Chapitre IV Les Financements À Court Terme

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Chapitre IV 

: Les financements à court terme

Le trésorier s’efforce de prévoir au mieux ses besoins de financement et ses opportunités


de placement. S’il les connaît tardivement il ne peut pas optimiser les coûts ou les
rémunérations. Ainsi plus la prévision réalisée sera de bonne qualité meilleure seront les
solutions envisagées dans une logique d’optimisation.

En outre, le coût d’un financement ou la qualité d’un placement ne se mesure pas aux taux
affichés mais aux taux réels, calculés en tenant compte des frais, des coûts d’opportunités et
des coûts cachés.

Le trésorier dispose de toute une palette d’instrument de financement, offerts par les banques,
les sociétés non bancaires comme ses partenaires commerciaux ou les sociétés d’affacturage
et plus récemment par les marchés.

Ces instruments de financements seront classés en deux catégories : les financements issus
du circuit bancaires tels que le découvert, la facilité de caisse, … et ceux issus du circuit hors
bancaire : les billets de trésorerie, l’affacturage, …

Section I : Les financements hors du circuit bancaire

Trois sources de financement seront étudiées à savoir les billets de trésorerie dans le cadre
du financement par le marché, l’affacturage et les crédits interentreprises appelés aussi
crédits fournisseurs.

I. Le financement par le marché : (hors circuit bancaire)

I.1. Les billets de trésorerie

Les billets de trésorerie ont été introduits en France en 1985 et en Tunisie en 1987 suite à
la réforme du marché monétaire. Ils ont été inspirés du « Commercial paper » américain crée
il y a environ un siècle et demi.

Le billet de trésorerie est un titre de créance émis par une entreprise. Il s'échange de gré à
gré entre agents économiques. Le plus souvent, les acheteurs sont des acteurs recherchant une
rentabilité sans un risque trop élevé. Les compagnies d'assurances y souscrivent par exemple
énormément. C'est aussi un moyen pour d'autres entreprises de placer leurs excédents de
trésorerie sur le court terme. C’est un titre émis au pair, d’un montant minimum et pour une
certaine durée.

En Tunisie, les billets de trésorerie présentent les caractéristiques suivantes :

- L’émetteur : l’émission des billets de trésorerie est réservée aux sociétés anonymes et
dont le capital, entièrement libéré, est au moins égal à un million de dinars. Les émetteurs
doivent publier au Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT) les états financiers
certifiés relatifs aux deux derniers exercices.
- L’engagement de substitution : Tout émetteur d’un billet de trésorerie doit obtenir
d’une ou plusieurs banques un engagement irrévocable pour relayer intégralement le montant
du billet de trésorerie dans le cas où la situation du marché monétaire ne permet pas le
renouvellement du billet.

- caution : Le billet de trésorerie doit comporter la signature de l’émetteur et


éventuellement la signature des cautions des entreprises et des banques intervenant sur le
marché monétaire.

- Domiciliation : Le billet de trésorerie doit être domicilié auprès d’une banque qui doit
vérifier la régularité et les conditions d’émission.

- Montant : Le montant unitaire est de 50 000 dinars.

- Durée : 10 jours au moins et 5 ans au plus. La durée de vie d’un billet de trésorerie doit
être un multiple de 10 jours, de mois ou d’années.

- Taux d’intérêt : La rémunération est à taux fixe librement déterminée lors de l’émission.
Les intérêts sont payables d’avance.

- Fiscalité : les billets de trésorerie sont assujettis à une retenu e à la source de 20%.

I.2. L’affacturage

Le Factor est un établissement de crédit qui, moyennant une rémunération, se charge


d'opérer le recouvrement de la créance, d'en garantir la bonne fin, y compris en cas de
défaillance du débiteur, et de régler par anticipation tout ou une partie des créances
transférées. Le factoring est destiné aux entreprises quelles que soient leur taille, leur secteur
d'activité et leur marché.

Qu'elle est la différence entre le factoring et le recouvrement des créances ?


Le factoring prend achète une partie ou la totalité du poste client de la société sous réserve
de recueil des informations et des renseignements sur chaque relation du poste client. A la
différence des sociétés de recouvrement qui se chargent des créances, des impayés et du
contentieux des entreprises (relances courriers, relances téléphoniques, visites à domicile,
suivis des remboursements, démarches judiciaires...), le Factor gère, finance et
éventuellement garantit des créances récentes ayant comme support des factures nouvellement
établies.

Quel est le prix du factoring ?


 La commission d’affacturage : elle varie généralement de 0.8% à 2% et est
retenue sur le montant TTC de chaque facture présentée.
 La commission de financement : c’est le taux du marché monétaire (TMM)
majoré d’une marge variant généralement de 2.5% à 4.5%.
En résumé, la société de factoring gére, au moyen de techniques de gestion financière
appropriées, les comptes-clients en acquérant leurs créances puis assurer le recouvrement de
ces créances pour son propre compte.

Il existe deux sociétés de factoring en Tunisie lesquelles sont : UNIFACTOR et Tunisie


Factor.

I.3. Le crédit interentreprises

C’est un crédit que les entreprises fournisseurs accordent aux entreprises clientes et qui est
lié à la livraison d’un bien ou d’un service. Il est une alternative au paiement comptant. C’est
un délai de paiement que les entreprises s’accordent mutuellement. Les effets de commerce
sont les supports les plus fréquents du crédit interentreprises.

Figure 1.2 : Le crédit interentreprises dans le bilan des entreprises

L’entreprise créancière prête des fonds à son client par le biais des délais de règlement.
Pour l’entreprise prêteuse, le crédit interentreprises est un emploi de ses ressources internes
(KP) et externe (emprunts).

L’entreprise débitrice, càd emprunteuse bénéficie d’un prêt accordé par ses fournisseurs.
Ce prêt permet à l’entreprise de financer son cycle d’exploitation. Cette forme de financement
échappe totalement au système bancaire.

Le crédit interentreprises varie en fonction des secteurs et de la taille de l’entreprise.


Ainsi, Les PME disposent d’un pouvoir de négociation plus faible aussi bien auprès de leurs
fournisseurs que de leurs clients.

Le développement de cette modalité de crédit trouve son explication dans les points suivants :
 Les délais de paiements sont un élément de la stratégie commerciale des entreprises. Il
est profondément ancré dans les habitudes et les pratiques commerciales. Les délais de
règlement sont un point essentiel des négociations commerciales. L’entreprise cliente négocie
ainsi l’obtention de ressources financières.
 L’accès au crédit bancaire est inégal selon les entreprises. Certaines entreprises
obtiennent difficilement des crédits bancaires ou les obtiennent à des conditions plus
restrictives et plus onéreuses que d’autres. En revanche, le crédit fournisseurs constitue un
financement gratuit et facilement accessible.
 L’escompte permet le financement bancaire du crédit interentreprises. Le crédit
interentreprises est en dernier ressort financé par les banques En effet, l’entreprise fournisseur
peut tirer des effets en représentation de ses créances sur les entreprises clients. Elle pourra
ensuite facilement escompter ces effets auprès de sa banque.

Les problèmes générés par le crédit interentreprises sont doubles

 Il a un coût élevé pour les entreprises créditrices. Son financement par l’escompte
engendre des frais financiers.

 Il présente un risque de répercussion en chaîne des faillites. La défaillance d’un client


se répercute en amont sur les entreprises prêteuses.

Section II : Les financements par le circuit bancaire

L’entreprise doit trouver des sources de financement destinées à couvrir les besoins de
financement du cycle d’exploitation (stocks, créances clients). La banque est le partenaire
traditionnel de l’entreprise dans la recherche de ce type de financement.

On distingue les crédits de trésorerie finançant l’exploitation en général, les crédits de


financement des stocks et les crédits fondés sur la mobilisation des créances commerciales à
savoir l’escompte.

II.1. Les crédits de trésorerie

Les crédits de trésorerie sont des prêts non affectés. Ils correspondent à des crédits en
blanc. Cela signifie que le bénéficiaire peut disposer du crédit et l’utiliser comme il le
souhaite, sans avoir aucune justification à donner à la banque.

Les crédits de trésorerie ou crédits à court terme sont bien adaptés pour le financement des
besoins d’exploitation ponctuel et occasionnels.

L’entreprise ne supporte les intérêts que pendant les courtes durées d’utilisation des
crédits à court terme. Tandis que le déblocage d’un crédit moyen et long terme ferait
supporter à l’entreprise des intérêts, quand bien même elle n’utiliserait pas effectivement ces
crédits.

II.1.1. Les techniques

 Crédit par caisse. Il se réalise au moyen d’une avance en compte courant. Le banquier
accepte que le compte de son client soit débiteur. On parle de découvert. Il s’agit d’un crédit
revolving, càd que le remboursement progressif du découvert permet le renouvellement de
celui-ci.

 Crédit par billet : l’entreprise, bénéficiaire de ce type de crédit, souscrit un billet à


ordre à son banquier. Ce dernier escompte l’effet et crédite alors le compte du bénéficiaire.

II.1.2. Classement des crédits de trésorerie selon leur durée

 Crédit de courrier : consiste en un crédit de courte durée (24 à 48 h).

 Crédit spot : est destinés aux grandes entreprises industrielles qui ont des besoins de
trésorerie importants mais pour des durées très courtes (parfois quelques heures). Leur coût
est faible puisque très proche du TMM. Le crédit est mis en œuvre par billet financier émis
par l’entreprise à l’ordre de sa banque.

 Facilité de caisse : est un crédit à très court terme destinée à combler les décalages
très brefs entre encaissement et décaissement : il s’agira par exemple de facilités accordées
enfin de mois pour payer les salaires. Dans tous les cas, l’utilisation de ces crédits doit être de
courte durée (quelques jours).
L’entreprise comme le banquier doivent veiller à ce que la facilité de caisse ne se
transforme pas en crédit de trésorerie permanent et qu’elle soit appelée à financer un déficit
structurel de trésorerie.

 Le découvert ou avance en compte courant: est destiné à faire face à des besoins
renouvelés plusieurs fois dans l’année mais sans qu’il y ait une périodicité régulière.
Normalement un découvert ne devrait pas être utilisé de manière continue pendant plus de
quelques semaines. Bien utilisé, le découvert est un moyen de financement intéressant, souple
il permet de couvrir exactement les besoins de l’entreprise. En général le banquier fixe un
plafond (montant maximum débiteur) en fonction d’un certain nombre de critères. Parfois le
nombre de jours de découvert est limité. En pratique, une entreprise qui bénéficie d’un
découvert est autorisée à prélever sur son compte des sommes au-delà des valeurs qu’elle y a
déposées.

 Le crédit-relais ou crédit de soudure : Lorsqu’une entreprise attend des recettes


importantes (cession d’un élément de l’actif augmentation de capital, emprunt, etc) elle peut
solliciter auprès de sa banque un crédit-relais qui lui permet de fiancer ses besoins
(investissement, etc..) en attendant ces rentrées.
II.1.3. Les risques des crédits de trésorerie

Les crédits de trésorerie sont risqués pour la banque en raison de leur absence de garantie.
Cependant, la banque exige souvent des garanties complémentaires comme une caution, un
nantissement des Valeurs Mobilières ou de marchandises, ou encore la signature d’un billet à
ordre susceptible d’être escompté auprès d’une autre banque.
Les crédits de trésorerie représente un risque pour l’entreprise quand ils ne sont accordés
que verbalement car cela pourrait permettre à la banque de les révoquer sans préavis. Il est
prudent d’obtenir une confirmation écrite de la banque.

II.2. Les crédits de financement des stocks

Les entreprises peuvent également financer leur stock en sollicitant des crédits bancaires à
court terme. En garantie, les banques peuvent exiger un nantissement sur les stocks avec ou
sans dépossession. Il faut noter qu’une partie seulement des stocks peut être financés par un
crédit à court terme. L’entreprise doit financer le surplus par le fonds de roulement.

II.2.1. Les techniques de financement des stocks

Analogiquement au crédit de trésorerie, le crédit de financement des stocks est soit un


crédit par caisse (Crédit de campagne, les avances sur marchandises) soit par billet appelé
Warrant. Ce dernier est un instrument de crédit spécialement conçu pour le financement des
stocks. C’est un billet à ordre par lequel le souscripteur s’engage à payer une somme d’argent
à une certaine échéance. Les marchandises déposées dans un magasin général constituent un
gage.

II.2.2. Les financements particulier

 Les crédits de campagne : Ils sont destinés à financer les stocks et le cycle de
fabrication des entreprises à activités saisonnière (activités agricoles, tourisme, ventes de
nature saisonnières).
 Leur montant est déterminé à partir d’un budget de trésorerie et en fonction de la
situation financière de l’entreprise.
 Leur durée est fonction de la nature de l’activité. Ils doivent être remboursés
rapidement dès les rentrées de fonds.

 Les avances sur marchandises : Elle correspondant à des avances de trésorerie


destinées au financement partiel des stocks importants constitués par les entreprises. Les
stocks peuvent être nantis au profit du banquier. Ils sont déposés soit dans un établissement
spécialisé (magasins généraux par exemple), soit dans les locaux même de l’entreprise.

 Les avances sur warrants : Les stocks financés par la banque peuvent également être
déposés dans les magasins généraux, établissement réglementés par la loi. Ces établissements
sont responsables des marchandises déposées et reçoivent une rémunération de leurs services
de garde. Il est remis au déposant un récépissé à ordre qui confère le droit de propriété et un
warrant à ordre qui autorise le nantissement des marchandises entreposées. Ces deux
documents sont susceptibles d’être endossées. En particulier, au moment de l’obtention de
l’avance sur marchandises, le propriétaire endosse au profit du banquier le warrant à titre de
marchandises (gage).
II.3. Les crédits de mobilisation des créances commerciales : L’escompte des effets de
commerce

Si l’entreprise ressent des besoins de trésorerie, elle peut sous réserve de l’autorisation
accordée par la banque, mobiliser auprès de celle-ci les titres de créances à échéance, qu’elle
détient sur ses clients : on dit qu’elle escompte les effets.

Par la technique de l’escompte, l’entreprise remet l’effet non échu au banquier et de cette
manière lui transfert la créance. En échange, ce dernier met à sa disposition une somme
d’argent correspondant au nominal de l’effet, sous déduction de frais appelés des agios. Cette
somme correspond en quelque sorte à la valeur actuelle de la créance. Les agios retenus par la
banque comprennent des intérêts et des commissions.

 L’intérêt, appelé également escompte, est calculé sur le montant nominal de


l’effet. Il est déterminé à partir du TMM avec une majoration qui dépend de la
qualité du client. Le calcul de l’intérêt de fait au prorata temporis. L’intérêt n’est
pas soumis à la TVA
 Les commissions rémunèrent le service rendu par la banque. Elles sont soumises à
la TVA.

Le crédit d’escompte accordé à l’entreprise est généralement assorti d’un plafond


représentant le montant total des effets que l’entreprise peut escompter.

Pour le banquier, ce type de crédit est relativement peu risqué : l’effet correspondant à une
opération commerciale dont le dénouement à l’échéance (règlement par le tiré : le client)
permettra de rembourser l’avance d’argent accordée par le banquier. De plus, le droit
cambiaire protège le bénéficiaire de l’effet puisque la banque peut en cas d’impayé par le tiré,
se retourné contre le tireur.

Pour l’entreprise, c’est une technique de crédit relativement souple. L’obtention du crédit
d’escompte peut être facile lorsque la réputation et la solvabilité des « tirés » sont établies.
Les entreprises qui ont la possibilité d’obtenir de leur client le règlement au comptant,
moyennant un escompte de règlement (de x%) doivent comparer le coût de ce dernier avec
l’escompte des effets de commerce auprès du banquier.

Application

Supposant que les clients d’une entreprise peuvent régler les factures par effets 75 jours
ou au comptant, sous déduction d’un escompte de règlement de 2% et que le taux d’intérêt
applicable à l’escompte commerciale est de 11.5%Pour un effet d’un montant de 100 000 DH
quelle est la solution la plus avantageuse ?

Escompte de règlement : 100 00 *2% = 2 000 ; Net= 98 000

L’entreprise renonce à 2 000 pour disposer d’une somme de 98 000 pendant 75 jours ;
taux d’intérêt correspondant :

2 000 360j

X = 9.80%

98 000 75j

9,8% comparé au taux de 11.5% appliqué parla banque, l’entreprise n’aurait donc pas intérêt à
préférer le règlement par effet escomptables

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