Lavabre-Bertrand - COURS HISTOLOGIE 2021
Lavabre-Bertrand - COURS HISTOLOGIE 2021
Lavabre-Bertrand - COURS HISTOLOGIE 2021
HISTOLOGIE GÉNÉRALE
Professeur Thierry Lavabre-Bertrand
ATTENTION
CE TEXTE DE COURS EST MIS À VOTRE DISPOSITION POUR VOUS AIDER À
CLARIFIER CERTAINS POINTS DE L’EXPOSÉ ORAL. SEUL CE QUI A ÉTÉ DIT
EN COURS OU INSCRIT SUR LES DIAPOSITIVES EST À APPRENDRE ET
POURRA FAIRE L’OBJET D’UNE QUESTION À L’EXAMEN.
La Cytologie a pour but l’étude des cellules, l’Histologie celle des tissus.
LES ÉPITHÉLIUMS
Généralités
Définition
Tissu formé de cellules jointives, juxtaposées, étroitement solidarisées par des systèmes de
jonction et reposant sur du tissu conjonctif (ou chorion) dont il est séparé par une lame (ou
membrane) basale.
Classification
On distingue classiquement
- les épithéliums de revêtement proprement dits, qui tapissent la surface du corps et les
cavités de l’organisme en relation avec l’extérieur. En ce dernier cas, l’ensemble formé
par les épithéliums de revêtement, leur lame basale et le tissu conjonctif immédiatement
sous-jacent sur lequel ils reposent porte aussi le nom de muqueuses. On assimile aux
épithéliums de revêtement les mésothéliums, qui tapissent les cavités closes de
l’organisme (on parle alors également de séreuses, qui comprennent mésothélium, lame
basale et chorion) et les endothéliums, qui limitent la lumière des vaisseaux. Leur
structure est proche de celle des épithéliums proprement dites et sera donc étudiée
simultanément.
- les épithéliums glandulaires qui sont spécialisés dans l’élaboration et la sécrétion,
laquelle peut être déversée hors de l’organisme (épithéliums glandulaires exocrines) ou
dans la circulation (épithéliums glandulaires endocrines).
Fonctions de base
Les fonctions de base des épithéliums peuvent se résumer en deux grands chapitres :
- être une frontière entre 2 régions de l’organisme (généralement milieux intérieur et
extérieur, mais aussi compartiment intravasculaire et extravasculaire…) : ceci implique
une forte cohésion cellulaire
- être une zone d’échange entre intérieur et extérieur, le passage étant asymétrique et pour
beaucoup de substances résultant d’un phénomène actif (absorption ou sécrétion) : ceci
implique une structure asymétrique ; les cellules sont polarisées. Cette notion de
polarisation montre bien que les fonctions de barrière et d’échange ne sont pas
contradictoires : le passage est asymétrique, ce qui suppose donc que l’épithélium en tant
que barrière participe à la constitution d’un gradient de concentration de nombreuses
substances.
Si ces fonctions de base sont évidentes pour les épithéliums de revêtement, elles se retrouvent
aussi dans les épithéliums glandulaires, bien que parfois moins nettes.
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Au sens strict, l’épithélium ne se compose que des cellules épithéliales. Le chorion sous-
jacent est du tissu conjonctif dont la structure précise sera étudiée dans le chapitre
correspondant. On en dira cependant ici un mot général, car les deux sont indissociables.
Définition :
Epithéliums qui recouvrent la surface de l’organisme, la paroi des cavités (ouvertes et closes)
et des vaisseaux.
Classification
La classification des épithéliums est utile :
- pour faire un diagnostic d’organe
- pour comprendre la physiologie de l’épithélium.
- épithélium cubique : cellules aussi hautes que larges. Ex : partie initiale des canaux
excréteurs des glandes exocrines.
- épithélium cylindrique ou prismatique : cellules plus hautes que larges, qui à l’état isolé
ont un aspect de cylindre mais qui prennent un aspect généralement polygonal quand elles
sont en place dans l’épithélium, du fait des tractions qu’elles exercent les unes sur les
autres. Ex : épithélium intestinal et gastrique.
- épithélium polymorphe, quand toutes les formes sont représentées. Ex : épithélium de
l’arbre urinaire. En fait, dans les épithéliums polymorphes, la forme varie également selon
le degré de tension de l’épithélium : les cellules de l’épithélium de la vessie par exemple
ont une forme qui varie selon que la vessie est vide ou pleine ;
Nombre de couches :
- épithélium simple ou unistratifié : une seule couche de cellules. Ex : endothélium et
mésothélium, épithélium gastrique ou intestinal.
- épithélium pluristratifié : plusieurs couches. Ex : peau, oesophage
- épithélium pseudostratifié : impression en microscopie optique qu’il y a plusieurs couches
(car les noyaux sont à différentes hauteurs et on ne voit pas nettement les limites
cellulaires), mais toutes les cellules reposent en fait sur la basale. Ex : muqueuse de la
trachée, épithélium urinaire.
a) Rôle de frontière :
- Barrière : les épithéliums de revêtement servent de frontière entre l’extérieur et l’intérieur
ou entre différents secteurs de l’organisme. Ce rôle est fondamental : il dépend de la
cohésion cellulaire et de l’étanchéité assurée notamment par les jonctions serrées.
- Protection mécanique, chimique, thermique, vis à vis des radiations, des agents
infectieux…Cette fonction implique la cohésion cellulaire mais va au-delà (par exemple
synthèse de mélanine dans l’épiderme, protection de la muqueuse gastrique par le mucus
qu’elle sécrète, présence de cellules immunitaires dans les épithéliums qui s’activent au
contact des antigènes extérieurs…)
b) Rôle de passage :
- Absorption (p.ex. intestin grêle, alvéoles pulmonaires) et à un moindre degré pour les
épithéliums de revêtement sécrétion (p.ex. certaines zones du tubule rénal) : traversée de
l’épithélium de « dehors » vers la lame basale ou vice versa. Ces échanges peuvent être
favorisés par une augmentation de surface (microvillosités…). Ils sont souvent liés à des
phénomènes actifs, mais il peut y avoir un passage passif. Une sécrétion particulière peut
être assurée par certaines cellules glandulaires insérées entre les cellules de l’épithélium
(cellules caliciformes sécrétant du mucus par exemple).
- Régulation du passage de cellules entre différents compartiments : les épithéliums
peuvent permettre le passage de certaines cellules d’un compartiment dans l’autre. C’est
par exemple le cas de la traversée des endothéliums par les cellules sanguines : la cellule
endothéliale exprime à sa surface des marqueurs qui vont être reconnus par les cellules
circulantes. Des cellules endothéliales adjacentes peuvent alors se disjoindre
temporairement pour laisser passer la cellule sanguine vers le chorion. La cellule peut
aussi rester parfois intercalée entre des cellules épithéliales, dans d’autres types
d’épithélium.
c) Autres :
- Activité mécanique notamment en surface (cils vibratiles…) par exemple dans les
bronches, faisant remonter le mucus.
- Réception de messages sensoriels (tact…) : il existe fréquemment des terminaisons
nerveuses entre les cellules épithéliales. Elles participent à la réception de messages
sensoriels.
Corrélation structure/fonctions
Il y a dans les épithéliums comme dans toute structure biologique, une corrélation entre
structure et fonction. La comprendre permet, connaissant la structure d’un épithélium d’en
prédire les fonctions, et inversement, connaissant le rôle qu’un épithélium donné remplit dans
l’organisme d’anticiper un certain nombre de caractéristiques morphologiques.
On peut énoncer trois principes de base :
- les épithéliums ayant une importante activité de passage sont unistratifiés, ceux ayant un
rôle important de protection sont pluristratifiés,
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- plus l’activité de passage est importante, plus le rapport surface/épaisseur des cellules
composant l’épithélium est élevé (l’augmentation de surface pouvant être due à des
différenciations de type microvillosités),
- plus le passage à travers un épithélium est rapide, sans remaniement de la substance qui
traverse, c’est à dire ne met pas en jeu le métabolisme propre de la cellule, plus les
cellules sont aplaties, plus il y a remaniement, plus elles sont hautes.
La vie de l’épithélium
Il y a un renouvellement permanent à partir de cellules souches situées à des endroits
variables selon les épithéliums, mais bien précis pour un épithélium donné. Il est régulé par
l’environnement, notamment le tissu conjonctif sous-jacent (facteurs de croissance tel l’EGF,
cytokines…), et le phénomène d’inhibition de contact. Il implique un phénomène de
différenciation, passant de la cellule souche, dont la morphologie est peu caractéristique, à la
structure caractéristique du type cellulaire et du tissu.
De la même façon que chaque cellule est polarisée, il existe un gradient géographique allant
de la zone où se trouvent les cellules souches vers les zones où se trouvent les cellules les plus
vieilles. Logiquement, ce gradient est vertical dans les épithéliums pluristratifiés et horizontal
dans les épithéliums simples.
Les cellules en fin de vie sont éliminées en surface, après avoir souvent subi une mort par
apoptose.
La vitesse de renouvellement est très variable d’un épithélium à l’autre, et selon les
conditions, l’âge du sujet etc.
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Définition :
Ce sont des épithéliums orientés vers l’élaboration de substances qu’ils vont excréter :
- vers l’extérieur : épithéliums glandulaires exocrines
- vers la circulation : épithéliums glandulaires endocrines.
Généralités :
Les cellules épithéliales glandulaires peuvent être insérées dans un épithélium de revêtement.
Elles peuvent également être situées à distance de celui-ci. Elles participent alors à la
constitution des glandes organisées.
Il faut bien distinguer l’épithélium glandulaire au sens strict, de la glande qui comprend non
seulement l’épithélium mais aussi la lame basale et le tissu conjonctif d’accompagnement : la
glande est un organe, bien distinct des structures voisines. On distinguera donc les glandes
exocrines, endocrines et amphicrines (qui sont à la fois exo- et endocrines). Les glandes
exocrines, étant situées à distance d’un épithélium de revêtement, lui sont obligatoirement
rattachées par un canal excréteur plus ou moins long.
Structure et fonction d’une glande exocrine (ne s’applique pas aux cellules exocrines
incluses dans les épithéliums de revêtement)
La structure comprend :
. Une capsule conjonctive délimitant l’organe, émettant des cloisons qui délimitent des lobes,
cloisons se divisant pour délimiter des lobules. Les éléments sécréteurs sont regroupés dans
les lobules. Cette division en lobes et lobules n’est pas obligatoire et dépend de la taille de la
glande et de sa nature (seules les glandes ramifiées et composées comportent plusieurs lobes
et lobules).
. Les éléments sécréteurs (épithélium glandulaire) sont sous forme d’acinus, de tubes ou
d’alvéoles. L’épithélium sécréteur comme tout épithélium est doublé d’une lame basale.
. Les canaux excréteurs rattachent l’épithélium glandulaire à l’épithélium de revêtement. Sa
longueur est variable. La partie initiale est fine, limitée généralement par un épithélium
cubique simple. Les canaux se regroupent (dans les glandes ramifiées et composées), ont une
lumière de plus en plus large, sont d’abord intralobulaires puis cheminent dans les cloisons
conjonctives (segment extralobulaire). Ces canaux excréteurs sont d’abord unistratifiés puis se
rapprochent progressivement du type d’épithélium dans lequel ils vont déboucher : par
exemple, l’épithélium des canaux excréteurs des glandes salivaires devient progressivement
pavimenteux pluristratifié, alors que celui des canaux excréteurs du pancréas reste unistratifié.
. Les vaisseaux et les nerfs sont abondants, cheminent dans les cloisons conjonctives et se
répartissent entre les différents lobules. Ils apportent les nutriments et règlent la sécrétion,
respectivement.
. Il peut exister des cellules de type musculaire plaquées contre les cellules épithéliales,
intercalées entre celles-ci et la lame basale (cellules myo-épithéliales). Elles ont pour rôle, en
se contractant, de favoriser l’excrétion.
b) Les épithéliums endocrines situés à distance des épithéliums de revêtement : ils participent
à la formation des glandes endocrines organisées, comprenant, outre l’épithélium glandulaire
et sa lame basale, le conjonctif situé autour. L’épithélium glandulaire peut prendre diverses
dispositions et on distingue :
. les glandes de type cordonnal, où les cellules épithéliales sont organisées en cordons épais,
entourés d’une basale. Les cordons sont séparés par du tissu conjonctif riche en vaisseaux.
Exemple : la surrénale.
. les glandes vésiculaires ou folliculaires, où les cellules épithéliales délimitent des vésicules
formées d’un épithélium simple, bordant une cavité remplie par les produits de sécrétion,
exemple : thyroïde. La sécrétion se produit ici en deux temps : sécrétion dans le cavité d’une
pro-hormone, puis réabsorption du contenu de la cavité pour synthétiser l’hormone définitive
qui sera excrétée dans le sang.
La structure générale d’une glande endocrine comporte outre l’épithélium et sa lame basale,
du tissu conjonctif lâche où cheminent vaisseaux et nerfs, entouré de tissu conjonctif dense
constituant la capsule qui délimite la glande par rapport aux structures de voisinage, et qui
peut émettre des cloisons délimitant lobes et lobules. Les capillaires assurent des transports
importants et sont donc souvent fenêtrés (c'est-à-dire comportant des pores qui facilitent les
échanges).
Les produits de sécrétion sont des hormones.
Une hormone est une substance déversée et transportée dans le sang vers un organe ou une
cellule apte à réagir sous l’effet de cette hormone, car possédant un récepteur spécifique de
celle-ci.
Les récepteurs sont situés sur la membrane plasmique pour les hormones peptidiques, ils sont
nucléaires pour les stéroïdes et membranaires pour les amines biogènes.
Il existe des corrélations entre la structure des cellules sécrétrices et le type de sécrétion. Les
cellules qui sécrètent des hormones peptidiques ont les caractères cytologiques classiques des
cellules à forte activité sécrétoire : réticulum endoplasmique rugueux bien développé, noyau à
nucléole proéminent, appareil de Golgi important … On observe dans le cytoplasme des
vésicules de sécrétion contenant l’hormone limitées par une membrane propre. Leur contenu
est évacué par exocytose. Les cellules sécrétant des stéroïdes ont un réticulum endoplasmique
lisse abondant, des mitochondries nombreuses à crêtes tubulaires, des vacuoles lipidiques
importantes, faites non d’hormone mais notamment de cholestérol. Il n’y a pas de vésicules de
sécrétion ni d’exocytose. Les cellules sécrétrices d’amines biogènes ont de petites vésicules
de sécrétion à cœur dense en ME, dont l’aspect est spécifique de l’amine en cause. Le contenu
est évacué par exocytose.
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LE TISSU CONJONCTIF
Définition : Tissu d’origine mésodermique formé de cellules non jointives dispersées dans
une matrice extracellulaire abondante.
Généralités
1) Les cellules
a) le fibroblaste : c’est la cellule de base du tissu conjonctif, qui se retrouve constamment.
Elle existe en fait sous 2 formes, les fibroblastes proprement dits et les fibrocytes, qui
correspondent à une forme moins active. Le terme de « fibroblaste » est malheureusement
employé souvent à tort dans les deux sens. Le fibroblaste proprement dit est une cellule
fusiforme ou étoilée de 20 à 30 µ de long sur 5 à 10 µ de diamètre, avec de courts
prolongements plus ou moins ramifiés. Le noyau est ovale, souvent profondément encoché.
La chromatine forme des mottes périphériques. Le nucléole est volumineux, le cytoplasme est
basophile et riche en organites impliqués dans la synthèse protéique (réticulum
endoplasmique rugueux, ribosomes libres). Il contient des microfilaments orientés selon le
grand axe de la cellule. La cellule est douée d’une faible mobilité. Elle a tous les caractères
d’une cellule métaboliquement active.
Le fibroblaste peut élaborer la totalité des constituants de la matrice extracellulaire : protéines
des fibres conjonctives, glycoprotéines de structure, protéoglycanes de la substance
fondamentale. Il intervient dans le métabolisme des lipoprotéines et du cholestérol. Il sécrète
l’interféron ß et des facteurs chimiotactiques et joue donc un rôle anti-infectieux. Le
fibroblaste prédomine dans le tissu conjonctif jeune et au voisinage des parenchymes actifs ou
en plein remaniement. Il dérive du mésenchyme embryonnaire. Il est capable d’auto-
renouvellement, et d’ailleurs quand on cultive in vitro les tissus humains, c’est lui qui tend à
envahir toute la culture au bout de quelques jours. Des fibroblastes plus immatures seraient
présents le long des capillaires et seraient capables en cas de besoin de se diviser très
activement pour augmenter l’effectif de la population fibroblastique.
Les fibroblastes de certains organes (la moelle osseuse par exemple) peuvent former entre eux
des réseaux, qui ont un rôle de charpente et donnent aux fibroblastes une certain coordination
fonctionnelle.
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Le fibrocyte est une cellule morphologiquement moins active (chromatine plus condensée,
moins d’organites de synthèse…).
Une cellule proche du fibroblaste a été décrite : le myofibroblaste. Il s’agit d’une cellule
morphologiquement très proche du fibroblaste, très active, et dont les propriétés contractiles
et la mobilité sont nettement plus grandes. Ces cellules sont notamment abondantes lorsque le
tissu conjonctif prolifère au cours du processus de cicatrisation. Outre leur mobilité, les
myofibroblastes se caractérisent par leur capacité à s’accrocher aux constituants de la matrice
extracellulaire, augmentant la cohésion et la solidité de celle-ci lors de la cicatrisation.
b) l’adipocyte : c’est une cellule qui stocke une grande quantité de lipides. Les adipocytes
constituent en fait, quand ils sont groupés, un tissu conjonctif particulier, le tissu adipeux, qui
sera étudié plus loin. La description de l’adipocyte lui-même sera faite en même temps. Il est
entouré d’une lame basale.
c) les différentes variétés de cellules d’origine sanguine : ces cellules passent dans le tissu
conjonctif sous la dépendance de facteurs de reconnaissance particuliers avec les cellules
endothéliales qui limitent la paroi des vaisseaux (sélectines notamment). Elles comprennent
les cellules de la lignée lymphocytaire (lymphocytes et plasmocytes), les cellules de la lignée
dite granuleuse (polynucléaires), les cellules de la lignée monocytaire (monocytes et
macrophages) et les mastocytes. A l’exception du macrophage et du mastocyte, qui sont des
variétés cellulaires qui restent à demeure dans le tissu conjonctif et qu’on appelle pour cette
raison cellules résidentes, ces cellules d’origine sanguine ne sont pas spécifiques du tissu
conjonctif, et n’y passent qu’une partie de leur existence.
Le macrophage est une grande cellule (25-50 µ), dont la morphologie peut changer selon
l’organe où il est situé. Il possède des prolongements cytoplasmiques formant des
pseudopodes ou des voiles ondulants. Le noyau est réniforme ou encoché, la chromatine fine.
Le cytoplasme est riche en inclusions : organites de synthèse protéique, lysosomes primaires,
phagosomes et phagolysosomes, ces derniers contenant des corps étrangers (corps tingibles
qui sont des résidus non digérables de proies antérieurement phagocytées et qui ont une forte
affinité pour certains colorants, particules de charbon dans les lésions d’anthracose…)
démontrant que l’une des propriétés essentielles de cette cellule, comme son nom l’indique,
est la macrophagie. Le cytosquelette est développé. La cellule est mobile. Le macrophage est
une cellule d’origine sanguine. Une variété particulière de globules blancs, les monocytes,
formés dans la moelle osseuse puis circulant dans le sang, peuvent se fixer dans les tissus, où
ils se transforment en macrophages. Ceux-ci pourront rester plusieurs années dans le même
tissu et le même organe. Les caractères morphologiques des macrophages peuvent varier
selon les organes, ce qui a conduit à leur donner des noms différents. On les retrouve dans le
tissu conjonctif-type (conjonctivo-vasculaire), on leur y donne souvent le nom d’histiocytes ;
dans la moelle osseuse, où ils sont les cellules de soutien des autres cellules, dans le poumon
(macrophages alvéolaires…). Les plus abondants dans l’organisme sont les macrophages du
foie, que l’on appelle les cellules de Küpffer, qui rampent à la surface des cellules
endothéliales des capillaires hépatiques. Les macrophages sont proches parents d’autres
cellules, décrites dans des tissus particuliers : microglie du système nerveux central,
ostéoclaste du tissu osseux…Il ne s’agit plus alors de à proprement parler de macrophage,
mais d’une cellule constitutive du tissu considéré, et qui sera donc étudiée avec celui-ci.
Le macrophage joue d’abord un rôle immunitaire en phagocytant les antigènes étrangers et en
les lysant. Ce phénomène suppose que le macrophage soit capable de reconnaître sa proie, ce
qui dépend de mécanismes complexes qui ne seront pas étudiés ici. Deuxième rôle
immunitaire, le macrophage peut extraire des éléments digérés de petits fragments, qu’ils
pourront présenter aux autres cellules du système immunitaire en les fixant au versant externe
de leur membrane plasmique en association avec des molécules du complexe majeur
d’histocompatibilité (CMH ou système HLA). Les autres cellules immunitaires reconnaîtront
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A côté de ces cellules sanguines sédentaires et à durée de vie longue, il faut dire un mot des
autres variétés de globules blancs, qui ne sont que de passage dans le tissu conjonctif.
Il s’agit d’abord des polynucléaires (neutrophiles, éosinophiles, basophiles) dont la structure
et les fonctions seront envisagés dans le chapitre sur le sang. La première variété pourra se
transformer après phagocytose en pyocyte, cellule du pus. Les 2 autres seront principalement
impliquées dans les phénomènes d’allergie.
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Les lymphocytes ont une durée de vie longue, mais recirculent en permanence entre les
différents compartiments de l’organisme. On verra que le lymphocyte est, à l’état de base, une
cellule quiescente, mais qui peut s’activer au contact d’un antigène, notamment dans le tissu
conjonctif. Il devient alors une cellule lymphoïde activée dont on distingue plusieurs variétés
morphologique (immunoblaste, centroblaste…). Ces lymphocytes et ces cellules lymphoïdes
qui en dérivent appartiennent à 3 catégories : T, B et NK (cette dernière étant à part, la plupart
des données énoncées au sujet des lymphocytes ne leur sont pas applicables telles quelles).
Une partie des cellules lymphoïdes activées B vont donner une dernière variété de cellule,
présentes entre autres dans le tissu conjonctif : le plasmocyte. Celui-ci se présente comme une
assez grande cellule (10-20µ de diamètre), ovoïde ou piriforme, fortement basophile, avec une
chromatine dite classiquement « en rayon de roue », et zone plus claire à proximité du noyau,
l’archoplasme. En ME, le cytoplasme contient énormément de réticulum endoplasmique
rugueux : la cellule est spécialisée dans la synthèse protéique, et plus précisément les
anticorps, ou immunoglobulines.
2) La matrice extracellulaire
Les cellules décrites ci-dessus baignent dans une matrice extracellulaire faite d’eau, de sels
minéraux, et de macromolécules, qui peuvent exister sous 3 formes : organisées en fibres et
alors souvent détectables en microscopie optique (en général après coloration appropriée), ou
organisé uniquement à l’échelle moléculaire et correspondant alors à ce que l’on appelle la
substance fondamentale d’une part, ainsi qu’à des molécules de jonction ou de pontage, aussi
dénommées colle biologique (qui font le lien entre les cellules, les fibres et la SF), d’autre
part.
a) Les fibres
- fibres collagènes : ce sont les plus abondantes. Elles représentent le quart du poids sec des
mammifères et le quart des protéines totales. Elles sont très résistantes. Elles ne peuvent être
détruites que par des enzymes spécifiques : les collagénases.
On a identifié à ce jour 19 types différents de collagène (numérotés de I à XIX), et en fait 29
avec les formes dérivées.
La structure de base du collagène est le tropocollagène, formé de 3 chaînes alpha regroupées
en une chaîne trihélicoïdale de 300 nm de long sur 1,5 nm de large. La structure primaire du
tropocollagène est basée sur un motif de base de 3 acides aminés contenant de la glycine :
Gly-X-Y. La glycine formant un angle constant, la structure hélicoïdale est très solide. Il
existe de nombreuses séquences Gly-Pro-Y. L’acide aminé Y est fréquemment de
l’hydroxyproline, permettant l’établissement de nombreuses liaisons hydrogène stabilisant
l’architecture. Les unités élémentaires de tropocollagène se lient les unes aux autres pour
former des microfibrilles dont la solidité est due au chevauchement des unités sur 65 nm, ainsi
qu’à l’établissement de liaisons hydrogène. Les microfibrilles s’associent en fibrilles qui se
regroupent en faisceaux (fibres de collagène, qui ne sont jamais anastomosées entre elles).
Ces fibres présentent en ME une striation transversale du fait de la régularité de l’organisation
des motifs de base.
Les molécules de tropocollagène sont synthétisées par le fibroblaste sous forme de
protocollagène, comprenant un élément de tropocollagène associé à de très longs télopeptides
non hélicoïdaux qui empêchent la polymérisation. Cette phase comporte d’importants
phénomènes d’hydroxylation de la proline, qui nécessite la présence de vitamine C. En cas de
carence prolongée en vitamine C, on aboutit à une maladie grave, le scorbut, marqué par un
déchaussement et un perte des dents, des hémorragies cutanées, chez l’enfant des anomalies
de l’ostéoformation et une fragilisation osseuse…Fréquent jadis dans les équipages lors des
navigations au long cours qui restreignaient les apports en produits frais, un traitement
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efficace a pu être proposé par le médecin de marine anglais Lind au milieu du XVIIIe siècle
qui avait démontré l’effet protecteur des agrumes et notamment du citron. Le protocollagène
sort de la cellule par exocytose. Les télopeptides sont clivés par des procollagène-peptidases,
ce qui libère le tropocollagène qui peut alors se polymériser.
Les différents collagènes diffèrent par l’enchaînement de leurs acides aminés et par
l’organisation spatiale de leurs chaînes, donnant des aspects ultrastructuraux différents.
Certains collagènes (I, II et III notamment) ont une organisation en fibres et sont donc dits
fibrillaires, d’autres (collagène IV par exemple) une organisation en réseau, à la manière
d’une pièce de tissu.
Les principaux collagènes de l’organisme sont :
. le collagène I : le plus abondant. Les molécules de tropocollagène s’assemblent pour
former des fibrilles. Ces fibrilles se regroupent en faisceaux de 2 à 10 µ visibles au MO, et
doués d’une grande solidité.
. le collagène de type II se voit dans le cartilage, il est formé de fibrilles plus fines. On
l’identifie en général par coloration au rouge Sirius ou observation en lumière polarisée. Les
fibres ne sont pas visibles dans les conditions standard du fait de leur finesse.
. le collagène de type III correspond aux fibres de réticuline, que l’on peut détecter
après imprégnation par les sels d’argent. Ce sont des fibres très fines, qui peuvent former un
grillage sur lequel les cellules peuvent s’accrocher. Elles forment la trame de base de
nombreux organes hématopoïétiques (moelle osseuse, ganglions…). Les mailles de ce grillage
ont l’ordre de grandeur des cellules. Bien qu’on parle souvent de « réseau de réticuline », il
s’agit d’une dénomination qui n’a rien à voir avec ce qui est dit ci-dessous du collagène IV,
organisé de façon beaucoup plus compacte.
. le collagène de type IV forme des réseaux à maille très serrée (à l’échelle
moléculaire) et non des fibres. On le rencontre dans la lame basale.
. le collagène de type VII constitue les fibrilles d’ancrage à la membrane basale
(notamment dans les épithéliums épidermoïdes).
Les autres types de collagène se voient dans des localisations particulières.
- fibres élastiques : elles sont d’abord faites d’élastine. Il s’agit d’une protéine très
hydrophobe non glycosylée, riche en proline et en glycine. Elle est synthétisée par les
fibroblastes sous forme de tropoélastine qui se polymérise en dehors de la cellule : les
molécules d’élastine se lient les unes aux autres par des liaisons covalentes de 4 lysines
(desmosine), pour former des amas amorphes. La formation des fibres requiert la présence
d’une protéine de structure, la fibrilline. Les fibres élastiques contiennent aussi de la MAGP
(Microfibrill Associated GlycoProtein).
Lors de la mise en tension, toutes les molécules s’orientent parallèlement. La synthèse
d’élastine est maximale en fin de vie fœtale et diminue nettement chez l’adulte, pour
disparaître chez le vieillard (cf peau sénile). Elles sont remplacées par des fibres de collagène
(sclérose). On a décrit une maladie (maladie de Marfan) où un gène codant pour la fibrilline
est muté. Ceci aboutit à des anomalies profondes de comportement des fibres élastiques,
notamment au niveau des ligaments (hyperlaxité ligamentaire) et des vaisseaux (formation de
dilatations ou anévrysmes).
b) La substance fondamentale
Elle forme la charpente de la matrice extracellulaire. Elle est formée par les
glycosaminoglycanes (GAGs) autrefois appelés mucopolysaccharides. Selon le GAG, on
distingue :
. l’acide hyaluronique, qui est le seul non sulfaté, et qui est très anionique. C’est un
polyanion fortement hydraté. Cet acide hyaluronique prédomine dans les tissus conjonctifs
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lâches. Il est organisé en immenses molécules formées de chaînes bifurquées. Le CD44 joue
le rôle de récepteur de l’acide hyaluronique sur la membrane plasmique de nombreuses
cellules.
. les GAG sulfatés (chondroïtine sulfate, kératane-sulfate, dermatane-sulfate,
héparane-sulfate dont une variété particulière, le perlécan…) ont des chaînes beaucoup plus
courtes et sont moins hydratés, donnant une consistance beaucoup plus rigide. Liés à un
noyau protéique, ces molécules forment des protéoglycanes, qui s’associent à l’acide
hyaluronique pour former de grands complexes.
La structure globale est celle d’un gel poreux contrôlant la diffusion des molécules. Ce sont
des polyanions qui retiennent des ions Na+ et donc de l’eau. Environ 90% de l’eau est sous
forme liée et 10% sous forme libre, avec un échange permanent entre ces 2 compartiments.
La SF lie aussi des molécules régulatrices, tels certains facteurs de croissance.
Le contact entre les cellules et la MEC met aussi en jeu d’autres molécules que cette
« colle » : CD44 par exemple, qui est le récepteur de l’acide hyaluronique. Ce sont des
molécules souvent de grande taille, qui interagissent avec d’autres constituants de la MEC, et
qui peuvent par ailleurs transmettre à la cellule divers signaux.
1) La lame basale
C’est un feuillet formé de constituants de la matrice extracellulaire jouant un rôle d’interface
entre le TC et les cellules des autres tissus.
19
En ME, la LB paraît formée de 3 couches : la lamina lucida ou rara (10-50 nm), peu dense
aux électrons, est au contact de la membrane plasmique de la cellule (s’il s’agit d’un
épithélium, sa membrane plasmique au pôle basal) ; la lamina densa (20-300 nm), plus
opaque aux électrons ; la lamina ou pars fibro-reticularis, peu dense, qui fait la transition avec
le TC.
La lamina lucida correspond à un réseau de laminine qui se lie notamment à l’intégrine
présente au niveau des hémidesmosomes. La laminine se lie au collagène de type IV. Elle se
lie enfin au nidogène, qui peut lui aussi se lier au collagène IV et à certains protéoglycanes
(perlécan). La lamina densa est donc un empilement de couches de collagène IV, entremêlées
de laminine, de nidogène, de perlécan…La 3° couche (fibro-reticularis, que certains
n’incluent pas dans la LB proprement dite) est une zone d’ancrage de la LB à la masse du TC
sous-jacent. Dans sa localisation la mieux connue (au contact des épithéliums malpighiens),
elle comprend du collagène VII formant des trousseaux d’ancrage (qui descendent vers la
profondeur), entre lesquels s’intercalent des plaques d’ancrage faites de collagène IV. Dans
les boucles de collagène VII passent des fibres de collagène I et III.
La membrane plasmique (par exemple épithéliale) s’accroche également à d’autres structures
grâce à des récepteurs plus ou moins spécifiques : fibronectine et acide hyaluronique
notamment. Ces molécules adhèrent en profondeur à différents constituants de la matrice
extracellulaire conjonctive, ce qui augmente la cohésion.
Le TC contient de nombreuses cellules d’origine sanguine qui vont jouer un rôle dans la
défense immune : polynucléaires, lymphocytes, plasmocytes, monocytes qui vont donner les
20
1) les TC lâches
Ils sont définis par leur relative pauvreté en fibres. On distingue :
a) le TC lâche type ou conjonctivo-vasculaire, équilibré en ses différents éléments. C’est le
plus banal. Il a été pris pour modèle de description. On le trouve sous les épithéliums, il
remplit l’espace libre dans les différents organes.
b) le TC mucoïde, riche en GAG et pauvre en fibres, est un TC très lâche dont les cellules
sont dispersées dans une SF très hydratée, riche en acide hyaluronique. Il correspond au
mésenchyme embryonnaire, à la gelée de Wharton du cordon ombilical et persiste chez
l’adulte dans la pulpe dentaire.
c) le TC réticulé, fait de nombreuses cellules et surtout d’une trame de réticuline, constitue la
charpente de nombreux organes, notamment les organes hématopoïétiques (moelle osseuse) et
lymphoïdes (ganglion lymphatique, rate…).
d) le tissu adipeux est un TC lâche à prédominance cellulaire, dont la population cellulaire
principale est constituée par les adipocytes, entourés d’une lame basale et d’une mince couche
de matrice extracellulaire faite de fibres de réticuline, de quelques fibroblastes et de nombreux
vaisseaux. Il contient de nombreux nerfs sympathiques. On distingue 3 types de tissu adipeux,
correspondant à 3 types d’adipocytes : la graisse blanche, la graisse brune et le tissu adipeux
de la moelle osseuse.
La graisse blanche représente environ 15% du volume corporel chez l’homme et 22% chez la
femme, avec une répartition liée au sexe. Les adipocytes forment des lobules de 5 mm de
diamètre, chacun étant vascularisé par une artériole entourée de fibres nerveuses
sympathiques. La graisse blanche se localise principalement dans le pannicule sous-cutané,
21
les franges péritonéales, les orbites, les paumes et plantes, l’orbite, la face (boule graisseuse
de Bichat).
Les adipocytes blancs (dit aussi adipocytes uniloculaires) sont des cellules sphériques ou
polyédriques de 100 à 150 µ de diamètre. Le noyau est aplati et refoulé en périphérie. Le
cytoplasme est réduit à une mince frange périphérique. Il contient un Golgi juxtanucléaire et
de nombreuses mitochondries. L’essentiel de la cellule est occupé par une énorme vacuole de
graisse, centrale, non limitée par une membrane. Cette vacuole apparaît optiquement vide en
MO du fait de la dissolution des graisses par les agents utilisés pour la préparation
histologique. Il s’agit essentiellement de triglycérides. L’adipocyte a tous les caractères d’une
cellule à haute activité métabolique. En permanence il effectue une liposynthèse, sous
l’influence notamment de l’insuline. Il stocke ensuite les lipides synthétisés, mais pendant une
courte période, le taux de renouvellement étant très rapide. Il hydrolyse les lipides, sous
l’influence de l’adrénaline. Il a également un rôle hormonal. Il synthétise de la leptine, dont la
sécrétion est accrue chez les obèses, hormone de la satiété, et qui inhibe la synthèse
d’insuline. Il contient par ailleurs une aromatase, capable de transformer les androgènes en
oestrogènes.
La graisse brune ne se rencontre dans l’espèce humaine à un niveau appréciable que chez les
nouveau-nés, elle est abondante chez les mammifères hibernants. Chez l’homme, la
topographie est principalement interscapulaire, autour des gros vaisseaux, des reins et du
cœur.L’adipocyte brun (adipocyte multiloculaire) est une cellule polyédrique de 50 µ dont le
cytoplasme contient de nombreuse vacuoles lipidiques de petite taille et des mitochondries qui
ont la faculté, grâce à une enzyme spéciale, la thermogénine, de découpler l’oxydation des
graisses de la formation d’ATP, ce qui entraîne une importante thermogenèse. Les reliquats de
graisse brune chez l’adulte pourraient jouer un rôle de protection contre l’obésité.
Les adipocytes médullaires représentent probablement une variété à part. Ils ont le même
aspect que les adipocytes blancs, mais ils semblent être fonctionnellement distincts. C’est
ainsi qu’ils sont les derniers à fondre en cas de malnutrition. Ils occupent une partie de
l’espace médullaire, sécrètent de la leptine et des cytokines et pourraient ainsi participer à la
régulation de l’hématopoïèse et de l’ostéogénèse. Dès la fin de la vie fœtale, l’hématopoïèse
se fait de façon quasi-exclusive dans la moelle osseuse. Chez le jeune enfant, toute la moelle
est dite moelle rouge car elle a une activité hématopoïétique intense, et contient notamment
beaucoup d’érythroblastes, précurseurs des globules rouges contenant beaucoup
d’hémoglobine, qui lui donne cette teinte. Les adipocytes y sont à l’état isolé, modérément
abondants. Chez l’adulte, l’hématopoïèse se limite au squelette axial (os plats et rachis). Le
reste des cavités médullaires est occupé par la moelle jaune, très adipeuse. Celle-ci peut, si
nécessaire, revenir à l’état de moelle rouge. Les zones les plus distales deviennent chez le
vieillard la moelle grise, fibreuse, qui ne reviendra jamais à l’état actif.
Tous les adipocytes sont entourés d’une lame basale et proviennent d’une cellule souche
mésodermique.
e) sang et organes hématopoïétiques seront vus à part.
2) les TC denses
Les fibres prédominent. Les cellules sont peu nombreuses et ont peu d’activité métabolique en
général. On en distingue plusieurs variétés :
a) TC dense non orienté. Les fibres n’ont pas d’orientation préférentielle : ces TC forment les
capsules des organes et les cloisons conjonctives qui les découpent. Ils contiennent de gros
vaisseaux, correspondant à la vascularisation de l’organe.
b) TC denses orientés. Ils peuvent être unitendus, c’est le cas des tendons : toutes les fibres
sont orientées dans le même sens. Ils peuvent être non unitendus, c’est le cas des aponévroses
(qui entourent les principales masses musculaires) ou de la cornée : les fibres se répartissent
22
en couches superposées ; dans chaque couche, toutes les fibres ont la même orientation, mais
celle-ci change d’une couche à l’autre. La même disposition se retrouvera dans le tissu osseux
lamellaire.
c) Le tissu cartilagineux et le tissu osseux sont stricto sensu des TC. Ils sont trop abondants
et trop spécifiques pour ne pas faire l’objet d’un chapitre à part.
Les fonctions du TC
Elles sont beaucoup plus nombreuses que ce que l’on a longtemps cru. Si l’on reprend les
différents points énoncés ci-dessus, on peut énumérer différentes fonctions :
1) Fonctions mécaniques : le TC joue un grand rôle dans
. le soutien et la cohésion des structures, assurant la forme des épithéliums et des
parenchymes,
. emballage et protection, par la formation des capsules et le cheminement des vaisseaux et
des nerfs
. la résistance à l’étirement due à la présence de collagène, surtout de type I
. l’élasticité due aux fibres élastiques. Il existe une balance entre résistance et élasticité en
fonction du type de fibre qui prédomine.
2) Fonctions métaboliques :
. régulation des échanges avec les tissus de voisinage puisque passage obligé entre les
vaisseaux et les parenchymes
. rôle métabolique général : métabolisme de l’eau, réserve adipeuse, métabolisme des lipides,
leptine, stockage et production de stéroïdes
3) Rôle de défense
. défense non spécifique : rôle de barrière mécanique, par exemple coque fibreuse limitant les
pustules et les abcès
. défense immunitaire spécifique assurée notamment par les cellules lymphoïdes, les
polynucléaires et les macrophages.
4) Rôle dans la cicatrisation et la régulation des parenchymes (épithéliums notamment) et
plus généralement le renouvellement des tissus de voisinage.
23
LE SANG
Définition : le sang est un tissu conjonctif particulier, dont la MEC est liquide (plasma).
mécanisme d’une anémie : si les réticulocytes sont diminués, c’est qu’il y a un défaut de
fabrication des globules rouges (anémie centrale) ; s’ils sont augmentés, c’est qu’il y a soit
hémorragie, soit destruction excessive des globules rouges (anémies périphériques). Les
globules rouges sont normalement au nombre d’environ 4-5 millions/mm3 de sang. Il y en a
un peu moins chez la femme. Le volume normal d’un globule rouge est de 85 à 100
femtolitres (10-15 l). Sa durée de vie dans le sang est longue : 110 jours en moyenne. Chez le
sujet normal, les globules rouges anciens sont filtrés et retirés de la circulation par les
macrophages de la moelle osseuse (et accessoirement de la rate) qui les phagocytent. En cas
d’excès de destruction érythrocytaire, cette activité aura lieu de façon beaucoup plus
importante dans le foie et dans la rate.
Les GR ont pour rôles principaux : le transport de l’oxygène, lié à la présence d’hémoglobine
(normalement 13-15 g/dl de sang) ; un pouvoir tampon ; l’aide au transport du CO2.
progéniteurs différents, leur durée de vie est brève, ils ne sont pas capables de se diviser ni de
resynthétiser des granulations après activation : ils ne se dégranulent qu’une fois.
- les lymphocytes sont des cellules d’environ 7 µ de diamètre pour la plupart (il existe
physiologiquement 10 % environ de formes plus grandes), ne contenant pas typiquement de
grains (quelques lymphocytes peuvent contenir de fines granulations violettes). En ME, le
lymphocyte apparaît comme une cellule généralement peu active, avec une chromatine
condensée, facilement identifiable sur coupe histologique, et une mince couronne
cytoplasmique contenant quelques organites. Le lymphocyte est en fait une cellule qui
recircule en permanence entre les différents compartiments de l’organisme. On distingue 3
groupes de lymphocytes T, B et NK (Natural Killer). On a vu leur répartition dans le TC.
- les monocytes sont de grandes cellules, à noyau de forme variable (dit classiquement en
drapeau), mais qui peut être encoché. Le cytoplasme contient des grains très fins violacés. Le
monocyte contient des lysosomes, est capable de phagocytose et exprime notamment une
activité enzymatique estérasique (inhibée par le fluorure de sodium, ce qui est spécifique à la
lignée monocytaire). C’est en fait une cellule de transit, qui va passer dans les tissus pour
donner différents types de cellules : histiocytes, microglie, cellules de Küppfer du foie,
ostéoclaste. Il y en a normalement moins de 1000/mm3.
LE TISSU CARTILAGINEUX
Définition : variété de TC ayant une MEC rigide, non minéralisée et non vascularisée.
1) La cellule : chondrocyte/chondroblaste
Comme pour le fibroblaste, il existe une dualité entre forme active et forme quiescente, mais
peut-être un peu moins nette. Le chondrocyte a un appareil de synthèse développé. Il a une
forme arrondie et non fusiforme, et possède de petites microvillosités trapues, ainsi que du
26
2) Les fibres
La base est constituée par des fibres collagènes de type II. Il s’agit d’un collagène de type
fibrillaire, qui tend à rester sous forme purerment fibrillaire, sans former de faisceaux, et qui
n’est donc pas observable dans les conditions habituelles en MO : la MEC a un aspect
amorphe en MO. Certains cartilages contiennent une certaine quantité de fibres élastiques
(cartilage élastique) ou de fibres de collagène de type I (cartilage fibreux).
3) La substance fondamentale
De même nature que la SF du TC, elle contient une proportion plus grande de GAGs sulfatés
et notamment de chondroïtine sulfate (60%). Il y a 40% de kératane sulfate. Le milieu est
donc moins hydraté (et l’eau liée proportionnellement plus importante), ce qui accroît la
solidité. Il n’y a pas de calcification de la MEC qui est donc transparente aux rayons X.
Organisation du cartilage
Les chondrocytes restent à l’état isolé dans leur chondroplaste. Un chondroplaste peut
contenir 2 chondrocytes voire plus lorsqu’une division cellulaire vient de se produire, et que
les cellules-filles n’ont pas eu le temps d’élaborer une cloison de MEC entre elles.
Les fibres sont disposées selon une distribution hiérarchisée :
- autour de une ou plusieurs logettes, elles sont à disposition circulaire : fibres en
panier délimitant un domaine ou chondrone, qui est l’unité de base fonctionnelle du
cartilage. Un chondrone contient souvent un seul chondroplaste ; il peut en contenir
plusieurs, si une division cellulaire s’est produite peu avant : les cellules-filles n’ont
pas eu le temps d’élaborer un nouveau trousseau de fibres en panier.
- Les fibres les plus longues sont les fibres interdomaniales (ou interterritoriales), qui
sont réparties selon les lignes de force.
Le cartilage est en effet soumis fréquemment à des contraintes mécaniques considérables : on
évalue à 200-300 atmosphères la pression qui s’exerce sur un cartilage articulaire du genou en
position debout ! On comprend ainsi l’importance de la répartition spatiales des fibres, selon
des lignes de force, optimisant les contraintes. Les fibres les plus longues, dites arciformes, se
disposent selon ces lignes de contrainte.
A l’exception des cartilages articulaires, les pièces cartilagineuses sont entourées par un TC
dense richement vascularisé, le périchondre.
La nutrition du cartilage ne se fait pas par une vascularisation propre, mais à partir du
périchondre. Les cartilages articulaires se nourrissent à partir du liquide synovial.
La croissance et la réparation du cartilage se produisent selon 2 modalités : appositionnelle et
interstitielle. Dans la croissance appositionnelle, la croissance se fait à partir du périchondre :
c’est un TC riche en fibres mais aussi en cellules et en vaisseaux. Les fibroblastes prolifèrent
et se transforment en chondroblastes qui synthétisent une MEC de type cartilagineux. La
croissance se fait donc par apposition de couches successives.
27
1) Cartilage hyalin
Il s’agit du cartilage du nez, des bronches, des côtes et des cartilages articulaires. Les fibres
sont très majoritairement des fibres de collagène de type II, invisibles en morphologie
standard mais pouvant être mises en évidence par des colorations au rouge Sirius et/ou en
lumière polarisée.
2) Cartilage fibreux
Il siège dans les disques intervertébraux, les ménisques et l’insertion du tendon d’Achille. Les
fibres collagènes de type I y sont abondantes, en gros faisceaux multidirectionnels.
3) Cartilage élastique
Il constitue le pavillon de l’oreille et l’épiglotte. Il est proche du cartilage hyalin, mais
contient de nombreuses fibres élastiques.
LE TISSU OSSEUX
Définition : TC spécialisé dont la MEC est calcifiée, ce qui lui confère rigidité et solidité,
jouant un rôle mécanique et un rôle métabolique général (homéostasie calcique).
Généralités : La MEC osseuse contient 2 phases : une phase minérale et une phase organique
comprenant de nombreuses protéines. Le « squelette », au sens commun du terme, ne
représente pour l’essentiel que la phase minérale de l’os. L’os vivant est un milieu beaucoup
plus complexe. Ne voir que le côté mécanique serait passer à côté de très nombreuses
fonctions de l’os (par exemple métabolisme du calcium). La calcification n’est pas en soi une
caractéristique exclusive de l’os : on la rencontre souvent au cours du vieillissement (par
exemple dans la paroi des artères). Ce qui est caractéristique ici, c’est qu’il s’agit d’une
calcification physiologique, nécessaire et obligatoire.
1) les cellules
On distingue 4 types cellulaires dans l’os, qui proviennent de 2 lignées différentes, TC
« classique » qui donne les 3 premiers types et lignée hématopoïétique, qui donne le dernier.
L’ostéoblaste se localise à la surface de l’os. C’est une grande cellule polygonale, basophile
en MO, et alignée avec ses voisines formant la ligne ostéogène d’Ollier, qui est un pseudo-
épithélium. En ME, c’est une cellule qui présente tous les caractères d’une cellule
métaboliquement active, mais polarisée, avec un pôle synthétique tourné vers l’os et le noyau
au pôle opposé. Il y a quelques prolongements grêles qui s’enfoncent dans la MEC de
voisinage, correspondant à de l’os néoformé, non encore calcifié (substance pré-osseuse),
28
voire dans l’os calcifié sous-jacent. L’ostéoblaste peut entrer ainsi en contact avec les
ostéocytes les plus superficiels. L’ostéoblaste synthétise tous les constituants de la matrice
osseuse, et intervient dans le mécanisme de calcification de façon encore discutée. 10% des
ostéoblastes se laissent enfermer dans la MEC calcifiée et deviennent des ostéocytes. Les
autres restent en périphérie de l’os et continuent à apposer des couches successives de MEC.
Leur métabolisme peut se ralentir : ils deviennent alors des cellules bordantes.
Les ostéocytes sont des cellules enfermées dans la MEC calcifiée, dans une logette,
l’ostéoplaste. La cellule forme de nombreux prolongements qui s’enfoncent dans la MEC et
viennent au contact des ostéocytes et des ostéoblastes voisins, avec les prolongements
desquels elles nouent des jonctions communicantes, qui servent au transfert de l’information
et de nutriments. Les canalicules permettant ce passage sont les canalicules de Holmgren. Le
cytoplasme semble moins actif que celui des ostéoblastes, mais contient encore quelques
organites. L’ostéocyte ne se divise en principe plus : c’est une cellule terminale.
Les cellules bordantes sont des cellules métaboliquement peu actives, mais qui peuvent
redevenir des ostéoblastes. Elles ont un aspect aplati en formant une couche pseudo-
épithéliale (car sans lame basale). Elles possèdent également sur la face au contact de l’os des
prolongements qui peuvent entrer en contact avec les ostéocytes. Elles jouent un rôle de
régulation de passage des nutriments vers l’ostéocyte. Elles ont aussi un rôle de « protection »
de la surface osseuse, la mettant à l’abri de l’action de la 4ème variété de cellules, les
ostéoclastes.
Les ostéoclastes sont de grandes cellules (50-100 µ), plurinucléées (jusqu’à 30-50 noyaux).
Ils se forment à partir des monocytes, selon des modalités complexes. Cette formation est
favorisée par des médiateurs issus des ostéoblastes dans des conditions particulières. Ils sont
mobiles et contiennent de nombreux lysosomes (surtout primaires et quelques secondaires), ce
qui laisse prévoir un rôle important de « digestion » osseuse. La cellule est polarisée et porte
des microvillosités sur la face osseuse, doublées de nombreux microcanalicules. Au bord de la
zone ostéoclastique en regard de l’os, l’ostéoclaste est fixé à celui-ci et notamment à certaines
protéines de la matrice osseuse par des intégrines spécifiques, formant le podosome. Cette
fixation forte permet d’assurer un certain degré d’étanchéité de la zone en regard de la face
osseuse de l’ostéoclaste : c’est la chambre de résorption où l’ostéoclaste peut maintenir un pH
acide grâce à une pompe à protons couplée à une anhydrase carbonique. L’acidité favorise la
lyse osseuse et active les enzymes lysosomiales déversées au niveau des microvillosités. Les
ostéoclastes agissent le plus souvent en groupe. L’activité de résorption aboutit à la formation
d’une lacune dans l’os, la lacune de Howship. Cette cavité sera ensuite comblée par la
formation d’un nouvel os. L’activité ostéoclastique est stimulée par la PTH (parathormone,
élaborée par les glandes parathyroïdes) et la vitamine D, et inhibée par la calcitonine
(synthétisée par une population minoritaire de cellules de la thyroïde, les cellules C).
2) La MEC
Elle comprend d’abord des fibres, qui sont essentiellement des faisceaux de collagène de type
I, dont l’orientation diffère selon le type d’os : multidirectionnelle dans l’os primaire, en
lames concentriques d’orientation complémentaires dans l’os secondaire (au sein de chaque
lamelle toutes les fibres ont la même direction, qui change d’une lamelle à l’autre), formant
selon le type d’os secondaire des cylindres (os compact) ou des spicules (os spongieux).
La SF comprend les mêmes constituants que dans le TC, mais avec une proportion spécifique
des divers GAGs. Il y en a une forte proportion de sulfatés, ce qui va donner une forte
compacité à cette SF, qui contient moins d’eau que la SF du TC lâche, mais encore plus de
50% de la masse totale sera imputable à l’eau sur un os vivant.
Les protéines à fonction structurale (colle biologique) sont représentées par de la
fibronectine et des protéines spécifiques du TO : ostéocalcine (qui favoriserait la fixation du
29
calcium), ostéopontine (qui fait le lien entre cristaux minéraux et cellules osseuses),
ostéonectine (qui favoriserait la minéralisation par sa double fixation au calcium et au
collagène), sialoprotéine osseuse et thrombospondine (qui permet l’attachement des cellules à
la MEC via une intégrine). Il existe en outre noyés dans la SF des facteurs de croissance (IL-
1, IL-6…) et des protéines régulant la morphogénèse de l’os (BMP Bone morphogenetic
proteins, au nombre de 8). La présence de ces facteurs liés à la MEC jouera un grand rôle sur
le couplage fonctionnel entre ostéoblastes et ostéoclastes.
Ce qui est tout à fait caractéristique de l’os, c’est la présence d’une forte minéralisation,
essentiellement liée à la présence de calcium. L’os contient plus de 98% du calcium de
l’organisme. Les minéraux, organisés sous forme de cristaux comprennent aussi d’autres
cations (Na+, K+, Mg2+). Ils comprennent bien des anions en quantité équivalente : CO3--,
SO4--, F-, citrates et surtout phosphates. Le sel le plus abondant est du phosphate tricalcique,
qui se dépose sous forme de cristaux d’hydroxyapatite, de forme hexagonale, alliant à la fois
solidité et grande surface d’échange. Ces cristaux sont liés aux fibres de collagène. La MEC
du TO est donc extrêmement solide. Elle constitue d’autre part un réservoir mobilisable au
moins en partie de Ca et de phosphates. Plusieurs hormones vont jouer un rôle essentiel : la
parathormone va stimuler l’ostéolyse et faire libérer du calcium. La calcitonine aura l’effet
inverse.
Le rôle de la vitamine D est complexe : elle favorise l’action des ostéoclastes, mais elle
favorise aussi la fixation du calcium sur l’os ne serait-ce qu’en augmentant l’absorption
intestinale du calcium et en réduisant sa fuite urinaire. L’effet prédominant semble en fait
dépendre de la concentration de la vitamine D dans les tissus. A forte dose, la stimulation de
l’ostéolyse prédomine, avec diminution de la masse osseuse. La vitamine D est cependant
nécessaire à la fixation du calcium sur l’os. En cas de carence profonde, on assiste chez
l’enfant à un rachitisme et chez l’adulte à une ostéomalacie (formation d’un os peu minéralisé
et donc peu résistant, possibilité de déformation des os). On préconise souvent une
supplémentation modérée en calcium et en vitamine D à partir d’un certain âge, ce qui
diminuerait le risque de fracture.
Il faut d’abord opposer os primaire, qui est le premier à se former, et os secondaire, qui ne se
formera que par la suite.
1) L’os primaire se caractérise par le fait que les fibres y sont dirigées dans toutes les
directions. Ce type d’os n’existe de façon abondante que chez le fœtus ou le jeune enfant.
Chez l’adulte, il est limité à certaines zones (insertion du tendon d’Achille, cal osseux après
fracture…).
2) L’os secondaire est plus structuré : les fibres ne sont pas orientées au hasard. On distingue
l’os compact et l’os spongieux.
L’os compact (ou haversien) est constitué de lamelles séparées par un mince film de SF
formant des cylindres emboîtés concentriques, où l’orientation des fibres de collagène varie
d’une couche à l’autre, mais est constante au sein d’une même lamelle : il se forme ainsi un
système dit de Havers, formés d’ostéones (ou ostéons, chaque ostéon représentant un
emboîtement de 4 à 20 lamelles concentriques). L’axe de l’ostéon (ou canal de Havers)
contient du TC lâche appartenant à l’endoste (tissu conjonctif lâche en continuité entre les
différents ostéons et, le cas échéant, avec la moelle osseuse voisine), avec des vaisseaux et des
nerfs. L’os compact comprend également des canaux transversaux, dirigés
perpendiculairement à l’axe de l’ostéon et en continuité avec les canaux de Havers), les
canaux de Volkmann, qui laissent passer les vaisseaux et les nerfs (l’os est un tissu très
30
hyalin. On va distinguer dans l’os qui se forme différentes régions (diaphyse ou partie
centrale, épiphyse proximale et distale aux extrémités, et, entre épiphyses et diaphyse,
métaphyses). On peut distinguer plusieurs phases qui s’enchaînent :
- La couche interne du périchondre (TC) de la région médiane de l’os ou diaphyse
donne une couche d’ostéoblastes (virole périchondrale, et dès que de l’os apparaît le
périchondre prend le nom de périoste), par un phénomène d’ossification
endoconjonctive.
- Au centre de la diaphyse, les chondrocytes prolifèrent (cartilage hypertrophique) et les
autres étapes de l’ossification endocartilagineuse se succèdent. Des bourgeons
conjonctivo-veasculaires vont pénétrer dans la diaphyse de l’ébauche cartilagineuse
pour donner un premier foyer d’ossification de type endocartilagineux : c’est le centre
primaire d’ossification centrodiaphysaire.
- Le cartilage métaphysaire (qui va devenir le cartilage de croissance) commence à être
lui aussi le siège d’une ossification endocartilagineuse, mais, du fait de la
multiplication des chondroblastes sous forme de groupes isogéniques axiaux, il se met
en place un phénomène continu de croissance en longueur (voir plus bas).
- Plus tard, un noyau identique apparaît au niveau de l’épiphyse proximale, puis distale.
Les différents os voient les noyaux apparaître selon une chronologie extrêmement précise, si
bien que la simple radiographie standard permet de déterminer l’âge osseux, puisque le
cartilage est transparent aux rayons X à la différence de l’os. Cet âge osseux peut différer de
l’âge réel en fonction notamment de l’état hormonal et de nombre d’autres paramètres.
La croissance de l’os se fera de 2 façons. La croissance en épaisseur résultera d’une
ossification endoconjonctive à partir du périoste : les ostéoblastes prolifèrent et forment de la
MEC où s’enferment quelques ostéocytes. La croissance en longueur résultera, elle, du
cartilage de croissance qui est le cartilage métaphysaire. La zone la plus éloignée de la
diaphyse est du cartilage hyalin, qui va servir de réserve (zone germinative). Au dessous se
trouve une zone où la prolifération cartilagineuse est active, avec formation de groupes
isogéniques axiaux, expliquant l’allongement de l’os : c’est la zone de cartilage sérié. Celui-ci
se transforme, selon les étapes classiques de l’ossification endocartilagineuse en cartilage
hypertrophique, qui va se calcifier, avec mort des chondrocytes, pénétration de bourgeons
conjonctivo-vasculaires et ossification primaire. La prolifération de la couche germinative est
stimulée par l’hormone de croissance (GH, élaborée par l’hypophyse), par les hormones
thyroïdiennes et par les oestrogènes (même chez l’homme où la testostérone est transformée
en œstrogènes dans le chondrocyte par une aromatase), qui favorisent la multiplication mais
limitent également le nombre des mitoses possibles pour les chondroblastes de la zone
germinative, qui ne sont donc pas de vraies cellules souches. Une fois ce nombre limité de
mitoses atteint, c’est à dire à la fin de la puberté, le cartilage de conjugaison disparaît, ce qui
entraîne l’arrêt de la croissance.
Tout ceci explique un certain nombre de tableaux pathologiques. Notamment, s’il y a
production excessive d’hormone de croissance avant la puberté, on verra apparaître un
gigantisme. Par contre, si cet excès ne survient qu’après la puberté (par exemple en cas
d’adénome de l’hypophyse, tumeur bénigne sécrétant de beaucoup d’hormone de croissance),
seule la croissance en épaisseur restera possible, donnant le tableau typique d’acromégalie
(gros crâne, épaississement des arcades sourcilières, des pieds et des mains…).
3) Le remodelage osseux
L’os secondaire une fois formé ne reste pas figé, mais évolue continuellement pour s’adapter
aux contraintes mécaniques et aux nécessités métaboliques. Ce remodelage se fait selon le
modèle de la BMU vu plus haut : l’os est détruit par un front d’ostéoclastes, suivi d’un
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LE TISSU MUSCULAIRE
Généralités : La production d’un travail mécanique est une propriété fréquente des cellules
vivantes. Le macrophage, le fibroblaste, l’ostéoclaste sont par exemple des cellules mobiles.
Mais le tissu musculaire est pour l’essentiel fait de cellules dont c’est la fonction essentielle,
indissociable d’ailleurs de la production de chaleur. Ce travail mécanique ne sert pas au
déplacement de la cellule, mais il est transmis aux structures environnant la cellule
musculaire. Ceci suppose une étroite coordination de la cellule musculaire et des structures
qui l’environnent.
Ce tissu musculaire est constitué de fibres dont on distingue 3 variétés : la fibre musculaire
striée squelettique, qui est l’agent de la motricité volontaire, la fibre myocardique (qui est
aussi une fibre striée, mais organisée spécifiquement), dont on verra qu’elle fonctionne de
façon autonome, et enfin la fibre musculaire lisse, qui est le support de la motricité
involontaire, sous la dépendance plus ou moins étroite du système nerveux végétatif.
Le tissu musculaire est d’origine mésodermique, et il n’est, stricto sensu, constitué que de
fibres musculaires. L’organisation du muscle va inclure la participation d’autres tissus
notamment tissu conjonctif.
2) Le système contractile :
Il correspond au myoplasme, occupant la grande majorité de l’espace intracellulaire, et de
topographie relativement centrale. Il est fait de myofibrilles.
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En MO, cet appareil contractile apparaît comme une succession de bandes ou disques sombres
(A pour anisotrope, en lumière polarisée) séparés par des disques clairs (I, pour isotropes)
chaque disque I comprenant en son milieu un mince trait sombre, la strie Z. L’unité
fonctionnelle contractile, ou sarcomère, se compose d’une bande A et des 2 demi-disques I
adjacents, et est donc limité par 2 stries Z consécutives. La bande A apparaît comme
hétérogène à fort grossissement, avec en son milieu une bande H plus claire, parcourue en son
milieu par une strie sombre, la strie M. Le sarcomère mesure 2,5 µ au repos.
En ME, on montre que cette disposition s’explique par l’interpénétration de deux types de
myofilaments : myofilaments épais dont l’analyse montre qu’ils sont composés de myosine, et
myofilaments fins d’actine, associée à de la troponine et à de la tropomyosine. La bande A
correspond au chevauchement des myofilaments épais de myosine et des myofilaments fins
d’actine. La bande H correspond à une zone où ne se trouvent que des filaments épais seuls, et
la strie M à une zone de renflement médian de ces filaments de myosine, au niveau de
laquelle se font des liens entre filaments épais. La bande I correspond à des filaments fins
seuls, la strie Z à une interpénétration des filaments fins de 2 sarcomères voisins, qui sont
d’ailleurs reliés par un système de pont entre les filaments fins de chaque sarcomère, fait
d’lpha-actinine. C’est l’extrême régularité de disposition et de position relative de chaque type
de filaments qui donne à la fibre son aspect strié.
En ME en coupe, la disposition est elle-même extrêmement précise et logique. Dans les zones
de chevauchement entre filaments épais et filaments fins, la disposition de ces derniers se fait
de façon hexagonale autour de chaque filament épais.
Si l’on passe à l’échelle moléculaire, il faut distinguer :
- la myosine, formant les filaments épais. Les molécules de myosine sont disposées tête-
bêche. Chaque molécule de myosine est formée de 2 chaînes lourdes identiques et de 2 paires
de chaînes légères. Toutes ces chaînes existent sous différentes isoformes, exprimées de façon
variable au cours du développement et d’un muscle à l’autre, ce qui a des répercussions sur le
type de contraction que pourra assurer ce muscle (lente ou rapide). Les 2 chaînes lourdes
s’enroulent en torsade et une zone de structure globulaire les termine à une extrémité (têtes de
myosine). Les têtes émergent de l’enroulement selon une disposition elle-même hélicoïdale.
Les chaînes légères se localisent à l’émergence de la zone globulaire. Dans la strie M se font
des liens entre filaments de myosine, à l’opposé des têtes, par des filaments de myomésine et
de M-protéine. La tête de la myosine a une activité ATPasique dépendante de l’actine. La
titine est une molécule élastique non vue en ME qui, dans chaque demi-sarcomère, relie les
filaments de myosine à la strie Z et permet de maintenir un alignement strict, tout en
empêchant un étirement excessif du sarcomère.
- l’actine est le constituant principal des filaments fins. C’est en fait un polymère sous forme
filamentaire d’unités d’actine qui est par elle-même une protéine globulaire. La molécule est
faite d’une double hélice, à laquelle s’associent la tropomyosine qui stabilise la structure et la
troponine, formée de 3 sous-unités I, C et T, qui se dispose en regard des têtes de myosine et
qui peut coulisser sur la double hélice d’actine, en fonction de la concentration locale en
calcium. Il existe enfin des protéines de structure d’importance moindre, la tropomoduline et
la nébuline. Les disques Z sont faits de filaments d’alpha-actinine disposés en carré.
Différentes myopathies s’expliquent d’un point de vue moléculaire par une mutation de gène
codant pour l’une de ces protéines. L’une des mieux connues, la myopathie de Duchenne, est
due à une mutation du gène de la dystrophine. Ce gène est porté par le chromosome X. La
maladie se transmet donc sur le même mode que l’hémophilie, transmise par les femmes,
mais ne touchant que les hommes.
Elle ne sera pas étudiée ici, puisque son mécanisme sera exposé dans le cours de physiologie
correspondant.
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1) Cellules extrafusales
Elles représentent la majorité des fibres. On en distingue 2 types : type I dans les muscles dits
rouges, qui sont riches en myoglobine, en mitochondries, en enzymes oxydatives, qui donnent
une contraction lente mais soutenue et qui correspondent aux muscles posturaux ; type II de
contraction rapide mais fatigables, qui eux sont riches en ATPase et en glycogène. Le type est
régulé notamment par le type d’innervation : une unité motrice (c’est à dire l’ensemble des
fibres innervées par un même motoneurone) ne contient qu’un seul type de FMS.
2) Cellules satellites
Sous la basale, plaquées contre la FMSS se trouvent les cellules satellites, petites cellules
quiescentes, possédant un seul noyau et un cytoplasme très réduit. Ce sont des cellules à partir
desquelles le muscle peut se régénérer. En cas de lésion d’une FMSS, ces cellules vont se
multiplier, les cellules adjacentes vont fusionner pour former des myotubes, qui en
s’allongeant progressivement permettront de reformer une FMSS complète.
3) Cellules intrafusales
Elles constituent le fuseau neuromusculaire, qui est un récepteur permettant d’évaluer le degré
d’étirement du muscle. L’ensemble du fuseau est orienté dans le même sens que le muscle lui-
même. Il se compose de cellules musculaires intrafusales, qui sont des FMS particulières,
innervées par des voies afférentes et efférentes. Les FMS intrafusales sont au maximum une
dizaine. Elles sont de 2 types : à chaîne nucléaire, avec des noyaux centraux en file, ou
cellules à sac nucléaire, renflées en leur milieu où sont accumulés les noyaux. Elles sont
contractiles, mais leur travail moteur est négligeable. Les afférences motrices proviennent de
la corne antérieure de la moelle (motoneurone gamma). Ces motoneurones sont régulés de
façon inconsciente par le tronc cérébral. Ils assurent un certain degré de tonus au fuseau. Les
efférences sensitives sont assurées par des neurones dont le corps cellulaire se trouve dans les
ganglions rachidiens. Ces terminaisons sensitives (dont on décrit 2 variétés de caractéristiques
fonctionnelles différentes) s’enroulent comme un ressort autour des fibres intrafusales. Leur
degré d’étirement, compte-tenu du fait que le tonus de base des FMS intrafusales les met juste
en-dessous de leur seuil de déclenchement, permet d’informer le SNC sur le degré d’étirement
du muscle.
Le fuseau est entouré d’une capsule conjonctive propre.
Une structure proche, l’organe myo-tendineux de Golgi, se trouve dans les tendons.
La fibre n’est pas le seul composant du muscle. Si l’on étudie un muscle à des grossissements
successifs, on voit, en partant des fibres :
- autour des fibres, la lame basale,
- puis un tissu conjonctif lâche, l’endomysium, contenant les terminaisons nerveuses et les
capillaires,
- le périmysium, qui est un TC dense où cheminent vaisseaux et nerfs, délimitant des
faisceaux au sein du muscle,
- une mince zone de TC lâche puis
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- une enveloppe externe conjonctive, l’épimysium, faite de TC dense qui peut être entouré
d’une structure de type TC orienté non unitendu, donc disposé en plusieurs couches,
l’aponévrose, pour les masses musculaires les plus volumineuses
Les FMS les plus longues peuvent avoir la même longueur que le muscle. D’autres, plus
courtes, s’articulent avec le conjonctif de l’endomysium. L’extrémité du muscle se prolonge
par les tendons. Ceux-ci sont faits d’un TC dense unitendu, les fibres de collagène très
compactes s’articulant avec la lame basale qui entoure les FMSS.
1) La FML
En MO, la FML a un aspect fusiforme de 20-200 µ de long. Les organites cytoplasmiques
sont regroupés aux 2 pôles du noyau, qui est unique. La majeure partie du cytoplasme est
occupée par des myofilaments d’actine et de myosine non regroupés en sarcomères et
allongés selon le grand axe de la cellule. En ME, chaque myofilament épais de myosine est
entouré de 12 à 15 myofilaments fins d’actine. La myosine n’est pas la même que dans la
FMSS. Il n’y a pas de troponine. La cellule contient peu de myoglobine. Elle est entourée
d’une lame basale. Les filaments s’attachent à la membrane plasmique via des zones (ou
corps) denses constituées d’alpha-actinine sous-membranaires. S’attachent aussi des filaments
intermédiaires de desmine et de vimentine.
Le lien entre le cytoplasme et la MEC met en jeu des données déjà vues avec le TC. La
membrane plasmique présente 2 grandes zones :
- les plaques d’adhérence accrochent les filaments d’actine à la paroi, et les relient à des
intégrines, qui se lient notamment à la fibronectine, elle-même reliée à la MEC
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- les zones cavéolaires, situées entre les plaques d’adhérence, contiennent notamment de la
cavéoline. Celle-ci est reliée à la dystrophine et à une série de molécules associées. Ce
complexe transmembranaire est capable de lier la laminine et donc la lame basale.
Les FML peuvent en outre avoir entre elles de nombreuses jonctions communicantes, où la
basale disparaît. Le nombre de ces jonctions est directement corrélé à la synchronisation des
contractions, qui peut avoir une signification physiologique : par exemple, pendant la
grossesse, il y a peu de jonctions communicantes entre les FML de l’utérus. La contraction est
donc asynchrone et l’utérus ne se contracte pas en masse. En fin de grossesse, notamment en
fonction du contexte hormonal, ces jonctions deviennent nombreuses et la contraction en
masse en est facilitée, ce qui débouche sur l’accouchement.
Les FML sécrètent une part importante de la MEC qui les entoure, à l’exception de l’acide
hyaluronique.