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Les lixiviats de décharges d’ordures ménagères

Arnauld-Amaury Sillet, Sébastien Royer, Yves Coque, Jacques Bourgois,


Olivier Thomas

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Arnauld-Amaury Sillet, Sébastien Royer, Yves Coque, Jacques Bourgois, Olivier Thomas. Les lixiviats
de décharges d’ordures ménagères : Genèse, composition et traitements. Environnement, Ingénierie &
Développement, Episciences, 2001, N°22 - 2ème Trimestre 2001, pp.7-11. �10.4267/dechets-sciences-
techniques.1341�. �hal-03180798�

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LES LIXIVIATS DE DÉCHARGES
D’ORDURES MÉNAGÈRES
GENÈSE, COMPOSITION ET TRAITEMENTS
*Arnauld-Amaury Sillet, *Sébastien Royer, *Yves Coque, **Jacques Bourgois et *Olivier Thomas
*Laboratoire Génie de l’Environnement Industriel, Ecole des Mines d’Alès - **Centre SITE, École des Mines de Saint Étienne

Cette étude bibliographique résume les principales mination des sols, des eaux de surfaces et des eaux des
propriétés physico-chimiques et microbiologiques des nappes aquifères.
lixiviats de décharges d’ordures ménagères, puis passe
en revue les dernières avancées en matière de traite- GENÈSE ET COMPOSITION
ment de la charge organique des lixiviats. La précipi-
tation chimique et la coagulation-floculation ne per- Genèse
mettent pas d’éliminer plus de 50 % de la pollution Les lixiviats sont produits par la percolation des eaux de pluie
organique. L’oxydation simple par O3 ou H2O2 et l’ad- et de ruissellement à travers les déchets stockés dans les
sorption simple ne sont pas utilisables seules en vue de
décharges (Obbard et al, 1999). La mobilisation des consti-
rejeter les eaux au milieu naturel. En revanche, les
tuants des déchets par l’eau se fait d’une part par une mise
techniques à membranes et les procédés d’oxydation
en solution de ces constituants et d’autre part par un entraî-
avancée semblent être des techniques particulière-
ment prometteuses. Les procédés biologiques ne sont nement mécanique : particules en suspension, colloïdes...
adaptés que pour le traitement de lixiviats qui ont une La plupart des réactions chimiques sont «catalysées» par les
biodégradabilité élevée. microorganismes et les cinétiques observées dépendent
principalement du type de transformations bactériennes qui
This bibliographical review summarizes the main ont lieu dans la décharge.
physico-chemical and microbiological characteristics Il est généralement admis que les lixiviats sont de nature dif-
of landfill leachates. Then, it reviews the latest férente selon l’âge de la décharge. Il existe cinq étapes carac-
advances in landfill organic load removal. Neither téristiques de l’évolution d’une décharge (Wagner et Vasel,
chemical precipitation nor coagulation-flocculation 1997) :
can eliminate more than 50 % of organic pollution. – hydrolyse des composés organiques complexes sous l’ac-
Simple oxidation, using O3 or H2O2, or adsorption are tion d’enzymes extracellulaires produites par des microor-
not satisfying enough to treat water to be able to ganismes aérobies et aérobies facultatifs. Une fois la matiè-
release it into natural ecosystem. Nevertheless, mem- re organique hydrolysée, les substances peuvent pénétrer
brane processes and advanced oxidation processes à l’intérieur des cellules.
seem to be promising techniques to fully treat lea- – dégradation aérobie : étape de courte durée pendant
chates. Bioprocesses are adapted only to effluent laquelle les molécules hydrolysées sont utilisées par les bac-
with high biodegradability. téries aérobies. Ces réactions conduisent à l’épuisement
rapide de l’oxygène des vides interstitiels et provoquent le
INTRODUCTION passage en dégradation anaérobie.
– étape d’acidogenèse : la décharge entre progressivement
La mise en décharge est une méthode qui a été très utilisée en dégradation anaérobie. Les produits solubilisés au cours
pour traiter les ordures ménagères. Néanmoins, l’enfouis- de l’étape précédente (sucres, acides aminés...) sont dégra-
sement des déchets provoque de nombreuses nuisances dés en alcools et en acides gras volatils. Le pH des lixiviats
dans l’environnement : pollution de l’eau par production chute, ce qui provoque une solubilisation accrue des miné-
de lixiviats, dégagement d’odeurs, risques d’incendies, créa- raux contenus dans les déchets.
tion d’un biotope favorable à l’accroissement des populations – étape d’acétogenèse : les acides gras volatils sont trans-
d’insectes et de rongeurs, contribution à l’aggravation de l’ef- formés sous l’action de microorganismes acétogènes en
fet de serre... acétates, hydrogène et bioxyde de carbone. Le pH du lixi-
La principale source de pollution est néanmoins constituée viat augmente.
par les percolats de décharge qui sont à l’origine de la conta- – étape de méthanogenèse : par biotransformation, l’acide

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Lixiviats de décharges d’ordures ménagères

acétique, l’acide formique, le méthanol, le dihydrogène et le à 58 % par des composés de poids moléculaire supérieur à
CO2 sont transformés en méthane. 30 000 daltons et à 3 % par des composés de poids molé-
Millot (1986) considère que la phase méthanogène est sui- culaire inférieur à 500 daltons et que 70-80 % des compo-
vie d’une maturation finale de la décharge. Les phénomènes sés colorants sont hydrophobes. Le carbone organique total
de dégradation anaérobie disparaissent progressivement, la est constitué à 75 % par des composés de poids moléculai-
matière organique se stabilise, la production de gaz diminue re inférieur à 500 daltons, à 10 % par des composés de
et l’oxygène réapparaît dans le milieu. Les produits moins poids moléculaire compris entre 500 et 30 000 daltons et à
dégradables peuvent être métabolisés très lentement avec 15 % par des composés de poids moléculaire supérieur à
la production possible de molécules de haut poids molécu- 30 000 daltons. Le COT est constitué à 72 % par des acides
laire, de type substances humiques et fulviques. hydrophiles et il n’y a que 7mg.L-1 de substances humiques
Composition dans le lixiviat étudié. Sur le même lixiviat, Park et al. (1999
La composition des lixiviats dépend de la nature des déchets, (b)) ont mesuré des concentrations en fer comprises entre
de la géométrie et de la gestion du site, en particulier la 0,4 et 4 mg.L-1 et des teneurs en chrome, nickel, manganè-
façon dont les apports en eau sont contrôlés. De plus, les se, cuivre, cobalt, aluminium et zinc entre 0,1 et 1 mg.L-1.
mécanismes intervenant dans le processus de dégradation La chromatographie en phase gazeuse couplée à la spec-
des déchets (tableau 1) modifient la composition des lixiviats trométrie de masse est une technique de choix utilisée pour
(Ross, 1990). identifier certaines familles de composés. Les phtalates, en
L’eau de pluie percolant à travers les ordures ménagères particulier le dibutyl et le dioctyl phtalate, ont été identifiés,
enfouies se charge en DCO de manière importante, en de même que de nombreuses molécules aliphatiques linéaires
azote réduit (0,5 à 1 g.L-1 d’azote NTK) avec une forte pro- ou cycliques et des molécules aromatiques portant des fonc-
portion d’azote ammoniacal. Des substances toxiques comme tions alcool. Les esters et les acides carboxyliques sont éga-
les composés phénolés ou halogénés et les métaux lourds lement présents en quantités importantes (Saba et al., 1999).
peuvent également contaminer les lixiviats (Kamp et Édeli- Clément et Thomas (1995) ont étudié vingt-cinq lixiviats
ne, 1998). de décharges par spectrophotométrie UV sur les échan-
tillons et sur les fractions obtenues par chromatographie de
Tableau 1 : Inventaire des principales réactions perméation sur gel. Le spectre de l’échantillon permet de
intervenant dans le processus de dégradation déterminer l’origine domestique ou industrielle et l’absor-
des déchets (Ross, 1990)
bance globale permet d’estimer dans une certaine mesure
Processus chimiques Processus physiques Processus biologiques
la charge organique. L’analyse par spectrophotométrie UV
Neutralisation Échange d’ions Hydrolyse
des fraction collectées par chromatographie de perméation
Précipitation Adsorption Catabolisme
sur gel montre l’existence de deux grandes familles de com-
Oxydation Absorption Fermentation
posés pour les lixiviats de décharges d’ordures ménagères :
Réduction Filtration Nitrification les substances humiques et les acides gras volatils. Les
Complexation Évaporation Dénitrification spectres des lixiviats de décharges industrielles sont carac-
Ionisation Extraction Réduction des sulfates téristiques des composés majoritairement présents dans la
Réaction acide-base Encapsulation Minéralisation décharge.
Les percolats peuvent contenir certains microorganismes
Il est possible de différencier trois types de lixiviats : les mésophiles pathogènes, en particulier Clostridium perfrin-
lixiviats de sites récents riches en acides gras volatils, molé- gens, Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus. En
cules organiques facilement biodégradables, les lixiviats de revanche, Salmonella n’a pas été identifiée (Delolme et
type intermédiaire et les lixiviats des décharges anciennes qui Jabob, 1998).
contiennent des molécules complexes et non volatiles comme
les substances humiques et fulviques. Les principales carac- Tableau 2 : Classification des lixiviats
(Baig et al., 1999)
téristiques de ces différentes classes de lixiviats sont reprises
dans le tableau 2 (Baig et al., 1999). Clément et al. (1993) ont Type de lixiviat Jeune Intermédiaire Stabilisé
collectés les valeurs mesurées par différents auteurs sur les Age des lixiviats < 5 ans 5 - 10 ans > 10 ans
caractéristiques physico-chimiques (tableau 3) et microbio- pH < 6,5 7 > 7,5
logiques (tableau 4) des lixiviats de décharges. DCO (g.L-1) > 20 3 - 15 <2
Les valeurs du rapport DBO5/DCO orientent le choix du DBO5/DCO > 0,3 0,1 - 0,3 < 0,1
traitement vers une filière biologique pour les lixiviats jeunes COT/DCO 0,3 - 0,4
et vers des solutions physico-chimiques pour les percolats Matières 70 - 90 % AGV(1) 20 - 30 % AGV(1) SHF(2)
organiques
de cellules dont l’exploitation est ancienne. Il est donc néces-
saire de prévoir une chaîne de traitement évolutive. Azote NTK 100 - 2000 mg.L-1 - -
Park et al. (1999 (a)) ont étudié un lixiviat d’une décharge Métaux (g.L-1) 2 <2 <2
(1) : AGV = Acides Gras Volatils
âgée de trois ans, au début de la phase de méthanogenèse.
(2) : SHF = Substances humiques et fulviques et substances de haut poids moléculaire
Ils ont observé que la couleur mesurée à 575 nm était due

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Lixiviats de décharges d’ordures ménagères

Tableau 3 : Paramètres physico-chimiques des lixiviats de simple à appliquer mais génère des boues fines et
décharges (Clément et al., 1993) difficiles à séparer. Les rendements d’élimination
Paramètre Unité Minimum Maximum Moyenne Nombre de la DCO se situent entre 25 et 75 %. De plus,
géométrique d’échantillons l’eau traitée doit être neutralisée avant rejet, ce
DCO mgO2.L-1 10 86000 1231 99 qui nécessite l’emploi de petites quantités d’alca-
DBO5 mgO2.L-1 0,0 73000 388(1) 63 li, l’eau perdant tout pouvoir tampon par applica-
COT mgC.L-1 3 22500 218 65 tion de ce procédé (Édeline, 1993).
NNTK mgN.L-1 6 2750 138 47 Baig et al. (1999) ont obtenu une baisse de 35 %
NNH4+ mgN.L-1 0,9 2154 147 76 de la DCO par coagulation-floculation au chloru-
N organique mgN.L-1 0,0 1000 22(1) 42 re ferrique sur les lixiviats stabilisés de la déchar-
NO3- mgN.L-1 0,0 85 1,2(1) 74 ge de Lapeyrouse (France) et seulement 20 % en
P total mgP.L-1 0,1 14 11,55 25 utilisant du sulfate d’aluminium. Sur un autre lixi-
MES mg.L-1 32 2350 256 20 viat stabilisé (décharge de Satrod, France), des
MVS mg.L-1 11 602 70 16 essais de coagulation avec FeCl3 ont permis
pH 4,9 8,9 6,9 105
d’abaisser la DCO de 48 %. L’écart observé serait
Alcalinité mgCaCO3.L-1 80 26000 964 45
dû à la présence plus importante de substances
Conductivité μS.cm-1 295 38000 6303 70
humiques coprécipitables dans le percolat de
Satrod.
Ca2+ mg.L-1 50 3650 253 57
Le chlorure ferrique serait un coagulant plus effi-
Mg2+ mg.L-1 0,6 526 77 57
cace que le sulfate d’aluminium pour réduire la
Dureté 127 11267 1083 70
DCO. Ainsi pour une dose de 1 g.L-1 de chloru-
K+ mg.L-1 20 1600 228 51
re ferrique, la réduction de la DCO sur un lixiviat
Na+ mg.L-1 35 9500 424 44
provenant d’une décharge en phase méthanogè-
Cl- mg.L-1 7 8800 523 79
ne est de 53 % contre seulement 33 % pour une
SO42- mg.L-1 3 3239 121 52
même masse de sulfate d’aluminium (Welanden et
Acide acétique mg.L-1 1 17000 154 40
Henrysson, 1998 (a)).
Acide propionique mg.L-1 2,7 5800 177 31
AGV totaux mg.L-1 1 40000 232 36 Traitement par oxydation
Fe mg.L-1 0,05 1995 11,5 68 Le traitement de lixiviats stabilisés par ozonation
Zn mg.L-1 0,0 326 0,36(1) 63
ne permet pas d’obtenir de réduction importan-
Ni mg.L-1 0,0 79 0,12(1) 49
te de la DCO, même en appliquant des temps de
Cr mg.L-1 0,0 23 0,067(1) 54
séjour élevés (Édeline, 1993). Avec un temps de
contact de 30 minutes et une dose en O3 de 390
Cu mg.L-1 0,0 16 0,040(1) 51
mg.L-1.h-1, l’abattement de la DCO ne dépasse
Pb mg.L-1 0,001 46 0,047 49
(1) : Moyenne calculée en excluant les échantillons dont la teneur était nulle
pas 22 %. Avec une dose de 201 mg.L-1.h-1, la
réduction de la DCO n’est que de 15 % pour un
TRAITEMENTS temps de contact identique. L’ozonation augmente
la biodégradabilité des lixiviats étudiés d’environ 25 %. La
Traitements physico-chimiques réduction de la DCO obtenue au cours de cette expérien-
ce n’est sensiblement influencée ni par une augmentation de
Précipitation chimique
la température ni du pH. En revanche, si les lixiviats sont
Avec un ajout de 1500 mg.L-1 de chaux et 1000 mg.L-1 de
sulfate d’aluminium (Al2(SO4)3), la diminution de
la DCO ne dépasse pas 42 % sur des lixiviats sta- Tableau 4 : Paramètres microbiologiques des lixiviats
de décharges (Clément et al., 1993)
bilisés ayant une DCO comprise entre 6000 et
-1 Champs de l’étude Bactéries recherchées Bactéries pour 100 mL
8200 mgO2.L (Papadopoulos et al., 1998).
Lysimètres Flore totale 10 8 initialement, 106 après 20 semaines
La précipitation est également utilisée en fin de
chaîne de traitement des lixiviats. Baig et al. (1999) Streptocoques fécaux 106 initialement, 105 après 20 semaines
observent l’élimination de 27 % de la DCO rési- Coliformes fécaux 102 initialement, 10 après 20 semaines
duelle en ajoutant 1 g.L-1 de chaux sur un effluent Décharge Streptocoques fécaux 1,5.106 pendant 2 mois
traité par précipitation au chlorure ferrique puis Coliformes fécaux détectables pendant 11 semaines
Décharge agée Streptocoques fécaux 200 à 3,5.10 4
passage dans un réacteur biologique. Cette valeur
peut être légèrement améliorée en augmentant la de 7 ans Coliformes fécaux < 30
quantité de chaux ajoutée mais le volume de boues Lysimètres Streptocoques fécaux < 20 après 13 semaines
devient rapidement important. et < 2 après 100 semaines
Coliformes fécaux 4,9.102 à 2,6.104 après 13 semaines
Coagulation-floculation
et < 2 après 100 semaines
La coagulation-floculation au chlorure ferrique est

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Lixiviats de décharges d’ordures ménagères

décarbonatés avant d’être amenés à pH 9, l’ozonation élimi- la possibilité d’abaisser la DCO de 76 % et d’éliminer plus
ne 35 % de la DCO. Il est vraisemblable que l’amélioration de 99 % de l’azote ammoniacal (Welander et Henrysson,
observée soit liée à la formation de radicaux hydroxyles non 1998 (b)).
piégés par les ions hydrogénocarbonate (Beltran et al., 1997
Traitement par filtration
(b)).
Baig et al. (1999) ont utilisé l’ozonation pour amener des lixi- L’osmose inverse, souvent précédée d’un traitement par
viats traités par coagulation au FeCl3, étage biologique et pré- boues activées et une technique assez développée en Europe,
cipitation à la chaux au seuil de rejet. Pour passer d’une en Amérique du Nord et en Asie. Cette filière de traitement
DCO de 370 mgO2.L-1 à 100 mgO2.L-1, il est nécessaire d’ap- est efficace pour atteindre des seuils de rejets inférieurs à
pliquer des doses en ozone de 1,6 à 1,7 gramme par gram- 100 mgO2.L-1 de DCO. De plus, l’adaptabilité du traite-
me de DCO. ment au volume à traiter est excellente en raison de la
Le peroxyde d’hydrogène employé seul n’a pas d’effet mesu- modularité des installations. Le traitement assure des valeurs
rable sur la charge polluante organique contenue dans les lixi- de rejet presque constantes, quelle que soit la variabilité du
viats (Beltran et al., 1997 (b)). lixiviat en amont, l’élimination de la DCO étant supérieure
à 99 % (Peters, 1998).
Traitement par oxydation avancée
Le concentrat produit par osmose inverse représente 20 %
Les procédés d’oxydation utilisés pour traiter les lixiviats de du volume initial des lixiviats avec une pression de 40 bars. Il
décharges mettent en œuvre trois mécanismes d’élimination est envisageable de réduire le volume de concentrat de 20 à
de la pollution organique : 10 % du volume initial en appliquant une pression de 120 bars
– la photolyse directe par irradiation UV,
et à seulement 5 % en passant à 200 bars (Peters, 1998).
– l’oxydation par mécanismes d’oxydo-réduction,
La nanofiltration tangentielle est une méthode similaire à
– les mécanismes radicalaires dus à la formation de radi-
l’osmose inverse, mais moins gourmande en énergie, les
caux hydroxyle dans le milieu.
pressions mises en œuvre étant plus faibles. En utilisant la
Ince (1998) a étudié le système UV/H2O2 en traitement
nanofiltration avec une pression de 20.105 Pa et une vites-
tertiaire après une filière biologique. En sortie de traite-
se tangentielle de 3 m.s-1 après un prétraitement biologique,
ment biologique, le lixiviat contenait encore 1280 mgO2.L-1
la DCO des lixiviats de Saint Nazaire (France) a été abais-
de DCO et un COT de 378 mgC.L-1 . Après acidification à
sée à 120 mgO2.L-1 avec un concentrat égal à 20 % du volu-
pH 2 par ajout d’acide sulfurique, le couplage UV/ H2O2
me initial (Trebouet et al., 1999).
permet d’éliminer 59 % de la DCO et 43 % du COT en uti-
Les techniques à membranes posent le problème très impor-
lisant une lampe à vapeur de mercure basse pression et res-
tant de l’élimination du concentrat : stockage en décharge
pectivement 57 et 60 % avec une lampe à vapeur de mercure
ou incinération.
haute pression. Les composés organohalogénés ne sont pas
éliminés avec la lampe basse pression alors que 77 % de ces Traitements biologiques
composés sont détruits avec l’utilisation d’une lampe haute
Traitements aérobie
pression. Ince (1998) souligne que plus l’apport en peroxy-
de d’hydrogène est élevé, plus le temps de traitement néces- Obbard et al. (1999) rapportent qu’un traitement par boues
saire diminue. activées permet d’éliminer plus de 90 % de la DCO et de
Beltran et al. (1997 (b)) ont mis en évidence le caractère inhi- l’azote ammoniacal des lixiviats de décharges anciennes,
biteur des ions HCO3- et CO32- pour les couplages donc peu biodégradables, en appliquant des temps de séjour
UV/H2O2, O3/H2O2 et O3/H2O2 utilisés pour traiter les lixi- compris entre 10 et 50 jours avec un apport en phosphore
viats bruts. Néanmoins, la DCO est réduite au plus de 40 %. assuré par ajout d’acide phosphorique et correction du pH
L’application du traitement par réactif de Fenton ne donne par addition de soude. Selon une étude menée par Kamp et
pas de résultats très satisfaisants, puisque l’abattement de la Édeline (1998), un traitement par boues activées employé seul
pollution organique reste inférieure à 44 % (Welanden et ne permet pas d’éliminer plus de 80 % de la DCO, même en
Henrysson, 1998 (a)). travaillant à très faible charge et avec des temps de séjours
allant jusqu’à 13 jours sur un lixiviat biodégradable
Traitement par adsorption (DBO5/DCO = 0,49 dans l’étude).
Les quantités de DCO fixées sur un charbon actif sont de Kusterer et al. (1998) ont suivi pendant deux ans l’efficacité
l’ordre de 200 mg DCO/g de charbon actif. Le pH auquel l’ad- d’un biofiltre utilisé pour traiter les lixiviats d’une décharge d’or-
sorption est faite est d’une très grande importance. À un pH dures ménagères qui acceptait les résidus d’incinération d’or-
proche de la neutralité, l’adsorption est bonne. En milieu très dures ménagères. Les conditions d’aérobiose ont été main-
acide, on observe une précipitation, d’ou un gain apparent tenues par insufflation d’air en continu et décolmatages fré-
d’adsorption par rapport à l’adsorption en milieu neutre. En quents. La réduction de la DBO5 est restée supérieure à 95
milieu basique, ce procédé donne des résultats peu satisfai- % et l’élimination de la DCO à 75 %, malgré les fortes varia-
sants, les composés adsorbables étant majoritairement sous tions de la composition du lixiviat selon la pluviométrie.
forme ionisée (Édeline, 1993). L’abattement de la DCO par lagunage aéré atteint 40 %
La filière « boues activées - charbon actif en poudre » offre pour les lixiviats faiblement biodégradables et 95 % pour les

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Lixiviats de décharges d’ordures ménagères

lixiviats facilement biodégradables (Coulomb-Vendeuvre et Bibliographie


al., 1998). Ce procédé élimine totalement les acides gras vola-
Baig S., Coulomb I., Courant P., Liechti filières de traitement, Thèse de doctorat
tils qui sont présents dans les décharges dont l’exploitation P., Treatment of landfill leachates : es gestion et traitement des déchets,
est récente. En revanche, il entraîne la production de com- Lapeyrouse and Starod case studies, Université de Lyon, 1986.
posés azotés à l’origine d’une partie de la fraction orga- Ozone Science and Engineering, Vol. Obbard J.P., Barr M.J., Robison H.D.,
21, No. 1, pp 1-22, 1999. Carville M.S., Landfill leachate : charac-
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Mejbri et al. (1995) ont observé que la diminution de la pol- 248, 1999.
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lution carbonée s’accompagnait d’une diminution de la frac- Research, Vol. 31, No.10, pp 2415- Papadopoulos A., Fatta D., Loizidou
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gétique satisfaisant les besoins de l’installation. Avec une No. 2, pp 211-217, 1999. of metallic elements in landfill leachates,
température du digesteur maintenue à 37 °C, le rendement Clement B., Delolme C., Winiarski T., Environmental Technology, Vol. 20,
Bouvet Y., The risks of contamination by No. 4, pp 443-448, 1999 (b).
d’élimination de la DCO est compris entre 92,9 et 94,3 %.
leachates of fresh water ecosystems, 4th Peters T., Purification of landfill leachate
Il est également possible de coupler une digestion anaéro- International Landfill Symposium, with membrane filtration, Filtration and
bie suivie d’un traitement par biodisques en aérobiose. October 1993, Cagliari, pp 1155-1166, Separation, Vol. 35, No. 1, pp 33-36,
1993. 1998.
Borzacconi et al. (1998) obtiennent une efficacité de 80 %
Clement B., Thomas O., Application of Ross W.R., Factors influencing the che-
sur la DCO avec la première étape du traitement et de ultraviolet spectrophotometry and gel per- mical characteristics of landfill leachates,
94 % sur l’ensemble de la filière sur un lixiviat jeune (DCO meation chromatography to the charac- Water SA, Vol. 16, No. 4, pp 275-280,
terisation of landfill leachates,
= 18 500 mgO2.L-1 et DBO5/DCO = 0,57). L’avantage de Environmental Technology, Vol.16, No.
1990.
cette combinaison est la diminution du volume de boues pro- Saba A., Pucci S., Raffaelli A., Salvadori
4, pp 367-377, 1995.
P., Studies of the composition of distillates
duites et la bonne décantabilité de la biomasse en fin de Coulomb-Vendeuvre I., Delineau T., from leachates by gas chromatogra-
Guezou J., Effet des traitements sur la phy/mass spectrometry coupled to solid-
traitement. matière organique des lixiviats de déchar- phase microextraction, Rapid
Selon Welanden et Henrysson (1998 (b)), un traitement ge, TSM, Vol. 93, No. 10, pp 109-117, Communications in Mass
biologique ou la combinaison de traitements biologiques 1998. Spectrometry, Vol. 13, No. 10, pp 966-
Delolme C., Jabob F., Impact of liming of 970, 1999.
aérobie et anaérobie ne suffit pas pour atteindre un niveau
waste on landfill activity and leachate cha- Trebouet D., Schlumpf J.P., Jaouen P.,
d’épuration satisfaisant pour le rejet au milieu naturel. Les racteristics : a laboratory and field-scale Maleriat J.P., Quemeneur F., Effect of
lixiviats seront traités efficacement en combinant un procédé approach, Waste Management and operating conditions on the nanofiltration
Research, Vol.16, No. 2, pp 160-174, of landfill leachates : pilot-scale studies,
microbiologique à un procédé chimique ou physique. 1998. Environmental Technology, Vol. 20, pp
Edeline F., L’épuration des lixiviats de 587-596, 1999.
CONCLUSION décharge, Tribune de l’Eau, Vol. 46, No. Wagner G., Vasel J.-L., Tests de lixivia-
566, pp 57-65, 1993. tion/percolation en colonnes sur ordures
Le traitement des lixiviats de décharge ne peut pas être
INCE N.H., Light-enhanced chemical oxi- ménagères en vue de la caractérisation
abordé de manière globale tant la nature de ces effluents est dation for tertiary treatment of municipal des lixiviats d’un centre d’enfouissement
variable en fonction des déchets collectés et de la façon landfill leachate, Water Environmental technique, Tribune de l’Eau, No.
Research, Vol. 10, No. 6, pp 1161-1169, 590/591, pp 35-48, 1997.
dont la décharge est exploitée.
1998. Welanden U., Henrysson T., Physical
Les procédés biologiques sont adaptés pour traiter des lixi- Kamp B., Edeline F., Amélioration du pro- and chemical treatment of nitrified lea-
viats qui proviennent d’une décharge ou d’une cellule de cédé par boues activées pour épurer un lixi- chate from a municipal landfill,
décharge nouvellement mise en service car les percolats viat de décharge d’ordures ménagères, Environmental technology, Vol. 19, pp
Tribune de l’Eau, Vol. 50-51, No. 590- 591-599, 1998 (a).
ont une biodégradabilité importante. Les procédés physico- 591, pp 49-69, 1998. Welanden U., Henrysson T.,
chimiques devront être mis en œuvre dans les autres cas. Kusterer T., Willson R., Bruce S.C., Degradation of organic compounds in a
Le couplage de différentes techniques est intéressant pour Tissue E., Lau P.J., Municipal landfill lea- municipal landfill leachate treated in a
chate management, Environmental suspended-carrier biofilm process, Water
traiter les lixiviats qui seront rejetés au milieu naturel. Progress, Vol. 17, No. 4, pp 278-284, Environment Research, Vol. 70, No. 7,
1998. 1998 (b).
*Arnauld-Amaury SILLET, Sébastien ROYER, Yves COQUE,
Mejbri R., Matejka G., Lafrance P.,
et Olivier THOMAS Mazet M., Fractionnement et caractéri-
Laboratoire Génie de l’environnement industriel, École des Mines d’Alès sation de la matière organique des lixi-
6, Avenue de Clavières - 30319 Alès cedex France viats de décharges d’ordures ménagères,
email [email protected] Revue des sciences de l’eau, Vol. 8,
No. 2, pp 217-236, 1995.
**Jacques BOURGOIS
Millot N., Les lixiviats de décharge contrô-
Centre SITE, École des Mines de Saint Étienne
lée, caractérisation analytique, étude des
158 cours Fauriel - 42023 Saint Étienne cedex 2 France

DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 22 - 2ème trimestre 2001 - REPRODUCTION INTERDITE 11

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