Adjectif

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 47

Recherches linguistiques de Vincennes

34 | 2005
L' adjectif

Les adjectifs – Une introduction


Ora Matushansky

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/rlv/1359
DOI : 10.4000/rlv.1359
ISSN : 1958-9239

Éditeur
Presses universitaires de Vincennes

Édition imprimée
Date de publication : 1 décembre 2005
Pagination : 9-54
ISBN : 2-84292-176-3
ISSN : 0986-6124

Référence électronique
Ora Matushansky, « Les adjectifs – Une introduction », Recherches linguistiques de Vincennes [En ligne],
34 | 2005, mis en ligne le 22 décembre 2006, consulté le 30 avril 2019. URL : http://
journals.openedition.org/rlv/1359 ; DOI : 10.4000/rlv.1359

© Presses universitaires de Vincennes


Recherches linguistiques de Vincennes 34 – 2005 — p. 9-54

Ora MATUSHANSKY
CNRS/Université Paris-8

LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION

RÉSUMÉ
Cet article représente une brève introduction au domaine des adjectifs, leur
syntaxe, sémantique et morphologie, ainsi qu’à la typologie des adjectifs. Il
discute quelques-uns des thèmes les plus souvent abordés de ce domaine, tels
que l’emploi épithète et l’emploi prédicatif des adjectifs ; la sémantique et la
syntaxe de la dépendance contextuelle y compris la scalarité ; la structure
argumentale des adjectifs ; la syntaxe du syntagme adjectival et son
comportement à l’intérieur et à l’extérieur du syntagme nominal ; l’existence
d’une classe des adjectifs, distincte des noms et des verbes, et les propriétés
des adjectifs à travers les langues ; et les questions de la morphologie
adjectivale (l’accord, les affixes dérivationnels, etc.).

MOTS CLÉS
Adjectifs, scalarité, intersectif, modification, prédication, accord.
10 ORA MATUSHANSKY

1. Introduction
Les adjectifs et leurs propriétés représentent un vaste domaine de
recherche, en syntaxe comme en sémantique. Les limitations d’espace posent
des restrictions considérables sur ce qui pourra être dit dans cette introduction
et il sera sans doute difficile de rendre justice à toutes les études et les
investigations qui existent dans ce domaine.
Je me propose ici de simplement énumérer et présenter brièvement les
thèmes principaux de la recherche sur les adjectifs. Je commencerai par la
question de savoir lequel des emplois de l’adjectif, l’épithète ou le prédicat,
doit être considéré comme basique et lequel comme dérivé (section 2). Je
continuerai par une discussion de la dépendance contextuelle des adjectifs en
ce qui concerne la position argumentale de degré (section 3) et des divers
types d’intensionnalité (section 4). La section 5 passe en revue les principaux
problèmes posés par la syntaxe adjectivale, en tant que prédicat ainsi qu’en
tant qu’épithète. La section 6 discute l’existence et le comportement des
adjectifs à travers des langues, et la section 7 porte sur leur morphologie. La
section 8 résume cette introduction.

2. Les adjectifs épithetes vs prédicatifs


Une grande partie (sinon la majorité) des adjectifs peuvent apparaître
aussi bien dans la position d’épithète que dans la position prédicative 1 :
(1) a. Un petit chat a traversé la rue. épithète
b. Ce chat est petit. prédicat

Dans beaucoup de langues (français, anglais, etc.) les adjectifs


prennent la même forme dans la position de prédicat que dans la position
d’épithète. Dans d’autres (allemand, etc.) les deux formes sont différentes
bien que morphologiquement reliées. La question principale qui se pose au
sujet de ces deux emplois des adjectifs est celle de la connexion entre les
deux, en syntaxe comme en sémantique. La possibilité la plus étudiée est de
prendre un emploi comme basique et de dériver l’autre de celui-ci. La
question se pose alors de savoir lequel des deux est l’emploi basique.
Dans ce qui suit nous étudions les deux approches asymétriques afin
de montrer qu’aucune des deux directions possibles de dérivation (épithète →
prédicat ou prédicat → épithète) ne prédit correctement les faits.
D’un côté, dans les langues avec une classe ouverte d’adjectifs,
comme l’anglais ou le français, il existe des adjectifs qui sont seulement
prédicatifs [comme par exemple les adjectifs anglais en a- (aloof, asleep,
awake…), qui seront discutés dans la section 5.3.1, ainsi que les adjectifs
comme prêt et responsable (Baker, 2003)] 2, et des adjectifs qui ne sont
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 11

qu’épithètes (par exemple, les adjectifs non intersectifs qui seront discutés
dans la section suivante ou les adjectifs relationnels tels que nucléaire). On
comprend facilement que les adjectifs qui sont seulement prédicatifs ne sont
pas prédits par l’approche prenant la modification comme l’emploi basique
des adjectifs, tandis que les adjectifs qui sont seulement épithètes sont
inattendus dans l’approche prenant la prédication comme l’emploi de base.
D’un autre côté, les lacunes asymétriques à l’intérieur d’une langue
sont répliquées par l’absence sélective attestée de chacune des deux classes à
travers les langues : il existe des langues qui ont seulement des adjectifs
prédicatifs, comme par exemple la langue slave du groupe linguistique
Athapascan (aussi connue comme déné) décrite par Rice (1989) et Baker
(2003), et en même temps il existe des langues qui ont seulement des adjectifs
épithètes, telles que certaines langues kru comme le vata et le gbadi
(Koopman, 1984 ; Baker, 2003).
Mais même ces problèmes empiriques mis à part, les deux approches
asymétriques se trouvent face à des problèmes théoriques.

2.1. Modification
L’idée de base de l’approche modificationelle à la sémantique des
adjectifs est que les adjectifs sont épithètes par défaut, et que l’emploi comme
prédicat est dérivé. La mise en œuvre sémantique de cette idée présuppose
que les adjectifs dénotent les fonctions des propriétés aux propriétés
(Montague, 1970 ; Clark, 1970 ; Kamp, 1975 ; Parsons, 1970, etc.). Ceci est
une façon simple d’exprimer l’intuition que le sens des adjectifs correspond à
des propriétés des objets, tandis que les noms et les verbes désignent plutôt
les objets et les événements :
(2) åsémanticien formelÁ = åformelÁ (åsémanticienÁ)
Afin d’évaluer cette théorie, nous considérerons la façon dont elle rend
compte des divers types d’adjectifs.

2.1.1. Les adjectifs intersectifs


La propriété définitoire des adjectifs intersectifs (rouge, parisien…)
est exprimée facilement en termes d’ensembles. Si rouge dénote un ensemble
d’individus (qui possèdent la propriété de refléter les vagues électro-
magnétiques de longueur entre 650 et 750 nanomètres) et planète dénote un
autre ensemble d’individus, alors le NP planète rouge dénote l’intersection de
ces deux ensembles :
(3) åplanète rougeÁ = åplanèteÁ ∩ årougeÁ
12 ORA MATUSHANSKY

(3) exprime la propriété d’être intersectif en termes d’ensembles. Or


dans une théorie dans laquelle les adjectifs ont un type sémantique de
modificateurs (simplifié comme 〈〈e, t〉, 〈e, t〉〉), la propriété d’intersectivité ne
peut être formulée en ces termes. Dans ce type d’approche, l’intersectivité est
captée par un postulat de signification comme (4), que devra vérifier tout
adjectif A de la classe de rouge (Kamp & Partee, 1995 ; Partee, 1995) :
(4) ∃P∀Q∀x åAÁ (Q)(x) ⇔ P(x) & Q(x)
Le rapport entre l’interprétation comme prédicat et l’interprétation
comme épithète d’un adjectif A est alors transparent : le sens prédicatif d’A est
P. Ce postulat de signification établit donc un lien direct entre l’emploi
comme épithète et l’emploi comme prédicat des adjectifs intersectifs [voir
Cornilescu (2004) pour une réalisation syntaxique de cette approche].

2.1.2. Les adjectifs non intersectifs


Il ressort de la discussion précédente que, lorsqu’un adjectif intersectif
est utilisé comme modificateur, deux inférences sont possibles, l’une
concernant l’adjectif, l’autre le nom (5a). Les exemples (5b-d) montrent
cependant que tel n’est pas le cas avec tous les adjectifs : avec les adjectifs
dits non intersectifs, aucune interférence n’est possible entre l’emploi comme
épithète et l’emploi comme prédicat :
(5) a. Camille est une linguiste suisse. intersectif
⇒ Camille est suisse.
⇒ Camille est une linguiste.
b. Camille est une bonne linguiste. subsectif
⇒ Camille est bonne.
⇒ Camille est une linguiste.
c. Camille est une future maman. non subsectif simple
⇒* Camille est future.
⇒ Camille est une maman.
d. Ceci est un faux diamant. non subsectif privatif
⇒ Ceci est faux.
⇒ Ceci est un diamant.

Les adjectifs subsectifs (petit, fantastique, pulmonaire, etc.) sont les


plus proches dans leur interprétation des adjectifs intersectifs : ils sélec-
tionnent un sous-ensemble de la dénotation du nom, ce que les adjectifs non
subsectifs ne font pas (mais voir section 4). Cependant, il y a une différence
importante entre les adjectifs non subsectifs simples (futur) et les adjectifs
non subsectifs privatifs (faux) : tandis que la future maman ne dénote pas
nécessairement un individu qui est membre de l’ensemble des mamans (i.e.
du fait que Camille est une future maman on ne peut tirer aucune conclusion
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 13

sur son statut en tant que maman), un faux diamant ne peut pas être un
diamant. Cette différence des implications est reflétée dans les postulats de
signification ci-dessous :
(6) a. ∀Q ∀x åAÁ (Q)(x) →Q(x) subsectif
b. ∀Q ∀x åAÁ (Q)(x) →¬ Q(x) privatif

Dans le cadre de la théorie proposée ci-dessus ce sont donc les


adjectifs non subsectifs simples qui ne requièrent aucun postulat de
signification. Ceci prédit que ce type d’adjectifs doit être le moins marqué et
donc le plus répandu dans les langues du monde, ce qui n’est pas du tout vrai :
les langues où les adjectifs forment une classe fermée (Givón, 1970 ; Dixon,
1977, 2004, parmi d’autres) n’ont pas d’adjectifs non subsectifs simples.
En fait, les types d’adjectifs les plus susceptibles d’apparaître dans les
langues où les adjectifs forment une petite classe fermée sont les adjectifs
appartenant aux quatre catégories principales (Dixon, 2004) avec les sens de
DIMENSION (petit, grand, court…), ÂGE (jeune, nouveau, vieux…), VALEUR
(bon, mauvais, parfait…) ou COULEUR (rouge, blanc, noir…). Ces catégories
contiennent aussi bien des adjectifs intersectifs (rouge) que des adjectifs
subsectifs (bon). Ceci vaut aussi pour les trois classes supplémentaires
d’adjectifs qui apparaissent dans les langues avec les classes fermées
d’adjectifs d’une taille grande ou moyenne (Dixon, 2004) : PROPRIÉTÉ
PHYSIQUE (lourd, lisse…), PROPENSION HUMAINE (jaloux, heureux…) et VITESSE
(rapide, lent…). Toutes les autres classes adjectivales mentionnées par Dixon
(par exemple DIFFICULTÉ, SIMILARITÉ et en particulier QUALIFICATION à laquelle
appartiennent les adjectifs non subsectifs simples) sont associées aux langues
avec des classes adjectivales larges et ouvertes. Ces observations typolo-
giques suggèrent que les adjectifs non subsectifs simples ne sont pas le cas par
défaut parmi les adjectifs.
Une généralisation au pire cas résulte en ce que les phénomènes les
plus courants ne sont plus des cas par défaut. Néanmoins, dans la section
suivante je montrerai que l’approche inverse, qui prend l’emploi prédicatif
des adjectifs comme basique, a elle aussi des problèmes.

2.2. Prédicat
Les analyses qui prennent l’emploi comme prédicat comme emploi
basique de l’adjectif s’inscrivent dans un cadre plus général qui vise à
représenter les dénotations de toutes les classes majeures de mots par des
ensembles (du point de vue extensionnel), et donc par le type sémantique 〈e, t〉
[mais voir Szabó (2001) pour une alternative tenant compte de la dépendance
contextuelle des adjectifs]. Une des conséquences immédiates de cette
intuition est que l’emploi de base des adjectifs est celui de prédicat.
14 ORA MATUSHANSKY

Une mise en œuvre syntaxique de cette approche a été proposée en


syntaxe transformationnelle par Smith (1964), Jacobs & Rosenbaum (1968),
Burt (1971), entre autres. D’après cette analyse, les adjectifs épithètes de
l’anglais sont dérivés des propositions relatives correspondantes par
l’opération phonologique qui effacerait le pronom relatif et la copule (« WHIZ-
deletion »). Bolinger (1967) et Levi (1978) donnent deux arguments qui
montrent que cette analyse ne peut pas être correcte : (i) l’interprétation des
adjectifs épithètes n’est pas nécessairement intersective, tandis que
l’interprétation des propositions relatives correspondantes l’est toujours,
comme le montre le contraste en (7), et (ii) l’interprétation temporelle d’un
adjectif prédicatif est nécessairement la même que celle du nom qu’il modifie,
ce qui n’est pas vrai pour les relatives, comme illustré en (8) (cf. Enç, 1986 ;
voir aussi Lecarme, 1996, 1999 et Yamakido, 2000) :
(7) a. une vieille amie ambigu
b. une amie qui est vieille non-ambigu

(8) a. un bel enfant = un individu qui est un enfant au temps t1 et beau au temps t1
b. un enfant qui est beau = un individu qui est un enfant au temps t1 et beau
au temps t2, où t2 = tMAINTENANT

Le deuxième problème majeur de l’approche dérivant les adjectifs


épithètes des adjectifs prédicatifs est l’existence d’adjectifs qui ne peuvent
pas être employés en tant que prédicats (Siegel, 1976a, b). Imaginons qu’il
existe un mécanisme dérivant l’adjectif épithète bleu de son correspondant
prédicatif, soit un équivalent de « WHIZ-deletion » en syntaxe, soit un change-
ment de type en sémantique. Comment ce système va-t-il rendre compte des
adjectifs non intersectifs exemplifiés en (5) ? Évidemment, ces adjectifs ne
peuvent pas être dérivés de leurs équivalents prédicatifs puisqu’il n’en ont
pas ! Le même problème se pose pour les adjectifs qui sont peut-être
intersectifs, mais qui n’ont pas d’emploi prédicatif, tels que principal, majeur,
les adjectifs relationnels tels que nucléaire, tous les adjectifs expressifs tels
que bête (voir Potts, 2003), et les adjectifs de mesure discutés par
Schwarzschild (2002). Enfin, l’existence de langues où les adjectifs
n’apparaissent que dans la position d’épithète, telles que certaines langues kru
comme le vata et le gbadi (Koopman, 1984 ; Baker, 2003) milite aussi contre
la dérivation des adjectifs épithètes par « WHIZ-deletion », ou son équivalent
sémantique.
Nous pouvons donc conclure que l’existence d’adjectifs qui ne
peuvent pas fonctionner comme prédicats représente un obstacle insurmon-
table à la dérivation des adjectifs épithètes d’adjectifs prédicatifs.
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 15

2.3. Les types sémantiques multiples


À partir de Siegel (1976a, b) il a été admis que les adjectifs peuvent
avoir divers types sémantiques, y compris le type prédicatif 〈e, t〉. Sur la base
de la distinction entre les adjectifs courts et longs en russe, Siegel (1976a, b)
propose que les adjectifs prédicatifs (courts) et les adjectifs épithètes (longs)
forment deux classes syntaxiquement distinctes (voir aussi Babby, 1973,
1975 ; Bailyn, 1994 ; Pereltsvaig, 2001). Cette approche se traduit en termes
sémantiques soit par une règle de changement de type (les adjectifs du type
〈e, t〉 peuvent être librement changés vers le type 〈〈e, t〉, 〈e, t〉〉) soit par un
postulat de signification [un nœud composé de deux prédicats est interprété
comme la conjonction des deux, comme dans Higginbotham (1985) et Heim
& Kratzer (1998)]. La modification est définie dans cette approche comme
une combinaison des deux nœuds dans laquelle le type du résultat est le même
que celui d’un des deux nœuds composants, permettant ainsi aux adjectifs non
intersectifs de garder leurs types plus complexes sans perdre l’intuition que la
modification est définie en termes sémantiques. L’inconvénient de ce type
d’approche est que le processus de transition entre les deux comportements
des adjectifs intersectifs reste à définir, donc la question de l’emploi primaire
et de l’emploi secondaire de l’adjectif ne peut pas être évitée. Une alternative
est de proposer un NP nul dans les emplois prédicatifs des adjectifs non inter-
sectifs (Siegel, 1976a, b) ; Carlson (1977 : 106) note aussi que les adjectifs
non intersectifs se comportent comme des noms en ce qu’ils sont interprétés
obligatoirement comme individual-level.

3. Scalarité
Des adjectifs tels que grand ou petit introduisent une complication
supplémentaire. En effet, ces adjectifs semblent être non intersectifs, donc pas
du type sémantique du prédicat 〈e, t〉, or ils peuvent apparaître dans les
positions prédicatives, où aucun autre type n’est attendu :
(9) Le monarque est un grand papillon. ⇒ Le monarque est grand.

Kamp (1975) démontre que ces adjectifs sont en réalité intersectifs,


mais que cette propriété est masquée par le fait qu’ils sont vagues, c’est-à-dire
que leur interprétation dépend du contexte. Ce type d’adjectifs est connu sous
le nom d’adjectifs scalaires (scalar, gradable) 3.

3.1. Imprécision ou degrés ?


Il existe deux approches possibles de la sémantique de la dépendance
contextuelle des prédicats scalaires : l’imprécision, ou l’introduction d’un
nouveau type d’argument : l’argument de degré. En fonction de l’approche,
16 ORA MATUSHANSKY

les adjectifs scalaires peuvent être considérés comme possédant ou non leur
propre type sémantique.
Dans l’approche dite « imprécise » (Kamp, 1975 ; Klein, 1980, 1982 ;
Larson, 1988, entre autres] les adjectifs scalaires ont le type sémantique des
prédicats. Ce qui les distingue d’autres adjectifs, c’est le fait que le domaine
des adjectifs scalaires (c’est-à-dire les entités auxquelles ils s’appliquent) est
partiellement ordonné par une propriété graduelle. Un adjectif « imprécis » A
divise son domaine en trois partitions : l’extension positive (qui contient les
entités au dessus d’un certain point dans la séquence), l’extension négative
(qui contient les entités en dessous d’un certain point dans la séquence) et la
lacune. Si l’entité x se trouve dans l’extension positive, A(x) est égal à 1, si
elle se trouve dans l’extension négative, A(x) est 0, et finalement pour les
entités dans la lacune A(x) n’est pas défini. L’explication de l’imprécision
d’adjectifs scalaires est que dans chaque contexte, un sous-ensemble
particulier du domaine [la classe de comparaison de Siegel (1976a), Klein
(1980, 1982), Bierwisch (1989) et Kennedy (1997) entre autres] est
sélectionné, ce qui résulte en une partition différente. Le syntagme nominal
modifié peut indiquer la classe de comparaison, ou une spécification explicite
peut se faire par un syntagme prépositionnel en pour 4 :
(10) a. Le monarque est un grand papillon.
b. Le monarque est grand pour un papillon.

Dans l’approche alternative (Seuren, 1973 ; Cresswell, 1976 ; Hellan,


1981 ; von Stechow, 1984 ; Heim, 1985, 1994, 1999 ; Moltmann, 1992a, 1993 ;
Izvorski, 1995 ; Kennedy, 1997 ; Bhatt & Pancheva, 2004, etc.), un nouveau
type basique, les degrés, est introduit dans l’ontologie. Les adjectifs scalaires
sont ainsi des expressions relationnelles du type sémantique 〈d, 〈e, t〉〉. Une
phrase de forme x est A est vraie si la projection de x sur l’échelle associée à
l’adjectif A est au moins aussi grande que la « valeur normative » pour la
classe de comparaison pertinente.
L’introduction d’un nouveau type sémantique doit être justifiée.
Kennedy (1997) montre que les analyses basées sur la partition du domaine
ne suffisent pas pour expliquer la totalité des phénomènes associés avec le
degré. Par exemple, la comparaison directe entre les adjectifs qui sont les
antonymes l’un de l’autre (comme petit et grand) a pour résultat l’anomalie
inter-polaire (cross-polar anomaly) discutée aussi par Bierwisch (1989), que
les analyses basées sur les fonctions partielles à partition ne peuvent pas
expliquer sans stipulations :
(11) Alice est plus petite que Carmen est grande.
??

La comparaison de déviation, la compatibilité des adjectifs positifs


(grand), mais pas négatifs (petit), avec les syntagmes de mesure (measure
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 17

phrases, voir la section suivante) et l’incommensurabilité nécessitent elles


aussi les degrés pour être expliquées.
Une fois que les degrés sont introduits dans l’ontologie, la question se
pose de savoir quel type d’objets ils sont. Par l’analogie avec les arguments
temporels, une partie des auteurs les analysent comme des points sur une
échelle (von Stechow, 1984 ; Heim, 1985, 1994, 1999, etc.), tandis que les
autres (Seuren, 1973 ; Bierwisch, 1989 ; Kennedy, 1997, et d’une façon
différente, Schwarzschild, 2002 ; Schwarzschild, ce volume) les considèrent
comme des intervalles. Finalement, la troisième approche consiste à appliquer
la sémantique des espaces de vecteurs (vector space semantics) de Zwarts
(1997), Zwarts & Winter (2000) aux adjectifs scalaires (Winter, à paraître ;
Faller, 1998, 2000).

3.2. La saturation de l’argument de degré : les syntagmes de mesure


Parmi les arguments les plus forts en faveur de l’hypothèse que les
adjectifs scalaires possèdent une position argumentale de degré figure le fait
que dans beaucoup de langues, y compris l’anglais et le français, cette
position peut être saturée dans la syntaxe explicite [Givón, 1970 ; Kennedy,
1997, parmi d’autres – mais voir Murphy (1997) et Schwarzschild (ce
volume) pour des arguments contre cette approche].
(12) a. Mount Everest is more than 8 kilometers tall.
b. Cette plage est longue de 3 kilomètres.

Le comportement syntaxique des syntagmes de mesure à l’intérieur


des AP est différent de celui des arguments thématiques de l’adjectif, mais
similaire à celui des arguments de mesure des verbes de mesure (peser,
mesurer) :
(13) a. The spaceship weighs several thousand tons.
b. Le satellite pèse mille tonnes.

Les arguments de mesure ne peuvent ni être déplacés [ni par


topicalisation, ni par scrambling, ni (pour les verbes) par passivisation] ni
pronominalisés. Schwarzschild (ce volume) propose que le syntagme de
mesure ne correspond pas à l’argument de degré d’un adjectif scalaire mais
qu’il fonctionne plutôt comme un modificateur. La question se pose de savoir
si cette analyse peut être étendue aux arguments de mesure des verbes de
mesure.

3.3. Quantification sur l’argument de degré


La plupart des travaux sur les comparatifs (Hellan, 1981 ; von
Stechow, 1984 ; Seuren, 1973 ; Heim, 1985, etc. ; voir von Stechow, 1984 pour
18 ORA MATUSHANSKY

un résumé) se concentrait plutôt sur les langues indo-européennes [voir


Stassen (1985) pour une étude de la réalisation syntaxique des comparatifs à
travers des langues], caractérisées par la présence d’un morphème comparatif
(-er, più ‘moins’, plus…) 5. La majorité sinon la totalité des approches
s’accordent pour analyser les morphèmes comparatifs essentiellement comme
des éléments quantificationnels exprimant une relation entre deux ensembles
de degrés : l’ensemble dérivé par abstraction sur l’argument de degré du
prédicat et le standard de comparaison. Heim (1985) utilise l’opérateur de
maximalité à cet effet 6,7 :
(14) Proxima Centauri est plus proche de la Terre que Vega (ne l’est).
= max {d : Proxima Centauri est d-proche de la Terre} > max {d : Vega est d-
proche de la Terre}

La confirmation de l’hypothèse selon laquelle les têtes fonctionnelles


du degré se comportent comme des quantificateurs vient de la quantification
modale avec trop, si/tel/autant… que… et assez (Meier, 2001, 2003).
L’idée que les comparatifs invoquent l’abstraction sur les degrés
s’intègre naturellement aux analyses syntaxiques des comparatifs en termes
de mouvement, contre l’hypothèse de Bresnan (1973, 1975) et en accord avec
celles de Sag (1976), Chomsky (1977), Heim (1985), Lechner (1998, 2001),
Kennedy & Merchant (2000), et Bhatt & Pancheva (2004), parmi d’autres.
Dans ces dernières approches, le quantificateur de degré se déplace en syntaxe
vers une position plus haute que celle du sujet :
(15) 〈t〉 = Tom Pouce est plus grand que Poucette

〈d, t〉 DegP

λd ∈ Dd IP Deg 0
CP

Tom Pouce I′ plus [max {λd′ ∈ Dd. Poucette est d′-grande}]

I
0

est AP

td A′

A0

grand

L’hypothèse schématisée en (15) permet de rendre compte de l’am-


biguïté de l’ellipse du verbe en (16) (voir Sag, 1976 ; Kennedy, 1997 ; Heim,
2000 ; Bhatt & Pancheva, 2004, etc.), ainsi que de la possibilité de
l’effacement d’un élément contenu dans l’antécédent en (17) (Antecedent-
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 19

Contained Deletion, ou ACD) discutée par Carlson (1977) et Bhatt &


Pancheva (2004) :
(16) Mary’s father wanted her to work harder than her boss did. Sag (1976)

(17) a. *Alice planted trees that Betsy did (n’t).


b. Alice planted bigger trees that Betsy did.

Comme dans d’autres cas d’ACD, le DP objet se déplace au niveau de


la phrase (IP) afin que l’opérateur de degré puisse y prendre portée.
Matushansky (2002a) suggère également que la première étape du QR de
degré est visible dans les cas d’inversion de degré, sans ou avec hamelinage
(pied-piping) de l’AP (voir aussi Delsing, 1993 ; Zwicky, 1995a, etc.) :
(18) a. such an interesting fact
tel un intéressant fait
un fait si intéressant
b. more/ so interesting a fact
plus/ si intéressant un fait
un fait plus/si intéressant

La plupart des théories de la syntaxe et la sémantique des comparatifs


peuvent être étendues aux superlatifs (Heim, 1994, 1999 ; Stateva, 2000) et
aux équatifs (Kennedy, 1997 ; Bhatt & Pancheva, 2004, etc.). Tandis que la
plupart des travaux assument d’une façon implicite que l’interprétation des
superlatifs et des équatifs est basée aussi sur le mouvement de l’opérateur du
degré et l’abstraction de la variable, plusieurs chercheurs (Ross, 1964 ;
Szabolcsi, 1986 ; Farkas & É. Kiss, 2000 ; Sharvit & Stateva, 2002 ; Stateva,
2002, 2003, 2005 ; Matushansky, 2005, etc.) suggèrent que les superlatifs
doivent être interprétés à l’intérieur du DP et donc que l’opérateur superlatif
ne se déplace pas.

3.4. La syntaxe de DegP


Deux structures ont été associées à la quantification de degré dans la
syntaxe chomskyenne : DegP peut occuper [Spec, AP] ou Deg0 peut prendre
AP comme complément :
(19) a. AP b. DegP

DegP Deg’ que CP/de DP

Deg’ A Deg0 AP

Deg0 que CP/de DP A0 PP plus A0 PP

plus contente de ses enfants contente de ses enfants


20 ORA MATUSHANSKY

3.4.1. DegP est en [Spec, AP]


La structure (19a) reste la structure préférée pour la sémantique. Elle a
été initialement adoptée (Bowers, 1975 ; Jackendoff, 1977, etc.) en parallèle
avec le syntagme nominal, à une époque où on pensait que le déterminant se
trouvait dans [Spec, NP]). Parmi les arguments en faveur de (19a) (voir Bhatt
& Pancheva, 2004, pour un résumé les plus convaincants sont ceux qui
concernent le statut de la phrase de degré (un CP introduit par than/que) et du
syntagme de degré (than/de DP). Comme du point de vue sémantique la
phrase de degré doit être analysée comme un argument du morphème
comparatif, elle doit former un constituant avec ce morphème. Cette intuition
aurait pu être réalisée dans les deux structures en (19) si la sélection n’était
pas impliquée.
En anglais, ainsi que dans beaucoup d’autres langues, le choix du
quantificateur de degré détermine le choix du complémenteur dans la phrase
de degré (more nécessite than, as nécessite as, etc.). Cette sélection lexicale
(l-selection) ne se passe qu’entre une tête et son complément – une configu-
ration que l’on n’a qu’en (19a), puisqu’en (19b), la phrase de degré se trouve
dans le Spec de la tête remplie par le quantificateur de degré.
Le fait que le quantificateur de degré peut avoir un deuxième argument
confirme la préférence pour la structure en (19a). La structure en (19b) n’a pas
de positions dans DegP pour les syntagmes de mesure différentiels (2m plus
haut) et multiplicationnels (2 fois plus haut), qui se comportent aussi comme
les arguments du quantificateur de degré (mais voir l’article de Schwarzschild
dans ce volume). La conclusion doit donc être que la structure de (19a) est
indispensable pour réaliser les deux arguments de Deg0.
Il faut aussi noter le fait que le déplacement invisible du quantificateur
de degré (QR) ne se comporte pas comme le mouvement de têtes en ce qu’il
peut croiser un CP. La façon dont les opérateurs de degré what et such en
anglais se déplacent indépendamment de l’AP (voir Bolinger, 1972 ;
Matushansky, 2002a) milite aussi en faveur de (19a), étant donné que ce
mouvement ne se comporte pas comme un mouvement de têtes.

3.4.2. AP est en [Comp, DegP]


La structure en (19b) a été proposée et justifiée par Abney (1987),
Bowers (1987) et Corver (1990, 1991, 1997), parmi d’autres. La motivation
principale pour cette structure est le parallélisme avec le NP, où le DegP est le
niveau correspondant au DP, dans une analyse plus récente. Plusieurs
arguments empiriques ont été avancés. Corver (1990, 1991, 1997) suggère
que (19b) donne une origine simple aux comparatifs synthétiques, qui sont
dérivés par le mouvement de tête, et que cette structure explique les faits de
l’extraction des syntagmes de mesure en néerlandais, de la légitimation des
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 21

items de polarité négative dans le complément de l’adjectif, et de la


distribution des « adverbes libres ». La structure (19b) permet également
d’expliquer les faits de « so-pronominalization » en anglais : si l’AP est une
projection maximale, elle peut être remplacée par un pronom :
(20) Marie is intelligent, but Noemi is more so
Marie est intelligente, mais Noemi est plus telle
Marie est intelligente, mais Noemi l’est encore plus.

Un autre argument vient des faits de sélection : so ‘si’, too ‘trop’, etc.,
sélectionnent les AP (à la différence des autres quantificateurs de degré tels
que more ‘plus’, qui sont compatibles également avec les NP), ce qu’ils ne
pourraient pas faire s’ils se trouvaient dans un spécificateur (Corver, 1990,
1991, 1997). Tandis que Corver (1990, 1991, 1997) attribue la distinction
entre les deux classes d’éléments de degré à l’existence de deux têtes
fonctionnelles à l’intérieur du DegP dans la structure en (19b), Doetjes
(1997), Doetjes et al. (1998) proposent qu’il s’agit de la distinction entre tête
et spécificateur à l’intérieur du DegP en (19b). Cette approche se combine
naturellement avec l’hypothèse de Corver (ce volume), basée sur le
redoublement des marqueurs comparatifs et superlatifs en anglais et en
néerlandais, selon laquelle l’affixe comparatif/superlatif (-er/-st en anglais et
en néerlandais) est la tête Deg0, tandis que le marqueur des comparatifs
analytiques (more/most en anglais, meer/meest en néerlandais) est le
spécificateur [Spec, DegP].
En outre, deux arguments venant de la morphologie peuvent être
proposés : la supplétion et la réduplication. Premièrement, la combinaison
d’un adjectif et d’un morphème comparatif, en français comme en anglais,
peut donner suite à la supplétion (good ‘bon’ + -er ‘plus’ → better ‘meilleur’).
La supplétion suggère que le comparatif synthétique est une tête, créé par
l’opération du mouvement de têtes, ce qui nécessite la structure en (19b)
(Matushansky, 2001, mais voir Embick & Noyer, 2001 ; Bhatt & Pancheva,
2004). Deuxièmement, les structures en (21) sont plus facilement analysées
comme la réduplication de la tête de degré (Jackendoff, 2000).
(21) a. prettier and prettier
b. more and more beautiful

Si la structure (19b) est adoptée, la seule différence entre (21a) et (21b)


est qu’en (21a) la réduplication est précédée par le mouvement de la tête A0
vers Deg0.
Ce conflit entre des arguments en faveur les deux structures possibles
est partiellement résolu par l’analyse intermédiaire de Bhatt & Pancheva
(2004), où le morphème de degré est généré en [Spec, AP] sans complément,
permettant ainsi une adjacence morphologique (cf. Embick & Noyer, 2001),
22 ORA MATUSHANSKY

tandis que la phrase/syntagme de degré est attaché dans la position de


complément du quantificateur de degré seulement quand DegP se déplace
vers sa position de portée [mais voir Grosu (2005) pour des arguments contre
cette analyse].

4. In/extensionnalité
La dépendance contextuelle des adjectifs ne se restreint pas au
paramètre du degré. Comme Kamp (1975) l’a fait remarquer, beaucoup
d’adjectifs scalaires ne sont pas unidimensionnels. Tandis que les adjectifs
tels que long dépendent seulement de l’argument de degré, les adjectifs non
linéaires tels que bon nécessitent quelque chose d’autre8 :
(22) Olga est une belle danseuse.
a. belle et danseuse
b. belle en tant que danseuse

L’analyse de Siegel (1976a) est que l’adjectif belle est ambigu ici entre
la lecture où il a le type sémantique 〈e, t〉 (où il est intersectif) et celle où il a
le type sémantique 〈〈e, t〉, 〈e, t〉〉. Ceci veut dire que dans un de ses sens, belle
n’est pas intersectif. Cependant, il reste toujours extensionnel, ce qui veut dire
que la sémantique de la modification peut toujours être exprimée par une
opération sur l’ensemble dénoté par le nom (i.e. sur son extension). Dans la
suite de cette section, nous verrons deux façons proposées d’exprimer le sens
de belle – l’une intensionnelle, et l’autre non intensionnelle.

4.1. L’approche intensionnelle


Larson (1998) présente une série d’arguments contre l’approche de
Siegel et suggère sa propre théorie : l’adjectif belle modifie la position
argumentale d’individu en (22a) et celle de l’événement (introduit par la
forme verbale de base) en (22b). La caractéristique principale de cette
approche est l’introduction d’une position argumentale dans le nom
permettant à l’adjectif d’être interprété de plusieurs façons. McNally &
Boleda Torrent (2004) emploient la même stratégie en introduisant une
nouvelle position argumentale de type espèce (Carlson, 1977 ; Krifka et al.,
1995) et en analysant les adjectifs relationnels (une maladie pulmonaire, un
conflit politique) en tant que modificateurs de cette position.
La théorie selon laquelle les noms n’ont pas seulement un argument
d’individu permet de capter dans les mêmes termes la sémantique d’adjectifs
non intersectifs tel que futur ou présumé. Si on admet que l’interprétation de
ces adjectifs repose sur l’existence d’arguments “temps” et “monde possible”
sur les noms, une analyse intensionnelle est possible :
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 23

(23) a. åfuture mamanÁ = λi ∈ Di. λx ∈ De. ∃i1 ∈ Di i1 > i & åmamanÁ (i1)(x)
b. åmaman présuméeÁ = λw ∈ Dw. λx ∈ De. ∃w1 ∈ Dw [w1 est un monde
compatible avec ce qui est présumé par locuteur dans le monde w &
åmamanÁ (w1)(x)]
(23a) veut dire que l’extension du NP future maman au temps i est
l’extension de maman au temps i1, qui suit i. De la même façon, (23b) dit que
l’extension du NP maman présumée dans le monde possible w est l’extension
de maman dans le monde possible w1, qui est un monde compatible avec ce
qui est présumé par locuteur dans le monde w.
Une fois que le nombre d’arguments internes du nom commence à
augmenter, il est difficile d’en voir les limites. C’est pourquoi McNally (ce
volume) argumente pour un changement théorique vers une représentation du
sens plus structurée, qui permettra au moins de distinguer entre les arguments
dits thématiques (i.e. réalisés dans la syntaxe) et non thématiques [tels que le
temps, le monde possible et peut-être le degré (cf. Schwarzschild, ce
volume)].

4.2. L’approche extensionnelle


Le développement de la structure argumentale du nom n’est pas la
seule façon d’expliquer la dépendance contextuelle. Szabó (2001) donne une
critique détaillée de l’analyse de Larson (1998) et propose une alternative :
introduire une autre position argumentale dans les entrées lexicales de ce type
d’adjectifs, que Bierwisch (1989) appelle L’ASPECT et Kennedy (1997) et
Bartsch (1987) appellent la DIMENSION – la position argumentale de la
propriété qui permet la gradation. L’exemple (22) est alors ambigu comme
résultat de différents choix du paramètre dimensionnel, qui peut d’ailleurs être
explicitement introduit par en tant que9 :
(24) Olga est une belle danseuse.
a. une danseuse et belle en tant que danseuse
b. une danseuse et belle en tant qu’être humain

Une fois que la position argumentale de l’aspect est prise en compte, il


devient possible de traiter une grande partie des adjectifs subsectifs comme
des adjectifs intersectifs avec un argument de degré dépendant du contexte.
Cette analyse, contrairement à celle de Larson, ne postule pas de positions
argumentales supplémentaires dans le nom et par ailleurs elle explique la
sémantique des modificateurs introduits par en tant que (pour les adjectifs
multidimensionnels) et pour (pour tous les adjectifs scalaires). Cependant,
l’introduction d’un argument de dimension/aspect pour les adjectifs
représente certainement une complication de la sémantique d’adjectifs.
24 ORA MATUSHANSKY

4.3. Changement du sens


La troisième façon de montrer que certains adjectifs subsectifs sont en
fait intersectifs est employée par Partee (2003). Partee (2003) propose que les
adjectifs privatifs tels que faux ne se combinent pas avec le nom dans son sens
littéral mais avec le nom dans son sens dérivé : « une représentation/modèle
de ». Ce changement de sens peut être détecté dans les constructions avec
adjectifs de matériaux comme a stone lion « un lion de pierre » et est attesté
indépendamment sans modification : ainsi je peux demander, As-tu déjà vu les
esclaves ? en parlant des célèbres sculptures de Michel-Ange. Il n’est pas
impossible que la même approche puisse être utilisée pour les adjectifs
relationnels, étant donné que chaque nom est ambigu entre la dénotation
d’individu et la dénotation d’espèce.
Il est également clair que cette approche est préférable aux deux
premières en ce qu’elle repose sur l’ambiguïté réelle et ne nécessite aucune
complication de la structure argumentale ni des noms ni des adjectifs.
Cependant il est important de noter qu’elle n’est applicable ni aux adjectifs
comme belle ni aux adjectifs comme future (voir aussi Recanati, 2003).
L’étude de la syntaxe et de la morphologie des adjectifs épithètes vs
prédicatifs peut fournir des arguments complémentaires à ceux qui sont basés
sur les modes de composition sémantique. Dans la morphologie des adjectifs
prédicatifs, la distinction entre les formes courtes et longues du russe a déjà
été employée à cet effet par Siegel (1976a), qui propose que les formes
longues sont toujours des épithètes et marquées pour le changement du type.
Le marquage d’adjectifs épithètes en fonction du mode de composition dans
des langues aussi diverses que le néerlandais (Odijk, 1992 ; Menuzzi, 1994 ;
Broekhuis, 1999 ; de Swart et al., 2004) et le balante (dialecte de ganja, en
Guinée-Bissau, discuté par Fudeman, 1999), va dans le même sens. En
néerlandais comme en balante, la forme exprimant le sens intersectif (belle et
danseuse) est marquée différemment de la forme qui exprime le sens non
intersectif (belle en tant que danseuse), ce qui suggère que la transition entre
les deux sens de l’adjectif est reflétée sinon dans la syntaxe, du moins dans la
morphologie.

4.4. Le reste
La structure argumentale des adjectifs ne se réduit pas aux positions
argumentales discutées ci-dessus. Par exemple, l’argument datif des adjectifs
psychologiques tels que fidèle et discursifs tels que clair (Taranto, 2003) ne
pose pas de problèmes spéciaux puisqu’il est complètement assimilé à l’objet
indirect des verbes 10. En plus, plusieurs auteurs ont tenté d’analyser la
sémantique et la syntaxe des adjectifs (et participes) permettant l’état
construit en hébreu (Hazout, 2000 ; Siloni, 2001 ; Kim, 2000). De même, la
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 25

structure argumentale des adjectifs dits à tough-movement reste obscure, bien


que leur syntaxe, et en particulier la question de savoir s’ils induisent le
mouvement d’opérateur, ait été discutée en profondeur (Postal & Ross, 1971 ;
Chomsky, 1977 ; Fodor, 1983 ; Jacobson, 1984, 1992, 2000 ; Browning, 1987 ;
Hicks, 2003 ; Soare, 2002, entre autres).
Les propriétés aspectuelles des adjectifs méritent également une
discussion plus approfondie qui ne peut pas être entreprise ici faute de place :
la distinction entre les adjectifs statifs et actifs (Vendler, 1963 ; Lakoff, 1970),
mais aussi stage- et individual-level (Milsark, 1974, 1977 ; Carlson, 1977,
etc.). Les adjectifs d’attitude propositionnelle tels que clair et évident (Bennis,
2000, 2004 ; Geuder, 2000 ; Taranto, 2003 ; voir aussi Bonami & Godard,
2004) et les adjectifs dénotant des propriétés mentales tels que intelligent ou
méchant (Stowell, 1991 ; Bennis, 2000) posent toute une nouvelle classe de
questions. Les adjectifs à variables contextuelles liées tels que différent ou
même (Carlson, 1987 ; Moltmann, 1992b ; Beck, 2000 ; Tovena & Van
Peteghem, 2002 ; Barker, 2004, etc.), local (Mitchell, 1986 ; Partee, 1989 ;
Martí, 2003, 2004, entre autres), et incontestablement certain, spécifique et
particulier (Hintikka, 1986 ; Ruys, 1992 ; Kratzer, 1998 ; Schwarz, 2001 ;
Winter, 2001, parmi beaucoup d’autres) représentent aussi un thème de
recherche très actuel dans le domaine de la dépendance contextuelle. Enfin,
les adjectifs dits événementiels, tels que rare ou rapide, qui semblent
s’interpréter à l’extérieur du NP (Bolinger, 1967 ; Stump, 1981 ; Larson,
1999 ; Zimmermann, 2003), ainsi que l’adjectif respectif (Gawron & Kehler,
2002), posent un problème sérieux pour la compositionnalité, qui pourrait être
résolu par la manipulation de la structure argumentale (voir Pustejovsky, 1995
et McNally, ce volume).
Pour résumer, la plupart des recherches contemporaines sur les types
d’adjectifs semble être dirigée vers la réduction des quatre types proposés à
l’origine (intersectifs vs subsectifs, non subsectifs et privatifs) aux deux types
basiques : extensionnels [dépendants du contexte (tels que petit) ou pas (par
exemple, rouge)] et intensionnels (par exemple, futur, présumé). Pour certains
types d’adjectifs (par exemple, belle), les deux types de réduction ont été employés.

5. La syntaxe adjectivale
Ce qui se passe à l’intérieur du syntagme adjectival, mis à part la
syntaxe de DegP discutée dans la section 3.4, ne semble pas poser trop de
problèmes : les positions argumentales thématiques sont projetées en syntaxe
d’une façon ordinaire et les positions argumentales non thématiques (c’est-à-
dire les arguments du temps et du monde possible) ne sont pas projetées.
Cependant la présupposition standard que les arguments thématiques des
adjectifs (sure [PP de son intégrité], fier [PP de sa thèse]) sont projetés en tant
26 ORA MATUSHANSKY

que compléments devient problématique au vu de leur comportement quand


l’adjectif est déplacé (Ingria & George, 1993) :
(25) a. How afraid is he (*now) of snakes !
b. So close was the snake (*then) to me that I could count its scales.

Étant donné que le PP ne peut pas se trouver après un adjoint temporel,


les exemples (25) ne peuvent pas être analysés comme résultant de
l’extraposition et le PP doit se trouver in-situ. Comme les compléments ne
peuvent pas être séparés de leur tête, les PP de (25) ne peuvent pas être des
compléments [voir Ingria & George (1993) pour une analyse].
Rien de particulier ne doit être dit sur les modificateurs d’adjectifs,
c’est-à-dire les adverbes et les PP. Cependant, le comportement des AP en tant
qu’épithètes ou en tant que prédicats reste un sujet de recherches inten-
sives. La syntaxe des adjectifs dans la position de prédicat est souvent abordée
séparément de leur syntaxe à l’intérieur des syntagmes nominaux. En ce qui
concerne cette dernière question, la position des adjectifs (devant ou après le
nom) ainsi que leur ordre doivent être considérés.

5.1. La syntaxe de la prédication


Dans la syntaxe des adjectifs, deux types de prédication peuvent être
distingués : la prédication primaire (complément des verbes à montée tels que
être ou sembler et des verbes ECM tels que croire ou trouver) et la prédication
secondaire (les dépictifs et les résultatifs) :
(26) a. Alice semble intelligente. prédication primaire
b. Alice est revenue malade. prédication secondaire (dépictive)

Il existe deux approches à la prédication primaire : celle qui


présuppose qu’un adjectif prédicatif peut fonctionner en tant que prédicat,
comme dans la sémantique compositionnelle standard (Stowell, 1981, 1989,
1993), et celle qui asserte qu’il ne le peut pas (Bowers, 1993). Dans l’analyse
de Stowell, le DP sujet peut se combiner directement avec l’adjectif (le DP se
trouve alors en [Spec, AP]) tandis que dans l’analyse de Bowers la relation de
prédication nécessite un élément prédicatif abstrait, la tête de PrP, que Bowers
utilise également pour les prédicats nominaux, prépositionnels et verbaux.
Les deux possibilités sont également disponibles pour la prédication
secondaire, discutée par Williams (1980), Stowell (1989), Hoekstra (1988),
Rapoport (1993), Kratzer (2004), Bowers (2001), entre autres.
Je donnerai ici un résumé des principaux arguments en faveur de
chacune de ces positions.
Stowell cherche à démontrer que la prédication en jeu dans les
propositions réduites est tout à fait parallèle à la relation de prédication établie
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 27

dans le VP. Il propose que le sujet de la proposition réduite occupe


directement la position de spécificateur du prédicat. Une motivation majeure
de cette analyse est l’argument du rasoir d’Occam : ne pas postuler des entités
théoriques supplémentaires en l’absence d’évidence explicite. Toutefois
Stowell donne des arguments à l’encontre de plusieurs théories courantes qui
s’appliquent aussi à l’analyse de Bowers. Le premier argument concerne la c-
sélection : les verbes sélectionnant les propositions réduites peuvent
contraindre le prédicat de la proposition réduite :
(27) a. Marie considers the number large/??prime
Marie considère le numéro grand/premier
b. Marie considers her father in love/* in France
Marie considère son père en amour/ en France
c. Marie considers her father (*)an idiot/*a mathematician
Marie considère son père un idiot/un mathématicien

Stowell propose d’expliquer ces données par le fait que le verbe peut
choisir la catégorie lexicale du prédicat de la proposition réduite. Cependant,
une partie des contrastes mis en évidence par Stowell peuvent être attribués
au fait que seem et consider requièrent un prédicat scalaire (Maling, 1983 ;
Kitagawa, 1985 ; Matushansky, 2002b), et donc à un facteur sémantique plutôt
que syntaxique. Néanmoins, l’exemple (27c) suggère que le problème ne se
réduit pas complètement à la sémantique : en fonction du dialecte (américain
vs britannique), un prédicat nominal est interdit avec seem et consider.
À moins que les verbes seem et consider soient interprétés différemment dans
ces deux dialectes (ce qui me paraît peu probable), la syntaxe joue nécessaire-
ment un rôle dans ce type de restriction.
Le deuxième argument de Stowell, relié au précédent, est le fait que
dans une proposition réduite qui est un complément d’un verbe, la catégorie
syntaxique du prédicat peut être déterminée par le verbe principal :
(28) a. Marie heard/ let him (*to) leave
Marie entendre-Ps laisser-Ps le (*à partir
Marie l’a entendu/laissé partir.
b. Marie expected/ wanted her father *(to) leave
Marie attendre-Ps vouloir-Ps son père *(à partir
Marie a voulu que son père parte.

En revanche, le but principal de Bowers est d’unifier la syntaxe


associée à la sémantique de la prédication pour les arguments externes. Parmi
les arguments empiriques pour une projection fonctionnelle entre le prédicat
d’une proposition réduite (AP, dans notre cas) et son sujet on peut
mentionner : (a) la possibilité de coordination des prédicats appartenant à des
catégories lexicales diverses en (29a) ; (b) l’extraction du prédicat, y compris
l’inversion, comme en (29b) ; (c) l’analyse des particules prédicationnelles as
28 ORA MATUSHANSKY

de l’anglais et yn du gallois, ainsi que de la particule de la prédication


primaire yé en edo (Baker, 2003 ; Baker & Stewart, 1997), en tant que Pr0 ; (d)
l’impossibilité d’appliquer l’analyse de Stowell aux prédicats nominaux
définis ; (e) l’analyse de l’assignation du cas aux prédicats (par exemple en
russe, voir Bailyn & Rubin, 1991).
(29) a. Marie finds him both stupid and a danger to himself.
Marie trouve le à la fois stupide et un danger à lui-même
Marie le trouve à la fois stupide et un danger à soi-même.
b. Beautiful, she certainly was.
belle elle certainement était
Belle, elle l’était certainement.

Il est important de noter qu’en présupposant qu’un adjectif ne peut pas


fonctionner en tant que prédicat, l’analyse de Bowers favorise l’approche
dérivant l’emploi comme prédicat des adjectifs de leur emploi comme
épithète, tandis que l’analyse de Stowell est neutre par rapport à cette
question.

5.2. Les adjectifs épithètes prénominaux


Trois questions majeures sont le plus habituellement soulevées à
propos de la syntaxe d’AP à l’intérieur des NP 11 : les différences entre les
adjectifs prénominaux et postnominaux, le statut syntaxique des adjectifs
prénominaux, et l’ordre des adjectifs. Nous commencerons ici par la syntaxe
des adjectifs épithètes prénominaux [voir aussi Ticio (2003) pour un résumé
des différences entre les deux types d’AP en espagnol et des analyses
proposées].
Deux options générales ont été proposées : les adjectifs prénominaux
peuvent être analysés comme des projections maximales (AP) ou comme des
têtes (A0).
Dans le premier cas, la position prénominale ou postnominale des AP
est dérivée soit par le mouvement [ainsi Abeillé & Godard (1999) proposent
une analyse où la position prénominale de certains adjectifs en français résulte
d’un mouvement et peut être bloquée par le poids phonologique], soit par une
règle de linéarisation spéciale.
L’hypothèse que les adjectifs prénominaux sont des têtes a été
proposée indépendamment par Berman (1973) et par Abney (1987) et étendue
par Valois (1991), Lamarche (1991), Bernstein (1992), Delsing (1993),
Sigurðsson (1993), entre autres. Leurs arguments sont basés sur l’inversion de
degré en anglais, les effets de liaison, et les restrictions sur la complé-
mentation des adjectifs prénominaux. Certains faits restent cependant
inexplicables dans cette théorie, comme la possibilité de quantification de
degré, même dans les langues romanes (30), la modification adverbiale (31),
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 29

et la complémentation (32), même en anglais (Kajita, 1977 ; van Riemsdijk,


2001) :
(30) a. le trop grand pouvoir
b. un grand athlète mais un moins grand homme

(31) a. a largely resolved problem


un largement résolu problème
un problème largement résolu
b. a perfectly acceptable solution
une parfaitement acceptable solution
une solution parfaitement acceptable

(32) a. an easy to use software


un simple à utiliser logiciel
un logiciel simple à utiliser
b. a far from simple matter
une loin de simple matière
un problème qui est loin d’être simple
c. greater than normal politeness
plus + grande que normal politesse
une politesse plus grande que normal

Ces données posent des problèmes pour l’analyse des adjectifs


prénominaux en tant que têtes dans la projection étendue du nom. Ceci a
amené plusieurs chercheurs (Bernstein, 1993 ; Cinque, 1994 ; Bouchard,
2002 ; Ticio, 2003, etc.) à imputer la distinction entre les adjectifs prénomi-
naux et postnominaux à d’autres facteurs.
Un des problèmes liés à l’analyse des adjectifs prénominaux est la
légitimation de l’ellipse du NP (voir aussi les articles de Cabredo Hofherr et
de Borer & Roy dans ce volume), c’est-à-dire la situation où le nom tête du
syntagme nominal est absent mais sous-entendu (Milner, 1978 ; Ronat, 1977,
et les références citées plus bas) :
(33) Donnez-moi la *(meilleure/première/rouge/*jolie/*facile) Ø.

L’identification et/ou la légitimation du nom tête nul est couramment


liée à la relation anaphorique établie entre ce nom nul et un antécédent lui
donnant le contenu lexical (Corblin, 1990 ; Sleeman, 1993, 1996 ; Corblin,
1996 ; Corblin et al., 2003, etc. ; voir aussi la discussion dans l’article de
Cabredo Hofherr dans ce volume, qui distingue les groupes nominaux sans
noms modifiés par un adjectif de tous les autres).
Deux positions principales ont été défendues pour expliquer les
restrictions sur l’ellipse du NP : soit l’omission du nom tête est bloquée par
certains adjectifs (Lobeck, 1995), soit c’est la présence de l’adjectif qui
permet l’omission du nom tête (Kester, 1996 ; Sleeman, 1993, 1996) 12. Dans
30 ORA MATUSHANSKY

les deux cas il faut expliquer pourquoi certains adjectifs, mais pas d’autres,
sont compatibles avec l’ellipse du NP. Les approches proposées invoquent des
propriétés formelles telles que l’accord riche des adjectifs (Kester, 1996), la
possession et la pluralité (Lobeck, 1995), et la partitivité (Sleeman, 1993,
1996).

5.3. Les adjectifs épithètes postnominaux en anglais


En anglais, un modificateur prénominal ou préverbal ne peut pas avoir
d’arguments ou de modificateurs postposés. Ce fait est connu sous le nom de
« restriction sur la récursion » (recursion restriction) (Emonds, 1976 et
Williams, 1982). En effet, (presque) tous les AP à complément ou à
modificateur PP apparaissent en position postnominale. Leur analyse standard
est celle des propositions relatives réduites, ce qui est confirmé par leur
interprétation intersective obligatoire 13. Les cas spéciaux, qui seront
énumérés ci-dessous, sont plus intéressants.

5.3.1. La propriété temporaire


Les adjectifs dénotant des propriétés temporaires apparaissent en
position postnominale en anglais (Bolinger, 1967) :
(34) a. constellations visible
b. solutions available

D’après Baker (2003) les adjectifs anglais qui ne peuvent être que
prédicatifs, tels que aloof, asleep, etc., ainsi que ready et responsible (voir la
note 2), appartiennent à cette catégorie. Une objection possible à cette
approche est que ni responsible ni aloof ne semblent dénoter des propriétés
temporaires. Si cela est vrai, il est nécessaire de recourir à l’analyse
alternative, qui est de décrire les adjectifs en a- comme des PP, ce qui corres-
pond à leur origine diachronique. Les adjectifs comme ready et responsible
restent un mystère.

5.3.2. L’extraposition de degré


Les exemples (35) et (36) auraient pu être traités comme des cas
spéciaux de relatives réduites :
(35) a. a person that clever
une personne aussi intelligent
quelqu’un de si intelligent
b. A planet HOW large did they discover ?
un planète comment grand DO-Pst ils découvrir
Ils ont découvert une planète de quelle taille ?
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 31

(36) a discovery no less/ even more/ just as incredible


une découverte Neg moins même plus autant aussi incroyable
une découverte pas moins/même plus/tout au fait aussi incroyable.

Pourtant, Zwicky (1995a) et Matushansky (2002a) présentent des


arguments syntaxiques et sémantiques visant à montrer que l’extraposition de
degré doit être distinguée des relatives réduites et assimilée à l’extraposition
d’autres modificateurs dépendants de la quantification (similaire, même, etc.).

5.3.3. Les cas spéciaux


Les adjectifs se trouvent après le nom en anglais dans les expressions
quantifiées telles que everything purple et somewhere cold discutées par
Abney (1987), Kishimoto (2000), et Larson & Maruic (2004), et dans
certains titres (Attorney General, envoy plenipotentiary).
Finalement, les participes (à l’exception des passifs et progressifs
adjectivaux) doivent être postnominaux, en français et en anglais, ce qui
suggère qu’ils doivent être analysés comme des propositions réduites.

5.4. L’ordre des adjectifs


L’ordre des adjectifs semble être très constant à travers les langues,
comme l’observent Bever (1970), Hetzron (1978), Dixon (1977, 1982),
Crisma (1991, 1995), Sproat & Shih (1988), entre autres. Les ordres
d’adjectifs suggérés (Cinque, 1994) pour les syntagmes nominaux anglais
dénotant les objets et les événements ont été élaborés par Laenzlinger (2000)
et Scott (1998) :
(37) a. valeur > taille > forme > couleur > origine dénotant les objets
b. orientés-locuteur > orientés-sujet > manière > thématiques
dénotant les événements

(38) a. good large round red Californian apples


bonne grande ronde rouge californienne pommes
b. probable clever complete Martian invasion of Jupiter
probable intelligente complète martienne invasion de Jupiter

L’ordre des adjectifs dans le syntagme nominal devient essentiel quand


on considère l’ordre des adjectifs épithètes postnominaux dans les langues
romanes et en hébreu. La distinction principale entre ces langues et l’anglais
est le fait que les adjectifs dans ces langues sont généralement postnominaux.
L’ordre relatif des adjectifs postnominaux est inversé comparé à celui de
l’anglais et d’autres langues germaniques (Benmamoun, 1992, 2000 ; Fassi
Fehri, 1989, 1993, 1997, 1999 ; Hazout, 1991, 1995 ; Ritter, 1988, 1991 ;
Siloni, 1996, 1997 ; Shlonsky, 2002 ; Sichel, 2002, entre autres ; voir Dryer, à
32 ORA MATUSHANSKY

paraître, pour la distribution des ordres prénominaux et postnominaux à


travers les langues). L’hébreu et l’arabe représentent un cas plus clair, puisque
tous les adjectifs dans ces langues sont postnominaux, mais l’idée générale est
tout à fait évidente : l’ordre des adjectifs est défini en termes de constituants
plutôt que de linéarité.
Plusieurs raisons ont été proposées pour cet ordre supposé universel, et
elles sont discutées en profondeur par Bouchard (2002) ainsi que Bouchard
(ce volume). Les deux approches principales sont l’approche syntaxique, dont
le représentant principal est Cinque (1994), et l’approche cognitive, défendue
par des psycholinguistes comme Danks & Schwenk (1972, 1974), Lockhart &
Martin (1969), et Martin (1968, 1969a, b, 1970). L’approche syntaxique tente
d’attribuer l’ordre adjectival à l’ordre des têtes fonctionnelles dont ils sont les
spécificateurs et la variation interlinguistique dans cet ordre, soit au
mouvement du N0 (Valois, 1991 ; Bernstein, 1993 ; Cinque, 1994 ; Pereltsvaig,
2004, etc.) soit au mouvement des sous parties du NP (Alexiadou, 2001 ;
Sichel, 2002 et Shlonsky, 2002), bien qu’il y ait aussi des analyses basées sur
la linéarisation différente de divers types d’adjectifs (dont les plus récents sont
Bouchard (1998), Larson (1998), et Boucher (2004a, b, à paraître), ainsi que
sur le niveau d’attachement différent (Knittel, 2005). L’approche cognitive
quant à elle montre que la position relative d’un adjectif dans la hiérarchie est
corrélée au degré de « concrétisation » de cet adjectif. Un fait intéressant, qui
n’avait pas encore été noté, à ma connaissance, est que le degré de
concrétisation d’un prédicat est corrélé inversement à la probabilité que
l’adjectif correspondant à ce prédicat soit présent dans une langue donnée (cf.
Dixon, 1977, 1982). Autrement dit, l’ordre d’adjectifs dans le syntagme
nominal semble correspondre inversement à la hiérarchie d’acquisition des
adjectifs dans une langue : si une langue possède la catégorie lexicale des
adjectifs, il est plus probable que les prédicats moins « concrets » (rouge ou
grand) appartiennent à cette catégorie que les prédicats relativement plus
« concrets » (italien, futur). Ceci nous amène à la discussion de la définition,
de la distribution, et de l’universalité des adjectifs.

6. Les adjectifs à travers les langues


Du point de vue intuitif une langue possède la classe lexicale des
adjectifs quand les adjectifs peuvent être distingués des noms et des verbes.
Cependant, il n’est pas toujours évident de définir cette notion de distinction.
Certains cas sont très clairs : ainsi dans les langues romanes, sémitiques et
slaves, les adjectifs peuvent être distingués par le fait qu’ils s’accordent en
genre et nombre, tandis qu’en anglais, en allemand et dans d’autres langues
germaniques, les adjectifs peuvent se combiner avec le morphème lié de
comparaison (-er) et des adverbes comme très. Le fait que dans beaucoup de
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 33

langues il n’existe pas de classe lexicale qui possède des propriétés


morphologiques distinctes a amené certains chercheurs à postuler que
certaines langues ne possèdent pas d’adjectifs [Dixon (1977, 1982), mais voir
Dixon (2004), et DeLancey (2001) pour un avis contraire]. Un exemple est le
basaa (une langue bantoue), où les concepts adjectivaux standards sont
exprimés par des noms portant des marques d’accord plus ou moins « adjecti-
vales » (Hyman, 2003), ou les langues dravidiennes (Amritavalli &
Jayaseelan, 2003).
Baker (2003) conteste cette conclusion et propose trois propriétés qui
sont plutôt basées sur la syntaxe : (i) la capacité de fonctionner en tant que
modificateurs, (ii) la capacité de fonctionner en tant que prédicats secondaires
résultatifs et (iii) la possibilité de se combiner avec des têtes fonctionnelles de
degré qui c-sélectionnent les adjectifs (-er en anglais, si en français, etc.).
D’après son analyse, ces propriétés ne sont pas définitoires mais ressortent
plutôt du fait que les adjectifs sont définis comme ne possédant ni propriétés
nominales ni propriétés verbales. Le fait que les adjectifs ne portent pas
d’indice référentiel (ce qui est, d’après Baker, la propriété des noms) et
n’assignent pas de rôle thématique à leur spécificateur (la propriété des
verbes) leur permet de modifier les noms, de se combiner avec les têtes de
degré et d’apparaître dans les résultatifs. La contribution cruciale de cette
approche est la définition d’une classe lexicale d’adjectifs en termes de
propriétés syntaxiques plutôt que morphologiques.
Le lien établi par Baker entre les traits syntaxiques et la sémantique est
étayé par le fait que la compatibilité avec les opérateurs et les modificateurs
de degré (si, très…) reste la propriété la plus caractéristique des adjectifs et
que cette compatibilité est certainement due à la sémantique. En revanche, il
est impossible de définir les adjectifs en termes de scalarité seulement
(section 3), comme proposé par Croft (1991) et Larson & Segal (1995), à
cause de l’existence des noms scalaires (Bolinger, 1972).
Comme Baker l’admet lui-même, ces trois propriétés (syntaxe
épithète, fonctionnement en tant que résultatif et combinaison avec des mor-
phèmes de degré) ne sont pas universelles. Il existe des langues comme le
slave (langue amérindienne) qui ne possèdent pas d’adjectifs épithètes et des
langues où les noms peuvent fonctionner en tant qu’épithètes [comme c’est le
cas dans une partie des soi-disant mots composés de l’anglais tels que nine
inch nails discutés brièvement par Schwarzschild (2002) ou mystery novel
‘roman policier’]. Il existe également des langues où les adjectifs ne peuvent
pas fonctionner comme des résultatifs, par exemple le russe (Strigin &
Demjjanow, 2001). En français, même les quantificateurs de degré tels que
très se combinent avec les noms, pourvu que l’article soit absent (Kayne,
2003) :
34 ORA MATUSHANSKY

(39) a. Jean a si/très faim.


b. Jean fait très professeur.

Inversement, dans beaucoup de langues les adjectifs possèdent des


propriétés syntaxiques qui les distinguent des autres catégories lexicales :
ainsi en japonais la sous-classe des adjectifs en -i ne nécessite pas de copule
(tout en permettant la modification) et en irlandais les adjectifs échappent à
l’ellipse du VP (McCloskey, 2004). Tout ceci suggère fortement que les
catégories lexicales ne sont pas figées à travers les langues.
Le fait que les adjectifs ne sont pas faciles à définir et que beaucoup
de langues n’ont pas d’adjectifs morphologiquement distincts ne prouve pas
qu’ils n’ont pas de traits catégoriels. Il existe des opérations (comme l’accord
en genre en français et la formation du comparatif synthétique en anglais) qui
ne ciblent que les adjectifs dans certaines langues mais pas dans toutes. Nous
ne pouvons pas proposer que l’opération en question soit incompatible avec
le trait [N] ainsi qu’avec le trait [V], parce que l’absence d’un trait privatif (tel
que [N]) n’est pas sélectionnable. Tandis que l’hypothèse de Baker (2003) que
[N] et [V] sont basés en sémantique peut résoudre ce problème quand il s’agit
des opérations syntaxiques, elle ne servira à rien en ce qui concerne les
processus morphologiques, et doit donc être reconsidérée.
Pour résumer brièvement : la question de savoir si toutes les langues
possèdent la catégorie des adjectifs n’est pas résolue. En effet, les propriétés
syntaxiques, sémantiques et morphologiques des adjectifs varient
énormément d’une langue à l’autre, et même à l’intérieur d’une langue, ce qui
amène certains chercheurs tels que Bhat (1994) à proposer que les adjectifs ne
peuvent être définis que par des critères multiples en s’appuyant sur la notion
de prototype. Comme la morphologie adjectivale particulière joue nécessaire-
ment un rôle dans cette définition de l’adjectif, je passe maintenant en revue
les propriétés morphologiques distinctives des adjectifs.

7. Morphologie
La question de la morphologie adjectivale forme un domaine de
recherche considérable dans les langues où les adjectifs forment une classe
ouverte. Deux sujets principaux doivent être considérés : la morphologie
flexionnelle et la morphologie dérivationnelle d’adjectifs. Le mystère prin-
cipal qui ressortira de cette discussion sera le statut d’éléments qui ont des
propriétés d’adjectifs, mais auxquels on hésite à attribuer la catégorie
d’adjectif.
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 35

7.1. La flexion adjectivale


À la différence des noms et des verbes, les adjectifs n’ont pas de
spécification inhérente pour le genre, le nombre, ou la personne. Ceci veut
dire qu’à la différence des noms, les adjectifs peuvent porter l’accord en
genre, et qu’à la différence des verbes, ils ne portent généralement pas
d’accord en personne 14. En fonction de la langue, ils peuvent être également
marqués pour le cas et pour le nombre (par exemple, en russe ou en latin).
Tout ceci crée un nombre d’environnements où les adjectifs peuvent être dis-
tingués d’autres catégories par leur morphologie flexionnelle : le marquage de
traits ϕ n’est pas nécessairement le même sur le nom, l’adjectif, ou le verbe.

7.1.1. Prédication et modification


Il a été observé que les adjectifs prédicatifs sont généralement moins
marqués que les adjectifs épithètes 15. Ceci peut se manifester de deux façons :
l’accord peut être marqué sur les adjectifs épithètes sans être marqué sur les
adjectifs prédicatifs comme en néerlandais ou en allemand (voir Schlenker,
1999, pour une discussion détaillée de la flexion adjectivale allemande interne
à DP) ; ou les adjectifs épithètes peuvent porter une marque morphologique
supplémentaire qui semble indépendante de l’accord, par exemple en russe [la
marque de la forme longue (Siegel, 1976b), mais voir Halle & Matushansky
(à paraître) pour l’hypothèse que cette marque n’est que le suffixe
thématique]. Ce marquage différentiel est un argument en faveur de l’hypo-
thèse selon laquelle, au moins pour les adjectifs intersectifs, la forme
prédicative est plus basique.
Inversement, un argument en faveur des théories qui donnent la
priorité aux formes épithètes peut être tiré du fait que les adjectifs morpho-
logiquement distincts des verbes ne semblent jamais porter de marques
d’accord en personne. Le raisonnement est ici le suivant : comme les adjectifs
épithètes n’apparaissent qu’à la troisième personne 16, le marquage en
personne n’apparaît pas, parce qu’il n’est pas différentiel dans ce contexte. Si
l’emploi comme prédicat est dérivé de l’emploi comme épithète, l’absence de
l’accord en personne est donc attendue. Finalement, l’accord en définitude 17,
étudié principalement en hébreu et en arabe, représente une autre dimension
qui différencie les adjectifs épithètes des adjectifs prédicatifs.

7.1.2. La morphologie de l’accord


Le fait que les adjectifs sont morphologiquement distincts des verbes
et des noms signifie souvent qu’ils peuvent avoir leur propre morphologie
flexionnelle (des classes de déclinaison). Le cas le plus souvent discuté est
celui du russe où les adjectifs épithètes sont distinguées par le suffixe -oj-.
36 ORA MATUSHANSKY

Cependant, Halle & Matushansky (à paraître) montrent qu’en réalité cette


classe de déclinaison n’est pas exclusivement associée aux adjectifs et qu’elle
n’est pas la seule classe de déclinaison à y être associée. En effet, le russe
ressemble au latin en ce que les classes de déclinaison sont partagées entre les
noms et les adjectifs. En outre, le travail de Bonami & Boyé (ce volume)
donne des arguments en faveur de l’hypothèse selon laquelle le paradigme des
adjectifs du français ne peut pas être restreint à la variation en genre mais
qu’une autre distinction morphologique, pertinente pour la liaison, doit être
prise en compte.
Pourtant, les particularités d’accord qui distinguent les adjectifs des
noms et des verbes ne sont pas exclusivement limitées aux adjectifs. Il existe
beaucoup d’unités normalement décrites comme fonctionnelles qui ne
peuvent pas être facilement distinguées des adjectifs sur la base de leurs
propriétés morphologiques. Un exemple est la morphologie des possessifs :
les possessifs postnominaux de certaines langues romanes, qui s’accordent en
genre et en nombre [Crisma (1991), voir aussi Bernstein (ce volume)], mais
aussi les possessifs du russe, qui appartiennent à une classe petite mais
productive de déclinaison, voir Halle & Matushansky (à paraître). Une
deuxième classe d’éléments avec des propriétés adjectivales est celle des
éléments qu- et de leurs correspondants démonstratifs (quel/tel, kakoj/takoj,
etc.) qui sont internes au DP et s’accordent comme les adjectifs dans
beaucoup de langues. En plus, comme Corbett (1978), Hurford (1975, 1987,
2001, 2003) et bien d’autres font remarquer, dans beaucoup de langues les
numéraux les plus bas sont très souvent morphologiquement des adjectifs,
tandis que les numéraux les plus hauts sont des noms (cf. en français, une rose
vs un million de roses). Finalement, dans beaucoup de langues les articles, les
quantificateurs et les démonstratifs possèdent certaines propriétés morpho-
logiques des adjectifs. Tout ceci doit nécessairement être pris en considération
dans la discussion de la définition et de l’existence de la classe adjectivale
dans une langue et à travers les langues, en particulier si les classes lexicales
et fonctionnelles sont strictement distinguées dans la théorie.

7.1.3. La morphologie de la scalarité


La deuxième particularité des adjectifs concerne les morphèmes
impliqués dans les formes exprimant la scalarité : les comparatifs et les
superlatifs synthétiques dans les langues indo-européennes (tall-er, tall-est en
anglais, alt-issim-o en espagnol, etc.) et d’autres types de modification et de
quantification de degré.
Trois raisons peuvent nous amener à penser que ces morphèmes sont
flexionnels plutôt que dérivationnels. Premièrement, les affixes de degré
alternent très souvent avec les expressions de degré qui sont des mots
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 37

indépendants (-er vs more en anglais), de même que le marquage du temps et


de l’aspect s’effectue tantôt par les affixes tantôt par les auxiliaires et que le
marquage casuel est souvent en alternance avec des prépositions. Deuxième-
ment, le changement de sens déclenché par les morphèmes de degré ne diffère
pas fondamentalement du changement de sens dû à des éléments tels que le
temps et l’aspect, qui sont traditionnellement considérés comme flexionnels.
Troisièmement, une des propriétés caractéristiques de ces éléments est qu’ils
ne changent pas la catégorie lexicale des racines auxquelles ils s’attachent, ce
qui est aussi une propriété des affixes flexionnels.
Une liste incomplète des morphèmes de degré inclura certainement, en
plus des suffixes comparatifs, superlatifs et équatifs, les suffixes élatifs
(-issim- en espagnol), atténuatifs (-ovat- en russe, -ish en anglais, -âtre- en
français, etc.), etc., qui ne peuvent s’attacher qu’aux adjectifs dans les langues
dont j’ai une connaissance de première main 18. Par contre, les suffixes
diminutifs (-enık-
 du russe, -it- de l’espagnol), augmentatifs (-u‡÷- en russe,
-ot- en espagnol) et péjoratifs sont souvent partagés avec les noms et les
adverbes : tel est le cas pour les diminutifs et les augmentatifs en espagnol
(voir Adelman & Fraser, 2000, pour une discussion des suffixes évaluatifs en
espagnol de Mexico City), mais pas en russe.
La variabilité des affixes scalaires en ce qui concerne leur compa-
tibilité avec les catégories autres que les adjectifs rappelle fortement le
phénomène observé dans les mots de degré, tels que plus ou moins. Deux
solutions sont envisageables. (1) Si le contraste est dû à la sémantique, le sens
des suffixes élatifs de l’espagnol (qui ne sont compatibles qu’avec des racines
adjectivales) doit se distinguer crucialement du sens de ses suffixes augmen-
tatifs (qui se combinent aussi avec des noms). La validité d’une telle solution
est mise en question par le fait qu’elle exige que les suffixes diminutifs de
l’espagnol et du russe, qui ont des comportements morphosyntaxiques
différents, doivent avoir aussi des sens différents. (2) Si par contre, l’effet est
dû à la syntaxe, il doit y avoir un trait syntaxique distinguant les suffixes
espagnols élatifs des suffixes augmentatifs. Idéalement, le même trait
distingue les suffixes diminutifs de l’espagnol (qui s’attachent aux noms et
aux adjectifs) des suffixes diminutifs du russe (qui ne s’attachent qu’aux
adjectifs). La solution la plus simple est que les suffixes « plus exigeants » c-
sélectionnent le trait [A], ce qui est incompatible avec une théorie comme
celle de Baker (2003), qui définit les adjectifs comme n’ayant pas de traits
catégoriels.

7.2. La création des adjectifs


La seconde question que j’aborderai est celle des procédés
morphologiques qui permettent de créer de nouveaux adjectifs dans une
langue.
38 ORA MATUSHANSKY

7.2.1. Un nombre limité d’adjectifs


Comme le fait remarquer Dixon (1977, 1982, 2004), il existe des
préférences très claires pour le type d’adjectifs qui sont les premiers à être
acquis par une langue. Les classes de sens qui se trouvent normalement
associées aux adjectifs dans les langues qui ne possèdent qu’une classe
fermée d’adjectifs sont la dimension, l’âge, la valeur et la couleur : un cas
limite est l’igbo, qui ne possède que huit adjectifs de ces quatre classes
formant des paires positives/négatives (Dixon, 1977). Nous n’avons pas la
place ici d’entrer dans les détails, mais la question reste ouverte de savoir
pourquoi ce sont ces concepts et pas d’autres qui sont les plus faciles à trouver
dans une langue, et quels facteurs déterminent l’ordre dans lequel tels ou tels
concepts arrivent à être réalisés comme adjectifs dans une langue. Bien que la
réponse à cette question doive être cognitive 19, elle devrait avoir des
conséquences pour l’analyse syntaxique et sémantique des adjectifs.

7.2.2. La dérivation (dé) adjectivale


Pour les langues dans lesquelles les adjectifs forment une classe
productive, une autre question se pose : quels sens peuvent être exprimés par
les adjectifs d’une façon productive ? Cette grande question se divise en trois
sous questions : (1) quels sont les suffixes adjectivisants d’une langue, (2)
d’où vient la variation à travers les langues, et (3) quel est le rapport entre les
participes et les adjectifs ?
Cependant la productivité d’une classe adjectivale dans une langue
n’empêche pas que cette classe soit restreinte. Ainsi en français, il n’y a ni
classe d’adjectifs de matériaux (cf. a golden ring, a stone lion en anglais et
leurs équivalents russes) ni d’adjectifs de mesure [cf. a 10-pound baby, a 5-
inch diskette en anglais ; le cas est plus clair en russe où mnogotysja÷naja
tolpa ‘une foule de milliers’ est visiblement un cas de modification adjectivale
(Schwarzschild, 2002)]. Par contre, le suffixe déverbal de potentialité (-able
de l’anglais et des langues romanes) n’a pas d’équivalent en russe.
Le fait que les sens qui peuvent être exprimés par des adjectifs varient
d’une langue à l’autre est encore plus surprenant quand on se rend compte à
quel point il est difficile de formuler le sens de suffixes adjectivisants
généraux tels que -y de l’anglais ou - ın- du russe, mais aussi -able du français
(Hathout et al., 2003). Le problème devient encore plus compliqué quand on
considère la formation des participes et le lien entre cette formation et la
formation des adjectifs.
Il est bien connu dans la littérature (Wasow, 1977 ; Levin & Rappaport,
1986 ; Borer, 1998 ; Kratzer, 2000 ; Kennedy & McNally, à paraître, entre
d’autres) que les participes passifs et les adjectifs peuvent être formés par les
mêmes suffixes : en anglais, le régulier -ed pour bearded ‘barbu’ et explained
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 39

‘expliqué’, l’irrégulier -en pour golden ‘de l’or’ et taken ‘pris’, et en français
le régulier -é dans doré (comme dans la jeunesse dorée) ou pressé(e) et les
irréguliers dans surpris(e), barbu, etc. Le suffixe de formation des participes
actifs s’utilise également dans la formation adjectivale : tandis qu’en français
ceci est très courant (aberrant, charmant, ambiant, etc.), en anglais les seuls
cas que j’ai pu trouver de l’usage du suffixe -ing dans les adjectifs sont
demanding ‘exigeant, ardu’ et balding ‘à la calvitie naissante’ (mais voir
Borer, 1990, pour la discussion des participes adjectivaux en -ing).
Évidemment, la même question se pose : pourquoi les suffixes de
formation d’adjectifs et ceux de formation de participes sont-ils souvent les
mêmes, et pourquoi tel n’est pas toujours le cas ?

8. Conclusion
Nous avons rapidement présenté les domaines les plus développés de
la sémantique et de la syntaxe des syntagmes adjectivaux. Pour résumer
brièvement la discussion ci-dessus, la question de savoir quel emploi des
adjectifs, épithète ou prédicat, est basique, et lequel est dérivé, se trouve
intrinsèquement liée à la question de la structure argumentale des adjectifs.
Deux types principaux de positions argumentales d’adjectif ont été
proposées : les positions intensionnelles (celles du temps et du monde
possible) et extensionnelles (celles de l’argument datif, de l’espèce, du degré,
etc.). Parmi ces dernières la position argumentale de degré a reçu le plus
d’attention, donnant lieu à un domaine de recherche florissant sur les adjectifs
dits vagues ou scalaires.
Le fait que la syntaxe des syntagmes adjectivaux n’a pas été
considérée au même degré que par exemple, la syntaxe des syntagmes
verbaux rend les adjectifs encore plus intéressants en tant que terrain de
vérification des hypothèses sur la nature du langage. Dans la syntaxe de l’AP
les questions les plus étudiées sont celle de la correspondance entre l’emploi
comme épithète et l’emploi comme prédicat, celle de la position pré- ou
postnominale des adjectifs à l’intérieur du syntagme nominal, et celle de
l’ordre des adjectifs.
La morphologie adjectivale est doublement pertinente : d’une part pour
décider si la catégorie adjectivale est présente dans toutes les langues malgré
l’absence de marquage distinctif (position prise par Baker, 2003) et d’autre
part pour déterminer les restrictions sur la classe des adjectifs à l’intérieur
d’une langue. La morphologie flexionnelle (de l’accord ou du degré) joue
aussi un rôle important dans l’établissement de la syntaxe interne et externe
des syntagmes adjectivaux.
40 ORA MATUSHANSKY

Remerciements : J’ai une dette de reconnaissance énorme envers Sabrina


Bendjaballah, Olivier Bonami et Patricia Cabredo Hofherr pour leurs commentaires et
critiques, ainsi que leur aide avec le français ; toute erreur restante est naturellement la
mienne.
L’auteur est membre du groupe DP du Programme « Architecture de la phrase »
conduit dans le cadre de la Fédération Typologie et Universaux Linguistiques (TUL)
du CNRS. Ce travail a bénéficié du soutien de la Fédération.

NOTES
1. Le terme français standard est « attribut », que je remplace ici par « prédicat »
afin d’éviter la confusion avec le terme anglais pour la position d’épithète, qui est
désignée comme attributive.
2. En anglais les deux adjectifs n’apparaissent pas dans la position prénominale.
Leur usage interne à NP en français (par ex. La personne responsable de ces actes sera
punie ou bien quelqu’un de très responsable) correspond à leur usage postnominal en
anglais où ils fonctionnent en tant que propositions relatives réduites.
3. Il faut remarquer que certains chercheurs proposent que la scalarité est la
propriété définitoire des adjectifs qui les distingue des noms et des verbes (Larson &
Segal, 1995 ; Croft, 1991, entre autres, mais voir aussi DeLancey, 2001 ; Baker, 2003).
Le fait que beaucoup d’adjectifs ne sont pas scalaires (par ex. présumé, générativiste)
milite fortement contre cette approche ; un argument supplémentaire vient du fait que
les verbes et les noms peuvent également être scalaires (Bolinger, 1972 ; Matushansky,
2002b).
4. Le nom modifié par un adjectif n’est pas le seul facteur déterminant de la
dépendance contextuelle de cet adjectif (Kamp, 1975), comme le montre l’exemple
suivant :
(i) Marie a écrit un très long poème pour une si petite fille.
5. Pour une discussion des comparatifs synthétiques vs analytiques voir Kiefer
(1978).
6. La distinction entre les phrases comparatives (que Vega ne l’est) et les
syntagmes comparatifs (que Vega) n’est pas pertinente ici. Voir Heim (1985), Lechner
(1998, 2001) pour plus de détails.
7. L’utilisation d’un opérateur de maximalité est justifiée par la monotonicité des
prédicats scalaires (cf. Seuren,1973) : si une plage est longue de 3km, elle est aussi
longue de 2.5km, 2km, etc. (mais voir Merin, 2003, pour un argument selon lequel
l’implication n’est pas valable et pour une proposition alternative).
8. Ces adjectifs sont traditionnellement désignés comme évaluatifs, mais la
même description est aussi utilisée pour les adjectifs expressifs comme débile ou
putain (Broekhuis, 1999 ; Potts, 2003), qui sont tout à fait différents en ce que ces
derniers ne sont pas compatibles avec les descriptions de degré (dans leur sens
péjoratif) et ne peuvent pas être prédicatifs.
9. Voir aussi Langendoen & Bever (1973 : 400) pour une des premières mentions
du fait que les adjectifs vagues restent ambigus même dans la position prédicative.
10. Cependant, la position de l’argument thématique de ces adjectifs (sujet ou
objet) a été discutée en profondeur par Cinque (1990) et Bennis (2000, 2004), qui
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 41

montrent que certains d’entre eux sont ergatifs (tels que clair) et les autres (tels que
loyal) ne le sont pas.
11. Mais voir Dayal (2004) sur les effets syntaxiques et sémantiques que la
modification produit sur l’acceptabilité de certains NP. Un exemple français est
l’usage de pluriels nus prépositionnels légitimé par un adjectif prénominal :
(i) J’ai acheté des livres/du vin.
(ii) J’ai acheté de *(bons) livres/de *(*bon) vin.
12. Marandin (1997) propose que ce genre de constructions n’implique pas
d’ellipse, mais qu’un syntagme nominal est projeté en l’absence de N0.
13. En hébreu, les correspondants de ces AP « lourds » peuvent être introduits par
l’article défini (Siloni, 1995 ; Pereltsvaig, 2004), même dans les DP indéfinis, ce qui
amène Siloni (1995) à les analyser comme des relatives réduites. Un phénomène
similaire s’observe en roumain (Cornilescu, 2004).
14. Une exception apparente vient de la langue kuot de Papouasie Nouvelle-
Guinée (Lindström, 2002), où les adjectifs s’accordent en personne dans la position
d’attribut bien qu’ils soient morphologiquement distincts des verbes.
15. Une exception à cette règle est le tabasaran (Xanmagomedov, 1967, cité par
Corbett, 1991 : 135), où tous les adjectifs sauf deux ne s’accordent qu’en position
d’attribut.
16. Les exemples comme poor little me/pauvre petite moi semblent contredire
cette généralisation avant que l’on ne se rende compte qu’en effet elles apparaissent
avec un article défini dans les positions argumentales et déclenchent l’accord verbal à
la 3e personne :
(i) La pauvre petite moi est/*suis restée sans aide.
17. Ce phénomène est distinct de la propagation du déterminant (determiner
spreading) en grec discutée par Androutsopoulou (1995), Alexiadou & Wilder (1998),
Alexiadou (2001), etc., qui met en jeu l’interprétation intersective obligatoire et qui est
applicable, d’après Alexiadou (2003), à la même classe d’adjectifs qui sont post-
nominaux dans les langues romanes.
18. Le comportement de ces affixes avec les adverbes dérivés des adjectifs est
aussi très intéressant, puis qu’ils s’attachent soit à la base adjectivale (cf.
lentissimamente en italien) soit à la version de l’adverbe sans le suffixe adverbial (cf.
lentito dérivé de lento ‘lentement’ en espagnol – le fait qu’il s’agit d’un adverbe et pas
d’un adjectif est confirmé par l’existence d’ahorita de ahora ‘maintenant’). Ceci nous
amène à la question du rôle du suffixe adverbial -mente quand il apparaît, étant donné
(1) qu’il a été considéré comme suffixe nominalisant (voir Baker, 2003, pour un
résumé des arguments en faveur de cette hypothèse) et (2) qu’en espagnol ce suffixe
peut apparaître dehors d’une coordination, comme dans rapida y efficazmente
‘rapidement et efficacement’.
Pour conclure cette digression sur les adverbes il faut également noter que les adverbes
de manière ont été considérés comme étant une forme flexionnelle des adjectifs par
Beard (1995) et Geuder (2000) entre autres (mais voir Zwicky, 1995b, pour les
arguments contre cette hypothèse).
19. Un domaine dans lequel le processus d’acquisition des concepts par une
langue a été étudié est celui des concepts de couleur (Berlin & Kay, 1969 et seq.].
Cependant, cette étude n’est pas limitée aux adjectifs.
42 ORA MATUSHANSKY

BIBLIOGRAPHIE
ABEILLÉ, Anne & GODARD, Danièle (1999). La position de l’adjectif épithète en
français : le poids des mots. Recherches Linguistiques de Vincennes 28 : 9-32
ABNEY, Steven (1987). The English Noun Phrase in its Sentential Aspect. Thèse de
doctorat, MIT, Cambridge, Mass.
ADELMAN, Allison & FRASER, Faith (2000). Evaluative affixes in Mexico City Spanish.
Ms., Swarthmore College.
ALEXIADOU, Artemis (2001). Adjective syntax and noun raising : Word order
asymmetries in the DP as the result of adjective distribution. Studia Linguistica
55 : 217-248
ALEXIADOU, Artemis (2003). Adjective syntax and (the absence of) noun raising in the
DP. Dans A. MAHAJAN (ed.), Proceedings of the Workshop on Head-movement,
UCLA : 1-39.
ALEXIADOU, Artemis & WILDER, Chris (1998). Adjectival modification and multiple
determiners. Dans A. ALEXIADOU & C. WILDER (eds.), Possessors, Predicates
and Movement in the DP : 303-332. Amsterdam : John Benjamins.
AMRITAVALLI, Raghavachari & JAYASEELAN, Karattuparambil A. (2003). The genesis of
syntactic categories and parametric variation. Ms., CIEFL, Hyderabad.
ANDROUTSOPOULOU, Antonia (1995). The licensing of adjectival modification. Dans :
J. CAMACHO, L. CHOUEIRI & M. WATANABE (eds.), Proceedings of WCCFL 14 :
17-31. Stanford : CSLI.
BABBY, Leonard H. (1973). The deep structure of adjectives and participles in Russian.
Language 49/2 : 349-360.
BABBY, Leonard H. (1975). Transformation Grammar of Russian Adjectives. The
Hague : Mouton.
BAILYN, John (1994). The syntax and semantics of Russian long and short adjectives :
an X’-theoretic account. Dans J. TOMAN (ed.), Formal Approaches to Slavic
Linguistics. The Ann Arbor Meeting : 1-30. Ann Arbor, Michigan : Michigan
Slavic Publications.
BAILYN, John & RUBIN, Edward J. (1991). The unification of Instrumental case
assignment in Russian. Dans A. TORIBIO & W. HARBERT (eds.), Cornell
Working Papers in Linguistics 9 : 99-126. Ithaca, NY : Department of Modern
Languages and Linguistics, Cornell University.
BAKER, Mark (2003). Lexical Categories : Verbs, Nouns, and Adjectives. Cambridge :
Cambridge University Press.
BAKER, Mark & STEWART, Osamuyimen Thompson (1997). Unaccusativity and the
adjective-verb distinction : Edo evidence. Dans K. KUSUMOTO (ed.),
Proceedings of the 27th Meeting of the North East Linguistic Society : 33-47.
Amherst, Mass. : GLSA.
BARKER, Chris (2004). Parasitic scope. Ms., UCSD.
BARTSCH, Renate (1987). The construction of properties under perspectives. Journal of
Semantics 5 : 293-320
BEARD, Robert (1995). Lexeme-Morpheme Base Morphology : a General Theory of
Inflection and Word Formation. Albany, NY : SUNY Press.
BECK, Sigrid (2000). The semantics of different : Comparison operator and relational
adjective. Linguistics and Philosophy 23 : 101-139.
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 43

BENMAMOUN, Elabbas (1992). Functional and Inflectional Morphology : Problems of


Projection, Representation and Derivation. Thèse de doctorat, USC.
BENMAMOUN, Elabbas (2000). The Feature Structure of Functional Categories. A
Comparative Study of Arabic Dialects. Oxford : Oxford University Press.
BENNIS, Hans (2000). Adjectives and argument structure. Dans P. COOPMANS,
M. EVERAERT & J. GRIMSHAW (eds.), Lexical Specification and Insertion
(Current Issues in Linguistic Theory 197) : 27-69. Amsterdam/Philadelphia :
John Bernjamins.
BENNIS, Hans (2004). Adjectives and psych verbs. Dans A. ALEXIADOU,
E. ANAGNOSTOPOULOU & M. EVERAERT (eds.), The Unaccusativity Puzzle :
Explorations of the Syntax-Lexicon Interface (Oxford Studies in Theoretical
Linguistics 5) : 84-114. Oxford : Oxford University Press.
BERLIN, Brent & KAY, Paul (1969). Basic Color Terms. Berkeley and Los Angeles :
University of California Press.
BERMAN, Arlene (1973). Adjectives and Adjective Complement Constructions in
English. Thèse de doctorat, Harvard.
BERNSTEIN, Judy (1992). On the Syntactic Status of Adjectives in Romance. Technical
Report, CUNY forum 17.
BERNSTEIN, Judy (1993). Topics in the syntax of nominal structure across Romance.
Thèse de doctorat, CUNY.
BEVER, Thomas G. (1970). The cognitive basis for linguistic structures. Dans J.
R. HAYES (ed.), Cognition and the Development of Language. New York : John
Wiley and Sons.
BHAT, D. N. S. (1994). The Adjectival Category : Criteria for Differentiation and
Identification. Studies in Language Companion Series. Amsterdam : John
Benjamins.
BHATT, Rajesh & PANCHEVA, Roumyana (2004). Late merge of degree clauses.
Linguistic Inquiry 35/1 : 1-45.
BIERWISCH, Manfred (1989). The semantics of gradation. Dans M. BIERWISCH &
E. LANG (eds.), Dimensional adjectives : 71-261. Berlin : Springer-Verlag.
BOLINGER, Dwight (1967). Adjectives in English : attribution and predication. Lingua
18 : 1-34.
BOLINGER, Dwight (1972). Degree Words. The Hague : Mouton.
BONAMI, Olivier & GODARD, Danièle (2004). Evaluative adverbs at the syntax-
semantics interface. Présenté à Journées Sémantique et Modélisation, ENS-
LSH, Lyon.
BORER, Hagit (1990). -ing : It walks like an adjective, it talks like an adjective.
Linguistic Inquiry 21/1 : 95-103.
BORER, Hagit (1998). Deriving passive without theta roles. Dans S. G. LAPOINTE, D.
K. BRENTARI & P. M. FARRELL (eds.), Morphological Interfaces : 60-99.
Stanford : CSLI.
BOUCHARD, Denis (1998). The distribution and interpretation of adjectives in French :
A consequence of Bare Phrase Structure. Probus 10 : 139-183.
BOUCHARD, Denis (2002). Adjectives, Number and Interfaces : Why Languages Vary.
Oxford : Elsevier Science.
BOUCHER, Paul (2004a). Les positions adjectivales en français : le cas des adjectifs
“déficients”. Dans K. GERDES & C. MULLER (eds.), Journées de la syntaxe :
44 ORA MATUSHANSKY

ordre des mots dans la phrase française, positions et topologie : 8-11.


Bordeaux : Université Michel Montaigne.
BOUCHER, Paul (2004b). Perfect adjective positions in French : a diachronic
perspective. Antwerp Papers in Linguistics 107 : 41-61.
BOUCHER, Paul (à paraître). Mapping function to form : adjective positions in French.
Lingvisticæ Investigationes.
BOWERS, John (1975). Adjectives and adverbs in English. Foundations of Language
13 : 529-562.
BOWERS, John (1987). Extended X-bar theory, the ECP and the Left Branch Condition.
Proceedings of WCCFL 6 : 47-62.
BOWERS, John (1993). The syntax of predication. Linguistic Inquiry 24 591-656.
BOWERS, John (2001). Predication. Dans M. BALTIN & C. COLLINS (eds.), The
Handbook of Contemporary Syntactic Theory : 299-333. Cambridge, Mass. :
Blackwell.
BRESNAN, Joan (1973). Syntax of the comparative clause construction in English.
Linguistic Inquiry 4 : 275-343.
BRESNAN, Joan (1975). Comparative deletion and constraints on transformations.
Linguistic Analysis 1/1 25-74.
BROEKHUIS, Hans (1999). Adjectives and Adjective Phrases. Modern Grammar of
Dutch occasional papers 2. Tilburg.
BROWNING, Maggie (1987). Null Operator Constructions. Thèse de doctorat, MIT,
Cambridge, Mass.
BURT, M. K. (1971). From Deep to Surface Structure : An Introduction to
Transformational Syntax. New York : Harper and Row.
CARLSON, Gregory Norman (1977). Reference to Kinds in English. Thèse de doctorat,
University of Massachusetts, Amherst.
CARLSON, Gregory Norman (1987). Same and different : some consequences for syntax
and semantics. Linguistics and Philosophy 10 : 531-566
CHOMSKY, Noam (1977). On wh-movement. Dans P. W. CULICOVER, T. WASOW et
A. AKMAJIAN (eds.), Formal Syntax : 71-132. New York : Academic Press.
CINQUE, Guglielmo (1990). Ergative adjectives and the lexicalist hypothesis. Natural
Language and Linguistic Theory 8 : 1-39.
CINQUE, Guglielmo (1994). On the evidence for partial N movement in the Romance
DP. Dans G. CINQUE, J. KOSTER, J.-Y. POLLOCK, L. RIZZI & R. ZANUTTINI
(eds.), Paths Towards Universal Grammar : 85-110. Georgetown : Georgetown
University Press.
CLARK, Romaine L. (1970). Concerning the logic of predicate modifiers. Noûs 4 : 311-
335.
CORBETT, Greville G. (1978). Universals in the syntax of cardinal numbers. Lingua 46 :
355-368.
CORBETT, Greville G. (1991). Gender. Cambridge Textbooks in Linguistics.
Cambridge : Cambridge University Press.
CORBLIN, Francis (1990). Les groupes nominaux sans nom du français. Dans
G. KLEIBER & J.-E. TYVAERT (eds.), L’anaphore et ses domaines (Recherches
linguistiques 14) : 63-80. Metz : Université de Metz.
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 45

CORBLIN, Francis (1996). Groupes nominaux sans nom et partitifs. Absences de


marques et représentation de l’absence. Dans Travaux linguistiques du
CERLICO 9 : 47-68. Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
CORBLIN, Francis, MARANDIN, Jean-Marie & SLEEMAN, Petra (2003). Nounless
determiners. Dans F. CORBLIN & H. DE SWART (eds.), Handbook of French
Semantics : 21-38. Stanford : CSLI.
CORNILESCU, Alexandra (2004). Modes of semantic combination : NP/DP-adjectives
and the structure of the Romanian DP. Ms., University of Bucharest.
CORVER, Norbert (1990). The syntax of Left Branch extractions. Thèse de doctorat,
University of Tilburg.
CORVER, Norbert (1991). Evidence for DegP. Proceedings of NELS 21 : 33-47.
CORVER, Norbert (1997). The internal syntax of the Dutch extended adjectival
projection. Natural Language and Linguistic Theory 15 : 289-368.
CRESSWELL, M. J. (1976). The semantics of degree. Dans B. H. PARTEE (ed.),
Montague Grammar. New York : Academic Press.
CRISMA, Paula (1991). Functional categories inside the noun phrase : A study on the
distribution of nominal modifiers. Ms., University of Venice.
CRISMA, Paula (1995). On the configurational nature of adjectival modification. Dans
K. ZAGONA (ed.), Grammatical Theory and Romance Languages (Current
Issues in Linguistic Theory 133) : 59-71. Amsterdam : John Benjamins.
CROFT, William (1991). Syntactic Categories and Grammatical Relations. Chicago :
University of Chicago Press.
DANKS, Joseph H. & SCHWENK, Mary Ann (1972). Prenominal adjective order and
communication context. Journal of Verbal Learning and Verbal Behaviour 11 :
183-187.
DANKS, Joseph H. & SCHWENK, Mary Ann (1974). Comprehension of prenominal
adjective ordering. Memory and Cognition 2 : 34-38.
DAYAL, Veneeta (2004). Licensing by modification. Ms., Rutgers University.
DELANCEY, Scott (2001). Functional syntax lectures. Notes du cours de LSA Summer
Institute, UC Santa Barbara, June 25-August 2, 2001.
DELSING, Lars-Olof (1993). The internal structure of noun phrases in the Scandinavian
languages. Thèse de doctorat, University of Lund.
DIXON, R. M. W. (1977). Where Have All Adjectives Gone ? Studies in Language 1.
DIXON, R. M. W. (1982). Where have all adjectives gone ? and other essays in
semantics and syntax. The Hague : Mouton.
DIXON, R. M. W. (2004). Adjective classes in typological perspective. Dans R. M.
W. DIXON & A. Y. AIKHENVALD (eds.), Adjective classes, a cross-linguistic
typology (Explorations in linguistic typology 1) : 1-49. Oxford : Oxford
University Press.
DOETJES, Jenny (1997). Quantifiers and selection : on the distribution of quantifying
expressions in French, Dutch and English. Thèse de doctorat, Leiden
University.
DOETJES, Jenny, NEELEMAN, Ad & VAN DE KOOT, Hans (1998). Degree expressions.
UCL Working Papers in Linguistics 10 : 323-368.
DRYER, Matthew S. (à paraître). Order of adjective and noun. Dans B. COMRIE, M.
S. DRYER, D. GIL & M. HASPELMATH (eds.), World Atlas of Language
Structures. Oxford : Oxford University Press.
46 ORA MATUSHANSKY

EMBICK, David & NOYER, Rolf (2001). Movement operations after syntax. Linguistic
Inquiry 32/4 : 555-598.
EMONDS, Joseph (1976). A transformational approach to English syntax : Root,
structure-preserving, and local transformations. New York : Academic Press.
ENÇ, Murvet (1986). Towards a referential analysis of temporal expressions.
Linguistics and Philosophy 9 : 405-426.
FALLER, Martina (1998). A vector space semantics for dimensional adjectives. Dans :
Proceedings of ESSLLI 1998 Student Session. Disponible sous
http://www.folli.uva.nl/CD/1998/pdf/studses/proc.html.
FALLER, Martina (2000). Dimensional adjectives and measure phrases in vector space
semantics. Dans M. FALLER, S. KAUFMANN & M. PAULY (eds.), Formalizing
the Dynamics of Information : 151-170. Stanford : CSLI.
FARKAS, Donka & É. KISS, Katalin (2000). On the comparative and absolute readings
of superlatives. Natural Language and Linguistic Theory 18/3 417-455.
FASSI FEHRI, Abdelkader (1989). Generalised IP structure, Case and VS order. Dans
I. LAKA & A. MAHAJAN (eds.), Functional Heads and Clause Structure (MIT
Working Papers in Linguistics 10) : 75-111. Cambridge, Mass. : MITWPL.
FASSI FEHRI, Abdelkader (1993). Issues in the Structure of Arabic Clauses and Words.
Dordrecht : Kluwer.
FASSI FEHRI, Abdelkader (1997). Arabic antisymmetrical adjectives and possessive
structure. Linguistic Research 2 : 1-51.
FASSI FEHRI, Abdelkader (1999). Arabic modifying adjectives and DP structures.
Studia Linguistica 53 : 105-154.
FODOR, Janet Dean (1983). Phrase structure parsing and the island constraints.
Linguistics and Philosophy 6 : 163-223.
FUDEMAN, Kirsten Anne (1999). Topics in the morphology and syntax of Balanta, an
Atlantic language of Senegal. Thèse de doctorat, Cornell University.
GAWRON, Jean Mark & KEHLER, Andrew (2002). The semantics of the adjective
respective. Dans L. H. MIKKELSEN & C. POTTS (eds.), WCCFL 21
Proceedings : 85-98. Somerville, MA : Cascadilla Press.
GEUDER, Willi (2000). Oriented adverbs. Issues in the lexical semantics of event
adverbs. Thèse de doctorat, Universität Tübingen.
GIVÓN, Talmy (1970). Notes on the semantic structure of English adjectives. Language
46 : 816-837.
GROSU, Alexander (2005). Against a conservativity-based account of extraposition and
scope effects in degree constructions. Présenté à Indefinites and Weak
Quantifiers, Brussels, Belgium.
HALLE, Morris & MATUSHANSKY, Ora (2006). The morpho-phonology of the Russian
conjugation. Linguistic Inquiry 37/3.
HATHOUT, Nabil ; PLÉNAT, Marc et TANGUY, Ludovic (2003). Enquête sur les dérivés en
-able. Cahiers de grammaire 28 : 40-90.
HAZOUT, Ilan (1991). Verbal nouns : theta-theoretic studies in Hebrew and Arabic.
Thèse de doctorat, University of Massachusetts, Amherst.
HAZOUT, Ilan (1995). Action nominalizations and the lexicalist hypothesis. Natural
Language and Linguistic Theory 13 : 355-404.
HAZOUT, Ilan (2000). Adjectival Genitive constructions in Modern Hebrew : A case
study in coanalysis. The Linguistic Review 9 29-52.
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 47

HEIM, Irene (1985). Notes on comparatives and related matters. Ms., University of
Texas, Austin.
HEIM, Irene (1994). Superlatives : a case study in the division of labor between syntax
and pragmatics. Ms., MIT.
HEIM, Irene (1999). Notes on superlatives. Ms., MIT.
HEIM, Irene (2000). Degree operators and scope. Proceedings of SALT X : 40-64.
Ithaca, NY : Cornell Linguistics Club.
HEIM, Irene & KRATZER, Angelika (1998). Semantics in Generative Grammar. Oxford :
Blackwell.
HELLAN, Lars (1981). Towards an integrated theory of comparatives. Tübingen :
Gunter Narr Verlag.
HETZRON, R. (1978). On the relative order of adjectives. Dans H. SEILER (ed.),
Language Universals : 165-184. Tübingen : Gunter Narr Verlag.
HICKS, Glyn (2003). “So Easy to Look At, So Hard to Define” : Tough Movement in
the Minimalist Framework. Thèse de maîtrise, University of York.
HIGGINBOTHAM, James (1985). On semantics. Linguistic Inquiry 16 : 547-593.
HINTIKKA, Jaakko (1986). The semantics of a certain. Linguistic Inquiry 17 : 331-336.
HOEKSTRA, Teun (1988). Small clause results. Lingua 74 : 101-139.
HURFORD, Jim (1975). The linguistic theory of numerals. Cambridge : Cambridge
University Press.
HURFORD, Jim (1987). Language and Number : the emergence of a cognitive system.
Oxford : Blackwell.
HURFORD, Jim (2001). Numeral systems. Dans N. J. SMELSER & P. B. BALTES (eds.),
International Encyclopedia of the Social and Behavioral Sciences : 10756-
10761. Amsterdam : Pergamon.
HURFORD, Jim (2003). The interaction between numerals and nouns. Dans F. PLANK,
(ed.), Noun Phrase Structure in the Languages of Europe (Typology of
Languages in Europe 7) : 561-620. The Hague : Mouton de Gruyter.
HYMAN, Larry M. (2003). Basaa A.43. Dans D. NURSE & G. PHILIPPSON (eds.), The
Bantu languages : 257-282. London : Routledge/Curzon.
INGRIA, Robert J. P. & GEORGE, Leland M. (1993). Adjectives, nominals, and the status
of arguments. Dans J. PUSTEJOVSKY (ed.), Semantics and the Lexicon.
Dordrecht : Kluwer.
IZVORSKI, Roumyana (1995). A DP-shell for comparatives. Dans : A. BISETTI, J. COSTA,
R. GOEDEMANS, N. MUNARO & R. VAN DE VIJVER (eds.), Proceedings of
ConSole 3 : 99-121. The Hague : Holland Academic Graphics.
JACKENDOFF, Ray (1977). X-bar syntax : a study of phrase structure. Cambridge,
Mass. : MIT Press.
JACKENDOFF, Ray (2000). Curiouser and curiouser. Snippets 1 : 8.
JACOBS, R. A. & ROSENBAUM, P. S. (1968). English Transformational Grammar.
Waltham, MA : Ginn.
JACOBSON, Pauline (1984). Connectivity in Phrase Structure Grammar. Natural
Language and Linguistic Theory 1 : 535-581.
JACOBSON, Pauline (1992). The lexical entailment theory of control and the tough
construction. Dans I. SAG & A. SZABOLCSI (eds.), Lexical Matters : 269-299.
Stanford : CSLI.
48 ORA MATUSHANSKY

JACOBSON, Pauline (2000). Extraction out of the tough. Snippets 1 : 7-8.


KAJITA, Masaru (1977). Towards a dynamic model of syntax. Studies in English
Linguistics 5 : 44-66.
KAMP, Hans (1975). Two theories about adjectives. Dans E. KEENAN (ed.), Formal
Semantics of Natural Language : 123-155. Cambridge : Cambridge University
Press.
KAMP, Hans & PARTEE, Barbara H. (1995). Prototype theory and compositionality.
Cognition 57 : 129-191.
KAYNE, Richard S. (2003). Some notes on comparative syntax, with special reference
to English and French. Ms., New York University.
KENNEDY, Christopher (1997). Projecting the adjective. The syntax and semantics of
gradability and comparison. Thèse de doctorat, University of California, Santa
Cruz.
KENNEDY, Christopher & MCNALLY, Louise (2005). Scale structure, degree
modification, and the semantics of gradable predicates. Language 81 : 345-
381.
KENNEDY, Christopher & MERCHANT, Jason (2000). Attributive comparative deletion.
Natural Language and Linguistic Theory 19 : 89-146.
KESTER, Ellen Petra (1996). The Nature of Adjectival Inflection. Thèse de doctorat,
UiL OTS.
KIEFER, Ferenc (1978). Adjectives and presuppositions. Theoretical Linguistics 5 :
135-173.
KIM, Ji-yung (2000). Adjectives in construct. Ms., University of Massachusetts,
Amherst.
KISHIMOTO, Hideki (2000). Indefinite pronouns and overt N-raising. Linguistic Inquiry
31/3 : 557-566.
KITAGAWA, Yoshihisa (1985). Small but clausal. Dans W. H. EILFORT, P. D. KROEBER
& K. L. PETERSON (eds.), Papers from the general session at the Twenty First
Regional Meeting of Chicago Linguistics Society : 210-220. Chicago : Chicago
Linguistic Society.
KLEIN, Ewan (1980). A semantics for positive and comparative adjectives. Linguistics
and Philosophy 4/1 : 1-45.
KLEIN, Ewan (1982). The interpretation of linguistic comparatives. Journal of
Linguistics 18 : 113-136.
KNITTEL, Marie Laurence (2005). Some remarks on adjective placement in the French
NP. Probus 17/2 : 185-226.
KOOPMAN, Hilda (1984). The Syntax of Verbs. Dordrecht : Foris.
KRATZER, Angelika (1998). Scope or pseudoscope ? Are there wide scope indefinites ?
Dans S. ROTHSTEIN (ed.), Events and Grammar : 163-196. Dordrecht : Kluwer.
KRATZER, Angelika (2000). Building statives. Ms., University of Massachusetts,
Amherst.
KRATZER, Angelika (2004). Building resultatives. Ms., University of Massachusetts,
Amherst.
KRIFKA, Manfred ; PELLETIER, Francis Jeffry ; CARLSON, Gregory Norman ; TER
MEULEN, Alice ; CHIERCHIA, Gennaro & LINK, Godehard (1995). Genericity :
An introduction. Dans G. N. CARLSON & F. J. PELLETIER (eds.), The Generic
book : 1-124. Chicago and London : The University of Chicago Press.
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 49

LAENZLINGER, Christopher (2000). French adjective ordering : Perspectives on DP-


internal movement types. GG@G (Generative Grammar in Geneva) 1 : 55-
104.
LAKOFF, George (1970). Irregularity in syntax. New York : Holt, Rinehart and Winston,
Inc.
LAMARCHE, J. (1991). Problems for N-movement to NumP. Probus 3 : 215-236.
LANGENDOEN, D. Terence & BEVER, Thomas G. (1973). Can a not unhappy person be
called a not sad one ? Dans S. R. ANDERSON & P. KIPARSKY (eds.), Festschrift
for Morris Halle : 392-409. New York : Holt, Rinehart, and Winston.
LARSON, Richard K. (1988). Scope and comparatives. Linguistics and Philosophy 11.
LARSON, Richard K. (1998). Events and modification in nominals. Dans
D. STROLOVITCH & A. LAWSON (eds.), Proceedings from Semantics and
Linguistic Theory (SALT) 8 : 145-168. Ithaca, NY : Cornell University.
LARSON, Richard K. (1999). Semantics of adjectival modification. Notes du cours de
LOT Winter School, Amsterdam, January 18-22, 1999.
LARSON, Richard K. & MARU‡IC, Franc (2004). On indefinite pronoun structures with
APs : Reply to Kishimoto. Linguistic Inquiry 35/2 : 268-287.
LARSON, Richard K. & SEGAL, Gabriel (1995). Knowledge of Meaning. Cambridge,
Mass. : Bradford Books/MIT Press.
LECARME, Jacqueline (1996). Tense in the nominal system. Dans J. LECARME,
J. LOWENSTAMM & U. SHLONSKY (eds.), Studies in Afro-asiatic Grammar : 159-
178. The Hague : Academic Graphics.
LECARME, Jacqueline (1999). Nominal tense and tense theory. Dans F. CORBLIN,
C. DOBROVIE-SORIN & J.-M. MARANDIN (eds.), Empirical Issues in Formal
Syntax and Semantics 2 : 333-354. The Hague : Thesus.
LECHNER, Winfried (1998). Comparatives and DP-structure. Thèse de doctorat,
University of Massachusetts, Amherst.
LECHNER, Winfried (2001). Reduced and phrasal comparatives. Natural Language and
Linguistic Theory 19 : 683-735.
LEVI, Judith N. (1978). The Syntax and Semantics of Complex Nominals. New York :
Academic Press.
LEVIN, Beth & RAPPAPORT, Malka (1986). The formation of adjectival passives.
Linguistic Inquiry 17/4 : 623-661.
LINDSTRÖM, Eva (2002). Topics in the Grammar of Kuot, a Non-Austronesian
Language of New Ireland, Papua New Guinea. Thèse de doctorat, Stockholms
universitet.
LOBECK, Anne (1995). Ellipsis : Functional Heads, Licensing and Identification.
Oxford/New York : Oxford University Press.
LOCKHART, Robert S. & MARTIN, James E. (1969). Adjective order and the recall of
adjective-noun triples. Journal of Verbal Learning and Verbal Behaviour 8 :
272-275.
MALING, Joan (1983). Transitive adjective : a case of categorial reanalysis.
Dans F. HENY & B. RICHARDS (eds.), Linguistic Categories : Auxiliaries and
Related Puzzles : 253-289. Dordrecht : D. Reidel.
MARANDIN, Jean-Marie (1997). Pas d’entité sans identité : l’analyse des groupes
nominaux det + A. Dans B. FRADIN & J.-M. MARANDIN (eds.), Mot et
Grammaires : 129-164. Paris : Didier Erudition.
50 ORA MATUSHANSKY

MARTÍ, Luisa (2003). Contextual Variables. Thèse de doctorat, University of


Connecticut.
MARTÍ, Luisa (2004). The syntactic presence of contextual variables. Ms., University
of the Witwatersrand.
MARTIN, James E. (1968). The Determinants of Preferred Adjective Ordering in
English. Thèse de doctorat, University of Illinois.
MARTIN, James E. (1969a). Semantic determinants of preferred adjective order.
Journal of Verbal Learning and Verbal Behaviour 8 : 697-704.
MARTIN, James E. (1969b). Some competence-process relationships in noun phrases
with prenominal and postnominal adjectives. Journal of Verbal Learning and
Verbal Behaviour 8 : 471-480.
MARTIN, James E. (1970). Adjective order and juncture. Journal of Verbal Learning
and Verbal Behaviour 9 : 379-384.
MATUSHANSKY, Ora (2001). The more the merrier : the syntax of synthetic and analytic
comparatives. Présenté à GLOW 24, Braga, Portugal.
MATUSHANSKY, Ora (2002a). Movement of Degree/Degree of Movement. Thèse de
doctorat, MIT, Cambridge MA : MITWPL.
MATUSHANSKY, Ora (2002b). Tipping the scales : The syntax of scalarity in the
complement of seem. Syntax 5/3 : 219-276.
MATUSHANSKY, Ora (2005). The DP and the deepest. Ms., CNRS/Université Paris 8.
MCCLOSKEY, James (2004). A note on predicates and heads in Irish clausal syntax.
Dans A. CARNIE, S. DOOLEY Collberg & H. HARLEY (eds.), Verb First : Papers
from the Tucson Workshop : 155-174. Amsterdam : John Benjamins.
MCNALLY, Louise & BOLEDA TORRENT, Gemma (2004). Relational adjectives as
properties of kinds. Dans P. CABREDO HOFHERR & O. BONAMI (eds.),
Empirical Issues in Formal Syntax and Semantics 5 : 179-196.
MEIER, Cécile (2001). Multihead comparatives and result clause constructions with
split antecedents. Dans C. FÉRY & W. STERNEFELD (eds.), Audiatur Vox
Sapientia. A Festschrift for Arnim von Stechow (Studia Grammatica 52) : 348-
371. Berlin : Akademie Verlag.
MEIER, Cécile (2003). The meaning of too, enough and so… that. Natural Language
Semantics 11/1 : 69-107.
MENUZZI, Sandro (1994). Adjectival positions inside DP. Dans R. BOK-BENNEMA &
C. CREMERS (eds.), Linguistics in the Netherlands 1994 : 127-138. Amsterdam/
Philadelphia : John Benjamins.
MERIN, Arthur (2003). Replacing ‘Horn scales’ by act-based relevance orderings to
keep negation and numerals meaningful. Dans : Forschungsberichte der DFG-
Forschergruppe ‘Logik in der Philosophie’ 110. Konstanz : University of
Konstanz.
MILNER, Jean-Claude (1978). De la syntaxe à l’interprétation. Paris : Seuil.
MILSARK, Gary (1974). Existential Sentences in English. Thèse de doctorat, MIT,
Bloomington, Indiana : Indiana University Linguistics Club.
MILSARK, Gary (1977). Toward an explanation of certain peculiarities of the existential
construction in English. Linguistic Analysis 3 : 1-29.
MITCHELL, Jonathan (1986). The Formal Semantics of Point of View. Thèse de
doctorat, University of Massachusetts, Amherst.
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 51

MOLTMANN, Friederike (1992a). Coordination and comparatives. Thèse de doctorat,


MIT, Cambridge, Mass.
MOLTMANN, Friederike (1992b). Reciprocals and same/different : Towards a semantic
analysis. Linguistics and Philosophy 15 : 411-462.
MOLTMANN, Friederike (1993). The empty element in comparatives. Dans A. J. SHAFER
(ed.), Proceedings of the North East Linguistics Society (NELS 23) : 319-333.
MONTAGUE, Richard (1970). English as a formal language. Dans B. VISENTINI (ed.),
Linguaggi nella Societa e nella Tecnica. Milan : Edizioni di Comunità.
MURPHY, M. LYNNE (1997). Why adjectives occur (or don’t) in measure phrases.
Présenté à Linguistic Society of America Meeting, Chicago.
ODIJK, J. (1992). Uninflected adjectives in Dutch. Dans R. BOK-BENNEMA & R. van
Hout (eds.), Linguistics in the Netherlands 1992 : 197-208. Amsterdam/
Philadelphia : John Benjamins.
PARSONS, Terence (1970). Some problems concerning the logic of grammatical
modifiers. Synthèse 21 : 320-334.
PARTEE, Barbara H. (1989). Binding implicit variables in quantified contexts. Dans C.
R. WILTSHIRE, B. MUSIC & R. GRACZYK (eds.), Papers from CLS 25 : 342-365.
Chicago : Chicago Linguistic Society.
PARTEE, Barbara H. (1995). Lexical semantics and compositionality. Dans
L. GLEITMAN & M. LIBERMAN (eds.), Language 1 : 311-360. Cambridge : MIT
Press.
PARTEE, Barbara H. (2003). Privative adjectives : subsective plus coercion.
Dans R. BÄUERLE, U. REYLE & T. E. ZIMMERMANN (eds.), Presuppositions and
Discourse. Amsterdam : Elsevier.
PERELTSVAIG, Asya (2001). Syntactic categories are neither primitive nor universal :
evidence from short and long adjectives in Russian. Dans S. FRANKS, T.
H. KING & M. YADROFF (eds.), Formal Approaches to Slavic Linguistics 9 :
The Bloomington Meeting : 209-227. Ann Arbor, Michigan : Michigan Slavic
Publications.
PERELTSVAIG, Asya (2004). Hebrew nominals : rehabilitating the head-movement
approach. Ms., Yale.
POSTAL, Paul et ROSS, John R. (1971). Tough movement si, tough deletion no !
Linguistic Inquiry 2 : 544-546.
POTTS, Christopher (2003). The logic of conventional implicatures. Thèse de doctorat,
UCSC.
PUSTEJOVSKY, James (1995). The generative lexicon. Cambridge : MIT Press.
RAPOPORT, Tova R. (1993). Verbs in depictives and resultatives. Dans J. PUSTEJOVSKY,
(ed.), Semantics and the Lexicon : 163-184. Dordrecht : Kluwer.
RECANATI, François (2003). Truth-conditional pragmatics. Présenté à EALing 2003
Fall School of Linguistics (ENS), Paris.
RICE, Keren (1989). A Grammar of Slave. Berlin : Mouton de Gruyter.
VAN RIEMSDIJK, Henk (2001). A far from simple matter : syntactic reflexes of syntax-
pragmatics misalignments. Dans R. M. HARNISH & I. KENESEI (eds.),
Semantics, Pragmatics and Discourse. Perspectives and Connections. A
Festschrift for Ferenc Kiefer : 21-41. Amsterdam : John Benjamins.
RITTER, Elisabeth (1988). A head-movement approach to construct-state noun phrases.
Linguistics 26 : 909-929.
52 ORA MATUSHANSKY

RITTER, Elisabeth (1991). Two functional categories in noun phrases : Evidence from
Modern Hebrew. Perspectives on Phrase Structure (Syntax and Semantics
25) : 37-62. New York : Academic Press.
RONAT, Mitsou (1977). Une contrainte sur l’effacement du nom. Dans M. RONAT (ed.),
Langue : 153-169. Paris : Hermann.
ROSS, John R. (1964). A partial grammar of English superlatives. Thèse de maîtrise,
University of Pennsylvania.
RUYS, E. G. (1992). The Scope of Indefinites. Thèse de doctorat, Utrecht University.
SAG, Ivan (1976). Deletion and Logical Form. Thèse de doctorat, MIT.
SCHLENKER, Philippe (1999). La flexion de l’adjectif en allemand : la morphologie de
haut en bas. Recherches Linguistiques de Vincennes 28 : 115-132.
SCHWARZ, Bernhard (2001). Two kinds of long-distance indefinites. Dans R. VAN ROOY
& M. STOKHOF (eds.), Proceedings of the Thirteenth Amsterdam Colloquium :
192-197. Amsterdam : ILLC/Department of Philosophy, University of
Amsterdam.
SCHWARZSCHILD, Roger (2002). The grammar of measurement. Ms., Rutgers.
SCOTT, Gary-John (1998). Stacked adjectival modification and the structure of nominal
phrases. SOAS Working Papers in Linguistics and Phonetics 8 : 59-89.
SEUREN, Pieter A. M. (1973). The comparative. Dans F. KIEFER & N. RUWET (eds.),
Generative Grammar in Europe : 528-564. Dordrecht : D. Reidel.
SHARVIT, Yael & STATEVA, Penka (2002). Superlative expressions, context, and focus.
Linguistics and Philosophy 25 : 453-505.
SHLONSKY, Ur (2002). The form of Semitic noun phrases. Ms., University of Geneva.
SICHEL, Ivy (2002). Phrasal movement in Hebrew adjectives and possessives. Dans
A. ALEXIADOU, E. ANAGNOSTOPOULOU, S. BARBIERS & H.-M. GÄRTNER (eds.),
Dimensions of Movement : From features to remnants : 297-339. Amsterdam :
John Benjamins.
SIEGEL, E. A. (1976a). Capturing the Adjective. Thèse de doctorat : University of
Massachusetts, Amherst.
SIEGEL, E. A. (1976b). Capturing the Russian adjective. Dans B. H. PARTEE (ed.),
Montague Grammar : 293-309. New York : Academic Press.
SIGUR SSON, Halldór Ármann (1993). The structure of the Icelandic NP. Studia
Linguistica 47 : 177-197.
SILONI, Tal (1995). On participial relatives and complementizer D°: a case study of
Hebrew and French. Natural Language and Linguistic Theory 13/3 : 445-487.
SILONI, Tal (1996). Hebrew noun phrases : generalized noun raising. Dans A. BELLETTI
& L. RIZZI (eds.), Parameters and Functional Heads : 239-267. New
York/Oxford : Oxford University Press.
SILONI, Tal (1997). Noun Phrases and Nominalizations. Dordrecht : Kluwer.
SILONI, Tal (2001). Adjectival constructs and inalienable constructions. Dans
J. OUHALLA & U. SHLONSKY (eds.), Themes and Issues in the Syntax of Arabic
and Hebrew : 161-187. Dordrecht : Kluwer.
SLEEMAN, Petra (1993). Noun ellipsis in French. Probus 5 : 271-295.
SLEEMAN, Petra (1996). Licensing Empty Nouns in French. The Hague : HIL.
SMITH, Carlota S. (1964). Determiners and relative clauses in generative grammar.
Language 40 : 37-52.
LES ADJECTIFS – UNE INTRODUCTION 53

SOARE, Elena (2002). Le Supin roumain et la théorie des catégories mixtes. Thèse de
doctorat, Université Paris 7, Paris.
SPROAT, Richard & SHIH, Chilin (1988). Prenominal adjective ordering in English and
Mandarin. Proceedings of NELS 18 : 465-489.
STASSEN, Leon (1985). Comparison and universal grammar : an essay in universal
grammar. Oxford : Blackwell.
STATEVA, Penka (2000). In defense of the movement theory of superlatives.
Dans R. DALY & A. RIEHL (eds.), Proceedings of the Eastern States Conference
on Linguistics 1999 : 215-226.
STATEVA, Penka (2002). How Different are Different Degree Constructions ? Thèse de
doctorat, University of Connecticut.
STATEVA, Penka (2003). Superlative more. Présenté à SALT 13, University of
Washington.
STATEVA, Penka (2005). Presuppositions in superlatives. Ms., Humboldt University,
Berlin.
VON STECHOW, Arnim (1984). Comparing theories of comparison. Journal of
Semantics 3 : 1-77.
STOWELL, Tim (1981). Origins of Phrase Structure. Thèse de doctorat, MIT.
STOWELL, Tim (1989). Subjects, specifiers and X-bar theory. Dans M. BALTIN &
A. KROCH (eds.), Alternative Conceptions of Phrase Structure : 232-262. New
York : Academic Press.
STOWELL, Tim (1991). The alignment of arguments in adjective phrases. Perspectives
on Phrase Structure (Syntax and Semantics 25) : 105-135. New York :
Academic Press.
STOWELL, Tim (1993). Subjects across categories. The Linguistic Review 2/3 : 285-312.
STRIGIN, Anatoli & DEMJJANOW, Assinja (2001). Secondary predication in Russian.
ZAS Papers in Linguistics 25 : 1-79.
STUMP, Greg (1981). The interpretation of frequency adjectives. Linguistics and
Philosophy 4 : 221-257.
DE SWART, Henriette, WINTER, Yoad & ZWARTS, Joost (2004). The interpretation of bare
predicate nominals in Dutch. Ms., UiL OTS/Technion.
SZABÓ, Zoltán Gendler (2001). Adjectives in context. Dans R. M. HARNISH &
I. KENESEI (eds.), Perspectives on Semantics, Pragmatics, and Discourse, :
119-146. Amsterdam : John Benjamins.
SZABOLCSI, Anna (1986). Comparative superlatives. Dans N. FUKUI, T. R. RAPOPORT
& E. SAGEY (eds.), MIT Working Papers in Linguistics 8 : 245-265.
Cambridge, Mass. : MITWPL.
TARANTO, Gina Christine (2003). Discourse adjectives. Thèse de doctorat, UCSD.
TICIO, María Emma (2003). On the structure of DPs. Thèse de doctorat, UConn.
TOVENA, Lucia M. & VAN PETEGHEM, Marleen (2002). Différent vs autre et
l’opposition réciproque vs comparatif. Lingvisticæ Investigationes 25/1 : 149-
170.
VALOIS, Daniel (1991). The Internal Syntax of DP. Thèse de doctorat, UCLA.
VENDLER, Zeno (1963). The Transformational Grammar of English Adjectives.
Transformations and Discourse Analysis Papers 52. Philadelphia, Penn. :
University of Pennsylvania.
54 ORA MATUSHANSKY

WASOW, Thomas (1977). Transformations and the lexicon. Dans P. W. CULICOVER,


T. WASOW & A. AKMAJIAN (eds.), Formal Syntax : 327-360. New York :
Academic Press.
WILLIAMS, Edwin (1980). Predication. Linguistic Inquiry 11 : 203-238.
WILLIAMS, Edwin (1982). Another argument that passive is transformational.
Linguistic Inquiry 13 : 160-163.
WINTER, Yoad (2001). Flexibility Principles in Boolean Semantics : coordination,
plurality and scope in natural language. Cambridge, Massachusetts : MIT
Press.
WINTER, Yoad (à paraître). Cross-categorial restrictions on measure phrase
modification. Linguistics and Philosophy.
XANMAGOMEDOV, B. G.-K. (1967). Tabasaranskij jazyk. Dans E. A. BOKAREV & K.
V. LOMTATIDZE (eds.), Iberijsko-kavkazskije jazyki (Jazyki narodov SSSR IV) :
545-561. Moscow : Nauka.
YAMAKIDO, Hiroko (2000). Japanese attributive adjectives are not (all) relative clauses.
Dans R. BILLEREY & B. D. LILLEHAUGEN (eds.), WCCFL 19 Proceedings : 588-
602. Somerville, MA : Cascadilla Press.
ZIMMERMANN, Malte (2003). Pluractionality and complex quantifier formation.
Natural Language Semantics 11/3 : 249-287.
ZWARTS, Joost (1997). Vectors as relative positions : a compositional semantics of
modified PPs. Journal of Semantics 14 : 57-86.
ZWARTS, Joost & WINTER, Yoad (2000). Vector space semantics : a model-theoretic
analysis of locative prepositions. Journal of Logic, Language and Information
9 : 169-211.
ZWICKY, Arnold (1995a). Exceptional degree modifiers : A puzzle in internal and
external syntax. OSU Working Papers in Linguistics 47 : 111-123.
ZWICKY, Arnold (1995b). Why English adverbial -ly is not inflectional. CLS 31/1 : 523-
535.

ABSTRACT
This article is a short introduction into the domain of adjectival syntax,
semantics, morphology and typology. Its goal is to briefly discuss such
commonly addressed topics as attributive and predicative uses of adjectives ;
syntax and semantics of context-dependency, including scalarity ; argument
structure of various adjectival types, the internal syntax of the adjectival
phrase and its behavior inside and outside noun phrases ; the existence of the
lexical class of adjectives across languages and cross-linguistic properties, and
finally, the questions related to inflectional and derivational adjectival
morphology.

KEYWORDS
Adjectives, scalarity, intersective, modification, predication, agreement,
concord.

Vous aimerez peut-être aussi