Lib 09122011
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I
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DSK: SEXE, COUPS
DEFIL ETVIDO
PAGES 1213
LANOSTAGIE
DELA4L
PAGES 2627
ides
pour
sauver
leuro
PAGES 24
Sahel, la bataille
des otages
AFRIQUE Tout est re-
faire.De laveumme des
proches du dossier, les n-
gociations avec Al-Qaeda
au Maghreb islamique
(Aqmi), qui dtient quatre
otages franais dans le Sa-
hel, sont au point mort. Et
leurs familles peuvent sin-
quiter. Enquelques jours,
la situationsest considra-
blement dgrade. Aprs la
mise hors jeu dun ngo-
ciateur, bless par des mili-
taires maliens, deux autres
ressortissants franais ont
t enlevs auMali. Libra-
tion reconstitue le fil de ces
vnements marqus par
des rivalits entre les diff-
rents acteurs de ce drame.
PAGES 3637
Lynch, le
sonaprs
limage
Electro blues
esthtisant sous
ambiance insolite
et perverse, le
premier CDsolo du
ralisateur de Lost
Highwaydtonne.
PAGES 2829
Merkozynest pas unefatalit. Ala
veilledunnouveausommet crucial,
Librationaexamindautres voies
possibles pour laBCE, les institutions
oules politiques derelance.
1,40 EURO. PREMIRE DITION N
O
9510 VENDREDI 9 DCEMBRE 2011 WWW.LIBERATION.FR
IMPRIM EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,10 , Andorre 1,40 , Autriche 2,80 , Belgique 1,50 , Canada 4,50 $, Danemark 25 Kr, DOM 2,20 , Espagne 2,10 , EtatsUnis 4,50 $, Finlande 2,40 , GrandeBretagne 1,60 , Grce 2,50 ,
Irlande 2,25 , Isral 18 ILS, Italie 2,20 , Luxembourg 1,50 , Maroc 15 Dh, Norvge 25 Kr, PaysBas 2,10 , Portugal (cont.) 2,20 , Slovnie 2,50 , Sude 22 Kr, Suisse 3 FS, TOM 400 CFP, Tunisie 2 DT, Zone CFA 1 800 CFA.
Entre Merkel et Barroso au congrs des partis europens de droite hier Marseille, Sarkozy a mis en garde: Il ny aura pas de seconde chance pour la zone euro. PHOTOJ.P. PELISSIER.AFP
Par FRANOISSERGENT
Volontariste
On ne peut que regarder
avec scepticisme ce
nime sommet de la
dernire chance,
le 23
e
selon les meilleurs
bruxellologues depuis
la crise, cens sauver
leuro, lEurope et mme
le monde. Avec Sarkozy
en pompier plantaire,
qui voit son salut lectoral
dans sa proximit et
son alignement sur la
chancelire allemande.
Le couple Merkozy
a conu un plan oblig,
prendre ou laisser
selon la dramaturgie des
sommets, qui se doivent
dtre au bord de labme.
Un compromis limage
de lEurope, association
dmocratique de 27 pays
aux cultures et histoires
politiques dissemblables.
Il sagit dun projet qui
sinscrit dans la dure,
selon une rigoureuse
chorgraphie et une stricte
chronologie la Merkel :
remise en ordre des
comptes, union
budgtaire,
approfondissement
europen et, seulement
in fine, solidarit et
mutualisation. Dans ce
cadre contraint, un couple
Merkhollande aurait-il
t diffrent ? Point par
point, Libration tente
de mesurer si un autre
plan tait possible,
plus volontariste et
interventionniste pour la
BCE, plus solidaire pour les
dettes souveraines et,
surtout, plus ambitieux
pour ramener la
croissance, seule cl pour
que les citoyens voient en
lEurope autre chose que
rigueur, austrit et
chmage.
DITORIAL
Alors que Sarkozyet Merkel poussent
lUE adopter leur plande toute
urgence, Librationenvisage
des mesures alternatives.
ContreMerkozy, une autreEuropeest possible
E
nime sommet de la dernire chance? Ul-
time rencontre avant unbig-bang mon-
taire, financier, puis conomique? Les
chefs dEtat et de gouvernement, runis
depuis hier Bruxelles, tentent, une nouvelle fois,
de rgler la crise de la dette qui secoue depuis plu-
sieurs mois le continent europen. Unsommet or-
ganis dans uncontexte de dramatisationentre-
tenu par les dirigeants politiques eux-mmes,
aprs la menace brandie, lundi soir, par lagence
de notationStandard&Poors de dgrader la note
de la quasi-totalit des Etats de la zone euro, dont
les six pays encore titulaires dun triple A.
Jamais le risque dexplosionde lEurope nat aussi
grand, a alert hier aprs-midi Nicolas Sarkozy,
lors durassemblement duParti populaire europen
Marseille. Il faut dcider tout de suite. Plus nous tar-
derons prendre cette dcision, plus elle sera co-
teuse, moins elle sera efficace.Et si Angela Merkel
tentait de rassurer Je suis convaincue que nous
allons trouver une solution toutes les questions,
sonentourage laissait entendre, la veille, tre plus
pessimiste que la semaine dernire [] sur la possibi-
lit davoir unaccordtotal. Une pressionducouple
franco-allemand qui vise galement faciliter
ladoptionde leurs propres propositions, arrtes
lundi, et essentiellement tournes vers un plus
grandcontrle par Bruxelles des budgets des Etats.
Acette dramatisationsest ajoute, hier, la douche
Par JEANQUATREMER
et NATHALIEDUBOIS(Bruxelles),
VITTORIODEFILIPPISet LUCPEILLON
LESSENTIEL
LE CONTEXTE
Les VingtSept se
retrouvent depuis hier
soir Bruxelles pour
un sommet qui doit
permettre dadopter le
plan MerkelSarkozy,
fond sur un
changement des
traits europens.
LENJEU
Cette hgmonie
francoallemande est
dnonce par la
Commission et par
nombre de pays, au
risque de crer une
Union plusieurs
vitesses et diffrents
primtres.
froide de la Banque centrale europenne (BCE),
dont le prsident Mario Draghi, par ses dclara-
tions, a fait seffondrer les Bourses du continent.
Tout annonant une baisse des tauxdintrt de la
BCEdunquart de point ( 1%), et de nouvelles fa-
cilits de financement pour les banques commer-
ciales, il a ferm la porte une interventionmas-
sive de la Banque centrale sur le march secondaire
des dettes publiques, qui permettrait de dtendre
les tauxdes obligations souveraines. Coupde bam-
bou supplmentaire: la BCE ne prvoit plus que
0,3%de croissance dans la zone euro en 2012.
Reste que ce sommet, comme les prcdents, por-
tera essentiellement sur une exigence de plus de
rigueur budgtaire de la part des Etats. Prsenta-
tionde solutions alternatives qui, court, moyen
et long terme, permettraient de rsoudre durable-
ment la crise.
Ce que lon devrait faire: Les dirigeants
de la zone euroont oubli lune des causes
qui transforma ce qui ntait quune sim-
ple crise enunsisme financier mondial.
Fin des annes 20, la Rserve fdrale
(FED, la banque centrale amricaine) a
alors 15 ans peine. Autour delle, tout se
lzarde: Wall Street, le bilandes banques
et des entreprisesLa moiti des tablis-
sements financiers du pays font faillites.
Mais la FEDne bouge pas.
La Banque centrale europenne est bien
des gards dans une situationcomparable.
Ne rien faire aujourdhui, cest
prendre le risque du pire. Faire? Mais quoi ? Sim-
plement ce que font les autres grandes banques
centrales de la plante, comme la FED, la Banque
Changer le rle
de la BCE
LES MESURES DU PROJET DE SARKOZY ET MERKEL
REPRES
w Automaticit des sanctions contre les Etats en cas
de dpassement du dficit public audel de 3%du
PIB et de la dette publique audessus de 60%.
w Inscription dune rgle dor (retour lquilibre
budgtaire) dans les Constitutions nationales.
w Instauration de sommets rguliers (au moins
deux fois par an) des dirigeants de la zone euro.
w Volont de convergence des politiques conomi
ques (travail, fiscalit, finances, croissance).
w Acclration de la mise en place du Mcanisme
europen de stabilit (MES), le successeur du
Fonds europen de stabilit financire (FESF),
dot de 500 milliards deuros et dont les dcisions
seront prises la majorit de 85%.
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
2
EVENEMENT
Le sige de la Banque centrale europenne Francfort. De nombreuses voix estiment que la BCEne peut plus se contenter dagir contre la seule inflation. PHOTOJOHANNES EISELE.REUTERS
ContreMerkozy, une autreEuropeest possible
bankallemande, la BCEne peut plus se contenter
duseul objectif de la stabilit des prix. Elle doit
se fixer comme mission, comme aux Etats-Unis,
le niveau de lemploi et de la croissance.
Ce qui bloque: Onconnat les arguments: il faut
une rvisiondes traits europens. Mais la BCEne
sest-elle pas dj mise en faute, notamment en
achetant des bons duTrsor italien?Les opposants
redoutent aussi unemballement des prix, suite
ce qui est assimilable de la cration montaire
via la Banque centrale europenne. Cest le cas de
lAllemagne, dont la crainte de linflation serait
culturelle. Difficile de soutenir un tel argument
quand la rcessionpointe. Quant la peur du fa-
meux ala moral, ce principe selon lequel les
Etats aux budgets laxistes se sentiraient autori-
ss dpenser sans compter, puisque protger
par unprteur endernier ressort, cest nier quune
nouvelle fonction de la BCE peut sac-
compagner de nouvelles rgles.
Ce que lon devrait faire: UnTr-
sor europenpourrait mettre des titres
(emprunts publics) pour financer les Etats
de la zone euro, crant ainsi unmarch obliga-
taire europen aussi vaste et li-
quide que le march des treasury
bonds en dollars. Une mission
communedeurobonds qui conduirait unemutua-
lisationdes dettes publiques. Ce serait ainsi le stade
suprme de la solidarit, puisque les Etats apporte-
raient leur garantie collective. A la demande du
Parlement europen, la Commissiona prsent en
novembre un Livre vert illustrant lintrt de ce
quelle appelle des obligations de stabilit. Les
eurobonds auraient lavantage doffrir une force
de frappe assez massive pour casser la spculation
des marchs. Jacques Delors et lconomiste (pro-
che duPS) Daniel Cohen, dans une rcente tribune
Libration, estimaient que le Mcanisme euro-
pende stabilit (MES) pourrait raisonnablement
mettre 3000 milliards deuro-obligations.
Une somme plus la hauteur de la gravit de la
crise que les maigres pare-feux bricols par les
Dix-Sept. Les eurobonds tant garantis par tous
les membres de leuro(dont sixpays nots AAA-),
ils bnficieraient de taux dintrt trs bas. Une
bouffe doxygne pour la Grce, lEspagne ou
lItalie, qui se ruinent emprunter des taux
exorbitants.
Ce qui bloque: Angela Merkel ne veut pas enen-
tendre parler : Les obligations europennes ne
SONTPAS une solution la crise, rpte la chan-
celire. Si lAllemagne est seule rejeter les euro-
bonds, cest que cela renchrirait unpeu ses em-
prunts. Mais surtout, ce nouvel outil est peru
Berlin comme une incitation sendetter. La
chancelire insiste donc pour que les eurobonds
ne voient pas le jour avant lunion budgtaire, et
la remise enordre des finances publiques de tous
ses partenaires. Aprs, pourquoi pas
Ce que lon devrait faire: Le budget commu-
nautaire reprsente actuellement 1% du PIB de
lUnioneuropenne (soit 130milliards deuros par
an) et 2,5%des dpenses publiques. Aux Etats-
Unis, le budget fdral (qui inclut les dpenses mi-
litaires) pse plus de 23%duPIB. Sans aller jusqu
ce niveau, puisquil nest pas encore question de
mutualiser la dfense, le budget europenpourrait
tre multipli par trois ou quatre afindorganiser
une solidarit financire forte. Il ne
Doter lUEdun
vrai budget fdral
centrale du Royaume-uni ou encore la BOJ au Ja-
pon. Ces trois pays ressentent peine les cons-
quences dune baisse de leur note par les fameuses
agences de notation. Pourtant leurs niveaux de
dette et de dficits publics ny sont pour rien. Ils
sont de loin suprieurs la moyenne des pays de
la zone euro. La crise des dettes souveraines ny
existe pas, et les taux dintrts obligataires sont
nettement infrieurs ceux de la plupart des pays
de la zone euro. Le Japon beauafficher une dette
de 200% de son PIB, elle se finance 1% quand
lItalie (125%de dette) sendette prs de 6%
Pourquoi ? Car, dans ces pays, les Etats peuvent
se tourner directement vers leur banque centrale
pour se financer.
Or, enfaisant disparatre, lors de la rdactiondu
trait de Maastricht, la fonctionde prteur ender-
nier ressort de la BCE, ona supprim la qualit at-
tache auxobligations dEtat: Celle dtre des ac-
tifs financiers sans risque, prcise Jean-Paul
Fitoussi de lOFCE. Ce qui permettait pourtant de
placer ces emprunts avec untauxdintrt trs fai-
ble et, donc, moins coteuxpour les Etats. Fitoussi
dajouter: Il faut que la BCEpuisse exercer pleine-
ment une fonctionde prteur endernier ressort. Il faut
lautoriser acheter des titres dEtat. Et autant quelle
le souhaite.Pour viter la rcession, les Etats-Unis
enont souscrit pour plus de 1700milliards de dol-
lars (1250 milliards deuros). La BCE, elle, sest
contente denracheter (encatimini) pour moins
de 200milliards deuros. Or, pour faire retomber
la pressionsur le niveaudes tauxdintrts obliga-
taires, la BCEpourrait se contenter dune annonce
verbale. Le simple fait de dire quelle interviendra
pourrait faire stopper la spculation sur les marchs
obligataires. Et il suffirait quelle se prsente sur ces
marchs pour que les investisseurs, ou plutt les sp-
culateurs privs, comprennent une bonne fois pour
toutes quils sont face un gant redoutable, la BCE,
dont les munitions montaires nont pas de limites,
ajoute lconomiste Michel Aglietta. Mais il faut
aller plus loin. Cre sur le modle de la Bundes-
Lclatement de la zone euro ce nest pas
unscnario que lonconsidre aujourdhui,
[mais] il est vident que la zone euro doit
fonctionner de faonbeaucoupplus
efficace, homogne et solidaire.
JeanMichel Sixchef conomistepour lEurope
delagencedenotationStandard&Poors
DIX MOIS DE SOMMETS DE LA DERNIRE CHANCE
w 11 mars A la veille dun sommet Bruxelles, le
Premier ministre grec dalors, Georges Papandrou,
dclare que cest lune des dernires chances pour
lEurope de faire face aux marchs. Les VingtSept
portent le FESF 440 milliards deuros.
w 23 et 24 juin Runis Bruxelles pour ce que la
presse surnomme la semaine de tous les dangers,
les Europens sengagent sur un nouveau plan de
sauvetage de 110 milliards deuros pour la Grce.
w 21 juillet Les dirigeants de la zone euro reconnais
sent quAthnes est en dfaut de paiement partiel.
w 26 octobre Les Europens dcident deffacer une
partie de la dette grecque, la ramenant de 160%du
produit intrieur brut (PIB) 120%.
Mutualiser
la dette des Etats
Suite page 4
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
3
Le logo qui orne la place devant la Banque centrale europenne, Francfort. PHOTORALPHORLOWSKI.REUTERS
Tout est sur la table, aujourdhui Bruxelles. Ycompris une sortie de la zone pour les eurosceptiques.
Une Unionencercles concentriques
L
Union est morte, vive
lUnion! Sous les coups de
boutoir de la crise de la dette,
les Etats sont contraints de repen-
ser de fond en comble la maison
europenne afin de la remettre
daplomb. La future Union sera
sensiblement diffrente, si elle sur-
vit la crise, bien sr, de celle qui
existe aujourdhui : une Europe
plusieurs vitesses, plus de fdra-
lisme institutionnel et de solidarit
financire au sein de la zone euro,
moins dEtats membres, la Grande-
Bretagne tant dsormais sur une
trajectoire de sortie.
En deux ans, la fiction dune Eu-
rope unie avanant dunmme pas
vers un avenir radieux a vol en
clat. Plusieurs groupes de pays se
sont dessins. Dune part, les dix-
sept de la zone euro dont le destin
commun est clairement apparu.
Ensuite, les six pays, dont la Polo-
gne, qui veulent les rejoindre ds
quils seront prts. Puis ceux qui
bnficient dun opt out leur
permettant lgalement de rester
lcart: Grande-Bretagne et Dane-
mark. Enfin, ceuxqui nont aucune
intention dadopter leuro: Sude
et Rpublique tch-
que. Cette Europe des
cercles concentriques
rend toute organisa-
tiondensemble parti-
culirement compli-
que, les intrts de la zone euro
ntant absolument pas ceux des
autres.
Sortie. Ce qui tait impensable il y
a quelques annes est devenuenvi-
sageable: comment permettre la
zone daller de lavant alors que
toute modification des traits doit
tre adopte lunanimit des 27?
Il nest pas question dopposer les
17 au10, prcise-t-ondans lentou-
rage de la chancelire allemande. Il
sagit de crer une Europe 27 moins
ou 17 plus. Autrement dit, la
zone euroindique la sortie auxpays
les plus eurosceptiques dont les r-
ticences face davantage dint-
grationla fragilisent. Lors dusom-
met du 23 octobre, Angela Merkel
a clairement annonc la couleur au
Britannique David Cameron et au
Sudois FredrickReinfeldt: Nous
le ferons 27 ou 17, mais vous ne
pourrez pas nous en empcher.
Si Londres, Stockholm et Prague
bloquent une rforme des traits
27, qui ne concerne pourtant que
les pays de la zone euro, la ngocia-
tion dun trait 17 ouvert ceux
qui voudront la rejoindre, sera sans
aucundoute lance. Le gouverneur
de la Banque centrale polonaise,
Marek Belka, prfre encore cette
Europe deuxvitesses une Eu-
rope immobile qui reste coince et fi-
nit par seffondrer.
Dix ans. Le cas le plus problmati-
que est celui de la Grande-Breta-
gne: sa volont de rcuprer une
partie des comptences dvolues
lUnion(rglementationfinancire,
politique sociale et de la pche) a
achev de convaincre ses partenai-
res que sa place ntait plus enEu-
rope. La Commissionrflchit des
solutions, comme une sortie de
lUnion rendue possible par le
trait de Lisbonne, et la conclusion
dune srie daccords bilatrauxsur
le modle suisse afinde lui garantir
certains bnfices dumarch int-
rieur. Charles Grant, duthinktank
Center for European Reform, juge
fort probable que le Royaume-Uni
sorte de lUnion avant dix ans, du fait
de la monte de leuroscepticisme
dans lopinion publique comme dans
le parti conservateur. Undpart de
Londres pourrait entraner celles
dautres eurosceptiques ou, au
contraire, les convaincre de rejoin-
dre la zone euro.
Mais il est clair que le maintien
prolong auseinde lUnionde pays
non membres de leuro posera de
redoutables problmes: comment
imaginer davantage de fdralisme
et donc de dmocratie auseinde la
seule zone euro? Les institutions
communautaires et le budget sont
faits pour les 27Faut-il les dupli-
quer? Une Commissionpour les 27,
un autre pour les 17+? Car aller
plus loin au sein de la zone euro
sans institutions fdrales implique
un fonctionnement purement in-
tergouvernemental (o seuls les
gouvernements dcident) qui ne
plat qu la France
Envoys spciaux Bruxelles
NATHALIE DUBOIS
et JEAN QUATREMER
mune et de les aider financirement en cas de
besoin. Une partie des responsables politiques
europens, notamment enAllemagne, lont par-
faitement compris, endemandant la crationdes
Etats-Unis dEurope. Ce serait le seul moyende
donner une lgitimit dmocratique la zone euro.
Alheure oles pays vont perdre leur souverainet
budgtaire, il faut associer le Parlement europen
et les Parlements nationaux.
La fusiondes postes de prsident de la Commission
et du Conseil europen simplifierait lexcutif
communautaire et onpourrait envisager, pourquoi
pas, de le faire lire au suffrage universel direct.
Problme: les institutions communautaires sont
prvues pour 27 et nonpour les seuls 17 de la zone
euro.
Ce qui bloque: La France nest pas prte ce saut
fdral, qui implique de donner le pouvoir aux ci-
toyens. La plupart des politiques franais, droite
comme gauche, restent marqus par la vision
gaulliste de lEurope, qui privilgie lintergouver-
nemental au communautaire. Le nonau rfren-
dumde 2005 a dailleurs t interprt comme un
refus du fdralisme.
Pour lAllemagne, le systme politique de la Rpu-
blique fdrale pourrait servir de modle lUEdu
futur. Berlin, surveill par sa Cour constitution-
nelle, ne pourra accepter une solidarit financire
totale qu conditionque lEurope se dmocratise.
Pas question dtre responsable des dettes des
autres sans contrle mutuel des peuples.
Ce que lon devrait faire: Comment partager
une mme monnaie avec des politiques conomi-
ques divergentes et souvent enconcurrence? Pour
viter que le capital ne se dlocalise, il faut dve-
lopper unsocle communenmatire fiscale (impts
sur les socits, sur le capital, et les transactions
financires), mais aussi dans le domaine social
(exigence dunsalaire minimum, harmonisation
des rgimes de retraite et de scurit sociale).
Ce qui bloque: Plus grand-chose, en fait. La
crise de la zone euro a fait prendre conscience aux
Etats de la ncessit dharmoniser des domaines
qui relevaient jusque-l de la souverainet natio-
nale. Il est piquant de voir que deux dirigeants
conservateurs comme Angela Merkel et Nicolas
Sarkozyproposent que la zone euroharmonise ses
politiques fiscales et sociales. Reste savoir si
celle-ci se fera par le hautou par le bas.
sagit pas daugmenter les d-
penses, mais de transfrer certains postes au ni-
veaufdral (comme la recherche), ce qui permet-
trait dviter les doublons. Voire dinitier des
politiques de relance lchelle du continent. Un
impt europen serait cr: on rebasculerait au
budget de lUEune fractionde la TVA, de limpt
sur les socits, de limpt sur le revenu ou de la
future taxe sur les transactions financires.
Ce qui bloque: Depuis 1993, le budget europen
est quasiment gel et rgi par la logique du juste
retour(je reois enproportionde ce que je verse).
La crise grecque a montr les limites de cet go-
sme au seindune mme zone montaire. Pour-
tant, le couple franco-allemandse borne prner
un carcan des budgets nationaux.
Ce que lon devrait faire: La crise de la dette est
le signe que les marchs ne croient pas la pren-
nit dune monnaie sans Etat, cest--dire sans
pouvoir politique et conomique fdral capable
dimposer aux Etats fdrs une discipline com-
Construire
une Europe fdrale
Lharmonisation
sociale et fiscale
Il sagit de crer une Europe
27 moins ou 17 plus.
Dans lentouragedAngelaMerkel
Suite de la page 3
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
4 EVENEMENT
6
Hausse du salaire des enseignants:
Luc Chatel embellit le tableau
Depuis 2007, nous
avons puaugmenter
de 18%nos
enseignants
endbut de carrire
qui passeront le cap
symbolique
des 2000euros
le 1
er
fvrier.
LucChatel
ministredelEducation
nationale, mardi, invitde
laMatinaledeFranceInter
A
lapproche de la pr-
sidentielle, Luc Chatel
prpare le bilan du
quinquennat en matire
dducation, unexercice d-
licat en raison des suppres-
sions de postes 66000 de-
puis 2007. Le ministre a
pourtant trouv un angle
dattaque: les socialistes, d-
pensiers invtrs, ont mul-
tipli le nombre de profs, cela
na pas empch les rsultats
des lves de dcliner. Tou-
jours selonChatel, le pouvoir
sarkozyste, lui,
a trouv la
solution: il di-
minue le nombre de profs,
mais il les paie mieux.
Le 24novembre, auSalonde
lducation, Chatel avait r-
serv une surprise, annon-
ant que les profs en dbut
de carrire allaient franchir
le cap des 2000 euros brut
mensuels. Invit mardi de
France Inter, il sest flicit
des largesses du gouverne-
ment. Ctait un engage-
ment que le candidat Sarkozy
avait pris devant les Franais:
je veux moins denseignants,
mieux rmunrs, a-t-il ex-
pliqu. Avant de rappeler que
grce aunon-remplacement
dun dpart la retraite sur
deux, nous avons pu aug-
menter de 18% nos ensei-
gnants endbut de carrire qui
passeront le cap symbolique
des 2000euros le 1
er
fvrier.
S
i lonretient les chiffres
cits le 24novembre par
le ministre 1690euros
brut perus en 2007 par un
dbutant compar aux
2 000 euros le 1
er
f-
vrier 2012, son calcul est
juste : en
cinq ans,
le salaire
dun jeune prof des coles
ou certifi a augment de
18%. Le problme est quen
prsentant ainsi la situation,
Chatel enjolive la vrit et
compare des choses pas tout
fait comparables. Dabord,
depuis 2007, la dprciation
par linflationa t de lordre
de 10%. Or, si lon prend le
salaire de 2007 en tenant
compte de la hausse des prix
avec celui de 2012, ce nest
plus 18% daugmentation
que lontrouve mais 8%. Il y
a bien un effort financier de
lEtat, mais il est dj moin-
dre que celui affich.
Ensuite, le ministre fait
comme si la rforme de la
formation des enseignants
la dcrie masterisation
ntait pas passe par l. De-
puis 2010, les profs sont d-
sormais recruts au niveau
master, cest--dire bac
plus cinq contre bac plus
trois, cest--dire au niveau
licence, jusquici. Cela signi-
fie que le futur prof doit fi-
nancer deuxannes dtudes
supplmentaires. Sans faire
aucun calcul, cela relativise
les 8% de hausse en euros
constants.
Autre conclusion: un prof
dbutant en2007 nest pas le
mme quun prof dbutant
en 2012. Le premier com-
menait par une anne enal-
ternance, lchelon 1 du-
rant ses trois premiers mois
dexercice comme stagiaire,
puis lchelon 2 les neuf
mois suivants avant dtre ti-
tularis lchelon3. Le se-
cond, lui, dbute directe-
ment au troisime niveau.
Ds lors, que compare exac-
tement Chatel ? Selon un
conseiller budgtaire cit par
lagence spcialise endu-
cation AEF, le ministre a
fait, pour 2007, une
moyenne de la rmunration
dunenseignant durant sapre-
mire anne dexercice, de
lchelon 1 (1 577 euros)
lchelon3 (1785 euros). Et il
est arriv au chiffre quil
prend pour rfrence de
1690 euros. Mais plusieurs
syndicats contestent cemode
decalcul unpeutropalambi-
qu pour tre juste. Pour-
quoi, par exemple, ne pas
plutt comparer lchelon3
de 2007, lorsque le jeune prof
form lancienne prenait en
charge une classe aprs une
anne en alternance, avec
lchelon 3 de 2011 le prof
prenant dsormais tout de
suiteuneclasse?Dans cecas,
la hausse saffaisse 12,5%,
hors inflation.
Enfinmme avec ce coupde
pouce, les salaires des ensei-
gnants franais restent bien
ende de la moyenne euro-
penne, comme le souligne
lOCDE. Alors le ministre a
beau senorgueillir quel
autre pays a pris une telle me-
sure?, il ne convainc pas
grand monde.
VRONIQUE SOUL
INTOX
DSINTOX
DSINTOX
Dsintox, cest aussi : un blog (http://desin
tox.blogs.liberation.fr), un compte twitter (@LibeDesin
tox) et depuis peu une page Facebook
(www.facebook.com/DesintoxLiberation).
SUR LIBRATION.FR
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I
L
L
O
N
Le minimumvieillesse gnre
un maximumdneries
Untranger qui na
jamais travaill en
France, qui vient en
France et qui a plus
de 65ans, a droit
dune manire
automatique
750euros
de retraite. [] Il faut
donner la priorit
auxFranais,
ouventuellement
auxtrangers en
situationrgulire.
Louis Aliot (FN) le
26novembre, sur FranceInter
Vous avez dit []
quuntranger peut
venir comme a sur
le sol franais, tout
duncoup, il
dbarque 65ans,
et il aurait droit
750euros. Cest
faux! Vous ne pouvez
pas avoir comme
a des aides dEtat
si vous navez pas
cotis unsystme
de retraite!
AurlieFilippetti (PS)
le26novembre,
sur FranceInter
L
e FNa russi soncoup.
Depuis des mois, Ma-
rine Le Penne cesse de
dnoncer le fait que les
trangers puissent bnficier
du minimumvieillesse (d-
sormais Aspa, allocation de
solidarit aux personnes
ges), ce dispositif qui fixe
pour les ans les plus dmu-
nis unplancher de ressources
(742 euros pour une per-
sonne seule). La majorit a
suivi le mouvement en fai-
sant voter fin octobre un
amendement gouvernemen-
tal durcissant les conditions
doctroi de la prestationaux
trangers. Et le sujet, fr-
quemment abord lors des
dbats politi-
ques, est dsor-
mais lobjet de
nombreuxfantasmes et con-
tre-vrits.
Entmoigne cet change en-
tre Louis Aliot lieutenant de
Marine Le Penet la dpute
socialiste de Moselle Aurlie
Filippetti, le 26novembre sur
France Inter. Cest Aliot qui
met le sujet sur la table: Un
tranger qui na jamais tra-
vaill en France, qui vient en
France et qui a plus de 65 ans,
adroit dune manire automa-
tique 750 euros de retraite.
Est-ce normal ? Non. Il faut
donner la priorit aux Fran-
ais, ou ventuellement aux
trangers en situation rgu-
lire.Rponse dAurlie Fi-
lippetti : Pardon, mais ces
chiffres sont faux. Je voudrais
rtablir parce quil y a des er-
reurs manifestes. Vous avez
dit, et cest un chiffre que vous
citez souvent, quun tranger
peut venir comme a sur le sol
franais, tout dun coup, il d-
barque 65 ans, et il aurait
droit 750 euros. Cest faux!
Vous ne pouvez pas avoir
comme a des aides dEtat si
vous navez pas cotis un
systme de retraite!
C
ommenons par Louis
Aliot. La prsentation
par le FNduminimum
vieillesse est tendancieuse. Il
nya pas, comme Aliot le dit,
dautomaticitdans loc-
troi de la prestation aux
trangers. Il faut dabordque
ces derniers soient ensitua-
tionrgulire, apportent les
preuves dune rsidence sta-
ble sur le territoire et que
leurs ressources soient inf-
rieures 742 euros par mois.
Et depuis dcembre 2005, il
leur faut aussi justifier une
antriorit de rsidence de
cinq annes (1). Une dure
de sjour,
bien que
conteste
par la Halde (Haute Autorit
de lutte contre les discrimi-
nations et pour lgalit),
que le gouvernement sou-
haite dsormais faire passer
dix ans.
Prcisons aussi que le mini-
mum vieillesse ne consiste
pas verser chacun de ses
bnficiaires un chque de
750 euros. Le dispositif aide
complter les ventuels re-
venus existants pour per-
mettre aux bnficiaires
datteindre unrevenu mini-
mal de 742 euros (une
somme infrieure auseuil de
pauvret). En moyenne, le
montant de la prestationpar
allocataire slve
350euros. Enfin, onvoit as-
sez mal o Aliot veut en ve-
nir quandil propose, comme
solutionau problme, de
donner la priorit aux Fran-
ais, ou ventuellement aux
trangers en situation rgu-
lire. Une manire de
suggrer que les trangers en
situation irrgulire bnfi-
cient duminimumvieillesse,
ce qui est faux.
Cest l quintervient Aurlie
Filippetti afinde rectifier les
erreurs manifestesde son
interlocuteur. Il y a matire.
Sauf que la dpute socialiste
cogne ct de la cible en
affirmant : Vous ne pouvez
pas avoir daides dEtat si vous
navez pas cotis un systme
de retraite. Le minimum
vieillesse est undispositif de
solidarit non contributif.
Cest--dire quil sadresse
aux personnes ges,
quelles aient ounoncotis
un rgime dassurance
vieillesse.
Une grande majorit des
600000 bnficiaires de
lAspa ont cotis. Ils tou-
chent des pensions trs fai-
bles parce quils ont troppeu
cotis (le plus souvent), mais
aussi parfois endpit de car-
rires compltes (cest sou-
vent le cas des agriculteurs).
Mais ondnombre aussi en-
viron70000bnficiaires du
dispositif qui nont jamais
cotis. Sur ce total, un tiers
environ sont des trangers.
CDRIC MATHIOT
(1) Sont exempts de cette
condition dantriorit
les rfugis et apatrides,
les titulaires dune carte
de rsident (dix ans) et certains
parents isols en situation
rgulire.
INTOX
DSINTOX
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
Lepouvoirrusse
misfacesafraude
Les rsultats
des lgislatives
publis par une
ONGrvlent des
magouilles encore
plus massives et
attisent la colre
de la population,
prte manifester
Moscou, samedi.
A
lors que des dizaines de
milliers degens seprpa-
rent manifester samedi
contre des lections fal-
sifies, uneONGpubliedes rsultats
issus de ses propres observations:
accablant pour Russie unie, le parti
du pouvoir. Pris de court par le
mcontentement populaire, le pou-
voir alterneentredclarations com-
plaisantes et irrites.
QUELLE A T
LAMPLEUR DES FRAUDES?
Russie unie a obtenu la majorit,
une majorit stable. Il y a des pertes,
elles sont invitables, pour nimporte
quelle force politique, surtout celle qui
assume la lourde responsabilit de la
situation dans le pays depuis plu-
sieurs annes. Dans les conditions
actuelles, le
rsultat est
bon. Voici
ce que pense le Premier ministre et
homme fort de la Russie, Vladimir
Poutine. Selonles rsultats officiels,
le parti du pouvoir a remport
49,54%des suffrages et la majorit
la Douma. Mais peu de gens
croient ce triomphe et beaucoup
sindignent. Alannonce des rsul-
tats, on sest tonn que le bour-
rage durnes, dnonc notamment
par lOrganisationpour la scurit
et la coopration en Europe
(OSCE), et les escadrons de vo-
tants compulsifs (dans lesquels
staient infiltrs des journalistes
des mdias libraux) naient pas
port plus de fruits. Il ny a pas de
miracle, explique Alexei Moukhine,
du Centre de linformation politi-
que. Mme la triche est limite par la
ralit. Et la ralit cest que Russie
unie est en perte de vitesse.Et pas
quun peu.
LONGlObservateur citoyena pu-
bli mercredi ses propres chiffres,
bass sur les tmoignages dobser-
vateurs volontaires travers toute
la Russie. Ses conclusions sont sans
appel pour le parti du pouvoir:
Moscou, seulement 25,8%des gens
lui ont donn leur voix, et 29,8%
dans tout le pays, peine plus
quaux communistes (25%et 21%
respectivement). Le parti de lop-
position librale Iabloko, qui na
pas officiellement pass la barre
des 7%, aurait obtenu 14,3%dans
la capitale et 8,2% lchelle natio-
nale. Il aurait donc d entrer au
Parlement. Russie unie sest donc
arrog 20% de voix de plus que
celles rellement obtenues.
COMMENT RAGIT LE POUVOIR?
Le prsident Dmitri Medvedevsest
empress de dclarer que les lec-
tions taient dmocratiques et quil
ne croyait pas lauthenticit des
vidos postes sur YouTube pour
dnoncer les fraudes. Toutefois, ds
le lendemain, en dplacement
Prague, le Prsident a convenuquil
faudrait tout de mme enquter sur
les irrgularits ventuelles, mais
que lOSCEdevrait soccuper de ce
qui la regarde, au lieu de singrer
dans les affaires russes. Nous
coutons avec plaisir lopinion de nos
amis, mais parfois certains dentre
eux souhaitent nous expliquer com-
ment devrait tre notre systme lec-
toral. Mais cela, cest laffaire de
lEtat russe, a-t-il dclar.
Endonnant toujours plus limpres-
sion dtre sourd au message en-
voy par les Russes (Nous ne som-
mes pas des moutons), le Premier
ministre, Vladimir Poutine, senest
pris lui aussi lennemi extrieur,
enaccusant les Etats-Unis dtre
lorigine des dsordres qui agitent
Moscou depuis dimanche. La se-
crtaire dEtat [Hillary Clinton,
ndlr] a jug nos lections malhon-
ntes et inquitables, avant mme
davoir reules documents des obser-
vateurs. Elle a donn le signal cer-
tains de nos activistes, lintrieur du
pays, qui ont commenc un travail
actif, avec laide du dpartement
dEtat amricain, a-t-il expliqu
lors dune sance de travail avec le
Front populaire. Untonqui rappelle
la guerre froide. Tout comme le re-
fus des tls dEtat de passer la
moindre image des manifestations.
LA SOCIT PEUTELLE
FAIRE RVISER LES RSULTATS?
Nendplaise Vladimir Poutine et
aux rdacteurs enchef des grandes
tlvisions, la colre de la popula-
tionrusse semble bienrelle. Lundi
soir, 7000 personnes ont rejoint
sans crier gare un meeting contre
la falsification des lections, o
lon en attendait 300. Et prs de
50000Moscovites ont confirm sur
Facebook et vKontakte (le clone
russe) quils sortiront dans la rue
samedi. Pendant que les organisa-
teurs de la manifestationSolidar-
nost et le Front de gauchengo-
ciaient avec la mairie de Moscou
le lieu du rassemblement, la Toile
servait de grand forum pour les
prparatifs.
Toute la journe ont circul des ap-
pels la vigilance, des conseils pra-
tiques et juridiques encas darres-
tation, des invocations ne pas
transformer ce meeting pacifique
enmeute dsordonne que le pou-
voir ne manquera pas, aprs lavoir
violemment rprime, de prsenter
comme le fait de dangereux en-
nemis de la socit et de lor-
dre.Quelque chose a chang, cest
sr, estime le clbre journaliste
LeonidParfenov. Reste voir ce que
reprsente vraiment ce nouveau
parti des rseaux sociaux.
Par VERONIKADORMAN
CorrespondanteMoscou
DCRYPTAGE
Manifestation
Moscou,
mercredi.
PHOTOIVAN
SEKRETAREV. AP
Le mouvement lObservateur
citoyen (Nabludatel.org),
cr par le politologue russe
Dmitri Orechkine, a recrut
pendant plusieurs mois des
observateurs pour les bureaux
de vote. Le site a commenc
publier hier des rsultats dif
frents de ceux des autorits.
REPRES
Lessentiel, cest que
tout le monde se calme
et que le nouveau
Parlement puisse
travailler.
Dmitri Medvedev
leprsident russe, hier Prague
550
manifestants contestant la
victoire de Russie unie ont
t interpells SaintPters
bourg depuis quatre jours.
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
8
MONDE
Il lavait promis et, au moins sur ce
point, il tient parole: les derniers sol-
dats amricains vont quitter lIrak
mercredi. A ce moment-l, Barack
Obamaet sonpouse, Michelle, seront
Fort Bragg, en Caroline du Nord
(cte Est), pour sadresser auxsoldats
enoprationcomme tous les mem-
bres des forces armes et leurs fa-
milles aux Etats-Unis comme dans le
reste dumonde. Il vaparler des nor-
mes sacrifices et des russites des braves
Amricains qui ont servi enIrak, et il sa-
luera la fin de la guerre, a affirm un
communiqu de la prsidence. Lar-
meamricaineest actuellement dans
la dernire ligne droite de sonretrait
dIrak dici la fin du mois, confor-
mment lengagement duPrsident
et a dj transfr aux autorits ira-
kiennes plusieurs bases militaires. Au
plus fort de la prsence amricaine,
150000GI taient dploys sur le sol
irakien. Selonle Pentagone, il ne reste
plus que 8000 militaires et contrac-
tuels civils. Les Etats-Unis ne seront
plus reprsents enIrakquautravers
de leur ambassade qui est toutefois la
plus importante au monde avec
16000 employs.
A
RETOURSURLAPROMESSEDOBAMADVACUERMILITAIREMENT LIRAK
Les derniers GI vont quitter Bagdad
7
personnes au moins ont pri hier lors de tirs des forces
du rgime syrien charges de la rpression du mouve
ment de contestation, dans les diffrents quartiers de la
province de Homs, au centre du pays. Huit autres civils
ont par ailleurs t blesss.
Manuel Noriega, 77 ans, rentre enfin au pays: vingtdeux
ans aprs son renversement par ses anciens allis amri
cains, lexdictateur, au pouvoir au Panam entre 1983 et
1989, sera extrad dimanche soir par la France sur un vol
Iberia. Aujourdhui sans pouvoir ni influence politique,
celui qui fut tour tour agent de la CIA, responsable des
services secrets panamens et dictateur, ne sera vraisem
blablement pas accueilli les bras grands ouverts par ses
compatriotes. Craint par les dinosaures de la dictature,
Manuel Noriega pourrait se faire remarquer, une dernire
fois, par des rvlations fracassantes: Nous allons en
apprendre beaucoup sur les fortunes qui se sont faites
dans ce pays de faon illgale, a dj prvenu Ricardo
Martinelli, le prsident panamen. PHOTOAFP
LEXDICTATEUR MANUEL NORIEGA
ATTENDU AU PANAM
LES GENS
TATSUNIS Deux personnes
dont unpolicier ont t tues
hier sur le campus de luni-
versit amricaine de Virgi-
nia Tech. Unsuspect, proba-
blement le tireur, tait hier
soir toujours recherch par la
police, a annonc la direc-
tion de cette universit qui
fut le thtre, en 2007, de la
pire fusillade de lhistoire
amricaine.
CTEDIVOIRE Cinq per-
sonnes, dont uncandidat du
parti prsidentiel, ont t
tues depuis samedi, dbut
de la campagne pour les l-
gislatives.
ITALIE Lattentat la lettre
pige la Deutsche Bankde
Francfort a t revendiqu
par le groupe italienFedera-
zione anarchica informale.
VIOLENCESDes rsultats partiels donnent unnouveaumandat Joseph
Kabila. Loppositionconteste, la communaut internationale sinquite.
Laprsidentielleraviveles
tensionsauCongo-Kinshasa
L
a rpublique dmocra-
tique du Congo pour-
rait-elle basculer dans
une crise post-lectorale?
Cest ce que redoute la com-
munaut internationale, au
vu des violences qui trou-
blent le pays, et notamment
la capitale, Kinshasa, depuis
quelques jours. Selonles pre-
miers rsultats partiels de la
prsidentielle du 28 novem-
bre, JosephKabila, propuls
la tte de lEtat en 2001
aprs lassassinat de son
pre, aurait remport un
deuxime mandat. Les rsu-
lats du scrutin, qui devaient
tre confirms hier soir par
la commission lectorale
du pays (Cni), ne seront
finalement annoncs
quaujourdhui.
Nuls. A lorigine, ils de-
vaient tre communiqus
mardi, jour officiel de la fin
du quinquennat de Joseph
Kabila, mais la commission
nayant pas reu tous les
procs-verbaux des centres
locaux de compilation, elle
avait report son annonce.
La victoire duprsident sor-
tant, lu en2006, ne faisait,
enralit, que peude doutes.
Les derniers chiffres partiels,
portant sur 89%des bureaux
de vote, le donnaient dj fa-
vori avec 49%des suffrages,
trs loindevant les dixautres
candidats.
Ces chiffres ont t consid-
rs comme nuls par
Etienne Tshisekedi, loppo-
sant historique et grandrival
de JosephKabila, donn sys-
tmatiquement perdant par
la Cni. Cet opposant
de 78 ans, prsident de
lUnion pour la dmocratie
et le progrs social (UDPS),
na jamais dvi de sa ligne:
estimant que les chiffres ne
refltaient pas la vrit des
urnes, Tshisekedi sest ef-
forc, depuis le dbut, de
mettre encause les irrgula-
rits duscrutin, criant tour
tour aucoup de forceet au
hold-up lectoral. Ses par-
tisans lavaient rejoint en
manifestant dans les rues de
Kinshasa, places sous sur-
veillance policire: depuis
lundi, la police, trs prsente
aux abords du sige de
lUDPS, disperse systmati-
quement les manifestants
coups de gaz lacrymogne.
Mdiation. Le scrutin
avait commenc dans les pi-
res conditions: lorganisa-
tionde dfense des droits de
lhomme Human Rights
Watchavait ainsi fait tat de
18 civils tus, dont 14
Kinshasa, au cours des deux
derniers jours prcdant le
scrutin, auquel 32 millions
dlecteurs taient appels
sexprimer. Ds le lende-
main, trois candidats exi-
geaient dj lannulation
complte duvote. Craignant
que le contentieux lectoral
ne dgnre en crise politi-
que, de nombreuses voixont
multipli les appels au
calme. LONGInternational
Crisis Group (ICG) a lanc
hier un appel urgent aux
organisations internationa-
les : LONU, lUnion afri-
caine et lUnion europenne
devraient envoyer de toute ur-
gence une mission de haut ni-
veaupour entamer une mdia-
tion entre factions rivales et
trouver une solutionalternative
la crise, a indiqu lorga-
nisationdans uncommuni-
qu. ICGredoute particuli-
rement des violences dans la
province du Katanga (sud-
est), fief de Kabila, et celles
du Kasa-Occidental et du
Kasa-Oriental, doEtienne
Tshisekedi est originaire.
Il est peu probable pourtant
que ces appels permettent le
retour au calme Kinshasa,
oles 10millions dhabitants
vivent, depuis le dbut du
scrutin, dans une atmos-
phre fbrile.
RAPHAL BALENIERI
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
MONDEXPRESSO 9
Tripoli neveut plustre
leterraindejoutesdesmilices
Auto-investis dune missionde maintiende lordre, les ex-rebelles sment le
trouble dans les rues. Ils sont somms de quitter la capitale dici au20dcembre.
L
ultimatum du Premier
ministre libyen, Abdel Ra-
him al-Kib, court jus-
quau 20 dcembre. A
cette date, les milices ar-
mes, formes dex-rebelles
ayant particip la chute du
rgime Kadhafi, devront avoir
quitt Tripoli. Si elles nobtemp-
rent pas, le gouvernement a pr-
venu quil bouclerait la ville. La
mesure semble avoir bien t ac-
cueillie par la population. Une ma-
nifestationde soutienrassemblant
plus de 2000personnes, essentiel-
lement des civils et des policiers, a
t organise mercredi sur la
place des Martyrs, au centre de
la capitale. Les slogans et bandero-
les taient sans quivoque: Nous
ne voulons plus darmes Tripoli, le
peuple veut la scurit. Des ras-
semblements similaires devraient
tre organiss jusquau 20dcem-
bre. Il y a un ras-le-bol grandissant
de lapopulationvis--vis des
milices, confirme undiplo-
mate en poste. Les gens
veulent que la scurit soit assure
par larme et par la police, pas par
des jeunes qui ne rpondent qu leur
commandant.
RAIDS. Personne ne connat le
nombre exact de miliciens dploys
dans les rues de Tripoli. Mais ils
sont au moins plusieurs milliers,
principalement originaires de Mis-
rata, Zintan (nord-ouest) et de la
capitale. Leurs katibas brigades
ont particip la prise de Tripoli,
finaot. Puis, elles se sont charges
de la scurit de la ville, tablissant
des barrages et menant des raids
pour arrter les anciens dignitaires
du rgime. Autant de
prrogatives que les
ex-rebelles nenten-
dent pas abandonner
facilement. Nous
voulons savoir si la s-
curit de la ville sera as-
sure avant de rendre nos armes, a
dclar mercredi Abdullah Naker,
lundes principaux commandants
de Zintan.
Soutenus par la populationdans les
jours qui ont suivi la conqute de
Tripoli, les rebelles se sont peu
peuvureprocher de mettre endan-
ger les civils enraisonde leur pro-
pension tirer enlair la moindre
occasion, ycompris avec leurs mi-
trailleuses de gros calibre. Mais le
ressentiment leur encontre sest
accentu ces dernires semaines
mesure que la situation conomi-
que se dgradait. Victime dune
crise de liquidits, les banques du
pays viennent de limiter quelques
centaines de dirhams le montant
hebdomadaire des retraits. Cer-
tains miliciens nhsitent plus rac-
ketter des civils. Ils les arrtent et
prtextent un contrle didentit pour
les dpouiller. Plusieurs personnes qui
ont tent de rsister ont t abat-
tues, relate le diplomate.
Le contrle de ces brigades est
dautant plus problmatique quel-
les ne rpondent pas aux directives
du Conseil national de transition
(CNT), qui fait office dautorit
provisoire jusquaux lections pro-
grammes lt. Le CNTne con-
trle pas au sens strict les katibas.
Leurs relations restent informelles et
constamment sujettes ngocia-
tion, explique WilliamLawrence,
analyste charg de lAfrique du
Nord pour International Crisis
Group. Les diffrentes katibas saf-
frontent pour asseoir chacune leur
pouvoir sur la capitale. Samedi, des
miliciens de Misrata qui tentaient
de procder une arrestationdans
un quartier rsidentiel ont t re-
pousss par ungroupe de plusieurs
dizaines de combattants de Tripoli.
Les ex-rebelles de Zintanont quant
euxessay plusieurs fois darrter
AbdelhakimBelhadj, le gouverneur
militaire de la capitale, quils jugent
illgitime. Ce dernier est dsormais
retranch dans sonquartier gnral
de laroport militaire.
RELAIS. Face ces dissensions, le
gouvernement na toujours pas
propos de planclair pour reformer
une arme nationale susceptible de
prendre le relais des miliciens. Seul
Ras Jdir, le principal poste frontire
avec la Tunisie, est officiellement
pass sous le contrle dugouverne-
ment. Le problme central est quil
faut quasiment repartir de zro. Kad-
hafi craignait par-dessus tout un
coup dEtat et stait toujours mfi
de son arme. Elle ne manquait pas
dquipements mais restait notoire-
ment sous-entrane. Il faudra plu-
sieurs annes pour mettre sur pied
une structure cohrente, explique
WilliamLawrence.
Les nouvelles autorits devront
galement trouver des fonds pour
payer les soldats. Elles disposent, a
priori, dun minimumde 50 mil-
liards de dollars (37,5 milliards
deuros) correspondant aux avoirs
de lancien rgime gels dans des
pays trangers, selon les estima-
tions de Paris. Mais le dblocage de
ces sommes est soumis au Comit
de sanctions des Nations unies et
conditionn aux seuls projets hu-
manitaires. Les ministres libyens
ont donc lanc des ngociations bi-
latrales avec les pays qui dtien-
nent des avoirs gels. Ils ont des
difficults les rcuprer car les fonds
ne sont pas au nomdu gouvernement
libyen mais ceux danciens digni-
taires ou de socits crans, explique
le diplomate occidental. Il faut sas-
surer que ces avoirs reviennent bien
dans les caisses de lEtat, pas dans
celles danciens kadhafistes.
Par LUCMATHIEU
Le gouvernement na toujours pas
propos de planpour reformer
une arme nationale susceptible
de prendre le relais des miliciens.
RCIT
Des rebelles paradant Tripoli fin aot. Aujourdhui, ils seraient plusieurs milliers dploys dans la capitale libyenne. PHOTOZORHABENSEMRA. REUTERS
212
Cest le cot, en millions de
livres (249 millions deuros), de
la participation britannique aux
oprations en Libye.
La Cour pnale internationale
a demand aux autorits libyen
nes de leur indiquer si et
quand elles avaient lintention
de leur livrer Saf alIslam. Consi
dr comme un criminel inoffen
sif par le Conseil national de
transition, le fils de feu Muammar
alKadhafi est dtenu Zintan.
REPRES
La question
dudsarmement
est beaucoupplus
complexe quil ny
parat.
Abdel RahimalKib
Premier ministrelibyen, hier
Tripoli
Mer Mditerrane
400 km
A
L
G
R
I
E
G
Y
P
T
E
TCHAD
NIGER
LI BYE
D
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
10 MONDE
C
est une victoire,
mais le combat doit
continuer ! Les
militants amricains contre
la peine de mort se flicitent
mais ne sen contentent
pas de lannonce que leur
plus clbre icne, Mumia
Abu-Jamal, sera pargne.
Aprs trente annes passes
dans le couloir de la mort du
pnitencier de Waynesburg
(Pennsylvanie), lancienmi-
litant des Black Panthers,
condamn pour le meurtre
dunpolicier, a vu mercredi
sa peine commue endten-
tion vie, sans possibilit de
libration anticipe.
Nous allons maintenant nous
battre pour sa libration, qui
peut passer par un nouveau
procs mais pas ncessaire-
ment, explique Suzanne
Ross, de la coalition Free
Mumia. Mumia a t dtenu
pendant trente ans dans le
couloir de la mort en violation
de la Constitution amricaine,
car son procs navait pas t
quitable, et cette dtention
quivaut une torture.Am-
nestyInternational demande
aussi un nouveau procs.
Mais la dcision du procu-
reur de Philadelphie, Seth
Williams, provoque par un
recours auprs de la Cour su-
prme des Etats-Unis, vise
plutt viter que laffaire ne
soit rejuge. Il ny a aucun
doute quAbu-Jamal est
coupable, a soulign Seth
Williams : Il ne sera plus
condamn mort, mais il res-
tera derrire les barreaux pour
le restant de ses jours, cest l
quil doit tre.
Prjugs. En juillet 1982,
Mumia Abu-Jamal avait t
condamnmort par unjury
entirement blanc qui lavait
reconnucoupable dumeur-
tre du policier blanc Daniel
Faulkner, le 9 dcembre
1981. Selon les tmoignages
recueillis lpoque, Abu-
Jamal tait intervenu alors
que le policier contrlait son
frre et une fusillade sen
tait suivie. Les policiers ar-
rivs juste aprs avaient d-
couvert le policier tu de
deuxballes et Abu-Jamal as-
sis sur le trottoir, une balle
dans la poitrine, ct dun
revolver quil avait achet
deux ans plus tt. Ses dfen-
seurs estiment que le procs
tait biais: le juge, les jurs
et la police auraient eu des
prjugs racistes ouvoulaient
lui faire payer ses positions
politiques radicales; certains
tmoignages taient contra-
dictoires ou obtenus sous
pression policire.
La veuve du policier tu,
Maureen Faulkner, qui se
battait depuis trente ans
pour sonexcution, sest r-
signe ce que sa peine soit
transforme enprison vie,
ce quelle prfre un nou-
veau procs. A57 ans, Abu-
Jamal nen a de toute faon
plus pour trs longtemps
avant dtre confront au
juge suprme, a-t-elle ex-
pliqu, ajoutant attendre ce
moment avec impatience. La
mobilisation internationale
enfaveur de lassassinde
son mari continue lindi-
gner : quAbu-Jamal soit
ainsi mis sur un pidestal
et que largent affluepour
le soutenir est une honte ab-
solue, a-t-elle dclar une
tlvision amricaine.
Symbole. Du ct des mili-
tants pro-Abu-Jamal, on
se flicite de compter plus
de 1 000 inscrits pour un
rassemblement aujourdhui
Philadelphie. Larchevque
sud-africain Desmond Tutu
a enregistr un message
vidodans lequel il demande
la libration immdiatede
Mumia Abu-Jamal: Mainte-
nant quil est
clair que Mu-
mia naurait
jamais d tre
plac dans le
couloir de la
mort, on ne
rendra pas jus-
tice en le relguant en prison
pour le reste de savie; ce serait
une autre forme de condamna-
tion mort, plaide-t-il.
Avec le mouvement Occupy
Wall Street, les gens commen-
cent voir quils peuvent faire
une diffrence sils se mobili-
sent, estime la militante Su-
zanne Ross. Cela nous donne
espoir.Abu-Jamal est aussi
un symbole de ce qui est
mauvais aux Etats-Unis,
rappelle-t-elle: Il y a plus
de 2 millions de personnes en
prison, et plus de 3000 pri-
sonniers dans les couloirs de
la mort.
De notre correspondante
Washington
LORRAINE MILLOT
Avec OccupyWall Street,
les gens commencent voir
quils peuvent faire une
diffrence sils se mobilisent.
SuzanneRoss delacoalitionFreeMumia
Abu-Jamal arrivebout
ducouloirdelamort
TATSUNISLes soutiens de lex-militant des Black
Panthers esprent dsormais le faire sortir de prison.
Toute tentative
de marginaliser
le Parlement en
faveur de toute autre
entit nonlue
est une faon
de contourner la
volont populaire.
MohamedelBaltagui,
hirarqueduparti Libertet
Justice, prochedes Frres
musulmans, sadressant hier
larmegyptienne
Akemi Sato, 38 ans, aurait pu jouer dans les meilleurs
films dhorreur japonais: hier, cette aidesoignante de
Kyoto a t condamne trois ans de prison pour avoir
arrach les ongles des orteils de quatre patients gs
dans la clinique o elle travaillait, dans le seul but dva
cuer sa propre frustration, selon le juge. Souffrant vrai
semblablement de dmence, Akemi Sato avait dj t
condamne, en 2006, trois ans et huit mois demprison
nement pour le mme forfait. La jeune femme avait soi
gneusement vit de rvler ses antcdents judiciaires
lors de son embauche.
UNE AIDESOIGNANTE JAPONAISE
FOLLE JUSQUAU BOUT DES ONGLES
LHISTOIRE
Mumia AbuJamal en 1994,
Huntington (Pennsylvanie).
A
F
P
francetlvisions, crerpourpartager
Tourn en plein cur du Lubron,
le concert unique de Jean-Louis Aubert
cest ce soir 23 h 35
et cest uniquement sur France 2.
J
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A
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LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
MONDEXPRESSO 11
Lanalyse des vidos de lhtel ne permet pas de dire sil ya euounoncomplot.
Les images troubles duSofitel
A
ll Je voulais si-
gnaler une agression
sexuelle Nous
sommes en fait un
htel, et une femme de chambre a
t agresse par un client.Il est
13h33 New York, ce samedi
14 mai 2011, et le chef de la scu-
rit du Sofitel, Adrian Branch,
vient dappeler la police. Pour la
premire fois, hier, grce des
vidos des camras de scurit
diffuses par BFMTVet que Li-
bration a visionnes en partie,
on a pu analyser les
premiers lments
visuels et sonores de
la journe qui a entran la chute
de Dominique Strauss-Kahn. Si
elles ne permettent pas de con-
firmer ou non la thorie du
complot voque par certains,
ces images et ces bandes-son,
dont lexistence avait t rvle
par le journaliste amricain Ed-
ward Jay Epstein, livrent de
nouvelles informations sur le
droul des faits.
La sortie de DSK
Selon les vidos, DSK sort de
lascenseur au rez-de-chausse
du Sofitel 12h27 le 14 mai. Il
descend de la chambre 2806,
dans laquelle Nafissatou Diallo
est entre 12h 06 et o elle a
accus DSKdagressionsexuelle
lui parle de rapport consenti.
Au dbut de laffaire, tant la po-
lice que le bureau du procureur
avaient assur que les vidos
montraient unhomme qui ten-
tait de prendre la fuite. Aucune
image ne le confirme. DSK tire
une valise roulettes, se rend la
rceptionet na pas lair particu-
lirement press. Les avocats de
NafissatouDialloavaient enoutre
affirm quil avait des marques
de dentifrice autour de la bouche.
Mais on ne les voit pas sur les
vidos. Une fois de-
hors, DSK rate un
premier taxi, appelle
sa fille Camille et monte dans un
deuxime taxi. Entout, soncheck
out a dur prs de trois minutes.
Les gestes
de Nafissatou Diallo
Cest 12h51 que la femme de
chambre sort du mme ascen-
seur que DSK. Elle est accompa-
gne par lune de ses suprieu-
res, Renata Markozani, et par un
agent de scurit, Derek May.
Elle emprunte ensuite uncouloir
qui donne sur le bureaude la s-
curit du Sofitel. Contrairement
ce qua affirm Michel Taub-
mann, biographe de DSK, la
femme de chambre na pas lair
dcontracte. Elle est prostre
sur un banc. Puis, elle semble
dcrire Adrian Branch, le chef
de la scurit, qui est rest dans
son bureau, ce qui sest pass
dans la chambre 2806. Elle mon-
tre plusieurs fois sa poitrine, puis
trs brivement sonentrejambe.
Elle va chercher Renata Marko-
zani pour mimer une scne o
quelquunlaurait apparemment
pousse. Puis elle se rassoit sur le
banc pour de longues minutes.
Lappel la police
Lheure qui dfile sur les vidos
permet de dire quAdrianBranch
a compos le fameux 911 pour
appeler la police 13h33. Lors de
la conversation, qui dure unpeu
plus de quatre minutes, il expli-
que quune femme de chambre
a t agresse par un client de
lhtel. Il est mme oblig dpe-
ler le nom du Sofitel auprs de
loprateur qui, apparemment,
ne connat pas la chane fran-
aise. Plus intressant, quand
loprateur lui demande quelle
heure lagression prsume se
serait produite, Branch parle de
trente ou quarante minutes plus
tt, alors que les faits remontent
plus dune heure. De mme, il
assure que le client incrimin
(Strauss-Kahn) a quitt lhtel
il y a peu prs vingt minutes.
Encore une fois, DSK est parti
plus dune heure plus tt.
La danse de joie
Le premier avoir voqu cette
danseest EdwardJayEpstein,
dans son enqute publie il y a
prs de deux semaines dans la
New York Review of Books. Eps-
tein parlait dune danse de trois
minutes et estimait que les deux
membres de la scurit sem-
blaient fter une opration qui
stait bien droule. Depuis, il a
admis Librationque la scne ne
durait que onze secondes. Les
images montrent toutefois que
lingnieur en chef du Sofitel,
Brian Yearwood, et le garde de
scurit DerekMaysont prsents
quandle Sofitel contacte la police
et se penchent vers la porte pour
couter la conversation. Aussi-
tt, ils sisolent dans le local de
dchargement des bagages et
commencent leur clbrationen
se tapant dans les mains et ense
faisant virevolter. May esquisse
mme quelques pas de danse. Le
Sofitel a toujours assur que cela
navait rien voir avec laffaire
DSKet que les deuxhommes c-
lbraient un vnement sportif.
Mais la seule comptition den-
vergure ce jour-l tait le match
de base-ball entre les RedSox de
Bostonet les NewYorkYankees,
qui sest termin bien plus tard
dans la nuit.
F. Ro. ( NewYork)
Sur les images de vidosurveillance du Sofitel, le 14 mai, Dominique StraussKahn, sorti de
lascenseur 12h27, fait son check out la rception. CAPTUREDCRANBFMTV. PHOTOS. CALVET
DSK: lappel du
Quai dOrsay
auprocureur
Selonnos rvlations,
des fonctionnaires de
deuxministres
franais auraient, ds le
15mai, informCyrus
VanceJr. delaffairede
prostitutionLille.
Par FABRICEROUSSELOT
Correspondant NewYork
S
i la journe du14 mai est aucentre de
toutes les attentions depuis deux se-
maines dans laffaire du Sofitel, les
vnements qui se sont drouls le
lendemainsuscitent, eux aussi, des interro-
gations lgitimes. Selondes informations ob-
tenues par Libration, recoupes auprs de
plusieurs sources, unaccordavait t conclu
entre les avocats de Dominique Strauss-Kahn
et le bureau du procureur Cyrus Vance Jr. le
dimanche 15 mai quant la libration sous
caution du directeur du FMI. Avant que les
procureurs ne changent davis enfinde soi-
re sans endonner la raisonet dcident fina-
lement de sopposer la remise enlibert de-
vant la cour criminelle de Manhattan.
CAUTION. Ds soninterpellation laroport
Kennedy le samedi, DSKavait t achemin
par la police vers la Special Victims Unit, un
commissariat de Harlemspcialis dans les
affaires de murs. Cest l que ses avocats,
WilliamTaylor et Benjamin Brafman, vien-
dront le rejoindre le dimanche. Selonnos in-
formations, quandles deuxhommes quittent
le commissariat vers 16 heures, ils ont alors
unaccordavec le bureau du procureur pour
librer DSKcontre versement dune caution.
La dernire somme discute est de
250000dollars (187400euros), mme si cela
peut encore voluer. Mais, 20heures, la d-
fense de DSK aurait reu un coup de tl-
phone de Lisa Friel, la chef dubureaudupro-
cureur en charge des crimes sexuels, pour
annoncer que les choses avaient chang et
quil ny avait plus daccord sur la caution.
Les vidos [de surveillance
duSofitel, ndlr] sont une
nouvelle preuve que
NafissatouDiallo dit
la vrit.
Douglas Wigdor et Kenneth
Thompsonles avocats delafemmede
chambre, hier NewYork
REPRES
Lide que ces vidos
tablissent limplication
dAccor dans uncomplot est
unnon-sens []. Accor
ntait pas favorable la
diffusionde ces extraits qui
exposent les membres de
lquipe duSofitel NewYork
la curiosit mdiatique.
Accor groupepropritaireduSofitel de
NewYork, hier, dans uncommuniqu
LAFFAIRE EN 7 DATES
w 14 mai 2011 DSK est arrt laro
port JFK de NewYork. Nafissatou
Diallo laccuse dagression sexuelle.
w 15 mai DSK est accus dacte sexuel
criminel, tentative de viol et sques
tration. Il est incarcr.
w 19 mai Dmission du FMI.
w 20 mai Sortie de prison.
w 6 juin DSK plaide non coupable.
w 22 aot Le procureur demande la
fin des poursuites.
w 2325 aot Abandon des poursuites.
DCRYPTAGE
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
12
FRANCE
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(1) Taux dbiteur xe de 3,04 %. Cot total du crdit hors prestations et Peugeot Contrat Privilges Maintenance facultatifs : 370 . Pas de frais de dossier. Montants exprims pour une premire chance
30 jours. Possibilit de souscrire lassurance facultative Dcs pour 7,55 par mois ; ce montant sajoute celui de lchance mensuelle du crdit. PCP pour une dure de 36 mois et pour 30 000 km
(au premier des deux termes chu), selon les conditions gnrales du Peugeot Contrat Privilges Maintenance, disponibles dans les points de vente Peugeot. Le Peugeot Contrat Privilges Maintenance peut tre
souscrit indpendamment de tout nancement, aux conditions disponibles dans les points de vente Peugeot. (2) Exemple pour la commande dune Peugeot 308 Allure 1,6L e-HDi FAP BVM6 112 neuve, option
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dacceptation du dossier par PEUGEOT FINANCE Prteur CRDIPAR SA au capital de 107 300 016 n 317 425 981 RCS Nanterre 12, avenue Andr-Malraux, 92300 Levallois-Perret, n ORIAS 07004921
(www.orias.fr). Financement la livraison et, au plus tt, aprs expiration dun dlai de 14 jours compter de votre acceptation. Vous bnciez du dlai lgal de rtractation. Le contrat dassurance Dcs est
distribu par CRDIPAR, agissant titre exclusif en qualit de mandataire dassurance, et souscrit auprs de PSA Life Insurance Ltd, socit dassurance vie exerant en libre prestation de services, immatricule
Malte sous le numro C 44567, sige social : Mediterranean Building, 53 Abate Rigord Street Ta Xbiex XBX 1122, Malte, et soumise au contrle du Malta Financial Services Authority (MFSA) Notabile Road, Attard
BKR 3000, Malte. Le contrat de crdit est distribu par votre point de vente Peugeot, agissant titre non exclusif comme intermdiaire de crdit du Prteur CRDIPAR et ne participe pas la dcision doctroi du crdit.
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(en g/km) : 109 (308) ; 167/169* (3008) ; de 127 132** (5008).
* Avec pneumatiques 215/60/R16 Mud and Snow ou 225/50/R17. **Selon la version (5 ou 7 places), et avec pneumatiques 17 pouces.
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PEUG_1112050_TAUX_3.08_M1_248x163.indd 1 07/12/11 18:05
Lingnieur en chef du Sofitel, Brian Yearwood, et lagent de scurit Derek May se sont
isols et se livrent une danse de joie. CAPTUREDCRANBFMTV. PHOTOS. CALVET
Plus troublant, trois sources diffrentes, con-
tactes par Libration, font tat de deuxcoups
de tlphone franaispasss dans laprs-
midi du 15 mai John Artie McConnell,
lundes adjoints du procureur encharge de
laffaire. Deuxde ses sources parlent dappels
manant de deux fonctionnaires, lun tra-
vaillant pour le ministre des Affaires tran-
gres et lautre pour le ministre de la Justice
franais. Des lments auraient alors t
transmis JohnMcConnell sur laffaire Tris-
tane Banon mais galement sur une ven-
tuelle implication de DSKdans une affaire
de prostitution dans le nord de la France. Ce
qui ressemble une rfrence auscandale du
Carltonde Lille. Undossier pourtant couvert
par le secret de linstruction.
INTERVENTION. Ds le lendemain, le 16mai,
le mme JohnMcConnell affirmait devant la
juge Melissa Jacksonavoir reu des informa-
tions selon lesquelles [DSK] avait une conduite
similaire celle qui lui est reproche par la plai-
gnante au moins une autre occasionafinde
justifier sonincarcration. Sans autre expli-
cation. Si ces informations sont confirmes,
elles seraient explosives, puisquelles signi-
fieraient une interventionfranaise trs ra-
pide pour partager des lments charge
contre DSK, et qui auraient eu pour cons-
quence de lenvoyer dans la prisonde Rikers
Island. Joint par Libration, lebureaudeCyrus
Vance Jr. a dit ne pas vouloir commenter.
Lisa Friel, qui avait ensuite t dcharge du
dossier DSK et travaille dsormais dans le
priv, a fait savoir, par lintermdiaire de sa
porte-parole, quil fallait renvoyer toutes les
questions aubureauduprocureur, enassurant
quelle navait pas particip directement aux
discussions sur la caution. Les deuxfonction-
naires aux ministres des Affaires trangres
et de la Justice nous ont formellement et ca-
tgoriquementdmenti avoir appel les pro-
cureurs. Une faonde rpondre ces nouvel-
les questions serait peut-tre pour Cyrus
Vance Jr. de diffuser lintgralit du rapport
quil a rendu public le 22 aot pour justifier
labandondes poursuites contre DSK. Le do-
cument remis la presse faisait alors 25pages
mais, selon nos informations, il comptait
70pages dans sa forme originelle, et notam-
ment de nombreuxdtails sur le 15 mai
Quelque temps plus tard, Nafissatou Diallo raconte aux agents de scurit
et sa responsable son agression prsume. CAPTUREDCRANBFMTV. PHOTOS. CALVET
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
FRANCE 13
Sarkozy, Cop(g.) et lexPremier ministrebelgeWilfriedMartens, hier, Marseille. PHOTOPATRICKGHERDOUSSI. FEDEPHOTO
LYSELe chef de lEtat devrait officialiser sa campagne auplus tt
mi-fvrier. Enattendant, il soigne sonrle de Prsident-capitaine.
NicolasSarkozymisesur
unecampagnecourte
N
icolas Sarkozy a
tranch. Selonnos
informations, il se
dclarera candidat
auplus tardtout dbut mars,
et au plus tt partir de la
deuxime quinzaine de f-
vrier. Ce qui fait entre huit et
dix semaines de campagne.
Mais on ne descendra pas en
dessous de huit semaines, as-
sure untrs proche collabo-
rateur du chef de lEtat.
Depuis quelque temps, Nico-
las Sarkozy sondait dputs
et ministres sur sa date
dentre en campagne. Une
tendance se dgageait : le
dbut du mois de mars. En
ralit, lElyse, onrverait
de pouvoir entrer officielle-
ment dans la bataille le plus
tard possible. Voire de rit-
rer le coup de Franois Mit-
terrand qui en 1988 stait
permis dattendre jusquau
22 mars avant de sortir du
bois. Sur le papier, une d-
clarationla plus tardive pos-
sible na que des avantages.
Dabord, cela permet auchef
de lEtat sortant de soigner
son costume de Prsident-
capitaine, tout entier ddi
la gestion de la crise co-
nomique et financire. Si
jamais cela pte vraiment en
fvrier, on fait quoi ? On met
la campagne entre parenth-
ses?sinterroge un minis-
tre. Les Franais ne com-
prendraient pas que le
Prsident fasse campagne
alors que la situation impose
dtre sur le pont vingt-qua-
tre heures sur vingt-quatre,
renchrit un conseiller.
Ddoublement. Lautre ar-
gument est moins avouable
pour la majorit, mais tout
aussi essentiel. En jouant le
plus longtemps possible sur
lambigut dustatut duPr-
sident-candidat, cela permet
Nicolas Sarkozy de faire
durer son dispositif de d-
doublement. Alui les sujets
prsidentiels, et notamment
tout ce qui touche de prs ou
de loin la crise. A Claude
Guant, sonministre de lIn-
trieur, et certaines voixde
lUMP daller faire de la su-
renchre sur limmigration
et la scurit pour chasser
sur les terres duFront natio-
nal. Une rpartition des t-
ches qui ravit toute la majo-
rit et permet de mener deux
fronts en parallle. On ne
gagnera pas en faisant cam-
pagne au centre ni droite
toute. Il faut quon fasse les
deux en mme temps, con-
firme un ministre. Enfin, et
de manire plus anecdoti-
que, continuer cette vraie
fausse campagne en sap-
puyant sur les moyens de
lEtat a videmment beau-
coupdavantages. Ycompris
financiers. En clair, si Nico-
las Sarkozy pouvait repren-
dre la stratgie de Franois
Mitterrand, il le ferait.
Mais il nena pas les moyens.
Cest son drame: son retard
dans les sondages vis--vis
de Franois Hollande est bien
trop impor-
tant pour
faire lcono-
mie dune
campagne. Il
aura donc un
besoin imp-
ratif de ces deux mois de
combat. Onpeut faire beau-
coup de choses en huit semai-
nes, assure unconseiller. La
droite est persuade dune
chose: lanimal politique
Sarkozy est toujours aussi
mordant et efficace.
Nbuleuse. Selon nos in-
formations, le futur candidat
rflchit saventurer sur
un terrain personnel, selon
lexpression dun proche,
pour tenter de gommer le
dbut calamiteux de son
quinquennat, toujours aussi
prsent dans lesprit des
Franais. Jusquoaller dans
lautocritique ? Cest une
question difficile, laquelle on
rflchit, confie un con-
seiller dusoir. Enattendant,
lorganisationde sa campa-
gne est toujours aussi nbu-
leuse. Cest fait pour tre il-
lisible, sauf par le Prsident
lui-mme, rigole un colla-
borateur. La ralit est plus
prosaque: Il laisse chacun
la possibilit de prendre lini-
tiative et regarde qui va se
dtacher, confie un autre
conseiller. Dola lutte din-
fluence pour les meilleures
places.
Seule avance notable et
constate: les runions entre
la garde rapproche de Nico-
las Sarkozy et celle de Jean-
Franois Cop, secrtaire g-
nral de lUMP, sintensi-
fient. Y compris lElyse.
Mais le poste de directeur de
campagne nest toujours pas
pourvu. Entout cas officiel-
lement. Au Chteau, on r-
pte en boucle que loiseau
rare ne sera pas issu de
lquipe actuelle des con-
seillers. Et, sauf surprise, il
ne sera pas politique. Avis
aux candidats.
GRGOIRE BISEAU
ASarkozy, les sujets qui
touchent de prs oude loin la
crise. AGuant, la surenchre
sur limmigrationet la scurit.
Par SONYAFAURE
Lalarmant rquisitoire
des procureurs
delaRpublique
D
ans lalongue histoire
du parquet, cest
sans prcdent,
commente un procureur,
souffl. Hier, la Confrence
nationale des procureurs de
la Rpublique a rendupubli-
que une rsolution signe
par 126 des 163 procureurs.
Le texte clame lurgence de
leur donner les conditions
dexercer dignement leurs
nombreuses missions. Et de-
mande la restauration de
limage de leur fonction, gra-
vement altre auprs de nos
concitoyens par le soupon de
leur dpendance lgard du
pouvoir excutif. Il nest pas
courant que des magistrats
de ce niveau, qui mnent les
poursuites et reprsentent les
intrts de la socit, pren-
nent la parole si fermement.
Surtout quand ils sont, hi-
rarchiquement, soumis la
chancellerie.
Soupons de dpendance
Lalarme mane des procu-
reurs de terrain. Avec leur
quipe (vice-proc et jeunes
substituts), ils organisent la
lutte contre la dlinquance,
touchent au plus prs la
souffrance et parfois la mi-
sre. Mais les rcentes nomi-
nations de magistrats rputs
proches du pouvoir aux
postes les plus sensibles,
comme le climat de scanda-
les politico-financiers, jet-
tent un soupon perma-
nentsur leurs dcisions. A
laudience, des prvenus min-
terpellent sur mon indpen-
dance lgard du pouvoir!
tmoigne une procureure de
lEst. Le texte appelle ren-
forcer le contrle du Conseil
suprieur de la magistrature
sur les nominations (il na
aujourdhui quunavis con-
sultatif sur les choixdugarde
des Sceaux).
Manque de moyens
Il y a aussi langoisse,
qua confie Robert Gelli,
prsident de la Confrence
et procureur de Nmes. Celle
de dcouvrir quun homme,
dont les violences taient si-
gnales dans un dossier sous
une de nos piles, en attente de
traitement faute de temps, a
finalement tu quelquun.
Or, laccumulationde rfor-
mes au nom de logiques
parfois contradictoires a
multipli les missions des
procureurs sans leur donner
les moyens dy rpondre (il
y a en France 3 parquetiers
pour 100 000 habitants,
contre 10 enmoyenne euro-
penne). Nos magistrats
sont au bord de la rupture,
conclut Gelli. Les jeunes
quittent le parquet, o ils se
disent sans arrt quils narri-
vent pas faire face.
DCRYPTAGE
Sans issue: lui seul, le titre du portrait dcapant de
Nicolas Sarkozy dans le prestigieux NewYorker donne le
ton. Sur 15 pages, travers la plume de son correspon
dant Paris, Philip Gourevitch, le magazine revient ainsi
sur le quinquennat du chef de lEtat sans lui faire de
cadeaux. Au dbut, il tait le plus populaire des prsi
dents franais depuis ltablissement de la V
e
Rpublique,
note lhebdomadaire. Aujourdhui, il est le plus impopu
laire. Le NewYorker se demande ainsi si Nicolas Sarkozy
souvent dcrit comme celui qui aurait aim tre Napo
lon peut survivre la crise europenne, et liste un par
un tous les faux pas du locataire de lElyse, de la soire
du Fouquets en passant par le yacht de Bollor ou la
rception de Kadhafi Paris en 2007. Sans oublier
laffaire Karachi. La popularit de Sarkozy sest effondre
bien avant lconomie, assure encore le journaliste. Ce
qui rebute les Franais nest pas tellement sa politique
que son style. Lantipathie est personnelle.
F.Ro. ( NewYork)
LE NEWYORKER
REINTE LES FAUX PAS
ET LE QUINQUENNAT
DE SARKOZY
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Les manifestations
contre le rgime ont
forc le prsident
BenAli fuir la
Tunisie, auterme de
vingt-trois ans dun
rgne sans partage.
Tunisie, auterme de
vingt-trois ans dun
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(Libert)
PAGES 2-6
1,40 EURO. PREMIRE DITION NO9229 SAMEDI 15 ET DIMANCHE 16 JANVIER 2011 WWW.LIBERATION.FR
IMPRIM EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,10 , Andorre 1,40 , Autriche 2,80 , Belgique 1,50 , Canada 4,50 $, Danemark 25 Kr, DOM 2,20 , Espagne 2,10 , Etats-Unis 4,50 $, Finlande 2,40 , Grande-Bretagne 1,60 , Grce 2,50 , Irlande 2,25 , Isral 18 ILS, Italie 2,20 , Luxembourg 1,50 , Maroc 15 Dh, Norvge 25 Kr, Pays-Bas 2,10 , Portugal (cont.) 2,20 , Slovnie 2,50 , Sude 22 Kr, Suisse 3 FS, TOM 400 CFP, Tunisie 1700 DT, Zone CFA 1 800 CFA.
LEEJAE-WON.REUTERS
Japon
Leffroi
Alors que le bilandusisme Alors qque le bilandusisme
et dutsunami pourrait dpasser dutsunami ppourrait dppass
les 10000morts, le Japon 10000morts, le Japo
est sous la menace est sous la menacee
dune catastrophe nuclaire. d une catastropphe nuclaire.
Reportages, tmoignages, Repportagges,, ttmoiggnagges
analyses, dcryptages.
14 14PAGESSPCIALES PAGESSPCIALES
1,40 EURO. PREMIRE DITION NO9278 LUNDI 14 MARS 2011 WWW.LIBERATION.FR
IMPRIM EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,10 , Andorre 1,40 , Autriche 2,80 , Belgique 1,50 , Canada 4,50 $, Danemark 25 Kr, DOM 2,20 , Espagne 2,10 , Etats-Unis 4,50 $, Finlande 2,40 , Grande-Bretagne 1,60 , Grce 2,50 , Irlande 2,25 , Isral 18 ILS, Italie 2,20 , Luxembourg 1,50 , Maroc 15 Dh, Norvge 25 Kr, Pays-Bas 2,10 , Portugal (cont.) 2,20 , Slovnie 2,50 , Sude 22 Kr, Suisse 3 FS, TOM 400 CFP, Tunisie 2 DT, Zone CFA 1 800 CFA.
Queen
Elizabeth
SUS.CAMERAPRESS.GAMMA
1932-2011.
Dernire star
dHollywood,
Liz Taylor est morte
hier Los Angeles.
PAGES 2 7
1,40 EURO. PREMIRE DITION NO9287 JEUDI 24 MARS 2011 WWW.LIBERATION.FR
IMPRIM EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,10 , Andorre 1,40 , Autriche 2,80 , Belgique 1,50 , Canada 4,50 $, Danemark 25 Kr, DOM 2,20 , Espagne 2,10 , Etats-Unis 4,50 $, Finlande 2,40 , Grande-Bretagne 1,60 , Grce 2,50 , Irlande 2,25 , Isral 18 ILS, Italie 2,20 , Luxembourg 1,50 , Maroc 15 Dh, Norvge 25 Kr, Pays-Bas 2,10 , Portugal (cont.) 2,20 , Slovnie 2,50 , Sude 22 Kr, Suisse 3 FS, TOM 400 CFP, Tunisie 2 DT, Zone CFA 1 800 CFA. 3:HIKKLD=ZUVYUU:?k@f@a@n@a;
M 00135 - 503 - F: 1,40 E
THOMASDWORZAK.MAGNUM
Numro spcial
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1,40 EURO. PREMIRE DITION NO9321 MARDI 3 MAI 2011 WWW.LIBERATION.FR
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EMMANUELDUNAND.AFP
Accus de tentative de viol, Dominique Strauss-Kahn
a t incarcr hier par la justice new-yorkaise.
K.O.
12 PAGES SPCIALES
1,40 EURO. PREMIRE DITION NO9333 MARDI 17 MAI 2011 WWW.LIBERATION.FR
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LEMEILLEUR
DELIBRATION
ENKIOSQUE
Unconcentrduquotidien,
pouruneanne
forteenvnements
E
nces temps de tempte
europenne, riende tel
quun retour vers la
Nationpour tenter denvoyer
unmessage rassurant, don-
ner limpressiondavoir en-
fin prise sur le rel et bra-
conner au passage sur les
terres du Front national.
Pendant une petite demi-
heure, hier, telle a t la pos-
ture de Franois Fillonsur la
proposition de loi socialiste
daccorder le droit de vote
auxlections locales pour les
trangers non communau-
taires.
Message. Venu, fait rare, en
personne au Palais du
Luxembourg, entour de
deux ministres Claude
Guant (Intrieur) et Michel
Mercier (Justice), le chef du
gouvernement a fidlement
et fermement rpt le mes-
sage de Nicolas Sarkozy qui
avait compar mercredi lini-
tiative socialiste un d-
tournement de procdure,
une faondaller chercher un
vote communautaire quand on
nest pas capable davoir un
vote populaire. Dissocier le
droit de vote de la nationalit
cest prendre le risque de voir
fleurir des listes de candidats
se rclamant de leur nationalit
trangre pour briguer des
voix, a lanc encho Fran-
ois Fillon, qui sest employ
dtruire limage dun pays
ferm, suspicieux, xno-
phobe. Et dfendre celle
dun pays qui chaque jour
fait la preuve de son ouverture.
Aux trangers de faire leffort
de sancrer dans la Rpubli-
que. Besoin de repres
clairs, stabilit, union,
le Premier ministre sest pos
enrempart au moment pr-
cis o notre pays, face aux
preuves de la mondialisation,
doit se rassembler autour de
ses valeurs et de ses objectifs.
Les efforts de Franois Fillon
et la forme de solennit de
ses propos nont pas masqu
lintrt vident de la majo-
rit de durcir son discours.
Plusieurs sondages ont tabli
que moins de la moiti des
lecteurs du FN ont dcid
quils reporteront leur voix
sur Nicolas Sarkozy au se-
cond tour de la prsiden-
tielle, si le cas de figure se
prsentait. Egalement auS-
nat, avec quelques dizaines
de partisans, Marine Le Pen
a elle aussi exprim une vi-
rulente opposition la pro-
position socialiste: Nous
sommes l pour exprimer no-
tre opposition ferme et absolue
lide de donner le droit de
vote aux trangers de notre
pays. Ce droit de vote est in-
dissolublement li la natio-
nalit. Cest le seul droit quil
reste aux Franais.
Serr. Le vote qui devait se
tenir dans la nuit, sannon-
ait serr. Mais la proposition
avait de grandes chances
dtre approuve en raison
du soutien dune partie des
centristes aux socialistes.
Nanmoins, elle na aucune
chance dtre dfinitivement
adopte tant que la droite
sera majoritaire lAssem-
ble nationale.
FABRICE TASSEL
VotedesEtrangers: Fillon
monteaufrontnational
SNATLe Premier ministre a refus hier de dissocier
le droit de vote de loctroi de la nationalit.
A dfaut de Hollande, le
candidat du Front de gau
che veut se faire lautre
Franois: Bayrou. Devant la
presse, JeanLuc Mlen
chon a propos hier au
candidat du Modemde se
retrouver sur un plateau
tl pour une contribu
tion. Bayrou passerait un
moment assez vivifiant et
tonique car il ne pourrait
pas se rfugier derrire des
formules [] creuses, a iro
nis lexsocialiste. Politi
cien roublard, fantme
de [lconomiste ultralib
ral] Hayek et des monta
ristes sous un emballage
qui est appel centre,
bon docteur dont le
remde [] tuera le cheval
sur lequel il sera mont
Pour JeanLuc Mlenchon,
Franois Bayrou, avec sa
rgle dor et sa TVA
sociale, propose la
France un FMI domicile
et appartient la vieille
danse des politiciens qui
cherchent se donner un
air de nouveaut alors
quils ne font que rpter
les mmes formules depuis
dix ans. L. A. PHOTOAFP
MLENCHON
VEUT DBATTRE
AVECBAYROU
LES GENS
EURODISNEY Une enqute
prliminaire a t ouverte
mercredi par le parquet de
Meaux, aprs lhospitalisa-
tion, le 23 novembre, dun
Argentinde 12 ans qui, aprs
trois attractions dEuro-
disney, a eu de graves pro-
blmes neurologiques.
POLICE Nicolas Sarkozy, en
visite Marseille, a annonc
hier le dcs du policier
bless fin novembre lors
dune fusillade la kalach-
nikov. Par ailleurs, la scu-
rit publique va tre dote de
150 fusils pompe suppl-
mentaires, essentiellement
destins aux brigades anti-
criminalit (BAC).
SANSPAPIERS Le tribunal de
grande instance de Paris a
rendu hier deux dcisions
contradictoires sur le place-
ment engarde vue dtran-
gers pour sjour irrgulier.
Dans uncas, le sans-papier a
t libr. Dans lautre, la
garde vue a t dclare l-
gale. Il sagit des premires
ordonnances rendues aprs
unarrt, mardi, delaCour de
justice de lUnion euro-
penne (CJUE) affirmant
quun tranger ne peut tre
crou au seul motif du s-
jour irrgulier, peine prvue
par la lgislation franaise.
MDECINSLe gouvernement
a annonc hier un modeste
relvement du numerus
clausus. Lt prochain,
8000tudiants seront admis
en deuxime anne, soit
300 de plus.
Le parquet de Marseille a
ouvert hier une information
judiciaire pour homicide
involontaire aggrav dans
laffaire des prothses
mammaires dfectueuses
de la socit PIP, aprs
la plainte de la mre dune
femme dcde dans le
Gers. Une autre patiente
est morte en novembre,
mais aucune plainte na t
reue dans son cas. LAfs
saps (agence des produits
de sant) voquait aussi
hier un cas de cancer
dclar le 5 dcembre.
2172 plaintes ont t dpo
ses par des femmes ayant
reu ces prothses, reti
res du march en
mars 2010 en raison dune
fraude sur la qualit du gel
de silicone utilis. LAfssaps
prconise un examen clini
que (rens. : 0800636636).
PROTHSES
MAMMAIRES:
ENQUTE POUR
HOMICIDE
LHISTOIRE
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
FRANCEXPRESSO 15
SDF:
unvrai toit
plutt quun
simplelit
LEtat affiche sa volont de
privilgier le logement prenne
plutt que lhbergement
durgence. Mais les associations
doutent des moyens mis enplace.
L
a politique daccueil des personnes sans
abri, qui balade les SDFduncentre dh-
bergement lautre, est dcrie depuis de
nombreuses annes : elle les maintient
dans la prcarit, et ses rsultats en termes de
rinsertionsont mdiocres. Ce que reconnaissent
les associations de lutte contre lexclusioncomme
les pouvoirs publics, qui souhaiteraient privilgier
la stratgie du logement dabord. Inspire des
pratiques envigueur enEurope duNordet notam-
ment en Finlande, cette politique consiste, en
thorie, orienter trs vite les sans-abri vers un
logement adapt avec suivi social la clplutt
que de les maintenir au long cours dans des cen-
tres dhbergement o ils se sentent en situation
dinstabilit.
Ces questions vont tre dbattues aujourdhui
Paris, ole gouvernement organise les Assises na-
tionales du logement dabord, auxquelles sont
convies les associations daide aux sans-abri et
de lutte contre les exclusions, des bailleurs so-
ciaux, des lusLes services de lEtat ont retenu
dix territoires pilotes (1) pour la mise en uvre
oprationnelle de [cette] stratgie. Un autre pro-
gramme exprimental, appel Chez soi
dabord, cible les personnes la rue atteintes de
troubles psychiques (lire ci-contre).
PLEINFOUET. Mais les associations doutent s-
rieusement des moyens mis enplace pour attein-
dre les objectifs affichs. Le DAL (Droit au loge-
ment) appelle manifester demainprs
de lAssemble nationale contre la co-
mdiede ces assises, rappelant au pas-
sage de nombreux cas de luttes locales de person-
nes sans logement. Un collectif regroupant une
trentaine de grandes associations (FondationAb-
b-Pierre, Emmas, Secours catholique, Collectif
des morts de la rue, Restos du cur, ATD-Quart
Monde), dnonce des coupes budgtaires sans
prcdent touchant de plein fouet les personnes en si-
tuation de prcarit. Ces associations rappellent
que 27000 mnages reconnus prioritaires au titre
de la loi Dalo [Droit au logement opposable] nont
reu ce jour aucune proposition de logement. La
Srie Homeless, portraits raliss au Polarod de sans domicile fixe, dans un centre daccueil durgence, Toulouse, en 2011. PHOTOS ULRICHLEBEUF. MYOP
loi Dalo, vote en 2007, reste largement inappli-
que, comme le montre unrapport remis rcem-
ment au Parlement et au gouvernement (2).
BRAQUET. De sonct, la Fnars (Fdrationnatio-
nale des associations daccueil et de rinsertion
sociale) se demande si ces assises ne sont pas une
grand-messe de plus. Elle considre que la strat-
gie dulogement dabordexige du temps, de la
mthode et un pilotage ambitieux de la part de
lEtat. Daccord pour changer de braquet, mais
sous condition. Le propos est partag par
dautres acteurs associatifs. Laccueil en
centre dhbergement a souvent servi de
palliatif labsence de logements, constate Chris-
tophe Robert de la FondationAbb-Pierre. Je suis
en phase avec un objectif consistant proposer ds
que possible un logement adapt avec suivi social
ceux qui en sont dpourvus, explique-t-il. Mais
une telle politique suppose quonmette enface une
offre de logement en quantit suffisante et financire-
ment accessible aux personnes concernes. Or, ces
conditions ne sont pas aujourdhui runies. Faute
de logements en nombre, il faut donc garder des
moyens en hbergement.
ANALYSE
Faute de logements, de
plus en plus de person
nes, dont des familles,
sont hberges lhtel.
Le nombre de nuites
est pass de 7500
par jour en juin 2007
12250 en juin 2011.
REPRES
27 500dcisions
[de logement ultra-
prioritaires] non
mises enuvre [].
LEtat est toujours
hors la loi.
Lecomitdesuivi dela
miseenuvreduDalo
LE DISPOSITIF
DURGENCE
Tous types daccueil con
fondus (centres dhberge
ment, htel), il est pass
de 90000 places en 2007
115000 places en 2011,
et son cot de 1,02
1,207 milliard deuros.
1,2
milliard deuros. Cest le
budget consacr en 2011
par lEtat aux SDF.
Il finance les centres
dhbergement, les nui
tes htelires et le 115.
Par TONINOSERAFINI
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
16 FRANCE
ALille, undispositif pilote reloge des sans-abri atteints de troubles psychiques.
Des soins encontinu, loinde la rue
sir o ils veulent vivre, les meu-
bles installer. Sils veulent une
table et une chaise rouge, on les
aidera les trouver, lance St-
phane, lducateur. Budget par
personne aide: 1000 euros.
Une fois par semaine, unmem-
bre de lquipe rencontre les re-
logs. On les suit mdicale-
ment, socialement, mais aussi
dans les actes de la vie quoti-
dienne. On les aide remplir des
dossiers administratifs, on sort
avec eux, on visse des meubles
On est disponibles en perma-
nence, via un portable das-
treinte. Car, comme lexplique
Patricia Cabot-Gatin, directrice
de la Fnars (Fdration natio-
nale des associations daccueil
et de rinsertion sociale) Nord
Pas-de-Calais, il nest pas vi-
dent pour certains de se retrouver
seuls dans un logement. Ils ont
besoin dun accompagnement,
pour viter les retours la rue.
Allocation. Pour les loge-
ments, lAbej les loue des par-
ticuliers, avant de les sous-
louer aux anciens SDF, qui tou-
chent lallocationadulte handi-
cap (AAH) ou le RSA (revenu
de solidarit active). Nous en
avons trouv
treize, dans le
parc priv, in-
dique Nadge
De Dominicis
(Abej). Et nous
allons passer
des contrats
a v e c d e s
bailleurs sociaux. Elle avoue:
Les propritaires et les bailleurs
peuvent avoir des apprhensions
lide de loger des schizophr-
nes. Cest notre mission de les
rassurer. Pour cela, rien de
mieux quun bail glissant ou
lintermdiation locative :
LEtat sert de garant, et lquipe
daccompagnement rassure.
Au DAL (droit au logement)
Nord-Pas-de-Calais, Philippe
Deltombe reste circonspect de-
vant cette exprimentation. Il
manque 48000 logements rien
que pour la communaut urbaine
de Lille. Avant den proposer, il
faudrait dj en disposer.
Problme surmontable, rtor-
que Vincent Girard, psychiatre
de rue Marseille, lorigine du
programme: Les logements, ce
nest pas ce qui manque ! En
France, on compte 2,121 millions
de logements vacants.Il cite les
dispositifs ltranger: Aux
Etats-Unis, dans les 200villes o
sest dvelopp le Pathways to
Housing, 30%des SDF chroni-
ques ont t relogs en trois ans.
Lhospitalisation des sans-abri y
est en forte baisse.
Avant fin dcembre, lquipe
lilloise doit tre renforce par
des mdiateurs de sant. Pour
Boumdienne, linfirmier, ils
ont connu la jungle de la rue ou
les services de sant mentale, ils
pourront crer avec ceux que
nous aidons un lien diffrent.
De notre envoy spcial Lille
FABIEN SOYEZ
Ils peuvent choisir oils veulent
vivre, les meubles installer. Sils
veulent une table et une chaise
rouge, onles aidera les trouver.
AlainBonifaydelUnionnationaledes amis
et des familles demalades psychiques
Cet t, le secrtaire dEtat au Logement, Benoist
Apparu, a tent de rduire la voilure au niveau de
lhbergement, affirmant quil souhaitait mettre
le capsur le logement dabord. Mais il sest cass
les dents. Le financement des nuites dhtel a t
rduit, sans tre compens par des solutions alter-
natives lchelle des besoins.
Il a prtendu faire a avec 1700 1800 logements
mobiliss dans le cadre de Solibail [Solibail consiste
pour des associations louer des appartements
des propritaires privs, quils sous-louent ensuite
des sans-abri, ndlr], considre MatthieuAngotti,
directeur gnral de la Fnars. Mais ce ntait pas
du tout suffisant.Benoist Apparua drtropda-
ler face la crise de lhbergement quil avait d-
clenche, qui virait la crise humanitaire. Les
nuites htelires, ce nest pas la panace, mais cest
le seul moyen dont on dispose pour linstant pour vi-
ter que des familles avec enfants ne se retrouvent la
rue, dplore le directeur gnral de la Fnars.
(1) BouchesduRhne, Bourgogne, Gard, Gironde,
HauteGaronne, IledeFrance, Isre, Nord,
Pays de Loire, Rhne.
(2) Rapport du comit de suivi du Dalo.
M
i-octobre, Andr,
45 ans, dormait encore
sous une tente, Lille.
Atteint de troubles psychiatri-
ques svres, il vit aujourdhui
dans unstudiode 25m. Il peut
fermer les yeux sans avoir peur
quon lui vole ses affaires,
constate Boumdienne, infir-
mier. Avec ses coquipiers, St-
phane, ducateur spcialis, et
Emma, psychiatre, Boum-
dienne fait partie de lquipe
dintervention du programme
Un chez soi dabord, port
par les tablissements publics
de sant mentale (EPSM) de
Lille et lAbej (Associationbap-
tiste pour lentraide et la jeu-
nesse). Mis en uvre Mar-
seille, Toulouse et Lille depuis
quelques mois, ce dispositif ex-
primental sadresse aux sans-
abri atteints de troubles psy-
chiatriques svres. Il sera ga-
lement appliqu Paris en2012.
Au lieu de passer par des ta-
pes, on leur fournit directement
un logement, explique Pascale
Estcahandy, coordinatrice du
programme. Dans la rue, lac-
compagnement est hach. Grce
un logement prenne, les per-
sonnes peuvent bnficier dune
continuit dans les soins. A
Lille, cinqpersonnes ont t re-
loges. Lobjectif est darriver
une centaine dici 2012.
Recours. Diogne, lquipe
mobile de sant mentale de
lEPSM Lille-Metropole, est
charge de reprer les sans-
abris candidats. Ils doivent tre
sans enfants et en situation rgu-
lire, explique Jacques Debive,
psychiatre Diogne. Ils doivent
aussi accepter notre aide. Pas
questionde les forcer. Cest la
plus grosse difficult. Certains
sont si malades quils sont her-
mtiques laide.Seul recours:
les soins sans consentement,
sur dcisionmdicale. Une fois
soigne, la personne pourra ac-
cepter notre aide et tre loge.
EnFrance, 1 2%de la popula-
tionsouffre de troubles psychi-
ques. Chez les SDF, le pourcen-
tage grimpe 30%, selon une
tudedelInsermen2009. Les
SDF sont dj malades avant de
se retrouver dans larue, explique
Alain Bonifay, de lUnafam
(Union nationale des amis et
des familles de malades psychi-
ques). Acontrario, le risque de se
retrouver la rue quand on est en
souffrance psychique est consid-
rable. Si leur famille cesse de les
soutenir, les malades ont du mal
conserver un travail, un loge-
ment.
Le mois dernier, Julien, 29 ans,
arpentait les pavs du Vieux-
Lille et dormait sur des bancs.
Il possde dsormais un petit
studio dans un quartier quil
connat bien. Ils peuvent choi-
Srie Homeless, portraits raliss au Polarod de sans domicile fixe, dans un centre daccueil durgence, Toulouse, en 2011. PHOTOS ULRICHLEBEUF. MYOP
A
ctu
et
reportages,
une
anne
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LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
FRANCE 17
C
ela fait tache. LAutorit de
la concurrence a inflig
une amende de 361 mil-
lions deuros au cartel de
la lessive (Unilever, Henkel, Proc-
ter&Gamble et Colga-
te-Palmolive) pour
stre entendu sur les
prixmme si Unilever enest exo-
nr pour avoir le premier dnonc
le procd. Les mmes, except
Colgate-Palmolive, avaient dj t
condamns par la Commission
europenne payer 316 millions,
enavril, pour une autre entente sur
huit pays, dont la France. Dans les
deux cas, les cartels ont t dnon-
cs par les auteurs mmes de lin-
fractionAmbiance.
DE QUOI SONTILS ACCUSS?
Skip, Omo, Dash, Super Croix,
Ariel, Le Chat, Gama, Persil, X-
Tra Toutes les grandes marques
sont pingles. Les quatre grands
lessiviers actifs sur le march fran-
ais se sont concerts au seindun
cartel qui a dur de 1997 2004. Le
prjudice est dautant plus grave,
qu eux quatre, ils pesaient, au
moment o ils ont scell leur en-
tente, 97% du march. Pendant
toute cette priode, ils ont coor-
donnleurs prix, enmaintenant ar-
tificiellement les carts
entreleurs produits, qui
avaient chacununpo-
sitionnement tarifaire intangible.
Ainsi avait-il t dcid que Skip
(lessiveclassehaut degammechez
Unilever) et Le Chat (haut de
gamme chez Henkel) devaient tre
alignes sous Ariel (haut de gamme
Procter&Gamble), 3% plus cher.
En milieu de gamme, idem pour
Omo(Unilever), Super Croix(Hen-
kel) et Axion (Colgate) cals au
mme prix, mais 10%moins cher
que Dash (Procter&Gamble).
Mme souci de tarif communpour
les promotions. Les oprations de
gratuit du type deux barils pour
le prix dun taient strictement
prohibes. Lencadrement des pro-
mos allait jusqu la dfinitionmi-
nutieuse des taux. Pour un grand
baril (plus de 54 mesures), ctait
20%de rductionmaxi. Atout bon
cartel, une police des prix: chaque
fabricant pluchait les publicits de
ses concurrents et procdait des
relevs. Le tout avec la bndiction
des directeurs commerciauxdes fi-
liales franaises qui se voyaient
trois quatre fois par anet schan-
geaient des tableauxcods: Hugues
pour Henkel, Pierre pour Procter et
Christian pour Colgate.
POURQUOI TROIS AMENDES
POUR QUATRE COUPABLES?
Si Unilever a t exempt des
248,5 millions deuros damendes
quil risquait, cest parce quil a t
le premier dnoncer et quil a
coopr. Dans cette affaire, ona as-
sist une curieuse course lcha-
lote, o, la queue leu leu, tous les
acteurs sont venus cafter: Henkel,
le 28 avril 2008, sept semaines
aprs Unilever, Procter, cinq mois
plus tard et Colgate fermant la
marche en fvrier 2009.
Cette procdure dite de cl-
mence a t introduite tardive-
ment dans le droit franais. Elle
permet lAutorit de la concur-
rence de rduire les amendes en
proportion de laide apporte par
les coupables et enfonctionde lor-
dre darrive des dnonciations.
Unilever, le plus rapide, a ob-
tenu 100%de rduction. Le lessi-
vier avait pris peur aprs une des-
cente des inspecteurs de la
concurrence son sige, en 2006,
odes pices avaient t saisies. Le
groupe avait alors dclench un
audit interne, et dcouvert undos-
sier compromettant au domicile
dun salari. Cest ce quUnilever
est venu raconter lAutorit en
apportant ledit dossier.
Ce qui fait le sel de cette histoire,
cest le grand dballage de linge
sale des lessiviers pour obtenir la
mansutude de lAutorit. Ainsi
Henkel a-t-il dterr et produit un
aveu de son directeur commercial
(enposte de 1975 1997) indiquant
que des contacts informels et irr-
guliers avec ses alter ego chez
Unilever, Colgate et Procter avaient
eulieuds avant 1985, notamment
au cours des annes 70. Mais
lAutorit nest pas remonte jus-
que-l. Unilever, lui, fournit les
adresses des rencontres, comme les
restaurants La Tte noire Marnes-
la-Coquette (Hauts-de-Seine) et
Aux Chandelles Louveciennes
(Yvelines). Dautres ont apport les
notes de frais.
QUELLES RACTIONS
CETTE CONDAMNATION?
Henkel, furieux davoir cop
dune amende (92 millions
deuros), a dcid de faire appel.
Dans uncommuniqu publi hier,
Henkel explique quil aurait dob-
tenir le premier rang. Celui quil
avait dailleurs dcroch Bruxel-
les, devant Unilever, pour dballer
un cartel entre les mmes (sauf
Colgate), do lexemption de
sanction. Mais laffaire, soutient
Bruno Lasserre, le prsident de
lAutorit, avec lappui de la Com-
mission, na rien voir. Il sagit
dune actionconcerte pour neu-
traliser leffet prix, suite au compac-
tage des lessives, impos par lUE,
et enconfisquer le bnfice au d-
triment du consommateur. Hier
lUFC-Que choisir dplorait quil
ny ait pas encore de vritable rpara-
tion du prjudice des victimes, en
labsence daction de groupe.
Par CATHERINEMAUSSION
DCRYPTAGE
LaFrancerduit enpoudre
lecartel deslessives
Henkel, Procter&Gamble et Colgate-Palmolive copent de 361 millions deuros
damende pour entente. Unilever chappe la sanctionpour avoir mouchard.
REPRES
Parmi les plus fortes sanc
tions prises par lAutorit de
la concurrence, le cartel des
lessives vient au troisime
rang, aprs lentente dans les
mobiles (534 millions, en 2005)
et les commissions sur les ch
ques (385 millions, 2009).
Aujourdhui,
le systme de la
clmence rencontre
unrel succs.
BrunoLasserreprsident
delAutoritdelaconcurrence
97%
du march franais tait,
en 1997, contrl par les
quatre entreprises du cartel.
Clmence
Cette procdure dorigine
anglosaxonne adopte en
France en 2001 offre la
socit qui dnonce lentente
une rduction de lamende ou
son exonration.
Lentente entre les quatre groupes a dur de 1997 2004 et a concern toutes les grandes marques. PHOTOEMILELOREAUX. PICTURETANK
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
18
ECONOMIE
ECONOMIEXPRESSO 19
LIBE 163x122:Layout 3 5/12/11 13:13 Page 1
-2,53 % / 3 095,49 PTS
3 289 633 132 +11,31%
SAFRAN
PERNOD RICARD
ESSILOR INTL.
ALSTOM
PEUGEOT
VEOLIA ENVIRON.
-0,96 % 12 196,37
-0,86 % 2 649,21
-1,14 % 5 546,91
-0,66 % 8 722,17
M
otus et bouche cou-
sue sur le finance-
ment des organisa-
tions syndicales. Le rapport
parlementaire de Nicolas
Perruchot, dput Nouveau
Centre, est non seulement
enterr mais sera dtruit
avec interdictiondenfaire
tat. Le PS et lUMP se ren-
voient la balle sur le refus de
sa validation, le 30 novem-
bre, aurisque dentretenir le
soupon domerta.
La commission denqute
sur les mcanismes de fi-
nancement des organisations
syndicales demployeurs et
de salaris avait pourtant
dbut ses travaux dans la
bonne humeur, en septem-
bre, enfaisant dfiler comme
tmoins la plupart des lea-
ders syndicaux (salariaux et
patronaux). Seul Jean-
Claude Mailly, prsident de
FO, semble avoir rechign
avant dtre finalement
auditionn dans la dernire
ligne droite. Et puis patatras.
Nicolas Perruchot, sexpri-
mant lundi soir sur La
Chane parlementaire, dit
avoir appris la veille de lul-
time runion en commission
que lUMPallait [le] lcher, ce
qui nest pas trs courageux.
Et pour cause: son rapport
contiendrait quelques allu-
sions peu flatteuses sur le fi-
nancement de la CGPME
(organisation patronale re-
prsentant les PME) et sa
gestion des fonds de la for-
mation professionnelle.
Autre son de cloche au PS,
tout aussi peu soucieux de
valider ce foutu rapport. A
entendre Jean-PatrickGille,
conseiller de Franois Hol-
lande pour les affaires socia-
les, les socialistes se seraient
opposs sa publication
pour une raisonstrictement
inverse: Sur les 29 propo-
sitions finales, une seule con-
cernait les organisations
patronales. Nous navons pas
rejet le rapport mais propos
de le complter. Il faudrait
savoir: qui, des employeurs
ou des employs, est cens
bnficier du black-out
parlementaire?
Nicolas Perruchot, unlibral,
proclame que son rapport
voquait certes des drives
mais se concentrait sur le
systme de fi-
nancement des
syndicats. Ils dis-
posent de 4 mil-
liards deuros an-
nuel s, dont
seulement 3%
proviendraient des cotisa-
tions des adhrents. Sous-
entendu: ils font leur beurre
ailleurs. Cette statistique in-
clut le Medef et la CGPME,
gure plus vaillants, question
militantisme, que la CGT,
CFDT, FOou CFTC.
Le Parlement ayant renonc
mettre son grain de sel, il
faudra senremettre la jus-
tice pnale. Ct patronal,
les procdures judiciaires vi-
sant la CGPME et lUIMM
(branche mtallo du Medef)
sont au point mort. Ct sa-
larial, les drives des comits
dentreprise du secteur pu-
blic (SNCF, EDF, RATP), font
aujourdhui le miel des en-
quteurs de la Cour des
comptes et parfois de juges
dinstruction. Avec lEtat
pour arbitre des inlgances:
selon un chiffre extrait du
rapport mentionn par le Fi-
garo Magazine (bnficiant
de fuites quelques jours
avant enterrement du rap-
port), il rmunrerait
17000 fonctionnaires dta-
chs temps plein dans les
organisations syndicales.
RENAUDLECADRE
Lerapport surles
syndicatsmisaupilon
SOCIAL Majorit et oppositionsont daccordpour
ne pas divulguer le texte. Pour des raisons inverses.
Le Parlement ayant renonc
mettre songrainde sel,
il faudra senremettre
la justice pnale.
Les JOdAthnes de2004devaient re-
lancer lconomie grecqueSept ans
aprs, la Grce enest rduite mettre
au clou ses installations olympiques
dlabres faute dentretiendans le ca-
dre duvaste programme de privatisa-
tions lanc pour rsorber sonnorme
dette. Legouvernement deLoukas Pa-
pademos a publi hier unappel can-
didatures pour vendre le site dHelli-
nikon, o tait concentr lessentiel
des preuves. Situ 8 kilomtres
dAthnes, le complexe stend sur
620hectares: lquivalent de trois fois
la taille de Monaco, avec un front de
mer de 3,5 kilomtresIdal pour un
mgaprogramme rsidentiel et touris-
tique. La nouvelle agence dEtat char-
ge de mettre enuvre les privatisa-
tions, qui espre faire monter les
enchres, a prcis que les investis-
seurs intresss devront se manifester
avant le 30 mars 2012. Mais la vente
dHellinikon ne sera quune goutte
deaudans labme de la dette grecque
(360 milliards deuros, soit 160%du
PIBavant dcote). La Grce sest en-
gageraliser 50milliards deuros de
privatisations dici 2015 pour rem-
bourser ses cranciers. J.-C.F.
D
INITIATIVEATHNES MET AUXENCHRES LES SITES DES JODE2004
LaGrcebradeses valeurs delolympisme
Je ne sais tout simplement pas ose trouve
largent. Je ne sais pas sil ya eudes erreurs
MFGlobal ousi des banques et partenaires
ont gard des fonds qui auraient dtre
rendus MFGlobal.
LexPDGdeMFGlobal JonCorzinepropos dumilliard
dedollars disparudans lafaillitedelamaisondecourtage
FRANCETLCOMLopra-
teur va devoir rembourser
1 milliard deuros lEtat
aprs la confirmationdune
dcision de Bruxelles par la
Cour de justice qui considre
que cette somme, perue
sous forme dexemption de
taxe professionnelle, est une
aide dEtat illgale.
CARREFOUR Le gant de
la distribution confirme
tudier une offre amicale
sur Guyenne et Gascogne,
sonprincipal franchis sur le
march franais, qui exploite
une trentaine de super et
hypermarchs. La cible est
valorise 622 millions
deuros.
Il ne fait pas bon tre ban
quier en ce moment: une
lettre pige a t adres
se au patron de la toute
puissante Deutsche Bank,
Josef Ackermann. Le plus
mdiatis des banquiers
allemands a chapp
lattentat grce la vigi
lance de son secrtariat
qui a trouv la missive
suspecte et la passe aux
rayons X. Lenveloppe
reue mercredi au sige de
la Deutsche Bank conte
nait un dispositif explosif
dangereux, a prcis la
police. Lenvoi a t reven
diqu par une organisation
anarchiste italienne, la FAI.
Laffaire fait grand bruit en
Allemagne: en 1989, le
patron de la Deutsche
Bank de lpoque, Alfred
Herrhausen, avait t
assassin par la Fraction
arme rouge (RAF) dans
un attentat la bombe.
Cette nouvelle tentative
intervient au moment o la
responsabilit des ban
ques dans la crise est
nouveau dnonce. Josef
Ackermann incarne pour
une partie de lopinion alle
mande toutes les drives
de la finance. PHOTOAP
LE PATRONDE LA
DEUTSCHE BANK
CHAPPE
UNATTENTAT
LES GENS
95%
de la population mondiale
aura un abonnement
mobile dici 2014 prdit
linstitut Forrester. Ce chif
fre prend en compte le fait
que certaines personnes
possdent plusieurs tl
phones.
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
LemauvaistangodeBNPParibas
Protgs par lamnistie fiscale dcide par Berlusconi, de riches Italiens attaquent une filiale
mongasque de la banque pour avoir mis sur la dette argentine avant la faillite dupays en2001.
I
l ny a pas que les pauvres se
faire refiler par leur banquier
des produits financiers soi-di-
sant sans risque qui se rv-
lent, loccasion, trs perdants. Les
riches qui planquent leur
pargne dans les paradis fis-
caux sont aussi des victimes
en puissance. Une telle msaven-
ture est ainsi arrive de nombreux
clients de BNPParibas Private Bank
Monaco, une filiale destine la
clientle aise. Il y a plus de dix
ans, leur banquier leur a fait ache-
ter de la dette de lEtat argentin
(des obligations Tango), unpla-
cement qui sest rvl peu judi-
cieux: le pays a fait dfaut fin2001
et les clients ont (presque) tout
perdu. Aujourdhui, plusieurs affai-
res sont devant la justice, et la ban-
que vient de se faire condamner
dans un cas pour manquement
ses obligations dinformation et de
devoir de conseilpar la cour dap-
pel de Monaco.
Dhabitude, ce genre dvnement
nest pas bruit. Ni les banques
qui craignent pour leur rputa-
tion, ni les clients qui ont des
secrets cacher leur administra-
tion fiscale nont intrt sen
vanter. Mais grce Silvio Berlus-
coni et son amnistie accorde aux
fraudeurs qui rapatrient leurs
fonds, les clients italiens de
BNP Paribas Monaco nhsitent
plus apparatre au grand jour.
Cest le cas de Gino Calma-
rini, retrait fortun de
75 ans qui, aprs avoir tent
de ngocier avec la banque, sap-
prte lassigner en justice. Il r-
clame lindemnisation de
700000 euros perdus via lachat
dobligations Tango. Sa compagne,
Stphanie Boy, ditrice dunmaga-
zine sur lactualit des gens aiss,
raconte sonhistoire: Gino voulait
placer son argent comme un bon pre
de famille et ils lui ont refourgu des
obligations argentines, se plaint-
elle. Aprs coup, mme sil nest pas
larue, il afait une grosse dprime.
RISQUS. Et de dsigner unancien
grant de la banque, Pascal Stilli-
tano, au got prononc pour les
placements fortement rmunra-
teurs, mais trs risqus. Les taux
dintrt de la dette argentine
taient alors de 11%, du fait de la
dgradationde sa note par les agen-
ces de notation. Et le grant aurait
cru pouvoir faire le bonheur de ses
clients sans forcment les prvenir
quils nachetaient pas des parts de
Livret A. Plusieurs dentre euxlac-
cusent mme de ne pas bien les
avoir informs de ce quil faisait.
M. Stillitano a effectu des opra-
tions dlicates sur les comptes dun
membre de ma famille et de mon en-
tourage sans jamais leur donner la
moindre information, dnonce ainsi
Gino Calmarini, dans un courrier
envoy la banque. Ce qui leur afait
perdre des sommes encore plus im-
portantes.
Difficile dvaluer le nombre de
personnes touches. Dans unaudit
interne datant de 2008, et cit il ya
quelques mois par le Canard En-
chan, il tait indiqu que plu-
sieurs actions enjustice ont t inten-
tes par des clients qui contestent
avoir transmis des ordres sur le mar-
ch argentin. Interroge, la banque
lchelechiffredequatre caspas-
ss par les tribunaux, avec des
montants depertes comparables (de
500000 unmilliondeuros). Mais
ajoute quelle a gagn trois fois, les
arguments des clients nayant pas
t jugs recevables. Certains
avaient plaid navoir pas pass les
ordres de Bourse enquestion, mais
il a t prouv quils
recevaient, aprs coup,
des relevs dopra-
tion. Difficile de con-
vaincre un tribunal
quils ne sen taient
renducomptequeplu-
sieurs annes aprs
Seul angle dattaque possible, le
dfaut de conseil. Un argument
jug recevable par la cour dappel
de Monaco. Dans un arrt il y a
quelques semaines, elle condamne
la banque verser 80000 euros
unprofesseur de gymnastique ita-
lien qui avait souscrit des obliga-
tions Tango en 1999. BNP Paribas
aurait euuncomportement fautif
pour avoir dissimul sonclient
le caractre hautement spculatif de
ces titres, alors quelle en avait
connaissance. Ds cette date,
Standard&Poors notait lArgen-
tine BB, ce qui en faisait un inves-
tissement spculatif. Mon copain
ntait pas un financier professionnel,
assure Stphanie Boy. La banque
aurait d linformer quil y avait une
menace de faillite. Cest comme si on
lui avait conseill dacheter des obli-
gations grecques il y a un an!
IMAGE. Face ces dossiers, la ban-
que nest pas trs laise. Elle re-
connat ainsi que la gestionde sa fi-
liale ntait pas parfaite au dbut
des annes 2000. Alpoque, len-
tit sappelait UEB Bank, explique
une porte-parole. Elle tait une fi-
liale commune la BNP et lalle-
mand Dresdner Bank. Et elle dispo-
sait dune certaine autonomie.Pour
autant, la banque estime que les
clients lss ntaient pas des
petits pargnants lambda et quils
sont compltement responsables
des ordres passs. Quand un pla-
cement est perdant, il est normal de
senprendre songrant, enoubliant
les ordres de Bourse passs au tl-
phone, ironise Frank Michel,
lavocat de la banque Monaco.
Plus que le procs perdu, la banque
craint surtout pour sonimage. Dj,
un journal, Monaco Hebdo, sest
empar de laffaire de la BNP. Il
ne faudrait pas que les fortunes de
la principaut dcident daller pla-
cer leur argent ailleurs.
Par NICOLASCORI
Mme sil nest pas la rue,
Gino a fait une grosse dprime.
StphanieBoycompagnedunpargnant ls
et ditricedunmagazinesur les gens aiss
RCIT
Des militants antimondialisation dnoncent la tolrance dont jouissent les paradis fiscaux, CapdAil la frontire mongasque, lors du G20de Cannes dbut novembre. E. GAILLARD. REUTERS
REPRES
Le code montaire et financier
impose aux banques de commu
niquer leurs clients les infor
mations leur permettant
raisonnablement de comprendre
la nature du service dinvestisse
ment et du type spcifique dins
trument financier propos ainsi
que les risques. Adfaut dune
documentation comprhensible,
le banquier ne pourra prtendre
avoir rempli son obligation
dinformation, et devra indemni
ser le client.
Accuse par les ONGdtre la
banque franaise la plus pr
sente dans les paradis fiscaux,
BNP Paribas a annonc en 2009
son dpart de trois pays non
coopratifs en matire fiscale, les
Bahamas, les les Camans et
Panama. Mais elle est toujours
prsente Monaco.
100
milliards de dollars, le montant
de la dette argentine, lorsque le
23 dcembre 2001, lEtat annonce
quil ne peut plus payer. Cest le
plus grand dfaut ce jour.
OBLIGATION DINFORMATION
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
20 ECONOMIE
TERRE 21
Manifestants lors de la confrence pour le climat de Durban, hier. PHOTOSCHALKVANZUYDAM. AP
A
prs deux semaines
de tractations rsi-
gnes, les ngocia-
tions climatiques sachvent
Durbance soir. Quelle que
soit leur issue, la pertinence
de ces Confrences des par-
ties (COP), qui rassemblent
les 195 pays ayant sign la
conventionde lONUpour le
climat, en interpelle plus
dun. A quoi sert un raout
annuel oaucunpays naffi-
che la volont dagir?
Principal grief : ce qui se
trame dans lenceinte du
centre de confrences de
Durbannest pas la hauteur
des enjeux. Cela cote une
fortune et cela ne sert rien,
confie Corinne Lepage,
eurodpute et membre de la
dlgation officielle du Par-
lement europen.COP
aprs COP, on renvoie plus
tard ce quil faudrait faire,
cest rageant.
Foss. De fait, en2009
Copenhague, les pays
staient engags viter un
rchauffement suprieur
2C lhorizon2050, enga-
gement confirm unanplus
tard Cancn, au Mexique.
Cette anne, lAgence inter-
nationale de lnergie an-
nonce que la fentre de tir
pour viter de dpasser
les 2C se fermerait en 2017.
Or, Durban, les promesses
mises sur la table placent la
plante sur la trajectoire dun
rchauffement de 3,5C. Il y
aunfoss norme entre les pa-
roles et les actes, soupire, d-
sarm, JeanJouzel, le patron
du Groupe intergouverne-
mental des experts sur le cli-
mat (Giec). Ace rythme, nous
dpasserons de 20%les mis-
sions souhaitables en 2020. Le
cynisme rgne tous les ni-
veaux, notamment chez les
Amricains, qui prfrent at-
tendre le prochain rapport du
Giec en2014pour discuter.
Mais ce rapport napportera
pas de nouvelles preuves.
A Durban, plus personne
nose parler dobjectifs chif-
frs de rduction dmis-
sions. Daprs le chercheur,
quoi bonsauver Kyoto sans
des chiffres ambitieux ?
Faut-il pour autant envoyer
tout le processus sur les ro-
ses? Accepter unaccordvide
est plus grave que de mettre le
roi tout nu, snerve Co-
rinne Lepage.
Dshabiller le roi, cest ba-
lancer Kyoto, certes, mais
aussi faire sauter les rgles en
vigueur dans lenceinte onu-
sienne. Ici, les 195 pays peu-
vent faire entendre leurs
voix. Les dcisions sont pri-
ses au consensus, cest--
dire lunanimit, et non la
majorit. Lanne dernire,
Cancn, la Bolivie avait re-
fus de voter le texte final, ce
qui aurait dtout bloquer. Le
secrtariat de la convention
est pass outre, provoquant
lire dEvo Morales. Vous
trouvez normal que les Etats-
Unis et les Maldives soient lo-
gs lamme enseigne?iro-
nise une diplomate franaise
base Washingtonqui sug-
gre de ngocier dans le ca-
dre duG20, qui couvre de 80
90% des missions mon-
diales. Je ne vois pas pour-
quoi les Etats-Unis seraient
plus enclins discuter dans le
cadre du G20, objecte Jou-
zel.
Htels cossus. Le G20 ne
peut produire de droit interna-
tional, prvient Genevive
Azam, du rseau Attac. Ce
quil faut envoyer valser, cest
le manque de trans-
parence. Car les
ngociations sont
une suite de ru-
nions bilatrales,
de rencontres in-
formelles dans des
htels cossus et de lobbying
intense des industriels. Ce
qui pose problme, cest le
manque de volont politique,
prcise SbastienBlavier, du
Rseau Action Climat. Vous
aurez beau changer les rgles,
cela ne changera rien si les
Etats ne sengagent pas.
Envoyer tout balader? Le s-
nateur vert Ronan Dantec
strangle: Cest la ngocia-
tion la plus complexe de lhis-
toire de lhumanit, cest nor-
mal que a patine. Tout mettre
par terre, cest repartir pour
quinze ans de tractations pour
tout reconstruire. Cest irres-
ponsable. Rendez-vous ce
soir pour prendre la mesure
de la responsabilit des Etats.
Envoye spciale Durban
LAURE NOUALHAT
Accepter unaccordvide
est plus grave que de mettre
le roi tout nu.
CorinneLepageeurodpute
Fautedaccord,
Durbanrisquelecouac
CLIMATEnAfrique duSud, les ngociations entre
Etats patinent par manque de volont politique.
PTROLE Un organisme
amricain de protection de
lenvironnement reproche
au groupe BPcinq nouvelles
infractions dans le cadre de
son enqute sur la mare
noire davril 2010 dans le
golfe du Mexique. Enquatre
endroits, la socit britanni-
que aurait continu forer
alors que les marges de scu-
rit ntaient pas respectes.
FORTS Le gouvernement
franais met ses images sa-
tellitaires haute rsolution
dispositiondes pays du bas-
sindu Congo. Objectif de ce
partenariat sign hier en
marge du sommet de Dur-
ban: lutter contre la dfores-
tation et prserver les co-
systmes des massifs
forestiers tropicaux. Le pro-
jet sinscrit dans linitiative
Redd+, un mcanisme cr
lors de la confrence sur le
climat de Bali, en2007, pour
rmunrer les efforts de
rduction des missions de
gaz effet de serre dues la
dforestation.
MEUHLe marc de raisinuti-
lis comme complment ali-
mentaire pour les vaches lai-
tires rduit leurs missions,
par rots et pets, de mthane,
ungaz effet de serre, selon
une tude australienne. Il
contribue ainsi la lutte
contre le rchauffement.
Lassociation Mountain Riders, qui travaille depuis
dix ans la promotion du dveloppement durable en
montagne, publie lEcoguide des stations de montagne.
Pour aider les touristes choisir, elle a recens les
efforts en faveur de lenvironnement de plusieurs dizai
nes de stations, en France ou ltranger. Approvisionne
ment en nergie, rhabilitation de logements anciens
plutt que cration de nouveaux lits en zones vierges,
stations dpuration, compostage des dchets verts,
transports en commun, conditions de vie des saison
niers Le guide passe en revue une centaine de stations
des Alpes, des Pyrnes ou du Massif central, et une
trentaine ltranger.
Aconsulter ou commander sur Mountainriders.org
LES STATIONS
DE SKI MISENT
SUR LES PISTES VERTES
KIOSQUE
2
Cest le nombre dours qui pourraient tre introduits
dans les Pyrnes par des associations qui ont propos
mercredi de prendre en charge deux lchers dans le
Barn, le gouvernement ayant renonc, au moins tempo
rairement, renforcer la population de plantigrades.
Ces associations avaient dj gr en 1996 le transport
et le lcher des ourses slovnes Ziva et Melba dans les
Pyrnes. Le ministre de lEnvironnement avait ensuite
pris le relais.
Une tude japonaise confirme lintelligence exceptionnelle
des corbeaux et prouve leur tonnante mmoire. Des
oiseaux ayant identifi par leur couleur les couvercles de
deux types de botes, lun contenant de la nourriture et
lautre non, se sont rappel la couleur correspondant
chacune des botes un an plus tard, a expliqu hier Shoei
Sugita, professeur de zoologie luniversit Utsunomiya.
Notre tude montre que les corbeaux ont pens et utilis
leur mmoire avant dagir, atil ajout. Cette recherche a
t finance partiellement par une compagnie dlectri
cit japonaise qui souhaite prendre des mesures pour dis
suader les corbeaux de faire leurs nids sur les pylnes
lectriques. Pour Shoei Sugita, leur intelligence doit tre
prise en compte dans les mesures prises pour les loigner.
ET SI JEANDE LA FONTAINE AVAIT
SOUSESTIM MATRE CORBEAU
LHISTOIRE
La reproduction
de nos petites annonces
est interdite
Le Carnet
Christiane Nouygues
0140105245
[email protected]
CARNET
souvenirs
Daniel TEYSSANDIER
C'est toujours aussi trange.
Onpense toi trs fort.
Mariages
Aurlie BOU
et Vincent
BARRS-MALONE
sont heureux de vous faire
part de leur mariage
qui sera clbr ce samedi
10dcembre midi
la Mairie de
Saint Germaindes Grois
Dcs
"C'est le ciel qui tire le fil
de la terre."
Christian BRAUT
sera incinr aucrmatorium
d'Olonnes sur mer vendredi
9 dcembre 13H30.
Le Carnet
Vous organisez
un colloque,
un sminaire,
une confrence
Contactez-nous
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vos textes par e.mail :
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Rservations et insertions
la veille de 9h 11h
pour une parution le lendemain
Tarifs 2011 : 16 TTC la ligne
Forfait 10 lignes :
150 TTC pour une parution
(15 TTC la ligne supplmentaire)
Abonns et associations : -10%
Tl. 01 40 10 52 45
Fax. 01 40 10 52 35
LIB_11_12_09_CAR:LIB_AA_MM_JJ_PA 08/12/2011 15:48 Page 1
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
7-1scandale?Non
Les soupons de matchtruqu qui ont accompagn
la large victoire de Lyonface Zagrebne reposent sur
rien. Explications.
L
Olympique lyonnais a si-
gn mercredi lundes ex-
ploits les plus retentis-
sants de son histoire: 7-1
Zagreb face au Dinamo et une
neuvime qualification de rang,
inespre, pour les huitimes de la
Ligue des champions. Avec la com-
plicit du Real Madrid, vainqueur
3-0 chez lAjax Amsterdamune
perf dautant plus mritoire que les
Espagnols affrontent le FC Barce-
lone en fin de semaine. 7-1 : une
soire si parfaite quelle a veill les
soupons. La presse ibrique (As et
Marca), qui navait aucun
reprsentant Zagreb, a
ouvert le feu ds la fin de la
rencontre sur les sites internet :
trange, bizarre, un match
entach de soupon
CLINDIL. Dupoint de vue lyon-
nais, lenchanement des vne-
ments fut le suivant. Avant le
match, au club, tout le monde ne
croit pas la qualification. Lundes
membres du staff technique avait
mme pari avec undirigeant que
lOL ne passerait pas cette fois-ci.
De sonct, le prsident, Jean-Mi-
chel Aulas, commenait, selonses
dires, prparer [sa] communica-
tionpour faire passer la relgation
duclubenLigue Europa (4 5 mil-
lions deuros de moins dans les
caisses que les huitimes de la Ligue
des champions) pour une bonne af-
faire. De son ct, le coach, Rmi
Garde, a juste dit ses joueurs
quun rsultat a priori im-
possible sappelle unexploit
quandonle ralise. Pour les
motiver un peu plus, son adjoint,
Grald Baticle, qui avait visionn
des matchs de Zagreb, leur a fait re-
marquer la chose suivante: Cette
quipe seffondre rgulirement ds
lors quelle prend deux buts.
Le message nest pas pass de suite.
Les Lyonnais ont entam le match
aveclefreinmain, malgrlexpul-
siondudfenseur croate JerkoLeko
ds la28
e
minute. 1-1 lami-temps.
Dans le milieu, onraconte souvent
quun match achet voit le score
idalstabilis assez vite par les
deux quipes: sans prsumer du
fondde laffaire, quelque chose ne
colle dj pas la thorie de lar-
rangement. Sur son banc, Garde
fulminesous unmasqueimpassible.
Aprs le match, il expliquera que
louvertureduscorecroateadonn
un coup de pied aux fesses ses
hommes. Il sest charg dadminis-
trer le second en piquant une rare
colre la mi-temps. Dans les ves-
tiaires, il leur explique que le Real
fait alors le boulot (2-0 Amster-
dam ce moment). Avant de con-
clure: Vous navez pas le droit !
Au retour sur le terrain, les buts se
sont enchans. Baf Gomis navait
plus marqu depuis le 15 octobre:
quatre pions plus un poteau. En
face, il nya plus personne. Le gar-
diennaurait pas arrt une frappe
de benjamin, pas de marquage
Ds le coup de sifflet final, As et
Marca embraient. As souligne sur
son site un clin dil
dun joueur croate
Gomis. Compliment?
Tricherie? La seconde
hypothse revient
clairement prendre
les tricheurs pour des
cons, tant le clindil
est visible. Duct de lOL, onsou-
ligne que Zagreb a dj pris 6-2 le
22 novembre Madrid. Vir aprs la
rencontre, lentraneur croate,
Krunoslav Jurcic, expliquait que
son groupe tait fatigu aprs
une srie de 40matchs. Enclair,
les joueurs de Zagrebtaient enva-
cances, ils ont laiss filer.
ATYPIQUE. Bernard Lacombe,
conseiller dAulas, a rpondu ds
mercredi aux attaques espagnoles:
Ils nous rendent lamonnaie aprs les
propos de Yannick Noah, qui avait
accus les sportifs ibres dtre tous
dops. Aulas a repris largumen-
taire, hier, sur RTL: Cest la r-
ponse du berger la bergre. La
suite de lhistoire, cest lAutorit
franaise de rgulationdes jeux en
ligne (Arjel) qui la crite: stant
saisie hier de laffaire comme cha-
que rsultat de matchatypique,
lArjel na rientrouv redire. Ni le
montant cumul des mises, ni le
nombre de paris pris sur la rencon-
tre (10000), ni la proportionde mi-
ses leves les indicateurs utiliss
pour reprer les matchs louches
ne laissent apparatre des mouve-
ments financiers suspects. Sur les
1000paris les plus importants, envi-
ron la moiti ont t raliss en live
betting [cest--dire pendant le
match, ndlr], moyenne constate
traditionnellement sur le football, a
dtaill le prsident de lArjel, Jean-
Franois Vilotte, Libration. Pour
nous, tout est normal en ce qui con-
cerne la France. Mais notre travail ne
porte que sur 5%des mises.
LUEFA, qui emploiedes organismes
deveillechargs dtudier entemps
rel les volumes de paris internatio-
nauxsur le Net, a affirm hier enfin
daprs-midi que son systme
navait rien montr dirrgulier.
LAjax Amsterdama demand hier
lUEFAde mener une enqute sur
le match de Zagreb.
Par CHRISTOPHEALIX
et OLIVIERBERTRAND
Cette quipe seffondre
rgulirement ds lors quelle
prenddeux buts.
GraldBaticlemembredelencadrement de
lOLavant lematch, propos duDinamoZagreb
RCIT
Les Lyonnais ftent leur improbable qualification pour les huitimes de finale de la Ligue des champions, mercredi Zagreb, en Croatie. PHOTOHRVOJEPOLAN. AFP
6-0
Le 21 juin 1978, lArgentine doit
battre le Prou de 4 buts pour
disputer la finale de son Mondial.
Elle en met 6, a jase encore.
Les 16 clubs qui se sont extirps
de la phase de poules de la Ligue
des champions: Lyon et Marseille
(France), Ble (Suisse), Benfica
(Portugal), Bayern Munich et
Bayer Leverkusen (Allemagne),
CSKA Moscou et Znith Saint
Ptersbourg (Russie), Chelsea et
Arsenal (Angleterre), FCBarce
lone et Real Madrid (Espagne),
Naples, Milan ACet Inter Milan
(Italie), Apoel Nicosie (Chypre).
Tirage au sort des huitimes, le
16 dcembre.
REPRES
12-1
LEspagne doit battre Malte
de 11 buts, le 21 dcembre 1983,
pour disputer lEuro 84. Ce
quelle fait, pile poil.
LES CLUBS QUALIFIS POUR LES HUITIMES
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
22
SPORTS
A
prs avoir t mis enuvre enSude
il y a une dizaine dannes, le projet
de pnaliser les clients des prosti-
tu(e)s arrive enFrance, o il est ac-
cueilli avec uncertainenthousiasme
par des personnalits politiques de
droite et de gauche.
Les arguments de bon sens contre le projet, avancs
par le Syndicat dutravail sexuel (Strass), ont t vio-
lemment balays par les dputs lors dudbat lAs-
semble nationale du 6 dcembre, o une rsolution
reconnaissant officiellement la positionabolitionniste
de la France a t vote (Libration de mercredi).
Ce projet est pourtant peu cohrent, car il admet la
libert de vendre des services que personne naurait
le droit dacheter. Il consacre par ailleurs une forme
de moralisme dEtat difficilement acceptable dans une
dmocratie laque et pluraliste, puisquil voudrait dic-
ter au citoyenla meilleure faondavoir une relation
sexuelle (gratuite, de prfrence payante).
Mais, surtout, cest unprojet dinspirationnavement
utilitariste, peurespectueux des droits fondamentaux
de la personne humaine, puisquil prconise lusage
de la menace et de la force contre des citoyens qui ne
commettent aucun dlit, au nomdes consquences
juges positives pour le plus grand nombre.
Dans le rgime pnal prsent, le client des prosti-
tu(e)s ne commet eneffet aucundlit sil sollicite une
personne majeure,
dont la sant physique
ou mentale nest pas
manifestement dfi-
ciente. Mais il est sou-
mis audroit commun.
Il lui est donc interdit
en principe de cher-
cher obtenir le service sexuel dsir par la menace
ou la force. Il lui est galement interdit de le faire
auprs de personnes mineures ou handicapes au
point de ne pas avoir la capacit de consentir. Cela
signifie que, contrairement ce que prtendent les
avocats les plus excits de sa pnalisation, le client
nest pas compltement labri des poursuites dans
le rgime pnal prsent.
Le but rel du projet ne peut donc pas vraiment tre
dintroduire la pnalisation du client dans le droit,
puisquelle sy trouve dj. Il consiste seulement
tendre la rpressionauxcas dans lesquels la personne
sollicite nest pas mineure ouhandicape mais adulte
et enbonne sant. Cette extensionest-elle lgitime?
Avant de rpondre, il faut, je crois, prendre encompte
le fait que tout supplment de rpressiondemande
tre trs srieusement justifi dans une socit dmo-
cratique, o lusage de la menace et de la force par
lEtat contre ses propres citoyens doit tre parci-
monieux. Sa ncessit et sonurgence doivent tre d-
montres au-del de tout doute raisonnable. Cest en-
core loin dtre le cas.
Enralit, ni le client qui demande unservice sexuel
rmunr ni la prostitue oule prostitu qui loffre ne
commettent undlit tant quils respectent certaines
limites spcifies par la loi. Celles et ceux qui propo-
sent des services sexuels et leurs clients sont donc des
innocents ausens lgal. Ils ne le sont peut-tre pas au
sens religieux du mot. Mais qui lest vraiment en ce
sens? Et sils sont innocents, nest-ce pas une injus-
tice flagrante de vouloir les punir?
Il existe cependant une doctrine philosophique qui
permet daccepter le sacrifice dinnocents ausens l-
gal au nom du plus grand bien-tre du plus grand
nombre. Cest la doctrine utilitariste dans certaines
de ses versions les plus naves.
Unjuge se trouve face une foule de manifestants en
furie. Ils exigent que lonretrouve lauteur dunmeur-
tre barbare commis sur unmembre de leur commu-
naut. Faute de quoi, ils menacent de se venger enat-
taquant le quartier o rsident les membres dune
autre communaut, quils souponnent de protger
lassassin. Le juge ignore lidentit de lauteur du
crime. Pour viter le saccage dunquartier de la ville
et le massacre dun grand nombre de ses habitants,
il dcide daccuser une personne innocente auhasard
et de la faire excuter. Cest le philosophe amricain
Robert Nozickqui a invent cette exprience de pen-
se pour montrer ce qui ne va pas dans la doctrine des
utilitaristes. Eneffet, pour les utilitaristes, une action
est bonne si elle contribue, plus que toute autre pos-
sible, au plus grand bonheur du plus grand nombre.
La dcisiondujuge de sacrifier uninnocent apportera
certainement plus de bonheur et moins de malheur
au total. Mais, selon Nozick, ce sera au prix de lat-
teinte aux droits fondamentaux de la personne sacri-
fie ( un procs quitable, entre autres).
Le projet de pnaliser les clients est utilitariste, ence
sens quil admet, comme le juge face la foule d-
chane, quil est lgitime de porter atteinte auxdroits
fondamentauxde quelques personnes pour le bonheur
suppos du plus grandnombre. Il dit eneffet: mme
si le client est innocent dupoint de vue lgal, puisque
la vente et lachat de services sexuels ne sont pas un
dlit, il faut le punir quandmme, parce que cela aura
des consquences positives pour tout le monde. Lide
tant que punir le client est un bon moyen de tarir
la demandeet daffaiblir ainsi les rseauxmafieux
qui se remplissent les poches dargent sale encontrai-
gnant des milliers de personnes dans le monde se
prostituer pour leur bnfice.
Ces effets sont trs loindtre avrs. Seloncertaines
associations de dfense du travail sexuel, les cons-
quences de la politique de pnalisationdes clients se-
raient dsastreuses du point de vue sanitaire et de la
scurit des travailleurs sexuels. Son efficacit dans
la lutte contre la traite des personnes serait plus que
douteuse. Elle naffaiblirait en rien les rseaux ma-
fieuxinternationaux, qui sarrangeraient pour dloca-
liser leurs activits.
Asupposer cependant que la pnalisationdes clients
ait vraiment certaines consquences que la majorit
des gens pourraient apprcier, il faudrait encore jus-
tifier sa logique utilitariste nave et les menaces quelle
contient pour les droits fondamentaux de la personne
humaine.
On ne peut pas dire que cela ait t fait jusqu
prsent.
Cest unprojet dinspiration
navement utilitariste, peu
respectueux des droits
fondamentaux de la personne
humaine.
Par RUWEN
OGIEN
Philosophe
Prostitution: punir les clients pour
le bien du plus grand nombre?
L'IL DE WILLEM
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
REBONDS
23
Rgle dor:
rptitiongnrale
lAssemble
Parfois, la chose publique puise thtralise
sondouloureuxnant sur la scne ncessaire
de lAssemble nationale, afin que les lus
qui lincarnent offrent leurs mandants et
se donnent eux-mmes, pour un jour ou
pour une heure, au moins limpression
dexister ne serait-ce que dans laffichage
dune impuissance, moins que dun acte
manqu. Ainsi, mardi auPalais Bourbon(o
jamais ne fut vote linterventionmilitaire en
Libye, par exemple),fut port lordre du
jour le vote dune rsolution reconnaissant
la position abolitionniste de la
Franceenmatire de prostitu-
tion, prlude un projet de loi
que portera la ministre Bachelot, visant p-
naliser la clientle des prostitu-e-s.
Aen lire le compte rendu dans la presse du
lendemain, il fallut untemps pour compren-
dre de quoi il sagissait. Cest que, sur la
question, onentait rest la loi sur la scu-
rit intrieure de mars 2003, dite Sarkozy 2,
du nomdu ministre de lIntrieur de lpo-
que qui la porta sur les fonts. Elle instaurait
en la matire un dlirant dlit de racolage
passif dont le seul rsultat tangible fut de
livrer des femmes, recluses aux priphries
des villes ainsi nettoyes plus discrtement
quauKrcher, la barbarie des souteneurs,
trafiquants esclavagistes quelle prtendait
combattre. Le mme procd avait t appli-
qu trois mois auparavant par le mme mi-
nistre rasant aubulldozer le centre daccueil
de Sangatte. Ctait au mme prtexte de
combattre les mafias de passeurs. Au
printemps 2009, la mesure navait suscit
que linstauration dune jungleayant vu
essaimer autour de Calais des bidonvilles fo-
restiers, camps boueux de tentes sommaires
infests de malades, clandestins jeunes et
vieux traqus par une police zle sappli-
quant dmanteler la jungle de Calais,
sous les auspices duministre de lIdentit na-
tionale Eric Besson. Entre-temps, Nicolas
Sarkozyavait t luprsident de la Rpubli-
que. Le procd se dveloppa, qui vise
aujourdhui indiffremment des Roms et des
pauvres, coups de dcrets interdisant la
mendicit dans les centres urbains ou la r-
cupration des denres prissables dans les
poubelles des hypermarchs.
Mais revenons nos moutonniers dputs.
Si ceux de la droite ternelle surtout se font
remarquer dans les devoirs lgislatifs dra-
dicationdumal et de promotionde la vertu,
cest une consternante unanimit qui les vit
mardi tous ensemble rsolus en finir
avec la prostitution. Une unanimit sans vote
et moins dune quarantaine de prsents
(sur 577), certes, mais une unanimit
Sans doute la questionpouvait-elle sembler
marginale, dans le prgnant contexte de la
crise qui occupe tout lespace et fait ba-
fouiller une campagne prsidentielle suspen-
due dans une cacophonie. Une polmique
fronts renverss propos degermanophobie
nous y rappelle que Jaurs fut assassin la
veille de la premire boucherie mondiale par
ltudiant dextrme droite franais Raoul
Villain, tout comme Rosa
Luxembourg et Karl Liebknecht
son lendemain par les corps
francs du dirigeant social-dmocrate alle-
mandGustavNoske; unsouverainisme dl-
tre syrefait une sant contre unfdralisme
enfinlgitim (voir la chronique de Bernard
Guetta, dans Librationdu7 dcembre); Stan-
dard & Poors y passe tout la fois pour un
diableattentant lasouverainetnationale
et unbonDieufacteur dunions nationales
travers toute lEurope ensonUnioncartele;
le politique y court comme un canard sans
tte, subissant tout, ne matrisant rien.
Elle tait pourtant bienprsente, la crise,
dont le prtexte prostitutionfaisait mardi
dans lhmicycle comme une transparente
allgorie. Et lunion sacrment nationale
aussi tait bienl, comme une rptitiong-
nrale. Elle tait prsente, au premier titre,
dans ce consensus mol comme un vu
pieux, une incantationde consensus comme
onimagine quune rcessionpourrait linspi-
rer. Elle singeait une rgle dorcontre les
mchants avec les maquereaux dans le rle
des marchs quune ferme rsolution
parviendrait neutraliser.
Biensr, ce serait auprixde quelques sacrifi-
ces enforme damendes, tant bienentendu
quelles seraient quitablement partages.
On en disputerait comme de la fiscalit des
riches et des pauvres: les filles dj taxes
pour racolage, leurs clients le seraient pour
usage. Quant aux macs et aux passeurs, aux
banquiers, auxparadis fiscauxet auxagences
de notation, ils ressortaient dune systmi-
que et inluctable fatalit.
Dehors manifestait le Strass (Syndicat des
travailleurs sexuels) qui figurait le peuple,
bien conscient que racolage passif +rpres-
sion de la clientle le vouaient une autre
double pleine, telle une rcession double
dune augmentationdimpts. Dedans lh-
micycle, on na pas entendu une seule voix
qui parlt pour lui.
NOSMOKING
Par PIERRE
MARCELLE
Climat: halteau
conservatismeindustriel!
L
a 17
e
Confrence sur le climat se con-
clut Durbandans lindiffrence (lire
aussi page 21). Le climat sest-il sta-
bilis? Bien au contraire, 2010 a t
lanne la plus chaude jamais enregistre
par lhumanit. Les tragdies mtorologi-
ques se multiplient. Le pril climatique est
annonc: la temprature moyenne sur la
plante pourrait grimper de 4 6 degrs
dici la fin du sicle si les efforts pour r-
duire nos missions de gaz effet de serre
restent aussi drisoires. En2009, Copen-
hague, nous tions pourtant nombreux y
croire, tant tait puissante la mobilisation
citoyenne et politique. Les dirigeants des
pays les plus pollueurs se sont comports
comme lors dun G20, rivalisant de coups
de menton, de poignes de maingnreuses
et de formules historiques pour qualifier le
plus granddfi de lhumanit. Mais ils nont
pumasquer lindigence de laccordconclu.
ACancunen2010, la ngociationclimati-
que fut sauve, pas le climat !
ADurban, lUEdfendavec raisonla pour-
suite duprotocole de Kyotoet la perspective
dunaccord global contraignant qui asso-
cierait pays riches et mergents. Lissue est
incertaine tant lobstructiondes Etats-Unis
et de la Chine est forte. Pourquoi une
telle inertie alors que les conditions
mmes de notre avenir sont mena-
ces? Pourquoi lEurope, pertinente
sur larchitecture de laccord, ne
sest-elle dote que dun trs mo-
deste objectif de rductionde ses missions
(-20%dici 2020) quand les scientifiques
veulent le double pour esprer rester sous
les 2 degrs de rchauffement ?
Cest que la ngociationclimatique est bien
plus quune ngociationenvironnementale.
Lutter contre le drglement climatique n-
cessite de modifier enprofondeur nos mo-
des de production, de transport et de con-
sommation. Autant dhabitudes, de rentes
et dintrts difficiles bousculer alors que
les politiques climatiques, pour tre effica-
ces, ne pourront plus se contenter de distri-
buer gnreusement drogations et quotas
de CO
2
auxpays et entreprises rcalcitrants.
Jamais une ngociationinternationale na
gnr une telle opposition, associant des
multinationales des nergies fossiles, de la
chimie, du ciment, de lautomobile ou de
la sidrurgie. Une nouvelle conomie mer-
ge pourtant, avec une incroyable course
dans les technologies vertes. Les renouvela-
bles font leurs preuves: des centaines de
milliers demplois nondlocalisables (dj
370000enAllemagne); des rseaux puis-
sants de PME ancrant lconomie sur les
territoires ; unmarch mondial enexpan-
sionestim plus de 2000milliards de dol-
lars en2020 et dj les deux tiers des nou-
velles capacits de production lectrique
installes enEurope! Idempour la sobrit
et lefficacit nergtique: en baissant de
20%sonbrit nergtique, lUEcono-
miserait chaque anne 100milliards deuros
et chaque mnage 1000 euros; deux mil-
lions demplois seraient crs, notamment
dans le btiment. La France ne possde pas
moins datouts que lAllemagne oula Chine
pour participer cette formidable aventure.
Mais elle prend du retard car la transition
nergtique yest bloque aunomdintrts
dits suprieurs, en ralit au nomdun
vritable archasme industriel: EDFpnali-
se par tout kWhdlectricit conomis,
Areva concurrence par tout panneaupho-
tovoltaque ou olienne install, Total ef-
fraye par des voitures plus efficaces
Partout dans le monde une partie de la so-
cit est en mouvement : des pays (lAlle-
magne et le Royaume-Uni avec des objectifs
climatiques prs de deux fois plus ambi-
tieuxque la France), des rgions et des Etats
fdrs, des villes, des entreprises, dont
Siemens, GE, Sony, Ikea, Philips, Unilever
ouDanone, des investisseurs et des organi-
sations de la socit civile ont fait de la lutte
contre le drglement climatique et de la
nouvelle conomie qui laccompagne un
projet collectif, aunomde lintrt gnral
ou priv. Leur structuration avance mais,
htrognes, ils peinent peser au niveau
national oumondial. Qui se souvient que le
gouvernement franais asacrifi20000em-
plois dans le photovoltaque il ya peu? Les
lus ont la responsabilit doffrir ces ac-
teurs un cadre administratif, financier et
industriel incitatif et stable, et daccompa-
gner la transitionindustrielle et sociale de
lancienne conomie.
Nous navons pas choisir entre catastro-
phe conomique et catastrophe climatique.
Nous pouvons rconcilier lconomie avec
la plante et les citoyens avec leur avenir.
Cest unprojet de socit. Auxresponsables
politiques de convaincre, aux citoyens de
senemparer. Alors la ngociationclimati-
que changera de nature.
Par YANNICKJADOTDputeuropen
EuropeEcologieles Verts
Une nouvelle conomie merge
pourtant, avec une incroyable
course dans les technologies vertes.
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PINK FLOYDREMASTERIS
LES 14 ALBUMS STUDIOS REMASTERISS
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ET EN COFFRET COLLECTOR DITION LIMITE :
THE DARK SIDE OF THE MOON
& WISH YOU WERE HERE
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
24 REBONDS
Reprer les enfants endifficult
ds la maternelle, une ncessit
A
prs la dcision du ministre
de lEducation nationale de
proposer aux enseignants des
outils de reprage des lves
de maternelle endifficults dappren-
tissage et les ractions qui ont suivi, le
comit scientifique de la Fdration
franaise des Dys, spcialise dans les
troubles cognitifs, souhaite livrer son
point de vue.
Le reprage des enfants en difficults
dapprentissage visant leur offrir une
pdagogie adapte est une ide qui nest
ni nouvelle ni partisane. Cette mesure
est demande
de longue date
par les associa-
tions de pa-
rents dlves,
avec le soutien
des profession-
nels de sant et
des chercheurs spcialistes dudomaine.
Elle a t officiellement porte pour la
premire fois en 2000 par le rapport
Ringard sur lenfant dysphasique et
lenfant dyslexique, command par S-
golne Royal puis rendupublic par Jack
Lang. Elle a ensuite t reprise dans le
plandactionVber-Ringardqui a suivi
en2001, linitiative conjointe des mi-
nistres de lEducationnationale et de
la Sant, et finalement concrtise par
la circulaire du 7 fvrier 2002 sur la
Mise en uvre dun plan daction
pour les enfants atteints dun trouble
spcifique dulangage oral et crit. Des
prconisations reprises dans lexpertise
collective Dyslexie, dysorthographie,
dyscalculie, publie par lInserm,
en 2007, et restes une proccupation
constante pour les associations de
parents.
Le reprage dont il est question na ni
pour but ni pour effet secondaire den-
fermer les enfants dans des catgories
stigmatisantes. Bienau contraire, lin-
tention est doffrir tous les enfants
une pdagogie adapte qui permette de
prvenir linstallation de vritables
troubles des apprentissages. Pour cela,
le ministre a demand des cher-
cheurs comptents de composer dune
part des outils de reprage, dautre part
des outils pdagogiques qui puissent
tre mis la dispositiondes enseignants
pour mener bien cette politique de
prvention.
Contrairement auxvaluations nationa-
les obligatoires, dont les justifications
et les destinataires sont diffrents, ce
projet a donc t entirement conuau
service des enseignants, afin de les
aider reprer par eux-mmes les l-
ves ayant des besoins particuliers, et de
les assister dans la mise en uvre des
mesures adaptes. Libre aux ensei-
gnants de se saisir de ces outils ou pas.
Les donnes collectes cette occasion
ne sont pas censes sortir de la classe.
Mme les appellations risqueet
haut risquequi ont dclench tant de
controverses nont aucune raisondtre
interprtes comme des prophties
autoralisatrices: leur seule fonctionest
dalerter les enseignants. Un risque
nest pas une fatalit, il peut tre vit.
Encore faut-il se donner les moyens de
lidentifier et de prvenir les conditions
de sa ralisation. Cest justement tout
lintrt dureprage et des outils pda-
gogiques proposs.
Eneffet, cette initiative est notamment
base sur des recherches ensciences de
lducation, initialement ralises aux
Etats-Unis par plusieurs quipes ind-
pendantes, et, plus rcemment, repro-
duites dans lacadmie de Grenoble. Ces
travauxont montr quunreprage pr-
coce des enfants endifficult dappren-
tissage, suivi de la mise enplace de p-
dagogies adaptes aux besoins
spcifiques de ces enfants par les en-
seignants eux-mmes, enpetits grou-
pes besoins similaires, permet une
bonne partie de ces enfants de rattraper
enquelques mois le niveauattendupour
leur classe. Ce reprage permet gale-
ment didentifier les enfants qui, rsis-
tant cette approche exclusivement p-
dagogique, devront bnficier de bilans
vise diagnostique, et ventuellement
de lentre dans un parcours de soins.
On peut regretter, non pas que cette
initiative soit prise, mais quelle ne soit
prise que maintenant. Mme si elle in-
tervient dans un contexte politique et
relationnel compliqu entre le ministre
de lEducation nationale, les profes-
sionnels de lenseignement et une par-
tie des usagers duservice public, il im-
porte que ce projet soit jug sur ses
qualits propres, plutt que sur la base
de considrations politiques. Il serait
catastrophique pour les enfants endif-
ficults dapprentissage quune mesure
aussi utile et attendue ne puisse voir le
jour.
Le comit scientifique constate enoutre
que, comme cest trop souvent le cas,
une srie de concertations a t amor-
ce avec toutes les parties prenantes,
syndicats enseignants et associations de
parents aprs lannonce duprojet par le
ministre et le toll mdiatique qui a
suivi. Cest malgr tout une opportunit
importante saisir par tous les acteurs
pour rectifier ce dmarrage dsastreux.
La bonne volont et la sincrit de cha-
cunseront juges laune de notre ca-
pacit faire prvaloir le vritable in-
trt des enfants et des enseignants.
Par FRANCK
RAMUS
Directeur
derecherches
auCNRS,
membre
ducomit
scientifique
delaFdration
franaisedes Dys
Unrisque nest pas une
fatalit, il peut tre vit. Mais
il faut se donner les moyens
de lidentifier et de prvenir
les conditions de sa ralisation.
Lcole transforme enmachine dsintgrer
D
ans le petit jeu des annonces gouvernemen-
tales qui semballent lapproche des lec-
tions, le reprage des enfants risqueet
haut risqueenmaternelle est trs repr-
sentatif dune conception tout fait cohrente de
lenseignement fonde sur des principes simples: m-
dicalisation, dtection et drivation.
Longtemps, la mtaphore mdicale a jou unrle cri-
tique en ducation. En 1967, les enfants de Barbiana
crivaient dans leur Lettre une matresse dcole
que lcole se comport[ait] comme un hpital qui soi-
gnerait les bien portants et exclurait les malades. Le
caractre subversif de la formule sest mouss: avec
la gestionlibrale dusystme de sant, quandle ma-
nagement lemporte sur le soinet que le pilotage par
les rsultatspermet tout naturellement darroser l
o cest dj mouill, la mdecine na plus rien en-
vier lcole ! Mais, simultanment, le modle mdi-
cal sest durci, se repliant sur le couple diagnostic-
remde, au dtriment de la prvention, de la prise
encompte des environnements et dutravail enparte-
nariat.
Alcole, ce modle sest rapidement banalis: il ne
sagit plus de crer unmilieuquilibr et structurant,
de provoquer des rencontres fcondes, de stimuler
lattentionet de mobiliser lintelligenceOninvestit
lessentiel de notre nergie reprer les dysfonction-
nements et intervenir au plus tt par la mdication
spcialise. Cest ainsi que lon rabat la notion de
difficult(ncessairement issue dune combinaison
de facteurs) sur la notionde trouble(videmment
physiologique), que lonfinit par tenir pour quantit
ngligeable les problmes sociauxet mme par ignorer
laction pdagogique. On en revient finalement la
vieille conceptionde lhomme-machine: rparer les
pannes individuelles plutt que de crer les conditions
du dveloppement collectif. Avec la bndictiondes
neurosciences qui apportent et cest biennormal
les connaissances quelles ont labores, enles trans-
formant et cest beaucoup moins normal ensys-
tme dinterprtation des ralits scolaires.
Mais la mdicalisationdes difficults scolaires pourrait
voir ses effets pervers limits, voire tre utilise de
manire bnfique dans des cas spcifiques, si elle
ntait enrle dans un processus luvre
aujourdhui grande chelle: la classe est entrainde
devenir progressivement un lieu o lon passe son
temps valuer les lves pour savoir sils ne seraient
pas mieux ailleurs. On dtecte et on drive partout,
renvoyant les lves toujours plus loin: de la classe
vers laide personnalise, puis vers ltude dirige, le
soutienscolaire, les cours particuliers, le psychologue
et lorthophoniste, les filires ddies et les tablisse-
ments spcialiss, Internet et les camps de vacances-
tudesLcole nest plus quune gigantesque centri-
fugeuse construite autour dunlieu vide la classe
qui nintresse plus personne. Elle tourne sur elle-
mme enrenvoyant les lves de plus enplus loin, en
mme temps quelle creuse, ensonsein, une vritable
dpressionscolaire. Pas tonnant, alors, que lonsa-
crifie la formationdes enseignants. Plus besoinde p-
dagogie! Il suffit dvaluer, de dtecter, de driver de
plus enplus dlves, de plus enplus vite, de plus en
plus tt. Et ce mouvement prend une telle ampleur
quil annihile toutes les vellits bienveillantes qui
pourraient encore faire, ici ou l, dune intervention
spcifique une aide dterminante. La centrifugeuse
tourne trop vite!
Ainsi, ce quon nous prsente comme une machine
intgrer est devenuune gigantesque machine d-
sintgrer. Quandil faudrait mettre enplace
des collectifs taille humaine ports par
des quipes dadultes solidaires, onfait ex-
ploser le systme enune multitude de pro-
fessionnels qui se repassent le bb.
Quand il faudrait promouvoir lentraide
entre lves et le suivi personnel dans des
groupes solidaires, onmultiplie les tests et
les valuations de toutes sortes pour faire fonctionner
une usine gazde plus en plus complexe. Quand
nous aurions besoin de mobiliser les enfants et les
adolescents sur unprojet culturel ambitieuxpour leur
permettre de dpasser leurs difficults, on les juge,
de plus enplus tt, sur ce quils sont et onles enferme
dans leurs symptmes. Quand nous aurions besoin
dune cole qui unit, nous voyons merger sous nos
yeux une cole qui fragmente, exclut et isole. Il est
temps dinverser le mouvement.
Par PHILIPPE
MEIRIEU
Professeur
luniversit
LumireLyonII,
viceprsident de
largionRhne
Alpes (EELV)
dlgula
formation
tout aulong
delavie
Il ne sagit plus de crer unmilieuquilibr
et structurant, de mobiliser lintelligenceOn
investit lessentiel de notre nergie reprer
les dysfonctionnements et intervenir auplus
tt par la mdicationspcialise.
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
REBONDS 25
BOUGIES La clbre
Renault 4a 50ans,
loccasionpour la
Cit de lautomobile
de Mulhouse de
lui consacrer une
exposition. Portrait
dune icne.
La4L, du
tacot tac
F
aut la voir crner aux cts dune ri-
bambelle sensuelle de voitures auxcar-
rosseries arrondies. Bugatti et Rolls-
Royce entre autres , fleurons de
limmense collection des frres Schlumpf
(Hans et Fritz), qui furent lautomobile ce que
les Steinfurent la peinture. Oui, il faut la voir
bicher dans le rle de la caisse populaire la
Cit de lautomobile de Mulhouse, plus gros
muse du genre enEurope. Elle, cest la 4L, L
comme luxe, ce qui fait pouffer quand on se
souvient du peu de confort offert par lengin,
sans pour autant couper lenvie de lui souffler
ses bougies: la Renault 4, icne increvable qui
fleure bonles Saintes Chries, les Chevaliers du
ciel et le Big Bazar, a
50 ans. Et
a, a valait bien daligner quinze modles
(dont la cultissime fourgonnette Darty ou la
Monte-Carlo de compte) dans une petite
expo (1). Et un topo.
BLUEJEAN. Aot 1961. Dans une France den
bas qui hoquette dans ses 2CV, la premire Re-
nault 4 sort de lusine de lle Seguin (Hauts-
de-Seine). Nul ne se doute quelle va finir en
haut delacteavecmoult records aucompteur.
La4Lnest autrequeletroisimemodleleplus
vendude lhistoire (plus de 8millions dexem-
plaires) aprs la Volkswagen
Coccinelle et la FordT. Bref,
la voiture mondiale avant
lheure, cest elle. Vendue
dans plus de 100 pays
(beaucoup en Allemagne)
et assemble dans 28, elle
sest trimballe aux quatre
coins du monde avec des surnoms
parfois surprenants: FrogenItalie, Katcra
(Catherine) enYougoslavie, Voiture de Oui-
OuienRhodsie duSud(Zimbabwe). Phno-
mnalelafoulequi arouldedans et jouavec
la banquette arrire (mme si daucuns
nous signalent un manque de confort).
Si on extrapole, 100millions de person-
nes ont t touches par la 4L, value
Emmanuel Bacquet, directeur de
la Cit de lautomobile.
Mais pourquoi tant de succs?
Cest que la
4L, plus quunbanal vhicule transporter la
gendarmerie ou les PTT, est un concept. Oui,
unvrai. Unprojet de voiture blue-jeancar-
rosse par Pierre Dreyfus, prsident de la rgie
Renault, en 1956. Lexode rural a commenc.
Mais les nouveaux urbains, plutt que de ga-
gner les centres-villes, se dirigent vers de nou-
veaux quartiers qui tendent stirer pour se
prolonger enbanlieue. Pour Dreyfus, laffaire
est entendue: fini la voiture des villes si diff-
rente de la voiture des champs, place lauto
polyvalente qui passe partout. Et peut tout
faire. Outil de travail dulundi auvendredi
capable dembarquer la famille en
week-end ou en vacances (do
lide notamment de la
banquette arrire qui
permet de transformer
un utilitaire en vhi-
cule familial). Comme le
denim, elle se doit dtre
inusable et facile dentretien. Et bonmarch:
lquivalent de 5200euros aujourdhui. Alors
pas question de flamber sur le moteur
(747 cm
3
) ni sur lintrieur franchement chi-
che. Et le lookdans tout a? Faites-moi duvo-
lume, demande Dreyfus. Avant dajouter que
la 4L devra tre moins moche que la concur-
rence et pas coquette comme la Dauphine.
Mme si, ds 1963, le modle la Parisienne ci-
ble les lgantes, avec des parements faon
cannage ou tartan cossais.
BABA COOL. Bien vu, le coup du jean. La 4L
demble sduit par sa simplicit et
son habitacle, avant de
devenir le symbole
dune jeunesse
baba cool qui ne
fume pas que
des joints de
culasse. Mais
tout a une fin, la
4L, qui sest
souvent enca-
naille dans des
sries limites
(Jogging, Six-
ties), com-
mence
cesser de
plaire. Rin-
gardise, entre
autres, par la R5 avec
sa bouille plus sportive,
plus citadine. Endcem-
bre 1992, les mille derniers
exemplaires qui quittent
Billancourt sappellent
Bye-Bye.
(1) Renault 4, 50ans dj, jusquau 16 janvier.
Rens. : www.citedelautomobile.com
Par CATHERINEMALLAVAL
EnvoyespcialeMulhouse(HautRhin)
En 1963, la Parisienne fait
son apparition. Avec une
dcoration cannage ou
tartan cossais. PHOTODR
A voir Le diaporama dune slection
de 4L, du premier modle la fourgon
nette en passant par les versions rallye.
SUR LIBRATION.FR
D
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LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
26
VOUS
Par OLIVIERBERTRAND
Unvindegardesuisse
l-haut sur lamontagne
E
n fixant le rendez-
vous, il avait prvenu.
Jespre que vous
navez pas le vertige.Je nai
vraiment compris quenar-
rivant. Aubout dunchemin
de la valle duRhne, juste
ct de Sion(Suisse), Jacques
Granges attendait ct de
son tlphrique. Une ca-
bine en bois bricole accro-
che unsimple cble. Pour
grimper audomaine, plateau
cach l-haut, derrire un
pitonrocheux, ctait cela ou
le sentier des chvres, deux
heures de marche le long
dun prcipice. Alors la ca-
bine sest hisse, balance,
ona eupeur, mais cela valait
le coup.
Unvrai petit paradis sur
terre attendait l-haut.
Le domaine de Beudon,
qui doit son nom ses
formes douces, dodues.
Aprs la Seconde Guerre
mondiale, un fou ri-
chissime lavait achet
pour faire du vin. Il
avait install des tur-
bines dans un tor-
rent voisin pour
produire son lec-
tricit, enterr un
rseau dirriga-
tion, amen des li-
gnes de tlphone
jusque dans les vi-
gnes de ce paradis
o lon peut vivre
en totale autarcie.
Jacques Granges y
venait en balade
avec son pre.
Alors, quand le fou
est mort, que le do-
maine sest retrouv envente
et quunprojet touristique a
failli voir le jour, il tait mal-
heureux. Et quandle projet a
chou, il sest endett pour
acheter. Il avait 25 ans. Qua-
rante annes plus tard, il vit
l-haut avec Marion, atten-
tive lenvironnement,
ouverte sur le monde malgr
lisolement. Ils ont lev
leurs trois filles. Dsormais,
ils sont seuls, Jacques a
65 ans, une barbe blanche
touffue, hirsute. La valle
lappelle Zorba. Il fait tou-
jours du vin. Leur terre est
idale. Entre 400et 900m-
tres daltitude plein sud, un
rgime de foehn, vent sec et
chaud qui loigne la pourri-
ture, et un sous-sol trs va-
ri. Marionyfait pousser des
herbes aromatiques, Jacques
de multiples cpages, dont
un drle de gamay de garde
qui aprs huit ans sent tou-
jours les ronces et la fraise
crase, sur une belle trame
tannique, une jolie fracheur.
Ses vins sont dlicieux mais
peuconnus endehors de
la Suisse. Les Granges
peinent un peu les
commercialiser. Il faut
aller les chercher au do-
maine(1) ou se faire li-
vrer, comme Charlotte
Rampling, qui avait d-
couvert les crus en
Suisse. Mais la livrai-
son cote souvent
plus cher que les
vins.
Aprs une longue
balade ce jour-l
dans le domaine,
dans la gorge hu-
mide o dvale le
torrent, la falaise
o nichent les cor-
beaux, on a d-
j eun sous le
tilleul. Et le vigne-
ron a confi quil
tait fatigu. Lge,
le stress, lanxit
que partagent tant de
ses collgues. Il en a fait un
gros coup de fatigue, est
rest longtemps alit. Je lai
laiss lheure de la sieste.
En redescendant dans la
valle, par le sentier des
chvres cette fois, jtais
songeur lide que lon
puisse aussi faire unburn out
au paradis.
(1) www.beudon.ch
PARLONS CRUS
22 minutes
Cest le temps de vie en moins calcul pour chaque
heure passe regarder la tl aprs 25 ans. Tel est le
rsultat stupfiant dune tude mene par la srieuse
universit du Queensland (Australie) sur 11000 adultes.
Pour une raison simple: a se double dun mode de vie
sdentaire pas bon pour la sant. A ct de a, une
clope, cest juste onze minutes en moins. Fautil faire un
choix entre fumer et regarder la tl? Quid de ceux qui
cumulent et fument face leur cran plasma?
La 4Lcontinue avoir unfan-clubgarni. Paroles de quatrellistes:
Ctait comme
une bonne copine
O
nles appelle quatrellistes ou
quatrelleurs. Ce sont des
fans de la 4L. Certains ont
mme cr le 4L-R6 Club de
France. Tmoignages.
a sembourbe
jamais, mme dans
la neige
Laurence, 42 ans,
une fourgonnette
Mes parents nous avaient
offert, mon mec et moi-
mme, cette 4Lfourgonnette
blanche pour nos premires vacan-
ces ensemble. Ctait notre cam-
ping-car, on a fait le tour de la
France avec. On avait install un
matelas larrire, mais monmec
qui est musicienavait aussi
embarqu deux guitares,
des amplis, une basse
Ctait super, on sen
servait comme dun
4x4, a va partout une
4L: sur la plage, dans les
champs, a ne sembourbe
jamais, mme dans la
neige. Ds quon voyait
un endroit sympa pour
sarrter, oncampait. On
sest souvent fait r-
veiller par des fermiers,
des flicsParfois aussi,
au petit matin, mon
mec mettait les gaz
pendant que je finissais
ma nuit larrire et me
rveillait une fois gar de-
vant un caf. En ville, ctait extra
aussi. Quandonretrouvait notre 4L
coince tropserr entre deuxvoitu-
res, plutt que de manuvrer
linfini, onappelait des passants en
renfort et on la soulevait pour la
mettre sur la rue: fastoche!
Cette 4L, ctait comme
une bonne copine qui ne
fait jamais faux bond. On
la revendue deux ans
plus tard, trois fois moins
cher, ma mre tirait la
tronche. Mais, Paris, notre
4L avait souffert. Des gens
lavaient tague et, partir
de l, dautres lui man-
quaient de respect. Evi-
demment, jai euunpin-
cement de cur quand
il a fallu sen sparer.
Mon frre et ma sur ont
aussi eu leur 4L. De toute
faon, chaque runion de
famille, ctait un festival
de 4L, AX, R5, GS.
Ce nest pas
une voiture
aseptise
Flavien, 31 ans,
huit 4L, membre
du mouvement 4L
Grcemapassionpour les
4L, je suis devenubricoleur,
jai appris tout retaper. Jaime le
ct pratique de cette voiture qui va
pour tout: les promenades, lauto-
route, le dsert. Jaime le bruit de
sonmoteur: quandlune passe dans
larue, jedresseloreille, jereconnais
son bruit de loin. Surtout, ce nest
pas unevoitureaseptise. Auvolant,
on ressent tout, on vit la route. Et
puis jaime ses dimensions: quand
jai les mains sur le volant, je peux
toucher le pare-brise en tendant
lindex. Les vitesses accroches au
tableau de bord, cest trs pratique
aussi, mme si les 4L nont jamais
connu la cinquime. Il faut faire
gaffe ne pas semmler les pin-
ceauxentre les commandes des es-
suie-glaces et celles des phares. Jen
ai une trs ancienne avec les ban-
quettes tendues de toile et une autre
totalement en ska : lodeur de ces
voitures-l na rien voir avec celle
des habitacles en plastique
daujourdhui. Cest marrant, mais
cette voiture permet dengager des
conversations avec nimporte qui.
Cest frquent que des gens mabor-
dent juste pour parler de ma voiture
et des souvenirs de la leur
Mes copains en 205
tombaient en panne,
pas moi
Aurore, 37 ans,
quatre 4L dans sa vie
Mes parents avaient achet une
4L, lanne de ma naissance. Elle
nous a trimbales partout, ma sur
et moi, quand nous tions enfants.
Quandjyrepense, ct scurit, a
navait vraiment rien voir avec
aujourdhui: par exemple, quandon
partait engrandes vacances onfai-
sait 800 km en douze heures, ma
sur dormait sur la banquette ar-
rire et moi sur une sorte de coussin
gonflable qui occupait lespace en-
tre sa banquette elle et celle des
passagers avant. Et ctait super
confortable! Quand jai eu 9 ans,
mes parents lont revendue unco-
pain mcano Antibes. Et quand
jai eu 18 ans, ils la lui ont rachete,
pour me loffrir. Il lavait entire-
ment retape, ctait devenuunpe-
tit bijou. La 4LdAuroreTous mes
copains qui roulaient en 205 ou en
R5tombaient enpanne, moi jamais.
Ma 4L a beaucoup vcu. Elle a fini
ses jours entre les mains dunpetit
jeune qui a rcupr des tas de pi-
ces, et cest comme si ma voiture
continuait vivre par petits bouts
dans plein dautres 4L Ensuite,
jenai eutrois autres, dont une pour
mes 30 ans, trois vitesses et sans
ceintures de scurit. Jai toujours
t la fille qui roule en 4L. Je suis
instit, je fais des remplacements, je
me dplace beaucoup. Jai limpres-
sion quon se souvient plus de ma
voiture que de moi.
Recueilli par MARIE-JOLLE GROS
Peace and love
ou utilitaire, il y en a eu
pour tous les gots.
PHOTOS DR
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
VOUS 27
D
avidLynchpasse, depuis presque 40ans
(Eraserhead, 1976), pour matre enma-
tire de cinma made in USA expri-
mental; dElephant Man Inland Empire
enpassant par Sailor&Lula(bonne cogne douver-
ture et bondlire intermdiaire dans grce Ni-
colas Cage), sans parler de la srie Twin Peaks. Au
hasardde Dune ouMulholland Drive, certains ne se
faisaient pas faute de souponner bientt cet
avant-gardisme psycho grand public de ntre
quunleurre la QuentinMelvilleTarantino ou
Terrence Tarkovski Malick.
Venant tayer ce souponde grands airs pour pas
tant que cela, le CDrock de sortie 2011 du mon-
sieur, 65 ans, en jachre cinmatographique de-
puis une demi-dizaine dannes (sa Mtamorphose
de Kafka annonce ds 2008): Crazy Clown Time.
Enquatorze plages, quelque chose dune bande-
sonpostrockcarbonique la DirtyBeaches de sai-
son. Soit du KraftwerkMorricone ensuspension
de souffle Shadows (genre prempt il y a dix ans
par JoshHadenet songroupe westernien la Cow-
boys Junkie-Silvertone, Spain).
Guitares fixistes no twang surf 60 paralyses,
programmations ambient robotiques et surtout
possession elvisienne. Comme tout le monde,
commencer par lan cinaste Carpenter. Elvis,
ElvisPervert, pervertchuinte la voix nvrose
faonauvocodeur, ducinaste rockisant ambi-
tions ectoplasmiques presleyiennes.
GARAGE HANT. Formalisme maniaque faute de
vraie propositionmusicale, comme didentit de
lorgane maison, essentiellement indistinct?Lim-
pressiondistordue qui se dgage durpertoire est
de fait dcorative, environnementale. Au sens ou
unBrianEnoa puparler, par la voixde sonmatre
Satie, de musique daroport, dappartement,
dascenseurUngenre de lounge rockmuzaks-
dative. Avec, la cl de cette rcration, unsenti-
ment possiblement envahissant denfantillage
Aboli bibelot dinanit sonore?
Enregistr enhome studioavec le partenaire usuel
DeanHurley, ce manifeste electronic-blues dura-
lisateur retir enmditationtranscendantale, pro-
duit lAsymmetrical Studio, est le fruit correct
dimprovisations ensrie, gnralement amorces
sur sa guitare Blackbird par le novice zen Lynch
du Montana, fande Buddy Holly ou Roy Orbison
riffant depuis 1998 (pour un CDde Jocelyn West
Montgomery, puis Dark Night of the Soul de Danger
Mouse&Sparklehorse), amorces toffes et arma-
tures ensuite la basse-batterie, aux synths ou
guitares dappoint, par ledit Hurley.
Prises enbonne part, ces tudes duralisateur ef-
fac cachant sa voix absente (filtres, reverse, effets
DonaldDuckpriscopiques) voquent des cane-
vas de lalter egoelectro-acoustique Badalamenti,
avec qui Lynch, esthte enrupture de banscienti-
fique, na cess de trafiquer ses BO de fond de
sauce rock ses fameux scripts labyrinthiques
Par BAYON
DavidLynchfait
le clownrocktriste
ELECTRO
Le cinaste de
Blue Velvet
transplante son
manirisme
schizode dans
lunivers binaire.
Retour sur unCD
clonesque qui
trashe bien
sonjeu.
David Lynch,
le 6 mai 2008
Paris. PHOTO
JRMEBONNET
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
28
CULTURE
MANSFIELD.TYACD: NYX
(Vicious Circle). En concert ce
soir au Caf de la Danse, et le
8 juin la Cigale.
J
ackpot assur pour Nyx,
le troisime album du
groupe Mansfield.TYA.
Julia Lano et Carla Pallone
ont mis juste avec ces 3 let-
tres: N, Y et X, au Scrabble
cest 21 points chaque
tour(ne). Nyx, cest aussi la
desse de la nuit. Pour Carla
Pallone, les perceptions noc-
turnes sont exacerbes, les
contrastes renforcs. Pour
Julia Lano, la nuit in-
carne un besoin de calme,
mme si lalbum est plutt
hargneux.
Nyx dessine ainsi un pont
entre lambiance festive des
discothques et langois-
sante solitude des fins de soi-
res. Comme un virage
90 degrs. Dans ce nouvel
opus, Julia Lano cheveux
rass et piercing aunezd-
laisse sa guitare, travaille sa
voix, exprimente des sons.
Lautre, Carla Pallone plus
classique, accentue la pr-
sence des cordes avec sonal-
ter ego le violon.
Os de poulet. Pour ne pas
segmenter la cration de la
production, les deux artistes
ont fabriqu Nyx dans leur
maison de Saint-Brvin
transforme en studio et si-
tue en bord de mer. Les
morceauxsont enregistrs au
gr des envies. La nuit, sou-
vent. Leur amie MarionJda-
noff crit quelques textes,
pour sarer la tte et profiter
dune nouvelle fracheur, viter
de tourner autour des trames
rcurrentes de meurtre, crime
et assassin. A la frontire
entre baroque, lectronique
et exprimental, Nyx est
construit comme les churs
dunopra. Avec une ouver-
ture, deuxparties Chevelure
de Brnice et lHorloger du
roi et un finale. Mans-
field.TYAnourrit sonuvre
de rfrences tout fait r-
jouissantes (oupresque), tel-
les quAntichrist de Lars Von
Trier oule dernier manuscrit
dEdouardLev, intitul Sui-
cide. Une ambiance hyperfes-
tive, la Grard Jugnot!iro-
nise Julia, plutt sduite par
les atmosphres gothiques.
Dvidence, le duo apprcie
les styles dcals. Des textes
crus sur des musiques plus
classiques, et vice-versa.
Mais aussi des images trashs,
filmes par ThomR, o les
deux se perdent dans les
bois, tournent des scnes
dhorreur, jouent avec des
animaux sauvages entours
de leurs objets ftiches : os
de poulet, chats morts et
cochons pendus
Chiante. Cette thtrali-
sation macabre ne persiste
pas sur scne.
Les Mans-
field.TYA pr-
frent s y
montrer sinc-
res, sans fard
ni artifice, in-
sistant sur le minimalisme de
leur formation. Onrefuse de
se cacher derrire des murs de
sons, expliquent-elles. Les
contrastes nous permettent
dtre plus agressives. La
scne est uncombat, bref et
intense.
Les deuxNantaises ont choisi
le label indpendant Vicious
Circle pour les artistes quil
reprsente et nonpar reven-
dication. On est dsenga-
ges au possible, on ne sou-
haite pas changer le monde.
Notre rage est personnelle,
cest un mal de vivre.
Aucune animosit envers le
gant Universal, mais un
soupondexasprationface
la pop lisse et chiante, dont
les paroles deviennent
slogans.
Leur format idal, loin du
schma couplet-refrain, res-
semblerait celui de la chan-
sonAn Island in an Island. La
rptitiondevient unoutil en
soi, le texte ne compte plus.
Faonderviche tourneur, le
public sinstalle dans un
tourbillon. Insaisissables, les
Mansfield.TYAsont adeptes
du dtournement de ques-
tions. Julia Lano est aussi la
chanteuse perruque Re-
beka Warrior de Sexy Sushi,
groupe electroclash lori-
gine du titre Meurs meurs,
Jean-Pierre Pernaut. Pour-
tant, lorsquonvoque cette
deuxime casquette, elle r-
torque avec malice: Cest
ma sur jumelle donc cest
compliqu den dire plus. Je
crois quelle samuse faire
autre chose, elle a des cheveux
et fait de lelectro.
Dailleurs, Carla Pallone et
Julia Lano ont prfr diffu-
ser la presse des biogra-
phies truques en apposant
leur nomauxvies de Lullyet
Rimbaud. Rien que a.
LEA IRIBARNEGARAY
POPLe duo nantais Mansfield.TYA, enconcert ce soir Paris, livre
untroisime albumentre electro festive et tourments gothiques.
Nyx la faveur de la nuit
CULTURESMONDE
Florian Delorme - 11h/11h50 - du lundi au vendredi
Chaque vendredi en partenariat avec
Ala frontire entre baroque,
lectronique et exprimental,
Nyxest construit comme les
churs dunopra.
Le groupe
Mansfield.TYA.
PHOTORICOFORHAN
psycho-thriller. Pris enmal, tout le projet peut lit-
tralement passer pour de la clownerie.
Aprs soixante ans de rock, duKing(dieurevendi-
qu ducinaste polyvalent recycl dans le galima-
tias Maharishi Mahesh vdantique ) Gary
ClarkJr., icne dubar parigot de Lynch, Silencio,
via les Ventures, Pirates ouBRMC; aprs autant de
garage hant, guitares twist fantmes et comtes
voyoues, Kim Fowley, Lee Lewis, Vince Taylor,
Seeds, Pretty Things, Vega, Pistols, MinkDeVille
ou Jacksonaprs tant de hits et concerts iconi-
ques, pour qui et quoi bonces repasses de poses,
simulacres takenokos pop, clichs synthtiss de
posthistoire glamour rock pique emprunte,
comme autant de dmarques bas de gamme high-
tech? La ralit nest-elle pas que David Lynch,
dassez longue date, aurait perdu la tte. Au pro-
pre: sa belle tte descargot massif de Missoula un
peu effondre sous la crinire avantageuse de di-
plomate; au figur, tte de liste dEraserhead
I Know, tourne melon transgnique.
Na-t-onpas vulartiste recycl notable de la L-
giondhonneur, se vivre curateur dauto-exposi-
tion, entre deux sets parisiens pnibles ( la Fon-
dationCartier, aux Inrocks), jusqu lautoparodie
la Patti titiSmith2011, rchauff local dg-
rie US connue pour avoir t connue.
NEIGE. David Lynch, autorit hollywoodienne,
jouant les come-back de rock star has been sans
avoir jamais t, cest unpeuMalickqui se lance-
rait sur le tard dans le glitter rock et se rvlerait
un sous Coldplay. Dans ses efforts danimation
rock, Lynch mesure-t-il les risques pris avec un
truc disco tel que Good Day Today? Connaissait-il
DeadMans Bones, dupair RyanGosling, ni-rocker
ni-chanteur comme lui mais visit, ou When de
Vincent Gallo, de mme haute lige ovni, lheure
de hasarder ses SpeedRoadster, She Rise Up, Stones
Gone Up et approchant I Knowce dernier titre
repris du EP single dessai 2010?
Enpratique, riennest simple. Riende si srieux,
ni de mchant. De Movinon en These Are My
Friends et assimil Strange and Unproductive Thin-
king distanci, ngligences et complaisances si
lon veut, pas vraiment dsagrables entendre
et oublier ensemble, lusage on sy fait. En
somme, DavidLynchne sait pas chanter, ni telle-
ment jouer, ni gure plus composer? La belle af-
faire: il soublie, se recre; le rsultat, moins bouffi
de prtention(The Night Bell With Lightning: un
blues dont le titre sinspire dune ligne de Kafka)
que sonnant joliment creux, est dun bon bruit.
Lynchentend des voix. Onsencroit cur, on
y est accro. Le thme-et-variations boucl passe
force, comme un fond de neige TVvintage; du
Less Than Zero sonique, ce nest plus si mal. Une
auditrice voque Christophe dont lidole Isabella
Rosselini convola avec le presbytrien Lynch
Louverture plastique Pinkys Dreamfinit par nous
ouvrir avec elle. So Glad, rengaine-garonnire,
geint correctementle blankclibataire (Ravi
que tu ne sois plus l/Ne reviens surtout pas). Le
motif-titre la gloire duclassique clownchristique
Halloween, Crazy Clown Time, grince et grimace
point. Noahs Ark nasille et prend. Tout vient.
Cest le principe crme de marron, lait concentr
sucr, marshmallow. Informe, pteux, poissant,
abtissant? Bah, comme les beaux de srie B.
DAVIDLYNCH
CD: CRAZYCLOWNTIME(Universal Pias).
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
CULTURE 29
enfin lhtel des Roches
noires aux Sables-dOlonne.
Ce priple dans le bocage ne
sera pas une page blanche
pour ce prolifique: il a gnr
une quinzaine de romans,
parmi lesquels lInspecteur
cadavre, la Fuite de Monsieur
Monde, les Vacances de Mai-
gret A LAiguillon-sur-
Mer, dans lhtel du Port,
Simenon crit Flicie est l.
Lendroit servira plus tardde
dcor la Maison du juge, un
Maigret tourn avec Jean
Richard en 1969.
Dans cette campagne ven-
denne, reconstitue dans la
Chambre bleue (1963), Sime-
non vit aux aguets des con-
versations de caf et des per-
sonnages qui ressurgissent
dans ses livres. Ainsi le pa-
tronyme du voisinde Saint-
Mesmin, Louis Ferchaud, lui
inspirera lAn des Ferchaux.
Simenon demande un jour
mon pre sil peut utiliser son
nompour le titre dun roman.
Ce dernier, par prudence,
transmet la demande au
patriarche, Louis, qui accepte,
la condition que lortho-
graphe soit change, tmoi-
gne Michel Ferchaud (1).
Tournant. Pendant cette p-
riode, Simenon rdige aussi
Pedigree, n dune proccu-
pationhistorique et autobio-
graphique conscutive son
exprience de haut-com-
missaire aux rfugis belges
La Rochelle et lalarme
donne par un mdecin sur
son tat cardiaque. Jai
commenc Fontenay un
grand roman qui me tiendra
encore ici un certain temps,
affirme-t-il dans une lettre
du 28 septembre 1940 (2).
Pedigree, encourag pas pas
par Andr Gide, marqua un
tournant dans son uvre.
On peut dire quen Vende,
cest le Simenon de lentre-
deux-guerres qui a disparu
dans lapothose finale de
Pedigree, et quun auteur
nouveau est n, celui que nous
connaissons, estime Benot
Denis.
Lors du sjour venden,
lcrivain fut lobjet dune
enqute dun commissaire
principal de la sret qui le
croyait juif. Ala Libration,
il est souponn dintelli-
gence avec lennemi et assi-
gn untemps rsidence aux
Sables-dOlonne. Lentre-
deux-guerres fut fructueuse,
laprs plus amre. Pour
dix ans, Simenon largue
lEurope pour lAmrique du
Nord, laissant derrire lui
comme une chrysalide.
Envoye spciale
aux Lucs-sur-Boulogne
FRDRIQUE ROUSSEL
(1) Catalogue, 279pp., 35.
(2) Cit par Pierre Assouline,
Simenon, Gallimard/Folio.
Vient de paratre: les
Essentiels de Maigret,
Omnibus, 28.
GEORGES SIMENON,
DELAVENDEAUX
QUATRECOINS DU
MONDE
Historial de la Vende
Les LucssurBoulogne (Vende).
Jusquau 26 fvrier.
L
a Vende fut une
retraite pour Georges
Simenon. Il y passa
lOccupationet les premiers
mois de la Libration, de
septembre 1940 avril 1945.
Partir de cette parenthse
temporelle de la carrire du
crateur de Maigret pouvait
passer pour opportuniste.
Mais lHistorial, qui a bnfi-
ci de la contribution spon-
tane du Fonds Simenon et
de sonfils John, na pas jug
bondisoler Simenonle Ven-
den du reste de son par-
cours. Aussi, cest mme
une premire rtrospective
franaise sur lcrivainbelge
quil convie, avec sons,
lumires et dcors. Un fa-
onnage musographique
dont il a souhait faire sa
marque de fabrique (lire ci-
contre).
Gagnepain. Les 200objets
et meubles qui jalonnent le
parcours chronologique, puis
thmatique, participent
restituer la chair de lauteur
disparu Lausanne le 4 sep-
tembre 1989, 86 ans. Sa
jeunesse ligeoise se droule
enclichs noir et blanc, puis
ses premires armes de fait-
diversier, 16 ans dans la
Gazette de Lige, porteur
dune carte de presse aunom
de Georges Sim, et mme son
activit de plumitif gagne-
painqui lui fait produire 200
romans rotiques et senti-
mentaux dans la collection
la Gauloise sous maints
pseudonymes: il enusa 27 en
sept ans, dont La dsha-
billeuse.
Le jeune homme, arriv
Paris 19 ans, va publier son
premier roman policier,
Au pont des Arches, en 1921.
Cest lore dune production
prolifique, prs de 200 ro-
mans autotal, dont quelques
manuscrits indits sont pr-
sents lHistorial. A leurs
cts, les oripeaux terrestres
de lcrivain: son bureau,
son globe en or indispensa-
ble sonrituel dcriture, sa
pipe et son chapeau
Cest la guerre qui la pouss
dans ce repli forc dune
Vende dcouverte en 1927.
De La Rochelle, il a emmen
sa femme dalors, Rgine
Renchon, dite Tigy, la
cuisinire Boule et son fils
Marc, logeant dans une
auberge, puis une ferme
Vouvant. Pendant presque
cinqans, il occupera sixrsi-
dences, Vouvant puis
Fontenay-le-Comte, notam-
ment au chteau de Terre-
Neuve, La Faute-sur-Mer,
Saint-Mesmin-le-Vieux et
POLARLe dpartement organise la premire rtrospective franaise ducrateur belge de Maigret.
Les occupations vendennes de Simenon
Romans, manuscrits indits et objets ftiches de Georges Simenon sont exposs. PHOTOLAURENT TROUDE. FEDEPHOTO
RAPHAEL LIVE
VU PAR JACQUES AUDIARD
!
CD+DVD
BANDEAU_LIBE.V2_Mise en page 1 24/11/11 12:27 Page1
Cr par le conseil gnral de la Vende et inaugur
en juin 2006, le btiment, recouvert de toitures
vgtalises, merge de la prairie qui lenvironne. Au
del de larchitecture, le projet tait de concentrer
dans un lieu suffisamment vaste les 1500objets des
collections du dpartement et de les intgrer dans
une musographie moderne. Nous nous sommes
inspirs des muses amricains, avec une forte
prsence de linteractivit, des expositions
temporaires plutt que permanentes et figes,
explique Christophe Vital, conservateur des muses
de la Vende. Il faut capter les publics qui ne viennent
jamais. Un muse des enfants met en pratique ce
principe en proposant une exposition interactive sur
les animaux de la ferme jusquen 2013. Le circuit dans
les collections, de la prhistoire laube du troisime
millnaire en passant par un espace sur les guerres de
Vende, se veut en partie amovible et thtralis.
UN HISTORIAL THTRALIS
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
30 CULTURE
L
a nouvelle a choqu le
monde de lart aux
Etats-Unis. La galerie
Knoedler, undes plus presti-
gieux marchands dart de
NewYork, qui avait pignon
sur rue depuis un sicle et
demi, a ferm sans pravis,
implique dans une vaste af-
faire de faux tableaux.
Le site webindique juste que
la galerie est au regret de
fermer le 30 novembre, sur
une dcision qualifie de
mrement rflchie. Elle a
ni toute relation avec des
procdures judiciaires, mais
le NewYork Times a rvl sa-
medi que Knoedler se re-
trouvait au cur dune en-
qute du FBI pour un trafic,
qui dure depuis vingt ans, de
faux pastichant des peintres
abstraits comme Jackson
Pollock, Robert Motherwell,
Willem de Kooning, Franz
Kline, Clyfford Still ou Ri-
chard Diebenkorn.
Le nomde Pollock, dont les
uvres valent une fortune,
sest dj retrouv dans plu-
sieurs normes scandales de
faux. Cette fois, les tableaux
proviendraient dune mar-
chande de 55 ans de Long Is-
land dorigine mexicaine,
Glafira Rosales, qui affirmait
avoir dcouvert un myst-
rieux collectionneur cach,
exhumant des uvres in-
connues. Elle en aurait
coul une bonne partie via
une star du march de lart,
AnnFriedman, qui avait di-
rig Knoedler plus de trente
ans, et dmissionn en2009
pour fonder sa propre mai-
son, au moment o le FBI
ouvrait son enqute Elle
nie tout rapport de cause
effet. Dautres seraient pas-
ses dans les mains de Julian
Weissman, qui fut lagent de
Motherwell avant de tra-
vailler pour Knoedler.
Le pot auxroses a t dcou-
vert quandla FondationDe-
dalus, appele pour experti-
ser des uvres, a retrouv
des pigments synthtiques
fabriqus plus de dix ans
aprs la mort de lartiste.
Tous les intresss ont pro-
clam leur innocence. Rosa-
les, qui tait associe un
marchand espagnol, Jos
Carlos Bergantios, aurait
dsign uncertainJohnGer-
szo, voluant entre le Mexi-
que et la Suisse, comme son
mystrieux fournisseur
La socit avait t fonde
en 1846 par Michael Knoe-
dler, dorigine souabe, qui
avait t envoy cinq ans
plus tt par lun
des plus impor-
tants marchands
et diteur dart
parisien, Adolphe
Goupil, beau-pre
du peintre G-
rme, pour reprendre son
antenne Manhattan. Il
fonda la fortune familiale en
vendant de la peinture euro-
penne aux magnats de la
cte Est, qui constituaient
alors les collections qui font
la gloire actuelle des muses
amricains. Cette fortune est
aujourdhui menace par
lavalanche de procdures: le
New York Times cite le cas
dun collectionneur londo-
nien, Pierre Lagrange, rcla-
mant 13 millions deuros de
dommages et intrts pour
un prtendu Sans titre, 1950
attribu Pollock.
VINCENT NOCE
ARTSur fonddervlationduntraficdecontrefaon
detableaux, lemarchanddart new-yorkais ferme.
Des faux ensrie
la galerie Knoedler
Les toiles viendraient dune
marchande de LongIsland,
qui affirmait avoir dcouvert
uncollectionneur cach.
Le festival Reims Scnes
dEurope sest repeint
cette anne aux couleurs
sudoises. Jusquau
17 dcembre, la manifesta
tion offre tous les jours de
nombreux rendezvous
dans divers lieux de la ville.
Ainsi, ce vendredi, peuton
voir les Enfants de Mde,
un texte de Per Lysander
mis en espace par Suzanne
Osten, avec des acteurs de
la Comdie de Reims.
Tandis que le Cinma
Opra projette Fanny et
Alexandre dIngmar Berg
man. Mais Reims Scnes
dEurope prsente aussi
des nouveauts de tout le
continent. Comme Lands
End, dernire production
du groupe Berlin. Ou Kolik,
de Rainald Goetz, mis en
scne par Hubert Colas.
Avant, la semaine pro
chaine, un spectacle indit
de Rimini Protokoll,
Hermanns Battle, daprs
Kleist, et un Oncle Vania
revisit par Jrgen Gosch.
R.S.
Rens: 03 26 03 35 77
LEUROPE
SECLATE REIMS
LE FESTIVAL
VarietysepaieIntouchables
Sur le site du magazine amricain Variety, le critique Jay
Weyssberg recadre net le film dEric Toledano et Olivier
Nakache (12 millions dentres en France). Selon lui, In-
touchables flirte avec un racisme digne de la Case de loncle
Tom, et le personnage de Driss (jou par Omar Sy) est
trait comme un singe de compagnie (avec toutes les insi-
nuations racistes que comporte ce mot) qui apprend au Blanc
coinc samuser, en remplaant Vivaldi par Boogie Won-
derland.
Mort delcrivainWerner Kofler
Figure de la littrature autrichienne, auteur de rcits et
de pices radiophoniques, caractris par son got de lin-
vective et prsent par certains comme unhritier de Tho-
mas Bernhard, lcrivain Werner Kofler est dcd hier
64 ans.
Prcision. Dans notre article dhier Secrets scells, les
noms des deuxcommissaires de lexpositionauraient dtre
Cristina Ricupero et Alexis Vaillant. Nos excuses aux intres-
ss et aux lecteurs.
libration est partenaire
www.fetedeslumieres.lyon.fr
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FeteLumieres122x163 3:Mise en page 1 08/12/11 15:00 Page1
Olivier Giraud: un frenchy Paris
Ils sont rarissimes, les humoristes franais
avoir eu les honneurs dune prsentation
dans le New York Times, a fortiori propos
dun one-man show Paris.
Enaot 2009, cest pourtant ce qui est arriv
Olivier Giraud(photo), pour linsolite How
to Become Parisian in One Hour ? Une
aventure au long cours, puisque lartiste to-
talise ce jour 400reprsentations donnes,
la louche, devant environ 80000 specta-
teurs en deux ans et demi. Spectateurs qui
viennent se gausser de lautoflagellationdun
frenchy raillant le comportement discour-
tois, hautain ou agressif des Parisiens, du
mtro au restaurant enpassant par le shop-
ping et le taxi. Entirement en anglais,
deux ou trois jurons prsG.R. PHOTO JULIA
GRINER
Thtre de la Maindor, 15, passage de la Main
dor, 75011. Rens. : 01 43 38 06 99.
Lignes de faille Catherine Marnas adapte le roman de
Nancy Huston. Quatre heures de thtrefeuilleton et lhistoire
du XX
e
sicle travers trois gnrations. On nen dcroche pas.
Jusquau 11 dcembre au Nouveau Thtre de Montreuil, 10, place
JeanJaurs, Montreuil (93). Rens. : 01 48 7048 90.
La Loi du marcheur Le dernier entretien de Serge Daney
(avec Rgis Debray), brillamment rinterprt par Nicolas Bouchaud
et mis en scne par Eric Didry, dans le cadre du festival dAutomne
Paris. Jusquau 31 dcembre au Thtre du RondPoint, 2 bis, avenue
FranklinD.Roosevelt 75008. Rens. : 01 44 95 98 21.
MMENTO
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
CULTURE 31
32
ECRANS&MEDIAS
PLURALISME
Arrt dupapier,
redressement
judiciaire,
France-Soir
et la Tribune
sombrent, mais
le gouvernement
ne pipe mot.
OraisondEtat
pour lapresse
S
ilence radio, silence assourdissant
rptaient les manifestants hier matin
devant Matignon. Depuis des semai-
nes, la mobilisationenfle contre la d-
cisiondupropritaire de France-Soir, Alexan-
dre Pougatchev, darrter la diffusionpapier
dutitre le 15 dcembre. Rassemblements de-
vant le journal, devant le Syndicat de la
presse quotidienne nationale (SPQN), sit-in
devant le ministre de la Culture et de la
Communication, manifestations devant lAs-
semble nationale, le SnatLe mouvement,
auquel se sont greffs les salaris de la Tri-
bune, qui devrait tre plac enredressement
judiciaire dans dix jours, a frapp toutes les
portes. Des dlgations ont souvent treues
par les institutions de la Rpublique. Mais en
dehors dlus de lopposition, aucune voix
politique ne sest leve publiquement.
Ainsi, hier, environ150salaris des deux ti-
tres ont fait le piedde grue devant Matignon
pour interpeller le Premier ministre. Mais ce
nest que sous la menace dun blocage du
Monde quune dlgationa finalement t re-
ue. Et encore, par le cabinet duministre de
la Culture et de la Communication. Ni par
Franois Fillon ni mme par Frdric Mit-
terrand. Ence mois de dcembre, le couplage
de ces deuxquotidiens endifficult rendplus
criant lemutismedugouvernement et dumi-
nistre de tutelle. Seule satisfactiondes syn-
dicats, la tenue, lundi, dune table ronde sur
le sort de France-Soir. Elle runira la direction
et les syndicats dujournal, lancienne direc-
trice Christiane Vulvert, qui veut re-
prendre le titre, et des reprsentants
du SPQN.
RALLONGE. Apart cette minuscule
avance, pourquoi ce silence et cette
immobilit? Dans les manifesta-
tions, onvoque la rforme des aides
la presse, qui entre en vigueur en janvier.
Dans ce cadre, entend-on, la disparitionde
quotidiens faibles et subventionns (une di-
zaine de millions deuros sur trois ans Fran-
ce-Soir de source syndicale, plus une myst-
rieuse rallonge de 900 000 euros en
dcembre) faciliterait les choses. Il ny a
aucune influence de cette rforme sur la mort de
France-Soir, dment PatrickEveno, historien
de la presse, membre de la commissionde re-
mise plat de ces aides. Cette rforme a con-
sist regrouper les fonds anciens et le projet de
loi de finances 2012, qui a t reconduit, est
budget constant pour les aides lapresse.Se-
lon lui, il faut 2 millions deuros par mois
pour sortir France-Soir, dont tout le monde
attend la mort depuis vingt ans. Sonpropri-
taire, lui, ny croit plus, qui veut le transfor-
mer enunpure player, enconservant 41 sa-
laris sur 127. Dans unmail envoy mercredi
auxsalaris, Pougatchevenfonce le clou: Le
modle de la presse papier traditionnelle que
nous connaissions nest malheureusement plus
viable. [] Le march de la presse quotidienne
nationale est moribond.[] Ce projet permet de
ne pas laisser mourir untitre emblmatique tout
en le faisant passer dans le monde de demain.
Une heure avant le rassemblement Mati-
gnon, et une semaine pile de la limite de d-
pt des candidatures des repreneurs, la Tri-
bune tenait de son ct un point presse au
Snat. Onest unpeuagacs dusilence de cer-
tains parlementaires: ce sont eux, les garants
du pluralisme, peste DavidLarbre, duSyndi-
cat national des journalistes (SNJ). On ne de-
mande pas aux pouvoirs publics de payer nos
salaires, mais dintervenir pour nous laisser le
temps de convaincre les investisseurs. Jus-
Par ISABELLEHANNE
et FRDRIQUEROUSSEL
Les salaris de
FranceSoir ont
protest place
de la Madeleine,
Paris,
le 1
er
dcembre.
PHOTOJEANMICHEL
SICOT
Onne demande pas auxpouvoirs
publics de payer nos salaires, mais
dintervenir pour nous laisser le temps
de convaincre les investisseurs.
DavidLarbreduSyndicat national des journalistes
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
ECRANS&MEDIAS 33
J
e suis lun des derniers
embauchs de lre Ar-
nault, en2007. Et je suis
arriv en plein divorce: mon
premier jour de boulot tait un
lundi ; le jeudi, on tait en
grve! a ma donn
le tonpour les quatre
annes qui ont suivi.
Tu peux avoir cinq
AGpar jour, mais tu
sors quandmme un
journal. Cest une
certaine gymnasti-
que. La charge de
travail a considrablement
augment ces dernires an-
nes, surtout que notre rdac-
tionest entirement bimdia,
donc il a falluassumer unflux
beaucoup plus dense.
Aterme, la presse papier va
sans doute disparatre. Mais
cest une questionde timing:
onne peut pas passer brutale-
ment duprint autout numri-
que [comme lenvisagent cer-
tains repreneurs potentiels,
ndlr], il faut une transition.
Cest comme pour lnergie:
onne va pas dujour aulende-
mainpasser autout renouvela-
ble. Il est vident que le num-
rique est unsupport davenir,
mais cest unmodle qui doit
gagner en maturit. Ce serait
une erreur stratgique darr-
ter le papier maintenant.
Il y a untruc assez fascinant
avec ce journal :
malgr tous les
alas de son his-
toire, la seule
constante, cest la
rdaction. Per-
sonne ne sest mis
aubordde la route
et disant y en a
marre, jarrte tout. On re-
fuse de voir la fin du monde.
La Tribune est essentielle, dans
sa fonctionde trublion, de poil
gratter dusecteur conomi-
que. Cest dans son ADN. Il
ny a qu voir les rcents
exemples dEDF [son patron,
Henri Proglio, mcontent dun
article sur lEPR, a annul des
pubs prvues pour le journal,
ndlr], ou du triple A.
Je reste positif. On sait quil
ya des gens intresss par une
reprise. Ma principale inqui-
tude, cest de savoir quelles
sont leurs relles intentions.
Recueilli par I.H.
GAL VAUTRIN37 ANS, SOCCUPE
DES MARCHS LATRIBUNE:
Arrter le papier
est une erreur
M
me si onconnat la
date darrt du pa-
pier, voir tous les
jours le chiffre [15 dcembre,
ndlr] placard lentre du
journal donne le blues. Ontra-
vaille dans un cli-
mat de dmotiva-
tion totale et, en
mme temps, il
faut tre profes-
sionnel pour ceux
qui nous lisent en-
core. Faire notre
travail le mieux
possible jusquaubout et partir
digne, avec lorchestre. On
nenterre pas un petit quoti-
dien, mais un titre n aprs-
guerre. Cest dailleurs le pre-
mier grandtitre historique qui
va disparatre.
Larrter une semaine, ouun
mois, risque de le tuer. Entout
cas, ce sera difficile de revenir
en kiosque, parce que le lec-
teur perdlhabitude de lache-
ter. Larrt du papier signe
larrt de mort du journal. Je
ne crois pas sa transforma-
tion en pure player. Il ny a
pas, aujourdhui, de modle
conomique viable, et cest
encore plus difficile avec une
rdactionlow-cost,
sans moyens pour
aller sur le terrain.
La motivation et la
jeunesse des quipes
ne font pas tout.
Le 14 au soir sera,
dans ma tte, le
dernier bouclage. Je
ne doute pas quil yaura beau-
coup dmotion. Pour ma
part, jaurai fait trois ans
dune belle aventure, sans en
rougir. Dans [sept] jours,
jaurai le cur gros, mais de
trs bons souvenirs. Il faudra
un palier de dcompression.
Comme une rupture, il faudra
la digrer jy passe entre
douze et quatorze heures par
jour et se retrouver seul.
Recueilli par F.Rl.
LOCTORINOGILLES 31 ANS, RDACTEUR
CULTURETLFRANCESOIR:
Unclimat de
dmotivationtotale
Q
uand je suis arrive
la Tribune en sep-
tembre 2008, avec
la dernire grande
vague dembauches, on lan-
ait une nouvelle formule,
et il y avait quasi
deux fois plus de
journalistes quau-
jourdhui ! Ce
ntait pas la mme
dynamique quen
ce moment. Mais
on ne baisse pas les
bras: oncontinue
sortir des informations, faire
unquotidiende 24 pages avec
seulement une soixantaine de
journalistes rdacteurs. Nous
avons su nous adapter aux
volutions du secteur, et les
lecteurs sont vraiment atta-
chs au journal.
Quand Alain Weill a cd
80%du capital pour un euro
symbolique Valrie Decamp
[en mai 2010, ndlr], a a t un
coup de tonnerre pour la r-
daction. Il avait dit quil vou-
lait dvelopper le journal, les
synergies Dans les faits, il
na pas investi le moindre euro
dans la Tribune! En termes de
projet, cest un peu faible. Le
journal avait dj une histoire
chaotique; l, cest vraiment
devenu compliqu.
On na plus de documenta-
tionphysique depuis trois ans,
plusieurs postes
nont pas t rem-
placs, onest obli-
gs de boucler plus
tt, 20 heures.
Cest quatre heures
avant les Echos oule
Figaro. Malgr a,
on continue pro-
poser un traitement dcal.
On se permet une libert de
ton et des angles quon ne
trouve pas dans dautres jour-
naux. Et ona gard une grande
autonomie: partir du mo-
ment o les informations que
lon sort sont carres, il ny a
aucun sujet tabou.
Lannonce du placement de
la Tribune enredressement ju-
diciaire ne nous empche pas
de travailler normalement.
Cest notre principale force:
continuer dtre cits, de sor-
tir le journal, de faire notre
boulot.
Recueilli par I.H.
AUDREYTONNELIER 31 ANS,
JOURNALISTEINDUSTRIES LATRIBUNE:
Onne baisse
pas les bras
F
rance-Soir dabord,
mais la presse papier
en gnral est relle-
ment menace. Beaucoup
pensent que le papier est ter-
min, que lavenir est au plu-
rimdia, au Web.
Cest vrai, mais moi,
je crois encore ende
belles annes pour la
presse papier.
On se mobilise
pour montrer quon
ne veut pas mourir
en silence On va
faire dubruit jusquaubout, et
se battre comme on la tou-
jours fait pour France-Soir.
Depuis cinq ans que jy
travaille, on a affront beau-
coupdetemptes et onsenest
toujours relev, la surprise de
la profession qui nous croyait
morts.
Avec le recul, la reprise par
Alexandre Pougatcheva repr-
sent la fois une chance et
un norme gaspillage. Une
chance, car son arrive a
chang mes conditions de tra-
vail, comme pouvoir partir en
reportage avec des photogra-
phes. Ungaspillage, parce que
des sommes faramineuses ont
t dpenses sur
des choses qui
nen valaient pas
la peine.
Pour France-Soir,
je pense que la-
venture est termi-
ne. Je ne crois pas
une relance du
papier. Ce nest pas pour
autant quil ne faut pas se bat-
tre. Mme si je pense que le
14dcembre, nous bouclerons
le dernier journal. Jusquau
dernier jour je serai l, mme
si je ferai le dernier numro
avec tristesse. Cest important
pour la presse papier et le
journalisme de montrer quon
na pas baiss les bras fa-
cilement.
Recueilli par F.Rl.
ALEXANDRAGONZALEZ25 ANS,
REPORTERSOCITFRANCESOIR:
Ne pas mourir
ensilence
D
R
D
R
D
R
D
R
quici, le secrtaire gnral du CE, Jean-
Christophe Chanut, a comptabilis une
vingtaine de manifestations dintrt pour la
Tribune. a ne veut pas dire quil y aura 20of-
fres de reprise, bien sr.
PETITS. Acette runion, excepte Cathe-
rine Morin-Desailly (Nouveau Centre) qui a
pass une tte, il nyavait personne pour re-
prsenter la droite face la snatrice Marie-
Christine Blandin (EE-LV) et Brigitte Gon-
thier-Maurin(PCF). Le gouvernement trouve
normal de choisir le systme du que le meilleur
gagne, et que les petits disparaissent, regrette
Blandin, qui prside la commissiondes affai-
res culturelles et de la communication. Sa
seule inspiration, cest la concentration des m-
dias, ne garder que des grands groupes. Tout ce
qui peut participer du pluralisme, ce nest pas
sonproblme.La snatrice devrait soumettre
une questionaugouvernement le 15 dcem-
bre, et envisage une mission dinformation
en janvier sur les aides la presse.
A une semaine de lchance France-Soir,
une journe nationale sans pluralismese
profile: un16dcembre sans journauxnatio-
naux, ni rgionaux, ni dpartementaux, or-
ganis par les syndicats. Dans la lutte qui se
mne, jouer la tache dhuile peut servir
mettre la pression. Mais impossible, hier,
dobtenir la moindre ractiondu gouverne-
ment. Ni la Direction des mdias (qui
dpend de Matignon) ni au ministre de la
Culture. Silence.
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
A LA TELE CE SOIR
20h50. Koh-Lanta.
Tl-ralit prsent
par Denis Brogniart.
22h20. Spciale
Btisier.
Divertissement
prsent par
Victoria Silvstedt.
0h00. Confessions
intimes.
Magazine prsent
par Marion Jolls.
2h00. Trafic info.
2h05. 50 mn inside.
Magazine.
20h35.Une enfance
vole : laffaire Finaly.
Tlfilm avec Charlotte
De Turckheim.
22h05. Tirage
Euromillions.
22h10. Cold case :
Affaires classes.
Srie amricaine :
Chasse aux sorcires,
Chasseur de ttes.
Avec Thom Barry.
23h35. Les Concerts
uniques France
Tlvisions.
20h35. Thalassa.
En direct de
Concarneau.
Magazine prsent par
Georges Pernoud.
22h40. Soir 3.
23h05. Vendredi sur
le plateau !
Magazine prsent
par Cyril Viguier.
1h05. Le match des
experts.
Magazine.
1h35. Les grands
du rire.
20h55. O sont passs
les Morgan ?
Comdie amricaine
de Marc Lawrence,
103 mn, 2010.
Avec Hugh Grant,
Sarah Jessica Parker.
22h35. Mon beau-pre
et nous.
Comdie amricaine
de Paul Weitz, 105 mn,
2010.
Avec Ben Stiller.
0h10. Donne-moi
ta main.
20h40. La faille du
diable.
Tlfilm de
Matthias Glasner.
Avec Silke
Bodenbender,
Ronald Zehrfeld.
22h10. Le cerveau et
ses automatismes.
1 - La magie de
linconscient.
Documentaire.
22h55. Le sous-marin
vert de M. Pilipenko.
Documentaire.
20h50. NCIS :
Enqutes spciales.
Srie amricaine :
Game over, La chimre,
Requiem, Intrusion.
Avec Mark Harmon,
Michael Weatherly,
Pauley Perrette.
0h10. Nip / Tuck.
Srie amricaine :
Au revoir mesdames,
Le divin enfant.
Avec Julian McMahon.
1h55. Mto.
2h00. Concert.
20h35. Ces animaux
qui nous font rire.
1/2.
Divertissement
prsent par
Cyril Hanouna.
22h20. Shirley et Dino
Marigny.
Spectacle.
23h55. Patrick Timsit.
The one man stand-up
show.
Concert.
1h25. Les Francofolies
2009 La Rochelle.
20h35. On nest pas
que des cobayes.
Magazine.
21h30. Empreintes :
Brasseur pre et fils.
Magazine.
22h30. C dans lair.
Magazine prsent
par Yves Calvi.
23h35. Dr CAC.
23h40. Le trsor
de ma tante.
Documentaire.
0h30. Laventure
antibiotique.
20h35. Les Grosses
Ttes.
Invits : Pierre Arditi,
Line Renaud.
Divertissement
prsent par
Philippe Bouvard.
23h00. Zemmour et
Naulleau.
Magazine prsent par
ric Zemmour et ric
Naulleau.
0h10. Rive droite.
Magazine.
1h10. Paris Dernire.
20h35. Alice Nevers,
le juge est une femme.
Tlfilm franais :
Juge contre juge.
Avec Marine Delterme,
Richaud Valls.
22h25. Alice Nevers,
le juge est une femme.
Tlfilm franais :
Mauvaise rencontre.
Avec Marine Delterme,
Richaud Valls.
0h10. Lle des vrits.
Tl-ralit.
20h45. Une femme
dhonneur.
Tlfilm franais :
Double vue.
Avec Corinne Touzet,
Franck Capillery.
22h35. Une femme
dhonneur.
Tlfilm franais :
Mort clinique.
Avec Corinne Touzet,
Franck Capillery.
0h20. Close to Home.
3 pisodes.
Srie.
20h45. Enqute
daction.
Policiers, sauveteurs,
rois de la fte : les anges
gardiens de l'hiver.
Magazine prsent par
Marie-Ange Casalta.
23h20. Enqute
daction.
Magazine prsent par
Marie-Ange Casalta.
2h10. Carrment jeux
vido.
2h30. Programmes
de la nuit.
20h35. Jack et le
haricot magique.
Tlfilm amricain.
Avec Colin Ford,
Christopher Lloyd,
Katey Sagal.
22h10. Championnes
tout prix.
Srie amricaine :
Trahison.
Avec Payson Keeler.
23h00. Lcole
des fans.
Divertissement.
23h55. G cin.
20h40. La grande
soire des animaux.
Magazine prsent
par lodie Ageron et
Sandrine Arcizet.
22h25. Les matres de
lhumour.
Les humoristes
prfrs des Franais :
le vote du public.
Divertissement
prsent par
Ccile de Mnibus.
0h15. Very bad blagues.
20h45. Catch
amricain Raw.
Sport.
22h35. Catch
amricain Smack
Down.
Sport.
0h20. Man vs Wild.
Documentaire.
1h55. Mon frigo ma dit.
Srie.
2h00. Jeux actu.
Magazine.
2h20. Culture Pub.
20h35. lpreuve
des flammes.
Tlfilm de
Jason Bourque.
Avec Joanna Cassidy,
Tracey Gold.
22h15. Pril de glace.
Tlfilm de
John Carl Buechler.
Avec Gtz Otto, David
Millbern.
23h40. Star report.
Les bimbos orientales.
Magazine.
TF1
ARTE M6 FRANCE 4 FRANCE 5
GULLI W9 TMC PARIS 1ERE
NRJ12 DIRECT8 NT1 DIRECT STAR
FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL +
On se souvient de Ladislas
De Hoyos, pour lavoir vu
dans moult btisiers
enguirlandant un certain
Ren lors dun reportage
pluvieux. Mais lancien pr
sentateur du JT de TF1,
mort hier 72 ans, avait
surtout t le premier jour
naliste interviewer Klaus
Barbie en Bolivie en
fvrier 1972, pour la Une. Il
stait alors adress lui en
allemand, avant, dun coup,
de passer au franais pour
lui demander: Vous ntes
jamais all Lyon? Du
tac au tac, Barbie avait
rpondu en franais: Non,
je ny suis jamais all.
Pig, lexSS avait fini par
conclure: Je ne suis pas
un saint. De Hoyos avait
commenc sa carrire
FranceSoir en 1960, avant
de rejoindre lORTF, puis
TF1 o il fut correspondant
Londres avant de devenir
prsentateur. PHOTOAFP
DE HOYOS,
DE PROFUNDIS
DISPARITION
Je fais des confrences quandonminvite,
certaines sont gratuites, dautres ne le sont
pas. Daccord, monsieur linquisiteur? []
Allez, barrez-vous!
BernardKouchner perdant ses petits nerfs lors dun
entretienavecYannick Falt, journalistepolitique
deFranceInfoqui linterrogeait sur ses affaires enGuine
Le grand saut
Eurosport, 23 heures
Quarantecinq minutes de
Coupe du monde de saut
ski depuis le bled tchque
dHarrachov, le Choix de
lAvent parfait. De rien.
Les petites mains
LCP, 21 heures
Le docu Plumes de prsi
dent ne cause pas sexe,
bande de petits pervers,
mais de ceux qui crivent
pour le chef de lEtat.
Le bon thon
France 3, 20h35
Un bon vieux Thalassa old
school qui sent la bau
droie, la langoustine et
le thon blanc, puisquil
samarre Concarneau.
LES CHOIX
1092303
Par ASSP en date du 15/11/2011, il a t
constitu la SARL suivante :
Dnomination :
VIETNAM
Capital social : 3
Sige social : 13 bis rue Versigny 75018
PARIS
Objet : Production et dition musicale
Grant : M. Franck ANNESE demeu-
rant 63 rue Damrmont 75018 Paris et
M. Stphane REGY demeurant 3 ter rue
Gassendi 75014 Paris.
Dure : 99 ans compter de son immatri-
culation au RCS de PARIS.
1092317
Suivant acte SSP en date du 23/11/2011, il
a t constitu une SARL ayant les carac-
tristiques suivantes:
Dnomination sociale :
CARCAJOU
Capital : 300 euros
Sige social : 7, rue Rodier 75009 PARIS
Objet : gestion et acquisition de droits
dauteur, production, dition et distribu-
tion dans les domaines de la proprit
intellectuelle. La fourniture de services
comptables, juridiques, administratifs et
dintermdiaires dans les domaines susvi-
ss ainsi que toutes oprations se rappor-
tant lobjet social.
Dure : 99 ans
Grant : Mlle Emilie TRONCIN, 7 rue
RODIER 75009 PARIS
Immatriculation au RCS de PARIS
1092297
SOCIETE CIVILE IMMOBILIERE
CRESPIAN
SCI au capital de 6402.86
Sige social : 95 Bd de Montmorency
75016 PARIS
422988097 R.C.S. PARIS
LAGE du 04/11/2011 a dcid la disso-
lution de la socit et sa mise en liquida-
tion amiable compter du 04/11/2011,
nomm en qualit de liquidateur M LES-
TRINGANT PIERRE-YVES, demeurant
95 BD DE MONTMORENCY, 75016
PARIS, et fx le sige de liquidation au
sige.
Modifcation au RCS de PARIS.
LAGO du 04/11/2011 a approuv les
comptes de liquidation, dcharg le liqui-
dateur de son mandat et constat la clture
des oprations de liquidation compter du
04/11/2011.
Radiation au RCS de PARIS.
Libration est habilit aux annonces lgales
et judiciaires pour le dpartement 75 en vertu
de larrt prfectoral n 2010-357-1
Par EVAJOHN
Les jeuxdes petits Sud-
Corens enlignedemire
A
ux douze coups de
minuit, extinction
des feux pour les jeu-
nes Sud-Corens. Warcraft,
Counter Strike et autres jeux
en ligne sont dsormais in-
terdits auxmoins de 16ans la
nuit. Le texte, surnomm
loi Cendrillon, est entr
en vigueur le 20 novembre.
Dans cette versionmoderne
duconte de Charles Perrault,
la chaussure de vair est une
basket et le carrosse, unPC.
La Core du Sud, temple des
jeux vido, veut ainsi emp-
cher ses jeunes de se faire
prendre dans les mailles de la
Toile. Tandis que Pusan, la
deuxime ville du pays, ac-
cueille cette semaine les
joueurs dumonde entier aux
WorldCyber Games, les jeu-
nes exprimentent le nou-
veau couvre-feu.
Plus de 12%des adolescents
seraient dpendants auWeb,
selon le ministre sud-co-
ren de la Sant. A Gongju,
au sud de Soul, le docteur
Lee Jae-wondirige une clini-
que spcialise dans laddic-
tion Internet. Ses patients,
collgiens et lycens pour la
plupart, sont avant tout ac-
cros aux jeux de rle et aux
jeux de tir subjectif. Pen-
dant longtemps, dit-il, le gou-
vernement sud-coren a voulu
faire la promotion dInternet.
Cette loi vapermettre une prise
de conscience de ses dangers.
Certaines personnes jouent
Starcraft depuis plus de dix
ans. Plus quun jeu, cest un
lment de leur culture. Mais,
comme pour lalcool, il faut en
connatre les limites. Dans
un message laiss en pleine
nuit sur un forum, un ado-
lescent semporte: Le mi-
nistre ne nous comprend pas.
Il voulait quon dorme plus,
mais je suis tellement nerv
que je narrive pas fermer
lil !
Principale critique formule
par les dtracteurs de la loi :
son caractre inapplicable.
Pour se connecter aux jeux
en ligne, chaque internaute
doit dsormais entrer son
numro didentit, ce qui
permet de bloquer laccs
aux plus jeunes la nuit.
Comment voulez-vous em-
pcher les adolescents de
sinscrire avec les identifiants
de leur grand frre?sinter-
roge M. Kang, propritaire
de lun des nombreux PC-
Bang de Soul, cybercafs
trs populaires. Pour lins-
tant, le couvre-feu ne sap-
plique quaux jeux en ligne
sur PC. Playstationet X-Box
devront adapter leur rseau
dici deux ans.
VU DE PUSAN
Guichet-dpart envueauxEchos
Le nouveau patron du groupe Les Echos, Francis Morel, va
prsenter sonplanstratgique mardi et il devrait y avoir de
la casse: selonPresse News, il pourrait annoncer louverture
dunguichet-dpart destin conomiser 10millions deuros
et revenir lquilibre en 2012. Serait dj rgl le cas du
comit excutif, totalement dcim, avec les dparts annon-
cs de plusieurs huiles dugroupe dont le directeur financier
et celui de la rgie pub.
RFI: les socialistes montent aucrneau
Les socialistes ont lanc, hier, une double offensive contre
la fusionde RFI avec France 24. La dpute Aurlie Filippetti,
encharge de la culture dans lquipe de campagne de Fran-
ois Hollande, a estim que les conditions de la fusionde RFI
avec France 24devaient tre claircies, jugeant la situation
de la radio mondiale trs inquitante. Les snateurs socia-
listes reprsentant les Franais de ltranger ont, eux, qualifi
la fusionde vritable entreprise de dmolitionde RFI, sinter-
rogeant sur la prcipitationdes dirigeants de lAudiovisuel
extrieur de la France (AEF) terminer le rapprochement.
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LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
ANNONCES 35
T
out est refaire. De
laveumme des pro-
ches du dossier, les
ngociations avec Al-
Qaeda auMaghrebis-
lamique (Aqmi), qui dtient, depuis
plus dun an, quatre otages franais
dans le Sahel, sont au point mort. Et
leurs familles peuvent lgitimement
sinquiter. Car finnovembre, enquel-
ques jours, la situationsest considra-
blement dgrade. Aprs la mise hors
jeudunngociateur mandat par Paris,
bless par des militaires maliens, deux
autres ressortissants franais ont t
enlevs au Mali et trois touristes occi-
dentauxont, leur tour, t kidnapps.
Hier, dans un communiqu non
authentifi transmis lAFP, Aqmi re-
vendiquait ces deux oprations. Libra-
tion reconstitue le fil de ces vnements
marqus par des rivalits entre les diff-
rents acteurs de ce drame.
Le coup de tonnerre
de ParisMatch
Pour ceux qui suivent de prs le dossier
des otages du Sahel, la double page de
Paris-Match du10novembre fait leffet
dune bombe. Son auteur, Patrick Fo-
restier, raconte les dboires de deux
quipes franaises rivales qui tentent
dobtenir la librationdes cinqcompa-
triotes et de deux trangers enlevs la
mi-septembre 2010 par Aqmi Arlit,
une ville du Nord-Niger o Areva ex-
ploite, depuis la findes annes 60, des
gisements duranium vitaux pour
lHexagone. Des salaris de la compa-
gnie du nuclaire civil et de lunde ses
sous-traitants, Satom
(une filiale du groupe
Vinci).
Au lendemain du rapt,
une premire quipe
structure autour des
rseaux dAir France,
traditionnellement
bien implant en Afri-
que se met en mou-
vement. Le PDG de la compagnie a-
rienne, Jean-Cyril Spinetta, qui prside
par ailleurs le conseil dadministration
dAreva, fait appel lun de ses bras
droits: GuyDelbrel. Bonconnaisseur de
la rgion, ce dernier a ses entres aupa-
lais de Bamako. Soutenupar les respon-
sables maliens, et avec le feu vert de
lElyse, il entame sa missionpour ten-
ter dtablir le contact avec AbouZeid,
le chef de la katiba (brigade) dAqmi qui
dtient les Franais.
Mais fin2010, unhomme fait irruption
sur lchiquier des ngociations: le co-
lonel Jean-Marc Gadoullet dit JMG.
Au plus haut niveau de lEtat Paris, on
nous a signifi que, dsormais, ce serait
lui qui dirigerait les tractations, confie
un proche du dossier. Ancien de la
DGSE (Libration du 26 novembre), il a
beaucoup bourlingu travers le
monde, avant dtre mis en cause,
en2008, dans la dispa-
rition NDjamena
dun opposant tcha-
dien, Ibni Oumar Ma-
hamat Saleh. Officielle-
ment, Gadoullet quitte
la grande maison(la
DGSE) pour se recon-
vertir dans la scurit
prive, dabord en
Centrafrique, puis au Sahel, o Vinci le
charge dassurer la protection de ses
quipes. JMG dmarre sa mission en
lieu et place de lquipe dAir France,
qui affirme stre efface. Gadoullet
prtendle contraire aujournal le Monde.
Et accuse mme ses rivaux de lui
avoir mis des btons dans les roues,
prolongant dautant le calvaire des
otages.
Cette bataille franco-franaise dg-
nre. Comme la racont Paris-Match,
lex-ngociateur dAir France va faire
face une incroyable srie dactes din-
timidation. Ala suite de la dcouverte
de paquets de drogue sous son sige
dans un avion en provenance de Ba-
mako, sur sa propre compagnie, le voil
interrog par la police franaise, et mis
hors de cause. Plus tard, de retour de
Roissy, sonvhicule est percut par un
autre; sa maison de campagne dans le
Sud-Ouest brle; sa voiture tombe bi-
zarrement en panne
Cherche-t-on le faire taire? Mme
hors jeu, Guy Delbrel garde ses entres
auplus haut niveau Bamako. Et, de ce
fait, nignore riende la colre qui monte
dans lentourage du prsident malien,
AmadouToumani Tour (dit ATT),
lencontre de Gadoullet. Certes le ngo-
ciateur franais, dont des sources con-
cordantes voquent les manires de
cow-boy, a obtenu des rsultats: en
fvrier, Aqmi finit par relcher trois des
sept otages dArlit lpouse dunsala-
ri dAreva, Franoise Larribe, et les
deux trangers (togolais et malgache).
Mais quel prix?
Lentourage dATT recommandait de
dbloquer 2 millions deuros par otage,
comme cela avait t le cas enaot 2010
pour exfiltrer deux touristes espagnols.
Or il semble que les Franais aient mo-
Par THOMASHOFNUNG
Intermdiaire bless, rivalits entre
ngociateurs, nouveaurapt de
FranaisLes attaques dAl-Qaeda au
Maghrebislamique (Aqmi) provoquent
de fortes tensions, ycompris entre
Bamako et Paris.
Labatailledes otages
Niamey
Bamako
400 km
MALI
S A H E L
ALGRIE
GUIN
NIGERIA
BURK
FASO
NIGER
Sahel
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
36
GRANDANGLE
tentait de rsister, est abattu. Trois
autres Occidentaux(unBritannique, un
Nerlandais et unSudois) sont enlevs.
Pour Paris, ce nouveau rapt porte la si-
gnature dAqmi. Cest une cellule de la
katiba dAbouZeidqui afait le coup, cha-
que clan a dsormais ses otages, as-
sure un proche du dossier.
Mais la prcipitationavec laquelle a eu
lieu lopration de Tombouctou, avec
un mort la cl, laisse perplexe. Les
hommes dAqmi ont peut-tre agi pour se
protger, dit une source bieninforme.
Des soldats et des hlicoptres franais
avaient t dploys suite au rapt dHom-
bori, et Aqmi avouluprendre des boucliers
humains.Face la multiplication des
prises dotages, la France a renforc son
dispositif militaire dans le Sahel, essen-
tiellement compos de forces spciales:
en Mauritanie, au Burkina Faso, mais
aussi au Mali.
Pour Bamako, qui qualifie lopration
de Tombouctou dattaque terroriste,
le coup est rude. Jusquici, les rapts
avaient lieuauNiger voisin, permettant
auMali de nier le problme. ABamako,
ATT allait jusqu mettre en doute la
prsence dAqmi sur son sol. Lourde-
ment affect dans son conomie, qui
repose fortement sur le tourisme, Ba-
mako affirme dsormais tre en pre-
mire ligne. Jusquici, assure unobser-
vateur, ATT avait tabli une sorte de
gentlemens agreement avec Aqmi: vous
ne prenez pas dotages sur le sol malien,
et on vous laisse tranquilles. Cest fini :
avec les rapts dHombori et de Tombouc-
tou, son systme prend leau de toutes
parts. Et ce nest pas forcment une
bonne nouvelle pour les otages.
bilis une somme bienplus consquente
(le chiffre de 13 millions est voqu
Bamako). Aurisque de faire monter les
enchres. Et pour corser le tout, Ma-
liens et Franais se renvoient des accu-
sations dvaporationde la majeure
partie de la ranon destine Abou
Zeid. Enfin, selonplusieurs sources fia-
bles, ATT a limog le chef de ses servi-
ces de renseignements, aprs avoir d-
couvert que ce dernier avait touch en
catimini une commissionsubstantielle
dans lopration.
JMG hors jeu,
deux otages de plus
Le 23 novembre, JMG est bless par
balle lpaule prs de Gao, auMali, par
des militaires locaux. Accompagn par
unchauffeur touareg, le Franais aurait
tent de forcer unbarrage flottant, car
il pensait avoir affaire des bandits de
grand chemin. Un accident, assure-
t-on Paris. Possible, mais la mise hors
circuit ducolonel Gadoullet actuelle-
ment hospitalis enrgionparisienne,
il enapour unbonmois, dit unproche
du dossierne dplat pas forcment
Bamako, o il nest plus en odeur de
saintet. Il tait entr sur le sol malien
entoute discrtion. Comme sil se m-
fiait des autorits locales, qui craignent
dtre court-circuites dans leurs ngo-
ciations avec Aqmi.
Pourtant, initialement, celles-ci lui
avaient apport unconcours prcieux,
mettant sa disposition des interm-
diaires bien introduits auprs des r-
seauxdAqmi. Cest le cas dunhomme
cl dans cette affaire: Iyad ag-Ghali.
Originaire de Kidal (nord), cet ancien
chef rebelletouareg, qui disposedecon-
nexions solides avec des membres du
rseaudAbouZeid, aurait permis Ga-
doullet dtablir le contact avec le chef
de la katiba dtenant les Franais.
Simple concidence ou mesure de re-
prsailles? Quelques heures aprs le tir
sur Gadoullet, dans la nuit du 23 au
24 novembre, uncommando arm p-
ntre dans un petit htel de Hombori
(situe entre Gaoet Mopti) pour yenle-
ver, enpleine nuit, deux Franais pr-
sents comme des gologues, tra-
vaillant officiellement sur unprojet de
cimenterie. Dans un premier temps,
aucungroupe ne revendique le rapt de
Phlippe Verdonet Serge Lazarevic, deux
hommes dots dundrle de pedigree.
Le premier a frquent le corsaire de
la RpubliqueBob Denard, et t ac-
cus, aux Comores, davoir voulu fo-
menter un putsch en 2003. Naviguant
dans les milieux du mercenariat, le se-
conda t actif auCongoen1996-1997,
lors de la chute de Mobutu, et mis en
cause enSerbie dans untnbreuxpro-
jet dassassinat de Slobodan Milosevic
en 1999. Sils sont gologues, cest
quils ont suivi une formation ultra-acc-
lre, raille unproche dudossier Pa-
ris, qui penche plutt pour une tenta-
tive descroquerie dun entrepreneur
local, stoppe net par ungroupe arm.
Mais lequel ? Ds le lendemain de leur
rapt, unnomest cit avec insistance par
des experts: celui dIyad ag-Ghali. Le
mme qui, encore tout rcemment,
jouait les intermdiaires avec Aqmi.
Pour certains observateurs, ce kidnap-
ping lui permettrait, en montrant son
pouvoir de nuisance, de se reposition-
ner au seinde la nbuleuse touareg, en
pleine recomposition depuis la guerre
enLibye et la mort accidentelle (enaot
dernier) dIbrahim ag-Bahanga, son
chef le plus radical. Des centaines de
combattants touaregs la solde de feu
Muammar al-Kadhafi sont revenus au
Mali, et rclament unstatut dautono-
mie, menaant de reprendre les armes
contre Bamako.
Mais dautres sources scuri-
taires locales, cites par
lAFP, imputent le rapt des
deux gologues Aqmi.
Les deux hypothses ne sont
pas si contradictoires quil y
parat. Par le pass, plusieurs
enlvements dtrangers
dans le Sahel ont t effectus par des
groupes crapuleux, qui ont ensuite
venduleur butinauxislamistes radi-
caux. Le Mali est devenu une vraie p-
taudire une ralit qui chappait
peut-tre Philippe Verdon et Serge
Lazarevic.
Drame Tombouctou
Comme si la situationdevenait soudai-
nement incontrlable, aulendemaindu
rapt des deuxFranais, le 24novembre,
un commando arm sen prend des
touristes trangers Tombouctou,
la perle dudsert. UnAllemand, qui
Face la multiplicationdes prises
dotages, la France a renforc son
dispositif militaire dans le Sahel:
enMauritanie, auBurkina Faso,
mais aussi auMali.
Cidessus, lhtel
malien o ont t
kidnapps
Phlippe Verdon et
Serge Lazarevic,
le 24 novembre.
Page de gauche
(de g. d. et de h.
en b.), les otages
franais: Philippe
Verdon, Marc
Ferer, Daniel
Larribe, Thierry
Dol et Pierre
Legrand.
PHOTOS
DOUBIAHOTEL.ORG,
AFP/ Y.IBRAHIM, AFP/
FAMILYARCHIVES.
AFP.
LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
37
PORTRAIT IZIA
che de ce charmant phnomne chtainclair de 1,65 mtre
et d peine 21 ans pour lcouter raconter sonascensionver-
tigineuse. Et dcouvrir une personnalit aussi trempe et
ruptive ct cour qucorche et sensible ct jardin.
2006. Izia a 15 ans et demi. Aprs une scolarit primaire chez
Montessori (les meilleures annes de ma vie, je conseille tous
les parents dy mettre leur(s) enfants(s)), trois annes de col-
lge Pantin(jai entendu pour la premire fois le mot con-
nasse en sixime) puis une troisime lEcole alsacienne
aux cts des baby rockers manoeuvriens Naast et Second
Sex (Ils me prenaient de haut et ne voulaient pas que je fasse
partie de leur bande), elle entame sa seconde aulyce Char-
lemagne. O elle semmerde copieusement. Je schais
fond, je pleurais tous les soirs en rentrant. Je souffrais dun vrai
mal tre scolaire, jtais totalement inadapte ausystme.Alors
quelle na pas encore sign ni sorti le moindre disque, Col-
ling lui propose de monter sur une scne du Printemps de
Bourges, dont il est le crateur directeur. La Rastignacquette,
auchant-attitude de mini-Janis Joplin, dclenche untsunami
dans le public. Je me suis immdiatement dit: Jarrte lcole,
la musique est plus forte que tout.Ses parents ont flipp
mais nont pas fait barrage. Ils ont toujours dvelopp mon
ct artistique. Et puis je faisais peu prs ce que je voulais.
L surgit le sujet invitable. Quelle ne cherche nullement
esquiver. Jai toujours eu une relation particulire avec mon
pre, trs rare mme.Elle dit: Ce nest pas dur dtre la fille
de Jacques Higelin, cest juste gnial. Apartir de ses 7 ans,
chaque samedi, Iza et sonpre quittent tous deux la maison
familiale de Pantindans la voiture familiale pour une expdi-
tion improvise dun ou deux jours. On tait sur le priph
et il me disait: On fait quoi aujourdhui ? Alors on allait au
Sacr-Cur. Ou en fort. Ou la Coupole pour y manger des
hutres et des profiteroles. Ouachetait des feutres pour faire dim-
menses tableaux. Pour mes 10ans, on est alls aux Bains Dou-
ches. Jusqu minuit !Ses billes brun chtaigne scintillent.
On a fait a jusqu mes 14-15 ans.Aziza, la maman, nest
jamais loin: Elle ma toujours trs entoure. Elle est trs fine
et intelligente. Cest elle qui a russi freiner les choses, attendre
que je sois vraiment sur les rails pour faire mon premier album.
Grce elle, je ne regrette pas ce disque.
La guitare, elle sy est mise 13 ans, avec une Fender offerte
par sonpre. Avant, je ne voulais pas entendre parler de musi-
que. Pourtant, depuis que jai 10 ans, tout le monde dit que je
chante bien. Gospel, jazz, blues: tout y passait.De 7 14 ans,
elle a pris des cours de thtre et voulait devenir comdienne.
Sonkif: limpro. Dbut 2011, elle a tourn unfilmavec
PatrickMille, Mauvaise Fille,
adaptationdulivre de Justine
Levy. Elle a ador la dimen-
sion tribale de lexercice.
Etre en groupe, cest galva-
nisant. Jai ador ce ct colo.
Comme en tourne.Dans le
futur, elle se voit conjuguer
de pair les deuxactivits. Elle
dit : Ma voix est un cadeau
du ciel. Mais je ne suis pas
croyante.Juive par sa mre,
elle critique la politique is-
ralienne, se dit mme propalestinienne. Alors cette fan
dastrologie, de signe balance (je suis lapersonne laplus ind-
cise de lunivers) rsume: Jai une bonne toile, cest sr.
Et de lancer, sans y tre invite: Je sais, je suis chanceuse.
Tout a est trop beau.
Elle avoue pourtant avoir connuune priode difficileaprs
lprouvante tourne qui a suivi la sortie de sonpremier al-
bum. Jai ressenti un contrecoup, un blues, comme une sorte
de dpression post-partum. Jai vcu cinq mois vraiment durs.
Jtais perdue, nerve contre moi. Javais unproblme avec mon
image. Elle se dit dsormais diffrente, moins excessive,
plus rationnelle, plus grande, plus tempre. Comme si elle
avait pouss une porte et tai[t] entre dans lge adulte. Cest
prcisment les adjectifs qui lont tiquete depuis ses d-
buts: fofolle, capricieuse. Vulgaire, mme recon-
naissons que les doigts des deux mains ne suffisaient pas
compter les Putain!!!!ructs lors dunconcert. Arthur H,
son demi-frre, la voit comme un petit volcan dont la lave
vient de loin. Cest une explosioncontinue. Elle est entire et prin-
tanire. Cest un jeune animal sauvage prt tout donner.
Aujourdhui, Izia loue undeuxpices de 35m
2
Montmartre.
Un vrai appart de gonzesse, styl 50s, on dirait une grosse
roulotte. Elle yrange sa quarantaine de paires de chaussures
taille 41 talons golgothiens. Yrelit Vian, Tolkienet des livres
fantastiques. Y mate des sries comme une dbile: Dexter,
BreakingBadYcocoone avec sonamoureux, unmusicien
electrode 31 ans pas connu, qui fait sontruc. Ado, elle assure
avoir galrsentimentalement et pris rteau sur rteau.
Ahbon? Ben oui! Tu te vois grer un morceau comme moi? Le
plus souvent, jai de plus grosses bollocks que les mecs que je ren-
contre. Donc les garons de mon ge, cest pas possible.
Sinon? Izia prend des cours de danse, court, fait de la boxe
anglaise, va souvent au cin (Fincher est sonralisateur fa-
vori) et sort avec ses potes enbar et bote mais sans se mettre
des races folles. Je ne comprends pas du tout le trip musique-
dfonce, cet amalgame.Bienqutiquete 70s, elle vnre
Joy Division, les Smiths, Pixies, Pavement. Mais lapologie
du mal-tre [la] dbecte. Le rock, cest de la lumire, de les-
poir.La preuve: elle adore le hip-hop: Jay Z, Kanye West.
Beyonce, aussi. Jaime le statut de touche--tout, dentertai-
neuse, y compris en soire.Mais avoue pourtant avoir unpeu
de mal avec la clbrit. Il ny a pas longtemps, une meuf me
matait dans un bar. Je suis alle la voir et je lui ai demand sil
y avait un problme. Elle ma rpondu, gne, quelle adorait ma
musique. Je savais plus o me foutre. Je me suis excuse.
Par PHILIPPEBROCHEN
PhotoROBERTOFRANKENBERG
EN5 DATES
24 septembre 1990
Naissance Paris.
Avril 2006 Concert
au Printemps de Bourges
et arrt de sa scolarit.
2009 Premier album, Izia.
14 novembre 2011 Sortie du
deuxime album, So Much
Trouble. 2012 Mauvaise
fille, film de Patrick Mille.
C
es quatre lettres feront un trait dunion idal entre
les tenants de la notionde linn-nature et leurs fa-
rouches opposants de lacquis-culture. Elles raviront
aussi les bourdieusiens qui y verront un nouvel
exemple de reproductiondes lites. Dautres esprits, cha-
grins dnonceront, eux, unnouvel enfant dedans la musi-
que franaise, aprs M, Thomas Dutronc, Pierre Souchon,
Marie Cabrel etArthur H. Onleur rtorquera que, par bon-
heur, Sardou, Barbelivien et Mireille Mathieu nont pas de
descendance chantante. Mais, de fait, il est compliqu de nier
lhritage denfant de la balle tout comme de faire fi des fes
qui se sont penches sur ce berceau dor et ont fourr, dans
la jeune bouche, une cuillre argente.
Oui, Izia, aka Iza Higelinsur le passeport, est la fille de Jac-
ques et dAziza, ex-danseuse et choriste du premier. Troi-
sime enfant dutroubadour aprs Arthur et Ken. Oui, Izia est
la protge de Daniel Colling, tourneur et administrateur du
Znithde Paris. Partant, que fait-on? Onporte laffaire de-
vant un tribunal rvolutionnaire et on envoie la tte rouler
dans la sciure? Non. Onse calme, onboit frais et onsappro-
Fille dHigelin, compare Janis Joplin pour lnergie
ruptive, la chanteuse est, hors scne, du vif-argent sensible.
Fougue sentimentale
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Orlans
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Strasbourg
Dijon
Lyon
Toulouse
Bordeaux
Orlans
Nantes
Caen
Brest
Lille
Paris
Montpellier
Marseille
Nice Nice
Strasbourg
Dijon
Lyon
Toulouse
Bordeaux
Limoges
Orlans
Nantes
Caen
Brest
Lille
Paris
Montpellier
Marseille
Nice
Ajaccio
Nuageux Soleil Couvert
Faible
Modr
fort
Calme
Peu agite
Agite
Averses Pluie
claircies
Orage
1 m/13
MATINLes pluies avancent de la
Bretagne au nord-est. Elles sont plus
actives l'est. Quelques bruines sur le
sud-ouest.
LAPRS-MIDI Les pluies persistent de
la Bretagne au nord-est, avec aussi
quelques prcipitations au sud-ouest.
Ciel voil au sud-est.
-10/0 1/5 6/10 11/15 16/20 21/25 26/30 31/35 36/40
FRANCE MIN/MAX
Lille
Caen
Brest
Nantes
Paris
Nice
Strasbourg
FRANCE MIN/MAX
Dijon
Lyon
Bordeaux
Ajaccio
Toulouse
Montpellier
Marseille
SLECTION MIN/MAX
Alger
Bruxelles
Jrusalem
Londres
Berlin
Madrid
New York
Neige
1 m/12
0,3 m/16
0,3 m/16
0,1 m/16
VLNDLDI 9
Les conditions seront plus instables
prs de l'Atlantique. Ailleurs, une
amlioration se fera progressivement
ressentir.
SAMLDI IO
Temps calme et sec. Nuages bas
gnralement assez nombreux sur la
majorit du pays.
DIMANCHL II
0,1 m/18
0,3 m/15
5/13
4/14
11/17
12/18
5/16
6/17
9/15
10/21
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4/7
4/14
0/6
2/10
4/12
8/13
10/15
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6/15
5/11
0,3 m/12
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0,6 m/16
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Q SUDOKUFACILE
MO1 C^llL !9O SUDOKU !9O
QPlante du Sud de la France
Q MOTCARR
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8 5 2 7 3 9 1 6 4
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H. I. Dehors. - II. Pas critique, cest le moins quon
puisse dire. - III. Fume beaucoup. Son double nest
pas l depuis bien longtemps. - IV. Grecque. Pris
dans la rserve. - V. Eveillent un intrt certain. -
VI. Soncanal fait la jonctionentreBualoet Albany.
Allure naturelle pour belle conqute. - VII. Tourne
parfois follement la remonte. Vainquit Lee
Geysburg en 1863. - VIII. Le Sinn Fein devint sa
branche politique la n de la Deuxime Guerre
mondiale. Colla dans le mauvais sens. - IX. Philtr
peut-tre, si lonosedire... - X. LeduoSarkel-Merko
risque de nir par la fatiguer. Le gouvernement de
la Cochinchinefranaisey tablit sonsigeen1859.
- XI. Gouvernent chez les grammairiens.
V. 1. Dehors aussi. - 2. Belle corbeille anse. Aenn
pu quier sa matrice. - 3. Parfaitement innocent.
Parfaitement crtin. - 4. Va bien. Pass peut-tre
du ct hollandais. - 5. Tel un cordage us force
defroement. Sinistres gangs dAmriquecentrale.
- 6. A perdu sa vivacit. Textuellement renvers. -
7. Symbole. Jadis magistrat athnien charg des
questions militaires. - 8. La dlitlui russit mieux
au dbut qu la n. Devint le cinquime abb de
Cluny la veille de lan mil. - 9. Grande faiblesse.
I 2 3 4 5 7 8 9
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
LES MOTS DOISEAU
H:I. Floptotal. II. Aiguisage. III. Imite. GIG. IV. Tin. D... Ti.
V. Utopistes. VI. ...ne. Isorel. VII. Tess. Lisa. VIII. Ase(sea).
Bas. IX. Transie. X. Appartenu. XI. Chausseur.
V:1. Fait untabac. 2. Limites. pH. 3. Ogino. Setpa. 4. Put.
Pis. Rau. 5. Tidis. Bars. 6. Os. Isolants. 7. Tag. Trisse. 8.
Agites. Inu. 9. Lgislateur.
XI
w LLS MOTS DOISLAU 4582 Grille de pleinair...
A B C D E F G H
8
7
6
5
4
3
2
1
rzyzmzoz
eqfyznzq
yzpzqgqz
zyzqkyzy
yzykyzyh
zykszyly
wzyzykyk
zylyzyzu
a b c d e f g h i j l m n o p q r s t u v w x y z
a b c d e f g h i j l m n o p q r s t u v w x y z
Championnat dItalie 2011
Les Blancs jouent et gagnent
B. Ortega N. Rombaldoni
Tournoi de Londres: le coup de la panne
Le Champion du monde en titre stait rfugi
dans une pseudo-invincibilit au Mmorial Tal de
Moscou en annulant toutes ses parties. Son man-
que dnergie, sans doute passager, est rvl au
grand jour dans sa partie de la 4e ronde face au
champion des USA Ikaru Nakamura, lui-mme
excd par une dfaite la veille contre Carlsen.
Aprs un dbut promeeur, Anand a perdu le l
puis la foi en sa position pourtant avantageuse.
Deux coups faibles, 29 C4? et 30.Fd5? scellent
son destin: les pices du samoura se ruent sur
son roque. Anand (2811) - Nakamura (2758)
1.d4 Cf6 2.c4 g6 3.Cc3 Fg7 4.e4 d6 5.Cf3 00 6.Fe2
e5 7.00 Cc6 8.d5 Ce7 9.b4 Ce8 10.c5 f5 11.Cd2
Cf6 12.a4 g5 13.Cc4 h6 14.f3 f4 15.Fa3 Cg6 16.b5
dxc5 17.Fxc5 Tf7 18.a5 h5 19.b6 g4 20.Cb5 cxb6
21.axb6 g3 22.Rh1 Ff8 23.d6 a6 24.Cc7 Tb8 25.Ca5
Rh8 26.Fc4 Tg7 27.Ce6 Fxe6 28.Fxe6 gxh2 29.Cc4
De8 30.Fd5 h4 31.Tf2 h3 32.gxh3 Tc8 33.Ta5 Ch4
34.Rxh2 Cd7 35.Fb4 Tg3 36.Df1 Dh5 37.Ta3 a5 38.Fe1
Txc4 39.Fxc4 Fxd6 40.Txa5 Fc5 41.Fe2 Fxb6 42.Tb5
Fd4 43.Fd1 Fxf2 44.Fxf2 Cxf3+ 45.Fxf3 Dxf3 46.Tb1
Tg6 47.Txb7 Cf6 48.Tb8+ Rh7 49.Tb7+ Rh6 01.
Dans la ronde suivante, Nakamura vient facilement
bout de lAnglais Howell, totalement hors de for-
me Londres et dont lassurance est sape, et se
hisse la hauteur du n 1 mondial Carlsen, en tte.
Malaniouk (2504) - Bove (2369) 2011
1.d4 Cf6 2.Cf3 e6 3.c4 b6 4.Cc3 Fb7 5.a3 d5 6.cxd5
exd5 7.Ff4 c6 8.e3 Fe7 9.Ce5 00 10.Fd3 g6 11.h4
Ch5 12.Fh6 Cg7 13.h5 Fd6 14.hxg6 fxg6 (Diagram-
me) 15.Fxg7 10. La beaut rside dans les anno-
tations: 15... Rxg7 16.Txh7+! Rxh7 17.Dh5+! Rg7 18.Dxg6+
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LIBRATION VENDREDI 9 DCEMBRE 2011
JEUXMETEO 39
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