MALACK Donasienne Estelle Mémoire Final
MALACK Donasienne Estelle Mémoire Final
MALACK Donasienne Estelle Mémoire Final
MEMOIRE de MASTER
Membre du Jury :
de l’UASZ.
de l’UASZ.
i
ii
« L’Université n’entend donner aucune
approbation ni improbation aux opinions
émises dans les mémoires. Ces opinions
doivent être considérées comme propres à leur
auteur. »
iii
REMERCIEMENTS
Nous vous remercions très sincèrement cher Docteur. Nous vous sommes très reconnaissantes
pour votre disponibilité, vos encouragements et votre bienveillance sans faille, lors du travail
de recherche et celui de rédaction. Nous louons vos qualités pédagogiques, scientifiques et
humaines. Nous avons beaucoup appris à vos côtés ; votre patience, votre compréhension, votre
générosité et vos sages conseils n’ont jamais fait défaut. Également, votre soutien et votre
présence ont su nous conforter lors des moments d’incertitude.
Chers Professeurs, vous n’avez guère lésiné sur les moyens pour façonner nos âmes, nos
intellects afin de nous transmettre une bonne part de vos connaissances et nous inculquer des
valeurs. Sur ce, nous vous remercions très sincèrement et vous exprimons notre profonde
gratitude.
Nos remerciements
À ceux qui de loin ou de près ont contribué à la réalisation de ce travail. On aimerait citer Me
GOMIS (administrateur des greffes du Tribunal de grande instance de Kolda).Le cabinet Me
IBRAHIMA SARR à savoir Me SARR et Me Moribo MBAYE pour leurs conseils et
enseignements ; également tous nos collègues de stage, les amis et camarades de promotion qui
n’ont jamais cessé de nous soutenir.
iv
DEDICACES
A nos ainés de l’université Assane Seck et de l’université Cheikh Anta DIOP pour leurs
soutiens inlassables et pour leurs conseils plein de sagesse.
Enfin, à tous les amis (es), camarades de promotion de l’Université Assane Seck de
Ziguinchor.
Pour la serviabilité et la disponibilité dont vous avez fait preuve.
v
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
vi
CF. : Code de la Famille
C. Civ. : Code civil français
COCC. : Code des Obligation Civiles et Commerciales
Collec.: Collection
Comm. : Commentaire
Concl. : Conclusion
Cons.Const. : Conseil Constitutionnel
C.Cass. : Cour de Cassation
CR.Comp. : Cour des Comptes
CA. : Cour D’Appel
C. Ass. : Cours D’Assises
C.TR. : Cours et Tribunaux
HCJ.: Haute Cour de Justice
C.Sup. : Cour Suprême
CPC. : Code de Procédure Civile
CPP. : Code de Procédure Pénale
CREI. : Cour de Répression de L’Enrichissement Illicite
D. : Dalloz
D. Chron.: Dalloz chroniques
D. J. : Dalloz jurisprudence
D. somm.: Dalloz sommaires commentés
Défrénois.: Répertoire du notariat Défrénois
DAP. : Direction de l’administration Pénitentiaire
Ed. Edition
EDJA. : Edition Juridiques Africaines
ERSUMA.: Ecole Régionale Supérieur de la Magistrature
FASC.: Fascicule
F.D. : Feuille de route
Gaz. Pal.: Gazette du Palais
Ibid. : Ibidem, au même endroit
vii
Infra. : Ci-dessous
JEM. : Juge de la Mise en Etat
JCP.: Juris Classeur Périodique
J.O. : Journal Officiel
JOCE. : Journal Officiel Des Communautés Européennes
JORS. : Journal Officiel de la République du Sénégal
L. : loi
LGDJ. : Librairie générale de droit et de jurisprudence
N°. : Numéro
NEA. : Nouvelle Editions Africaines
ONFP. : Office National de Formation Professionnelle
Obs. : Observations
OHADA. : Organisation Pour L’Harmonisation en Afrique du Droit des
affaires
Ord. : Ordonnance
Op. Cit. Opus citate, cité plus haut
P. : Page
Para. : Paragraphe
Préc. : Précité
PP. : Premier président
PUAM. : Presse universitaire d’Aix Marseille
PUF. : Presse Universitaire de France
Rev. : Revue
RDC. : Revue des contrats
R.J.Com. : Revue de jurisprudence commerciale
RJDA. : Revue de jurisprudence de droit des affaires
RTD Civ. : Revue trimestrielle de droit civil
RTD. Com. : Revue trimestrielle de droit commercial
S. : Suivants
Spéc. : Spécial
Soc. : Social
viii
Supra. : Ci-dessus
TC. : Tribunaux de Commerce
TD.: Tribunaux Départementaux
TGI. : Tribunaux de Grande Instance
TGIHC. : Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar
TI. : Tribunaux D’Instance
TIHC. : Tribunal D’Instance Hors Classe de Dakar
TM. : Tribunal Militaire
TR. : Tribunaux Régionaux
TT. : Tribunal du travail
UEMOA. : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
V. : Voir
Vol. : Volume
ix
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE………………………………………………………….11
x
INTRODUCTION GENERALE
« S’il est vrai que le droit1 est le reflet de la vie d’une société, s’il est vrai qu’il est secrété par
la philosophie et les aspirations d’un peuple et s’il est vrai que « vie » et aspiration évoluent
sans paliers comme la durée bergsonienne2.Il est inévitable que d’un moment à l’autre
l’ensemble du droit objectif qui ne se renouvelle que par bonds, se trouve en parfaite
inadéquation avec son objet3 ». C’est ce qui explique que les différents édifices juridiques de
l’ancien système judiciaire, merveilleux des temps passés aient aujourd’hui malgré la nécessité
qu’ils imposent à certains égards, se révèlent inaptes à servir de cadre aux rapports humains et
aux rapports d’affaires qui ne cessent de susciter des goulots d’étranglement4 dans les divers
régimes adoptés. C’est pourquoi un besoin de réforme se fait sentir comme une nécessité. Que
c'est dans ce cadre que le Sénégal qui avant les indépendances, faisait application du code civil
français de 1804, avait après son accession à la souveraineté internationale immédiatement
booster les pouvoirs publics à se lancer dans un processus d’élaboration d’une organisation
judiciaire adéquate aux réalités socio-culturelles du pays. En réaction à la complexité du
système judiciaire colonial, l’ordonnance n°60-56 du 14 novembre 19605 fixant l’organisation
1
La notion de droit n’a jamais fait l’unanimité relativement à sa définition. Pour le professeur Paul Orianne trois
sont faites au droit : son déclin, la réduction du champ d’intervention du droit, la contestation de l’idéologie et des
pratiques juridiques. Le droit est donc un phénomène social ou sociétal et sa compréhension ne peut passer que
par une vision pluridisciplinaire…
2
La pensée d’Henri Bergson, philosophe vitaliste du début du XXe siècle… Bergson : la durée. Bergson a
minutieusement décrit le temps tel que nous en vivons l’action permanente : la durée. Vivre, c’est durer; c’est dire
si la durée est un concept fondamental des contresens inévitables en masquent la nature, que seul l’intuition peut
nous révéler.
3
K. MBAYE, « L’expérience Sénégalaise de la réforme du droit », in Revue internationale du droit comparé,
1970, pp 35-42, Persée 2005-2018, p. 35. Consulté sur www.persee.fr
4
Un goulot d’étranglement est un point d’un système limitant les performances globales d’un flux de production
d’une entreprise. On l’appelle aussi « ressource goulot », est défini par l’étape de production qui a la plus faible
cadence dans un flux de production.
5
P.A. TOURE, « La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal Commentée et annotée », éd, Harmattan,
p.39.
1
judiciaire a institué un système judiciaire fondé sur l’unification de l’ordre juridictionnel. Car
il convient de rappeler que durant la colonisation le système judiciaire sénégalais reposait sur
la dualité de systèmes. D’ailleurs, la réforme judiciaire du 02 Février 19846 a constitué une
étape décisive du système judiciaire sénégalais avec le réaménagement de l’appareil judiciaire
en vue du rapprochement de la justice des justiciables. Dès lors, il a paru nécessaire de procéder
à une réforme en profondeur de l’organisation judiciaire pour asseoir un système judiciaire
moderne et plus performant afin de permettre l’avènement d’une justice égale pour tous, une
justice plus proches des justiciables, une justice plus accessible et plus rapide. En effet, la
réforme de l’organisation des juridictions a été portée par la loi n°2014-26 du 03 novembre
2014 fixant l’organisation judiciaire, par la loi n°2014-28 du 03 novembre 2014 modifiant la
loi n°65-61 du 21 juillet 1965 portant code de procédure pénale, par le décret n°2015-1039 du
20 juillet 2015 portant aménagement de l’organisation judiciaire et plus récemment par la loi
constitutionnelle n°2016-10 du 05 avril 2016 portant révision de la constitution. La nouvelle
réforme judiciaire inaugure le deuxième cycle des grandes réformes du service public de la
justice après celle introduite par la loi n°84-19 du 2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire,
et apporte de grandes innovations dans l’architecture judiciaire.
Par ailleurs, l’apport est défini par le lexique des termes juridiques en référence au droit
civil et au droit commercial comme une contribution à la constitution d'une personne morale,
en argent, en nature ou en industrie. Cependant, l’apport est dans le cadre de notre étude assimilé
à l'innovation qui est perçue comme un ensemble de mesures prises pour améliorer une situation
bien déterminée. En fait, l’innovation vient du mot latin Innovare qui signifie « revenir à,
renouveler ». Innovare quant à lui est composé du verbe Novare de racine novus, qui veut dire
« changer », « nouveau », et du préfixe in-, qui indique un mouvement vers l’intérieur. Ainsi
dans la terminologie juridique au Moyen Âge : « introduire quelque chose de nouveau dans une
chose établie », d’où l’acception de renouveler. Jusqu’au XIIe siècle, le mot désignait ce qui
était jeune. Néanmoins, vers le XVIe siècle, le sens dérive vers ce qui est singulier, inattendu,
surprenant. C’est à cette même période que le mot innover signifie faire preuve d’inventivité,
créer des choses nouvelles, sens qu’il a encore en partie aujourd’hui7. ». D’ailleurs, la réforme
6
Des retouches relatives à la loi : voir le décret n°67-148 du 18 février 1967 ; la loi n°67-18 du 28 févier 1967 ; le
décret n°70-1286 du 20 novembre 1970 ; la loi n°75-79 du 09 juillet 1975.
7
La connotation de ce concept n'a pas toujours été positive comme en témoigne l'interdiction en 1546 de
l'innovation par Edouard VI d'Angleterre, pour protéger l’État du désordre et de la déviance. Elle est ensuite
réintégrée, dans un sens politique par Nicolas Machiavel dans « Le prince » en 1513, puis par F. Bacon en 1625.
2
est le changement de caractère profond, radical apporté à quelque chose, en particulier à une
institution, et visant à améliorer son fonctionnement.
Dans la recherche des solutions les meilleurs pour réaliser une étude exhaustive de
l’apport des réformes de la nouvelle organisation judiciaire, une limitation du sujet parait
nécessaire. Pour ce faire, le principe de séparation des pouvoirs qui est proclamé par le
Préambule, est en effet consacré par l’article 6 de la Constitution de la République du Sénégal
du 22 janvier 2001. Cela montre qu’aux termes de l’article 88 de la Constitution du Sénégal,
Pour Machiavel, il s'agit de donner une impression de renouvellement d'un système politique afin d'en garder le
pouvoir en période de trouble. Ensuite ignoré des économistes classiques, il est introduit au sens actuel d'innovation
de procédé dans la pensée économique par Joseph Schumpeter au début des années quarante et au sens principal
d'innovation produit au début des années cinquante par Peter Drucker. Ce dernier réinvente le mot et le concept,
en faisant un synonyme de progrès finalisé.
8
G.CORNU, « Vocabulaire juridique », Paris, PUF, 10e éd. 2014, cité par P.A. TOURE in « Organisation judiciaire
du Sénégal commentée et annotée», éd. Harmattan, p. 720.
9
G.CORNU, Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 10 e éd. 2014, cité par P.A.TOURE in « Organisation judiciaire
du Sénégal commentée et annotée », éd. Harmattan p. 720.
10
Le concept de la réforme judiciaire dans la hiérarchie du système judiciaire français.
3
que le pouvoir judiciaire11 est exercé par le Conseil Constitutionnel, la Cour Suprême, la Cour
des Comptes et les Cours et Tribunaux12. C’est en ce sens qu’il importe de faire une brève
présentation de ces organes judiciaires du fait du rôle imminent qu’ils exercent dans l’arsenal
Judiciaire du pays ; Ainsi, le conseil constitutionnel est une juridiction suprême qui comprend
sept membres13 nommés par décret pour six ans non renouvelables dont un président et un Vice-
Président. Il est renouvelé tous les deux ans à raison de deux membres14 au plus. Cependant, le
conseil constitutionnel se prononce sur la constitutionnalité des règlements intérieurs des
assemblées15, la constitutionnalité des lois…Quand à la haute cour de justice, elle est une
11
L’indépendance du pouvoir judiciaire est affirmée par l’article 88 de la constitution Sénégalaise du 22 Janvier
2001. Le pouvoir judiciaire est garant du respect du principe de la séparation des pouvoirs et doit arbitrer les
conflits de compétence sur le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
12
La compétence territoriale de chaque Tribunal Régional couvre les limites administratives de la région où il est
implanté. Les Tribunaux régionaux sont implantés aux chefs-lieux des régions administratives Les Tribunaux
départementaux ont été créés en remplacement des justices de paix par la loi n° 84-19 du 2 février 1984 fixant
l’organisation judiciaire, in Journal officiel du 3 mars 1984, page 124. Au terme de l’article 2 de la loi n° 84 -19
du 2 février 1984, « il est créé un tribunal du travail au chef – lieu de chaque région du Sénégal. Le tribunal du
travail est une juridiction spécialisée composée d’un Président et de Juges. Le tribunal du travail est une
juridiction spécialement et exclusivement compétente pour régler des différends individuels nés à l’occasion du
contrat de travail ».
13
Article 89 de la loi constitutionnelle Sénégalaise dispose que : « Le Conseil constitutionnel comprend sept (07)
membres dont un président, un vice-président et cinq (05) juges. La durée de leur mandat est de six (06) ans. Le
Président de la République nomme les membres du Conseil constitutionnel dont deux sur une liste de quatre
personnalités proposées par le Président de l’Assemblée nationale. Le président du Conseil constitutionnel est
nommé par le Président de la République. Il a une voix prépondérante en cas de partage. Les conditions à remplir
pour pouvoir être nommé membre du Conseil constitutionnel sont déterminées par la loi organique. Le mandat
des membres du Conseil constitutionnel ne peut être renouvelé. Il ne peut être mis fin aux fonctions des membres
du Conseil constitutionnel avant l’expiration de leur mandat que sur leur demande ou pour incapacité physique,
et dans les conditions prévues par la loi organique ».
14
Les membres du conseil constitutionnel (CC) sont choisis parmi les anciens présidents et membres des
juridictions Suprêmes (Cour de Suprême, Conseil d’Etat…).Deux membres du conseil sur cinq peuvent être choisis
parmi les professeurs et anciens professeurs titulaires des facultés de droit et inspecteurs généraux d’Etat et anciens
inspecteurs généraux d’Etat et les avocats, à condition qu’ils aient au moins vingt-cinq ans d’ancienneté dans la
fonction publique ou vingt-cinq ans d’exercice dans leur profession.
15
Loi Organique n°2016-23 du 14 Juillet 2016 relative au conseil constitutionnel, J.O. N°6946 du vendredi 15
Juillet 2016 , en son article 92 de la loi 2016-10 du 05 Avril 2016 portant révision de la constitution du Sénégal
sur la compétence du conseil constitutionnel : « Le Conseil constitutionnel connaît de la constitutionnalité des lois
et des engagements internationaux, des conflits de compétence entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif,
4
juridiction chargée de juger le président de la République pour haute trahison, le Premier
ministre, les ministres et leurs complices en cas de complot contre la sureté de l’Etat. La haute
cour de Justice est composée de membres élus par l’Assemblée nationale après chaque
renouvellement. Elle est présidée par un magistrat. Aussi, la cour des comptes est comprise
comme le contrôle juridictionnel des comptables publics, le contrôle de l’exécution des lois de
finances, le contrôle du secteur parapublics et la sanction des fautes de gestion. Elle est
composée de formation juridictionnelle et de formation non juridictionnelle16… Egalement la
cour suprême17 instituée par la loi organique n° 2017-09 du 17 janvier 2017 abrogeant et
remplaçant la loi organique n°2008-35 du 08 août 200818, se prononce sur les pourvois en
cassation pour incompétence, violation de la loi ou de la coutume dirigés contre les arrêts et
jugements rendus en dernier ressort par toutes les juridictions et contre les décisions rendues
ainsi que des exceptions d’inconstitutionnalité soulevées devant la Cour d’Appel ou la Cour suprême. Le Conseil
constitutionnel peut être saisi par le Président de la République pour avis. Le Conseil constitutionnel juge de la
régularité des élections nationales et des consultations référendaires et en proclame les résultats. Les décisions
du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics
et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles. Toutefois, le conseil constitutionnel était habilité à
connaitre, avant la nouvelle réforme de la constitution ; de la constitutionnalité des lois organiques, le caractère
réglementaire des dispositions de forme législative, la recevabilité des propositions de loi et amendements
d’origine parlementaire, la constitutionnalité des engagements internationaux…Il reçoit les candidatures à la
présidence de la République, constate la démission du Président de la République, son empêchement, ou son décès,
ou la démission, l’empêchement ou le décès des personnes appelées à le suppléer dans ce cas. Il exerce d’autres
compétences qui lui sont dévolues par les articles 46 et 47 de la constitution de 2001.»
16
La formation juridictionnelle comprend : la chambre des affaires financières et des collectivités locales, la
chambre des affaires budgétaires et financières, les chambres réunies, la chambre de discipline budgétaire. Pour la
formation non juridictionnelle on a : la commission de vérification des comptes, la conférence des Présidents et
des Commissaires du Droit, l’Assemblée plénière, le comité des Rapports et Programmes.
17
Contexte de la réforme de la cour suprême: Plus de sept années après la création de la Cour suprême née du
regroupement du Conseil d’État et de la Cour de cassation, l’application au quotidien de la loi organique n° 2008-
35 du 08 août 2008 a révélé des difficultés et des insuffisances qui justifient sa refonte. Ainsi les orientations
définies dans le présent projet s’articulent, pour l’essentiel, autour des objectifs de maîtrise des délais de traitement
des affaires, de simplification des procédures et d’utilisation plus rationnelle des ressources humaines. De même,
des innovations significatives ont été introduites dans les règles d’organisation et de fonctionnement.
18
La cour suprême se composait du premier président, des présidents de chambre, des conseillers, des conseillers
délégués ou référendaires, du procureur général, du premier avocat général, des avocats généraux, des avocats
généraux délégués, du greffier en chef, des greffiers; Est en effet, juge de l’excès de pouvoir des autorités
exécutives.
5
dans les mêmes conditions par les organismes administratifs à caractère juridictionnel de même
que celles émanant des conseils d’arbitrage des conflits du travail19
Cependant force est de constater que les nouvelles réformes montrent l’utilité des
aménagements faites par les autorités publiques. Qu’au vue de tout cela, nous jugeons logique
d’accentuer notre travail sur les nouvelles innovations dont fait fit les réformes de l’organisation
judiciaire de 2014 à 2018. Dès lors, notre étude va s’accentuer sur les objectifs de la loi 2014-
26 du 03 novembre 2014 portant organisation judiciaire dont ses décrets d’application : décret
2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et la compétence des cours d’appel, des
tribunaux de grande instance et des tribunaux d’instance, puis le décret 2015-1039 du 20 juillet
2015 portant aménagement de l’organisation judiciaire, ainsi que la loi 2017-23 du 28 juin 2017
modifiant les articles 5, 6, 7, 9 et 13 de la loi n°2014-26 du 03 novembre 2014 fixant
l’organisation judiciaire. Plus précisément la loi n° 2017- 24 du 28 juin 2017 portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux de commerces et des chambres commerciales
d’appel.
Par ailleurs, le sujet est d’un très grand intérêt capital dans la mesure ou la notion
d’organisation judiciaire a été à l’origine de multiples controverses doctrinales qui selon une
acception large, «relève de l’organisation judiciaire, toutes les juridictions qui exercent une
parcelle du pouvoir judiciaire au sens constitutionnel du terme, peu importe que ces entités
juridictionnelles soient ou non visées dans l’organigramme judiciaire par la loi fixant
l’organisation judiciaire. Ainsi, toutes les juridictions suprêmes (cour des comptes, conseil
constitutionnel), les juridictions de base (cour d’appel et tribunaux), ainsi que les juridictions
19
La Cour suprême a d’autres compétences, en effet, elle est juge, en premier et dernier ressort, de l’excès de
pouvoir des autorités administratives ainsi que de la légalité des actes des collectivités territoriales.
Elle est compétente, en appel, dans le contentieux de l’élection des membres des assemblées autres que
l’Assemblée nationale. De même la Cour suprême, statuant sur les pourvois en cassation, ne connaît pas du fond
des affaires. Aussi se prononce-t-elle sur : les exceptions d’inconstitutionnalité, dans les conditions prévues à
l’article 91 de la présente loi ; les demandes en révision ; les demandes de renvoi d’une juridiction à une autre
pour cause de suspicion légitime ou de sûreté publique ; les règlements de juges entre juridictions n’ayant au-
dessus d’elles aucune juridiction supérieure commune autre que la Cour suprême ; les demandes de prise à partie
contre une cour d’appel, une cour d’assises ou une juridiction entière ;
6
de droit commun et d’exception (CREI20, Haute cour de justice, tribunal militaire21, tribunal du
travail22) font partie de l’organisation judiciaire. Cependant, d’après une conception plus
restrictive, l’organisation judiciaire renvoie aux juridictions expressément visées par l’article 5
de la loi du 03 novembre 201423 fixant l’organisation judicaire. Pour les tenants de cette thèse,
il y’a lieu de faire un départ entre l’organisation judiciaire ainsi entendue et le pouvoir
judiciaire. Ainsi, des juridictions comme le conseil constitutionnel, la cour des comptes, la haute
cour de justice et la cour de répression de l’enrichissement illicite, ne font pas partie de
l’organisation judiciaire, bien qu’elles relèvent du pouvoir judiciaire24.»
20 La loi n°81-54 créait la Cour de répression de l’enrichissement illicite ; ainsi le domaine de compétence de cette
cour a été limitativement et soigneusement circonscrit à l’article 163 bis de notre Code pénal.
En de termes beaucoup plus simples, l’enrichissement illicite suppose une infraction de base ayant permis de
s’enrichir illégalement. Ainsi, c’est à la réponse non justificative de la licéité du patrimoine que devrait se
constituer alors le délit d’enrichissement illicite, car rappelons-le, c’est un délit instantané.
21
Décret n° 2013-1367 du 21 octobre 2013 modifiant les articles 20, 53 et 79 du décret n°90-1159 du 12 octobre
1990 portant Règlement de Discipline générale dans les Forces armées, modifié par le décret n° 2003-696 du 23
septembre 2003. Ainsi, la loi 70-23 du 06 juin 1970 portant organisation de la défense nationale, et le décret 91-
1173 du 07 novembre 1991 portant recrutement dans les Forces armées.
22
Historiquement, les tribunaux du travail qui fonction au Sénégal depuis 1953, ont été conservés par le code du
travail institué par la loi n°61-34 du 15 juin 1961.C’est en réalité à la suite du conseil interministériel du 16
novembre 1976 sur la justice que les tribunaux du travail ont été intégrés dans l’organisation judiciaire; Ils ont été
depuis lors maintenus dans l’architecture judiciaire.
23
L’article 5 de la loi 2014-26 du 03 novembre 2014 fixant l’organisation judiciaire dispose que l’organisation
judiciaire comprend : « -la cour suprême ; -les cours d’appel, -les tribunaux de grande instance, -les tribunaux
du travail, -les tribunaux d’instance… »
24
P.A. TOURE : « la réforme de l’organisation judicaire du Sénégal commenté et annotée », éd; Harmattan, P.
166 à 167.
25
V. Article 5 de la loi 2014-26 du 03 novembre 2014 fixant l’organisation judiciaire du Sénégal.
7
par le législateur sénégalais des valeurs économiques comme le renforcement de la transparence
et de la compétitivité dans l’environnement des affaires. D’où sa manifestation par, l’adoption
du décret n°2013-1071 du 6 août 2013 modifiant le décret n°64-572 du 30 juillet 1964 portant
Code de Procédure civile; la promotion des modes alternatifs de règlement des différends dont
la médiation et la conciliation avec l’adoption du décret n°2014-1653 du 24 décembre 2014
relatif à la médiation et à la conciliation26.
Dès lors, ceci nous amène à nous poser les questions suivantes:
-Quel est le but escompté par les nouvelles réformes de l’organisation judiciaires ?
-Quels sont les impacts des réformes dans l’organisation judiciaire du Sénégal?
-Est-ce que les innovations ont été à la hauteur des attentes de la population Sénégalaise ?
C’est au regard de tout cela qu’il sera judicieux, de montrer que l’apport des réformes
judiciaires consistant à la modernisation et à l’efficacité du système judiciaire Sénégalais n’a
pas pour mission de supprimer les choses qui existaient déjà, mais plutôt d’améliorer en
profondeur leurs manquements constatés. Qu’ainsi, il serait nécessaire de nous poser la
question de savoir Est-ce que les innovations des réformes de la nouvelle organisation
judiciaire de 2014 à 2018 ont été à la hauteur des attentes ?
26
P. A. BADJI : Séminaire sur les tribunaux de commerce et les chambres commerciales d'appel et les Actes
uniformes OHADA relatifs au droit de l'arbitrage et à la médiation. Fasc. inédit.
8
TITRE PREMIER : LA MODERNISATION DU SYSTEME
JUDICIAIRE SENEGALAIS
Le pouvoir juridictionnel désigne en principe « le pouvoir appartenant aux juridictions
de dire le droit avec force d’autorité légale et d’exprimer ainsi la souveraineté nationale dans
un domaine propre de leur compétence tel qu’il résulte de la constitution, des lois et des
règlements27 ». Donc, l’exercice du pouvoir juridictionnel est l’expression de la souveraineté
nationale dans le domaine propre aux activités judiciaires28. En réalité, au-delà de la séparation
fonctionnelle entre les pouvoirs29, on convient avec le ministre de la justice Gabriel
D’ARBOUSSIER, que « il n’existe qu’un seul pouvoir, celui de la souveraineté nationale »
c’est-à-dire, la souveraineté du peuple. C’est ainsi qu’il est de toute pertinence
l’expression : « la justice est rendu au nom du peuple ». Pour ce faire, tout se passe comme si
les juges, chargés de rendre la justice, ont été mandatés par le peuple Sénégalais. Dès lors, que
la justice est rendue en leurs noms, les citoyens doivent pourvoir en contrôler l’exercice
quotidien30. D’ailleurs, l’une des principales conséquences du « mandat constitutionnel » donné
par le peuple aux juges réside dans l’affirmation du principe de la publicité des débats31.
Cependant, il convient de retenir que c’est en vertu du respect des principes sociétaux que le
législateur Sénégalais caractérise l’importance de ce principe car continue d’affirmer avec
ferveur que la justice est rendue au nom du peuple Sénégalais32.Cela a contribué aux
bouleversements fulgurants d’anciennes pratiques bloquant le système judiciaire Sénégalais.
C’est donc, la réalité de l’existence d’un pouvoir judiciaire, organe spéciale et indépendant dans
l’exercice de la fonction de juger qui a connu d’importantes avancées. C’est la raison d’ailleurs
pour laquelle, on constate que toutes les décisions juridictionnelles rendues par les cours et
tribunaux portent la mention : « Au nom du peuple Sénégalais33 ». C’est l’exemple de l’auteur
Anatole FRANCE qui en ces termes disait : « la majesté de la justice réside dans chaque
sentence rendue par le juge au nom du peuple souverain ».
27
P.A.TOURE, La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée, éd. Harmattan, p.44.
28
Ibidem.
29
Les différents pouvoirs sont: le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
30
P.A.TOURE, La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée. Ed. Harmattan, p.44.
31
A.VITU, Le principe de la publicité de la justice dans le code de procédure pénale, Toulouse, Ann. Fac. Dr. Et
sc. ; écon. 1968, p.293.
32
V. L’article 1er de la loi 2014-26 du 03 novembre 2014 fixant l’organisation judiciaire.
33
L’article 9 de la loi 84-19 du 2 février 1984 fixant organisation judiciaire.
9
Par ailleurs, le chantier de réforme de la justice entrepris par la loi du 03 novembre 2014
fixant l’organisation judiciaire et ses décrets d’application a inauguré l’émergence de nouveaux
principes d’organisations du service public de la justice. Ces derniers tirent leurs sources du
droit à un procès libre et équitable34 qui tourne autour de l’obligation faites aux juridictions de
statuer en toute impartialité35 et dans un délai raisonnable36. En outre, dans la même démarche
de modernisation de la Justice, il a été institué la loi n°2017-24 du 28 Juin 2017 portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et chambres commerciales d’appel,
qui constituent des avancées importantes en matière de spécialisation et de prise en compte de
la spécificité du contentieux commercial.
Toutefois, la modernisation du système judiciaire Sénégalais consiste d’une part à parler des
réformes d’ordre structurel de la nouvelle organisation judiciaire (chapitre1) et d’autre part, voir
les réformes relatives au fond (chapitre2).
34
A.FAYE, Le procès juste et équitable au Sénégal. EDJA, n°58, juillet, août, Septembre 2003, p.55 et s.
35
P.A.TOURE, La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée, p.39.
36
P.A.TOURE, La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée, éd. Harmattan p.39.
10
CHAPITRE1 : LES REFORMES D’ORDRE STRUCTURELLE
DE LA NOUVELLE ORGANISATION JUDICIAIRE
11
Sous l’égide de la loi n° 84-19 du 02 février 1984, le législateur sénégalais avait procédé à un
rapprochement de la justice du justiciable en jetant les bases d’une organisation judiciaire dont
l’architecture recoupait parfaitement l’organisation administrative. C’est ainsi qu’en 1960, M.
Gabriel D’ARBOUSSIER évoquait : « une exacte concordance entre le ressort des juridictions
et les circonscriptions administratives37 ». Cependant, l’accent est également mis sur le
symbole de la justice dont une distinction parait nécessaire : « La justice38 et la vérité sont deux
points si subtiles que nos instruments sont trop mousses pour y toucher exactement ». En effet,
où l’on apprend que la justice, ce n’est pas nécessairement la vérité, que la vérité, ce n’est pas
nécessairement la justice, que la vérité est sans doute un leurre, et que la justice est donc toujours
à construire39… C’est ainsi que dans la mythologie grecque, une explication du respect de la
justice est faite. Dès lors, la justice est caractérisé par trois choses dont la première est la balance
qui signifie que juger c’est peser40 et le glaive qui est la deuxième, traduit l’impérium du juge
tandis que le bandeau caractérisant la troisième chose montre le caractère aveugle de la justice
qui en effet, est une condition de survie de l’humanité41.
D’ailleurs, il serait judicieux dans ce chapitre, de voir certains aspects les plus marquants
de l’apport des réformes de la nouvelle organisation judiciaire de 2014. Il s’agit d’abord de la
mise en œuvre de l’aménagement de la carte judiciaire (section1), ensuite de la création des
chambres criminelles et les tribunaux de commerce (section 2).
37
G.D’ARBOURSSIER « Communication au congrès africain à Lagos sur la primauté du droit », janvier 1961,
in la justice au Sénégal, p. 17.
M. CAVERIVIERE, La réforme du service public de la justice au Sénégal : note de présentation des modifications
législatives et réglementaires intervenues en 1984. RIPAS, n°12-13, janvier-juin, 1985, p.250.
38
B.PASCAL, Pensées, éd. M. Le Guern, Gallimard, coll. Folio classique, 2004, fragment n°41.
39
Extrait de droit et littérature sous la direction de François JONGEN et KOEN LEMMENS, Anthémis, 2007,
P.75.
40
Sur la représentation de la justice par le statut de la Déesse égyptienne « Ma at » qui tient la balance de Toth.
41
Sur la mythologie Grec avec leurs dieux ; Autrement dit Zeus renonce à détruire l’humanité si elle se comporte
juste. Extrait du « Cours de Théorie Générale du Procès et Droit Processuel ».Fasc. inédit.
12
du législateur de rapprocher la justice des justiciables. C’est ainsi que les tribunaux régionaux
et les tribunaux départementaux ont été remplacés par les tribunaux de grande instance et les
tribunaux d’instance.
Par ailleurs, l’étude des réformes est devenue très complexe du fait de l’émergence de
certaines activités sociétales mais également du surplus de la population Sénégalaise qui est
aujourd’hui estimé à plus de quinze millions (15.000.000) d’habitants dont plus de Trois
millions de personnes habitent la capital (Dakar). Pour ce faire, la nouvelle cartographie
marque une circonscription non territoriale caractérisée par des innovations reposantes sur le
changement d’appellation des tribunaux régionaux et des tribunaux départementaux
(paragraphe 1) et du découplage de la carte judiciaire avec la carte administrative
(paragraphe2).
Par ailleurs, avant la réforme de 2014, les tribunaux Régionaux étaient créés en
remplacement des tribunaux de première instance par la loi 84-19 du 02 février 1984 fixant
l’organisation judiciaire. Il en est ainsi des tribunaux départementaux qui ont été créés aussi en
remplacement des justices de paix.
13
Dès lors les dispositions de l’article 4 du décret 2015-1039 du 20 juillet 2015 portant
aménagement de l’organisation judiciaire, montre que sont abrogées toutes dispositions
contraires au présent décret, notamment le décret n°84-1195 du 22 octobre 1984 portant
aménagement de l’organisation judiciaire, modifié.
La volonté des pouvoirs publics de réformer et de moderniser l’institution judiciaire a pris corps
avec la définition d’une nouvelle carte judiciaire par l’adoption de la loi 2014-26 du 03
novembre 2014 fixant l’organisation judiciaire. Les tribunaux d’instance sont des juridictions
spéciales dont il convient de présenter. En effet, le tribunal d'instance (TI) est une juridiction
civile que le justiciable peut d'abord saisir pour les petits litiges de la vie courante43. Le champ
de compétence de cette juridiction est fixé par la loi. Le tribunal d'instance est une juridiction
spécialisée de premier degré qui connaît certaines affaires de nature civile et commerciale (on
parle de juridiction d'attribution).
42
Ce texte est confirmé par l’article 20 du décret n°84-1194 du 22 octobre 1984 portant organisation judiciaire du
Sénégal.
43
PH BASSENE, Cours Organisation Judiciaire du Sénégal.licence3 Droit des affaires UASZ. 2017/2018 Fasc.
Inédit ;
44
La conciliation dans le lexique Dalloz : « une phase préalable de certains procès, au cours de laquelle le juge
essaye d'amener les plaideurs à un règlement amiable », mais c'est aussi un mode de résolution des conflits en
dehors de toute procédure judiciaire.
14
Par ailleurs, dans chaque tribunal d’instance il y a un président qui répartit les affaires
selon les besoins du service, en cas d’absence ou d’empêchement, il est remplacé dans les
conditions prévues par la loi organique portant statut des magistrats. De même dans chaque
tribunal d’instance un juge désigné par arrêté du ministre de la justice remplit les fonctions de
juge d’instruction. Pour ce faire, lorsque les besoins du service l’exigent, il peut être désigné
plusieurs juges d’instruction ; et s’il n’y a qu’un seul juge au siège du tribunal, il remplit d’office
les fonctions de juge d’instruction
Cependant, l'originalité du tribunal d'instance est d'être traditionnellement une juridiction qui
statue45 à juge unique, ce qui constitue une dérogation importante au principe de la collégialité
de la justice. Par conséquent, le tribunal d'instance peut comprendre un ou plusieurs juges
d'instance, qui sont des magistrats du corps judiciaire, mais quel que soit le nombre de
magistrats affectés au tribunal, ce dernier statue toujours à juge unique.
Il n'existe pas en principe de parquet organisé devant les tribunaux d'instance. Cependant, il
peut être institué auprès du tribunal d’instance un délégué du procureur de la république et au
besoin plusieurs adjoints chargés d’exercer les fonctions du ministère public sous l’autorité du
procureur de la république près le tribunal de grande instance dans le ressort duquel est situé le
siège du tribunal d’instance46. Pour les tribunaux d’instance qui ne comportent pas de ministère
public, ou en cas d’absence du délégué du procureur de la république et de son adjoint, l’action
publique est exercée par le chef de juridiction investi des pouvoirs du ministère public, sous
l’autorité du procureur de la république. A l’instar de chaque tribunal d'instance, il est institué
un secrétariat-greffe, chargée de tenir la plume aux audiences, de conserver la minute des
jugements et ordonnance et d’en délivrer l’expédition.
45
V. PH. BASSENE : « Cours procédure civile ». Licence3 droit des affaires UASZ. 2017/2018. Fasc. Inédit.
46
Ibidem.
15
l’activité judiciaire de la région et de l’importance de sa population 47. C’est ainsi que des
juridictions de grande instance sont créées dans des départements tels que : Pikine-Guédiawaye,
Rufisque, Mbour, Mbacké, Tivaouane où le volume du contentieux est très important48. Ainsi
à la tête de chaque tribunal de grande instance du Sénégal, se trouve un Président. Ce dernier
est investi de fonctions de juge au sens juridictionnel, mais aussi de fonctions particulières.
C’est-à-dire comme juge, il exerce des fonctions judiciaires comme tout président de chambre,
en ce sens, il préside, dirige les débats et assure la police de l'audience. Egalement comme
président du tribunal de grande instance, il dispose de fonctions non juridictionnelles à savoir
en sa qualité de président de tribunal, il veille tout d'abord à son administration intérieure,
répartit les affaires entre les chambres, surveille le bon fonctionnement du tribunal... Il a
également des fonctions juridictionnelles prévues par le code de procédure civile qui lui sont
propres, qu'il peut déléguer en tout ou partie à d'autres juges de son tribunal, il rend à ce titre
des ordonnances sur requêtes, et tient l'audience des référés
Pour ce faire, en formation spéciale, le tribunal de grande instance est complété par des
assesseurs. Ainsi dans chaque tribunal de grande instance, l’un des juges désigné par arrêté du
Garde des sceaux Ministre de la justice, assure les fonctions de juge d’instruction. Lorsque les
besoins de service l’exigent, il peut être désigné plusieurs juges d’instruction ; et s’il n’y a qu’un
seul juge au siège du tribunal, il remplit d’office les fonctions de juge d’instruction. De même,
Il y a auprès de chaque tribunal de grande instance un procureur de la république chargé
d’exercer les fonctions du ministère public telles que définies par la loi.
Toutefois, il est à noter que toutes les juridictions sont assistées d’un ou de plusieurs
administrateurs de greffes ou greffiers en chef nommés conformément aux dispositions
statutaires. Ils sont chargés de tenir la plume des audiences, de conserver la minute des arrêts,
47
Loi 2014-26 du 03 novembre 2014 remplaçant la loi 84-19 du 2 Février 1984 fixant l’Organisation judiciaire du
Sénégal.
48
V. L’article 15 du décret 2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et la compétence des cours d’appel,
des tribunaux de grande instance et des tribunaux d’instance.
16
jugements et ordonnances et d’en délivrer l’expédition. Ils peuvent se faire suppléer par un ou
plusieurs greffiers.
Le découplage des structures administratives est une réalité manifeste car semble-t-il
que les ressorts des juridictions ont été créés en fonction du volume du contentieux49. Ainsi, les
ambitions de la nouvelle réforme judiciaire visent les diverses localités ayant plus de
contentieux plutôt que le découpage administratif longtemps connu. C’est par rapport à cela
que nous trouvons illustration sur les propos du garde des sceaux ministre de la justice (SIDIKI
KABA) qui dit« Désormais, c’est en fonction du niveau de peuplement de chaque zone et donc
de l’abondance du contentieux que sont réparties les juridictions sur le territoire ». Au regard
de ces propos, on constate surtout une rupture de l’organisation administrative sur celle
judiciaire car des tribunaux de grande instance ont été installés dans certaines localités sans se
soucier de l’ancien découpage administrative. C’est l’exemple des tribunaux de grande instance
de Dakar, Thiès, Pikine- Guédiawaye, Mbour, Mbacké, Rufisque et Tivaouane. Ces tribunaux
précités marquent la rupture de l’organisation administrative avec la nouvelle carte judiciaire.
Car cette nouvelle organisation judiciaire vise à augmenter des compétences matérielles aux
juridictions de bases. Qu’au regard de tout cela, il convient de saluer les efforts fulgurants des
pouvoirs publics consistant à rapprocher la justice des justiciables. Ainsi selon le rapport
d’activité 2017 du ministère de la justice 38 tribunaux d’instance sont fonctionnels sur 45. Ce
qui montre qu’il reste 7 autres tribunaux d’instance n’ont encore fonctionnels que la fixation de
la date d’installation de ces nouvelles juridictions n’est pas encore précisée car supposant de la
justice des moyens matériels et des efforts du gouvernement nécessaires pour l’installation et
le fonctionnent plus efficace de ces entités précités.
49
V. Rapport d’activité du Ministère de la justice, année 2014. Consulté sur www. Jo.gouv.sn. Le 09 Mars 2019.
17
A : SUR LE PLAN TERRITORIAL
La nouvelle pyramide judiciaire constitue sans nul doute l’aspect le plus marquant voir
le plus spectaculaire de la nouvelle organisation judiciaire50. En effet, le souci d’une parfaite
harmonie entre l’ordonnancement judiciaire et le découpage administratif montre la volonté des
pouvoirs publics de rapprocher les justiciables de la justice. A titre d’exemple dans le
contentieux pénal, les données statistiques de 1999 révélaient déjà que les infractions de vol en
réunion, d’escroquerie, d’abus de confiance, de viol notamment jugés par les anciens tribunaux
régionaux de Dakar, Thiès, Diourbel étaient en effet, commises en majorité dans le ressort
territorial des anciens tribunaux départementaux51. On remarque que les personnes mises en
cause commettent le plus souvent des infractions dans le département de leur naissance. C’est
ainsi que 64% des personnes ayant commis des infractions à Rufisque dont les affaires ont été
jugés par le tribunal hors classe de Dakar, résidait à Rufisque. De même, à la même période
près de 60% des individus jugés au tribunal régional de Dakar habitaient le département de
Pikine. Dès lors, en tant que juridiction d’exception, les tribunaux d’instance connaissent une
ampleur du volume des affaires qui sont de la compétence d’attribution des tribunaux de grande
instance. Pour ce faire, au paravent en matière pénale, le tribunal départemental ne connaissait
que des délits limitativement énumérés par la loi n°84-20 du 02 février 1984 et aussi par les lois
spéciales.
Par ailleurs, la délinquance au Sénégal est un phénomène qui a de l’ampleur et dont son
traitement a amené les pouvoirs publics à délocaliser les instances juridictionnelles en vue
d’assurer la sécurité aux populations citadines. Le constat qui est fait s’agissant des infractions
commises dans les départements de Mbour et de Mbacké en effet, étaient jugés par les anciennes
juridictions de Thiès et Diourbel. Dans la même lancée, l’agglomération de Dakar-Pikine
réunissait à elle seule 44% de la population délinquante du Sénégal contre environ 20% de la
population totale52. Au paravent, la délinquance s’organisait autour d’une agglomération de
centres urbains. C’est l’exemple du pays dont les statistiques de délinquance s’élevaient à 92%
en milieu urbain dont 66% au sein des capitales régionales de Kaolack, Saint-Louis, Thiès et
26% au sein des villes moyennes comme Mbour, Mbacké53. Cependant, le milieu rural avait un
50
P.A. TOURE, La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée, éd. Harmattan, p.156.
51
M.NDIAYE et N. ROBIN, « Délinquance et politique pénale au Sénégal. Les chiffres clés de la justice », Institut
de recherche pour le développement, ministre de la justice, organisation internationale des migrants, 2002, p.27.
52
.NDIAYE et N.ROBIN : « Délinquance et politique pénale au Sénégal. Les chiffres clés de la justice », Institut
de recherche pour le développement, ministère de la justice. Organisation internationale des migrants, octobre
2002, p.27.
53
Ibidem.
18
taux de délinquance de 8% montrant un grand égard sur le volume de délinquance des grandes
villes.
D’ailleurs, la nouvelle carte judiciaire comprend à ce jour, Une cour suprême, Six (6)
cours d’Appel dont Cinq (5) fonctionnelles et une (1) non en encore installée54 , dix-neuf (19)
Tribunaux de grande instance, dix-neuf (19) tribunaux du travail, un tribunal de commerce
(Dakar) et quarante-cinq (45) tribunaux d’instance. Pour ce faire, selon le rapport d’activité
2017 du Ministère de la justice on décompte trente-huit (38) tribunaux d’instance fonctionnels
à savoir les tribunaux d’instance hors classe de Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque, Thiès,
Mbour, Tivaouane, Diourbel, Mbacké, Bambey, Kaolack, Nioro, Kaffrine, Fatick, Foudiougne,
Gossas, Koungheul, Tambacouda, Kédougou, Koupentoun, Goudiry, Bakel, Saraya, Salemata,
Saint-Louis, Dagana, Podor, Louga, Kébémer, Linguère, Matam, kanel, Ziguinchor, Oussouye,
Bignona, Kolda, Véligara, Sédhiou. Toutefois, on constate sept (7) juridictions d’instance à
installer que sont les tribunaux d’Instance de Ranérou, Bourkilane, Guinguinéo, Malem
Hoddar, Bounkiling, Goudomp, Médina Yoro Foulah.
54
V. Rapport d’activités 2017 Ministère de la justice. Consulté sur www.jo.gouv.sn, Le 09 Mars 2019.
55
Rapport d’activités Ministère de la justice 2017.p.52 et suivants. Doc. Inédit.
19
B : SUR LE PLAN SOCIAL
L'explication que l'on donne communément pour justifier le décalage entre le droit et la
pratique se résume dans le fait que le droit moderne est investi d'une double mission d'unité
nationale et de développement économique56. Le défunt président ivoirien Félix Houphouët
Boigny, se faisant le porte-parole des Etats africains, déclarait le 13 août 1967 à
Montréal «Dans nos pays, la tâche la plus importante des gouvernants est d'introduire les
structures, de promulguer les textes, de créer les organes qui encadrent l'évolution de la
société ». Répliquant ainsi à l'objection de décalage qui s'établissait entre le droit et la réalité
sociale, le chef de l'Etat ivoirien soutient que «l'écart entre la réalité d'aujourd'hui et les actes
du législateur indique la direction dans laquelle doit s'engager l'effort de tous »57. La thèse "du
droit du développement" qui attribue au droit occidental des vertus de développement
économique et de progrès social n'est-elle pas un mythe? Un droit, quelle que soit sa perfection
technique formelle, doit être en relation avec la société et l'exprimer et non être un idéal
incompréhensible pour ceux qu'il doit régir et qui sont censés ne pas l'ignorer58 afin de ne pas
constituer un obstacle intellectuel à l'égalité des justiciables devant la justice. Cependant,
l’importance de la justice peut se posait avec la religion dont la question de Saint Augustin sur
l’utilité de la justice consistant à demander « que sont les Etats sans la justice, sinon des
brigands ? ». Aussi intéressons-nous sur la nécessité de recourir à la justice en vue de défendre
sa dignité, ses droits violés ou même sa liberté. C’est en ce sens que certains pensent que
l’humanité est renvoyée à elle-même pour se construire la justice dont elle a besoin. Pendant
longtemps, les justiciables étaient obligés de se déplacer vers d’autres localités pour intenter
leurs actions en justice. Ce qui suscitait de nombreux problèmes sociaux mais aussi
économiques.
Toutefois, comprendre les rouages des juridictions est une épreuve pour le commun des
justiciables, et cela est, d'ailleurs, source de nombreuses incompréhensions entre le plaideur et
les autres secteurs de la justice, les magistrats et les avocats notamment. Certes, on ne peut pas
56
B. DIOP « La réforme de la justice et la protection des droits de l''homme en Mauritanie », Faculté des affaires
internationales, Université du Havre - Master 2 Droit " Erasmus Mundus" 2007.
57
Conférence prononcée sur le thème "Unité et développement'', in recueil des textes et documents du Ministère
de la fonction publique de Côte d'Ivoire, Imprimerie Nationale 1994, p. 17 et s.
58
R.DEGNI-SEGUI: "Codification et uniformisation du droit", p. 406 et s. extrait de la « réforme de l’organisation
judiciaire du Sénégal commentée et annotée », éd. Harmattan.P.432.
20
donner des cours aux justiciables chaque fois qu'ils introduisent une requête ou sont attraits
devant les tribunaux par un adversaire. C’est ainsi que des avancées remarquables ont été
constatées car il est placé dans l’étendue du territoire des bureaux d’accueil et d’orientations
ainsi que des maisons de justice dont un personnel expérimenté à savoir des personnes averties,
qui, au besoin, orientent les justiciables et les informent du processus à suivre ou du stade de
traitement de leurs dossiers. Cela a été initié pour contribuer à égaliser les chances des
justiciables qui se trouveraient, au départ, nantis des mêmes informations et qui leur permettront
d'accéder de façon égalitaire aux juridictions.
L’article 39 dispose que jusqu’à la mise en place effective des tribunaux de commerce
et des chambres commerciales d’Appel, les juridictions de droit commun conservent leur
compétence en matière commerciale. Nous pensons par exemple aux tribunaux d’instance et
aux tribunaux de Grande Instance. Ces juridictions vont statuer conformément aux règles
prévues à l’article 8 de la loi sur les tribunaux de commerce et chambres commerciales d’Appel.
59
V. Article 242 de la loi n°2016-30 du 08 Novembre 2016 modifiant la loi 65-61 du 21 juillet 1965 portant code
de procédure pénale modifié.
60
V. l’article 219 du nouveau Code de Procédure Pénale du Sénégal. EDJA, 2017.
21
juridictions autonomes mais sont de simples formations juridictionnelles intégrées au tribunal
de grande instance et à la cour d’appel de Dakar. Ainsi, les chambres criminelles d’appel sont
des juridictions autonomes à l’image des anciens cours d’assises61.
En vue d’éradiquer les longues détentions, le législateur Sénégalais a mis en place des
chambres criminelles avec la loi n°2014-28 du 03 novembre 2014, cela en remplacement des
anciennes cours d’assises62. En effet, l’exposé des motifs de la loi n°2014-28 du 03 novembre
2014 modifiant le code de procédure pénale montre l’objectif escompté qui consiste à garantir
une meilleure souplesse de la procédure criminelle ainsi qu’une plus grande régularité de la
tenue des sessions des chambres criminelles. C’est ainsi que la loi n°2014-28 du 03 novembre
2014 modifiant le code de procédure pénale a institué au sein de chaque tribunal de grande
instance une chambre criminelle qui a plénitude de juridiction pour juger en premier ressort les
personnes renvoyées devant elles, soit par une ordonnance du juge d’instruction, soit par un
arrêt de la chambre d’accusation pour les infractions qualifiées crimes et toutes autres
infractions connexes.
La loi précise cependant que la chambre criminelle du tribunal de grande instance siège
par session au moins tous les quatre mois. C’est par rapport à cela qu’il sera judicieux de parler
de la composition des chambres criminelles (A) et de leur fonctionnement (B).
A : COMPOSITION
La chambre criminelle comprend le président et deux juges exerçant leur fonction dans
le ressort du tribunal de grande instance. Les fonctions du ministère public sont exercées auprès
des chambres criminelles dans les conditions définies à l’article 31 du présent code. La chambre
criminelle est, à l’audience, assistée d’un greffier du tribunal de grande instance. En cas de
besoin, il peut être fait appel à un greffier ad hoc. Ce dernier doit prêter serment dès l’ouverture
de l’audience et mention de cette formalité doit être portée sur chaque jugement. Ainsi, la
61
P.A.TOURE, La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée, éd. Harmattan. P.86.
62
L’article 2 de la loi n°2014-28 du 03 novembre 2014 modifiant le code de procédure pénale a procédé au
remplacement de l’expression « Cour d’assises » par celle de « chambres criminelles compétentes du tribunal de
grande instance ou de la Cour d’appel » seulement « dans les autres articles du code de procédure pénale où
elle figure »
22
chambre criminelle du tribunal de grande instance est présidée par le président du tribunal de
grande instance. En cas d’empêchement, le président du tribunal de grande instance est
remplacé par un vice-président ou à défaut par un juge du tribunal désigné par ordonnance du
président du tribunal de grande instance. En cas d’empêchement survenu au cours de l’audience
de la chambre criminelle, le président est remplacé par le membre de la chambre criminelle du
rang le plus élevé63. Pour ce faire, les autres membres titulaires de la chambre criminelle sont
au nombre de deux64.Il est adjoint aux membres titulaires de la chambre criminelle un ou
plusieurs membres supplémentaires. Les membres supplémentaires siègent aux audiences. Ils
ne prennent part aux délibérations qu’en cas d’empêchement d’un membre titulaire constaté par
ordonnance motivée du président de la chambre criminelle. Ainsi, selon les articles 223 et
suivants, les membres de la chambre criminelle sont choisis parmi les vice-présidents ou juges
du tribunal de grande instance ou, à défaut, parmi les juges des tribunaux d’instance du ressort
du tribunal de grande instance. En effet, les membres sont désignés par le président du tribunal
de grande instance pour le jugement d’une ou de plusieurs affaires figurant au rôle arrêté
conformément aux dispositions de l’article 222 du présent code.
Dès lors, notons que ne peuvent faire partie de la chambre criminelle, les magistrats
qui, dans l’affaire soumise à la chambre, ont, soit fait un acte de poursuite ou d’instruction, soit
participé à la décision de renvoi ou à une décision sur le fond relative à la culpabilité de
l’accusé65.
6363
V. Les articles 225,226, 227, 228, 229, 230 du nouveau code de procédure pénale de 2017.
64
V. Les articles231 et s du nouveau code de procédure pénale du Sénégal. EDJA.2017.
65
Aux termes de l’article 238 alinéa1 du nouveau code de procédure pénal : « Dès que la décision de renvoi est
devenue définitive, l’accusé, s’il est détenu, est transféré à la maison d’arrêt du lieu où doit se tenir l’audience de
la chambre criminelle.»
23
Par ailleurs, la chambre criminelle de la cour d’appel est présidée par le premier
président de la cour d’appel ou par un président de chambre désigné par celui-ci et comprend
deux autres membres titulaires et deux membres supplémentaires66. Dès lors, la procédure
suivie devant la chambre criminelle de la cour d’appel est celle applicable devant la chambre
criminelle du tribunal de grande instance d’où la nécessité de parler du fonctionnement des
chambres criminelles.
B : FONCTIONNEMENT
Les affaires criminelles qui doivent en principe être jugées en premier ressort peuvent
désormais être enrôlées à la chambre criminelle compétente notamment le tribunal de grande
instance qui est habilité à connaitre de l’affaire. Cela s’agissant des dossiers devant être jugés
en premier ressort. De plus pour les dossiers d’appel pendants devant les cours d’assises d’appel
d’autrefois, leurs sorts est qu’ils seront immédiatement enrôlés devant les chambres criminelles
compétentes.67
Les chambres criminelles à l’état actuel du droit, ont une session « au moins tous les
quatre mois » c’est ce que montre l’article 223 du code de procédure pénale. Ainsi, selon cet
article, la tenue régulière de sessions des chambres criminelles permanente a pour but de mieux
lutter contre les longues détentions. Dans l’ancienne législation, les cours d’assises68
tenaient « une session tous les six mois». Pour ce faire, la loi 2014-28 du 03 novembre 2014
modifiant le code de procédure pénale permet au président de la chambre criminelle d’envisager
plus de quatre sessions tous les quatre mois. C’est ainsi que le projet de réforme du code de
procédure pénale qui envisage de supprimer les sessions des chambres criminelles pour en faire
des audiences ordinaires dispose que la chambre criminelle du tribunal de grande instance se
tienne autant de fois que les besoins du service l’exigent.
66
V. Article 319 du nouveau code de procédure pénal du Sénégal de 2017.
67
P.A.TOURE, La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée ». Éd. Harmattan P.
336.
68
L’article 33 du code de procédure pénale dispose que : « Les cours d’assises ont leur siège établi à Dakar, Saint-
Louis, Ziguinchor et Kaolack. Le ressort de la Cour d’Assises de Dakar s’étend aux tribunaux régionaux de Dakar
et de Thiès; celui de la Cour d’Assises de Saint-Louis aux tribunaux régionaux de Saint-Louis, de Diourbel et de
Louga; celui de la Cour d’Assises de Kaolack aux tribunaux régionaux de Kaolack, et de Tambacounda; celui de
la Cour d’Assises de Ziguinchor au tribunal régional de Ziguinchor.»
24
Toutefois, ce désir de faire de la chambre criminelle une juridiction permanente du fait
du projet du code de procédure pénale est de nature à favoriser une plus grande régularité dans
le jugement des affaires criminelles. Ainsi, en laissant au parquet d’instance, le soin d’enrôler
les dossiers criminels dans les mêmes conditions que pour les affaires correctionnels, le
législateur montre une fois de plus sa volonté d’éradiquer les longues détentions. C’est
l’exemple avec l’article 246 du code de procédure pénale qui à ces termes affirme que les débats
ne peuvent s’ouvrir moins de trois jours après l’interrogatoire de l’accusé. En effet, ce délai
était de cinq jours avec la loi ancienne d’où la remarque d’une légère réduction du délai
d’ouverture des débats après l’interrogatoire de l’accusé par le président de la chambre
criminelle.
Dès lors, la loi 2014-28 du 03 novembre 2014 modifiant le code de procédure pénal
détermine son souhait de voir la chambre criminelle du tribunal de grande instance tenir des
audiences autant de fois que les besoins du service l’exigent. Ainsi, aux termes de l’article 218
de la loi 2016-30 du 08 novembre 2016 modifiant la loi n°65-61 du 21 juillet 1965 portant code
de procédure pénale : « Il est institué au sein de chaque tribunal de grande instance une chambre
criminelle qui a plénitude de juridiction pour juger en premier ressort les personnes renvoyées
devant elle soit par une ordonnance du juge d’instruction, soit par un arrêt de la chambre
d’accusation pour les infractions qualifiées crimes et toutes autres infractions connexes… ». La
réforme de l’organisation judiciaire a en effet apporté une grande innovation à la compétence
des tribunaux de grande instance en matière pénale. Elle attribue désormais compétence au
tribunal de grande instance pour connaître de la matière criminelle69. Il s’agit là d’une
compétence d’attribution du fait de l’institution des chambres criminelles au sein des tribunaux
de grande instance en remplacement des cours d’assises. L’article 7 de la loi du 03 novembre
2014 fixant l’organisation judiciaire ne fait plus référence à la compétence d’exception en
premier et dernier ressort des cours d’assises par les chambres criminelles qui ne constituent
pas des formations juridictionnelles autonomes ; en effet elles sont rattachées aux cours d’appel
et aux tribunaux de grande instance.
69
P.A.TOUE, la réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée. P.246.
25
renvoi, la juridiction criminelle peut en connaitre70. C’est sans doute la raison pour laquelle le
principe de la compétence exclusive du tribunal de grande instance pour connaitre des crimes,
et aussi de la décision du juge d’instruction ou de l’arrêt de la chambre d’accusation qui fixe
définitivement la compétence du tribunal de grande instance montre que l’accusé n’est plus
recevable à proposer ultérieurement à la juridiction de cassation un moyen tiré de son
incompétence. Ainsi la juridiction criminelle saisie par la décision de mise en accusation, peut
juger toutes les infractions qui lui sont déférées quand bien même les débats feraient apparaitre
qu’elles n’ont pas une nature criminelle71. Dès lors, il résulte de ces principes qu’en matière
criminelle le tribunal de grande instance n’a pas à vérifier sa compétence et que les exceptions
d’incompétence sont irrecevables devant cette juridiction72.
Les tribunaux de commerce et les chambres commerciales d’appel sont des juridictions
spécialisées de premier et de second degré73. En effet, dans l’exposé des motifs de la loi 2017-
24 du 28 Juin 2017, les tribunaux de commerce sont définis comme des juridictions spécialisées
compétentes pour juger en premier ressort les affaires commerciales. C’est ainsi qu’il est
clairement précisé que la loi 2017-24 du 28 juin 2017 sur les tribunaux de commerce et les
chambres commerciales d’appel, a pour mission de poursuivre les ambitions du législateur qui
consistent à renforcer la protection des investisseurs et réduire les délais d’exécution des
contrats. Pour ce faire, la mise en place des juridictions commerciales va en effet permettre à la
fois de désengorger les juridictions ordinaires et de favoriser l’instauration d’un environnement
70
Crim. 08 mars 2000, n°99-82.597, Bull. Crim. n°110. In La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal
Commentée et annotée.
71
Ibidem, Crim. Du 13 juillet 1949, Bull. Crim. n°243 ; Crim. Du 11 Avril 1959, Bull. Crim. n°210 ; Crim. Du 28
Janvier 1981, n° 80-82.348, Bull. Crim. n°41.
72
Crim. Du 30 juillet 1921, Bull. Crim. n°326 ; Crim. Du 13 juillet 1949, Bull. Crim. n°243 ; Crim. Du 10 mars
1993, n°90-86.854, Bull. Crim. n°107.
73
Article 2 de la loi n°2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce et les chambres commerciales d’Appel.
26
des affaires attractif avec un système de règlement des litiges commerciaux, rapide, fiable et
peu onéreux pour les acteurs économiques. Par conséquent, les tribunaux de commerce sont
définis comme des juridictions spéciales compétentes pour juger en premier ressort les affaires
commerciales c’est-à-dire les litiges relatifs aux actes de commerce74. Egalement, les litiges
concernant les sociétés commerciales notamment les incidents relatifs à la cessation des
paiements, le redressement et la liquidation judiciaire des entreprises.
A : COMPOSITION
74
Les achats de marchandises pour les revendre, lettre de change, opération de banque, engagement nés à
l’occasion du commerce…
75
V. Article 8 de la loi 2017-24 du 28 Juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce et des chambres commerciales d’Appel.
76
La création des tribunaux de commerce avec la loi n°2017-27 du 28 juin 2017 portant création, organisation et
fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel, contribue à l’instauration d’un
climat des affaires, favorable à l’investissement.
27
et de Services. C’est ainsi que de façon périodique, ces différentes chambres établissent une
liste d’aptitude aux fonctions de juges consulaires titulaires et de juges consulaires suppléants.
Cela après concertation avec les opérations économiques légalement constituées.
Par ailleurs, selon l’article 17 de la loi 2017- 24 du 28 juin 2017 portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres commerciales
d'appel, le tribunal de commerce peut se réunir : En assemblée générale, en audience
solennelles, en audiences ordinaires. En effet, l’assemblée générale comprend tous les membres
du tribunal de commerce. Elle délibère notamment sur le règlement intérieur et la date des
audiences de vacation. Elle fixe, par un règlement, le nombre, la durée, les jours et heures des
audiences ordinaires ainsi que leur affectation aux diverses catégories d’affaires. Le ministère
public a le droit de faire inscrire, sur le registre du tribunal de commerce, toutes réquisitions
aux fins de décision, qu’il juge à propos, de provoquer relativement au service intérieur ou à
tout autre objet qui ne touche à aucun intérêt privé. Les représentants du ministère public ne
participent pas à la délibération de l’assemblée générale et ne prennent pas part au vote. Ainsi
donc, selon l’article 19 de la même loi, le règlement prévu à l’article précédent est permanent.
77
V. Article 15 de la loi 2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux
de commerce et des chambres commerciales d’Appel.
78
V. Article 16, ibidem.
28
Il peut être appliqué qu’après avoir été approuvé par le ministère en charge de la justice. Cette
approbation est également nécessaire pour toutes modifications ultérieures.
Dès lors, aux termes des articles 20 et 21 de la loi 2017-24 du 28 juin 2017 sur les
tribunaux de commerce, le président du tribunal de commerce est le chef de juridiction. En cette
qualité, il la représente et convoque les juges79 pour les cérémonies publiques. Ainsi, le
président du tribunal de commerce organise sa juridiction. A ce titre : Il établit, au début de
chaque année judiciaire, le roulement des juges ; Il distribue les affaires et surveille le rôle
général, pourvoit au remplacement à l’audience des juges empêchés ; Il convoque le tribunal
pour les assemblées générales ; Il surveille la discipline de sa juridiction ; Il organise et
réglemente le service intérieur du tribunal.
B : FONCTIONNEMENT
79
Les premiers juges de ce tribunal ont été nommés après une réunion du Conseil Supérieur de la Magistrature.
C’est ainsi que l’inauguration et le démarrage de ce tribunal de commerce de Dakar a été effectif en 2018.
Cependant, il est à noter que la loi 2017-27 du 28 juin 2017 portant création du tribunal de commerce a prévu
d’en faire une juridiction moderne ou toutes les procédures seraient dématérialisées et automatisées.
80
Le Président, les juges, les membres du greffe, les juges consulaires et le comité de surveillance ont été nommés
ou désignés.
81
Aux termes de l’article 25, « En matière de procédures collectives d’apurement du passif, le dossier est
obligatoirement communiqué au ministère public. Celui-ci dispose d’un délai de sept jours à compter de la
réception du dossier pour adresser ses conclusions écrites au tribunal de commerce.»
29
circonstances l’exigent. Cependant, le président du tribunal de commerce est chargé d’organiser
sa juridiction. C’est ainsi qu’il procède à l’établissement du roulement des juges et cela au début
de chaque année judiciaire.
Par ailleurs, notons que l’instance devant le tribunal de commerce est introduite par
assignation sauf comparution volontaire des parties. L’assignation porte cependant, sur
l’indication des pièces sur lesquelles la demande est fondée. Elle est notifiée dans les conditions
de droit commun. L’assignation peut être effectuée par voie électronique. Le dépôt et la
communication des pièces peuvent s’effectuer soit par moyen physique, soit par moyen
électronique. Au jour fixé pour l’audience, si les parties comparaissent ou sont régulièrement
représentées, le tribunal de commerce procède obligatoirement à une tentative de conciliation.
En cas d’accord, le président dresse un procès-verbal de conciliation signé par les parties, dont
une expédition est revêtue de la formule exécutoire.
D’ailleurs, le tribunal peut, à la demande des parties ou de sa propre initiative mais avec
l’accord de celles-ci, ordonner une médiation ou une conciliation sur tout ou partie du litige qui
oppose les parties. Le dossier est alors renvoyé au rôle d’attente pour la durée de la procédure
de la médiation ou de la conciliation. Cette durée ne peut dépasser trois mois. En cas d’accord,
le président procède à l’homologation du procès-verbal dressé par le médiateur ou le
conciliateur. En cas de non-conciliation, et si l’affaire est en état d’être jugée, le tribunal
délibère, dans les meilleurs délais, sur rapport d’un de ses membres. Ce délai ne saurait excéder
quinze jours. Si l’affaire n’est pas en état d’être jugée, le tribunal la renvoie à une prochaine
audience et confie à l’un de ses membres le soin de l’instruire en qualité de juge rapporteur.82
Ce dernier en principe, est désigné par le tribunal pour chaque affaire. Ainsi, il prend toutes
mesures qui lui paraissent nécessaires pour parvenir à une instruction complète de l’affaire,
conformément aux dispositions du code de procédure civile relatives à la mise en état.
Cependant, le juge rapporteur dispose d’un délai de deux mois à compter de sa désignation pour
prendre son ordonnance de clôture. Ce délai peut être prorogé d’un mois, par ordonnance du
président du tribunal, sur rapport du juge rapporteur.
82
V. Article 22 de la loi 2017-24 du 28 juin portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce et des chambres commerciales d’appel.
30
CHAPITRE 2 : LES REFORMES RELATIVES AU FOND
31
La connaissance de l’organisation judiciaire pour tout citoyen, et en particulier pour tout juriste
est fondamentale, car les institutions judiciaires de par leurs fonctions garantissent le respect
des droits subjectifs et des libertés individuelles83.
Toutefois, notre étude va s’accentuer sur deux grands principes marquant la réforme du
service public de la justice. Il s’agit d’une part du réaménagement des compétences matérielles
et territoriales en vue de la proximité de la justice des justiciables (section 1) et d’ autre part de
l’amélioration de l’environnement des affaires pour une meilleur rapidité de la justice (section
2).
83
V. PH.BASSENE: « Cours de procédure civile », licence 3 droit des affaires, UASZ .2017/2018.Fasc. inédit.
32
PARAGRAPHE 1 : LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS DE DROIT
COMMUN
La réforme a permis une nouvelle répartition des compétences pour faire des tribunaux
d’instance, de véritables juridictions de proximité. La répartition des compétences a été revue.
Ainsi, un rééquilibrage des compétences entre les tribunaux a été consacré pour faire du tribunal
d’instance, une véritable juridiction de proximité avec un élargissement des compétences en
matière de baux à usage d’habitation et de baux commerciaux. Il est logique qu'il n'existe qu'une
seule juridiction de droit commun à chaque degré de juridiction puisqu’en tant que juridiction
de droit commun, elle a une compétence par défaut, c'est-à-dire lorsque toutes les autres
juridictions d'exception n'ont pas compétence84.
84
V. PH. BASSENE, « cour de procédure civile ». Licence 3 Droit des affaires UASZ.2017/2018. Fasc. Inédit.
85
V. Décret n°2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et la compétence des cours d’appel, des tribunaux
de grande instance et des tribunaux d’instance.
86
PH. BASSENE, « cour de procédure civile ». Licence 3 Droit des affaires UASZ. 2017/ 2018. Fasc.
Inédit.
33
Ainsi, la compétence générale du tribunal de grande instance dépend donc soit de la
nature de l'affaire, soit du montant de la demande. Par nature de l'affaire, la loi entend que tout
ce qui n'entre pas dans le domaine strict de la compétence du tribunal d’instance relève de la
compétence du tribunal de grande instance. Pour ce faire, concernant le montant de la demande
un partage de compétence existe entre le tribunal de grande instance et le tribunal d’instance
pour les affaires personnelles et mobilières (les affaires personnelles sont celles qui portent sur
un droit personnel, une obligation alors que les affaires mobilières sont celles dont le droit porte
sur un meuble, en raison du montant de l'affaire d’où le terme de taux de compétence.
D’ailleurs, la loi prévoit aussi une option de compétence pour le demandeur. C'est le cas
en matière délictuelle, le demandeur peut saisir soit le tribunal du défendeur, soit celui où s'est
produit le fait dommageable, soit enfin celui où le dommage a été subi par la victime. Aussi,
en matière contractuelle, le demandeur peut choisir entre le tribunal du lieu du domicile du
défendeur, ou le tribunal du lieu de la livraison effective de la chose ou celui du lieu de
l'exécution de la prestation de services, lorsque telle est l'objet de la convention. De même en
matière d'aliments ou de contribution aux charges du mariage, le demandeur a le choix entre la
juridiction où il demeure, ou celle du lieu du défendeur. C’est le cas en matière commerciale
dont le demandeur peut assigner à son choix : devant le tribunal du domicile du défendeur;
87
V. Art. 34 al du Code de Procédure Civile du Sénégal et des voies d’exécution annoté, EDJA 2018/2019 :
« En matière réelle immobilière, le tribunal compétent est celui du lieu où est situé géographiquement
l'immeuble ou de l’un d’eux si plusieurs immeubles sont en cause.»
34
devant celui dans le ressort duquel la promesse a été faite et la marchandise livrée; ou enfin
devant celui dans le ressort duquel le paiement devait être exécuté88 et en matière mixte c’est-
à-dire que l’action est portée devant le juge de la situation ou devant le juge du domicile du
défendeur. Bref, les contestations relatives à des fournitures, travaux, locations, louages
d’ouvrage ou d’industrie, peuvent être portées devant le juge du lieu où la convention a été
contractée ou exécutée, lorsqu’une des parties est domiciliée dans ce lieu; s’il y a plusieurs
défendeurs, devant le tribunal du domicile de l’un d’eux au choix du demandeur…
Par ailleurs, les compétences spéciales du tribunal de grande instance ont été élaborées
par l’article 18 du décret n°2015-1145 du 03 août 2015 en ces termes : « les tribunaux de
grande instance connaissent en premier ressort de tous les délits autres que ceux qui sont de la
compétence des tribunaux d’instance. Ils ont également plénitude de juridiction pour juger en
premier ressort les personnes renvoyées devant eux, soit par une ordonnance du juge
d’instruction, soit par un arrêt de la chambre d’accusation pour des infractions qualifiées de
crime et toutes autres infractions connexes. » Au vue de cet article, la compétence spéciale du
tribunal de grande instance est en effet, en matière correctionnelle mais également criminelle89.
En tant que juridiction de droit commun de second degré, la cour d'appel a plénitude de
compétence pour juger toutes les affaires faisant l'objet d'un appel contre les jugements rendus
en premier ressort par les tribunaux de grande instance en matière civile, commerciale, pénale,
administrative et fiscale. Elle connait également de l’appel des jugements rendus en premier
ressort par les tribunaux du travail. Elle connait enfin de l’appel des jugements rendus par les
tribunaux d’instance dans les affaires correctionnelles réservées à leur compétence et sur
l’action civile ou directe engagée conjointement à l’action public dans lesdites affaires. Il a été
88
V. Art. 35 du nouveau code de procédure pénale Sénégalais (CPC).
89
La compétence du tribunal de grande instance en matière criminelle est une nouveauté, puisque les nouvelles
réformes de l’organisation judiciaire sénégalaise ont procédé à la suppression des cours d’assises qui en effet,
étaient compétentes pour connaitre les infractions qualifiées de crime.
35
attribué aux cours d’appel de connaitre de l’appel des décisions rendues par le tribunal de
commerce et des chambres commerciales d’Appel90 créée au sein de la cour d’appel dans le
ressort de laquelle est implanté le tribunal qui a pris la décision querellée. Enfin, la Cour d'appel
a une compétence exceptionnelle comme juge de premier degré concernant le contentieux
électoral. Elle statue selon les procédures particulières instituées par les lois et règlements91.
D’ailleurs, la cour d’appel de Dakar92 a son siège établi à Dakar. Son ressort s’étend
aux tribunaux de grande instance de Dakar, Pikine-Guédiawaye et Rufisque.
-La cour d’appel de Saint-Louis a son siège établi à Saint-Louis. Son ressort s’étend aux
tribunaux de grande instance de Saint-Louis, Matam et Louga.
La cour d’appel de Kaolack a son siège établi à Kaolack. Son ressort s’étend aux tribunaux de
grande instance de Kaolack, Fatick et Kaffrine.
-La cour d’appel de Ziguinchor a son siège établi à Ziguinchor. Son ressort s’étend aux
tribunaux de grande instance de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou.
-La cour d’appel de Thiès a son siège établi à Thiès. Son ressort s’étend aux tribunaux de
grande instance de Thiès, Diourbel, Mbour, Mbacké et Tivaouane.
-La cour d’appel de Tambacounda a son siège établi à Tambacounda. Son ressort s’étend aux
tribunaux de grande instance de Tambacounda et Kédougou.
C’est en ce sens qu’aux termes des articles 25 et suivants du décret n° 2015-1145 du
03 août 2015 fixant la composition et la compétence des cours d’appel, des tribunaux de
grande instance et des tribunaux d’instance, les chambres siègent obligatoirement en
formation collégiale et en nombre impair.
90
L’article 28 de la loi 2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce et des chambres commerciales d’appel, dispose que « dès réception de l’acte d’appel, l’administrateur
de greffe ou le greffier en chef de la juridiction qui a rendu la décision attaquée doit, conformément aux
prescriptions du code de procédure civile, transmettre dans un délai impératif de trois jours, au greffe de la
chambre ou des chambres commerciales d’Appel de la cour d’Appel compétente, par le canal de l’administrateur
de greffe ou du greffier en chef de ladite cour, l’entier dossier de la procédure complété par : les copies de l’avis
visées à l’article 17 alinéa 5 du code de procédure civile ; l’expédition du jugement délivré avant l’enregistrement.
Cette transmission peut s’effectuer par moyen électronique. »
91
V. article 26 du décret n° 2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et la compétence des cours d’appel,
des tribunaux de grande instance et des tribunaux d’instance ;
92
La cour d’Appel de Dakar est composée d’un (1) Premier président, de douze (12) Président de chambre, de
quarante (40) conseillers, d’un (1) Secrétaire général, d’un (1) Procureur général, d’un (1) Premier Avocat général,
de cinq (5) avocats généraux et de dix (10) Substituts généraux.
36
En cas d’absence ou d’empêchement momentané, l’un des magistrats de la cour d’appel peut
être remplacé pour le service d’une audience déterminée par un magistrat du tribunal de
grande instance du ressort par ordonnance du premier président.
En matière correctionnelle, en cas de difficulté inopinée à constituer une chambre, le président
y pourvoit en appelant à siéger un membre du tribunal de grande instance du ressort n’ayant
pas connu de l’affaire.
Dès lors, les cours d’appel connaissent de l’appel des jugements rendus en premier
ressort par les tribunaux de grande instance en matière civile, commerciale, correctionnelle,
administrative et fiscale. Elles connaissent de l’appel des jugements rendus en premier ressort
par les tribunaux de grande instance en matière criminelle. Elles connaissent également de
l’appel des jugements rendus en premier ressort par les tribunaux du travail.
Elles connaissent enfin de l’appel des jugements rendus par les tribunaux d’instance dans les
affaires correctionnelles réservées à leur compétence et sur l’action civile ou directe engagée
conjointement à l’action publique dans lesdites affaires. Elles connaissent en premier ressort
du contentieux électoral selon les procédures particulières instituées par les lois et règlements.
Par ailleurs, le premier président établit, au commencement de chaque année
judiciaire, le roulement des conseillers dans les différentes chambres après avoir pris l’avis
des présidents de chambre et après avoir entendu le procureur général93.
Il répartit, en même temps, le service des différentes chambres entre les différents présidents.
Il établit dans les mêmes conditions le roulement des audiences de vacation en fixant les jours
et heures de ces vacations qui sont portées à la connaissance des justiciables par voie
d’insertion au Journal officiel et d’affichage à la porte du palais de Justice.
Il préside les audiences solennelles et les assemblées générales. Il préside aussi, quand il le
juge convenable toute autre chambre. En cas d’empêchement ou d’absence momentanée, il est
remplacé conformément aux dispositions de la loi organique portant statut des magistrats.
Les présidents de chambre sont remplacés par les conseillers par ordre d’ancienneté.
Pour ce faire, le secrétaire général de la cour d’appel conformément aux directives du
premier président et sous son autorité94 : S’assure de la répartition des dossiers entre les
différentes chambres de la cour ; Assiste ou remplace en cas d’empêchement le premier
président dans ses attributions administratives.
93
V. article 27 du décret n° 2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et la compétence des cours d’appel,
des tribunaux de grande instance et des tribunaux d’instance.
94
V. Article 28 idem.
37
Cependant, la composition de la chambre d’accusation et ses attributions sont réglées
conformément aux dispositions du Code de procédure pénale. Le président de la chambre
d’accusation s’assure du bon fonctionnement des cabinets d’instruction dans le ressort de la
cour d’appel et s’emploie à ce que les procédures ne reçoivent aucun retard injustifié.
Il peut saisir la chambre d’accusation afin qu’il soit statué par elle sur le maintien en détention
d’un inculpé détenu provisoirement95. Il peut, pour des actes déterminés, déléguer ses
pouvoirs à un magistrat du siège appartenant à la chambre d’accusation.
Par Conséquent, toutes les fonctions du ministère public sont spécialement et
personnellement confiées au Procureur général.
Les avocats généraux et les substituts généraux ne participent à l’exercice de ces fonctions,
que sous l’autorité du Procureur général. Le service auprès des chambres de la cour d’appel
est distribué par le Procureur général96. C’est ainsi que l’article 31 du décret 2015 affirme
que : « les arrêts rendus en toutes matières par la cour d’appel peuvent faire l’objet d’un
pourvoi en cassation porté devant la Cour suprême.»
Cependant, notons que l’appel des jugements rendus par les tribunaux d’instance en
matière civile, commerciale et de statut personnel relève du tribunal de grande instance,
échappant ainsi à la compétence de la Cour d’appel. Il en est de même de l’appel des
décisions rendues par les tribunaux d’instance en matière de simple police.
Les juridictions spéciales faisant l’objet de notre étude sont les tribunaux d’instance
mais également les tribunaux de commerce bien que les tribunaux du travail font partis des
juridictions spéciales. Mais en raison de notre domaine d’étude il n’est pas nécessaire de les
évoquer car ne faisant pas l’objet d’une nouveauté. En effet, les tribunaux de commerce et les
chambres commerciales d’appel sont des juridictions spécialisées de premier et second degré97
au même titre que les tribunaux d’instance. Ainsi aux termes de l’article 4 de la loi n°2017-24
du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et
des chambres commerciales d’appel : « le siège et le ressort des tribunaux de commerce ainsi
95
V. Article 29 alinéa 1 et 2 du décret n° 2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et la compétence des
cours d’appel, des tribunaux de grande instance et des tribunaux d’instance
96
V. Article 30 alinéas 1, 2 et 3 même décret.
97
V. Art 2 de la loi n° 2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce et des chambres commerciales d’appel.
38
que les chambres commerciales d’appel sont fixés par décret, en tenant compte de l’activité
commerciale dans la région.»
Cependant, les règles relatives à la compétence du tribunal d'instance sont les règles de
droit commun en matière de compétence territoriale c'est-à-dire les règles que nous avons
étudiées à propos de la compétence territoriale du tribunal de grande instance. Ces règles de
droit commun, qui en matière de compétence territoriale, gouvernent les affaires relevant de la
compétence d'attribution de principe.
98
Il résulte de l’article 5 du décret du 03 août 2015 que sous l’angle de l’action civile, «Le
critère de compétence du tribunal d’instance n’est pas tiré du montant de la demande des
dommages et intérêts mais, il réside dans la nature de l’infraction portée devant le tribunal de
simple police. »
39
à savoir l’exercice de l’action civile devant le tribunal répressif99 qui signifie que lorsque la
victime choisi la voie civile, son option est irrévocable et définitive100. Ainsi, pour les actions
civiles exercées devant la juridiction civile mais qui repose sur une infraction pénale, la
compétence du tribunal d’instance repose uniquement sur la valeur de la demande et non sur la
qualification de l’infraction. Cependant, les actions à la fois personnelles et mobilières sont de
la compétence du tribunal d’instance quel que soit la cause de l’obligation.
De même l’article 7 du décret 2015 stipule que les tribunaux d’instance sont compétents
pour connaitre en premier ressort, quel que soit l’objet du litige, des actions relatives au contrat
de louage d’immeubles à usage d’habitation. Qu’ ainsi l’alinéa 2 de l’article 7 même décret
montre que les tribunaux d’instance connaissent en premier ressort, quel que soit l’objet du
litige, des actions relatives aux bail à usage professionnel au sens des dispositions prévues par
l’article 101 de l’acte uniforme du 15 décembre 2010 portant sur le droit commercial général
lorsque le montant du loyer mensuel est inférieur ou égal à cent mille (100.000) francs CFA.
De même l’alinéa 3 de l’article 7 du décret 2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et
la compétence des cours d’appel, des tribunaux de grande instance et des tribunaux d’instance,
montre qu’une compétence est dévolue aux tribunaux d’instance en ces termes : « Dans les
mêmes limites, ils connaissent également des demandes en autorisation, nullité ou mainlevée
de saisie101-revendication alors même qu’il y aurait contestation de la part d’un tiers ». Aussi,
les actions immobilières possessoires et les actions immobilières pétitoires peuvent être de la
compétence du tribunal d’instance bien qu’elles soient de la compétence du tribunal de grande
instance.
Toutefois, le tribunal d’instance peut connaitre des litiges commerciaux102 dans la limite
du taux de compétence prévu par la loi. De même des litiges impliquant l’accomplissement
d’actes de commerce, des litiges concernant des effets de commerce103.
100
L’article 5 du nouveau code de procédure pénale.
101
OHADA, code Bleu, Traité-Actes Uniformes-Règlements de Procédure et d’Arbitrage
Jurisprudence annoté, 4ème éd.2016.JURIAFRICA.
102
Voir l’article 3 de l’acte uniforme sur le droit commercial et les groupements d’intérêt économiques
(AUSCGIE).
103
Voir l’article 4 relatif à l’acte Uniforme sur les sociétés commerciales et les groupements d’Intérêts économique
(AUSCGIE).
40
B : LA COMPETENCE DU TRIBUNAL DE COMMERCE
Les tribunaux de commerce104 sont des juridictions spécialisées compétentes pour juger
en premier ressort les affaires commerciales, c’est-à-dire les litiges relatifs aux actes de
commerce tels que les achats de marchandises pour les revendre, lettres de change, opérations
de banque, engagements nés à l’occasion du commerce. Egalement, entre dans la compétence
des tribunaux de commerce les litiges concernant les sociétés commerciales notamment les
incidents relatifs à la cessation de paiements, au redressement et la liquidation judiciaires des
entreprises. Pour ce faire, les tribunaux de commerce connaissent à charge d’appel de toutes les
demandes dont le taux du litige est supérieur à vingt-cinq millions (25.000.000) de francs CFA
et en premier et dernier ressort, de toutes les demandes dont le taux du litige n’excède pas vingt-
cinq millions (25.000.000) de francs CFA.
C’est ainsi que l’appel des décisions rendues par le tribunal de commerce est jugé par
les chambres commerciales d’appel de la cour d’appel dans le ressort duquel se trouve le
tribunal de commerce ayant statué en premier ressort. Le pourvoi en cassation est porté devant
la juridiction suprême compétente. Aussi les tribunaux de commerce et les chambres
commerciales d’appel connaissent des procédures urgentes entrant dans leur domaine de
compétence ainsi que des difficultés d’exécution des décisions qu’ils ont rendues. De même, le
fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’Appel est contrôlé
par un conseil de surveillance dont les membres sont nommés par arrêté du ministre de la
justice. Ce conseil assure la discipline des juges et des conseillers consulaires.
Notons par ailleurs que le ressort territorial d’un tribunal de commerce ne correspond
pas nécessairement à une circonscription administrative déterminée, ni au ressort d’un tribunal
d’instance ou de grande instance. En effet, l’installation ou la suppression d’un tribunal de
commerce est fonction de l’activité commerciale dans chaque région. Ainsi lorsqu’une activité
apparait importante dans une région, il peut y être implanté un tribunal de commerce dont le
siège et le ressort sont fixés par voie de décret. Inversement si, pour une raison quelconque, un
tribunal de commerce précédemment créé n’a plus une activité suffisante ou n’est plus en
mesure de fonctionner, il peut être supprimé par voie de décret.
Cependant, il est clairement affirmé que dans les régions où il n’y a pas de de tribunal
de commerce ou en attendant l’installation d’un tribunal de commerce, les affaires
104
Loi n°2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et
des chambres commerciales d’appel.
41
commerciales sont exceptionnellement jugées par les tribunaux de grande instance et
d’instance.
105
Le tribunal de grande instance traité à la fois les affaires civiles, commerciales et pénales.
106
Les causes sont diverses mais il sera nécessaire de citer quelle que unes : l’accroissement du contentieux,
complexification de procédure, insuffisance du personnel de la justice, comportement dilatoire des parties…
107
V. Alinéa 5 de l’article 22 du titre V sur la procédure à savoir le chapitre premier : procédure devant le tribunal
de commerce, section 1. Appel des causes, dispose que « le tribunal peut, à la demande conjointe des parties ou
de sa propre initiative mais avec l’accord de celles-ci, ordonner une médiation ou une conciliation sur tout ou
partie du litige qui oppose les parties. Le dossier est alors renvoyé au rôle d’attente pour la durée de la procédure
de la médiation ou de la conciliation. Cette durée ne peut dépasser trois mois ».
42
permet d’éviter les longues procédures mais également de régler la partie de la créance qui
n’est pas contestée. Cependant, aux termes de l’article 22 de la loi précité, il est stipulé que
lorsque les parties ou le juge décide d’aller à la médiation ou à la conciliation, le dossier est
renvoyé au rôle d’attente pour la durée de la procédure de la médiation ou de la conciliation qui
ne peut dépasser trois mois. C’est ainsi qu’en cas de non-conciliation ou si l’affaire n’est pas
en état d’être jugée, le tribunal délibère dans les meilleurs délais qui pour le législateur, ce délai
ne saurait excéder quinze (15) jours. Ainsi aux termes de l’article 24, le juge rapporteur a deux
mois à compter de sa désignation pour prendre son ordonnance de clôture. Ce délai peut être
prorogé d’un mois par ordonnance du président du tribunal, sur rapport du juge rapporteur108.
Toutefois, il a été admis au sein des tribunaux de commerce des juges consulaires (juges
non professionnels) dans l’organisation des tribunaux de commerce dont il convient de
présenter (A) du fait du rôle éminent qu’ils jouent pour le bon déroulement de la justice
commerciale. Aussi, la mise en place d’un conseil de surveillance qui est l’organe de contrôle
des activités des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel, symbole de la
transparence de l’organisation des tribunaux de commerce et des chambres commerciales
d’appel (B).
108
P.A.BADJI : « Séminaire sur les tribunaux de commerce ». Fasc. Inédit. P.35.
109
V. Exposé des motifs de la loi n°2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’Appel.
43
Toutefois, il urge de poser la question de savoir qui peut être juge consulaire? Ce qui conduit à
voir les conditions d’éligibilités des juges conciliaires. C’est ainsi qu’il y’a des conditions
tenant à la personne, à l’exercice d’une activité et à la moralité.
S’agissant d’abord des conditions tenant à la personne, il faut que les juges consulaires
soient de nationalité sénégalaise, âgés au moins de trente ans. Ensuite, vient les conditions
tenant à l’exercice d’une activité. En effet, les juges consulaires doivent avoir pendant au moins
cinq ans, exercé le commerce ou participé à la gestion d’une société commerciale ou à la
direction d’une organisation professionnelle ou interprofessionnelle représentative du
commerce, de l’industrie ou de l’agriculture ou de tout autre secteur d’activité assimilé. Pour
enfin voir les conditions relatives à la moralité. Cela veut dire que les juges consulaires ne
doivent pas avoir subi une condamnation pour crime à une peine d’emprisonnement ferme pour
escroquerie, faux et usage de faux, abus de confiance, abus de biens sociaux.
Par ailleurs, les juges consulaires et leurs suppléants sont des commerçants au sens de
l’acte uniforme relatif au droit commercial général, ils sont nommés par arrêté du Ministre de
la justice à partir de listes d’aptitudes110 établies par la chambre nationale de commerce,
d’industrie et de services, ainsi que la chambre régionale de commerce, d’industrie et de
services et les associations d’opérateurs. Pour ce faire, leur mandat est de trois (3) ans
renouvelable111. Ainsi selon l’article 10 et suivant de la loi 2017-24, les juges consulaires
doivent être de nationalité Sénégalaise, être âgés de trente ans au moins et jouir de leurs droits
civils et civiques. Ils doivent avoir, pendant au moins cinq ans exercé le commerce ou participé
à la gestion d’une société commerciale ou à la direction d’une organisation professionnelle ou
interprofessionnelle représentative du commerce, de l’industrie ou de l’agriculture ou de tout
autre secteur d’activité assimilé. Ils doivent, en outre, n’avoir subi aucune condamnation pour
crime à une peine d’emprisonnement ferme, pour escroquerie, faux et usage de faux, abus de
confiance, abus de biens sociaux, banqueroute ou n’avoir pas fait l’objet de règlement112
judiciaire ou de liquidation des biens. Sont déchus de leur mandat les juges consulaires qui sont
frappés de l’une des mesures visées ci-dessus ou qui perdent leurs droits civils et civiques.
110
Etre de nationalité Sénégalaise, Etre âgé de trente (30) ans au moins, jouir de ses droit civils et civiques c’est-
à-dire ne pas avoir été condamné dans le passé ou ne pas avoir d’antécédent pénal privant l’exercice de ces droits
civiques et civils. De plus avoir capitalisé cinq ans d’expérience professionnelle.
111
V. Article 11 de la loi 2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux
de commerce et des chambres commerciales d’appel.
112
P.A. BADJI : « Séminaire sur les tribunaux de commerce et les chambres commerciales d'appel et les Actes
uniformes OHADA relatifs au droit de l'arbitrage et à la médiation ». Fasc. inédit.
44
Dès lors, les juges consulaires titulaires et leurs suppléants sont des personnes
expérimentées en matière commerciale, jouissant de leurs droits civils et civiques. En effet, ils
sont tenus de prêter serment lors de leur investiture. C’est en ces termes qu’ils le font : « je jure
de bien et fidèlement remplir mes fonctions, de les exercer en toute impartialité, de garder
scrupuleusement le secret des délibérations et de me conduire en tout comme un digne et loyal
juge », au cours d’une audience solennelle, devant le tribunal de commerce ou ils sont appelés
à siéger. Ainsi, ils sont installés dans leurs fonctions au cours de la même audience de
prestations de serment. Egalement, les juges consulaires sont installés dans leurs fonctions
conformément aux dispositions prévues par la loi relative à l’organisation judiciaire.
D’ailleurs, aux termes de l’article 12 de la loi 2017-24 du 28 juin 2017, les juges
consulaires ont droit à une indemnité dont le montant et les conditions d’attribution sont fixés
par décret. C’est ainsi que l’article 13 de la loi 2017-24 nous éclair sur les cas d’empêchement
ou de cessation de leurs fonctions, en ces termes : « en cas d’empêchement temporaire d’un
juge consulaire titulaire, il est pourvu à son remplacement par un suppléant. La cessation
définitive des fonctions de juge consulaire intervient en cas de démission ; d’expiration du
mandat ; d’empêchement absolu ; de déchéance ; de décès.113».
C’est ainsi qu’il adopte un règlement intérieur qui définit ses modalités de
fonctionnements. Cependant, cet organe est composé d’un président de chambre à la cour
suprême, désigné par le président de ladite cour, président ; de l’inspecteur général de
113
V. Article 13 de la loi 2017-24 du 28 Juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux
de commerce et des chambres commerciales d’Appel.
45
l’administration de la justice, qui est vice-président ; d’un avocat désigné par le barreau en tant
que membre ; d’un administrateur des greffes désigné par le ministre en charge de la justice,
membre ; de deux représentants des chambres consulaires et autres associations d’opérateurs
économiques, désignés par le président de la chambre de commerce, d’industrie et de services
de Dakar, membres.
Par ailleurs, le conseil de surveillance joue un rôle important qui consiste à sanctionner
les juges en cas de non-respect de la loi. Cependant, une discipline des juges professionnels et
des administrateurs de greffes ou greffiers en chef et des greffes est assurée par le conseil
supérieur de la magistrature. C’est ainsi que l’article 35 de la loi 2017-24 du 28 juin 2017
dispose que : « le conseil de surveillance assure la discipline des juges et conseiller consulaires.
Il statue comme conseil de discipline des juges et conseillers consulaires. Tout manquement
d’un juge ou d’un conseiller consulaires à l’honneur, à la probité, à la discipline et aux devoirs
de sa charge, constitue une faute disciplinaire ». Ainsi les sanctions pouvant être prononcé à
l’encontre des juges et conseillers consulaires sont l’avertissement ; le blâme et la déchéance114.
Pour ce faire, constitue une faute disciplinaire le non-respect des délais impératifs
prescrits par la présente loi par tout membre des juridictions de commerce s’il n’est pas justifié
par des circonstances indépendantes de la volonté de l’intéressé. De même, en cas de
manquements commis par les juges professionnels et les greffiers le conseil de surveillance en
informe le Ministre en charge de la justice qui peut saisir le conseil supérieur de la Magistrature
qui statue en conseil de discipline115.
114
V. Article 36 de la loi 2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux
de commerce et des chambres commerciales d’appel.
115
V. Article 37 alinéas 2 et 3 de la loi 2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement
des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel.
46
PARAGRAPHE 2 : LA COMPETITIVITE DANS L’ENVIRONNEMENT DES
AFFAIRES
La justice dans son fonctionnement régulier connait du traitement des litiges qui
impliquent les acteurs du monde économique. Ainsi en raison de ces attributions, le secteur de
la justice a été identifié depuis quelques années comme l’un des lieux privilégiés de la politique
d’amélioration de l’environnement des affaires116. Ainsi le conseil présidentiel pour
l’Investissement qui est l’instance chargée du pilotage stratégique des réformes en la matière a
élaboré un programme de réforme de l’Environnement des Affaires et de la compétitivité
(PREAC II). En effet, ce programme contient d’importantes diligences à la charge du Ministère
de la justice. Mais en raison du nombre croissant des affaires et dans le but d’accélérer leur
traitement, les pouvoirs publics ont érigé des méthodes visant à protéger le monde économique.
Cela se justifie par une volonté du législateur de prendre en compte la spécificité du contentieux
financier résultant des engagements communautaires du pays dans le cadre de l’Union
Économique et Monétaire Ouest Africaine117 (UEMOA).
« La difficile intégration des règles budgétaires et comptables des Etats membres de l’Union Economique et
117
Monétaire Ouest-Africaine-UEMOA»…
47
Par ailleurs, la promotion des modes alternatifs de règlement des différends dont la
médiation et la conciliation avec l’adoption du décret n°2014-1653 du 24 décembre 2014 relatif
à la médiation et à la conciliation vont dans le sens du désengorgement des juridictions avec la
possibilité d’user d’autres moyens extrajudiciaire en vue de la résolution des litiges. C’est en
ce sens que les pouvoirs publics vont traduire leur volonté avec l’institution de certaines valeurs
à l’instar de la célérité et de la rationalité des rôles, de l’introduction du contrat de procédure
pour une meilleure gestion du temps. Mais aussi, être des répréhensibles sur certaines pratiques
d’où la sanction des procédures dilatoires et abusives. De même permettre la participation
active des parties à l’instruction et l’élargissement des prérogatives du juge de la mise en état.
Cependant c’est au sein du paradigme libéral que l’approche fondée sur la rationalité
joue le rôle le plus important. L’idée de rationalité apparaît déjà chez A. Smith. Par exemple,
pour justifier le libre-échange, il fait référence au comportement individuel rationnel. Par
conséquent, le renforcement de la transparence et de la compétitivité dans l’environnement des
affaires s’est manifesté par ; l’adoption du décret n°2013-1071 du 6 août 2013 modifiant le
décret n°64-572 du 30 juillet 1964 portant Code de Procédure civile.
L’acte uniforme révisé sur le droit commercial général adopté le 15 Décembre 2014 a
prévu la possibilité de tenir dans chacun des Etats membres de l’OHADA, les registres de
commerce et du crédit mobilier en format électronique et leurs accessibilités au public par le
118
" Le paradigme de la rationalité est radicalement incomplet. Si elles ne prenaient appui sur des références
extérieures qui les guident en les " poussant ", les interactions entre acteurs rationnels seraient en général
incapable de produire à elles seules quoi que ce soit de déterminé. "
48
biais d’une plateforme dématérialisée. Cette innovation est d’une grande importance car elle
garantit aux acteurs économiques un accès équitable, rapide et peu onéreux à des informations
nécessaires à l’accomplissement de leurs transactions.
119
V. Rapport 2017 Ministère de la justice, sur la dématérialisation de la justice. P.85.
120
V. Article 26 dispose que : « Le tribunal rend sa décision dans un délai impératif de trois mois à compter de
la première audience. Ce délai peut être exceptionnellement prorogé d’un mois par ordonnance du président du
tribunal de commerce. L’article 37 dispose que : « tout membre des juridictions de commerce qui ne respecte pas
les délais impératifs prescrits constitue une faute disciplinaire.»
121
V. Article 22 sur l’Appel des causes : « L’instance devant le tribunal de commerce est introduite par assignation
sauf comparution volontaire des parties. L’assignation porte indication des pièces sur lesquelles la demande est
fondée. Elle est notifiée dans les conditions de droit commun. L’assignation peut être effectuée par voie
électronique… »
49
illustration avec les dispositions de l’article 22 alinéa2 et 3 de la loi 2017-24 du 28 Juin 2017
portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres
commerciales d’Appel sur la possibilité de correspondre désormais par voie électronique. En
effet, il précise que « …l’assignation peut être effectuée par voie électronique. C’est ainsi que
le dépôt et la communication des pièces peuvent s’effectuer soit par moyen physique, soit par
moyen électronique, tel que le courrier électronique… »
50
TITRE SECOND: L’EFFICACITE DE LA NOUVELLE
ORGANISATION JUDICIAIRE SENEGALAISE
51
CHAPITRE I : LE RENFORCEMENT DE L’ACCESSIBILITE
DE LA JUSTICE
52
Une des conditions essentielles au fonctionnement de tout système démocratique est le
rapprochement des citoyens à la justice qui est traduit par l’existence de juridictions fiables,
justes, indépendantes… C’est sans doute la raison pour laquelle l’accessibilité de la société
Sénégalaise à la justice a été promue comme constituant une priorité des nouvelles réformes de
l’organisation judiciaire. Cependant l’objectif majeur consiste à revoir la situation des prisons
qui ne cesse de se remplir sans qu’aucune alternative n’ait pu être trouvée pour régler ce
problème qui en quelque sorte viole les traités ratifiés consistant au respect des droits
fondamentaux des personnes. En effet, des conventions ont été ratifiées en vue de garantir les
droits des citoyens. Nous trouvons illustration avec la charte Africaine des droits de l’Homme
et des peuples, aussi avec la convention internationale des droits de l’Homme et des citoyens
de 1789… D’ailleurs, la consécration d’un système d’assistance judiciaire au Sénégal, montre
à quel point les pouvoirs publics sont prêts à faire améliorer la justice pour réorganiser le service
publique de la justice. C’est pourquoi des innovations ont été apportées notamment à la question
d’accès à la justice, de la proximité de la justice des justiciables, du respect des droits de la
défense, de l’impartialité des juges, de la rapidité de la justice, de l’équilibre des juridictions…
De plus la promotion de ces différentes valeurs constitue un remède à la justice Sénégalaise qui
se voit désormais glorifier de mérites du fait de ses diverses réalisations dont il convient
d’illustrer.
122
V. PH. BASSENE : « Cours Organisation Judiciaire du Sénégal ». Licence3 droit des affaires UASZ. 2017/2018
Fasc. Inédit.
53
permanent de l’activité judiciaire. Pour atteindre cet objectif, le législateur sénégalais s’est
fortement inspiré de l’organisation administrative, en supprimant les tribunaux de première
instance et les justices de paix pour les remplacer par les tribunaux régionaux et par les
tribunaux départementaux. Les juridictions nouvellement créées bénéficieront aussi d’une
compétence sensiblement plus étendue que celle des juridictions supprimées.
Dès lors, le projet de loi a en outre proposé d’instituer au sein du ministère de la justice,
une inspection centrale des services judiciaires, ayant comme mission de s’assurer du
fonctionnement normal des juridictions de première instance et des services et organismes
relevant du ministère de la justice.
Néanmoins, la proximité de la justice des justiciables est l’une des volontés des pouvoirs
publics Sénégalais. Ainsi, une émergence de la justice longtemps critiquée du fait de son
inaccessibilité par la population Sénégalaise est déterminante. Pour ce faire, plusieurs facteurs
traduisent les manquements de l’Etat à satisfaire les demandes de la société. Que c’est en ce
sens qu’il serait judicieux de parler d’abord du droit d’accès à la justice (paragraphe 1), ensuite
voir la rapidité de la justice (paragraphe 2).
123
P.S.A. BADJI : « cours de théorie générale du procès et droit processuel ».
54
constitution, sont revenus sur la question du rapprochement de la justice à savoir le droit d’accès
à la justice qui est traduit par le préambule de la constitution en ces termes « l’égal accès de
tous les citoyens aux services publics ». Au regard de tout cela, on peut affirmer que le droit
au juge a une valeur constitutionnelle au Sénégal.
Dès lors, l’accès à la justice est à l’origine de la consécration de plusieurs principes dont
le législateur de la nouvelle organisation judiciaire de 2014 n’a pas cesser de mentionner. Il
s’agit du principe de l’égalité des chances d’accès à la justice (A) et de la satisfaction des
justiciables (B).
124
V. Par exemple TH. RENOUX, « la constitutionnalisation du droit au juge en France », in le droit au juge dans
l’union européenne, LGDJ, p. 109 s.
125
Cass. Ass. Plén. 7 avril 2006, Bull. ass. Plén. , n°3.
126
Arrêt Golder c/ Royaume uni précité.
127
Deweer c/ Belgique du 27 février 1980, série A, n°35.
128
CEDH 28 octobre 1999, Brumarescu c/ Roumanie, JCP 2000. I. 203, n°10, obs. F. SUDRE. Au sens e cette
décision, la victime d’un décret de nationalisation de ses biens peut bel est bien avoir recours à un juge.
129
CJCE 15 mai 1986, Marguerite Johnston aff.222-84, Rec. P. 1651. En l’espèce, vu que le droit originaire n’a
rien prévu, la cour de justice de la communauté européenne devenue la cour de justice de l’Union Européenne
s’est référée aux articles 6 et 13 de la convention européenne des droits de l’homme. Le droit à un effectif a été
consacré à l’article 47 de la charte des droits fondamentaux de l’union européenne JOCE n° C 364 du 18/12/2000,
p.0022.
55
A : L’EGALITE DES CHANCES D’ACCES A LA JUSTICE
Durant la colonisation, il existait au Sénégal, une justice réservée aux colons et les
assimilés notamment les habitants des quatre communes130 et une autre justice pour les
indigènes131. Cependant, l’ordonnance n°60-17 de 1960 portant l’organisation judiciaire vient
abolir cette discrimination. De même l’accession à la souveraineté internationale marque la fin
de juridictions dites de droit français et des juridictions de droit local132. En effet, la légalité des
parties signifie que tout citoyen doit bénéficier des faveurs de la justice au même titre que ces
concitoyens, aussi d’un procès équitable c’est-à-dire équilibré entre les parties. Cela sans qu’il
ait une sensation de discrimination, de partialité du juge envers une partie. C’est ainsi que
l’écrivain et penseur Roumain VASILE STANCIEL écrivait « le principe de l’égalité des
personnes devant la justice, appliqué sans nuance aux hommes détachés de leur milieu social,
peut aboutir à des injustices». Par contre, l’égalité dont il est question s’apprécie au niveau des
règles substantielles mais également processuelles. C’est en ce sens que les articles 1 et 7 de la
constitution Sénégalaise font allusion. C’est- à-dire l’égalité de tous les citoyens devant la loi.
De ce fait, le principe d’égalité des parties a connu une évolution fulgurante avec les innovations
de la loi 2014-26 du 3 novembre 2014 fixant l’organisation judiciaire. Cela est reflété par les
différents décrets consacrés par cette loi 2014. Toutefois, il convient de préciser que l’existence
de juridiction d’exception ne remet pas en cause le principe d’égalité devant la justice. Ce qui
signifie que dans notre contexte la discrimination sentant dans l’exercice des fonctions, à la
qualité du justiciable c’est-à-dire non à la personne elle-même mais notamment à sa richesse, à
sa naissance133...
130
Les quatre communes sont : Dakar, Rufisque, Gorée et Mbour
131
Représentes la population rurale c’est-à-dire la masse ou population noir qui n’habiter pas les quatre communes.
132
Dans son article intitulé l’organisation judiciaire des Etats d’Afrique et de Madagascar, Revue juridique et
politique d’Outre-Mer, 1962 janvier-mars, 16e année, G. MANGIN soutient que la distinction des juridictions dites
de droit français et des juridictions de droit local s’expliquait par le souci du législateur français de donner aux
pays d’Outre-Mer une justice offrant toutes les garanties possibles et pour ce motif se rapprochant du système
métropolitain et également par un souci de respecter les coutumes indigènes. Mais n’est-ce pas aussi parce que le
législateur Français s’est heurté à la réaction locale ? , V. l’article de F. LUCHAIRE sur l’apport Européen dans
l’élaboration des droits nationaux des pays en développement : les modèles continentaux, Revue administrative,
n°102, 17e Année novembre-décembre, 1964 P.571.
133
P.S.A.BADJI, Cours théorie Générale du Procès et Droit Processuel. P. 34. Facs. Inédit.
56
B : LA SATISFACTION DES JUSTICIABLES
Au Sénégal les difficultés d’accès au service public de la justice sont accentuées par des
facteurs comme l’analphabétisme, la pauvreté, l’éloignement des juridictions et l’inadaptation
des mécanismes de règlement des litiges aux réalités sociales134. C’est ainsi que, prenant
conscience de la situation, les pouvoirs publics ont mise en place des programmes sectoriels du
nom de « dispositif justice de proximité » dont le principal but est de rapprocher la justice des
justiciables en vue de satisfaire leurs souhaits. Cependant, cette politique d’une justice de
proximité s’inscrit dans l’axe III du plan Sénégal Emergent (PSE) qui est articulé autour du
renforcement de la sécurité, de la stabilité, de la gouvernance, de la protection des droits et
libertés et de la consolidation de l’Etat de droit, afin de créer les conditions d’une paix sociales
durable et de favoriser le plein épanouissement des potentialités de chaque citoyen. C’est dans
ce cadre que des objectifs spécifiques sont établis pour poursuivre l’exécution du programme
justice de proximité. C’est le cas des trois objectifs spécifiques dont le premier est de
développer une réponse de qualité aux besoins d’information juridique des citoyens dans les
maisons de justice et dans les bureaux d’accueil et d’orientation. Egalement le deuxième
objectif qui est de mettre en place les mécanismes d’une aide juridictionnelle performante.
Enfin le troisième objectif qui consiste à promouvoir et faire respecter les droits de l’homme.
De plus, des efforts ont été consentis par le dispositif de justice de proximité qui a eu à
réaliser plusieurs activités dont ils convient de citer ; En effet, selon le rapport d’activité du
ministère de la justice135, les dix-huit (18) maisons de justice installées à travers le territoire
national, ont eu à traité douze-mille soixante-six (12.066) dossiers de médiation dont Six mille
huit cent quarante-huit (6.848) réussies soit 56,8% de taux de réussite. Alors qu’en 2016, ces
mêmes structures ont traités environ douze mille huit cent soixante-dix-neuf (12.879) dossiers
de médiations avec huit mille deux cent quatre-vingt-treize (8.293) conciliations réussies soit
(64,4%), dont 5% non réussies et le reste (30,6%) constitués d’instances, de radiations, de
désistements etc. De même, une assistance administrative qui porte sur la facilitation de
l’obtention de certains actes administratifs mais aussi de la rédaction de plaintes. Cela traduit
la volonté des pouvoirs publics de satisfaire les justiciables. Ainsi il est à noter que durant
l’année 2017, vingt et un mille quatre cent cinquante (21.450) demandes d’assistance pour
l’obtention d’actes divers contre neuf mille cinq cent quatre-vingt-neuf (9.589) en 2016 soit un
134
V. Rapport 2017 Ministère de la Justice du Chapitre II. Le renforcement du dispositif justice de Proximité.
135
Rapport d’activité de 2017 du Ministère de la justice relatif au règlement de conflits à travers la médiation et la
conciliation. P.86, doc. Inédit.
57
accroissement de Onze mille huit cent soixante et un (11.861) en valeur absolue et 124% en
valeur relative ; ce qui dénote le besoin, encore de la population en assistance administrative dû
entre autres au manque d’instruction en langue française136.
Dès lors, les initiatives pour rapprocher les justiciables de la justice demeurent
convaincantes dans la mesure où les pouvoirs publics ne se sont pas seulement contentés de se
limiter au principe d’accessibilité à la justice mais sont allés au-delà de leur objectifs en prônant
la rapidité de la justice.
En principe, le décret n°2013-1071 du 06 août 2013 a été pris pour mettre fin aux
lenteurs dans le traitement des dossiers afin de désengorger les rôles d’où la création d’un rôle
d’attente pour les affaires qui ne peuvent être instruites immédiatement. De même, la célérité
et la rationalité des rôles ainsi que l’introduction du contrat de procédure pour une meilleure
gestion du temps.
Toutefois, des questions ont été posées sur la rapidité de la justice. C’est ainsi qu’on se
demande si la justice va-t-elle de plus en plus vite ? Où Va-t-elle par conséquent, trop vite ? La
question peut surprendre, alors qu’aujourd’hui comme hier, le principal reproche qu’on lui
adresse de part et d’autre de la frontière reste précisément sa lenteur 137. En effet, la rapidité de
136
Op. Cit.
137
Frédéric SCOENAERS, sociologue et chargé de cours à l’Université de Liège : «Historiquement les magistrats
ont toujours revendiqué d’être épargnés par tous types de pressions liées au temps. Ils faisaient même l’apologie
de la lenteur, qui était considérée comme une garantie. La justice s’était forgé une culture de protection à l’égard
de la rapidité. Il fallait se donner tous les moyens d’épuiser chaque dossier, Cette résistance tient jusque dans les
années 1980. Poursuit-il. Petit à petit, une conjonction d’éléments va venir mettre en cause le décalage entre
58
la justice est consacrée par plusieurs instruments internationaux en raison de la confiance que
lui voue la population. Par conséquent, cette fidélité à la justice ne sera jamais une chose
acquise mais serait plutôt une conquête à renouveler sans trêve en vue d’éviter une injustice.
C’est sans doute la raison pour laquelle cette rapidité est devenue l’une des principes phares des
réformes de la nouvelle organisation judiciaire de 2014.
Cependant, en France, le terme célérité est préféré à celui de rapidité comme pour
souligner que la rapidité doit s’accommoder du temps nécessaire à la qualité du système. Ainsi
trouvons-nous l’illustration dans le rapport de M.J.-C. Magendie qui avait ainsi, accolé au terme
de célérité à celui de qualité de la justice pour affirmer que les gains de temps ne peuvent se
faire au mépris des garanties fondamentales pour se préserver de tout excès en la matière. C’est
en ce sens, qu’un auteur a précisé que « la rapidité n’est pas, et elle n’a d’ailleurs pas à être,
la préoccupation première de la justice. Ce qui importe avant tout, c’est la qualité des décisions
rendues [...] cette qualité ne peut être atteinte qu’en consacrant à chaque affaire le temps
qu’elle requiert. Tout au plus doit-on formuler le vœu que, du fait de l’encombrement des
juridictions ou pour tout autre raison, ce temps ne soit pas exagérément prolongé».
Néanmoins, peu importe ce qui change l’essentiel est de s’attacher à ce qui ne change
pas pour en effet, participer à la lutte pour une réduction des délais de jugement (A) et pour une
célérité de la justice (B).
l’institution judiciaire et la culture globale, fruit de la société de l’immédiateté. Dans un contexte où l’on accède à
tout, tout de suite, le regard bienveillant que l’on portait sur ce fonctionnement s’est transformé en critique
sociétale».
59
Par ailleurs, quoi qu’il en soit le système processuel Sénégalais, n’a pas réglementé la
procédure à jour fixe138. Pour ce faire, la célérité de l’instance doit surtout être recherchée à
l’étape de l’instruction des affaires, au cours de laquelle les parties accomplissent les actes
tendant à mettre le dossier en état de recevoir un jugement. C’est ainsi qu’en pratique les
juridictions n’ayant pas la possibilité de sauter l’étape de la mise en état aménagés, sont tenues
de se conformer à l’obligation de statuer à bref délai avec au préalable la soumission des affaires
à une mise en état faite par la chambre collégiale. A titre d’illustration, le tribunal de grande
instance hors classe de Dakar dans les procédures urgente met en œuvre la pratique judiciaire
précitée comme l’opposition à injonction de payer qui présente le mérite de favoriser un gain
de temps. L’instruction étant une hypothèse menée par la chambre collégiale elle-même,
l’instance s’en trouve accélérée en ce que la chambre dès que le dossier sera en état de recevoir
un jugement, pourra immédiatement le mettre en délibéré. Cette pratique dispense les parties
du renvoi consenti par le juge de la mise état pour vérifier l’état de la procédure et
éventuellement vider les exceptions de procédure avant la clôture de l’instruction et le renvoi
du dossier devant la chambre pour mise en délibéré.
Cependant, si la lenteur de l’information ne peut être niée, cela ne suffit pas à fonder
une action en responsabilité de l’Etat qui suppose qu’il soit établi que cette lenteur anormale
est fautive et imputable aux agents de la puissance publique. Ainsi compte tenu de l’affaire, de
l’abondance des pièces, des péripéties qui l’ont émaillée et des moyens dont dispose le service
public, il n’est pas prouvé que les retards de l’information si regrettables qu’ils soient
constituent en l’espèce une faute suffisamment grave et caractérisée ni même qu’elle soit
imputable au service public même quand des dispositions légales ont prévu des délais de
transmissions dépourvus de sanction.
Dès lors, la réduction des délais de jugement est manifestement caractérisée par la
célérité des procédures.
Les délais des décisions juridictionnelles sont raccourcis afin que le temps du droit et le
temps de la justice commerciale se rapprochent du temps des affaires d’où la réduction des
coûts de procédure. Ainsi la célérité dans le traitement des dossiers est une volonté manifeste
du législateur de la nouvelle loi 2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et
138
R.MARTIN, « Procédure devant le tribunal de grande instance », Rép. Proc. Cid, Dalloz, mars 2001, n°181.
60
fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel. Cette
volonté manifeste s’illustre par la réduction des délais de procédures139. S’agissant de la
conciliation un délai de trois mois au maximum est accordé en vue de permettre aux parties en
litige de régler leurs différends à l’amiable sans qu’il soit nécessaire d’accéder au tribunal bien
que la conciliation se fait par le juge chargé de tranché sur l’affaire en cas d’échec de la
conciliation. De même un autre délai de trois mois au maximum est accordé pour la mise en
état. C’est en ce sens que d’autres délais seront prescrits pour permettre la célérité des
procédures. C’est le cas du délai de quatre mois (4) aux maximum pour le délibéré et celui de
trois (3) jours au maximum à compter de la réception de l’acte d’appel pour transmission de la
décision attaquée par l’administrateur de greffe du tribunal de commerce 140 au greffier de la
chambre commerciale de la cour d’appel. Pour ce faire un délai de trois (3) mois au maximum
pour la décision de la chambre commerciale d’appel est constaté.
139
V. Loi n° 2017-23 du 28 juin 2017 modifiant les articles 5,6, 7, 9 et 13 de la loi n°2014-26 du 03 novembre
2014 fixant l’organisation judiciaire.
140
V. Loi 2017- 24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce
et des chambres commerciales d’Appel.
141
D. DELVAUX et F.SCHOENAERS, Une étude consacrée à l’accélération dans l’institution judiciaire en France
et en Belgique mené conjointement pour l’Université de liège, Benoit Bastard (Institution des sciences sociales du
politique – Ecole Normale supérieure de Cachan et Christian Mouhanna (CESDIP).
61
en pleine mutation, notamment depuis l’émergence des nouveaux médias. Il y a donc eu une
rencontre entre motivation interne et externe.
Toutefois, les réformes techniques, même pointues, peuvent faire vaciller la conception
du procès civile telle qu’elle était affirmée en 1976. S’il est temps de passer à une procédure
modernisé, accélérée, il ne faut pas que la lutte contre le temps de la procédure amène les
législateurs à une « course vers le bas ». C’est au regard de tout cela qu’il serait judicieux de
voir l’effectivité des réformes judiciaires.
142
Les tribunaux d’instance sont au nombre de 45 : Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque, Thiès, Mbour,
Tivaouane, Diourbel, Mbacké, Bambey, Kaolack, Nioro, Guinguinéo, Factick, Gossas, Foudiougne,
Tambacounda, Bakel, Goudiry, Koumpentoum, Louga, Kébémer, Linguère, Kaffrine, Birkélane,
Koungheul, Malem Hoddar, Sédhiou, Goudomp, Bounkiling, Ziguinchor, Oussouye, Bignona, Kédougou,
Saraya, Salemata , Kolda, Véligara, Médina Yoro Foulah, Matam, Kanel, Ranérou, Saint-Louis, Podor, Dagana.
143
Les tribunaux de grande instance sont au nombre de dix-neuf (19) et les tribunaux d’instance quarante-cinq
(45), les cours d’appel six (6) dont la cour d’appel de Dakar, la cour d’appel de Thiès, la cour d’Appel de Saint-
Louis, la cour d’appel de Kaolack, la cour d’appel de Tambacounda qui n’est pas encore fonctionnelle et la cour
d’appel de Ziguinchor.
62
PARAGRAPHE 1 : LES JURIDICTIONS FONCTIONNELLES
144
Dakar, Thiès, Diourbel, Louga, Fatick, Kaolack, Saint-Louis, Tambacounda, Kolda et Ziguinchor.
145
Les tribunaux d’instance sont au nombre de 45 : Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque, Thiès, Mbour,
Tivaouane, Diourbel, Mbacké, Bambey, Kaolack, Nioro, Guinguinéo, Factick, Gossas, Foudiougne,
Tambacounda, Bakel, Goudiry, Koumpentoum, Louga, Kébémer, Linguère, Kaffrine, Birkélane,
Koungheul, Malem Hoddar, Sédhiou, Goudomp, Bounkiling, Ziguinchor, Oussouye, Bignona, Kédougou,
Saraya, Salemata , Kolda, Véligara, Médina Yoro Foulah, Matam, Kanel, Ranérou, Saint-Louis, Podor, Dagana.
63
de celui de l’organisation administrative est proposé. C’est l’exemple de la création de
nouvelles juridictions146.
D’ailleurs, la mise en place des réformes a pour but de lever de façon durable les
contraintes qui pèsent sur l’accès à la justice, l’équilibre de la justice, la proximité, la gratuité
de la justice et l’efficacité de la justice sont des défis à relever pour l’amélioration du climat des
affaires. Ainsi, en considération des performances des nouvelles réalisations, les innovations
ont en principe pour origine de rapprocher la justice des justiciables.
146
Les tribunaux de grande instance sont au nombre de dix-neuf (19) et les tribunaux d’instance quarante-cinq
(45), les cours d’appel six (6) dont la cour d’appel de Dakar, la cour d’appel de Thiès, la cour d’Appel de Saint-
Louis, la cour d’appel de Kaolack, la cour d’appel de Tambacounda qui n’est pas encore fonctionnelle et la cour
d’appel de Ziguinchor.
64
et de Rufisque dix (10) juges et quatre (4) juges d’instruction. Par contre, pour les autres
tribunaux de grande instance de 2ème classe à savoir : Sédhiou, Kaffrine, Kédougou, Tivaouane,
Mbacké, on remarque six (6) juges et deux (2) juges d’instruction à l’exception de Mbacké qui
a trois (3) juges d’instruction.
Dès lors, selon l’article 24 du décret n°2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition
et la compétence des cours d’appel, des tribunaux de grande instance et des tribunaux
d’instance : « la cour d’appel de Dakar a son siège établi à Dakar147. Son ressort s’étend aux
tribunaux de grande instance de Dakar, Pikine-Guédiawaye et Rufisque.
La cour d’appel de Kaolack a son siège établi à Kaolack. Son ressort s’étend aux tribunaux de
grande instance de Kaolack, Fatick et Kaffrine.
La cour d’appel de Ziguinchor148 a son siège établi à Ziguinchor. Son ressort s’étend aux
tribunaux de grande instance de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou.
La cour d’appel de Thiès a son siège établi à Thiès. Son ressort s’étend aux tribunaux de grande
instance de Thiès, Diourbel, Mbour, Mbacké et Tivaouane.
La cour d’appel de Tambacounda a son siège établi à Tambacounda. Son ressort s’étend aux
tribunaux de grande instance de Tambacounda et Kédougou.» Ainsi, l’institution de nouvelles
cours d’appel marque le déclin des longues détentions et permet un rééquilibrage du flux des
dossiers pénaux car elle participe à une amélioration de la procédure d’appel. En vue d’éviter
le déplacement coûteux des détenus en attente des sessions des chambres criminelles près la
cour d’appel. Pendant longtemps, seule Trois (3) cours d’appel étaient fonctionnelles et étaient
compétentes pour connaitre de l’appel des juridictions de première instance et des juridictions
d’exception en toute matière. C’est en ce sens, qu’on assiste à l’installation de deux nouvelle
cours d’appel dont celle de Thiès qui désengorge la cour d’appel de Dakar et la cour d’appel de
Ziguinchor. Ce qui fait qu’actuellement le territoire Sénégalais compte cinq (5) cours d’appel
fonctionnelles. D’ailleurs, la mise en place de nouvelles cours d’appel dont la cour d’appel de
Thiès et de Ziguinchor montre encore cette volonté du rapprochement de la justice des
147
La cour d’appel de Dakar qui couvrait les régions de Dakar, Thiès et Diourbel a désormais un ressort rétréci
car se limitant seulement à la région de Dakar.
148
SIDIKI KABA (l’ancien ministre de la justice Sénégalais) affirme : «L’installation de la cour d’appel de
Ziguinchor ente dans le cadre de la modernisation de la justice, les populations des régions de la Casamance
faisaient des centaines de kilomètres, des jours de voyage et des frais de séjour à Dakar pour faire appel de leur
jugement».
65
justiciables. Ainsi, la cour d’appel de Thiès149 a été instituée par le décret n°2009-421 du 27
avril 2009 abrogeant et remplaçant l’article 1er et le tableau I qui est annexé du décret n°84-
1195 du 22 octobre 1984 portant aménagement de l’organisation judiciaire modifié150. En effet,
l’installation de la cour d’appel de Thiès à la suite de la cour d’appel de Saint-Louis, présente
le mérite de désengorger la cour d’appel de Dakar dont les documents étaient énormes liée à la
forte concentration des activités judiciaires à Dakar151. Dès lors, nous trouvons exemple dans
les statistiques du rapport d’activité du ministère de la justice sur le tribunal de grande instance
hors classe de Dakar qui montre qu’en matière civile et commerciale un grand nombre de
dossiers qui tournent autour 11.039 affaires de demande en justice pour l’année 2012. Qu’ainsi
le tribunal a rendu 9768 décisions, soit 88,48% de la saisine initiale, durant la période du 02
janvier 2012 au 31 décembre 2012. Par ailleurs, les cours d’appel de Kaolack, Ziguinchor152,
Saint-Louis dont les ressorts, les classements et les compositions sont fixés par le tableau I du
décret n°2015-1039 du 20 juillet 2015 portant aménagement de l’organisation judiciaire au
même titre que celle de Dakar. Leurs chambres sont composées à leur tour de présidents de
chambre, de conseillers, de Secrétaire général, de Procureur général, de premier avocat général,
d’avocats généraux, de Substituts généraux. Ainsi, s’agissant des différentes cours d’appel153 à
savoir la cour d’Appel de Dakar, de Kaolack, de Saint-Louis, de Thiès, de Ziguinchor et de
Tambacounda dont leurs ressorts sont déterminés par les régions dont-ils siègent. En effet, à la
différence des quatre autres cours d’appel qui ont la même composition dans les titres de
Premier président, de Secrétaire général, de Procureur général, de Premier Avocat général. On
remarque cependant, qu’elles sont constituées de dix (10) Présidents de chambre, de vingt (20)
conseillers, de trois (3) avocats généraux et de cinq (5) Substituts généraux.
149
Son ressort s’étend aux tribunaux de grande instance de Thiès, Diourbel, Mbour et Tivaouane. Cependant,
avant son inauguration le 29 décembre 2014 par l’arrêté n°2014-18641 du 22 décembre 2014, son ressort s’étendait
aux régions de Thiès et Diourbel.
150
P.A.TOURE, la réforme de l’organisation judiciaire commentée et annotée, éd. Harmattan. P.348.
151
M. NDIAYE et N. ROBIN, «Délinquance et politique pénale au Sénégal. Les chiffres clés de la justice, Institut
de recherche pour le développement, Ministère de la Justice, organisation internationale des migrants, octobre
2002, p.27: la délinquance était en 1999 de 33% et la criminalité à 70% dans la région de Dakar. »
152
La cour d’appel de Ziguinchor a été officiellement installée le jeudi 29 Septembre 2016 par le ministre en
charge de la justice.
153
. Les cours d’appel portent le nom de la ville de leur siège. Elles couvrent en général les tribunaux d’instance
de leur ressort et sont constituées de nombreuses chambres dont chaque chambre est présidée par un Président de
chambre et des conseillers.
66
il est important de présenter les tribunaux d’instance et le tribunal de commerce de Dakar.
Notons que le tribunal de commerce n’est pas une juridiction de droit commun qui a
vocation à exister systématiquement sur toute l’étendue du territoire, mais plutôt une juridiction
qui sera érigée, selon les nécessités dans les endroits du pays caractérisés par un nombre élevé
d’affaires commerciales. C’est ainsi qu’à ce jour, il n’existe que le tribunal de commerce de
Dakar154. Il est à noter que la loi n°2017-27 du 28 juin 2017 portant création du tribunal de
commerce a prévu d’en faire une juridiction moderne ou toutes les procédures seraient
dématérialisées et automatisées.
154
Rapport d’activités 2017 Ministère de la justice, installation du tribunal de commerce de Dakar. P. 88-89.
155
Décret 2015-1039 du 20 juillet 2015 portant aménagement de l’organisation judiciaire.
156
Tribunal départemental de première classe.
157
Tribunal départemental de première classe.
158
Tribunal départemental de deuxième classe.
67
est composé des départements de Diourbel (1ere classe), de Mbacké (1ere classe), et de Bambey
(2eme classe). Ces tribunaux d’instance sont composés d’un (1) président, d’un délégué du
procureur, d’un adjoint au délégué, de dix (10) juges sauf le tribunal d’instance de Bambey qui
a quatre (4) juges. Pour la région de Saint-Louis dont les départements sont Saint-Louis (1ere
classe), Dagana (2eme classe), Podor (2eme classe). On retrouve dans la composition un (1)
président, un délégué du procureur, un adjoint au délégué, dix (10) juges pour les tribunaux
d’instance de Saint-Louis159, et trois (3) juges pour les tribunaux d’instance de Dagana et Podor.
C’est le cas aussi pour la région de Matam qui est constitué de tribunaux départementaux de
2eme classe à savoir le tribunal d’instance de Matam, de Kanel, de Ranérou qui en effet, sont
composés d’un (1) président, d’un (1) délégué du procureur, d’un (1) adjoint au délégué, de
quatre (4) juges pour le tribunal d’instance de Matam et de trois (3) juges pour les départements
de Kanel, Ranérou. Pour la région de Tambacounda qui couvre les départements de
Tambacounda, de Bakel, de Goudiry, de Koumpentoum, il est composé de tribunaux d’instance
de 2eme classe dont un président, six (6) juges dans le tribunal d’instance de Tambacounda, un
(1) délégué du procureur bien que le poste d’adjoint au délégué est vacant . C’est le cas avec
les tribunaux d’instance de Goudiry, de Koumpentoum qui n’ont pas eux aussi d’adjoint au
délégué du procureur mais qui ont chacun trois (3) juges par département, et que c’est seulement
le département de Bakel qui dispose d’adjoint au délégué du procureur dans la région.
S’agissant de la région de Kaolack, elle couvre les départements de Kaolack, Nioro,
Guinguinéo, seule le département de Kaolack a un tribunal de 1ere classe ayant dix (10) juges,
un (1) délégué du procureur et un (1) adjoint au délégué du procureur. Les autres tribunaux
d’instance sont composés d’un (1) président, de quatre (4) juges et n’ont pas de délégué du
procureur. De même pour la région de Fatick, on a les départements de Fatick, Gossas,
Foudiougne qui sont des juridictions de 2eme classe, et sont composés d’un président, de six
(6) juges pour les tribunal d’instance de Fatick, et quatre (4) juges pour les départements de
Gossas et de Foudiougne, et chacun de ses départements a un délégué du procureur et un adjoint
au délégué du procureur. C’est le cas avec la région de Ziguinchor dont ses départements sont
: Ziguinchor, Oussouye, Bignona. Le tribunal d’instance de Ziguinchor est composé d’un
président, de dix (10) juges et est une juridiction de 1ere classe pour les tribunaux d’instance
d’Oussouye et de Bignona, on a aussi un président dans chaque département et quatre (4) juges,
un délégué du procureur, et un adjoint au délégué pour seulement le tribunal d’instance de
Bignona. La région de Kolda est composé des départements de Kolda, Vélingara, Médina Yoro
159
Ibidem.
68
Foula, seule le département de Kolda a un tribunal d’instance de 1ere classe et est composé de
dix (10) juges, un délégué du procureur et un adjoint au délégué du procureur tandis que les
autres départements ont des tribunaux de 2eme classe dont quatre (4) juges dans le tribunal
d’instance de Vélingara et trois (3) juges à Médina Yoro Foula, un délégué du procureur pour
chacun des tribunaux d’instance et un adjoint au délégué pour Vélingara. Ainsi pour la région
de Louga qui recouvre le département de Louga, Kébémer et Linguère, le département de Louga
est la seule juridiction de 1ere classe qui est constitué de 10 juges, d’un délégué du procureur
et d’un adjoint au délégué du procureur, alors que les départements de Kébémer et de Linguère
sont des juridictions de 2eme classe ayant chacun quatre (4) juges, un délégué du procureur et
un adjoint au délégué du procureur. Pour la région de Sédhiou160 qui est composé des
départements de Sédhiou, Goudomp, Bounkiling, seul le département de Sédhiou a un tribunal
de 1ere classe ayant six (6) juges à sa disposition à la différence des autres départements qui
ont chacun trois (3) juges en plus d’un président et d’un délégué du procureur par juridiction
mais n’ayant pas d’adjoint au délégué du procureur si ce n’est seulement Sédhiou qui en
bénéficie. Ainsi la région de Kédougou161 dont les départements de Kédougou, Saraya,
Salemata sont tous des juridictions de 2eme classe, composées de quatre (4) juges pour le
tribunal d’instance de Kédougou et trois (3) juges pour les départements de Saraya et Salemata,
d’un président, d’un délégué du procureur et dispensés d’adjoint au délégué du procureur dont
c’est Kédougou seulement qui dispose d’un adjoint au délégué du procureur. Enfin, la
quatorzième région est composée des départements de Kaffrine, Birkélane, Koungheul, Malem
Hoddar qui sont tous des juridictions de 2eme classe. S’agissant du département de Kaffrine
c’est le seul qui a un adjoint au délégué du procureur à part sa composition de quatre (4) juges
à la différence des autres départements qui ont trois (3) juges162, un président et un délégué du
procureur pour chaque juridiction.
Cependant, l’étude des tribunaux de commerce et des tribunaux d’instance est source
de continuité des réformes de la nouvelle organisation judiciaire bien que des manquements
sont constatés du fait du non fonctionnement de certains tribunaux et cours d’appel.
160
Décret 15-1039 du 20 juillet 2015 portant aménagement de l’organisation judiciaire.
161
Ibidem.
162
Décret 2015-1039 du 20 juillet 2015 portant aménagement de l’organisation judiciaire.
69
PARAGRAPHE 2 : LES JURIDICTIONS NON ENCORE INSTALLEES
Par ailleurs, la constitution sénégalaise du 22 janvier 2001 à travers ses articles 67 et 76,
énonce que sont du domaine réglementaire toutes les matières qui ne sont pas du domaine
législatif. Ainsi donc, ont un caractère réglementaire les installations qui ont été faite par
l’autorité habilité à effectuer des changements comme la mise en place des juridictions
nouvellement créés. Toutefois, il est nécessaire de rappeler que seules les juridictions
nouvellement créées sont concernées par l’arrêté d’installation du ministre de la justice. Que
cela se caractérise par l’effet d’une automaticité traduit par le remplacement des tribunaux
départementaux et des tribunaux régionaux par les tribunaux d’instance et les tribunaux de
grande instance posé par l’article 4 de la loi 2014-26 du 03 novembre 2014 fixant l’organisation
judiciaire. Cependant, l’article précité ne vise que les juridictions de base à savoir les tribunaux
de grande instance et les tribunaux d’instance.
Dès lors, les tribunaux de grande instance non fonctionnelle sont les suivants : le tribunal
de grande instance de Rufisque (1), le tribunal de grande instance de Tivaouane (2), le tribunal
de grande instance de Mbacké (3), le tribunal de grande instance de Sédhiou (4), et pour
terminer le tribunal de grande instance de Kaffrine (5). Ce qui fait qu’on a un effectif de cinq
(5) tribunaux de grandes instances non fonctionnelles c’est-à-dire que ces cinq juridictions sont
à installer. Ainsi s’agissant des tribunaux d’instance non fonctionnelles, on note le tribunal
d’instance de Médina Yoro Foula (1), le tribunal d’instance de Ranérou(2), le tribunal
d’instance de Bounkiling (3), le tribunal d’instance de Goudomp (4), le tribunal d’instance de
163
P.A. TOURE, La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée, éd. Harmattan, p.407.
164
V. Article 2 du décret n°2015-1039 du 20 juillet 2015 portant aménagement de l’organisation judiciaire,
70
Birkilane (5), le tribunal d’instance de Guinguinéo (6), et enfin le tribunal d’instance de Malem
Hoddar (7).
D’ailleurs, Sept (7) juridictions ont été réhabilitées en 2017, et cinq (5) construites, il s’agit des
tribunaux d’instance de Saraya et de Salemata, du tribunal de grande instance de Kédougou et
de Sédhiou et une extension du tribunal de Koungheul. C’est ainsi que deux (2) tribunaux de
grande instance ont été installées en 2018 et devenues fonctionnelles. C’est le cas des tribunaux
de grande instance (TGI) de Pikine-Guédiawaye et du tribunal de grande instance de Mbour.
Aussi, notons un manque considérable de personnel judiciaire. En effet, il est prévu un
renforcement du personnel judiciaire en vue de disposer de ressources humaines suffisantes et
de qualité pour permettre la modernisation de la justice. C’est en ce sens que des efforts sont
constatés pour augmenter les effectifs mais aussi réadapter les compétences au défis qui
s’imposent.
La cour d’appel de Tambacounda165, elle a été intégrée dans l’édifice judiciaire par le
décret n°2014-126 du 03 février 2014 abrogeant et remplaçant l’article 1er et le tableau 1 qui
est annexé du décret n°84-1195 du 22 octobre 1984 portant aménagement de l’organisation
judiciaire modifié. En effet, son ressort s’étend aux régions de Tambacounda et Kédougou166.
Par ailleurs, la cour d’appel est définie comme une juridiction collégiale composée de
magistrats ou juges professionnel appelés conseillers qui est compétente en cas d’appel formé
contre une décision rendue par les juridictions de première instance située dans son ressort
territoriale ou géographique. Ainsi, « l’appel est une voie de recours qui permet de déférer la
décision rendue à une juridiction supérieur qui juge à nouveau la cause, en fait et en droit, puis
confirme ou infirme en réformant la sentence primitive ». Qu’ainsi en référence à la définition
de l’appel, on peut stipuler que l’appel constitue une sérieuse garantie pour les plaideurs car le
165
La cour d’appel de Tambacounda a déjà été créée par décret de la loi 2014 mais n’étant pas encore fonctionnel,
elle dépend de la cour d’appel de Kaolack. Selon le ministre la cour d’appel de Tambacounda recevra les appels
des tribunaux d’instance de Goudiry, Bakel, Koumpentoum et également Tambacounda et la région de Kédougou.
166
P.A.TOURE, La réforme de la composition et de la compétence des juridictions du Sénégal commentée et
annotée. Éd. Harmattan, P. 312.
71
juge de la première juridiction apportera avec précision plus de soin à sa décision qu’il sait
qu’elle pourra être déférée à la juridiction d’appel. Toutefois, la règle sur le double degré de
juridiction est un principe général de procédure qui consacre une garantie essentielle aux
intérêts des plaideurs et à l’intérêt de la justice167. En principe, la cour d’appel est une juridiction
de droit commun car tous les appels sont portés devant elle du fait qu’elle est composée de
plusieurs chambres spécialisées sauf les décisions qui ne sont susceptible de pourvoi devant la
Cour suprême.
167
CE 4 Février 1944 : Commissaire du gouvernement Chenot.
168
Ce sont les appels en matière d’instruction.
169
Le président de la chambre porte le titre de Premier président.
170
Trois (3) magistrats pour les audiences ordinaires et cinq (5) magistrats pour les audiences solennelles.
171
La cour est tenu d’apprécier la décision attaquée soit en infirmant l’appelant par la confirmation du jugement,
soit en confirmant l’appelant par l’infirmation du jugement.
72
CHAPITRE 2 : LE RENFORCEMENT DE L’EFFECTIVITE
DES INNOVATIONS DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE
73
La justice en principe, évoque l’institution judiciaire, le sentiment qui détermine une pratique,
laquelle est une vertu de l’homme juste172. Il peut paraitre surprenant en effet de s’interroger
sur la véritable nature de la justice173. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on se demande
qu’est-ce que la justice ? En effet, sur le plan de la sémiologie judiciaire, la justice est d’abord
174
« dikè » qui signifie « sentence droite, courbe », « montrer » ou représentation175, langue,
coutumes.
Néanmoins, en vue d’une réhabilitation de la justice pour lui permettre de remplir les
insuffisances dont tentent d’atténuer le législateur des réformes de la nouvelle organisation
judiciaire pour parvenir à la consolidation d’une bonne gouvernance. Il est nécessaire de voir
172
J. CARBONIER, Droit civil, PUF, 2004, vol.1, Introduction, n°51, p.90 ; X.LAGARDE, Qu’est-ce qui est
juste ? Propos d’un juriste, mélange G. GOUBEAUX, Dalloz et LGDJ, 2009, p.299 sq.
173
P.S.A. BADJI, Cours de théorie générale du procès et droit processuel, Master II Carrière affaire
2015/2016.Fasc. Inédit.
174
Ibidem.
175
V. Architecture judiciaire ; Iconographie et statutaire in Dictionnaire de la justice, PUF, 2004, 1362 pages.
176
P.S.A. BADJI, cours de théorie Générale du Procès et droit processuel, master II Carrière Affaires. Doc. Inédit.
177
M.DOBKINE, « l’ordre répressif administratif », D.1993, chron. P.159.
74
d’abord l’efficacité du service public de la justice (section 1) ensuite de voir le personnel
judiciaire à savoir les administrateurs de greffes ou greffiers en chef (section 2).
L’ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics consiste à réaménager
l’organisation du service public de la justice pour une meilleure distribution et une plus grande
efficacité en vue d’accroitre les performances. En effet, en référence à l’exposé des motifs du
décret n°2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et la compétence des cours d’appel,
des tribunaux de grande instance et des tribunaux d’instance. La nouvelle organisation
judiciaire repose sur les innovations que sont, le changement de dénomination des juridictions
de base, la nouvelle définition des ressorts des différentes cours d’appel, la création des
chambres criminelles en remplacement des cours d’assises, la nouvelle répartition des
compétences entre les juridictions, la prise en compte du corps des administrateurs des greffes.
Dès lors, il serait judicieux de voir dans une première partie la promotion de la qualité
du service publique de la justice (paragraphe1), puis dans une seconde partie la nouvelle
définition de la politique pénale (paragraphe2).
178
Loi 2014-26 du 03 novembre 2014 fixant l’organisation judiciaire.
179
Rapport d’activités 2017 Ministère de la Justice. P. 13. Doc. Inédit.
75
consiste à renforcer le respect des droits de la défense avec la mise en place d’organes
d’aménagement des peines (A) et le désengorgement des établissements pénitentiaires (B).
Les lois 2000-38 et 2000-39 du 29 décembre 2000 et le décret 2001-362 du 04 Mai 2001
n’ont pu recevoir d’application pleine et entière à cause d’un non installation des structures
chargées d’aménager les peines. C’est ainsi que le juge d’Application des peines (JAP) a vu le
jour180. Ainsi, le ministère de la justice s’est donc attelé à rendre fonctionnel tout le dispositif
d’aménagement des peines avec la mise en place des comités d’Aménagement des peines
(CAP) au sein de chaque cour d’appel. Aussi après la signature des arrêtés notamment les
membres qui ne sont pas des magistrats, tous les Comités d’aménagement des peines (CAP)
sont devenus opérationnels et ont entamé le travail tel que prescrit par la loi de 2000-38 et le
décret d’application de 2001 dans le fond181. C’est en ce sens qu’une commission consultative
pénitentiaire installée dans les tribunaux de grande instance (TGI) est très active dans les
procédures de libération conditionnelle. C’est ainsi que la direction des affaires criminelles et
des grâces (DACG) a instruit en 2017, cent onze (111) dossiers de demande de libérations
conditionnelles et a émis un avis favorable pour soixante-sept (67) condamnés qui ont bénéficié
de la mesure. Cependant, il est permis d’espérer qu’en 2018 les réformes initiées « sortiront
leur entier et plein effet. Qu’en matière pénale, le législateur de la loi 2014-26 du 03 novembre
2014 fixant l’organisation judiciaire précise que la justice est rendue au nom du peuple
sénégalais. Les décisions sont rendues en toute impartialité, dans un délai raisonnable, elles
sont revêtues de la formule exécutoire.
Pour éviter ces hésitations et ces errements mais également les erreurs manifestes au
paravent fréquentes du fait des nombreux dossiers qui encombrés les juridictions d’assises,
l’article 6 de la loi n°2014-26 du 03 novembre 2014 abrogeant et remplaçant la loi n°84-19 du
180
V. Rapport d’activités 2017 du Ministère de la justice. P. 22. Doc. Inédit.
181
Les comités d’Aménagement des peines ont tous, à l’exception de celui de Dakar, dressé un rapport d’activités
après leurs trois premiers mois de fonctionnement, les résultats sont plus qu’encourageants. Selon le rapport
d’activité 2017 du Ministère de la justice.
76
02 février 1984 fixant l’organisation judiciaire, précise que « le siège, le ressort, la composition
ainsi que le classement des cours d’appel, des tribunaux de grande instance, des tribunaux du
travail et des tribunaux d’instance sont fixés par décret». Qu’au vue de cette disposition la loi
n° 2014-28 du 03 novembre 2014 modifiant le code de procédure pénale, stipule que les
chambres criminelles des cours d’appel et des tribunaux de grande instance substituent les
cours d’assises pour connaitre des crimes en lieu et place de ces dernières.
Toutefois, le dépeuplement des prisons est marqué par les orientations vers la politique
pénale portant sur l’amélioration des conditions de détentions, la sensibilisation des autorités
de poursuite sur les conséquences du recours à la détention provisoire, le renforcement de
l’encadrement juridique du droit à l’assistance d’un avocat182 pendant les enquêtes de police
judiciaire ainsi que l’amélioration de la prise en charge judiciaire et sociale des femmes et des
mineurs183.
182
Circulaire n°00179/MJ/DACG/MN du 11 janvier 2018 aux modalités d’application de l’article 5 du
Règlement n°05/CM/-UEMOA et des dispositions du Code de Procédure Pénale, relativement à la présence de
l’avocat dès l’interpellation de son client par l’officier de police judiciaire.
183
Rapport d’activité 2017 du Ministère de la Justice.Doc. Inédit.
77
marque un grand pas à la bonne gouvernance et au respect des droits humains. C’est par rapport
à cela que la nouvelle politique pénale assure dans un premier temps l’effectivité du droit à
l’assistance d’un conseil pendant les enquêtes (A) et dans un second temps l’amélioration des
conditions de détentions (B).
Le droit à l’assistance par un conseil dès les premières interpellations des enquêtes des
officiers de polices judiciaire184 est une initiative de l’article 5 du règlement de l’UEMOA185
relatif à la présence d’un avocat dès l’interpellation de son client. Pour ce faire, en vue de
satisfaire les exigences auxquelles prône la norme communautaire186, le ministère de la justice
a organisé en mars 2017 un atelier de réflexion sur la question de l’application de l’article 55
du code de procédure pénale qui en effet, dans sa nouvelle rédaction a repris l’article 5
précédemment cité. Ainsi, à la suite de ces réflexions une démarche inclusive adoptée a été
poursuivie et aboutie à la signature d’une circulaire qui a été partagée avec les différents acteurs
dont les magistrats, les officiers de police judiciaire (OPJ), les associations de défenses des
droits de l’homme … C’est en ce sens que l’article 55 du nouveau code de procédure pénale
Sénégalaise dispose que : si pour les nécessités de l’enquête, l’officier de police judiciaire est
amené à garder à sa disposition une ou plusieurs personnes visées aux articles 53 et 54, il ne
peut le retenir plus de 24 heures. S’il existe contre une personne des indices graves et
concordants, de nature à motiver son inculpation, l’officier de police judiciaire doit la conduire
devant le procureur de la République ou son délégué, sans pouvoir la garder à sa disposition
plus de 48 heures. En cas de difficulté matérielle relative au transfèrement, le procureur de la
république doit être immédiatement averti des conditions et délai de transfèrement.
Dans les deux cas, l’officier de police judiciaire doit immédiatement informer le procureur de
la république, son délégué ou le cas échéant le président du tribunal d’instance investi des
pouvoirs de procureur de la république de la mesure dont il a l’initiative et faire connaitre à la
personne retenue les motifs de sa mise sous garde à vue.
184
Circulaire n°00179/MJ/DACG/MN du 11 janvier 2018 aux modalités d’application de l’article 5 du
Règlement n°05/CM/-UEMOA et des dispositions du Code de Procédure Pénale, relativement à la présence de
l’avocat dès l’interpellation de son client par l’officier de police judiciaire.
185
V. Règlement 5 de l’UEMOA : « Le pouvoir de l’avocat » Consulté dans www.uemoa.int, le 11 Juillet 2019.
186
V. Article du règlement 5 DE L’UEMOA: « Ces Zones d’Ombre du droit à la défense. » Consulté sur
https://www.pressafrik.com, le 11 juillet 2019.
78
Lorsque la personne gardée à vue est un mineur de 13 à 18 ans, l’officier de police judiciaire
doit la retenir dans un local spécial isolé des détenus majeurs… Le délai prévu à l’alinéa 2 du
présent article peut être prorogé d’un nouveau délai de 48 heures par autorisation du
procureur de la République, de son délégué d’un nouveau délai de 48 heures par autorisation
du procureur de la république, de son délégué ou du juge d’instruction, confirmé par écrit. Les
délais prévus au présent article sont doublés en ce qui concerne les crimes et délits contre la
sureté de l’Etat ; ils sont également doublés pour tous les crimes et délits en période d’état de
siège, d’état d’urgence ou d’application de l’article 52 de la constitution sans que ces deux
causes de doublement puissent se cumuler…»
L’humanisation des conditions de vie des détenus187 est l’une des priorités majeures du
gouvernement en matière de justice. Elle s’est traduite en 2017 par des mesures administratives
organisant la vie dans les prisons mais aussi par un relèvement de l’équipement pénitentiaire et
la préparation des détenus à la réinsertion sociale188. Mais ces efforts ainsi que l’étendue de ce
qui reste à faire en la matière ne peuvent s’apprécier que par la présentation de la situation
générale des maisons d’arrêt à travers les statistiques. Ainsi, l’amélioration des conditions de
détention est associée à une nouvelle définition de normes d’hébergement des détenus dans les
établissements pénitentiaires, de ratio de leur surveillance et à la préparation de leur réinsertion
sociale. Cependant, la nature de l’infraction détermine la durée de détention pour toute
condamnation. Ainsi, selon le rapport d’activités du ministère de la justice de 2017 189, les
effectifs moyens de la population carcérale ont connu une hausse de 7% en valeur relative entre
2016 et 2017. En effet, l’effectif moyen des détenus est passé de 9439 à 10 083, soit une
augmentation de 664 détenus en valeurs absolue. Cependant, l’effectif carcéral en moyenne
s’estime à 10 083 détenus qui sont constitués de 95% d’hommes, de 3% de femmes et de 2%
187
Circulaire n°04377/MJ/DACG/MN du 14 juin 2017 relative à l’élargissement des personnes relaxées,
absoutes, condamnées à une peine couverte par la détention.
188
Circulaire n°03319/MJ/DACG/MN du 08 Mai 2017 relative au fonctionnement des comités d’aménagement
des peines.
189
Rapport d’activité 2017 du Ministère de la justice. P.21. Doc. Inédit.
79
de mineurs. Il faut cependant noter que de 2012 à 2017190 9 064 détenus ont été graciés par le
chef de l’Etat et dont 1 274 détenues ont bénéficié d’une libération conditionnelle.
Par ailleurs, la justice Sénégalaise compte une structure chargée de lutter contre la
commission d’actes de tortures. En effet, c’est une structure indépendante dont sa mise en place
traduit l’engagement du pays à respecter ses engagements internationaux en matière de lutte
contre les mauvais traitements dans les lieux de privations de libertés. Pour ce faire, en vue de
développer les compétences des agents chargés de l’application de la loi et des autres acteurs
dans le domaine de la prévention et de la répression de la torture et autres traitements assimilés.
C’est le cas de l’observateur des lieux de privation de liberté (L’OLPL) qui a formé en 2017,
vingt-quatre (24) agents des forces de police et de gendarmerie, 33 magistrats (Parquet et siège),
cent dix-neuf (119) agents de sécurité de proximité (ASP) . Dont leurs formations sont faites
sur des thématiques relatives à la prohibition de la torture et des mauvais traitements en droit
interne et international. Dans la même lancée, des moyens ont été renforcés avec des rencontres
de vulgarisation et de sensibilisation des populations sur la torture, également des visites
organisées ou inopinées dans les lieux de privation de libertés. C’est ainsi que nous exemple
avec l’année 2017 qui enregistre quarante (40) visites organisées dans les lieux de privations de
libertés et cinq (5) visites inopinées dans la région de Dakar. Ces visites permettent en effet, de
mettre en place un dispositif de prévention opérationnelle. De même, la particularité des visites
inopinées est d’aider à analyser le cadre sociologique de l’environnement carcéral et de pouvoir
constater ou poser des hypothèses sur des cas de maltraitance rencontrés sur place. Par
conséquent, la réinsertion des détenus est aussi une préoccupation majeure dans le domaine de
l’éducation, de la formation, de l’apprentissage mais aussi de l’emploi et du travail191. C’est par
rapport à cela que des mesures pour la préparation à la réinsertion sociale des détenus sont
prises dans les domaines de l’éducation et de la formation.192
D’ailleurs, en 2016 deux milles sept cent douze (2.712) détenus ont subi une formation
ou un apprentissage, soit 50,35% de l’ensemble des condamnés qui étaient de cinq mille six
cent quatre-vingt-quinze (5.695) au 31 décembre 2016 et 29,13% de l’effectif carcéral total est
190
Rapport d’activité 2017 Ministère de la justice. P 29. Doc. Inédit.
191
Rapport d’activité 2017 Ministère de la justice. P.27. Doc. Inédit.
192
L’ouverture de trois (3) nouvelles classes d’alphabétisation dans les établissements pénitentiaire de Dakar et de
Thiès en 2017, dans le cadre du programme national d’Education de Base des jeunes et des adultes analphabètes
(PNEBJA). Aussi, la sélection des détenus pour une formation professionnelle dans le cadre du partenariat entre
la Direction de l’administration Pénitentiaire (DAP) et l’office national de formation professionnelle (ONFP).
80
de neuf mille trois cent dix (9.310 détenus) des 37 établissements pénitentiaires à la même date.
Il est à noter que les conditions des détenus se sont beaucoup améliorées ces dernières années
à travers la construction, la réhabilitation et l’équipement des établissements pénitentiaires.193
193
Rapport d’activités 2017 Ministère de la justice. P. 80.Doc . Inédit.
194
Rapport de présentation du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut
particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.
195
V. Article premier du n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut particulier du
cadre des fonctionnaires de la justice.
196
V. Article premier, premier alinéa du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011
portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.
81
crées par la loi 2014-26 du 03 novembre 2014 ; constitue les greffes197 (baccalauréat plus deux
années de formation) en corps d’extinction où ils demeurent soumis au statut les régissant, dont
les dispositions afférentes au recrutement seront abrogées... Dès lors, les fonctionnaires de la
justice sont composés de six (6) corps198 dont le niveau hiérarchique auquel chacun d’eux est
rattaché, les modalités de leurs recrutements ainsi que leurs échelonnements indiciaires sont
déterminés ainsi : Un corps des « Administrateurs des greffes » de niveau hiérarchique A1, un
corps des « inspecteurs de l’éducation surveillée et de la protection sociale » de hiérarchie A1,
ouvertes aux titulaires d’une maîtrise. Aussi, un corps « des greffiers » de hiérarchie A2, un
corps « Educateur spécialisés » de hiérarchie B1, un corps des « interprètes judiciaires » de
hiérarchie B2 et enfin un corps des « Assistants des greffes et parquets » de la hiérarchie B2.
Ces deux derniers corps sont réservés aux titulaires du baccalauréat. Ainsi notre étude va porter
sur les administrateurs des greffes199.
Dès lors, l’étude des administrateurs de greffes ou greffiers en chef montre le rôle
important que joue le corps des administrateurs de greffes (paragraphe1) dans toutes les
instances de la procédure mais également permet de régler une confusion qui consiste à
distinguer les administrateurs de greffe des greffiers en chefs et des greffiers ainsi que les
assistants de greffes et des parquets (paragraphe2).
197
Ibidem.
198
V. Article 2 alinéa premier du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut
particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.
199
C’est l’exemple du greffe de Paris (France) : Le greffe est une structure judiciaire. En effet, ce sont des
fonctionnaires de la cour de paris (directeurs des services de greffe judiciaires, greffiers, agents de bureau…),
placés sous l’autorité du directeur du greffe de la cour, sont les partenaires indispensables des magistrats : à
l’audience, ils prennent note des débats, qu’ils authentifient, puis mettent en forme et signent, avec le président de
la chambre, les arrêts rendus, dont ils assurent la conservation et la délivrance de copie. Les greffes ont également
en charge la préparation des audiences et l’accueil des justiciables et des auxiliaires de justice. Il leur revient de
rendre compte de l’activité juridictionnelle au travers des statistiques.
200
V. Article 3 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut particulier du
cadre des fonctionnaires de la justice.
82
contrôle du chef de juridiction, les administrateurs des greffes, lorsqu’ils sont chefs de greffe,
sont responsables du bon fonctionnement des services qu’ils dirigent.
201
DECRET n° 2011-509 MFPE/DGFP/DELC/DEL du 12 avril 2011 portant statut particulier
du cadre des fonctionnaires de la justice.
202
Aux termes de article 5 décret n° 2011-509 MFPE/DGFP/DELC/DEL du 12 avril 2011 portant statut
particulier du cadre des fonctionnaires de la justice : « A l’Intérieur du corps et sous réserve des décisions
individuelles de nomination ou d’affectation qui peuvent déroger exceptionnellement à cette règle, la
subordination est établie de grade à grade ou de classe ; dans chaque classe ou grade elle est établie d’échelon à
échelon ; dans chaque échelon elle résulte de l’ancienneté ».
203
V. Article 4 du DECRET n° 2011-509 MFPE/DGFP/DELC/DEL du 12 avril 2011 portant statut particulier
du cadre des fonctionnaires de la justice.
83
indiciaire et pour le deuxième (2e) échelon 2.296 suivant l’échelle indiciaire. En fin, s’agissant
des administrateurs de greffes stagiaires, l’échelle indiciaire est de 2.020204.
204
DECRET n° 2011-509 MFPE/DGFP/DELC/DEL du 12 avril 2011 portant statut particulier
du cadre des fonctionnaires de la justice.
205
V. Article 5 Ibidem.
206
V. Article 2, alinéa premier du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant
statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.
207
V. Article 21-5 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut particulier
du cadre des fonctionnaires de la justice.
208
L’article 13 du décret n° 2011-509 MFPE/DGFP/DELC/DEL du 12 avril 2011 portant statut particulier du
cadre des fonctionnaires de la justice.
84
d’un tribunal du travail, d’un tribunal départemental ou au secrétariat d’un parquet. En aucun
cas, les administrateurs des greffes ne peuvent se voir confier la direction d’un greffe, s’ils
n’ont, au moins, le grade d’administrateur des greffes de 2e classe209. De même, des alternatives
ont été apportées pour le bon déroulement de la mission des administrateurs de greffe. C’est
ainsi que nous trouvons exemple avec l’article 14 même décret qui stipule en ces
termes : « Lorsqu’un poste d’administrateur des greffes n’a pas de titulaire ou que le titulaire
n’exerce pas effectivement ses fonctions pour quelque raison que soit, l’intérim est assuré,
autant que les nécessités de service le permettent, soit par un administrateur des greffes de
même grade soit par un administrateur des greffes d’un grade inférieur. A défaut d’un
administrateur des greffes disponible, l’intérim peut être confié à un greffier.».
209
Ibidem.
210
V. Article 28 du décret n°2011-509 MFPE/DGFP/DELC/DEL du 12 avril 2011 portant statut particulier du
cadre des fonctionnaires de la justice des membres de leur juridiction d’exercice.
211
V. Article 3 alinéa 2 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut
particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.
85
sur requête conformément aux lois et règlement en vigueur. Ils exercent par ailleurs, des
fonctions d’administration, d’encadrement et de gestion du budget des ressources humaines
mis à leur service de greffe212 . Lorsqu’ils n’ont pas la direction d’un greffe, les administrateurs
des greffes concourent au fonctionnement du greffe de leur juridiction d’exercice. »
D’ailleurs, il convient de rappeler que les couleurs des toges se différencient selon les
juridictions mais également des restrictions ont été prises en vue du respect des droits de la
défense et la bonne tenue des procédures d’où l’importance de citer ainsi l’article 11 même
décret qui dispose que, « les administrateurs des greffes portent, à l’audience, la robe noire à
grandes manches, avec ceinture noire, toque noire brodée de velours noir et cravate tombante
de baptiste blanche plissée. Les administrateurs des greffes de la Cour suprême et des cours
d’appel portent, aux audiences solennelles, la robe rouge avec simarre de soie noire et cravate
tombante de baptise blanche plissée.» et l’article 12 même décret, évoque que : « Les
administrateurs des greffes ne peuvent siéger dans une juridiction s’ils sont parents ou alliés
d’un membre de la juridiction jusqu’au degré d’oncle à neveu exclusivement, sauf dispense
accordée par le Ministre chargé de la Justice.»
Toutefois, les missions des administrateurs des greffes sont confondues à celles des
greffiers du fait qu’ils partagent parfois les mêmes missions.
212
V. Article 3 alinéas 3 et 4 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut
particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.
213
V. Article 13 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut particulier
du cadre des fonctionnaires de la justice.
86
minutes des arrêts, jugements et ordonnances et d’en délivrer l’expédition. Ils peuvent se faire
suppléer par un ou plusieurs greffiers214».
De même, le fait que toutes les juridictions sont assister d’un ou de plusieurs greffes
montre la mission importante dont joue les greffiers en vue de la bonne marche de la justice.
Ainsi, il est nécessaire de voir dans un premier temps la notion de greffiers en chef (A) et dans
un second temps les greffiers (B).
214
La carrière des fonctionnaires appartenant au corps des greffiers comporte cinq grades ou classes et huit
échelons conformément aux dispositions du décret n° 92-1196 du 19 août 1992.
215
Aux termes de l’article 14 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut
particulier du cadre des fonctionnaires de la justice : « Lorsqu’un poste d’administrateur des greffes n’a pas de
titulaire ou que le titulaire n’exerce pas effectivement ses fonctions pour quelque raison que ce soit, l’intérim est
assuré, autant que les nécessités de service le permettent,… A défaut d’un administrateur de greffes disponible,
l’intérim peut être confié à un greffier de 3e classe au moins.»
216
Les administrateurs des greffes de 2e classe sont de deux échelons dont le premier (1 er) échelon est de 2921
suivant l’échelle indiciaire et pour le deuxième (2e) échelon 3124 c’est sur l’échelle indiciaire, conformément aux
dispositions du décret n° 92-1196 du 19 août 1992.
87
l’assistance du magistrat dans tous les actes de sa juridiction sous peine de nullité, et de
l’authentification des actes juridictionnels. Pour ce faire, le greffier217 est responsable du
respect et de l’authenticité de la procédure tout au long de son déroulement. Ainsi, avant
l’audience, le greffier en chef assure le fonctionnement du greffe qui repose sur la tenue d’un
certain nombre de registres et l’accomplissement de certaines tâches d’exécution. Egalement le
greffier en chef est responsable du dépôt et de la conservation des minutes ainsi que des archives
de la juridiction. Les minutes ne sortent pas du greffe. Il en est délivré des expéditions ou
grosses ou de simples copies certifiées conformes. Il veille à ce que toutes les minutes de
jugements ou d’arrêts soient enregistrées dans les jours qui suivent le prononcé de la décision.
Il peut délivrer une attestation de jugement ou d’arrêt. Il tient ad hoc des appels et oppositions
en matière civile et commerciale, destiné à recevoir les copies des exploits d’appel ou
opposition formés auprès des huissiers de justice qui sont tenus de l’informer. Il fait donc
mention sur le registre de la date d’appel, du numéro d’ordre du jugement, de l’identité de la
partie appelante ou opposante, du nom de l’huissier qui l’a reçu. La copie de l’exploit restera
agrafée au registre. La tenue régulière de ce registre permettra au greffier en chef de délivrer
les attestations de non appel ou de non opposition.
217
V. Article 21-1 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant statut particulier
du cadre des fonctionnaires de la justice.
218
V. Article 21-4 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant statut particulier
du cadre des fonctionnaires de la justice.
88
Par ailleurs, en droit Français les greffiers en chef exercent des fonctions déterminantes
tant en matière civile219, commerciale, administrative, pénal et sociale. Cependant, le greffe
reçoit les exploits ou assignations déposés par les Huissiers de justice ou leurs clercs, aux fins
de saisine du tribunal territorialement compétent, et les inscrits au rôle général. Il constitue un
dossier pour chaque affaire inscrite. Cependant, à la veille de chaque audience il établit un
relevé du rôle de l’audience, en quatre (4) exemplaires. De même, les ordonnances sur requêtes
aux fins de saisie-arrêt, de saisies conservatoires, de confiscation de produits de fraude et de
référé, rendues par le Président du Tribunal sont inscrites dans un registre spécial par le greffier.
Aussi, en matière sociale les procès-verbaux de non conciliation adressés au président du
tribunal du travail par l’inspecteur du travail, les requêtes des avocats ou les plaintes directes
des parties sont enregistrés dans le rôle social par le secrétaire du tribunal du travail qui
constitue le dossier indiqué et procède à la citation des parties à la date d’audience. Pour ce
faire, dans le secrétariat du parquet220, le greffier ou secrétaire des greffes et parquets reçoit les
procès-verbaux de police et de gendarmerie aussi les plaintes directes et les enregistre après la
suite donnée par le procureur de la république. Il constitue le dossier approprié selon la
procédure engagée. Ainsi, l’enregistrement d’un procès-verbal est toujours suivi de la
constitution du dossier approprié qui varie selon la procédure engagée. De même, en cas de
flagrant délit, le secrétaire préparera la chemise ou la feuille d’audience (F.D) qui est une sorte
de relevé des décisions prononcées à l’audience, signé et adresser au régisseur de la maison
d’arrêt, les procès-verbaux d’interrogatoire, les mandats de dépôt, la demande de bulletin n°1
du casier judiciaire, les convocations des victimes et témoins et les récépissés des dépôts des
scellés au greffe. Il soumet toutes ces pièces à la signature du procureur de la république ou de
ses substituts. De plus, en cas de procédure d’information, le secrétaire préparera le réquisitoire
introductif, le réquisitoire aux fins de désignation d’un juge d’instruction, les scellés et le cahier
de transmission du procès-verbal au cabinet d’instruction. En cas de citation directe devant le
tribunal correctionnel ou de simple police, il préparera la demande et les cédules de citations à
transmettre aux huissiers de justice. Le secrétaire du parquet tient à jour le registre de l’audience
219
Recherche sur le greffe de paris : le service civil est constitué du greffe civil central, du service des référés, des
ordonnances sur requêtes et des enquêtes civiles, le secrétariat de la mise en état, quant au greffe social, le service
du droit du travail du parquet général, le service civil du parquet général, l’Apostille, le greffe des procédures
particulières.
220
Le service pénal est ainsi libeller : le service général du parquet général, le service financier et commercial, le
service de l’audience, le greffe central pénal, l’exécution des peines, le greffe de la chambre de l’instruction, le
greffe de la cour d’assises, le service des experts, les officiers de police judiciaire, les mineurs.
89
correctionnelle qui doit comporter tous les dossiers enrôlés pour l’audience. A la veille de
chaque audience, le secrétaire du parquet doit établir le rôle d’audience qui est un extrait de
quatre (4) exemplaires. Ainsi qu’au cabinet d’instruction, le greffier d’instruction est dirigé par
un greffier qui a pour principales obligations :- de réceptionner les dossiers d’information et
scellés transmis par le parquet et de les porter sur les registres, les informations au fur et à
mesure de leur arrivée, les scellés et de préparer les dossiers d’information ;- de convoquer les
inculpés, témoins et parties-civiles ainsi que leurs conseils (ceux-ci par lettre recommandée et
sur instruction du juge) ;- d’établir les ordres d’extraction des détenus au plus tard la veille de
chaque audience.
Néanmoins, les administrateurs des greffes et les greffiers en chef peuvent se faire
suppléer par des greffiers.
B : LES GREFFIERS
La mission confiée aux magistrats ne pourrait être effectivement assurée si les
juridictions n’étaient pas dotées d’un service chargé de les assister221. Cette infrastructure
administrative est classiquement dénommée « Greffe ». Le terme vient en effet, du latin
« graphium » et du vieux français « grefe » qui désignait le poinçon à écrire, puis de la
signification du poinçon à écrire, on est passé à « celle du lieu où l’on écrit » et où « l’on
222
conserve ce qui est écrit ».Cependant, le greffier223 constitue un service indispensable à la
bonne administration du service public de la justice. En effet, les greffiers concourent au
fonctionnement des juridictions, notamment en assurant le respect des prescriptions de délai
dans l’accomplissement des actes de leur ministère inhérent aux procédures224. Ils assurent, en
outre, l’accueil, l’information et l’orientation des justiciables225.
221
P.A.TOURE, La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal Commentée et annotée ».éd. Harmattan, P.406.
222
Littré, dictionnaire de la langue française, 1882, V. Greffe.
223
Aux termes de l’article 21-2 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant
statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice : « La carrière des fonctionnaires appartenant au corps
des greffiers comporte cinq grades ou classe et huit échelons conformément aux dispositions du décret n°92-1196
du 19 août 1992. C’est ainsi que les grades ou classes et échelons ainsi que l’échelle indiciaire du corps sont
déterminés suivant un tableau. »
224
V. Article 21-1 alinéa 3 « Titre II bis –Corps des greffiers » du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-
509 du 12 avril 2011portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.
225
V. Article 21-1 alinéa 4 « Titre II bis. – Corps des greffiers, chapitre premier. Disposition générales » du décret
n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant statut particulier du cadre des fonctionnaires
de la justice.
90
D’ailleurs, le statut des greffiers est prévu par le Décret n°2019-575 modifiant le décret
n°2011-509 du 12 avril 2011portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.
En effet, il est inséré après les articles 21 et 45 du décret n°2011-509 du 12 Avril 2011,
respectivement un titre II bis et un titre V bis, rédigés ainsi qu’il suit226 : « Les greffiers sont
membres de leur juridiction d’exercice. Ils tiennent la plume à l’audience, assistent le juge dans
les actes de sa juridiction et authentifient les actes juridictionnels. Ils peuvent suppléer les
administrateurs des greffes dans leurs différentes tâches et peuvent être appelés à exercer par
intérim leurs fonctions conformément aux dispositions de l’article 14227 du présent décret.228»
Pour ce faire, les greffiers prêtent serment avant leur entrée en fonction devant la cour d’appel
de leur lieu d’exercice et au cours d’une audience solennelle. Ce serment est exprimé en ces
termes : « je jure d’exercer mes fonctions de greffier avec loyauté, probité et conscience,
d’observer en tout, les devoirs qu’elles m’imposent, de ne rien révéler ou utiliser de ce qui sera
porté à ma connaissance à l’occasion de leur exercice229». Cependant, ils peuvent en cas
d’empêchement prêter serment par écrit. Ce serment n’est pas renouvelable au cours de la
carrière.230 Dès lors, les greffiers jouent un rôle très important dans le fonctionnement des
juridictions. C’est en ce sens, que l’on dit que le justiciable accède au palais de justice par le
greffe et en ressort par le greffe. Ainsi, les greffiers sont indispensables dans la conduite de
l’instruction préparatoire. Pour ce faire, les greffiers assistent matériellement les magistrats
dans l’exercice de leurs fonctions juridictionnelles.
226
V. Article 2 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant statut particulier du
cadre des fonctionnaires de la justice.
227
L’article 14 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant statut particulier du
cadre des fonctionnaires de la justice , dispose : « Lorsqu’un poste d’administrateur de greffes n’a pas de titulaire
ou que le titulaire n’exerce pas effectivement ses fonctions pour quelque raison que ce soit, l’intérim est assuré,
autant que les nécessités de service le permettent, soit par un administrateur des greffes de même grade soit par
un administrateur des greffes d’un grade inférieur. A défaut d’un administrateur des greffes disponible, l’intérim
peut être confié à un greffier de 3e classe au moins.»
228
V. Article 21-1 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant statut particulier
du cadre des fonctionnaires de la justice.
229
V. Article 34 du décret n°2011-509 du 12 Avril 2011 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de
la justice.
230
V. Article 21-7 alinéas 3 et 4 du décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant
statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.
91
Par ailleurs, au cours des audiences le greffier fait toujours partie du tribunal qui statue,
soit en audience publique231, soit en chambre du conseil. Il est tenu de mentionner la date et la
nature de l’audience ainsi que la composition du tribunal, les identités des parties ou des
inculpés et l’objet de l’action ou de la réclamation. Il doit porter en rouge la décision prononcée
par le juge. De plus, le greffier d’instruction prend sous la dictée du juge, les déclarations des
inculpés, des parties-civiles et témoins. Il est chargé d’établir les pièces de justice à savoir les
mandats de dépôts, d’arrêt et les commissions rogatoires, sur instruction du juge de placer sous
scellés tous documents ou objets saisis directement par le juge ( en cabinet, lors d’un transport
sur les lieux) et d’en effectuer la remise au greffe. Toutefois, au terme de l’audience232 au greffe
civil, social et correctionnel, le greffier enregistre chronologiquement les jugements civils et
sociaux rendus sur le répertoire social. Les jugements correctionnels et de simple police sont
enregistrés par le greffier sur le répertoire correctionnel. Au greffe d’instruction, le greffier
d’instruction est tenu de classer dès leurs retours les notifications aux dossiers et de dresser un
inventaire de toutes les côtes du dossier ; de notifier aux inculpés et d’aviser leurs avocats et les
parties civiles de toutes ordonnances juridictionnelles ; de transmettre le dossier complété à
l’autorité compétente (parquet d’instance pour enrôlement, parquet général pour saisir la
chambre d’accusation) ou de classer ce dossier au greffe, s’il s’agit d’un non-lieu. Au parquet,
à la fin de chaque audience, le secrétaire établit la feuille d’audience qui est une sorte de relevé
des décisions prononcées à l’audience, signé et adresser au régisseur de la maison d’arrêt. Il
inscrit sur le registre de l’exécution des peines, toutes les condamnations prononcées par le
tribunal. Ainsi, en matière sociale et dans les quinze (15) jours du prononcé du jugement, une
partie peut interjeter appel de la décision par déclaration orale ou écrite devant le secrétaire du
tribunal du travail ou de son droit de demander à être entendu en appel ou représenté. Il est fait
mention de cette interpellation et de la réponse faite en bas de déclaration d’appel. Le secrétaire
avise immédiatement, dans les formes prévues à l’article 288 du code du travail, les parties
231
Aux termes de l’article 21-8 : « Titre II bis.- Corps des Greffiers, chapitre 4. – Disposition particulières » du
décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant statut particulier du cadre des
fonctionnaires de la justice : « Les greffiers portent, à l’audience, la robe noire à grandes manches, avec ceinture
noire, toque noire brodée de velours noir et cravate tombante de baptiste blanche plissée.»
232
Selon l’article 21-9 « Titre II bis.- Corps des Greffiers, chapitre 4. – Disposition particulières » du décret
n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011portant statut particulier du cadre des fonctionnaires
de la justice : « Les greffiers ne peuvent siéger dans une juridiction s’ils sont parent ou alliés d’un membre de la
juridiction jusqu’au degré d’oncle à neveu exclusivement, sauf dispense accordée par le Ministre chargé de la
justice.»
92
intéressés de l’appel interjeté et les avis de ce qu’elles peuvent, dans un délai de quinze (15)
jours, déposer au secrétariat un mémoire d’appel et demander à être entendues ou représentées
devant la cour d’Appel.
233
C’est-à-dire la partie appelante ou l’intimé.
93
CONCLUSION
Au terme de cette analyse scientifique, il est possible d’affirmer que la nouvelle réforme
de l’organisation judiciaire de 2014 à 2018 a en effet, atteint ses objectifs bien que cela soit
relatif puisque des enquêtes ont montrés que bon nombre de points méritent des améliorations.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui suscitent des questions dont retienne notre attention.
Ainsi, face aux nobles ambitions affichées du législateur, certaines lois sur les réformes
comportent néanmoins des limites tant sur la forme que sur le fond. Cependant, plusieurs points
de la réforme sont rejetés implicitement parce qu’inappropriés en pratique d’où le mérite d’une
prompte attention de ces manques par les pouvoirs publics.
234
Les cours d’appel de Dakar, de Kaolack, de Saint-Louis et de Ziguinchor.
235
La compétence territoriale de chaque Tribunal Régional couvre les limites administratives de la région où il est
implanté. Les Tribunaux régionaux sont implantés aux chefs-lieux des régions administratives. Dakar dispose d’un
Tribunal Régional Hors Classe (TRHC).
236
Les Tribunaux départementaux ont été créés en remplacement des justices de paix par la loi n° 84-19 du 2
février 1984 fixant l’organisation judiciaire.
237
P.A.TOURE : « La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal commentée et annotée », éd. Harmattan.
P.34.
94
modernisation du système judiciaire Sénégalais a été à l’origine de nombreuses réalisations en
vue de l’obtention d’une amélioration de la justice Sénégalaise. Ainsi, on assiste à la réalisation
de nombreuses réformes qui en principe sont destinées aux changements profonds du système
dont les moyens financiers permettent de favoriser la modernisation de la justice en la rendant
toujours plus équitable, plus transparente et plus accessible à ses usagers238. C’est en ce sens
que plusieurs changements ont été effectués et cela dans plusieurs domaines. Par conséquent,
on assiste à l’aménagement de la carte judiciaire consistant à réorganiser le système judiciaire
Sénégalais avec les tribunaux de grande instance et les tribunaux d’instance installés en
remplacement des tribunaux régionaux et des tribunaux départementaux entrainant un
changement d’appellation des juridictions d’instance. Aussi, guidé par le souci de résoudre les
nombreux conflits auxquels sont confrontées certaines juridictions du fait de l’importance
démographique de certaines localités. Il est institué dans les grandes agglomérations Urbaines
des tribunaux de grande instance. C’est le cas de l’installation du tribunal de grande instance de
Mbour, Pikine-Guédiawaye et Mbacké. De même, assiste-t-on au réaménagement des
compétences des juridictions de droit commun et des juridictions spéciales consistant à
favoriser l’accès à la justice239. Toutefois, notons que les innovations ont été à l’origine de
l’amélioration de la gouvernance judiciaire caractérisée par la transparence et la compétitivité
dans l’environnement des affaires. Pour ce faire, la création des tribunaux de commerce par la
loi n°2017-24 du 28 juin 2017240 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux
de commerce et des chambres commerciales d’appel, montre que le législateur de la loi
consulaire vise à insérer les tribunaux de commerce et les chambres commerciales d’appel dans
la loi fixant l’organisation judiciaire et à leur permettre ainsi de faire partie de l’architecture
judiciaire sénégalaise.
D’ailleurs, parallèlement à toute activité réformatrice les pouvoirs publics sont restés
fidèles à leurs ambitions premières consistant à renforcer l’accessibilité de la justice et
également à renforcer l’effectivité des innovations de la nouvelle réforme judiciaire. Cela est
motivé par leur attachement à la bonne gouvernance et aux respects des droits humains en
238
Op. Cit.
239
Rapport d’activité du ministère de la justice, 2017. P. 11. Doc. Inédit.
240
La mise en place d’une juridiction spécialisée compétente pour le traitement des affaires et aussi pour statuer
sur les décisions rendues par les tribunaux de commerce permettant la célérité de la procédure. Dès lors, notons
que la loi 2017-24 du 28 juin 2017 est source de controverse. Pour certains auteurs c’est une loi révolutionnaire
bien qu’elle n’est pas excepte d’insuffisance.
95
particulier le développement de la politique pénale pour le renforcement de l’encadrement
juridique du droit à l’assistance d’un avocat pendant les enquêtes de police judiciaire, le
désengorgement des établissements pénitentiaires qui est entrain de connaitre un début de
solutions avec la mise en place des organes d’aménagement des peines dans les ressorts des
cours d’appels241.
241
Ibidem.
242
Décret n°2019-575 modifiant le décret n°2011-509 du 12 avril 2011 portant statut particulier du cadre des
fonctionnaires de la justice.
96
BIBLIOGRAPHIE
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Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne. JOCE n°364 du 18/12/2000,
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Economiques (AUSCGIE).
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La loi 2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des
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Loi Organique n°2016-23 du 14 Juillet 2016 relative au conseil constitutionnel, J.O.
N°6946 du vendredi 15 Juillet 2016.
97
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Loi n°81-53 du 10 juillet 1981 qui a institué et réprime le délit d’enrichissement illicite
Loi n°81-54 créait la Cour de répression de l’enrichissement illicite.
Loi 70-23 du 06 juin 1970 portant organisation de la défense nationale, et le décret 91-
1173 du 07 novembre 1991 portant recrutement dans les Forces armées.
Loi 2017-24 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel.
Loi Organique n°2016-23 du 14 Juillet 2016 relative au conseil constitutionnel. J.O.
N°6946 du vendredi 15 Juillet 2016.
Loi 2016-10 du 05 Avril 2016 portant révision de la constitution du Sénégal.
Loi n°2014-26 du 03 novembre 2014 portant organisation judiciaire du Sénégal.
Code de la famille Sénégalaise (CF).
Code des obligations civiles et commerciales du Sénégal (COCC), loi n°63-62 du 10
juillet 1963 relative à la partie générale.
Code de Procédure Civile du Sénégal et des voies d’exécution annoté avec
l’organisation Judiciaire. EDJA.2018/2019.
Code Pénal du Sénégalais Annoté complété par le code des Contraventions. EDJA.
2017.
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d’appel, des tribunaux de grande instance et des tribunaux d’instance.JO.N°6869 du
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Décret n° 2013-1367 du 21 octobre 2013 modifiant les articles 20, 53 et 79 du décret
n°90-1159 du 12 octobre 1990 portant Règlement de Discipline générale dans les
Forces armées, modifié par le décret n° 2003-696 du 23 septembre 2003.
98
Décret n°84-1194 du 22 octobre 1984 fixant composition et compétence des cours
d’Appel, des tribunaux régionaux et des tribunaux départementaux.
Décret N°64- 572 du 30 juillet 1964 portant Code de Procédure Civile. JO. N°3/705
du 28 Septembre 1964, p.1289 et suivantes.
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DEGNI-SEGUI R. : "Codification et uniformisation du droit", p. 406 et s.
DOBKINE M. : « L’ordre répressif administratif », D.1993, chron. P.159.
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décisions de justice, Bruxelles, Bruyant, 1978. P. 17 et s.
François JONGEN et KOEN LEMMENS : « Extrait de droit et littérature », Anthémis,
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III. OUVRAGES SPECIALISES, THESES
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Toulouse, Ann. Fac. Dr. Et sc. ; écon. 1968, p.293.
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Septembre 2003, p.55 et s.
GIVERDON C. : Compétence civile des tribunaux d’instance, Rép. Proc. Civ. et
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99
NDIAYE Isaac Yankhoba : Le divorce et la séparation de corps, Dakar-Abidjan-Lomé,
NEA, 1979, p.89 et s.
LUCHAIRE F. : « L’apport Européen dans l’élaboration des droits nationaux des pays
en développement : les modèles continentaux », Revue administrative, n°102, 17e Année
novembre-décembre, 1964 P.571.
FERRIERE écrivait que « les motifs étant l’âme du jugement, se servir d’un arrêt sans
en rapporter le motif, c’est se servir d’un corps sans âme ». Conseil Constitutionnel
n°75-56 DC, 23juillet 1975, Rec. 22, GDCC n°29, paragraphe 6. -Dans son Dictionnaire
de droit.
100
CORNU Gerald : «Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 10e éd. 2014, p. 720.
MBAYE Kéba: « L’organisation judiciaire actuelle », in Encyclopédie juridique de
l’Afrique, Dakar-Abidjan-Lomé, NEA, 1982, tome 4, p.42.
101
Table des matières
REMERCIEMENTS ............................................................................................................... iv
DEDICACES ............................................................................................................................. v
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ......................................................................... vi
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 1
TITRE PREMIER : LA MODERNISATION DU SYSTEME JUDICIAIRE SENEGALAIS
.................................................................................................................................................... 9
CHAPITRE1 : LES REFORMES D’ORDRE STRUCTURELLE DE LA
NOUVELLE ORGANISATION JUDICIAIRE .............................................................. 11
SECTION 1 : L’AMENAGEMENT DE LA CARTE JUDICIAIRE : UNE
CIRCONSCRIPTION NON TERRITORIALE ......................................................... 12
PARAGRAPHE 1: LE CHANGEMENT D’APPELLATION DES TRIBUNAUX
REGIONAUX ET DES TRIBUNAUX DEPARTEMENTAUX ............................ 13
A : LA CREATION DES TRIBUNAUX D’INSTANCE .................................... 14
B : LA MISE EN PLACE DES TRIBUNAUX DE GRANDE INSTANCE ..... 15
PARAGRAPHE2: LE DECOUPLAGE DE LA CARTE JUDICIAIRE AVEC LA
CARTE ADMINISTRATIVE ................................................................................... 17
A : SUR LE PLAN TERRITORIAL .................................................................... 18
B : SUR LE PLAN SOCIAL ................................................................................. 20
SECTION 2 : LA CREATION DES CHAMBRES CRIMINELLES ET DES
TRIBUNAUX DE COMMERCE ................................................................................. 21
PARAGRAPHE 1 : LES CHAMBRES CRIMINELLES DES TRIBUNAUX DE
GRANDE INSTANCE ET DES COURS D’APPEL .............................................. 22
A : COMPOSITION .............................................................................................. 22
B : FONCTIONNEMENT ..................................................................................... 24
PARAGRAPHE 2 : LES TRIBUNAUX DE COMMERCE .................................. 26
A : COMPOSITION .............................................................................................. 27
B : FONCTIONNEMENT ..................................................................................... 29
CHAPITRE 2 : LES REFORMES RELATIVES AU FOND ........................................ 31
102
SECTION1 : LE REAMENAGEMENT DES COMPETENCES ............................. 32
PARAGRAPHE 1 : LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS DE DROIT
COMMUN................................................................................................................... 33
A : LA COMPETENCE DU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE ............. 33
B : LA COMPETENCE DES COURS D’APPEL............................................... 35
PARAGRAPHE 2 : LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS SPECIALES .. 38
A : LA COMPETENCE D’ATTRIBUTION DU TRIBUNAL D’INSTANCE 39
B : LA COMPETENCE DU TRIBUNAL DE COMMERCE ............................ 41
SECTION2 : L’AMELIORATION DE LA GOUVERNANCE JUDICIAIRE ....... 42
PARAGRAPHE1 : LE RENFORCEMENT DE LA TRANSPARENCE ............. 42
A : LES JUGES CONSULAIRES ........................................................................ 43
B : LE CONSEIL DE SURVEILLANCE : L’ORGANE DE CONTROLE DES
ACTIVITES DES TRIBUNAUX DE COMMERCE ET DES CHAMBRES
COMMERCIALES D’APPEL .............................................................................. 45
PARAGRAPHE 2 : LA COMPETITIVITE DANS L’ENVIRONNEMENT DES
AFFAIRES .................................................................................................................. 47
A : LA PROTECTION DES INVESTISSEURS ................................................. 47
B : LA DIMINUTION DES COUTS POUR L’EXECUTION PLUS
EFFICACE DES CONTRATS ............................................................................. 48
TITRE SECOND: L’EFFICACITE DE LA NOUVELLE ORGANISATION
JUDICIAIRE SENEGALAISE ............................................................................................. 51
CHAPITRE I : LE RENFORCEMENT DE L’ACCESSIBILITE DE LA JUSTICE 52
SECTION1 : LE DEVELOPPEMENT DE LA JUSTICE DE PROXIMITE .......... 53
PARAGRAPHE 1 : LE DROIT D’ACCES A LA JUSTICE ................................. 54
A : L’EGALITE DES CHANCES D’ACCES A LA JUSTICE ......................... 56
B : LA SATISFACTION DES JUSTICIABLES ................................................. 57
PARAGRAPHE 2 : LA RAPIDITE DE LA JUSTICE .......................................... 58
A : LA REDUCTION DES DELAIS DE JUGEMENT ...................................... 59
B : LE RENFORCEMENT DE LA CELERITE DE LA JUSTICE ................. 60
SECTION 2 : L’EFFECTIVITE DES REFORMES DE L’ORGANISATION
JUDICIAIRE .................................................................................................................. 62
PARAGRAPHE 1 : LES JURIDICTIONS FONCTIONNELLES ....................... 63
A : LES TRIBUNAUX DE GRANDE INSTANCE ET LES COURS D’APPEL
.................................................................................................................................. 64
B : LES TRIBUNAUX D’INSTANCE ET LE TRIBUNAL DE COMMERCE
DE DAKAR ............................................................................................................. 67
PARAGRAPHE 2 : LES JURIDICTIONS NON ENCORE INSTALLEES........ 70
103
A : LES TRIBUNAUX A INSTALLER .............................................................. 70
B : LES COURS D’APPEL A INSTALLER ....................................................... 71
CHAPITRE 2 : LE RENFORCEMENT DE L’EFFECTIVITE DES INNOVATIONS
DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE ........................................................................... 73
SECTION1 : L’EFFICACITE DU SERVICE PUBLIC DE LA JUSTICE ............. 75
PARAGRAPHE1 : LA PROMOTION DE LA QUALITE DU SERVICE
PUBLIQUE DE LA JUSTICE .................................................................................. 75
A : LA MISE EN PLACE D’ORGANES D’AMENAGEMENT DES PEINES
.................................................................................................................................. 76
B : LE DESENGORGEMENT DES ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES
.................................................................................................................................. 76
PARAGRAPHE2 : LA NOUVELLE DEFINITION DE LA POLITIQUE
PENALE ...................................................................................................................... 77
A : LE DROIT D’ASSISTANCE PAR UN CONSEIL DES LES PREMIERES
INTERPELLATIONS ........................................................................................... 78
B : L’AMELIORATION DES CONDITIONS DE DETENTION .................... 79
SECTION 2 : LE PERSONNEL JUDICIAIRE : LES ADMINISTRATEURS DE
GREFFES OU GREFFIER EN CHEF ............................................................................ 81
PARAGRAPHE 1 : LE CORPS DES ADMINISTRATEURS DE GREFFE .......... 82
A : LE STATUT DES ADMINISTRATEURS DE GREFFES .................................. 83
B : LES MISSIONS DES ADMINISTRATEURS DE GREFFES ............................ 85
PARAGRAPHE 2 : DISTINCTION ENTRE LES ADMINISTRATEURS DE
GREFFES ET LES GREFFIERS EN CHEF .............................................................. 86
A : NOTION DE GREFFIERS EN CHEF .................................................................. 87
B : LES GREFFIERS .................................................................................................... 90
CONCLUSION ....................................................................................................................... 94
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................... 97
104