Bushido LE CODE DU SAMOURAÏ

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Code d’Honneur et de Morale

Traditionnelle

du Collège International

des Membres Diplômés

en Jujutsu Traditionnel

Méthode Wa-Jutsu
La première utilisation du terme BBuusshhiiddoo s'est apparemment produite pendant la période de guerre
civile du 16ème siècle ; son contenu précis a changé
historiquement en même temps qu'évoluaient les normes
des samouraïs. Zen et bushido s'implantèrent très
profondément parmi les samouraïs, et pénétrèrent la
culture et les valeurs japonaises. Dans cette perspective et
dans la poursuite d'un but, l'entraînement mental devint
plus important que le physique. Son idéal était l'esprit
martial, y compris des qualifications sportives et militaires
aussi bien que l’affrontement sans peur de l'ennemi dans
la bataille. L’austérité, la bonté et l'honnêteté ont été
également fortement considérées. Comme le
Confucianisme, le Bushido exigeait le dévouement filial ;
mais, provenant du système féodal, il a également soutenu
que l'honneur suprême était de servir son seigneur jusqu'à
la mort. Si ces engagements étaient en conflits, le samurai
était lié par fidélité à son seigneur en dépit de la douleur
qu'il pourrait causer à ses parents.

La standardisation finale de la pensée du Bushido s'est produite pendant la période de Tokugawa au


17ème siècle, quand Yamaga Soko (1622-1685) a comparé le samouraï avec "l'homme supérieur"
confucéen, et a enseigné que sa fonction essentielle était d'être des exemples vivants pour les classes
inférieures. Sans négliger la vertu confucéenne de base, la bienveillance, Soko a mis l'emphase sur la
deuxième vertu, la droiture, qu'il a interprété en tant que l'engagement, le devoir. Ce code d’honneur
strict, affectant des sujets de vie et de mort, a exigé un choix conscient et ainsi a stimulé l'initiative
individuelle tout en pourtant réaffirmant les engagements de la fidélité et du dévouement filial.
L'obéissance à l'autorité a été soulignée, mais le devoir est venu d'abord même si il nécessitait la
violation de la loi décrétée. Dans un tel exemple, le vrai samouraï prouverait sa sincérité et expierait
son crime contre le gouvernement en s'enlevant plus tard sa propre vie.

LE CODE DU SAMOURAÏ

Le code du samouraï est un condensé du Bushido, la voie du guerrier, code d'honneur et de morale
traditionnelle qui régit l'ensemble des arts martiaux. C'est le respect formel du code moral que l'on
s'est choisi. Il faut savoir que chaque pratiquant qui atteint le niveau de ceinture noire doit devenir un
ambassadeur du bushido, code d'honneur et de morale traditionnelle qui régit l'ensemble du Budo.

Honneur et fidélité sont les deux vertus les plus marquantes de cette morale, mais aussi loyauté,
droiture, courage, bonté et bienveillance, sincérité, respect et politesse, modestie et humilité, et, en
toutes circonstances, contrôle de soi. Le devoir de chacun, qu'il soit pratiquant, dirigeant ou enseignant
est de s’imprégner de ces principes afin d’être un exemple vivant. Il devra être un ambassadeur de la
discipline et de l'esprit auquel il se réfère.
Le grade, en Jujutsu, représente une triple valeur

S
SHHIIN
N (valeur morale, esprit, caractère),

G
GHHII (valeur technique),

T
TAAII (valeur corporelle).

La valeur SHIN domine et commande les autres. Un pratiquant sans valeur SHIN, et qui possèderait
seulement les deux autres, serait un être dangereux et nuisible pour tous, et finalement pour lui-même.
GHI gouverne TAI et oriente ou compense la valeur physique. La ceinture noire suppose un
développement suffisant de : SHIN - GHI - TAI et une connaissance satisfaisante des deux principes de
base du Jujutsu SEIRYOKU ZEN YO (utilisation efficace de l'énergie), JITA KYOEI (entraide et prospérité
mutuelle).

Le Code d'honneur et de Morale traditionnelle des Arts Martiaux au japon est le BUSHIDO

(Voie du Samouraï ou Chevalier).

L'influence en est si forte qu'elle s'est imposée au peuple entier.

Le Jujutsu Traditionnel, comme tous les Arts Martiaux d'origine japonaise, est donc imprégné de
BUSHIDO et inconcevable sans lui.

C'est pourquoi chaque ceinture noire, engagé dans la voie du Jujutsu Traditionnel, l'est aussi dans celle du
BUSHIDO. Il doit donc étudier, pratiquer et vivre le BUSHIDO en même temps que le Jujutsu Traditionnel,
car ils sont inséparables.

En Europe, les chevaliers du Moyen Age dans l'inde, les Kshattryas, avaient les mêmes codes d'honneur
que les Samouraïs Japonais. Ce qu'il y a de plus humain dans nos civilisations mécanistes est une
survivance des principes chevaleresques.

Les titres de gentleman ou de gentilhomme sont encore, de nos jours, donnés à ceux qui vivent selon les
règles non écrites de l'antique chevalerie.

Le BUSHIDO des Samouraïs est toujours vivant et actuel au Japon. Sa vitalité éveille en nous l'écho
profond de notre ancienne culture chevaleresque. La pratique du BUSHIDO ne nous est donc pas
étrangère. Jointe à celle du Jujutsu Traditionnel et des Arts Martiaux, elle reprend seulement une actualité
civilisatrice.

Résumé et traduit en deux mots, le BUSHIDO est la " noblesse d'âme " mais Noblesse oblige - vieille
maxime française - signifie que chaque ceinture noire doit se discipliner, pour qu'en dépit des impulsions
et passions, cette noblesse d'âme guide son comportement dans le dojo, dans les combats et dans la vie.
Les Vertus fondamentales qui régissent ce code moral

LA DROITURE ou RECTITUDE : TADASHI

La rectitude, est le précepte le plus incontestable de tout le code du Bushi. C'est


suivre la ligne du devoir, sans jamais s'en écarter. Loyauté, honnêteté et
sincérité en sont les piliers. Elles nous permettent de prendre sans aucune
faiblesse une décision juste et raisonnable. Un Bushi célèbre la définit ainsi : " La
rectitude est le pouvoir de prendre, sans faiblir, une décision dictée par la
raison. Mourir quand il est bien de mourir, frapper quand il est bien de frapper ".

Un autre Bushi dit : » La rectitude est l’ossature qui donne la fermeté et vous
tient droit. Comme sans os, la tête ne peut rester au sommet de l’épine dorsale,
ni les mains se mouvoir, ni les pieds porter le corps, ainsi, sans rectitude, ni le
talent ni le savoir ne peuvent faire d’une carcasse humaine un Samouraï. Si l’on
a la Rectitude, les talents sont secondaires.

L’épithète « gishi », homme droit, est regardé


comme supérieur à tout titre exprimant la
perfection dans les arts ou les sciences. Les
célèbres 47 rônins, fidèles Samouraïs, sont connus
dans le langage courant comme 47 « gishis ».

Savoir traiter les personnes et les choses avec


déférence et respecter le sacré est le premier
devoir d'un Budoka car cela permet d'éviter de
nombreuses querelles et conflits. Rien n'est plus
repoussant à un Bushi que de traiter en secret et
d'agir par traîtrise. La droiture engendre le respect
à l'égard des autres et de la part des autres. La
politesse est l'expression de ce respect dû à
autrui. Mais cette rectitude pourrait dégénérer si elle n'était soutenue, par
l'audace et l'endurance du courage.
LE COURAGE : YUUKAN

Esprit d’audace et d’endurance

Confucius définit ainsi le courage : " Sachant ce qui est juste, ne pas le faire
démontre l'absence de courage. Donc, le courage est de faire ce qui est juste ".
La force d'âme qui fait braver le danger et la souffrance s'appelle le courage. Ce
courage qui nous pousse à faire respecter, en toutes circonstances, ce qui nous
paraît juste, et qui nous permet, malgré nos peurs et nos craintes, d'affronter
toutes les épreuves.

Courir toutes sortes d'aventures désordonnées, s'exposer sans raisons justes,


n'est pas de la bravoure. Un prince samouraï disait : " C'est le propre du vrai
courage de vivre quand il faut vivre, et de mourir seulement quand il faut mourir
". Platon définit le courage : " La connaissance des choses qu'un homme doit
craindre et de celles qu'il ne doit pas craindre ". Cette définition platonicienne
est sans doute inspirée par les stoïciens dont c'est aussi la conception.

Valeur, intrépidité, courage, sont des expressions de la noblesse d'âme.

Le courage est une vertu si seulement il y a droiture.

Il existe un dicton qui dit : « lorsque l’eau monte, le bateau fait de même ».
En d’autres termes, face aux difficultés, les facultés s’aiguisent. Il est vrai que
les hommes courageux cultivent sérieusement
leurs talents quand les difficultés auxquelles ils
sont confrontés sont importantes. C’est une
erreur impardonnable que de se laisser abattre
par les épreuves.

Un homme vraiment brave garde toujours sa


sérénité et sa lucidité. Dans les catastrophes,
les dangers, les souffrances, la mort, il garde
la maîtrise de soi. Maîtrise et impassibilité ne
sont ni contrainte ni raideur, mais détente et
paix, issues de l'absence de peur. L’absence
de peur résulte du don total de soi, sans
réserve, à une vérité plus grande que soi.
Cette paix intérieure donne l’aisance dans le
danger, même s’il est extrême.

C'est ainsi que les samouraïs improvisaient


souvent des poèmes sur le champ de bataille,
en l'honneur de leurs ennemis dont ils
appréciaient la bravoure ou l'habileté. Un
samouraï disait " L'homme de valeur et d'honneur estime, comme ennemis en
temps de guerre, ceux qui sont dignes d'être des amis en temps de paix. Le
succès d'un ennemi estimé est aussi celui du samouraï ".

A ce degré de valeur, l’attitude normale vis-à-vis des autres est une haute
humanité qui engendre la bonté.
LA BONTÉ et LA BIENVEILLANCE : SHINSETSU

Vertu de base selon le confucianisme Chinois, la bonté et la bienveillance


dénotent une grande humanité. Elles nous incitent à l'entraide, à être attentif à
notre prochain et à notre environnement, à être respectueux de la vie. Conçue
comme un trait féminin, la bienveillance vient équilibrer la rectitude et la justice
dure, deux traits perçus comme masculins. La bienveillance inclue l'amour,
l'affection pour les autres, la sympathie et la noblesse des sentiments.

La bienveillance peut exister sans échange mais elle reste un sentiment


constructif, fait de compréhension et d'amitié, une des formes de la bonté. La
bienveillance est aussi l'indulgence pour les lacunes et défaillances d'autrui, et
un encouragement pour les aptitudes naissantes.

« Bushi No Nasake » : la tendresse du guerrier, ces mots éveillent tout de suite


un sentiment noble. Cette tendresse est la bonté, sentiment de pitié virile,
conscient, équilibré par une raison ferme. « Les plus braves sont les plus
tendres, et ceux qui aiment sont ceux qui osent ».

La pitié, lorsqu ‘elle n’est qu’un réflexe, peut être à la base de sentiments
apparemment humains. Cependant, elle n’est souvent que la traduction
d’impulsion, d’angoisses, de peur ou d’une obsession de culpabilité.

Mais lorsqu’elle naît chez un homme qui possède la rectitude, le courage, le sens
de l’honneur, et dont la valeur est réelle, alors, elle est pure. Son humanité est
vraie. Seul celui qui est fort, désintéressé, maître de soi, peut avoir une pitié et
une bonté authentique.

« Le pardon est la parure du guerrier » a dit le Mahatma Gandhi.

Une antique maxime du Bushido dit : « Il n’est pas concevable pour le chasseur
de tuer l’oiseau qui se réfugie dans son sein ».

La faiblesse physique ou morale, ou celle de l’adversaire vaincu, ont droit à la


protection du fort. C’est la vérité de la force et son honneur.

La sensibilité et la forte tendresse du Chevalier lui donne la possibilité de


compatir aux souffrances d’autrui. Le respect des autres, le soucis de les
honorer et de ne pas leur causer de trouble et de peine inutile, le conduisent à
développer en lui la courtoisie et la politesse.
LA POLITESSE : REI

Si la politesse n’est que conventionnelle, elle n’a qu’une valeur limité, extérieure
et superficielle. Mais pour le Samouraï, le Chevalier, elle est d’abord l’expression
de sentiments profonds, d’égards pour les autres, de modestie pour soi.

Dans la forme la plus élevée et la plus consciente, la politesse confine à l’amour.

La codification des gestes du cérémonial de la politesse constitue l’étiquette qui


encadre la vie. Cette étiquette, enseignée dès l’enfance, permet de discipliner
les passions et rend possibles et agréables les rapports sociaux.

Dans les dojos, où cette étiquette est indispensable, elle a la même utilité. Mais
en plus elle peut faire éclore, en chacun, les sentiments qui correspondent aux
gestes et au cérémonial. De même qu’une attitude grossière, le laisser aller, les
positions désinvoltes ou négligées favorisent les sentiments bas et vulgaires, de
même, une attitude noble, correcte, respectueuse, favorise l’épanouissement de
sentiments nobles et élevés.

Quel que soit l’acte à accomplir, il y a selon le Jujutsu Traditionnel, une façon
économique de le faire. Un novice peut trouver fastidieux les gestes et les
formes des cérémonials et des étiquettes. Mais rapidement il découvrira que les
manières prescrites sont celle qui épargnent le plus la dépense d’énergie.

Une des écoles japonaises parmi les plus célèbres pour l’étiquette, l’Ogasawara,
a popularisé la maxime suivante : « Le but de toute étiquette est de cultiver
votre esprit de telle manière que, même lorsque vous êtes tranquillement assis,
l’idée ne puisse même pas venir au plus grossier des hommes d’oser vous
attaquer ». Si la grâce d’un tel act résulte de l’économie d’énergie dans son
accomplissement, il s’ensuit que la pratique constante de gestes gracieux
implique une épargne et une accumulation d’énergie. De belles et courtoises
manières sont donc aussi de la force au repos.

La cérémonie du thé, Cha No Yu, est un art très pur, une forme extérieure de la
discipline de l’âme. L’aisance paisible des gestes, la sérénité, le calme de l’esprit,
la propreté scrupuleuse de la petite salle retirée du tumulte mondain, sont les
premières conditions pour penser et sentir juste.

La bienséance, la courtoisie, résulte de mobiles de bonté, de modestie et de


sympathie pour la sensibilité des autres. Cette sympathie veut que nous
pleurions avec ceux qui pleurent et nous réjouissions avec ceux qui sont
heureux.

D’innombrables petits actes dans la vie quotidienne, matérialisent cet état


d’esprit, soucieux d’égards pour la sensibilité et le bien-être d’autrui. Ces
manifestations de politesse peuvent mettre en conflit, en nous, les notions de
vérité et de bienfaisance.

La politesse traditionnelle japonaise donne la primauté à la bienséance. Dans


bien des cas en occident il en est de même. C’est une question de discernement.
Mais le fait que le dilemme puisse se présenter, démontre l’importance de la
politesse qui est une forme de la bonté. Pour le Samouraï cependant, comme
pour le Chevalier, la véracité et la sincérité sont les fondements de la vie.
LA SINCERITE, VERACITE, LOYAUTE : SEIJITSU

Masamme a dit : «La bienséance poussée à l’extrême devient un mensonge » ,


un ancien poète a déclaré : » Soit fidèle à toi-même ; si dans ton cœur tu ne
t’écarte pas de la vérité, tu n’auras pas besoin de prier les dieux pour être
efficacement protégé ».

Le mensonge et l'ambiguïté engendrent la méfiance qui est la source de tous les


désaccords. Dans les Arts Martiaux, le salut est l'expression de cette sincérité,
c'est le signe de celui qui ne déguise ni ses sentiments, ni ses pensées, de celui
qui veut être authentique. L'honnêteté était une extension de la vision du
courage que le bushi avait, aussi s'efforçait-il de rester honnête dans toutes les
situations.

Confucius va plus loin : " La sincérité est la fin et le commencement de toutes


choses, sans la sincérité, rien n'existerait ". L'idéogramme chinois qui signifie
sincérité est une combinaison de « Parole » et de « Perfection ».

Le BUSHIDO tient le mensonge ou l'équivoque pour une égale lâcheté. BUSHI


NO ISHIGON, parole de samouraï, est une garantie suffisante. Une promesse
ainsi faite est tenue, sans preuve nécessaire de cet engagement. Il n'y a pas de
différence entre Vérité et Réalité. Cependant il peut exister des préséances entre
le Vrai et le Réel. C'est alors que doit intervenir le discernement. Si un malade
demande à un médecin : " quelle est la gravité de mon état ? ". Le médecin en
répondant : " ce n'est pas grave, vous serez bientôt guéri ", bien qu'il sache le
contraire, obéit à une vérité d'un ordre supérieur : préserver le moral, donc les
chances minimes de guérison de son malade ; ne pas troubler et accabler
inutilement son prochain et son entourage.

Il en est de même de la politesse. Parfois dire la vérité est une cruauté inutile.
Cacher une disgrâce, une laideur, une antipathie est un acte de compassion qui
obéit à une réalité d'un ordre supérieur à la Vérité immédiate.

Dissimuler ses propres tourments ou


souffrances physiques et morales traduit
aussi le souci de ne pas troubler ou
peiner les autres. Là encore c’est le
discernement qui détermine les limites et
l’opportunité de cette attitude. Il suffit
d’être en accord de vérité en soi-même,
mais avec une sincérité totale.

En matière d’éducation des enfants et des


hommes, la louange est un puissant
stimulant. « Appeler quelqu’un voleur et il
volera » ; par contre dites lui : « tu es honnête et loyal » et il aura du mal à
déroger, même s’il y est enclin. Ici la louange anticipe sur la réalité à venir.

L’éducateur, le Maître ou l’ami s’appuie sur la vérité profonde des possibilités de


chaque homme, plus vraie que son état actuel.

Hugh Black a dit: « La conscience normale s’élève jusqu’au plan où on l’appelle,


mais elle retombe facilement au niveau inférieur si on le lui assigne ».
Manier la vérité immédiate n’est donc pas si facile et demande un long, constant
entraînement et un amour inconditionnel de la vérité la plus haute.

La loyauté est l’expression de l’amour de la vérité, de la sincérité et du respect


d’autrui. L’honnêteté est l’expression de la rectitude, de la justice et de la
sincérité dans les rapports d’intérêts avec les hommes de la société.

La passion du BUSHIDO pour la franchise, la loyauté, a sa source dans le


courage, mais aussi dans le besoin de limpidité, de pureté, d'harmonie et de
cohérence. Tout ce qui entache cet état est déshonorant.

Une fausse attestation, un mensonge, sont ressentis comme une indigne


lâcheté, comme une faille intérieure dans l’armure ou une paille dans l’acier de
l’épée du Chevalier.

Un critère fondamental de la vérité et de la sincérité d’un homme est son


désintéressement ou détachement de l’intérêt personnel. L’action et la vie
chevaleresque sont d’abord désintéressées.
LE DESINTERESSEMENT OU DETACHEMENT

Si une action ou une attitude ont pour


objet notre profit personnel, elles sont
entachées d'égoïsme et de sentiment
possessif. Elles ne peuvent donc être
conformes à la vérité et à la réalité qui
comprennent mais dépassent notre
personne. L'intérêt personnel, l'amour
excessif de notre corps ou de nos
possessions faussent notre vision du
réel. La pratique de la véracité, de la sincérité, de la rectitude, du courage, de la
politesse, de la bonté, de l'amitié, de la gratitude, de la loyauté, vident notre
nature de l'attachement au corps et aux possessions. Alors, la dévotion à la
vérité nous habite et prend toute la place. Les calculs, seulement personnels, ne
peuvent plus prendre naissance. Le samouraï, le chevalier, sont les serviteurs de
ce qui soutient et développe l'humain dans l'humanité. C'est pourquoi leur action
est gratuite pour la Vérité et pour la Beauté.

L'emblème du samouraï est le Sakura, fleur du cerisier Japonais, qui s'ouvre


pour la seule beauté, et ne produit pas de fruits. Quand elle a délivré son
message de beauté, elle tombe et meurt. Elle est le symbole du
désintéressement total.

Les Maîtres en Orient, que ce soient des Maîtres d'Arts Martiaux, d'autres Arts
traditionnels, ou des Maîtres de Sagesse, enseignent gratuitement, parfois ils
logent et nourrissent leurs disciples. Ces derniers, à leur tour, servent leur
Maître dans toute leur vie domestique, attendent patiemment son enseignement
et lui obéissent totalement, en toutes choses. Le Maître choisit ses disciples,
accepte ou non les candidats. Ce que le Maître ne peut se payer, " n'a pas de
prix ", la valeur en est inestimable. "

Mes parents m'ont donné un corps et une éducation, mon Maître a fait de moi un
homme ". Seule une gratitude infinie peut équilibrer un don illimité. Souvent,
plus tard, le disciple met aux pieds de son Maître le meilleur de ce qu'il possède
et parfois de véritables fortunes. Le Maître utilise ces dons pour loger, nourrir,
enseigner de nouveaux disciples, non pour s'enrichir.

De nos jours, et en Occident, de semblables cycles et liens semblent difficiles.


Toutefois, il convient que le Maître considère toujours qu'il enseigne
gratuitement, et que le profit n'est pas le but de son enseignement. Il convient
aussi que le disciple ne considère pas qu'il " paye " le Maître, ni qu'il " achète "
son enseignement, mais que, s'il verse des émoluments ou cotisations, ce sont
de simples offrandes sans équivalence avec ce qu'il a reçu. Ainsi le Maître et le
disciple restent libres et dignes, et ne sont liés que par la générosité, l'estime et
la gratitude.

Le simple savoir pourrait, à la rigueur, s'acheter. Mais la formation et la


connaissance, elles, sont sans prix. Le désintéressement et le détachement sont
essentiels pour que naissent le courage, la loyauté, le dévouement pour un
Maître, ou un idéal qui peut aller jusqu'au don de la vie. Notre vie ne vaut
d'ailleurs d'être vécue que si on peut l'offrir à ce qui est plus grand qu'elle. Le
sens de l'honneur est fils de cette générosité totale, il est un des principes
essentiels du BUSHIDO.
L’HONNEUR : MEIYO

Ayant, par avance, donné sa vie, le


samouraï, comme le chevalier, n'existe plus
que par sa valeur, la noblesse de son esprit,
la dignité de son état. Le terme honneur
exprime cette existence spirituelle. Cette vie
supérieure est " la partie immortelle de soi,
le reste étant matériel ".

Toute atteinte à l'intégrité de cet état, donne


un sentiment de honte, REN-CHI-SHIN
surtout si elle est due à un écart de conduite
du chevalier lui-même. Dans ce cas,
l'honneur de l'homme est en jeu et sa vie
intérieure est en danger.

Le sens du déshonneur est ainsi le stimulant


suprême pour corriger la conduite.

Au Japon, les enfants sont élevés avec un


sentiment aigu de l'honneur, leurs parents
manifestent eux-mêmes un attachement
plus grand à l'honneur qu'à la vie. Et ils ont raison. Quelle peut être l'existence
d'un homme qui a perdu l'estime de soi ? L'honneur, qualité essentielle, établit
notre attitude et notre manière d'être vis à vis des autres. C’est une intense
conscience de la valeur de la dignité personnelle. Nul ne peut se prétendre
Budoka (guerrier au sens noble du terme) s'il n'a pas une conduite honorable.
Du sens de l'honneur découlent toutes les autres vertus. Il exige le respect du
code moral et la poursuite d'un idéal, de manière à toujours avoir un
comportement digne et respectable.

Cette estime indispensable, basée sur la valeur que la noblesse d'âme confère,
est le sentiment de l'honneur.

Un samouraï, dans sa jeunesse, refusa de laisser entamer sa réputation par une


compromission légère : " parce que, disait-il, le déshonneur est pareil à une
cicatrice sur un arbre que le temps, au lieu d'effacer, agrandit tous les jours ".

Meng-Tseu avait enseigné « la crainte de la honte est la terre où poussent


toutes les vertus, les bonnes manières et les bonnes mœurs ».

Mais ce sens de l'honneur, s'il est mal compris, a donné lieu, chez les chevaliers
et samouraïs, à des exagérations morbides. Ceux qui n'avaient sacrifié, par
avance, que leur corps, mais cultivaient inconsciemment un égoïste amour
d'eux-mêmes et un orgueil arrogant, croyaient, pour un oui ou un non, devoir
laver dans le sang de pseudo atteintes à leur honneur.

Heureusement, chez les samouraïs, s'offenser d'une provocation légère était


ridiculisé comme un manque de contrôle de soi. Supporter ce qu'on croit ne pas
pouvoir supporter voilà qui est réellement supporter est un dicton populaire. Le
grand Yeyasu Togukawa, que nous pourrions surnommer le Richelieu nippon, qui
fit d'une main d'acier l'Empire solide comme un diamant, disait entre autres : "
La vie de l'homme est une route longue avec un lourd fardeau sur les épaules.
Pas de hâte... Pas de reproches à autrui ; mais sois attentif à tes propres
erreurs... La patience est ce qui berce la longueur des jours ".

Si le rossignol qu'il aimait ne se décidait pas à chanter, il disait paisiblement : "


Eh bien, j'attendrai qu'il change d'humeur ". Par sa vie, il a prouvé que ce
n'était pas seulement des mots.

Certains disciples du BUSHIDO pouvaient atteindre un haut degré de douceur


pacifique. Tel Ogawa : " Quand les autres disent toutes sortes de mal de toi, ne
rends pas le mal pour le mal, mais réfléchis que tu n'a pas été non plus toujours
fidèle dans l'accomplissement de tes devoirs ".

Et encore Kumazawa : « quand d'autres te blâment, ne les blâme pas. Quand


d'autres sont en colère contre toi, ne le sois pas contre eux. La joie ne vient que
lorsque la passion et le désir sont partis ».

Meng-Tseu disait : « Il est dans la nature de tout homme d'aimer l'honneur,


mais ce qui est vraiment honorable réside en chacun et non ailleurs. L'honneur
que les hommes confèrent n'est pas le véritable honneur ».

L'approbation des hommes et la gloire du monde ne sont pas l'honneur.

Toute infraction à l'honneur d'un samouraï était ressentie et appelée "ren-shi-


shin" (un sens de la honte). La désobéissance au code ou à un
supérieur produisait un sentiment de culpabilité et de honte. Le sens du
déshonneur était ainsi le stimulant suprême pour corriger la conduite. Un
samouraï, dans sa jeunesse, refusa de laisser entamer sa réputation par une
compromission légère : « parce que, disait-il, le déshonneur est pareil à une
cicatrice sur un arbre que le temps, au lieu d'effacer, agrandit tous les jours ».

Mais l'honneur est attaché à la manière d'être, à la fidélité, à la parole, à un ami,


un Maître, un Idéal, ou à la vérité. C'est pourquoi le devoir de fidélité est un des
piliers du BUSHIDO.
LE DEVOIR DE FIDELITE: CHUJITSU

Il n'y a pas d'honneur sans fidélité et loyauté à l'égard de certains idéaux et de


ceux qui les partagent. La fidélité symbolise la nécessité incontournable de tenir
ses promesses et remplir ses engagements. La fidélité nécessite la sincérité dans
ses paroles et dans ses actes.

Le sentiment de fidélité a, dans le BUSHIDO, une importance capitale. Au Moyen


Age, la fidélité et la loyauté étaient les sentiments qui liaient le vassal au
suzerain. Le serment d'allégeance liait le vassal au suzerain jusqu'au sacrifice de
la vie.

De nos jours, ce lien a évolué, tout au moins dans


certaines civilisations occidentales, mais il n'a pas
pour autant disparu. Bien que, dans certains pays
d'Occident, on prête encore maintenant serment au
souverain, Roi ou Empereur, qui incarne la patrie.
Aujourd'hui, il convient de faire preuve de fidélité et
de loyauté, par exemple à l'égard de sa patrie, y
compris, pour la défendre, l'éventuel sacrifice de la
vie. Celui qui se dérobe à ce devoir est considéré
comme un lâche ou un traître.

Ce sentiment de fidélité et de loyauté existe aussi,


avec la même intensité, chez les fidèles de certaines
religions, philosophies, systèmes sociaux ou
politiques.

Parfois, même, la fidélité, la loyauté ne s'exercent pas seulement à l'égard


d'idéaux, mais aussi à l'égard d'hommes qui semblent incarner ces idéaux.

En Chine, Confucius faisait de la fidélité et la loyauté à l'égard des parents le


premier des devoirs humains. Dans l'Inde, ces devoirs occupent une grande
place. Au Japon également. Mais, dans l'Inde, la première place revient au
Maître spirituel ; au Japon, elle revient à l'Empereur qui incarne pour les
japonais le YAMATO, l'âme même du pays.

Ce qui est important, c'est que, quel que soit le motif, l'objet de la fidélité et du
loyalisme, ce sentiment existe.

Tel sera capable de vivre, mais aussi de mourir pour son Roi, son Empereur, ses
parents, tel autre pour sa religion, sa patrie, sa philosophie, son parti politique,
etc.

Mais, toutes ces fidélités et loyautés, ont un dénominateur commun. C'est la


consécration de sa vie à quelque chose de plus grand que soi, et que les
possessions humaines ou matérielles.

Celui qui ne vit que pour soi ou ses possessions humaines ou matérielles, est un
vivant de qualité médiocre, qui ne sauvera finalement aucune de ses
possessions, ni même sa vie, puisque tôt ou tard il mourra.
L'adepte du BUSHIDO offre sa vie entière à l'idéal qui lui semble le plus vrai.
Ainsi, c'est sous la forme de cet idéal, l'amour de la vérité qui l'anime. Le sens
du devoir en résulte.

Le BUSHIDO tranche dans ce sens, et ses adeptes connaissent de cruels


dilemmes, où il faut choisir entre plusieurs devoirs, celui qui est le plus élevé.

Sanyo raconte de façon émouvante la lutte intérieure qui déchire Shigemori lors
de la rébellion de son père contre son suzerain : " Si je suis loyal, mon père est
perdu ; si j'obéis à mon père, je manque à mon devoir envers mon Souverain ".
Il priait de toute son âme pour que le Ciel ait la clémence de lui envoyer la mort.

Dans nul autre pays la piété filiale n'est plus grande qu'au Japon. Pourtant le
BUSHIDO choisit sans hésiter la fidélité et le loyalisme au souverain, au chef.

Les femmes, elles-mêmes, élèvent leurs enfants dans cet esprit et les
encouragent à se sacrifier s'il le faut.

Et, l'Etat étant considéré comme ancêtre des individus et représentant la


continuité après eux, l'individu est inféodé aux lois de l'Etat. Déjà Socrate,
universellement estimé et aimé, pouvait facilement s'enfuir et sauver sa vie,
supplié par ses disciples de quitter le pays. Il refusa et bût la ciguë, plutôt que
de ne pas accepter la condamnation, même injuste, des tribunaux de la cité. Il
voulut, en mourant dignement et paisiblement, donner à ses disciples l'exemple
du courage, de la fidélité et de la loyauté à l'égard de l'Etat.

Cependant, le BUSHIDO, s'il enseigne la fidélité et la loyauté à un Maître ou à un


suzerain digne de cette consécration, ne demande pas de sacrifier sa conscience
à qui n'en est pas digne. En pareil cas, le devoir du samouraï est d'employer
tous les moyens possibles pour persuader le Maître ou le Suzerain de ses
erreurs.

Autrefois, il était d'usage courant après un dernier appel à son intelligence et à


sa conscience, qu'en cas d'échec, il atteste sa réprobation et sa sincérité en
versant son propre sang. Parfois, il en est encore ainsi de nos jours.

Celui qui, sous couleur de dévouement, mais en réalité pour des motifs égoïstes
d'intérêt personnel, est servile et plat avec un Maître ou un Suzerain indigne, est
méprisé par ses pairs. On le dit NEI-SHIN ou CHO-SHIN.

L'honneur, l'éducation et le courage des samouraïs s'opposent à toute servitude


obséquieuse.

De nos jours, les principes directeurs du BUSHIDO restent toujours vrais, mais
doivent être adaptés à des situations nouvelles.

Dans le Jujutsu Traditionnel et les Arts Martiaux, les relations de Maître à


disciple sont le grand idéal humaniste traditionnel. Son application dans la vie
tout entière offre un large champ de réalisation des principes du BUSHIDO. Il
convient donc que les ceintures noires s'en inspirent, le respectent et le vivent.

Mais les relations Maître - disciple sont impossibles sans modestie.


LA MODESTIE et L’HUMILITÉ : KEN

Les relations enseignant élève sont impossibles sans modestie. Si le budoka


devient l'ambassadeur du code moral, il se doit de rester humble et ne pas
flatter son ego. L'orgueil et la vanité freinent considérablement l'apprentissage
de ce code. La bonté et la bienveillance ne peuvent s'exprimer sincèrement sans
modération dans l'appréciation de soi-même. Savoir être humble, exempt
d'orgueil et de vanité, sans faux-semblant est le seul garant de la modestie.

Comme toutes les autres bases du BUSHIDO, la modestie a ses véritables


racines dans la sincérité et la vérité.

Une modestie, qui n'est qu'une forme purement extérieure de la politesse, ou


une habileté pour se concilier l'opinion, n'est pas la véritable modestie.

Une fausse modestie peut être une des formes les plus dangereuse de la vanité,
ou de la peur : « Je me mettrai si bas, que nul ne pourra m'y mettre
davantage », n'est rien d'autre que la formule d'un calcul bassement utilitaire.

Un grand sage de l'Inde, Shri Ramakrishna, a dit : " Nul orgueil qui exalte la
gloire de l'âme n'est de l'orgueil. Nulle humilité qui abaisse la gloire de l'âme
n'est de l'humilité ".

L'homme vraiment modeste ne désire pas s'abaisser, mais simplement


s'apprécier, selon la vérité et la justesse, avec sincérité et honnêteté. La vanité
aime plastronner, même si elle proclame une valeur irréelle ou médiocre. Le
désir d'être admiré, aimé, respecté, pour légitime qu'il soit, n'est admissible que
si la valeur est authentique.

Ce désir est à l'origine de bien des exploits et aussi de bien des erreurs. Lorsque
la valeur est un état réel, vraiment intégré en celui qui la possède, elle est, pour
lui, un état normal. Lorsque les organes du corps sont en bon état et
fonctionnent normalement, ils ne sont pas ressentis. Celui dont la vue est bonne
ne songe pas à proclamer j'ai des yeux. Celui dont le coeur bat sainement ne
s'étonne pas et ne s'écrie pas j'ai un cour. Un homme naturellement fort, ne
pense pas à sa force, ni un homme intelligent à son intelligence. Nul ne songe à
claironner : je suis un homme, car il l'est.

Celui qui dit : " Je suis modeste, cesse de l'être à cet instant précis ".

Le culte de la modestie consiste donc, d'abord, à être conscient de l'immodestie


et de la propension à affirmer, à soi-même et aux autres, des valeurs
inexistantes ou embryonnaires. Il consiste, ensuite, à concentrer l'attention sur
ce qui manque, objectivement, sans humilité pathologique, mais avec la volonté
résolue de se transformer.

Enfin, il est important de savoir apprécier, respecter et aimer la valeur chez les
autres, amis ou ennemis, et les prendre pour référence. On risque peu à peu les
surestimer, tout en les sous-estimant.

Il convient d'être particulièrement attentif à la stature du Maître qui accepte de


nous enseigner. L'admiration, la gratitude, la confiance, engendrent la véritable
humilité et le respect, autre pilier du BUSHIDO, sans lequel aucune relation
humaine n'est possible.
LE RESPECT : SONCHOO

Sans modestie aucun respect n'est possible,


sans respect aucune confiance ne peut naître.
Sans confiance aucun enseignement ne peut
être donné, ni reçu.

" L'eau ne peut couler du réservoir que si le


récipient est mis dessous. S'il est placé dessus,
il ne s'emplit pas ".

Celui qui enseigne verbalement des éléments


qui s'adressent à l'intelligence et à la mémoire
est appelé professeur. Celui qui est ainsi
enseigné est un élève. Ce qui est enseigné là,
est de la nature du " savoir ". Cela peut être
retenu ou oublié. Les relations entre professeurs et élèves demeurent
généralement extérieures et superficielles.

Il en est tout autrement de l'enseignement qui entraîne et exige une profonde


transformation physique, psychique, morale ou spirituelle. Cet enseignement est
de l'ordre de la " connaissance ". Celui qui enseigne et préside à cette
transformation a le titre de " Maître ", celui qui reçoit cet enseignement, accepte
les disciplines, et accomplit sa transformation, reçoit le nom de disciple. La
relation Maître - disciple est, humainement, la plus haute qui soit.

En Orient, où pourtant l'amour de la famille et la piété filiale sont plus profonds


que partout ailleurs, le Maître est placé au-dessus des parents.

En Inde on dit : " La mère vaut dix pères, mais le Maître vaut dix mères ".

Au Japon : " Mes parents m'ont donné un corps et une éducation, mon Maître
fait de moi un homme ".

Cette relation humaine élevée est encore vivante en Orient. Depuis le Moyen
Age, elle a pratiquement disparu en Occident. C'est pourquoi la civilisation
occidentale est une civilisation de tête, mécanique, et qui se préoccupe avant
tout du bien-être matériel, de la santé, et de la durée du corps.

Ce n'est certes pas négligeable mais ne peut être le but de la vie. Tout ce qui
reste d'humain dans cette civilisation est une survivance, envers et contre tout,
de préceptes religieux et de l'esprit de chevalerie. La jeunesse actuelle a soif de
ce rapport de Maître et disciple. Elle cherche des Maîtres de vie, et ne trouve que
des idoles et des idéaux frelatés.

Or, venus d'Orient, les Arts Martiaux traditionnels sont avant tout des ECOLES
DE VIE. Leur but est de forger des hommes. L'ossature de cette formation est le
BUSHIDO.

Pour accomplir la formation et les transformations nécessaires, se soumettre aux


disciplines physiques et morales, il faut un Maître et avoir vis-à-vis de lui
l'attitude du disciple.
Si dures que soient ces disciplines, elles sont acceptées librement. Elles sont
l'affirmation d'une liberté supérieure. La plus haute liberté ne fleurit qu'au
sommet d'une pyramide de disciplines.

Le Maître en Arts Martiaux est, d'abord, le disciple de son ou de ses Maîtres. Il


reste leur disciple et se conduit comme tel. Il a subi une formation technique,
physique et psychique qu'il peut transmettre à son tour. S'il a été bien formé, il
est suffisamment modeste pour connaître les limites de sa connaissance. Mais,
ce qu'il connaît, il peut le transmettre. Si donc il enseigne, il doit sans fausse
modestie, prendre la responsabilité de la transformation de son disciple. Il doit
l'assumer courageusement et se conduire de telle façon qu'il puisse lui servir
d'exemple, non seulement de technique, mais aussi de caractère, de maîtrise et
des autres aspects du BUSHIDO. Cette prise de responsabilité implique du
courage, mais aussi la Tendresse du guerrier pour le disciple. C'est le respect du
Maître pour le futur Maître qui dort en son disciple. Le disciple à son tour accepte
d'être formé, même douloureusement, par son Maître et le respecte
profondément. Ainsi Maîtres et disciples se forment mutuellement et se
respectent réciproquement.

Cette attitude de respect doit s'étendre au dojo, où l'enseignement est donné, et


la voie supérieure recherchée. Elle doit englober aussi les partenaires dans la
même recherche. S'il y a respect, il ne peut y avoir vulgarité. L'âge, qui implique
l'expérience de la vie, les anciens dans l'étude, les grades élevés, les débutants,
les faibles, doivent être l'objet du respect passif et actif du ceinture noire. A son
tour, en cela, il doit être un modèle. Le respect de soi-même, une dignité
naturelle, sans affectation, pleine d'amitié doit caractériser le ceinture noire.
Cette dignité se développe par la pratique du respect du Maître, mais aussi du
respect de tous. Elle implique une conscience éveillée. Il faut surtout éviter la
critique et le dénigrement des autres, car cette néfaste habitude a pour but
inconscient de se louanger soi-même. " Un tel est ainsi ", cela sous-entend : " je
ne suis pas comme lui ". " Un tel a fait, a dit telle chose ", cela sous-entend : "
Moi je n'aurais pas dit, ou pas fait cela ". Rabaisser autrui est un moyen facile de
se grandir, relativement à peu de frais.

De telles pratiques sont indignes d’une ceinture noire. C'est de la prétention


inconsciente. C'est seulement en apportant ce qui manque qu'on peut améliorer
un homme ou une situation. Seul, le Maître, peut et doit critiquer, encore le fait-
il avec mesure, courtoisie et bonté, ce qui n'exclut pas les fermetés nécessaires.

On devrait écouter avec respect et gratitude les paroles d’un homme de grande
expérience, même s’il parle des choses que l’on sait déjà. Il arrive parfois,
qu’après avoir entendu dix ou vingt fois la même chose, on ait une intuition
soudaine et que cette intuition transcende la signification habituelle

Pour respecter les autres, il faut pouvoir résister à ses propres passions :
d'irritation, de colère, de désir, de peur, etc. Résister à ces entraînements
passionnels, c'est le véritable respect de soi. Faire régner le Moi supérieur sur sa
condition humaine, c'est faire preuve d'humanité vraie. La force d'âme,
combinée au respect d'autrui et à la politesse, qui ne veut pas affliger ou gêner
les autres, aboutit à une attitude stoïque. Dans le BUSHIDO cela est connu
comme le contrôle de soi.
LE CONTRÔLE DE SOI : SEIGYO

Le code d'honneur et de la morale traditionnelle


enseignée dans les disciplines du Bushido est
basé sur l'acquisition de cette maîtrise. Une
grande partie de l'apprentissage du Jujutsu est
basé sur cette vertu. Cela doit être la qualité
essentielle de toute ceinture noire. Il représente
la possibilité de maîtriser nos sentiments, nos
pulsions et de contrôler notre instinct. C'est l'un
des principaux objectifs de la pratique des Arts
Martiaux car il conditionne toute notre efficacité.

Pour un samouraï, laisser paraître ses émotions


sur le visage ou dans ses gestes est un manque
de virilité.

" Il ne montre aucun signe de joie ou de colère


est la phrase usitée, pour décrire un haut
caractère ".

Un tel homme doit contrôler et dominer ses affections les plus naturelles.
Embrasser son épouse en présence d'autres personnes est contraire à sa dignité,
qui lui fait aussi garder ses distances avec ses propres enfants.

A un observateur superficiel, ces coutumes peuvent sembler de la dureté de


coeur. Pourtant, le samouraï, et le japonais en général, est aussi accessible aux
émotions et à la sensibilité que quiconque au monde. On peut même penser que
passions et émotions qui ne trouvent pas un exutoire dans des manifestations
extérieures sont encore plus fortes et intenses.

Le calme, le comportement, l'égalité de l'esprit et du coeur, ne doivent être


troublés et dominés par aucune passion. Les plus grands drames, sont vécus
dans le silence. Nul ne voudrait attrister son hôte, son prochain, avec ses
propres peines. Des nouvelles de parents chers, gravement malades, sont
données avec détachement et même avec un rire, comme si c'était sans
importance.

Certains disciples du BUSHIDO pouvaient atteindre un haut degré de douceur


pacifique. Tel Ogawa : " Quand les autres disent du mal de toi, ne rends pas le
mal pour le mal, mais réfléchis que tu n'a pas été non plus toujours fidèle dans
l'accomplissement de tes devoirs ".

Il existe ce que l’on appelle «l’attitude pendant l’orage ». Quand on est pris dans
une averse soudaine, on peut, soit courir le plus vite possible, soit s’élancer pour
s’abriter sous les avancées des toits des maisons qui bordent le chemin. De
toute façon, on sera mouillé.
Si on se préparait auparavant mentalement, à l’idée d’être trempé, on serait en
fin de compte fort peu contrarié à l’arrivée de la pluie. On peut appliquer ce
principe avec profit dans toutes les situations.

Inazo Nitobé raconte qu'il connaît l'histoire d'un père qui passa des nuits
entières derrière la porte à écouter la respiration de son enfant malade : il ne
voulait pas être surpris dans cet état de faiblesse paternelle. Il cite aussi le cas
d'une mère qui, à ses derniers moments, s'abstint d'envoyer chercher son fils
pour qu'il ne fut pas dérangé dans ses études. Les histoires héroïques de ce
genre abondent au Japon, et trouvent toujours une résonance profonde dans le
coeur des Japonais.

Quand homme ou femme sentent leur esprit ou leur coeur agités et troublés, le
premier et instinctif mouvement de pudeur est de ne pas le manifester.

La sensibilité japonaise est choquée d'entendre des paroles sacrées, ou la vie


secrète intérieure, étalées devant n'importe qui.

Un jeune samouraï écrivait dans son journal : « Sens-tu le tréfonds de ton âme
remué par de tendres pensées ? C'est le moment où la semence germe. Ne la
dérange pas en parlant, mais laisse l'oeuvre s'accomplir tranquillement dans le
calme et le secret ».

Celui qui exprime avec abondance de paroles ses sentiments les plus intimes,
c'est le signe certain que ces sentiments ne sont ni profonds ni sincères.

Un dicton populaire le compare à « une grenade », ... « dès qu'il ouvre la


bouche, il étale ce qu'il a dans le cœur ».

Chez le samouraï, le rire établit l'équilibre intérieur rompu, il est le contrepoids à


la douleur ou à la colère. La répression des sentiments et des passions ainsi
fermement exigée et maintenue, accumule une grande quantité d'énergie. Cette
puissante énergie trouve son expression dans l'action, mais une issue de sûreté
est donnée par la sensibilité esthétique et l'expression poétique.

Quand cette sensibilité, ce sens de la beauté et l'expression artistique sont


soigneusement entretenus, ils confinent à la bonté et compensent heureusement
ce que la dureté de la maîtrise de soi semble avoir d'impitoyable. De cette
conjonction peut naître l'émouvante et forte tendresse du guerrier, BUSHINO-
NASAKE.

La perfection de la maîtrise réside dans l'équilibre entre la contention des


passions égoïstes et la libération des nobles élans de la nature humaine, purgée
de ses étroitesses.

Cette puissante structure intérieure est l'aboutissement naturel de la culture


selon le BUSHIDO. La compréhension entre ceux qui subissent les mêmes
épreuves, les mêmes souffrances, les mêmes joies et les mêmes espoirs, fait
naître l'amitié.
L’AMITIE LA BIENVEILLANCE

L'amitié est peut-être le plus pur des


sentiments de l'homme. Vierge de passions,
elle est sans doute une des formes les plus
altruistes de l'amour.

Fondée sur la compréhension, l'estime et la


confiance mutuelles, elle permet les échanges
humains les plus élevés.

Pour que cette amitié soit authentique,


l'homme doit vivre selon les principes du
BUSHIDO.

A un degré suffisant, il doit posséder :


rectitude, courage, bonté, politesse, véracité,
sincérité, loyauté, désintéressement,
détachement, sens de l'honneur, fidélité,
modestie, respect, contrôle de soi.

Toutes ces facultés se conditionnent et se renforcent mutuellement. Il n'est pas


possible de concevoir les unes sans les autres. Elles concourent toutes à faire un
homme complet, profondément équilibré.

Si un seul de ces principes fondamentaux du BUSHIDO fait totalement défaut,


cette lacune entraîne la faillite des autres. Il n'est plus possible d'éprouver la
confiance et l'estime réciproques, bases de toute amitié vraie.

L'amitié est un échange noble entre égaux.

Lorsque ce sentiment s'exerce à l'égard d'un plus faible ou plus ignorant, il


change de nom et devient la bienveillance (qui n'est pas la condescendance).

A niveau égal, bienveillance peut exister sans échange mais elle reste un
sentiment constructif, fait de compréhension et d'amitié, une des formes de la
bonté. La bienveillance est indulgence pour les lacunes et défaillances d'autrui,
encouragement pour les facultés naissantes.

Elle offre un climat favorable à chacun pour se développer.

Amitié et bienveillance sont les dispositions d'âme naturelles de l'homme fort :


du samouraï, du chevalier. Leur absence est signe de faiblesse.
Le BUSHIDO est le Code d'honneur et de morale traditionnelle des pratiquants
d'Arts Martiaux.

Il est vain d'acquérir les techniques si


la structure intérieure du jujutsuka
n'est que faiblesse et qu'il soit
moralement invertébré.

Jujutsu Traditionnel, sans BUSHIDO,


n'est qu'une apparence et ne peut
faire illusion longtemps.

Il est donc capital que le Maître


enseigne le BUSHIDO en même
temps que le Jujutsu, et que le
disciple s'efforce d'apprendre les deux
qui, en réalité, ne sont qu'un.

Le respect rigoureux des principes du


Bushido et de son étiquette, facilite
les progrès en Jujutsu.

Le Bushido, âme des Arts Martiaux,


se résume en deux mots : noblesse
d'âme.

Les principes essentiels en sont :

Rectitude, courage, bonté, politesse, véracité, loyauté, désintéressement,


détachement, honneur, fidélité, modestie, respect, contrôle de soi, amitié,
bienveillance et cette énumération est progressive, solidaire, indivisible.

Les progrès dans ces diverses facultés sont appréciés par les Maîtres.

Les manquements graves sont jugés par les Maîtres, les Anciens et les Pairs.
Il existe sept grandes vertus confucéennes associées au Bushidô

義 - Gi - Droiture , "rectitude, rigueur"


勇 - Yu - Courage
仁 - Jin – Bienveillance, "grandeur d'âme, compassion, générosité"
礼 - Rei - Politesse, "respect"
誠 - Makoto – Sincérité, "Honnêteté"
名誉 - Meiyo - Honneur
尽忠 - Chugi - Loyauté

"La Voie parfaite ne connaît nulle difficulté


sinon qu'elle se refuse à toute préférence.
Ce n'est qu'une fois libérée du rejet et du désir
qu'elle se révèle dans toute sa clarté...."
Le serment du samouraï
"Je n'ai pas de parents, je fais des cieux et de la terre mes parents.

Je n'ai pas de demeure, je fais de Tan t'ien ma demeure.

Je n'ai pas de pouvoir divin, je fais de mon honnêteté mon pouvoir divin.

Je n'ai pas de fortune, je fais de ma docilité ma richesse.

Je n'ai pas de pouvoir magique, je fais de ma personnalité mon pouvoir magique.

Je n'ai ni de vie ni de mort, ma vie et ma mort ne font qu'un.

Je n'ai pas d e corps, je fais de mon stoïcisme mon corps.

Je n'ai pas de Yeux, je fais du flash de l'éclair mes yeux.

Je n'ai pas d'oreilles, je fais de ma sensibilité mes oreilles.

Je n'ai pas de membres, je fais de ma promptitude mes membres.

Je n'ai pas de lois, je fais de mon autodéfense ma loi.

Je n'ai pas de stratégie, je fais du droit de tuer celui de protéger ma stratégie.

Je n'ai pas de dessein, je fais de la saisie instinctive de l'opportunité mon dessein.

Je n'ai fais pas de miracle, je fais du respect de la loi mon miracle.

Je n'ai pas de principes, je fais de mon adaptation en toutes circonstances mon principe.

Je n'ai pas de tactique, je fais de la vacuité et de la plénitude ma tactique.

Je n'ai pas de talents, je fais de mon esprit prêt à réagir mon talent.

Je n'ai pas d'amis, je fais de mon esprit mon ami.

Je n'ai pas d'ennemis, je fais de l'imprudence mon ennemi.

Je n'ai pas d'armure, je fais de ma bienveillance mon armure.

Je n'ai pas de château, je fais de mon esprit inébranlable mon château.

Je n'ai pas d'épée, je fais de mon non-être mon épée."


GT

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