Partie 2 IJ
Partie 2 IJ
Partie 2 IJ
PARTIE 2
LES JURIDICTIONS
JURIDICTION : Organe institué pour exercer la mission de juger : trancher les litiges en
appliquant les règles de droit. Terme général pour désigner tout organe qui applique le droit.
➣ Autres termes : Tribunal, Cour, Conseil…
COMPÉTENCE : Aptitude d’une juridiction à connaitre d’un litige donné. Elle peut être matérielle
ou territoriale.
Il y a une distinction entre l’ordre judiciaire et l’ordre administratif. Certaines juridictions (tribunal
des con its) ne relèvent d’aucun de ces deux ordres.
• Point de vu horizontal
L’ordre judiciaire regroupe les juridictions civiles et les juridictions pénales → unité : ce sont les
mêmes juges (mais les juridictions ne sont pas les mêmes).
• Point de vu vertical
Juridictions
du fond
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Juridictions du 1er et 2nd degré = juridictions du fond. Ce sont ces juridictions qui
connaissent le fond du litige → juges du fond
Cour de Cassation : Pourvois formés contre les décisions des juridictions civiles et pénales du
second degré en général (sauf exceptions si l’appel est fermé). Il ne s’agit pas d’un 3ème degré
→ elle ne connaît pas le fond (les éléments factuels) et elle est juge du droit ⟹ uniformité de
l’application et de l’interprétation du droit. Elle véri e si les juges du fond ont correctement
appliqué les règles mais ne départage pas les parties.
I - JURIDICTIONS CIVILES
Le terme est compris de manière large (civil, social, rural, prudhommal…), ce n’est pas que le
Code civil. Il existe une assez grande diversité qui se réduit en appel.
• Il existe des chambres de proximité → tribunaux de proximité (c’est en réalité une chambre
du tribunal judiciaire correspondant aux anciens tribunaux d’instance). Les anciens TI étaient
géographiquement proches des justiciables, le choix a donc été fait de maintenir des
chambres de proximité. Les chambres de proximité connaissent des litiges inférieurs à 10 000
€.
• Un juge délégué est désigné par sa fonction par décret du juge. Les juges sont spécialisés :
- juge des contentieux de la protection : personnes majeures vulnérables (mesures de
protections juridiques comme les tutelles). Art. L 213-4-1 COJ : il se prononce aussi en
matière sociale et économique (expulsion, crédits, surendettement…)
- juge des a aires familiales : a aires de la famille (divorce, autorité parentale…)
- juge de la mise en État : a aires en état d’être jugées, il invite les parties à se
communiquer leurs éléments, à communiquer
- juge de l’exécution : mesures d’exécution forcées (saisie de vente, saisie de compte
bancaire…)
Art. L 721-3 C.comm. : compétence du Tribunal de commerce qui concerne les contestations
relatives aux :
- engagements entre commerçants, artisans, établissement de crédits, sociétés de
nancement
- sociétés commerciales
- actes de commerce (Art. L 110-1 et L 110-2 C.comm.)
⚠ Les commerçants ne sont pas justiciables en eux même du tribunal de commerce (quand il ne
En cas d’acte mixte (= un acte conclut entre un commerçant et un non commerçant) la partie
commerçante doit saisir la juridiction civile tandis que la partie non commerçante (partie faible) a
le choix entre la juridiction civile ou commerciale.
🏛 C’est la plus ancienne des juridictions françaises, d’origine italienne. Dans les républiques
marchandes de gènes et de Venise ont été créées des juridictions consulaires. Au début elles
étaient temporaires puis par un édit de 1563, des tribunaux de commerce ont été instituts de
manière permanente (Lyon, Toulouse, Rouen…). Ce sont les seuls juridictions de l’AR ayant
résisté à la Révolution de 1789.
Le Tribunal de commerce est composé de juges non professionnels qui sont élus par leurs pairs
pour une durée déterminée (2 ans puis 4 si réélection). Ils peuvent être commerçants, chefs
d’entreprise, etc. Il est opportun qu’ils aient une bonne connaissance du monde du commerce.
Le recours a la conciliation permet de purger les litiges et de pouvoir poursuivre des relations
d’a aires économiques. Le conciliateur sera un juge ayant la con ance des parties.
Il ne s’agit pas d’une juridiction échevinale car il ne comprend pas de juges professionnels.
➣ La France est l’exception.
Projet de loi en cours d’examen devant le conseil constitutionnel : création à titre expérimental
d’un « Tribunal des activités économiques » sur une durée de 4 ans. 9 à 12 seront créés pour
remplacer 9 à 12 tribunaux de commerce. Il pourra être composé de magistrats du siège.
Ile existe un débat sur l’existence et la pérennité des tribunaux de commerce. Il pourrait être
plus opportun de donner les litiges commerciaux aux tribunaux judiciaires. Cela est du aux
di cultés posées par ces tribunaux. En e et, les juges sont non professionnels et les décisions
sont parfois considérées comme non su santes. De plus, le principe d’élection créé un risque de
partialité bien que les juges consulaires détiennent de nombreuses obligations. Les parties restent
cependant très attachées aux juges consulaires qui connaissent leur domaine. La suppression
n’est pas envisagée (mais projet de loi de remplacement).
CONSEIL DE PRUDHOMMES : juridiction spécialisée qui juge en première instance les litiges
individuels nés d’un contrat de travail ou d’apprentissage (peu importe le montant de la
demande).
Ce type de litige oppose généralement employeur à salarié. Il peut aussi connaitre des litiges
entre salariés. Les litiges qui ne sont pas liés à un contrat de travail mais entre salarié et
employeur relève du Tribunal judiciaire.
La phase de conciliation est obligatoire mais elle aboutie très rarement (5 à 10%).
C’est une juridiction paritaire composée à part égale de représentants salariés et de
représentants employeurs. Ils étaient élus mais depuis 2016 ils sont nommés par le ministre de
la justice et le ministre du travail. Ils sont indemnisés par l’État car ils exercent leur mission sur
leur temps de travail.
🏛 Origine lyonnaise : Sous l’AR les di érends entre les fabricants de soies et leurs ouvriers
étaient conciliés et jugés par une juridiction spéciale paritaire. La révolution a supprimé les conseil
de prudhomme de par la mé ance envers les corps intermédiaires. Ils ont été rétablis par
Napoléon qui a créé un conseil de prudhomme à Lyon en 1806.
Le salarié doit obtenir une réponse rapidement car l’enjeu est souvent alimentaire, mais les
demandes sont trop nombreuses.
La diversité trouvée au 1er degré se réduit en appel. En cas d’appel, l’appel sera porté devant la
Cour d’appel dans le ressort de laquelle se trouve la juridiction qui a rendu le jugement attaqué.
➟ Bobigny → Paris
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Chaque Cour d’Appel siège dans une ville régionale mais pas forcément dans les plus grandes.
Ce sont les héritières des Parlements de l’AR et siègent donc dans les grandes villes régionales
de l’époque.
L’appel est fermé pour les litiges de faible valeur : le litige est rendu « en premier et dernier
ressort » → possibilité d’un pourvoi en cassation.
Taux de ressort : valeur du litige en dessous duquel l’appel n’est pas possible (5 000 €) → rôle de
ltre.
Quand l’appel est ouvert, le litige est rendu « en premier ressort »
Les Cours sont composés de juges expérimentés appelés conseillers. Elles rendent des arrêts
(≠ jugements de 1ère instance). Elles ont une place importante dans la hiérarchie judiciaire car
c’est souvent en appel que le litige trouve sa solution dé nitive. En ce sens, l’appel est
considéré comme une voie d’achèvement du litige. Cependant, l’appel est plutôt fréquent et
considéré comme une voie de réformation censée corriger les erreurs des premiers juges. Il y a
régulièrement des réformes pour les appels rythmés de très nombreux délais pas compatibles
avec un droit d’accès au juge e ectif.
II - JURIDICTIONS PÉNALES
On peut envisager une 4ème phases avec l’exécution de la peine. Elle est placée sous le
contrôle du juge d’application des peines.
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Toutes les a aires pénales ne font pas l’objet d’une instruction. Les crimes sont l’objet
d’instruction, les délits uniquement s’ils sont très complexes, alors que les contraventions n’en
font jamais l’objet.
Ils faut considérer l’instruction dans ces liens avec la Police judiciaire. Quand il y a instruction, elle
va e ectuer des enquêtes dans le cadre de l’instruction. Quand il n’y a pas d’instruction, il y a
aussi enquête mais elle agit sous le contrôle du Procureur de la République.
Il y a un principe de séparation des fonctions judiciaires en lien avec les 3 phases du procès
pénal. Les 3 phases doivent être con ées à des organes distincts. Ce principe est une condition
de l’impartialité des juridictions pénales.
→ Art. préliminaire du CPP
C’est un principe a valeur constitutionnelle.
1. Juridictions d’instruction
Elles préparent le dossier en amont d’un éventuel jugement et détienne le principe de double
jugement.
a. Le juge d’instruction
L’instruction est con ée au juge d’instruction qui est un juge du tribunal judiciaire désigné par le
président du tribunal judiciaire. Il a été créé par le Code d’instruction criminelle (1808).
Depuis quelques années, il existe des réformes pour limiter les pouvoirs du juge d’instruction.
Sont nées 2 grandes lois.
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Loi du 15 juin 2000 : Création du juge de la liberté et de la détention (juge spécialisé et nommé
par décret du PR). Relativisation de la culture de l’aveu + séparation entre juge d’instruction et
JLD. Le JLD a d’autres pouvoir en matière civile et pénale. Dans l’instruction il sert de
contrepoids.
Pénal : autoriser un certain nombre d’actes d’enquête quand il n’y a pas d’instruction. Le JLD doit
garantir les libertés individuelles. Il peut :
- réaliser des perquisitions nocturnes (autorisée par le juge),
- prolonger des gardes à vu au delà de 48h (hors instruction)
- statuer sous un placement sous contrôle judiciaire (≠ détention provisoire)
Civil :
- droit des étrangers
- soins sans consentement (contrôle du juge car atteinte aux libertés individuelles)
Le projet prévoit la disparition de ces compétences civiles et les transférer à un juge du tribunal
judiciaire.
Loi du 5 mars 2007 : renforcement de l’équilibre de la procédure pénale → limite du système du
juge unique → collégialité de plusieurs juges d’instruction pour la prise e certaines décisions
(mise en examen, placement sous contrôle judiciaire…). Cela est suite à l’a aire Dutroux.
L’idée de transférer au parquet le pouvoirs du juge d’instruction est envisagée mais des heurte au
statut des magistrats du parquet qui ne sont pas indépendants selon la CEDH (art. 5). Ils sont
dans la dépendance hiérarchique du garde des sceaux.
Arrêt Medvedyev et Moulin contre France
Pour le Conseil constitutionnel les magistrats du parquet sont indépendant —> décision du 11
aout 1993 et 8 décembre 2017 QPC.
La Cour de justice de l’UE considère que les membres du parquet présentent …
b. La chambre de l’instruction
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
C’est une formation spéciale de la Cour d’appel et une juridiction de 2nd degré. Elle connait des
appels contre les décisions du JLD (détention provisoire), et du juge d’instruction. Elle examine
les demandes d’extradition et se prononce sur les demandes de réhabilitation judiciaire ou les
actions disciplinaires sur les OPJ.
2. Juridictions de jugement
CONTRAVENTIONS : Catégorie d’infraction (la plus basse) punie d’une peine maximale de 3000€
d’amende.
Les appels sont portés devant la Chambre des appels correctionnels (spécialisée en matière
contraventionnelle et délictuelle).
DÉLITS : Infractions intermédiaires punies d’au moins 3750€ d’amende et ou d’une peine
d’emprisonnement maximale de 10 ans.
—> Vol, harcèlement, violences volontaire, escroquerie…
Les appels sont portés aussi devant la Chambre des appels correctionnels et sont possible dans
des conditions strictes (art. 496 et 497 CPP).
CRIMES : Infractions les plus graves avec au moins 3750€ d’amende et au moins 15 ans de
réclusion criminelle. Emprisonnement : délits de réclusion.
—> Assasinat, empoisonnement, tortures, viol…
Cour d’assise était la seule juridiction compétente mais la Cour criminelle départementale a
été créée. Elles connaissant des crimes en première instance. Une répartition des compétences
s’opère entre elle : Cour d’assise pour les crimes punis de 20 ans de réclusion criminelle
alors que la Cour criminelle départementale pour les crimes punis de 15 à 20 ans de
réclusion criminelle.
Cour d’assise
Elle siège de manière intermittente par session. Il s’agit d’une juridiction ancienne créée en 1791.
A l’origine c’était le « Tribunal criminel ». Le principe de publicité s’y applique.
Il faut au moins 7 voix (donc au moins 4 voix de jurés) pour être défavorable à l’accusé, on
cherche ainsi à équilibrer les rôles de chacun, les juges pouvant éclairé les jurés. Les arrêts
rendus doivent être motivés, les raisons de fait et de droit doivent être exprimé.
→ Arrêt Taxquet contre Belgique 16 novembre 2010.
Un arrêt de Cour d’assise peut faire l’objet d’un appel qui est longtemps rester exclu en matière
criminelle. L’opinion était sensible à la di culté de revenir sur un arrêt de Cour d’appel dans la
mesure où il pourrait y avoir erreur judiciaire. De plus, cela était contraire au protocole n°7 de la
C°EDH → droit de toute personne déclarée coupable d’infraction pénale de faire examiner sa
culpabilité ou sa peine par une juridiction supérieure.
L’appel appartient aussi au ministère public.
Loi 23 mars 2009 : possibilité de faire appel que pour la peine prononcée
L’appel est porté devant la Cour d’assise d’appel. En cas d’appel, il sera porté devant une autre
Cour d’assise que celle qui s’est prononcée (fonctionnement circulaire). Il n’y a pas de hiérarchie.
Cette deuxième cour est cependant composée de 12 membres dont 9 jurés.
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Elle a été créée a titre expérimental par une loi de mars 2019. Elle est exclusivement composée
de juges professionnels (président + 4 assesseurs). Il y avait une volonté d’accélérer le jugement
de certains crimes pour éviter leur correctionnalisation (notamment en matière de crimes sexuels).
Elle siège dans le département (// Cour d’assise) et l’appel est également porté devant une Cour
d’assise d’appel.
La CJR est née réforme constitutionnelle de 1993. Elle connaît des crimes et délits commis par
des membres du gouvernement pendant leur fonction, dès lors que ces crimes ou délits ont un
rapport avec la conduite de la nation. Le procureur général de la Cour de cassation peut d’o ce
saisir la CJR ou à la suite d’un dépôt de plainte. Elle est composée de 15 juges (12 parlementaires
+ 3 magistrats du siège de la Cass.).
La CJR est critiquée pour di érentes raisons et sa suppression est parfois envisagée :
- Sa composition (essentiellement des parlementaires) pose des questions sur son
indépendance et son impartialité, SDP. Le conseil constitutionnel par une décision du 9
novembre 1993 à considérer qu’il s’agissait d’une juridiction indépendante.
- Sa compétence peut être perçue comme un privilège.
- Lenteur des procédures qui aboutissent rarement ou donnent lieu à des sanctions
clémentes. A ce jour, 10 ministres ont été jugé : 4 relâchés, 4 condamnés à des peines avec
sursis, 2 coupables avec dispense de peine
- Complexité : sa compétence est susceptible de se superposer avec la compétence des
juridictions de droit commun
14 mars 2013 et 28 aout 2019 : projet de loi constitutionnelle pour supprimer la CJR (François
Hollande)
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Haute Cour
Elle a été créée par une réforme constitutionnel du 23 février 2007. Elle prononce la destitution
du PR au cours de son mandat si celui ci manque à son devoir (art. 68 Constitution). Elle réunit
l’Assemblée nationale et le Sénat constituée en juridiction. Elle est présidée par le président de
l‘Assemblée nationale et la réunion peut être proposée par une des deux assemblées (AN ou
Sénat). Le PR béné cie d’une immunité pénale pendant son mandat (art. 67 Constitution). Il
pourra être poursuivi après son mandat.
—> Chirac condamné en 2011 pour détournement de fonds publics et abus de con ance.
COUR DE CASSATION : Il s’agit de la plus haute juridiction du judiciaire qui doit « veiller au
respect de la loi en cassant les décisions en dernier ressort qui la transgresse et de faire renier
l’unité d’interprétation du droit ». En France, elle siège à Paris.
🏛 Son ancêtre est le Conseil des partis créé au 16ème siècle qui examinait les recours formés
devant le roi des contestations. Elle est née « Tribunal de cassation » au moment de la révolution
avec une loi des 27 novembre - 1er décembre 1790. Ce tribunal était créer auprès du corps
législatif pour assurer le respect de la loi. Au début il existait la procédure du référé législatif qui
montre a quel point la Cour était une servante de la loi : en cas de divergence ou di culté
d’interprétation, le Tribunal devait saisir le pouvoir législatif pour qu’il donne son interprétation.
Cette procédure a été supprimée dé nitivement en 1937. Suite à cette suppression, le Tribunal de
cassation a pu prendre d’avantage de liberté dans l’interprétation de la loi et est devenu Cour de
cassation en 1804.
Elle ne connait pas des fonds de l’a aire mais seulement du droit, ce n’est pas un 3ème degré de
juridiction. Son rôle est de déterminer si les arrêts de Cour d’appel (ou parfois les jugements de
première instance) sont conformes au droit. Cela est possible grâce au pourvoi en cassation.
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Un pourvoi s’articule autour de moyens, c’est-à dire des arguments destinés a voir la cassation
proposée. Ces moyens sont articulés en branches qui renvoient aux di érents types de contrôle
exercés par la Cour.
➣ Cf. Weber Epi
Au terme de l’examen du pourvoi, la Cour peut rejeter le pourvoi ou la casser. Dans cette
dernière décision elle renvoie l’a aire devant une juridiction de renvoi.
Depuis 1979, elle peut statuer directement sur l’a aire en tranchant l’a aire au fond quand les
juges du fond ont su samment caractérisé les faits (c’est extrêmement rare).
Depuis 2016, elle peut statuer sur le fond d’une a aire en matière civile quand la bonne
administration de la justice le permet.
En cas de renvoi après cassation, la juridiction de renvoi doit rejuger l’a aire y compris dans le
même sens que les juges du fond (situation de résistance). La Cour de Cassation se réunit alors
en assemblée plénière.
Arrêt Lemaire et Derguini 9 mai 1984 : Un enfant non doté de discernement peut il commettre
une faute qui entraine un partage de responsabilité entre l’auteur et l’enfant lui même quand il est
victime ?
Depuis 1991 et 2001, la Cour a une fonction consultative et peut être saisi par avis par des juges
du fonds pour assurer une unité d’interprétation de la jurisprudence. La solution rendue n’est
qu’un avis.
La Cour de cassation peut être saisie en toute matière par toute juridiction du fond. Même une
chambre peut adresser une demande d’avis à une autre. Depuis 2016, la chambre compétente
pour rendre l’arrêt est celle compétente pour rendre l’avis. Il est aussi possible de réunir une
chambre mixte ou l’assemblée plénière en cas de question de principe.
Ces évolutions sont liées à son rôle normatif. Depuis 2019, elle développe d’avantage ses arrêts
et les structure avec des paragraphes numérotés et avec des titres. Ce n’est plus une phrase
unique. Elle est amenée à citer sa propre jurisprudence pour la maintenir ou la renverser. Cela
permet de rendre les décisions plus intelligibles et accessibles et renforce son rôle normatif. Elle
est confrontée à une crise avec l’augmentation du nombre de pourvoi.
La question s’est posée de savoir si elle devait écartée les pourvoi avec très peu de chance
d’aboutir.
Les juges di èrent des juges du judiciaire. Traditionnellement les juges sont recrutés via l’ENA.
Les juridictions dépendent du Conseil d’Etat depuis 1987. Le Conseil d’Etat a été créer avant les
juridictions intermédiaires.
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
I - CONSEIL D’ETAT
CONSEIL D’ETAT : C’est la plus haute juridiction de l’ordre administratif. Il siège à Paris.
Il a 2 fonctions :
- fonction consultative se prononce sur des projets de loi, des ordonnances, des décrets.
Il participe à l’élaboration des règles de droit.
- fonction juridictionnelle (à laquelle on s’intéresse ici)
🏛 Il a le Conseil du roi comme ancêtre commun avec la Cour de cassation. Il a été créer par
Aujourd’hui il peut intervenir comme juge de cassation, juge de 1ère instance ou juge d’appel.
Cela s’explique du fait que ça soit la seule juridiction de l’ordre administratif à l’origine.
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
• Juge d’appel
Un certains nombres de dispositions qui évoque cette compétence notamment dans le cadre de
contestation d’une élection.
• Juge de Cassation
En matière administrative où les conditions de pourvois sont assez souples. Toute décision qui
émane d’une juridiction administrative peut faire l’objet d’un pourvoi. Il ne connait que des
moyens de droit. Devant le Conseil les moyens de cassation relèvent des recours pour excès de
pouvoir (recours contentieux qui tend à l’annulation d’une décision administrative pour la violation
de règles de droit). Il peut renvoyer devant la même juridiction ou une di érente.
Il comprend un personnel hiérarchisé (éditeurs < maitres des requêtes < conseillers < vice
président), le vice président en étant à la tête. Il est divisé en sections avec la section du
contentieux. La décision émane a chambre qui a institué, des chambres réunis, de la chambre du
contentieux ou de l’assemblée du contentieux pour les a aires les plus complexes.
1. Tribunaux administratifs
Ils sont compétents pour connaitre d’un litige administratif dès lors que la compétence n’est pas
attribuée à une autre juridiction (une partie du contentieux scal, électoral, le contentieux des
travaux publics). Les Tribunaux administratifs sont composés de conseillers.
🏛 Leurs ancêtres sont les Conseils d’intendance. Sous l’AR, ces conseils étaient composés de
juristes et siégeaient auprès des intendants. A la révolution ils ont été supprimés mais une loi de
1791 créé les directoires de départements qui remplissaient une fonction analogue de conseil et
contentieuse dans le provinces.
Loi du 17 février 1800 : création des Conseils de préfecture → ancêtres directs des Tribunaux
administratifs.
Il y avait un Conseil de préfecture présidé par les préfets dans chaque département. Ils avaient
une double fonction, consultative et juridictionnelle (la plus sollicitée). Les attributions des conseil
de préfecture étaient limitées et modestes et ne faisaient pas concurrence au Conseil d’Etat.
Création des Tribunaux administratifs 1953 par un décret qui supprimait les conseils de
préfecture. On assiste à un phénomène de création d’une juridiction pour pallier.
Elles connaissent des appels contre les décisions rendues en première instance administrative
par les tribunaux administratives. Elles ne connaissent pas des décisions contre les juridictions
administratives spécialisées (Conseil d’Etat). Il arrive qu’elles soient compétentes en premier et
dernier ressort ce qui évacue la compétence des Tribunaux administratifs en première instance.
🏛 Leur création a été décidée en 1987 pour désengorger le Conseil d’Etat par la loi du 31
décembre 1987.
Elles sont composées de conseillers généralement recrutés parmi ceux des tribunaux
administratifs.
Elles sont très nombreuses et connaissent des contentieux techniques et spécialisés (Cour
nationale du droit d’asile, Cour des comptes, Conseil supérieur de la magistrature, juridictions
ordinales qui statuent en matière ordinaire : ordre des médecins, ordre des architectes…).
On se trouve parfois à la limite de la notion de juridiction avec ces juridictions. Elles combinent
souvent les fonctions : juridictionnelle mais aussi consultative, administrative. Elles sont
subordonnées au Conseil d’Etat car leurs décisions peuvent faire l’objet d’appel ou de pourvoi.
La quali cation de juridiction est parfois discutée s’agissant des juridictions ne relevant d’aucun
des 2 ordres. Rapprochement entre le Tribunal des con its et le Conseil constitutionnel dont la
quali cation est discutée.
Les autorités administratives indépendantes sont des entités qui peuvent prendre des
décisions dans un certain secteur catégoriel très précis Elles ne relèvent pas de l’ordre
administratif ou judiciaire.
TRIBUNAL DES CONFLITS : Arbitre les con its de compétence entre l’ordre administratif et
l’ordre judiciaire.
Son appartenance à un ordre juridictionnel est discutée et il est assimilé à une juridiction
administrative par certains auteurs (Cf . Tousei Divina), cela s’explique par 5 arguments :
- la procédure empreinte beaucoup à la procédure administrative
- La forme des décisions emprunte à celle des décisions administratives
- La publicité a été assurée de la même manière que celle du Conseil d’Etat
- Il n’existe que parce qu’il y a un ordre administratif
- Il siège au même endroit que le Conseil d’Etat
Son rôle est de déterminer l’ordre juridictionnel compétent en cas de con it de compétence. On
oppose :
- con it positif : Les deux ordres s’estiment compétents → risque de jugement
contradictoire. 2 variantes : le juge administratif est saisi ou le juge judiciaire s’estime
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
compétent et le préfet décide que l’ordre est compétent. Le con it est élevé au tribunal
des con its.
- con it négatif : Aucune juridiction ne s’estime compétente. Chacune estime que l’autre
est compétent donc le Tribunal va départager.
Quand il résout un con it de compétence, il ne tranche pas l’a aire au fond mais départage,
oriente l’a aire vers l’ordre compétent. Dans certains cas de gures, il peut juger au fond :
- en présence d’un déni de justice qui résulte de décisions contradictoires entre les 2
ordres (responsabilité médicale). C’est une attribution de 1932.
- Actions en indemnisation de préjudice qui découle de la durée excessive d’une
procédure relative à un même litige porté devant les juridictions administratives et
judiciaire. C’est une attribution de 2015.
administrative. Il avait déjà la même fonction. Il y avait l’idée que l’arbitrage entre les deux ordres
devait être établit par une juridictions supérieur. Il a été supprimé en 1852 puis recréé en 1872.
C’est une juridiction paritaire, composée à part égale de magistrats judiciaires et administratifs.
Dans sa formation ordinaire il est composé de 8 conseillers (4/4) et de 2 suppléants (1/1). Dans sa
formation élargie il est composé de 8 membres de la formation ordinaire avec en plus 2
conseillers d’Etat et 2 de la Cour de cassation.
Le président est élu par les membre de la formation ordinaire. Jusqu’en 2015 : le président du
Tribunal était le Garde des sceaux mais cela était contesté du point de vu de la SDP.
🏛 Il siège à Paris et a été créé en 1958 par la Constitution ou l’on trouve ses dispositions dans le
titre 7. A l’origine il n’était pas conçu comme un juge au sens propre mais comme un organe
consultatif → Passage d’un juge consultatif à un juge constitutionnel. Dès 1959 il pouvait
contrôler les lois à priori (art.61 Constitution ) mais son rôle était limité → que en cas de vices
formels avec un contrôle de la régularité plutôt qu’un contrôle substantiel.
Il garde un rôle consultatif puisqu’il émet un avis quand le président entend mettre en oeuvre
l’article 16 de la Constitution. C’est son rôle d juge constitutionnel qui retient l’attention
aujourd’hui.
C’est avec la décision liberté d’association de 1971 que le Conseil nait vraiment comme juge
constitutionnel. Avant 1974, seul le président de l’assemblée nationale, du Sénat, le PR et le PM
pouvaient saisir le Conseil constitutionnel. Le conseil peut aussi être saisi par 60 députés ou 60
sénateurs.
🇺🇸 Modèle américain
🇪🇺 Modèle européen
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Il est élaboré à partir du développement de Kelsen qui voulait créer une juridiction pour veiller à la
bonne application de la norme juridictionnelle sanctionner. Son contrôle est :
- abstrait → indépendamment d’un litige particulier
- voie d’action
- à priori → après l’entrée en vigueur de la loi
- Spécialisé → juridiction spécialisée
- Absolu → s’applique à tous
Depuis 2016 : souci d’accessibilité et d’intelligibilité du droit → le Conseil peut supprimer des
lois qui ne respectent pas ses principes à valeur constitutionnelle. Il a abandonner certains termes
trop datés et les arguments de fonds sont davantage explicités.
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Exercer la justice est une fonction régalienne, une expression de la souveraineté. Les Etats sont
indépendant les un des autres par le principe de souveraineté national qui doit être accepté par
l’Etat. Un Etat ne peut être soumis à une juridiction internationale que s’il l’a accepté.
Ces juridictions relèvent d’organisation de coopération ou d’intégration.
Elle siège à la Haye aux Pays-Bas. C’est le principal organe judiciaire de l’ONU. Elle tranche les
di érends qui lui sont soumis par les Etats membres de l’ONU ou de l’ONU elle même. Elle
connait des litiges de nature juridique autour des Etats membres de l’ONU (eau territoriale, tracés
de frontières…).
🏛 1945 : création par la Charte des nations unies → idée que les con its internationaux
doivent être réglés par le droit international plutôt que par la guerre (suite à la 2GM).
Elle est composée de 15 juges élus pour 9 ans par l’assemblée générale et le conseil de sécurité
de l’ONU qui sont des ressortissant de di érents Etats parmi les Etats membres.
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
Son e cacité est discutée car elle ne s’est prononcée que sur environ 200 a aires et les con its
majeurs entre Etats lui échappent. Les Etats préfèrent souvent saisir d’autres juridictions ou leurs
propres juridictions en cas de con it. Ses pouvoirs sont limités par respect de la souveraineté des
Etats, la seule forme de contrainte est la possibilité pour le conseil de sécurité de faire des
recommandations d’exécution pour que les membres du conseil de sécurité prennent des
mesures de contrainte (par exemple dans un embargo). Le con it est plus résolu par la politique
et la diplomatie que par voie juridictionnelle.
Elle siège à la Haye aux Pays-Bas. C’est une juridiction pénale internationale à caractère
permanent instituée par l’ONU. Sa fonction est de juger des infractions les plus graves
commises par des personnes physiques (terrorisme exclu) :
- crime de génocide
- crime d’agression
- crime contre l’humanité
- crime de guerre
Elle ne juge pas les Etats, les personnes morales de droit privée (bien que ce deuxième cas soit
envisagé pour l’avenir). Il faut que l’individu concerné soit un ressortissant d’un Etat qui a
accepté la compétence de la Cour pénale internationale ou que le crime soit commis sur un
Etat qui l’ait acceptée. Sa compétence n’est pas universelle.
Traditionnellement, la répression est à l’origine de l’Etat dans les droits régaliens. Dans le cadre
de la CPI des individus sont poursuivis par une juridiction supra nationale. Il y a une volonté de ne
pas laisser impuni les crimes les plus grave lors d’un con it.
Avant la CPI, plusieurs juridictions pénales internationales non permanentes sont apparus
(Tribunal de Nuremberg, Tribunal pour l’ex Yougoslavie, tribunal pour le Rwanda). C’est en 1998
qu’on a voulu instaurer une juridiction permanente. 123 Etats sur les 193 de l’ONU ont accepté
sa compétence (les Etats-Unis, la Chine et la Russie ne l’ont pas accepté).
Elle est composé de 18 juges, d’un procureur dont la saisine peut être fait par un Etat, le conseil
de sécurité ou d’o ce (par lui même) et déclenche la saisine de la CPI.
Les rapports entre juridictions pénales nationales et la CPI s’expriment de di érentes manières :
- principe de subsidiarité → elle intervient en cas d’inaction des juridictions nationales
- Coopération nécessaire (la France a des règles de coopération à ce sujet, CPP)
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
A ce jour la CPI a juger 31 individus. Le premier arrêt a été saisi en 2012 contre Thomas Lubanga
(RDC) pour crime de guerre avec une peine de prison de 14 ans.
Elle siège à Strasbourg. Sa mission est d’assurer le respect de la C°EDH, signée à Rome en
1950, par les Etats qui l’ont rati é. Elle est entrée en vigueur en 1953 (France rati e qu’en 1973).
La CEDH ne peut pas invalider une norme nationale. Elle se prononce sur la violation des
dispositions de la C°EDH. Les Etats renoncent à une petite part de leur souveraineté en rati ant la
C°EDH.
La CEDH peut attribué une satisfaction équitable (dommages et intérêts) à une victime. Elle fait
l’objet d’une surveillance. Les Etats sont incités à se conformer aux décisions de la CEDH.
La jurisprudence de la CEDH joue un rôle majeur dans l’évolution des droits nationaux en
entrainant une plus grande prise en compte de ses droits. En France on assiste à une
fondamentalisation du droit des personnes et de la famille sous l’in uence de la C°EDH. 3 arrêts
de la CEDH marquent cette évolution.
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
La CEDH est victime de son succès et connait un nombre croissant de pourvois ⟹ allongement
des procédures. Di érentes solutions ont été mises en place :
- Principe de subsidiarité
- Réduction des délais pour saisir la CEDH
- Arrêt pilote → se prononce sur une a aire représentative à un grand nombre d’a aires
- Procédure de saisine pour admis → réponse à des questions susceptibles de se poser
souvent
L’UE est une organisation politique de 27 États membres. Elle peut être quali ée d’organisation
d’intégration car les États membres lui ont délégué le pouvoir de prendre un certain nombre de
décision sur des sujets délimités. Les institutions de l’UE adoptent ainsi des règles intégrées au
droit interne. Le premier juge du droit de l’UE est le juge national. Au delà de ce juge il existe des
juridictions rattrape à l’organisation dont la compétence est assurée par des juridictions
spéci ques :
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PARTIE 2 Institutions juridictionnelles
L’apport de jurisprudence de la CJUE est majeur sur le droit issu de l’UE et la manière dont les
États membre l’applique. La CJUE a posé 2 principes fondamentaux :
- Primauté → s’il y a contrariété entre une disposition de l’UE et une disposition nationale,
c’est la disposition du droit de l’UE qui prime (décision du 15 juillet 1954 Consta contre
Enel)
- E et direct → un particulier peut invoquer une disposition de l’UE à l’égard d’un État
(décision du 5 février 1963 Van Gend et Loos).
Composition :
- 27 juges
- 11 avocats généraux impartiaux et indépendants
Un tribunal est adjoint à la CJUE mais ses attributions sont limitées, il gère notamment les litiges
entre l’UE et ses agents. Un recours individuel subordonné à la CJUE est possible.
Depuis 2017 : parquet européen → poursuit les infractions économiques et nancières qui portent
atteinte aux intérêts de l’UE.
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