2 Insuffisance Anté Hypophysaide
2 Insuffisance Anté Hypophysaide
2 Insuffisance Anté Hypophysaide
Objectifs du cours :
A. Savoir suspecter l’IAH sur des arguments sémiologiques, cliniques et/ou biologiques.
B. Se servir des investigations endocriniennes adéquates pour en affirmer l’existence et en
préciser la cause.
C. Reconnaître et gérer le contexte d’une possible urgence médicale.
D. Connaître les principes du traitement substitutif, éventuellement étiologique.
Plan du cours :
I. RAPPELS ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
II. DEFINITION- GENERALITES
III. DIAGNOSTIC CLINIQUE
A. L’ hypopituitarisme antérieur global
B. L’insuffisance corticotrope acquise ou « insuffisance surrénalienne secondaire »
C. Insuffisance thyréotrope acquise ou « hypothyroïdie secondaire »
D. Insuffisance gonadotrope acquise ou « hypogonadisme secondaire »
1. Chez l’homme
2. Chez la femme en période d’activité génitale sans contraception œstroprogestative
E. Insuffisance somatotrope ou « déficit en hormone de croissance »
F. Insuffisance lactotrope
IV. Diagnostic biologique
A. Insuffisance corticotrope
1. Anomalies biologiques non spécifiques
2. Biologie hormonale
B. Insuffisance thyréotrope
C. Insuffisance gonadotrope acquise
1. Chez l’homme
2. Chez la femme
3. Après la ménopause
D. Insuffisance somatotrope
E. Insuffisance lactotrope
IV. ETIOLOGIES
A. Principales causes des hypopituitarismes antérieurs acquis
a. Causes hypophysaires
b. Causes hypothalamiques et de la tige pituitaire
c. Causes fonctionnelles
B. Diagnostic du niveau lésionnel
C. Cas particuliers de l’apoplexie hypophysaire
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L'antéhypophyse est formée de cinq principaux types de cellules endocrines : les cellules
corticotropes productrices de l'adrenocorticotrophic hormone [ACTH], les cellules thyréotropes
sécrétrices de la thyroid-stimulating hormone [TSH], les cellules somatotropes sources de l'hormone
de croissance (growth hormone [GH]), les cellules gonadotropes lieux de synthèse et de libération des
hormones folliculostimulante (follicule-stimulating hormone [FSH]) et lutéinisante (luteinizing
hormone [LH]) et enfin les cellules lactotropes sécrétrices de prolactine [PRL].
L'activité sécrétoire de l'antéhypophyse est placée sous contrôle des neuropeptides ou des
neurohormones hypothalamiques. Ces derniers sont synthétisés dans les corps cellulaires des
neurones groupés au sein des « noyaux » de l'hypothalamus, neurones eux-mêmes placés sous les
influences de nombreux neuromédiateurs présents dans le système nerveux central, de facteurs de
l'environnement et des hormones périphériques qui agissent par rétrocontrôle positif ou plus souvent
négatif.
L'intégrité du fonctionnement de l'antéhypophyse dépend donc de la commande hypothalamique
et supra hypothalamique.
o L’hypopituitarisme est rare, sa prévalence chez l’adulte est estimée à environ 45/100 000 avec
une incidence annuelle de 4/100 000.
o Les présentations cliniques et biologiques de l'IAH acquise de l'adulte varient d'un individu à
l'autre. Elles dépendent en effet de nombreux facteurs aux rangs desquels s'inscrivent la
rapidité d'installation du processus lésionnel, le contexte pathologique, les traitements en cours
ainsi que le type et le nombre de fonctions hypophysaires déficitaires.
o Le déficit hormonal des fonctions antéhypophysaires peut être :
Global ou sélectif ;
Isolé
Ou Associé a un déficit post hypophysaire = « pan hypopituitarisme »,
ou coïncidant, au contraire, avec l'hypersécrétion d'une ou plusieurs hormones
antéhypophysaires ;
Par ailleurs, le déficit antéhypophysaire peut être :
Acquis ou congénital (ce dernier ne sera pas abordé).
Secondaire à une pathologie primitivement hypophysaire, hypothalamique ou de la tige
pituitaire.
Ou parfois, secondaire à des processus lésionnels extra- ou parasellaires qui compriment ou
infiltrent l’axe hypothalamo-hypophysaire.
Organique = atteinte « lésionnelle » de l'axe hypothalamo-hypophysaire,
Ou Fonctionnelle = « inertie » hypothalamique ou supra hypothalamique.
o Lorsqu'une IAH est suspectée, les cinq grandes fonctions hypophysaires doivent être
explorées.
Une inappétence pour le sel : patient non avide de manger salé (pas de déficit en
aldostérone et donc pas de fuite sodée urinaire).
Les manifestations hypoglycémiques sont beaucoup plus fréquentes (en particulier chez
l’enfant) en cas de déficit combiné en hormone de croissance et en cortisol.
En plus, la diminution des androgènes surrénaliens (DHEA-S, testostérone et
androstènedione) participe à la diminution de la pilosité chez la femme.
Attention : Il existe un risque majeur d’hypoglycémie en cas de déficit corticotrope associé au déficit
en GH.
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F. Insuffisance lactotrope :
Elle n’apparaît qu’en cas de destruction totale des cellules lactotropes (Ex : syndrome de Sheehan,
hypophysite du post-partum) :
L’absence de montée laiteuse en post-partum en est le seul signe clinique.
Une tendance à l’hypoglycémie à jeun qui peut être marquée lorsque le déficit surrénal
s’inscrit dans le cadre plus large d’une insuffisance hypophysaire avec notamment déficit en
hormone de croissance [défaut de néoglucogenèse hépatique privée des effets stimulants
du cortisol, (et de la GH)].
2. Biologie hormonale :
- Le diagnostic d’insuffisance surrénale (ou corticotrope), suspecté devant des signes cliniques
et biologiques non spécifiques, doit être confirmé par des tests biologiques spécifiques.
i. Cortisol / ACTH de base plasmatique :
- La chute de la cortisolémie est le stigmate biologique commun à toutes les insuffisances
surrénales. Le dosage du cortisol est réalisé le matin au réveil, entre 7 et 9 heures, moment
qui correspond au pic physiologique de sécrétion de l’hormone.
- La détermination du caractère périphérique ou central du déficit surrénal repose sur le
dosage de l’ACTH plasmatique. Dans l’insuffisance surrénale primitive, le tarissement de la
sécrétion de glucocorticoïdes lève le rétrocontrôle négatif exercé sur la sécrétion d’ACTH.
Un taux plasmatique d’ACTH supérieur à deux fois la norme supérieure permet d’affirmer
l’origine primaire (souvent au-dessus de 400, voire 1000 pg/ml). Si l’insuffisance surrénale est
secondaire à un déficit hypothalamohypophysaire, le taux d’ACTH plasmatique est proche des
valeurs basses de la norme en regard d’une cortisolémie effondrée.
- Les seuils diagnostics retenus par le dernier consensus de la Société Française
d’Endocrinologie sur l’insuffisance surrénale publié en 2017 sont les suivants :
Un cortisol plasmatique le matin, à jeun < 138 nmol/l (5 μg/dl) rend le diagnostic
d’insuffisance surrénale très probable.
Un cortisol plasmatique le matin, à jeun > 500 nmol/l (18 μg/dl) suggère une sécrétion
adéquate du cortisol et rend le diagnostic d’insuffisance surrénale improbable (en dehors
d’un contexte de soins intensifs).
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Modalité : 250µg d’ACTH β 1-24 en IV ou en IM (125 μg chez les enfants avant 02 ans) ;
cortisolémie aux temps : 0, 30 et 60 minutes.
Le taux de cortisol de base n’est pas nécessaire à l’interprétation du test puisque le critère
diagnostique ne repose pas sur le pourcentage d’élévation du cortisol.
Résultats :
Un pic de cortisol < 500 nmol/l (18 μg/dl) est en faveur d’une insuffisance surrénalienne.
« Quel que soit l’horaire de réalisation du test ».
Un pic de cortisol < 400 nmol/l (14,5 μg/dl) 20 à 30 minutes après est en faveur d’une
insuffisance corticotrope.
A noter :
Les études publiées ne sont pas unanimes sur la supériorité du test au Synacthène® 1 μg par
rapport au test classique (250 μg) dans le déficit corticotrope.
La dose de 1 μg n’est pas distribuée industriellement et doit être préparée extemporanément
par l’utilisateur du test, ce qui pose de réels problèmes techniques. En particulier, il faut que la
dilution soit préparée immédiatement avant l’injection (une ampoule de 250 μg dans 250 ml, puis
reprendre 1 ml), et que l’injection de la préparation diluée se fasse en IV directe, sans utiliser
de cathéter type « cathlon » car l’ACTH adhère au plastique.
Pour ces raisons, l’utilisation du test au Synacthène® 1 μg n’a pas été adoptée de façon
universelle.
Ne pas oublier : Quoi qu’il en soit, dans un contexte de forte suspicion clinique de déficit
corticotrope, la normalité du test au Synacthène® ne doit pas faire exclure le diagnostic mais
au contraire, motiver la réalisation d’autres tests dynamiques de stimulation spécifique de l’axe
corticotrope hypothalamohypophysaire (hypoglycémie insulinique, test à la Métopirone®).
- C’est le test dynamique de référence, car il est censé reproduire un stress physiologique et
permettre une exploration de tout l’axe corticotrope, depuis l’hypothalamus jusqu’à la
corticosurrénale.
- Cependant, sa réalisation est recommandée « en seconde ligne » (plus complexe à mettre en
œuvre, nécessite une hospitalisation, tolérance variable …).
- Donc, en pratique, lorsque :
1) Le cortisol basal est dans la zone intermédiaire.
2) Le test au Synacthène est normal mais la clinique est évocatrice d’insuffisance
corticotrope.
3) Une certitude diagnostique est requise (Ex : autres déficits anté-hypophysaires
identifiés).
4) Une exploration conjointe de l’axe somatotrope est requise.
- Modalité : Après une nuit de jeûne : des prélèvements veineux pour dosage de la glycémie,
de l’ACTH et du cortisol sont réalisés avant puis 15, 30, 45, 60 et 90 et 120 minutes après
administration intraveineuse de 0,1 à 0,15 UI/kg d’insuline ordinaire (ou ultrarapide).
Le test est interprétable uniquement en cas d’obtention d’une glycémie inférieure à 0,40 g/l
(2,2 mmol/l) avec signes neuroglucopéniques (représente un stress suffisant pour stimuler la
sécrétion d’ACTH et consécutivement celle de cortisol). Une voie veineuse controlatérale est
maintenue pendant toute la durée du test pour faire face sans délai à toute éventuelle
hypoglycémie sévère.
- Contre-indications :
Patients âgés (> 70 ans).
Hypocortisolémie basale (<180 nmol/l [<6.5 μg/dl]).
Pathologie cardiovasculaire/cérébro-vasculaire ischémique (vérifier ECG avant test).
Epilepsie.
Diabète de type 1.
Grossesse.
- Résultats :
Le pic de cortisolémie est habituellement atteint entre la 30e et la 60e minute suivant
l’injection d’insuline et dépasse normalement 500 nmol/l (18 μg/dl).
Le pic d’ACTH obtenu est contemporain du pic de cortisol et dépasse normalement 150 pg/ml
(33 nmol/l).
Occasionnellement, des patients présenteront un pic de cortisolémie < 500 nmol/L (18 μg/dl)
en l’absence d’insuffisance corticotrope. On peut s’aider du pic d’ACTH après stimulation
pour nuancer ces réponses ambiguës, une insuffisance corticotrope étant exclue lorsque
le taux d’ACTH dépasse 150 pg/ml (33 pmol/L).
Un pic de cortisol < 500 nmol/l (18 μg/dl) est en faveur d’un déficit corticotrope
Et/ou
Pic d’ACTH <75 pg/ml (100 ou 150 pg/ml pour certains auteurs).
Nb : Les seuils diagnostiques du cortisol varient de 500 à 600 nmol/L (18-22 μg/dl) selon les études et les
trousses de dosage.
Modalités :
Le test est réalisé en milieu hospitalier, actuellement, exclusivement utilisé dans sa variante «
courte » (simplifié, overnight) : 08 comprimés per os de métopirone (ou 30 mg/kg) en une prise
unique 23 h ou minuit. Le lendemain à 8 heures, dosage plasmatique du cortisol, de l’ACTH et du
11-désoxycortisol (composé S).
Inconvénients :
- Il plonge le patient en insuffisance surrénale profonde pendant quelques heures. Ainsi le
métopirone ne doit pas être administré aux sujets dont les valeurs initiales de cortisol de
base sont inférieures à 180 nmol/l (6.5 μg/dl) : risque de décompensation surrénalienne
aigue.
- Il est souvent responsable d’effets indésirables digestifs et d’insomnie.
- Enfin il nécessite de mesurer l’ACTH et le composé S dont les résultats ne sont pas toujours
rapidement disponibles.
- Résultats :
L’absence d’élévation ou une élévation insuffisante du composé S <200 nmol/l (7 μg/dl) et/ou
d’ACTH ≤ 75 pg/ml (100 ou 150 pg/ml pour certains auteurs) traduit la présence d’un déficit
sécrétoire en ACTH ou en CRH.
L’effondrement du taux de cortisol plasmatique ≤ 5 - 7 µg/dl est le témoin de la prise
effective de Métopirone® et valide le test.
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6) Le test au glucagon :
- Rarement utilisé mais peut également être une alternative acceptable à l’hypoglycémie
insulinique pour évaluer l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien.
- Il doit être envisagé chez les jeunes enfants ou chez les patients plus âgés ayant des
antécédents de cardiopathie ischémique.
- Modalité : Injection de 1 mg glucagon en IM (30 mg/kg chez les enfants de moins de 6 ans).
Dosage du cortisol plasmatique et (éventuellement GH) toutes les 30 à 180 min.
Résultat : un pic de cortisol < 402 nmol/l (14,6 mg / dl) est fortement évocateur d’une
insuffisance corticotrope.
- Nb : Il faut savoir qu’aucun de ces tests n’offre une sensibilité à 100 % ou une spécificité à
100 % pour affirmer ou exclure une insuffisance corticotrope. Encore, les résultats des
différents tests réalisés chez un même individu peuvent être discordants.
- A l’inverse, un taux normal de S-DHEA a une forte valeur prédictive négative et serait plus
discriminant que la cortisolémie basale pour exclure une insuffisance corticotrope.
- La combinaison du test au synacthène avec dosage simultané du S-DHEA basal et stimulé
augmente la précision du diagnostic d’insuffisance corticotrope chez les patients avec tumeur
de la région sellaire.
- A savoir :
Un cortisol salivaire à jeun < 5 nmol/l est en faveur d’un déficit de sécrétion de cortisol.
La mesure du cortisol libre urinaire de 24 heures n’est pas utile (normal chez 20 % des patients).
- Nb : Lorsque le contexte clinique ou biologique fait craindre une décompensation aiguë, des
prélèvements sanguins sont réalisés pour dosages de cortisol et d’ACTH (à n’importe quel
horaire) qui viendront rétrospectivement confirmer le diagnostic. Ces dosages ne doivent en
aucun cas retarder la prise en charge urgente de l’insuffisance surrénale aiguë.
B. Insuffisance thyréotrope :
Tant que l’hypothalamus et l’hypophyse sont préservés, une boucle de régulation négative est
fonctionnelle : la TSH commence à s’élever dès que la T4 libre (T4L) diminue bien que toujours
comprise entre les valeurs de référence, et une valeur de T4L inférieure à la limite inférieure
de la normale est associée à une élévation franche de la TSH.
Le diagnostic de l’insuffisance thyréotrope repose donc, sur le dosage de la T4L et la TSH
plasmatique : la seule constatation d’une TSH normale ou très modérément élevée, inférieure à
10 mUI/L, face à une T4L inférieure à la normale signe, en principe l’insuffisance thyréotrope.
Remarques :
- Le dosage de la TSH seule n’est pas utile, car sa concentration peut être basse, souvent
normale basse ou même légèrement augmenté (4 à 10m UI/L) dans 10 à 20% des cas (TSH
immunoréactive mais pas bioactive par défaut de glycosylation essentiellement).
- La concentration de T3L, dans l’insuffisance thyréotrope comme dans l’hypothyroïdie
périphérique, est longtemps normale, alors même que la T4 est déjà franchement abaissée.
(la synthèse de la désiodase de type 2 est inhibée par les hormones thyroïdiennes : la
diminution de la T4 disponible, limite la destruction rapide de la désiodase de type 2, et
maintient ainsi la capacité de production de T3).
Insuffisance gonadotrope
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=
Testostéronémie totale basse sans élévation des gonadotrophines
(FSH et LH dans les valeurs normales basses ou diminuées).
Remarque :
- Le dosage de la testostérone biodisponible est envisagé lorsque la protéine vectrice SHBG
est diminuée.
- Le dosage de l’inhibine B n’est pas nécessaire, son taux n’est diminué que dans les déficits
gonadotropes anciens et sévères.
- Le dosage de l’AMH n’est pas recommandé.
- Le diagnostic du déficit de la Spermatogénèse : repose sur le spermogramme, qui sera
toujours pathologique (oligospermie voire azoospermie) chez un patient porteur d’une
insuffisance gonadotrope profonde. Chez un patient présentant un hypogonadisme partiel on
peut ne retrouver qu’une oligospermie modérée.
2. Chez la femme :
Insuffisance gonadotrope
=
Œstradiol plasmatique bas ou valeur de début de la phase folliculaire
+
Gonadotrophines (FSH, LH) basses ou « anormalement normales ».
3. Après la ménopause :
Attention : Dans les deux sexes, l’hyperprolactinémie peut être à l’origine d’une insuffisance
gonadotrope fonctionnelle (par effet direct sur les neurones à kiss/GnRH).
Elle doit donc, être recherchée et corrigée avant de conclure à une insuffisance gonadotrope.
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D. Insuffisance somatotrope :
- Le déficit en GH est le plus fréquent de tous les déficits hypophysaires puisqu'il est
présent dès qu'une, au moins, des autres hormones antéhypophysaires est déficiente.
- Faire le diagnostic de déficit en hormone de croissance n'a réellement d'intérêt que dans
l'hypothèse de la mise en route d'un traitement par GH chez l'adulte.
- Le diagnostic positif :
A noter :
- IGF-1 plasmatique basse est suggestive d’un déficit en GH.
- IGF-1 plasmatique normale n’exclut pas le diagnostic : près de 70 % des patients avec déficit en
GH acquis ont des valeurs d’IGF 1 dans les normes.
- MAIS
[IGF1] basse associée à la présence d’un déficit multiple d’autres hormones hypophysaires
signe un déficit en GH.
- Les taux d’IGF-1 doivent toujours être comparés avec des valeurs de référence ajustées pour
l’âge et le sexe.
- 1µg/kg de GHRH en bolus IV + arginine [0,5 g/kg en IVL (plus de 30 mn) avec un max de 30 g] ;
- Les valeurs seuils confirmant le déficit en GH varient en fonction de l’indice de masse corporelle
(IMC) :
IMC normal (‹25 kg/m2) kg/m2 : pic de GH < 11,5 μg/L (35 mUI/l)
Surpoids (IMC ≥ 25 et ‹30 kg/m2) : pic de GH < 8 μg/L (24 mUI/l)
Patients obèses (IMC ≥ 30 kg/m2) : pic de GH < 4,2 μg/L (12,5 mUI/l)
E. Insuffisance lactotrope :
Prolactinémie basse et non stimulable, notamment par TRH dans les déficits primitivement
antéhypophysaires. Toutefois, non utile en pratique clinique.
N.b : la prolactine est accrue lors des déficits antéhypophysaires secondaires à une pathologie
hypothalamique ou de la tige pituitaire, (déconnexion fonctionnelle hypothalamo-hypophysaire par levée
du frein de la dopamine sur la sécrétion de la prolactine).
VII. ETIOLOGIES
- Les anomalies de l’activité endocrinienne du système hypothalamo-hypophysaire peuvent être la
conséquence d’atteintes organiques ou fonctionnelles :
Une atteinte organique est identifiable et peut être la conséquence d’un traumatisme, d’une
inflammation, d’une néoplasie ou d’une pathologie dégénérative, vasculaire ou du
développement.
Quant aux atteintes fonctionnelles, qui surviennent sans anomalie anatomique identifiable,
elles trouvent le plus souvent leur origine au sein de l’hypothalamus ou des structures de
contrôle sus-jacentes (par exemple stress, nutritionnel, psychogène…) et sont fréquemment
réversibles.
- L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est l’examen de référence pour orienter le
diagnostic étiologique.
b. Causes fonctionnelles :
Pathologies psychiatriques (dépression, psychose, anorexie mentale, etc.),
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Obésités majeures.
Dénutritions sévères.
Maladies générales graves.
Traitements inducteurs d’hyperprolactinémie : à l’origine d’une insuffisance
gonadotrope.
Les morphiniques : à l’origine d’un déficit corticotrope et d’un déficit gonadotrope
dose-dépendant.
Autres : consécutives au blocage prolongé des sécrétions hypothalamiques freinées
par une influence supra-physiologique de certaines hormones « périphériques » :
o Inerties corticotropes après traitement des syndromes de Cushing ou une
corticothérapie anti-inflammatoire (en pratique, le déficit corticotrope est le
plus souvent iatrogène, secondaire à une corticothérapie prolongée).
o Insuffisances thyréotropes persistant après correction d’une hyperthyroïdie
ou surdosage prolongé en hormones thyroïdiennes.
o Insuffisance gonadotrope suite à la prise prolongée d’une contraception orale.
Après la mise en route de ces mesures d’urgence, l’affection causale doit être dépistée et
traitée par une thérapeutique spécifique.
i. Substitution en glucocorticoïdes :
- L’hydrocortisone est la molécule le plus souvent prescrite (en raison de sa demi-vie courte). Elle
est disponible sous forme de comprimé à 10 mg.
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- Modalités : La posologie doit être la plus faible possible, permettant à la fois d’assurer une bonne
qualité de vie et d’éviter les risques de surdosage et ses conséquences délétères. En pratique, on
prescrit 5-7 mg/m2 de surface corporelle /j, soit 10 à 20 mg/j d’hydrocortisone (à défaut 15–25
mg/j d’acétate de cortisone) ;
- La dose d’hydrocortisone doit donc, être répartie en 2 à 3 prises par jour, afin de mimer au mieux
ce rythme circadien. Au moins 50 % de la dose totale est administré le matin, le reste de la dose
étant réparti en une administration l’après-midi et en début de soirée (4 à 6 heures avant le
coucher).
- La prise alimentaire ralentit l’absorption de l’hydrocortisone. Certains auteurs recommandent donc
que la dose substitutive d’hydrocortisone soit à jeun.
Le schéma substitutif recommandé = une dose quotidienne d’hydrocortisone corrélée au
poids répartie en trois prises quotidiennes en dehors des repas, avec une dose plus
importante le matin, si possible dès le réveil.
- Cette dose doit être augmentée en cas de prise concomitante de médicaments accélérant le
catabolisme du cortisol (les inducteurs de CYP3A4 principalement : rifampicine, kétoconazole,
certains anti-épileptiques comme la carbamazépine ou phénytoïne ou encore le mitotane).
- Les stéroïdes à demi-vie plus longue tels que la prednisolone ou la dexaméthasone ne doivent être
utilisés qu’en cas d’efficacité insuffisante de l’hydrocortisone liée à sa pharmacocinétique. Ces
molécules ne respectent pas le rythme circadien de la sécrétion de cortisol et le risque de
survenue d’un « hypercortisolisme iatrogène » est majoré notamment en raison d’un ajustement
plus difficile des doses.
Nouvelles molécules :
- De nouveaux schémas thérapeutiques sont à l’étude depuis quelques années afin de proposer de
nouvelles alternatives au traitement conventionnel par hydrocortisone, notamment les formes
orales à libération modifiée d’hydrocortisone (Duocort ® et Chronocort ® ) et les pompes sous-
cutanées à hydrocortisone.
- Formes orales d’hydrocortisone à libération modifiée
- Deux préparations à libération modifiée (Duocort ® et Chronocort ®) ont été développées pour
mimer la sécrétion physiologique de cortisol et améliorer la compliance.
2. Le Plenadren® ou Duocort ®: permet une libération immédiate de l’enveloppe du comprimé et
une libération prolongée du noyau grâce à une galénique spécifique. Le traitement est pris le
matin et fournit la dose nécessaire pour la journée. La biodisponibilité du Plenadren ® est de
20 % moindre que l’hydrocortisone orale donc un ajustement de dose est recommandé. Cette
nouvelle formulation améliore le rythme diurne du cortisol mais ne restaure pas le pic de
cortisol au réveil.
3. Le Chronocort® : est une molécule encore à l’étude. Grâce à une libération progressive et
retardée, une prise vespérale de cette nouvelle formulation restaure l’augmentation matinale
du cortisol.
4. Pompes sous-cutanées d’hydrocortisone type pompe à insuline : Encore à l’essai.
N.b. : Un diabète insipide par défaut de production de l'hormone antidiurétique peut être masqué
par l'insuffisance corticotrope qui réduit la filtration glomérulaire. Il se démasque lors de l'instauration
du traitement substitutif par l'hydrocortisone.
- L’insuffisance surrénale d’origine centrale modifie les taux d’androgènes circulants et une
substitution par la DHEA chez la femme avec IAH améliore la vigilance, l’endurance et la qualité des
rapports sexuels.
- Les principaux effets indésirables de la substitution par la DHEA sont les effets androgéniques
incluant l’hirsutisme, la peau séborrhéique, l’acné, l’odeur androgénique de la sueur.
- Prescription, surveillance : 01 à 03 mois après l’instauration d’une substitution par la DHEA (25 mg
le matin), son efficacité peut être évaluée par le dosage plasmatique de DHEA, 24h après la dernière
prise.
- L’efficacité est jugée sur :
l’amélioration des symptômes du déficit androgénique
un taux de DHEA dans la partie médiane de la fourchette normale.
- En l’absence d’efficacité clinique après ajustement de la posologie de DHEA (50 mg/j), la
substitution sera interrompue au bout de 3 à 6 mois.
- En cas d’effets indésirables, la posologie sera réduite de moitié ou le traitement interrompu.
A savoir :
- Lorsque l’insuffisance thyréotrope s’associe à d’autres déficits hypophysaires, une insuffisance
corticotrope doit être détectée et substituée (ce qui ne demande que 24 h !), avant la mise en
route de la compensation du déficit thyréotrope. La thyroxine accélère le métabolisme du cortisol
et augmente ainsi les besoins en glucocorticoïdes ; le non-respect de cette attitude peut
précipiter une crise addissonienne.
- La dose initiale doit être faible (0.025 mg de LT4 /j, voire 0.0125 mg si ischémie cardiaque) et la
vitesse d’ascension posologique prudente (0.025 mg toutes les trois ou quatre semaines) dans les
circonstances suivantes : patient âgé, existence d’antécédents cardiovasculaires, anémie, IAH
ancienne et symptomatique.
- L’ajustement de la dose de thyroxine durant la grossesse est fréquemment nécessaire à partir du
deuxième et troisième trimestre. La grossesse nécessite une augmentation moyenne de la dose de
T4 d’environ 30 %, notamment pour permettre le développement neuropsychologique du fœtus.
- Chez un patient adulte porteur d’une insuffisance gonadotrope acquise après la puberté, le volume
testiculaire n’est souvent que peu réduit et le rétablissement d’une spermatogenèse satisfaisante
ne demande généralement que quelques mois.
- Si la spermatogenèse obtenue est très faible, il sera indispensable de faire appel aux techniques
d’Assistance Médicale à la Procréation.
b. Chez la femme :
Induction de l’ovulation et Grossesse
N.b. La grossesse n’est pas une contre-indication à ce traitement ; la dose de GH devrait être
progressivement abaissée au cours du second trimestre car le placenta produit de la GH en
suffisance.
C. Le traitement étiologique :
- L’identification et le traitement de la cause de l’IAH peuvent permettre la disparition des déficits
hypothalamo-hypophysaires :
Ex : - exérèse d’une tumeur
- corticothérapie d’une infiltration hypothalamique…
IX. CONCLUSION
- La présentation clinique de l’IAH acquise de l’adulte est très variable. Ceci s’explique en
particulier par le caractère partiel ou complet du déficit pituitaire.
- La diversité de ses causes ajoute sa part au caractère protéiforme de la sémiologie de l’IAH, où
sont en plus susceptibles de s’y mêler des signes témoignant d’un retentissement anatomique local
ou de celui de l’altération fonctionnelle des centres hypothalamiques.
- Le diagnostic d’un déficit complet est souvent évident, les concentrations hormonales de
l’hypophyse et de la glande cible étant abaissées.
- Des tests dynamiques sont souvent nécessaires pour détecter les déficits partiels.
- Les causes tumorales et infiltratives représentent les principales étiologies.
- Adjointe au traitement spécifique de la lésion responsable du déficit hypophysaire, lorsque celui-
ci est possible, la prise en charge thérapeutique de l'IAH repose sur une substitution hormonale
personnalisée associée à une surveillance clinique et biologique régulière.