argent , ou des amu- ton des images en relief de divers ani-
lettes en bois ou en cornaline; com- — maux sacrés, des fleurs de lotus; des
posé de petites pièces en argent repré- yeux symboliques ; des figures d'uraetis,
sentant des veux symboliques entre- (le nilômètre, de divinités ou des lé-
mêlés de perles d'argent doré et de gendes hiéroglyphiques.— Bagues avec
petits amulettes en terre émaillée ; — chaton, ornées de sujets variés tra-
formé de plusieurs centaines d'anné- vaillés à jour. — Doubles bagues por-
es en argent de 2 lignes et demie de tant au chaton des bustes en relief de
diamètre sur un tiers de ligne d'épais- Keïth , d'isis et du dieu K lions. —
seur, passés dans une tresse de che- Bagues à chaton carré avec inscrip-
veux; — en argent, composé d'amu- tions exprimant un souhait d'heureu-
lettes représentant la partie supérieure ses années. — Bronze. Bagues portant
du coquillage nomme
porcelaine ; — des inscriptions hiéroglyphiques ou des
imitation en or du coquillage nommé images de divinités gravées en creux
porcelaine. —
Pièce en or imitant la sur Te chaton. —Bague en fer. —Ar-
partie supérieure du même coquillage, gent massif. Bagues à chatons ovales
et veux symboliques en cornaline.— portant des inscriptions pieuses ou des
Colliers et portions de colliers formés noms de rois. — Argent. Bagues por-
de petites pièces d'or en forme d'olives, tant des têtes symboliques. — Klec-
d'annelets, de perles, perles à jour, trum. Chaton de bague avec inscription
sauterelles , grenades etc. etc. , en-
, , hiéroglyphique. — Or. Anneau travaillé
tremêlées de petits amulettes en cor- à jour et orné d'amulettes en matière
naline ou de scarabées montés en or. dure, enchâssés dans le métal. —Or
— Collier complet à trois rangs : le massif. Bagues à chatons portant les
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182 L'UNIVERS.
noms , symboles de plu-
les titres et les céphale. — Argent doré. Figurine*
sieurs divinités. —
Doubles bagues à représentant un dieu. — Argent. Bijou
doubles chatons offrant l'image d'une représentant un petit contre-poids de
jeune lit* adorant successivement Osi- collier, terminé par une tête de déesse.
— —
1 i
ris, Isis et ISephtys. Ces bagues sont Or. Un lion en repos. Plomb
des bijoux funéraires provenant des étain et bronze. Petits éperviers , le*
momies. —
Or. Doubles bagues por- ailes éployées. — Or. Deux grappes de
tant sur leurs chatons les images de raisin , de travail égyptien. —
Argent.
dieux gravées en creux.— Bagues à cha- —
Un petit aigle. Or. Battants de
tons décorées d'ornements incrustés en d'un petit naos, décorés d'une
émaux de couleur. 11 y a sur un chaton de femme debout , portant des
deux petits chevaux de plein relief et et des offrandes.
d'un travail très-fin. —
Bague à triple Ustensiles domestiques. J a- —
anneau avec un chaton orné d'une de- ses.— Bois. Forme de vase à anse en
mi-olive en cornaline. —
Or. Anneaux bois. — Terre cuite. Petits vases de
portant au chaton des yeux symboli- formes diverses, enduits d'un vernis
ques en cornaline, un scarabée, ou de couleur, peints ou non vernisses.
une grenouille, soit en pâte d'émail, —Terre cuite peinte. Bardaques d'une
soit en terre émaiilée. —
Serpent roulé forme encore usitée en Égypte. —
en spirale pour servir de habile. — Grands vases d'une forme analogue à
Bague à triple anneau portant en cha- celle des bardaques, avec cols plus ou
ton les bustes en relief d'Osiris, d'Isis moins évasés. Ornements peints rn
et de Nephtys. —
Idem. Bagues à cha- bleu. — Terre cuite peinte.Grands vases
tons ronds ou carrés sans gravure. — en forme de pomme de pin , décores
Lapis. Bague à chaton carré sans gra- '
d'ornements ou de fleurons de couleur
vure. bleue, rouge ou noire. —
Idem. Vases
Bracelets. — Bracelets tressés en
v
a deux anses, ornés de palmettes et
feuilles de palmier; en corne ou en feuillages tracés en noir. —
Grandes
écaille; en ivoire de diverses gran- amphores en terre cuite. —
Vases à
deurs; en bronze; en papillon doré; huile, avec couverte en jonc natté.—
en fer; fragments de bracelets en ar- Vases domestiques de formes variées
gent ; en feuilles d'or , ornés de deux en serpentine, calcaire blanc , granit-
yeux symboliques. —
Or. Bracelet d'en- —
brèche et granitelle. Albâtre oriental.
tant décoré d ornements gravés en re- Grand vase balsamaire à anses, avec
lief. — Bracelets en or combiné avec couvercle. —
Idem. Vases en forme de
de petits anneaux de beaux lapis ; en cornet, et du genre nommé cadus pjr
or décoré de bouauets de lotus des les anciens Romains. —
Bronze. Vases
deux espèces, et d un lion assis, tra- de diverses formes et autres ustensiles
vaillés à jour, et dont tous les détails domestiques. —Vase en verre blanc,
intérieurs étaient incrustés de lapis et orné de cordons. —
Coupes en terre
de pierres ou d'émaux de diverses cou- émaiilée bleue, ou bleu perse, ornée*
leurs; en or d'un travail analogue à d'étoiles , de bouquets de lotus , ou de
celui du précédent, orné d'un griffon poissons binni tracés en noir. —
Coupes
et de bouquets de lotus ; en or massif, en albâtre oriental. —Coupes en brou-
formés chacun de deux serpents entor- zc, d'un métal trcs-rcmarquahle par
tillés et affrontés. la bonté de son alliage, et le son pur
Bijoux dé formes variées.— Argent. et prolongé que rendent ces coupes
Petit étui avec couvercle à bélière. — lorsqu'elles sont frappées. Le pourtour
Plaque d'or. La vache symbolique de est quelquefois décoré d'une inscrip-
la déesse liathôr, nourrissant un en- tion hiéroglyphique. —
Coupe en on
fant. Bijou funéraire. —
Argent. Petite dont le fond est orné de poissons binni
épde à la téte de lionne. — Plaque se jouant parmi des fleurs de lotus.
d or. Une femme vêtue de la cala- Sur le pourtour, une inscription hié
siris, adorant la déesse Hathor Bou- roglyphique. —
Grands bassins en al-
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t83
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les usages de l'époque, soit pour Dans ce qui est de l'extérieur, on peut
'ordre et la bonne tenue de la mai- classer le blanchissage du linge, qui
son, soit pour la représentation né- employait sept personnes, y compris
cessaire au rang de ce riche citoyen lécher de la lingerie; viennent ensuite
ou en rapport avec sa fortune. le scieur de bois, le menuisier, le
Sa famine se composait de sa femme potier de terre, les bâcherons, occu-
légitime et de ses sept enfants, dont pés à fendre le bois ; les charpen-
quatre sont des fils; d'une autre femme tiers , les constructeurs de barques;
et de son fils; enfin de la nourrice les porteurs de la litière du maître,
et de la fille de la nourrice : ces douze et ceux uni conduisent le traîneau ;
personnages étaient tous également de les mariniers et rameurs pour les voya-
Î
a famille, et ils étaient rangés au- ges sur le Nil, sous les ordres d'un
près de son chef dans l'ordre de pré- chef de tout le service du voyage;
séance où nous venons de les désigner; un officier de navigation, le directeur
ils sont présents dans les scènes qui pour le mât et le* timonier-chef du
représentent les usages de la maison gouvernail; le maître, sa femme et
de la ville et ceux de la maison des ses enfants y étaient dans une large
champs. chambre qui occupait le pont, et qui
Au service de la première nous trou- était éclairée par des fenêtres garnies
vons attachés trois prêtres et quatre de verres de couleur; quelquefois le
jeunes clercs, charges du service re- voyage exigeait plusieurs canges, à
ligieux intérieur, chaque particulier caiise des nombreux serviteurs : tel
pouvant établir chez lui des chapelles aujourd'hui un kiaia-bey voyage sur le
pour les dieux du pays et de la con- Mil, suivi de son harem et de la plu-
trée, à la condition de pourvoir aux art des officiers de sa maison. Au nom-
<i?pL iises du culte et des cérémonies.
i
re des serviteurs nécessaires étaient
Après eux viennent lesgrammates, ou aussi tous ceux qu'exigeait la boulan-
secrétaires, soit pour les choses reli- cerie ; les femmes occupées à filer le
iricises, soit pour les affaires civiles. lin , à démêler lesécheveaux , à les dé-
Le valet de chambre, domestique de vider, à tordre fil au
le fuseau et à
confiance, est auprès du maître; ve- ourdir la toile au métier, sous les
naient ensuite l'intendant de la mai- ordres du chef du tissage. Une foule
son, portant un bâton courbé pour de serviteurs subalternes attachés à
marque de son autorité ; la ménagère, chaque partie du service intérieur et
appelée la gardienne des vivres ou des extérieur de la maison de ville se
offrandes, et qui avait deux filles; voient aussi dans les scènes où ces dé-
l'homme charge du soin des sièges, tails sont figurés.
et leporte-siege du maître; le van- La maison de campagne avait éga-
nier et sa femme, à qui était laissé lement un nombreux domestique; à la
le soin des nombreux ustensiles et suite du jardinier étaient les garçons
meubles en vannerie; les jardiniers chargés de cueillir et de conserver les
et leurs sous-ordres; l'intendant de fruits, tels que les ananas, les figues,
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EGYPTE.
et lesapprovisionnements en légumes est jetée de son épaule gauche sur le
rangés dans les serres pour l'hiver: le côte droit; il s'appuie sur une longue
bereer en chef et les pâtres s'occu- canne ; à ses pieds est un jeune cha-
paient d'une partie très-importante de cal mâle, apprivoisé et portant un col-
la propriété rurale, l'éducation des lier ; un serviteur ombrage la tête du
bestiaux étant en grande vogue et très- maître au moven d'une double ban-
développée en Egypte; aussi voit-on nière de toile." Le troupeau défile en
dans la liste des serviteurs non seu- sa présence; un gardien ou bercer
lement le médecin vétérinaire, mais pousse devant lui le troupeau de cna-
les valets de ferme chargés spéciale- que espèce de bétail , et au-dessus de
ment du soin de certains animaux ; chaque troupeau le nombre des têtes
,
un pour les chèvres, un autre pour est soigneusement indiqué par des chif-
les oies et les canards, un troisième fres, qui sont en grande évidence. La
pour les moutons; et sous les ordres marche est ouverte par les ânes et
tlo chef des bouviers, ceux (jui diri- les ânesses ; un ânon est en tête , et
geaient la race bovine, mission très- leur nombre est de 860; le berger
importante , car il parait que le com- qui les surveille porte au bout d'un
bat des taureaux entrait dans leur bâton appuyé sur son épaule la dé-
éducation ou comme mo>en d'améliorer pouille d'un de ces animaux mort aux
b race, ou comme speclacle donné au pâturages. Viennent ensuite les bre-
maître de la maison; c'est le chef des bis et les béliers, au nombre de 974;
bouviers qui préparait les taureaux un berger de ce troupeau porte dans
à cet exercice. Les chefs de chacun un panier la tête d'un animal sans
de ces services venaient prendre di- cornes, et qui ressemblerait plutôt à
rectement les ordres de leur maître un loup qu'à un bélier. La race bo-
ayant leur main droite posée sur l'é- vine vient ensuite; on y compte 834
paule gauche , et leur autre bras pen- bœufs et 220 vaches ou veaux. Les
dant , en signe de respect ; il en était chèvres mâles et femelles ferment la
de même du gardien et du conducteur marche ; leur nombre est porté à
des ânes et de ceux des bouvillons. Des 2234. Dans un autre tombeau on voit
*hiens d'espèces diverses appartenaient gué le nombre des ânes appartenant
a la maison , et ils avaient aussi leurs a un riche habitant de la movenne
cardiens , qui les soignaient en santé Égypte était de 1304, et celui des
et en maladie. vaches de 830. Il paraîtrait aussi,
Il vient d'être dit nue l'éducation d'après d'autres renseignements, que
des bestiaux était une des grandes ri- les boeufs des fermes royales étaient
chesses agricoles de l'Egypte; les ca- d'une espèce supérieure et des indi-
pitaux de cette espèce étaient consi- vidus de choix. On a remarqué dans
dérables dans ce pays : ce ne pouvait Its peintures d'un autre tombeau, qui
pas être pour une vaine ostentation ; parait avoir été celui d'une grande
mais cette industrie dut être plus fruc- famille de Memphis, des serviteurs
tueuse dans la basse Égypte, vaste faisant l'offrande au défunt des prin-
plaine entièrement arrosée par le Nil, cipales productions de ses domaines
que dans l' Égypte supérieure, vallée telles que des dattes, des figues, des
étroite où la terre féconde ne pou- ananas ; des veaux , des oies , des ga-
vait pas être en grande partie desti- zelles; des fruits et des fleurs : parmi
née à des pâturages. Aussi est-ce dans ces serviteurs, il y en a plusieurs qui
un hypogée des environs des pyra- conduisent en laisse des bœufs de haute
mides que se trouve un tableau qui taille, blancs et rouges, blancs et
est un témoignage authentique de nos noirs, ayant un collier terminé par
assertions.On y voit un Égyptien fai- un ornement en forme de fleur de
sant l'inspection de ses troupeaux ; il lotus, et deux de ces bœufs portent
est debout, couvert de sa calasyris sur leur cuisse gauche une grande mar-
serrée par une ceinture ; une écharpe que, de forme carrée, de couleur noire,
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L'UNIVERS
et on dans un : Maison royale ,
lit aux poëmes d'Homère, nous a tir ion
/T 43; et dans l'autre, avec les mêmes encore beaucoup à ajouter, si nous dt
indications, le n° 86, chiffres qui in- vions dire tout ce que les monument
diquent vraisemblablement le nombre nous apprennent à la fois et sur le
des boeufs de chacune des deux cou- occupations et sur les amusements de
leurs combinées ; d'où résulte encore habitants des bords du Sil septentrio
la preuve que les grandes maisons nal ; la chasse et la pêche étaient pou
faisaient marquer de leur nom et d'un eux des distractions d'un usage généra
chiffre chaque téte de gros bétail qui (pl. 37 et 43). On chassait aux oiseaux e
leur appartenait. aux quadrupèdes; des lévriers couraien
Dans toutes ces représentations, le l'autruche et la gazelle , la flèche attei
maître de la maison se reconnaît à la gnait le quadrupède du désert , le file
longue canne qu'il tient à la main , ou enlaçait le volatile aquatique; et te
sur laquelle il s'appuie pour se repo- peintures de ces scènes si riches de dé
ser; ce qui a fait dire à un novice tails inconnus {pl. 58) nous montren
interprète des symboles de l'antique en même temps les diverses espèce*
y figurait comme
Égypte, que le bâton d'animaux recherchés ou pris par le;
le plus ingénieux emblème de l'auto- chasseurs; les espèces, diverses aussi,
rité et du gouvernement, et il ne de chiens employés à les poursuivre;
trouve pas tout-à-fait bon que les so- ainsi que toutes les ressources de la
ciétés modernes aient adopté des si- pêche a la ligne , à la cordelle , au filet cl
gnes et des moyens un peu moins au trident. La préparation de tous ces
significatifs. Quoi qu'il en soit, nous comestibles , résultats de l'industrieuse
pouvons ranger des cannes égyptien- activité de l'homme, est le sujet d'une
nes , plus ou moins élégantes , en bois partie de ces riches décorations {pl. 38
étrangers pour la plupart , et portant et 43); et, comme pour assurer aux cu-
des inscriptions où se trouvent des rieuses recherches des temps futurs une
noms propres et des dates , parmi les entière satisfaction, les Égyptiens n'ou-
objets antiques qui donnent à nos blièrent pas les scènes joyeuses qui ani-
collections un intérêt si varié et si maient des délassements plus bruyants :
{pl. 38), prosternés à terre sur leurs jeu des balles, la saltation et les tours
genoux et leurs mains, reçoivent en de forte ou d'agilité; enfin, des hom-
présence de leur maître des remon- mes, accroupis devant des tables basses,
trances et la bastonnade; ailleurs, le jouent aux dames ou aux échecs avec
chef des bergers dénonce un des gar- des pièces nombreuses, mobiles, et
diens des vaches; il s'agit d'un veau; de couleurs différentes : et ceci fut
l'accusé se défend ; des membres épars peint long-temps avant les célèbres
d'un bouvillon sont exhibés comme inventions de P^lamède durant le siège
pièces de conviction, et le gardien re- de Troie (pl. 59).
çoit encore la bastonnade en présence Qu'aucun doute ne s'élève dans l'es-
de son maître, qui a prononcé con- prit du lecteur sur l'antiquité et l'a-
tre lui. vancement de la civilisation égyptienne,
A si curieux de l'inté-
ces détails telle que la révèlent aux siècles moder-
rieur des maisons égyptiennes , pour nes les ouvrages des siècles primitifs
une époque antérieure de dix (siècles de l'histoire ! L'examen nous conseille
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KGÏPTE.
la foi , et les dépositions de l'antiquité qu'il commence à croître), le sol reste
dassique tout entière nous ont laissé couvert d'une couche plus ou moins
no mémorable exemple d'une telle con- épaisse de limon. La couleur de ce
fiance. Il n'y a rien de monstrueux dépôt fécond , d'abord noire, se change
ni de chétif dans les créations succes- en brun jaunâtre par l'effet de la des-
sives du génie égyptien ; tout son se- siccation à l'air; déposé, comme l'ar-
cret, ce lut le temps* Ce secret est gile, par couches horizontales , il en a
aussi à l'usage des sociétés modernes ; tous les autres caractères. Ce limon a
et a moins de supposer que la nature, été soumis aux analyses chimiques;
par une dérogation qui seule serait on y a reconnu que les quantités de
une monstruosité, aurait jeté l'intel- silice et d'alumine diminuent en rai-
ligence de la population égyptienne son de sa plus graude distance du Nil;
dans un moule plus exigu qu'elle ne l'a il perd en chemin tout le sable qui s'y
fait pour les populations européennes, trouve mêlé, et ce n'est plus, sur les
il faut reconnaître que l'Egypte a pu, par points les plus éloigués, que de l'ar-
l'action constante et naturelle de la gé- gile presque pure.
nération des siècles , arriver à la géné- Ce limon renferme tous les princi-
ration des idées qui l'avaient mise en pes qui servent à la végétation; les
possession de la connaissance ration- cultivateurs l'ont toujours regardé
nelle de l'univers , et l'avaient portée comme un engrais suffisant dans les
a diriger l'application de cette science terres; ils le transportent encore sur
vers la félicité publique. Que ne ferait celles qui leur paraissent en avoir be-
pas une des nations modernes les plus soin , et les observations de la physique
avancées , qui serait pendant mille ans corroborent en ce point cette tres-an-
a l'abri de toute perturbation naturelle cienne pratique agricole.
ou sociale! Et ces mille ans de paix Le tableau de la fécondité extraor-
ne manquèrent certainement pas à dinaire de l'Egypte a été exposé aux
l'Egypte : on n'est embarrassé qu'à yeux de nos lecteurs (J I et IV, pag.
l égard de la véritable place chrono- 3 à 11), tel qu'il a été composé par
logique de cette période de bonheur les observateurs les plus attentifs. Il
cette portion de l'espèce hu- nous reste à dire quelques mots des
travaux périodiques par lesquels l'hom-
Si, de ces détails de moeurs, nous me aidait au plus grand développe-
portons notre attention sur l'état de ment de ces germes inépuisables.
• agriculture, de l'industrie et du com- Les plus utiles , les plus considéra-
merce de l'ancienne Egypte, nous la bles de ces travaux étaient , sans nul
trouverons également instruite , expé- doute , ces canaux nombreux , et leurs
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188 L'UNIVERS.
les ouvertures pratiquées pour l'écou- pays. Enfin ce fleuve fut un' dieu qui
lement sur le sol inférieur. On conser- eut ses prêtres et son culte, et du
vait ainsi les eaux nécessaires à Par- temps de Néron encore, les habitants
roseraent des terres après l'inondation ; de Busiris élevaient une statue en Phon-
elles étaient réservées d'une année à neurdu préfet romain Balbilïus, parce
l'autre dans Pintérieur du pays, et les que, par les grâces et les bienfaits de
bienfaits du Nil y répandaient perpé- ce gouverneur , P Egypte jouissait, plus
tuellement l'abondance et la vie. La fé- que jamais , de l'inondation juste et
condité de PÉgynte dépendait de l'en- exacte du fleuve-dieu. On sait aussi
tretien et de la' bonne disposition des quelles fêtes, quelles réjouissances
canaux; l'administration publique en animent chaque année parmi la popu-
faisait l'objet essentiel d'une surveil- lation actuelle de PÉgvpte, la rup-
lance non interrompue. Des postes ture des digues qui ferment les ca-
militaires gardaient les ouvrages con- naux : comme dans la plus haute anti-
struits à la prise d'eau de chaque canal, quité, la crainte de la stérilité et
ainsi que les digues principales. L'in- 1 espérance d'abondantes récoltes s'y
scription de Rosette, au nombre des renouvellent avec les commencements
actions de Ptolémée Epiphane qui ser- de l'inondation.
vent de motif aux honneurs extraordi- Lorsque le Nil était rentré dans son
naires qui IuLsont décernés par ce dé- lit, le travail de la culture commençait.
cret de l'ordre sacerdotal, rappelle que «Chacun, dit Hérodote, vient alors
dans la huitième année du règne de ce jeter les semences dans ses terres et
roi, le Nil ayant fait une crueextraor- y lâche ensuite des animaux; la se-
dinaire, il "a fortifié les bouches des mence est ainsi retournée et enterrée,
canaux , en y employant des sommes et il n'y a plus qu'à attendre la mois-
très-considérables, et qu'il y a établi des son. Les Egvptiens, particulièrement
postes d'infanterie et de cavalerie pour ceux qui habitent au-dessous de Mero-
les garder : cela se passait en l'année phis, sont ceux qui recueillent avec le
196 avant Père chrétienne, à l'époque moins de travail les fruits les plus
même du siège de la ville de Lycopolis, abondants : ils n'ont point à creuser
qui s'était révoltée. Dans l'ancienne inutilement les sillons avec la charrue,
croyance égyptienne, tout ce qui se ils n'ont ni la fatigue de retourner
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EGYPTE. 189
tirant paisiblement à force de bras un sac était pendu à leur main gauche
la corde à l'extrémité de laquelle était ou à leur cou et de la main droite
,
liée la charrue. Celle-ci est ordinaire- ils lançaient les semences à la volée.
ment en bois dur, le sol n'exigeant Les chevaux, les ânes et les bœufs
que rarement que le soc fût armé de étaient également employés aux tra-
métal. Il en était de même de la houe vaux de l'agriculture, et il est à pré-
et de la bêche, qu'on employait dans des sumer que pour mettre une seconde
travaux de mains d nomme moins récolte, dans la même année, sur la
considérables que le labourage des même terre, qui était moins meuble
champs. On jetait ensuite la semence qu'immédiatement après l'inondation,
sur le sol ainsi préparé, et au lieu de on employait pour le second labourage
la couvrir par un second labourage, une charrue dont le soc en bois était
on conduisait sur le sol ensemencé garni de métal : on a cru en recon-
des troupeaux d'animaux domestiques, naître d'ainsi construites sur les mo-
afin de ta re fouler la terre et les grains numents. Les chars à deux roues, traî
ensemencés. Hérodote dit que cette nés par îles bœufs ou des chevaux,
opération se faisait à l'aide de pour- étaient employés aux travaux agricoles,
ceaux; niais n'auraient-ils pas dévoré et cet équipage rural était convena-
les grains plutôt que de les enterrer? blement construit pour le sol de la
Les monuments n'indiquent comme contrée.
employés à cette portion de l'ensemen- Peu de mois après les semailles , ar-
cement des terres que les chèvres et rivait celuide la récolte des blés; des
les moutons on voit des chèvres oc-
: moissonneurs les coupaient par poi-
cupées à ce travail dans les peintures gnées au-dessous de l'épi {pl. 31) ; aer*
des tombeaux de Giseh et de Koum- rière eux les femmes et les enfants ra-
el-Hamar. Dans celles de Beni-Hassan, massaient ces épis et les mettaient dans
et au milieu des autres représentations des sacs; des vases rafraîchissants,
des travaux agricoles, on remarque remplis d'eau et placés sur des tré-
trois hommes armés de corbasch qui pieds non loin des moissonneurs, ser-
frappent un troupeau de béliers et de vaient à les désaltérer pendant leur
moutons , en les poussant devant eux ; travail; ces vases, d'argile poreuse,
rie l'autre côté de ce même tableau sont encore en usage en Egypte. Celui
,
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190 L'UNIVERS.
que permanent. On n'obtiendrait donc lequel a pour objet réel de couvrir
pas le même résultat dans l'intérieur les semences, en renversant sur elles ta
des maisons; mais on le recherche par berge du sillon où le semeur les a ré-
quelques moyens artiliciels. Les an- pandues, et cette opération dans le se-
rions Egyptiens y employaient des éven- cond ensemencement de la même terre
tails très-solide, qu ils agitaient avec dans la même année devait tenir lieu
force près des vases; par là ils renou- du foulage par des moutons ou des
vêlaient continuellement l'air, favo- chèvres , qui mi l'Usait dans le premier,
risaient l'évaporation et accéléraient si voisin de la retraite des eaux,
le refroidissement. On reconnaît dans la première, i
Notre planche 3 1 , en regard de gauche, des scènes du registre inférieur
la page 125, représente le labou- de la même planche, la moisson du hk
rage de la terre à la houe, et à la au-dessous de l'épi, et l'usage des
charrue tirée par deux hommes au bardaques, tel qu'if vient d'être men
moyen d'une cordelle deux autres
; tionné. On y retrouve aussi la forme
laboureurs aident à cette opération : de la faucille égyptienne , moins ar
l'un appuie fortement sur la charrue, rondic uuccellede nos contrées, et plus
afin que le soc entre plus avant dans rapprochée de la forme de nos faut,
la la dirige d'une main
terre; l'autre La scène suivante inspirerait quelques
et porte dans l'autre le sac où la se- réllexions, comparée avec la première:
menée est contenue. On doit remar- les gerbes que des hommes lient ou
quer qu'il n'y a aucune différence de transportent sur les épaules , sont
costume entre les quatre personnages formées de brins bien plus longs que
qui concourent à cette opération , que ne le serait la paille du blé coupé pre?
les deux derniers ne portent aucune de l'épi. Ces longues gerbes sont for-
marque d'autorité, et ne paraissent niées de tiges de lin; on ne le coupait
pouvoir exciter l'ardeur des deux pre- pas, on l'arrachait ; lié en gerbes, il
miers que par la parolé. On ne peut était ensuite égrené au moyen d'un
point voir ici des serfs attachés à la peigne qui détachait la graine en me-
glèbe, et employés à la place des ani- nageant la tige. L'ouvrier qui procède
maux , à la cultiver au gré de son à cette opération appuie uu pied sur
seigneur. En Égypte il y avait si peu le talon uu peigne, et consolide ainsi
de fatigue a couper et à ouvrir la terre sa machine qui seconde efficacement
déposée par l'inondation , que le labou- son travail.
reur tirant la charrue ne nous parait Le dernier sujet de notre planche
pas réduit à une condition pire que nos nous représente l'inventaire de ces re-
manouvriers attelés à une petite char- coites en blés : le propriétaire le fait
rette , ou pliant sous le poids d'insup- mesurer au boisseau, et un scribe,
portables fardeaux. Pour l'Egypte agri- accroupi sur un monceau de ce grain,
cole, comme pour les exploitions ru- en écrit compte. On trouve ailleurs
le
raies des temps modernes, tous les cette même scène, un peu inoins
bras étaient utiles, et employés avec abrégée; elle mérite encore quelques
une réserve que la fertilité du sol et détails.
le concours des phénomènes naturels L'antiquité classique a rappelé quel-
dépouillent de toute espèce de mérite qu.es traits des mœurs nationales de
philanthropique. 1 Egypte, qui prouvent combien l'agri-
La même planche 31 représente aussi culture y fut honorée. Dans des cere-
Je labourage par la charrue à laquelle monies consacrées, les rois, dirigeant
des bœufs sont attelés le semeur jette
: la charrue de leur main, ouvraient
le grain dans le sillon qu'il vient de tra- eux-mêmes le premier sillon de la nou-
cer; toutefois, selon la place que le velle année rurale,
dessin lui donne, on pourrait, s'il n'y Dans ces encouragements publics,
avait point un défaut de perspective, la religion apporta aussi le tribut de
y voir le second labourage de la terre, son inîluence. Le paradis promis aux
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ÉGYPTE. 10.
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192 LXMYRRS.
supérieure du grain, soit à l'aérer lors- l'usage de toutes les classes, et s
qu il n'était pas plein. lement pour les familles royal
La fécondité de l'Égypte et le com- sacerdotales.
merce de ses grains, qû elle transpor- Une autre substance, le byssu
tait au loin {pl. 44). lui avaient néces- rait avoir été, pour l'ancienne
sairement fait chercher et découvrir les un autre objet de grande conso
moyens de les conserver sains et frais tion. C'est avec des bandelettes d<
pendant des mois et des années. Il pa- matière que les momies étaient
raît aussi qu'on enfermait de même le loppées, selon Hérodote, et on
blé dans son épi et sans être battu; ployait habituellement dans In;
des peintures représentent bien claire- ment. Bien des écrivains , après
ment cet usage. dote, parlent diversement de
La culture du lin n'était ni moins substance, et ils ont jeté des d
abondante ni moins étendue en Égypte sur sa nature et sur sa patrie : le
que celle des céréales. Les écrivains ont considéré le byssus comnx
arabes du moyen âge en ont décrit la espèce de lin, plus blanc et plus
récolte en ces termes : On arrache le que 'e lin ordinaire; d'autres, ce
lin , brin à brin , quand il est devenu une e. oèce de laine ; enfin on le <
un bout de corde long d'une coudée ou sauvage qui avait pour fruit m.e e>
tant soit peu plus. On le frotte ensuite de lame supérieure, par sa beaul
entre les deux mains, pour faire tom- ses qualités , à celle que donnent
ber les feuilles; puis on l'expose au moutons ; et c'est avec cette laine
soleil sur des racines, en serrant les les Indiens fabriquaient leurs v
bottes l'une contre l'autre. Si on ajoute ments. Le rapprochement de tous
à ce passage arabe , dont le texte est passages montre assez clairement
emprunté aux notes de M. le baron de le byssus des anciens n'était pas ai
Sacy, à la suite de sa traduction fran- chose que le coton ; que cet arbre e
çaise d'Abdallatif, ce qui a été déjà cultivé en Égypte; et S. Jérôme aj\
au moyen
dit sur l'usage d'égrener le lin 3u'il y était en grand nombre. C
d'un peigne, l'auteur arabe aura décrit onc le coton qu'il faut reconna
les procédés mêmes des Égyptiens, dans tous les passages des anciens
tels qu'ils sont fréquemment repré- latifs à l'usage du byssus en rtgvj
sentés dans les peintures des toml>eaux, L'inscription de Rosette fuit meut
notamment dans ceux de Keni-Hassan. de cette matière, et rappelle un lait i
Le lin récolté était déposé dans des portant, quand elle nous apprend (
couffes dont on chargeait les ânes ; il les temples de l'Egypte renfermai'
était ensuite teillé, peigné, filé, tissé, des fabriques de tuile de byssus,
pour produire cette grande quantité qu'ils étaient tenus chaque année
de toile de lin dont l'abondance en une redevance de ces toiles envers
Egypte était aussi une branche impor- fisc royal; et quoique le monu/w
tante dé commerce , favorisée par l'a- qui rapporte ce lait curieux ue i
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EGYPTE it GTVTF.N
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EGYPTE. M
: confiance que l'existence des
, fa- fécondes toutes les sources de la pros-
nes de toile de bysstis dans les périté publique.
sons sacerdotales était bien plus Au nombre des productions natu-
ienne encore. La
substance et l'é- relles employées habituellement à la
*e qui en était faite furent dans nourriture des hommes, il faut ajouter
s les cas connues en Égvpte des la celles qui sont désignées par Hérodote
> haute antiquité. comme particulières aux habitants des
-orsque le Pharaon eut entendu Jo- contrées marécageuses de l'Egypte.
a, et, satisfait de ses avis, voulut Pour se procurer leur nourriture, dit-
témoigner sa gratitude, il lui donna il, ils ont recours à divers genres d'in-
it d'Alexandrie a-t-jl assuré que tité d'une espèce de lis uue les Egyp-
ivssus fut connu en Egypte dès les tiens appellent Lotus (le nympJuea
>ps de Sémiramis, qui fut à peu lotus des botanistes modernes). Ils
s contemporaine de Joseph. On peut moissonnent ces plantes et les font sé-
tefoisreculer encore la fabrication cher au soleil; ils réunissent la graine
l'usage des étoffes de byssus en et en forment une pâte avec laquelle
jpte; ses relations politiques, son ils fabriquent un paiu qu'ils font cuire.
nmerce avec la Syrie et rlnde, la La racine du lotus était également
inaissance réciproque des produc- bonne à manger, et asse2 douce au
ns propres à tous ces pays, par l'in- goût; une autre variété de lis produi-
mediaire des Phéniciens, qui en sait des graines de la grosseur d'un
ient les intrépides courtiers, font noyau d'olive, bonnes à manger fraî-
usemblablement remonter l'usage ches ou séchées; la tige du papyrus
s toiles de byssus aux premiers était aussi une nourriture usuelle : pour
nps de l'histoire du commerce en la rendre plus délicate, on la cuisait
âe. Pour l'Egypte , ses momies de au four; enfin, le poisson, vidé et seu-
otes les époques sont enveloppées de lement séché au soleil, était la plus
*ges et de bandelettes de coton , gé- habituelle nourriture des habitants des
ralement reconnu pour une des es- parties du territoire égyptien les plus
res du byssus des anciens il fut un
: humides.
•j*t d'une
grande importance pour Les légumes entraient particulière-
*?riculture, l'industrie et le com- ment dans le régime nutritif des en-
de l'ancienne Égvpte. Moïse fants, en général très-nombreux dans
le tabernacle de tissus égvptiens; toutes les familles, par l'effet de la loi
prophète Isaïe prédisant à la classe uni , sans distinction des femmes légi-
wustridle égyptienne de prochains times de celles qui ne Tétaient pas
mineurs, s'écrie : « Ils seront réduits considérait comme frères aux mêmes
!a misère, ceux qui cardent le coton droits tous les enfants du même père.
S", et tisserands de tissus
les Les Égyptiens, selon Diodore de Si-
J
Unes. » Le travail de ces ouvriers se cile, les' nourrissaient sans faire de dé-
°it dans
des peintures antiques, et pense et avec une incroyable facilité
« ouvriers en ce genre étaient très- en leur donnant des aliments cuits
ombreux en Égvpte. La barbarie des très-simples, tels que les rejetons du
^«quêtes les priva de ces avantages : papyrus, qui pouvaient être rôtis au
* {wuvernement actuel
y a ramené feu ou sous le cendre, ou bien les ra-
ancienne prospérité en renouvelant cines et les tiges de plusieurs plantes
'^anciennes plantations de coton : on marécageuses, soit crues, soit bouil-
^ferait l'ancienne Egypte tout en- lies ou rôties ; et si Ton ajoute à l'éco-
en rétablissant ses anciennes ins» nomie d'un tel régime, le concours
•tutions.
Le gouvernement des Pha- d'une économie encore plus complète
«*a y avait découvert et rendu au sujet de l'habillement et de la chaus-
Lieroison. (Égypte.) 13
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m L'UNIVERS.
sure, dont les enfants se passaient fort gne , et des tableaux représentant te
bien dans un climat aussi favorable tes les opérations pratiquées pour fai
on sera porte à croire à ce que Diodore la récoitedu vin : le raisin est cou
ajoute à ce* premiers renseignements, par vendangeurs, déposé dans d
les
c est-à-dire, que la nourriture et Tha- paniers transporte dans des cuve
,
billemeut d'un enfant ne coûtait pas, et est foulé par des hommes; le î
pour toute son enfance, plus de 18 à clair est tiré Je cette cuve et mis da
20 fr. de notre monnaie. On comprend des vaisseaux de bois, d'où il est e
aussi, par ces faits avérés, la grande suite déposé dans des amphores.
population de l'ancienne Egypte, et Le vin qui reste dans le marc de n
comment elle put élever ou creuser en sin en est extrait par divers procéda
aussi grand nombre ses prodigieux par la torsion ou par la pression , *
monuments. a bras d'homme soit à levier, et I
f>ro venait, selon Athénée, d'un excel- ties de l'Égypte; ie vin est souva
ent raisin, et il était blanc, léger, mentionné dans les inscriptions hier
parfumé et diurétique. Le même auteur glyphiques on y en distingue même c
;
n'accorde pas de moindres éloges aux plusieurs qualités il nous paraît dot
:
vins de la Thébaïde, notamment à ceux avoir été d'un usage général dans lai
de Coptos; il ajoute aussi que le vin cienne Egypte.
de chacune des diverses parties de Plusieurs espèces de bières ou ai
l'Égypte avait ses qualités particuliè- très liqueurs termentées, et l'eau d
res et un goût assez prononcé pour Nil, étaient aussi une boisson univei
les faire distinguer les uns des autres. sellement adoptée.
Ces témoignages sur la culture de la Une assez grande variété de fruit
vigne dans toute l'Égvpte, sur l'abon- ajoutait encore à la variété de la noui
dance et la variété Je ses produits, riture; le figuier et autres arbres an"
sont tirés d'un écrivain grec postérieur Jogues croissaient sur le sol égyptiei
de six siècles à Hérodote qui assu- les terrains marécageux donnaiei
rait que les Égyptiens n'avaient pas aussi leurs productions particulières
de vignes. Il est vrai que cette asser- les espèces de melons et de pastèque
tion d'Hérodote peut ne regarder que y étaient diversifiées, et les peinture
les habitants de la partie ensemencée des hypogées en donnent des figure
de l'Égypte , car c'est d'eux qu'il parle assez exactes , pour reconnaître ce
expressément dans le chapitre où il productions placées sur les tables d'of
affirme qu'il n'y a pas de vignes, et frandes religieuses, ou sur la, tabh
c'est par cette explication de cette même domestique. L'ail et l'oignon d'Ég\(>ù
assertion que les paroles d'Hérodote ont presque de la célébrité; du nioifli
ne se trouveront plus en contradiction l'histoire a consacré leur agréable sa
manifeste avec les monuments les plus veur. 1^ Bible raconte que les Israé
authentiques , et, sans nul doute , an- lites , dans le désert , dégoûtés de l<
térieurs de bien des siècles au temps manne, leur unique nourriture, mur-
où i'écrrvain grec visita l'Egypte, murèrent tout haut , se plaignant
comme le sont ceux d'KIéthya, Béni- n'avoir plus de viande à manger, et
Hassan, Gizeh et Thebes. 11 n'est pas regrettant avec douleur le poisson
rare, en effet , de retrouver dans les dont ils se nourrissaient gratis en
monuments de l'Égypte les preuves Egypte, et surtout les pastèques, les
incontestables de la culture de la vi- concombres, les poireaux, l'ail et
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ÉGYPTE. 105
tyçte n'était pas tout à fait de l'Afri- pres à la nourriture des bestiaux; la
que, et ses productions végétales étaient paille des divers grains cultivés servait
plus analogues à celles de la Syrie et au même usage ; enûn, les tiges vertes
13.
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if»; L'UNIVERS.
des pois, des lupins, des gesses, des rature était entretenue à l'aide d'
haricots, pouvaient ajouter à cette es- feu modéré , jusqu'au moment où I
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ÊGYPTE.
juc de trois ou quatre cents poulets condité extraordinaire de l'Égypte, et
a la fois; elles les gardent quinze à que le Nil , dont les eaux étaient habi-
vinçt jours , soigneusement nourris lement dirigées au moyen d'un système
loges sur un terrain sec , et préservés d'arrosement longtemps étudié, et
surtout de l'humidité des nuits. Ces conduit à une incontestable perfection
nombreux produits sont ensuite ven- locale , était , en effet , le créateur , le
dus. Le P. Sicard, qui a voyagé en père nourricier et la providence de
Egypte dans le siècle dernier, a re- cette contrée.
connu qu'il v existait alors près de Les produits de la terre étaient aussi
quatre cents fours à poulets, dont cha- variés qu'ils étaient abondants ; et l'in-
cun fournissait deux cent quarante dustrie égyptienue sut les approprier
mille têtes, ce qui portait à cent mil- aux besoins de toutes les classes. Cette
lions de poulets ceux que les fours pro- industrie, si l'on considère la diversité
duisaient chaque année en Egypte. de ses résultats, ne fut point resserrée
Quand on les vend , on ne les compte dans les étroites limites où végète celle
pas,on les mesure au boisseau comme de l'Égypte moderne ; l'ancienne pos-
les grains : il y en a toujours quel- sédait tous les arts de première néces-
ques-uns d'étouffés, mais on s'épar- sité, confectionnait tous les objets d'un
gne ainsi la peine de les classer et de usage universel ou de consommation
les apprécier selon leur grosseur. On journalière, fabriquait les plus com-
rend en poulets les deux tiers des œufs munes comme les plus riches étoffes,
qu'on a reçus. servant à couvrir le fellah, à habiller
Si l'on voulait remonter à l'origine les familles riches ou puissantes, à
de cette méthode, et en expliquer la orner leurs demeures, à satisfaire
réussite, on ne devrait pas oublier de leurs goûts , et le commerce exportait
faire remarquer deux choses essentiel- dans des contrées voisines ou lointaines
les; la première, combien il était utile la plupart de ces produits , sources de
de multiplier une nourriture aussi grands bénéfices, réalisés par les ventes
saine que celle que fournit la viande ou les échanges.
île volaille, et la seconde
, que sans
, Nous avons déjà donné plus haut
cette méthode artificielle, cet avan- une nomenclature qui suffira pour jus-
tage aurait manqué à l'Egypte ,
puis- tifier ce qui vient d être dit : des vases
qu'il est constant que dans la saison de toutes formes et de toutes matiè-
où les poules commencent à couver, res pourvoyaient largement aux usages
l'ardeur de l'atmosphère les pousse domestiques, à la décoration des pa-
dans la société des mâles et leur fait lais, au service des prêtres et des
abandonner leurs œufs. L'étude atten- dieux. Les fabriques de toiles de coton
tive du pays avait dû faire remarquer de lin ou de laine, grossières pour un
aussi qu'il suffisait de la chaleur du emploi plus commun , ou d'une finesse
sable pour faire couver les œufs d'au- égale à celle des plus parfaits ouvrages
truche et de crocodile abandonnés dans de l'Inde en ce genre, brochées ou bro-
le désert ou sur le rivage du Nil. En- dées, blanches, teintes ou peintes,
fin , les oies , les canards, et peut-être pouvaientabondamment fournir à tou-
aussi d'autres oiseaux domestiques, tes les classes de la société , et les pays
étaient également multipliés par ces étrangers se faisaient pour cet ob|et
incubations artificielles : on a fait jus- encore les tributaires de l'Egypte. Les
u'ici d'inutiles efforts pour l'intro- étoffes babyloniennes, peintes avec
3 uire dans nos climats. comme le disaient les anciens,
l'aiguille,
Nous aurions à indiquer encore quel- furent célèbres dès la plus haute anti-
ques autres pratiques particulières à quité historique. La rivalité contem-
I Égypte ; mais il suffit à notre plan , poraine des étoffes égyptiennes n'est
pour faire apprécier ces procédés, de pas moins remarquée par les histo-
rappeler que sur ces pratiques agricoles riens, et ils distinguaient les toiles
et économiques était foudée cette fé- peintes de couleurs diverses fabriquées
198 L'UN]
9
à Babyionne, des toiles tissées de cou- ornée de plusieurs dès qu'un lavage
leurs non moins riches et non inoins l'étoffe dans un autre liquide co po*
variées fabriquées en Egypte. Amasis a détruit le mastic qui préservait
envoya en présent aux Lacedémoniens cette teinture le fond primitif de 1'
une cotte d'armes (ou un ornement de toffe, ou même d'autres dessins pré
Soi tri ne), ouvrage remarquable d'étoffe lablement imprimés. Dans tous c
e lin , dont le tissu représentait de procédés, l'Egypte employait avec si
nombreux dessins de ligures diverses. cès les moyens perfectionnés de 1*1
Elle était relevée de broderies d'or et du teinturier, éclairé par les plus sdr
de franges de coton; et ce au il y avait expériences de la chimie appliquée
de plus merveilleux encore dans ce tra- la connaissance des plantes et des ru
vail , c'est que chacun des fils qui for- taux colorants.
maient le tissu de l'étoffe, quoique L'idée de ces pratiques usuelles, p<
très-fin , était composé de trois cent fectionnées par la véritable scie no
soixante brins , tous visibles. Il n'exis- amènerait à l'examen d'une questic
tait qu'un second chef-d'œuvre sem- très -importante pour l'histoire d
blable, celui que le même Amasis avait connaissances humaines et celle di
consacré à Minerve, dans le temple découvertes qui appartiennent réel]
de Linde. Tel est le récit d'Héro- ment aux anciens, ou auxquelles I
dote. modernes peuvent prétendre avec ui
Cette abondante production de tissus, évidente raison. L'examen d'une tel
et la richesse descostumes reproduits question offrira toujours à la boni
sur plusieurs de nos planches (voy.p/. foi, dans un de ses cotés du nioiu.<
24 et 25) , prouvent aussi que l'art du d'inextricables difficultés. Les te\t<
teinturier devait être aussi perfectionné des écrivains de l'antiquité, qui conce
en Égypte que ' celui du tisserand. nent les procédés des arts, ivéser
L'Egypte possédait les principales subs- tent en effet trop d'incertitude à 1
tances colorantes; elle rivalisait en critique, pour qu'elle puisse en dè
ce point avec Tyr, Babvlone et l'Inde, terminer le sens avec cette rigueti
et Von sait que les principaux com- étymologique et traditionnelle qui n
merçants tyriens avaient un établis- permet à personne de douter qu
sement à Memphis. tel mot indique en effet tel proced
Pline parle avec admiration d'un des arts techniques, ou tel produit d
procédé singulier employé par les Égyp- l'industrie chimique ou manufacttl
tiens pour peindre sur les tissus, et, rière. En un autre coté tout est cer
avec son gout habituel pour l'antithèse, titude; c'est celui qui ne concerne qu
il dit que ce n'est pas avec des couleurs les faits matériels et d'une incontesté
qu'ils peignent de cette manière, mais ble évidence. Tout ce que nous mon
avec des drogues qui détruisent les trent au grand jour les monument
couleurs : l'étoffe est plongée dans le égyptiens est vrai pour l'Egypte , t
liquide chaud ; elle en est retirée d'une ne saurait lui être conteste. Des sa
seule couleur , et bientôt elle se trouve vanta et des voyageurs modernes on
ornée de plusieurs. Mous pensons qu'il soigneusement cherché a connaître e<
s'agit ici d'un procédé qui fut de tout qui lui appartient dans la théorie et l«'
temps connu dans l'Inde, qui est coin, pratique des arts utiles à la civilisa*
munément mis en pratique par l'in- tion, et leurs observations, que nom
dustrie européenne, et qui est connu résumons dans cet écrit , et qui sonl
sous le nom de d ssius réservés. Ou corroborées par le témoignage df*
imprime en effet ce dessin même sur monuments originaux que nous avons
l'étoffe en un mastic inattaquable par ens sous les yeux, nous donnent une
une teinture liquide chaude ou froide, idée avantageuse de la haute expérience
et d'une couleur quelconque; l'étoffe de P Égypte en ce point, à des épcxines
plonsée dans cette teinture en sort très-reculées de l'histoire de 1 indus-
d'une seule couleur , et elle se trouve trie humaine.
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ÉGTPTE. 199
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300 L'UNIVERS.
dans une cuve ou dans un lieu souter- que les Israélites firent sur les Madi
rain, venait à s'y éteindre, il était nites; Homère parle de l'étain; e
dangereux d'y entrer. quant au cobalt, l'illustre Daw
en r
L*art de rémailleur était certaine- trouva dans neuf échantillons de ven
ment pratiqué par les anciens habitants bleu transparent des fabriques éçyj
de Thèbes, à la même époque que les tiennes. Le bleu de cobalt est une co\
arts du potier de terre, uu verrier, du leur très-fréquente sur les sculptun
peintre , du sculpteur, du batteur d'or, égyptiennes, et la chimie moderne
du doreur, du statuaire en pierre et en constaté que, par l'effet d'un mordai
métaux, du constructeur de barques, d'une grande puissance, le cobalt <
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202 L'UMVERS.
agitations auxquelles l'Ionie et la Grèce homme, surtout les produits remar-
avaient été livrées par tant d'ambitions quables des arts, encore si rares de
rivales, lui inspira peut-être ce précepte son temps chez les Grecs. Au temps
qu'il met dans la bouche du prudent d'Homère, l'Ruypte depuis bien des
Ulysse « Ce n'est pas une bonne chose
: siècles exécutait des ouvrages pres-
que Jegouvernement de plusieurs; qu'il que encore inconnus en Europe; ainsi,
n'y ait qu'un seul chef, qu'un seul roi.» sur les bords du Ml , des quais
Dans les pays que le divin Homère antiques ont une courbure horizon-
connaissait le mieux, les monarchies tale dont la concavité est tournée
venaient de finir- eu même temps que du coté de l'eau. Cette espèce de
les siècles héroïques, si propices au voûte horizontale renferme un grand
génie de la poésie; esprit observateur, principe de solidité, puisque un mur
Homère ne put se soustraire à des rap- ainsi construit oppose une plus grande
prochements, affligeants, peut-être, résistance à la poussée des terres, et
pour lui-même , mais d'une grande quelque élevées qu'elles soient, ces
utilité pour ses ouvrages, dans lesquels quais eu soutiennent la pression sans
il dota la Grèce qui survécut à la guerre s'ébranler : ces résultats supposent
de Troie , de connaissances variées que les extrémités de l'arc sont elles-
qu'elle n'estima qu'après que ses vers mêmes les points d'appui de la voûte
les lui eurent révélées. Ce n était pas en L'expérience des siècles est ici la meil-
effet dans la Grèce contemporaine leure preuve de sa solidité, et elle
qu'Homèreavaitpu voir, commeil le vit donne une idée d'autant plus avanta-
en Égypte,des institutions jwlitiques geuse des constructions egvptiennes,
heureusement appropriées à l'etal des que, malgré l'avancement de nos con-
lieux, et propices également au prince naissances, l'exécution de ces voûtes
et aux sujets; une croyance unique don- horizontales offre , en Europe, de très-
nant à une population nombreuse les es- grandes difficultés.
pérances d'une autre vie ; la pompe des #
On a dit très-haut que les anciens
cérémonies ajoutant à l'éclat du culte Égyptiens ignorèrent l'art de cons-
de la Divinité; les rois inclinant leur truire les voûtes : on n'en a vu dans
front couronné devant ses emblèmes aucun de leurs nombreux monuments,
sacres; des lois protectrices assurant et l'on a cru pouvoir en conclure qu'ils
le maintien de l'ordre et la tranquillité ne les connurent pas. D'abord on a
sur tous les points d'un vaste empire; reconnu des voûtes à voussoir, de
les premières classes de la société don- peu de portée, il est vrai , dans quel-
nant l'exemple de la soumission, et la ques constructions de la Thébaïde;
foule les imitant avec empressement; de plus, supposant même que ces
des villes florissantes succédant à l'a- voûtes ne sont pas des époques les
ridité du désert ; les arts portés a un plus anciennes, au lieu déconsidérer
très- haut degré de perfection; une cette circonstance comme une preuve
architecture savante dans l'art de la négative, il eût peut-être été néces-
disposition des plans et la scienee des saire d'envisager la question sous un
proportions , et des monuments que n'a point de vue plus particulier. I*ulle
égalés aucun autre ouvrage des hom- part, en effet, on ne trouve de fabri-
mes, s'élevant de toutes parts; le sol ques dont les proportions soient aussi
du pays étudié, et son étendue mesu- grandes que celles des monuments (Je
rée ; les phénomènes célestes observés, l'Egypte, et cependant des plafonds
leurs lois les plus utiles découvertes et des plates-formes d'une vaste sur-
et connues, leur théorie fixée par une face y ont été établis sans le secours
série de connaissances positives, et des voûtes. En Europe, au contraire,
l'écriture d'un usage général dans tou- on trouve des voûtes partout, quoi-
tes les classes. que aucune des constructions euro-
Bien d'autres merveilles encore di- péennes, si l'on en excepte une seule,
rent frapper l'esprit siugulier d'un tel n'approche de l'étendue des inonu-
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I
rTK. 203
ment s de l'Égypte. Si donc l'on con- teau d'une manière uniforme; c'est
çoit bien l'état des arts dans ces deux cette diminution régulière qu'imitent
contrées célèbres, on trouvera la cause les belles colonnes doriques élevées en
de cette différence, qui a droit de Grèce dans le plus beau siècle de son
surprendre, et l'on verra que l'Egypte architecture, et des monuments égyp-
n'eut point de vodtes , parce que sa tiens d'une très-haute antiquité nous
méthode d'exploiter les carrières lui montrent encore en place le type par-
fournissait des pièces de grès ou de fait de cette même colonne dorique
granit de cent pieds en longueur , et des Grecs. Des constructions de plus
que l'Europe au contraire a dû s'en de quatre cents pieds de longueur, sur
servir, parce qu'elle ne peut extraire puis de quarante pieds de hauteur, ne
et mettre en œuvre que des matériaux présentent pas le plus petit dérange-
dont le volume est beaucoup moins ment dans les nombreuses assises de
considérable. Ainsi donc l'usage des pierres qui les composent; l'œil ne
voûtes est pour l'Europe une perfec- voit sur ces vastes surfaces que des
tion qui prouve son infériorité sous lignes parfaitement droites et des plans
ce rapport ; c'est une industrie née de parfaitement dressés; les monuments
la nécessité. grecs et romains sont tous ruinés , et
Si nous considérons ensuite l'archi- les monuments de l'Europe ne résis-
tecture égyptienne dans ses procédés tent point à quelques siècles.
matériels, nous y trouverons aussi quel- Ni les uns ni les autres ne peuvent
ques règles différentes de celles qu em- être comparés à un temple égyptien
ploie l'Europe, puisqu'elle eut d'au- sous le rapport des ornements et de
tres moyens. L'architecture égyptienne leur savante distribution : leur pro-
naquit en Égypte; c'est le premier fusion n'est remarquable qu'en Éeypte,
faitque son étude a démontré. Chaque et le mur de circonvallation d'un seul
peuple imita la nature qu'il eut sous de ses temples est décoré de cinquante
ses yeux les Égyptiens firent leurs
: mille pieds carrés de sculptures reli-
chapiteaux avec les feuilles du palmier, gieuses ou symboliques. .
et lesGrecs y substituèrent les feuilles Nulle part non plus la mécanique n'a
de l'acanthe ; l'Europe a imité la Grèce, produit de si grands résultats ; tous les
et n'a point égalé sa perfection. Dans ouvrages des Égyptiens prouvent cette
l'architecture grecque, comme dans vérité : elle est encore mieux démon-
l'architecture moderne, l'architrave trée par les obélisques de cent pieds de
repose immédiatement sur le chapi- hauteur, par les statues de cinquante-
teau: dans l'architecture égyptienne, cinq et de soixante pieds de pro|>or-
au contraire, un dé carré, placé au tion ; et chacune de ces merveilles d'un
centre du chapiteau, supporte J'archi- art rarement aussi puissant, est d'un
trave, parce que les Égyptiens avaient seul morceau de granit transporté de
senti q'ie cette partie de l'entablement, Syène à Thèbes, que séparent plus de
qui a toujours une apparence de pesan- 40 lieues, et jusqu'à Alexandrie.
teur, ne pouvait pas, sans manquer à On peut donc, sans s'exposer à des
toute convenance, poser sur des cha- contradictions fondées, et d'après les
piteaux composés de feuilles, de fleurs faits qui viennent d'être sommaire-
et d'ornements délicats. Il résulte de ment exposés» considérer l'Égypte dans
ce principe véritablement égvptien sa splendeur civile, agricole et indus-
ne les chapiteaux se trouvant éloignés trielle, comme le type antique de la
a e l'architrave, les grandes limes, qui civilisation créée, agrandie et perfec-
sont toujours une source de beautés tionnée par la culture de l'intelligence,
dans l'architecture, n'éprouvent au- l'amour de l'ordre, le respect des dieux,
cune interruption , et c'est là le carac- la sagesse des institutions politiques
tère éminent de l'architecture égyp- la puissance des lois, des arts, des
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204 L'UNIVERS
nous reste à dire de Tune des princi- les terres intérieures de l'Afrique. La
pales sources de sa prospérité, de son guerre et la conquête facilitèrent cette
commerce 9 rendra également témoi- extension en révélant les meilleures
gnage en sa faveur. routes; l'Égypte fournissait du blé à
Pour connaître le plus exactement tous les peuples ses voisins qui en
3u*H est possible de le faire, après tant manquaient, et qui durent rechercher
e siècles et de révolutions, l'état du avec soin un moyen d'échanger avec
commerce en Égypte, on ne peut se l'Egypte leurs propres produits, des
dispenser de rechercher ce qu il était iné'aux divers, les aromates surtout,
dans les contrées limitrophes dont la dont il se faisait en Égypte une si
civilisation, égale à celle de l'Egypte, rande consommation pour le service
ne saurait être mise en doute. Ainsi 5 es dieux, pour l'usage des vivants, et
les produits de l'Inde sont désignés pour les honneurs à rendre aux morts
dès les premières pages de l'histoire La pratique de la mer, quelque r- I <
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EGYPTE
douter que les Egyptiens furent réelle- des voiles, ayant tous ses agrès et
•ment navigateurs, parcoururent la mer des mousses qui manœuvrent sur les
Rouge, et eurent des relations suivies mâts.
avec les peuples des cotes méridionales Les colonies égyptiennes qui se ren-
de l'Afrique, et avec les Indes orien- dirent en Grèce, avant et après les
tales ; que Sésostris avait fait cons- temps de Sésostris, ne purent y être
truire une flotte de 400 voiles avec transportées que par de grandes em-
laquelle il subjugua toutes les provin- barcations propres à tenir la mer avec
ces maritimes et toutes les îles de quelque sûreté.
cette mer Érythrée, jusqu'aux Indes; Du, reste, la position géographique
que ce fut alors pour la première fois de l'Egypte et la variété de ses pro-
que de grands vaisseaux parurent sur duits n'en faisaient-ils pas l'un des pays
cette mer; que ces expéditions mari- les plus commerçants du globe , et ce
times ne se réduisirent pas à de simples commerce ne fut-il pas pour elle l'un
incursions; qu'elles n'avaient pas pour des plus ardents besoins de la civilisa-
objet des conquêtes, mais des établisse- tion? Sans lui, qu'aurait servi son
ments durables; que les tributs imposés abondance extraordinaire en grains, et
aux peuples de l'Afrique méridionale, comment serait-elle parvenue à donner
de l'Inde et de l'Arabie, font supposer à toutes ses institutions, à ses établis-
que ces relations étaient entretenues sements nationaux , cet aspect de
avec vigilance ; que les peuples du grandeur et de richesse qui les carac-
midi de l'Afrique fournissaient à l'E- térisait? Il lui fallait pour y parvenir
gypte l'or, l'ébene, l'ivoire, les dents une fort habile industrie, et un com-
d'éléphant, des dents et des peaux merce non moins actif, non moins ha-
d'hippopotame, ainsi que des animaux bile, au dedans et au dehors.
rares et curieux; l'Arabie, l'or, l'ar- La solennité des panégyries, qui du-
gent, le fer, le cuivre, la myrrhe et raient plusieurs jours, ne put manquer
l'encens , Ylôfa , des pierres précieu- de favoriser ces deux branches de
ses , diverses matières minérales , et prospérité ; de grandes masses de po-
des riches étoffes, enfin, que le roi pulation y étaient attirées de diverses
Néeos lit entreprendre un voyage au- provinces, et de pareilles réunions
tour du monde , et qu'après trois ans d'hommes ne pouvaient pas avoir lieu
de navigation, ses vaisseaux, partis sans qu'il se fît des transactions com-
de la mer Rouge, entrèrent dans l'O- merciales. Il est vrai que les Égyptiens
céan, suivant toujours les cotes qui avaient un éloignement marqué pour
étaient sur leur droite, et que tournant les étrangers, et ils avaient cela de
la Libve, ils vinœnt surgir dans les commun avec tous les peuples dont la
ports de la Méditerranée : si tous ces croyance religieuse a réglé , par de sévè-
détails sont fidèlement exposés par l'his- res prescriptions, le régime diététique
toire, il faudra accorder à l'art nauti- et alimentaire; mais cet éloignement
que en Égypte un peu plus de perfec- n'excluant pas absolument les relations
tionnement, un peu plus de puissance de toute nature, les caravanes du
qu'on ne lui en attribue d'ordinaire; midi se rendirent à Thèbes, celles de
et c'est un fait assez concluant dans la la Syrie à Mcinphis, et les étrangers,
discussion présente, que celui qui a comme aujourd'hui les négociants chré-
été recueilli par Champollion le jeune tiens chez les musulmans non moins
dans le musée de Turin, où, mettant intolérants que les vieux Égyptiens,
en ordre uu grand nombre de papy- devaient posséder dans ces villes des
rus royaux, c est-à-dire, portant des établissements plus ou moins isolés
dates tirées des règnes des anciens où, comme les Européens dans leurs
rois, il a vu sur un de ces manuscrits, fondoukisde la Barbarie, ils pouvaient
qui est du temps de Sésostris, et sur pratiquer leurs coutumes nationales,
une grande page sans écriture, le des- cuire leur pain , enterrer leurs morts,
sin d'un grand vaisseau armé de gran- et prier selou leur foi. Du reste, l'É-
206 L'UNIVERS.
gypte, ouverte sur la Méditerranée au rieure et méridionale; et ce gra
rtord, devait se défier des arrivages mouvement des peuples fabricants
maritimes, tant qu'elle ne se crut point commissionnaires tirait de son oh
une activité
Sar sa marine sur un et de ses bénéfices
pied respectable érî
e défense. Nous avons déjà dit qu'elle nemment favorable aux bonnes rt
se fit, au sud, des cataractes du Nil à contres du hasard; aussi d'habiles c
Syèue,un rempart puissant contre les ti(jues n'hésitent-ils pas aujourd'hui
descentes des Éthiopiens, qui, néan- affirmer que les Nasamouns jxiussèrt
moins réussirent plusieurs fois à trou- jusqu'au Meuve Joliba ou ISiger, s
bler et à occuper l'Égyntc. condés, comme ils pouvaient Tètr
Thèbes, capitale religieuse et politi- par le service du chameau dans c
que de l'Égypte, était donc aussi sa ville mêmes contrées.
commerciale la plus riche et la plus Deux autres routes commercial
fréquentée; elle était un point central conduisaient de Thèbes en Éthiopie
entre la Méditerranée, la mer Rouge à Méroé; l'une était établie sur I
et l'Ethiopie, et, par cette position, l'en- rives mêmes du Nil, et l'autre au tr
trepôt nécessaire de tous les arrivages vers du désert de Nubie. Les vor
de ces diverses contrées. C'est dans dirigées vers le golfe Arabique n'étaiei
cette cité toute royale, le centre du pas moins fréquentées; il y en avs
commerce de l'Orient, que toute es- une qui partait d'Rdfou; une autre <
pèce de richesses, dit Homère, se trou- Thebes, se dirigeant sur Cosseir; d
vaient entassées , et les caravanes qui dès que les Pharaons eurent des vai
s'y rendaient la mettaient en relation seaux dans la mer Rouge, les commi
tout à la fois avec les contrées voi- nieations les plus courtes durent s'etj
sines du Niger et avec la puissante blir entre les cotes de cette mer et I
et, quelque opinion qu'on se fasse sur Phénicie; et l'Egypte ne dut point en-
l'exacte direction de ces routes, on ne trer sans quelques avantages, ni sans
pourra que reconnaître la réalité de étendre ses connaissances industrielles
cette grande communication entre la et géographiques, dans cette grande
vieille Thèbes et la vieille Carthage, la communauté d'intérêts commerciaux.
Carthage des Chananéens, qui fut con- Nous considérons ici les temps de la
temporaine du successeur de Moïse, grande splendeur de l'Égypte. Durant
et qui recevait ainsi, par la voie de ce long période, et tant que subsistè-
terre, les produits de l'Inde, de l'Ara- rent sans mélange et sans relâchement
bie, de FÈgypte et de l'Afrique inté- ses institutions nationales et même ses
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ÉGYPTE. *07
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208 L'UNIVERS.
ridor; les parois des deux pièces sont registrent deux corbeilles remplie
peintes et non pas sculptées : ces pein- lingots d'argent, une autre rem
tures ont dépéri , mais il reste encore d'une matière bleu de ciel (peut-
dans la première salle un tableau his- de l'indigo) , une corbeille aaont
torique du premier ordre , et qui suf- d'argent, et une série de vases d
firait seul pour la gloire de l'Égypte. cent ou d'or, émaillés ou en émail \
Un personnage est peint en grand des formes les plus riches et les j
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ÉGYPTE. 200
tbr$, an grand nombre de person- déjà capable de satisfaire, par la pra-
|es des vases en métaux
offrant tique perfectionnée de tous les arts, à
eieui ; ces métaux aussi sous di- toutes les exigences d'une civilisation et
ses formes , et de plus , des masses d'une condition sociale très-analogues
cuivre ajoutées aux lingots d'or et à celles de nos temps modernes; affec-
r?ent: mais c'est une race nouvelle tant le même goût pour les mêmes
ommes, qui n'est plus des climats jouissances, et les satisfaisant par des
l'Afrique; elleest blanche, vêtue de moyens semblables, les métaux pré-
pies robes blanches, donf les bords cieux, les animaux rares ou utiles, la
i ornés d'un liséré de couleur, et les pompe des cérémonies publiques, les
othes étroites; un tarbouch ou bon- plaisirs nobles par leurs moyens et par
bbnc retient étroitement leurs leur objet, et oar l'effet de" cette con-
veux, et leur barbe est longue et viction plus noble encore, qui élève les
pue. Ils apportent aussi devant prodiges des arts, dans l'estime géné-
scribes, entre autres productions, rale, au-dessus de toutes les produc-
i
d'eléphmt, des arcs", des
dents tions de la nature.
e
quois, des flèches, des massues, et Telle était rÉ?ypte au XVIII siècle
bottes de joncs de longueurs diffé- avant l'ère chrétienne. Des rapports si
ites. Ils mènent avec eux un char singuliers avec notre Europe, et dans
guerre richement orné, des che- ce qui dépend le plus de la volonté et
«de belle race; enfin, un ours et des inclinations naturelles de l'homme,
éléphant. sont un fait historique d'une haute va-
La cinquième scène est entièrement leur. Pendant trente-six siècles, sur les
•upée par une Ole de personnages bords du Ml, de fil issus, du Tibre et
"amiers, conduits isolément ou en de la Seine, qui se sont réciproque-
wpes par des soldats égyptiens, et ment étrangers, les lois générales, les
0 doit y reconnaître des prisonniers principes des maurs, comme les be-
diverses nations , comme l'indiquent soins du luxe, qu'engendre une civi-
diversité de la couleur des individus, lisation perfectionnée , se sont manifes-
P sont basanés ou blancs, et la di- tés par des siçnes semblables. Serait-ce
Nte des costumes. Après ces grou- donc là l'inévitable destinée d'une por-
pe soldats on voit plusieurs femmes tion de l'espèce humaine et les bornes
sanées, emmenées avec leurs petits de sa perfectibilité intellectuelle,?
fonts qu'elles portent sur leur dos, Pour résumer, à l'égard de l'Egypte,
su dans une couffe attachée à leurs en un tableau succinct, éloquent et
««les et à leur téte, ou qu'elles con- fidèle, l'énumération déjà détaillée des
"*nt j>ar main. Des jeunes filles
la causes de tant de durables prospérités,
la même
:
couleur marchent après les qu'il nous soit permis d'emprunter les
viennent ensuite deux grou- paroles remarquables de l'un des hom-
s
d'hommes de race blanche, cou- mes éminents dans la science, qui étu-
|
rts d'une
longue tunique blanche, et dièrent le plus l'Égypte, de l'illustre
)res
des enfants encore conduits Fourier, qui a retracé en ces termes
1 \»rtés
par des femmes vêtues d'am- l'état général et les époques principales
lrs
tuniques à longues manches et à de la civ ilisation égyptienne :
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210 L'UNIVERS.
pour rendre incertaine la chro-
suffirait vient de parler florissaient dans la p
nologie des temps qui précédèrent les raière capitale de l'Egypte; on
voyages des Hébreux en Égypte; mais trouve sur toutes les parties des te
les époques subséquentes sont mieux pies, dans les habitations des ro
connues, et il n'y a aucun doute que dans leurs sépultures et dans celles <
connaître quel était l'état de la société depuis plusieurs siècles aux grands i
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THKfcF. S
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ËGYPTE. 211
prémes réservés au* vendeurs de la
a rendu son territoire
patrie. Les scènes innombrables que plus salubre.
plus fécond et même plus
l'on v observe se rapportent aux usages étendu et
en a développé les avantages
publics, aux sciences, aux coutumes avec un
art admirable. L'Egypte
funéraires, aux jugements prononcés a donné à son
architecture un caractère sublime,
par les hommes ou par les dieux enlin et
; enseigne aux Grecs les procédés
a tous les arts physiques et à tous les sans
lesquels la sculpture et la
éléments qui constituaient alors la so- peinture
n auraient pu faire aucun progrès;
ciété. elle
consacrait à ses dieux la poésie
• On voit aussi combien il est et la
im-
portant d'acquérir une conna7ssance,
^T^ÎT^n^T^
"™ yer
ces grands édifices ont été construits; fondamental** r£ UT „aZ11!
âge l'astronomie.»
Ut en ^.»JSÏàS t
mense que Ton
témoignages de
doit réunjr à tous les
l'histoire. Cette
paraison résout, sans 'aucun doute,
com-
KXŒfe
dique tableau ; et l'on devra principa
ement consulter, en ce qui regarde
I architecture, pour les façades des
plusieurs questions qui s'étaient éle-
temples, les pl.
6, 14, 41 et 52; pour
vées sur l'origine
de nos connaissances : les intérieurs, les/?/. 6, 17, 27, 42 et
appliquée à l'histoire civile de l'É-
56; plans, les pl. 7 et 60; les dé-
les
evpte, elle fournit des résultats incon-
testables et sert à
tails, h pl.
9; les palais, les pl. 23 et
distinguer les faits 55; les maisons et jardins, les pl. 53
les plus anciens de ceux qui appartien- et54; l'agriculture, les pl. 31 et 38;
nent aux derniers dges de la monar- lapèche et la chasse, les pl. 37, 43 et
chie.
58; l'économie domestique et le com-
«C'est d'après ces principes que
merce, les pl. 38 et 44; costumes,
nous avons entrepris oe représenter
musique et amusements, les pl. 24,
fidèlement, mais dans un tableau peu
25, 32 et 59; les meubles utiles et
Étendu, l'ancien état de l'Egypte, les
d'ornement, les pl. 23, 44 et 57; arts
traits les plus remarquables de ses ins- et métiers, les pl. 32,47, 45 et
titutions, et les principes fondamen- 46; li-
tières , voitures et palanquins, pl. 63
taux de ses mœurs, ;
de son gouverne- caricatures politiques, la pl. 34; ar-
ment, de sa religion et de ses arts.
mes, la pl. 61; combats sur terre et
« L'étude de l'Egypte doit
agrandir sur mer, les pl. 16, 49 et 50; pompes
le champ de
l'histoire, elle reporte la
triomphales, les pl. 18 et 26.
pensée sur l'antique civilisation
de On trouvera dans une des sections
Asie, nui a précédé les temps
fabu- suivantes les notions relatives au ca-
leux de la Grèce,
et nous présente la lendrier, à la monnaie, aux poids et
société politique sous des formes qui aux mesures, autres institutions du
ûinerent à plusieurs égards de celles
premier ordre dans l'état politique
|ne les nations
modernes ont adoptées. d une nafion civilisée et qui ne man-
Aucun objet n'est plus digne de notre
quèrent point à l'Égvpte.
attentionque cette ancienne philoso-
phe des Egyptiens car ce peuple
La paroleet l'écriture furent pour
; dont
, elle lesprincipaux agents de son déve-
Europe a reçu la plupart de ses insti-
tutions,
loppement; nous ne pouvons omettre
possédait les connaissances ici quelques notions précises,
morales qui servent de quoique
fondement à abrégées, sur la langue et sur ['écri-
police sage et régulière; il exerçait
ture des anciens Égyptiens.
wn industrie sur toutes les substances
naturelles; il a inventé, LANGUE ET ÉCRITURE.
perfectionné S XVII.
« conservé tous les arts plivsiques; il L'origine de la langue égyptienne
14.
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213 L'UNIVERS.
est inconnue; on la trouve employée trouvent à la fois dans l'égyptien .
sous des formes régulières dans *les dans l'hébreu, on peut même dire dar
plus anciens monuments de rËgypte et le syriaque , le chaldéen et le saro;
de la Nubie, et si elle est descendue, ritain , dialectes de la riche faraill
avec la population, des régions supé- arabe, furent vraisemblablement in
rieures du Nil, ce serait dans ces ré- troduits dans l'hébreu par l'effet de
gions antiques qu'il faudrait en chercher rapports des Israélites avec TÉgyp
te herecau. La science a fait de vains te , et des institutions de Moïse
efforts pour le découvrir, et Ton igno- élève des sciences égyptiennes. Il e
rera peut-être toujours les origines de fut de même à l'égard des autres m
la langue égyptienne. On ne saurait tions qui fréquentèrent l'Egypte à de
même s'éclairer avec quelque certi- époques diverses, antérieurement ,
tude par des analogies év identes entre l'ère chrétienne aussi les écrivains d.
:
les formes et les mots de cet idiome l'antiquité grecque ont-ils mentions
et ceux de toute autre langue de l'Asie dans leurs ouvrages un certain nom
ou de l'Afrique; au milieu d'elles la bre de mots de la langue égyptienne
langue égyptienne est seule et comme dont l'acception par eux indiquée se
isolée, sans origine et sans descen- trouve en général exacte.
dance, mais montrant sur d'immenses Il vient d'être dit que des inscrip-
monuments la haute antiquité de son tions de toutes les époques de la
existence dans la longue vallée du NU. narchie égyptienne, soit pharaonique,
Elle y fut en usage pendant toute la éthiopienne ou persane, soit grecque
durée de l'empire égyptien, et malgré ou romaine, prouvent, sans nul doute,
les invasions Successives et violentes le constant usage du même idiome
des Perses, des Orées et des Romains; national en Egypte. Dans une foule tie
et nous ne mentionnons pas les inva- contrats réglant les affaires civiles
sions des Éthiopiens, parce que les entre particuliers, ou décrits assez
monuments élevés par les princes variés par leur sujet, et dont les un*
éthiopiens et en Egypte et en Ethiopie, remontent au delà du temps de Moïse,
indiquent, par les inscriptions dont ils et dont les autres sont contemporain*
sont couverts, que la langue égyp- des empereurs romains, le même
tienne , connue les autres institu- idiome est employé. Devant les tribu-
tions de l'Egypte, fut commune aux naux, aux temps de la domination
deux contrées. Les monuments écrits grecque, le contrat écrit en langue
subsistant depuis Naga et le mont égyptienne avait seul de l'autorité en
Rarcal, à deux cents lieues au midi justice, et l'expédition decc contrat tra-
des frontières de l'Egypte, jusqu'aux duit en grec ne suffisait pas pour sou-
ruines d'Alexandrie, s'expliquent par tenir un droit. Du temps même oYs
cette même langue, et tous ceux qui Romains, les prières dévotes enfer-
l'ont étudiée à fond se sont réunis dans mées dans les cercueils avec les momies
cette opinion , qu'elle est une langue étaient écrites aussi en langue égyp-
mère qui n'a de rapports avec aucune tienne ; et tous ces laits sont démontres
autre. Les anciennes relations des As- par les manuscrits sur papyrus co;
syriens, des Hébreux et Arabes avec servés dans nos musées. Les écrivain!
l'Egypte expliquent suffisamment pour- anciens joignent leur témoignage
quoi quelques mots des langues de ces celui des monuments; Plutarquc rap-
peuples se trouvent dans l'égyptien, porte que Cléopâtre, la dernière reine
et réciproquement pourquoi dés mots d'Egypte, répondait sans interprèt
de la langue égyptienne se sont intro- aux étrangers, tandis que quelques-u
duits dans l'idiome de ces mêmes peu- des rois ses prédécesseurs s'étaient mis
ples. Il est à remarquer seulement, très-peu en peine de savoir la langua
en ceci, que le peuple le plus civilisé à égyptienne. Origène parle deux foisâû
dd exercer la plus grande inlluence, cette langue comme d'un idiome vi-
et qu'en conséquence les mots qui se vant de son temps. Les soldats romains
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ÉGYPTE. 213
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214 L'UNIVERS.
Frec , augmenté de quelques signes de fluenee grecque, d'abord lorsquV
ancien alphabet populaire égyptien; adopta par nécessité un grand noi
de sorte que la langue copte n'est plus de locutions grecques, et ensuite U
autre chose que la langue égyptienne que les signes de l'alphabet grec ft
même, écrite avec les signes grecs au substitués à ses signes hiéroglyphiqi
lieu de l'être avec les signes hiéro- Ce sont ces deux influences réunies
glyphiques. La langue allemand* peuvent servir à constater l'état
écrite avec les caractères gothiques sent de la langue copte, qui n'en
ou avec les caractères romains, n'en pas moins la langue égyptienne, écri
est pas moins toujours la langue alle- avec les lettres de l'alphabet grec
mande. ayant adopté un certain nombre de
La constitution grammaticale de la mots de la langue grecque, sans pres-
bogue égyptienne était propre à la que perdre, d'aucun de ces mots gn
préserver de corruption et de la dé-
la les équivalents égyptiens ; de sorte q
cadence; mais elle ne pouvait prévenir en définitive , les dénominations
absolument l'introduction, dans l'i- langue égyptienne et de langue
diome écrit et parlé, des mots tirés de n'indiquent que deux épooues , Vûi
la langue des peuples étrangers fré- primitive et l'autre secondaire, d'
quentés par les Égyptiens; et c'est un seul et même idiome.
des caractères de là langue égyptienne J,a haute antiquité de son origine e4
à sa seconde période, que d'accepter de son usage sur des monuments pu-
des mots exotiques composés de toutes blies excite la plus vive curiosité, etj
pièces , radical , préposition et dési- l'esprit doit se complaire à rechercher
nence, et de employer sans les sou-
les et a reconnaître le procédé employé.]
mettre à ses propres règles. Les mots par le génie humain, dans ces temps»
grecs surtout s'y introduisirent sous considères comme primitifs, pour la
rinfluence de l'autorité grecque; les formation du langage, et comment la J
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ÉGYPTE. 215
d'après des règles uniformes et cons- tions exprimant autant de modifica-
tions régulières de cette idée-racine.
Os règles sont fixes et limitées; Le sens de chaque monosyllabe ou
chacune d'elles apporte une modifica- mot primitif est en effet changé par
tion différente à l'idée que représente l'addition d'autres monosyllabes, si-
la racine; chaque racine subit un
et gnes constants des genres, des nom-
nombre ou moins grand de ces
plus bres , des personnes , des modes et des
modifications , selon que ridée dont temps. Ces marques distinctives, qui
eHe est le signe peut s'y prêter plus font successivement passer le radical à
moins. l'état de nom commun , de nom abs-
Des mots formés de la racine par trait, de nom d'action, d'adjectif pri-
déri vation deviennent eux-mêmes pri- vatif, d'adjectif intensitif, de participe t
mitifs, relativement à d'autres mots de verbe actif, négatif et transitif, se
auxquels ils donnent naissance d'après placent toujours en augmentant, et les
les mêmes principes; on peut les ap- modifications grammaticales ne s'opè-
peler racines secondaires. rent que fort rarement par le moyen
L'union de deux ou de plusieurs ra- des désinences ou des terminaisons.
cines primitives ou secondaires forme La langue égvptienne se prête avec
les mots composés. une admirable facilité à la formation
Les mots composés se partagent en des mots composés, et joint à cet
deux 1° ceux qui
classes distinctes
: avantage celui d'une extrême clarté,
sont formés par combinaison de la les formes et les mots déterminatifs
y
deux racines primitives ou secondaires étant très-multipliés.
indifféremment; 2° ceux qui résultent La construction ou syntaxe est danc
de la réunion d'une racine quelconque l'ordre logique comme dans la langue
à un certain nombre d'autres racines française, en tenant compte toutefois
'
t
qui entrent constamment dans la for- des monosyllabes qui établissent les rap-
mation des mots composés, en modi- ports des mots de la proposition entre
fiant d'une manière uniforme les idées eux , et qui sont soumis aux règles que
exprimées par les racines avec les- nous venons d'indiquer.
quelles on les combine. Cette langue a un certain nombre de
Des mots composés, des deux classes, mots communs à l'hébreu et à l'arabe;
peuvent être considérés comme primi- ils sont dus aux rapports suivis qui ont
tifs par rapport à plusieurs autres mots toujours existé entre ces peuples dès
qui en dérivent, d'après les principes les plus anciennes époques; mais la
communs aux racines primitives et se- grande masse des mots et toute la
On peut considérer tous ces
condaires. grammaire diffèrent essentiellement de
mots composes comme des racines ces deux autres idiomes et de leurs
composées. . analogues.
Les dérivés des racines primitives, On doit faire remarquer aussi que
secondaires et composées, forment des la langue égyptienne renlerme un grand
mots comj>osés en se combinant entre nombre de mots formés par onoma-
eux indifféremment. topée.
Ces principes généraux sont puisés Nous ne pouvons nous dispenser de
dans la nature même de la langue présenter ici quelques traits saillants
égyptienne. Ils donnent une idée claire
m
-.ma.
IlIn
•
...
•
^m
* ah
••
et précise de la marche qu'on a suivie
• *,"» * » *• i *
I
1 , Ê~9 » * . \ W\ r\ » * I 1 I I I /~k
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M*tM«i4 A
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\ »"\ att
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de la langue égyptienne; ils nous pa-
mI *
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216 LTJNIVERS.
par imitation, en attachant un son débile de cœur, timide; hèt-nascht
plutôt qu'un autre à Pexpression d'une cœur dur, inclément hèt-snaou, avan
;
kemkem, sistre, instrument de per- ment sentir venir son cœur, exprime
cussion; bremrem, bruit; kradjradj, les idées rêver, réfléchir; thôt-hfty
grincer les dents ; teltel, tomber goutte mêler le cœur, tempérer, persuader;
a goutte; schkelkil, sonnette; omk, ka-hèt, placer son cœur, se confier;
avaler; rodjredj, frotter, polir; kher- ti-hèt, donner son cœur, observer,
khety ronfler; nef, nifê, soufller. examiner; djem-hèt, trouver de cœur,
Mais ces moyens d'imitation furent savoir; meh-hèt, remplir le cœur, sa-
bientôt épuisés* dans la langue égyp- tisfaire, contenter. On voit p»c ces
tienne; on chercha alors des simili- exemples quelle variété d'idées expri-
tudes, et, par le choix de sons doux, ment les modifications grammaticales
rapides, durs, on rappelait des objets du mot radical hèt, cœur. Il en est de
dont les qualités physiques paraissaient même d'une foule d'autres mots pri-
analogues à ces mêmes sons; c'est mitifs , que de tôt, main,
et c'est ainsi
ainsi qu'on exprimait en égyptien par on a donner la main, aiJer;
fait tilot,
sousou un instant très-rapide; parouô, hitot, jeter la main, commencer. D'ê-
voix; par chouchou, flatter, louer, ca- tres mots d'acception phvsique ont
resser ; par bridj, éclair ; par cherchôr, aussi servi à exprimer des idées méta-
détruire; par loti, loulai, se réjouir. physiques ; apdjir, étymologiquement
EnGu, on en vint aux assimilations, rechercheur de mouches, c'est-à-dire
toutes tirées de l'ordre physioue seul, avare; djerbal, œil pointu, impudent;
quand il fallut exprimer les idées abs- djacebaty œil levé, audacieux ; balhèt,
traites et les objets intellectuels. En cœur dans l'ail, ingénu, naïf; déta-
voici de curieux exemples fournis par cha, retirer le nez, se moquer; nas-
un seul mot, lièt, qui signifie cœur, c/itmakh, cou dur, obstiné.
et par suite esprit, inteliigence , com- Tous ces mots nous révèlent les vé-
prenant l'idée de la plupart des quali- ritables procédés de formation de la
fications morales, et s'exprimant par langue égyptienne, et en même temps
les modifications grammaticales de ce son originalité, faits d'un haut intérêt
mot radical hct. Les Égvptiens disent à l'égard de nos modernes idiomes,
donc hètchèm* qui signilie à la lettre qui sont de dernière formation, sem-
petit cœur, et exprime l'idée craintif, blables en cela aux roches venues après
lâche; harchihèt, cœur pesant ou bien les grandes révolutions de la terre, et
lent de cœur, c'est-à-dire patient ; ssaci- qui sont formées d'irrégulières agglo-
tiét, cœur haut ou haut de cœur, or- mérations des restes dispersés deVro-
gueilleux; ssab-tUt, cœur débile ou ches primitives.
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EGYPTE. 217
sonnes de l'un à l'autre; le p thébain médicales contre les maladies les plus
à venait ph dans le memphitique; k communes en Égypte, recueil déjà
et tthébain étaient ch et th en mem- mentionné dans ce précis.
phitique; r de l'un et de l'autre de- A l'ancienne tfgypte aussi nous pou-
venait / dans
le dialecte de Basch- vons attribuer la culture de la langue
mour; voyelles, vagues de leur
les en ce qui pouvait s'approprier et servir
nature, se permutaient avec plus de aux dons de l'esprit, comme à l'ex-
facilité encore. On verra plus bas com- pression des passions de l'âme. Une
ment une seule écriture représenta ce- chanson rustique est écrite dans un
pendant ces trois manières différentes tableau à la suite d'une scène peinte
d'orthographier un mot, et c'est ainsi d'agriculture, et dans cette chanson,
qu'à chaque observation nouvelle l'É- comme dans les strophes chrétiennes,
uypte nous montre une preuve de plus c'est toujours la langue égyptienne qui
de l'intelligence laborieuse qui présida se montre dans les deux époques que
a toutes ses institutions. nous avons déjà signalées, et dans les
langue à son époque
Telle fut cette productions d'une second période, avec
primitive; à l'époque secondaire, l'empreinte non équivoque des in-
quand elle se nomma
latujue copte, fluences qu'elle avait subies.
dans l'Égvpte devenue chrétienne, elle Ce fut plus qu'une influence, ce fut une
était encore la même, mais elle avait révolution réelle par ses effets, à la fois
admis un grand nombre de mots grecs politique et religieuse, que la langue
et arabes, et quelques mots latins, égyptienne eut à éprouver, nuand , au
emplovés concurremment avec les mots système des signes par lesquels elle s'é-
égyptiens exprimant les mêmes idées, tâit exprimée pendant toute la durée de
et dont l'introduction était l'effet des sa longue prospérité, on substitua un
longs et intimes rapports qui s'établi- système graphique tout nouveau, quand
rent entre cette nation et ses domina- l'écriture hiéroglyphique fut remplacée
teurs successifs, les Grecs, les Ro- par l'alphabet copte. Une science ha-
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318 L'UNIVERS.
bile etprofonde inventa ce moyen puis- fut , à l'exclusion de toute autre, le \
sant delever entre l'ancienne et la fidèlecourtier de l'intelligence,
nouvelle Egypte cette impénétrable
'
reste, ce qui va être dit de Pinvent
barrière de Ignorance des temps an- et du premier usage de Pécriture cl
ciens, afin nue les opinions, les souve- les Égyptiens, s'appliquera directem
nirs et la gloire en fussent complète- à tous les peuples qui furent invente
ment effaces dans l'esprit des nouveaux aussi des mêmes choses; car, en
citoyens. Les nombreux témoignages telles matières, Pesprit humain est
écrits qui en subsistaient dans tous les capable de deux bonnes inventions
pour eux illisibles aussi,
lieux étaient : fois.
peu de nations ont été plus complète- L'ancienne écriture égyptienne
ment étrangères à leurs propres ori- généralement connue sous le nom d
gines, à leur primitive illustration. La criture hiéroglyphique* composée
destruction, d'autorité impériale, des signes nommes hiéroglyphes, et i
livres qui renfermaient l'histoire et les sont en effet, comme le dit Pétymo
doctrines des ancêtres, et l'introduc- gie, des caractères sacrés sculj-t
tion d'un alphabet nouveau, qui fit Ces signes n'ont pas une expressi
perdre complètement la connaissance uniforme, et les différences, qui
de l'ancien, opérèrent cette monstruo- divisent en trois classes, indique
sité politique, et il a fallu quinze très-vraisemblablement l'origine et
siècles pour en faire cesser, dans l'in- perfectionnement successif du systèi
térêt des sciences, les effets trop long- graphique tel qu'il est aujourdli
temps destructeurs. constitué. Ce qui s'est passé presq
Ce grand fait de l'histoire de PÉ- sous nos yeux, parmi les peuples <
gypte peut être considéré sous deux nouveau monde, nous révèle plus v«
aspects principaux : 1° l'état ancien du semblablement encore ce qui se pas
système graphique ou des écritures dans l'ancien, et en Egypte cornn
usitées dans l'ancienne Égypte; 2° la ailleurs, quand l'idée d'écrire se ré
cause, l'époque et l'effet de l'introduc- à l'homme.
tion du nouveau. a. Les objets matériels frap
%
L'exposé, même très-sommaire, des ses regards; il reconnut leurs fc
règles de l'ancien système graphique et quand il voulut conserver ou
égyptien intéressera* à un tres-haut mettre le souvenir d'un de ces obj
degré par la singularité de sa théorie, il en traça la fiçure, et ce tracé fut u
qui est absolument ctrangere à nos caractère d'écriture, caractère purd
idées comme à nos pratiques usuelles. ment figura ti/y peignant directemen
Rien n'est plus commun, dans les so- l'objet et non pas indirectement l*M I
ciétés modernes, que Pusage de l'écri- de ce même objet, toutefois sans indi
ture composée d'un très-petit nombre cation de temps ni de lieu; c'est à c
de signes suffisants pour représenter point que sont parvenus et que se son
aux yeux et rappeler a l'esprit tous les arrêtés les peuples de POcéanie.
sons de la langue, et, par leurs com- b. L'insuffisance de ce premie.
binaisons diverses, tous ses mots, moyen dut se faire sentir bientôt; a
toutes ses phrases et toutes les idées traçant la figure d'un homme, on n'in
de ceux qui la parlent; mais rien n'est diquait pas un individu en particulier
fil
us' rare que l'examen analytique de il en était de même des figures da
'origine, de la formation et îles règles lieux. Le besoin de distinctions indivi-
de cette écriture, etque l'appréciation duelles créa l'usage d'une autre sort<
du laps de temps et des efforts inouïs de signes dont chacun devint particu-
de l'intelligence humaine pour arriver lier à un homme ou à un lieu ces si- :
à celte théorie si simple, si exacte de gnes furent pris ou des qualités physi-
l'écriture alphabétique, institution ques des individus ou d'assimilations à
d'une utilité sans égale, l'auxiliaire in- des objets matériels ; et comme ces si-
dispensable de la civilisation, et qui gnes n étaient plus proprement figurt-
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ÉGYPTE.
tfs, ils ne furent que des symboles, imaginé, en possédait complètement
| on les nomma pour cette raison ca- la théorie et la pratique, mais seule*
tropiques ou symboliques , si- nient tant qu'il n'eut pas besoin de
auxiliaires des caractères figura- rendre son écriture intel igible à des
% et employés simu tanément avec sociétésou a des individus étrangers.
. Cest là que sont arrivés les Mais dès que ce besoin se fut mani-
xicains, ne sont pas allés au
et ils festé et qu'il fallut seulement écrire le
Il nous parvenu des listes
est nom d'un seul individu étranger à ce
indvidus et des listes de noms de peuple, les signes figuratifs, symboli-
jeux en écriture mexicaine; chaque in- ques ou tropiques, ne suffisaient plus,
fridu est désigné par une tète hu- parce que le nom de l'individu étranger,
ne , signe figuratif, et auprès de sa n'ayant aucun sens dans la langue du
Se est tracé un objet choisi ou peuple qui voulait l'écrire et ne lui
la nature ou dans l'industrie hu- présentant ainsi aucune idée, ce nom
koe, et qui était un signe symboli- ne pouvait pas être écrit par des signes
3 de sorte que Ton qui n'exprimaient que les idées.
t voit clairement
îtte les individus s'appelaient le Ser- On s'arrêta donc, on ne sait com-
pent, le Loup, la Tortue, la Table, le ment, aux sons qui formaient ce même
pâioti , et !e> villes, dont un carré était nom, et on comprit en même temps
sizne figuratif, et un serpent, un de quelle utilité seraient des signes qui
?sson le siene symbolique, se nom- exprimeraient ces mêmes sons : nou-
t la ville du Serpent, la ville du veau et dernier progrès dans l'art gra-
n, etc. phique, et qui en fut le plus ingénieux
c. De la représentation de ces objets perfectionnement, si régulièrement fa-
physiques à l'expression des idées mé- vorisé par la nature des langues de ce
xaphvsiques, le pas à faire était im- temps -la, qui étaient généralement
mense : les peuples de l'ancien monde formées de mots et de racines d'une
ïe franchirent; ils exprimèrent par des seule syllabe. On introduisit donc dans
&£ues écrits les idées dieu, ame, et l'usage les signes des sons, signes gé-
celle* des passions humaines; mais ces néralement nommés phonétiques, et
Renés furent arbitraires et conven- dont le choix ne fut pas difficile, puis-
tionnels en quelque sorte, quoique ti- qu'on n'eiit qu'a choisir dans les signes
rés d'analogies plus ou moins vraies figurés ,
pour chaque svllabe a expri-
entre le inonde physique et le monde mer phonétiquement, le signe repré-
moral; le lion fut pris comme l'expres- sentant un objet dont le nom dans la
sion de force. Cette nouvelle es-
l'idée langue parlée était cette svllabe même :
Ç/ecede signes, nommés énigmatiques ainsi le disque du solefl exprima la
et ajoutés aux deux premières classes, syllabe re, parce que cette syllabe était
les figuratifs et les symboliques, fu- lé nom même du soleil, et ainsi de
rent intentés et employés par les Égyp- suite. Les Chinois arrivèrent à ce procé-
tiens et par les Chinois, et le système dé syllabique,et ils l'ont conservé sans
d'tcriture qui résultait de ces trois progrès jusqu'à nos jours, pour écrire
déments était entièrement idéogra- les noms et les mots etrangers.à leur
phique, cVst-à-dire composé de signes langue. Les Égyptiens parvinrent par
qui exprimaient directement Vidée de$ cette même voie un véritable système
;i
(ûjets, et non pas les sons des mots alphabétique , et l'introduisirent dans
qui désignaient ces mêmes objets. Ce leur système d'écriture sans changer
genre d'écriture était aussi une pein- la nature de leurs signes figurés.
ture, puisque la fidélité de leur ex- Nous allons direen quoi consistaicntle
pression dépendait de la fidélité du systemeancien de l'écriture égyptienne,
tracé de chacun d'eux, qui devait être la diversité de ses éléments, leur mode
un portrait. de combinaison, et les modifications,
cL Ce système d'écriture pouvait suf- dans la forme des signes seulement,
fire aux usages du peuple qui, l'ayant que le temps et les besoins sociaux y
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220 L'UNIVERS.
firent introduire. Nous prions aussi lieu de la figure entière du lion coucb
le lecteur attentif deviter toute confu- par exemple, on exprima la silhoueti
sion des deux idées, si différentes d'ail- de la partie postérieure, et cet abréj
leurs, que représentent ces deux mots du lion conservait dans l'écriture
écriture et langue; dans la langue le même valeur que sa figure entier)
mot parlé était (é signe direct de l'idée, Ainsi l'écriture hiératique était coi!
et dans récriture le mot phonétique posée du m/me nombre de signes ai
écrit n'était que le signe direct du mot l'écriture hiéroc/lyphimte , dont cl
13arlé, et ainsi le signe indirect de était une abréviation a l'égard de I
2 Hiératiques,
3 Démotiques. seulement, le nombre des ca
/?. La valeur ou expression particu- de l'écriture démotique , employés pou
lière de chaque signe, laquelle consti- les usages ordinaires de la vie, efai
tue trois espèces de signes, qui sont moindre.
Figuratifs, On voit donc que les trois sort^
Symboliques, d'écriture usitées simultanément d
Phonétiques. Egypte n'en formaient réellemen
A. 1. L'écriture hiéroglyphique pro- qu*une seule en théorie, et que, pou
prement dite est celle qui se com- la pratique seulement, on avait adopt
pose de signes représentant des objets une tachygraphie des signes primiti"
du monde physique, animaux , plantes, imitation fidèle des objet* naturels
figures de géométrie, etc., etc., dont produits par le dessin ou par la pei
le tracé est ou simplement linéaire, ture. Ces trois sortes d'écriture étai
ou bien entièrement terminé, et même d'un usage général; toutefois, la pre
colorié, selon l'importance du monu- mière, l'écriture hiéroglyphique, estai
ment qui porte l'inscription, ou selon seule employée pour les monument
l'habileté du sculpteur. Le nombre de publics; mais les plus humbles ou<
ces signes différents est d'envron huit vriers s'en servaient pour les plus
cents. communs usages, comme on le voil
A. 2. 1 SécnUirchiératiqvc est une vé- par les. ustensiles et les instrument!
ritable tacht/graphie de la précédente. des plus vulgaires professions, ce qui,
Les signes de 1 écriture hiéroglyphique soit dit en passant, contredit tant dV.S'
ne pouvant être convenablement tracés sertions hasardées sur les prétendus
qu'avec la connaissance du dessin, et mystères de cette écriture, dont les
cette connaissance ne pouvant être prêtres égyptiens avaient fait un moyen
universelle, on créa en faveur de ceux d'ignorance et d'oppression pour h
qui ne l'avaient point, un système d'é- population égyptienne. La deuxième
criture abrégé, dont les signes pou- espèce, l'écriture hiératique ou sacer-
vaient être facilement exécutés; mais dotale, était plus particulièrement à
ce système ne fut point arbitraire, l'usage des prdres, qui l'employaient
chaque signe hiératique ne fut qu'un dans tout ce qui dépendait de leurs at-
abrégé d'un signe hiéroglyphique : au tributions religieuses et judiciaires. La
troisième espèce enfin, l'écriture po-
(*) Soigneusement dessinés, ou sculptés pulaire et la plus facile, la plus siwpk
et coloriés, ou simplement linéaires ou sil- île toutes, servait à tous les usages que
houettes. son nom même indique suffisamment.
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EGYPTE. Ml
Clément d'Alexandrie dit que, parmi ratifs, symboliques et phonétiques,
les Égyptiens, ceux qui reçoivent de tandis que nos écritures modernes,
l'instruction, apprennent d'abord récri- semblables en cela aux écritures des
ture démotique, ensuite l'écriture hié- autres peuples de l'antiquité classique,
ratique* et ensuite l'écriture hiéroaly- n'emploient que les caractères phoné-
ykique : c'est l'ordre inverse de leur tiques, c'est-à-dire alphabétiques, à l'ex-
invention, mais l'ordre direct quant à clusion de tous les autres.
la facilité de leur étude. On trouve sou- Il n'en résultait néanmoins aucune
vent les trois écritures employées a la confusion, la science de cette écriture
fois dans le même manuscrit. étant générale dans le pays ; et en suppo-
Quant a l'expression ou valeur gra- sant cette phrase , Dieu a créé les hom-
phique des signes, la théorie n'en est mes, l'écriture hiéroglyphique s'expri-
pas moins certaine que leur classifica- mait tres-clairement 1° le mot Dieu
:
mêmes fonctions que les lettres de la nature des signes figuratifs, n'avait
r alphabet dans la notre. aucun effort d'intelligence a faire pour
L'écriture hiéroglyphique diffère en retenir lesens. La science des signes
donc essentiellement de l'écriture gé- symboliques était une affaire de no-
néralement usitée de notre temps en , menclature, il devait la mettre dans
oc point capital qu'elle employait à la sa mémoire, et apprendre successive-
fois, dans le même texte, dans la même ment la raison de ces assimilations de
phrase et quelquefois dans le même certaines ligures à certaines idées : la
mot, les trois sortes de caractèrcsyî</M- connaissance de la nomenclature suf-
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232 L'UNIVERS.
Osait même au plus grand nombre. où les murs de tous les édifices publia
Quant aux signes phonétiques ou étaient couverts d'inscriptions serval^
alphabétiques , voici comment procéda d'explication aux tableaux sculptés qn
l'Egypte pour les déterminer. Habituée rappelaient les grandes actions des rôti
à une écriture idéographique, peignant ou les bienfaits des dieux du pays. Df
les idées et non les sons de la langue, reste, le nombre des hiéroglyphes pbi
elle ne pouvait s'élever du premier nétiques ne s'élevait guère au delà di
bond à la simplicité tout arbitraire de deux cents, et quelques-uns des alpha-
nos alphabets. Obligée de combiner la bets européens ne contiennent jkîs al
forme des nouveaux signes avec ceux bien moindre nombre de sons ou de le!
dont elle avait déjà consacré l'usage très. Toutefois c'est cette espèce
,
A
par une longue pratique, elle ne re- caractèrequi domine dans tous les texte!
uonca pas à la figure des ohjets na- hiéroglyphiques; ils s'y trouvent dam
turels, elle en continua l'emploi, et la proportion des deux tiers , le sur*
décida seulement, après avoir analysé plus appartenant par portions à peu
les syllabes de son langage et en avoir près égales aux caractères figuratifs d
décomposé les sons jusqu'aux plus aux caractères symboliques.
simples éléments, qui sont les lettres, On comprend par là toute l'impôt*
une la figure d'un objet dont le nom tance, pour les sciences historiques , dt
oans la langue parlée commencerait par la découverte de l'alphabet des hiéro-
la voix À y serait, dans l'écriture, le glyphes égyptiens. Kn disant comment
caractère A; que la figure d'un objet on a réussi à la faire, on dira aussi
dont le nom, dans la langue parlée » toute sa certitude.
commencerait par l'articulation 6, se- On ne parvient à connaître une
rait, dans l'écriture, le caractère ZJ, langue ou une écriture qu'on ignore
et ainsi de suite. Dans l'écriture pho- qu'avec le secours d'un interprète ;
nétique, l'aigle, qui se nommait .ihôm c'est un homme, ou un livre, ou un
en égyptien, devint donc la lettre A; écrit quelconque. Cet interprète de
une cassolette, Herbe, H; une
la lettre l'ancienne Egypte fut trouvé en rtsvp-
main, 7'of, le T et le I); une hache, te même par la France : c'est la cé-
KelMn, le K et le C dur; un lion lèbre inscription de Rosette, pierre
couché, Labo, le L; une chouette, de quelques pieds de hauteur et sur
Movladj , le M une bouche Hô % le R
; laquelle furent gravées trois inscrip-
etc., etc. Il résulta ainsi de ce pre- tions à la suite l'une de l'autre ; la
mier principe, non pas que tous les première, tronquée par le haut, en ca-
objets dont le nom commençait par ractères hiéroglyphiques la deuxième
,
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ÉGYPTE.
eut de Ptolémée Épiphane ( Suprà, mettre fin à tant d'incertitudes : il
âge 61); 2" ce décret contient plu- ne refusa pas ce grand bienfait aux
kjrsfors le nom de ce roi et plusieurs lettres et a l'histo re. 6° L'infortuné
Btres noms propres ; 3° on a pu tra- Belzoni découvrit à Philae un cippe
bire et écrire en égyptien toutes les portant une inscription grecque , et un
ttes exprimées dans* le texte grec; petit obélisque portant aussi une ins-
ttis noms propres grecs n'ex pri-
les cription hiéroglyphique: on reconnut
ant aucune idée en égyptien , ils n'ont que le cippe et" l'obélisque formaient
B être traduits; il a donc fallu écrire un seul et même monument; ce point
I caractères égyptiens les sons que capital fut publiquement constaté :
taroent ces noms propres dans le l'inscription grecque nommait aussi
ire ; 4" il doit donc y avoir dans l'ins- un roi Ptolémée, une reine Cléopd-
nption égyptienne de Rosette des tre,et l'on remarquait dans l'inscrip-
ipes hiéroglyphiques exprimant ces tion hiéroglyphique, au lieu même où
Diis; il pourrait donc aussi y avoir devait se trouver le nom du roi Ptolé-
bns Pecriture hiéroglyphique des si- mée, le même groupe encadré que,
mes phonétiques , ou exprimant les dans l'inscription de kosette on avait
,
pas et non pas les idées ; 6° le texte supposé être le mot Ptolémée: ce pre-
fyptien présente un groupe de signes mier résultat tire de l'inscription de
ttëfoglvphiques, distingue par unenca- Rosette était donc pleinement con-
Ireraënt elliptique qui l'entoure : cô firmé; on avait donc avec certitude le
poupe, est répété plusieurs fois dans nom du roi grec Ptolémée écrit en hié-
* texte égyptien; le nom propre du roglyphes; dès lors le groupe d'hiéro-
foi Ptolémée repété plu-
était aussi glyphes encadrés qui, sur obélisque,
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ÉGYPTE.
rs dialectes de la langue égyptienne, cet alphabet en caractères hiérogly-
i étaient précisément caractérisés phiques, tels qu'on les retrouve sur
i- la permutation réciproque de ces des monuments de tout ordre et dans
3 mes
lettres; Un phénomène d'une la première partie de l'inscription de
is grande portée encore existe à Rosette; et en caractères démoti-
gara de récriture chinoise; la même ques ou populaires, qui étaient em-
jrase est lue par des peuples qui par- ployés dans les contrats civils, les let-
11 des idiomes différents : c'est le tres les affaires domestiques , les actes
,
5> oL^Ki^^tZâ.
Cette inscription doit être lue de de signes séparés les uns des autres *
droite à gauche; nous avons déjà dit et de quatre signes isolés qui sont
que toute inscription en caractères quatre particules nécessaires pour la
hiéroglyphiques se lit en commençant construction de la phrase.
par le côté vers lequel regardent les Le premier groupe est composé de
têtes d'hommes ou d'animaux qui font deux signes; l'un est la figure même
partie de l'inscription. du dieu Chons, reconnaissable à ses
Celle-ci se compose de huit groupes insignes particuliers ; cette figure est
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^26 L'UNIVERS.
le sujet de la proposition, et signifie : Egypte pendant une longue succesj
je. dieu Cfions; le signe au-dessus
le de règnes et d'événements , qui n
est phonétique, et se lit ti ou éili, qui portèrent, dans cet État, aucune
signifie donne, accorde. riation notable. Ce n'est pas cer.
Le deuxième groupe est également dant que Égypte ignorât l'existé
I
phonétique , et se lit sche-m (ou sche- des langues et des systèmes d*écrit
nem) % qui signifie aller. particuliers à d'autres peuples t et
Bans le troisième groupe le pronom différaient entièrement de ceux qu*
est exprimé phonétiquement, et il est avait adoptés : et quoiqu'il ne n
suivi de la figure d'un roi; ce groupe soit pas donné de connaître complt
se lit pephhonlf sa majesté. ment usages, en ces graves r
les
Le
signe isole qui suit, le 4% est la tières,des nations civilisées conte
lettre L, article au. oraines de la haute splendeur
Le groupe d'après, n°5, est terminé, r Égypte, quelques faits avérés s
à gauche, par deux signes qui avertis- lisent toutefois pour nous démon!
sent que les quatre qui les précèdent ces différences. Le patriarche Jos*
forment le nom d'un pays ces quatre : ne parla d'abord à ses frères que |
signes sont en effet les lettres des sons le secours d'un interprète qui conn,:
il, sch,t, n, et se lisent Baschten. sait à la fois la langue de Jacob
et c*
Le signe n° 6 est le même que le des Égyptiens. La variété des écritui
quatrième, et il a ici le sens du mot devait être connue aussi bien que
pour. variété des idiomes ;#deux papyr
Le groupe suivant est phonétique, et écrits en phénicien ont été trou\
se lit sens de délivrer.
nohern, avec le parmi des papyrus égyptiens dans i
w
Le groupe n 8, tout phonétique, se tombeau de la tïiébaîdè; et l'on n'a p
compose des lettres T. S.; la première appris (jue les invasions éthioptenn
est article féminin, et la deuxième, le
I aient, à cet égard, rien introduit \
signe s , l'abréviation de 51, lîls , et ici nouveau en Egypte. Sous les Perse:
fille, comme l'exige l'article féminin. l'écriture et la languedes monuments
Le signe suivant est la tettreN, qui celles des contrats particuliers furer
se prononce an, et oui est notre article les mêmes que du tempsdes pharaons
de dans la langue égyptienne. les Perses y laissèrent cependant que
L'homme debout avec une canne à ques traces d'écriture en caractère
la main est le signe figuratif de l'idée cunéiformes. Durant la dominât io
chef. des Grecs , les usages égyptiens ne sl
Le N
est déjà expliqué, de;
signe birent en ce point aucune modification
que
ainsi groupe final qui est le
le la langue égyptienne pour la populatioi
même que le cinquième de notre texte. indigène la langue grecque pour
, h
Cette inscription se lit donc mot à Grecs; l'écriture hiéroglyphique pom
mot ; Je, dieu Chons, accorde aller les monuments, l'écriture hiératique
Sa Majesté au pays de Baschtanpour pour les choses sacrées; la démotique
délivrer la fille du chef du pays de pour contrats, et pour ceux-ci une
les
Basch tan; c'est-à-dire « Je consens à : antigraphie ou seconde expédition en
ce que Sa Majesté (le roi d'Égypte) se langue grecque ( la langue du gouverne-
rende dans le pays de Baschtan , pour ment), et avec ces deux circonstances
délivrer (ou pour épouser) la fille du assez remarquables, savoir: 1° que ces
chef de Bascntan, » et c'est le dieu contrats étaient soumis au droit d'enre-
Chons qui parle ainsi dans le texte gistrement, et que l'enregistrement
(ligne \h* ) aune stèle historique qui était inscrit en langue grerque sur Je
existe dans les ruines du sud-est de contrat conçu en langue égyptienne ;2 #
Karnak, à Thèbes, stèle copiée par que, devant les tribunaux, le contrat
Champollion le jeune , et dont la tra- en langue égyptienne avait seul de l'au-
duction existe dans ses notes. thenticité, même à l'égard des natio-
Tel fut l'état de l'écriture sacrée en naux grecs. On devine aisément com-
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,, ,,
ÉGYPTE. 227
levaient durer jusqu'au temps marqué à son influence, dès qu'il fut devenu
tour la (in des anciennes crovanc.es dominant. C'est l'évangéliste saint Marc
lans l'ancien monde, et pour la substi- qui est considéré comme l'apôtre de
tilion du christianisme à toutes les rÉglise d'Alexandrie, que saint Pierre
riiilosophies antérieures qui semblè- aurait désigné à cet effet, et qui y se-
*nt se prêter, presque sans combat, rait mort vers le temps de Néron. Cette
i voir se résumer en une doctrine première époque du christianisme en
nouvelle et dominante , tout ce qu'il y Egypte fut sans influence sur les an-
Hait eu en elles-mêmes de vrai , de ciennes institutions nationales ; le
bon et d'utile. temps seul pouvait les oblitérer insen-
C'est en effet à rétablissement du siblement ; et nous trouvons en effet,
,
christianisme parmi les Égyptiens jusqu'en l'an 211 , les monuments pu-
qu'on rapporte généralement la substi- blics ornés des tableaux et de l'écriture
tution de l'alphabet copte aux an- de l'ancienne religion. Les noms de
ciennes écritures égyptiennes : opéra- Caracalla et de Géta sont inscrits sur
tion aussi simple dans son action, que ces tableaux.
profonde et efficace dans ses effets; car A cette même époque, un Démé-
h langue égyptienne écrite jusque-là
, trius , le onzième successeur de saint
au inoven des caractères hiéroglyphi- ]>larc,étaitpourvudePévêchéd'Alexan-
ques, hiératiques ou démotiques fort ",
drie; vintensuite Diocletien, qui traita
nombreux , et d'expressions diverse* les chrétiens de telle sorte , que l'ère
*>it figurative , soit idéographique ou de son règne fut pour eux ère des I
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22H L'UNIVERS.
constance qui date aussi du troisième ( Dioctétien 662 , et du
Van de
siècle, et qui , soit dit en passant , in- sin 334) il est vrai aussi qu'à Vt
;
firme hautement l'opinion des criti- de cette inscription, déposée sur
ques qui , tels que Lacroze et le tombe d'une chrétienne, les Aral
P. Georgi , font remonter l'usage de gouvernaient l'Égypte depuis tri
l'alphabet copte jusqu'au règne du Pha- siècles révolus. Les Coptes conseï
raon Psammetichus ; ou bien tels que rent leur alphabet longtemps eix
le P. Bonjour, D. Montfaucon, Ja- après, comme le prouvent des mai
blonski , Valperga et Schow, oui le rap- crits coptes qui ne sont pas antéri<
portent aux règnes d'Alexandre ou des au seizième siècle de notre ère , é\
Ptolémées, ou plus généralement à un qui fut, comme nous l'avons déjà
temps antérieur à l'ère chrétienne. celle où la littérature copte jeta
Mais le docte Zoéga, malgré tant d'au- dernières lueurs, et qui vit finir, i
torités contraires, n'a pas hésité à dé* espoir de retour, la langue et tous
clarcr que l'alphabet copte ne lui pa- systèmes d'écriture successivement us
raissait pas avoir été adopté, au plus tôt, tés en Égypte, dont nous avons fl
avant le troisième siècle de l'ère chré- sayé de donner ici une idée sans dont
tienne. Ajoutons que, dans l'île de trop sommaire ; mais nous avions ans
Philae, on adorait encore Isis et Osiris quelques mots à dire sur d'autres iot
dans la seconde moitié du sixième titutions de l'Egypte des pharaons.
siècle chrétien. Enfin , il reste assez
d'incertitudes , dans l'esprit des meil- S XVIll. SYSTÈME NUMÉRIQUE.
leurs critiques , sur l'époque de la ver- TRIQUE. MONNAIE.
sion copte de l'Ancien et du Nouveau
Testament , pour qu'on ne puisse tirer, Ce que nous avons appris par Iq
de ces opinions diverses, aucune don- monuments au sujet du système nu
,
née précise, et utile a la question pré- mérique des anciens Égyptiens , nouj
sente. Le savant Michaèlis a résumé prouve que leur arithmétique n'étaî
toutes ces opinions, dont les unes ten- pas plus perfectionnée que celle da
dent a démontrer des rapports patents Grecs; ils ignorèrent l'admirable fonq
entre la version copte et la version la- tion du zéro, et pour les signes
tine, et dont les autres la trouvent chiffres la valeur de position : mgé
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EGYPTE. 229
vilisation; on voit aussi leurs mo- le signe dix était également spécial , et
numents exactement orientés, et sur il était ensuite modifié par l'adjonction
les magnifiques créations de leur ar- des chiffres des unités pour former des
chitecture, tous les secours qu'ils caractères qui offraient l'expression
surent tirer de cette science: on ne des idées deux fois dix , trois rois dix
peut donc leur refuser d'avoir possédé quatre fois dix, etc.; un signe parti-
des règles dont il nous reste de si nom- culier signifiait cent ; et , par une com-
breuses applications. Voici dans leurs
, binaison très - analogue à celle des
limites réelles, les résultats tirés de dizaines , ce même signe exprimait les
l'étude des monuments, et un résumé nombres 200 , 300 , etc. , jusqu'à 900 ;
de. ce qui se trouve plus au long ex- le signe spécial du nombre mille était
posé dans le IX* chapitre de la Gram- soumis à la même règle, et figurait
maire égyptienne de mon frère, sur sans équivoque les multiples de mille
les mots et les signes qui ont servi à parles neuf premières unités; ensuite
la numération chez Égyptiens.
les un signe particulier disait dix mille,
Remarquons d'abord à , ce sujet et , en le répétant neuf fois , on arri-
que les nations modernes sont tom- vait à exprimer l'idée 90 mille; enfin,
bées dès Ionîztemps dans une contradic- pour les quantités supérieures,, on les
tion manifeste : le système graphique exprimait facilement par une combi-
de tous les mots de leur langue est al- naison systématique des signes des
Ehabétique , et les signes des mots de centaines et des mille avec celui de la
i numération sont entièrement idéo- myriade , et ces chiffres combinés se
graphiques ; ces signes étaient aussi lisaient : cent fois mille ou cent mille,
idéographiques chez les Égyptiens, cent fois dix mille ou un million , cent
mais du moins ils se trouvaient en cela fois vingt mille ou deux millions, etc.
dans une parfaite analogie avec leur Dans démotique, ou po-
l'écriture
écriture nationale. fiulaire système de numération était
, le
Les numératifs ou noms de nombre e même que pour l'écriture hiérati-
se divisaient aussi en ordinaux et car- que , et les signes-chiffres presque sem-
dinaux ; ceux-ci exprimant la quantité blables aussi. Ces chiffres étaient em-
des objets, et ceux-là déterminant leur ployés à la numération de toutes sortes
ordre relatif. d'objets, à l'exception formelle des
Chacune des trois subdivisions du dates pour les quantièmes du mois.
système général d'écriture avait aussi Il est digne de remarque, en effet,
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L'UNIVERS.
de ces notions sur le système numé- tiquité firent avec succès des observ
rique des Égyptiens ; on y trouve aussi tions astronomiques, les employère
des exemples nombreux 'de l'emploi de dans la description de la terre /et d
ces chiffres dans des sommes expri- terminèrent avec exactitude la situ
mées par les unités, les dizaines, les tion de quelques points principaux <
centaines, les mille et les myriades. globe. Les résultats de teurs observ
C'est répreuve certaine des théories lions furent exprimés en mesures a
qui viennent d'être exposées. thentiques : il faut donc suppos
Quant aux numératifs ordinaux, qu'alors déjà ces mesures étaient sy
ilsétaient écrits au moyen des signes tématiquement déterminées, et furet
des nombres cardinaux, qui étaient pré- des divisions astronomiques du degi
cèdes d'un caractère complexe placé au- terrestre. Les mêmes mesures eurï-i
dessus de ce signe cardinal. Il en était des rapports précis avec les divisioi
de même pour exprimer les nombres du temps ; et si on a entrevu dans U
fractionnaires , et on a aussi des exem- rapports comparés de l'antique lit t«
ples d'additions composées à la fois rature , une division commune du cie.
de nombres entiers et de fractions. On de la terre, de l'année et du jour e
ne connaît pas d'exemple écrit des 720 parties , d'après d'autres aperçu
autres parties de l'arithmétique, telles l'unité aurait été divisée d'abord e
que la soustraction, la division, la trois grandes parties, puis en douze
multiplication , etc. ; on ne connaît pas en trente-six, et finalement en troi
non plus de signe pour exprimer di- cent soixante. Ce qu'il y a de certain
rectement un nombre supérieur à la c'est l'association habituelle de troi
myriade : mais on ne doit pas prendre divinités dans le même culte , dans I
les limites de nos recherches pour les même temple; l'union religieuse de;
limites de la science des Égyptiens trinités locales, assimilation régulier*
dans l'arithmétique : d'autres monu- à la trinitc primitive; enfin la dîvisioi
ments peuvent nous en enseigner da- de l'année civile en trois saisons,
vantage. Concluons , toutefois , de tout comme l'année agricole et l'état d(
ce qui vient d'être exposé, que le sys- la surface du sol qui changeait sensi
tème numérique des Égyptiens avait blement d'aspect tous les quatre mois.
des rapports intimes avec celui que On a remarqué avec toute raison
les Grecs adoptèrent ensuite, et que qu'un goût naturel, que l'état constam-
les théories durent être appliquées ment normal du gouvernement et des
par des procédés analogues. lois, fortifie par sa régularité même,
L'intérêt réel , historique, archéo- portait les. Égyptiens vers la stricte pra-
logique des notions qui précèdent , se tique des choses exactes; qu'ils attri-
réalise essentiellement dans leur appli- buèrent à Thôth , le plus savant des
cation a la recherche des dates qui se dieux, l'invention des poids et des
trouvent très-fréquemment sur les mo- mesures ; et que le mesurage des ac-
numents égyptiens: chaque date est" croissements périodiques du Nil, et la
uu fait de grande considération, et reconnaissance des limites des terres
très-fécond en résultats utiles à la cer- annuellement confondues par l'inonda-
titude historique; nous avons tâché de tion, avaient rendu nécessaires la con-
réunir sur nos deux planches numé- naissance et l'emploi de ces mesures
rotées 65 et 66, les moyens et les dès les premières idées de la propriété,
exemples les plus propres à les faire dès les premiers labours donnés au
reconnaître, et à les traduire exacte- sol de l'Egypte ; et , comme toutes ses
ment en supputations modernes. autres institutions , le temps et le pro-
Système métrique. On est porté à grès naturel des sciences durent per-
croire, d'après l'autorité que quelques fectionner aussi son système métrique.
savants modernes ont imprimée à leur Il comprenait à la fois les mesures
opinion , que longtemps avant le siècle itinéraires ou de longueur; celles de
d Alexandre quelques peuples de l'an- superficie , ou agraires , divisées ou
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,
ÉGYPTE.
mnltipliées selon que Tusage Payait parvenu plusieurs d'originales de cette
successivement exigé, et toujours res- même dimension ; et l'examen atten-
pectivement à un étalon primitif, dont tif qui en a été fait , leur assigne pour
l'origine était rattachée à une grande longueur exacte 444 millimètres , dont
opération astronomique ou geodési- le palme était la sixième partie, et le
<rie, d'où le degré avait été déduit. doigt la vingt-quatrième. Il y a aussi
C'est à ce degré que Ton rapportait des coudées de sept palmes, qui sont
en effet les scheenes, les milles, les ainsi plus longues d un sixième que
stades, les aroures, les plèthres, les celle qui vient d'être indiquée.
cannes, les oryges , les pas , les pieds On trouvera, sur notre planche 65
et les coudées, types divers et d'iné- au n° f, la figure d'une portion de
gales dimensions,' nous a-t-on dit, qui la coudée, contenant exactement les
composaient ce système. Mais il faut neuf premiers doigts, formant les deux
reconnaître qu'on n'a trouvé que dans premiers palmes , plus un doigt. On
b littérature occidentale ces noms , ces reconnaît facilement que la forme de
mots et les acceptions qui leur ont
, la coudée était parfaitement appropriée
été il serait difficile de les
attribuées; à son usage. Celle que nous reprodui-
ramener tous à des origines égyp- sons est en bois dur, dit de Méroé.
tiennes ; et , afin de ne pas nous dé- C'est comme une règle ayant deux mil-
tourner du plan de notre travail et de limètres d'épaisseur et le double de
b considération des monuments ori- largeur, et dont la partie supérieure
gnaux , c'e>t de la coudée , principale est divisée en deux parties, l'une des
mesure égyptienne, comme étant la deux étant coupée en biseau, mais cha-
plus usuelle, que nous parlerons ici cune des deux portant une inscription
Particulièrement. Comme à l'égard de hiéroglyphique, où se trouvent par-
toutes les autres mesures égyptiennes, fois des noms et des dates.
ti txiste une foule de passages sur la L'aspect général de la coudée nous
coudée, sa longueur et ses divisions, montre cette règle divisée en parties
ce? passages ont été diversement ex- égales, qui sont les vingt -quatre ou
pliques, et peut-être un peu trop au les vingt-huit doigts, et en trois ban-
p-é des divers systèmes généraux sur des longitudinales. Aux cases qui cor-
les mesures égyptiennes, nouvelle- respondent aux quinze premiers doigts,
ment publiés avec une égale masse en allant de gauche à droite , et dans
d'érudition , avec un semblable dévoue- la bande la plus éloignée, on a inscrit
ment à la recherche naïve de la vérité. la figure ou le nom des quinze divini-
Il nous est parvenu des coudées égyp- tés auxquelles chacune de ces divisions
tiennes intactes, originales, en bois était consacrée; la première est le
ou en pierre, divisées, graduées, si- soleil et la dernière Thôth. Dans la
,
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232 L'UMVERS
moitié de doigt, et le signe qui est productions les plus précieuses était
au-dessus est un M
, lettre initiale du abondantes, où le commerce t< de
mot méti, qui signifie moitié. Les au- l'Orient était centralisé, les unités
tres divisions croissent successivement compte devaient être fortes, le systèi
du tiers au seizième de doigt, et le numérigue et le système métrique <
signe qui surmonte ces chiffres est vaient être capables de représenter
un R, initiale de re> monosyllahe qui très-grandes quantités : les pays pa
fait passer le nombre que ce signe ou vres et les petits États ne peuvent
j
que ce mot précède , à l'état de déno- même avoir l'idée des myriades n de
minateur d'une fraction. riades ; ils ont des petits poids et d
Voilà les traits principaux à obser- petites monnaies.
ver dans une coudée. On en voit dans A l'égard de la monnaie, nous avo
les musées de Paris , de Turin, et ail- déjà dit que PÉgypte n'eut pas Pid
leurs ; elles sont uniformément cons- d'un système monétaire légal , ni pei
truites , soit qu'elles soient de bois , et être même le besoin; et il en se
épaisses comme celle dont nous ve- ainsi pour toute nation qui, ne U
nons de parler , soit qu'elles soient en sant de commerce qu'avec elle-inëm
matières calcaires, et, dans ce cas, ou bien avec des alliés dont les int
quatre fois plus larges qu'elles ne sont réts ne seront pas différents des sien:
épaisses. Sur toutes celles qui nous n'éprouvera pas la nécessité d'i
sont parvenues , et qui toutes ont été signe d'échange généralement reeonn
recueillies dans des tombeaux , on voit comme avant la valeur intrinseqi
des inscriptions funéraires sur le côté à lui assignée par l'autorité qui i
opposé à celui qui porte les divisions met en circulation. Il lui suflit, e
métriques, quelquefois aussi sur les réalité , d'un signe d'échange dont 1
. Toutes ces notions nous amènent à n'y a peut-être pas de matière dont j,
reconnaître , djaprès les recherches les minime valeur soit plus au-dessous d<
plus récentes ï que la coudée égyp- la somme que représente chacun d<
tienne de six palmes était égale à 444 ces billets, frêle morceau de papier.
de nos millimètres ; sur cet étalon très- qui ne vaudrait pas matériellement un
authentique, on peut se procurer des centime, si les lettres historiées donl
données qui ne le seront pas moins il est orné cessaient d'être l'expression
f)oids antique , en basalte vert , dont sortes de choses vénales , par le moyen
a figure , de la grandeur de la moitié d'une sorte particulière de ces mar-
de Toriginal , se trouve sous le n° 8, de chandises, sorte utile et nécessaire à
notre planche 65 ; ce poids, très-régu- tous, au gouvernement comme aux ci-
lièrement taillé, pèse exactement 62 toyens , dont la valeur invariable n'é-
gram. -£; on voit qu'il est marqué du tait contestée par personne, avec la-
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J
EGYPTE. 233
une monnaie légale. Toutefois elle ne ces revers ne sont point diversifiés,
consista qu'en une monnaie de con- et, sans ces dates ils seraient inutiles
,
et, pour ce fait, accusé d usurpation dant encore quelques monnaies sem-
des droits royaux , il fut mis à mort. blables à celles du reste de l'empire;
La monnaie d'Alexandre succéda à mais lalégende était latine , et, en ce
celle des rois persans ; celles des villes point encore, la nationalité de j'É-
et des rois de la Grèce, de l'Italie et gvpte fut abolie à la fin du troisième
de la Sicile, ne durent pas y être in- siècle de l'ère chrétienne. Les Ro-
connues; les Ptolémées frappèrent des mains n'y firent point frapper de
monnaies particulières à l'Égypte , mais monnaie d'or ; la collection des pièces
ils ne s'écartèrent pas du système mo- en argent , en potin ou en bronze , est
nétaire des rois grecs et de ceux de fort nombreuse; et la variété des
Syrie. Il nous est parvenu des pièces dates et des revers les rend très-
frappées à i'efligiedes rois et des reines utiles pour les recherches historiques.
de la famille des Ptolémées , en or, en Depuis les Romains, l'Égypte a connu
argent et en bronze , et de plusieurs toute sorte de monnaies /parce qu'elle
dimensions. Celles des premiers suc- a connu toute sorte de maîtres. Ses
cesseurs d'Alexandre sont remarqua- monnaies nationales, en métaux di-
bles par la pureté du métal et la per- vers , remontent au grand Alexandre,
fection de l'art : pour les dernières et finissent avec Dioctétien : on dit
pièces de cette race , le métal et l'art que la belle reine de Palmyre, Zéno-
sont tous deux de mauvais aloi ; elles bie, s'attribua momentanément, en
portent l'effigie du prince, et au revers Égypte , le partage de l'autorité impé-
une date tirée de l'année de son règne ; riale mouétaire.
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234 L'UNIVERS.
Quant au calendrier, on
près son usage même
sait, d'a-
dans les sociétés
tronomie et dans la philosophie.
d'eux , ajoutait-il , que vient l'usage è
O
modernes, par quelle importance et régler le temps, non d'après la rev<
quelle utilité est caractérisé ce simple lution de la lune, mais d'après cell
tableau de la division légale du temps du soleil; ils ajoutent aux 12 mois d
pour les usages civils. On pensa à un 30 jours chacun, cinq jours tous Je
calendrier en Égypte , dès qu'on y pensa ans; et comme il reste encore, pou
à quelque civilisation ; mais il rie reste compléter la durée de l'année , une cei
point de traces authentiques de son taine portion de jour, ils en formen
institution première. Il est vraisem- une période composée d'un noinbr
blable qu'elle manqua d'une hase cer- rond de jours et d'années suffisant
taine, puisque l'exactitudedu calendrier pour que les parties excédantes étan
dépend de la certitude avec laquelle on ajoutées, soient absorbées en un jou
est parvenu, par des procédés très-com- entier. Le même écrivain rapport
pliqués, à déterminer la longueur aussi que Platon et Kudoxe passeren
réelle de l'année solaire, dont le calen- plusieurs années à Héliopohs dans V
drier. ne doit représenter qu'une divi- commerce des prêtres de cette ville
sion exacte en parties ou périodes qui s'adonnaient particulièrement i
née solaire, à peu près d'un quart de l'on puisaitencore du temps de Stra-
jour. Il en résultait que cette période bon, ainsi que dans les écrits des Chai-
rétrogradait sur la révolution solaire déens.
à peu près d'un jour tous les 4 ans, On voit donc par ces témoignages
d'un mois tous les 120 ans, et d'une formels , et malgré le silence d'Hip-
année de 365 jours tous les 1460 ans. parque,d'Ératosthèneset de Ptolémee,
Une telle institution aurait donc été au sujet des secours qu'ils ont trouvés
erronée dans ses éléments, et il en au- dans les écrits des Égyptiens , que les
rait pu résulter de graves perturbations prêtres astronomes d'Héliopolis et de
dans les affaires générales , les prati- Thèbes connaissaient la véritable Ion-
ques du culte et les usages publics. De geur de l'aunée solaire de 36 jours et
>
plus, elle ferait supposer que les Égyp- un peu moins d'un quart de jour; et
tiens furent peu avancés dans la phy- sur d'autres témoignages non moins
sique générale, et ne possédèrent pas irrécusables, que le calendrier, tel
les pratiques fondamentales de l'étude qu'il fut institué en Egypte, et tel
du ciel, et la plus nécessaire aux inté- qu'il y fut en usage pendant une lon-
rêts d'une nation civilisée. gue série de siècles , ne donnait à l'an-
Mais l'antiquité classique a de quoi née civile que 365 jours juste , sans
nous rassurer sur ce point. Strabon aucune intercalation.
disait que les prêtres de Thèbes pas- Toutefois il n'y a pas lieu ici d'accu-
saient pour être très-vei sé» dans l'as- ser l'Égypte d'ignorance ; les traditions
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ÉGYPTE. 235
historiques, au contraire, nous portent année se nommèrent : Thoth; 2,
à croire que \*>s Égyptiens firent réel- Paôphi 3, Athyr ; 4, Choïak ; 5, Tybi ;
;
et que Pythagore et les philosophes des Nous avons reproduit sur notre
générations suivantes étaient allés planche 66, n* C, la série des signes
s'instruire parmi eux. Les écrivains au moyen desquels ces noms des '
grecs attestent que ces prêtres obser- mois sont exprimés dans les inscrip-
vaient régulièrement les solstices, dont tions hiéroglyphiques. On doit remar-
la connaissance leur indiquait assez quer d'abord que ces 12 noms se divi-
exactement le commencement de la sent en trois séries dont chacune est
crue du Nil. Hérodote n'hésite pas à caractérisée par un signe particulier,
assurer qu'ils savaient très-bien que la surmonté de la figure du croissant de
durée de leur année civile était plus la lune renversé, et tracé 1, 2, 3 ou 4
courte que celle de Tannée solaire, et fois. Ces trois séries qui représentent
qu'après un certain nombre de révolu- les 12 mois , nous prouvent que l'année
tions, ces deux années inégales recom- égvptienne était partagée en trois sai-
mençaient le même jour. sons seulement, et ces trois signes de
Nous devons donc nous représenter série indiquent en effet, le premier,
les sages de l'Egypte comme ayant des la saison des plantes ou de la végéta-
notions exactes sur la durée de l'année tion; le second, la saison des récol-
solaire, et néanmoins comme ne l'ayant tes ; et le troisième , la saison de
pas introduite dans l'institution du Yinortdation. Un croissant au-dessus
calendrier civil en usage dans l'empire du premier signe dénote le premier
égyptien ; ce calendrier sciemment ir- mois de la saison de la végétation, ou
régulier ne comptait que 365 jours le mois de thoth ; un croissant suivi
complets , et rétrogradait ainsi presque du signe du nombre 4, désigne le
d'un quart de jour chaque année sur quatrième mois de la même saison,
larévolution solaire. ou le mois de choïak , et il en est ainsi
Ce fut ce calendrier qui fut seul en des trois saisons et des douze mois.
usage dans toute l'Égypte, dès les plus Les jours épagomènes sont aussi in-
anciens temps auxquels ses annales diques par un groupe dans lequel en-
peuvent remonter, et malgré les vicis- trent les idées ciel et soleil, et les
situdes qui troublèrent à diverses épo- nombres 2, 3, 4, 5 exprimés par
1,
ques l'ordre établi et les coutumes autant de chiffres détermines, donnent
nationales de l'Égypte. L'usage de ce aussi le quantième de chacun de ces
calendrier fut du nombre des insti- jours.
tutions publiques que la politique Telle fut la notation graphique des
d'Alexandre ordonna de respecter; la noms des mois et des jours complé-
puissance romaine se contenta de le mentaires du calendrier égyptien , dé-
modifier, mais en même temps elle couverte par Champollion le jeune qui
l'adopta dans tous les actes de son ad- la rendit publique en 1828.
ministration qui intéressaient spécia- Ce n'est pas ici le lieu de remonter
lement l'Égypte. à l'origine de cette division de l'année
Ce calendrier de 365 jours ne repré- égyptienne en trois parties seulement
sentait qu'une année vague, et elle était de 120 jours chacune ; mais on ne peut
ainsi appelée, parce qu'elle rétrogradait omettre de faire remarquer que la pé-
à chaque période sur la marche du riodicité du débordement annuel du
soleil. Les mois qui composaient cette M, et sa durée, partagent de la même
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L'UNIVERS
manière l'année agricole. Au solstice avant Tère chrétienne, et quelq
1
d'été, le fleuve se gonfle, croît succes- siècles après, cette belle étoile s
sivement, se déborde, s'abaisse en- levée le même
jour fixe, en Égy
suite, et se retire; on sème en oc- ( parallèle moyen), un peu avant lé
tobre, et la germination s'opère ainsi leil ( lever héliaque) , et ce jour a
120 jours après le solstice ; c'est la du- le 20 de notre calendrier juli<
juillet
rée de la saison de V inondation. Après et , s'il est vrai, d'après certaines t
le même espace donné à la saison Je la ditions , que les Égyptiens cnnside
végétation y la récolte commence en rent ce lever héliaque de l'étoile Sir
mars, et une autre période de 120 jours comme ayant présidé à l'origine
ramène l'année au solstice où elle a monde et comme servant de signe <
,
fluence de ces mêmes idées que l'on peu avant le soleil , était religieus
explique le long usage d'un calendrier ment liée, en Égypte , avec le premi
civil aussi imparfait; et un auteur an- jour du mois de thoth, qui était aus
cien affirme que l'usage de cette an- le premier jour de Tannée; et Chan
née vague fut religieusement conservé pollion le jeune a recueilli de cet
par lesÉgyptiens, vu que, par l'ef- importante liaison , du lever de Sirii
fet de rétrogradation annuelle, le
la et du commencement de Tannée , di
commencement de Tannée arrivant un témoignages que nous rapportons i<
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ÉGYPTE.
dérah, la déesse qui est figurée eu que son premier jour arrivait succes-
pied est appelée Isis-Thoth; la vache sivement dans toutes les saisons de
couchée est désignée par le même nom l'année; on apprécia aussi cette rétro-
écrit à côté d'elle, et sur le zodiaque gradation, qui était d'un mois tous les
du petit temple au nord d'Esneh, la 120 ans, et d'une année entière de
déesse et la vache avec le nom de Thoth 365 jours après 1460 années fixes. On
se trouvent ensemble dans un même trouva ainsi une période qui ramenait
bateau II n'est pas un monument as- le premier jour de l'année vague au
tronomique égyptien qui ne confirme lever héliaque de l'étoile, ou à une
cette relation de l'étoile Isis avec le année naturelle; alors le premier jour
premier mois de Tannée. » du premier thoth de l'année fixe cor-
Ce lever héliaque de Sirius, Sothis respondait au premier jour de l'année
ou Isis-Thoth, était, en effet, un évé- vague ; les deux années avaient un point
nement en Egypte; il arrivait d'abord initial commun à toutes deux; et
que cet astre cessait , pendant un mois comme ce point initial était le lever
et demi environ, d'être visible sur héliaque de'cette étoile Sothis , on ap-
l'horizon , parce qu'il se levait et se pela période sothiaque la série des
couchait pendant le jour. On commen- 1460 années fixes et des 1461 années
çait ensuite à l'apercevoir à l'orient, vagues après lesquelles les deux années
ûn peu avant le lever du soleil , et les recommençaient au même instant; car
jours suivants il se montrait de plus 1460 années de 365 jours et l renfer-
en plus sur l'horizon avant la fin de ment exactement le même nombre de
la nuit. Os premières apparitions de jours que 1461 années de 365 jours; il
l'étoile d'Isis avaient lieu quelques y en a 533,265 dans chacune des deux
jours après le solstice d'été, et elles séries.
concouraient exactement avec les pre- .Nous venons d'indiquer l'origine et
mières crues du Nil. Cette étoile, par la composition d'une période célèbre
son lever, concourait donc avec le plus dans l'antiquité et dans les ouvrages
grand phénomène naturel de l'Egypte modernes, période incontestablement
l'inondation; et l'on comprend qu'il connue des prêtres de Thebes etd'Hé-
dut être observé tous les ans avec une liopolis , puisqu'elle n'est autre chose
inquiète exactitude. Ces observations que la connaissance de l'année de
tirent bientôt connaître que ce lever 365 jours et J , dans ses rapports avec
avant eu lieu par exemple, le premier
, le calendrier civil de l'Egypte; et à
,"
jour de l'année , le premier du mo.s de l'égard de cette année fixe les témoi-
thoth , il n'était visible, quatre années gnages d'Hérodote , de Strabon , et de
plus tard , que le deuxième jour du Diodore de Sicile, déjà cités, ne sau-
même mois; quatre ans plus tard en- raient être plus formels. Platon s'ex-
core , que le 3 et qu'après 1 20 années
. prime en termes plus honorables en-
cette même apparition de Sothis n'ar- core pour les prêtres de l'Egypte : ils
rivait plus que le premier jour du se- considéraient les astres comme les ins-
cond mois de l'année. On connut truments du temps , et cherchaient la
ainsi la cause véritable de ce retard division et la mesure de toutes ses par-
apparent, des qu'on eut remarqué que ties dans l'observation du ciel. Il pa-
l'année réglée par le calendrier civil rait aussi qu'ils connaissaient une pé-
ne renfermait que 365 jours, tandis riode lunaire fort courte, composée de
que le lever héliaque de l'étoile n'ar- 25 années civiles qui formaient 309
rivait qu'après 365 jours et \. On ap- lunaisons; ils avaient aussi établi la
précia ainsi les causes de cette rétro- période de sept jours, et une autre pé-
gradation de l'étoile d'Isis sur le riode de trente ans ou des grandes pa-
calendrier ; on détermina ainsi deux es- négyries , plus religieuse peut-être
pèces d'années, l'une de 365 jours et j , que physique ou astronomique. Les
qui fut appelée fixe, et l'autre de 365 prêtres' égyptiens connaissaient donc
jours seulement , nommée vague, puis- a la fois I année vague ou sacrée, et
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L'UNIVERS
l'année fixe ou agricole, qui dépendait core , celui de Tannée 4242 , si les sup-
du retour périodique des équinoxes et putations égyptiennes paraissent ja-
des solstices. mais l'exiger.
La coïncidence du premier jour de Voilà donc les véritables éléments de
Tannée vague avec le premier jour de la période sothiaque; leur détermina-
Tannée fixe, coïncidence qui n'arrivait tion était du plus ha ut intérêt pour les
qu'après 1461 «innées vagues, fut une lumières indispensables à l'histoire;
époque mémorable dans les annales car Télément de cette période est une
égyptiennes ; et si la science a pu dé- année entièrement conforme à notre
terminer le jour fixe, dans Tannée ju- année julienne; de sorte qu'un jour de
lienne proleptique, où cette coïnci- cette périodeest, pour l'histoire, unjour
dence, ce renouvellement des deux du calendrier julien supposé en usage
années a pu avoir lieu une seule fois, dans ces temps reculés; enfin, c'est a
on a pu en déduire facilement tous les l'aide de cette même période que les
renouvellements précédents. C'est ce innombrables dates historiques, expri-
qui est arrivé en effet; on pouvait, il mées selon le calendrier de Tannée
est vrai , déduire de ce qui a été ex- vague, sont rapportées à leur concor-
posé plus haut (sur la coïncidence, pen- dance avec Tannée julienne, et sont
dant une suite de siècles bien plus ainsi revêtues d'une expression intelli-
longue que la durée d'une période so- gible dans le stvle moderne et les sup-
thiaque du lever de Sothis avec le 20
, putations générales de l'histoire.
juillet julien), que bien certainement On a en effet dressé des tables de
ce même 20 j illet avait été aussi un concordance des deux sortes d'années
r
jour de coïncidence du l' thoth vague pendant toute la durée d'une période,
er
avec le 1 thoth fixe; mais les tradi- et rédigé des méthodes pour traduire
tions écrites ne rendent pas même immédiatement, en style julien, les
cette déduction nécessaire: Censorin, dates exprimées selon* le calendrier
qui écrivait au troisième siècle de l'ère vague des Égyptiens. Le jour initial
chrétienne, nous a dit de cette pé- de ces tables est un 20 juillet répon-
riode sothiaque tout ce qu'il fallait dant à un 1 er thoth vague et à un
er
pour la connaître exactement. Son ori- 1 thoth fixe; et comme la rétrogra-
gine , dit-il , se compte à partir de dation annuelle n'était que d'un quart
I époque où le premier jour du mois de jour, il en résultait que le 1 er thotb
de thoth vague coïncide avec le lever vague correspondait, pendant quatre
héliaque de Sirius, lever qui, pour ans, à ce 1" thoth fixe et au 20 juillet;
l'Êiçvpte, arrive ordinairement le 20 mais, dès la cinquième année, il y
juillet. Censorin ne nous apprend pas avait un jour complet de retanl; en
en même temps à quelle époque re- conséquence, cette cinquième année
montent l'observation , la théorie et vague commençait avec le 19 juillet et
la conséquence de cette coïncidence, avec le cinquième jourépagoméne fixe,
mais il nous instruit que la dernière et, de rétrogradation en rétrogradation,
a eu lieu le 20 juillet de Tannée 13!) de tous les jours de Tannée fixe s'épui-
Tère chrétienne. Ce fut donc là un re- saient par le cours entier de ce cycle,
nouvellement de la période sothiaque; et le jour du renouvellement de la pé-
ee renouvellement s'opéra le 20 juillet riode arrivait. L'astronomie et l'his-
139, et il suit que le précédent re- toire ont retiré de ces notions, très-
montait au même jour de Tan 1322 sommaires ici , de grandes lumières et
avant Jésus-Christ. Ce renouvellement de grands services; mais la période
est en effet , expressément mentionné
, sothiaque n'a jamais été employée
par l'astronome Theon d'Alexandrie, comme ère chronologique.
comme un fait conservé par l'histoire. Le calendrier vague subsista en
On peut encore remonter à un renou- Égypte durant un temps immémorial,
vellement antérieur, et qui sera de et Tannée, dont il était l'image, fut
Tannée 2782; enfin, à un antérieur en- réellement adoptée pour établir u ne
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ÊGYPTE. 23a
cette année devint lixe au moyen d'une voit par les précieux ouvrages de Ptolé-
année de trois cent soixante-six jours inée et de Théori; mais l'église chré-*
tous les quatre ans provenant de l'ad-
,
tienne d'Égypte adopta l'année fixe, et
dition d'un sixième épogomene aux tel est encore aujourd'hui le calendrier
cinq épago mènes de l'antique année légal parmi les Coptes; c'est encore
civile de l' Egypte. Après l'occupation celui qu'on retrouve dans le texte des
d'Alexandrie, Auguste abolit donc l'u- conciles d'Orient; enfin, le précieux
sage de Tannée vague, et ordonna que manuscrit chronologique, connu sous
cette année fixe lut la seule admise le nom d'Hémérologe de Florence, a
dans les affaires publiques. A l'époque fidèlement représenté le tableau com-
où cette institution, si nouvelle pour plet de concordance du jour de ce
la
er
l'tgypte, fut établie, le 1 thoth de calendrier de l'année fixe égyptienne
Tannée vague répondait au 29 août du avec le calendrier romain , et avec celui
calendrier julien, et, comme toute ré- de plusieurs autres nations de l'Orient
trogradation fut arrêtée par l'introduc- des Syriens, des Tyriens,
-
etc., qui
tion du jour dans le calen-
bissextile avaient aussi, en ces anciennes coutu-
drier égyptien, premier jour de la
le mes , subi le joug de la volonté romaine.
nouvelle année fixe égyptienne se trouva Du reste, ce n'est qu'en Égvpte qu'on
immuablement attache à ce 29 août trouve l'exemple de la durée, presque
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L'UNIVERS.
infinie, d'un établissement tel que le du calendrier des fêtes religieuses
calendrier national. Il subsiste encore, l'Egypte le grand temple d'Esneh m
;
ments. Ces notes , recueillies et publiées jeune dieu Haké, et dans ce même jo
par le savant Français que je viens de la panégyrie de Chnouphis. autUn
nommer, sont, de l'avis de nos astro- article du calendrier sacré, sculpte s
nomes, les plus anciennes traces de l'une des colonnes du pronaos, por
division civile du temps et de numéra- ce qui suit : A la néomenie de choîal
tion qui nous soient parvenues des panégvrics et offrandes dans le temp
époques antiques. M. Biot en a déve- de Chnouphis, seigneur d'Esneh. 0
loppé la théorie et les conséquences étale tous les ornements sacrés; o
dans un ouvrage spécial ; il y a reconnu offre du pain, du vin et autres I
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, ,
ÉGYPTE. 241
lent la quantité et l'espèce des où Van- l'original ; mais il ne faut pas oublier
tes présentées dans chaque cérémonie. que ces coudées en bois ou en pierre,
In y lit : mois de thoth, néoménie trouvées dans les tombeaux, n'étant
nouvelle lune, plus ordinairement le que des simulacres de ces mesures, et
y* jour du mois), manifestation de non pas des étalons absolus , on ne doit
fétoile sotfais; l'image d'Amon-Ra, roi pas y chercher une longueur exacte du
les dieux , sort processionnel lement du tvpe légal , ni une scrupuleuse division
bnctuaire, accompagnée par le roi de toutes ses parties. On remarquera
tthamses , ainsi que par les images de donc seulement l'ensemble de cet ins-
tous les autres dieux du temple. Mois = trument et ses principales parties ; mais
de paùphiy le 19, jour de la principale l'uniformité de tous les simulacres
toriéfcvrie d'Amon-Ra , qui se célèbre connus, sauf quelque différence dans
pompeusement dans Oph ( le palais de le texte de leurs inscriptions funéraires,
Karnac); l'image d'Amon-Ra sort du nous autorise à croire qu'ils représen-
*n< tuaire, ainsi que celles de tous ses tent exactement la forme générale des
dieux synthrônes; le roi Rhamsès l'ac- mesures usuelles.
i
compagne dans la panégyrie de ce jour. La religion nationale se montrait
= Mois cTcUtyr, le 26 \ panégyrie de partout en Éçypte, et toutes les divi-
?\\tath-Socharis; le roi accompagne sions et subdivisions des mesures pu-
|
l'image du dieu gardien du Rhamesseum bliques étaient placées sous l'invocation
de Mëîamoun (le palais de Médinet- d'une divinité ainsi on voit sur le mo-
:
Habou) de Tbèbes dans la panégyrie dèle que nous reproduisons (n° 1 ;;/. 65) ,
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L'UNIVERS.
jour et la nuit; le n° 2 est le signe de droite à gauche, un, deux, troi
1 heure , et de l'heure de la nuit, par- quatre y trois-deux (cinq), trois -tri
ticulièrement caractérisée par l'étoile; (six), trois quatre (sept) , quatre -qm
le signe n° 3 signifie un soleil, c'est- tre (huit), neuf, dix, dix-un (onzi
à-dire, un jour; n° 4, caractérisé
le dix-deux (douze), dix-trois (treize
par le croissant lunaire renversé, ex- dix-quatre (quatorze) , dix-irois-deu
prime idée mois; le signe du soleil
I (quinze), dix-trois-troU (seize) , dû
précédé de la brandie du palmier, arbre quatre-trois (dix-sept), dix-r/uatrt
qui , selon Horapollon, poussait chaque quatre (dix-huit), dix-neuf (dix-neuf;
année une de ses branches, exprime dix-dix (vingt), double-dix-un ( vin$
l'idée année} le signe n* G est le sceptre et un ) , double -dix-deux ( vingt -deux,
des pauégyries, auquel est suspendu le double-dix-trois (vingt-trois) , rlf>ubU
simulacre d'une grande salle hypostyle dix-deux-deux (vingt-quatre) , douhh
où se tenaient les grandes assemblées dix-trois -deux (vingt-cinq), double,
politiques et religieuses, à des époques dix-trois-trois (vingt-six) , double-dijè
déterminées, et qu'on appelait paué- quatre-trois (vingt-sept), double-dix
gyries : ce sceptre est extérieurement quatre-quatre (vingt-huit), double-dix
dentelé, et chaque cran y indique une neu/{ vingt- neuf), trente.
année; le groupe qui porte le n° 7 est A l'exception de quelques variété*
un exemple de l'emploi des signes pré- de forme dans les signes, le système
cédents; ils sont tirés d'une stèle fu- démotique se produit par les 'mêmes
néraire, et indiquent la durée exacte combinaisons. Ou trouve de ce dernier
de la vie du défunt, qui vécut : années, système graphique numérique un très-
77; mois, 9; jours, 20. grand nombre d'exemples dans /es
Les chiffres de cette date sont en contrats très-fréquemment découverts
écriture hiéroglyphique. Le tableau en Égypte et dont les dates , exprimées
,
complet des signes de cette écriture au moyen de ces chiffres , sont d'un in-
suffisants pour exprimer, par de faciles térêt supérieur pour l'histoire; et ce
combinaisons, tous les nombres, de- grave motif est plus que surlisant pour
puis un jusqu'à un million, et au delà, assurer à cet expose, malgré la minutie
est exposé sur notre planche 66 (ta- des détails, l'attention bienveillante du
bleau A). Le tableau B présente les lecteur.
chiffres hiératiques et les chiffres dé- Elle sera attirée non moins vivement
motiques. La connaissance de ces trois sans doute par le tableau C des signes
classes de chiffres est indispensable hiéroglyphiques destinés à désigner
Çour l'étude fructueuse des monuments chacun des douze mois de l'année; ils
égyptiens; car 11 y a peu d'inscriptions sont répartis en trois saisons : la pre-
dans lesquelles on ne trouve ou des mière est celle de la végétation, figurée
nombres ou des dates, qui sont expri- par un sol planté d'arbres et de fleurs.
més sur les monuments delà sculpture, Ce signe de saison est surmonté du
en chiffres hiéroglyphiques (tableau A) ; croissant lunaire renversé, répété jus-
sur les manuscrits provenant des tem- qu'à trois fois , ou bien accompagné des
ples , en chiffres hiératiques (tableau B) ; chiffresexprimant les nombres I, 11,
et sur tous les contrats, lettres et au- III, 1111, ce qui fait lire les signes:
tres écrits des particuliers, en chiffres première lune (ou premier mois) de la
démotiques (même tableau II). On voit végétation, seconde lune, etc. Cette
que ce système numérique n'était pas notation des mois est uniforme pour
arrivé à la perfection du système des chacune des deux autres saisons, et le
modernes, quoiquecertains siguesaient cinquième groupe de notre tableau se
des formes semblables, et la lecture de lira, d'après le même principe: pre-
ces signes était aussi embarrassée que mière lune ou premier mois de la sai-
leur expression graphique. La série des son des récolles; enfin, le neuvième
chiffres hiératiques abonde en singula- groupe , où le signe figuratif de l'eau est
rités de (*t ordre; on y lit en effet, de trois fois répété, se lira également pre-
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ÉGYPTE. 543
ë&e lune on premier mots île la sai- par leurs emblèmes, et ils sont flguréi
00 de V inondation. On voit à côté de dans l'action de marcher. Dans le
que <rroupe le nom de chaque mois tableau du Rhamesscum de Thèbes,
p calendrier. Enfin, on nommait les qui date du règne de Sésostris, les
jours célestes les cinq jours épa- mois ne figuraient que comme une por-
* qui terminaient et complé- tion seulement d'une vaste composition
Tannée vague égyptienne. On à la fois astronomique et religieuse.
planche, à suite des
la On s'est donc attaché à l'exacte dé-
is , le signe des jours épa- termination de tous ces personnages
ou célestes; le chiffre qui ter- emblématiques, et il a été possible d'y
ne ce «troupe indiquait assez claire- discerner ceux qui personnifient les
tant si le jour noté était le premier douze mois , au moyen des noms pro-
in le cinquième. pres et des attributs particuliers qui
Nous rte saurions trop nous arrêter les accompagnent. C'est cet important
ïri sur une singularité que présente un travail que Champollion le jeune en-
•ri calendrier, qui sera sans doute re- treprit avec une attention et une pa-
marquée par nos lecteurs , et laissera tience que soutenait la conviction de
dans leur esprit quelques doutes sur l'utilité des résultats qu'il en tirerait;
la régularité des rapports d'une année il expliqua donc ces noms, caractérisa
vasrne de sa nature avec les signes de les attributs qui les accompagnent, et
ses divisions tirés de la révolution so- parvint à classer les douze personnages
laire ; car le sens des caractères so- des mois dans la série hiérarchique des
laires des mois ne pouvait se raccorder divinités égyptiennes. Il étudia a fond
ivec Tétat phvsique de TÉgvpte que tous les attributs physiques , atin de
pendant de courtes périodes qui ne se mettre en évidence tous leurs rapports
renouvelaient qu'à de grands inter- avec les phases de Tannée solaire qui
valles. Mais la science sait tirer de correspondent aux saisons où ils sont
telles données, des faits utiles à son placés ; il parvint jusqu'à déterminer
Vi\slo\re, et qui font disparaître en et faire reconnaître dans ces mysté-
même temps d'un tel état de choses rieuses compositions les personnages
toutes les apparentes anomalies. représentatifs des deux solstices et de.
Terminons sur cette importante Téquinoxe du printemps. La place de
matière, en rappelant que, Hérodote ces personnages dans la série des mois
avait appris gue, chez les Égyptiens Correspond d'une manière précise à la
chaque mois de Tannée et chaque jour distribution de ces phases de Tannée
du mois étaient placés sous la protec- solaire dans les plus anciens temps
tion d'un personnage divin qui
y pré- de l'histoire; et cette série de notions
sidait , et en ceci, on trouve l'intime scientifiques fut complétée par une dé-
rapport de toutes les institutions égyp- termination non moins exacte des
tiennes avec les croyances religieuses. personnages qui , dans ces tableaux si
On ne pouvait manquer de reconnaître éminemment historiques , représentent
encore en ce point , par les témoigna- les jours et les heures; il en rechercha
f
ges des monuments, la véracité Hé- ensuite les traces antiques, afin de
rodote. Deux tableaux sculptés, l'un remonter, s'il est possible, à l'origine
dans le temple d'Edfou, Tautrc au de l'institution dont ces tableaux ren-
Hhamesseum deThebes, sont compo- dent témoignage : il rétrograda ainsi
séschacun d'une série de personnages de monument en monument jusqu'au
mythologiques , mâles ou femelles , et 15 paôphi de la 40* année du règne
e
d'Osortasen T , qui est du XXI siè-
r
leur figure est accompagnée de leur
nom, qui est un des douze groupes cle avant Tère chrétienne, et il ajoute
connus comme étant les noms des à la suite ces graves paroles : « Cette
mois du calendrier. Dans les deux ta- date prouve que cette notation égyp-
bleaux , les personnages sont indenti- tienne des divisions du temps était déj^
<iu«, ou par leur forme même, ou en usage alors, et rien n'autorise à
1*.
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- suppositions , mats
étrangers en ignoraient
^e et l'interprétation ; les supi
citions les moins fondées, les n
raisonnables s'accréditèrent ainsi , 1
0 'auras
plus que des fables ridicules, plus disposés à bien voir , animes de
\ ,-ncroyables
à la postérité, et qu'il ne quelque impartialité, et plus capables
lie restera plus que des mots graves de sérieuses études , approchèrent peu
« sur la pierre , seuls monuments qui à peu de la vérité, et furent ainsi
« attesteront ta piété. » récompensés de la fatigue de leurs
Le temps et les malheurs qui frap- veilles. Porphyre osa affirmer que les
pèrent l'Égvpte réalisèrent aussi cette Égyptiens ne connaissaient autrefois
fatale prophétie, et les peuples lettrés qu'un seul dieu ; Hérodote avait dit
que PEgypte éduqua , se chargèrent aussi que les Thébains avaient l'idée
à l'envi Je lui prêter les plus ridicules d'un dieu unique qui n'avait pas eu
croyances , les plus monstrueuses pra- de commencement, et qui était im-
tiques. mortel; lamblique, très-curieux scru-
Selon quelques écrivains grecs ou tateur de la philosophie des anciens
romains l'adoration des animaux et de
, siècles, savait, d'après les Égyptiens
certaines productions de la terre était eux-mêmes , qu'ils adoraient un dieu
un des préceptes de la religion égyp- maître et créateur de l'univers , supé-
Google
EGYPTE. 24Ô
mts, par lui-même vie qui serait celle des peines ou des
*J, incréé, indi- récompenses.
t par lui -même Le second point peut se résumer
comprenant par ces paroles de Champollion le
*t a tout; et jeune, écrites en la contemplation des
•te lephi- monuments mêmes qui avaient si vi-
*nsei«ne vement son esprit dans la re-
éclairé
mîtes cherche studieuse des traces de la phi-
«par losophie égyptienne.
!
ui, • C'est dans le temple de Kalabschi,
'e en Nubie (qu'il visitait le 27 janvier
1829), que découvert une nou-
j'ai
velle génération de dieux , et qui eom-
olète le cercle des formes d'Amon,
oint de départ et point de réunion
ue toutes les essences divines. Amon-
Ra, Vétre suprême et primordial,
^ •
wieaux religieux
mêmes étant son propre père, est qualifié de
mari de sa mère (la déesse Mouth , sa
monuments, et les portion féminine renfermée eu sa pro-
.. qui en donnent l'interpré- pre essence à la fois mâle et femelle,
ont ratifié enfin l'opinion des ApaîvcOùv; tous les autres dieux égyp-
:
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21G L'Util VERS.
dans les Proscynéma grecs), est le D'autres divinités étaient en menu
dieu principal de Kalabschi, et cin- temps adorées dans un même temnh
quante bas-reliefs nous donnent sa pour des motifs particuliers c'étaien
: 1
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,
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248 L'UNIVERS.
dans l'Amenthi , les régions occidenta- une série de bas-reliefs offre , en que)
les ou l'enfer des Éevptiens. que sorte , toutes les transfigurations
Le grand et magnifique temple d'Ed- de ce dieu. On l'y trouve d'abord (00
fou était consacré à une autre triade qui devait être) en liaison avec Har*
composée, 1° du dieu Har-Hat, la Hat ( le grand Hermès Trismégiste) *
science et la lumière célestes person- sa forme primordiale, et dont lui
nifiées; 2° de la déesse Hathôr ou Vé- Thôth, n'est que la dernière
nus; 3° de leur Ois Harsont-Tho (PHo- formation , c'est-à-dire , son i
rus soutien du monde , qui est à peu tion sur la terre à la suite d" /
près Êros ou Amour des mythes de la Ha etde Mouth incarnés en Osi ris
Grèce). Ces trois divinités sont figu- en Isis. Thôth remonte jusqu'à Y Her-
rées dans les tableaux sculptés a Edfou, mès céleste ( Har-Hat ) , la sagesse di-
avec des qualifications , des titres et vine , l'esprit de dieu en passant par
,
sous des formes qui jettent un grand les formes : 1° de Pahitnonfi (celui dont
jour sur plusieurs parties importantes le cœur est bon); 2° tiArihosnofri ou
du système théogonique égyptien. On Jrihosnovfi (celui qui produit les
Lvoit aussi , représentés sur quatorze chants harmonieux) ; 3° de Meui ( la
s-reliefs dans l'intérieur du pronaos, pensée ou la raison) : sous chacun de
le dieu Har-Hat identifie avec le soleil, ces noms Thôth a une forme et des
ainsi que son lever et son coucher insignes particuliers , et les images de
comme cet astre, et ses formes sym- ces diverses transformations du second
boliques à chacune des douze heures Hermès couvrent les parois du temple
du jour : et cet ensemble de représen- de Dakkèh. On y voit aussi ce Thoth
tations à la fois mythologiques et (le Mercure égyptien) armé du cadu-
symboliques , doit être d'un grand se- cée , c'est-à-dire , le sceptre ordinaire
cours pour la connaissance de la petite des dieux , entouré de deux serpents et
portion de la religion égyptienne à la- d'un scorpion.
quelle il se mêlait quelques idées as- A Beit-Oually, les sculptures du
tronomiques. spéos sont en grande partie religieu-
Le grand temple d'Esnéh était dédié ses. Ce monument était consacré au
à l'une des plus grandes formes de la grand dieu Amon-Ra et à sa forme se-
divinité , à Chnouphis , qualifié des condaire Chnouphis. Le premier de ces
titres nev-en-tiio-snr , seigneur du dieux déclare plusieurs fois, dans ses
pays d'Esnéh, esprit créateur de l'uni- légendes, avoir donné toutes les mers
vers , principe vital des essences di- et toutes les terres existantes à son fils
vines, soutien de tous les mondes, etc. chéri, « le Seigneur du monde (Soleil
A ce dieu sont associés la déesse Néith gardien de justice), Rhamsès (II e ).
représentée sous des formes diverses Dans le sanctuaire, ce pharaon est re-
et sous les noms variés de Menhi, Tné- présenté suçant le lait des déesses
bouaoUy etc., et le jeune Hâké, repré- Anouké et sis. « Moi qui suis ta mère,
I
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LGYPTE. 249
On trouve dans quelques temples des « la déesse épouse, la royale mère, la
îWeaux représentant des dieux secon- « royale épouse, la puissante dame du
aires Tenant adorer le grand être « monde, Ahmosis-Nofré-Ari : Je viens
auon-Ra en compagnie même des
, « pour rendre hommage à mon père
ois. Ainsi au Rhamesseum de Thebes « A mou roi des dieux; mon cœur est
,
ans une pièce voisine de la salle hvpos- « joyeux de tes affections (c'est-à-dire,
yie, et qui était dans la partie privée « dé l'amour que tu me portes); je suis
c ce palais, destinée à l'habitation de « dans l'allégresse en contemplant tes
i race royale, on reconnaît le sano « bienfaits. O toi, qui établis le siège
uaire spécial du grand dieu de Thebes. « de ta la demeure de
puissance dans
.es bas- reliefs sculptés sur les parois, « ton Seigneur du monde, Rham-
fils le
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Saschfmoué , compagne habituelle de coté de chacune de ces ima«;
ThôUiy régulatrice des périodes d'an- répété les mots : Vempef
nées et des assemblées sacrées. Trqjan-Hadrten.
Le bandeau de la porte qui donne « Quatre grands
entrée dans la dernière salle du tem- posés deux à deux couvrent la
ple, le sanctuaire proprement dit, est du fond du sanctuaire. Les cl eux'
orné de quatre tableaux représentant reliefs supérieurs représentent V>
Ptolémée taisant de riches offrandes pereur Hadrien , costumé en fils s
d'abord aux grandes divinités protec- d'Amon, adorant une déesse coi:
trices de Thebes, A mon- lia , Mouth du vautour, emblème de la niatero/
et ( h ans , généralement adorées dans et surmonté des cornes de vache,
cette immense capitale , et en second disque et d'un petit trône. Ce sont
lieu aux divinités particulières du tem- insignes ordinaires d /*/* , et la U*ga
nle, Thôth et la déesse Aahamouo. sculptée à côté des deux images de
Dans l'intérieur du sanctuaire , on re- déesse , porte en effet : Isis la 'ara tu
trouve les images de la grande triade mère divine qui réside dans la whc
thébaine, et même celles de la triade taane de C Occident. Les bas- reiii
adorée dans le nome d'Hermonthis intérieursnous montrent le mec
ui commençait a une courte distance empereur présentant des offrandes ;
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EGYPTE. 3âl
pratique, motivée sur de graves con- l'on conçoit que ce culte partiel ne pou-
sidérations d'ordre public et de saine vait changer, puisqu'il était attaché au
politique. » (Lettres de Champollion pays par toute la puissance des croyan-
jeune. ) ces religieuses. Du reste, ce culte,
Et l'époque où ce temple fut élevé pour dans chaque
ainsi dire exclusif
ne doit en rien diminuer l'autorité des localité, ne produisait aucune haine
données oui en ont été si évidemment entre les villes voisines, puisque cha-
tirées : la perpétuité des usages et cune d'elles admettait dans son temple
des croyances de l'ancienne Égypte, (comme synthrônes), et cela par un es-
durant sa plus mauvaise fortune, est prit de courtoisie très-bien calculé, les
mise hors de doute par une foule de divinités adorées dans les cantons limi-
monuments, et il est reconnu que les trophes. Ainsi on voit à Kalabschi
temples élevés sous la domination des les dieux de Ghirsché et de Dakke, au
Grecs ou des Romains ne sont que des midi ceux de Déboud , au nord oceu-
; ,
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552 L'UNIVERS.
étendu que l'exposé de la religion d'un de la misère humaine, et quoique
peuple éclairé, donnera, nous l'espé- cupant presque la dernière place
rons, une idée suffisante de l'objet réel système religieux, n'y perdaient ri
des temples égyptiens tous consacrés à
, en puissance ni en dignité; Horus en
une triade, dihérente dans chacun; et devenait à son tour le chef d'une triad<
ces trois dieux, le père, la mère et leur c'est-à-dire, qu'il en faisait part
fils, n'étaient <|ue la personnification, comme père, Isis comme mère, M;
à des degrés différents dans la hiérar- louli comme (ils, et, par cet extr*
chie, des trois agents immédiats du anneau de la chaîne des êtres div
Srand être, qui occupaient le premier Horus, qui n'était que la dernière
egré de l'échelle des puissances et des carnation d'Amon, le grand être,
(générations; car l'ordre hiérarchique rattachait à cette puissance suprême c
était fondamentalement réglé et déter- rentrait en elle-même, pour que n
miné par l'ordre généalogique. même être fût tout en lui-même,
Il y avait donc destriadés pour toutes commencement et la fin.
les régions du monde. En ce point, le comme pour retracer le my-
C'était
ciel et la terre avaient reçu une orga- the de personnification de la triade,
la
nisation identique, et l'autorité comme qu'on élevait, à côté de chaque tempJe,
le rang diminuaient à mesure que le un autre petit édifice, auquel on a donné
dieu s occupait plus directement des le nom Je Mammisi. Des petits tem-
affaires terrestres. Osiris, Isis, Horus, ples de ce genre existent a Hemion-
formaient la triade à laquelle était com- this, à Philx, à Omnos; et il devait
mise la conservation de Tordre dans le en subsister un semblable auprès de
inonde sublunaire; ils étaient, en quel- chaque grand temple, pour l'histoire
que sorte, le dernier anneau de cette mythologique de la triade qu'on y ado-
grande chaîne théogonique qui embras- rait. A Hermonthis ,
par exemple , le
sait l'univers entier, et qui de triade
, mammisi qui a été construit sous le
en triade, remontait à Amon-Ra, le règne de la dernière Cléopâtre, fille
grand être, le père des dieux , le créa- de Ptolémée-Aulétès , est une coin mé-
teur de toutes choses. Osiris, Isis et mo rai son de la grossesse de cette reine,
leur fils Horus , devaient donc être plus et de son heureuse délivrance de Pto-
habituellement l'objet de l'adoration lémée - Caesarion , fils de Jules-César.
et des prières des hommes ; ils étaient La triade de ce temple était composée
en Égypte comme les dieux populaires; du dieu Mandou, de la déesse Ritho,
leurs noms ont dû l'être aussi ; et les et de leur fils Harphré ; les trois per-
foules incultes qui s'introduisirent, sonnages royaux se substituent sym-
des diverses parties de l'ancien monde, boliquement aux trois divinités dans
dans les cités égyptiennes, ne purent y les scènes figurées sur les bas -reliefs
apprendre que lès noms et les idées re- de l'édifice.
ligieuses répandus parmi la population La relia du temple est en effet divi-
égyptienne qu'ils purent fréquenter, et sée en deux parties : une grande pièce
ce fut toujours celle du dernier rang. On (la principale), et une toute petite,
voit donc pourquoi les noms de ces trois tenant lieu ou la place du sanctuaire.
divinités du dernier ordre sont parve- On n'entre dans celle-ci que par une
nus jusqu'à nous, comme étant les petite porte; vers l'angle de droite,
plus connus populairement, et ont été toute la paroi du mur de fond de cette
répètes d'âge en âge par l'antiquité petite pièce (laquelle est appelée le lieu
classique, qui ne s'éleva pas, dans ses de l'accouchement, dans les inscrip-
incomplètes remarques sur la religion tions hiéroglyphiques) est occupée par
égyptienne, au delà de ces noms et de un bas-relief représentant la déesse
ces pratiques populaires. Il n'en est pas Ritho femme du dieu Mandou , accou-
,
moins certain que Osiris , Isis , Horus chant du dieu Harphré. La gisante est
qui étaient, on pourrait dire, les dieux soutenue et servie par diverses déesses
les plus à la portée de l'ignorance et du premier ordre : ï'accouc/iewe cti*
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EGYPTE* 263
rixe tire l'enfant du sein de la mère; Ptolémée-Osarion et de sa mère Cléo-
! nourrice divine tend les mains pour fiâtre. Il n'y a donc point de doute sur
le recevoir, assistée d'une berceuse. e motif de sa construction. Il est vrai
Le père de tous les dieux, Ammon, que les colonnes de l'espèce de pronaos
(Amon-Ra) , assiste au travail , accom- qui le précède n'ont point toutes été
pagné de la déesse Soven , l'Iiilthya sculptées; le travail est demeuré im-
la Lueine égyptienne , protectrice des parfait , et cela tient peut-être au motif
accouchements. Enfin, la reine Cleo- même de la dédicace du temple : Au-
pâtre est censée assister à ces couches guste et ses successeurs , qui ont ter-
divines , dont les siennes ne seront ou miné tant de temples commencés par
plutôt n'ont été qu'une imitation. L'au- les Lagides , ne pouvaient être très-
tre paroi de la chambre de l'accouchée empressés d'achever celui-ci, monu-
représente l'allaitement et l'éducation ment de la naissance du fils même de
du jeune dieu nouveau-né ; et sur les Jules-César, roi enfant dont ils ne res-
parois latérales sont figurées les 12 pectèrent guère les droits.
heures du jour et les 12 heures de la A Ombos, le çrand temple était con-
fiuitj sous la forme de femmes ayant sacré à deux triades; le petit temple
un disque étoilé sur la téte. Le tableau était aussi un double mammisi, où
astronomique du plafond pourrait bien sont représentées la naissancede Kons-
n'être que le thème natal de cet Har- Hôr, fils de Serak-Ra et d'Hathôr; et
puré , ou mieux encore celui de Caesa- celle de Pnevtho, fils de Aroëri et de
rion , nouvel Harphre. la déesse Tsonénoufré. On trouve aussi,
En sortant de la petite chambre pour dans l'existence de ces monuments, la
entrer dans la grande, on voit un vaste preuve près pie superflue du maintien
has-relief sculpté, sur la paroi , à gau- de l'ancien culte égyptien sous les do-
che de cette principale pièce; il repré- minations étrangères en Égypte. Si
sente la déesse Kit ho, relevant de l'on cherchait un très-ancien exemple
couche , soutenue encore par la Lu- d'un mammisi, on le trouverait au pa-
eine égyptienne Soven , et présentée à lais de Louqsor, où, dans deux des salles
rassemblée des dieuv ; le père divin de ce vaste édifice élevé par le roi Amé-
Amon-Ra, lui donne affectueusement nophis-Memnon^elaXVIIPdynastie,,
la main comme pour la féliciter de son on remarque une série de bas - reliefs
heureuse délivrance, et les autres relatifs à la personne même du fonda-
dieux partagent la joie de leur chef. teur, et à sa naissance. On y a successi-
Le reste de cette salle est décoré de vement représenté le dieu Thôth an-
:
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254 L'UNIVERS.
fants divins, aux grandes divinités de Démiurge eût créé la lumière et ot
Thèbes. —
Le royal enfant dans les donné univers, renfermait dans so
1
bras d'Amon-Ra, oui le caresse.— sein les germes de tous les êtres
Le jeune roi institue par Amon-Ra; venir. Aussi, les vers des Orphiques
les déesses protectrices de haute et
la vénérables débris de la plus ancienn
de la basse Égvptelui offrant les cou- théologie des Grecs, et qui, con tien
ronnes , emblèmes de la domination nent des doctrines conformes , su
sur les deux pays , et Thôth lui choi- presque tous les points, à celles de
sissant son grand nom, c'est-à-dire Égyptiens, donnent -ils à la déessi
son prénom royal, Soleil Seigneur de Nyx (la Nuit primitive), les titres J<
justice et de vérité, qui , sur les mo- première née , commencement de tout,
numents, le distingue de tous les au- habitation des dieux, et celui de ge
très Jmètwphis. nératrice des dieux; titres qui ré
Ce qui vient d'être exposé suffira, pondent exactement aux qualifications
nous l'espérons , pour donner au lec- grande déesse mère des dieujr . el
tour une idée générale de la hiérarchie génératrice des dieux grands y don-
divine dans lu constitution religieuse nées à Bouto dans les légendes hiéro-
de l'Égypte, Nous avons dit briève- glyphiques.
ment sa pensée sur le grand Etre On donnait avec raison le surnom
qu'elle nommait Ammon ou Amon-Ra, de mèbe des dieux à la déesse Bouto,
et la personnification des attributions puisque, unie au dieu Phtha , elle
de cet être primordial, en autant d'au- av ait enfanté Phrè ou le Soleil
y des-
tres dieux qui n'étaient que ses agents, nuels naquirent ensuite tous les autres
11 serait difficile d'énumérer ici les dieux. JtcJios ou le dieu Soleil des
fonctions des principales divinités Grecs, passait aussi pour lils de la
égyptiennes, et d'exposer les effets de déesse Nyx (la Nuit).
leur concours à l'organisation générale Bouto était aussi , selon la croyance
s Égyptiens , la nourrice de cer-
avons donné dans un précédent para- tains dieux. On disait qu'Isis avait
graphe (page 134), quelques notions confié à cette divinité ses deux en-
sur les deux Thôth ou les deux Hermès, fants Ilorus et Bubastis ; et ce précieux
promoteurs et protecteurs de toutes dépôt fut caché dans l'île de C/iem-
les voies particulières à l'intelligence mis située dans le lac voisin de la ville
et à l'industrie humaines ; nous ajou- de Bouto, île que la déesse rendit
tons ici quelques courtes notions sur flottante pour dérober les deux ja-
des divinités principales dont les attri- meaux aux poursuites et aux recher-
butions bien connues nous montrent ches de Typhon.
avec évidence l'origine égyptienne de
quelques opinions mythologiques de la en Egypte, se nommait Nèith; elle
Grèce. était aussi le type d'une des princi-
Selon les Égyptiens , la déesse Bouto pales divinités grecques. On sait , en
fut la compagne du grand Être et la effet, que le grand dieu qui en Egypte,
,
nourrice des dieux. Elle fut connue et porta les noms &Jmon, Amon-Ré,
étudiée par les plus anciens philosophes Cnèph ou Chnouphis, fut , comme oit
instituteurs de la Grèce. a pu le voir, le principe générateur
Cette déesse, l'emblème de l'antique mâle de l'univers; et les Égyptiens
Nuit ou des ténèbres primitives , source symbolisèrent , dans le personnage de
féconde d'où sortirent une foule d'ê- Nèith, le principe générateur femelle
très vivants
?
fut considérée par les de la nature entière.
Égyptiens , ainsi que dans la cosmogo- Ces deux principes , étroitement
nie des Grecs et de la plupart des peu- unis, ne formaient qu'un seul tout
pies orientaux , comme cette obscurité dans l'être premier qui organisa le
première oui , enveloppant le monde monde. De la vient que les Égyptien!
a.vant que la main toute-puissante du considéraient Nèith comme un être à,
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EGYPTE.
I fois mâle et femelle, et que le nom céda de sa voix un être femelle par»
lèpre de cette divinité exprimait en Jaitement beau (c'était la nature, le
teue égyptienne , comme nous i'ap- principe femelle, Nèith), et le Père
*od Plutarque , l'idée : Je suis venue de toutes choses la rendit féconde.
f moi-même. On retrouve dans cette naissance de
La déesse Nèith occupait la partie Nèith, émanation d'Ammon , la nais-
périeure du ciel. Inséparable du Dé- sance même de l'Athénè des Grecs,
turge , elle participa à la création de sortie du cerveau de Zeus.
travers , et présidait à la génération Sous le nom de Phtlia, les Égyp-
fc espèces : c'est la force qui meut tiens connurent aussi un personnage
Bt. d'un ordre supérieur, un ouvrier di-
Le culte de cette divinité , général vin, où les Grecs puisèrent aussi ridée
tes toute l'Egypte, comme les monu- d'un de leurs anciens dieux.
*iU le prouvent , était spécialement Ptatha occupait la troisième place
i dans la ville principale de
honneur dans la nombreuse série des divinités
t Égypte , a Sais, où résidait
baise de l'Égypte; les Grecs, en l'assimilant
R collège de prêtres. Le temple de la à leur Héphaistos, le Vulcoin des Ro-
ércse portait l'inscription fameuse : mains , out singulièrement rabaissé et
îms tout ce qui a été, tout ce qui son rang et son importance ; ils ont
|i et tout ce qui sera. Aul n'a sou- réduit les hautes fonctions de ce çrand
té k roile qui me couvre. Le fruit être cosmogonique à celles d'un simple
*fai enfanté est le Soleil. Il serait ouvrier.
tàïcile de donner une idée plus grande Telle ne fut point l'opinion des
t plus religieuse de la divinité créa- Égyptiens sur leur Phtha; selon leurs
nce. mythes sacrés , la puissance démiur-
Se'tih était le type de la force mo- gique, l'esprit de l'univers, Cnèph ou
?k et de la force physique. Elle pré- Chnouphis , avait produit un œuf de sa
dit à sagesse , à la philosopnie
la bouche, et il en était sorti un dieu qui
t a de la guerre ; c'est pour
l'art portait le nom de Phtha. Cet œuf
* que les Grecs crurent recon- était la matière dont se compose le
«ftre, dans la Nèith de Sais, leur monde visible; il contenait Y agent,
Pe*é ; la Minerve des Latins, di- Youvrier qui devait en coordonner et
fcité également protectrice à la fois en régulariser les diverses parties ; et
Ues saies et des guerriers. Phtha est l'esprit créateur act\f, l'in-
,
Selon les débris de la doctrine égyp- telligence divine qui , dès l'origine des
*ine, épars dans les écrits des der- choses, entra en action pour accom-
Platoniciens et dans les livres plir l'univers, en toute vérité et avec
mnétiques, la déesse Nèith, ou la un art suprême.
merre égyptienne, ne formait qu'un Les Égyptiens, nui voulaient ratta-
N tout
avec le Démiurge Amoun, cher l'histoire de la terre à celle des
•^poque même qui précéda la créa- cieux , disaient que Phtha avait été ie
Pj des âmes et celle du monde phy- premier de leurs dynastes , mais que
^ue. C'est en la considérant dans cet la durée de son règne ne saurait être
*at
d'absorption en l'Être premier, lixee. Les pharaons lui avaient consa-
f* les hgvptiens qualifièrent Neuh
»es Ésvntiens Nèith cré leur ville royale, Memphis, la se-
divinité a la fois maie et femelle, conde capitale de l'empire; ainsi, les
g'monde étant composé de parties quatre principales villes de l'Égypte,
^es et de parties femelles, il fallait Thèbes, Memphis, Sais et liéliopolis,
Ken que
leurs principes existassent étaient chacune sous la protection spé-
le dieu qui en fut l'auteur. Aussi ciale de l'une des quatre grandes divi-
**mt le moment de
créer les ames nités.A'mon- Chnouphis, Phtha, Nèith
? le
monde arriva , suivant les
, Dieu et Phré. Le magnifique temple de
iSîi'
1 *°Hriï 7 ordonna que la
ens Phtha à Memphis, où se faisait l'inau-
hQ!ur ?
fùt f et, à l'instant, il pro» guration des rois , a été décrit, en par*
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3S5 L'UNIVERS.
tic,par Hérodote et par Strabon; les maine pure, avec les attributs
plus illustres d'entre les pharaons le ciaux au dieu; 2« le corps hum.
décorèrent de portiques et de co- avec la tête de l'animal spécîalen
losses. consacré à ce dieu ; 3° cet ani
L'être auquel on attribuait l'orga- même avec les attributs spéciaux
nisation du inonde , devait nécessaire- dieu qu'il représentait, et parce
ment le connaître à fond , ainsi que les les qualités qui constituaient le cai
lois et les conditions de son bien-être tère de cet auimal avaient , selon
et de son existence; aussi les prêtres Égyptiens, quelque rapport avec
égyptiens regardaient-ils Phtha comme fonctions de ce dieu.
l'inventeur de la philosophie ; bien dif- Ces notions s'appliquent, sans i
férents, en cela , des Grecs, qui ne ci- ception, à toutes les figures qui
taient de leur Héphaistos que des trouvent exprimées sur les bas reli
œuvres matérielles et purement mé- et les peintures, et qui sont réun;
caniques. dans les musées publics.
Quant au culte proprement dit, aux Les signes caractéristiques cliaq de
cérémonies religieuses qui se prati- divinité se voient sur leur téte,
quaient à l'intérieur et à l'extérieur forment sa coiffure. Le visage et
des temples, on peut croire, d'après nez sont parfois teints d'une coulei
l'étendue et la magnificence des édi- consacrée pour chaque divinité ; c
fices religieux , le grand nombre et la rien n'était laissé à l'arbitraire de fa
richesse de proportion et de matière tiste. Ces représentations étant ain
des représentations figurées du grand réglées, par la loi ou par ï usugt
dieu et des autres êtres divins, que dans tous leurs détails, cette unifoi
cette magnificence et cette richesse mité constante est d'un très-grai;
ont été rarement égalées. Du reste, secours pour l'étude de la refîgio
ce culte était essentiellement favo- égyptienne dans ses formes Ggureeï
rable au progrès des arts, sinon pour Les mêmes attributs indiquent tou
la perfection des formes trop assujet- jours la même divinité, ei Vallhnc
ties à des types consacrés , au moins des attributs, celle des personnage
pour toute la partie technique et ma- divins , selon les idées et les croyance:
térielle, dont la puissance se révèle égyptiennes.
incontestablement par la parfaite exé- Le nombre considérable des per-
cution des plus bizarres compositions sonnages du Panthéon égyptien , quoi-
reproduites à l'infini dans les matières que émanant tous d'un premier être,
les plus dures , les plus rares comme a multiplié aussi le nombre et la va-
les plus communes. riété des attributs, et compliqué ainsi
Cette multiplicité de représenta- l'étude de ces personnages ; mais comme
tions des êtres divins provenait, en les divinités principales, celles du pre-
ftgypte , d'abord de la multiplicité mier ordre étaient aussi les pJtrs
de ces êtres mêmes, et surtout de honorées, et devaient être plus ordi-
ce que le même personnage se repro- nairement figurées, il en résulte que
duisait par un triple type. Nous de- leur représentation fut aussi la plus
vons, sur ce sujet, entrer dans quel- nombreuse ; elle est aussi la plus fré-
ques détails qui pourront d'abord quente. Il nous suffira donc d'indi-
suffire à l'exposition de notre sujet, 3uer ici les caractères et les attribut*
et de plus à explication de la plupart
I e la plupart de ces divinités princi-
de nos planches; enfin, à reconnaître, pales.
dans nos collections archéologiques, Comme caractères généraux com-
la représentation de ces mêmes êtres muns à toutes les divinités, nous indi-
divins. quons, 1° la croix ansée ( ou sur- T
La même divinité, chez les Égyp- monté d'un anneau), symbole de la
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ÉGYPTE. 257
ais. Knfin, dans certaines actions, Idem, retenant de ses deux mains
» divinités occupées à une fonction un disque rouge sur sa téte, et ayant
rticulière, ont quitté ces deux pre- près de des oiseaux à téte humaine:
lui
iers croix ansée et le
attributs , la le même Pooh (Lunus), directeur des
eptre ; mais on les reconnaît à leur âmes, qui sont représentées par ces
•îfture spéciale. Voici donc l'énumé- oiseaux ;
tion des principales coiffures: La mitre flanquée de deux appen-
I. Divinités égyptiennes, caractéri- dices recourbés par le haut, le fléau
es par
leurs coiffures. et le crochet dans les mains , corps en
Dieux de forme humaine pure
1 ° gaine : Osiris (roi de l'Amenthi, ou
>rtant sur leur tête : enfer égyptien) ;
Deux longues plumes droites le nu , Le pschent entier (coiffure royale)
ïinten bleu; c'est Ammon, le créa- avec le lituus et le sceptre à la main
ur du monde {pl. 33, n° 1); et avec (n° 5) : le Mars égyptien;
i caractère de plus Ammon géné- : Corps humain monstrueux par l'exa-
itour ( Mendès , Pan) ; gération des traits de la figure et le
Unbonnet serrant fortement la tête; volume du ventre ; Typhon , le mau-
isa^e vert; le corps en gaîne, appuyé vais génie ;
jntre une colonne à plusieurs chapi- 2° Déesses déforme humaine pure
;aux , et dans les mains le nilomètre : portant sur leur téte :
ht ha (Hèphaïstos, Vulcain) ; La dépouille d'une
d'une pintade,
ni et le
Tête nue, ou avec le même bonnet; pschent complet (n° 8) ; le nu en jaune :
(n°8);
jrps d'enfant trapu et difforme, mar- Nèith (l'Athénè ou Minerve égyp-
iant, ou debout sur un crocodile; tienne) ;
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258 L'UNIVERS.
Un diadème, surmonté de feuilles Tète d'épervier, avec la partie ra
de couleurs variées; le nu peint en rieuredu pschent sur la main :
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ÉGYPTE
Téte de vache le disque rouge et
; Vache avec un disque sur la tête :
deux plumes recourbées entre les cor- Hathôr;
nes : Hathôr (Aphrodite, Vénus); Snhynx mâle (barbu) le disque rouge
—
,
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260 L'UNIVERS.
droits, et tous les intérêts d'un grand tre , à faire dessécher
le corps entier
peuple. en le pendant soixante-dix
laissant,
Nous ne pouvons pas omettre cepen- jours , plonger dans le natron, à l'ense-
dant, en parlant de la religion égyptien- velir ensuite dans un linceul de toile
ne, de rappeler qu'en Egypte plus que grossière, plus grossièrement cousue
dans aucune des sociétés modernes, la et de le déposer en cet état dans les
croyance et le culte étaient mêlés à la catacombes publiques. On étendais
vie intime de l'homme. La religion di- quelquefois le mort sur une planche de
rigeait ses actions avec une autorité sycomore, enveloppée aussi dans ta
absolue; elle s'emparait de l'individu toile.
à sa naissance , et ne l'abandonnait Si l'individu pouvait faire quelque
plus même après sa mort. Elle lui dépense, on employait l'huile de cèdre
assurait d'honorables funérailles selon pour nettoyer l'intérieur; on dessé-
sa condition, et un lieu de repos où chait le corps avec le natron; les
ses cendres devaient être pour tou- membres, chacun à part, ou bien le
jours à l'abri de l'insulte, soit dans la corps entier, étaient entouré de bande-
sépulture des familles, soit dans les lettes de coton imbibées de la même
sépultures publiques. Enfin elle pres- huile, ou de toute autre substance
crivait pour tous l'usage des pratiques conservatrice , et le corps était ensuite
découvertes par l'industrie pour la enfermé dans un cercueil plus ou moins
conservation presque éternelle des orné de peintures. Le nom du mort,
corps humains, dernier et attentif celui de sa mère, et sa profession,
hommage à la dignité de l'espèce. étaient écrits habituellement sur k
On est redevable «à cette coutume devaut de ce cercueil qui était de bois
égyptienne de l'innombrable quantité On peut se faire une idée de la \a-
de corps humains embaumés qui nous riété de ces pratiques, en pensant à tou;
sont parvenus si parfaitement conser- ce que la piété, la tendresse ou la vanité
vés, et auxquels on a donné le nom purent imaginer potrr les décoration»
de momies. Nous allons en dire som- de cette dernière demeure de l'homme,
mairement ce qui , de ce sujet presque et à tous les degrés qu'il fut possit ri-
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ÉGYPTE 261
de toute matière, depuis l'argile cuite mains des femmes sur leur ventre; les
jusqu'à l'albâtre oriental rubané, et au bras des hommes restaient pendants
granit. Us sont de forme conique ren- sur les côtés ; quelquefois la main gau-
versée, et lesquatre couvercles sont che était placée sur épaule droite; ce
I
surmontés de quatre têtes différentes bras faisait ainsi écharpe sur la poitrine.
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2C3 L'U.i VERS.
On g trouvé sur ces mêmes corps ou du géomètre, et avec des momies
et aii-dessous de toutes les bandelettes, d'enfants des joujoux de toute sorte.
ou sous leurs diverses couches, les Les parents et les amis accompa-
baaues aux doigts des momies et les gnaient religieusement le mort dans sa
colliers à leur cou, des bijoux variés, dernière demeure; ils se procu raient
des figurines, des objets d'affection, des figurines de dimensions et de ma-
de petits meubles, des pièces d'étoffes tières diverses, précieuses si le mort
diverses; enfin des manuscrits placés était un personnage considérable : ces
soit sur les cotés, soit entre les jambes, figurines, en argile, en porcelaine, er
et enveloppés, comme le mort, de bi- bois ou en matières dures, étaient
tume et de bandelettes. faites, le plus possible, à In ressem-
Il parait aussi , par l'état de quelques blance du défunt; son nom était inséré*
momies, qu'après ces préparations, dans la prière funèbre inscrite sur ces
on les plongeait tout habillées dans figurines, et tous ceux qui. accompa-
une cuve de bitume bouillant, qui les gnaient la momie déposaient ces figu-
pénétrait jusqu'à la moelle des os , rines dans un cofTre funéraire qui était
et, une fois refroidies, elles n'étaient placé vers la tête du cercueil ; les
plus qu'une masse de bitume durci, 3uatre vases canopes Tétaient deux à
inaltérable en quelque sorte. eux sur les côtes.
Ainsi enveloppée de langes et d'un On plaçait aussi dans les tombeaux
linceul retenu par des bandelettes en des stries funéraires, dalle mise de
croix , la momie , où toute appa- champ et cintrée par le haut, ou étaien t
rence de cadavre et de préparation avait représentés ,
sculptés et peints , sur
disparu, était placée dans un cercueil pierre dure ou tendre, ou sur bois, les
eu bois, en granit, en basalte, ou au- parents du défunt lui offrant les pré-
tres matières. Ce cercueil était orné sents funèbres, lui rendant leurs der-
de peintures et de sculptures; pour les niers devoirs, et une inscription ex-
personnages considérâmes, le premier pliquait complètement ce tableau , et
cercueil était enfermé dans un second donnait les noms des morts et des vi-
et 1? second dans un troisième, tous vants qui y étaient figurés. Le défunt
également ornés de sujets religieux, est assis; les parents sont debout ou
répétition orthodoxe des scènes du à genoux, faisant leurs offrandes. Sur
f;rand rituel funéraire, où Ton voit notre planche 67, une de ces stèles est
'âme du défunt faire sa visite et ses reproduite, mais c'est une stèle royale,
offrandes à toutes les divinités dont et à deux registres : su rie premier, ce-
elle doit implorer la protection. lui de dessus, sont deux cou pies royai.'x
C'est dans l'intérieur de ces mêmes assis; a la droite, c'est le roi Amênof
cercueils qu'on a recueilli aussi des ma- tepet la reine Ahmos-Nofrè-Atari , la
nuscrits, parties plusou moins complè- tête surmontée de deux longues plu-
tes de ce grand manuscrit funéraire, de mes; à la gauche sont deux rois ,
ce livre de manifestation à la lumière, Thouthmosis T et Mûris; au-dessous
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EGYPTE
ÉG1 TE. 263
croyable, malgré les ravages commis tion annuelle à l'État, et que l'État
par les Arabes qui viennent habiter ces vendait ce produit à des fermiers, qui
tombeaux , et qui, de temps immémo- cédaient à leur tour à des sous-fer-
rial , se servent de ces momies pour miers tout ou partie de leur concession
les besoins du ménage, combustible générale. Le respect religieux des ancê-
plus économique que le bois à brûler tres, qui était profondément empreint
qui manque dans ce pavs. Dans la dans les mœurs égyptiennes, prévenait
busse Éçypte, le sol est foré de puits toute opposition a 1 idée et à la gestion
très-profonds, qui conduisent à des d'un tel impôt. C'est par suite d'une
chambres creusées dans le roc, et où conviction également religieuse qu'un
la population de la basse Égypte dépo- étranger, trouvé mort par l'effet d'un
sait ses morts; l'orilice du puits était accident, recevait de pompeuses funé-
ensuite soigneusement bouché, afin de railles aux dépens du lieu où il était
le préserver des suites de l'inondation. découvert. On sait aussi que la momie
Les pyramides (voy.flf. 10) n'étaient du père pouvait être donnée en gage
que Jes montagnes factices dans les- par son fils ; mais il était note d'infamie
quelles on déposait les cadavres des s'il ne la retirait pas. Enfin, on montrait
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264 L'UNIVERS.
donne une idée topographique de la val- tion primitive. Son antiquité sera donc
lée deBiban-el-Molouk Thèbes, vallée-
a celle de la raison même appliquée avec
étroite, inculte et inhabitée, où sont succès à l'organisation de la société.
situés les tombeaux des rois, creusés Cette recherche intéresse au plus haut
des deux côtés dans le versant de la degré la philosophie de l'histoire, la
montagne; la planche 68 est une vue dignité humaine, la vérité. Nous
ne
de cette même montagne où la place parlons pas de l'origine du monde, de
et l'entrée des tombeaux sont indi- l'époque de sa création, du premier
quées; la planche 70 contient le plan homme, questions oiseuses, comme
le
d'un de ces tombeaux , qui n'est pas prouve le très-grand nombre de sys-
un des plus anciens, et au-dessus tèmes qu'elles ont enfantés , systèmes
est reproduit un passage du rituel fu- également incertains pour leur géné-
néraire, composé d une bande de scè- ralité même, et d'autant plus qu'ils
nes représentant l'âme d'une défunte, ont affecté une autorité plus grande ou
en tunique blanche, faisant ses offran- plus absolue.
des aux divinités que le rituel lui or- Pour l'Egypte en particulier, elle a
donnait de se rendre propices; au- toujours joui, dans opinion unanime
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ÉGYPTE.
puissance d'examen, d'analyse, de les Égyptiens se l'étaient fait, et tel
rapprochement, de comparaison et de que leurs annalistes nous l'ont trans-
logiques déductions, conclure et ex- mis ; T le témoignage de monuments
poser avec méthode les éléments cer- encore connus qui confirment et met-
tains de la chronologie égyptienne, tent hors de tout doute la véracité
échelle immense de jours et de siècles, &une partie de cette même chronolo-
sur laquelle peut se placer par d'ins- gie. Nous nommerons donc partie
tructifs synchronismes l'histoire en- historique tous les temps de la chro-
tière de "l'intelligence humaine, et nologie égyptienne pour lesquels nous
celle de toutes les nations qui l'ont connaissons des monuments contem-
cultivée, honorée, avancée par leurs porains de ces mêmes temps , et partie
pensées ou par leurs actions. systématique, tous les temps de ces
Il est donc connu par les relations, annales pour lesquels nous ne con-
par les faits observés, que les Égyp- naissons pas de monuments contem-
tiens fondaient leur chronologie na- porains. Les certitudes de l'histoire de
tionale sur des documents authentiques l'Egypte commencent donc là où des
soigneusement réunis dans les archi- monuments existants et contemporains
ves des temples, et sur l'autorité des des faits, viennent unir leur témoignage
monuments publics dont l'Egypte était à ceux des annales écrites.
couverte et cette assertion ést haute-
; Celles-ci consistent en deux pièces
ment justifiée par les recherches dont principales: 1° la Vieille Chronique,
cette contrée célèbre a été le sujet de 2° les Listes des dynasties royales égyp-
notre temps. Malgré les ravages qu'elle tiennes rédigées par Manéthon.
subit depuis deux mille ans, aucun Il est aussi des monuments analogues
État moderne, à son plus haut degré à ces relations écrites ; ce sont des listes
de splendeur, ne peut lutter de magni- d'anciens rois d'Egypte tracées sur pa-
ficence avec les vénérables ruines de pyrus en caractères hiéroglyphiques,
l'Egypte. On y a recueilli récemment des tables généalogiques de ces mêmes
des " monuments chronologiques pro- rois, plus ou moins complètes, pour
prement dits, des listes de rois, des des époques différentes, gravées parmi
tableaux généalogiques de dynasties les bas-reliefs de plusieurs temples , et
souveraines. Quand donc ses histo- la plus célèbre de ces tables généalo-
riens affirment qu'ils ont travaillé giques est celle que M. Cailliaud a dé-
d'après les documents nombreux exis- couverte et copiée au nord d'Abydos,
tant de leur temps, il n'est pas pos- table dont le dernier roi en liste est
sible de suspecter leurs dires. INous Sésostris, l'un des grands rois de la
avons encore sous les yeux la plupart dix-huitième dynastie; et dont les pre-
de ces documents. La critique mo- miers remontaient au delà de la quin-
derne y reconnaît les faits mêmes qu'en zième même. Ces listes et ces tables
avaient tirés les historiens anciens. quant à leur témoignage à l'égard des
C'est donc retrouver tout ensemble temps antérieurs a l'époque où elles
les annales d'un grand peuple, l'his- ont été exécutées, nous leur reconnais-
torien qui les a dressées, et les piè- sons la même valeur historique qu'a la
ces qui en sont les preuves authenti- Vieille Chronique et aux Listes ae Ma-
ques. néthon ; en ajoutant cependant que la
Ceci, dans sa généralité, exige ce- concordance de tous ces monuments
pendant une distinction. Ces annales ensemble donne à chacun d'eux une
remontent à une époque très-reculée, autorité individuelle qui procède de
et le témoignage direct ou contempo- leur autorité commune , et la critique
rain de ces documents n'atteint pas historique, surtout pour des époques
jusqu'au même terme. Il y a donc dans si éloignées , ne fonde pas toujours sa
la chronologie égyptienne deux choses foi sur un tel concours d'autorités aussi
très-distinctes, 1° le système général probantes. lien résulte, sans difficulté
de cette chronologie historique tel que et sans opposition, que, dès la plus haute
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26G L'UNIVERS.
antiquité, PÉgypte avait un svstème devons faire connaître au lecteur les
d'annales nationales uniformes dans documents principaux du système g
leur ensemble et dans leurs détails , et néral de chronologie historique tel qu
que Manéthon nous avait fidèlement l'Égypte avait adopté pour ses propres
l
nous l'avons fait déjà, parmi les tra- IMkm {\r soini), fiu dH^pbaïMos .
^oe m-
3o 000
ditions écrites ceux de ces monuments ; • -y y • •
:
•
'
, e t
• * . Crnnos e-vrr U * douze autres dieux rrgne-
qui rapportent des laits antérieurs a m ,t riisrin |,i e 3yM
leur propre époque, nous n'interro- Le» huit ro.s demi -dieux régnèrent en-
porains. Ainsi la dédicace inscrite sur cycle Mtbuque jusqu'à ramé» 413
. .F \ i' . *• .
i l » *4„ 1.317 e losMnnphilesdc 4 i <o
intégrante de la décoration de cette u
porte annonce-t-elle qu'un roi qu'elle
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nomme a fait...construire ce temple à
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éaaJhpêr}9WL%m$net
les
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ment. Mais ces témoignages manquent peut se demander combien serait grand
pour la partie la plus ancienne de ces le hasard qui produirait 25 périodes
donc avec ces époques que commence- fiectanèbe, le premier roi de la 30'
ront les certitudes des annales égvp- dynastie. Toutefois, deux choses nous
tiennes fondées sur les monuments paraissent assez certaines dans ce rap-
contemporains. prochement : 1° la Chronique egyp-
Après ces explications, peut-être né- tienne, qualifiée de vieille
(«J**»
cessaires à plusieurs égards, nous y/t ) par le Syneelle, pourrait bieo
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EGYPTE 267
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268 L'UNIVERS
vantes, jusqu'à la dix-neuvième inclu- Listes de Jules l'Africain, et que celles
sivement , qui donnèrent 96 rois selon d'Eusèbe nous sont connues par trois
l'Africain, et 92 selon Eusèbe, dans copies différentes, par le grec qu'a
l'espace de 2,121 ans selon les deux recueilli le Syncelle, par la versiou
chronologistes, étaient le sujet du se- arménienne et par la traduction la-
cond volume. Dans le troisième , on tine qu'en fit saint Jérôme depuis la
trouvait l'histoire des dynasties sui- seizième dynastie; et nous ne nous
vantes, depuis la vingtième jusques et y arrêterons pas à discuter ici quelques
compris la trente et unième, qui finit différences qui s'aperçoivent entre Jules
avec la conquête de l'Egypte par l'Africain et Eusèbe au sujet de ces
Alexandre, et la durée de ces douze Listes, et entre les trois copies mêmes
dernières dynasties est portée à 1,05Q de celles d'Eusèbe comparées entre
ans par l'Africain, et a 833 ans par elles, puisque le résultat de cet examen
Eusèbe. Du grand ouvrage de Mané- serait de peu d'importance à l'é-
thon il ne nous reste donc que quelques gard de la durée totale de ces trente
fragments de sa relation historique, et une dynasties. Nous ne compren-
et le tableau des dynasties royales, drons dans notre tableau que le règne
tableau qui indique, pour chacune des hommes : le premier fut Menés;
d'elles, le nombre des rois, le nombre mais il paraît que Manéthon désignait
des générations que ces rois ont for- aussi comme prédécesseurs de Menés
mées dans la même dynastie, la durée les demi-dieux , les dieux et Héphafs-
du règne de chaque roi avec son nom tos, ainsi que le faisait la Vieille Chro-
et son origine paternelle; enGn la nique. Manéthon était l'historiographe
durée totale de la dvnastie ; et*, lors- de l'Égynte selon les doctrines na-
u'il abrège ces indications pour les tionales égyptiennes : il dut donc dres-
3 ynasties de rois fainéants, il n'omet ser la liste "des rois d'après les archives
jamais les données principales et les des temples et les documents publics,
f)lus importantes pour la chronologie, comme il affirme l'avoir fait, et comme
e nombre des rois et la durée totale des monuments qui nous sont parve-
de leurs règnes ; c'est du moins dans nus, et que Manéthon a vraisemblable-
cet état que ses Listes nous sont par- ment vus et étudiés, ne permettent
venues ; et ce n'est peut-être pas con- plus d'en douter. Ceci est donc un peu
damner injustement leurs abréviateurs, plus concluant que les mauvais propos
C|ue de leur reprocher le tort que font à que le Syncelle se permet contre Ma-
1 histoire leurs malheureuses suppres- néthon , et que les explications même
sions. qu' Eusèbe a cherchées de bonne foi
Ces Listes sont reproduites dans le pour des nombres d'années qui n'inté-
tableau oui suit ce paragraphe ; il ressent aucunement ni le déluge, ni
coutient la liste des trente et une dy- Abraham, ni l'histoire, ni la chrono-
nasties égyptiennes qui précédèrent logie positive, puisqu'ils sont le produit
l'invasion d'Alexandre, selon le texte arbitaire de spéculations astronomi-
d'Eusèbe , et nous l'avons préféré parce ques ou mythologiques.
qu'il n'existe qu'une seule copie des
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ÉGYPTE.
Ordre des Nombre Durée de Commencèrent
dynasties. Leur origine. des rois. ' leurs règnes. avant J. C.
El la conquête de FÉgyptc par Alexandre le Grand est fixée par les chronologisles à l'an
33a avant J. C.
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L'UNIVERS
que fondement entre l'un ou l'autre manuscrits sur papyrus, et des tables
de ces chronologistes, soit à ne suivre généalogiques des dynasties royales.
précisément aucun des deux. C'est dans le musée de Turin que
2 u Ce n'est qu'à compter de cette l'existence de ces manuscrits histori-
même seizième dynastie que la con- ques nous a été révélée pour la pre-
cordance des époques égyptiennes avec mière fois. Un fragment, portant le
des années juliennes antérieures à Père cartouche royal de Sésostris, attira
chrétienne est revêtue de quelque cer- d'abord l'attention de mon frère sur
titude. Selon nos aperçus, la vingt- des feuilles ou des'rouleaux dénués de
septième dynastie, qui fut celle des peintures; et, explorant aussitôt tous
Perses , commença avec l'an 524 avant les fragments semblables qu'il avait
J. C. , et Ton sait d'autre part que ce sous les yeux, il reconnut les noms de
fut en 525 que Cambyse, chef de cette presque tous les rois de la XVIII* et
dynastie, s'empara de l'Egypte. C'est de la XIX* dvnastie, ordinairement
aussi à l'an 331 que se rapporterait la accompagnés de dates en années , mois
conquête d'Alexandre, et elle est una- et jours, tirées du règne de chacun
nimement fixée à l'an 332 avant J. C. d'eux. C'étaient des débris de registres
Mais nous ne pouvons discuter ni de comptabilité des temples, où les re-
trancher ici cette différence d'une an- cettes et les dépenses étaient écrites à
née à l'égard de ces deux époques. Nous leur date précise, ou bien des actes
nous sommes donc tenus ici au texte isolés de l'autorité de ces rois, et les
même des auteurs, et nous nous con- uns les autres portaient en eux-
et
tenterons de foire remarquer qu'en pa- mêmes tous les caractères intrinsèques
reille matière , et pour des temps aussi et extrinsèques des plus authentiques
éloignés , la concordance, de nos sup- documents originaux de l'histoire. Les
putations, à une année près, avec des dates y avaient cette forme : « Dans
e e
événements d'une époque connue, et l'année 5 et le 5 jour du mois de
qui servent de contrôle à ces mêmes tobtjy de la direction du roi du peuple
supputations, est un résultat assez obéissant, soleil stabiliteur du monde
important, et qui peut lever un assez (prénom royal), Dieu, fils du soleil,
grand nombre de doutes, embarras- Thoulhmès (nom propre), » et ce roi
sants encore pour les annales de l'an- est le Thouthmosis-Mœrisde laXVIII"
tiquité. dynastie. On trouve des dates sem-
3° J'ai borné ce tableau des dy- blables des années 4 et 24 d'Améno-
nasties égyptiennes à la conquête d'A- phis II; 6, 10 et 24 de Rhamsès-Méïa-
lexandre , qui , avec les rois grecs moun, et l'abondance des papyrus
dont j'aidressé la chronologie dans historiques recueillis depuis en Égypte,
mes Annales des Laaides, ibrme la a multiplié ces dates, et en a procuré
trente -deuxième, à laquelle succéda un tel nombre, qu'il y a peu de règnes,
la puissance romaine; car là où il n'y depuis la XVT
dynastie, pour lesquels
a point d'incertitudes, il n'est pas be- on n'en ait recueilli une ou même
soin de discussions. plusieurs.
Tel est donc l'ouvrage célèbre de A ces faits isolés, mais importants,
Manéthon , l'une des plus précieuses le même examen en ajouta un plus
compositions qui nous soient parve- général et d'une autorité considérable
nues de l'antiquité, et qui tire un pour la certitude des annales de l'E-
lustre nouveau de son accord parfait gypte mon frère reconnut en effet et
:
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PTE. 27!
sont des témoignages , toujours con- ont été, pour le plus grand nombre,
temporains des faits, qui ne sont pas détruits ou mutiles; notre planche re-
d'une moindre autorité pour l'histoire présente ce qui en reste, et on annonce
des temps anciens de J'Égypte. D'au- que notre honorable consul général en
tres monuments, d'une espèce et d'une Egypte, M. Mimant, a recueilli, dans
destination très-variées, portent aussi les ruines du monument, quatre car-
des d.ites d'époques oui ne le sont pas touches de plus, et qu'il a été assez heu-
moins, et l'on peut dire qu'il n'existe reux pour sauver d'une destruction
pour aucun autre peuple de l'antiquité, imminente ce vénérable livre des races
proportionnellement à sa durée, un royales égyptiennes, en le transpor-
pareil nombre de données de cet ordre tant à Pans.
et aussi utiles pour asseoir les bases, En l'état où nous le reproduisons, il
donner les développements les plus est constant pour tous qu'il se compo-
complets de ses annales, sans lacune et sait d'une série de noms royaux au
sans merveilleux. nombre de plus de quarante; et comme
Enfla, des tableaux généalogiques celui de Sésostris y est écrit le dernier,
des races royales existent encore dans immédiatement après celui de son pré-
des monuments publics du premier décesseur, nommé aussi dans l'inscrip-
ordre, et le plus célèbre de tous est tion verticale qui encadre cette liste,
celui qui occupe, sculpté en bas-relief, il en faut conclure aussi que ce tableau
la paroi d'une des salles du temple a été dressé sous le règne de Sésostris,
creusé dans le rocher, au nord de la et que les noms qui précèdent le sien
ville d'Abydos. Ce bas-relief est repro- sont ceux des rois qui le précédèrent
duit sur notre planche 47. aussi sur le trône.
Il se compose de trois séries hori- La preuve peut en être facilement
zontales de cartouches royaux, placés donnée.
de gauche à droite. La série d'en bas Après les deux cartouches, le nom
est composée de dix-huit cartouches, propre et le prénom royal de Hham-
formant neuf groupes de deux cartou- sès II (en tete de la ligne intermé-
ches différents, qui sont le nom propre diaire), on n'a inscritdans celte Table
et le prénom royal de Sésostris neuf des règnes que les cartouches prénoms
fois répétés; ce sont les mêmes qui se des autres princes; les noms propres
retrouvent sur les deux inscriptions ne s'y lisent pas : on peut donc con-
latérales de trois faces de l'obélisque cevoir quelques doutes sur l'ordre
de Paris, et sur les trois inscriptions même dans lequel ces prénoms y sont
de la face qui est tournée vers le palais placés.
des députés. Mais les monuments qui, à l'égard
La ligne intermédiaire d'Abydos des cartouches prénoms de la ligne in-
commence par un cartouche nom pro- termédiaire, à la droite du nom de
pre^ qui se lit Amon-Mal-Rhcm&ès. Rhamsès II, contiennent à la fois et le
suivi d'un cartouche prénom, soleil même prénom exprimé par les mêmes
gardien de vérité ; ce sont ceux du signes idéographiques, et le nom pro-
prédécesseur même de Sésostris, de pre composé de signes phonétiques,
Rhamscs II , qui avait commencé l'obé- sont très-nombreux. On a donc pu
lisque de Paris, et ses deux cartou- placer ces noms propres à côté de ces
ches s'y lisent en effet dans les inscrip- prénoms; et, en y conservant l'ordre
tions médiates de trois de ses faces. dans lequel ils sont inscrits dans la
Seize autres cartouches différents for- Table, on aura le nom propre des rois
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L'UNIVERS.
pharaons, prédécesseurs du roi Scsos- toutes les cités, et même de moindres
tris dans Tordre même où ils sont ins-
, lieux de TÉgypte et de la ÎVubie égyp-
crits dans les Listes de Manéthon. tienne.
La Table d'Abydos contenait donc Les éléments de la chronologie égyp-
une série de plus de quarante rois, tienne se retrouvent donc revêtus d'ûne
classés dans l'ordre même de leur rè- évidente authenticité dans les listes de
gne; elle est conforme aux Listes de la Vieille Chronique, dans les Listes de
Manéthon en tous les points dont Manéthon dans ses manuscrits de
, tout
d'autres monuments ont permis de ordre et d'époques diverses, le Canon
faire la comparaison ; enfin, cette Table royal sur papyrus du musée de Turin,
a été dressée du temps même de Sesos- la Table royale d'Abvdos, les tables
tris , au seizième siècle avant l'ère chré- analogues de Carnak et des tombeaux
tienne. Quel est le peuple, ancien ou de la Thébaïde; dans les dates nom-
moderne, dont les annales primitives breuses oui se lisent sur les stèles, les
sont fondées sur des documents d'une temples, les palais, sur les monuments
telle authenticité? isolés de tout ordre et en toute ma-
La Table d'Abvdos nous offre donc, tière : et tous ces éléments, infiniment
dans un ordre admirable pour ses con- variés d'époque et d'objet, concourec'
séquences historiques, la série, dans unanimement à composer, à démontre
Tordre de leur succession, des rois et à confirmer un seul et même sys-
prédécesseurs de Sésostris; d'abord tème chronologique pour Thistoirede
son frère Khamsès II (ligne intermé- l'antique Egypte; système qui consiste
diaire), et les dix rois qui, avant lui, dans la liste de ses rois -rangés dans
appartinrent à la XVIII e dynastie; en- une série de dynasties successives,
suite (toujours de çauche a droite) les entre lesquelles se partage inégalement,
e
six rois pharaons île la XVII ; la la- mais d'après un même principe, et par
cune qui suit contenait les rois de la des computs naturels, par des calculs
e
XVI ; la ligne supérieure désigne les uniformément employés dans les an-
dynasties antérieures; et, pour un cer- nales vraies de tous les peuples connus,
tain nombre de rois des dynasties an- toute la durée de celles de Tempire
térieures à la XVIIT,
nous est îl égyptien , depuis sa fondation jusqu'à
parvenu des monuments isolés dont son abaissement au rang de simple
Tintérêt est parfois augmenté par des province romaine.
dates. Avec une telle abondance de docu-
Ce n'est pas tout : de semblables ments, on appelait avec ardeur la lu-
listes royales, moins étendues, se mière qui devait éclairer et révéler la
trouvent dans d'autres monuments pu- durée et les périodes successives des
blics, dans des temples du premier temps qu'ils embrassent; il fallait sur-
ordre, dans les palais de la vieille Thè- tout y découvrir des synchronisme*
bes; et ces listes diverses, où le nom certains avec les annales des peuples
de Ménès, le fondateur de la monarchie qui existèrent en même temps, et. par
égyptienne, est inscrit le premier de cet accord , fortifier la confiance dans
tous, non-seulement sont parfaitement les annales de TÉgypte et celtes de ses
identiques avec elles-mêmes et avec la contemporains.
grande Table d'Abvdos, mais encore Les deux points extrêmes de cette
elles en complètent la lacune pour la immense échelle des temps historiques
XV I* dynastie et le commencement étant connus, et celui qui est le plus
de la
e
XV
; et ces vénérables archives près de nous avec une pleine certitude,
de ses antiques dynasties, l'Egypte les dès lors l'appréciation des temps inter-
avait consacrées èt accréditées a la fois, médiaires n'était plus une insoluble
en les déposant dans les sanctuaires difficulté; et, en plaçant la durée des
des dieux, et en leur donnant une pu- dynasties antérieures à celle des Perses
blicité facilement contrôlée par les au-dessus de Tau 525 avant Tère chré-
monuments nombreux qui ornaient tienne, époque précise de l'invasion
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BOYPTE
ÉGYPTÉ.
de l'Égypte par Cambyse qui fut le que la moins crédule ne peut rejeter
chef de cette dynastie, on trouvait la l'imposante autorité.
place successive de toutes les dynasties Si l'on remonte aux temps de la
antérieures à ce conquérant, et, par XVIII dynastie, on la voit s'établir
suite de ces premières données, la après l'expulsion des Pasteurs qui com-
place de chacun des rois de chacune posèrent la XV II*, conquérants étran-
de ces dynasties. Mais, pour réaliser gers, Scythes très-vraisemblablement,
ce précieux résultat, on devait désirer qui détruisirent tant qu'ils le purent
aussi , comme moyen de critique et de I ordre politique auquel l'Égypte devait
comparaison, quelques faits d'une cer- déjà des siècles de prospérité, régnant
titude évidente et intime qui se pla-
, par la force, réunis en hordes farou-
ceraient comme des jalons lumineux ches, ignorantes de toute culture, in-
dans ce long espace d'années, pour capables de tout ordre, et vrais fléaux
diriger et raffermir en même temps la de toute. civilisation. Venus par l'Est,
curiosité et les recherches de l'histo- ils se rendirent maîtres de la basse
rien. Ces jalons n'ont pas manqué à ses ÉÇypte et de l'Égypte moyenne; ils s'é-
justes désirs; le mathématicien Théon tablirent dans une ville fortifiée nom-
en a laissé un fort évident, en un livre mée Aouaris, et se donnèrent un chef
de ses commentaires sur l'Almageste qui eut cinq successeurs; le troisiè-
de Ptolémée : il résulte, en effet, d'un me se nommait Apophis. C'est de ce
passage plusieurs fois publié, que le chef, disent unanimement les chroni-
renouvellement d'une période sothia- ueurs chrétiens, que Joseph, lils de
que s'opéra sous le règne d'un roi acob, fut le premier ministre; et Jo-
que Théon nomme Ménophrès, et que seph, en effet, élève de la civilisation
ce renouvellement fut celui qui arriva particulière aux tribus arabes, devait
l'an 1322 avant l'ère chrétienne; or, paraître un habile administrateur aux
dans les listes des rois d'Égypte, dres- yeux d'un chef de hordes qui n'étaient
sées, d'après Manéthon, sur les don- pas même parvenues à la sociabilité
nées qui précèdent, le règne d'/tméno- de l'état pastoral: et ce n'étaitque sous
phis, troisième roi de la XIX e dynas- un tel chef en Egypte qu'on pouvait
tie, renferme en effet dans sa durée trouver un pareil ministre.
cette même année 1322. Or, dans notre tableau des dynasties
Pour une époque moins ancienne, de Manéthon, la XVI', contemporaine
la Bible rapporte qu'un roi d'Égypte, d'Abraham, et la XVIP, qui fut celle
qu'elle nomme Schéchôfc, attaqua et des Pasteurs dont Joseph fut un des •
prit Jérusalem d'où il enleva les bou- ministres, sont en parfaite concor-
cliers d'or de Salomon , et que cela ar- dance avec ce que la chronologie sacrée
riva dans la cinquième année du règne rapporte encore des deux patriarches
e
de Roboam : or, on voit parmi les et avec l'époque de la XVIII dynastie
sculptures du palais de Karnac à Thè- pharaonique, dont la restauration est
bes, la représentation des conquêtes assez clairement indiquée par ces mots
du pharaon Schéchonk ( le Sésonchis de la Bible : Et tune surrexit rex novus
des listes de Manéthon), dans des con- qui ignorabat Joseph.
trées diverses, limitrophes de l'Égypte; Il est vrai qu'il existe contre ces ré-
il conduit aux pieds de la trimie de sultats une objection grave par elle-
Thèbes les chefs des nations qu'il a vain- même et par l'autorité du savant qui
cues; parmi eux est figuré le royau- la produit; la voici : Les Pasteurs dé-
me de Juda, peut-être Roboam lui- truisirent tous les monuments de la
même (voy. pl. 76) : et notre liste civilisation et des arts de l'Égypte,
chronologique des rois d'Égypte nous dans la basse Égypte surtout, leur sé-
montre le pharaon Schéchonk régnant jour habituel; il est certain aussi que
.l'époque même où les listes de la les monuments antérieurs à la XVIII*
'
onologie sacrée ont inscrit Roboam ; dvnastie, subsistants à leur place, sont
niveau synchronisme, dont la criti- d*une extrême rareté; cependant on
18* Livraison. (Égtpte.) 18
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,
274 L'UNIVERS.
voit encore à Héliopolis, sur son pié- mentionne ces ravages des Pasteurs |
Eenscr que cet obélisque, renversé d'a- mémorable est fixé, par l'autorité des
ord et conservé dans les ruines de
, meilleurs documents, vers l'an 1821
la ville où il fut primitivement érigé, avant 1ère chrétienne, et cette date est
à Héliopolis ou toute autre, fut ensuite comme un jalon intermédiaire auquel
réédifié à Héliopolis ,
après le rétablisse- on peut avec certitude rapporter les
ment de l'ancienne autorité en Egyp- dates antérieures et les dates posté-
te. C'est ainsi qu'on voit encore à rieures de l'histoirede l'Égypte; elleest
Alexandrie, villetoute grecque, un comme la clef de sa chronologie , et le
obélisque qui avait été exécuté dans point initial ou médiat d'une échelle
une ville toute égyptienne, au nom du sur laquelle se placeront comme d'eux*
roi Moeris , antérieur de douze siècles à mêmes tous les événements connus et
Alexandre, et cet obélisque ne put être à connaître des annales égyptiennes.
élevé à Alexandrie, où il est aujour- On ne saurait raisonnablement exiger
d'hui placé, que dans des temps bien plus de certitudes, et il serait à désirer,
postérieurs. pour celles de l'histoire ancienne en gé-
Un autre fait d'une haute autorité néral , et même pour les annales des
peut aussi corroborer notre opinion: premiers siècles des temps modernes
comme simples maté-
c'est l'existence, qu'une égale réunion de documents
riaux, dans les ruines des monuments authentiques vînt jeter de semblables
actuels de Thèbes élevés par des rois lumières sur leurs trop nombreuses
de la XVIII* dynastie, de débris sculp- obscurités.
tés provenant des édifices de la XVI e L'ancienne Égypte jouira donc, à
dynastie et des dynasties antérieures, juste titre, des avantages qu'elle atten-
que détruisirent ces mêmes Pasteurs. dait de l'attention religieuse avec la-
Les six rois de cette origine sont ins- quelle elle faisait recueillir les faits
e
crits dans la XVII dynastie; mais il importants de son histoire, du zèie
e
exista synchroniquement une XVII dy- éclairé et persévérant de ses annalistes
nastie de Pharaons qui s'étaient retirés à inscrire ces faits dans les registres dé-
en haute Égypte et vers les cotes de la poses aux archives des temples, à les
mer Rouge , fuyant devant les dépré- graver sur les édifices publics. Les sa-
dations commises par ces étrangers, vants de la Grèce virent tous ces docu-
maîtres de Memphis. L'histoire écrite ments historiuues ; Mauethon les coin-
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ÉGYPTK. Î75
puisa , les traduisit en langue grecque. pour compléter cette faible esquisse
De ces mêmes documents, quelques- d'un si grand sujet , à retracer un pré-
uns subsistent encore, et nous les cis historique des principaux événe-
avons aussi étudiés et traduits dans les ments, intérieurs et extérieurs, qui
idiomes modernes. Une foule de mo- figurent dans les annales égyptiennes,
numents isoles corroborent de leur durant l'intervalle borné entre l'inva-
naïf témoignage les témoignaçes de ces sion de l'Égypte par les Arabes , sous la
mêmes monuments publics la chrono-
: conduite d'Omar second , successeur de
; togie des temps historiques de l'Égypte Mahomet leur prophète, et les plus an-
i est donc fondée sur des certitudes , et ciennes époques mentionnées pour K- I"
nous venons d'en résumer ici l'exposé gypte dans les ouvrages des hommes.
très-conséquent. Nous pouvons donc Pour la première fois on trouvera
dès a présent, essayer de présenter, dans ce précis le résumé des témoigna-
dressé dans Tordre même des temps, un ges que renferment et les écrits authen-
tableau sommaire , un précis historique tiques qui nous sont restésde l'antiquité
des événements politiques ou militai- classique, et les monuments égyptiens
res, de l'état des principales institu- encore subsistants, revêtus de cette
tions publiques de l'origine et de l'épo-
, inaltérable autorité que les siècles ont
que des plus remarquables productions consacrée, et que leur étude impartiale
des arts en Egypte, depuis les temps confirme de plus en plus. Ces monu-
les plus anciens jusqu'à la Un de la do- ments publics, temples ou palais, ontex-
mination romaine en Orient. Tel sera cité au plus haut degré l'admiration de
le sujet du paragraphe suivant de cet tous les hommes qui les ont vus; ils
sont couverts sur toutes leurs parois
de tableaux sculptés et d'inscriptions
S XX. PRÉCIS HISTORIQUE. retraçant en un grave langage les traits
divers de l'histoire des rois qui les éle-
Ona exposé sommairement, dans vèrent aux dieux ou les édifièrent pour
les paragraphes qui précèdent celui-ci, y faire leur demeure et ces sculptures
;
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276 L'UNIVERS.
humain. Le lecteur sait donc déjà que régnèrent sur elle 135 ans, auxquels i
nous prendrons pour guides dans ce faut ajouter le temps des diverses ré
précis historique les listes de Mané- voltes des Égyptiens, qui ne pur
thon et les monuments originaux. tolérer ni la dureté des gouverne
Pour un long intervalle de temps ils établis par les rois de Perse, ni V
se corroborent réciproquement ; quand piété que les conquérants manifestai
on s*enfonce plus avant dans les an- envers les dieux du pays; enfin , les M
ciennes époques , Manéthon est seul cédoniens tinrent le sceptre en Êaypti
car la barbarie a aussi ses antiquités pendant 270 ans. Dans tout le reste d<
dans l'histoire de ses œuvres ; mais temps, le pays n'eut pour souverain!
nous recueillerons religieusement tous que des rois indigènes l'on en compu
:
les indices que pourront fournir, pour 470 et 5 reines, l^es prêtres conser
les anciens temps . les monuments de vaient dans des livres sacres , qui
tout âge , même les plus modestes. transmettaient à leurs successeurs,
Diodorede Sicile a tracé en quelques annales historiques de tous ces rois
lignes un résumé assez exact de l'his- remontant jusqu'aux époques les plus
toire générale de l'Égypte, et il est réculées. On y trouvait consigné que lle
remarquable que ce résumé peut , à avait été la puissance de chacun de ces
quelques différences numériques près, souverains, quel était son caractère,
convenir a notre propre travail à nos , ce qu'il avait fait pendant la durée iU>
propres idées, comme si Diodore avait son règne; mais pour nous, ajoute Dio-
acquis par son voyage en Égypte la dore de Sicile, il serait superflu et trop
science ou la conviction de la concor- long de donner des uns et des autres
dance des monuments avec Manéthon. une histoire séparée qui embrasserai
Et comme pour prévenir toute mé- nécessairement une foule d'objets inu-
prise à ce sujet, Diodore a exactement tiles: nous essayerons donc seulement
séparé la cosmogonie des Égyptiens, d'exposer en abrégé les faits principaux
dans laquelle figurent leurs dieux et et dignes d'être conservés dans la mé-
leurs héros , de leurs annales qui ne moire des hommes. »
s'occupent que des hommes, en un Cette dernière réflexion de Diodore
mot, leur mythologie de leur histoire. ne peut manquer d'exciter quelques re-
e
• Il s'exprime ainsi ( liv. I, 2 partie, grets; malheureusement on n'en est
chap. 44) : « Suivant leur mvthologie, plus, de notre temps, en ce qui con-
quelques Égyptiens prétendent qu'en cerne les annales de l'antique Égypte,
premier lieuses dieux et les héros ré- à la nécessité d'abréger, car "non
gnèrent en Épypte pendant un espace seulement l'ensemble des documents
de temps qu'ils n'estiment pas beau- connus jusqu'à ce jour ne contient rien
coup au-dessous de dix-huit mille ans, de superflu ni de trop long ; il y reste
et que le dernier des dieux qui fut roi au contraire d'immeuses lacunes, et
est Horus, fils d'Isis. les écrivains modernes en sont réduits
« Depuis,pays a été gouverné par
le aux abrégés d'Hérodote, de Manéthon,
deshommesqui régnèrent un peu moins de Diodore, aux abrégés même des
de cinq mille ans, jusqu'à la 180' olym- monuments, puisqu'ils sont tous ou
piade ( 60 ans avant l'ère chrétienne ). mutilés ou détruits.
Parmi cette longue série de souverains, Parmi les documents historiques, le
dont le plus grand nombre était indi- tableau des dynasties égyptiennes est ce-
gène, l'on en trouve à peine quelques- lui qui nous reste le plus entier, du
uns d'origine éthiopienne, perse ou moins par rapport au système général
macédonienne, et l'on compte seule- qui présida à sa rédaction. Cette liste,
ment quatre rois éthiopiens qui n'ont par les noms des rois qui s'y succèdent
pas même
régné de suite, mais de loin dans l'ordre du temps, et par l'indica-
â loin, un peu moins de 36 ans. De- tion du nombre des années du règne de
puis Cambyse, qui soumit par les ar- chaque prince ou de chaque dynastie,
mes la nation égyptienne, les Perses forme une véritable échelle chrbuologi-
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EGYPTE 277
3ue sur laquelle les noms et les faits ont de la table royale du Memnonium de
'avance leur place marquée : suivons Thèbes , table sculptée dans ce temple
ce fil conducteur dans 1 ensemble des durant le règne de Sésostris; imitint
temps et des événements que nous en- en cela tant d'autres rois égyptiens
treprenons de raconter. qui, pour honorer leurs ancêtres par
« Après le règne des demi-dieux, dit un culte ou des offrandes, rappelaient
Alanéthon, et celui des Mânes, vint la d'abord dans ces tableaux historiques
première dynastie , composée de huit leurs plus proches aïeux, et inscrivaient
rois qui régnèrent ensemble pendant toujours Menés en téte de ces listes,
252 ans. Menés fut le premier de ces plus ou moins nombreuses, de leurs
rois il était originaire
: de This; il pères et prédécesseurs. La table royale
porta les armes égyptiennes dans les sculptée dans la chambre des rois du
pays étrangers et se rendit illustre; il palais de Karnac à Thèbes, ne renferme
rut enlevé par un hippopotame, après pas moins de 60 ligures de rois égyp-
un règne de 62 ans. » tiens, accompagnées de leurs noms; ils
Menés, chef de la caste militaire, reçoivent les offrandes et les adorations
opéra heureusement la révolution qui de Thouthmosis III (Mœris), leur suc-
substitua le gouvernement civil à la cesseur vers l'an 1700 avant l'ère chré-
théocratie; il fut revêtu le premier du tienne. Enlin, le célèbre canon chrono-
titre de roi ; et de ce nouvel ordre de logique des dynasties égyptiennes, écrit
choses, sortit le gouvernement royal sur papyrus en caractères hiératiques,
héréditaire. Quoique occupé de con- composé vers le XV
siècle avant notre
quétes-au dehors par la guerre Menés
, ère , appartenant au musée de Tu-
et
(ou plutôt Mknki d';i près les monu- rin , s'ouvre par le nom même du roi
ments ) ne négligea pas les établisse- Ménès, en ces termes Stn Mnei nphr
:
ments delà paix. Il jeta les fondements nnecooulniou.... I*e roi Ménès exerça
de Memphis, prévoyant avec raison les attributions royales. ... années. ( Ma-
que la grande Thèbes ville toute sa-
, nuscrits de ChampoUlon le jeune. )
cerdotale, pourrait demeurer sous des A Ménès succéda son fils Athothis
influences plus puissantes que celles ( Athôth ) , qui fit bâtir le palais des
du gouvernement nouveau. Il fortifia rois à Memphis, cultiva les sciences
et garantit la nouvelle ville par des physiques, écrivit un ouvrage d'anato-
chaussées, redressa le coude du Nil mie, et mourut après 27 ans de règne.
pour le porter plus au midi, fit creu- L'histoire ne mentionne pas de ce
ser un lac pour la défendre au nord prince d'autre action mémorable. Six
et éleva le temple de Phtha, édifice autres lui succédèrent de père en fils :
célèbre a toutes les époques de la mo- Cencènes, qui régna 31 ans; Ouané-
narchie égyptienne. Sous son règne, le phis, dont le règne dura 42 ans, et fut
luxe, jusque-là réservé pour les demeu- marqué par une famine qui désola l'E-
res et le culte des dieux, s'introduisit gypte; Ousaphès et Niébaïs, qui oc-
daus les habitations et les usages des cupèrent le trône sans lustre et sans
hommes; moyen d'un effet puissant gloire, s'il faut en juger par le silence
pour adoucir les mœurs de la nation, des historiens, le premier pendant 20
exciter son génie, la tortiller et l'enri- ans, le second pendant 26; Mempsès
chir; circonstance toutefois qui nuisit (ou Simempsis), qui régna 18 ans,
à la mémoire de Méuès dans l'estime période féconde en grands crimes , et
de la postérité. pendant laquelle une peste cruelle ra-
Les monuments ont cependant con- vagea PÉgypte; enlin, Oubienthis ou
serve le nom du fondateur de la mo- Vibithis qui régna 26 ans, et fut le der-
narchie égyptienne, et c'est à ce titre nier des rois de la première dynastie.
qu'il se trouve inscrit le premier dans La seconde fut composée de neuf
les listes royales qu'on voit gravées princes, d'origine thinite-thébaine,
dans divers temples de l'Ésypte encore comme ceux de la première, et elle ré-
subsistants. Mènes est le premier nom gna en Egypte pendant 297 ans. Le
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278 L'UNIVERS.
premier de ses roîs porta le nom de très-habile en médecine, et c'est pour
Bôchos, et régna 38 ans. Durant ce cela que les Égyptiens le considérè-
règne, un gouffre s'ouvrit auprès de rent comme leur Esculape. On lui at-
Bubaste, et occasionna la mort de plu- tribue aussi l'art de tailler les pierres
sieurs personnes. A Bôchos succéda pour la construction des édifices ; tra-
Choùs qui régna 39 ans et régla le
,
dition incomplète sans doute, puisque
culte des trois animaux sacrés. Apis à Thèbes et Memnhis existaient avant le
Memphis, Menévis à Héliopolis, et le règne de Sésortnos ; et c'est peut-être
bouc à Mendès. plus légitimement qu'on pourrait lui
Biophis, qui régna 47 ans, fut le faire honneur de l'application de la scie
troisième roi de la seconde dynastie. à la coupe des pierres employées dans
C'est à lui que l'histoire fait honneur les édifices, la figure de ce précieux
d'une loi nouvelle en Égypte , celle qui instrument existant sans nul doute sur
appela les femmes à la surcession de les plus anciens monuments de l'E-
l'autorité royale; institution fonda- gypte. Ce fut enfin ce même roi , di-
mentale, propre à tout État où la loi sent les chroniques , qui s'appliqua à
est toute-puissante, le pouvoir pondéré donner aux signes de l'écriture des
pnr l'influence des castes ou les privilé- formes exactes et élégantes; contri-
gesdes corps politiques, et que l'Egypte buant ainsi par ses propres études à
conserva jusqu'aux derniers moments perfectionner les institutions publi-
de son existence sociale. ques, à faciliter dans sa patrie le pro-
L'histoire nomme à peine les trois grès de la civilisation.
successeurs de Biophis, Tlas, Sethi- Les six successeurs de Sésorthos
nès , Chœrès ; elle se borne à dire qu'ils sont nommés dans les annales égyp-
ne firent rien de remarquable; juge- tiennes; mais ils régnèrent sans éclat :
ment dont le laconisme augmente en- Tyris 7 ans, Mésochris 17 ans, Sou-
core la sévérité. phis 16 ans, Tosertasis 19 ans, Acnés
Après eux, Népherehérès régna 25 et Séphuris 72 ans à tous deux , et
ans; et si la tradition recueillie dans Kerphérès 26 ans.
les annales publiques ne cache pas quel* Ce fut cependant par des rois de
ue allusion , il raudra croire que pen- cette dynastie que furent bâties les
3 ant onze jours les eaux du Nil furent pyramides de Sakkarah et de Dah-
mêlées de miel. schour; elles sont pour nous les plus
Le règne suivant, celui de Séso- anciens monuments sortis de la main
chris , qui dura 48 ans , fut marqué des hommes, dans le monde connu.
par un autre prodige : le roi était d'une La quatrième dynastie fut remar-
corpulence extraordinaire; il avait cinq quable par le nombre des princes qui
coudées de haut (2 mètres et demi) et la composèrent et la longue durée de
trois coudées de large. Son succes- leurs règnes. Originaire de Memphis,
seur se nomma Chénérès ; ce nom est elle fournit dix-sept rois qui occupè-
tout ce qui nous reste de son histoire. rent trône pendant 448 ans.
le
e
Il fut le dernier roi de la II dynastie. Le premier de cette liste fut nommé
La troisième dynastie fut originaire 8ouphi.il est mentionné dans les annales
de Memphis ; composée de huit rois, égyptiennes comme un prince impie et
eHe occupa le trône pendant 197 ans. orgueilleux ; revenu toutefois au senti-
Néchérophès en ouvre la liste, et on ment de ses devoirs, il écrivit sur les
attribue 28 ans à son règne. Il fut choses sacrées un livre que les Égyp-
troublé par la guerre : les Libyens at- tiens eurent eu grande estime. Apres
taquèrent l'Égypte ; mais, effravés par un règne de 63 ans, il eut pour pre-
une grandeur en apparence extraordi- mier successeur Sensaouphi, qui ré-
naire de la lune, ils se soumirent
Sia aussi 66 ans, et après celui-ci,
d'eux-mêmes et rentrèrent dans Tor- anchérès, dont le règne fut encore de
dre. Néchérophès eut pour successeur 63 ans. On nomme aussi Sôris, Ra-
bcsorthos, qui régna 29 ans; il fut toeses t Bi< hères > Seberchères et
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KGYPTE 279
mesure qu'on eu approche, et ce n'est mant autant de gradins. Ces deux cent
3u'en touchant les blocs de pierre trois gradins , au-dessus du socle qui
ont elles sont formées, qu'on acquiert les porte, donnent à la pyramide
une idée juste de leur masse et de pour hauteur verticale quatre cent
leur immensité. vingt-huit pieds trois pouces et quel-
Ici lecteur doit attendre la des-
le ques lignes (139 mètres 117 millim.);
cription des pyramides; nous ne par- mais, dans l'état actuel du monument,
lerons toutefois que de la plus grande, on voit que deux assises au moins ont
de celle de Ghize, celle de toutes oui été abattues à son sommet : en tenant
a été la plus étudiée et qui est la plus compte de cette destruction et du so-
connue. cle pris dans le rocher, la hauteur to-
Notre planche 10 donne l'aspect gé- tale et primitive de la grande pyra-
néral des pyramides des environs de mide devait être de quatre cent cin-
Memphis , entre la rive gauche du Nil quante pieds moins quelques pouces ;
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280 L'UNIVERS.
c'est plus de deux fois la hauteur des ainsi liée de toute sa hauteur : aussi
tours de l'église Notre-Dame de Paris. n'a-t-on remarque sur aucun point ni
La base du monument a été mesu- le plus léger écart ni la moindre dé-
rée à la ligne d'encastrement de la gradation.
f>remière assise, et elle a été reconnue Selon des traditions d'époques di-
ongue de sept cent seize ^ieds et demi verses, la grande pyramide aurait été
(232 mètres 747 millimètres) : il en revêtue extérieurement de manière
résulte un volume d'un million quatre 3ue les gradins étaient couverts par
cent quarante-quatre mille six cent es pierres en forme de prisme trian-
soixante-quatre toises cubes, en ne gulaire, qui remplissaient les vides de
tenant pas compte des vides peu con- chaque degré, et la surface de chaque
sidérables qui existent dans l'intérieur. côté de la pyramide était ainsi un plan
Les matériaux d'une si colossale incliné. Tel a été le dire d'Hérodote et
construction furent tirés des carrières de plusieurs autres écrivains qui ont
de Thorrah, sur la rive droite du Nil adopté son avis. Il parait même que
précisément en face de Memphis. Ces des fragments de granit de forme pris-
carrières dé calcaire blanc furent ex- matique, trouvés auprès d'une autre
ploitées du temps des Pharaons, des pyramide , servaient à appuyer cette
Perses , des Ptolémées , des Romains opinion. Mais les difficultés et le dé-
et des Arabes; de nombreuses ins- faut de solidité d'une telle construc-
criptions tracées durant ces époques tion, en ont fait rejeter l'idée par
.
diverses en rendent encore témoi- d'autres écrivains qui ont pensé que
gnage : les derniers voyageurs français le revêtement extérieur de la grande
en Egypte y ont découvert les noms fiyramide consistait seulement dans
d'Auguste, de Ptolémée, d'Achoris; 'emploi d'une pierre plus dure , plus
et deux stèles sculptées dans les deux égale, plus susceptible de recevoir un
carrières les plus vastes de toutes beau poli , que la pierre de la chaîne
leur ont appris que ces deux carrières Libyque, dont on s'est servi pour l'in-
furent ouvertes en l'année 22 du rè- térieur du monument. Enfin , comme
gne d'Amosis, le Pharaon prédéces- ila fallu niveler la plaine pour asseoir
seur de la dix-huitième dynastie, et la pyramide, on pense aussi que le
que les matériaux qui en furent ex- noyau du rocher , plus élevé en appro-
traits furent employés à la réparation chant du centre du monument, a seu-
des temples d'Apis, Phtha et Ammon lement été coupé pour s'ajuster aux
à Memphis. En examinant les pier- pierres du parement. Du reste, rien
res du parement des galeries et de la n'est plus variable que les renseigne-
chambre inférieure de la pyramide, ments sur les pyramides, qui sont con-
on est aussitôt convaincu que ces pier- signés dans les écrits des anciens, soit
res ont été en effet tirées des carrières sur leur origine, leur époque ou leur
de Thorrah et de Messarah , dans destination , soit sur la dépense qu'el-
la petite chaîne arabique nommée au- les occasionnèrent et les motifs qui
jourd'hui le Mokattam. portèrent les rois à les élever. Les
L'emploi de ces matériaux est re- auteurs de ces écrits en ont rapporté
marquable en ce qu'on reconnaît sans tout ce qu'ils pouvaient dire d'un
peine qu'il est difficile d'appareiller monument célèbre qui les frappait
avec plus d'exactitude, d'établir des d'admiration quand ils le visitaient,
lignes plus droites, et des joints plus mais dont ils ignoraient complète-
parfaits que ceux que présente la ment l'histoire, et dont ils ne pou-
construction intérieure de la grande vaient apprendre de leur temps que
pyramide. Chaque pierre des quatre les plus fabuleuses traditions. Les
arêtes est incrustée dans la suivante; écrivains orientaux , venus après les
la pierre inférieure, creusée de deux Grecs et les Latins , n'ont fait qu'en-
pouces, reçoit une saillie égale de la chérir sur leurs douteuses assertions.
pierre supérieure , et chaque arête est Nous n'entreprenons pas de les conci-
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EGYPTE.
lier ; nous ne consignons ici que des qui a dix-sept pieds dix pouces de long
faits recueillis et authentiqués par le sur seize pieds un pouce de large. Elle
concours des plus exactes observations est vide.
et des opinions les plus dignes de con- En retournant à l'entrée du canal
fiance. horizontal on monte dans une nou-
,
gueur. Un gros bloc de granit le ferme dans la ligne du nord au sud; son cou-
exactement vers le coude de jonction vercle n'a pas ete vu. Un vide existe
desdeux canaux , et il a fallu tourner au-dessus ne cette chambre sépulcrale:
cet obstacle en brisant les pierres il n'est élevé que de trois pieds; les
plus tendres qui forment le massif sur pierres qui forment cette enceinte
la droite du canal, et parallèlement à également en granit, sont dressées
sa direction. On entre ainsi dans le se- sans être polies, et celles du plancher,
cond canal ; à son extrémité on se troi ve i qui est le revers du plafond de la
sur un palier, et on a a sa droite l'en- chambre royale, sont brutes et d'une
trée d'un puits profond taillé dans le hauteur inégale; il résulte de ce vide
roc. Là aussi commence un canal ho- un double plafond pour la chambre
rizontal , de dix-neuf toises et demie royale, propre à la préserver des effets
d'étendue. conduit à une chambre
Il de la surcharge supérieure.
qu'on a nommée Chambre de la Reine, Le puits, déjà indiqué à l'entrée
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282 L'UNIVERS.
de horizontale , est en grande
la galerie ses actions et de son antiquité , anté-
partie creusé dans le rocher , dans des rieurs à toutes les traditions de l'his-
dimensions tellement étroites (vingt- toire, et aussi les titres les plus cer- -
deux pouces sur vingt-quatre), qu'un tains et les plus anciens que puisse
homme peut s'y accroupir mais non invoquer le généalogiste des œuvres de
pas s'y courber; c'est cependant un l'intelligencehumaine.
travail de main d'homme , et à une Depuis le voyage scientifique et mili-
grande profondeur qu'on a reconnue taire de l'armée française en Égypte,
jusqu'à deux cents pieds. Des entailles et la publication des observations re-
irregulières pratiquées dans les parois, cueillies sur ce pays, il s'est ouvert à
renuent la descente moins pénible et la civilisation européenne, et de nou-
moins périlleuse. On n'est point par- velles recherches y ont été faiies, qui
venu au fond, mais, dans la partie re- compléteront celles que le commence-
connue , on est descendu jusqu'à cin- ment de ce siècle avait produites. Le
quante pieds au-dessous du niveau sphinx des pyramides a été étudié; le
du ML sable qui l'encombrait momentanément
C'est dans la partie de la chaîne Li- détourné, et il a été reconnu que ses co-
byque qui s'avance à l'est vers la plaine, lossales dimensions avaient permis de
qu'existe la ligure du sphinx ( f'oir pratiquer entrelehautde sesjambes an-
notre planche 60) ; c'est dans une des térieures et son cou , une entrée qu'in-
faces de la coupure de la chaîne qu'il a diquent d'abord les montants d'une
été taillé; il adhère au sol ; et son élé- porte ; elle conduisait à des galeries
vation de quarante pieds au-dessus de souterraines creusées dans le rocher
ce sol, est le témoin et comme la mesure sur une très-grande distance, et en-
de la quantité de pierres enlevée à la lin on se trouvait en communication
superficie pour dresser cette nartie de avec la grande pyramide. Ceci expli
la plaine. La longueur totale du sphinx querait 1° ce que disaient les écrivains
monolithe est de trente-neuf mètres arabes , savoir : qu'il y avait plusieurs
(cent dix-sept pieds); contour de la puits et galeries souterraines dépen-
téte au front, vingt-sept mètres (qua- dants de la grande pyramide; 2" qu'il
tre-vingt un nieds); hauteur depuis le y avait dans la téle du sphinx une ou-
ventre jusqu'au sommet de la tète, verture qui menait à ces galeries et à
dix-sept mètres (cinquante et un pieds). la pyramide; enfin, on comprend pour-
Une excavation de quelques pieds a été quoi on ne pouvait entrer dans la py-
pratiquée sur la tète : elle servait à y ramide par une porte extérieure, "et
fixer lesornements et la coiffure rovale comment les galeries indiquées sur
ou religieuse qui déterminaient f'ex- notre planche étaient extérieureii
pression symbolique de ce sphinx. fermées par des blocs de granit.
A cette description, dont l'exactitude La grande pyramide , comme toutes
fera peut-être excuser la monotonie, les autres qui subsistent dans la basse
nous n'avons à ajouter que quelques Égypte , était un tombeau Le sarco-
j
observations critiques ou historiques phàge royal occupait la chambre sépul-
dans l'intention de lixer l'opinion du lec- crale; la chambre inférieure pouvait 1
teur sur l'objet et l'époque de ces mo- être une chapelle destinée aux cérémo-
numents immuables , destinés dès leur nies périodiques ordonnées envers les
origine à frapper d'une admiration dieux ou envers le défunt, et accomplies
non interrompue toutes les générations par ses successeurs.
d'hommes qui devaient se succéder sur D'après les historiens arabes, on au-
la terre , et à s'offrir à elles envelop- rait autrefois recueilli unegrande quan-
pés d'énigmes, de grandeur et ae tité d'objets précieux dans cette pyra-
souvenirs. Que le génie de l'homme mide, même beaucoup de monnaies
veille religieusement à la conservation d'or. Mais cette tradition est bien nou-
de ces ouvrages merveilleux : ce sont velle pour mériter quelque confiance,
des témoignages de son existence, de et les Arabes sont de trop récente
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ÉGYPTE.
époque en tfgvpte pour avoir appris ce tème graphique n'était pas constitué;
que ne sut aucun des anciens Grecs qui enfin ,
qu'on ignorait encore l'art de
virent ce pays avec la plus attentive « fixer la parole et de parler aux yeux. »
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28-4 L'UNIVERS.
il est avéré qu'il se trouve sur le grand du sol, au milieu des
sphinx une inscription hiéroglyphique Sakkara, mou frère a recueilli
datée du règne de Thouthmosis IV, touche-prénom d'un très - vî
qui précéda Sésostris de plus de deux dont il n'existe pas de mention
cent cinquante années. On sait aussi les tables généalogiques qui remo
qu'on a recueilli dans les tombeaux à l'invasion des Pasteurs ; et à cé
creusés dans le roc au voisinage des py- cartouche-prénom, est placé le
ramides , des noms de rois qui ne se propre du même roi, écrit et
trouvent pas dans In série successive, tères alphabétiques, et qui se
et règne par règne, des dynasties égyp- ou Asso. Mais nous serions
tiennes, à commencer par le premier d'étendre cet exposé au delà des
roi de la dix-septième dynastie , dont le que nous devons lui imposer ici
règne remonte à un peu plus de deux nous fallait énumérer tous les
mille ans avant l'ère chrétienne. Il faut tifs qui peuvent porter le l**<~îeuc
donc, sur l'antiquité des pyramides, considérer, en toute conscience, ]
suivre l'opinion des écrivains natio- pyramides de Sakkara et de Gbsaj
naux qui pouvaient être bien instruits comme les plus anciens ou vraies soi^
par des recherches consciencieuses dans de la main des hommes, coin met
les archives publiques, et laisser avec plus anciens monuments de la terii
Manéthon, la grande py ramide deGhizé et antérieurs a toutes les autres prel
dans le tableau des faits mémorables ves connues de l'antiquité des scieries*
du premier roi de la IV e dynastie. des efforts et des succès de Pinteifi
Il paraît aussi que des tombeaux gence humaine. Celles que la .urand
creuses peu de temps après, pour des pyramide porte en soi , et que de
parents ou des officiers des rois de cette nommes habiles ont développées
époque, offrent déjà des preuves de la les rapports astronomiques et géo
pratique de la peinture, car ces tom- triques, témoignent de l'avancem
beaux en sont décores; et aussi de de égyptienne, dxins
la civilisation
l'écriture, car on y a recueilli des pratique des arts les plus utiles
inscriptions. Enfin, une dernière ob- nommes, à l'époque de rétablisseme
servation nous est suggérée par les de la IV e dynastie des rois hér oxlita/*
monuments, et elle nous semble très- Tes. Souph'i en fut le vingt -sixième
importante : le nom de la ville de depuis Menés.
Memphis , écrit phonétiquement dans Sensaouphi, son successeur, éiei*
les textes hiéroglyphiques, et qui se aussi, pour lui servir de tombeau, une
prononçait Mannbphré ou bien an- M grande pyramide près de celle de Soit-
nouft, a pour caractère déterminatif phi ; Mankherri , troisième roi nuira ,
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ÊGYPTE. 385
quelles circonstances il fut appelé à fois adopté pour les prénoms royaux
remplacer sur le trône d'Égypte l'héri- d'autant de princes qui se succédèrent
tier des deux familles menîphites qui dans cette même dynastie. Ce qui s'est
venaient de l'occuper pendant plus de passé dans les temps modernes fourni-
six siècles. On n'est pas plus instruit rait des exemples analogues , de prati-
sur les événements de son règne , sur ques inspirées par des motifs humains
ses vices ou sur ses vertus; on sait seu- ou religieux.
lement qu'il régna 28 ans. Il eut huit A
la mort du dernier roi de la cin-
successeurs qui régnèrent, savoir Sé- : quième dynastie, une famille nouvelle
phrès 13 ans, Népherchérès 20 , Sisi- parvint au trône nous ignorons par
:
ris 7, Chérès 20, Rathouris 44, Men- quelle voie mais on sait que la ville
;
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L'UNIVERS.
avait fait servir, les eaux du Nil, con- le sontdans l'histoire, qui les entiot m
duites par un canal inconnu, les y noyè- tous les cinq en une seule ligne.
rent tous. N itocris se fit aussi construire Il paraît que cette longue successi
une pyramide pour lui servir de tom- de rois fainéants pendant deux siée
beau. Hérodote ajoute à son récit, que compromit les plus grands intérêt*
cette reine se donna la mort en se pré- l'État, excita les craintes et le patr
cipitant dans une chambre remplie de tisme des principales classes , et La
cendres, échappant ainsi à la ven- la patience de toutes, line famille dq
geance des partisans de ses ennemis. velie, étrangère à Memphis, et ven
La durée du règne de cette femme il- du nome de Hnès, dans l'Ëgypte moytf
lustre est portée à 12 ans dans les ne, le nome Héracléopolite des Grex
listes de Maneihon. Sa figure était, se- monta sur trône, et donna 4 rois q
le
lon les uns, d'une rougeur éclatante; régnèrent cent ans. Le portrait qi
selon d'autres, elle avait le teint jaune Manéthon a tracé du "premier de c
e
et les joues d'un rouge incarnat. Kt si princes (IX dynastie) nous donne l'kj
l'histoire écrite nous a transmis ce d'un homme capable de se faire roi p
fait et cet éloge, c'est sans doute parce son courage et par son caractère |«
que cette rubicondité devait être un se nommait Achthoès; mais, parvee
rare mérite et un avantage très recher- au trône, il se livra à ses inclinât ioi
che dans un climat où la race blanche violentes , tyrannisa ses sujets* et su
qui l'habitait se colorait constamment passa tous ses prédécesseurs qui s'4
d'un rouge cuivré. Les monuments taient fait un renom de cruauté ; enûi
nous montrent sous cet aspect tout le frappé de démence, il fut dévoré pa
nu des ligures d'hommes; les figures un crocodile.
de femmes sont en jaune, et cette cou- I ne autre famille d'Héracléopolis («
leur indique pour elles, par sa teinte occupa le trône après le troisième suc
{)lus douce, 1'etïet des voiles, des om- cesseur d' Achthoès; elle forma la X
>rclles et de la retraite, qui les expo- dynastie, composée de 19 rois, qui ré
saient moins aux effets de l'ardeur du gnèrent moi ns de dix années chacu n , 1 Si
climat. Jl reste toujours que la reine ans seulement tous ensemble. Cette der
N itocris fut considérée par les Égyp- nière donnée n'est point indigne d'at-
tiens comme la plus belle femme 'de tention, car elle révèle hautement dt
son époque. fréquents changements de règne, signes
Les séditions qui se passèrent à Mem- certains de désordres dans l'Etat ou de
e
phis, et qui mirent lin a la VI dynastie, troubles dans la nation. Une famiJJe
après une durée de 203 ans, approchè- nouvelle, et d'une autre origine , suc-
rent du troue et y firent monter, après céda en effet aux deux dynasties d'Hé-
Nitocris , une autre famille memphi- racléopolis.
te; eile fournit 5 rois qui ne régnèrent En résumant les indications numé-
que 75 ans , et composèrent la MI" dy- riques consignées jusqu'ici dans ce
nastie. On ne connaît pas même leurs précis historique, on trouvera que ce
noms; l'obscurité de leur vie royale tableau si succinct des dix premières
est même très-ancienne, car les prêtres dynasties égyptiennes, comprend 90 rè-
égyptiens, malgré leur piété envers gnes successifs, qui embrassent un es-
leurs rois, dirent à Hérodote que les pace de 2i05 années, ce qui donne un
premiers successeurs de N itocris ne terme moyen de 23 ans et quatre mois
nrent d'ailleurs aucune entreprise re- et demi pour chaque règne.
marquable. Memphis fut pendant tout ce temps
Il parlait aussi sans doute de ceux le séjour des familles royales, et cette
qui, au nombre de cinq, formèrent la ville, la capitale civile et militaire de
e
VIII dynastie, également oriijinairesde (*) Dans le tableau qui est à la page 269,
Memphis ; ils régnèrent cent ans en on a imprimé deux fois héfiopolite, au lieu
tout, et disparurent de la terre, ina- de héracléopolite : le lecteur est supplié
perçus vraisemblablement, comme ils de s'en souvenir.
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ÉGYPTE. 287
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28S L*U N V ERS.
du ciel où
se lève , et un grand nom-
il Tyr et de Babylone, qui rut si hoi
bre de figures d'astres, de sphères, pi'talière pour Abraham et Jacob, fi
d'hommes d'animaux. Les hommes
et la fortune de Joseph et en éduquan
,
ne faire qu'ajouter une nouvelle fraî- lité des deux villes capitales. Depuis
cheur Il y a quelques-unes de ces l'établissement du pouvoir monarchi-
figures que Ton a représentées tenant que civil, aucune famille purement
dans la main une espèce de cylindre thebaine n'avait occupé le trône ; Mem-
d'un empan de diamètre, qui parait phis et ses environs, pays nouveau
être un volume... La beauté du visage relativement à la Thébaïde, avaient
de ces statues, et la justesse de pro- au contraire donné sept dynasties sur
portion qu'on y remarque, sont ce que les dix qui s'étaient élevées depuis fa
l'art des hommes peut faire de plus même époque ; Thèbes et la caste sa-
excellent, et ce qu'une substance telle cerdotale n'avaient pas renonce libre-
que la pierre peut recevoir de plus ment à leur ancienne influence , et
parfait. Il n'y manque que l'imitation devaient s'efforcer de la ressaisir :
des chairs et du sang... J'ai vu deux tout changement était favorable à ces
lions placés en face l'un de l'autre, à graves desseins, mOris dans le si-
peu de distance; leur aspect inspirait lence du sanctuaire, et favorisés par
la terreur. On avait su , malgré leur l'opinion d'une vaste cité presque des-
grandeur colossale et infiniment au- cendue au second rang, après avoir si
dessus de la nature, leur conserver longtemps occupé, seule, le premier.
toute la vérité des formes et des pro- Elle réussit enfin à réaliser ses désirs;
portions; ils ont été brisés et couverts et , après un veuvage du trône qui du-
de terre. * ( Abdallatif traduit de
, rait depuis près de deux mille ans , elle
Carabe en français , par M. le baron l'occupa de nouveau par une de ses
de Sacy.) familles qui donna un assez grand
Il est douteux que les monuments nombre de rois. On le porte jusqu'à
décrits par Abdallatif remontent par 17 , quoique l'ensemble de leurs règnes
leur antiquité aux premiers temps de n'ait embrassé que 69 ans. Ce résultat
l'existence de Memphis; trop d'infor- extraordinaire fait penser que îles évé-
tunes alors avaient frappé cette ville nements qui le furent aussi , suivirent
célébrée dans les annales de tous les ce changement de dynastie ; dans les
peuples policés de l'Orient, rivale de temps des discordes civiles, des riva-
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I
ÉGYPTE. 289
Citésdes provinces et des villes princi- nomment ensuite pour %• roi de cette
pales, surtout dans les États forte- dynastie, un Sésostris, qui régna 48
ment organisés, où les classes de la ans , et qui serait , si les textes sont
population sont intimement agglomé- fidèles Sésostris l'ancien, souvent con-
.
rées par l'influence de la loi , de leurs fondu , par l'analogie de leurs grandes
trovances ou de leurs préjugés, les divi- actions, avec le prince de même nom de
e
faoiis s'opèrent par grandes masses; la XVIII dynastie. On donne à Sésos-
chacune d élies se considère comme la tris l'ancien une taille colossale; on
plus puissante, comme le centre na- dit qu'il conquit toute l'Asie dans l'es-
tional , fait des lois ou exalte des chefs pace de neuf années , et qu'il pénétra
que les autres s'empressent d'abolir; même en Europe par la Tnrace , lais-
et, après un petit laps de temps, le sant partout , inscrits sur des colonnes
pays, rentré sous l'autorité des lois de pierre, les souvenirs de ses vic-
légitimes, apprend qu'il a été gou- toires. Labarès succéda à ce Sésostris;
verné par une foule de souverains éphé- et c'est à ce prince qu'on attribue la
mères dont il n'a pas même connu les construction du célèbre labyrinthe
noms. (appelé labarinthe par les anciens
Tels furent peut-être les 16 pre- écrivains français), (suprà, page 36);
miers rois de la XI e dynastie égyp- Labarès et ses deux successeurs , Am-
tienne, dont les règnes ne durèrent mérès et Amménémès , régnèrent cha-
que 43 ans , moins de 31 mois cha- cun 8 ans ; une femme , Scenniophrès,
cun, et dont les annalistes de l'Egypte sœur du dernier Amménémès , lui
n'ont pas pris la peine de conserver les succéda , mais ne régna que durant
I noms. Ces annalistes ont fait plus pour quatre années.
leur successeur : ils nous apprennent Malgré les incertitudes qui existent
qu'il se nommait Amménémès, et qu'il sur le nom et les actions de ce pre-
reiina pendant 16 ans. mier Sésostris , il est cependant avéré
Ce laps de temps put permettre à ce qu'a cette époque les arts s'étaient dé-
prince de rétablir l'ordre en Egypte et veloppés en Égypte ; que cette monar-
de se distinguer par quelques services chie était puissante ; que de beaux et
n'iinalés: car c'est, dans l'histoire égyp- vastes édifices, enrichis par la pein-
tienne un fait constant et oui se re-
, ture et la sculpture , ornaient ses villes
nouvelle à toutes les périodes de sa principales; que les rois de cette épo-
durée, que les événements les plus que, notamment Sésochris, Améné-
mémorables, l'élévation des plus grands mès et Aménémôph, firent avec succès
édifices l'origine des institutions les
. de grandes entreprises militaires au
plus utiles , et toutes les actions il- dehors; enfin on a reconnu, dans les
lustres appartiennent à des règnes ruines des plus anciens monuments
''ont la longue durée s'étendit au delà de Thèbes , où sont employés
ils
du terme commun à tous les autres comme matériaux
de construction
règnes. Les trois rois qui succédèrent des débris d'édifices portant, sculpté,
e
à Amménémès en fournissent une nou- le nom d'un des rois de cette XII dy-
velle preuve; chacun d'eux régna près nastie. Dès cette même époque, en
de 40 ans ; et les temps de la gran- effet , et quelque reculée qu'elle soit en
deur et de la prospérité de l'Egypte se arrière des origines de nos annales occi-
renouvelèrent sous leurs règnes. dentales , les monuments contempo-
e
Ils appartiennent à la XII dynas- rains, où sont inscrits les noms de ces
tie, originaire aussi de Thèhes. &ésô- vieux rois , surgissent des entrailles de
hris, jfils d' Amménémès, en fut le
(1
la terre, et viennent, de leur antique
premier roi ; il régna 46 ans. Un autre autorité, corroborer et mettre hors
Amménémès, ou Amménémôph, suc- des atteintes du doute, les monuments
céda à Sésochris, et occupa le trône des temps postérieurs où ces mêmes
pendant 38 ans; il périt assassiné par rois sont inscrits par les mêmes noms
ses eunuques. Les listes de Manéthon et pour les mêmes époques ; succes-
e 19
19 Livraison. (Égypte.)
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200 L'UN IV ERS.
êion admirable de témoignages origi- dynasties qui succédèrent à la
naux en faveur de l'identité des hom- Celle-ci eut plusieurs rois , on
mes , des temps et des événements. connaît pas exactement le nombre
Tous les textes des listes de Mané- régnèrent pendant 250 ans. i On
thon s'accordent à donner soixante rois aussi ce qui se passa pendant
e
à la XIII dynastie et à fixer la durée
, règne , et il dut être calme et nu
de leurs règnes réunis a 453 ans. Mais puisque l'histoire n'en a recuei
les abréviateurs de ces antiques an- cun événement digne d'être tr
nales ont négligé de nous conserver l'avenir.
les noms des rois de cette troisième Il est très-vraisemblable que la
famille thébaine; il paraît toutefois supérieure de la table hi
que l'obscurité de leurs actions a jus- généalogique d'Aydos (voy- pli
tement enveloppé à jamais leur nom contient, rangés de la gauche
et leur vie. Diodore de Sicile a dit de droite, les cartouches- prénoms
uelques autres souverains égyptiens rois de cette XVe
dynastie : Vexa
alement demeurés inconnus « Ces : attentif de ce précieux monument, t
rois vécurent tous dans une profonde comparaison avec d'autres docum
oisiveté, et ne s'occupèrent que de semblables qui ont permis de le co
leurs plaisirs. Aussi, les chroniques ter en partie, ont fait reconnaître erî
sacrées ne nous transmettent sur leur fet que la ligne intermédiaire se t<
compte le souvenir d'aucun monument nait à droite , quand le ba.s-relief
magnifique , ni d'aucune action digne entier, par la suite des noms des rû
de trouver place dans L'histoire. » Mais îccessiw
de la XVII' dynastie, et successiw
il est vraisemblable que l'Égypte jouit, ment par ceux des rois de la XV*
pendant cette longue succession de qu'ainsi la série des rois de 1la XV
i
y eut quelque honneur à fournir une les listes qui en furent extraites pa»
longue série d'hommes inconnus, quoi- ses abréviateurs qui nous les ont con-
que devenus rois ; car on ne retrouve servées, entrent déjà en communauté
plus, dans les annales écrites, ni leurs de témoignages pour l'histoire, avec
noms ni le plus fugitif souvenir des
, les monuments des arts ; double et pré-
actions de leur vie ou de leur règne : cieux avantage peu commun dans les
misérable condition pour des êtres hu- annales de l'antiquité, même pour Ie5
mains , que d'être élevés par le hasard temps bien postérieurs à l'époque égyp-
au premier rang, pour s'y dissiper tienne où nous sommes parvenus.
comme de vains fantômes privés de En supposant comme des analo-
,
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ÉGYPTE. 291
orne , et qui en feraient l'un des plus constructions, si toutefois elles ont
magnifiques édifices de la magnifique jamais existé ; et jusqu'ici on n'a pas
Thèbes. On v avait représenté les été plus favorisé a l'égard des monu-
campagnes de ce roi contre les Bac- ments originaux de la XV* dynastie;
triens le siège d'une ville défendue
, on en connaît bien peu qui puissent lui
de tous côtés par une rivière, le roi être attribués avec toute certitude.
combattant lui-même du haut de son Un de ses rois est cependant nommé
char, et secondé par son lion appri- dans le tombeau du prêtre Othoès
voisé ; enfin toutes les circonstances creusé auprès des grandes pyramides ;
d'une grande campagne heureusement Othoès étant au service personnel de
entreprise par une armée de quatre ce roi , dont le nom se trouve aussi
cent mille hommes, conduite par un rappelé dans la table royale du temple
chef valeureux ; à la suite des salles de Karnac : c'est le quatrième cartouche
19.
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L'UNIVERS.
de la première rangée inférieure , sur rables actions , sont également pam
la partie droite du temple. nus jusqu a nous , et , comme l'oh
Ces* souvenirs historiques de la XV e
lisque d Héliopolis, doivent servir
dynastie nous rapprochent de la grande faire placer au rang des princes »
sen , l'un des derniers de cette dynas- lue nom du roi se lit aussi sur des nu
tie, fut aussi un prince illustre, et numents de plus petite proportion
que son règne dura près d'un demi des scarabées , des figurines : mai
siècle, circonstance favorable aux bons cette série de témoignages, malgr
vouloirs de la fortune et à la fécon- leur intérêt évident, n'est plus qu'u
dité du génie. Osortasen éleva l'obé- utile accessoire du monument princi
lisque qui est encore debout à Hélio- pal qui nous reste de ce règne et d
polis (voy. pl. 74). Son prénom royal ce roi.
(le cartouche supérieur) et son nom Les ruines de l'antique ville égyp
propre (le cartouche au-dessous du tienne deBéhéni, aujourd'hui occupée
premier) se lisent sur les quatre faces par le village arabe de Ouadi-Halînh
de l'obélisque, et font partie des quatre en Nubie près de la seconde cataraet
,
nom est écrit Osortsn. Nous avons sen fit édifier un temple en l'honnem
dit plus haut (page 274) comment il de grande divinité de l'Egypte, d<
la
nous semble que peut s'expliquer l'exis- Ilorammon, ou Ammon générateur
tence actuelle de ce précieux monu- Cette antique origine donnait au*
ment élevé par un roi qui régna avant ruines de ce temple une importance
l'invasion et les affreux ravages des sans égale; Champollion le jeune les
Hyksos. fouilla religieusement; il reconnut que
D'autres monuments originaux , con- les murs qui subsistent ont été cons-
temporains de ce môme roi , datés des truits en grandes briques crues; que
années de son règne, consacrés à sa l'intérieur était soutenu par des piliers
mémoire, ou rappelant ses mémo- ou des colonnes en grès , ouvrages du
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, ,
ÉGYPTE. 293
dans ses mains. C'est la représentation cien, campant sous la tente, dans de
en style religieux, de la conquête de la gras pâturages avec leurs troupeaux,
Nubie par Osortasen qui fit ainsi ren-
, Bédouins primitifs pieux et hospita-
trer sous le joug les peuplades révoltées liers, les Hébreux connaissaient les ri-
* _f_
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294 L'UNIVERS.
choses en Égypte : une barbarie farou- courbée sous leur joug sanguinaire et
che y remplaça l'habitude des lois, et dévastateur, sont désignés par Mané-
la civilisation de l'Egypte aurait été thon sous le nom de Hyksos; on les
entièrement détruite, si elle avait re- appelle dans notre langue les Pasteurs,
posé sur de débiles fondements; mais et l'usage a accrédité cette dénomina-
elle résista à deux siècles et demi tion. Leur origine n'est pas connue
d'inouïes calamités. Laissons parler avec certitude; Josèphe, pour exalter
Manéthon. les antiquités de sa nation, les consi-
« Sous le règne de Timaos Dieu fut , dère comme des Juifs, et il en conclut
irrité , on ignore pourquoi et des hom- , que les ancêtres de sa race ont ainsi
mes de race ignoble, venant à l'impro- régné sur TÉçypte, en brigands ar-
\iste des régions orientales , envahirent mes il est vrai , mais Josèphe ne ré-
JEgypte, pénétrèrent dans la contrée Iiudie pas ces souvenirs. D'après ce que
et s'en emparèrent en peu de temps, es monuments nous apprennent de
presque sans combat; ils opprimèrent ces hordes incuites et farouches, on
les chefs du pays, brûlèrent les villes voit qu'elles appartenaient, par leur
avec fureur, et* renversèrent les tem- constitution physique, à la race blan-
ples des dieux. Ils se conduisirent en che, que les individus étaient en géné-
ennemis cruels contre les habitants de ral d une taille haute et grêle; on a
l'Égypte, réduisirent en esclavage une cru y retrouver les traits principaux
partie des femmes et des enfants; et, de la race scythique, et l'on sait que
ce qui mit le comble aux malheurs de ses incursions armées sur les pays ri-
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ÉG YPÏE. 295
ches , parce qu'ils étaient civilisés , da- dre , et des grands édifices de l'Égypte,
tent (Tune très-haute antiquité dans aucun ne fut épargné.
l'histoire de l'Asie. Il paraît qu ils pénétrèrent jusqu'à
Après la mort de Timaos (nommé la cataracte de Syène, limite méridio-
aussi Concharis), les principales fa- nale de l'Égypte; car jusque-là les deux
milles du pays, fuyant devant l'en- rives du Nil, sur toute la longueur de
nemi, se retirèrent dans la haute la vallée, sont également dépourvues
Égypte, en Nubie, au-dessus de la de traces de monuments antérieurs à
firemière cataracte, et sur les cotes de l'autorité des Pasteurs ou Hyksos.
a mer Rouge où l'Égypte possédait Mais dès que la prévoyance de leur
d'importants établissements. Timaos premier roi Salathis eut fait du lieu
eut des successeurs tirés du sang nommé Aouaris , dans la basse Égypte
royal, légalement revêtus, par droit un camp retranché ou une enceinte for-
d'nérédite, de la souveraineté, mais tifiée, qui devint Je séjour habituel de
qui d'abord n'eurent vraisemblable- l'armée, le chef de ces hordes dut se
ment que peu d'occasions de l'exercer tenir à leur portée, pour les visiter
avec avantage. Ils s'établirent dans la fréquemment, comme le dit Mané-
haute Égypte. thon; car sur cette armée reposait
Il y eut donc alors deux royaumes réellement son pouvoir. Le lieu qu'elle
en Égypte et deux autorités contem- occupait assurait naturellement la dé-
poraines et rivales: les Pharaons, sou- fense de l'Égypte, qui était exposée,
verains légitimes, résidant dans la paj* le chemin que ces conquérants ve-
haute Égypte; et les Pasteurs, bar- naient de faire, aux entreprises des
bares conquérants, occupant Mem- grandes monarchies de l'Asie, dès
phis, la moyenne et la basse Égypte. longtemps les rivales de l'Égypte.
C'est ainsi que la XVII* dynastie égyp- L'année à Aouaris et le gouvernement
tienne se compose de deux listes de rois à Memphis, Saiathis gardait tout à la
oui furent contemporains, et dont fois les avenues de l'Égypte à l'est et
1 existence, à peu près d'une durée au nord, et surveillait lé midi, qui ne
égale, est un synchronisme historique devait pas lui donner de craintes fon-
incontestable, quoique fondé sur des dées , quoique les Pharaons s'y fussent
preuves différentes; car les textes réfugies.
écrits ont conservé l'histoire des Pas- Les successeurs de Timaos surent en
teurs , et les monuments des arts celle effet se maintenir dans la Thébaïde, et
des Pharaons : la barbarie n'écrit ses les autres dépendances de l'Égypte sous-
annales sur les édifices qu'en les dé- traites à l'occupation des Hyksos; les
truisant par le fer et la flamme. Pharaons ne purent toutefois y exercer
Les Pasteurs s'y appliquèrent avec qu'une autorité très-précaire, et pres-
un déplorable succès, et de tous les que nominale; ils songèrent d'abord à
monuments élevés en Égypte avant maintenir leurs droits par ces droits
leur invasion, il en reste a peine un eux-mêmes, par la fidélité de leurs ser-
seul encore entier, tout le reste a été viteurs les plus dévoués, par l'adhésion
détruit, et il a fallu, singulière desti- aussi de la population tout entière,
née une nouvelle série de catastrophes
! des castes supérieures surtout, dont
et de destructions, pour qu'il nous ait tous les intérêts avaient péri du même
été donné de rencontrer dans les rui- coup qui avait frappé à mort le der-
nes des monuments élevés sur le sol de nier roi de la XVI e dynastie.
Thèbes et de Memphis par les grands On ne peut s'empêcher de remar-
rois de la XVI1P dynastie, les ruines quer, avec quelque surprise, que, de
toutes historiques des monuments tous les abréviateurs de Manéthon qui
élevés par les ancêtres de ces grands ont copié ses listes des dynasties et des
rois avant l'invasion des Pasteurs : rois, aucun n'a inscrit, pour la XVII*
Juifs ou Scythes, ils détruisirent tout dynastie, les noms des souverains de
ce que leur fureur aveugle put attein- droit, des Pharaons; que tous, au
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<
296 L'UNIVERS.
contraire, portant à six le nombre des l'un et l'autre de la XVIIe dynastù
règnes de cette dynastie, y ont inscrit sont mentionnés dans les înscriptioi
les noms des rois Pasteurs occupant de ce monument. D'autres stèles po(
l'Égvpte de fait en l'accablant de cala- tent des dates de la 3% de la 14
mites, et qu'ils ont ainsi abandonné à de la 19 e , et de la 29* année du régi
l'oubli les noms et les actions des sou- de cet Aménemdjôm, qui est le 1
verains de la race égyptienne, qui ne de ce nom. A Beni-Hassan-el-Q<
cessèrent de lutter contre les barba- la légende entière du même roi
res , et qui , après deux siècles et demi trouve deux fois dans les
de combats, purgèrent enfin le sol de du tombeau de Névôth, avec lâ
la patrie de ces immondes vainqueurs. de l'an 9 de son règne; enfin on vo
La surprise que cette remarque a fait au musée de Genève une autre stè
naître cessera en se rappelant l'origine qui est relative à une campagne entr
de ces abréviateurs de Manéthon et de prise par ce même roi, en Pan 19 i
leurs listes. Le plus ancien de tous est son règne, contre les Éthiopiens. D
le Juif Josèphe; il considérait les Pas- les antiques époques, les ennemis h
teurs comme les ancêtres de sa nation ; plus menaçants pour l'Égvpte furei
il les inscrivit de préférence dans sa a ses frontières du midi : a" chaque r
liste des rois d'Rpypte; il en rejeta les gne, on voit se renouveler les tent
Pharaons, les véritables rois; et les tives pour les repousser ou les cont
chroniqueurs venus après Josèphe ont nir ; Aménemdjôm II eut aussi i
que sous des formes propres à entre- cription le roi Osortasen, fils du n
:
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EGYPTE. 297
titre de fils de roi. C'est dans la Nubie table d'Abvdos comme dans celle de
principalement que les souvenirs d'O- Karnac , sûr une stèle funéraire de la
sortasen III se sont conservés sur les bibliothèque royale, un amulette en
monuments. Dans le temple de Sein né, terre émaillée de la galerie de Flo-
au-dessus de la seconde cataracte, la rence, et une autre stèle où se lit la
légende de ce Pharaon est sculptée dans date de l'an 25 de ce roi. D'autres mo-
le sanctuaire, et les tableaux qui or- numents encore , revêtus du plus haut
nent ce lieu représentent le roi adoré caractère historique, concourent à
en mêmetemps que le Nil; ce qui a compléter ces données sur cet ancien
fait supposer, non sans vraisemblan- Pharaon , et ne permettent pas de dou-
ce, que ce souverain était le roi Nilus ter qu'il ne fût resté le maître des pos-
des nistoriens; on le voit, en effet, sessions égyptiennes en Arabie. De
adoré comme une divinité, et placé riches mines de cuivre existaient à El-
parmi les dieux, dans une des stèles Magarah, dans cette province; Sa-
sculptées à Masehakit, lieu situé au bout-el-Kadim y était également si-
sud d'Ibsamboul. Dans le même temple tué ; et l'on a retrouvé dans ces deux
de Semné, le roi îVlœris, de la XVIII e lieux des stèles sculptées sur les ro-
dynastie, rend ses hommages au dieu chers mêmes , et qui portent des dates
Nil et à Osortasen III en même temps. des années 3, 31 , 41, 42 et 44 du
Un autre bas-relief du même temple règne d'Amènemdjôm III.
représente ce même roi portant les On ne connaît de son successeur,
titres Le fils du soleil qui l'aime f
: après son prénom royal inscrit à son
Osortasen vivificateur, et figuré en rang dans les tables royales d'Abvdos
pied, revêtu du costume d'Osiris, et et de Karnac, que quelques monu-
assis dans un naos sur la barque du ments isolés, sur lesquels ce même
soleil; enfin une inscription du même prénom est figuré, deux scarabées, et
temple prouve que cet édifice fut dédié une stèle funéraire qui existe à Paris.
au dieu Nil et au roi Osortasen divi- Mais aucun d'eux ne nous donne ni
nisé , circonstances plus que suffisantes le nom que porta ce roi ni la durée
,
pour que cette communauté d'adora- de son règne; espérons dans les monu-
tions et d'hommages ait établi une ments pour faire cesser notre igno-
communauté de dénomination entre le rance.
dieu et le roi. Ce prince n'a pas été Le sixième roi de la XVII e dynas-
oublié dans la table royale de Karnac tie se nomma Ahmôs(le fils du dieu
à Thèbes; on y lit son nom au rang Lime), dont les Grecs ont fait Amosis;
?|ui lui était assigné. On ignore quelle son prénom signifiait le soleil sei-
ut la durée de son règne. gneur de la vigilance. Avant de dire
Le successeur d'Osortasen III fut comment il justifia ce beau titre, et
e
un autre Amènemdjôm, de ce le III accomplit les devoirs qu'il lui imposait
nom; et si nous avons oublié de le envers sa patrie, revenons aux Pas-
faire, c'est à l'occasion des princes teurs que nous avons laissés maîtres
oui viennent d'être nommés que nous ,
de Memphis, soumettant toute la con-
devons rappeler l'usage adopté de toute trée à leur brutale autorité , et régula-
antiquité en Égypte , et dont les monu- risant en quelque sorte l'odieux exer-
ments égyptiens <lv tous les temps cice de leur pouvoir, en déférant à
fournissent des exemples , celui de l'un de leurs chefs , à Salathts , le titre
donner habituellement le nom du de roi.
grand-père au petit-fils; c'est pour ce Tout ce que nous savons de ses suc-
motif sans doute que les Osortasen et cesseurs dans la lignée des barbares
les Amènemdjôm se succèdent si régu- c'est leurs noms et la durée de leurs
lièrement dans la liste des princes de règnes , grâce à la vaniteuse attention
e
la XVI* et de la XVII dynastie. Le de .fosèphe pour ces étrangers qu'il
prénom d' Amènemdjôm III se trouve voulait bien considérer comme ses an-
sur beaucoup de monuments : dans la cêtres en Israël. 11 nous en donne cette
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298 L'UNIVERS
liste après Salathis qui régna 19 ans,
: torien, qu'en effet c'est à l'état de
les Pasteurs eurent pour chefs Boeon captif qu'on avait figuré ces étrangers
44 ans; Apachnas, 36 ans 7 mois; sur les temples des dieux en Égypte:
Apophis,61ans; Anan,50ans mois; 1 l'étude des monuments confirme plei-
Assès ou Assèth 49 ans 2 mois total
, ; nement l'assertion de Manéthon ; la
pour le règne des 6 rois pasteurs , 2Ô9 figure des Pasteurs enchaînés y fut
ans 10 mois. très -fréquemment reproduite par la
On ne doit chercher ni dans les ma- peinture et la sculpture c'était une
:
les classes, lis n'édifièrent rien; l'écri- les femmes et les hommes trouvaient
ture sacrée ne pouvait pas conserver partout cette leçon sous leurs yeux.
leurs noms sur le frontispice des tem- Ce fut aussi durant le règne de ces
ples, ils rejetèrent la religion natio- étrangers que Joseph , fils du patriar-
nale; ui sur les palais, ils habitaient che Jacob, parut en Égypte , d'abord
les camps et détruisaient les cités. Ils comme esclave acheté par un des prin-
permettaient la culture des champs, cipaux ofliciers du roi , et successive-
afin d'en tirer des tributs onéreux au ment comme intendant de la maison
peuple asservi, mais suffisants pour de cet otticier; ensuite condamné aux
l'entretien de l'armée, les besoins des fers comme ravisseur; plus tard, ho-
chefs, et les exigences de la guerre. noré comme devin interprète des
C'est donc un fait d'une grande singu- songes , et enfin premier ministre et
larité, que le nom d'un des rois pas- favori du roi.
teurs se trouve dans un texte égyp- D'après le texte de la Bible , gui con-
tien, écrit à la gloire d'un des Pharaons, tient la naïve narration de la vie ou de
proche descendant de celui qui les la légende de Joseph , les marchands
chassa; le nom d'Apophis , tracé dans ismaélites qui l'avaient acheté de ses
le cartouche consacré , et précédé du malheureux frères, l'emmenèrent en
cartouche- prénom dont le premier Égypte, et le vendirent à un Égyptien
signe est aussi le disque du soleil , se nommé Putiphar. Ce nom, ramené à
trouve dans un manuscrit en écriture sa véritable orthographe, Pétéphré ,
hiératique, relatif au règne et aux vic- est en effet un nom égyptien qui si-
toires de Sésostris. gnifie celui qui appartient à Phré ( le
Josèphe convient que tous ces rois dieu soleil) , et il est analogue à d'au-
nouveaux ne cessèrent de ravager le tres noms égyptiens, tirés aussi de
pays par leurs incursions et leurs pil- ceux de divinités , telsque Pet-Ammon
lages, s'efforçant avec persévérance de et Pet-Isis. On sait comment, par la
détruire la râce égyptienne tout en- malice de la femme de Pétéphré, Jo-
tière. Il avoue aussi que la première syl- seph investi d'abord dé la confiance
,
labe du mot Hyksos par lequel on les dé- entière de ce chef des troupes égvp-
signait, exprime, en langue égyptienne, tiennes , fut bientôt après jeté dans
l'idée de captif; et la venté de cette éty- une prison , où , comme par l'effet
mologie (*) indique, sans nul doute, que d'une certaine prédestination au gou-
cette dénomination , modifiée par Josè- vernement des hommes, le geôlier lui
phe en celle de Pasteur, leur fut donnée remit une partie de son autorité et la
par les Égyptiens. Manethon, à qui l'his- surveillance de tous les autres prison-
torien des Juifs emprunte ces curieuses nier>. Parmi eux se trouvaient le pan-
données, ajoute, selon le même his- netier et le sommelier du roi : ils
eurent des songes, Joseph les expli-
(*) ?HK > en égyptien ,
signifie, en effet,
qua , et les prédictions de Joseph se
lié, attaché, captif. réalisèrent.
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ÉGYPTE. 399
Deux années après , le roi d'Égypte du règne d' Apophis l'élévation de Jo-
eut aussi des songes, que ses devins seph au gouvernement de l'Égypte.
ni les savants du roi n'expliquèrent Les dates historiques , tirées des mo-
pas. Sur Favis du pannetier, qui avait numents originaux précédemment ex-
été réintégré dans sa charge, comme posés nous paraissent convenir avec
,
fut tiré de la prison; et, après lui au lecteur de le rendre juge de ce sen-
avoir coupé les cheveux et changé d'ha- timent.
bit, on le conduisit auprès du roi. Jo- Selon le tableau des dynasties égyp-
seph expliqua ses songes , et n'épargna tiennes , qui se trouve a la page 269
pas au Pharaon de sages conseils : « Il de ce précis, la 17* année du règne
faut , lui dit-il , que le roi donne à un d'Apophis répondait à l'an 1967 avant
homme habile et probe l'administration l'ère chrétienne : Joseph était alors
du territoire de l'Égypte; que ses dé- âgé de 30 ans ; si à ce dernier nom-
,
légués dans toutes les" provinces lèvent bre, on ajoute 91 ans pour l'âge de Ja-
pendant les sept années de fertilité qui cob à la naissance de Joseph , 60 ans
vont se succéder, un cinquième des pour l'âge d'Isaac à la naissance de
récoltes; que ces approvisionnements Jacob, et les 25 ans dont la venue
soient fermés dans les greniers publics d'Abraham en Égypte précéda la nais-
et qu'ils y restent, dans toutes les sance d'Isaac, on aura un total de
villes , sous l'autorité royale : on pré- 206 années qui, ajoutées à l'an 1967
e
parera ainsi les ressources nécessaires 3ui réuondaità la 17 année d'Apophis
contre les sept années de stérilité qui e la XVir dynastie, donnent l'année
doivent frapper l'Égypte. » Ce conseil 2173. Or, cette année 2173 , d'après le
plut au Pharaon ; et ce roi fut assez même tableau précité , appartient à la
Heureusement inspiré pour confier XVI e dynastie égyptienne; et c'est en
l'exécution de ce sage dessein à l'homme effet durant le règne de cette même
qui l'avait conçu. Il donna à Joseph dynastie que nous avons déjà indiqué
1administration supérieurede l'Égypte; (nage 293) la venue d'Abraham en
lui remit l'anneau royal , le revêtit de Égypte : les temps de Joseph, premier
la tunique de byssus, et du collier ministre du Pasteur Apophis, s'ac-
d'or; changea son nom hébreu en ce- cordent ainsi très-bien avec les temps
lui de sauveur du monde , selon la lan- d'Abraham et avec l'ordre générale-
gue égyptienne ; le présenta au peuple ment reconnu des dynasties d'Égypte
assis a ses côtés dans son char royal pour les époques qui précédèrent* son
et le maria avec la fille d'un prêtre invasion.
d'Héliopoiis, nommée Asséneth, autre Il en est de même pour les temps
nom égyptien d'une étymologie très- oui la suivirent; aux sept années de
régulière. Joseph , qui était d'une belle fertilitésuccéda, en Egypte et dans
figure et d'une physionomie agréable les contrées voisines, une famine gé-
avait 30 ans quand il fut conduit au- nérale. Les frères de Joseph se ren-
près du roi : il se passa à peine un jour dirent en Egypte pour acheter des
entre son abjecte prison et son élé- grains; la seconde année de la famine,
vation à la plus éclatante fortune. ils amenèrent Jacob auprès de leur
Les écrivains grecs, commentateurs frère qui s'était fait connaître; et 17
de la Bible , et parmi eux les plus sa- ans après Jacob mourut ; Joseph
vants , reconnaissent unanimement comptait alors la 56' année de son
que les malheurs et le triomphe de âge, et Apophis la 43 e de son rèpe.
Joseph en Egvpte se passèrent pen- Ce roi parvint jusqu'à la 61"; et, a sa
dant le règne du roi Apophis, le qua- mort, l'an 1922 avant J. C, Joseph
e
trième de la XVII dynastie, de celle était âgé de 74 ans. Or , qu'on pro-
des Pasteurs, qui avaient fait de Mem- longe sa vie jusqu'à 110 ans, comme
phis le lieu de la résidence royale- Ces le disent les écrivains bibliques, ou
mêmes écrivains lisent à la 17 e année qu'on lui donne âge d'homme comme
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300 L'UNIVERS
à tous les hommes ses contemporains aux Pasteurs une guerre continuelle
dans l'histoire , le règne des deux rois et poussée avec vigueur ; qu'après de
pasteurs qui succédèrent à Apophis longs efforts, un de ces Pharaons, à
dépassera toujours de près d'un siècle force de succès , réussit à expulser
la durée de la vie de Joseph ; et, dans ces étrangers des divers points de l'E-
ces mêmes supputations , Joseph aura gypte qu'ils occupaient , et à les enfer-
pu voir les petits - fils de ses fils mer dans leur ville ou camp retranché
Éphraïm et Manassès ; enfin , de la d'Aouaris, dont il entreprit de faire le
mort de Joseph jusqu'à l'Exode, ou la siège.
sortie des Hébreux de l'Egypte sous Ce Pharaon fut Ahmosis ; ses cam-
la conduite de Moïse, la suïte des an- pagnes contre Pasteurs furent pé-
les
nées suffira pour placer dans un ordre nibles et multipliées. L'inscription fu-
régulier de succession tous les événe- néraire d'un de ses officiers de marine
ments que la Bible raconte à la suite de nous apprend qu'il entra au service de
la mort de Joseph celle de ses frères
: ce roi au moment où le Pharaon se
de sa parenté, la multiplication des trouvait à Tanis ; que plusieurs com-
Israélites, et l'avènement de ce roi bats sur l'eau furent livrés : qu'un
nouveau, qui selon la Bible, ignorant
, corps de troupes dont cet officier fai-
,
derniers rois pasteurs, depuis la mort cer ni l'enlever, après des tentatives
de Joseph. On dit que ce fut le dernier infructueusement renouvelées, il en-
de tous, Assèth , qui ajouta cinq jours tra en négociation , et , par l'effet du
au calendrier égyptien, et qui fixa traité qui fut conclu, les Pasteurs
ainsi la durée de Tannée solaire à 365 quittèrent l'Egypte avec leurs trou-
jours; mais des monuments encore peaux, leurs familles, tout ce qu'ils
subsistants indiquent à une époque possédaient, et se rendirent en Assyrie
bien antérieure au règne d'Âssètb cette par la route du désert.
importante réformation {voy. page 234 Telle fut la fin , en Egypte , de cette
ci-dessus). D'ailleurs les habitudes des horde conquérante, après en avoir oc-
barbares ne se tournent pas d'ordi- cupé souverainement une grande par-
naire vers le perfectionnement des ins- tiependant 260 ans. Le prince qui con-
titutions publiques. tribua le premier à en délivrer le pavs
Pendant que tous ces événements fut Ahmosis, le 6 e roi de la XVII e dy-
se passaient à Memphis et dans la nastie, le soleil seigneur de la vigi-
moyenne et la basse Egypte , les Pha- lance, que nous avons déjà nommé
raons au midi de Thèbes ne cessaient ( page 297). Le sixième cartouche de
de penser et d'agir contre ces étran- la table d'Abydos( ligne intermédiaire)
gers maîtres d'une partie de leurs est celuide son prénom royal et ce ;
États. Josèphe , dans son livre contre prénom accompagné de son nom pro-
,
que les rois de la Thébaïde faisaient ments. On les trouve sur uue stèle et
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ÉGYPTE. 301
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305 L'UNIVERS
particulièrement les anciennes règleg cipale, dame du monde, tutrice de la
d'aménagement du fleuve sacré, le région d'en haut et de la région d'en
père nourricier de l'Egypte ; car l'in- bas ( la haute et la basse Égypte). Son
curie des rois pasteurs a l'égard des nom fut aussi conservé dans les actes
canaux du Nil suffît pour expliquer la d'adorat ion ad ressés à la mémoi re de son
famine qui fît la fortune de Joseph. mari par les rois et les reines qui leur
r
Le règne d'Aménophis T fut d'en- succédèrent sur le trône. Notre planche
viron 30 ans; il nous reste de ce prince 67 donnera une idée de ces pieuses
de nombreux monuments contempo- pratiques : une reine, nommée Nofré-
rains , et un plus grand nombre en- Ari , est à genoux en acte d'adoration
core consacrés à sa glorieuse mémoire
, devant le roi Aménophis II , à côté de
par les rois ses successeurs, qui l'ho- qui est assis le prince son fils ; au-des-
norèrent d'un culte prescjue divin. Son sus d'eux sont assis Thouthmosis m,
nom est inscrit dans les litanies royales, Mœris , la tête casquée; puis en avant,
dont des manuscrits sur papyrus nous Thouthmosis II , coiffé en dieu Socka-
ont conservé le texte; sur une foule ris; et à droite, sur deux sièges sépa-
de bas-reliefs, l'image de ce Pharaon rés, Aménophis I er et sa femme Ah-
est placée au milieu de celles des divi- mos-Nofré-Ari , dont la tête est ornée
nités de l'Égypte, et associée aux d'une coiffure divine. Les noms de
actes de piété, qui sont accompli par tous ces personnages sont inscrits
des rois , des princes ou des person- dans des cartouches auprès de leurs
nages de diverses castes. Une statue images.
d'Aménophis I er , divinisé, en calcaire On pourrait aussi penser, d'après
blanc , est au Musée de Turin ; au Mu- un tableau qui se voit dans un des
sée égyptien de Paris , on voit , sur tombeaux de Gournah à Thèbes , que
,
er
des monuments de formes et de ma- le roi Aménophis I aurait eu une se-
tières diverses, ce même Pharaon com- conde femme, nommée Ahôthph, et
battant contre des peuples étrangers de race blanche ; elle a les titres de
ennemis de l'Égynte, ou bien porté royale fille, royale épouse, royale
sur un palanquin a côté de la déesse mére ; elle ne fut peut-être que la fille
Thméi, la justice et la vérité, qui le d'Aménophis; et l'on voit au Musée
couvre de ses ailes ; enfin recevant en du Louvre une statuette de cette prin-
même temps que le dieu Osiris les of- cesse, dont les deux derniers titres
frandes de fruits et de fleurs, présen- peuvent être des qualifications reli-
tées par une famille du pays. gieuses.
er
La reine sa femme est habituelle- Le tombeau d'Aménophis I n'a pas
ment associée aux honneurs du roi. étéreconnu dans la vallée funéraire de
Elle se nommait Ahmos-Nofré-Ari, Biban-el-Molouk où les dynasties thé-
,
jour en haute Égypte des rois de la ses premiers successeurs; mais d'im-
e
XVII dynastie, d'Aménophis lui- menses déblayements , opérés au pied
même pendant sa jeunesse, explique- des grands rochers à pic dans lesquels
rait cette alliance du fils d'Ahmôsis ces tombeaux furent creusés , seraient
avec la de quelque personnage
fille nécessaires pour rendre ces sépultures
puissant en Éthiopie. La reine Nofre- royales aux arts et à l'histoire : il nous
Ari est aussi inscrite dans les litanies reste assez d'autres monuments de
royales ; une statuette en bois peint l'illustre renommée d'Aménophis T r ,
du Musée de Turin, représente cette qui mourut après avoir tiré la monar-
reine; et l'inscription tracée sur la chie égyptienne des mains impies des
base lui donne les titres de rovale barbares.
épouse d'Ammon , royale épouse prin- Son fils lui succéda ; il se nomma
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ÉGYPTE m
Thôthmès, te fils de Thôth; c'est un de troisième cour du même édifice.
la
des Thouthmosis des écrivains grecs. Dans le temple d'EI -Assasif , on
Son prénom est le onzième cartouche voit, dans un bas-relief, ce même Pha-
de la table d'Abydos {planche 47), raon accompagné de la reine sa femme;
ligne intermédiaire , en commençant elle se nommait Ahmôs , et portait les
par le premier cartouche à gauche. titres de royale sœur, royale épouse
La construction des grands édifices principale, dame du monde; et, au-
de Médinet-Habou , à Tlièbes, remonte près du couple royal , se voit leur jeune
jusqu'au règne de ce Pharaon; il s'oc- fille, nommée Sotennofré. D'autres
cupa , comme son père , à relever pieu- monuments nous ont conservé le nom
sement les temples des dieux du pays. d'un prince ou gouverneur d'Éléthya
La partie la plus ancienne de ces édi- attacné au service personnel de la reine
fices, monument qui présente à la fois Ahmôs, et celui d'un officier supérieur
le double caractère de temple et de pa- de la marine de Thouthmosis I* r : ce
lais, consiste en un sanctuaire envi- roi mourut après un règne de treize
ronné de galeries formées de piliers ou ans.
de colonnes, et de huit salles de di- Il eut pour successeur son fils , qui
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304 L'UNIVERS.
aussi dans les inscriptions peintes sur originaux, par Champollion le jeuw
une des momies de Turin , et enfin à «La vallée d'El-Jssafif, située *
Éléthya, si toutefois ce n'est pas une nord du Rhamesséum, se termir
autre reine du même nom que men- brusquement au pied des rochers ca
tionne le monument de ce lieu. Des caires de la chaîne iibyque : là existe
amulettes en terre émaillée portent les débris d'un édifice au nord du tod
sur l'une de leurs faces le prénom beau d'Osymandyas. Mon but spedi
royal du roi , et sur l'autre le titre de était de constater l'époque encore ii
chéri d'Amon-Ra il ne faut pas, à
: connue de ces constructions, et d*<
l'imitation de ceux qui débitent par assigner la destination primitive;
habitude les plus aventureuses inter- m'attachai à l'examen des sculptur
prétations , voir dans ce dernier titre et surtout des légendes hiérogiyph
le nom même de la reine au revers de ques inscrites sur lés blocs isolés "et \\
celui du roi ; la reine se nommait pans de murailles épars sur un as*
Amon-Maï et on lit sur les amulettes,
; , grand espace de terrain.
Amon-Ra-Maï le chéri d'Ammon-Ra
, ,
« Je fus d'abord frappé de la fines
Thouthmosis II, surgissent les pre- donna certitude que l'édifice enti
la
mières difficultés qui procèdent d'un appartenait à la meilleure époque <
désaccord manifeste entre les données l'art égyptien. Cette porte , ou pot
tirées des écrivains anciens, et les no- propyloii , est entièrement couverte <
tions non moins précises que fournis- légendes hiéroglyphiques. On a scuin
sent les monuments historiques ; entre sur les jambages , en relief très-bas
les listes de Manéthon et les monu- fort délicat, deux images en pied <
ments; entre les monuments eux- Pharaons revêtus de leurs insigr.e.
mêmes attentivement comp.irés. Toutes les dédicaces sont doubles
D'une part, la table d'Abydos, la faitescontemporainement au nom i
liste royale du Rhamesséum celle de deux princes : celui qui tient constat
Médinet-Habou et les tombeaux de
, ment la droite ou le premier rang ,
logiques, ce cartouche est reconnu, voir ici et dans tout le reste de l'ed
sans opposition, pour être celui de lice, le célèbre Mœris orné de tôuti
Thouthmosis III. les marques de la royauté céder aini ,
D'un autre côte, les monuments le pas à cet Ainénenthé qu'on cherra
d'EI-Assasif , les propylons et l'obé- rait en vain dans les listes royales
lisque de Karnac, nomment évidem- dus m'étonner encore davantage , à
ment troispersonnages royaux, qui lecture des inscriptions, de trouva
existèrent et régnèrent entre Thouth- qu'on ne parlât de ce roi barbu , et c
mosis II et Thouthmosis III; enfin costume ordinaire de Pharaon quV ,
er
comme lui, de Thouthmosis I , et dédicace même des pronylons.
qu'elle régna vingt-deux ans. « L'Aroëris soutien des dévoués , I
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EGYPTE. 305
1° Que Thouthmosis 1 er
être) vivifiée à toujours. » succéda im-
L'autre jambage porte une dédicace médiatement au grand Aménothph l rr ,
e
analogue , mais au nom du roi Thouth- le chef de la XVIII dynastie, l'une
mosis IIP, ou Mm ris. En parcourant des Diospolitaines ; 2° Que son fils
le reste de ces ruines, la même singu- Thouthmosis II occupa le trône après
larité se présenta partout. Non-seule- lui , et mourut sans enfants ; 3° Que
ment ie retrouvai le prénom d' Amé- sa sœur Amensé lui succéda comme
nenthé précédé des titres le roi sou- fillede Thouthmosis T r , et régna 22
veraine du monde f mais aussi son ans en souveraine ; 4° Que cette reine
nom propre lui-même à la suite du eut pour premier mari un Thouthmo-
titre la fiue du soleil. Enfin dans tous , sis, qui comprit dans son nom propre
les bas -reliefs représentant les dieux celui de la reine Amensé son épouse;
adressant la parole à ce roi Aménen- que ce Thouthmosis fut le pere de
thé , on le traite en reine comme dans Thouthmosis III ou Mœris, et gou-
la formule suivante : verna au nom d'Amensé; 5° Qu^a la
« Voici ce que dit Amon-Ra, sei- mort de ce Thouthmosis, la reine
gneur des trônes du monde, à sa fille épousa en secondes noces Aménenthé,
chérie , soleil dévoué à la vérité L'é- : qui gouverna aussi au nom d'Amensé,
difice que tu as construit est semblable et qui fut régent pendant la minorité
à la demeure divine. » et les premières années de Thouthmo-
De nouveaux faits piquèrent encore sis III ou Maris; 6° Que Thouthmo-
plus ma curiosité; j'observai surtout sis III, le Mœris des Grecs, exerça
dans les légendes du propylon de gra- le pouvoir conjointement avec le ré-
nit, que
les cartouches - prénoms et gent Aménenthé, qui le tint sous sa
noms propres d'Aménentlié , avaient tutelle pendant quelques années.
été martelés dans les temps antiques, • La connaissance de cette succession
et remplacés par ceux de Thouthmo- de personnages explique tout naturel-
sis III , sculptés en surcharge. lement les singularités notées dans
Ailleurs, quelques légendes d'Amé- l'examen minutieux de tous les restes
nenthé avaient reçu en surcharge aussi de sculptures existant dans l'édifice
e
celles du Pharaon Thouthmosis II . de la vallée $El-Assasif. On com-
Plusieurs autres enfin offraient le pré- prend alors pourquoi le régent Amé-
nom d'un Thouthmosis encore in- nenthé ne paraît dans les bas - reliefs
connu, renfermant aussi dans son que pour y recevoir les paroles gra-
cartouche le nom propre de femme cieuses que les dieux adressent à la
Amensé, le tout encore sculpté aux reine Amensé, dont il n'est que le re-
dépens des légendes d'Aménenthé, présentant; cela explique le style des
préalablement martelées. Je me rap- dédicaces faites par Aménenthé, par-
pelai alors avoir remarqué ce nouveau lant lui-même au nom de la reine,
roi Thouthmosis, traité en reine dans , ainsi que les dédicaces du même genre,
le petit édifice de Thouthmosis 111 à dans lesquelles on lit le nom de Thouth-
Médinet-Habou. mosis, premier mari d'Amensé, qui
C'est en rapprochant ces faits et ces joua d'abord le premier rôle passif,
diverses circonstances, de plusieurs et ne fut, comme son successeur
observations du même genre, premiers Aménenthé, qu'une espèce de figu-
résultats de mes courses dans le grand rant du pouvoir royal exercé par la
palais etdans le propylon de Karnac reine.
que je suis parvenu a compléter mes Les surcharges qu'ont éprouvées la
connaissances sur le personnel de la plupart des légendes du regent Amé-
première partie de la XVIir dynastie. nenthé, démontrent que sa régence
20* Livraison. (Égyptf.) 20
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306 L'UNIVERS.
fut odieuse et pesante pour son pu pi le dans ces listes, qui étaient
génêalt
Thouthmosis III. Celui-ci semble Sues par générations, et non ijj
les
avoir pris à tâche de condamner son ynastiques parles règnes succrKsi
tuteur à un éternel oubli. C'est en ces listes devaient donc iiommerThotj
effet sous le règne de Thouthmo- mosis III immédiatement après Tt
sis III que furent martelées presque mosis II, parce que la reine A trierai
toutes les légendes d'Amenenthé , et sœur du dernier roi , ne formait ai
qu'on sculpta à la place soit les lé- lui qu'une seule génération ,
gendes de Thouthmosis III. dont il règles de tout temps adoptées par
avait sans doute usurpé l'autorité, soit généalogistes. Mais Manéthon , m
celles de Thouthmosis premier mari
, donnait la liste successive des règrw
d'Amensé, le père même du roi ré- n'eut garde d'oublier celui «le la reij
gnant. J'ai observé destruction sys-
la Amense ; il le place au quatrième ral
tématique de ces légendes dans une dans Tordre de ceux de la XVI II'
foule de bas - reliefs existant sur di- nastie, comme on le voit dans la
vers autres points de Thebes. Fdt-elle pie des listes conservée par Ji
Pouvrage immédiat de la haine per- l'Africain; et comme Eusèbe a oi
sonnelle de Thouthmosis III, ou une ou bien oublie ce même règne d'i
basse flatterie du corps sacerdotal ? mensé, le Syncellene s'est pas dispen
C'est ce qu'il nous est impossible de de relever cette méprise de l'évêque
décider; mais le fait nous a paru assez Césarée.
curieux pour le constater. (Voyez Let- La durée du règne de la reii
tre xv*.) Amensé un ans
est fixée à vingt et i
logique , est tirée d'une lettre deChnm- de la vie de cette princesse, revêtu
pollion le jeune, datée de Thèbes, le du pouvoir souverain, porte l'histo
18 juin 1829, et rendue publique peu rien à diviser la durée totale de a
de temps après: néanmoins, il s'est règne en deux portions distinctes, le*
trouvé quelqu'un , en 1832, qui, par temps du premier mariage de cette
une habitude de plagiat , protégé de- reine, et les temps du second.
vant la !oi , mais non p is devant l'hon- Quelques monuments nous portent
neur, par une frontière étrangère, à croire que la fille du roi Thouthmo-
r
s'est approprié cette explication sans sis I" ne régna que bien peu de temps
en nommer le véritable auteur dans , avant son premier mariage: ce règne
un livre il est vrai , où sont fréquem-
, en effet ne dura que vingt-deux ans , et
ment remarqués de pareils oublis que le fils d'Amensé Thouthmosis-Mœris
,
nous aurons bientôt l'occasion d'indi- parait sur un monument élevé durant
quer à l'équité publique. ce règne, à El-Assasif, dans une cé-
En reprenant notre narration , de- rémonie religieuse, où il est accom-
laquelle nous nous sommes détournés pagné d'un jeune enfant que l'inscrip-
en cédant a un impérieux devoir, nous tion dit être sa fille.
voyons que , à sa mort , le Pharaon Ces détails paraîtront peut-être bien
Thouthmosis II n'ayant pas laissé de minutieux , mais ils ne sont pas inu-
successeur en ligne directe, la consti- tiles pour nous éclairer avec certitude
tution politique appela au trône la ligne sur l'état véritable de quelques-unes
collatérale, dont le chef fut la prin- des plus importantes institutions pu-
cesse Amensé, sœur du roi défunt, bliques de l'Égypte, la succession a la
er
fille, commè lui, de Thouthmosis I : couronne royale , et aussi sur les signes
et, si l'on se représente quel est le ca- officiels que la loi avait consacrés
ractère sjiéeial des listes royales d'A- comme marques de l'autorité suprême*
bydos,du Khamesséum et de Médinet- Amensé, à son avènement, adopta le
ïlabou on comprend aussitôt pourquoi
, prénom royal soleil dévoué à la vé-
,
la reine Amensé ne fut pas rnentiounée rité ; et le second cartel renferma son
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ÉGYPTE. SOT
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808 L'UNIVERS.
pendant son second mariage : cela ré- d'Amensé. Mais les grands obélisques
sulte en effet des inscriptions encore du temple de Karnac à Thèbes doivent
subsistantes, où le prénom royal de la être considérés comme les plus beaux
princesse et le nom du régent A mè- monuments qui nous restent du règne
ne nt ht- se trouvent souvent répétés; le de cette reine , comme sont aussi
ils
jeune Thouthmosis III y est aussi au nombre des plus admirables pro-
nommé quoique encore mineur ; et les ductions de l'art égyptien.
dédicaces qui subsistent dans des salles Celui de ces deux* obélisques qui est
moins maltraitées, par le temps ou par encore sur pied , est le plus beau de
les hommes, que Pedifice intérieur, an- tous ceux oui subsistent sur le sol de
noncent que cet édifice était un temple l'Egypte ; 11 est en granit rose , haut
consacré à la grande divinité de Tnè- de 90 pieds au moins, et d'un seul
bes , à Amon-Ra, le roi des dieux, bloc , comme le sont tous les obélisques
mf on y adorait sous la figure spéciale égyptiens antiques. Cet obélisque fut
de Amon-Ra seigneur des trônes et érigé par la reine Amensé en l'honneur
du monde. Ce temple , d'une étendue d'Amon-Ra et à la mémoire de soe
considérable, était décoré de sculp- père Thouthmosis I er ; le régent Ame-
tures du travail le plus précieux , pré- nenthé est nommé dans le texte rela-
cédé d'un dromos , vraisemblablement tif à l'érection du monolithe. Les
aussi d'une longue avenue de sphynx ; images de la reine, de son mari, et de
il s'élevait au fond de la vallée cl'EI- son fils Mœris, se voient dans les
Assasif, et son sanctuaire pénétrait scènes des offrandes , et le monumer.;
dans les rochers à pic de la montagne. n'a reçu aucune addition postérieure,
Des offrandes faites aux dieux ou aux à l'exception de la figure d'un des rois
ancêtres du Pharaon fondateur du successeurs de Mœris, qui s'y trouve
temple, sont les sujets des tableaux représenté en acte d'adoration devant
sculptés dont cet édifice religieux est le dieu auquel l'obélisque est consacre
crne. On y voit aussi le jeune Thouth- Il repose sur une base ornée de belles
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,
EGYPTE. 309
deThèbes. Elle mourut vers Tan 1736 nemhé , dont la tutelle avait pu lui être
avant l'ère chrétienne. incommode ou oppressive ; et , comme
Son Gis lui succéda immédiatement, pour le punir d'une usurpation , Mœris
et porta le nom de Thouthmosis , l'en- fit marteler soigneusement, sur tous
gendré de Thôth, surnommé Maris les édifices publics, le prénom et la
[Mai-ré , qui aime Phré, le dieu so- figure en pied de son beau-père, y subs-
leil ) ; on
lui donne aussi d'autres sur- tituant quelquefois les siens à côté de
noms bienfaiteur des mondes (à Kar-
: celle de sa mère. L'obélisque de Kar-
nac) ; serviteur du soleil , président de nac, les édifices d'EI-Assasif et de
la première des dix régions ( sur un Médinet-Habou portent encore les
obélisque de Rome) ; approuvé par le traces de ces royales récriminations.
soleil ( obélisaue de Cons%ntinople); Mœris fut plus respectueux envers son
modérateur de justice (Amada). Son père : il s'occupa d'assurer la conser-
renom royal , forint? de trois signes vation de ses honneurs presque sou-
K
disque dû soleil , le mur crénelé , le verains; et, dans quelques salles du
scarabée, et signifiant soleil stabili- Salais dont il commença la construc-
teur de l'univers , est quelquefois aug- on à Médinet-Habou,* il fit inscrire,
menté d'un quatrième signe, la ligne dans deux cartouches accolés , le nom
brisée écrite avant le scarabée on le ; de Thouthmosis son père à côté de son
voit ainsi sur les monuments de la cartouche royal.
Nubie ; et dans les listes en écriture Mœris construisit ensuite la plupart
hiératique , le prénom de ce Thouth- des édifices sacrés qui s'élevèrent en
mosis III contient toujours quatre jÊgypte et en Nubie après l'expulsion
signes des Pasteurs , effaçant ainsi , avec une
Le règne de Mœris n'eut pas une pieuse persévérance, les traces pro-
longue durée; il fut de moins de treize fondes de la barbarie. La ville d'Élé-
années (12 ans et 9 mois) ; mais il dut thva ne fut pas oubliée; il orna Esnèh,
être glorieux ; il y a peu de souverains ville importante en ce temps-là , d'un
égyptiens dont il reste autant de mo- temple au dieu Chnouphis, le seigneur
numents, dont l'antiquité ait autant du pays , créateur de l'univers , prin-
exalté la gloire et proclamé le renom. cipe vital des essences divines, soutien
Tous ces souvenirs, tous ces tra- de tous les mondes; il associa au
vaux du règne de Mœris sont empreints grand dieu les deux autres person-
d'iin caractère particulier : tous les nages qui complétaient la triade du
monuments de sa piété sont édifiés à nome d Esnèh, Nèith, et le jeune Haké,
des dieux de la paix ; toutes ses grandes représenté sous la forme d'un enfant;
actions sont des faits d'administration et la dédicace de ce temple au nom de
civile ; la sagessse de PÉgypte se révé- Mœris était encore, du temps des
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L'UNIVERS.
Ptolémées , au nombre des fêtes com- de la vie. Le roi des dieux , A mon-P .1
truction romaine , renferme des débris bel édifice construit par le roi sole
des édifices consacrés aux dieux de stabiliteur de l'univers. » Les homme
cette v ille par Mœris. Tbèbes surtout et les dieux célébrèrent ainsi la gloir
nous montre témoignages de son
If s du roi Mœris.
inépuisable munificence un palais à
: Les ruines historiques de la Nubi
Medinet-Habou , une grande partie des en rendent encore témoignage. I>* plu
immenses constructions de Kamac, le grand des temples construits à Ouadl
temple d'EI-Assasif terminé, en ont Halfa, l'antique Béhéni , auprès de 1
ries et les chambres, représentent ce core dans le texte des dédicaces ainsi
roi Mœris rendant d*s hommages aux conçues: «Ledieu bienfaisant, seigneur
dieux , ou recevant d'eux des dons et du monde , de l'uni-
le roi stabiliteur
des grâces. Sur la paroi de gauche de vers, du soleil, Thouthmosis,
le fils
la grande salle ou sanctuaire, ce Pha- modérateur de justice , a fait ses dé-
raon casqué est conduit par la déesse votions à son père le dieu Phré, le
Athôr et par le dieu A mon. qui se dieu des deux montagnes célestes, et
donnent la main , vers l'arbre mystique lui a élevé ce temple en pierre dure;
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EGYPTE. 811
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312 L'UNIVERS
Le fils et le successeur de Mœris Aménophis II continua le temple com-
(Tan 1723 avant J. C.)se nomma Amé- mence par Mœris son père ; il fit sculp-
nophis; il est le second roi de ce nom ter les quatre salles à la droite et à la
dans la XVIII e dynastie; son prénom gauche du sanctuaire ; et ce roi fit ins-
royal (le 8* de la ligne intermédiaire crire , sur une grande stèle placée au
de la table d'Abydos, de gauche à fond du sanctuaire , le détail des ou-
droite) signifiait :* le soleil grand des vrages exécutés par ses ordres.
mondes. On voit encore à Ibrim un spéos du
On ne peut s'abstenir de remarquer règne d'Aménophis II ; alors les terres
gue le nom d'Aménophis II se lit plus du midi, la Nubie, étaient adminis-
fréquemment sur les monuments de trées par un prince nommé Osorsaté.
la Nubie que sur ceux de l'Égypte : Sur la paroi droite du spéos , le roi
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EGYPTE 313
résident dans Thyri : Accourez et con- lante , dont les merveilles ont ému les
templez ces offrandes grandes et pures, plus vulgaires esprits.
faites pour U
construction de ce tem- La naissance même de cet Améno-
ple par le roi Thouthmosis , à son père' phis eut aussi ses miracles ; et nous
kdieu Phré, dieu grand, manifesté dans avons déjà rapporté (page 56) les cir-
le firmament. » La sculpture de ce constances religieuses de l'annoncia-
temple montre partout la belle époque tion , de la naissance et de l'éducation
de l'art en Égypte. Le nom de Thouth- de ce roi. Thebes et les villes princi-
mosis TV se voit aussi sur une frise pales de l'Égynte sont encore couvertes
dans les débris des édifices de Ouadi- des restes et a es preuves de sa magni-
Halfa. ficence: nous avons aussi donné (page
Le règne de ce Pharaon fut troublé 76 et suiv.) une idée de l'ensemble au
par les soins de la guerre; les fron- palais de Thebes qui porte son nom
tières méridionales de l'Egypte étaient connu dans les relations anciennes et
constamment menacées par les peu- modernes sous la dénomination de
plades insoumises de la Libye : Thouth- Memnonium, et qui a dans ses in-
mosis IV fut contraint de les com- scriptions celle d Aménophium. Le
battre vers la fin de son règne ; et il grand palais de Louqsor fût aussi l'ou-
existe encore, sur les rochers de vrage d'Aménophis III , il en jeta les
Phila?, une inscription commémora- premiers fondements : écoutons le
tive d'une victoire qu'il remporta sur voyageur qui en a donné , le premier,
ces Libyens, le 8 du mois phaménoth, la description historique :
l'an 7 <ie son règne, 1691 ans avant « Le fondateur du palais de Louq-
1ère chrétienne. sor, ou plutôt des palais de Louqsor,
Deux stèles du règne de ce roi , d'un a été le Pharaon Aménophis-Memnofi
très-beau travail , sculptées et peintes, (Amenothphlirde la XVIU'dynastie).
sont dans le musée de Turin ; et le bel Cest ce prince qui a bâti la série d'é-
obélisque de Saint-Jean de Latran, à difices qui s'étend du sud au nord , de-
Rome , porte aussi le nom de Thouth- puis le Nil jusqu'aux 14 grandes co-
mosis IV ; il est dans les colonnes la- lonnes de 45 pieds de hauteur, et dont
térales des quatre faces du monolithe, les masses appartiennent encore à ce
et ellesnous apprennent que ce Pha- règne. Sur toutes les architraves des
raon avait ajoute de grandes construc- autres colonnes ornant les cours et les
tions à un des temples d'Amon-Ra à salles intérieures, colonnes au nombre
Thèbes fondé par un de ses prédéces-
, de 105 , la plupart intactes, on lit , en
seurs, vraisemblablement par Thouth- grands hiéroglyphes d'un relief très-
mosis III, qui y avait fait ériger cet bas et d'un excellent travail , des dédi-
obélisque , transporté depuis dans la ca- caces faites au nom du roi Aménophis.
pitale du monde romain. Le pré- Je mets ici la traduction de l'une
nom royal de Thouthmosis IV signi- d'elles, pour donner une idée de toutes
fiait le soleil stahiliteur des mondes ;
les autres , qui ne diffèrent que par
H prit aussi le titre de chef des chefs. quelques titres royaux de plus ou de
Le portrait de la reine sa femme se moins. »
trouve dans les tombeaux de Kourna « La vie! l'Horus puissant et mo-
àThèbes , mais sa légende est détruite. déré , régnant par la justice , l'organi-
Ce Thouthmosis mourut après un reçue sateur de son pays , celui qui tient le
de 9 ans et 8 mois , vers Tannée 1687 monde en repos, parce que, grand
avant l'ère chrétienne. par sa force, il a frappé les barbares;
Il eut pour successeur un des princes le roi seigneur de justice, bien aimé
les plus illustres parmi les races royales du soleil, le fils du soleil, Aménophis,
égyptiennes, et des plus connus parmi modérateur de la région pure(l'Égypte),
les populations occidentales il se : a fait exécuter ces constructions con-
nomma Aménophis III ; c'est le Mem- sacrées à son père Amon , le dieu sei-
non des Grecs , le roi à la statue par- gneur des trois zones de l'univers,
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314 L'UNIVERS.
dans l'Oph du midi ; il les a fait exé- par Amon), le fils du soleil , seigneur
cuter en pierres dures et bonnes , afin des diadèmes, Alexandre, en l'hon-
d'ériger un édifice durable; c'est ce neur de son père Amon-Ra, gardifn
qu'a fait le fils du soleil Aménophis, des régions de Oph ( Thèbes); il a fait
chéri d'Amon-Ra. » construire le sanctuaire nouveau en
Ces inscriptions lèvent donc toute pierres dures et bonnes à la place de
espèce de doute sur l'époque précise celui qui avait été fait sous la majesté
de la construction et de la décoration du roi Soleil, seigneur de justice, te
dans cette saPe , dont le plafond existe nit rose, en pierre noire, en or, en
encore, on trouve un second sanctuaire ivoire et en pierres précieuses
,
que le
emboîté dans premier, et dont voici
le roi y a prodigués, y compris deux
la dédicace qui en donne très-claire- grands obélisques dont on n'aperçoit
nient l'époque tout à fait récente en , plus aujourd'hui aucune trace.
comparaison de celle du grand sanc- Les sept lignes suivantes renfer-
tuaire « Restauration de l'édifice faite
: ment le discours que tient le dieu
par le roi (chéri de Phré , approuvé Amou-Ra , en réponse aux courtoisies
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;
ég PTE. 311»
nophis UT. Les traits du visage de ce temporains de son règne: dans l'île
pnuce poi tant une empreinte de phy- delîeghé, l'ancienne Snem, près de
sionomie un peu éthiopienne , sont Ptiilar , on lit encore un proscynéma ,
absolument semblables a ceux que les ou acte d'adoration adressé a notre
sculpteurs et les peintres ont donnés Phnraon par un basilico-grammate
à ce même Pharaon dans les tableaux nommé Aménémoph, l'un des com-
des stèles du Memr.onium , dans les mandants des troupes du roi; un
bas- reliefs du palais de Louqsor, et prince éthiopien , nommé Mémosis
dans les peintures du tombeau de ce empkyé aussi au service du roi, lui
rince dans la de l'Ouest à Bi-
vallée adresse les mêmes hommages. L'in-
E
an-el-Molouk : nouvelle et millième tendant du domaine royal d'Améno-
preuve que les statues et bas reliefs phis s'appelait Aménothph; il était en
égyptiens présentent de véritables por- même temps urand prêtre de la déesse
traits des anciens rois dont ils portent Anouke il fit aussi un pèlerinage dans
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,
316 L'UNIVERS.
Aménophis un tem-
III avait élevé fice, et dans son voisinage , que les
ple au grand dieu Chnouphis dans une tombeaux des nombreux officiers char-
autre île, celle d'Éléphantine ; mais il gés de sa garde ou de son service.
a été récemment détruit ; une caserne On voit , dans les riches portefeuilles
et des magasins ont été construits des du musée de Turin , un contrat ma-
antiques matériaux de cet édifice reli- nuscrit daté de l'an 24 du règne d'A-
gieux. ménophis-Memnon , et au Vatican,
Ce prince éleva de grands édifices une statue léontocéphale qui porte le
Subi es i ; il paraît que ce fut par l'effet cartouche de ce roi , qui est ici une
e cette pieuse munificence que les époque de son règne.
belles et vastes carrières de Silsilis, Dans la haute Nubie, à Sohleb, les
sur la rive orientale du Nil, furent derniers voyagenrs ont retrouvé les
ouvertes. Deux stèles, qui s'y voient ruines des grandes constructions que
encore de nos jours, nous donnent, ce grand prince y avait élevées; les
par leurs inscriptions, la plus ancienne édifices portaient fréquemment répé-
date certaine des exploitations succes- tée la commémoration des victoires
sives de ces riches carrières , qui ont cl Aménophis; les noms de quarante-
presque suffi à tous les monuments trois peuplades vaincues et soumises
de la Thébaïde édifiés, depuis le regue se lisent encore sur ces tableaux his-
d'Aménophis-Memnon. toriques; sur les débris des colosses
Quand Sésostris voulut orner son de PAménophium de Thèbes on lit
barbares ont converti en chaux toutes ses armes victorieuses : ces noms y
les constructions susceptibles de subir sont au nombre de vingt-trois; ceux
cette éternelle transformation. Il ne de la Nubie et de l'Ethiopie s'y lisent
reste d'entier de ce magnifique édi- sur la face antérieure , et Ton ne re-
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ÉGYPTË. 317
trouve que deux ou trois de ces noms cienne que l'espèce humaine , les en-
dans la nomenclature bien plus nom- fants mâles participant, en général,
breuse de Sohleb. des traits physiques de la mère , et les
Assez loin des colosses de l'Améno- filles plus généralement de ceux du
phium de Thèbes (supra page 70) du , , père. Voilà donc un témoignage bien
côté de la montagne libvque , et vers antique à l'appui de cette observation
la limite du désert , gisent renversées physiologique ; et , quant à l'union d'un
deux grandes stèles historiques {supra roi d'Kgypte a vec une femme africaine
page 70) , d'environ trente pieds de hau- il y en a d'autres exemples dans les
teur, et de même matière que ces gi- annales et dans les monuments pha-
gantesques statues. La partie cintrée raoniques.
(le haut) des stèles est occupée par des Ici, dans les stèles de Thèbes, la
scènes religieuses. Dans la première, flatterie sacerdotale a ingénieusement
le grand dieu de Thèbes , Amon • Ra découvert un moyen de se faire jour;
tient par la main le roi Aménophis, elle a donné à la reine , femme d'Amé-
et lui pose très -près de sa bouche le nophis , une phvsionomie un peu afri-
symbole de la vie pure et de toutes caine aussi , quoiqu'elle ne filt pas de
lés joies pour chaque jour. Le roi est cette race; les prêtres en ont revêtu
accompagne de la reine sa femme, jusqu'au dieu lui-même : le profil d'A-
coiffée en déesse A thôr, la tête ornée mon-Ra est exactement modelé sur
de plumes; dans la seconde scène, celui d'Aménophis, il est peut-être
et
c'est le dieu Phtha-Socharis qui re- fort heureux pour dieu que ce roi ne
le
nouvelle le même don au roi , suivi de l'ut ni borgne ni bossu. On voit , à la
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318 L'UNIVERS.
éthiopiens au roi Aménophis, à sa sièrement peint et dans lequel on a
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ÉGYPTE. SI9
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320 L'UNIVERS.
du Horus sont réunis dans le
roi Ra. Cette légende royale est répéta
riche musée égyptien de Turin. Nous à droite et à gauche du trône qui porl
en donnons l'exacte description à nos le souverain des dieux , ainsi que dar.
lecteurs, qui y trouveront une preuve un grand tableau carré (B), gravé su
de plus de l'application constante de le encadre
dossier de ce trône. Cet
tous les monarques égyptiens à mul- ment renferme deux colonnes perpet
tiplier en leur honneur , comme à la diculaires de très-beaux hiéroglyphe
gloire des dieux et des ancêtres, les exprimant les idées suivantes : lie n
monuments des arts : comme s'ils du peuple obéissant, seigneur de l'un
avaient pensé à multiplier les preuves vers, le soleil directeur des inondes
de leur grandeur, et les documents l'approuvé par Phré , le lils du soleil
de leur propre histoire, que tant de dominateur des régions, le chéri d'An
munificence seule pouvait faire parve- mon Hôr-Nem-rseb, vivificateur comm
nir jusqu'au sein de la civilisation le soleil pour toujours. Le roi Horu
figure principale est celle du dieu Amon- en granit noir, et ses proportion:
Ha; quoique assise, elle n'avait pas étaient de six à" sept pieds avant qui
moins de huit pieds de hauteur. Le fût gravement oifeuse à son sommet
roi des dieux est figuré avec une tète C'est aussi un groupe de deux ligures
humaine dont les traits, pleins de l'une représente aussi le roi iloru:
grandeur, sont exécutés avec une ad- assis sur un trône; une femme esl
mirable finesse de travail. Sa poitrine assise a ses côtés. La main gauche er
est ornée d'un collier à huit rangs repos porte le signe de la vie divine
terminé par des grains en forme de et son bras droit relevé contre sa poi-
perles. Les deux bras , portant des bra- trine , porte son sceptre, symbole
celets , reposent sur les cuisses ; et de la vigilance des dieux et des roU
de la main gauche, ce dieu tient le sur les choses humaines. La coiffure
signe de la vie divine. de la femme caractérise cette ligure
A côté du trône du dieu , et debout, comme étant celle d'une reine; elle a
est le Pharaon Horus, taillé dans la son bras gauche sur l'épaule du roi;
même masse, et n'avant que quatre un vautour, les ailes pendantes, cou-
pieds de hauteur ; mais cette figure est vre la tête de la princesse , jadis ornée
exécutée avec la même finesse. Le bras aussi de deux longues plumes : coiffure
droit du roi repose sur l'épaule gauche et insignes particuliers à toutes les
d'Ammon ; la coiffure royale est dis- reines d'Égypte figurées sur les temples
tinguée par l'Urœus, symbole delà et les palais. On voit ainsi caractérisée
Siiissance suprême; une ceinture sou- la reine Taïa, mère du roi Horus, sur
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EGYPTE. 321
[Tune-grande scène sculptée qui occu- I ancien Orient tout entier, devant la
pait tout le haut du dossier; il n'en civilisation nouvelle et secondaire, fon-
subsiste plus que des fragments. Au- dée et propagée par Pépée romaine.
dessous de ce bas-relief est une longue Les signes qui se rapportent à la
inscription hiéroglyphique, composée figure defemme du mène groupe
la
de 26 lignes et sculptée avec un très- nous ont appris qu'elle se nommait
grand soin. Les premières lignes de ce Tmahumot, la mère de la grâce; as-
décret rendu par une autorité publique sociée ici aux honneurs royaux rendus
contiennent les louanges du roi sei- au Pharaon Horus, elle dut, par sou
gneur de r uni vers, soleil directeur des rang, avoir quelques droits à cette su-
mondes, approuvé par Phré, fils du prême distinction : or, Manéthon nous
soleil, chéri a Amon-Ra, Hôr-Nem-Neb apprend que le roi Horus eut pour suc-
( le roi Horus) , qui a reçu des dons de cesseur immédiat sa propre fille, qui
Ncîth , sa puissante mère , et d'Amon- régna pendant douze ans après lui. La
Ita , roi des dieux. Ce Pharaon est en figure de femme du groupe de Turin
outre qualifié d'image d'Harsiési , qui est donc celle de cette reine , fille d'Ho-
Va dirigé; et le dieu Horus lui donna rus; son nom est inscrit dans le car-
la souveraineté sur la région infé- touche royal qui se lit dans le bas-relief
rieure. On énumère ensuite les bien- sculpté sur un des côtés du mêmt
faits du roi Horus envers l'Egypte; groupe.
on le compare aux dieux Phré , Thôth Ainsi Tmahumot succéda au roi
et Phtha. On ordonne aussi de pla- Horus son père, et, après avoir été as-
cer dans un lieu distingué des temples sociée à ses honneurs; Manéthon lui
la statue de ce roi , ainsi que celle accorde douze années de règne; on
<le*a ftUe, la reine Tmahumot, image croit que le successeur de cette reine
(le la grande mère (Néïth) , et dont fes était son frère, fils aussi du roi Horus :
louanges paraissent mêlées à celles des on peut donc conjecturer que Tmahu-
dresses Saté , Sonteb , Bouto , Isis et mot monta sur le trône parce que le
aNephthys. On institue de grands hon- jeune âge de son frère ne lui permet-
neurs à rendre au roi Horus, parmi tait pas de porter la couronne. On as-
lesquels on indique les panégyries liées signe trente-huit ans et demi aux deux
a celles du dieu Phré; les titres décer- règnes successifs d'Horus et de sa fille.
nes au roi et qui doivent accompagner La belle coudée du mqsée royal de
ses images sont relatés dans la suite Turin , habilement décrite par le savant
du texte; il est ordonné d'inaugurer Gazzera, remonte au règne d'Horus,
de semblables images dans les temples et tire un nouveau prix de sa haute an-
de l'Kgypte, et divers ordres de prê- tiquité par rapport aux institutions
tres sont chargés du service de ces modernes.
images royales, consacrées à des céré- Rhamsès 1 er fut le successeur d'Ho-
monies religieuses dont elles doivent rus, son père, et de sa sœur Tmahu-
être l'objet : texte important par ses mot; il monta sur le trône vers l'an
dispositions, et d'un intérêt qui n'est 161» avant l'ère chrétienne. La table
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21 Livraison. (Kgvpte.) 21
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royale d'Abydos et les autres monu- cette date se lit en tête du monumen
Cette inscription historique est cou
ments analogues placent immédiate-
posée de sept lignes, et j'en ai sousl
ment après le cartouche royal du roi
yeux la traduction suivante de la mai
Horus, un autre cartouche qu'on re-
de mon frère, qui en a aussi restito
trouve, sur beaucoup d'autres monu-
plupart des lacunes.
ments, constamment accompagne du la
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ÉGYPTE. 323
autres objets portatifs exécutés durant fils, héritier de la couronne royale par
son règne. sa naissance. Jl monta sur lé trône
Nous avons dit cpj'il eut une courte vers 1610 avant l'ère chrétienne.
durée; il ne dépassa pas neuf années, Son prénom royal est le seizième
et , au défaut d autres renseignements cartouche de la ligne intermédiaire de
pius directs, on aurait pu déduire cette la table d'Abydos : dans la table royale
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314 L'UNIVERS.
attentif des grands monuments de la sage de Y Itinéraire inédit de Cham-
Thébaïde a reconnaître que ces
fait pollion le jeune, qui a, le premier,
cartouches noms propres , quoique va- reconnu et décrit celte intéressante lo-
riables dans quelques-uns de leurs li- calité.
gnes, et unis constamment au même « 6 novembre 1828. —
Notre travail
prénom royal, n'appartenaient qu'à dans les hypogées de Beni-Ha&san-el-
un seul et même prince, et que l'arran- Oadim étant terminé, j'ordonnai de
gement le plus ordinaire des* signes qui faire voile sur Beni-Hassan-el-Aamar,
composent son nom propre, le fait lire où nous arrivâmes à onze heures du
Phtahmen-Boréî, et plus euphonique- soir pour mouiller dans un bras du
ment Ménephthah-Boréi , le serviteur Nil, au milieu de deux rives couvertes
de Phtha. Le nom d'Osiris se trouve de palmiers, qui donnaient à cette lo-
aussi dans les cartouches sculptés, soit calité l'aspect d'un lac environné de
dans le tombeau du prince, soit sur plantations. Le village se cacbe dans
d'autres édilices; on y lit aussi le nom ce fouillis de palmiers , et on le nomme
d'Ammon à la place de celui du dieu Beni-Hassan-el-Aamar, Ben i- Hassan le
Phtha, quand ce prépom est écrit sur les nouvel habité, parce que c'est un vil-
temples de Thèbes , et c'était presque lage nouvellement bâti après la des-
une obligation imposée par la hiérarchie truction et l'incendie du Beni-liassan-
divine. Le nombre des variantes de ce el-Gadim {le vieux), par les ordres
nom propre s'élève jusqu'à cinq; mais d'Ibrahira-Pacha, qui voulait détruire
Je cartouche prénom , consacré par la ce repaire de brigands; aussi ce pars
religion, celui qui faisait foi dans les est aujourd'hui aussi sûr que le reste
annales sacrées, est invariable le so-
: de l'Égypte.
leil stabiliteur de justice. Ce même «« J'avais fait amarrer les mâasch
souverain adopta plusieurs légendes devant ce village, dans le dessein de
pour ses enseignes : celle qui est sculp- visiter un monument curieux qu'on
tée sur le> piliers du Spéos-Artemidos nous avait dit exister dans la monta-
le qualifie de Uaroéris, le puissant Î;ne. Nous partîmes donc de bonne
vivificateur du monde. leure, le 7, à pied, en nous diri-
L'histoire écrite ne nomme pas geant droit à l'est sur la montagne
même ce prince, dont le règne paraît arabique, et vers l'ouverture d'une
avoir été illustré par des faits mémo- vallée que nous apercevions devant
rables ; elle se tait sur son nom comme nous. Quittant bientôt le terrain cul-
sur ses actions; le langage des monu- tivé nous entrâmes dans le désert
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EGYPTE. 835
une figure, qui est restée très-visible toutes les dédicaces portent le nom de
dans le dernier cartouche à gauche de ce roi.
la frise décorant la paroi ouest du cou- A Silsilis, sur la rive gauche du Nil,
loir. Cette grotte n'est autre que Ja on voit encore une chapelle creusée
localité même nommée Speos-Artemi- dans le rocher sous le règne de ce
dos , grotte de Diane (Bubastis), ap- prince, et il en reste deux bas-reliefs
pellation donnée par les géographes ui témoignent, par leur finesse et leur
anciens à une position occupant la léganee, de l'avancement et du per-
place de l'une des Beni-Hassan d'au- fectionnement de l'art à l'époque de
jourd'hui. Ménephtha.
« La journée entière se passa à des- Le palais de Kourna, à Thèbes, fut
siner les bas-reliefs et les inscriptions fondé par ce roi, édifié en partie par
de ce lieu sacré, et à développer une lui , terminé par Sésostris, et ce palais
foule de momies de chats et de chiens. est, sous le rapport de l'art, un des
Je suis persuadé que tous les trous et édifices les plus remarquables de l'É-
excavations pratiqués dans cette mon- gypte.
tagne s'ont eu pour objet que la con- Quoique très-inférieur par l'étendue
servation et le dépôt des momies de aux grands édilices de Thèbes (le
Panimal consacré a Bubastis, le chat, Rhamesséum et les masses de Médinet-
qu'on y trouve en si grande abondance. Habou), le palais de Kourna, nommé
Le fond de la vallée, entre le Ouadi âfénephthéum, du nom de son fonda-
et la grotte de Pascht, est encore une teur, mérite cependant un examen par-
nécropole de chats disposés par bancs ticulier, puisqu'il appartient aux temps
et plies pour la plupart dans des nat- pharaoniques et remonte à l'époque la
tes , les chats d un rang élevé étant plus glorieuse des annales de la monar-
renfermés dans les nombreux hypogées chie égyptienne. Son ensemble présente
creusés dans la montagne, et en par- un aspect tout nouveau , et si son plan
ticulier dans celui
1
du temps d Alexan- général réveille l'idée d'une habitation
dre, dont sont encombrés
les couloirs particulière et semble cacher la forme
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326 L'UNIVERS.
d'un temple, la magnificence de la dé- lorsqu'il s'agit d'époques bien anté-
coration, la profusion des sculptures, la rieures aux premiers essais des maîtres
beauté des matériaux et la recherche immortels qu'a produits l'inépuisable
dans l'exécution prouvent que cette génie des Grecs.
habitation fut jadis celle d'un souve- Nous résumons ici, sur cet impor-
rain riche et puissant. tant sujet, les observations et le juge-
Ce qui reste de ce palais occupe seu- ment de Champollion le jeune : nous
lement l'extrémité d'une belle façade, lui empruntons aussi la suite de la des-
sur laquelle existaient aussi jadis d'au- cription du Ménephthéum.
tres constructions liées sans doute avec Sur les quatre faces du dé des cha-
l'édifice encore debout. Sur le même piteaux du portique existent, sculptées
axe que ces arrachements de construc- avec beaucoup de recherche, les le-
tions rasées, au milieu de bouquets de tendes royales de Ménephtha ou celles
Ealmiers et de masures modernes en e son fils les noms et prénoms de
:
riques crues, s'élève un portique ces deux Pharaons sont également ins-
ayant plus de cent cinquante pieds de crits sur le fût des colonnes, mais ac-
long, trente de hauteur, et soutenu colés et renfermés dans un tableau
par dix colonnes, dont le fût se com- carré; témoignage précieux de la pieté
pose d'un faisceau de tiges de lotus, obséquieuse de R ha m ses le Grand en-
et le chapiteau des boutons de cette vers Ménephtha son père.
même plante tronqués pour recevoir le Le rapprochement de ces deux noms
dé. Cet ordre, qui n'est point parti- royaux trouve son explication natu-
culier aux constructions civiles, puis- relle dans la double légende dédica-
qu'on le retrouvait dans les temples toirequi décore l'architrave du portique
d'Éléphantine et d'Élethya, appartient sur toute sa longueur : cette inscrip-
sans nul doute aux vieilles époques de tion est ainsi conçue: « L'Aroéris
l'architecture égyptienne , et ne le cède puissant, ami de la vérité, le seigneur
sous le rapport de l'antiquité, qu'aux de la région inférieure, le régula-
seules colonnes cannelées , semblables teur de l'Egypte , celui qui a châtfé les
au vieux dorique grec dont elles sont contrées étrangères, l'epervier d'or,
le type évident, et que l'on trouve soutien des armées , le plus grand des
presque exclusivement employées' dans vainqueurs , le roi soleil gardien de la
les plus anciens monuments de l'É- vérité, l'approuvé de Pnré, le fils du
gypte. d'Ammon, /îkm^5, a
soleil, l'ami
La sculpture n'était pas moins per- exécuté des travaux en l'honneur de
fectionnée sous le règne de Méneph- son père Amon-Ra, le roi des dieux ,
tha 1 er ; les bas-reliefs de ce temps sont et embelli le palais de son père, le roi
remarquables par la simplicité du style, soleil stabiliteur de justice, le Gis du
la finesse d'exécution et l'élégante pro- soleilMénephtha- Borei. Voici qu'il a
portion des figures. Un peu plus tard, ( crande lacune) les pro-
fait élever...
sous le règne de Sésostris, fils de Mé- pylons du palais, et qu'il l'a entouré
nephtha, la sculpture, traitée avec de murailles de briques, construites à
moins de soins, annonce la prochaine toujours : c'est ce qu'a exécuté le fils
décadence de l'art le Ménephthéum
: du soleil , l'ami d'Ammon Rhamsës.
,»
favorise ce rapprochement , cette com- Cette dédicace annonce sans incerti-
paraison, cette déduction, et elle se tude que le palais de Kourna fut
révèle surtout par la différence qui fondé et construit par Ménephtha I er ,
existe entre les bas-reliefs de la salle et que ce fut Sésostris qui le termina.
hypostyle et ceux de la première salle Plusieurs des bas-reliefs qui décorent
de droite, et en général par toute la l'intérieur du portique et l'extérieur
partie du palais a droite de la salle des trois portes par lesquelles on pé-
hypostyle décorée durant le règne de nètre dans les appartements du palais,
Sésostris. Ces faits importent beaucoup représentent en effet le roi Ménephtha
à l'histoire de l'art en général , surtout rendant hoiuinage à la divinité thé-
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...
• * • • •
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EGYPTE 327
stabiliteur de justice, a fait ces cons- Phré dans le lieu nommé aujourd'hui
tructions en l'honneur de son père Wadi-el-Moyé, situé à deux journées
Amon-Ra, le seigneur des trônes du du Nil dans le désert , sur la route de
,
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328 L'UNIVERS
mcnts d'époques diverses en a été an-
, montagne , et dont la direction était
ciennement effacée c'est un fait re-
: opposée à celle de l'entrée véritable
marqué jusque dans les lieux les plus du tombeau. Belzoni a publié eu un
dignes de respect , les tombeaux no-, grand atlas les principaux sujets sculp-
tamment dans celui du roi Ménephtha tes et peints dans ce tombeau , dont
lui-même. l'étendue donne une assez longue du-
Ce tombeau existe dans la vallée de rée au règne de Ménephtha I* r ; on
Biban-el-Molouk ; il attire principa- peut la porter, en effet , jusqu'à 32
lement l'attention du voyageur par années et 8 mois.
l'étonnante fraîcheur des peintures et C'est aussi dans le tombeau de ce
er
la finesse des sculptures qui le dé- roi (Ménephtha I ) que Champollion
corent. Il fut découvert par le vova- le jeune observa et recueillit la plus
geur Belzoni , et nous avons déjà ancienne représentation d'un fait as-
donné (page 30) un extrait de la des- tronomique et civil d'un très-haut in-
cription de cette magnifique sépulture térêt dans l'histoire des institutions
royale , où l'on a recueilli des données égyptiennes : la représentation , dans
positives sur les connaissances que les les peintures du plafond, de l'intime
Égyptiens avaient, à cette époaue re- liaison du lever heliaque de l'étoile Sy-
culée , des peuples étrangers plus ou rius, avec le premier iour de l'année
moins éloignés de P Égypte. égyptienne ( le 1 er thôth); témoignage
Un des nombreux bas-reliefs colo- important d'une coïncidence et d'un
riés de ce tombeau en a été détaché, usage qui donnent à la science moderne
et enrichit le musée égyptien du Lou-
il la clef de toutes les difficultés que lui
vre. Il existe aussi , dans les cabinets présentait , à l'égard de l'antique
des curieux, comme dans ce même Égypte, l'ensemble des règles admises
musée, un grand nombre de statuettes pour la division du temps dans les
funéraires de ce roi , en bois ou en usages civils, et la source originaire
porcelaine , recueillies dans son tom- de ces règles {suprà, page 236).
beau. On voit aussi , à Turin , un contrat
Quand Belzoni en fit la découverte, en écriture hiératique, daté du 16 de
il jugea, -à la difficulté d'en retrouver choïak , de la Yannée du règne de ce
l'entrée et de la rendre praticable, mie roi.
ce tombeau était intact, et il espéra Les monuments nous apprennent
retrouver enfin un roi d'Egypte en que ce roi eut deux femmes , dont l'une
repos dans la dernière demeuré que lui se nomma Tsiré, et l'autre Twéa. La
avait assurée la piété de sa famille et première est mentionnée dans les ins-
de ses peuples. La première salle était criptions du tombeau du roi , avec ces
en effet intacte ; un long couloir ve- titres : L'osirienne (la défunte) épouse
nait après, et encore hermétiquement royale, Pépouse divine, la royale mère,
fermé à son extrémité; cette ouver- la grande dame du monde, tutrice
ture pratiquée de nouveau , un puits de la haute et de la basse Égypte,
très - profond la séparait de plusieurs Tsirk.
autres salles, également peintes et De la seconde , Twéa , il nous reste
d'une parfaite conservation : enfin , le plusieurs monuments intéressants ; on
voyageur parvint à la salle du sarco- voit , à Rome , au Capitole , une statue
phage, la plus spacieuse de toutes; colossale en basalte noir, qui est une
mais le sarcophage avait été violé; le image de cette reine : l'inscription gra-
couvert violemment jeté à terre , y gi- vée sur le colosse la qualifie en ces
sait en deux morceaux; l'intérieur termes : « La reine du peuple obéis-
était vide, et une crevasse dans un sant , mère d'un roi du peuple obéis-
des coins du sol annonçait qu'on avait sant , la royale mère de l'Horus , fort,
très-anciennement pénétré dans cette dominateur du monde, seigneur du
salle par un souterrain dont on ne monde, soleil gardien de la vérité,
pouvait pas suivre les traces dans la approuvé par le soleil, seigneur du
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EGYPTE. 329
monde , Amoti-Mai Rhamsès, vérifi- se termine , à gauche , la ligne inter-
cateur, la divine épouse, la royale médiaire de la Table d'Abydos. Ce
épouse principale, la dame du monde, même prénom royal se retrouve dans
Twéa. » l'inscription verticaledela même Table
Cette reine fut donc la mère de Sé- royale ; et elle désigne ce roi Rhamsès
sostrîs , et cette circonstance peut ai- comme le successeur immédiat de
der à fixer avec quelque certitude le Ménephtha I er .
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830 L'UNIVERS
que, et dont tableaux historiques
les terminé et érigé par son successeur.!
représentent le riche butin qu'il en A Silsilis, une des chapelles qrijn
rapporta, soit en animaux rares et cu- sont creusées dans le roc Ta été ansa |i
rieux, soit en productions et métaux par l'ordre de Rhamsès II. Les t*l
de grand prix. bleaux qui décorent les parois de droite
]
Rhamses II ajouta à la décoration et de gauche cous fout connaître il
du Ménephthéum de Kourna, àThèhcs, Quelle divinité ce petit édifice avait été!
élevé par son père; les petites parois à éflié par le Pharaon. Il y est repré»!
droite et à gauche de la porte prin- senté adorant d'abord la triade thé-I
cipale de la salle hvpostvle sont cou- baine , les plus grands dieux de rKgypte,!
vertes de bas- reliefs représentant l'a- Amon-Ra, Mouth et Khons, cem|
doration de la triade thébaine par ce qu'on invoquait dans tous les temples,
|
Pharaon, et le bas-relief inférieur, à parce qu'ils étaient le type de tous la
la gauche de la même porte, représente autres; plus loin , il offre le vin au diei
]
son sacre après la mort de son père Phré, àPhtha, seigneur de justice, etj
Ménephtha r
Le jeune roi, présenté
I* . au dieu Nil, nommé dans l'inscriptioi ]
ar la déesse Mouth et le dieu Khons, hiéroglyphique Hapi-moou le pèrevM ,
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ÉGYPTE. 331
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132 L'UNIVERS.
mystères sacrés de l'Egypte disent que la vie de Sésoosis, d'après lesÉgyp-l
le dieu Horus, comme le dieu Phré, tiens au* si, les deux écrivains gréera
son père, naquit en portant le doigt à ont écrit l'histoire du même roi, im
la bouche. L'objet de notre stèle est néralement connu sous le nom de Sè#n
donc de rappeler la même tradition à sostris, le Rhamsès III des listes otjj
l'égard de Sésostris. Les mêmes mys- Manéthon et des monuments. L'ider> I
tères disaient aussi qu'à la naissance tité des deux relations dans leurs ciw|
de ce roi, son père avait vu en songe constances principales conOrme h3ute-|
le dieu Phtha qui lui prédit que cet ment celle des deux noms désigna ri]
enfant serait le maître de toute la le même personnage. Les deux histoj
terre. Les monuments prouvent aussi riens ont donc retracé à grands traita
la particulière dévotion de Sésostris de Sésostris : la science m*-i
l'histoire
pour ce dieu Phtha. Les temples de derne a fourni à ces deux textes ^recsJ
alemphis sont redevables à ce roi de précieux commentaires; et ils soiijl
d'immenses et magnifiques accroisse- écrits dans les nombreux monument»
ments; m lin, au revers de la stèle de du règne de Sésostris, où ont éteconjj
Sésostris enfant, est aussi une adora- temporairement retracées les actioctjl
tion au dieu Phtha par un personnage mémorables de sa vie. Remettons sourt
dont le nom a disparu de ce curieux les veux du lecteur les traits principauïj
monument. de fa narration des historiens, rappro*
La longue durée du règne de Sésos- chée des témoignages analogues
tris, et fes glorieuses actions qui en monuments; et, à la faveur d'une trot
marquèrent Tes diverses époques en , rare concordance de telles autorité!
ont inscrit le souvenir dans les annales historiques, évoquons du domaine àt
humaines en traits ineffaçables : dans la fable, et inscrivons au nombre des!
l'ordre moral, la vie d'un grand roi faits les plus certains dans l'ensemble
demeure, comme le font dans l'ordre des annales humaines, la vie et fac-
e
physique, les traces d'un grand phé- tions d'un grand roi qui , au XVI sieck
nomène naturel, indélébiles à la sur- avant l'ère chrétienne, remplit l'Orient
face de la terre. Hérodote et Diodore du bruit de ses victoires , menaça notrt
de Sicile ont donné une large place, Occident encore barbare, et enrichit
dans leurs récits historiques, à la vie sa patrie de bonnes lois, d'institutions
et aux actions de Sésostris; leurs nar- nouvelles, des tributs de vingt peuples
rations suffiraient pour immortaliser soumis, et d'immortels monuments
sa renommée; l'autorité plus impo- dignes encore de notre admiration.
sante encore des monuments contem- Sept générations après Mœris, Sé-
porains s'unit aussi intimement à leurs sostris fut roi : c'est Diodore de Sicile
assertions pour la célébrer. C'est un ui s'exprime ainsi. Or, en remontant
devoir pour nous de prouver la véra- 3 e quelques pages dans notre récit, on
cité des deux historiens grecs et celle s'assurera sans peine qu'après M (pris
des mémoires qu'ils avaient consultés, ou Thouthmosis III , Sésostris est en
par l'heureux accord de ces écrits avec effet la septième génération, les ro;>
les monuments du règne même de Sé- Aménophis Thouthmosis IV, Ame-
II ,
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I
TE. 333
ur que son fils, et ordonna qu'ils l'Inde jusqu'à l'Océan et dans le pays
,
issent tous élevés avec les mêmes des Scythes jusqu'au Tanaïs; successi-
)ins, a lin que, habitués à vivre fami- vement, il s'empara des Cyclades,
èrement ensemble, ils fussent d'ex- entra en Europe, et pénétra dans la
ellents compagnons d'armes à la Thrace, qui fut le terme de son expédi-
«uerre, soumis et dévoués à son fils. tion. Partout le roi se montra humain
I débuta par une guerre contre les et modéré, n'imposant aux nations
irabes ; tous ses compagnons l'y sui- soumises que des tributs annuels pro-
irent, et, malgré les dures privations portionnés à leurs ressources. Cette
n'ils eurent à souffrir, et auxquelles expédition fut terminée dans l'espace
ur mâle éducation les avait préparés, de neuf années 9 et, dans les diverses
s revinrent vainqueurs, après avoir contrées qu'il avait soumises, Sésos-
orté la désolation parmi ces peuplades tris avait fait élever des colonnes et
t les avoir soumises à un joug qui ne d'autres monuments commémoratifs
sur avait pas encore été impose. De de son passage et de ses victoires.
Hour de cette campagne, Sésostris Que disent les monuments d'ana-
e rendit en Libye par Tordre de son logue à ce récit? D'abord le manuscrit
«re, et , quoique tres-jeune, il soumit Sallier déjà décrit (suprà, page 169),
a plus grande partie de cette contrée relate les victoires de Sésostris en
iiricaine. Asie, en Afrique, en Europe; il a sou-
Les entreprises militaires du père de mis les Ioniens, les Syriens, les Éthio-
sésostris sont représentées sur les di- piens, les Arabes, les Scythes, et Bac-
*erses parties de son magnifique palais tres, leur établissement principal, et
e Thèoes, le Ménephthéum; son lils ces victoires étaient accomplies dès la
t'y figure pas particulièrement, les neuvième année de son règne. Le ma-
onvenances de la royauté ne pouvaient nuscrit porte en effet cette même date,
Jàs permettre; mais les victoires
le qui est celle que Diodore a-recueillie
le Ménephtha en Asie et en Afrique et nous a conservée. De plus, le mo-
'ournissent le temps et le lieu pour nument qui subsiste encore à Beïrouth
4acer les hauts faits de son fils Sésos- en Syrie (suprà, page 61 ), est un de
tris, tels que Diodore de Sicile nous les ces monuments commémoratifs de ses
) transmis. victoires, que Sésostris faisait élever
Bientôt après, parvenu au trône dans les contrées étrangères qui se sou-
l'Egypte, il convoita celui de la terre mettaient à ses armes.
habitable; il s'occupa des soins néces- De retour dans ses États , Sésostris
saires pour s'assurer du dévouement de selon les mêmes historiens, orna les
>cs compagnons et de la fidélité de la temples de l'Egypte d'offrandes ma-
îation; il se montra prodigue de biens §niliques, y consacra les prémices des
?t de grâces pourvut à quelques points
,
épouilles des nations soumises; l'K-
^portants de l'administration publi- gypte entière fut enrichie des fruits de
ée, et leva une armée qu'on portait cette grande expédition, et toutes les
six cent mille hommes de pied , vingt- pensées du héros se tournèrent, dès
|uatrc mille cavaliers et vingt-sept nulle lors , vers le bien intérieur du pays.
hdrs de guerre. Il soumit d'abord les Il entreprit des ouvrages, admirables
Uhiopiens voisins de l'Egypte, et leur pour la pensée , prodigieux pour la dé-
mposa un tribut annuel de bois d'é- pense; ils ont assuré à ce prince une
Jène, d'or et de dents d'éléphant. Il gloire immortelle, et à l'Égypte la
envoya ensuite sur la mer Rouge une sécurité et le bonheur. —
Il reste peu
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334
»
L'UN fERS.
tance; et ce sont là autant de témoi- entrée; et l'intérieur, creusé dans
gnages en faveur des assertions des montagne, est digne par son étem
deux historiens grecs. et la profusion des ouvrages d'à
11 fit bâtir, continuent-ils , il fit bâtir de ce frontispice merveilleux. Le p<
dans chaque ville un temple à la divi- temple, dont la face est décorée de
nité principale du lieu ; détenditd'y em- autres colosses, fut dédié à la dée
ployer aucun Égyptien , et imposa ces Athôr par la reine femme de Sésosti
travaux aux prisonniersqu'il avait ramè- Ce prince fit élever par les inén
nes. — Le nombre des anciennes villes moyens des chaussées exhaussées ;
et dédie a Phtha et à Athôr , les deux Sésostris le palais de Thèbes qui por
:
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ÉGYPTE. 335
pce première de sa prospérité, terre, circonstance qui a garanti sa
pésostris , continue l'historien , dé- Kirfaite conservation ; il représente
au grand dieu de Thebes, Amon- hamsès le Grand, coiffé du claft
une bari sacrée en bois de cèdre , strié surmonté du pschent. Son cou
,
* orné par Sésostris , subsistent en- barbe pied 6 pouces ; bouebe ou-
, 1
01
*; ces statues , dit Hérodote , sont verte 1 pied 6 pouces 6 lignes ; lon-
,
j
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I/UNIVERS.
4 pieds 2 pouces; oreille, 1 pied 8 front; au-dessus de celte visière,
pouces ; largeur de l'oreille , 1 1 pouces. lève l'insigne royal, Yurœtis, do
Le Pharaon était coiffé du claft strié corps forme d'abord plusieurs
et au-dessus s'élevait le pschent qui lements, et s'étend ensuite e
esta moitié détruit; il manque aussi droite vers la partie la plus
une petite portion des jambes, les casque.
pieds et la plinthe de la statue. Dio- « La face de cette statue , trai
dore de Sicile savait que la statue mo- comme toutes les autres partir*
nolithe de Sésostris, éfevée devant le un soin extrême, est d'une perfd
temple de Memphis , avait de hauteur que je ne m'attendais point à ren
trente coudées, environ 45 de nos pieds, trer dans un ouvrage égyptien
et le colosse de Memphis, mesuré par ancien style. L'expression en
Champollion le jeune , a encore 34 fois douce et hère , et un ex an
pieds 1/2, maigre les mutilations de la rapide suffit pour convaincre
coiffure, d'ordinaire très -élevée, et là un véritable portrait. Les
celles de la base de ce monolithe. L'ap- d'une grandeur moyenne , sont
pui de la statue du roi était orné de la saillants que ceux de la plupart
figure de sa femme et de celle de son très statues; les soumis sont le
fils. Plusieurs autres colosses , en gra- ment marqués; 1 angle externe
nit rose, mais de plus petites dimen- yeux n'est point exagéré comme à
sions, existent encore sur le même dinaire; le nez est long et aquiii
emplacement. Le musée du Louvre la bouche petite, quoique les I
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<
ÉGYPTE. 387
rla manche de
la tunique, dont les descendant jusqu'au bas de la tunrque,
nges descendent jusque vers le poi- ne nous dirait point que c'est là en
ft main fermée tient un corps
; la effet l'image du dieu rivant et bienfai-
indrique , tout à fait semblable a sant, le représentant d*4 m mon, de
rouleau de papyrus déprimé par Mars, du soleil dans la haute région,
ïort des doigts qui le serrent. Des gardien de la vérité,
le roi soleil,
lussures imitant , jusque dans les approuvé par Phré le directeur et
,
* cette dernière 'statuette nous ap- , les relations commerciales qu'il établit
prennent que le colosse a été dédié avec l'Inde (page 162), les grands édi-
«rie fils du roi qu'il aime. La lé- Thèbes , le Rhames-
fices qu'il éleva à
ffnde qui accompagne la statuette de séum (pages 68, 154 243 , 249), le
,
emme, consiste seulement en ces palais de Louqsor (57, 79), les embel-
JjjHjî Sa royale et puissante épouse lissements de Karnac, les construc-
pi l'aime; elle
se rapporte sans doute tions d'Ibrim (page 164), les merveilles
w reine , femme de Rhamsès et
1
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L'UNIVERS.
et notamment sur le temple élevé par il est vrai , mais qui ne doit point sur-
cette reine dans ce même lieu de la prendre si l'on considère d'abord que
Nubie, et consacré par elle à la déesse Rhamsès eut, à notre connaissance,
Athôr. Sur les monuments des temps au moins deux femmes légitimes, les
postérieurs, le nom de la reine est reines Njfré-Ari et Isénofré, et qu'il
Isénofré(/*w bienfaisante). Ou voit à est, de plus, très - probable que les
Silsilis, auprès d'un prince oui est en enfants donnés au conquérant par des
compagnie de Sésostris et de sa se- concubines ou des maîtresses prenaient
conde femme, cette inscription : Le rang avec les enfants légitimes , usage
royal fils du soleil gardien de la dont fait foi l'ancienne histoire orien-
VÉRITÉ, APPROUVÉ PAR LE SOLEIL, tale tout entière. Quoi qu'il en soit, on
né de la royale épouse principale a sculpté au-dessus de la téte de chacun
Isbmofrr i ce prince se nommait Scho- des princes , d'abord le titre qui leur
hemkémi, et il présida aux panégyries est commun à tous, savoir : le fils du
dans les dernières années de son père. roi et de son germe; et pour quelques-
Avec eux est aussi une jeune princesse uns (les trois premiers et les plus âgés
nommé Ha thianti ,
qui paraît avoir été par conséquent), la désignation des
la Glle chérie, la benjamine de la vieil- hautes fonctions dont ils se trouvaient
lesse de Sésostris. revêtus à l'époque où ces bas-reliefs
Les souvenirs historiques de Nofré- furent exécutes. Le premier se trouve
Ari, première femme de Sésostris, ainsi qualifié ; porte-éventail à la gau-
surnommée quelquefois Ahmosis-No- che du roi, le jeune secrétaire royal
fré-Ari (l'enfant de la lune), sont plus ( basilico-grammate) , commandant
nombreux que ceux de la seconde; elle en chef des soldats (l'armée), le pre-
prend part a la dédicace que Sésostris mier-né et Je préféré de son germe.
fait du Hhamesséum de Thèbes au Amenhischopsch; le second, nommé
grand dieu Amon-Ra. Rhamsès comme son père, était porte-
Les enfants de Sésostris et des deux éventail à la gauche du roi, et secré-
reines ses épouses sont mentionnés et taire royal commandant en chef les
parfois figurés sur plusieurs monu- soldats du maître du monde ( les trou-
ments, dans des combats, et notam- pes composant la garde du roi); et le
ment sur les colonnes du temple d'A- troisième, porte-éventail à la gauche du
thdr à Ibsainboul, élevé par la reine roi, comme ses frères (titre donné en
JNofré-Ari. A Derri , subsiste aussi une général à tous les princes sur d'autres
liste, par rang d'âge, des fils et des monuments), était de plus secrétaire
lilles de Sésostris , très-utile pour com- royal, commandant de la cavalerie,
pléter celle d'Ibsamboul. Le plus inté- c'est à-dire, des chars de guerre de
ressant de ces tableaux et le plus com- l'armée égyptienne. On se dispense de
plet en même temps est celui qui existe transcrire ici les noms propres des vingt
encore au Rhamesséum, dans la salle autres princes; on ajoute seulement
hypostyle, au-dessous des deux grands que les noms de quelques-uns d'entre
tableaux sculptés qui s'y sont conservés eux font certainement allusion, soit
jusqu'à ce jour. aux victoires du roi, au moment de
•
Le soubassement de ces deux ta- leur naissance, tels que Nébenschari
bleaux est occupé par la série, figurés (le maître du pays de Schari), Nében-
en pied et dans un ordre rigoureux de thonib (le maître du monde entier),
primogéniture, des enfunts mâles de Sanaschtenamoun (le vainqueur par
Rhamsès le Grand. Ces princes sont Ammon); soit à des titres nouveaux
revêtus du costume réservé à leur le protocole de Rhamsès
adoptés dans
rang; ils portent les insignes de leur leGrand, comme, par exemple, Pa-
dignité, le pedum et un éventail formé tavéamoun (Ammon est mon père), et
d'une longue plume d'autruche fixée à Set peu ri (approuvé par le soleil;, titre
une élégante poignée, et sont au nom- qui se retrouve dans le prénom du
bre aie vingt-trois: famille nombreuse, roi.
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ÊGYPTE.
Sur une autre partie du soubasse- de l'âge de Sésostris, porte à croire
ment de la même salle hypostyle, on peu fidèle le nombre d'années indiqué
a représenté de Sésostris; il
les tilles Diodore de Sicile, comme celui de
ae reste que la mention de six , le reste
rrdurée du règne de Sésostris. Darius
du tableau ayant été détruit. Élégam- régna 36 ans; et quel que fût sou âge lors-
ment vêtue, chacune d'elles porte un qu il prononça ces paroles , la durée du
sistre à la main , et son image est pré- règne de Sésostris , portée à 33 ans-, ne
cédée de ce titre : La fille du roi , née pouvait pas être pour lui l'objet d'un
de son germe et qu'elle aime. Parmi vœu, ni exprimer la pensée d'une assez
leurs noms, on remarque ceux de longue suite d'années, pour qu'il eût le
Hem - men -Tmaou , Isenofré, Amen- temps d'accomplir les grandes actions
t-mai, que portèrent aussi d'autres qui avaient illustré le règne de Sésos-.
princesses égyptiennes. tris. C'est donc avec une grande ai*
L'antiquité classique nous a con- parence de certitude que les listes de
servé sur Sésostris quelques particula- Manéthon, dans Eusebe, portent la
rités dont les monuments ne peuvent durée de ce règne jusqu'à 68 ans.
pas contrôler
la véracité. Ainsi elle Les monuments confirment pleinement
nous dit que Sésostris, à son retour cette indication : les papyrus hiéra-
de sa grande expédition t rencontra à tiques du musée de Turin donnent des
Péluse son frère, qui, tout en fêtant dates de la 3' et de la 4* année de ce
son retour, entreprit de le faire périr règne; les 29 athyr, 3 méchir et 4
en incendiant le palais, et que le roj mésori de l'an 8; le papyrus d'Aix porte
échappa à ce péril ainsi que sa femme
, une date du 5 paym de l'an 9 ; un au-
et ses entants, par la protection du tre papyrus de Turin , celle de l'an 14;
dieu Phtha; et selon quelques criti- les stèles sculptées à Silsilis, les années
ques, ce frère de Sésostris serait le 30 et 34 ; le 3 de tobi de Tan 35 est
Danaus qui conduisit les colonies égyp- écrit dans le grand temple dTbsatn-
tiennes dans la Grèce au XV 9 siècle boul ; l'an 37 à Silsilis encore ; Tan 38
arant Père chrétienne, époque en effet dans le même temple d'Ibsamboul;
presque contemporaine du règne de les années 40 et 44 à Silsilis aussi ;
Sésostris. Diodore ajoute à son pre- enûn l'aimée 62 se lit sur une stèle du
mier récit, que Sésostris ayant perdu la musée de Florence : voilà des dates
vue, se donna volontairement la mort authentiques et contemporaines; on
après un régne de trente-trois années. peut donc adhérer avec confiance au
Nous aimons mieux croire aux paroles sentiment des critiques modernes, qui
suivantes du même écrivain : ont fixé à 68 ans et 2 mois la durée du
• La gloire de ce roi fut telle et sub- règne de Sésostris.
sista si longtemps dans la postérité, Son tombeau existe dans la vallée
qua la suite d'un grand nombre de des rois à Biban-el-Molouk , à Thèbes ;
générations ,
étant tombée
l'Egypte c'est le troisième à droite dans la val-
sous la puissance des Perses, et Da- lée principale (voyez pl. 71); mais la
rius, père de Xercès, voulant faire sépulture de Sésostris a été en butte
placer à Memphis sa propre statue au- à la fois aux ravages , à la cupidité des
dessus de celle de Sésostris, le grand barbares, et à l'invasion des torrents ac-
prêtre, dans le collège sacerdotal, cidentels qui l'ont comblée presque jus-
s'opposa à cette prétention, et se qu'aux plafonds. Il a fallu , aux der-
fonda sur ce que le roi de Perse n'a- niers voyageurs français , faire creuser
git pas encore surpassé les grandes un boyau au milieu des éclats de pierre
actions de Sésostris. Loin de s'irriter et des décombres qui remplissent ce
de cette opinion hardie , Darius y prit tombeau, pour parvenir, en rampant
pLi>ir , et se "borna a dire qu'il s'effor- et sous le poids d une extrême chaleur,
cerait, s'il vivait autant que Sésostris, jusqu'à la première salle seulement.
^ ne pas rester au dessous de lui. » Cet hypogée, d'après ce qu'il est pos-
Cette remarque de Darius au sujet sible J'en voir, fut exécuté sur un
22.
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L'UNIVERS.
plan très-vaste, et décoré de sculptures Nous la tirerons du récit même de
du meilleur style, à en juger par les Moïse ; il a dit , dans son livre intitulé :
à leur naissance : Dieu , enfin , or- le génie de Moïse coordonna ces deux
donna à Moïse de délivrer les Hébreux grands moyens d'action, et les Hf-
de cette servitude , et Moïse les dé- breux sortirent heureusement de l'E-
livra.
^*
On a déjà relaté (suprà, page 17), Quelques critiques ont fait cette re-
les circonstances les plus marquantes marque : la relation de Moïse ne parle
gnalés : c'est ici que nous devons en sans jamais rencontrer les Hébreux
indiquer l'époque. sur ses pas. ï^es textes hébreux et les
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I
EGYPTE. 311
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842 L'UNIVERS.
intendant nommé Pnahasi. et constate Mais avant le règne de ce roi, les
épouse la reine Isénofré, et qu'ils eurent de roi, ne paraît qu'après elle dans
trois fils. L'aîné se nommait Phtha- cette série de bas-rehefs , la reine seule
men, d'après cette même liste : ce fut se montrant dans les premiers et les
le troisième Pharaon du nom de Mé- plus importants, et Ménephtha-Siph-
nephtha, fils et successeur de son tha est le nom de ce souverain.
père. Il résulte de toutes ces données que
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EGYPTE.
le règne de la reine Thaoser précéda la catacombe, formée de trois longs
e
celui du roi de la XVIII dynastie qui corridors et de deux salles, a été seu-
usurpa son tombeau , et le précéda au lement tracée en rouge, et l'on ren*
moins d'un règne il : n'aurait pu violer contre enfin les débris au sarcophage du
ainsi sépulture de son prédécesseur
la Pharaon, en granit rose, dans un très*
immédiat. Fondé Sur c**s faits, sur ces petit cabinet dont les parois à peine
considérations sur le silence de la table
, dégrossies sont couvertes de quelques
de Médinet-Habou, qui ne mentionne mauvaises figures de divinités dessinées
pas la reine Thaoser, parce que cette et barbouillées à la hâte. Le règne de
reine ne constitue pas une génération, ce roi fut cependant de dix-neuf an-
nous la considérons comme la fille de nées, d'après les listes de Manéthon.
Ménephtha tl et la sœur de Méneph- On expliquera facilement et la durée
tha III, qui est inscrit sur cette même de ce règne et l'imperfection de son
liste. Les tables royales fournissent tombeau par le règne même de sa sœur
lusieurs exemples parfaitement sem- Thaoser, qui est confondu dans les
lables à l'appui de notre explica- dix-neuf années accordées à Méneph-
tion. tha III, et qui, de fait, ne régna pas
Ménephtha II eut donc pour succes- assez longtemps pour faire convena-
seur immédiat (Pan 1498) sa fille, à blement terminer sa sépulture : ces
cause sans doute du bas âge de son fils deux considérations s'appuient réci-
aîné : cette fille porta le nom de Thoo- proquement.
ser , se maria a Siphtha-Menephtha Les listes de Manéthon nomment ce
qui fut son mari sans être roi. On roi comme le dernier de la XVIII* dy-
trouve à Silsilis quelques traces de ce nastie. La liste de Médinet-Habou, qui
règne de peu de durée , et le monument a bien plus d'autorité, porte à cette
le plus considérable qui nous en reste, place le cartouche d'un autre Pharaon,
c'est le tombeau déjà mentionné. dont le titre royal était : Soleil gardien
Ménephtha III, qui paraît avoir été des chefs, aimant Ammon; son nom
le frère de ta reine Thaoser, fut le fils propre, qui est écrit avec plusieurs
de Ménephtha II , et le seizième roi de variantes, se lit communément Rha-
la XVIII* dynastie égyptienne. Son méri : il monta sur le trône vers Tan
cartouche- prénom suit immédiatement 1479 avant l'ère chrétienne. C'est ce
celui de Ménephtha II son père dans la roi qui avait usurpé le tombeau de la
liste rovale de Médinet-Habou, et ce reineThaoser et deSiphtha-Ménephtha.
cartouche signifie soleil gardien des Rhamérî , au lieu de se faire creuser un
mondes, aime d'Ammon; son nom pro- tombeau , trouva plus simple de s'at-
pre se lit Ousireï-Ménephtha. On le tribuer celui d'un des rois ses prédé-
retrouve sur une partie des édifices de cesseurs , catacombe voisine de celle de
Karuac, qui d'abord avait paru anté- Ménephtha III , et à laquelle il ajouta
rieure à toutes les portions de ce tem- cependant deux corridons et sa salle
ple édifiéespar les rois de la XVIII* sépulcrale, afin de ne pas troubler les
dynastie, opinion rectifiée par l'examen cendres de ses deux ancêtres. Mais
des lieux, et qui avait fait attribuer au lieu d'une usurpation rélléchie
ces ouvrages à Osymandias. Les souve- le court rècne de Hhaméri peut ex-
nirs gravés sur le temple de Louqsor pliquer cet empiétement, surtout s'il
rappellent aussi Ménephtha III et sa s'opéra sur le tombeau d'une reine sa
piété envers les dieux. Son tombeau a parente, sa tante, qui ne fut pas comp-
été visité par plusieurs savants voya- tée, dans les annales sacrées, parmi
geurs; il est le dernier au fond de la les générations de rois. Dans ce tom-
vallée de Biban-el-Molouk; il est resté beau qu'on peut qualifier de palim-
,
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844 L'UNIVERS.
un roi, mais les discours s'adressent mations ont un mérite réel , et peut-
toujours à une reine. Cette précipita- être suffisant.
lion ne laisse pas une longue durée au Toutefois , nous nous sommes sou-
règne de Rhaméri. On ne lui attribue mis dans nos appréciations chronolo-
en effet que quelques années ( 5 ans giques, à l'autorité des monuments
S mois). On croit qu'il fut marié à pour chaque règne, comme à celle des
la reine Ahmos-Nofrrï; elle est figu- écrivains anciens pour le nombre
rée dans un bas-relief où le roi et la des souverains qui composèrent cette
reine font l'offrande du vin aux divi- XVIII e dynastie, porté à dix - sept
nités de Thèbes. d'après le" texte même de Manétbon ,
Du reste, Pincertitude qui résulte du conservé par Josèphe, et pour la durée
silence des monuments au sujet de la totale de leurs règnes , portée à 348
durée réelle de ce dernier règne de la ans , comme Pont dit Eusèbe et d'au-
XVI IT dynastie, nous autorise à lui tres chronologistes.
attribuer approximativement lesô an- La certitude suffisante de toutes ces
nées et 3 mois qui complètent , avec indications chronologiques, et l'anti-
les règnes précédents, la durée totale quité des temps auxquels elles se rap-
de cette XVIII e dynastie , fixée à 348 portent, nous engagent à mettre sous
années. Le lecteur jugera, comme nous, les yeux du lecteur le tableau suivant
que , en pareille matière, les approxi- qui les résume en quelques lignes.
1
er Gis d'Amosis 30 •os. 7 l'an 1822*.
! ,
0 38 5 1657*.
Tiaahumot , fille d'Horus.
10 Kh.msèsl", fils d'Horus. 9 I619V
3iY
U XIX* djiuslic l'an.. 1474V
i
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EGYPTE
Ladix-neuvième dynastie fut, comme nier de la XVIII* dynastie, régna bien
*s précédentes, originaire deThèbes. peu d'années; les Pasteurs l'avaient
Le premier roi de la XIX* était le (ils chassé de son trône; à sa mort, il
4u dernier de la XVIII* il y a quel-
: n'avait pas de tombeau ; il fut placé
ques incertitudes sur les motifs qui dans celui de ses ancêtres sou sé-
:
suidèrent les Égyptiens dans la dis- jour forcé en Éthiopie explique natu-
tinction des dynasties , et ce mot pa- rellement cette circonstance remar-
rait avoir eu "pour eux et pour leurs quable de la vie de ce roi.
annalistes une acception différente de Le second passage de Manéthon est
celle que les écrivains de nos temps relatif à un événement d'un autreordre.
lui ont unanimement donnée. Les meil- Ce même Pharaon Séthos avait réuni
leures autorités fixent à six le nom- de grandes forces de terre et de mer.
bre des rois de la XIX e dynastie; le Il entreprit de lointaines conquêtes;
premier de tous porta le nom de et, en partant, il laissa à son frère
Rhamsès ; il fut surnommé Méiamoun, Armais l'administration de l'Egypte,
Rhamsès aimant Amon. Soncartouche- lui déléguant l'autorité royale, a la
prenom se lit en effet Soleil gardien
: condition toutefois de ne pas ceindre
de vérité , aimant Amon. le diadème royal, et avec la recom-
De graves événements troublèrent mandation expresse de respecter la
te premières années du règne de ce reine, mère de ses enfants, et les
prince, dont, toutefois, la durée fut autres femmes du palais. Le roi cin-
extraordinaire , et il fut illustré par gla vers Chypre , attaqua ensuite la
ûe. grands succès dans de grandes en- Pbénicie, les Assyriens, les Mèdes,
treprises militaires. et , enhardi par d'éclatants succès , il
Les écrivains grecs des premiers se dirigea vers les nations de l'Orient.
sièclesdu christianisme nous ont con- Il apprit alors par des lettres du grand
servé quelques passages textuellement prêtre, que son frère Armais avait mé-
extraits de l'ouvrage de Manéthon, prisé tous ses ordres, et était en ré-
où ces événements étaient consignés. volte ouverte contre son autorité.
D'après un de ces passages , l'Egypte Séthos retourna en Égypte, y rentra
fut de nouveau envahie par les Pas- par Péluse , et reprit la couronne et le
teurs durant le règne d'un Aménophis pouvoir; Armais s'enfuit devant lui,
père de Séthos , appelé aussi Rnam- et cet Armais se nommait aussi Da-
ses. Aux premières menaces des Pas- naus.
teurs, le roi pourvut d'abord à la Ces circonstances conviennent en-
sûreté de son (ils encore en bas âge ; core au règne de Rhamsés-Méiamoun;
<t bientôt après
, incapable de résister ce prince fut un grand conquérant;
aux efforts des barbares , il se retira les monuments subsistants nous en
*n Ethiopie. Il fut contraint d'y de- instruisent sans équivoque; les seuls
meurer pendant 13 ans; Séthos gran- tableaux historiques où figurent des
dit, leva une forte armée, la mena en entreprises navales , des combats sur
Ksypte, il avait alors 18 ans; il vain- mer, sont aussi de son règne; enfin,
W l'ennemi, le chassa de nouveau
*ers la Syrie, et il jouit dès lors sans
si l'on compte dans le régne de ce
prince les 13 années passées en Éthio-
trouble de l'autorité royale. phie (puisqu'on ne les comprend pas
Pour appliquer au règne de Rham- dans le règne de son père, qui n'a été
ses-Méiamoun cette narration de Ma- porté qu'à 5 ans et 3 mois), et qu'on
néthon, il suffit de considérer que ce roi
y ajoute quelques années pour le temps
Porte dans les listes de ce même Mané- de ses campagnes sur terre et sur mer,
thon ce même nom de Séthos , et sur les son rèmie ayant commencé en l'année
Monuments celui de Rhamsès >double 1474 avant l'ère chrétienne, la fuite
dénomination par laquelle Manéthon d'Armais-Danaus sera fixée vers l'an-
désigne ainsi le prince dont il raconte née 1450, et c'est le temps même où
Nustoire. Le père de ce prince , le der- l'antiquité classique place la venue en
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L'UNIVERS.
Grèce des colonies égyptiennes de Da- tions; mais toutes les sculptures de
naus. façades supérieures, sud et nord
Rhamsès-Méiamoun fut le quatrième furent ordonnées par Rhatnsès-Më§|
de ce nom ; depuis qu'il avait été illus- moun ; et il paraît que ce roi se
tré par le plus glorieux des règnes posa , par ces travaux , de lier le
celui de Rhamsès le Grand , ce nom de Mœris avec le grand palais
fut adopté par les rois thébains qui lui couvrit la butte de Médinet-Hî
succédèrent. Os m vues nombreuses , civiles , ml
Aucun autre édifice de l'Egypte n'é- taires et religieuses , tableaux où 11
gale en étendue le gigantesque palais toire égyptienne est écrite à grai
de Médinet-Habou ( Thèbes) , élevé par traits et se manifeste à tous les yei
le rni Rhamsès-Méiamoun. I^e lecteur ont été décrites dans les sections où
a déjà eu sous sés yeux la description variété de leurs sujets avait ruarqi
de quelques parties de cette merveil- leurs places.
leuse construction (voy. ?upru , pages C'est aussi à ces admirables ta
68,59, 156 à 158, et 241). Autour de bleaux qu'on doit rapporter ce pas
ce grand monument s'étaient groupes sage des Annales de Tacite (liv. il,
les édi lices élevés par des rois posté- ch. 60).
rieurs : les siècles s'y étaient groupés « Germanicus se rendit en Égypt<
aussi et les arts y trouvent retracée
, pour en examiner les antiquités... Dt
toute leur histoire dans une réunion Canope il arriva bientôt à Thèbes, et
d'ouvrages d'époques très -diverses, en contempla les immenses vestiges:
comme le sont , sur le même sol et des inscriptions en caractères égyp-
dans un espace circonscrit , un temple tiens, gravées sur de grands édifices,
de l'époque pharaonique la plus bril- rappelaient l'ancienne opulence de IÊ-
lante; un immense palais de la pé- pte. Il en demanda l'interprétation
riode des conquêtes; un édifice de la fl'un des anciens parmi les prêtres,
première décadence sous l'invasion qui lui dit « que ces inscriptions an-
éthiopienne; une chapelle élevée par nonçaient que l'Égypte avait eu autre-
un des princes qui avaient secoué le fois sept cent mille hommes en état
joug des Perses; un propylon de la de porter les armes ; que le roi Rham-
dynastie grecque; des propylées de sès , à la tête de cette armée , avait
l'époque romaine, et, comme pour subjugué Libye, l' Ethiopie, les
la
réunir les deux points extrêmes de Mèdes, les Perses, la Bactriane et la
cette chaîne chronologique, dans une Scythie, et tenu sous sa domination
des cours du palais pharaonique, des l'Arménie, la Cappadoce qui en est
colonnes qui jadis soutenaient le faite voisine, ainsi que la Bithvnie d'un
d'une église chrétienne; ajoutons à côté et la Lycie de l'autre, sur
tant de confusions de temps et de les deux mers. On v lisait, dans
noms, que les propylées élevés par l'em- l'état des tributs imposés à ces
pereur Antonin, et les propylons de nations, le poids en or et en ar-
Ptolémée - Soter II, sont construits gent, le nombre d'armes et de che-
avec les débris retournés du palais de vaux , la quantité d'ivoire et de par-
Sésostris, démoli par les Perses, et que fums pour les temples , celle des grains
le nom du roi éthiopien Tarnka y a été et autres objets que chacune d'elles
martelé par l'ordre du Pharaon Piec- devait payer, et ces tributs égalaient
tanèhc ; ainsi les nations et les hom- ceux qui sont imposés aujourd'hui ou
mes s'y sont successivement éliminés : par les armes des Parthes ou par la
éphémères triomphes dont un peu de puissance romaine. »
temps montre toute la misère ! Germanicus ajoute Tacite, vit. aussi
,
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KGYPTE. 347
Sveue, limites alors de l'empire ro- constances de son histoire avec celles
et ces merveilles de l'ftgypte du
; de la vie de Sésostris ce que l'anti-
:
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348 L'UNIVERS
de compléter et d'orner sa dernière Il remarquable que les contoc
est
demeure. de montagne, indiqués sur les de
la
Cette vaste catacombe a donné lieu plans, se rapportent encore parfai
à une observation singulière. Elle a été ment; et ce (jtii mérite encore pl
levée par des ingénieurs de l'expédition d'attention, c'est que chaque coulo
d'Egypte, et Champollion le jeune en chaque chambre du plan sur papyr
a reconnu un plan antique parmi les porte une inscription hiératique, sûi
papyrus du musée de Turin. Voici la de chiffres donnant des nombres u
relation de ce fait unique dans les an- variés: ce sont là sans doute I-
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ÉGYPTE. 349
>n père vers Tannée 1419 avant l'ère par Ammon, suividu cartouche nom
îrétienne. propre Rhamsès, et accompagnés de
Rhamsès IV avait laissé une nom- quelques titres particuliers, tels que
reuse lignée elle est, on peut dire,
: ceux de semblable au soleil pour tou-
gulîèrement enregistrée dans le tem-
;
jours, modérateur de la vérité se lit
,
orite : il suffira de les décrire pour en plus riches (preuve évidente de la lon-
onner au lecteur l'intime conviction. gue durée du règne de ce roi ) et nous
,
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3S0 L'UNIVERS.
des plus complets de tous ceux qui sième et a* tant au quatrième, il
existent dans la vallée de Riban-el- résulterait que la mort du dernier
Moiouk et dans la vallée de l'ouest : il rait arrivée quatre-vioet-onze ans
est comme un type auquel on peut celle âge de
du père, mort à I
mère, ne fut peut-être pas la première fonder sur des exceptions aux lois (
femme de ce roi elle lui survécut. Le
: nérales de la nature.
nom de son mari ne se lit pas dans Dans cet ensemble de doutes , no
son tombeau on n'y trouve que celui
; n'avons à indiquer ici que les 001
de son fils Rhamsès V. des successeurs de Rhamsès V; I
Dans les listes de Manéthon déjà trois premiers furent ses frères,
publiées, le successeur de Rhamsès- portèrent aussi le nom de RhauuM
e
Méiamoun est nommé Rapsis ou Rap- et ce sont les VI% VII et VllV de
sakes; mais un manuscrit de la biblio- nom. Leur successeur, le sixième \
de la XIX dynastie, fut aussi
e
thèque royale le nomme positivement ;
rectifications. En
prenant pour règle,
le vallée, dans une masse calcaire d'un
sans trop nous écarter des chiffres couleur jaunâtre. Ce tombeau est ui
consignés dans la diversité de ces lis- des plus conserves; les peintures abon
tes, et accordant au lils aîné, Rham- dent en sujets astronomiques reli
sès V, soixante et un ans de règne, deux les courses du soleil , les heure:
:
vingt ans au second , cinq ans au troi- du jour et de la nuit, les luttes contn
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ÉGYPTE. S5t
i redoutable Apophis, des tables de pour inscrire les levers et les influences
r?er et d'influence des constellations, des constellations sont tracées, mais
es scènes de métempsycoses, des li- le texte n'y a pas été écrit. Le plafond
inies en l'honneur du roi, la félicité de la salle principale est taillé en ber-
es lions, les châtiments des méchants, ceau , et la sépulture du roi existe dans
sont figurés en des tableaux mul ci- 5a salle funéraire; toutefois ce n'est
liés, qui ne permettent pas de refuser qu'un énorme monolithe en granit rose,
11 règne de ce roi une durée appro- ayant la forme d'un couvercle,- tra-
ftant de celle qui nous a paru comme vaillé à la hâte, posé seulement sur le
idiquée par les considérations préeé- sol, qui a été creusé pour recevoir la
emment exposées. momie royale. L'inscription funéraire
Rhamsès VII fut
quatrième roi de
le de Posirien roi y est grossièrement tra-
iXIX* dynastie; ce rang lui est as- cée, nouveau témoignage de la courte
igné par le tableau de la famille de durée de son règne.
Ihamsès IV, à Médinet-Habou, A u troi- Son quatrième frère lui succéda : ce
ième de ses fils est en effet affecté le fut Rhamsès VIII. Son cartouche-pré-
artouche-prénom qui signifie soleil nom est tracé auprès de sa figure en
ardien de vérité chéri d'Àmmon et
, pied, dans le tableau de Biban-el-Mo-
pprouvé par le soleil. Ce cartouche- louk , et ce cartouche contient, comme
rénom était constamment uni au nom ceux de ses frères, les premières qua-
ropre Rhamsès, divin modérateur, lifications de soleil gardien de la vé-
ui ne lit auprès de la figure en pied rité, etc. Dans son cartouche nom
e ce même prince dans ce tableau, propre, il est qualifié de Rhamsès,
îe Rhamsès est inscrit au même rang chéri par Phré, et par une autre di-
t sous ce même nom dans les listes vinité jusqu'ici inconnue. On a re-
te Manéthon. trouvé les noms de ce roi sur deux
Le tombeau de ce roi est presque le stèles du musée de Berlin , mais avec
eul monument qui nous reste de sa une variante dans les signes, qui an-
ie et de son règne. Il est creusé dans nonce la protection des dieux. Ce prince
e flanc des montagnes de Biban-el- fut le dernier des fils de Rhamsès-
>folouk, non loin de celui de son frère Méiamoun, qui composent cette ex-
thamsès VI c'est le premier qu'on
: traordinaire succession de quatre fils
encontre en venant de Kourna: il est à leur père: ces deux générations, qui
i gauche, au fond d'un petit vallon. vécurent cent cinquante et un ans,
>on avenue est à ciel ouvert, d'une comprenant cinq individus, peuvent
argeur remarquable elle avait été stu-
; avoir occupé le trône d'Égypte durant
|uée avec soin. L'inscription tracée cent quarante-six ans. L histoire des
tur le listelqui surmonte le bandeau de temps modernes n'a recueilli nulle part
'entrée contient deux fois le prénom le souvenir d'un semblable phénomène:
royal et le nom propre du roi, dans deux il a pu toutefois se réaliser dans les li-
\Trtouches tels que ceux qui viennent mites des lois naturelles.
l'être décrits. L étendard royal orne Le dernier roi de la XIX* dynastie
les jambages de la porte; mais cette fut aussi un Rhamsès (Rhamsès IX),
nscription est peinte et coloriée, et mais on ignore à quel degré de parenté
aon sculptée, premier indice du court et à quel titre il succéda à son prédé-
règne de ce roi. Les tableaux qui dé- cesseur sur le trône: toutefois% de bons
corent cette catacombe sont, pour la motifs de critique historique ont assi-
plupart, semblables à ceux du tombeau gné à ce roi la place qu'il a dans notre
de Rhamsès V. Ces scènes symboliques relation. Son nom se lit sur des monu-
de la puissance du soleil, symbole lui- ments de Thèbes et à des places qu'il
,
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352 L'UNIVERS.
les premières, et dont les portions cette riche et inépuisable mine ài
suivantes sont signées du nom des époque où l'atmosphère, quoique
princes postérieurs à la dynastie. fort échauffée, est cependant ent
Le prénom de ce roi exprimait les supportable. Notre caravane s'yi
-
idées de soleil modérateur de justice, donc établie le jour même, et *
approuvé par Ammon, et son nom occupons le meilleur logement et
Rropre se lisait Ammon-Maï-Rhamsès; plus magnifique qu'il soit possible
accompagné de deux plumes,
est trouver en Égynte. C'est un roi Rhs
symboles ordinaires de la justice et de ses de la X1X dynastie qui nous d<M
l!
nom. Knfin le tombeau de ce roi existe domestiques couchent dans deux tent
encore dans la vallée de Biban-el-Mo- dressées a l'entrée du tombeau. Tel c
louk , à Thèbes ; c'est le second à droite notre établissement dans la vallée d
en entrant dans le vallon; il est situé rois, véritable séjour de la mort, pui
sur le penchant de la montagne, à peu qu'on n'y trouve ni un brin d'herfo
de hauteur au-dessus du tond de la ni êtres vivants , à l'exception des ch
vallée. cals et des hyènes. *>
rendant les trois mois qu'il consacra mais non polies; un mur supérieur e
l'exploration de cette vallée des tom- pierres sèches prévient les éboulemenl
beaux des rois. Il écrivait de ces lieux partiels. Une grande porte de beiJ
mêmes, le 25 mars 1829, ce qui suit : proportion y donne entrée, et, comm
« Nous passâmes sur la rive gauche dans tous les autres tombeaux qui n
du N il , le 23 mars , et , après avoir en- sont pas du premier rang par leu
voyé notre gros bagage a une maison étendue, on trouve dans celui-ci un
de Kourna, nous avons tous pris la partie des représentations religieuse
route de la vallée de Biban-el-Molouk qu'on observe dans les autres sépu/
où sont les tombeaux des rois de la tures royales. La figure du roi s'j
XVIII e et de la XIX* dynastie. Cette trouve de proportions colossales, I:
vallée étant étroite, pierreuse, cir- tête ornée de la coiffure de divers
conscrite par des montagnes assez éle- dieux; il remplit envers eux les devoirs
vées et dénuées de toute espèce de prescrits par le rituel, et les légendes
végétation, la chaleur doit y être in- le disent chéri de tous. La salle sépul-
supportable aux mois de mai , juin et crale est soigneusement ornée des pein-
juillet; il importait donc d'exploiter tures consacrées; le sarcophage en oc-
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ÉGYPTE. 353
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*Ô4 L'UNIVERS
surnoms, cette formule et ces noms de leurs successeurs , surnommé Ni las
e
propres étant communs dans la XVIII se soit fait quelque renommée dai
et la XIX' dynastie; enfin les princes l'histoire pour les grands travaux
dont la sépulture est mêlée à celle des venus indispensables, sur les canai
rois de la XVIII et de la XIX- dynas-
e
du Ml, qu'il fit exécuter durant
tie, ce qui les fait supposer leurs des- règne. Une telle incurie et les
cendants et leurs successeurs; et si Ton de sont des malheurs
l'oisiveté
ne trouve point à Thèbes les tombeaux quand les rois s'en rendent coul
des rois ae la dynastie suivante, la en Egypte, ces vices cruels port
XXI e , ce fut sans doute parce qu'elle avec eux leur châtiment; la famille
était étrangère aux trois précédentes : Rhamsès, dégénérée de son génie e
elle tira en effet son origine de la viUe de ses vertus, perdit le trône, et ftà
de Tanis. On peut donc inscrire dans remplacée par une famille nouvelle.
laXX e
dynastie les souverains dont les Les listes de Manethon portent i
monuments nous révèlent les douze le nombre de ces derniers Rham»
placés dans les circonstances qui ses, formant la
e
XX
dynastie. Le*
nent d'être exposées. chroniqueurs des anciens temps ont dé
Pour l'époque contemporaine de la daigné de transcrire leurs noms : ils ouf
fin de la XIX dynastie et de l'élévation
e
été excusables , si leur silence est tu
de la XX e
, Diodore de Sicile et Héro- jugement. Douze rois qui passent sut
dote racontent quelques merveilles , en- un trône sans y laisser la trace cTucm
tre autres les immenses richesses de bonne action ou d'un grand service,
Rhamphisou Rhampsinite (premier roi méritent au moins d'être oubliés.
de la XX e
dynastie,et successeurde Pro- Il reste cependant de quelques-uns
tée-Thouoris, notre Rhamsès IX sous d'entre eux quelques rares souvenirs,
le règne duquel Troie fut prise par les et ils sont presque tous tirés de leurs
Grecs), et les tours surprenants de deux tombeaux , triste commémoration bien
voleurs qui puisaient à pleines mains digne de l'inutilité de leur vie : leur
dans les trésors accumulés par le roi ordre même de descendance, leur place
et dont les aventures seraient plus di- dans leur propre famille, les noms de
gnes de la plume des conteurs arabes leurs pères et de leurs enfants nous
que de celle des deux grands écrivains seront inconnus.
grecs. Mais il y a dans cette narration Nous indiquerons donc ici leurs
une confusion d'époques telle, que des noms (c'est tout ce qui nous reste de
personnages des beaux siècles de la lit- leur fugitive existence), dans le seul
térature grecque s'y trouvent contem- objet de ne pas laisser une lacune dans
porains de la construction des pyra- l'histoire.
mides. Diodore de Sicile dit vrai quand Nous appellerons Rhamsès le X
il ajoute : a Les rois qui succédèrent à souverain dont le tombeau, situé à
Rhampsis pendant l'espace de sept gé- Riban-el-Molouk , porte des cartouches
nérations vécurent tous dans une pro- qui se lisent : Soleil bienfaiteur des
fonde oisiveté, et ne s'occupèrent que offrandes, approuvé par le soleil, fils
de leurs plaisirs. Aussi les chroniques du soleil , dominateur de la région de
sacrées ne nous transmettent sur leur pureté et de justice, chéri d'Ammon,
compte le souvenir d'aucun monument Rhamsès. Ces titres se lisent aussi dans
magnifique, ni d'aucun acte digne de une inscription hiératique, sur une
trouver place dans l'histoire; » et il est partie des édifices de Karnae, et dans
juste d'ajouter que les travaux archéo- fe tombeau d'un membre de la classe
logiques des modernes confirment les sacerdotale, à Etetuya, mort dans la
rapports de Diodore sur cette série de quatrième année du rèçne de ce roi.
rois fainéants qui occupèrent pendant Un autre roi du même nom sera
près de deux siècles le trône d'Êçypte, notre Rhamsès XI c'est celui dont le
:
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EGYPTE.
unifient : Soleil de vérité dans le Rhamsès. Sa légende rovale se retrouve
nrmde terrestre, approuve par Phré, dans le sujet d'une petite stcle des
«fils du soleil, Ammon..., Rhamsès. carrières de Silsilis.
ht tombeau de ce roi est le troisième A mon - Mai Rhamsès fut le nom
tans le second embranchement de gau- propre du Rhamsès XIV, dont le pré-
rhe de la vallée de Biban-el-Molouk. nom officiel signifiait soleil gardien de
L'avenue est spacieuse; à l'entrée, le vérité , approuvé par Phré : imitation
roi fait ses adorations, étant casqué intentionnelle des titres et du nom du
tt agenouillé; mais les applications de grand Sésostris , par un de ses descen-
ituc se sont détériorées dans le pre- dants les plus inconnus , et dont le
mier et le deuxième corridor; les nom n'est conservé , avec la date de
sculptures ont été détruites également; Tan 83 de son règne , que par un frag-
et ce tombeau n'a jamais été achevé. ment gisant sur le sable dans les envi-
Pauvre roi ,qui fut enterré comme il rons oes murailles de K a mac.
mit vécu , en toute hâte. Le septième roi de la XX* dynastie
Son successeur, Rhamsès XII es- , fut plus heureux ou moins fainéant :
pérait être plus heureux. Son tombeau quelques monuments recommandantes
qui existe dans l'embranchement à de son règne sont parvenus jusqu'à
gauche de cette même vallée des rois nous. Son cartouche -prénom signi-
morts , avait été entrepris sur de vastes fiait : soleil stabiliteur de la vérité,
plans; l'excavation est des plus éten- approuvé de Phtha et son nom pro-
,
prouvé par Phré, le fils du soleil, teaux à bouton de lotus tronqué. Les
Amenmses, modérateur, etc. Ce se- titres du roi ornent les jambages de la
un nouvel Aménemsès, nom déjà
rait porte , et se lisent dans les dédicaces
connu dans les listes thébaines , et le gravées sur les architraves , ainsi que
quatrième roi de la XX* dynastie. On sur les dés et les corniches. Dans les
aremarqué dans son tombeau la men- tableaux qui ornent cette salle, lt
tion de sa mère Tascha, et ceHe de la Pharaon accomplit ses devoirs envers
reine son épouse, qui lui survécut; les dieux , et leur fait des offrandes
die est figurée rendant au roi des hon- notamment au grand dieu de Thèbes
neurs funéraires. son protecteur.
Le cinquième roi de celte même dy- En sortant de la salle hypostyle,
nastie fut encore un Rhamsès , et le dans la direction de la porte principale
tJJl* du nom. Il se qualifia de soleil de ce temple de Khons , on se trouve
gardien de vérité, soleil du monde, le dans le pronaos et on s'aperçoit bien
,
&s du soleil , chéri d'Amon qu'il aime, vite , à sa décoration , qu'elle est l'effet
23.
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L'UNIVERS.
de la piété d'un souverain autre que fants du pontife -roi sont en scè»
notre Hhainses XV, surnommé Ra- ayant chacun la qualification de rov
meri ; et , comme il est constant que enfant de son germe. Ces divers pi
l'accroissement soit des constructions, sonnages accompagnent une processif
soit de la décoration des édifices reli- dans laquelle on porte les baris
gieux , avait lieu en Égypte en com- barques sacrées d'Amon-Ra , Moi
mençant par le sanctuaire , et se et Khons. La figure en grand de
succédait par les salles continues, il roi, tirée du bas-relief d'une des
en résulte que le roi qui a décoré la lonnes du pronaos ,nous a donné
salle hypostyle qui vient après le sanc- portrait*
tuaire , vint aussi après le roi qui avait Une autre circonstance est digne <J
des siècles attentivement distinctes les et ils sont accompagnés de toutes Ici
unes des autres. autres formules royales. Pihmé fut
Nous ignorons entièrement lescauses donc encore un grand prêtre qui de-
de cette singulière révolution dans le vint roi , et après Pahôr- Amonsé qui
gouvernement égyptien; elle ne fut occupe les places honorables dans 1<
que temporaire ;* mais elle révélait pronaos du temple. Toutefois, le mé-
un relâchement dans l'administration lange des ouvrages ries deux pontifes
civile, qui favorisa les vœux toujours dans cette même salle permet de les
rancuniers de la caste sacerdotale , et inscrire tous deux parmi les rois in-
le grand prêtre monta sur le trône des connus de notre XX' dynastie ils en :
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,,
,
ÉGYPTE. *57
famille thébaine la conserva pendant remarquable par sa belle exécution , et
treize siècles consécutifs, et fournit provenant d'Abydos; elle est consa-
six dynasties qui donnèrent plus de crée à la mémoire d'un nommé Aasen,
cinquante rois : les premiers subirent simple particulier sans qualité aucune;
les invasions étrangères, et accom- et la personne qui consacra ce pieux
plirent la pesante mission de conser- monument est un Pharaon, un roi
ver la transmission de la couronne, de d'Égypte dont les qualifications et le
•estaurer ensuite toutes les branches nom propre, environné du cartouche
îe l'administration publique, de réta- royal ,, remplissent la première ligne
Wir les temples , les ouvrages d'utilité tracée en haut de la stèle , et qui se
lénérale; ils créèrent de nouveau lit: La vie divine! l'Aroeris bienfai-
Hièbes, Memphis, les cités princi- teur du monde, seigneur de la région
pales , le Inc Mer ris et les canaux de d'en haut et de la région d'en bas , le
ta basse Égvpte; eux et leurs succes- bienfaiteur du monde , roi du peuple
seurs portèrent leurs armes victorieuses obéissant , le fils du soleil Mandouftep,
sur les terres et sur les mers lointaines ; toujours vivant. Le défunt Aasen assis
le génie des arts grandit sous les ailes à côté de Hapévé , son épouse , reçoit
de la victoire; la prospérité publique les offrandes funéraires ae ses enfants
sembla s'accroître en proportion de ou petits-enfants au nombre de cinq;
kmt d'héroïques efforts , et la famille et , parmi les enfants, le roi Mandouf-
reenante devenir plus puissante et tep lui-même est désigné par ces mots:
mieux affermie par tant de grands tra- Son fils uui l'aime, Mandouftep; il est
vaux. L'inaction succéda un jour à tant le second dans l'ordre de la naissance;
de zèle ; dix rois se montrèrent sans son frère, l'aîné, se nomme Osorta-
gloire sur le trône; les derniers en fu- sen; et son autre frère, le troisième,
rent chassés par les prêtres ; la consti- Mandousé.
tution , favorisée par la force des cho- Cette stèle nous apprend donc que
lei , pourvut à ce désordre : une fa- le roi Mandouftep, le deuxième iils
mille nouvelle fut appelée à régner. d'Aasen , parvint au trône sans que son
Elle était originaire de Tanis , ville père eût joui des honneurs royaux,
bâtie sur ja rive orientale du Mil dans, qu'il fut un chef de dynastie nouvelle
h basse Egypte , et dont l'origine re- et l'on peut reconnaître en lui le Men-
monte aux plus anciens temps de l'his- dès ou Smendès des listes de Mané-
toire d'Egypte. Moïse l'a mentionnée thon , chef de la XXI* dynastie.
dans son histoire de l'Exode , à propos Un autre beau monument du musée
des espions qu'il avait envoyés pour de Turin , provenant également d'Aby-
reconnaître la terre sainte. Tanis avait dos , se classe à côté de celui qui vient
«ne étendue considérable; son en- d'être décrit; ces deux stèles se prêtent
ceinte renfermait des monuments im- un mutuel appui. Celle de Turin porte
portants, et leurs ruines nous montrent une inscription de la 46 e année du
encore les restes de sept obélisques, règne du roi soleil , seigneur grand
de volumineux monolithes , de co- fils du soleil , Aasen. Or, le successeur
asses et d'éditices de grandes dimen- de Mandouftep, dans les listes de Ma-
sions. néthon , est appelé Psousennès , avec
Selon les listes de Manéthon , la nou- les variantes Phunesès et Phusénès; il
e
ille dynastie , la XXI , originaire de
n'est pas diflicile d'y reconnaître le roi
Tanis , fut composée de sept rois qui Aasénès ou Aasen de notre stèle , qui
régnèrent ensemble cent trente années ;
fils de Mandouftep, aura, selon un
son élévation arriva vers l'an 1100 antique usage déjà remarqué , porté le
a*ant l'ère chrétienne. nom de son aïeul Aasen. l)ne autre
Un monument apporté d'Égypte à coïncidence est non moins difme d'at-
avec un ordre singu-
Paris, se classe tention : J.Africain fixe, d'après Mané-
lier dans cette série de circonstances thon, la durée du règne du Pharaon
Historiques. C'est une stèle funéraire, Phusénès à 46 ans ; et la stèle que nous
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L'UNIVERS.
citons est précisément datée de Tan 46 ginaire de Bubastis, chassa du tri
du règne a Aasen. Ta famille de Tanis : hélas ! de tels
Du reste , le nom propre Mandouf- nements annoncent bien huit le
tep se retrouve dans une inscription sordre des affaires publiques , et
gravée sur les rochers de la route de des causes secrètes minent les
Cosséir, et sur le circuit d'une momie cipes de la vie du corps social : qu:
du musée de Berlin. une nation se divise en deux cam
Mandouftep et Aasen sont les seuls qui se disputent par des révoluti
rois , le 1
er
et le r
, de la XXI e
dy- successives la possession du pouvoî
nastie dont nous connaissions jusqu'ici le jour ne tarde pas d'arriver où
quelques monuments ; leurs cinq suc- saçes des deux partis s'aperçoi
cesseurs ne nous sont révélés que par ?u*ila ont travaille mutuellement
les listes de Manéthon, savoir: Ne- avantage d'un commun ennemi.
pherchérès, qui règne 4 ans; Amé- Le chef de la nouvelle dynastie h ,
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EGYPTE.
fcheschonk ne resta pas neutre ; il se furent contemporains dans la plus
Jéclara pourréfugié qu'il avait favo-
le grande partie de leur durée. Sésonchis
rablement accueilli; et, dans la cin- mourut vers l'an 948 avant l'ère chré-
fuième année du règne de Roboam, le tienne.
loi d'Égypte se présenta devant Jérusa- On ne peut pas fixer la durée de son
lem, s'en empara, et enleva les trésors règne à moins de' 22 ans; cette date
de ia maison deJéhovah, ceux de la mai- se lit dans une grande stèle de Silsilis,
ion du roi , et tous les boucliers d'or qui nous apprend en même temps que
qu'avait faits Salomon. Roboam régna ce prince y fit faire de grandes exploi-
sur la tribu de Juda , et Iéroboam sur tations destinées è des constructions
Il reste d'Israël. Le roi d'Égvpte con- dans la grande demeure d'Amon,
duisit en Judée une armée de douze constructions (juel'on reconnaît encore
cents chars, de soixante mille cava- dans celles qui forment le côté droit
liers , et d'une foule innombrable de de la première cour de Karnac, à Thè-
fantassins éçyntiens, libyens , troglo- bes, près du second pylône : monu-
dytes et éthiopiens. ment qui est en effet du règne de Sé-
Les monuments égy tiens encore sub- sonchis , et que ses successeurs les
ifirment hautement ces ré- Bubastites s'occupèrent de terminer.
cits de la Bible : la première cour du On connaît par les monuments un
grand palais de Karnac à Thèbes , est fils de ce roi , qui l'accompagne dans
en partie , ornée de bas-reliefs. L'un des les représentations figurées sur les
plus étendus représente un roi de pro- bas-reliefs de Karnac; ce prince porte
portions colossales, menaçant de ses les titres de prêtre d'Amon -Ra , chef
armes un groupe de prisonniers étran- des archers , et se nomme Ouschiopt
gers qu'il tient par les cheveux , d'une roval lils du seigneur des mondes
3e ses mains. Le même roi conduit Scliescbonk ; mais ce prince ne se voit
aussi devant la trinité thebaine les nulle part revêtu des attributions
chefs de plus de trente nations qu'il a royales. Les listes de Manéthon nom-
taincues ; ils sont liés nar le cou , et ment Osorthôn le successeur du chef
e
chacun d'eux a près de lui un bou- de la XXII dynastie ; les monuments
clier crénelé, dans lequel son nom lui donnent erî effet le nom plus régu-
est inscrit. Or, un de ces princes de lier de Osorchon.
ces peuples vaincus, à barbe pointue L'ordre des travaux d'embellisse-
et à physionomie asiatique, est nommé ment de la grande cour de Karnac
dans son bouclier louda Hamalek, nous montre le nom de ce Pharaon
te royaume de Juda et le roi qui Ta
, Osorchôn placé immédiatement à la
soumis à ses armes porte , dans
,
suite de celui de Sésonchis; et, en ce
cette même scène , le nom de Sches- point, les listes et les monuments se
chonk ; c'est le Sésac vainqueur de Juda trouvent en un parfait accord. Le car-
à Jérusalem , et le Sésonchis des listes touche-prénom signifie soleil gardien
de Mancthon. de vérité , approuvé par Amon , et le
Le mauvais état de la grande ins- cartouche nom propre: Amon-Maï,
cription qui accompagne ce tableau, (lechéri d'Amon), Osorchôn;il est sou-
véritable monument Historique , ne vent répété sur les bas-reliefs de la
permet pas d'assigner, dans la durée |)remière cour de Karnac ; sur les co-
du règne de Sésonchis, à quelle an- onnes et les murs du grand temple de
née de ce règne répondait la cinquième Bubastis, ville natale de la XXlr dy-
de Roboam , année où ceci se passa nastie, la légende entière de ce roi se
et la chronologie comparée est par lit : l'Aroëris puissant , ami de la vé-
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L'UNIVERS.
dans les restes d'un manuscrit sur pa- roi
,
qui se nomma Scheschonk, futtt
pyrus publié par le baron Denon : ma- vêtu des fonctions de grand prétr
nuscrit qui est une partie du rituel fu- d'Amon, et le petit -fils fut nomni
néraire , ornée de dessins, et portant Osorchôn , et revêtu aussi du mêm
plusieurs fois répétée la légende du dé- sacerdoce.
funt dont il accompagnait la momie. Ces deux grands prêtres furent re
Celle-ci reçoit entre ses bras étendus vêtus de ces fonctions sacerdotales
le dieu créateur Phtha caractérisé par
, f>arceque le rang de primogénitureii
un scarabée placé sur sa téte. Cette es appelait pas au trône qui était l*;ipa
momie reparaît vers l'extrémité oppo- nage des premiers- nés ; mais ces faiû
sée du rouleau coucbée dans une es-
, historiques nous démontrent aussi qui
pèce de sarcophage ou de cercueil sur , l'époque de ces rois, on n'avait pas
lequel repose l'image symbolique d'une oublie en Egypte que la monarebk
âme mâle ( l'épervier "à téte numaine avait été fondée sur les ruines du gou-
barbue); à coté de la momie et de vernement théocratique , qu'il étaîl
l'âme sont une enseigne sacrée et un utile de prévenir toute réaction d'une
de ces grands et longs éventails portés caste puissante et nombreuse , et qu'e»
en signe de suprématie autour des conséquence décès principes, leshautel
dieux et des rois figurés sur les bas- dignités sacerdotales étaient dévolues
reliefs égyptiens. A côté, et sur un aux plus proches parents du roi : nou-
riche piédestal en forme d'entre-colon- velle preuve de la fausseté de l'opinion
nement, est couché un chacal noir, des écrivains qui présentent les Pha-
emblème ordinaire du dieu Anubis, raons comme perpétuellement courbes
un des ministres d'Osiris son père sous l'autorité des pontifes.
dans l'Amenthi. Au-dessus de la momie Osorchôn ne fut pas inconnu aux
on lit cette légende Le prêtre d'Amon-
: Hébreux ; et d'habiles critiques re-
Ra, roi des dieux, Osorkôn, fils de trouvent en lui Zoroch de la
le roi
Scheschonk. Une autre inscription du Bible , qui vint camper à Maresa avec
même papvrus, est plus explicite en- une armée très - nombreuse, sous le
core au sujet de ces personnages ; elle règne d'Asa, petit -Gis de Roboam.
porte: Le prêtre d'Amon-Ra, roi des Ces deux personnages furent du moins
dieux , Osorchôn défunt , (ils du grand- contemporains.
prétre d'Amon-Ra, roi des dieux, Le nom d'Osorchôn se lit aussi sur
Scheschonk défunt , royal fils du sei- un magnifique vase en albâtre orien-
gneur du monde, Amon-Maï-0.sor- tal, du cabinet des antiques de Pans.
cliôn, vivificateur comme le soleil, Il porte sur sa panse une inscription
e
effet la généalogie des rois de la XXII est fait, un monument doublement
dynastie , et leur ordre de succession historique. Le roi Osorchôn mourut
selon les listes de Manéthon : le pre- après un règne de quinze ans.
mier roi eut pour successeur son fils Il eut pour successeur son fils nom-
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ÉGYPTE.
miches existent encore dans la grande Cette femme de Takelôthès se nomma
sur du palais de Rarnac: lecartouche- donc Tampedj et leur tils occupa se-
, ,
fténom se lit : Soleil gardien de vérité, lon l'usage , un des premiers emplois
tpprouvé par le soleil et son car- , du sacerdoce. Mais un autre monu-
ouche nom propre, Amon-Mat Si- ment qui subsiste à Rarnac nous fait
Pascht - Scheschonk c'est - à - dire le
, connaître une autre femme et un autre
îheri d'Amon, fils de Pascht Sches- fils de Takelôthès et ce fils qui porte
; ,
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ses L'UNIVERS.
durée connue de leurs règnes réunis nolithe de Tanis , ville qui fut la patri
e
ne s'élève qu'à 91 ans ; celle de la dy- de la XXI II dynastie, les cartouche
nastie entière est portée à 120 ans d'un roi dont aucun autre moriumen
dans la liste de l'Africain; il faut donc n'assigne ailleurs la place, et qui si
supposer deux ou trois rois inconnus lisent : Soleil esprit aimé des dieux , U
pour la lacune de 30 ans que le silence fils du soleil, Ptahavtep; et le prennes
- des monuments ne nous permet pas nom des listes de Manéthon est Peta-
de remplir : la XXII" dynastie cessa bastis.
donc de régner après une durée de 120 Sur deux belles stèles du musée du
ans, vers 1 année 851 avant l'ère chré- Louvre, on retrouve un Osortasen,
tienne. filsde Ptahavtep et un Amen-Hem- ,
est peut-être à leur égard un haut té- mus; noms fort analogues, Osorthôn
moignage d'indulgence, s'il ne l'est à Osortasen , et k\ m en irm-DJam
I
d'un grand mépris: il est certain qu'a- Psamm ou Pjamm, devenu Psainmous
près ces pauvres rois il s'éleva une fa- pour les Grecs et les Latins. Enfin une
mille nouvelle qui forma la XXIII* statue d'une collection de Rome porte
dvnastie : elle était originaire de la le nom de la reine Ranofré , femme du
ville de Tanis. roi Amen-Hem-Djom.
C'est un fait bien digne de remar- C'est au règne d'un de ces rois Osor-
que : après la fln de la e
dynastie XX tasen que remonte le bel hypogée de
Thèbes et la haute fcgypte paraissent Béni -Hassan qui s'annonce par un
épuisées : elles ne produisent plus ni portique en colonnes doriques , modèle
rois ni merveilles des arts , et la vieille antique de cet ordre de l'architecture
capitale théocratique ne conserve pres- grecque. Ce tombeau est celui d'un
ue plus d'autre privilège que celui chef militaire nommé Amentéh. Les
a es grandes cérémonies. La b^sse inscriptions sculptées sur les jambages
Égvpte semble en même temps croître et bandeau de la porte sont du
le
et s'élever en intelligence et en auto- règne de cet Osortasen.
rité : ses villes principales , Tanis , Bu- La XXIV e dynastie s'éleva à Saïs,
baste, Sais , Rendes , Sébennytus , en- autre grande et "célèbre ville de la basse
gendrent les familles royales; mais la Égypte. Mais elle ne put fournir qu'un
puissance de l' Egypte semble comme seul roi, nommé Bocchoris: les dé-
attachée par son origine aux sources sordres publics multipliaient les fa-
du Nil ; elle s'affaiblit et s'abaisse milles nouvelles, portaient la division
comme les forces d'un vieillard qui dans les esprits , affaiblissaient le pa-
s'éteint, à mesure que
le fleuve s'ap- triotisme , favorisaient l'anarchie , et
proche de mer
qui l'engloutit.
la ouvraient la voie à tous les malheurs
La XXIII e dynastie fut originaire publics. Le temps des invasions étran-
de Tanis , composée de 4 rois qui ré- gères et celui de la complète décadence
gnèrent ensemnle 89 ans. Voila tout de l'Égypte était arrivé : la destinée
ce qu'il est possible de savoir de ces commune aux institutions humaines
temps-là de l'histoire égyptienne : c'est s'accomplissait : l'empire égyptien tou-
tout ce que nous ont dit les abrévia- chait à sa vieillesse, intérieurement
teurs de Manéthon. miné par les maux précurseurs de ia
On peut, toutefois, attribuer au mort.
premier roi de cette dynastie et à ses Diodore de Sicile rapporte que le roi
descendants, quelques monuments oue Bocchoris était d'une taille et d'une
. la critique archéologique a interprétés figure tout à fait abjectes , mais supé-
avec certitude. rieur, par la pénétration de son esprit
t
On voit en effet sur le célèbre mo- et par sa prudence , à ceux qui l'avaient
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EGYPTE.
te trône Ses grandes i Aussi les édifices religieux de l'E-
peuvent être prouvées par son gypte conservent-ils encore les témoi-
au trône , sur lequel il se gnages du soin que Sabacôn et ses
Itt a comme chef d'une dynastie nou- successeurs se donnèrent pour les ré-
g
velle .et par la longue durée de parer ou les embellir.
son règne : mais les malheurs des temps A Louqsor, par exemple, où tout
furent plus puissants que lut : l'Ethio- révélait la munificence ue Sésostris,
pie se leva contre l'Egypte, l'en valu t on reconnaît des restaurations faites
et s'en empara : Bocchoris fat pris et par l'ordre de l'Éthiopien Sabacôn.
brûlé vif après un règne de 44 ans. il paraît que, du temps de ce roi,
Le chef éthiopien , maître de l'É- l'ancienne décoration de la grande
zypte , se nommait Sabaoôn : il fut porte, située entre les deux massifs du
Fê fondateur d'une dynastie nouvelle, pylône , était en mauvais état , et les
la XXV* , dite des Ethiopiens. niasses entières furent alors refaites à
On ne comment accorder sa
sait neuf; mais les anciens bas -reliefs de
cruauté à l'égard de Bocchoris , selon Sésostris furent remplacés par des
Manéthon, avec sa piété envers les nouveaux, et Sabacôn s'y mit à la place
dieux et sa bienfaisance envers les de Rhamsès le Grand. On l'v voit
hommes , qui , selon Diodore de Sicile, encore faisant les offrandes d'usage
distinguèrent ce roi éthiopien des rois aux dieux du palais et de la ville de
auxquels il succédait. C'est à ce roi Thèbes ; et ouoique le nom de ce roi
que le même historien fait honneur de ait été postérieurement martelé, ces
l'abolition de la peine de mort, ainsi bas-reliefs n'en sont pas moins d'un
rrae de grandes chaussées , de nom- très-grand intérêt par leur style : les
breux canaux , et d'autres vastes tra- figures en sont fortes et très-accusées;
vaux d'utilité commune. Toutefois, il leurs muscles vigoureusement pronon-
est facile de croire à cette dernière cés , mais sans avoir rien de la lour-
partie do récit: les désordres intérieurs deur des ouvrages des temps posté-
entraînaient la ruine des établisse- rieurs. Le roi y est figuré dans des
ments publics, et quand Tordre re- proportions colossales. Il adopta les
naissait par la présence d'un monarque nom et prénom royaux usités par les
sage ou puissant , sa première pensée Pharaons ; ses cartouches se lisaient :
devait être de les réparer : l'état de Le roi , soleil bienfaisant des offrandes
l'Egypte après son invasion imposa ce le fils du soleil, le chéri d'Amon, Scha-
devoir au vainqueur, et Sabarôn ne bak. On retrouve sa légende royale sur
le négligea point. Du reste, l'Ethiopie une des portes du palais de Karnac,
n'étaitpas assez étrangère à l'Êgvpte sur un des monuments de Thèbes
pour qu'un chef éthiopien ignorât l'état avec la date de l'an 12 , où M. >Vilkin-
de l'administration publique de ce der- son l'a recueillie le premier; enfin le
nier pays : il y avait, entre la population nom propre du roi, Sabacôn, se
desdeux contrées, confraternité d'origi- trouve aussi sur la base d'une statue
ne, identité de race , et plus d'un usage en plasme d'émeraude, d'un pied en-
caractéristique devaient être communs viron de hauteur, et d'un bon travail,
aux deux régions : des rois de l'Ethio- représentant ce roi assis morceau pré-
;
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,,
364 L'UNIVERS.
trouve à Abydos le cartouche d'un roi soigneusement le nom de l'Éthiopiei
qui se Sévékowtph. Deux stèles du
lit Tahraka, leur prédécesseur : le non
musée égyptien du Louvre portent le de Sahacôn reçut le même affront su
même nom propre précédé du cartou- les édifices de Louqsor;et ce pend an
che : Soleil , gardien régulateur du l'Éthiopien avait donné a ses sucées
monde. Mais ces deux monuments, seurs des exemples d'une piété ino
ainsi que le véritable nom de ce roi deste qu'ils n'imitèrent pas dans leur
sont restés jusqu'ici inconnus; et c'est fastueuses dédicaces: Tahraka n'avai
par erreur que certains critiques, peu mis que ces mots dans celle du pyloro
sévères dans leurs déductions , ont cru qu'il avait élevé: « La vie! le ro
reconnaître ce nom dans d'autres mo- Tahraka, le bien-aimé d'Amon-Ra
numents qui appartiennent réellement seigneur des trônes du monde. »
au prédécesseur de Sévéchos. On lui attribue toutefois, mais î
La plus grande des deux stèles du n'en reste pas de tradition écrite, l
musée royal , et un autre monument conquête de toute l'Afrique septen
du même genre, du musée de Vienne, trionale, jusqu'aux colonnes d'Flercuie;
nous font connaître plusieurs personnes sur les bas-reliefs de Médinet-Habou,
delà famille du roi Sévéchos, sa femme, ce roi est en effet symboliauemen!
deux de ses filles, sa mère , ses fils et figuré de proportions "colossales , te-
son petit-fils. Il nous reste peu de sou- nant, d'une main robuste, les cheve-
venirs historiques de son règne ; on lui lures réunies en groupe de plusieurs
rapporte toutefois, ce que dit la Bible
, peuples vaincus qu'il menace de sa
du roi d'Israël, nommé Osée, qui. masse d'armes. Son nom se lit au<*i
pour résister au roi d'Assyrie Salma- sur les monuments voisins du mont
nasar, implora le secours et l'alliance Barkal, dans la haute Nubie; on le
d'un roi d'Egypte que la Bible nomme trouve, enfin, sur plusieurs amulettes
Sua ; et si l'on a remarqué que le nom du musée royal.
de ce roi est emprunté de celui d'une M. Cailliaud a copié aussi le nom de
divinité nommée indifféremment Sew la reine, épouse de ce roi ; elle se nom-
ou Sevk , on ne trouvera plus une ab- mait Amentéh ; on connaît aussi deux
solue différence entre le nom du roi de leurs filles. On ignore s'ils eurent
d'Égypte nommé par la Bible , et notre des descendants mâles; mais on sait
Sévéchos : ce fait historique se passa avec certitude que le règne de Tahraka
d'ailleurs, selon la Bible, peu de temps finit après une durée de vingt ans : les
avant le règne d'un roi nommé Tan- listes de Manéthon nous l'apprennent,
raka et les listes de Manéthon nom-
; et les inscriptions de Barkal confirment
ment ainsi le successeur de Sévéchos. leur témoignage : ces inscriptions sont
On trouve en effet sur plusieurs en effet datées de la vingtième année
monuments de l'Egypte les cartouches de Tahraka.
d'un roi , qui se lisent : Soleil Atmou La Bible, dans l'histoire des rois,
bienfaisant , le fils du soleil Tah- rapporte que, lorsque Sennachérib,
raka : ils sont ainsi sur un édifice roi des Assvriens, attaqua Ézéchias,
qui fait partie des constructions de roi de Juda, l'Éthiopien Tahraka,
MédineMiabou à Thèbcs; pylône de allié d'Ézéchias , conduisit une armée
médiocre étendue, dont les massifs, à son secours: l'Assyrie et l'Egypte
d'une belle proportion , ont souffert nourrissaient d'antiques rivalités, mu-
dans plusieurs de leurs parties. Le tuellement haineuses, et les régions
nom le prénom
, , les titres, les louan- intermédiaires des deux grands royau-
5es de Tahraka avaient été le sujet mes étaient le théâtre habituel de leurs
es bas-reliefs et des inscriptions qui dissensions armées : l'Assyrie ne pou-
décoraient les faces des deux massifs vait se mouvoir vers les bords orien-
et la porte qui les sépare; mais, plus taux de la Méditerranée sans que l'E-
tard , des rois d'origine égyptienne gypte s'avançât à sa rencontre poijr
firent marteler ces décorations , et plus l'en tenir écartée ; c'est ainsi que l'E*
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ÊGYPTE. 165
gypte se trouvait Palliée naturelle des raka ,un période d'anarchie , ni un
ni
peuples et des Tilles de la Svrie et de gouvernement composé d'un conseil
la Palestine. Hérodote dit " quelques e douze rois , que Psammétichus abo-
mots de Sennachérib ; mais il confond lit à son avautage personnel en Em-
les temps et les lieux ; il paraît n'avoir parant seul de la royauté.
recueilli sur ces circonstances que d'in- Nous nous arrêterons toutefois à
certaines traditions. La Bible ne dit une autre circonstance qui pourrait
FDint que Sennachérib alla attaquer nous porter a croire que la dynastie
Ésypte; il fut défait par l'ange du éthiopienne d'Égypte ne fut pas sup-
Seigneur dans les environs de Jérusa- plantée et remplacée sur le trône
lem , et il ne descendit pas jusqu'à Pé- par une famille nouvelle, sans que
luse, comme le suppose le récit d'Hé- l'Egypte en fût troublée. Cette fa-
rodote. Il dit, d'ailleurs, que ceci se mille nouvelle était originaire de Sais.
passa sous le règne d'un roi nommé Le premier de ses rois se nommait
S thon , prêtre de Phtha , divinité qui Stéphinatès, selon les listes de Mané-
fit pour ce roi un grand miracle, car thon , conservées par Jules l'Africain ;
le dieu suscita une innombrable quan- niais , selon ces mêmes listes , d'après
tité de rats des champs , qui se répan- Eusèbe le règne de Stéphinatès pre-
,
,
dirent pendant lanuit dans le camp mier roi de la dynastie saïte , aurait
ennemi , et rongèrent si bien les cordes été précédé de celui d'un quatrième
des arcs, carquois, et jusqu'aux
les Éthiopien , nommé Ammerris. On
attaches des boucliers, que l'armée, trouve en effet, sur les monuments
privée de toute espèce d'armes, fut de style égyptien des environs du mont
contrainte de prendre la fuite dès le Barkal les cartouches prénom et nom
,
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3G« L'UNIVERS
habituellement rangée sous l'autorité 15 pouces de lonç, 7 de large, et <
des rois d'Égypte, et quelquefois tem- d'épaisseur. C'était aussi une nécro
porairement indépendante, se don- pôle , et cela nous expliqua une chos
nant des rois qui inscrivaient leurs jusqu'ici assez embarrassante , savoir
noms sur des monuments en langage ce que faisaient de leurs momies le
et en style de l'Egypte , la métropole villes situées dans la basse Egypte c
de l'Êthiopie. loin des montagnes. Cette seconde n<!
Quoi qu il en soit , l'Egypte , qui de- cropole de Sais , dans les débris colos
vait ne supporter qu'avec amertume saux de laquelle on reconnaît encor
une raceétrangèresurle trdne de ses plusieurs étages de petites chambre
anciens rois , fit d'heureux efforts pour funéraires (et il devait y er. avoir m
les en chasser, et y réussit par l'in- nombre infini) , n'a pas moins de 1,-KN
fluence d'une famille originaire de la pieds de longueur, et près de 500 di
ville de Sais. largeur. Sur les parois de quelques
Cette cité célèbre par la somptuosité unes des chambres, on trouve encori
de ses édifices et par le collège de un grand vase de terre cuite , qui sa-
prêtres que les philosophes de la Grèce vait à renfermer les intestins des morts
venaient si religieusement visiter , cette et faisait l'office des vases nommés ca
cité , berceau même d'Athènes , selon nopes. On trouve du bitume au fon<
les traditions grecques , n'est plus au- de quelques-uns de ces vases.
jourd'hui qu'un amas de ruines , mais « A droite et à gauche de cette né
de ruines monumentales par leur im- cropole existent des monticules, sui
mensité. Champollion le jeune jes a l'un desquels nous avons trouvé de)
étudiées et décrites en ces termes : débris de granit rose, de granit gris
«Le 16 septembre (1828), à six de beau grès rouge, et aussi du mar-
heures du matin, nous nous trouvâmes bre blanc, dit deThèbes. Des légende
amarrés dans le voisinage de Ssa-el- de Pharaons sont sculptées sur ce mar
Hagar ; je voulus visiter les ruines de bre blanc, matière rare en Égvpte.
l'antique Sais. « Les dimensions de la grande en-
« Nos fusils sur l'épaule, nous ga- ceinte qui renfermait ces édifices sonl
gnâmes le village qui est à une demi- véritablement étonnantes. Le parallé-
heure du fleuve. Nous nous dirigeâmes logramme , dont les petits côtes n'ont
sur une grande enceinte que nous aper- pas moins de 1,440 pieds, et le*
cevions dans la plaine depuis le matin. grands 2,160, a ainsi 7,000 pieds de
L'inondation qui couvrait une partie tour. La hauteur de cette muraille peut
des terrains nous obligea de faire être estimée à 80 pieds , et son épais-
quelques détours, et nous passâmes seur, mesurée, a été trouvée de 54
sur une première nécropole égyptienne pieds : on pourrait donc y compter les
bâtie en briques crues. Sa surface est briques par millions.
couverte de débris de poterie , et j'y « Cette circonvallation de géants me
ramassai quelques fragments de figu- paraît avoir renfermé les principaux
rines funéraires : la grande enceinte édiGces de la ville de Sais. Tous ceux
n'était abordable que par une porte dont il reste des débris étaient des né-
forcée tout à fait moderne. Je n'essaye- cropoles; et, d'après les indications
rai point de rendre l'impression que fournies par Hérodote, l'enceinte que
j'éprouvai après avoir dépassé cette j'ai visitée renfermerait les tombeaux
d' A pries et des rois saïtes de la XXVI
e
porte , et en trouvant sous mes yeux
des masses énormes de 80 pieds de dynastie , ses ancêtres. De l'autre côté
hauteur , semblables à dts rochers dé- serait le monument funéraire d'Ama-
chirés par la foudre ou par des trem- sis. La partie de l'enceinte vers le Nil
blements de terre. Je courus vers le a pu aisément contenir le temple de
milieu de cette immense circonvalla- Nèïth la grande déesse de Sais.
,
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EGYPTE.
lentdes collines qui couvrent une troi- vert, représentant ce roi, et appar-
sieme nécropole. Elle était celle des tenant au cabinet des antiques à Paris;
srandes familles, et on en a tiré un sur un petit naos du musée de Mar-
îrand sarcophage en basalte vert, qui seille; dans les inscriptions d une sta-
fiait celui d'un gardien des temples tue naophore, en basalte vert, du
sous le roi Psammétichus. » musée du Vatican, et sur un vase canope
Hérodote et Strabon , qui ont vu de Florence, comme sur plusieurs sca-
cette ville avant sa décadence don- , rabées et autres monuments de petites
nmt des monuments publics dont elle
, proportions.
eUit ornée , des descriptions qui nous Les édilices de Thèbes et d'autres
en laissent une grande opinion. Le lieux de TÉgypte conservent aussi les
temple de Nèïth était le plus somptueux souvenirs historiques du rè-ne de
de ces édifices ; son frontispice était Psammétichus. On les trouve sculptés
décoré de grands obélisques, et un sur les grandes colonnes de la première
îaste bassin , revêtu en pierres, était cour du palais de Karnac; dans l'ile
tout auprès. Une grande féte annuelle de Snem , près de Philae: ses légendes
y attirait un grand concours de monde: royales rappellent , soit que ce prinoe
c'était celle des lampes ardentes , qui se rendit dans cette île, soit qu'il fit
se célébrait pendant la nuit, et gui était faire, dans les belles carrières de gra-
fwédée par de grandes cérémonies nit rose de cette localité, de grandes
religieuses. Le.; Grecs disaient que Cé- exploitations pour servir aux édifices
crops était originaire de Sais. quïl construisit ou qu'il répara. On
La dynastie que cette ville vit sortir voit aussi dans les carrières de grès à
de son sein fut composée de neuf rois, Thorrah, près de Memphis, un mono-
il nous reste de leur règne des mo- lithe tracé h l'encre rouge sur les pa-
numents nombreux et variés. Ces rois, rois , avec une finesse extrême et une
qui succédaient à une dynastie de con- admirable sûreté de main ; la corniche
quérants étrangers semblaient s'effor-
, de ce monolithe, qui n'a existé qu'en
cer démultiplier les monuments.comme projet, porte la légende rovale de
pour manifester leur ardent amour du Psammétichus. Le musée des Studi , à
pavs, sentiment né de leur origine Naples , possède un beau morceau de
iiirrne, granit , portant les cartouches de Psam-
Le premier des rois de cette XXVI* métichus : c'est un fragment de la base
dynastie, celui qui en fut le chef, est de l'obélisque de Monte Citorio. Il y a
nommé Stéphinatis dans les listes de aussi , au Vatican , un papyrus doté
Manéthon: il parvint au trône vers de la 20* année du règne de ce roi ;
Tannée 674 avant Père chrétienne. plusieurs figurines portent aussi le
Son règne dura sept années , voilà tout nom de ce roi.
ce qu'il nous est possible de savoir de Le reene de Psammétichus est fort
son existence. Il en est de même de ses célébré ( ians les écrivains de la Grèce
deux successeurs Néchepsôs et Méchaô ; parce qu'il fut le premier des rois d'fc-
le règne du premier est porté à six an- gyptequi, s aff ranchissant du joug des
nées, celui du second à huit dans ces anciennes coutumes , rendit l'accès Je
mêmes listes de Manéthon. ce pays plus facile aux étrangers. Se-
L'histoire, par les faits, de cette lon les relations d'Hérodote, Psam-
XXVI e dynastie ne commence qu'avec métichus accueillit les Cariens et les
If règne de Psammétichus. Ses car- Ioniens qui se rendirent en grand nom-
touches prénom et nom propre se bre dans ses États; il leur donna des
lisent sur plusieurs monuments ; le terres , les traitant à l'égal de la caste
premier signifie : Soleil bienfaiteur militaire dont il les prit ppur auxiliaires;
du cœur, et le second Psamétik. Cette il leur donna de jeunes Egyptiens à éle-
légende royale se voit sur l'obélis- ver, afin que ces enfants apprissent la
que de Monte Citorio, à Rome, sur langue grecque et servissent d'inter-
'a ceinture d'une statue en basalte prètes aux deux nations : c'est depuis
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r
3G8 L'UN r ERS.
cette époque, ajoute Hérodote, que des alliances avec les Athéniens
nous autres Grecs , dans nos relations quelques autres peuples de la Grée
commerciales avec les Égyptiens , avons qu'il reçut et traita très-fa vora blême
pu nous instruire exactement , par le les étrangers qui venaient visiter 1'
ont succédé ; car ces Grecs sont les qu'il fut le premkr des rois d'Égvp
premiers étrangers qui, parlant une qui ouvrît aux étrangers des comptoi
langue différente de celle du pays, l'ont dans diverses parties de ses Etat'
habité librement. donnant les plus essentielles garanti*
Psammétichus fit construire les pro- aux navigateurs qui y abordaient.
pylées méridionaux du temple de Phtha, Par dételles alliances Psam met ichi
a Memphis, ainsi que le promenoir du nous semble prévoir déjà les intentior.
bœuf Apis. Ce promenoir était situé des Perses, vouloir les prévenir, etsepn
en face du péristyle ; le mur d'enceinte parer à les faire avorter en s'associai
était couvert de sculptures, et au lieu de avec les peuples qui devaient 1rs redou
colonnes , on y avait employé des sta- ter aussi : mais la nation égyptienne
tues colossales de VI coudées de hau- qui ne comprit pas la portée de ce
teur. alliances murmura contre son roi e
,
presque dans les mêmes termes une c'était au VIP siècle avant l'ère ciiré-
grande émigration de troupes égyptien- tienne,et on ne connaît rien de bea u pou r
nes en Éihiopie ; ils en portent lé nom- ces temps-là chez les Grecs alors pres-
bre à deux. cent quarante mille hom- que inconnus dans l'histoire des arts.
mes, mais les motifs de leur mécon- Hérodote nous dit que Nécos , fils de
tentement sont diversement expo- Psammetichus, succéda à son père. En
sés : la préférence que le roi montra effet, les listes de Manéthon nomment
pour les troupes grecques fut un de Néchaô H
comme successeur de Psam-
ces motifs ; un autre provenait de ce métichus l rr ; de plus , deux belles stèles
Î|uc Psammétichus avait négligé de re- de l'ancienne collection de M. d'Anas-
ever les Égyptiens des garnisons méri- tasi nomment ce roi Néchaô et le qua-
dionales après le terme iixé par l'usage. lifient de fils de ce Psammétichus. Ces
Ce fut en vain que le roi , par ses gé- stèles commencent par cette inscrip-
néraux et par ses propres exhortations tion : « Dans l'année l r % du mois d'e-
rr
pressa ces troupes de rentrer; elles piphi le l jour, sous le sacerdoce du
s'établirent en Éthiopie; le chef du roi soleil... du cœur, le fils du solei/,
pays leur donna des terres , et la con- Néchaô y
etc. »
trée en prit le nom de pays des trans- Les deux cartouches du roi se retrou-
fuges égyptiens. vent, avec deux variantes remarqua-
Diodore , qui a pris le récit d'Héro- bles , dans un dessin fait à Rosette, en
dote pour guide , ajoute que Psammé- l'année 1777, par un nommé Cloquet,
tichus , de retour en Égypte , se livra et appartenant depuis longtemps au
aux soins de l'administration assura
, cabinet des estampes de la bibliothèque
la perception de ses revenus , contracta royale de Paris. Champollion le jeune
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EGYPTE/
».nserration de Memphis , entra en dant deux ans, un autre prince que
npngne , poursuivit vivement Phar- les listes de Manéthon nomment Téos
ba<e, général en chef des Perses; ou Tachos. Occupé aussi de la défense
l'inondation périodiaue du Nil les de l'Éirvpte contre les Perses , il res-
imodaiit sur tous les points, ils serra l'alliance avec les Lacédémoniens,
>nt obligés de se rendre après avoir qui lui envoyèrent une armée sous les
lu beaucoup de monde. L'Êgypte ordres d'Agesilas, à qui Tachos avait
ainsi de nouveau délivrée.' promis le commandement suprême de
Quelques années après le roi Agé- , toutes les forces réunies de terre et
es se rendit en Égypte à titre d'am- de mer. Mais le roi d'Égypte , jugeant
fesadeur; il venait demander à Nec- malheureusement Agésilas , non d'a-
tnebe , de la part des Lacédémoniens près sa renommée mais sur la sim-
,
es secours contre les Thébains qui plicité de ses habits et de ses manières,
s avaient réduits aux dernières ex- ne lui donna que le commandement
rernités. des troupes de terre , laissa à Chabrias
La suite du règne de Nectanèbe fut celui de la flotte, et se réserva le titre
oisible; et il reste de nombreux té- et les droits de généralissime. Contre
ooi^nages des soins qu'il donna à l'ad- l'avis d'Agésilas qui voulait attendre
uimstration et aux affaires do son les Perses en Égypte , Tachos alla les
toyaume. » attaquer en Phénicie.
On voit parmi les débris d'ouvrages Des qu'il eut franchi les limites du
tzyytiens amassés à la citadelle du royaume , les Égyptiens se soulevèrent
Cure, un bas-relief représentant le roi contre lui , et proclamèrent pour leur
Nectanèbe faisant une offrande aux roi un autre Nectanèbe, son neveu.
^vix;àKeft, l'ancienne Coptos,dans Dans ces conjonctures difficiles , Agé-
une église copte bâtie avec les restes silas , pour se venger
peut-être de Ta-
d'édifices égyptiens , la légende royale chos, se déclara pour Nectanèbe II :
à? ce même prince; à Médinet-Habou, il ne resta au roi détrôné qu'à chercher
lee, brisée, trouvée à Pompeî, et dépo- bientôt après le roi fut contraint de
se au musée des Studi. à Naples porte , s'enfermer dans une de ses villes prin-
k légende royale de .Nectanèbe; cette cipales , et il y fut assiégé par les re-
légende a été aussi copiée sur un mono- belles. Agésilas ne fit rien pour le se-
lithe qui existe à Sceft, l'ancienne Ta- courir. Toutefois, dans un moment
casarta. Enfin , il existe à Rome une opportun , il lui conseilla de faire
s *ele
d'un grand intérêt pour l'histoire une sortie; elle fut couronnée de suc-
du règne de ce roi , qui dura 10 ans cès; les assiégeants furent repoussés;
se 'on certains textes, et 18 selon d'au- et bientôt après, poursuivis par Agési-
tres la stèle décide cette importante
: las, ils furent complètement défaits;
question ; elle porte In date de l'an XIII leur chef fut fait prisonnier, et Necta-
du règne de Nectanèbe , et accrédite nèbe II rentra enfin dans la paisible
*DWÎ le nombre 18 des textes anciens. possession de l'autorité royale.
Apres Nectanèbe V
régna , pen- Dans la douzième année de son
25' Livraison. (Egypte.) 25
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386 L'UNIVERS.
règne , il fit une alliance avec les Si- patrie , et Mentor profita de <
doniens et les Phéniciens : les Perses fection nour occuper ta basse
les mettaient dans un comniun péril, y répandre ses troupes, avec l'afis^
et les obligeaient à une commune dé- la part du roi de Perse, de la
fense. Les Perses furent arrêtés dans pleine et entière à tous ceux qui
leur marche contre l'Egypte par la soumettraient, et de Texterminatk
guerre de Phénicie. Nectanèbe y avait de tout coupable de résistance. La
envoyé un corps de quatre mille Grecs humble soumission se manifesta
qu'il avait a sa solde , et commandés tout côté; les Grecs d'Égypte et
par le Rhodien Mentor. Les Cypriotes Égyptiens naturels rivalisèrent d*!
se mirent aussi dans l'alliance mais : miiité devant les lieutenants du roi
le roi de Perse, irrité de la défaite de Perse : il ne resta d'autre ressoun
ses lieutenants, se mit lui-même à la Nectanèbe , battu , trahi et dëtrôi
tête de l'expédition contre l'Egypte. que de s'enfuir avec son trésor en Éthu
Alors effrayé parla grandeur de ses pré- pie , d'où il ne revint jamais. IJ fut
paratifs militaires, le Rhodien Mentor dernier roi de la XXX
e
dynastie égvj
passa du coté de celui qu'il considéra tienne, le dernier roi de race é#
comme le plus fort , le roi de Perse. tiennequi régna surrÉgypte,et I";
Darius -Ochus l'accueillit comme un vissement de cette grande et il
transfuge à qui était bien connu le pays telle nation à un sceptre étranger dt
qu'il allait attaquer. encore depuis les malheurs de Ned
Nectanèbe prépara aussi les moyens nèbe II , c'est-à-dire, depuis vingt et ur.
de défense nécessaires contre un si siècles complets : la nouvelle occupa-
puissant ennemi il se mit à la tê'te
: tion de I* Egypte par les Perses date de
d'une armée composée de vingt mille Tan 338 avant l'ère chrétienne.
Grecs, vingt mille Libyens et soixante Ce fut Darius-Ochus qui rétablit
mille Égyptiens; les principaux pas- l'autorité des Perses en Egypte. Elle
sages et les places les plus importantes avait échappé à ce joug des barbares
étaient gardés par de bonnes garni- pendant soixante-cinq ans. Cet inter-
sons : Peluse renfermait cinq mille valle est exactement donné par les
hommes. Diophante d'Athènes et La- , listes des règnes des rois de Perse, et
mias de Lacédémone secondaient Nec-
, par celles des rois égyptiens assez heu-
tanèbe de leur prudence et de leur reux pour leur avoir résisté avec un
valeur. Mais d'autres Grecs guidaient plein succès. Le Pharaon Amyrtée ré-
aussi les Perses. Leur premier corps tablit en effet l'administration égyp-
était commandé par Lacharis le Thé- tienne à la mort de Darius IL A ce
bain ; le second , embarqué sur la flotte, prince succédèrent sur le trône de Perse
par Nicostrate, et le troisième- par le Artaxercès II , dont le règne fut de 46
déserteur Mentor. Nicostrate remonta ans selon le canon des rois, placé en
le Nil bien en avant dans le pays, dé- tête de la Grande Composition dePto-
barqua ses troupes et s'y retrancha. lémée, et Ochus, qui rétablit l'auto-
e
Clinias, de l'île de Cos, rassembla toutes rité persane en Égypte dans la 20 année
les garnisons égyptiennes du voisi- de son règne , ce qui arriva quelques
nage , attaqua Nicostrate, et fut tué et mois après l'accomplissement de la
battu dans ce combat opiniâtre où cinq 65" année depuis la mort de Darius II
mille Égyptiens restèrent sur la place. et l'avénement d'Amvrtée : or, Amyr-
Nectanèbe, à cette nouvelle courut à , tée et ses successeurs, formant la
la défense de Mempbis, qu'il craignait XXVIII e , la XXIX e et la XXX' dynas-
de voir attaquée et prise par Nicos- tie égyptienne, ont régné ensemble
trate. Sur l'avis du aépart de Nicos- 65 ans et 4 mois. Les rapports remar-
trate des environs dePéluse, les Grecs, quables de ces deux supputations exi-
en garnison dans cette ville, se croyant gent que le règne du dernier Pharaon
abandonnés et |>erdus , se renûirent à qui occupa le trône d'Egypte, Nec-
"iition d'être transportés dans leur tanèbe II , soit porté à 18 ans , comme
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KGYPTE.
Je feulent les listes de Manéthoo , se- suprématie, et son origine
lon Jules l'Africain. Ce roi avait nale semblait avoir imprimé à son carac-
•dopté le cartouche -prénom de ÎSecta- tère, comme à son
courage la vigueur
,
dtl donner que deux ans au règne byse jusqu'à la mort de Darius III.
d'Ochus en Égypte. Manétiion nomme Les effets de cette domination en-
comme son successeur Arses, son nemie se révèlent encore aux yeux de
fiis qui régna aussi deux années, et
, l'observateur attentif à l'interpréta-
dont les monuments égyptiens , a notre tion des grands faits archéologiques
connaissance, n'ont fait aucune men- consignés sur le sol antique et dans les
tion. Il en est de même du
dernier roi ouvrages de l'rtgypte. Depuis Thèbes
de» Perses , de l'infortuné Darius III ; jusqu'à Dakkéli en Nubie, sur une
régna 4 ans sur l'Egypte comme sur ligne de plus de soixante lieues, les
le reste
du vaste empire des Perses. édifices élevés par les Ptolémées et par
Mais cet empire s'écroulait de toutes les Romains sont fréquents; et, de
parts Alexandre le Grand étant dési-
: ceux des Pharaons, il n'en reste que
ré par la Providence comme le ven- des ruines : ceci s'explique par les ra-
deur des peuples subjugués par le grand vages des Perses remontant la vallée
tynii i et comme son héritier, mais du Nil pour se rendre en Éthiopie,
temporaire. abandonnant le fleuve à la hauteur de
Les successeurs de Cyrus avaient Sébou.1 , et prenant en ce point la route
connu la Grèce , et appris par elle de du désert, plus courte que celle du
Huoi était capable une nation euro- Nil qui était d'une difficile pratique
péenne peu nombreuse, mais animée pour une armée, à cause de ses fré-
du. pluspur amour de la patrie, se- quentes cataractes. C'est cette même
Stodee par les nobles inspirations et route que suivent de nos jours les ca-
• conseils industrieux de la civilisa- ravanes et les voyageurs. Ainsi le tem-
is. En Grèce, un des peuples de la ple bâti parMœris à Amada, un peu
toniedération était arrivé a son tour de au midi de Sebouâ , existe encore; et»
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388 L'UNIVERS.
au nord de ce lieu , jusqu'à Thèbes , il système non pas rationnel dans ses suc-
n'y a que des édifices élevés ou relevés cessives formations , mais de forma*
1>ar les Grecs ou les Romains , effaçant tion arbitraire qui a voulu que les
,
es traces des ravages des Perses. Et combinaisons variées d'un seul et uni-
si les monuments pharaoniques de que signe ayant la forme d*un coin,
Ghirsché et de Bet-Oualli subsistent représentassent toutes les voix et les
encore, comme exception à ce qui articulations nécessaires pour expri-
vient d'être dit , ce ne fut pas la faute mer par la parole les mots de la langue.
des Perses; ces temples sont des spéos Les deux écritures se mêlèrent quel-
creusés dans des montagnes qu'ils ne quefois par l'effet d'un caprice plutôt
pouvaient pas démolir : ils se conten- que par besoin sur des cylindres égyp-
:
tèrent de mutiler ces deux temples. tiens, en terre cuite, portant des ins-
Le gouvernement des Pharaons, criptions égyptiennes on a ensuite ,
de l'Egypte ; mais ils firent détruire sentes dans les triomphes des plus an-
les temples des dieux égyptiens , et ne ciens Pharaons.
laissèrent à la piété relfgieuse des ha- Aucun des successeurs de Cvrus ne
bitants d'autre refuge que leur foi et mourut et ne fut enterré en Ègvpte :
les oratoires de famille. Les propriétés on croit avoir reconnu leurs tom-
de la classe sacerdotale ne durent pas beaux dans les dépendances du palais
être épargnées par le lise conquérant ; de Persépolis. Le respect des Perses
et les fausses divinités de l'Égypte pour le selon les préceptes tradi-
feu ,
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EGYPTE. 389
il l'aurait visité si les devins ne l'en La domination per-
destruction de la
eussent détourné. sane ouvre dans l'histoire de l'Égypte
La civilisation paraissait proport ion- une ère nouvelle: la conquête qui suc-
tellement répandue dans les diverses céda aux Perses fut plus légère à l'É-
castes égvptiennes : chez les Perses , à gypte; la nation la plus spirituelle
l exception de la tribu noble des Ache- devait facilement s'entendre avec la
ménides, le reste de la «population plus sage de ces vieux temps : d'an-
était inculte et barbare, presque sans ciennes alliances les avaient déjà réu-
développement intellectuel, ignorant nies; la culture des arts et de la philo-
les arts et le luxe , ne connaissant que sophie, qui a produit de part et d autre
le service militaire et ne pratiquant tant d'admirables ouvrages, était pour
que la guerre. Cyrus devança par les elles un lien de plus et une cause d'in-
mêmes moyens lé triomphe de Gengis- times rapprochements.
Kban ; il avait aussi à ses ordres ses Alexandre, roi de Macédoine, vain-
hordes de Mongols aguerris , toujours queur à la bataille d'Issus , qui fut si
prêts à marcher à des conquêtes qui fatale à Darius IIIsouverain de l'em-
,
n'étaient réellement que des migrations pire perse, marcha vers la Phénicie,
de peuplades vers de meilleurs climats. pritTyr, Gaza, pénétra dans l'Egypte,
La forme perfectionnée du gouver- et l'occupa tout entière. Ses historiens
nement égyptien dut exciter l'attention nous ont conservé le souvenir de sa
des principaux personnages de la cour modération. Toute la politique du con-
deCambyse; cette remarque peut faire quérant, tout son système se révèle
considérer comme moins extraordi- par cette courte phrase de son histo-
naire la délibération et les discours des rien latin Quinte-Curce : Parvenu par
conjurés contre le faux Smerdis , au la voie du Nil jusqu'à Memphis, il
sujet de la formede gouvernement à don- s'avança dans l'intérieur du pays, et,
nera la Perse. L'un des orateurs propo- en ayant réglé l'administration de telle
sait une monarchie pure, l'autre une sorte qu'il ne fut rien changé aux an-
aristocratie , et le troisième une démo- ciens usages des Égyptiens , il se diri-
cratie toute populaire. Du reste, la divi- gea vers I oracle de Jupiter Ammon.
sion de l'empire en satrapies par Darius Alexandre voulut en effet le consul-
er
I , à l'imitation peut-être de l'Égypte ter; il se rendit donc à l'Oasis de ce
divisée en nomes, où l'action de l'auto- nom : les prêtres le reconnurent et le
rité suprême pénétrait si facilement proclamèrent le fils d'Amon-Ra, la
partout par le concours des fonction- grande divinité de l'Égypte, dont le
naires de divers rangs, fut le premier temple principal était à Thebes , d'où
acte qui donna une organisation régu- l'emblème du dieu avait été transporté
lière aux possessions persanes, et en dans le sanctuaire de l'Oasis. Il n'y
soumit l'administration à une loi gé- subsiste aujourd'hui aucune trace du
nérale , première base d'un gouverne- vovaçe du vainqueur. •
I Ésvpte
et de l'héroïque résistance de macédonienne. La farine destinée à
UGrece. l'approvisionnement du soldat servit
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L'UNIVERS.
à marquer place des murailles ; l'en-
la à l'ancien monde les lumières qu'elle
ceinte n'eut pas inoins de quatre-vingts en a reeues.
stades fie diamètre; l'architecte D Mar- La mortsurprit Alexandre au mi-
que fut chargé de diriger l'exécution lieu de ses conquêtes , lorsque l'As»
de ce vaste plan. Alexandre désigna soumise l'admirait comme homme, et
lui-même l'emplacement des places l'adorait presque à l'égal d'un dieu*
publiques, celui des temples à cons- Vivant et vainqueur, son autorité de»
truire , soit pour des divinités grec- vait lui garantir la fidélité ou du inoins
ques, soit pour des divinités egyp- la soumission des peuples subjugues.
tiennes, témoignage remarquable de A sa mort , le prestige cessait de lui-
tolérance, qui n'était pas venu à l'es- même, et les droits acquis par la force
prit des Perses; une haute civilisation périssaient avec celui qui s'était fait
pouvait seule l'inspirer. Ces temples un jeu de violer les plus légitimes in*
aux dieux de l'Egypte étaient néces- dépendances : jeu cruel que la Provi*
saires dans la nouvelle ville; le fonda- dente a puni quelquefois dans*
teur la peupla eu y appelant une par- même qui se complurent à s
tie de la population des autres villes redoutables.
égyptiennes. Il y laissa une garnison Alexandre ne laissa pas auprès de
macédonienne, permit à un grand son trône un héritier qui pdt de suite
nombre de Grecs et d'Asiatiques de succéder, sinon à sa toute- puissance,
s'y établir, l'ouvrit à tous les peuples, du moins à l'empire qu'il avait reçu
et il en lit dans sa pensée comme dans de Philippe, et dont la possession ne
la réalité l'entrepôt nouveau de tout pouvait lui être contestée. Alexandre
le commerce entre l'orient et l'occi- avait un frère, (ils, comme
lui, d«
dent de la terre. Alexandre laissant en Philippe, nuis qui était né d'une dan-
Egypte Cléomène pour gouverneur, seuse nommée Pnilline; il laissait aussi
remonte en Syrie, poursuit le cours de Barsine, tille de Darius, un fils
de ses conquêtes , pénètre aux confins nommé Hercule; enfin Roxane sa
de l'Asie, retourne à Babylone malgré veuve, fille du roi de la Bactriane,
les prédictions des devins", y reçoit des était enceinte , le terme même de sa
députations de presque tous lès peu- grossesse très -avancé; elle pouvait
ples de la terre , et les honneurs fu- donner le jour à l'héritier si nécessaire
nèbres qu'il fait rendre à Hephaestion pour l'accomplissement des projets
ne sont que les préludes de ceux qu'il d'Alexandre.
va recevoir. Il meurt du poison ou d'in- Mais T incapacité d'Aridée son frère
tempérance, le 24 mai de l'an 324 avant l'inexpérience du fils de Harsine , Tin-
l'ère chrétienne. certaine espérance d'obtenir d'une
Le nom d'Alexandre le Grand ne se autre un rejeton du sang royal, enfin
lit sur aucun de l'Kgypte; le
édifiée la faiblesse d'une régence pouvaient-
seul monument qui reste de lui en elles suffire aux graves circonstances
ce pays, c'est la ville qui porte son où la mort prématurée du vainqueur
nom , et qui n'a pas cessé de réaliser de tant de rois plaçait ses peuples et
les vues et les espérances de son ton* son armée? Pour conserver son em-
dateur elle est encore le lien essentiel
: pire, il edt fallu un second Alexan-
du commerce de l'Europe, de l'Afri- dre ; l'union intime de tous ses géné-
3ue et de l'Asie. Un autre conquérant* raux pouvait rendre l'état des choses
ont le nom est aussi immortel , avait moins périlleux sans doute, mais de-
préparé de plus hautes destinées à cette vait-on l'attendre de leur ambition?
ville , et la renaissance de son antique Tous distingués par leur naissance ou
gloire sous l'égide de la France: le d'éclatants services, ils joignaient à la
temps , sur les traces de l'intelligence, noblesse des formes corporelles , l'élé-
parait devoir bientôt réaliser les gran- vation des sentiments et la puissance
des pensées d'Alexandre et de Napoléon; de la sagesse et de la raison ; c'étaient,
H 1 Europe reconnaissante va rendre parmi plusieurs autres, B
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>TE. 391
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«92 L'UN VERS.
ment excités contre lui, et que sa fiantpeut-être dans les prophétie*
mort arma aussitôt contre Antipater, d'Aristandre , qui promettaient un
gouverneur de la Macédoine et de la bonheur éternel à la contrée qui H
Grèce pour Aridée, successeur d'A- posséderait. Polémon , lieutenant d<
lexandre. Perdiccas, tenta de s'opposer aux pro-
Après cette alliance, et pendant jets d'Arrhidée, mais celui-ci réuss i
disputer par les armes les provinces cher. A l'entrée de la nuit il leva ie
de son empire , Arrhidée , l'un d'eux camp; on se mit en marche et on ar-
qui fut ensuite gouverneur de la Phry- riva vers la pointe du jour sur le Nil,
gie, l'avait consacré tout entier à de non loin d'une petite ville nommée le
plus honorables soins , à l'accomplisse- Mur des Chameaux, que Perdiccas
ment d'un pieux devoir, en faisant fit attaquer. Il essaya vainement de la
dre et transporter son corps en Égypte. tout prévu et s'était même défait de
Ces soins l'occupèrent deux années, et Cléomène qu'il croyait attaché à Per-
ia magnificence du char mortuaire du diccas, se trouva là à la tête d'un
triomphateur, si l'histoire ne l'a point corps de cavalerie pour défendre la
exagérée , ne dut pas demander moins ville. Convaincu de l'inutilité de son
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ÊGYPTE. 393
Menant Hle de Myecphoris formée par tigoneen Asie , lui donnant l'assurance
la branche de Péluse , un peu à l'orient que Ptolémée seconderait son entre-
de Bubaste. Il tenta bien malheureuse- prise. Mais Polysperchon , tuteur des
ment le passage des eaux , deux mille jeunes rois pour rendre leur alliance
,
dans l'Hellespont. Il s'y rendit lui- ter contre elle Cassandre qui était sur
même, et de là il passa auprès d'An- l'Hellespont, et se porta elle -même
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394 L'UNIVERS.
avec des troupes à Eria sur les fron- lexandre le Grnn4 fut proclamé dans
tières de la Macédoine, pour en dé- tous ses États d'Europe et d'A^e; ce
fendre l'approche à la reine les deux : fut son fils Alexandre, né de Roxane.
armées étaient près d'en venir aux Dans ces mêmes temps, la rein*
mains; mais le vieux respect des Ma- Olympias se vengeait d'Antipater mort
cédoniens pour le sang d'Alexandre sur ses amis vivants, non pas comme
remporta sur tout autre engagement, un roi, dit Justin, mais bien comme
et ils se déclarèrent pour Olympias. une femme, et Eumène passait l'hiver
Aridéc fut fait prisonnier; Eurydice, dans la Babylonie. Deux années après,
qui était retournée à Amphipopolis Olympias et Eumène n'existaient plus:
avec Polyclès, l'un de ses affidés, fut tous deux avaient péri assassinés, l'un
bientôt prise aussi, et l'un et l'autre par les ordres de Cassandre, l'autre
furent mis à mort par Tordre d'Olym- par ceux d'Antigone.
pias, Aridce, successeur immédiat Antigones'était ensuite rendu dans
d'Alexandre, ayant régné six ans et la Babylonie, gouvernée par Séleucus,
quatre mois. qui le reçut avec magnificence. Mais
Ainsi mourut le premier roi macédo- Antigone 'devenu plus exigeant, trouva
nien successeur d'Alexandre le Grand ;
enfin quelque résistance dans Séleucus.
l'Egypte le reconnut fidèlement; ses Celui-ci cependant , par la crainte d'être
monuments en font foi, notamment traité comme tant d'autres person-
le premier et le deuxième sanctuaire nages éminents dont Antigone avait
ravages commis par les Perses , et de des amis de tous ceux qui s'étaient
son attention à flatter ainsi l'opinion, commis à sa foi. Séleucus ne devait
les vœux et les croyances des fcgvp- pas être moins heureux.
tiens, captant par fa de plus en plus Ainsi s'accomplissaient les immua-
leur affection et leur confiance. bles décrets de la Providence. De nou-
Après la mort de Philippe Aridce, veaux trônes s'élevaient sur les débris
vers le mois d'octobre de l'année 3! de ceux que la fougue d'Alexandre avait
avant l'ère chrétienne, la septième du renverses; et, de tous ses généraux,
gouvernement de Ptolémée en fcgypte, quelques uns seulement étaient desti-
un second successeur au trône "d'A- nes à s'y asseoir, vainqueurs des an>
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ÉGYPTE.
lntions rivales de la leur. Léonnat, II le fit proclamer l'ennemi de l'État,
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L'UNIVERS
gone. Ptoléméc s'y rendit en personne, corps de troupes avec lequel il devait
punit exemplairement l'infidèle gouver- tenter de rentrer dans son gouverne-
neur, le remplaça par Nicocréon, dé- ment de Babylone. Il y réussit en peu
truisit Marium, en transporta les ha- de temps : la douceur de son adminis-
bitants à Paphos, se dirigea ensuite tration pendant les quatre années de
sur les côtes de Syrie , où il débarqua sa durée était son plus utile auxiliaire.
son armée, prit Posidium ainsi que En même temps Ptolémée, étant par-
Potamos, et, poussant jusqu'en Cili- venu jusqu'en Célé-Syrie, apprit que
cie, arriva dans Mallos, ravagea les Démétrius, de retour de la Cilicie,
contrées voisines, et rentra enfin à campait dans la Syrie supérieure. Il
Chypre. Cette expédition était déjà ter- chargea le Macédonien Cillés de Fv at-
minée lorsque Démétrius, qui l'apprit taquer; mais Démétrius, profitant de
en Syrie, arrivait en Cilicie pour s'y l'imprévoyance de ce général, le sur-
opposer. C'était trop tard, et Démé- prit lui-même à Myounta et le fit pri-
trius alla reprendre sa station en Syrie, sonnier avec son armée. Antigone était
pendant que Ptolémée rentrait en alors en Phrygie; il y apprend ce succès
Égypte. de Démétrius, traverse de nouveau le
Dans l'automne de la même année mont Taurus , et opère sa jonction avec
314, Tvr se rendit aux troupes d'An- son fils.
tigone ,'après avoir été bloquée par mer Ptolémée ne trouva pas prudent de
pendant quinze mois. se mesurer avec des forces aussi supé-
L'hiver suivant, celui de l'an 313, rieures, et, de l'avis de ses généraux,
Ptolémée était rentré en Égypte. Sé- il resolnt de retourner en Égypte. 11
leucus s'y trouvait, et l'excita pour quitta donc la Syrie, démantela les
attaquer Démétrius qui l'observait tou- villes principales qu'il abandonnait,
jours dans ses cantonnements de Syrie. Acès, Joppé, Samarie, Gaza, et,
Cédant à ces insinuations, Ptolémée chargé d'un immense butin, il rentra
réunit une armée nombreuse, quitte dans son gouvernement il se prépara
:
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ÉGYPTE.
cédoine d'un plus facile accès, et les à l'intérieur, faisant ses adorations aux
autres généraux, Lysimaque, Anti- triades de Thèbes. Dans un de ces bas-
gone, Seleucus, Ptolémée, libres de reliefs, la déesse Thamoun est rem-
toute dépendance, se trouvèrent in- placée par la ville de Thèbes, person-
vestis des lors de la suprême autorité nifiée sous la forme d'une femme, avec
dans leur gouvernement. cette légende :
Tel était l'état des choses aux pre- « Voici ce que dit Thèbes (Oph), la
miers jours de Tété de Tan 31 1 de l'ère grande tutrice du monde : Nous avons
vukaire, treize ans après la mort mis en ta puissance toutes les contrées
d'Alexandre. (les nomes) ; nous t'avons donné Kéme
Son second successeur venait de (l'Egypte), terre nourricière.» C'est
périr victime de l'ambition effrénée des au jeune roi Alexandre que la déesse
chefs qu'il avait élevés par ses bien- adresse ces paroles; Ammon, généra-
faits. Ptolémée ne s'était point détaché teur, dit en même temps au prince :
de la fidélité qu'il devait au jeune roi « Nous accordons que les édifices que
Alexandre, et c'était en son nom qu'il tu élèves soient aussi durables que le
avait exercé en Égypte son autorité firmament. »
secondaire; les monuments en font foi. Tous ces monuments déposent du
A Béni-Hassan se trouve l'ancien spéos respect de Ptolémée pour l'autorité
de Diane, la Bubaste des Égyptiens. des rois qu'il représentait en Égypte ;
Ce temple est cerné par des hypogées c'est en leur nom , et quoiqu'ils né fus-
où furent déposés les chats 'sacrés, sent point présents en Égypte, que tous
animal qui fut le symbole de la déesse, les monuments publics étaient élevés
et un de ces hypogées, visité par ou restaurés.
Champollion le jeune, le 6 novembre Dans les ruines des deux temples
1828, porte la légende royale de cet d' Élephantine, il reste celles d'une
Alexandre, fils d'Alexandre le Grand. porte en granit, dédiée au nom du
Le cartouche prénom est le même que même prince, aux dieux du lieu,
celui de son prédécesseur Philippe Chnouphis, Saté et Anouké.
A ridée, le roi chéri d'Amon-Ra, ap- Bientôt après la mort du jeune roi,
prouvé par Phré, le fils du soleil les hostilités entre Antigone et Ptolé-
Alexandre {Alksantrs). On trouve tou- mée recommencèrent. Le traité conclu
tefois quelques variantes dans son pré- entre quatre généraux avait re-
les
nom à Élephantine. A Louqsor, un connu l'indépendance des villes grec-
sanctuaire, habilement exécuté en gra- ques, et cependant Antigone mettait
nit, fut construit dans le temple par des garnisons dans quelques-unes
Tordre et avec le nom du même roi. d'elles. Ptolémée le desapprouva et
Ce second sanctuaire est emboîté dans chargea Léonis de faire une invasion
le premier élevé par le Pharaon Amé- en Cilicie. En même temps il engageait
nophis; il porte I inscription suivante : Cassandre et Lysimaque à se réunir à
• Restauration de l'édifice faite par le lui , afin de s'opposer a l'accroissement
roi chéri de Phré approuvé par Am-
,
de la puissance d'Antigone. Celui-ci
mon, le fils du soleil, seigneur des envoya son second fils Philippe sur
diadèmes, Alexandre, en l'honneur de l'Hellespont et Démétrius à la aéfense
,
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L'UBIVERS.
totale de la race royale de Paplios. de Ptolémée dans l'Archipel y avait
Ptolémée, apprenant bientôt aprèf attiré toutes les forces des combat-
les revers éprouvés en Cilicie, réunit tants. Démet rius, qui avait poursuivi
une flotte et une armée, va débarquer les généraux de Ptolémée dans la Ci-
à Phaselis, et, côtoyant la Lycie, s'em- licie, arriva bientôt devant Athènes,
raclée, enfin de l'île de Cos, occupée 1ère, gouverneur de la ville depuis dix
par un autre Ptolémée, neveu d'Anti- ans. Les succès du ûls d'Antigone ren-
gone, parenté qui ne le rendit pas plus dirent Athènes à la liberté, et Démé-
dévoué, et ne l'empêcha pas de se jeter trius de Phalére se retira d'abord à
dans le parti de Ptolémée d'Éuypte. Thèbes de Béotie, ensuite en Égypte,
Celui-ci , partant ensuite de Myndus en auprès de Ptolémée (l'an 307).
Carie, et parcourant l'Archipel avee Démétrius reçut a Athènes, d'An-
une flotte considérable , réduisit la gar- tigone, son père, Tordre d'attaquer
nison d'Andros, et, arrivant dans l'île de Chypre et de l'enlever à Ptolé-
l'isthme, s'empara de Sicvone et de mée. Pour l'exécuter, il se rendit d'a-
Corinthe; Il prit enfin M égare, où il bord en Carie, et engagea les Rhodieus
chercha , :\ r des présents, à s'attacher
\
mais sans succès, à se déclarer contre
Stilpon le philosophe, qui préféra se Ptolémée. Parvenu ensuite en Cilicie,
retirer à vfcgine. Le but de Ptolémée, où il trouva des soldats et des vais-
dans cette expédition, était de laisser seaux, il alla débarquer à Chvpre,
moins d'alliés au parti d'Antigone à ayant trois mille hommes sous ses or-
mesure qu'il rendrait plus de villes dres, pendant qu'Antigone occupait la
grecques à l'indépendance. Il fut en Syrie supérieure. Démétrius fut heu-
cela d'accord avec Cassandre, convint reux dans cette entreprise. Ménelas,
avec lui que chacun d'eux garderait les commandant en Chypre pour Ptolé-
villes qu'il occupait, et il retourna en mée, essuya plusieurs échecs et se
Egypte. x renferma dans Salamis; Démétrius en
Peu d'années s'étaient écoulées de- entreprit le siège. Ptolémée, oui était
puis que Ptolémée avait ramené Cyrène en Egypte, ayant appris la fâcheuse
sous son obéissance; Ophella y com- position de Menélas a Chypre, s'em-
mandait pour lui depuis la mort de pressa d'arriver à Paphos , sur un point
Thimbron. Les dissensions qui divi- de l'île opposé à Salamis, avec une
saient ies généraux d'Alexandre, et flotte nombreuse et des forces consi-
surtout leur exemple, faisaient naître dérables. Il envoya trois mille fantas-
le désir de l'indépendance dans chaque sins à Ménélas, et, après l'avoir iu-
chef qui gouvernait des provinces iso- formé de son plan d attaque, il se
lées. Ophella, commandant de la Cyré- rendit à Citium, peu distant de Sala-
naïque pour Ptolémée, avait aussi mis. Bientôt la bataille s'engagea sur
conçu le projet de s'élever à une plus mer et sur terre; elle eut pour résultat
haute fortune. Agathocle de Syracuse la défaite totale de Ptolémée, son re-
faisait alors la guerre contre fes Car- tour en Egypte, et l'occupation de l'île
thaginois ; il lui envoya quelqu'un , qui entière par Démétrius.
Je flattant d'une future domination sur Antigoue, en apprenant d'aussi
l'Afrique, l'entraîna dans une alliance grands succès, ne douta plus du pro-
bien fatale. Arrivé après deux mois de chain accomplissement de ses v ues , et
niarche ét de fatigues inouïes auprès ne reconnaissant point de puissance
d' Agathocle, Ophella fut traité en en- qui lui filt supérieure, il prit le titre
nemi attaqué et tué dans le combat.
, de roi et le donna aussi à son (ils Dé-
Cyrène, sans défense, rentra facile- métrius. Ptolémée vaincu ne croyait
ment sous les ordres de Ptolémée. pas y avoir moins de droits qu'Anti-
La guerre, sans changer de but, gone triomphant il ne voulut pas con-
:
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EGYPTE. 399
laissant son rival prendre seul un titre qu'il récompenserait ceux qui l'aban-
qu'il n'ambitionnait pas moins que lui donneraient. Ces promesses produi-
et il se le donna comme lui. Séleucus, saient leur effet; la désertion était dans
Lysimaque et Cassandre n'hésitèrent l'armée. Antigone disposa sur les bords
pas à l'imiter; mais, tant qu'il res- du canal du iN il des archers et des
tait un héritier d'Alexandre, ils s'abs- frondeurs pour en défendre l'approche
tinrent tous de revêtir les ornements aux agents de Ptolémée, et il se diri-
et les insignes du pouvoir royal. gea avec les vaisseaux qui étaient ar-
,
Dans Tannée suivante (Tan 306 rivés tard, vers le lieu nommé Pseih
avant l'ère vulgaire), Antigone, qui dostoma (fausse embouchure), où il
résolut enfin d'attaquer l'Egypte, rap- avait l'intention de placer un poste.
pelaauprès de lui Démétrius alors à L'ayant trouvé fortifié, l'approche de
Chypre, et lui assigna pour rendez- la nuit le força de se retirer; il recom-
vous la ville d'Antigonia, qu'il avait manda aux navarques de se guider par
fondée dans la Syrie supérieure sur les feux du vaisseau principal , et il se
l'Oronte. Il prend le commandement dirigea vers l'embouchure de la bran-
de l'armée de terre, et donne celui de che phathmétique (la branche du mi-
la flotte à Démétrius : sous leurs or- lieu).
dres se trouvaient reunis quatre-vingt Mais Ptolémée, ayant eu le temps
mille fantassins, huit mille hommes d'en être averti, se kl ta de conduire
de cavalerie, quatre-vingt-trois élé- des renforts à ses troupes et s'établit
phants, cent cinquante galères avec avec son armée sur le rivage même.
cent vaisseaux de transport. Il se di- Démétrius, jugeant le débarquement
rige par la Olé-Syrie, après avoir impossible, la plage du Nil voisine du
nrdonné à la (lotte de côtoyer le rivage point qu'il occupait étant naturelle-
et de régler sa marche sur celle de ment défendue par des lacs et des ma-
iarmée. INéanmoins, les navarques rais (les marais de Thennési, qui sont
avant dit qu'il fallait avoir égard au devenus le lac Menzaleh), se retira
coucher des Pléiades, qui devait avoir avec toute la flotte. Un vent du nord
lieu huit jours après, il blâma haute- la surprit, et jeta à la côte d'Egypte
ment leur prévoyance qu'il taxait de plusieurs vaisseaux qui furent pris par
timidité, et porta son camp à Gaza, Ptolémée; le reste parvint à rejoindre
voulant y prévenir l'arrivée des forces ceux d'Antigonn. Ptolémée avait for-
de Ptolémée. tifié toutes les embouchures du fleuve
flotte, et campa à deux stades du Nil, eaux du fleuve baisseraient. Ce. dernier
c'est-à-dire, de la branche de Péluse. Earti fut jugé le meilleur, et l'armée et
Ptolémée avait fortilié les pla i flotte retournèrent en Syrie. Ptolé-
principales de l'Égypte inférieure. Il fit mée remercia les dieux de ce nouveau
-
répandre parmi les soldats succès , s'empressa d'en informer Lysi-
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I
400 L'UNIVERS.
maque, Séleucus et Cassandre, et ren- Alors Ptolémée avait obtenu sur son
tra dans Alexandrie (Tan 306). puissant rival Antigone des succès
Antigone entreprit alors son expé- éclatants; sa formidable expédition
dition contre l'île de Rhodes, et en contre l'Egypte avait été pour Ptolemec
confia l'exécution à son (ils Démétrius, une grande occasion de prouver qu'il
qui réunit à cet effet plus de deux cent pouvait la défendre. Antigone avait
voiles et de quarante mille hommes. reconnu les effets de sa puissance de-
Les Rhodiens se préparèrent à résister vant Rhodes même qu'elle avait sauvée.
à cette attaque; eu même temps ils Des trois héritiers du nom et de la
demandèrent du secours à Lysimaque, couronne d'Alexandre, il n'en existait
à Cassandre et à Ptoléméê. Celui-ci plus un seul ; trop d'intérêts , trop d'im-
leur envoya cinq cents hommes, parmi probes ambitions conspiraient contre
lesquels se trouvaient plusieurs Rho- leur vie pour qu'ils pussent la conser-
diens déjà à son service. Ce renfort ver. Philippe Aridée, Alexandre, fils
arriva après les premiers succès obte- de Roxane, avaient été assassinés par
nus par les habitants de i*île contre les Cassandre; il avait aussi acheté de Po-
attaques réitérées de Démétrius. Il lysperchon la vie d'Hercule, fils de
n'avait pas réussi dans ses manœuvres Barsine; et les autres généraux, non
par mer, et il résolut de prendre la ville moins ambitieux que lui, profitant
du côté de terre. Ptolémée eut le soin comme lui du défaut d'héritier légitime
de l'approvisionner, et lui envoya d'a- de l'empire, se trouvaient associés a
bord trois cent mille mesures de tous les succès de Cassandre , sans l'être
grains. Cassandre et Lysimaque imi- à ses forfaits.
tèrent l'exemple de Ptolémée, qui, peu Les Perses avaient détrôné la race
de mois après, fournit de nouveaux ap- légitime des rois d'Egypte : Alexandre
provisionnements en grains, et quinze avait conquis ce trôné sur les Perses,
cents hommes commandés par le Ma- et Alexandre n'était plus. Les titres
cédonien Antigone : en même temps il que deux siècles avaient pu faire aux
donnait aux Rhodiens le conseil secret successeurs de Cambyse n'étaient re-
de ne pas laisser échapper l'occasion de clamés par personne, bans les circons-
faire la paix avec Démétrius. Antigone tances où se trouvait l'Égvpte, la
avait envoyé les mêmes avis à son fils, nation n'entreprit pas de placer la
et le traite fut conclu à cette condi- couronne royale sur la tête d'un
tion, entre autres, que les Rhodiens homme de son choix. Depuis la mort
seraient les alliés d' Antigone, excepté d'Alexandre, l'Égvpte n'avait connu
dans la guerre contre Ptolémée. Dé- que Ptolémée; il avait été son maître
métrius se dirigea ensuite vers h ini- 1 et son protecteur; elle payait de son
tie, après avoir été retenu devant affection et de son dévouement les
Rhodes pendant une armée. bienfaits d'une administration régu-
Cette dernière indication deDiodore lière et bienveillante Ptolémée était
:
de Sicile nous porte aux premiers mois en Egypte le père du peuple, il en de-
de la quatrième année de la cxvm* vint le roi; il eo prit le titre, en re-
olympiade, à l'automne de l'an 305 vêtit les insignes, les consacra par les
avant l'cre vulgaire, dix-neuf ans com- cérémonies de la religion, se fit cou-
plets après la mort d'Alexandre. ronner à Alexandrie, et sans doute
Les Rhodiens reconnaissants accor- introniser à Memphis, selon l'an-
dèrent de grands honneurs a Ptolémée cienne coutume des rois du pays; il lit
( l'an 30f>) , consultèrent l'oracle d'Ain- frapper des monnaies à son nom, à
mon pour savoir s'ils ne devaient pas son image, et, rattachaut à la mort
l'adorer comme un dieu, lui dédièrent même d'Alexandre l'origine d'un pou-
un bois sacré, un portique, et, s'il voir dont cette mort avait été la source,
faut en croire Pausanias lui décernè-
, il se considéra comme roi depuis cette
rent le surnom de Soter, Sauveur, que époque mémorable, et Tannée même où
l'histoire lui a conservé. il prit la couronne fut comptée comme
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TE. 401
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462 LTJNIYERS.
resta libre de la domination macédo- femme et la mère de la première, ne
nienne établie par Ptolémée, fils de lui avant point donné d'enfants.
Lagus. Bérénice, fille de Magas, roi de la
Après un très-long règne et âgé de Cyrénaîquc et de la Libye, avait été
plus de quatre-vingts ans , celui-ci s'oc- mariée à Ptolémée Évergète, et de ce
Xde se douner un successeur au
qu'il avait conquis. L'ordre de
mariage naquirent plusieurs enfants;
le premier-né des deux princes succéda
succession à la couronne de Macédoine à son père , qu'il aima beaucoup , si son
constaté par les historiens, prouve surnom de Philopator est une preuve
que les fils du roi en étaient les héri- de son affection. Philopator épousa sa
tiers de droit selon l'ordre de pri- sœur Arsinoé, et fit mourir son frère
mogéniture, et qu'au défaut de maies Magas' dont il redoutait l'influence.
les femmes héritaient de la couronne. Il eut assez tard d'Arsinoé un en-
Si Ton examine ce qui s'est passé à cet fant unique, et mourut bientôt après.
égard parmi les successeurs du fils de A peine âgé de cinq ans, ce fils loi
Lagus , on y trouvera la véritable cause succéda au trône, en butte aux dissen-
des dissensions qui troublèrent cette sions intestines et aux ambitions étran-
famille, et mirent fin à l'empire égyp- gères. Le fils de Philopator leur ré-
tien en la précipitant du rang suprême. sista, et régna vingt-quatre ans avec le
Ln tableau sommaire de la succession surnom d'Epiphane, ou Illustre, qu'il
royale dans cette race mettra cette as- portait déjà, quoiqu'à peine âge de
sertion dans tout son jour. quatorze ans.
Le premier des Ptolemées , qui porta En mourant, il laissa de sa femme
le surnom de Soter, Sauveur, eut Cleopâtre de Syrie; qui Jui survécut,
Suaire femmes et onze enfants. Il deux fils et une fille, tous trois en bas
misit pour lui succéder le (ils qui na- âf,e. L'aîné, appelé au trône, reçut le
quit le premier de la quatrième, nom- surnom de Philométor, et il le mérita,
mée Bérénice, et il le lit asseoir sur s'il reconnut par les témoignages de sa
son trône, qu'il quitta deux années tendresse les services que fui rendit sa
avant de mourir. Eurydice, en effet, mère, qui, en qualité de régente du
d'Antipater, avait donné plusieurs
fille royaume, l'administra pendant huit
cnfauts à Ptolémée avant qu'il épousât ans avec une sagesse dont l'histoire a
Bérénice. Le fils aîné d'Eurydice pro- voulu conserver le souvenir. Après sa
testa contre le choix du fils de Béré- mort, des tuteurs inconsidérés enga-
nice, revendiqua ses droits et prit les gèrent Philométor dans une guerre
armes pour les faire valoir. Céraunus, contre Antiochus Épiphane, Toi de
c'était son nom, perdit la vie dans un Syrie, guerre dont le résultat fut tres-
combat. Un second frère de Ptolémée, funeste au roi, qui fut fait prisonnier
fils de Soter, né comme lui de Béré- la onzième année de son règne. Son
nice, mais d'un autre père, fut accusé frère, qui prit lesurnomd'Évergètell,
de conspiration et mis à mort, et le connu aussi sous celui de Physcon à
nouveau roi, qui combattit ses deux cause de son excessif embonpoint, oc-
. frères et les vit mourir, porta le sur- cupa le trône vacant, appelé par les
nom de Phiiadelphe, comme s'il les vœux des Égyptiens. Six années se pas-
avait tendrement chéris. sèrent dans la plus grande confusion.
Il eut pour successeur le fils qui lui Antiochus, qui, en faisant prisonnier
était né d'Arsinoé, fille de Lysimaque, Ptolémée Philométor, avait ouvert à
roi de Thrace , laquelle , étant fille d'une son trère Évergète II le chemin du
soeur du roi Ptolémée, était tout à la trône, entreprit une nouvelle guerre
fois sa nièce et sa femme. Aucune dis- pourenchassersonprotrgé.Philometor
sension ne vint troubler l'élévation au t'occupa de nouveau, le partagea quel-
trône de ce (ils connu par le surnom que temps avec Évergète, jusqu'à ce
d'Évergète, la seconde femme du roi, qu'une décision des envoyés de Rome
qui tut tout a la fois aussi sa sœur, sa rit rentrer Évergète dans la Cyrénaî-
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,
ÉCTPTE. 40'i
que, dont ils lui avaient assigné la pâtre, femme répudiée de Soter II,
possession, et Philométor régna seul venait de quitter en épousant Antio-
encore pendant dix-huit ans. Il mourut chus Philopator. Mais la haine de la
laissant deux tilles deja mariées, et un reine mere ne cessa de poursuivre So-
tiis en bas âge sous la tutelle de sa ter II, et son ambition lui faisant tout
mère Cléopâtre, sœur et veuve du roi. espérer de la condescendance qu'elle
Évergète II, surnommé encore Ca- supposait dans son second fils Alexan-
kergétes à cause de son improbité, dre, elle parvint à le placer sur le
instruit de la mort de Philométor, son trône, en soulevant la populace contre
frère, se hâta de quitter Cyrène, et Soter, qui se sauva sur un vaisseau
de venir, à la téte d'une armée, deman- après dix années de rè^ne, et se retira
der la tutelle du jeune roi fcupator,et la à Chypre seul, sépare de Sélène, sa
régence du royaume. Il obtint l'une et femme dont il avait déjà deux enfants
,
nt. Klle aurait préféré voir sur le périt bientôt après dans un combat
trône son second fils, qui lui était plus na\al, laissant un fils retiré alors à
dévoué; mais l'ordre de succession ne Co, et plus tard, connu, comme son
favorisant pas ses vœux , elle appela de père, par le surnom d'Alexandre.
File de Chypre le fils ainé, que l'usage Apres un nouveau règne de sept années
disait l'héritier légitime de la cou- et demie, Soter II mourut, ne laissant
ronne, et lui imposa l'obligation de de ses deux femmes qu'un seul enfant,
répudier sa femme Cléopâtre pour Bérénice, qui lui succéda, à l'exclusion
s'unir à Sélène, la plus jeune de ses des deux fils et d'une autre fille, non
sœurs. A ces conditions, Ptolémée, légitimes, qui survécurent aussi au
9m prit le surnom de Soter II, fut roi.
inauguré, selon l'usage du pays, à Mais le jeune Alexandre, fils de Pto-
Memphis. Son jeune frère Alexandre lémée Alexandre, s'était jeté entre les
s'établit aussitôt à Chypre, que Cléo- bras de Mithridate, roi de Pont, et
Î6.
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404 L'UNI ERS.
bientôt après dans ceux de Sylla , qui placée son mariage avec Antiochus
le prit sous sa protection , et a ce titre Épiphane, voulut faire reconnaître les
le conduisit à Rome. Instruit de la droits qu'elle avait au trône de l'E-
mort de Soter II, le dictateur voulut gypte, et envoya ses deux fils à Rome
placer son pupille sur le trône des pour chercher dans le sénat quelques
Ptolémées , et le lit passer en Égvpte défenseurs. Les tentatives des Jeux
entouré d'un cortège royal. Bérénice princes syriens furent sans succès;
régnait seule depuis six mois , lorsque, Ptolémée Denys les prévint en tout
à la satisfaction générale, elle reçut point , et resta' paisible possesseur de
Alexandre II pour époux et pour roi. la epuronne, oubliant les devoirs de la
Il paya les généreuses résolutions de royauté pour obtenir d'ignobles triom-
la reine par un crime; il la lit assassi- phes dans l'art de jouer de la fldte,
ner dix-neuf jours après l'avoir épou- d'où lui vint le surnom iï Aulétès qu'on
sée, et régna seul dès lors quelques lui donna. Avec de l'argent, il sait
années encore. Les lils de Sélene, faire que Jules César, devenu consul,
sœur et seconde femme de Soter II , et ne soutint plus la validité du testament
par là tante d'Alexandre II, élevèrent de Ptolémée Alexandre II, dont Jules
des prétentions au trône de l'Egypte, César, édile , avait demandé l'exécution.
étant, comme cet Alexandre, neveux Effrayé néanmoins des hostiles dispo-
de Soter et germains de Bérénice, sa sitions de ses sujets , excitées par ses
fille, héritière de l'empire. En même constantes exactions, Denys quitta
temps les Alexandrins, irrités contre l'Égypte, alla s'exposer aux sévères
Alexandre II, et ne pouvant lui par- dédains de Caton , envoyé comme ques-
donner la mort de Bérénice leur reine,
, teur et préteur à Chypre, et courut à
se soulevèrent contre lui et le chassè- Borne solliciter la pitié publique. Igno-
rent du trône. Il se réfugia à Tyr, où rant son départ pour l'Italie et le
il mourut, et, disposant d'une cou- croyant mort, les Alexandrins douè-
ronne qui ne lui appartenait pas, il la rent le gouvernement de l'Égvpte a
légua, par son testament, au peuple l'aînée des enfants du roi fugitif, Bé-
romain. rénice, qui appela, pour le placer avec
Les Égyptiens, peu empressés de elle sur le trône, Antiochus de Syrie,
hâter l'époque d'un asservissement dont on ignorait la mort, et après lui
qu'ils ne devaient pas éviter, et que son frère Séleucus, tous deux Gis de
réparait leur recours trop fréquent à Sélène, fille de Ptolémée Évergète II,
S
e fallacieuses protections, cherchèrent les mêmes qui avaient déjà cherclte a
à prévenir les effets du testament d'A- récupérer le trône de leurs aïeux ma-
lexandre IL Ils appelèrent dune les ternels. Séleucus arriva en Égypte,
deux fils illégitimes de Soter II, pla- épousa Bérénice, qui , impatiente Je la
cèrent le premier sur le trône de l'E- sordide avarice du roi, l'étrangla bien-
gypte, et donnèrent Chypre au second. tôt après. Elle épousa ensuite Arche-
Le nouveau roi d'Egypte prit le sur- laus, compagnon de Gabinius, pro-
nom de Néos Dionysos, nouveau De- consul en Syrie, qui se donna auprès
nys ou Bacchus , et Borne n'hésita pas d'elle pour le fils de Mithridate Eupa-
à le reconnaître, refusant la couronne tor. Six mois après, Archélaus mourut
que lui léguait le testament de Ptolé- dans le combat qu'il livra pour défendre
mée Alexandre II, parce qu'elle aurait sa couronne contre Marc- Antoine, ra-
dû la conquérir par les armes, et n'ac- menant, sous les ordres de Gabinius,
ceptant que les trésors réunis à Chypre commandant en Syrie , Ptolemee Denys
qu'il ne fallait que faire transporter en en Égypte. Ce roi remonta sur le
Italie. Mais Selene, comme seconde trône après une absence de plus de
femme de Ptolémée Soter II, et plus deux années, pendant lesquelles Béré-
encore comme fille d'Évergète II et nice avait régné jusqu'au retour de son
petite-fille de Philométor, chassée par père; il la punit de ce succès en la fai-
Tigrane du trône de Syrie, où l'avait sant mettre à mort, régna trois ans
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ÉGYPTE. 405
encore, et mourut, laissant pour lui ce prince dgé de onze ans , ne fut ni
,
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40G L'UNIVERS.
taîent pas moins humiliantes, et cette de Lagus, surnommé Sdter, qui ftf
femme ,toutes» les passions
livrée à en Égypte l'héritier des conquête
humaines, y mit enfin le comble en d'Alexandre le Grand.
osant se revêtir des ornements de la Dès la première année de son sn
divinité, et prendre le nom de nou- nement considérant
, les deux règne
velle Isis. Mais Antoine pava bientôt qui séparaient d'Alexandre comm
le
de sa vie un dévouement qui ne fut es- nominaux, et comme incortHos
timé que tant qu'il fut profitable : Oc- l'Egypte, si ce n'est dans les vaine
tave pouvait-il en connaître les effets formules du protocole, il rattacha l'ori
sans qu'Antoine fut expose aux suites gine de son autorité rovale à la mor
de son jaloux ressentiment? Au nom même du héros dont îl avait été li
de l'intérêt public Octave excita le sé- lieutenant : et, de fait, l'Égvpte n'ei
nat contre Cléopâ'tre la guerre lui fut
: avait point connu d'autre.
déclarée, et Antoine sacrifia les inté- Ptolémée Soter fit donc frapper de«
rêts de sa patrie à une femme qui monnaies d'or, d'argent et de bfonz*
n'hésitait pas de le sacrifier lui-même à son nom , à son effigie ; et il y fil
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ÉGYPTE. *7
perpétuer la possession dans sa des- uartiers d'hiver, et Ptolémée, parti
cendance. I! avait épousé en troisièmes 3 e l' Égypte avec une armée nombreuse
noces Eurydice, fille d'Antipater, et avait occupé les principales villes de
quelques temps après Bérénice, venue la Syrie et de la Célé-Syrie. Sidon ré-
en Égypte en même temps qu'Eurydice. sistait, et il en faisait le siège lors-
Il avait, entre autres enfants , un fils qu'on lui annonça qu'à la suite d'une
d'Eurydice, surnommé Céraunus, et grande bataille Séleucus et Lysimaque
de Bérénice, celui qui lui succéda et vaincus par Antigone , s'étaient retirés
qui porta le surnom de Philadelpbe : à Héraclée, et qu'Antigone s'avançait
ce sont les seuls dont les noms se avec une armée considérable vers la
rattachent à l'histoire d'Égvpte, le Syrie. Trop confiant dans ce rapport
sort .des autres, au nombre de neuf, qui était sans fondement, Ptolémée fit
ne l'intéressant point spécialement. avec S'don une trêve de quatre mois
Ainsi le ûls de Lagus , Ptolémée Soter, laissa des garnisons dans les villes
réunissait alors en lui tout ce qui peut qu'il avait prises, et rentra précipitam-
assurer le succès d'une entreprise aussi ment en Égypte où il passa aussi
importante que la fondation d'une dy- l'hiver.
nastie souveraine un nom illustré par
, C'était celui de Tannée 301 avant
de grandes actions militaires, une ré- l'ère vulgaire. L'état où étaient alors
putation de sagesse éprouvée par de les affaires des généraux d'Alexandre
•raves circonstances vingt ans d'une
, se disputant l'héritage de sou empire,
administration essentiellement bien- annonçait, pour le printemps qui sui-
veillante et protectrice, la conOance vrait le dénoûment de cette sanglante
,
les projets d'Antigone; car, s'il par- nouvelles contre cette catastrophe in-
venait au trône de Macédoine , se con- attendue.
sidérant dès lors comme le successeur Les provinces et les villes où ils
d'Alexandre, il voudrait réunir sous avaient commandé devinrent le prix
sa domination toutes les provinces de de la victoire, et les quatre rois son-
l'ancien empire. Séleucus et Ptolémée gèrent à se les diviser; mais leurs
consentirent à cette alliance , bien con- prétentions particulières pouvaient-
vaincus qu'elle serait funeste à Anti- elles laisser espérer qu'ils régleraient
gone qui jusque-là avait été vainqueur. aimablement ce partage? Leur intérêt
A la suite d'événements et de succès commun les avait réunis contre Anti-
divers en Asie et en Europe, Séleucus gone, leur commune ambition les di-
s'était avancé de la Babvfonie, s'était visa ;sort des armes devait encore
le
porté eu Cappadoce où il avait pris ses en décider. Séleucus s'unit a Dénié»
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408 L UH
trius qui trouva un secours inespéré paix pour embellir Alexandrie et j
dans cette alliance ; un traité associa faire construire plusieurs temples.
Lysimaque à Ptoléméc et de nouvelles
, Lorsqu'il voulut les cousacrer, un sonçe
guerres furent le résultat de ces nou- mystérieux d'abord négligé, écouté en-
veaux succès. suite à cause des circonstances ef-
Ptolémée pensa dès lors à reprendre frayantes qui l'accompagnaient, le dé-
l'île de Chypre à s'assurer la posses-
, termina à envoyer consulter Apollon
sion de la Syrie qtK; ses troupes occu- Pythien et à demander au roi de Sv-
paient en partie depuis près d'une an- nope les infliges du dieu qu'il avait m
née , enfin à remettre aussi sous son en songe; il lui fit offrir en même
obéissance Cyrène qui , depuis quelque temps de riches présents. Trois ans se
temps, méconnaissait son autorité. passèrent sans que cette négociation
Démétrius, contre son attente, vit eût un résultat ; elle avait commencé
ses affaires se relever ; Séleucus épousa dans la trente -cinquième année du
sa Stratonice; et il retourna à
fille règne de Ptolémée.
Antioche. Déidamie , Tune des femmes Sur ces entrefaites , Démétrius avait
de Démétrius., étant morte, Séleucus réuni une armée de cent dix mille hom-
lui fit accorder par Ptolémée la main mes et une flotte de cinq cents vais-
de Ptolémaïs, Tune de ses filles. Démé- seaux; on en construisait encore 2
trius, bientôt après, attaqua Athènes, Chalcis , à Corinthe , à Pellà , et leurs
qui souffrit une cruelle famine, quoi- dimensions n'étonnaient pas moins
que Ptolémée lui eiît envoyé cent cin- que leur nombre. Effrayés par de si
quante galères pour la soutenir. Mais grands préparatifs, Lysimaque, Sé-
Démétrius en avait déjà réuni trois leucus et Ptolémée jugèrent que ce ne
cents venues du Péloponèse ou de serait pas trop de leur alliance pour
Chypre qu'il tenait encore; la flotte de résister à Démétrius : ils la contrac-
Ptolémée se retira et Lacharès ayant
, tèrent et y entraînèrent Pyrrhus Ils 'e
abandonné Athènes, Démétrius y en- chargèrent de surveiller la Macédoine;
tra. Il attaqua ensuite la Laconie", dé- Ptolémée parcourut la Grèce avec une
litArchidamas à Mantinée, et poussa nombreuse flotte pour s'v faire des al-
droit à Lacédémone. Ce fut alors qu'il liés; et bientôt Démétrius perdit !e
fut informé que Séleucus avait pris trône de Macédoine après l'avoir oc-
plusieurs de ses villes d'Asie, et que cupé sept années.
Ptolémée occupait Pile de Chypre, à Ce fut après ces événement» que la
l'exception de la ville de Salamis où négociation de Ptolémée avec le roi
étaient ses enfants et leur mère. de Synope traînant trop en longueur
Bientôt après , Démétrius apprit que au gré du dieu qui en était le sujet, le
Ptolémée renvoyait comblés de
les lui dieu quitta lui-même brusquement son
présents et d'honneurs. temple monta sur une galère , mit en
,
Tel était l'état des choses dans ces mer, et. après une traversée qui ne
contrées, la trentième année après la dura que trois jours , entra dans le
mort d'Alexandre. A cette époque, port d'Alexandrie à la grande satisfac-
Ptolémée avait repris possession de tion de Ptolémée. C'était Apis.
l'île de Chypre, de Cyrène, et com- L'année suivante, la trente-neuvième
mencé la construction du phare dans de Ptolémée, fut aussi la dernière de
l'île qui porta ce nom. son règne; ce fut dans le courant de
Deux ans après, Ménandre, fils de cette année que Ptolémée déjà très- ,
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ÊGYPTE. 409
Ptolémée était en paix avec ses an- et du concours empressé de toutes les
ciens compagnons d'armes qui avaient classes. Sous son règne, l'Égypte avait
échappé à quarante années de guerres reconquis son antique splendeur, et
etde malheurs dés traités ou des al-: les arts de la Grèce avaient uni leurs
Hanees de famille l'attachaient à Lysi- riches produits à ceux des arts natio-
niaque , à Séleucus, a Pyrrhus même; naux. Les preuves de la magnificence
Démétrius, que ses hauts faits ren- de Ptolémée, de sa pieté envers les
d aient le plus redoutable, expiait sa dieux du pays, de son active attention
gloire prisonnier de Séleucus auquel à encourager les arts et les lettres,
il s'était volontairement livré ; Ptolé- * subsistent encore sur les monuments
niée jouissait enfin des fruits de son et dans les témoignages de l'histoire,
courage, de sa prudence et de sa mo- Nous ne pouvons les indiquer ici que
dération. Constant , dès le premier bien sommairement , tant ces preuves
tour de son gouvernement en Egypte, sont multipliées,
a ne s'occuper que de cette riche con- On croit avoir reconnu le nom de
trée, il songea non pas à acquérir, Ptolémée Soter et celui de la rebe Bé-
mais à posséder. Attaqué dans TÉ- rénice , sa femme , dans quelques par-
gypte , il sut la défendre et la préser- ties des édifices religieux de Karnac à
ver de toute invasion. L'attachement Thèbes, et sur le couronnement du
et la reconnaissance des peuples affer- temple de Bohbaït, l'ancienne Isidis-
mirent sur sa téte la couronne, royale, Oppidum. La légende royale de Ptolé-
et , comme s'il ne devait rien faire mée est renouvelée des Pharaons; ce
d'inutile à sa gloire, il n'ajouta pas roi grec y est aussi approuvé d' mon4
moins à sa renommée en cédant volon- et de Ph'ré, le gardien de la vie, Pto-
tairement la couronne à son fils , qu'il lémêe vivant à toujours et chéri de
n'en avait acquis en la prenant. Phtha. Le nom de la reine Bérénice
Des deux femmes que Ptolémée avait est sculpté à coté de celui du roi , avec
épousées depuis qu'il était le maître de le titre de dominatrice du monde. Il
l'Égvpte , il lui restait alors trois fils : faut , sans doute , accuser le temps et
uu d'Eurydice , que la violence de son les événements, de la rareté desmonu-
courage avait fait surnommer Cérau- ments signés du nom de Ptolémée
nus , et deux de Bérénice, dont le nre- Soter ayant ceint le diadème royal
:
nier fut surnommé Philadelphe, dont vingt ans après la mort d'Alexandre
le second Argaeus mourut quelque
, , le Grand , et jusque-là n'ayant inscrit
temps après soupçonné de conspira-
,
sur les monuments que les légendes
tion contre le roi. de l'autorité légitime , possédée par le
Ptolémée consulta ses amis sur le frère et le fils du conquérant , il n'eut
choix d'un héritier, qu'il se proposait aussi, et pour les mêmes motifs , à pla-
de faire avant de mourir. L'usage dé- cer son propre nom que dans la dédicace
signait le fils d'Eurydice , parce qu'il des édifices publics qu'il fit construire
était l'aîné des trois. Démétrius de ou réparer après s'être déclaré roi.
Phalère le dit au roi qui lui préféra le Lephareëtait une haute tourenpier-
premier-né des enfants de Bérénice; res blanches et à plusieurs étages, élevée
il le proclama son successeur à la cou- dans l'île de Pnaros , que Ptolémée
ronne d'Égypte, et cette exception à réunit à Alexandrie, par une chaussée,
la règle généralement suivie oans ces Ce phare, qui devait faciliter la naviga-
temps , dut contribuer à la détermina- tion dans le voisinage du port d'Alexan-
tion que prit Ptolémée de descendre drie, est un des plus utiles monuments
du trône , pour v affermir par sa pré- entrepris par Ptolémée Soter. Chaque
sence l'héritier de son choix qu'il ve- étage allait en se rétrécissant et avait
,
K
nuit d'y placer. une galerie extérieure prise sur la fa-
L'autorité de Ptolémée Soter avait brique de dessous. On dit qu'il eut
été constamment secondée de l'assen- d'abord mille coudées de haut; il n'en
tiraent public , de l'amour des peuples reste plus rien aujourd'hui de visible.
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410 L'UNIVERS.
Des On a donné le nom école à « &
conduisaient dans de nombreux appar- centre de toutes les études , de touî
tements; des bétes de somme pou- les progrès dans la culture de toute
vaient y monter , tant les pentes étaient les sciences. Non-seulement elle ajouta
artistement ménagées. Au douzième au domaine général de l'intelligence
si ec le de notre ère, il restait encore cent par de nouvelles découvertes, mais
cinquante coudées des constructions encore elle prit soin de conserver les
du phare. Il est figuré sur plusieurs conquêtes déjà faites, en donnant de
médailles; les poètes célébrèrent cette nouvelles éditions des écrits les plus
merveille des arts; en élevant le phare remarquables : des fragments d'Ho-
— - -
/<I,,.,J. mÀ.A des
.1... „*~m^:*. Amm
,1
d'Ostie, Tempereur Claude prit pour mère, I «
livres d'astronomie, des
modèle celui d'Alexandrie. compositions poétiques , écrits sur pa-
Ptolémée ne dédaigna pas les pro- pyrus, recueillis en Égypte et portés
ductions de l'art égyptien ; il donnait a Paris, rappellent les travaux des cri-
par là une satisfaction à l'opinion na- tiques grecs de cette école.
tionale ; les restes de l'antique Alexan- Toutes les branches des sciences y
drie rendent témoignage de cette at- furent cultivées : la cosmographie, les
tention. Un des obélisques encore mathématiques, l'histoire naturelle,
debout dans les ruines de la ville la médecine et la grammaire : la philo-
grecque, avait été d'abord érigé par sophie eut aussi son tour, quoiqu'un
un Pharaon devant un des temples de peu plus tard ; et il suffira à 1 éter-
la ville d'Héliopolis ; il fut transporté nelle gloire de celte école de citer
dans la ville nouvelle. parmi ceux qui l'illustrèrent, Déme-
Mais le plus mémorable établisse- trius de Phalère, Zénodote et Aris-
ment pour lequel l'humanité doive le tarque pour la critique grammaticale;
plus se montrer reconnaissante envers Héroplule et Érasistrate pour la mé-
Ptolémée Soter, c'est l'école savante decine ;Ti marque, Aristide, Hipparque
oui porte encore le nom iïécole d'A- et Ptolémée pour l'astronomie; Eu-
lexandrie. clide, Apollonius de Perga , Diophante,
Au milieu des exigencesde la guerre,. pour la géométrie; Ératosthène et
Ptolémée avait du temps à donner aux Strabon pour la géographie; Cnési-
jouissances de la paix. 11 savait la puis- dème, Sextus l'empirique, Potamon,
sance des arts et des lettres sur lupros- Ammonius Sakkas parmi les philo-
périté des empires : il les appela auprès sophes; enfin l'influence durable de
de lui de toutes les régions où ils flo- cette école s'étendit par la suite des
lissaient, de la Grèce surtout , la pa- t temps sur les Juifs, les chrétiens et
trie du génie et du bon goût , déjà les Grecs d'Alexandrie tout à la fois
riche de tant de chefs-d'œuvre de l'in- Aristobule et Philon font honneur à
telligence: il réussit à former une in- l'école judaïque; saint Pantene et saint
time et durable union entre eux et l'é- Clément d'Alexandrie à l'école chré-
tude des plus riches productions de la tienne. La poésie et l'histoire n'ajou-
nature, dont l'Égypte était si féconde. tèrent rien de marquant aux chefs-
Ptolémée y attira les savants de la d'œuvre que les Grecs avaient déjà
Grèce et Alexandrie devint la nou-
, produits.
velle patrie des lettres et le sanctuaire La destinée de cette admirable ins-
de la science. Le roi ouvrit son pa- titution fut celle de toutes les créations
tais aux philosophes , cultiva leur humaines sa gloire brilla ou s'obscur-
:
société, et fit amasser pour eux cit commecelle des rois grecs qui se
une immense bibliothèque. Les hom- succédèrent sur le trône d'Égypte.
mes les plus distingues de tous les Sous trois premiers Ptolemées,
les
pays affluèrent en Égypte, et Alexan- l'éclat de leurs règnes rejaillit sur
drie conserva pendant six siècles le l'école qu'ils avaient fondée par leur
titre de métropole des sciences et des munificence et agrandie par leurs bien-
lettres faits. Les trois règnes suivants furent
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EGT PTE. 411
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412 L'U NI VERS.
beau-fils. Elle réussit à devenir crimi- abdication, ce qui porte sa mort vers
nelle sans que Lysimaque s'occupât de la fin de l'an 283.
l'empêcher, et Lysandra, sœur ne Cé- C'est à l'époque de l'avènement de
raunus, veuve a'Agathocle, effrayée sou fils que durent être frappées les
d'un tel attentat, courut chercher un monnaies qui portent les têtes acco-
refuge non pas à la cour de Ptolémée lées de Soter et de Philadelphe, avec
Philadelphe, son frère de père, devenu celle de Bérénice au revers.
roi d'Egypte, mais auprès de Séleu- Philadelphe était né dans l'île de
cus, entraînée d'ailleurs par les con- Cos, lorsque Soter, son père, fit une
seils de Céraunus qui ne la quitta pas, expédition dans les Cvclades, et f épo-
et qui raccompagna, ainsi que ses en- que en a été fixée à Tannée 308 avant
fants, un autre frère de Céraunus, l'ère vulgaire. Théocrite, qui a décrit
appelé Méléagre, et Alexandre, fils de en poète la naissance de Philadelphe,
Lysimaque, né d'une femme odry- dit que Bérénice fut surprise dans cette
sienne. île par le terme de sa grossesse, ce qui
Arrivés à la cour de Séleucus, ce roi nous apprend qu'elle accompagnait
refusa de seconder leurs vues ou leurs Soter dans cette expédition militaire,
détentions sur l'Égypte; ses traités le se croyant neut-être plus eu sûreté au
f
iaient avec Ptolémée Soter: mais il se milieu des hasards de la guerre qu'a la
décida à faire la guerre à Lysimaque. cour même d'Alexandrie, si Eurydice
jCelui-ci se hâta de passer en Asie y était restée. Ce fut donc après vîn^t-
pour prendre lui-même l'offensive; il trois années entières, et lorsque Phi-
perdit la vie dans une bataille qu'il ladelphe était parvenu à la vingt-qua-
avait engagée, et qui se livra auprès trième de son Age, qu'il fut appelé au
de Coroupedion, dans la grande Phry- trône d'Egypte par abdication volon-
1
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EGYPTE. 413
chitecte, bien avisé, l'y grava profon- elle aucune affection : il la répudia et
dément, et couvrit ensuite l'inscription l'exila à Coptos , dans la Thébaïdc, en
d'un stuc qui le cachait, espérant que, ayant déjà trois enfants, deux fils et
lorsque le temps aurait détruit le stuc, une lille, et il épousa Arsinoé, sa sœur
son nom serait connu de la postérité, de père et de mère, ce qui était con-
Des poètes contemporains honorèrent traire aux lois des Macédoniens,
cependant publiquement Sostrate et C'est à cette même époque du règne
son ouvrage. de Philadelphe que se place ce que Ton
Deux années plus tard, Céraunus, a dit delà traduction grecque des livres
maître du trdne de Lysimaque par des Hébreux, si longtemps attribuée à ce
l'assassinat de Séleucus, tenta de s'en roi. Le grand nombre de Juifs amenés
assurer la possession en captant les fa- successivement en Égypte, ou qui y fa-
veurs populaires, et dans le dessein rent attirés par la douceur du gouverne-
d'obtenir la bienveillance de Philadel- ment de Soter, leur mélange avec les
lie, son frère, il lui envoya des am- Macédoniens, dont il leur devint néces-
(
bnssadeurs chargés de lui faire cou- saire de connaître la langue, qui était
naître que par respect pour la mémoire
, aussi celledu gouvernementdurent ren-
de leur père, il oubliait l'offense qui dre indispensable la version de ces livres
lui avait été faite en le privant de la hébreux en langue grecque. Si l'on s'en
couronne. Mais il n'eut vraisemblable- rapporte à la lettre attribuée à Aris-
ment pas le temps de connaître les ré- téas, ce fut Ptolemée Philadelphe qui,
ponses de Philadelphe, car neuf mois d'après l'avis de Démétrius de Phalère
après il perdit la vie dans un combat et sur les pressantes sollicitations
contre les Gaulois, ainsi que nous ve- d' A ristéas, ordonna d'en faire une tro-
uons de le dire, duction complète. Josèphe, l'historien
Céraunus, en prenant la couronne des Juifs, n'a élevé aucun doute sur
de Macédoine, avait simulé un grand l'authenticité de cette lettre; Philon,
attachement pour Arsinoé, veuve de autre Juif, raconte à ce sujet des
Lysimaque, et pour ses deux (ils; mais choses analogues; mais la chronique
il les avait fait égorgeT en célébrant samaritaine tfAboul-Phatach attribue
son hymen avec Arsinoé, et celle-ci aux Samaritains tout ce que la lettre
s'était retirée dans l'île de Samothrace. d'Aristéas dit des Juifs , et ajoute que
Après la mort de Céraunus, Plolémée la traduction à laquelle concoururent
Philadelphe s'empressa d'appeler au- les Samaritains fut faite dans la dixième
près de lui Arsinoé, sa sœur. année du règne de Philadelphe.
Toutefois, ce prince, Philadelphe On peut remarquer sur ce sujet que
{qui aime ses frères), ne justifia pas puisque, ou rapport de Plutarque, Dé-
ce surnom par un heureux accord avec métnus de Phalère engagea Ptolémée
ceux de ses frères qui vivaient encore Soter à recueillir les livres de législa-
alors. Le plus jeune de tous, Argœus, tion connus chez divers peuples et
né comme lui de Bérénice, accusé de dans diverses contrées, ceux des Juifs
conspiration contre le roi, fut mis à ne purent pas être oubliés,
mort par son ordre; Méléagre, qui II faut remarquer aussi que des la
e
était à Chypre, éprouva le même sort 3 année de son règne, Philadelphe
pour avoir pousse à l'insurrection les avait exilé le philosophe Démétrius de
habitants de cette île. Philadelphe ne sa cour, où il ne pouvait plus se trou-
traita guère mieux sa femme Arsinoé, ver sept années plus tard,
fille de Lysimaque, soit qu'elle eût Philadelphe ne donna pas moins
conspiré contre lui, excitée par la ja- d'attention à se faire de bonnes rela-
lousie que lui inspirait la présence de tions au dehors, à contracter de puis-
Pautre Arsinoé, veuve de Lysimaque santés alliances, et il rechercha celle des
son père, et sœur de Philadelphe, soit Romains : leur réputation militaire,
que, vaincu par les charmes de sa leurs guerres avec divers peuples de la
sœur, Philadelphe ne conservât pour grande Grèce, et surtout celle qu'ils
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414 L'UNIVERS.
venaient de soutenir avec succès contre dans son entreprise contre ntgrptej
Pvrrhus, roi d'Épire, que le père de mais Ptolémée la rendit encore sans
Pliiladeljme 8Vdit replace peu d années succès en jetant ses propres troupes
avant sur son trône, contribuèrent à dans les provinces d' Antiochus les
l'y déterminer; il envoya des ambas- moins bien défendues. Cependant 11>
sadeurs à Hume; le sénat romain en- gas fit proposer la paix à Pbiiadelpbe,
voya aussi à Pbiiadelpbe quatre dépu- et voulut la cimenter par une alliance
tés, et Talliance fut conclue. de famille. L'union de Bérénice frile ,
Elle fut la première relation directe unique de Magas, avec le fils unique
entre le gouvernement d'Alexandrie et de Pbiiadelpbe, fut convenue, et la
celui de Rome : il eiU mieux valu pour Cyrénaïquc se trouva par cette union
l'Egypte qu'elle eût toujours été igno- de plus en plus attachée à l'Egypte.
rée "des Romains, car elle devait re- Magas étant mort , A pâmé , sa veme.
douter les effets de ces alliances. qui n'avait nas consenti à ce projet
Dans Tannée suivante, la treizième d'union , tâcha de la rompre en appe-
du règne de Pbiiadelpbe, Timocharis lant de la Macédoine Démetrius, frère
s* occupait à Alexandrie des deux ob- du roi Antigone; mais ce prince dv
servations de Vénus, qui furent faites plut tant et sitôt par son orgueil à la
les 12 et 16 octobre de l'an 272. famille de Magas , au peuple et à l'ar-
Deux années après sa défaite en Ita- mée qu'il fut la victime des embûches
,
lie, Pyrrhus perdit la vie devant qu'on lui tendit , et Bérénice devint la
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ÉGYPTE.
i'èrcqui remontait à la première an- respondantes , transportées sur le ca-
née du règne de son père. Ainsi , on a lendrier Julien , montrent en effet que
des médailles de Ptolemée Soter avec de Denys continence au solstice
l'ère
le nombre 36 celles qui portaient les
: immédiatement l'a vé-
d'été qui précéda
nombres 37, 38 et 39, ne sont pas nement de Philadelphe et il y a entre
,
Philadelphe avec des dates qui se rap- de Philadelphe, Antiochus Tbéos suc-
portent a une autre ère, et dont le céda à son père Antiochus Soter. Sa
premier nombre connu est 19. Ce chan- sœur Apame , veuve de Magas obtint ,
gement dans la manière d'inscrire les sur lui plus d'ascendant que sur son
•innées de son règne sur ses monnaies, père Soter qu'elle avait en vain solli-
introduit dès lors par Philadelphe, a cité de renouveler la guerre contre
ete expliqué avec toute raison par la Philadelphe. Antiochus Théos l'entre-
volpnté du roi de se faire une ère prit avec des forces immenses , et le
d'après l'époque même où il était par- résultat fut pour lui l'obligation de ré-
venu à la couronne, de la compter du pudier sa femme Laodioe, d'épouser
commencement de son règne , et non Bérénice, fille de Philadelphe, et d'as-
plus de
celui de Soter. Cette explica- surer aux enfants qui en naîtraient la
tion n'est pas nouvelle; elle a été ad- couronne de Syrie.
1
mise par tous ceux qui ont voulu rendre Mais les soins de la guerre n'empê -
raison de ce changement dans la ma- chaient pas Philadelphe de protéger
nière selon laquelle les années de Phi- les arts de la paix. 11 augmenta de beau-
ladelphe sont comptées sur ses mon- coup la bibliothèque déjà très-considé-
rable que Soter avait fondée à Alexan-
Quelle fut l'occasion d'un tel chan- drie , et qui offrait les plus sûrs et les
gement ? plus vastes moyens d'étude au grand
C'est l'établissement de l'ère diony- nombre de savants que les Lagides y
sienne, ainsi appelée du nom de son avaient attirés par la plus libérale pro-
auteur, Denys l'astronome. tection. Elle lit d'Alexandrie , pendant
Cette ère était purement astrono- plusieurs siècles, le centre commun de
mique et composée d'années solaires toutes les connaissances et le foyer
fixes chacune de douze mois portant
, ,
unique des lumières que répandirent
les noms des douzesignes du zodiaque. pour toujours sur le monde l'étude
Il est généralement connu que l'époque des scieuces , la culture des lettres et
radicale de cette ère était l'avènement celle des arts. Avant cette époque , Phi-
de Philadelphe à la couronne d' Egypte ; ladelphe avait deja donne un témoi-
et les huit observations astronomiques gnage public de son vif attachement
datées selon l'ère de Denys, conser- pour Arsiuoé sa sœur, qui était aussi
vées dans l'Almageste , étant , au sa femme, en permettant qu'il lût
moven de leurs dates égyptiennes cor- frappé des monnaies d'or, d'argent tl
>
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416 L'UNIVERS.
de bronze, qui portaient le nom et cher à grands frais, et il en ornai
l'image de la reine; et cela fut fait ou ses jardins ou ses musées. Il vi
dans la 33 e année du règne de Pbila- que le goût de la poésie dramatique
delphe, inscrite sur une de ces mon- s affaiblissait , et il institua les J
naies. d'Apollon pour le ranimer. Enfn
Plusieurs autres établissements uti- l'école d'Alexandrie prit son essor pa
lesfondés par Philadelpbe recomman- l'associ:ition dans un but de progrès
,
et fut digne de son illustre origine. 11 géomètres dés astronomes et des pco
,
forme une des époques les plus mé- graphes y luttaient d'une heureusi
morables dans l'histoire de la philoso- rivalité avec celles des philosophes.
phie. Alexandrie, a-t-on dit, grande, Les preuves de la munificence d<
riche et puissante, devint la cité des Ptolémée Pbiladelphe subsistent en-
Grecs de toutes les régions , le centre core sur les monuments de l'Égypte
du commerce des trois mondes, l'asile Ce roi fit construire le grand teinpl<
commun des lettres et des arts. Le d 'Isis à Phi la» , et en commença à faire
poète Théocrite , l'un des ornements èxécuter les sculptures. C'est là qu'or
de la littérature grecque, composa a trouvé les preuves d'une coutume
un hymne en l'honneur de Ptolémée égyptienne , qui consistait à donnei
Pbiladelphe. 11 y célèbre à la fois la au dieu du temple les traits de la figure
gloire de son père Ptolémée Soter, les du roi qui le faisait bâtir. Sur celui
grâces et la beauté de sa mère Béré- de Philae , la déesse Isis est le portrait
nice, enfin les suprêmes mérites de de la reine -Arsinoé , femme de Pbila-
son héros Ptolémée Pbiladelphe, qu'il delphe.Le même prince fonda le petit
éçale aux dieux. Le poète s'exprime temple du sud, dans la même île,
dans le stvle le plus noble ; il proclame consacré à la déesse Athôr, et en (il
Pbiladelphe illustre à la fois dans la construire le sanctuaire et les salles
paix et dans la guerre, par sa magni- adjacentes. Le nom de la reine Arsi-
ficence envers les dieux auxquels il noé est associé à celui du roi dans les
élève des temples ornés de statues d'or nombreuses inscriptions de ces édifices.
et d'ivoire; par sa générosité envers On les voit aussi inscrits sur l'édifice
les poètes et les artistes qu'il attira d'Kdfou, où ils ne sont qu'une pieuse
auprès de lui ; enlin par sa piété en- commémoration par leur troisième
vers son père et sa mère, auxquels il successeur Ëpiphane. Parmi les autres
consacra des temples , des autels et monuments contemporains du règne
des prêtres. Les prospérités inouïes de de Pbiladelphe , il faut citer une belle
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EGYPTE. 417
n'y a observé jusqu'ici aucune trace ports de l'antiquité classique sur l'uni-
Jes symboles religieux particuliers au formité des principales institutions
culte égyptien. publiques , du culte et de l'écriture, en
C'ot au règne de Phiiadelphe qu'ap- Egypte et en Éthiopie. Le temple de
pat tient un des événements mémo- Dakkèh fut dédié au dieu Thoth par le
rables de l'histoire des contrées méri- roi d' Éthiopie.
dionales voisines del'Éçypte. Diodore A Dèboud, autre lieu de la Nubie,
de Sicile rapporte, parmi les singulières un autre roi éthiopien, nommé Atbar-
coutumes des Ethiopiens, celle-ci le : rammon , éleva un temple à d'autres
collège des prêtres, séant à Méroé, dieux de l'Égypte, à Amon-Ra, sei-
envoyait, quand il le jugeait à propos, gneur de Deboud , à la déesse Athor,
au roi régnant Tordre de quitter le et aussi à Osiris et à Isis : prince d'ail-
trône et ue se donner la mort. Cet leurs inconnu dans l'histoire, qui fut
ordre émanait des dieux , et nul mor- peut-êtreun des prédécesseurs d'Er-
tel n'avait le droit de s'y soustraire. gamène, ou son successeur immédiat
Du temps de Ptolémée Phiiadelphe et durant peu d'années, puisque Pto-
l'Ethiopie ne dépendait plus de l'E- lémée Évergète réunit de nouveau l'E-
gypte ; nous avons avancé qu'elle s'en thiopie à l'Égypte, l'ayant conquise
Hait séparée très -vraisemblablement par les armes.
d<*s l'avènement des Perses; et il pa- Ce Ptolémée Évergète, qui porta le
rait que l' Ethiopie avait repris son an- premier ce surnom dont le sens exprime
cienne forme ue gouvernement tout ridée de la bienfaisance, était le (ils
lltéocratique. Le roi contemporain de uniquedePtolemeePhiladelphe etd'Ar-
Phiiadelphe se nommait Ergamène : il sinoé sa première femme la fille du ,
lui demandaient le trône et la vie , il gète , fils de son mari ce fut donc sans
:
se mit à la tête de ses troupes , mar- obstacle que le nouveau roi succéda à
cha contre le Temple d'or, situé sur son père.
une hauteur presque inaccessible, s'en Le règne d' Évergète I er fut très-
empara , (it mettre 5 mort tous les glorieux pour l'Égypte, et assura
prêtres , et établit par son triomphe le au pays de nouveaux avautages. De
gouvernement civil qui dura quelque grandes expéditions militaires portè-
temps après lui en Ethiopie. rent au cœur de l'Asie sa renommée
17* Livraison. (Égipte.) 27
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418 L'UNIVERS.
et les armes égyptiennes : Évergète frappées dans cette ville selon l'opinion
renouvela les entreprises de Sésostris des uumismatistes , et qui portent la
et avec un égal succès. Les événements date de la 7' année de son règne : à
de son règne furent nombreux et écla- cette époque , son expédition en Asie
tants ; l'antiquité classique nous en a était terminée.
transmis Quelques détails : ils sont Ce fut vraisemblablement à son re-
consignés dans les ouvrages des écri- tour de cette expédition qu'Évercète
,
vains du premier rang , ainsi que sur passant à Jérusalem v fit des sacrifices
des monuments également utiles à con- dans le temple des Juifs , si Ton en
sulter par Tait et par l'histoire. croit leur historien. Peu de temps
Évergète fut appelé en Syrie, à la après il s'était déclaré le chef de la
trte d'une armée considérable , par un ligue achéenne, à la tête de laquelle
intérêt de famille qu'un prince puis- était alors Aratus de Sicyone. Aratus
sant ne pouvait point négliger sans avait pris Corinthe et Mécare que gar-
quelque honte. daient les troupes du roi de Macédoine
On sait que le roi de Syrie, A nt in- (Antigone G ouatas). Trézène avait eu
chus Théos , avait épousé en secondes le même sort que Mégare , et de là
noces Bérénice, fille de Ptolémée Phi- Aratus s'était rendu en Attique, et
ladelphe, et sœur d' Évergète I". Après avait obtenu laHiancc d'Éverçete qui
la mort d'Antiochus, sa première fut , en effet , déclaré le chef de la ligue
femme Laodice voulut se venger de sur terre et sur mer.
Béréuice qui , restée à Antiochc de Pendant ce temps, Séleucus avait
Syrie, s'y renferma en vain dans voulu punir les villes de l'Asie qui
Daphné. Ce ne fut point pour elle un s'étaient déclarées contre lui , cédant
asile inviolable; elle y fut assassinée à l'horreur que leur avait inspirée l'as-
avec le jeune enfant qu'elle avait eu sassinat de Bérénice et de sou fils. Il
d'Antiocnus. avait armé contre elles une flotte nom-
Le roi Ptolémée Évergète était ac- breuse, qui fut dispersée par la tem-
couru de l'Egypte au secours de sa pête. Les villes d'Asie rentrèrent
sœur : il arriva trop tard ; mais il ven- d'elles-mêmes sous son obéissance, et
ea sa mort en portant la guerre dans il alla porter la guerre sur les posses-
d'Asie situées sur la rive droite de tioche, d'où il appela son frère Antio-
l'Euphrate; et passant ensuite ce chus Hiérax à son secours. Pour
fleuve, il parcourut en conquérant la n'avoir pas deux ennemis à repousser
Babylonie, la Susione, la Perse, et à la fois , Ptolémée conclut avec Sé-
poussa même jusqu'à la Bactriane, leucus une trêve de dix années. Mais
soumettant les peuples et leurs chefs Hiérax, croyant l'occasion favorable
leur imposant des tributs , et repre- pour s'emparer du trône de Syrie,
nait en Perse un grand nombre d'images combattit son frère avec des Gaulois
des dieux que Cambvse avait enlevées qu'il avait à sa solde; Séleucus fut
à l'Egypte. Rappelé dans son royaume vaincu , et les Gaulois tournèrent leurs
par des dissensions domestiques, ii armes contre le vainqueur même, qui
rapporta de son expédition un im- les ramena à leur devoir à force d'ar-
mense butin , et ramena son armée en flent , et qui eut aussitôt après à se
Égypte. Il laissa de bonnes garnisons défendre contre Eumène roi de Per-
,
dans la Syrie, à Séleucie mène qui game, ambitieux aussi de régner sur
était encore occupée par les troupes l'Asie. Il vainquit Antiochus Hiérax à
égyptiennes lorsque plus tard Antio- Sardes , et mourut bientôt après pres- ,
chus le Grand fit la guerre à Ptolémée qu'en même temps qu'Antigone de Ma-
Philopator. Tripolis de Syrie resta cédoine.
ses ordres , comme le nrou- Pendant que les deux fils d'Antio-
l'Évergètequi furent chus Théos se disputaient par les arme*
_ 0
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ÉGTPTE. 41*
nidi de l'Égypte et dans des régions peu fondée , si le surnom officiel était
»resque inconnues. D'ailleurs cette donné aux rois d'Égypte à l'époque
tpimon n'a pour fondement que le même de leur sacre à Memphis.
«xte d'une inscription étrangère à Évergète réunit de nouveau à PÉ-
Évereète et qui quoique trouvée dans
, , gvpte une portion de l'Éthiopie jusqu'à
e même lieu , est aujourd'hui recon- Ibrim ; et il laissa dans cette contrée
nue pour n'avoir jamais fait partie de conquise des marques de sa pieuse mu-
celle d'Adulis dont nous avons donné nificence, en y faisant construire ou
le texte (suprà , page 67). terminer des édifices religieux. C'est
En Grèce, Aratus, chef de la liçue ainsi qu'il fît continuer le temple de
achéenne, avait été défait par Cléo- Dakkèn commencé par les rois éthio-
,
27.
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4*0 L'UNIVERS.
de la poésie proclama , sur la foi de des plus habiles. Il soutenait le mou
l'astronome Conon de Samos ,
qu'elle veinent de ta terre, opinion qui ta-
avait été ravie au lirmament pour y pota à une accusation d'irréligion
brillerparmi les étoiles , où elle forme Apollonius de Perge faisait, en inémi
encore auprès de la constellation du
, temps , presque oublier ses prédéces
Lion , celle qu'on nomme plus com- seurs dans la culture des mathéma
munément la Gerbe, et aussi de son tiques tant de progrès à la fois flat
:
astres : Aristarque donna pour cette roi malheureux. Ceci se passait sc z«i
;
étude des méthodes ditiues du suffrage ans après que Cléomène était parvenu
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ÊGYPTE 491
sur Molon ; mais Hermias l'en dissuada provisionnements qui s'y trouvaient
et l'engagea de continuer sa marche réunis.
sur la même rive de l'Oronte. Le roi En attendant , Ptolémée
qui avait ,
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L'UNIVERS.
réellement le royaume et le
ne leur roi, d'abord à dix stades , ensuite à cinq
que de propo-
laissa d'autre ressource seulement de Ptolémée perdit la ba-
,
ser une trêve à Antioehus; et celui-ci, taille et s'enfuit à Antioche , d'où il en-
obligé de renoncer au siège de Doura, voya demander la paix au roi d'E-
voyant que l'hiver s'approchait, fit gypte ( l'an 217). Ptolémée la lui accorda
faire aussi de son coté des propositions pour une année , et chargea Sosibe d'en
a Ptolémée , consentit à quitter la Syv régler les conditions. Satisfait de re-
rie, à se retirer à Séleucie (sur la mer), prendre la Syrie et la Phénicie , Pto-
et il s'y rendit en effet, laissant des gar- lémée passa trois mois dans ces pro-
nisons dans quelques-unes des places vinces pouf en régler l'administration
de cette province qu'il avait déjà prises. séjourna à Jérusalem dont il fut em-
Les négociations pour une paix défini- pêché de profaner le temple, et rentra
tive ayant été sans résultat, dès le bientôt après à Alexandrie avec sa
printemps suivant Antioehus réunit de sœur Arsinoé qui ne l'avait pas quitté,
nouveau ses troupes , et Ptolémée ren? même sur le champ de bataille.
força celles de Mcolaos, qui comman- Polvbe a décrit dans tous leurs dé-
dait pour lui dans les environs de tails tous ces événements des premières
Gaza. Celui-ci s'avança de quelques années d' Antioehus, lesquelles furent
marches, pendant qu' Antioehus, cô- aussi les premières de Ptolémée Phi-
toyant la mer, quittait Séleucie, descen* lopator.
dait à Berytus, prenant ou brûlant les A près que celui-ci fut rentré à Alexan-
villes qu'il trouvait sur sa route, et drie il reçut les envoyés des Rhodiens
,
a une attaque sérieuse oontre cette somme d'argent , des ouvriers de toutes
place, s'occupa des villes voisines de les professions des bois, des corda-
{
l'Arabie , qu'il soumit Tune après l'au- ges, et une très-grande quantité de
tre, et enfin de Ptolémaïs , où il établit blé (l'an 216).
ses quartiers <l hiver. Peu de temps après arrivèrent des
Vers le même tem ps ar r va u ne écl pse
i i ambassadeurs de Rome , offrant à Pto-
de lune mentionnée par l'historien Po- lémée des secours contre Antioehus.
Jybeice fut celle du 12 septembre 218; La fin de la guerre dispensa Philopator
et bientôt après, au commencement de les accepter. C'est pendant son règne
du printemps , la campagne s'ouvrit. queguelques auteurs disent que Marcus
Ptolémée avait profité de Ta trêve con- Attilius et Marc jus Acilius furent en-
clue avec Antioehus, et de l'éloigne- voyés par le sénat romain pour renou-
ment de celui-ci , qui avait passé près veler 1 alliance avec le roi d'Egypte :
d'une année à la conquête de l'Arabie, mais Tite-Live, qui rapporte ce lait,
pour se préparer à soutenir la guerre donne à la femme du roi d'Êgvpte le
avec succès. Il partit d'Alexandrie à la
'
nom de Cléopâtre; celle de Philopator
tête de soixante et dix mille hommes était sa sceur Arsinoé, et Cieopâtre,
soutenus par cinq mille cavaliers et fille du roi de Syrie, fut celle de Pto-
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>
TE. 4)8
ici les éléments, comme une nouvelle* depuis la date de l'inscription , de huit
preuve de l'importance chronologi- années entières à compter du ta mé-
que des monuments exactement expli- chir, qui est le premier jour de la 9'
qués. année du règne de Ptolémée; 2° de
Dans le canon des rois ce fils, qui cinq années entières à compter de ce
régna sous le nom d'Épiphane est ins- dernier jour, et de là jusqu'au 30 mé-
,
er
crit à compter du 1 thoth de l'an 544 sori le plus prochainement antérieur,
de l'ère de Nabonassar, année qui com- qui sera nécessairement celui de sa
mença le 13 octobre de l'an 205 avant naissance.
l'ère' chrétienne il faut en conclure
: Or, le canon des rois en comptant
e
nécessairement que Ptolémée Philopa- la 644 année de Nabona«sar à Épi-
tor mourut avant ce jour, puisque phane, enseigne que Philopator était
Kpiphane, qui lui succéda, régnait mort dans l'année précédente 543;
déjà alors. l'inscription de Rosette en donne le
L'inscription de Rosette dit qu'à jour, qui est celui de l'avènement d'É-
l'époque ou le décret qu'elle conserve piphane; Philopator mourut donc le
fut porté, l'usage s'était déjà établi 18 méchir de la 643* année égvptienne
dans toute l'Rgvnte d'appeler du nom de Nabonassar.
d'Épiphane (ou jour éponvme) le 30 En remontant de cinq années , on
du mois de mesori qui était celui de ,
arrive au 18 méchir 538 et le 30 mé- ,
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424 L'UNI
Et ce résultat satisfait à ce que Po- leur avenir; car, à la faiblesse et aux
lvbe entendre que Ptolémee Épi-
fait desordres de la régence, s'unissaient
phane n'avait pas encore 14 ans lors- encore les certitudes d'une guerre
qu'il fut couronné à Memphis, et à ce étrangère : Antiochus, enhardi par
que dit Justin, que, lorsque Philopa- l'incurie de Philopator, avait conçu le
tor mourut , il laissa son fils âgé seu- projet de reprendre la Syrie.
lement de 5 ans. On ne saurait mettre Les guerres presque continuelles que
plus heureusement en rapport des élé- Ptolémée Philopator eut à soutenir
ments aussi précis que les ternies de durant son règne, les désordres inté-
Polytie et de Justin , aussi absolus que rieurs du palais , qui tiraient leur pre-
les dates données par l'inscription de mière origine de la fougue invincible
Rosette et appliquées à la recherche des mauvaises passions du roi, mirent
des certitudes historiques. fin pour l'Egypte à la succession des
Épiphane vint donc au monde le 30 règnes glorieux dans la famille des
mésori de Tan 537 de l'ère de Nabo- Ptolémées. Les turbulences de la cour
nassar, et ce jour répond au 9 octobre s'introduisirent dans la nation, privée
de l'an 212 avant l'ère vulgaire. de paix à l'extérieur, d'ordre et de
La naissance de ce (ils si désiré bonne administration à l'intérieur. Les
n'attacha pas davantage Philopator à sources de la prospérité publique s'af-
sa femme Arsinoé ; s'abandonnant faiblirent, et dès lors se formèrent,
même de plus en plus aux excès que pour croître et grandir, ces germes de
lui inspirait une passion désordonnée décadence qui mirent l'Egypte à la dis-
pour Agathoclée, il fit mettre à mort crétion de l'ambition romaine.
Arsinoe, et se livra entièrement aux Ptolémée Philopator attacha cepen-
directions que lui donnèrent le frère dant son nom à quelques édifices pu-
de cette courtisane, et. Sosibe, qui blies : les plus méchants princes ne
avait toujours sur l'esprit et les volon- sont pas ceux qui s'abstiennent le plus
tés du roi l'empire le plus absolu. des démonstrations de la piété envers
Si en croit Appien on pensa
l'on , les dieux. Philopator fit construire à
un instant à cimenter la paix entre Akhmin (l'ancienne Panopolis) un
Antiochus de Syrie et Philopator, par temple dédié à Ammon générateur, as-
le mariage de Cleopùtre,, fille du roi similé au dieu Pau dans les mythes se-
de Syrie, avec ce roi d'Egypte; mais condaires. Philopator fit continuer
ce projet ne s'accomplit pas, et bien aussi le temple de Dakkèh , en Nubie,
peu d'années après 1 assassinat d' Ar- commencé par le roi Krgamène, et
sinoé, Ptolemée Philopator mourut, dédié à Thoth, l'Hermès deux fois
peu regretté, le 18 e jour du mois de grand % Sous le rapport mytholo-
méchir de la 543 e année égyptienne de gique , ce monument offre un "intérêt
Nabonassar, comme le prouvent les particulier par ses bas-reliefs où sont
dates précitées de l'inscription de Ro- représentées les diverses transfigura-
sette; et ce jour, selon le calendrier tions de ce dieu , qui s'y voit en intime
égyptien, correspond au 29 mars de liaison avec sa propre forme primor-
Tan 205 avant l'ère vulgaire , ce qui diale, le dieu Har-llat, le grand Her-
donne au règne de Philopator dix-sept mès trismégiste, ou trois fofs très-
années presque complètes. grand , et qui était la personnification
La mort de ce prince fut tenue de la sagesse divine , l'esprit même de
quelques jours secrète par les compa- Dieu. Thôth, le second Thoth, ou
gnons de ses dérèglements , qui en pro- l'Hermès deux fois grand , est lui-même
fitèrent pour piller le trésor royal et se la pensée ou raison.la
diviser gouvernement du royaume;
le Ar Edfou où s'élève un des plus
, lieu
mais la nouvelle étant parvenue enfin à beaux édifices subsistant encore en
la connaissance du peupled' Alexandrie, Egypte, on voit aussi les preuves de
il se vengea bientôt des maux qu'il avait ce que put faire pour les dieu* le roi
soufferts, mais sans s'assurer un meil- Philopator. La partie la plus ancienue
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PTE. 425
salles contigués , qui forment trois vé- ceinte de l'édifice à gauche du grand
ritables sanctuaires. Celuidu milieu temple de Karnac.
ou leprincipal, entièrement sculpté, Le nom de la reine Arsinoé se lit
contient des tableaux d'offrandes à aussi sur les monuments de Dakkèli
tous les dieux adorés dans le temple en Nubie , et d'Antéopolis en Égypte.
aux deux triades, celle de Thèbes, Les monuments nous ont encore con-
Amon-Ra, Mont h et Chons, et celle servé un autre fait remarquable, relatif
d'Herraonthis , ville voisine , Mandou à Ptolémée Philopator; ils nous in-
Kitho son épouse, et leur fils Har- duisent, en effet, à penser que ce
phré, et principalement aux déesses prince porta aussi le surnom de Eu-
Hathôr et Thmeï, qui paraissent dans pat or. Ce surnom , dans le contrat de
presque toutes les scènes. Ces deux Ptolémaïs, dont le protocole est tout
divinités sont seules nommées dans la à fait analogue à celui du décret de
dédicace du sanctuaire; et ces dédicaces, Rosette , est donné à une reine Arsi-
inscrites sur la frise de droite et sur noé , que son rang désigne comme la
celle de gauche , ne portent que le nom femme de Philopator. Il en résulterait
de Ptolémée Philopator : on y lit, pour qu'une inscription grecque de Paphos
ce roi grec , toutes les parties du vieux se rapporterait à ce même roi.
protocole des Pharaons : « L'Horus La pierre sur laquelle cette inscription
soutien de l'Égypte, celui qui a em- est gravée faisait partie de la base d'une
belli les temples comme Thôth deux statue , ou bien était placée au-dessous
fois grand le seigneur des Panégyries
, d'un bas-relief; le texte complet de
comme Phtha, le chef semblable au l'inscription porte: « La ville de Paphos
soleil le germe des dieux fondateurs,
, honore par ce monument le roi Ptolé-
l'éprouvé de Phtha , etc. ; le fils du so- mée, dieu F.upator, et le consacre à
leil, Ptolémée toujours vivant, bien Vénus. » On voit, par cette interpréta-
aimé d'Isis, l'ami de son père (Philo- tion que j'emprunte au savant ouvrage
pator), a fait cette construction en où M. Letronne n consigné tant de
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L'UNIVERS.
précieuses notions pour servir à l'his- tor ne porta-t-il pas l'attention jusqu'à
toire de l'Egypte pendant la domina- prévoir ces malheurs? HeureusemVot
tion des Grecs et des Romains que ,
pour l'Egypte que l'ambition d'un
c'est la ville même de Paphos qui ho- homme la délivra en partie du mal qui
nora Ptolémée qui le consacra à Vé-
,
résultait dç l'imprévoyance du roi.
nus; et c'était un usage, bien connu Tlepolème , jaloux de la* fortune d'Aga-
de l'antiquité de déposer dans un tem-
, thocle, excita, favorisa le soulève-
ple et de dédier à la divinité la statue ment du peuple ; et , après trois jours
de celui qu'on voulait honorer. des plus grands désordres, le jeune
Ainsi ce roi grec d'Egypte , Ptolé- Épiphane, qu'Agathocle avait enferme
mée i
fidèle à la fois à la religion de avec lui dans l'arsenal du palais , fut
sa patrie originelle et à celle du pays livré à la populace d'Alexandrie : elle
qu'il gouvernait , agréait la protection le plac.a sur un tribunal et lui fit pro-
des dieux de la Grèce , pendant qu'il noncer la condamnation à mort d'Ag.i-
élevait sur les bords du Nil des tem- thocle et de ses affidés. Sa sœur et sa
ples aux dieux de i'Égypte, dont il invo- mère devinrent aussi les victimes des
quait aussi la bienveillance. La religion fureurs populaires.
était profondément mêlée aux idées Tlépofème fut successeur d'Aga-
le
aux institutions égyptiennes , et à un thocle dans la du jeune roi ; il
tutelle
degré tel qu'il fut peut-être sans exem- était propre aux choses de la guerre,
ple et sans imitation dans les autres mais le plus inepte des hommes pour
États de l'ancien monde. En Égypte l'administration civile. Sosibe n'avait
les gouvernements étrangers que la pas cessé d'être chargé des sceaux de
conquête y transporta furent dans l'État ou de l'anneau du roi : son fils,
l'obligation ou de pratiquer publique- de retour d'une mission auprès de Phi-
ment le culte national, comme le lippe, roi de Macédoine , tacha d'exci-
firent les Lagides , d'après les conseils ter l'opinion contre Tlepolème. Mais
et l'exemple d'Alexandre, ou de dé- celui-ci triompha de ses insinuations,
truire les temples et la caste sacerdo- et obtint en même temps que Sosibe
tale comme les Perses tentèrent de le lui remît l'anneau royal , ce qui plaça
faire d'abord , se courbant ensuite sous tout le gouvernement dans ses mains.
la loi commune à tous les rois étran- ïlépolème n'était pas né pour de si
gers à l'Égypte, comme le prouvent importants devoirs; et bientôt, dit
les monuments déjà cités, ou Darius encore Polybe, non-seulement il se
et Xerxès sacrifient à Ammon et aux perdit lui-même, mais encore il mit
autres dieux du pays. en péril l'existence de la monarchie.
Ptolémée Èpiphane, fils unique de On lui substitua pour tuteur du jeune
Ptolémée PhHopator, Agé seulement foi ou régent du royaume, Aristo-
de cinq ans et demi fut appelé au trône
, mene , Acarnanien de naissance l'un ,
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ÉGYPTE. 427
l'an 203, dans l'année suivante, six Syrie fut réoccupée par Antiochus vers
mille lK>mmes qu'il avait levés dans l'été de l'année 200, et dès l'automne
l'ÉAolie. de cette même année, Antiochus avait
Presqu'en même temps arriva la dé- repris toutes les villes de la Celé-Syrie
putation de Rome, où se trouvait et de la Palestine.
M. Lepidus, annonçant la
.ÏJiuliiis Ce roi , engagé dans d'autres entre-
défaite d'Annibal et ayant aussi pour prises contre Philippe et Rome , con-
but de s'assurer des dispositions de la sentit à traiter avec les tuteurs du roi
cour d'Alexandrie à l'égard des entre- d'Egypte. Il promit sa fille Cléopàtre
prises que Home méditait contre Phi- pour femme au jeune Ptolémée, et
lippe de Macédoine ; car on ne remer- pour dot lui assigna les provinces
ciait le jeune roi des services qu'il même qui avaient été le sujet de la
n'avait pas rendus, que pour s'assu- guerre terminée par ce traité. Saint
rer tous ceux que l'on pouvait en at- Jérôme assure que ce mariage fut con-
tendre. clu dans la 7 e année du règne d'Épi-
L'été et l'automne de la même année phane, c'est-à-dire dans l'année 199
202 furent donnés aux dispositions avant l'ère chrétienne.
nécessaires à la grande campagne qui L'état malheureux de l'É^ypte, at-
était préparée contre Antiochus, et ce taquée au dedans par les vices d'une
fut pendant l'hiver que Scopas se mit administration dévastatrice , et au
en marche. Scopas , en effet , prit aussi- dehors par un roi puissant, n'avait
tôt un grand nombre de villes de la cependant pas entièrement détourné
Palestine et de la Célé-Sycie. de leurs études et de leurs travaux les
Mais Antiochus, pour réparer les philosophes que l'école d'Alexandrie
pertes qu'il venait d éprouver sur ce y avait rassemblés. Hipparque y conti-
point se hata de renoncer à son en-
, nuait ses immortelles recherches sur
treprise contre Attalus, et au prin- les lois de l'univers , et inscrivait dans
temps suivant il reprit l'offensive en- ses tablettes les faits astronomiques
vers Scopas , le rencontra bientôt sur sur lesquels il devait établir ses théo-
les bords du Jourdain, lui livra ba- ries. 11 observait l'éclipsé de lune qui
taille auprès de la ville de Pauia , et le arriva le 22 septembre de l'an 201
battit complètement. Antiochus passa avant l'ère vulgaire; celle du 19 mars
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468
suivant, qui appartiennent Tune et n'ayant rien appris de ce qui est d
e
l'autre à la 5 année du règne <T Kpi- l'art de la guerre, à cause de l'injust
phane ; enfin celle du 12 septembre de orgueil de Polycrate , et cependant :
e
l'an 200, qui arriva au milieu delà 6 était alors âge de 25 ans. »
année du règne de ce prince, avant Ce Polycrate avait reçu de Philopa
de paix conclu avec Antio-
le traité tor, père d'Épiphane, le gouverne
chus. ment de l'île de Chypre; il avait et
Les malheurs de cette guerre et les assez heureux dans ces temps de dis
désordres de la régence n'avaient pas cordes pour conserver cette fie as
peu contribué à troubler l'intérieur du jeune roi et pour y amasser une somm
royaume. Épiphane cependant , ou ses considérable d'argent qu'il lui apporta
tuteurs , avait cherche à combiner les et il ne vint à Alexandrie qu'à epoqu I
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ÉGYPTE. 429
"Egypte, que nous devons faire re- la frise du temple d'Antœopolis , ins-
lurquer le nouvel usage introduit par cription où Ptq'émée Pbilométor, Gis
* prince , imité quelquefois par ses de Ptolémée Epiphane, est désigné
successeurs , de prendre deux surnoms comme le fils de Ptolémée et de Cleo-
îu lieud'un seul, comme Pavaient fait pâtre y dieux Èpiphanes et Eucha-
lesrois ses ancêtres. On remarque, ristes. Il est vrai que cette inscription
ians l'inscription de Rosette , que le a été restituée du temps des empereurs
mot Êpiphane, surnom de ce Ptolé- Antonin et Verus, qui firent réparer à
mée, v est toujours et immédiatement la même époque l'entrée ou la toiture
suivi àe l'adjectif Euchariste. On a pu de ce même temple; mais, en plaçant
rroire d'abord que ce dernier mot avant leur nom celui du roi Pbilomé-
n'était que l'une des épithètes honori- tor, les deux empereurs romains ne
fiques dont les prêtres de l'Egypte, au- firent sans doute que respecter ce qui
teurs de cette inscription y ont envi- ,
existait avant eurà cet égard. Pbilo-
ronné le nom
de ce roi, que renferme métor avait consacré le temple égyp-
cette longue formule bien souvent ré- tien d'Anta^opolis au dieu Antée; cette
pétée , le roi Ptolémée, toujours vivant consécration fut constatée selon l'usage
(immortel), le bien-aimê de Phtha par une inscription; des dégradations
dieu Llpiphane , très - gracieux , et survenues dans cette partie du temple
c'est ainsi qu'elle a été traduite par le furent réparées par les ordres des em-
savant commentateur de cette inscrip- pereurs Antonin et Verus; ils voulurent
tion , qui a donné au mot Euchariste aussi faire constater ces soins religieux,
le sens généralement ailleurs.
qu'il a et ils placèrent leur nom à la suite de
Mais si Ton attention que ce mot,
fait celui de Pbilométor : c'est ce que font
(Jjiis les six passages du décret où on assez voir la forme et le lieu de l'ins-
le trouve , n'est jamais séparé de celui cription d'Antxopolis. Elle justifie
à'Ëpiphane, surnom du roi , que le donc ce qui vient d'être dit sur les
reste de la formule au contraire est mots Epiphane- Euchariste , considé-
plus ou moins complet dans ces mêmes rés comme les surnoms du
roi fils de
passages, que l'ordre des qualifications Pbilopator, de la même
manière que
n'y est pas régulièrement le même, l'inscription de Rosette justifie à son
que les litres toujours vivant, te bien- tour, sur ce point, l'inscription d'An-
uimé de Phtha, s'y trouvent indiffé- taeopolis. L'une et l'autre servent à
remment après ou avant le nom /Vo- 1>rouver que Ptolémée Épiphane donna
limée , eu le titre de roi , on peut con- c premier l'exemple de prendre deux
clure de la constante réunion du mot surnoms, et qu'il porta ceux de Épi-
Euchariste au mot Epiphane, que, phane-Euchanste. On verra qu'il fut
dans l'intention des auteurs du décret imité par ses successeurs.
le premier a un sens analogue à celui Délivré de sa tutelle par son cou-
du second , et qu'ils forment ensemble ronnement, Épipbane, selon Diodore
le surnom royal que porta Ptolémée de Sicile, gouverna d'abord ses sujets
(ils de Philopator. Cette opinion est de manière à mériter leur reconnais-
fortifiée par cette autre considération, sance; mais bientôt corrompu par la
que le mot dieu précède toujours les flatterie et les désordres de la cour,
su moins Épipluine-Euch uriste comme on lui inspira une telle baine contre
pour les consacrer, et l'inscription de Aristomene qu'il avait dans les pre-
Rosette, ainsi que toutes celles qui miers temps nonoré comme un père,
nous restent des autres Ptoléinées, qu'il le condamna à mourir par la
nous font voir que ce mot dieu n'y est cigué.
employé que pour caractériser le sur- Peu après le couronnement d'Êpi-
nom de ces princes, et de la même pbane , le temps arriva d'accomplir les
manière qu'il I est ici. Enfin toute sorte conditions du traité fait en son nom
de doute à ce sujet doit céder à l'auto- avec Antiocbus , et tl épouser sa lille
rité de l'inscription grecque tracée sur Cléopâtre. Antiocbus la ût venir à Ra-
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m L'UN
phia , et conduire en Éçypte où elle voir avaient lassé la patience de la na-
s'unit à Ptolémée. II était alors dans tion ; plusieurs provinces avaient cessé
la 19° année de son âge, vers le mois d'obéir, et Pon en était venu à ce point
de janvier 192. Dès la même époque, indiqué par Diodore , où le roi , deve-
Ptolémée reprit possession des pro- nant chaque jour plus cruel et plus
vinces syriennes qu'Antiochus lui ren- absolu, avait attire sur lui toute la
dait comme dot de sa fille. haine de son peuple et couru le risque
La politique du roi de Syrie deman- de perdre la couronne.
dait que PÉgypte restât neutre dans C'est ce qu'explique cet autre frag-
ses différends avec Rome; mais, dès ment de Polybe, déjà connu . qui nous
que la guerre eut été déclarée , Ptolé- apprend que, pour apaiser les insurrec-
mée, sans égard pour ses liens de fa- tions, le roi fut contraint de mettre
mille avec Antioehus, envoya offrir une armée aux ordres de Polycrate, de
au sénat romain des secours de tous se rendre à Sais , ensuite a ftaucratis
genres contre le roi de Svrie , et cela d'où il revint à Alexandrie pour rece-
se passa sous le consulat de M. Acilius voir les troupes mercenaires qu'ame-
Glabrio et P. Cornélius Scipio. nait de la Grèce Peunuque Aristonicus
Le consul Acilius avait réuni ses qui , élevé à la cour du roi , lui fut tou-
troupes à Brindes pour le 15 du mois jours très-dévoué. Ces insurrections
de mai suivant; et peu après, dans furent apaisées la 25 r année de l'âge du
e
Tété de la même année Antioehus
, roi., ce qui porte à la 20 de son règne.
fut complètement défait par Acilius Épiphane vécut encore quatre ans,
aux Thermo| \ les, sa flotte prise ou eut un second Gis de Cléopâ'tre, renou-
détruite en même temps auprès d'An- vela l'alliance avec les Achéens , et il
dros par Atilius, amiral romain, qui faisait des préparatifs secrets contre
conduisit à Athènes les vaisseaux pris Séleucus, roi de Syrie, lorsque, sa
dans ce combat; et cela arriva Tété cruauté et ses exactions ne laissant
de Pan 191 avant Père vulçaire. plus de sûreté pour personne , il devint
Après la défaite totale d Antioehus, la victime de ses propres fureurs et
qui eut lieu à Magnésie l'année sui- périt par le poison, à peine parvenu à
r
vante, Épiphane, rassuré contre lui, la 29 année de son âge et à la 24' de
s'occupa de renouveler les traités qui son règne , à la On de l'hiver de Pau
existaient avec les Athéniens. Bientôt 181 avant chrétienne.
l'ère
après Antioehus cessa de vivre et laissa C'est saint Jérôme qui nous apprend
la couronne à son fils Séleucus Philo- que ce roi mourut au milieu des pré-
pator, dans la 16 e année du règne d'É- paratifs de guerre qu'il faisait contre
piphane. Séleucus.
Deux années* après ou environ Malgré les effets, si calamitcux pour
Cléopâ'tre mit au monde un fils qu'on l'Égypte , des désordres qui caractéri-
croit être celui dont parle l'historien sèrent profondément le règne de Pto-
Josèphe. A
l'occasion de sa naissance, lémée Epiphane, un nombre remarqua-
les villesde la Svrie envoyèrent des ble d'édilices publics furent construits
députes à Alexandrie pour complimen- ou réparés ils ont conservé jusqu'à
:
ter le roi et lui offrir des présents. Si nos jours le nom et les souvenirs offi-
l'indication que l'on peut tirer du pas- ciels d' Épiphane honorant attentive-
sage He Josephe est exacte, la nais- ment les dieux , et affligeant en même
sance du fils du roi se rapporterait à temps son pays de tous les malheurs
u
la 18* année de sou règne. 3 'engendrent les mauvaises passions
A cette époque, et d'après le té- es princes.
moignage de Polybe, consigné dans A Esnèh, la porte, le fond de la
un fragment précédemment cité, le cella et leportique du grand temple,
royaume ne jouissait pas d'une paix métamorphosé aujourd'hui en magasin
profonde; une mauvaise administra- de coton , en sont la partie la plus an-
tion et de trop fréquents abus de pou- cienne ; elle fut construite par l'ordre
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ÉGYPTE. 431
grand temple d'Ombos fut aussi com- toujours vivant , dieu aimé de Phtha,
mencé durant le même règne. A Phila? chéri des dieux et des déesses mères
les sculptures du grand édifice consacré bien-aimé d'tiathôr, a fait exécuter
à Isisfurent de même commencées sous cet édifice en l'honneur de sa mère
Ptolémée Philadelphe, et continuées par la tutrice de l'Occident , pour être vi-
l'ordre oV Épiphane; elles portent tous vifié à toujours. (2 e ligne) : La royale
1rs caractères de ce temps de décadence épouse Cléopàtre,bien-aiméedeThméï,
de Kart. On voit aussi dans le même tutrice de l'Occident, a fait exécuter
lieu, entre les deux pylônes de ce cet édifice... • (le reste manque.)
grand temple, et placés à droite et à Les bas-reliefs encore existants sur
gauche, deux beaux édifices d'un genre les parois de droite et de gauehe du
particulier.Celui de gauche est un pronaos, ainsi que sur la façade du
temple périptere, dédié à la déesse temple formant le foud de ce même
Hatnôr et à la délivrance d'Isis qui pronaos , appartiennent tous au règne
tient d'enfanter Horus; la plus an- d Épiphane . et tous se rapportent aux
tenne partie de ce temple est aussi de déesses Hathor et Thméï, ainsi qu'aux
Ptolémée Épiphane. grandes divinités de Thebes et d'Her-
Ce fut aussi sous le règne de ce roi monthis. On voit aussi dans ce sanc-
que fut faite la dédicace du petit temple tuaire deux tableaux sculptés où figure
élevé derrière rAmenophion de Thebes. l'image de Ptolémée Épiphane. Son
Le pronaos de cet édifice est formé de nom se retrouve aussi à Rarnac, à
deux colonnes et de deux piliers ornés Dendéra; à Philrc il est qualifié de roi
de têtes symboliques de la déesse Ha- semblable au soleil , chéri des dieux
iWr, à laquelle ce temple fut consacré. aimé d'imouth , fils de Phtha, et ap-
Les tableaux qui couvrent le fût des prouvé par Phtha. Le monument de
talonnes représentent des offrandes PhiUe porte aussi une insoriptiou
faites à cette déesse et à sa seconde grecque au nom du roi et de la reine
forme Thméï|, ainsi qu'aux dieux annonçaut la consécration du temple
Amon-Ra, Mandou, Tnmou (Escu- à Escuiape. Lne autre inscription
tape) , et plusieurs formes tertiaires de grecque , relative à Ptolélnée Épiphane
la déesse Hathôr, adorée par le roi nous fait connaître d'autres particula-
Ptolémée Épiphane, nommé dans la ritésde son histoire ; elle est gravée
dédicace du temple. sur une plinthe de basalte vert, et
Cette déd icace consiste dans une gran- elleporte ce oui suit «Lacommunauté
:
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432 L'UNITERS.
titre de grand veneur , et Ton se rap- cTor, à cause des riches mines de ce
pelle, à ce sujet, que Polybe nous ap- métal qui existaient dans son voisinage,
prend que Ptolémee Épiphane fut un que les Ptolémées Grent exploiter.
chasseur ardent et habile ; il voulut être La Bérénice de la Thébaîde était un
représenté sur ses monnaies avec f)ort sur Arabique, à la même
le golfe
l'arme dont il se servait contre les bétes atitude que Syène ; elle fut fondée par
féroces. Ptolémée Philadelphe, qui lui donna
Le lecteur a pu remarquer , au sujet le nom de sa mère; ville importante
des reines femmes des cinq premiers où abordaient les marchandises de
Ptolémées, qu'elles portèrent toutes l'Arabie heureuse et celles de l'Inde,
l'un des trois noms de Bérénice , Ar- transportées de là à Coptos. C'est aussi
sinoé ou Cléopflfre , outre le nom pa- dans le voisinage de cette ville qu'exis-
tronymique de Ptolémée. On sait aussi taient les riches mines d'émeraudes ex-
que dans les nomenclatures de la géo-
, ploitées par les rois d'Egypte, et qu'a
graphie ancienne de i'Orient , il se récemment cherchées, par l'ordre du
trouve un assez grand nombre de noms vice-roi Méhémet- Ali , et heureuse-
de lieux tirés de celui de la famille ment retrouvées M. Cailliaud , qui a
même ou de ceux de ces reines ; et il vu sur place les outils et les usten-
est naturel de penser nue ces noms ont siles employés dans les antiques ex-
étédonnésà ces villes, fondées ou agran- ploitations.' La quatrième ville de Bé-
dies , dans l'intention d'honorer les per- rénice existait dans la Cyrcnaïque.
sonnages qui les portaient. Une province entière'de l'Égypte,
Ainsi le lieu nommé Theôn Sôterôn le nome du Fayoum, porta le nom de
Portus, le port des dieux sauveurs, la reine Arsinoé, et fut nommée nome
dans la troglodytique , parait avoir Arsinoïte; la ville principale porta le
reçu ce nom de Ptolomée Philadelphe nom d'Arsinoé. Une autre ville de ce
pour honorer la mémoire de son père nom était située au fond du golfe 11e-
et de sa mère , surnommés les dieux roopolite. C'est là que venait aboutir
sotères ou sauveurs. le canal des deux mers que Ptolemre
Ptolémaïs , dans la même contrée Philadelphe fit terminer, et il y fonda
fut fondée par l'ordre du même roi cette ville en l'honneur de l'une des
Philadelphe, et surnommée Épi - The- deux reines qui portèrent ce nom.
ras pour la chasse , à cause de la des-
,
Plus tard, cette ville, restaurée ou
tination de eu lieu qui devait être le agrandie par la dernière Cléopatre,
centre de la chasse aux éléphants , or- porta aussi le nom de Cléopàtris. Une
donnée par ce prince. autre Arsinoé était en Cyrénaïque sur
Il y eut aussi trois autres villes nom- la mer on donna
; ce nom à l'an< ienne
mées Ptolémaïs, l'une située au sud Tuchira; enfin Pile de Chypre eut
de Panopolis, sur la rive gauche du aussi une ville du nom d'Arsiuoê : on
Kil, et qui, avant, porta d'abord le croit même que ce nom fut commun à
nom égyptien de Psôi; une autre dans plusieurs lieux de la même île, qui fut
la Cyrénaïcjue dépendance de l'Egypte ;
,
une des dépendances de l'Egypte , et le
et la troisième en Syrie, célèbre dans sejourhabituel, volontaire ou forcé, de
l'histoire moderne sous le nom de plusieurs princes de la race des La-
Saint-Jean d'Acre. gides.
Il y eut aussi quatre villes nommées Nous avons dd rappeler ici ces sou-
du nom de Bérénice : celle oui était venirs essentiellement historiques , qui
située sur le détroit par lequel le golfe se sont, pour la plupart, conservés
Arabique communiquait avec la mer sur les lieux jusqu'à nos jours, et qui
Érythrée, et qui fut surnommée Épi- d'ailleurs trouvent des analogies dans
Déra du nom du promontoire de
, les annalesdes pays voisinsde l'Egypte:
Déra , dont la ville était voisine. L'au- ces sept ou huit villes &.4ntioche et les
tre Bérénice, sur le golfe Arabique, Séieucie, non moins nombreuses , prou-
était surnommée Pauchrysos, toute vent aussi que la famille des Séleucides
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i
?TE. 369
repondrait-il à un honnête homme qui nal avait donc vingt-cinq lieues de dé-
le prierait de lui indiquer le lieu, la veloppement, et la navigation totale
roccia, où ces deux cartouches exis- du Nil au golfe Arabique était de
tent, stanno scolpitif Une note écrite trente-trois lieues , y compris le trajet
sur le dessin dit qu'ils étaient sur un des lacs. Hérodote ajoute que la tra-
bloc de pierre isolé; et qu'est devenu versée exigeait quatre journées , ce qui
ce fragment depuis l'année 1777? fait supposer qu'elle se faisait à la
Je trouve aussi dans le même ma- rame ou à la cordelle. La largeur du
nuscrit de mon frère le dessin et la canal était variable selon la nature du
traduction d'une stèle funéraire qu'il a terrain ; sa profondeur ne devait pas
vue à Alexandrie, dans laquelle le roi être moindre que celle qu'exigent des
Néchaô est nommé, et dont les dates bâtiments tirant de dpuze à quinze
et les nombres seront d'une utilité pieds d'eau , et sa pente devait être plus
immédiate pour l'ordre chronologique considérable durant les hautes eaux du
des rois de la XXVI e
dynastie égyp- Nil que dans l'état ordinaire du fleuve.
tienne. Voici le texte de fa portion im- Il reste , toutefois , queluues doutes sur
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370 L'UNIVERS.
de Josias, de Juda, Néchaô ayant
roi phis, et les matériaux de l'édifice pha-
marché contre le roi d'Assyrie Vers raonique ont servi à la construction de
l'Kupbrate, Josias alla au-devant du la citadelle arabe du Caire; on y voit
Pharaon et fut tué à Mageddo; que son encore un bas-relief représentant Psam-
Gis Joachaz fut élu roi à sa place. métichus II faisant la dédicace de ce
A peine Joachaz régnait depuis trois propylon ; d'autres blocs épars prove- ,
mois, qu'il fut détrôné par Néchaô, nant aussi de Blemphis, offrent cette
qui lui substitua Éliachim, autre fils particularité vraiment historique, de
de Josias, et envoya Joachaz prison- porter encore une légende royale gra-
nier en Égypte, après avoir mis à con- vée dans une aire carrée et creuse,
tribution Jérusalem et le royaume de annonçant sous quel roi le bloc a été
Juda. Éliachim,t nommé aussi loacim, tiré de la carrière, et pour quel édifice
demeura tributaire de l'Égypte, jus- il était destiné plusieurs de ces blocs
:
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KG YPTK. 871
tes restes de Médi net - Habou , à les rois sesprédécesseurs , pendant une
Tbèbes, et les excavations <TE1-Assa- partie de son règne. Il fit la guerre
sîï*, fournissent plusieurs renseigne- contre Sidon , vainquit les Tyriens sur-
ments sur la famHIe de Psammétichus. mer ; il obtint les mêmes succès sur
H paraît , d'après ces renseignements, les Cypriotes et les Phéniciens réunis
•rne le nom de N'rtocris ( Nèïth victo- si l'on s'en rapporte à l'assertion de
rieuse) fut adopté pour les femmes de Diodore de Sicile. Apriès prêta aussi
cette race royale ; il fut porté en effet quelque secours à îSédéeias, roi de
par l'époose de Psairtmétichus I er , par Juda, contre le roi d'Assyrie et ses
celle de Psammétichus II , et peut-être Chaldéens ; mais ces secours ne furent
anssi par une de ses filles, comme on point efficaces; le roi de Juda perdit la
pourrait le conclure de réparations vie , Jérusalem fut prise , le temple du
Paris. Les deux cartouches de cetie touche qui peut signifier soleil qui se
reine se lisent : La mère dame des réjouit dans le cœur, et pour nom
grâces, la chérie de Mouth, Nitocris. propre le cartouche-prénom de Psam-
Kous aurons bientôt l'occasion de par- métichus II , son père. On trouve ces
ler d'une de ses filles, qui devint la signes onomastiques et royaux dans
femme de l'usurpateur Amasis; et une inscription de l'île de Philae où ,
c'est en rappelant quelques circons- ils ont été recueillis par le savant voya-
tances du règne de ce dernier, que geur anglais Wilkinson; on les voit
nous retrouverons le lieu d'indiquer aussi réunis ou isolés sur une statue
avec quelque certitude, la durée du thalamophore du musée royal du Lou-
règne de Psammétichus II, et de celui vre, sur un fragment de revêtement
de son successeur. en bronze d'une antique porte en bois
Les listes de Manéthon nomment ce ornée d'un mufle de lion, remarquable
successeur Vaphris, Vaphrès; la Bible par la perfection du travail; on les lit
Chophra ou Hophra , et Hérodote de même sur deux faces de l'obélisque
Apnès, en le disant fils de Psammé- de la Minerva à Rome, qui porte aussi
tichus II. Diodore de Sicile n'est pas les noms du père de ce Pharaon. Les
moins formel à l'égard du rang que cartouches d'Apriès existent de même
cet Apriès doit occuper daus la dynas- parmi les nombreuses inscriptions com-
tie des Saïtes, lorsqu'il le comprend mémoratives gravées sur les rochers
(lins les quatre règnes (Saïtes) qui de l'île de Snem , près de Phila? ; enfin
er
suivirent la mort de Psammétichus I ; sur les débris de constructions égyp-
Apriès fournit le troisième de ces tiennes employés par le grand Saladin
règnes, e( Amasis le quatrième, qui fut, pour élever la citadelle du Caire.
d«* fait, le dernier, Cambyse occupant Tous ces monuments appartiennent
déjà une portion de PÉgypte à la mort aux temps où les affaires du roi Apriès
d'Amasis. prospérèrent. Ces succès rengagèrent
Hérodote dit aussi que le Pharaon a porter une armée contre Barce et la
Apries fut, après Psammétichus II, Cyrénaïque; elle fut défaite. Ce qui
son bisaïeul , le plus heureux de tous survécut vit dans cette entreprise uue
54.
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372 L'UNIVERS,
trahison ; cette opinion s'accrédita, et trop évidentes sur quelques monu-
les troupes égyptiennes se mirent en ments notamment sur une stèle où
,
pleine révolte.' Le roi , pour les apai- parmi plusieurs rois nommés oo trouf e
,
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ÊGYPTE. 373
tionnée, et même expliquée par un doitse fixer pour la durécdes règnes suc-
écrivain italien qui explique tout har- cessifsde Psammétichus II et Apriès ;
diment , et qui ne s'est pas toutefois et comme la liste d'Eusèbe, dans ses di-
aperçu qu'il y a un déficit de cinq jours vers textes , s'accorde à fixer la durée
dans'la somme de la durée de la vie du règne de Psammétichus II à 17 ans,
du défunt Psamméticbus; car les plus nous adopterons ce nombre , et nous
simples notions du calendrier égyptien laisserons une durée égale au règne
démontrent que 71 ans, 4 mois et 6 d'Apries, qui n'est porté qu'à 19 ans
jours donnent 26,041 jours, et qu'il y dans les listes de l'Africain.
a réellement cinq jours de plus au l* r Nous nous abstenons d'examiner ici
jour du 10* mois égyptien de la 3 e lesnotions précises que ces deux dates
année de Néchaô , au 6* jour du 2* renferment sur l'état du calendrier
mois de la 71* année suivante, oui égyptien au sixième siècle avant l'ère
était la 35* d'Amasis. Le biographe chrétienne, et particulièrement sur la
égyptien a oublié de compter les cinq manière alors en usage de compter les
jours complémentaires, qui, après la années du règne des rois , notions du
71* année révolue, se trouvèrent entre plus haut intérêt pour la supputation
le f pnôni
r
où commençait la 72% et
, de la chronologie égyptienne nous :
le 6 paôphi que mourut Psammétichus ; n'avions en vue que d'eclaircir les dif-
et le savant italien n'en a pas moins ficultés qui subsistaient encore sur
trouvé la parfaite explication de ce quelques points de l'histoire des rois
nombre erroné. La seconde stèle est de la XXVI* dynastie.
exacte dans ses déductions : elles nous Amasis en fut réellement le dernier,
apprennent, par leur commun témoi- l'enfant qui lui succéda de droit ayant
gnage, qu'il s'était écoulé 65 années à peine touché aux marches du trône.
entières entre la 1" du régne de Né- Amasis était originaire de la petite
e
chaô Il et la 27 du règne d'Amasis ville de Siouph , dans le voisinage de
et aussi qu'un intervallede 71 années en- Sais. Son origine plébéienne ne le mit
tières la 3* année de ce même
séparait pas d'abord en grande considération
Néchaô de la 35 e de ce même Amasis.
, parmi ses sujets ; il sut se relever par
Si donc , sur les 65 ans du premier sa prudence et son habileté il se com-
:
deux monuments que leur espèce place jusqu'à vingt mille villes , toutes ha-
au nombre des plus authentiques,
comme leur texte au nombre des plus Memphis et Sais furent les deux villes
précieux , c'est à ce nombre 34 qu'on plus particulièrement embellies par
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374 L'UNIVERS.
'A masi s. Dans la première . il éleva un sis fut un ami sincère des arts; et, si
temple à Isis ,
remarquable par sa l'on veut juger de l'efficacité de ses ef-
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EGYPTE. 175
pollion le jeune l'a retrouvé dans les Ceux qui ont recueilli le sarcophage de
ruines de itarnac à Tbèbes , où il est la reine ont remarqué que ce puits avait
pavé sur un petit édifice situé hors de été violé très-anciennement; que le
& grande enceinte, entre la porte sarcophage avait été ouvert, que la
élevée par le roi Ménephtha et le pro- momie en avait été arrachée et brûlée
pylon du nord. La reine est figurée près du sarcophage même , où exis-
dans la frise sculptée qui orne ce mo- taient encore des débris d'ossements
nument ; le roi Amasis , son époux , fait charbonnés, dont quelques-uns con-
son pendant dans le même sujet de servaient des traces de dorure.
cette frise. Les deux cartouches de la Tous ces outrages au corps em-
reine contiennent son nom Onk-nas, baumé d'une reine révèlent une fureur
les signes du cartouche prénom de impie; et les souvenirs de l'histoire
Psammétichus r r , et l'indication qu'elle désignent Cambyse, roi de Perse,
est sortiede sa royale race. Si ce té- comme s'en étant rendu coupable. On
moignage unique avait laissé quelques sait que ce conquérant, maître de
doutes sur la généalogie et état de 1 Sais , fit retirer du tombeau la momie
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1
3TG L'UN
nouveau temple de Delphes. Il donna historiens et les listes de Manétbon le
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pte. m
causes de l'invasion de PÉgypte par a dit comment l'insensé Cambyse osa
Cambyse; et ils racontent à ce sujet, , de sa victoire.
un certain nombre d*anecdotes, réelle- Ce chef persan fut le premier roi de
e
ment indignes de la gravité de l'his- la XXVII dynastie : il occupa et gou-
Cambyse aurait demandé au Pha-
toire. verna PÉgypte militairement ; la bar-
raon Amasis sa fille pour épouse, et barie y fit une guerre ouverte à la ci-
Amasis lui aurait envové la fille d'À- vilisation , et le fanatisme des mages
priès , engageant ainsi le roi de Perse de la Médie porta la désolation dans
dans une inégale alliance. Cambyse les sanctuaires de PÉgypte. Psammé-
avait demandé un habile oculiste ; et le nite , dépouillé de la royauté, fut ex-
chirurgien envoyé par Amasis, consi- posé à toutes les douleurs , à toutes les
dérant sa mission comme un exil , au- humiliations de sa cruelle condition ;
rait séduit Cambyse à marcher contre il vit sa fille réduite au service des es-
PÉgypte. Cambyse serait aussi le petit- claves, son fils conduit au supplice;
f
Bis d A priés, et serait venu venger son mais il ne s'en émut pas : ces mal-
grand -père contre l'usurpateur Ama- heurs domestiques, disait -il, étaient
sis et sadescendance. Cambyse, enfin trop grands pour être pleurés. Sa noble
aurait voulu venger sa mère à laquelle contenance intéressa un moment Cam-
Cyrus, son père, avait préféré une es- byse et ses Perses ; et des historiens
clave égyptienne : ces historiettes n'ont pnt cru que Psamménite en aurait ob-
d'autre mérite que celui , si c'en est tenu le gouvernement de PÉgypte, s'il
un , de nous prouver qu'il y avait aussi n'avait préféré la mort en essayant
dans l'antiquité des bons esprits dispo- de lui rendre l'indépendance, au "mi-
sés à tout croire : l'histoire du beau sérable honneur d'en être le satrape.
caniche de la duchesse de Malborough Convaincu de patriotisme, c'est-à-dire,
n'est peut-être pas bien moderne. de complot et de tentatives de révolte
L'invasion de PÉgypte par les Perses envers les Perses , il fut condamné à
ne fut que la conséquence nécessaire boire du sang de taureau , et il en mou-
de la marche d'une peuplade barbare, rut sur-le-champ.
passant de la vie nomade à la vie con- Dans l'enivrement de sa toute-puis-
quérante; se portant, comme toutes sance , Cambyse se rendit de Memphis
les invasions des nomades asiatiques à Sais, pour se donner le plaisir d'in-
de l'est à l'ouest , et rencontraut PÉ- sulter aux restes d' Amasis, qu'il fit ar-
gypte riche et puissante sur son che- racher du tombeau. Héliopolis ne fut
min. Cambyse avait succédé à Cyrus point épargnée; le Perse en ravagea
depuis cinq' ans. par le ier et par le feu les édifices sa-
il avait pour auxiliaires des Perses crés ; il les mutila avec une féroce at-
un corps d'Ioniens et un corps d'Éo- tention. Strabon vit encore de ses
liens qu'il regardait comme les esclaves yeux les traces manifestes de ces ra-
de son père. Un traité avec les Arabes vages. La grande capitale de l'Égvptc
le préserva de tous les inconvénients en révélak de non moins profondes :
du désert, et il s'avança vers Péluse. la plupart de ses édifices publics furent
Psamménite s'y était établi avec l'ar- maltraités. A Memphis, la célébration
mée égyptienne; elle fut défaite, et de féte d'Apis occasionna la mort
la
courut én désordre se jeter dans Mem- dés magistrats de la ville; ses prêtres
phis. Des parlementaires envoyés par furent battus de verges ; et , pour prou-
Cambyse furent massacrés mais , après
; ver que le boeuf Apis n'était pas un dieu,
un assez long siège, les Égyptiens n eu- Cambyse le frappa de son poignard.
rent d'autre ressource que de se ren- Contre l'usage des Perses, Cambyse
dre : Memphis et son château furent épousa deux de ses propres sœurs. Il
livrés aux Perses, et Psamménite des- entreprit à la fois trois expéditions ;
cendit du trône après un règne de l'une contre Carthage elle échoua par
:
six mois : PÉgypte fut dès lors sou- la désobéissance d une partie de la
mise à l'étranger vainqueur; l'histoire flotte; Pautre contre les Éthiopiens
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L'UNIVERS.
. macrobiens qui déjouèrent ses projets
,
leiempiê , s'exprime ainsi : « Perpè
en ne se méprenant point sur la véri- bourg que Cambyse détruisit par i
table mission des ichthyophages d'Élé- feu. »
. phantine , parlant la langue des Éthio- Ontrouve cependant sur quelque
Sieni,qui étaient chargés des présents monuments égyptiens le de Cam nom
e Cambyse; la troisième expédition, byse tracé en caractères sacrés (voyc
par terre , fut dirigée de Thèbes contre notre planche 87 , cartouche, isolé i
des Égyptiens : les crânes des pre- emparé du trône de Perse, et il l'oc-
miers, minces et sans résistance, cupa pendant quelques mois encore.
pouvaient être facilement percés en les Durant cette usurpation , l'Egypte fut
frappant légèrement avec un caillou f;ouvernée par un autre mage dont
tandis que les crânes des Égyptiens 'autorité dura , dit-on , pendant sept
étaient si durs qu'on parvenait péni- mois : le succès de la conjuration à la
blement à les fendre en y employant tête de laquelle se mit Darius , le fils
une grosse pierre : et l'on expliquait d'Hystaspe, gouverneur de la Perse,
ce phénomène par l'usage de la tiare rétanlit l'autorité royale, et PÉgypte
qui, dès leur enfance, enveloppe et eut un nouveau roi. Ce fut le premier
garantit de l'air la tête des Perses, essai et le premier fruit de la rivalité
tandis que les Égyptiens, au sortir de et des efforts des Mèdes pour repren-
l'enfance, se faisant raser la tête, elle dre la supériorité sur les Perses leurs
était exposée à l'air et à la chaleur vainqueurs.
qui la durcissent. L'examen des mo- C'est du règne de Darius que l'his-
mies a fait récemment reconnaître que toire date l'établissement de quelque
les os des têtes égyptiennes étaient ordre dans l'administration des vastes
épais, solides et très-durs. pays dont Cyrus et Cambyse venaient
Le règne de Cambyse sur PÉgypte de* faire la conquête en moins de vingt
ne dura que trois années : Aryandès années. Darius les divisa en vingt sa-
en avait été nommé gouverneur; mais trapies ou gouvernements ; et il s'oc-
ce règne y laissa de bien longs souve- cupa particulièrement d'enrichir son
si
nirs et la haine nationale lésa rendus
. trésor, que les Perses l'avaient sur-
durables jusque dans les temps moder- nommé le banquier, parce qu'il savait
nes. Un des chrétiens coptes , dont les tirerde l'argent de tous, donnant à
écrits nous sont parvenus, parlant d'un Cambyse l'énithète de maitre. et à
lieu de la haute Égypte qu'il nomme Cyrus celle Je père. L'Égypte, la por-
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EGYPTE. 379
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380 L'UNIVERS.
vivant. Et , dans cette Oasis d'Àmmon du lit de ce canal que M. de Rosière
que Cambyse voulait ravager et qu'il a trouvé les débris d'un monument
ne lui fut pas donné d'atteindre, des orné d'une inscription en caractères
temples à A mon - Ras'élevèrent sous cunéiformes. La route de Cosséir dut
les auspices du même roi perse , dont devenir plus importante et l'objet de
,
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ÉGYPTE. 381
Le contrat précité, du mois de pha- dans l'ensemble des doutes qui envelop-
oénoth de an 35 de Darius , ne con-
1 pent encore les études qui ont pour objet
redit pas ce récit d'Hérodote; ce mois la connaissancedeséléments graphiques
îst le 7* de l'année; l'insurrection des divers alphabets en caractères cu-
:\ ptienne dut donc se déclarer dans néiformes. A Cosséïr, lôAom de Xercès
es cinq derniers mois qui pour ces , est précédé du titre de dieu bienfai-
*mps-la , selon le calendrier vague, sant t seigneur du mondé, expressions
ïtaient les mois de Tété et de l'au- du protocole qui ne peuvent témoigner
tomne, ceux mêmes où l'inondation ni de la félicité, ni de l'affection de
périodique du Mil couvrant la basse et l'Égypte pour cette autorité étrangère
la moyenne Égypte, opposait d'invin- et oppressive. La Gn du règne même
ciblesobstacles à la marche des ar- de Xercès est une preuve du contraire.
mées et à la facile communication des Dès que les Égyptiens apprirent sa
villes entre elles. mort , ils essayèrent encore une fois
Quand Darius mourut, l'Égypte n'é- de ressaisir leur indépendance cou-:
ploya quatre années à organiser son qui n'éprouve pas la vive et invincible
armée , et se mit en campagne l'année influence des convictions ou des pré-
suivante. Il fit faire en Égypte une très- jugés. La prédominance des intérêts
grande quantité de câbles en papyrus matériels n'a-t-elle pas ouvert à tout
pour la construction des ponts. Les ennemi qui apportait des bénéfices, les
Egyptiens établirent un pont de cette portes de toutes les villes où la bourse
matière qui joignit Abydos à la côte est le temple du dieu du pays?
d'Europe. A son avènement au trône de Perse,
Dans l'armée de Xercès, l'Égypte Artaxercès, fils de Xercès, dut d'abord
avait fourni deux cents vaisseaux ; les songer à rétablir son autorité dans
hommes qui les montaient avaient la l'Égypte insurgée. La Perse menaçait
tête couverte d'un casque en mailles la Grèce ;Grèce s'allia avec É-
et la 1
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L'UNIVERS.
pour gouverneur, et )e jong du vain- thon soigneusement dressée pour
,
queur fut encore plus pesant* l'Égypte , aue sont mentionnés les
Les historiens les plus renommés règnes éphémères d'un Xercès II et
de ta Grèce sont presque contempo- de Sogdianus. Ce Darius II est qualifié
rains de ces événements et les narrent , de un! h us ou enfant illégitime.
,
avec leurs plus particulières circons- Il paraît que c'est au règne d'Ar-
tances : il paraît toutefois aue la suc- taxercès qu'il faut rapporter les nou-
cession des divers rois qui portèrent velles entreprises des Égyptiens allies
)e même nom , les Xercès et les Da- avec les Athéniens contre occupation I
rius, a jeté, dans le récit de ces his- persane. Thucydide et Ctésias nous
toriens , quelque confusion dans Tordre ont transmis tes détails les plus cir-
chronologique des faits ; on accorde- constanciés de ces nouvelles guerres
rait difficilement Hérodote et Thucy- auxquelles se mêla aussi , comme allié
dide sur ce qu'ils en rapportent ; Dib- des Égyptiens, un chef libyen, que
dore de Sicile y ajoute encore quelques ces nomment Inarus. La
historiens
variations : nous continuerons à pren- flotte des Perses fut détruite ou prise
dre pour guide l'annaliste le plus ins- par celle des Athéniens : les Grecs re-
truit des affaires de l'Egypte, .M a ne- montèrent le Nil et débarquèrent leurs
thon , dont les monuments accréditent troupes sous le commandement de
si positivement les témoignages. Charitimès. Achéménès, à la téte de
Après avoir rétabli son autorité en trois cent mille hommes, fut défait
Égypte, Artaxercès régna encore 38 par les alliés et perdit le tiers de son
ans (en tout 40 ans ) ; pour ce laps de armée ; lui-même périt dans ce san-
temps les écrits de l'antiquité ne re-
, glant combat. Le reste de l'armée se
latent aucun fait particulier retotif réfugia dans les fortifications de Mem-
à PÉgypte : elle était immobile et phis. Les Égyptiens les y assiégèrent
soumise comme l'esclave courbé sous pendant trois années, lès y tenant
le poids de ses fers. Le nom d'Ar- étroitement enfermés. Mais une se-
tax ereès fut cependant tracé en écri- conde armée persane s'avançait , com-
ture sacrée égyptienne ; h* existe encore mandée par Artabaze, satrape de la
avec le titre de roi f seigittur du mmi/fa, Cilicie, et par Mégabyze, qui l'était de la
Artakhschseeh , gravé sur les rochers Syrie. Battus par ces nouvelles forces,
oui bordent une partie de la route de malgré leur vigoureuse résistance , et
Qéné à Cosséïr. le chef Hbyen ayant reçu de graves
eut pour successeurs un Xercès II
Il blessures, les Égyptiens 'et les Athé-
qui régna deux mois; Sogdianus, sept niens se retirèrent dans nie de Proso-
mois , et Darius - Nothus , fils de Sitis , baignée par deux branches du
Xercès H,
qui régna 19 ans. fil : dans l'une d'elles , la flotte égyp-
Si l'on consulte la liste des rois de tienne et la flotte athénienne trouvèrent
te Perse , telle qu'elle a été adoptée un refuge et un abri. Les Perses les
et conservée par les chronologistes et attaquèrent, et les alliés s'y défen-
les astronomes de l'antiquité , on n'y dirent pendant une année et demie.
retrouvera ni ce Xerxès II , ni ce Sog- Mais les Perses mirent à sec la bran-
dianus. La table chronologique des che du Pîil où la flotte athénienne était
rois, placée en tête de l'Almageste de mouillée ; ces forces navales devinrent
Ptolémée , et dont les années des règnes mutiles , et les Perses s'ouvrirent un
servent à la date des observations as- chemin de terre dans l'île. Alors Inarus
nom que s, nomme pour l'intervalle
i se rendit avec les siens à la condition
temps qui s'est écoulé pour l'his- de la vie sauve; mais les Athéniens,
toire d'Épypte, depuis la mort de au nombre de six mille , mirent le feu
Psamménite jusqu'à ce point où nous à leurs vaisseaux , préférant la mort
sommes parvenus Cyrus , , Cambyse glorieuse du combat à l'ignominie o>
Darius Pr Xercès Artaxereès et" Da-
, , resekivage : des conditions honorabH
rius II. C'est dans la liste de Mané- offertes par les Perses sauvèrent ces
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,,, .
KGYPTE. 9«9
: Athéniens ci' une mort prochaine.
raves ne commença qu'après que cet illustre
Une nouvelle Hotte envoyée par les Égytitn , à la suite de longs combats,
Athéniens fut attaquée et prise par les eut réussi à délivrer son pays de l'oc-
Frr*s, et leur triomphe tôt complet. cupation persane, laissa peu de temps
L Egypte fut encore une fois soumise; à ses soins réparateurs. Une famille
^rUmas lui fut donné pour gouver- originaire de la ville de Mendès luf
neur; et héroïque lnarus , conduit à
I succéda et forma la XX1X dynas-#
taze, y fut mis en croix contre la for tie , qualifiée de Mendésienne à cause
traités, lnarus passait pour être le de son origine.
d'un Psammétichus.
fcis Le premier roi se nomma Nou-
Us défaites ne lassèrent point le frôuthph , dont les Grecs ont fait Hé*
orageux patriotisme des Egyptiens : pnéritès. Son nom se lit sur les deux
Mis Darius -Nothus, ils arborèrent côtés du trône d'une statue de ee roi,
<ie nouveau la bannière de l'indépen- en basalte noir, haute d'un empan et
dance un Égyptien était à leur tête ;
. demi , dans la collection de Flnstitut
i'se nommait Amyrtée, originaire de de Bologne. Le nom de ce roi n'a pas
k ville sainte de Sais. D'après quel- été aperçu sur les monuments encore
ques témoignages fugitifs de l'histoire subsistants en Égypte; mais le mal-
Amyrtée aurait secondé» les premiers heur des temps et toutes les causes
«flbrts d lnarus; et, après sa défaite, de destruction qui se sont succédé
«e tenu en repos dans les con-
serait depuis, expliquent ce résultat négatif.
tréesmarécageuses de la basse Êgypte Ce roi d'Egypte ne cessait pas d'être
*ou I impatience de ses concitoyens menacé par le roi de Perse et par ses
lirait de nouveau rappelé pour la innombrables soldats. De son coté,
délivrance de la patrie. Néphéritès ne négligeait aucun des
Amyrtée résista aux troupes du lieu- soins qu'exigeait le salut du pays: à
tenant de Darius - Nothus ; et, à la cet effet, il conclut avec Sparte on
mort de ce dernier, Amyrtée se trouva traité d'alliance que cette cite grecque
« possession de toute l'Egypte : il y lui avait proposé contre l'ennemi com-
établit l'ancienne domination de* mun. Diodore de Sicile donne pour
Hwaons , avec les anciennes lois et époque à ce traité la première année
le culte des dieux du pays. de la quatre-vingt-seizième olympiade,
Ainsi la première dynastie des Perses, ou l'an 395 avant l'ère chrétienne
?oi forme la XXVII' dynastie égyp- IMépliéritès parvenu au trône dès Pan
,
tienne, s'éteignit après une durée de 398 , régnait en effet à l'époque assi-
'20 ans. gnée par Diodore de Sicile a ce traité.
Amyrtée, roi d'origine égyptienne, On trouve aussi son nom sur les ro-
t peut être de l'ancienne race royale, chers des environs de Philae, dans un
e
forma à lut seul la XXVIII dynastie. proseynéma ou acte d'adoration à Ho-
•I
régna que six ans , à compter de
ne rammon , à Saté et à Mandou , fart a
an 404 avant l'ère chrétienne. ces divinités pour le salut de ce rot
Sa première pensée eut pour objet Néphérôthph. Toutefois son règne ne
le réparer les desastres de l'oecupa- dura que six années.
>on étrangère, et de rétablir (es hon- Il eut pour successeur an roi nommé
neurs des dieux; les temples d'Éléthya Hakôr; les Grecs ont écrit ee nom
lédiésà Sévek (Saturne), et à Sowan Achoris. La durée de son règne est
Lucine), construits et décores sous portée à 13 années par les listes de
es règnes de la reine Amensé et Manéthon. Ce règne fut très- laborieux f
les rois Mans et Memnon , mut i- sans cesse menacée par la Perse, l'E-
cs par les Perses , furent réparés par gypte eut à s'occuper de sa défense,
es soins d* Amyrtée. D'autres monu- et elleforma, à cet effet, d'utiles al-*
ments de l'Écypte conservent encore liances.Achoris amena dans une ligue
s marques de ces pieuses restaura- défensive Evagoras, roi de Chypre,
ions. Le court règne d' Amyrtée, qui les Arabes, les Tyriens et les LhSyen*
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3*4 L'UNIVERS.
de Barcè; un Égyptien oui avait passé A Achoris succéda , selon Manëth
au service des Perses, ôaûs, dont la un roi nommé Psammuthès, qui
famille avait été cruellement traitée réçna qu'une année. Le nom de
par Psammétichus , mécontent du chef prince se trouve cependant encore
perse sous les ordres duquel il se trou- les sculptures du palais de Karnn
vait dans l'expédition contre Chypre, Thèbes, et auprès de celui d'Achoi
déserta ce service, emmenant avec lui son prédécesseur. Sa légende roi
une partie de la flotte et de l'armée. Il signifie: Soleil gardien approuvé
se réunit à Achoris; les Lacédémo- Phtha , le fils du soleil , Psimouth :
niens entrèrent aussi dans cette al- existe aussi dans les ruines d'un p»
liance : la mort de Gaùs et de quelques édifice entredeux des propylées de K
autres chefs des alliés en amenèrent nac, où Champollion le jeune Va
la dissolution. piée le 23 novembre 1828.
Achoris en forma une nouvelle avec Ce roi eut pour successeur , se
plusieurs peuples de la Grèce qui se les listes de Manéthon dans 1 usèl
rendirent en Égypte sous le comman- Mutins, qui régna une année , et I
dement de l'Athénien Chabrias. De phéréus , qui ne régna que qua
leur côté , les Perses , occupés à de plus mois. Il ne reste du premier auc
grands desseins, poussèrent molle- souvenir sur- les monuments ; et
ment la guerre contre l'Êgypte : sur possède, du règne du second,
ces entrefaites, Achoris mourut. sphynx qui orne le musée royal
Les soins de la défense du pays ne Paris. Son cartouche prénom est ce
• l'avaient pas détourné de ceux qu'exi- d'un des anciens Pharaons, et son n<
geait la réparation des outrages faits propre se lit .Naïf roue. Un savant i
aux temples des dieux par les étrangers glais a aussi recueilli la légende de
dont l' Égypte était délivrée. On voit roi de quatre mois sur lesrestes d'
encore sur de Médinet-Habou,
l'édifice édifice éçvptien. Ce prince fut Je d«
à Thèbes , preuves des réparations
les nier de là XXIX' dynastie égyptien ri
3u'Achoris fit taire aux colonnes proto- laquelle ne subsista que pendant
oriques qui soutiennent les plafonds ans.
des galeries , et pour lesquelles on em- La XXX* dynastie fut originaire
ploya des matériaux d'un petit temple Sebennitus, autreville de la bas
édifié par Tordre de la princesse Nito- Égypte : de la haute n'étaie
les cités
cris,femme de Psammétichus II , et plus nommées dans l'histoire; ell
que la barbarie des Perses avait très- paraissaient alors ensevelies dans
vraisemblablement détruit. stupeur de l'esclavage et la douleur »
Achoris fit réparer aussi quelques- voir s'éteindre les antiques honneu
uns des dégâts qu'avait éprouvés le de la patrie.
temple d'Élethya : on voit encore dans Le règne de Nectanèbe, premier r
les carrières de Thorrah , près de Mem- de cette nouvelle dynastie, ne fut \
phis, que, dans la seconde année de plus paisible aue celui des rois ég\|
son règne Achoris en fit extraire des
, tiens, ses éphémères prédécesseur
matériaux employés dans les édifices Dès la seconde année de son autoritt
qu'il fit élever ou restaurer. Enfin le il eut à repousser les nouvelles tent
musée égyptien de Paris possède un tives d'invasion faites par les Perse
sphynx dont la base porte le nom de Leur armée et leur flotte se préser
ce roi en caractères hiéroglyphiques tèrent devant Péluse : Nectanèbe, qi
avec le titre de chéri de Clmouphis. avait réuni des moyens suffisants d
On a remarqué quelques variantes dans défense, résista avec succès. La dis
les signes des deux cartouches mais : corde se mit aussi parmi les Perses
ces signes variés sont toujours des ho- ils entrèrent toutefois dans la brandi
mophones ; et Champollion le jeune a mendésienne du Nil , après s'être em
donné de ces variétés des explications parés de la forteresse qui la défendait
que ses plagiaires se sont appropriées. Mais Nectanèbe , après avoir pourvu
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EGYPTE. 4SS
c dédaigna pas ce genre de gloire ou de Magnésie; Séleu-
taire à la bataille
ïtte suprême satisfaction de la vanité cus, qui attaquait Philométor, trou-
umaine, bien rare dans les temps vait ainsi dans Aùmililll le vainqueur
lodcrnes, excepté^ parfois, dans les de son père cette circonstance put
:
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4M L'UNIVERS
Cette catastrophe arriva la 11 " année Philométor se réunit à Évergète; An-
du règne de Philométor. Il parait , d'a- tiochus , que cette réunion aurait dû
près Porphyre, que les Alexandrins, satisfaire s'il avait sincèrement désiré
aussitôt qu Antiochus fut le maître de replacer Philomctorsur le trône de ses
Memphis, où il retenait le jeune Phi- aïeux, en fut péniblement affecté, et
lométor âgé de 1G ans seulement, pla- lit contre les deux frères des prépara-
cèrent sur le trône son frère Evergète tifs plus formidables que ceux de la
afin de prévenir les incertitudes d'un précédente guerre. Il envoya une flotte
interrègne; que cette substitution de contre Chypre, et, des les premiers
roi dura pendant les années 11 à 15 jours du printemps, il se mit lui-même
du règne de Philométor; qu'a cette à la tête de son armée , marcha contre
époque Antiochus, ayant renonce à l'oc- l'Êgvpte, traversa la Celé-Syrie, arriva
cupation de l'Egypte, Philométor re- à Peiuse par terre et par mer, et se
vint à Alexandrie, et consentit a par- dirigea par les plus courts chemins sur
tager le trône avec son frère dont la Alexandrie. Parvenu à quatre milles
fresence avait certainement contribué de cette ville il rencontra C. Popilius;
le conserver ; qu'ils régnèrent ainsi et cet envoyé lui montra , en traçant
jusqu'à la 17' année comptée toujours son cercle, comment le sénat de Rome
de époque de Philométor; et que, par
I notifiait ses ordres à un puissant mo-
l'intervention des Romains, Évergète narque qui n'eut à répoudre que ce peu
cessant de partager le trône , il accepta de mots : Je ferai ce qui plaît au sé-
le gouvernement de la Libye , après nat. Antiochus quitta l'Égypte dans
quoi Philométor régna 18 ans encore, un très-court délai, à compter du jour
qui portent la totalité de sou règne à même de cette conférence.
35 ans. Il résulte de tous ces témoignages
de le rétablir dans ses droits, mais gète fut placé sur le trône par les
avec l'intention réelle de s'emparer du Alexandrins, et qu'il l'occupa pendant
trône d'Egypte, il en occupa militai- 3uatre années; qu'il envoya demander
rement les villes les plus importantes. es secours à Rome; que, dans cet
Avant cependant éprouvé beaucoup de intervalle, Evergète essaya vainement
résistance , et même des échecs , il fit de traiter avec Antiochus qui refusa
un traité avec le jeune roi , repassa en de lui reconnaître le droit de faire In
Syrie, et, deux ans après, il revint as- paix, et vint l'assiéger dans Alexandrie
siéger les deux fils d'Épiphane, Philo- même; que, rappelé en Syrie par des
métor et Évergète II dans Alexandrie
, événements imprévus, il laissa Phi-
jusqu'à ce que les envoyés de Rome lométor à Memphis, Evergète dans
qui arrivèrent dans ces conjonctu- Alexandrie, espérant que les deux
res l'obligèrent à rentrer dans ses frères se feraient la guerre; que les
Etats. deux frères se réunirent, occupèrent
Tite-Liye dit aussi qu'Antiochus ensemble le trône pendant deux années,
ayant tenté mais sans succès de pren- et qu'alors, dans la 17' du règne de
dre Alexandrie, il laissa Philométor à Philométor, Antiochus venant de nou-
Memphis, lui promettant son assis- veau attaquer l'Egypte et assiéger
tance pour le replacer sur le trône Alexandrie, C. Popilius l'obligea, au
qu'Évergète occupait à Alexandrie. Il nom du sénat, à retourner dans ses
espérait sans doute que les deux frères propres Etats.
en venant aux mains il lui serait plus
, Ce fut donc C. Popilius qui vint dé-
facile de soumettre le vainqueur; il se livrer rÉçypte des armées et de la
retira donc en Syrie, laissant néan- présence d'Antiochus , régla aussi les
moins uns garnison à Péluse. Mais différends qui s'étaient élevés entre
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,, , .
ÉGYPTK 433
»s deux frères rois , et les jugea selon assentiment à ce que le sénat venait
e qui était prescrit par les lois du de régler.
oyaume. En conséquence, Philométor Évergète attendit longtemps en Li-
esta seul possesseur de la couronne; bve l'issue de cette négociation ; il se
évergète reçut le gouvernement de la disposait a marcher à la tête d'une ar-
Âbye et de la Cyrénaîque , où les Ro- mée contre l'Egypte, lorsqu'il fut in-
tiams , peu de temps après l'obligè- , formé que les Cyrenéens venaient de
ent de rester. se révolter ; et , ne voulant pas risquer
Apeine Antiorhus fut-il de retour à l'acquisition incertaine de Chypre la
lans ses États qu'il y mourut, et la possession de Cvrène , il se dirigea sur
néme année de sa malheureuse e\ pé- cette province d'où les habitants, im-
tition contre les fils de sa sœur, all- patients de son gouvernement tyran-
iée qui fut comme le dit Porphyre
, nique, cherchaient à le repousser par
a onzième et la dernière de sop m: ne. la force des armes. Il venait d'éprou-
>es ambassadeurs étaient al.es a Rome ver un éc hec assez considérable lors-
M>ur déclarer au sénat combien l'ar- que Cn. Merula lui apprit que Philo-
rangement dicté par Popilius lui était métor refusait de consentir à la cession
)greable : ceux de Ptolémée témoi- de l'île de Chypre. Évergète envoya de
gnaient en même temps sa gratitude nouveaux ambassadeurs à Rome Phi-
envers le sénat et le peuple romain lométor y fit aussi défendre ses droits,
et ils exprimaient sans doute des sen- mais le sénat persista dans sa bien-
timents plus vrais que ceux que mon- veillance pour Évergète. On lui en
trait Antiochus. porta la nouvelle à Cyrène où il était
En attendant,
la discorde renaissait rentré ; et au moment où il préparait
,
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43G L'UNIVERS.
des rois d'Egypte qui n'étaient point consacré ce temple. Rien n'indiqu
engagés dans de plus sérieuses entre- l'époque de cette dédicace ; mais I
Syrie Démétrius , entretint des intel- dans cette inscription, prouve toute
ligences dans la ville de Ptolémaïs oc- fois que la dédicac e qu'elle rappelle fu
cupée par les soldats syriens , encou- postérieure à la seconde invasion d'An
ragea la défection d Antioehe , et tiochus Épiphane en Egypte , pnfeqiM
favorisa enfin les prétentions au trône pendant la première, Clcouàtre re^t
de Syrie manifestées par Alexandre, dans Alexandrie avec Ptolemee Lvei
fils ôVAntiochus Èpipnane, qui fut gete II, tandis que Philométor étai
reçu à Ptolémaïs de Syrie comme roi. comme prisonnier retenu à. Meinphts
beux années après, vers l'an 149, et qu'après la seconde invasion et l'ai
Démétrius ayant été vaincu et tué, ce rangement fait par Popilius , Éverget
même Alexandre fut reconnu et pro- quittant le trône , Philométor l'oœuji
clamé roi de Syrie , la 30 e année du seul.
règne de Philométor. Ce fut alors qu'il s'unit à Cléopatr
Alexandre demanda que Philométor sa sœur, et dans la 17' année de sa
lui accordât sa (il!e Cléopatre en ma- règne, puisque treize ans après et i
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ftGïPTE. 137
lométor s'engagea dans une alliance pylon dédié à Isis par le Pharaon Nec-
qui avait pour but de le rsvir à son tânebe, et l'existence de ce propvlon
mari. Le fils aîné de Démétritil re- prouve qu'avant le grand temple d'Isis
vendiqua des droits qu'il disait tenir actuel , il en avait été antérieurement
de son père dont la mort n'avait pu les édifié un autre sur le même emplace-
détruire : soutenu par les Cretois, il ment; les Perses de Darius-Occhus
se rendit en Syrie. Ptolémée, dans l'avaient vraisemblablement détruit, et
l'intention de secourir Alexandre, ar- c'est avec ses débris , eucore recon-
riva dans cette province avec des forces naissables, que certaines parties du
de terre et de mer, et en occupa les pronaos actuel du grand temple furent
tilles principales pour les maintenir édifiées. Le second pylône de ce grand
dans le devoir ; mais, ayant été exposé temple est aussi de Ptolémée Philomé-
a devenir la victimedW complot tramé tor , ainsi que le bel édifice de droite
contre sa vie à Ptolémaïs. convaincu qui se voit entre les deux pylônes. La
aussi qu'Alexandre en était l'instiga- galerie de gauche du grand temple
teur, il tourna ses armes contre lui, d'Edfou, de même que toutes les sculp-
les associa à l'entreprise de Démétrius, tures des deux massifs du pylône, re-
lui donna en mariage sa fille Cléo- montent aussi au règne de Philométor.
pàtre qu'il rappela de la cour de Svrie, Le grand temple d'Ombos fut élevé
et fit déclarer pour lui Antiocfie et par Ptolémée Épiphane, et continué
l'armée. Alexandre étant venu l'atta- par Philométor. Ce grand édifice , dont
quer auprès de celte dernière ville , sur les ruines ont un aspect tres-i m posant,
1 Oronte , Ptolémée mit son armée en présente cette singularité qu'il est dé-
déroute , secondé par Démétrius qui die à deux triades qui se partagent le
était devenu son gendre. Peu de jours temple, divisé longitudinalement en
après, Alexandre qui" avait cherché deux parties bien distinctes, l'une pas-
"n refuse en Arabie v trouva la mort
, sant presque toujours dans le massif
et sa tête fut apportée à Philomctor. de la construction. La partie de droite,
Ces événements, selon Josèplie et le la plus honorable , était consacrée à Sé-
premier livre des Machabees, prirent vefc-Ra , la forme primordiale de Sa-
" lissauce dans la 165* année des Sé« turne, Kronos , à tète de crocodile; à
Irucides , et cette guerre dut se faire la déesse Athôr et à leur fils Kuons-
lies le commencement de la 35' année Hdr. La seconde partie du temple était
«le Philométor . et se terminer à l'au- vouée à une triade moins élevée dans
tomne de la même année, celle de l'an la hiérarchie divine , a Aroëris , à la
H7 avant Jésus Christ. déesse Tsonéuoufré, à leur fils Pnevtho,
La mort de Philométor se rattache qui étaient les dieux seigneurs d'Om-
a celte même époque; car, ayant été bos; et voilà pourquoi les médailles
blessé d'une chute de cheval pendant romaines du nome ombite portaient
la bataille qu'il livrait à Alexandre, il la figure du crocodile , l'animal sacré
en mourut sur les lieux mêmes quel- du dieu principal du uame. Une ins-
ques jours après. Tous les chronolo- cription grecque en l'honneur de Phi-
gistes lui donnent 35 ans de règne. lométor se Ut dans le même temple;
Les monuments qui rappellent quel- c'est un hommage des troupes canton-
ques circonstances du règne de Ptolé- nées dans ce nome : l'inscription s'ex-
mée Philométor sont assez nombreux prime ainsi : « Pour la conservation
et ils nous sont fournis a la fois par les du roi Ptolémée et de la reine Cléo-
inscriptions grecques et les inscrip- pdtre sa sœur, dieux Philométors, et
tions égyptiennes, qui s'accréditent de leurs enfants, à Aroëris, dieu
mutuellement par leur autorité particu- grand, et aux divinités adorées dans
lière. Le premier pylône du petit le même temple, les fantassins, les
temple du sud à Phi la? fut construit cavaliers , et autres personnes station-
durant le règne de Philométor. On nées dans le nome.a Ombos, ont fait
encastra alors ce pylône dans un pro- ce séeos à cause de la bienveillance
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r
438 L'UN] ERS.
de ces divinités envers eux. » Le nome sacrées par le protocole égyptien. Le
d'Ombos étant le plus méridional de grand temple d'Ombos porte aussi une
tous ceux de l'Kgypte; des troupes grande dédicace en écriture hiérogly-
nombreuses devaient y être établies phique , au uom de ce même roi ; et
chargées de garder ce côté des fron- comme si elle était pour l'illustre Sé-
tières du pays. A Antaeopolis, il existe sostris, elle dit: «La vie! le dieu
une seconde inscription grecque du bienfaisant, soleil seigneur du monde,
règne de Ptolemée Philometor; elle approuvé par Phtha, image vivante
constate, en ces termes, que ce roi d'Amon-Ra, chéri des dieux, aimé
fit élever le pronaos du temple de ce d'Aroëris, tuteur de la région... , dieu
lieu , et qu'il le consacra à Antee : grand , seigneur suprême , dieu puis-
« Le roi Ptolémée, fils de Ptoléinéeet sant dans... La vie le dieu gracieux ,
!
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ÉGYPTEi 439
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440 Ll .NI\ KRS.
régner, bissait, avec la reine CféopA- dirent coupables de quelques plaisan-
tre sa veuve, deux filles et un (ils teries sur ses relations avec une femme
encore en très-bas Tige. nommée Irène. Aussi les Égyptiens se
Enhardi par cette circonstance, qui souvenaient-ils avec plus de soin et
ne devait lui faire craindre que cette f)lus de respect de la bienfaisance et
de
Inactive opposition propre aux temps a modération de Philométor, et celte,
où les rois sont en tutelle, et peut- comparaison qu'ils faisaient des deu\
être aussi par l'exemple récent de Dé- princes rendait plus vif encore leur
métrius, frère d'Antiochus le Grand, désir de se soustraire à tant de tyran-
qui lui avait succédé à l'exclusion de nie. Ptolémée avait pris le surnom
son (ils mineur Antiocluis Eupator, le Evergète ou Bienfaiteur; le peuple
frère de Ptolémée Philométor, qui prit le nomma avec plus de raison Aoker-
le surnom d'Évergète II, apprenant la gèle ou Malfaiteur. Rien d'ailleurs
mort du roi, s'empressa de quitter dans sa personne ne contribuait' à lui
Cyrène et de venir, les arnifs à la concilier la faveur publique : son corps
main, s'emparer de la couronne d'É- était aussi hideux que son caractère,
té au détriment du jeune fils de et Posidonius le Stoïcien , qui accom-
lometor. Incapable de résister, pagnait en Égvpte P. Scipion ^miiien.
Cléopâtre lui envoya des députés qui visitant avec Spur. Merula et L. Mem-
réglèrent avec lui 'qu'elle deviendrait mius les États des rois alliés, et qui
sa femme, et qu'Évergète prendrait la vit Évergète, a fait de sa conformation
tutelle du jeune roi. Il entra dans un tableau repoussant, ce qui a fait
Alexandrie avec ce titre, énonça la dire à Justin qu'Évergète II parut au-
reine mère, et, le jour même de son tant ridicule aux Romains qu'il était
union, il fit égorger le jeune héritier odieux à ses sujets; ils le surnom-
du trône dont il devint le possesseur maient aussi Physcon , le Ventru.
par ce crime. Le jeune prince avait été f
\*s envovés dé Rome arrivèrent en
reconnu comme roi il porta le sur-
; Égypte à l'époque où Évergète fut
nom d'Eupator, et il est mentionné forcé d'appeler, par des actes publics,
sous ce nom, et au rang dynastique des étrangers dans son royaume, tant
qui lui est assigné comme successeur les supplices ou la crainte d'y être ex-
légitime de son père, dans le contrat posé avait diminué la population d'A-
de vente dont le texte est ci-dessus lexandrie. Il ne renonça pas pour cela
rapporté. Son règne ne dura que quel- à ses funestes pratiqués, et la licence
ques mois, et il périt dans l'âge de qu'il tolérait dans les troupes merce-
l'enfance. naires ne fit qu'accroître encore le de-
Son oncle, Évergète II, préludait sordre.
ainsi aux atrocités dans lesquelles il Il moindre dans l'in-
n'avait pas été
sembla toujours se complaire. Bientôt du palais que dans l'intérieur
térieur
après, arrivé à Memphis pour son du royaume; car, épris de ia jeune
inauguration religieuse, la reine v mit Cléopàtre, fille de son frère et de sa
au monde un fils, qui, de cette cir- femme, Évergète avait répudié celle-
constance, rec.ut le nom de Memphite. ci pour épouser l'autre.
Cette naissance et l'inauguration du Cet état de choses dura quinze ans
roi eurent lieu vers In fin de la pre- à compter de la fin du règne de Philo-
mière année de son règne, peut-être métor, comme le rapporte Diodore de
même, et comme pour Rpiphane, le Sicile; mais à cette époque, jugeant
jour anniversaire de celui où il était tout à redouter d'un peuple
qu'il avait
parvenu au trône. que d'atroces injustices avaient poussé
Au milieu des fêtes célébrées à l'oc- à l'insurrection, le roi s'échappa d'A-
casion de la naissance d'un héritier de lexandrie et alla lever des troupesétran-
la couronne royale, le roi fit mettre à sères pour reconquérir son trône. Ceci
mort plusieurs Çyrénéens qui l'avaient se passait en l'an 132 avant lcre vul-
accompagné en Egypte, et qui se ren- gaire.
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ÉGYPTE 441
triompher d'Antiochus Sidétes chez les ranimer l'étude, que les ma heurs pu-
Parthes, et qu'il remontait sur son blics avaient fut négliger. Il appela de
trône après un interrègne de neuf an- nouveau les savants et les artistes à sa
nées, Tan 130. cour, protégea efficacement les insti-
Démet rius n'hésita pas d'embrasser tutions littéraires qui existaient à
la cause de Cléopâtre, et d'ordonner Alexandrie, et, disciple d'Aristarque
l'envoi d'une armée en Énypte; mais legrammairien, il se plaça lui-même
Antioche et plusieurs autres villes de parmi les auteurs de son siècle qui ré-
la Syrie venaient de de déclarer indé- digèrent de longs ouvrages. Il écrivit
pendantes de son autorité, ^'espérant des Commentaires en vingt-quatre li-
plus de secours en Égynte, Cléopâtre vres : la zoologie en fut le sujet spé-
la quitta, emportant de grandes ri- cial , si l'on en juge par les fragments
chesses, et se retira auprès de Démé- qui nous restent, et qui traitent de
trius même. En attendant, Ptolémée, quelques animaux ou curieux ou uti-
qui favorisait la défection des villes les, entre autres des poissons d'une
syriennes, suscitait aussi un compéti- rivière de Libve, du paon, du faisan,
teur a Demétrius; il soutenait de son etc. Ce goût Je Ptolémée pour les re-
crédit et de son armée les fourberies cherches savantes lui fit aussi donner
d'un jeune Égyptien qui se prétendit
, le surnom de Philologue, qu'il mérita
le fils adoptit' d'Antiochus Sidétès, et moins peut-être que celui de Raker-
qui prit le nom d'Alexandre. La haine gète.
que Demétrius avait inspirée à ses su- Ce prince approchait par son âge du
jets par son orgueilleuse domination terme de sa carrière, et la reine voulut
favorisa les prétentions du faux Alexan- prévenir les effets d'une mort inopinée :
dre. Le roi de Syrie se vit bientôt dé- des deux fils qui restaient a Ptolémée,
laissépar sa femme même et ses fils, elle haïssait profondément le premier-
qui se retirèrent à Plolémaïs; il cher- né, celui que l'usage appelait à succé-
clia vainement un asile dans le temple der à son pere. Llle eut assez d'ascen-
d« Tvr, il y fut mit à mort, et Alexan- dant fur le roi pour le déterminer à 1*
442 L'UNIVERS.
pour Plie de Chypre, espé-
faire partir truction. Il appartient au règne des
rant que son éloignement donnerait à Lapides , comme le prouve une double
Alexandre, son second fils, le temps et dédicace d'un travail barbare, sculptée
l'occasion de prendre la couronne lors- intérieurement autour du sanctuaire,
que la lin du règne et de la vie de leur et lesnoms royaux inscrits devant les
père serait arrivée. Klle eut lieu peu personnages figurant dans tous les ta-
de temps après, et dans la 29* année bleaux d'adoration.
du règne d'Évergcte II. « I^a dédicace annonce expressément
Malgré les continuelles agitations in- que le roi Ptolémée Evergète If, et sa
térieures et extérieures dont le règne de sortir la reine ( lêopàtre, ont construit
ce prince fut traversé, il en est peu cet édifice, et l'ont consacré à leur père
dans l'histoire d'Égypte dont il nous le dieu Thôth, ou Hermès Ibiocé-
reste aujourd'hui de'si nombreux et de phale.
si importants monuments, comme si C'est ici le seul des temples encore
«
les honneurs à rendre aux dieux, et l'a- existants en Egypte qui soit spéciale-
grandissement, l'ornement ou l'édifi- ment dédié au dieu protecteur de!»
en Egypte hors de l'influence des plus de tous les arts utiles, en un mot a
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,
EGYPTE. 443
dant des choses sacrées). L'une et dirine mère de ses mères , Bérénice,
l'autre se distinguent par leurs proues déesse créatrice. On peut donc recon-
er
et leurs poupes décorées de têtes d e- naître ici soit Ptolémée Soter 1 , et sa
pervier, surmontées du disque et du femme Bérénice, fille de Magas, soit
er
croissant, à téte symbolique du dieu Ptolémée Évergète I , et Bérénice sa
Chons, le aîné d'Ammon et de
fils femme et sa sœur. L'absence totale du
Mouth, troisième personne de la
la cartouche prénom dans la légende du
triade thébaine, dont le dieu Thôth Ptolémée, objet de cette adoration,
n'est qu'une forme secondaire. autoriserait une ou l'autre de ces
I
• Ici, comme dans la salle précé- hvpothcses. Mais si l'on observe que
dente, on retrouve toujours le roi pto- ces deux époux reçoivent les homma-
lémée Évergète //, faisant des offran- ges d'Évergète II a la suite des hon-
des ou de riches présents aux divinités neurs rendus en premier lieu à Pto-
locales. Mais quatre bas-reliefs de l'in- lémée et à Arsinoé Philadelphes, on
térieur du sanetuaii'e, sculptés deux h se persuadera que le second tableau
gauche et deux à droite de la porte, concerne les enfants et les successeurs
ont fixé plus particulièrement mon at- immédiats de ces Lagides, c'est-à-dire,
tention. Ce ne sont plus des divinités Évergète I rr et Bérénice sa sœur. Le
proprement dites auxquelles s'adres- titrede Pther-mounk, dieu créateur,
sent les dons pieux du Lagide ici: dieu fondateur ou fabricateur, convien-
Évergète II comme le disent textuel-
, drait beaucoup mieux, il est vrai, h
er
lement les inscriptions qui servent de Ptolémée Soter I fondateur de la
,
titre à ces bas-reliefs, brûle Vencens domination des Lagides; mais j'ai la
fi
n l'honneur des pères de ses pères et pleine certitude que ce titre est prodi-
des mères de
ses mères. Le roi accom- gué sur les monuments égyptiens à une
pliten effet diverses cérémonies reli- foule de souverains autres que des
gieuses en présence d'individus des chefs de dynasties.
deux sexes, classés deux par deux, « Deux bas-reliefs, sculptés 5 droite
et revêtus des insignes de certaines de la porte, nous montrent Evergète II
divinités. Les légendes tracées devant rendant de semblables honneurs aux
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444 L'L^
•
images de ses autres ancêtres et prédé- mer ainsi, son propre interprète. Il
cesseurs, et toujours en suivant la suflit , en effet, d'étudier quelques ins-
ligne généalogique descendante : ainsi tants les sculptures qui ornent le sanc-
dans le premier tableau, le roi répand tuaire de rédifiec situé à côte de
des libations devant le divin père de l'enceinte de Médinet-IIal>ou, la seule
son père, Ptolemee, dieu Philopa- portion du monument véritablement
tor, et la d'aine mère de sa mère, terminée, pour se convaincre aussitôt
ARsiNOÉ,</ee.vAePHiLOPAroiiE; enfin, qu'on se trouve dans un temple con-
dans le second tableau , il fait l'offrande sacre au dieu Thôth, construit sous le
du vin à son royal père Ptolemee, règiie d' Évergète II, et de sa sœur et
dieu Épi ph ane, et à la royale mère première femmeCléopàtre, mais dont
Cléopaïre, déesse Épiphane. Son les sculptures ont été terminées posté-
père et son aïeul sont figurés dans le rieurement à l'époque du mariage
costume du dieu Osiris; sa mère et son d'Évergete 11 avec Cléopàtre sa nièce
aïtule dans le costume d'IIathôr. et sa seconde femme, mentionnée dans
Quant aux titres Pliiladelphe, Philo- les légendes royales qui décorent le
pator et Épipliaue, ils sont placés à la plafond du sanctuaire.
suite des cartouches noms propres, et « Le style mou et lourd des bas-re-
exprimes par des hiéroglyphes phoné- lûfs, la grossièreté d'exécution des
tiques (représentant les mots coptes hiéroglyphes, et le peu de soin donné
équivalents). Ces quatre tableaux nous à l'application des couleurs sur les
donnent donc la généalogie complète sculn: ures, s'accordent trop bien avec
d' Évergète II, et l'ordre successii des les dates fournies par les inscriptions
rois de la dynastie des Lagides à partir dédicatoires, pour ne pas reconnaître
de Ptolémée Pliiladelphe. dans le petit temple de Thôth un pro-
« C'est toujours ainsi que les monu- duit de la décadence des arts é^vp-
ments nationaux de l'Égypte servent tiens, devenue si rapide aux dernières
pour le moins de confirmation aux époques de ta domination grecque. »
témoignages historiques puisés dans Les autres constructions du même
les écrits des Grecs; et cela toutes les règne rendent le même témoignage, et
fois qu'ils ne viennent point éelaircir il se vérifiera partout <>ù les traces des
ou coordonner les notions vagues et travaux ordonnés par Évergète II sub-
incohérentes que ce même peuple nous sistent encore : à Kdfou, sur la paroi
a transmises sur l'histoire égyptienne, droite du pronaos qui fut terminé par
surtout en ce qui concerne les an- ce prince; au mammési du même lieu,
ciennes époques L'usage constamment où sont représentées Penfapee et l\du-
suivi par les Égyptiens de couvrir cation du jeune Ilar-Sont-Tho, fils de
toutes les parois de leurs monuments Har-Hat d'Athôr, auquel la flatterie
et
de nombreuses séries de tableaux re- a associé Évergète II , représenté aussi
présentant des scènes religieuses ou comme enfant, et p rtageant les ca-
des événements contemporains, dans resses que les dieux de tous les ordres
lesquels ligure d'habitude le souverain prodiguent au dieu nouveau-né; a Om-
régnant à l'époque même où Ton sculp- bos. dont Évergète II fit agrandir le
tait ces bas-reliefs; cet usage, disons- grand et le petit temple; à Dakkèh en
nous, a tourné bien heureusement au Nubie, où le même roi fit continupr le
profit de l'histoire, puisqu'il a conservé temple de Thôth fonde par le roi éthio-
jusqu'à nos jours un immense trésor pien Lrgamène; a Phila\ au temple
de notions positives qu'on ehercherait d'Hathôr élevé par Ptolémée Épiphane
inutilement ailleurs. On peut dire, en et orné par son second fils, qui,
toute vérité, que, grâce à ces bas- re- toutefois, s'attribue les honneurs (Je
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ÉGYPTE. 445
en de
celui CJéopâtre, répara-
la reine ment que 29 ans ; mais ayant été ap-
tions dont le stvle contraste par leur pelé un moment au trône* lorsque son
grossièreté avec l'élégance du style des irere Philométor fut détrôné par le
autres parties du monument fondé roi de Syrie, ce qui arriva 24 ans
par le Pharaon Thouthmosis I* r Le . avant son propre avènement , Éver-
temple d'Hathôr, situé derrière Tamé- gète II compta les années dej»on règne
nophium de Thèbes, fut aussi l'objet éphémère à la place de Philométor, et
des soins pieux d'Évergète II. Les se donna ainsi 53 années de règne,
inscriptions constatent encore aujour- quoiqu'il n'ait réellement régné que 29
d'hui qu'il en lit terminer une partie ans depuis la mort de son frère Phi-
des décorations, et ces inscriptions lométor, et y compris la courte exis-
s'expriment ainsi o Bonne restaura-
: tence de son neveu Eupator, assassiné
tion de l'édifice, exécutée par le roi par ses ordres. Les médailles de ce roi
germe des d eux lumineux, l'éprouvé connues jusqu'à ce jour, ne portent pas
par Phtha etc. , Ptolémée toujours vi-
, de date postérieure à Tan 27 de son
vant, et par sa royale sœur, la modé- règne. I) autres monuments en langue
ratrice souveraine du inonde, Cléo- grecque se rapportent aussi au règne
pâtre, et par sa royale épouse, la et à ( histoire d'Évergète IL
modératrice souveraine du monde, On lit sur les listes du pronaos du tem-
Cléopdtre, dieux grands chéris d'A- ple d'Hathôr à Phi lac, une inscription
mon-Ra. » Enfin à Medinet-IIabou le qui porte « Le roi Ptolémée et la reine
:
même prince lit restaurer les portes Uéopâtre sa sœur, et la reine Giéopatre
et une portion du plafond de la grande sa femme, dieux Évergètes, à Vénus. »
salle. Une autre inscription grecque était
L'un des plus précieux monuments gravée sur un des temples de Dakkèh
égyptiens qui nous restent du règne en Nubie, annonçant un vœu en l'hon-
de' Ptolemee Évergète II , est , sans neur du roi Ptolémée, et des reines,
contredit, la stèle en granit qui se vraisemblablement , dieux Évergètes.
voit, à côté de la porte, sur le pylône On a trouvé an Caire, sur une pierre
oriental du grand temple de Phila» ; ins- isolée, la mention d'un monument
cription en cara* tères hiéroglyphiques, élevé à Évergète II par un fonction-
qui contient Tarte d'une donation laite naire public du temps, comme Tan-
uu temple , et une date ainsi conçue : nonce le texte de l'inscription ainsi
L'an xxiv, au mois de peritios, qui conçue : « Apojlodore, lils d'Aétès, un
est , pour les Égyptiens , le mois d'epi- des 'premiers amis , éj istate et greffier
phi ; > renseignement d'un bien gfand du corps des cavaliers du pays , honore,
intérêtpour Fa concordance du calen- par ce monument, le roi Ptolemée,
drier macédonien auquel appartient
,
dieu Évergète, fils des dieux Épiphanes.»
le mois de peritios, avec le calendrier L'usage de ces honneurs rendus au roi
égvptien , dont le mois ri'épiphi est le régnant par leurs propres employés ou
onzième. L'inscription de Rosette four- par les corporations civiles et mili-
nit un exemple analogue, et on y trouve taires, paraît avoir été général en
de plus la concordance des jours «les Égypte pendant la domination des rois
deux mois. L'indication de la 24' année grecs. On en tire une preuve nouvelle
du règne d'Évergète 11 fixe la date de de l'inscription grecque découverte
cet acte de donation à Tannée L'3 avant
I près de la première cataracte qui con-
,
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4 ir> L'UNIVERS.
et les Basilistes qui tiennent leurs réu- Ptoîémées en Égypte, sous les rap-
nions à Sétis, Pile de Bacchus, dont ports religieux, civil et militaire,
Jes noms sont inscrits ci -dessous, d*'it Les prêtres égvptiens
v recueillir.
= àChnoubis, appelé aussi Ainmon;à de rfle de Phikn adressent au roi leurs
Satis, appelée aussi Junon; à Anucis, plaintes contre la plupart des fonction-
appelée atfssi Vesta; à Pétempamcntis, naires du pays et les troupes qui s'y
appelé aussi Bacchus; à Pctensetès, rendent , en ces termes « Au roi Pto-
:
nous a été conservé , et il est , sans nul stèle que les prêtres se proposent d'éle-
doute, le plus curieux^ parmi tous ver en l'honneur du roi Ptolémée
les autres, par les faits importants fut en effet exécutée; cette stèle, <ju«
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ÉGYPTE. 447
glvphique, a été trouvée près de l'ins- blir dans ses droits au prix d'une
cription grecque; elle a ainsi mis à la guerre contre sa mère et contre son
disposition de la critique philologique frère.
un second texte hiéroglyphique se rap- Tel est tableau des événe-
le triste
portant à un texte grec, et analogue ments qui suivirent la mort de Ptolé-
en ceci au précieux texte de Rosette, mée Évergète II , et caractérisèrent le
Tun et l'autre contenant des noms règne de ses successeurs immédiats
propres absolument semblables : c'est durant trente-six ans , divisés en trois
ainsi que Champollion le jeune a pu rennes successifs Soter II, Alexan-
:
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448 L'UNIVERS
mourir souleva contre lui le peuple
, Néanmoins , Soter s'était rendu en
d'Alexandrie en lui montrant ses eu- Syrie appelé par les habitants de Pto-
nuques blessés à dessein, et le peuple lémaïs assiégée par Alexandre Jan-
crédule, se portant l'auxiliaire des fu- nœus , roi des Juifs. Josèphe rapporte
reurs de Cléopatre contre Ptolémée que les habitants de cette ville qui ne
Soter, obligea ce roi de chercher son voulaient pas se soumettre à ce roi
salut dans la fuite. Il se retira a Chypre, nouveau venu , ne pouvant pas attendre
d'où Ptolémée Alexandre fut rappelé de secours des deux Antiochus de Sy-
pour s'asseoir sur le trône avec sa rie , occupes à vider leurs propres que-
mère Cléopatre , qui réalisa enfin par relles par les armes, s'adressèrent a
cet attentat l'un de ses vœux les plus Ptolémée Lathurusqui , chassédu trône
chers. Kn même temps, et toujours d'Egypte par sa mère Cleopâtre , était
en haine de ce fils roi , elle sépara en- alors a Chypre.
core Cléopfltre Sélene de Soter son Soter se rendit donc en Syrie avec
mari, quoiqu'elle eût déjà de lui deux trente mille hommes, vers le printemps
enfants mâles, et la donna bientôt de
la 103- année avant 1ère vulgaire.
après à Antiochus Grvpus, le compé- En attendant , les habitants de Pto-
titeur d' Antiochus Cy'zicenus que So- lémaïs , ne doutant pas que Cléopatre
ter protégea t. i d'Égypte ne vint les attaquer parce que
Par cette criminelle intrigue, Soter Soter venait les défendre, hésitèrent à
fut donc chassé du trône, séparé de recevoir les troupes de Ptolémée, re-
Seiène sa femme et de ses deux fils, et fusèrent même son alliance. Mais les
son premier règne finit alors. Sa durée habitants de Gaza la recherchèrent
fut de dix ans entiers. aussitôt , et le roi des Juifs fut con-
L'année suivante commença avec traint d'abandonner son entreprise
l'été de l'an 108" avant l'ère vulgaire. contre cette ville. Il feignit dès lors de
Le second fils de Cléopatre fut alors désirer l'amitié de Ptolémée, tout en
placé sur le trône, et prit le surnom liant de secrètes intelligences avec
d'Alexandre. Les premiers soins de Cleopâtre. Ptolémée , qui crut un mo-
Cléopâ* re furent de poursuivre encore ment à ses trompeuses assurances, les
son autre fils Soter retiré à Chypre, rejeta bientôt après, entra dans la Ju-
sans que cette distance pût le délivrer dée, deux villes que Josèphe
prit
des cruels effets de sa haine; et la nomme Asochis de Galilée et Sempho-
guerre qui se ralluma plus active que ris, délit complètement sur le Jour-
jamais entre les deux Antiochus de Sy- dain l'armée de Jannœus , ravagea la
rie, fournit à cette passion un nouvel Judée et occupa enfin Ptolémaïs et
aliènent. Gaza.
Soter avait constamment secondé Il touchait aux frontières de l'E-
de ses moyens et de ses vœux Antio- gypte Cleopâtre s'en alarma , et en-
:
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EGYPTE. 449
Cyzicenus , leur oncle , la couronne de que , chassé bientôt après , cette proie
Syrie. Ptolémée Soter favorisa le qua- lui avait été inutile.
trième fils de Grvpus, Démétrius Eu- La spoliation du tombeau d'Alexan-
caerus; il l'emmena de Gnide à Da- dre dut avoir lieu dans le court espace
mas, et le proclama aussi roi de de temps pendant lequel Ptolémce ré-
Syrie. gna seul après avoir fait assassiner
*
Le respect que Ptolémée Soter ne Cléopàtre sa mère, et dans la 19 e et
cessa de témoigner à sa mère Cléo- dernière année de son règne.
pàtre, le portait a ne rien entreprendre Car l'attentat d'Alexandre ne resta
contre l'Êgypte, et il restait paisible- pas longtemps impuni. Bientôt après
ment à Chypre pendant que de nou- voyant son crime découvert , Alexan-
velles catastrophes se préparaient sour- dre prit la fuite pour se soustraire
dement à Alexandrie. Le caractère à la fureur du peuple, et aussitôt
entreprenant de Cléopdtre ne promet- les Alexandrins rappelèrent Ptolémée
tait pas une longue durée à son accord Soter.
avec son fils Alexandre, si des guerres Pendant que Soter reprenait le gou-
étrangères cessaient un jour de l'occu- vernement des affaires publiques et ,
per. Déjà la mésintelligence s'était ma- que le peuple témoignait la joie que lui
nifestée entre eux dans le temps que causait son retour en lui donnant le
Soter faisait son expédition de Syrie surnom de Désiré, Alexandre s'était
en faveur de la ville de Ptolémaïs; car réfugié dans l'île de Cos. Peu d'années
Alexandre , croyant avoir tout à redou- auparavant, et lorsque Soter, relégué
ter de l'ambition de sa mère, avait àChypre et faisant son expédition de
quitté Alexandrie et s'était réfugié à Syrie, menaça un moment l'Egypte,
Chypre; mais leur danger commun CÏéopikre avait envoyé dans cette île
les avait alors réunis de nouveau contre la plus grande partie de ses trésors,
Soter, et cela dura autant que ce dan- son testament et la famille d'Alexan-
ger parut imminent. Bientôt après, dre, son (ils. Celui-ci, après sa fuite
Cléopàtre, qui fut surnommée Cocce, d'Alexandrie, s'empara de cette île et
mécontente d'Alexandre, forma le pro- voulut faire servir les richesses qu'il v
jet de s'en défaire; elle pensait à l'exé- trouvait à se replacer sur le trône. \\
cuter, lorsqu' Alexandre lui-même sut tenta un débarquement à Alexandrie,
la prévenir, et la fit mettre à mort, mais il fut repoussé par Tyrrhus qui
dix-huit ans après l'association de Pto- était du sang royal; sur mer, il fut
lémée Alexandre au trône d'Egypte. battu par Clueréas, et il perdit la vie
Par l'assassinat de la reine sa mère, dans ce combat auquel sa famille ne
Alexandre resta seul maître de la cou- survécut pas. Il avait eu' plusieurs en-
ronne d'Égypte. C'est à lui que l'on fants de CléopAtre, fille de son frère
doit attribuer l'enlèvement du cercueil Soter; et un seul , bien jeune encore,
d'or qui renfermait le corps d'Alexan- qui avait été laissé à Cos, resta de
dre le Grand. cette catastrophe.
Strabon a conservé le souvenir de Les Thcbains avaient refusé de re-
cette profanation. Il dit à ce sujet, que connaître de nouveau Soter II, et ils
le corps d'Alexandre, ra\i à Perdiccas se révoltèrent contre lui. Mais Soter
par Ptolémée, fils de Lagusou Soter, qui les fit attaquer parvint à les rame-
qui le lit transporter et inhumer à ner a l'obéissance dans la 3* année de
e
Alexandrie, y était encore deson temps, leur rébellion , la 87 avant l'ère vul-
e
mais non pas dans le même cercueil; gaire, et la 31 de son règne total
que ce cercueil était alors de verre, compté de son- premier avènement.
et que celui dans lequel Soter avait Thèbes fut ravagée et ses monuments
,
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460 L'UN
tout l'empire d'Alexandre. Us occu* Les monuments du règne de Ptolé-
paient une partie de la Cyrénaïque mée Soter II d'Alexandre I* r
, et de
depuis uue Ptolémée Appion", flls il lé-, leur mère Cléopâtre, qui partagea long-
gitiine d'Évergète II , la leur avait lé- temps avec eux l'autorité royale, ne
sont pas fort nombreux. Lès sculp-
Suée par son testament. Les habitants
e cette contrée s'étaient révoltés tures du propylon qui subsiste encore
contre les Romains : Sylla , qui était dans les ruines d'Apollînopolis-Parva
dans la Grèce et qui assiégeait alors représentent les adorations adressées
Athènes prise par Mithridate. chargea au dieu Aroëris par la reine Cléopâtre,
de cette saison; qu'il arriva enfin a qui prend le même surnom. Une ins-
Cyrène, en réorganisa l'administra- cription grecque, tracée sur un des
tion , et que s'étant de là rendu en murs du temple d'Isis à Phila? , rap-
Égypte les pirates inquiétèrent encore pelle un hommage religieux rendu à
sa marche. Parvenu à Alexandrie , il cette déesse par Ptolémée Alexandre.
y fut réçu par Ptolémée d'une manière On lit aussi sur le grand temple d'Om-
très-distinguée. Le roi fit pour lui ce bos et sur le Mammisi du même lieu,
ni n'avait jamais été fait à la cour ou petit temple les noms de Cléopàtrc
,
a 'Alexandrie pour aucun envoyé étran- et de son fils aîné Soter II ; ces mêmes
ger. L'ayant quittée après un court noms subsistent encore parmi les dé-
séjour, Lucullus fut comblé de pré- corations du mur d'enceinte du naos
sents, prmi lesquels se trouvait une du temple d'Edfou ; Alexandre I er y
bague de prix ornée du portrait du roi. est aussi désigné, ainsi que sa femme
Ce voisinage des années romaines Bérénice. Soter II seul est rappelé
devenait de plus en plus funeste à dans les tableaux du temple situé der-
l'Égypte qui n'avait plus à craindre rière l'Aménophium de Tlièbcs; au
que cet ennemi. La Syrie, presque grand pylône de Médinet-Habou la ,
tout l'Orient prenaient une nouvelle porte oont les faces sont couvertes de
face, et la Grèce éprouvait déjà les bas-reliefs religieux, représente des
terribles effets des armées romaines. sacrifices aux sept grandes divinités
Elle avait eu avec les rois d'Egypte élémentaires et aux dieux des nomes
des relations dont elle consacra plu- thébain et hermonthite c'est Soter II :
sieurs fois le souvenir par des monu- qui préside à ces sacrifices , et qui éleva
ments publics : Athènes en particulier ce majestueux édifice, mais avec les
orna l'entrée du théâtre, ou l'Qdéon, débris d'édifiées pharaoniques ravagés ,
des statues des Ptolémées; et cette par la fureur des Perses. Une inscrip-
ville, reconnaissante des bienfaits nom- tion , sculptée sur une partie du même
breux qu'elle avait reçus de Soter II, édifice, s'exprimait en ces termes:
lui érigea une statue en bronze, et « Cette belle réparation a été faite par
Elle arriva après que Soter eut régné vant le dieu aimé d'Isis , le dieu sau-
,
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ÉGYPTE. 4ôi
eu n des titres que consacrait l'ancien ne du jeune prince, avait accumulées dans
religion de lÉgypte : la décadence de cette île. Peu de temps après, Sylla
l'esprit national les prodiguait sans ayant reçu du sénat le gouvernement
réserve à des rois de race étrangère. de l'Asie . se trouva cliargé de la guerre
Le nom de la reine Bérénice, femme contre Mithridate qui la ravageait. Il
de Ptolémée Alexandre I ,r , s'est con- s'y rendit, et le jeune Alexandre fuyant
servé sur les bas -reliefs du temple Mithridate chercha dans le chef ro-
d'Edfou, auprès de celui du roi son main un nouveau protecteur : Sylla
mari ; et il n'est pas rare de reconnaître s'empressa de l'accueillir , et il l'avait
auprès des cartouches de ces quatre emmené à Rome après la lin de la
personnages les signes phonétiques hié- Suerre. Des qu'il y apprit que la mort
roglyphiques, exprimant le mot égyp- e Soter II laissait la couronne d'É-
tien* Trnaumai , traduction exacte du gypte à une femme , il protégea ou-
surnom de Philométors que portèrent vertement le jeune Alexandre et entre-
les trois successeurs d* Ê vergeté II, sa- prit de le placer sur le troue. Alexandre
voir : sa -veuve Cléopâtre Coece, et ses se rendit en Égypte , et , pour prévenir
deux tils Soter II et Alexandre P r . les dissensions que sa présence et ses
Leurs dissensions et leurs crimes rem- projets pouvaient faire naître , il épousa
plirent l'Égvpte de troubles et de ca- Bérénice et fut ainsi associé à la sou-
lamités; l'autorité royale s'affaiblis- veraine puissance; mais bientôt, pressé
sait l'antique et puissant empire des
; d'eu jouir seul , il assassina Bérénice à
Pharaons périssait par l'effet des plus laquelle il devait la couronne, dix-neuf
misérables désordres suscités par les jours seulement après être devenu
plus misérables passions. époux et roi.
A la mort de Soter II, toute la fa- Le règne d'Alexandre II dans l'état
,
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452 L'Oisive ns.
de ce titre imposant, il se retira à la Sorer II , qui demandaient le trône
campagne et qu'il y mourut dans les d'Egypte; Ptolémée Denvs ou Aulétes
premiers temps de ses successeurs y allait aussi pour se faire reconnaître
M. iEmilius Lepidus et Q. Lotatius roi par le sénat romain ; enfin , on fai-
Catulus , élus au mois de janvier de sait au sénat la proposition de se pré-
Tan 78 avant l'ère vulgaire. Dans valoir du testament d'Alexandre II. le
l'année même du second consulat de prince qui lui succédait n'étant pas
Sylla , Ptolémée Alexandre avait ob- fils légitime de l'un de ses rois, ce
tenu à Rome les titres d'ami et d'al- qui ne peut s'enlendre que de Pto-
lié du peuple romain, qui le proté- lémée Denys succédant à Alexandre;
geaient en Egypte. enfin , le se'nal refusait de donner suite
Mais la mort du dictateur encoura- à ce testament quant à l'Egypte , afin
gea en quelque sorte la résistance des de s'épargner le reproche qu'on pour-
Alexandrins aux volonlés du roi qu'ils rait lui faire de convoiter tous les
refusaient de reconnaître, même de royaumes , ceux de Cyrène et de Bi-
respecter , quoiqu'il ne négligeât aucun thynie venant d'être reunis à l'empire.
moyen de se rendre agréable à son Mais les Alexandrins avaient reconnu
peuple: il célébraitv avec une grande pour leur roi Ptolémée surnommé De-
magnificence toutes les fêtes dès long- nvs ou Bacchus, enfant illégitime de
temps consacrées par la religion des Soter IL
Égyptiens , et de préférence peut-être Le peirple romain était devenu l'ar-
à celles du culte macédonien. bitre suprême des dissensions des rois
Mais ces soins religieux ne faisaient et c'est devant lui que les fils de Sélène
pas oublier aux Égyptiens le meurtre allèrent plaider eux-mêmes leur propre
de la reine. Il paraît même ijue ce cause ; mais le roi élu par les Alexan-
crime ne fut pas le seul que l'on put drins y fit aussi défendre la sienne.
justement reprocher à Alexandre. his- V Dans le quatrième discours contre
toire l'a peint comme cruel , et a ex- Verrès , Cicéron indique le voyage des
liqué par la férocité de son caractère princes syriens à Rome comme un fait
'insurrection du peuple et de l'armée, récent. Ils y passèrent près de deux
ui le chassa du trône et d'Alexandrie. années, et l'un d'eux, en retournant
Il se réfugia par mer à Tyr, et il pen- en Syrie, voulut voir la Sicile où il
sait à réclamer du sénat de Rome les trouva le prêteur C. Verrès qui lui ex-
secours que le titre d'allié lui permet- torqua , par la ruse et la violence, entre
tait d'espérer, lorsque, surpris par autres meubles précieux, un candé-
une grave maladie, et n'ayant point labre enrichi de pierreries.
de successeur direct, il mourut après Le sénat n'accueillit pas la réclama-
un règne de 8 années complètes, et tion des princes de Syrie ; il ne le put
légua par un testament le royaume pas, et Cicéron dit aussi que ce fut à
d'Egypte au peuple romain. Cicéron, cause des circonstances où se trouvait
dans son discours sur la loi agraire, alors la république : vraisemblable-
contre Servilius Rullus, rappelle à ce ment la guerre contre Mithridate,
sujet qu'il est assez public qu'Alexan- contre Sertorius , et celle des esclaves
dre fit un testament en faveur du qui troublaient l'Italie.
pie romain , et que le sénat donna Ptolémée Denvs, appelé au trône
ru cet acte quelque sorte d'autorité, par les Alexandrins, et ne pouvant
lorsqu'après la mort de ce roi , il en- ignorer les tentatives des princes de
voya plusieurs personnes à Tyr avec Syrie à Rome , y faisait aussi solliciter
la mission d'y recueillir l'argent qu'A- pour être reconnu par le sénat; mais
lexandre y avait déposé. il ne l'était pas encore à l'époque
Vers ce même temps arrivaient à même où Cicéron accusait Verrès, l'an
Rome deux princes syriens, fils de 7 1 avant l'ère chrétienne.
Çléopôtre Séfène, fille de Ptolémée D'ailleurs, entre la demande des
Évergète II, et femme de Ptolémée princes syriens et celle de Ptolémée
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EGYPTE. 458
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454 L'UNIVERS.
Dans le même temps, Pompée com- fuicner, aprcsavoir lau exuer uceron,
mandait en Asie, et après avoir défait
,
fit porter la loi qui réunissait l'île de
complètement Mithridate, il se rendit Chypre à l'empire romain. Oluî qui
en Syrie et marcha sur Jérusalem, la gouvernait, Ptolémée, frère du roi
dont il s'empara. Pompée attaqua en- d'Egypte, tenta sans succès de résis-
suite et prit aussi quelques autres villes ter à cette invasion ; obligé de céder
de la Syrie, et toucha pour ainsi dire à la puissance de Rome, tl ne voulut
aux frontières de l'Égvpte, dont le roi pas survivre à la perte de son apanage,
lui envova plusieurs députés chargés et il se donna la mort. La même loi
de lui offrir des présents et des se- par laquelle Rome s'emparait de l'île
cours, beaucoup d'argent, et ce qui de Chypre en donna l'administration
était nécessaire pour habiller son ar- à Caton. Il fut chargé en même temps
mée. de ramener les exilés de Rvzance.
Pompée s'abstint toutefois d'entrer Mais, peu empressé de remplir l'im-
en Égypte; il résista même aux solli- portante mission qui lui était malgré
citations du roi, qui réclamait son as- lui déférée , Caton envoya d'abord Ca-
sistance contre les insurrections aux- nidius à Chypre, charge de déterminer
quelles son royaume était en proie; car Ptolémée à céder l'île sans combat, de
les germes dé la rébellion existaient lui persuader qu'il pouvait y consentir
toujours, et le peuple, qui avait plu- sans ignominie, lui promettant de lui
sieurs fois témoigné son mécontente- faire conférer par le peuple le titre de
ment au sujet des taxes extraordinaires prêtre de la déesse à Paphos. Caton se
que le roi employait à payer ses défen- rendit ensuite à Rhodes , et y attendit
seurs et ses agents à Rome, était resté l'issuede la négociation de Canidius.
constant dans sa haine et dans son Ptolémée Denys l'y trouva encore
opposition. On doit remarquer aussi lorsque, ayant quitté Alexandrie, il se
que les discussions hostiles qui avaient décida à se rendre à Rome; car les
heu dans le sénat à Rome et qui cha-
, Alexandrins, fatigués de ses exactions
que jour menaçaient de nouveau in- l qu'il employait à payer un créiiit illu-
dépendance de l'Egypte, ne contri- soire qui n'avait pu prévenir l'envahis-
buaient pas peu snnsdogte à maintenir sement de Chypre depuis longtemps
cet état si déplorable , et ordinairement l'un des apanages des princes de la fa-
si fécond en malheurs pour les princes mille royale, firent éclater leur mécon-
et pour les peuples. tentement ; et le ne pouvant les con-
roi ,
Diodore de Sicile visita l'Egypte dans tenir par la force, voulut se soustraire
ces mêmes temps, et, quoiqu'il ne par la fuite aux effets redoutables de
parle pas des troubles qui l'agitaient cette insu rrection 1 partit pour Rome
. 1
alors, ils n'en sont pas moins certains, se plaignit de l'insulte qu'il avait re-
{misque bientôt après le roi en éprouva çue , et demanda que le consul Spin-
es cruels effets. ther frit chargé de le ramener dans ses
Il faisait solliciter depuis longtemps États. Ptolémée comptait alors la 16*
à prix d'argent, les titres d'ami et allié année de son règne.
du peuple romain, et par tous les Il sollicita longtemps à Rome ceux
moyens qui pouvaient le conduire à les qu'il considérait comme ses amis, par-
obtenir, espérant les opposer avec fruit ticulièrement César et Pompée. Il ré-
à la malveillance de ses sujets. pandait aussi beaucoup d'argent; il en
Le consulat de Jules César lut fut empruntait de tous ceux qui voulaient
très -favorable. Ses deux envoyés, se confier à ses espérances , entre au-
Dioscoride et Sérapion , réussirent au- tres de C. Rabirius Posthumus , dont
près du consul. \je roi d'Egypte fut Cicéron voulut plus tard faire recon-
enfin honoré par le peuple romain de naître la créance.
ce titre d'allié qui lui fut conféré par Pendant que Ptolémée cherchait des
une loi et par un sénatus-consulte. Erotecteurs, les Alexandrins, ignorant
Dans l'année suivante , P. Clodius t parti qu'il ai ait pris et le croyant
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EGYPTE. 455
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456 L'UMVERS
de Ptolémée sans pour cela offenser convient de faire. Notre avis serait
l'oracle , comme si dans les choses
, cependant que s'il vous parait que
divines ainsi que trop souvent peut-
, vous pouvez facilement occuper ce
être dans les intérêts humains, la royaume, il ne faut pas hésiter : s'il y
bonté de la forme pouvait sauver l'im- a le moindre doute , il ne faut pas l'en-
moralité du fond aussi , et par suite
: treprendre. »
du même système d'interprétations, Quelque incertaine que fût à cet
lorsque Gabinius, qui replaça Ptolé- égard la volonté du sénat , quelque po
mée sur le tronc de vive force et après sitive qu'eût été sa décision pour qu'il
avoir livré bataille aux Égyptiens , fut n'y fût point employé de troupes,
accusé de sacrilège devant le peuple Pompée, alors consul', n'hésita pas de
romain , Pompée , César et leurs affi- prendre sur lui d'en décider autre-
dés voulurent-ils faire décider que la ment. Il engagea le roi à partir et à
Sibylle avait entendu parler pour d'au- se rendre auprès de Gabinius , com-
tres temps et d'un autre roi que do mandant en Syrie : en même temps il
Ptolémée Denys. écrivit à celui "ci de ramener le roi sur
Cicéron mettait un intérêt particu- le trône à la tête de son armée , et de
lier à ce que la mission de réintégrer ne s'arrêter ni aux ordres du sénat ni
Ptolémée Denys fût confiée à Cornélius aux défenses de la Sibylle. Ptoléinée
Spinther. Il prononça pour ce roi un lit distribuer beaucoup d'argent aux
discours qui ne nous est point par- soldats , en promit encore davantage
venu , et qui dut contribuer au succès paya la coopération de Gabinius, et
de la cause qu'il défendait. Le sénat l'expédition fut entreprise. Gabinius
enfin prit une de ces résolutions si confia la Syrie à l'inexpérience de son
communes dans les discussions où des fils jeune encore, et partit avec son
partis opposés, mais également puis- armée. 11 arriva devant Péluse dont
sants , s'attaquent et se défendent avec les Juifs lui facilitèrent l'occupation ;
une pareille activité il consentit que
: et, secondé par le courage d'Antoine
Ptolémée fut replacé sur son trône; qui commandait la cavalerie, par sa
et après avoir exprimé cette seule vo-
,
modération même, car Antoine s'op-
lonté, il s'en remit au proconsul de posa aux vengeances de Ptolémée ren-
Cilicie pour son exécution, sans lui en tré à Péluse, Gabinius fut simultané-
prescrire aucunement le mode. Ainsi ment le maître de l' Egypte par terre
le sénat, qui ne disait pas d'y employer et par mer, avant, pendant que sa
l'armée, ne devenait pas sacrilège si flotte côtoyait le Nil et en maîtrisait
Lentulus Spinther s'en servait : il les embouchures, mis en fuite l'armée
s'abstint même de rendre un sénatus- égyptienne qui s'opposait à sa marche.
consulte, et se contenta de faire con- Archélaùs, le mari de Bérénice qui
naître son avis à Lentulus par une avait été placée sur le trône depuis le
simple lettre. Cioéron écrivit aussi au départ de Ptolémée, fut tué dans ce
proconsul ; il lui conseille de conduire combat ; et le roi signala sa réintégra-
d'abord le roi à Ptolémaïs ou dans quel- tion en faisant mourir sa fille qui avait
que autre lieu voisin, de se rendre en- usurpé la couronne et les plus riches
,
suite avec sa Hotte et l'armée à Alexan- des partisans qui l'avaient secondée,
drie, et, après y avoir ramené l'ordre afin de payer les siens aux dépens de
et placé une garnison , d'y rappeler le leur fortune. Ceci se passait l'an 55
roi : « Ce sera donc vous, ajoute-t-il avant l'ère vulgaire , et la 19 e du règne
Fui rétablirez le roi , ainsi que le sénat de Ptolémée Denys, qui fut ainsi éloi-
a d'abord voulu ; et comme il arri- gné du trône pendant plus de deux ans
vera sans troupes , les religieux obser- entiers.
vateurs des ordres de la Sibylle seront L'histoire n'a conservé le souvenir
satisfaits Votre voisinage de l'E- d'aucun événement remarquable qui
gypte vous permet d'ailleurs bien appartienne au reste du règne de Pto-
mieux qu'à nous de juger de ce qu'il lémée Denys trop lent pour rien en-
:
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EGYPTE.
treprendre au dehors, son caractère Rome hâtèrent à Penvi l'époque de son
sombre que Ton avait
et l'expérience asservissement.
faîte de son gouvernement, ne per- Ptolémée Denys , qui avait vu sa fin
mettaient d'espérer de lui aucune ac- s'approcher, imita l'exemple de quel-
tion digne de louange ; il se vengea de ques-uns de ses prédécesseurs, et fit
ceux qui avaient abandonné son parti un testament par lequel il régla pour
sans récompenser ceux qui lui étaient ses enfants l'ordre de la succession au
restés fidèles; il ne reconnut même trône. Il en laissait quatre de vivants,
pas les services qu'il avait reçus , et deux filles , Cléopatre et Arsinoé , et
l'oublide la justice jusqu'à re- deux fils , tous deux plus jeunes qu'elles.
à C. Rabirius le pavement des L'aîné de ceux-ci et Cleopâtre la plus
sommes considérables qu'il lui avait Agée des deux filles, furent institués
empruntées pendant son exil. Gabi- héritiers de la couronne , et les deux
rtius, qui l'avait replacé sur le trône, autres h leur défaut. L'exécution de
n'était pas plus heureux : traduit deux ces volontés royales était recomman-
fois devant les tribunaux suprêmes dée à la foi et a l'amitié du peuple ro-
pour avoir outrepassé les ordres du main. On les respecta d'abord ; mais
sénat, il fut acquitté d'abord et puis des dissensions domestiques les firent
condamné à l'exil on ne se souvenait
: bientôt oublier, et les vingt-deux an-
de Ptolémée que par le malheur de nées pendant lesquelles l'empire égyp-
Tavoir connu. tien subsista encore, furent partagées
Il mourut années après son ré-
trois en plusieurs règnes successifs.
tablissement sur trône, et la îit 1 de
le '
Le fils aîné du roi mort et sa fille
son règne compté depuis la fin du aînée Cléopâtre montèrent paisible-
règne d'Alexandre II. Son nom ne sub- ment sur le trône. L'usage voulait que
siste sur aucun monument du stvle la minorité du jeune roi fût confiée
égyptien; maisdes inscriptionsgrecqùes aux soins d'un tuteur, et l'eunuque
le rappellent, et nous font connaître Pothinus fut choisi. Mais Cléopâtre,
qu'avec le surnom de nouveau Denys, qui avait sur son frère l'avantage d'être
ce roi porta aussi ceux de Philopator majeure , devait exercer dans l'admi-
et de Philadelphe. nistration de l'État une influence que
Ceci est prouvé par l'inscription son caractère , au défaut d'autre pré-
grecque que j'ai publiée en 1819, et texte, rendait inévitable. Elle prit le
qui s'exprime ainsi : « Au nom du roi titre de reine aussitôt après la mort
Ptolémee, dieu, nouveau Bacchus, de son père ; et , comme sur ce trône
Phiiopator et Philadelphe, et de ses où elle résista pendant vingt-deux an-
enfants, l'hommage religieux à notre nées à tant de catastrophes, elle ne vit
maîtresse Isis et aux dieux adorés que passagèrement s'asseoir avec elle
dans le même temple , a fait Théodote, le premier-né de ses frères et ensuite le
(ils d'Agésiphon , achéen de la ville de second ; comme elle sauva ce trône de
Patraî. » Cette inscription se lit, écrite l'ambition de César, qu'elle le fit res-
à l'encre rouge , sur le socle en granit pecter par Antoine, et du moins ne
de l'un des deux obélisques de Philac, survécut pas à sa perte sous Auguste,
et sur le propylon du temple d'Isis du c'est à elle seule que l'histoire donne
même lieu ; lé même roi et le même les vingt-deux dernières années des
hommage déesse sont rappelés
a la Lagides, ne nommant en quelque
dans deux autres épigraphes tracées sorte les deux rois ses frères que pour
sur le même temple. Il y a loin de ces nous apprendre que, même étant rois,
mesquins actes d'adoration aux grandes ils moururent sans régner.
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458 L'UNIVERS.
Rome même. César et Pompée avaient du mont Casius , au jour même où il
Crès de Ptolémée les secours auxquels pareil de la force « les Égyptiens pro-
li donnait tant d eilroi ts l'active protec- mirent de se soumettre si César lais-
tionqu'il avait accordée au père du jeune sait au jeune Ptolémée la liberté de se
roi, ramené par lui sur son trône. réunir a eux. César ne s'y opposa pas,
Pompée arriva sur les côtes d'Éeypte, et Ptolémée ne le quitta , malgré ses
et se fit annoncer au roi qui reçut très- promesses, que pour exciter davan-
bien ses envoyés. Il les chargea de con- tage le parti des tuteurs à la résistance.
duire auprès de lui des personnes qui Sur ces entrefaites, Mithridate de Per-
n'hésitèrent pas à tremper leurs mains game arriva de la Syrie où il avait levé
dans le sang de ce grand homme elles : un grand nombre de soldats , attaqua
l'égorgèrent dans la barque même qui et prit Péluse, et, pendant que le roi
devait le conduire sur une terre hos- se hâtait de s'opposer à sa marche sur
{ritalière. Pompée n'eut pas la conso- Alexandrie, César partait de cette ville
ation de la toucher, et il mourut sous pour la faciliter, line grande action se
les coups de ces traîtres a la hauteur trouva engagée entre les doux partis
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EGYPTE. 459
ennemis ; les armées égyptiennes furent vincible ambition de Cléopâtre qui s'en
mises en fuite, et le jeune roi lui-même débarrassa par de criminelles menées,
périt dans ie Nil. dans la 8* année de son règne.
Ces événements retinrent César en Maîtresse alors du trône, sans par-
Éirypte pendant neuf mois ; ils étaient tage et sans opposition , Cléopâtre
accomplis au mois de mars de l'an -48 voyait ainsi s'accomplir ses vœux les
avant 1ère vulgaire. Alors mourut, plus ardents. Ce succès lui coûta des
après un règne de moins de quatre an- fautes et peut-être des crimes; mais
nées , le jeune Ptolémée oui porta seule enfin, et comme si son caractère
comme son père le surnom de Denys. avait dû sulfire aux grands événements
Après sa mort, son frère fut mis qui se préparaient, elle ne fut pas ef-
sur le trône par l'ordre de César. On frayée de son isolement. Ce fut comme
raconte en effet que Jules César, maître femme et non comme reine qu'elle es-
d'Alexandrie et de l'Egypte , au lieu de péra résister à la puissance de Rome,
s'en emparer au nom du peuple ro- et Ton peut dire que la monarchie
main , s empressa d'exécuter le testa- égyptienne n'aurait pas péri , si cette
ment du roi , père de CléopiUre qu'il, monarchie avait pu être sauvée par un
appela Ptolémée le jeune , l'unit à cette grand roi. Cléopâtre avait un fils qu'elle
reine et les plaon sur le trône pour ré- aimait et pour lui et pour son père.
gner ensemble/ Bientôt après il quitta Il porta , jeune encore, le titre de roi
l'Égvpte, n'emmenant avec lui qu'une des rois; cependant il ne régna jamais
seule légion , et y laissant ie reste de et mourut sans honneurs.
son armée en garnison. L'Egypte n'était plus qu'un camp
Quoique son frère et son mari romain les légions y étaient comme
:
disent les auteurs anciens, dut parta- en pleine campagne , et servaient suc-
ger le pouvoir royal , Cléopâtre, néan- cessivement aux entreprises dont les
moins, forte de la protection de Jules dissensions civiles portaient le théâtre
César, gouvernait par elle seule. Peu en Syrie ou dans d'autres contrées
de temps après son second mariage voisines de l'Egypte. Octave , Antoine
elle mit au monde un (ils qui fut nomme et Lénide se réunirent pour convenir
Césarion , comme pour perpétuer le du mémorable triumvirat que Publius
scandale de son origine. Il est vrai que Titius leur fit conférer par une loi. lis
les honneurs que César rendait à Cléo- se partagèrent le gouvernement de
pâtre , même a Rome , devaient natu- toutes les provinces , à l'exception de
rellement exciter de plus en plus son celles que Brutuset Cassius occupaient
orgueil et la rendre fiere de ses torts. encore, et qu'ils défendaient par la
César, en effet, l'associait en quelque force des armes contre les triumvirs
sorte au cuite de la divinité; et lors-
, même qui les firent attaquer. Dola-
qu'au jour de ses quatre triomphes, bella, attaché au parti d'Antoine, char-
Cléopâtre étant alors à Rome avec le gea Albienus de prendre en Égyute les
jeune Ptolémée son mari , César con- légions que Jules César y avait laissées,
sacra un temple à Vénus génératrice et de se rendre de là én Syrie; mais
il fit placer une statue de Cléopâtre à Gissius l'y surprit et le força de se reu-
côté de celle de la déesse ( Tan 47 ). nir à lui. Dolabella s'avançait vers
Dans la mène année de son règne l'Ionie, poussant vers l'Orient. Cassius
Cléopâtre faisait frapper des monnaies voulut, mais sans succès, s'opposer à
qui portaient son image, son nom et sa marche; il fut battu sur les côtes
le chiffre 6 qui en marquait l'époque; de Syrie et, pour réparer ses pertes,
,
mais rien n'v rappelle le roi qui parta- il exigea de nouveaux secours des îles,
geait le trône avec elle: peut-être des pavs voisins, et même de Cléo-
n'était-il pas encore majeur ni cou- pâtre. Cette reine favorisait Dolabella
ronné; du moins l'histoire nous le comme ancien ami de Jules César;
laisse ignorer. Elle nous apprend que elle avait une flotte nombreuse prête
ce jeune prince mourut victime de l'in- à partir pour le seconder : elle s'ex-
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400 L'UMVERS
cusa donc de son refus auprès deCas- donna moins d'attention à la défense
sius sur les calamités qui ravageaient de la reine qu'aux charmes dont elle
l'Égypte, alors en proie à la pesle et
1 était douée ; et , cédant à leur puis-
à la famine. Cassius agréa ces motifs, sance, il ne put résister à aucune de
et , plus heureux dans un second com- ses volontés. Elle partit triomphante;
bat qu'il ne l'avait été dans le premier et aussitôt Antoine, après avoir en-
il battit Do'.abclla sur mer, prit ses voyé un corps de cavalerie sur Pal-
légions et la ville de Laodieée où il mvre, distribua le rpste de* l'armée
s'était établi. Cassius se disposait même dans les quartiers, laissa le comman-
à marcher sur l'Egypte, lorsqu'il fut dement de l'Asie à Plancus, celui de
instruit que Octave et Antoine, avec la Syrie à Saxa, et se rendit lui-même
une flotte considérable, s'avançaient en Egypte pour v passer l'hiver f l'an
eontre lui. Il dut préférer de se rendre 41).
en Macédoine pour combiner avec Bru- Pendant qu'Antoine oubliait auprès
tus l'emploi de leurs communs efforts, de Cléopâtre et Rome et l'Italie , Ful-
rendus nécessaires par leurs périls com- vie sa femme crut voir dans le renou-
muns. En attendant, Cléopâtre en- vellement des dissensions civiles un
voyait sa flotte pour seconder Antoine moven assuré de le ramener auprès
et Octave; Cassius qui l'apprit à d'elle.
Rhodes plaçait Murcus en station à la Antoine avait reçu en tfgypte les en-
hauteur du' promontoire de Ténare; voyés des colonies et il les avait rete-
*,
mais cette précaution fut inutile , une nus auprès de lui soit à cause de l'hiver,
tempête ayant dispersé et presque en- soit afin que ses desseins fussent plus
lièrement détruit la Hotte de Cléo- ignorés. Dès les premiers jours du
pâtre. Après diverses expéditions par- printemps il quitta l'Égypte , se rendit
tielles, les troupes des deux partis se a Tvr, ensuite à Athènes où il rencon-
réunirent dans les plaines de Philippes tra Fulvie qu'il n'hésita pas à blâmer,
où se livra la bataille qui assura la vic- ainsi que son frère Lucius , et Manius
toire au triumvirat et décida du sort surtout; il laissa Fulvie malade à Si-
de la république. Cela arriva pendant cyone ^ et , après sa mort survenue
le consulat de L. Munatius Plancus et peu de mois après, il épousa Octavie,
M. .Emiiius Lepidus II, l'an 42 avant sœur d'Octave , et ce mariage termina
e
l'ère vulgaire, dans la II année du leurs dissensions. Après ces événe-
règne de Cléopâtre. ments, Antoine distribua ses légions
En même temps, les triumvirs, re- en Illvrie, en Épire, en Afrique, et
connaissants des secours que Cléopâtre passa l'hiver à Athènes avec Octavie,
avait donnés à Dolabelia contre Cas- sa nouvelle épouse. Ce fut celui de
sius, consentirent que son jeune fils, l'an 40 avant l'ère vulgaire.
Ptolémée Césarion , portât le titre de L'histoire n'a conservé le souvenir
roi d'Egypte. d'aucun événement relatif à l'Egypte
Après la victoire de Philippes et la pendant cette première absence d'An-
mort de Brutus , Octave retourna en toine, si ce irest l'arrivée auprès de
Italie; Antoine se rendit en Asie, resta Cléopâtre de Hérode, fils d'Antipater,
quelque temps à Éphèse passa de là
, qui se rendit à Rome et fut reconnu
en Phrygie, en Cappadoce, et s'arrêta roi des Juifs par les soins et sous la
dans la Cilicie. protection d'Antoine.
Cléopâtre s'y rendit pour répondre La paix entre Octave, Sext. Pompée
aux accusations dont elle était le sujet. et Antoine, n'avait duré que peu de
Elle rappela au triumvir ce qu'elle avait temps dès la fin de l'hiver Antoine
:
fait pour Dolabelia, ce qu'elle avait se rendit à Tarente pour seconder Oc-
refusé aux ordres de Cassius qui le com- tave qui ne s'y trouva pas, et qui,
battait; elle parla aussi de la flotte ayant continué seul la guerre assez
qu'elle avait envoyée à Octave malgré malheureusement, fut obligé de solli-
la station de Murcus : mais Antoine citerde nouveau le concours d'A ntoine.
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EGYPTE. 401
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469 L'UNIVERS.
pouvait se résoudre â la quitter; et, la guerre tout le temps que les jeux ti
•'il fut contraint d'entreprendre de les fêtes lui laissaient de libre. Enfin,
nouvelles campagnes, il obtenait d'être déguisant moins ses vues hostiles à
accompagné par la reine , de sorte que l'égard d'Octave et de tout ce qui lui
l'appareil et le luxe qui y présidaient appartenait, il envoya quelqu'un a Rome
en Taisaient plutôt des voyages d'agré- cliargé de faire sortir de sa maison sa
ment que des expéditions militaires. femme et ses enfants.
Livre a toutes les jouissances des Antoine fit demander aussi que le
cours dans une contrée où l'Afrique et sénat voulut confirmer tout ce qu'il
l'Asie étalaient alors toutes leurs sé- avait fait en Egypte; il espérait y réus-
ductions , Antoine ne se souvenait plus sir au moyen dé ses intimes relations
de Rome qui , pour lui était toute dans
, avec Cn.'Domitius Ahenobarbus et
Alexandrie. Mais sa femme Octavie C. Sossius qui lui étaient très-dévoués
délaissée et vivant , depuis son second et qui parvinrent au consulat des le
retour d'Athènes, dans une profonde mois de janvier suivant (l'an 32).
retraite , ne cessait toutefois d'accueil- Dès commencement de ce mois
le
lir avec distinction et de seconder de Sossius engagea publiquement cette
son crédit auprès d'Octave ceux qui mémorable discussion en demandant
de l'Egypte, venaient a Rome pour un édit contre Octave ; mais Octave se
les affaires publiques ou pour, leurs défendit devant le sénat , accusa hau-
intérêts privés; elle résista même a de tement Sossius et Antoine, et assigna
secrètes insinuations d'Octave , re- un jour pour soutenir devant eux ses
{>oussant avec une vertueuse fermeté accusations. Effravés par ce premier
'idée de consentir que , pour les inté- résultat , les consuls avec plusieurs sé-
rêts d'une femme , les Romains tour- nateurs sortirent secrètement de Rome
nassent encore leurs armes contre des et se rendirent auprès d'Antoine. Oc-
Romains. tave continua de l'accuser devant le
Octave cherchait des prétextes pour sénat et devant le peuple; il parvint
accuser Antoine; son ambition souf- même à le rendre odieux en iur suppo-
fraitde l'existence de cet heureux com- sant le projet de transférer le siège de.
pétiteur. Antoine le savait il se défen-
, l'empire romain en Éiiypte, et à le
dait par ses lettres ou par ses amis. faire priver du consulat pour lequel il
Un certain temps se passa dans ces était designé pour la troisième fois.
réciproques explications , souvent por- Enfin, sans faire proclamer Antoine
tées devant le sénat même, mais sans l'ennemi du nom romain , Octave réus-
espoir d'accommodement, car Octave sit à faire déclarer la guerre à Cleo-
et Antoine prévovant également une pâtre, bien certain par là d'obliger
guerre prochaine* s'y préparaient en Antoine à la quitter ou à combattre
secret. pour elle contre Rome qui ne décidait
Pour la faire avec plus de succès, rien contre lui.
Antoine quitta l'Egypte , se rendit dans On fit toutes les cérémonies reli-
l'Asie Mineure, et ue là en Grèce. Il gieuses usitées dans ces circonstances;
s'arrêta d'al>ord à fcphèse et vint en- Octave lui-même remplit les fonctions
suite à Samos qu'il indiqua pour ren- de (lamine fécial; on leva beaucoup
dez 7 vous de guerre à tous bps allies. d'argent et beaucoup d'hommes. Tous
Il
y appela aussi des musiciens et des les alliés, toutes les provinces, l'Italie,
histrions , y passa quelque temps dans la Gaule, l'Espagne, l'Afrique, la Sar-
les plaisirs , et arriva enfin à Athènes daigne, la Sicile, durent fournir leur
où il prit part, avec Cléopâtte qui ne contingent au parti d'Octave, tandis
l'avait pas quitté, à tous les jeux olym- que celui d'Antoine était défendu par
piques célébrés cette même année , la I Asie, la Thrace, la Macédoine, la
SS^ avant l'ère vulgaire. Grèce entière, Cvrène et l'Égvpte, les
Antoine , comblé d'honneurs par les îles voisines, les princes et les rois
Athéniens, donnait aux préparatifs de qui en Orient , étaient aussi les alliés
,
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ÉGYPTE.
des Romains : il en chercha pour lui j chants de victoire. Antoine fit donner
avec de l'argent, jusque dans l'Italie. à Pinarius Scarpus, commandant l'ar-
Ce» immenses préparatifs occupaient mée d'Afrique, des ordres que ce chef
entièrement les deux chefs et ceux qui refusa d'exécuter , et ce contre-temps
s'étaient associés à leur fortune. An- l'engagea de se rendre en Égvpte ou,
toine , qui avait emmené les flottes et de concert avec Cléopâtre, il fit de
tes légions de l'Orient, qui disposait nouveaux préparatifs de guerre sur
des trésors et des soldats de Cléopâtre terre et sur mer, sollicitant encore une
et t prêt à commencer la guerre, ta nd is
.j î fois le concours de leurs alliés.
qu'Octave èn était réduit à craindre Octave, après la victoire d' Actium,
d'en venir aux mains dans l'été de vit l'armée d'Antoine passer sous ses
cette même année. La lenteur d'An* drapeaux; il put ainsi, n'ayant plus
toi ne servit efficacement Octave , et ce de résistance à craindre, s'emparer
ne fut que vers la fin de l'automne de la Macédoine et s'occuper de régler
qu'Antoine se décida à tenter une in- les affaires de la Grèce. Après avoir
cursion dans l'Italie. Arrivé à Corcyre, assisté a Athènes à la célébration des
on lui dit que des vaisseaux d'Octave mystères, il passa dans l'Asie, obser-
avaient paru à la hauteur des monts vant les démarches ultérieures d'An-
Cerauniens : ce n'était qu'une flottille toine. Mais bientôt rappelé par des
d'observation, nvhs Antoine la prit troubles survenus en Italie, Octave
pour les forées navales d'Auguste réu- s'y rendit au milieu de l'hiver.
nies , il se rendit dans le Péloponèse La présence d'Octave rétablit Tordre
et passa l'hiver à Patra?. à Rome : trente jours après son arri-
Au printemps suivant, les disposi- vée en Italie il en repartit, et fut de
tions militaires devinrent plus actives. retour en Asie avant même qu'Antoine
Octave réunit sa flotie a Tarente et à et Cléopâtre eussent été informés de
Brinues. 11 fit pro|)oser à Antoine de son départ.
venir combattre en Italie, et Antoine, Les préparatifs se continuaient de
à son tour, lui indiqua les champs de part et d'autre avec une égale ardeur.
Pharsale , même un combat soulier. Cléopâtre et Antoine firent proposer
En attendant, il courait la mer io- la paix à Octave, et tentèrent de cor-
nienne et réunissait toutes ses forces rompre son armée avec de l'argent. En
à Actium. Octave s'y rendit ; la bataille même temps Cléopâtre envoyait se-
s'engagea , et , lorsque le sort en était crètement son sceptre et sa couronne
encore incertain , on vit tout à coup à Octave; elle sollicitait sa bienveil-
Cléopâtre se retirer du combat , em- lance, et Octave la lui promettait à la
mener ses soixante vaisseaux et se por- condition de se défaire d'Antoine. Il
ter, par un vent favorable, vers le Pé- renvoyait à celui-ci ses premiers dé-
loponèse. Antoine , cédant à sa passion putés sans réponse; il recevait avec
plutôt qu'aux forces d'Octive, ne put te même dédain une seconde et une
voir partir Cléopâtre sans la suivre, troisième ambassade, refusant de ré-
et il abandonna à son rival une vic- pondre à Antoine et renouvelant ses
toire que ses amis , sa flotte et son ar- secrètes promesses à Cléopâtre, sous
mée disputaient encore après qu'il les les mêmes conditions. Il euvoya même
eut aussi ignominieusement quittés. à la reine l'affranchi Thyrsus , pour la
Tel fut le résultat de la bataille d'Ac- décider à ce qu'il souhaitait , et lui
tium, livrée le 2 septembre de l'an 81 persuader même qu'il était tout épris
avant l'ère vulgaire, la 22* année du de sa beauté.
règne xle CléopJitre. Les événements se hâtaient : An-
Antoine et la reine se retirèrent toine marcha sur Pane toi ri mn pour y
d'abord dans le Péloponèse. Divisés prendre de gré ou de force l'armée que
par la catastrophe qu'ils venaient de Cornélius Galius y commandait. Il
subir, Cléopatre se rendit seule en croyait trouver des* amis : mais il fut
fcgypte, déguisant sa défaite par des reçu et traité en ennemi , et il éprouva
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404 L'UNIVERS
plusieurs échecs sur terre comme sur ne leur succédèrent pas. AthrUus et
mer. En attendant, Octave s'emparait Césarion furent mis à mort; les autres
de Péluse, soit faute d'avoir été suf- furent confiés par Octave a Juba. roi
fisamment défendue, soit que Cléo- de Mauritanie : l'histoire n'a plus rap-
pàtre, confiante clans les assertions de pelé leurs noms.
Thvrsus, facilitât les succès d'Oclave. L'Egypte devint une province ro-
En vain, accourant de Paractonium, maine dont Cornélius Gallus lut le
Antoine voulut couvrir Alexandrie; premier préfet*
rr
Octave prit cette ville le l du mois L'époque de son asservissement fut
d'août, et Antoine vaincu chercha inu- pour l'Égypte même celle d'une ère
tilement de nouveaux moyens ou un nouvelle , comme si cet asservissement
refuge dans la (lotte qui l'abandonna ; eût été un bienfait.
Cléopâtre même, toute occupée de sa Elle avait vu la dernière race de tes
conservation, s'enferma dans un tom- Pharaons attaquée et détruite par on
be an avec ses trésors, et fit répandre conquérant étranger. Accoutumée de-
à dessein la nouvelle de sa mort. An- puis à l'obéissance, l'Egypte écrivit sur
toine, qui ne voulut pas lui survivre, ses monuments et dans ses annales pu-
se blessa lui-mtfme assez dangereuse- bliques le nom d'Auguste et celui de
ment pour en mourir, mais non pas ses successeurs, à la suite des noms
sans avoir eu le temps et le regret de de Cambyse, de Darius, d'Alexandre
connaître l'affreuse supercherie de et des Ptolémées. Elle a vérifié ainsi,
Cléopàtre. même jusqu'à nos jours, une antique
La reine, quoique seule avec son cou- tradition qui ne lui laissait plus es- i
rage et sa renommée, croyait ferme- pérance de*voir sur son trône des prin-
ment qu'Octave lui laisserait la vie et ces d'origine égyptienne , tradition
la couronne; elle demandait des ga- conservée dans ces paroles d'Ezechiel
ranties pour l'une et pour l'autre, es- Et (lux de lerrà .Egypti non erit
pérant soumettre par ses charmes ce- ampli i< s.
lui qu'elle n'avait pu vaincre par ses La splendeur, la durée et les événe-
soldats. mentsdu règne de Cléopàtre permettent
Mais Octave voulait attacher Cléo- de supposer que cette grande reine ne
pàtre à son char de victoire, et bien- négligea rien de ce qui pouvait accroître
tôt elle reconnut la vanité de ses es- son illustration : les monuments qui
pérances. "Captive là où elle avait été couvrent encore le sol de l'Ésypte en
souveraine, eue ne voulut pas continuer portent de nombreux et d'éclatants
de vivre après avoir cessé de régner, témoignages ; et la tendresse de Cléo-
et se donna la mort, vers le lô du pOtre pour le fils de Jules César, quelle
mois d'août de l'an 30 avant l'ère vul- appelait nouveau César, s'y ma ni este
gaire, après un règne de 22 années presque partout. Le petit temple d'Her-
entières. , monthis fut construit en commémora-
Ce jour fut dernier de la race
le tion de la naissance de cet enfant ro-
royale des Lagides et des successeurs main; elle y est symbolisée en celle
d'Alexandre le Grand en Egypte. du dieu Harphré ne de la déesse Ritho
Ils v régnèrent depuis le 30 mai de et du dieu Mandou. La reine Cléopâtre
l'an 2Ï3, jusqu'au lô août de l'an 30 porte, dans les inscriptions de ce tem-
avant l'ère vulgaire. ple, ce titre fastueux : La modératrice
Cet intervalle contient 294 années souveraine du monde, Cléopàtre, déesse
juliennes et 78 jours, ou 294 années Philopatore; — l'Aroëris , puissante
égyptiennes et Iô2 jours. souveraine des biens, la présidente des
Il se divise en seize rois ou reines Panégyries, la souveraine du monde;
Îni occupèrent successivement le trône = la modératrice , la fille ainéedudieu
Egypte, et fournirent vingt et un rè- Sev (Saturne) , etc. Le jeune roi v est
gnes' différents. aussi nommé et qualifie Ptolémee Cé-
Les tils de Cléopdtre et d'Antoine sar, vivant toujours, aimé de Phtlw
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ÉGYPTE. 46*
successeurs, qui ont terminé tant d'edi- pages 49 et 50) , et sur quelles règles
fices commencés par les Lagides , ne elle fut assise. Il en nomma pour pre-
pouvaient pas être très - empressés mier préfet Cornélius Gallus, cheva*
d'achever celui qui rappelait la nais- lier romain de médiocre naissance, mais
sance d'un enfant-roi dont ils ne res- de mœurs douces et paisibles. Auguste
pectaient pas les droits. Aujourd'hui, le choisit lui seul , parce que l'fcgypte
ce monument si royal dans son ensem- était à lui , sa première conquête , et
ble et dans son objet, est occupé par elle resta province impériale lorsque
un cachef qui s'y est fait une maison l'empereur voulut bien partager l'em-
une cour et un pigeonnier, en mas- pire avec le sénat et le peuple. Il créa
quant et coupant le temple de miséra- pour TÉgypte une forme particulière
bles murs de limon blanchis à la chaux. d'administration ; aussi le préfet avait-il
La partie la plus ancienne du temple le titre de préfet augustal , réunissant
de Dendérah, à son extrémité, appar- tous les pouvoirs, et recevant de son
tient au règne de Cléopâtre et de Pto- maître toutes les directions pour les
lémée Césarion : ils y sont figurés de exercer. Aucun conseil pris dans le
proportion colossale, et les noms de pays ne fut appelé à y concourir, ce
Cléopâtre et de Ptolemée César ou Pto- préfet y tenant la place des rois , et ce
lémée surnommé nouveau César, qui royaume appartenant à l'empereur. Cet
se lisent dans les inscriptions qui ac- état de l'administration romaine en
compagnent ces tableaux historiques, Éizypte éprouva peu de changements
ne laissent aucun doute à ce sujet. jusqu'au siècle de Constantin.
Ce sont la les dernières reliques de Le préfet de l'Egypte, Cornélius
lu grandeur égyptienne ; elle se mani- Gallus, s'appliqua d'abord à réparer
festa au monde civilisé il y a aujour- les mail leurs nés des dernières dissen-
d'hui plus de six mille ans les noms
: sions et des dernières guerres : les ca-
de Souphis, de Mycérinus, nouvelle- naux du > il attirèrent surtout son at-
ment découverts dans les pyramides tention. Plusieurs villes se soulevèrent
même que l'antiquité tout entière sa- contre le nouveau régime; Gallus les
vait très-bien être les tombeaux de ces ramena à l'obéissance; Thèbes même',
deux rois , nous en donnent la convic- qu'il pilla , disent les historiens anciens,
tion : l'histoire de l'intelligence hu- qu'il épuisa, et d'où il détourna une
maine, légitimement orgueilleuse de grande quantité de choses précieuses.
son antiquité , enregistrera attentive- 11 parait que, enivré de son autorité
ment dans ses fastes de tels documents. et de ses succès, le préfet se laissa
Subjuguée par les Romains , l'É- traiter comme un Pharaon qu'il per-
,
gypte ne fournit plus aux annales mit qu'on lui élevât des statues, et que
humaines que son continrent des mal- ses exploits fussent gravés sur les mo-
heurs et des dures vicissitudes qui numents publics. Mais de tels succès
composent l'histoire générale des peu- ne furent pas de longue durée Corné- :
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I/CSIVERS.
mandée par ^lius Gallus à la tête qui ne lui furent pas moins sen-
d'une année romaine, renforcée de siblesque l'incendie de sa riche biblio-
cinq cents soldat* fournis par le roi tbe ue; la plupart de ses principaux
lier de qui les avait choisis parmi ses professeurs aile eut chercher a Rome
i
Pétrouius songea aussitôt à punir tant miers docteurs chrétiens, ils sérient
d'audace pénétra dans Ethiopie, jus-
, I ainsi de lien entre les productions les
qu'à N.ipata capitale des États de la
, I
lus anciennes et celles des temps mo-
reine* et lui accorda la paix à la con- dernes. Du reste, il en arriva dans ces
dition de payer un tribut annuel , et temps de la domination romaine en
d'envoyer une ambassade à Auguste Egypte ce qui arrive à toutes les
pour en obtenir la ratification du traité. époques : l'étude des connaissances
Les nouvelles de ces événements par- humaines prospéra en Egypte en rai-
venues à P. (line avaient alarmé l'em- son de la protection qu'elle reçut de
pereur. Il partit aussitôt pour Égypte;
I l'autorité impériale.
mais il apprit à Samos les sucres de Auguste imita la politique d'Alexan-
Pétronius , y attendit les envoyés éthio- dre le Grand en ce qui concerne la re-
piens, et leur accorda la ratification ligion et le culte nationaux de l'Egypte.
du traité avec l'exemption du tribut On continua d'éloer, de réparer les
stipule par Pétrouius. Des son retour temples des dieux de chaque nome, en
en Egypte, ce préfet continua de don- Nubie comme en Egypte; et le nom
ner ses soins à ce qu'exigeait la pros- d'Auguste , qualifié d'empereur César,
périté du pays; les travail* sur les se lit sur les édifices de Talmis, Râ-
canaux du ISil furent conduits avec la bschè , Deboud , Dandour , Philx et
une telle intelligence que la crue du Dendérah. Dans ce dernier temple, si
fleuve jusqu'à douze coudées suffisait célèbre par ses deux zodiaques, après
pour assurer la plus grande fertilité; les constructions faites durant le règne
avant Pétronius, quatorze coudées de Cléopâtre et de son fils Ptoléinée
étaient nécessaires. Cesarion, on reconnaît que les bas-
Pétronius , après huit années d'ad- reliefs supérieurs sont du temps d'A»-
ministration , eut yElius Gallus pour 3 usie , ainsi quemurailles latérales
les
successeur comme pté.ct. Le nouvel u naos , de quelques pe-
à l'exception
administrateur visita la haute Égypte tites portions qui sont de l'époque de
ayant avec lui le géographe Straoon ; Néron ; le pronaos est tout entier cou-
et il était encore en fonctions à la mort vert de légendes impériales de Tibère,
d'Auguste. de Ciius, de Claude et de Néron; les
La conquête de l'Égypte par les Ro- sculptures de tout l'intérieur du naos
mains causa à l'école d'Alexandrie des et des édifices construits sur la terrasse
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ÉGYPTE. 407
Dendérah par les empereurs romains; tres consacrés : toujours vivant, chéri
le grand temple était dédié à la déesse d'Isis et de Phtha; et
il est a remar-
Hathôr, la Vénus des Romains: il y quer qu'en général, à mesure que l'on
avait là une double dédicace dont s'ar- s'éloigna des temps anciens, des anti-
rangeait facilement l'orthodoxie ro- ques institutions, les noms des divi-
maine. Les carrières de Thorrah por- nités du premier ordre devinrent moins
tent des dates d'exploitation de la 4* communs sur les monuments comme
année du règn*) d'Auguste. Son nom se dans la pensée des hommes; et ceci se
lit aussi sur le temple d'Isis, au sud passa au proût des divinités du dernier
de l'hippodrome de Thèbes; l'image ordre, de celles qui, produit des der-
d'Auguste se voit aussi sur la plupart nières incarnations et revêtues des plus
de ces édifices, et l'empereur romain vulgaires attributions, étaient en quel-
y est figuré avec le même costume, que sorte plus populaires : ce qui pour-
accomplissant les mêmes cérémonies rait rendre raison de l'extraordinaire
envers les dieux de 1'Kgypte que les durée des noms d'Isis, d'Osiris et de
Pharaons eux-mêmes. Notre planche Typhon, qui ont en quelque sorte sur-
91 représente Tibère faisant ses of- vécu à toutes les générutions du pan-
frandes à trois divinités égyptiennes théon égyptien.
1
assises ; les deux cartouches tracés au- Tibère lit continuer la construction
ade sa coiffure se lisent autocratôr
rios Caesar. Ces indications mo-
du temple de Deboud en Nubie, la
Sculpture du portique couvert et d'une
numentales peuvent être considérées salle du grand temple de Thèbes. On
comme étant communes à tous les sait qu'il écrivit à .Kuielius Aulus,
souverains romains; le lecteur nous préfet d'Egypte, qui lui avait envoyé
dispensera donc de les reproduire. La au delà des taxes mises sur l'Egypte par
civilisation occidentale, armée de Cépée les règlements d'Auguste, qu'il voulait
romaine, s'introduisit ainsi dans les bien tondre ses brebis, mais non les
croyances de l'antique Orient, sous le égorger. Du reste, ce préfet eut plu-
costume des Pharaons et les couleurs sieurs successeurs du vivant même de
d Osiris et d'Ammon. Tibère. Parmi eux ligura quelque temps
A Dendérah, c'est sous le règne d'Au- le père de Séjan : ce fut alors que Ger-
guste nue le propylon du grand temple manicus visita l'Egypte supra, page
fut édifié :une inscription grecque 346), bannissant, dit Tacite , bannissant
(car, durant la domination romaiue, de, la grandeur suprême l'orgueil qui la
la langue grecque resta aussi la langue fait haïr, pour n en conserver que la
des actes publics) qui existe encore, et dignité qui la rend imposante.
que j'ai publiée il y a trente- trois ans, Des troubles sérieux se déclarèrent
nous apprend que, pour la conserva- à Alexandrie durant le règne de Cali-
tion de l'empereur César , (ils du divin gula; Avillius Flaccus fut en bute a la
César, dieu libérateur, Auguste, les naine des juifs; Philon, un de leurs
habitants de la métropole d nome (de
i écrivains, a tracé la narration, à sa
Tentyris) élevèrent ce propylon à Isis, manière, de ces démêlés; Flaccus périt
déesse très-grande, et aux dieux ado- misérablement après avoir été révoqué
rés dans le même temple, l'an 31 du de sa préfecture. Le nom de ce préfet
règne de César, au mois de thdth. se lit encore sur le prouaos de Den-
30.
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L'UNIVERS.
dérah ,dans une inscription grecque pour préfet , lequel la combla de grâces
qui rappelle que sous Publius Aviliras et de bienfaits, particulièrement d'une
Flaccus les habitants de la métropole juste inondation du Nil, d'où les dons
et du nome élevèrent ce pronaos à du fleuve doivent s'accroître de plus en
Vénus , déesse très-grande, la . année
. . plus chaque année. On éleva donc une
de César Tibère. A la mort de Calcula stelc en l'honneur de Balbillus, de qui,
les juifs , heureux de ce nouveau règne, au surplus, Sénèque fait un grand
attaquèrent les Grecs dans Alexandrie. éloge. Il est vrai que Sénèque dît aussi
L'empereur Claude les apaisa en leur 3ue Néron était un amant passionné
rendant le droit d élire un ethnarque. e la vérité comme de toutes les autres
Les scienres reçurent aussi de grands vertus, et que ce fut en conséquence
services du nouveau chef de l'empire : de ces nobles sentiments qu'il fit faire
il fonda un nouveau musée, et l'école un voyage aux sources du Nil supra,
d'Alexandrie se trouva encore une fois page 8). Néron, du reste, s'occupa
dans une situation favorable a ses pro- assez particulièrement de l'Égypte pen-
grès; maïs le zele des savants ne ré- dant son règne. Il forma le projet de
pondit point à la munificence du la visiter, annonça par des officiers sa
prince. Les noms de Caius Caligula et prochaine arrivée, et l'Égypte lui pré-
de Claude se lisent encore sur les édi- para une réception digne de son rang;
fices publics de l'Egypte: celui du pre- elle fit construire pour l'empereur des
mier à Phike, à Dendéruh en Egypte, bains magnifiques; mais il mourut a
a Talmis en Nubie; celui de Claude la veille de son départ, non pas sans
dans les mimes lieux en Égypte, et avoir fait mettre à mort Tuscus, ûls de
aussi à Esneh, Edfou. Sa légende im- sa nourrice et préfet d'Égypte, qui
périale, composée de deux cartouches, s'était oublié jusqu'à se servir des bains
se: lit Tibère Claude, César-Auguste édifiéspour la bonne venue et l'usage
Germanicus, empereur. Cette légende de l'empereur.
affecte même parfois le style pharaoni- Les règnes deGalba, d'Othon et de Vi-
que, et le premier cartouche se lit : telhis, n'eurent aucune influence par-
L'éprouvé des dieux modérateurs, ticulière sur l'état de l'Egypte : aucun
l'empereur Tibère Claude, seigneur de événement marquant ne se rattache à
la région haute et basse du monde, le leur époque. Le nom d'Othon existe
fils du soleil, seigneur des chefs. encore sur neuf bas-reliefs de la déco-
Ces mêmes titres, si propres à ins- ration intérieure du grand propylon des
pirer le respect aux peuples, furent ruines au sud de l'hippodrome de Thè-
aussi portés par Néron, qui se disait bes; et l'existence de ce nom, qui fut
de plus l'aime de Phtha et d'Isis, le do- celui d'un empereur qui régna si peu de
minateur bienfaisant des régions supé- temps, ne doit point trop surprendre,
rieure et inférieure, le seigneur des puisque l'Égypte fut la première qui
mondes, l'éprouvé des dieux modéra- reconnut l'autorité d'Othon et frappa
,
teurs, le fils du soleil, seigneur des des monnaies à son nom (l'an G9 de
seigneurs, l'empereur Néron. Enfin l'ère chrétienne). Les noms de Galba
une inscription , copiée autrefois dans et de Vitellius ne subsistent pas en
le voisinage du sphynx des pyramides, Égvpte; mais celui de Vespasien se lit
et inhumée depuis,'donne a Néron, au fréquemment sur ses édifices.
nom de l'Égypte, le titre de nouvel A l'avènement de Vitellius, un juif
agathodémoh ( le bon génie). Cette égyptien , neveu de l'écrivain Philon et
inscription est un décret rendu au nom nommé Tibère Alexandre, était préfet
des habitants de la ville de Busiris. oui d'Égypte depuis trois années; il s'était
proclament dans un monument public associe aux secrets projets de Mucius
que Néron est l'agathodémon de la et de Vespasien; aussi est-ce dans
terre, qu'il a répandu de grands biens Alexandrie que Vespasien fut d'abord
*ur l'Égypte; que, pour prendre soin proclamé empereur par les soins de ce
de son bonheur, il a envoyé Balbiltus même Tibère Alexandre, qui le fit re-
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ÉGYPTE,
connaître par ses légions. Peu d'années pvlon de l'édifice au sud de l'hippo-
après, ce préfet entreprenant n'existait drome à Tbèbes.
plus. Il eut pour successeur Lupus en Le nom de Nerva, successeur de
Tannée 71. Pendant que Titus achevait Domitien, ne se lit qu'une seule fois
la conquête de la Judée, des révoltes en Égypte, c'est à Syène, où cet em-
de juifs jetaient le trouble dans Alexan- pereur fit élever un petit temple dédié
drie; des partis qui s'élevaient contre aux dieux du pays et de la cataracte,
1*. torite de l'empereur étaient réduits Chnouphis, Saté (Junon et Anoukis
,
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,
47ê L'UN
étant soumis a une abstinence conti- visitaitla Ôaule. Bientôt après H se
nuelle, et n'ayant pour tout inobilierque rendit lui-même en Éevjrte.
des plats de terre commune et des usten- Arrivé à Péluse, il fit restaurer et
siles en bois. Les commencements de embellir le monument funéraire de
cette religion remontei.t donc à Do- Pompée. Il visita toutes les parties de
niitien. l'Égypte; on frappa des monnaies de
Son successeur Nerva n'a rien laissé bronze commémorât ives de ce voyage.
dans son histoire qui interesse émi- On v voit la ville d'Alexandrie person-
nemment l' Egypte; son rèiine fut d'ail- nifiée, allant au-devant de l'empereur
leurs très-court. Il reste , au contraire qui arrive monté sur un quadrige; l'em-
sur les monuments égyptiens un grand pereur recevant les hommages de la
nombre de souvenirs du règne de Tra- ville; l'union de la ville et du prince,
jan, successeur de Nerva. Les juifs se donnant la main ; la pom|»e triom-
continuèrent â se montrer turbulents phale d'Hadrien dans Alexandrie, et
comme sous les deux règnes précédents; les sacrilices qu'il y fit aux dieux. Il est
ils luttèrent contre la force publique, représenté sur une autre de ces mé-
réussirent même à mettre en fuite le dailles voyageant sur le Nil, dans une
préfet Lupus , et Trajan se vit dans la galère dont la proue est ornée d'une
nécessité d'envoyer de Rome, avec des corne d'anondanec. D'autres monnaies
forces considérables, Martius Turbo, de ce prince portent l'effigie ou la
qui eut longtemps a lutter contre de figure rie l'impératrice Sabine, et leur
perpétuelles séditions et des guerres date est de la fin de l'an 14 et du com-
intestines, causes continues de déso- mencement de l'an 15 du règne d'Ha-
lation dans Alexandrie. L'inimitié ré- drien , compté selon la méthode égyp-
ciproque des Grecs et des juifs en était tienne, ce qui revient à la tin de l'été
toujours la source. Ils ne détournèrent de l'an 130 de l'ère chrétienne.
pas le gouverneur de l'Égypte de favo- ;Elius Spartianus raconte ce qui
riser la construction des nouveaux édi- suit : « Pendant sa navigation sur le
fices publics, ou de continuer celle Nil, Hadrien perdit son Antinous, et
des anciens. Le grand temple de Phi la il le pleura comme l'aurait fait une
porte les inscriptions de « l'empereur femme.» Antinous en effet se no}*a
César, Nerva , Trajnn , Auguste, tou- dans le Nil ; Hadrien lui fit décerner
jours vivant, aimé d'Isis; » a Ombos, des honneurs presque divins, et fonda
l'empereur prend de plus le titre de une ville en son honneur, nommée An*
Germanique et de Dacique ; son nom tinoé, construite et gouvernée selon
se lit aussi à Dendérah ; a Phiiae, il a de les usages des Grecs (voyez notre plan-
plus, sur un autre monument, les ti- che 36). Hadrien, ami des arls, laissa
tres uV soleil seigneur des deux mondes, en Egypte des traces nombreuses de
fils du soleil, seigneur des seigneurs, son godt et de la protection qu'il leur
aimé de Phtlia et d'Isis. accordait. Le prouaos du temple d'Es-
Le règne d'Hadrien (l'an 117) fut nèh; le temple au nord de cette ville;
bienfaisant pour l'Égypte; Martius les édilicesde Dendérah ; une des portes
Turbo termina la guerre des juifs; il de Mrdinet Habou â Thèbes; le sanc-
eut le rhéteur Héliodore pour succes- tuaire du temple au sud de l'hippo-
seur dans cette préfecture. L'esprit tur- drome; et l'obélisque qui est aujour-
bulent des Alexandrins remplaça les d'hui au Monte- Pincio à Rome, sont
juifs dans les enti éprises de désordre. des ouvrages de son règne; et cet
Les Égyptiens même ne furent pas obélisque porte à la fois le nom d'Ha-
toujours étrangers à ces causes de drien, celui de l'impératrice Sabine,
trouble. Un nouveau bœuf Apis fut et celui d'Antinous. A ces documents
découvert ; et les divergences d'opinion de l'histoire d'Égypte sous Hadrien,
au sujet du lieu où il devait être placé on peut en ajouter un autre non moius
occasionnèrent des séditions armées. curieux , et qui est une lettre écrite
Hadrien en fut informé pendant qu'il d'Égypte par l'empereur lui-même,
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ÉGYPTE. 4? 1
conservée, dit-on , dans les écrits de ravées sur cette statué certifient que
Phlégon son affranchi.
, i empereur et l'impératrice entendirent
Hadrien écrivait ou consul Servia- la voix harmonieuse du fils de l'Aurore.
ntis : « J'ai bien étudié, mon cher Le règne des Antonins fut tempéré
Servianus, cette Egypte que vous me pour l'Égvpte comme pour le reste de
vantiez, et je l'ai trouvée légère, in- l'empire. Néanmoins l'esprit turbulent
constante, empressée de toute espèce à l'excès des Alexandrins rendit pres-
de bruit. Ceux qtii adorent Sérapis que |>erpétuelles les séditions et les
sont chrétiens; ceux qui se disent désordres; ils assassinèrent le préfet,
les évêuufs de Christ sont aussi des et Antonio se rendit en fcgypte à la
dévots a Sérapis; il n'y a pas de chef tête d'une armée qui entra victorieuse
de synagogue juive , de pi être des chré- dans Alexandrie. Durant ce règne, la
tiens, de devins, d'aruspiees, de bai- construction ou l'agrandissement des
gneur qui n'adore Sérapis. On croit édifices religieux ne se ralentit pas.
même que lorsque le patriarche vient On voit encore parmi les sculptures
en Egypte il adore Sérapis; d'autres de la porte d'enceinte de Médinct-Ha-
disent le Christ. C'est ici une race hou, a Thèbes, la figure en pied de
d'hommes très-portée à la sédition , à l'empereur Antonin, représenté en
la vanterie , à l'injure ; la ville (Alexan- adoration devant la triade «le Thèbes
drie) est opulente, riche, productive, à droite, et devant la triade d'flermon-
et personne n'y est oisif. Il y a beau- thus à gauche , et la légende hiérogly-
coup de tisseurs de lin ; tous'prennent phique le désigne par ces mots : l'em-
et exercent une profession. Les gout- pereur Osar,Titus, .EIius,Hadrianus,
teux , les aveugles y sont occupés ; les Antoninus pius. Ce mur d'enceinte et
estropiés même n'y restent pas oisifs. les propylées de Médinet-Habou sont
Ils ont tous le même dieu , et les chré- en effet l'ouvrage d' Antonin. Son nom
tiens, et les juifs , et toutes les autres monuments de
est tres-fréquent sur les
peuplades. Pldt à Dieu que la ville en l'fcgvpte; retrouve à Dendérah,
on le
tdt mieux policée! digne toutefois, et Esnèh, Philrc, et à TOasis del Khar-
par son ensemble et par son étendue, djeh. Plusieurs inscriptions grecques
d'être la capitale de toute l'Egypte. d' Egypte datent du renne de ce prince.
Je ne lui ai rien refusé, je lui ai rendu L'une d'elles annonce que le secos et
ses anciens privilèges, j'en ai ajouté le pronaos du temple de Kasz-Zayan,
de nouveaux pour leur faire bénir le dans grande Oasis , ont été cons-
la
e
temps présent. Mais à peine en suis-je truits dans la 3 année de son règne.
sorti qu'il n'est sorte de propos qu'on Les noms des empereurs Marc- A u-
n'ait tenus sur mon fils Verus; et vous rèle et Lucius-Vérus se lisent aussi
devinerez facilement ce qu'on a pu sur quelques édifices égyptiens, no-
dire d'Antinous. Tout ce que je leur tamment sur la corniche du petit tem-
souhaite , c'est de se repaître de leurs ple de Phila?. Sous leur règne, des
poulets qu'ils fécondent d'une mnnière bandes armées troublaient la tranquil-
q'te j'aurais honte d'indiquer ici. Je lité de l'É'jypte; un homme intrépide,
vous ai envoyé des vases de couleurs nommé Isidore , secondé par un prêtre
diverses que m'a offerts le prêtre du égyptien, les conduisait, et elles ré-
temple, et que je destine expressé- pandaient partout le d( s >nlre et la
ment à vous et à ma sœur; je désire désolation. Elles attaquèrent même
que vous vous en serviez avec vos Alexandrie à force ouverte; mais Av>
conrives aux jours de fêtes. Prenez dius Cassius réussit à les vaincre et à
garde cependant que notre Africunus les exterminer. Fier de ses victoires,
n'en use trop à son aise. •»
et la fin de Marc-Aurèle approchant,
Hadrien parcourut toute l'Egypte; exeité même, dit-on , par l'impératrice
il alla voir et écouter la statue par- Faustine, Avidius se fit proclamer em-
lante de Memnon ;
l'impératrice Sabine pereur; mais il fut bientôt après mis 5
la visita aussi; et deux inscriptions mort, ainsi que son fils Métianus, gou-
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475 L'UNIVERS*
verneur d'Alexandrie. La magnanimité même temps ( l'an 202) , les chrétiens
de Marc-Aurele ne put les sauver ; mais furent persécutés en vertu d'un édit
l'empereur pardonna à leurs partisans, du même souverain. Le père et des
et il fit brûler tous les actes de l'auto- disciples d'Origène y trouvèrent la
rité de ce rebelle , sa correspondance mort ;
Origène , comme chef de l'école
même, sans la lire. Arrivé à Alexan- d'Alexandrie, entama ses démêlés avec
drie, Marc-Aurèle se concilia le respect Démétrius qui en était le patriarche;
de tous par sa clémence et par sa sa- l'empire et l'Égypte en ressentirent les
gesse. Néanmoins l'état de l'tègypte cruels effets; et Aëtus et Aquila s'y
sous les Antonins ne fut pas un état succédèrent comme préfets.
de paix et de bonheur. Les douceurs Les deux fils de Septime-Sévère par-
de leurs règnes lui furent presque in- vinrent à l'empire; mais Géta fut im-
connues; I Egypte s'en priva par sa molé par son propre frère Caracalla :
propre turbulence. Le règne de Com- on trouve cependant à Esnèh , parmi
mode ne pouvait lui promettre plus de les sculptures du pronaos , les noms
bonheur; le nom de cet empereur se de ces deux souverains. Caracalla fit
retrouve cependant sur un petit tem- f>roscrire le nom de son frère dans tout
ple à Contra-La to, ainsi que sur la partie 'empire , et il ordonna que ce fut nom
postérieure du pronaos d'Esnèh. Dans effacé des monuments publics ; cet
ces mêmes circonstances , les chrétiens ordre s'exécuta en Egypte même : sur
se multipliaient, et ils obtenaient quel- le pronaos d'Esnèh le nom de Géta est
ue tolérance pour leur culie, quand martelé, mais il y est encore lisible au
'ailleurs l'antique religion égyptienne moyen des traces évidentes des signes
était encore la religion de l'État, la f)rimitivement sculptes. C'est, on doit
seule protégée, Isis et Osiris conser- e remarquer, le dernier empereur dont
vant leurs divines attributions dans le nom subsiste dans les inscriptions
l'Egypte habitée par les Grecs , les Ro- hiéroglyphiques. On en trouve encore
mains , les juifs , et les peuplades ve- la trace sur une inscription grecque
nues de toutes les parties de l'Orient. relative à l'ouverture de nouvelles car-
On ne sait rien des premiers succes- rières de granit près de Phi lac.
seurs de Commode qui puisse intéres- Du reste , le préfet ci Egypte n'avait
ser l'histoire de l'Egypte. On frappa à garde de désobéir aux édits de l'empe-
Alexandrie des monnaies à l'efligie de reur; il connaissait la fougue cruelle
Pertinax et de Tatiana sa femme; mais de son caractère. Caracalla se rendit
on n'en connaît point des chefs éphé- en Égypte, averti des epigrammes que
mères qui vinrent après lui , jusqu'à les Alexandrins débitaient contre lui;
Septime Sévère. et , à peine entré dans Alexandrie , il
Cet empereur, vainqueur de ses ri- livra la ville entière à la brutalité de
vaux , resta maître de l'empire ; Pes- ses soldats; un grand nombre de ci-
cennius Niger tenait cependant encore toyens sont égorgés dans un massacre
en Orient, et l'Egypte s'était déclarée qui dura une nuit et un jour (l'an 216).
pour lui. Alexandrie avait fait écrire Sous les règnes d'hommes tels que
sur ses portes : Niger est le maître de Macrin et Hélogabale, J'empire ne
cette ville. Septime-Sévère marcha en pouvait jouir d'aucune paix , d'aucune
personne pour la soumettre, et le peu- félicité. Les fureurs intestines redou-
ple d'Alexandrie alla au-devant de lui, blèrent d'ardeur. Le règne d'Alexan-
et s'écriant : Niger est le maître de dre-Sévère en suspendit temporaire-
cette ville, mnis tu es le maître de ment les effets ; aussi trouve-t-on son
Niger. L'empereur se contenta de ce nom dans une inscription grecque d' A n-
subterfuge; et, par une innovation tinoé qui nous annonce que le sénat
,
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EGYPTE. 473
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474 L'UMVEftS.
eau sous les ordres de l'empereur. des sentiments plus humains, quand
Aurélius Probus y commanda en son son autorité fut partout reconnue,
nom, et il tacha de réparer les effets Dioctétien s'occupa du rétablissement
des dernières catastrophes, en rétablis- de l'ordre et des lois en Êcypte. Il ft
sant les édifices publics, et assurant [a un traité avec les Blemmyês, et leur
navigation du I\il par des travaux exé- céda une grande étendue de territoire
cutés par l'armée. Mais la haute \ pte
t au midi de Syène et de la première ca-
n'était pas encore pacifiée quand Auré- taracte; il leur promit une >olde à la
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ÉOYPTK 475
tributions qu'on levait étaient parta- poursuivit pendant cinq années entières
gées entre le trésor public et le lise ou les partisans de saint Athanase. Les
trésor du prince; le préfet augustal doctrines de ce prélat furent condam-
n'avait presque plus a s'occuper que nées par le concile de Milan (en l'année
des travaux du Nil et du transport des tSI), et l'empereur Constance sévit
blés à Constantiuople. Les présidents contre les condamnés. L'Égypte devint
des provinces contrariaient plutôt qu'ils bientôt après la proie de tous les délé-
ne secondaient son autorité le prési-
: gués de l'empereur, et les chrétiens,
dent tie la Thébaïde fut bientôt l'égal après avoir échappé aux fureurs des
du préfet. On poussa l'esprit d'innova- païens, succombaient sous les coups
tion jusqu'à changer le nom des prin- de leurs propres frères on s'égorgeait
:
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476 L'UNIVERS.
payeraient une amende de cent livres voulut et prescrivit que la sentence de
d'or. l'évéque, en matière temporelle, fût
Durant lesrègnes suivants, toutes exécutée sans appel, comme l'étaient
les affairesde rflçypte ont la couleur les sentences du préfet du prétoire. Les
que devait leur donner la suite des dis- débris des temples égyptiens servaient
sensions religieuses qui agitaient cette à l'édification des édifices chrétiens;
contrée depuis tant de cruelles années quelquefois de simples bariigeonnages
êt qui se compliquaient par les faveurs suffisaient à cette métamorphose, et il
que les empereurs, qui se succédaient existe encore des chapelles d'Ammon
rapidement sur le trône, accordaient ou d'Osiris qui sont devenues des cha-
tantôt aux Ariens, tantôt aux catholi- pelles de la foi chrétienne, et ont ete
ques; les païens même eurent leur consacrées à saint George ou à d'au-
tour avec leur Sérapis, la seule des tres saints, au moyen d'une couche de
antiques divinités dont ils paraissent chaux passée sur lès anciennes sculp-
conserver encore le souvenir, le nom tures égyptiennes, et de la figure ou
et le culte. Du reste, les patriarches saint misérablement peinte sur le re-
chrétiens n'épargnaient pas les païens, plâtrage. Toutes les institutions deJ'E-
et si un pré et persécutait les moines gvpte prirent ain i les couleurs du
et les solitaires de la Thébaïde, un christianisme; le nilomètrc d'Alexan-
évéque chassait les prêtres de leur drie fut établi dans une église; les édi-
temple de Sérapis et taisait démolir le fices de Canope servirent au monastère,
temple de Canope. qui conserva l'antique droit d'asile que
Le règne de Théodose (379 à 395) les Egyptiens y avaient institué, et les
apporta quelques adoucissements à tant moines de Syrie et d'Egypte parcouru-
de maux divers; cependant [e nouvel rent les villes, dont jusqu'ici Centrée
empereur ordonnait de faire fermer les leur avait été interdite. On rapporte à
temples des dieux égyptiens , et l'Égy pte la même époque la cessation de l'usage
demandait un roi" pour elle seule; des anciennes écritures égyptiennes;
l'empereur lui envoyait des lois sévères elles ne furent plus pratiquées que par
Sour maintenir les* habitants dans le les Égyptiens encore fidèles a 1 ancien
evoir, en même temps qu'une certaine culte, et dont la race s'éteignit pour
tolérance, commandée par la nécessité, toujours au septième siècle Je l'ère
laissait quelque relâche aux prêtres chrétienne, ne laissant pour héritiers
d'Osiris et de Sérapis. Un nouvel évé- de leur science que des affiliés dans des
que, Théophile, patriarche d'Alexan- sociétés secrètes, peu fidèles eux-mêmes
drie, dominé d'un zèle ardenf, mais aux anciennes doctrines.
peu éclairé, s'alarma de cette tolé- Des désordres du Bas-Empire, qui
rance; il obtint un nouvel édit de l'em- affligèrent toutes les possessions impé-
pereur, qui ordonna la destruction des riales en Orient et en Occident, l'E-
temples égyptiens, et l'exécution en fut gypte en eut sa bonne part. Ce qui
conliée à Théophile seul , le préfet et le domine tous les faits de cette époque
comte étant, à cet effet, mis sous ses de transmutations politiques et reli-
ordres. L'autorité de Théophile se- gieuses, c'est le christianisme s'élevant
conda son zèle fanatique; les autres dominateur sur toutes les ancienues
évéques d'Egypte se livrèrent à la même croyances, s'insinuant peu à peu dans
opération dans leurs ressorts, et, du l'action de l'autorité civile, s'en empa-
même coup, l'ancienne religion de rant successivement, se substituant à
l'Egypte était plus persécutée, et les elle, et la faisant agir
enfin avec
évéques chrétiens obtenaient plus d'in- toute l'ardeur que donne conviction
la
fluence et d'autorité. Déjà, depuis de travailler pour la félicité publique.
Constantin, la police des mœurs leur Mais ce qui n'est pas moins digne de
avait été confiée; il fut ordonné aux remarque, c'est la persévérance des
magistrats de faire exécuter leurs sen- dévots égyptiens dans leur culte malgré
tences. En l'année 408, l'empereur les persécutions, l'exil et la mort: il
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EGYPTE. 477
est juste de dire aussi que l'autorité rencontrant le préfet de l'empereur,
publique se montra temporisante, et l'accablèrent de pierres et l'obligèrent
attendit du temps ce que le temps à prendre la fuite ainsi que les hommes
seul pouvait réaliser. de sa suite, la plupart couverts de bles-
Après le portage de l'empire entre sures et de sang. Mais le peuple vola
Areadius et Honorius, lils de Théo- au secours du préfet; le meneur de la
dose, les désordres ne cessèrent pas, sédition fut arrêté et condamné; il ex-
parce que la tyrannie du Use entraînait pira sous les verges des licteurs, mais
avec ses déprédations toutes les autres saint Cyrille prononça publiquement
tyrannies; on avait beau l'aire de son éloge et l'honora du titre de
bonnes lois pour la police de l'Egypte, martyr.
l'administration des canaux du Nil; il Alors brillait de tout l'éclat d'une
fallait d'abord que la population frit rare beauté et d'un grand talent Hypa-
heureuse et par conséquent paisible, et thia, fille du mathématicien Theon,
elle ne pouvait être m l'un ni l'autre qui enseigna publiquement Aristote et
livrée comme elle Tétait aux exactions Platon aux écoles d'Athènes et d'A-
de toute nature une loi ordonnait de
: lexandrie, et sa vertu ne le cédait pas
briller vif quiconque serait convaincu à sa science. Les affidés de saint
d'avoir percé une des digues du Nil; Cyrille, les troupes auxiliaires fournies
mais, en même temps, l'empereur dé- par les corporations religieuses , s'at-
pouillait les habitants de leurs terres troupèrent un jour auprès du char
pour se faire des domaines impériaux. d'Mypathia, l'en arrachèrent de force,
Aux premières années du cinquième la mirent en pièces et jetèrent ses lam-
siècle, de grands esprits ravivaient par beaux tlans les flammes. Les parabo-
leurs écrits l'ardeur des controverses lans, séïdes de saint Cyrille, furent
religieuses. Alors luttaient entre eux les auteurs de cet horrible assassinat,
Théophile, saint Jean Chrysostôme, conduits par Pierre, lecteur de l'Église
*a\nt Épiphane, saint Jérôme , au sujet d'Alexandrie, et ce meurtre ne fut pas
des écrits d'Origène. Les théologiens vengé les lois et l'empereur restèrent
:
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471 L'UNIVERS.
en Égypte et était destinée à se main*
, sur la malheureuse Egypte : les M
usqu*à nos jours; le concile
tenirtellejusc 3ues ravageaient la Libye et une pai
d'Éphèse/par sa turbulence, recevait u territoire égyptien"; une
le tare de brigandage d'Éphese; Dio- traitants insatiables, a la té*te
dore, patriarche d'Alexandrie, défen- étaient les parents de Marin,
dait publiquement le ravisseur de la de l'empereur, exploita le pays;
femme d'un honorable sénateur; l'em- affreuse sécheresse se déclara ; les sai>
pereur Marcien déposait le patriarche; te relies, plus affreuses encore, rava-
et, pendant que ces affreux désordres gèrent la Palestine, et l'Egypte fui
ruinaient les affaires publiques à l'ul- chargée de payer les impôts que le fisc
térieur, les Sarrasins se jetaient sur la ne pouvait pas lever dans la Palestine;
Syrie, et les Blemmyes faisaient avec enun une famine et une peste su r\ ri- ;
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PTF.. 4îd
chrétiens égorges par ses satellites. Les Perses conquirent la Syrie (an
Justin II (Pan 56>), parvenu au trône, 614) : les fugitifs se rendirent à Alexan-
envoya son propre neveu comme pré- drie; et le patriarche, possesseur de
fet eu Égypte ; il le fit bientôt après sommes immenses perçues sur la piété
mettre à mort, soupçonné de conspira- des fidèles, possédait en outre quatre
tion. mille livres d'or, trouvées dans le tré-
Sous Tibère Constantin, la secte sor épiscopal lors de son exaltation;
des Jacobites s'établit définitivement, trésor dont l'origine remontait à la
destinée à survivre à toutes les autres spoliation des riches temples de l'E-
et à constituer l'Église réelle des chré- gypte égyptienne. Il envoya au pa-
tiens d'Égypte, qui subsiste encore de triarche île Jérusalem , qui manquait
nos jours/ de tout, mille pièces d'or, mille sacs
Son successeur Maurice rétablit sur de froment, mille sacs de légumes
le trône le roi de Perse qui devait , peu mille livres de fer, millf caisses de
d'années après, s'emparer de l'Egypte. poissons secs, mille vaisseaux de vin,
Porté sur le trône par le succès de et mille ouvriers. IMa s, deux années
;
ses crimes , Phncas rend un édit qui après , Perses s'emparèrent d'A-
les
exclut les Égyptiens des honneurs et lexandrie , secondés peut-être par les
des charges de l'État. Une sédition en juifs toujours secourables à ceux qui
fut la conséquence; mais l'empereur les payaient, et peut-être par les
fit baptiser par force tous les juifs Contes*, qui pensaient à se débarrasser
d'Alexandrie. d a nord de l'antique domination des
Héraclius lui. succéda sans rien di- Romains. Mais les deux peuples étran-
minuer de sa rigueur contre les juifs; gers à l'Égypte devaient l'avoir quel-
la secte jncobite était animée de l'es- que temps encore en partage.
prit égyptien , éminemment opposé à Néanmoins un Copte d'une noble
l'autorité romaine , et il servait de origine, et l'un des plus riches ci-
lien à toutes les résistances. Le Jaco- toyens , fut chargé du gouvernement
bite fut regardé comme le véritable de l'Égvpte : il se nommait Makaukas;
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4*0 L'UNIVERS.
et , s'il était de la destinée de l'empire en Tannée 641 , et avec elle le reste de
de préparer lui-même la |>erte de cette TÉgypte devint du vainqueur.
la proie
province, rien ne pouvait mieux con- Reprise par les Grecs , la ville tomba
courir à ce résultat que de confier de nouveau au pouvoir des Arabes. Ce
FÉgvpte , dans ces circonstances , à un fut en vain que Constant II, fils de
Égyptien puissant parmi ses compa- Constantin, envoya en Egypte une
triotes. Ses entreprises ne réussirent flotte etune armée pour rétablir l'au-
pas d'abord ; mais Makaukas fut un torité impériale dans Alexandrie ; à la
des instruments de la nouvelle révo- vue de la flotte , les Grecs qui se trou-
lution qui s'opéra en Égypte. Vers vaient dans la ville prirent les armes
l'an 630 , le patriarche George mourut et en chassèrent les Arabes. Amrou
et fut remplacé par un prêtre nommé avait été remplacé par Abdallah; les
Cyrus, sectateur du monothélisme Coptes redemandèrent Amrou, comme
homme d'ailleurs inquiet et brouillon. seul capable de les défendre : ils avaient
Le patriarche des Jacobrtes fut cons- un pressant intérêt à ne pas retom-
tamment son rival , et ses brebis n'en ber dans les mains des Grecs. Amrou
furent pas moins portées à la rél>el- revint; Makaukas le reçut avec joie,
lion. Cyrus lia des intelligences secrètes réunit à l'armée arabe une multitude
avec Omar . le lieutenant de Mahomet ; de Coptes ; et les Arabes et les Coptes,
il avait pour but dVIoigner ce calife de musulmans et chrétiens alliés, atta-
1'Êgypte au moyen d'un tribut annuel quèrent Alexandrie, l'enlevèrent, en
dont Makaukas fournit le premier démolirent les fortiUcations , et l'isla-
payement envoyé à Médine. Héraclius misme s'établit souverainement en
s'indignait de telles menées. Égypte, où il domine encore par l'effet
L'empereur ne trouva d'autre expé- des mémorables victoires d'Amrou , se-
dient contre les malheurs qui le mena- condé par les Égyptiens qui pensaient
çaient , que celui de donner à ce même à rendre quelque indépendance à leur
Cyrus l'autorité suprême en Égypte. patrie, et ne lui donnèrent qu'un nou-
Makaukas y conservait son pouvoir, veau maître.
mais secondaire , étant à la tête de la L'occupation de TÉgypte entière par
population copte; Benjamin, patriar- les Arabes marque la lin de la tiche
che copte, ne naissait pas moins l'em- que je m'étais imposée. Elle embrasse
pire: Cyrus, Makaukas et Benjamin tous les temps historiques anciens, et
étaient, dans leur coeur, les allies des s'étend jusqu'à l'époque où le mélange
Arabes qui devaient les délivrer du confus, opéré par la main du hasard,
joug des Romains. de toutes les doctrines de la philoso-
Àmrou battit les troupes de r'em- phie ancienne , donna naissance à un
pereur, s'avança triomphant en Egypte, monde nouveau destiné , dans notre
et s'empara de la ville de Mesràh où Occident, à survivre à tous les éta-
Makaukas commandait. De ce lieu blissements du monde ancien , et à
Amrou lieutenant d'Omar, s'avança
, Rome elle-même, qui , concentrant en
vers Alexandrie : la population accou- soi tous les temps antérieurs, devait
rait fournissant des vivres , témoignant enfanter pour les temps à venir le type
toute sa joie, proclamant sa défec- de l'unité sociale qui est le véhicule et
tion. Les Grecs, iidèles à eux-mêmes la vie même de la civilisation moderne.
et abandonnés par les Égyptiens , ré- Notre planche 92 est un modèle de
sistèrent en desespérés. Ils subirent l'architecture arabe en Égypte; c'est
les horreurs d'un siège de quatorze une des principales portes de la ville
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TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS L'ÉGYPTE.
A
Abdallatif, écrivain arabe, donne une A m ni on- R a, à tète de bélier, grand dieu
idée de la grandeur et des ruines de Mem- de l'Kgypte représente dans dei sculptures
phis 387
,
— a88 a. du temple d'Pm-Rey <la, 17 b.
Abraham, époque et cause de son vovage Année civile : les Égyptiens l'avaient faite
en 1gx pte comment, a\ec Ap.tr, son épouse,
;
sciemment plus courte que Tannée solaire^
il en est renvoyé par le roi, 3C)3 h, ?<)4 âT> a. (Y. l>iot).
Abyssinie; traita caractérisques des Abys- Auubis, quel était son emblème ordinaire,
sins, 0,7 a, h. 36oa. —
(V. aussi les articles Miuos, Reli-
Albuquerque, Portugais, veut ruiner l'É- gion.)
pypte en détournant le cours du Nil, m b. Apis (le bœuf) : un promenoir était cons-
Alexandre le Grand, arrive à l'oasis truit pour lui auprès du temple de Phtba
d" A ininnn, et y consulte l'oracle de Jupiter, à Merophis, 36S a (v. aussi les articles
;
466 a, b; Alexandrie, premier séjour des par Polyue, 4aa a piusieui s autres sont ob -
;
|>alriarcbes de l'Église chrétienne d'Kgvpte, servées par Hipparque, 437 b, 428 a. Voy.
4'><) b; l'empereur Claude donne des encou^ les articles lîiot,Calendrier, Champullion
ragemenls a l'école d'Alexandrie, ;<>S a ; le jrtn.e Clavse sacerdotale, lonrier, Le^
,
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•182 TABLE DES MATIERES.
vère et Diocîélien veulent priver les Égyp- de son atelier monétaire, a33 b; Auçu»"
tiens de quelques-uns de leurs livres, i33 h ; abolit l'usage de l'année vague des Egyp-
1rs noms de plusieurs empereurs romains tiens, et leur impose l'année fixe; delà
se trouvent sur les sculptures d'un temple 1ère d'Auguste, a3na,b; dans un |ietit
d'Esneh, 160 b; Germanicus reçoit des temple de Thèbes , les empereurs Hadrien
prêtres les plus âgés l'interprétation de si- et Othon ou ses successems sont rrpn-sea-
gnes hiéroglyphique* sur la puissance mili- tés faisant des offrandes aux divinités égyp-
taire de l'ancienne Egypte, 16a b, i6i a ; tiennes, a5o a —
a5t a; Auguste, <lâh>
une statue est élevée par les habitants de gula Trajan, continuent, sans la terminer,
,
Busirisà Balbiitus, préfet romain, pour quel l'édification d'un temple dans la Nubie,
bienfait, 188 b; Diocletien prive lÉgyple 3ia a.
B
Bacchus : ses principaux emblèmes sont Bérénice, nom donné à quatre villes, leur
figurés auprès d'Osiris, 1*7 a. situation, 43a a, b.
Bateleurs du Kaire : Us emploient dans Bichir, poisson du Nil, d'une forme sin-
leurs tours le lézard nommé tuftinambis du gulière, 1 S b.
désert, et la vipère hajé; forment une cor- Biot , cité sur les notions astronomiques
poration qui rappelle les aneiens psylles\ auxquelles sont armés les Égyptien*, sur
sont appelés pour purger de serpents les le rapport de leur année vague à l'année
habitations, animent les fêles du Kaire par vraie, sur la répartition des emblèmes in-
leur» tours ;
quelques - uns découvrent un terprétés par Champoliion le jeune, 97 a —
serpent dans le palais qui était habité par le 99 a ; a développé, dans un ouvrage spécial,
général Bonaparte ; par quel moy en, ly b. — l'opinion de Champoliion sur la date bV
ai b. du calendrier égvptieu , a re-
l'ïiittîtiition
Béni-Hassan, lieu reniai quable par plu- née de grands edilices, 3th b.
sieurs hypogées, 166 b, 1 «7 a; un de ces Byssus (toiles de). La classe sacerdotale
monuments, à colonnes doriques, est le tom- en chaque année uue certaine quan-
livrait
beau d'uu chef militaire, 36a b. tité au royal, 90 a; servait a faite les
fisc
Bérénice, reine dont la chevelure forme bandelettes des momies, à l'habillement, sur-
une constellation, 419 b, 4ao a, Lirait éle- tout à celui des prêtres ; était probablement
ver des chevaux pour
pour concourir dans les lecotou ; les temples renfermaient saus doute
jeux Olympiques, ibid. des fabriques de ces tissus, 19a b, iq3 a.
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CONTENUES DANS L'ÉGYPTE. 483
qui y a donné lien; importance pour le Sésostris , 160, a , b
sou travail sur l'ins-
;
d'Auguste; à quelle année remonte l'insti- ments, des traces dè la philosophie égyp-
tution régulière du calendrier égyptien; ou- tienne; sur la découverte qu'il ut, dans un
vrage spécial de M. Biot sur ces faits et temple de la Nubie, d'une nouvelle géné-
leur» conséquences, *38 b 240 a; calen- — ration de dieux , complément du cercle des
drier des fêtes religieuses; deux planches formes d'Amon, «Al b, 346 a; recueille
représentent toutes les expressions graphi- dans le lotul>eau d'un roi la plus ancienne
ques relatives aux mesuras, au calendrier, représentation relative au lever de l'étode
aux dates; un tableau expose les signes Sirius . 3a8 b ; explique une difficulté histo-
hiéroglyphiques des mois et ceux des cinq rique sur le règne de la ni.ie Amensé,
jours ce/estes; chaque mois et chaque 3o4 a —
3u6 a, découvre la grotte (spéos
jour placés sous la protection d'un person- Artémidos ) qui forme un temple souter-
nage divin ; 1rs personnages emblématiques rain, 3a4 a —
3a5 b; décrit sur les lieux,
des douze mois sont reconnus par Cham- en 1829, un petit temple de Thôlh (Her-
pollion; a \o a —
a44 a; sons quel roi a eu mès), 4£ a a et suiv.
lieu un certain renouvellement du cycle so- Clial , était consacré à la déesse Pascht ou
thiaque , 353 a. Ruha«tis (Diane); des momies de chats se
Callixène de Rhodes , dans son histoire trouvent en très grande quantité près du
d'Alexandrie, donne la description détaillée village Béui-Hassan-el-Aamar, 3?4 h
d'une fête qui y fut célébrée; époque et 3aa b.
objet de cette féte ; extrait de cette descrip- Chauves- souris : très • abondantes en
tion^ a 66 b. — Égyple; de huit genres distincts; celle qui
Cavalerie, n'entra pas dans la composi- est appelée roussette est susceptible d'édu-
tion de l'armée égyptienne, lIl! discus- cation, aJ a, b.
sion à ce sujet sur les paroles de Moïse, Chevaux, étaient d'une belle race,
ibid. if)6 ».
Cerbère, le même qne le Chien de Ty- Chine : n'était vraisemblablement pas in-
phon y placé par les Égyptiens dans l'Amen- connue à l'Egypte, 8;> a.
Ihi ( l'enfer), 1*2 a , b. Christianisme, ses premiers fondements
Chameau, paraît avoir été inconnu aux en Egypte , 469 b résidence du patriarche,
;
a» ii3 a.
31.
table des matières
Classe des militaire*, devenue le premier nombreux corps de troupes , par quel motif.
ordre de l'État sou* Menés; était pourvue Ml a.
d'une dotation territoriale; forée de l'année Classe populaire, troisième ordre de Pttat;
au temps d'Hérodote 146 * *4? ; dis-, — jusqu'à quel point elle contribua primitive-
tribution du ; émigration d'un corps
service ment à l'élection des rois, question indécise;
de cent mille hommes et par rpiel motif, mais |
m noue un jugement sans appel sur
1 1
14? a, b, 170 b ; restes d'une enceinte aux les rois a pré» leur mort noms
; ma rtries dan*
environs de Thèbes , laquelle est présumée des monuments, 1 1 a 173 a; familles ha- —
avoir été un établissement militaire; taux bituellement nombreuses; habillement sim-
moyen de la force de l'armée, armes di- ple, race belle et saine, mais un peu prèle:
verses , manœuvres , le roi chef suprême ; habitations particulières, vastes, avec jardin;
usage de la cavalerie inconnu, explication, '
nourriture : pains de sorgho ou */oura 9
sur ce point , de la tradition de Moïse, 141 viandes, poissons, miel, fruits et diverses
b — i4q 1; intérieur des camps connu d'a- productions , vin J>ière de grain , 1 7 3 a
,
—
près les monuments; armures, disposition 1 7>> a ; pour boisson habituelle l'eau salu-
dans marches le* peinture* découvertes
les ; taire du Nil qu'ils clarifiaient par un pro-
dans tombeau d'un chef militaire repré-
le cédé usité encore de nos jours; description
sentent de nombreux objets d'armement ; de la façade d'une habitation, du jardin qni
forme des enseignes , 1 49 a , i5o b ; armes en était une dépendance ordinaire, décora-
conservées dans nos musées, 162a, b; puis- tion de la maison par des peintures à fres-
sance militaire de l'Égsplc attestée par une que, 176 a —
178 a; meubles ornés de
multitude de tableaux homériques qui retra- sculptures la classe la plus humble abon-
cent, eutre autres faits, la prise de Jérusa- damment pourvue du
;
nécessaire, 178 a —
lem, les victoires de Rhamscs le (irand ou 170 a; objets d'habillement, ustensiles Je
Sésostris , celles de son père du roi H or us,
, toilette, bijoux et objets de parure : orne-
les chefs de diverses nations faits prison- ments d'oreilles, colliers, anneaux et ba-
niers, une bataille navale; puis les campa- gues, bracelets, bijoux de formes carrées,
gnes de Rhamsès-Méïiimouu dm I» iJkt , — 179 a —
182 b; ustensiles domestiques : va-
b; nouveaux détails sur les conquêtes de ses ; meubles , L&a b ; i_H a ; instruments
Sésostris, récit qui en est fait à Hérodote et produits des arts et métiers: armes, ins-
par les prêtres , témoignages récemment dé- truments de musique; tissus, i83 a , b ; ob-
couverts, fruits de ses victoires, 100 b — jets relatifs aux jeux et aux amusements de
i63 b; monuments élevés par les anciens l'enfance, 18J b; description de tableaux
Pharaons au delà de Syène; dans la Nubie; peints dans le tombeau d'un personnage
spéoî d'Ibrim qui appartiennent à différents distingué et représentant, i° les détails ne
règnes; celui de SiUilis pour le roi Horus, sa vie intérieure, a° le service de l'extérieur,
iJil !> — iiili a ; autres monuments de faits 3° la maison de campagne avec un nom-
d'armes à Reit-Oually, en Nubie, à Beni- breux domestique; étal numérique de ses
Hassan , ii>i» a —
162 a ; les militaires ac- bestiaux 18^ a
,
—
8G a chasse , pêche 1 ;
religion , i6_2 a ; le scarabée faisait le cachet de toute fécondité précautions pour l'entre- ;
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CO>TEKUES DANS I7ÉGYPTE
rages de
la basse Egypte, chevaux d*une Dendcrah et d'Esnèh 106 b fonc-
, — ma;
hrlle race, iq5 a —
196 a; poulets évlos tions et noms divers des prêtres , costumes
dans des fours, it>6 a — 197 a; perfection tète rase circoncision , tissus de Un, instru-
,
siles et les armes, 199 a aox b; considé-— — ia6a; jugement de l'àme, les champs-
rations sur l'antique éclat des institutions Élysees, les récompenses et les peines,
égyptiennes, sur les prodiges de leur archi- métempsycose», Thoth , livres écrits par di-
tecture . de leur mécanique , sur l'état de vers hgvptiens, livres hermétiques, descrip-
lenr commerce et de leur marine, 2121 b — tion de quatre cercueils sacerdotaux, t?6 a
ai*» a ; routes qui rendaient à Tbebes et à — i45b; deux grands prêtres, à l'époque
Memplûs, aufi a, b; vicissitudes de gran- de ao e dynastie , montent sur le trône
la
deur et d'infériorité jusqu'à la fondai ion 356 , b
a deux (ils de rois , d'aboM grands
;
dans une assemblé** générale de cet ordre, Costumes des rois dans leurs fonctions pu-
hérédité des fonctions établie par l'héritage bliques , 5J a.
de la terre ; mariage des prêtres leurs fils , Coudée seule mesure de longueur dout
,
quel point l'astrologie fut eu vogue dans Cuivre deux mines en ont été exploi-
:
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48<i TABLE DES MATIERES
célébrées dans le grand temple d'Esnèh , ca- colte du blé , celle du lin , le byssos ( pro-
lendrier sacré qui contient le tableau de bablement le coton) , i8Sh 19 5 a; divisée —
lotîtes les fêtes de l'année, il» b, a. Ui en trois époques d'après le temps cl le re-
Culture: variété des travaux et des ré- tour de inondation a3& b a3ô au
1 , ,
D
Dattier, utile jusque dans ses dernier» fda- fants, sur ïastrohgiê cultivée par le» prê-
ments, ig5 b. tres égyptiens qui prédisaient l'avenir,no a.
Dendérah. —
L'extrémité de la partie la sur poèmes
les en l'honneur de Sésostris,
plus ancienne du temple appartient an règne i37_ b a séparé la mythologie des Égyptiens
;
sont du temps d'Auguste d'autres exécu- , tionné, sans les nommer, plusieurs mis qm
tées sous divers empereurs, 466 b, 467 a ont vécu dans l'oisiveté, 290 a; a décrit les
(V. Zodiaques). actions d'Osymaodyas et son tombeau soi ,
Diane ou Artémis , la déesse Pascht ou a b; son texte sur Sésostris est certifié par
Baseht Wubastis) ; le chat lui était consa- les
,
des Éthiopiens que l'Égypte est une de leurs dynastie, et les premiers de 1a so*, 35i
colonies, et sur la conformité des usages a . b ; sur le roi Bocchoris, 36a b , 303 a ;
chez les deux peuples, sS a; sur Je pou- sur Psammétichus , 366 , a ; b ; sur le pou-
voir des prêtres en Éthiopie , 3A b ; sur la voir des prêtres éthiopiens, dont le joog
loi contre les faux-monnayeurs , 39 a , b ; est brisé par le roi Rrgamène, 417 a,
sur les sacrifices humains en Égypte, 43 b; b; sur la mort d'Aristomène que Pfolc-
sur l'étude de l'arithmétique et de la géo- mée Épiphane fait mourir par la ciguë
métrie que les prêtres enseignaient aux en- jgfl b.
Alexandre
tiquité et par le Grand, i_5 a — et monuments attestant les victoires de plu-
tfib; mer Rouge, lô b — 18 a; animaux sieurs rois, 146 a — 170 b; Classe popu-
qui lui sont particuliers , 18 a — aA a ;
végé- laire juge des rois après leur mort
, , iuterieur
d by Google
»
tème métrique, monnaie, calendrier. aaJIb Erçamène, roi d'Èlhiopie, duquel <Jn voit
— =^ *44 a; religion, renfermant trois points encore des monuments, renverse violem-
principaux : le dogme la hiérarchie, le
, ment le gouvernement théocratique de ce
<rar//e, a44*a — aôoa funérailles et pratiques
; pays, r±i2 a, b.
diverses pour l'embaumement des corps, Ethiopie , berceau de la population égyp-
afW> a —
n6\ a; chronologie, afU a — tienne 28 a et suiv. a donné à l'Ègyple le
, ;
a?5 a ; précis historique , a^5 a jusqu'à joug théocratique établi chez elle, 34 b;
la fin. dans plusieurs temples de la Nubie, élevés
Ëmeraudes (mines <V \ V. Cailliaud. par des rois éthiopiens, on trouve des traces
Empereurs romains; comment plusieurs de la conforiui du culte, de l'écriture
t
d'entre eux se sont montrés à l'égard des hiéroglyphique et des principales institu-
Kçyptiens. V. Augure, Précis historique. tions chez les deux nations, 4x2 D ( v «. Er~
Krato-thènes un des gardes de la biblio-
, gamèue ).
thèque d'Alexandrie, a donné des mesures Euchariste , second surnom donné à Épl-
sur une partie do cours du Nil S b. , phaue ,429 b r'e>t lui oui a introduit cet
;
del'l-gypte, il
y interroge les prêtres, 346- 477 b.
b, 347 a, 4*>7 *>- Grecs ioniens; quinze, hommes, femmes
Girafe, élait nu des animaux amenés par ou enfants paraissent avoir été figurés
,
les peuples vaincus ou tributaires, ao8 b. comme prisonniers dans une peintura qui
Gouvernement , d'abord théocratique, décore un tombeau, 166 b* 167 a.
Google
488 TABLE DES MATIERES
II
de Troie, sur le délwirquement à l'une des trait à leur influence, i5 a; auimaux par-
embouchures du Nil , de Paris et d'Hélène, ticuliers à l'Egypte : poissons ; oiseaux ; rep-
laquelle fut retenue seule en Egypte , etc., tiles; couleuvres et serpents; lézards et
etc., 117 b.— laob; Jsis et Usiri.% et ce crocodiles ibis; chau\e*-<ouris et roussette;
que les Egyptiens ont dit sur les transmi-
;
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CONTENUES DANS L'ÉGYPTE.
I
y en avait des carrières à Thorrab , près histoire, 358 a —
359 b; de quel roi de
e Memphis , 367 b des
; lions, des lévriers, l'Éçyple Osée implore le secours, 364 a;
es chacals vivants étaient donnés en tri- Èzeêhias secouru par un roi de la dysnastie
ait par des pays situés au midi de l'Égypte, des Éthiopiens contre Seuuachérib; discus-
1 b
1 une observation physiologique, sur
; sion à ce sujet , sur la tradition de la Bible
1 ressemblance des enfants à leur père ou et sur le ré» il d'Hérodote , 3(>5 a ; Jérusa-
leur mère, reçoit son application d une lem et le royaume
0
de Juda tributaires de
culpture qui représente la mère d'Améno- Aéchaô, 3(J<) b, 370 a.
ihis Hl, ii; a, b; quelques fragments Hyène elle se trouve en Égypte; elle y
:
lent le règne de David , celui de Salomon sous les coups d'assassins suscités par les
.1 quelques événements mémorables de cette parabulans , 447 b.
I
Ibis, oiseau de passage; deux espèces; a Invasion de l'Egypte par des barbares
été fréquemment embaumé par les Égyp- venus de l'Orient , durée de leur séjuur
e
tiens ; ne détruit point les serpents ; était 147 a. (Voyez le Précis historique, 17
r
consacré au dieu Thôth (Hermès) ; a donné, et i8 dyuaslie); seconde invasion, de peu
dit-on , l'idée du ely stère , a 3 a. de durée, 345 a , b; invasion par les Éthio-
e
Ibsamboul , lieu remarquable par un piens sous Sabàcon, fondateur de la a5
grand temple creusé dans nue montagne, dynastie, 363 a; invasion par les Perses
i5i b et suiv. ; par les colosses monolithes sous Cambyse, fondateur de la 27' dynastie,
qui en dérorent rentrée , 334 a par h?s li- » 376 b et suiv.; invasion d'Alexandre, sui-
e e
gures tracées sur les colonnes du temple vie de l'établissement des 3i et 3a dyuas-
d'Alhos, 337 b, 338 a. ties, 387 a et suiv.; invasion des Éthiopiens
Icbueumon , animal .susceptible d'éduca- réprimée par le préfet romain Pétronius,
tion ; ses habitudes; destructeur de plu- 466 a des Perses qui s'emparent d'Alexan-
;
sieurs auiman \ et des œufs du crocodile de ; drie, 749 a; enfin d'Amrou eu 641, 480
quelle manière au dire des anciens , il at-
, a, b.
taque les plus grands serpents , 23 b. Ipsus (la journée d'), décide du sort
Inde : elle avait des relations commer- d'Autigone, 4°7 h.
ciales avec l'Égypte, i6a b.
K
hamac, remarquable par d'
lieu Kourna (palais de) à Thèbes, édifié en
coiislruci ious , d ues en grande pari ie à Mœris partie par Ménephtha Kr terminé par son fils,
,
3 10 a; qui a orné ce palais d'une table Sesoslris: monument des plus remarquables
des rois ses prédécesseurs 3 1 1 a , b. ; une >ous le rapport de l'art. 3a5 a et suiv. ( V.
foule de bas-reliefs y retracent les campagnes phlhéum ).
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4m TABLE DES MATIÈRES
L
Labyrinthe, vaste édifice décrit par Hé- Larrey ( le docteur) après de curieuse*
,
rodote et par S ira bon ; destiné à la réunion recherches regarde les Abyssins , Herbert
,
des députes des provinces de l'Egypte, 36 b ou B ara bras , comme réunissant le* princi-
— 38 b ; imité à Cnosse par les Grec* ,38b; paux traits de conformation qui caractéri-
à quel roi en est attribuée la construction sent la race des anciens Egyptiens, 273 b.
a 89 b. Le» ro 11 ne , établit que l'astrologie ren
Lac Mœris, dans quelle partie de l'E- chez les Egyptiens, aus%i bien que Yi
gypte en restent les traces, son étendue, sa nomie, à une très-haute antiquité og a;
destination, à quel roi l'Egypte en fut re- cité sur le nom d'Ktipator, probablement
devable son nom actuel , uVgré de salure donné aussi à Ptolémce Philopator par la
—
;
que écrite eu grande partie avec d'autres Lois égyptiennes, citées par les auteurs
caractères, ce qu'attestent plusieurs savants anciens sans une distinction suffisante des
cl la Grammaire égyptienne de Chatnpnllion époques; par exemple celle contre les faux-
le jeune; commeut la langue égyptienne a monnayeurs, 38 b, 3 9b; citation des princi-
employé des mots exotiques , ai3 b —
214 pales, surtout de celle d'après laquelle le
b; constitution de cette langue, trois prin- vol était toléré; époques auxquelles furent
cipaux dialectes; sa grammaire, même dans établies certaines lois, telles que la permis-
la langue copte, n a pas subi de notable sion du mariage entre le frère et la sceur,
changement; ouvrages écrits dans l'idiome celle de la dissolution du mariage; citation
copte, 214 b — 217 b; résolution qu'é- à ce sujet dt ce qui avait eu lieu chei des
prouva la langue par l'introduction du nou- rois antérieurs pour le drnil d'hérédité des
veau système graphique; écritures usitées enfants; 3g b—
4* b; changement de la
dans l'ancienne Egypte : hiéroglyphique* législation sous le gouvernement féodal des
hiératique , démo tique , 217 b —
121 a; rois Pasteurs, 42 b, 43 a; discussion sur
expression ou taletir graphique des signes l'existence présumée des sacrifices humains
divisée en figuratifs , symboliques, pho- <-ri Egypte, 43 a et suiv. ; administration
nétiques, élude fructueuse, par Cham- de la justice; exposé, d'après un papyrus,
pollion le jeune, de l'in*criptiou de Rosette d'un procès jugé à Thebes 117 ans avant
et de deux inscriptions découverte! par J. C, et du plaidoyer, 4 à b -
48 b; sup-
Behoni, 221 a — 224 a; antiquité de l'u- plique adressée a Ploiémée Evergète II,
sage de l'écriture en Egypte; l'alphabet 48b, 49 a; affaiblissement successif de la
complet est publié dans la Grammaire législation et de la puissance de l'Egypte,
égyptienne ; explication graphique et gram- 49 b — 5o b.
maticale de deux lignes d'une inscription Louqsor (obéi isque de), de quelles carrières
très ancienne, 224 a — 226 a; sur l'usage il a été tiré, 4 a ;
description détaillée de ce
de celte langue à diverses époques et les monument consacré à la gloire de Rhamses II
traces que on retrouve de quelques autres
I et de Rhamses 111 (Sesoslris) 79 a 8.f a;
,
—
langues de l'antiquité, sur l'introduction du vœu de l'auteur sur une inscription à v gra-
nouvel alphabet, sur la durée de la langue ver 84 a. b quel roi fut le fondateur des pa-
—
:
copte, «26 b 228 b; époque de la cessa- lais de Louqsor, ainsi que l'atteste une ins-
tion de l'usage des anciennes écritures égyp- cription traduite; détails sur les bas-reliefc
tiennes , 476 b , conservé seulement par les et les décorations qui s'y voient encore, 3i3
Jacobites ou Coptes, 479 b. b — 3i4 b; le roi Horus contribue aussi à
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.
orner une partie Je ces palais, 3 19 b; Lucas (Paul), à sou retour en 1704 de
Rharasès I e * en termine les quatre
quati dernières son premier voyage au Levant , fait un récit
grandes colonnes, et les bas-reliefs qui y fabuleux de la cataracte de Syèue; ce qu'il
sont conserves portent son prénom royal et avait déjà vu aussi dans ses autres voyages,
son uotn propre 3aa a. , 10 a, b.
M
Magistrature* et dignités en Égypte sous Menai ou Mènes , elle est fortifiée et devient
Marbre blanc , rare en Égypte , 360 b. par son fils Sésoslris, découvert ei décrit
Marine régulière, employée comme force par Champollion le jeune, 3a4 a, 3*7 b.
de l'État, 168 a. Mer Rouge; sa position, sa direction,
Médailles. V. Monnaie. deux de ses bras forment une péninsule
Médecine et chirurgie, professées par les célèbre par plusieurs lieux mentionnés dans
prêtres, 9Î a, b; l'emploi et la composition l' histoire sainte, et par le séjour de Moïse
des remèdes, réglés par la loi, i38 b. et des Israélites; élévation de ses eanx au-
Médinel-Habou (palais de ) à Thèbes, dessus de celles de la Méditerranée; Napo-
grand édifice, trmple et palais, de la plus léon découvre le premier, dans le désert de
belle époque de l'art , 58 a , 59 , 1 55 1 58, — Suez, les traces du canal qui a joint ces
»4i, 3o1a, b; augmenté et décoré par deux mers, 16 b 18 a. —
Muwis, 309 b, 3 10; autour de ce monu- Mercure Thôth des Égyptiens , 1 19 a, b ;
,
ment s'élèvent ceux qui «ont dus à plu- l34 a et suiv.; inveutenr des poids et me-
sieurs rois postérieurs ; i quel règne en re- sures,a3o b.
montent les plus anciennes constructions, Mimaut (M.), a recueilli et transporté à
346 a, b; les tableaux qui y subsistent en- Paris le livre des races royales égvptienues,
core font connaître toute la XIX - dynastie, 271 b.
349 a —
353 a; sur quelques constructions Minos, Éaque, Rhadamante; chez les
est mentionné Tahraka, de la dynastie Égyptiens, llorus, Api, Anubi, 129 b.
éthiopienne, 36'» a , b. Mo? ris, date de son règne, gloire de son
Memnon (colosse, statue parlante de), administration, constructions et monuments
70 a — 71 a ; discussion sur le phénomène qui lui sont dus, 3oo, a —
3 f b.
des sous qu elle rendait ; de qui elle était Moïse entreprend de délivrer les Hébreux
réellement l'image, 71 a 77 a;3i3a,b, — de l'esclavage; par quels moyens il exécute
3i5 b, 3 16 a; est entendue par l'empereur son entreprise; quels lieux, parmi ceux
Hadrien et l'impératrice Sabine, 471 a, b. qu'il a nommé», sont encore rerounaissahles,
Memnonium , dans quel état sont les 17 a — 18 a; sa naissance, son éducation,
restes de ce monument 69 b et suiv ce jugement porté sur lui par plusieurs écri-
nom est une dénomination inexacte du
, ;
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TABLE DES MATIERES
quet momies royales étaient dorées et char* avec quelle arme Épiphane voulut être re-
géc* de bijoux, 55 a : les momies déposées présenté sur les siennes , 4 3a a ; à quelle
dans les tombeaux pavaient un droit aux année du règne dTÉvergete II s'arrêtent ses
prêtres, 89 b, a63 a," b; utilité de la mo- midailles à lions connues 445 b; les rooa- ,
mification , 04 a —
ij5 b noms donnés aux
; naies frappées par Clcopirrc n'indiquent
préires chargés deeel emliauinement, ma; aucun roi qui ait régné avec elle , 4^9*;
description de quatre cercueils sacerdotaux l'Egypte reconnaît la première l'autorité
conservés au Louvre, 144 a i{5 b; pré- — d'Olhon et frappe des monnaies à son nom,
paration des momies et détails sur les 4f»8 b; il en est frappé à l'effigie de Ha-
cérémonies funéraires qui se rattachaient à drien et de Sabine, d'autres le sont à l'oc-
cet usage, a6o a —
?f>4 a; description de casion de leur vovage en Egypte , 470 b;
dessins taisant paiiie d'un manuscrit sur pa- quelques-unes portent l'effigie de PertiiM\
pyrus, qui accompagnait une momie, 36<>a. et de Tatiana sa femme, 47a a; Firnuts ea
Monnaie et médailles. La monnaie métal- fait frapper à la sienne, 4;3 b.
lique parait avoir été inconnue à l'Egypte Moutagnev : deux chaînes encaissent h
3 a ; une seule espèce de pièce formait pro- vallée de lÉgvpte, leur nature, distance
bablement la petite monnaie ; pour le reste qui les sépare , % a b des montagnes de
, :
des anneaux d'or ou d'argent; monnaie in- gres, et d'autres de granit, paraissent avoir
troduite par les divers souverains étrangers, élé tres-anciennement brisées par le Nil
a3a b— a J3 b; particularité dans les datesdes ait a, 33ob. V. Mokattam.
monnaies frappées sous les premiers rois Mythologie grecque, évidence de son
Lagides 414 b —
416 a; les monnaies d'É- origine égyptienne, a54 a a56 b- V. —
vergète font présumer qu'il fut maître de Alliénc, hacchus, Cerbère , Diane , He-
Tripolis de Syrie, 4>N a; celles de Philo- phaistos, Mercure, Minos, Nuit (la), Per-
pator ont toujours porté ce surnom , 4a 1 a; sëphonè, Pluton.
N
Néron , fait faire un voyage pour la dé- vert un passage à travers une montagne gra-
couverte des sources du Nil , 8 b; une ins- nitique, a8 a; son eau, quoique tres-saln-
cription rapporte un décret rendu par les taire, a besoin d être clariliée, moyen
habitants de Busiris à la louange de cet employé pour cela parles anciens Égyptiens,
empereur, 46S a.' de nos jours; elle fait la !>oisson du
et aussi
Nil : ses sources encore inconnues ; in- Grand Seigneur à Conslantinople , 176 a b;
fluence de ses variations sur les vues des nature du limon du Nil; précautions pour
premiers législateurs de l'Egypte 1, a, b; l'entretien et la conservation des canaux;
explication d'une ancienne faille relative à honneurs divins rendus à ce fleuve, 187 a
la hauteur de ses accroissements, 5 a; ori- — 1 88 b; température de son eau, comment
gine de son nom, un culte particulier et les anciens Égyptiens b faisaient rafraîchir,
des prêtres lui étaient décernés ; représenté comment le font ceux d'aujourd'hui , 1 89 b,
de diverses manières, il recevait aussi des 190 a; le débordement du Nil, sa durée,
Égyptiens un nom particulier ; la célébrité avaient donné lieu au paitagede l'année en
de ses inondations et l'incertitude sur le trois saisons, a35 b, a3ti a; le Nil semble
lieu de sa .source existaient dès la plus haute avoir brisé des montagnes de grès àSilsilU,
antiquité , récit d'Hérodote sur ce point, 33o b; le roi Nilus acquiert quelque re-
tentatives faites pour connaître ses sources, nommée par ses travaux pour l'eut retien
es|K:rances sur la probabilité de leur décou- des canaux , 354 b ; habileté du préfet ro-
verte prochaine , 7 a —
9 b cinq cataractes
; main IVlronius daus la distribution des
état réel de celle de Syene méconnaissable eaux du fleuve, 4C6 a.
dans le récit de Paul Lucas; d'après quel Nubie : elle était intimement incorporée
motif a élé conservé cet obstacle à la navi- à l'Egypte , ainsi que l'attestent les spéos
gation; débordements annuels, leur cause, d'Ibrim et les monuments de Beit-Oually,
leur résultai ; salubrité de son eau; le por- i63 b — 166 a.
tugais Albuquerqiie veut détourner son Nuit (la),* Nyx chez les Grecs, est U
COUTi; 9 b —1a b. Ce fleuve, à une époque Ilouto des Egyptiens, a54 a, b. c
«l"e nous ue pouvons délermiuer, s'est ou-
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CONTENUES DANS I/ÉGYPTE. 493
o
Oasis, de verdure au milieu des dé-
(les qui il description de l'obélisque
futéiigé;
serts : leur situation ; dans celle de Jupiter- brisé renversé qui correspond à ce pre-
et
Ammon, aujourd'hui de Syouah, était, mier; quels obélisques , transportés hors de
selon Hérodote, la Fontaine du Sdell et le l'Égypte, portent des noms donnés à Mœris,
temple du Dieu ; Alexandre le Grand, d'a- aoS a —
309 b; trois obélisques, à Rome,
près l'exemple de plusieurs héros , y va con- à Alexandrie, à Conslautinople, datent de
sulter l'oracle; diverses ruines et l'existence son règne, 3ii a, une singularité a été re-
de la fontaine al testent la vérité de ta tra- marquée sur l'obélisque de Ménephtha I**,
dition; utilité des oasis, i5 a —îG h. qui est à Rome, 3^7 b, 3a8 a; celui de
Ol>élisques égyptiens : sont tous mono- Motite-Citorio à Rome porte la légende
lithes; à quelle époque fut probablement royale de Psammétichus, 367 a; par quel
élevé le premier, 77 b, 78 a; combien il y roi fut élevé celui qui s'y voit sous le nom de
en a encore à Rome, villes où il en a été la Minena, 370 b; l'obélisque Pamphili à
transporté, 78 a, b; à quoi les Égyptiens Rome porte le nom de Titus avec le titre de
les destinaient, 78 b, 79 a; description de divin , les obélisques de Bénévent portent
l'obélisque qui est à Paris (Voyez Louqsor;; le même nom et citeut aussi Domitien,
par qui a été construit celui qui est encore 4G9 a.
debout à Héliopolis 1^1 a ; à Tlièbes est
, Oreilles — en mioi elles caractérisent
cnrore~su! pied le plus beau des obélisques toute figure de véritable style égyptien,
qui subsistent sur le sol de l'Égypte, par 336 b.
P
Palmier- don m (description du) 6 a, b. mourut ni ne fut inhumé en Égypte, 338
Papyrus ou byblos , plante autrefois très- b; ils s'emparent d'Alexandrie lau (i 16 de
commune dans la basse Égypte où elle est 1ère chrétienne, 479 a.
aujourd'hui trè*-rare, son usage des l'anti- Peste : parait être indigène en Égypte ;
quité la plus reculée jusqu'à une cerlaine les anciens Égyptiens s'en sont préservés,
époque de l'ère moderne; de beaux ma- 14 b; depuis quelle année elle s'est mani-
nuscrits de divers âges en sont eonsenés festée en Egypte, et par quelle cause, 94 b —
à Paris, 24 b —
aâvb; un des plus impor- 95 b.
tants, expliqué par Champolliou le jeune, PI 11 ton ou Adès, l'Osiris des Égyptiens,
est possédé par M. Sallier; il contient, pres-
que en son entier, un panégyrique de Population. —
Discussion de l'auteur
Sé*ostris, 169 a , b; la plante reste aujour- sur ce point : à quelle race humaine ap-
d hui dans l'Abyssinie, iy5 b; deux papy- partenaient les anciens Égyptiens ? Po- —
rus écrits eu phénicien ont été trouvés pulation descendue, d'apres toutes les
dans fa Thébaïde, b. probabilités, de l'Ethiopie; considérations
Pausauias, cité au sujet de la statue do sur les progrès de la civilisation pendant
M «miiiiou, 71 b, 76 a. ving- trois siècles avaut le regue d'Auguste,
Période sothijue, ou cynique, ou de 1460 aG b — 38 a.
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494 TABLE DES MATIÈRES
premier de ce* rois, substitue le gouverne-
ment royal héréditaire à la théocratie, si- sont pas parvenus , 290 a. — i5' originaire
gnale son règne par d utiles travaux et par de Thebes: a régné ?5o ans; le nombre de
ses conquêtes; après lui sou (Ils Alhothis, et ces rois nous est incounii , 290 a , b ; des
six qui lui succèdent de père en fils Ccn- : monuments constatent seulement l'existence
eèues. Ouanéphis, Ousaphès, ISiéhaïs, de Mérenrhès, septième toi de rette dynas-
Mempsès ou Simempsis, 277 a, b. tie, celle d'Osymandyas qui en faisait par-
a" neuf rois, pendant 297 ans: Bôchos, lie, et duquel avaient été figurés les exploits,
Citons, Biophis, qui appelle les femmes à enfin celle d'un autre roi désigné dans i:a
la succession de autorité royale, lias,I tombeau, 290 b — 292 a. —
iti* plusieurs
Setliinès , Ncpherchéres Sésochris,
( ;ha?rès mis, pendant 190 ans; de ces rois nous sont
Chénérès, 277 b, 978 a.
,
pendant 197 ans, Néchérophès, sou» lequel son fils, illustre par ses exploits cl par le
l'Egypte est attaquée par les Libyens, Sésor- temple qu'il fit ele*er à Horammon; son
thos, très-habile en médecine et qui perfec- successeur Amenhembé, et le dernier de
tionna l'art de récriture, l'y ris, Mésorhris, tous, Timaos qui perdit la vie en combat-
Souplûs, Tosertasis, Aches et Séphuris, tant les rois Pasteurs; voyage d'Abraham en
Kernhérès, 278 a, b. 4* dix-sept rois, — Égy pie , 29a a —agi b. 1
—
7* la dvna-Jje
pendant 448 ans: Souphi, Sensaouphi, des rois Pasteurs ou Hyhos , occupant l'E-
Maitchérès. Sôris, Ratoeses, Bichcrex, Sc- gypte depui» Memphis jusqu'à la Méditer-
berchères, TainphtU, en sont les seuls nom- ranée, et en même temps celle des Plia taons
mé» ; dès le commencement de cette dynas- qui s'établirent dan* la haute Egypte : »ii
tie, construction des pyramides de Ghizé et mis Pasteurs, pendant 2^9 aus dix mois:
de plusieurs autres, leur description , 278 b Salathis, Roeon, Apachtia», A pop lus, Anao,
— 184 b. —
5' sortie d'Éléphant ne : neuf i Assés ou Asseth; administration de Joseph,
rois, pendant 748 ans Ouscrrheiès, Sé- : probablement sous le règne d'Apophis; six
phrés Néphereherès , Sisiris Obérés Ra-
, , , règnes de Pharaons, pendant les meniez aôo
tbouris, Meuchérès, Tanchérès, Ounos, an» : Aménemdjôm 11, Osortasen 11, son
284 b —
a85 a. —
6* originaire de Mem- frère Osortasen III, Aménemdjôut III, un
pbis: cinq rois et une reine, pendant 2o3 cinquième roi dont on ne connaît que te
ans Othoes, Phios, Méthousouphis, Phiôps,
: préuom roval, enfin Ahmôs (chez les Grecs
Menlhésoupbis la reine Niloeris sa sœur,
, Amo»is) qui vain(|itit les Pastfttrs, et en-
qui emploie l'artifice pour puuir les meur- ferma enfin le dernier de ces rois dans une
triers de «on frère , fin malheureuse de cette ville dont il entreprit de faire le siège, 294
reine célèbre par sa beauté, a85 b 286 — b — Sot a.— 1
8* dix-sept rois pendant 348
,
a. — 7* cinq rois pendaut 75 ans; leurs ans (voyez le tableau, p. 344). Départ des
noms sont restés inconnus, a86 a. 8 e cinq — rois Pasieurs, 3oi a, b; construction des
rois, pendant 100 ans; l'histoire ne nous en plus beaux édifices, 3o3 a et suiv.; sortie
a pas transmis les noms. 9* veuue du nome— des Hébreux 340 a
,
—
341 a ; établissement
Héracléopolile : quatre rois, pendant 100 dans la Grèce de colonies égyptiennes, 33q
aus: Achihoes, roi cruel, dévore par un cro- a et 345 b (19* dynastie) conquêtes en Ani- .
codile, a36 b. —
io- venue d'Heracléopolis :
,
dix-neuf rois, pendant i85 ans; pendant cation d'une difficulté sur le règne de la reine
combien de temps Memphis fui le séjour des Amensé, J04 a; monuments remarquables
familles royales, idée de la magnificence de qu'elle a fait construire, où se voit encore
cette ville, a 86' b a88 b. — 1 1* originaire — son tombeau, ib. — J09 a; monuments du
de Thebes: dix-sept rois, pendant 5 9 ans; règne de Maris son fils, Sog a 3t 1 b; —
de ces rois, le dernier, Amménémès, nous Aménophis IJ, son fils, construit de nom-
est seul connu , 289 a. —
12 e six rois et une breux édifices dans la Nubie, 3 12 a, b; son
reine, pendant 160 ans: Sésochris, Ammé- successeur Touthmosis IV remporte sur le*
némès ou Amménémôpb, Sésostris (proba- Libyens une victoire attestée par une inscrip-
blement Sésostris l'ancien), Labarès, qui tion encore exilante, 3ta b, 3i3 a; son
construisit , dit-on , le labyrinthe, Amméres, successeur Aménophis III fut le fondatenr
un troisième Amménémès, la reine Scennio- des palais de Louqsor; était représenté psr
pbrès, 289 a aoo a. —
1 i* soixante roi» — la statue vocale de Memnou , remporta sur
re»tés sans nom 453 ans, 290 a.
: 14* ori- — les Éthiopiens une victoire attestée par les
ginaire de Skôou (Xoïs), soixante et seize restes d'un de ses colosses qui décorent 1-
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CONTENUES DANS L'ÉGYPTE. 49&
bon le jeune qui l'a découverte, d'une grotte A m me m s , selon Manétbon (Amoiiasd , se-
(speo* Ar'emidus) qui forme un temple sou- lon les monuments), deux autres , Pioa-
et
terrain terminé par ce roi 3a 3 a , 3a5 b; — chéi et Asplt (aussi selon les monuments)
palais de Konrna ou Mèneptlièum , sa des- auraient terminé cette dynastie au milieu
cription, 3a5 b —
3a7 b; Rrlzoni découvre des troubles de son expulsion par une fa-
le toml»cau de Ménephlha i rr 3a8 a , b; rè-
, mille nouvelle, originaire de Sais, 363 a —
gnes successifs de se* deux fiU Rhamsès II : 366 a. —
a6* neuf rois pendaiil i5o ani :
et Rhamsès III ou Sésostris. 3 au a 34 — Stépbinatis, Néchepsôs et Néchao (les trois
a; après Sé*o*tris, un de se* fils, Méneph- premiers suivant Manéthon). puis, d'après
tba II ; ensuite sa fille la reine Thaoser, quelle lis monuments Pvatnmcùchus qui rend
:
circonstance a fait découvrir son régne; puis plus facile aux étrangers rentrée en Egypte;
Meneplitha III, dont le tombeau n'est pas émigration considérable de troupes égyp-
achevé ; enfin Rbaméri, 3'»i a 344 b. — — tiennes en Ethiopie; grands ouvrages exé-
19* six rois (nombre probable) pendant 194 , cutés sous son règne; puis son fils Nécos,
ans; seconde invasion des Pasteurs repoussés Néehaô II selon Manelhon; travaux com-
par le premier roi Rhamsès IV, Méiamoun; mencé* pour le canal de communication
se4 exploits, importance des monuments entre les deux mers ; vainqueur en judée,
qu'il a fail construire; après lui, les K h mi- il est repoussé par Nabuchodoitosor, 367 a
sés V* VI*, VII*, Vlir et IX*, nommé — 370 a; Psauimétichus II rèj;ue 17 ans
J honoris par Manétbon, 345 a — 35 t b. — selon les monuments ; le nom de Nitocris
xo* dix rois, pendant 178 ans: les Rbam- est porté par plusieurs femmes de cette
sès X* XI -
, XII*; Aménemsès; puis les race royale; A priés son successeur, ayant
Rbamsès XIII*, XIV, XV
ou Rameri ; essuyé une défaite, est détrôué par les
Pahôr-Amonsé, grand prêtre d'Amon; Pih- Égyptiens qui le mettent à mort après avoir
mé, aussi granJ pi ètre; enfin deux souverains nommé roi Amasis, sous lequel I fcgvpte est
dont les noms nous sont inconnus, 35 i b — florissante ; épouse la fille d' À pries, dont
il
357 a. —
ai* sept rois, pendant i3o ans: la tombe, ainsi que la sienne même, est ou-
Mandoiifiep ( Mendes ou Smendès de Ma- tragée par Cambyse ses relations avec Po-
;
nélhon), Aaséuès ou Aasen (Psousennès lycrate et avecSolou; son fils Psa éti- mm
011 Phuneses ou Phuséuès de Manétbon), ons III ne règne que six mois, vaincu et
tous deux connus par de.* monuments; Mané- mis à mort par Cambyse, 370 a 377 b. —
tbon seul nomme leurs successeurs Nepher- : — a7 r . La dynastie des Perses, sept rois,
rliéres, Aménopbtliis, Osocbôr, Psinachès, pendant iaoans : Cambyse qui régne avec
Psousennès ou Aaseii; dynaslie contempo- cruauté, D.irius I' r , Xercès, Artaxercés,
raine du roi David et deplusieurs de ses suc- Xercès II, Sogdianus, Darius- Not bus ; les
cesseurs, 357 a —
358 b. —
aa e issue de l'gyptiens, soutenus par les Athéniens, com-
Rubastis : cinq rois nommés et probablement battent pendant plusieurs années, mais sont
deux ou trois inconnus, pendant tao ans : encore soumis ; enfin un Égyptien nommé
Scheschonk (Scbiscbak el Sisac dans la Bi- Amyrlée se met à leur tète, défait le lieute-
ble, Séchoncliis de ManéthonV, O»orrhôn nant de Darius-Nothus, ai rétablit les lois
Schesebouk II (Sésonchis II) , Takelôthès et le culte des Pharaons. Ce roi forme à
Osorcbôn II, puis ses deux successeurs se- lui seul la a 8° dynastie dont la durée est
lon Mauélhon qui ne les nomme pas, 358 b. de six ans, 376 a 383 b. —
au* dynas- —
—
36a a — e
a3 originaire de Tanis, quatre tie , composée de cinq rois dont les régnes
rois, pendant 89 ans trois seulement sont
: forment ai années : le premier, TVoufron-
indiqués par les monuments : Ptabavtep, thph ou. selon les Crées, Néphéritès, dont
Osortasen, Amen-Hem-l)jam (selon Mané- la famille, originaire de Mendes, a fait don-
thon : Petubastif, Osorlhôo, Psammus), ner à cette dynastie le nom de Mendé-
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TABLE DES MATIÈRES
tienne; le second Hàkôr, selon les Grecs de ses quatre
Actions ; le troisième Psimotith, nommé du trône jusqu'à la défaite d'Antoine par
par Manélhon Psammuthès; enfin le qua- Octave; elle se donne la mort, et l'Egypte
trième, Mutliis; et le cinquième N'éphé- devient une des provinces romaines, 401 a
réus, 381 b —
384 b. —
3o' et dernière — 464 a; Auguste choisit lui seul le pré-
dynastie égyptienne, pendant près de 38 fet qu'il donne à 11 gypte avec une admi-
•lis, composée de trois rois Nectauèbe I rr,
: nistration particulière les Éthiopiens y
;
Téos ou Tarhos qui resserre l'alliance avec font une invasion, mais sont repousses;
les Laeédémonieus du temps d'Agésilas, en- divers temples retracent les noms et les
fin Nectanebe H, qui, vaincu par Darius images de plusieurs empereurs ; t roubles à
Ochus, se retire et reste en Ethiopie, 384 b Alexandrie pendant le règne de Caliguia :
— 386 — Domination
b. des Perses : Ochus c'estdans celte ville que Yespasien csî
pendant deux ans; son fils Arles aussi d'abord nommé empereur, 464 b; soas
pendant deux ans; enfin Darius III pen- Domilien le christianisme jette en tfgypi*'
dant quatre ans, 384 b — M?
a; 3i* dy- ses premières racines, et Alexandrie est
nastie : Alexandre, son frère Aridée, ses d'abord le siège du patriarche; sous Trajan
deux fils Alexandre et Hercule ;
interrègne l'inimitié entre les Grecs et le* Juifs donne
jusqu'à lavéïiement de Ptolémée Soler, lieu à de grands troubles; des séditions dé-
a? ans. Alexandre enlève 1 Egypte aux terminent Hadrien à se rendre en Egypte;
Perses el y fonde Alexandrie. Il laine Cléo- elles contiu uenl même sous le rè^ne des
mène pour gouverneur. Après la mort Antonius; Septime-Sévère , s'écarta nt àrs
d'Alexandre, Ptolémée, un de ses généraux, principes d'Auguste, donne un sénateur
leçoil en partage le gouvernement de l'E- pour préfet à l'Egypte, et y lance un édit
gypte, dans laquelle cependant est reconnu de persécution coulre les chrétiens; Cara-
pour roi Philippe Aridée, frère d'Alexan- calla punit cruellement les épigrammes des
dre, 387 a —
394 a; après lui la couronne Alexandrins ; après lui les dissensions de-
échoit à son Alexandre, ué de Koxaue;
fils viennent plus violentes; une colonne est
Cassandre tous deux à son am-
les sacrifie élevée en l'honneur d'Alexandre Sévère, sous
bition, ainsi que le jeune Hercule, (ils d'A- lequel l'Egypte jouit de quelque repos ; après
lexandre et de Raisiné; Ptolémée, après lui , les chrétiens persécutés par les É^vp-
avoir défendu l'Egypte contre plusieurs de tiens se réfugient dans les solitudes dé U
ses rivaux, en est reconnu roi, sous le nom Thébaïde ; la reine Zénobie s'empare d'A-
de Ptolémée Soter, l'an 3o5 avant l'ère vul- lexandrie 464 b
,
—
4 74 a ; Dioclétîen ctab/it
gaire, que ses monnaies indiquent comme' cruellement son autorité dans Alexandrie,
la vingtième de sou règne, 3o/» a
r
401 a — et persécute les chrétiens. Constantin com-
et 400' b.-— 3a dynastie, pendant ao4 ans, prend l'Egypte dans le royaume d'Orient;
treize rois ou reiues les laoihii ou Plo-
: troubles excités par la doctrine d'Anus; Ju-
létnées, distingués par les noms suivants: lieu favorise la religion égyptienne; conti-
Soter. Philadeiphe , Évergèlc T , Philopa-
r
nuation des dissensions religieuses ; le chris-
lor, Épiphane , Philometor, Enpalor, mort tianisme l'emporte peu à peu sur l'ancien
dans l'enfance, après uu règne de quelques culte, après de sanglants démêlés ; les Perses
mois, Évergète II, nommé aussi Physcoii et s'emparent d'Alexandrie; les Jacob. tes oit
quelquefois Cakergétes , Soter II détrôné Coptes forment une secte opposée à la do-
par Alexaudre V , lequel est détrôné à son mination romaine; enfin sous Héraclius
tour par Soter II qui règne de nouveau pen- commencent les démarches de deux patriar-
dant sept ans et demi ; une reine, Bérénice, ches, Cyrus et Benjamin, el du Copte Ma-
après avoir occupé seule le trône pendant kauLas, pour appeler à eux les Arabes et
six mois, reçoit pour époux el pour* roi se soustraire au joug des Romains. Amrou
Alexaudre 11, qui, chassé par ses sujets, envoyé par Omar, lieutenant de Mahomet,
lègue sa couronne au peuple romaiu ; De- s'empare d'Alexandrie, puis de l'Egypte
nys Quittés ou Nëos Dionysos, qui fuit de entière, où il établit l'islamisme qui y i/o-
l'Egypte; pendant son absence le trône est
occupé par sa
mine encore, 47 4 a —
480.
fille ai née, Bérénice, qu'il Psylles, hommes doués du don de charmer
revient mettre à mort ; il règne encore trois les serpents , etc. ; ceux de l'Egy pie paraissent
ans, el veui, par son testament, que Rome a\oir été les plus célèbres chez les ancien*;
protège l'ordre de succession qu'il a établi leur corporation est aujourd'hui représentée
Pour ses eufauts. Sa fille Cléopâtre, l'ainée par celle des bateleurs du Kaire, *o b—
ai b
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CONTENUES DANS L'ÉGYPTE.
Ptolêmée t le* * ou rois Lagidi*. (T. Pré- sont les plus anciennes , 279b; description
ris historique), de la plus grande de celles de Ghizé ; ob-
Pyramides : leur destination , 26 î a ; relies serval ions criti<|ues ou historiques sur l'objet
de Memphis, les pyramides royales ne por- et l'époque de la construction des pyramides,
lent aucune irace d'écriture, aa4 b ; quelles 279 a — 284 b.
R
Religion mal interprétée par plusieurs
; la maguificence et la richesse; sous combien
peuples et par les premiers voyageurs grecs de formes était représentée une même divi-
mieux exposée par Porphyre, Hérodote et nité ; caractères généraux communs à toutes
Jamblique, iH a —
245 a; trois points à y les divinités; énumération, description des
distinguer: \e dogme, la hiérarchie, le culte; principales coiffures qui les distinguent,
quel tut le dogme d'après les faits et les opi- a 56 a —
a5o b ; sur l'emploi du sphinx
nions les mieux fondées, 245 a, b; la hié- dans les emblèmes, ibid. les momies, leur ;
rarchie établie sur une base reconnue par préparation ; parties du rituel funéraire
< hampollion dans un temple en Nubie sa- , trouvées dans les cercueils, stèles funéraires,
voir : une triade formée des trois parties a5 9 b -
2Ô2 b; où étaient déposées les mo-
a" Amon-Ra, xj5b, 246a; ensemble du mies , destination des pyramides ; prix da
système composé dune série de triades ; location payé pour le dépôt d'une momie
quelquefois un même édifice partagé à deux dans les tombeaux; momie du père donnée
triades; description d'un petit temple où en gage par le fils; présence, dans les re-
étaient adorées deux déesses dont chacune pas , d'un simulacre des ancêtres ; milliers
de son côte siégeait avec une triade, 246b de momies de divers animaux , explication
—
248 a à quelles triades ou à quels dieux de plusieurs planches relatives i l'appareil
;
bat-reliefs inférieurs; consécration princi- Riz, parait avoir été inconnu à l'ancienne
pale à la divinité locale, celle de la bour- Égypte, i 9 5 a.
gade qui existait autour du temple, et en Roboam , roi de Juda , représenté peut- ,
même temps adoration des grandes divini- être eu personne , dam une des sculptures
tés du nome où était situé le temple, et d'un palais à Thèbcs , laquelle rappelle la
aussi du dieu du nome le plus voisin ; l'em- prise de Jérusalem par Sèsonchis i5i b , ,
«49 b a 5i a; répartition pour ainsi dire deuil général à sa mort sépulture accordée
féodale de l'Egypte et de la Nubie entre les ou refusée d'après un jugement 5o b
;
—
M
,
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TABLE DES MATIÈRES
148 a, b; leur |>alai», leur habitation inté- 91a; chef suprême de l'année, 1 48a ; Rk^
rieure , 5q h —
60 b l'inscription de Rosette
; sés-Méïamoun marche à Pentmemî la \-
atteste quels honneurs le sacerdoce a décer- nuc et les cheveux nattés, i58 b ; k- ;
mémorables des rois étaient après les bien- honneurs qui sont rendus à Ptolomée Lf
faits des dieux, les sujets des monuments
,
{îhane , 60 b —
63 a donne des détails * ;
S
humains, ont-ils eu lieu daut
Sacrifices sur un précieux papyrus, 169 a , b; voy. Sût
l'ancienne Égypte? l'auteur prononce pour règne, 33 1 a 34 1 b. Son— tombeau.
la négative, 43 a 45 a. — 339 a, b.
Sais, ville célèbre, n'est plus qu'un Sinus: de quelle importance pour le ca
amas de ruines monumentales : leur descrip- lendrier égyptien était le lever héliaque tic
tion par Champollion le jeune, 366 a — cette étoile, a 36 a, b.
367 a. Sostrate de Gnide termine la constructiot
Scarabée ( le) était le cachet de la caste du phare d'Alexandrie; par quel moyen,
militaire, et pourquoi, 167 b. dit-on , il transmet à la postérité son nom
ScLakal d'Égypte (ou chàcal), aussi écrit, àl'insu du roi, sur l'édifice, 41a b,
hardi , aussi rusé que notre loup v.1 h , , 4i3 a.
emhJème ordinaire du dieu A nu bis, Sphinx monolithe ; sa description, coev
36o a. ment il formait une communication avec la
Sculpture époque de sa décadence , re-
, grande pyramide , a8a a b. ,
connue surtout dans un petit temple de Strabon , décrit le iabrrintfte ,37b; cite
Tboth (Hermès), 444 b. au sujet du colosse de Memnon, 75 a, b;
Scjtale ( le) des pyramides , serpent re- a vu à Héliopolis l'habitation des prêtres ;
doute, aoa. quelle était leur princijiale étude, 99 a ; cite
Semaine, comment les Égyptiens en ont sur la force de l'année égyptienne, *47 a;
nommé les jours, d'après certaines planètes, sur les verres que l'on fabriquait à Tbèbes
96 a , b. de son temps , 500 b ; sur la division de
Sémoum , vent brûlant , ainsi nommé Tannée, telle que les prêtres de Thèbes l'a-
bleaux et bas-reliefs qui retracent ses vic- Succession au trône ordre établi parmi :
toires et celles de son père, i5i b et suiv,; les enfants, puis pour les parents et les pi-
les prêtres racontent à Hérodote ses victoi- rentes 34 b , 35 a ; exemples cités pour
,
res en Orient et dans l'Europe même quels des enfants, soit nés hors de mariage, soit
en out été les fruits , 161 a —
i63 a ; divers
;
monuments eu ton honueur daus la Nubie, sis I occupe le trône après son neveu
sculptures sur* des rochers 1 03 a 1 65 a
, — ; mort sans enfants gouverne, quoique ma ,
aon panégyrique , presque en entier, se lit liée deux loi* et laisse le sceptre à son
,
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CONTENUES DANS 1/ÉGYPTE.
tîls , 3o5 b; de l'égalité des
\
>i i .ibilité -mu de l'unité d'abord en trois grandes par-
droits entre tous les enfants, 338 li. ties puis en sous-mtritiples de trois ; à quoi
,
Syouah , ville qui donne aujourd'hui son se rapportaient les diverses mesures de lon-
nom à l'ancienne oasis de Jupiter- A mmon ; gueur; de la coudée : nous en possédons
nus d'un grand temple non loin de cette d'authentiques avec leurs divisions; époque
*ille , et fontaine célèbre dans l'antiquité, de l'une de celles qui nous sont parvenues
16 a , h. longueur de la coudée, >3o a, a3a a; de
Système numérique, système métrique. leurs poids un seul nous reste
, sa valeur
:
;
Les Égyptiens ont ignoré l'usage du zéro et i3a a, b; les divisions et subdivisions des
la valeur des chiffres d'après leur position ; mesures étaient placées sous l'invocation
chaque subdivision du système général d'é- d'une divinité, par exemple, celles de la
criture avait sa série de signes de nombre ; coudée, a4i b; la longueur en est détermi-
les quantièmes des mois étaient exprimés née, probablement avec exactitude, par les
des chiffres particuliers ; distinctiou des simulacres qui en ont été trouvés dans les
aa8 b — a3o a; tombeaux , ib.
Thèbes; ses ruines attestent des cons- voyageur , est un de ceux qui ont été ache-
tructions de diverses époques, a a; leur vés; quelle conséquence on peut en tirer,
u intensité , leur magnificence, 6 b (voy.
i 3i8 a, b; tombeaux des reines, subsistent
er
Tombeaux), quelles routes y aboutissaient, encore à Thèbes, 3i8 b; celui de Rhamsès I
aoO a , b. qui régna peu d'années, n'est orné que de
Tbéocrite idée de son hymne en l'hon-
, peintures, 3a3 a; exploration en 1829 de la
neur de Ptolémée Philadelphe, 416 a. vallée où sont les tombeaux des rois de la
Thôt ou Hermès Hermopolis renferme : 18* et de la 19 e dynastie, 35a a 353 a; —
des de momies d'ibis, oiseau con-
milliers description du «lus grand et du plus magni-
sacré à ce dieu , a63 b ; de tous les temples fiquement orne de ces tombeaux, 347 b
encore existants en Egypte il n'en reste , 348 b; le sarcophage en granit en est dé-
qu'un spécialement consacré au dieu Thôtb, posé au musée du Louvre , ib.
249 b; une déesse y est sa compagne, ib. Tortue d'eau douce (la grande), ou
et a5o a; sa description sur les lieux par Trionyxy se trouve dans le Nil, 19 b.
Champollion le jeune, 44a a et suiv. Troie éprise de) , au temps de quel roi
Timocharis astronome dont il nous , reste on peut , d accord avec Pline , la rapporter,
quelques observations faites à Alexandrie 353 a, b.
411 à 414 a. Tupinambis du Nil , ou Monitor, lézard
Tombeaux de plusieurs rois de dynas- ennemi du crocodile, 19 b; et de l'ichneu-
ties originaires de Thèbes, leur description, mon , a3 b ; le tupinambis du désert, men-
Si b — 57 b, celle du Memnouium , 69 b tionné par Hérodote, est employé par les
— 71 a; un vaste tableau y représente les bateleurs du Caire, 19 b, ao a.
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500 TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS L'EGYPTE.
de tours par l<\s bateleurs du Kaire, 10 a b. , opinion sur la race des anciens habitant
Vol, toléré par une loi égyptienne; dis- de l'Égypte; discussion de l'auteur qui l
cussion sur lu» dispositions de cette loi, combat, a6 b et suiv.
4» a, b. Vukain, Hépbaistos, est le dieu Pi ah
Votney, énonce dans son l'orage son des Égyptiens , ta? a.
z
Zodiaques d'Esnéli et de Dendérah; à jeune; discussion sur les signes de ces zo
quelle époque on doit en placer la cous- diaques et sur leurs différences, 106 !> —
traction, 96 b ; leur description ; visite de ma.
ces deux teninles i»a Chauioollion 1 le
AVIS.
POUR LE PLACEMENT DES GRAVURES DE L' EGYPTE.
37 Pécbe et chasse aux uiscau» aquatique».. 1*6 8 i Arc de triomphe a Antiooi* ibid.
3a Fabrication du vin ibid. 84 Colonne de Pompée à Alexandrie ji<i
47 Table généalogique d' Abydos. jjo, 3o3, 319 • 11 Tibère fai»aut des offrande* au» dieu*
48 Transport delà téta de Me m no 70 égspliens » 463
19 Combat naval ï"4 <:* Porte arabe du Caire ,m
5o Attaque d'une forteresse loti
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