LES PRONOMS DE L Agni 1 COR
LES PRONOMS DE L Agni 1 COR
LES PRONOMS DE L Agni 1 COR
Résumé :
Cette description atteste que les pronoms en agni posent un problème de syntaxe, analysé
sous l’angle modulaire : le liage.
Les catégories vides qui découlent de cette étude sont au nombre de trois.
Ce sont : la trace (celle obtenue par focalisation des constituants) ; le pronom nul pro et le
pronom vide PRO. La trace est une anaphore à longue distance. Elle est liée dans sa catégorie
gouvernante qui est toute la phrase.
PRO et pro sont des pronoms. Ils sont libres dans leur catégorie gouvernante.
Summary:
This description confirms that the pronouns in Agni is a problem of syntax analysis in
modular binding terms.
Empty categories that result from this study are three in number.
These are: the trace ( that obtained by focusing the constituents), the null pronoun pro and
empty pronoun PRO. The trace is an anaphor long distance. It is bound in its governing
category is the entire sentence.
PRO and pro are pronouns. They are free in their governing category.
Sept modules sont contenus dans les Principes et Paramètres, ce sont la théorie X-barre,
la thêta- théorie, la théorie du cas, la théorie du liage, la théorie des barrières ou des bornes
ou encore des frontières, la théorie du contrôle et la théorie de gouvernement. Ce sont donc
ces théories qui constituent les Principes et Paramètres de la Grammaire Générative.
Celle sur laquelle s’appuie notre étude est la théorie du liage.
car eux sont désignés par le terme Anaphore. L’Expression Référentielle, en ce qui la
concerne, désigne tout substantif qui a pour particularité de tirer son référent de la réalité
extralinguistique de l’univers du discours. Les N P qui obéissent au principe A du liage
ont les traits [+ Anaphore, - pronom]. Ceux qui obéissent au principe B du liage ont les
traits [- Anaphore + pronom], et ceux qui obéissent au principe C du liage ont les traits [-
Anaphore - pronom].
Dans la phrase (i) « L’enfant » est argument externe du verbe « mange» et « le pain »
est argument interne. Mais dans la phrase (ii) « L’oiseau » est l’argument externe du verbe
« chante » tandis que « le matin » n’est pas en position Argument car il peut être déplacé
et on aura alors la structure en (iii) ci-dessous :
(iii) Le matin l’oiseau chante.
Ici il s’agit des noms ou groupe nominal (Expression R) ou des pronoms. Les NP
Arguments peuvent être aussi des anaphores qui ne sont rien d’autres que les pronoms
réfléchi ou réciproque .C’est ce qu’atteste la phrase (iv) suivante :
(iv) Le matin, elle se coiffe.
Dans cette phrase « se » est en position Argument et est prit en compte dans la
théorie du liage. Ces NP Arguments que nous venons de présenter sont dits catégories
pleines ou (lexicales)
La théorie du liage tient compte aussi des constituants qui sont dits catégories vides
parce que n’ayant pas de contenu phonique. Cela pour satisfaire le Principe de Projection :
toute information de niveau lexical doit être syntaxiquement représentée et son corollaire
le Principe de projection étendue qui stipule que toute phrase doit avoir un sujet. Ces
catégories vides sont issues de NP déplacés (qui laissent une trace dans leur site
originel), ou engendrées in situ (par application d’hypothèse) ; ce sont les traces (notées
t), le sujet vide PRO et le pronom nul pro.
Il aide kouassi.
(8). mi ni i àwusua nl wà il
Ma /mère/ son/ nerveux/ là / venir +progr /
Le neveu de ma mère est venu.
Mais cette position finale qu’occupe l’Expression Référentielle ne lui enlève en rien
son caractère autonome dans son interprétation. En effet, en (4) , [kwàsi] est interprétable.
Il n’a pas besoin d’antécédent car il tire son référent directement de l’univers du discours.
Les deux NP que nous avons dans cette phrase sont le pronom personnel sujet [ô] et
[kwàsi]. Cela signifie que [kwàsi] devrait être coïncidé à un NP quelconque dans la
phrase, ce sera le pronom. Or, une telle coindexation rendrait la structure agrammaticale et
sémantiquement nulle (cf. (9a) ci-dessous).
b.
Agr
Spec Agr’
Agr Asp P
Asp’
Asp VP
V’
V NP
Ô su buka kwàsi
Nous remarquons que la position Agr ici est occupée par le pronom ô ; mais [ô] n’est
pour autant pas l’antécédent de [kwàsi]. [ô] et [kwàsi ] ne sont pas liés . [ô] reçoit le thêta-rôle
agent du verbe, tandis que [kwàsi] reçoit celui de bénéficiaire du même verbe.
Dans la phrase en (10) suivant, les deux Expressions R, kwàsi et kwàku ne sont pas
coïndicées , elles sont disjointes (cf.les indices i et j).
En clair, pour que[kwàsi] soit antécédent de [kwàku], il faudrait que [kwàku] et [kwàsi]
renvoient à la même personne ; or si c’était le cas on ferait appel à une anaphore comme
l’indique l’énoncé que voici :
Kwàsi i tààdjè
143
Kouassi /habit/
L’habit de kouassi.
GP
N G’
G NP
Kwàsi i tààdjè
Cet arbre montre que [i] est la tête du syntagme donc C-commande et thêta-
Gouverne [tààdjè]. Il lui assigne le rôle sémantique “ thème ”. coïndicer les deux
Expressions Référentielles reviendrait à dire que [ kwàsi] est l’antécédent de [tààdjè]. Cela
rendrait cette structure agrammaticale comme l’indique la phrase ci-dessous :
*Kwàsii i tààdjèi
L’habit de kouassi
(13). è è kô ni
2sg/ progr/ aller/ où/
Tu vas où ?
Dans ces phrases, on constate que la coindexation entre le pronom objet et le pronom
sujet est rejetée. Cela sous-entend que le pronom sujet ne peut être antécédent de l’objet. Dans
ce cas , le sujet et l’objet doivent être disjoints. C’est pourquoi les indices sont différents (Cf.
(19) (20)).
145
(19) ôi ô buka ij
/3sg/prog/aider/3sg obj/
Il l’aide
On voit clairement que dans ces phrases, ni le pronom sujet, ni le pronom objet n’a un
antécédent. Ils sont ici libres. Elargissons donc notre analyse.
(21).*Kwàsii nè bukà ii
Kouassi/prog/aider/3sg obj
Kouassi l’aide.
Contrairement à la coindexation rejetée en (21) et (22) ,celle en (19) et (20) est acceptée car
elle est disjointe :[Kwàsi] et [i] d’une part et [bátumá] et [bè] de l’autre se trouvent dans la
même catégorie gouvernante et ils sont coïndicés, il y à donc violation du principe B du
liage ;d’où le rejet des structures dans lesquelles ils entrent .En (19) et (20) les constituants
coïndicés ne figurent pas dans la même catégorie gouvernante ; il n’y a donc pas de violation
du principe B du liage.
AgrP
NP Agr’
Agr Asp P
ASP VP
V’
V NP
è è buka bè
146
Cet arbre montre syntaxiquement que le gouverneur du pronom est l’Agr, c’est –à-dire le
pronom. Observons que la tête Agr possède le trait [+ nominatif].
En agni, il peut arriver que le pronom personnel ait un antécédent ; seulement il faut que cet
antécédent soit en dehors de sa catégorie gouvernante.
(23)kwasii nè djidjô ; ôi su buka kwàkuj
Kouassi/ prog+parler/3sg/ prog + aider/kouakou
Kouassi parle ; il aide Kouakou.
(26) mô ô ha nl o ti èna wè è
Ce/ 3sg/dire/af/être/vérité/
Ce qu’il a dit est la vérité.
(29)èji mô ti mi djin
Ceci/def+pl/être/1sg/chose
Ceux-ci sont à moi.
[Ejika] et [èjika mon] se placent, quant à eux, tant en début qu’en fin de syntagme. Ces
pronoms démonstratifs, dans ces différentes structures, qu’ils soient en début ou en fin de
syntagme, sont interprétables sans recours à un quelconque antécédent. Cependant, ils ne sont
147
pas des Expressions Référentielles. En effet, ces pronoms peuvent avoir un antécédent, mais
ce dernier ne se trouve pas dans la catégorie gouvernante du pronom.
(31) taadjè jika ô ti wô djè
Habit/ceci/3sg/être/pour/toi/
Cet habit est à toi.
“èjika” permet de désigner “tààdjè”, c’est un déterminant, un déictique. On peut donc préciser
que c’est un démonstratif.
(33) bà fà wô sika
3pl/prendre+acc/2 sg+gen/argent
Ils ont pris ton argent.
(34) jè bà to i toombi
1pl/fut/acheter/ lui/ voiture
Nous allons acheter sa voiture.
Du fait que les indices portés par [ni] et [i] sont les mêmes (cf (36)) ; alors le premier est
l’antécédent du second. Pourtant nous voyons que cet antécédent est loin d’être dans la
Catégorie Gouvernante de [i]. En effet, la Catégorie Gouvernante de [i] est la phrase jè bà to
ii tomobi. Cet antécédent doit se trouver hors de sa Catégorie Gouvernante. Cela signifie que
le pronom génitif de l’agni est libre dans sa Catégorie Gouvernante. Il obéit donc au principe
B du liage.
Il est essentiel de dire que les pronoms personnels, démonstratifs ou génitifs en agni peuvent
avoir un antécédent. Toutefois, cet antécédent doit se trouver en dehors de sa Catégorie
Gouvernante ; sinon la structure est rejetée. Le pronom doit être libre dans sa Catégorie
Gouvernante pour que la structure soit grammaticale. Cela obéit au principe B du liage qui
stipule que « le pronom est libre dans sa Catégorie Gouvernante »
Comme ces phrases nous le montrent clairement, les X portent les mêmes traits de personne
et de nombre que les pronoms sujets de la phrase.
Ainsi , les pronoms réfléchis et réciproques sont :
[miwon]“moi-même”,[èwon] “ toi-même” ,[jèwon]“elle-même” “lui-même”,[jèwon] “nous-
mêmes”,[bè won] “vous-mêmes”.
Quel que soit le verbe avec lequel nous aurions remplacé le verbe “aimer” la phrase reste
grammaticalement acceptable.
Exemples:
Soit la phrase suivante. Cette phrase n’est pas acceptable , elle n’est pas sémantiquement
correcte. Le sujet et l’anaphore n’ont pas le même trait de nombre et de personne :
AgrP
NP Agr’
Agr ASPP
ASP’
ASP VP
V NP
AgrP
NP Agr’
Agr ASPP
ASP’
ASP VP
V NP
D’après cet arbre, le sujet [mι] est aussi gouverneur du NP[mι won].Alors ,cette anaphore est
liée dans sa catégorie gouvernante. Cela se conforme au principe A du liage qui stipule que
l’anaphore est liée dans sa catégorie gouvernante.
complémenteur. Ce constituant ainsi obtenu est un syntagme complétif que nous désignation
par CP :
(51) –o wu ni nzu
Sg/voir/Acc/quoi
Il a vu quoi ?
(53) ô ko ni
3sg /aller /où
Il va où ?
(55) ô ka wa djulè
3sg/parler/qui/affaire
Il parle de qui ?
Dans ce déplacement, le NP laisse une trace sur son site originel comme on peut le remarquer
dans les structures (52), (54) et (56).
Le déplacement du mot-Wh fait apparaître un complémenteur qui ne peut être omis.
L’omission de ce complémenteur [jiè] rend la phrase agrammaticale (cf.(57)) :
(57)* ni ô kô ô [t]
Ou/3sg/aller/acc
Où est-ce qu’il va ?
Dans cette phrase, malgré le déplacement, du NP [ni] et la trace qui est marquée, le
complémenteur est absent. Ce qui fait que la phrase n’est pas interprétable, elle n’est pas
sémantiquement et grammaticalement acceptée. Ce constituant [jiè] (complémenteur) nous
fait reconnaître ici des phrases qu’on pourrait qualifier de clivées : résultat d’une focalisation.
On peut donc dire que [jiè] est l’identificateur mais en même temps, c’est un complémenteur
qui rend légitime le déplacement et relie le NP au reste de la phrase. Ce NP déplacé est le
mot-Wh. Sur son site originel, il était l’argument interne du verbe de la phrase. Mais après le
déplacement, il n’est plus en position argument. Par exemple ,dans la phrase (54) : [ô] est
l’argument externe du verbe [kô] et la trace [t] reçoit donc le cas nominatif de lui-même et
[t] reçoit le cas accusatif du verbe ; [ni] ne reçoit aucun cas puisse qu’il n’est pas en position
argument. Pourtant, la coindexation de la trace avec son antécédent (le mot-Wh) n’est pas
refusée. C’est ce qu’affirme BOGNY (2005) lorsqu’il dit : « In kwa languages, the focalised
constutuent is placed in [spec, comp]. It moves to this position . When it is a Complement, we
notice that it leaves a trace(in its previous position) with which it is coindexed». Cela pourrait
se traduire par ce qui suit : « Dans les langues kwa, le constituant focalisé est placé en [Spec,
Comp] .Il quitte cette position. Quand c’est un complément, nous notons qu’il laisse une trace
(dans sa position précédente) avec laquelle il est coïndicé »1.
La trace du constituant déplacé doit être proprement gouvernée par son antécédent (le
constituant déplacé) elle est alors liée à longue distance.
C’est une anaphore dont la catégorie gouvernante s’étend à toute la phrase.
3sg /attraper+Acc/poisson/3sg/braiser+Acc/3sg/manger+Acc/atoukpou
Il a attrapé du poisson, il l’a braisé, et l’a mangé avec de l’atoukpou.
Cependant quand le sujet est un nominal (cf.(58) et (59)), il ne se réalise qu’une seule fois
(devant le premier verbe). Là où le pronom n’est pas réalisé dans les deux premières
structures on postule l’existence d’un pronom nul (Bogny, 2008).
Notons ici que [èdjùman lilè] qui signifie « le fait de travailler » est pris comme un verbe à
l’infinitif et pour sujet réel « papa » comme [kùlo] « aimer ». Mais du fait que [édjùmanlilè]
n’est pas conjugué, nous postulons un sujet vide comme son sujet syntaxique. Ce sujet vide n
sujet apparent qui est [PRO] y est lié dans sa catégorie gouvernante.
Exemple :
(63) bàtuman si djidjô
Enfant/savoir/parler
L’enfant sait parler
Ici nous croyons que [PRO] est lié dans sa catégorie gouvernante. Nous pouvons aussi
avoir des [PRO] qui se comportent à la fois comme des anaphores et comme des pronoms,
c’est-à-dire qu’ils peuvent être liés ou libres.
1
Bogny, Yapo J. ,2005a,“kwa disllbic Verbs :An approach though Focus
CONCLUSION
Nous venons d’étudier l’effectivité du liage en agni. Cette théorie énoncée par le
linguiste générativiste Noam Chomsky a été la base de notre description. Toutefois, l’objet de
notre étude n’est pas d’adapter le comportement des pronoms de cette langue à la théorie.
Nous nous sommes plutôt fixé pour objectif de chercher à comprendre le fonctionnement des
NP arguments dans les structures phrastiques. Le but d’une analyse linguistique qui est avant
tout scientifique est de laisser parler la langue pour comprendre son fonctionnement ; nous
pensons avoir procédé ainsi. Dans les résultats obtenus, il faut noter deux types de catégories
nominales : les catégories lexicales et les catégories vides. Au titre des catégories lexicales,
nous avons les Expressions Référentielles, les pronoms et les anaphores phonétiquement
réalisés.
En agni les Expressions Référentielles tirent leur référence de l’univers du discours. Elles
n’ont donc pas recours à un quelconque antécédent pour être interprétables dans une phrase.
Leur fonctionnement obéit donc au principe C du liage qui stipule que : « Une Expression
Référentielle est libre ». Il faut souligner qu’au nombre de ces Expressions Référentielles
nous avons les noms ou groupes nominaux et les mots interrogatifs. Ces deux types de NP
arguments ont les traits [- Pronom, - Anaphore] du fait de leur fonctionnement, c’est –à-dire
qu’ils ne sont ni anaphores ni pronoms.
Pour ce qui est des pronoms, nous en retenons trois types qui sont : les pronoms personnels,
les pronoms démonstratifs, les pronoms génitifs.
Les anaphores quant à elles sont sémantiquement essentielles en agni, on peut les formuler
comme suit : X + corps. X est le pronom génitif qui porte les traits de personne et de nombre.
L’interprétation de cette anaphore dépend obligatoirement d’un antécédent qui doit se trouver
dans sa catégorie gouvernante comme le déclare le principe A du liage. Les traits de
l’anaphore sont [- pronom, + anaphore].
BIBLIOGRAPHIE
_______________________(, 2005) " La série verbale dans les langues kwa de Côte
d’Ivoire : Typologie et contraintes" in studies in the
languages of the volta basin 2, linguistic,
department, university of Ghana , Legon, PP75-93.