470-Texte de L'article-1230-1-10-20170224
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Résumé
Au cœur du bassin du Sebou, la plaine du Saïss renferme un système aquifère composé de deux nappes superposées et inter-
communicants, jouant un rôle considérable dans le développement socio-économique de la région, à travers la satisfaction des
besoins en eau potable et d’irrigation. A partir des années 80 et avec l’avènement de la sécheresse, cette nappe a connu une forte
surexploitation, se traduisant par un bilan annuel déficitaire de 100 Mm3. Cette problématique a suscité l’intérêt de la communauté
scientifique,produisant ainsi une importante masse de données hétérogènes et dispersées, qu’il fallait intégrer dans un seul entrepôt
de données. L’exploitation de cet entrepôt nous a permis d’évaluer l’évolution des ressources en eau souterraines du Saïss par le
biais d’une cartographie indiquant la localisation des points d’eau et des sources, et des graphiques dressant l’évolution spatiale et
temporelle de la piézométrie des nappes et des débits de sources. Certes, l’intégration des données spatio-temporelles dans un seul
entrepôt de données afin de les exploiter et les analyser est considérée comme étant une étape primordiale dans le processus de
construction d’un système d’aide à la décision. Toutefois, elle reste confrontée à plusieurs contraintes et limites telles que l’incertitude
dans les différentes étapes du processus d’intégration.
Mots clés: Saïss, système aquifère, déficit, inter-communicants, intégration, entrepôt, incertitudes.
Abstract
At the heart of Sebou basin, the Saïss plain contains two superimposed and inter-communicating aquifers. These aquifers play a
significant role in the socio-economic development of the region through the satisfaction of drinking water and irrigation needs. From
the 80’s and with the advent of drought, this groundwater has experienced strong over-exploitation, resulting in an annual deficit of
100 million m3. This issue caught the interest of the scientific community, thus producing a large mass of dispersed and heterogeneous
data which need to be integrated into a single data warehouse. Exploring of this warehouse has allowed us to assess the development
of Saïss groundwater resources through maps showing the location of water points and graphic drawing up the spatial and temporal
evolution of piezometry and water sources flows. Certainly, the integration of spatial and temporal data in one data warehouse, to
analyze and exploit them is considered a milestone in the process of a decision support system construction. However, it still faces
several constraints and limitations such as uncertainty in the various stages of the integration process.
souvent incomplètes. L’intégration des données spatio- progressivement sous une couverture miocène et plio-
temporelles dans un entrepôt s’avère une solution villafranchienne pour se redresser rapidement au contact
pertinente permettant le développement des outils d’aide des rides prérifaines. Il s’inscrit entre deux repères
à la décision. structuraux différents par leurs âges et par leurs styles. La
limite nord de la plaine s’étale dans le domaine prérifain
L’objectif de cet article est de démontrer l’intérêt de
tandis que la limite sud intéresse le domaine atlasique. Le
l’intégration des données à travers l’exploitation de
prérif, qui limite la plaine au nord, présente un relief assez
l’information issue de l’entrepôt de données relatives à la
accidenté avec des formations rigides (calcaires, grés) qui
nappe du Saïss. Moyennant une cartographie bien riche
pointent à l’intérieur d’un ensemble mollement plissé pour
et une représentation sous forme de graphiques, nous
conférer au tout une structure de type iceberg. Des vallées
présentons l’évolution des ressources en eau souterraine
étroites et profondément encaissées donnent un aspect de
dans la nappe de Saïss à travers l’évaluation des points
dents de scie (ABHS, 2006).
d’eau, et l’analyse de la tendance de leur évolution dans
le temps et dans l’espace. La limite atlasique au sud montre une structure sub-
tabulaire (causse) disséqués qui accuse un pendage général
Le présent article va contribuer à améliorer et enrichir les
vers le nord, où elle s’ennoie sous les formations miocènes
connaissances sur le fonctionnement d’une nappe aussi
et pliovillafranchiennes de la plaine (ABHS, 2006).
importante que celle du Saïss, du fait du rôle qu’elle joue
dans le développement socio-économique au sein du Un accident topographiquement franc, d’orientation
bassin de Fès-Meknès. globale WNW-ESE, appelé flexure d’Aïn Taoujdat,
dénivelle nettement deux paliers: le plateau de Meknès (ou
MATÉRIEL ET MÉTHODES le Saïss de Meknès) à l’Ouest et la plaine du Saïss (ou le
Saïss de Fès) à l’Est (Figure 2 et 3). Cet accident abaisse
la plaine du Saïss par rapport au plateau de Meknès.
Zone d’étude
Le plateau de Meknès soulevé par rapport à la plaine de
Saïss, présente des altitudes de l’ordre de 1000 m dans
Plaine du Saïss sa partie méridionale. Ces altitudes décroissent avec une
pente moyenne de 12%o pour atteindre 500 m dans la partie
Le bassin de Saïss (Fès- Meknès) s’étend une superficie septentrionale où le plateau se redresse brusquement au
d’environ 2100 km2 sur (100 km d’Ouest en Est et de 30 contact des rides prérifaines (ABHS, 2006).
km du Nord au Sud), entre les coordonnées Lambert :
465 <X < 545 km et 335 < Y < 385 km (ABHS, 2006). Tout comme le plateau de Meknès, la plaine du Saïss a
Ses limites naturelles sont constituées (Figure 1 et 2) par: aussi une altitude décroissante du sud au nord (Figure
2). Elle passe de 700 m au Sud (limite Nord du causse
l l’oued Sebou à l’Est; d’Imouzzer Kandar et Sefrou) à 400 m dans la région de
l l’oued Beht à l’Ouest; Fès. Comme le plateau de Meknès, la plaine du Saïss se
relève très rapidement au contact des rides prérifaines
l les rides prérifaines au Nord; (Jbel Tghat, Jbel Zalagh). La flexure de Ras El Ma, de
l la limite Nord du Causse moyen-atlasique au Sud. direction sensiblement NE-SO, divise la plaine du Saïss
en deux parties: la plaine d’Aïn Taoujdate à l’Ouest et la
Le bassin est considéré dans l’ensemble comme un vaste
plaine de Fès à l’Est (ABHS, 2006).
synclinal subsident de direction E-W qui s’enfonce
Mis à part la flexure d’Aïn Taoujdate, qui sépare le l La flexure de Boufkrane - Haj Kaddour, longue de 23 Km;
bassin de Fès-Meknès en deux paliers différents, d’autres
l La flexure de Souk Jemaa del Gour (ou El Hajeb – Sebâa
accidents ont aussi affecté le bassin. Les accidents du
Aïoun), longue de 25 Km;
bassin se classent en deux origines différentes: ceux issus
de la tectonique atlasiques qui se prolongent sous la plaine l La flexure de Tiniza.
et qui constitue le substratum anté-néogène, montrent
Nappe du Saïss
une direction NE-SW et ceux provenant de la tectonique
rifaines montrent une direction croisée à la première NW- Le bassin du Saïss renferme un système aquifère composé
SE (ABHS, 2006). de deux nappes (Figure 4):
Six flexures de direction NE-SW interrompent le plateau l la nappe phréatique qui circule dans des sables,
de Meknès (ABHS, 2006). Ce sont: conglomérats et par endroits dans les calcaires lacustres
l La flexure d’Aïn Lorma; du Plio-Villafranchien;
l La flexure de Toulal, longue de 12 Km; l la nappe profonde qui circule dans les calcaires
dolomitiques du Lias et se met en charge sous l’épaisse
l La flexure de Koudiat Zouar à l’ouest de Boufekrane; série de marnes imperméables du Miocène (ABHS, 2006).
Figure 3: Flexure d’Ain Taoujdate: talus de flexure retouché par l’érosion (Harmouzi, 2010)
Rev. Mar. Sci. Agron. Vét. (2017) 5 (1) 64-75 67
Ces deux nappes jouent un rôle considérable dans le à partir des failles et flexures. C’est pourquoi la baisse du
développement socio-économique de la région, à travers niveau de la nappe phréatique (0,2 à 0,4 m par an) est moins
la satisfaction des besoins en eau potable et l’irrigation sensible que celle de la nappe profonde (1 à 3 m par an), alors
d’une superficie d’environ 49 725 ha (DRA, 2014). que l’exploitation est plus concentrée sur la nappe phréatique.
Ceci est à l’origine du retrait du champ d’artésianisme sur
Elles communiquent entre elles par endroits, à travers
plus de 70% de l’étendu de la plaine (ABHS, 2006).
des flexures et failles ou indirectement par drainance
ascendante (ABHS, 2006). Mis à part son alimentation
par son impluvium, par abouchement et par ré-infiltration MÉTHODOLOGIE
des eaux d’irrigation, la nappe phréatique est alimentée
également par une drainance du Lias. Le coefficient Compte tenu de sa situation dans une plaine d’importance
d’infiltration généralement admis pour ces plateaux est majeure dans le bassin du Sebou, de sa bonne productivité
de 30% des précipitations reçues. L’alimentation par les et du rôle qu’elle joue dans la satisfaction des besoins
flexures est réelle mais non visible (ABHS, 2006). en eau, le complexe aquifère Fès-Meknès a suscité un
grand intérêt. Depuis 1929, où Russo a fait un premier
L’abouchement avec le Lias se fait au pied sur trois essai de classement des ressources hydrogéologiques
tronçons bien définis: de la région de Fès, plusieurs études et travaux se sont
l tronçon d’Agouraï- el Hajeb: 18 Km intéressés à étudier l’aquifère du Saïss en toute sa
complexité. Ces recherches et études ont concerné tous
l tronçon môle primaire-route d’Immouzer du Kandar: les aspects, notamment la caractérisation de l’aquifère,
33 Km la quantification et la qualification des ressources en eau
l tronçon route de Sefrou- oued Sebou: 15 Km souterraines contenues dans ces réservoirs.
Quant au Lias, il est affecté par une série de failles d’origine Ces différents travaux ont contribué à construire une idée
atlasique qui ont compartimenté l’aquifère profond en assez cohérente sur la structure et sur le fonctionnement de ce
plusieurs panneaux isolés mais inter-communiquants. Le Lias système aquifère et évidemment sur l’évaluation et l’évolution
n’affleure que très localement dans le bassin. Les affleurements de ses ressources en eau. Toutefois, ces travaux ont donné
sont localisés en bandes peu étendues au pied du causse moyen naissance à plusieurs données hétérogènes et dispersées.
atlasique. Partout ailleurs, la nappe est captive sous une série Ce travail vise à exploiter et faire fédérer les données et
puissante constituée par les marnes du Miocène. La nappe les informations produites par les travaux précédents, mais
profonde est alimentée par les infiltrations pluviales et nivales aussi les données récentes collectées en vue de produire
sur les reliefs du Causse moyen Atlasique, mais également par de l’information pertinente sur la nappe de Saïss afin
ré-infiltration par retour des eaux d’irrigation. Par contre, au de mener la communauté scientifique et les décideurs à
Nord dans la plaine du Saïss et le plateau de Meknès (à partir du comprendre davantage le fonctionnement de cet aquifère
J. Zerhoun), la présence de marnes tortoniennes imperméables et ensuite d’agir d’une façon intégrée à la protection et à la
et très épaisses empêche toute possibilité de recharge de la sauvegarde des ressources en eau souterraine dans le Saïss.
nappe du Lias à partir des eaux de surface.
Dans ce cadre, un travail d’intégration et d’analyse de
Outre les prélèvements directs opérés à partir des forages données spatiotemporelles a été fait dans un entrepôt
captant la nappe profonde, on note que tout prélèvement de données (Datawarehouse), permettant de donner à
opéré sur la nappe phréatique se répercute sur la nappe l’utilisateur une seule vue de l’ensemble des données
profonde du fait d’une drainance verticale compensatoire structurées et organisées de façon à lui procurer une
information ainsi que de produire une panoplie de cartes Quant aux outils de traitement et d’analyse de données,
et de graphes. nous avons travaillé avec PostGis comme outil de gestion
de bases de données spatiales et Qgis comme outil de
Le choix de stockage de données a été porté sur l’entrepôt de
cartographie et de traitement de données.
données. En 1996, Inmon a définit un entrepôt de données
comme « une collection de données, intégrées, non volatiles
et historiées pour la prise de décisions». Dans un entrepôt RÉSULTATS
de données, les données sont organisées en fonction des
exigences analytiques des utilisateurs. Les entrepôts de Évolution des points d’eau sur le bassin du Saïss
données sont peuplés en utilisant différentes sources de Avec l’avènement de la sécheresse des années 80 et le
données pour lesquelles ils fournissent une vision unifiée développement agricole qu’a connu la plaine, il y eu un recours
et homogène. Contrairement aux données opérationnelles massif à l’usage des eaux souterraines de la nappe de Saïss
qui ont une durée de vie limitée, les entrepôts de données pour satisfaire les besoins en eau des différents usages, et
doivent permettre une analyse historique (Bimonte, 2007). particulièrement ceux de l’agriculture. La plaine a donc connu
Deux étapes sont considérées essentielles pour l’élaboration une surexploitation accrue des ressources en eau souterraines,
de l’entrepôt de données relatif à la nappe du Saïss: comme seule ressource sécurisant la production, à travers la
multiplication des différents dispositifs de prélèvements d’eau,
l Le processus de l’ETL (Extract, Transfert, Load) qui
dont plusieurs n’ont pas fait objet d’autorisations.
est basé sur une opération d’extraction des données des
différentes sources de données hétérogènes, puis les analyser Les forages de prospection hydrogéologique ont commencé
et les transformer en des formats adaptés aux besoins pour la en 1949 et au début de 1985, on comptait 83 forages ayant
charger en fin de compte dans un entrepôt de données. touché ou traversé le Lias. Ce nombre a été porté à 193 au début
de l’année 2002 (sans compter les ouvrages des particuliers).
l L’architecture et le design de l’entrepôt de données.
Le Causse moyen Atlasique a été reconnu également par
Nous avons choisis pour notre cas un schéma relationnel.
plusieurs dizaines de forages, notamment durant la dernière
Pour l’élaboration de ce travail, on s’est basé principalement décennie où le programme d’alimentation en eau potable du
sur: monde rural (PAGER) a été lancé (Amraoui, 2005).
l les données d’inventaires menés par l’Agence de Bassin Selon l’Agence de bassin hydraulique du Sebou, on dénombre
Hydraulique du Sebou (ABHS) en 2004; actuellement environ 12.000 points d’eau sur la plaine du
Saïss. Les points d’eau ont connu une évolution remarquable
l les données du Plan Directeurs des Ressources en eau
depuis les années 70. Le nombre de points d’eau a grimpé de
souterraines du Sebou;
700 points avant 1970 pour arriver à environ 1.500 points en
l les données d’une enquête sur terrain faite dans le cadre 1980. A partir de cette année, on enregistre une croissance
d’un projet de fin d’étude mené à l’Institut Agronomique et presque linéaire des points d’eau jusqu’à arriver à 12.000
Vétérinaire Hassan II, au Département Eau Environnement points en 2012 avec une moyenne de 330 points annuellement
et Infrastructures en 2014, dans trois communes rurales (Figure 5).
au niveau de la plaine du Saïss, « Ait Naamane », « Ait
Bourzouine » et « Ait Harzallah » et qui a intéressé 320 Localisation, types et caractéristiques des points d’eau
points de prélèvements des eaux souterraines pour des
fins d’irrigation. Ces trois communes sont localisées au Localisation et types de points d’eau
Sud-Ouest de la plaine de Saïss, vers le début du causse
Moyen Atlasique. Les points d’eau se trouvent exactement La figure 7 présente la localisation de l’ensemble des points
en dessus de la limite de la nappe de Saïss vers le Nord, entre d’eau se trouvant sur la plaine de Saïss. Cette carte est donc
des altitudes variant de 700 à 950 mNGM. le fruit du travail d’intégration de données de différentes
sources, élaborée dans le cadre de ce travail. Les types
l des données sur l’évolution piézométrique jusqu’à 2014 de d’ouvrages qu’on retrouve dans la plaine sont principalement
certains piézomètres au niveau de la nappe du Saïss, issues de trois types (Puits, Forages, Puits-Forages).
de l’ABHS.
Figure 5: Évolution de la réalisation des points d’eau à la plaine du Saïss (ABHS, 2014)
Rev. Mar. Sci. Agron. Vét. (2017) 5 (1) 64-75 69
On note une prédominance des puits et un nombre important l’objet de l’enquête effectuée en 2014. En analysant les
de forages et de puits-forages. Les puits sont localisés sur données relatives aux points d’eau à vocation agricole se
des formations du quaternaires, principalement sur les trouvant dans cette zone, on constate une tendance nette
calcaires lacustres du Plio-villafranchien. Quand aux au surcreusement par sondage et à l’approfondissement
forages et puits-forages, ils se retrouvent plutôt vers le des puits. Cette tendance s’est particulièrement accentuée
sud de la Nappe du Saïss. à partir de 1998 et surtout durant les années de sécheresse
telles que 2001/2002 (Figure 6). Cette tendance au
Pour illustrer l’évolution des types des dispositifs de
surcreusement n’est que la conséquence directe de la
prélèvement à partir des eaux souterraines du Saïss, nous
baisse du niveau d’eau de la nappe et l’assèchement des
avons pris l’exemple des 3 communes de la province d’El
ouvrages de captage (El Kinani et Ben Hammadi, 2014).
Hajeb (à la limite Sud de la plaine du Saïss), qui ont fait
Figure 6: Évolution du nombre de dispositifs de pompage au niveau de 3 communes rurales d’El Hajeb
«Ait Naamane, Ait Bourzouine et Ait Harzallah» (El Kinani et Ben Hammadi, 2014)
Figure 8: Répartition des dispositifs de prélèvements en fonction des classes de profondeurs (El Kinani et Ben Hammadi, 2014)
Rev. Mar. Sci. Agron. Vét. (2017) 5 (1) 64-75 71
N°290/22 depuis 1980 jusqu’à 2008 dépassant les 90 m thermique. En effet, les moteurs à Gaz Butane sont les
en dessous du sol (90 m en 30 ans). De 2008 jusqu’à 2014, plus courants (80,6 %), alors que ceux au Gasoil ne sont
le niveau a pu se stabiliser grâce à la recharge de la nappe présents que chez 6,7% des agriculteurs enquêtés (El
due aux apports d’eau enregistrés ces dernières années. Kinani et Ben Hammadi, 2014).
Quand au type de pompes, l’inventaire de 2004 a fait
Équipement de pompage et énergie ressortir qu’il y a trois types de pompes utilisées dans la
plaine du Saïss, qui sont les pompes à axe vertical (71 %),
En se basant sur les études antérieures, notamment
suivies des pompes immergées (27 %) et des pompes à
l’étude d’inventaire des redevables d’eau d’irrigation et
axe horizontal (3 %), à l’exception de la province de My
d’alimentation en eau potable et industrielle et à partir des
Yaâkoub où le type à axe verticale l’emporte largement sur
nappes de la plaine de Fès-Meknès établie par l’ABHS
les autre types de pompes. Cependant, l’enquête de 2014
ainsi que les résultats de l’enquête établie en 2014 dans 3
a révélé que pour le 3 communes d’El Hajeb, on utilise
communes de la province d’El Hajeb, on s’aperçoit que
deux types de pompes (El Kinani et Ben Hammadi, 2014):
l’énergie dominante utilisée pour le pompage est l’énergie
l les Pompes à axe vertical qui représente 87,3% des pompes l les sources d’origine mixte (Lias et Plio-Quaternaire):
inventoriées et sont utilisées dans des zones où les niveaux A. Ben Kazza, Amellal, Ghara, Smène, Ras El Ma, etc;
de la nappe sont profonds ou par des agriculteurs qui ne
l les sources d’émergence de la nappe phréatique, situées
disposent pas des moyens financiers suffisants pour équiper
généralement en bordure des oueds peu encaissés (oued
leurs ouvrages de captage par des pompes immergées.
Ouislan, Jdidah et Madhouma, EL Kell, N’ja, etc).
l les Pompes immergées représentant 12,7% des pompes.
Les campagnes de Février-Mars et de septembre 1984
Ces pompes équipent essentiellement les ouvrages dans
menées par l’ABHS, ont concerné 60 sources, groupes
des zones de moyenne bathymétrie ou dans les ouvrages de
de sources et oueds. Le total des débits mesurés variait
haute profondeur qui existent dans des exploitations à grande
respectivement entre environ 10,2 et 11,0 m3/s. En Mars-
capacité financière notamment des nouveaux investisseurs
Avril 2005, l’ABH du Sebou a mené une campagne de
dans la zone et qui font généralement de l’arboriculture.
jaugeage qui a concerné 49 sources, totalisant un débit
d’environ 1500 l/s (environ 47 Mm3/an) (ABHS, 2006).
Évolution des sources Le débit total du drainage naturel des aquifères (oueds
et sources) du bassin s’élève à environ 2,3 m3/s (environ
Les sources et les oueds dans la plaine du Saïss constituent
72 Mm3/an), ce qui représente une baisse d’environ 80
deux systèmes hydrauliques extrêmement liés. Tous les
% par rapport à la situation de 1984. Cette baisse est
oueds, à leur passage dans le bassin, drainent les deux
la conséquence directe des déficits pluviométriques
nappes (phréatique et profonde) à travers des résurgences
accumulés dans le bassin (notamment depuis le début
des eaux souterraines ou de sources.
1980) et de l’augmentation des prélèvements (agricoles
Le bassin de Fès-Meknès est drainé par une multitude et d’AEP) dans les nappes constituant le bassin de Fès-
de sources (Figure 10), caractérisées par (ABHS, 2006): Meknès. Par conséquent, le déficit d’écoulement dans
les oueds est un résultat direct de la chute du débit des
l la variabilité de leurs débits (quelques l/s à plus d’un m3/s);
sources.
l leur origine qui peut être la nappe phréatique, profonde
Depuis la rupture du régime pluviométrique d’équilibre
ou un mix;
à partir des années 80, toutes les sources du bassin ont
l leur température. accusé une baisse de débit allant de quelques dizaines de
On distingue ainsi plusieurs types de sources (Essahlaoui, pour cent à cent pour cent. Il fallait attendre les années
et al., 2001): humides à partir de 2008, particulièrement les années
hydrologiques 2008/2009 et 2009/2010 pour voir la
l les sources issues essentiellement des calcaires liasiques: tendance de l’évolution des débits des sources au niveau
A. Chkeff, A. Bourkaiz, les sources thermo-minérales: A. de la plaine du Saïss se redresser. La figure 11 montre
Skhounate (38 °C), A. Sidi Harazem (30 à 33 °C) et A. que pour les quatre sources prises comme exemples (IRE
Moulay Yacoub (54 °C);
n° 853/22, 107/22, 2997/15 et 889/15), il y a un effet de Certes, la diminution des débits des sources du piémont est
régression suivie par une rehausse des débits de source. en grande partie due à celle des apports pluviométriques
En effet, la pluviométrie importante qu’a connue la plaine dans le Causse. Par contre dans la plaine, c’est la sur-
ces dernières années a eu un impact très positif sur le débit exploitation des ressources qui est la principale cause des
de la majorité des sources. baisses de débits et des niveaux piézométriques.
Figure 11: Évolution du débit moyen annuel de 4 Sources du bassin du Saïss (l/s)
74 Laraichi et al.: Intégration des données spatio-temporelles dans la gestion de la nappe de Saïss ?
DISCUSSION CONCLUSION
Le présent travail vient compléter une série d’études et
Intégration des données: difficultés et limitations de recherches réalisées dans le Saïss ayant pour objectif
d’améliorer les connaissances en matière de la maîtrise et
L’intégration des données spatio-temporelles dans un
de gestion des ressources en eau souterraine. Une prise de
entrepôt de données s’avère certes une solution très
décision ne pourrait avoir lieu que si elle se base sur une
efficace pour l’élaboration d’un système d’aide à la
information sure et fiable. Nous avons essayé de prouver
décision. Néanmoins, outre la disponibilité d’une donnée
par ce travail l’importance d’une approche nouvellement
complète, nous avons rencontré une série de difficultés
apparue dans le domaine de la gestion des ressources en
lors du processus d’intégration des données relatives à
eau, et particulièrement souterraines, qui est l’intégration
la nappe du Saïss, particulièrement l’hétérogénéité et la
de données spatio-temporelles dans un entrepôt de données.
distribution des données.
En dépit de ses vertus, cette approche reste tributaire de la
En effet, pour ce travail, l’hétérogénéité est de 3 types: fiabilité des données elles même et limitée par l’incertitude
touchée dans les différentes étapes du processus.
l Syntaxique: La donnée est sous différents formats.
L’exploitation de ces données traitées et organisées nous
Exemple: l’information sur un point d’eau est trouvée sous
a permis de dresser l’état des lieux des ressources en eau
format shapefile, raster, tableur, …etc.
souterraines du Saïss et de comprendre leur évolution à
l Schématique où sémantique: les données sont stockées travers la production de cartes et de graphiques.
dans différentes bases de données avec des schémas
La multiplication des points d’eau dans un temps record,
différents d’organisation de données. Exemple: les
leurs approfondissements et leurs équipements continu
inventaires des points d’eau ont été faites pour différentes
par des systèmes de pompages de plus en plus puissants
zones dans la plaine du Saïss à différentes dates et leurs
viennent affirmer la surexploitation de la nappe de Saïss
données ont été stockées et organisées dans différents
et confirmer qu’on est dans une situation de course
systèmes de base de données.
au pompage. En effet, l’analyse de l’historique de la
l Sémantique: une donnée est identifiée différemment. piézométrie, de la profondeur des points d’eau et le débit
Exemple: une source d’eau peut avoir un nom comme elle des sources au niveau de la nappe du Saïss montrent que
peut avoir un identifiant de ressource en eau (N° IRE). les conditions climatiques sévères qu’a connu la plaine du
Mis à part les difficultés relatives à l’hétérogénéité et Saïss et les prélèvements excessifs des ressources en eau
la distribution des données, une question se pose sur la souterraines pour subvenir aux besoins en eau croissants
fiabilité des données et par conséquence la pertinence des de la région, ont influencé négativement la réserve du
données. Les incertitudes sur les données se manifestent système aquifère du Saïss. Cette tendance à la baisse
dans notre cas sous plusieurs formats: a connu un léger redressement avec les apports en eau
enregistrés depuis 2008.
l Incertitude sur la source des données et sur les données
elles même. L’impact des prélèvements via des points d’eau touchant
les 2 nappes superposées, est plus grave sur la nappe
l Incertitude sur chacune des étapes du processus profonde que sur la nappe phréatique. Ceci confirme
d’intégration des données, à savoir l’extraction, l’analyse l’existence de canaux de communications entre les
et la transformation, et le chargement des données dans 2 nappes. Cependant, les efforts déployés jusqu’à
un entrepôt de données. maintenant pour la compréhension du fonctionnement de
ce système complexe, restent limités et méritent d’être
Nappe phréatique et nappe profonde: quelles interactions ? approfondis davantage.