Produits Dérivés: Cycle D'ingénieur: Ingénierie en Finance & Actuariat Module: Instruments Financiers (Projet 3)
Produits Dérivés: Cycle D'ingénieur: Ingénierie en Finance & Actuariat Module: Instruments Financiers (Projet 3)
Produits Dérivés: Cycle D'ingénieur: Ingénierie en Finance & Actuariat Module: Instruments Financiers (Projet 3)
Réalisé par :
TRAORE Mahadi Moussa Gaoussou
MAGASSOUBA Nanamoudou
Introduction
De nombreux intervenants sur les marchés de futures sont des opérateurs en
couverture (hedgers). Leur objectif est d'utiliser les contrats futures pour réduire Ie
risque auquel ils sont confrontés. Ce risque peut être Iié au prix du pétrole, au cours
d'une devise, à Ia valeur d'un indice, etc. Une couverture est dite parfaite si elle
permet d'éliminer complètement le risque. De fait, il est rarement possible d'obtenir
ce type de protection sur les marchés, et l'analyse des méthodes de couverture
consiste à définir les principes permettant la construction de stratégies dont les
résultats sont aussi proches que possible de ceux d'une couverture parfaite.
Dans ce chapitre, nous étudions les différentes possibilités d'utilisation des contrats
futures dans Ie but de couvrir une position. Quand faut-il retenir une position longue
ou courte ? Quelle quantité de contrats permet Ia meilleure réduction du risque ? A
ce stade, nous nous focalisons sur les stratégies statiques, c'est-à-dire que nous
n'envisageons pas la possibilité d'ajustement de Ia position pendant Ia période de
couverture. Au chapitre 15, nous aborderons les stratégies dynamiques dans
lesquelles Ia position est sous constante surveillance et peut subir des ajustements.
Dans l'ensemble de ce chapitre, nous identifions contrats forward et contrats
futures. Cela signifie en particulier que nous ne nous préoccupons pas de
l'actualisation car tous les flux surviennent à la date à laquelle Ia position est
dénouée.
Les principes
Quand un individu ou une entreprise prennent une position de couverture sur un
marché de futures, il s'agit en général d'éliminer, ou du moins de réduire
considérablement, un risque. Supposons qu'une entreprise sache qu'e1le peut
perdre 10 000 € pour chaque baisse d'un cent du prix d'une matière première dans
les prochains mois. Pour se couvrir contre cette éventualité, le trésorier peut
prendre une position courte sur un futures sur cette matière première. La position
doit être construite de façon que le contrat futures gagne 10 000 € quand le prix
baisse d'un cent. Bien sûr, si le prix augmente au lieu de baisser, le gain sur la
matière première est compensé par une perte sur le contrat futures.
Couverture et concurrence
Si, dans un certain secteur, la couverture n'est pas la norme, il peut ne pas être
judicieux pour une entreprise de se distinguer de ses concurrents. La concurrence
dans Ie secteur peut en effet conduire les prix de vente des produits à s'ajuster aux
variations des coûts supportés (prix des matières premières, taux d'intérêt, taux de
change, etc.) par les sociétés. Par conséquent, une compagnie qui ne se couvre pas
peut espérer garder un taux de marge constant. Par contre, une firme qui se couvre
aura un taux de marge beaucoup plus volatil.
Considérons par exemple deux entreprises fabriquant des bijoux en or, appelées
Orsur et Orisk; dans ce secteur, les entreprises ne se couvrent généralement pas
contre les variations de prix de leur matière première principale et Orisk ne fait pas
exception. Par contre, Orsur a décidé d'agir différemment en couvrant ses achats des
18 prochains mois par une position longue sur des contrats futures.
La compagnie Orsur réduit-elle son risque en agissant ainsi ? Si le prix de l'or
augmente, le prix des bijoux suivra et le taux de marge d'Orisk ne sera pas modifié,
alors que celui d'Orsur augmentera. Si, par contre, le prix de l'or baisse, le prix des
bijoux diminuera et Ie taux de marge d'Orsur fera de même, alors que celui d'Orisk
restera constant. On peut même imaginer que le taux de marge d'Orsur devienne
négatif comme la conséquence de la décision de couverture. Les différentes
situations sont résumées dans le tableau 3.1.
Tableau 3.1 : Les dangers de la couverture quand les concurrents ne se couvrent pas
On peut en conclure que tous les effets des variations de prix sur Ia profitabilité de
l'entreprise doivent être pris en compte dans I’élaboration d'une stratégie de
couverture.
Considérations diverses
IL est important de garder à l'esprit qu'une stratégie de couverture par des contrats
futures peut aussi bien améliorer les profits que les diminuer par rapport à une
situation sans couverture. Dans l'exemple du producteur de pétrole considéré
précédemment. si le prix du pétrole baisse, la société perd de l'argent sur ses ventes
et la position sur les contrats futures permet de compenser cette perte. La situation
est donc meilleure avec la couverture et les supérieurs hiérarchiques du trésorier
apprécieront. Symétriquement, si le prix du pétrole monte, le résultat des ventes
augmente mais cette augmentation est compensée par les pertes sur les contrats
futures et le résultat est inférieur à celui qui aurait été obtenu sans couverture.
Quoique la décision de couvrir ait été parfaitement logique, il se peut que le
trésorier ait quelques difficultés à la justifier a posteriori. Si le prix est de 21,75 USD
Ie baril à la fin de la période de couverture, Ia perte sur les contrats futures est de 3
millions de dollars. On peut imaginer la conversation entre le PDG et le trésorier.
Le PDG : C'est terrible. Nous avons perdu 3 millions de dollars sur Ie marché à terme
en quelques mois. Comment est-ce possible ? J'exige une explication.
Le trésorier : L'objet des contrats futures n'était pas de faire des profits mais de nous
couvrir contre les variations de prix. N'oubliez pas que nous avons augmenté notre
résultat de 3 millions sur les ventes de pétrole à cause de l'augmentation du prix.
Le PDG : Quel rapport ! C'est comme si vous disiez qu'il ne faut pas s'inquiéter de la
baisse des ventes en Californie sous prétexte que celles de New York sont en
hausse !
Le trésorier : Si le prix du baril avait baissé...
Le PDG : Peu m'importe de savoir ce qui se serait passé si le prix avait baissé. Le fait
est qu'il a monté ! Je ne vois vraiment pas ce qui vous a pris de jouer sur ces
marchés. Nos actionnaires vont attendre d'excellents résultats ce trimestre et je vais
devoir leur expliquer que vos initiatives ont réduit nos profits de 3 millions. J'ai peur
que vous ne perdiez vos primes pour cette année.
Le trésorier : Ce n'est pas juste. Je. ..
Le PDG : Pas juste ! Vous avez même de la chance de ne pas être viré. Vous avez
perdu 3 millions.
Le trésorier : Tout dépend de la façon dont on voit le problème.
Cette petite conversation permet de comprendre pourquoi tant de trésoriers sont
réticents face aux opérations de couverture. Celles-ci réduisent le risque de
l'entreprise, mais elles peuvent mettre le trésorier dans une position délicate si les
autres décideurs ne comprennent pas parfaitement les tenants et aboutissants de
cette démarche. La seule solution est que la politique de couverture soit expliquée à
l'ensemble des décideurs de façon que chacun saisisse bien les enjeux et Les
résultats possibles. L'idéal est que cette politique soit établie par la Direction
générale et clairement communiquée à I’ensemble des directions et aux actionnaires
(voir l'encadré 3.1 pour une discussion sur la politique de couverture des mines d'or).
La base
La base est définie comme la différence entre le prix au comptant et Ie prix future. Si
I'actif à couvrir et le sous-jacent du contrat futures coïncident, Ia base sera nulle à
l'échéance du contrat. Mais avant cette date, elle peut être positive ou négative. Le
graphique 3.1 montre comment la base peut changer au cours du temps dans le cas
d'une base positive avant l'échéance. Pour examiner plus précisément le risque de
base, notons :
S1 le prix spot à Ia date t1
S2 Ie prix spot à la date t2
F1 le prix futures à la date t1
F2 Ie prix futures à Ia date t2
b1 Ia base à la date t1
b2 la base à la date t2
Graphique 3.1 : Variation de Ia base au cours du temps.
Supposons qu'une couverture soit mise en æuvre à Ia date t1 et dénouée à la date
t2; par exemple, considérons des prix spot et futures en t1 égaux à 2,5 € et 2,2 €, ces
mêmes prix en date t2 étant 2 € et 1,9 €. La définition de la base permet d'écrire :
b1 = S1 – F1
b2 = S2 – F2
Ce qui, dans notre exemple, se traduit par b1= 0,3 € et b2 = 0,1 €. Analysons tout
d'abord la situation d'un hedger qui prend une position courte en t1 car il sait qu'il
vendra le sous-jacent en t2. Le prix spot de I’actif sera S2 et le gain/perte sur le
contrat futures est égal à F1 - F2. Le prix effectivement obtenu pour une unité d'actif
vendue est donc :
S2 + F1 - F2 = F1 + b2
c'est-à-dire 2,3€. La valeur de F1 est connue dès la date t1, alors que celle de b2 sera
observée en t2, ce qui engendre le risque de base.
Le risque auquel est exposé un hedger provient parfois d'un actif qui n'est pas Ie
sous-jacent du contrat. Le risque de base est susceptible d'augmenter dans ce cas (il
s'agit en fait d'un risque de corrélation dans cette situation). Notons S2* Ie prix en
date t2 de l'actif à couvrir; le hedger s'assure, comme précédemment, un prix
d'achat ou de vente pour I'actif égal à :
S2 + F1 - F2 = F2 + b2
que I’on peut réécrire :
F1 + ( S2* - F2) + (S2 – S2* )
Les termes ( S2* - F2) et (S2 – S2* ) sont les deux composantes de Ia base. Le premier
est la base qui serait observée si I’ actif sous-jacent au contrat était Ie même que I'
actif négocié, alors que Ie second traduit la différence entre ces deux actifs. II est bon
de noter que le risque de base peut améliorer ou détériorer Ia position du hedger.
Dans le cas d'une couverture courte, Ia position s'améliore si la base s'élargit, alors
qu'elle se détériore si la base devient plus étroite. Pour une couverture longue, la
situation inverse est observée.
Exemple 3.2 :
Le 8 juin, une entreprise sait qu'elle devra acheter 20 000 barils de pétrole brut en
octobre ou novembre. La taille des contrats traités sur le NYMEX est de 1 000 barils
par contrat. L'entreprise décide de prendre une position longue sur 20 contrats
échéance décembre à un prix futures de 18,00 USD le baril. L'achat du pétrole est
finalement réalisé le 10 novembre et Ia position sur les contrats est dénouée à cette
date, alors que les prix spot et futures sont respectivement 20,00 USD et 19,10 USD.
Le gain sur les contrats est 19,10 - 18,00 = 1,10 USD par baril. À la date de clôture de
la position, la base est de 20,00 - 19,10 = 0,90 USD. Le prix effectivement payé par
baril s'écrit comme la différence entre le prix spot et le gain sur les contrats: 20,00 -
1,10 = 18,90 USD ou encore comme le prix futures initiai plus Ia base, c'est-à-dire :
18,00 USD + 0,90 USD = 18,90 USD
Le prix total payé est donc 18,90 x 20 000 = 378 000 USD.
Exemple 3.3 :
Une compagnie aérienne doit acheter deux millions de gallons de kérosène dans un
mois et décide de se couvrir par des contrats futures sur le fuel domestique. Le
tableau 3.2 donne, pour n = 15 mois consécutifs, les variations ∆S (kérosène) et ∆F
(fuel domestique) en USD par gallon. On notera x i et y i les variations respectives
de F et S pour le mois i. Le tableau 3.2 permet de calculer :
On peut alors, à l'aide des formules statistiques usuelles, estimer Ies écarts-types et
Ie coefficient de corrélation :
L'équation (3.1) nous indique que Ie ratio de variance minimum h* est donné par :
Chaque contrat sur fuel domestique porte sur 42 000 gallons; I’ équation (3.2) nous
donne alors le nombre de contrats :
Le Dow Jones Industrial Average, basé sur 30 titres. Les poids sont
proportionnels aux prix des titres. Deux contrats futures sur cet indice, cotés
sur le Chicago Board of Trade (CBOT), portent respectivement sur 10 USD et 5
USD fois la vaieur de I'indice.
Le Standard & Poors 500 (S&P500) est composé de 500 titres; les poids sont
proportionnels aux capitalisations boursières. Cet indice regroupe 80 % de Ia
capitalisation boursière du New York Stock Exchange (NYSE). Deux contrats
futures sur cet indice sont négociés sur Ie Chicago Mercantile Exchange
(CME). L'un porte sur 250 USD fois la vaieur de l’indice, et l'autre sur 50 USD
fois cette valeur.
Le Nasdaq100 comporte 100 titres cotés par Ie National Association of
Securities Dealers Automatic Quotations Service. Le CME propose deux
contrats sur cet indice.
Le principal indice britannique est le FTSE100, qui comporte 100 titres cotés
sur le London Stock Exchange (LSE).
Le DJ Euro Stoxx 50 (pour la zone euro) et le DJ Stoxx 50 (pour I'Europe) sont
deux indices de 50 actions européennes importantes. Les contrats futures sur
cet indice sont cotés sur l’Eurex. Ils portent sur 10 € fois la valeur de I’ indice.
Tableau 3.2 : Prix futures des contrats sur indice publiés dans le Wall Street Journal
du 5 février 2004 : les colonnes montrent le mois, les prix d'ouverture, les plus haut
et plus bas journaliers, le prix de compensation. la variation journalière, les plus haut
et plus bas sur la durée de vie du contrat et la position ouverte.
Une position courte sur 80 contrats doit donc être prise. Supposons que I’ indice
chute à 2 700 trois mois plus tard et que le prix futures soit de 2 706,75 (nous
verrons au chapitre 5 comment sont déterminés ces prix).
Le gain réalisé sur les futures s'écrit :
80 x (3 030,15 - 2 706,75) x 10 € = 265 181 €
La perte sur l'indice est de 10 % et le rendement en dividende de l'indice de 2 % par
an, soit 0,5 % sur trois mois. Par conséquent, Ia rentabilité est -9,5 %. De plus, le taux
sans risque annuel est 5 %, soit 1,25 % sur un trimestre. La relation du CAPM s'écrit :
Rentabilité espérée du portefeuille =Taux sans risque * Bêta x (Rentabilité de I'indice
- Taux sans risque)
C'est-à-dire :
1,25 + [1,5 x (-9,5 - 1,25)] = -14,875 %
La valeur espérée du portefeuille est donc : 1,6x (1- 0,14875) =1,362 millions d'euros
La valeur finale de la position s'écrit :
1362000 + 265181 =1627187 €
Le tableau 3.4 donne les résultats de cette couverture pour diverses valeurs de
l’indice. La valeur de la position est très stable, pratiquement indépendante de la
valeur de l’indice. Ce tableau suppose que Ie taux de dividende dans les trois mois
est connu, que le taux sans risque est constant et que la rentabilité du portefeuille
est parfaitement corrélée à celle de l'indice. Ces hypothèses ne sont pas vérifiées en
pratique et les résultats seront en général moins << parfaits >> que ceux illustrés ici.
Tableau 3.4 : Performance de la couverture par des contrats futures sur indices
Inversement, si β < β ¿, il faut une position longue sur un nombre de contrats égal à:
Résumé
Dans ce chapitre, nous avons analysé les différentes façons dont une entreprise peut
utiliser les contrats futures pour couvrir un risque. Si la position de
I' entreprise entraîne un gain en cas de hausse de I' actif et une perte en cas de
baisse, une position courte est appropriée. Si Ia sensibilité est de sens opposé, une
position longue sur les contrats devra être adoptée.
La couverture est une méthode de réduction du risque. Elle devrait donc être
considérée positivement par les managers. En réalité, certaines raisons théoriques et
pratiques font qu'il n'en est pas toujours ainsi. D'un point de vue théorique, on peut
dire que 1es actionnaires, en détenant des portefeuilles diversifiés, peuvent éliminer
une grande partie des risques inhérents aux actions qu'ils possèdent. Il n'est donc
pas nécessaire que les entreprises se couvrent. Pour I’ entreprise, il n'est pas
forcément opportun de couvrir une position si ses concurrents ne le font pas. De
plus, un trésorier peut craindre de se voir reprocher une couverture de position si
l'entreprise a gagné sur l'actif sous-jacent et si ce gain est compensé par une perte
sur les contrats.
En matière de couverture, Ie risque de base est un concept fondamental. La base est
la différence entre Ie prix spot et Ie prix futures. Le risque de base a pour origine
I'incertitude quant à Ia valeur de la base à Ia date de clôture de la couverture.
Le ratio de couverture rapporte Ie volume de Ia position sur les contrats à celui de la
position sur l'actif à couvrir. IL n'est pas toujours optimal d'utiliser un ratio égal à 1.
Si Ie hedger veut minimiser la variance de la valeur de sa position, un ratio différent
de 1 peut être un meilleur choix. Le ratio optimal est dans ce cas la pente de la droite
de régression des variations du prix spot sur celles du prix futures.
Les contrats futures sur indices sont utilisés pour couvrir le risque systématique d'un
portefeuille d'actions. Le nombre de contrats nécessaires est alors le bêta du
portefeuille multiplié par Ie ratio de Ia valeur de la position sur celle d'un contrat. Les
futures sur indices peuvent aussi être utilisés pour modifier Ie bêta d'un portefeuille
sans changer la composition de celui-ci.
Quand il n'existe pas de contrat futures suffisamment liquide, dont Ia date
d'échéance soit postérieure à l'horizon de couverture, une stratégie appelée
couverture glissante peut être appropriée. Elle suppose de prendre des positions
successives sur des contrats à maturité plus courte. Quand le premier contrat
approche de I' échéance, Ia position est dénouée et une autre du même type est
prise sur l'échéance suivante, et ainsi de suite. Cette stratégie donne de bons
résultats tant qu'il existe une forte corrélation entre les variations des prix spot et
futures.