CHAPITRE 5 La Responsabilité Du Constructeur

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 3

CHAPITTRE 5 : RESPONSABILITE DES CONSTRUCTEURS D’OUVRAGE

SECTION 1 : LA GARANTIE DECENNALE, LA GARANTIE DE BON


FONTIONNEMENT ET LA GARANTIE DE PARFAIT ACHEVEMENT
La responsabilité des constructeurs figurait déjà dans le COCC (articles 450 à 453) lesquels
prévoient une présomption de responsabilité des architectes et des entrepreneurs lorsque
l’édifice est détruit partiellement ou en totalité à la suite d’un vice du sol ou d’un vice de
construction.
Cette responsabilité peut être engagée dans un délai maximum d’un an après la réception pour
les vices apparents et dans un délai maximum de 10 ans à compter de la réception définitive
pour les vices cachés, toute clause contraire étant réputée non écrite.
Seule une action en justice, même un référé, interrompt la prescription.
Ces règles sont reprises avec plus de précisions par les articles L13 à L22 de la loi n° 2009-23
du 8 juillet 2009 portant partie législative du code de la construction et par les articles
R.41 à R.44 du Décret n° 2010/99 du 27 janvier 2010 portant partie réglementaire du
même code.
I/ PERSONNES TENUES A GARANTIE
Le code de la construction considère comme constructeur (Article L13) :
_ Tout architecte, entrepreneur, ingénieur, technicien, bureau d’étude, bureau de contrôle
technique ou autre personne intervenant dans la conception, la réalisation ou le contrôle de
l’ouvrage et liée au maitre de l’ouvrage par un contrat de louange d’ouvrage ou de service ;
_ Toute personne qui, bien qu’agissant en qualité de mandataire du propriétaire de l’ouvrage,
accomplit une mission identique à celle
Par ailleurs, le mandataire, dont la mission est assimilable à celle d’un locateur d’ouvrage,
encourt une responsabilité contractuelle de la même nature que celle des constructeurs en cas
de manquement au devoir de conseil ou à l’obligation d’informer, de renseigner ou de contrôler.
(Article L14)
Tout constructeur d’un ouvrage est responsable de plein droit, envers le maitre ou l’acquéreur
de l’ouvrage, des dommages, même résultant d’un vice du sol, qui en compromettent la solidité
et la stabilité.
Cette responsabilité s’étend à toute personne qui vend, après achèvement, un ouvrage qu’elle a
construit ou fait construire.
II/ BENEFICIAIRES DES GARANTIES
En principe, les garanties bénéficient à ceux qui ont contracté avec les personnes obligées :
Maitre de l’ouvrage ou acheteur du bien immobilier.
Mais la jurisprudence étend la garantie aux successeurs du maitre de l’ouvrage ou de l’acheteur,
que ce soit en raison d’un décès ou en raison d’une vente du bien, la garantie se rapportant au
bien, et non au propriétaire initial.
En effet, la garantie est sensée suivre la chose en tant qu’accessoire de la propriété. En
conséquence, l’ayant-cause, désormais bénéficiaire de la garantie, ne pourra pas agir contre le
constructeur en responsabilité délictuelle car il n’est plus un tiers, ayant hérité de la garantie.
La règle est en effet le nom-cumul de la responsabilité de droit commun et du régime de
présomption de responsabilité prévue par le code de la construction.
Pour le cas particulier des copropriétés, l’action appartient normalement au syndicat des
copropriétaires en cas de vice affectant les parties communes, l’action individuelle concernant
normalement les parties privatives.
Cependant, suivant la jurisprudence, rien ne s’oppose à l’exercice de l’action individuelle en
cas de carence du syndicat des copropriétaires. (Cass. Civ. 18 décembre 1973 ; JCP 74 II-
17682 Note GUILLOT ; Cass. Civ. 14 mai 1974 Bull. Civ. III n° 190).
SECTION II : A RECEPTION PROVISOIRE FAIT COURIR LA GARANTIE DE
PARFAIT ACHEVEMENT ET LA GARANTIE DE BON FONCTIONNEMENT DES
EQUIPEMENTS DISSOCIABLES DE L’OUVRAGE
La réception provisoire est l’acte par lequel le maitre de l’ouvrage déclare accepter l’ouvrage
avec ou sans réserve. Elle intervient à la demande de la partie la plus diligente soit à l’amiable,
soit, à défaut, judiciairement. Elle est, en tout état de cause, établie contradictoirement. (Article
L 19 du code de la construction)
A défaut de signature d’un PV de réception, l’article 451 du COCC autorise la réception tacite
qui coïncide avec l’entrée dans les lieux par le client. On parle alors de prise de possession
matérielle (Cour d’appel Dakar, Arrêt n° 81 du 31 mars 1972 : NANG C/ PELLISSIER).
En admettant la réception judiciaire, se pose le problème de sa date : est-ce celle du jugement
ou est-ce du moment où les travaux sont en état d’être reçus ? En admettent la réception tacite
par prise de possession des lieux, la cour de cassation penche en faveur de la seconde solution,
ce qui permet également de pallier l’éventuelle longueur d’une procédure. Il suffira de
demander au tribunal de dire et juger qu’il y a eu réception tacite par prise de possession des
lieux à charge pour le maitre de l’ouvrage d’en rapporter la preuve par tous moyens. (Date de
point du départ du contrat multirisque habitation, ou d’un abonnement tels que le téléphone ou
l’électricité, attestation de voisin, etc.).
La garantie de parfait achèvement concerne les désordres apparents.
La garantie de parfait achèvement à laquelle l’entrepreneur est tenu pendant un délai d’un an à
compter de la réception provisoire s’étend à la réparation de tous les désordres signalés par
le maitre de l’ouvrage, soit au moyen de réserves mentionnées au procès-verbal de réception
provisoire, soit par voie de notification écrite pour ceux révélés postérieurement à la réception
provisoire. Les délais nécessaires à l’exécution des travaux de réparation sont fixés d’un
commun accord par le maitre de l’ouvrage et l’entrepreneur concerné. En l’absence d’un tel
accord ou en cas d’inexécution dans le délai fixé, les travaux peuvent, après mise en demeure
restée infructueuse, être exécutés aux frais et risques de l’entrepreneur défaillant.
L’exécution des travaux exigés au titre de la garantie de parfait achèvement est constatée d’un
commun accord, ou, à défaut, judiciairement.
La garantie ne s’étend pas aux travaux nécessaires pour remédier aux effets de l’usure normale
ou de l’usage. (Article L 19 du code de la construction)
La garantie de bon fonctionnement des équipements dissociables de l’ouvrage
Article L16 et L17 : Les autres éléments d’équipement du bâtiment (les éléments d’équipements
dissociables de l’ouvrage n’altérant que le fonctionnement des éléments d’équipements
(climatisation par exemple) font l’objet d’une garantie de bon fonctionnement d’une durée
minimale d’un an à compter à la réception provisoire de l’ouvrage.
Le constructeur d’un ouvrage, d’une partie d’ouvrage ou d’un élément d’équipement conçu et
produit pou satisfaire, en état de service, à des exigences précises et déterminées à l’avance, est
solidairement responsable, des obligations des constructeurs, à la charge de celui qui a mis en
œuvre, sans modification et conformément aux règles édictées par le fabricant, l’ouvrage, la
partie d’ouvrage ou l’élément d’équipement considéré.
Est assimilé au constructeur pour l’application du présent article :
_ Celui qui a importé un ouvrage, une partie d’ouvrage ou un élément d’équipement fabriqué à
l’étranger ;
_ Celui qui l’a présenté comme son œuvre en faisant figurer sur lui son nom, sa marque de
fabrique ou tout autre signe distinctif.
SECTION 3 : LA RECEPTION DEFINITIVE FAIT COURIR LA GARANTIE
DECENNALE
La réception définitive constitue le point de départ de la garantie décennale.
Article R.41 : La réception des travaux constitue, pour ceux à l’égard desquels aucune réserve
n’est faite, le point de départ de la garantie prévue.
Pour les travaux qui font l’objet de réserves la garantie court du jour où il est constaté que
l’exécution des travaux satisfait à ces réserves.

Vous aimerez peut-être aussi