Cours Spy Cognitive L3
Cours Spy Cognitive L3
Cours Spy Cognitive L3
M. BENYOUCEF Mahfoudh
Le présent document contient les points clés abordés dans ce module, le détail des
concepts, les argumentations et les exemples illustratifs sont présentés oralement lors du
cours.
OBJECTIFS DU COURS
BENYOUCEF Mahfoudh
Année universitaire 2022-2023
Objectifs du cours
Chapitre ..........................................................................................................................................................................................................................3
1. Qu’est ce que la psychologie générale ? .............................................................................................................................4
1.1 Naissance et évolution ...........................................................................................................................................................6
1.2 Méthodes d’étude .....................................................................................................................................................................7
1.3 Champs d’application ...........................................................................................................................................................8
1.2 Courants théoriques ..................................................................................................................................................................9
2
Chapitre 1 Bis 2. Quels liens entre psychologie et littérature ? ..............................................................................13
2.1 Approche psychologique du processus créateur (en littérature) ............................................15
2.2 Approche psychologique du texte littéraire ..................................................................................................15
Chapitre 2
3. Qu’est-ce que la psychologie cognitive ? ..................................................................................................................17
3.1 Le traitement de l’information......................................................................................... ....................................................19
3.1.1 L’attention............................................................................................................. ...........................................................................20
3.1.2 La perception .......................................................... .....................................................................................................................21
3.1.3 Les représentations sociales.............................................................................................................................................23
Chapitre 2 Bis
4. Quels liens entre psychologie et sociolinguistique ? ...........................................................................................26
4.1 Le langage comme outil d’élaboration des représentations sociales……………..……26
4.2 Le langage comme objet des représentations sociales..............................................................26
Chapitre 3
3. Qu’est-ce que la psychologie cognitive ? (suite)
3.1.4 La mémoire.........................................................................................................................................................29
3.1.5 L’organisation des connaissances................................................................................................33
Chapitre 3 bis
5. Quels liens entre psychologie et pédagogie (didactique) ? .....................................................................36
5.1 Apports de la psychologie cognitive à l’enseignement-apprentissage.......................36
3
CHAPITRE 1
Chapitre 1
1. Qu’est ce que la psychologie générale ?.......................................................................................................................6
Objectif du chapitre
5
1. Qu’est ce que la psychologie générale ?
Afin de répondre à cette question, nous allons voir dans ce chapitre, comment est née la
psychologie et comment elle a évolué avec le temps, nous allons voir également ses
méthodes d’étude et ses divers champs d’application, enfin nous verrons les différents
courants théoriques qui ont fait et qui font encore cette discipline.
Le mot « psychologie » vient des mots grecs « Psukhê » qui veut dire âme et « Logos » qui
veut dire science. Pris littéralement cela veut dire la science de l’âme.
La psychologie a longtemps été confondue avec la philosophie, et le mot âme était alors
utilisé pour désigner différentes réalités (vie psychique, spiritualité…etc.)
Ce n’est qu’à partir du XIXème siècle qu’elle s’est constituée en science autonome. Depuis,
elle a beaucoup évolué. Elle est passée des discussions philosophiques à l’expérience
scientifique.
Voici une liste non exhaustive des auteurs qui ont participé au développement de la
psychologie :
• Platon (428-348 av. J.C.) questions sur les origines et les mécanismes de la pensée :
idées innées.
6
• Christian Wolff (1679-1754) premier à diviser la psychologie en deux composantes :
la psychologie empirique (expérimentale) et la psychologie rationnelle
(spéculative).
• Ivan Pavlov (1849-1936) travaux sur le conditionnement qui vont être à l’origine d’un
courant qui s’est longtemps imposé dans l’univers de la psychologie scientifique : le
behaviorisme ou le comportementalisme.
• Donald Hebb (1904-1985) premier à avancer l'idée selon laquelle deux neurones en
activité au même moment créent ou renforcent leur connexion de sorte que
l'activation de l'un par l'autre sera plus facile à l'avenir et à fournir un substrat matériel
crédible aux phénomènes d’apprentissage.
Pour atteindre ses objectifs, la psychologie fait appel à différentes méthodes d’étude :
Observations
L’observation est une méthode de recueil des données basée essentiellement sur
l’observation visuelle et l’écoute. L’observateur n’intervient pas, il attend que les
phénomènes se produisent pour les observer.
L’observateur peut utiliser divers outils dans son travail d’observation : (le carnet de note, le
magnétophone, la grille d’observation, la caméra…etc.)
Expérimentations
Exemple: expériences menées par Anne Boring, Kellie Ottoboni et Philip B. Stark pour étudier
les préjugés hommes/femmes.
Enquêtes
Il s’agit d’un travail de terrain que le chercheur effectue en étant menu des outils de
recherche, en général, un questionnaire.
8
Psychopathologie/Psychologie
clinique
Troubles psychiques et santé Psychologie de la santé
Psychologie politique mentale Liens entre psychisme et santé
Interactions entre processus physique.
politiques et processus Les f ondements psychologiques
psychologiques des comportements favorables
Comportement politique (vote), ou néfastes à la santé, les
relation entre personnalité et réactions psychologiques face
orientation politique…etc. Santé à la maladie…etc.
mentale
Santé
Politique
physique
Psychologie de
l’éducation
Psychologie Psychologie du
sociale / développement
psychologie de la Education familiale,
communication psychologie éducation scolaire,
L’individu dans la éducation à la
société citoyenneté
Société Education
Le conformisme, la L’échec scolaire, les
marginalisation, les méthodes
stéréotypes, les pédagogiques, la
représentations relation enseignant-
sociales…etc. enseigné, le milieu
familial…etc.
Travail Economie
Psychologie économique
L’individu et son rapport avec
l’argent
Psychologie du travail
Les conduites d’épargne, les
L’individu au travail
motivations d’achat et les
La motivation, la satisfaction au
comportements de
travail, le stress…etc.
consommation…etc.
Les cinquante premières années de la psychologie du XXe siècle ont été largement
dominées par deux courants diamétralement opposés ; D’un côté, le comportementalisme
; De l’autre, la psychanalyse.
Les behavioristes estiment que même si le psychisme existe, il n’est pas possible d’y
accéder, et que seul le comportement peut être observé. Pour eux, la psychologie est une
science à condition qu’elle se limite à l’étude de ce qui est observable, c'est-à-dire le
comportement.
Les behavioristes considèrent que l’esprit humain est comme une page blanche à la
naissance et que ce sont les multiples expériences de la vie qui lui fournissent les matériaux
nécessaires à sa construction.
10
Le courant psychanalytique :
Selon ce courant l’essentiel de notre existence est dominé par nos processus psychiques
inconscients, qui agissent à notre insu, et c’est l’accès aux conflits inconscients, puis leur
résolution, par le biais de séances de psychanalyse, qui permet à l’individu d’accéder à
une vie psychologiquement satisfaisante.
L’appareil psychique :
Ça Moi Surmoi
Pulsions Médiateur Interdits
Ces trois instances interagissent comme des personnes. Le moi est le stratège qui a pour
mission de trouver des issues aux contradictions, aux rapports de force entre les pulsions du
ça et les interdits intériorisés en surmoi afin de garantir l’équilibre psychique, pour cela, il
recours à différents mécanismes de défenses, parmi ceux la, on trouve notamment le
refoulement qui consiste à rejeter dans l’inconscient les représentations inacceptables.
• Inconscient (Ics): il est constitué des contenus refoulés (par le moi), et qui oppose
une résistance à leur apparition consciente
• Préconscient (Pcs): il est constitué des éléments les plus susceptibles de remonter à
la conscience
Le courant humaniste :
Ce courant marque le passage d’une forte centration sur le manque et la pathologie vers
une prise en compte plus large des aptitudes et de l’accomplissement personnel.
C’est pourquoi les thérapies qu’ils proposent se basent sur la redécouverte du soi en tant
que processus psychologique qui gouverne notre comportement.
Ses représentants dont Carl Rogers se sont efforcé de repérer et d’étudier les
fonctionnements psychologiques qui relèvent de la bonne santé mentale, et non pas de
la psychopathologie.
Le courant cognitiviste :
12
CHAPITRE 1 Bis
Chapitre 1 Bis
2. Quels liens entre psychologie et littérature ? .......................................................... ..................................................14
2.1 Approche psychologique du processus créateur (en littérature).......................................15
2.2 Approche psychologique du texte littéraire............................................................................................15
Objectif du chapitre
13
2. Quels liens entre psychologie et littérature ?
Dans le schéma ci-dessous sont représentés les trois axes où psychologie et littérature se
croisent, avec quelques exemples de questions que pose la littérature et auxquelles la
psychologie tente de répondre :
conscients et
inconscients qui
participent à la
création littéraire
?
14
2.1 Approche psychologique du processus créateur (en littérature)
Dans l’approche psychologique, le processus créateur, que ce soit en littérature ou dans
le domaine des arts n’est pas appréhendé en termes de dons, de capacités ou de talents,
mais en termes de projection, de sublimation, de clivage, de répétition, c'est-àdire en
termes de travail psychique.
Ainsi le processus de création comporterait d’une part un travail sur soi/contre soi et d’autre
part un travail littéraire purement esthétique, et c’est par l’aboutissement de ces efforts que
l’œuvre prend forme.
Concernant l’écriture, elle est souvent considérée par les analystes qui se sont intéressé à
la littérature comme une activité qui vient au secours de l’appareil psychique. En effet selon
Cadoux « l’écriture viendrait suppléer à la défaillance de l’appareil psychique en “donnant
un lieu“ à certains éléments traumatiques qu’il ne peut élaborer en son sein. L’écriture
fournirait une inscription externe à ce qui ne s’est pas inscrit à l’intérieur.» (2013, p. 34).
Ce qui a beaucoup participé à la compréhension du travail artistique en général et du
travail littéraire en particulier, ce sont les nombreux témoignages des écrivains, qui, ont
donné a voir comment le travail d’écriture est vécu, avant, pendant et après. Certains
auteurs sont ainsi devenus mythiques, comme Kafka.
Faire une analyse psychologique d’un texte littéraire consiste en quelque sorte à lire ce qui
n’est pas écrit, c'est-à-dire à chercher dans l’œuvre des indices qui nous permettent de
révéler les intentions inconscientes de son auteur. Parce que dans cette approche on
considère que l’œuvre a une fonction psychologique, et c’est justement l’analyse qui nous
permet de la découvrir.
L'œuvre littéraire naît de la vie intérieure de l’homme qui 1'a écrite, en plus elle
naît de la vie intérieure de la société, de son époque, par conséquent, l’œuvre
est un signe, elle a la valeur de symptôme, c'est pour cela que la fonction du
critique est de discerner ces signes, ces symptômes dans 1'œuvre qu'il lit.
Freud considère les mythes, les contes et la littérature ou plus globalement l’art, comme
des productions psychiques qui s’expliquent comme les rêves ou encore comme les
symptômes, ce sont des conséquences de formations de compromis, c'est-à-dire, des
15
productions qui satisfont à la fois le désir et la défense. (Voir chapitre 1). L’œuvre est ainsi le
résultat d’un ensemble d’incitations et de résistances que la démarche interprétative
permet de mettre à jour.
Faire une critique analytique d’un texte consisterait à la fois, à en déchiffrer les énigmes et
à montrer leur parenté et d’introduire du même coup une continuité là où apparemment
il y aurait rupture : continuité entre le roman et la biographie, l’auteur et le personnage, le
conscient et l’inconscient, le normal et le pathologique, l’enfant et l’adulte, le civilisé et le
primitif (Kamieniak, 68).
Selon Sarah Kofman. Il n’y a pas de texte préalable mais un seul texte qui est à lui-même sa
propre clé, et ce que peut faire l’analyste, c’est de montrer qu’il y a entre les éléments du
texte des rapports différents de ceux que suggère son contenu manifeste, des rapports qui
dénotent justement un certain « travail » de l’inconscient. Et c’est en faisant « travailler » le
signifiant que le critique explique et déplie ce qu’il recèle, c’est-à-dire exhibe et dissimule
d’un même mouvement. ( Kamieniak, 71).
16
CHAPITRE 2
Chapitre 2
3. Qu’est ce que la psychologie cognitive ? ..................................................................................................................17
3.1 Le traitement de l’information.......................................................................... ....................................................19
3.1.1 L’attention............................................................................... ...........................................................................20
3.1.2 La perception ..........................................................
.......................................................................................21
Objectif du chapitre
17
3. Qu’est ce que la psychologie cognitive ?
Il est difficile de préciser avec exactitude les origines du cognitivisme sans restreindre
les influences et contributions diverses ayant concouru à sa genèse. Même s’il est commun
de situer son émergence au milieu du XXème siècle concomitamment au développement
de l’informatique.
L’ordinateur va servir de modèle pour représenter les processus mentaux, et les concepts
de base vont être empruntés à l’informatique (Concepts d’encodage, de stockage, input
et output, de mémoire…etc.), mais le caractère non logique du comportement humain
mets une limite à cette métaphore.
Plus tard, la psychologie cognitive sera davantage influencée par la biologie, et prendra
en compte les connaissances relatives au fonctionnement cérébral.
La psychologie cognitive est définie par J. Tardif comme une discipline qui cherche
fondamentalement à expliquer comment les êtres « perçoivent, comment ils dirigent leur
attention, comment ils gèrent leurs interactions avec l’environnement, comment ils
apprennent, comment ils comprennent, comment ils parviennent à réutiliser l’information
qu’ils ont intégrée en mémoire, comment ils transfèrent leurs connaissances d’une situation
à une autre » (1992, p. 28)
• D’abord la référence à l’input sensoriel qui implique que la cognition commence à partir
de notre contact avec le monde extérieur ;
• Puis, en ce qui concerne la transformation de l’input sensoriel, il s’agit là d’un principe
fondamental selon lequel on n’enregistre pas de manière passive les informations de
notre environnement, au contraire, on les construit activement, c’est-à-dire que nous ne
sommes pas les témoins de la réalité dans laquelle nous évoluons mais bien des acteurs
qui subissent son influence autant qu’ils participent à sa construction (d’où l’importance
de la notion de représentation);
• Aussi, les termes de stockage et rappel évoquent un concept très important, celui de
mémoire. La distinction entre les deux indique que le stockage de l’information ne
garantit pas son rappel.
18
La psychologie cognitive est une psychologie scientifique et expérimentale, elle s’appuie
très peu sur l’introspection consciente, mais conçoit plutôt des expérimentations qui
permettent de mettre en évidence des indicateurs objectifs concernant le traitement de
l’information.
Les humains:
captent de l'information
traitent de l'information
modifient cette information
Concept central du cognitivisme, le traitement de l’information (information
processing) fait référence à l’ensemble des opérations mentales qui suivent l’input sensoriel
et précèdent l’output.
Dans la figure qui suit (synthèses de différents modèles), les étapes de ce traitement
sont organisées et présentées dans un ordre chronologique, c’est-à-dire depuis la
perception du stimulus jusqu’à l’émission d’une réponse. Il faut noter, c’est que ces étapes
ne vont pas dans un seul sens, puisqu’elles s’influencent réciproquement (flèches
bidirectionnelles).
Input Output
Mémoire de
Filtre Perception Encodage travail ou à Mémoire à
Sélection
long terme long terme
2.1.1
L’ATTENTION
19
entraîne un accroissement d'efficacité du traitement de l’information (processus de
perception, de mémorisation, de prise de décision…)
L'attention sélective ou focalisée : elle permet de trier les informations disponibles dans le
but de ne traiter que celles qui sont pertinentes pour l'activité en cours, en inhibant la
réponse aux autres stimuli présentés. Elle est la capacité de résister à la distraction, d'opérer
un classement de l'information et de discriminer les éléments qui sont importants pour la
tâche à accomplir.
L'attention soutenue : lorsque l'attention sélective doit être maintenue pendant une longue
période, elle est dite soutenue. C'est la capacité de se concentrer sur une activité pendant
une longue période pour atteindre un objectif. La fréquence et la qualité de l'attention
focalisée augmente avec l'âge. La durée de l'attention se prolonge en fonction de l'âge
et de la capacité du sujet à mettre en place des stratégies de plus en plus élaborées.
L'attention divisée ou partagée: le sujet doit effectuer deux tâches distinctes ou traiter deux
types de stimuli différents en même temps. Les ressources attentionnelles peuvent d'autant
plus se diviser que l'une des deux tâches requises a déjà fait l'objet d'un apprentissage
antérieur et qu'elle s'est automatisée.
Posner et Snyder en 1975 ont proposé trois critères permettant de déterminer si une aptitude
est automatique ou pas :
Le fait d’automatiser certaines tâches permet de libérer les ressources attentionnelles vers
d’autres tâches, d’où la possibilité de produire différentes actions en même temps.
2.1.2 LA PERCEPTION
Il s’agit donc d’un processus de recueil de données effectué par les organes sensoriels,
mais ceux-ci n’étant que des voies d’accès aux informations environnementales, c’est
l’interprétation de ces données qui fait la perception. C’est-àdire que les informations
visuelles, tactiles, auditives ou olfactives n’ont pas de sens en elles-mêmes, leur signification
est issue des connaissances et des expériences antérieures de celui qui les perçoit.
Toute perception est une interprétation qui implique la personnalité toute entière. Plus
qu’un simple phénomène sensoriel, c’est une conduite psychologique complexe qui se
rapporte à un cadre de référence, élaboré à partir de notre expérience personnelle et
sociale. C’est ce qui implique qu’un objet n’aura jamais tout à fait la même signification
pour deux individus, qui ont chacun son système de référence.
Perception et état physique : De nombreuses études ont démontré que notre état physique
influence notre perception de la réalité. Par exemple la perception des pentes et des
distances est différente selon que le percepteur porte un sac à dos lourd ou pas (Proffitt,
Stefanucci, Banton et Epstein, 2003), est jeune ou agé (Bhalla & Proffitt, 1999), est fatigué
ou en forme (Proffitt, Bhalla, Gossweiler, & Midgett, 1995), et s’il a des objectifs d’action en
tête (Witt, Proffitt, & Epstein, 2004)
Les individus perçoivent le monde physique qui les entoure en fonction de la manière dont
ils agiraient dans ce monde.
Riener, Stefanucci, Proffitt et Clore (2003) ont testé l'influence de l'humeur sur la perception
d’une pente. L’humeur était induite par l’écoute par les participants d’une musique
joyeuse ou d’une musique triste, ou en demandant aux participants d'écrire sur un
21
heureux ou un malheureux événement de leur vie, ensuite, les participants ont été invités
à estimer l’inclinaison d’une pente.
Les participants ayant écouté la musique triste ou ayant relaté un événement triste le leur
vie ont jugé la colline plus raide que les autres.
Perception et attentes:
Pour J.M Hoc (1987), une représentation c’est « la possibilité qu’a un système cognitif
de disposer des caractéristiques d’un objet en son absence ». La notion de représentation
traduit cette aptitude de l’esprit à rendre présent ce qui ne l’est pas, elle renvoie au réfèrent
interne d’un objet extérieur. C’est-à-dire à l’image que l’on se fait ou l’idée que l’on a d’un
objet ou d’un concept.
Ces définitions ont pour commun de contester la césure sujet-objet, et d’obéir au postulat
selon lequel la réalité objective n’existe pas. Comme le précise Abric (1994) « Un objet
22
n’existe pas en lui-même, il existe pour un individu ou un groupe et par rapport à eux ».
(p.69, cité par, Mannoni, p.69). Ainsi toute réalité est représentée, c'est-à-dire « appropriée
par l’individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif, intégrée à son système
de valeurs dépendant de son histoire et du contexte social qui l’environne, et c’est cette
réalité appropriée et restructurée qui constitue pour l’individu ou le groupe la réalité même
».
« Les sujets n’abordent pas une situation de manière neutre et univoque » (Abric, 1989,
p.195, cité par, Mannoni, 2008, p.70) mais la perçoivent selon leur système de pensées, leurs
valeurs, et l’appréhendent selon les différents contextes personnels, sociaux,
organisationnels et culturels qui les environnent.
Ainsi, les représentations sont les données subjectives qui constituent l’univers mental
des individus. Celles-ci ne sont jamais définitives, elles évoluent à mesure des expériences
et des apprentissages, même si elles se rigidifient avec l’âge. Ce sont elles qui régissent la
relation d’un être à son environnement et qui dirigent ses comportements et pratiques. Par
exemple les comportements sociaux d’un individu dépendent de ses représentations de la
citoyenneté, de la solidarité, de la communauté…etc.
23
Caractéristiques Expériences antérieures Système d’attitudes, des
objectives de l’objet du sujet valeurs et des normes
de la société
Représentation
Sociale
24
CHAPITRE 2 Bis
Chapitre 2 Bis
4. Quels liens entre psychologie et sociolinguistique ? ...........................................................................................26
4.1 Le langage comme outil d’élaboration des représentations sociales……………..……26
4.2 Le langage comme objet des représentations sociales..............................................................26
Objectif du chapitre
Intégrer les connaissances acquises sur les représentations sociales dans leurs travaux
de sociolinguistiques
Exemple : les étudiants seront capables de
25
4.1 Le langage comme outil d’élaboration des représentations sociales
Si le langage occupe une place aussi déterminante dans les constructions sociocognitives,
c’est parce que « La spécificité de l’activité cognitive humaine est non pas de s’exercer
directement sur l’objet, mais d’être médiatisée par des outils sémiotiques (le langage en
particulier) qui sont socioculturellement construits. » (Grossen, LiengmBessire et Perret-
Clermont, 1997, p. 234). En effet, « le langage n’est pas seulement un instrument de
communication, c’est aussi un ordre symbolique où les représentations, les valeurs et les
pratiques sociales trouvent leur fondement. » (Ladmiral et Lipinsky, 1989).
« En même temps que nous apprenons une langue, nous accédons à des
points de vue ancrés dans cette langue. » (Clémence, 2003, p.394).
La langue, " comme tout fait de culture, est l’objet de multiples représentations et attitudes
individuelles, collectives, positives ou négatives, au gré des besoins et des intérêts. Ces
représentations qui trouvent leur origine dans le mythe ou la réalité du rapport de puissance
symbolique, dictent les jugements et les discours, commandent les comportements et les
actions ». Pour Desbois et Rapegno (1994 : 3-4). Autrement dit, c’est «L’ensemble des
images que les locuteurs associent aux langues qu’ils pratiquent, qu’il s’agisse de valeur,
d’esthétique, de sentiment normatif ou plus largement métalinguistique ». Sonia Branca-
Rosoff (1996 : 79)
Ce sont les travaux portant sur "ses représentations, ses images et attitudes" qui enrichissent
le vaste domaine des représentations sociolinguistiques. Celles-ci sont intéressantes parce
26
qu’elles permettent de mettre à jour les raisonnements qui fondent les opinions des individus
et qui guident leur conduites, exemple : valorisation ou dévalorisation d’une langue,
motivation ou démotivation dans l’apprentissage d’une langue…etc.
Il existe de très nombreux travaux sur les représentations sociales des langues en Algérie,
notamment sur les représentations de la langue Amazigh ; du dialecte algérien (Chachou,
I. 2008) ; et de la langue française (Taleb-Ibrarimi, K. 1995).
27
CHAPITRE 3
Chapitre 3
3. Qu’est ce que la psychologie cognitive ? (suite)
3.1.4 La mémoire.........................................................................................................................................................29
3.1.5 L’organisation des connaissances................................................................................................33
Objectif du chapitre
28
2.1.4 LA MEMOIRE
Aujourd’hui, les spécialistes ne considèrent plus la mémoire comme une seule entité,
mais comme de multiples systèmes de mémoire ; ils distinguent entre la mémoire sensorielle
à très court terme ; la mémoire de travail à court terme ; et la mémoire à long terme.
29
peuvent immédiatement se rappeler à partir d’une séquence d’éléments. Cette
capacité reste invariable avec des lettres, des chiffres, des mots, des images etc. Pour
dépasser cette limite, Miller a souligné l’importance du recodage, pour former des
catégories, la catégorisation permettant d’augmenter le nombre d’éléments
récupérables. Par exemple, il est moins aisé de se rappeler cette série de lettres :
TPCMDN-CRIA-OIPM que la suivante : UMC-CEIL-LMD-SHS, d’autant plus pour un
étudiant de l’université de Constantine pour qui cette série de lettres forment des
abréviations connues, c’est-à-dire qui sont stockées en tant qu’unités dans la mémoire
à long terme. En d’autres termes, le sujet à retenu 4 unités au lieu de 13 (nombre d’unités
présentées). C’est pourquoi Miller considérait que la capacité de la mémoire à court
terme devait être mesurée en catégories plutôt que selon des éléments isolés.
Ainsi, la cause essentielle des différences de mémoire chez les individus tient à
l’efficacité avec laquelle ils parviennent à grouper des objets dans des catégories
familières. Aussi, il y a la stratégie de regroupement (chunking strategy) qui consiste à
traiter les unités à mémoriser non pas de manière individuelle, mais en les considérant
comme des groupes, c’est ce que nous faisons pour retenir un numéro de téléphone,
on ne code pas les chiffres un par un mais par groupes de deux ou de trois. Ces
stratégies permettent d’augmenter sensiblement la capacité de la MDT.
30
La mémoire à long terme n’est pas un système unitaire, plusieurs chercheurs
distinguent entre mémoire implicite, dite non-déclarative et mémoire explicite, dite
déclarative.
Lorsque nous apprenons une nouvelle habilité, cela requiert un effort cognitif plus ou
moins intense (selon le degré de complexité de la tâche) mais cet effort tend à diminuer à
mesure que nous nous exerçons, que nous nous perfectionnons. Des études prouvent que
la mémoire procédurale ne fonctionne de manière autonome que lorsqu’une procédure
est totalement automatisée, avant cela il y a nécessairement l’intervention d’autres types
de mémoires. L’imagerie cérébrale confirme cela, durant l’apprentissage, c’est la région
frontale impliquée dans la mémoire déclarative qui est activée, puis, il y a un basculement
progressif de cette activation vers les régions postérieures : le cervelet, les ganglions de la
base et le thalamus (Beaunieux, H. 2009).
b2) La mémoire sémantique est une mémoire encyclopédique, elle contient des
connaissances factuelles, des concepts, des lois, des règles…etc.
Plusieurs critères ont été utilisés pour distinguer entre les différents types de mémoires
qui existent, ce sont ; la durée de stockage des informations (mémoire sensorielle, mémoire
de travail et mémoire à long terme) ; le type d’informations stockées (mémoire épisodique
31
et mémoire sémantique) ; l’état de conscience (mémoire implicite et mémoire explicite) ;
et enfin la localisation cérébrale.
Pour dépasser les limites contraignantes, liées à la mémoire, qui réduisent les performances
dans de nombreuses tâches cognitives Plusieurs processus existent, celles-ci ont été mises
Expérience : Gordon wood (1969) un groupe apprend en trois essais 54 mots d’une liste
groupés en 18 catégories, et le groupe contrôle apprend les mots mélangés.
Essais
32
1 2 3
Mots groupés 17 28 39
Mots au hasard 11 20 29
L’organisation hiérarchique
Expérience : Bower, Clark, Winzenz et Lesgold (1969) Les participants à cette expérience
ont vu quatre hiérarchies, chacune contenant 28 mots. Un groupe de sujets, sous la
condition « organisé » a étudié les quatre hiérarchies pendant 1 minute chacune, ils ont
ensuite tenté de se rappeler les 112 mots dans l’ordre de leur choix. L’étude et les
épreuves de rappel étaient effectuées à trois reprises
Un autre groupe de sujets sous la condition « aléatoire » voyait les mêmes 112 mots, insérés
de façon aléatoire dans quatre hiérarchies.
120
100
80
60 Organisé
Aléatoire
40
20
0
Essai 1 Essai 2 Essai 3 Essai 4
L’organisation sémantique
Expérience : Holley et Dansereau (1984) des étudiants ont suivi une formation à la
construction de réseaux sémantiques de différents matériels. Ces étudiants et un groupe
contrôle devaient étudier un passage de 3000 mots extraits d’un traité scientifique de base
sur lequel ils étaient ensuite testés, les étudiants qui avaient élaboré des réseaux
sémantiques de ce matériel ont significativement mieux réussi une épreuve de question
réponse et une dissertation portant sur ce passage que les étudiants du groupe contrôle
Les images mentales
33
Expérience : Lieury, Guého et Gaumont (1997) ont travaillé avec des enfants de 7 et 10 ans.
Une petite liste de 8 mots ou dessins est présentée lentement (5 secondes) à trois groupes
d’enfants selon trois conditions. Les mots sont présentés soit visuellement (écrits sur un
carton), soit auditivement (dictés), soit sous forme de dessins, c’est-à-dire également
visuellement.
La supériorité de l’image sur le mot tout comme celle des mots concrets sur les mots
abstraits a été établie par plusieurs chercheurs. Selon A. Paivio (1971) cela s’explique par le
fait que les mots concrets contrairement aux mots abstraits évoquent des images mentales,
ainsi le matériel à mémoriser est encodé à la fois sous une forme verbale et imagée, ces
deux codes mnémoniques constituent deux voies d’accès à l’information stockée et
offrent donc plus de chances de la récupérer, c’est la théorie du double codage.
CHAPITRE 3 Bis
Chapitre 3 bis
5. Quels liens entre psychologie et pédagogie (didactique) ? .....................................................................36
5.1 Apports de la psychologie cognitive à l’enseignement-apprentissage.......................36
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Objectif du chapitre
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En psychologie cognitive, l’enseignement et l’apprentissage sont considérés comme
des activités de traitement de l’information où l’accent est mis sur la construction du savoir
ainsi que sur les stratégies cognitives et métacognitives qui facilitent cette construction.
L’objectif majeur étant plus que le simple apprentissage, le développement d’une pensée
autonome et efficace.
Cette conception a largement prouvé son efficience et son influence sur les pratiques
éducatives qui s’est franchement accrue ces dernières années, elle marque aujourd’hui
de plus en plus fortement les choix pédagogiques et didactiques.
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2ème principe : « L’apprentissage est l’établissement de liens entre les nouvelles
informations et les connaissances antérieures. »
Souvent, les nouvelles connaissances viennent consolider celles déjà acquises, mais il
arrive parfois que celles-ci viennent nuancer ou même annuler certaines connaissances
établies. Dans ce cas, la difficulté de désapprendre, de renoncer à ces acquis nécessitera
une négociation cognitive.
Organiser les connaissances c’est regrouper les savoirs par domaines d’étude, des
objets selon leurs caractéristiques distinctives, c’est classer des faits selon leur périodicité,
partir du simple pour aller vers le complexe…etc. L’organisation, qu’elle se fonde sur les
critères thématique, périodique, de difficulté ou autre, est essentielle dans le processus
d’apprentissage, puisqu’en structurant le savoir elle facilite son acquisition. Mieux seront
organisées les connaissances stockées en mémoire à long terme, plus facile il sera de les
récupérer. « L’organisation est un trait caractéristique de l’expertise cognitive ».
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4ème principe : « L’apprentissage concerne autant les stratégies cognitives et
métacognitives que les connaissances théoriques. »
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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