Exposé Partie 6
Exposé Partie 6
Exposé Partie 6
L’Europe a d’abord cru que la crise financière qui avait commencé en 2007 aux
États-Unis (dite des subprimes) ne la toucherait que modérément. Pourtant, sa
propagation a été rapide et elle s’est vite transformée en crise économique
(diminution de la croissance, voire récession), en crise sociale (chômage croissant)
et en crise budgétaire (accroissement des déficits et explosion la dette).
Entre ces deux options, le débat fait rage durant le premier trimestre 2010 et
l’Allemagne se montre de plus en plus ferme, ne faisant ainsi qu’accroître la
spéculation des marchés contre la Grèce, ce qui a largement contribué à augmenter
le montant de sa dette, les taux auxquels elle pouvait emprunter ne faisant eux-
mêmes que grimper.
En parallèle, pour éviter une contagion de la crise à d’autres pays fragilisés (comme
l’Espagne, le Portugal ou l’Italie), l’UE décide, le 10 mai 2010, la création du Fonds
européen de stabilité financière (FESF) doté de 750 milliards d’euros. Il s’agit
d’envoyer un signal clair aux marchés : les pays de la zone euro n’entendent pas les
laisser détruire la monnaie unique et se dotent donc d’un instrument capable de venir
en aide aux pays qui seraient mis en difficulté.
Cela semble fonctionner. En effet, quelques mois plus tard, l’Irlande se retrouve
dans une situation compliquée car l’État a dû racheter la principale banque du pays,
l’Anglo-Irish Bank, qui était en faillite, et voit ainsi son déficit passer de 11,6% du PIB
à 32%. Premier pays européen à être entré en récession en 2008 et à avoir adopté
des mesures d’austérité, l’Irlande est secourue rapidement par ses partenaires.
Soucieux de montrer l’effectivité du FESF et d’envoyer un signal fort aux marchés, ils
encouragent le gouvernement irlandais, qui n’a pourtant pas d’échéance de
paiement de sa dette, contrairement à la Grèce, à demander officiellement l’aide du
du FMI et de l’UE et adoptent un plan d’aide de 85 milliards d’euros le 28
novembre 2010.
Mais les problèmes ne sont pas réglés, loin de là, car la récession qui frappe la
Grèce rend quasiment impossible la réduction de sa dette qui, au lieu de diminuer,
passe de 120 à 150% du PIB, entraînant une augmentation du taux d’emprunt du
pays qui est à nouveau au bord de la faillite au début de l’été 2011. Une fois
encore, des débats opposent les membres de la zone euro entre partisans
(France notamment) de la création d’ eurobonds – permettant de mutualiser la dette
et, dès lors, de créer une solidarité au sein de la zone dissuasive pour les marchés –
et opposants à cette solution (Allemagne en particulier). Doit-on laisser la Grèce faire
faillite et sortir de l’euro ? Doit-on créer un gouvernement économique ? Doit-on faire
contribuer le secteur bancaire, comme le souhaite la chancelière allemande Angela
Merkel ?
Le 21 juillet 2011, lors d’une réunion extraordinaire de l’Eurogroupe (qui se réunit de
plus en plus souvent au niveau des chefs d’État et de gouvernement depuis 2008 et
non plus, comme prévu initialement, au niveau des ministres de l’Économie et des
Finances), un nouveau plan de sauvetage de la Grèce est adopté. Il comprend
109 milliards d’euros d’aide du FMI et de la zone euro et une contribution des
créanciers privés qui doivent accepter une décote. Néanmoins, la situation ne
s’améliore pas, les dissensions sensibles au sein de l’eurozone ne faisant
qu’alimenter le doute sur la viabilité de l’euro et la volonté de solidarité des plus
riches. Dès lors, la crise se propage à l’Italie et à l’Espagne, alors que la Grèce est
toujours en difficulté. Insatisfaits des résultats des plans d’austérité, ses partenaires
tergiversent sur le versement de la nouvelle tranche d’aide qui doit lui être versée
pour faire face à ses échéances et les marchés ne sont pas convaincus par le plan
de juillet.
Pourtant, cet accord ne semble pas suffire à enrayer la crise et ses différents volets
peinent à être appliqués. Dès lors, le Conseil européen du 9 décembre 2011 doit à
nouveau se pencher sur la crise pour tenter une énième fois de sortir la zone euro de
la tourmente qui la frappe depuis 2010. Mais les désaccords sont nombreux,
notamment entre Paris et Berlin, malgré leur dialogue constant. La chancelière
allemande Angela Merkel ne veut ni de la modification du statut de la BCE (pour le
rapprocher de celui de la Réserve fédérale américaine), ni des eurobonds et
souhaite une surveillance par la Commission et la CJUE des budgets nationaux, ce
qui est considéré comme une atteinte inacceptable à leur souveraineté budgétaire
par de nombreux États.
L’idée d’un nouveau traité voit néanmoins le jour face à l’urgence de mettre un terme
définitif à la crise. Le Conseil européen du 9 décembre 2011 décide donc la
signature d’un traité qui ne concernera en revanche que 25 des 27 pays membres,
du fait du refus du Royaume-Uni et de la République tchèque d’y participer.
La crise de l’euro semble néanmoins s’apaiser dans les années qui suivent. Mais en
janvier 2015, les Grecs élisent à leur tête le parti d’extrême gauche Syriza, qui a fait
campagne sur la fin de l’austérité. Le nouveau Premier ministre Alexis Tsipras
souhaite renégocier les termes du plan d’aide mais les négociations achoppent en
juin 2015 après des mois de tensions. Il décide alors l’organisation d’un référendum
afin de demander aux Grecs s’ils acceptent les termes proposés par les Européens
ou s’ils les rejettent. Le 5 juillet 2015, les citoyens grecs votent « non » à 61,31 %
des voix, suivant la position de leur dirigeant. Pourtant, le 13 juillet, dos au mur et
contraint d’obtenir un programme de refinancement, ce dernier accepte finalement le
nouveau plan d’austérité qui accompagne un nouveau plan d’aide. Conscient d’aller
contre l’avis exprimé par sa population quelques jours plus tôt, il annonce sa
démission en août et prévoit des élections pour septembre, qu’il remporte malgré
tout.
En septembre 2017, la Grèce est sortie de la procédure pour déficit excessif et,
après trois années de programme d’ajustement économique et un solde budgétaire
annuel positif hors remboursement de la dette, a fini par sortir du dispositif d’aide en
août 2018 : elle peut donc de nouveau se refinancer sur les marchés. Si son PIB est
reparti à la hausse (1,4 % de croissance pour 2017 ; 1,9 % attendu en 2018), elle
n’est pas pour autant entièrement tirée d’affaire, sa dette se maintenant à 180 % de
son PIB.