ESAM – BACHELOR DROIT ET SCIENCES POLITIQUES

B1 – Cours D’INsTITuTIoNs JuDICIAIrEs

Enseignant: Jean-Dominique Voisin

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 Plan du cours
I. Les juridictions judiciaires
Les juridictions de premier degré
Les juridictions de recours

II. Les juges judiciaires

L’origine des juges judiciaires
Le statut des juges judiciaires

III. Le fonctionnement de la justice judiciaire

Les collaborateurs du service public de la justice
Les principes fondamentaux du procès judiciaire

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I. LES JURIDICTIONS JUDICIAIRES

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I.A Les juridictions judiciaires de premier degré
Compétence = devant quelle juridiction de premier degré faut-il porter le
litige ?

Compétence matérielle ou d’attribution = le critère permettant de répartir

les litiges est celui de la matière litigieuse, çàd du domaine juridique dans
lequel se situe le litige (= branche du droit qui s’applique au litige).

Compétence territoriale = le critère permettant de répartir les litiges est

celui de la localisation géographique de la juridiction matériellement
compétente pour en connaître.

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I.A Les juridictions judiciaires de premier degré
Distinction fondamentale entre les juridictions judiciaires:
• Juridictions spécialisées dans divers domaines (juridictions dites « d’exception »)
• Juridiction civile (juridiction dite « de droit commun »)
• Juridictions pénales (à part)

Source des règles de compétence = le code de l’organisation judiciaire + un

code spécialisé en fonction de la juridiction
• Le COJ est composé d’une partie législative et complété par une partie
réglementaire. Donc la constitution des juridictions judiciaires relève aussi bien du
pouvoir législatif que du pouvoir exécutif. La loi pose les grandes lignes directrices,
des décrets et arrêtés entrent dans les détails techniques.
• Tout ceci est complété par le code spécifique à chaque juridiction (par ex., code de
procédure civile pour les juridictions civiles, code de commerce pour le tribunal de
commerce, code de procédure pénale pour les juridictions pénales, etc.).

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 Les juridictions d’exception
1° Le tribunal de commerce
• Origine
• Composition et statut
• Compétence matérielle

2° Le conseil de prud’hommes
• Origine
• Composition et statut
• Compétence matérielle

3° Le tribunal paritaire des baux ruraux

• Origine
• Composition et statut
• Compétence matérielle

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 Les juridictions d’exception: le tribunal de commerce

• Origine:
 Déjà sous la royauté, justice autonome des marchands dans les villes où se
tenaient des foires. Application de la lex mercatoria par des « tribunaux
consulaires ».
 Maintien réclamé et obtenu à la Révolution. Mais aujourd’hui, il n’y a plus
que 134 tribunaux de commerce en France pour environ 3000 juges
consulaires. Lorsqu’un ressort territorial ne comporte pas de T. com., les
litiges commerciaux sont jugés par le juge civil de droit commun.

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 Les juridictions d’exception: le tribunal de commerce
• Composition:
 Pas de magistrats: les juges sont des professionnels des affaires, des commerçants
élus par d’autres commerçants. Avantage = confiance des justiciables: ils sont jugés
par leurs pairs.
 Elections à double degré: un collège de commerçants (composé des membres élus
des CCI et CMA) élit les commerçants du ressort qui seront juges consulaires.
Expérience requise pour être élu juge consulaire = 5 ans + pas de faillite ; âge
minimal = 30 ans; nationalité française obligatoire. Une fois élus, les juges du tribunal
choisissent en leur sein le président de la juridiction (il doit avoir été juge pendant au
moins 6 ans).
 Premier mandat = 2 ans, puis mandats successifs de 4 ans dans la limite totale de 5
mandats consécutifs + limite d’âge à 75 ans (le mandat prend fin l’année des 75 ans).
La faillite met fin au mandat.
 Mission bénévole mais : pas de droit de grève ; obligation de prêter serment
d’exercer les fonctions avec loyauté et dignité ; obligation de réserve; obligation de
déclarer des conflits d’intérêts ; soumission à une commission nationale de
discipline. Obligation de formation initiale (8 jours à l’ENM une fois élu) et continue
(2 jours par an).
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 Les juridictions d’exception: le tribunal de commerce
• Compétence matérielle:
 Toutes les affaires commerciales définies par les articles L. 721-1 à 721-7 C.
com., mais parfois le COJ en attribue certaines au tribunal judiciaire. Retenir:
litiges entre commerçants ou artisans; redressement ou liquidation judiciaire
contre des commerçants ou artisans; litige relatif à un acte de commerce;
litige relatif à une société commerciale; a contrario, sont exclus les litiges
entre agriculteurs ou entre professions libérales.
 Attention à certains litiges commerciaux spécifiques qui sont attribuées aux
juridictions civiles et pas commercial (ex.: litige relatif à un bail commercial).
 Attention aux actes mixtes (contrat entre un commerçant et un non-
commerçant):
o Si le demandeur est la partie non-commerçante, il a le choix entre la juridiction civile ou
commerciale (ce choix peut toutefois être supprimé par une clause du contrat)
o Si le demandeur est la partie commerçante, il a l’obligation de saisir la juridiction civile
(aucune clause contractuelle ne peut prévoir le contraire)
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 Les juridictions d’exception: le conseil de prud’hommes
• Origine:
 Conseil du roi à l’époque féodale (homme prudent, « sage »).
 Ancêtre direct avec une juridiction lyonnaise d’Ancien Régime spécialisée
dans les litiges entre les fabricants de soieries et leurs ouvriers. Supprimée à
la Révolution, elle a été rétablie par Napoléon, puis généralisée dans son
principe à toute la France.
 Il y a aujourd’hui 210 CPH en France, et environ 15 000 conseillers.
 Les délais de jugement sont assez longs (plus que pour les autres juridictions
judiciaires). Il y a surtout un énorme taux d’appel (66% des jugements de CPH
font l’objet d’un recours).

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 Les juridictions d’exception: le conseil de prud’hommes
• Composition et statut:
 Juridiction « paritaire » parce qu’elle comprend pour moitié des représentants des salariés et
pour moitié des représentants des employeurs. Cette parité doit être respectée dans toutes
les formations du CPH. En cas de partage des voix, un magistrat du tribunal judiciaire
intervient en tant que « juge départiteur ».
 Aujourd’hui les conseillers prud’hommes ne sont plus élus par leurs pairs: ils sont désignés
par les syndicats et organisations représentatives des salariés et des employeurs, puis
nommés par le ministre de la Justice et le ministre du Travail. Leur mandat dure 4 ans. La
juridiction choisit ensuite elle-même un président et un vice-président, l’un salarié, l’autre
employeur. Formation initiale et continue (à l’image de celle des juges de T. com).
 Pour devenir conseiller prud’homme, il faut avoir au moins 21 ans, jouir de ses droits civiques
et ne pas avoir fait l’objet d’une condamnation pénale incompatible avec les fonctions de
juge, exercer une activité professionnelle depuis au moins 2 ans (ou avoir été conseiller
prud’homme au cours des 10 dernières années).
 Obligation de prêter serment, et soumission à des obligations proches de celles des
magistrats de carrière (les fonctionnaires des juridictions civiles et pénales). Mêmes
incompatibilités professionnelles, sauf qu’ils peuvent être avocats en même temps que juges.
Il existe une commission nationale de discipline; refuser de juger une affaire par conviction
syndicale constitue une faute disciplinaire. Les conseillers salariés sont rémunérés et
conservent leurs avantages professionnels pendant qu’ils siègent; leur licenciement est
soumis à des garanties particulières (à peine de sanction pénale).
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 Les juridictions d’exception: le conseil de prud’hommes
• Compétence matérielle:
 Tous les litiges individuels opposant un employeur et un salarié (ou un
apprenti).
 Les litiges des personnels des services publics soumis à un statut de droit
privé.
 Les litiges nés entre salariés à l’occasion du travail.
 PAS les litiges collectifs ni les contrats individuels qui échappent au code du
travail.

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Les juridictions d’exception: le tribunal paritaire des baux ruraux

• Origine:
 Créée en 1943 et réformée en 1958.

• Composition:
 Juridiction « paritaire mixte »: 2 représentants des bailleurs, 2 représentants des preneurs, et
présidence par un magistrat du tribunal judiciaire.
 Désignation par le président de la cour d’appel du ressort territorial, pour un mandat de 6
ans, à partir d’une liste dressée par les organisations professionnelles représentatives des
bailleurs et des preneurs. 272 TPBR aujourd’hui.
 Siège par sessions et non en permanence.
 Il faut être de nationalité française, âgé d’au moins 26 ans, jouir de ses droits civils et être
bailleur ou preneur rural depuis au moins 5 ans.

• Compétence matérielle:
 Litiges entre bailleurs et preneurs de baux ruraux (art. L. 491-1 C. rural)

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 La juridiction de droit commun:
le tribunal judiciaire
1° Les compétences matérielles du tribunal judiciaire
• La compétence de droit commun du tribunal judiciaire
• Les compétences exclusives du tribunal judiciaire

2° La composition du tribunal judiciaire

• La chambre de proximité
• Les chambres spécialisées
• Les juges spécialisés

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 Les compétences matérielles du tribunal judiciaire

 La compétence de droit commun du tribunal judiciaire

• Sens: compétent par défaut lorsque aucune autre juridiction ne peut connaître du litige
 Soit les matières n’entrant dans la compétence d’aucune juridiction d’exception (droits de la
personnalité; propriété des biens meubles; droit des obligations).
 Soit les matières de la compétence des juridictions d’exceptions lorsqu’il n’en existe pas au lieu où
le litige doit être porté (rare, sauf pour les tribunaux de commerce).

 Les compétences exclusives du tribunal judiciaire

• Sens: même si l’affaire pourrait entrer dans le champ de compétence d’une juridiction
d’exception, le législateur l’en retire pour la donner au TJ.
• Exemple: réparation d’un dommage corporel; inscription de faux; les demandes relatives
aux baux commerciaux.

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 Les formations du tribunal judiciaire
 Les chambres spécialisées du TJ
• Organisation par le président du TJ (fonction administrative) dès lors qu’il y a plus de 5 magistrats
en poste dans un TJ.
• Sorte de spécialisation de certaines formations de jugement au sein du TJ, en fonction des affinités
des magistrats qui les composent (par ex, le TJ de Paris comporte une chambre spécialisée pour les
litiges contractuels, une autre pour les litiges en réparation d’un préjudice corporel, etc.).

 Les juges spécialisés au sein du TJ

• JAF = juge aux affaires familiales
• JCP = juge des contentieux de la protection
• JEX = juge de l’exécution

 La chambre détachées du TJ: les chambres dite « de proximité »

• Sorte d’antenne du TJ située dans une autre ville du département que celle où le TJ a son siège.
• Lorsqu’elle existe dans une ville, elle est compétente dans les matières relevant de la compétence
du TJ (mais pas toutes: lorsqu’elle n’est pas compétente, les justiciables de la ville où se trouve la
ch. de proximité devront quand même se déplacer au TJ du siège du ressort).
• Exception notable pour les droits personnels et mobiliers, si le taux du litige excède 10 000 euros:
la chambre de proximité n’est alors pas compétente, il faut donc aller au TJ du siège du ressort
impérativement.
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 La compétence territoriale des juridictions
judiciaires de premier degré
1° L’institution des juridictions dans un ressort territorial
• La localisation des TJ
• La localisation des Ch. de prox.
• La localisation des T. com.
• La localisation des TPBR.
• La localisation des CPH.

2° La détermination du ressort territorial dans lequel porter le litige

• Le principe (art. 42 et 43 CPC) = lieu où demeure le défendeur. Spécificités à connaître pour les
personnes morales.
• Les alternatives optionnelles (art. 46 CPC) = délits civils; 2 types de contrats.
• Les alternatives impératives (art. 44, 45 et 48 CPC; plusieurs articles du COJ; dispositions dans les
codes spécialisés).
 En vertu de la loi (immeubles; successions; compétence territoriale restreinte des CPH et des TPBR)
 En vertu du contrat (clauses « d’élection de for »; régime restrictif)

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