Extrait Parlons Akye Bodin

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PARLONS AKYÉ BODIN

La photo de couverture montre un fétiche sacré des Akyé, peuple à réputation


guerrière, mais pacifique. Il symbolise l'un des protecteurs de la classe d'âge des
Mbeshwe. On lui associe le dicton: « Ne me lance jamais de défi, car même si tu
es un ami, tu mourrais décapité ». Cette statue représente le pouvoir occulte et les
attributs des guerriers de cette classe d'âge. Ce fétiche est porté solennellement
comme protection occulte et effigie de la classe d'âge pendant les fêtes des
générations. Il vise certainement à terroriser les ennemis.

(Ç)L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
[email protected]
harmattan [email protected]

ISBN: 978-2-296-10881-3
EAN:9782296108813
Firmin AHOUA & Patrice ACHIE BROUH

PARLONS AKYÉ BODIN

Suivi d'un lexique alphabétique akyé-français/français-akyé

L'Harmattan
Parlons...
Collection dirigée par Michel Malherbe

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GONZALEZ, 2008.
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Parlons grec moderne, Cyril ASLANOV, 2008.
Parlons lü, Tai Luc NGUYEN, 2008.
Parlons karimojong, Christian BADER, 2008.
Parlons azerbaidjanais, Kamal ABDOULLA, Michel
MALHERBE.
Parlons manjak, Carfa MENDES et Michel MALHERBE.
PARLONSL'AKYÉ BODIN

Remerciements

Cet ouvrage a pu être réalisé grâce à de nombreuses personnes


qui, tout au long, nous ont inspirés ou collaboré avec nous. Nos
sincères remerciements et notre profonde gratitude s'adressent à
tonton Ahoua Pascal, Atsin Mambo Raoul, Téby Daniel, Yapo
Séka Zéphirin, Guiahou Ayékoé Paulin, Djahou Atsé Emmanuel,
Achié Yapi Bertin, Ogui Akissi Anon Laurentine, Gnamké
Antoine, Kouassi Allassane, Dodo Jean Claude, Adou Pierre, Eli
Bi Trazié Serge, Abah Mambo Daniel, Abah Yapi Maurice Gislain,
Atté Assouan Virginie, Assamoi Atsé Jean Marius, ainsi que tous
nos informateurs d'Akoudzé et d'Achiékoi pour le temps qu'ils ont
bien voulu consacrer à nos enquêtes ou à la saisie. Nous avons
également une dette particulière envers Dr. Nyamien oi Nyamien,
pour nous avoir fait bénéficié de ses connaissances expertes en
lexicologie, et également envers Goh Bi pour son assistance
technique. Notre reconnaissance va enfin à M. Michel Malherbe, le
directeur de la collection Parlons ..., pour ses encouragements, ses
conseils avisés et pour nous avoir ouvert ses portes. Nous ne
saurions clore cette liste sans rendre hommage au Pr. Ngo Manh
Lanh pour ses encouragements paternels et son immense travail
éditorial sur la dernière version du manuscrit. Nous restons
cependant les seuls responsables pour toute erreur trouvée dans cet
ouvrage.
Firmin Ahoua & Patricc Achic Brouh

LES ABRÉVIATIONS ET SIGNES UTILISÉS:

acc. accompli
adj. adjectif
adj. num. adj ectif numéral
adj. poss. adjectif possessif
adj. quant. adjectif quantificatif
adv. adverbe
Anth. anthropologie
aux. auxiliaire
API alphabet phonétique international
C consonne
cf. VOIr
cont. continuatif (aspect)
conJ. conjonction
connect. connecteur
def. défini
dét. déterminant
Etym. étymologie
ext. v. extension verbale
f. redoublée forme redoublée
hab. habituel
Imp. impératif
macc. inaccompli
interj. interjection
Lit. traduction littérale
locoadj. locution adjectivale
locoadv. locution adverbiale
lococonj. locution conjonctive
locopost. locution postpositive
locopron. locution pronominale
locov. locution verbale
n. nom
n. compo nom composé
n.pr. nom propre
nas. nasal
num. numéral
pl. pluriel

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PARLONSL'AKYÉ BODIN

post. postposition
pOt. potentiel
prog. progressif
pron. pronom
pron. dém. pronom démonstratif
pron. indéf. pronom indéfini
pron. inter. pronom interrogatif
pron. pers. pronom personnel
syn. synonyme
synt. adj. syntagme adjectival
synt. post. syntagme postpositif
v. verbe
V. VOIr
v- s verbe sériel
v. voyelle
verb. verboïde
o vide

Tableau 1

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PARLONSL'AKYÉ BODIN

o INTRODUCTION

L'akyé est une langue kwa de la Côte d'Ivoire classée comme


une langue isolée au sein de ce groupe. L'Ethnologue] lui attribue
le code standard ISO 639-3: ati. Elle coexiste avec plus d'une
soixantaine d'autres langues2, dont le français, langue officielle
érigée comme telle dès l'accession de la Côte d'Ivoire à son
indépendance. En effet, l'article 1 de sa Constitution de novembre
1960 stipule que la langue officielle de la Côte d'Ivoire est le
français. La tendance chez les jeunes est l'attrition de la langue
maternelle au profit du français, langue seconde, langue de
l'éducation et de l'administration. Cette situation est l'une des
raisons qui incite à la préservation des langues locales en
encourageant l'élaboration d'orthographes pratiques, de lexiques
ou de dictionnaires, de grammaires pratiques. À l'opposé de la
Côte d'Ivoire, des pays comme le Burkina Faso ou la République
centrafricaine ayant des langues clairement dominantes, ont plutôt
favorisé l'émergence de langues nationales telles que le moré et le
sango.
Étant donné les situations extrêmement fréquentes de mariages
interethniques et de côtoiements des divers groupes linguistiques,
le multilinguisme en Côte d'Ivoire constitue la règle générale,
comme partout ailleurs en Afrique subsaharienne.
Bien qu'étant une langue minoritaire et isolée, l'akyé n'est pas
toutefois une langue menacée d'extinction. Il existe même des
tentatives de redynamisation de cette langue au travers de projets
comme les «écoles intégrées» qui sont des écoles modèles ou
écoles-pilotes, où la langue akyé est utilisée comme langue
d'enseignement, en particulier dans le primaire.

1
B. F. Grimes (2000) ed. The Ethnologue :Languages of the World. 14. Ed.
Dallas: SIL.
2 Voir Ahoua (2006) pour une vue détaillée de la situation des langues parlées en
Côte d'Ivoire.

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Firmin Ahoua & Patricc Achic Brouh

0.1 LES TRAVAUX ANTERIEURS ET SOURCES SUR L' AKYE

Il existe bien quelques études linguistiques sur l'akyé nindin,


celles sur la variété bodin, qui est décrite dans le présent ouvrage,
sont cependant encore moins nombreuses. Concernant les
dictionnaires ou lexiques, seul le dictionnaire de Monin3, paru en
1978, porte sur le bodin. Pour l'akyé nindin, Cooper4 a réalisé en
1989 un dictionnaire, probablement le plus volumineux à ce jour,
car il contient près de 2951 entrées. Ces dernières tout comme les
exemples sont écrites à partir de l'orthographe akyé. En 1996,
Kouadio5 a élaboré dans sa thèse de doctorat d'État un inventaire
lexical de 2920 entrées incluant en grande partie celles de Cooper
(1989). Le système de notation en vigueur dans cet ouvrage est
l'alphabet phonétique international. Les entrées indiquent les
catégories grammaticales et la majorité des termes du lexique sont
illustrés par des exemples. Il s'appuie sur l'akyé nindin de Memni,
qui ressemble à celui d'Anyama étudié par Cooper.

On trouve aussi un petit lexique de la pharmacopée akyé


élaboré par Keya (2001)6. Son mémoire expose une liste de 135
mots-vedettes après une brève esquisse de la phonologie et de la
grammaire de l' akyé nindin.

Les données utilisées dans cet ouvrage ont été collectées auprès
de nos consultants à Akoudzé, à Achiékoi7 et à Abidjan. Le choix
d'Achiékoi nécessite cependant quelques commentaires. Signalons
que c'est un petit village formé par les ressortissants d'Akoudzé,
de Diapé et de Yakassé Mé8; ceux-ci ayant migré vers ces lieux
aux fins d'obtenir des terres cultivables plus grandes. Comme c'est
le cas dans ces types de migration motivée par des besoins
économiques et alimentaires, ils retournent régulièrement dans
3
A. Monin, (1978), Attié-Deutch Worterbuch, Universitat des Saarlandes,
Saarbrücken.
4 J. Cooper, (1989), Attié Dictionary ,SIL. Abidjan.(inédit)
5 J. Kouadio, (1996), Description systématique de l' attié de Memni, Langue kwa
de Côte d'Ivoire, Université de Grenoble III, thèse de doctorat d'État.
6 A. S. Keya (200 I), Étude terminologique de la pharmacopée akyé, Mémoire de
maitrise, Université d'Abidjan
7 Village situé dans le département d'Agbovillle.
8 Villages (bodin) situés dans le département d'Adzopé.

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PARLONSL'AKYÉ BODIN

leurs villages d'origine pour participer à des activités


socioculturelles qui y sont organisées chaque année. Ils n'utilisent
aucun autre parler que celui utilisé dans leur localité d'origine.
C'est ainsi qu'à Achiékoi, nous n'avons interrogé uniquement que
les ressortissants d'Akoudzé.
Les données ont été vérifiées avec sept informateurs akyé
bodin, dont deux locuteurs parlant d'autres langues. Il s'agit
d'Okra Alassane qui parle également le fanti et de Gnamké
Antoine le nzéma. Ayant connaissance de quelques lemmes que le
bodin partage avec le nzéma et le fanti, nous avons ainsi choisi ces
deux informateurs pour recueillir davantage d'informations sur les
emprunts. Tous les informateurs akyé parlent tous parfaitement le
bodin. Nos informateurs d'Achiékoi, eux-mêmes nés dans le
village, sont réputés pour leur maîtrise de la langue. Ils sont aussi
planteurs et font partie de la chefferie traditionnelle de ce village.
Il en est ainsi de Messieurs Guiahou Ayékoé Paulin né le 1er
janvier 1966, Djahou Atsé Emmanuel né le 18 mars 1956, Achié
Yapi Bertin né en 1969. Les autres informateurs se composent de :
M.Yapo Séka Zéphirin, planteur né en 1962 à Grand Akoudzé,
Mlle Ogui Akissi Anne Laurentine, institutrice, née le 7 mars 1984
à Memni, mais de famille bodin. Messieurs. Gnamké Antoine né
en 1977, Kouassi Alassane, pêcheur, né en 1975 à Mohamé dans
la sous-préfecture de Bonoua.
Notre ouvrage est divisé en quatre parties: la première traite
des sons et des tons de l' akyé bodin; la deuxième expose une
esquisse de la grammaire; la troisième présente la lexicologie des
noms et verbes de l'akyé bodin. La dernière partie offre un lexique
akyé-français et français-akyé, avec des comparaisons
systématiques entre le bodin et le nindin.

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Firmin Ahoua & Patricc Achic Brouh

0.2 PRESENTATION DE L'AIRE AKYE

Située entre 3 0
30 et 4 0 de longitude ouest et 5 04 et 6 0 39 de
latitude nord, l'aire akyé est limitée à l'Est par le fleuve Comoé, au
Nord par le Moronou, à l'Ouest par les Ebrié et les Mbatto, et au
Sud par les Abbey. L'aire akyé occupe au total une superficie
d'environ 9000 km2
Enclavé entre les fleuves Comoé et Agnéby, le pays akyé
bénéficie de ces cours d'eau qui l'arrosent en quantité suffisante. Il
est donc localisé dans la zone forestière et compte deux saisons
pluvieuses et deux sèches. L'aire akyé est dominée par l'activité
agricole. On y cultive des produits vivriers tels que le manioc, la
banane plantain, le taro, accessoirement l'igname et le riz, des
produits d'exportation tels que le cacao, le café, et récemment
l'hévéa. Ces cultures ayant nécessité une main-d'œuvre importante
ont favorisé l'immigration d'étrangers et d'allogènes venus du nord
de la Côte d'Ivoire et des pays voisins. Du fait de la baisse des prix
du café et du cacao, on assiste à un accroissement de la culture de
l'hévéa plus rentable et plus pérenne.
Le pays akyé compte sur le plan administratif trois
départements: Adzopé, Alépé, et Akoupé, le plus récent.
La population globale du pays akyé, en se fondant sur le
recensement officiel de 1999, peut être estimée à plus de 340.000
habitants à ce jour.

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PARLONSL'AKYÉ BODIN

Cartel: Le pays akyé dans l'aire kwa 9

9
F. Ahoua, W. Leben (2004) Morphophonologie des langues kwa. Rüdiger
Koppe, Cologne.

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Firmin Ahoua & Patricc Achic Brouh

10
Carte 2: Localisation de Grand Akoudzé dans l'aire akyé

10
F. Ahana. et W. Leben. (2004) (eds). Morphophonologie des langues kwa.
Rüdiger Koppe, Cologne.

14
PARLONSL'AKYÉ BODIN

0.3 BREF APERÇU DE L 'HISTOIRE DES AKYE

La plupart des sources orales s'accordent sur le fait que les


Akyé seraient originaires du Ghana et qu'ils auraient immigré en
Côte d'Ivoire à la suite de querelles de succession. Certains récits
indiquent que le peuple akyé serait passé par le fleuve Comoé,
lequel était alors en crue. La traversée aurait nécessité le sacrifice
du neveu du chef. Les Akyé n'auraient pas été seuls au moment de
cette exode. Ils auraient fait partie d'un grand groupe d'émigrants à
l'intérieur duquel se trouvaient les Baoulé, les Avikam, etc. On
trouve en effet des similitudes avec les sources orales sur les
origines de ces groupes. Selon Boni (1970) sur qui nous nous
appuyons, après cette première traversée, un détachement des Akyé
aurait franchi un petit bras du fleuve à l'aide d'un tronc d'arbre jeté
en travers. Ce pont de circonstance aurait pour nom Ashanti
«kje », d'où serait dérivé le nom Akyé. qui signifie «ceux qui
sont passés par le kje ». Le préfixe a - entrant dans la formation
des nominaux pour donner Akyéll est un fait commun dans la
langue. Enfin, d'autres sources suggèrent qu'Akyé viendrait du
mot Ashanti «kakryé », car les Akyé auraient souvent changé de
langues afin de se dissimuler, d'où la désignation: «ceux qui
changent de dialecte ». Arrivés en Côte d'Ivoire, ils auraient fondé
un premier village du nom de Bouapé, puis Asseudji, et puisqu'il
fallait se séparer afin d'habiter des terres nouvelles plus grandes,
les Akyé auraient procédé à une cérémonie de répartition des terres
destinée à préserver l'unité du groupe. De celle-ci ont été
constitués les Kettin, les Attobou, les Anapê, les Nkadzê, les
Bodê (Bodin), les Lepê, les Brignan, les Tson, les Gnan et les
Tchoyasso.
Tout au long de cet ouvrage, à la place du terme «attié »,
employé par l'administration, c'est le terme « akyé» conforme à
l'usage et la prononciation autochtone que nous adoptons.

11
D. Boni. (1970), " Le pays akyé (Côte d'Ivoire). Étude de l'économie agricole
", Annales de l'université d'Abidjan, série G, 1. 2, fasc 1, p. 65.

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Firmin Ahoua & Patricc Achic Brouh

Souvent, nous emploierons le terme «akyé» pour nous référer


seulement à l'akyé bodin pour plus de commodité.

0.4 L'ORGANISATION SOCIALE ET LA CULTURE

0.4.1 L'organisation sociale


Les Akyé au sein du groupe kwa ne possèdent pas de pouvoir
central, contrairement aux Agni et aux Baoulé par exemple. La
famille étendue constitue la base de l'organisation sociale. Il s'agit
en fait de la grande famille (- W 0) englobant les grands-parents, les
oncles, les tantes, etc. Les membres de la famille ont à leur tête un
chef. L'ensemble de toutes ces familles forme le village. Chaque
village est administré par un chef, choisi parmi les membres de la
classe d'âge. La chefferie n'est donc pas héréditaire. Seul un chef
de famille peut être chef de village. L'autorité du chef ne s'étend
que sur son village et sur les habitants des campements situés sur
«le territoire» du village. Chaque village est politiquement et
juridiquement indépendant. L'organisation sociale repose donc sur
les classes d'âge. On en distingue trois dont la durée est variable
d'une tribu à une autre: les mbreshwe ou mbeshwe, les Dzhigbo
et les Yando. Chaque classe d'âge compte en son sein cinq corps
d'armée ou guerriers, les bje , parmi lesquels sont repartis les fils
d'une même personne selon leur âge ou plutôt selon l'ordre de leur
naissance. Par ordre décroissant en âge, ce sont les Guiéwouheu,
les Tchogba, les Bonto, les Assoungba, et les Agbri. Chaque
classe a sa propre danse guerrière et à sa tête un Sawouè (un chef
de guerre). Ce dernier est assisté d'un porte-parole, le Koutonuan.
Les guerriers par classe doivent se choisir une effigie protectrice en
bois protecteur qui définit ses pouvoirs occultes (voir un exemple
sur la page de couverture). Cette effigie est choisie après trois jours
et nuits d'initiation dans la forêt, dévolus à la conception et à la
construction d'un tambour sacré, tout ceci en compagnie de la
classe d'âge précédente. Les femmes sont exclues de la danse
guerrière.

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PARLONSL'AKYÉ BODIN

0.4.2 Les croyances traditionnelles


Le peuple akyé bodin est attaché à ses croyances traditionnelles,
mais est en train de les abandonner pour le christianisme.
Traditionnellement, il croit en plusieurs dieux dont celui des eaux,
des forêts etc. Ils pensent que les génies ('wine) existent et qu'ils
ont le pouvoir de nuire ou de protéger. Il croit au monde des morts
ou «revenants ». Chaque nouvelle année est une occasion
d'adresser des remerciements aux ancêtres, aux dieux et génies
ayant protégé toute la famille et favorisé de bonnes récoltes.
Chaque famille a son fétiche protecteur en plus de celui que tout le
village adore. Elle a son totem, son interdit alimentaire spécifique
(tortue, gazelle, biche, mâchoiron, silure). La fête des générations,
qui se déroule la plupart du temps entre les mois d'août et de
septembre, est l'occasion pour chaque génération de démontrer ses
pouvoirs occultes et de désigner son chef générationnel.
Quant à la mort, elle est rarement un phénomène naturel chez les
Akyé. Les sorciers sont toujours soupçonnés d'homicide, et il peut
arriver qu'à certains enterrements, la cérémonie de deuil soit le
moment où le cercueil du mort doit révèler et désigner le coupable
de son trépas. Ce rite est appelé: gbe shi (littéralement, le cercueil
mange). Les sorciers désignés sont souvent l'objet de sévices
corporels auxquels certains succombent. Une autre croyance
populaire concerne le strabisme, défaut de parallélisme des yeux,
anomalie qui est perçue chez les Akyé comme une maladie
transmise par les actes de transgression d'interdits sociaux, comme
la naissance une nuit de pleine lune ou la morsure de la mère par
un serpent (cf. Koffi et al. 2001).
Toutefois, il faut retenir que la forte implantation du
christianisme (harriste, évangéliste et catholique) a parfois
largement bouleversé les croyances traditionnelles et coutumes. Il
n'en demeure pas moins que ces dernières sont restées encore
vivaces en dépit des résistances qu'elles rencontrent.

0.4.3 L'art culinaire en pays akyé


Le mets le plus prisé et le plus traditionnel chez les Akyé est le
foutou de banane au bjék5sé. Le foutou s'obtient en faisant cuire

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