Cours Rédigé-2 PDF
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élémentaire
Les essentiels : Didactique du français
Aurélie Romet
- L’oral à l’école élémentaire
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III.5 L’oral pour apprendre : justifier avec les dilemmes moraux ...................................................... 15
I. LE CADRE
I .1 La place et les enjeux de l’oral
C’est à l’école et de façon quasi exclusive, que l’on apprend les rouages de l’écrit. Cette mission très
forte de l’école, a parfois fait oublier l’idée que le monde scolaire pouvait également avoir comme objectif
l’enseignement de l’oral. Pourtant, l’oral est devenu très présent dans le parcours scolaire de l’élève et
car fondamental dans la vie du citoyen.
o La réforme du Bac propose désormais une nouvelle épreuve à gros coefficient : « Le Grand
Oral ». Elle a été conçue pour permettre à l’élève de montrer sa capacité à prendre la parole
en public de façon claire et convaincante.
o De nombreux dispositifs nationaux, très médiatisés, fleurissent pour engager les enfants dans
la pratique de l’oral (« Le concours d’éloquence », « Les petits champions de la lecture »)
o L’oral reste l’épreuve qui détermine la réussite à tous les concours des grandes écoles ou de
la fonctions publiques.
o Le langage est le premier domaine du Socle commun. On parle « des langages » pour
penser et communiquer. Il s’agit de « comprendre, s’exprimer en utilisant la langue française
à l’oral et à l’écrit.
o Comme en maternelle, l’oral est au cœur de toutes les disciplines. C’est un outil, c’est-à-dire
un moyen pour apprendre dans tous les domaines scolaires. Il aide à construire et diffuser
des savoirs. C’est en parlant que l’enfant prend conscience de ses connaissances, les
hiérarchise, les partage avec les autres, les confronte, les construit. Le langage oral est donc
vecteur d’apprentissages.
o Il est également un objet d’apprentissage c’est-à-dire qu’on considère désormais qu’il doit
s’enseigner car il peut s’améliorer. Il met en œuvre des conduites langagières plus ou moins
complexes qui se construisent et s’entrainent. Décrire une image, expliquer une expérience,
faire un exposé convoquent des habiletés spécifiques, une syntaxe particulière et un lexique
spécialisé. Pour cela, des progressions sont fixées, des objectifs sont visés. Ces derniers
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sont intégrés dans des séances, elles-mêmes organisées en séquences qui font l’objet
d’évaluations. Comme à la maternelle, c’est donc un enseignement dit « structuré ». Il s’agit
de continuer à construire les conditions favorables pour que tout élève, quel que soit son
niveau de langage et d’expression, ose s’aventurer dans les échanges…
Les enjeux de l’enseignement de l’oral à l’école élémentaire se placent dans la continuité de l’école
maternelle.
o Lutter contre les inégalités. A l’entrée au CP, les enfants n’ont pas le même niveau langagier,
ni le même bagage lexical. Leur rapport à la langue est très différent parfois très éloigné du
monde scolaire. Il est important d’en tenir compte. L’objectif de l’école est avant tout de mettre
en place de situations permettant de construire un bagage langagier commun.
o Favoriser la réussite au collège. L’école doit construire les savoirs, savoir-faire langagiers
indispensables à l’entrée en 6eme. Pour cela, les repères de progressivité et les attendus de
fin de cycle sont des indicateurs incontournables. Au concours, il est fort apprécié de voir qu’un
candidat projette ses élèves dans son parcours d’apprentissage et fait le lien avec le collège…
o Favoriser le climat scolaire : mettre des mots précis sur des émotions ou des besoins permet
souvent de tenir à distance la violence.
o S’insérer dans le monde professionnel : Les entretiens d’embauche placent l’oral comme
critère fondamental de sélection. Sa maîtrise est, dès lors, indispensable.
o S’insérer dans les débats sociaux : mener un débat, prendre position, argumenter, justifier ne
sont pas des compétences innées. Cela s’apprend. Ces conduites répondent à des
caractéristiques précises, elles mobilisent un lexique spécifique, une posture spéciale. Le cycle
2, puis le cycle 3 en posent les fondations.
o Devenir un citoyen actif : Permettre à n’importe quel futur citoyen de pouvoir participer à la vie
citoyenne. La maitrise du langage oral permet de trouver sa place dans un collectif.
Ainsi, la nécessité de l’enseignement de l’oral semble faire l’unanimité. Pourtant, lorsqu’on interroge les
enseignants, c’est la discipline pour laquelle ils se sentent le plus en insécurité professionnelle.
Enseigner l’oral à la maternelle semble une évidence mais, à l’école élémentaire, sa mise en œuvre
paraît, pour beaucoup, plus difficile.
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• Prise en compte de l’hétérogénéité langagières des élèves. Les élèves n’ont pas tous le même
bagage langagier et la difficulté réside dans la nécessité de construire un bagage commun.
• Maîtrise des gestes professionnels (guidage, étayage). Les activités d’oral sont coûteuses en
énergie. Elles demandent une maitrise certaine de gestes professionnels, de guidage, de pilotage
et de recentrage.
• Avoir une bonne maîtrise du fonctionnement du code oral très différent du code écrit.
• La pratique de l’oral est transversale : c’est un objet d’étude multidimensionnel. Il met en jeu
différents éléments qui sont présents de façon simultanée. Il est donc très complexe d’isoler des
éléments d’enseignement à travailler. Peut-on travailler en même temps lors d’un débat, le
lexique spécifique, la syntaxe, l’argumentation, la diction, la posture ?
• La diversité des situations orales : faire un exposé, réciter une poésie, lire un texte à voix
haute, participer à un débat, faire un compte-rendu d’expérience s’inscrivent dans le domaine
de l’oral. Les situations sont multiples !
• Les activités d’oral sont coûteuses en temps : C’est le premier frein évoqué par les
enseignants. Pour être efficace, il faudrait que chacun puisse exercer sa prise de parole
régulièrement. D’où la nécessité de ritualiser, répéter, consolider… Ce sont des activités très
chronophages qui doivent être minutieusement cadrées. Une séance d’oral trop longue est une
séance qui s’éloigne de l’objectif initial.
• L’oral ne laisse pas de trace. Il est bien difficile de revenir sur une prestation si elle n‘a pas été
enregistrée ou filmée.
• L’oral est difficile à analyser car il est volatile et les indicateurs de maîtrise de cet oral ne sont
pas clairement définis. L’écrit et l’oral sont très différents. Même s’il s’agit de la même langue,
c’est comme s’il existait 2 grammaires. Or, contrairement à l’écrit où la grammaire est clairement
identifiée, celle de l’oral reste mal maîtrisée. Il n’existe pas de grammaire de l‘oral…
• L’oral implique l’individu. L’oral rend public les différences entre élèves. C’est un marqueur
social fort. Le locuteur s’expose personnellement au regard et jugement d’autrui d’où le
sentiment d’insécurité que partagent de nombreux élèves. Beaucoup d’enfants (et d’adultes...)
ont des réticences à prendre la parole en public. La perte des moyens ou même le mutisme
sont les conséquences fréquentes des prises de parole mal maîtrisées. L’importance des
gestes professionnels de l’enseignant pour ne pas mettre en insécurité ses élèves est
fondamentale (stimulation, encouragement, valorisation…)
• L’acte de dire est un processus très complexe. Trois opérations cognitives s’opèrent presque
simultanément
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Lorsqu’on prononce un mot, on est également en train de penser à ce que l’on va dire ensuite. Il y a
une sorte de décalage entre le moment de l’émission de la parole et la conception de la parole. Ce
décalage est très faible mais explique que l’acte de parole soit si difficile. De plus, quand le locuteur
parle, il s’écoute. Il opère régulièrement des rectifications (système d’autocontrôle et de régulation)
nécessaires à la compréhension de l’auditoire. (Ces rectifications sont souvent audibles au travers des
hésitations, des répétitions). Ce sont des traits spécifiques d’oralité. Le locuteur met donc en œuvre un
processus cognitif très complexe.
• Passer d’un oral pratique à un oral scriptural. Il s’agit d’utiliser le lexique et la syntaxe adaptés
à la situation et donc d’entrer dans le lexique scolaire. Être attentif à la précision des termes et/ou
à l’emploi approprié selon la discipline. Les mots « milieu », « sommet » n’ont pas le même statut
dans le langage courant, en géométrie, en sciences ou en géographie.
• C’est dans le langage que se construit la pensée : La parole est le vecteur et le support de la
pensée. C’est lorsqu’un individu tente de mettre en mots sa pensée que cette dernière va se
construire.
Ces deux conceptions induisent 2 types de comportements en classe. Dans la première conception,
l’enseignant aura tendance à demander à l’élève de penser d’abord les choses, puis de s’exprimer
ensuite. Dans la seconde, l’enseignant incitera l’élève à s’exprimer, à tenter, oser pour permettre à l’idée
de se construire.
A l’heure actuelle, c’est sur la base de la seconde conception que les conceptions didactiques et
pédagogiques se construisent.
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Ce tableau permet d’avoir une vision claire des compétences travaillées du cycle 1 au cycle 4. La
recherche de continuité est une constante dans les programmes. Chaque cycle apporte sa pierre à
l’édifice et construit les compétences sur lesquelles le cycle suivant va pouvoir s’appuyer.
Parfois, les nuances sont difficiles à percevoir. Exemple : « Adopter une distance critique » au cycle
2 et « adopter une attitude critique » par rapport au langage produit au cycle 3.
Au cycle 2, il s’agit d’être capable de comprendre qu’un discours produit peut s’écarter de la norme
ou n’est pas en adéquation avec les caractéristiques attendues. Les élèves commencent à
percevoir, à partir de leurs premiers essais, en écoutant les autres qu’il existe un oral « formel ».
On pourrait dire « autrement », « On pourrait dire mieux ».
Au cycle 3, il s’agit d’adopter une vigilance plus automatisée autour des discours produits et des
écarts éventuels. « On ne dit pas comme ça car… mais plutôt comme cela ». Les élèves ont
conscience de ces écarts, les repèrent et tentent de façon plus précise de les expliquer. Ils s’aident
de critères et d’observables construits collectivement.
Ces compétences travaillées mettent en avant 4 grands pôles qui rejoignent ceux de la maternelle.
• Écouter pour mieux comprendre : C’est mettre l’accent sur le pôle réceptif de l’oral et sur la
dimension cognitive qui en découle (la compréhension du lexique, de l’enchainement mental
des informations, la mise en mémoire de ces dernières, la mise en liens…)
• Dire pour être compris : c’est mettre l’accent sur le pôle production de l’oral donc du discours.
Cette compétence se travaille dans de nombreuses situations (Exposés, compte-rendu
d’expériences, mise en voix de textes divers, présentation des travaux de groupes et cela,
dans toutes les disciplines)
• Participer à des échanges : c’est mettre l’accent sur les interactions. Il s’agit d’abord
d’envisager la dimension communicationnelle et donc le respect des règles conventionnelles
de la conversation (attendre son tour, répondre, questionner, rester dans le propos, prendre
en compte les autres…). Les interactions étant des leviers fondamentaux à l’apprentissage, on
sait l’importance de les provoquer pour permettre la construction et l’avancée des savoirs. Cela
peut également être des échanges préparés et donc plus formels (interview fictive préparée au
cycle 3, débat préparée avec répartition des rôles…)
• Avoir un regard critique sur le langage produit : c’est mettre l’accent sur l’aspect réflexif.
C’est la grande nouveauté des programmes 2015 : la volonté de faire adopter aux élèves une
distance critique par rapport à l’oral fourni notamment par un retour sur les productions
(enregistrements). Il s’agit d’offrir à l’élève et de façon explicite, les moyens d’analyser le
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• Le verbal : Il porte sur le contenu de la prise de parole. Cela peut être le choix du thème mais
aussi l’adaptation du discours au type d’oral produit. On ne met pas en jeu les mêmes
compétences langagières dans un exposé, un débat ou dans une interview. Le choix des mots
est spécifique, l’organisation de la prise de parole est particulière pour chaque type d’oral. Des
séances spécifiques seront alors construites pour apprendre la mobilisation du bon lexique,
l’utilisation de la syntaxe et les caractéristiques des différents oraux scolaires travaillés.
L’objectif de l’école donc de permettre aux élèves d’améliorer ces 3 composantes en créant des
situations variées et utilisant des supports propices aux prises de paroles.
• L’Oral spontané : Ce sont tous les échanges que l’on peut rencontrer en classe : les réponses aux
sollicitations de l’enseignant, la résolution d’un conflit, les émissions d’avis personnels lors d’un
débat ou d’un échange de points de vue…
• La mise en voix d’un texte : L’élève oralise un texte qu’il n’a pas écrit. Cela peut être un morceau
de pièce de théâtre, une lecture à voix haute, une récitation. Longtemps, cette forme d’oral n’a
existé que pour évaluer des prestations. On vérifiait par la lecture à voix haute ou l’oralisation d’un
poème que l’élève savait lire ou connaissait sa poésie. Or, cet exercice ne peut plus être réduit à
un simple objet d’évaluation. Il se doit d’être un objet d’apprentissage car l’exercice est difficile
(Apprendre à écouter, à comprendre un texte poétique, à apprécier ou non, à interpréter, à
mémoriser, à provoquer des émotions sur autrui…).
Lire à voix haute c’est mobiliser 2 conduites cognitives complexes et simultanées (la verbalisation
et la lecture). Or, la verbalisation du texte est toujours en décalage avec la lecture. Quand on oralise
une phrase, nos yeux sont déjà posés sur la fin de celle-ci. Il faut mettre en mémoire ce qu’on est
en train de lire et comprendre ce qu’on est en train de dire.
• Oral préparé ou contrôlé : Ce sont les oraux qui concernent les exposés, les enquêtes, les
compte-rendu. Là encore, cette forme d’oral très particulière répond à des caractéristiques
spécifiques et nécessite un apprentissage structuré.
• Approche communicationnelle : L’oral pour se faire comprendre, pour écouter les autres.
• Approche discursive : L’oral pour apprendre. Il est le tuteur et accompagne les apprentissages.
L’élève a besoin de s’exprimer pour penser, pour ancrer son savoir, pour accompagner sa réflexion.
Cet oral s’opère dans toutes les disciplines (Par exemple, en orthographe, on met en mots le
classement et l’analyse des erreurs et on apprend ainsi la justification). L’oral est travaillé.
• Approche intégrée : L’oral à apprendre (exposé, le débat, la mise en voix…). Il fait l’objet d’un
apprentissage, il est enseigné. Ces formes d’oral ou « genres oraux » appellent des exigences
particulières et nécessitent la construction d’un répertoire de stratégies spécifiques. Il faut
apprendre à l’élève à adapter son discours en fonction du contexte de production, utiliser le bon
lexique et l’aider à mettre en place les conduites discursives les plus adaptées. Pour cela, un
enseignement explicite est nécessaire. Il faut rendre conscient l’élève de ce qu’il apprend, pourquoi
il le fait, la façon dont il construit ses compétences.
Les conduites discursives : Ce sont les façons d’adapter le discours en fonction de la situation d’oral.
L’élève doit savoir pourquoi il parle et comment adapter son discours. Il parle pour :
• Décrire : (discours descriptif) produire un discours dont les éléments ne sont pas arrangés selon
un ordre causal cependant hiérarchisés.
• Expliquer, informer, exposer : faire comprendre quelque chose à quelqu’un montrer les liens de
cause à effet qui relient les faits entre eux. Les questions « Pourquoi ?» « Comment ?» sont les
points d’amorce à une explication. On explique des faits.
• Prescrire : (discours injonctif) Le but est de faire exécuter une tâche. La logique du propos est
conditionnée par la succession des actions à accomplir.
• Argumenter : (discours argumentatif) Le but est de remplacer chez son interlocuteur une
croyance ou une idée par une autre croyance ou idée.
• Un étayage fort puis plus ponctuel : « Un soutien et un guidage très fort est conduit au CP. Ce
guidage devra décroître sans jamais faire défaut à ceux qui en ont besoin » Eduscol
• Une pédagogie explicite de l’oral : Eduscol invite les enseignants à rendre leur pédagogie de
l’oral explicite. Annoncer l’objectif, situer le discours dans la forme d’oral travaillée, réactiver les
caractéristiques de cet oral et les façons de procéder, les outils construits et surtout les critères
d’évaluation sur lesquels les élèves seront observés. L’enseignant doit rendre conscient les
élèves des performances langagières qu’ils sont en train de réaliser (apprentissage explicite)
• Des thèmes familiers puis plus éloignés : « Les sujets abordés sont proches du vécu des
élèves au CP et se placent dans la continuité de ceux la maternelle ». Par exemple, on peut
envisager de partir d’un fait de classe en CP (un vol de carte « Pokémon, une moquerie …) et
s’engager sur des thèmes plus larges avec des entrées adaptées (comparer « Ali Baba et les
40 voleurs » et Robin des bois, prince des voleurs »)…
• Utiliser la littérature de jeunesse : On peut exploiter des albums comme « Le vilain petit
canard » ou « Jean de la Lune » de T. Ungerer pour travailler sur la différence. « Les thèmes
s’éloignent peu progressivement de l’expérience proche tout en restant dans le registre de la
culture partagée ». On peut prolonger en travaillant sur les stéréotypes puis la différence
garçon/fille en lien avec l’EMC.
o Un espace regroupement pour les prises de parole en collectif. De plus en plus, on voit
apparaitre en élémentaire des espaces de regroupement comme en maternelle avec
des bancs. Ces aménagements sont très propices aux prises de parole, aux échanges
et donc à l’écoute.
o Des îlots de tables permettant de favoriser les échanges oraux entre élèves. Attention
lors de votre exposé à justifier le mode de groupement choisi (pour favoriser les
échanges, pour permettre la participation de tous…)
o Du matériel qui stimule ou régule les échanges : bâton de parole, micro de parole, élève
gardien du temps, élève distributeur de parole (permet de responsabiliser la régulation
des échanges).
• Des articulations avec l’écrit de plus en plus marquées : Plus l’élève avance dans les
cycles, plus la place de l’écrit est forte (aide à la verbalisation, support de langage au CP/CE1).
L’élève va peu à peu s’approprier l’écrit pour en faire un outil d’aide personnel (Prise de notes
pour préparer la prise de parole, listes de mots ou phrase pour servir d’appui lors des
prestations…)
• Des exigences de plus en plus fortes dans les pratiques discursives : « Les attentes de
l’enseignant sont progressivement plus exigeantes (précision du lexique, structuration du
propos) et peuvent/doivent s’appuyer sur l’écrit à partir du moment où les élèves ont acquis une
certaine aisance avec la lecture et la production d’écrits ».
• Des traces des prestations : enregistrement, vidéos sont des outils nécessaires pour
permettre un retour et une analyse des prestations. Ce sont des aides à l’évaluation et à la prise
en compte des progrès.
« Faire de la parole une occasion de débattre et de mettre en avant le bien commun, cela s’apprend. »
Philippe Meirieu
Le débat est un exemple intéressant d’oral à apprendre. Il permet l’exercice de compétences citoyennes
(Il n’y a pas de démocratie sans débat) et langagières. C’est un oral spécifique appelé oral réflexif car
l’esprit critique l’élève s’exerce. Il existe sous 3 formes :
• Le débats d’idées : on dit aussi débat réglé. Il sert à exprimer son point de vue dans le cadre
d’un échange régi par des règles. Il vise à faire en sorte que l’élève se questionne, voire remette
en cause ses jugements initiaux. La question doit susciter la controverse. Cela peut être des
débats philosophiques, littéraires, artistiques. Il s’agit de confronter les interprétations,
apprendre à être confrontés à d’autres points de vue, apprendre à écouter les autres,
argumenter et convaincre Exemple : qu’est-ce que l’amitié ? La liberté est-ce pouvoir tout faire ?
Il s’insère dans une séquence. (Formaliser les règles de fonctionnement, investir un rôle, moyen
langagier pour formuler son point de vue, lexique spécialisé…)
• Les controverses scientifiques : le débat est au service des apprentissages dans les
disciplines. Il s’agit d’échanger de points de vue, formuler des hypothèses, écouter et respecter
l’autre, se construire une vision scientifique du monde… Exemple : Où va l’eau des flaques ?
Qu’y a-t-il à l’intérieur d’une graine ?
• Le conseil de vie de classe : permet une initiation à la vie démocratique (régler des conflits,
voter des décisions…)
Les entrées pour initier le débat : Elles sont multiples : un fait de classe ou d’actualité, des affiches, des
albums, des fables, des poèmes, des chansons, des capsules-vidéo comme « Les fondamentaux » de
Canopé en EMC…
Les modalités d’organisation Elles sont variées : La priorité est de donner la parole à tout le monde et
cela de façon régulière. Il est donc intéressant de répartir les rôles (maître du temps, maître du langage,
débatteurs.) mais aussi les opinions. Des élèves « pour », des élèves « contre », des élèves « plutôt
d’accord » ou « fermement opposés ». Pour rendre l’apprentissage efficace, il est nécessaire que l’élève
soit conscient du point de vue qu’il doit défendre et surtout de lui donner un nombre d’arguments à
proposer (2 ou 3).
Le démarche d’enseignement :
Attention en amont, il est important que les élèves aient pu consulter des documents écrits ou oraux
pour collecter des informations et des arguments. Cela peut faire l’objet d’une question au concours (=
Proposer une séance en amont d’un débat…)
Pour aller plus loin : Eduscol, « le débat » : Regarder les 3 vidéos dans la partie « Exemple de séance »
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/S_exprimer_a_l_oral/40/7/4-
RA16_C3_FRA_1_s_exprimer_le_debat_599407.pdf
Il est bien loin le temps où évaluer l’oral consistait simplement à dire que l’élève « participe », ou « ne
participe pas ». Par son nouveau statut et sa place dans les programmes, il devient nécessaire de
penser l’évaluation et de définir des outils. Pourtant, tout le monde s’accorde à dire que l’évaluation de
l’oral est extrêmement complexe. Cette évaluation se fait toujours à chaud.
L’évaluation au service des apprentissages : Elle a lieu en amont et/ou pendant les séances d’oral. Elle
sert à identifier des besoins langagiers, permettre la mise en place de réajustements, provoquer la
création d’outils d’aide et donc à optimiser l’apprentissage (évaluation diagnostique/ formative).
L’évaluation de l’apprentissage : Elle permet rendre compte de l’apprentissage et des acquis après un
certain temps d’entrainement (évaluation sommative).
Évaluer c’est donner de la valeur. Par conséquent, il est important d’évaluer les progrès des élèves
dans tous les domaines de l’oral. Il convient d’évaluer :
• Rendre compte aux élèves des progrès effectués et des progrès à faire.
• Construire ses propres outils d’évaluation. Attention aux manuels qui proposent parfois
beaucoup d’items rarement compatibles avec une évaluation ciblée et efficace.
• Évaluer ce qui a été enseigné et explicitement expliqué. Ces critères d’évaluation doivent
absolument avoir fait l’objet d’un enseignement au préalable pour permettre une
évaluation cohérente.
• Ne pas lister trop de critères de réussite.
• Impliquer les élèves dans le processus d’évaluation. Ces grilles d’évaluation seront plus
efficaces si elles sont co-construites.
• Accumuler les exigences langagières (de façon progressive). Ces outils pourront être évolutifs
permettant une progression des exigences.
• Proposer des temps d’évaluation en petits groupes : l’APC est un dispositif intéressant pour
écouter des enregistrements et exercer son attitude critique.
V. QUELS PROLONGEMENTS ?
V.1 Exemple de prolongement : le jogging oral
C’est un dispositif qui s’inscrit sur le même principe que le jogging d’écriture. Il permet une pratique
ritualisée de l’oral et par conséquent un entrainement régulier des différentes conduites discursives.
L’enseignant va donc proposer régulièrement une tâche langagière (raconter, expliquer, décrire…).
Eduscol nous propose un dispositif intéressant pour développer les compétences communicationnelles
des élèves. Il est intéressant de le connaitre afin de pouvoir proposer des situations de prolongement
dans des domaines d’enseignement différents.
Un enfant (l’émetteur) dispose d’un dessin géométrique sur une feuille A4.
Un autre élève qui ne peut voir l’émetteur va devoir reconstituer la silhouette de référence à l’aide des
indications de son camarade. L’enjeu est d’adapter la conduite discursive afin de communiquer de façon
précise. Des spectateurs observent et notent les difficultés de compréhension éventuelles.
L’émetteur a besoin d’ordonner son discours, d’organiser les connecteurs temporels et spatiaux et de
mobiliser le vocabulaire géométrique à bon escient. La validation se fait par la comparaison des 2
productions. Des critères de réussite sont construits afin de permettre l’amélioration des compétences
de l’émetteur dans une situation similaire ultérieure. Ce type d’exercice, aux enjeux communicationnels
forts, peut se faire en également sciences (réalisation à l’aveugle d’un objet technique).