Plan Conservation Bonaventure

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 31

Photos de la page couverture : Francis Boudreau

Référence à citer :

Gouvernement du Québec. 2009. Plan de conservation, réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-


Rivière-Bonaventure. Québec, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des
Parcs, Direction du patrimoine écologique et des parcs. 27 pages.
TABLE DES MATIÈRES
Introduction .................................................................................................................................. 1

1. Le territoire de la réserve aquatique ..................................................................................... 2

1.1 Historique du projet de conservation................................................................................2

1.2 Toponyme ........................................................................................................................3

1.3 Situation géographique ....................................................................................................3

1.4 Portrait écologique et social .............................................................................................4

2. La conservation et la mise en valeur .................................................................................. 10

2.1 Protéger les espèces menacées ou vulnérables et leurs habitats.................................10

2.2 Maintenir l’intégrité écologique.......................................................................................11

2.3 Associer les intervenants du milieu................................................................................11

2.4 Maintenir l’accès et la vocation récréative du site..........................................................11

3. Le régime des activités......................................................................................................... 12

3.1 Encadrement juridique découlant de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel .12

3.2 Activités régies par d’autres lois.....................................................................................13

3.3 Protection des espèces menacées ou vulnérables et de leurs habitats ........................14

4. La gestion .............................................................................................................................. 14

Conclusion .................................................................................................................................15

Biliographie ................................................................................................................................ 16

Annexe 1 : Réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure : localisation,


limites et unités écologiques.................................................................................. 19

Annexe 2 : Régime des activités dans la réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-


Bonaventure - Normes additionnelles à celles prévues par la loi ...................... 23
prévoit un processus de consultation du
Introduction public avant que ne soit proposé au
gouvernement du Québec un statut
Le gouvernement du Québec a autorisé le permanent de protection pour un territoire
ministre du MDDEP, le 20 juin 2005, à créer mis en réserve à des fins d’aire protégée. Le
la réserve aquatique projetée de l’estuaire mandat du BAPE a débuté en août 2006 et
de la rivière Bonaventure, en vertu de la Loi s’est terminé en décembre 2006. La
sur la conservation du patrimoine naturel Commission du Bureau d’audiences
(L. R. Q., c. C-61.01). Ce statut, entré en publiques sur l’Environnement a tenu des
vigueur le 7 septembre 2005, a eu pour effet séances publiques à Saint-Elzéar ainsi qu’à
d’y interdire les principales activités Bonaventure les 19 et 20 septembre et 24
industrielles susceptibles de menacer la octobre 2006. Le rapport d’enquête et
conservation de ce milieu (exploitations d’audience publique du BAPE (rapport 234)
forestière, hydroélectrique et minière). fut remis au ministre du Développement
durable, de l’Environnement et des Parcs en
La réserve aquatique projetée de l’estuaire décembre 2006. Il fut rendu public par le
de la rivière Bonaventure a ainsi été ministre en février 2007.
constituée en vue de poursuivre les objectifs
suivants : La Commission a constaté une très grande
ƒ conserver un estuaire exceptionnel à acceptabilité du projet dans la communauté
l’échelle de la province naturelle des tant de la part des individus, des organismes
Appalaches; communautaires que des corps publics. À
ƒ renforcer la protection des habitats des l’instar des participants qui l’ont réclamé,
espèces floristiques menacées ou elle recommande d’accorder dans les
vulnérables ou susceptibles d’être ainsi meilleurs délais un statut permanent de
désignées; protection à cette aire protégée.
ƒ maintenir la biodiversité des
écosystèmes aquatiques et des Le présent plan de conservation a été
écotones riverains; élaboré par le ministère du Développement
ƒ mettre en valeur le patrimoine naturel et durable, de l’Environnement et des Parcs
culturel; (MDDEP) à l’issue de cette consultation et
ƒ associer les communautés locales à la des recommandations du BAPE. Il fait état
protection du site; de sa vision quant à la conservation et à la
ƒ acquérir des connaissances mise en valeur du territoire de la réserve
supplémentaires sur le patrimoine aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-
naturel et culturel, le cas échéant. Bonaventure. Il reprend une grande partie
du contenu du document préparé par le
Il convient de préciser que ce type Ministère, en juillet 2006, pour la
d’écosystème est actuellement absent du consultation du public et rendu accessible
réseau d’aires protégées. Aussi, malgré sa dans le contexte du processus d’enquête et
petite superficie, la réserve aquatique de d’audience publique du BAPE. Le plan de
l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure apporte conservation reflète ainsi les préoccupations
une contribution très significative à ce de l’ensemble des partenaires gouverne-
réseau. mentaux et non gouvernementaux impli-
qués, dans le contexte de ce projet, dans la
Le 25 juillet 2006, le ministre du mise en œuvre du Plan d’action stratégique
Développement durable, de l’Environnement sur les aires protégées.
et des Parcs confiait au Bureau d’audiences
publiques sur l’environnement (BAPE) le
mandat de tenir une enquête et une
audience publique sur les projets de réserve
de biodiversité du Karst-de-Saint-Elzéar et
de réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-
Rivière-Bonaventure. Il a été confié au
BAPE en vertu de l’article 39 de la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel qui

1
1. Le territoire de la réserve sur le plan de la conservation de ce territoire
que sur celui de sa mise en valeur. Au cours
aquatique de ces rencontres, les principales
problématiques de conservation, de gestion
1.1 Historique du projet de et de mise en valeur ont été exposées et
discutées avec les acteurs locaux et
conservation régionaux concernés par le devenir de
l’estuaire de la rivière Bonaventure.
Les terrains constituant la réserve aquatique
de l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure À la suite de ces rencontres, le MDDEP a
appartenaient à la compagnie Emballages proposé au gouvernement du Québec
Smurfit-Stone (Canada) inc. Cette dernière d’accorder au territoire le statut de réserve
les a cédés, le 8 novembre 2001, au aquatique projetée, statut de protection qui
ministère de l’Environnement dans le cadre s’avère compatible avec l’ensemble des
du Programme des dons écologiques et du usages sur le territoire. C’est ainsi que le
visa fiscal en vertu de la Loi sur les impôts gouvernement du Québec a autorisé, le
du Québec et de la Loi de l’impôt sur le 20 juin 2005, l’octroi d’un statut de réserve
revenu du Canada. aquatique projetée à l’estuaire de la rivière
Bonaventure, statut entré en vigueur le
L’objectif de cette donation était de renforcer 7 septembre 2005.
la protection de certaines espèces
floristiques menacées ou vulnérables Lors de l’audience publique, il a été proposé
présentes sur les îles de l’estuaire de la que les limites du territoire de la réserve
rivière Bonaventure. On y trouve en effet aquatique soient modifiées en soustrayant le
deux plantes désignées menacées en vertu secteur de la marina et celui de la plage en
de la Loi sur les espèces menacées ou bordure du camping municipal. Ces
vulnérables ainsi qu’une plante susceptible propositions ont reçu un appui populaire
d’être désignée menacée ou vulnérable. quasi unanime. Ces retraits s’inscrivent
dans une démarche visant à maintenir
Depuis 2005, l’ensemble des îles de l’acceptabilité sociale du projet dans le
l’estuaire sont identifiées à l’Habitat contexte particulier d’un projet de
floristique du Barachois-de-Bonaventure au conservation en milieu habité. Le Ministère a
Règlement sur les espèces menacées ou ainsi accepté de soustraire les deux portions
vulnérables et leurs habitats, édicté par le suivantes du territoire de la réserve
décret 757-2005 du 17 août 2005 (Gazette aquatique :
officielle du Québec, 31 août 2005, no 35). ƒ le secteur de la plage publique sur la
Le plan de l’habitat floristique a fait l’objet flèche de sable de Beaubassin : la
d’un avis publié à la Gazette officielle du pertinence d’inclusion dans la réserve
Québec, le 26 mai 2006. Ce statut de aquatique a souvent été remise en
conservation confère aux habitats des question; la plage publique et sa
plantes menacées ou vulnérables une bordure terrestre restreinte, adjacente
protection particulière, plusieurs activités y au camping municipal, est un endroit
étant interdites ou sujettes à autorisation par très fréquenté et passablement
le MDDEP. perturbé; l’usage de cette portion de
territoire s’avère incompatible avec la
À la suite de l’adoption de la Loi sur la vocation de conservation de la réserve
conservation du patrimoine naturel, en 2002, aquatique;
le MDDEP a organisé plusieurs séances ƒ le plan d’eau compris entre la route 132
d’information et tenu des ateliers de travail et la marina de Bonaventure : un projet
avec les organismes du milieu afin d’agrandissement de la marina et des
d’exposer les raisons justifiant la constitution travaux de dragage qui doivent être
d’une réserve aquatique sur l’ensemble des réalisés pour corriger le processus de
terrains de l’estuaire de la Bonaventure sédimentation de cette partie de
acquis dans le cadre du Programme des l’estuaire et maintenir la navigation au
dons écologiques en tenant compte des port de pêche apparaissent
préoccupations du MDDEP et du milieu, tant incompatibles avec la vocation de

2
conservation d’une réserve aquatique; LOCALISATION
comme ces installations sont
structurantes pour la collectivité, le La réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-
Ministère a accepté de soustraire ce Rivière-Bonaventure se situe dans la
secteur afin de faciliter la gestion du province naturelle des Appalaches, qui
territoire. Par ailleurs, la soustraction de couvre les régions administratives de
ce secteur a peu d’impact sur la l’Estrie, du Bas-Saint-Laurent et de la
biodiversité. Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine.

Rappelons par ailleurs que plusieurs raisons La réserve aquatique se localise dans la
ont justifié l’inclusion de l’habitat floristique région administrative de la Gaspésie—Îles-
dans la réserve aquatique : de-la-Madeleine, entre 48°01’ et 48°03’ de
ƒ les îles font partie intégrante de latitude nord et 65°27’ et 65°29’ de longitude
l’ensemble écologique et ouest, sur le territoire de la Ville de
géomorphologique de l’estuaire de la Bonaventure, dans la MRC du même nom.
Bonaventure;
ƒ les îles constituent en fait des milieux SUPERFICIE ET LIMITES
humides, et à ce titre, le statut de
réserve aquatique renforce l’importance La réserve aquatique couvre une superficie
de protéger les milieux humides; de 180,4 hectares. Elle s’étend sur l’estuaire
ƒ la planification des activités et la gestion formé à l’embouchure de la rivière
de l’ensemble de l’estuaire seront plus Bonaventure.
cohérentes en tenant aussi compte de
la problématique des espèces Les limites de la réserve aquatique
menacées ou vulnérables; correspondent à celles de la propriété cédée
ƒ la présence de l’habitat floristique ajoute par la compagnie Emballages Smurfit-Stone
une vitrine importante sur le plan de la (Canada) inc. au ministère de
sensibilisation à la problématique des l’Environnement dans le cadre du
espèces menacées ou vulnérables; Programme de dons écologiques, à
ƒ la description technique du territoire de l’exclusion des deux secteurs précisés dans
la réserve aquatique s’avère ainsi plus la section 1.1, notamment le secteur de la
simple. plage de Beaubassin et le plan d’eau
localisé entre la route 132 et la marina.

1.2 Toponyme Elle comprend les plans d’eau, jusqu’à la


limite des hautes eaux, ainsi que le lit de la
Le toponyme adopté par le MDDEP à la rivière Bonaventure et celui des bassins peu
suite d’un avis favorable de l’Office de la profonds adjacents, des lagunes et des
langue française est : réserve aquatique de hauts-fonds deltaïques. Elle inclut les îles
l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure. Cette situées dans l’estuaire, notamment l’île des
dénomination fait référence au contexte Prés, l’île Arsenault, l’île aux Sapins et l’île
écologique estuarien de la rivière des Chardons, faisant partie de l’habitat
Bonaventure. floristique. Deux cordons littoraux, ou
flèches de sable, orientés NO/SE séparent
l’estuaire du milieu marin; la flèche de sable
1.3 Situation géographique située au sud-est, communément appelée
île aux Pirates, fait partie de la réserve
La localisation et les limites de la réserve aquatique. Cette dernière se prolonge dans
aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-Bona- la baie des Chaleurs, en marge de la flèche
venture figurent sur les plans présentés à de sable.
l’annexe 1.
Un certain nombre d’infrastructures ou
d’équipements sont exclus du périmètre de
protection, notamment la route 132, la
passerelle et les trois ponts désaffectés
établis à l’emplacement de l’ancienne

3
route 6 ainsi que les équipements de La province naturelle correspond, en
distribution d’énergie électrique qui ont une majeure partie, à la chaîne de montagnes
emprise de neuf mètres de large. des Appalaches, dont la constitution s’est
L’ensemble des terrains immédiatement échelonnée de 450 à 290 millions d’années
adjacents à la réserve aquatique est de avant aujourd’hui. L’assise géologique est
tenure privée; ils sont surtout occupés par surtout composée de roches sédimentaires
des résidences et des commerces. ou volcaniques fortement plissées et
déformées.
ACCESSIBILITÉ
Le paysage dominant de la réserve
L’estuaire de la rivière Bonaventure est sans aquatique est celui d’un delta, à la
doute l’un des plus accessibles de la configuration typique en triangle. L’altitude
Gaspésie. Il est traversé par la route 132. maximale du territoire atteint quelques
Au sud du havre, la longue flèche littorale mètres au-dessus du niveau de la mer.
est accessible à partir de la route du Cap-
de-Sable, une voie résidentielle située à un Orienté vers le sud-ouest, le barachois est
kilomètre au sud-est de la rue des Vieux- influencé par les marées semi-diurnes et
Ponts. saisonnières et subit quotidiennement des
variations de courants, de niveau d’eau et
Un itinéraire de randonnée pédestre a été de salinité. Environ 80 000 à
créé sur l’ancienne route 6. Il relie par des 1 000 000 mètres cubes d’eau de mer
ponts trois des îles situées à l’embouchure passent par l’estuaire à chaque marée.
de la rivière Bonaventure. L’influence des eaux marines peut s’exercer
jusqu’à 350 mètres en amont du pont de la
L’accès à la réserve aquatique peut route 132, surtout durant la période d’étiage.
également se faire au moyen d’une L’estuaire de la rivière Bonaventure inclut
embarcation, soit par la rivière Bonaventure, l’un des dix barachois estuariens du
soit à partir du littoral ou par voie terrestre Québec. Le barachois est composé de
par la plage du banc de l’Est. sable, de gravier et de silt avec une petite
proportion d’argile.
Les flèches de sable étaient très
fréquentées par des véhicules hors route Le territoire comporte une grande variété de
(VTT, motocyclette, 4 x 4), activité sujette groupements végétaux : communautés
maintenant à une interdiction en vertu de la algales (sur l’estran), herbaçaies salées,
réglementation édictée en vertu de la Loi sur marécages arbustifs, marécages boisés,
la qualité de l’environnement. L’hiver, une marais tourbeux, tourbières minérotrophes,
piste de motoneige traverse le bassin ouest prairies, platières graveleuses et calcaires,
du barachois. Une halte touristique a été chenaux et mares sont autant d’habitats
créée à côté du Musée acadien situé au rencontrés à l’embouchure de la rivière
nord-ouest du barachois. Le site offre un Bonaventure. Leur spécificité réside dans le
point de vue sur les marais de l’estuaire de fait qu’ils sont sujets à l’influence tidale et
la Bonaventure. assujettis à un certain taux de salinité de
l’eau.

1.4 Portrait écologique et social En raison de la diversité des habitats, le


barachois de Bonaventure est très favorable
1.4.1 Portrait d’ensemble à l’avifaune, dont les inventaires ont révélé
la présence d’environ 240 espèces.
La réserve aquatique se situe dans la
province naturelle des Appalaches dont la Depuis la fin du dix-neuvième siècle et plus
rivière Bonaventure est l’un des plus grands particulièrement depuis le début des années
cours d’eau. 1960, la configuration de l’estuaire a été
modifiée par la construction d’un canal pour
le flottage du bois jusqu’à une usine de
sciage aujourd’hui disparue, la route 132 et
l’avenue de Grand-Pré, un pont-jetée, des

4
installations portuaires et une marina. Les Chaleurs après une course de
constructions ont entraîné d’importants 125 kilomètres.
travaux de remblayage et de dragage qui
ont fortement perturbé l’hydrodynamique La rivière, qui draine un bassin versant de
naturelle et les processus de sédimentation 2 391 kilomètres carrés, apporte une grande
du milieu lagunaire. Par conséquent, quantité de sédiments dans le barachois,
plusieurs chenaux, hauts-fonds ou bassins notamment au moment de la crue
sont en voie de comblement et de printanière. En raison des courants, cette
stabilisation en raison de la réduction des unité écologique se caractérise par des
échanges avec la mer ou de leur coupure. sédiments grossiers. Avec un débit moyen
Pour corriger cette situation, des travaux de d’environ 46 m³/s, la Bonaventure est l’une
restauration ont été entrepris dans les des plus importantes rivières de Gaspésie
années 1990. Ainsi, la jetée reliant la après la Ristigouche et la Matapédia.
route 132 à la pointe de Beaubassin a été
démolie, et un ponceau a été construit sous Les îles sont composées de sédiments
la route afin de favoriser la circulation de marins qui ont une granulométrie plus
l’eau dans le bassin nord-ouest. grossière au nord de la route 132 que dans
le reste du barachois. Elles sont séparées
Le barachois de Bonaventure est un les unes des autres par des chenaux
complexe estuarien influencé par le flux et le secondaires de la rivière Bonaventure. Au fil
reflux des marées et les périodes de crue et des décennies, la forme des îles a évolué en
d’étiage. C’est par conséquent un milieu fonction des phénomènes d’érosion et de
humide côtier qui est dynamique et en sédimentation liés aux crues récurrentes et
constante évolution. Il est constitué de à l’action des glaces.
quatre unités écologiques distinctes d’un
point de vue morphologique : le delta, les FLORE
lagunes, le cordon littoral et le littoral. Ces
unités écologiques interagissent entre elles Le chenal de la rivière est colonisé par de
et présentent des problématiques de grands herbiers d’algues filamenteuses,
conservation spécifiques, eu égard à leur particulièrement l’entéromorphe intestinal,
occupation et à leurs utilisations une espèce très tolérante aux variations de
anthropiques. la salinité.

Au nord-est de l’ancienne route 132, les


1.4.2. Description des unités écolo- berges des îles sont occupées par des
giques marécages boisés d’épinette noire, d’orme
d’Amérique et de peuplier baumier; des
LE DELTA herbaçaies et des arbustaies composées
d’une flore très diversifiée caractérisent les
L’unité écologique du delta comprend le marais d’eau douce des îles. La quenouille à
tronçon de la rivière Bonaventure soumis à feuilles larges est l’espèce la plus fréquente
l’influence des marées ainsi que toutes les dans les marais en eau douce, tandis que
îles situées au nord de la route 132. Elle les prairies humides abritent la
correspond à la zone d’alluvionnement calamagrostide du Canada, le scirpe à
composée. gaines rouges, la sanguisorbe du Canada et
la lysimaque terrestre. Les marécages
ÉCOLOGIE arbustifs sont composés le plus souvent de
l’aulne rugueux, du saule de Bebb et du
La rivière Bonaventure prend sa source saule à tête laineuse, presque toujours
dans le massif des Chic-Chocs, à accompagné du myrique baumier et de la
487 mètres d’altitude. D’une pente moyenne sanguisorbe du Canada. Les microreliefs
de 3,3 m/km, elle est encaissée sur la sont pour leur part couverts de peuplements
majeure partie de son tracé. Le cours d’eau d’épinette blanche et de thuya occidental.
coule en direction nord-sud jusqu’à son
embouchure, où il bifurque vers le sud-
ouest. Là, il se jette dans la baie des

5
Faune en péril au Canada a été maintenu après
une réévaluation de la situation de l’espèce
La rivière Bonaventure est fréquentée, entre en mai 2000.
autre, par deux espèces de salmonidés : le
saumon atlantique, dont la population adulte La muhlenbergie de Richardson, une plante
est estimée à plus de 2 500 individus, et des berges et des platières calcaires, est
l’omble de fontaine. L’éperlan arc-en-ciel sporadique en Amérique du Nord. Au
utilise également la rivière Bonaventure pour Québec, elle croît dans une quinzaine de
sa reproduction; sur le plan régional, il s’agit localités du Bas-Saint-Laurent, de la
de l’une des plus importantes frayères pour Gaspésie et de l’île d’Anticosti. Cette espèce
cette espèce. Ces espèces utilisent est susceptible d’être désignée menacée ou
l’estuaire lors de leurs migrations entre la vulnérable au Québec en vertu de la Loi sur
mer où elles grandissent et la rivière où elles les espèces menacées ou vulnérables.
frayent. D’autres espèces telles la plie lisse
et la plie rouge sont également présentes Par ailleurs, le troscart de la Gaspésie, qui
dans la rivière ou son estuaire. pousse dans la zone intertidale des marais
salés répartis autour du golfe du Saint-
Le chenal séparant les îles Arsenault et des Laurent, et que l’on trouve dans la réserve
Prés est un secteur très prisé par l’avifaune aquatique, figure encore sur la liste des
aquatique durant les périodes de migration. plantes susceptibles d’être désignées
Les espèces les plus abondantes sont la menacées ou vulnérables. Au début 2007,
bernache du Canada, le canard noir, le un comité de botanistes, réunis par le
canard colvert et la sarcelle à ailes vertes. Ministère pour le conseiller sur les
modifications à apporter à cette liste,
Éléments exceptionnels recommandait de soustraire l’espèce; le
Ministère donnera suite à cette proposition
Les îles de l’estuaire constituent un lors de la prochaine publication de la liste
sanctuaire floristique d’une richesse et d’un révisée. Pour cette raison, cette plante n’est
intérêt exceptionnels. De fait, elles abritent ainsi plus considérée parmi les espèces
trois espèces de plantes menacées ou menacées ou vulnérables de la réserve
vulnérables au Québec. aquatique.

Le gentianopsis élancé variété de Macoun, Les îles abritent aussi 27 plantes


une plante herbacée annuelle, pousse le vasculaires peu répandues à l’échelle
long des rivages des estuaires d’eau douce régionale, dont la rare renoncule de Gmelin
ou saumâtre. Dans l’est du Canada, et la peu commune variété des marais de
l’espèce n’est présente que sur les berges l’aster de Nouvelle-Belgique.
des Grands Lacs et au Québec, notamment
sur le littoral de la baie James et dans OCCUPATION ET UTILISATIONS
l’estuaire de la rivière Bonaventure, unique
occurrence en Gaspésie. Cette espèce a été Équipements et infrastructures
désignée menacée au Québec en février
2001 en vertu de la Loi sur les espèces ƒ Avenue de Grand-Pré, qui enjambe les
menacées ou vulnérables. Le Comité sur la îles Arsenault et des Chardons
situation des espèces en péril au Canada (passerelle pour piétons et ponts
(COSEPAC) lui a également accordé le désaffectés).
statut d’espèce préoccupante en 1987. ƒ Ancien canal pour la drave.
ƒ Bioparc sur la rive nord-est.
L’aster d’Anticosti, une plante endémique du ƒ Chalets et résidences aux alentours.
golfe du Saint-Laurent, est très rare à
l’échelle mondiale. En février 2001, cette Activités
espèce a été désignée menacée au Québec
en vertu de la Loi sur les espèces menacées ƒ Chasse aux canards.
ou vulnérables. Le statut d’espèce menacée ƒ Pêche sportive (la pêche au saumon est
qui lui avait été attribué par ailleurs en 1990 pratiquée en amont de la réserve
par le Comité sur la situation des espèces aquatique, soit dans la ZEC de la

6
Rivière-Bonaventure). Flore
ƒ Activités nautiques (canot, kayak, usage
d’embarcations motorisées). La zostère marine domine la flore des
ƒ L’avenue de Grand-Pré est un site de bassins, souvent accompagnée de
détente et de marche très fréquenté. l’entéromorphe intestinal, une algue verte
ƒ Baignade. filamenteuse tolérante aux variations de la
salinité. Cette dernière est particulièrement
PRÉOCCUPATIONS DE CONSERVATION abondante en bordure de l’île aux Pirates.
La flore compte aussi la laitue de mer, la
ƒ Déchets liés à la pêche blanche ruppie maritime et la zannichellie palustre.
(cabanes de pêche abandonnées). Les lagunes sont, par endroits, bordées de
ƒ Maintien des populations de saumon marais salés ou saumâtres. Les espèces
atlantique, d’omble de fontaine et palustres les plus communes sont le jonc de
d’éperlan arc-en-ciel et de leurs habitats la Baltique, le carex écailleux, la fétuque
dans la rivière Bonaventure. rouge, la spartine pectinée, l’aster de
ƒ Maintien de la protection des habitats Nouvelle-Belgique et l’éléocharide uniglume.
des espèces désignées menacées ou
vulnérables ou susceptibles d’être ainsi Faune
désignées.
ƒ Suivi des populations des plantes rares Le plancton est surtout représenté par les
des îles de l’estuaire. copépodes et les nauplii de crustacés. Le
benthos se compose pour sa part de
LES LAGUNES quatorze espèces, dont les plus communes
sont la néréide commune et l’hydrobie
Cette unité écologique englobe les bassins minuscule. Les lagunes constituent des
en eau peu profonde du barachois. aires d’abri, de nourrissage, de reproduction
et d’alevinage pour une quinzaine d’espèces
ÉCOLOGIE de poissons. Les plus abondantes sont les
épinoches et les capucettes. Le
La très faible vitesse des courants dans les choquemort, le chaboisseau bronzé, la plie
bassins et les chenaux secondaires favorise lisse, la plie rouge, l’anguille, l’éperlan arc-
la sédimentation des particules fines de la en-ciel, le hareng atlantique et le poulamon
taille des sables fins et des silts. Par ailleurs, atlantique y ont aussi été inventoriés.
le faible débit fluvial, conjugué à l’action des
marées de vive eau, favorise l’intrusion des Plusieurs espèces d’oiseaux fréquentent les
eaux salées de la baie des Chaleurs dans vasières à marée basse. Il s’agit d’oiseaux
les secteurs en amont du barachois, migrateurs, surtout des limicoles et des
lesquels subissent une plus grande palmipèdes, qui y font escale le temps de se
influence des eaux douces en période de nourrir et de reprendre des forces. Parmi
crue. Au fil des années, les activités et les celles-ci, plusieurs espèces sont
aménagements ont engendré une susceptibles d’être désignées menacées au
dégradation de la productivité biologique Québec ou préoccupantes au Canada ou
des lagunes. sont rares en Gaspésie. Il s’agit, pour la
première catégorie, du râle jaune et du pic à
tête rouge et, pour les raretés régionales, de
la foulque d’Amérique, de la mouette
pygmée, de la mouette rieuse et de la
grande aigrette.

OCCUPATION ET UTILISATIONS

Les divers aménagements effectués depuis


la fin du dix-neuvième siècle ont favorisé
l’accumulation de sédiments dans le havre.
L’envasement des lagunes s’est accéléré
avec la construction de la route 132, en

7
1971. Cette dynamique sédimentaire ÉCOLOGIE
perturbe la navigation de plaisance et les
activités portuaires, et ce, avec davantage Le cordon littoral du barachois de la rivière
d’ampleur depuis l’arrêt des travaux Bonaventure est constitué de sédiments
récurrents de dragage. grossiers – tels le sable, le gravier et les
galets – en proportion variable selon les
Équipements et infrastructures endroits. Les plages adjacentes au cordon
littoral sont constituées, dans la partie haute,
ƒ Route 132. d’un bourrelet d’accumulation sédimentaire
et, dans la partie basse, d’un estran vaseux.
Activités Ce cordon littoral délimite un bassin
intérieur, le havre de Beaubassin, qui
ƒ Chasse aux oiseaux migrateurs. permet la rencontre des eaux douces et
ƒ Pêche sportive et pêche blanche. salées. La partie est du cordon littoral, l’île
ƒ Motoneige dans le bassin ouest. aux Pirates, fait partie de la réserve
ƒ Activités nautiques (kayak, canot, usage aquatique.
d’embarcations motorisées, etc.).
ƒ Observation ornithologique. Flore

PRÉOCCUPATIONS DE CONSERVATION En raison de leur composition sablo-


graveleuse et de leur élévation par rapport à
ƒ Maintien de l’intégrité écologique des la nappe phréatique, les cordons littoraux
écosystèmes lagunaires : sont colonisés par une végétation
o impacts sur la biodiversité des psammophile1 et xérophytique2. Ainsi, sur
éventuels travaux de dragage et de la flèche est, les plantes les plus communes
maîtrise du processus de sont l’ammophile à ligule courte, l’élyme des
sédimentation de l’estuaire de la sables, la gesse maritime, la linaire vulgaire,
rivière Bonaventure ainsi que du le chénopode de Berlandier, le caquillier
possible agrandissement de la édentulé et la sabline faux-péplus.
marina;
o rejet des eaux usées; En revanche, le couvert végétal de la flèche
o déchets liés à la pêche blanche ouest, qui ne fait pas partie de la réserve
(cabanes de pêche abandonnées); aquatique, a été fortement perturbé et
o impacts de la motomarine : regroupe des espèces végétales similaires à
dérangement pour les résidents et celles des milieux anthropiques. Les
la faune ailée. espèces les plus fréquemment rencontrées
ƒ Maintien des habitats de l’avifaune et de sont le mélilot jaune, l’élyme rampant,
la qualité des sites d’observation l’achillée herbe-à-dinde, la matricaire
ornithologique. maritime et le brome inerme. La diversité
des espèces introduites y est aussi élevée,
LE CORDON LITTORAL parmi lesquelles figurent l’érodium cicutaire,
le chénopode glauque, la lépidie densiflore,
Au sud-ouest, le barachois de Bonaventure le kochia à balais, l’arroche laciniée et la
est séparé de la baie des Chaleurs par un morelle douce-amère.
cordon littoral de plus de deux kilomètres de
longueur. Cette barre de sable est divisée, Le haut de plage est le siège de la spartine
en son milieu, par un profond chenal qui, sur alterniflore, qui couvre de vastes étendues.
le plan écologique, est rattaché au domaine Elle est accompagnée de la spergulaire du
littoral. Bien qu’identiques du point de vue Canada, de la salicorne d’Europe, du
de leur géomorphologie, les deux flèches plantain maritime et du suéda maritime.
constituent des sous-ensembles distincts au Quant à la slikke vaseuse, elle est dominée
regard de leur occupation et de leurs par la zostère marine et sporadiquement
utilisations.
1
C’est-à-dire liée à un substrat sableux.
2
Se dit des organismes adaptés à la sécheresse.

8
occupée par des groupements algaux. passe, appelée « grau ». Celui de l’estuaire
de la rivière Bonaventure a une profondeur
Faune moyenne de 2,7 mètres au jusant et de
2,1 mètres au flot tandis que sa largeur
Les rivages du cordon littoral accueillent un moyenne est respectivement de 182 et de
grand nombre d’oiseaux, particulièrement 167 mètres. Cette passe conditionne les
des anatidés et des limicoles. caractéristiques hydrologiques et l’évolution
du barachois en influençant les modalités de
OCCUPATION ET UTILISATIONS sédimentation.

Équipements et infrastructures Flore

Il existe plusieurs infrastructures et De façon générale, sous le niveau des plus


équipements à proximité de la réserve basses marées, la végétation est
aquatique : représentée surtout par des herbiers de
ƒ camping; zostères marines. Une zosteraie s’étend sur
ƒ quai de pêche; près de 5,5 kilomètres depuis la plage de la
ƒ marina; pointe de Beaubassin jusqu’au marais de
ƒ résidences; Saint-Siméon. Au large de Bonaventure, le
ƒ commerces. substrat littoral supporte également une
prairie sous-marine d’algues brunes
Activités constituée principalement de laminaire à
long stipe. Les fonds pierreux sont pour leur
ƒ Circulation motorisée : VTT et 4 x 4 sur part couverts d’algues, dont les principales
les plages. espèces sont le fucus bifide, le fucus
ƒ Baignade sur l’ensemble du bord de vésiculeux, la mousse d’Irlande crépue,
mer. l’agare criblée, l’ascophylle noueuse et la
ƒ Détente et promenade. main-de-mer palmée.
ƒ Feux de plage.
ƒ Observation ornithologique. Faune
ƒ Chasse.
ƒ Pêche. Les eaux côtières abritent nombre
d’invertébrés marins comme la moule bleue,
PRÉOCCUPATIONS DE CONSERVATION la mye commune, le pétoncle géant, le
pétoncle d’Islande, l’oursin vert, la littorine
ƒ Dégradation du couvert végétal de l’île commune, l’étoile de mer commune, le
aux Pirates en raison de la circulation crabe des neiges et le homard. Les herbiers
intensive des piétons et des véhicules marins offrent également refuge et
motorisés, notamment des VTT, des nourriture au crabe commun, à la crevette
motocyclettes et des 4 x 4. de sable ou encore au ver de mer. Enfin,
ƒ Feux de grève. près de trente espèces de poissons y ont
ƒ Déchets. été répertoriées, parmi lesquelles figurent le
ƒ Rehaussement du niveau marin et poulamon atlantique et l’anguille
érosion du cordon littoral. d’Amérique, deux espèces jugées
prioritaires selon l’entente fédérale-
LE LITTORAL provinciale Saint-Laurent Vision 2000.

La réserve aquatique comporte une toute Le littoral de Bonaventure est un lieu


petite portion de territoire située en dessous d’importance pour l’avifaune migratrice,
de la limite des basses marées, en marge particulièrement pour les oiseaux
de l’île aux Pirates. aquatiques et les oiseaux de rivage. C’est la
raison pour laquelle il a été désigné comme
ÉCOLOGIE une aire de concentration d’oiseaux
aquatiques. Le garrot d’Islande, une espèce
L’échange entre le barachois et le milieu de canard dont la situation est jugée
marin s’effectue par l’entremise d’une préoccupante au Canada, aurait déjà été

9
observé sur le littoral de Bonaventure. Par 2.1 Protéger les espèces mena-
ailleurs, plusieurs espèces de mammifères cées ou vulnérables et leurs
marins le fréquentent, dont les plus
communes sont le petit rorqual, le rorqual habitats
commun, le phoque commun, le phoque gris
et le marsouin. La constitution de la réserve aquatique vise
à confirmer la vocation de conservation des
OCCUPATION ET UTILISATIONS îles identifiées à l’habitat floristique et à
renforcer la protection de ces habitats. Elle
ƒ Pêche sportive. vise également à protéger les espèces en
ƒ Navigation commerciale et de plaisance. situation précaire.
ƒ Baignade.
ƒ Chasse. Les îles de l’estuaire de la rivière
Bonaventure constituent en effet un
PRÉOCCUPATIONS DE CONSERVATION sanctuaire floristique d’une richesse et d’un
intérêt exceptionnels comparativement aux
ƒ Dégradation du couvert végétal. autres milieux humides côtiers de Gaspésie.
ƒ Circulation en VTT sur l’estran. Elles abritent plusieurs plantes menacées
ou vulnérables. C’est d’ailleurs la raison
pour laquelle, depuis 2005, l’ensemble des
îles est identifié à un habitat floristique au
2. La conservation et la Règlement sur les espèces menacées ou
mise en valeur vulnérables et leurs habitats. Ce statut de
conservation confère à ces habitats une
L’objectif premier d’une réserve aquatique protection permanente. La Loi sur les
est la préservation de ses écosystèmes espèces menacées ou vulnérables vise
aquatiques et terrestres, le maintien des donc à restreindre toute activité susceptible
processus biologiques qui en dépendent et de modifier les processus écologiques en
la protection de ses composantes biotiques place, la diversité biologique présente et les
et abiotiques. composantes chimiques ou physiques
propres à cet habitat
La gestion de la réserve aquatique de
l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure visera Quelques espèces d’oiseaux menacés ou
à satisfaire les deux principaux objectifs vulnérables fréquentent le territoire. C’est le
suivants au plan écologique : la protection cas notamment du pygargue à tête blanche,
des espèces menacées ou vulnérables ou désigné vulnérable, de l’arlequin plongeur,
susceptibles d’être ainsi désignées et de du garrot d’Islande et du pic à tête rouge qui
leurs habitats et le maintien de l’intégrité figurent sur la liste des espèces fauniques
écologique du barachois et de l’estuaire. susceptibles d’être désignées menacées ou
vulnérables.
Les aires protégées sont aussi des
territoires préservés pour le bénéfice des La constitution de la réserve aquatique
générations présentes et futures. Il est devrait permettre une meilleure maîtrise des
souhaitable que les communautés locales activités exercées en périphérie de l’habitat
soient les premières à en profiter et, par floristique et, si besoin est, de prévenir les
conséquent, qu’elles soient associées à leur éventuels impacts qu’elles pourraient avoir
gestion éventuelle. Dans la même sur sa biodiversité. De fait, les limites de la
perspective, le MDDEP favorise la pratique réserve aquatique entourent l’habitat
d’activités récréatives compatibles avec le floristique; elle joue, par conséquent, le rôle
statut de conservation. de zone tampon. Par ailleurs, la constitution
de la réserve aquatique devrait favoriser une
plus grande sensibilisation du public à la
problématique des espèces floristiques et
fauniques menacées ou vulnérables.

10
2.2 Maintenir l’intégrité écologi- Plusieurs usages demeurent, dans
que l’ensemble, compatibles avec le statut de
réserve aquatique. Cependant, leur
L’estuaire de la rivière Bonaventure est un maintien, leur accroissement et leur gestion
milieu humide qui a subi, dans le passé, de devront tenir compte de la grande fragilité
nombreuses perturbations anthropiques. La de certains milieux et des obstacles à la
constitution de la réserve aquatique vise à construction d’installations récréatives.
interdire les activités incompatibles avec le
statut de réserve aquatique et à encadrer En outre, certaines activités actuellement
les activités pouvant être permises dans la pratiquées sont susceptibles d’avoir un
réserve aquatique afin qu’elles s’exercent impact négatif sur la biodiversité de la
dans le respect de la capacité de support réserve aquatique ou d’altérer son caractère
des milieux ou de leur caractère naturel. naturel.

Dans cette optique, le MDDEP souhaite :


ƒ maintenir la vocation récréative de
2.3 Associer les intervenants du l’estuaire de la rivière Bonaventure;
milieu ƒ veiller, dans la mesure du possible, à ce
que les activités pratiquées dans la
Le MDDEP favorise la participation des réserve aquatique, leur développement
intervenants locaux et régionaux à la ou la construction de nouvelles
conservation et à la mise en valeur des aires infrastructures n’aient pas d’incidence
protégées. négative sur sa biodiversité;
ƒ encadrer les activités susceptibles
C’est pourquoi le MDDEP souhaite élaborer, d’avoir un impact sur la biodiversité de
en partenariat avec les organismes du la réserve aquatique ou de nuire à la
milieu, un plan d’action orientant la gestion quiétude ou à la sécurité des personnes
de la réserve aquatique aux fins de la qui fréquentent le territoire.
protection et de la mise en valeur du
territoire et des ressources. Il suggère en outre de considérer dans
l’éventuel plan d’action :
Compte tenu de ses mandats et de la ƒ de mettre en place un éventuel
représentativité des organismes qui programme de suivi des activités
constituent la Table de concertation du pratiquées dans la réserve aquatique et
littoral de Bonaventure (TCLB), celle-ci a à sa périphérie afin d’évaluer leurs
accepté le rôle de partenaire privilégié du possibles impacts sur la biodiversité du
MDDEP dans la réalisation du plan d’action territoire;
et la planification de la gestion de la réserve ƒ de définir les actions à envisager pour
aquatique. Elle pourrait inclure dans son résoudre certains problèmes,
mandat l’élaboration d’un plan d’action notamment :
visant à planifier les activités de ƒ réduire les déchets liés à la pratique de
conservation et de gestion du territoire. la pêche blanche;
ƒ assurer la pratique sécuritaire de
certaines activités, notamment la
2.4 Maintenir l’accès et la chasse, les feux de plage;
vocation récréative du site ƒ réduire, dans la mesure du possible, le
dérangement lié à la pratique de la
Le territoire de la réserve aquatique recèle motomarine.
beaucoup de potentiel pour la pratique
d’activités éducatives et récréatives en
raison notamment de sa naturalité, de sa
localisation au cœur d’un milieu urbanisé, de
son accessibilité et de la richesse de son
patrimoine naturel.

11
3. Le régime des activités normes jugées souhaitables pour assurer la
bonne gestion de la réserve et la
conservation du milieu. La Loi permet en
3.1 Encadrement juridique dé- effet au gouvernement de préciser dans le
coulant de la Loi sur la plan de conservation l’encadrement
juridique applicable sur le territoire de la
conservation du patrimoine réserve.
naturel
Les dispositions contenues à l’annexe 2 du
Les activités exercées à l’intérieur d’une présent plan de conservation prévoient des
réserve aquatique sont principalement interdictions additionnelles à celles déjà
régies par les dispositions de la Loi sur la interdites par la loi et elles encadrent la
conservation du patrimoine naturel. réalisation de certaines activités permises
de manière à mieux assurer la protection du
La réserve aquatique vise à protéger des milieu naturel dans le respect des principes
milieux naturels. À cet effet, elle interdit de conservation et des autres objectifs de
l’exercice d’activités pouvant avoir des gestion de la réserve aquatique. C’est ainsi
impacts importants sur les écosystèmes et que certaines activités sont notamment
la biodiversité, particulièrement celles de sujettes à une autorisation préalable de la
nature industrielle. Ce type d’aire protégée ministre et au respect des conditions fixées
permet cependant la poursuite des activités par lui pour leur réalisation.
et des occupations moins dommageables,
soit celles de nature récréative, faunique ou Plusieurs dispositions de l’annexe 2
éducative. Il s’agit donc d’un type d’aire prévoient ainsi un régime d’autorisation par
protégée qui considère l’humain comme la ministre qui permettra d’introduire des
faisant partie de l’écosystème et qui lui conditions de réalisation appropriées en
permet de continuer d’y circuler et permet tenant compte des circonstances.
une certaine mise en valeur.
On peut penser par exemple aux cas de
La réserve aquatique doit donc être certaines constructions (exemple pavillon
considérée comme étant un territoire voué à d’accueil ou refuge) ou à l’aménagement de
la protection du milieu naturel, à la sentiers qui peuvent, dans bien des cas,
découverte de la nature et à la récréation. être des interventions s’inscrivant dans les
objectifs de gestion et de conservation de la
Rappelons qu’en vertu de la Loi sur la réserve, alors que d’autres types
conservation du patrimoine naturel, les d’aménagement du sol et de constructions,
principales activités interdites dans un beaucoup plus dommageables pour le
territoire bénéficiant d’un statut de réserve milieu et la préservation de la biodiversité ne
aquatique sont les suivantes : seront pas jugées opportunes ni autorisées.
ƒ l'exploration et l’exploitation minière,
gazière ou pétrolière; Plusieurs normes prévues à l’annexe 2 sont
ƒ l'aménagement forestier au sens de donc formulées pour permettre à la ministre
l'article 3 de la Loi sur les forêts d’exercer un encadrement approprié en
(L.R.Q., c. F-4.1); tenant compte du contexte et en lui
ƒ l'exploitation des forces hydrauliques et permettant de disposer de la souplesse
toute production commerciale ou nécessaire lorsque les circonstances et les
industrielle d'énergie; caractéristiques des milieux visés s’y prêtent
ƒ la réalisation de tout type d’activité pour baliser adéquatement la réalisation de
susceptible de dégrader le lit, les rives, différentes activités.
le littoral ou d’affecter l’intégrité du plan
d’eau ou du cours d’eau. Il y a lieu de noter par ailleurs que les
mesures contenues dans cette annexe
Quoique fondamentales pour la protection à visent particulièrement les nouvelles
long terme du territoire et des écosystèmes interventions sur le territoire et ne remettent
qui s’y trouvent, ces interdictions ne normalement pas en question les
couvrent cependant pas l’ensemble des installations déjà présentes ni certaines

12
activités déjà en cours sur le territoire, 3.2 Activités régies par d’autres
préservant ainsi plusieurs usages existants. lois
Comme les termes du cadre juridique de Certaines activités susceptibles d’être
l’annexe 2 donnent en eux-mêmes peu exercées à l’intérieur de la réserve
d’indication sur l’accueil favorable ou aquatique sont également régies par
défavorable qui sera réservé aux demandes d’autres dispositions législatives et
d’autorisation, le MDDEP fera connaître les réglementaires applicables, dont celles qui
critères dont il se dotera dans sa gestion requièrent la délivrance d’un permis ou
pour analyser les demandes qui lui seront d’une autorisation ou le paiement de
adressées. Des guides, instructions ou certains droits. L’exercice de certaines
directives seront donc élaborés et rendus activités peut aussi être prohibé ou limité en
publics. vertu d’autres lois ou règlements applicables
sur le territoire de la réserve aquatique.
Par exemple, le MDDEP pourrait faire une
liste des activités prévues à l’annexe 2 qui Dans la réserve aquatique, un encadrement
ne seront autorisées que de façon juridique particulier peut, notamment dans
exceptionnelles ou dans de rares cas les domaines suivants, baliser les activités
compte tenu de leur impact jugé a priori permises :
dommageable.
ƒ Protection de l’environnement : mesures
À l’inverse, malgré l’introduction d’un régime prévues en particulier par la Loi sur la
de contrôle, la réalisation d’un bon nombre qualité de l’environnement (L.R.Q., c.
d’autres types d’activités pourra être vue Q-2) et sa réglementation.
comme tout à fait compatible avec les ƒ Espèces floristiques désignées
objectifs du statut de protection. Le régime
menacées ou vulnérables : mesures
d’autorisation dans ce cas visera donc plutôt
interdisant notamment le prélèvement
à s’assurer de la connaissance du
de ces espèces en vertu de la Loi sur
déroulement de ces activités en permettant
au MDDEP au besoin de bonifier les les espèces menacées ou vulnérables
conditions de réalisation proposées par la (L.R.Q., c. E-12.01).
personne concernée. ƒ Exploitation et conservation des
ressources fauniques: mesures prévues
Enfin, de façon à éviter des contrôles jugés par la Loi sur la conservation et la mise
de peu d’utilité en raison du peu d’impact en valeur de la faune et sa
préjudiciable appréhendé ou jugés inutiles réglementation (L.R.Q., c. C-61.1), dont
en raison du dédoublement avec d’autres les dispositions se rapportant aux
mesures de contrôle prévues par d’autres pourvoiries et aux réserves de castor,
lois, l’annexe 2 contient également certaines ainsi que les mesures contenues dans
exemptions à l’exigence d’obtenir une les lois fédérales applicables, dont la
autorisation avant de pouvoir réaliser réglementation sur les pêches.
certaines activités (exemple travaux ƒ Recherche archéologique : mesures
d’entretien routiniers aux installations prévues en particulier par la Loi sur les
présentes). biens culturels (L.R.Q., c. B-4).
ƒ Accès et droits fonciers liés au domaine
de l’État : mesures prévues par la Loi
sur les terres du domaine de l’État
(L.R.Q., c. T-8.1) et la Loi sur le régime
des eaux (L.R.Q., c. R-13).
ƒ Circulation : mesures prévues en
particulier par la Loi sur les terres du
domaine de l’État (L.R.Q., c. T-8.1) ainsi
que par la réglementation sur la
circulation de véhicules motorisés dans
certains milieux fragiles édictée en vertu
de la Loi sur la qualité de

13
l’environnement. s’assurer de l’atteinte des objectifs de
conservation dans la réserve aquatique. La
ƒ Normes de construction et Direction du patrimoine écologique et des
d’aménagement : mesures réglemen- parcs du MDDEP lui apportera les appuis
taires adoptées par les autorités scientifiques et techniques dont elle pourrait
municipales régionales et locales en avoir besoin à cet effet.
vertu des lois qui leur sont applicables.
La Direction régionale de l’analyse et de
l’expertise du Bas-Saint-Laurent et de la
3.3 Protection des espèces me- Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine du
nacées ou vulnérables et de Ministère établira les modalités de
participation des intervenants locaux et
leurs habitats régionaux concernés par la gestion de la
réserve aquatique.
Les espèces désignées menacées ou
vulnérables en vertu de la Loi sur les Le Ministère souhaite ainsi que la population
espèces menacées ou vulnérables sont locale et régionale soit un partenaire
régies, pour la flore, par la Loi sur les privilégié dans l’élaboration éventuelle d’un
espèces menacées ou vulnérables (L.R.Q., plan d’action, qui établira l’ordre de priorité
c. E-12.01) et, pour la faune, par la Loi sur la des actions de conservation et de mise en
conservation et la mise en valeur de la valeur à envisager à court, moyen et long
faune et sa réglementation (L.R.Q., c. C- termes, et dans la gestion de la réserve
61.1). C’est le cas notamment pour les aquatique. Le plan d’action pourrait, si
plantes désignées menacées, soit l’aster nécessaire, être révisé périodiquement, en
d’Anticosti et le gentianopsis élancé variété même temps que le plan de conservation,
de Macoun, ainsi que pour le pygargue à ainsi que le prévoit la Loi sur la conservation
tête blanche, désigné vulnérable. du patrimoine naturel.
Par ailleurs, afin d’assurer la conservation La Table de concertation du littoral de
des espèces susceptibles d’être désignées Bonaventure a accepté d’exercer cet
menacées ou vulnérables, les dispositions important rôle.
réglementaires de la réserve aquatique
interdit leur prélèvement, à moins d’avoir été Il est souhaitable qu’un mécanisme soit mis
autorisé par la ministre. C’est le cas pour la en place afin d’effectuer le suivi des objectifs
muhlenbergie de Richardson, l’arlequin de conservation et, si besoin est, de rectifier
plongeur, le garrot d’Islande et le pic à tête les stratégies mises en œuvre pour les
rouge (annexe 2). atteindre. La gestion de la réserve aquatique
respectera les principes de conservation
suivants :
4. La gestion ƒ maintenir la dynamique naturelle des
écosystèmes;
Le MDDEP est responsable de l’application ƒ restaurer, si besoin est et à moyen
de la Loi sur la conservation du patrimoine terme, les écosystèmes perturbés;
naturel qui encadre la réserve aquatique. ƒ respecter la capacité de support des
Certaines activités vont aussi continuer à écosystèmes;
être réglementées par d’autres intervenants ƒ maintenir les activités non industrielles
du gouvernement en vertu de leurs lois de prélèvement, sans toutefois
respectives, et ce, en concertation avec le encourager leur développement;
MDDEP. ƒ acquérir et diffuser les connaissances
sur le patrimoine naturel et culturel;
La gestion opérationnelle de la réserve ƒ participer à la gestion des territoires
aquatique relève de la responsabilité de la situés en périphérie afin d’assurer une
Direction régionale de l’analyse et de harmonisation avec les objectifs de
l’expertise du Bas-Saint-Laurent et de la conservation poursuivis dans la réserve
Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine du aquatique.
MDDEP. Celle-ci a la responsabilité de

14
Dans le document diffusé dans le contexte
de l’enquête et de l’audience du BAPE, soit
Conclusion
le Cadre de protection et de gestion de la
réserve aquatique projetée, le MDDEP La réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-
Rivière-Bonaventure permet de protéger un
proposait un zonage composé de deux
secteurs ayant un régime d’activité distinct. estuaire exceptionnel, l’un des plus
La zone I, de type protection intégrale, importants milieux humides côtiers de la
Gaspésie. Elle favorise également la
correspondait à l’habitat floristique. La zone
II, de type conservation et usages modérés, conservation de certaines espèces
correspondait au reste du territoire. floristiques et fauniques menacées ou
vulnérables et de leurs habitats.
Dans le présent plan de conservation, le
MDDEP ne considère pas nécessaire La conservation de cet environnement, qui
d’établir officiellement un zonage. En effet : sera voué à la récréation légère, aux
ƒ l’identification de l’habitat floristique sur activités de découverte du patrimoine
naturel et culturel et à la recherche
le plan de la réserve aquatique
représente l’équivalent d’une zone de scientifique, devrait contribuer notamment à
protection intégrale; le régime des diversifier et à consolider l’offre touristique
locale.
activités qui s’y applique relève de la Loi
sur les espèces menacées ou
vulnérables; toute activité exercée dans De fait, le territoire – eu égard à sa
naturalité, à sa richesse culturelle et à son
cette zone fera ainsi l’objet de contrôles
serrés par le MDDEP; accessibilité – offre un cadre très favorable
ƒ le reste du territoire est considéré au développement d’activités récréo-
touristiques très prisées, parmi lesquelles
comme une zone de conservation et
d’usages modérés; dans cette partie du l’écotourisme, l’observation de la nature ou
territoire, les activités autorisées la randonnée pédestre.
devraient respecter la capacité support
des écosystèmes et ne pas avoir Les modalités de gestion de la réserve
d’impact négatif sur la biodiversité du aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-
Bonaventure devraient favoriser le
territoire, et en particulier sur celle de
l’habitat floristique. rapprochement des différents groupes
d’intérêts en les invitant à unir leurs efforts,
Si besoin est, le MDDEP pourra revoir leurs moyens et leurs compétences pour
l’opportunité de définir un zonage approprié réaliser un projet de conservation et de
développement harmonieux et respectueux
de la réserve aquatique avec les
intervenants du milieu au moment de de la biodiversité.
l’élaboration du plan d’action dans le but
d’encadrer le développement éventuel des
activités et leur pratique dans l’aire
protégée.

15
Biliographie
Le groupe du golfe inc. 1995. Inventaire
Bouchard, A., D. Barabé, M. Dumais et S. biophysique dans le barachois de
Hay. 1983. Les plantes vasculaires rares du Bonaventure. Rapport final présenté à
Québec. Musée national des sciences l’Association pour la revalorisation du
naturelles, Musées nationaux du Canada, barachois de Bonaventure. Gaspé. 103 p.
Ottawa. 79 p. (Syllogeus, n° 48).
Maisonneuve, C. 1982. Distribution et
Brousseau, P., et G. Chapdelaine. 1989. abondance des oiseaux de rivage le long du
Inventaires des colonies d’oiseaux marins Saint-Laurent : estuaire moyen, estuaire
de la région de la baie des Chaleurs et de la maritime, Gaspésie, baie des Chaleurs,
Gaspésie. Environnement Canada, Service Côte-Nord et Îles-de-la-Madeleine.
canadien de la faune, Conservation et Environnement Canada, Service canadien
Protection, Région du Québec. 47 p. de la faune, Région du Québec. 77 p.

Club des ornithologues de la Gaspésie. Ministère du Développement durable, de


2004. Guide des sites ornithologiques de la l’Environnement et des Parcs. 2006. Cadre
Gaspésie. Pabos, Le club. 246 p. de protection et de gestion pour la réserve
aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-
Fleurbec. 1995. La répartition du troscart de Bonaventure. Document pour la consultation
Gaspésie (Triglochin gaspense) dans le du public. Ministère du développement
Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. Rapport durable, de l’Environnement et des Parcs du
préparé pour le gouvernement du Québec. Québec, Direction du patrimoine écologique
Ministère de l’Environnement et de la Faune et des parcs. 38 p. + carte.
du Québec, Direction de la conservation et
du patrimoine écologique, Québec. 69 p. Ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. 1992. Liste des espèces de la faune
Girard, S. 1988. Itinéraire ornithologique de vertébrée susceptibles d’être désignées
la Gaspésie. Club des ornithologues de la menacées ou vulnérables. Ministère du
Gaspésie, Percé. 166 p. Loisir, de la Chasse et de la Pêche du
Québec, Direction générale de la ressource
Jacquaz, B., L. Couillard, M. Pelletier, faunique, Québec. 107 p.
M. Sarrazin et G. Walsh. 1990. Étude
biophysique de l’habitat du poisson de Mousseau, P. 1997. Synthèse des
quatre barachois de la baie des Chaleurs. connaissances sur les communautés
Pêches et Océans Canada, Ottawa. 131 p. biologiques du golfe du Saint-Laurent et de
(Rapport manuscrit canadien des sciences la baie des Chaleurs, rapport technique :
halieutiques et aquatiques, n° 2089). zones d’intervention prioritaire 19, 20 et 21.
Approvisionnement et Services Canada,
Labrecque, J., et G. Lavoie. 2002. Les Ottawa. 437 p.
plantes vasculaires menacées ou
vulnérables du Québec. Ministère de PESCA Environnement. 2000. Étude
l’Environnement du Québec, Direction du d’hydrodynamisme du barachois de
patrimoine écologique et du développement Bonaventure. Rapport d’étude présenté à
durable, Québec. 200 p. l’Association pour la revalorisation du
barachois de Bonaventure, Maria, PESCA
Lavoie, G. 1992. Plantes vasculaires Environnement. 54 p.
susceptibles d’être désignées menacées ou
vulnérables au Québec. Ministère de Robert, M. 1989. Les oiseaux menacés du
l’Environnement du Québec, Direction de la Québec. Association québécoise des
conservation et du patrimoine écologique, groupes d’ornithologues et Environnement
Québec. 180 p. Canada, Service canadien de la faune.
109 p.

16
Table de concertation du littoral de
Bonaventure. 2005. Plan de gestion intégrée
de la zone côtière de Bonaventure.
Bonaventure. 50 p.

Tremblay, B. 2002. Les milieux humides


côtiers du sud de la Gaspésie. Document
présenté à la Société de la faune et des
parcs du Québec et au ministère des
Pêches et des Océans du Canada par le
Comité Zone d’intervention prioritaire (ZIP)
Baie des Chaleurs. Comité ZIP Baie des
Chaleurs, Maria. 218 p.

17
Annexe 1 : Réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure :
localisation, limites et unités écologiques

19
20
21
Annexe 2
(section 3.1)

RÉGIME DES ACTIVITÉS DANS LA RÉSERVE AQUATIQUE DE L’ESTUAIRE-DE-LA-


RIVIÈRE-BONAVENTURE
— NORMES ADDITIONNELLES À CELLES PRÉVUES PAR LA LOI

INTERDICTIONS, AUTORISATIONS PRÉALABLES ET AUTRES CONDITIONS D’EXERCICE


DE CERTAINES ACTIVITÉS DANS LA RÉSERVE AQUATIQUE

Loi sur la conservation du patrimoine naturel


(L.R.Q., c. C-61.01, a. 46, 47 et 49)

SECTION I
PROTECTION DES RESSOURCES ET DU MILIEU NATUREL

1. Sous réserve de l’interdiction prévue au deuxième alinéa, nul ne peut implanter dans la
réserve aquatique, notamment par ensemencement, des spécimens ou individus d’espèces
fauniques ou floristiques, indigènes ou non indigènes au milieu, à moins de détenir une
autorisation du ministre et de respecter les conditions qu’il fixe.

Nul ne peut ensemencer un cours d’eau ou un plan d’eau à des fins d’aquaculture, de
pêche commerciale ou d’une autre fin commerciale.

En plus des caractéristiques et du nombre des espèces visées, avant de délivrer une
autorisation en application du présent article, le ministre prend notamment en compte les risques
de déséquilibre pour la biodiversité, l’importance de conserver les différents écosystèmes, les
besoins des espèces qui y vivent, les besoins de réhabilitation de milieux ou d’habitats dégradés
au sein de la réserve aquatique, de même que l’intérêt de réintroduire certaines espèces
disparues.

De plus, à moins d’avoir été autorisé par le ministre et de réaliser l’activité conformément
aux conditions qu’il fixe, nul ne peut prélever les espèces floristiques et fauniques suivantes :

1° la muhlenbergie de Richardson (Muhlenbergia richardsonis);

2° l’arlequin plongeur (Historionicus historionicus);

3° le garrot d’Islande (Bucephala islandica);

4° le pic à tête rouge (Melanerpes erythrocephalus).

2. Nul ne peut utiliser d’engrais ou de fertilisant dans la réserve aquatique. Le compost à


des fins domestiques est toutefois permis s’il est utilisé à une distance d’au moins 20 mètres d’un
cours d’eau ou d’un plan d’eau mesurée à partir de la ligne des hautes eaux.

La ligne des hautes eaux s’entend de celle définie par la Politique de protection des rives,
o
du littoral et des plaines inondables adoptée par le décret n 468-2005 du 18 mai 2005.

3. À moins d’avoir été autorisé par le ministre et de réaliser l’activité conformément aux
conditions qu’il fixe, nul ne peut :

1° réaliser tout type de travaux ou d’interventions sur le territoire de la réserve. Pour

23
l’application du présent paragraphe, une intervention s’entend notamment :

a) de la mise en place de toute construction, infrastructure ou de tout nouvel


ouvrage, ainsi que les travaux de reconstruction ou de démolition;

b) de tout enfouissement, terrassement, excavation, enlèvement ou déplacement de


matériaux de surface ou du couvert végétal, à quelque fin que ce soit, dont les aménagements
récréo-touristiques comme la réalisation de sentiers;

c) de la création ou de l’aménagement de nouveaux cours d’eau ou de plans d’eau;

d) d’une modification du drainage naturel ou du régime hydrique;

2° utiliser un pesticide, aucune autorisation n’étant toutefois requise pour l’utilisation d’un
insectifuge à des fins personnelles;

3° réaliser des activités éducatives ou de recherche, lorsqu’elles sont susceptibles


d’endommager ou de perturber de façon substantielle le milieu naturel, notamment par la nature
ou l’importance des échantillons prélevés ou par le caractère invasif de la méthode ou du
procédé employé;

4° réaliser un tournoi ou un évènement similaire.

Les conditions d’autorisation fixées par le ministre peuvent notamment porter sur la
localisation de l’activité autorisée, les méthodes employées, les types de matériaux pouvant être
utilisés, dont ceux prélevés sur le territoire, ainsi que la présence d’ouvrages ou d’installations
accessoires. Elles peuvent notamment aussi prévoir l’exigence de réaliser un suivi périodique ou
de produire au ministre un rapport, entre autres, pour les résultats obtenus dans le cadre d’une
recherche visée au paragraphe 3° du premier alinéa.

Lorsque l’activité envisagée est située en milieu humide, dans le lit, le littoral ou la rive
d’un cours d’eau ou d’un plan d’eau, en plus d’établir qu’elle n’aura pas pour effet de le dégrader
ou d’affecter l’intégrité d’un plan d’eau ou d’un cours d’eau, aucune autorisation ne peut être
délivrée par le ministre en application du présent article à moins que le demandeur ne lui ait
démontré, selon le cas :

1° l’impossibilité de réaliser ailleurs l’activité;

2° l’importance ou le caractère nécessaire de l’activité pour parfaire les connaissances


scientifiques sur les écosystèmes;

3° la nécessité de réaliser l’activité pour assurer la conservation d’écosystèmes ou pour


assurer la réhabilitation ou remettre en état des milieux hydriques ou humides perturbés ou
dégradés.

4. Malgré le paragraphe 1° du premier alinéa de l’article 3, aucune autorisation n’est requise


pour réaliser des travaux mentionnés au paragraphe 1° du présent article lorsque les exigences
du paragraphe 2° sont respectées :

1° Les travaux visent :

a) l’entretien, la réparation ou l’amélioration de toute construction, infrastructure ou


de tout ouvrage, dont un abri ou un sentier, y compris une installation qui leur est accessoire,
comme un belvédère ou un escalier;

b) la construction ou la mise en place d’une dépendance ou d’une installation

24
accessoire à un abri ou un bâtiment présent, tel un cabanon, un puits, une prise d’eau ou des
installations sanitaires;

c) la démolition ou la reconstruction d’un abri ou d’un bâtiment, ou celle d’une


dépendance ou d’une installation accessoire, dont un cabanon, un puits, une prise d’eau ou des
installations sanitaires;

2° Les travaux sont réalisés dans le respect de ce qui suit :

a) les travaux visent une construction, une infrastructure ou un ouvrage dont la


présence est permise sur le territoire de la réserve aquatique;

b) les travaux sont effectués à l’intérieur de la superficie du terrain ou de l’emprise


qui fait l’objet du droit d’usage ou d’occupation dans la réserve aquatique, que ce droit résulte
d’un bail, d’une servitude ou d’une autre forme de titre, de permis ou d’autorisation;

c) les travaux sont réalisés conformément aux prescriptions de tout permis ou


autorisation délivré pour ceux-ci ou en lien avec la construction, l’infrastructure ou l’ouvrage
auxquels ils se rapportent, ainsi que dans le respect des mesures législatives et réglementaires
applicables.

Pour l’application du présent article, les travaux de réparation et d’amélioration


comprennent les travaux pour le remplacement ou la mise en place d’ouvrages ou d’installations
dans le but de se conformer aux exigences d’une réglementation environnementale.

5. Nul ne peut enfouir, abandonner ou déposer des déchets, de la neige ou d’autres


matières résiduelles, si ce n’est dans les poubelles, les installations ou les sites prévus par le
ministre ou ailleurs, avec l’autorisation du ministre et conformément aux conditions qu’il fixe.

SECTION II
RÈGLES DE CONDUITE DES USAGERS

6. Toute personne qui séjourne, pratique une activité ou circule sur le territoire de la réserve
aquatique est tenue de garder les lieux dans un état satisfaisant et, avant de les quitter, de les
remettre autant que possible dans leur état naturel.

7. À l’exception des feux de camp qui peuvent être réalisés sur l’île aux Pirates, les feux, y
compris les feux d’artifices, sont interdits sur le territoire de la réserve.

Toute personne qui fait un feu de camp sur l’île est tenue de s’assurer :

1° que l’endroit où le feu doit être allumé a été préalablement dégagé dans un rayon
suffisant pour empêcher le feu de se propager;

2° du maintien d’une personne sur les lieux, pour surveiller le feu;

3° de l’extinction complète du feu avant de quitter les lieux.

8. Il est interdit dans la réserve aquatique :

1° de faire du bruit de façon excessive;

2° de se conduire ou de se comporter d’une façon qui dérange indûment les autres usagers
ou les empêche de jouir des lieux;

25
3° de harceler la faune sauvage.

Pour l’application des paragraphes 1° et 2° du premier alinéa, sont considérés excessifs


ou indus les agissements qui sont de nature à perturber de façon substantielle d’autres
personnes et qui constituent des conditions inusitées ou anormales de la réalisation d’une activité
ou de l’utilisation permise d’un bien, d’un appareil ou d’un instrument sur le territoire de la réserve
aquatique.

9. À moins d’avoir été autorisé par le ministre et de se conformer aux conditions fixées, nul
ne peut avoir accès, réaliser une activité ou circuler avec un véhicule dans un secteur donné de
la réserve aquatique, lorsque la signalisation mise en place par le ministre restreint cet accès,
cette circulation ou la réalisation de certaines activités en vue de préserver le public d’un danger
ou pour éviter de mettre en péril la faune, la flore ou d’autres composantes du milieu naturel.

10. Nul ne peut détruire, enlever, déplacer ou endommager les affiches, les écriteaux, les
avis ou les autres formes de signalisation apposés par le ministre sur le site de la réserve
aquatique.

SECTION III
ACTIVITÉS DIVERSES SUJETTES À AUTORISATION

11. Nul ne peut occuper ou utiliser un emplacement de la réserve aquatique, à moins d’y être
autorisé par le ministre et de respecter les conditions qu’il fixe.

Pour l’application du présent article, l’occupation ou l’utilisation d’un emplacement


s’entend notamment du fait de séjourner ou de s’établir sur la réserve aquatique, entre autres à
des fins de villégiature, du fait d’y installer un campement ou un abri, ou d’y laisser, enfouir ou
installer tout équipement, appareil ou véhicule.

12. Nul ne peut réaliser des activités d’aménagement forestier pour répondre à des besoins
domestiques ou aux fins de maintenir la biodiversité, à moins d’y avoir été autorisé par le ministre
et de réaliser ces activités conformément aux conditions qu’il fixe.

Les conditions de l’autorisation fixées par le ministre peuvent notamment porter sur les
essences d’arbres ou d’arbustes, ainsi que la grosseur des tiges pouvant être coupées, les
quantités autorisées et le lieu où ces activités peuvent être effectuées.

SECTION IV
EXEMPTIONS D’AUTORISATION

13. Malgré les dispositions qui précèdent, aucune autorisation n’est requise d’une personne
pour la réalisation d’une activité ou d’une autre forme d’intervention sur le territoire de la réserve
aquatique s’il est urgent d’agir pour éviter qu’un préjudice ne soit causé à la santé ou à la sécurité
de personnes ou afin de réparer ou de prévenir des dommages causés par une catastrophe
réelle ou appréhendée. La personne concernée doit cependant informer sans délai le ministre de
l’activité ou de l’intervention réalisée par elle.

14. Les membres d’une communauté autochtone qui, à des fins alimentaires, rituelles ou
sociales, réalisent une intervention ou pratiquent une activité sur le territoire de la réserve
aquatique sont exemptés de l’obligation de requérir une autorisation pour ce faire.

15. Malgré les dispositions qui précèdent, les activités ou les interventions suivantes,
concernant le transport, la distribution ou la production d’électricité qui sont effectuées par la
société Hydro-Québec (Société) ou par une autre personne pour son compte, peuvent être

26
réalisées sans que ne soit obtenu au préalable une autorisation du ministre en vertu du présent
plan :

1° les activités ou interventions requises sur le territoire de la réserve aquatique pour


compléter un projet dont la réalisation a déjà été autorisée expressément par le gouvernement et
le ministre, ou seulement par ce dernier, conformément aux exigences de la Loi sur la qualité de
l’environnement (L.R.Q., c. Q-2), si elles sont réalisées conformément aux autorisations
délivrées;

2° les activités ou interventions préalables à la préparation et au dépôt d’un rapport d’avant-


projet, pour un projet dont une autorisation doit être obtenue en vertu de la Loi sur la qualité de
l’environnement;

3° les activités ou interventions liées à un projet qui requiert une autorisation préalable du
ministre en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement, lorsque leur réalisation vise à
répondre à une demande de précisions ou d’informations complémentaires adressée par le
ministre à la Société, si ces activités et interventions sont effectuées en conformité avec la
demande formulée;

4° les activités ou interventions de la Société, dont les conditions de réalisation font l’objet
d’un protocole conclu entre le ministre et la Société, et qui sont réalisées dans le respect de ces
conditions.

La Société tient le ministre informé des différentes activités ou interventions visées par le
présent article qu’elle projette réaliser avant de les effectuer sur le territoire de la réserve.

Pour l’application du présent article, les activités et interventions de la Société


comprennent, entre autres, les études préliminaires, travaux d’analyse ou de recherche sur le
terrain, les travaux requis pour l’étude et la vérification des impacts de corridors et de tracés de
lignes de transport ou de distribution, les levés géologiques ou géophysiques, les lignes
d’arpentage, ainsi que l’ouverture et l’entretien de chemins d’accès, de construction ou de
circulation pour la réalisation de ces travaux.

SECTION V
DISPOSITIONS GÉNÉRALES

16. La personne qui, pour son compte, celui d’un groupe ou pour plusieurs personnes,
demande une autorisation au ministre est tenue de lui fournir les renseignements et documents
qu’il lui précise en vue de permettre l’examen de la demande.

17. L’autorisation donnée par le ministre qui est de portée générale ou collective peut être
communiquée par tout mode approprié auprès des personnes visées qui peuvent s’en prévaloir
ou en bénéficier, y compris par un avis affiché ou par une signalisation appropriée au poste
d’accueil ou à un autre endroit facilement accessible au public sur le territoire de la réserve
aquatique; le ministre peut aussi en remettre un exemplaire à toute personne concernée.

27

Vous aimerez peut-être aussi