T01 Lenguaje y Comunicación

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THÈME 1

LANGAGE ET COMMUNICATION.
FONCTIONS DU LANGAGE.
LA COMPÉTENCE COMMUNICATIVE :
SES COMPOSANTS

Le langage est la faculté humaine qui permet à l’homme de parler et


d’employer une langue pour communiquer, c’est-à-dire établir une relation,
transmettre des informations. Il met en jeu des données corporelles complexes, des
systèmes de signes vocaux permettant de produire des énoncés variés en nombre
non fini, une fonction de symbolisation et des centres nerveux génétiquement
spécialisés, situés dans des zones délimitées du cerveau.

Cette faculté distingue l’espèce humaine des autres espèces animales. Elle
n’est pas observable en tant que telle, mais on l’atteint par l’étude des phénomènes
qu’elle permet.

1. Le langage, fait social

On met souvent en avant la fonction sociale du langage qui aurait permis


à l’homme de renforcer les liens dans les groupes et entre les groupes, et aux
premiers chasseurs-cueilleurs de développer des stratégies de coopération efficaces
pour la chasse. Mais les autres primates qui n’ont pas le langage ont également un
comportement social très élaboré, et des espèces prédatrices chassent en groupes
avec des stratégies évoluées. Il ne semble pas que le langage ait apporté grand-
chose aux humains de ce point de vue. A quoi donc sert le langage ?

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1.1. Communiquer

La question de la fonction du langage est liée à celle de ses origines. Le


langage s’est développé dans les groupes humains pour représenter des
informations, les stocker et les communiquer. Cette fonction cognitive est donc
indissociable de la fonction sociale du langage, instrument de communication.
La communication implique un réseau de relations entre une pluralité
d’individus ayant des références communes et disposant d’un code commun dont ils
usent dans des situations d’échange déterminées. Le langage ne peut exister que si
ces conditions sont réunies. Les enfants sauvages privés de société humaine depuis
l'enfance sont incapables de communiquer en langage humain, l'isolement bloquant
le processus d'acquisition langagière. On cite aussi le cas de reclus qui ont désappris
à parler...

1.2. Le langage humain


La danse symbolique des abeilles est de nature gestuelle ; le langage
infrasonore des éléphants n'est pas non plus à proprement parler vocal. Or pour
Benveniste, "il n'y a pas de langue sans voix". Mais il y a plus. Ce qui caractérise le
langage humain par rapport aux « langages »animaux est son absence de limitation.
Le contenu des messages animaux est toujours utilitaire, ce qui n’est pas le cas dans
les échanges humains.
Mais la différence fondamentale, c’est que les messages animaux ont un contenu
global qui ne se laisse pas analyser, alors que chaque énoncé du langage humain
est constitué d’éléments qui se combinent suivant des règles définies : c’est un
langage « articulé », dans lequel un nombre réduit d’unités minimales, identifiables
à la fois par leur forme et leur sens, permet un nombre infini de combinaisons, d’où
naît la variété du langage humain, capable de tout dire, le vrai, le faux, le réel,
l’imaginaire. Ces unités «de première articulation», ou morphèmes, sont à leur tour
analysables en phonèmes, unités «de deuxième articulation», non significatives
mais distinctives. La notion d’articulation implique celle de choix, à laquelle André
Martinet a donné, avec la théorie de la double articulation, une importance
fondamentale. Ainsi, parler ou comprendre une langue, c’est faire ou reconnaître des
choix.

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2. COMPÉTENCE ET PRATIQUES LANGAGIÈRES

2.1. Compétence linguistique, langagière et communicative

Stimulée par l’acquisition d’une (des) langue(s), la faculté de langage se


développe et se renforce, permettant ainsi le développement de la compétence
linguistique et la relation des signes avec leurs référents.
C’est seulement par l’abstraction de l’analyse linguistique que l’ont peut
isoler une compétence purement linguistique, laquelle ne s’observe dans la pratique
effective que dans la mise en oeuvre de ce que l’on peut appeler plus globalement la
compétence langagière, c’est-à-dire la connaissance de l’ensemble des règles de
mise en oeuvre, de comportements où la parole joue son rôle dans une société
donnée.

La compétence communicative est le résultat, depuis les années 1970, de


l’introduction de la pragmatique en didactologie des langues. La compétence
communicative contient bien évidemment une composante linguistique
(phonologique, morphologique, syntaxique et sémantique), mais également une
composante sociolinguistique (traitement des facteurs socioculturels qui règlent
notre comportement langagier), une composante discursive (traitement de
l’intégration de phrases dans un texte et dans une situation linguistique particulière)
et une composante stratégique (traitement des stratégies utilisées par l’apprenant
quand la communication échoue, etc.). La composante linguistique a un contenu
beaucoup plus restrictif dans la mesure où elle n’est qu’un ingrédient de la
compétence communicative.

Le terme de compétence communicative est très souvent utilisé à la place


de celui de compétence langagière sans faire vraiment de différence. Mais si l'on être
précis, ces termes ne sont pas exactement équivalents.
Résumons ces notions :

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La compétence langagière est formée de  :

1. Compétence cognitive : capacité de comprendre et de manipuler de l'information à des fins


de raisonnement.

2. Compétence stratégique : capacité de se doter de méthodes de résolution de problèmes


propres à la langue.

3. Compétence communicative
A. Compétence organisationnelle : capacité de contrôler la structure formelle du langage.
- Compétence linguistique (morphologie, syntaxe, expressions, idiomatiques, orthographe,
stylistique)
- Compétence discursive (cohérence textuelle et sémantique, organisation des structures de
textes)
B. Compétence pragmatique : capacité d'adapter son discours à la situation de communication et à
l'intention communicative et au sujet du discours:
- Compétence fonctionnelle (fonctions : instrumentale, régulatrice (ou stratégique), interactive,...)
- Compétence sociolinguistique (notamment les registres de langues)

4. Compétence culturelle : prise de conscience de sa réalité linguistique et culturelle,


expression de son identité culturelle,...

Comme on le voit, la notion de compétence langagière englobe celle de compétence


communicative.

Notons enfin que la compétence langagière, (ou compétence


communicative suivant les manuels), est aussi utilisée pour définir les niveaux de
langue en didactique de langues étrangères.
Le CECR, par ex., a ainsi défini les niveaux A1, A2, B1, B2, C1, C2 et leurs "sous-
niveaux" pour chaque habileté : compréhension écrite/orale, expression écrite/orale.

2.2. La compétence langagière

Se construisant en même temps que la compétence linguistique et les


systèmes sémiotiques qui structurent la société des hommes, la compétence
langagière se développe au fur et à mesure des acquisitions qu’elle permet.
À partir de l’observation comparée des systèmes de langues actuellement

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répertoriées, des chercheurs traquent « les universaux de langage » qui seraient à
l’œuvre « derrière » et « dans » chaque langue particulière. Toutefois, on n’a pas
encore confirmé l’hypothèse innéiste avancée par Chomsky selon laquelle ces
catégories universelles seraient présentes dans toutes les langues, car elles
dépendraient de la structure du cerveau humain.
La compétence langagière est aussi observée indirectement par le fait que
des sourds-muets peuvent acquérir, à défaut du verbal, « la langue des signes » qui
les intègre dans les échanges langagiers ; tout comme elle l’est a contrario par
l’analyse des pathologies du langage.
L’étude des aphasies permet, paradoxalement, de mieux comprendre le
fonctionnement langagier et linguistique. Roman Jakobson en a même proposé un
classement qui confortait son propre point de vue de linguiste.
La révolution techno-linguistique du XXe siècle et le développement du
traitement automatique du langage ont parfois conduit à considérer les analyseurs
automatiques comme des modèles théoriques du comportement linguistique humain.
Il n'en est rien. Le développement des neurosciences promet davantage d'avancées
dans l'explication biologique du langage.

2.3. Des pratiques langagières diversifiées

Si le langage est le propre de tous les hommes, les pratiques langagières


peuvent en revanche se différencier en fonctions des peuples, des situations, des
rôles sociaux et des périodes. Le langagier est ainsi relié au social puisque c’est le
langage qui sous-tend les échanges linguistiques, et qu’il n’y a de langue que
collective.
La gestuelle, pratique langagière, est partie prenante du discours. Mais
celle-ci varie en fonction des peuples et des cultures.
Des données matérielles et des objets usuels tels que les vêtements, les
gestes par lesquels on se salue, et qui varient de société en société, prennent un
sens autre que celui de la nécessité de se couvrir pour éviter le froid ou l’exposition
au soleil, et deviennent des systèmes propres à telle ou telle société. La langue, elle
aussi variable selon les sociétés, «interprétera» ces systèmes.

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3. LES FONCTIONS DU LANGAGE

La théorie de l’information a été l’un des thèmes de réflexion et de recherche


importants au cours des années 1960 dans différents domaines. La reconnaissance
du caractère social du langage, sa définition comme outil de communication en
faisaient naturellement un champ d’application privilégié de la théorie de
l’information. Les fonctions du langage ont été d’abord définies dans ce cadre, qui
s’est avéré trop simple et trop rigide pour rendre compte de la complexité des
échanges langagiers.

3.1. Le modèle de Jakobson

À la suite des travaux de théoriciens de l'information, Roman Jakobson,


appliquant dès 1960 au langage un modèle mathématique de la télécommunication,
analyse « l’acte de la communication » en six composantes.
Le langage implique une double activité de production et de
compréhension ; ces deux composantes indissociables organisent la
communication dans la relation fondamentale entre émetteur et récepteur.
Dans la communication, l’émetteur (« le destinateur », le locuteur) ; le message et la
séquence (sonore ou visuelle) des signes linguistiques ; la voie de transmission, le
« contact » (ou le canal), varient suivant la nature du message : air pour l’oral,
papier pour l’écrit, le câble téléphonique (mais aussi, actuellement, tous les moyens
de la télématique et de l’informatique...).
Pour que la communication soit possible, il faut en outre que l’émetteur et le
récepteur disposent d’un « code » commun, une langue commune, assurant
l’intercompréhension. Enfin, toute communication est contextuelle : le « contexte »
est fait de tout ce qui l’entoure, la situation dans laquelle elle s’inscrit, les référents
qu’elle désigne.

CONTEXTE
Destinateur ➔ Message Contact ➔ Destinataire
CODE

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3.2. Usages de la langue et fonctions du langage

Ce schéma de la communication humaine sert de cadre à la définition des six


fonctions fondamentales du langage selon Jakobson, chacune étant axée sur
l’une des composantes.
- La fonction référentielle (dite aussi cognitive ou dénotative) correspond
à l’idée couramment admise que les langues servent d’abord à parler de
quelque chose ; centrée sur le référent, elle permet d’évoquer ce qui fait
le contexte de la communication, les référents réels, fictifs ou possibles.
- La fonction expressive (ou émotive) est centrée sur le locuteur ; elle se
manifeste par l’expression de son attitude sur le contenu de son discours,
par exemple par la différence entre assertion et interrogation.
- La langue est le seul système de signes qui permet de parler de tous les
autres systèmes de signes, y compris d’elle-même : la fonction
métalinguistique tournée vers le code, est à l’œuvre lorsque le locuteur
utilise le langage pour parler sur le langage, et qu’il parle de sa langue ou
d’une autre langue.
- La fonction conative (ou injonctive) et la fonction phatique concernent
les relations intersubjectives entre les interlocuteurs. La première vise à
orienter le comportement de l’allocutaire dans le sens indiqué par
l’énoncé, l’apostrophe ou l’impératif, par exemple ; la seconde se
manifeste à travers des énoncés qui n’ont d’autre rôle que de maintenir le
contact (le canal) entre les interlocuteurs : formules codifiées des
relations sociales, formules d’ouverture : Allô, comment ça va ?
- Enfin, la fonction poétique se surajoute aux précédentes ; elle s’exerce
non seulement en poésie mais dans tout type de production langagière,
chaque fois que le locuteur instaure des équivalences entre la forme et le
sens du message et vise des effets esthétiques.

Ces six fonctions ne se présentent pas isolément. Les productions


langagières les combinent en les hiérarchisant le plus souvent dans des énoncés
complexes.

Ainsi, Jakobson montre comment le slogan politique des années 1950, I like
Ike, met en oeuvre toutes les fonctions du langage : la fonction référentielle (élection
d’Eisenhower dit Ike), la fonction expressive (I like = J’aime), la fonction conative
implicite (vous devez adhérer à mes choix), la fonction phatique (par le jeu
phonique) ; le nécessaire code commun que constitue la langue américaine illustre la

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fonction métalinguistique ; l’identification du lecteur au candidat est mimée par la
répétition de la même voyelle qui associe le sujet, le verbe et le complément, et
l’écho du [k] (fonction poétique).

3.3. Un schéma amélioré

Toute activité de langage, orale ou écrite, implique un locuteur et un


allocutaire placés, selon l’expression de Roland Barthes, « dans un circuit
d’échange » réel ou virtuel.

Dans le schéma jakobsonien, la communication repose sur l’utilisation d’un


code commun. Cette assimilation saussurienne de la langue à un code existant
indépendamment des interlocuteurs et de ses conditions d’utilisation est
excessivement réductrice ; elle masque les variations idiolectales : tout le monde
ne parle la même langue que jusqu’à un certain point, et l’intercompréhension n’est
que partielle. Le message a deux faces, et le signifié du message produit n’est pas
nécessairement identique à celui du message perçu : le sens peut évoluer, voire se
perdre, entre l’encodage et le décodage ; il n’existe pas que des communications
réussies. D’autant que, dans l’encodage comme dans le décodage, interviennent non
seulement les compétences linguistiques du locuteur et de l’allocutaire, mais des
compétences culturelles et idéologiques : tous les usagers d’un même code
linguistique ne possèdent pas nécessairement le même ensemble de savoirs
implicites sur le monde et le même système d’interprétation et d'évaluation du
référent.
Par ailleurs, pour réaliser son message, le locuteur ne puise pas librement
dans ses aptitudes langagières. Certaines contraintes orientent ses choix : les
conditions concrètes de la communication, qui font par exemple qu’un conférencier
doit tenir compte de la nature de son public (âge, niveau, attentes...), du cadre dans
lequel il délivre son discours (société savante, public étudiant, grand public...), des
caractéristiques thématiques et rhétoriques du « genre », etc.

La langue ne se réduit donc pas à un simple code. Le schéma de la


communication langagière, tel qu’il a été proposé par Jakobson, est un modèle
important qui rend compte d’un grand nombre de communications humaines, non
seulement celles qui utilisent le langage verbal mais aussi les images, les gestes,
etc. Mais sous sa forme première, il ne peut pas être considéré comme un modèle
unique et complet de la communication par le langage. La définition des fonctions du

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langage offre un premier dépassement. Et les critiques et amendements apportés à
ce schéma fondamental permettent d’élaborer une théorie de l’énonciation et des
actes de langage.

Un schéma amélioré

Compétences linguistique et para-linguistique -- Compétences idéologique et culturelle -- Déterminations "psy -"

EMETTEUR

Contraintes de l'univers de discours

Modèle de production

encodage

MESSAGE canal

décodage

Contraintes de l'univers de discours

Modèle d'interprétation

RECEPTEUR

Compétences linguistique et para-linguistique -- Compétences idéologique et culturelle -- Déterminations "psy -"

-------------------------------------2440 mots----------------------------------------------------------------------------

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