Corrections 2020 Dictionnaire Peul Santé HT
Corrections 2020 Dictionnaire Peul Santé HT
Corrections 2020 Dictionnaire Peul Santé HT
Cameroun)
Henry Tourneux
BOUBAKARY Abdoulaye
HADIDJA-KONAÏ Gayaou
FAKIH Ousmane
Dictionnaire peul
du corps et de la santé
(Diamaré, Cameroun)
7
DICTIONNAIRE PEUL DU CORPS ET DE LA SANTÉ
Méthode
Le lexique présenté ici comporte environ 1 500 entrées principales, dont
375 verbes, et plus de 700 sous-entrées. Il a été recueilli au cours
d’enquêtes de terrain, menées en 2004-2006. Des enquêteurs se rendaient
sur le terrain avec un magnétophone à cassette, et interviewaient diverses
catégories de personnes sur un thème préalablement défini. Nous avons
retenu les catégories de personnes suivantes, qui nous sont apparues rapi-
dement comme les plus pertinentes : homme et femme du commun, guéris-
seur et guérisseuse traditionnels, marabout, personnel de santé. Les bandes
étaient ensuite intégralement transcrites et traduites. C’est de là qu’ont été
tirées la majorité des phrases peules contenues dans l’ouvrage. Nous avons
aussi dépouillé les publications en langue peule (dialecte du Diamaré).
Au cours de la rédaction des fiches (dans une base de données infor-
matisée), la langue était homogénéisée et corrigée, car nous avions le souci
de produire un ouvrage de référence dans le domaine de la santé, et non
pas de fournir un échantillonnage de la variabilité des usages linguistiques
dans le Diamaré. Ce n’est donc pas la variété véhiculaire de la langue que
nous avons retenue, mais la variété authentiquement peule, fût-elle parfois
teintée d’usages modernes.
Au fil des enquêtes, nous avons recueilli certains mots qui ne figurent
pas dans les dictionnaires actuels ; nous les avons inclus ci-après même
s’ils n’ont pas de rapport particulier avec le thème de l’ouvrage.
Avertissement
Les données contenues dans ce livre ne constituent en aucun cas un
corpus valide du point de vue de la bio-médecine, même quand elles ont
été recueillies de la bouche de personnels de santé. Nous n’avons pas voulu
gommer les contradictions, ni même les conceptions manifestement erro-
nées de ce point de vue. De cette façon, nous pensons avoir fourni à l’utili-
sateur un panorama réaliste des conceptions et représentations du corps et
de la maladie que se font les uns et les autres. À partir de là, il sera plus
facile de communiquer dans le domaine et d’éviter les malentendus ou les
ambiguïtés.
La partie concernant les traitements traditionnels des maladies ne figure
que très partiellement dans ce volume, car un autre ouvrage a été consacré
à la pharmacopée1. En annexe, nous donnons à titre indicatif, l’inventaire
d’un étal de guérisseur tel que nous avons pu le relever à Maroua.
Ordre alphabétique
L’ordre alphabétique du peul est le suivant : a, b, ɓ, c, d, ɗ, e, f, g, h, i, j, k,
l, m, n, ŋ, o, p, r, s, t, u, v, w, y, ƴ, z. On voit donc que les prénasalisées (mb,
nd, ng, nj) et la nasale palatale (ny) n’ont pas de place attitrée : elles sont
interclassées respectivement parmi les mots à initiale « m » et « n ». On ne
tient pas compte de l’occlusive glottale à l’initiale : non seulement elle n’est
pas notée, comme le préconisent les recommandations de Bamako (1966),
mais l’ordre alphabétique l’ignore. Les voyelles longues sont classées comme
deux voyelles identiques qui se suivraient.
Abréviations
Catégories grammaticales des entrées du dictionnaire
cf. se reporter à
CMAO Centres médicaux d’Afrique de l’Ouest
CSI centre de santé intégré
et al. et autres auteurs
ibid. même référence
i.e. c’est-à-dire
invar. invariable
IST infection sexuellement transmissible
litt. littéralement
MST maladie sexuellement transmissible
plur. pluriel
qqch. quelque chose
qqn quelqu’un
s.d. sans date de publication mentionnée
sing. singulier
syn. synonyme
var. variante
> donne
< vient de
* forme ancienne
/ opposition singulier/pluriel (en fulfulde)
// expressions ou formes équivalentes
9
DICTIONNAIRE PEUL DU CORPS ET DE LA SANTÉ
Annexe
1 2 3 4 5 6 7 8 9
10 11 12 13 14 15 16
17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30
31 34 35 36
32 37
33 38
10
INTRODUCTION
11
Remerciements
Je remercie vivement tous ceux qui, tant au Cameroun qu’en France,
m’ont apporté leur amitié, leur compétence, leur soutien et leur aide tout
au long de ce travail.
J’ai une pensée émue pour Alfâ Ibrâhîm SOW, qui est décédé à
Conakry, en Guinée, pendant que je travaillais à Maroua sur ce dic-
tionnaire. C’est lui qui m’a ouvert les yeux sur les beautés et subtilités
de la langue peule. Dans mon esprit, il est associé pour toujours à Pierre-
Francis Lacroix, dont il était l’assistant aux Langues Orientales quand
j’y faisais mes études.
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Bibliographie sommaire
19
DICTIONNAIRE FULFULDE - FRANÇAIS
afotooɗo
A
aamta (v.)
► se réchauffer (après avoir eu froid)
Fajira dabbunde, sey goɗɗo aamta booɗɗum lutta wurtaago.
Le matin de saison froide, on doit bien se réchauffer avant de sortir.
adda-jamɗi – o (n.c.)
« sœur aînée / ? »
► femme libre (surnom plaisant) ; cf. ajabaajo
Adda-jamɗi, gite kelkel ba ngaajiri jamɗe !
La femme libre aux yeux écarquillés, semblables à des résidus de
tamisage de fer ! (Jeu de mots entre jamɗi et jamɗe.)
afoo (v.)
► avoir son premier-né ; cf. dikkoo
Ko o jooɗii, o walaa ɓinngel, sey hikka ɗoo o feni afaago.
Il/Elle n’avait encore jamais eu d’enfant, ce n’est que cette année
qu’il/elle a eu son premier-né.
23
agaajo
agaajo / aga’en – o/ɓe (n.) ; < wandala
► vendeur ambulant de produits pharmaceutiques frauduleux ; cf. giilnoowo
leɗɗe
Njarmi parasetamool bee kompirmee ndamba daneeji ɗi coodmi
haa aga’en.
J’ai avalé du paracétamol et des comprimés blancs contre le ‘rhume’,
que j’ai achetés chez les vendeurs ambulants.
Nyawɓe ɗuuɗɓe ɗon ngarda lopitaal bee leɗɗe ɓe coodata haa
aga’en. Ɓe ɗon njara ɗe, ɗe nafaay. Sey min ɗon tawa muskilaaji
ɗe ngaddanta nyawɓe. (Singoï Alawa, infirmier, Meskine, 25-03-
04)
De nombreux patients viennent au dispensaire avec des médicaments
qu’ils ont achetés chez les vendeurs ambulants. Ils les prennent, mais
ils ne sont pas efficaces. Nous constatons qu’ils n’apportent que des
problèmes aux malades.
Miin agaajo, kartoŋ lekki fuu ɗon warda bee notiis mum. To mi
janngi notiis, mi heɓtan kuugal lekki man. To goɗɗo tinndini yam
ko naawata mo, mi heɓtan nyawu maako. Suy, mi hokka mo
kurgun. (Alioum, 24 ans, vendeur ambulant de médicaments,
mandara, scolarisé jusqu’en sixième, Maroua, 18-03-04)
Moi, vendeur ambulant, chaque boîte de médicaments arrive (chez
moi) avec sa notice. Une fois que je l’ai lue, je sais à quoi sert le
médicament en question. Lorsque qqn m’explique ce qui lui fait mal,
je sais sa maladie. Ensuite, je lui donne le médicament.
ajabaajo / ajaba’en – o/ɓe (n.) ; < arabe [‘azab] « célibataire, non mariée »
► femme libre ; syn. adda-jamɗi, tanndaajo / tannda’en ; cf. kecco-
ajabaajo
Ce terme d’origine arabe désigne les femmes libérées des liens du
mariage, soit par un veuvage, soit par un divorce. Il ne s’applique donc
pas aux jeunes filles non mariées. Dans le langage courant, il a souvent
un sens proche de « prostituée ». La femme libre, cependant, à la
différence de la prostituée européenne, est indépendante et n’a pas de
comptes à rendre à un souteneur.
– Tannel am ngeel jaajaalel ; ɗuuɗa ferooɓe, famɗa suɓtooɓe !
– Ajaba’en bee worɓe ! (Devinette, cf. Noye 1968)
– Mon petit savonnier se promène beaucoup ; nombreux sont ceux qui
en font tomber les fruits, rares sont ceux qui les ramassent.
– Les femmes libres et les hommes.
(La femme libre, par définition, n’a pas de port d’attache, elle se
24
Alla
déplace donc fréquemment. Nombreux sont les hommes qui la cour-
tisent, mais il y a parmi eux peu de candidats au mariage.)
alluha / alluhaaje – ka/ɗe (n.) ; < hausa [àllo] < arabe [l w h¬]
► tablette coranique
Ndotti, sey nannda alluha.
Un vieux doit ressembler à une tablette coranique (i.e., comme la
26
animateer
tablette, pour tenir, il doit s’adosser à un mur).
● alluha njamndi
► tablette coranique miniature en métal (généralement en fer, parfois en
27
ankilostoom
ankilostoom – nga (n.) ; < français « ankylostome »
► ankylostome
Ce ver n’est connu sous ce nom que des personnels médicaux. Il est
classé parmi les gilɗi.
Woodi ngilkon ɓe mbi’ata ankilostoom. Kon pamaron, kon ɗon
takki dow tetekol, njara ii’am innu. (Ahidjo, infirmier à l’hôpital de
Bogo, 13-08-04)
Il y a des petits vers qu’on appelle ankylostomes. Ils sont tout petits,
ils adhèrent à l’intestin et boivent le sang de la personne.
Gilɗi ankilostoom tawataake bee koyɗum, sey geeraaɗe maaji
min tawata nder coofe loorɗe. Kanji kam ɗi ɗon peɗi nder teteki,
ɗi ɗon njara ƴiiƴam tan. Ɗi ɗon cosɓina geeraaɗe nder teteki,
ndeen geeraaɗe ɗee ɗon ngurtodoo bee coofe loorɗe. Ɗum ɓoslan
reedu goɗɗo boo.
To goɗɗo marɗo gilɗi ankilostoom bu’i koo haa ladde, geeraaɗe
ɗee naastan lesdi. To ndiyam toɓi, ɗe ngiilotoo dow ndiyam, ɗe
ndiman gilɗi. To ɗi potootiri bee giilotooɗo kosɗe cooke, ɗi
naastan nder maako. To naasti goɗɗo, riman geeraaɗe fahin,
wurtodoo bee coofe. (Hamadou Bouba, infirmier laborantin, CMAO
Meskine, 05-05-04)
Les ankylostomes ne se trouvent pas facilement, on trouve seulement
leurs œufs dans les selles. Eux, ils sont accrochés dans l’intestin et ils
boivent le sang uniquement. Ils pondent des œufs dans l’intestin, puis
ces œufs sortent avec les selles. Cela donne des coliques à la personne.
Lorsqu’une personne infestée par les ankylostomes défèque même en
brousse, ces œufs pénètrent dans le sol. Lorsqu’il pleut, ils se
déplacent au hasard sur l’eau et donnent des vers. Lorsque (ces vers)
rencontrent par hasard qqn qui se promène pieds nus, ils pénètrent en
lui. Quand ça pénètre dans une personne, ça donne des œufs à nouveau
et ça sort avec l’urine.
annda (v.)
► savoir, connaître
Anndi anndaa, anndan ; anndaa anndi, anndataa. (Prov.)
Celui qui sait qu’il ne sait pas saura ; celui qui ne sait pas (mais qui
28
aparee(wa)
dit qu’)il sait, ne saura pas.
Anndanɗo ma, Alla, maaya ! (Prov.)
Celui qui te connaît, par Dieu, qu’il meure ! (Vous souhaitez la mort de
celui qui connaît tout de vous, notamment vos secrets inavouables.)
29
apoloo
● aparee anoskopii
► anuscope
● aparee fuufgo / apareeji fuufgo
► pulvérisateur (litt. : appareil à pulvériser)
30
ayna
Rewɓe feere, asaale maɓɓe paaɗi daga aran. Doktoor ayna ɓe to
lebbi danygo maɓɓe ciki, o seeka ɓe nyannde ɓesngu. (Maïramou,
assistante gynécologue, hôpital provincial de Maroua, 25-08-04)
Certaines femmes ont d’avance le bassin trop étroit. Le médecin
surveille leur terme et il les opère le jour de l’accouchement.
ayiibe / ayiibeeji – nga/ɗi (n.) ; < hausa [aib¡À] « faute »< arabe [‘ y b] « honte »
► tort, faute
Ɓinngel maayi, ammaa daada maagel walaa ayiibe, ngam nyawu
man hurgataako.
L’enfant est mort, mais ce n’est pas la faute de sa mère, car la maladie
en question est incurable.
ayna (v.)
► garder, protéger ; surveiller, contrôler
31
azal
azal – o (n.) ; < arabe cf. [’ j l] « délai, temps fixé, durée de vie »
► destin, mort
Geɗal bee azal luutataake. (Prov.)
La destinée et la mort, on n’y échappe pas.
B
baaba / baabaaji – o/ɗi (n.)
► père
To baaba maayi, bappaanyo boo maya. (Prov.)
Si le père meurt, l’oncle paternel n’a qu’à mourir (aussi). (Une fois le
père mort, l’oncle paternel n’a plus d’utilité, puisque, même du vivant
du père, il n’est pas très attaché à ses neveux et nièces.)
Enɗam daada bee ɓinngel kam, na baaba hawti ɗum. Baaba
aynata daada bee ɓinngel ; o yiɗi ɓe ɓe ɗiɗo fuu. Ko debbo yi’ata
woni ɗuuɗɗum, ko numata woni pamarum. Debbo bee ɓinngel
fuu, gorko mari ɓe. Debbo boo, ɓinngel tan o yiɗi. Ɗoo kam a
laari baaba ɓurata yiɗgo ɓinngel. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout
peul, Petté, 31-05-04)
L’affection de la mère pour l’enfant, c’est le père qui l’a scellée. C’est
le père qui veille sur la mère et l’enfant. Il les aime tous les deux. La
mère est au courant de (litt. : voit) beaucoup de choses (concernant
son enfant), mais sa réflexion est réduite (litt. : ce qu’elle pense est
peu). La femme et l’enfant, c’est le mari qui les possède. Quant à la
femme, elle n’aime que son enfant. Ainsi, tu vois que c’est le père qui
aime le plus l’enfant.
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baatal
Baate lopitaal njiiji mo kosngal.
Les injections (qu’il/elle a reçues) à l’hôpital/dispensaire lui ont
paralysé la jambe.
● baatal ɓilaawal
► perfusion (litt. : injection suspendue) ; syn. perfizyooŋ
● baatal ɗanninanngal
► injection provoquant une anesthésie générale (litt. : piqûre qui fait
dormir)
Nyawɗo mo waawataa baatal ɗanninanngal, ɓe tufa mo baatal
goɗngal.
Le patient qui ne supporte pas l’anesthésie générale, on lui fait une
autre injection.
● baatal nder i’al dungal
► anesthésie péridurale (litt. : injection de l’os de l’extrémité inférieure de
la colonne vertébrale)
Nyawɗo [oo], ɓe tufa mo baatal [...] haa ɓaawo deydey lonkoƴol
nder i’al dungal. Ndiyam man naasta nder maagal. Ɓaawo man,
ceeketeeɗo maatataa naawreenga, ngam reeta ɓanndu maako gal
les ɗoo fuu waatan. (Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier peul,
Maroua, 15-04-04)
Le patient, on lui fait une (...) injection dans la colonne vertébrale,
dans les vertèbres lombaires. Le liquide y pénètre. Ensuite, la per-
sonne qu’on opère ne sent plus la douleur, parce que toute la moitié
inférieure de son corps est inerte.
● baatal ndiyam
► perfusion (litt. : injection d’eau) ; syn. perfizyooŋ
de contre-poison)
► sérum ou vaccin antitétanique
34
babal
● baatal vat
►vaccin antitétanique
► produit injectable ; syn. lekki tufeteeki
To nyawɗo wardi bee baatal maako, o hollammi karne maako, mi
laara deydey miligiraam noy tufanmoomi, mi fuɗɗa tufgo mo.
(Baïnou Priscilla, 38 ans, aide-soignante lakka, Maroua, 21-04-04)
Quand le malade apporte son produit à injecter, il me montre son
carnet (de santé) pour que je voie combien de milligrammes je dois
lui injecter avant que je lui fasse l’injection.
● baate
► douleurs provoquées par des aiguilles envoyées dans le corps par sorcel-
balingoo (v.) ; < arabe (cf. arabe tchadien [bâlix] « nubile, adulte », P. Jullien de
Pommerol 1999, p. 240)
► atteindre l’âge de la puberté ; syn. nyuufoo
Ɓikkon feere, to ɗon balingoo, na kon ndaara koo hooseere kon
ndoondotoo.
Certains enfants, quand ils arrivent à l’âge de la puberté, ont l’impression
qu’ils seraient capables de porter une montagne sur la tête.
balma (v.)
► blesser à l’arme blanche
36
batte
Jawmu saare balmi gujjo haa junngo, koo ngam o daɗi boo.
Le propriétaire de la maison a blessé le voleur à la main, bien qu’il se
soit échappé.
To ɓe tuurtini bumɗo kam, na mo o heɓi fuu, o balman noon.
Si l’on fait sortir un aveugle de ses gonds, il est capable de blesser
n’importe qui.
batte – ɗe (n.)
► traces (laissées par une maladie), séquelles, conséquences
Batte nyawu nguu kaɗi mo yargo kosam.
Suite à cette maladie, il ne peut plus boire de lait.
37
bawla
► symptôme (permettant de reconnaître une maladie)
39
beero
TRAITEMENT
To haa mi hurga beɗel, mi ƴaran reedu nyawɗo. To ƴiiƴam ɗon
wurtoo, mi yigga toomndi suudu bee citta. Ndeen to ɗum simti
nder reedu toon, gilɗi ɗii piistoto diga heŋre, ɗi naasta teteki.
Ndeen mi hokka mo seɓre ɗaaleehi dollaaki o yara. Ɓaawo ɗoon,
o saaran gilɗi ɗii fuu, ɗi ɗon bana ndamba. (Mana Galé, guérisseur,
Louggol-Mindif, 21-05-04)
Pour soigner le beɗel, je scarifie l’épigastre du patient. Lorsque le
sang coule, je frotte (sur les scarifications) de la suie et du piment.
Ensuite, lorsque cela a filtré dans l’épigastre, les vers se détachent du
foie et pénètrent dans les intestins. Alors, je donne à boire au (patient)
une décoction d’écorce fraîche de caïlcédrat. Après ça, il évacue tous
les vers dans une diarrhée, ils ressemblent à des mucosités nasales.
40
bonniingel
● binndi faamu
► versets lavés destinés à augmenter l’intelligence
41
bonnjokru
● bonniingel yeeso danyeego
► mort-né macéré (litt. : (enfant) qui s’est gâté avant d’être mis au monde)
42
budurwaajo
bu’a (v.)
► chier, aller à la selle, déféquer ; cf. daaba
Le terme est considéré comme vulgaire en fulfulde.
« Pour se soulager de tout besoin (miction, défécation), on doit s’assurer
qu’on est à l’abri de tout regard. L’exigence de se soustraire à la vue
d’autrui est encore plus rigoureuse pour la femme. Celle-ci doit dispa-
raître complètement du regard des autres. Les selles font l’objet de plus
de dissimulation, pour l’homme comme pour la femme. Il est préférable
d’éviter de les faire hors de chez soi. Aussi prend-on la précaution de
consommer très sobrement des aliments, voire même de s’en abstenir
quand on se trouve en voyage, afin d’éviter de compromettre son
honorabilité suite à des indispositions digestives.
Cette précaution prise de camoufler l’acte de défécation se retrouve
même dans les jeux des enfants, qui sont ainsi conditionnés dès leur
bas âge. Il existe en effet un petit jeu qui consiste à couvrir de raille-
ries, en criant ooncoga, un des leurs surpris en train de déféquer dans
un endroit exposé aux regards. » (CERCP 1998, p. 51)
Bu’a ɗoon, nyaama ɗoon, sey dabba. (Prov.)
Chier et manger au même endroit, il n’y a que l’animal (à faire ça).
Funyake bu’aay, yi’aama semti. (Prov.)
Il/elle a retroussé son vêtement (mais) n’a pas chié : on l’a vu et il a
eu honte.
Funyake bu’aay maa semti, sakko funyake bu’i. (Prov.)
Retrousser son vêtement sans chier, cela fait honte, a fortiori
retrousser son vêtement et chier.
O ɗon bu’a morle-morle.
Il/elle chie des petites crottes.
► en chier (vulgaire), en baver, en voir de toutes les couleurs
To waandu bu’aay boo, jawmu ngesa bu’an. (Prov.)
Si ce n’est pas le singe qui en chie, ce sera le propriétaire du champ.
(Si vous ne faites pas de mal au singe, c’est lui qui vous en fera.)
● bu’a-jogoo
► redouter (litt. : chier-tenir)
● bu’e caatuɗe
► selles dures
● bu’e dakamɗe
► étrons, selles consistantes
● bu’e loorɗe
► gros étrons, grosses selles
► sécrétion solide
● bu’e noppi
► cérumen (litt. : sécrétion des oreilles)
45
bunkaaru
Bouba, Maroua, 22-03-06)
Si l’aveugle dit qu’il veut partir de grand matin, encore faut-il que
(son) guide soit d’accord.
To bumɗo wi’i fiɗete, o ɗon yaaɓi hayre. (Prov.)
Si un aveugle dit qu’il va te lancer (un caillou), c’est qu’il a le pied
sur un caillou.
Halluɓe piynata bumɗo galaaji. (Prov., Tourneux et Yaya 1998,
p. 333)
Ce sont les gens méchants qui font battre les pois de terre par un
aveugle.
Bumɗo tufa, Alla wurna. (Prov.)
L’aveugle pique (l’aiguille) et Dieu poursuit l’ouvrage (litt. : fait
passer).
46
buudoo
buroos / buroosji – nga/ɗi (n.) ; < français « brosse »
► brosse
● buroos limce
► brosse à habits
● buroos nyii’e
► brosse à dents en plastique
● buroos paɗe
► brosse à chaussures
● leggal buroos
► brosse à dents en plastique (litt. : bois brosse)
buudoo (v.)
► « marabouter » (qqn)
Daga ɓe mbuudii mo, o heɓtaay hakkiilo maako.
Depuis qu’on l’a marabouté, il n’a plus sa tête.
47
buulol
► réaliser pour (qqn) une opération prétendument magique
buuroo (v.)
► être encore célibataire (pour une femme, à un âge où elle devrait
normalement être déjà mariée)
Le sens de base de la racine verbale est « rester invendu, ne pas
trouver d’acheteur (pour une marchandise) ».
ɓaaca (v.)
► boitiller
O ɗon ɓaaca kosngal seɗɗa seɗɗa.
Il boitille un peu.
49
ɓaawo-suudu
darnugo ɓaawo
avoir le dos droit
juutgo ɓaawo
avoir un long dos
waawgo ɓinngel haa ɓaawo
porter un enfant sur le dos
● hoya-ɓaawoojo
► personne porte-bonheur (litt. : au dos léger)
ɓaawo-suudu (n.c.)
« arrière de la maison »
► toilettes, cabinets
Endroit aménagé pour faire sa toilette et soulager ses besoins naturels.
Généralement à ciel ouvert, clôturé d’un sekko. « Le ɓaawo suudu,
littéralement ‘le derrière de la case’ (toilettes), est un (...) espace
intime strictement réservé à l’occupant ou aux occupants de la case.
De manière générale, hommes et femmes (à l’exception des époux),
parents et enfants utilisent des toilettes séparées. C’est ainsi que dans
un saare peul, on compte autant de ‘toilettes’ que de cases. » (CERCP
1998, p. 53)
Ɓaawo-suudu sey laaɓa tum.
Il faut que les toilettes soient toujours propres.
Mo caarol naawata ɗaɓɓitittaa ɓaawo-suudu. (Prov.)
Celui qui a la chiasse ne cherche pas les toilettes.
ɓakka (v.)
► enduire avec, mettre une couche de (onguent, pommade) sans frotter
To laatake yewre nde ƴiƴe campiti, to mi ɓakki gaadal ngaal, ɗe
njoototoo kalkal. (Amadou Taïbé Boulama, guérisseur, Mogom-
Mindif, 24-05-04)
En cas de fracture comminutive, si je mets dessus une couche de ce
géophyte, (les os) reprennent leur place exacte.
ɓalee- (adj.)
► noir, mélanoderme
50
ɓanndu
Ɓaleejo ɓalwa-ngaandi !
Noir à l’esprit borné ! (Litt. : noir qui est noir de cerveau.)
● waɗgo ɓanndu
► prendre du poids, grossir
● ɗigga-ɓannduujo
► personne qui a la peau douce
● hacca-ɓannduujo
► personne qui sent mauvais
● loora-ɓannduujo
► personne corpulente
● sewa-ɓannduujo
► personne mince
● uppa-ɓannduujo
► personne obèse (litt. : qui a le corps gonflé)
● waata-ɓannduujo
► personne amorphe (litt. : qui a le corps mort)
ɓaŋa
► épouser (une femme)
Oon mo walaa beembal eta. (Prov.)
Celui qui n’a pas de grenier doit acheter (son grain) au marché.
(L’homme qui n’est pas marié est obligé d’aller tout le temps chercher
des femmes.)
Ɓaŋɗo nyannde juulde fuu ɓaŋan nyidduɗo. (Prov.)
Chaque homme qui se marie un jour de fête épousera un laideron.
(Le jour de la fête, toutes les femmes sont belles ; même les plus laides
se donnent belle apparence.)
Wamnde ɓangal, nde acca ɓaŋaaɗo, nde yaha e daada saare.
(Eguchi 1974, p. 96)
L’âne du mariage, il laisse la mariée et s’en va chez la première
épouse. (Autrefois, hommes et choses étaient transportés à dos d’âne.
Notamment lors des mariages, c’est cet animal qui portait la mariée et
ses effets. L’âne de cet énoncé est conforme à sa réputation d’entê-
tement ; au lieu de conduire la mariée où il doit la conduire, il va
52
ɓellere
ailleurs, et met la mariée en situation délicate.)
ɓaŋee (v.)
► être mariée (femme)
ɓennda (v.)
► mûrir
Hakkee mongorooje ɗee oolɗataa, goɗɗo heɓtataa ɓenndugo
maaje.
Du fait que ces mangues ne jaunissent pas (en mûrissant), on ne sait
pas quand elles sont mûres.
► être mature, avoir atteint son plein développement
Rewɓe maranɓe haala yaake ɓesnugo, ɗum rewɓe famarɓe
maranɓe duuɓi ngattaa sappoo e jowi malla sappoo e jeego, sey
ɓe ayna ɓe, ngam ɓe ɓenndaay, cuuɗi-ɓikkon maɓɓe ɓenndaay.
(Yéwé, infirmier accoucheur, CMAO Meskine, 27-08-04)
Les femmes qui ont des problèmes lors de l’accouchement, ce sont les
jeunes femmes de moins de quinze ou seize ans, on doit veiller de près
sur elles, car elles ne sont pas matures, leur utérus n’est pas mature.
► être bien cuit
Ɓenndugo nyiiri hokkan njamu ɓanndu.
Une bonne cuisson de la boule procure la santé.
► être « blindé » (immunisé contre le mauvais sort et la sorcellerie)
Ɓenndugo gaynaako ɗoo waɗi laɓi nyaamataa mo.
C’est grâce à sa protection magique que le berger n’est pas blessé par
le couteau. (Litt. : c’est le « blindage » du berger qui fait que le
couteau ne le mange pas.)
To a meemi hifinoore ɓennduɗo, to a waɗi saa’a, ndo’’oɗaa, to a
waɗaay saa’a, ngaɗaa ginnawol.
Si tu touches le bonnet de qqn qui est « blindé », si tu as de la chance,
tu tomberas par terre, si tu n’en as pas, tu deviendras fou.
54
ɓernde
Ɓinngel nyawngel teko, sey nyaama ɓenndalooje bee nyaamdu
woondu. (Hammawa Djouldé, infirmier, Dogba, 10-05-04)
L’enfant qui a la coqueluche doit manger des fruits et de la bonne
nourriture.
● faaɗa-ɓerndeejo
► qqn d’irascible (litt. : personne étroite de cœur)
● feeco-ɓerndeejo
► qqn de calme et d’indulgent (litt. : personne vaste de cœur)
● laaɓa-ɓerndeejo
► qqn d’honnête (litt. : personne propre de cœur)
● waata-ɓerndeejo
► qqn de lâche ou de paresseux (litt. : personne morte de cœur / courage)
● wooɗa-ɓerndeejo
► qqn d’honnête (litt. : personne bonne de cœur)
● yaaja-ɓerndeejo
► qqn de calme et d’indulgent (litt. : personne large de cœur)
● yoora-ɓerndeejo
► qqn de courageux (litt. : personne sèche de cœur)
cœur / courage)
● margo ɓernde mbaroogaare
► être intrépide (litt. : avoir un cœur de lion)
● waɗgo ɓernde
► faire le fier (litt. : faire le cœur)
ɓesna (v.d.)
► accoucher ; cf. danya
O ciki lebbi ɓesnugo.
Elle est arrivée au terme de sa grossesse. (Litt. : elle a atteint le total
des mois de grossesse.)
To debbo ɓesni, sey jooɗoo balɗe joweeɗiɗi nder suudu fuɗɗa
wurtaago.
La femme qui a accouché doit rester sept jours à l’intérieur de la
maison avant de sortir.
– Noy paamrataa hannde a ɓesnan ɗoo ?
– Reedu am naawan, ndu waylitoo, ɓinngel iirtoo. Mi naawra
ɓaawo jokka yeeso fuu. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère
mousgoum, Petté, 28-05-04)
– Comment sais-tu que tu vas accoucher aujourd’hui ?
– Mon ventre me fait mal, il se retourne, le bébé bouge pour sortir.
J’ai mal du dos jusqu’au bas-ventre.
► mettre au monde (une fille)
ɓeta (v.)
► constiper
Ce verbe implique aussi l’idée de ballonnement.
Kosam ɗon ɓeta mo.
Le lait le constipe.
ɓetoo (v.)
► être constipé et ballonné (pour le ventre)
To o yari kosam fuu, reedu maako ɓetoto.
Chaque fois qu’il/elle boit du lait, il/elle est constipé(e).
ɓewlita (v.)
var. : ɓeylita
► avoir des nausées
Miin kam, lebbi jeenay fuu, mi tuutan, ɓernde am ɗon ɓeylita haa
mi danya.
Quant à moi, pendant les neuf mois (que dure ma grossesse), je vomis
et j’ai des nausées jusqu’à l’accouchement.
61
ɓii
Sooba baaba naa sooba ɓiɗɗo. (Prov., Modibo Bello Amadou)
L’ami du père n’est pas l’ami du fils.
● ɓii kinta
► parent par alliance ou par adoption
ɓii-Aadama / ɓiɓɓe-Aadama
► être humain (litt. : fils/fille d’Adam)
Ɓii-Aadama, ɗum taggere mboodi. (Prov.)
L’être humain est un serpent lové (litt. : un rouleau de serpent).
Walaa ko heƴata ɓii-Aadama sey woodaa. (Prov.)
Il n’y a rien qui puisse satisfaire l’homme, sauf quand il n’a rien.
ɓila (v.)
► suspendre, accrocher
O ɓilani yam gaari gal kine. (Bouba Djam, CMAO, Meskine, 26-07-
04)
Il m’a alimenté par une sonde nasale. (Litt. : il m’a suspendu de la
bouillie par le nez.)
● ɓilgo perfizyooŋ / ndiyam / baatal
► poser une perfusion (litt. : suspendre une perfusion)
62
ɓinngel
ɓinngel / ɓikkon (ou) ɓikkoy – ngel/kon (n.d.)
► enfant (garçon ou fille)
Pamarel hannde, manngel janngo. (Prov.)
Le petit d’aujourd’hui est le grand de demain.
Sooba baaba, naa sooba ɓinngel. (Prov.)
L’ami du père n’est pas l’ami de l’enfant. (Il ne peut y avoir les mêmes
relations entre le père et son ami qu’entre l’ami du père et l’enfant.)
● ɓinngel danyaangel / ɓikkon ndanyaakon
► enfant nouveau-né
● ɓinngel guttungel
► bébé que l’on peut sortir au grand air (litt. : enfant séché)
L’expression ne fait pas référence au fait que l’enfant aurait tous ses
membres bien formés, mais au fait qu’il a passé le temps régle-
mentaire des neuf mois dans le sein maternel.
● ɓinngel keccel / ɓikkon keccon
► nouveau-né (litt. : enfant frais)
● ɓinngel maama
► enfant élevé par ses grands-parents (litt. : enfant de grand-parent)
Diga nder reedu, ɓinngel ɗon naftoroo bee ƴiiƴam daada. (Gaïbaï
63
ɓira
Ganava, infirmier chef, CSI de Gazawa, 03-08-04)
Dès le ventre (maternel), l’enfant se sert du sang de sa mère.
To ɓinngel cikni terɗe maagel fuu, daada maagel nawnake malla
lukkitake haa reedu, wonnan ɓanndu maagel. Kanjum tawataa
ndegoo ɓinngel junngo ɗon leli daga danyeeki, malla hoore ɗon
juuti. (Dada Habiba, accoucheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Lorsque le fœtus a atteint son développement complet (litt. : a
complété tous ses membres), que sa mère s’est blessée ou qu’elle s’est
frappé le ventre, cela abîme le corps (du fœtus). C’est pour cela que,
parfois, vous trouvez un enfant dont le bras est tordu de naissance, ou
dont la tête est (trop) allongée.
● ɓinngel ƴoƴngel
► enfant éveillé, qui commence à comprendre ce qui se passe dans son
► fruit (d’un arbre ou d’une plante) (le pluriel est alors ɓiɓɓe et non ɓikkon)
► (au pluriel) graines
► intérieur (d’un fruit)
Dunya ɓinngel mongoro ; mbooɗaa e nyaamgo, ngel sola. (Prov.)
Le monde est (comme) un noyau de mangue ; agréable à consommer,
mais il (vous) tombe (des mains). (On prend plaisir à sucer le noyau
de la mangue, mais il vous glisse généralement des mains avant que
vous ayez pu le finir.)
► graine (à l’intérieur d’un fruit)
ɓira (v.)
► traire (un animal) ; tirer (du lait)
To kosam debbo wonnake, o dolla haako jammbal-joohi, o yara
o yarna ɓiyiiko. Ndeen o ɓira kosam ngonɗam nder enɗi maako.
O ɓira jur haa hoore maako naawa. (Djebba, ménagère, Maroua,
avril 2004)
Lorsque le lait d’une femme est mauvais, elle doit faire une décoction
de feuilles d’Ocimum canum, en boire et en faire boire à son enfant.
Ensuite, elle doit tirer le lait qui se trouve dans ses seins. Elle doit en
tirer beaucoup, jusqu’à ce qu’elle ait mal à la tête.
64
ɓoosta
● ɓoccol ɓaawo
► colonne vertébrale (litt. : cravache du dos)
ɓoloo (v.)
► peler (intransitif)
Goɗɗo to nyawi tarzagiire yamɗiti, ɓanndu maako ɗon ɓoloo.
Lorsque qqn guérit d’un tarzagiire, son corps pèle.
ɓooɓa (v.)
► désenfler, diminuer de volume
To innu yewi kesum, babal maajum ɓuuta tawon, swi, to ɗon
yamɗitani, ngal ɓooɓa.
Lorsque qqn se fait une fracture, l’endroit commence par enfler, puis,
quand cela guérit, l’endroit désenfle.
Ɓe tufi yam baate waɗan jeetati, ndeen ɓuudi dow hoore ɓooɓi.
(Oumarou Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
On m’a fait peut-être huit injections, puis l’enflure sur la tête a
diminué de volume.
ɓoosta (v.)
► écorcher, arracher la peau
65
ɓoostannde
ɓoostannde / ɓoostanɗe – nde/ɗe (n.d.v.) ; < ɓoosta
► égratignure, écorchure
ɓoostoo (v.)
► s’écorcher
A anndi to yiite wuli ma junngo malla kosngal, to a waɗi ndiyam
haa babal ngaal, ɓoostoo [...]. (Mamaï Viatang, infirmier, chef de
CSI de Douroum, 20-08-04)
Vous savez que si vous vous êtes brûlé à la main ou à la jambe et que
vous versez dessus de l’eau, cela va faire partir la peau (litt. :
s’écorcher) (...).
ɓoroo (v.)
► tomber (poils ou cheveux)
To ko’el-suka waɗi ɓinngel, [...] feere kam maa, gaasa [hoore
maagel] ɓoroo. (Astawabi, 55 ans, ménagère peule, Petté, 26-05-04)
Lorsqu’un enfant a le ko’el-suka, (...) parfois même, ses cheveux
tombent.
ɓosla (v.)
► tordre
► provoquer/subir une douleur analogue à une torsion
Ɓernde am ɗon ɓosla.
J’ai des crampes d’estomac. (Litt. : mon ‘cœur’ se tord.)
Gilɗi daneeji ɓoslan reedu, caarnan boo. (Ousmanou Hamarwabi,
guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Les ténias provoquent dans le ventre des douleurs analogues à une
torsion, ils donnent aussi la diarrhée.
ɓusoo (v.)
► résister à la douleur, faire preuve d’endurance
Sey goɗɗo oo laatoo o ɓusotooɗo.
Il faut que la personne en question soit résistante à la douleur.
● ɓuudi giigal
► enflure qui se produit aux articulations (notamment dans la région du
canal inguinal)
● ɓuudi peewri ; syn. ɓuudi juwe
► enflure provoquée par le peewri (gonflement de type rhumatismal ou
arthritique)
« Rhumatisme articulaire avec enflure et inflammation, ainsi
dénommé (ɓuudi juwe) parce qu’on le soigne en l’incisant (yuwa :
transpercer) » Noye 1989, p. 416 b.
Caayoori ngonndi ɓuutan bana ɓuudi peewri. Ammaa, ɓuudi
peewri wurtataako gal dow, sey ummaago koppi waɗgo les.
67
ɓuulde
(Oumarou Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
Il existe un caayoori qui produit une enflure comme par exemple
l’enflure de peewri. Mais elle n’apparaît pas sur la partie supérieure
du corps, seulement à partir des genoux en descendant vers le bas.
Goɗɗo amin to ɗon bee ɓuudi juwe, min cuma mo bee laɓi gulki.
[...] To ɓe cumi pellel man, laral ittoto, suy innu yamɗiti.
(Oumarou Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
Lorsque qqn de chez nous a une enflure causée par le peewri, nous la
cautérisons avec un couteau brûlant. (...) Une fois qu’on a cautérisé
l’endroit, la peau s’en va et la personne est guérie.
● ɓuule hoore
► enflure de la tête, empêchant de voir et d’entendre (Noye 1989, p. 60b)
ɓuuta (v.)
► enfler localement (enflure douloureuse portant sur un secteur localisé
d’un membre ou d’une partie du corps) ; cf. uppa
► être enflammé, avoir une inflammation
Hallere am woore ɗon uppi, hannde waɗan balɗe jeego. Meere
noon nde fuɗɗi nde ɗon naawa, ɓaawo man, nde ɓuuti. [...] Aran
kam, mi tammino ɗum caayoori waɗi yam, njarmi leɗɗe caayoori,
ammaa walaa daama. (Yaya D., hospitalisé à Petté, 28-05-04)
68
caarol
L’un de mes testicules a enflé, cela va faire six jours aujourd’hui. Sans
aucune raison, il a commencé à me faire mal après s’être enflammé.
(...) Au début, je croyais que j’avais le caayoori, j’ai pris les remèdes
du caayoori, mais il n’y a pas eu d’amélioration.
Ɓanndu am ɗon ɓuuti-ɓuuti, ɗon nyaanya boo seɗɗa seɗɗa to
jemma waɗi, ammaa ndu wulaay kam ; sey ɓuudi ndii ɗon
ɓesdoo. Ɗum fuɗɗi yam keenya fajira. Mi ɗonno tappa birikje
zandarmeejo feere. Ndeen, teema simo naasti yam nder ɓanndu.
Yimɓe mbii kanjum nyaanyatammi. Dopta boo wii teema woodi
huunde ŋati yam, malla boo gilɗi ŋati yam, ammaa, naa simo
kam. (Bayang Globzana, patient, CSI de Dargala, 14-06-04)
J’ai des boursouflures sur le corps et ça démange aussi un tout petit
peu la nuit, mais je n’ai pas de fièvre ; il n’y a que cette enflure qui
augmente. Cela m’a pris hier matin. J’étais en train de fabriquer les
parpaings d’un gendarme. Alors, peut-être que le ciment m’est entré
dans le corps. Les gens m’ont dit que c’est ça qui me donne des
démangeaisons. L’infirmier, lui, m’a dit qu’il y avait peut-être qqch.
qui m’avait piqué (mordu), ou que des chenilles m’avaient piqué, mais
que ce n’était sûrement pas le ciment.
C
caagal / caale – ngal/ɗe (n.)
► jonction entre les côtes et la colonne vertébrale
● caayoori hoore
► inflammation de la tête
● caayoori i’e
► inflammation des os
TRAITEMENT
Haa ɓe kurga caayoori nyiiƴe, ɓe ɗon ndolla haako lekki feere,
nyawɗo oo o suddoo dow fayannde ndee, o maɓɓita hunnduko
maako dow maare, suy gilɗi ɗon caama. (Daada Bouba, 35 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04).
Pour soigner la carie dentaire avec abcès, on fait bouillir une certaine
75
caayoori
plante, le malade se couvre (avec un tissu) au-dessus de la marmite, il
ouvre la bouche au-dessus, puis les ‘vers’ tombent un à un.
Walaa e caayoori naawataa, gite, nyiiƴe... Feere ɗoo, ngilkon ɗon
peeton peeton naasta nder nyiiƴe, ɗon nyaama nyaama nii haa
nyaama ɗaɗi nyiiƴe goo. To nyaami ni, doole ko ɗum ɓuuta, ngam
ngilkon koon nyaanyan bana madam-calka, malla siikre
ŋonyotoo larel dowyel. Nii caayoori nyiiƴe wa’i, ammaa, ndi
walaa wakeere e ndi yaataa. (Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère
peule, Dogba, 22-09-04)
Il n’y a d’endroit où le caayoori ne fasse mal : les yeux, les dents...
Parfois, de tout petits vers pénètrent dans les dents, ils mangent
continuellement jusqu’aux nerfs des dents. Quand ils ont mangé (ça),
ça enfle obligatoirement, car ces petits vers grattent comme le
cancrelat ou le grillon qui rongent l’épiderme. C’est ainsi qu’est le
caayoori des dents, mais il n’y a pas d’endroit où il n’aille (se loger).
Kurgun caayoori, mi tefa yowtere caski, mi seɓoya boɓori, mi
hawta mi dolla. Nyawɗo yara nyalɗe ɗiɗi tan. (Djougoudoum Adji,
guérisseur guiziga, Dourga-Godola, 01-06-04)
Pour soigner le caayoori, je cherche du gui de Faidherbia albida, je
vais chercher de l’écorce fraîche de Sterculia setigera, je mets tout ça
ensemble et je le fais bouillir. Le malade doit boire ça pendant deux
jours seulement.
► furoncle (cf. ngeemuure)
Le furoncle n’est qu’une manifestation locale du caayoori ou du
peewri.
Ɓe ɗon tuppa caayoori to worɗi bee njamndi ngulaandi bee yiite.
To waɗi bana nii, caayoori hulan loortaago. (Goggo Damdam, 65
ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
On perce le furoncle, quand il est mûr, avec un fer chauffé au feu. Si
l’on fait ainsi, le furoncle (caayoori) aura peur de revenir.
Yitere naawata yam. Ɗum fuɗɗi boo daga dabbunde. Wakkati
haa ɗum fuɗɗa, ɓuudi ummii diga dow hoore am haa jippii nder
gite, ɓuudi caayoori. Nde ndi jippii nder gite boo, ɗe maɓɓi,
njaami lopitaal Dargala. Ɓe tufi yam baate waɗan jeetati, ndeen
ɓuudi dow hoore ɓooɓi. Sey lutti dow yitere, ammaa, ndi sottaay
dow toon haa caftumi ngarmi haa ɗoo. Caayoori ɓuutan koo gal
toy fuu, ammaa ndi am gal hoore ndi yiɗi wangirgo. (Oumarou
Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
J’ai mal à l’œil. Cela a commencé à la saison froide. Lorsque cela a
débuté, une enflure douloureuse est partie de ma tête pour descendre
dans les yeux, une enflure de caayoori. Lorsqu’elle est descendue
dans les yeux, ils se sont fermés, et je suis allé au dispensaire de
Dargala. On m’a fait peut-être huit injections, puis l’enflure sur la tête
a diminué de volume. Il ne reste plus que (l’enflure) sur l’œil, mais
76
caɗawyel-dubbuɗe
elle n’a pas bougé, si bien que j’en ai eu marre et que je suis venu ici.
Le caayoori peut provoquer une enflure n’importe où, mais le mien,
c’est sur la tête qu’il aime apparaître.
To haa ɓe kurga caayoori ngordi, ɓe ngaɗa leeɓol dow yeeraande
maari. To nde fusi nde wurtoo [...], babal ngaal yamɗita. So naa
noon, to goɗɗo wi’i o seeki haa o wurtina nde, nde doggan, nde
dilla pellel feere. Bana nii boo, nde yamɗitittaa law. [...] Ɓe tuppa
caayoori to ndi nanngi babal ngal worɗi. To ɓe nguli bee yiite, nge
yaha nge sumpita babal ngaal. (Abdouramane Modibbo, guérisseur,
Petté, 25-06-04)
Pour soigner le caayoori mâle, on met du beurre sur son œuf. Quand
il perce et qu’il sort (...), l’endroit guérit. Dans le cas contraire, si la
personne dit qu’elle l’a incisé (litt. : déchiré) pour le faire sortir, il va
s’enfuir et partir. Alors, il ne guérira pas rapidement. (...) On perce le
caayoori quand il affecte un endroit qui contient du pus. Si on le
cautérise (litt. : si on le brûle avec du feu), le feu transpercera l’endroit.
77
cakaare
pellel caɗooyel-dubbuɗe. (Mama Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-
04)
La personne doit chercher la pointe qui couronne la bouse de vache,
en prendre un tout petit peu et en frotter l’endroit atteint par la maladie
en question. (Lorsqu’une vache bouse, le dernier lâcher est constitué
d’un petit berlingot qui vient se ficher au centre de la bouse déjà étalée
sur le sol.)
To caɗawyel-dubbuɗe nanngi innu, ɓe ɗon njiiɓa dubbuɗe na’i
bee leeɓol, ɓe nguja haa pellel ngeel. (Haman et Sannda Oumarou,
guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
Lorsque la « petite maladie de peau du fumier » affecte qqn, on
mélange de la bouse de vache avec du beurre frais et l’on en frotte
l’endroit (atteint).
81
ciiɓoowu
DIAGNOSTIC
Meere noon walaa no goɗɗo heɓtira ciiɓoowu, sey to ɓe njaari
nyawɗo oo haa daarorgal. Ammaa, feere boo, to a tiimi mo, a
heɗitake, a i’i mo reedu, a laari her naawata mo, a laari sifa
maako, tuutgo, saargo, sonndaago bee nyaanyaago, bee duurgo,
a nanndinan ngu bee ciiɓoowu. Ammaa, haa paamaa fakat, sey to
a yaari mo haa radiyoo. (Amadou Roufaou, infirmier à l’hôpital de
Petté, 28-05-04)
Il n’y a pas moyen de reconnaître facilement le sida, sauf si l’on
conduit le malade à la radioscopie. Mais, parfois, si vous le regardez
attentivement, si vous l’écoutez (avec le stéthoscope), si vous lui
appuyez sur le ventre, si vous voyez là où ça lui fait mal, si vous voyez
son aspect, ses vomissements, sa diarrhée, sa toux, ses démangeaisons
et la durée (de sa maladie), vous penserez que cela ressemble au sida.
Mais pour en être absolument sûr, vous devez le conduire à la radio.
TRAITEMENT
Lekki ciiɓoowu [i.e. sida] caɗki jamum, ammaa, to nyawu nguu
gasaay haa ɓanndu goɗɗo, to o ɗon nyaama nyaamdu woondu, o
ɗon haɓda bee leɗɗe Ɓaleeɓe, ngu torrataa mo law. Worɓe ngu
ɓurata jaggugo law. [...] Ko fuɗɗata ngu, ɗum gilɗi. To reedu
maako salake huunde, warta o ɗon tuuta, o ɗon saara. To goɗɗo
nyawɗo ngu, o mooɓodake bee jamo, ngu raaɓan mo. Kanjum
waɗi mbiimi ɗum gilɗi. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 30-04-04)
Il est très difficile de soigner le sida, mais, quand il n’est pas installé
depuis longtemps chez le malade, si celui-ci a une bonne alimentation
et qu’il se débrouille avec les remèdes indigènes, la maladie ne le
gênera pas rapidement. Ce sont surtout les hommes que (le sida)
maltraite rapidement. (...) Ce qui le cause, ce sont des ‘vers’. Si l’esto-
mac de la personne refuse certaine nourriture (litt. : une chose), celle-
ci vomit et a la diarrhée. Lorsque qqn souffre de cette maladie et
qu’il/elle couche avec une personne saine, la maladie contaminera
cette dernière. C’est pour cela que j’ai dit que ce sont des ‘germes’
(qui la causent).
To reeduujo wari haa amin, ko min aartata laargo, to o woodi
nyawu ciiɓoowu malla gaaye. To min ndaari to o woodi ngootu
caka maaji, min ndokka mo lekki haa o heɓa ngu de’’ita. (Atchibi
Thérèse, aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
Lorsqu’une femme enceinte vient nous voir, la première chose que
nous examinons, c’est si elle a le sida ou la syphilis. Si nous constatons
qu’elle a l’une de ces maladies, nous lui donnons un médicament pour
qu’elle puisse la calmer.
COMPORTEMENT À ADOPTER VIS-À-VIS DE LA MALADIE
To haa ɓe ngaddana kala debbo fuu faddoode nyawu ciiɓoowu,
waɗataako. Ammaa, kala debbo reeduujo fuu, to ngu meemi mo,
82
ciiɓoowu
ɓe poti ɓe kaɗa ngu yottaago ɓinngel. Ɗoo boo, sey to o warlawi
lopitaal ɓe ndaari ƴiiƴam maako. Ɓurna ko yimɓe paamaay kam,
to ɓe ndaari goɗɗo ɗon tuuta, ɗon saara, ɗon fooƴa, ɓe mbi’a ɗum
ciiɓoowu. Ammaa, to gilɗi ɗiin kanji tan naasti mo, na o walaa
ciiɓoowu tawon. O ɗon bana ngaaɗen, o nyaaman, o yaran, walaa
ko sannjata haa maako. Ɓe mbi’i to goɗɗo yiɗaa mooɓodal
jamum bee jananɓe, ɗum laatataako nyawu ciiɓoowu haa waɗa
duuɓi jeeɗiɗi, koo ngam o ɗon mari gilɗi ɗii nder ɓanndu maako
boo. Onon boo, ɓe mbi’i min to on ngari kilo, sey min ngaazina
on dow haala nyawu ciiɓoowu. To ɓe ndaari ƴiiƴam debbo oo ɗon
bee maagu, ɓe mballita mo ɓe ayna mo boo taa ngu naasta ɓinngel
maako. Waatoo, kala debbo reeduujo fuu sey waɗa teste, ngam
aynugo ɓinngel maako taa ngu naasta ngel. Rewɓe feere boo
ngiɗaa min paamana ɓe to ɓe ɗon bee gilɗi ɗii na ɓe ngalaa. Taa
ɓe kultora ngam walaa paamanɗo kuuɗe maajum sey doktoorjo
daarɗo mo tan. O wi’ataa ka boo koo moy a woodi gilɗi ciiɓoowu.
Sirri ɗon haa maaka. To ɓe tawi gilɗi ɗii haa maa, ɓe ndokkete
lekki moɗaa. Nyannde luuwe nanngi ma boo, ɓe ndokkete goɗki
moɗaa. To a danyi, woodi siroo ɓe tammii hokkugo ɓinngel
maaɗa boo yara. To ngel waɗi lebbi sappoo e jeetati, ɓe ndaara
ƴiiƴam maagel. Ɓe tawan ngel, kangel kam, ngel walaa nyawu
ciiɓoowu. (Gueye, infirmier CSI de Meskine, 24-06-04)
Il est impossible de prévenir le sida auprès de chaque femme. Mais
chaque femme enceinte, si le sida l’a touchée, on peut empêcher qu’il
atteigne l’enfant. Là aussi, il faut qu’elle vienne vite au centre de santé
et qu’on examine son sang. Ce que les gens interprètent mal,
généralement, quand ils voient qqn vomir, avoir la diarrhée et maigrir,
ils disent que c’est le sida. Mais si ce sont seulement les ‘vers/germes’
du sida qui sont entrés en lui/elle, il/elle n’a pas encore le sida. Il/elle
est comme nous, il/elle mange, il/elle boit, rien ne change en lui/elle.
On dit que si qqn n’aime pas trop les relations sexuelles hors couple
(litt. : avec des personnes de l’extérieur), le sida ne se manifestera pas
(chez lui/elle) avant sept ans, même s’il/elle a les ‘vers/germes’ du
sida en lui/elle. Quant à vous, on nous a demandé de vous donner des
conseils relatifs au sida quand vous venez à la consultation prénatale.
Si l’on constate que le sang de la femme est contaminé, on l’aide et
on la surveille afin que (la maladie) ne pénètre pas chez son enfant.
C’est-à-dire, il faut que chaque femme enceinte fasse le test (de
dépistage) pour veiller à ce que son enfant ne soit pas contaminé.
Certaines femmes n’aiment pas qu’on sache à propos d’elles si elles
ont ces ‘vers/germes’ ou non. Elles ne doivent pas avoir peur, car
personne n’en sera informé sauf l’infirmier qui les examine. Il ne dira
à personne que vous avez le sida. C’est une chose qu’on garde secrète.
Si l’on trouve ces ‘vers/germes’ en vous, on vous donnera des
remèdes à avaler. Le jour où les douleurs vous prendront, on vous en
83
ciici
donnera encore un autre à avaler. Quand vous aurez accouché, il y a
un sirop qu’on pensera à donner à boire à votre bébé. Quand celui-ci
aura dix-huit mois, on examinera son sang. On constatera que lui n’a
pas le sida.
Ko ngiɗmi wiigo on, itton nder ko’e mon ko ɓe mbi’ata to goɗɗo
mari nyawu ciiɓoowu, o walaa kurgun, sey maaygo tan luttani
mo. To o waɗi teste maako, ɓe tawi ngu ɗon haa maako, ɓe
mballitan mo, ɗum juttinan mo boo balɗe, o maayataa bee law.
Kanjum ngiɗmi wiigo on hannde ndee, ngam moy fuu sey waɗa
hakkiilo haala nyawu ciiɓoowu. Taata maɓɓaare haɗa mo waɗgo
teste maako. O acca kulol boo. No min ngiɗi kam, sey kala garɗo
kilo fuu waɗa teste mum. (Gueye, infirmier CSI de Meskine, 24-06-
04)
Ce que je veux vous dire, c’est d’ôter de votre tête ce que l’on dit
lorsque qqn a le sida, (à savoir) qu’il ne peut se soigner (litt. : il/elle
n’a pas de remède) et qu’il ne lui reste qu’à mourir. Si (la personne)
fait son test et qu’il se révèle positif, on va l’aider, cela allongera sa
durée de vie (litt. : ses jours) et elle ne mourra pas rapidement. Voilà
ce que je voulais vous dire aujourd’hui, afin que chacune fasse
attention au sujet du sida. Il ne faut pas que, par bêtise, (une femme)
n’aille pas se faire dépister. Elle ne doit pas avoir peur. Ce que nous
voulons, en fait, c’est que chaque femme qui vient à la visite prénatale
fasse son test.
84
cille-naange
recommencer ses ablutions.)
Cille maa ma a wurtaaki, mi nele a yaataa ?
Tu n’es même pas sorti de tes couches, je t’envoie faire une
commission et tu n’irais pas ? (Litt. : tu n’es même pas sorti de ton
urine, je t’envoie et tu ne vas pas ?)
O hultori haa o hebbini sirla maako cille.
Il a eu tellement peur qu’il a trempé son pantalon (litt. : qu’il a rempli
son pantalon d’urine).
Alla halke bana cille sonndu !
Que Dieu te fasse disparaître comme l’urine de l’oiseau !
ilnugo cille
pisser (litt. : faire couler de la pisse)
joortugo cille
pisser debout en un flux abondant
cille-naange (n.c.)
« urine (qui brûle comme le) soleil »
► cystite, infection urinaire
► bilharziose urinaire
88
ciwto
cirit noon.
Si vous avez des oxyures, vous ne chiez pas des étrons, mais ça sort
en toutes petites quantités.
ressemblent)
● siwtuɓe ɓe nanndaay
► jumeaux hétérozygotes, jumeaux bivitellins (litt. : jumeaux qui ne se
ressemblent pas)
Ɗum anniya Alla oon hokkata debbo siwtuɓe. To goɗɗo woodi
dabare danygo siwtuɓe, o danyan siwtuɓe corok, ammaa, walaa
dabare maajum. [...] To debbo looti, hawti bee gorko, o reedan.
To ɗum ɓinngel gootel, o meetataa lootgo, sey to o danyi. Ammaa,
to ɗum siwtuɓe, ɓaawo haylugo maako bee hawtugo bee gorko, to
waɗi lewru wooru, o lootan fahin ngam ɓinngel goɗngel, kanjum
waɗata haa o faama law. Bee noon fuu, rewɓe woɗɓe kam paa-
mataa sam. [...] To ɓinngel gootel, reedu debbo saalataako lebbi
jeenay, to ɓesdi boo nyalɗe nay koo jowi ; ammaa to siwtuɓe kam,
reedu maako cikan lebbi sappo. To reedu siwtuɓe ciki lebbi
jeeɗiɗi, o tampan, o waawataa waancugo. [...] Danygo siwtuɓe
nannduɓe, ɗum risku. To ɓe nanndaay boo, ɗum torra ngam ɓe
narrataa. Arano, maran baaba, cakitiiɗo boo maran daada,
ndeen ɓe kaajootiran. To arano halli, o mbara daada, gerdinaaɗo
oya. To cakitiiɗo halli, o mbara baaba, gerdinaaɗo oya. Ndeen, ɓe
njooɗoo bilaa baaba bee daada hiddeeko ɓe narra. Ndeen, kamɓe
ɓeen keɓata jawdi baaba bee daada. Siwtuɓe ngonataa meere. Ɓe
ɗon bee hikma. Bee numooji maɓɓe ɗiin, ɓe mbardirta saaro’en
maɓɓe. Foti ɓe mbumna goɗɗo yaasi to mettini ɓe ɓernde. Ɓeen
kam, baaba umrataa ɓe. [...] Siwtuɓe nannduɓe boo, ɓe narran,
ɓe mardan baaba bee daada fuu kalkal. Walaa oo mo oya. Hikma
maɓɓe boo waddanan daada bee baaba risku. Ammaa, kamɓe
boo, ɓe ngiɗaa saajoojo maɓɓe, ɓe mbaran mo to o danyaama ni.
Baaba bee daada boo, taa mettina ɓe ɓernde, ngam gooto maɓɓe,
89
ciwto
to ɓernde metti, maayan meere noon. [...] Ɓe ngaɗanan saaro’en
maɓɓe ko ngiɗi, kamɓe boo ɓe ngaɗan ko ɓe ngiɗi. Ɓe koltina ɓe
limce nannduɗe, ɓe ngiɗida ɓe kalkal, ɓe ngaɗana ɓe al’aadaaji
maɓɓe, ɓe ndokka ɓe kuuje feere feere jur, dokke ɗeen cottinta
kalleeli maɓɓe. Koo to ɓe mawni, ɓe ɓaŋan malla ɓe ɓaŋdana ɓe
nyalde woore. (Dada Habiba, accoucheuse traditionnelle, Meskine,
18-08-04)
C’est la volonté de Dieu qui donne à une femme des jumeaux. Si qqn
avait le moyen d’avoir des jumeaux, il ne mettrait au monde que des
jumeaux, mais ce moyen n’existe pas. (...) Si une femme s’unit à un
homme après avoir eu ses règles, elle sera enceinte. Si (elle est
enceinte) d’un seul enfant, elle n’aura plus de règles jusqu’à l’accou-
chement. Mais en cas de grossesse gémellaire, après avoir eu ses
règles et s’être unie à un homme, au bout d’un mois, elle aura de nou-
veau ses règles pour un autre enfant, c’est ce qui fait qu’elle comprend
rapidement (qu’elle aura des jumeaux). Malgré ça, il y a des femmes
qui n’y comprennent rien. (...) S’il y a un seul enfant/embryon, la gros-
sesse de la femme ne dépassera pas les neuf mois, ou si cela les
excède, ce sera de quatre ou cinq jours ; mais, en cas de jumeaux, sa
grossesse atteindra les dix mois. Quand une grossesse gémellaire
atteint les sept mois, (la mère) s’épuise et elle ne peut plus se déplacer.
Avoir des jumeaux qui se ressemblent, c’est un gage de chance. S’ils
ne se ressemblent pas, au contraire, c’est une souffrance car ils ne
s’entendront pas. Le premier s’attachera (litt. : aura) au père, le
suivant, à la mère, ensuite, ils seront jaloux entre eux. Si le premier
est méchant, il tuera sa mère qui est préférée par l’autre. Si le suivant
est méchant, il tuera son père, qui est préféré par l’autre. Alors, ils
resteront sans père et sans mère avant de se réconcilier. Ensuite, ce
sont eux qui auront les biens du père et de la mère. Des jumeaux ne
restent pas inactifs. Ils savent ce qu’ils font (litt. : ils ont de la
réflexion). C’est avec calcul qu’ils tuent leurs géniteurs. Il arrive
qu’ils rendent aveugle une personne extérieure (à la famille) si celle-
ci les a contrariés. Ceux-là, leur père ne peut les commander. (...)
Quant aux jumeaux qui se ressemblent, ils s’entendent entre eux, ils
s’attachent à leurs père et mère de façon égale. Aucun n’a de préfé-
rence particulière. Leur action réfléchie porte chance à leur mère et à
leur père. Mais eux, cependant, ils n’aiment pas leur puîné, ils le font
mourir à la naissance. Leur père et leur mère ne doivent pas non plus
les contrarier, car s’il est contrarié, l’un d’entre (les jumeaux) mourra
sans raison particulière. (...) Ils accomplissent les désirs de leurs
parents, ceux-ci à leur tour font ce que (les jumeaux) désirent. Ils leur
procurent des vêtements qui se ressemblent, ils les aiment de façon
égale, ils leur font tout en commun (litt. : ils leur font leurs coutumes),
ils leur offrent des tas de choses, et ce sont ces cadeaux qui les font
modifier leur comportement méchant. Quand ils sont devenus adultes,
90
comri
ils se marient ou on les marie le même jour.
Siwtuɓe feere, daga daada maɓɓe danyaay ɓe, ɓe ngaran ɓe
ndaara pasali saare ndee. To ɓe ndaari ɓe mbaawan jooɗaago, ɓe
ndanya ɓe. Kamɓe ɓe ndanyan ɓe nde njoweeɗiɗi nder ngeendam
maɓɓe. To goɗɗo ɓillani ɓe, ɓe nanngan mo gite. Sinaa to o tuubi
hiddeeko ɓe njoofa mo. Siwtube feere boo, ɓe ɗon ndaara haala
nyawuuji nannganɗi siwtuɓe. Ɓe ndaaran boo ko waɗata yeeso.
(Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Certains jumeaux, avant que leur mère les mette au monde, viennent
examiner la situation de la famille. S’ils voient qu’ils peuvent y
demeurer, on les accouche (i.e. ils acceptent de venir au monde). Eux,
on les accouche sept fois dans leur existence. Si qqn les importune, ils
le prennent aux yeux. Il lui faut demander pardon avant qu’ils le
relâchent. Certains jumeaux également sont spécialistes des maladies
des jumeaux. Ils prévoient aussi l’avenir.
Siwtuɓe feere wooɗɓe, feere boo halluɓe ; kanjum waɗi ɓe mbi’i
ndikka to ɓe kawti gorko bee debbo dow gorko bee gorko, malla
boo debbo bee debbo. (Bello, guérisseur traditionnel, Dogba, 24-09-
04)
Certains jumeaux sont bons, d’autres mauvais. C’est pour cela qu’on
dit qu’il vaut mieux des jumeaux dizygotes (litt. : s’ils réunissent
garçon et fille) que des jumeaux homozygotes (litt. : garçon et garçon
ou fille et fille).
Siwtuɓe worɓe ɗiɗo kippidittaa kifinooje bee baaba maɓɓe.
Baaba hippoo hifinoore, ɓe kippoo hifinoore, waɗataa. Baaba
kam sey dilla, malla boo ciwtel gootel dilla. Ammaa waɗataa ɓe
ɗiɗo fuu ɓe suka’en, ɓe ɗon ngondi bee baaba gooto. Ammaa
rewɓe kam, walaa ko waɗata. (Bello, guérisseur traditionnel,
Dogba, 24-09-04)
Deux jumeaux de sexe masculin ne peuvent porter de bonnet en même
temps que leur père. Que le père porte un bonnet et qu’ils portent un
bonnet, cela ne se fait pas. Soit le père meurt (litt. : s’en va), soit l’un
des jumeaux. Mais il est impossible qu’ils arrivent à l’adolescence
tous les deux leur père étant vivant. Pour ce qui est des filles, il ne se
passe rien.
91
coofe
coofe – ɗe (n.d.v.) ; < soofa
► excreta (euphémisme ; litt. : mouillures)
Les termes cille « urine » et bu’e « merde » sont considérés comme
indécents et on les remplace par les euphémismes suivants :
● coofe cewɗe
► urine (litt. : mouillures fines)
● coofe loorɗe
► selles (litt. : mouillures grosses)
92
cuutirgel
Cufi nyawnan paɓɓooje. Mbaalee nder sannge !
Les moustiques donnent le paludisme. Passez la nuit sous une
moustiquaire ! (Message diffusé pour inciter la population à dormir
sous une moustiquaire. Le problème est que l’on dort volontiers sous
une moustiquaire pour se protéger des Culex, bruyants et à la piqûre
douloureuse, mais qu’en cas de présence d’Anophèles, très dangereux
mais indolores et non bruyants, on ne ressent pas la nécessité de se
mettre à l’abri.)
Woodi cufu, to ngu ŋati goɗɗo, tooke maagu naasti nder ƴiiƴam,
ndeen, ɗum nyawna mo nyawu paɓɓooje bee minizii. (Mamaï
Viatang, infirmier, chef de CSI de Douroum, 20-08-04)
Il existe un moustique, quand il pique (litt. : mord) qqn, son venin
pénètre dans (son) sang, puis, cela lui donne le paludisme ou la
méningite.
cukku – ngu (n.d.v.) ; < sukka
► asthme ; cf. peewri-cukku
D
daaba (v.)
► faire des selles (pour un nourrisson)
daaginne – ɗe (n.)
► boutons infectés du cuir chevelu
95
daande
● daama Fulɓe
► état de santé plus grave qu’on ne le dit (litt. : le mieux des Peuls)
Un Peul dira toujours que cela va mieux, même si la personne concer-
née est à l’article de la mort. Cela fait partie du bon comportement tel
qu’il est régi par le pulaaku.
► gorge
► voix
Daga nango daande, mi anndi a ɓii wayne.
Rien qu’au son de (ta) voix, je sais que tu es le fils d’un tel.
daaro / daarooji – nga/ɗi (n.) ; < hausa [daao] « grande cuvette ou grand bol
en cuivre jaune »
► bassin, bassine
● daaro leeso / daarooji leece
► bassin hygiénique (litt. : bassin de lit)
daɗa (v.)
► s’échapper
dajje – ɗe
► poison (d’origine naturelle), venin ; cf. tooke
Gaw’en ndollidan kuri maɓɓe bee dajje.
Les chasseurs traditionnels font bouillir leurs flèches dans un poison
(végétal).
Dajje mboodi haa caka ɓaawo ngoni.
Le venin du serpent se trouve dans sa colonne vertébrale.
dakam- (adj.)
► savoureux, qui a du goût
Naa ɗum huunde dakamre ndokkuɗaa yam, sakko mbi’aa yoo a
wajatam.
Ce n’est pas une chose bien fameuse que tu m’as donnée, comment
peux-tu t’en vanter [devant moi] ?
98
danngo
Ko fuɗɗata nyawu tanndaw, ɗum dakkaare daadiraaɓe.
Ce qui cause le tanndaw, c’est le manque d’hygiène des mères.
99
danya
danya (v.)
► engendrer
Ndaa ko danydee, walaa ko yendee. (Prov.)
Voilà un être avec qui on peut avoir des enfants, mais pas avec qui on
peut vivre. (Si l’on épouse une femme peule, on peut avoir de beaux
enfants, mais il est difficile de garder la mère.)
Lawlawku maa bana mbasu maccuɗo : danya, Fulɓe naftoroo.
Ton obstination ressemble à un pénis d’esclave : il engendre (des
enfants), (mais ce sont) les Peuls qui (en) profitent. (Les enfants
d’esclaves deviendront à leur tour des esclaves, au service de leur
maître.)
Daga to ɓikkon danyaaka, gal baaba kon ngoni, ngam daada kam
ɗon bana iraada booro jaɓ-siga, waatoo o jaɓɓoo mani baaba
waɗa ɓinngel. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Avant que les enfants naissent, c’est du côté du père qu’ils se trouvent,
car la mère ressemble à un simple réceptacle (litt. : un sac « prends et
garde »), c’est-à-dire qu’elle accueille le sperme du père qui fait
l’enfant.
Ɗum gorko yaaranta debbo ɓinngel. Haa gorko ɓinngel woni.
Ɓaawo balɗe cappan nay, to o hawti bee debbo, o waɗan reedu.
(Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
C’est l’homme qui amène l’enfant chez la femme. C’est chez
l’homme que se trouve l’enfant. Au bout de quarante jours, s’il s’unit
à la femme, elle sera enceinte.
To gorko silli nder debbo, ɗum yaha ɗum jooɗoyoo haa suudu ɓin-
ngel, waɗa ƴiiƴam. Ɓaawo balɗe cappan nay, ɗum warta heƴƴere.
To ɗum laatake morlere, kadi boo laatoo taƴre kusel, kadi boo ɗum
laatoo koskon bee njuukon, bee ngiton. Waɗa lebbi jeenay fod-
deeko debbo danya. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Quand l’homme éjacule dans la femme, cela va rester dans l’utérus et
former du sang. Au bout de quarante jours, cela devient un caillot.
Ensuite, cela devient un morceau de chair, puis cela se transforme en
petits pieds, en petits bras et en petits yeux. Il faut neuf mois avant que
la femme mette au monde.
Haa Giziga’en waɗooɓe kuli, ɓe ɗon ngaɗa al’aada maɓɓe ngam
haa ɓe ndanya gorgel malla dewel. Ammaa, mi anndaa woɗɓe
kam. Feere, ɗum jaabanoo ɓe kuli maɓɓe hakkunde maɓɓe bee
Alla. Naa kala moy fuu to waɗi ni heɓan noon goo. (Dada Habiba,
accoucheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Chez les Guiziga faiseurs de sacrifices traditionnels, ils ont certaines
pratiques à eux pour avoir un garçon ou une fille. Mais je ne connais
pas d’autres (populations qui fassent ça). Parfois, ces pratiques
marchent entre eux et Dieu. Tout le monde ne pourra pas obtenir le
100
danya
même résultat en faisant ainsi. (DH évoque des pratiques magiques
qui permettent de choisir le sexe du bébé à naître.)
Haa hannde mi danyaay.
Jusqu’à présent, je (homme ou femme) n’ai pas eu d’enfant.
Goɗɗo to danyi kam, koo maayi na majjaay. (Boubakary
Abdoulaye, Maroua, 22-10-04)
La personne qui a eu un enfant, même si elle meurt, elle ne disparaît
pas.
Danygo wonete lekki waade. (Boubakary Abdoulaye, Maroua, 22-
10-04)
Faire des enfants, voilà le remède à la mort.
Danya wanya na waɗataako. (Boubakary Abdoulaye, Maroua, 22-
10-04)
Mettre au monde des enfants et les haïr, ça ne se fait pas.
► mettre au monde (un garçon), donner naissance à (un garçon) (pour une
femme) Cf. ɓesna.
Dans la pratique actuelle, il y a peu de locuteurs à faire vraiment la
différence entre danya pour un garçon et ɓesna pour une fille.
Innu maayan e danyi, maayataa e danyaa. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
On peut mourir là où l’on a donné naissance, mais pas où l’on est né.
(Une personne âgée pourra vivre avec ses enfants, il n’y a qu’eux qui
seront capables de l’aider.)
Ɓikkon am ɗiɗon ndanymi haa saare. Woodi debbo feere
keeddiɗɗiraawo amin wallimmi feere maako fer. Walaa ko o
ɓorni haa junngo fuu, ɓaade o haɓɓanimmi reedu bee adikko. O
ɗon biɗɗa gal les haa o heɓa o wallita ɓinngel wurtaago. (Damdam
Haman, CSI de Meskine, 29-06-04)
J’ai mis au monde mes deux enfants à la maison. Il y a une voisine à
nous, toute seule, qui m’a aidée. Elle n’avait pas de gants (litt. : elle
ne portait rien aux mains), mais elle m’a attaché le ventre avec un
foulard. Elle appuyait dessus vers le bas pour aider l’enfant à sortir.
Jaawal danyni rawaandu mbumkon. (Prov.)
Par précipitation, la chienne a mis bas des (chiots) aveugles. (Litt. : la
précipitation a fait mettre bas des petits aveugles à la chienne.) (Les
chiots sont aveugles à la naissance ; cela est dû, dit-on plaisamment,
au fait que leur mère a été trop pressée de mettre bas et qu’elle n’a pas
attendu qu’ils soient à terme.)
● faddaago danygo ou faddaago reedu
► pratiquer le planning familial (litt. : empêcher les naissances/empêcher
la grossesse)
Cette expression est à bannir si l’on veut faire la promotion du
101
danygol
planning familial. Voir daaynindira.
Mi meeɗaay faddaago reedu, ammaa mi ɗon nana ɓe ɗon mbi’a
baate bee leɗɗe man ɗon. Miin kam, mi meeɗaay numgo bana nii,
ngam ɓikkon am njownjowndindiraay, mi haaɓaay boo, kon
ɗuuɗaay sakko mi faddoo danygo. (Doudou Farikou, ménagère
peule, 39 ans, Petté, 24-05-04)
Je n’ai jamais pratiqué le planning familial (litt. : empêché une gros-
sesse), mais j’entends dire qu’il y a des piqûres et des médicaments
pour ça. Quant à moi, je n’ai jamais eu cette idée, car mes enfants ne
s’empilent pas les uns sur les autres, je ne suis pas fatiguée (d’accou-
cher) non plus, (mes enfants) ne sont pas nombreux au point que
j’empêche une (nouvelle) naissance.
● fofgo danygo
► induction de l’accouchement (litt. : provoquer la mise au monde)
darna (v.d.)
► mettre droit, redresser
► arrêter
● darnugo ƴiiƴam
► stopper une hémorragie (litt. : arrêter le sang)
102
debbo
darnde ; < daroo
► taille
Yaaɓgo nyorgo boo, ɗum ɓesdugo darnde. (Prov.)
Monter sur un van également, c’est accroître sa taille. (Le peu qu’on
reçoit vaut mieux que rien.)
Rewɓe famɗa-darnde’en, waatoo darnde maɓɓe leesta dow meetir
gootel bee cappan jowi, marata sababu haa ɓesngu. (Amadou
Haman, infirmier accoucheur, hôpital provincial, Maroua, 26-08-04)
Ce sont les femmes de petite taille, i.e. dont la taille est inférieure à
150 cm, qui auront des problèmes à l’accouchement.
daroo (v.)
► être debout
Gujjo jooɗiiɗo oon waɗi dariiɗo darii wujji.
C’est un voleur assis qui a permis à qqn qui était debout de se tenir
debout et de voler. (Dicton qui signifie qu’un voleur emploie souvent
un complice qui détourne l’attention de sa victime.)
Dariiɗo to wi’i haa waaloo, do’’oto. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si la personne qui est debout veut se coucher directement, elle va
tomber. (Si l’on veut se coucher alors qu’on est debout, on commence
par se pencher, puis on s’agenouille, etc.)
Mo walaa ko mari, walaa e darii. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui qui ne possède rien n’a pas où se tenir. (Il n’a pas de place dans
la société.)
► s’arrêter
● debbo-yaasi / rewɓe-yaasi
► maîtresse, amante (d’un homme marié) (litt. : femme de l’extérieur)
105
dendene
dendene – ɗe (n.)
► polype nasal (?)
To goɗɗo mari dendene, hoore maako naawan, ɗum ƴiiƴam
mooɓtii haa nder kine maako, ɗam wostataako ; ɗam ɗon mooɓtii
haa deydey tiinde. Ɗum ƴiiƴam nyawɗam ɗaantii. Koo ngoɗɗam
feere njamam wari, tawan ɗam ɗon ɗaanii, ɗam man boo heɓataa
saaloo. To haa ɗam wurtoo, sey wogga paaɓa dow tiinde maako.
(Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul, Dogba, 28-04-04)
Lorsque qqn a un polype dans le nez, il a mal à la tête ; c’est le sang
qui s’est massé dans son nez et qui y stationne ; cela se masse jusqu’au
niveau du front. C’est du mauvais sang qui est coagulé. Même si
d’autre bon sang vient, il trouvera celui-là qui stagne et il ne pourra
pas passer. Pour que le (mauvais sang) sorte, il faut frotter un gros
crapaud sur le front (du malade).
dirɓa (v.)
► écraser, réduire en pâte
► digérer (un aliment)
Reedu dirɓaay nyaamdu.
L’estomac n’a pas digéré. (Litt. : l’estomac n’a pas écrasé la
nourriture.)
Feere boo, nyaamdu lakasndu hawta bee naange. Gilɗi reedu
mbaawataa dirɓugo, sey ɗi tuuta, ndeen goɗɗo oo boo saara. (Mal
Saïdou Djakaou, guérisseur guiziga, Ligazang-Loubour, 23-05-04)
107
diwna
Parfois aussi, une nourriture insipide s’ajoute à (la chaleur du soleil).
Les vers intestinaux ne réussissent pas à digérer (litt. : écraser) (la
nourriture), alors ils la vomissent et la personne, elle, a la diarrhée.
diwna (v.)
► trembler, grelotter, trembloter, frissonner
To dabbunde saati, yimɓe fuu mbaala diwnugo.
Quand la saison froide est rigoureuse, tout le monde passe la nuit à
grelotter.
To o yi’i debbo ni, o ɗon diwna noon.
Dès qu’il voit une femme, il ne fait que trembler.
To nayeeku naasti ni, goɗɗo ɗon diwna feere mum noon.
Quand la vieillesse est arrivée, la personne ne fait que trembloter.
● diwnugo ɓanndu
► tremblement (physique)
108
doktoor
doggere – nde (n.d.v.) ; < dogga
► diarrhée (euphémisme ; litt. : courante) ; cf. caarol
Le « mauvais lait » de la mère donne la diarrhée à l’enfant, de même
que les gilɗi (vers intestinaux, amibes).
Diga sawoora, caayoori, doggere fuu, ɗum gilɗi ngaɗata ɗum.
(Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 20-03-05)
Que ce soit la ‘jaunisse’, la diarrhée ou le caayoori, ce sont les ‘vers’
qui en sont la cause.
Doggere wartiri mo koo semmbe seɗɗa o walaa.
La diarrhée l’a affaibli(e) au point qu’il/elle n’a plus la moindre force.
Goɗɗo feere kam, nyannde to doggere mum darake ni, o yamɗiti.
Pour certain(e)s, le jour même où leur diarrhée s’arrête, ils/elles sont
guéri(e)s.
TRAITEMENT
To ɓinngel ɗon doggina, hooca soofna ɗacce, yarna ngel. Feere
boo, jiiɓa kuroori-farin bee ndiyam cookam, yarna ngel, ngam
haa ngel heɓa bu’e maagel caata. (Djebba, ménagère, Maroua, avril
2004)
Lorsqu’un enfant a la diarrhée, on prend de la gomme arabique dis-
soute dans de l’eau et on la lui fait boire. Parfois, on délaie de la farine
de blé dans de l’eau et on fait boire (ça) à l’enfant afin que ses selles
durcissent.
doha (v.)
► avoir envie de vomir, avoir la nausée ; syn. sicca ; cf. ɓernde
● doktoor ɓikkon
► pédiatre
● doktoor gite
► ophtalmologue
● doktoor hoore
► psychiatre
● doktoor laboratuwaar
► laborantin, laborantine
● doktoor nyiiƴe
► dentiste
● doktoor parmasiin
► pharmacien, pharmacienne
● doktoor rewɓe
► gynécologue
110
doƴƴa
dola (v.)
► avoir faim (individuellement) ; cf. weelo
Noye (1989, p. 85a) cite ce verbe à la voix passive : doleego.
Gilɗi jalɓalji bee gilɗi daneeji, nder sompoode ɗi njooɗotoo. To ɗi
ndoli, ɗi mba’’itoo haa ɓernde. Kanjum waɗata goɗɗo ɗon nana
dolo meere meere. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Les ascaris et les ténias, c’est dans les gros ventres qu’ils demeurent.
Quand ils ont faim, ils remontent jusqu’au ‘cœur’ (zone épigastrique).
C’est pour cela que la personne a faim sans raison.
dolla (v.)
► faire bouillir
● leppi dollaaɗi
►draps lavés à 100°
► cuire à l’eau
► faire une décoction de (plantes médicinales)
Ɓe ndolla haako haa ko maata.
On fait bouillir la feuille jusqu’à ce qu’elle donne du goût (à l’eau).
dolla-yara – ki (n.c.)
► décoction à boire, décocté (litt. : [on] fait bouillir / [on] boit)
doƴƴoo (v.)
var. : do’’oo
► tomber, faire une chute, être entraîné à terre en perdant son équilibre ; cf.
yana
To leeso faaɗi, ɓii njanan do’’oto. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si le lit est étroit, le fils d’autrui tombera à terre. (S’il n’y a pas de
place pour tout le monde, ceux qui ne font pas partie du premier cercle
resteront dehors.)
112
duumol
dunya (v.)
► repousser, écarter
Ɓanndu marndu sida waawataa dunyango hoore mum nyawuuji,
koo laatiiɗi gondaaɗi.
L’organisme atteint du sida ne peut pas résister aux maladies (litt. :
écarter de soi les maladies), même les plus courantes.
dunya(aru) – ndu (n.) ; < arabe [d n w] ; cf. arabe tchadien [dunya] « vie terrestre,
monde d’ici-bas » ; var. duniyaaru
► vie sur terre, bas monde
Dunya : duur ndaaraa. (Prov.)
La vie sur terre : quand tu y auras passé du temps, tu verras. (Litt. :
reste longtemps (et) vois.) (Celui qui vit longtemps aura l’occasion de
comprendre bien des choses.)
Yimɓe dunya, ɓe mbi’e : « Bu’ ! », ɓe mbi’e : « Oftu ! » (Prov.,
Modibo Bello Amadou)
Les gens de ce monde te disent : « Chie ! », (puis) ils te disent :
« Ramasse ! »
Kiita dunya reenataa alaahira. (Prov.)
Le jugement (des actions) d’ici-bas n’attend pas l’au-delà. (Ce que
l’on fait sur terre obtient sa sanction sur cette terre. Le bien est
récompensé ici-bas et le mal est puni ici-bas.)
Laamu kurgun dunya. (Prov.)
Le pouvoir est une panacée. (Litt. : le pouvoir est le remède de ce
monde.)
Dunya gabde geeto. (Prov.)
La vie est le tanin (litt. : gousses d’Acacia nilotica) du vivant. (C’est
la vie qui tanne la peau de l’être vivant. Les cuirs à tanner passent par
trois bains successifs d’eau contenant des gousses d’Acacia nilotica
wabdere. Cf. Tourneux et Yaya 1987, p. 155.)
113
ɗaaleejam
(duumol) et saison des pluies (ndunngu).
Taa jooɗa kine mahol bee duumol.
Ne t’assois pas à côté d’un mur pendant la saison des pluies.
● duumol culumlugum
► en plein milieu de la saison humide
Ɗ
ɗaaleejam – ɗam (n.d.) ; < ɗaaleehi
► huile de caïlcédrat
ɗabba (v.)
► poser une compresse chaude
To goɗɗo silɓake, o ɗabba babal maajum bee ndiyam ngulɗam.
Lorsque qqn s’est fait une entorse, il doit poser sur l’endroit une
compresse d’eau chaude.
► apaiser, calmer, soulager
Ndaa suudu ɗabbugo naawe ɗe lekki waawaay hurgugo fuu.
Voici la pièce où l’on soulage toutes les douleurs que les médicaments
n’ont pu guérir. (Dit d’une salle de kinésithérapie.)
ɗaɓɓa (v.)
► apaiser
To haa lopitaal kam, walaa kurgun maagu, ammaa ɓe ɗabban
noon.
À l’hôpital, il n’y a pas de remède pour cette (maladie), ils l’apaisent
seulement.
115
ɗaɗol
ɗaɗol / ɗaɗi – ngol/ɗi (n.)
► racine
Ɗaɗi maako meemi ndiyam.
Il vit dans de bonnes conditions matérielles. (Litt. : ses racines ont
touché l’eau.)
► nerf, tendon
Ƴakkugo ɗaɗi kusel hokkan semmbe.
Manger les tendons de la viande donne de la force.
Ɗaɗi daande maako ɗon naawa mo.
Les muscles du cou lui font mal.
O fuu maako o ɗaɗi, hakkee bone.
Tout son corps n’est que tendons, du fait de la souffrance.
Ngaandi to waɗi umroore, ɗaɗi ɗiin njaarata nde nder ɓanndu
haa goɗɗo heɓa huuwa ko ngaandi ƴami mo. (Adama Ousmanou,
infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Lorsque le cerveau émet un ordre, ce sont les nerfs qui le transportent
dans le corps pour que la personne puisse exécuter (litt. : travailler) ce
que le cerveau lui demande.
● ɗaɗi maatinanɗi
► nerfs sensitifs (litt. : nerfs qui font ressentir, qui informent)
116
ɗeɗɗa
● ɗaɗi bumsuɗe
► (1) bronches ; (2) veines pulmonaires ; (3) artères pulmonaires
ɗeɗɗa (v.)
► étrangler
[Ngilngu] nguu ɗon ŋelina yam noon, sorkammi, mi sonndoo
seeɗa, mi ɗon nana bana to huunde ɗeɗɗi goɗɗo nii ɗon jooɗii.
(Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Ce (ver) n’arrête pas de me chatouiller, il m’étouffe, je tousse un peu,
je sens comme si quelque chose (m’)étranglait sans lâcher prise.
117
ɗeeɗa
ɗeeɗa (v.)
► blesser superficiellement, érafler
● ɗemngal el’eldu
► langue de varan aquatique ; métaphore : « hypocrite »
118
ɗemngal
● ɗemngal jaabanaangal
►langue à laquelle (Dieu) répond ; métonymie : « personne de bien qui
voit toutes ses demandes exaucées par Dieu »
● ɗemngal mboodi
► langue de serpent (belle à voir mais dangereuse) ; métaphore :
« hypocrite »
● ɗemngal bumngal
► jeteur de mauvais sorts (litt. : langue aveugle)
● darna-ɗemngaljo
► qqn qui s’exprime avec clarté (litt. : personne à la langue droite)
● ɗigga-ɗemngaljo
► qqn de bienveillant dans ses paroles (litt. : personne à la langue douce)
● ramma-ɗemngaljo
► qqn de peu loquace (litt. : personne courte de langue)
● tedda-ɗemngaljo
► qqn doté d’une élocution lente (litt. : personne lourde de langue)
● wela-ɗemngaljo
► qqn de mielleux (litt. : personne à la langue douce)
ɗingina (v.d.)
► bander, entrer en érection (mot tabou) ; cf. ummina
To gorko fiji bee debbo ni, na ɗinginan.
Dès qu’un homme s’amuse avec une femme, il bande.
120
ɗomka
ɗisal – ngal ; < ɗisa
► point de côté
Cette douleur perçante qui se produit entre les côtes est attribuée à la
piqûre d’un ascaris (jalɓalwu).
Jalɓalji, kanji tufata haa becce, ɓe mbi’a ɗum ɗisal.
Les ascaris, ce sont eux qui provoquent une douleur perçante aux
côtes, ce que l’on appelle « point de côté ».
Hakkee o doggi daga daayiiɗum haa ɗisal ɗisi mo.
Comme il est venu de loin en courant, un point de côté l’a transpercé.
ɗojja (v.)
► tousser (toux occasionnelle ou peu forte) ; cf. sonndoo
ɗomka – ka
► soif
Weelo bee ɗomka ɗaɓɓa wargo yam. (Noye 1989, p. 100a)
La faim et la soif vont me faire mourir.
Innu munyan weelo, ammaa munyataa ɗomka.
On peut supporter la faim, mais pas la soif.
Mo ɗomka naawata kam, koo ƴeewi faayaalo boo, wi’a ɗum
ndiyam.
Celui que la soif torture, même s’il aperçoit au loin un mirage, il dit
que c’est de l’eau.
► désir sexuel
Ɗomka debbo naawatammi.
Le désir de femme me fait souffrir.
121
ɗowdi
ɗowdi / ɗowle – ndi/ɗe (n.)
► ombre, ombrage
L’ombre revient souvent, dans les interviews, comme une cause de
maladies. En fait, il s’agit en partie d’une métaphore (ombre = inac-
tivité). La personne qui a bien/trop mangé n’aime pas bouger et elle
reste à l’ombre. Les nourritures grasses qu’elle a consommées vont se
figer dans son corps et y provoquer des troubles. Au contraire, chez
celui/celle qui va travailler au soleil après avoir mangé, les graisses
vont se dissoudre et être évacuées par la transpiration.
Wallin nyawɗo her ɗowdi !
Allonge le malade à l’ombre !
Ɓiiraa ɗowdi duɓɓi, ɗuwaay hoore mum maa, sakko ɗuwa
goɗɗo !
Fichue ombre de rônier, incapable de s’abriter elle-même, comment
abriterait-elle autrui ! (Litt. : fichue ombre de rônier, ne s’abrite même
pas elle-même, a fortiori abriter qqn.) (La cime du rônier projette une
petite ombre, mais loin de son propre stipe.)
Ko jaanyata sawoora, ɗum yiɗgo nebbam, ɗowdi bee mongoro.
(Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-06-05)
Ce qui provoque la ‘jaunisse’, c’est le goût pour le gras, l’ombre et les
mangues.
ɗuwoo (v.)
► s’abriter, se mettre à l’abri
122
eemoral
Ɗuwaago nde heltataa, ndikka ɗuwtaago. (Prov., Tourneux et
Yaya 1998, p. 178)
Plutôt que de s’abriter d’une pluie qui n’en finit pas, mieux vaut sortir
de l’abri.
E
eemoo (v.)
► pousser en ahanant, faire des efforts pour expulser (selles, bébé) ; syn.
otta
Reeduujo eemoo haa soma foddeeko danya.
La femme se fatigue à pousser en ahanant avant d’accoucher.
eertoo (v.)
► boiter du fait d’une différence de longueur entre les jambes
Kosngal maako jokki kam, ammaa o ɗon eertoo.
Sa fracture de la jambe a été réduite, certes, mais il boite. (Litt. : sa
jambe est raboutée, certes, mais il boite.)
ela (v.)
► blesser à la tête
Soobaajo maako eli mo bee hayre.
Son camarade l’a blessé à la tête avec un caillou.
elta (v.)
► dresser (un animal)
► éduquer (un enfant), le mettre dans le droit chemin
Haa woɗɓe, fiygo ɗoo wonataa nder eltugo ɓinngel, nder bononda
ɗum woni ; ammaa nasiya, kanjum woni booɗɗum. (Aladji
Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Selon certains, les coups ne font pas partie des méthodes éducatives
(litt. : ne sont pas dans l’éducation de l’enfant), mais de celles qui
perdent (l’enfant) ; mais les bons conseils, voilà ce qui est bien.
en’ente – ɗe (n.)
► maladie infantile qui affecte un bébé qui tète encore sa mère alors que
celle-ci a une nouvelle grossesse ; cf. reeduujo
Le dictionnaire du P. Noye donne une autre définition de cette mala-
die : « état maladif d’un enfant sevré prématurément (un an, un an et
demi, par suite d’une nouvelle grossesse de la mère) » (Noye 1989,
p. 19b). La mère dont l’enfant est victime de cette maladie subira une
forte réprobation sociale.
Ɓinngel am ɗon bee en’ente. Ngel ɗon fija ammaa ɓanndu maagel
ɗon timma. Ngel waalan wookgo, ngel jaɓataa waalaago sam.
Haa amin Fulɓe, ɓe ɗon mbi’a teema mi ɗon bee reedu, ngel ɗon
ɗakkii yam boo. Yeeso maagel boo yamo. [...] Kanjum ɓe mbi’i
teema en’ente nanngi ngel. Ngam to daada reedu, ɓinngel ɗon
ɗakkii mo, o waawan ngel, ɓanndu maagel ɗon timma, ɗum
waɗan en’ente. Koo haa lopitaal fuu, ɓe kaɗi ngel musingo ngam
mi ɗon bee reedu lebbi tati. Sey kadi nde ɓe taƴi ngel kosam goo,
ɓanndu maagel tulliti. (Doudou Farikou, 39 ans, ménagère peule,
Petté, 24-05-04)
Mon enfant a le en’ente. Il joue, mais il s’amaigrit (litt. : son corps
finit). Il passe la nuit à crier et il ne veut pas rester couché. Chez nous
les Peuls, on dit que je suis sans doute enceinte et que l’enfant est trop
attaché à moi (litt. : trop proche). Il a l’air en bonne santé. (...) C’est
pour ça qu’on dit qu’il a sans doute le en’ente. En effet, si la mère est
enceinte, que l’enfant lui est trop attaché, qu’elle le porte sur le dos,
qu’il s’amaigrit, cela cause le en’ente. Même à l’hôpital, on lui
interdit de téter parce que je suis enceinte de trois mois. Bien qu’on
lui ait supprimé le lait, son état empire (litt. : son corps est devenu
pire).
Kala debbo marɗo ɓinngel musinanngel, taata yaawa reedgo
goɗngel, ngam en’ente nanngan ngel. Koo to ngel suftaama ngel
acci musingo, taata daada maagel waawa ngel, sinaa noon, ngel
nyawan en’ente. To en’ente nanngi ngel, ngel fooƴan, ngel tuutan,
126
enndu
ngel saaran, ngel yiɗaa nyiiri bee gaari fuu. Ɓurna fuu, ngel
maayan. [...] Mi woodi nyiindere jiire. To mi haɓɓani ngel haa
daande ni, koo ɗum en’ente, koo ɗum nyiiƴe puɗata, fuu
nyawnataa ngel sam. (Didja épouse Ousmanou, guérisseuse peule,
Dargala, 09-06-04)
Toute femme qui a un enfant à la mamelle doit éviter de tomber
enceinte à nouveau, car le en’ente affecterait l’enfant. Même quand il
est sevré et qu’il a cessé de téter, sa mère ne doit pas le porter sur le
dos, sinon, il aura le en’ente. S’il a ça, il maigrit, il vomit, il a la
diarrhée, il ne veut ni « boule » ni bouillie. Généralement, il meurt.
(...) J’ai une dent d’écureuil. Dès que je la lui attache au cou, qu’il
s’agisse de en’ente ou de poussée dentaire, rien ne le fera souffrir.
TRAITEMENT
Mi tefa ɓokko, mi hamƴida bee geeraaɗe ɗiɗi, mi wulna ɗum bee
yiite, mi nyaamna ɓinngel. Ɓaawo ɗoon, mi tefa kusel gajeeren-
gasi, mi dolla, mi yarna ngel, mi yiiwa ngel, ngel nyaama kusel
luttungel, suy ngel looran. (Mana Hododok, guérisseur, Godola, 9-
04-04)
Je cherche des feuilles de baobab, j’y écrase à la main deux œufs, je
chauffe ça au feu et je le fais manger à l’enfant. Ensuite, je cherche du
jarret (de bœuf) et je le cuis à l’eau ; je fais boire (le bouillon) à
l’enfant et je le lave avec, puis il mange la viande qui reste ; alors il
grossira.
PRÉVENTION MAGIQUE
Yimɓe feere ɗon paddoo bee annde maɓɓe ɓinngel pamarel ngel
lebbi ɗiɗi malla tati nder reedu, baakin haa lebbi ɗuuɗɗi
hiddeeko ngel ɓesdoo, ngam kisnuki baaweteengel en’ente.
Waatoo ɓe kippa reedu bee annde. (Dada Habiba, accoucheuse
traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Grâce à leur savoir magique, certaines personnes bloquent pendant
plusieurs mois éventuellement, l’évolution d’un fœtus/embryon qui a
déjà deux ou trois mois, afin d’éviter à un enfant porté sur le dos d’être
victime de en’ente. C’est-à-dire qu’ils tournent la grossesse à l’envers
grâce à leur science (i.e. ils mettent le fœtus à l’envers pour
l’empêcher de se développer).
● fuɗgo enɗi
► apparition des seins (expression trop directe pour être employée en
● namgo enɗi
► écraser les seins
128
ernii
enta (v.d.)
► sevrer
To haa daada enta ɓinngel, sey ngel waɗa duuɓi ɗiɗi.
Pour qu’une mère sèvre son enfant, il faut qu’il ait deux ans.
To daada ɗon enta ɓinngel mum, o wuja enɗi maako citta.
Quand une mère sèvre son enfant, elle enduit ses seins de piment.
● ɓinngel entaangel / ɓikkon entaakon
► enfant sevré
130
faamu
toon, min mbi’a mo o sooda suuseet juuɗe tan min ndaara ɗum,
min keɓana mo lekki kurganki mo. (Bernadette Godwé, CSI de
Dougoï, Maroua, 07-09-04)
Quand une femme vient passer la visite prénatale, nous la lui faisons sans
qu’elle ait à payer une grosse somme. Nous lui prenons cinq cents francs
plus mille cinq cents pour les examens. (...) Parfois, lorsqu’une femme
vient, qu’elle paie la consultation mais qu’elle n’a pas l’argent pour les
examens et qu’elle dit que son sexe la démange, qu’il en sort des choses
blanches, on lui dit d’acheter des gants seulement ; nous examinons la
chose et nous lui trouvons le remède qui la soigne.
F
faaldu – ndu (n.)
► prolapsus utérin (?)
Cette maladie serait provoquée par une trop grande activité sexuelle
de la femme ou par des relations sexuelles avec un homme qui a un
trop gros sexe.
132
faddoo
To innu suklanake huunde jamum, o maranan nde faamu.
Si qqn porte beaucoup d’intérêt à qqch., il en acquerra la connais-
sance.
faasko – ko (n.)
► poils pubiens (terme tabou) ; cf. laɓruha
O fuɗi faasko.
Il/elle a des poils au pubis.
133
faɗɗa
● faddaago danygol
► pratiquer la contraception (litt. : empêcher la mise au monde)
– To a yiɗi faddaago danygo, noy ngattaa ?
– Tagu nder wuro kam naa anndaa, sey wara ƴama goggo Almari
nde o woodi leɗɗe man. To o woodaa boo, sey kaɓdaa noon, haa
Alla haɗɗini fuu. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum,
Petté, 28-04-05)
– Si tu veux éviter d’avoir un enfant, comment fais-tu ?
– Nous autres, au village, nous ne savons pas, nous devons venir
demander à Tante Anne-Marie, puisqu’elle a le médicament pour ça.
Si elle n’en a pas, tu dois te débrouiller comme ça (i.e. accepter les
grossesses comme elles viennent) tant que Dieu n’a pas mis un terme
(à ces grossesses).
faɗɗa
► assommer, faire perdre connaissance
Do’’aago maako daga dow lekki faɗɗi mo.
Il s’est assommé en tombant du haut de l’arbre.
● paɗe juuta-teppereeje
► chaussures à talons hauts
faloo (v.)
► être bloqué, subir une constriction qui empêche de fonctionner
Ɓernde am ɗon faloo.
Je ressens une oppression/constriction cardiaque.
Reedu am ɗon faloo.
Je suis constipé. (Litt. : mon ventre est bloqué.)
136
fawda
► avoir une occlusion (intestinale ou des voies urinaires)
[...] To hayre nyiɓake gal cille tokkotoo, goɗɗo oo, diga o ɗon silla
seɗɗa seɗɗa ni, haa ɗe acca wurtaago sam. Warta sey ɓe ceeka
mo, ɓe itta nde. Ɓe ɗon mbi’a nyawu nguu boo « falaago ». [...] To
hayre ndee falake, sey seekeego tan. (Amadou Roufaou, infirmier,
hôpital de Petté, 28-05-04)
(...) Si la pierre se forme du côté par où passe l’urine, (voici ce qui
arrive à) la personne : elle commence par pisser par petites quantités,
pour finir par ne plus pisser du tout. Il ne reste qu’à l’opérer et à
enlever (le calcul). On appelle aussi cette maladie une occlusion (des
voies urinaires). (...) Si la pierre est bloquée, on doit obligatoirement
se faire opérer.
To reedu falake, ɗum tetekol ɓoslotoo. Ngol fiɓoo bana to goɗɗo
haɓɓi ngol. To min ceeki innu maajum, min piista ngol, feere boo,
min tawa pellel ngeel nyoli, sinaa min kuusa ngel, ndeen min
njokka ɗi. (Oumarou Amadou Yaya, infirmier, hôpital de Maroua,
18-08-04)
Quand il y a une occlusion intestinale, c’est que l’intestin s’est entor-
tillé. Il est noué comme si on l’avait attaché. Lorsque nous opérons
qqn qui a ça, nous dénouons (l’intestin) ; parfois, nous constatons que
l’endroit est putréfié, nous l’excisons, puis nous recousons (litt. :
rejoignons) (les deux bouts de l’intestin).
famɗa (v.)
► être en trop petite quantité, manquer
● famɗugo ƴiiƴam
► anémie (litt. : manque de sang)
farji – ɗi (n.)
► sexe féminin ; cf. kuttu
Ce terme d’origine arabe permet d’éviter le nom peul des organes
sexuels de la femme, ressenti comme extrêmement grossier.
fata (v.)
► bouillonner (marmite de pâte)
► gargouiller (ventre)
137
fawƴere
To putte ngaɗi ɓinngel, ɓe ngujana ngel fawda.
Quand un enfant a des boutons, on lui passe du talc (sur le corps).
feera (v.)
► éclater (spontanément), s’ouvrir (capsule végétale)
Ɓernde maako feeri.
Il a eu une crise cardiaque (et il en est mort).
Yiide maako feeri mo ɓernde.
L’amour qu’il a pour elle le met hors de lui (litt. : lui a fait éclater le
cœur).
138
feewtina
feewa (v.)
► refroidir (intransitif)
Ko wuli fuu feewan. (Prov.)
Tout ce qui est chaud se refroidira. (Au plus fort d’une mauvaise
situation, on doit se dire que les choses s’apaiseront un jour ou l’autre.)
139
fellere
fellere / pelle – nde/ɗe (n.)
► calvitie circulaire au sommet du crâne ; cf. buulol
To a heeddi e doondoowo, aan boo a waɗan fellere. (Prov.,
Hamadou Bouba, Maroua, 22-03-06)
Si tu es voisin d’un porteur, toi aussi tu auras une calvitie au sommet
du crâne. (Le porteur pose sa charge sur la tête.)
fera (v.)
► avoir l’esprit ouvert, être civilisé
Cooko perɗo ɓuran marɗo kumiiɗo. (Prov.)
Celui qui n’a rien mais dont l’esprit est ouvert vaut mieux que celui
qui a et dont l’esprit est bouché.
140
fiɗa
fesa (v.)
► faire une marque triangulaire sur la peau en y appliquant un fer chaud
► faire des pointes de feu
fetta (v.)
► éclater (abcès, pneu)
Nde huuduure ɗoo fetti na, mbordi ili jur.
Quand la plaie infectée a éclaté, il s’en est écoulé beaucoup de pus.
feƴƴoo (v.)
► survenir à l’improviste
Mi anndaa ko waddata nyawu nguu, ngu feƴƴoto noon.
Je ne sais pas ce qui provoque (litt. : amène) cette maladie, elle
survient à l’improviste.
fiɓoo (v.)
► souffrir d’une rétention (de selles / d’urine), d’où être constipé, souffrir
d’une rétention d’urine
Goɗɗo to fiɓake, o soofataa, sey ɓe ceeka mo ngam gaasawol
yaata faloo haa nder suudu-cille, sukka laawol maaje. (Abdou-
ramane Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
Lorsque qqn souffre d’une rétention d’urine, il ne pisse pas et on doit
l’opérer, car il y a un poil qui va s’incruster dans la vessie et qui
bouche le canal urinaire.
fiɗa (v.)
► tirer, lancer (une flèche, un caillou, etc.)
► procurer une douleur lancinante
141
fiifa
Hoore am ɗon fiɗa.
J’ai une douleur lancinante dans la tête.
fiifa (v.)
► souffler par le nez pour faire sortir (la morve) ; se moucher ; cf. nyitta
Originellement, traduit le geste qui consiste à se comprimer une narine
avec le doigt et à souffler pour déboucher l’autre, ou à comprimer les
deux narines avec les doigts légèrement au-dessus des ailes du nez, et
à souffler pour les déboucher. Maintenant, le verbe peut s’employer
même si l’on se sert d’un mouchoir ou d’un tissu pour se moucher.
Hakkee fiifgo ndamba bee juuɗe, o ɓoostidi kine maako fuu.
Il s’est tellement mouché avec les doigts (litt. : mains) qu’il s’est mis
le nez complètement à vif (litt. : il a complètement écorché son nez).
Goɗɗo perɗo nder leppol fiifata.
La personne civilisée se mouche dans un tissu.
fija (v.)
► jouer, s’amuser
● fijirgo zakari
►se masturber (homme) (litt. : jouer avec le pénis)
► avoir des relations sexuelles (euphémisme)
Mi ɗon ayna hoore am taa sida nannga yam. To a fijaay bee
worɓe jur kam, na a ɗon ayni hoore maa ? (Dou., prostituée, 24
ans, Domayo, Maroua, 25-02-06)
Je me surveille, de peur d’attraper le sida. Si tu ne t’amuses pas avec
beaucoup d’hommes, n’est-ce pas que tu te surveilles ?
fillinoo (v.)
► gonfler au maximum (avec risque d’éclatement) ; cf. uppa
Naawral ndamba huuɓidinan ɓanndu fuu muuɗum. Masalan,
hoore seekan, ɗaɗi daande pillinoo, becce boo naawa. (Djebba,
malade, CSI de Makabaye, 24-03-04)
La douleur du ndamba recouvre tout le corps. Par exemple, la tête se
fend, les nerfs du cou sont prêts à éclater, les côtes également font
mal.
142
fofa
fina (v.)
► se réveiller
To innu yiɗi dawgo na, sey fina daga baɓɓol siwaa.
Si qqn veut partir de bonne heure, il doit se réveiller avant l’aurore.
Aartuɗo maa ɗaanaago aartete fingo. (Prov.)
Celui qui s’endort avant toi se réveillera avant toi.
(La personne âgée a plus de connaissance que la plus jeune.)
fiya (v.)
► battre, frapper
Haa woɗɓe, fiygo ɗoo wonataa nder eltugo ɓinngel, nder bononda
ɗum woni ; ammaa nasiya, kanjum woni booɗɗum. (Aladji
Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Selon certains, les coups ne font pas partie des méthodes éducatives
(litt. : ne sont pas dans l’éducation de l’enfant), mais de celles qui
perdent (l’enfant) ; mais les bons conseils, voilà ce qui est bien.
fofa (v.)
► causer, provoquer
Yiɗgo janande fofata nguyka. (Boubakary Abdoulaye, Maroua, 25-
10-04)
C’est la convoitise pour le bien d’autrui qui cause le vol.
Yargo kosam lammuɗam fofani mo paɓɓooje.
Le fait de boire du lait fermenté lui a donné le paludisme.
Jillindirgo nyaamdu fofani mo naawral reedu.
Le mélange d’aliments lui a donné mal au ventre.
143
follitoo
follitoo (v.)
► pâlir
To a woodi gilɗi daneeji, a follitittoo, yeeso maa boo uppan.
(Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Quand vous avez le ténia, vous devenez pâle et votre visage gonfle.
foofa (v.)
► respirer, inspirer
● foofrugo dow dow
► respirer avec difficulté (litt. : respirer par-dessus par-dessus)
► s’essouffler
Kuugal pamaral ni, ɓinngel ɗon foofra dow dow. (Hamaoua
Djouldé, infirmier, Dogba, 10-05-04)
Pour un tout petit travail, l’enfant (qui a eu une coqueluche sévère)
s’essouffle.
● foofrugo hunnduko
► respirer par la bouche
● foofrugo kine
► respirer par le nez
● foofrugo les
► péter (euphémisme) (litt. : respirer par le bas)
● foofa-lorna
► bien respirer (litt. : inspirer / renvoyer), i.e. être en vie
144
fottana
fooyre – nde (n.d.v.) ; < fooƴa
var. fooƴre
► maigreur
Ko nyaamete yi’ataa fooyre maa ;
no a fooyri fuu kadi, o nyaamete.
(Sannda Oumarou ; cf. Dahirou 2004, p. 32)
Ce qui veut te manger ne voit pas ta maigreur ;
Aussi maigre que tu sois, il te mangera. (Ce n’est pas parce que tu es
maigre que celui qui veut te manger ne le fera pas.)
fooƴa (v.)
► maigrir
Mi fooƴi mi warti bana kuɗel, ammaa, reedu kam ɗon uppi noon.
(Bouba Djam, CMAO, Meskine, 26-07-04)
J’ai maigri et je suis devenu comme un brin d’herbe, mais mon ventre
ne faisait qu’être enflé.
fortoo (v.)
► s’allonger, s’étendre
Forta dow taabal !
Allonge-toi sur la table !
145
fuloodu
fuloodu / pulooɗi – ndu/ɗi (n.)
► hernie abdominale ou inguinale ; cf. ernii
DESCRIPTION
To goɗɗo nyawi fuloodu, kusel reedu maako wurɗitoo, suy tetekol
wurtoo. Ndu ɗon nanngira goɗɗo haa les reedu gal wuttudu
nyaamru malla nandu, koo maa gal guttuli ɗiɗi fuu. [...] To goɗɗo
seekaay ndu law, ndu mbaran, ngam tetekol wurtoto, ndeen
nyobboo. To nyobboyake, pellel maajum nyolan, waɗa wurde,
ndeen ko nyaamɗaa fuu ɗon rufa nder reedu. (Hamadou Yaya, 17
ans, aide-soignant guiziga, Meskine, 07-04-04)
Quand qqn a une hernie abdominale, les muscles de son ventre se
percent puis l’intestin sort. Cela affecte la personne au bas-ventre du
côté droit ou du côté gauche, ou même des deux côtés à la fois. (...) Si
l’on n’opère pas rapidement, (la hernie) peut être mortelle, parce que
l’intestin sort, puis se plie. Après être resté plié un certain temps,
l’endroit se décompose et il se forme un trou, puis tout ce que vous
mangez se déverse dans le ventre.
CAUSES
To ɓe taƴi jaabuuru, babal ngaal maɓɓaaki booɗɗum, ɗum
uppan, laatoo fuloodu. Ndeen teteki ngurtoo gal toon. Feere boo,
to haa reedu goɗɗo woodi wakeere tampunde, nde uppan, seeka
feere mum, ndeen teteki ngurtoo. [...] Sey ɓe ngadda haa amin
min lorna min nyoota babal ngaal. (Chef de District de santé de
Mindif, 21-05-04)
Lorsque l’on coupe le cordon ombilical et que l’endroit ne se referme
pas bien, cela gonfle et devient une hernie. Ensuite, les intestins
sortent par là. Parfois, si le ventre de la personne a un côté faible, il
gonfle et se déchire seul, puis les intestins sortent. (...) Il faut qu’on
l’amène chez nous pour que nous fassions rentrer (l’intestin) et que
nous cousions l’endroit.
Fuloodu ɗon waɗa haa deydey nyaale, waatoo ɗum gilɗi ɓuutata
[...] (Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier peul, Maroua, 15-04-04)
La hernie se localise à l’aine, c’est-à-dire que des vers produisent un
renflement (...)
Ko fuɗɗata fuloodu, ɗum kuugal boneewal bee sooynde nyaamgo
booɗɗum. Koo ndottaaku boo tampinan ɓanndu, ndeen ɗum
waɗa fuloodu. Haa les reedu ɗoo, walaa kusel marngel semmbe,
sey nyarɓaɓi paddotoo kuuje reedu. Haa derke’en cuklaniiɓe
haala rewɓe, boo nyawan ngu, ngam nde weeti fuu, ɓanndu
maɓɓe ɗon tampani kuugal man. Tokkoo haa les reedu maɓɓe
boo tampa, waɗa fuloodu. [...] Nyawu nguu ɗon nafar ɗiɗorjo :
ngootu ɗon warda bana limtuɗen ko saalii, ɗiɗaɓu boo ɗon warda
daga maama’en goɗɗo. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-soignant
146
furtoo
guiziga, Meskine, 07-04-04)
Ce qui cause la hernie, c’est le travail pénible et le défaut d’alimen-
tation. Même la vieillesse fatigue l’organisme et (peut) provoque(r) la
hernie. Le bas-ventre n’a pas de muscles solides, il n’y a que des
peaux flasques qui retiennent le ventre. Même les jeunes qui s’oc-
cupent des affaires avec les femmes l’attrapent, parce que, chaque
matin, leur corps est épuisé par cette activité. Cela va jusqu’à ce que
leur bas-ventre aussi soit épuisé et que cela donne une hernie. (...)
Cette maladie est de deux sortes : la première vient de la façon que
nous avons décrite ci-dessus, la deuxième est héréditaire.
funya (v.)
► retrousser, retourner un repli cutané
To a funyi dubbe ɓinngel, asira malla jemma, a tawan ngilkon
ndaneehon nyaamata ngel. (Habiba Garga, 54 ans, ménagère daba,
Zileng-Bappa, 31-03-04)
Si vous retroussez l’anus de l’enfant le soir ou pendant la nuit, vous
constaterez que ce sont de petits vers blancs qui le (dé)mangent.
funyoo (v.)
► retrousser un vêtement
Funyake bu’aay semti. (Prov.)
Retrousser son vêtement sans chier, c’est la honte. (Litt. : (on) a re-
troussé son vêtement, (on) n’a pas chié, (on) a honte.) (On escomptait
un bienfait ou un soulagement d’un geste difficile à accomplir, car
mettant en jeu son amour-propre, et il ne s’est rien produit, seule en
reste l’humiliation.)
furtoo (v.)
► avoir les yeux exorbités
Purtol gite haɗtaa hoore nyaameego. (Prov. ; Modibo Bello
Amadou)
Ce n’est pas parce qu’une tête a les yeux exorbités qu’elle ne sera pas
mangée. (Litt. : Avoir les yeux exorbités n’empêche pas une tête
d’être mangée.) (Il ne faut pas avoir peur de dire la vérité même devant
qqn qui se fait menaçant.)
O ɗon sonndoo haa gite maako purtoo. (Yaya Haman, infirmier
guiziga, 27 ans, Meskine, 25-03-04)
Il tousse au point que les yeux lui sortent de la tête.
147
fur-
fur- (adj.)
► gris
● puro / furɗuɓe
► pauvre (litt. : (personne) grise, i.e. qui n’a pas les moyens de se mettre de
l’huile sur le corps)
fusa
► percer (pour un gros abcès)
futta (v.)
► former des vésicules
Mi waddi ɓinngel am ngel ɗon saara, ngel ɗon tuuta, ngel yiɗaa
nyiiri, koo gaari ngel yiɗaa. To ngel musini boo, ngel tuutda ɗam
fuu, haa hunnduko maagel futti. Woɗɓe kam mbii ɗum en’ente :
ndaa boo ngel ɗon mari duuɓi ɗiɗi bee reeta. Baaba maagel wii
ɗum paɓɓooje. Faɓɓi ngel ɗon bana nii, ɓanndu ɗon timma,
ammaa, tuure bee ngel salii musingo ɗoo waɗi asaweere jonta.
Nde ndopta laari hunnduko maagel ɗon futti, o wii ɗum paɓ-
ɓooje. (Aminatou Bouba, CSI de Dargala, 10-06-04)
J’ai amené ma fillette qui a la diarrhée, qui vomit et qui refuse de
manger ; même la bouillie, elle n’en veut pas. Si elle tète, elle vomit
tout et des vésicules se sont formées dans sa bouche. Certains disent
que c’est le en’ente : voilà pourtant qu’elle a deux ans et demi. Son
père dit que ce sont les fièvres / le paludisme. Il y a longtemps qu’elle
est comme ça et qu’elle maigrit, mais pour ce qui est des vomis-
sements et du refus de téter, cela fait une semaine aujourd’hui (que ça
dure). Lorsque l’infirmier a vu sa bouche, il a dit que c’était le palu-
disme.
On remarquera dans cet interview, le rapport que la mère établit
implicitement entre paɓɓooje et faɓɓi.
148
fuuli
futtere / putte – nde/ɗe (n.d.v.) ; < futta
► vésicule, petit bouton, ampoule, cloque
Nyawuuji jur ɗon ngurtina putte dow ɓanndu bana ngaadiga. Putte
ngaadiga loorɗe-loorɗe caawɗe ndiyam, bana gawe gawri ; ɗe
nanndaay bee putte gulɗum malla putte meece. (Bouba Vondou,
infirmier, Wouro-Tchédé, 06-04-04)
Il y a de nombreuses maladies qui donnent des vésicules sur le corps,
la varicelle, par exemple. Les vésicules de la varicelle sont très
grosses, comme des grains de mil, et remplies d’un liquide incolore ;
elles ne ressemblent pas aux boutons de chaleur ni aux boutons de la
rougeole.
fuufa (v.)
► souffler (avec la bouche ou avec un soufflet)
► pulvériser (un produit traitant)
Taata accu ɓikkon puufa lekki !
Ne laisse pas les enfants pulvériser le produit !
► pousser dru
To ɓinngel fuɗɗi nyuufaago, laɓruha boo fuɗɗa fuufgo.
Dès que l’enfant commence sa puberté, les poils pubiens commencent
aussi à pousser dru.
● puufe muukaaje
► éruption sèche (litt. : vésicules fermées)
● puufe wulweende
► bourbouille, boutons de chaleur (litt. : vésicules de transpiration)
● daada puufe
► bouton qui commande l’apparition des autres (litt. : mère des boutons)
fuuta (v.)
► péter (terme à éviter)
Goɗɗo to nyaami haari fuu na fuutan.
Toute personne qui a mangé à satiété doit péter.
To a ƴakki galaaji, a yiɗi a salii fuu, na a fuutan.
Si vous mangez des pois de terre, que vous le vouliez ou non, vous
péterez.
Puutɗo tikkani nanɗo. (Eguchi 1974, p. 92)
Celui qui a pété s’est fâché contre celui qui l’a entendu.
G
gaamaangel / ngaamaakon – ngel/kon (n.d.v.) ; < waama
► enfant/fœtus conçu
● gaamaangel faatiriingel
► mort-né frais, fœtus avorté
151
gaancoowo
gaancoowo / waancooɓe – o/ɓe (n.d.v.) ; < waanca
var. gancoowo / wancooɓe
► prostitué(e) (euphémisme ; litt. : personne qui se promène), personne qui
pratique le « vagabondage sexuel »
Foti to gorko maa gaancoowo, keɓon sida. Noon to debbo
waancan boo, ɓe keɓan nga. (Kt., prostituée, 24 ans, Domayo,
Maroua, 22-02-06)
Il se peut que ton mari pratique le vagabondage sexuel, et vous aurez
le sida. De même, si la femme se prostitue, ils l’auront.
● gaasa kine
► poils du nez
To goɗɗo fooɗi henndu, koo ndu ɗon bee saltee, ɗe paloto dow
gaasa goo. (Adama Ousmanou, infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-
09-04)
Lorsque l’on respire de l’air, même si celui-ci contient des saletés,
elles seront bloquées sur les poils.
● gaasa les
► poils du pubis (litt. : pilosité d’en bas)
● gaasa naafki
► pilosité axillaire, poils des aisselles
TRAITEMENT
Ɓe ɗon nguja nebbam kaareeje haa fuɗna gaasa. Feere boo, ɓe
ɗon ngula leeɓreehi kawta bee leeɓol, nguja dow hoore haa gaasa
fuɗa. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Pour faire pousser les cheveux, on oint (le cuir chevelu) d’huile de
karité. Parfois, on brûle du Stylosanthes fruticosa, on en mélange (les
cendres) avec du beurre frais et l’on en oint le cuir chevelu pour faire
pousser les cheveux.
Goɗɗo wula daago bali o hooca ndoondi man, o jiiɓa bee leeɓol, o
wuja dow hoore maako haa juttina gaasa. Ammaa, jonta, ɓe mbii
leeɓol kaccuɗum, ɓe ngiɗaa, sey ɓe ngaɗa teema bee fumat.
(Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
On brûle une natte en folioles de palmier, on en prend la cendre, on la
malaxe avec du beurre et on en oint le cuir chevelu pour faire allonger
les cheveux. Mais, actuellement, on dit que le beurre frais, ça sent
mauvais, on n’en veut pas, et on met peut-être une pommade.
gaaye – ɗe
► syphilis (stade secondaire, caractérisé par des éruptions cutanéo-
muqueuses) ; cf. kabba
DESCRIPTION
Les personnels de santé interviewés semblent confondre syphilis et
autres affections sexuellement transmissibles (comme la gonococcie).
Gaaye futtan bana tagamma puufe. Ɓanndu fuu ɗum nanngata.
Futta bana iranda puƴe. Ammaa gal les innu ɗum aartirta tawon,
153
gaaye
ɗum waɗa puufe hiddeeko ɗum wa’’oo dow ɓanndu maako.
Nyawu nguu ɗum nyawu les. (Haman et Sannda Oumarou,
guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
La syphilis apparaît sous forme d’éruption cutanée. Tout le corps est
atteint. Cela donne de petits boutons semblables à des vésicules. Mais
cela commence par les parties génitales de la personne : cela donne
des vésicules avant de monter sur le (reste du) corps. C’est une
maladie sexuellement transmissible.
To gaaye nanngi goɗɗo, haa dow zakari maako wurtinta puufe,
ɓaawo man nannga gal nder boo. To goɗɗo ɗon soofa, o nanan
naawreenga ; koo o ɗon mooɓodoo bee debbo maako, o maatan
naawreenga. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-soignant guiziga,
Meskine, 06-04-04)
Lorsque qqn est atteint de syphilis, c’est sur sa verge que sortent des
boutons, ensuite, cela attaque à l’intérieur. Lorsqu’il urine, il ressent
une douleur ; de même, lorsqu’il couche avec sa femme, il ressent une
douleur.
Nyawu gaaye waɗan kuuduhon haa dubbe debbo, ɗum nyawnan
boo. To ɓe kurgaay ngu law, koo to o danyi, ɓinngel maako
wurtotoo bee nyawu, feere kam ngel maayan. (Atchibi Thérèse,
aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
La syphilis donne de petites plaies dans le sexe de la femme, et cela
fait mal. Si on ne la soigne pas rapidement, lorsqu’elle accouchera,
son bébé naîtra avec la maladie, il pourra même mourir.
TRANSMISSION
Nyawu gaaye ɗon nannga mawɓe gal mooɓodal. Ngu nanngan
worɓe bee rewɓe fuu. Ngu ɗon raaɓa ɓikkon to kuuwtiniri
taawulji daadiraaɓe maɓɓe. Kanjum ɓe mbi’ata taa ɓikkon
kuuwtinira taawul saaro’en maɓɓe, ngam koo to woodi nyawu
dow toon boo, taa ngu raaɓa ɓe. To gorko nyawi gaaye, sey o
hurga bee rewɓe maako fuu. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-soignant
guiziga, Meskine, 06-04-04)
La syphilis est contractée par les adultes lors de relations sexuelles.
Elle touche aussi bien les hommes que les femmes. Elle contamine les
enfants dans le cas où ils utilisent les serviettes de toilette de leur mère.
C’est pour cela que l’on dit que les enfants ne doivent pas se servir de
la serviette de leurs parents, de peur que, dans le cas où la maladie
serait dessus, elle ne les contamine. Quand un homme a la syphilis, il
doit se soigner en même temps que toutes ses femmes.
SÉQUELLES
Batte gaaye, to goɗɗo acci ngu gasi haa muuɗum, gaasa hoore
maako pat saaman, haɗan mo danygo. Ammaa to o hurgake daga
law, walaa batte feere. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-soignant
guiziga, Meskine, 06-04-04)
154
gaddol
Si qqn laisse la syphilis s’installer chez lui, comme séquelles, il perdra
ses cheveux et ne pourra plus avoir d’enfants. Mais s’il se soigne tôt,
il n’y a pas de séquelles particulières.
156
garsa
gancoowo / wancooɓe – o/ɓe (n.d.v.) ; cf. gaancoowo
gangirre / gangirɗe – nde/ɗe (n.)
► plate-forme sablée
● gangirre leɗɗe
► étal d’herboriste (litt. : plate-forme de plantes médicinales)
Les « tradipraticiens » qui ont pignon sur rue s’installent derrière de
petits étals rectangulaires surélevés et recouverts de sable, sur lesquels
ils disposent les plantes médicinales qu’ils vendent ainsi que les autres
ingrédients d’origine animale qui servent aux traitements tradi-
tionnels. Dans la ville de Maroua, ce sont les Wandala (Mandara) qui
ont le quasi-monopole de cette activité. Ils exercent sous le contrôle
d’un représentant provincial autoproclamé des tradipraticiens.
157
garsa
DESCRIPTION
● garsa gite
► garsa oculaire
● garsa nguuroowa
► garsa déformant (cause des déformations du cou, de la bouche, de la
160
gilobiil
● giggirɗum ɓanndu
► éponge végétale (litt. : (ce) avec quoi on frotte le corps)
● giggirɗum nyii’e ; syn. buroos nyii’e
► brosse à dents (cf. siwaakewal) (litt. : (ce) avec quoi on frotte les dents)
161
gilobil-bulaaŋ
gilobil-bulaaŋ / gilobilji-bulaaŋ – nga/ɗi (n.) ; < français « globule
blanc »
var. gulobul-bulaaŋ
► globule blanc
Ɗum gilobil-bulaaŋ faddanto ɓanndu mukurooɓji.
Ce sont les globules blancs qui protègent le corps des « microbes ».
165
ginnawol
parce que nous nous sommes convertis. (Mme Baïtam, 54 ans, ména-
gère mofou, Meskine, 24-03-04)
Goɗɗo heɓtataa noy ginnawol naastirta reedu’en. Feere waɗa
bana duluuru, ɗon saaloo ; haa babal ndu saalii, goɗɗo heɓtataa,
suy goɗɗo wara yaaɓa. Feere jemma, feere boo caka jemma, fuu
goɗɗo yaaɓan e ginnawol saalii. Ammaa, anndaa noy ngol
naastirta reeduujo, suy ɗum wanga haa ɓinngel tan. (Aminatou
Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
On ne sait pas comment un génie peut entrer dans une femme
enceinte. Certains ont la forme d’un tourbillon qui passe ; et on ne sait
pas par où il est passé ; ensuite, qqn vient marcher (sur l’endroit par
où est passé le génie). Parfois la nuit, ou à minuit, à tout moment, qqn
risque de marcher sur le passage d’un génie. Mais on ne sait pas
comment il entre dans une femme enceinte, puis cela se manifeste
chez l’enfant seulement.
Ɓe ɗon kaɗa goɗɗo jooɗaago caka dammugal, ngam ginnaaji ɗon
tokkoroo gal toon.
On interdit de s’asseoir en travers d’une porte, car c’est le passage des
djinns (litt. : les djinns passent par là).
Ɓe ɗon mbi’a dawaaɗi ngi’an ginnaaji. To ɗi ɗon tokkii mboha
huunde nde a yi’aay, ɗum ginnawol. To a yiɗi yiigo ko ɗi ngi’ata,
koocaa gototti maaji takkaa haa gite maa.
On dit que les chiens voient les djinns. Quand ils poursuivent en
aboyant une chose que tu ne vois pas, c’est un djinn. Si tu veux voir
ce qu’ils voient, prends de la chassie de leurs yeux et colle-la dans les
tiens.
To haa ginnawol naasta innu, sinaa toonyiiɗo ngol malla boo mo
ngol toonyii. To goɗɗo toonyake ngol, ngol ittataako ; to ɓe itti
ngol boo, ittuɗo ngol hisataa naateego ngol. Ammaa, to kangol
toonyii kam, ɓe mbaawan hurgugo ngol bee koyɗum. [...] Bana
jemma, to innu sakkini huunde malla hayre o bismaaki, foti ɗum
fiɗoya ɓinngel ginnawol, suy ngol naata mo ; feere boo, jooɗaago
caka dammugal to manngariba waɗi, malla boo doggugo yaake
manngariba. (Baba Aladji, guérisseur, Lopéré, Maroua, 26-11-04)
Pour qu’un djinn pénètre en qqn, il faut que la personne le provoque
ou au contraire que ce soit le djinn qui la provoque. Dans le cas où
c’est la personne qui l’a provoqué, on ne pourra le faire partir (litt. : il
ne s’enlèvera pas) ; si on le chasse (litt. : si on l’enlève), cependant,
celui qui l’a chassé ne manquera pas d’être possédé (à son tour). Mais,
si c’est (le djinn) qui a cherché querelle, on pourra soigner facilement
(le possédé). (...) La nuit, par exemple, si qqn jette qqch. ou une pierre
sans dire « Bismillah ! », il se peut que cela aille frapper l’enfant d’un
djinn et qu’alors celui-ci pénètre dans (la personne qui a jeté l’objet) ;
parfois aussi (la même chose se produit) lorsque l’on s’assoit sur le
166
ginnawol
seuil de la porte après l’heure de la prière du début de la soirée, ou
lorsque l’on court à cette même heure.
Ginnaaji ngalaa nder berni, ngam haraka ɗuuɗi, sey haa ladde.
Ɗi ngiɗaa njayawri boo.
Il n’y a pas de djinns en ville, car il y a beaucoup de bruit ; il n’y en a
qu’en brousse. Ils n’aiment pas la lumière non plus.
Hurgooɓe ɓoccanɓe yinnaaɓe haa ɓe ngurtina ginnaaji, miin
kam, mi jaɓaay ka. (Mal Aminou, marabout-bonnetier, Doualaré,
Maroua, 23-11-04)
Ceux qui soignent les fous en les fouettant pour faire sortir les djinns,
moi, je ne puis l’accepter.
DIAGNOSTIC
To ginnawol nanngi goɗɗo, ɓe keɓtataa ɗum ngoleewol sinaa to
ɓe njaari mo haa annduɓe. (Boubakary, marabout, Doualaré,
Maroua, 23-11-04)
Quand un djinn s’est emparé de qqn, on ne sait duquel il s’agit avant
de conduire (la personne) chez les spécialistes.
► folie (souvent employé au pluriel en ce sens) causée par les génies, folie
en général ; cf. henndu, hoore
O waɗi ginnawol.
Il/elle est devenu(e) fou/folle.
Daga yiigo ƴamɗe ngoodaa, ginnawol suuli mo. (Sannda Oumarou)
Dès qu’on (le/la) voit, on ne se pose pas de questions : il/elle est
fou/folle (litt. : la folie s’est posée sur lui/elle).
Fuɗɗam ginnawol, dagam jorde yi’ete, diga yiigo, ƴamɗe
ngoodaa, ginnawol suuli mo. (Sannda Oumarou)
Le début de la folie, on le constate dès que qqn bave (litt. : se voit dès
la bave) ; dès qu’on voit ça, on ne se pose plus de questions (litt. : dès
la vue, il n’y a pas de questions), la folie s’est posée sur la personne.
Yareego cobbal naawaay ba takkeego ginnaaji. (Prov., Modibo
Bello Amadou)
Se faire boire son lait aux boulettes de mil ne fait pas souffrir autant
que de se faire prendre pour un idiot.
Ɓooyma ɓe ɗon mbi’a ginnawol hurgataake haa lopitaal, ammaa,
jonta kam, ɓe ɗon njaara yinnaaɓe ɓe ɗon njamɗita. (Asta
Fidjondé, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Autrefois, on disait que la folie ne se soignait pas à l’hôpital, mais
maintenant, on y emmène les fous et ils guérissent.
Ɓe ɗon mbi’a to goɗɗo ƴaɓɓake dasinorgol mboodi, o waɗan
ginnawol. Koo bana debbo reeduujo ƴaɓɓake ngol, to o teetake, o
waɗaay ginnawol kanko, ɓinngel ngel o danyata kam waɗan ngol.
(Mal Aminou, marabout bonnetier, Doualaré, Maroua, 23-11-04)
167
giraam
On dit que si qqn enjambe une trace de serpent, il devient fou. Si par
exemple une femme enceinte enjambe (une trace de serpent) et qu’elle
y échappe (i.e. que cela n’entraîne aucune conséquence pour elle),
qu’elle ne devient pas folle elle-même, l’enfant qu’elle mettra au
monde sera fou, lui.
Yaaranam ginnaaji maa haa ɓe kellante toon.
Va me faire tes bêtises ailleurs, là où cela amuse les gens ! (Litt. :
Emmène ta folie là où l’on t’applaudira.)
ginnawol genaale
diable de cimetière (litt. : génie de tombes) (insulte qui se dit d’une
personne agitée)
► démon (dans la Bible) ; syn. ruuhuwol
Ammaa Yeesu umri ginnawol, yamɗitini ɓinngel goo, hokkiti ngel
baaba maagel. (Luc 9,42)
Mais Jésus commanda au démon, guérit l’enfant et le rendit à son
père.
170
haaɗa
guuguyel – ngel (n.d.)
► zizi, quéquette, sexe de petit garçon (langage enfantin) ; syn. ciici
● haabu mboɗeewu
► barbe de maïs rouge
● haabu ndaneewu
► barbe de maïs blanche
haaɗa (v.)
► être amer
L’amer a un pouvoir dispersant. Il permet de diluer dans le corps les
substances nocives qui ont tendance à s’accumuler ici ou là.
Tokkiiɗo nyaamgo belɗum nyawan. Sey kaaɗɗum hurgata bel-
ɗum. Kanjum giilnoowo leɗɗe kaaɗɗe wii : « To a tokkanake
belɗum, a yahan Dursungo ! » (Boubakary Abdoulaye, 30 ans, peul,
Maroua, 04-08-04)
Celui qui mange régulièrement des bonnes choses tombera malade. Il
n’y a que l’amer pour contrebalancer (litt. : soigner) le savoureux.
C’est pourquoi le marchand ambulant de médicaments amers dit : « Si
vous mangez régulièrement des bonnes choses, vous aboutirez (au
cimetière de) Doursoungo ! »
Innu to manngake leɗɗe meeɗen kaaɗɗe ɗee, ɗe cankitan daga
nebbamho koo, kuujeeji belɗi belɗi ɗoo, ƴiiƴam ɗaantiiɗam ɗoo.
(Bah Ila, 55 ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Si qqn a l’habitude de consommer nos remèdes amers, ceux-ci disper-
seront (dans son corps) aussi bien les mauvaises choses grasses que
toutes ces diverses choses sucrées (qui se trouvent dans l’alimentation
171
haahaande
moderne), ainsi que le sang coagulé.
haaje – nga (n.) ; < arabe [h¬ w j], cf. arabe tchadien [hâja] « besoin »
► besoin, envie
● humtugo haaje
► aboutir à ses fins
● waɗgo haaje mum
►faire ce que l’on a prévu de faire
►faire ses besoins (aller aux toilettes)
► éjaculer (euphémisme)
haala – ka (n.)
► parole
Ɓurɗo ma haala jaɓtete jawdi baaba maa. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
Celui qui te dépasse en bagout t’arrachera l’héritage (litt. : les biens)
de ton père.
Haala maako ndiyam silaawo.
Sa parole, c’est (comme) de l’eau dans un panier. (On ne peut se fier
à ce qu’il/elle dit.)
172
haana
Aartuka aarti, cakitiika maayri mone. (Prov.)
La première (parole) est là pour commencer, (mais) c’est dans la
dernière que se dévoile (litt. : meurt, i.e. termine) ce qu’on a sur le
cœur. (In cauda venenum.)
Nan arana. (Prov.)
Écoute la première (parole) ! (Quand on vous fait plusieurs
propositions, prenez la première et ne compliquez pas les choses en
allant de l’une à l’autre.)
Mi waawataa haala ngoota bana gimol bumɗo.
Je n’aime pas entendre toujours la même chose, comme une rengaine
d’aveugle. (On ne peut accepter indéfiniment les mêmes explications
ou admettre les mêmes excuses.)
Wi’i wi’i kam, sey huucana jawmum.
Il ne faut pas se fier aux on-dit, mais remonter à la source de
l’information. (Litt. : le on-dit on-dit, il faut qu’il retourne chez son
propriétaire.)
● ɗuuɗa-haalaajo
► personne qui parle trop
haali – o ; < arabe [h¬ w l], cf. arabe tchadien [hâl] « caractère, état »
► caractère
Woodaa suuɗi haali. (Prov.)
Le dénuement masque le caractère. (Suivant le moment et suivant
l’état de sa fortune, une même personne présente une facette différente
de son caractère.)
● wona-haaliijo / wona-haali’en
► personne qui a mauvais caractère
haana (v.)
► être convenable, convenir, être bien
173
haara
Innu anndi kaanngol noon, haɓɓata waandu ɓoggol her reedu.
(Dicton)
La personne sait bien ce qu’il convient (de faire), (mais) elle attache
la corde du singe au ventre. (Normalement, on attache un animal par
le cou, mais pour plus de sûreté, dans le cas du singe, on le ceinture
au ventre.)
Koo moy to sakkan kaanngol, o sakkan tekke. (Prov., Modibo
Bello Amadou)
Celui qui s’adresse à son interlocuteur avec respect, fournit les bases
d’une relation agréable. (Litt. : Toute personne qui place dessous une
(parole) convenable, il place en dessous des coussinets de portage.)
(Kaanngol est accordé avec le mot konngol, « parole », qui est sous-
entendu ; il crée avec lui une sorte de jeu de mots virtuel.)
haara (v.)
► être rassasié, avoir mangé et bu à satiété
Nyaamɗo ko nyaamɗaa, anndi ko kaarɗaa. (Prov.)
Celui qui a mangé ce que tu as mangé sait de quoi ton ventre est
rempli.
Nyaamii haaraay, ɓiiri boo haarataa. (Prov.)
(Celui qui) a encore faim après avoir mangé, (ce n’est pas) en raclant
le fond (de la marmite) qu’il sera rassasié.
To a hokki kaarɗo, joga sawru. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si tu donnes (à manger) à celui qui n’a plus faim, prends un bâton !
(En effet, celui qui n’a plus besoin de rien fera la fine bouche sur tout
ce qu’on pourra lui présenter.)
Mo luttaay haaraay. (Prov.)
Celui qui n’a rien laissé (dans le plat), (c’est qu’)il n’est pas rassasié.
(La politesse veut qu’on laisse au moins une part de nourriture dans
le plat commun à la fin du repas. On peut cependant ne rien laisser du
tout. Le proverbe peut signifier que celui qui n’est pas capable de
satisfaire ses propres besoins est incapable de subvenir à ceux de qqn
d’autre.)
To daada nyaamaay haari, ɗum waɗan nyawu haa suudu-
ɓinngel, ngel teetoo kangel boo. (Mme Oubbo, Zileng-Bappa, 01-
06-04)
Lorsque la mère (femme enceinte) ne mange pas à satiété, cela cause
une maladie dans l’utérus et l’enfant lui-même se détache.
► être enceinte (langage détourné)
Debbo oo haari.
La femme est enceinte.
174
haɓɓa
haarannde – nde (n.d.v.) ; < haara
► satiété
Lorsqu’on a (trop) mangé et que l’on se sent (trop) rassasié, si cela
peut se faire, on « diminue la satiété » (jippina/usta haarannde) en
consommant une crudité (fruit, feuilles etc.).
Hesre haarannde, hiinde boo haarannde. (Prov.)
Le présent ne doit pas faire oublier le passé. Ce n’est pas parce que
qqn t’aide maintenant que tu dois oublier ceux qui t’ont aidé par le
passé. (Litt. : (la satiété) nouvelle est une satiété, (la satiété) ancienne
aussi est une satiété.)
Sigaago bu’e e reedu, naa ɓesdugo haarannde. (Tourneux et Yaya
1998, p. 411-412)
Stocker les excréments dans le ventre n’accroît pas la satiété.
haartoo (v.)
► se racler la gorge (avant de cracher, éventuellement) ; cf. tuuta
Gilɗi sonndaaru ɗon ngiiloo nder henndu tan. Feere nyawɗo ngu,
to haartake tuuti haa lesdi, ɗum jillootiran bee collaaje. (Amadou
Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Les germes de la tuberculose se déplacent (litt. : se promènent) seule-
ment dans l’air. Parfois, lorsqu’un tuberculeux se racle la gorge et
crache par terre, cela se mélange avec la poussière (de l’air).
hacitoo
► prendre le repas du matin
Koo moy her waali hacitittoo. (Prov.)
Chacun déjeune là où il a passé la nuit. (On doit se contenter de ce que
l’on a à sa portée.)
haftoo (v.)
► se lever brusquement
► se réveiller en sursaut
178
hallere
une petite marge de sécurité, une provision supplémentaire quel-
conque.)
179
haloore
waɗan balɗe jeego’o. Meere noon nde fuɗɗi nde ɗon naawa,
ɓaawo man nde ɓuuti. [...] Aran kam, mi tammino ɗum caayoori
waɗi yam, njarmi leɗɗe caayoori, ammaa walaa daama. Suy,
caftumi ngarmi lopitaal. (Yaya D., hospitalisé à Petté, 28-05-04)
C’est au bas-ventre que j’ai mal. L’un de mes testicules a enflé, cela
va faire six jours aujourd’hui. Sans aucune raison, il a commencé à
me faire mal après s’être enflammé. (...) Au début, je croyais que
j’avais le caayoori, j’ai pris les remèdes du caayoori, mais il n’y a
pas eu d’amélioration. Alors, je suis allé à l’hôpital.
kallal hayre
testicule dur comme pierre
● kalla
► testicule atteint d’hydrocèle (litt. : gros testicule) ; cf. ɓoccoonde, haloore,
wokoloore
INSULTES
kalle joldu
testicules de lémurien (probablement très petits)
loora-kalle
(individu) couillu
hamƴa (v.)
► masser en pétrissant (un bourrelet adipeux, par exemple, ou une
induration)
To gilɗi [jalɓalji] nyiɓi haa ɓernde, ɗum waɗan ndinkiri. [...] To
ɗum waɗi ndinkiri, sey goɗɗo manngoo hamƴugo ɓernde mum.
(Mama Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-04)
Lorsque les vers (ascaris) ont construit (leur demeure) dans la zone
épigastrique, cela crée une plaque dure. (...) Quand cela a formé une
plaque dure, la personne doit se masser en permanence la zone
épigastrique.
To haa ɓe kamƴa nanol, sey to ngol pamarol. To ngol waɗi ɓin-
ngel, ɓe kamƴa ngol fajira to ɓinngel ngeel fini daga ngel haci-
taaki. To goɗɗo meemi ni, tawan ngol ngol ɗon waalii bana sawru
nder reedu, ammaa, to goɗɗo mawni, hamƴugo hurgataa ngol.
(Abdouramane Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
On ne masse une rate douloureuse que lorsqu’elle est petite. Si elle
affecte un enfant, on la masse le matin au réveil de l’enfant, avant qu’il
déjeune. Si on la palpe, on constate qu’elle ressemble à un bâton posé
180
hayla
dans le corps, mais, quand la personne est devenue grande, le massage
ne la guérit pas.
hara (v.)
► ronfler
Innu to haran aarti ma ɗaanaago, na a ɗaanataako fahin.
Si une personne qui ronfle s’endort avant toi, tu ne dormiras plus du
tout.
harka (v.) ; < arabe [h¬ r k], cf. arabe tchadien [haraka] « bruit, vacarme »]
► faire du bruit ; syn. cf. fata
Reedu maagel ɗon harka.
Son ventre fait du bruit. (Il a des gargouillements intestinaux.)
hawta (v.)
► réunir, rassembler
► s’accoupler
To ɓe kawti, gorko silla debbo, kanjum waɗoyta ɓinngel haa
debbo. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-07)
Une fois qu’ils se sont accouplés, l’homme éjacule dans la femme, et
c’est ça qui va faire un enfant en elle.
● hawtugo bee konndoom
► avoir des rapports protégés (litt. : s’accoupler avec un condom)
● hawtugo cookum
► avoir des rapports non protégés (litt. : s’accoupler sans rien)
hayla – ka (n.) ; < hausa [hailàa] « menstruation » <arabe [h¬ y d¬] « menstrues »
► règles, menstrues (mot savant et donc euphémique) ; cf. yi’a ; syn.
al’aada, lootgol, tuundi
To debbo hawtaay bee gorko, geeraaɗe maako tan naatata nder
suudu-ɓinngel. Hayla goo wara lalla suudu nduu. (Adama Ous-
manou, infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Quand une femme n’a pas eu de relation sexuelle avec un homme,
seuls ses ovules pénètrent dans l’utérus. Les règles viennent donc
181
hayre
nettoyer l’utérus.
To debbo ƴaɓɓini lewru, waatoo to hayla maako waraay haa
lewru saalake, o faama o waɗi reedu. (Aminatou Seïny, 18 ans,
ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
Quand une femme a dépassé le mois, c’est-à-dire si ses règles ne sont
pas venues quand le mois est passé, elle doit comprendre qu’elle est
enceinte.
● daraago hayla
► ménopause (litt. : arrêt des règles)
182
hayre
d’une infection urinaire. Cela m’empêchait de pisser. Si je m’accrou-
pissais (litt. : si je m’asseyais) pour pisser, l’urine ne sortait qu’en
petite quantité. Quand je suis arrivé, les infirmiers m’ont installé une
sonde pour que j’évacue l’urine par là (litt. : pour que je pisse par là).
Ensuite, on m’a opéré. (...) On a retiré de mon corps un caillou (i.e. un
calcul). Ce caillou, le docteur m’a dit qu’il s’est constitué petit à petit.
Ce qui l’a constitué, ce sont les saletés que j’ai bues dans l’eau. Ce
sont elles qui se sont rassemblées dans la vessie.
Dopta wurtini hayre nder sompoode nyawɗo feere. Haa toon cille
mooɓtotoo hiddeeko ɗe ngurtoo. Hayre ndee boo, nder toon nde
woni. Nde ɗon haɗa mo sillugo. Ɓe ɗon mbi’a ɗum calcul vésical.
Calcul ngaa foti nga waɗa haa ɓooƴe malla boo haa haahaande.
To hayre waɗi nder ɓanndu fuu, ɓe ɗon mbi’a ɗum calcul. [...]
Naa ɗum hayre bee goonga, ammaa haa ndiyam goɗɗo yarata
ɗum [...] to ɗam siiwake ngam ɓooƴe ɗum kata. Ɗe ɗon ciiwa
kuujeeji goɗɗi naata nder ƴiiƴam. Kuujeeji ɗi nafataa boo, naata
suudu cille, haa goɗɗo heɓa wurtinira ɗi gal toon. Haa nder suudu
cille boo, woodi ko ɓanndu wudinta, woodi boo ko ndu hooƴata.
Haa nder kuujeeji ndu wudinta, to kuuje ɗee neeɓi nder cille, ɗe
ɗon kawtindira, salteeji ɗii fuu mooɓtindiroo pellel gootel,
takkindiroo laatoo bana hayre. Ammaa, huunde ndee waɗan
duuɓi e duuɓi hiddeeko nde laatoo hayre mawnde haa ɗum haɗa
goɗɗo sillugo.
Yimɓe to ndaari mbi’a ɗum siiri, ɓe ciirake goɗɗo, ɓe loowani mo
hayre nder ɓanndu. Koo moy fuu foti ɗum waɗa mo. Ammaa
feere boo, koo hayre ndee ɗon nder goɗɗo, nde torrataa mo ngam
nde jooɗaaki dow laawol cille. Goɗɗo oo faamataa o woodi hayre,
sey to ɓe ndaari mo haa ekogirafi. Ammaa, to hayre ndee nde
nyiɓake gal cille tokkotoo, goɗɗo oo, diga o ɗon silla seɗɗa seɗɗa
ni, haa ɗe acca wurtaago sam. Warta sey ɓe ceeka mo, ɓe itta nde.
Ɓe ɗon mbi’a nyawu nguu boo « falaago ». [...] To hayre ndee
falake, sey seekeego tan. Leɗɗe feere boo ɗon to hayre ndee
famarde. To goɗɗo yari ɗe, nde yaha, ɗe pusa hayre ndee, suy
goɗɗo silla nde. (Amadou Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-
05-04)
Le docteur a sorti une pierre de la vessie d’un malade. C’est là que
l’urine se rassemble avant de sortir. Cette pierre, c’est là qu’elle se
trouvait. Elle l’empêchait de pisser. On appelle ça « calcul vésical ».
Le calcul peut (aussi) se placer dans les reins ou dans la vésicule
biliaire. Si une pierre se forme n’importe où dans le corps, on l’appelle
« calcul ». (...) Ce n’est pas une vraie pierre, mais c’est dans l’eau
qu’on l’absorbe (...), lorsque cette eau se filtre, car les reins sont un
filtre. Ils filtrent les diverses choses qui entrent dans le sang. Les
choses qui ne servent à rien pénètrent dans la vessie de façon à ce que
la personne puisse les évacuer par là. Dans la vessie se trouve aussi
183
hayru
bien ce que le corps rejette que ce qu’il garde. Les choses qu’il rejette,
si elles restent longtemps dans l’urine, elles s’agrègent, et toutes ces
saletés se regroupent ensemble, forment une concrétion (litt. : se
collent ensemble) et deviennent comme une pierre. Mais cela prend
des années avant que cette chose ne devienne une grosse pierre qui
puisse empêcher qqn de pisser.
Si les gens voient ça, ils disent que c’est un sortilège, que l’on a jeté
un sort à la personne, qu’on lui a versé une pierre dans le corps. Cela
peut arriver à n’importe qui. Mais parfois, même si qqn a cette pierre
en lui, elle ne le fera pas souffrir parce qu’elle n’est pas située sur le
canal urinaire. La personne ignorera qu’elle a un calcul, à moins qu’on
ne le lui montre à l’échographie. Mais si cette pierre se forme du côté
par où passe l’urine, (voici ce qui arrive à) la personne : elle
commence par pisser par petites quantités, pour finir par ne plus pisser
du tout. Il ne reste qu’à l’opérer et à enlever (le calcul). On appelle
aussi cette maladie une occlusion (des voies urinaires). (...) Si la pierre
est bloquée, on doit obligatoirement se faire opérer. Il existe
cependant des médicaments (que l’on peut utiliser) lorsque la pierre
est petite. Si la personne les prend, (la pierre) partira ; les médicaments
vont désintégrer (litt. : faire éclater) la pierre, et ensuite, la personne
l’évacuera par l’urine (litt. : la pissera).
hayru / hayruuji – o/ɗi (n.) ; < arabe [x y r], arabe tchadien [xêr] « bien, bonheur »
► chance (sens voisin de saa’a)
184
helnya
hecc- (adj.)
► frais, tendre, vert, non mûr
● ɓinngel keccel / ɓikkon keccon
► nouveau-né
● kuuje kecce
► « choses fraîches »
Sous cette appellation sont classés tous les aliments (fruits, légumes,
céréales) fraîchement récoltés (comme les arachides nouvelles, le
maïs nouveau, le sorgho nouveau, carottes, aubergines amères) ou pas
tout à fait mûrs (mangues vertes, goyaves vertes)... que l’on a l’habi-
tude de consommer crus comme des friandises. Tous ces aliments, qui
ne sont pas arrivés totalement à maturité et qui contiennent un excès
de « fraîcheur », sont nuisibles à la santé lorsqu’on les consomme en
l’état.
heɗoo (v.)
► écouter
hella (v.)
► frapper avec le plat (de la main, par exemple, ou d’une planche, d’un livre
etc.)
Hellan debbo maa, taa hellan waaye. (Prov.)
Applaudis ta femme, n’applaudis pas ta maîtresse. (Prodigue des
encouragements à ton épouse seulement.)
● hellugo juuɗe
► frapper des mains, battre des mains, applaudir
helnya (v.)
► couper les ongles de (qqn), tailler les ongles de (qqn)
Mawɓe ɓooyma mbi’ata ɓe kelnyataa ɓikkon keccon ngam taa
185
helnyoo
kon laatoo nguyon. [...] Ammaa woodi no ɓe ittirta peɗeeli
ɓikkon. Ɓe njo’’inana kon nyorgo marngo gawri malla boo
njaareendi, suy kon ɗon laanya, bana nii, peɗeeli maakon ittotoo.
(Asta Fidjondé, ménagère, Dogba, 22-09-04)
Les grandes personnes d’autrefois disaient qu’on ne coupe pas les
ongles des bébés de peur qu’ils ne deviennent voleurs. (...) Mais il y
avait une façon d’enlever les ongles des enfants. On posait devant eux
un van contenant du mil ou du sable grossier ; puis, ils remuaient (ça
avec la main) et, de cette façon, leurs ongles s’enlevaient.
helnyoo (v.)
► se tailler les ongles
Helnyaago haa abooki’en foti jaanyana goɗɗo nyawu sida.
En se faisant tailler les ongles chez les colporteurs, on peut attraper le
sida.
To ƴiiƴam huuwi nder ɓanndu, doole ɗam loroo haa ɓernde haa
ɗam hoo’a henndu laaɓndu feere. (Adama Ousmanou, infirmier au
CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Lorsque le sang a joué son rôle dans l’organisme (litt. : a travaillé dans
le corps), il doit obligatoirement retourner au cœur pour reprendre de
l’oxygène (litt. : pour prendre d’autre air propre).
► air comprimé
► gaz
► oxygène ; syn. osizeen, henndu laaɓndu
To ceekoowo ɗon seeka, minin ɗanninooɓe, min ɗon gal hoore mo
ɓe ceekata. Min ɗon ndokka mo henndu wallitanndu mo foofgo.
(Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier peul, Maroua, 15-04-04)
Lorsque le chirurgien opère, nous, les anesthésistes, nous sommes à
la tête de celui qu’on opère. Nous lui insufflons (litt. : donnons) de
l’oxygène pour l’aider à respirer.
► esprit de la brousse, proche des djinns
► folie légère (euphémisme)
186
heŋre
O waɗi henndu.
Il/elle perd un peu la boule. (Litt. : il/elle est devenue vent.)
hiɗa (v.)
► interrompre (la respiration)
O hiɗi poofɗe maako.
Il a interrompu sa respiration.
hiɗoo (v.)
► s’interrompre (pour la respiration)
Poofɗe maako kiɗake.
Sa respiration s’est interrompue.
To goɗɗo hoyɗi nder ɗoyngol ɓe ɗon muuki mo, malla boo hoore
maako muti nder ndiyam, poofɗe maako kiɗotoo, o haftoo.
Lorsque qqn rêve dans son sommeil qu’on l’empêche de respirer ou qu’il
a la tête sous l’eau, sa respiration s’interrompt et il se réveille en sursaut.
188
hippa
hiika (v.)
► respirer bruyamment et avec difficulté
[To ɓinngel ɗon mari ndamba,] to ngel ɗon foofa, ngel ɗon hiika,
a ɗon maata wiɓɓere maagel ɗon waɗa hurr, hurr, hurr. (Aladji
Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
(Lorsque le bébé a le ndamba,) il respire bruyamment et avec
difficulté, on entend sa poitrine faire hour, hour, hour !
hiinya (v.)
► examiner sous toutes les coutures (en regardant ou en palpant)
Hiinya hiinyitoo jaanyana goɗɗo tawgo toɓɓe ɓaleeje nder kosam
ɓiraaɗam. (Prov.)
À force d’examiner et de réexaminer, on trouvera des points noirs
dans le lait frais.
hiira (v.)
► veiller, passer la première partie de la nuit
► s’amuser la nuit (implique la fréquentation de bars et de filles pour un
homme, et inversement)
To weeti ni, mi dilli sippoygo haa kolbos. Jemma boo, mi hiiroya.
(Ky., 26 ans, prostituée, Domayo, Maroua, 22-01-06)
Dès qu’il fait jour, je vais tenir une cabine téléphonique (litt. : je vais
vendre au détail dans une cabine téléphonique). La nuit, je vais
m’amuser.
hippa (v.)
► tourner à l’envers, retourner
● hippugo reedu
► bloquer momentanément le développement du fœtus dans le ventre
maternel
L’idée est que l’on retient l’enfant prisonnier sous un récipient
retourné ; cette opération magique est effectuée par les marabouts.
Ɓe ɗon paddoo to debbo yiɗaa danygo, malla safti, malla boo yiɗi
daaynindirgo ɓikkon, bee kippuki reedu. Sey mallum’en ɓeen
paamata ɗum. (Ramatou, 25 ans, ménagère mofou, Petté, 25-05-04)
On bloque (la grossesse) si la femme ne veut pas d’enfant, ou si elle
en a suffisamment, ou encore si elle veut espacer les naissances, en
tournant le ventre à l’envers. Seuls les marabouts peuvent savoir
comment faire ça.
189
hippoo
hippoo (v.)
► se coucher sur le ventre
Ɓe kaɗan reedu’en hippaago malla tellaago. (Aïssa Tchari, ani-
matrice à l’hôpital de Bogo, 13-08-04)
On interdit à la femme enceinte de se coucher sur le ventre ou sur le
dos.
Ɓe ɗon kaɗa yimɓe waalaago hippoo, ngam ɗum mbaalndi yimɓe
nder Yiite.
On interdit aux gens de se coucher sur le ventre, car c’est la façon de
se coucher des gens en Enfer.
► attaquer par surprise (une ville...)
Nyawu sida hippoto sooje’en ɓanndu.
Le sida s’attaque aux défenses immunitaires de l’organisme.
hisa (v.)
► éviter (un danger), échapper à (un danger)
Ndikka hula hisa, dow worɗa heɓee. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Mieux vaut avoir peur et s’en tirer que de jouer au brave et se faire
avoir.
hoɗɗee (v.)
► être sevré
190
hoondu
Ko ɓinngel ngeel hoɗɗaa, ngel nyaamataa, sey ngel ɗon woya noon.
Depuis que cet enfant est sevré, il ne mange pas, il ne fait que de
pleurer.
hommba (v.)
► ourler, coudre un ourlet
► cicatriser
Ɓanndu maako woondu, nde huuduure ndee hommbi law.
Son organisme est sain (litt. : son corps est bon), puisque la plaie a
cicatrisé rapidement.
hooloo (v.)
► avoir confiance en, se fier à
Bee nyawu sida, taata goɗɗo hooloo sifaaji sam.
Avec le sida, il ne faut absolument pas se fier aux apparences.
hoondu / kooli – ndu/ɗi (n.)
► doigt
Naawreenga hoondu ɓurdan naawgo.
Le mal au doigt est le plus douloureux.
● hoondu simarru, syn. [koolel] cimatel
► auriculaire
● hoondu caka-kooliiru
► médius (litt. : doigt au milieu des doigts)
● hoondu sappordu
► index (litt. : doigt avec lequel on pointe)
191
hoore
hoore / ko’e – nde/ɗe (n.)
► tête
La tête est le siège de l’intelligence.
Hoore walaa ko jogotoo, sey ngaandi bee nganyaandi. (Prov.,
Modibo Bello Amadou)
La tête ne contient rien, sauf le cerveau et la méchanceté. (Jeu de mots
entre « cerveau » et « méchanceté » en fulfulde.)
Acca nyiiwa dow hoore mum, wi’a fiɗɗanan goɗɗo miiroowu dow
hoore. (Dicton)
(On) laisse un éléphant sur sa propre tête, et (on) dit qu’on va
épousseter une petite fourmi Pheidole de la tête de qqn.
Bana no hoore maako mawniri, noon o mardi faamu boo.
À la façon dont sa tête est grosse, (on peut dire) qu’il est très
intelligent.
Nyaamaay hoore bu’i gaasa.
Il/elle n’a pas mangé la tête, mais il/elle a chié les cheveux. (La
personne subit les conséquences d’une action qu’elle n’a pas
commise.)
Hoore am ɗon fiɗa.
J’ai des élancements dans la tête.
Hoore am ɗon seeka.
J’ai très mal à la tête. (Litt. : ma tête se déchire.)
Hoore gooro naawatammi.
Le manque de noix de kola me donne mal à la tête. (Litt. : c’est la tête
de kola qui me fait mal.)
Mi yiɗaa waƴƴeego hoore.
Je n’aime pas que l’on se fiche de moi (litt. : être monté sur la tête, i.e.
que l’on me monte sur la tête).
dakam haa caka hoore
un plaisir (que l’on ressent) jusqu’au milieu du crâne (peut se dire
notamment de la jouissance sexuelle)
● hoya-hooreejo
► personne qui porte bonheur / chance (litt. : à la tête légère)
► qqn qui a la tête dure (rien de ce qu’on lui dit n’entre dans sa tête)
192
hoore
► extrémité supérieure
● hoore mbasu ; syn. funcere
► gland du pénis
► intelligence (métaphore)
O mari hoore.
Il/elle est intelligent(e).
O walaa hoore.
Il/elle n’a pas d’intelligence.
► maux de tête
hoore paɓɓooje
maux de tête causés par le ‘paludisme’
Hoore paɓɓooje naawan ɓaawo, ɓaawo daande [...] (Mal Djamo,
38 ans, commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
Les maux de têtes causés par le ‘paludisme’ (sont accompagnés de)
maux de dos et de nuque...
to hoore man ɗon wartiwartina
si les maux de tête reviennent en permanence
● hoore wuttuduure
► migraine (litt. : maux de tête relatifs à un côté)
Ɗum gilɗi hoore naawata nde gal wuttudu. Ɓe ɗon mbi’a ɗum
hoore wuttuduure, ngam to hoore innu ɗon naawa, wuttudu
wooru tan naawata. Wuttudu nduya boo koo ko maatata. (Haman
et Sannda Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
Ce sont les « vers de la tête » qui font mal (à la tête) d’un côté. On dit
que c’est la migraine, car, lorsque la personne a mal à la tête, un seul
côté (lui) fait mal. L’autre côté, lui, ne ressent rien du tout.
► expression du réfléchi
Koo moy ɗon haɓana hoore mum.
Chacun se débrouille pour soi.
O wari hoore maako.
Il s’est fait du mal à lui-même. (Litt. : il a tué sa tête.)
O waɗanaay hoore maako maa, sakko o waɗane.
Il ne l’a même pas fait pour lui-même, à plus forte raison il ne le fera
pas pour toi.
To a yiiwotoo nde weeti fuu, a laafnan hoore maa [...] (Fadimatou,
Maroua, 03-04-04)
Si vous vous lavez chaque matin, vous vous appauvrirez (...).
Mi yiɗi hoore am.
Je tiens à la vie. (Litt. : j’aime ma tête.)
● aynugo hoore
► se surveiller (litt. : surveiller la tête)
193
hoore
Mi ɗon ayna hoore am taa sida nannga yam. To a fijaay bee
worɓe jur kam, na a ɗon ayni hoore maa ? (Dou., prostituée, 24
ans, Domayo, Maroua, 25-02-06)
Je me surveille, de peur d’attraper le sida. Si tu ne t’amuses pas avec
beaucoup d’hommes, n’est-ce pas que tu te surveilles ?
● nanngugo hoore
► se contrôler (litt. : saisir la tête)
● yoofgo hoore
► ne pas se contrôler (litt. : relâcher la tête)
194
hoowowre
O waɗi hoore.
Il est fou. (Euphémisme)
► cause
Naane maa, hoore baaba maako yimɓe cemtata.
Avant, c’est à cause de son père qu’on le respectait (litt. : qu’on avait
de la retenue). (Cela signifie que, maintenant que son père n’est plus là,
on n’a plus aucune raison de se gêner pour lui faire des reproches.)
Hoore baaba maako ɓe cemtirta mo.
C’est à cause de son père qu’on a pitié de lui.
INSULTES
Hoore maa saati bana ɓii njaaluujo.
Tu as la tête aussi dure que celle d’un fils de bâtard.
Ɓiiraa ko’a !
Espèce de grosse caboche !
Hoore yaa maa !
La tête de ta mère !
Hoore dagileere !
Tête de grande calebasse !
Hoore gannga kura !
Tête de gros tamtam !
Hoore harde !
Tête chauve ! (litt. : tête de terrain stérile)
Hoore saɓɓo poola !
Tête chauve ! (litt. : tête de nid de pigeon)
Hoore tapaare !
Tête énorme ! (litt. : tête de rocher)
hoowee (v.)
► être épousée pour la première fois
mo hoowaaka ƴamɗo layaaru ɓesngu (Dicton ; Dahirou 2004,
p. 41)
la (fille) qui n’a jamais été épousée et qui demande un grigri pour
l’accouchement
195
hottollo
hottollo – ko (n.)
► coton
hottollo suuwaako nder ankool
coton imbibé d’alcool
hoyɗa (v.)
► rêver
To a yiɗi fewre, waala hoyɗu. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si tu aimes le mensonge, couche-toi et rêve !
To innu ɗon numa dow huunde malla boo o yeewtani nde ko
ɗuuɗi bee naange, jemma to o ɗaanake, o hoyɗan ko o numata
bee ko o nyalli yeewtango.
Si qqn pense à qqch. ou qu’il en parle beaucoup dans la journée, la
nuit, quand il dort, il rêvera à ce à quoi il pense et à ce dont il a passé
la journée à parler.
Koo goɗɗo mawɗo to nyalli laargo kuuje, jemma to o ɗaanake, o
diwtoran malla boo o hoyɗa kuuje ɗee. Bana nii, ɓinngel keccel
boo, kuuje gonɗe nder reedu daada maagel, to ngel ɗon laarta ɗe,
ngel diwtora, sey to kuuje dunya ngari cottini kuuje ngel laaranno
nder reedu daada maagel. Ammaa, no ɓe mbi’ata ngel laari
Annabo’en, ɗoo kam fuu ɗum deftere fulɓe rewɓe. Ɗum bolwe
meere noon. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Même un adulte, s’il passe la journée à voir des choses, la nuit,
pendant qu’il dort, il sursautera ou il rêvera de ces choses. De même,
le petit bébé également, s’il revoit les choses qui se trouvent dans le
ventre de sa mère, il sursaute ; (il en est ainsi) jusqu’à ce que les
réalités du monde extérieur ne viennent se substituer à ce qu’il voyait
dans le sein maternel. Mais, quand on dit que (le bébé) a vu les
prophètes, tout cela, ce sont des histoires de bonnes femmes. Ce ne
sont que de simples paroles.
Goɗɗo to ɗon hoyɗa na’i, ɓe mbi’i mistiri’en. Dawaaɗi boo, ɓe
mbi’i ɗum ɗemɗe banndiiko’en, koo ɓe manan mo, koo ɓe kuɗan
mo, malla boo koo ɓe ngeewtan innde maako noon. To innu hoyɗi
mboodi ŋati mo, ɗum mistiriijo, koo o nanngaay mo, o ɗon wolwa
innde maako, ngam to innu hoyɗiri mboodi, ɗum ɗemngal goɗɗo
dow maako. To innu hoyɗi kusel, puccu, wamnde, fijirde, koyɗol
ngool weelaa. Naa wooɗaay, ammaa ɗum mayiti. To goɗɗo hoyɗi
ɗon fija, o yahan o saanoya. To o hoyɗi giri dankali boo, ɗum
genaale. To o hoyɗi waagaare gawri, ɗum mayiti, koo o saa-
noyaay boo, o fotootiran bee mayiti oo. To o hoyɗi o ɗon maha
loope, fuu ɗum mayiti, o yahan o saanoya. Ammaa to goɗɗo hoyɗi
nyiindere mum soli, naa yeewtino ka naange, naa nde ɗon naawa
mo, o hultori taa nde sola, ɗoo kam hooreejo maako mal maayan.
(Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
196
huɗo
Quand on rêve de vaches, on dit que ce sont les sorciers (qui rôdent
autour de soi). Les chiens, on dit que ce sont les langues des membres
de la famille, soit qu’ils disent du bien de vous, soit qu’ils disent du
mal de vous, soit simplement qu’ils prononcent votre nom. Quand on
rêve qu’on a été mordu par un serpent, c’est un sorcier, même s’il ne
vous a pas encore attrapé, il prononce votre nom, car lorsque l’on rêve
de serpent, cela veut dire que la langue de qqn est sur soi. Quand on
rêve de viande, de cheval, d’âne, de jeu, ce n’est pas un bon rêve. Non
que ce soit mauvais, mais (cela annonce) des funérailles. Quand on
rêve que l’on joue, (cela veut dire) qu’on va aller présenter ses
condoléances (à des gens en deuil). Quand on rêve de billons de
patates douces également, (il s’agit) de tombes. Quand on rêve de
bottes de mil, il est question de deuil, même si l’on ne se rend pas aux
salutations (de deuil), on se trouvera face à ces funérailles. Quand on
rêve que l’on fait une construction en terre, il s’agit aussi de
funérailles, et l’on ira y présenter ses condoléances. Mais si qqn rêve
qu’il a perdu une dent, qu’il n’avait pas parlé de ça au cours de la
journée (précédente), qu’elle ne lui fait pas mal, et qu’il a peur qu’elle
tombe, une personne importante de la famille va sûrement mourir.
huɓɓa (v.)
► (s’)allumer, (s’)enflammer
► être brûlant de fièvre
Haa ko anndumi, to goɗɗo nyawi sonndaaru, o sonndoto ɓurna
fuu jemma jemma, ɓanndu huɓɓan, o wulinan boo. (Amadou
Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
D’après ce que je sais, lorsque qqn souffre de la tuberculose, il tousse
surtout la nuit, son corps est brûlant et il transpire.
hula (v.)
► avoir peur (de), craindre, redouter
Ko kulataa to faarti ma, a doofloto mo cemtataa. (Prov., Modibo
Bello Amadou)
Sous l’emprise de la peur, tu peux oublier les convenances. (Litt. : Si
ce qui te fait peur te pourchasse, tu pourras bousculer qqn que tu
respectes.)
Sukkunde suuɗataa kulɗo. (Tourneux et Yaya 1998, p. 422)
Le fourré ne cache pas le poltron. (La personne peureuse n’aura pas
confiance, même si elle bénéficie de la meilleure protection.)
To mo mbeewa hulaay yaago jemma, mo fowru boo hulataa.
(Prov., Modibo Bello Amadou)
Si celui qui a une chèvre n’a pas eu peur de marcher la nuit, celui qui
a une hyène n’aura pas peur non plus.
humoo (v.)
► être bouché, avoir l’esprit lent et lourd
Cooko perɗo ɓuran marɗo kumiiɗo. (Prov.)
Celui qui n’a rien mais dont l’esprit est ouvert vaut mieux que celui
qui a et dont l’esprit est bouché.
198
hunnduko
Caftinɗo hunnduko mum fuu caftaaɗo banndum’en. (Prov.,
Modibo Bello Amadou)
Celui qui assure sa propre subsistance (litt. : celui qui satisfait sa
propre bouche), sa famille est dégoûtée de lui. (La famille n’aime pas
voir qqn s’autonomiser.)
Hunnduko les nyaamna hunnduko dow. / Ko les nyaamna ko
dow.
La bouche d’en bas nourrit la bouche d’en haut. / Celle d’en bas
nourrit celle d’en haut. (Allusion transparente à l’activité de la
prostituée.)
Na hunnduko kon haɓɓata jawmum.
C’est la bouche qui emmène son propriétaire en prison (litt. : qui
attache son propriétaire).
Hunnduko sukar/mannda, ɓernde kilbu.
Bonnes paroles, mauvais cœur (litt. : bouche sucrée/salée, cœur de
natron, i.e. hypocrite)
Laskal hunnduko haɓɓata jawmum.
La personne qui tient des propos provocateurs est elle-même la source
de ses malheurs. (Litt. : c’est la mauvaiseté de la bouche qui attache
son propriétaire.)
Diga nyawu nguu nanngi mo, hunnduko o foofrata.
Depuis qu’il a cette maladie, c’est par la bouche qu’il respire.
● margo hunnduko
► tenir habituellement des propos provocateurs (litt. : avoir la bouche)
● hunnduko les
► lèvre inférieure
► extrémité
● hunnduko enndu
► mamelon (litt. : extrémité du sein)
► émergence du bourbillon
Caayoori waɗi hunnduko / yitere.
Le bourbillon du furoncle a émergé. (Litt. : l’inflammation a fait une
bouche / un œil.)
199
hurga
► métonymie pour « personne parlante »
hunnduko bu’e
personne qui profère des insultes ou des grossièretés dès qu’elle ouvre
la bouche (litt. : bouche de merde)
● maɓɓirɗum hunnduko
► pot-de-vin (litt. : ce avec quoi on ferme la bouche)
INSULTES
Hunnduko maa nyaama bu’e.
Que ta bouche mange de la merde ! (Malédiction légère à l’adresse de
qqn qui émet de mauvais souhaits à votre égard ou à qui vous en
voulez pour une raison ou pour une autre.)
Juuta-hunnduko / Juuta-ko !
Museau de singe ! (litt. : longue bouche)
201
huuntoo
● huuduure nde ɗaɗi
► plaie cancéreuse, cancer (litt. : plaie qui a des racines)
● huuduure sookre
► plaie non infectée
TRAITEMENT
Ɓooyma, yimɓe ɗon kurga huuduure bee lesdi ceɗaandi ndi ɓe
ukkata nder maare.
Autrefois, on soignait une plaie avec de la terre tamisée que l’on
versait dedans. (Boubakary Abdoulaye, Maroua, 26-08-04)
Kuuduuje ɗon nafar feere feere. Huuduure wonnde ɗon neeɓa
haa waɗa ɓikkon. Ɓe ɗon kurgira ba ɗee ɗoo bee haako lekki ɓe
mbi’ata ŋapappi. Ɓe una ko, ɓe cammina nder maare. Ɗum
naawan kam, ammaa to innu munyi, nde takkoo, ɓaawo man nde
yoora. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
Il existe toutes sortes de plaies. L’une d’elles dure au point de se
multiplier (litt. : faire des enfants). On soigne celle-ci avec la feuille
d’un arbre appelé ŋapappi. On la pile et on en répand (la poudre) dans
(la plaie). Cela fait très mal, certes, mais si vous le supportez, (la plaie)
va se refermer (litt. : se coller), puis sécher.
huusa (v.)
► couper un morceau (de viande)
● huusgo jaabuuru
► couper le cordon ombilical
To haa ɓe kuusa jaabuuru ɓinngel danyaangel, sey annduɗo
jokkere maajum ; ɓe kuusataa koo toy fuu. (Sadou Bongo, guéris-
seur, Dogba, 23-09-04)
Pour couper le cordon ombilical d’un nouveau-né, il n’y a que celui
qui en connaît la jointure ; on ne coupe pas n’importe où.
huuwa (v.)
► travailler
► lancer un mauvais sort à (qqn)
Ɓe kuuwi mo.
On lui a lancé un mauvais sort.
202
iltirasooŋ
I
● i’al daande
► vertèbres cervicales (litt. : os du cou)
iiwa (v.)
► avoir les seins qui commencent à pousser (terme décent en fulfulde)
Ɓinngel ɗoo fuɗɗi iiwgo.
Cette enfant commence à avoir des seins.
203
innde
● aparee iltirasooŋ
► appareil à ultrasons
Min njamna aparee iltirasooŋ haa yiite Sonel. Min ɗisa zeŋ haa
maaga. Ɓaawo ɗoon, min takka hoore zeŋ haa babal silɓere. Ndeen
ɗum hoytina ɗaɗi ɓanndu, ɗum naawataa cilɓiiɗo oo fahin. Kala
fajiri fuu, min ngaɗana mo ɗum, haa nyannde kosngal maako
yamɗiti. (Hodébné Ruben, aide-soignant, CMAO Meskine, 27-04-04)
On branche l’appareil à ultrasons sur le courant électrique. Nous
fixons dessus une plaque de zinc (?). Ensuite, nous appliquons l’ex-
trémité de la plaque de zinc à l’endroit de l’entorse. Alors, cela décon-
tracte les muscles, et le blessé (litt. : la personne qui a l’entorse) n’aura
plus mal. Tous les matins, nous lui appliquons ce traitement jusqu’à
la guérison de son pied.
► espèce
[...] Rubbunde am ndee, inɗe leɗɗe fuu, woodaa ko walaa haa toon.
(...) Dans mon crottin (dit l’éléphant), toutes les espèces d’arbres se
retrouvent sans exception. (Noye 1976, pp. 52-53.)
► réputation
Innde maaɗa yehi har inndeeri maaɗa yahaay. (Prov., Modibo
Bello Amadou)
Ta réputation est allée plus loin que (l’annonce de) la cérémonie au
cours de laquelle on t’a donné ton nom. (Les actions réalisées par la
personne la font davantage connaître que l’annonce de la cérémonie
de dation du nom, qui reste confinée à un cercle de parents et de
voisins.)
innu – o (n.) ; < hausa [ibnùu] « fils » < arabe [ibn] « fils »
► personne humaine, être humain ; cf. goɗɗo
205
isteteskoop
Ɗum gilɗi istirotokook ngaɗata pilmoneer bee buroŋsiit. (Chef de
District de santé de Mindif, 21-05-04)
Ce sont les streptocoques qui causent les pneumopathies et les
bronchites.
► cordon ombilical
Nyaamdu ɓinngel kam sey ko daada nyaami, saaloroo gal
jaabuuru maagel. (Dada Habiba, accoucheuse traditionnelle,
Meskine, 18-08-04)
La nourriture de l’enfant est constituée de ce que sa mère mange, et
(cela) passe par son cordon ombilical.
Autrefois, on tranchait le cordon ombilical du nouveau-né avec une
lamelle d’écorce de tige de sorgho (ciifol).
To haa ɓe kuusa jaabuuru, ɓe ngaɗa leggel bee hottollo foddee ɓe
kuusa bee reeza. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Pour couper le cordon ombilical, on met un bâtonnet avec du coton
avant de le couper avec une lame de rasoir.
Feere ɗaɓɓitaa moto-kilanndoo, a heɓataa bee law. Ɓinngel
wurtoo, sey koocaa ngel, ngaataa nder daaro, njaaraa haa lopitaal
ɓe ta’a jaabuuru. (Maïba Hélène, CSI de Dougoï, Maroua, 27-07-04)
Parfois, tu cherches une moto-taxi et tu n’en trouves pas rapidement.
L’enfant sort, tu dois le prendre et le mettre dans une grande cuvette,
et l’emmener au centre de santé pour qu’on lui sectionne le cordon
ombilical.
Haa Cere ɓe kuusi jaabuuru am.
C’est à Tchéré que je suis né(e) (litt. : que l’on m’a coupé le cordon
ombilical).
Jaabuuru taari nde ɗiɗi haa daande ɓinngel.
Le cordon a fait une double circulaire autour du cou de l’enfant.
Jaabu kuluulu !
Nombril protubérant ! (Insulte)
207
jaanya
jaanya (v.)
► ramener (des animaux du pâturage)
► causer, provoquer
jagga (v.)
► atteindre un seuil élevé de gravité chez (qqn) (pour une maladie)
To laatake minizii jaggi goɗɗo, ngu accan batte [...]. (Yaya Haman,
infirmier guiziga, 27 ans, Meskine, 07-04-04)
Si la méningite atteint un seuil élevé de gravité chez une personne,
elle lui laissera des séquelles (...).
► rendre impuissant (sexuellement) (euphémisme)
Nyawu nanngi mo haa ngu jaggi mo o fuɗɗi maaygo.
Il a été pris par la maladie au point qu’elle l’a rendu impuissant et qu’il
est mort ensuite.
jala (v.)
► rire ; se moquer de
Le rire ne peut se donner libre cours dans la société peule, qu’entre
égaux. Dans les autres cas, il sera interprété comme un manque de
respect ou comme une moquerie.
To Pullo jali kam, sey nganyaandi.
Quand le Peul rit, en fait, c’est d’un rire méchant (litt. : seulement de
méchanceté).
Doondiiɗo jalataa geftirɗo. (Prov.)
Celui qui porte une charge ne doit pas se moquer de celui qui a laissé
tomber (la sienne).
jamna (v.)
► incendier
● jamnugo ladde
►faire un feu de brousse, mettre le feu à la brousse
► allumer (un appareil chauffant)
Min njamna aparee iltirasooŋ haa yiite Sonel. (Hodébné Ruben,
aide-soignant, CMAO Meskine, 27-04-04)
On branche l’appareil à ultrasons sur le courant électrique.
209
jeeɗoo
jeeɗoo (v.)
► se taire
Mo haala wari, yejjititno jeeɗaago. (Dicton ; CERCP 1988, p. 56)
Celui que la discussion a tué avait oublié de se taire. (Façon de faire
comprendre à qqn qu’il n’est pas bon de trop parler.)
jibbina (v.)
► engendrer, mettre au monde ; cf. danya
Ɗum moyjo jibbini ma haa lesdi Marwa ɗoo ?
Qui t’a mis au monde ici à Maroua ? (Qui sont tes parents ?)
jiijoo (v.)
► être infirme, estropié, handicapé
To innu jiijake kam, na nakkasa waɗi.
Lorsque qqn est infirme, il a sûrement qqch. qui manque (dans le
corps).
jimmitoo (v.)
► se pencher sur
Rewɓe ɗon mbi’a ɓe ngiɗaa gorko jananno jimmitoo dow maɓɓe.
(Djamila Haman, CSI de Dougoï, Maroua, 27-07-04)
Les femmes disent qu’elles ne veulent pas qu’un homme autre que
leur mari (litt. : un homme étranger) se penche sur elles.
210
jokkere
jippina (v.d.) ; < jippoo
► faire descendre
► éjaculer (euphémisme)
Bee konndoom, gorko jippintaa law.
Avec le préservatif, l’homme n’éjacule pas vite.
211
jokkoowo
elle mûrit) et aussi la diarrhée. La personne maigrit complètement,
elle devient squelettique.
jonte-jemma – ɗe (n.c.)
« les fièvres de la nuit »
► perlèche, érosion inflammatoire avec fissure des commissures labiales
Pour la soigner, on conseille de boire du lait fermenté mélangé à des
bourgeons apicaux tendres, pilés ou non, de Capparis sepiaria.
(Abdourahamanou et al. 1995)
jooɗoo (v.)
► s’asseoir ; rester
Ko mawɗo jooɗii ƴeewi, ɓinngel darii ƴeewataa. (Prov., Dahirou
2004, p. 10)
Ce que l’adulte réussit à voir assis, l’enfant ne peut l’apercevoir étant
debout.
Jahanɗo nyaaman geɗal jooɗiiɗo. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui qui marche peut manger la part de celui qui est assis.
Ko saalii, to baaba ɗon jooɗii, ɓinngel fotaay jooɗoo jiimta mo,
malla boo ɓe njooɗodoo.
Auparavant, quand le père était assis, l’enfant ne pouvait pas s’asseoir
plus haut que lui, ni s’asseoir avec lui.
To goɗɗo ɗon jooɗii, a fotaay ndarooɗaa dow maako ; malla
njooɗoɗaa potaa bee maako, malla boo ko leestata her o jooɗii.
Lorsque qqn est assis, vous ne pouvez rester debout devant lui ; ou
bien vous vous asseyez au même niveau que lui, ou bien plus bas que
lui.
joorda (v.)
► saliver, baver
To [nyawu paɗɗe] nanngi innu, o eftoo o do’’oo, o ɗon joorda boo.
(Boubakary, marabout, Doualaré, Maroua, 23-11-04)
Quand (l’épilepsie) s’empare d’une personne, celle-ci se dresse et
212
junngo
retombe, elle bave également.
213
junngo
● jogoraago (goɗɗo) ɓaawo junngo
► n’avoir aucune estime pour (qqn) (litt. : prendre qqn sur le revers de la
main)
● jogoraago (goɗɗo) juuɗe ɗiɗi
► avoir beaucoup d’estime pour (qqn) (litt. : prendre qqn à deux mains)
● juttingo junngo
► voler (euphémisme ; litt. : allonger la main)
● juuta-junngo
► voleur (adj.) (euphémisme ; litt. : qui a la main longue)
● yiidugo juuɗe
► donner un pot-de-vin (litt. : se voir / se rencontrer avec les mains)
Nano loota nyaamo, nyaamo loota nano. (Prov., Dahirou 2004, p. 54)
La gauche lave la droite, la droite lave la gauche.
● junngo dow junngo
► de main en main
● junngo e junngo
► la main dans la main
214
juulna
► main, métonymie pour « personne »
Taa wannyootir bee junngo ɓurngo maa semmbe ! (Prov., Modibo
Bello Amadou)
Ne taquine pas qqn qui est plus fort que toi !
Kifinooje man fuu, junngo wooto nyooti ɗe.
Tous ces bonnets ont été cousus par la même main.
Mi wi’a daada ɓinngel taa o fijira ngel meere meere, taa boo
juuɗe ɗuuɗa dow maagel.
Je dis à la mère de l’enfant de ne pas jouer avec lui à tout moment, et
qu’il n’y ait pas non plus trop de personnes à le manipuler.
► générosité (main qui donne)
Junngo suranan ɓalel. (Prov.)
La générosité (vis-à-vis d’autrui) est une protection (pour soi).
Junngo ɓiran koo kosam mbarooga. (Prov., Boubakary Abdoulaye,
Maroua, 20-10-04)
En donnant, on peut arriver à traire même une lionne.
● saata-junngo
► pingre, avare (litt. : qui a la main dure)
215
juulnoo
juulnoo (v.d.) ; < juulna
► se faire circoncire
Zaman naane, to haa ɓinngel juulnoo, sey ngel laatoo ngel hulataa
waalaago feere maagel.
Autrefois, pour qu’un garçon puisse se faire circoncire, il fallait qu’il
soit devenu capable de dormir seul sans avoir peur.
kabba – ka (n.) ; < cf. hausa [¥aabaa] « douleur ressentie dans tout le corps »
► syphilis au stade tertiaire
Il n’existe pas de terme générique englobant les trois stades de la
syphilis. Le kabba est conçu comme une maladie distincte de la
syphilis (au stade caractérisé par des éruptions cutanéo-muqueuses),
mais cependant lié par un lien de causalité.
Kabba, ɗum nyawu ngu timmataa. Ɗum gaaye ndimata ngu. To
gaaye nanngi innu o hurgake, kabba boo nannga mo koppi, o
216
kaloo
waawataa yaago. Jokkuɗe fuu naawan. (Haman et Sannda
Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
La syphilis tertiaire est une maladie qui ne finit pas. C’est la syphilis
de stade secondaire qui en est la cause. Quand la syphilis secondaire
a affecté une personne et que celle-ci est guérie, la syphilis de stade
tertiaire l’affecte aux genoux : elle ne peut plus marcher. Elle a mal à
toutes les articulations.
karfa – ka (n.) ; < arabe [h¬arf] « tranchant (d’un couteau, d’une épée) »
► sortilège, opération magique destinée à désunir deux personnes qui,
jusqu’alors, étaient en bons termes (mari/épouse, père/fils, mère/fille,
patron/employé, etc.)
► séparation de deux personnes liées par alliance, parenté, amitié, etc.,
obtenue par des moyens magiques (par exemple en incorporant de la
poudre de feuilles d’indigotier ɓaleeriiho dans la sauce consommée par
l’une des personnes)
kawda – ka (n.)
► grigri qui protège contre les flèches et les balles
Haa ɓe ngaɗa kawda, ɓe ɗon kawta alooru bee ɓiɓɓe golommbi,
ɓiɓɓe saginaaje, ɓiɓɓe ɓale-ɓaleehi, ɓe nama ɗum bee bu’e
njamndi. Ɓe kooca kuroori ndii, ɓe ngaɗa layaaru. To goɗɗo ɓili
ndu, koo ɗume heɓataa mo. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 20-03-
05)
Pour faire une protection magique contre les flèches et les balles, on
associe un pique-bœuf avec des graines de Stereospermum kunthi-
anum, de saginaahi, de ɓale-ɓaleehi et on pile (le tout) avec des
scories de fer. Avec cette poudre, on fait un grigri. Celui qui le porte
au cou, rien (aucun projectile) ne pourra l’atteindre.
keeci – ɗi (n.)
► reins, bas du dos
Ɓe anndi waandu ɗon bee daande, ɓe mbaɗa ɓoggol e keeci. (Prov.)
On sait que le singe a un cou, (mais) on lui passe une corde aux reins.
(Normalement, on attache un animal par le cou, mais dans le cas du
singe, pour plus de sûreté, on lui passe une corde autour des reins.)
kiikook (interj.)
► onomatopée imitant le bruit de la respiration de l’enfant atteint de
coqueluche (bruit appelé « chant du coq ») ; cf. teko
To ɓinngel maa ɗon mari teko, a nanan ngel ɗon sonndoo noon,
maataa boo nder toon ‘kiikook !’, suy ɓaawo man ngayraa nango
ngel ɗon sonndoo, ngel waaloo zin ! (Dada Bouba, 35 ans, ménagère
peule, Dogba)
Si votre enfant a la coqueluche, vous l’entendez qui ne fait que
tousser, (et dans ses quintes de toux), vous saisirez « kiikoo ! », puis,
vous ne l’entendrez plus tousser, il s’évanouit.
226
kilo
Rewɓe feere ngiɗaa haala kilo ngam ɓe maɓɓitaaki. So naa noon,
ɓe ngaran. A anndi to goɗɗo janngaay boo, anndataa nafuuda
kilo. (Mme Agatha, CSI de Dougoï, Maroua, 26-07-04)
Certaines femmes ne veulent pas entendre parler de visite prénatale
car elles ne sont pas éduquées. Autrement, elles y viendraient. Tu sais
que lorsque qqn n’a pas été à l’école, il ne saisit pas l’utilité de la visite
prénatale.
Rewɓe reedu’en feere, koo worɓe maɓɓe ndokki ɓe ceede « Nje-
hee kilo ! », ɓe njaataa. Ɓe mbi’a ko Alla hoddiri kam, innu yehi
yahaay fuu, ɗum waɗan. Ɗume kilo nafata ? (Habiba Hamidou,
CSI de Makabay, Maroua, 24-06-04)
Certaines femmes enceintes, même si leur mari leur donne de l’argent
(en leur disant :) « Allez à la consultation prénatale ! », elles n’y vont
pas. Elles disent que ce que Dieu a décidé, qu’on y aille ou qu’on n’y
aille pas, cela arrivera. À quoi sert (donc) la visite prénatale ?
To debbo reeduujo wari kilo, min njaɓɓoo mo, min ɗaɓɓita
laargo joonde ɓinngel nder reedu, min ndaara haala poofɗe
maagel boo, min ɗaɓɓita boo debbo oo to walaa sukar nder ƴii-
ƴam bee taasoŋ, min ndaara gite maako boo. (Hamidou Adji, 35
ans, aide-soignant mofou, CSI de Makabay, Maroua, 06-09-04)
Lorsqu’une femme enceinte vient à la consultation prénatale, nous
l’accueillons, nous essayons de voir la position du bébé dans le ventre,
nous examinons son rythme cardiaque (litt. : nous regardons la
question de sa respiration [i.e. la respiration du bébé]), nous exa-
minons aussi si la femme n’a pas de sucre dans le sang ni de tension,
et nous lui examinons les yeux également (examen de la conjonctive
pour déceler des signes d’anémie).
Reeduujo sey tokkoo yaalɗirgo babal kilo. Dokta’en ndaara kilo
maako ɗoo, ɓe paama haala gaddol. (Adamou Ousmanou, 48 ans,
infirmier peul, Maroua, 15-04-04)
La femme enceinte doit se rendre régulièrement à la consultation
prénatale. Les personnels de santé vérifieront son poids, afin d’évaluer
les risques d’éclampsie (litt. : pour comprendre l’affaire d’éclampsie).
Ɓe ɗon ngaɗa kilo ngam haa ɓe ndaara noy ɓikkon reedu’en
nga’i nder reedu bee to woodi ko yahaay boo, ngam ɓikkon feere
mbaalataako dow laawol. Rewɓe feere boo maran sababuuji nder
ɓalli maɓɓe toon. (Aïssa Tchari, animatrice à l’hôpital de Bogo, 13-
08-04)
On effectue une visite prénatale pour voir comment sont placés les
bébés dans le ventre des femmes enceintes et aussi (pour voir) s’il y a
qqch. qui ne va pas, car certains enfants ne sont pas placés correctement.
Certaines femmes également ont des problèmes anatomiques.
Hanndeere ndee, to debbo yahataa kilo o wari haa o danya,
ɓinngel maako waɗi sababuuji, doktoor’en cuklantaako mo fuu,
227
kiloo
ngam ɓe mbi’a ɓe paamataa ko haɗi ngel wurtaago. (Mme Oubbo,
Zileng-Bappa, 01-06-04)
Actuellement, si une femme ne va pas à la consultation prénatale,
qu’elle arrive près d’accoucher et que son bébé ait des problèmes, les
infirmiers/médecins ne s’occuperont pas du tout d’elle car ils disent
qu’ils ne savent pas ce qui empêche l’enfant de sortir.
kine – ɗe (n.) ; < hinere ; (en fait, historiquement, hinere est un singulatif tiré du
pluriel kine ; [P. Gottschligg, communication personnelle])
► nez
Kine am ɗon ila [ndamba] ou kine am ɗon njuurta.
J’ai le nez qui coule.
Kine am cukki.
J’ai le nez bouché.
Nder henndu, goɗɗo foti foofa gilɗi ɗi njaanyana mo nyawu.
Kanjum waɗi kine goɗɗo ɗon bee gaasa nder toon. To goɗɗo
fooɗi henndu, koo ndu ɗon bee saltee, ɗe paloto dow gaasa goo.
(Adama Ousmanou, infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Dans l’air, la personne peut respirer des ‘germes’ qui lui provoqueront
une maladie. C’est pourquoi il y a des poils dans le nez. Lorsque l’on
respire de l’air, même si celui-ci contient des saletés, elles seront
bloquées sur les poils.
Mo miijaaki ŋatgo kine maa bee ndamba, taa miija ŋatgo
rummoodu maako bee bu’e. (Prov. ; Dahirou 2004, p. 56)
Celui qui n’a pas hésité à mordre ton nez morveux, (toi) n’hésite pas
à mordre son cul merdeux.
Haaje kine foofaango. (Prov.)
La raison d’être du nez, c’est la respiration.
228
koɗo
Margo kine, kanyum jey foofaango. (Prov.)
Si l’on a un nez, c’est pour respirer (et non pour faire joli).
● leggal kine
► os du nez (litt. : bois du nez)
INSULTES
O walaa kine ba caaɗngu.
Il n’a pas plus de nez qu’une bête crevée.
Ɓiiraa kine maa ɗon paŋtii bana gaduuru ɗoo !
Tu as des narines énormes comme celles d’un porc !
Kine yaa maa !
Le nez de ta mère !
faŋtoo-kine
qui a le nez évasé (litt. : qui est largement ouvert du nez)
kine fuufordu
nez très long (litt. : nez de grande flûte)
kine mbamnga comnga
nez de bourrique fatiguée
kine ndamba
nez morveux
kine tunkusa
nez plat (litt. : nez de tourteau d’arachide)
229
ko’el-suka
l’esclave du maître de la concession.)
Mbarooga boo woodi koɗa na ? (Prov.)
Y a-t-il un endroit où le lion ne soit chez lui ? (Litt. : le lion quant à
lui est-il un hôte/invité ? I.e. : le lion est partout chez lui.)
To a yiɗaa koɗo maaɗa neeɓa, weernu mo dow tapaare. (Prov.,
Modibo Bello Amadou ; Tourneux et Yaya 1998, p. 432-433)
Si tu ne veux pas que ton hôte s’éternise, installe-le sur une dalle de
rocher.
230
ko’el-suka
mbaran. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Lorsqu’un enfant a le ko’el-suka, il maigrit (litt. : son corps finit), sa
tête grossit, parfois, la fontanelle s’affaisse. Mais, lorsque des plaies
apparaissent sur sa tête, il est difficile qu’il guérisse. C’est mortel.
CAUSES
Ko jaanyata ko’el-suka, ɗum hooƴgo ɓinngel keccel wurtina ngel
diga ngel siwaa. To henndu fiyi ngel deydey nguɗumre, bee to
henndu naasti nder noppi maagel, kanjum waɗata nyawu nguu.
Ngam hoore ɓinngel ɗelmi jamum. Haa amin ɗoo boo, goɗɗo
feere anndaa haala ɓikkon, o ɗon fijira ngel haa hoore maagel
sennditoo. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul, Dogba,
27-04-04)
Ce qui provoque le ko’el-suka, c’est le fait de faire sortir un nouveau-
né trop tôt. Si le vent le frappe sur la fontanelle, et si le vent lui entre
dans les oreilles, c’est cela qui provoque cette maladie. En effet, la
tête du bébé est très mince. Chez nous aussi, certains ne connaissent
rien aux enfants, ils jouent avec jusqu’à ce que leur tête se sépare en
deux.
TRAITEMENT
Ɓe ɗon ɗaɓɓita urdi nyaaɗndi ɓe nguja dow nguɗumre ɓinngel,
ɓe nguja leɗɗe petinaari-gorki haa babal cennditiingal ɗoo.
(Mama Kaltoum, ménagère, Dogba, 05-05-04).
On cherche un parfum très fort que l’on frotte sur la fontanelle de
l’enfant, et l’on oint l’endroit fendu avec (?) de (plante non
déterminée).
Ɓe ɗon nama yowtere geelooki kawta bee urdi suwa [ndi ɗon
bana ɓikkon tinyeeje], ɓe keɓa leeɓol, ɓe njiiɓda ɗum, suy ɓe
tokkoo wujango hoore ɓinngel haa ɗum hoyna. To ɓe ɗon ngiiwa
ngel, taata ɓe loota hoore maagel baakin asaweere. To asaweere
fiilti, ngu yamɗitaay, ɓe lalla nde, ɓe puɗɗita wujugo feere fahin.
[...] Mi wi’a daada ɓinngel taa o fijira ngel meere meere, taa boo
juuɗe ɗuuɗa dow maagel. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans,
guérisseur peul, Dogba, 27-04-04)
On écrase du gui de Guiera senegalensis en association avec urdi
suwa (litt. : parfum d’Arabe) (il ressemble aux graines d’oignon), on
prend du beurre frais et on malaxe le tout ; puis, on en frotte la tête de
l’enfant jusqu’à ce qu’il y ait amélioration. Quand on lave (l’enfant),
on ne doit pas lui mouiller la tête pendant environ une semaine. Au
bout d’une semaine, si la maladie n’est pas guérie, on rince (la
fontanelle) et l’on frotte de nouveau (la tête). (...) Je dis à la mère de
l’enfant de ne pas jouer avec lui à tout moment, et qu’il n’y ait pas
non plus trop de personnes à le manipuler.
231
kokaa
Bismillaahi !
Aw tummu
Awtiimi tummu
Tawmi tummu
Tawtumi tummu e junngo Alla !
Alla jey tummu, miin jey goonga
Bana tummitoomi jotta e lesdi
Ba teppere yaa sulkummi jotta e lesdi.
Ko tawmi saayake, ko tawmi saayi.
Mi fiɗɗa gite, mi dimmba nder ... (?)
(Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
(Exemple de formule secrète employée pour soigner le ko’el-suka.
Certains membres de phrase sont compréhensibles, mais d’autres non.
Le dernier mot de la formule manque. Il a été omis volontairement par
l’informateur.)
Lekki ko’el-suka, sey goɗɗo heɓa geelooki bee ɓikkon urdi-
sulaaɓe, kon ɗon bana ɓikkon gubuɗo. Nyaancaa kon haa kon
ɓennda, kawtaa namaa kon bee geelooki, njiiɓaa ɗum pat bee
leeɓol haa horde. Horde ndee boo, sey ngewaa huudu maare. Suy,
njo’’inaa, tokkoɗaa ɓakkango ɓinngel haa hoore maagel. Ɓaawo
ɗoon, a yi’an ƴiƴe hoore maagel kawti, caarol taƴi, tuure darake,
ɓinngel boo acci woygo. (Dada Bouba, 35 ans, ménagère peule,
Dogba, 22-09-04)
Pour soigner le ko’el-suka, il faut prendre du Guiera senegalensis avec
des graines d’Hyptis spicigera, elles ressemblent aux graines de
Ceratotheca sesamoides. Grillez-les bien, écrasez-les avec le G. sene-
galensis, mélangez le tout avec du beurre frais dans une louche en
calebasse. La louche, il faut en briser la poignée. Ensuite, posez (la
louche) et enduisez régulièrement la tête de l’enfant (avec la pommade
obtenue). Ensuite, vous verrez les os de son crâne se recoller, sa diar-
rhée et ses vomissements cesser et l’enfant ne pleurera plus.
[To haa ɓe kurga ko’el-suka], yimɓe feere ɗon takka hurnaaho
dow nguɗumre ɓinngel, ammaa, miin kam, mi ƴaran babal ngaal
bee reeza, mi taƴa ɗaɗol ngonngol dow toon. Ndeen, ngel yamɗita.
(Hamadou Amada, guérisseur, Gazawa, 04-05-04)
(Pour soigner la maladie de la fontanelle), certains appliquent des
feuilles de Ziziphus spina-christi sur la fontanelle de l’enfant, mais
moi, je scarifie l’endroit avec une lame de rasoir et je sectionne la
veine qui se trouve là. Ensuite, l’enfant guérit.
kooƴe – ɗe (n.)
► faim matinale ; cf. weelo
Haa yaasi wuro, bee mbaalndi ɓe ngewrata kooƴe.
Au village, c’est avec de la « boule » qui a passé la nuit que l’on fait
son petit déjeuner (litt. : que l’on rompt la faim matinale).
238
koros
koros – nga < emprunt
► blennorragie, gonococcie ; syn. gonoo, sompis ; cf. nyawu
Ko saalii, ɓurna njeenooɓe fuu ɗon nyawa koros.
Auparavant, la plupart des amateurs de relations sexuelles illicites
avaient la gonococcie.
Yimɓe ɗon mbi’a nyawu koros ɗum nyawu rewɓe.
On dit que la gonococcie est une maladie (transmise par) les femmes.
DESCRIPTION
To debbo nyawɗo koros, a tawan kalisooŋ maako tum ɗon soofi,
ɗum huunde nanndunde nyallunde wurtotoo haa maako. Sey
feere jaanyana mo naawreenga les reedu. (Vina Albert, infirmier,
Makabaye, 15-04-04)
Quand une femme a la blennorragie / gonococcie, on constate que son
slip est toujours mouillé ; il y a qqch. qui ressemble à du lait caillé qui
sort d’elle. Souvent cela lui donne des douleurs dans le bas-ventre.
To goɗɗo wari wi’i o waawataa sillugo, malla to o silli, mbordi
ɗon sakitoo bee ƴiiƴam seɗɗa, min mbi’a mo ɗum koros o nyawi.
[...] Nyawu nguu aartan wangugo haa gorko, ngam laawol gootol
tan o mari, ɗum zakari o hawtirta bee debbo, gal toon boo o
sillirta. Ammaa debbo oo, to ngu naasti mo, waɗan lebbi jeego’o
foddeeko ngu wanga, ngam o ɗon mari laabi ɗiɗi feere feere,
laawol mooɓodal bee laawol sillugo. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-
soignant guiziga, Meskine, 07-04-04)
Si qqn vient dire qu’il ne peut pas pisser ou que l’urine est suivie de
pus et d’un peu de sang, nous lui disons qu’il a la gonococcie. (...)
Cette maladie se manifeste en premier chez l’homme, car il ne
possède qu’un seul canal, c’est le pénis avec lequel il s’unit à la femme
et par où il urine également. Mais la femme, quand elle est infectée
(lit.: quand elle (maladie) est entrée en elle), cela peut prendre six mois
avant que la maladie se manifeste, parce qu’elle a deux canaux
séparés, le vagin et l’urètre.
CAUSES
Kuuje ɗiɗi ngaddata koros. Aran, to innu yiiwrake bee sooso
marɗo koros ; ɓaawo man, ko ɓurata waddugo ngu, waaldaago
bee nyawɗo koros. (Vina Albert, infirmier, Makabaye, 15-04-04)
Il y a deux choses qui donnent la blennorragie/gonococcie. Premier
cas, si qqn se lave avec une éponge contaminée ; deuxième cas, ce qui
donne le plus souvent cette (maladie), c’est de coucher avec qqn qui
l’a.
Ko watta [= waɗata] nyawu koros, ɗum jeengo bee goɗɗo nyawɗo
ngu. Feere boo, to goɗɗo hawti bee debbo koo jamo, to o jippake
ni, o telloo, ndeen mani luttunoonga goo lortoo nder ɓanndu
maako, suy jaayana mo koros. [...] To mani man lortake nder
239
koros
ɓanndu maako, nga huucataa haa suudu maaga, nga yaha nga
jooɗoo haa pellel feere, suy nyola. To nyoli, yaha yeeso yeeso,
ndeen ila, laatoo koros. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur
peul, Dogba, 27-04-04)
Ce qui provoque la gonococcie, c’est de commettre l’adultère avec
une personne qui l’a. Parfois, si qqn s’unit à une femme même en
bonne santé, quand il descend, il se couche sur le dos, et le sperme qui
reste retourne dans son corps, puis lui donne la gonococcie. (...)
Lorsque le sperme retourne dans son corps, il ne rentre pas dans son
compartiment (vésicule séminale), il va rester ailleurs puis il se
décompose. Cette décomposition se développe, puis coule et se
transforme en gonococcie.
Sompis, ɗum nyawu lesre. Maniiji feere feere mooɓtotoo haa nder
toon haa ɗum sukka laawol cille. Ɗi mooɓtoto haa yimɓe yiɗɓe
waalodaago bee rewɓe feere feere jur. Nde goɗɗo oo yiɗi sillugo
fuu, kanjum wurtotoo. O soofan meere meere boo. Ɗum naawan
boo. (Mal Saïdou Djakaou, guérisseur guiziga, Ligazang-Loubour,
22-05-04)
La gonococcie est une maladie vénérienne. Des spermes divers s’a-
massent là-dedans (chez l’homme) jusqu’à ce que ça bouche l’urètre.
Ils s’amassent chez les (hommes) qui aiment coucher avec beaucoup
de femmes différentes. Chaque fois que (l’homme) veut pisser, c’est
ça qui sort. Il pisse souvent, aussi. Cela fait mal également.
To goɗɗo waalodake bee debbo haa o somi, mani boo salii wur-
taago, to o jippake, ɗum fuɗɗan wurtaago, ammaa ɗum yotta-
taako yaasi mbasu, ɗum selan laawol feere, laatoo mbordi. Koo
to o ɗon waalodoo bee debbo goɗɗo, o timminaay rufango mo
mani, ɓe tawdi ɓe, ndeen o ummoto o dogga bee luttuɗum mani
nder mbasu. Luttuɗum man selan laawol, laatoyoo mbordi. To
mani laatake mbordi, ɗum tamoyto bana hayre. To waɗi haa
jeeɗiɗi, maɓɓan laawol cille. Koo bu’e fuu ngurtataako. Ndeen
goɗɗo oo, o wi’an ɗum fiɓre. To mani ngaa seli naasti suudu-cille,
hawtan kalkal bee cille ɗee, ndeen, haɗan ɗe wurtaago. Sey
mbordi noon wurtotoo. O maatan bana njaareendi nder toon.
Ɗum naawan. To neeɓi, nyaamtan mbasu. To ɗum fiɓre boo, to
waali o sillaay bee o bu’aay, o maayan tan. (Mal Aladji Abba,
guérisseur, Dir, 24-05-04)
Si qqn couche avec une femme jusqu’à être fatigué et que le sperme
refuse de sortir, s’il descend (de dessus la femme), cela commencera
à sortir, mais cela n’atteindra pas l’extérieur du pénis, cela prendra
une autre route et deviendra du pus. De même, s’il couche avec la
femme de qqn, qu’il n’a pas fini de lui verser son sperme et qu’on les
trouve ensemble, alors, il se lève et s’enfuit avec le reste du sperme
dans le pénis. Ce reste (de sperme) bifurquera et s’en ira devenir du
pus. Quand le sperme est devenu pus, cela va former une boule (dure)
240
kosam
comme une pierre. Quand cela arrive à sept, cela bouche l’urètre.
Même les selles ne peuvent pas sortir. Alors, la personne dit qu’il
s’agit d’une occlusion. Lorsque le sperme bifurque et pénètre dans la
vessie, il se mélange avec l’urine et les empêche de sortir. Il ne sort
que du pus. Il a l’impression qu’il y a comme du sable là-dedans. Cela
fait mal. Si cela dure, cela (lui) rongera petit à petit le pénis. En cas
d’occlusion, après une nuit sans pisser et sans chier, il mourra.
PRÉVENTION
To a yiɗi hisgo koros, sey kulanaa hoore maa, malla kuuwraa bee
kawsu, malla boo, to a hawti bee debbo, to a timmini, ummoɗaa
njahaa ɓaawo-suudu, lallaa zakari maa. To Alla muuyi, a hisan
ngu. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul, Dogba, 27-04-
04)
Si tu veux éviter la gonococcie, tu dois te méfier ou employer un
préservatif, ou bien encore, lorsque tu t’es uni à une femme, quand tu
as fini, tu vas à la toilette rincer ton pénis. Si Dieu le veut, tu l’éviteras.
TRAITEMENT
To goɗɗo ɗon silla mbordi, mi dolla seɓre dukuuhi-ladde bee
seereehi, hokka mo o yara. [...] To ɗum fiɓre sompis, o dolla seɓre
tanni bee daɗi urdi-sulaaɓe bee haako gannye, o yara. Ɗum
fiistoo mo, neeɓataa sam. Ɓaawo ɗoon, o saaran jur haa o fooƴa.
(Mal Aladji Abba, guérisseur, Dir, 24-05-04)
Lorsque la personne pisse du pus, je lui fais prendre une décoction
d’écorce fraîche d’Annona senegalensis et de Combretum molle. (...)
En cas de difficultés urinaires causées par la gonococcie, (le malade)
doit prendre une décoction d’écorce fraîche de Balanites aegyptiaca,
de racines d’Hyptis spicigera et de feuilles d’Azadyrachta indica.
Cela le libérera sans délai. Ensuite, il aura une forte diarrhée au point
de maigrir.
DIAGNOSTIC
To haa heɓta kosam daada wonnake, hooca ɗam loowa nder
laalawal, sakkina nyuunyu nder maajam. To ngu waati maa, ɗam
wonnake. Naafki daada boo nyaanyan, enɗi boo uppa, ɗi ila.
(Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
Pour savoir si le lait de la mère est mauvais, on en met dans un tesson
de calebasse et on y jette une petite fourmi noire (Pachycondyla sp.).
Si elle meurt, le lait est mauvais. (Par ailleurs), la mère a des
démangeaisons aux aisselles, ses seins enflent et coulent.
Goɗɗo feere boo hooƴa wulna njamndi haa yiite. Hooƴa toɓɓa
kosam dow maari. To ɗam njamam, ɗam saalotoo, ɗam diirtoo
haa lesdi, ammaa to ɗam nyawɗam, ɗam diirtataako, ɗam ɗon
jooɗii babal gootal noon dow njamndi maajum ƴuufa. (Aladji
Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
On peut aussi prendre et faire chauffer un fer au feu. On fait tomber
dessus quelques gouttes de lait. S’il est sain, il glisse par terre, mais
s’il est mauvais, il ne glisse pas, il reste sur place sur le fer et
bouillonne.
To kosam debbo wonnake, enɗi maako ɓulan jur jur, kosam
maako warta bana ndiyam ; to goɗɗo mettake ɗam, maatan bana
citta. Koo o hooci nyuunyu o loowi nder maajam, ngu waatan.
(Mamma, hospitalisée avec son bébé à Bogo, 28-06-04)
Lorsque le lait d’une femme est gâté, ses seins coulent beaucoup, son
242
kosam
lait devient comme de l’eau ; si l’on y goûte, on dirait du piment.
Même si on y plonge une fourmi Pachycondyla, elle crève.
CAUSES
Ɓikkon am ɗon torriree bee enɗam am. Mi anndaa to ɗum say-
ɗaan, to ɗum nyawu nanngata kon. Ko paamanmi kam, ɗum say-
ɗaan, ngam, to mi danyi ɓinngel debbo, ɗum tullan. (Dada Bouba,
35 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Mes enfants souffrent de mon lait. Je ne sais si c’est un diable ou une
maladie qui les prend. Ce que je crois, c’est qu’il s’agit d’un diable,
car, lorsque j’accouche d’une fille, cela empire.
Kosam daada feere ɗon wonnoo to lewru ɗon daroo, goɗɗo feere,
to ndu waɗi leelewal ; goɗɗo feere boo, to ndu ɗon muta, ndu waɗi
nyiɓre. (Adji, ménagère, Dogba, 24-05-04)
Le lait de certaines mères se gâte lors de la lune ascendante (nouvelle
lune), pour d’autres, c’est à la pleine lune (litt. : lorsqu’elle luit) ; pour
d’autres encore, c’est à la fin du mois lunaire (litt. : lorsqu’elle se
couche) et que la nuit est noire.
Ɓe ɗon mbi’a to lewru wari daraago bee to ndu wari timmugo,
wurde ɗon sukkitoo haa enndu debbo. [...] Woodi burɗe dow
hunnduko enɗi. Gal maaje kosam wurtotoo to debbo ɓesni. To ɗe
cukkitake wakkati daraago lewru malla boo mutki maaru, kosam
debbo wonnoto. (Mamma, hospitalisée avec son bébé à Bogo, 28-06-
04)
On dit que, lors de la lune ascendante ou à la fin du mois lunaire, un
trou se forme dans le sein de la femme. (...) Il y a des trous sur les
mamelons. C’est par là que sort le lait lorsque la femme accouche.
S’ils se débouchent à l’apparition ou à la disparition de la lune, le lait
de la femme se gâte. (Par ce trou coule en abondance un liquide qui
ressemble à de l’eau. C’est lui qu’on appelle « mauvais lait » et qui
donne la diarrhée à l’enfant.)
To debbo ƴaɓɓake kuuje goɗɗe malla o nyaami nyaamdu feere,
ɗum wonnan mo kosam. Ƴaɓɓaago bana nyaande gawri,
dubbuɗe bamɗe malla dubbuɗe pucci, ɗum wonnan kosam. [...]
Nyaamdu boo, bana ƴakkkugo mbay kecca, malla nyaamgo
haako lakasko, ɗoo fuu wonnan kosam. (Mamma, hospitalisée avec
son bébé à Bogo, 28-06-04)
Si une femme enjambe certaines choses ou mange certaine nourriture,
cela lui gâte son lait. Le fait d’enjamber par exemple de la bale de
sorgho, du crottin d’âne ou de cheval, cela gâte le lait. (...) Pour ce qui
est des aliments, manger du manioc cru, par exemple, ou une sauce
insipide, tout cela gâte le lait. (De même, la consommation
d’aubergine amère kuyta, selon Asta Fidjondé, ménagère peule,
Dogba, 22-09-04.)
To debbo ɗon bee ɓinngel musinangel, saa’i feere kosam maako
243
kosam
wonnoto, waatoo ɗam selba, feere boo ɗam tekka bana mbordi.
To ɗam warti bana nii, ɗum neeɓataa mbargo ɓinngel. Ko
waɗata ɗum boo, debbo oo ɗon ƴakka biriiji kecci, kanjum
tekkinta kosam bana mbordi. [...] Feere boo, daada nyaamataa
haako welko. Kosam ɗaam selba bana ndiyam. Ɗam walaa
nafuuda gal ɓinngel. Kanjum boo saarnan ngel, ngel tampan, suy
ngel maaya. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-05-04)
Quand une femme a un bébé au sein, il arrive que son lait se gâte,
c’est-à-dire qu’il devient trop fluide ou bien qu’il est épais comme du
pus. Quand il devient comme ça (i.e. trop épais), cela ne tarde pas à
faire mourir l’enfant. Ce qui provoque cela, c’est que la mère mange
des arachides fraîches, c’est ça qui rend le lait épais comme du pus.
(...) Parfois aussi, la mère ne mange pas de bonne sauce. Le lait
devient fluide comme de l’eau. Il n’est pas nourrissant (litt. : n’a pas
d’utilité) pour l’enfant. C’est cela qui lui donnera la diarrhée, il
s’affaiblira, puis il mourra.
TRAITEMENT EN CAS DE LAIT DE MAUVAISE QUALITÉ
To haa ɓe nyawnda ɗam, ɓe kooca lesdi ngonanndi les ndoondi
kaatinɗe. Ɓe njilla ndi bee ndiyam nder laalawal, ɓe nguja dow
enɗi maako. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum, Petté,
28-05-04)
Pour soigner le (mauvais lait), on prend de la terre qui se trouve sous
la cendre du foyer. On la mélange avec de l’eau dans le tesson de
calebasse et l’on enduit les seins de (la mère avec la boue obtenue).
Debbo mo kosam mum wonnii, o defa haako kosamhi bee haako
baggamhi, o hawta bee kusel heŋre bee nebbam, o nyaama baakin
balɗe ɗiɗi, ndeen kosam maako meetataa wonnaago sey to
ɓinngel maako mawni. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-05-04)
La femme dont le lait est gâté doit cuire des feuilles de kosamhi et de
Cochlospermum tinctorium ; (puis) elle y ajoute du foie et de l’huile,
et elle consomme cela pendant environ deux jours ; ensuite, son lait
ne pourra plus se gâter avant que son enfant ait grandi.
Kuugal jammbal-joohi gootal noon : ɓe nyawndirta kosam
mbonniiɗam. Leɗɗe feere boo ɗon, masalan bana silamkatiihi,
dukuuhi, yowtere dundeehi, seɓre ceekeehi, yowtere nammaa-
reehi, itta dolla, daada yiiwoo, yarna ɓinngel. Ceekeehi daneehi
fuu, ɓe ceɓa ɓe ndolla, ɓe ciiwa, daada yiiwoo, yara, yarna ɓinngel
boo, yiiwa ngel. Feere boo ɗon kofelhi, ɓe njilla bee njumri, ɓe
mustina ɓinngel. Ɓe ɗon ceɓa kaabi-koonaahi ɓe ndolla ɓe njarna
ɓinngel. (Baba Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
L’Ocimum canum sert à une seule chose : soigner le mauvais lait. Il existe
également d’autres remèdes, comme Chrozophora senegalensis, le
papayer, le gui de Ficus platyphylla, l’écorce fraîche de Ficus ingens, le
gui de Bauhinia rufescens ; on en fait une décoction, la mère se lave avec
244
kosam
et en fait boire à l’enfant. Le Ficus thonningii également, on en prend
l’écorce fraîche que l’on fait bouillir, (puis) on verse le décocté (en
empêchant les parties solides de passer), la mère se lave avec, en boit, en
fait boire à l’enfant et le lave avec. Parfois, il y a aussi le Trichilia
emetica ; on le mélange avec du miel et on le donne à l’enfant avec le
doigt. On prend de l’écorce fraîche de Commiphora kerstingii que l’on
fait bouillir et que l’on fait boire à l’enfant.
To kosam debbo wonnake, o dolla haako jammbal-joohi, o yara o
yarna ɓiyiiko. Ndeen o ɓira kosam ngonɗam nder enɗi maako. O
ɓira jur haa hoore maako naawa. Ɓaawo man, to kosam ɗaam ɓuli
ni, ɗam woo’tan. (Djebba, ménagère, Maroua, avril 2004)
Lorsque le lait d’une femme est mauvais, elle doit faire une décoction
de feuilles d’Ocimum canum, en boire et en faire boire à son enfant.
Ensuite, elle doit tirer le lait qui se trouve dans ses seins. Elle doit en
tirer beaucoup, jusqu’à ce qu’elle ait mal à la tête. Ensuite, le lait qui
sortira sera redevenu bon.
To kosam daada wonnake, heɓa nammaareehi bee jammbal-
joohi, hawta dolla, lummba ɓinngel. (Ayya Farikou, 39 ans,
ménagère peule, Petté, 07-05-04)
Lorsque le lait de la mère est altéré, on prend (des feuilles de) Bau-
hinia rufescens et d’Ocimum canum que l’on fait bouillir ensemble, et
l’on assoit l’enfant (dans le décocté).
To debbo ɓesɗo ɗon seka kosam maako yiɗi wonnaago, o dolla
haako nalle, o yara, o yiiwoo, o lalla enɗi maako. (Astawabi, 55
ans, ménagère peule, Petté, 26-05-04)
Quand une accouchée pense que son lait va se gâter, elle doit faire
bouillir des feuilles de henné, boire (le décocté) et se laver avec, et
rincer ses seins avec.
To kosam [daada] wonnake, o hooca jammbal-joohi koo joorki
koo kecci, o dolla bee kilbu, o yara, o lalla enɗi maako. (Adji,
ménagère, Dogba, 24-05-04)
Lorsque le lait (de la mère) est mauvais, elle prend de l’Ocimum
canum soit sec soit frais, elle le fait bouillir avec du natron, (puis) elle
boit (le décocté) et se lave les seins avec.
Min ɗon kaɗa daada ɓikkon’en yarnugo kon leɗɗe Ɓaleeɓe. [...]
Ɓurna leɗɗe ɓe kuuwrata fuu, ɗum haala kosam. Ɓe mbi’a
kosam maɓɓe wooɗaay, malla boo ɗam timmi, sey ɓe ndolla leɗɗe
maajum ɓe njara, ɓe njarna kon, asee ɓe anndaa ɗum torran kon.
To ɓe ngari haa amin, min tawa kosam maɓɓe walaa ko waɗi
ɗam. Ɓurnal nyawuuji ɓe limtata haa fattude ɗoo fuu, min ɗon
tawa ɗum sooynde nyaamdu tan waɗta ɗi. (Atchibi Thérèse, aide-
soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
Nous interdisons aux mères de faire boire à leurs enfants les remèdes
indigènes. (...) La plupart des remèdes qu’elles utilisent concernent le
245
kosam
lait. Elles disent que leur lait n’est pas bon ou qu’il est tari, qu’elles
doivent préparer le remède adapté, le boire et le faire boire aux
enfants ; en fait, elles ignorent que cela les fait souffrir. Quand elles
viennent nous voir, nous constatons que leur lait est normal. La
plupart des maladies que l’on recense au quartier, nous constatons
qu’elles sont causées par la sous-alimentation seulement.
To kosam debbo wonnake, o hooƴa ɓikkon duukuuje, o hawta bee
gawri majeeri, o nama, o waɗira gaari bee kuroori maajum, o
yara. To o waɗi saa’a kam, kosam maako wootan. (Mamma,
hospitalisée avec son bébé à Bogo, 28-06-04)
Lorsque le lait d’une femme est gâté, elle doit prendre des graines de
papaye avec du sorgho repiqué à grains blancs, écraser (le tout) et en
faire une bouillie qu’elle boira. Si elle a de la chance, son lait
redeviendra bon.
[To kosam daada wonnake], o heɓa haako gaadal tinyeerewal, o
una bee gawri majeeri, o harnoo gaari, o yara haa o haara,
ammaa, o yarnataa ɓinngel. Ɓaawo man, enɗi maako laaɓan tal,
suy o hokka ɓinngel maako musina. (Dada Bouba, 35 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
(Lorsque le lait de la mère est « gâté »), elle doit se procurer les
feuilles d’un géophyte qui ressemble à l’oignon, les piler avec du
sorgho repiqué à grain blanc, en faire une bouillie qu’elle boira
jusqu’à satiété, cependant, elle n’en fera pas boire à l’enfant. Ensuite,
ses seins deviendront très « propres », et elle (les) donnera à téter à
l’enfant.
Ɓe ɗon kurgira to kosam wonnake bee haako gillaahi malla boo
haako dukuuhi. Danyɗo itta ko, dolla, yara, lalla enɗi mum. (Asta
Fidjondé, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
En cas de mauvais lait, on soigne avec des feuilles de Kigelia africana
ou de Carica papaya. L’accouchée en prend, les fait bouillir (dans de
l’eau), boit le décocté et se lave les seins avec. (On notera que ces
deux végétaux, le « saucissonnier » et le papayer ont des fruits dont la
forme évoque celle des seins.)
To kosam wonnake, mi itta haako dukuuhi, mi wogga dow enɗi
debbo oo. Taa boo o ƴeewnoo innde haako koo, ngam to o
ƴeewnake, ko nafataa fahin. Mi ittoya fahin boo lekki belɗamhi,
mi dolla, o yara bee ɓinngel maako baakin nyalɗe ɗiɗi. Ndeen
ɗam wootan. (Didja épouse Ousmanou, guérisseuse peule, Dargala,
09-06-04)
Si le lait est « gâté », je cueille des feuilles de papayer et je les frotte
sur les seins de la femme. Il ne faut pas qu’elle prononce le nom de
cette feuille, car, si elle le faisait, elle perdrait son efficacité. Je vais
encore cueillir la plante Abrus precatorius, je la fais bouillir, elle et
son enfant en boivent (le décocté) pendant environ deux jours. Puis,
246
kosngal
(le lait) redevient bon.
TRAITEMENT EN CAS DE LAIT TROP PEU ABONDANT
Sooynde nyaamdu timminta kosam. To debbo yiɗi ɗam ɓula, sey
o harnoo mbusiri o yara nde weeti fuu, taa o senndira bee maari.
Ɓesnuɗo mo walaa kosam, hooƴa haako dubaaho hecco, o nama
bee kilbu, o jiiɓa bee ndiyam, o siiwa, suy o yara ndiyam man, o
lalla enɗi maako. Ndeen, o toɓɓa ɓinngel maako boo. Feere boo,
ɓe ɗon coofna mannda haako, ɓe njara seeɗa nde weeti fuu haa
kosam ɓula. (Adji, ménagère, Dogba, 24-05-04)
C’est le manque de nourriture (i.e. une alimentation insuffisante) qui
fait tarir le lait. Si la femme veut avoir (du lait), elle doit préparer une
bouillie et la consommer chaque matin, sans interruption. La nouvelle
accouchée qui n’a pas de lait doit prendre des feuilles fraîches de
Balanites aegyptiaca, les écraser avec du natron, mélanger le tout
dans de l’eau, verser doucement de façon à laisser la partie solide au
fond du récipient, et boire le liquide (ainsi obtenu), puis se frotter les
seins avec. Ensuite, elle doit aussi en faire tomber quelques gouttes
(dans la bouche de) l’enfant. Parfois, on mouille du sel de cuisine et
l’on en boit un peu chaque matin pour avoir du lait.
● kosam goŋgoŋ
► lait en boîte
Jotta ɗoo, doole ɓinngel nyawa, ngam ngel heɓataa ndollam, sey
kosam daada maagel, sey ndiyam ɓaleejam haa ngel yaha lebbi
baakin tati nay ɓe ndokka ngel mbusiri cookri malla marndi
sukar, malla hanndeere ndee, mbusiri cookri bee maaroori. Ɓe
ɗon mbi’a maaroori ɗon mari vitamiin. Margo vitamiin kam
walaa ko ɓuri njigaari, muskuwaari bee muuri ; kanjum waddata
njamu ɓinngel keccel. (Oubboré Saliou, 48 ans, ménagère guidar,
Zileng-Bappa, 12-03-04)
Actuellement, l’enfant est malade obligatoirement, car il ne prend pas
de bouillon de sorgho natroné, mais seulement le lait de sa mère et de
l’eau pure jusqu’à trois ou quatre mois où on lui donne de la bouillie
simple ou sucrée, ou encore, de nos jours, de la bouillie simple avec
du riz. On dit que le riz est riche en vitamines. Pour ce qui est des
vitamines, rien ne vaut le sorgho pluvial rouge, le sorgho repiqué et le
petit mil hâtif. Voilà ce qui procure la santé au bébé.
247
kosngal
Kosngal woni mbanndiigu. (Prov.)
Les visites (que l’on se rend) entretiennent la parenté. (Litt. : la jambe
est un lien de parenté.)
Kosngal haa lesdi, mboodi boo haa lesdi. (Prov.)
Le pied est par terre, le serpent aussi est par terre. (Il faut toujours être
sur le qui-vive ; le danger n’est jamais loin.)
Kosɗe pure ɓuran dubbe pure. (Prov.)
Pieds sales valent mieux que derrière sale. (C’est le fainéant qui se
salit le derrière en restant assis sans rien faire.)
O heɓti kosɗe maako jam.
Sa grossesse s’est bien passée. (Euphémisme ; litt. : elle a retrouvé ses
jambes comme il faut.)
To debbo yiɗaa waaldaago bee gorko maako, o waalindira kosɗe,
malla o hokkita mo ɓaawo.
Si une femme ne veut pas coucher avec son mari, elle croise les
jambes ou lui tourne le dos.
● ɓernde kosngal ou nder kosngal
► plante du pied (litt. : le ‘cœur’ du pied ou l’intérieur du pied)
● caka kosɗe
► sexe (euphémisme ; litt. : entre les jambes)
Min ɗon ndaara caka kosɗe reedu’en fuu haala nyawuuji goɗɗi.
(Bernadette Godwé, CSI de Dougoï, Maroua, 07-09-04)
Nous examinons également le sexe des femmes enceintes relati-
vement à certaines maladies.
● daande kosngal
► cou de pied
● aaroo-kosɗeejo
► (personne) aux jambes arquées (litt. : (qqn) qui est arqué de jambes)
248
koyoowu
► au sens métaphorique, « exemple, modèle »
Ɓinngel yaaktoto kosngal baaba mum.
L’enfant suit l’exemple de son père.
kurgoowo / hurgooɓe – o/ɓe (n.d.v.) ; < hurgoo < kanuri ; cf. hurga
► guérisseur
Ce type de guérisseur fait appel à la pharmacopée pour soigner les
250
kurgoowo
malades. Ceux d’entre eux qui se présentent sous l’étiquette de « tradi-
praticiens » (en français), sont généralement de véritables charlatans,
exploitant la crédulité populaire. Parmi tous les soignants, on peut
distinguer :
(1) kurgoowo ɓikkon (guérisseur / guérisseuse d’enfants) ; c’est
généralement un barbier ou une vieille femme spécialisés dans les
pathologies spécifiques aux enfants ; ils peuvent parfois soigner aussi
bien les adultes ;
(2) kurgoowo bee leɗɗe Ɓaleeɓe (guérisseur / guérisseuse avec les
remèdes indigènes) ; ce peut être un homme ou une femme ; on
l’appelle généralement du simple nom de kurgoowo ; c’est le
guérisseur traditionnel ;
(3) kurgoowo ginnaaji (guérisseuse / guérisseur de djinns) ; c’est
souvent une femme, mais cela peut aussi être un homme, qui agit
comme un médium entre les génies et le patient, établit son diagnostic
et prescrit un traitement après consultation d’un génie particulier ;
cf. ginnawol ;
(4) wannjamjo (barbier) ; c’est toujours un homme. Outre ses
activités de barbier, il circoncit les garçons, pratique l’uvulectomie,
scarifie les nouveau-nés et les rase ;
(5) kurgoowo dabbaaji (guérisseur de bétail) ; le rôle est tenu par un
homme qui pratique une médecine vétérinaire en tout point parallèle
à celle que pratique le guérisseur des humains ;
(6) jokkoowo ou beero (rebouteux) ; c’est un homme (l’exercice de
cet art nécessite souvent l’utilisation de la force physique) qui
traite les entorses et fractures ; il peut aussi soulager les abcès en les
incisant et en les curant ;
(7) ɓesninoowo (accoucheuse) ; traditionnellement, c’est toujours
une femme, qui assiste les parturientes ;
(8) mallum (marabout), homme ou femme, spécialiste du Coran, qui
soigne en crachotant sur le/la malade en prononçant des formules
coraniques, ou qui lui fait boire des rinçures d’écrits coraniques ;
(9) buudeejo (c’est le « charlatan » de la littérature coloniale) ; c’est un
homme qui soigne par des procédés magiques peu conformes avec
l’orthodoxie islamique ; il peut éventuellement instrumentaliser le
Coran également ; la profession prospère et fait vivre de nombreux
marabouts dévoyés. Leurs activités comportent, outre le soin aux
personnes, la divination (prédiction de l’avenir, explication
d’événements passés, filtres d’amour ou de séparation, talismans de
toute nature...). Ceux qui pratiquent ce genre d’activités n’aiment pas
être appelés buudeejo ; ils se présentent sous le titre de mallum.
Les personnels des centres de santé ou des hôpitaux se trouvent regroupés
sous la dénomination de doktoor (nombreuses variantes phonétiques). Il
suffit généralement de porter une blouse blanche pour mériter le titre. On
voit ainsi de simples membres du personnel d’entretien promus au rang
251
kurgun
de doktoor lorsque l’infirmier proprement dit est absent. Réglemen-
tairement, médecins, infirmiers, aides-soignants et personnel d’entretien
devraient porter des tenues différentes.
Miin, mi kurgoowo. Mi wamndan ginnaaji, mi jokkan gewe, mi
rimnan dabbaaji, mi nyawndan boo deeɗi ɓikkon. (Ardo Banana,
Zalla, 12-03-04)
Moi, je suis guérisseur. J’organise des danses pour les génies, je réduis
les fractures, je fais mettre bas les animaux, je soigne aussi les (maux
de) ventre des enfants.
l’intérieur)
252
kuttu
kuta (v.) ; < kuturu < hausa [kuturuu] « lèpre »
► mutiler (lèpre)
Tarzagiire waɗan kuuduuje ammaa kutataa [...]. (Dada Bouba, 35
ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Le tarzagiire provoque des plaies mais ne mutile pas (à la différence
de la lèpre) (...).
laaɓa (v.)
► être propre
Mi laaɓaay.
J’ai mes règles (femme). (Euphémisme ; litt. : je ne suis pas propre.)
laalaata (v.)
► dépérir, faire dépérir
Nyawu nguu laalaati mo haa miin maa, mi ɗon nefa mo.
La maladie l’avait fait tellement dépérir que même moi, j’éprouvais
de la répulsion face à elle. (L’interviewée parlait de sa tante.)
255
laalawal
laalawal / laalaaje – ngal/ɗe (n.)
► écorce sèche
laara (v.)
► voir, regarder, examiner
O ɗon laarammi bee gite faasikiije.
Il me regarde d’un air fourbe.
Yimɓe mbaalan laargo fijirde haa yolnde laamɗo.
Les gens passent la nuit à regarder la fête devant la chefferie.
Haa mi laare.
Je vais t’examiner. (Dit par un médecin ou un infirmier à un patient.
Dans le français local, on dit : « Je vais te consulter ».)
O yehi laargo ndopta.
Il est allé voir/consulter un médecin/infirmier.
● laargo debbo
► examiner une femme, notamment pratiquer un toucher vaginal (euphé-
256
laawol
dans le ventre)
257
laboratuwaar
Laawol ɓinngel maɓɓitake.
Le col de l’utérus est dilaté (litt. : ouvert).
Laawol ɓinngel maɓɓidittaaki.
Le col de l’utérus est incomplètement dilaté (litt : n’est pas complè-
tement ouvert).
Rewɓe feere, suudu-ɓinngel maɓɓe tampundu. Ɓe ngara daga
lebbi maɓɓe cikaay, feere lebbi tati malla nay. Doktoor laara ɓe,
o maɓɓa laawol suudu ɓinngel ; bee gaaraaji o waarata ɗum. Sey
to ciki lebbi jeetati o ittata gaaraaji ɗii, debbo danya walaa
sababu sam. (Maïramou, assistante gynécologue, hôpital provincial,
Maroua, 25-08-04)
L’utérus de certaines femmes est en mauvais état. Elles viennent avant
d’être à terme, parfois à trois ou quatre mois (de grossesse). Le
médecin les examine et il ferme le col de l’utérus ; c’est avec des fils
qu’il le fait. Ce n’est qu’après le huitième mois qu’il enlèvera ces fils
pour que la femme accouche sans aucun problème.
● laawol mani
► canal spermatique
● laawol mooɓodal
► vagin (litt. : voie de l’union)
● laawol poofɗe
► voies respiratoires (litt. : voie de la respiration)
[...] debbo oo, [...] o ɗon mari laabi ɗiɗi feere feere, laawol
mooɓodal bee laawol sillugo. (Hamadou Yaya, 17 ans, aide-soignant
guiziga, Meskine, 07-04-04)
(...) La femme (...) a deux canaux séparés, le vagin et l’urètre.
laɓa (v.)
► raser
To a laari ɓe laɓi deerɗa joorɗum, aan yaaw soofnu hoore maa !
(Prov., Modibo Bello Amadou)
Si tu vois qu’on a rasé ton frère à sec, va vite te mouiller la tête, toi !
258
laggita
laɓi / laɓe – ki/ɗe (n.)
► couteau
● laɓi latiriik
► bistouri électrique
laɓruha – ka (n.)
► poils pubiens ; syn. faasko
To ɓinngel fuɗɗi nyuufaago, laɓruha boo fuɗɗa fuufgo.
Dès que l’enfant commence sa puberté, les poils pubiens commencent
aussi à pousser dru.
A semtataa bana mo laɓruha muuɗum ɗon nyaanya.
Tu n’as pas de pudeur, comme celui dont les poils pubiens le
démangent (et qui se gratte en public).
259
lakas-
O laggiti kusel caka nyiiƴe maako haa ƴiiƴam waɗi.
Il s’est fait saigner en décoinçant la viande (qui était restée) entre ses
dents. (Litt. : il a décoincé la viande entre ses dents jusqu’à ce que le
sang se fasse.)
► curer (les saletés qui se trouvent entre les dents, dans les oreilles, dans le
nez)
Giggirɗum-nyii’e wonete kurgun nyii’e, ngam ɗum loggitan
innde ko woni nder nyii’e fuu [...]. (Goggo Damdam, 65 ans,
guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
C’est la brosse à dents qui est le remède des dents, car elle cure toutes
sortes de choses qui se trouvent (entre) les dents (...).
lakkitoo (v.)
► avoir les dernières convulsions qui précèdent la mort
lalla (v.)
► laver (des ustensiles)
► nettoyer (une plaie, les seins, la zone génito-urinaire)
● lallugo reedu (debbo)
► faire un curage utérin (à une femme), une révision utérine, ou un curetage
utérin (suite à un avortement)
Ɓurna fuu, sey to debbo rufi reedu nde ɗiɗi malla nde tati foddee
ɓe lalla reedu maako, ngam woodi ko luttata nder toon. Yaake to
ɓinngel nyoli nder reedu boo, ɓe ɗon lalla. Feere to walaa ko lutti
geleŋ nder toon, ɓe ɗon ngurtina bee junngo, ammaa to lutti jur,
ɓe ngurtinira bee jamɗe. (Amadou Haman, infirmier accoucheur,
hôpital provincial, Maroua, 26-08-04)
La plupart du temps, il faut qu’une femme ait avorté deux ou trois fois
avant qu’on ne lui fasse un curage utérin, car il y a des résidus (dans
l’utérus). Lorsque le fœtus s’est décomposé dans le ventre, on fait
260
lamma
aussi un curage. Parfois, s’il ne reste pas grand chose (dans l’utérus),
on le fait sortir à la main, mais s’il reste beaucoup (de résidus), on les
fait sortir avec des (outils) métalliques.
Ɓe tufimmi baate, suy ɓinngel acci dimmbaago nder reedu.
Ɓaawo balɗe seeɗa, ndu rufi. Ɓaawo ɗoon, ɓe lallanimmi haa
lopitaal, ngaɗmi reedu wonndu woondu. (Dada X, CSI de Meskine,
01-07-04)
On m’a fait des injections, et le fœtus a cessé de bouger dans mon
ventre. Quelques jours plus tard, j’ai avorté. Ensuite, ils m’ont fait un
curetage utérin à l’hôpital et j’ai eu autre grossesse normale (litt. : une
autre grossesse bonne).
Nde njaami lopitaal mannga, limtanmi ɓe ko saalii, suy ɓe mbi’i
ɓe lallan reedu nduu haa ndu woota. Nii noon, ɓe naastini huunde
feere nii nder reedu am, ɓe ɗon kefa, ɓe ɗon kefa. Naawreenga
kam taa ƴam ! Ɗum naawimmi waanee luuwe. Ɓaawo ɗoon, ɓe
kaɓɓi ndu, suy ƴiiƴam ɗon wurtoo, ɗon wurtoo. (Dada X, CSI de
Meskine, 01-07-04)
Quand je suis allée à l’hôpital provincial, je leur ai expliqué en détail
ce qui s’était passé, et alors ils m’ont dit qu’ils allaient me faire un
curetage utérin pour que (l’utérus) redevienne en bon état. Ainsi donc,
ils ont introduit quelque chose dans mon ventre et ils grattaient,
grattaient. La douleur, je ne t’en parle pas ! Cela m’a fait plus mal que
d’accoucher ! Après, ils m’ont attaché le ventre et je saignais
abondamment.
lamlame – ɗe (n.)
► taches blanches sur la peau
Il peut s’agir de simples mycoses, rattachées à tarzagiire. Si l’on
désigne par là des taches de lèpre, on doit préciser lamlame saɗawre.
Innu to baaba mum kuturuujo no, kanyum boo ɗon nana ɓanndu
mum ɗon seeka, malla boo lamlame saɗawre ngurtake, paarooɗe
paarooɗe mbanngi her innu, o anndi nyawu kuturaaku nanngi
mo. (Bah Ila, 55 ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
La personne dont le père était lépreux, et qui sent son corps se
« déchirer », ou (qui voit) les taches blanches de la lèpre sortir, ou des
macules hypochromiques (taches blanches) apparaître sur elle, elle
sait qu’elle est atteinte de la lèpre.
lamma (v.)
► être acide ; être salé ; être piquant
Mannda wiitataako : « Mi lammuɗo ». (Prov.)
Le sel ne dit pas de lui-même qu’il est salé.
Wulweende naasti yam gite, ɗon lamma.
La sueur m’est entrée dans les yeux et ça (me) pique.
261
lammbayel
lammbayel / lammbahon – ngel/kon (n.d.) ; < anglais
► étiquette
lata (v.)
► donner des coups de pied
Ŋatataa, latataa, nafataa, ndikka ŋata, lata, nafa. (Eguchi 1974,
p. 92)
(Plutôt que) ce qui ne mord pas, qui ne donne pas de coups de pieds
et qui ne sert à rien, mieux vaut ce qui mord, ce qui donne des coups
de pied et qui sert à qqch. (On parle ici de la femme. À une femme
d’une docilité parfaite mais qui ne fait rien, il vaut mieux préférer une
femme agressive et méchante, mais qui rend des services.) (Remar-
quer le rythme de cet énoncé : trois anapestes / ndikka / trois fois deux
brèves.)
262
laƴa
Lawlawku maa bana mbasu maccuɗo : danya, Fulɓe naftoroo.
Ton obstination ressemble à un pénis d’esclave : il engendre (des
enfants), (mais ce sont) les Peuls qui (en) profitent. (Les enfants
d’esclaves deviendront à leur tour des esclaves, au service de leur
maître.)
laya (v.)
► se propager (dans l’organisme ou dans un groupe)
L’idée est celle d’une propagation analogue à celle d’une plante ram-
pante ou lianescente.
Nyawu sida nder ɓanndu layan.
Le sida est une maladie évolutive.
laƴa (v.)
► boiter
263
leeda-ndiyam
Aali laƴaay maa, yaataa juulirde, sakko nde laƴi. (Prov.)
Même quand il ne boitait pas, Ali n’allait pas à la mosquée, à plus
forte raison quand il boite.
corps)
● lekki baroohi tooke
► sérum antitétanique (litt. : remède tueur de poison)
// remède de marché)
265
lekki
● lekki comri
► vitamine C (litt. : remède de la fatigue)
● lekki coofnaaki
► macéré (litt. : remède mouillé)
● lekki cuurneteeki
► remède fumigatoire (litt. : remède à être enfumé)
● lekki doggere
► antidiarrhéique (litt. : remède de la courante)
● lekki dollaaki
► décocté, décoction (litt. : remède bouilli)
la route)
● lekki ɗaanaago
► somnifère (litt. : remède pour dormir)
● lekki ɗanningo
► produit pour anesthésie générale, anesthésique général (litt. : remède
● lekki eemoral
► anti-amibien
● lekki gilɗi
► vermifuge (litt. : remède des vers)
● lekki hoore
► aspirine, paracétamol (litt. : remède de la tête)
● lekki kawda
► médication conférant une protection magique
insectes)
266
lekki
● lekki kosam (cf. kosam)
► médication pour l’allaitement (litt. : produit traitant du lait), galactogène
ou destiné à améliorer la qualité du lait
● lekki kuuduuje
► bleu de méthylène et autres désinfectants (litt. : remède des plaies)
● lekki maama
► remède traditionnel (litt. : remède des grands-parents)
● lekki mistiri’en
► remède anti-sorcellerie (litt. : remède des sorciers)
● lekki naawreenga
► antalgique (litt. : remède contre la douleur)
● lekki ndamba
► remède contre les affections des voies respiratoires supérieures
● lekki nyaanyaare
► médicament antiprurigineux (litt. : remède de la démangeaison)
● lekki paɓɓooje
► antipaludéen
des Européens)
Lekki parmasiin hurgan law, ammaa coggu maaki naawi.
Les produits pharmaceutiques guérissent rapidement, mais ils coûtent
cher.
● lekki riiwre
► antidiarrhéique (litt. : médicament de la diarrhée)
267
lelbaajo
● lekki silɓere
►produit anti-inflammatoire (litt. : remède de l’entorse)
● lekki tufeteeki / leɗɗe tufeteeɗe ou lekki tufi-tufi / leɗɗe tufi-tufi
► médicament injectable ; syn. baatal
● lekki woowo
► bleu de méthylène (litt. : remède de woowo)
les (adv.)
► en bas, en bas de
Employé comme euphémisme pour désigner les « parties honteuses ».
« Le les se compose des organes génitaux et de l’orifice anal. Il doit
être maintenu caché en tout lieu et en tout temps. Ainsi, l’on remar-
quera que c’est un geste automatique de se couvrir le sexe, ne serait-
ce que de la main, si on se sent exposé au regard d’autrui. La femme,
même en se lavant, doit avoir un morceau de pagne sur elle. (...) Tout
ce qui sort du les (pet, urine, selles) est considéré comme une souillure
déshonorante. » (CERCP 1998, p. 49-50)
« Le sexe et tout ce qui a rapport au sexe n’est pas désigné par son
propre nom, mais par des euphémismes, des périphrases ou des mots
étrangers (mots arabes notamment, comme zakari pour le sexe mâle
et farji pour le sexe femelle), bien que le sexe, les faits et les actions
liés au sexe aient leurs noms propres en langue peule. » (CERCP 1998,
p. 53)
Ko les nyaamni ko dow, subaana ! (Prov.)
Si (la bouche) du bas nourrit celle du haut, Dieu nous en garde ! (I.e.:
Dieu nous préserve de la prostitution !)
Koo moy tokkanii les leesan. (Prov.)
Celui qui est après le sexe s’abaisse. (Litt. : quiconque est après le bas
s’abaissera.)
To les goɗɗo waati daga danyeeki maako, ɗoo kam, dabare walaa.
Ammaa, to o ɗon haɓa bee goɗɗo nanngi mo les, ndeen ɗe calii
huuwgo malla koo laruura ngoɗnga, ɗoo kam mi waawan deydey
ɗe kuuwa. Mi ɗon mari ɓiɓɓe leɗɗe semmbe-debboohi bee teppel-
foondu namaaɗe. O tokkoo yargo bee gaari tum haa asaweere,
fajira bee asira, ndeen o acca. Ɗoo to neeɓi, ɗe ngartan bee hak-
kiilo. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-05-04)
Lorsque le sexe d’une personne ne fonctionne pas de naissance, en ce
cas, il n’y a rien à faire. Mais si au cours d’une bagarre, qqn lui a saisi
le sexe et qu’ensuite ça refuse de fonctionner, ou pour toute autre
raison, alors, je peux bien faire en sorte que ça fonctionne. Je possède
des graines en poudre de Crossopteryx febrifuga et de Chrysanthellum
americanum. (La personne) doit en prendre régulièrement dans de la
bouillie pendant une semaine, matin et soir, puis arrêter. Au bout de
quelque temps, ça reviendra progressivement.
● les reedu
► le bas-ventre
269
lesdi
lesdi / lesɗe – ndi/ɗe (n.d.)
► sol, terrain, terre (surface)
► région, pays
► terre (matière)
To a hoo’i kosɗe maa, a nyaayri gite,
taa waaba sam, lesdi heewete gite. (Sannda Oumarou.)
Si tu te prends les pieds et que tu te frottes les yeux (après),
sois absolument sûr que tu auras de la terre plein les yeux.
Reeduujo to ɗon nyaama lesdi, haa ɓinngel ɗum woni. Waatoo
ngel ɗon nder reedu, ngel wi’a daada maagel : « Nyaam ɗuum ! »
Masalan ɓinngel feere yiɗi daada mum nyaama lesdi, ammaa,
haɗa mo nyaamgo liɗɗi, kusel. Waatoo kuuje ɗe kaanaay o
nyaama sam, ngi’aa o ɗon nyaama. Ɗoo kam, ɓinngel ngeel wa-
ɗata noon. Ngam to o wi’i o nyaaman ko ɓinngel yerdaaki ni, o
tuuta ɗum pat, ammaa to o nyaami ko ngel yerdii, ɓanndu maako
ɗon hoyi. (Élisabeth Kaltoumi, CSI de Makabay, Maroua, 23-06-04)
Si une femme enceinte mange de la terre, cela vient de l’enfant. Par
exemple, il se trouve dans le ventre et il dit à sa mère : « Mange ça ! »
Tel enfant, par exemple veut que sa mère mange de la terre, mais il
lui interdit de manger du poisson et de la viande. Par exemple, des
choses qu’il ne convient pas du tout qu’elle mange, tu la vois en
manger. Cela, c’est de la faute de l’enfant. Car si (la femme) dit
qu’elle va manger ce dont l’enfant n’a pas envie, elle va tout vomir,
mais si elle mange ce qui lui plaît, elle se sent bien.
270
lincitoowo
liitir / liitirji – nga/ɗi (n.)
var. : liitirru
► litre (mesure de capacité)
likkiƴa (v.)
► hoqueter, avoir le hoquet
limce – ɗe (n.)
var. : lumce
► vêtements
Lalliraa lumce maa bee ndiyam cookam ngam hannde alamiisa
haa keɓaa njaadiraa jum’aare. (Goggo Damdam, 65 ans, guéris-
seuse peule, Dogba, 07-05-04)
Rincez vos vêtements avec de l’eau pure (i.e. sans savon) car aujour-
d’hui c’est jeudi, pour que vous puissiez les porter (litt. : aller avec)
vendredi.
271
lisaafi
● lincitoowo nyawuuji ; syn. goɗɗo laboratuwaar
► laborantin (litt. : scrutateur de maladies)
To haa mi heɓta nyawɗo ɗon mari paɓɓooje, sey mi yerɓa mo haa
lincitoowo nyawuuji laara ƴiiƴam maako. To o tawi gilɗi nder
ƴiiƴam man, mi heɓtan paɓɓooje ɗon naawa mo. (Yaya Haman,
infirmier guiziga, 27 ans, Maroua, 25-03-04)
Pour savoir si un patient a le paludisme, je dois l’envoyer chez le
laborantin pour qu’il lui fasse un examen de sang. S’il trouve des
« larves » dans le sang, je sais qu’il a le paludisme.
looftoo (v.)
► prendre un lavement
loota (v.)
► laver (habits, mains, pieds...)
● lootgo reedu
►purger, être laxatif (litt. : laver le ventre)
► avoir ses règles (euphémisme)
To lewru darake debbo lootaay ni, o annditan o reedu.
Si un mois se passe sans qu’une femme voie ses règles, elle sait qu’elle
est enceinte.
Rewɓe feere, deeɗi maɓɓe ɗon naawa to ɓe ɗon loota. [...] Ɗum gilɗi
jalɓalji taggotoo haa les deeɗi maɓɓe, haɗa ƴiiƴam wurtaago. To ɓe
njari leɗɗe naawral reedu, gilɗi ɗii campitoo laatoo kusel nder ɓalli
maɓɓe. (Djebba, ménagère, Maroua, avril 2004)
Certaines femmes ont mal au ventre quand elles ont leurs règles. (...)
Ce sont les ascaris qui s’enroulent dans leur bas-ventre et qui
empêchent le sang de sortir. Si (ces femmes) prennent le remède
contre le mal de ventre, ces vers se dispersent et se transforment en
chair dans leur organisme. (I.e., les ascaris sont digérés par le corps,
qu’ils contribuent à nourrir.)
273
loowa
loowa (v.)
► verser (dans un contenant)
● loowango goɗɗo ƴiiƴam
►faire une transfusion sanguine à qqn
[...] Haa lopitaal mannga, ɓe kooƴan ƴiiƴam haa baaba malla haa
daada, ɓe loowana ngel. (Bimoutch Ndjidda, 44 ans, infirmier
guiziga, Dogba, 27-04-04)
(...) À l’hôpital provincial, ils prennent le sang du père ou de la mère
et le lui transfusent.
Feere boo, to goɗɗo yahi lopitaal, ɓe loowani mo iiƴam marɗo
ciiɓoowu, ngu raaɓan mo. (Dr Gottingar, médecin-chef de l’hôpital
de Bogo, 05-07-04)
Parfois, lorsque qqn va à l’hôpital et qu’on lui transfuse (litt. : verse)
du sang contaminé (litt. : ayant le sida), il sera contaminé par (le VIH).
► introduire (une sonde, un speculum, un corps étranger...)
To les reedu debbo ɗon naawa, min loowa ispekiloom nder dubbe
maako. (Vina Albert, laborantin, Makabaye, 06-09-04)
Lorsqu’une femme souffre du bas-ventre, nous introduisons un
speculum dans son vagin (litt. : dans ses fesses).
To ɗum mawɗo boo, mi hamƴa haako kaccu-kaccunga bee
mannda-kiiki, mi loowana mo gal dubbe haa neeɓa, wula ɗe
booɗɗum booɗɗum hiddeeko o itta, ndeen ɗum yamɗitan.
(Djougoudoum Adji, guérisseur kanouri, Dourga-Godola, 01-06-04)
Dans le cas d’un adulte (atteint d’oxyurose), je froisse des feuilles de
Cassia occidentalis avec du sel mannda-kiiki, je lui fourre ça dans
les fesses (pour qu’il le garde) pendant un bon moment, et que cela lui
chauffe très fort l’anus (litt. : les fesses) avant qu’il l’enlève, puis, ça
guérit.
looƴoo (v.)
► avoir des spasmes comme pour vomir, sans toutefois vomir ; cf. tuuta
● lopitaal pamara
► centre de santé (litt. : petit hôpital)
Jonta ɗoo, caɗɗum haa debbo wara ɓesna gal lopitaal mannga
noon. To o wari boo, woodi sababu o mari, sinaa noon, sey o
275
lopitaal
fuɗɗira gal lopitaal pamara foddee o yottoo haa amin. Sey to
huunde man saati jamum ɓe ngerɓititta mo haa amin. (Amadou
Haman, infirmier accoucheur, hôpital provincial, Maroua, 26-08-04)
Actuellement, il est difficile qu’une femme vienne directement accou-
cher à l’hôpital provincial. Si elle y vient, c’est qu’elle a un problème,
autrement, elle commencera par un centre de santé avant d’arriver
chez nous. C’est seulement lorsque le cas est très difficile qu’on nous
le transfère.
Ɓurna fuu, rewɓe ƴummataako ngara ndanya haa lopitaal
mannga, ngam ɓe ndaara haala ceede. Ɓe mbi’a ɗe ɗuuɗi jamum,
malla ɓe coodan kuuje danyruɗe ɗuuɗɗe jamum. Ammaa, gal
lopitaalhon pamaron, ɓe ƴamataa ɓe ceede geleŋ, ɓe ɓuraay
ƴamgo ɓe booro. Ndaarmi boo annduɓe kuuɗe ɗee ngalaa haa
maɓɓe. To ɓe ndanyni ɓe ɓe ndaari ɓinngel jippataako, malla
ƴiiƴam ɗon rufa jur, ɓe ngadda ɓe haa amin ɗoo. A yi’i foddee ɓe
njottoo ni, ƴiiƴam timmi. Bana woodi debboojo ɓe ngaddunoo
balaaɗe caaliiɗe, ƴiiƴam maako timmi. O wari, min mballini mo
dow taabal, o waɗaay koo minit cappan tati o maayi. Ammaa,
ɓurna ko mbari mo kam, hiddeeko min ɗaɓɓita ƴiiƴam nanndu-
ɗam bee ɗam maako, neeɓi. Gorko boo walaa ceede. Kanjum
bososel maayde maako. Hawti boo ɓe neeɓi bee maako haa
lopitaalyel goo. (Amadou Haman, infirmier accoucheur, hôpital
provincial, Maroua, 26-08-04)
La plupart du temps, les femmes ne décident pas de venir accoucher à
l’hôpital provincial pour des raisons d’argent. Elles disent que c’est trop
cher ou qu’elles devront acheter trop de fournitures pour l’accou-
chement. En revanche, dans les centres de santé, on ne leur demande
pas une somme conséquente, on ne leur demande pas plus de mille
francs. Mais je constate que chez eux, il n’y a pas de spécialistes. Quand
ils les accouchent et qu’ils constatent que l’enfant ne descend pas ou
qu’il y a hémorragie, ils nous les amènent. Tu comprends qu’avant
même qu’elles arrivent ici, elles n’ont plus de sang. Par exemple, il y a
une femme qu’on nous a amenée les jours passés, elle n’avait plus de
sang. Quand elle est arrivée, nous l’avons allongée sur la table, mais
elle est morte en moins de trente minutes. Cependant, la cause prin-
cipale de sa mort, c’est que cela a pris du temps avant que nous trou-
vions du sang compatible avec le sien. Son mari également n’avait pas
d’argent. Voilà la cause de sa mort. S’ajoute à cela le fait qu’ils ont
traîné au centre de santé.
● lopitaal pirivee
► centre de santé privé, clinique
lummba (v.)
► baigner, donner un bain à
« Baigner » implique une immersion dans l’eau, contrairement au
sens du mot en français local, qui signifie simplement « faire la toilette
(de qqn) ».
lummboo (v.)
► être au milieu
● lummbaago debbo
► coucher avec une femme (euphémisme)
luuɗu – ngu (n.) ; < arabe [l w t¬] « homosexuel » (du nom biblique de Lot)
► homosexualité
(Au départ, ne désigne que l’homosexualité masculine ; actuellement,
277
luuɗuujo
a été étendu à l’homosexualité féminine.)
Sarɗiiji lesdi Kamaru kaɗi kuugal luuɗu.
Les lois camerounaises interdisent la pratique de l’homosexualité.
● gaɗoowo luuɗu / waɗooɓe luuɗu
► homosexuel, lesbienne
278
maaliido
Luuwe cannjaaki.
Le travail est stable. (Litt. : le travail ne s’est pas modifié.)
► tranchées utérines (contractions douloureuses après l’accouchement)
Debbo ɓesna walaa sababuuji fuu, ammaa, ɓaawo ɓesngu, o
maatan naawreenga luuwe kam. (Damdam H., CSI de Meskine, 29-
06-04)
Une femme peut accoucher sans aucun problème, mais, après
l’accouchement, elle ressentira des tranchées utérines.
luuwee (v.)
► ressentir les douleurs de l’accouchement, être en travail
To debbo luuwaaɗo wari, waatoo daga ɗum fuɗɗi naawgo mo
seɗɗa seɗɗa, min ndaara deydey santimeetir noy o mari. (Amadou
Haman, infirmier accoucheur, hôpital provincial, Maroua, 26-08-04)
Lorsqu’une femme qui a des douleurs arrive, c’est-à-dire dès qu’elle
commence à avoir un peu mal, nous contrôlons la dilatation de son col
d’utérus (litt. : combien de centimètres elle a exactement).
maandoo (v.)
► se souvenir exactement de
To debbo ɗon maandii lootgol maako, to lewru ƴaɓɓitini ni, o
faaman o ɗon bee reedu. (Zakiatou Ousmanou, brodeuse peule, 19
ans, CSI de Dougoï, Maroua, 27-07-04)
Si la femme se souvient exactement de (la date de) ses règles, dès
qu’un mois est dépassé, elle sait qu’elle est enceinte.
maata (v.)
► sentir, se sentir (goût, odeur)
Mannda maati haa haako koo.
Il y a suffisamment de sel dans cette sauce. (Litt. : le sel se sent dans cette
sauce.)
280
maaya
► ressentir (une douleur)
Ɗume maatataa ?
De quoi souffres-tu ? (Litt. : qu’est-ce que tu ressens ?)
Waɗi nyalɗe tati ko ɓinngel fuɗɗi maatugo reedu.
Voilà trois jours que l’enfant a commencé à avoir mal au ventre.
Min ɗon kurgira nyawɓe foddee ko ɓe maatata. (Bello Youssoufa,
chef du CSI de Dargala, 15-06-04)
Nous soignons les malades d’après ce qu’ils ressentent. (Nous
donnons aux patients un traitement symptomatique.)
maaya (v.)
► mourir ; cf. faatoo, yana
Pullo maayran mbaala-mbaala. (Prov., Yaya Daïrou, Maroua)
Un Peul doit mourir comme un mouton. (Le mouton meurt sans bruit.)
Hulgo maaygo haɗataa maaygo. (Prov., Modibo Bello Amadou)
La peur de la mort n’empêche pas de mourir.
Yerima yiɗi laamu, yiɗaa baaba maaya. (Prov.)
Le prince (fils du chef) veut le pouvoir, (mais) ne veut pas que son
père meure. (Pour avoir une chose, on doit renoncer à une autre.)
Karammbaaniijo aartan nyawɗo maaygo. (Prov.)
Celui qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas mourra avant le malade.
Mo maayaay na yiima esum. (Prov.)
Celui qui n’est pas mort verra un jour ou l’autre son parent par
alliance. (Tant qu’on est vivant, on peut avoir l’espoir de faire qqch.)
Daga to luttani goɗɗo balɗe cappan nay haa o maaya, dabbaaji
bee leɗɗe fuu anndi.
Dès qu’il ne reste plus que quarante jours à vivre à qqn, les animaux
(bétail) et les arbres le savent tous.
Yaa jam maa, taa ɓadam, sakko mi laatoo sababu timmitingo
ma !
Va tranquillement, ne t’approche pas de moi, de peur que je ne sois la
cause de ta mort ! (Phrase adressée par les arbres ou les animaux à une
personne dont ils savent qu’il ne lui reste plus longtemps à vivre.)
To balɗe debbo timmi kam, to haa o ɓesna koo haa lopitaal, koo
haa saare, fuu na o maayan. Walaa huunde feere anndumi kam.
Ɗum Alla hoddiri noon. (Mme Agathe, CSI de Dougoï, Maroua, 27-
07-04)
Lorsqu’une femme a vécu les jours qu’elle avait à vivre (litt. : lorsque
les jours de la femme sont finis), qu’elle accouche à l’hôpital ou à
domicile, de toute façon elle mourra. Je ne connais rien d’autre. C’est
Dieu qui en décide.
281
maayarle
maayarle – ɗe (n.) ; < maaya
► mortalité importante, nombreuses morts
Ko waɗata maayarle haa ɓesngu, ɗum nyawuuji, yeebaare dok-
teer’en, feere boo sooynde ƴiiƴam. (Yéwé, infirmier accoucheur, CMAO
Meskine, 27-08-04)
Ce qui provoque une mortalité importante à l’accouchement, ce sont
les maladies, la négligence du personnel médical et parfois le manque
de sang.
maɓɓa (v.)
► fermer, couvrir
● maɓɓugo goɗɗo ladde
► empêcher (magiquement) qqn de prospérer (litt. : fermer la brousse à
qqn)
282
maɓmaɓtere
To ɓe maɓɓi goɗɗo ladde, o walaa keɓal koo gal toy fuu. To haa
ɓe ngaɗa lekki kii boo, ɓe kooca lesdi kosɗe maako, malla boo her
pellel o silli. Maɓɓeego ladde waɗan goɗɗo ba ɗiɗorjo, ammaa,
ɗum laatantaako mo bana nyawu. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 28-
04-04)
Lorsque l’on « ferme la brousse à qqn », il ne gagne rien nulle part.
Pour faire ce « fétiche », on prend de la terre dans ses empreintes de
pas ou à l’endroit où la personne a uriné. Le fait d’être victime de ce
mauvais sort pourra perturber mentalement la personne, mais cela ne
se transformera pas pour elle en maladie.
● maɓɓititgo noppi
► ouvrir les oreilles (dans le sens de « bien écouter »)
283
maja
maja (v.)
► se contracter involontairement et de façon anormale (paupière), clignoter,
tressaillir
To yitere goɗɗo ɗon maja, ɓe mbi’i malla o yi’an mo o wayri
laargo, malla boo o woyan.
Lorsque qqn clignote des yeux, on dit qu’il va voir une personne qu’il
n’a pas vue depuis longtemps, ou qu’il va pleurer.
To debbo reedi kesum, o nanan reedu maako ɗon maja, waatoo
to o waalake, o waɗi siriw, o maatan ndu ɗon waɗa mut mut mut
haa deydey suudu ɓinngel. (Mme Oubbo, Zileng-Bappa, 01-06-04)
Quand une femme est nouvellement enceinte, elle sent son ventre se
contracter involontairement, c’est-à-dire que, quand elle est couchée
tranquillement, elle sent qu’il fait mout mout mout dans l’utérus.
mani – o / nga ; < hausa [màniyy¡ÀÀi] « sperme » < arabe [minan] « sperme »
► sperme (terme correct) ; syn. rare nuɗfa
Mani, ɗum mbosam. [...] To a walaa mani, a danyataa. To a
wa’’ake debbo, mani ngaan cillataa yaha haa debbo waɗa
ɓinngel. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Le sperme, c’est de la moelle. (...) Sans sperme, tu n’auras pas d’en-
fant. Lorsque tu couches avec une femme, c’est ce sperme que tu éja-
cules et qui va dans la femme pour faire un enfant.
Kala debbo mo Alla ɗawaay ɗum danygol fuu lootan. Lootol
ngool boo ƴiwan diga ɓanndu debbo oo. Ndeen, to o hawti bee
gorko, nuɗfa gorko naastan nder suudu-ɓinngel, ƴiiƴam debbo
boo wurtotoo yaasi. Kanjum fuɗɗata ɓinngel. To debbo oo ɗon
loota, suudu-ɓinngel maɓɓitoo, nuɗfa gorko naasta toon, ammaa,
to o lootaay kam, suudu-ɓinngel maɓɓitittaako. To maɓɓitaaki
boo, nuɗfa gorko heɓataa laawol naastirgo suudu-ɓinngel. (Dada
Mamma, accoucheuse traditionnelle, Zala, 12-08-04)
Toute femme à qui Dieu ne refuse pas d’avoir des enfants, a des
règles. Ces règles proviennent du corps de la femme. Ensuite, si elle
s’unit à un homme, le sperme de l’homme pénètre dans l’utérus, le
sang de la femme sort également. C’est cela qui sera à l’origine de
l’enfant. Lorsque la femme a ses règles, l’utérus s’ouvre, le sperme de
l’homme y entre, mais, si elle n’a pas de règles, l’utérus ne s’ouvre
pas. S’il ne s’ouvre pas, le sperme de l’homme ne trouvera pas de
passage pour entrer dans l’utérus.
Marwa (n.p.)
► Maroua
Marwa ngura,
Adda gure,
Mbaawaa ngaraa,
Maraa ngaraa.
Mbaaloɗaa e njaareendi,
Nyaamaa maaroori,
Njalaa nganyaandi.
Maroua, la grande ville,
La sœur aînée des villes,
Viens-y avec ton savoir,
Viens-y avec ton avoir,
Couche-toi dans le sable,
Mange du riz,
Et ris méchamment.
(Les habitants de Maroua affectionnent les nourritures de luxe (riz),
passent leur temps couchés sans rien faire, à dire du mal des autres.)
Marwa yiɗi ginnaaɗo, yiɗaa danygo ginnaaɗo.
Maroua aime (voir) le fou, (mais) n’aime pas en mettre au monde.
Marwa ɓii reeza, laɓan ɗeeɗataa.
Maroua est une petite lame de rasoir, qui rase alors qu’elle ne coupe
pas. (Le rasage avec une lame qui ne coupe pas est douloureux.)
286
maƴƴannde
Mo walaa mawɗo soobra bee marɗo. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui qui n’est pas sous la protection d’un « grand » doit lier amitié
avec un riche.
mayiti – o (n.) ; < arabe [m w t], cf. arabe tchadien [mayyit] « mort, décédé »
► deuil, cérémonie consécutive à un décès, qui se déroule après l’inhu-
mation
To innu hoyɗi kusel, puccu, wamnde, fijirde, hoyɗirgo ɗum
welaa. Naa wooɗaay, ammaa ɗum mayiti. (Asta Fidjondé, 60 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Quand on rêve de viande, de cheval, d’âne, de jeu, ce n’est pas un bon
rêve. Ce n’est pas que ce soit mauvais, mais (cela annonce) des
funérailles.
maƴƴa (v.)
► cligner des yeux
[Diga ɓe ceeki yam yitere], walaa ko maatanmi, sey babal ɓe
meemi maatanmi ɗon naawa ; to mi maƴƴi ni, nde ɗon ŋata.
(Didjatou Amadou, 60 ans, ménagère peule, Petté, 27-05-04)
(Depuis que l’on m’a opérée de l’œil), je ne ressens rien, sinon que
l’endroit que l’on a touché me fait mal ; lorsque je cligne des yeux, (je
ressens) un élancement (dans cet œil) (litt. : il se mord).
287
mbabbaajo
mbabbaajo / mbabba’en – o/ɓe (n.d.) ; < babba
► papa-poule
Le nom vient de mbabba qui signifie « âne » dans le pulaar du
Sénégal. On considère que le père qui s’occupe d’un enfant comme le
ferait sa mère est un idiot.
Baaba kam ɗuuɗaay wamndugo ɓinngel bana daada maagel.
Minin ɓooyma’en kam, min cemtan ɓinngel, ammaa, goɗɗo feere
to danyi ni, mbabbaajo kam, ɗon jogii ngel noon. (Gaw Abdou,
Lopéré, Maroua, 24-11-04)
Le père ne fait pas beaucoup sauter l’enfant dans ses bras comme sa
mère. Nous les anciens, nous gardons notre réserve vis-à-vis de l’en-
fant, mais, certain, dès qu’il a eu un enfant, (il devient) un papa-poule
et le prend (dans ses bras).
288
mbooɗeenga
waata-mbasu
impuissant (litt. : dont le pénis est mort)
INSULTES
basel koolel cimatel
zizi de la taille d’un vermicelle (litt. : petit pénis (de la taille) du petit
doigt)
Mbasu wamnde !
Pénis d’âne !
289
mbordi
mbordi / borɗe – ndi/ɗe (n.)
► pus
290
me’a
mbusiri – ndi (n.)
► bouillie ; syn. gaari
To ɓinngel heƴi yargo mbusiri, mi waɗana ngel ndi, mi yarna
ngel. Mi dolla njigaari bee kilbu bee biriiji mi yarna ngel.
(Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
Lorsque l’enfant arrive à boire de la bouillie, je lui en prépare et je la
lui fais boire. Je fais bouillir du sorgho pluvial rouge avec du natron
et de l’arachide, et je lui fais boire ça.
mouche à viande)
« Mouche verte, dont les larves (asticots) se développent sur les
viandes en décomposition ; elles peuvent quelquefois vivre dans la
chair meurtrie autour des plaies des animaux et, plus rarement, de
l’homme, provoquant des myiases secondaires » (Mouchet et Rageau
1962-1963, p. 88).
me’a (v.)
► bégayer
291
meece
meece – ɗe
► rougeole
To ɓinngel nyawi meece, ɓe kaɗa ngel nyaamgo nebbam bee
wurtaago haa henndu. Ngel ɗon waalii nder suudu tan. Koo
yeewtugo bee yimɓe maa, ɓe kaɗa ngel. Nebbam boo to ngel
nyaami, puufe ngurtoto nder ɓanndu maagel, feere haa yitere,
feere haa heŋre, feere boo haa ɓernde. Ammaa, to ɗe ngurtake
haa heŋre, kurgun man woodaa. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans,
guérisseur peul, Dogba, 28-04-04)
Quand un enfant a la rougeole, on lui interdit de manger (une nour-
riture) huileuse et de sortir. Il doit seulement rester couché dans la
maison. On lui interdit même de parler. S’il mange qqch. de huileux,
il aura des boutons partout, parfois à l’œil, parfois au foie, parfois
aussi au cœur. Mais, si (ces boutons) sortent sur le foie, (le mal) est
irrémédiable.
Ɗum koyɗum faamgo nyawu meece. Puufe wulweende ngurtoto
haa ɓanndu goɗɗo, o sonndoto, ɓanndu maako wulan, hoore
wulan, o tuutan, gite boo mboojan. To a tawi goɗɗo malla ɓinngel
bana nii kam, taa sek sam, ɗum meece. Ɗum nyawu nannganngu
ɓurna fuu ɓikkon pamaron. Mi anndaa ko jaanyata ngu kam,
ammaa, to ngu nanngi gootel nder fattude, sey ɓe ngiiwa ngoɗkon
fuu ngam faddaago ngu. Ngu ɗon nyawna bee ceeɗu tan.
Ɓe ɗon mbi’a ngu « nyawu baariki » ngam sey ɓe maɓɓa nyawɗo
ngu nder suudu haa to heɓi daama. To haa mi hurga ngu, mi tefa
ɓikkon kurnaaje puɗankon, mi hawta bee jaɓɓe, bee parawe
joorɗe, mi una, mi waata nder ndiyam, mi yiiwa mo. Sey haako
follere bilaa cukkuri, bilaa mannda o nyaamata. Taata o mettoo
welko sam.
[To haa mi faddoo ngu gal ɓikkon], mi woodi bu’e nyiiwa, mi
soofna ɗe nder tummude, mi yiiwa ɓikkon baɓɓol. Taata boo kon
ngiiwoo feere, sey to waɗi nyalɗe tati hiddeeko kon ngiiwoo bee
ndiyam noon. (Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-
06-04)
Il est facile de reconnaître la rougeole. Des boutons de chaleur sortent
sur le corps de la personne, elle tousse beaucoup, son corps chauffe, sa
tête chauffe, elle vomit, ses yeux deviennent rouges également. Si vous
trouvez une personne ou un enfant en cet état, n’ayez aucune hésitation,
il s’agit de la rougeole. C’est une maladie qui affecte principalement les
petits enfants. Je n’en connais pas la cause, mais, si elle touche un seul
(enfant) dans le quartier, il faut laver tous les autres à titre préventif. Elle
ne sévit qu’en saison sèche.
On l’appelle « maladie de l’administration » (i.e. maladie exigeant la
mise en quarantaine) car on doit isoler (litt. : enfermer) le malade dans
292
meece
une pièce jusqu’à ce que son état s’améliore. Pour soigner cette (ma-
ladie), je cherche des drageons de jujubier (Ziziphus spina-christi), j’y
ajoute des tamarins, des « carpes » Oreochromis sèches, je pile ça, je
le mets dans de l’eau et je lave (le malade avec ce macéré). Il ne doit
manger que de la sauce d’Hibiscus sabdariffa sans sel de potasse ni
sel de cuisine. Il ne doit pas goûter le moindre mets savoureux.
(Pour en protéger les enfants) je possède du crottin d’éléphant ; j’en
trempe dans une calebasse et je lave les enfants avec ça à l’aurore. Ils
ne doivent se laver avec rien d’autre, et ce n’est qu’au bout de trois
jours qu’ils peuvent se laver avec de l’eau ordinaire.
TRAITEMENT TRADITIONNEL
To goɗɗo nyawi meece, ɓe takana mo haako wanko bee cukkuri.
Feere boo, o nyaama parawe joorɗe, malla boo cuurnaaɗe. O
yiiwataako, sey to ɗe puufi. Ɓe kaɗan mo nyaamgo kuuje
newsuɗe bee kusel. Ɓe ɗon coofna jaɓɓe bee tiŋeere ɓe toɓɓana
mo nder gite, ngam taa o ɗaanoo, daada puufe ɗee wurtoroo nder
gite. To nde wurtorake gal gite, o wuman. Ammaa sey naange
noon ɓe toɓɓanta mo, jemma kam ɓe kaɗataa mo ɗaanaago. To
meece ɗee koyɗe, balɗe joweeɗiɗi ni, goɗɗo fuɗɗan yiiwaago bee
nyaamgo ko o yiɗi fuu. To meece ɗee caati, goɗɗo jooɗoto baakin
balɗe sappoo e nay hiddeeko ɓanndu maako fuɗɗa ɓoltaago. To
ndu fuɗɗi ɓoltaago, o hooca yaɓɓo, o dolla, o yiiwoo, suy nyawu
nguu timmi. Feere boo, to wakkati puufe ɗee ngurtodake, ɓe
nama njigaari, ɓe njiiɓa kuroori maari bee ndiyam, ɓe nguja mo.
Meece feere boo, to puufe ngurtake, ndeen ɗe lortake, ɗe naasti,
ɗoo kam meece ɗee kalluɗe jamum, ngam to ɗe lorake nder
ɓanndu, hurgugo ɗe caatan jamum. Yimɓe kam ittan tammunde
hurgugo mo. (Mama Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-04)
Lorsque qqn a la rougeole, on lui prépare une sauce de Celtis
integrifolia avec du sel de potasse. Autrement, il doit manger des Tilapia
secs ou passés rapidement sur le feu (litt. : fumés, mais il ne s’agit pas ici
de poisson fumé). Il ne doit pas se laver avant l’éruption des boutons. On
l’empêche de manger des choses huileuses ainsi que de la viande. On
trempe des tamarins avec des oignons et l’on instille des gouttes (de cette
macération) dans les yeux (du malade) pour qu’il ne dorme pas et que la
« mère des boutons » ne sorte pas par les yeux. Si elle sort par les yeux,
(le malade) deviendra aveugle. Cependant, on ne lui instille ces gouttes
que pendant la journée, la nuit, on ne l’empêche pas de dormir. Si la
rougeole est bénigne, au bout de sept jours environ, le malade recom-
mencera à se laver et à manger ce qu’il désire. Si la rougeole est grave, la
personne restera environ quatorze jours avant que son corps ne com-
mence à peler. Quand il commence à peler, (le malade) doit faire bouillir
des feuilles de tamarinier et se laver avec le décocté, ensuite, la maladie
est guérie. Parfois, au moment où a lieu l’éruption de boutons, on écrase
293
meece
du sorgho rouge, on mélange la farine obtenue avec de l’eau et l’on en
frotte (le malade). Parfois encore, quand l’éruption a lieu, elle fait demi-
tour et rentre (dans le corps) ; alors, cette rougeole est très grave, car si
elle retourne dans le corps, il est très difficile de la soigner. On perd
l’espoir d’une guérison.
To puufe meece calake wurtaago, goɗɗo hooca nama tiŋeere, suy
yiggana ɓinngel dow ɓanndu. Ndeen, ɓe cudda ngel ngam taa
henndu meema ngel. To henndu fiyi ngel, puufe ɗee ngurtidit-
taako. To waali ni, puufe ɗee fuu ɗe ngurtodotto. Malla boo,
goɗɗo nyaanca maarooga haa nga wooja coy, suy loowa ndiyam
nder toon. To ɗam ƴuufi ni, o siiwa ɗam, o yarna ɓinngel ngeel.
Kanjum boo wurtinan puufe. (Djebba, ménagère, Maroua, avril
2004)
Lorsque les papules de la rougeole refusent de sortir, on écrase de
l’oignon et l’on frotte le corps de l’enfant avec. Puis on le couvre pour
que les courants d’air ne le touchent pas. Si un courant d’air le touche
(litt. : frappe), les papules ne pourront pas sortir en totalité. Après une
nuit, toutes les papules sortiront. Ou bien, on porte à incandescence
du sable fin et l’on verse de l’eau par-dessus. Après ébullition, on la
filtre et on la fait boire à l’enfant en question. Cela fera également
sortir les papules.
To nyawu meece nanngi goɗɗo, o yarataa ndiyam peewɗam, sey
ngulɗam. To o yari peewɗam, o maayan. Ɓe maɓɓa mo nder
suudu. Nyiiri maako boo, sey haako follere bee parawe joorɗe. O
nyaamataa cukkuri sam. Saa’i feere boo, gite maako mboojan
coy, ndeen, sey ɓe toɓɓana mo ndiyam follere nder maaje. To ɓe
toɓɓanaay mo, o wuman. Nyawu meece nanngataa goɗɗo nde
ɗiɗi. To nanngi nde woore, meetataa sam. (Mana Hododok,
guérisseur, Godola, 9-04-04)
Lorsque qqn attrape la rougeole, il ne doit pas boire d’eau froide, mais
seulement de l’eau chaude. S’il boit de l’eau froide, il mourra. On
l’enferme dans une chambre. Comme nourriture, il ne doit prendre
que de la sauce d’oseille avec des carpes sèches. Il ne doit pas du tout
consommer de sel végétal. Parfois, ses yeux deviennent très rouges ;
alors, on doit y instiller des gouttes de jus d’oseille. Si on ne le fait
pas, il deviendra aveugle. La rougeole ne s’attrape pas deux fois. Une
fois qu’on l’a eue, cela ne recommence plus.
TRAITEMENT MODERNE
To ɓinngel nyawi meece, min ɗon mbi’a daada maagel waɗana
ngel gaari maatundi biriiji bee sukar, o nyaamna ngel boo kuuje
belɗe, ngam ɓurna nyawuuji bana ɗii ɗoo fuu, ɗum sooynde
nyaamdu woondu waɗata ɗi. (Yaya, infirmier, hôpital de Bogo, 29-
06-04)
Quand un enfant a la rougeole, nous disons à sa mère de lui faire de
294
melƴindoo
la bouillie avec suffisamment d’arachide et de sucre, et de lui faire
manger de bonnes choses, car, la plupart des maladies de ce genre sont
dues à une sous-alimentation.
meema (v.)
► toucher, palper
To haa ɓe kamƴa nanol, sey to ngol pamarol. [...] To goɗɗo meemi
ni, tawan ngol ngol ɗon waalii bana sawru nder reedu, ammaa, to
goɗɗo mawni, hamƴugo hurgataa ngol. (Abdouramane Modibbo,
guérisseur, Petté, 25-06-04)
On ne masse une rate douloureuse que lorsqu’elle est petite. (...) Si on
la palpe, on constate qu’elle ressemble à un bâton posé dans le corps,
mais, quand la personne est devenue grande, le massage ne la guérit
pas.
melƴindoo (v.)
► sortir et rentrer la langue plusieurs fois
To ɓinngel nyawi nyawu huutooru, ngel fooƴan, ngel ɗon
295
menengokoop
melƴindoo, nanndita bee huutooru. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba,
20-03-05)
Lorsqu’un enfant a la ‘maladie du varan’, il maigrit, il sort et rentre la
langue de façon irrépressible, il ressemble au varan.
metta (v.)
► être fade, sans saveur
► être fâché
Goɗɗo feere, to ɓernde mum metti ni, foti o maaya ngam ƴiiƴam
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miligiraam
mooɓtoto nder maare, ɓaawo ɗoon, foti nde feera, o maaya. (Mal
Abdou, guérisseur peul, Bogo, 01-07-04)
Certaine personne, dès qu’elle se fâche (litt. : dès que son cœur est
fâché), il se peut qu’elle meure car son sang se masse dans le cœur,
ensuite, il se peut qu’elle ait une crise cardiaque (litt. : que (le cœur)
éclate) et qu’elle meure.
miijoo (v.)
► hésiter, craindre
Jaroowo semtataa, miijataako.
L’ivrogne n’a ni pudeur ni crainte.
miira (v.)
► trotter (insectes)
► avoir des fourmillements, des picotements ; cf. mooƴooƴo
► picoter
Nyawu fuɗɗiri yam gal hoore, ɓaawo man, ɓanndu am ɗon
naawa, suy kosɗe njaɓi ɗon miira noon. (Oubbo Abdou, 45 ans,
ménagère peule, Petté, 27-05-04)
Ma maladie a commencé par la tête, puis, j’avais mal partout, ensuite,
mes jambes s’y sont mises et j’y ressens des fourmillements.
298
minyiraawo
(Yaya Haman, infirmier guiziga, 27 ans, Meskine, 07-04-04)
Si la méningite est sévère, elle laisse des séquelles, par exemple, elle
peut paralyser la moitié du corps, ce côté ne fonctionnera plus.
DIAGNOSTIC
To minizii nanngi innu, hoore mum naawa, daande daroo cir. To
bana ɓinngel pamarel, nguɗumre ɗon uppa, ammaa to mawɗo,
nde uppataa. Ɓaade hoore naawa haa gonɗi ila. To min ndaari
bana nii, min mballina mo, min ɓaŋta kosɗe maako dow. To ɗum
naawaay mo, naa ɗum minizii, ammaa, to ɗum naawi mo, ɗum
minizii. Nyawu minizii nanngan diga ngaandi goɗɗo, tokkoo
ɗaɗol ɓaawo haa nannga kosɗe. To min tawi kosɗe maako
ɓaŋtataako, min poŋsona haa ɓaawo maako, min pooɗa ndiyam
nder i’al ɓaawo maako. To min tawi ɗam warti bana mbordi,
fakat ɗum minizii, ngam ndiyam ngondam nder i’al ɓaawo, to
woodaa nyawu, ɗam ndaneejam. (Yaya, infirmier, hôpital de Bogo,
29-06-04)
Quand la méningite attaque qqn, il a mal à la tête et il a le cou raide.
Quand il s’agit d’un bébé, sa fontanelle enfle, mais, chez les grands,
elle n’enfle pas. En fait, (le patient) a mal a la tête au point qu’il verse
des larmes. Quand nous voyons cela, nous l’allongeons et nous lui
soulevons les jambes. Si cela ne lui fait pas mal, ce n’est pas la
méningite, mais si cela lui fait mal, c’est la méningite. La méningite
attaque depuis le cerveau, poursuit par la moelle épinière jusqu’aux
jambes. Si nous constatons que ses jambes ne se soulèvent pas, nous
lui ponctionnons le dos, nous aspirons le liquide de sa colonne verté-
brale. Si nous constatons qu’il est devenu comme du pus, à coup sûr,
il s’agit de méningite, car le liquide qui se trouve dans la colonne
vertébrale, en l’absence de maladie, est blanc (i.e. incolore).
TRAITEMENT
To nyawu daande nanngi ɓinngel, daande maagel ɗon darii cir,
nde dimmbataako sam. Ɓe ɗon kurga ngu bee arge. To ɓe keɓi
ngurtotooɗam aran, ɓe ndokka ɓinngel wooɓa seeɗa, ndeen, ɓe
ngujana ngel daande maagel. To ɓe ngaɗi bana nii, ngel
yamɗitan, koo ngel yahaay lopitaal. (Djebba, ménagère, Maroua,
avril 2004)
Si la méningite affecte un enfant, son cou devient raide, il ne peut plus
du tout bouger. On soigne (la méningite) avec de l’alcool (de fabri-
cation artisanale). Une fois que l’on s’est procuré du cœur de chauffe
(premier alcool à sortir de l’alambic lors d’une distillation), on en
donne un peu à boire à l’enfant, puis, on lui frotte le cou avec. Si l’on
fait ainsi, (l’enfant) guérira même s’il ne va pas à l’hôpital.
302
mistiriijo
(ça) à (la victime) et on lui en frotte tout le corps. Dès qu’elle a bu (le
breuvage), (la victime) voit le sorcier, soit que (celui-ci) tienne son cœur
entre ses mains, soit qu’il soit en train de lui taper sur la tête. C’est pour
cela que l’on appelle ce (géophyte) « géophyte des sorciers ».
Cependant, la santé de la personne dépend de Dieu.
Laabi kaaramaaku bee ginnaaji feere feere. Karamaajo, ɓernde
o nanngata ; ginnawol boo sakla goɗɗo gal hoore. (Gaw Abdou,
Lopéré, Maroua, 24-11-04)
Les voies de la sorcellerie et celles des djinns diffèrent. Le sorcier,
c’est au ‘cœur’ qu’il attaque ; le djinn, lui, trouble la personne au
niveau de la tête.
mocca (v.)
► crachoter sur (qqn ou sur soi-même) en prononçant des formules (ma-
giques ou coraniques), à des fins thérapeutiques ou pour se protéger des
êtres malfaisants (sorciers ou ‘diables’)
Ɓe ɗon kurgira garsa sey bee binndi tan, malla boo moccugo. [...]
To ka sottaay, ɗoo kam naa ɗum garsa. (Baba Djimilla, 65 ans,
marabout peul, Dogba, 07-05-04)
On soigne le garsa uniquement avec des écrits (coraniques) ou par
des incantations accompagnées de crachotements. (...) Si la maladie
ne s’en va pas, alors, c’est qu’il ne s’agit pas de garsa.
Ɓe ɗon kurgira caayoori daande bee moccuki balol malla boo
gaarawol, ɓaawo man soofna ngol, suy o yara. (Abdouramane
306
mooltoo
Modibbo, guérisseur, Petté, 25-06-04)
On soigne le caayoori du cou/gorge en faisant une incantation cora-
nique et en crachotant sur une foliole de palmier ou sur un fil, puis on
trempe dans l’eau (la foliole ou le fil) et (le malade) boit (cette eau).
moɗa (v.)
► avaler, prendre par voie orale
mooɓoo (v.)
► se rassembler, se réunir
► avoir des relations sexuelles (euphémisme)
To gorko mooɓodake bee debbo mum nyannde alarba, to
fotootiri o reedi, o danyan ɓinngel paataangel, malla guyel, malla
boo barooyel ko’e. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Si un homme a des relations sexuelles avec sa femme un mercredi et
que par hasard elle tombe enceinte, elle mettra au monde un enfant
paresseux, voleur ou assassin.
307
moosindoo
moosindoo (v.)
► avaler sa salive
To caayoori nanngi daande, goɗɗo heɓataa moosindaago maa.
(Mal Djamo, 38 ans, commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
Lorsque (le caayoori) prend le cou, la personne ne peut absolument
pas avaler sa salive.
moyta (v.)
var. : mooyta
► caresser
Walaa accanɗo korlal mum moyta janannal.
Il n’y a personne qui laisse sa propre jambe pour caresser celle d’un
autre.
308
mulla
mukkoo (v.)
► mettre (qqch.) dans la bouche
« Ndaa mukka ! » ɓuran « Ndaa wakka ! » (Prov., Modibo Bello
Amadou)
« Tiens, mets ça dans la bouche » vaut mieux que « Tiens, mets ça sur
l’épaule ! » (Il est préférable de recevoir de la nourriture toute prête
plutôt qu’une houe pour cultiver ; dans ce dernier cas, il faudra
travailler et attendre longtemps avant d’avoir de quoi se mettre sous
la dent.)
mukurooɓ / mukurooɓji – nga/ɗi (n.) ; < français « microbe »
var. : mukuroop
► germe pathogène invisible à l’œil nu (microbe, bactérie, bacille, amibe) ;
cf. ngilngu
Ndiyam luggere koo ndiyam ɓunndu, to a yii ɗam, ɗam laaɓɗam ;
ammaa, ɗam ɗon bee mukurooɓ eemoral bee gilɗi.
L’eau du marigot et même celle du puits paraissent propres ; mais,
elles contiennent les germes de la dysenterie et des vers.
mumtoo (v.)
► s’essuyer, se torcher
Jawmu rawaandu mumtata rawaandu na, walla kayru ?
A’’aa, rawaandu mumtataako, sey Alla.
Alla mumtata rawaandu, naa kayru, naa jawmiiru. (Eguchi 1974,
p. 90)
Est-ce le maître du chien qui le torche, ou est-ce le chien lui-même ?
Non, le chien ne se torche pas, c’est Dieu (qui le torche).
C’est Dieu qui torche le chien, pas lui, ni son maître.
munya (v.)
► patienter, avoir de la patience, être patient
Ndaa Alla munyɗo, ndaa goɗɗo munyataa ;
sey nyannde janngo Alla oo ƴamtete,
innu ɓii-Aadamaajo, Alla oo nanngete ! (Sannda Oumarou.)
D’un côté, (on a) un Dieu patient, de l’autre, un homme qui ne l’est
pas ;
c’est seulement le jour suivant (i.e. le jour du Jugement dernier) que
Dieu te réclamera (qqch.),
fils d’Adam, Dieu se saisira de toi !
310
mura
munyal – ngal (n.d.v.) ; < munya
► patience, endurance, calme, stoïcisme
C’est l’une des vertus peules cardinales. « L’homme doté de munyal
assume une parfaite maîtrise de soi. Il est calme, il sait dominer ses
émotions en toute circonstance. » (CERCP 1998, p. 39)
To munyal ɗon, kuɗol yaran ndiyam julwiire. (Prov., cf. CERCP
1988, p. 40)
Avec de la patience, on peut vider un trou d’eau avec une paille.
To munyal ɗon, hoondu yaran gaari. (Prov.)
Avec de la patience, on peut boire de la bouillie avec le doigt.
Koo coofol boo, hoondu yaran, to bee munyal kam. (Prov.)
Même un étang, on peut le boire avec le doigt si l’on a de la patience.
Munyal defan hayre. (Prov.)
Avec de la patience on peut cuire une pierre. (Litt. : la patience peut
cuire une pierre.)
Ɗaɓɓugo ko heɓataa kam, ndikka accugo. (Prov.)
Plutôt que de rechercher ce que l’on ne peut avoir, mieux vaut y
renoncer.
Ɗiɗo ngewata tummude. (Prov.)
C’est à deux qu’on casse une calebasse. (Si une seule personne se
fâche et qu’elle ne trouve personne en face d’elle pour faire de même,
il n’y aura pas de dégât.)
Jaawal to rimi, gootel ; munyal, kanyum, siwtan. (Prov., Modibo
Bello Amadou)
Si la rapidité met bas, (elle donne) un seul petit ; la patience, elle,
donne des jumeaux.
mura (v.)
► sucer (qqch.) en (le) mettant entièrement dans la bouche ; cf. musina
To ɓe ta’ani ɓinngel ngeldaande, ɓe murna ngel mannda-kiiki.
(Dada Bouba, 35 ans, ménagère peule, Dogba)
Quand on coupe la luette d’un enfant, on lui fait sucer du sel mannda-
kiiki.
► pratiquer une fellation
Ɓe mbi’i koo murgo hokkan sida. Ɓooyma, mi ɗon mura cookum,
jotta ɗoo sey bee konndoom murananmi ɓe. (Mn., 25 ans,
prostituée, Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
311
murla
On dit que même la fellation donne le sida. Auparavant, je pratiquais
des fellations sans protection, (mais) maintenant, je ne la leur fais
qu’avec préservatif.
312
muziik
muskilawol / muskilaaji – ngol/ɗi (n.) ; < arabe [š k l], arabe tchadien
[muškila] « problème, ennui »
► problème, difficulté ; syn. cf. sababu
Nyawɓe ɗuuɗɓe ɗon ngarda lopitaal bee leɗɗe ɓe coodata haa
aga’en. Ɓe ɗon njara ɗe, ɗe nafaay. Sey min ɗon tawa muskilaaji
ɗe ngaddanta nyawɓe. (Singoï Alawa, infirmier, Meskine, 25-03-
04)
De nombreux patients viennent au dispensaire avec des médicaments
qu’ils ont achetés chez les vendeurs ambulants. Ils les prennent, mais
ils ne sont pas efficaces. Nous constatons qu’ils n’apportent que des
problèmes aux malades.
muuɗa (v.)
► manger (qqch. de tendre ou de granuleux)
Ɓikkon feere boo ɗon muuɗa lesdi, ɗoo fuu nyawnan tanndaw.
(Habiba Garga, 54 ans, ménagère daba, Zileng-Bappa, 31-03-04)
Certains enfants également mangent de la terre, ça aussi, ça donne le
tanndaw.
muuka (v.)
► fermer la bouche et le nez de (qqn) avec la main, boucher les voies
respiratoires
Lorsque qqn s’est évanoui, pour le faire revenir à lui, on lui bouche
les voies respiratoires.
313
naafki
Muziik ɗum giya njardeteeka gal noppi.
La musique, c’est une boisson alcoolisée bue par les oreilles. (Les
musulmans les plus rigoristes proscrivent la musique, qu’ils classent
parmi les excitants.)
naasta (v.)
► entrer dans
► reprendre leur place (fragments d’os fracturé)
Ƴiƴe ɗee naastan feere maaje to bee gaadal ngaal kam.
Ces (fragments d’)os vont se remettre en place tout seuls si on emploie
ce géophyte.
naawa (v.)
► faire mal à (qqn)
Ɗume naawete ?
De quoi souffres-tu ? (Litt. : qu’est-ce qui te fait mal ?)
Naawɗum hurgata naawɗum.
On guérit le mal par le mal. (Litt. : c’est ce qui fait mal qui soigne ce
qui fait mal.)
► faire mal (intransitif), être douloureux, être pénible
Gaɗel naawaay bana gaatel. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Le coup donné est moins douloureux que le coup reçu. (Jeu de mots
entre gaɗel et gaatel.)
Waɗeego naawaay bana waateego. (Prov., Abdoulaye Oumarou
Dalil)
Le fait d’encaisser est moins douloureux que le fait de subir une
314
nafa
vengeance. (Jeu de mots entre waɗeego et waateego.)
Ɓalli fuu ɗon naawa to ceeɗu naasti.
Tout le monde souffre au moment de la saison sèche et chaude. (Litt. :
tous les corps font mal...)
Ɓanndu maako to ɗon naawa, haa mbi’aa o waɗi ginnawol.
Quand il/elle souffre, on dirait qu’il/elle devient fou/folle.
● naawral ɓernde
► douleurs dans la poitrine (litt. : douleur de cœur/épigastre)
● naawral gite
► conjonctivite
● naawral hoore
► maux de tête ; migraine
● naawral nyiiƴe
► maux de dents
nafa (v.)
► être utile, servir, rendre service
► être rentable
► être efficace
Lekki kii nafataa.
Ce remède est inefficace.
Lekki kii nafan ɗaare.
Ce remède est un bon contre-poison.
315
nakan
Ŋatataa, latataa, nafataa, ndikka ŋata, lata, nafa. (Eguchi 1974,
p. 92)
(Plutôt que) ce qui ne mord pas, qui ne donne pas de coups de pieds
et qui ne sert à rien, mieux vaut ce qui mord, ce qui donne des coups
de pied et qui sert à qqch. (On parle ici de la femme. À une femme
d’une docilité parfaite mais qui ne fait rien, il vaut mieux préférer une
femme agressive et méchante, mais qui rend des services.)
nakan – nga (n.) ; < cf. arabe tchadien [anxara’] « avoir très peur, s’inquiéter »
► anxiété, angoisse, sentiment d’impuissance
To goɗɗo mettini ma ɓernde, hakkiilo maa fiyake, a heɓaay ko
ngaɗɗaa mo, nakan ngaan naawete. (Mal Abdou, guérisseur peul,
Bogo, 01-07-04)
Lorsque qqn t’a énervé (litt. : t’a fâché le cœur), tu es interloqué (litt. :
ton esprit est frappé), tu es incapable de lui faire qqch., c’est ce senti-
ment d’impuissance qui te fait souffrir.
Nakan maaygo ɓiyiiko suklii mo.
L’angoisse (causée par) la mort de son fils / de sa fille le taraude.
O fuu maako nakan, hannde balɗe tati baali maako njaanyaay.
Il est mort d’angoisse, voici trois jours que ses moutons ne sont pas
rentrés.
nana (v.)
► percevoir (un son ou une odeur), sentir, entendre
Ɓe ɗon mbi’a dabbaaji ɗon nana ko maayɗo wi’ata, sinaa ɓiɓɓe-
Aadama’en bee ginnaaji ngoni nanataa ko o wi’ata.
On dit que les animaux entendent ce que le mort dit ; il n’y a que les
humains et les djinns qui n’entendent pas ce qu’il dit.
Aran to ɓe ɗon nyaanca kusel, daga to a ɗon naasta saare ndee, a
nanan uureenga.
Autrefois, quand on grillait de la viande, avant même d’entrer dans la
concession, vous en sentiez la bonne odeur.
Nofru nanan ko wanyi.
L’oreille peut entendre ce qui l’indispose (litt. : ce qu’elle déteste).
► comprendre
To ɓanndu wuli, ɓuran noppi nango. (Prov., Boubakary
Abdoulaye, Maroua, 28-10-04)
La peur (provoquée par un châtiment ou une expérience négative
récents) a plus d’efficacité que les simples paroles que l’on peut vous
adresser. (Litt. : le corps qui a eu chaud comprend mieux que les
oreilles.)
► prêter l’oreille à (qqn / qqch.)
316
nanol
To a ɗon nana ko yimɓe mbi’ata, a luttan feere maa.
Si tu prêtes l’oreille aux on-dit, tu resteras seul(e).
322
ndamba
abondant en moins de deux jours. Mais ici chez nous, on ne donne pas
le colostrum, et on laisse l’enfant pleurer sans arrêt pendant parfois
trois jours. On ne lui verse que des gouttes d’eau dans la bouche. Cette
façon de faire n’est pas bonne. Cela donnera des problèmes (à l’en-
fant). Au centre de santé, on vous interdit de donner de l’eau aux
nouveau-nés. Vous n’obéissez pas, vous dites qu’il ne faut pas que sa
gorge se dessèche. (En fait, cette infirmière a employé le mot de
murla « mauvais lait » pour parler du colostrum. Elle ne fait ainsi que
renforcer les femmes dans la croyance que le colostrum est néfaste
pour l’enfant.)
● ndamba peewri
► rhume provoqué par un coup de froid
327
ndewaaku
ndewaaku – ngu (n.d.) ; < rew-
► qualités féminines
O walaa ndewaaku.
Elle n’a pas les qualités qu’on attend d’une femme.
328
ndiyam
Ndiŋa ɓaaru baaji. (Prov.)
L’avare est un carquois en écorces. (On ne peut prendre de flèches
dans un tel carquois, car elles restent accrochées aux aspérités des
parois en écorce.)
Mo hokkaay ma ɓuraay ma. (Prov., Hamadou Bouba, Maroua, 22-
03-06)
Celui qui ne te donne rien n’est pas supérieur à toi. (C’est par sa
générosité que l’on peut faire preuve de supériorité.)
● ndiyam cookam
► eau simple (sans adjonction de quoi que ce soit ; litt. : eau vide)
● ndiyam dampel
► eau de forage à pédale
● ndiyam diŋiiwol
► eau qui se trouve dans le fossé dont on a extrait la terre nécessaire pour
● ndiyam kalluɗam
► eau non potable (litt. : eau mauvaise)
● ndiyam luggere
► eau de marigot
● ndiyam maayo
► eau du fleuve (puisée dans le cours du fleuve)
329
ndiyam
● ndiyam ndaneejam
►pertes blanches (litt. : eau blanche)
Rewɓe feere mbi’a ndiyam ndaneejam ɗon rufa her maɓɓe. Ɗoo
kam fuu laarani nyawuuji nannganɗi farji rewɓe. (Maïramou,
assistante gynécologue, hôpital provincial, Maroua, 25-08-04)
Certaines femmes disent qu’elles ont des pertes blanches (litt. : que de
l’eau blanche coule d’elles). Tout cela a trait aux maladies des organes
génitaux des femmes.
● ndiyam okoloore
► eau des petites mares artificielles creusées dans les champs de sorgho
repiqué
● ndiyam tangi
► eau minérale en bouteille (à l’origine, eau minérale de marque Tangui)
● ndiyam tiyoo
► eau du robinet
● ndiyam yargo
► eau à boire (mais pas forcément potable)
● ndiyam maaroori
► eau de riz (eau de cuisson du riz)
● ndiyam leemun
► jus de citron (sucré)
► liquide
● ndiyam caawaaɗam nder reedu
► kyste abdominal (litt. : eau enveloppée dans le ventre) (Hammawa
330
ndondonu
d’eau sur la tête. Avant que cette (poche d’)eau ne rompe, elle se
fatigue, elle s’épuise complètement, mais au centre de santé, dès que
(les infirmiers) passent la main et qu’ils trouvent cette (poche d’)eau,
ils l’enlèvent, et (la femme) ne souffre plus, elle accouche.
Nde min ɗon ngaɗa dabare dillugo lopitaal, min ngi’i ndiyam goo
fusi. Suy, ɓe lorni yam nder saare, ɓesnumi. (Isabelle Kaltoumi, CSI
de Makabay, Maroua, 20-06-04)
Alors que nous cherchions un moyen pour aller au centre de santé,
nous avons vu que (la poche des) eaux s’était rompue. Alors, on m’a
ramenée à la maison et j’ai accouché.
● ndiyam fawƴere ɓaleejam
► liquide méconial (litt. : eau noire de la poche des eaux)
332
nebbam
ndunngu – ngu (n.d.v.) ; < ruuma
► saison des pluies, première partie de la saison humide (duumol)
333
neɗɗaaku
● nebbam kaareeje
► huile de karité (fabriquée plus au sud)
● nebbam liɗɗi
► huile de poisson
● nebbam makiyaas
► produit (lait, lotion, pommade) destiné à éclaircir la peau ;
syn. makiyaas
● nebbam masarji
► huile de maïs (fabriquée à Ngaoundéré)
● nebbam palme
► huile de palme (fabriquée dans le sud du pays)
nefa (v.)
► éprouver de la répulsion pour (qqch. ou qqn)
Woodi yaapenndo am feere nyawi sida. [...] Nyawu nguu laalaati
mo haa miin maa, mi ɗon nefa mo. Ɓooyma ɗoo, mi ɗonno yaha
lootana mo defana mo. Nde nyawu nguu tulliti, accumi yaago fuu
haa maako. (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
J’avais une tante maternelle qui avait le sida. (...) La maladie l’avait
fait tellement dépérir que même moi, j’éprouvais de la répulsion face
à elle. Avant, j’allais lui faire sa lessive et sa cuisine. Quand la maladie
s’est aggravée, j’ai complètement cessé d’aller la voir.
nelda (v.)
► envoyer
To min ndaari min mbawataa hurgugo nyawɗo, min mbinndana
mo ɗereewol, ndeen, min nelda mo lopitaal mannga. (Adama
Ousmane, 48 ans, infirmier peul, Maroua, 29-03-04)
Lorsque nous voyons que nous ne pouvons pas soigner un malade,
nous lui écrivons une note et nous l’envoyons à l’hôpital provincial.
336
ngeemuure
Lorsque qqn fait une mauvaise chute et que son cerveau a été ébranlé,
il n’a plus de hakkiilo. Lorsque le cerveau a été ébranlé, la personne
ne sait pas ce qu’elle fait.
Ngaandi to waɗi umroore, ɗaɗi ɗiin njaarata nde nder ɓanndu
haa goɗɗo heɓa huuwa ko ngaandi ƴami mo. (Adama Ousmanou,
infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Lorsque le cerveau émet un ordre, ce sont les nerfs qui le transportent
dans le corps pour que la personne puisse exécuter (litt. : travailler) ce
que le cerveau lui demande.
● ɓalwa-ngaandi
► crétin (litt. : qui est noir de cerveau)
● gilɗi ɓaawo
► litt. : vers du dos ; ce sont des ascaris qui sont censés aller se loger dans
la région lombaire.
To gilɗi ɗon naawa goɗɗo ɓaawo, o nanan bana ngo ɗon nyooti.
Yaake feere boo, ɗi ndarna ɓaawo ngo daroo cir. Kurgun man
kam, sey o ɗaɓɓa seereehi, o duufa ɗigga tilik, o heɓa holsere o
dolla, o hooƴa kuroori duufre goo, o sammina nder nebbam o
dimmba, o tokkoo yargo jemma fuu. (Goggo Damdam, 65 ans,
guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
Lorsque les vers font mal au dos, on ressent comme si le dos « se
coud » (i.e.: cela pique et réduit la mobilité). Parfois, ils rendent le dos
341
ngilngu
complètement raide. Pour soigner cette (affection), il faut chercher du
Combretum molle et le réduire en poudre en le pilant ; on prend aussi
une patte (d’animal) que l’on cuit à l’eau, ainsi que la poudre (de
Combretum) écrasée dans un mortier, on la saupoudre dans la graisse
(du bouillon de patte) et on agite ; on boit cela régulièrement toutes
les nuits.
Gilɗi jalɓalji, ɓaawo ɗi nanngata. To ɗi nanngi goɗɗo ɓaawo, haa
jooɗoo maa bone, haa yaha maa bone noon. Ɗi naasta ƴiƴe ɓaawo,
suy ɗi nyoota. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Les ascaris, c’est au dos qu’ils attaquent. Quand ils attaquent le dos,
pour s’asseoir, c’est un problème, pour marcher c’est un problème. Ils
pénètrent dans les os du dos, puis ils les cousent.
● ngilngu ɓernde
► ver de la poitrine/région épigastrique
Nom donné à l’ascaris quand il sort des intestins pour aller attaquer la
région épigastrique et pulmonaire. Le ‘ver’ logé dans cette partie du
corps est notamment responsable de l’asthme (peewri-cukku).
To peewri-cukku ɗon naawe, woodi ngilngu nanngete ɓernde.
Suy, to a jooɗake ni, a ɗon foofa bee bone, a ɗon hiika noon.
(Femme inconnue, Lopéré, Maroua, 25-11-04)
Lorsque vous souffrez de l’asthme, il y a un ver qui vous a attaqué au
‘cœur’. Ensuite, dès que vous vous asseyez, vous respirez avec diffi-
culté, vous respirez très difficilement.
Mi ɗon nana huunde ɗon yiiloo nder ɓernde am. Nde ɗon tufa
yam bana to goɗɗo hooƴi duweere ɗon tufammi ɓernde. Nde daga
nyannde ngilngu nguu wurtorii gal hunnduko am, ɓernde acci
ɓillugo yam. (Ibrahim Ahmadou, hospitalisé à Petté, 23-06-04)
Je sentais quelque chose qui se promenait dans ma poitrine (région
épigastrique). Cela me piquait comme si qqn avait pris une alène et
me piquait la poitrine. À partir du jour où ce ver est sorti par ma
bouche, j’ai cessé d’avoir mal à la poitrine (litt. : le ‘cœur’ a cessé de
me déranger). (Le patient a précisé auparavant qu’il s’agissait d’un
ascaris.)
To innu, gilɗi ɗon naawa mo ɓernde, o hooca seɓre malla ɗaɗol
bakureehi, o hawta bee kilbu laaciijam, o soofna, o yara. Ɗum
kurgun gilɗi musinanɗi ɓernde. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule,
Dogba, 12-05-04)
Lorsque les vers provoquent des douleurs épigastriques, on doit
prendre de l’écorce fraîche ou une racine de bakureehi qu’on associe
à du natron d’aspect fibreux, on fait tremper (le tout) et l’on boit (le
macéré). Voilà le remède des vers qui sucent le ‘cœur’.
To goɗɗo ɓernde muuɗum ɗon naawa, na a anndaa to ɗum
mistiriijo nyaami mo malla to ɗum gilɗi ɓillata mo. Ndeen mi
342
ngilngu
hokka mo gaadal mistiraaku. To mi yi’i ɗum accaay ɓillugo mo,
mi hokka mo lekki gilɗi ɓernde. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba,
29-04-04)
Lorsque qqn souffre de douleurs épigastriques (litt. : a mal au
« cœur/région épigastrique »), tu ne peux pas savoir si c’est un sorcier
qui l’a mangé ou si ce sont les ‘vers’ qui le dérangent. Alors, je dois
lui donner le géophyte de la sorcellerie (Cissus quadrangularis). Si je
constate que cela ne cesse pas de le gêner, je lui donne le remède des
« vers de l’épigastre ».
Bana ko anndumi kam, ɗum gilɗi peɗotoo ɓernde, nyaama nde,
waɗa nde burɗe burɗe. To goɗɗo yaawaay, ɗum mbaran mo law.
Ɓurna man, to goɗɗo wooftini reedu mum nyaamdu bee saa’iije,
ɓaawo ɗon o tokkitinaay, ndeen to saa’i waɗi bana ko woowa,
gilɗi mboyan, ɗi ngiɗi nyaamdu. To ɗi ngiilake nder teteki haa
neeɓi ɗi keɓaay nyaamdu, ɗi ɗisoo nder ɓernde, loga nde. So naa
to goɗɗo nyaami nyaamdu welndu, ndeen burɗe goo maɓɓoo. To
ɗe maɓɓaaki, taa o nyaama huunde bee cittaaje, ngam to meemi
ɓernde, wulan bana yiite. To ɗuuɗi, mbaran ɓernde ndee. Ndeen,
o maayan ngam gilɗi ɗii luttan toon. To haa lopitaal kam, walaa
kurgun maagu, ammaa ɓe ɗabban noon. Miin kam, to mi hooci
kilbu laaciijam, mi dolli bee nduuda bee ɗaɗi wajaalo, mi yarna
mo . Ndeen, ɗum mbaran gilɗi peɗiiɗi haa ɓernde goo fuu. (Mal
Aladji Abba, guérisseur, Dir, 24-05-04)
D’après ce que je sais, ce sont les vers qui s’accrochent à l’épigastre
(‘cœur’), le mangent et y font des trous un peu partout. Si la personne
ne se dépêche pas (de se soigner), cela la tuera rapidement. La plupart
du temps, si la personne a habitué son estomac à manger à heures
(régulières) et qu’elle n’a pas respecté (ces horaires), si l’heure
habituelle arrive, les vers vont pleurer (car) ils veulent manger. S’ils
se baladent dans les intestins pendant un certain temps sans trouver de
nourriture, ils se fixeront à l’épigastre (‘cœur’) et le creuseront par-
dessous. Si la personne mange une bonne nourriture, alors, les trous
se refermeront. S’ils ne se referment pas, (la personne) ne doit pas
manger une chose pimentée, car si cela touche l’épigastre, cela brûlera
comme du feu. S’il y a beaucoup (de piment), cela tuera la personne.
Puis elle mourra parce que les vers vont rester là (dans le ‘cœur’). À
l’hôpital, il n’y a pas de remède pour cette maladie, ils l’apaisent
seulement. Quant à moi, après avoir pris du natron fibreux, je le fais
bouillir avec une grosse larve de coléoptère et des racines de
Cymbopogon giganteus, et je fais boire ça (au malade). Alors, cela tue
tous les vers accrochés à l’épigastre.
Gilɗi ɗon musina yam ɓernde.
J’ai des tiraillements dans l’estomac. (Litt. : les vers me sucent dans
la région épigastrique.) (On dit cela lorsque l’on n’a pas mangé le
343
ngilngu
matin et que l’estomac se rebiffe. On pense que ce sont les vers qui se
manifestent à l’intérieur parce qu’on ne leur a rien donné à manger.)
Gilɗi ɗon ɗisii haa ɓernde am.
J’ai un point de côté. (Litt. : les vers se sont enfoncés dans mon
épigastre.)
● ngilngu ciiɓoowu / gilɗi ciiɓooji ; syn. moderne ankilostoom
► ver suceur (ankylostome), ver hématophage
344
ngilngu
On connaît aussi sous ce nom la larve d’Œstrus ovis L. (Diptera,
Œstridae, Œstrinae) cf. Tourneux et Yaya 1998, p. 337.
Gilɗi hoore ɗon nder hoore innu, bana gilɗi goɗɗo yi’ata nder
hoore dabbaaji. A yi’an feere to ɗi isli ni, gilɗi ɗii ngurtoo gal kine.
[...] Ɗum ngaandi innu waɗata gilɗi hoore. Ammaa, ɗi naastataa
bana gilɗi nyaamooji naastata haa goɗɗo. Bana gilɗi reedu ɗii,
naa goɗɗo heɓan ɗi gal yaasi. Ɓe ndanydan innu bee maaji.
(Haman et Sannda Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
Les « vers de la tête » se trouvent dans la tête de la personne ; (ils
ressemblent) aux vers que l’on peut voir dans la tête des animaux.
Vous pouvez parfois les voir sortir par le nez lorsque les (animaux)
éternuent. (...) C’est le cerveau de la personne qui génère (litt. : fait)
les « vers de tête ». Mais ils ne pénètrent pas comme le font les
oxyures. De même que les vers intestinaux, on ne les reçoit pas de
l’extérieur. La personne naît avec.
Ɗum gilɗi hoore ngaɗata ndamba. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba,
23-09-04)
Ce sont les ‘vers’ de la tête qui produisent la morve.
Nanaru maa ba ngilngu hoore. (Boubakary Abdoulaye, Maroua,
23-07-04)
Tu n’es pas capable de rester tranquille : on dirait que tu as un ver
dans la tête. (Litt. : ton indiscipline, comme un vers dans la tête.)
● ngilngu kosam
► (litt. : ver du lait)
Gilɗi boɗeeji ɗon mari kunnduɗe bee dubbe ceeɓɗe bana jalɓal.
(El-Hadj Kaou Hamadjoda, 50 ans, infirmier peul, Maroua, 22-04-04)
Les ascaris ont une bouche et une queue (litt. : des fesses) étroites
comme un germe (de graine).
348
ngilngu
Gilɗi jalɓalji ɗon mari kunnduɗe ɗiɗi. Kanji ɗiin tufata innu nder
reedu, waatoo ɗi ɗon ɗisoo nder kusel ɓanndu, ɗi ɗon bana
mbalku. Ɓurna fuu, haa becce ɗi ɗisotoo. (Baba Djimilla, 65 ans,
marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Les ascaris ont deux bouches. Ce sont eux qui piquent dans le ventre,
c’est-à-dire qu’ils se fixent dans la chair, ils ressemblent à la sangsue.
La plupart du temps, c’est au niveau des côtes qu’ils se fixent.
To gilɗi jalɓalji nanngi goɗɗo, ɗi naawan mo haa o wulina. Ɗi
njooɗoo bana wowlere nde weeti fuu. Daadaare ndee boo ɗon haa
caka cak reedu goɗɗo haa jaabuuru. (Boubakary, marabout,
Doualaré, Maroua, 23-11-2004)
Quand qqn a des ascaris, ils le font souffrir au point de lui donner de
la fièvre. Ils se mettent en une sorte de boule tous les matins. Leur
siège se trouve exactement au milieu du ventre, au nombril.
Nyawu gilɗi jalɓalji raaɓan, ngam to innu marɗo ɗi bawli, buubi
meemoyi coofe maako, ngari njooɗake dow nyaamdu ; koo innu
jamo to o nyaami ndu ni, ɗi naastan mo. Malla boo, coofe marɗe
gilɗi man meemi ndiyam njareteeɗam ; ɗoo boo innu man heɓan
ɗi. Ɗi ɗon nder salak boo [...]. (El-Hadj Kaou Hamadjoda, 50 ans,
infirmier peul, Maroua, 22-04-04)
L’ascaridiose est contagieuse ; en effet, quand une personne atteinte
va aux toilettes, les mouches touchent ses selles, puis elles vont se
poser sur la nourriture ; il suffit qu’une personne en bonne santé en
mange pour être infestée. Ou bien, des selles contenant des vers
entrent en contact avec l’eau à boire ; là aussi, la personne en attrapera.
(Ces vers) se trouvent aussi dans la salade (...)
Ɓe ɗon kurgira gilɗi jalɓalji bee seɓre seereehi. Goɗɗo una nde,
jiiɓa nde nder njumri, o hacitiroo fajira fuu. Bana nii ɗoo, gilɗi
ɗii keɓataa dawgo nyawna ɓernde maako. To gilɗi nyiɓi haa
ɓernde, ɗum waɗan ndinkiri. Nyawu nguu ɓe tufata bee yiite.
Ammaa to goɗɗo tokkake yargo lekki, gilɗi ɗii keɓataa nyiɓgo
haa ɓernde maako. (Mama Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-04)
On soigne les ascaris avec de l’écorce fraîche de Combretum molle.
On la pile, on la mélange avec du miel et on déjeune avec cela tous
les matins. De la sorte, les vers ne pourront pas faire mal au ‘cœur’
(région épigastrique) très tôt le matin. Lorsque les vers ont construit
(leur demeure) dans la zone épigastrique, cela crée une plaque dure.
Cette affection, on la traite par des pointes de feu (litt. : on la perce
avec du feu). Mais si la personne boit régulièrement le remède, les
vers ne pourront pas construire (leur demeure) dans son ‘cœur’.
To gilɗi jalɓalji tiggake goɗɗo kap, sey o heɓa kilbu laaciijam, o
soofna o yara. To o yari ni, gilɗi ɗii njoofan mo. Gilɗi mbaatataa
kam, ammaa ɗi ndogga ɗi cuuɗoo nder teteki goɗɗo. (Djebba,
ménagère, Maroua, avril 2004)
349
ngilngu
Lorsque les ascaris se sont fixés sur qqn, il doit prendre du natron
fibreux, le mettre dans de l’eau et boire (ça). Une fois qu’il l’aura bu,
ces vers le lâcheront. Ils ne crèveront pas, certes, mais ils s’enfuiront
et iront se cacher dans les intestins de la personne.
Jotta ɗoo, nder daande am mi ɗon nana bana ngilngu jalɓalwu
woni nder reedu ɗoo. Kangu wurtii nder reedu, ngu majji, ngu
heɓtaay huucugo. Mi ɗon sonndoo, ndegoo mi tuuta, ammaa, ngu
salii wurtaago sam. Aran haa ɗum fuɗɗa yam, ɓaawo daande am
ɗon naawa, mi fotaay mi turoo, ammaa jotta ɗoo, mi ɗon nana
bana puƴe ngoni nder daande ndee. Mi ɗon tokkoo mukkaago
mannda-kiiki nammi bee bakke bee sukar. To ɗum ngilngu kam
fuu, ngu accan. [...] Ngu ɗon ŋelina yam noon, sorkammi, mi
sonndoo seeɗa, mi ɗon nana bana to huunde ɗeɗɗi goɗɗo nii ɗon
jooɗii. To a ŋoslake ni, bana ngu ɗon dilla. (Asta Fidjondé, 60 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Actuellement, je sens dans mon cou comme un ascaris intestinal (litt. :
qui est dans le ventre). Il est sorti du ventre, il s’est égaré et ne peut
plus rentrer chez lui. Je tousse, parfois je vomis, mais il refuse
absolument de sortir. Avant que cela ne débute en moi, j’avais mal
derrière le cou, je n’arrivais pas à me pencher, mais maintenant, je
sens comme des boutons à l’intérieur du cou. Je suce régulièrement
du sel mannda-kiiki que j’écrase avec du gratin de « boule » et du
sucre. Si c’était un ver (que j’avais), il aurait cessé (de m’importuner).
(...) Il n’arrête pas de me chatouiller, il m’étouffe, je tousse un peu, je
sens comme si quelque chose m’étranglait sans lâcher prise. Si vous
vous contorsionnez un peu, vous diriez qu’il s’en va.
● gilɗi ŋornyooji
► vers qui provoquent des coliques
350
ngorgaaku
● gilɗi sonndaaru
► bacille de Koch (litt. : ‘vers’ de la tuberculose)
Gilɗi sonndaaru naastan gal kine, gal hunnduko jamo. (Noël
Djavaï, infirmier, Meskine, 01-04-04)
Les ‘germes’ de la tuberculose entrent par le nez et par la bouche de
la personne saine.
Gilɗi koros ɗon, gilɗi ɗi ɓe mbi’ata basiil, bakterii, fuu ɗi ɗon
tawee haa naawral les reedu debbo. (Vina Albert, infirmier,
Makabaye, 15-04-04)
La gonococcie/blennorragie a ses ‘germes’, ‘germes’ que l’on appelle
bacilles et bactéries ; on les trouve tous dans la maladie du bas-ventre
de la femme.
ngude (adv.)
► sans manger, le ventre vide
nyallugo ngude
passer la journée sans manger
waalgo ngude
passer la nuit le ventre creux
nguƴeere – nde
► déformation (bosse) du haut de la colonne vertébrale qui apparaît chez les
jeunes enfants
TRAITEMENT
On fait des pointes de feu tout au long de la colonne vertébrale en
commençant au niveau des cervicales. On utilise pour cela une tige de
Sesbania pachycarpa (cannjol) dont l’extrémité a été enflammée par
friction dans une tige d’Hibiscus cannabinus (gabaywol) sèche.
nisɓoo (v.)
► aspirer par le nez, priser
353
njaaluujo
Yimɓe feere gal kine nisɓotoo tabaa.
Il y a des gens qui prisent le tabac.
To a facci ndiyam haa nisɓoɗaa a nani ɗam kaccuɗam, ɗam
nanngataa. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Si tu verses un peu d’eau pour que tu l’aspires par le nez et que tu
sentes qu’elle pue, (cette eau) ne convient pas pour les ablutions.
l’homme)
prostituer
355
njumri
njumri – ndi (n.)
► miel noir d’abeilles
Considéré comme des déjections d’abeilles.
Peut se consommer nature, ou dissous dans du lait fermenté.
Mélangé à de l’eau chaude, se donne à une nouvelle accouchée, pour
atténuer les douleurs abdominales, ou pour soigner une bronchite.
On en verse quelques gouttes dans la bouche du nourrisson pour
calmer ses maux de ventre.
On peut en prendre une cuillère à café chaque matin pour lutter contre
les vers intestinaux. (Mamadou Sadou, 45 ans, chasseur peul, Dogba)
On enduit de miel le mamelon de la mère pour inciter un enfant
récalcitrant à téter.
Afin de repigmenter un épiderme dépigmenté par suite de brûlure, on
y applique, après cicatrisation, une couche de miel.
Donné en petite quantité à un enfant pour combattre la constipation.
● margo nofru
► avoir l’oreille musicale (litt. : avoir l’oreille)
● margo noppi
► avoir l’oreille fine (litt. : avoir des oreilles)
● faaɗa-noppiijo
► un peu dur d’oreille (litt. : qui a l’oreille étroite)
● mo walaa noppi
► sourd (litt. : qui n’a pas d’oreilles)
INSULTES
yaaja-noppi
qui a les oreilles en feuilles de chou (litt. : large d’oreilles)
juuta-noppi
oreillard (litt. : qui a de longues oreilles)
noppi bojel
longues oreilles (litt. : oreilles de lièvre)
noppi koosay
oreilles rondes (litt. : oreilles en forme de beignets de niébé)
Pulel pentaangel noppi koosay !
Petit Peul blanc aux oreilles rondes ! (Litt. : petit Peul peint à oreilles
en forme de beignets de niébé !)
PATHOLOGIE
● naawral noppi
► maux d’oreilles, otite
CAUSES
Caayoori fuɗɗata naawral noppi, ngam to ndi ɗon nder ɓanndu,
ndi ɗon waanca, hettira gal dow, nannga noppi bee nyiiƴe.
(Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
Le caayoori provoque les maux d’oreilles, car quand il se trouve dans
le corps, il se promène, se dirige vers le haut et prend les oreilles et les
dents.
TRAITEMENTS
Yimɓe ɗon kurgina nyawu noppi bee lekki ki ɓe tiggata haa les
giraamje. Ɓe kooca haako ɓe ngula, ɓe piɗɗa nder noppi. [...] Ɓe
ɗon ngula hottollo suudu sonndu, ndoondi man, ɓe coofra bee
ndiyam, ɓe toɓɓa nder nofru. Ɓe ɗon kooca bileeji teeku, ɓe
ngula, ɓe coofna ndoondi bee ndiyam, ɓe toɓɓa nder nofru.
357
nokkande
(Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
On soigne les maux d’oreilles avec une plante que l’on repique au
pied des jarres à eau (Cissus quadrangularis ?). On en prend les
feuilles, on les chauffe et on en presse (le jus) dans les oreilles. (...)
On brûle du coton (provenant) d’un nid d’oiseau ; la cendre, on la
mouille avec de l’eau et on en met quelques gouttes dans l’oreille. On
prend des plumes de paon, on les brûle, on mouille la cendre avec de
l’eau et on en met quelques gouttes dans l’oreille.
Bee nebbam biriiji, ɓe ɗon kurga noppi. Suudu yowru nder gese
ɓe taƴa, ɓe ngula, ɓe kooca ndoondi man, ɓe njilla bee ndiyam,
toɓɓa nder nofru. Hoowowre nde ɓe mbi’ata rawaandu-gese, ɓe
tilƴa ɗum ɓe ngaɗa nder nofru. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule,
Dogba, 12-05-04)
On soigne les oreilles avec de l’huile d’arachide. Le nid du soui-
manga (que l’on trouve dans les) champs, on le coupe, on le brûle, on
prend ses cendres que l’on mélange à de l’eau et l’on en met quelques
gouttes dans l’oreille. L’insecte que l’on appelle forficule, on l’écrase
entre les doigts et on met (ça) dans l’oreille.
Ɓe ɗon ndolla dawaaɗi-gese toɓɓa nder nofru, ɗum nafan.
Ɓooyma’en boo ɗon kooca baaji leece kewe, ɓe ngula ɓe ngaɗa
nder noppi. (Ayya Farikou, 39 ans, ménagère peule, Petté, 07-05-04)
On fait cuire à l’eau des forficules et l’on met quelques gouttes (du
liquide obtenu) dans l’oreille, cela est efficace. Les gens d’autrefois
prenaient aussi les lanières d’écorce des lits en bambou ; ils les
faisaient brûler et mettaient (la cendre) dans les oreilles.
Ɗaaleejam kam wallan koo to nofru ɗon naawa fuu, to ɓe toɓɓini,
ndu hurgoto. (Didja, épouse Ousmanou, guérisseuse peule, Dargala, 09-
06-04)
L’huile de caïlcédrat sert aussi contre les maux d’oreille ; quand on y
en instille, l’oreille guérit.
358
nyaalde
O ɗon mari noorol ɓaawo dariingol cir.
Il/elle a une épine dorsale parfaitement droite.
nufnoo (v.)
► renifler, flairer, sentir de près
To ɓe mbii ma : « Nufna, nufna ! » fuu, haccaay. (Prov.)
Si on te dit tout à coup : « Sens, sens ! », c’est que ça ne sent pas
mauvais. (Si la chose sent vraiment mauvais, on n’a pas besoin de te
le dire, tu l’auras remarqué par toi-même. Le proverbe se dit lorsque
qqn énonce comme une révélation une chose que n’importe qui peut
voir ou comprendre.)
numa (v.)
► penser, réfléchir
359
nyaama
nyaama (v.)
► manger
« Demander à quelqu’un (...): ‘Veux-tu manger ou boire telle ou telle
chose ?’ est une preuve de manque d’éducation. Le pulaaku veut que
l’on présente à manger ou à boire à quelqu’un sans demander son avis.
Et même après refus, ce qui est courant, l’on doit insister (...) » (CERCP
1988, p. 55)
« Face à la nourriture, il faut affecter indifférence et détachement. (...)
Ainsi, on évitera (...) de l’appeler par son nom, nyiiri, pour avoir
recours à des mots comme nyaamdu, ‘le manger’. La viande, kusel,
est pudiquement appelée huunde haako, ‘la chose de la sauce’ ou
tout simplement haako, ‘la sauce’. Pour inviter à manger, on dira :
Ngaree gaa’e, ‘venez par ici !’ Un enfant qui appelle son père pour le
repas ne dira pas : ‘Père ! la nourriture est prête’, mais plutôt : ‘Père !
on a besoin de toi !’
Un (Peul) respectueux des règles (...) se fera prier plusieurs fois avant
de se plier à une invitation à manger.
Les bonnes manières ‘à table’ consistent à ne pas manger en mastiquant
bruyamment les aliments, à ne pas prendre de grosses bouchées, à ne
pas parler la bouche pleine. Quand les (Peuls) prennent ensemble un
repas (ils mangent dans un plat commun), chacun doit se servir
uniquement dans la partie de la nourriture qui se trouve juste devant lui
(...). Il faut éviter de se servir plus que les autres, par exemple prendre
plus de viande ou tripoter la sauce pour chercher les meilleurs
morceaux. Les convives éviteront de porter au même moment la main
dans la calebasse de nourriture. La paume de la main ne doit pas inter-
venir dans la préhension de la bouchée ; mieux, la boulette de nourriture
est pincée entre trois doigts : pouce, index et majeur. (...) En règle
générale, quand la nourriture est servie, c’est le chef de famille qui
découvre le récipient et se sert le premier. De même, c’est lui qui invite
à prendre les morceaux de viande. La formule utilisée pour la circons-
tance est Ndaaree ne, ‘regardez donc !’
Le (Peul) ne prend pas ses repas dans des lieux publics, mais toujours
à l’entrée du saare.
(...) Hommes et femmes ne mangent pas ensemble, surtout quand ils
sont unis par des liens conjugaux ou des rapports d’alliance.
Cependant, le temps et l’âge peuvent atténuer cette règle. Ainsi, on
peut se permettre de manger avec son jeune beau-frère ; une bru peut
finir par manger avec sa belle-mère ; toutefois, il ne peut jamais
arriver que les époux mangent ensemble. » (CERCP 1988, p. 60-61)
On ajoutera qu’une femme n’a pas le droit de prendre, dans la même
bouchée, de la boule et de la viande ou du poisson. Elle doit alterner,
en commençant par de la boule ; de toute façon, elle prendra un
nombre réduit de bouchées de viande ou de poisson.
360
nyaama
Ɓe nyaamataa dow laawol.
On ne mange pas sur la voie publique. (CERCP 1988, p. 43)
To nyaami haaraay, ɓiiri boo haarataa. (Prov., Boubakary
Abdoulaye, Maroua, 29-07-04)
Si manger n’a pas rassasié, gratter le fond (de la marmite) ne le fera
pas (davantage).
Eftu, waddu kam : « Mi waawataa ! » Jooɗa nyaam : « Mi
timmini ! » (Prov., Modibo Bello Amadou)
Soulève ça et apporte-le : « Je n’en suis pas capable ! » Assieds-toi et
mange : « J’ai fini ! » (Il y a beaucoup plus de volontaires pour venir
manger que pour donner un coup de main. On ne se fait pas prier pour
venir manger et on expédie rapidement la nourriture.)
To a hulan ko nyaamete, a heɓataa ko nyaamaa. (Prov.)
Si tu as peur de ce qui peut te manger, tu n’auras rien à manger.
To nagge numti ko nyaamanno duumol, waatan ceeɗu. (Prov.)
Si la vache se souvenait de ce qu’elle mangeait à la saison des pluies,
elle crèverait à la saison chaude.
Nyaama ngam wuura, naa wuura ngam nyaama.
Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger.
Goɗɗo feere nyaamataa reedu-nder mbaala.
Certains ne mangent pas d’abats de mouton.
[...] To kilo bee tansiyooŋ [reeduujo] ɗon ɓesdoo, dokta’en keɓan
ko ɓe mbi’ata [mo] gal ko laarani ko o nyaamata bee ko o accata
ngam taa ɓinngel loora jamum. To o ɗon nyaama belɗum, sargan
ngel wurtaago. (Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier peul, Maroua,
15-04-04)
Si le poids et la tension (de la femme enceinte) montent (trop), les
personnels de santé sauront quoi (lui) dire en ce qui concerne ce
qu’elle doit manger et ce à quoi elle doit renoncer pour que l’enfant
ne grossisse pas trop. Si elle a une alimentation trop riche (litt. : si elle
mange des bonnes choses), cela gênera la sortie de l’enfant.
Ɓaawo to a danyi, to a woodi ceede, njahaa taabal haa tasa ; to a
walaa boo, nyaamaa lakasko maa ! (Aminatou Seïny ; 18 ans,
ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
Après avoir accouché, si tu as des sous, tu vas à l’étal (de boucher) à
la gare routière ; si tu n’en as pas, tu manges ta sauce insipide (comme
d’habitude) !
PHYSIOLOGIE
To a nyaami nyaamdu, ndu ɗon yaha haa nder ndeera, ndeen,
ɗum laatoo bu’e. To laarani bana kuuje kaaɗɗe malla belɗe, ɗum
huucan haa kaaɗkaaɗngel. Kangel ngeel simtinta dajje maagel
haa nder suudu bu’e, ndeen ɗe nyola, ɗe ngurtoo, ɗe ɗon kacca.
Bana to goɗɗo nyaami jonta, ndeen o tuuti nder wakkati man,
361
nyaama
nyaamdu nduu haccataa, ngam kaaɗkaaɗngel heɓaay simtingo
dajje maagel. (Mal Hamadou, marabout, Bogo, 28-06-04)
Quand vous consommez de la nourriture, celle-ci va dans l’estomac,
puis cela devient des excréments. S’il s’agit de choses amères ou
sucrées, cela retourne dans la vésicule biliaire. C’est elle qui instille
son poison dans le rectum, puis (les excréments) pourrissent, sortent,
et puent. Si qqn vient de manger et qu’il vomit sur-le-champ, cette
nourriture (vomie) ne pue pas, car la vésicule biliaire n’a pas eu le
temps d’y instiller son poison.
To goɗɗo nyaami, nyaamdu nduu naastan nder reedu. Woodi
masinji nder toon nama ko o nyaami. Coowoowri tokkoo gal
teteki haa wurtoo yaasi gal rummoodu. Nafoojum boo sankitoo
nder reedu toon, masalan bana to a wujani ɓanndu nebbam.
(Dada Mamma, accoucheuse traditionnelle, Zala, 12-08-04)
Lorsque qqn mange, la nourriture pénètre dans le ventre. Il y a là-
dedans des moulins qui écrasent ce que (la personne) a mangé. Le
contenu de l’estomac poursuit (son chemin) par les intestins jusqu’à
la sortie par l’anus. La partie utile (de la nourriture) se disperse dans
l’abdomen, comme par exemple lorsque l’on se frotte avec une
pommade. (La partie utile de la nourriture est absorbée à l’intérieur
du corps comme une pommade est absorbée par la peau.)
To min nyaami, cake gurtotooɗe gal dubbe ngoni bu’e. Nafoojum
boo saaya nder ɓanndu, laatoo ƴiiƴam, ɗam waanca nder ɓanndu
fuu. (Dada Habiba, accoucheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Quand on mange, les résidus (litt. : ce qui reste dans le filtre après
filtrage) qui sortent par les fesses constituent les excréments. La partie
utile (de la nourriture) disparaît dans l’organisme et devient du sang
qui se déplace dans tout le corps.
PATHOLOGIE
To goɗɗo nyaamataa, yimɓe feere ɗon mbi’a ɗum gilɗi calotoo
nyaamgo. Feere boo, ɗum gilɗi cuuɗii nder reedu keɓaay laawol
wurtaago, ammaa, to o ɗon nyaama, ɗi cottan. Haa lopitaal boo,
ɓe ndokkan goɗɗo lekki vitamiin ngam haa o heɓa o nyaama jur.
Miin boo, mi hokkan mo haako leɗɗe belɗamhi bee saga-nyiiri
ngam haa o nyaama jur. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-05-06)
Quand qqn ne mange pas (i.e. n’a pas d’appétit), certaines personnes
disent que ce sont (ses) vers qui refusent de manger. Parfois, ce sont
les vers qui se cachent dans l’estomac et qui ne trouvent pas la sortie,
mais quand (la personne) mange, ils laissent la place (litt. : ils se
poussent). À l’hôpital, on donne à la personne des vitamines pour lui
donner beaucoup d’appétit. Quant à moi, je lui donne des feuilles
d’Abrus precatorius et de Leucas martinicensis pour qu’il ait beau-
coup d’appétit.
362
nyaamdu
● nyaamgo lesdi
►manger de la terre (pour un enfant)
Pour passer à un enfant l’envie de manger de la terre, on délaie dans
de l’eau des graines de Cassia obtusifolia (tasɓa) préalablement
grillées et réduites en poudre. Normalement, l’enfant à qui l’on fait
boire ce breuvage doit vomir. Si ce n’est pas le cas, il continuera à être
attiré par la terre. Il faut donc employer un remède plus radical. On
délaie alors de la terre dans de l’urine de l’enfant en question et on
l’oblige à l’absorber.
● nyaamgo loope
► manger de la terre argileuse (pour une femme enceinte)
● nyaamdu lakasndu
► une nourriture insipide (et donc peu nourrissante)
● nyaamdu Nasaara
► nourriture moderne (litt. : nourriture du Blanc)
● sooynde nyaamdu
► sous-alimentation (litt. : manque de nourriture)
nyaanya (v.)
► démanger
Naastugo ndiyam saltee nyaanyan ɓanndu.
Le fait d’entrer dans de l’eau sale donne des démangeaisons.
Moɗgo navakiin jur nyaanyan goɗɗo.
Le fait de prendre trop de Nivaquine provoque des démangeaisons.
Ɓaawo man, nguleenga nannga laral, ɗum fuɗɗa nyaanygo mo.
Ensuite, la transpiration attaque la peau, cela commence à le
démanger.
► gratter
Reedu am ɗon nyaanya gal nder toon, waɗi puufe boo gal yaasi
367
nyaanyaare
ngam mi ɗon nyaanya babal ngaal. (Biyé Goïgoï, CSI de Godola,
01-07-04)
J’ai des démangeaisons dans le ventre (autour de l’ombilic), ça donne
des boutons à l’extérieur car je gratte l’endroit.
nyaanyoo (v.)
► se gratter
Koo ɗon naawa mo, o ɗon nyaanyoo haa laatoo kuuduuje.
Bien que cela lui fasse mal, il se gratte au point que cela se transforme
en plaies.
To tarzagiire maako warti, o ɗon nyaanyoo haa wadda ƴiiƴam.
Quand son tarzagiire revient, il se gratte jusqu’au sang.
A ɗon nyaanyoo bana gaɗɗo tenɗi.
Tu te grattes comme celui qui a des poux.
nyawa (v.)
► être malade, attraper une maladie
Koo moy, nyannde to nyawi ni, ɗon tefa noy nyawndortoo tan.
Chacun, dès qu’il est malade, cherche seulement comment se faire
soigner.
● nyawɗo / nyawɓe
► malade
● nyaw-nyawɗo / nyaw-nyawɓe
► maladif, qui est toujours malade
369
nyawu
Nyawndaago bee leɗɗe aga’en jaanyata nyawu ngonngu.
Se soigner avec les médicaments vendus par les marchands ambulants
provoque une maladie supplémentaire.
● nyawndaago bee hoore mum
► pratiquer l’automédication (litt. : se soigner de sa propre tête (initiative)
Yimɓe jur ɗon nyawndoo bee ko’e mum : ɓe ɗon cooda leɗɗe haa
wuro bana ko nanndi fulazil (Flagyl) bee vermos (Vermox), ɓe ɗon
moɗa ɗe bilaa lisaafi.
Beaucoup de gens pratiquent l’automédication : ils achètent des
médicaments au quartier, comme par exemple du Flagyl et du
Vermox. Ils les prennent sans respecter la posologie. (Guitili Joseph,
infirmier guiziga, 44 ans, Maroua, 29-03-04)
► maladie ordinaire
371
nyawu
● nyawu ɓernde ; syn. estomaa
► brûlures d’estomac (litt. : maladie de ‘cœur/épigastre’)
Ɓernde am ɗon naawa. To mi nyaami jur, nyaamdu nduu ndu
jooɗoo haa ɓernde, sey to neeɓi hiddeeko ɗum ittoo. To faɓɓi boo,
ɗum wulammi ɓernde bana to ɓe ukki cittaaje nder maare. Fahin,
reedu am naawa. (Arabo Saïdou, patient au CSI de Kaliao, 14-04-04)
J’ai des brûlures d’estomac. Lorsque je mange beaucoup, la nourriture
me reste sur l’estomac et il faut un moment pour que ça passe. Si cela
dure, cela me brûle l’estomac comme si on y avait balancé du piment.
J’ai de nouveau mal au ventre.
● nyawu caklungu
► maladie que l’on n’arrive pas à identifier (litt. : maladie avec laquelle on
Yimɓe feere ɗon ngara, ɓe mbi’a daande maɓɓe ɗon naawa, koo
tuuɗe moɗataako, ammaa ɓanndu ɗon dimmboo. Woɗbe feere
boo, ɓe ɗon ngadda ɓe ɓe mbaawataa wolwugo, daande dim-
mbataako, ɓanndu fuu ɗon naawa, ɗon wula jaw. Nyawu daande
aranu, yimɓe ɗon mbi’a ɗum caayoori daande ; ɗiɗaɓu boo, min
ɗon mbi’a minizii. (Malama Ngazara, infirmier, CMAO Meskine, 26-
04-04)
Certaines personnes viennent en disant qu’elles ont mal au cou,
qu’elles n’arrivent pas à avaler même leur salive (litt. : même la salive
est inavalable), mais elles peuvent bouger (litt. : le corps bouge).
D’autres, en revanche, on les amène (en les portant) et elles ne peuvent
parler, leur cou ne bouge pas, elles ont mal partout et elles ont une
forte fièvre. La première maladie de cou (dont j’ai parlé) est ce que
les gens appellent caayoori daande ; la deuxième, nous l’appelons
méningite.
● nyawu ɗoyɗi
► maladie du sommeil
● nyawu hamfurde
► ‘maladie du céphalophe’ de Grimm, ou céphalophe couronné, Cephalo-
● (nyawu) huutooru
► marasme (A.M. Schönenberger et G. Parietti 2001), (litt. : maladie du
Cette appellation de nyawu jiija, bien que courante, est peu satis-
faisante. En effet, il existe des infirmités congénitales, d’autres qui
découlent d’accidents divers, cérébraux ou traumatiques, qui ne sont
donc pas provoquées par un poliovirus.
● nyawu junngo
► maladie envoyée par sorcellerie (litt. : maladie de la « main »)
lait » de la mère
Ɗum nyawu kosam woni nyawu ɓikkon am. To ngu ɗon tuutna,
ɗon saarna kon, ngu wallintaa kon, ammaa, to ngu tuutnataa,
saarnataa kon, ɗum naawan kon jamum. (Dada Bouba, 35 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
C’est la « maladie du lait » qui touche mes enfants. Si elle les fait
vomir, si elle leur donne la diarrhée, elle ne les oblige pas à rester
couchés, mais, si elle ne les fait ni vomir ni avoir la diarrhée, elle les
rend très malades.
● nyawu koyngu
► maladie bénigne (litt. : maladie légère)
374
nyawu
● nyawu kuturu
► lèpre (syn. cf. saɗawre)
● nyawu les
► maladie sexuellement transmissible (euphémisme ; litt. : maladie d’en bas)
Jonta kam, gaaye majji. Ɗum Yaa Jawmiraawo oon majjini ɗe.
Wakkati nde ɗe eggi, yimɓe puɗɗi nango wayne ɗon mari sompis,
feere boo ciiɓoowu. Hannde kam, sompis daaytake ; to nyawu les
nanngi goɗɗo ni, ɗum ciiɓoowu, ngam nyawuuji man fuu ɗon bee
yaake maaji. Zaman ɓooyma, ɗum gaaye ɓurata ɓillugo yimɓe
no. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur peul, Dogba, 28-04-04)
Actuellement, la syphilis a disparu. C’est le Seigneur qui l’a fait dispa-
raître. Au moment où elle est partie définitivement, on a commencé à
entendre qu’un tel a une gonococcie, un autre le sida. Aujourd’hui, la
gonococcie a reculé, (mais) si qqn attrape une IST, c’est le sida, car
toutes les maladies ont leur temps. Autrefois, c’est la syphilis qui
dérangeait le plus les gens.
Ɓurnal fuu haa mooɓodal yimɓe keɓata nyawu sida.
La plupart du temps, c’est au cours de relations sexuelles que l’on
attrape le sida.
● nyawu marngu gilɗi
► maladie avec ‘vers’
● nyawu naawngu
► maladie douloureuse
‘fesses’)
● nyawu ndanydaangu / nyawuuji danydaaɗi
► maladie innée (litt. : avec laquelle on naît)
● nyawu ngartanngu
► maladie chronique (litt. : maladie qui revient)
l’adultère)
● nyawu nyii’e (cf. nyiindere)
► carie dentaire (litt. : maladie de dents)
Yimɓe ɗon kurgira nyawu nyii’e bee leɗɗe jur. Goɗɗo ɗon dolla
ɗaɗi jaaɓi, wusɓoo. Goɗɗo dolla ɗaɗi sipakareehi, wusɓoo.
Goɗɗo dolla mannda fite, wusɓoo. Goɗɗo dolla ɗaɗi caɓɓulli
gorki, wusɓoo. Goɗɗo tiɗɗa aspuroo malla sukar nder nyiindere
ndee. Goɗɗo saawa ɗaccere ɓuuski nder hottollo, jo’’ina dow
nyiindere ndee. (Goggo, ménagère à Dogba, 03-05-04)
On soigne la carie dentaire avec de nombreux remèdes. On fait une
décoction avec des racines de jujubier sauvage (Ziziphus mauritiana)
et on se rince la bouche avec. On fait une décoction de racines de
sipakareehi et on se rince la bouche avec. On fait bouillir de l’eau
avec du sel de cuisine et on se rince la bouche avec. On fait une
décoction de racines d’un Ximenia americana qui ne donne pas de
fruits et on se rince la bouche avec. On presse un comprimé d’aspirine
ou un morceau de sucre dans la dent. On enveloppe de la gomme de
Combretum nigricans dans du coton et on pose (cet emplâtre) sur la
dent.
● nyawu paɗɗe (cf. faɗɗere)
► épilepsie (litt. : maladie des évanouissements)
● nyawu reedu
► diarrhée (litt. : maladie de ventre)
DESCRIPTION
Nyawu sukkar to nanngi goɗɗo, o yaran ndiyam jur, o sillan boo
jur. Ɓanndu maako to waɗi huuduure, nde yamɗitittaa bee law.
Ammaa nyawu nguu, naa ɗum nyawu sukkar bana yimɓe
mbi’ata ɗoo, [yimɓe ɗon ngaɗa bana sey to goɗɗo nyaami sukkar
jur ngu nanngata mo], ɗum nyawu ngu sukkar ɓesdotoo nder
ƴiiƴam goɗɗo. To dopta’en ndaari nder ƴiiƴam ɗaam, ɓe tawan
sukkar ɗon ɗuuɗi. (Amadou Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-
05-04)
Quand le diabète affecte une personne, elle boit beaucoup d’eau, elle
urine aussi beaucoup. Si elle a une plaie, celle-ci ne guérit pas vite.
377
nyawu
Cette maladie n’est pas une maladie du sucre comme on le dit, (les
gens font comme si la maladie ne s’en prenait qu’à ceux qui mangent
beaucoup de sucre), c’est une maladie où le sucre augmente dans le
sang de la personne. Lorsque les médecins examinent ce sang, ils
constatent qu’il contient trop de sucre.
Nyawu sukar ɗon feere feere. Nannganngu ɗaamol, kangu
wi’etee « insulino-dépendant ». Feerewu boo, fofoodu maagu nder
hoore goɗɗo. Kanjum kam laarani haala kilo ndiyam nder
ɓanndu. Goɗɗo to ɗon silla, ɓanndu ɗon timma. Koo ndokkuɗaa
mo lekki nyawu sukar « insuline » maa, nafataa mo. (Amadou
Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Il y a diverses sortes de diabète. Celui qui attaque la rate, c’est lui que
l’on dit « insulino-dépendant ». L’autre, son origine se trouve dans la
tête. Il est relatif à la quantité d’eau (contenue) dans le corps. Quand
la personne urine, elle devient très maigre. Même si vous lui donnez
le remède du diabète (à savoir) de l’insuline, cela ne lui servira à rien.
Goɗɗo nyawɗo nyawu sukar sillan law law, o ɗomɗan boo law, o
maatataa dolo boo. Ɓanndu wulan, teddan. (Mal Saïdou Djakaou,
guérisseur guiziga, Ligazang-Loubour, 23-05-04)
La personne atteinte de diabète pisse très souvent, elle a souvent soif
et ne ressent pas la faim. Elle est fiévreuse (litt. : son corps chauffe) et
se sent fatiguée (litt. : son corps est lourd).
To goɗɗo nyawi nyawu sukar, ɓanndu maako fuu naawan, gite
maako ngi’ataa booɗɗum, ɓanndu ɗon teddi, o soofan law law,
fahin mooƴooƴo boo nanngan mo, o ɗon maata ɗomka. (Hamadou
Bouba, infirmier laborantin, CMAO Meskine, 05-05-04)
Lorsque qqn a du diabète, il a mal partout, il ne voit pas bien, il se sent
lourd (litt. : son corps pèse), il pisse très souvent, il a des fourmil-
lements et il a soif.
Ɗum nyawu sukar fuɗɗani yam huuduure, nde salii yamɗititgo
haa ɗum taƴi yam hoondu. Kangu ngu nanngataa koo moy fuu,
sinaa ustuɗo duuɓi. Ɗum nyaamgo sukar jur jur fuɗɗata ngu. [...]
To nyannde nyawu sukar nanngi goɗɗo, ɓanndu maako fuu
waɗan mooƴooƴo. To huuduure waɗi mo boo, nde yamɗitittaa sey
nde ɗon ila ndiyam tum. (Baba Aladji, guérisseur, Lopéré, Maroua,
26-11-04)
C’est le diabète qui m’a causé un ulcère (litt. : une plaie, elle refuse
de guérir) au point de me couper un doigt (de pied). Ce (diabète)
n’affecte pas n’importe qui, mais seulement celui/celle qui a un âge
avancé (litt. : dont les années (à vivre) ont diminué). C’est une forte
consommation de sucre qui le provoque. (...) Le jour où qqn attrape le
diabète (litt. : où le diabète attrape qqn), il a des fourmillements dans
tout le corps. S’il a une plaie, celle-ci ne guérit pas et ne fait que de
suinter.
378
nyawu
CAUSES
Jotta ɗoo, ngam a woodi sunku, a ɗon tokkii nyaama kusel
payngel bee sukar deydey asaweere, fakat a nyawan nyawu
sukar. (Aladji Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Maintenant, sous prétexte que tu as de l’argent, si tu manges
continuellement de la viande grasse et du sucre pendant une semaine,
à coup sûr tu auras du diabète.
Woodi nder ɓanndu innu yeɓre suklantoonde haala jo’’itingo
ɗuuɗgo sukar. Woodi kilo deydey no sukar wonata nder ƴiiƴam.
Huunde suklantoonde haala kilo sukar, mi ɗon seka ɗum ɗaamol.
Nder ɗaamol ngool, pellel feere ɗon suklanoo jippingo sukar to
ɗam ɗuuɗi nder ɓanndu. Feere boo, bana to goɗɗo doggi jur,
huunde feere waɗan mo, ɓe ɗon mbi’a ɗum « ipogilisemii », ngam
sukar ustake jamum. Ɗaamol haɓda jo’’itina ɗam kalkal. Nyawu
sukar, ɗaamol nanngata. To ngol nyawi, sukar ɗon yiiloo nder
ɓanndu goɗɗo fuu, koo nder ƴiiƴam, koo nder cille, fuu ɗam ɗon
heewi. Kanjum torrata yimɓe. (Amadou Roufaou, infirmier, hôpital
de Petté, 28-05-04)
Il y a dans le corps de la personne une partie qui s’occupe d’équilibrer
la quantité de sucre. Il doit y avoir une proportion exacte de sucre dans
le sang. La chose qui se charge de la question de proportion de sucre,
je pense que c’est la rate. Dans la rate en question, il y a un endroit
particulier qui s’occupe de faire descendre le (taux de) sucre s’il y en
a trop dans l’organisme. Parfois, lorsque qqn a beaucoup couru, par
exemple, il lui arrive quelque chose que l’on appelle « hypogly-
cémie », parce que le (taux de) sucre a trop diminué. La rate tente de
le rétablir exactement. Le diabète, c’est la rate qu’il affecte. Si elle est
malade, le sucre se balade dans tout l’organisme, que ce soit dans le
sang ou dans les urines, tout en est plein. C’est cela qui fait souffrir
les gens.
TRAITEMENT / PRÉVENTION
To nyawu sukkar ɗon gal ɗaamol, nyawɗo ngu ɗon mari sukkar
jur nder ɓanndu maako. Ɓe kaɗan mo nyaamgo nyaamduuji
marɗi sukkar, ngam to o ɗon nyaama ɗi, o maayan. Ɓe kaɗan mo
kala huunde marnde sukkar fuu. Ammaa, kuuje feere, to sukkar
ɗuuɗaay nder toon, o nyaaman seɗɗa. Yaake feere boo, to leɗɗe
o yarata ɗuuɗi nder ɓanndu maako, huunde ɓe mbi’ata
« ipogilisemii », waatoo sukkar famɗiti nder ɓanndu maako, sey
ɓe ndokka mo kuuje marɗe sukar, haa o warta bana naane.
(Amadou Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Lorsque le diabète affecte la rate, le malade a trop de sucre dans
l’organisme. On lui interdit de manger des aliments sucrés, car, s’il en
mange, il va mourir. On lui interdit tout ce qui contient du sucre. Mais,
certains (aliments) qui ne contiennent pas beaucoup de sucre, il peut en
379
nyidda
manger un peu. Parfois, si le médicament qu’il prend est en quantité
excessive dans son organisme, ce que nous appelons « hypoglycémie »,
c’est-à-dire qu’il y a un déficit de sucre dans son organisme, on doit lui
donner des aliments sucrés pour qu’il se rétablisse.
Dopta wi’i yam mi ɗon mari nyawu sukar. [...] O haɗi yam
nyaamgo kuuje marɗe sukar, maaroori, ɓulumji, ɓiɓɓe leɗɗe,
ammaa o wi’i mi nyaama gawri kiiɗndi kam. To ndi hoociraama
haa ladde, waɗan baakin lebbi nay, ngam to noon kam, ndi
woodaa sukar. O hokkaay yam sarti. (Hamandjoda, hôpital de
Petté, 27-05-04)
Le « docteur » m’a dit que j’ai le diabète. (...) Il m’a interdit de manger
des choses sucrées, (comme) le riz, les ignames, les fruits, mais il m’a
dit de manger du vieux sorgho. Si on l’a rapporté de la brousse (du
champ), il doit passer environ quatre mois (avant de pouvoir être
consommé), de cette façon, il ne contient pas de sucre. Il ne m’a pas
fixé de délai (pour arrêter ce régime).
To innu nyaami sukkar jur, sey o dimmboo, o waɗa espor haa o
heɓa sukkar ɗam sankitoo nder ɓanndu maako. Bana yimɓe
dogganɓe meere meere ɗoo, ɓe ngattaa nyawu sukkar ngam
sukkar ɗaam heɓataa mooɓtaago nder ɓalli maɓɓe. (Amadou
Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Si qqn mange beaucoup de sucre, il faut qu’il bouge, qu’il fasse du
sport pour que le sucre puisse se disperser dans son corps. Les per-
sonnes qui courent pour courir (i.e. les sportifs), ils ne développent
pas de diabète parce que le sucre ne peut s’accumuler dans leur corps.
To goɗɗo nyawi nyawu sukar, mi seɓa nelɓi, mi una, mi hokka
mo o nyaama bee nyiiri baakin asaweere. (Mal Saïdou Djakaou,
guérisseur guiziga, Ligazang-Loubour, 23-05-04)
Lorsque qqn a le diabète, je prends de l’écorce fraîche de Diospyros
mespiliformis que je pile et je lui donne ça pour qu’il le consomme
avec de la boule pendant environ une semaine.
● nyawu wiɓɓere ; syn. moderne buroŋsiit
► bronchite (litt. : maladie de poitrine)
nyidda (v.)
► être sale, malpropre
To dabbunde naasti ni, yimɓe nyidduɓe kam acci yiiwaago.
Dès que commence la saison froide, les gens sales arrêtent de se laver.
380
nyiindere
– Foomoonde yibba, liɗɗi mbooja !
– Nyiindere wurtotoonde. (Devinette, cf. Eguchi 1974, p. 29)
– La berge s’éboule, les poissons deviennent rouges !
– La dent qui pousse.
(La gencive est comparée à la berge d’un fleuve. Elle saigne et se fend
lors de la pousse des dents.)
Nyiindere maako ittake.
Il a perdu une dent. (Litt. : une dent de lui s’est enlevée.)
Mo kurguɗaa nyiiƴe, ƴakkan ma aawdi. (Prov.)
Celui a qui tu as soigné les dents te croquera ta semence. (C’est celui
à qui vous avez fait du bien qui vous fera du mal.)
Hajja yehi Makka wartidi bee nyiindere cardi.
Hadja est allée à La Mecque et est revenue avec une dent en argent.
Fooɗgo tabaa jamum fuunni mo nyiiƴe.
Le fait de trop fumer lui a taché les dents.
● nyiikon-suwa
► peau épaisse garnie de petites aspérités que l’on trouve sur la gencive de
381
nyiindere
● nyiindere Makka
► dent en or (litt. : dent de La Mecque)
● nyiindere rawaanduure / nyiiƴe rawaanduuje
► canine (litt. : dent de chien)
● nyiiƴe kosam
► dents de lait
● nyiiƴe puunɗe
► dents tachées
● nyiiƴe caakiliije
► dents écartées
● puɗol nyiiƴe
► poussée des dents
TRAITEMENT
On fait des brosses à dents avec des bâtonnets de Salvadora persica
ou, à défaut, d’Azadirachta indica.
[Haa nyawndaago naawral nyiiƴe] goɗɗo ɗon dolla ɗaɗi jaaɓe,
wusɓoo. Goɗɗo dolla ɗaɗi sipakoreehi, wusɓoo. Goɗɗo dolla
mannda-fite, wusɓoo. Goɗɗo dolla ɗaɗi caɓɓulli-gorki, wusɓoo.
Goɗɗo nama aspuroo malla sukar, takka dow nyiindere man.
Goɗɗo saawa ɗaccere ɓuuski nder hottollo, jo’’ina dow nyiindere.
(Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
(Pour soigner le mal de dents), on fait bouillir (dans de l’eau) des
racines de Ziziphus mauritiana et l’on se rince la bouche (avec le
382
nyiindere
décocté). On fait bouillir des racines de sipakoreehi et on se rince la
bouche (avec le décocté). On fait bouillir (dans le l’eau) du sel de
cuisine et l’on se rince la bouche avec la solution. On fait bouillir des
racine de caɓɓulli-gorki et on se rince la bouche (avec le décocté).
On écrase un comprimé d’Aspro ou de sucre, et on colle (cette poudre)
sur la dent. On emballe dans du coton de la gomme de Combretum, et
l’on pose (le tout) sur la dent.
[Haa hooyna naawral nyiiƴe], ɓe itta seɓre golommbi, ɓe nguufa.
Ɓe ngasa ɗaɗol ndeera-nagge, ɓe kawta bee kilbu, wuufa. Ɓe itta
ɗaccere ɓuuski-boɗeehi, ɓe caawa nder hottollo, ɓe takka dow
nyiindere ; koo to nde seeki, malla boo nde ɗon dimmboo, nde
joototo. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
(Pour calmer les maux de dents), on prend de l’écorce fraîche de
Stereospermum kunthianum que l’on met dans la bouche. On déterre
la racine de Boerhavia diffusa que l’on associe à du natron, et on met
(ça) dans la bouche. On prend de la gomme de Combretum sp. que
l’on emballe dans du coton, et l’on colle cela sur la dent ; qu’elle soit
fendue ou qu’elle branle, elle se remettra (comme il faut).
Kurgun naawral nyiiƴe, ɓe ɗon ngaɗa ɗaɗi ɓaleeriiho, seɓre
golommbi, seɓre ɓokki ; seɓre pattarlaahi ɓe tappa bee kilbu
laaciijam, wuufa. Feere boo, seɓre ngalbiihi, dolla wuufa. (Baba
Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Pour soigner les dents (i.e. la carie dentaire), on pose (dessus) des
racines d’indigotier, de l’écorce fraîche de Stereospermum kunthia-
num, de baobab ; l’écorce fraîche d’Acacia polyacantha, on la bat
avec du natron fibreux, et on garde (ça) dans la bouche sans l’avaler.
Parfois, on fait bouillir de l’écorce fraîche de Vitex doniana et on la
chique.
nyiiƴe wamnde
dents d’âne (Insulte)
► morsure
Laar nyiindere o tiggi yam !
Regarde comment il m’a mordu ! (Litt. : regarde la dent qu’il m’a
plantée !)
► sourire (au pluriel)
Hakkee o ɗon seyi, o fuu maako o nyiiƴe noon.
Comme il est content, il est tout sourire.
Naa siŋŋingo nyiiƴe min mari haaje waay ! Minin kam, ceede
amin min ngiɗi.
Ce n’est pas de sourires (litt. : de montrer les dents) que nous avons
besoin. Nous, c’est notre argent que nous voulons.
383
nyiiri
nyiiri / nyiiriije – ndi/ɗe (n.)
► « boule » de céréale (sorgho, petit mil, riz, maïs, et même farine de
manioc)
Duuɓi nyiiri, lewru haako. (Prov., Eguchi 1974, p. 73.)
Des années de « boule », (mais) un mois de (la même) sauce.
(On ne se fatigue jamais de la « boule », mais il ne faut pas l’accom-
pagner toujours de la même sauce.)
To ɓinngel ciki duuɓi ɗiɗi, mi fuɗɗan nyaamnugo ngel nyiiri.
(Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
Lorsque l’enfant a atteint deux ans, je commence à lui faire manger
de la « boule ».
● nyiiri kosam
► boule au lait (cf. paɓɓooje)
nyilɓe – ɗe (n.)
► mucosités nasales, morve ; cf. ndamba
Daga kine maa fuu nyilɓe, miin mi ɗon waɗa haaje am.
Tu avais encore la morve au nez que j’étais (déjà) émancipé.
nyitta (v.)
► moucher (qqn) ; cf. fiifa
Daada ɗon nyitta ɓinngel mum.
La mère mouche son enfant.
nyittoo (v.)
► se moucher
nyola (v.)
► pourrir, se décomposer, se putréfier
Huuduure ndee nyoli.
La plaie s’est putréfiée.
384
ŋa’el
nyoore / nyooje – nde/ɗe (n.d.v.) ; < nyo’a
var. nyo’re / nyo’je
► fait de parler de qqn en son absence (généralement en mal)
► calomnie, médisance, ragots
Haa pattule, goɗɗo nanata haala sida. Ɗum warti bana nyoore :
« Laar lee, oo ɗoo ɗon timma, ɗum sida timminta mo, hunnduko
maako furɗi ». (A., prostituée, Domayo, Maroua, 16-01-06)
C’est au quartier qu’on entend parler du sida. Cela alimente les ragots
(litt. : c’est devenu comme des ragots) : « Regarde un peu, celui-
ci/celle-ci est en train de fondre, c’est le sida qui le/la fait maigrir,
il/elle a les lèvres grises.
nyuufoo (v.)
► atteindre l’âge de la puberté (garçon ou fille) ; syn. balingoo
To ɓinngel fuɗɗi nyuufaago, laɓruha boo fuɗɗa fuufgo.
Dès que l’enfant commence sa puberté, les poils pubiens commencent
aussi à pousser dru.
ŋaaɓoo (v.)
► bâiller
Ndotti ŋaaɓoo, bone loowoo. (Prov.)
Le vieux bâille et la souffrance pénètre (en lui). (Les deux phéno-
mènes sont concomitants et permanents.)
A ɗon ŋaaɓoo, ɗum weelo na, malla ɗoyɗi ?
Tu bâilles de faim ou de sommeil ?
Woodi kuungel feere pamarel nder daande, deydey to goɗɗo
ŋaaɓake ɗoo, a ɗon yi’a ngel, ɗum ngeldaande. (Aladji Abdou, 50
ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Il y a une petite chose dans la gorge, que l’on voit lorsque qqn bâille,
c’est la luette.
ŋata – v. (v.)
► mordre
To amaana ɗon, nyiindere ŋatataano ɗemngal.
Si la confiance existait, la dent n’aurait pas mordu la langue. (Prov.,
cf. Dahirou 2004, p. 47)
Dakam haa o ŋati ɗemngal maako.
(C’était) tellement délicieux qu’il s’en est mordu la langue.
Rawaandu haaŋaandu ŋati ɓinngel haa ɓe njaari ngel lopitaal.
Un chien enragé a mordu l’enfant, si bien qu’on l’a emmené à
l’hôpital.
► provoquer un élancement (douleur) ; cf. ƴakka
► provoquer une douleur analogue à une morsure
[...] To mi maƴƴi ni, [yitere am] ɗon ŋata. (Didjatou Amadou, 60
ans, ménagère peule, Petté, 27-05-04)
(...) Lorsque je cligne des yeux, (je ressens) un élancement dans mon
œil (litt. : mon œil mord).
Sey to ɓe maati reedu fuɗɗi ŋatgo ɓe, ɓe ngarata kilo.
Elles ne viennent à la consultation prénatale que lorsqu’elles res-
sentent les premières contractions (litt. : que le ventre commence à les
mordre).
ŋaƴa (v.)
► désigner (qqn ou qqch.) à (qqn) en pointant la langue dans sa direction
Ce geste n’est pas considéré comme particulièrement élégant, il est
donc peu recommandé. Les femmes en sont les principales utili-
satrices.
O ŋaƴi soobaajo maako.
Elle a fait un geste de la langue à l’intention de sa camarade.
ŋaƴƴina (v.)
var. : ŋa’’ina
► provoquer des convulsions (épilepsie, éclampsie ; litt. : faire se raidir)
Woodi nyawu feere nanngata reedu’en, ngu ɓe mbi’ata gaddol.
Ngu ɗon ŋaƴƴina ɓe [...]. (Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier
peul, Maroua, 15-04-04)
Il y a une maladie qui affecte les femmes enceintes, que l’on appelle
éclampsie. Elle leur donne des convulsions (...).
387
ŋelina
(Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier peul, Maroua, 15-04-04)
L’éclampsie peut aussi être appelée « convulsions », car elle
provoque les convulsions de la personne.
ŋelina (v.d.)
► chatouiller
[Ngilngu] nguu ɗon ŋelina yam noon [...]. (Asta Fidjondé, 60 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Ce (ver) n’arrête pas de me chatouiller (...).
ŋoɓa (v.)
► courber
Nyawu peewri na ŋoɓan goɗɗo.
Le peewri courbe la personne.
ŋoccita (v.)
► prendre un morceau (de « boule ») à la main
► prendre une part (de qqch.) à la main
ŋonyoo (v.)
► ronger
[...] Ngilkon koon nyaanyan bana madam-calka, malla siikre,
ŋonyotoo larel dowyel. (Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère peule,
Dogba, 22-09-04)
(...) Ces petits vers grattent comme le cancrelat ou le grillon et rongent
l’épiderme.
ŋooɗa (v.)
► avoir une crampe
To joonde juuti, goɗɗo ŋooɗan.
Si on reste longtemps en position assise, on aura une crampe.
Kiistawol debbo bee gorko mum bee waaye mum. Gorko wi’i dilli
jahaangal. Suy debbo maatinoyi waaye mum na gorko mum
walaa ɗon. Waaye wari naasti bee debbo. Ɓe nani gorko warti.
Suy waaye wa’’ii dow loogaaje. Gorko naasti suudu, suy ɗon
388
ŋosloo
waalii bee debbo mum. Waaye goo somi ɓilaago fuɗɗi wi’igo :
« Mi ŋooɗi, mi ŋooɗi ! ». Debbo taɓɓiti : « Ayye ŋooɗi am, haa
njaami fuu tokkoɗaa yam, mbaranaa yam gorko am ! » Gorko,
nango bana nii noon falti waɗi yaasi, doggi. Bana nii waaye jippii,
suy wurtii dilli. (Boubakary Abdoulaye, Maroua, 29-10-04).
Histoire d’une femme, de son mari et de son amant. Le mari dit qu’il
partait en voyage. Alors, la femme envoya prévenir son amant que son
mari n’était pas là. L’amant vint et entra dans la maison avec la
femme. Ils entendirent que le mari était de retour. Alors, l’amant
monta sur le support du toit de la maison. Le mari entra dans la maison
puis il coucha avec sa femme. L’amant était fatigué de rester suspendu
et il se mit à dire : « J’ai une crampe [mi ŋooɗi], j’ai une crampe ! »
La femme reprit : « Ah bon, mon ŋooɗi, partout où je vais, tu me suis
et tu me tues mon mari ! » Le mari, dès qu’il entendit cela, se leva
d’un bond et s’enfuit en courant. De cette façon, l’amant descendit,
puis il sortit et s’en alla.
ŋornya (v.)
► donner des coliques ; cf. ngilngu
Ɓe mbi’i yam nyaamgo citta ŋornyan reedu. (Aminatou Seïny, 18
ans, ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
On m’a dit que manger du piment donne des coliques.
Mi ɗonno hiira haa jenngi, sey nanmi bana reedu am ɗon ŋornya,
jaka boo ɗum luuwe. Nde naastumi ni, ɓesnumi tan.
(Élisabeth Kaltoumi, CSI de Makabay, Maroua, 23-06-04)
J’étais en train de veiller tard dans la soirée lorsque j’ai ressenti
comme des coliques, alors que c’était les douleurs de l’accouchement.
Dès que je suis entrée (dans la maison), j’ai accouché.
ŋornyoo (v.)
► avoir des coliques
389
oberze
O
otta (v.)
► pousser en ahanant, faire des efforts pour expulser (selles, bébé) ; syn.
eemoo
Min mbi’a danyanɗo oo otta haa heɓa ɓinngel maako wurtoo.
(Gorsou, infirmier accoucheur à l’hôpital de Bogo, 02-07-04)
Nous disons à la femme qui accouche de pousser en ahanant pour que
son enfant sorte.
Haa ottugo boo, danynoowo oo haɗi yam ottugo bee law. Sey nde
o meemi o yi’i ɓinngel ɓadake wurtaago o ƴami yam mi otta kadi.
Sey nii noon ottumi nde ɗiɗi ni, ɓinngel wurtii. (Isabelle Kaltoumi,
CSI de Makabay, Maroua, 20-06-04)
Pour ce qui est de pousser, l’accoucheur m’a interdit de pousser trop
tôt. C’est seulement après avoir constaté au toucher que l’enfant était
près de sortir qu’il m’a demandé de pousser. Dès que j’ai ainsi poussé
deux fois, l’enfant est sorti.
Nde njaami lopitaal peetel, ɓe mbi’i ko haɗi ɓinngel wurtaago,
ngam mi yiɗaa ottugo. Mi haɓdi boo. Ɓe ɗon ɓiɗɗa reedu nduu,
ɓe mba’’oo dow maaru, ɓe ɓiɗɗa, ɓe ɓiɗɗa. Ɓe naastina junngo
haa les am, ɓe pooɗa. Fuu ɗum salii noon. Ƴiiƴam ɗaam ɗon rufa
noon. Doktoor’en danynooɓe ɓee, ɓe ngaɗan sappo, ɓe cannji...
haa lopitaal peetel ɓe mbaawaay sam. (Rabiatou Saïdou, CSI de
Meskine, 28-06-04)
391
paalel
Quand je suis allée au centre de santé, on m’a dit que si l’enfant ne
sortait pas, c’était parce que je ne poussais pas. J’ai pourtant fait mon
possible. Ils m’appuyaient sur le ventre, ils montaient dessus, ils
appuyaient, ils appuyaient. Ils mettaient la main dans mon vagin, ils
tiraient. Cela ne voulait pas venir. Le sang ne faisait que de couler.
Les infirmiers accoucheurs étaient à dix, ils se relayaient..., au centre
de santé, ils n’ont rien pu faire.
Paɓɓooje ɓikkon ɗon nannga kon bee duumol. A tawan kon ɗon
pooƴi, feere kam, haa kon maaya. Gaasa hoore woojan, to kon
mettake nyiiri, kon tuutan. Sey gaari bee biriiji. Ɓanndu ɗon wula
jaw. Koo lopitaal maa hurgataa, ɓaade ɗabban noon. [...] Feere
boo, to ɓinngel daga ngel ɗon waawee, ngel ɗon toɓra tum tum
haa daada maagel, ngel nyawan meere meere. Nyawu nguu kam
foti min mbi’a ngu jey ɓikkon diga nyalaaɗe haa duuɓi sappoo e
jowi. (Djougoudoum Adji, guérisseur kanouri, Dourga-Godola, 01-
06-04)
Les fièvres infantiles affectent les enfants à la saison humide. Vous
constaterez qu’ils maigrissent, parfois il se peut qu’ils meurent. Leurs
cheveux rougissent, lorsqu’ils goûtent de la « boule », ils vomissent.
(Ils ne peuvent absorber) que de la bouillie à l’arachide. Leur corps
chauffe énormément. Même à l’hôpital, on ne peut les soigner, en
395
paɓɓooje
réalité, on ne peut que les soulager. (...) Également, si, dès l’époque
où il est porté sur le dos, il prend souvent la pluie sur sa mère,
(l’enfant) tombera malade très facilement. Nous pouvons appeler
cette maladie (fièvres) infantiles pour des enfants âgés de quelques
jours à quinze ans.
To duumol ɓenndi kam fuu, yaake njigaari ɓadake saawtugo,
ƴommbe maari ngaɗi galƴe bana ɗaɗi, ammaa ɗi ndukkataa
loope kam, ɗon mari ndiyam bana gubuɗo, ndeen, mi itta jur
ƴommbal ngaal, mi yoorna, mi unda bee albacce, mi jilla bee
leeɓol bee huɗo ko ɓe ƴeewnotoo teppel-poola, mi ɓakkana
ɓinngel ngeel haa hoore. Ndeen, haa duumol ngool timma, ngel
sinkataa paɓɓooje. To ɓe keɓtaay, ɓe njaari ngel lopitaal boo,
feere kam maaya, ngam ngel heɓataa daama. (Djougoudoum Adji,
guérisseur kanouri, Dourga-Godola, 01-06-04)
Vers la fin de la saison humide (litt. : lorsque la saison humide est
mûre), au moment où le sorgho rouge est sur le point de réaliser son
exsertion paniculaire, et que sa tige a formé des racines adventives
(litt. : capsules semblables à des racines mais qui ne touchent pas le
sol), qui ont une sève (gluante) comme celle du Cerathoteca sesa-
moides, alors, je ramasse beaucoup de ces tiges, je les fais sécher, je
les pile avec de l’ail, je mélange ça avec du beurre frais et avec une
plante qu’on appelle Chrysanthellum americanum et j’enduis la tête
de l’enfant avec (cette préparation). Alors, jusqu’à la fin de la saison
des pluies, l’enfant ne se plaindra pas de fièvres. Si (les parents) ne se
sont pas rendu compte (de l’état de leur enfant) et qu’ils l’emmènent
à l’hôpital, parfois il meurt, car il n’obtiendra (là-bas) aucune
amélioration (de son état).
● paɓɓooje caatuɗe
► accès palustre sévère, palu neurologique (litt. : fièvres dures)
397
paɓɓooje
(avec) et que tu te couches. Mais, (celui qui) va se coucher au soleil
ou se réchauffer au feu, il peinera, parce que, comme je te l’ai dit, c’est
dans le feu (de l’enfer) que le Seigneur a pris cette maladie du
‘paludisme’.
Kosam ɓiraaɗam, kosam gongoŋ, dolla saayi famɗina ɗam yara,
haako follere lammunde, ɗoo fuu waɗan paɓɓooje. (Bah Ila, 55
ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Le lait frais, le lait en boîte, le thé bouilli (mélangé à) trop peu de lait
(litt. : on bout le thé et qu’il y ait trop peu (de lait) et qu’on le boive),
les feuilles acides d’Hibiscus sabdariffa, tout ceci cause le
‘paludisme’.
Paɓɓooje kam na naatgo duumol, hoore duumol, ƴakkugo
kalukaluuji naastidanɗi bee duumol, bana biriiji kecci, yaalooje,
kurci, aan kam, kuuje kecce kecce ɗee nii, malla boo penndiiɗam.
Fuu ɗum waɗan paɓɓooje. (Mal Djamo, 38 ans, commerçant peul,
Maroua, 10-09-04)
Le ‘paludisme’ (se manifeste) avec l’arrivée de la saison humide, au
début de la saison humide, (quand on) mange les premiers fruits de la
saison, comme les arachides, les grosses aubergines indigènes, les
concombres, bref, ces genres de choses fraîches, ou encore le lait
fermenté. Tout ceci cause le ‘paludisme’.
CAUSES RECONNUES EN MILIEU HOSPITALIER
Ɗum cufi ndokkata innu paɓɓooje. To a woodi ɗe, cufu ŋati ma,
ngu ŋati goɗɗo feere mo walaa paɓɓooje, ɗe ndaaɓan mo. Nder
ii’am gilɗi paɓɓooje ngoni. Cufi ɗon kooƴa gilɗi paɓɓooje nder
ndiyam maayo malla boo nder ndiyamji baalotooɗi dow laabi. (Dr
Gottingar, médecin-chef à l’hôpital de Bogo, 05-07-04)
Ce sont les moustiques qui donnent le paludisme. Si tu as (le palu-
disme), qu’un moustique te pique (litt. : te morde) et qu’il pique une
autre personne qui n’a pas le paludisme, elle sera infectée (litt. : (le
paludisme) l’infectera). C’est dans l’eau que se trouvent les « germes /
vers » du paludisme. Les moustiques attrapent les « germes / vers » du
paludisme dans l’eau du fleuve ou dans les eaux stagnantes des rues.
Hunnduko cufu ɗon sewi bana baatal. To naasti nder ii’am, luttan
geeraaɗe gilɗi paɓɓooje nder maajam. Ndeen, gilɗi ɗii nyawna
paɓɓooje.
Le rostre (litt. : la bouche) du moustique est pointu comme une
seringue. Quand il entre dans le sang, il y laisse des œufs de ‘vers’ de
paludisme. Ensuite, ces larves donnent le paludisme.
CONSÉQUENCES
Paɓɓooje ɗon mbara yimɓe. Ɗum nyawu kallungu, nyawu
mbaroowu. To a ɗali faɓɓoore her maa, nde rima sawoora.
Paɓɓooje to nanngi ma, ɗe tuutnaay ma ɗe caarnaay ma, kanjum
398
paɓɓooje
wi’etee sawoora uppinannga reedu. (Bah Ila, 55 ans, berger peul,
Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Le ‘paludisme’ tue les gens. C’est une maladie grave, une maladie
mortelle. Si tu laisses en toi (sans traitement) le ‘paludisme’, il
engendrera une jaunisse. Si le ‘paludisme’ t’affecte et qu’il ne te fait
ni vomir ni avoir la diarrhée, c’est ce qu’on appelle une jaunisse qui
fait enfler le ventre.
TRANSMISSION
Paɓɓooje ndaaɓan to ƴiiƴam yimɓe ɗiɗo ngootam. (Goggo,
ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Le ‘paludisme’ se transmet entre deux personnes de même sang.
(Litt. : le paludisme est contagieux si le sang de deux personnes est
identique.)
PRÉVENTION TRADITIONNELLE
To haa goɗɗo hisa paɓɓooje, sey o hooca seereehi, o sammina
nder saayi malla boo nder mbusiri, suy o yara. Koo nder kusel
gulaangel fuu, o samminan o ƴakka. Ɗum fuu maajum ɗum
limtumi ɗoo, sey to ɗum gulɗum, naa nder peewɗum. (Mal Saïdou,
65 ans, marabout peul, Boula, 09-09-04)
Pour éviter le ‘paludisme’, on doit prendre (de l’écorce en poudre) de
Combretum molle et en saupoudrer le thé ou la bouillie. Même la
viande grillée, on l’en saupoudrera. Tout ce que j’ai énuméré, il faut
que cela soit chaud et non à l’état froid.
Kala ɓinngel gaajiyel, to cikaay duuɓi sappoo e ɗiɗi, paɓɓooje
ɓikkon nanngan ngel nde duumol waɗi fuu. Sey mi una teppel-
poola bee albacce, jilla bee leeɓol, ndeen mi wujana ngel dow
hoore. Sey to waɗi balɗe tati hiddeeko ngel fuɗɗa yiiwaago. Bana
nii haa hitaande ndee saaloo, ngel nyawataa paɓɓooje. To ngel
tokkitini waɗgo bana nii haa ngel ciki duuɓi sappoo e ɗiɗi, ngel
meetataa nyawgo paɓɓooje sam, haa fodde balɗe maagel dow
dunya. Yimɓe maatanɓe nyawu nguu fuu, ngam ɓe kurgaaki
aran daga ɓe ɓikkon. (Mana Hododok, guérisseur, Godola, 9-04-04)
Tout dernier-né (garçon ou fille) qui n’a pas atteint ses douze ans, les
fièvres infantiles l’affecteront à chaque saison des pluies. Je dois piler
du Chrysanthellum americanum avec de l’ail, mélanger ça avec du
beurre frais et en frotter la tête de l’enfant. Celui-ci ne doit pas se laver
pendant trois jours. De cette façon, pendant toute la saison des pluies,
il n’aura pas de fièvres/‘paludisme’. S’il continue à faire ainsi jusqu’à
l’âge de douze ans, il n’aura jamais de ‘paludisme’ de toute sa vie.
Tous ceux qui souffrent de cette maladie, c’est parce qu’ils ne se sont
pas soignés préalablement depuis l’enfance.
TRAITEMENT TRADITIONNEL
Ɓooyma, ɓe ɗon ndefa nyiiri gawri cinngirri namaandi, jilla bee
399
paɓɓooje
kosam, nyaama. Suy paɓɓooje taƴa. Ammaa, jonta kam, koo ɓe
ndefi bana nii, paɓɓooje taƴataa ngam ɗe caati jamum. (Goggo,
ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Autrefois, on cuisait de la boule de farine de Sorghum aterrimum, on
la mélangeait avec du lait et on la consommait. Ensuite, le ‘paludisme’
cessait. Mais, maintenant, même si on fait cette préparation culinaire,
le ‘paludisme’ ne s’arrêtera pas car il est devenu très sévère.
Kurgun paɓɓooje, ɗum wa’’ingo kosam penndiiɗam dow yiite.
Ɓaawo to ɗam waywi, ukkaa kuroori gawri nder toon. Koocaa
kaynaa leeɓol, talliraa nyiiri goo bee maagol. To innu waɗi bannii,
suy paɓɓooje boo koyni. (Mama Kaltoum, ménagère, Dogba, 05-05-
04)
Pour soigner le ‘paludisme’, (il suffit de) mettre du lait fermenté au
feu. Après ébullition, vous versez de la farine de mil dedans. Vous
faites fondre du beurre, (puis) vous mangez cette « boule » en en
trempant les morceaux dans du beurre. Quand l’on fait ainsi le
‘paludisme’ diminue (devient moins lourd).
Lekki paɓɓooje, yimɓe feere ɗon kooca mballina kosam pen-
ndiiɗam, fajira ɓe toɓɓa cukkuri cimtinaandi nder toon, nyawɗo
man yara, baakin balɗe tati. Suy paɓɓooje taƴa. Lekki goɗki boo
ɗon, to yaake duumol waddi hoore : ɓe teɓa jaajiije joweeɗiɗi.
Goɗɗo ƴakka moɗa. Hitaande man, paɓɓooje maako hoynan.
(Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Pour soigner le ‘paludisme’, certains prennent du lait fermenté qu’ils
laissent passer la nuit ; le matin, ils y mettent quelques gouttes de sel
liquide que le malade doit boire pendant environ trois jours. Alors, le
‘paludisme’ s’arrête. Il y a encore un autre remède, à l’approche de la
saison humide : on cueille sept fruits de Capparis spp. On les mâche
et on les avale. Cette année-là, on n’aura pas de ‘paludisme’ grave
(litt. : son paludisme sera allégé).
Hoore paɓɓooje, ɓe ɗon ndefa nyiiri bee kosam lammuɗam, ɓe
kayna leeɓol ɓe tallira ndi. Kanjum ɓe mbi’ata nyiiri kosam. [...]
To ɓe ndefi nyiiri bee kosam, duuɓi, paɓɓooje njaaltataa innu
man. To hoore man ɗon wartiwartina, waatoo hannde nde
naawa, janngo nde naawataa, faɓɓi-janngo nde naawa, ɗoo sey
goɗɗo dawa waɗa jahaangal nde acca naawgo. (Ammaré, 62 ans,
ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
Pour les maux de tête causés par le paludisme, on cuit une « boule »
avec du lait aigre (i.e. on cuit la farine dans du lait aigre, et non dans
de l’eau comme on le fait pour une « boule » normale), on chauffe du
beurre frais et on la trempe dedans. C’est ça qu’on appelle « boule au
lait ». (...) Si l’on fait de la boule au lait, le paludisme ne reviendra pas
chez la personne avant des années. Si les maux de tête reviennent en
permanence, par exemple aujourd’hui on a mal à la tête, demain on
400
paɓɓooje
n’a pas mal, le surlendemain on a mal, alors, il faut partir en voyage
de bonne heure le matin pour que cela cesse.
To duumol naasti ni, paɓɓooje boo naasti. Lekki maaje, goɗɗo
hooca haako mura-tuuta, wula ko her yiite, ɓiɗɗa yara. Suy a
senndiri bee paɓɓooje. To ɗe ngartan boo, sey marɗo balɗe. (Bah
Ila, 55 ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Quand la saison humide est arrivée, le paludisme aussi fait son
apparition. Son remède consiste à prendre des feuilles (fraîches) de
Strychnos innocua ; on les chauffe au feu et on les presse et on boit
(le jus). Alors, vous êtes débarrassé du paludisme. S’il revient
cependant, ce ne sera pas avant l’année prochaine.
Mi hurgan paɓɓooje bee haako gannyi hawtaade bee kaccu-
kaccunga, bee daanɗi-maayo. To a dolli leɗɗe ɗee tati, lummbaa
ɓinngel nder toon haa ngel heɓa cuurɗe maajum naasta ngel
booɗɗum. To a tokkindiri bana nii balɗe tati, ngel yamɗitan.
(Djabba, ménagère, Maroua, avril 2004)
Je soigne le paludisme avec des feuilles de neem associées à (celles
de) Cassia occidentalis et d’Ipomoea asarifolia. Après avoir fait
bouillir ces trois plantes, faites asseoir l’enfant dedans de façon à ce
que la vapeur le pénètre bien. Si vous poursuivez ainsi pendant trois
jours, (l’enfant) guérira.
To haa mi hurga paɓɓooje, mi nama ɓikkon gannyi, ɗaɗi jaaɓi,
seɓre andakeehi, mi hawta, mi dolla. Mi hokka nyawɗo o yara.
(Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Pour soigner le paludisme, j’écrase des graines de neem, des racines
de jujubier sauvage (Ziziphus mauritiana), de l’écorce fraîche de
Boswellia dalzielii, je mélange le tout et je le fais bouillir. Je fais boire
ça au malade.
TRAITEMENT MODERNE
To ɓe kooci ƴiiƴam ɓe ndaari darja nyawu, min ndokka lekki deydey
semmbe maagu, to ɗum saati, min ɓila baate ndiyam. (Hamadou
Ahmadou, 28 ans, agent de santé guiziga, Maroua, 09-03-04)
Après qu’on ait fait une prise de sang et que l’on ait observé le degré
de la maladie, nous administrons un médicament en fonction de la
gravité du mal, et si le cas est grave, nous faisons une perfusion.
Yimɓe feere paamataa to ɓinngel ɗon tuuta, ɓanndu ɗon wula ɗoo,
ɗum paɓɓooje. Kamɓe to ɓinngel nyawi ni, sey ɓe njaawa yarnugo
ngel leɗɗe Ɓaleeɓe. Hiddeeko ndeen goo, gilɗi paɓɓooje boo tam-
pini ngel. Haa to ngel tampi jamum, ɓe ngadda ngel lopitaal. Haa
amin boo, min ngalaa kurgirɗum fuu muuɗum, sey ɗum ƴama
yaarugo ngel lopitaal mannga. Foddeeko ɓe njaara ngel boo, feere
ngel maaya haa laawol. Ngam haa lopitaal mannga, ɓe kooƴan
ƴiiƴam haa baaba malla haa daada, ɓe loowana ngel. (Bimoutch
Ndjidda, 44 ans, infirmier guiziga, Dogba, 27-04-04)
401
paɗɗe
Certains ne comprennent pas que, si un enfant vomit, que son corps
chauffe, il s’agit de paludisme. Eux, lorsque l’enfant a ce genre de
maladie, ils se dépêchent de lui faire avaler des remèdes indigènes.
Entre-temps, les ‘germes’ du paludisme l’affaiblissent. C’est quand il
est (déjà) trop affaibli qu’ils l’emmènent au centre de santé. Quant à
nous, nous n’avons pas tout ce qu’il faut pour soigner ça, cela exige
qu’on conduise (l’enfant) à l’hôpital provincial. Mais avant qu’on l’y
conduise, il meurt parfois en route. Car, à l’hôpital provincial, ils
prennent le sang du père ou de la mère et le lui transfusent (litt. :
versent).
Ɓurna yimɓe ɓe njaɓataa hooceego ƴiiƴam ngam laargo paɓ-
ɓooje, ɓe ɗon numa ɓe koocan ɗam haa ɓe ndaara nyawu sida.
La plupart des gens qui refusent qu’on leur prenne du sang pour leur
faire la goutte épaisse, c’est parce qu’ils pensent qu’on va leur faire
un test de dépistage du sida.
● doktoor parmasiin
► pharmacien (litt. : ‘docteur’ de pharmacie)
403
pees-guus
● pees dekoseer
► pince de Kocher
Min ngoodi pees dekoseer jey nanngugo jaabuuru foddee ɓe ta’a
bee mekefje. (Amadou Haman, infirmier accoucheur, hôpital provin-
cial, Maroua, 25-08-04)
Nous avons la pince de Kocher pour saisir le cordon ombilical avant
qu’on le coupe avec des ciseaux.
pees-guus – nga
► pince-gouge (pince à bords tranchants utilisée pour réséquer des esquilles
osseuses ou des cartilages (Quevauvilliers 2005, p. 367)
Bee pees-guus min taƴrata i’e to laatake ɗe ceeɓi jamum.
(Oumarou Amadou Yaya, infirmier, hôpital de Maroua, 18-08-04)
Avec la pince-gouge, nous coupons les os s’il arrive qu’ils présentent
des esquilles (litt. : qu’ils sont très pointus).
404
peewri
rhumatismes
La racine verbale feew- signifie « avoir froid ». Le nom de cette
affection est traduite systématiquement par « rhumatismes » dans le
français local. Un mal soulagé par l’absorption d’eau chaude ou par
l’utilisation d’eau chaude pour la toilette sera automatiquement classé
dans la catégorie de peewri. Voir ci-dessous l’interview de Bouba.
Nyawu peewri na ŋoɓan goɗɗo.
Le peewri courbe la personne.
Yiiwaago bee peewɗam wakkati peewol waɗata peewri.
Se laver à l’eau froide par temps froid et humide donne le peewri.
DESCRIPTION
Peewri ɗon nannga haa i’e. Goɗɗo nanan i’e mum ɗon ceeka. [...]
Nyawu peewri walaa gilɗi, kangu kam nder i’e toon goɗɗo
maatata ngu. (Yaya, infirmier, hôpital de Bogo, 29-06-04)
Le peewri attaque les os. La personne sent ses os se fendre. (...) La
maladie du peewri ne comporte pas de ‘vers’, c’est (la maladie) elle-
même que la personne ressent dans les os.
DIAGNOSTIC
To innu ɗon sinka peewri, o dolla seɓre mongoroohi ; to o wari
yiiwaago, o suuwa juuɗe maako nder ndoondi. O tokkoo, o ɗon
lalla pellel naawreenga man. To o ɗon mari peewri, o yi’an
ndiyam lekki man laatoo haako-haako, ɗon ɓorwi ; ammaa to o
walaa peewri, ndiyam man sannjataako. (Goggo, ménagère peule,
Dogba, 04-05-04)
Si qqn se plaint de peewri, il doit faire bouillir de l’écorce fraîche de
manguier ; quand il va se laver, il plonge les mains dans de la cendre.
Ensuite, il lave l’endroit douloureux (avec le décocté d’écorce de
manguier). S’il a le peewri, le décocté deviendra vert et visqueux ; mais
s’il ne l’a pas, le liquide ne changera pas (de couleur).
Wiɓɓere am naawatammi. To mi wa’’ake baskur tis goo, mi
foofataa, ɓernde am ɗoo faloo. Hunnduko bee kine fuu ɗon foofa,
ammaa ɓernde am kam foofataa. Ɗum waɗi lebbi ɗiɗi ko nyawu
nguu fuɗɗiri yam. Mi ɗon seka ɗum peewri. Ammaa haa mi
faama fakat..., wakkati haa mi yaha Godola, nde mba’’iimi
baskur, njaami seeɗa, suy ɓernde am darii, acci foofgo booɗɗum,
caftumi loortiimi. To ɗum fali yam ɗoo, koo haa mi yara ndiyam,
mi waawataa. Nde ɗum waɗimmi bana nii, mi ɗonno yiiwoo
peewɗam, yara peewɗam, accumi, sey ngulɗam kuuwtiniranmi
jonta ɗoo. Yaake njarannoomi ngulɗam, ɗum acci ɓillugo yam
seeɗa. [...] Mi moɗɗo albacce, goye bee leeɓi fuu, ammaa walaa
daama, sey ngarmi lopitaal. (Bouba, peul, Maroua, 19-04-04)
C’est la poitrine qui me fait mal. Si je monte à bicyclette même un
tout petit peu, je perds mon souffle (litt. : je ne respire pas), mon cœur
405
peewri
se bloque. La bouche et le nez respirent, mais mon cœur ne respire
pas. Il y a deux mois que cette maladie a commencé chez moi. Je
pense que c’est le peewri. Mais, pour en être sûr..., au moment où je
m’apprêtais à aller à Godola, lorsque je suis monté sur la bicyclette et
que j’ai parcouru une petite distance, mon cœur s’est arrêté et a cessé
de bien respirer, je n’en pouvais plus et j’ai fait demi-tour. Quand cela
me bloque, je ne peux même pas boire de l’eau. À l’époque où cela
me faisait comme ça, je me lavais avec de l’eau froide, je buvais de
l’eau froide, et j’ai cessé de le faire ; actuellement, je n’utilise que de
l’eau chaude. Lorsque je buvais de l’eau chaude, cela m’accordait un
peu de répit. (...) J’ai avalé de l’ail, des nodules de Cyperus articulatus
et des boulettes de beurre frais (toutes choses censées guérir le
peewri), sans amélioration ; je suis donc allé au centre de santé.
CAUSES
Peewri kam na fe’’oto noon to innu ɗon waaloo dow lesdi haa
yaasi, ngam nder suudu gulɗum to iyeende toɓi ; peewri waɗan
mo. To innu ɗon yiiwoo ndiyam peewɗam ɗam jaɓaay mo, o
waɗan peewri. Ɓaawo man, o nanan ɓanndu maako ɗon feƴƴa,
jokke maako ɗon ceeka. Heesi haa ɓanndu maako toon ni o
hiitotoo ka. (Mal Saïdou, 65 ans, marabout peul, Boula, 09-09-04)
Le peewri survient lorsque qqn dort dehors sur le sol parce qu’il fait
chaud à l’intérieur de la maison après une pluie ; il va avoir le peewri.
Si qqn se lave avec de l’eau froide qui ne lui convient pas, il aura le
peewri. Ensuite, il sentira son corps se « fendre », ses articulations se
« déchirer ». En tout cas, c’est dans son corps qu’il en jugera.
Waalaago haa peewɗum malla wallina ndiyam dow danki yara,
ɗoo ni heƴi to ɓanndu maa yiɗaa ɗum ni, waɗan peewri. (Mal
Saïdou, 65 ans, marabout peul, Boula, 09-09-04)
Dormir au froid ou faire passer la nuit à de l’eau sur le hangar et la
boire, cela suffit si ton corps ne le tolère pas, à donner le peewri.
Ko hokkata peewri, ɗum tokkindirgo yiiwaago peewɗam fajira,
waalaago yaasi, malla toɓrugo. Masalan, waabiliire dumpi ma a
ɗon dura, a walaa ndaafaare, a walaa leeda-ndiyam. Malla boo a
toɓri, a heɓaay ittugo limce dow ɓanndu maa haa ɗe njooriri
noon. Bana nii ɗoo ni naastinan peewol nder ɓanndu. Feere boo,
sakkingo beɗakkanayel daago dow lesdi noon waaloo. Ɗoo fuu
jaanyan peewri, ammaa gal men ɗoo, peewri peewri noon ɗum
haaɗata. Masalan, bana lesdi fommbina ɗoo, to peewri man neeɓi
her goɗɗo seeɗa nii, warta peewri cukku. Ngi’aa innu ɗon foofra
dow dow. To o yaawaay o hurgi ni, ɗum mbaran mo, ngam poofɗe
kiɗoto. (Mal Djamo, 38 ans, commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
Ce qui donne le peewri, c’est de se laver régulièrement le matin avec
de l’eau froide, de dormir dehors ou de mouiller sous la pluie. Par
exemple, une grosse pluie s’est abattue sur vous pendant que vous
406
peewri
paissiez les troupeaux alors que vous n’aviez ni chapeau à larges bords
ni imperméable. Ou bien, vous avez pris une pluie, vous n’avez pas
pu vous changer et vos vêtements ont séché sur vous.
Cela suffit à faire pénétrer le froid dans le corps. Parfois, (il suffit)
d’étendre un petit bout de natte dehors et de s’y allonger. Tout cela
provoque le peewri, mais par chez nous, cela s’arrête au stade du
simple peewri. Cependant, comme au Sud, si le peewri dure un peu
chez la personne, il se transforme en peewri cukku (asthme). Vous
voyez la personne respirer avec difficulté (litt. : dessus dessus). Si elle
ne se dépêche pas de se soigner, cela la fera mourir, car sa respiration
se bloquera.
TRAITEMENT
Lekki peewri, goɗɗo hooca daanɗi-maayo, dolla yara, yiiwoo.
Kooli nder maayo, ki ndiyam dabbata les mum, seɓa ki, dolla,
yara, yiiwoo. To goɗɗo man wari yiiwaago, o wujoo leeɓol. Bana
nii, leɗɗe peewri boo. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba, 12-
05-04)
Comme remède contre le peewri, on doit prendre de l’Ipomoea
asarifolia, en faire une décoction, la boire et se laver avec. On écorce
du Mitragya inermis (qui pousse) dans le maayo et a passé toute la
saison des pluies dans l’eau, on en fait une décoction que l’on boit et
avec laquelle on se lave. Une fois qu’on s’est lavé, on s’enduit de
beurre frais. Voilà les remèdes de peewri.
Lekki peewri kam, koocaa tinyeeje daneeje joweeɗiɗi, ndollaa bee
safraari. To ɓenndi, cakkinaa leeɓol nder toon, suy, ƴakkaa
tinyeeje ɗee. Ɗoo ɗum maagani peewri. (Goggo, ménagère, Dogba,
03-05-04)
Comme remède contre le peewri, vous prenez sept oignons blancs et
vous les cuisez à l’eau avec du sorgho jaune. Quand c’est cuit, vous
jetez du beurre dedans et vous mangez ces oignons. Voilà le remède
contre le peewri.
To peewri nanngi goɗɗo, sey o moɗa leeɓi.
Quand on a le peewri, il faut avaler des boulettes de beurre frais.
To goɗɗo ɗon yara nebbam liɗɗi, peewol nanngataa mo. (Gaw
Abdou, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Celui qui boit de l’huile de poisson ne sera pas victime du peewri.
Lekki peewri, nebbam na’i. Kaynaaɗam keɓaa bee njumri seeɗa,
kawtaa bee kilbu laaciijam ngulaaɗam, njiiɓaa ɗum fuu, suy,
accaa ɗum ɗaantoo. Ɓaawo man, tokkoɗaa nyaamgo. Walaa ko
ɓuri kawte ɗee haa peewri. (Mal Saïdou, 65 ans, marabout peul,
Boula, 09-09-04)
Le remède de peewri, c’est le beurre de vaches. Une fois qu’il est
fondu, trouve un peu de miel, ajoutes-y du natron fibreux brûlé, malaxe
le tout et laisse-le reposer. Ensuite, manges-en régulièrement. Rien
407
peewri
n’est meilleur que ces compositions (pour guérir) le peewri.
To ɗum peewri peewri noon, to a manngake leeɓi ni, a senndiran
bee maari, nonnoon ƴakkugo tinyeeje boo, ngujooɗaa ɗe to a ɗon
waaloo. Feere boo, koocaa moɗaa albacce, nafan peewri. Ngujaa
leeɓol dow hoore, ɗum kaccuɗum kam, ammaa, to innu yiɗi
njamu mum, sey waɗa noon, to a toɓri malla to a ɗon waaloo dow
lesdi peewndi haa keɓaa kisaa nyawu peewri. (Mal Djamo, 38 ans,
commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
En cas de simple peewri, si vous (mangez) habituellement des bou-
lettes de beurre frais, vous vous en débarrasserez ; de même, (si vous)
mangez des oignons et vous en frottez au moment de dormir. D’autre
part, vous pouvez avaler de l’ail, cela est bénéfique en cas de peewri.
Vous pouvez vous frotter la tête avec du beurre frais, cela pue, certes,
mais quand on désire être en bonne santé, on doit faire comme ça, si
vous vous êtes fait mouiller par la pluie ou si vous êtes couché sur un
sol humide, afin de pouvoir éviter d’avoir le peewri.
Ko laarani haala peewri, yimɓe ɗon itta yaɓɓo, ɓe ndolla ko haa ko
tuuta, suy yara. To ɗum ɓinngel boo, lummba ngel nder ndiyam
man baakin asaweere. Nde lummbuɗaa ngel fuu, a tawan ndiyam
man sannji noonde. Bana nii, to Alla hoyni kam, ngel yamɗitan.
(Mal Djamo, 38 ans, commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
En ce qui concerne le peewri, on prend des feuilles de tamarinier, on
les fait bouillir jusqu’à ce qu’elles dégorgent, puis on boit (le décocté).
Dans le cas d’un enfant, on le trempe dans cette eau (régulièrement)
pendant environ une semaine. Chaque fois que vous le trempez (dans
cette eau), vous constaterez que celle-ci change de couleur. De cette
façon, si Dieu le soulage, il guérira.
Lekki peewri, ki ɗon tawee haa nder weendu ndu ndiyam muuɗum
sakitittoo timmugo. Ɓe ɗon mbi’a ki kooli. Ɓe kooƴa ɗaɗi maaki
bee seɓre maaki, ɓe ndolla, ɓe maɓɓa fayannde ndee. To nyawɗo
oo o pamaro, ɓe nguja ɓanndu maako leeɓol, ɓe ngasa ɓe njo’’ina
fayannde nder ngaska, o wara, o daroo, o sankita kosɗe maako dow
maare. [...] Ɓe cudda mo bee leppol, ndeen, ɓe maɓɓita fayannde,
cuurkaaji gurtotooɗi ukkoo dow maako, o foofa ɗi. [...] Leeɓol boo
jogoto ko nafata haa lekki kii, naastida bee maaki nder ɓanndu
maako. To ɗum peewri kam, ndi wurtoto. (Abdouramane Modibbo,
guérisseur, Petté, 25-06-04)
Le remède de peewri se trouve dans une mare qui tarit tardivement
(litt. : qui soit la dernière à tarir). Il s’appelle Mitragyna inermis. On
prend ses racines et son écorce et on les fait bouillir dans une marmite
couverte. Si le malade est un enfant, on lui enduit le corps de beurre
frais, et on creuse un trou où l’on dépose la marmite ; (l’enfant) se met
debout, jambes écartées, au-dessus de la marmite. (...) On le couvre
avec un drap, puis on ouvre la marmite, les vapeurs qui en sortent
408
peewri-cukku
l’enveloppent et il les respire. (...) Le beurre retient la partie utile du
remède et pénètre avec elle dans son corps. S’il s’agit bien de peewri,
il va sortir.
409
peeza
TRAITEMENT
To goɗɗo nyawi peewri-cukku, o itta jowte ibbi bee muuri, o una
o waɗa nder ndiyam, o yara baakin nyalɗe ɗiɗi. (Mal Saïdou
Djakaou, guérisseur guiziga, Ligazang-Loubour, 23-05-04)
Lorsque qqn souffre de l’asthme, il doit prendre du gui de Ficus
sycomorus et du petit mil hâtif, les piler et mettre ça dans de l’eau et
en boire pendant environ deux jours.
410
pilmoneer
perfizyooŋ / perfizyooŋje – ngal/ɗe (n.) ; < français « perfusion »
► perfusion ; syn. baatal ndiyam
411
pinaari
pinaari – ndi (n.)
► khôl
Moy buutanta jiga pinaari, ladde wulaay ? (Prov.)
Qui vendra du khôl meilleur marché au petit charognard, si ce n’est
quand la brousse sera en feu (litt. : sans que la brousse ne brûle) ?
● piyal naange
► insolation
412
poociire
pompa (v.) ; < français « pomper »
► administrer un lavement, injecter (dans un organe creux)
pompugo ɓinngel
administrer un lavement à un enfant
413
poocoo
TRAITEMENT
Pour soigner l’hydrocèle, on associe de la poudre de feuilles sèches
de Sporobolus festivus (aartu-ma-sakitoo), des racines de caɓɓulli
gorki, de l’écorce de Stereospermum kunthianum (golommbi), et des
fruits de Calotropis procera (bambammbi). (Mal Abdou, guérisseur,
Bogo, 01-07-04)
poocoo (v.)
► être atteint d’hydrocèle
To doomru poocake, riba paatuuru. (Prov.)
Si le rat est atteint d’hydrocèle, le bénéfice en est pour le chat.
raaɓa (v.)
► être contagieux
► transmettre une maladie
► infecter
Jooɗodaago bee baaɗɗo raaɓete mbuustu.
La compagnie d’un paresseux est contagieuse. (Litt. : rester avec un
paresseux te contaminera (avec) une infirmité.)
Nyawuuji feere, to haa ndaaɓa goɗɗo, sey to ƴiiƴam maɓɓe
ngootam, ɓe ngondi boo babal gootal. Nyawuuji bana ndamba,
ngaadiga, meece, teko, ɗi fuu maaji ɗi ndaaɓan to yimɓe ɓee ɗon
mari ƴiiƴam ngootam. To laatake ƴiiƴam maɓɓe feere feere boo,
418
raaɓa
koo ɓe ɗon mbaalodi, gooto ɗon sonndoo, koo ɓe njardi taasayel
gootel, ngu raaɓataa mo. Ammaa, to ƴiiƴam maɓɓe ngootam, to
poofɗe maɓɓe piyootiri, ngu raaɓan ; to o sonndake dow maako,
ngu raaɓan mo. (Mama Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-04)
Certaines maladies ne sont contagieuses que si les personnes ont le
même sang et qu’elles vivent ensemble en un même lieu. Des
maladies comme ndamba, la varicelle, la rougeole, la coqueluche,
toutes sont contagieuses lorsque les personnes ont le même sang. Si
leurs sangs diffèrent, même s’ils dorment ensemble et que l’un tousse,
même s’ils boivent dans un même récipient, ils ne se transmettront
pas la maladie. Mais s’ils ont le même sang et que leurs souffles
s’entrechoquent, ils s’infecteront (mutuellement) ; si l’un tousse sur
l’autre, ce dernier sera infecté.
Nyawɗo sonndaaru raaɓan jamo to ɓe ɗon ngondi nokkuure
woore. To ɓe nyaamdan, ɓe mbaaldan, nyawɗo man boo ɗon
sonndoo, haa nder kaartudi maako, gilɗi ɗon, ɗi naastan innu
jamo ; suy, nyawu man raaɓa mo. (Noël Djavaï, infirmier, Meskine,
01-04-04)
La personne atteinte de tuberculose transmet la maladie à la personne
saine si (toutes deux) habitent ensemble. Si elles mangent ensemble,
si elles dorment ensemble et que la personne malade tousse, il y a des
germes (infectieux) dans ses crachats, qui pénètrent dans la personne
saine ; alors, la maladie l’infecte.
Ɗum nyawu mooɓodal naawata yam. [...] Ɗum goram raaɓi yam
ngu, ammaa kanko, o jaɓataa wargo lopitaal. O wii yam sey miin
on, mi soodana min leɗɗe. (Patiente, CSI de Dargala, 10-06-04)
Je souffre d’une maladie vénérienne. (...) C’est mon mari qui m’a
infectée, mais lui, il ne veut pas venir au centre de santé. Il m’a dit que
c’est à moi seule d’acheter les médicaments pour nous deux.
Mbiimi miin kam teema ngam nawliraaɓe ɗuuɗɓe nder saare
ɗuuɗɗini nyawuuji, waatoo to gooto mari nyawu ni, raaɓan
luttuɓe. Ceerceerle bee teeteele boo ɗuuɗi jamum. (Bernadette
Godwé, CSI de Dougoï, Maroua, 07-09-04)
Moi je me dis que c’est peut-être parce qu’il y a de nombreuses
coépouses dans la famille que les maladies (sexuellement transmis-
sibles) sont si nombreuses, c’est-à-dire que dès que l’un/l’une a une
maladie, il/elle la transmet au reste. Les divorces et les mariages à
répétition abondent également.
Jamo to ɗon nyaamda bee nyawɗo sonndaaru, raaɓan mo.
La personne en bonne santé qui mange avec un tuberculeux, cela
l’infectera.
To reeza taƴi goɗɗo marɗo sida, wari taƴi jamo, nga raaɓan mo,
ngam ƴiiƴam maɓɓe hawti. (Kt., 24 ans, prostituée, Domayo,
419
radiyoo
Maroua, 22-02-06)
Si une lame de rasoir coupe qqn qui a le sida et qu’il arrive qu’elle
coupe (ensuite) une personne bien portante, cette dernière sera
infectée, puisque leurs sangs se seront mélangés.
ranee- (adj.)
► blanc de peau, leucoderme
Daneejo, yitere ɓiraaɗam ! (Eguchi 1974, p. 99)
Blanc, à l’œil blanc comme le lait frais ! (Éloge à l’adresse d’un
Européen ou d’une personne à peau extrêmement claire.)
Daneejo ranwa-ngaandi !
Blanc à l’intelligence parfaite ! (Litt. : blanc au cerveau blanc.)
reeda (v.)
► être enceinte ; cf. haara, reedu, waama
Mi ɗon huuwtinira bee konndoom ngam taa mi reeda tan, ngam
mi danyan meere meere. (Mm., 25 ans, prostituée, Kakataré,
Maroua, 23-01-06)
J’utilise le préservatif pour ne pas tomber enceinte, car je tombe très
420
reedu
facilement enceinte.
421
reedu
Reedu nduun waanata goɗɗo ko waɗataake.
C’est le ventre qui pousse qqn à faire ce qui ne se fait pas.
Bone reedu wujjini mo.
La faim a fait de lui un voleur. (Litt. : la souffrance du ventre l’a fait
voler.)
Ndoggaa kam, a lortoto nder reedu daada maa na ?
Tu fuis, (mais) pourras-tu retourner dans le ventre de ta mère ?
● naawral reedu
► maux de ventre
TRAITEMENT
Ɓe ɗon ƴara ɓinngel ngam haala naawral reedu. Ɓe ɗon ƴara tati
wuttudu nandu, tati gal nyaamru, ɗiɗi boo haa caka, suy ƴiiƴam
ɓaleejam kurum wurtoo. Ƴiiƴam man ɗaam wonete bososel
naawreenga reedu maagel. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère
mousgoum, 28-05-04)
On fait des scarifications à l’enfant pour le problème de mal de ventre.
On fait trois scarifications à gauche, trois à droite et deux au milieu ;
ensuite, il y a du sang noir foncé qui sort. C’est ce sang qui est la cause
de son mal de ventre.
Goɗɗo to reedu mum ɗon ƴakka, o dolla haako goyoof, o yiiwoo,
o jilla ko bee haako fore, o nyeɗa ndiyam man to waywi, o ɓesda
sukar, o yara. (Goggo, ménagère peule, Dogba, 04-05-04)
Lorsque qqn ressent des pincements douloureux dans le ventre, il doit
faire bouillir des feuilles de goyavier et se laver avec le décocté ; puis il
mélange (le reste) avec des feuilles d’Eucalyptus, il en puise un peu
lorsque ça a bouilli, il ajoute du sucre et il boit (le décocté).
To reedu ɗon naawa, ɗum gilɗi, to jalɓalji, to daneeji. Ko fuɗɗata
ɗi boo, to reedu goɗɗo salake nyaamdu. Gilɗi feere piɓan, goɗɗi
tuutnan, goɗɗi caarnan, goɗɗi taadan, goɗɗi boo ƴakkan. (Baba
Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Quand on a mal au ventre, ce sont les vers, soit les ascaris, soit le ténia.
Ce qui les provoque, c’est lorsque l’on mange qqch. que le ventre
refuse. Certains vers constipent, d’autres font vomir, d’autres
provoquent la diarrhée, d’autres ceinturent (le ventre), d’autres encore
provoquent des douleurs lancinantes.
INSULTES
reedu mbaggu
gros bidon (litt. : ventre de tambour)
reedu mbulku
bedon (litt. : ventre de canari à eau)
reedu petengewru
ventre de crapaud (qui se gonfle)
422
reedu
lugga-reeduujo
gourmand (litt. : personne au ventre profond)
Lugga-reeduujo kam, ko haɓdanta fuu kayru nduun. (Boubakary
Abdoulaye, Maroua, 01-11-04)
Le gourmand, toute l’activité qu’il déploie, c’est pour son ventre.
kawyeejo reedu kaywaawu
paysan pansu comme une besace d’âne (litt. : villageois au ventre (en
forme de) besace à âne)
► estomac
To wakkati nyaamgo waɗi, innu nyaamaay, reedu siwtataako.
Ɓanndu innu ɗon sirƴa ndiyam, ndeen reedu kam ɗon nama koo
walaa ko woni nder maaru boo. Yaake to ndu ɗon woggootira
cookum, huuduure waɗa nder toon. To goɗɗo nyaami nyaamdu,
ndu yehi ndu meemi pellel ngeel, o nanan naawɗum. Kanjum ɓe
mbi’ata ɓernde ɗon wula. (Adama Ousmanou, infirmier au CSI de
Palar, Maroua, 08-09-04)
Quand vient l’heure de manger et que la personne ne mange pas,
l’estomac ne reste pas au repos (pour autant). L’organisme secrète
(litt. : envoie un jet) de liquide (dans l’estomac), puis celui-ci broie
même s’il ne contient rien. Lorsque (l’estomac) se frotte à vide, une
plaie s’y forme. Lorsque la personne mange et que la nourriture va
toucher cet endroit, elle ressent une douleur. C’est cela qu’on appelle
« brûlure d’estomac » (litt. : l’épigastre brûle).
Reedu, kayru woni ɓaaru. To ndu haaraay, innu waawataa waɗgo
koo ɗume. To goɗɗo nyaami huunde dakamre, kayru jaɓata
ndiyam maare. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Le ventre, c’est lui le carquois. Lorsqu’il n’est pas rassasié, on ne peut
rien faire. Lorsque la personne a mangé qqch. de savoureux, c’est lui
qui en reçoit le suc.
► ventre, siège des bas instincts et des contraintes physiologiques
To innu tokkitanake reedu mum, semtan.
Si qqn suit (les exigences de) son ventre, il se retrouvera dans des
situations humiliantes (litt. : il aura honte).
Koo moy haɓana reedu muuɗum.
Chacun se bat pour son propre ventre.
► grossesse
Joonde woore hokkataa ɓii korɗo reedu. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
Ce n’est pas en restant assise sur place que la fille de l’esclave est
tombée enceinte.
Debbo am reedu. // O ɗon bee reedu.
Ma femme est enceinte. // Elle est enceinte.
423
reedu
Hitaande fuu debbo oo reedu.
Chaque année, cette femme est enceinte.
Debbo feere to bee reedu, yeeso mum laaɓta tal ; to a yi’i mo ni, a
anndi. (Habiba Daddoum, CSI de Meskine, 21-06-04)
Quand certaines femmes sont enceintes, leur visage devient très clair ;
dès que vous les voyez, vous savez (qu’elles sont enceintes).
Ko paammi miin kam, to ɓinngel ɓillataa daada mum, ɗon waalii
siriw noon nder reedu, ɗoo kam ngel dewel ; ammaa, to gorgel
kam, ngel dampan, ngel ficitittoo boo nder reedu. (Mme Oubbo,
Zileng-Bappa, 01-06-04)
D’après ce que je crois savoir, lorsqu’un enfant ne dérange pas sa mère
et qu’il reste tranquille dans le ventre, là, c’est une fille ; mais quand c’est
un garçon, il donne des coups de pied et il remue dans le ventre.
Reedu maako rufi / wonnake.
Elle a fait une fausse couche (avortement spontané). (Litt. : son ventre
s’est versé / s’est gâté.)
To debbo ƴaɓɓini lewru, waatoo to hayla maako waraay haa
lewru saalake, o faama o waɗi reedu. To waɗi bana nii, lewru
waranndu haa jokka ɗoo, tuure kam accataa mo sam ; sey to ndu
saalake ɗum accata. [...] Hunnduko enndu reeduujo ɓalwan
kurum, mawnan boo. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère
mousgoum, Petté, 28-05-04)
Quand une femme a dépassé le mois, c’est-à-dire si ses règles ne sont
pas venues quand le mois est passé, elle doit comprendre qu’elle est
enceinte. S’il en est ainsi, le mois suivant jusqu’au prochain, les
vomissements ne la lâchent pas ; ils ne la laisseront que quand (le
deuxième mois de grossesse) sera passé. (...) Les mamelons d’une
femme enceinte deviennent très noirs et grossissent également.
Sey to ɓe maati reedu fuɗɗi ŋatgo ɓe, ɓe ngarata kilo.
Elles ne viennent à la consultation prénatale que lorsqu’elles res-
sentent les premières contractions (litt. : que le ventre commence à les
mordre).
Kilo laaran no ɓinngel mawnirta haa nder reedu. Ɓe keɓtan boo to
ɓinngel woni nder reedu malla huunde noon woni nder maaru.
Ngam nyawu noon boo uppinan reedu. Mo anndaa kam wi’a o ɗon
bee reedu. Rewɓe ɗuuɗɓe ɗon ngara haa ɗoo, min tawa ɗum
nyawu woni haa maɓɓe. Goɗɗo feere jooɗoo duuɓi ɗiɗi bee maaru,
accataa wiigo reedu noon o mari, ngam ndu ɗon mawni, asee boo
ɗum nyawu. (Gueye, infirmier, CSI de Meskine, 24-06-04)
La consultation prénatale concerne la façon dont l’enfant grandit dans
le ventre. (Les infirmiers) comprennent également s’il y a un enfant
dans le ventre ou si c’est quelque chose (d’autre). En effet une simple
maladie peut faire enfler le ventre. Celui qui n’est pas au courant dira
que (la femme) est enceinte. Il y a beaucoup de femmes qui viennent
424
reeduujo
ici et nous trouvons que c’est une maladie qu’elles ont en elles. (Une
femme) pourra rester deux ans avec ça sans cesser de dire qu’elle est
enceinte, car (son ventre) a pris du volume, alors qu’en fait il s’agit
d’une maladie.
● hoocugo / waɗgo reedu
► tomber enceinte (litt. : prendre / faire une grossesse)
● reedu siwtuɓe
► grossesse gémellaire (litt. : grossesse de jumeaux)
principale)
● reedu jooɗotoondu dow teteki ou reedu jooɗotoondu yaasi suudu-
ɓinngel
► grossesse extra-utérine (litt. : grossesse qui reste sur l’intestin / grossesse
425
reeduujo
– Le sac enveloppe une merveille !
– La femme enceinte.
(La femme est assimilée à un contenant souple.)
Debbo reeduujo manngataako yaago ladde, ngam taa o fotta bee
kuuje ladde, sakko njaanyana ɓinngel maako nyawuuji cakliniiɗi
wakkati to o danyoyi. Nonnoon, innu to tagaadi mum nyiddundi, o
haɗa ɗum tokkaago ɓaawo maako. Ɓooyma no kam, koo maccuɓe
ɓe kaɗan ɗum wiirtaago meere meere haa dow rewɓe reedu’en.
La femme enceinte ne doit pas trop aimer aller en brousse, de peur
qu’elle ne rencontre des animaux sauvages qui pourraient transmettre à
l’enfant des maladies difficiles (à guérir) au moment où elle ira
accoucher. De même, une personne très laide d’aspect, on lui interdit
de marcher derrière elle. Autrefois, on interdisait même aux esclaves de
passer et repasser sans raison en présence de femmes enceintes.
Reeduujo sey ayna ko nyaamata.
La femme enceinte doit surveiller son alimentation.
Doktoor’en ɗon mbi’a reeduujo sey nyaama geeraaɗe bee heŋre.
Nyaamdu maako boo sey ɗuuɗa, masalan kusel deydey ngel
yimɓe ɗiɗo nyaamata o nyaama feere maako. (Doudja Dédéssé,
CSI de Meskine, 02-07-04)
Les infirmiers disent que la femme enceinte doit manger des œufs et
du foie. Son alimentation doit être abondante, par exemple, elle doit
manger deux fois plus de viande que qqn d’autre (litt. : la viande que
deux personnes peuvent manger, elle doit la manger à elle seule).
Diga nder reedu, ɓinngel ɗon naftoroo bee ƴiiƴam daada. Sey
daada maagel nyaama kuuje ɓesdanɗe ƴiiƴam haa ɓanndu ngam
haa ngel mawna booɗɗum. (Gaïbaï Ganava, infirmier chef, CSI de
Gazawa, 03-08-04)
Dès le ventre (maternel), l’enfant se sert du sang de sa mère. Il faut
que la mère mange des choses qui augmentent le sang dans le corps
pour que l’enfant grandisse bien.
Woodi ɓinngel debbo feere soobaajo am. Nde o ɗonno nyaama
kuuje newsuɗe jur, ɓinngel loori nder reedu maako. Dokteer’en
mbi’i mo o usta nyaamgo geeraaɗe, kosam bee laabuuje to o meeti
reedugo, ngam kanjum torri mo haa ɓesngu. (Fadimatou Ibrahim,
14-07-04)
J’ai une jeune amie. Comme elle mangeait trop de choses grasses, le
bébé a (trop) grossi dans son ventre. Les infirmiers lui ont dit de
réduire sa consommation d’œufs, de lait et d’avocats lors de sa pro-
chaine grossesse, car c’est cela qui l’a fait souffrir lors de son accou-
chement.
Aartiren bee nyaamdu reeduujo. O nyaaman ɓiɓɓe leɗɗe bana
kondoŋ, oraas [leemun oraas], avokaa [laabuuje], dibinooje, kur-
naaje. O nyaaman haakooji kecci bana follere, gubuɗo, wula-haaɗa
426
reeduujo
[wuykitiniiho], baskooje, haako mbay, haako suwaaka [kaaɗki-
maayo], salak. Ɓiɓɓe leɗɗe bee haakooji kecci, kanjum wonete
nyaamdu maako, ngam ɗum haɗan reedu maako fiɓaago : to o ɗon
nyaama ɗum, coofe maako ngaran bee koyɗum.
Ɓiɓɓe leɗɗe, kanje ndokkata reeduujo ƴiiƴam, hokkan ɓinngel
boo ƴiiƴam. Nder ɓiɓɓe leɗɗe feer woni. Reeduujo nyaama liɗɗi
kecci, kusel, o yara kosam, gaari marndi nyebbe sooja, o takira
haako bee nyebbe sooja, ngam sooja ɗum ɓuran kusel bee liɗɗi
fuu margo vitamiin. Nyebbe daneeje boo ɗon mari vitamiin
ɗuuɗnga, fotan bee kusel kalkal.
O yarataa saa’i, kafee, mbal, o fooɗataa tabaa, ngam ɗum ustan
faamu ɓinngel ; banda marɓe nyawu ɓernde, ngam ɗum ɓesdan
naawral ɓernde.
Gal kuuɗe boo, taa o huuwa kuuɗe naawɗe masalan seekgo leɗɗe,
ammaa yaadu bee kosɗe ɗum booɗɗum, ngam yaago bee
kilanndoo azal ɗon waɗa yaake feere, koo ngam en ngelataako
ɗum boo. Yaadu bee kosɗe wallitan reeduujo.
En mbolwino haala ɓornaago, ammaa, ɗum walaa sababuuji gal
men haa ɗoo, ngam gude men kaddotooɗen, toggooje men nyoo-
teten boo jaasɗe. Ɗum ɓillataa en ɓanndu.
Ammaa, woodi kuuje reeduujo sey laaɓa. Ɓurna fuu, cakkaaje,
sutiyeeŋ bee kalisooŋ, ngam to ɗum ɗon bee salteeji, ɗum nyaanyan,
kuuje daneeje boo ndufan jur. Nde on ɗon njooɗii nder saare kam,
ɗume hawti on bee kalisooŋ ? Sey teema to on ngurtoto njahon
wuro. Ɗoo boo, koo ngel gootel marɗon, looton ngel laaɓa,
ngurtodooɗon bee maagel walaa mo anndete, teema gude caaman e
laawol. (Bernadette Godwé, CSI de Dougoï, 23-07-04 ; conseils
prodigués aux femmes présentes lors de la consultation prénatale)
Commençons par l’alimentation de la femme enceinte. Elle doit
manger des fruits comme la banane, l’orange, l’avocat, les dattes et
les jujubes. Elle doit manger des légumes-feuilles frais comme
l’oseille de Guinée, le Ceratotheca sesamoides, Solanum nigrum
(morelle noire), du gombo, des feuilles de manioc, du ndolè (Vernonia
spp.), de la salade. Fruits et légumes-feuilles frais, voilà ce qui doit
constituer son alimentation, car cela l’empêchera d’être constipée : si
elle consomme cela, ses selles viendront facilement.
Les fruits, c’est ce qui donne du sang à la femme enceinte ainsi qu’à
l’enfant. Dans les fruits, il y a du fer. La femme enceinte doit manger
du poisson frais, de la viande, elle doit boire du lait, de la bouillie au
soja, elle doit faire des sauces au soja car le soja a plus de
« vitamines » que la viande et le poisson. Les niébés aussi contiennent
aussi beaucoup de « vitamines », à égalité avec la viande.
(La femme enceinte) ne doit pas boire de thé, de café, d’alcool, elle ne
doit pas fumer car cela diminuerait l’intelligence de l’enfant ; surtout
celles qui souffrent de l’estomac, car cela augmenterait leur mal.
427
reeduujo
Pour ce qui est des travaux, elle ne doit pas exécuter de tâches pénibles
comme de casser du bois, mais la marche à pied est bonne ; en effet,
quand on va à moto-taxi, il se produit parfois des accidents, même si
nous ne le souhaitons pas. La marche à pied est bénéfique à (litt. :
aide) la femme enceinte.
Nous avons parlé (précédemment) de la question de l’habillement, mais
cela ne pose pas de problème chez nous, car ce sont des pagnes que nous
portons et les robes que nous cousons sont amples. Cela ne nous gêne
pas.
Mais la femme enceinte doit garder propres certaines choses. Surtout
les sous-vêtements, soutien-gorge et slip, car s’ils sont sales, cela
provoquera des démangeaisons et d’abondantes pertes blanches.
Quand vous êtes à la maison, qu’est-ce qui vous oblige à porter un
slip ? (Mettez-en) peut-être un lorsque vous sortez pour aller en ville.
Même si vous n’en avez qu’un seul, lavez-le proprement, sortez avec
lui, on ne sait jamais, (votre) pagne tombera peut-être en route.
Reedu’en feere ƴakkan ƴulɓe, feere nyaaman loope, feere’en boo
cuɓta kaaƴon ɓaleehon nder njaareendi ɓe ƴakka. Ɗum suuno
nyaamnata ɓe kuuje feere feere ɗee. (Aïssa Tchari, animatrice à
l’hôpital de Bogo, 13-08-04)
Certaines femmes enceintes mangent du charbon, d’autres de l’argile,
d’autres enfin trient les petits cailloux noirs qui se trouvent dans le
sable et les mangent. C’est l’envie qui les fait manger ça.
Ɓe kulnataa reeduujo.
On ne doit pas faire peur à une femme enceinte.
Debbo faaman to o ɗon bee reedu ngam ndu ɗon nanndi bana
waande, ndu yahan mawnugo foroy. (Halima Bakary, 17 ans,
ménagère peule, Petté, 24-05-04)
La femme sait qu’elle est enceinte car (alors) son ventre est comme
une termitière : il va toujours en grossissant.
Reeduujo sey o huuwa ngam o heɓa o wallita ɓanndu maako taata
tedda, taa ƴiiƴam mooɓtoo sakko ɗum jaanyana mo taltalɗi
wakkati ɓesngu. Ngam to o dimmbataako, juuɗe maako bee
kosɗe maako fuu uppan, o looran boo. (Halima Bakary, 17 ans,
ménagère peule, Petté, 24-05-04)
La femme enceinte doit avoir des activités (litt. : travailler) pour aider
son corps à ne pas s’alourdir, pour que (son) sang ne s’accumule pas
afin que cela ne lui provoque pas de difficultés au moment de
l’accouchement. En effet, si elle ne bouge pas, ses mains et ses pieds
enfleront, elle grossira également.
Doktoor’en ɗon mbi’a rewɓe reedu’en faɗɗaago paɗe juuta-
teppereeje wooɗaay. [...] Ɓornaago limce ɓiɗɗanɗe mo reedu boo
wooɗaay. (Gueye, infirmier, CSI de Meskine, 24-06-04)
Les médecins disent aux femmes enceintes qu’il n’est pas bon de
428
reena
porter des chaussures à talons hauts. (...) Il n’est pas bon non plus de
porter des vêtements qui lui serrent le ventre.
Diga hoore am fuɗɗi yiilgo, mi hurgaaki ngam ɓe mbi’i to debbo
ɗon bee reedu moɗataa lekki. To o moɗi, ki mbaran ɓinngel reedu
kam. (Doudou Bakary, patiente, CSI de Dargala, 10-06-04)
Depuis que j’ai commencé à avoir des vertiges, je ne me suis pas
soignée parce qu’on dit qu’une femme enceinte ne prend pas de
médicament. Si elle le fait, (le médicament) va tuer son fœtus.
Kosam reeduujo, ɗam danyeteengel, naa ɗam danyaangel.
Le lait d’une femme enceinte appartient à l’enfant à naître, pas à
l’enfant né. (Si un bébé tète sa mère alors qu’elle est enceinte, il
tombera malade.)
Reeduujo to ɗon waawa ɓinngel, ngel duppan.
Si une femme enceinte porte sur le dos un bébé, celui-ci sera
rachitique.
Reeduujo taa ɗuuɗɗina gance, sakko maa to reedu maako ciki
lebbi jeego. (Dada Mamma, accoucheuse traditionnelle, Zala, 12-08-
04)
La femme enceinte ne doit pas multiplier les déplacements, notam-
ment quand elle a atteint six mois de grossesse.
reena
► attendre
Mo reenataake, ndikka reena.
Celui qui n’est pas attendu, mieux vaut qu’il attende.
► protéger, veiller sur
Mi reeni hoore am, tekke am pamare.
Je me tiens à l’écart, je n’ai guère de moyens. (Litt. : je protège ma
tête, mes hardes sont peu nombreuses.)
429
reen-hoore
reen-hoore – nde (n.c.)
« protège-tête »
► protection contre la malchance ou le mauvais sort et la sorcellerie
To haa goɗɗo faddoo hoore mum bee mistiri’en, o itta yowtere
baɗadi, yowtere bambammbi, o heɓa ƴulmere yiite bee haakooji
bambammbi tati joorɗi, o hawta ɗum o tappa, o suurnoo, o jilla
bee ndiyam, o yiiwoo. Yowtere gannyi boo, to o ɗon yiiworoo nde,
kaaramaajo fuu nyaamataa mo. Bana gannyi haaɗiri ni, bana nii,
ɓanndu maako boo haaɗirta haa kaarama’en. (Gadjiwa, guéris-
seur, Dogba, 30-04-04)
Pour se protéger contre les sorciers, on prend du gui de Commiphora
africana, du gui de Calotropis procera, on prend de la braise et trois
feuilles sèches de Calotropis, on les met ensemble et on les écrase
(litt. : on les frappe), et l’on fait des fumigations avec ; puis on dilue
(le reste du mélange) dans de l’eau et on se lave avec. Le gui de neem
également, aucun sorcier ne « mange » celui qui se lave avec. De
même que le neem est amer, de même, son corps devient amer pour
les sorciers.
rijja (v.)
► être âpre (au goût)
rima (v.)
► fructifier
► mettre bas (pour une femelle d’animal)
Dans un sens figuré, le verbe peut s’employer en parlant d’humains.
Ko ndimɗaa teddataako ma. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Ce que tu as mis au monde ne te pèse pas. (La charge des enfants n’est
pas lourde pour ceux qui les ont mis au monde.)
rim- (adj.)
► libre
432
rubbere
Mi dimo.
J’ai mes règles (femme). (Euphémisme ; litt. : je suis libre. Cf. loota )
rona (v.)
► hériter
To a bee jawdi a yiɗaa ɓe ndone, sooɗ moota kiiɗnga. (Modibo
Bello Amadou)
Si tu as des biens et que tu ne veux pas d’héritiers, achète une vieille
voiture. (La remise en état et l’entretien de celle-ci consommera tout
ton avoir.)
● yirlugo rubberde
► onduler du postérieur (litt. : tourner la fesse)
433
rufa
To innu waɗi sawoora, ngorgaaku boo o seedi bee mum. Koo
ndaa debbo, walaa ko ngaɗataa. Dubbe nafataa. A ɗon naastina
ɗe nder debbo, ɗe ɗon naasta, malla boo, to dubbe gorko man
lukki dubbe debbo ni, ɗe mbaata. (Bah Ila, 55 ans, berger peul,
Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Lorsque qqn a la ‘jaunisse’, sa puissance sexuelle l’abandonne
également. Même si voici une femme (devant toi), tu ne pourras rien
faire. Le sexe ne fonctionne pas. Tu essaies de le faire entrer dans la
femme et il rentre (chez lui), ou bien, si le sexe de l’homme (tente de)
donner un coup au sexe de la femme, il est sans force.
Woodi worɓe jur ɗon mbeltinoroo yam. Woɗɓe feere ɗaɓɓititte
ngam haa ɓaŋe ; woɗɓe feere ɗaɓɓititte ngam dubbe maa. (An.,
prostituée, 20 ans, Domayo, Maroua, 25-03-06)
Il y a beaucoup d’hommes qui me draguent. Les uns vous cherchent en
vue de vous épouser ; les autres vous cherchent pour vos « fesses ».
● dubbe meere
► tout nu (litt. : le derrière sans rien)
rufa (v.)
► verser à terre (un liquide ou un solide liquide)
Ko rufi fuu oftidittaako. (Prov., Boubakary Abdoulaye)
Il n’est pas possible de récupérer tout ce qui tombe par terre. (Il y a
des choses qui tombent par terre et qu’on ne peut récupérer.)
Ƴiiƴam ɗon rufa jur.
Il y a une forte hémorragie. (Litt. : le sang coule beaucoup.)
● rufgo geeraaɗe
► pondre des œufs
● rufgo reedu
► avorter (volontairement ; litt. : verser à terre le ventre/la grossesse)
Woodi rewɓe feere ɗon ngara ndaara doktoor haa ɓe ndufa deeɗi.
Woɗɓe marɓe deeɗi lebbi ɗiɗi malla tati ɗon ngara, ammaa ɓe
cuuɗoto. Ɓe njaɓataa nananaa ɓe haala maɓɓe. Ɓe mbi’a doktoor
ɓe ngiɗi rufgo reedu, nde kanko boo o anndi bee lekki kiye ɓe
434
rufa
ndufrata malla jamɗe ɗeye ɓe ngurtinirta ɓinngel. Ammaa,
kuuɗe ɗee kam, na ɓaawo kuugal.
Il y a des femmes qui viennent consulter le médecin pour avorter.
Certaines viennent avec une grossesse de deux ou trois mois, mais
elles se cachent. Elles ne veulent pas qu’il y ait des gens qui entendent
ce qu’elles disent. Elles disent au médecin qu’elles veulent avorter,
car c’est lui qui sait avec quel médicament elles peuvent avorter ou
avec quels outils on peut extraire l’enfant. Mais cette activité (ne se
pratique) qu’après (les heures officielles de) travail.
Haa lopitaal, to ɓe nani a yiɗi rufgo reedu, ɓe nanngete, ɓe ngaɗa
haala bee maa malla boo ɓe ndokkee lekki jahanki jo’’ina ɓinngel
ngeel booɗɗum. Bana nii kuuɗe maɓɓe. Ɓe ndokkataa ma lekki
jahanki mbara ɓinngel. (Élisabeth Kaltoumi, CSI de Makabay,
Maroua, 23-06-04)
Au centre de santé, si l’on apprend que tu veux avorter, on t’attrape et
on te fait des histoires ou on te donne un médicament qui va aller
stabiliser l’enfant comme il faut. Voilà comment ils font. Ils ne te
donneront pas de médicament qui ira tuer l’enfant.
Seyɗaan rufan debbo reedu, noon lekki boo goɗɗo moɗan rufa
reedu, walaa ko walaa kadi. (Nafissa Djibiri, CSI de Meskine, 24-
06-04)
C’est le diable qui fait avorter la femme, ça peut aussi être le remède
qu’on avale, toutes les méthodes existent.
► se renverser
► avorter (spontanément)
Reedu maako rufi.
Elle a avorté (spontanément).
Ndiyam rufi ɗali loonde.
Litt. : l’eau s’est renversée et a laissé la jarre (intacte). (Expression
détournée pour dire qu’une femme a avorté, mais que ce n’est pas
grave, puisqu’elle pourra de nouveau être enceinte (la jarre est
intacte).
To gorko ɗon waaloo bee debbo, kosɗe maako njahaay kalkal,
gootal ɗon caka kosɗe maako, gootal ɗon yaasi, to o waɗi reedu,
ndu rufan. Malla boo, to o waɗi haaje maako o timmini, o ɗon
waalii dow maako, to o waɗi reedu, ndu rufan. (Sadou Bongo,
guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Lorsqu’un homme couche avec une femme et que ses jambes ne sont
pas placées toutes les deux de la même façon, que l’une se trouve entre
celles de la femme et que l’autre se trouve à l’extérieur, si (la femme)
tombe enceinte, elle avortera. Ou bien, s’il a fini d’éjaculer (litt. : s’il
a fait son besoin et a terminé) et qu’il se couche sur elle, si elle tombe
enceinte, elle avortera.
435
rufa
Ɓe mbi’i taa ɗaw debbo reeduujo sakko reedu maako rufa.
Reeduujo, ko o laari fuu o yiɗi, naa yiɗannde maako, ammaa
yiɗannde ɓinngel. Saa’i feere, debbo danyi ɓinngel ɗon jogii
kusel. Nyaamdu ndu o nyaamataano, ɓinngel doolan mo o
nyaama to ngel ɗon haa reedu. (Dada Habiba, accoucheuse tradi-
tionnelle, Meskine, 18-08-04)
On dit qu’il ne faut rien refuser à la femme enceinte de peur qu’elle
avorte. La femme enceinte, tout ce qu’elle voit, elle le veut : ce n’est
pas sa volonté, mais celle de l’enfant. Il est arrivé qu’une femme mette
au monde un enfant qui tenait de la viande (en main). La nourriture
qu’elle ne mangeait pas, l’enfant l’obligeait à en manger quand il était
dans son ventre.
To saa’i ɓinngel siwaa tageego, to woodi ko daada waɗi, ngel
feetoto daga jaabuuru, ndeen ƴiiƴam rufa. (Dada Habiba,
accoucheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Lorsque l’enfant n’est pas encore entièrement formé (litt. : créé), s’il
arrive que sa mère a fait (telle ou telle chose qu’elle n’aurait pas dû
faire), (l’enfant) se détache du cordon ombilical et l’embryon avorte
(litt. : le sang se verse).
Reeduujo, to ɓernde mum metti, reedu mum rufan. To o feri
ɓinngel jirlaahi, ɗoo boo, reedu maako rufan. To o moɗi lekki
aga’en, reedu maako rufan. To o rookake ma nyaamdu a
hokkaay mo, reedu maako rufan. To o nyaami kuuje nyolɗe, ɗum
mbaran ɓinngel nder reedu. Taata boo o ɓadoo yiite ɗuuɗnge
bana dollooɓe giya bee arge. Taa o fooɗa taba ngam cuurɗe ɗee
keɓan ɓinngel boo. [...] To reedu debbo rufi, ƴiiƴam maako ustoto
jur, ɗam rufan. Ɗum neeɓataa bee mbargo mo. Haa wakeere
jaabuuru, o maatan naawreenga ngam haa toon semmbe ɓinngel
woni ; ngam man ɓe njarnata mo njumri. Debbo feere boo, to
ƴiiƴam aarti wurtaago, ɓinngel saloo wurtaago, sey ɓe ceekoya
mo. (Dada Habiba, accoucheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Si une femme enceinte se fâche, elle avortera. Si elle lance qqch. pour
faire tomber un fruit de Kigelia africana, en ce cas également, elle
avortera. Si elle avale le remède (abortif) des vendeurs ambulants, elle
avortera. Si elle te demande qqch. à manger (qui lui fait envie) et que
tu ne le lui donnes pas, elle avortera. Si elle consomme des choses
avariées, cela tuera le fœtus. Il ne faut pas non plus qu’elle s’approche
d’un grand feu comme celui des brasseuses de bière et d’alcool. Elle
ne doit pas fumer de tabac, car la fumée atteindrait aussi le fœtus. (...)
Si une femme avorte, son sang diminue beaucoup, elle saigne
beaucoup (litt. : il se verse). Cela ne tardera pas à la faire mourir. Elle
ressent une douleur du côté de l’ombilic, car c’est de là que le fœtus
tire sa force ; c’est pour cette raison qu’on lui fait boire du miel. Pour
certaines femmes, si c’est du sang qui sort en premier, le fœtus
refusera de sortir et on devra aller l’opérer.
436
saagorde
rummoodu / dummooɗi – ndu/ɗi (n.) ; cf. bu’rudu
ruuhuwol / ruuhuuji – ngol/ɗi (n.) ; < arabe [rūh¬] « souffle de vie, âme ;
esprit »
► esprit mauvais, démon (dans la Bible) ; syn. ginnawol
Koo toy ruuhuwol man nanngi ngel fuu, ngol do’’an ngel haa
lesdi. (Marc 9,18)
Partout où l’esprit mauvais le saisissait, il le faisait tomber par terre.
saa’a / saa’aaji – ka/ɗi (n.) ; < arabe [s ‘ d] > [sa‘âda] « chance, bonheur »
► chance ponctuelle, qui survient au moment souhaité ; aubaine
437
saakoo
saakoo (v.)
► se disperser
Les remèdes amers ont pour propriété de disperser dans le corps
certaines maladies comme le sawoora ; par suite de dilution dans
l’organisme, la maladie devient alors inoffensive. En revanche, il est
extrêmement dangereux de provoquer la dispersion d’autres affec-
tions, comme le caayoori, qui voient alors leur nocivité accrue.
To caayoori ɓuuti, waɗi yitere, worɗi, ɓe tuppa ndi, suy mbordi
wurtoo ; ammaa, haa lopitaal, ɓe tufa baate, ɓe ndokka lekki ndi
saakoo. To ndi saakake, kanjum fuɗɗata kaŋseer ; nanataa
kaŋseer ɗoo, ɗum caayoori. (Femme inconnue, Lopéré, Maroua, 25-
11-04)
Lorsque le caayoori a gonflé, qu’il a fait émerger le bourbillon et qu’il
a fait du pus, on le perce, et le pus sort. Mais, à l’hôpital, on fait des
piqûres, on donne un médicament et il se disperse. Une fois qu’il s’est
dispersé (dans le corps), c’est cela qui cause le cancer ; ce que tu
entends appeler « cancer », c’est le caayoori.
saaloo (v.)
► passer
O saalake jam.
Sa grossesse s’est bien passée. (Euphémisme ; litt. : elle est bien
passée.)
saara (v.)
► avoir la chiasse, avoir la diarrhée ; cf. dogga
Ce verbe est considéré comme grossier en fulfulde.
Caaranɗo reenataa ngaska bu’e. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui qui a la diarrhée n’attend pas (d’être rendu) aux latrines.
Diga mi acci nyaamgo, mi heɓaay saargo, ngam walaa ko woni
nder reedu am. (Maïramou Youssoufa, patiente au Centre de santé
intégré de Dargala, 10-06-04)
Depuis que j’ai cessé de manger, je n’ai pas pu avoir la diarrhée, car
je n’ai rien dans le ventre.
O ɗon saara ɓaleejum kurum.
Il a une diarrhée très noire.
O ɗon saara haako-haako.
Il/elle a une diarrhée verte.
O ɗon saara ndamba-ndamba.
Il/elle a une diarrhée glaireuse.
O ɗon saara ndiyam-ndiyam.
Il/elle a une diarrhée liquide (comme de l’eau).
438
saawa
O ɗon saara nguufo-nguufo.
Il/elle a une diarrhée mousseuse.
O ɗon saara ƴiiƴam.
Il/elle a une diarrhée hémorragique.
saawa
► emballer, envelopper
O saawi huuduure maako ngam taa buubi meema nde.
Il a enveloppé sa plaie pour éviter que les mouches n’y touchent.
Ko nga saawi nga haccata. (Dicton)
Cela pue ce qui est emballé à l’intérieur. (Litt. : ce que cela emballe,
c’est cela que ça pue.) (Les mauvaises actions faites en cachette
finissent par transpirer à l’extérieur.)
439
saawta
saawta (v.d.) ; < saawa
► déballer
► devenir fou
To yimɓe ɗon mbolwa kalluka dow goɗɗo, ɗum jiiɓan mo. Feere
kam, goɗɗo saawtan, dilla ladde. (Mal Salé, guérisseur, Mindif, 22-
05-04)
Lorsque l’on dit du mal de qqn, cela le perturbe (litt. : l’embrouille).
Parfois, la personne devient folle et part en brousse.
saɓɓoo - (v.)
► être fréquent, être répandu (maladie)
Ɗum nyawu kallungu caɓɓiingu.
C’est une maladie grave et répandue.
saɗa (v.)
► être difficile
► coûter cher, avoir de la valeur ; être important
Goɗɗo oo, o caɗɗo ; a heɓataa ngiidaa bee maako meere.
Ce type est important ; tu ne peux pas réussir à le voir facilement.
Hoore saɗi, naa hufineere,
Daande saɗi, naa toggoore,
Haddorde saɗi, naa sirla,
Kosngal saɗi, naa paɗe, (...)
Junngo saɗi, naa montur. (Cf. Eguchi 1974, p. 89)
La tête est importante, pas le bonnet,
Le cou est important, pas la toge,
La ceinture (taille) est importante, pas la culotte,
Le pied est important, pas les chaussures, (...)
La main est importante, pas la montre.
► mycose prurigineuse
442
saggitana
Ɓe ɗon kurgira saɗawre bee seɓre nelɓi. Ɓe ndolla nde bee gawri
safraari. Ɓaawo man, ɓe ndufa lekki, ɓe kooca gawri, ɓe nama
ndi, ɓe ngaara ndi mbusiri. To marɗo nyawu nguu yari ni, o
yamɗitan, faɓɓataa sam. (Abdouramane Modibbo, guérisseur,
Petté, 25-06-04)
On soigne le saɗawre avec de l’écorce fraîche de Diospyros mespi-
liformis. On la fait bouillir avec du sorgho repiqué à grain jaune.
Ensuite, on jette le décocté et les écorces (litt. : le remède), on prend
le sorgho, on l’écrase et on en fait une bouillie. Dès que la personne
atteinte du saɗawre la boit, elle guérit en peu de temps.
● saɗawre nyiiwaare
► éléphantiasis (litt. : saɗawre d’éléphant)
● saɗawre raneere
► mycose qui provoque des plaques blanches sur la peau (litt. : saɗawre
blanc)
● saɗawre woɗeere
► lèpre mutilante (stade avancé de la maladie) (litt. : saɗawre rouge) ; cf.
kuturaaku
Saɗawre woɗeere, to nanngi innu, kooli maako fuu taƴdan. Naa ɗi
taƴan, ɗi mutan noon. (Haman et Sannda Oumarou, Dogba, 21-03-05)
La lèpre mutilante, lorsqu’elle affecte qqn, tous ses doigts vont tomber
(litt. : se couper). Non pas tomber, mais s’enfoncer (dans la main).
Innu to baaba mum kuturuujo no, kanyum boo ɗon nana ɓanndu
mum ɗon seeka, malla boo lamlame saɗawre ngurtake, paarooɗe
paarooɗe mbanngi her innu, o anndi nyawu kuturaaku nanngi
mo. [...] Nyawu saɗawre, ɗum huunde roneteende. (Bah Ila, 55
ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
La personne dont le père était lépreux, et qui sent son corps se
« déchirer », ou (qui voit) les taches blanches de la lèpre sortir, ou des
macules hypochromiques (taches blanches) apparaître sur elle, elle
sait qu’elle est atteinte de la lèpre. (...) La lèpre, c’est une maladie
(litt. : chose) héréditaire.
Saɗawre woɗeere, ɗum nyawu Alla noon, walaa ko fuɗɗata nde.
(Gaw Abdou, Lopéré, Maroua, 24-11-04)
La lèpre mutilante est une maladie sans cause connue (litt. : maladie
de Dieu seulement) ; il n’y a rien qui la provoque.
sakoo (v.)
► filtrer, se filtrer (liquide épais)
Le résultat du filtrage est lui-même épais.
To ii’am yottake nder ɓooƴe, ɗam sakoo. (Adama Ousmanou,
infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Lorsque le sang atteint les reins, il se filtre.
salmitoo (v.)
► crier en dormant, sous l’effet d’un cauchemar
sankita (v.)
► disperser
● sankititgo reedu
►faire disparaître une grossesse
Selon la croyance, une grossesse peut disparaître sans laisser de traces.
Elle était bel et bien commencée (le ventre avait commencé à gonfler)
mais, sans qu’il y ait avortement, elle se dissipe. Ce phénomène est
généralement attribué à la malfaisance de certains génies.
Yaake feere, to debbo reedu, woodi ko sankititta ndu. Feere ɓe
ɗon mbi’a ɗum ginnawol waɗata ɗum. Sey ɓe ɗaɓɓita leɗɗe ɓe
ngaɗana mo haa o hoocita reedu laatoo ɓinngel bana naane.
(Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum, Petté, 28-05-04)
Parfois, lorsqu’une femme est enceinte, il y a qqch. qui fait disparaître
sa (grossesse). Certains disent que c’est le fait d’un génie. Il faut
chercher des remèdes et les administrer (à la femme) pour que de
nouveau elle retrouve une grossesse qui devienne un enfant comme
auparavant.
sannya (v.)
► faire aller et venir de droite à gauche et de gauche à droite
Ce verbe est surtout employé pour « tisser », i.e. faire aller la navette
alternativement de droite à gauche et de gauche à droite.
To reedu ɗon naawa ɓinngel, ngel sannyan kosɗe maagel. (Aladji
Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Quand le bébé a mal au ventre, il gigote en entrecroisant les jambes.
sarɗuwol / sarɗuuji – ngol/ɗi (n.) ; < arabe [š r t¬] « condition, règles, clause »
var. : sar’uwol / sar’uuji
► règle à suivre, prescription à respecter
Min ndokkan nyawɓe sida sar’uuji ngam taa ɓe ndaaɓa woɗɓe
feere. (Siddi Adama, infirmier, cabinet social, Pitoaré, Maroua, 9-03-
04)
Nous donnons aux malades du sida les règles à suivre pour qu’ils ne
transmettent pas la maladie aux autres.
sarra (v.)
► faire du mal à, blesser
Har wicco sarri fuu, bee hoore ngo feɗootiri. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
Partout où une queue blesse, c’est qu’elle est rattachée à une tête. (Une
personne sans importance ne peut pas nuire à une autre à moins d’être
agie/manipulée par un puissant.)
satoo (v.)
► asseoir (un bébé) sur ses jambes disposées en forme de siège, pour lui
permettre de faire ses besoins
446
sawoora
sawoora – nga (n.) ; < hausa [shaawaràa] « jaunisse »
► ’jaunisse’, ictère
Ce terme désigne en fait un ensemble de symptômes, dont le principal
est la coloration jaune de la sclérotique et des urines. Cela peut être la
manifestation d’une hépatite, d’une affection des voies biliaires, ou
d’une forme de paludisme. Dans la conception traditionnelle, le
sawoora est latent en chaque individu. Il s’active ou se réactive dans
des circonstances particulières qui constituent des événements
déclenchants.
Nous avons pensé un temps que le mot vient de l’arabe [s¬fr] « jaune »,
via le hausa [shaawaràa] ‘jaunisse’. En fait, on trouve en touareg du
Mali [sæÀwraƁ] qui désigne une maladie humaine (peut-être une
hépatite, d’après J. Heath, ainsi qu’une maladie animale – la chair de
l’animal devient jaunâtre – (J. Heath 2006, Dictionnaire touareg du
Mali, Paris, Karthala, p. 679). L’auteur ne rattache pas ce mot à un
étymon arabe. En fait, il doit bien avoir une relation entre la forme
touarègue [sæÀwraƁ] et le mot arabe [s¬fr] pour « jaune », qui est peut-
être celle d’un héritage afroasiatique commun.
Sawoora woodaa daadaare jooɗotoonde pellel gootel. Tum ngu
ɗon yiiloo nder ɓanndu innu tan. (Boubakary, marabout, Doualaré,
Maroua, 23-11-04)
Le sawoora n’a pas de siège fixe. Il se déplace en permanence dans
l’organisme de la personne.
DESCRIPTION TRADITIONNELLE
Reedu am ɗon falii, mi waawataa foofgo. Mi heɓtaay innde nyawu
nguu, ammaa, ɗuuɗɓe mbi’i yam nyawu neeɓngu palanngu reedu
bana nii kam, ɗum sawoora. (Haman Kouli, patient, CMAO
Meskine, 26-04-04)
Mon ventre est bloqué, je ne puis respirer. Je ne trouve pas le nom de
cette maladie, mais plusieurs personnes m’ont dit qu’une maladie qui
dure et qui bloque le ventre comme ça, c’est la ‘jaunisse’.
To sawoora ɗon naawa goɗɗo, reedu maako ƴakkan, jokkuɗe
maako fuu ɗon naawa, gite ngarta oole oole. (Baba Djimilla, 65
ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
Lorsque la ‘jaunisse’ affecte qqn, il ressent dans l’estomac une
douleur lancinante, il a mal à toutes les articulations et ses yeux
deviennent tout jaunes.
To sawoora saati, gite innu ngarta oole oole, newe maako boo
ngarta oole oole, peɗeeli fuu cannja noonde ngarta oole oole.
Wakkati to a yari lekki sawoora, cillaa cille oole oole, caaraa bana
laawturu. Suy, gite, newe, peɗeeli boo fuu laaɓta. (Bah Ila, 55 ans,
berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Lorsque la ‘jaunisse’ est grave, les yeux de la personne deviennent
447
sawoora
jaunâtres, la paume de ses mains aussi deviennent jaunâtres, ses ongles
également changent de couleur et deviennent jaunâtres. Lorsque tu bois
le remède contre la ‘jaunisse’, tu pisses une urine jaunâtre, tu as une
diarrhée qui ressemble à de la pâte de courge à l’arachide. Ensuite,
yeux, paumes des mains et ongles redeviennent clairs.
To goɗɗo ɗon bee sawoora, jokke juuɗe fuu ɗon ƴakka, o ɗon
faama ƴiiƴam maako ɗon yarta. O waawataa nyaamgo nyiiri. To
o nyaami seɗɗa, o wuttotoo. Gite maako ngaylitoo bana ruwan-
gooro. O yi’ataa boo booɗɗum. Sawoora ɗon nanndi bee paɓ-
ɓooje. Leɗɗe hurgugo ɗi fuu gootel. Sawoora to nanngi goɗɗo,
gite maako cannjotoo. Ɗoo kam woodi ko fali haa les jaabuuru
maako bana hayre, waatoo ɗum nebbam mooɓtii haa toon.
Kanjum kam ɗum mbaran. (Mal Aladji Abba, guérisseur, Dir, 24-
05-04)
Lorsque qqn a la jaunisse, il a des élancements aux poignets, il se rend
compte que son sang diminue. Il ne peut manger. S’il mange un peu,
il a le ventre ballonné. Ses yeux deviennent jaunâtres. Il n’y voit pas
bien non plus. La jaunisse ressemble au paludisme. Les remèdes pour
soigner (ces deux maladies) sont les mêmes. Lorsque qqn a la
jaunisse, ses yeux se changent. Cela, parce qu’il y a qqch. comme un
caillou qui est bloqué sous son nombril, c’est-à-dire que c’est de la
matière grasse qui s’est accumulée là. Cela, ça tue.
A tawan goɗɗo ɗon diwna, ɓanndu ɗon wula, hoore ɗon naawa,
ɗoo kam na a wi’an ɗum paɓɓooje, ammaa ko ɗum ɓurdi ngu,
ɓanndu maako sannjotoo, warta ruwan-gooro, koo bee gite fuu.
Feere kam, to o ɗon yaaɓa haa lesdi, kosngal maako ŋatan bana
marɗo mooƴooƴo, bana njaareendi ɗon nder kosɗe maako.
(Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Vous trouverez une personne qui frissonne, dont le corps chauffe, qui
a mal à la tête ; vous diriez donc qu’il s’agit de paludisme, mais, ce
qu’il y a en plus, c’est que son corps a changé et est devenu jaunâtre,
même les yeux. Parfois, si (la personne) pose le pied par terre, elle
ressent un mordillement comme quand on a des fourmillements,
comme si elle avait du sable dans les pieds.
DESCRIPTION MODERNE
Sawoora ɗon mari laabi ɗiɗi, gootol gal haahaande, ɗiɗaɓol boo
gal ɓooƴe.
To laabi haahaande cukkake, ɗum laatoto sawoora. Gite goɗɗo
bee peɗeeli maako fuu cannjan noonde, warta bana keefam. To
laawol keefam maɓɓake, sey ɗam naastan nder ƴiiƴam, ndeen
wartira noonde goɗɗo oolde. [...] To keefam hawti bee ƴiiƴam,
ɗam saatan, ɗam daroo, ɗam heɓataa saalaago. Feere boo, laawol
ƴiiƴam boo ɓuuta, ndeen ngol sukka, ɗam laatoo sawoora.
[...] To goɗɗo nyaami nyaamdu, sey ndu tokkoroo gal ɓooƴe
448
sawoora
hiddeeko o silla ɗum. To saltee nyaamdu sukki laawol ɓooƴe,
waɗan sawoora. (Ndjidda, infirmier, Maroua, 09-04-04)
La jaunisse a deux lieux d’origine (litt. : voies), l’un du côté de la
vésicule biliaire, le deuxième, du côté des reins.
Lorsque les voies biliaires sont bouchées, cela se transforme en
‘jaunisse’. Les yeux de la personne et ses ongles changent de couleur
et deviennent (couleur de) bile. Lorsque le canal de la bile est bouché,
elle pénètre dans le sang et rend la couleur de la personne jaune. (...)
Lorsque la bile s’est mélangée au sang, celui-ci s’épaissit et se bloque,
il ne peut plus passer. Parfois, les vaisseaux sanguins enflent, puis se
bouchent et (le sang) se transforme en ‘jaunisse’.
(...) Lorsque qqn consomme de la nourriture, celle-ci doit passer par les
reins avant d’être évacuée sous forme d’urine. Si des impuretés de la
nourriture bouchent le canal des reins, cela donne une ‘jaunisse’.
CAUSES
Ɗum haahaande goɗɗo fofata nyawu sawoora. To gilɗi maako
calake nyaamdu, kanjum laatotoo yaha nyawna haahaande. Suy
ɗum laatoo sawoora. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 20-03-05)
C’est la vésicule biliaire qui provoque la ‘jaunisse’. Si les vers de la
personne refusent une nourriture, c’est cela qui provoque la maladie
de la vésicule biliaire. Ensuite, cela devient une ‘jaunisse’.
Nyaamdu puɗɗanndu sawoora noon walaa, ammaa, wonndu
feere kam ummitinan nga. To goɗɗo nyaami nebbam ɗuuɗɗam,
finditinan sawoora. (Ndjidda, infirmier, Maroua, 09-04-04)
Il n’y a pas d’aliment (particulier) qui provoque la ‘jaunisse’, mais
certains peuvent la réactiver. Si qqn consomme trop de beurre, cela
réveillera la ‘jaunisse’.
To goɗɗo ɗon yerdii nebbam, mongoro, o heɓan sawoora. Jokke
fuu naawan. Hoore naawan. Nder juuɗe bee nder gite fuu ɗon
bana ruwan-gooro. (Mana Galé, guérisseur, Louggol-Mindif, 21-05-
04)
Si qqn aime trop le beurre et les mangues, il aura le sawoora. On a
mal à toutes les articulations. On a mal à la tête. La paume des mains
et le blanc de l’œil sont de couleur orangée. (Noter que les deux
aliments provoquant la jaunisse sont jaunes ou orangé.)
Goɗɗo to ɗon yerdii nyaamgo kuuje peewɗe, malla nebbamji o
yiɗaa boo naange, sawoora nanngan mo. Ko waɗata nga law,
ɓurna fuu nebbam palme bee nebbam masarji. (Mal Salé,
guérisseur, Mindif, 22-05-04)
Si qqn aime trop manger des aliments froids ou gras et qu’il n’aime
pas non plus le soleil, il aura la ‘jaunisse’. Ce qui la provoque
rapidement, c’est surtout l’huile de palme et l’huile de maïs.
Ko watta sawoora, ɗum nyaamgo ko reedu innu wanyi. To gilɗi
nganyi ni, reedu maako ɓillan mo. (Baba Djimilla, 65 ans, marabout
449
sawoora
peul, Dogba, 07-05-04)
Ce qui cause la ‘jaunisse », c’est de manger ce qui répugne à son
ventre. Si cela répugne aux vers (du ventre), le ventre vous dérangera.
To a ɗali faɓɓoore her maa, nde rima sawoora. Paɓɓooje to
nanngi ma, ɗe tuutnaay ma ɗe caarnaay ma, kanjum wi’etee
sawoora uppinannga reedu. (Bah Ila, 55 ans, berger peul, Mayo-
Kodjolé, 09-09-04)
Si tu laisses en toi (sans traitement) le ‘paludisme’, il engendrera une
jaunisse. Si le ‘paludisme’ t’affecte et qu’il ne te fait ni vomir ni avoir
la diarrhée, c’est ce qu’on appelle une jaunisse qui fait enfler le ventre.
To innu waɗi paɓɓooje, o tuuta keefam, o saara. Nanndu
paɓɓooje ɗee ɗoo ɓe mbi’ata booɗɗe. Ammaa, to paɓɓooje
nanngi ma, a tuutaay, a saaraay, keefam ɗon loofti nder ɓanndu
maa, kanjum jaanyata sawoora. (Bah Ila, 55 ans, berger peul,
Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Lorsque qqn a les fièvres, il vomit de la bile et il a la diarrhée. C’est
ce genre de fièvres que l’on dit bonnes. Mais, si les fièvres t’affectent
et que tu ne vomis ni n’as la diarrhée, la bile rentre dans ton corps, et
c’est ça qui cause la ‘jaunisse’.
Haa kaywe, innu reman, ooran, yahan fattude daayiinde bee
kosɗe, sannyan baaskuru. Innu hisan sawoora. Ammaa, haa
berni, nyaamdu maɓɓe ɗum ɗacce, kuuje nasaaraaje ɗee ɗum
ɗacce. Nde ummiiɗaa fuu, mba’’ooɗaa kilanndoo, a jooɗii her
ɗowdi, a nyaaman sukar. Kuuje ɗee ni tampinan gorko. A danyan
kam, ammaa a laatataako gorko. (Bah Ila, 55 ans, berger peul,
Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Au village, on laboure, on conduit les bœufs au pâturage, on se rend
dans un quartier éloigné à pied, on fait du vélo. On évite la ‘jaunisse’.
Mais, en ville, leur alimentation est collante, les choses européennes
sont collantes (l’interviewé entend par là la margarine, la mayonnaise,
les pâtes à tartiner, etc.). Chaque fois que tu te lèves, tu montes sur
une moto-taxi, tu restes à l’ombre, tu manges du sucre. Ces choses ne
font qu’affaiblir l’homme (vir). Tu peux avoir des enfants, certes,
mais tu n’es pas un (vrai) homme.
Ko jaanyata sawoora, ɗum yiɗgo nebbam, ɗowdi bee mongoro.
(Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-06-05)
Ce qui provoque la ‘jaunisse’, c’est le goût pour le gras, l’ombre et les
mangues.
To a tokkani belɗum, a yaama Dursungo. Sawoora wooɗaay.
(Chant de vendeur ambulant de lekki sawoora, Maroua)
Si tu es trop après les bonnes choses, tu iras un de ces jours (au
cimetière de) Doursoungo. La jaunisse n’est pas une bonne chose. (La
forme ‘correcte’ du premier verbe devrait être tokkanake, mais le
chanteur conjugue le verbe à la voix active.)
450
sawoora
Sawoora, ɗum gilɗi caarata nder reedu goɗɗo. (Boubakary,
marabout, Doualaré, Maroua, 23-11-04)
Le sawoora, c’est (causé par) les vers qui chient dans le ventre de la
personne.
CONSÉQUENCES
[To sawoora nanngi ma], nyaamaa huunde seeɗa ni, maataa
reedu maa ɗon uppi. Jokkuɗe maaɗa fuu mbaata, nafataa sam.
Suuno maa mbaaloɗaa. To innu waɗi sawoora, ngorgaaku boo o
seedi bee mum. Koo ndaa debbo, walaa ko ngaɗataa. Dubbe
nafataa. A ɗon naastina ɗe nder debbo, ɗe ɗon naasta, malla boo,
to dubbe gorko man lukki dubbe debbo ni, ɗe mbaata. Nyawu
sawoora waran ngorgaaku. Nyawu ngu Alla tagi pat, walaa
tampinanngu gorko bana sawoora. (Bah Ila, 55 ans, berger peul,
Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
(Si tu es affecté par la ‘jaunisse’), et que tu manges un tout petit peu, tu
sens ton ventre enfler. Toutes tes articulations sont « mortes » (sans
force), elles ne fonctionnent pas du tout. Ta seule envie est de te
coucher. Lorsque qqn a la ‘jaunisse’, sa puissance sexuelle l’abandonne
également. Même si voici une femme (devant toi), tu ne pourras rien
faire. Le sexe ne fonctionne pas. Tu essaies de le faire entrer dans la
femme et il rentre (chez lui), ou bien, si le sexe de l’homme (tente de)
donner un coup au sexe de la femme, il est sans force. La ‘jaunisse’
annihile la puissance sexuelle. De toutes les maladies créées par Dieu,
il n’y en a pas qui épuise l’homme autant que la ‘jaunisse’.
TRAITEMENT
Ɓe ɗon kurga sawoora bee seɓre liitaahi, seɓre kojoli-gorki, dolla
yara yiiwoo, seɓre tanni, dolla yara, to ki jaɓi, goɗɗo tuutan,
goɗɗo boo doggina haa ko woni nder reedu fuu wurtoo. Seɓre
seereehi, una, yoorna haa naange ; nyannde to woodi haaje, hooca
waata nder tummude ndiyam, yowa dow danki waala ; to weeti,
o siiwa ndiyam o jilla bee kosam penndiiɗam malla mburwaa-
ɗam, o foonda kalkal ; o jo’’ina haa to naange ɓaŋtake seeɗa,
deydey ɓanndu fini, o yara. Innu maatan ko ɗum waɗata nder
reedu. Ɗum ɗon holɓa. To a yiɗi laargo nyawu man, njooɗoɗaa
haa babal meere. Ninnoon kurgun sawoora. To goɗɗo riiwi, riiwi,
haa ɓanndu mum tampa, suy o yara ndiyam peewɗam. Ɗoo kam
to ɗum jaɓi, sawoora ittoto. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule,
Dogba, 12-05-04)
On soigne la ‘jaunisse’ avec de l’écorce fraîche de Ficus polita,
d’Anogeissus mâle que l’on fait bouillir : on en boit le décocté et l’on
se lave avec. L’écorce fraîche de Balanites, on en fait un décocté que
l’on boit. Si cette médication marche, la personne vomit ou a la
diarrhée, de sorte que tout ce qui se trouve dans le ventre sort.
L’écorce fraîche de Combretum molle, on la pile et on la fait sécher
451
sawoora
au soleil ; le jour où l’on en a besoin, on en met dans une calebasse
d’eau que l’on pose sur le hangar pour une nuit. Le lendemain matin,
on filtre le liquide et on le mélange à parts égales avec du lait fermenté
battu ; on le laisse reposer jusque vers les neuf heures, quand on est
bien réveillé, et on le boit. On va ressentir (alors) ce qui se passe dans
le ventre. Cela gargouille. Si vous voulez voir la maladie, asseyez-
vous sur un endroit dégagé (i.e. accroupissez-vous pour déféquer sur
le sol, et non dans des toilettes). C’est ça le remède de la ‘jaunisse’.
Lorsque la personne a eu une diarrhée abondante, jusqu’à être épuisée,
elle doit boire de l’eau fraîche. Si le traitement a marché, la ‘jaunisse’
est partie.
Seɓa booɗarleehi, seɓre eeri, seɓre kojoli, jaɓɓe, hawta bee aalali,
dolla, yardira bee mbusiri, luttuɗum yiiwoo. To ɗum sawoora
kam, a waɗi bana nii, nga ittoto. [...] Yara lekki kii keyki, foonda
to kopru malla kop ɗiɗi, yara daga balɗe tati haa yahango balɗe
jeeɗiɗi. (Baba Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
On prend de l’écorce fraîche d’Erythrina senegalensis, de l’écorce
fraîche de Sclerocarya birrea, d’Anogeissus leiocarpus, des tamarins,
associés avec Securidaca longepedunculata, on fait bouillir (le tout)
et on boit (la décoction) avec de la bouillie ; avec le reste, on se lave.
S’il s’agit de ‘jaunisse’ et que vous faites ainsi, elle disparaîtra. (...)
On boit ce remède en quantité suffisante, on en mesure un ou deux
gobelets, et on le boit pendant trois à sept jours.
Koocaa seɓre kojoli, ndollaa nde nder fayannde defraande nyiiri
gawri. Ɓaawo man, koocaa geeraaɗe gertogal penpenal tati, ngal
meeɗaay rufgo sam. Seɓre kojoli ɗon les, geeraaɗe ɗon njowi. Suy
maɓɓaa fayannde goo, nde ɗon dolloo. Hiddeeko naastaa ni seɓre
dollake, geeraaɗe boo ɓenndi ; accaa ɗum waala. Fajira cuɓ, to
weeti, koocaa nyeɗaa ndiyam njaaraa ɓaawo suudu, mbooɓaa
gooɓe tati, suy ngiiwoɗaa. To a warti, ɓoltaa yeeraande ƴakkaa.
Tokkindiraa bana nii baakin balɗe tati. A yi’an bee hoore maa
nafuuda maajum. (Mal Djamo, 38 ans, commerçant peul, Maroua,
10-09-04)
Vous prenez de l’écorce fraîche d’Anogeissus leiocarpus, vous la
faites bouillir dans une marmite où l’on a cuit de la boule de mil.
Ensuite, vous prenez trois œufs d’une jeune poule qui n’a encore
jamais pondu. L’écorce d’Anogeissus se trouve en dessous, les œufs
sont posés dessus. Ensuite, vous couvrez la marmite pour qu’elle
bouille. Avant d’aller vous coucher, l’écorce aura bouilli et les œufs
auront cuit ; laissez le tout passer la nuit. De très bonne heure le matin,
puisez le liquide et allez à la toilette avec, prenez-en dans le creux de
vos mains et buvez-en trois fois, puis lavez-vous (avec le reste). Après
être retourné (à la maison), épluchez un œuf et mangez-le. Faites de
même pendant environ trois jours. Vous verrez par vous-même le
résultat.
452
sawoora
Sawoora yiɗaa nebbam... Ɓe ɗon mbi’a innu sooda kusel, seela
ngel, foonda bee darnde mum kalkal, itta gi’e tanne jaale, ɗisa
dow maagel, suy wula ngel ƴakka. Ɗum kurgun sawoora. Ɓe
ngattaa nebbam haa maagel, ɓe poorna ngel noon. (Asta Fidjondé,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Le sawoora n’aime pas l’huile... On dit que la personne (malade) doit
acheter de la viande, la découper en une lanière qui fasse exactement
sa taille, prendre de jeunes épines de Balanites et les y planter, puis la
griller et la manger. Cela soigne le sawoora. On ne met pas d’huile
sur (la viande), on se contente de la griller superficiellement.
Mi ɗon hurgira sawoora bee seɓre kojoli, yara-huɗa, bakureehi,
haahaande nagge, mi hawta ɗum fuu, mi dolla, mi hokka nyawɗo
yara. Ɓaawo nyalɗe ɗiɗi, ngu dillan. (Ousmanou Hamarwabi,
guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Je soigne la ‘jaunisse’ avec de l’écorce fraîche d’Anogeissus leio-
carpus, de yara-huɗa, de Sarcocephalus esculentus, du fiel de bœuf,
je mets (tout ça) ensemble, je le fais bouillir et je le fais boire au
malade. Au bout de deux jours, (la maladie) s’en va.
To goɗɗo ɗon maata sawoora, mi sehanan mo ɓaawo bakureehi,
ɓaawo zadiihi bee ɓaawo kojoli. Mi dollana mo o yara. (Mana
Hododok, guérisseur, Godola, 09-04-04)
Lorsque qqn ressent la jaunisse, je lui détache à la hache de l’écorce
de Sarcocephalus latifolius, de Capparis spp. et d’Anogeissus leio-
carpus. Je lui en fais une décoction à boire.
Nyawu sawoora ɗon haa yimɓe fuu. To ngu wangi haa goɗɗo, o
hooƴa gertogal, bee tanni, o waɗa waare bee gi’e maaki. O seeka
gertogal boo caka cak, o heɓan leɗɗe tanne joorɗe, o huɓɓira.
Ndeen o wallina waare gi’e goo dow toon. Ɓaawo ɗon o wallina
gertogal dow gi’e haa o heɓa cuurɗe yiite naasta ngal. To ngal
ɓenndi, o nyaama ngal. To o waɗi bana nii, o saaran, ndeen nyawu
nguu wurtoo. (Boubakary, marabout, Doualaré, Maroua, 23-11-04)
Le sawoora se trouve en chaque personne. Lorsqu’il se manifeste
chez une personne, elle doit prendre un poulet et, avec du Balanites,
faire un fagot de (branches) épineuses. Elle ouvre le poulet par le
milieu, elle prend des morceaux de bois sec de Balanites et elle y met
le feu. Ensuite, elle pose le fagot de branches épineuses par-dessus.
Puis, elle pose le poulet sur les épines pour qu’il puisse prendre la
fumée. Lorsqu’il est cuit, elle le mange. Si elle fait ainsi, elle aura une
diarrhée et la maladie s’évacuera (avec les selles).
● sawoora caka ƴiƴe
► stade avancé de la jaunisse (litt. : jaunisse entre les os)
453
sawru
sawru / cabbi – ndu/ɗi (n.)
► bâton ; coup de bâton
Sawru wooru naa wardudu, waazinordu. (Prov.)
Un seul coup de bâton, ça ne tue pas, mais ça remet les idées en place
(litt. : ça donne des conseils).
► béquille
saylee (v.)
► être bête, idiot, stupide
seeka (v.)
► déchirer, se déchirer
► causer une douleur très forte et permanente
454
seeka
Ɓanndu am ɗon seeka.
J’ai mal partout. (Litt. : mon corps se déchire.)
Ɗum peewol malla boo tarzagiire woni haa goɗɗo to ƴiƴe maako
ɗon seeka. (Ammaré, ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
Quand qqn a très mal dans les os, c’est qu’il souffre du froid humide
ou de tarzagiire.
► opérer, pratiquer une opération, une intervention chirurgicale, une
césarienne
Ɗum ƴami seekeego.
Cela exige une intervention chirurgicale.
Min mbaawataa seekgo yimɓe haa ɗoo. To nyawɗo wari, min
tawi nyawu maako deydey seekgo, sey min ngerɓa mo yeeso
waatoo haa ɓuranɓe min. (Mamaï Viatang, infirmier, CSI Douroum,
06-05-04)
Nous ne pouvons opérer ici. Lorsqu’un malade arrive et que nous
constatons que sa maladie nécessite une opération, nous devons le
transférer, c’est-à-dire (l’envoyer) auprès de personnes plus
compétentes que nous.
To ɓinngel ɗon torroo nder reedu, haa poofɗe maagel ɓe
ndaarata. To poofɗe ɓuri teemerre bee cappan jeego malla leesta
dow teemerre bee noogaas, sey ɓe ceeka daada maagel. (Amadou
Haman, infirmier accoucheur, hôpital provincial de Maroua, 25-08-
04)
Lorsque le fœtus souffre dans le ventre, c’est à son rythme cardiaque
qu’on le constate. Si ce rythme dépasse les 160 ou s’il est inférieur à
120, on doit pratiquer une césarienne sur sa mère.
Min ɗon ceeka rewɓe haa ɓesngu to ɓinngel jooɗaaki booɗɗum,
bana to ngel waafake. To ngel ɗon jooɗii booɗɗum, ngel loori
nder reedu boo, min ɗon ceeka ngam ngel waawataa wurtaago
gal les. Malla boo to asaale debbo paaɗi, min ceeka. Dow reedu
maɓɓe caka jaabuuru bee yahango gal les maako min ceekata.
(Hamidou Adji, 35 ans, aide-soignant mofou, CSI de Makabay,
Maroua, 06-09-04)
Nous césarisons les femmes lorsque le bébé est mal positionné, par
exemple s’il se présente de travers. S’il est dans une bonne position
mais qu’il est trop gros, nous faisons aussi une césarienne car il ne
pourra pas sortir par voie basse. Ou encore, si le bassin de la femme
est trop étroit, nous pratiquons une césarienne. C’est sur le ventre,
entre le nombril et le sexe que nous incisons.
► inciser, faire une incision, débrider (un abcès)
Huuduure marnde mbordi, min ceeka nde tawon, min ngurtina
ndi. (Djidda Haman, aide-soignant, Dogba, 03-05-04)
Une plaie infectée, nous l’incisons d’abord et nous en faisons sortir le pus.
455
seka
● kuuje ceekruɗe
► instruments chirurgicaux (choses avec lesquelles on opère)
seka (v.)
► penser, émettre l’hypothèse que
Mi ɗon seka o woodi sida.
Je pense qu’il/elle a le sida.
► hésiter, avoir des doutes, soupçonner
Ɗum koyɗum faamgo nyawu meece. Puufe wulweende ngurtoto
haa ɓanndu goɗɗo, o sonndoto, ɓanndu maako wulan, hoore
wulan, o tuutan, gite boo mboojan. To a tawi goɗɗo malla ɓinngel
bana nii kam, taa sek sam, ɗum meece. (Ousmanou Hamarwabi,
guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Il est facile de reconnaître la rougeole. Des boutons de chaleur sortent
sur le corps de la personne, elle tousse beaucoup, son corps chauffe,
sa tête chauffe, elle vomit, ses yeux deviennent rouges également. Si
vous trouvez une personne ou un enfant en cet état, n’ayez aucune
hésitation, il s’agit de la rougeole.
sela (v.)
► quitter la route principale, bifurquer
► aller aux toilettes (euphémisme) ; syn. widdoo
sera – ka (n.)
► côté, rebord, bord
● sera suudu ɓinngel
► cul-de-sac vaginal latéral (litt. : bord de la maison de l’enfant)
457
sewa
sewa (v.)
► être mince
sicca (v.)
► avoir envie de vomir, avoir la nausée ; syn. doha ; cf. ɓernde
458
sida
Hardé, Maroua, 18-01-06)
Le sida, c’est seulement si vous vous prostituez, comme (les filles) de
Domayo ; mais si vous êtes à la maison, que vous vous contrôlez, il
n’y a aucun risque que vous attrapiez le sida, à moins que ce ne soit
votre copain qui vienne vous l’apporter.
Sida ɗon, sey yimɓe kakkila.
Le sida existe, on doit faire attention.
Sida kam, ɗum masiibo jippii dow yimɓe. (As., prostituée, 21 ans,
Domayo, Maroua, 19-01-06)
Le sida, c’est une calamité qui s’est abattue sur les humains.
Sida, ɗum nyawu toskaare meere. (Mn., 25 ans, prostituée,
Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
Le sida est une maladie très humiliante.
O nyaami leeda.
Il/elle est mort(e) du sida. (Euphémisme ; litt. : il/elle a mangé du
sachet en plastique.) (Dans la région, le petit bétail crève souvent de
façon inattendue. Les animaux, trompés par la saveur « salée » des
sachets noirs en plastique abandonnés dans la nature, les ingurgitent,
s’occasionnant de la sorte une occlusion intestinale mortelle.)
Jotta ɗoo, to ɓe ngi’i goɗɗo nyawi, ɗon timma ni, ɓe mbi’a ɗum
sida. (D., prostituée, 25 ans, Domayo, Maroua, 16-01-06)
Actuellement, quand on voit que qqn est malade et ne fait que maigrir,
on dit que c’est le sida.
Hunnduko marɗo sida defoo wooja coy, gaasa hoore timma, ɓe
mbi’ata. (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
La bouche de celui/celle qui a le sida devient toute rouge (litt. : se cuit
et rougit très rouge), et il/elle perd tous ses cheveux, dit-on.
Woodi ko goɗɗo meeɗi yeewtugo yam, haa mi ƴam maa : to goɗɗo
wari haa maa, nanngaa zakari maako bee semmbe ; malla nga
waata, malla boo bana a torri mo jamum ; ɗoo ɗo ɗoo, a faaman
to o nyawɗo. Goɗɗo feere boo yeewti yam o wi’i, haa mani gorko
to rufi, a heɓtan ngam noone maaga feere feere ; ɗoo boo goonga
na ? (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
On m’a déjà dit qqch., et je voudrais te demander (ton avis) : si un
homme vient te trouver, attrape-lui fortement le sexe ; ou bien il va
débander, ou bien encore, tu lui feras très mal ; alors là, tu sauras qu’il
est malade. Qqn d’autre m’a dit que, (en examinant) le sperme, tu
sauras d’après sa couleur si l’homme est malade (litt. : tu comprendras
parce que sa couleur est différente) ; est-ce vrai ?
[Yimɓe ɗon mbi’a ɓurna fuu ɓikkon rewɓe marata sida.] Ammaa,
no debbo heɓri nyawu sida fuu, haa gorko o tawi ngu, to warti gal
mooɓodal. Ko ɓe kaɓata haa ɓe mbi’a fuu, rewɓe ɓuran njeenu.
Nyawu nguu laatataako ni feere maako kanko debbo oo heɓi ngu.
459
sida
(D., prostituée, 25 ans, Domayo, Maroua, 16-01-06)
(On dit que c’est surtout les jeunes filles qui ont le sida.) Mais la seule
façon dont une femme peut avoir le sida, c’est chez un homme, si du
moins le sida vient par voie sexuelle. Tout ce que l’on cherche à dire,
c’est que les femmes s’adonnent davantage à la prostitution (que les
hommes). Or il est impossible que la femme l’ait seule.
Noy jaɓrumi sida ɗon kam, soobiraaɓe am ɓuran noogaas ɓe
ngaancidanmi, sida hooci. Wakkati man ɗoo, mi ɗonno waanca
waanee, gure gure njahanmi, ammaa miin kam, saa’a noon. Alla
wadda baroowo, wadda gidoowo, ɓe mbi’ata. Keɓmi ɓe te’i yam,
ammaa, mi nana ɓe mbi’i, ɓe ngaancidittaa goo, sida nanngi
wayne, faɓɓa faɓɓa, yeŋ maayi. (Dou., prostituée, 26 ans, Hardé,
Maroua, 17-01-06)
La façon dont j’ai reconnu que le sida existe : il a pris plus de vingt de
mes compagnes avec qui je me « promenais ». À l’époque, je me
« promenais » trop, j’allais de ville en ville, mais moi, j’ai eu de la
chance. Dieu amène l’assassin, et il amène (aussi) le secoureur, dit-
on. J’ai réussi à me marier, mais j’entends dire que, (parmi) celles
avec qui je me « promenais », le sida a pris une telle, et ainsi de suite,
elles sont toutes mortes.
Ɓe ɗon mbi’a hannde ɓe keɓi lekki sida, janngo ɓe mbi’a kaay !
lekki kii walaa. Taa yimɓe njaɓa lekki sida ɗon. (W., 22 ans,
prostituée, Baoliwol, Maroua, 22-01-06)
On dit aujourd’hui qu’on a un remède (qui soigne) le sida, demain on
dit non, il n’en existe pas. Il ne faut pas que les gens croient qu’il existe
un remède qui soigne le sida.
Doktoor’en ngoodi lekki koynanki sida, ammaa, ɓe ɗon coora ki
ceede ɗuuɗɗe. (Mm., 25 ans, prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Les « docteurs » ont un remède pour soulager le sida, mais ils le
vendent très cher.
ORIGINE
Na Nasaara’en ngaddani en sida, bee baaɗi be pijiditta. Ngilngu
nguu haa nder ƴiiƴam woni. Ɓe mbi’i ngu ɗon jooɗii dow ƴiiƴam
bana ngeeraakon. (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo, Maroua, 17-
01-06)
Ce sont les Blancs qui nous ont apporté le sida : ils « s’amusent » avec
des singes ! Le ‘ver’ (du sida) se trouve dans le sang. On dit qu’il est
posé sur le sang comme de petits œufs.
Sida, ɗum nyawuwa noon Alla jippini, ɗum masiibo tan. (Mi., 25
ans, prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Le sida est une grande maladie que Dieu a envoyée sur terre (litt. : a
fait descendre), c’est une vraie malédiction.
460
sida
Alla jippini nyawu sida daliila njeenu ɗuuɗi dow duniya.
Dieu a envoyé sur terre (litt. : a fait descendre) le sida parce qu’il y a
trop d’adultère en ce monde.
TRANSMISSION
Feere ɓe mbi’a sida ɗon haa nyaamdu, feere ɓe mbi’a kaay !
walaa haa nyaamdu. Nyannde mi nanɗo ɓe ɗon mbi’a koo
koloraa wartan sida. Jonta kam, sey goɗɗo jooɗoo noon. To
maayi boo, Alla hoddiri ! Tum ɓe cannjan haala. Tagu waawan
na ? Haa telee, ɓe kolluɓe nyannde gorko marɗo sida foti jooɗoo
bee debbo, ɓe kawta, ɓe ndanya ɓikkon, sida raaɓataa. Ɗoo ɗoo,
naa ginnawol ? Miin kam, kamɓe anndi toon. Ɓe kolli boo foddee
ɓaŋon, sey ngaɗon teste, ammaa haɗataa on ɓango, a raaɓataa
gorko maa boo. Naa faasikaare maɓɓe na ? (Mi., prostituée, 25
ans, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Parfois, on dit que le sida se trouve dans les aliments, parfois on dit
non, pas dans les aliments. Un jour j’ai entendu dire que même le
choléra se transformait en sida. Maintenant, il faut se résigner. Si on
meurt, c’est Dieu qui le décide. Ils (i.e. ceux qui diffusent des infor-
mations relatives au sida) changent leurs discours en permanence.
Que faire ? Un jour, ils ont montré qu’un homme qui a le sida peut
demeurer avec sa femme, faire l’amour et avoir des enfants sans leur
transmettre la maladie. Cela, n’est-ce pas de la folie ? Moi, ça ne me
concerne pas. Ils ont aussi expliqué que, avant de vous marier, vous
devez faire un test de dépistage, mais que cela ne vous empêchera pas
de vous marier et que vous ne donnerez pas non plus la maladie à
votre mari. N’est-ce pas de la mystification de leur part ?
Ko hokkata sida, ɗum to mani worɓe kawti jur haa nder debbo.
(Kt., prostituée, 24 ans, Domayo, Maroua, 22-02-06)
Ce qui donne le sida, c’est quand il y a plusieurs spermes d’hommes
à la fois dans la femme.
To waancuru ɗuuɗi, oo ɗoo hooce, oya hooce, koo to Alla hoynani
ma sida, maniiji njahanɗi kawta haa les reedu maa, ngaɗante
nyawu ngonngu feere. (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo, Maroua,
17-01-06)
Quand tu te prostitues fréquemment et que tel te prend, tel autre te
prend, même si Dieu écarte de toi le sida, les spermes qui vont s’accu-
muler dans ton bas-ventre vont te donner une autre maladie.
To a waɗoyaay ŋallu, sida nanngataa ma. Koo noy maa, sey to
woodi ɓoostiiɗo wakkati kawtuɗon, sida nanngata goɗɗo. (Hb.,
prostituée, 16 ans, Hardé, Domayo, 18-01-06)
Si vous n’allez pas faire des bêtises, vous n’aurez pas le sida. Mais de
toute façon, il faut que (l’un des partenaires) ait une blessure super-
ficielle au moment où vous couchez ensemble pour avoir le sida.
Ko hokkata sida kam, to on kawti bee gorko ƴiiƴam mon yaadi
461
sida
[...]. (C., prostituée, 24 ans, Lopéré, Maroua, 23-01-06)
Ce qui donne le sida, c’est quand vous avez des relations sexuelles
avec un homme dont le sang correspond au vôtre (...)
Mi meeɗɗo nango to ƴiiƴam yimɓe feere feere, koo ɓe kawti bilaa
konndoom, sida nanngataa. (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo,
Maroua, 17-01-06)
J’ai déjà entendu dire que si des personnes ont (l’une et l’autre) un
sang différent, même si elles couchent ensemble sans préservatif, elles
n’auront pas le sida.
Sey to hoorre goɗɗo nyawi o nyawata. (R., 24 ans, prostituée,
Domayo, Maroua, 16-01-06)
C’est seulement quand l’étoile (personnelle) de qqn est malade qu’il
peut être malade.
Sida ɗum nyawu mbaranngu. Ko hokkata ngu boo, ɗum kuuje
taƴanɗe goɗɗo, masalan reeza, hawtugo bee gorko. [...] Ɓurna
haa men ɗoo, ɗum rewɓe marata sida, ngam ɓe cippan ko’e
maɓɓe. Jemma, yaa lee haa Dow-Maayo ɗoo, ngi’aa ɓikkon
rewɓe ɗon tali dow buuwol ndeena kiliyaaŋ. Feere’en njaɓataa
hawtugo boo bee konndoom. (W., 22 ans, prostituée, Baoliwol,
Maroua, 22-01-06)
Le sida est une maladie qui tue. Ce qui la donne, ce sont les objets
tranchants, comme la lame de rasoir, ainsi que les relations sexuelles
avec un homme. (...) Chez nous, ce sont surtout les femmes qui ont le
sida, car elles se vendent. La nuit, tu n’as qu’à aller à Domayo voir les
filles alignées sur la rue, attendant les clients. Certaines également
refusent de faire l’amour avec un préservatif.
To reeza taƴi goɗɗo marɗo sida, wari taƴi jamo, nga raaɓan mo,
ngam ƴiiƴam maɓɓe hawti. (Kt., 24 ans, prostituée, Domayo,
Maroua, 22-02-06)
Si une lame de rasoir coupe qqn qui a le sida et qu’il arrive qu’elle
coupe (ensuite) une personne bien portante, cette dernière sera in-
fectée, puisque leurs sangs se seront mélangés.
Woodi yaapenndo am feere nyawi sida. Haa ɗum fuɗɗa mo kam,
kosɗe njahataa, o furɗi tal ; naane boo ajabaajo kam. O timmi, o
ɗon sonndoo, o saarataa kam, hunnduko boo ɗon wooja. Haa
lopitaal, ɓe mbi’i mo sey o nyaama kuuje belɗe. Ammaa, nde o
gaɗnooɗo haala bee bappa maako haala babal, ɓe mbi’i ɗum siiri.
Nyawu nguu laalaati mo haa miin maa, mi ɗon nefa mo. Ɓooyma
ɗoo, mi ɗonno yaha lootana mo defana mo. Nde nyawu nguu
tulliti, accumi yaago fuu haa maako. (Mn., 25 ans, prostituée,
Diguirwo, Maroua, 17-01-06)
J’avais une tante maternelle qui avait le sida. Quand ça lui a pris, elle
ne pouvait plus marcher, sa peau était devenue toute grise ; avant,
462
sida
aussi, c’était une « femme libre ». Elle a maigri, elle toussait forte-
ment, cependant elle n’avait pas la diarrhée, mais sa bouche était
rouge. À l’hôpital, on lui a dit de manger de bonnes choses. Mais,
comme elle avait une dispute avec son oncle paternel à propos d’un
terrain, on a parlé de mauvais sort. La maladie l’avait fait tellement
dépérir que même moi, j’éprouvais de la répulsion face à elle. Avant,
j’allais lui faire sa lessive et sa cuisine. Quand la maladie s’est
aggravée, j’ai complètement cessé d’aller la voir.
RÉACTION DU MALADE INFORMÉ DE SA MALADIE
Koo jonta mi woodi sida mi anndaa, mi jooɗoto koo ko
waɗatammi, ammaa to mi anndi mi woodi nga, mi maayan daga
law. (Hb., prostituée, 16 ans, Hardé, Domayo, 18-01-06)
Actuellement, même si j’avais le sida sans le savoir, je pourrais vivre
sans problèmes, mais si je savais que je l’ai, je mourrais rapidement.
Koo onon, waancooɓe haala sida ngaa, to ɓe mbi’i on on ngoodi nga,
ka jooɗoto nder ɓernde mon, ka timmataa sam, ka hokkan on numo
waanee. Huunde to a nyawi meere maa, a ɗon numa kanka tan,
sakko to ɓe mbii maa direk sida ɗon haa maa. Ɗoo kam, sey maaygo
noon. (Mi., 25 ans, prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Même vous, qui vous baladez pour parler du sida, si l’on vous dit que
vous l’avez, cela va vous obséder perpétuellement (litt. : cela restera
dans votre cœur, cela ne finira pas). Cela vous donnera beaucoup de
souci. Même si tu as une maladie banale, tu ne penseras qu’à ça, à plus
forte raison si l’on te dit de manière abrupte que le sida est en toi. En
ce cas, il n’y a plus qu’à mourir.
To a yehi a waɗoyi teste ɓe mbii maa sida ɗon, na daga siwaa
noon, a maayan ; ndikka to a ɗon ƴiƴa nga noon, maayaa a
anndaa. (Da., prostituée, 24 ans, Domayo, Maroua, 24-01-06)
Si tu vas faire le test de dépistage du sida et qu’on te dit qu’il est
positif, tu mourras avant même que l’heure en soit venue ; mieux vaut
pratiquer la politique de l’autruche (litt. : appuyer sur le sida pour
l’immobiliser) et mourir sans savoir.
Miin kam, koo ɓe tawi sida haa am, taa ɓe mbi’ammi. Ndikka ɓe
mbi’ammi mi sooda lekki kazaa bee kazaa, mi moɗa. [...] Ndikka
ɓe mbi’ammi yoo : « Nyawu nguu, min ndokkete lekki moɗaa ki,
yiɗaa hawtugo bee gorko ». Sonndaaru boo, naa ɓe ɗon mbi’a
bana nii na ? Ɗum haɗataa goɗɗo neɗɗingo ma. Ndikka ɓe pewa
seeɗa nder toon, ɓe mbi’a goɗɗo yamɗitan to jaɓi haala maɓɓe.
Ɗoo kam, ɓernde jaɓan seeɗa. (Mi., 25 ans, prostituée, Kakataré,
Maroua, 23-01-06)
Moi, si l’on découvre que j’ai le sida, il ne faut pas me le dire. Mieux
vaut qu’on me dise d’acheter tel et tel médicament et de les prendre.
(...) Mieux vaut qu’on me dise que les relations sexuelles sont contre-
indiquées dans le cas de la maladie pour laquelle on me donne des
463
sida
médicaments à prendre. Pour la tuberculose aussi, ne dit-on pas
comme ça ? Cela n’empêchera personne de vous respecter. Il vaut
mieux qu’ils mentent un peu à ce sujet et qu’ils disent à la personne
qu’elle va guérir si elle suit leurs indications. Ainsi, on aura l’esprit
un peu tranquille.
To mi tawi mi woodi sida, mi wartataako kam ; mi sennda nga
sadaka ; ɓikkon maa, accu mi danya kon noon. Naa innu hokki
yam nga na ? Enen Ɓaleeɓe, sey halleende. (Mm., 25 ans,
prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Si par hasard j’avais le sida, je ne me suiciderais sûrement pas, je le
distribuerais à tout venant (litt. : je le partagerai (comme) une
aumône) ; même les enfants, ne t’en fais pas, je les mettrais au monde
(sous-entendu : je n’avorterais pas sous prétexte qu’ils risquent d’être
infectés par la maladie). N’est-ce pas quelqu’un qui me l’a donné ?
(i.e.: on m’a donné le sida, pourquoi ne le donnerais-je pas à mon
tour ?) Nous, les Noirs, (nous agissons) par pure méchanceté.
RÉACTION DE L’ENTOURAGE DU MALADE
Nyannde, ɓe ɗon ƴama debbo feere haa telee ; o wi’i jonta ɗoo, to
a nyawi sonndaaru, ɓe ndoggataa ma, to a nyawi kaŋseer, yimɓe
ndoggataa ma, ɓe ngudintaa ma, gorko maa faasitittaa yiɗgo ma.
To a nyawi nyawu sukar, yimɓe maa ngudintaa ma, ammaa, to a
nyawi sida, a senndiri bee belɗum fuu, ɓe ɗon ndogge noon, gorko
maa walaa haaje ma. [...] Sonndaaru raaɓan, ɓe ngi’ataa, nyawu
sukar haa maayaa ngu ittataako haa maa..., ammaa sida kam, to
a woodi, bana jonta jonta malaa’ikaajo ɗon wara ittugo maa
yonki. (Mi., 25 ans, prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Un jour, on interviewait une femme à la télévision. Elle disait que,
maintenant, si vous avez la tuberculose, on ne vous fuira pas, si vous
avez le cancer, les gens ne vous fuiront pas, on ne vous rejettera pas,
votre mari continuera à vous aimer (litt. : ne changera pas d’avis à
t’aimer). Si vous avez le diabète, votre famille ne vous rejettera pas,
mais si vous avez le sida, vous n’aurez plus aucun plaisir, on vous
fuira tout simplement, votre mari n’aura plus envie de vous. (...) La
tuberculose est contagieuse, mais ça ne les dérange pas (litt. : ils ne le
voient pas [comme un problème]), le diabète ne vous lâchera pas
avant la mort..., mais le sida, quand vous l’avez, c’est comme si l’ange
(de la mort) venait sur-le-champ vous ôter la vie.
● caarol sida
► diarrhée du sida
To ɗum caarol sida, min tawan geeraaɗe sida nder coofe. Nyawu
sida, en anndi ngu hurgataako. (Malama Ngazara, infirmier, CMAO
Meskine, 26-04-04)
En cas de diarrhée (provoquée par le) sida, on trouve des ‘vers/ germes’
du sida dans les selles. La maladie du sida, on sait que c’est incurable.
464
siiɓoo
sifa / sifaaji – ka/ɗi (n.) ; < arabe [s¬ifa] « qualité, propriété »
► apparences, aspect extérieur
Bee nyawu sida, taata goɗɗo hooloo sifaaji sam.
Avec le sida, il ne faut absolument pas se fier aux apparences.
► explication(s)
● sifa bolle dammitinaaɗe
► légende des sigles ou des abréviations (litt. : explications des paroles
raccourcies)
● sifa deftere
► mode d’emploi d’un livre
siftora (v.)
► se rappeler (une chose qui s’est éloignée dans la mémoire) ; cf. taaskoo,
numtoo
sigoo (v.)
► stocker, mettre en réserve, épargner
Siga leɗɗe ɗee hiddeeko asaweere warannde !
Mets ces remèdes de côté jusqu’à la semaine prochaine !
Ciga-cigaalo ɓuran keɓa-keɓaalo. (Prov.)
Celui qui épargne (chaque jour) dépasse celui qui trouve (chaque
jour).
● sigaago goɗɗo feere maako
► isoler (un patient) (litt. : garder qqn tout seul)
siiɓoo (v.)
► sucer (en aspirant), aspirer
Ngilngu ciiɓoowu ɗon siiɓoo ƴiiƴam. (Oumarou Hamarwabi,
guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
Le ver hématophage suce le sang.
465
siiri
► vider de sa substance
Nyawu siiɓake mo.
La maladie l’a vidé.
● siiɓaago saa’i
► boire du thé (en l’aspirant bruyamment)
466
siiri
peut prendre n’a aucune efficacité, parfois, cela va jusqu’à la paralysie
des jambes. Parfois, la personne perd ses facultés mentales, alors, elle
ne fait que dire n’importe quoi (litt. : elle lance en l’air des paroles
seulement).
PRÉVENTION
Woodi leɗɗe faddaago siiri. To a waɗi ɗe, ciiroowo oo haɓa haa
yi’a bone mum, o waawataa siiraago ma. O faaman a ɗon reeni
hoore maa. [...] Mi ɗon faddoroo siiri bee saragayaahi, ɗaɗi huɗo
jimmitittooɗi nder maayo, hooca gal dow bee gal les maayo, bee
fottataahi. Kanje tatorje, ndollaa njaraa, feere boo cuurnoɗaa
malla boo ngaɗaa layaaru.
Kooƴaa haako saragayaahi, haako fottataahi bee ɗaɗi huɗo goo,
namaa ɗum tatorjum fuu, keɓaa tummude hesre, njo’’inaa kaaƴe
tati bana kaatinɗe, njowaa tummude goo dow toon, loowaa lekki
unaaki nder maare, maɓɓaa bee nyorgo heso pul. Ɓaawo man, to
a wari yiiwaago, talaa kaaƴe feere tati, njo’’inaa bana kaatinɗe,
njooɗoɗaa dow woore, njo’’inaa kosɗe maa dow ɗiɗi luttuɗe, suy
ngiiwoɗaa. To a ɗon yiiwoo, mbi’aa : « Alla heed hakkunde am bee
konne’en am ! ». To a yiiwake, taa ngurtoɗaa pellel man sey to a
wutti. Goɗɗo lallitittaako bee ndiyam ngoɗɗam ; to o yiɗi, sey
janngo. » (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 28-04-04)
Il existe des « philtres » pour se protéger du mauvais sort. Si vous les
faites, le jeteur de sort aura beau faire, mais il s’épuisera et ne pourra
pas vous ensorceler. Il comprendra que vous avez une protection
magique. (...) Je protège contre le mauvais sort avec du Combretum
collinum, avec les racines aériennes d’une herbe qui pousse sur les
berges du mayo, j’en prends en amont et en aval du mayo, ainsi
qu’avec du Phyllanthus maderaspatensis. Ces trois plantes, vous les
faites bouillir et vous en buvez (le décocté), ou bien aussi, vous faites
des fumigations (avec) ou encore, vous faites des amulettes.
Vous prenez des feuilles de Combretum collinum, des feuilles de
Phyllanthus maderaspatensis avec les racines de l’herbe en question ;
vous écrasez ces trois choses, vous prenez une calebasse neuve et vous
disposez trois pierres en forme de foyer, vous posez dessus la
calebasse et y versez le philtre pilé et vous couvrez avec un couvercle
en vannerie tout neuf. Ensuite, lorsque vous allez vous laver, disposez
trois autres pierres que vous placez comme (les pierres d’)un foyer,
asseyez-vous sur l’une et posez vos pieds sur les deux qui restent,
ensuite, vous vous lavez. Pendant que vous vous lavez, vous dites :
« Que Dieu s’interpose entre moi et mes ennemis ! » Une fois que
vous vous êtes lavé, ne quittez pas l’endroit avant d’être sec. La
personne ne se rincera pas avec une autre eau ; si vous voulez le faire,
attendez le lendemain.
467
siiroo
TRAITEMENT
Ɓe ɗon mbi’a siiri hurgataako haa lopitaal. Siiri yi’ataako bee
gite nii noon, ammaa, sey ɓe kawta leɗɗe kaaɗɗe ɓe ndokka innu
yara, o ittoo. (Goggo Damdam, 65 ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-
05-04)
On dit que le mauvais sort ne se soigne pas à l’hôpital. Le mauvais
sort ne se détecte pas à l’œil nu, mais on associe des remèdes amers
que l’on fait boire à la personne, et il s’enlève.
Leɗɗe bana ko laarani siiri, goɗɗo yiiwoo suurnoo. (Hamann et
Sannda Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
Les remèdes relatifs à la sorcellerie consistent en bains et en
fumigations.
siiwa (v.)
► verser (un liquide) en un filet de façon que les solides contenus dedans
restent dans le premier récipient
► filtrer (de l’eau) ; cf. sakoo
Le résultat du filtrage est aussi léger que de l’eau.
Ɓooƴe ciiwa ii’am goo, ɗe ngurtina ndiyam, ndeen, ɗam jippoo
nder suudu cille. (Adama Ousmanou, infirmier au CSI de Palar,
468
silla
Maroua, 08-09-04)
Les reins filtrent le sang et font sortir de l’eau. Ensuite, celle-ci
descend dans la vessie.
silɓa (v.)
► causer une entorse ou une luxation
Aksidaaŋ silɓi yam kosngal.
L’accident m’a causé une entorse à la cheville.
► subir une entorse ou une luxation
Junngo am silɓi.
J’ai une entorse au poignet. (Litt. : ma main a subi une entorse.)
silɓoo (v.)
► avoir une entorse
Kosngal am silɓake wakkati ngaɗmi Aksidaaŋ.
J’ai eu une entorse au pied lors de mon accident.
silla (v.)
► pisser, uriner (le verbe est considéré comme grossier en fulfulde) ; cf. soofa
Ɓinngel silli yam.
L’enfant a pissé sur moi.
Mi waawataa cillol leeso ngool.
Je n’admets pas cette façon de pisser sur le lit. (I.e.: je n’admets pas
469
sillirde
que l’on manque à ses engagements.)
A kalluɗo. Alla halke bana cille sonndu !
Tu es méchant. Que Dieu te fasse disparaître comme l’urine de
l’oiseau !
Ɓe mbi’i to goɗɗo yari giya, saa’i malla gaari fuu, o sillan jur. To
goɗɗo yari, ɗum naastan nder reedu, ndu hooca nafoojum,
celebɗum boo malla ndiyam luttuɗam naastan nder suudu-cille.
To heewi, goɗɗo yaha silla. (Dada Habiba, accoucheuse tradition-
nelle, Meskine, 18-08-04)
On dit que lorsque qqn boit de la bière, du thé ou de la bouillie, il pisse
beaucoup. Lorsque qqn boit, (le liquide) pénètre dans le ventre, qui en
retient la partie utile ; la partie fluide ou le liquide restant pénètre dans
la vessie. Quand (celle-ci) est pleine, la personne doit aller pisser.
sillugo be’’itte
faire pipi au lit
sillugo dardarnde
pisser debout (litt. : pisser de sa hauteur)
sillugo joojoonde
pisser accroupi
sillugo dawɗe mum
pisser sur ses jambes (litt. : pisser sur ses cuisses)
sillugo dubbe mum
pisser sur soi (litt. : pisser (sur) ses fesses)
► éjaculer, émettre du sperme
[...] To a wa’’ake debbo, mani ngaan cillataa yaha haa debbo
waɗa ɓinngel. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
(...) Lorsque tu couches avec une femme, c’est ce sperme que tu
éjacules et qui va dans la femme pour faire un enfant.
sillugo debbo
baiser une femme (grossier en fulfulde comme en français )
simta (v.)
► couler goutte à goutte
470
sirƴirde
sinka (v.)
► se plaindre de
Kala cinkanɗo reedu fuu, sey min ndaara coofe loorɗe mum haa
aparee, ngam min keɓta gilɗi ɗiyeeji naawata mo. (Sidi Bouba,
laborantin, CSI de Domayo, Maroua, 21-04-04)
Toute personne se plaignant du ventre, nous devons lui faire un
examen de selles au microscope afin de savoir quels sont les vers qui
la font souffrir.
sirƴa (v.)
► envoyer un jet de salive entre les dents
► envoyer un jet de liquide (avec une seringue, etc.)
To wakkati nyaamgo waɗi, [...] ɓanndu innu ɗon sirƴa ndiyam [...].
(Adama Ousmanou, infirmier au CSI de Palar, Maroua, 08-09-04)
Quand vient l’heure de manger (...) l’organisme secrète (litt. : envoie
un jet) de liquide (dans l’estomac) (...).
471
sista
Debbo marɗo sirƴirde, dubbe mum belɗe.
La femme qui a des dents de chance est bonne au lit (litt. : ses fesses
sont agréables).
sohaaru
► toux persistante, tuberculose ; cf. sonndaaru
sohoo (v.)
► tousser en permanence (toux légère) ; cf. sonndoo
sojjita (v.)
► éclaircir (transitif)
472
sommu
O sojjiti laral maako. cf. makiyaas
Elle s’est éclairci le teint. (Litt. : elle a éclairci sa peau.)
(En français local, on dirait : elle a fait le maquillage.)
sojjitoo (v.)
► éclaircir de teint, être de teint clair, pâlir
Ɓinngel feere, baaba ɓaleejo, daada boɗeejo, ɓe kawta, ɓinngel
maɓɓe sojjitoo. (Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Il y a des enfants dont le père est noir et la mère brune ; ils s’unissent
et leur enfant aura le teint clair.
sola (v.)
► tomber seul, se détacher seul, avorter (intransitif)
Irin reedu’en ɓee, suuno maɓɓe manngo ; to ɓe ndaari huunde a
hokkaay ɓe nde, ɗum wartan haa ɓinngel maɓɓe ; feere ngel sola,
feere boo ngel waɗa suɓaɓre. (Aïssa Tchari, animatrice à l’hôpital
de Bogo, 13-08-04)
Certaines femmes enceintes ont des envies très fortes ; si elles voient
une chose que tu ne leur donnes pas, cela retombera (litt. : reviendra)
sur leur enfant. Parfois, celui-ci avortera (litt. : tombera seul), parfois
il aura des envies (nævus, taches sur la peau).
soma (v.)
► être fatigué
To o huuwi seeɗa ni, o somi.
Dès qu’il travaille un peu, il est fatigué.
473
sompis
sompis – nga (n.) ; < français « chaude-pisse »
► gonococcie, blennorragie ; syn. koros, gonoo ; cf. cille-naange
DESCRIPTION
Ɓanndu am pat ɗon naawa, ɓaawo am ɗon naawa. To mi turake,
les jaabuuru ɗon naawa, sakko maa to cille nanngi yam.
Ndikkanammi mi sigoo ɗe nder reedu dow mi silla ɗe, ngam ɗe
boɗeeje. Ɗe naawan boo bana yiite. Ɗum ɗon ŋata-ŋata waanee.
Ɓe mbii ɗum cille-naange. Dokta boo wii, nde o laari cille am bee
kuuje maɓɓe ɗee, o wii ɗum sompis, ammaa nga siwaa wangugo
bee goonga. To nga maɓɓi laawol cille, ndeen cillanmi mbordi,
ndeen ɗum ɓurdata naawgo. O hokki yam lekki « Érythro-
mycine », o wii miin bee gorko am fuu, ammaa mi walaa gorko.
(N.W., patiente au CSI de Dargala, 14-06-04)
J’ai mal partout, j’ai mal au dos. Lorsque je me penche en avant, j’ai
mal au bas-ventre, surtout quand j’ai envie de pisser. Mieux vaut pour
moi que je garde (mon urine) dans le ventre plutôt que de pisser, parce
qu’elle est rouge. Elle me fait mal comme du feu. Cela me donne des
élancements, oh là là ! On m’a dit que c’est le cille-naange. L’infir-
mier, lui, a dit, quand il a examiné mes urines avec leur truc, il a dit
que c’était la chaude-pisse, mais qu’elle ne s’était pas encore déclarée
pour de bon. Quand elle aura bouché l’urètre, alors, je pisserai du pus,
et cela fera davantage mal. (L’infirmier) m’a prescrit de l’Érythro-
mycine et il a dit que (c’était) à la fois (pour) moi et mon mari, mais
je n’ai pas de mari.
CAUSES
Ko waɗata sompis, ngam rewɓe ɗuuɗaayno, bee huunde ko
ɓaŋree boo walaa. Ɓinngel debbo, to waɗi duuɓi sappoo e jowi, o
reegilan. To gorko ciki duuɓi noogaas e jowi, hoyɗan. Kanjum
waɗata nyawu. To debbo malla gorko hoyɗi, o nyawan. To o
hoyɗi o ɗon waɗa mooɓodal, ndeen, ndiyam maako ili, fajira waɗi
o lallaay ɗam, ɗum laatoto nyawu. (Baba Aladji, guérisseur,
Lopéré, Maroua, 26-11-04)
Ce qui causait la blennorragie (autrefois), c’était le nombre insuffisant
de femmes et le manque de moyens pour se marier. La fillette, quand
elle a quinze ans, commence à avoir ses règles. Lorsque le (jeune)
homme atteint l’âge de vingt-cinq ans (et qu’il n’est pas marié), il a
des rêves (érotiques). C’est ça qui cause la maladie. Lorsque la femme
ou l’homme font des rêves (érotiques), ils tombent malades. Si
(l’homme) rêve qu’il a une relation sexuelle, que son sperme (litt. :
eau) se répand et que jusqu’au matin il ne le lave pas, cela se
transformera en maladie.
TRANSMISSION
Nyawu sompis raaɓan, ngam to debbo ɗon mari ngu, goɗɗo
474
sonndaaru
wa’’ake mo, ngu raaɓan mo. Ammaa, ngam gendal meere bee
goɗɗo, walaa ko waɗata. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 28-04-04)
La gonococcie est contagieuse, car si une femme l’a, la personne qui
« monte » dessus l’attrapera. Mais le simple fait de vivre avec qqn ne
peut provoquer (de transmission de la maladie).
TRAITEMENT
Lekki sompis, goɗɗo wasa ɗaɗi diiŋaali. To itti ɗi, o ɓolta, o liira ɗi.
Ɓaawo man, o hooƴa biriiji nyaancaaɗi o hawta bee ɗaɗi, o unda
ɗum haa ɗigga tilik. O heɓa kosam, o jiiɓda ɗum suy o yara. Ɗoo
kam koo nyawu waɗi duuɓi noy, goɗɗo sillan suudu maagu.
Feere boo, bee kosamyel ɓe kurgirta sompis. Kosamyel haa karal
ngel woni. Yaake to yimɓe ɗon coda kare, a yi’an ngel ɗon fuɗa. To
a itti ngel, a tawan kosam haa dewel man, ammaa gorgel man
walaa. Ittaa lekkon, kawtaa gorgel bee dewel, unaa, ndollaa bee
kilbu laaciijam, tokkoɗaa yargo haa njamɗitaa booɗɗum.
[...] Malla boo o dolla pinndi tigga-miccitoo o yara. (Gadjiwa,
guérisseur, Dogba, 28-04-04)
Pour soigner la gonococcie, la personne doit déterrer des racines de
Gardenia sp.. Ensuite, on les pèle et on les fait sécher au soleil. Puis,
on y ajoute des arachides grillées et on pile (le tout) jusqu’à ce que
cela soit réduit en poudre. On le malaxe dans du lait et on le boit.
Ainsi, quel que soit le temps qu’ait duré la maladie, la personne
évacuera par l’urine le gîte de la (gonococcie).
Parfois, on soigne la gonococcie avec Euphorbia hirta et E.
convolvuloides. Cette Euphorbe se trouve sur les vertisols. Lorsque
l’on récolte le sorgho repiqué, on la voit alors pousser. Quand on
l’arrache, on constate que E. hirta contient un lait, alors que E.
convolvuloides n’en contient pas. Vous prenez ces plantes, E.hirta et
E. convolvuloides à la fois, vous les pilez, vous les faites bouillir avec
du natron fibreux, et vous buvez cette décoction jusqu’à complète
guérison.
(...) On peut aussi faire une décoction de fleurs d’Ipomoea fistulosa
que l’on boit.
sompoode – nde
► gros ventre
Gilɗi jalɓalji bee gilɗi daneeji, nder sompoode ɗi njooɗotoo.
(Sadou Bongo, guérisseur, Dogba, 29-04-04)
Les ascaris et les ténias, c’est dans les gros ventres qu’ils demeurent.
475
sonndaaru
Ce terme désigne toutes les affections respiratoires accompagnées de
toux incoercible. Il dérive du verbe sonndoo qui signifie « avoir une
forte toux ». Pour la toux du bébé, cf. ngeldaande.
Dans l’emploi des personnels de santé, désigne généralement la
tuberculose (cf. Schönenberger et Parietti 2001) ou plus rarement la
bronchite. Il semble, corrélativement, que les personnels hospitaliers,
quand ils parlent français aux patients, appellent « bronchite » la
tuberculose, fût-elle osseuse. Est-ce par désir volontaire d’euphémi-
sation ? Certains infirmiers parlent de « sonndaaru des poumons /
des os » pour distinguer la tuberculose pulmonaire de la tuberculose
osseuse. Cela n’a aucun sens en fulfulde mais prouve que le terme de
sonndaaru est pris dans le sens de « tuberculose ».
► toux rebelle, bronchite
CAUSES
Ko waɗata sonndaaru, feere kuroori bu’e na’i bee baali, malla
be’i, to naasti nder reedu goɗɗo. Ɗum waɗa mo ndamba. To
hurgaaki, gilɗi ngurtinan ɗum daga reedu, mba’’ina nder
wiɓɓere. Ndeen, bana no ndaardeten puundi nyaamtata jamɗe,
noon kuuje ɗee boo nyaamtirta bumsuɗe. To cuurɗe tabaa koo
kiye fuu, to heewi nder wiɓɓere, ɓalwinan bumsuɗe, ndeen ɗe
tampa. Ɓaawo ɗoon, ɗum hokka mo sonndaaru. Woodi njaram
feere ɓe ngaɗata haa ɗoo bee bu’e yimɓe fuu, innde maajam arge.
Ɓe ndollataa ɗam sam. Ɗam ɗon heewi saltee noon. Kanjam boo
ɗam hokkan sonndaaru. (Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul,
Dargala, 09-06-04)
Ce qui provoque le sonndaaru, (c’est que) parfois la poudre de
bouses de vaches ou de crottes de moutons ou de chèvres pénètre dans
le ventre de qqn. Cela lui donne un rhume (ndamba). S’il n’est pas
soigné, les vers sortent du ventre ces choses (poudres d’excréments)
et les font monter dans la poitrine. Puis, de même que nous voyons la
rouille attaquer le fer, de même ces choses attaquent les poumons. La
fumée de n’importe quel tabac, quand elle emplit la poitrine, noircit
les poumons, puis ceux-ci s’affaiblissent. Ensuite, cela donne le
sonndaaru. Il existe une boisson que l’on fait par ici, même avec des
excréments humains, elle s’appelle arge. On ne la fait pas bouillir du
tout. Elle est donc remplie d’impuretés. Cela aussi donne le son-
ndaaru.
Gilɗi jalɓalji ngaɗata sonndaaru. Ɗi ɗon nyaama bumsuɗe goɗɗo
haa to ɗum jaggi, innu fuɗɗa sonndaago. (Boubakary, marabout,
Doualaré, Maroua, 23-11-04)
Ce sont les ascaris qui provoquent le sonndaaru. Ils dévorent les
poumons de la personne jusqu’à ce que cela atteigne un seuil élevé de
gravité et que la personne commence à tousser fortement.
476
sonndaaru
TRAITEMENT
To ɗum sonndaaru nonnoon, mi nama ɓikkon mura-tuuta bee
bu’e baɓɓatti bee barkeeho bee leeɓol. Mi hawta, mi dolla,
nyawɗo yara, ndeen ndu hoynan. (Ousmanou Hamarwabi,
guérisseur peul, Dargala, 09-06-04)
En cas de simple bronchite, j’écrase des graines de Strychnos innocua
avec des crottes de criquets, des feuilles de Piliostigma reticulatum et
du beurre frais. Je mets tout ça ensemble et je le fais bouillir, le malade
en boit et (la bronchite) est soulagée.
Sonndaaru nannganndu daande, ɗum ngilngu ŋelinta nde haa
innu sonndoo, feere o tuuta. Ɓe ɗon pettina masarji boɗeeji
duumtuɗi, ɓe nama, ɓe ɗaɓɓita toomndi suudu bee cittaaje
boɗeeje, ɓe kawta ɗum bee mannda-kiiki, ɓe una haa ɗigga. To
innu man ɗon sonndoo, o nokka, o mukkoo. To o tokkindiri ni, o
yamɗitan. Feere boo, laalaaje tanni haa haako man timmi, o una
bee mannda-kiiki, o hawta bee masarru woɗeeru, heɓa leppol,
haɓɓa ɗum. Nde o maati sonndaaru man fuu, o nokka o mukkoo
haa ndu ittoo. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule, Dogba, 12-05-04)
La toux qui prend à la gorge, c’est un ‘germe’ qui la grattouille jusqu’à
faire tousser ou vomir la personne. On fait éclater du maïs rouge de
l’année précédente, on l’écrase, on cherche de la suie de maison et des
piments rouges ; on y ajoute du sel mannda-kiiki, on pile pour
réduire en poudre. Si qqn tousse, il doit en prendre une poignée et la
mettre dans la bouche. S’il continue de cette façon, il guérira.
Autrement, on utilise des écorces sèches de Balanites prises là où il
n’y a plus de feuilles, on les pile avec le sel mannda-kiiki, on ajoute
du maïs rouge, on prend un tissu et on y emballe le tout. Dès que l’on
sent la toux, on en prend une poignée et on la met dans la bouche pour
que (la toux) cesse.
► tuberculose
Walaa doole goɗɗo to ɗon mari ciiɓoowu sey o mara sonndaaru.
Ɗum haala jaahili’en ngeewtata tan. Goɗɗo foti mara ciiɓoowu
haa ngu timmina mo o marataa sonndaaru. Foti ciiɓoowu ɗon
ɓilla mo o waɗa sonndaaru boo, ngam goɗɗo feere foti mara
sonndaaru nder i’e, ɗum laaranaay nyawu ciiɓoowu. (Amadou
Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Il n’est pas obligatoire qu’un malade du sida ait aussi la tuberculose.
Ce ne sont que des racontars d’ignorants. Qqn peut avoir le sida au
point d’en mourir, sans être tuberculeux. Il se peut qu’il soit affecté à
la fois par le sida et par la tuberculose, car on peut avoir la tuberculose
dans les os, cela n’a rien à voir avec le sida.
477
sonndaaru
DESCRIPTION
(A) PAR LE PATIENT
Becce naawata yam. Aran kam, waɗi yam bana tiggere salii
tiggitaago. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum, Petté,
28-05-04)
J’avais mal aux côtes. Au début, cela m’a fait comme une douleur
perçante qui refusait de disparaître (litt. : de se « désenfoncer »).
(B) PAR L’INFIRMIER
Haa ko anndumi, to goɗɗo nyawi sonndaaru, o sonndoto ɓurna fuu
jemma jemma, ɓanndu huɓɓan, o wulinan boo. Leɗɗe ɓaawooje
ɓe ndokkata haala feewtingo ɓanndu, ɗoo fuu nafataa mo. To
jemma waɗi ni, ɓanndu fuɗɗiti naawgo. Sonndaago man yaake
feere ɗon jilli bee keƴƴe ƴiiƴam, yaake feere boo, ɗon wurtina bana
mbordi. To ɓe ndaari haa radiyoo, ɓe tawan alaama kuuje ɗee.
Bana nii min keɓtirta goɗɗo ɗon bee sonndaaru. (Amadou Roufaou,
infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
D’après ce que je sais, lorsque qqn souffre de la tuberculose, il tousse
surtout la nuit, son corps est brûlant et il transpire. Les médicaments
courants que l’on donne pour calmer la fièvre (litt. : refroidir le corps)
n’ont aucune efficacité sur lui. Dès que la nuit tombe, il recommence
à souffrir. Sa toux, parfois, est mélangée à des caillots de sang, parfois
encore, elle sort comme du pus. Si on l’examine à la radio, on trouve
la trace de cela. C’est comme ça que l’on comprend que qqn a la
tuberculose.
DIAGNOSTIC
Ɓe kooƴi kaartudi am, ɓe njaarimmi radiyoo, ɓe kooƴi ƴiiƴam am
fuu. Ammaa haa ɓe paama ɗum sonndaaru, haa kaartudi ɓe tawi
ngilkon. (N.A., Petté, 28-05-04)
On a pris mon crachat, on m’a conduite à la radio, on a aussi prélevé
mon sang. Mais, ce qui leur a fait comprendre qu’il s’agissait de
tuberculose, c’est le crachat dans lequel ils ont découvert des
‘germes’.
CAUSES SELON DES FEMMES
Nyawu sonndaaru nder ɓanndu paatuuru woni. Waatoo ɓe mbi’i
ɗum gaasa maaru hokkata goɗɗo sonndaaru, to ka naasti nder
nyaamdu innu nyaamata. (Ammaré, 62 ans, ménagère peule,
Dogba, 12-04-04)
Le sonndaaru se trouve dans le corps du chat. C’est-à-dire que ce
sont ses poils qui donnent la maladie à qqn, dit-on, si (ces poils)
entrent dans le manger de la personne.
Haa tiggere ndee fuɗɗa yam ɗoo, ɗum duumol. Mi ɗonno dilla
Marwa. A anndi laawol Pette amin ɗoo duumol kam, ngol
wooɗaay. Mi ɗon efti ɓinngel boo. Suy huunde tiggimmi, salii
478
sonndaaru
tiggitaago. Teema nde ɓinngel ngeel teddungel, kanjum fofani
yam nyawu sonndaaru nguu. (N.A., Petté, 28-05-04)
C’est à la saison des pluies qu’a débuté pour moi cette douleur
perçante. J’étais en route pour Maroua. Vous savez qu’en saison des
pluies, notre route de Petté n’est pas bonne. Je portais un enfant
également. Puis, quelque chose s’est « enfoncé » en moi et a refusé de
se « désenfoncer ». Peut-être, comme cet enfant était lourd, est-cela
qui m’a causé cette maladie de la tuberculose. (En l’occurrence, il
s’agissait bien de tuberculose, puisque le diagnostic a été posé après
examen des crachats par le laboratoire de l’hôpital de Petté.)
CAUSES SELON DES INFIRMIERS ET MÉDECINS
Woodi gilɗi nder kosam nagge. To goɗɗo yari ɗam dollaaka, o
heɓan gilɗi ɗii. Ammaa, ɗi ngiɗaa naange. To goɗɗo yari ɗam,
nyalli nder ɗowdi, o nyawan. To ɗi naasti nder reedu, ɗi ndillan
haa wiɓɓere nder bumsuɗe. Feere to neeɓi, ɗi naastan nder i’al
ɓaawo.
Geeraaɗe gilɗi sonndaaru ɗon nder henndu. To ɗe naasti nder
goɗɗo gal kine, ndeen, goɗɗo oo o sonndoto, o wi’an o ɗon mari
ndamba. To hurgaaki, haa waɗi asaweeje ɗidi malla tati, ɗum
laatanto mo sonndaaru.
Gilɗi feere boo ndaaɓan noon, bana to a hawti nder baaldal bee
marɗo sonndaaru, o raaɓete. To marɗo ndu ɗojji haa les maa,
ɗum raaɓete. To debbo woodi sonndaaru, o raaɓan ɓinngel
maako musinanngel gal kosam. (Chef de District de santé, Mindif,
21-05-04)
Il y a des ‘germes’ dans le lait de vache. Si qqn en boit sans qu’il ait
été bouilli, il aura ces ‘germes’. Mais (les germes en question)
n’aiment pas le soleil. Si la personne a bu (le lait) et a passé la journée
à l’ombre, elle sera malade. Lorsque les (germes) sont entrés dans
l’estomac, ils se rendent aux poumons, dans la poitrine. Parfois, après
quelque temps, ils pénètrent dans la colonne vertébrale.
Les œufs des ‘germes’ de tuberculose se trouvent dans l’air. Lorsqu’ils
pénètrent dans la personne par le nez, alors, celle-ci tousse, elle dit
qu’elle a un rhume (ndamba). Si elle reste deux ou trois semaines sans
se soigner, cela se transformera pour elle en tuberculose.
Certains ‘germes’ sont contaminants ; par exemple, si vous vous
unissez sexuellement avec une personne atteinte de tuberculose, elle
vous contaminera. Si la personne tuberculeuse tousse sur vous, cela
vous contaminera. Si une femme a la tuberculose, elle contaminera
son nourrisson par le lait.
Min tawan gilɗi nyawu sonndaaru nder kaartudi nyawɗo. Woɗɓe
feere, gilɗi man ngalaa nder kaartudi, ammaa, to ɓe ngaɗi
radiyoo, min ɗon tawa ɗi nder bumsuɗe. Feere boo, ɗi ɗon
mooɓtoo nder ɓanndu noon, masalan nder reedu, ndu uppa ;
479
sonndaaru
walla boo nder ɓooƴe. Noone nyawu man ɗon geɓe tati : son-
ndaaru nder reedu, sonndaaru nder bumsuɗe, bee sonndaaru
nder ɓooƴe. (Noël Djavaï, infirmier guiziga, Meskine, 01-04-04)
On trouve les ‘germes’ de la tuberculose dans les crachats du malade.
Chez certains, les ‘germes’ ne se trouvent pas dans les crachats, mais
si l’on fait une radio, on en trouve dans les poumons. Chez d’autres,
(ces ‘germes’) s’amassent dans le corps seulement, par exemple dans
le ventre, qui enfle, ou bien encore dans les reins. Il y a trois sortes de
tuberculose : la tuberculose abdominale, la tuberculose pulmonaire et
la tuberculose rénale.
Sonndaaru ɗon nannga goɗɗo haa bumsuɗe, nder ƴiƴe, haa
koppi, bee asaale. Ammaa ɗi limtumi ɗoo fuu, ɗum batte
sonndaaru bumsuɗe, ngam hiddeeko ngu jippoo nder ƴiƴe, sey to
ngu saalake gal bumsuɗe. To ngilngu sonndaaru saalake gal
bumsuɗe, ɗum sonndataa mo tum, ngu jippoo haa pellel min
mbi’ata « zone de choix ». (Amadou Roufaou, infirmier, hôpital de
Petté, 28-05-04)
La tuberculose saisit la personne aux poumons, dans les os, dans les
genoux, dans les hanches. Mais tout ce que j’ai énuméré, ce sont les
marques de la tuberculose pulmonaire, car, avant de descendre dans
les os, il faut qu’elle soit passée par les poumons. Lorsque le germe
de la tuberculose passe par les poumons, cela ne donne pas toujours
une tuberculose pulmonaire, cela peut descendre dans un endroit que
nous appelons « zone de choix ».
Sonndaaru haa collaaje ndu nanngata goɗɗo. Ndu naasta nder
bumsuɗe, ndu jooɗoo toon. To ɓinngel foofi gilɗi, ɗi naastan nder
bumsuɗe, waɗa mbordi nder toon. Kanjum watta ɓinngel ɗon
sonndoo. [...] Ndu nanngan koo mawɓe fuu. Ɓikkon ɗuuɗaay
margo sooje ɓanndu, ammaa mawɗo woodi sooje’en maaru. To
nyawu naasti ɓinngel, ngel duuɓi jowi haa les, ndu torran ngel
jamum, ngam ngel walaa sooje’en maaru. (Bimoutch Ndjidda, 44
ans, infirmier guiziga, Dogba, 27-04-04)
La bronchite (l’infirmier venait de diagnostiquer cette affection chez
un enfant), c’est dans la poussière qu’elle prend la personne. Elle
(bronchite) pénètre dans les poumons et s’y installe. Lorsque l’enfant
a respiré les ‘germes’, ils pénètrent dans les poumons et cela fait du
pus à l’intérieur. C’est cela qui fait tousser l’enfant. (...) Elle prend
également les adultes. Les enfants n’ont pas beaucoup de défenses
immunitaires (litt. : de soldats du corps), mais l’adulte en a. Si la
maladie est entrée dans un enfant de cinq ans et en dessous, elle le
dérange beaucoup, car il n’a pas de défenses immunitaires.
Gilɗi sonndaaru ɗon ngiiloo nder henndu tan. Feere nyawɗo ngu,
to haartake tuuti haa lesdi, ɗum jillootiran bee collaaje. To jamo
foofi henndu nduu, o nyawan sonndaaru. [...] Nder collaaje ɗee,
480
sonndaaru
gilɗi ɗon nder toon. To o foofi, ɗi tokkoo gal daande, ɗi ndilla gal
bumsuɗe, suy ɗi mborɗa. [...] Nyawu sonndaaru raaɓataa gal
nyaamdu, koo a ɗon nyaamda bee marɗo nyawu nguu, sey gal
foofgo tan ngu raaɓata. (Amadou Roufaou, infirmier, hôpital de
Petté, 28-05-04)
Les germes de la tuberculose se déplacent (litt. : se promènent)
seulement dans l’air. Parfois, lorsqu’un tuberculeux se racle la gorge
et crache par terre, cela se mélange avec la poussière (de l’air). Si une
personne saine respire cet air, elle aura la tuberculose. (...) C’est dans
cette poussière que se trouvent les germes de la tuberculose. Si qqn la
respire, ils passent par la gorge, ils se rendent aux poumons, puis ils
donnent du pus. (...) La tuberculose ne s’attrape pas par la nourriture,
même si vous mangez avec un tuberculeux, elle s’attrape seulement
par les voies respiratoires.
TRAITEMENT
To sonndaaru nanngi goɗɗo, sinaa to Alla hurgi mo, ngam koo
haa lopitaal, sey o jooɗoo lebbi jeego’o ngu fuɗɗa hoynugo. To
haa ɓaleeɓe boo, sinaa to Alla wapii mo bee lekki booɗki, sinaa
noon, caɗɗum ngu hurgoo. (Boubakary, marabout, Doualaré,
Maroua, 23-11-04)
Lorsque qqn a la tuberculose, à moins que Dieu ne le guérisse, même
si (il va) à l’hôpital, il doit y rester six mois avant de voir son état
s’améliorer. Dans le cas des traitements indigènes (litt. : chez les
Noirs), il faut que Dieu lui fasse trouver un bon remède, sinon, la
maladie se guérira difficilement.
To ɓe ndokki goɗɗo lekki sonndaaru ki lebbi ɗiɗi haa o moɗa, o
yejjiti o diwi moɗgo ki, nyawu nguu foti dartoo. To ngu dartake
boo, ɗum laatoto o ɗon mari sonndaaru haa foroy. (Amadou
Roufaou, infirmier, hôpital de Petté, 28-05-04)
Si l’on donne à qqn un médicament contre la tuberculose à prendre
pendant deux mois, qu’il l’oublie et qu’il saute une prise, la maladie
peut réapparaître. Et si elle réapparaît, il se peut qu’il ait (alors) une
tuberculose incurable.
● sonndaaru bumsuɗe
► tuberculose pulmonaire (terme employé uniquement en milieu médical ;
● sonndaaru fitinaaru
► broncho-pneumonie (?) (litt. : toux rebelle)
● sonndaaru i’e
► tuberculose osseuse (terme employé uniquement en milieu médical ; ne
● sonndaaru ndamba
► toux de rhino-pharyngite
sonndoo (v.)
► tousser fortement, avoir une toux incoercible
soobaajo / soobiraaɓe – o/ɓe ; < kanuri [*saÁba] > [saÁwa] « ami, cama-
rade » ; < arabe [s¬ h¬ b] « ami, camarade, compagnon »
► ami, camarade ; cf. sappaajo
Anciennement, désignait un ami de sexe masculin pour une personne
de sexe masculin. Actuellement, s’est étendu aux deux sexes.
● soobaajo daande bee hoore
► ami(e) intime (litt. : ami du cou et de la tête)
soofa (v.)
► être mouillé, se mouiller
To a soofi kam, yiiwa ɓuri. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Si tu es mouillé, lave-toi (carrément), ça vaut mieux ! (Autant aller
jusqu’au bout d’une action timidement engagée.)
● soofgo ɓernde
► avoir la nausée (litt. : être mouillé de l’épigastre)
482
sooynde
soofna (v.d.) ; < soofa
► mouiller
► faire macérer (une préparation médicinale)
soofna-yara – ki (n.c.)
« (on) mouille / (on) boit »
► macération à boire
sook- (adj.)
► vide, nu
Dokta’en kaɗi goɗɗo waaloo cooko, ngam ɓurna waalotooɓe
bilaa limce, nyawuuji nanngata.
Les médecins/infirmiers interdisent que l’on se couche nu, car la
plupart de ceux qui dorment sans vêtements tombent malades (litt. :
les maladies les prennent).
A warti liingu keccu.
Tu es nu comme un ver. (Litt. : tu es devenu un poisson frais.)
(Expression codée et détournée.)
sorkoo (v.)
► avaler de travers, s’étouffer
Yaake feere, to ɓe ɗon njarna ɓinngel, ngel ɗon sorkoo, ngam ɓe
cukki kine maagel ɓe njooftaay law ; ammaa, to ɓe ɗon cukkita
law, ngel sorkataako. Ɓe mbicca ndiyam peewɗam dow maagel
haa ngel heɓa ngel yara law. (Mama Kaltoum, ménagère peule,
Dogba, 05-05-04)
Parfois, quand on fait boire un enfant, il s’étouffe (avale de travers)
parce qu’on lui bouche le nez trop longtemps (litt. : sans le relâcher
vite), mais, si on le débouche vite, l’enfant ne s’étouffe pas. On jette
sur lui de l’eau froide pour le faire boire vite.
sosɓina (v.d.)
► donner naissance par éclosion à
Gilɗi ndufa geeraaɗe nder teteki, geeraaɗe man cosɓina ngilkon.
Les vers pondent des œufs dans l’intestin, et ces œufs donnent
naissance à de petits vers.
sotta (v.)
► se déplacer
► céder à une médication (maladie)
Ɓe ɗon kurgira garsa sey bee binndi tan, malla boo moccugo. [...]
To ka sottaay, ɗoo kam naa ɗum garsa. (Baba Djimilla, 65 ans,
marabout peul, Dogba, 07-05-04)
484
sulmoo
On soigne le garsa uniquement avec des écrits (coraniques) ou par
des incantations accompagnées de crachotements. (...) Si la maladie
ne s’en va pas, alors, c’est qu’il ne s’agit pas de garsa.
sufta (v.)
► sevrer
Koo to ɓinngel suftaama ngel acci musingo, taata daada maagel
waawa ngel, sinaa noon, ngel nyawan en’ente. (Didja épouse
Ousmanou, guérisseuse peule, Dargala, 09-06-04)
Même quand un enfant est sevré et qu’il a cessé de téter, sa mère ne
doit pas le porter sur le dos, sinon, il aura le en’ente.
sukkar – ɗam (n.) ; < arabe [sukkar ] « sucre » (< langues indo-iraniennes)
var. sukar
► sucre ; cf. nyawu
sulmoo (v.)
► se laver le visage
To gite innu ɗon naawa, o itta bileeji jumɗokkal, o dolla, o toɓɓa
nder gite. Fajira fuu, o sulmoroo bee ndiyam ɗaam. (Gadjiwa,
guérisseur, Dogba, 20-03-05)
Lorsque qqn a mal aux yeux, il doit prendre des plumes d’ombrette et
les faire bouillir, puis instiller (le bouillon de cuisson) dans les yeux.
485
suma
Tous les matins, il doit se laver le visage avec ce liquide.
suma (v.)
► cautériser
Goɗɗo amin to ɗon bee ɓuudi juwe, min cuma mo bee laɓi gulki.
(Oumarou Moussa, hospitalisé à Petté, 31-05-04)
Lorsque qqn de chez nous a une enflure causée par le peewri, nous la
lui cautérisons avec un couteau brûlant.
surƴa (v.)
► avoir la diarrhée (pour les nourrissons)
● waɗgo susaar
► être en surcharge (véhicule)
486
suudu-ɓinngel
● suudu ɓesningo rewɓe
►salle d’accouchement (litt. : salle pour faire accoucher les femmes)
● suudu feewndu
► pièce climatisée (i.e. salle d’opération ; litt. : pièce froide)
● suudu goonga
► l’au-delà (litt. : la case de la vérité)
selles)
● suudu laargo nyawɓe
► salle de consultation (litt. : chambre où l’on regarde les malades)
● suudu nyawndaago
► salle de soins (point de vue du patient) (litt. : chambre où l’on se soigne)
● suudu nyawndugo
► salle de soins (point de vue du soignant) (litt. : chambre où l’on soigne)
● suudu siga
► magasin de stockage (syn. magazeŋ) (litt. : case de réserve)
● suudu cille
► vessie (litt. : réceptacle de l’urine)
● suudu geeraaɗe
► ovaire (litt. : compartiment des œufs)
● suudu gite
► orbite
● suudu mani
► vésicule séminale (conçue comme un réceptacle ; litt. : compartiment du
sperme)
● suudu nyawu
► le gîte de la maladie (endroit où la maladie est installée dans le corps)
● dammugal suudu-ɓinngel
► col de l’utérus (en tant qu’orifice ; litt. : porte du compartiment de
l’enfant)
suunee (v.)
► convoiter
► être envieux, avoir une forte envie
Cuunaanga hawti e kaajaanga.
Le gros frustré a rencontré la grosse en manque. (Insulte) (Moquerie
à l’adresse d’un couple fondé de part et d’autre sur une frustration
sexuelle. Employé métaphoriquement pour stigmatiser des gens dont
l’entente ne repose que sur l’appât d’un gain.)
suurta (v.)
► être brûlant, avoir une forte fièvre
La température se ressent à distance, sans même que l’on touche le
corps du malade.
Ɓanndu ɓinngel ɗon suurta.
L’enfant a le corps brûlant de fièvre.
489
suuta
● suuseet junngo / juuɗe
► gant(s) (litt. : chaussette de la main / des mains)
Yimɓe feere ɗon mbi’a kuuɗe danynooɓe haa lopitaal laaɓaay,
ammaa rewɓe ɓee ɓeen ngatta ɗum, ngam suuseet gootel noon ɓe
coodata, ɓe coodataa jur. (Bernadette Godwé, CSI de Dougoï,
Maroua, 07-06-09)
Il y a des personnes qui disent que les accoucheurs / accoucheuses ne
travaillent pas proprement à l’hôpital, mais c’est la faute des femmes,
car elles n’achètent qu’une seule paire de gants, elles n’en achètent
pas plusieurs.
Nde danynoowo ɓorni suuseet junngo, o naastini ngo haa les am,
o meemi, o wi’i hoore ɓinngel ɗon wurtoyoo. (Isabelle Kaltoumi,
CSI de Makabay, Maroua, 20-06-04)
Quand l’accoucheur a eu enfilé un gant, il a mis la main dans mon
sexe, il a palpé et il a dit que la tête de l’enfant était en train de sortir.
suutoo (v.)
► prendre un lavement
Lekki gilɗi, koocaa kofelhi, coofnaa, loowaa nder cuutirgel.
Jemma to a wari waalaago, cuutoɗaa. (Bah Ila, 55 ans, berger peul,
Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Le remède des vers (intestinaux) : tu prends du Trichilia emetica (en
poudre), tu le mouilles et verses (le liquide) dans une poire à lavement.
Le soir, quand tu vas te coucher, prends un lavement.
490
taaskoo
pour finir, il est retourné dans mon cou.
ta’a (v.)
var. de taƴa
► couper, se couper
► interrompre, s’interrompre
Ɓernde maako ta’i.
Son cœur s’arrêta (i.e.: il / elle sursauta).
491
taasoŋ
taaskaaki sam.
L’infirmier m’a dit que j’avais bu une eau non potable, mais moi, je
ne m’en souvenais pas du tout.
taɓoo (v.)
► recevoir dans les deux mains ouvertes ou dans un récipient à large
ouverture
Ɓinngel keccel, to ɓe taɓake ngel nder gude saltee, ɗum ɓesdango
ngel nyawu. (Bernadette Godwé, infirmière, CSI de Dougoï, Maroua,
23-07-04)
Le nouveau-né, si on le reçoit (lors de l’accouchement) dans un tissu
sale, cela lui donnera davantage de maladies.
taga (v.)
► créer
To Alla tagi ma a gorko, ko keɓɗaa fuu, huuwu lee !
To Alla tagi ma a debbo, ko keɓɗaa fuu, ɓaŋu lee !
To Alla tagi ma a gujjo, tora Alla o hoynane ! (Sannda Oumarou)
Si Dieu t’a créé homme, tout ce que tu trouves (à faire), fais-le !
Si Dieu t’a créée femme, tout ce que tu trouves (à épouser), épouse-le !
Si Dieu t’a créé voleur, supplie-le de diminuer (ta propension au vol) !
Tagaaɗo heƴantaa tagaaɗo. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Une créature ne peut satisfaire une créature.
taha (v.)
► lécher
Sey rawaandu bee paatuuru nyaamdata bee taago, ammaa goɗɗo
ɓiira bee junngo mum.
Seuls le chien et le chat finissent leur nourriture en léchant, mais la
493
taka
personne racle (le fond de l’assiette) avec la main.
● rewɓe tahootirooɓe kutti maɓɓe
► lesbiennes (très grossier ; litt. : femmes qui lèchent mutuellement leurs
vulves)
On dit que, l’épidémie de VIH/SIDA ayant privé les prostituées d’une
bonne partie de leur clientèle, celles-ci se regroupent et vivent en-
semble en pratiquant l’homosexualité.
taka (v.)
► préparer (une sauce pour accompagner la « boule »)
tampa (v.)
► être très affaibli
Haa to ɓinngel tampi jamum, ɓe ngadda ngel lopitaal.
C’est quand l’enfant est (déjà) trop affaibli qu’ils l’emmènent au
centre de santé.
499
tarzagiire
sont agressifs [litt. : méchants], ils sortent sur le corps.
DESCRIPTION
Dans un premier temps, la maladie se manifeste sur la peau par des
démangeaisons (prurit) et cela peut aller jusqu’à des vésicules
remplies d’un liquide clair. Si elle n’est pas soignée à ce stade, la
maladie « entre dans le sang » et ne peut plus être soignée par la
médecine traditionnelle ; elle provoque alors de graves infirmités,
conduisant à la mort.
Yimɓe fuu ngoodi tarzagiire nder ɓanndu. Nde ɗon nafar feere
feere ɗiɗi. Woore waɗan huuduure tan, feere ɗoo boo waɗa
nyaanyaare. Hokkannde nyaanyaare ɗoo, waɗan babal ɓanndu
innu ŋata, nyaanya ; ndeen pellel ngeel ɓalwa kurum, kayre
ndeen nanngata ɓanndu fuu. Waɗannde huuduure boo, ɓanndu
innu fuu futta, o nyaanyoo, ndeen ɗum laatoo huuduure.
(Boubakary, marabout, Doualaré, Maroua, 23-11-2004)
Tout le monde a le tarzagiire dans le corps. (Le tarzagiire) est de
deux sortes. L’un donne seulement des plaies, l’autre provoque des
démangeaisons. Celui qui donne des démangeaisons fait qu’un
endroit du corps pince et démange ; ensuite, cet endroit noircit
complètement ; c’est ce tarzagiire qui affecte le corps en entier. Dans
le cas de celui qui provoque une plaie, le corps se couvre de petits
boutons, la personne se gratte, puis cela devient une plaie.
To tarzagiire ɗon wanga haa goɗɗo, fuɗɗam maare, ɓanndu
maako furɗa tal, ndeen, o nana jokkuɗe maako ɗon naawa, suy
nde wurtoo bee nyaanyaare. Wonnde boo, to ɓanndu innu furɗi
ni, puufe ngurtoo, ndeen ɗum waɗa bana wulannde yiite. Nder
ɓanndu maako boo ɗon wula jaw bana marɗo paɓɓooje. O nanan
ɓanndu nduu ɗon ŋata boo. Tarzagiire woore ndee, en ɗon mbi’a
nde rewre, ɗiɗaɓre boo worde. (Boubakary, marabout, Doualaré,
Maroua, 23-11-2004)
Quand le tarzagiire apparaît chez qqn, au début, son corps devient
tout gris, il ressent des douleurs dans les articulations, puis (la
maladie) sort accompagnée de démangeaisons. Dans l’autre (forme de
tarzagiire), dès que le corps est devenu gris, des petits boutons sortent
et cela donne une sensation de brûlure. L’intérieur du corps également
chauffe comme quand on a le paɓɓooje (accès de fièvre palustre ou
autre). (Le malade) ressent également des douleurs lancinantes. Le
premier tarzagiire, nous le disons « femelle », le deuxième, « mâle ».
To innu ɗon mari tarzagiire, munyataa gulɗum, ammaa peewol
dabbunde koo waɗa noy, o munyan. (Goggo, ménagère peule,
Dogba, 03-05-04)
Lorsque qqn a le tarzagiire, il ne supporte pas la chaleur, mais quel
que soit le froid de la saison sèche et froide, il le supporte.
Tarzagiire waɗan puufe dow laral, feere boo nyaanya noon.
500
tarzagiire
(Baïnou Priscilla, 38 ans, aide-soignante lakka, Maroua, 21-04-04)
Le tarzagiire donne des boutons sur la peau, parfois, il donne des
démangeaisons seulement.
Nyawu tarzagiire, to nyawndaaka wakkati ngu saalaaki dow
laral, ngu yottoto nder ƴiiƴam. To ngu naasti nder ƴiiƴam, ngu
saatan jamum, ngam minin kam, min mbaawataa hurgugo ngu,
sey nyawɗo ngu yaha lopitaal. [...] To goɗɗo acci haa ngu gasi
nder ɓanndu muuɗum, kanko oon tefi waade bee hoore maako,
ngam to ngu faɓɓi nder ɓanndu, ngu nyobban ɗaɗi. Nde jur,
tarzagiire ɗon nyobba goɗɗo, o waaloo, warta bana ɓinngel, haa
nde safta nde wara mo. (Ousmanou Hamarwabi, 57 ans, guérisseur
peul, Dogba, 28-04-04).
Le tarzagiire, si on ne le soigne pas lorsqu’il n’a pas dépassé le stade
cutané, il va jusque dans le sang. Lorsqu’il est entré dans le sang, il
devient très grave ; nous, en effet, nous ne pouvons le soigner, il faut
que le malade aille à l’hôpital. (...) Si la personne laisse (le tarzagiire)
s’installer dans son corps, c’est qu’il cherche lui-même la mort, car si
(cette maladie) reste longtemps dans le corps, elle plie les
nerfs/vaisseaux. Souvent, le tarzagiire plie la personne, elle se
couche et redevient comme un enfant, jusqu’à ce que (la maladie)
finisse par le tuer.
Tarzagiire waɗan kuuduuje ammaa kutataa ; kosɗe ɓalwa, juuɗe
ɓalwa, deydey dabbunde ɗum wartata. Ammaa, gulɗum kam
ɗum wangataa. (Dada Bouba, 35 ans, ménagère peule, Dogba, 22-
09-04)
Le tarzagiire provoque des plaies mais ne mutile pas (à la différence
de la lèpre) ; les jambes noircissent, les bras noircissent, et c’est à la
saison froide que cela se produit. Mais, en saison chaude, cela
n’apparaît pas.
Feere tarzagiire ɗon wurtoo bana kuuduuje, waɗa nyaanyaare
[feere, haa ƴiiƴam wurtoo haa ɓanndu], juuɗe bee kosɗe fuu
ɓalwa. (Asta Fidjondé, 60 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Parfois, le tarzagiire sort sous forme de plaies et provoque des
démangeaisons (parfois, (cela va) jusqu’à faire saigner), bras et
jambes noircissent.
To tarzagiire nanngi goɗɗo, o nyaanyoto, ɓaawo man ɗum futta.
Pellel ngeel pat ɓalwa kurum. Kosɗe fuu ɓoltoo. Ɓaawo daande
goɗɗo warta ba huutooru. Feere boo waɗa kuuduuje. [...] To
tarzagiire saati, nde laatoto saɗawre. (Gaw Bello, guérisseur,
Dogba, 23-09-04)
Lorsque le tarzagiire affecte une personne, elle se gratte, ensuite, cela
donne des vésicules. Tout l’endroit devient très noir. Les deux jambes
pèlent. La nuque de la personne devient comme (la peau du) varan
blanc. Parfois, cela donne des plaies. (...) Lorsque le tarzagiire
501
tarzagiire
s’aggrave, il devient saɗawre.
CAUSES
Hiddeeko tarzagiire wanga, sinaa to innu oo nyaami huunde nde
nde wanyi, ndeen ɓanndu maako boo salake huunde ndee. Ɗum
kuuje bana kusel mbeewa, liɗɗi muuɓalaaji, kosam ɓiraaɗam,
biriiji kecci, ngurtinta tarzagiire. Ammaa, biriiji joorɗi kam
ndokkataa innu tarzagiire. (Boubakary, marabout, Doualaré,
Maroua, 23-11-2004)
Le tarzagiire ne se manifeste pas avant que la personne ne mange une
chose qui lui (i.e. tarzagiire) répugne ; alors, l’organisme refuse cette
chose. Il s’agit de choses comme la viande de chèvres, les silures
séchés, le lait frais, les arachides fraîches, qui font sortir le tarzagiire.
Mais les arachides sèches ne le provoquent pas.
Yimɓe feere nyaamataa kusel mbeewa. To ɓe nyaami koo seɗɗa,
ngel waɗan ɓe tarzagiire. Woɗɓe boo nyaamataa liɗɗi
muuɓalaaji ngam taata ɗi ngaɗa ɓe tarzagiire. (Baïnou Priscilla,
38 ans, aide-soignante lakka, Maroua, 21-04-04)
Certaines personnes ne mangent pas de viande de chèvre. S’ils en
consomment ne serait-ce qu’un peu, cela leur donne le tarzagiire.
D’autres ne consomment pas de silures de peur que cela ne leur donne
le tarzagiire.
Ko waɗata tarzagiire, ɗum nebbam biriiji, kusel mbeewa, kusel
lelwa ngel gaw’en piɗata haa ladde. Kuuje ɗee ɗoo narrataa bee
tarzagiire. (Bah Ila, 55 ans, berger peul, Mayo-Kodjolé, 09-09-04)
Ce qui provoque le tarzagiire, c’est l’huile d’arachide, la viande de
chèvre, la viande de la gazelle que les chasseurs tirent en brousse. Ces
choses ne font pas bon ménage avec le tarzagiire (i.e. l’obligent à se
manifester).
To goɗɗo ɗon bee tarzagiire o nyaami kusel mbeewa, ɓanndu
maako nyaanyan, feere waɗa kuuduuje. Malla boo, to goɗɗo
nyaami kusel dabba ɓaleewa, ɗum hokkan mo tarzagiire. (Mamaï
Viatang, infirmier, CSI Douroum, 06-05-04)
Si qqn a le tarzagiire et qu’il mange de la viande de chèvre, il aura
des démangeaisons et parfois des plaies. Ou bien, si l’on mange de la
viande d’animal (bétail) noir, cela vous donnera le tarzagiire.
TRAITEMENT
Leɗɗe hurgugo sawoora ɗuuɗɗe, ammaa, sinaa to lekki jaɓi
goɗɗo, ki hurgataa mo. (Boubakary, marabout, Doualaré, Maroua,
23-11-04)
Il y a de nombreux remèdes qui soignent le sawoora, mais, à moins
que le remède ne convienne à la personne, il ne la soignera pas.
Ɓurna leɗɗe kurganɗe tarzagiire fuu, ɗum wuja-wujaaje bee
dolla-yaraaje, ngam yaasi waata, nder boo yamɗita. (Haman et
502
tarzagiire
Sannda Oumarou, guérisseurs, Dogba, 21-03-05)
La plupart des remèdes qui soignent le tarzagiire sont des onguents
et des décoctions, car (avec eux) la partie externe (de la maladie)
meurt, tandis que la partie interne guérit.
Ɓe ɗon kurgira tarzagiire bee kawtuki ceɓe andakeehi, konkeehi
bee kayarlaahi. Ɓe ndolla ceɓe leɗɗe ɗee, goɗɗo tokkoo yiiwaago
haa yamɗita. Ɓe ɗon kurgira boo bee yowtere ngalbiihi. (Gadjiwa,
guérisseur, Dogba, 28-04-04)
On soigne le tarzagiire avec un mélange d’écorces fraîches de
Boswellia dalzielii, de Detarium senegalense et de Daniellia oliveri.
On fait une décoction de ces écorces et la personne se lave avec
jusqu’à la guérison. On soigne aussi (cette affection) avec du gui de
Vitex doniana.
Kurgun tarzagiire sey goɗɗo waɗa leɗɗe jur, ngam naa gooti
noon nafata nde. Ki o nani fuu, o waɗan, o yaran, o yiiwoto, o
suurnoto, kadi walaa no walaa foddeeko o hawra bee jaɓanki mo.
(Mal Djamo, 38 ans, commerçant peul, Maroua, 10-09-04)
Le remède du tarzagiire exige que l’on prenne plusieurs médecines,
car ce n’est pas une seule qui en viendra à bout. Toutes celles dont on
entendra parler, on les prendra, on les boira, on se lavera avec et on en
fera des fumigations ; en effet, il n’y aura pas de solution avant que
vous ne trouviez le remède qui vous convienne.
Mi ittoya leggel aalali, mi wadda haako yara-huɗa bee leeɓi, mi
dolla, nyawɗo tarzagiire yara nyalɗe ɗiɗi, ndeen nde ittoo. (Mal
Aladji Abba, guérisseur, Dir, 24-05-04)
Je m’en vais chercher une jeune tige de Securidaca longepedunculata,
j’apporte des feuilles de yara-huɗa ainsi que des boulettes de beurre
frais et je fais bouillir (le tout) ; le malade souffrant de tarzagiire doit
boire (cette décoction) pendant deux jours, puis la maladie disparaît.
Kurgun tarzagiire, mi seɓoya biskeehi, mi tefoya bakureeje, mi
yoorna, mi una, mi tefa ɗacce kojoli, mi dolla ɗum fuu. Nyawɗo
tokkoo yargo asaweere tan. (Djougoudoum Adji, guérisseur
guiziga, Dourga-Godola, 01-06-04)
Pour soigner le tarzagiire, je vais prendre de l’écorce fraîche de Ficus
glumosa, je vais chercher des fruits de Sarcocephalus latifolius, je les
fais sécher, je les pile, je vais chercher de la gomme d’Anogeissus
leiocarpus et je fais bouillir tout ça. Le malade doit en boire
régulièrement pendant une semaine seulement.
Haako nofru-be’el bee pattarlaahi, mi dolla, mi yiiwa nyawɗo
tum baakin nyalɗe ɗiɗi. Ɓaawo ɗoon, mi teɓoya jowte goyoof bee
jowte ibbi, ndeen mi dolla, o yara haa cika asaweere. To ɗum
tarzagiire, ɗum hurgoto. (Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul,
Dargala, 09-06-05)
Je fais bouillir des feuilles d’Ipomoea eriocarpa et d’Acacia
503
tawda
polyacantha, et je lave le/la malade à de nombreuses reprises pendant
deux jours. Ensuite, je vais chercher du gui de goyavier et de Ficus
sycomorus ; je les fais bouillir et (le/la malade) boit ça pendant une
semaine. S’il s’agit de tarzagiire, cela va guérir.
tawtaw – nga (n.) ; < hausa [tautàu] « araignée à longues pattes ; maladie de peau
réputée causée par le contact avec cette araignée »
► impétigo ou eczéma infecté autour du lobe et du lobule de l’oreille ; syn.
nokkooyel sera nofru
teɗka (v.)
► hurler, pousser des hurlements (bébé)
telloo (v.)
► se coucher sur le dos
Ɓe kaɗan reedu’en hippaago malla tellaago. (Aïssa Tchari, ani-
matrice à l’hôpital de Bogo, 13-08-04)
On interdit à la femme enceinte de se coucher sur le ventre ou sur le
dos.
Ɓe kaɗi yam waalaago telloo ngam taa jaabuuru ɓinngel taggoo
haa daande maagel. (Habiba Daddoum, CSI de Meskine, 21-06-04)
On m’a interdit de me coucher sur le dos de peur que le cordon
ombilical ne s’enroule autour du cou du bébé.
blanc)
● tenngu faasko / tenɗi faasko
► morpion, pou du pubis, Phtirus pubis L. (Anoploura) (litt. : pou du pubis)
de tête)
● tenngu lumce / tenɗi lumce
► pou de corps, Pediculus humanus humanus (Anoploura) (litt. : pou de
509
teppel
vêtements)
tesa (v.)
► percer (pour des vésicules, pour un abcès)
Paali tarzagiire tesi.
Les vésicules de tarzagiire ont percé.
fawƴere to tesi
à la rupture de la poche des eaux
tigga (v.)
► fixer, planter
● tiggugo gite
► avoir le regard fixe
tiigoo (v.)
► s’appuyer contre
Yaake mi ɗon danya, danynoowo tiigii yam ɓaawo.
Au moment où j’accouchais, l’accoucheur me soutenait le dos.
tiimeelo – ko (n.)
► sourcils
tikka (v.)
► se fâcher
Puutɗo tikkani nanɗo. (Eguchi 1974, p. 92)
Celui qui a pété s’est fâché contre celui qui l’a entendu.
tira (v.)
► tendre en tirant (la peau d’un tambour, par exemple)
► être ballonné (ventre)
Reedu ɗon tiri noon, waɗa bana ngilngu daga reedu waata nder
ɓernde. (Damdam, ménagère peule, Petté, 24-05-04)
Le ventre est ballonné et fait comme si un ver se dirigeait du ventre
vers l’épigastre.
516
toɓɓa
Ce parasite est classé parmi les gilɗi, mais il n’est connu que dans les
laboratoires d’analyse et dans les établissements de santé.
toɓɓa (v.)
► verser goutte à goutte, instiller
Woɗɓe mbi’i ɓe ɗon njaha cooda paalon haa parmasiin, toɓɓa
nder gite maɓɓe. Ammaa, miin kam, mi meeɗaay koo nyalde.
Mbi’imi taa mi waɗa nii ɗum tullita. (Didjatou Amadou, 60 ans,
ménagère peule, Petté, 27-05-04)
Certains disent qu’ils vont acheter des flacons en pharmacie pour
mettre des gouttes dans leurs yeux. Mais moi, je ne l’ai jamais fait. Je
me disais que je ne devais pas le faire de peur que (la maladie) ne
517
toɓɓitannde
s’aggrave.
● toɓɓitanɗe hunnduko
► gouttes pour instillations buccales (par exemple, vaccin antipoliomyé-
litique)
● toɓɓitanɗe kine
► gouttes pour instillations nasales
● toɓɓitanɗe noppi
► gouttes pour instillations auriculaires
top (intens.)
► très (acide)
mongoroore heccere lammunde top
une mangue verte très acide
torra (v.)
► importuner, déranger, faire souffrir
Lekki kii torri mo.
Ce remède l’a fait souffrir.
Ɓikkon am ɗon torriree bee enɗam am. (Dada Bouba, 35 ans,
ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Mes enfants souffrent de mon lait. (Litt. : mes enfants sont dérangés
par mon lait.)
torroo (v.)
► souffrir, être importuné
Na[at]ɗo aljanna maayataa torrataako.
Qui entre au Paradis ne meurt pas et ne souffre pas. (Haafkens 1983,
p. 342-343)
tufa (v.)
► piquer, percer (avec une épine, une aiguille)
► faire une piqûre, une injection
Ɓe ɗon ndokka yam leɗɗe moɗeteeɗe, ngam tufa-tufaaje mbari
yam asaangal ɓooyma. Koo ƴummaago, mi waawataa. Kanjum
waɗi ɓe acci ; jonta kam, baate ndiyam ɗee ɓe ɓilataa fuu, sey
moɗeteeki tan. (Aminatou Seïny, 18 ans, ménagère mousgoum,
Petté, 28-05-04)
On me donne des médicaments à avaler, car les piqûres m’ont paralysé
la hanche, autrefois. Je ne pouvais même pas me lever.
Pour cette raison, ils ont arrêté (les piqûres), et maintenant, on ne me
fait même pas de perfusions, mais (on me donne) seulement des
médicaments à prendre par voie orale.
519
tufirɗum
► vacciner par injection
► provoquer une douleur perçante
Jalɓalji, kanji tufata haa becce, ɓe mbi’a ɗum ɗisal.
Les ascaris, ce sont eux qui provoquent une douleur perçante aux
côtes, ce que l’on appelle « point de côté ».
tulla (v.)
► empirer, s’aggraver
Ɓikkon am ɗon torriree bee enɗam am. [...] Ko paamanmi kam,
ɗum sayɗaan, ngam, to mi danyi ɓinngel debbo, ɗum tullan.
(Dada Bouba, 35 ans, ménagère peule, Dogba, 22-09-04)
Mes enfants souffrent de mon lait. (...) Ce que je crois, c’est qu’il
s’agit d’un diable, car, lorsque j’accouche d’une fille, cela empire.
turum-turum (adv.)
► flou
● yiigo turum-turum
► voir flou
tuuta (v.)
► vomir ; cf. looƴoo
● tuutgo ƴiiƴam
►vomir du sang
● tuutgo bee ƴiiƴam
► avoir du sang dans ce que l’on vomit
tuƴƴa (v.)
► saigner du nez
Yewre to meemi hoore, haala man saati jamum, masalan innu
tuƴƴan masin [...]. (Mana Garandji, 44 ans, infirmier toupouri,
Maroua, 12-04-04)
En cas de fracture du crâne, l’affaire est très compliquée, la personne
saigne abondamment du nez, par exemple (...).
ummoo (v.)
var. de ƴummoo, ƴimmoo, immoo
► se lever, démarrer (intransitif)
523
umroore
Umma liir daga naange suddaaki.
Lève-toi et étale (les choses) à sécher avant que le soleil disparaisse.
(Il faut profiter du moment opportun pour faire ce que l’on doit faire.)
► bander, être en érection
Jonta, to gorko ɗon bee layaaji, to hooci debbo, ɗi kollan mo, les
maako ɗoo ƴummataako to debbo ɗon bee nyawu. (Mi., 25 ans,
prostituée, Kakataré, Maroua, 23-01-06)
Maintenant, quand un homme a des grigris, s’il « prend » une femme,
ils lui révéleront des choses sur elle (litt. : ils la lui montreront) et il ne
bandera pas si la femme est malade.
uppa (v.)
► enfler, gonfler (enflure non douloureuse portant sur un membre ou sur
toute une partie du corps) ; cf. ɓuuta, fillinoo
To kosɗe bee geese reedu’en ɗon uppi, ɓe ɗon mari anemii.
Waatoo bana wiigo, ƴiiƴam famɗiti haa ɓalli maɓɓe. Min kooca
taŋsiyooŋ maɓɓe, to min tawi ƴiiƴam maɓɓe famɗi, min njaara
ɓe haa dopta winndana ɓe leɗɗe haa ɓe keɓa ƴiiƴam ɓesdoo.
(Atchibi Thérèse, aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
Si les femmes enceintes ont un œdème des jambes ou du visage, c’est
qu’elles sont anémiées. C’est-à-dire qu’elles ont (trop) peu de sang.
Nous leur prenons la tension, et si nous constatons qu’elles ont (trop)
peu de sang, nous les emmenons chez le docteur pour qu’il leur ordonne
des médicaments qui leur permettent d’augmenter leur sang.
To debbo marɗo nyawu gaddol ciki lebbi ɓesnugo, hoore maako
seekan, ngi’aa kosɗe maako uppi, to a tiggi koolel dow maaje,
tawaa luggere lofitake, ɗoo kam hollinan ɗum gaddol. (Adamou
Ousmanou, 48 ans, infirmier peul, Maroua, 15-04-04)
Quand une femme atteinte d’éclampsie est arrivée au terme de sa
grossesse, elle a très mal à la tête, vous voyez que ses jambes ont enflé
(œdème sous-cutané) et si vous plantez un doigt dedans, vous consta-
terez qu’il y laisse une marque en creux (signe du godet), ce sont les
symptômes (annonçant) l’éclampsie.
urdi / urle – ndi/ɗe (n.) ; < arabe [‘ t¬ r] « parfum » (métathèse des deux dernières
consonnes)
► parfum
● urdi nyaandi
► parfum très fort
524
vaksee
Kooƴaa gaadal ceembal, unaa ngal bee kaadam, njillaa nder urdi
nyaandi. To a yi’i debbo mo ngiɗɗaa, ngujaa ndi nder junngo
maa, nanngaa mo daande junngo. (Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 28-
04-04)
Prenez du Cissus quadrangularis, pilez-le avec de l’ocre rouge,
mélangez (le tout) avec un parfum fort. Quand vous voyez la femme
que vous désirez, enduisez-vous la main (avec ce parfum) et prenez
(la femme) par le poignet.
uuma (v.)
► gémir
To ndotti uumi, nder mum nyoli. (Prov.)
Si un vieux se plaint, c’est qu’il a déjà beaucoup supporté. (Litt. : si
un vieux gémit, c’est qu’il est pourri en dedans.)
uuwa (v.)
► enterrer (qqn), inhumer
To ɓe ɗon uuwa maayɗo, ɓe kuucitina yeeso maako gal fuunaange,
ɓe mballina hoore maako gal fommbina, wuttudu nyaamru gal les.
Kanjum ɓe mbi’ata to innu waalorake fommbina e woyla, o maa-
yan. (Asta Fidjondé, ménagère, Dogba, 22-09-04)
Lorsqu’on enterre un mort, on oriente son visage vers l’Est, on pose sa
tête vers le Sud, et son côté droit dessous. C’est pour ça qu’on dit que,
si qqn se couche (la tête) au Sud et (les pieds) au Nord, il va mourir.
uzura – nga (n.) ; < arabe [‘udr] « excuse » > arabe tchadien [udur] « contretemps,
empêchement »
► anomalie, défaut
To a meemi ɓanndu ɓinngel, ndu ɗon wula, ngel ɗon woya, hollini
ngel bee uzura.
Si tu touches le corps de l’enfant, qu’il est chaud et que (l’enfant)
pleure, c’est le signe qu’il y a quelque chose qui ne va pas.
526
vidiyokulooɓ
► vaccination ; syn. vaksinasooŋ
Paddee nyawuuji ɓikkon bee vaksee ; ndikka faddaago nyawuuji
bee vaksee dow nyawndaago ɗi.
Protégez les enfants contre les maladies par la vaccination ; mieux
vaut prévenir les maladies que de les guérir.
vaksina (v.)
► vacciner ; cf. ƴara
Kuugal am laarani reedu’en. Mi yeewtan bee maɓɓe, mi waazoto
ɓe boo haala vaksingo ɓikkon maɓɓe to ɓe ɓesni. (Aïssa Tchari,
animatrice à l’hôpital de Bogo, 13-08-04)
Mon travail concerne les femmes enceintes. Je m’entretiens avec elles
et je les conseille aussi au sujet de la vaccination de leurs bébés quand
elles accouchent.
527
vitamiin
Wangugo vidiyokulooɓ wonni ɓikkon.
L’apparition des « vidéoclubs » a perverti les enfants.
528
waaloo
W
wa’a (v.)
► être (de telle ou telle façon)
« Waa ba mbaami » caɗɗum.
Il est difficile pour toi d’arriver à ma hauteur. (Litt. : « Sois comme je
suis » est difficile.)
Waa ba mbaami, a wonnortaake.
Sois comme je suis, et il ne t’arrivera pas de mal.
waanca (v.)
var. : wanca
► se promener
► se prostituer (euphémisme), mener une vie dépravée (euphémisme)
Haa Marwa men ɗoo, ɓikkon rewɓe ɓuran waancugo. Nyaldere
noon, debbo foti yaha haa worɓe sappo, o miijataako, ngam dala
maɓɓe tan. O yaha haa oo ɗoo, o wurtoo, o waɗoya tuwaleet, o
dilla haa ego, o hiiroya. O waaloya haa goɗɗo feere. Fajira feere
kam, to o wurtake haa o waaloyi, o wurda haa goɗɗo feere fahin.
Duniya jonta ɗoo boo, naa bana naane. Ndikka reentaago hoore
mum. Koo bee konndoomji maɓɓe ɗii, yiilaaru nduu fuu, a anndi,
to ɗum huuwi kalkal maa, foti konndoom fetta, ngam worɓe
feere, guugu maɓɓe loorngu. Waddanaay ma ko a anndaa na ?
Worɓe kam, taa ɓura ɗiɗo malla tato nyaldere, a ɗon bee
konndoom boo puree. Ɗoo maa yeli-yella noon. Mo min ngondi
jemma bee naange maa, sey ko konndoom huuwi. (Dou.,
prostituée, 26 ans, Hardé, Maroua, 17-01-06)
Chez nous à Maroua, les filles se « promènent » davantage. En une
journée, une femme peut aller chez dix hommes sans aucune crainte,
simplement pour leur argent. Elle va chez un tel, elle sort, elle va faire
sa toilette, et elle s’en va passer la soirée ailleurs. Elle va passer la nuit
chez un autre homme. Le lendemain matin, quand elle sort de là où
elle a passé la nuit, elle poursuit chez un autre encore. De nos jours,
ce n’est plus comme avant. Il vaut mieux se protéger. Même avec
leurs préservatifs, ce genre de balade, tu sais, même quand ça se passe
bien, il se peut que le préservatif éclate, car certains hommes ont un
gros zizi. Est-ce que ça ne va pas t’apporter qqch. que tu ne connais
pas (i.e. le sida) ? Les hommes, il ne faut pas en avoir plus de deux ou
trois par jour et tu dois avoir des préservatifs sous la main (litt. : prêts).
Même avec ça, il n’y a rien de sûr. Même avec mon compagnon
permanent, le préservatif est de mise.
530
waawa
waancuru – ndu (n.d.v.) ; < waanca
var. : wancuru
► promenade
► prostitution ; syn. bordeelku, yiilaaru
To waancuru ɗuuɗi, oo ɗoo hooce, oya hooce, koo to Alla hoynani
ma sida, maniiji jahanɗi kawta haa les reedu maa, ngaɗante
nyawu ngonngu feere. (Mn., 25 ans, prostituée, Diguirwo, Maroua,
17-01-06)
Quand tu te prostitues fréquemment (litt. : quand la prostitution est
nombreuse) et que tel te prend, tel autre te prend, même si Dieu écarte
de toi le sida, les spermes qui vont s’accumuler dans ton bas-ventre
vont te donner une autre maladie.
waata (v.)
► crever (pour un animal ; très vulgaire et insultant quand on le dit d’une
personne)
► être paralysé (membre)
Danygo Haafiisu am ɗoo yarni yam bone, ngam wuttudu am
wooru waati : junngo bee kosngal. Warti ɓe tiigoto yam hiddeeko
mi danya. (Mère de famille, réunion du GIC Cased, Doualaré, 14-11-
04)
La naissance de mon Hafissou m’a donné bien du mal, car j’étais
paralysée d’un côté, jambe et bras. Finalement, on a dû me soutenir
pour que j’accouche.
Zakari maako waati.
Il est impuissant. (Litt. : son pénis est mort.)
waawa (v.)
► porter sur le dos
To haa ɓinngel ɗaanoo, sey daada maagel waawa ngel.
Pour qu’un enfant s’endorme, il faut que sa mère le porte sur le dos.
Waawam taata meemam ndunna, waɗataa. (Prov.)
Porter qqn sur le dos sans lui toucher les fesses, c’est impossible !
(Litt. : « Porte-moi sur le dos sans me toucher le derrière » est
impossible.)
Reeduujo to ɗon waawa ɓinngel, ngel duppan.
Si une femme enceinte porte sur le dos un bébé, celui-ci sera
rachitique.
Koo to ɓinngel suftaama ngel acci musingo, taata daada maagel
waawa ngel, sinaa noon, ngel nyawan en’ente. (Didja épouse
Ousmanou, guérisseuse peule, Dargala, 09-06-04)
Même quand un enfant est sevré et qu’il a cessé de téter, sa mère ne
doit pas le porter sur le dos, sinon, il aura le en’ente.
531
waawdu
waawdu – ndu (n.d.v.) ; < waawa
► charge portée sur le dos
► grossesse (euphémisme)
Waawdu maako rufi.
Elle a avorté (spontanément). (Litt. : sa charge s’est versée.)
waaƴa (v.)
► roter
To goɗɗo nyaami waaƴaay, o haaraay.
Si qqn ne rote pas après avoir mangé, c’est qu’il n’est pas rassasié.
Ɓe ɗon mbi’a to ɓinngel waaƴi dow kosam yaake to ngel ɗon
musina, enndu daada maagel ɓuutan. Ɓaawo man ngel salitoo
musingo enndu maako, suy ɗam ɗon rufa noon. (Astawabi, 55 ans,
ménagère peule, Petté, 26-05-04)
On dit que si l’enfant rote sur le lait lorsqu’il tète, le sein de sa mère
va enfler. Ensuite, l’enfant refusera de téter son sein, et le lait ne fera
que de couler.
532
wagg-
waazu – ngu (n.) ; < arabe [wa‘z¬a] « exhortation, sermon »
► exhortation, recommandations, conseils
waɗa (v.)
► faire
Ɗume waɗ maa ?
De quoi souffres-tu ? (Litt. : qu’est-ce qui te fait ?) (Dans cette
expression, on comprend que le patient est agi par une maladie.)
Likkirre ɗon waɗa yam.
J’ai le hoquet. (Litt. : le hoquet me fait.)
● waɗgo goɗɗo
► faire du mal à qqn
● waɗango goɗɗo
► faire du bien à qqn
wafa (v.)
► coincer la tête de (qqn) entre les jambes ou sous le bras (c’est ainsi que
l’on immobilise le bébé pour le gaver)
533
wakkoo
wakkoo (v.)
► mettre sur/à l’épaule
« Ndaa mukka » ɓuran « Ndaa wakka ». (Prov., Modibo Bello
Amadou)
« Tiens, mets ça dans la bouche » vaut mieux que « Tiens, mets ça à
l’épaule ! » (Il est préférable de recevoir de la nourriture toute prête
plutôt qu’une houe pour cultiver ; dans ce dernier cas, il faudra
travailler et attendre longtemps avant d’avoir de quoi se mettre sous
la dent. Quand on va au champ, on accroche sa houe à l’épaule.)
« Ndaa wakka » ɓuran « Ndaa sakkin ». (Prov., Modibo Bello
Amadou)
« Tiens, mets ça à l’épaule » vaut mieux que « Tiens [une ligne de
pêche] et lance-la ».
wama (v.)
► danser
To mbaggu wayliti fiyre, wamooɓe boo ngaylita wamgo. (Prov.,
Modibo Bello Amadou)
Si le tambour change de rythme, les danseurs aussi doivent changer
de danse.
● wamnugo ginnaaji
► organiser des danses pour les génies (litt. : faire danser les génies)
535
wanca
wanca (v.), cf. waanca
wancuru (n.d.) cf. waancuru
wannjamjo / wannjam’en – o/ɓe (n.) ; < hausa [wànzaam¡Ài] « barbier »
► barbier
Les barbiers coupent les cheveux des hommes et les rasent. Ils
pratiquent également la circoncision et les scarifications. Ils soignent
aussi les blessures (coupures, plaies ouvertes...)
Sey wannjam’en tan ƴarata, ngam ɗum kuugal maɓɓe. (Mama
Dja, guérisseuse, Dogba, 24-05-04)
Seuls les barbiers pratiquent les scarifications, car c’est leur métier.
wapoo (v.)
► trouver par hasard
Goɗɗo foti heɓra nyawu sida gal mooɓodal ngal walaa konndoom
bee gaporaaɗo ngu.
On peut « attraper » le sida par une relation sexuelle non protégée
(litt. : qui n’a pas de préservatif) avec un/une partenaire infecté(e)
(litt. : avec qqn qui l’a trouvé par hasard).
537
wayoonde
wayoonde / bayooɗe – nde/ɗe (n.)
► vergetures
weelee (v.)
► avoir faim
No mbeelorɗaa fuu, a wi’ataa fayannde « kaawu » !
Aussi affamé que tu sois, tu n’appelleras pas la marmite « oncle
maternel » ! (Prov., Eguchi 1974, p. 91.) Cf. le proverbe créole : Pa
kriyé chen bopè pou zo ! « N’appelle pas le chien « beau-père » pour
(avoir) des os ! »
Ɓaraago beembal kewngal nafataa beelaaɗo. (Prov.)
S’adosser à un grenier plein ne sert à rien à l’affamé.
To debbo belaaɗo danyi, ɓinngel maako boo laatoto pamarel.
(Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Si une femme mal nourrie (litt. : affamée) met au monde un enfant,
celui-ci aussi sera petit.
538
wela
Koo moy tokkitanii hiirde weetoran. (Prov.)
Quiconque s’adonne à la veillée traînera au lit le matin.
wela (v.)
► être savoureux, bon au goût ; être sucré ; cf. lakas-
Il n’est pas bon de ne consommer que des « bonnes nourritures »
(nyaamdu welndu / nyaamdu woondu ou kuuje belɗe), c’est-à-dire
des nourritures bien grasses et bien assaisonnées. Le savoureux
(belɗum) doit toujours être contrebalancé par l’amer (kaaɗɗum). Les
« bonnes nourritures » sont à réserver aux femmes nouvellement
accouchées, notamment. Les travailleurs manuels (agriculteurs, ma-
nœuvres, etc.) qui devraient bénéficier de ce type d’alimentation n’ont
pas les moyens de se l’offrir.
Haako welko ni, Jaalige heɓa jur feho ? Ndeen kam, ko welaa. To
ko welko kam, Jaalige heɓataa. (Cf. Eguchi 1974, p. 88)
Une bonne sauce comme ça, Djaligué en aura-t-il une grande mar-
mitée ? Si c’est le cas, c’est qu’elle n’est pas fameuse. Si elle l’était,
Djaligué n’en aurait pas. (Djaligué est un esclave. L’esclave, par
principe, n’a pas droit aux « bonnes choses ».)
To a tokkanii belɗum, a yaama Dursungo. Sawoora wooɗaay.
(Chant de vendeur ambulant de lekki sawoora, Maroua)
Si tu es trop après les « bonnes choses », tu iras un de ces jours (au
cimetière de) Doursoungo. La jaunisse n’est pas une bonne chose.
Anndugo belɗum belɗum ; sooynde anndugo belɗum boo
belɗum. (Prov.)
Connaître ce qui est bon est bon ; ne pas connaître ce qui est bon est
bon aussi. (Chacun doit se contenter de ce qu’il a à son niveau, que
celui-ci soit élevé ou non.)
Koo moy yiɗi belɗum/booɗɗum, sooda, mara laara. (Prov.)
Celui qui veut du bon / du beau, qu’il en achète voir. (Celui qui
recherche du sexe, qu’il prenne femme et il verra les problèmes qui
vont avec.)
Welko timmintaa nyiiri. (Eguchi 1974, p. 80)
Ce n’est pas parce que la sauce est délicieuse que la « boule » finit.
(Litt. : la bonne sauce ne fera pas finir la boule.)
► être plaisant, donner du plaisir
A ɗon nana yimɓe ɗon maayda daliila sida, mbi’aa a suklanto
belɗum minit ɗiɗi ? (D., prostituée, 25 ans, Domayo, Maroua, 16-
01-06)
Tu apprends que les gens sont tous en train de mourir du sida, et tu
oserais dire que tu t’intéresses à deux minutes de plaisir ?
539
weltinoroo
weltinoroo (v.d.) ; < wela
► courtiser (une femme), draguer (une femme)
Woodi worɓe jur ɗon mbeltinoroo yam. Woɗɓe feere ɗaɓɓititte
ngam haa ɓaŋe ; woɗɓe feere ɗaɓɓititte ngam dubbe maa ; woɗɓe
feere ɗaɓittitte ngam haa njooɗodooɗon tan. (An., prostituée, 20
ans, Domayo, Maroua, 25-03-06)
Il y a beaucoup d’hommes qui me draguent. Les uns vous cherchent
en vue de vous épouser ; les autres vous cherchent pour vos fesses ;
d’autres vous cherchent simplement pour vivre avec vous.
wicca (v.)
► asperger ou éclabousser (qqn ou qqch.) avec (un liquide ou un solide
liquide)
Wakkati danygo, to ɓinngel wurtake, ɓe mbicca ngel ndiyam
(Goggo Damdam, 65 ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
Au moment de la naissance, lorsque l’enfant est sorti, on l’asperge
avec de l’eau.
widdoo (v.)
► contourner (une maison, par exemple)
► aller aux toilettes (euphémisme) ; syn. sela, soofa
Mi yiɗi widdaago.
J’ai envie d’aller aux toilettes.
winnda (v.)
► écrire, prescrire par écrit
● winndango goɗɗo lekki
► rédiger une ordonnance pour qqn
Ɓaawo to mi ƴami koo moy ko naawata mo, mi winndana mo
lekki deydey maako. (Hamadou Ahmadou, 28 ans, agent de santé
guiziga, Maroua, 09-03-04)
Après avoir demandé à chacun de quoi il souffre, je lui prescris par
écrit le médicament qui lui convient.
wofoo (v.)
► être incapable de se lever ou de se relever (animal trop faible)
Mi wofake ba nagge ceeɗu.
Je suis incapable de me relever, comme une vache à la saison chaude.
wogga (v.)
► brosser, frotter énergiquement (pour faire partir qqch.) ; syn. yigga
541
wolde
Baaba-saare ƴakkata bokolooje layhaari mum.
C’est le père de famille qui mange les testicules de son bélier
sacrificiel.
wolwa (v.)
► parler
Ko wolwaaka wootataa. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Ce qui n’est pas débattu ne peut s’arranger. (Ce qui n’est pas mis en
paroles et discuté ne peut trouver de solution. Remarquer les allité-
rations [o/a/a] en fulfulde.)
Yimɓe ndullan ko nyaama, ammaa ndullataa ko mbolwa. (Prov.)
Les gens peuvent manquer de nourriture, mais ils ne peuvent manquer
de sujets de conversation.
Wolwanee nanataa, danyma ko yiima. (Prov.)
On te parle, tu ne comprends pas : tu verras (un jour) ce que tu
engendreras ! (Un/une enfant refuse d’obéir ou de suivre les conseils
qu’on lui donne ; quand il/elle sera devenu(e) lui-même/elle-même
père/mère, ses enfants seront peut-être pires que lui/elle et il/elle
comprendra alors.)
● wolwugo kalluka dow goɗɗo
► dire du mal de qqn
wonna (v.)
► gâter, abîmer
► déflorer (hors mariage)
To budurwaajo roondake huunde teddunde masin wonnan mo.
(Gadjiwa, guérisseur, Dogba, 23-09-04)
Si une jeune fille vierge porte une charge trop lourde, cela pourra lui
déchirer l’hymen (litt. : la gâter/déflorer).
542
woowo
wooɓa (v.)
► boire par petites quantités
To ɓe keɓi [arge] ngurtotooɗam aran, ɓe ndokka ɓinngel wooɓa
seeɗa, ndeen, ɓe ngujana ngel daande maagel. (Djebba, ménagère,
Maroua, avril 2004)
Une fois que l’on s’est procuré du cœur de chauffe (premier alcool à
sortir de l’alambic lors d’une distillation), on en donne un peu à boire
à l’enfant, puis, on lui frotte le cou avec.
wooka (v.)
► crier
woowa (v.)
► être habitué, avoir l’habitude de
Ndikka mboowaanga e mbooftinteenga. (Prov., Modibo Bello
Amadou)
Mieux vaut (un mal) auquel on est habitué qu’(un mal) auquel il va
falloir s’habituer.
Les interviews ci-dessous tendent à montrer que woowo n’est pas conçu
comme une maladie de la gencive, mais des dents. Il semble donc qu’il
s’agisse d’un fort entartrage entraînant corrélativement une gingivite.
Woowo ɓalwinan nyii’e. To goɗɗo ŋati huunde bee nyii’e marɗe
woowo, ƴiiƴam wurtoto ; ɗe naawan boo. O mukkataako huunde
wulnde koo seɗɗa. (Djougoudoum Adji, guérisseur kanouri, Dourga-
Godola, 01-06-04)
Le woowo fait noircir les dents. Lorsque qqn mord sur qqch. avec des
dents atteintes de woowo, cela saigne et elles font mal également. La
personne ne peut mettre dans la bouche la moindre chose chaude.
TRAITEMENT
Ɓe kurgira woowo bee giggirki nyiiƴe bee mannda-kiiki, bee
dubbuɗe na’i. Ɓe ɗon nguufa maciyaaje ɓe kawta bee kilbu.
(Goggo Damdam, 65 ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
On soigne la gingivite en ponçant les dents avec du sel mannda-kiiki
et de la bouse de vache. On garde dans la bouche des graines d’Hibis-
cus sabdariffa associées à du natron.
To ɓe ngaddi nyawɗo woowo, mi tefa mannda-kiiki, mi wogga
nyii’e maako. Koo to ƴiiƴam ɗon ila goo, mi accataa woggugo, sey
to ɗe laaɓi tal. Ndeen, mi yiggana mo kilbu laaciijam ngam haa
mbara naawreenga. To mi yigganaay mo koo nyalɗe ɗiɗi, o
waawataa nyaamgo. To mi yiggi kam, o nyaaman to neeɓi.
543
worɗa
(Djougoudoum Adji, guérisseur kanouri, Dourga-Godola, 01-06-04)
Lorsqu’on amène un malade atteint de woowo, je cherche du sel
mannda-kiiki et je lui ponce les dents avec. Même si cela saigne, je
n’arrête pas de frotter jusqu’à ce que les dents soient très blanches.
Puis, je lui frotte (dessus) du natron fibreux de façon à stopper (litt. :
tuer) la douleur. Si je ne lui en frotte pas pendant deux jours, il ne
pourra pas manger. Si je lui en frotte, il pourra manger sans tarder.
woya (v.)
► pleurer
Ko woynata ɓinngel kam, naa nyawu tan. Seyɗan boo ɗon hulna
ngel, malla boo jalna ngel, haa ngel woya. (Falmata Ousman,
ménagère, Zileng-Bappa, 12-03-04)
Ce qui fait pleurer l’enfant, ce n’est pas uniquement la maladie. Le
diable aussi peut lui faire peur, ou le faire rire, si bien qu’il pleure.
Taa woy mboynaami.
Ne pleure pas sinon je vais pleurer. (Litt. : ne pleure pas que cela (ne)
me fasse pleurer.)
● woyrugo ɓernde, hoore, reedu etc.
► souffrir du ‘cœur’, de la tête, du ventre, etc. (litt. : pleurer avec...)
wudd- (adj.)
► estropié, mutilé
544
wula
Junngo wuddo nyaanyataa ɓaawo.
Un bras estropié ne peut gratter le dos. (Prov., Dahirou 2004, p. 36)
wuja (v.)
► oindre, passer une pommade, un onguent, frotter avec un médicament
liquide
To wujgo kam, wuj korlal maaɗa. (Modibo Bello Amadou)
Tant qu’à frotter, frotte ta propre jambe (litt. : partie antérieure de la
jambe).
Dow wujgo korlal janannal, ndikka wujgo korlal mum. (Prov.)
Plutôt que de frotter une jambe étrangère, mieux vaut frotter sa propre
jambe. (Charité bien ordonnée commence par soi-même.)
Mo Alla wuji furɗataa. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui dont Dieu prend soin ne connaîtra pas la pauvreté. (Litt. : celui
que Dieu frotte [avec de l’huile] ne deviendra pas gris [de poussière].)
wujja (v.)
► voler, dérober
Walaa mo wujjataa, sey mo nanngaaka ;
walaa mo hoo’ataa, sey mo nanngaaka. (Sannda Oumarou)
Il n’y a personne qui ne vole, il y en a seulement qui ne se font pas
prendre ;
il n’y a personne qui ne pique, il y en a seulement qui ne se font pas
prendre.
(Tout le monde vole, mais certains ne se font pas prendre, et ce sont
eux que l’on dit honnêtes.)
Ɓooyma’en liinataako ɓinngel gal gaɗa mahol ngam taa ngel
wujja to ngel mawni. (Asta Fidjondé, ménagère, Dogba, 22-09-04)
Les gens d’autrefois ne se passaient pas un enfant par-dessus un mur,
par crainte qu’il ne vole quand il serait devenu grand.
Mawɓe ɓooyma mbi’ata ɓe kelnyataa ɓikkon keccon ngam taa
kon laatoo nguyon. (Asta Fidjondé, ménagère, Dogba, 22-09-04)
Les grandes personnes d’autrefois disaient qu’on ne coupe pas les
ongles des bébés de peur qu’ils ne deviennent voleurs.
wula (v.)
► brûler
● gulaaɗo mo degiree arana
► brûlé au premier degré
● gulaaɗo mo degiree ɗiɗaɓa
► brûlé au deuxième degré
545
wulannde
► chauffer, avoir de la fièvre
wuma (v.)
► être aveugle
● wumgo ɗemngal
► être un jeteur de sorts, avoir le mauvais œil (litt. : être aveugle de la
langue)
546
wumsunde
wumna (v.d.) ; < wuma
► rendre aveugle
Min ɗon ceeka rewɓe to ɓinngel [...] aartan ngel wurtina balawal,
malla kosɗe. (Adamou Ousmanou, 48 ans, infirmier peul, Maroua,
15-04-04)
Nous pratiquons une césarienne lorsque l’enfant (...) se présente par
l’épaule ou par les pieds.
bras)
● wurtoraago kosɗe
► se présenter par le siège (lors de l’accouchement) (litt. : sortir par les
pieds/jambes)
548
wuufa
wusɓoo (v.)
► se rincer la bouche
Haa ɓe kurgira nyawu nyii’e, yimɓe feere ngusɓoo mannda.
Pour soigner les caries dentaires, certaines personnes se rincent la
bouche avec de l’eau salée.
wutta (v.)
► se sécher (après avoir été mouillé par la transpiration ou par l’eau)
To a yiiwake, taa ngurtooɗaa pellel man sey to a wutti.
Une fois que vous vous êtes lavé, ne quittez pas l’endroit avant d’être
sec.
Ɓinngel wutti. (Noye 1989, p. 396a)
Le bébé s’est fortifié. (Le nouveau-né est fragile et on ne peut
l’exposer au soleil ou au vent. Au bout d’une quarantaine de jours, on
considère qu’il a suffisamment « séché » pour pouvoir sortir.)
wuttoo (v.)
► avoir le ventre gonflé, être ballonné
To gilɗi reedu ɗisake haa becce ɗi calii sottaago, reedu goɗɗo
wuttoto. O nyaami bee o nyaamaay fuu, o ɗon haari noon, ɓanndu
maako ɗon timma. Ɗum gilɗi fofata nyawu nguu. (Astawabi, 55
ans, ménagère peule, Petté, 26-05-04)
Quand les vers du ventre se fixent sur les côtes et refusent de s’en
aller, le ventre de la personne gonfle. Qu’elle mange ou qu’elle ne
mange pas, elle est rassasiée, et elle maigrit (litt. : son corps finit). Ce
sont les vers qui causent cette maladie.
To goɗɗo ɗon bee sawoora, jokke juuɗe fuu ɗon ƴakka, o ɗon
faama ƴiiƴam maako ɗon yarta. O waawataa nyaamgo nyiiri. To
o nyaami seɗɗa, o wuttoto. (Mal Aladji Abba, guérisseur, Dir, 24-
05-04)
Lorsque qqn a la jaunisse, il a des élancements aux poignets, il se rend
compte que son sang diminue. Il ne peut manger. S’il mange un peu,
il a le ventre ballonné.
wuufa (v.)
► garder (qqch.) dans la bouche sans (l’)avaler, chiquer
549
wuura
wuura (v.)
► vivre
Tammunde wuurni geeto. (Prov., Modibo Bello Amadou)
C’est l’espoir qui fait vivre.
wuusta (v.)
► être infirme
wuyka (v.)
► s’enivrer, se saouler, se droguer
Wuykooɓe salisooŋ ɗon ndaara filmeeji wakkati to ɓe pooɗi nga.
Kanjum waɗi feere maɓɓe noon ngi’aa ɓe ɗon njala malla boo ɓe
ɗon ndiwa mbooka.
Ceux qui se droguent à la colle (litt. : ceux qui se saoulent à la colle)
voient des tas de films quand ils la respirent. C’est pour cela que vous
voyez qu’ils rient seuls, ou qu’ils sautent en criant.
● wuykooɓe bee baate
► drogués qui se piquent (consommateurs de drogues injectables)
● wuykooɓe nisɓi-nisɓi
► personnes qui se droguent en inhalant des produits toxiques
yana (v.)
► tomber d’un endroit élevé, être entraîné d’un lieu élevé à un lieu bas quand
ce qui retenait ou soutenait vient à manquer ; cf. do’’oo
► perdre connaissance
O yani.
Il est mort. (Euphémisme)
yara (v.)
► boire, consommer un liquide ou un semi-liquide
To goɗɗo yari ndiyam, ɗam naasta nder reedu haa babal nyiiri,
ndeen masinji kooca vitamiin fuu, luttuɗam bee saltee fuu dilla
nder suudu-cille. To ɗe mooɓtake jur, ɗe ngurtoo gal lesre. (Dada
Mamma, accoucheuse traditionnelle, Zala, 12-08-04)
Lorsque qqn boit de l’eau, elle pénètre dans le ventre jusqu’à l’endroit
(où se trouve) la nourriture, puis, des moulins (en) retirent les
552
yarna
vitamines (i.e. la partie nutritive) ; le reste de l’eau sale s’en va dans
la vessie. Lorsque (l’urine) s’est amassée en quantité, elle sort par le
sexe. (L’eau est donc considérée comme un adjuvant de la digestion.
Elle rince la nourriture écrasée par les moulins internes, en emportant
les impuretés ou les choses indigestes.)
Haa ɗoo kam na maayo manngo ; waraay yiiwaago boo, waran
yargo kam. (Prov.)
Ici, c’est un grand fleuve ; si l’on n’y vient pour se laver, on y vient pour
boire. (Il ne faut pas dire : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau.)
Yarana reedu, huucana hoore.
C’est destiné au ventre, mais ça remonte à la tête. (Litt. : Boire pour
le ventre et ramener à la tête.) (Il s’agit de l’alcool.)
● yargo bone
► souffrir (litt. : boire la souffrance)
● yargo henndu
► prendre l’air (litt. : boire l’air)
CONSEILS
Mi wi’a daada ɓikkon’en bee koɓru ɓe njarnirta kon. Taa ɓe ngafa
554
yeeraande
kon, ɗum wooɗaay, ɗum jaanyanan kon nyawu nder bumsuɗe.
Kon conndoto boo. Ɓe njarnira kon seeɗa seeɗa, haa kon cafta.
(Atchibi Thérèse, aide-soignante, hôpital de Petté, 27-05-04)
Je dis aux mères qu’il faut faire boire les enfants au gobelet. Elles ne
doivent pas leur bloquer la tête, cela n’est pas bon, cela leur causera
des affections pulmonaires. Ils tousseront également. On doit les faire
boire petit à petit jusqu’à ce qu’ils aient leur suffisance.
yawa (v.)
► être insatisfait de, ne pas se contenter de
Mo yawi e woni, widdoo laara. (Prov., Modibo Bello Amadou)
Celui qui n’est pas satisfait (de l’endroit) où il est, qu’il aille faire un
tour (ailleurs) pour voir.
Ko waawa yawa. (Prov.)
On ne se contente jamais de ce qu’on sait faire. (Litt. : ce qu’on sait
faire, on (en) est insatisfait.) (On a toujours envie de plus.)
● murliɗiɗgo yeeso
► avoir un visage rond
● rammugo yeeso
► avoir le visage ramassé
yeeƴoo (v.)
► tourner la tête pour regarder
To weeti weli : bumɗo e fannyunde, ɗokko e geeƴaali. (Prov.)
Le matin est bon (pour tout le monde) : l’aveugle qui tâtonne, et le
borgne qui tourne la tête pour regarder.
yerɓa (v.)
► pousser pour faire tomber ou pour faire avancer
● yerɓititgo (nyawɗo) wuro
► renvoyer (un patient) au quartier
● yerɓugo (goɗɗo) yeeso
► transférer (un patient)
yewa (v.)
► briser, casser
► se fracturer
To ndottiijo yewi, jokkataa. Sey min ngerɓita mo wuro o haɓ-
doya, malla boo to o duŋake, min kaɓɓana mo yewre ndee,
ammaa bilaa seekgo kam. (Mana Garandji, infirmier toupouri, 44
ans, Maroua, 12-004-04)
Lorsqu’un vieux se fait une fracture, cela ne se ressoude pas. Nous le
renvoyons simplement au quartier pour qu’il se débrouille, ou bien,
s’il est d’accord, nous lui immobilisons (litt. : attachons) cette fracture
mais sans opérer.
I’al yewi yehi sumpiti laral, waɗi huuduure.
L’os s’est cassé et a percé la peau, faisant une plaie (fracture ouverte).
► rompre
● yewgo nanngarɗam
► rompre la pureté rituelle (litt. : rompre l’ablution rituelle)
● yewgo suumaye
► rompre le jeûne
► rupture
● yewre nanngarɗam
► rupture de la pureté rituelle (litt. : rupture d’ablution rituelle)
● yewre suumaye
► rupture du jeûne (en français local, on parle de « casser le jeûne »)
yi’a (v.)
► voir
Ndikka yiigo dow sooynde yiigo, koo ngam yiigo naawɗum.
(Prov., Dahirou 2004, p. 34)
Mieux vaut voir qu’être aveugle (litt. : la privation de vue), même si
voir est douloureux.
Jaɓ ko ngiiɗaa, sala ko a yi’aay. (Prov.)
Accepte ce que tu vois, refuse ce que tu n’as pas vu. (Mieux vaut un
« tiens » que deux « tu l’auras ».)
Biiɗo ma a booɗɗo, jemma yiiru maa.
Celui qui dit que tu es beau/bon (belle/bonne), c’est qu’il t’a vu(e) de
nuit.
Giɗɗe ɓuran nanɗe. (Prov.)
Choses vues valent mieux que choses entendues.
Yiigo ɓuran wi’eego.
Voir vaut mieux qu’apprendre de la bouche de qqn. (Litt. : voir
dépasse être dit.)
● yiigo lewru
► avoir ses règles (euphémisme) (litt. : voir la lune / le mois)
yiɗa (v.)
► aimer ; vouloir
« To mi yiɗi mi waɗan » bee « To mi heɓi, mi waɗan », na ɓe
feere’en. (Prov., Modibo Bello Amadou)
(Ceux qui disent :) « Si je veux, je le ferai » et (ceux qui disent :) « Si
je peux, je le ferai », appartiennent à deux catégories différentes (litt. :
sont vraiment différents).
To huuwi ko yiɗi maayrataa no yiɗi. (Prov.)
Si l’on (peut) faire ce qu’on veut, on ne (peut) mourir comme on veut.
(Celui qui agit mal ne peut s’attendre à mourir bien.)
Tokka giɗɗo ma, taa tokka mo ngiɗɗaa. (Prov.)
Suis celui/celle qui t’aime, ne suis pas celui/celle que tu aimes.
Yiɗi waɗi meeɗaay saklugo jawmum. (Prov.)
Le fait de faire ce que l’on a envie de faire n’a jamais donné de souci
à la personne. (Litt. : a voulu a fait n’a jamais soucié son propriétaire.)
562
yiiwoo
yiingo – ngo (n.)
► caprices (d’enfant) accompagnés de cris et de colère
ɓii talaka cuklaniiɗo yiingo
un fils de pauvre qui passe son temps à faire des caprices
yiiwa (v.)
► laver (qqn)
Mi woodi bu’e ngeelooba, mi soofna, mi yiiwa nyawɗo ngaadiga
nyalɗe ɗiɗi. (Ousmanou Hamarwabi, guérisseur peul, Dargala, 09-
06-04)
J’ai du crottin de chameau, je le trempe dans l’eau et je lave le malade
atteint de varicelle pendant deux jours (avec cette eau).
yiiwoo (v.)
► se laver, faire sa toilette (en français local : « se baigner »)
To a yiiwoto finnde fuu, pinndi ɓanndu maa saaman. (Fadimatou
B., Maroua, 03-04-04)
Si vous vous lavez chaque fois que vous vous réveillez (le matin), les
fleurs de votre corps tomberont.
To a yiiwoto nde weeti fuu, a laafnan hoore maa ; mi yiiwataako
tum, accam mi luttida bee tuundi ɓanndu am seeɗa. (Fadimatou
B., Maroua, 03-04-04)
Si vous vous lavez chaque matin, vous vous appauvrirez ; je ne me
lave pas tout le temps, laisse-moi garder quelque temps ma crasse.
Innu yiiwoto ngam haa o laɓɓina ɓanndu maako, ammaa,
jum’aare kam, doole o yiiwoo ngam haa o senoo. Kanjum ɓe
mbi’ata nyannde jum’aare kam, koo innu itti daada mum soodi
563
yiiwoo
ndiyam, walaa ayibe. [...]
Ɓe ɗon mbi’a ɓe ngiiwataako alarba bee asawe haa janngirde. Ɓe
mbi’i wooɗaay yiiwaago asawe. Daga ɓooyma, zaman Annabo’en,
woodi goɗɗo marɗo jawdi. Nyannde feere, o yejjiti o juulaay
mangariba, o ɗon sukli bee dabbaaji maako. Sey o tortoyii
Annabo’en, ɓe mbi’i mo jawdi waɗi mo ɗum. O ƴami noy ɗum
ittortoo ; ɓe mbi’i mo o yaha o yiiwoyoo o loota asaweeje jeeɗiɗi
haa ɗum ittoo. Si naa noon, o laaɓataa. Suy, o tokkii o waɗi ɗum,
jawdi maako timmi suy o naasti juulgo. Kanjum ɓe mbalndirta to
a tokkake yiiwaago asawe, to a woodi huunde, nde timman. (Goggo
Damdam, 65 ans, guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
On doit se laver pour nettoyer le corps, mais, le vendredi, il faut
absolument se laver pour se purifier. C’est pour cela qu’on dit que, le
vendredi, même si qqn vend sa mère (pour) acheter de l’eau, il n’y a
pas de mal à ça. (...)
On dit, dans les études, qu’on ne se lave pas le mercredi et le samedi.
On dit qu’il n’est pas bon de se laver le samedi. Autrefois, du temps
des prophètes, il y avait qqn de riche. Un jour, il oublia de faire la
prière de la tombée de la nuit, (car) il était préoccupé par ses animaux.
Il alla implorer les prophètes ; ceux-ci lui dirent que c’était la richesse
qui lui avait fait ça. Il leur demanda comment enlever (cette faute) ;
ils lui dirent d’aller se laver et de faire sa lessive pendant sept samedis
pour que (la faute) disparaisse. Sinon, il ne sera pas purifié. Alors, il
le fit régulièrement, sa richesse disparut, puis il se (re)mit à prier. C’est
pour cela que l’on dit proverbialement que si on se lave régulièrement
le samedi et que l’on possède un bien quelconque (litt. : une chose),
celui-ci disparaîtra.
Haa amin kam, kala wakkati fuu innu yiiwoo booɗɗum. Ammaa
to nyawu noon haɗi mo, bana masalan o woodi peewri ɗoo, na o
yiiwataako wakkati peewol. Ammaa haala seewaaku boo ɗon haa
sariya islaam, ɗum yiɗaa innu tunwuɗo, sey o senoo, ɗoo kam
daga peɗeeli haa ɓanndu fuu. Haa juulɓe kam, yiiwaago
jum’aare, ɗum sarɗiwol cemmbiɗngol, ngam ɗum sarɗiwol haa
dow Annabiijo wi’i. En koociri Tawreeta Annabi Muusa, Linjiila
Annabi Iisa, Zabuura Annabi Dawda, bee Qur’aan Annabi
Muhammadu. Kanko wi’i nder Qur’aan, jum’aare ɗoo, ɗum
nyalde seniinde, sey goɗɗo yiiwoo, ɓornoo limce laaɓɗe. (Aladji
Abdou, 50 ans, marabout peul, Petté, 31-05-04)
Chez nous, en tout temps on doit bien se laver. Mais si la maladie vous
en empêche, comme par exemple le peewri, vous ne vous laverez pas
quand il fait un froid humide. Mais la question d’hygiène se trouve dans
la loi islamique, qui refuse la personne sale ; il faut se purifier, et ce
depuis les ongles jusqu’au corps entier. Chez les musulmans, la toilette
du vendredi est une prescription très forte, car elle repose sur les paroles
du Prophète. Nous avons aussi pris (cette prescription) dans le
564
yitere
Pentateuque du prophète Moïse, dans l’Évangile du prophète Jésus et
dans les Psaumes du prophète David et dans le Coran du prophète
Muhammad. C’est lui qui a dit dans le Coran que le vendredi est un jour
saint, et que l’on doit faire sa toilette et revêtir des vêtements propres.
yimɓe – ɓe (n.)
► personnes humaines, êtres humains, gens ; cf. goɗɗo
● yimɓe sida
► pairs éducateurs (litt. : les gens du sida)
Cette expression vague est la seule traduction courante pour désigner
les jeunes gens spécialement formés pour rencontrer les populations et
diffuser les messages relatifs au sida (connaissances, prévention, prise
en charge des malades, etc.) Le concept de « pair éducateur », d’origine
anglo-saxonne, est mis en œuvre notamment par le Programme de
marketing social au Cameroun (PMSC), sur financement international.
Il repose sur l’hypothèse qu’une personne est plus réceptive aux
conseils prodigués par un « égal » qu’à ceux dispensés par qqn qui
détient une autorité (parent, médecin, enseignant, prêtre, imam, etc.).
Notons que, dans l’expression peule, l’idée de « parité » a été évacuée.
yirla (v.)
► tourner
● yirlugo pooɓe
► rouler les hanches (litt. : tourner les fesses)
565
yitere
Sooynde gite, ɗum waade arande.
Être privé de (l’usage de ses) yeux, c’est une première mort.
Innde ko ɓe piji keenya her telee fuu, mi ɗon laara ɗum bee gite
ɓernde.
Tout ce que l’on a donné (litt. : joué) hier à la télévision, je le (re)vois
par la pensée (litt. : avec les yeux du ‘cœur’).
Aan a gite cokkoɓal naa, koo nyiɓre jemma boo a annditan
yimɓe !
Toi, as-tu des yeux de martin-pêcheur ? Même dans l’obscurité de la
nuit tu es capable de reconnaître qqn !
O fuu maako o gite corok !
Ses yeux lui mangent le visage. (Litt. : il est tout en yeux ; i.e. il a de
très grands/gros yeux.)
Gite maako ndanwiti.
Il/elle a les conjonctives (litt. : les yeux) blanches.
gite gujjo debbo goɗɗo
yeux concupiscents (litt. : yeux de voleur de la femme d’autrui)
● gite ɓiraaɗam
► yeux aux sclérotiques très blanches (litt. : yeux de lait frais)
● ɓinngel yitere
► pupille de l’œil (litt. : enfant de l’œil)
● dow yitere
► conjonctive de la paupière supérieure de l’œil (litt. : dessus de l’œil)
● les yitere
► conjonctive de la paupière inférieure de l’œil (litt. : dessous de l’œil)
566
yitere
● ɗuuɗa-giteejo
►personne très portée sur le sexe (litt. : personne qui a beaucoup d’yeux) ;
désigne une personne dont le regard est en perpétuelle recherche d’autres
partenaires potentiel(le)s)
● lugga-giteejo
► personne aux yeux caves ; métaphoriquement, personne qui ne pleure
► personne effrontée
● holtingo gite
► regarder des choses neuves/nouvelles (litt. : vêtir les yeux)
► renflement central
Caayoori waɗi yitere / hunnduko.
Le bourbillon du furoncle a émergé. (Litt. : l’inflammation a fait un
œil / une bouche.)
► au sens métaphorique, désigne le fait de voir une personne en chair et en os
Yaa tawoy mo, yitere semtete.
Va le trouver, il ne pourra te refuser la chose en face. (Litt. : c’est l’œil
qui a honte.)
Gite cemtete. (Prov.)
C’est la présence de la personne (en face de soi) qui crée la honte (chez
elle ou chez soi).
► mauvais œil (au pluriel)
Gite nanngi mo.
Il a été victime du mauvais œil.
● gite piɗooje
► sorcellerie des yeux (litt. : yeux lanceurs)
« Lorsque celui qui dispose de ces yeux regarde quelque chose avec
insistance, le mal se réalise sans qu’il le veuille. Le mal est inévitable
si (le sorcier en question) a une pensée mauvaise en regardant cette
chose. » (Djingui et Holtedahl 2001, p. 79, note)
INSULTES
Ɓiiraa gite yaalooje !
Espèce d’yeux d’aubergine !
567
yokoll-
gite ciiwam
yeux troubles (litt. : yeux de l’excédent d’eau que l’on enlève d’une
marmite)
gite galaaji
yeux qui roulent sans arrêt (litt. : yeux de pois de terre)
gite leggal
yeux sans pudeur (litt. : yeux de bois)
gite paaɓa njaaɓaanga
yeux exorbités (litt. : yeux de gros crapaud écrasé)
ngito pallaanga
gros yeux de gros margouillat
tiggoo-gite
(personne) au regard fixe
yokoll- (adj.)
► qui est presque un adulte physiquement
yonki – ki (n.v.)
► souffle vital, âme ; vie
[...] yonki kiin boo, to ɗon wurtoo, ƴiwa gal les, waɗa dow [...]
(Baba Djimilla, 65 ans, marabout peul, Dogba, 07-05-04)
(...) le souffle vital également, s’il sort, il vient d’en bas et se dirige
vers le haut (...)
Yonki ɗon jooɗii haa noppi ɓernde. (Mal Abdou, guérisseur peul,
Bogo, 01-07-04)
Le souffle vital réside dans les oreillettes du cœur.
Doktoor’en feere cuklantaako danyanɓe booɗɗum, ɗum waɗoo
ɓe bana ɗum naawataa ɓe, ammaa ɓe anndaa dow yonki innu
woni. (Damdam Haman, CSI de Meskine, 29-06-04)
Certains infirmiers ne s’occupent pas bien des femmes en travail ; ils
ont l’impression que (ces femmes) ne souffrent pas, ils ignorent que
la personne est entre la vie et la mort (litt. : au bord de la vie).
yontee (v.)
► avoir une fièvre accompagnée de maux de tête
yulkitoo (v.)
► s’enfoncer, s’affaisser
Nguɗumre yulkiti.
La fontanelle s’est affaissée.
ƴaafa (v.)
► être hydropique
ƴaɓɓoo (v.)
► enjamber
Ɓe ɗon mbi’a to goɗɗo ƴaɓɓake dasinorgol mboodi, o waɗan
ginnawol. (Mal Aminou, marabout bonnetier, Doualaré, Maroua, 23-
11-04)
On dit que si qqn enjambe une trace de serpent, il devient fou.
To a ƴaɓɓake goɗɗo ɗon waalii, a hoocan nyawu maako.
(Boubakary Abdoulaye, Maroua, 11-05-05)
Si vous enjambez une personne couchée, vous prendrez (sur vous) sa
maladie.
Ɓinngel baraajalla ƴaɓɓake mallum mum gal wuttudu ; gaasa
maaru fuu warti ndaneeha.
Un petit élève d’école coranique a enjambé son maître d’un côté ; ses
cheveux du même côté sont tous devenus blancs.
571
ƴakka
ƴakka (v.)
► croquer
► manger (qqch. de croquant)
► produire une douleur intermittente, de type pincement
Reedu am ɗon ƴakka.
Cela me pince dans le ventre.
ƴara (v.)
► inciser, scarifier
Ɓe ƴari ɓinngel, ɓe kooƴi ƴiiƴam maagel haa hoondu.
Ils ont fait la goutte épaisse à l’enfant. (Litt. : ils ont incisé l’enfant et
ils ont pris son sang au doigt.)
Ƴaroowo yiɗaa ƴareego. (Modibo Bello Amadou)
Le scarificateur n’aime pas se faire scarifier.
Ɓe ɗon ƴara deeɗi ɓikkon wakkati kon ndanyaa, ngam haa kon
kisa nyawuuji reedu es’es. Gilɗi nannganɗi ɓinngel reedu fuu
ngalaa. Sey njamu tan ngel maatata. (Goggo Damdam, 65 ans,
guérisseuse peule, Dogba, 07-05-04)
On scarifie le ventre des enfants à la naissance pour leur éviter les
petites maladies de ventre. Il n’y aura pas de vers qui affectent l’enfant
au ventre. Il ne connaîtra que la bonne santé.
Ɓe ɗon ƴara reedu ɓinngel peetel ngam haa ngel hisa nyawu
ɓernde yaake to ngel mawni. To ɓe ƴari ngel, ɓe pemmba ngel
hoore boo. Ammaa, ƴargo yeeso kam, ɗum ƴaggaare tan ; feere
boo ɓe ɗon mbi’a taa ɓinngel waɗa gole, malla taa o waɗa ƴiiƴam
haa yeeso. [...] To ɓinngel nyawi beɗel, ɓe ƴara ngel haa les
ɓernde, ɓe nguja kilbu malla boo toomndi. [...] Sey wannjam’en
tan ƴarata, ngam ɗum kuugal maɓɓe. (Mama Dja, guérisseuse,
Dogba, 24-05-04)
On scarifie le ventre du nourrisson pour lui éviter d’avoir mal au
‘cœur’ (région épigastrique) quand il sera grand. Quand on le scarifie,
on lui rase aussi la tête. Mais, pour ce qui est des scarifications
faciales, c’est une question de beauté seulement ; parfois on dit que
c’est pour éviter que l’enfant soit joufflu, ou qu’il ait un afflux de sang
au visage. (...) Lorsque l’enfant souffre de beɗel, on le scarifie dans
le bas de la région épigastrique et on frotte (les scarifications) avec du
572
ƴeewnoo
natron ou de la suie. (...) Seuls les barbiers pratiquent les scarifi-
cations, car c’est leur métier.
Ko ƴarnimmi hoore, ɗum naawral. Hakkee naawral ɗoo, ɓe mbii
yam ndikka to mi ƴarake haa ƴiiƴam mooɓtiiɗam nder hoore
maajum ɗoo ustoo. (Abdoulaye Farikou, Peul hospitalisé à Bogo,
01-07-04)
C’est la douleur qui m’a poussé à me scarifier la tête. Étant donné
cette douleur, on m’a dit qu’il valait mieux que je me scarifie pour que
le sang amassé dans la tête elle-même diminue.
Ko laarani nanol, ɓe ɗon ƴara reedu.
En cas de rate douloureuse, on scarifie le ventre. (Méthode tradi-
tionnelle)
► vacciner (même par injection)
To wakkati nyawu minizii yottake, min ƴara yimɓe. (Yaya Haman,
infirmier guiziga, 27 ans, Meskine, 07-04-04)
Quand arrive la période de la méningite, nous vaccinons les gens.
ƴeewa (v.)
► apercevoir de loin, voir de loin, regarder de loin
Ƴeew, taa yotta ! (Prov.)
Litt. : Regarde de loin, mais ne va pas jusque là ! (La vue de loin n’est
pas suffisante pour juger.)
ƴeewnoo (v.)
► appeler par son nom
Dans plusieurs recettes médicinales, le nom du remède prescrit par le
guérisseur ou le marabout ne doit pas être prononcé par le patient ou
la patiente, sous peine de voir son efficacité annulée.
To kosam wonnake, mi itta haako dukuuhi, mi wogga dow enɗi
debbo oo. Taa boo o ƴeewnoo innde haako koo, ngam to o
ƴeewnake, ko nafataa fahin. (Didja épouse Ousmanou, guérisseuse
peule, Dargala, 09-06-04)
Si le lait est « gâté », je cueille des feuilles de papayer et je les frotte
sur les seins de la femme. Il ne faut pas qu’elle prononce le nom de
cette feuille, car, si elle le faisait, elle perdrait son efficacité.
573
ƴeŋoo
ƴeŋoo (v.)
► se dresser sur la pointe des pieds
Ko mawɗo jooɗii eewi, derke koo ƴeŋii yi’ataa. (Prov., CERCP
1998, p. 24)
Ce que l’adulte aperçoit assis, le jeune, même debout sur la pointe des
pieds, ne le verra pas.
cuit)
● famɗugo ƴiiƴam
► être anémié (litt. : avoir trop peu de sang)
sang amer)
575
ƴiiƴam
● laska-ƴiiƴamjo
► importun, personne qu’on n’a pas envie de voir (litt. : au sang insipide),
● cooroowo ƴiiƴam / soorooɓe ƴiiƴam
► vendeur de sang
● waata-ƴiiƴamjo
► personne sans énergie (litt. : au sang mort)
● wela-ƴiiƴamjo
► personne aimée de tous (litt. : au sang sucré)
● yaadugo ƴiiƴam
► avoir même sang (litt. : aller ensemble quant au sang)
576
ƴoyre
Yimɓe feere kulan hokkugo ƴiiƴam maɓɓe, ngam ɓe numa ɓe
maayan.
Il y a des gens qui ont peut de donner leur sang car ils croient qu’ils
vont mourir.
► embryon
To saa’i ɓinngel siwaa tageego, to woodi ko daada waɗi, ngel
feetoto daga jaabuuru, ndeen ƴiiƴam rufa. (Dada Habiba,
accoucheuse traditionnelle, Meskine, 18-08-04)
Lorsque l’enfant n’est pas encore entièrement formé (litt. : créé), s’il
arrive que sa mère a fait (telle ou telle chose qu’elle n’aurait pas dû
faire), (l’enfant) se détache du cordon ombilical et l’embryon avorte
(litt. : le sang se verse).
ƴiƴa (v.)
► presser, appuyer sur
Doptorjo danynuɗo yam ɗon wallitammi, o ɗon ƴiƴa reedu am
haa ɓinngel wurtii. (D. B., ménagère peule, 19 ans, CSI de Dougoï,
Maroua, 26-07-04)
L’infirmier qui m’a accouchée m’aidait beaucoup en appuyant sur
mon ventre jusqu’à ce que l’enfant soit sorti.
ƴooga (v.)
► être hydropique
ƴoƴa (v.)
► être rusé, être malin, avoir une intelligence débrouillarde
Ƴoyrugo ƴoyɗo, ndikka wiigo mo : « Suddam asirri ». (Cf. Eguchi
1974, p. 81)
Plutôt que d’essayer d’être plus malin que le malin, mieux vaut lui dire :
« Ne dévoile pas mes secrets ! » (Il n’est pas possible de surpasser
certaines personnes en ruse, alors, il vaut mieux leur faire allégeance.)
579
INDEX FRANÇAIS-FULFULDE
INDEX FRANÇAIS-FULFULDE
594
INDEX FRANÇAIS-FULFULDE
o p
obèse cf. ɓanndu paix : jam
occiput : hoɓɓudu palabre : haala
occlusion : faloo pâle (teint ~) : pollitol
odeur (mauvaise ~) : kacceenga pâlir : follitoo, sojjitoo
odeur corporelle (mauvaise ~) : cunal palper : meema
œdème cf. uppa paludisme : paɓɓooje
œil : yitere pansement : pasma (2)
œsophage : kondondol, moɗorgol pansement (faire un ~) : haɓɓa, pasma (1)
œuf : yeeraande pansement adhésif cf. takkirɗum
oindre : wuja papa-poule : mbabbaajo
ombre, ombrage : ɗowdi papier (feuille de ~) : ɗereewol
ombre portée : mbeelu papier (petit ~) : ɗereeyel
ongle : feɗeengo papier hygiénique : mumtirgal, mum-
ongles (couper les ~) : helnya torgal
ongles (se couper les ~) : helnyoo papule : fuufre, fuƴre
ongles (tailleur d’~) : kelnyoowo paracétamol : parasetamool
opération (pratiquer une ~) : seeka paralysé (être ~) cf. waata
opération chirurgicale : ceekgol paralysé(e) des membres inférieurs :
opérer : seeka ngurdigiijo
ophtalmique (collyre, pommade ~) paralysie d’un membre : jiijannde
cf. lekki parasite : ngilngu
ophtalmologue cf. doktoor parasite du cuir chevelu : tenngu
oppression cardiaque cf. piɓol parent cf. ɓii
orbite cf. suudu paresseux cf. ɓernde
ordonnance : ordonaas parfum : urdi
oreille (lobule de l’~) : deɓlekeere parler : wolwa
oreille : nofru parler (façon de ~) : ɗemngal
oreille à (prêter l’~) : nana parole : haala, wolde
oreiller : waflaare parole blessante : konngol
oreillettes cf. nofru part : geɗal
organisme : ɓanndu partenaire principal : titileer
orteil (amputation spontanée partenaire sexuel principal : regilyee
du petit ~) : maaliido partie du corps : tergal
os : i’al pas (mesure de longueur) : falannde
otite cf. caayoori, naawral passage : laawol
otoscope : otoskoop passer : saaloo
ourler : hommba passer la nuit : waala
outil pour enlever : ittirɗum patience : munyal
ouvert (avoir l’esprit ~) : fera patience (avoir de la ~) : munya
ouvrir : maɓɓita patienter : munya
ovaire cf. suudu, yeeraande paume de la main : newre
ovule : yeeraande pauvre (adj.) cf. fur-
ovule vaginal cf. loofti pauvre (un ~) : laafuɗo
oxygène : henndu, osizeen pays : lesdi
oxyure : nyaamoowu, cf. ngilngu, mode peau : laral
oxyurose cf. nyaamoowu, nyawu peau (éclaircissement de la ~) : makiyaas
peau d’arachide cf. haabu
péché de chair : njeenu
pédiatre cf. doktoor
Pediculus humanus capitis cf. tenngu
599
INDEX FRANÇAIS-FULFULDE
sourdre : ɓula t
sourire cf. nyiindere
sous-alimentation cf. nyaamdu, sooynde table : taabal
soutenir cf. tiigoo table d’accouchement cf. taabal
soutien-gorge cf. suuseet table d’opération cf. taabal
souvenir (tenter de se ~) : numtoo tableau (dans un livre) : haatummeere
souvenir exactement (se ~) : maandoo tablette coranique : alluha
spécialiste : annduɗo tablier : tabilyee
speculum : ispekiloom tabou : mboɗa
spermatique (canal ~) cf. laawol tache de dépigmentation : faarde
sperme : mani, nuɗfa, cf. ndiyam tache de naissance : suɓaɓre
sphincter anal cf. bordodol taches blanches sur la peau : lamlame
squelettique cf. jokkere tænia, ténia cf. ngilngu
stagner (eau) : waaloo taille (ceinture) : cakaare, haddorde
staphylocoque : istafilokook taille (hauteur) : darnde
stérilisateur : pupineel tailler les ongles : helnya
stériliser cf. dimaro, waylita tailler les ongles (se ~) : helnyoo
sternum (pointe du ~) : teɓteɓel tailleur d’ongles : kelnyoowo
stéthoscope : tetekoop taire (se ~) : jeeɗoo
stéthoscope (examiner au ~) : heɗitoo talc : fawda
stocker : sigoo talon : teppere
stoïcisme : munyal talon (induration au ~) cf. teppel
strabisme : lelbaaku taux : kilo
strabisme (personne atteinte de ~) : teigne : metemetelde
lelbaajo teint pâle : pollitol
streptocoque : isterokoop teinture de Dakin : viyolee
stupide (être ~) : saylee température : nguleenga
stupide (personne ~) : caylaaɗo température élevée : gulɗum
sucer : musina tendon : ɗaɗol
sucer (en aspirant) : siiɓoo tendon d’Achille : coddungol
sucer (qqch) dans la bouche : mura tendre (la main, la jambe) : forta
sucré (être ~) : wela tendre en tirant (la peau) : tira
sucre : sukar, sukkar ténesme : eemoral
sueur : nguli, wulweende ténia cf. pentellu
suicider (se ~) : wartoo ténia (anneau de ~) : pentellu
supérieur hiérarchique : mawɗo ténia (tête du ~) : daadaare
suppositoire : loofti tenir à l’écart (se ~) : reentoo
surcharge cf. susaar tensiomètre : taŋsiyomeetir ; cf. aparee
surnombre cf. susaar tension : taasoŋ
surnuméraires (dents ~) cf. nyiindere tension (prendre la ~) : haɓɓa
sursaut (se réveiller en ~) : haftoo tension nerveuse : mettam-ɓeram
sursauter : diwtora, ayna tension psychologique excessive :
sursauter (faire ~) : diwtina mettam-ɓeram
survenir à l’improviste : feƴƴoo tergiversation : maɓmaɓtere
suspendre : ɓila terme (à ~) cf. ɓinngel
suture fronto-pariétale cf. ko’el-suka terme dépassé à ~) cf. ɓinngel
symptomatique (traitement ~) terrain : lesdi
cf. maata terre : lesdi
symptôme : alaama, batte test de dépistage du sida : teste
syphilis (secondaire) : gaaye testicule : hallere, cf. ɓoccoonde, haloore,
syphilis (tertiaire) : kabba wokoloore
tétanos : tetanoos, cf. tooke
605
INDEX FRANÇAIS-FULFULDE
608