Abdelkebir Abderrahman LMZ0316

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U N I V E R S I TDEE M E T Z

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UFRSCIENCES HUMAINES UT|VCRSTÉ DE METZ
ETARTS s-c_D,

Perspectivesinterculturelles
N'lnv. 2æ3 o6?L
médias,
Ecrits, espaces,sociétés Cote LlAz
lledu Saulcy 03i)6,
57045 METZCEDEX1 Loc

LES MUTATIONSSOCIO-SPATIALES; CULTURELLES


' ET ASPECTSANTHROPOLOGIQUES EN MILIEU ARIDE :
CAS DE LA JEFFARATUNISO.LYBIENNE
1837-19s6

Par
Abderrahman ABDETKEBfR

présentée
Thèse pourl'obtention
duDoctorat

Préparée sous la Direction de :


- Monsieur Abdelwadoud OULD CHEIKII

Membres du lutv :

Mr RichardLioger Mr PierreBonte Mr Khatteli Mr Eenri Guillaume


EthnologuePrésident Directderecherche Eouciue Socio-anthropologue
deI'univdetvETZ au CI'IRS,labo Profd'ens.Sup. IRD
Direct derecherche
d'Anthropologie D.G,IRA Tunis
socialeParis Médenine

* 2003*
Dédicace
<1"<f"<a<a<l<l

et mon pèreHadj
Je dédiece travailà la mémoirede ma mèreZeineb
et à touslesparents
Ahmed,queDieu lesbénisse,à ma femme,à mesenfants
et amispourleursoutienet leurpatience'

aux cavaliers
A tous les werghemmaet tripolitains de la Jeffara,
et à une
jeffariens,vertueuxconfrontésrudementaux injusticesde I'histoire
combats'
naturehostilequi lesobligedepuistoujoursà desdurs
Remerciemenfs
Je témolgne ma profondegratitudeà Monsieur AbdelwadoudOuld Cheikh,
maître de conférencesà I'universitéMARC BLOCH de Strasbourg,d'avoir accepter
I'encadrementet la direction de mes travaux de recherche,je remercie M. Piene
Bonte, Professeur,directeurde rechercheau CNRS, Mme CatherineTaine-cheikh,
Professeur, chargée de rechercheau CNRS, M. Richard Lioger, Professeur
éthnologue,ancien Directeur de I'UFR scienceshumaines et arts, école doctorale
perspectives interculturelles (écrits, médias, espaces, sociétés). Président de
i'universitéde METZ,M. MohamedJouili, Professeuranthropologueà la facultéde
la Manouba université de Tunis,M. Henri Guillaume, socio anthropologueà I'IRD
Tunis, M. Houcine Khattali,docteur,professeurd'enseignement supérieuragricole,
chercheur,chef de dépanementet directeurgénéralde I'IRA, M. Mongi Sgaïer,chef
de laboratoiredes scienceshumaines à I'Institut desRégionsArides de Médenine.Je
leur térnoignema sincèrereconnaissance de m'avoir fait toujoursbénéficierde leurs
expériencesau niveau de cetterecherchedepuis 1995 (DEA et Doctorat)au sein des
laboratoiresde I'IRA de Médenine,d'URBAMA à Tours et scienceshumaineset
arts à |\/ETZ.

Mes remerciementsvont égalementà M. Mohamed SahbiEl Hajej et M' Hédi


Lahmari, directeurs généraux de I'AVFA, à M. le Ministre de I'Agriculture
Mohamed Habib El Hadded,à M. NoureddineAkrimi, Abdelmajid El Hamrouni et
Houcine Khattali, DirecteursGénérauxde I'IRA (Institut desRégionsArides), à M.
Ali Abaab, M. Mohamed Talbi, à M. Mohamed Ali Elabed, laboratoire de
I'informatique et de I'analysedesdonnéeset sescollaborateurs,M. Said Fadhli et M.
MohamedLatrach.

Mes remerciements vont également aux directeurs du laboratoire


(URBAMA) : Mers Pierre Signoleset Pierre Robert Baduel et à tous les professeurs
sansoublier le professeurJeanFrançoisTroin notre Directeur de l'école doctorale,
Mme Sophie Caratini, anthropologue,M. JeanBisson, Mme Anne Marie fréro, M.
Michaelbavie, M. Piene Bollier,M. Michel Lussautet M. Yann Callot.

Mes remerciementset mon profond respectau Prof. NoureddineSraieb(Aix


en provence), Prof. Said Hamdi, Université de Tours, Prof. André Martel, Prof.
Henri Noël Le Houérou, à tout le personnel d'URBAMA à Tours, et Mme la
Directrice de CFPPA de ToursFondettesla plaine à Tours et son personnel,à tous
les amis de la ville de Tours,de METZ et d'Orléansqui m'ont beaucoupaidé pour
que ce travail aboutisse.
MM : le Prof. Ali Hraimi, Bechir El Hachmi,
Je tiens à remercierégalement
Roland Mattera, Dhaoui Moussa,ZoheirIsmail, le Directeur Régional de la Culture
de Médenine,M. MohamedBacha,sescollaborateurs,JounaidiJemaï et Messaoud
El Gamoudi,MohamedEl FetehIsmail, HouèineNeji, le Directeurde la Maison de
ll
culturede Beni kaddecheKahlifa Chetoui,de Ben GardenMohsenAbdelkebiret
MohamedNasseurBettaieb,le Directeurde la Maison de Culturede Médenine
Amor Khchira,M. Dhaou El Heg Maire de Remada,le Prof. MansourBoulifa,
le prof. TouhamiChrigui,le Prof. Fethi Lessir, le Prof. Mokhtar Yahyaoui, sans
.oublier l'équif,edu Département de Géographiede I'Universitéde Sfax, MM. les
prof. MohàmedMechi, SalahChendoul,AbdelhamidBerkaoui,le Prof. Khalifa
Chattar,Directeurde !a BibliothèqueNationale,M. le Directeuret le personnelde
I'IRMC Tunis, M. HassenBoubakriet Mme Hayet Nakache,M. le Présidentde
I'IRESA,M. le DirecteurGénéralde I'IRESA,M. le Directeurde I'INAT, M. Salem
Dhifallah,directeurdu CentreRégionald'IinformatiquepourEnfants(CRIPE.Med)'
M. le Directeurde I'INGREF et leurs collaborateurs,le personneldes CRDA de
Médenineet de Gabès,les amis du ConseilRégionalde I'Héraultet des Côtes
d'Armor,de Bédarieuxet de SaintBrieux,tout le personneldu CFRAde Médenine
et de Gabèsà Marethsansoublierle jeune Hichem Zaabiet Mlle JalilaHechmi,
Mlle MabroukaHamdi et Mlle Amel Hadjaji pour leurgsoutients,sympathies et
leursresponsabilités.

lll
RESUME:

Les mutationssocio-spatiales et culturelleset les aspectsanthropologiques en


milieu aridedansla Jeffaratuniso-tripolitaineà la charnièredu Maghrebet du Machrek
arabesde lg37 à 1956,la culturedestribusjefarriennesentreles mytheset la réalité,les
rapports entre gouvernantset gouvernésdans un espace de souverainetéoù se
manifestentdes retombéesà doublecaractères: (endogèneset exogènes)traduisantla
pesanteurde I'environnement international,pouvoir et contrepouvoirdansla Jeffara,le
^*quug. et la délimitationde I'espaceaboutissantà la lutte contreI'expansionturque,
françaiseet italienne.

La mythologiedu transfertde la populationdes Werghemma(confédération de


tribus qui haùitentL 1.ff*u occidentale)et l'émigrationen Tripolitaine,le flux et reflux
de réfugiés,le rôle des associationsde réfugiés et des confrérieset çoffs. Etude et
commentairedu corpusde la poésieafférenteà cette époque.La confédérationdes
V/erghemma, hiérarchieet pactesaveclesautrestribustunisienneset libyennes.
La cimparaisonentrelespâctesd'El Foudhoul(pactedesvertueux)(1S37)dansla Jeffara
tuniso-libyenne et le pactèd'Ahd El Amen à Tunis (1857).Le corpuspoétiquedestribus
de la Jeffara,étudedôsdifférentsdiwanes(recueils)de poésie(plaine,montagne, dhahar,
Tripolitaine).Le contenumultidisciplinairedu messagepoétique,son rôle dans I'histoire
de la Jeffara en tant que patrimoinegroupanttoutes les composantes de la culture
jefarierme.

Les pouvoirs étrangerset I'usagede la force et la pratiquediplomatiquequi


groupées en
dissocieles iribus formantune sociétémarquéepar desvaleursguerrièreset
Tunis et la
confédérationsemi autonome.Cettesociétése trouvantentre la régencede
Wilaya de Tripoli forme une sorted'Etat tampon considérépar le protectoratfrançais
Beysde
commetribus Mukhr.n dansun tenitoire décrétémilitaire et marginalisépar les
Tuniset lesOthomans deTriPoli.
La Jeffara,espacede souveraineté confuseet partagéepar les tribus et.les pouvoirs
de deux
étrangers,cet espacesahariena été produit par la superpositiondiachronique
d'autres
.rpu.I", politiquès,celui du pouvoii central tendantà créer une rivalité avec
pouvoirspériphériques établissantainsiun rapportannexion.

Les enjeux anthropologiques et culturels et la confrontationentre les réseaux


jeffariens des grande,,onfréti.s, affinités mystiqueslégendairesde la -poésieet des
poètes,dessageset saintspopulaires,métaphores et lieux communsde traditionorale,du
poétique,la
àiulogrr. avec I'autreet aveôle pouvoir central sansnégliger le discours
vécu et les formations
confrluration et la reconstitutiondes identités à un territoire
jeffariens et les
sociales et alliances pré-colonialespuis un territoire perçu des
représentationsdespoètesdesdeuxrivesde la Jeffaraoccidentaleet orientale'
d'organisation
LË pacted'EI Foudiroul (pactedesvertueux)commepremièreinitiative
civiquËet pénaledansles territoiresnomadessahariens, les notions
parà-administrative
â'autoglstionet d'organisation faceaux pouvoirsqui menacent la
de liberté,d'autonomie,
lien social,placede la femme et alliance
Jeffaraen 1837,les impacts,o-rio-é.onomiques,
dictéespar le Pacte'

-lv-
Pourquoi le lien social, la parentéet la relation sanguinene sont plus les
fondementsde tout systèmetribal ? Devantles menacesdespouvoirscentraux,en 1837.
il faut un pacte d'intérêt commun d'ordre politique et socio-économiqueet
sansporterpréjudiceaux relationsintertribaleset à la placede la femme.
organisationnel
Est-ceune mutation interneou une évolution normalesuite aux dangersmenaçantla
Jeffara?

Le dialogue du jeffarien avec le pouvoir, la politique chez les jeffariens,les


principeset les idéologiessont-ilsà I'originede cet échecde dialogueavecle pouvoir?
Place de la poésie,son rôle et son messagen'ont pas facilité ce dialogue,suite à la
mobilité et à la hiérarchiede la poésiecomme étant une geste(ensemblede poèmes
épiquesrelatantles hautsfaits et mobilisantles tribus). Le traitementde I'espacepasse
obligatoirementpar le sacrépopulaireet la tradition orale qui est abordéeselon les
circonstances.

A I'intérieur de ces confédérationsde tribus, I'existencede rapportssociaux


inégalitairesrenforce le désir d'expansionterritoriale jusqu'à dépassement du seuil
d'équilibreécologiqueet jouant le rôle de surplusspatialqui ne peut êtremaintenuque
par la force.
La définition de I'espacestratégiqueest liée à la précaritédes limites territorialesentre
cesgroupestribaux antagoniques, et I'enjeuécologiqueet spatial sous-jacent (ariditéet
sécheresse)a été l'élément générateurde traditions guerrières mais aussi de
représentations, des productionsculturelleset d'horizons illimités de I'espacereligieux
hautementsacréet symbolique.
- Les poètes gardentle même langageet la même méthodologiedans la
configurationde la vie individuelleet collectivedesWerghemmaet desSiâanes
et Noueals,Harabaset Ghdamssia vis-à-visdu pouvoir.
- A quoi est due cetteruptureou ambigu'ræde dialogueavecle pouvoir,d'où
vient la responsabilité de l'échec ? Pouvoir occupant, menaçant non
démocratique, etc....
Y a t il deuxfaçonsdansce dialogue! Sesoumettreou serévolter !
Vis-à-visdespouvoirs.
- Les origines nomades,guerrièrês,berbères,arabes,hilaliennes,romaines,
etc...Le brassage des cultures multicivilisationnelles chrétienne, berbère,
islamiqueet arabo-musulmane donneun amalgamequi se cristallisedanscette
poésie, donnant naissanceà un message historique, politique, social,
économiquese caractérisant par des principesdirects influençanttout dialogue
ou négociationqui ont été toujours ambigusavec les pouvoirsau sein de la
Jeffara.
- Replacerle phénomènedansle contextede la sociététunisienneoù il y a un
équilibrebien codéavecdesréseauxmultiformesà traversla sociétéjeffarienne
occidentaleet orientaleen Tripolitaine qui se trouve de part et d'autred'une
frontière arbitraire décrétéeen 1910, portant préjudice au dynamiqueet à
I'harmonieà la fois, bloquant ainsi les groupeset donnant I'initiative aux
individus. Donc c'est en même temps critiquable et appréciablebien que le
dialogueresteen faveurdespouvoirsà traversI'histoirede la Jeffara...
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- 1956- 1837-

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eCt d! uJÉ' tl'ri ue
Éùusi g* g+--êi.rl oJ$jr p$itl 3 ollÉi .bi J eJ'âtl cÉl r $sf .r'l
.J.àHl ]tlSti c.;rSsÉt.rtt

- viii -
SUMMARY:

The socio-spatialand culturaltransformationsand the anthropologicalaspectsin


the arid environmentof theTuniso-LybianJeffarain relation with the Arab Machrek
(East)andMaghreb( West)from 1837to 1956,the Jeffariantribes'culturebetweenmyth
una teaity, thé rehtionshipbetweengovernorsand governedin a spaceof sovereignty
whereconsequences ofa doublenatureappear: (endogenous and exogenous)conveying
the weight oi the internationalenvironment,power and forcesof oppositionin Jeffara,
the mar-kingand the demarcationof the spaceleadingto a struggleagainstthe Turkish,
theFrenchandthe Italianexpansion.

The transfermythologyof the Ourghemapopulation(a confederationof tribes


flow
that live in westemJeffaraandthe immigrationin the Tripolitain way, the ebband
of refugees,the role playedby associations of refugees,brotherhoodandçoffs' Survey
of
and commentaryof tire .orpur of the poetryrelative to that time. The confederation
Werghemma, hierarchyandpactswith otherTunisianandLibyantribes.The comparison
-Libyan
betweenThe pacts gi foudÏoul (pact of the virtuous) of 1837 in the Tuniso
plails, Dhahar
Jeffara,surveyof the different "Divvan"(compilations)of poetry about
poeticmessage'
mountainchain,andTripolitainlife. The multidisciplinarycontentof the
all the components of the
its role in the history ôf "J.ff*u" as an heritagegrouping
Jeffarianculture.

The foreign powersand the use of force and diplomaticpracticethat separated


tribes forming u- to.i.ty markedby war values and groupedin a 19mi-autonomous
confederation. This sociétybeingbetweenthe regencyof Tunis andthe wilaya of Tripoli
andthe
formeda kind of an indeplndenistatethat standsbetweenthe Othmansin Tripoli
by the French
Regencyof Tunis to prwent any relationshipbetweenthem. considered
pro"tectorateas Makhzentribesin a territory announcedmilitary and marginalizedby the
beysof Tunis andthe Othomansof Tripoli'
the
The Jeffara, spaceof confusedand sharedsovereigntyby the tribes and
superimposing
foreignpowers,this ùharan spacehas beenproducedby the diachronic
of the centralpower showing a tendencyto createa rivalry
of tù iolitical spaces-one
with otheroutlyingpowersthis establishinga relationshipof annexation'

the
The anthropologicaland cultural issues and the confrontationbetween
of poetryand
Jeffariannetwork of gtËutbrotherhoodlegendaryand mystical affrnities
oral traditions'of
poetsof wise men ani popularsaintsmetalhorsand commonplaceof
poeticspeech,
ih. diuloguewith othersandwith the centrâlpowerwithout neglectingthe
the
the configurationand the reconstitution oi identities in an authentic territory,
social

-lx-
then a territory appreciated by Jeffariansand
formationsand the pre-colonialalliances
poetrepresentations'on the eastemandwestembanksof Jeffara'
of civic and penalpara-administrative
The PactEl Foudhoulas a first initiative self
in the ,roÀaaicand Saharan territories'the notionsof libttty' autonomy'
^p;;;i-
organisation tht.atenei Jeffara in 1837, the socio-
managementand "Ë*ù*r"1 faling
by thepact'
impacts, itË sociat ties,the staltusof womenandalliancesimposed
economic
of
or blood relationsno morethe foundations
why arethe socialties, parenthood pact
al threats.in1837?Thereshouldbe a
anytribal systemwhenfacingth. c"tt n"*"* nature without
common interest of political, ,o.îàl"tonomic and organisational
of internal
or to women's position' Are the
carrying prejudice in*-iriuur relations Jeffara?Are
or tt. ior-ut evolution suù'"qutnt !9 th" dangersmenacing
transformations principlesandthe
th.;"*"t1tfre l9{fa1an politics' the
the dialogueof *rellffarians with
ideologiesthecauseoffailureofcommunicationwiththepowen?

Neithertheimportanceofpoetry,norill.roleormessagesucceededtopavethe
poetrybeing
ïf -oUn'ty and of the hierarchyof
way to this dialogueas a consequenc" factsandmobilising
,,unegeste,,(a setof epicpoemsof tn"*iaaf. agesrelatingthe high
popularandthe oral
pas'"s ineviiably uv d" 'utttd
the tribes.)The treatmentof space
to the circumstances'
*ai ion that is dealtwith according

Insidethesetribeconfederationstheexistenceofsocialrelationshipsbasedon of the
expansiongoingbeyondthe threshold
inequalityr"inforcesthe desireof tenito'iul excesstÈ'"t;t bemaintainedonly by
the role of u 'p"tiul
ecologicalUuf*..-*JOr""t
force.

Thedefinitionofthestrategicspaceisrelatedtotheinsecurityoftheterritoriallimits
stake
grorfrs ;d û* underlyingecologicaland.special
betweentheseconflictingtribal cultural
*i traditions but âso representations'
(aridity, aro.rghùïro* ïhi.h t,= space'
highly sacredand symbolicreligious
production,*a Jnài.r, rroriron, orit.
th:. same methodologyin the
The poets have kept the ;am3 language qd-the Werghemma'the Siaans'the
fift of
configurationthe inai"iirrA and collec["Ë
towardsthe power'
N*.îft the Harabas,andthe Ghadamsia

-x-
What is this rupture or ambiguity of dialogue with the power due to? Who is
responsiblefor this failure?Isn't it the non democratictlqeateningcolonialpower?

Are theretwo waysin this dialogue!To resignor to rebelagainstthe power?


The nomadic,war, Berber,Arab, Hilalien, Romanorigins. The interminglingof
multicivilizationalculturesChristian,Berber,Islamic and Arabo-Islamic,resultedin a
mixture that crystallisesin this poetry giving birth to a historic, political, social,and
economic messagecharacterizedby direct principles influencing all dialogue or
negotiationsthat werealwaysambiguouswith the powerswithin Jeffara.

To replacethe phenomenon in the contextof theTunisiansocietywherethereis a


well-codedbalancewith the multiform networksthroughthe easternand the western
societyof Jeffarain the Tripolitain way which lies on all sidesof an arbitraryborderset
in 1910.It broughtprejudiceto both dynamismand harmonythus standingin the way of
groupsandgiving the initiativeto individuals.It is thereforequestionableandappreciable
althoughthe dialogueremainsin favor of the powersthroughthe Jeffarahistory.

-xl-
SOMMAIRE

- Introduction.......'... """""""""""'1

1è'"Partie
de la Jeffara,milieu physiqueet humain""""""0
Présentation
de la population
Chapitre I: La constitution du territoire de la Jeffara : Habitat
d e sW e r g h e m m a . . . . . . . . """"""""""""7

climatique
l- Précarité et sècheresse""""""" """"""""""'7
2-Lesrégionsnaturelles'.. " " """""'8
2.1-LaJeffara....... """""8
2.2-Ledhatrar....... """"'10
2.3-Elouara (le grandparcoursde la région)""""""" ""'10
2.4-Larégiondelamontagne....'.""' """""""'ll
2.5-L'Ergoriental........ """""""""'l I
2.6-Lapîainede la Jeffara.'.........."" """"""""12

: permanence
chapitre II: Structuressocialeset spatiales pré-coloniales à la Jeffara
lignagèreet dynamiquàpastorale""""""" """"""""""'13

favorablesà I'avènementde la créationdu pacte


ChapitreIII: Lescirconstances
Foudhoul> desvertueuxdansla Jeffaraoccidentale:
<<d,el 1837..'31

3.1-L'époquearabeet la remiseen causede cettedominationsurla Jeffara"""""'32


de
3.2-L'époquearabeet la remiseen causedestechniquesd'aménagement
: lesmodesdevie et I'exploitationdu milieuaridedela
I'antiquité
Jeffara....... """""""'39
3.2.1-Unelecture del'époquearabe....""' """39
3.3-Organisatioq socialeàesWergnemma dans la Jeffaraoccidentale....."""""""46
3.a-phlsionomie desgroupes de la confédérationdesWerghemma...""" """"""'47

-xll-
chapitre IV: AveclesTouazineet lesKhsours dansleur mobilité et leur
sédentarisation....'.... """"""51

4.1-De la légende à I'histoire. """"'53


au XIXème les
siècle, differentesversionsde I'histoiredes
4.2- Le sud-esttunisien
tribuswerghemiennes dansla Jeffaraoccidentale """"57
4.3-Nomades,semi-nomades, sédentairesd'hier dansla Jeffaratuniso-
tripolitaine """"""'59
4.4-Lesthéâtresgéographiques desWerghemma"""""""" """"""""64

2ème Partie:
Pacteset alliancesdansla Jeffara occidentale.............................71
de la
chapitre I : le pacted' <(ElFoudhoul>>desvertueuxentre lestribus
confédération desWerghemma1837""""""""':""" """'72

l.l - Le textedu pacte" d'ElFoudhoul" desvertueux"' """"""""""77


-
I .l .l Les existants
pactés dans la Jeffara,I'Aaradh,Sfax et Tunis au
XIXèmesièc1e......'.. """"""""80
1.2-Kanounchartia(législationet coutumes)desWerghemma au sein de la
Jeffaraoccidentale """""""""81
1.3-Les interprétations dela législationdu pacte"d'El Foudhoul"
desvertueux """""90
pacte"d'EL Foudhoul " des vertueux,valeurs et attitudes du
1.4-Lecturedu
mondenomade..... """"""""92

chapitre II : De I'organisationtribale à I'organisationcommunautaire"""""'98

2.2-

2.3-
2.4-

chapitre III : Les werghemmadansleur mouvanceet leur sédentarité""""112

- xlll -
3.3.1-Structurede la filiationdesTouazine"' """"'115
3.3.2-Filaiationde " Arch" desouledHamed Werghemma)....116
(Touazine,
dans
3.3.3-Filiationde <Arch>des< Houayu (khezourswerghemma
la montagne deBeniKeddeche) ""116

et lesinvariants
ChapitreIV: LesWerghemmaentrelesvariantshistoriques
nthropolôgiques....""' """""""' 133
Repérage dansle temps:......"".'""' """"""'133

4.!-Lecalendrier lunaire.'.."' """137


4.2-Lecalendrieraajarriaà."' """137
4.3-Lecalendrier gÉten.ouhisbade ghilène""""':""""' """""""'139
4.4- LecalendrierInandtrout ou hisba àe chandhoul""""""" """""142
4.5-Laraâdia: calendrierpluridisciplinaire"""' """"""142
deterre de parcours, des terresde labours. .............'l6l
4.6- Lepartage
4.6.1-Lesaspects fonciers""' """""""""'162
de l'évolution du foncierchezles jeffariens
4.6.2-Rappeihistorique
Werghemma'............." """"""""""'162
de la terrechez les Werghemma d'après la lecturede I'acte
4.6.3-Lapossession
écritdu " miâad"............"" """"""'163
4.6.4-Les terresdelabours' """"""""""'163
4.7-Lecycle d'émigrationet detranshumance saisonnièretraditionnelle.......'167
4.7.1-La migratiinverslesoasispours'approvisionner desdattes""""""'167
4.7.2-Latranshumance."......" """"""""'168

ChapitreV : Le repéragedu tempschezlesWerghemma"""""""""""""""171

-xlv-
5.10-La vie quotidienne du werghemmi: importance desapportsélevage"'206
5 .1 0 .1 -Ll a
e i t...'......... """"""""""206
5.10.2-La laine : les V/erghemma entre le métier horizontalsousla
tenteet le métierverticaldu tisserand au ksar""""""""""""'208
5.10.3- Lesvêtements masculins...........'. """"208
5.10.4-Lesvêtements féminins................ """'209
5.1l- Noceet mariage chezles jeffariens............ """"209
5.11.1- Paruredesfemmesjeffariennes et procédure de mardlage...--.212
5.12-Laplacedu chevalle compagnon d'armes desjeffariens...........'...........216

3èmePartie:
Les crisesde la sociétéjeffarienne dans les confins
tuniso-tripolitains............. ""'223

ChapitreI : La Jeffara tuniso-tripolitainepont de la liaisonorganiquebilatérale


entreTunis et Tripoù.. """"""""224
-
I .l Les mouvements et les étir"r de la sociétéwerghemmienne dans la Jeffara
tuniso-tnipolitaine...... """"'228
1.1.1-Destruitionde I'Etat de la régence de Tunis"""""""" """"'228
1.2-Les Werghemmaentrelesréformes (pacteset destours) et les pressions
militairesétrangères. """"""235
I .3-Terminologiedès<ourbanes>> nomadesdansle liwe de " Ithaf Ahlgzzemeru>
du réformateurAhmed Ibn Abi Edhiaf"""' """""""239
1.4-Lepactefondamental de "AhdEl Amen""""""""" """""""""239
1.5-Lesrévoltesarméeset les répressions"""" """""""242
1.6-Le pactefondamental" AhôEl Amen" originede la réforme et les intentions
du consuldeFranceà Tunis'..... """""""247

:
ChapitreII: Les droits de la sociétéjeffariennede la rébellionà I'assimilation
l'épreuvedesdestours""""""" """""""""'256

2.1-Les principesde basede la penséeréformatricedu GénéralKheireddine


Bacha........ """"256
2.2-Lacrisedesstructures socialeset de l'économietraditionnelle"""
"""""'259
2.2.1 -Le compteà reboursde I'EtatHusseiniteOthoman: " El Entifadhades
Werghemma dansla Jeffaratuniso-tripolitaine"""" """""259
V/erghenrma de la révolte
2.3-LesWerghemmadansla Jeffaraoccidentale: les
à la soumission........... """"'261

chapitre III: Le tempsdesadieuxà la sociétécontreI'Etat ou le passage


du tempsde la paix au tempsde la peur """""""""266

3.1-Les werghemma:hommesd'épée,hommesdeDieu,sédentaires et Jebalias


enl88l ....' ........:..... """"""267
de
3.1.1-Lesconséquences I'intervention coloniale"""""" """"267

- xv-
et I'appuiaux révoltesde Ali Ben Ghadhahom
3.2Lesjeffariens,la résistance
et GÀouma El Mahmoudi(1855-1364)"""""" """"274
3.2.1-Pourquoi I'oublidesdeux hérosGhouma El Mahmoudi et Ali Ben
Ghadhahom parla confédérationdesV/erghemma I 855- 1864............27
6
3.3-Lesjeffarienssuiventde prèstoutesles manoeuvres régionales et inter-
nationales.. """""278

4èmepartie:
" "28I
L'invasion française de la Jeffara occidentale...........'...""

chapitre I: Le démantèlementde I'indépendancedes\ilerghemmadans


la Jeffaraoccidentale.......""""' """""""""282

I .l - L'invasiondu sudde la régencede Tunis et la négociationinternationale


entrelesgrandes puissances """"""""285
1.2-LesWerghemma èntre le refus de la colonisationet la volte face de la
sublimeporteothomane........'..' """""'286
1.3-L'intervention militaire dans le sud de la régence de Tunis..........'."""""286
< No man's lanô la stratégiede la confédérationdesWerghemma devant
1.4-
la colonisationfrançaise............."' """287
1.5-La prisedeKairouanet I'annoncede JulesFerry: I'entrée des troupes
françaisesà la ville sainte: prendreI'assautpour I'occupation du centre-
et du suddela régence deTunis """""291
I .6- L'occupationdeJerbaet I'attitude des Werghemma et leur attente d'une
interventionturque..... """293
des autoritésbeylicales et la perte_des
I .7- L'occupationdeZarzis,ladiplomatie
v/erghemma du dernierdébouché maritime1ibre.......... .........294

du sud
chapitre ll: Le grand mouvementd'exil destribus du centreet
en tripolitaine:I'attentede la grâcede Dieu et de I'armée
turque...... """""")96

surla Jeffaraoccidentale
2.1-L'assaut 1882-1883"""""" """"""'302
Z.2-Lescampsd'émigrants $/erghemma à Oued Fessi : I'attentesans fin
decf,oixdesWirghemma"""'
et I'embarras """""303
2.3-Quelsembarras dechoix devantles werghemma et le restedestribus
tunisiennes à la colonisationfrançaise"""""'
résistantes """"306

chapitreIII : Werghemmaet le protectoratfrançaisen 1881.....'....""""""308


tribusrésistantes
3.1-Lespourparlers (1881-1887)..."313
et autoritéscoloniales

Partie : Les Werghemma


5ème
de I'autonomieà la "paix françaiseff.....' "'319
ChapitreI: Les Werghemmi de I'autonomieà la "paix française"..""""""'320
-xvi-
l.l - L'organisationdestenitoiresde la Jeffaraoccidentaleet de I'extrêmesud
de laiégencede Tunissousle protectorat français""' """""""""323
-
l.l.l ia Jeffaraoccidentale décrétée territoiremilitaire.... .........323
1 .2- Lesremaniements administratifset territoriauxdansla Jeffara occidentale
séparée de la Jeffaratripolitaine """"""'326
I'ennemi de la confédération des rJ/erghemma
1.3- Le Commandant Rebillet,
( 1 8 8 6 -1 8 9 8 )................ .....:............ """"' 327

Chapitre II: Les conséquences économiques et socialesdu protectoratfrançais


et de la colônisationagricole. ""330

2.!-Lejour desTouazine... """"'333


2.2- La" Htaya"émigrationversle nordde la régence ou le voyagede la souf-
FrancedesWerghemma vers"Ifriqiya" 1924et 1936""' """""'335
2.3- Lepoème"El Moughraba" ou la ruéevers "Ifriqiya",le nord-ouestde
deTunis....
la régence """"""338

chapitre III : Ouverturedeswerghemmasur l'économieeirropéenne..........344

3.1-L'olivieret la colonisationfrançaise """'345


3.2- LesWerghemma entrele déclinde la et
transhumance le projetde plantation
d'oliviersdansla Jeffaraoccidentale """'346

chapitre IV : La lecturedu paysagerural de ta Jeffara occidentale,sous


I'autoritédu protectoratfrançais""""""' """"""""'349

et uneéconomie
4.1- Les Werghemmaentrela séductionde l'économied'échange
traditionnelle.............. """""349
.2-Laculturemécanisée enpleineJeffara"""' """"""'354

la
ChapitreV: La Jeffara tuniso-tripolitaine:I'héritaged'une colonisationet
désorganisation de la sociétéwerghemiennetraditionnelle.........356

5.1-L' "Entifadhar> desWerghemma (1914-1918)"""""""" """""'357


5.2-Larévoltedesoudemaet leur allianceaveclestripolitains ""'358
5.3- Le projetde la guerretotaledes Werghemma contre I'occupant français"'358
5.4- Lefront de la léffaratuniso-tripolitaineet I'apologiedesWerghemma......359
5.5-La demièreréuniondes"miâads"de la confedération de Werghemmapour
I'organisationdela révolte.'. """"""""""359
S.6-Le decodageet le démantèlement du mode de vie jeffarien et de la société
guerrière wèrghemienne............ """"""'360
5.7--pourquoile recoursà I'aviationet à I'utilisationdes obus à gaz asphyxiant?
dansla Jeffaratuniso-tripolitaine......'. ""361
5.g- L'alliance" colonisationet pro-coloniaux" pour en finir avec la résistance
werghemienne avantle 20 mars 1956""""" """"""364
5.g.1-La dernièrebatailledeswerghemma contrela colonisation française..364
Conclusion """"""""""'371
Références bibliographiques..... """"""""' ""383
Annexe..... "'392

-xvll -
LISTEDESCARTES,FIGURES'GRAPHIQUES
ET TABLEAUX

et les affrnitésculturelleset économiques


carte 01: L'espaceperçudeswerghemma pistes
et le centreet I'ouestde I'Afrique(les
entrela Jeffaratuniso-tripotitaine
1840-1845) """"""""""19
transsahariennes
plaine
capitaledeswerghemmaou Aurghamma
Figure 02 : Plandu ksardeMédenine """"'24
dela Jeffaraoccidentale""""""""
lesjessours""'35
Figure 03 : Aménagement hydrauliqueen zonearideculturederrière

lesksours,leskhasbas'et leszemlasdansla
carte 04 : Cartedeshenchirsromains, """"""""'37
Jeffaraoccidentale

Figure05:RépartitiondesksoursdanslaJeffaraoccidentale'.................79

humainede la Jeffaratuniso-tripolitaine""" """'123


carte 06 : Géographie

Figure0T:VêtementsmasculinschezleswerghemmadanslaJeffaratuniso. """128
triPolitaine
d'une
la Jeffaratuniso-tripolitaineà I'occasion
Figure 08 : La hiérarchiesocialedans (sidi Makhlouf) et Abids
fêtede managecélébréep* Àuiar Ghbenten
"""""""129
tripolitain(régiondeTillis)"'

Figure0g:VêtementsfémininschezleswerghemmadanslaJeffaratuniso.
""'2ll
triPolitaine
(Jeffaraorientale) """'221
Carte 10 : Répartitiondesksoursen Tripolitaine
provoquée
Carte 11 : Leswerghemma sousla colonisationfrançaise: la séparation
aveclestribusTouaregetlesautrestribusducentreetdel'ouestde """271
l'Afrique""
ème
" dansla Jeffara auxlx
tuniso-tripolitaine
carte 12 : Répartitiondes"çoffs ""'304
siècle.."""'

ou confédérationdewerghemma auXIXè''
Carte 13 : Répartitiondes< ourouchs>
siècle""""' """""""3 (annexe)

carte14:L',invasionfrançaisedutenitoiredelaJeffaraoccidentalesousl'autorité
'4 (annexe)
a" f*i-tjptintt"'p' 1882"""""
othomane(Régence

- xviii -
Carte 15 Villes et tribustunisiennesl88l : exemplede cartegéographique de la
Tunisieatrophiéesousle règnedesothomans, du protectorat
français
et de la premièreRéPublique
ci-joinila notecirculairedu PremierMinistre n"32 du 27l04ll988intev
disantlescartesatrophiées de la Tunisie............... '... 05 (annexe)

Carte 16 La Jeffaratuniso-tripolitaine et le Satrarasousle règnedesothomans


l g 3 5 -1 9 1 1 ................ 07( annexe)

Carte l7 La Jeffaraoccidentaleet I'AaradhsousI'autoritémilitaire du Protectorat


français1881-1962. 08 (annexe)

Carte 18 "Entifadha"deswerghemmacontreI'occupationcolonialefrançaise
1882-1883 et 1914-1918-1956..... 09 (annexe)

(édificationdu mur
Carte 19 Leswerghemma: délimitationsfrontalières1908-1911
séparantlesdeuxjeffarastuniso-tripolitaines) 10(annexe)

Carte20 L'espaceperçudeswerghemma(le mondearabeet le monde


,nr.rrr'rlrn*; l l (annexe)

Carte2l; Lesnomadesdansla Jeffaratuniso-tripolitaine(xxè" siècle)..12(annexe)

Carte22: Lesacteursde "Helf El Foudhoul"pactedesvertueux1837Jeffara


occidentale- Médenine(l'Union deskhzourset desTouazine)...13(annexe)

Figure 23 :Lecalendrier"d'El Manakh"deswerghemmadansla Jeffara


occidentale """" l4(annexe)

de
Graphique 24 : Adaptationde la populationjeffarienneaux variationsclimatiques
lg60; 1956(datatlond"r werghemmaet lesmoyennes de variations
pluviométriques)........ ' 15(annexe)

-xrx-
Note sur-lelranscriDtion

Pourfaciliterlalecturecorrectedestermesetnomspropresæabesemployésdans
dansla mesuredu
et pour évitertouteamphibologie'ôn utilisera
la thèseet lesréférences
possible,lesystème simplifiésuivant:

^ 7 R ) GH I

j F si
b Z
t dr S (} a é
él
th ô SH (JÈ
I
K
I

S L U
joudj e t ê

h D (:- M e
J" N Cr
kh 7 T
J Z .b H
d
dh A t- ç

Voyellesbrèves voyelleslonCues

â (Fatha) a
u (dhamma) u
I
I (Kasra)

-xx-
mitieuaride: I
cuttureu:;et
socio-spqtiates,
res mutattons :pe:ts_î;;!::l:t:asr:,1!fïsel

INTRODUCTION'
qu'onà
si harassante
La préparatron d'unethèsed'Anthropologieest si longue'
ae cgtteréflexion estdueà la naturede
l'impressionquette est interminable'La tongueur tout support
sujetet l'absencequasi-totare-de
la rechercheet à la diversitédesthèmesdu chercheurdansnotrepays'
enseignant
logistiquede rechercheau servicedu fonctionnaire
c,est doncavecun grandsoulagement quej'achè1ece travail quej'avaisentaméil
jeune
a g"rmé dansmon espritdepuismon
y a aujourd,huiplus de quatre*r, .*i. sujet
touchantà I'espaceet aux hommes
âgedevantf'uUr.rr"" pËi;" totale d'uneiecheiche
de quelquesessaiset études(A' Martel' A'
sur lesquelsje me pencheici, à I'exception
Louis,F. Lissiretc...)
Laprésentethèsesepropose,àtraversl'analysedesdifférentesmutationsquise
trois époqueshistoriquesdu
sont produites.dansla Jeffaraltuniso-tripolitaineau t9*.t de
la colonisation),de montrerles limiteset
XIXè*, et XX.'" siècles(avant,prnaÀ "t après
production,et les *p"t-lt- T:yopologiques et
les contradictionsdu màde aeïie et de
aride dont les ressourcesvivrières sont
culturels face aux exigencesd'un miliàu
des frontières politiques,entre I'Etat
naturellementlimitées, et face à l'établissement
part I'insertiondes populationsdansla
tunisien et l'Etat libyen , qui a entr;i;t d'une
des tribus pendanttrès longtempsen
sphèred,échangeet'ta âgiimitation des terres
remplacementd,un.importanttraficconmercialquirayonnaitsurl'ensembledesconfins
satrariens et tripolitainsde la Tunisie'
répondresont celles-ci: comment
Les questionsauxquellesce travail voudrait
furent vécues * ;il à; itx,*' et xxè" siècles les valeurs que werghemma
mentalitésdes hommesde la Jeffaraet
revendiquaitpoui siennes? Quellesfurrrr, les
quelschangementssubissent.ellesaugrédeleurscontactsetdeletrrséchanges(etdes
autresrégionsde la Tunisieet aussisous
conflits aussi)? Avec lespayslimitropies et les
de tt gt*" est toujoursdélicate;en effet'
l,influencedu cours de l'hisioire?Unè étude jeu'
et où dè multiplesfacteursentrenten
c'estuneréalitéfluentequ'elletentede cerner
par desconditionnements éthno-
Une tentationde faciliter seraitdetout expliquer
socio-économiques et d'ordreculturelet anthropologique'

Maisvoiciquel,acfuelespacestratégiquejeffarienétaitliéàl'imprécisiondes
de plus les difficultésclimatiques
limites tenitorialesentre1., group., tribaux-opposes, des horizons illimités dans
; ouvrireni
furent génératricesde traditionr g".iiJr;r
I'espacereligieuxsacréet symbolique'
jeffariennesnaviguaitentreles mythes
Entre lggl et 1957laculture destribus
anthropologiquesetlesréalitéspolitiquesserapportantauxrelationsentregouvemantset
gouvernés.

, ,
, entreZouaraet I iiiJl ",, -"1-, Ers's!
- l"f"* a" ffi a. gutaat-alG utttiquesur Ia côte
plainevolslne(Y.t"": vlfbj H du.sud-est1993)'
oui a donnésonnom à la
qui l;;;"il;;isine'(Gsell' I l" ]*t:t-t tunisien)'
fïËÀ;;mïui*r"*ur.'a" qui hàbitentla Jeffara(sud-est
"iu*
Lesmutationssocio'spatia'i;!:i;"i':;::tr",":,:":;'ffi
ii'r';i#^"'*-'"

exerçaientune sortede souveraineté; c'est


sur cet espaceles tribus werghemma étrangères
desmouvements de résistancecontreles conquêtes
pourquoiellesorganisèrent
iurqut, françaiseet italienne'
quantà elle'
La mythologiedu déplacement deswerghemmaversla tripolitaine'
que le flux et le reflux des
a;emi"gration,^ainsi
permisd,expliqueri"sraisor* a., uugul,
ilË; deierugieretdesconfréries.
iilor. d", arsociations
par le biais d'unecomparaison entrele Pacte
Toutescesmutationsserontétudiées là Jeffaraen 1837et le
d,EIFoudhoul(assemblée de sagesou pactedesvertueux)dans
(1857)'
Pacted'AhdEl AmendeTunis
tribus jeffariennestunisienneset
A traversle corpuspoétiquedes différentes
recueils(Diwane)nouspermetde
tripolitaine.,t" ituriàir.ipiinaire de différents genèseet I'explicationdu pacte
"oni.nu
i" ,oi. de la cuttweltfzuit*" et la
mieux appréhender
d'EtFoudhoul.

De p l u sce ta n g l e d ,a p p rochenousamèneàcom pr endr elesconséquenc


qui fit es de
la force par les pouvoirs étrangers provoquantunedynamiqueguenière
l,usage de et
Ëi*t'ectorai françaisdécrétazone militaire'
de cet espaceun état tampon q.r"
considéré commeun ensemble detribus Makhzen'
où se superposèrent deux
Ainsi, danscet espacesaharienaridetuniso-tripolitain,
politiquesantinomiques,apparulunerivalitéavecd'autrespouvoirspériphériques,faisant
et culturels'ainsique
naîtreun sentime;â;;ion. Mais ies élémentsanthropotogiques
eitre les réseaux:"rzui"nr
-d;;;;, et l"s gr*dgt .ônftétit. gtâ:? aux affinités
la confrontation et cheikhchartia" favorisèrent
âesM-iâads2
mystiquestegendîiÀ despoètes, surtoute
dialogue avec"l'autre" et le pouvoir cJntralet la reconstitutiondesidentités
le
la Jeffara.

Lapoésiejeffariennereprésentaparfaitementlarelationconflictuelleavecle et son
i"irai,
central, qu,ellecimentales différentestribus par sa traditionorale
pouvoir
sensdu sacré.

Cetespacenedoitpourtantpasdissimulerd'importantesinégalitésentrelestribus
les originesethniqueset religieuses'
qui renforcer.nii" aJsir à'expansiont"nitoriale, des
arabes,hilali-ennes,etc" Le brassage
nomades,guenières,berbères,t;;;;;; donne un
*ufti.iuli*tionnelles bfiè'es,' chrétiennes'arabo-musulmanes
cultures
amalgamequisecristallisedunr".tt"poésie,donnant.naissanceàunmessagehistorique'
par des principesdirects raisonnantet
politique, social, économique," "*l.,etisant pouvoirs
tout dialogue ou négocffi; qui onf été toujôursambigusavecles
influençant
auseindela Jeffara'

de la fraction'genre

de conseilde gestiondd;;tqiié
totalesur':t:
I'"-i1i::o^::ii'Y.::o"ient intérieur
de
intérieur ratribuou
dela tribu ou de ra
dela
iË"ff':hïii:iflffi:ff::liii'"|,i"iË;"i,.;;.;;errJregiement
oiUutt ala têtedesagentsde la chartia
ou
f" p"ti"t
confédération,c'estle ,f,î*n-"ï*i", c'està ait;lt
g"ràt* parmilesmembresde la tribu'
"tt"iiis
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques
en milieu aride:
Cas de Ia Jelfara tuniso-lybienne IB37-1956

Le pacted'El Foudhoul4"fut le cadrede la vie jeffariennesocio-économique


et
politique puisqu'il devient une organisationpara-administrativesur le plan
civique et
pénal.Le pactepratiquaI'autogestion,la préferantaux lois centralisée,qui ."nucèrent la
Jeffara.

En 1837,le lieu social, la parentéet la relation endogamiquene frnent plus le


fondementdu systèmetribal : il fallut à la Jeffaraun pacted'intérêicommun,mêlant
la
politique et les problèmessocio-économiques sanstroubler les relationsintertribaleset
remettreen causela placede la femme.
Cette mutation était devenue nécessairepour faire face aux dangers étrangers
intemationauxd'une part et les dangersdes tribus ennemiesvoisines dbutr. part.
Le
dialogueentre les deux partiesétantimpossibledu fait des principesidéologiquesdes
jeffariens.Cettecommuneréférence dontserecommandant lestribus lesplus diverses.
Superstructure,sécrétépeut être par le concretdes conditionsde vie ? Ou au
contraire,idée force fondamentale
qui s'emparede ce concretsocio-économique, culturel
et politique lui-mêmeet qui sansen détruireles irréductiblesdiversitésle Ëfaçonneet
I'oriente.Nous essaieronsde cernerquelquesélémentsdes perspectivesainsi ouvertes
dansles horizonsde cet espaceoù les deux grandesrégionsgéographiques de l,Afrique
du nord, "le Maghreb"terre du soleil couchant,et le "cherg"terre du soleil levant,se
soudentà I'extrêmesudde la Tunisie.Sur la ligne deschotts,dansl'échappée du Sahara
surla Méditenanée.
Les demièrespentesdeshautsplateauxdu Maghrebs'infléchissentet seperdent
dans les profondeursinconnuesdes chotts, tandis que le Sahara,limité par les rives
méridionalesde ces grandslacsensablés, achevéde les comblerpeu à peu sousI'afflux
constantde cesdunesmouvantes.
Julesle Boeuf capitaine,adjointou chefdu servicedesAffaires Indigènesà la Résidence
Générale de Franceà Tunisdisaiten 1909s:
" Dansce lieu de transitionI'isthmed'Oudrefentreles chottset la Mer, au nordde Gabès,
la voie traditionnelledes peuplesmigrateursqui envahissentle Maghreb.Dés la plus
hauteantiquité,les territoiressituésau sudde cettechaussée naturellevivent le heurtdes
racespartiesde I'està la conquêtede I'occidentet les opiniâtresdéfensesdesautochtones
nille fois vaincus,jamaissoumiset toujoursadhérentsà la terrede leursancêtres".
La possessiondu passageentre I'Aradh et la Jeffara donna lieu à des luttes
séculaireset les peuplesqui prirent part à ces Mêlées héroiquesn'ont pu se dégager
entièrementde leur étreintesuprême,vainqueurset vaincus,les uns dansles plainésdu
littoral, les autresdanslesmontagnes destroglodytes,demeurentsi étroitementliés dans
leur histoireque la monographie d'unede leurstribus ne sauraitêtrecomplètesanscelle
desautrescollectivités.

'PacteElFoudhoul:pacteconc|uentrequelquestribusdelacon@acteécriten
communaccorddesmiâadsdestribusconcernés dit pactedesvertueuxà I'instarde ce qui a étéconcluentre
lestribusà l'époquepré-islamiqueet sollicitéparle prophèteMohamed.
' Julesle Bæuf: historique
du tracede la frontièredesconfinsde la Tunisieet de la Tripolitaine.
Berger-Lewault et CT Andrieu(1909).
Les mutations socio-spatiales,culturelles et qspectsanthropologiques en milieu aride:
Cas de la I 837-t956

"Au momentde I'occupationfrançaiseen 1881, ces populationsgroupéesen


confedérations formaiententrela régencedeTuniset le
guerrièresà demi indépendantes,
Wilayatde Tripoli unesorted'Etattampondont le gouvernementdu Protectorat français
tribus (makhzen)6 so,rsla de
surveillance
a maintenule principeen les constituanten
I'autoritémilitaire" (J.Le Boeuf,1909).

Cesélémentsde perspectives ainsiouvertes.Elles supposent connues, au moins


dansleursgrandeslignes,les arrière-plans socio-économiques et culturels, au
diversifiés
gré desépoqueset les innombrables évènements historiques,guelres,razzias,conquêtes,
défaites,invasionsqui commandèrent I'existencede tant de tribus de confédérations,de
protectorat,de wilaya, d'empireou d'Etat. Sansles traiter pour eux-mêmes, donc sans
faire oeuvred'historienau sensstrict, nous auronsà les évoqueren coursde route,à en
dessinerle contour.

Le jeffarien est né dans cet espacearide, désertiquesuite à I'invasiondes


maraboutstripolitainsan XVIIè*esiècle.Les groupesberbèressontdéjà reconstitués au
Saharapar les marabouts Lemtouna, dans la falaisepar les disciplesde Sidi Moussaet
sur le littoral par les quatreautresmissionnairesde la seguiaEL HAMRA. Le territoire
desWerghemma s'étenddéslors depuisla falaisejusqu'àla mer.

Nombreux,les divers essaisde descriptionde ce qu'étaientles arabesd'avant


I'hégire,ceux destribus nomadeset du grandcommercecaravanierfortementinfluencé
par diversescivilisations.Une fois convertisà I'islam,nous nous limitonsà rappeler
quelquesdescriptionsbien connues.du sociologue et anthropologuetunisien Ibn
fhalàoun qui écrivaitau XIVè*esiècle7."Le naturelfarouchedesnomades,en a fait une
racede pillardset de brigands... les habitudeset les usagesde la vie nomadeont fait des
aarabes(nomadesarabes)un peuple rude et farouche;ils acquièrentune fierté, une
arrogance et un espritdejalousiequi les indisposentcontretouteautorité".

Ibn Khaldoun ajoute : "les aarabesont surpassétout le monde par leur


empressement à recevoirla vérité et à suivre la voie droite, selonla simplicitéde leur
nature; ce naturelfaroucheles disposaitau bien ; il leur était inné et n'avaitjamais
contactéI'immoralité ni la déloyauté dans les âmes qui reçoivent si facilement
I'empreinte".

La force du verbeet la mentalitéjeffariennefont penserà I'attitudeambivalente


qui prévalut où sejoignentun certainméprisdu tempsde I'ignoranceet le respectde ces
ancêtresqui surentécouterla paroleDevine.L'arabeet le jeffarien sontils encontinuité?

Les originesethniqueset religieusesdesdiversestribus de la Jeffaraet le brassage


des cultures secristallisèrent dansla poésie jeffarienne, donnantun message,

"servicemilitaire(obligatoirepourlesindigènestunisiens)maiselles
doivent entretenirdes "goums" toujours près à être levés pour la protectiondes frontièressous le
commandement Française
desofticiersdu servicedesAffairesIndigènes,JournalOfficiel de la République
du 02 mai 1905,p :28-72.
? tgN 1çHALDOUN El Moukaddima,trad, franc. de Slane sous le titre "de les prolégomènes d'lbn
khaldoun",3 vol.,Paris,1868.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride:
Casde la Jeffara r 837-t956

historiquepolitique,socialet économiqueinfluençanttouteslesrelationssouvent
ambiguësavecles pouvoirs.

L'ambiguiTépuis la rupturedu dialogueavecle pouvoir conduisirentà une seule


alternativesesoumettreou serévolter.

Ce phénomènedevra toutefois être replacé dans le contexte de la société


tunisienneà I'aubede I'indépendance
intérieure(1956)où un équilibrebiencodéavecdes
réseauxmultiformes s'imposade part et d'autred'une frontière arbitrairedécrétéeen
19108

Ce décretporta préjudiceau dynamismeet à I'harmoniedesgroupespour laisser


I'initiativeaux individus.

Ce qui fut en mêmetempsappréciableet critiquablecar le dialoguerestatoujours


en faveurdespouvoirstout au longde I'histoirede la Jeffara.

.HistoriquedutracédelafrontièreentrelaTunisieetleWi|ayaaetri@nisieetde
la Tripolitaine(1909),Berger-Lewault.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride:
Cas de Ia Jefara

1 EREPARTIE:
PRESENTATIONDE LA JEFFARA, MILIEU
PHYSIQUE ET HUMAIN
Les mutations socio-spatiales,culturelles et qspectsanthropologiques en ntilieu aride.
Cas de Ia tuniso-lybienneI I 3 7-I 956

CHAPITRE I: LA CONSTITUTIONDU TERRITOIRE DE


LA JEFFARA: HABITAT DE LA POPULATION DES
WERGHEMMA

Située dans I'extrêmesud tunisien,la Jeffaratunisienneavec El Ouaraet le


sur unesuperficiede 66920km2soit les deux gouvernorats
Dhahars'étendent actuelsde
Médenineet Tataouinec'està direplusque40,9yodu territoirede la Tunisie.

Cettevasterégionnaturelleest soumiseà I'influenced'un climat aridedontles


principales caractéristiques sont une pluviométrie faible et très inégulière, des
températures déficitaire.
élevéeset un bilanhydriquenettement

Cependant,ce climataridegénéralisé comportedes nuancesentreles différents


secteursgéographiques de la région, entre la frangelittoraledu sud-est
principalement
exposéeaux effets adoucissantsde la mer Méditenanée et le triangle de I'extrêmesud
Remada,
subissantI'influencedu Sahara.A titre d'exemple a le bilan hydriquele plus
déficitaire:(-1049)

C'est la partiela plus méridionalede la régencede Tunis constituéed'unvaste


ensemblegéographiquequi présenteune grandeunité à la fois physique,économiqueet
humaine.

C'esttout d'abordun payssec,situéentrelesisohyètes200 millimètresaunordet


50 millimètresau sud.

C'est ensuiteun vasteensembleformé d'un immenserelief de cuestadont le


dhaharconstituele revers,le jebel, la cornicheet la plaine de la Jeffaraela dépression
subséquente. La bordureorientalede la dépressionestencadréepar une côtedessinant la
pr.tqulîI. de Zaruis,de Sidi Makhlouf, séparée par des lacs que dominel'île de Jerba
ieliéè au continent par la chaussée romainelimite nord du golf de petit Syrtede
Boughrara.

1- Précaritéclimatiqueet sécheresse

Les températures sontglobalement élevées: les chaleursestivalespeuventdurer


jusqu'àcinq mois paran(demaià septembre). Lespluiesdanscetterégionsontmarquées
parleur faiblesseet leurinégularitédansle tempset dans I'espace.

effarasiteantiquesurlacôteentreZouaraetTripolienLibye,grande
cite romaine qui a donné sonnom à la plainevoisine.Jeffara,plaine entrela côte et les montagnesde
Marmatas'étend à l'Aaradh(gouvemorat de Gabès).OuedEzzeusjusqu'à la Tripolitaine,les géographes
limitentla Jeffaraentre jusgu'au
I'Aaradh golfede SyrteenLibye en passantpar le petit Syrteà Boughrara
(Jektis).
Les ntulaliotts socio-spatiales,culturelles et aspects anthropologiquesen ntilieu aride:
Cas de Ia tuniso- I 837-I 956

TableauI Pluviométrie
moyennemensuelle
et annuelledansta Jeffaraenmm
Mois/Station J. F. M. A. M. Juin Juil A. S. 0. N. D. MA
Tataouinel90l - 17,7 14,l 2 0 , 7 1 0 , 6 6 , 5 1 , 3 0 , 0 l , g 7 , 7 1 0 , 5 1 3 , 4 1 4 , 5l l g , g
I 980
Remada
1930-1980 8,8 7,7 15,3 12,1 4,9 2,2 0,2 O,g 4,9 9,0 10,4 g,g g6,2

Source: InstitutNationalde Météorotogie

A l'échellede toute la Jeffara, la pluviométrie moyenneannuellese situeentre86


et I l8 mm et diminueau fur et à mesure que I'on s'éloignede la mer et queI'on
descendversle Sahara.

La zone souffre d'une grande insuffisance en eau de pluie qui freine le


développementde I'agricultureet laisse le deux tiers de la superficie totale en zone
désertique.

Dcs températuresélevées:
La rudessedu climat se marqueégalementau niveau destempératures

ableau2 moyennede la Jeffaratunisienne


Températuresmoyennes
Station M m Ma ma
Tataouine 37,9 4,8 53 -)
1 9 0 1- 1 9 5 2
Remada 38,3 5,7 49 -J

1930-1952
M: Mo1'enne
desmaxima. M: Moyennedesminima.
ma:Marima.Absolus ma:Minima.Absolus
Source: H.N. Le Houérou(1959)

2- Lesrégionsnaturelles:

Les régionsnaturellesdu sud-estsont la Jeffara,le Dhaherlo,El O,,ara'I,la


région montagneuseet le GrandErg Oriental.

2.1-La Jeffara:
La plainelittoralede I'Aaradhl2partantde I'ouedZeussdébouche versle sud,au
niveaude Mareth,c'estune vasteplaine qui ne cessede s'élargirvers le sud-est,elle
prendsonextension maximaleen tripolitaine.

'' Le dhahar: la partiedorsalede la Jeffara


au-delà'dela chaînedesMatrnatas,
zonede parcoursiusqua
Kébili et Douzpuisla frontièrealgérienne.
rrElOuara: régionfrontalièrede la Jeffaradu côtélibyen,occupeptusde 120.000hadu côté'dela Tunisie
zone de parcourstrès vasteespacedes bergersd'ovins, caprinset camelinTouazine,Rablh,Oudernaet
Jildet.
12L'Aaradh: régionnaturelle
frontièresud du gouvernoratde Gabèslimitrophede la presqu'îlede Sidi
Makùloufhabituée parlestribusdesAlaya,Hamarna,I'Aaradhet BeniZid.
Les nrutatiottssocio-spaliales,culturelles et aspectsanthropologiques en nrilieu aride:
CasdeIa Jeffara I 837-r 956

En terme de géographiela Jeffara tuniso-tripolitaines'étendd'OuedZeuss


jusqu'augolf de Syrteen Libyeen passant
par le petit Syrteau golf de Boughraraà25
kmsde MédenineKsar.
i

C'est une plained'aspectmonotone; les oueds qui la traversentdoivent parcourir


une distanceplus grandepour rejoindrela mer, leur écoulementn'estque très sporadique.

L'altitude moyennede la Jeffara dépasse les 100 mètres à I'ouest, et décroît


progressivementvers I'estoù elle rejoint la Méditerranée.Si dans I'imaginaire populaire
en Tunisie le tell ou lfriqiya désignentles régions humides (350 à 500 mm/an),fertileset
verdoyantes,la Jeffaraévoqueplutôt I'aridité, le dénuementdes sols et la pauvretédes
hommes.

C'est le climat semi désertiqueou désertiqueet capricieux de cette vasterégion


qui explique en grandepartie sa situation marginale et d'inferiorité et de dépendance,
avec des précipitationsannuellesvariant entre 200 et 50 millimètres où I'agriculture
devientune activitévivrièredérisoire.

Les parcoursavecleurssols squelettiqueset leurs formationsvégétalesdégradées,


sauf pendant les annéespluvieuses,n'arrivent plus depuis long temps à nounir des
troupeauxovins, caprinset camelinsde plus en plus nombreux.

Ils sont le plus souvent battus par les vents desséchantset menacés par
I'ensablementet la désertification.

Constituant I'essentielde I'espaceutile de cette vaste région présaharienne,la


plaine orientale ou Jeffara s'étendentre la chaîne des Matmatas et la mer sur une
superficied'une largeurde 100 Km et d'une longueur de 150 Km en moyennedans le
tenitoire tunisienet de 300 Km en Tripolitaine.

Cette unité géographique qui bénéficied'un climat moins rude que dans le restede
la région, a été le théâtre,depuisla périodecoloniale et avant sous la régencede Tunis,
d'unesériede transformations touchantles structureséconomiqueset socialeset spatiales
et par conséquentle mode d'exploitation et I'occupation de I'espaceet du milieu
écologique.

Ces transformationssont caractériséespar le passage d'une occupation et d'une


utilisation extensivesde I'espaceet de sesressourcesnaturelles,dans le cadred'un mode
de vie fondé sur la transhumance, c'est à dire d'une part un déplacementsaisonnierdes
troupeauxen vue de rejoindreune zone de pâturageoù ils pourront se nourrir avec des
escalesde sédentarisationdans les Ksours 13et les Zemlàsla fondées sur des remps

',Ksours:plurie|deksar,grenierdusud.estformésparae-
desproduitsagricoles(céréales,huile,etc...)deplusieursétages2,3,4et5 ouplus,exempleàtviédenine
(ksarSi MoussaAbdelkebir).
rt Zemlas: lieu de sédentarisation
destribusen dehorsdesksours,habitationen huttes,layha,construction
légèresur les bassinsversantdesvergersde figuiers,d'oliviers,de palmiersetc ..., c'estgénéralement
de l'été,danschaquezemlail y a desciternesou "majels"pour la collectedeseauxde pluies,une
I'escale
partiedesréserves alimentaireseststockéedansles " matmours"sousterrainbiencouvertsde paillesdans
le restedesproduitsvivrierseststockédansles"ghorfas".
la courde I'habitat,
Les mutations socio-spatiales, cultttrelles et aspeclsantlzropologiquesen ntilieu aride: l0
Cas de la Jeffara tuniso-lybienneI837-1956

d'anêt pour se ravitailler ou pour stockeret faire des réservesvivrières de produits


agricoleset marchandisesde premièresnécessité(huile, céréales,dattesséchées,figues
sèchesetc..);c'estun modede vie basésur une diversificationde I'activitééconomique.

2.2-Le Dhaher
C'est un vaste plateautrès faiblementvallonné situé à I'ouesides montagnesde
Matmataet se poursuivantà I'ouestpar le GrandErg Oriental avecune altitude comprise
entre400 et 600 mètres.

C'estlittéralementle dos de la cuesta; il est formé par un immensevolet basculé


de la plate-formesaharienne, plateaud'aspectmassifqui s'inclinedu nord-estvers le sud-
ouest. Ses altitudes les plus élevées se trouvant à ses extrémités est et nord-ouest
culminentà 700 mètresau JebelMatmata,ce plateauest coiffé par une dalle de calcaire
turoniensus-jacenteà desassisespuissantes de marneet mamocalcaire.

Recevant peu de pluie et de nature calcaire donc perméable,ce plateau n'est


traverséque par quelquesécoulementsendoréiquesqui ont creusédes vallées de faible
importance.

Le Dhaher est une zone de parcourstrès vaste qui est considéréecomme une
richessepar les éleveurset nomadesde la Jeffara ; niais I'absencede point d'eau et de
lieux d'ombrage limite I'exploitation de cette fortune inaccessibleet lointaine, les
troupeauxn'y vont paître que durant le printemps.A la lisière occidentaledu Dhaher
apparaissentles premiersalignementsdunairesde I'Erg oriental.

2.3-El Ouara :( le grand parcours de la région)


C'est la région la plus méridionale;elle s'étendjusqu'à la frontière décrétéeen
l9l0 séparantla Jeffaraoccidentaletunisienneet orientaletripolitaineen Libye.

Cette région est caractériséepar I'existence des couches gypseuseset des


dépressions,la présencede quelques points d'eau et des lieux d'ombrages(talwegs,
arbustes,plantes pastoralesannuelles,etc..)nous amèneà dire que la région d'EI Ouara
constituele grand parcoursde la zone ainsi que les tenains propices à la production
céréalièredestribus jeffariennessurtoutdansles bas-fond(dépressions- Garâa).

ffiÙngardienes-troisçou'toutlegroupesechargepourassurerle
gardiennage du ksar. :
- Citerneou majel: réservoirscreusés leseauxde pluie(eaupotableet
dansle sol pourrécupérer
abreuvement desanimaux).
- "Matmour": lieudestockage decéréales,creusédansle sol(2m dehauteur,1.5de base)d'une
4
capacitéde 5 à 6 "hemel",soit environ quintaux d'orgeou de blé dontle pourtourdoïtêtre
biencouvertde pailled'orge.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: ll
Cas de la Je/fara tuniso-lybienne1837-i,956

Quand les pluies d'automne le permettent, cette zone peut être considéréele
théâtre de flux et reflux des populations en temps de guene et de nzzia ainsi qu'aux
moments de. paix et d'échangesavec le monde extérieuren réalisantune autosubsistance
qui assuraitune certaineautonomiedans le fonctionnementdu groupesocialau sein de
la confédérationlsdes Werghemma.

2.4-La région des montagnes


C'est la retombée du grand dôme de la Jeffaraqui s'étenddepuisla chaîne des
Matmatasjusqu'en Libye. Les berbèreshabitent ces hautsplateauxet montagnesdepuis
des siècles pour aboutir à une population autochtonepratiquantles culturesderrièreles
jessoursou culturesen terrassepour profiter des maigresressources
en eau.

Elle constitue Ia bordure orientale de la plate-forme saharienneformant la


corniche ou le front de la cuesta,avec sa forme en arc de cerclequi prendnaissanceau
Jebel Matmata au Nord pour se prolonger vers le sud par le JebelBéni Khedache,et le
Jebel Demmer qui forme des massifsde collines dont les altitudesvariantentre 600 et
700 mètres.

Plus au sud elle prend la forme d'une série de collines d'altitude moins
importantes (400 mètres en moyenne). Au sud de Jebel Abiadh se trouve la trouée de
Dhibat par laquelle passela piste qui franchit la frontièrede I'autrecôté le JebelNalout
en Libye.

2.5- L'Erg Oriental


C'est un vaste espace dunaire qui occupe la majeure partie de la région de
Tataouinejusqu'à la frontière tuniso-algérienneet qui se développeplus largementen
Algérie.

Les champsdunairessont forméspar des alignementsde dunesde forme allongée


appelées(Barkane) ; leur direction principale est du sud-ouest-nord-est.Ce domaine
sahariendésertiqueest livré essentiellementà I'actiondesprocessuséolienset hydriques
et cacheune réservesouterrainede nappesprofondesd'hydrocarbures et d'eaul6.

'' La confédérationde Werghemma: c'estI'ensemble des hibus et groupesde tribus"Ourouchs"elle


pourlesdisciplesdu MaraboutSidi MoussaChérif: Leskhzour,les
comprenaitles septtribusorganisées
Houaya,les Ouderna,les Ghomrassen, les Jlidet,les Touazineet les Accaraainsique lestribusserves
Jbalia habitant tous les ksours du Djebel Labiadh et de la falaiseGuermassa-Chenini, Duiret,
Mequaddemine, Beni Barka, Cedra,Guelaa, Ouezzen,Nalout, Sinaoun,Dredj et certainscartiersde
Ghdames (BergerLEVRAULT, 1909)" Lesconfinsde la Tunisieet dela Tripolitaine ", p.45.
de la Tunisiel88l-l9ll, TomepremierPUF 1965.Univer.de
A. Martel: lesconfinssaharo-tripolitains
Tunis,439 p.
'u H.N. Le Houérou(1959):recherchesécologiques et floristiques
sur la végétationde Ia Tunisie
méridionale.Mémoire H.S.(510p).
Les mulations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: t2
Cas de la Jeffara tunisoJybienne 1837-;,956

2.6-La plaine de la Jeffara


La plaine littorale de I'Aaradh(région de Gabès)débouchevers le sud au niveau
de I'Oued Zeuss sur la plaine de la Jeffara,c'estune vasteplaine qui ne cessede s'élargir
vers le sud et le sud-est;elle prend son extensionmaximaleen tripolitaine.L'altitude
moyennede la Jeffaradépasseles 100mètresà I'ouest; elle décroîtprogressivementvers
I'estpour rejoindre la Méditenanée.

L'île de Jerba,un morceaudu continentà peine détachédu restede la Jeffaradont


elle n'est séparéeque par 3 Kms de largeurdu côté de Jorf. Du côté de Zarzis- Jerbaestà
peineséparéedu continentpar deshautsfonds traverséspar despassageslégèrementplus
profonds. Les caravanesdes Marhouls," chameaux,chevaux et troupeaux pouvaient
rejoindreà la marcheJerbaà partir de Zarzisou de Jorf par maréebasseen empruntantle
"Tarik Ejjemel ", la route du chameau.Cet itinéraireest celui matérialisépar la chaussée
romainedu côté Est et le détroitentre,le dernierpoint de la presqu'îlede Sidi Maklouf le
détroit de Jorf où le début de la ligne des chotts limite de la chausséenaturelleséparant
les tribus de la confédérationdes Werghemmadu reste de la régence de Tunis. Ce
territoire formait au moment de I'occupationfrançaise,en l88l et même avant cettedate
sousI'occupationOthomane(turque)une sorted'Etat tamponentrela régencede Tunis et
la Wilaya de Tripoli; par la suite le protectoratfrançais a maintenu le principe en les
constituanten tribus "makhzen" sousla surveillancede I'autoritémilitairele.

Jules le Boeuf, capitaineadjoint au chef du service des affaires indigènesà la


Résidence générale de France à Tunis et correspondanthonoraire du Ministère de
I'lnstruction Publique a communiquéune monographiegéographiqueet ethnographique
desterritoires militaires du sud,desconfins de la Tunisie et de la tripolitaine, au congrès
des Sociétés Savantesde Paris et des départements,à Alger le 22 avril 1905 avec
I'agrémentdu comité des travauxhistoriqueset scientifiquesdu Ministère de I'Instruction
Publique.

Nous verrons les détailsde la canière de ce chef militaire et son comportementà


l'égard de la confédérationdes V/erghemma pour qu'elle accomplisse leur mission
séculaire,en attendantavec résignationque la soumissionde la tripolitaine à une action
européenne,analogueà celle dont bénéficela régencede Tunis assureenfin les bienfaits
de la paix à la frontièrequ'ellesont si chèrementconquises.

- ABDELKEBIR.A. (1994): lespolitiques de miseen valeuragricoleet leursdifticultésdemise


étatiques
en oeuwe dans le Saharamaghrébin(Mauritanie,Maroc, Algérie,Tunisie,Libye). Mémoirede DEA
(i994) 150p URBAMA université deToursFrance.
lt " Marhouls" : c'estune caravaneforméede plusÏeurs
"biouts" tentestransportéesà dos de chameaux
pourtout déplacement(transhumance), chaquecaravane ou "marhouls"est suitepar deicavalierset un
troupeaude cheptelovinset caprins.
't Le passagede Jor[,de Jerbalors du voyagede Abou AbdallahMed
Tijani de Tunisà Tripoti imp.of.
Tunisie(1958)," RihletEttijan"auXIV "'siècle (enarabe).
reLestribusMakhzensontdispensées du servicemilitaireobligatoirepour les indigènes JORT
tunisiens.
dela République Françaisedu 02 mai1905,p2872.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiqu'es en milieu aride:
r 837-r956

CHAPITRE II: STRUCTURESSOCIALES EI SPATIALES


PRE.COLONIALES A LA JEFFARA PERMANENCE
LIGNAGERE ET DYNAMIQUE PASTORALE

Introduction - Présentation

Avant I'instaurationdu protectoratfrançais en Tunisie en 1881, la Jeffara


connaissaitun mode de vie traditionnel.Les tribus nomadesdes Ksours,Touazine,
Accara,Oudema,Ghomrassen, Djbalia formaientla confédérationdes Werghemma20
vivaient dans le cercled'uneéconomiede subsistanceavec une symbioseétablieentre
groupesde sédentaires danslesmontagnes et les ksoursde plateaux,et gtoupesde semi-
nomadeset desnomadesdansla plainede Jeffara.

Les oasis,les " zemlas"autourdesksour,les maraboutset les palmeraiessur les


borduresdes ouedstémoignentde I'existenced'une agricultureintensivefondéesur les
culturesoasiennes autourdesMarabouts Sidi Sayah,Sidi Makhlouf Sidi Alaya2letc...

Nous étudionscettedynamiquesocio-spatialeet cet équilibre entreles premiers


fixés dansles oasissousI'autoritédesMaraboutspèreset saintsdestribus de M'hebel,
des Médenines,Jelidats,et Rabaiesqui sont protégéspar les autrestribus de Touazine,
desGhbenten,ksours,Ouderna'zcontreles attaquesde I'Aaradhet desAlayasoriginaires
de la région de Zuat et Gabèset les tribus libyennes,Siâaneset Nouailsdu côtéde la
Jeffaraorientale.Cettehistoireancienneestrichede contadiction et de mouvements.

Une réflexion s'imposesur la formationgénéraledu tissu tribal qui se prolonge


au-delàde la limite de la Jeffaraoccidentale(sud-esttunisien)avecun espacevécuà El
Ouaraun vaste parcourssur I'actuellefrontièrefuniso-libyenneet un autreperçuqui
arriveen tripolitaineau boutde la Jeffaraorientale.

Au Dhaharau-delàde la chaînedesMatmatasjusqu'àla frontièrealgérienne, une


analysedes périples de cette sociéténomade,semi-nomadeou sédentaire,va nous
permettred'en discernerles principalesphaseset de révélerune complexitéstructurale
quelestransitionstendentà masquer.

Nous essayons,d'autrepart,de montrercomments'articulentles diversmodesde


pensée(parenté,mythe,religion,etc...); nousnous intenogeronségalementsurla place

Confedération de Werghemma op. Cité.plI


- Dans tes pactes " ahlefs ", les actesde "miâadsdes ourouchs", I'acte de " kanoun echartia"la
confédérationde Werghemmacomprenaitseulementles tribus et " ourouchs " suivants: Ouderna,
Touazine,Ksours(Houaya,Ghbentenet\frarzaplusunepartiedesKsoursTouazine),Ghomrassen.
't A. Martel:
L'extrêmesudtunisienavantI'intervention (1830-1881).
française
22A. Martel: Lesgenres
de vie vers(1840-1860),
lespaysdJ Werghemma.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride:
Cas de la ienne1837-1956

de la productionet le modede vie quotidienet sur le rôle des facteursmatérielsdans


cettesociété,afrnde préciserla relationexistanteentrela matérialitéet le symbolique.

Enfin unedernièreréflexionsur le sensqu'il faut donnerauxtermesde localet de


global,deux notionsqui oriententnotre recherchesur les caractéristiques
à la fois de la
dynamiquesocialede sonuniversculturelet mythiqueet sonrapportà I'histoire.

L'approchede la confrontationdes discoursde cette sociététraditionnelledoit


mettreen relief les diversenjeuxsociauxculturelset politiquespour essayerd'aboutirà
articulerles rapportsdu local et du global et de penserI'autre.Avec cettetentativede
découvertede I'altérité, on se rapproche d'une certaine protection contre les
méconnaissances et lespréjugés.

Lescatégoriesou les groupesqui apparaissent differentsle sontpar rapportà une


structuredominantequi les englobeet avec laquelleils entretiennentcertainstypesde
rapportsde démarcationou d'opposition,entre I'autochtoneêt I'envahisseur, ou entre
I'ensemble destribus de la confédération
et les tribus ennemiesde I'est(de la tripolitaine)
ou de I'ouestde I'Aradhaveclestribus d'unautreçoff3.

Nous intégronsla composante culturellepour montrerles nouvellesformulesde


vie et des changementsculturels dont il nous faut maintenant discerner plus
profondément les contradictions
entregroupes,maraboutique,guerrieret un lignagequi
se caractérisepar une poésieet un pouvoir du verbe bien enracinédepuisle débutde
I'histoire de cette région dont I'organisationinteme montre bien que les tribus
maraboutiquesdéjà cités vivent du Mécénat des groupes guerriersde la Jeffara
tripolitaineet tunisienne.

C'estcetteperrnanence
lignagéeet cettedynamiqueruralequ'il faut décoderpour
comprendreles mutationssocio-spatialesà travers cette éternellelangue poétique
parabolique
desGhbentenet despoètesde tribus.

L'originalitéde la Tunisieméridionalede la Régencede Tunis,et je dis biende


Tunis, s'afftrmaitpar I'ambiguiTéde I'autoritédes beys Othmans2asur le territoirede la
Jeffaraet par le voisinaged'unEtat indépendant, le Royaumede Libye alorsqueI'Algérie
s'appuyaitsur I'influencefrançaise.

"Les çoffs:plu. de çoff: conflitsentreles régencesd'Alger,de Tuniset de Tripoli connit entrete pouuoir
centraldu Pachaen Turquieet lesKaramanlisen Libye ce qui donnedeuxpartisou clans: leschaddads et
lesYoussefpuis en régencede TunislesHusseiniteset les Pachias,les Werghemma sansexceptionétaient
deshussinias-youssef, ils favorisentalorsle pouvoirsur placedeshussiniaset desKaramanlisen Tunisieet
enLibye.
- A.Martel: lesconfinssaharo-tipolitains de la Tunisie,1965PUF.
- A. IbenAbi Dhiaf : évoquela divisiondu paysen deuxpartieset cite les aftiliationsdesvillagesou tribu
dI nord,centre,sud.07 aott et 05 nov. 1867,par H.Sicard,g.J.H-MATTELau CG.deFR en Tunis.
2nRégencede Tunis
: sousle pouvoirde la àynastiehusseinitequi régrait par les beyssur la régencede
Tunis précédemment vassalede la Turquie bien des régions, surtout dans le centreet dans le sud,
échappaient aussià I'autoritédu bey et constituaientautantde souverainetés localeset indépendantes,
la
Tunisieétaitbeaucoupplus uneexpression géographique, unetraditionhistoriquequ'unEtat.Tunisie1952
RenéBouvier.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques
en milieu aride: l5
Cas de Ia I 837-t956
c'est un contrastequi résultaitd'un long siècled'affrontementpour
Ie contrôle
direct ou indirect de cette provincecarrefourlu wituyu de Tripoli
; entre la France,
I'Angleterreet I'Italie.

Mais leurs ambitions rivales se neutralisentpermettant le maintien


de la
souveraineté othomane jusqu'àl9l2 etsonretouren premièrephasede lg35
à lggl sous
la protection britannique,puis avec.une tentative la porte sublime
othomanepour
devancer la Franceen Tunisieet au Sahara
de l88l à 191i, sansqueI'Angleterre retiresa
garantie,la Frances'opposeaux ambitionsitalienneset par la soutenir
ia présencedes
othomans,au sein d'une véritableguenrefroide diplomatiquealors que'français
et
othomans(de Constantinopleou de la régenceaè runis luttent pi
nomadeset
autochtonesrinterposésdans les confinsde la Jeffaratuniso-tripolitainàet les franches
sahzlnennes--.

C'est en effet seulementaprèsun quart de siècle de présencefrançaiseque


la
formule administrativedéfinitive desterritoiresdu sud de la régenceavait
été adoptée
consacrantà la fois une limitation et un partageterritorial et ie passage
du servicedes
affaires indigènessous I'autoritédirecte de la résidencegénéràle.ùais ce
choix de
réferencerisquaitde bornernostravauxde recherchecar il mettaitI'accent
sur lesdétails,
la hiérarchieet la législation sur une institution coloniale françaiseapprouvée
par
I'autoritéet le pouvoir desbeysà Tunis.

Pourquoi alors cette hésitationde I'autorité coloniale et les questionsqui


en
avaientprovoquéI'adoptionaprèstant d'annéesdu protectorat? pend*i *" période
de
trenteansaucunefrontièrereconnuen'avaitséparéla Tunisie,conquisepar la
Francesur
un bey se réclamantde la souveraineté Othomane,de la rù/ilayatripotiiainedépendante
de la sublimeporte et de sonsultan.

La confrontation des discourss'imposepour éviter toute méconnaissance


et
préjugéou un discoursà sensunique; c'estpo*."1u qu'il n'estnullement
exagéréde dire
que I'histoiredu sud tunisienet celle de la régen"" d. Tunis se divergent
ei parfoisse
confondent.

En effet, le choc colonialavecsesincidencespsychologiques et culturellesne


peut que favoriser, malgré les difficultés inhérentesâ tout systèmed'occupation,
la
réactivationdes activitésde I'espritchez les groupeset tribus de la confedérationdes
Werghemmaet mêmedansles régionslimitrophes.

Tout le long du XIXè" siècle,trèstôt et avantmêmele protectorat, l,installation


de I'imprimeriea étéle point de départd'unevie intellectuelleinténse26:le
diveloppement

" E. Raynaud-Lacroze
(I983): Méharistes a
26voir Ahmed
Abdessalem: les historiensdes XVII, XVIII et XIV siècles,librairie cÆ(incksieckparis
t973.
- voir Ch.A.Julien t tunisienset jeunes tunisiens(1882-lglz), extrait de la rewe française
d'outre.mer.Tome: L lV":19ry
1967.
- voir Djilani lbn al Hadj Yahiaet M'hamedel Marzuqui
: Maarakatezzalladj.imp. El Manar,Tunis 196l
(la batailled'El Jellaz)
- M.F Ibn. Achour : al harakaal adabiyafi tunisMrIE,lg72
- La thèsed'Etat du Prof Moncef Chennoufisur les
originesde la presseet de I'imprimerieen Tunisie
univer.deTunis.FacultédesLettreset dessciencesHumainesae tunii tszg.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride. l6
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

du protectoraten 1881sontdesévénements
de l'éditionà Tunis et l'établissement de
premièreimportancequi, mettentun brusquearrêtà I'ceuvreréformistede Kheireddine,
BayramV, Ahmed Ibn Abi Dhiaf etc., dans leur projet, le pacte(Ahd Al Aman), va
engagerle paysdansun mouvementde résistanceà I'occupation,au protectoratet aux
actes d'imitation des reformes d'influence étrangère,européenneet analogueaux
"tanzimetes"Othomans.

Bien avantcettepérioded'unquartde sièclevers 1837au coeurde la Jeffaraet au


seinde la confédération desV/erghemma,cetterésistanceprenaitdéjàplusieursformes
politiques et culturelles.Après le premier choc assez loin de leur territoire, la
colonisationde I'Algérie en 1830 et I'invasiondu Constantinoiset le début de
I'interventionfrançaisedansle Saharaalgérien,et les menacesinternationales
sur toutes
lesfrontièresde cetteJeffaraenplein désarroi.
tWerghemma ? Réagissent-ils
uniquementcomme
Quellesfurent alors les réactionsdes
tout groupesesentantmenacé?

LevisStrauss parlaitde "l'agressionde la civilisation"cetteagressionquellesque


soientles intentionsde I'agresseur mais I'arrivé de I'autre,le colon venantde très loin
menaçantla tribu et la confédérationd'unepart et I'identitéarabo-musulmane d'autrepart.
Saréactionétaitla mêmequ'avecles tribus ennemiesde I'Aradhet de la tripolitaine,il y
avaittoujoursdesflux et reflux, desrazziaset despillagesà main armée.

La venue de "l'autre" agresseuret d'un changementmenaçantla structure


organiquedu tissu tribal de la confédération,cettealtérité est passéeplus loin avecun
changementde stratégieet d'alliance.

Le besoinde retoumerà I'action réformisteet aux actionsde résistanceà ce


courantréformistedicté va se faire sentir et se développerjusqu'àdébouchersur un
véritable encadrement.En effet, quelqueshommes qui ont vécu I'occupationet le
protectoratrésistentmais dont la lutte est restéeau stadede la contestationverbaleou
timidementécriteet de nouveauxélémentsde la première génération descolonisésvont
constitueren 1896 un foyer culturel où seront formés de nombreuxdirigeants"La
Khaldonia" 2i Parallèlement à ce mouvementet bien avant cettedateet vers 1837,la
confédération des Werghemma au sein de la Jeffara tuniso-tripolitainemanifestedes
réactionsà l'égardde cetteagressionbien qu'encorerelativementassezlointainedansle
temps et dans I'espacemais très menaçanteet prévisible, nous devionschercherces
réactionsdansdeuxsortesde sources,I'oralitéet le pouvoir du verbequi restentI'origine
du patrimoine culturel de cette société pour véhiculer toutes les mutations socio-
économiques endogèneset exogènes liéesà cesespaceset à ceshommes.

'11La khatduntya: CluUAesancienssadikienset foyer des zeitouniensavec d'autresfoyers scolaireset


culturelspublicset privésont étécrées.
- voir Mongi Sayadi(al-djamiyyaal-ldraldouniya 1896-1958)M.T.E 1975 .M.T.E maisontunisienne
d'édition.
- RossignolGilles : le statutde la presseet desjournalistesen Tunisie de 1859à 1969.RevueServirno6,
M.T.E.1970,pp.3849
- la pressetunisienneen Tunisiede 1904à 1955JaafarMajed,publicationde lUniv.deTunis1979.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: l7
Cas de la 1837-t9s6

Dans ces espacesnomades,semi-nomades ou en voie de sédentarisation, lës


ksours et les kasbas, les cours et les ghorfas qui s'intègrent dans le milieu et
I'environnement pastoraldéjàdepuisle XVè" et XVf'e sièclesavecdeux catégories de
sites : les ksour de la plaineet lesksourde la montagne.Cetteédificationarchitecturale
arabo-berbère joue le rôle de lieux de rencontreet de stockagedesbienset productions
agricoles,lieu de troc et d'échange traversépar des voies caravanièrestranssahariennes
(voir cartep.19)représentant lespistestranssahariennes vers 1840-1845d'aprèsDaumas
et Caretteavecuneéchellereprésentant 10jours de marche.
Ces voies relient Tunis à Gabèset à la Jeffarajusqu'à Ghdames,et Tunis avecNefta-
TozeurBiskera-Ghdames Tripoli et GhdamesGhat,Agades,Kano et Yakoba,Ghdames
MoursoukGhat et Kouka,Ghdames Ain SalatrOurgla,Tafilelt, Mogadorsur I'atlantique,
Ain SalahTombouctou.

Il faut citer la pistetraversanttoute la Jeffaratuniso-tripolitainedite la Ghadamssia


ou celle dite de I'orient traversantelle aussila zonevenant de la tripolitainejusqu'en
Algérie en passantpar Matmata,Douz,.El Oued...celle de HenchirGhdamas(Ourghama),
la voie de la Mecque,jusqu'auXIXè'" siècle.Le jeffarien s'intègredans cet espace
pastoraltrès vasteillimité. La Jeffaraétantsonespacevécu et tout I'espaceperçus'étend
de SakietEl Hamraet OuedEddheheb, Moghadorsur I'atlantiquejusqu'auxlieux saintde
la Mecque.

Ceséchangeset cesrelationssocio-économiques et culturellessont expriméspar


une oralité qui représentele seul moyen de dialogueet de communicationentre les
individus du mêmegroupe,et entreles fractionsde la tribu et mêmeentreles diverses
tribus ou fiactions alliés ou ennemieset le lien qui consolideI'unité de la confédération
desWerghemma.

Ce qui restede cette oralité et de ce pouvoir du verbe ce sont les contes,les


poésies,les citations des sages.Un véritableregistreenglobantle patrimoineculturel
tribal mémorisantI'histoireavectousles détailset les messages, les momentsde paix et
de guerre,la conduiteet la marchede I'histoirede chaquefamille fraction ou tribu, les
relationsavecI'autre,le pouvoir,le riverainet le lointain.Rien n'échappeà cettetradition
orale qui retient tout de boucheà oreille avecles détailsles plus simplesou importants
dansle mondevégétal,animal,humain,lesrelationsavecle sacré,le religieux,lestabous
etc... Nous donnerons plus tard desexemplesde poèmes28 propresà chaquegroupeou
tribu.

Le corpus est très varié et riche de renseignements et d'informationssocio-


économiques, anthropologiques,géopolitiqueset culturelles.Les thèmessonttrèsvariés
parfoisun poèmemériteraitune longueanalyselinguistique,anthropologique, culturelle
et sociale; on peut mêmedire queparfoiscettepoésiepourrait faire I'objet d'unethèse
qui donneraitlieu à unerecherche multidisciplinairede longuehaleine.Pourcomprendre
la réalité et le sens de cette poésie,nous évoqueronsdes exemplesde poèmesdes

voir corpus de poésiessur la Jeffaratuniso-libyenneprésentéet traduit par Abdelkebir A. avec


I'encadrement du Prof Mme SophieCaratiniAnthropologue,MédenineNovembre1998.3Op. URBAMA
universitéde Tours.
- La poésiechez les tribus Ghbentens,Touazineet Mhabelsdans la presqu'îlede Sidi Maklouf sud-est
tunisien.Mémoirede DEA 156p.1995. URBAMA université de Tours(in mutationssocio-économiqueset
dansun milieuaridela presqu'île
culturelles de Sidi Makloufsud-esttunisien)AbdelkebirA. (1995).
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: l8
I 837-l 956
Casde la Jeffuratuniso-lybienne

différentestribus, en prenantplusieurs époquesde I'histoire des V/erghemma et de la


Jeffaraentre1881et 1957.

C'est une tentativede reconstitutionhistorique,mais pour que "les problèmesde


I'humanitétraversentI'histoire"comme disait JacquesBerque,on utilisera pour mémoire
une poésieterrienne,oeuvrede poètesterriensqui non seulementne chantentpas la mer
et ses dramesmais ils n'ont pas acceptécette culture de I'autre dite dominante. Ils ont
considérantla situationcomme étant la mise à feu
tenu tête à cette culture envahissante
de son espacesacré

Une méfiancetotale vis-à-vis de la mer, pour le nomadela mer est I'antipodedu


désert,est le signe de I'impuissance.

Ce n'est pas une sourcede vie ou un refugepour les besoinsvivriers malgré une
côte de plus de 500 Km avecles lacs et les presqu'îleslimitrophesde la Jeffara.Ils n'ont
jamais penséà exploiter la mer. Nous évoqueronsquelquesexemplesqui font I'exception
et qui représententun pourcentageinfime dans le corpusjeffarien et nous expliquerons
les causesde cette exceptionà I'instardu poète"Dhaou Latrach" de Bengardene.

Les poètesGhbentensà Sidi Makhlouf considèrentcomme une honte de parler de


la mer ou de [a collecte des clovisses,c'estconilne une déroutedesprincipes et du code
destribus2ede la confédération.Du côtéde la Jeffaratripolitaine noustrouvons la même
attitude.Ces poètesavaientla conviction que la domination et I'invasion venaientde la
mer, cette prise de consciencedu dangerextérieurétait une affirmation de I'identité du
groupe et I'expression d'un héritage collectif beaucoup plus que celle d'opinion
personnelle.C'était d'abord une règle culturelle avant d'être une règle d'opinion, cette
distinctionentreI'implicite (fonction latente)et I'explicite(fonction manifestée).

Partant du nomadisme ou semi-nomadisme (puisqu'il y a l'étape et la


sédentarisationdans les Ksours et les Zemlas en plaine ou en montagne, cette
confédérationfend à être stagnanteet sécurisantepour les tribus et les fractions de ces
nomades,mais souvent menaçanteet confuse pour les autres; en réalité elle change
sensiblementavec le tempset en fonctiondescirconstances.

Nous essayeronsd'analyserles deux axes de la synchronie (actuel) et de la


diachronie : pour voir l'évolution historique nous tentons d'étudier le stagnantet la
dynamique de cette société nomade en voie de sédentarisation,qui s'organisaitsous
I'autoritédu Miaâd. Cette assembléedessagesqui choisissaientles cheikhs chartia,et les
cheikhsElort'Opourgérerla vie socio-économique et culturellede toutesles tribus au sein

Bouhdiba A. (1973): à la recherchedesnormes perdues.. M.T.E1973


- Les transformations socio-économiques et culturellesen milieu aride, la presqu'îlede Sidi Maklouf,
mémoirede DEA. 156p.AbdelkebirA, 1995(URBAMA)
- Corpus de poésiestraduit et présentépar Abdelkebir.A (IIJRBAMA), Novembrel99Ssous
I'encadrementda Prof Mme SophieCaratini.,anthropologue.
'o CheikhEl Orf : le cheikhchoisipar le miaâd,parI'assembléedu groupede toutela tribu ou lestribusou
fractionsou mêmela confédération qui désigne plusieurscheikhsdansplusieursrégions,celuiqui veilleà
dansles affairescourantes
I'arbitrage quotidiennesdu droit coutumier,des attitudes,des usageset des
moeursdesindividusau seindu groupede la tribu.
économiques
et les a'Ïinités culturclteset
Carte1: L,espaceperçu
des,weSh;rnma etl'ouest del'Afrique
eûtr,ela
entre JÇrtorq toni'*t"poiilTfrJ;i5**"
ra Jcffara --Ëg*"s
1g4O _ I8l;S)
(les Pistestranssat

El

Y Agadès
Tambouctou

sokotov
d*" Kouka

Yakoba
Echetle1l?000000O

lO.t. : Joumécsde marché 1965


Source:A. Martel PUF
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 20
Cas de la Jeffara tunisoJibyenne 1837-1956

desV/erghemma
de la confédération et la menacedestribus
devantI'insécuritéincessante
ennemiesde I'Estet de I'Ouest,plus le dangerde la colonisationqui anivait auxhorizons
des frontièresalgérienneset bientôt au Saharaalgériensollicitéepar les beys de la
régencede Tunis.

Le recoursaux alliances(El Ahlafs) ou pactes,est une manièrede pousser


C'estla premièreinitiativede la miseen
I'altéritéplusloin dansle tempset dansI'espace.
questiondu systèmenomadepastoral,tribal de I'intérieurpour en faire élargiret pousser
plusloin I'altérité.

Le hilf (pacte),c'est une alliance socio-économique par conséquentpolitique


touchantles conditionsde la vie quotidienne,visantcasserI'altéritévécuepar une mise
en causede I'alliancesanguine, familialeet deparentéversuneautrebaséesurle principe
de la (choura)une forme d'électionet de choix d'uneassemblée, citéedansle Coranà
maintesreprises(la choura,Enai, le pasteur,et la Raya la population).
Cetteforme
d'électionestbaséeaussisur les intérêtséconomiques par I'adoptionen 1837d'unpacte
:entreplusieurstribusjouantle rôledecodepénalei civiquepourla premièrefois ecrit3l

Nous évoqueronsles causesde ces mutationset les conséquences avecl'étudedes


textesdu pacte d'El Foudhoulou pactedes vertueux, dans la mêmes époque trois autres
pactesont été conclusà I'instardes tribus des Werghefirmadevantdes circonstances
intemationalesmenaçantes, la colonisationfrançaisedans les confinsSaharo-algériens
devantI'abandonde I'autoritédesbeysà Tunis et leur sympathieavecle colonisateur de
I'Algérie,cettephaseseraétudiéeen présentant la situationde la avant
Jeffara I'allianceet
la créationdu pactedesVertueux.

Nousessayons de tirer les conclusionsen comparantce Hilf (pacte)avecceuxde


la région du grandsud : Sfax,le pactedesAchèches,pactede Haddejeet le p?:te des
KercÉaous etilus tard le pacteou lraité de Ahd El Amende Kheireddineà Tunis32. Nous
traiteronssurtoutles détailsde cespactessur la vie socio-économique et culturelle,le
statutde la femme,lescauseset les conséquences de cesAhlefs,pactes.

Nousexaminerons lesquatrefac-similésdestextesde cespactespourla première


fois écrits pour les trois premiersdansun milieu nomadeou seminomadeoù I'oralité
étaittoujoursla basedetoutecommunication.

d'étudierI'histoiresocialeet culturellede cetteépoqueà travers


Il est intéressant
le corpus de poésieorale jeffarienne.Nous évoqueronsI'histoire foncière liée à

3Te pactea'EI Foudhoul(desvertueux): le l" pacteécrit enhetribusnomadesou semi-nomades dansla


Jeffaraoccidentale(sud-esttunisien)en 1837.in.Bataillecontrele protectoratde M'hemedEl Marzougui,
1973(M.T.E),sousle règnede Hussein Bey(1835-1837) et de AhmedBey (1837-1855)'
- FrancLouis(1979): descriptionde la régencede Tunisédit. Bouslama1979pp.56-57.
- Histoire de Ahmed lbn Abi Dhiaf: Ahd Al Aman,'la constitutiondu pacteAhd El Aman à Tunis
1274/1857 sousle règnede M'hamad bey(1855-1859).
32 le pactede Ahd El Aman fut promulguéle 09 septembre1857par le bey M'hamedbey, il proclamait
l'égalitéde tousdevantla loi, la libertédesculteset le respectde touslesgrandsprincipesin.J.Ganiage,
les
originesdu protectorat,
69 et M.S.M'zali, I'hérédité
dans la dynastiehusseinite'
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 2l
Cas de la Jefara tunisoJibyenne 1837-1956

I'organisationtribale dont les transformationssont remarquablesaprèsI'arrivéede la


colonisation,pour essayerde déstabiliserle tissu social tribal et I'organisationsocio-
économiqueet culturelleliée à unemythologieterrienneet foncière.

On pourrait égalementessayerune approchesémiotiqueet hagiographique pour


des tentativesd'interprétationsdu texte du pacte(hilf El Foudhoul)des vertueuxpour
voir lesprioritésdesMiaâdsde cestribusen 1837.

2.1-La formation socialepré-coloniale

2.1.1-Structuressocio-économiques et modesd'exploitationdu milieu : Le milieu


de vie et spécificitésdu micro- territoire dansle sud de la régencede Tunis

en dehorsdesîlots montagneux
II y a lieu de noter I'absenced'unevie sédentaire
et les ksour au nord des montagnes, dans l'île de Jerba et dans les véritables
agglomérationsautourdes axesde pistestranssahariennes, des grottes,des troglodytes,
des ghorfasformant cette forteressegrenieret la naissancedu Ksar commerésultante
directedu modede vie.

L'analysede la relation entre le ksar et l'économiefamiliale et tribale qui I'a


sécuritaireet agricole.
engendrépeut êtrecentréesur la fonctionessentiellement

A I'origine c'estle greniercollectifentouréde terrescollectivesqui sertde lieu de


stockagedes céréales(orge,blé...)desolives,desproduitsde bétail (laine,poils, beurre
fondu (semen)huiles,etc...,c'estaussiun lieu sûrprotégépar desgardienspossédant leur
statutparticulierdansla hiérarchietribaleet au seinde la confédération,les provisionset
les objetsde valeurssontmis à I'abridesvoleurset desennemis.

Nous évoqueronsI'importancede cette institution dans I'organisationet les


pouvoirsdu cheikhchartiaqui interditI'entréeauksaraux individusarmés.

Le ksar peut être présentécommeun symboledestransformations subiespar le


mode de vie nomade.Ces transformationssont liées à plusieursfaits sociologiqueset
historiques.L'importancede cettepropriététient au fait qu'elleintroduit un dynamisme
dans la conceptionurbainedu groupeou de la confédération.Elle apparaîtclairement
dans plusieurs articles du pacte d'El Foudhouldans la région de Médenineoù les
ksouriensapprennentainsi à vivre en groupe et où une consciencecollective bien
enracinéepour la défenseet le respectdesgrandesvaleursde la tribujeffarienne.

La présencede puits à I'intérieurede chaqueksar, des courspour la stabulation


des animaux montre la possibilité des transactionscommercialeset des échanges
économiques; ceffefonction économiquedonneau ksar une importancesocialecapitale
par rapportaux rôlesagricoles.

Elle en fera un élémentdynamiquedansle tissuurbaintribal de toutela régionde


laJeffara.Sion observeàtitre d'exempleleplan du ksar deMédenine(page24),
Les mutations socio-spatiales,culturelles et qspectsanthropologiques en milieu aride: 22
Cas de la Jefara luniso-libyenne 1837-1956

on constateI'importancede cetteforteresseincluant33 ksarsautourdela mosquée, 6400


ghorfasou cellulespour le stockage(grenier)et 7 portesd'entrée,cesksarsappartenaient
33.
à 33tribus,fractionou "Lahma"

L'ensembledesconditionsqu'unetribu s'imposaità elle-mêmeet qui avaitforce


de loi et dont lesmembresacceptaient
I'adoptions'appela" kanounchartia"34

Parmi les articlesde ce kanounau seindu pacted'El Foudhoul"desvertueux"de


la confedérationdesWerghemma: chapitrepremierdéfensede la tribu : si les gardiens
du ksartirent ou blessentun voleur,ils ne ferontI'objetd'aucunepoursuite: ni le prix de
sang,ni une indemnitépourblessures ne pourrontleur êtreréclamés.

L'argentcircule rarementdans ces milieux; on lui préfèrele troc, les denrées


alimentaires; les produitsagricolesanimauxet végétauxsont les principalesrichesses
qui assurentla vie familialeet tribalepour subvenirà sesbesoins.

Lesjeunesgenset les femmesrisquentde provoquerdesfuitesde produitsou de


cheptel; mais cestentationssontécartéespuisquele ksar s'impose: il coupecourtà de
telles spéculationspar la présencedes gardiensdesksarset le cheikhchartiaavecses
agents.

En tout étatde causele pouvoirde possession de la richesseestdétenupar le pere


de famille qui, seul,esten droit d'avoird'unefaçonpermanente la clé de la ghorfaou les
ghorfassi la familleenpossède plusieurs.

Cette organisationet cette instifution s'intègrentdonc dansune moraleet une


psychologieliée à la conceptionpatriarcalede la famille et qui consolideles valeursdu
groupe; cette attitudeest une habitudecouranteau sein du ksar et mêmedans les
déplacements au coursde la transhumance périodique.

Le jeffarien étant en perpétuel mouvemententre le nomadisme,le semi-


nomadisme,il pratiquait la transhumancevers le Dhahar, les plateauxqui étaient
en automne,périodede semailleset des culturesvers la plaine et les terres
nécessaire
humideslointainespour lessemis.

Le printempsc'était pour lui la saisondes herbageset des pâturagespour les


troupeaux ovin, caprin et camelin. En été on préfère les zemlas et les terres
il y a lesdemeures
et de vergers(figuier..),dansles régionsde montagnes
d'arboriculture
troglodytiques.

@idelatribudanslaJeffarasebasesurlaconfédérationd'ensembledestribus,
chaquenibu est diviséeen fractionset chaquefractionen Lahmaqui estun ensemble de familles.
34DEAMBROGIO,dit Kaddour,Ofticierinterprète(1903): Kanounchartia: Le miaâdou I'assemblée des
notablesde la tribu, choisissentle cheikh chartia qui appliqueavec I'aide des agents,le kanounou
des conditionsqu'unetribu s'imposaità elle mêmequi avait force de loi et dont les membres
I'ensemble
l'adoptiondansle cadred'unpacteou mêmeen dehorspour une seuletribu. in.législationet
acceptaient
coutumesdesberbèresdu sudtunisien,p.lOl revuetunisienne1903.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 23
Cas de la Jefara tunisoJybienne 1837-1956

Les campagnesdans la plaine de la Jeffara et le Dhatrar forment un glacis


polygéniquecouvertpar différentesaccumulationsquatemaires, d'unepluviométriefaible
et très inégulière (100 à 150 mm/an); on remarque une longue période sècheoù
l'évaporationdépasselargementI'humiditéaccumuléepar les précipitations;la période
pluvieusecorrespondavecla saisonfroide de I'automneet de I'hiver ce qui ne favorise
pas la croissancevégétale; par contreles bonnesannéesse distinguentpar I'apparition
de pluies complémentaires au printempsqui sonttrès efficacespour la croissancede la
végétation pastorale.

Cette réalité du milieu naturel aride et des étagesbioclimatiquesfont rêver le


poèteAmor Bel Arbi tt qui disait:

"Chaquematin d'automne, je me dirigeversla dernièrepluie


I'espacen'estdéfini que les sablessecset les secteurshumides
par
et lorsquedeuxpluiessesuccèdent assurantla levéedû semis
je
le nomadeque suisespèreet serejoint"

Grenier collectif, gtenierrefuge,grenierfortifié forteresse,mêmele vieux ksar


étaittout à la fois entourésouventpar deskasbasinstalléssur la périphériedu ksardans
un rayon de 4 à 5 Km maximumet qui portaientle nom destribus, kasbadesZgaribs,
kasbasi Moussa Abdelkebir,kasba...Ces kasbasqui existentencoretémoignentd'un
emplacementtrès défensifqui mettaitle ksar ou l'ensembledesksoursà I'abri de toute
attaquesurprise.

Ces lieux fortifiés représententune ligne avancéejouant le rôle de citadelle


'o)
protégeantet commandantla garde des guetteurs(rawwâds (deux ou trois). Ces
dernierssont aidéspar un éclaireur(chaouâf') qui est envoyéen reconnaissance pour
assurerla distance du campementennemi, les lieux de pâturage,I'importancedu
troupeau,le nombredes gardienset I'effectif des chevauxmontéspar I'ennemiet leurs
qualités.

On choisit souventun hommequi s'y connaîtaussibien dans les marquesdes


chameaux car chaque troupeau t. réfere par un rrri-u38rr une marque
"urnélin
à chaquetribu et mêmeaux fractionsdes tribus.L'éclaireur
d'identificationappartenant
estexpérimentédansle constatet le relevédestracesdesanimauxet despiétons.

Le pacted'El Foudhoulsouligneles détailsde la défensede la tribu. Au chapitre


premier intitulé, défensede la confédérationdes Werghemma, I'article premier dit:

poèteAmor bel Arbi : extrait de recueilde poésiesréunispar MohamedMarzougui(en arabe,1976)


(notretraduction).
i6 Rawwâds: p. Rawwadc'estle gardienou guetteurau seinde la kasbalesjeffariensprononcent kosbaet
par
nonkasba(lieu fortifier avancé rapportau ksar).
37Chaouâfa:c'estle cavalierp.chaouaf qui s'occupe plus avancé,c'estl'éclaireurdans
de la surveillance
lesrégionslointaines pour contrôlerles ennemies.
" Cima : marque d'identificationdes camelinsou des chevaux,chaquetribu se caractérisepar un signe
par
matérialisé tatouagedés la naissancede I'animal'
v+

rilergtremmaouAurghamma
-
I lbErv2:Ksour
Fieure Médeninecapitale
occi.affaf-^,f,ac
J"int dela Jeffara er 7 nryrrês

KsarKmeilia

Sidi Abdelkader
Ksar Esskarfa .i4rh

,o

ti

.(â
À4

Ksar O- Khlifa

À
Ksar Si Dhaou
Ë Ksar O. Brahim
Ë
*
Ë

1995
Source: EnquêæA' ABDELKEBIR
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 25
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

"tout homme en état de porter des armes doit concourir à la défensede la tribu".
L'article deux, parle des conditions exigées pour le recnrtement et I'intégrationdu
jeffarien pour être "fares" cavalier;tout homme qui possèdedeux chameaux,vingt-cinq
brebis et dont la femme porte sur elle un "rethel" (une livre) de bijoux doit avoir un
cheval : c'estle faresou cavalier.Il stipule égalementqu'unhomme qui ne possèdepas la
fortune énoncéeplus haut doit avoir un fusil c'estle "terras"ou piéton.

Citons les remarquesde Gabriel Charmes3een parlant des Werghemma "la


Tunisie et la Tripolitaine 1884(deuxièmeédition). La tribu desWerghemma,le territoire
de cette tribu s'étendentrela ligne des chutouta0et la Tripolitaine,il comprenddesterres
de culture, des pâturagessaharienset de nombreux villages. Les Werghemma,qui
peuvent mettre en ligne 8 à 9000 fantassinset 1800 à 2000 cavaliers,ont toujoursjoui
d'une grande indépendance,placés aux avant-postesde la Tunisie, sanscesseen lutte
avec les Nouails de la Tripolitaine,le bey n'ajamais exercésur eux d'actiondirecte,il ne
s'enest servi que pour garderla frontière et pour lever des taxes sur les autrestribus, en
leur accordantà eux-mêmesdes exemptionsd'impôts et des privilègesqui les ont rendus
maîtreschez eux".

2.2-La Jeffara face aux pouvoirs,la légendedesWerghemma

De I'oued Akarit à I'oued Zeuss,une plage sablonneuseet rectiligneest à peine


entailléepar I'embouchuredes ouedsoù les barqueslocalespeuvententreravec le flux,
plus au sud on trouve les sebkhasOum Zessar sur la presqu'île de Sidi Makhlouf où
l'émergenced'une sociétésédentaireet d'une agricultureintensiveà Oum Zessardans la
Imadatar actuelle de la kosba fut remarquée observée par le voyageur Tijani Abou
MohamedB. Ahmed I'un desvoyageursmaghrébins,africains,andalous.

Il est à signalerque le pèlerinagede la Mecque était la plus importantecausede


déplacementde milliers de maghrébinschaqueannée.L'accomplissement de cinquième
devoir religieux de I'islam est subordonnéà la possessiond'un certaindegréde fortuneet
à la capacitéphysique(santé).

Déjà au cours du voyage de Tijani (de 706 à 708 H à travers la Tunisie et la


Tripolitaine 1287à l289jc) il a indiqué aprèsson passagepar le cap du Jorf et son retour
à l'île de Jerba,une étendueou dépressionentre le jebel et la Méditerranée,c'est Oum
Zessar{z.

in. la Tunisieet la tripolitaine18842"-' édition.


GabrielCharmes
no
Chtut p. chut, c'estla limite Nord de la Jeffara,une frontière naturelleformée par le golf de Gabèset les
sebkhatset I'enclaved'EI Grine à sidi Makhloufjusqu'au chon El Djérid.
ar
Imadat : circonscriptionadministrativede base.
la Jeffaraoccidentale
" Oum Zessar: plaine fertile dansla presqu'îlede Sidi Makhlouf au nord-estde
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 26
Cas de la I 837-1956

Des moulins (tawahines)43 sont installés; le passagedessoldatsétait difficile, le


lieu étaithabitépar desmourabitines; il y avaitdesparcellesdecéréales et le <mourabit>
interditaux soldatsde paîtresur saparcelle.

Cette constatationdu voyageurTijani faisantde la régionde Sidi Makhlouf un


endroitriche en ressourceshydrauliqueset en verdureresteà vérifrer.Le rôle de ces
tawahines (moulins)danscettedépressiondansunerégionactuellement désertique.

Faut-il se rappeler,à cet égard, les travaux de rechercheRapp et al', (1976),


KhatreliH. (1981),Èioretet al.,Ig82, A.Martel(1965),etc..qui disentquela Jeffaraet
le sud-esttunisien n'ont pas connu de grandschangements pendantles deux derniers
millénairesdans les climatiqueset édaphiqueset qu'il fallait chercherles
"ottàitionr
causesde désertificationet de dégradationdu côtéde I'actionanthropique due elle même
aux transformations du mode de vie des nomadeswerghemmadansla Jeffara(pasteurs,
agro-pasteurs,agropasteur-pêcheur).
aa dansla régionde Oum Zessatrencontréspar le
Les "mourabitines" sédentaires
voyageurTijani dont le périple est riche en détailssur la populationet I'espacede cette
région surtout en parlant des fractions de tribus entre la plaine de la Jeffara et les
mintagnesde Tajrà, Matmata,méritentune étudeplus approfondiedansune deuxième
phaselorrq,r. nousaborderonsI'impactde l'évolutionsocio-spatiale surcetterégionayant
àesliensoiganiquesavecla Tripolitaine,l'île deJerba,I'Aaradh,et le Sahara.

La menacesur les ieffariens vient soit de I'est de la Tripolitaine des tribus


ni, soit de I'ouestdestribusdesAlayas,Beni Zidsa6.
desNouaiJË"iïii*"r
ennemies

A cetteépoquede 1830à 1850la rivalitédesçoffssegénéralisait pourtoucherles


tribusdu centreet de I'ouestde la régencede Tunis.Noustrouvonsalorsdeux fronts,les
,,Bachia-cheddad" groupant les tribus de FrechichaT,Mad.ler,Ouled Sard, Souassi,
Methelith et Mehaàba,et les <Hussinit-Youssef> groupantles tribus de Drid, Ouled
50.
A;;, Hamamaa8 ,Zlassaeet lesNaffet

um Zessarpour iniguer la plaine et les


cultures.
ù L., rou.ubitines : sociétéd'originemaraboutique. (voyagede Tijani présenté par H. Hosni Abdelwahab
imp.of Tunisie,1958.
d fiouaielset cianes: tribus libyennesnomadesrésidantsdansla Jeffaraorientalesur la frontièretuniso-
tripolitaine décrétée en 1910.
iïih,as ; ùs tribus a. iriegion de I'Aaradhlimite nord de la Jeffaraoccidentale (originairesdesrégions
de Mareth,Zarathet El AlaYa).
connuepar la régionnatale
BeniZids : tribus,esioanifâiegion de I'Aaradh.régiond'EI Hammade Gabès
àesleadersDaghbajihérosde la résistance contrelà colonisationfrançaiseet Italienneégalementle leader
syndicaliste(fondatêur)de IUGTT MohamedAli El Hammi
ii rractricfrs':tribusdu nord ouestde la régenceconnuespar la révolutiondeAli benGhadhehoum'
nt tÀu*u: tribusdu centrede la Tunisie,régionde Gamouda,Sidi Bouzid'
o, llass : tribusdu centreEst de la régencedanJh phine de Kairouanet régionsLimitrophes-
to lf.æt : tribus du centresud a l'intérieurede ù côte de Sfax. (1, 2, 3, 4, 5, 6) in : André Martel les
de la Tunisie(1881-l9l l) TomeI-P.U.F1965.lesçoffstunisiens versle milieu
confinssaharotripotitaines
èabès,Mattei,05novembre1867et Sicard, 07 aott 1867
a" iri sièclep.6'2d'aprèsR.G.Ag.cons.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 27
Cas de la Jefara tuniso-lybienne1837-1956

Pour les tribus de I'extrêmesud la face à face crééepar les rivalités entre le
pouvoir local HusseiniaYoussefen Tunisieet en Libye et le pouvoir centralde la porte
du SultanOthomanen Turquie,BachiaCheddad.

La situation des tribus de I'Aaradh,et de la Jeffaraoccidentaleet orientalese


présentaitcornmesuit : Tous lesWerghemma (Oudema,Touazine,ksour,Accara),Ouled
Yacoub, Merazig, Adhara, Gherib (sauf les Gaoud ou Sabrai) sont des Husseinia-
Youssef;quant à Beni Zid, a:uxHamerna,Aleya, Traifa, Dehibat, Gaoud (Gherib de
SabriaNeffzaoua)sontdesBachia-chaddad.

A jebel Matmata,là aussi,la populations'estdeviséeen deux frères ennemis,


d'unepart les Matmata,Zraoùa,Taoudjoutet BeniAissasontdesBachia-cheddad, d'autre
part les tribus de Toujane, Beni Zelten, Tamezret,Douiret, Chenini (Tataouine),
Ghomrassen, Beni Barka,GuettoufasontdesHusseinia-Youssef.Il s'agitdu parti pris par
toutesles populationsdesrégionsmontagneuses dansle conflitentre les Bachia-Cheddad
et lesHusseinia-Youssef;et passeulementleshabitantsdeMatmata.

Pour comprendrecettegéopolitiquehumainenouscontinuonsI'analysedesautres
régionslimitrophesde la Jeffaraoù une liaisonorganiquevitale se concrétisemalgréles
mouvementsde flux et de reflux qui sèmentle désordreau sein de ces populations
vivantdansun milieu arideou semi-arideet avecun climat diffrcile de la hautesteppeau
niveaude Kairouanjusqu'augolf de Syrteen Libye où les limites géographiques de la
Jeffaraorientale.

Au débutdu XVIIIè" siècle,HusseinbenAli a fondéunemonarchiehéréditaire5l


en 1705,mais à sesdébuts,ce pouvoira connuunegravecriseappelée"crisepachiste".
En effet, le neveudu bey s'estrévoltécontrecelui-ci,quandil s'estvu privé du droit à la
succession.

L'interventiondu dey d'Alger à quoi a-t-elle servi ? Au rétablissementde la


légitimitédu pouvoir,c'està dire d'un pouvoirhéréditairesetransmettantde pèreen fils.
Mais le paysvoir les autrespays,la régencede Tunis et le Wilaya de Tripoli en Libye,
restentdiviséespour longtempsen deux clansou çoffs rivaux les bachaspartisansde la
familleAli Bachaet lesHesseinia soutiendesfils deHussein.

L'ambigui'téestpresquegénéraliséedanscetespaceet I'histoirese résumeen ceci


quele pouvoir colonialothomanqui s'estdiviséen deuxpartiesou clans;lespartisansdu
pouvoir central les Bachiaset Cheddadet ceuxdu pouvoir local (soit en Tunisieou en
Libye)qui sontles Hussiniaet Youssef.

La crise dynastiqueagit commeun révélateuret cristalliseles oppositionsentre


lestribus sympathisantesde ce clan ou de I'autre,le sort de cette partie du monde

t' in André Martel : les confins saharo-tripolitains


de la Tunisie lSll-l9ll (Tome I, conflits entre les
régencesles Husseinit,les Bachia,les Karamanlis(YoussefKaramanlien Libye) voir les ouwagescités
d'Agostoni,Bergra, CORO,Micacchi,Vadalaet la synthèse récentede Leone,la colonizzazione.
- La chroniquede Ahmedlbn Abi Eddhiaf,in "EtthafAhlBzzemenli mouliki Touneswa ahdel amen>
anthropologiques en milieu aride: 28
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspecls
Casde la Jefara tunisoJybie'ne 1837-19%

mouvementde pouvoir et contre-


resteà traversl'histoirede ces tribus en perpétuel
particularitéei I'impactsur I'avenirde ceszoneset de ces
;;;;"ir. Nous étudionscette
tribus.

N o u sre ve n o n sa u xzo n e sd' oasistoutpr ésdelaJeffar apour voir l' éch i qui er
politiquevis à vis decesçoffs et clans'
Bachia-cheddad sont Djara,
Dans la région de Gabès,l'Aaradh sur qui les
Ksar Debdaba,El Hammades
oudhref, Teboulbou,Mareth, zarath,Kettana,Arram,
de Gabèss'intègrentadhèrentau
Beni Zid. Quantuu* iribu, de Menzel,Metouia,chenini
çoffsdesHusseinia-Youssef
de Tunis pour voir les
Nous continuonsle balayagedu grandsud de la régence
trouve diviséen deux clansrivaux
oasisde Nefzaoua,Gafsaet Djérù' Toui le pays se
égaux,le scénariod\rne conséquence dramatique'd'unedualité
presquenumériquement lutte
dynastiquequi a pris nais-sanceau Bardo la capitaledes Husseinitesà Tunis' une52'
a rejailli sur les rapportsentreles tribus du sud
pour le pouvoiret pourla succession
par Kébili'-Limagnes'
A Nefzaouale çoff de Bachia-cheddabest représenté
Zouaona,Ratrmat, EL Golaa'El
Bazma,ElGliaa,Toumbar,Temmbib,Mansoura,Ratba,
ElDzezfta'ZaotÂt
Guesseur,El Barghoutia,El Guedara,El Blidet, Bouabdallah,Touibat,
El Aouina,Zarzin,ElMenchira (l l2),Bechri(l l2)'
sont : Telmine' Djedida'
Ceux qui intègrent le çoff des Hasseinia-Youssef
M'hamed,Nouail ZaouïtEl
Guettaia.El Messafd,Él Gol*, Kelouamine,Negga,Beni
Fatnassa'Debabcha'
Harths,Djemna,Ghelissia,El Aouina,Douz,Oum Somaa'
de Nefzaouamais
Cettepestede discordeet de rivalité ne s'arrêtepasau niveau
pour arriverà constantineoù le
s,étendjusqu,àla frontièrealgérienneet mêmeau-delà
Alger quele dey était favorable
débuta pris feu de toute I'histoiredramatique.Et c'està
aux Husseinitespuisqu'il se débarrasse tu. Ali Pachaà Constantineen 1756 pour
"i passantpartoute la régencede
laissertoutela régionen braise,d'Algerjusqu'àTrip-olien
tuniso-tripolitaineet les régions
Tunis lieu du pouvoirdes HusseiniresËt par la Jelfara
environnantes.
par leurs-anciennesécoles
Dans les Oasisde Djérid et de Gafsa sont connues
de cesoasiss'alignentde part et
coraniqueset universitésdu Fitt, ittu*ique, les tribus
d'autredanscesçoffs.
de Nefta, El oudiane' El
Nous trouvonsalors la moitié de Tozeur, la moitié
Hammadu Djérid,Sakket,dansle çoffdes Bachia-Cheddab' Quantà la moitié deTozeur
Midès sont du côté des Husseinia-
et Nefta, Gafsatout entière, Tamerz4Chebika et
Youssef.

liations desvillagesou
tribusdu Nord et d" è;;. poui ie SudA' traartetdisaitnous.
et J.H. ï1t^t^":,9::,i.3oit1î.i:#t;
Mattei(voirchaprr) auc. G.deFrance à
1867
['r"Ër,ilJl;li* i iit Novembre paru. sicara
laTunisie(1881-l9l
de
tripofitains l) Tomepremier' P'
lesconfiniSafraro
Tunis(arch.R.G.).in.n trrtartet
u. F.(1965).
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 29
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

L'espacejeffarien se trouve mêlé à cette discorde,à cette anarchieet ambigurté


généraleà la suitede la guerrede successionentreHusseinBen Ali et sesfils héritierset
de Ali Bacha.

Cette crise dynastiquesanglantes'étend à I'Est vers la Jeffara orientaleen


Tripolitaine,malheureusement pour les tribusjeffariennesoccidentalesdesWerghemma
les ennemisd'hier et d'aujourd'hui(en 1756)les Nouails et Siâaness'intègrentdansle
clan desChaddads-Bachias ; c'està dire les partisansau Sultande Constantinople
et des
fils de Ali Bachasoutenanteux aussile pouvoir centralen Turquie ; en d'autrestermes
les V/erghemmasoutiennentle clan nationaliste(local) et leurs ennemistripolitainsle
clandu pouvoircentral(Turquie).

Nousanalyserons plustard les alliancesde parentéet d'intérêtséconomiques entre


certainestribus Werghemmaet d'autrestribus tripolitaines Husseinia-Youssef. Les
rivalitésentreles tribus frèresennemisde part et d'autrede la frontièrede l9l0 (Moqtâa-
Dhibet), sont d'ordre économiqueet pastoralplus anciennesque la rivalité des çoff
HusseiniteBachiaet YoussefCheddadnavigant entre la revendicationd'une dynastie
nationaleet celled'unpouvoircentraldépendantou semiindépendantde la portesublime
othomanedepuis 1770, les intérêtsdes clans d'une dynastienationaleet pro-arabeet
I'autred'influenceothomaneTurquese contredisentaniméspar des hautset desbasde
I'attitudefrançaiseet internationale.

Dansle rapportdu Ministèrede la Guerre,Etat-majorde I'arméeNol50l datédu


23 févier 1884à Sfax (documentci joint en annexe)on lit "commeen Tunisie,les
habitantsde la Tripolitainesontdivisésen deux campsles chaddadspartisansdespachas
dépendantdirectementdu Sultan de Constantinople,et les Youssefspartisansde
I'anciennedynastie de pacha Youssef caramanli. Voici les noms des tribus de la
Tripolitainequi enchaînent de deuxcatégories."

ChadadsBachiasen Tripolitaine:
- Nouaîel
- Siaânes
- Djouari
- Blayis
- Mhamids
- Chaabins
- Egouyats
- OuledBoussifs

YoussefHusseinniasenTripolitaine:
- Agelats(Ajilets)
- Soyad
- Ourchfella
- Ketnaet Alouma
- Magarhas
- Rougbin(Rojban)
- Guedadfas
- Suihats
,",,"*0",,",,,é#l:i:"rïij,î!,ï1,'"iil!î,,',2'"fifi1à'i*""'
,",*,,",,"^ ""0
sontégalement
soit desmontagnes
Toutesles villes et villagessoit de la plaine,
divisésen deuxcamPs.

LeschaddadsdetripolisontlesalliésdesBachiasdelaTunisieetlesHusseinias
aideet protection
sedoiventréciproquement
de la Tunisiesontles alliesdesYoussefs.Ils
encasd'attaquess3.

du 23 féwier l8E4
Paris'
e.rit aif*. À.Ëiu.t desArméesit tttt" : châteauVincennes
Les mutations socio-spatiales,calturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 3l
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

CHAPITRE III : LES CIRCONSTANCESFAVORABLES A


L'AVENEMENT DE LA CREATION DU PACTE (D'EL
FOUDHOUL) DES VERTUEUX DANS LA JEFFARA
OCCIDENTALE : 1837

Le pouvoir Husseiniteen Tunisie (1705 - 1881) était centralisé,absoluet


héréditaire.

Danstoute la petiteSyrteen Jeffaraoccidentale,sud-estde la régencede Tunis,


I'affrontemententrechrétienset musulmansà l'époquedes croisadesn'a pasd'impactsà
I'intérieurdu pays. Seulela côte est concernée: Jerba,Malte, Sicile qui contrôlentle
mouvementmaritimeentrelesdeuxbassinsde la Méditenanée.

Le rôle de Malte est une place forte et un arsenalavecune écolenavaleet un


centre de renseignements importants. Quant à Jerba, partie intégrantede I'espace
Jeffariene,elle est une basede courserecherchéeet disputéepour le ravitaillementet
commepoint stratégique.

Lesactivitésde commerceet d'échanged'esclavesmaintiennentles liensentreles


deuxîles avecune spécificitéde Jerbac'estqu'elleorientele trafic le plus importantvers
lesportsturcsde tripoli, d'Alexandrieet de I'orient.

Nousévoqueronsle trafic maritimedu sud tunisien,à Jerbaet au largede Gabès


(Golf du petit SyrteGabès,Boughraraet Zaruis),et les mouvementsdejeffarienset leur
émigrationvers l'île à traversI'histoirede la région,il est certainque cetteémigrationa
ététrop tardiveet que la présenceactuelledes émigrésjeffariensnon djerbiensd'origine
est venueaprèsla colonisationfrançaises.André Louis, et André Martel, le voyageur
Tijani, le voyageurEl Hachaichiet M'hemedlMarzouguiont tous parlé d'unecertaine
séparation entrele continentet l'île de Jerbaqui avaitun statutparticulieret occupaitune
placeimportante(à l'échelle internationale).

Les beys de la Régenceétaienttoujours aidés par des membreset des chefs


d'arméesMamalikset Corsairesparmi les premiersturcs installésdansle Maghreb,les
beys faisant appel aussi aux Grecs qui formaient des vaguesde cette émigrationse
joignent des renégatsde toute origine. En Tunisie les beys recrutaientsurtoutdansles
portsde Sousse,Sfax et Jerba,l'élite de leurs soldatset agentsainsiqueleursesclaves
de
sexeféminin.Tel était, d'ailleurs,le casde la femmedu bey Husseinben Ali (ancienne
esclavegénoise)qui lui donnaquatrehéritiers,chosequi déclenchala crisepachiste; le
conflit arméqui opposale beyHusseinbenAli (et sesfils aprèslui) à sonneveu.

L'intégrationdes Corsaires,des Mamaliks, des Janissairesqui comptentquatre


mille hommesen Tunisiejusqu'au1ç1;çème siècledesrecruesothomanes viennentplus au
moins régulièrementcombler les vides. Cette anciennetradition entretenuepar les
musulmansexpulsésde Malte ou de Sardaignepuis d'Andalousiedonnela prioritéà ces
cutture:#sret aride:
mitieu 32
socio-seatiates,
mutations
Les
f:;c::tl'::::lt'3:7i:r3;;n

victorieuseet obtiennentle respectdes


réguliersqui ont le droit d'occuperune classe
desmaghrébins.
uuîoritg,beylicalespuisqu'ilssoniexclusdu rand

Leursfils, dèsleur naissanceleurssuccèdentpuis sontrecrutésdanslesplushauts


dansientourage desfamillesau pouvoir
rangsde la hiérar.ii" Jynurtique{9s.beys et
non' Ces élémentsétrangersaccèdentau
selonqu'ils sont né; de meresindigènesou
au Makhzenau servicede celui qui
pouvoir et les efgmentsbeaux participentsouvent
détientle Pouvoir.
à la têtede cetteélite de légion
Lesexemplessontnombreuxde 1705à l88l où
Ministre commeYoussefSahabEttabaa
étrangèrese trouveun "wazir Akbar" Premier
quiestmortenlS15,etMustaphaKhaznadarlslT-lSTS,M ustaphaBenIsmaillS50-
grandsministresou premiersministres
lggT et Kheireddinepacha lsi0-1890. ces beylicale'
dynastique
représententla plus hauteautoritéaprèsle bey dàs la pyramide
de la régenceest estiméeà
Il est à signalerqu'à cette époquela population
sontà"t *tu* et destribusnomades non comprises
1.100.000d,habitaitsaonf OOO.O00
danscerecensement (KraiemM',1979)'

La situation mouvementée de la Jeffara occidentaleoblige les tribus des


*" siècleà resterentre la stagnationet la transhumance
werghemmuuu *ir-J, iii
vivrièressousla pressiond'un
itérativecherchanile parcours,la verdureet les cultures
et du pouvoir central qui
danger et la méfiunC. prr-anente des tribus ennemies
p.rtirU.nt leséchanget l. commercecaravaniertranssaharien'
"f

3.1-L',époquearabeetlaremiseencausedecettedominationsurlaJeffara
avoir de 07 à l0 millions
Certainshistorienspensentque la Tunisie pouvait
arbustivescouvraientune
u.r, r. lii#., i. vIè'" ,ic.t. et que les cultures
d,habitants
surfacedel'ordredel.300.000ha(LeHouérou,l969).

Lesculturesetlecouvertvégétalpastoralsemaintiendrontd'ailleursdansune
romainejusqu'auxXIè" - XIIè*' siècle'
proportionignoràUi.nau-delà ae I'e"poquË

P e re n n é s(1 9 9 3 )d é cri tlatechniquedu' ,Jissr ' ' danslesbassins.ver


constnrire le long despentesde petitsbarrages en pierreet en s ants etl es
montagnes, qui cÀnsisté à
et les limonset un lit de semence
sablepourconjurerle ravinement,retenirlei sédiments
I'eauderuissellement'
et un nouveausol tout enretenantmomentanément
sa consolidéepar un muret de
A l,aval on trouve une <tabia> plus importante,
pierre, mais laissant s'écouler l'eau tn excédant par des déversoirslatéraux :
55'
ôuerghemmales appèlent(manfess)

t q
jn
" t
Unetabia: représente-iffiffiiqu.de retenued'eauderuisselieililt "tt """t PrctJ Jvr l'rvtv'|re
* F{_rLr; pî::3* leszonesdepiedmonts desdifférentes
Elleestconstruite
dansla rideinférieure. 1993'
: in, lestabias(GTZ) et D'G'F Tunis'
;;;;;;"nbgne I'eauen excédant'
;'Vf-f." , aévÀoir laieralpour evacueret laissers'écouler
1993.Ei Amami et Pérennes 1986'
n.a".i" Pérennes
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: JJ

Cas de la tunisoJybienneI 837-I 956

R.P. Baduel et Pérennes(1993) attribuaientla présencede déversoirà deux


raisons:
- I'une technique,permettantd'éviterla rupture du barragepar suite d'uneforte
pressiond'eau,
- I'autresociojuridique.

En effet, le droit coutumier(El Orf, et cheikhEl Orf) obligele fellahà construire


à sonseulprofit les eauxpluviales.
ce déversoircar il lui interditd'accaparer

de I'amontà I'aval avecrespectde toutecette


Cettetechniquedoit êtregénéralisée
technologiede la petitehydrauliquepaysannepropre à la Jeffara(voir fig. p 35) dessin
montrantI'aménagement hydrauliqueen zonearide selonEL AMMAMI et PERENNES,
1986).

L'existenced'unesuccession de barrageset dejessor.trss9


en courbesde niveaufait
que tout jissr en aval doit avoir accèsaux eauxde pluie qui dévalentlespentesavecune
quantitéet un ruissellement adéquatet raisonnablepour évitertouteactiond'érosion.

L'introductiondesculturesd'été(cucurbitacées etc..)permisepar I'appointd'eaua


qui ont pris le relaisde la jachèrebisannuelle.
contraintà inventerlesassolements

Le rapport impluvium/zoneplantéerendu élevé a permis I'arboricultureet la


(Pérennes,
à la culturedeslégumineuses
associée
céréaliculture 1993).

Suite à un mauvaisajustementdes conditionséconomiqueset du régimede la


propriété,à côté d'un nombrede plus en plus restreintde propriétairesfonciers,de plus
en plus puissants,émergeaitune plèbe de petits exploitantsqui pratiquaientune

quequiconsisteàconstruirelelongdespentesencourbesdeniveau
des petits banages pour changer le lit d'eauet écarterle ravinement,retenir les sédimentset créerun
nouveausol limoneux (sols et
légers fertiles).
Du point de we sociojuridique, le cheikh El orf choisi par le miaâd (assemblée) de la tibus ou de la
confédérationgèretout le processus et fait I'arbitrageentre les belligérantsde touteune zoneou bassins
versant.
- EL AMMAMI. S. lescultures dejessoursenTunisieCRGRTunis 1970.
- HASSINDIMASSSI: où va la Tunisie? mag,Mach.,novembre1983
-JEAN BISSON et YANN CALLOT, des monts de ksours au grand erg occidentaladaptationou
disparitionde la vie nomades ROMM 4l-42.
- ABAAB A. BEDRANI S. Chiche J. 1995 les politiques Agricoles et dynamiquedes systèmes agro-
pastorauxau Maghreb.Optionsméditenanéennes sérieB No 14.
- tlSStR F. l99l : Confédérationdes Werghemmasous I'administrationmilitaire française l88l-1939
DEA. Univ. de Tunis(enarabe)408 P
- PERENNESJ.J 1993 I'eau et les hommesau Maghreb. Contibution à une politique de L'eau en
Méditerranée. Ed. karhala644p.
- S.GAIER.M 1993 : Mobilisation,exploitationet gestiondes ressourcesen eauau Maghreb: cas des
zonesarides,IRA 38p
- TALBI Med, 1992: Contributionà l'étudede la désertificationdansla Jeffara.Thèsedoct.Universitéde
Tunis.305p
- NASRN. 1993: Systèmes agraireset organisation spatialesen milieu aride.Thèsede doct.272p
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 34
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

agriculture de subsistancetout en respectantles divers articles de pacte relatif à


I'exploitationdes terreset au mode de vie de ces tribus en milieu aride(pactede Haddeje,
fac-similé en annexe).

La colonisationromaine marqua son apogéesous la dynastiedes Sévère(193-


235), des pages (bourgadesromains) furent adjoints au cuvitas berbèresqui furent
romanisés-peuà peu et intégréspar I'attributionde citoyennetéromaineaux autochtones
romanisést'.

A cette époque,la Jeffaraoccidentaleet orientaleconstituaitun espaceaménagé,


sédentarisépour les uns (Ahl Ezzaraa),lesgens connuspar le métier de cultivateurbasé
sur la production végétale(céréales,olivier, vigne), mangeurs de basé et les autres
nomadesmangeursde viandeet buveurde lait qui vivaient à I'intdrieur,et plus au sud (ce
sont Ahl Edharaagensconnuspar le métier d'éleveurs,Edharaac'est-à-diremamelle et
productionde lait).

Aussi sejoignant les thèsesd'Ibn Khaldoun qui parlait de cesdeux catégoriesde


jeffariens et de Charles A. Julien, Charles Courtois, R. Brunshwig, J. Despois, le
Houérou.

Il semble que le climat ait été moins aride en Tunisie méridionale,la présence
d'unemultitude de Henchirse(exploitationagricole) sur les rivagesdesSyrtes,de Tacaps
(Gabés),de Gigtis (Boughrara)Henchir Zian (prés de Zarzis) (voir cartede la Jeffara- les
henchirsromains,p. 37).

A cetteépoque,I'arrièrepays sur cescôtesdevrait être en partiecouvertde forêts,


entre les Matmataset Djebel Nefoussaoù il y avait des bêtessauvages,la domestication
des animauxd'élevagesembleavoir étéplus tardive.

Dans sa communication au séminaire scientifique sur I'histoire du sud-est


(Jeffara)de l'ère des phéniciensau protectoratfrançais,Berkaoui a.60ltlll; a confirmé
I'existencede Werghemma(Henchir Gdhama, Hezma Médenine) dans le chapeletde
cites romaines,de Remada,Bir Nagui, Bordj le Boeuf (bordj Bourguiba)jusqu'auport et
ville de Gigtis sur le golfe du petit Syrte.

WerghemmaétaientI'habitatdes Werghemmaau coeur de la Jeffaraotr il y a eu


fondationdesKsour de Ia confédérationde Werghemma.

Le Houérou : Recherchesécologiqueset floristiques sur la végétation de la Tunisie méridionale


(Mémoiren'6) Univ.d'Alger.Institutderecherches sahariennes p I l5 lesdonnéeshistoriques.
58C.A.Julien( I 93):HistoireI'Afriquedu Nord.PayotParis193I . L'Afriquedu Nordenmarche.
- Tijani(le voyagede Tijani)
-lHN. Rhaldoun. (déjàcité)
Cartede la colonisationdeshenchirs romainsdansla plainede la Jeffara.EnquêteAbdelkebirA.
URBAMA 1995.Répartition desvestigesdesKsours,Henchirsromains,Kasbas,Zemlasdansla Jeffara
sud-esttunisienp l6
60Séminaire sur L'histoirede ta Jeffarasud-est
tunisien.Fac.des sciences H. Sfax 14 - 15 Mal 1999
(encours depublication). Berkaoui A.
-Gegtis: Site antiquesur la côtedu golf de Boughrara(petit Syrte)ville romainede plus de 100.000
habitants avecMédinaet port,côteEstde la presqu'île de Sidi Makhlouf
35

culturederièrelesjessours
Fignre3: Aménagementhydrauliqueen zoneatide:

Source:DGF. MinistèredâgricultureIGTZ l995


Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 36
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

Les rapports des civilisations berbère, punique, romaine, arabe, othmane,


européenne(française) trouvèrent donc un terrain préparé chez les jeffariens et une
histoiremouvementéeen dentsde scie de prospéritéet de régression.

Après la chute en 238 du dernier des Sévère(Alexandre) et la dissolution de la


IIIè*'Augusta, les espoirsdestribus berbèresseraffermirent,la décadenceétait amorcée.
Les villes durent se fortifier et les colonsassurentleur propre défense.
L'arrivée des Vandales à Carthageen 440, ne changea pas la situation en
Byzacène;les conquérantsresterontdansle Nord laissantles occupantcultiver les terres.
Mais I'ancienLimes6rne fut plus défenduet les pillards tripolitains du Gabon étendirent
leur souveraineté jusqu'à Gafia ; un nouveaulimes fut alors édifié au Nord des chotts62.

Sous la domination byzantine(534-698)lesrazziaset les incursionsvenuesde la


; mais I'anarchieberbèrepermit aux gréco-romainede
Tripolitaine (Libye) s'accentuèrent
tenirplus d'un siècle.

Il est à signalerque le gardedu limes fut d'abordconfié à la IIIè'' Augusta, puis à


des colons soldats les "limitanei" pour la plupart ancienslégionnairesnés dans le pays
qui recevaientun lot et devaienten retourentretenirles ouvragesdu limes et le défendre.

II sembleque la mise en valeurdu sudrut surtoutI' oeuvredeslimitanei.

De cette histoire lointaine, nous retenons que de nombreuses terres de


colonisationfurent distribuéesaux vétérans.Cettepolitique qui rut en particulier celle de
sévèredonnait comme principe Ç9 gouvernementà ses successeurs: " enrichissezle
soldatet moquez-vous de reste..."o'.

Certainestribus berbèresqui ne pouvaientse résignerà la sédentarisationfurent


o*.
éloignéespour perïnettreI'installationde colons

Comme on dit, I'histoirese répète" ATTARIKH, YOUIDOU NAFSAHOU ", les


lignes fortifiées des anciennescolonisations,les limes et les chotts ou chututs sont
utiliséspar la colonisationfrançaisepresqueavecles mêmesdétails.
'hier sont devenussoldatsou sont refoulés vers les montagnes
Les indigènes d
s'ils n'acceptentpas la sédentarisation; le même scénario se répète avec I'invasion

6, Limes:n. m .(motlatin frontière)sousL' empireromainzonede fortifications plusau moinscontinues en


pleinSahara bordantcertaines frontièresde pouvoirsdedéfenses naturelles.
6, .hott, : chututs,p. de chottc'estla limite nordde la Jeffara,lacssalesdu chottDjérid représentant une
frontière jusqu'au
naturelle Golf deGabes et d'ElGrine
I'enclave a SidiMakhlouf.Ibn Khaldoun
A : sociologue, anthropologue parledansla Moukhadima despopulations bédouines au Maghreb.Voyage
deTijani: lmprimerie offrciel.Tunisie,1958
u' Cettecitationse trouve appliquéepar le pouvoirdesbeysdansles régences de Tunis, d'Alger et de
TripolienutilisantlesforcesMakhzenrégulieret lessoldats pour la collectedu Majba desimpôts.
6oia politiquecolonialen'estpasla mêmeaveclesindigènes berbères, elle estdifférented'uneépoqueà
la colonisation
I'autre, Française a favorisélesminorités,en encourageant la sédentarisationpour plus de
contrôleet pour la maîtrisede la situationdansles régionsles plus éloignées exemple la Jeffaraet la
tripolitaine.
37

carte deshenchirsromains, les lcsours'les khasbaset les zemlas


catte4:
dansla Jeffaraoccidentale

de

-,1trry+
-,' Y y-,

Gouvetuorat ,l I*u,
r ^ -L!- t"'.. À Mnkhl
de GalÊs I
E+
ii ",...';ii:i:."L
Y YI
,
sencrrasn! B
I
Y t
I

Gouverrnorat
de Tataouine

LEGENDE
I 3 eæcs poÛ dlfcdrc ct mffiù:r
A : Lcs Krsbas : lJcu foirtfrés dÊI
lcÛ6rttohe

gploffldoÉl hebitrls)
Y : Lcsltc*!frs: SlEs (lrdcrg

B : LcsKsrs : Grcahr ÙuSnd-Ed(ksGUOs)

L'bu dc rdcrtrristfuo ct dc rc*oæ pcndert


*' z læ?fu:
h PérlodGcÉffYde

1995
enquêteA.ABDELKEBIR
Source:
miti"'a'ide' 38
*ttu'"u:: et
Le,*utotion,'ocio-spotiot"s'
f:;c::a;:J:::ls:3s7i:rT;6e"

défensedes
puis la -iu
colonisation française où les indigènesserontutiliséspour la
arabe politique les makhzens
même lignes urr.. différence a'epoqu...t":. .11.même pane
la Tripolitaine,de la mêmemanièreon
défendenttout Ie teniioire de la Jeffaru'.tà. maghrébin'
au *oin' pourle sudet sahara
de tribusmakhzendanslespaysmaghrébins
s'éloignentpour nepasserésignerà la
A un momentdonnéles indigènesberbères
de colons sédentariséscultivateurs et
sédentarisationpour permettre I'instaliation
éleveurs.
et le saharane ffrt passanseffetssur
Le refoulementdesberbèresverslesDjebels
ladésagrégationdupouvoir!:ttt.l.Eneffet,l'histoireserépèteetleslibyco-berbères
jorganisèren-tt" confédération6s'et les
expulsés et ,"fo.riÀ au-delà du titt'
en confédération
Werghemmu,'orffi"* *. uutr. foit * iVitttt' et XfXè" siècle et
les tribus ennemies de l,Est.t à. t'ou.st puis devantla colonisationothomane
devant
la françaiseParla suite'
de la dominationromaineet byzantine
En tout état de causel'époquepré arabe
l'occupationromainetrouva d'une part des
marquales hommeset l'espac..En'Jff.,,
et I'irrigationque leur avaientappris
agriculteursliUyensprutiq.rui.ntae.ialaiUoricultuà
les agronomes carthaginois'
: ( au milieu des
plinie écrit de sonhistoirenaturelle(xvIID Le Houérou,1959
;t à. tu gr*de Leptis' est une ville nommée
sablesde I'Afrique, du coté des S,,[t qui est
fertilité-qui semblêtenir du prodigeet
Tacaps(Gabès)dont le territoireestalune d'un grand
a un excellent systèmed'irrigation"'C'estlà quôn voit croîtreau-dessous
due
pufti.t, un olivier,au-dessous deI'olivierun figuier"'>'

n'avaientdonc qu'à étendreI'expérience


L',époqueromaine et la pax romana évolutif I'espace'
puniqueet l,édifi;i* d,unmodedevie et un aménagement

^(Lebda)
C,estverscetteépoquedeprospéritéquefurentconstruiteslesroutesfortifiées
en passantpar Werghemma(la Jeffara
reliant Tacaps(Gabès),Leptis Magna de la Jeffara'o'
Gegtisq,ri ,rtiuii uinàit.r a"* extrémités
tuniso-tripolitaine),

' t ' gil tottt""tt"trurr rve


6 confédération: =Ies trtbus w"rgttemma
" dans la Jeffarasont reuni"s Ërvuys.t

Mtl::*,:it:If"l*;:"fL , Médenine,
rouazine go*io,'Ëid tîliil; 2Æ,';"i;d
(oured
t"i[o*ïi,:"a[i'iil,i6;;.iËË;i;d r/2,T;i:i;,",
Mestoura' Houaya,
Houava'
dunA'atr,Rebai
i^l[iï (o"led AbdehÀij;, Âbob.", zorgan,l/6 Jlelta (a)' Hamidia' Ktachoua'
Ghomrassen). Accara,ci"a"*" Deghaglua'
(b), Amarna,Djebalia,ouled.Slim,î"ïti cttiftiao'ruiiu' ouled Debab' Mkhalba'
l/6 Jlalta
chinini'Guermassa'
Dhibat'
iiËu"îiî tii;iid", 1.;,i"nâto,Douiret, en1886'
;àil;. ùartelù tonfédération desouerghema
'
a'olpre,h noticedu lieutenantMAGUENOT -,--,--:^de -rron+aira nomadeet parmleux
l /? sédentaire.
au sein de la sont
confédérations constituées sédentaire,lD sédentaire'
cei tribus
les combattants(cavaliers,fantassins)' I)
sahæotripolitainsPUF. 1965(tome
Voir détailsp80. A. rr,r;ËLr.t confins bédouines au Maglneb'
_Ibn khaldounn. a*Jru r"rôùrneprve lespopulations

r88r.contribution
r'époque!*,.qY..a ausemainière
;t;:ffi"1îTï',1#$;îlTJlti'iJïlitn".de Tunisie(encours
H. Sfa:<.
sciences des
Ëacutte
;; *d tunisien14-Iil";iigôt.
surl,histoire
scientifique
depublication).
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride:
Cas de la Jeffara t 837-19s6

3.2-L'Epoquearabeet la remiseen causedestechniques draménagements de


I'antiquité,les modesde vie et d'exploitationdu milieu dansla Jeffara

3.2.1-Une lecturede L'époquearabe

L'invasionarabepar les cavaliersde I'islamau VIIètt siècleeut pour effet, durant


sa premièrephase(800-1159)une pacificationdu pays.Commeleursprédécesseurs, les
messagers de I'islams'étaientheurtéspendantunelonguepériodeà unerésistance berbère
et indigènefaroucheincessante.

Les expéditionsse succédèrent


pendantpresquesoixante-dixansavantd'achever
la conquêtede I'IFNQIYA.

Pourcomprendrele comportementdesgroupeshumainset leursréactionsface à


cette conquêtemenéeau nom d'une religion, en I'occurrence I'islam, dansdes entrées
séparées par des longuesdistancesdes lieux saintsde la nouvellereligion, il est alors
nécessairede préciserleurs liens avec le milieu naturelet leurs attachesreligieusesou
politiques.

Cette invasion a eu pour effet danssa premièrephased'alourdirles exigences


fiscalessur les agriculteurs,mais des sommesimportantesétaient consacréesà des
travauxd'utilité publique,(en tout premierlieu l'équipementhydrauliquedu pays)ainsi
que le prouvent des nombretrx aqueducset réservoirspartout sur les traces des
envahisseurs maiségalementdesinstallationset systèmes d'irrigationoasiennebaséesur
le" Gadous"inventéepar I'AgronomeIBN CHABAT etc...

Aucune des invasions et colonisationsn'a réellement réussi à changer


profondémentles hommeset I'espace les moeurs,la religionet la languedesberbèreset
des autochtonesde la Jeffara <Werghemmo)au coeurde la Jeffaratuniso-tripolitaine.
D'aprèsl'étudedu BerkaouiA. à I'Universitédu SudSfax(documentenpublication).Une
seuleinvasionréussiracet exploit, c'estI'invasionarabe.

Commenous l'avons dit, I'histoiredes berbèreset des Werghemmase confond


tellementaveccelledesinvasionsarabeset de la propagation
de la religionislamique.

Cetteinvasionarabeétait le fait d'unearméeissued'unensemblede tribus vivant


en Arabie. Nomadesou semi-nomades, ils jouissaientd'uneauthentiqueunité politique
et religieuse.avecI'avènementdu dernierMessagersur terre le ProphèteMohamedau
débutdu VIIè" siècle.

Mais la "gestearabe"débuteréellementavecle deuxièmesuccesseur ou Califa


aprèsAbou Bakr, Omar Ibn El Khettab(634-644)qui lanceles tribus islamiséesà La
conquêtedesdeuxempires,byzantinsà I'Ouestet perseà I'Est.

- Le HouérouH. N. : Recherches écologiqueet floristiquessurla végétation


de la Tunisieméridionale(les
données historiques).
Universitéd'AlgerIR Sahariennes 1959.281p
Lesmutati onssoc io-sPat i ales'";t'

Kairouan
d9 U.qba :n,,fuft en 647 fonda
La Jeffara a connu le passage Nord)' puis I'arrivée
de toute I'Afrique de
(initialementcamp *itiauir. uu*i fu 'inqu.tt
jroupt' n:l*ts (Aarabs)chassésd'Egypte
et l,invasionau Xltil! ,ie.t. Beni-Hilai, 9t
les Riyatrset les Zoghbass'installèrent
par les Fatimidesestiméà 1 million) t;;;i;t.
in Tunisieet le resteen Algérie
arabes'
à partir du-xÏè" siècle;desnomades
une autrevaguepassapar la Jeffara I'Afrique duNord dite Ifriqiya'
lesbanu-sulaym, u"ti.uei.rrt a. ,. rep*À. dÀs toute

I b nK h a l d o u n co n si d è re cesinvasionsconr m el' or igined' uninépar abl efl éau


a., ter", ennemis les fatimides du caire et de Mahdia et le royaume
entre la guerre
Ziridede I'IfriqiYa'
l'ancrageet du raffermissement de la langue
D,autrepart its étaientà l,originede
I'Afriquedu nord'
arabedanslesterritoiresberbèresde
la
siècleles berbèreset werghemmadans
On peut dire qu'au début du VIIIè"
massivement l'[slam'
Jeffaratuniso-tripolitaineembrassent

A p a r t i r d e T 2 0 l a c o n v e r s i o n d e s b e r b è r e sKatrina
d e v i e nett ,les
e n tribus
e f f e t ,berbères
uneentreprise
at rtttuyta et la
méthodique,rrit" a tu agruir. définitive
de I'armée arabe'
â."i*."imême le noyauessentiel

ParmiceschefsberbèreslespluscélèbresétaitTarek|bnZiyadquiorchestrala
en711'
de I'EsPagne
conquête

L e sa ra b e se n va tri sse ur ss,installèr entessentiellementdanslesv i l l es oùi l s


population'
formèrentunepartienotablede la
par I'enseignement diSpensedansles
ceux-ci jouissaientd'un prestigeentretenu
Liuye), Moursouk'Nefta' Kairouan'
écolescoraniqueset les mosquéesfligrrC"ru.len étaieni'en effet' le lieu privilégiéde
Tunis, Matrdia(en Tunisie),erc..);.ItTiui'*ions (Coran'Hadithet SiraaNabaouia
l,enseignement àe l'arabe d. lu pr"ïuæti"t ie I'Islam
"i
prophète Mohamed));
iJ.ittit conduitedu
privée de ces lieux d'enseignement
Toute la JeffaratunisoJibyennese trouvait
sôuffrait d'trnmanqueflagrantde cet
coranique,po* ËWerghemma, ia confeaAation jeffariens
ae-iase l:ilid; :"rt""r;! iY11{*" ; de raresétudiants
enseignement à Nefta dansles oasisdu sud-ouest'
à
quittaientpour suiwe un enseign.*.iitot*ique ou à
(Universite islÀiqu'-to*ut danstoute I'Afrique du Nord)'
Tunis à la Zitouna
I'UniversitéEt AztraranCaireen Egypte'
de faire aboutir
de prendrgla.reljv.edesgens du liwe
Mais l,islam a conscience des
du Très Harit a formulé pour la race
l,universalitédu messageque fu *lJgi.orde
hommes.

Lavaletrlaplusfondamentalerestebienlafraternitédescroyants'etleurparfaite
toutracisme'
si cenest r..*9té de craintede Dieu'
aistinctior,,
égalitédevant;;;î;,
trahisonde I'islam.
même.n ruu.*âes Arabes,seraitune
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride:
Cas de la 1837-r956

Danscet espacede la Jeffaraavecune populationarabo-musulmane ou berbères


musulmanes ou berbèresarabisésmusulmaneon setrouveau coursdu XVIf*t, XVIIIè"
et mêmeXIXèmesiècleavec des tribus influencéespar les moetrs et coutumesarabes,
tellesqueles avait forgés"la nuit de I'ignorance", maiscommentseprésenteraselonles
donnéesde foi cettedialectique,continuit6/rupture, déjàrencontrée
dansle fait.

A traversI'histoirede la Jeffaratuniso-libyennesemanifesteunementalitéarabe
ou arabo-berbère anti-islamique:nombreuxles diversexempleset essaisde description
de ce qu'étaientles arabesd'avantl'hégire, les arabesdes tribus nomadeset du grand
commercecaravanier.

En généralles descriptionsdesnomadesdu sudde I'Arabievenantdu Yémensont


sévères: elles insistent sur I'individualisme anarchisantdes tribus, leurs caractères
farouche,leur goût du pillage et des razzias.Signalonsà titre de rappelquelquesphrases
bien connuesda sociologueet I'anthropologueIbn khaldounqui écrivait (en arabe)au
XIVè" siècle"par leur naturel faroucheleJ aarabes(arabesnàmades),menantune vie
presquesauvageacquièrentune grossièretéde moeurs,une fierté, une arroganceet un
espritdejalousiequi les indisposentcontretoute autorité".

Destribus musulmanes dont le mot d'ordredurantdessièclesétaitgrandseigneur,


coupeurde routes,et brigand-razziewunecontradictionà la valeurLa plus fondamentale
de la religionmusulmane.S'agit-ild'uneattitudequelestribus de la Jeffarane rompirent
pasavecles pratiquesancestrales de brigandageet de la razzia,ne menaientpasunevue
conformeaux préceptesde I'islam.Celui-ci interdit,en effet, de porteratteinteaux biens
et la vie d'autrui,à moinsqu'il n'y ait légitimedéfense?

Cetteattitudedu jeffarien au XVIIIè" et Xf)t'" sièclevis à vis despouvoirset


dans son mode de vie et ses relationsavec I'autre,les tribus de I'Est et les tribus de
I'Ouest,il a le goût de l'éloquenceet la puissancedu verbeet de I'oralité; c'estla paroleet
non l'écrit qui fait foi, nousverronsles conséquences et la projectionsurun planculturel
à I'originede toute la sciencedeshadith(s)et de la poésieet sapatientemiseaupoint des
chaînesde transmetteurs orauxbasede toutecetteculturenomade.

Mais le goût nomadepour la beautédu verbechezles tribusjeffariennesTuniso-


libyennes,les obligationset le mode de vie diffrcile dansun espacearide et un climat
rudefut plus fort que les misesen gardecoraniques,les rôles sontpartagésentretribus
maraboutiqueou (zaouya)et les tribus guerrièresqui n'ont pas oublié leur liaison
organiqueavecles usageset les habitudesde la vie nomadeon nepouvaitmêmepasleur
fairereprochedu caractèresauvagepar lequelils sedistinguaient.

Cestribus, entrela responsabilitépersonnelleet collective,peutêtreserait-ilplus


juste de préciserqu'à l'échellede confedérationdesV/erghemmac'estla priseen charge
personnelle dansI'exercicecollectifde la responsabilité.

Nous remarquonssous L'impact de I'islam, I'espritdu corpstribal doit s'abolir


dansla communauté du prophète.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 42
Cas de laJeffara tuniso-lybienne1837-1956

Un sensfondé sur l'égalitédevantDieu et solidaritéde tous les croyantset c'est


peutêtrelà I'un despoints de ce manquementauxrèglesde I'islampar la majoritéde ces
tribus en optant pour la continuité d'un mode de vie et d'une logique souvent en
contradictionavecles principesde I'Islam.

Ces tribus négligentdes lois pénalesselonune belle et uniqueformule c'estde


promouvoiret défendreles droits de Dieu et les droits des hommes"huquq Allah wa
huquq al Nas" c'est la commanderiedu bien ou un sensjuste de I'utilité publique et
collective.Elles aurontrecoursà un pactede solidaritéet d'organisationrelative devant
lesdangersde tout genreendogènes et exogènes.

De ce brassaged'attitudesdes tribusjeffariennesque découleI'impact de cette


invasion arabe pour voir le sens de cette arabisationprofonde qui, malgré une
islamisationpacifiquede cesespaceset de cespopulations,laisséesparfaitementlibres
de s'exprimerles empreintestribalescomparables à celle antéislamiques.Le degrésde
cettepacificationet arabisationspirituelledépendde I'installationdesécolescoraniques
et lieux d'enseignement religieux dont I'espacenomadese trouve dépourvu,jusqu'au
point que le proph6teMohameddisait dansun hadith charif "l'élite de ma nation c'est
danslesvilles (Khairouommatifi el moudens).

La populationjeffarieinnede Tunisieet de la tripolitaineest en grandemajorité


sunnitec'està dire fidèle à la sonna,la traditiondu prophèteplus de 80% des sunnites
reconnaissentles quatre successeurs immédiatsde Mohamedc'est à dire les califes
(Enachidoun),Abu Baker (632-634), Omar(634-644),Othman(644-656) et Ali (656-
661)le gendreet cousindu Prophète.

Les sunnitesveulentincarner"l'orthodoxie"musulmane; ils adaptentI'islam aux


problèmesdu temps,ils connaissentainsiquatreécolesjuridiquespour répondreà toutes
juridiquesposéespar la communauté
lesquestions musulmane.
Ce qui nousintéresseici c'estl'écoleMalikite à laquelleappartientla majoritéde
confédérationdes Werghemmaet de la tripolitaineet qui est connuepar la toléranceet
à I'exceptiondesberbèresdansles zonesmontagneuses
I'adaptation, de Matmatajusqu'à
jebelNeffoussa,Nelout,EzzaouiaenLibyequi appartiennentà l'écolel(haridjite.

Les Kharidjite de la Jeffarasontuneminoritéà Chnini et Douiret dansla région


de Tataouineet Matmata,à I'Ile de Jerba,en tripolitaine,Ezzaouia,Zouara,Nalout et
Ghdames.

Egalementdes tijanias, une fraction de Sidi Ahmed Tijani (une confrérie


Kharidjite) se trouvant à Jerba et Zarzis et les montagnesde Ghomrassenet Beni
khedache,Zamorx, pour les Kharidjitesun des points controversésen Islam fut la
légitimitédu califeet qui estdignede succéderà Mohamed? Et quel rôle doit-il jouer ?
Les sunnites(Malikites) qui sontla majoritédesrù/erglremma et destribus de la
Jeffara orientale en tripolitaine répondentque tout souverain musulman doit être
considérécommelégitime dèslors qu'il ne commande rien qui s'opposeau Coranet à la
traditionet an Hadithet la Siranabaouia( la conduiteet le récit du prophèteMohamed),
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 43
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

que soit la vie privéedu souveraindoit ou du moinsdevraitêtreconformeaux préceptes


de I'islam.

Par contreles kharidjitesn'étaientpas les partisansd'Ali ; us renvoyaientdos à


dosAli et Mouawyadu moins aprèsI'arbitrage.

Mais cesnomadesétaientsansculturereligieuse(tout ce qu'ils savaientc'étaient


quelquesversetsdu coranpour faire leur cinq prièreset I'obéissance d'autresobligations
religieuses)mais le sentimentpaisible et fort de la vérité de I'islam de sa supériorité
incontestablesur les autresreligionsdanscetespace, et de la prépondérance incontestable
chezlamajoritéde l'écolesunniteet malikitechezcesnomades, et de la conservationdes
comportements chez la minorité abadhiteftnaridjite) dansles montagnesdes Matmata
jusqu'àjebel Neffoussaet Nelout malgréles tentationsdespouvoirsà uneépoqueou une
autrepour faire pressionou ouvrir d'autreshorizonsà d'autresécolesou sectes.

Les exemplessont multiples où les Othommansou les français essayentde


vulgariseret encouragerpaxtous les moyensles confrériesreligieuseset les touroukhs
(sectes),les khaderia,la Ismaïlia, la Issaouia nous évoqueronsdes exempleslorsque
nous parleronsde la phasede la colonisationfrançaiseet le comportementdes chefs
militaireset administratifsdu pouvoirvis à vis decesconfréries.

Un musulmande la Jeffaratuniso-tripolitainepeut avoir un rapport d'amitié


d'ententeavecjuifs et chrétiens;au fond de soncoeuril souhaitebien quecet ami intègre
la nationdu prophète,tellementil estconvaincude sonacquisspirituel; c'estpour celaà
travers l'histoire de la Jeffara et durant toute l'époquecoloniale les rares cas de
naturalisationfont scandaleà I'intérieurede cette société musulmanenomade ou
sédentaire quantà la miseen causede sonislamisationesthorsquestion.

Il est à signalerque dansces milieux nomadesle méprisà l'égarddes Gensdu


livre n'estpas rare et ceci est dû au manqueflagrantdesécolescoraniqueset du hadith
danscesmilieux; les petitesécoleset la formationdesmeddebs(enseignants) se limitent
à apprendrepar coeur le Coran souventsansexplication et sansaborder les diverses
dimensionssoulevéespar le Coran (le comportement de I'individu,sa culture,I'histoire
desprophètes et desmessagers, lesdevoirset lesdroitsdel'êtrehumainetc...).

A toutesles époquesune réelletoléranceà la fois religieuseet civique était de


règle dansles milieux sunnitesmalikitesauxquelsappartenaient les Werghemmade la
Jeffara, à I'exception des abadhitesqui eux tout en étant plus stricte, dans les
comportements et I'applicationde I'islam (le fait de ne pas faire les prièresavec leur
pantalon,ou d'exigerune eau pure et connue)pour sepurifier dessouillureset ils disent
que c'est une obligation religieuse liée au rituel de la "Tahara" (purification), les
Werghemmasonttolérantsvis-à-visdesautresreligionset vis-à-visdu gharib(étranger).

Notre étonnementde voir au sein de cette confedérationarabo-musulmane des


comportements en contradictionsavec des lois et principesde I'Islam, il est difftcile
dansquellemesurece principede lai'citépénètrele peuplecroyantsetrouvant
d'apprécier
ansun espacesansencadrement religieuxsuiteà despassages d'envahisseurs musulmans
,r, ^r,"r,"^,""'"*0"""::';'I';:#;rî;::;':-:r;;::r:::i'r"r:rl:,i;U"'*t"'"
"'

les plus éloignésde leur points de départ


pressépour atteindreles pointset leshorizons
et desainteté.

Cesmentalitésetcomportementsdecespeuplesislamisésétaientenperpétuelle qui bien


u"* p*Utèmessociauxet économiques
mutation; c,estd'abordorr. iéponr" de certainestribus de la
sera recherchée, comment expliquèrle comportement
souvent
la prièréon le jeûne an mois de ramadan'
confédérationdes Werghemmanis-à-nis'àe
I'aumôneet le Pèlerinage'
de I'islam' on
Pour caractériser celui qui sedémarquedesattitudesfondamentales
géographiqueset historiques'un critère
rechercheici et là, selondes structuressociales,
objectif.
mêmecatégoriede gens'ceuxqui tout
On d6signeselondescritèresdifférentsla
selon les formes canoniquement
en étant religieux, ne pratiquentpas exactement et sociales
lesorientationspsychologiques
requises,il y a desniuruù tresdiffereit, a*r
desmusulmans'

C e q u i n o u sa a me n é à o uvr ir cedébatc' estlabr utalitéetl' anar chier e m ar quée


.uuo--rrrulmane nomade ou semi-nomadeou même
dans la société irrt*i.*.
sédentaire.
que I'Islam , contrairementà d'autres
cela est d'autantplus importantà noter
à uneplasticitésocialefacilitée
religions,commele cathoiicisme,seprêteadmirabÈment croyantet Dieu'
d'uneéglise; il n'y a pasd'intermédiaire entrele
parl,absence
du Coran qui disait "f islam est une
Cette plasticité se basantsur une citation
dino r9ys1 la dino ausr)cettereligion a su
religion de facilité et non de punir" (l'Islam
s,adapterà des situationsextrèmement diversifiéesI'Islamdesnomadesdes sédentaires'
dessemi-nomades etc"'
succèspermanent1 Jrav3rsI'histoire'
ce fut là sa toléranceet le secretde son
pas la berberièqui s'est islamiséemais au
D'ailleurs,E. F. Gautier disait "c. "ttt
en Ifriqiya "' en effet I'islam s'estberberisé'
contrairequ. .'.rt lislam qui s'estberberisË
hispaniséen Andalousie,africanisé' il s'est
s,estadaptéaux jeffariens; il s'est a,rssi
desblackMoslemsdesU'S'A'
américanis",uu"."l. mouvementde Ali Farakhan
I'invasionde Beni Hilal suivie de
Au cours de la secondephase(1048-1574)
Beni-souley.rnt'ib.rrnomadesa'etuUitdestinéesàêtrecantonnéesenhauteEgypte tout
les pillards se ruèrentsur !e paysdétruisant
firent reculerles .ult rr.s sédentaires,
(vertet sec)sur leur Passage'
bandes'ils étaient maîtresdes
Moins de dix ans aprèsI'arrivéedes premières
la vie économique(Ibn Kheldoun;A'
plaineset avaientparalysépresqueentièrement
Martel1965).

T o u tce q u i p e u td e ve nir pâtuageestliwé.auxmoutonsetauxcamél i dés ;l a


frontière des pâturages l'.rpure vécureculeaussi loin que peuventle
limite sans "idË
Les mutations socio-spatiales, culturelles et ospects anthropologiques en milieu aride:
Cas de la tuniso-lybienne I 837-I 956

repousserles maîtresde la Jeffara,I'apparitiondesksour;un ksar (ensemblede ghorfas


on cellulesavecuneconstructionen étagesavecdesmatériauxde la région,g)pse).

Ceffe constructionest concomitanteà cette invasionqui aurait contraint les


berbèreset les autochtonesà sereplier,aprèsunelongueet vainerésistanceet à quitter la
plaineet les oasismaritimeset de plainescontinentales pour se replier dansces crêtes
difficilesd'accès,pour assurerleur survie.

Nous trouvonsalors les berbèresdansla chaînedesmontagnesde Matmata,de


Beni Khedache,Zammour, Chnini et Douiret.

Quant aux \ù/erghemmails quittent aurghammadans la région de la ville de


Médenineplus exactementà Henchir el Ghathamaet El Hezmapour s'installersur les
monts de Ghomrassenet de Gragar, les vestigesdes ksour, de citernes pour la
récupérationdes eaux de pluie et les puits de surfaceexploitésde la mêmemanièreet
avecle mêmemode de culture que les terreset les périmètresirriguésabandonnésde la
plaine.

Lespropriétésdesterresentrela ville de Gigtissurle golf de Syrteà Boughraraet


les montagnesde Ghomrassenmontrentbien la continuitéde la propriétéavecpresque
lesmêmestribusou fractionde tribus.

En partant de la côte, ce sont les Touazine,M'hebel, Ghbenten, Hrarza,


Medenines et Accara, au nord de werghemmales Touazine, Ababsa, Hratza,
Ghomrassen,skarfa, sur les montsDouiret,Ghomrassen,
Houaya,Touazine,etc.

Ils continuèrentà valoriser les eaux de ruissellementselon la techniquedes


jessourset à payer des tributs (dya) sousforme de produitsagricoles(huile, céréales,
fruits, lameetc..)pour les pasteursnomadesde la plaine.A titre d'exemplela fractionde
la confedérationdes Werghemmaune tribu desTouazine,ouledkhlifa, fraction d'ouled
Hellal résidentà Ben Gardenet à Médenineet dontI'origineremonteaux Beni Hilal.

Ce sont des pasteurs,éleveurs,et artisansde produitset équipementsayantune


relationétroiteavecla vie nomadeet pastorale(les porte-monnaie filali, les outrespour
faire remonterI'eau des puits de surfaceen utilisant la tractionanimale,les dalous de
diversvolumes,les équipementsd'hamachement deschevauxet descamélidés,etc.).

La deuxième invasion des hilaliens, plus dévastatriceet certainementplus


massiveque la premièredoit être considéréecommel'événement le plus important de
I'histoirede la Jeffaraet de I'Afrique du Nord. C'estelle qui a transformépour dessiècles
Ifriqiya et le Maghreb restaientjusqu' alors profondémentberbère (Ibn Khaldoun,
A.Martel,Ch. A. Julien).
Si un retard survenaitpour payer la dîme,desrazziasdesnomadesvolaient ou
brûlaientleurs récoltes.Ainsi chaquevillage berbèreétait soumis à des contrats de
protectionnégociésavecles occupantsguerriersde la plaine(NASRN. 1993;CHRIGUL
A. 1995; LISSIR.F.1995).
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et qspectsanthropologiquesen
milieu aride: 46
Cas de la JefTaratuniso-lybienne 1837-1956

Au XIX siècleil ne resteque despetits groupesberbérophones dans la Jeffara


langueet
tripolitaine Ezzaouia,Zouaraoù les berbèresgardentleurs originalitéet leur
chose
mêmeleur comportement;la présencede la femmedansles soukset magasins
qu,onne trouve pas dans touie la Jeffaratuniso-tripolitaine,Nelout, Ghdames, Jerba,
ôrr.r,ourru,Chenini,Douiret,Tamezret,Taoudjout, Zeraoua'

Cette présenceje dis mêmesurvivancede "Tamazight"dansles seulesrefuges


éléments
possiblesdu sud-esttirnisien, l'île et la montagne,témoigned'un repli des
terbèresdevantles conquérants orientauxvenantdu" Cherg ".

Il est à signalerque I'intégrationde cesélémentsdansla massedes Werghemma


est presquetotatà si on interprèteactuellement les donnéessoulevéespar le professeur
au bord du
historienBerkaouiA. (1999) sur le chapeletdessitesromainesde Remada
par aurghamma
Saharajusqu'au Gigtis sur la côte méditenanéenneen 'passant
montagnes comme
(Médenifu)ie site dei Werghemmaqui eux aussisontrepliésversles
lesberbèresdevantI'envahiisement desorientaux(béniHilal et béni Souleym).

3.3-OrganisationsocialedesWerghemmada la Jeffara occidentale


de la
Au XIXè'. siècle quatregrandsgroupessociauxse partageaientI'espace
commelimite naturelleou
Jeffaraet les territoiresau sudet à I'Ert deschututsconsidérés
Tunis-an reste du
le début d'trnedépressionon Mer intérieureséparantla régencede
au Jeffara tuniso-
territoire méridional allant d'oued Ezzeussjusqu'augolf du Syrte
tripolitaine.
ce
La confedérationdesWerghemmacontrôlela majeurepartiede cesterritoires
zonespraticables
sontles houaya,les ghomrarr.n,1., oudema,lesjlidet, separtagentles
de la montagnede foum Tataouinejusqu'àGhomrassen'

Le restede la Jeffaraestpeupléparun ensembledetribu nomméNajaâel Hamzat


6t les Touazine.Nous venons les différentssousensemblesdes Touazine (tribus et
I'organisationsociale
fractionsplus en détail)dansun schémadéfinissantla hiérarchieet
et politiquedesWerghemma.
peu
Les Ghbenten et khzour6E(Werghemmaaussi) et quelques fractions
Werghemmajusqu'à
nombreuses les Mednin. De la région de Boughrara,Dakhlet
karbouben passantpar ChichmaprèsdeZaruis'
de
Les Ksour de Médenineoù ils ont installéletr quartiergénéral; cet ensemble
ksarregroupeen outre,desMedninet quelquesfractionsde ksours.

ur soutienà tout opprimé'également


propriétairede chePtelcamelin.
6t ii;; (tunisienne)dontle chefestOun benAli El
quatrerribusde t,intérieurde la Jeffaraoccidentale
de Béni khedache
rrt"o*i, àriginairede la valléed'ouedEl Halloufdansla région
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu
aride:
Cas de la Jefara I 837-t956

Vers I'Est, les Touazinen'ont pas de limites que ce que peuventprésenterles


tripolitains,la péninsulede Zarzisétait habitéepar les AccaràégalementWerghemma
(4. MARTEL 1965).

Danstoute cettepartie de I'extrêmesud de la régencede Tunis la confedération


desV/ergherlmaet leursalliés ont un genrede vie à baseagropastorale, autourduquelse
greffentquelquesactivitésmarchandes à basecéréalière(orgcet blé, sorghoà grain) ou
artisanale; l'élevageextensifrestela pratiquedominantede cet espaceet dè ceshommes.

La dépendance des conditionsclimatiquesdiffrcilesde ce milieu aride modifie


sensiblement les rapportsentreles genset avecla terre,sur les montsquelquesvillages
perchesavecsouventdesksourappartenant à destribusnomadesarabesàn bèrbèresdans
la montagneoù la pluviométrie est légèrementplus importante,mais dont I'accèsest
diffrcile Chenini,Douiret,Guermassa,Toujaneetc...

Ils pratiquentune vie sédentairebaséesur lesculturesdesjessoursou en terrasses


en courbede niveausurtoutsur les bassin-versantsrichesen plantationarboricolegéréen
secfauted'eaud'irrigation.

Cesterrainsreçoiventles eauxde ruissellement2 à 3 fois parlanau momentdes


pluiesd'hiveret de printempsc.a.d2 à3 imgationsparlan.

Cette populationutilise un systèmede dry-farmingbasésur les travaux du sol


pour protégeret emmagasinertoute eaude pluie; un artisanatpeu développémais g'ès
varié.

Cettepopulationmontagnardeest elle-mêmeinsuffrsantepour dominerun semi-


nomadismeprévalantdansle sud, fort de sespopulationsforméesde tribus guerrièreset
d'autresmaraboutiques et d'autrestroglodytiqueset justifié par un climat ingat difficile
et aride.

3.4-Physionomiedesgroupesde ra confédération
deswerghemma

En réalitéchaquetribu des Werghemmasedifferenciepar un trait caractéristique


des tribus voisines. Avant la colonisationfrançaiseles groupesdes tribus Touazine
formaient une sorte d'aristocratieguenière,égalementles Ouderna,par contre les
Jlidats,lesRbaiey,les Medenin,sontdestribusmaraboutiques (fils de zaoula).

Les tribus d'origine arabe descendantdes hilaliens, sont les ouled Hilal qui
appartenaient
à Ouled khlifa du NajâadesTouazinedansla Jeffara,ils pratiquaientune
endogamiesévère.

Les traditionsoralesdespopulationsdu sudde la Régencede Tunis datentde la


remise en causeau XV"t siècle de la dominationarabesur la Jeffara.Les anciens
maîtresde la plaine chassésdansles montagnesde Demmer,Matrnata,Ghomrassen par
les hilaliens puis par les soleiyemaux XI et XIIh' sièclereprennentalors leurs terres
sousla conduitedesmaraboutsvenusde la SeguiaEl Hamraet ouedEthahab.
^iti'""
r",*,,",i",,,""i"*p',i't:titl:';:;:,î
i::':;;1,f;iÏit"rs7il,Tir""
cette.forme légendairequi a pesé
La thèse du BerkaouiA. (1999) bouleverse partis
itt oifut, leursalliancesdansle cadredes
pendantquatresièclesur la formation le comportement
ou clanson çoff, de cetteformelégendaireet de cesçoff sur
",lliô".i i; co'ionisationfrançaise; donc I'origine des
envers le conquérant othoman et de cités romainsdans la Jeffara
d. te
Werghemmase tro;; localiséau srir,- "ttap"t"t on I'anciennevile de
d'El Hezma(aurghamma
centraleà Henchir'C,tu-u dansla région
Médenine).
I'ouest trouve son explicationdansces
L'arrivéedes Maraboutsde l'Est ou de sur des limites
-N"fta, où les écolescoraniquessont localisées
espacesnomades,urt*i"n, Jaghboubet
lointaines Kairouan, Tu1is,.iombonctou, Chenguetti'Ezaouya'
passage
et universitésislamiquesle retour et le
Koufra etc.Entre ,L, e.ot."trréologiques
desreligieuxestbienjustifié'

C,estdanscecontextequ'onaouvertledébatpourétudierlecomportementdes
quemusulmanlspossèdentcet esprit de rivalité
population,,ro*ud* et destribus bien
et adoptentla mentalitébédouinebaséesur
de mobilitéet de urutalitéils sefont Àii.tr et leurs pâturages
la nécessitéd. puis de défendreleursrichessesrassemblées
"";;;; cette situation I'arrivée des vagues de
(Ibn khaldoun ; À Martel, 1965) devant
iéformateursreligieuxesttrèssollicitée'

L,installationdesMaraboutsetdesprédicateurs,sidiAbdallahBoujlida,sidiAli la
sai sayattet Sidi Toui pour les groupesde
Ben Abid pour les groupesae t'interie,rr,
des tribus Noails tripolitaines' sidi
plaine de la Jeffara:de l,extrêm. ,uâ iiritropË.
d^e9dn: on de Jorf ou aussi Dakhlet
Makhlouf Et Matrbouli dans ta prÀqu'ite
le.sAccaraet les populationscôtières
Werghemmu,siai iuvur, el Akre{ qoi r.g'oupt
nouails aidéspar t., out"i ét.Ë"t ttipolitains qui trahissentla confiancede
mais les alliés
leurshôtes Accata,lesmassacrent,les ,u*iu*tt t'enfuienfsurlesbarquesde leurs
et Beni Maâguel'
deZouaratripoliiainsversla régionJgi ctt* entripolitaine'Jerba

AlibenAbidelAssabiigendredesidiMakhloufvenantdelatripolitaine,(ksarEl
an milieu de la forteressedes ksoursde
Haj) s,instatledans la région à'u*gftÀÀu
Médenine.
ouderna,Accara, les ksoursse
Les Werghemma:Touazine,Hatatza,Khezour, qui
pË les fils-de leur chef khezouriAoun Ali
devisenten quatrefractions.o**âelt
i n s t a l le se sco mp a g n o n sd a nslauur r e.a.l,ouedHallouf( oueddessangli er s ) dans l a
régiondeBeni nuutlÏ.,
werghemmayers rsg6 (A. Martel, 1965)

GrouPes Tribus
Touazine OuledBouzid
(Rebaia| |2, Djelalta2| 3)
OuledMahmoud
OuledKhalifa
OuledHamed
Médenine
M'habel
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride:
Cas de Ia tuniso-lybienne I I 37-I 956

Accara Accara@
Khezour Hararza
Termara
Ghbenten
Ouledoun allah
Rabbairn
Meztoura
Houaya
Ghomrassen
Ouderna OuledAbdelhamid
Ababsa
Zourgarr
l/6 Djelelta(a)
Hamidia
kherachoua
l/6 Djelelta(b)
Amarna
Djebalia
OuledSelim
OuledChhida
Tariff @
OuledDebbie
Michaela(d)
Deghaghra
Djebalia
Djellidat(e)
Zanata
Douiret
Dhibat
Chenini
Guermassa

(a) marchentavecles zorganqui ont conquismatmata


(b) marchentavecles kherachoua
@ marchentavecles ouledchehidaqui lesont conquis
(d) marchentavecles ouledDebbab
(e) tribu maraboutique,
dont les combattants
ne sontinscritsquesymboliquement
(f) lesautresdehibatsontréfugiésdansle djebel.

D'aprèsla noticedu lieutenantMaguenotsmais il n'y a pasde wais nom.ades


Accara(ne
possèdentpresquepasde chevaux). i

La distinction entre demi sédentaires


et nomadess'expliquepar I'ampleuret la
duréedesdéplacements d'hiver.

Le nombrede cavaliersattribués@ accarane sejustifie quepar la datetardivede


la notice avant 1881 les Accara ne possédaientpresque pas de chevaux; après
mirieuaride: s0
cutnre!#set
socio-seatiates,
resnutations
fe:l,f:rX:::ltofri:,u;;;n
pour se
Gabèsles obligesà constituerun goum
l,interventionfrançaise,le gouverneurde
àJr.nar. contreles dissidentset lestripolitains.

Nousprenonsàtitred,exemplel'organisationd'ungroupedetribudela
d., werghemma:ce sontlesTouazine
confédération

Nousessayonsd,analyserl,implantationprogressivedugroupedesTouazinesur
cLst à dire la délimitation sociale pour
son territoire en se basantsur les "iuittttut
L'organisation et le contrôleterritorial'
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 51
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

CHAPITRE IV : AVBC LES TOUAZINE ET LES KHZOURS


DANS LEUR MOBILITE ET LEUR SEDENTARISATION

Deux groupessemblablesvivent dansla Jeffaraoccidentaleet dansla région de


I'Aradh:les ril/erghemma
et les Beni Zid

Les V/erghemmagroupant les Touazineet les khouzoursvivent suivant un


calendrierque dicte deux considérations la primautédesmoissouset la
complémentaires,
défensedestroupeaux.

Au début de I'automneà la fin d'octobreus se dirigentpar des groupesvers les


tenainsde labourdanscesmilieux ; la lecturede I'espace n'est'définieque par I'humidité
suiteà unepluie ou la sécheresse,I'annéeestsurtouten automneet en hiver ne tombepas
de pluie, le point de péagerestela miséricordede Dieu sousforme de pluie, ce sont les
enfantsou les esclavesdesnuages,tout dépendde la nature.

Ils se dirigent alors en groupesvers les terrainsde labour,possédéscollective-


ment; d'aprèsla chariaâde I'islam tout qui met en valeur une terre et la laboure la
possède;c'estle droit de propriétédesterresvivifiées.C'estpour ce là que tout I'espace
des tenes de labour, pâturages,terres d'arboricultureou d'olivier proviennentde ce
partageet de ce modede propriété.

A fin d'êtreA pied d'oeuvrelors despremièrespluieschacunensemence ce qu'il


peut laboureret la récolte lui appartiendraaprès7 ou 8 mois. Les terres collectives
appartiennent selon un acte écrit au groupede tribus ; les autresgroupesrespectentce
partaged'un passé très lointain (voir actedu miâaddesOuderna,desTouazine).

Aprèsles labourset le semisde I'orge(ardhaoui)et du blé (hmiri) c'est-à-diredes


variétésde céréalesqui s'adaptentbien aux conditionsclimatiqueset édaphiquesde la
région.Une période dite nomadecommencependantI'hiver les troupeauxgagnentles
parcourslespluslointains.

Au printemps(mois de Mars les pluies sont commede I'or pur) un proverbe


nomade(Mtar mars dhahabkhales),cette périodefaste dans le calendrierpastoralen
de la verdureet du laitage.
raisonde I'abondance

Les Touazines'oriententvers I'est dansles grandsparcoursd'El Ouarasur les


limites de la Jeffara tripolitaine, les tribus Khzourss'oriententvers Les pâturagesdu
Dhaharqui s'étendent desmontagnes partieOuestjusqu'àla Limites du Saharaet du chott
Djérid.

Les périodesde semiset deslabours,avecles momentsdespâturagesprintaniers


ces deux périodessont critiquesdansI'histoiredes "noujoù" et confedérationet où les
et les affinités localeset régionaleset
litiges s'accentuententre les tribus concurrentes
mêmedu c6td de la tripolitaines'enchaînent entreles tribus soeursou du mêmeClan ou
çoff.
*tÏ';:#:,:' *iti'" o'id"'
1", ^utotio,,,o"io-,eotiot"t
,î:;'::;;:J:::lt'o3:7i:rï;6"

lié' Les liens sociologiquesles


Dans ces milieux nomades,bédouinstout est
tribale intéressantles nomadeseux-
querellesseculairesd origineen partieethnique,ou
ou affinités à des états ou
mêmesou qui prennent-naissancede leur appartenance
desbeysdansla régencede Tunis
pouvoirsdistincts.À cetteépoqueil y avaitle iôuvoir passepar
dont l,indépendance et la fiàisonavecle sublimeporte de I'EmpireOthoman
internationale'
deshauts d", basselonlesintérêtset la politique
"t
par I'intermédiaire-dessociétésde commercequi à
Les intérêtsdespayseuropéens
deséchanges commerciauxavec
un momentdonnéenvisaientdei'emparerle monopole
le suddu Sahara,avectriioli, Ghdamès, Ghat,Gabès,Jerba,Alger et Tunis'

Avantlacolonisationfrançaise,l'espacejeffarienétaitunpassageobligatoiredes
Tombouctouet vis versa avec la
caravanesde commercede Tunis à Ghâamei et
de se chargerde protégeret de
protectiondes Werghemmadont-la-principalefonctionet
conduirelescaravanes(A. Martel,1965p'94Tomel)'

D'aprèsCaretteetA.Martel,lesnégociantsGhdamssiasquifaisaient
et qui de là rayonnaientdansles
régulièrementdesuoyug., entreTunis et Tombouctou
qui partent de Tunis pour
p,inripuu* marchésâ,iSouaun, il n'y a pas de -caravanes
de Tunisdistancées pour le sud sont conduitesà
Tombouctou.En effet les marchandises
Gabèspar les chamelierswerghemmiens; où les négociantsde Ghdamesviennentles
prendrepour les porterdanscetteville et de là à Ghat'
lesmarchandises tiréespar
Ghatest le grandmarchédesTouareg; ils y échangent
du Nord par les négociants
apportées
eux de L,Afrique iitérieure conÛeles marchandises
danslesPaYsnoirs.
le cadrede ceséchanges
Il est à signalerquele commercedesesclavesentredans
qui transitentpar la Jefiaratuniso-tripolitaine,surtoutque les centresde Jerbaet Gabès
marchésnévralgiques de " abid"
avecGhdameset Tunis étaient.onridéré,cotnmedes
d'origine du Soudanet plus
(esclave),Ies petits groupesde chouachine(noirs) sont
exactementde Noubi. LËs chouachines de Touazinede Ghbenten,de Hamernaet de
werghemma et à I'Aradh avec
Jerba sont des populationsqui sont intégréesaux minorités
l,invasionuruUo-àurulmane. Avec la pacifiùion de la religion musulmane.ces
maître et famille sur le mêmepied
assurentt.* integiution et mêmehiritent de leur
d,égalitéque les d-escendants de la tribu. cette situationest vérifiéelorsqu'onanalyseles
mutations socio-économiques et culturelles de ces ethnies comme les Ghbentens
DEA'
(chouachines) (Abdelkebiie. étudedestribus de la presqu'îled9 sidi Makhlouf'
sociétés pour I'oubli' CERES
1994;JouiliMed Hèdi : des sociétéspour mémoirJ-des
Satrar.Ed' 1997)'
1994;NajatrMed,Aziz: dela tribu à la nàtion,Maison

JouiliMedHédienparlantdel'esclavagedanslarégencedeTunis'lephénomène
des noirs il est lié à
en Tunisie depuisl'époquepuniqui, qY*l-3tl'esclavage
d,esclavage 1acolonisation
Hafside]aîfurf,JJerr.piir^uuaèuutdu XvIé" siècleavec
l,époque compte à reboursde ce
jusquà 1841 date du
othomanede l'Algérie et de la Tunisie
phénomène.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 53
Cas de la Jefara tunisoJybienne 1837-1956

Les caravanesqui venaient du Soudan, lac de Tchad, Borno, Aghadis,


Tombouctouchargéesd'or,d'ivoire,de plumed'autruche, et d'esclavereviennentavecdes
produitsde tissage,et des objets fabriquésen Europe,égalementdu sel d'une grande
importancepour les paysau Sud du Sahara.Deux voie sontconnuespar les caravaneset
passentpar la Jeffaratuniso-tripolitainece sontla voie de sel(TARIQU EL MILH) et la
GHADAMISSIA. Le voyagedure 25 jours de Zandar,Aghadisjusqu'àGhat et Fazan,la
deuxièmeétapede Ghdames,Jeffara,Gabès,Jerba,Tunis.

D'aprèsLucetteValenzi esclaveschrétienset esclavesnoirs a Tunis au XVIIf*"


siècle,fumal Economies-sociétéscivilisationsN.D. 1967p. 1274."de canonà Tunis les
esclavesfont un voyagede 3000km dansdescirconstances climatiquestrèsdiffrciles ".

Les deux marchésqui dansle Saharatunisienentretiennent


desrelationsavecle
sudsontlesvillesde Gabèset deNefta

Ghdamesest le point par lequel les caravanes commerciales traversentle désert


entransitanttoutela Jeffaraoccidentalepourarriveraumarchéet port de Gabès.

La routede Nefta à Ghdamesest déserteet aride;les voyageursont a redouterla


rencontredesTouaregqui sont d'impitoyablesbrigands;aussiles caravanessont- ellesà
la fois moinsfréquenteset moinsnombreusesquecellesde Gabés.

La route de Gabèsà Ghdamesvia la Jeffaraoccidentaleoffre plusieurspoints


d'eau,mais elle a surtout I'avantagede traverserle tenitoire d'unetribu dont I'unique
fonctionestdeprotégeret de conduirelescaravanes.

Cettetribu est celledesWerghemma, elle estsituéesur la limite méridionalede la


deTunis,à quelquesjournées
régence du suddeGabès.

4.1-De la légendeà I'histoire

Un mythede fondation : lesseptfrèresWerghemmade SakietEl Hamra et Oued


Ethalab à la site aurghammaromaineau coeurde la Jeffara
è" siècleset
Parlerde I'histoire(Tariqh) dansle sudtunisienaux XVIII et XIX
même pour ses habitantsactuels,c'est, avant tout autre chose,citer un mythe de
fondation,c'estpour quoi le séminairescientifiquedu mois de mai 1999groupantdes
Professeurshistorienset géographes,archéologueset anthropologues,a soulevépasmal
de questionsqui touchenta ce mythe de fondationde I'ensembledestribus formant la
confédérationde Werghemmadansla Jeffaratuniso-tripolitaine.

Ce questionnement esttout à fait logique; maisil fallait accepterde part et d'autre


de poursuivrele débatet la lecturede cettehistoirericheen leçonset pleinede mytheset
de réalitésdansun espaceloin d'êtresous-développématsau contraireil est sousou mal
étudié.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 54
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

Le fait de souleverles thèmescommela créationde Médenine(aurghamma)


entre1500et 1800du Prof YahyaouiM., la naissance d'uneville, le mythefondateur
du
Prof Khiari F. Espacede Médenineuneétaped'uneanciennecivilisation,siteset témoins
archéologiquedans la région de Médeninedu BerkaouiA. Les tribus de Werghemma
du Prof BeigheithCh. La région de Médenined'après
entrela mobilité et la sédentarité
les différents témoignagesan XIXè" siècle. Les tribus de Werghemmad'aprèsles
registresd'impôtset d'aidesProf KasraouiB. Le pacted'El Foudhoul(Hilfl desvertueux
à Médenineen 1837AbdelkebirA.

Ce séminaireest une tentativepour parler de I'histoire de la Jeffara et des


Werghemmaavec une lecture scientifique,fondéesur un réferentielet un témoignage
valablepour essayeren fin de dissocierentreI'histoiremythiqueet I'histoireréellede cet
espaceet de ceshommes.

Le scénarion'estpasterminéet I'espoiresttoujourspossiblederevenirà la charge


pourcontinuercettemission.

La colonisationavaitdépossédéles colonisésde leur natureet de leur culture,la


décolonisationsera donc une renaturationet une reculturation,une réadaptationde la
cultureà la natureet inversement.

C'est vrai que ces historienset ces géographeset anthropologues, lors de ce


séminaire,ont trouvé leur missionassezdifficile pour renaturer
et reculturer
I'ceuvre de la
colonisationpunique,romaine,arabe,othomane,françaisede plusieurssièclesen 2 on 3
joursde séminaire.

En effet, que fut cettecolonisationsinon un long et lent processuspar lequel


I'hommejeffarien a étédélogéde sanature.

A. Malraux disait "il est aisé quelquefoisde faire abdiquerun souverainet de


rayer,d'untrait de plume,un Etatde la cartedu monde.
Il estmoinsaiséde contraindreun peupleà cédersaplaceet à disparaître.
Il ne suffit pasde prendretin fusil pourdevenirle maîtrelégitimed'unpays".

Cettenouvellelecturede I'histoireseraitune véritablevacationpour assurerune


meilleurecompréhensionde I'humain.

En parlant de I'exemplede la Jeffaratuniso-tripolitaine,il est utile de pouvoir


bénéficierde I'existenced'uneétudesur la décolonisationpermettantd'insérerI'histoire
de la tragédiefrançaiseen Afrique du Nord. Nous citons ici les propos de Camille
Aymard qui disait dans son livre "Tragédie françaiseen Afrique du Nord" les
responsables-témoignages et documentsà quand,la haute cour? Edit des quatrefils,
AymonParis1958.

La théorie de la décolonisationproposéepar JacquesBerque: commentpasser


inaperçudevanttine telle théorieélaboréepar un arabisantet arabophiledont lesanalyses
et I'explicationd'un versetou souratedu Coran sont des appelsà la Barakaet à la
miséricordedevinemieux qu'unImamtoléranton intégriste,Malikite, Chiiteou Abadhite
(SourateEl Ikhlasuôl-iylSJr*,." 705 CXIL la Religionfoncièrele 0710711997 A 8 h 30
TV A2 France, connaîtreI'islam), où il explique I'universalitéde cette religionet la
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 55
Cas de Ia Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

fraternitéentreles peupleset lestribus loin de touteagression


et invasion.
En fait les Werghemmamythe ou réalité? Les,jeffariens,cetteconfédérationdu
Maghrebet de I'Ifriqiya qui a toujoursmanifestéun espritde résistance
et d'indépendance
c'estunedesconstantesde leur histoire,faut-il rappelerles remarques desothomans,des
colonsfrançaisqui par méfianceont marginalisécesespaces et ceshommes,la méfiance
de touslescolonisateurs venantde I'Est ou de I'Ouest.
Mais pour parlerde la théoriede la décolonisation
de JacquesBerquedanscette
partie du monde, en Tunisie et dans cet espacede la Jeffara tuniso-libyenneou
tripolitaine faut-il se poser la question les Werghemma,cette confédérationde tribus
existe-elleencore?
L'étonnementlors du séminairemontrebien I'attachement
au mytheencouragé
par
lesdiverspouvoirsenvahisseurs
de ce territoire.

Certainsvoudraientpouvoir se poserla questionsur I'entitéjeffarienne,celle des


Werghemma, de cetteconfédérationavec les alliancesde I'Est et de I'Ouestn'estqu'une
création coloniale, une marginalisationet méfiancede l'époqueothomaneet une
machinationnée dans les bureaux de la résidencegénéraleet une conséquencedu
protectorat.

D'ailleurs,cettepolitiquesepoursuitjusqu'àI'autonomie interneen 1956.Dansle


seulbut non avouéde nier I'unité des peuplesde la régionréclamantun mouvementde
libérationnational en Tripolitaine et surtoutdansle sud tunisienà traversle " Djihad"
connusousle termeimproprede (guerresainte).

Cettehistoire politique de ces espacesde ces hommeset leur allianceavec les


autresrégionsde la régencede Tunis, de la Tripolitaineet du Satraraalgérien,leur espace
vécuet leur espaceperçuavectous les idéauxqui accompagnent cettehistoirequi resteà
faire et qui a besoin de plus en plus d'historiens,de politologues,d'anthropologues
compétents dont I'impartialitéet I'honnêtetéintellectuellesonthorsde doutepour mettre
en causetout ce qui a étéécrit pendantla lé" République de 1956à 1987et mêmeavant
cettedate.

On pourrait certes s'étonnerde ce que le mythe des tWerghernma ait aussi


facilementsurvécu à l'époquecoloniale, malgré I'usured'une guerre sansarrêt et un
complotinternationaldurablesanstrêve,au débutothoman,puis franco-anglais, français,
germano-turque-italienpuis finalementfrançaisavecune forme de machination,au lieu
de parler de colonisationon parle de traité du protectoratque Dieu seul connaîtson
aboutissement et sesconséquences à longterme.

Nous revenonsà JacquesBerquequi part de sonexpériencearabeet maghrébine


et sesanalysesdoiventbeaucoupà la connaissance
directedu mondearabeet musulman.
Citons ces trois concepts dans I'approchede Berque qui soulève dans (la
du Mondep.68) d'abordla critique de I'orientalisme
dépossession qui neseréduitpasà
-''"' *
socio-spatit:;;yi:;:#::,i'i/,:::-:,ri#Yf!::;:;î;"-"'-
mutations
Les

mais s'achèI: tn recherchesspécifiquessur la généralitéde


l,usaged,une spécialité, et coloniarisme
la gravitéc,estre .o*pro*i, enire'orientalisme,impérialisme
l,homme,
Ft*;;, Hà[*duit' Anglais' Portugais'Othoman
et la grand"* Aep*làâ., Emiires
et Italien.

I l e stte mp sd ,o u vri rl e sp agesdel' histoir Yalta au xlxè" siècle nepas


edessciencescolonialespour
de Berlin et les .onrequ.n.!, de
refairele scénariodu congrès h tenà africaineétait un territoire
sans
discourspragmatiqu., t'ià?. ô;
délivrantun effective'
resutàJeia conquêtepuisde I'occupation
maîtredont l'acquisitionpouvait

L e q u e sti o n n e me n tre n ouvelésur lanotionde( Acala) authenticitéch


par retour ez l es
ae pT et dlutre de la frontièrearbitrairede l9l0'
groupesde tribus,"ffarien, et de son organisationpolitique et
source, ., d" td;r;.i"ioiu"r 1837
aux
""îr*à";#
aont les détails'" '*iift"tnt dansles pactesd'Et Foudhoulen
socio-écono.iqu.
(desvertueux)
puis chez les
confédérationdes werghemma
chez une partie (3 tribus) de la à Tunis
tesuaàdajset les e.t.rt.,.t finalementle pactede Ahd El Aman
kerchaous, le concept
periol.îitique de rgliïrg57 à'* quartde sièclepréparéaussi
(1g57),."tt tout
desraresà y avoir vu d'abordavant
àe,,thawra" (révolution),.Berqut;l\'; -
"effervescence anthropologtque
et
ou révolutions partent d'un effort de récupératiofide soi-même
ces réactions concept
plus aeî.rioi, q* d'efficâcité, et comment-nepasévoquerun autre
beaucoup les sens
que Jacques Berque i;;Ài, il surrection,le changementdans
celui de baâth
évolutif,l'émanciPation'
de toute
auMaghreblui a apprisà se méfier
Le long itinérairede cet islamologue de ce qJit v a de profond' de "
que la véritable est
saisi"ie toujours
réductionet à voir
eiif';, authentiquedansl'êtrehumain'

SurcescritèresetvaleursJacquesB-erqueetlbnKhaldounsemettentd'accord
ce que la colonisation
pour donne, à ;;;mes bédouins'nomadesou semi-nomades
'uuuia culture'
aepotsédéde leur natureet de leur

(le coût humain)


QuoiquelbnKhaldounsetrouveplussévèreàI,égarddesaârabes(bédouins'0).n
comportemgnt f'outftt Ëtt"'*uit les deirx sont contre
soulignant leur du droit à
qui était un d; dt"it de citJ au coloniséet refus
de la colonisation "il
I'histoirede sacivilisation'
L e s c a v a l i e r s W e r g h e m m a e t t r i p o l i t a itto*
i n s p a ruu
l e ufondamental' o l o nlai s a t i o n
r r e f u s à l a cc'est
italienne, française ils ont exprimés *
othomane,

FiAvam
pJ'îlf',i:ffiJl:"lfiïfii'i"ï'3,t#Ël l?:;"" waELKhabar ErArab waFrAjam waEr
deiiwe Liban19596 p'31
partie
ir,.vi ErrurtunËiir.u"r.Ed'Maison
BarbarwaMannrr*ut iuilr"rin
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiqaes en milieu aride: 57
Cas de la r837-1956

décolonisationqui s'exprime à l'époqueprécédentepar le refus de ce refus et la


perrnanence
du fondamentalet de la remontéede la base.

Pousséepar des tendancescoloniales,I'Europea joué dansle mondearabe,un


rôle ambigu,à la fois protectriceet colonisatricedansI'espoirde selibérerd'unepolitique
turquetrès arbitraire,le mondearabetombasousune dominationpire que la domination
Othomane.

La régencede Tunis, la Jeffaraet les WerghemmaetlaTripolitainese trouvent


souscettedomination.L'Europese partageaI'héritaged'un maladequi n'estpas encore
décédé.De ce momentlà le mondearabea connusoninefficacitématérielleet morale.

4.2-Le sud-esttunisienau XIXè" siècle: lesdifférentesversionsde I'histoire


destribus Werghemmadansla Jeffaraoccidentale

Dans la version communeactuelleon retient plusieurshistoires (tariqh) qui


balance entre le mythe et la réalité de la fondation de cette confedérationdes
Werghemmaau sud-estde la régencede Tunis.

Nous disposonsplusieursversions d'une même légendesur I'origine des


Werghemma.
- La versiondu Commandant le Boeuf(1909)
- 1937E. Maquart
- 1965A. Martel
- 1976F. Lissir;J. Lafi; A. Louis; A.Zayzed;M. Abdelmoula.
- 1999A. Berkaoui.
Ces diversesversionsse basentsur les mêmesdonnéeset sur un mythe de fondation
légendaire.

Nous retenonsaux étudesci-dessusindiquéesque les Werghemmase disent


descendant
des septfrères,venusavecleur père(le chérif IdrissiteMoussaben Abdallatr
El Werghemmi),il y a maintenantenviron plus de douzegénérations,de la Sakiet El
Hamraet OuedEdhahab.

Leur pèreappartenant aux achrafs(d'origineliée au prophète)qui auraitbeaucoup


de prestigeauprèsdu Sultanhafside,cetteplacedansla hiérarchiedes hafsidesà Tunis
lesavaitobligésde quitter le palaisdeshafsidespour sedirigerà I'intérieuredu payspour
nepasnuire à sesrelationsavecla cour.

Le pèrefondateurresteà Tunisjusqu'àsamort, où il y a unezawiyaqui porteson


nom dansle quartierde la khasba.

Arrivaient au ksar desHamdounqui deviendraGhomrassen,une autreversiondit


que si Moussaaccompagné de six compagnons,
six frèresavecmissionde réislamiserla
réeion.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 58
Cas de la I 837-1956

Cettecollectivitéd'origineberbèresedisait(arabe),s'installerà côté desberbères


qui vivaienten habitationtroglodytiqueou sur lesbassins-versant
sédentaires desfalaises
desMatmatas,Demmer,jebel Labiadhet Nefoussa.

Les berbèresHamdounainsi que ceux de jebel Labiadhn'avaientpasdu fait de


leur nouveauvoisinagerenoncéà leurs droits sur les territoires dont ils avaientétés
chasséssuite à une rivalité avecles habitantsde Demmeret I'Awwata,mais ils étaient
incapablesde chasserles envatrisseurs.

Si MoussaChérif BenAbdallahappelaittout le mondeà I'union.

Quelquestribus werghemmiennes comme les ouled Hamed, les Maztoura se


agricolesdansla régionde
de "souanis"(exploitations
trouvaientellesaussipropriétaires
Hamdounou Ghomrassen, les Touazinesontpropriétairesdesterresallant desmontsde
Ghomrassenjusqu'à la presqu'îlede Jorf, parallèlementà eux les Ghomrassen,les
Ababsas,les Mhebels,lesGhbentens, lesHararza,lesMedenins,etc...

La manièrepacifiquebaséesur la missionde réislamiserla région, formait un


établissementdurable qui donneranaissanceà des tribus pieusesou de formation
théologiqueau sein du groupede Touazineà titre d'exemplela famille Bettaieb,et la
famille Abdelkebir ou Kebaieriaconnuedans la Jeffara et en Tripolitaine par leur
pouvoirguérisondesnouveauxnés,la tribu desTayayaraTl dansla régionde Sormaneau
Jeffaraorientale(Tripolitaine)porte le nom de Abdelkebiret ils ont le mêmedon ou
pouvoirhéritédu pèreau fils, toutescestribusTouazinesontdestribusguerrières.

les tribus maraboutsles Dhrari Medeninou Ouledsidi


Il faut signalerégalement
AleyaEl Assabai,tribu Zaouya,les Jlidatlesfrls de sidi AbdallahBoujlida,lesZemamra
etc...

Si MoussaChérif benAbdallahformeI'uniondestribusdessix compagnonsou


desWerghemma.
frèresqui subjuguerala Jeffarasousle nomde la confédération

Ces nouveauxarrivésaprèsavoir amenéà eux des berbèresautochtonespour


formerune alliancearabo-berbèrs qui portele nom de la confédérationde V/erghemma
ainsipeu à peu'
arabeet s'arabiseront
s'unirontà I'authentique

La vision du BerkaouiA. 1999(en coursde publication)parle de cet espace


appeléaurghammaà HenchirGthama(Henchir: ancienneexploitationagricoleromaine,
voir cartede localisationdesHenchirs,ksaret khasbasdansla Jeffarap.37).

El Homr,cesdeuxTribus pieusesconnuespar leur atiachement respectueux et fèrveà Dieu et à la religion


musulmane, les deux miâad se disputent sur le piétisme et sur une affairejuridique du Fikh islamique,les
deuxassemblées ne trouvent pas de solution et I'arbitrageles deux miaâds propose de prendredeuxcheikhs
leadersdes deux tribus qui jettent leur chapeletsdansle feu devanttout le monde,le chapeletle cheikh
Abdelkebirsort du feu d'unemanièremiraculeuse ont les nommeEtayayra,celui du chapeletdu cheikhel
Homrdemeuredansle feujusqu'ausublimationdesgrainsdu chapeletqui deviennentrouges(homor).
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 59
Cas de la Jefara tuniso-libyenne i,837-/,956

Aurghammac'est là où se trouventles ksour (34 ksars)de la confédérationdes


Werghemmaà Médenine qui est I'ancienneaurghammaorigine des Werghemma
autochtones.

Il y a desversionsdifférenteset desrécitslégendaires
autourdu partagequi sefait
à la mort de si MoussaChérif Ben Abdallahde Ghomrassen ancienneHamdounjusqu'à
Aurghammaau coeur de la Jeffara,les six tribus soeursse repartissentdans la Jeffara
tuniso-occidentale et Tripolitainedansdeszonesd'actionen plaineet en montagne; ils
deviennentles ancêtresdessepttribus.

- Les ghomrassenqui, demeuréssur place,cohabitentavec les berbèreset les


Hamdoun.
- Les tarhouna,ils gagnentla Tripolitaineen zone montagneuse qui porte leur
nom: Tarhouna.
- Les Touazinequi s'emparentd'uneplaine entrele golf de Boughrara,le petit
Syrteet le grandSyrte,entrela Tripolitaineet I'Aradh,laHazmaouHenchirGhthamaoù
se trouveAurghammasite romainedansle chapeletdessitesqui s'étendentde la limite
du SaharaRemadajusqu'à Gigtis sur la côte. Pour fonder les ksour dans une plaine
voisinede l'Aradh, la Hartza appartenantà la tribu arabedes Hazemd'où le nom des
Touazinequi se répètedans le corpusdes poètesau XVIII et XIXè'" siècle "Arch el
Hamzat"Arch c'estle groupeou I'ensemble destribusdeshamzat(Julesle Boeuf, 1884),
et c'estuneréferenceà la tribu arabela Hamzadanscetteplainejeffarienne.

- Les Houayaqui, avecles Harazaet lesKhzour,vivent ensembleet en symbiose


aveclesberbèresautochtones qui peuplentla valléed'OuedDemmeravecplusieursksour
sur les crêtesdesmontagnes(ksarJouamaa, ksarHallouf,ksarZmemraou Zamour,Ksar
Mettameur).

- Les Oudernaqui s'intègrentdansles tribusarabescommeles Ouled Debbabou


lesouledChhidavont peuplerla hauteJeffaradansla régiondeTataouine.

4.3- Nomades,semi-nomades, d'hier dansla Jeffara


sédentaires
tuniso-tripolitaine

Le récit des sages,nouschoisissonsHadj MohamedEl Hodhairi né le 16 février


l9l9 à Bengardane et mort le 12mai 1999à Ksibet(la petitekasba),presqu'îlede Jorf ou
de Werghemma.Le cheikh El Hodheiri est connupar sa connaissance de I'histoiredes
Werghemma et de la Jeffara tuniso-tripolitaine
; il détenaitpar coeurla poésie populaire
de la confédérationdes tribus du Arch Touazineet sesalliancesainsi que les poèmes
relatifsà I'histoirede la confedération desV/erghemma, de I'Aaradh,desautrestribus de
la régencede Tunis, de la tripolitaineet de Tagheribetdes Hilaliens (l'émigrationdes
beni-hillaset les histoiresde I'envahissement deI'Ifriqiya).

Nous profitons d'uneréunionimportanteà I'occasiond'un managed'un cousinet


d'unecousinede la tribu des Ouled Hamed,les deux famillescelle du marié est à Ben
Gardensur la limite de la Jeffaraoccidentaleà El MaamratÉlJ-r.ll ou le relief, les
habitats en dur et les huttes d'été,tout I'environnementnous rappelle celui de la
t"0''
,r,*rrtr,"r,,",'"*0""t::;:'l:'r':;;;:'r;:l::-:;;:"::::',:;:f:lî;:Ut'*"t'"

palmierset.les oliviers' la tente dresséepour


Tripolitaine,la présencedes chevaux,les
la'faskhya(citerne)pour récupérerles eaux de
l,occasion,le grand Rayah(tenasse)de
i'eaudansceslieux mériteuneétude
pluie en automne,ent iue, et peutetreaufrint.T'pt-:
Àythe dè I'eauet sa raretédanstoute la Jeffara
et une thèsepour purf., de l'iristoiredu
;;; texvtlt l. xlx'*' siècle'
"i
Médenine(ksarde Médenine)cette
La famille de la mariéevientde la régionde
jours,le i6me jour c'estla dhifaou réceptiondetous
cérémoniea" **ugB q,ria.rr. trois
marié'
lesinvitésamiset prochesde la familledu

I I e stà si g n a l e rq u e to u sl esinvitésappar tiennentàlatr ibudesouledH


géographiquement ils am edet
une liaison de parenté,its Ouled khalifa'
autrestribus ayarft
et environs'celle de Médenine'cellede la
viennentde trois régionscellede Ben Garden
presqu'îlede Werghemma(deJorf ou Sidi Makloufl'
de 4 à 5 personnesensemble,juste
Après le dîner collectif qui sefait par groupe
u.u du soleil) qui s'est déroulée
après la prière du Maghreb (4èmepiiOi. "à,r"tt"r badigeonnéeavec la
terrasse-(Rayayh)
égalementen jamaâ (eisemble) ,* ù grande
préparerà ce genrede cérémonieet pour
chauxblancheau débutde chaqueetepo-* se
récupéreruneeaude pluie automnale propre'

Haj MohamedEl Hodheiri qui


Les jeunesse rapprochentde Am el hadj, I'oncle (ne dureici bas
ne ratejamaiscescérémonies de **ug., de fêtesreligieuses,ou de mort
que le visagede Dieu), ou de ceremonîes de tonte,de partagedesterresde labourou de
entre fràctionsde tribu ou familles'
pâturage,ou pou, iaii" t'arUitragelors des litiges
etc...

Lesjeuneshabillésenblanc,pantalontraditionnelaveckhandilissac'estlesaroual
et la jebba,blanche'c'estun vêtementà
amplede couleurblanche,*. ,t..ir. blanche
ilË;t emmanchures qui tombejusqu'auxchevilles'

L a j e b b a e ste n l i n b l a n c ouensoiecr ue( secr outa) ( stecr oudet,tissud'or i gi ne


en été. ces jeunes s'occupent de servirdu thé vert et noir et de I'eaupotable'
italienne)

Lesadultesetlesvieuxsontgroupésethiérarchisésdésledébutdelasoiréepour
la plus part sonthabiltésdejebba' de houli
setrouversousforme de groupesf,oiiogËnt',
ou dewazra.
couleurrougeou griseestune
Le houli de couleurblancheanalogueàlawazr-ade
lesjeffarienset les werghemma'
grandepièced'étoffede lainedansr.q*rË sedrapent

les femmessont à I'intérieur


sur cetteterrasse(Rayatr)sontgroupésles hommes'
duhouch(maison).Icilessexessontsoigneusementsépares.Ilestàsignalerquecette et
qu.'t.r femmesà l'intérieurdu houch chantent
soiréese passedansre carme,tandis
dansentsurlesrythmesdeschantsclassiquesetpopulairesquidébutentparl'élogedu
prophèteMohamed'
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en miliea aride: 6l
Cas de Ia I 837-I 956

Les Ouled Hamedet les OuledKhalifa ne sontpasconnuspar les cérémoniesde


manageavec les Abids Ghbentenou autre,bien qu'il y ait des tribus Werghemmaqui
célèbrentles fêtes de mariageavec Abid Ghbenten(un Irs belabid) c,est à dire la
participationd'unetroupede chouachines
qui chantentet dansent,ce sont despoètesqui
racontentI'histoire de Werghemma.C'est une poésie orale bien enracinéedans la
traditionj effarienne.

Il n'estagréablede signalerici toutela partqu'a eu dansce récit le cheikhEl Hadj


MohamedEl Houdheiri, werghemmiappartenant à Arch Touazinede la tribu d'Ouleà
Hamed,a pratiqué le nomadismelorsqu'il était jeune ; il a fait ses étudesà l'école
coranique; son témoignageestprécieuxsuiteà une longueexpériencede 80 ansen tant
que citoyennomadepuis agriculteurpuis seminomade, il possèdedes Ghorfasdansle
Ksarde Médenine;son arrièregrand-père c'estle célèbresi Moussaconnupar sa Khasba
et sonksar de plusieursétages; il estpropriétairede terresà OuedFessi,à Bouhamed,à
El HezmaHenchir GhthamaAurghamma,et à Ghomrassen, il estpropriétaired'oliviersà
KhsibaEl Kebeiria(la petiteKhasba); il a également desterrescollectiveset desoliviers
à Hachenà I'Ile de Jerba.Ce seminomadeesten perpétueldéplacement avecles siensà
la recherchede sa subsistance et de cellede sontroupeau,sondernierdemeureavant sa
mort, c'estle DekhlatV/erghemmadansla presqu'îlede Jorf

Le Hadj Mohamed El Houdheiri n'est pas bavard,la soirée débute par des
questionssur le climat, la moissonde I'année en orgeet en blé, la raretéde I'eaupotable
dansla région ; pour le jeffarien I'eaupotablec'estI'eaude pluie qui setrouveplus douce
queles eauxdesforageset ne dépassant jamaisl,5g de résidussecs/ litre.

Il a fallu une certainehabilité pour abordercet homme et pour assurerune


continuitédu récit ; le calmeest absoluet I'ambianceestadéquatecar tout le groupeest
homogèneet le récit ne risquepasde gênerlesauditeurs.

On profite souvent des conjonctureslocales ou régionalespour enchaîneret


évoquerles souvenirset les exigences de la vie quotidiennedes Werghemma; il faut
profiter de cette occasion; on se fait plaisir d'échangerles nouvellessur cette histoire
lointaine,de commenterles grandsfaits,les(AyyamsEzzemen);le mot en arabeest plus
profondque sa traductionen français(lesjours ou le temps).La discussionautour d'un
Thé nécessairepour marquerI'importancede la rencontreet animerla causeriependant
que les chantset les dansesdansI'autrepartiedu Houch ne cessentpas, le rythme des
youyou monte et augmentede volume et la fumée du (Bkhour), fumée de la Baraka
bénéfiqueproduitepar quelquesmorceauxd'ouchaget dadpour éviter et chasserI'oeil de
I'envieux).

Haj MohamedEl Houdheiricommencesonrécit en disant : "les Werghemmaet


les ksouriensapprennentà vivre en groupedepuisdes siècleset peu à peu les éléments
d'unevie collective donne naissanceà une consciencecollectivegroupantles grandes
valeursde la tribu."
en milieuaride:
anthropologiques
culturelleset aspects 62
Lesmutationssocio-spatiales,
Casde la Jefara tunisoJybienne 1837-1956

histoire glorieusede la
Les jeunes s'interrogentsur ces valeurs et sur cette
pousséepar
confédérationdesWerghemira,il s'estavéréqu'ils ont tenu à leur originalité
le poidsd'uneculture.
cetteculture.Après
Mais le Hadj ne se détachepas de ce mythefondateuret de
resgenset attirerI'attention
tout 1 disposea" ru puirr*ce du u.ib" et du mot pourforcer
desauditeurs.
Ali ben
Il raconteI'histoired'un ancienMakhzenau troisièmeâge,le Chaouch
(Abid, noir) qui arrive le
Abdennebiqui reçoit chezlui un Gharib (étranger)chouchen
ancienMakhzen
soir à Ksar Ben Gardenen demandantde voir lés Touazinele cavalier
reposeret le matin il le
iui-propor. et I'inviie de passerla nuit chezlui pour dîneret se
vers !e Ssar.-maisavant
conàuii chez les Touazine; au lever du jour ils se dirigent
et il montreles
d,arriverau Ksar le Cheikhcavaliers'arrêtedevantle cimetièreSidi Khlil
voilà ce qui restedes
tombeauxà ce Gharib " si vous êtesvenu chercherles Touazine
Touazine".
bien son
Cetteintroductionassezpessimistedu Hadj MohamedHoudheirimontre
attachementà ce mythefondateuret aux bouleversements de ceshommeset de cetespace
Makhzenet du
sousle poids des inégalitésde I'histoireparceque-l'histoiredu cavalier
Gharibde Ghbentenré putt. aux piresmomentsde la colonisationfrançaise'

que nos
Hadj MohamedEl HoudheiriAbdelkebirreprendson récit en signalant,
disaient:
ancêtres
4ib.ts.! çi sl.$J ùll qtlL 451--r.J Jt-$.L-t
tll+-r.++ i1t.d .P çiË: 4-it+1,,l)43scrl d.tYll Udii.
t{-d. d.ll .rr3-9a-3Lcç .ll'l 4-,1rS *P C-lslt CF&' Ër
4-.JF!,.4-+ttÈ i-leç a.SlS ùbJIl jls.3 l3;rr 4i.c
t{,-JtJ u/,lJ!l élij lgr.u i-Sj{- a-53.,P qiti o3.t-,1
L{d.àu *P C,-+ rT3î iJg.r e49h.4ir.ti i-,,131 çio

Chakiret sesM'Hallas(Campements)
Il a demandédescamelinset desovinspour sesamis
Le paiementdesimpôtsc'estsonappeld'origine
Envatrisseurdesbedonnes arabeset leur camelin
Il a boucléhabitatset forteresse
Il a commissoneffeurenrestantseulresponsable
Un drameserépercutesur saresponsabilité
Lejour ou desho*..r ont descendu potr défendrela patrie

Il s'estretournéaprèsune grandedéfaite
Touslesbiensétaientrécupérés par leurspropriétaires
cette histoireestuneinformationde sourceofficielle
L'étatdesouledHussein,c'estbien sonpassé
Le PoèteAhmedEl Airoudi.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 63
Cas de la Jelfara tuniso-lybienne I I 3 7' I 9 5 6

" Sousle régime de la dynastiede MohamedBey Ibn Mourad Bacha1076 H. son


intégration des arabes rWerghemmadans sa régence,ils étaient avant considérés
comme des nobles arabes" El Moenes Fi AKHBAR IRRYKHWA, réalisation de
MohamedCI{AMMAM .Bib. Nat. Tunis 1967 P 234.

D'autre part il y avait une tribu appeléeTouazine...dans la partie sud de la


frontière saharienne,ne paye pas les impôts. Cettesituationse powsuit jusqu'à 1296
H (1878-1879)on les oblige à payer les impôts ; ils ont refuséen soulignantque c'est
de coutumeet de la situation difficile dans les régions; mais le Bey a insisté. Ils ont
menacéI'Etat. Enfin ils accepterontune partie des impôts aruruelsà condition que le
partagese fait sansI'intervention du Cardpour la vérificationde leur effectif et de la
maniéredu distribution des crédits exactementcommeil se passedansquelquestribus
sauvages,commeWerghei'nmaet Matmata...
El Khotr Ettounsi Ji Safwatit EI iitibar Bi monstandai El Amsar Wa Elanther,
réalisation,RyadhEl Marzouqui Beyt El HAKMA Tunis 1989P. 328-329.

Le Ha-dj Moharned reprend < la confédérationdes Wergherlma se forme de


I'union (RabitâÙdestribus Ourouchs,Noujouas)>'

- Werghemma et son organisation avant la colonisation française dans


I'extrême sud tunisien :

Il est évident que I'utilisation de NAJAA, ou NOUJOUA?2par les autochtones


Werghemma, c'est un phénomène social qui se résume dans la 'Werghemma réalité et le
déplàcementà la recherchédes pâturages; mais I'utilisation chez les
dans la régence de Tunis veut dire @L Arch) au sensilarge du mot ce qui a été
traduit par tà colonisationavecle mot confédérationou groupementde tribus.

Le PoèteWerghemmi de Beni KaddecheMabrouk Hamdi s'adresseau Ksar de


Medenineen disant :

Ërlr;-o '.' : t*è-rf ''! ',lir- l3'rj{3lgi-X cÊr t iS


C+. d!..1-
j
l$-tii-,f! 'o ; ' UiLi--âJ lJâ*.,! 'aJ t e+ ,6r élSùr-s.S
6sl.uol d+-Ll Tl3 Ê{'e-r+ J+3 IJFùIJ cÉS* 'rt L ''J qfl cÊÉfu

A quelleépoquesont venus et sont installésvos gardiens?


o Ksar au seinde votre forteresseNAJAA Werghemmainaugura
Sonpremier miaad(assemblée)
A Quelleépoqueon t'a ton construit ?
Ils ie sontieunit pou débattreI'intérêt commun,et avecvousils sesont renommés
O Ksar à qu'elle époquedansta cour I'ensembledesfribus sontréunis
Leur nombreplus ou moins grand, O Ksar vous étieztémoin

72
Noulouasp. Najaa : l'épistémologie en longue arabec'est la tente et le pluriel c'est NOUJOUA ou
ENNAJAA c,est a dire la demandedi la verduie et du pâturageet esPacesriches en Plantespastorales-'
ici, c'est à
Ibn Manthourparle de JadbENNAJAA c'est à dire le dlssèctrementet I'aridité du pâturage,
dire Ourouchs,p. de Arch : groupementde tibus ou confédération'
o"Ot' 64
,r, ^rrorro^,o"'o-'0o""'' "'Uu',:,1::."'r^:rï-';;I::;:Or:;;f:î;:U"'*"t""

Quandaeulieuentonseinlepremiermiâad(assemblée)desWerghenrma?
Le poèteMabroukHAMDI
Béni khedache
(Notre enquêteet traduction)

desWerghemma
4.4-Les théâtresgéographiques
jamais la
L,espacegéographique d,aprèsHadj MohamedEt Houdheiri,ne limite
mobilité et les dépîacements
-partie dés urt.u", hommesde la Jeffara tuniso-tripolitaine'
des handicaps
puisqu,unegrande de- leurs effons était pour se débanasser
lui-même'cette dialectiquenous rappellece
climatiqueset de l'handicap9e cet espace
à l'égarddespartisansdu déterminisme
qua dit l,historienlBraudelT3;Qry sa iéponr. ou ensemblede tribus) de
géographique sur t;"ô;;;Ét-i"ij-É.,' i*ur (coniédération
Werghemma.

Onobservelalenteurexcessivedesmutationsettransformations'lesnomadesqui
en face des
desparcours,les montagnards
se déplacent.En face desbergerset pasteurs
À I'intérieurde cesespacesdemandent
parcoursdesplaineset desvilles. Les mutation,
dessièclesentiers''.

Eneffet,laplaines'ouvresurlesactivitésplusintenses'ellesedéfendlessources
derefuie lesbosquetsdepalmeraieou oasis'
er lescourant,a'"uriiuiurelle, sur testie,tx

L e c h a n g e m e n t d e m a n d e u n s i è c l e o u d e u x . Lpas
espaysansdesmontagnes
paf l,exode. Ce moment dlémigration ne s'arrête tant que la plaine le
commencent flux et le reflux entre
permetet Ie process.rs demandeégalementù siècleou deux' Le
du désertsont des phénomènesqui
deux rives, les côtes maritimes èt r.r frontières qu'à une
ce momentn'apparaîtaux-acteurs
demandentdes sièclespour s,achever.Et
conditionet uneseuleoù l'observateur contrôleouut'tt*tnt'Ëtt "'pu" jusqu'àlu fid5'

à traversI'histoireet dansces
L'ambiguïtéde suivre le périple desWerghemma de
espaces perçuset vécusde aurghamma compliqui'orientationà prendre'La direction

e la longuedurée

(la Méditenanée tt #lËTédil"'é'qli'iî**:::"*::,:i'1Y*:f:":JïT:#:ï##'ff:


etre
(raMéditenal:.t-:t disaitquelemilieusgoranhlque
i:i,"i,,i"::':"i;ili;;JJ; i"r""a.r, Braudet
*;';;;;il.
de'individu aJteursirons
puni"
:f,l**:lâi,':î:i:):ffi"i.iii,:1".i',*n et
dela nature des du
aléas milieu.
a., n-*ai."ps
étaitpoursedébarrassei dePhilippeII, A' Colin' Paris'1969
à l'époque
- BraudelF. La Méditerr*e, ., le monde.dï;;é*
TomeI, P.92'
(lE8l-le3e)'
française
militaire
sous'administration univ'runis
,,lrll$:li;i,Tiiï* werghemma
ausein
destransformations
Piiil;ilirt*i"1. lul.n .* excessive quienglobe
delasociété desnomades'
par exemplede la
dessemi-nomades, ,eA"ntui"'ltt'"' tt att mutationsde cescatégories'
desmontagnards
*iô;;;;ti'l u"t' longde I à 2 sièclesselonla capacité
montagneversles pl"i.;r, il;de demande
et à la valeurde la Plaine'
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 65
Cas de la 1837-t956

la Mecqueet des lieux saints,et quelle directionI'aller ou le retourde ceshommesqui


possèdent un dénominateur cofirmunà traverstouteI'histoirede cestribuset populations
est I'oralitéque de I'occident
à I'orientou I'inversesuit le désertet la Méditerranéedans
leur périple, observe ses haltes, avec des traces parfois subsistantes, des cultures
millénairespour la conservationdeseauxet dessolsou pour gérerla petitehydraulique
dansles zonesarideset les montagneset bassinversantsenvironnants chezles Houaya
dansla Jeffaraou lesNouayelsdansla Tripolitaine,les Chaânbas, lesReguebets ect...les
vestigesdesksours,desKalaats,des conduitessoustenainsd'irrigationingénieuse"les
fougaras"ou le partagede I'eau d'irrigation dans les oasis d'lbn Chabatbasésur le
"Gadous"76.

Cettehistoireet cetteoralitéseperdentparfoisde vue quandI'atlasleur fait écran


pour donnernaissance à d'autrescultureset d'autrestracesspécifiques
à cesespaces et à
ces hommes,mais se réconcilientaussitôtsur les borduresde la Tripolitainedont la
Jeffarafait partie intégranteentreles deux syrtesou la mer et le désertet où le désert
d'eauet le désertde sabletoujoursà la rechercheI'un de I'autre.

Sur lesrivageset côtesdessyrtesils semêlentet seconfondentet secontemplent.


La langue du Coran, le dernier messagesur terre, la languearabecelle des tribus
Jeffariennes et tuniso-tripolitaines
en témoigneen exprimantles confrontations
décisives
qui ont lieu sanstémoins,emploiecetteformule "sefaire facecommedésertet mer"

De cettefaceà facedécouletouteI'histoirede ceshommeset decesespaces pour


résisterà I'empriseabsolueet à la fatalité et aux agressionsde I'un ou de autrepour
survivre à leurs morsureset à leur colonisationspacifiquesqui mettentsans cesse
I'hommeenpéril si nonen désespoir.

Le pessimismedu Hadj Mohamed El Houdheiri en racontantI'histoire des


Touazineaux jeunes du Najaâ Werghemma,égalementle ton et I'inquiétudeet la
nostalgiedespoètesjeffariensoccidentauxou orientauxmontrentbien le sentimentde
fatalitéet d'angoisse
faceà ce défi.

Les poètesFitouri Tlich, Dhaou Latrache,MohamedSaid El Khachat,Souf El


Mahmoudi,JemâaEl Koff, Ali Tlich, Mabrouk Ettoumi, FarahDebouba,El Ardhaoui,
Bougueddima,MansourEl Hoch, Hédi M'saddak,Mabrouk Hamdi, Dhaou Labaiedh
ect...sontanonymespour chanterune poésiequi reflèteI'aspectnaturelet géographique
de la Jeffaratuniso-tripolitaine,savégétationainsiquel'étatsocialet éthiquedestribuset
groupements destribusde la confédération de Werghemma. Cespoètesfurentdesprinces
mémorisanttoutela cultureet I'histoirede la Jeffara,hommeslibres,résistants farouches,
ils ont aimé ces espacesrudeset désertiques. Nous y découvronsdanscettepoésieles
mæurs,les traditions,les batailles,la résistancecontretous les pouvoirsde l'époque,les
loisirs, les joies et les peines. Nous y apprenonscommentles jeffarienstuniso-
tripolitainssecomportentaux momentsde paix ou de guerre,leur modede vie et la place
qu'occupechaquemembredu groupehommeou femmedanssonenvironnement de sa
naissance jusqu'à sa mort. Commedisait Tatrar BEN JELLOUN(1974) :" la

Le Gadous,genredejarre en poteriesousla forme de pot analogueau sablierpourquantifrerle tempset


la quantitéd'eaud'irrigation,l'élémentde basec'est le gadousqui se vide petit à petit jouant le rôle de
chronomètreinventépar I'ingénieurIbn Chabbattdans les oasis du Djérid (Tozeur,Nefta) sud-ouest
tunisien.
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu.aride: 66
Cas de la Jeffara tunisoJybienne1837-1956

primautéde l'économie(la demièreinstance)doit êtreparallèleà la primautéde la poésie.


Il n'y a pas de libérationde I'hommesanslibérationde sesfacultésde I'imaginaire,de
rêveet dedésir".

Quand la pluie ne vient pas, la vie s'arrête


et tout le monde pleure, musulmanset chrétiens
la pluie a tant de prix qu'elle rapprochele coeurs
la vie est une promenadeavant la mort
et la pluie, le maintien de la vie dans la prospérité
et l'échangeentre frères qu'ils soient nomadesou sédentaires.

Fitouri Tlich (Ghbenten)


Sidi Makhlouf.

Le messagese transmeffait de générationen génération


et le temps passaitd'annéeen année
comme se faisait le pain chez le boulanger
des cavalierstoujours prêts, leurs fusils préparés
mais aussidisposésà aider les faibles et les pauvres
maintenantque reste-t-il de I'islam?
un souverainà la maison (la femme émancipée)
le Corandit que cela est pêché,nous sommesdonc
dansle péchéjusqu'aucou....

JemâaEl Kohf (Ghbenten)


Sidi Makhlouf

Ces mots sont des symboles,un masquesur la bouche


les impôts pleuvant où que nous allions
ils nous retrouvent et s'acharnentsur nous
dépouillentjusqu'àce qu'il ne restequ'unsquelette
les chameauxsont perdus,il ne resteplus que
le petit poisson(ouzef) mais Dieu nous aideraà nous sortir
de cette aventure.

JemâaEl KohL (Ghbenten)


SidiMakhlouf

D'Erg en erg de sableen dunes,de sableen rocs,de plainesen massifs,avantde


devenirobjet de regard,spectacleet motif de poésie,littératureou image ce désert
investit le sud tunisien et s'emparede la Libye pour coloniser la Jeffara tuniso-
tripolitaine.

La mythologieet I'imaginairevont s'emparerde ces désertspour en faire un


espace,Déserten Grec se dit érémiac'està dire une solitude,et non pas une solitude
poétiqueromantiqueet apaisantesignifrantle retour sursoi et la redécouvertede soi,
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 67
Cas de la tuniso-lvbienneI I 37-I 956

mais une solitudedu paniqueet du déchirementdu poète,porteparolede la population


jeffarienne.

ChantalDagron disait dans I'antiquité Grecqueet le désert: "Chez les Grecs


I'appartenance elle définit sonhumanité,soninsertion
de l'hommeà sacité estessentielle,
dansla vie religieuseet samanièrede rentreren rapportavecles autreset aveclesDieux.

Aussi dès que s'arrêtaitI'espacede la cité, conrmençaitun espacenon cultivé,


menaçant,dangereuxoù les bêtessauvagespouvaientfaire imrption et où pouvaient
apparaîtredes créaturesétranges.Tout lieu devenaitun désertdès que disparaissaitla
civilisation".

Cetteconfrontationentrele vide total et la cité où le lieu exprimesoit la solitude


et la terreur de I'homme sans repère, perdant son identité dés qu'il s'éloignede la
solidaritédesautresou I'inverselorsquela fatalitécréeunecivilisationadéquate.

D'ailleurs,toutesles religionsdu liwe partentd'unemêmeorigineou presquec'est


le désertd'Arabieou de Palestineou de I'Egyptele Sinaïde cettefatalité,de cettearidité
de ce anéantissement, sont devenus
ont surgi les civilisationset cesespacesdésertiques
desespacessacrés.Le désertGrec n'estpasun désertreligieux,c'estpourtantun espace
sacréparcequec'estun espaceredoutable.

Nous évoquonscommentse fait la distinctionentrele sacréet le profane.Roger


Caillois présentecette distinction le désertsacréest celui que I'on peut parcourirsans
précautionet sansrisque,alors que I'espacesacrérisqueà tout momentde remettreen
questionI'ordredu monde.

Partantde là on peut dire que I'espacejeffarien est I'espacedu sacréet du sacré


redoutable,parcequ'il nie un ordre fondamentalcelui qui sépareles hommes,les bêtes,
les végétaux,ordre qui assurepar cette séparation,l'équilibred'unecivilisation, d'un
mode de vie de cette confedérationdes Werghemmaet des autrestribus et Najaâ des
espacesde la Jeffaratuniso-tripolitaine.

Cet espacesacréoù la gestiondu tempset de I'espacepasseparun respecttotal de


sonenvironnement, du Dieu sacréqui gèretout dansce basmondeet decettephilosophie
partent tous les idéaux qui contredisentce que les Grecs appelaientle monde
I'oikouméné,c'està dire non seulementI'espacehabitémaisaussiI'espacehabitépar ceux
qui ont des maisons; un homme n'avait de senset de substanceque si une maison
I'enracinaitdansla terre.

Or cespeuplesnomméspar Hérodoteincompréhensibles et qui n'appartiennent


à
aucunlieu, dansce découpage de I'espaceI'importanced'abordle littoral peupléde Grecs
et de phéniciensc'està dire la frangede la civilisation,dessous la zoneoù vivent les
bêtes;dessousencorela régiondes dunesoù habitentles nomades. Hérodotevoulant
soulignerl'écartfondamentalqui sépareles sédentairesdesnomades.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques
en milieu aride: 68
Cas de Ia Jelfara tuniso-lybienne Ig37-1956

Bien au contraire,ces peuplesnomméspar Hérodote77 qui surgissentd,un autre


mondesontpartieintégrantede I'humanité,du tempset de I'histoire,pro-ches
desDieux et
où le désertdevientle Dieu où se forge la légende,I'espace où I'hommedépassesa
conditiond'hommepouraccéderà la conditionDivine.

C'estcetteconditionque vivent lesjeffariensà traversI'histoiremouvementée


de
leur espace,c'estd'où surgit ce désarroiEternelentrecettesociétéet le pouvoir
étranger
et cettesymbiose permanente au seinde cemodedevie collectiftribalou confedéral.

Zeus79Dieu suprêmedu panthéongrec et ZeusTs


sur la frontière Nord de la
Jeffara,quellerelationentreles deux?

Les traceshéréditaireslointainesmilitairesou le millénarismeso


en questionentre
lesdeuxZeus.

La mythologieet I'imaginairede cesespaceset de ceshommesavecun fardeau


héréditairetrèslointainmais dont I'ombresuit avecce découpage et cettehiérarchie,de la
frangede la civilisationet les classeset sousclasses jusqu'à1'aboutissementà unerégion
de dunesoù habitentles nomades.Cettedialectique-indèfiniment ouverteoù les déserts
grecspoutraientse situer et se traduirepar unecivilisationaridede citéset ailleurs
c'est
le vide total, c'estI'infini que représentele désert,ce désertpourraitse situer dans
des
frontièresimprécisesdu mondeconnu.

ChezlesGrecsle désertc'està la margede la cité,à la margede la civilisationde


leur mondeconnuet leurs frontièresprécises; I'appartenance de I'hommeà sa cité est
essentielle; elle définit son humanitéet dés que i'arrêtait I'espacede rencontre
avec
f autreet le rapportavec la civilisation en tout lieu fait nantir le désert finalementtout
;
lieu devenaitun désertdèsquedisparaissait la vie collective.

Les peuplesqui habitent ces espacesayant une représentation baséesur une


mythologiequi considèreque le nomadene pouvaitêtreperçuquecommeun homme
à
I'identitéfloue et tout à fait menaçante,
et leshabitantsdei troglodytessenourrissentde

"Hérodote: historienGrec(halicamasse).
sourceprincipalepour l'étudedes guerresmédiques,mettenten lumièreI'opposiiiondu
mondeberbère
Mèdes,Perses) et de la civilisationgrecque. PetitLarousseencouleur,1991.
{"F1SvRtines,
'"Zeus
: Dieu suprêmedu panthéongrec,Dieu du ciel et Maltre desDieux,il fait régnersur ta
terre l,ordre
et lajustice.Sonattributest le foudre.Sessanctuaires lespluscélèbresétaientceuxde dadone,I'olympeet
ceuxdeCrète'LesromainsI'assimilèrent à Jupiter.(PetitLarousseen couteurl99l).
nzeus
: La valléedu Zeusséparantles monàgnesdesMatrnatasou de t'Atlasde la Mer Méditenanée
et
constituantla frontièrenord de la Jeffaraoccidentaleavecla régionde I'Aaradh.Cettevallée
au niveaude
I'extrême nord de la Jeffaraoccidentalecachela nappedu continentalintercalaire considérécommeétantla
napped'eauprofondela plus importantede la Tunisieméridionaleet de la Jeffaranrniso-tripoliûaine,
son
aire d'extensiondépasselargementles limites du sud tunisienet se prolongedansla Sahara
algérienet
libyen.in A. Dhouib: la régionde zarzisoriviersde Tunisie195g.H.
Mzabi: La Tunisiedu sudest 1993.A. Bechraoui: régionde Gabèsl9E0
A. Martel: lesconfinssaharo-tripolitains de la TunisietomeI p 62 1965
: déséquilibrerégionaleproblèmede I'eaudansle suàn nisienIRA Médenine1983.
*. 1!fb
-- Miuénarisme
: ensemblede croyanceà un règnetenestreeschatologique du Messieet de sesélus,censé
d'avoirdurer mille ans' mouvementou systèmede penséecontestan'i liordresocialet politique existant,
réputéd'accèdentet pervertir, et attendantune Rédemptioncollective- retourà un parad'isperdu
ou
avènement d'unhommecharismatique.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 69
Cas de la I 837-I 956

reptiles,de serpents,lézards,leur languerestetrès particulièreet ressemblée


aux cris de
la chauve-souris; potu le Grec le pain représentela nourriturehumainepar excellence
car il provientdu travail humainet qu'il estcuit.

Ulysseau cours de sesvoyagesjusqu'àla limite des côtesde la Jeffaraet plus


exactementà I'Ile de Jerba,souhaiteraévidemmentréintégrerle mondehumain des
mangeursde pain, les troglodytiquesmangeursde reptiles sont exclusdu monde des
hommes" à dix jours où rencontreune autreoasishabitéepar les atarantes, c'estle seul
peuplequeje connaisseoù personnen'ait le nom individuel " 8l chezles atarantesrègne
la perted'identitéindividuelleet collective.

Nous ouvronsce débatpour essayerd'analyserce phénomène de partageet de


classification,
ce découpage hiérarchisétrèslointaindont le passéesthéritéde I'histoire
de la Méditerranée,la mouvancede seslimitesgéographiques, et deslimitesdespayset
régions naturellesqui font partie intégrantede cette Mer intérieurepour voir les
caractéristiquesdes migrations humaines d'une vie (ou d'une île) à I'autre, sont
nécessairementet à la fois temporairesou définitives, diffusées ou collectives,
spontanées ou contraintes82.

On a toujours négligéun passéet une histoire lointainelaissantdes borneset


en ruinequi racontent
repères, le miragedu périplede cesespaceset deceshommes83.

Le plus pertinentc'est les imagesd'analogiequi se dessinentdansnotre essai


d'analysepour aboutira la questionsuivante: Quesignifieêtrejeffarien?
Probablement être simplementconfrontéà un certainnombrede conditionscommunes
pour desitinérairescollectifsde nomades,semi-nomades, sédentairestroglodytiques,où
les analogies et mutations se multiplient, parfois pour donner des rapports de
ressemblance dansle comportementet le modede vie, héritéou émigrantd'un point de
I'espaceà un autre,à traversles agesde I'hommeet danslesquelshéritage,migration,
mutationcontiennenten puissancela métamorphose de I'hommejeffarien.

Pourconclurecet aperçu,peut êtrefaut-il remarquerque le mondeselonce qui en


déclareIbn ArabiE4" n'existeque commeémanationà chaqueinstantsusceptibled'être
interrompue ", il estné du désertde la volontéet de I'amourdeDieu,I'espace n'estquede
Dieu et que par lui sinon ce ne serait qu'un immensedésert,le Coranderniermessage
adresséà I'humanitéaffirme : "qui conqueils portentestpérissableseuleperdurela face
de ton seigneur,pleine de majesté,digne de vénération...vous deux,quel bienfaitde
votreseigneurallez-vousdémonter?"rJeyt dL..r
4-.1f! æ T s Oti I,Nje4p 43"
Tout habitantdes cieux et de la terre le sollicite, chaquejour il s'affrrmedans
quelqueintervention...sourate "ERRAHMAN" le tout miséricorde(582 LV) essaide
traductionparJacques BerqueEd.Sindbad Paris1990.

Cet espacesacréest symbolisédans chaquemosquéedans tous les coins du


mondepar la <quibla>, EL KAABA la nichevide qui indiquela directionde la Mecque
et I'orientationde la prière,centreoù convergenttouteslesdirectionspour s'annulerau

ErChantalDagron: I'AntiquitéGrecqueet le désert(Awil 1996)


tt Ibn El ARABI : Philosophearabe(Murcie I165 damas1240)il estI'auteurd'uneconceptionmystique
de
la vie humaine,assimiléeà un voyagevers Dieu et en Dieu, qui eut une influenceconsidérablesur le
soufisme.
83slahSTETIE: L'islamau désert.
tn lbn EL ARABI, déjàcité
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 70
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

de prièresymbolisépar EL KAABA aumilieu du désertd'Arabie.


milieu de I'esplanade

Nombreuxsontceux qui se sont penchéssur I'histoirede cetteMer intériewe,la


Méditenanéeet desespaceset hommesqui font partiede cescôtespour arriver à celle
d'IFRIQIYAet de la Tunisieprécoloniale sousI'occupationothomane. Pourtantil n'existe
pasencoreune lecturede cettehistoire pendantla périodebeylicalesousla régencede
Tunis et pour la période précèdentla colonisationfrançaise.Dans cette approche
historiquela Jeffaratuniso-tripolitainea ététoujoursun territoiremarginalisépendantles
differentespéripétiesde cette histoire, espacede méfiance,d'ambiguitéet de dialogue
interrompuentreles gouvernants et les gouvernés,en permanente dynamiquede pouvoir
et contre-pouvoirdepuis l'époque la plus ancienne jusqu'au pouvoir des tribus et
confédération puisdesothomans et descolonisations française, italienneet autres....

Le présidentHabib BourguibaparlantdansI'un de sesdiscoursde cestribus de


Werghemma disait :" ce sont des poussières d'individus". Faut-il soulignerque ces
investigations ont été menés dans une perspective essentiellement européen-centriste
pour parlerfinalementd'unehistoirecoloniale.En effet,cettepartiedu mondea joué un
grandrôle historique.C'estun rôle ou phénomène d'influenceexercéau sein de son
environnement. Les analysesci-dessusdéveloppées montrentmodestement les emprunts
faits à I'extérieurpar la Tunisie ou par les tribus tunisiennes,jeffariennes ou autres
conquisespar les Phéniciens(au VII S. avantJ.C), les Romains(215 avantj.c) les
Vandales(en 440), les Byzantins(en 534), les Arabes(en 647),par les Espagnoles(en
1535),par les Turcs(en 1574)et les Français(en l88l) jusqu'àconclureabusivement et
en ignorancede cettehistoireet de cetteculture millénaireque" la Tunisien'avait jamais
étéirnisienne85"

Sansoublier qu'aucunenation si grandeet si puissantesoit-elleaujourd'huin'a


héritésacivilisationet sonhistoireet sacultured'unfondpurementautochtone.

C'estce fond autochtonequi donnele meilleurexempled'unpays,d'un territoire,


presquetotalede tous les pouvoirscentraux
de tribus et confédérationen indépendance
ayantdepuisplus de deux mille ans connusévolutionplus constamment centraliséeet
dirigéeà partirdecesfoyers.

Jean Poncets6disait que " constammentcentraliséeet dirigée à partir de ces


foyers,et I'un des foyers qui s'estcentralisédurantl'époqueothomaneet précoloniale
jusqu'àdevenirune sorte d'Etat tampon,entrela provincede Tripoli et la régencede
Tunis.Cet EtattamponconcrétisédansI'espritdesmilitairesfrançaisqui font une lecture
de I'histoire dont les sourceset le fond viennentde leurs souvenirset de leur vie
quotidiennedans ce tenitoire décrété militaire, c'est celui de la Jeffara tuniso-
tripolitaine".

detcolonisation;laTunisieetlatripolitainel9l4.l9l8Ed'Tiers
monde1987.
t6 PoncetJean(1974): La Tunisieà la recherche ou pré colonisation
de sonavenir indépendance ? Paris,
Edt.Sociale.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 7l
Cas de Ia Jefara tunisoJybienne 1837-1956

2EM,E
PARTIE :
PACTESET ALLIANCES DANSLA JEF'FARA
OCCIDENTALE
en milieu aride: 72
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques
Casde laJeffara tuniso-lybienne1837-1956

CHAPITRE I : LE PACTE D'EL FOUDHOUL'DES


VERTUEUX, ENTRE LES TRIBUS DE LA
CONFEDERATIONDES WERGHEMMA DANSLA
JEFFARA TUNISO-TRTPOLITAINE(1837)
à desvestiges
A la veille du protectorat,la régencedu Tunis apparaîtsemblable
nominalement dirigé par
enruine.Le déclinse manifestaitclansi. gouut*ement central
Ministreset à une castede
la famille husseinite.Les rois délèguentléur pouvoir à des
(Ministre) ou premier
mamelouks,avec souvent les nominationsd'un grand wazite
Ministre(wazireakbar)
(1817-1878)'
Nous citonsyoussef SahebEttabaa(1815),MustaphaKhaznadar
: ces grands wazirs ou
Mustaphaben Ismail (1850-1387)et Kheiriddine(1830-1890)
la plus hautehiérarchiedu pouvoirbeylicale'
premiôrsministresreprèsentent
l'100'000
A cette époque(El Ayala tunisienne),régencede Tunis, compte
perpétuelletranshumance
habitantsdont 600.0ô0 Bawadi,ruraux et tribus nomades,en
déclin
une situationrévoltante, aussidansl'économie
nonconceméspar ce recensement,
dontles activitésartisanaleset agricolesétaienten ruine.
beaucoupet
Le commerceétait monopolisépar les européensqui vendaient
les richesseset
achetaientpeu et ces échang., à ,.n, uniqueavaientfait disparaître
métauxprécieuxdu PaYs.
la ruinede l'économie,le
destransformations,
Les structuressociales,subissaient
général.
I'appauvrissement
poidsexcessifdela fiscalité,provoquaient
yE7 ' rr alors que les habitants
De cette situation disait MohamedBayrem
disetteet la
les spoliationset les abusdetoutessortes,ils furentsurprispar la
subissaient
et de I'appauvrissement
de l'épuisement "'
faminerésultanidela sécheresse,
à causede
Les habitantsdu capital ont été touchésà leur tour par la disette
les
l,enchevêtrementde leurs intérêtsavecceuxde I'intérieurde la régence' bandes
Par
y parvenirà causede
gensaffluaientvers la capitalemais raresétaientceuxqui purent
Iefiae*i. du typhusqui décimaun nombreconsidérable de genset qui se décoloraà la
ceux qui arrivèrentà
suited,uneépidémiede choléra,celle-ci fit-elle aussisesravages,
Tunisvirentbeaucoupdèsleursmourir danslesrues
litiges entreles
Toutescescontraintesau sein de la Jeffaraétaientà I'originedes
desdéplacements
tribuset la confédération, de la populationd'unerégionà I'autreet vers
i* puyr limitrophes,le Satrara.i l"t oasisalgériennes,et la Tripolitaine,égalementvers
l'île de Jerba.

è la TunisiePré-coloniale'Edit'
STD.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 73
Cas de la Jeffara tunisoJybienne 1837-i,956

Cette situationdonne beaucoupd'importanceaux régionsce qui a donné une


importanceaux pouvoirsdestribus à l'échellerégionaleet localedansle cadrede toute la
régence,ce qui a créeun échangeanarchiqueentrele centreet la périphérie.

Le pouvoir central chercheà expédier"les Mhallas" vers les régions et plus


à I'intérieurde I'extrêmesudpour la collectedu "Mejba"ou impôt.
spécialement

Faut-il signalerqu'à travers I'histoire de la Tunisie le "Mejba" les impôts ont


toujoursformé le point de péagepour le pouvoir centralet les paysansautochtones,le
budgettunisienbeylicalavait sasourceessentielledansla collectedesimpôtspour servir
le domainede la régenceou domaineroyal beylical.

Il est à signalerque seulsles ruraux et "Bawadis"nomadespayaientcesimpôts


alorsque les grandesvilles ne payaientpas"El Jebaya"les impôts.

Lors de la colonisationde I'Algérie et I'arrivéedespremièrestroupessur la côte


d'Alger, les relationsdiplomatiquesentre la régencede Tunis et la Franceétaienttrès
amicales jusqu'àce quele bey Husseinroi à l'éoqueait envoyéI'undeshautsoffrciersde
sonpalaisà bord d'unnaviretunisienaccompagné par le premierde sestraducteurspour
féliciter le général(DEBORRONE),et de présentersapropositiond'aide.

C'estle roi de la régencede Tunis Husseinqui signaun contratsecretle 08 août


1830avecCharlesX pour restituerla colline de Carthageà fin de construirel'églisede
SaintLouis. La constructionde cetteEglisea commencéen 1842et qui était à I'origineet
88.
le noyaude la pénétrationde la religionchrétienneenTunisie

Cettealtitudede dégradationdesbeysde la régencecontinueaprèsle beyHussein


avecseshéritiers,jusqu'àl'époquede Mustaphabey (1835-1837) qui abrogeI'ancienne
traditiondesbeysen recevantles consulsétrangers. Cesderniersdoiventsaluerle beypar
le baiserde samaintendue.

Cette attitude ou tradition a été abrogéesuite au refus du consul de France


d'appliquercettetraditionprotocolaire,aprèsla colonisationde I'Algériesousle régime
du Mouchir Ahmedbey (1837-1855).Les relationsavecla Francese sont améliorées,
jusqu'àtisserdesrelationstrès amicalesavecle roi de France(Louis Philippe); si bien
que les autoritéset demandèrent I'avisdu bey et sesconseilsdanslesaffairesimportantes
de la régencesanspasserpar les autoritésothomanes.

Les othomansconsidèrenttoujoursle bey de Tunis, commebey de la wilaya de


Tunis, mais le comportementde ce demiera soulevéles protestations
de I'ambassadeur
turc à la France. L'ambassadeurothoman de France voyait-il d'un mauvais oeil
I'autonomiede la Régencede Tunis ?

Les beysde Tunis commencentà considérerque la Franceencourageet protège


leur autonomievis-à-visde I'empireothoman.Cettesituationa facilitéI'interventionde la
Francedans les affaires économiques et administratifintérieurtantôt aveclesconseils

rAhmed lbn Abi Dhiaf: lthaf AhlazzarnantomeI p22


Lesmutations socio-spatiales, culturelles et qspectsanthropologiquesen milieu aride: 74
Cas de la I 837-l956

et I'envoide conseillerset tantôt par les menacessurtoutaprèslanivée des troupesde


I'arméefrançaiseprèsdesrégionsfrontalièresOuestse.

L'empireothomanest informé desmenacesfrançaisesà l'égardde la régencede


Tunis surtout aprèsla destructionde sa force militaire malgréles garantiesdes pays
européens despatrimoinesothomanslors de la conventionde Paris
pour la sauvegarde
e n1 8 5 6 .

de la sublime
Mais la wilaya othomanecontinueà déclarerson indépendance
porteothomaneet I'allianceaveclesautrespuissances
européennes.

Les beys de la régencede Tunis en marginalisantla Jeffara et les tribus


Werghemmaainsi que les autresrégionset tribus du centreet du sud, commencentà
conclure des conventions commerciales,et I'achat des hanachirs (exploitations
agricoles),la créationet I'exploitationde la premièrevoie ferréeentreTunis et plusieurs
,àgionr,égalementI'adductiônd'eaupotablede Zaghouanà l'époquede Mohamedbey
(1857)par I'intermédiaire d'unesociétéfrançaise.

Avant cetteépoquela sociétémultinationalequi exploiteles richessesde corail


dansle large de la côte Nord (Tabarka,Bizerteetc.) le litige avec cette sociétéest à
I'originede la pertede l'île de Corsequi restaitjusqu'àla guerreavecla Franceen 1769
uneîle sousI'autoritédesbeysde Tunis.

commencentà se détériorer
La place et I'importancedes caravanessahariennes
avec le AèUutde la àeuxième moitié du XIXè" siècle sous I'effet de plusieurs
circonstances.

Dansle fief destribusjeffariennesde Werghemmaau sudde la régencede Tunis,


les européensont commencéà créerdessociétéscommerciales subventionnéespar leurs
consulatsà Tunis, à Tripoli et à Benghazi.Elles ont pour rôle le transport et la
distribution des marchandiseseuropéennesde consommationpar le biais des
commerçantslocaux pour suivre les pistes sahariennesjusqu'à Ghdamas, Ghat,
Soudaneo.

Il y avait des conditionsà ces commerçants jeffariens, à ce que ces


sahariens
demiersmettenten hypothèqueleursterreset biensavantde recevoirles marchandises
desagentsde ces sociétéseuropéennes. Egalementle commercedes esclavesétait une
desprincipalesactivitésdu commercesaharien'

Chaqueannéearrivaient en Tunisie des caravanesd'esclavesdont le nombre


s'élevaitde mille à mille deuxcentsjusqu'àI'abolitionde cetypede commerceà l'époque
de Ahmedbey en (1846), ce qui a donnéune mauvaiseincidencesur les commerçants
sahariens qui étaientobligésd'affranchirlesesclavesen Possession.

;impérialismecolonialfrançaisl87l.l9l4.Paris
colin.1960.
- VincennesParisarchivesdes arméesde tene : rapportsur les évènements ayantprécédéle mouvement
dans
insunectionnel le sudtunisienpar le Cdt Harlé
de la Tunisie(PUF)tome I et 2.
- AndréMartel (1965): Les confurssahara-tripolitains
* eou"iAÈiÀ*.i.a (t'qgg):El Hachaichi et leiommercesaharien auxIXè*'siècle,Univ' de Tunis,48p.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 75
Cas de la Jefara tunisoJybienne 1837-1956

Avec I'abolition de I'esclavageune régressiona été observéesur le rythme et


I'importancedu commercesaharien,égalementla pertedescommerçants de Jerbaet des
côtes qui sont considérésles associésde ces commerçantssaharienset leurs sources
d'approvisionnementel avec la nouvelle installation des turcs en Libye, avec une
localisationplus importantedansle nord de la wilaya othomaneautourde Tripoli et le
changementdes périples des caravanessatrariennes en directionde Ghdamesvia le
Saharatuniso-tripolitaineet algériennevers Tripoli ; ce qui a donnéles impactsles plus
néfasteschezles Werghemmaet les tribus tunisiennesdu sudde la Jeffaraet du Dhatrar
et desMraziguesdansle Nefzaoua.

Les répercussionssont très mauvaisessur les marchésde la Jeffaraqui sont


orientéset traditionnellement
habituésà un commercesaharien.

Ce changementprovoquépar la nouvellestratégiedesOthomansqui ont voulu


installerleurs basesmilitaires et une dynamiqueéconomique(commerciale)autour de
Tripoli pour réer le vide devantI'avancéedesfrançaisdansle Satraraalgérienneet leur
menacesur la profondeurlointainesaharienne dont le centred'intérêtesttoujoursla ville
de Ghdames,capitale afro-maghrebo-satrarienne, cible des envahisseursdes tribus
jeffariennestunisiennesencouragées parfoispar le pouvoircentralbeylicalHusseiniteet
parfoispar la colonisationfrançaisevenuede I'Algériepuis desterritoiresmilitairesdu
sudtunisien.

Une grandemutationa suivi I'invasionmilitaire françaisedu Saharaalgérien,et la


réinstallationdes forces turques en tripolitaine. Cette situationchangeles voies de
communications sahariennes qui serontremplacées par lesvoiesmaritimes,Tunis, Sfax,
Gabès,Jerba,Tripoli et Sardaigne-Jerbae2.

Le rôle des tribus de la Jeffara dans ce commercecaravaniersaharienétait


modeste après les changementsdes voies sahariennespar les voies maritimes,
changementsqui balancent tous les intérêts des tribus et zones intérieurespar
affaibli ssementdu trafic commercialsaharien.

Cettezoneétaitbaliséepour le passageet la sauvegarde un passage


descaravanes,
obligatoirepourvoiede points d'eauet escalesde reposparticipantà I'animationdes
échangescommerciauxde toutela régione3

Les pistesde passagedes caravanesen directionde Ghdameset du Soudonen


venant de ces lieux sont soumises à deux considérationssécuritairesde grande
importancedans les tenitoires contrôlés par les tribus et les alliances de tribus
jeffariennestuniso-tripolitainesparfois même aux dépensde la localisationdes points
d'eau.

etKourchidAichaEttaib(1999):Mouvementclandestinde l'émigrationdansla Jeffara.Univ. Tunis.


" André Martel ( 1964): Le commercemaritimedu sud tunisien.Les cahiersde Tunisie, 1964,3 et 4è"
trimestre.
e3KourchidAicha Ettaib (1999) : Mouvementclandestinde l'émigrationdansIa Jeffara,Univ. de Tunis
1999.
-"t*
socio-spatiates
mutations
Les
;:tl:J":;î,i,î:,:::;r;:::;:::;:f:l;';"

Lescommerçantsghdamissiensparfoischangentd'itinéraireets'approvisionnent
sontconfusesdans
de Tripoli au lieu dJî;it .h1ot1el-oiscue les situaiionssécuritaires
le sud'tunisien,zonede contrôlede Werghemma'
de couvertrre sécuritairedes tribus
En face des espacesde contrôle et
dîmespour leur protectionsuite
Werghemma, lestribus dè ta Jeffaraorientalepayentdes
àu impôt s'appelle(SAIBA ARABIA)'
à des conventionset contrats,et cette dîmË dei vêtementsde qualité' des
descéréales,de l'huile, desdatteset surtout
généralement
wazras,deschaussuresde femmesbrodéesdesoiea

L e s k s o u r d e M é d e n i n e é t a i e n t u n c e n t r e n é v r a l g i q u e , ede
tlnP**élocalet
où se font les échanges et le stockage des produits agricoles première
régional
3i ksars'25 courset puits et plus
nécessiteentreles différentestribus desWerghJ*tnu
de6000Ghorfasou lieux de stockage(greniers)

Cesproduitsagricolessontsurtoutlalaine,l'huiled'olive,produitartisanaux,petit
(HADAD) occupeune placestrategiqueet un
matérielagricole,otr îe Uarechal ferrant
desMarsiasestoccupéepar les forgerons
respectdestribus,une partiedu ksar.de la iribu
etc"" voir plan des ksour et
(Haddads)confectiond'outils agricoleset d'armes
àomenclature, répartitiondesmétiers@'79)'
(ourouchs)separtagentla mission
Les tribus des werghefirma,et leursfractions
sécuritaireetdeprotectiondescaravanesghdamissiennes,lekanounchartiaetlespactes
et respectde tous les articles
I'otg*is.aJi.on
entretribus ont joué un rôle primoraiuïpJu,
pactesou Ahlafs (contratécrit entreplusieurs
du kanounchartia(la loi policière).a OËt
tribus).
desvertueuxdansla région
Nous citonsà titre d'exemplele pacted'El Foudhoul' j.c les tribus des
de la Jeffaraoccidentale, acteconclueiécrit en 1253Het 1837 entre
Houaya'El Jouamaa'El Jebatr'
Touazine,ouledounallah,Maztoura,Hararza,El
Marzougui dans son livre
Ce pacte d,El Foudhogl a été cité par Mohamed
"Combatcontrele Protectolrlt"gs 1973'

au pacte d'El Foudhoul


Le choix d'El Foudhoul (vertueux)est une référence jahilia
I'islam et en pleine égocugde la
conclu entre les tribus de khouraich avant (pendantla périodepost
(Préislamique) et qui a été sollicité par le ProphèteMohamed
islamique)e6.

I
time du sudtunisien'Lescatrte
: :: : rs qË l ulrrùrç, ! zva, J

trimestres.
;i-ùu-o"gui Mohamed(1973):Combatcontreleprotectorat'
Pq :IP
Ed.sTD
irezli : combatconreleprotectorat.
* iri*r""Ë"i Mohamed
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 77
Cas de la Jeffara tunisoJybienne 1837-1956

1.1-Le textedu pâcted'EL Foudhoul(desvertueux)

Hilf Pacte des Touazine et ouled Ounallah,Maztoura(de Ben Garden)et El


Haraza(demetameur,Oum Tameur)de Médenine,et El Houaya,El Jouamâaet El Jebah
(deBeni khédache) concluà la datede 1253H et 1837j.c à l'époque
deMustaphabey et
de cecivient le textedu pacte

"Ils se sont mis d'accord,tout le miaâd des Hamzates: les premierssont les
Touazineet ouled Ounallah,Maztoura,El Hararza,El Houaya,Ejouamaa,Ejebaatr sur
"la demandede tout ce qui est vertueuxet colrectet évitertout acteincorrect crle lJÉi3l
JSi.ll ayl ,+jll3 r-iS-f.lt+..plt a'19 seloncequ'adit le Coran: Dieu vousdemande
"lt:
de faire tout actecorrectet vertueux,demandela justice,au bien,à la générositéet bien
servir les parents,vous déconseilleà I'obscénitéet à I'incrudible,c'estune exhortation
pour une prise de conscience...(Sourate "AALI OMRANE" ll4 (69III) essai de
traductionpar JacquesBerqueEd Sindbad.

Ce texte est écrit par I'honorablecheikhMohamedben Mohamedben Abdallatt


Ettouzni,et I'honorableHcine ben Amor ben MessoudEl Ounalliet I'honorableMoussa
ben Mabrouket M'barekben Ali Ben Mabrouk,les deuxlrarza, et I'honorableFraj ben
Mabrouk El Meftahi El Harrazi, et I'honorableMosbatr ben Dhaou Houwiwi El
Boughdiri,et I'honorableMohamedben BoubakerEl Jemel,et I'honorableRhoumaben
Salem Ben M'barek Elamloumi El hwiwi, et I'honorableAmor Ben Mosbah El
Mehdaoui,et I'honorableSalemben Jebara,et I'honorableSalemBoudhreaEl Jemaï,et
MosbahEttouzniet I'ensembledu Miaad.

Les cités ci-dessusétaienttousd'accordresponsables surtout ce qui les concerne,


dansleurs affairescourantes,et coutumières et I'ensemblede leursintérêtsà l'égardde
tout agresseurdestribus citéeset fait un acteincorrectou un péchéil serajugé par les
citésci-dessus,aprèsavoir eu I'accorddescheikhschartia,commesuit :

- Le voleur descamélidés,s'il est tué par le propriétaireson sangn'estpas payé


par le tueurou meurtrier..;rÀ 4rJ $+ d3eli! ùll dJl,',
- Egalementle cambrioleurde la ghorfa(pièce,celluled'unksar)s'il esttué par le
propriétairedu ghorfa ou le gardiendu ksar son sangn'estpas payé par le tueur ou
meurtrier.
- Egalementle voleur de la tenteou le Kib (hutte)s'il esttué son sangn'estpas
payépar le tueurou le meurtrier.
- Egalementle voleur de céréales(blé ou orge)s'il esttué sonsangn'estpaspayé
par le meurtrier.
- Egalementcelui qui dévalisé 'r'l *J le werghemmi(membredes tribus de
Werghemma)sil esttué par la victime sonsangn'estpaspayéparle meurtrier.
- Egalementsi le voleur esttué dansla courde la bergeriesonsangn'estpaspayé
par le propriétaire,meurtrier.
- Egalementsi quelqu'unenlèvela femmed'autruiil serasanctionné de la part des
cheikhscitésci-dessus par une amendecentryalsargent,dix brebisou centVals (6;ti3;.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride' 78
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne I 837- I 956

- Egalement, qui détruit ou fait dommage aux ksour El HamzateseT


lles
WerghemmaTouazine),sera sanctionnépar une amendede la part des cheiks cités ci-
dessussix brebiset six chèvres.

- Egalementils sont d'accordpour tout I'ensemblede ourouchss'ils sont agressés


dansdes biens ou cheptelou autre, si I'agresseurest tué tous ensembleils payentle diya
(pris du sang).

- Egalement,qui frappe son frère werghemmi avec un coup d'épée, it '.1il est
sanctionnépar I'abatdix brebis ol+É10 a+!t e+.

- EgalementI'agresseurpar un coup de pierre ou de bâton (rl*i-,,J| u^êe) il est


sanctionnépar I'abatde deux brebis qËÉ aJ" e+.

- Egalement,celui qui tire sur son frère alrs+ 4+rl ,,Jo tyl r{;'Jil werghemmi
avecson fusil, ou il se prépareà tirer +ie ç..gt -li égalementavec une carabineç-,lrill
serasanctionnéde dix brebis.

- Egalementcelui dont les frères se révoltent les autrestribus viennentpour son


secours6g.tJt ôJUSll4+leJ ct-,rSSLI d-lgll 4& j!ôJdiJÂl 4+le l94iJ 19UlJ et il mérite
alorsune lourde amende(kafara).

- Egalement,ils sont d'accord(... illisible....)le cavalier'quiest reconnucomme


ayantachetéune mauvaisemonture,il est sanctionnéd'uneamendede quatrebrebis,dont
deuxsontégorgéessur le champjusqu'àce qu'il ait changésoncheval(...illisible....)

- Egalement,ce qui attaqueles chartia (policiers) a!-*ilf ,& te+ serasanctionné


par I'abatd'un chameaul-r;n+++t" e+

- Egalementle cheval qui se trouve entrain de pâturerdes céréales(flJl) avec


autorisationde son propriétaire,s'il est tué par le propriétaire,le meurtrierne payepas le
diya (prix de sang). .

Ceci est I'accord de I'ensemble des ourouchs cités ci-dessus,dans I'entière


depuis le premier en date du premier Joumadede I'année1253 H mille
reconnaissance
deuxcentcinquantetrois Héjri.

Fait par le notaire Hassenben Mohamed Ben Hamed El Maztouri


(Copie conforme à I'original)

du pacteen arabede MarzouguiMohamed: "combatcontrele protectorat"


texte fac-similé Edit. STD.
1973.
Cnrte 5 I RÉpartition de Ksours flftns ln Jtffara Tunisa*trÏpoHtaine

36 l{rars dt
Il'IÉdsrint

ar fJ. Bouhid

flr.rl+utru
çar Mehdi
sar Jedid

ï{sar KsarHsrrza
{snr Zetoruri
Hsar sar Hlrrethfa
Ksar sar Mhiri
Ksar Isnr,ù.ftaia
Ksar
Hsfrr I{sar û, Aorrn

Ksnr F'frnli
Ksar El ,F
I{sm lI,Isahla
Krar Ek$if
Ksar Bfui B
Krar ûr.rled [lth
Isar f(rnclnr.a
ar solttne
Ksnr Bonnir
Ksm Tanr*lirt
Ksrr K"rnnr
Ksar El ïhloura
flghnglrra i'- - asr 'JlideT
I ilasr Bhir
rr Ëhiriant
ir--.-
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!Ét!G

Lrqç
$-rl*rÈt
i
i
fsar hlelout
br* El-Hni-
car.Eilrorii
b4_

lioruæ : Enqrrtte Â. Ahullkehir 199i


EnqueteK. Laroussi?ÛÛ3
milieu aride: 80
-' culturelles et aspectsanthropologiqult-'n
Lesmutations socio-spatiales, 1 837-1ffi
éor' d" la Jefara tu'it*tybi'*'

la régionde la Jeffaraoccidentale
1.1.1-Les pactesexistantsdans xrxè" siècle
aer'^q.'ldi,sr"* etTunisau

Période
Pacte
vertueux(El Foudhoul)
1) Hilf Werghemma: Pactedes 1253H.l837jc
.ti* f.t To-uazine,ouled ounallahi'ëf 'il' Jeffaraoccidentale
L"JiJl 6lti+ll
Maztoura,el Hararza,ElHouaya Bénikhédache
Jouamâa et Jebatrt-Êhi é

Pacte 1280Hl863jc
dlr
linilrer KarachouaôrÉlJÉll 6J[rJ Jeffaraoccidentale
L"JiJl
ftt fractionsde la tribu Tataouine
"no.
deskrachouas.u-ltLÉ

Pacte
3) Hilf Haddaj6talt &,.. , 4{â 1292H l875jc
4JâLr5'
entreles tribus Matmata
El jebama,El Adarça Jeffara.occidentale
Ettuted zaYed. Du bled ,.i Matmata El Aradh
n. nuaaui àans les montagnescÈl'pïl
deMatmata.

Pacte 1299H 1882jc


sÊt'Dïl dlr
4) Hilf el Aachech(d'originetripolitaine) régionde Sfax
tÀ"1
dansla région de Sfax t'rÉti-

Pacte 1299H 1857jc


5) Hilf ou AHD El Amen à Tunis
à Tunis
la régencede
pactes(hitfs) parvenuset conclusdans jeffarien ou
si on observel'ensembledes entenitoire
d*, tt suàet plus exactement
Tunis,entreles aiffer.nt , tribus la tribu des aachachesest d'origine
jeffarienne il se trouvt ;;-;#;
à influence
ttipofiiuin. ou 3"ff*i"*e occidentale'

Ilestàremarquerquelepacte(hilf)elFoudhouldesvertueuxdesWerghemma
t.ri-tur *riens despactesou Ahlefs'
dansla Jeffæao..iJ"iiui. setrouve
:
ClassementdesPactes(Ahlafs)
vient:
Le Pacted'El Foudhoul(desvertueux)
- 45 ansavantË^;;;;;t *tttutrtts dansla régionde Sfax
deMatmata
- 38 ansavant;;;; à" nuaauStdanslesmontagnes
Tataouine
- 26 ansavantt;;;; à"' K*uJr'oua dansla régionde
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 8l
Cas de la tuniso-lvbienneI 837-I 956

- 20 ansavantle pacteou Ahd El Amenesà Tunis.

Faut-il signalerque le pacted'El Foudhouldansla Jeffara1253H1837jc a donné


naissanceà une organisationtribale groupée en confedérationdes Werghemma,et
englobeI'ensembledes tribus dont les miaadeeont choisisaprèsI'accorddes chikhs
chartialooet leurs membreset agentsqui délèguentleurspouvoirsaux agentsde chartia
choisispar le miaâddesdifférentesfractionsdestribus concernées, et pour I'importance
de ce pacte dans I'histoire des nomadeset semi-nomades nous traduisonsle kanoun
chartia (législationet coutumes)écrit par un offrcier interprèteDEAMBROGIO dit
Kaddourparudansla revuetunisienneen 1903.

I .2- Kanoun chartia (une législationet coutumes)desWerghemmaau sein


de la Jeffaratuniso-tripolitaine

Le mot "chartia"vient du verbe arabecharatha,qui vent dire "stipulertelle ou


telle chose comme clause dune convention" I'ensemblede conditionsqu'une tribu
s'imposaità elle-même, qui avait forcede loi et dont lesmembres acceptaientI'adoption
s'appela"kanounchartia" A.h.}tll ù.9.113. Pour faire appliquerce nouveaucode,on créa
la chargedu "cheikhchartia"qui fut confiéeà un hommeque le "miaâd",ou assemblée
desnotablesde la tribu choisissait.Ce fonctionnaireet lestrois ou quatreadjointsqu'on
lui donnait pour assurerI'exécution de ses décisionspouvaientêtre révoquéspar
I'assemblée des notablesou "Miaâd". Chaquetribu désigneles membresde cette
assemblée pour gérerles affaires intérieureset extérieures,la vie quotidienne,le choix
des parcours, la transhurnance,les relationsendogènes les alliancesentreles
et exogènes,
fractionset les famillesau seinde la hiérarchiede la tribu entempsde guerreou de paix,
etc...

Il n'existaità une époqueindéterminée,qu'un seul "Kanounchartia"pour toutes


les tribus du sud de la régenceau sein de la confedérationdesWerghemmaou unions
t0'
destribuset Ourouchs(cÊsf ahâ ou Noujoou 1gg; e+) desV/erghemma.

Depuis,ce codea subi quelquesmodifications: certainsarticlesont étéretouchés


parceque leur applicationne convenaitpas à tel groupede fractions,d'autrepart des
tribus ont dû y ajouter des articles qui étaient nécessaires
pour des cas que I'on ne
retrouvaitpasdansd'autresrégions.Nous dorulonsà titre d'exempledesrectificationsde
certainsarticlespour le "Kanounchartia"législationet coutumesde la tribu desHouaya
originairesdes montagnes,Ksours et troglodytesde la chaînede montagnesde Beni
Kadhecheséparantla Jeffaradu Dhahar.

Ahd El amen 1857 ou pacte fondamentall0 septembre1857 par M'hamedbey le retentissement


suiteà I'affairedujuif SamuelSfezavecdesmenaces
international militairesmaritimes
enaoût1857.
eeMiaad : conseilde gestionformé par les cheiks et les chefsde famille ou groupeet fraction,le miaâd
(assembléede la tribu qui gèrela paix et la guerreet lescoutumes).
t* Cheikschartia: une chargecréait par le miaâd de la tribu qui fut confierà un hommeque le miaâdou
I'assembléedesnatablesde la tribu choisissait(du kanounchartia: législationet coutumesdesberbèresdu
sudtunisien)Revoietunisienne 1903p 97.
r0' Ourouchsou Noujoou : ensembledes tribus formant le Najaâou Arch, I'ensemble des ourouchsou
noujoouconstituentla confédérationdesWerghemma.
anthropologiquesen milieu aride :
culturelles et aspects 82
Lesmutations socio-spatiales,
Casde la Jelfara tunisoJybienne1837'/,956

à un modede vie et uneexploitation et unegestiondesressources


Parallèlement
aim.iles et aridesle miaou(assemblée) desnotablesa été
naturellesdansdes
"on.t ajoutantdesarticlespropresà
dansl,obligationde modifierle "kanourichartre"en
auxcomportements desmembres decestribus'
.ro. iegi"" et adéquats
actedekanounchartia'Maiscet
Nousdonnonsplusloin la traductionfidèled'un recueillisde la
quelquesrenseignements
acte,étantin.o*pf"i iou, uuontdû ajouter
bouchedespoètes,ou desmembres âgésdecestribus'

tribudonnelesdétailssuivants:
Le texteæabesignépardesnotairesdela même

dela tribu
Chapitrepremier: défense
concourirà la défensede la tribu'
1- Touthommeenétatdeporterlesarmesdoit
2- Touthommeçi posrcdedeuxchameaux, vingt'cinqbrebis,et dontla femme
avoirun cheval: c'estle (faresou
portesur elle un t.lf,.-i t,itt" livre) de bijoux doit
cavalier)gr.,fJ
3 . T o u th o mme q u i n e p o ssèdepaslafor tuneénoncéeplushautdoitav oi r un
fusil (c'estle tenas,ou piéton)u"l'l-'
chevalet qui ne I'achètepasest
4- Tout rr"*In. oà*né'.onl*. devantavoir un (.'ô'
l+
deuxsontégorgétttot le.champs'
frappéd,uneamendede [uut . br-ebisdont
t L". S'il semunit d'uncheval,on lui rendles derx
,I..lt ,/ d,ri$ Lt+.eir rù; gr! rSt
passéquiyl jours,on abatcesdemières
brebisqui restent; dansîe cascontaire,et
aussitôtmisesà mort'
et on lui saisitquatreautresbrebis,dontdeuxsont
amende d'unebrebis'quinzejours
5-.Toutpiétontrouvésansfusil estpunid'une
uprèsilestpunia. lamême^.îË;;'r.t-peine,s'il estencoreenfaute'
ù rr.J Llt + iuJ+ rs.s d+l.)#
;.J ôL.i+ u,!.
tï l+_hi-J ,"r* tbi$ !-a J.-r..9
o.iilJ(
mauvaise monturetombesous
6- ToutcavalierreconnucoÏnmeayantachetéune
cheval'.
t. ,oup deI'article4, jusqu'àce-qu'il ait changéson tjt'a '4t:r- .rs'J ds
te+sL+oi;r'd,;'i,-r.r-r"i,- +t*;it C1* J+ô .,Jti
di.aÂlt 4-,J J+i+
ûld!4
étatdoit le changerdansun
7- Lepiétondétenterxd'un fusil dansun mauvais
délaidequinzejours,souspeined'uneamende d'unagneau'
**, r*^ii"'Ëû;;lÀJir'tl+ 4rb Ë'tL' Jrr, fÉ$+ dll4+€ill d+lJll
e+ (,iJlt) * ,J* Jri3 t+'Li+ 4+Ée
S .L e ca mp e me n te stch oisipælecheikhchar tia;siunetenteestdr ess éeen
de la ligne, son propriétaireest puni d'uneamandede deuxbrebiset mis dans
avant
I'obligationderentrerd-ans I'alignement'
tr{,et*
e*'1ry
rr,.F+st-..
4+J^. ér*+ crLri,e à*.li f P#! gæ'rtt .ie Jt+ÂJcrl't;l+É:
rr
.t ; Llùlt êf.l o-p"I L' . tt+3Jl Oû, ttl' ,lJL! d.
le ksarsi un douarou unetente
9- Au retour-dela tribu versI'oasis,Iazemla,ou
fait abattrele nombredebrebis
resteenarrièrele ch"ith ctrartiasuivi d;'À 'haouchs,
qu,ilveutet forcei, ou tæ retardataires à reioindrela portionprincipale'
lt4$'l ts-+r $-e
irr-+Jt Cr" Ë;;i-t;.Ë, * J .lLill 'lolr-!l 4
"À'
c,rùaiJf 9F.'rr ur'ro! tr+' tJ' Jt-ll È+'i
,p Xr.ll*. . JrËd..rlgtJrr ri3l oti3 Â-es'+''lt+6triJll
.JÉll .i.;l Cr rr.r.jy ,l a't-ll il'd.Jt'r
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : g3
Cas de la Je/fara tuniso-lybienne I B3T-I 956

l0- Dansles mêmescirconstances, si un douarou unetenteprendles devants


pourrentrerplus vite, le cheikhchartiatoujoursaccompagné de seschouachs, fait
égorgerle nombredebrebisqui lui plaît et obligele oules délinquants à rénograder
rLi t ùr'r{rr ajleelet-9"S.lt È*J {eJ.+-J qt-tr1s: L+3 J ,J.nr tl! dJJbjiudr
é
+L.J , iJL iF *hls}|3 etÉJ iF t{+& tiJÀ eiL.i-J L l r rt -r.rti.e !t+.!Jt 4, ,.Ef
.4.eJ.+*ll r.j'â s4ô13*Jlr.tc LU++!3

ChapifreII : Prised'armesou (Fezaâ) g)l-,tl i.r34c;itl


l- Toutcavalierqui neparticipepasà uneprised'armes estpunid'uneamende
dedeuxbrebis.
gul-i tl.,;.riIrLr ,r,=rltr+
gl,*lt ,J.-.,,rtUlJ4 T cylt! #
2- Toutpiétoncoupabledu mêmedélit estpunid'uneamende d'unebrebis
ôtû+çÉl-J rlill cr$,,.( rJ Jd..J.3-dS
Cesdeuxarticlessont applicableslorsquela tribu est sur sestenainsde parcours,
maisla peineestla suivantesi la tribu estdansI'oasis:
fu++t.!|ÉjLs13!dïts gu_s. 'J.Édt ûSli+3.eJ rf I à;l d il#ilt rg+l r,icOti+-h+Z J ldraijl
..;,alll3fil-jlt+ Jl i-rlJtt+
3- Pourle cavalierqui neparticipepasà uneprised'armes 25piasûesd'amende
etdeuxbrebis
irEllr dt^125+ +t*J 6)l+Jl ,J..,rr! ullt$ T çllt g*.1tittirt..,,tttr
4- Pourunpiétonunebrebiset l0 piastres d'amende
6r.-rlj;t +UCrYb-.r
10ç +t + d. Jl'^Jf
ChapiheIII : Crimeset Délits ÉlJ+ll 3 otlltr Jl
l- L'auteu d'un homicidevolontairea sa tentebrûlées'il est campé,et son
gourbi,s'il estdansI'oasis.Il estenoutreexilédela tibu. h.d.1jri i-.1.t-+.,.(i.uir
fu+ttl iF d;ijêf+ U-s,Lt.etqiru litr.iJsJ t+ 'rI - i,tl 13!4r+ÉdFt
2- Si le meurtrieresttué sur le momentpar un procheparentde la victime,il
n'estdûaucundommage à la familledece dernier.
.JÉJl 13À iùb.J rr çl d.l+ T i+â-àJ çjii srl *.,rLir gtsJt 65e
uJe $ilat| ù-6tl!
3- Si uneafiangement surviententrelesfamillesdumeurtrieret de la victime,la
dya(ouprix du sang)à payerparla premièreserade4000piastres.
.tjru lOoo+ Jrij dFtit|llit e .i-l! Cr t+. g$ {+-.àtl fut-eegf.l i.tito Cr*etLâ1lfgfu ri!
4- La famillede la victimeestlibre d'exigerla sommeentièreou seulement une
partiedecettesomme; ellepeutégalement enfaireabandon complet.
..tlji,rlo t lÂ: sli$l rNt . , USt{j. e.i+.J iLts tdt C! ,rÉL->tt t{l i.F,ài ll.tte
5- Danstoutequerelle,le premierqui dégaineestcondamné à une amendede
deuxbrebis.
.ùÉti+ JlLi e+L-i+ \ist -J err$l Jl+,.li ,lL { û{ $-e
6- Celuiqui sesertdesonarmedonnedix brebis.
n L .
.olj ô 10.;3L5 C l.-rS.U.r-145J--. ddf.r'-J iF ùl
7- Au coutsd'unealtercation, celui qui armesonfusil estpunid'uneamende de
dix brebis.
.ot, .t;irr1 uÉ.tLJ 4l+irf+ $ii t3.,1';
c;'cLifU- rjsptiil
8- S'il fait usagede son armeet qu'il blessequelqu'un, I'amende estde vingt-
cinqbrebis.
.6tl 25+ +t4, Ll 6.n si,,, t -1.,d-$l-s' d.r!.! f3l
9- Celui qui prendfait et causepour un hommequi sebatavecun autreestpuni
d'uneamendedetroisbrebis.
otrj I + +l4r .*l e- Cll-rr sÉ r.l-r..l6s-:&Jd.rq ir
Lesmutations socio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : 84
Cas de la Jefara tunko-lybienne 1837'1956

Comme on poura s'enrendrecomptepar la fiaductionde I'actedont il est parlé


plus haut, les articles que cette pièce contientsont plus nombreuxet plus explicites
iu. f6 ienseignements que nous avonsrecueillislors des enquêteset dans les
archives,lesrarescopiesàe hajja(actQqui parlentde cespactes,ou actesde miaâd
(assembiée; soulevantdespartàgesde parcours,d'allianceou auftedansla région
par derx
àontagn"usede Beni Kaddiche,unetaductiond'unacteélaboréet signé
deksarZemmour.
notafues

TraductiondeI'actedeslotairesdela tribudesZmemras.
Louanges à Dieu! usllrit os-r3
sursonprophète et quil lui accorde
QueDîeurépandesesgrâceset sesbénédictions
le salutle pluscomPlet..
L Jl ".': #*,t dJ3r,,-,1,.Jo.itl
tFS
la
Copied'un acte pris par craintede la pertede I'originalce qui amènerait
déchéanôe desdroitsde chaquemembredela tribu'
En voici la teneur
louanges à Dieu !
ol-.AJdt&-all

du présent
A comparupar devantle rédacter.[ (queDieului accordele pardon)
lesfractionsdontlesnomssuivent:
le miaâddela tribu desHaouyareprésentant

Mehadha" Lemelma, Ouled-bouabid,kherachefa,Djouama" El Djebatr'


Ounarssia.
à êtrereproduite
unique,destinée
Les notables,réunisont fait une déclaration
pæécrit,disantqu'ilsnommaientleshonorables'
Saidben
benN-aceur,
MoussabenAli (dit Seboub)AmorbenNaceur,Mohamed
auxfonctionsâejugesdeskanouns
El Hadj Messaoud, chartiaet orfialo2

Ils feront respecterles usagesen cours et les avantages qui résultelt de


la
detoutce qui intéresse
de ce ôode.Ils s'occuperont tribu et veilleront
l,observation
à I'observationdesrèglements la vie desnomades.
qui régissent

deI'opprimécontrele fort, et ce par suite


Ils devrontfaire droit à la réclamation
,0461i"103
auquelon pounaitsoumettre desdifférends,
de l'éloignement du sièged'un
lespeinesà infligerserontlessuivantes :

Un coupde fusil tiré surgnePersonne, ou noncettedernière: quinze


atteignant
brebis.

un coupdefusil dontla capsuleseuleestpartie: cinqbrebis.

to2-Kanourchartia : Lois et législationconventionnelles


-JJorFta: lois et législationseréférantauxcottnes'
- Kanou
'* f.i"g. d. i;ïgi.l.tion etjurisprudence islamique (qadicharaâ)lejuge de la
on I'appelle
O.Oi
chæiaâ,seréférantà la loi coranique et lajurisprudence
islamique'
CheikhEl Orf. c'estle juge de la législationcoutumière
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects snthropologiques en milieu aride : 85
Cas de Ia Jefara tunisoJybienne 1837-1956

Un coupdepiocheoccasionnant une blessure: dix brebis.


Un coupde piocheayantsirnplementeffleuréunepersonne: cinq brebis
Un coupde poignard: dix brebis
Un coupde bâton: cinq brebis
Un coup de pique ayantpénétré: dix brebis
Un coup de pique ayanteffleuré : cinq brebis
Un coupde sapeay?:ltoccasionnéune blessure: cinq brebiset cinq chèvre.
Un coupde logahia"'(bâton recourbé): deuxbrebiset deuxchèwes
Saisirquelqu'unpar lesparties: cinq brebiset cinq chèvres
dJb$ r.l o'. oai.f, éL".
Voies de fait, où saisirau cou : dix brebis
L!. .1,ll g,r g.ai.i CL.*
Vol dansunemaison: dix brebis
Si les voleurssontnombreux,chacund'euxdonneradix brebis
Vol de moutons,juments ou autre animaux: I'auteurseramis dansI'obligation
derestitueret donneraunebrebis.

Femmefiancéequi se fait enleveren pleinjour : soixantebrebiset le ravisseur


200piastres(cJt-,-r).

Voleur surprisdans un domicile, à I'endroitoù sont attachésles animaux,ou


emportantles objets s'il est tué ou blessé,I'auteurde samort ne seraI'objetd'aucune
poursuite.

Celui qui est strpris faisantun trou dansle mur du ksar : cinq brebiset cinq
chèvres.

Vol commisdansle ksar : dix brebis


Vol commisà l'endroitoù sontréunisles animauxpour pâturer,ou en profitant
dece quela tribu està la poursuitede razieurs: dix brebis
Morsureaunez,à la lèvre,chuted'unedent,pour chacundescas: dix brebis.
Menacesau miaâd: quatrebrebis
Celui qui barrela routeauxjugeschartia: quatrebrebis
Celui qui s'opposeà I'exécutionde leur serviceou de celuide leurssuivants: dix
brebis
Un coupde piene : trois brebis
Celui qui ouvreunecitemesansI'autorisationdu propriétaire: trois brebis.
Vol d'un chameau: amended'un animalde mêmevalew et restitutiondu vol.
Vol du fourrage: unebrebiset restitutiondu vol.
Vol d'ânesou de boeufs: mêmepeine.
Vol d'uncheval: mêmepeine.
Celui qui trahit son compatrioteà I'ennemi: dix brebis,dix chèweset saisiedes
armes.

L'auteurd'un homicide volontraire: soixantebrebis,paiementd'unesommede


1600piastre(Rials),exil soit aux Ouderna,soit àZarzis.
L'étrangercampantavecla tribu et auteurd'unvol : dix brebis

rMLogahia: Bâtonrecourbé,avecune armeblanche(couteau)le bâtonfait partiedesnécessites


du
piétonou du cavalierdanscettesociéténomade.
qspeclsanthropotogiquesen milieu aride : 86
Lesmutations socio-spatiales,culturelleset
-
Cas de Ia Jefara tuniso'lybienne I 837 I 956

1,. pietonqui ne participepasà uneprised'armes: unewiba d'orge


ie cavatieiqui nô pafti;ipèpasà uneprised'amres: unebrebis
du vol, et
L,auterudu vol cùmis âuttt utr troupeaupris à I'ennemi: restitution
une brebis et une
si le troupeauest rentréen territoiretuniiien, le voleur donnera
chèwepar animaldisParu.
Cètuiqui pénètredansle ksararméd'unfusil : deuxsaâd'orge.
Celui q.ri uneagression : dix brebis,sanspréjudicedesautresformalités
"o**"t
encasdeblessures.
La victime d'uneagression qui répondauxcoupsn'adroit à aucuneindemnité'
Toutefois,si la victime tue sonaglesseur' elle dewa s'exiler,commeil est dit plus
il;;i ;; lui tiendracomptedes-blessures qu'elleaura.itreçuescommeil suit : oeil
pouroeil, nezpogr n"r, a.nt pourdent,blessures produitespar annesblanches,pour
flessures'd" *è*. espèce,oreillepouroreille'
sermentet fera valider
L'auteurpresrlïé d'nnvol qui ni., dewaêtredéféréau
sonsennentpar deuxparentshonorablement connus'

netrouveraitpersonnepourvalidersonserment'
Dansle casoù I'auteurprésumé
poidsà son accusation'
l,accusateur seratenu à sontour dejurer pourdonnelplus de
et s'il refuseil seracondamné à uneamende d'unebrebis'

d'orge.
celui qui pénètredansle ksararméd'unsabre: trois saâ
Celuiquivendsoncheval(sansautorisation):quatrebrebis.
Violenceexercéesurla femmed'autrui: dix brebis'
Vol aupréjudicedu maréchal fenant(JrrJ) : dix brebis'
d'un communaccordlesarticlesqui précédent
Les notabler,ierrt it, ontaccepté
et enajoutéles suivants:
pendantla nuit donneradix
Celui qui estsurprisparlesgardiensdu ksarà voler
desgardiensferafoi'
brebis,restiùerale voi, et ie témoignage
un voleur,ils ne serontI'objet d'aucune
si les gardiensdu ksætuentou blessent
ne pouront leur être
poursuite: ni le pti* A" sang,ni uneindemnitépour blessures
réclamés.

Pourviolationde domicile: dix brebis'


Uneplaintefaussedoitêtreretouméecontresonauteul.
Témoignag i etesw les déclarants, qui jouissaientde la plénitudede leurs
" L'identitédechacuna étéreconnue.
facultésmentales.
par le paurne.devantson
Fait dansles premiersjours de chaoual1276H,écrit
par le notaireAli ben Brahim
Dieu, le notaireMessaoudbenMohamed,contresigné
Zr**o*i, danslespremiersjoursdechaâbane 1288H'

sansaugmentationni
copie collationnéeavecI'original; elle y est conforme,
diminutiondemots.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : g7
Cas de laJeffara tuniso-lybienne Ig37_/956

Les fractionsdesHaouayadont les noms suivent: Mehadha,lemalma,ouled


bou Abid, ouledSaid,Mahdi, Djouamâ"El Djebah,ont déclaréaccepterles additions
ou chargements suivantsau codeélaboréplushaut:

L'homicideinvolontaire: quatrechameauxou leur valeur,estiméeà soixante


brebis,unechèwe,un mouton.

Meurtrecommispartrahison: la peineestdoublede la précédente.

Si un meurhier revientdansla tribu porteurdu prix du sangacceptépar les


parentsde la victime et esttué par cesderniers,ceuxci paierontdeuxfois'le montant
de I'amendeinfligéepourun meurhe.

Meurtrecommispar traitriseavecun sabre: vingt brebis.


Meurtre commispar trahisonavecun bâton,unepierreôu tout aute instrument:
vingt brebis.

L'auteurdu vol d'unechamelle,d'unebrebisou d'effets,commisau préjudice


d'unindigènede la tribu : 100piastres(Rials)si le fait estprouvépartémoins.

Toutefoissi deux honorablesparentsdu voleur affrrmentpar sermentque le


voleurignoraità qui appartenaient
I'animalou les objetsvolés,I'amendene seraque
celleinfligéepourun vol simple.

Pour une agressioncommisepar traitise avecun sabre,un fusil ou une pierre,


I'amendeseradouble.

Tel est le résultat de l'entente suruenueentre les déclarants,avant leur


séparation.

Fait dansles derniersjours deDhouel-Hajja lZ99H.

Ont signé:
Ali benEl Hadj Alj benYoussefZemmouri,Notaire.
Louangesà Dieu rilL-rJ
Les notablesont également
arrêtéce qui suit :

Celui qui prendfait et causeun parti dansunerixe encourrala mêmepeineque


le coupable.

La femmequi s'insurgecontreun hommeou le frappe: dix brebis.


Si cettefemmeestmariée,I'amendeserade cinqbrebis.
joursdechaoual1302.
Fait danslespremiers

Signé: Ali BenBrahim,Notaire

Nous venons de présenterle texte du pacte d'el Foudhoulou pacte des


vertueuxet le détaildesarticlesde ce hilf (pacte)entrelesTouazinetribusterriennes,
a'ide:
mitieu 88
cuttuJe"f;et,::::,ï-t;rl\ll::p,:!;fllîl!uen
socio'spatiaes'
resmutations

et les khzoursreprésentantla partieOuestdes Werghemma


guerrièreset semi-nomades
est unè alliancestràtégiqued'organisationsocio-
dansla Jeffara occidentale.ce pacte
économique et Politique'

BienquelestribusTouazinequiontsignélepacteappartiennentàdeuxtribuset
pour le pàcteet la présencedesouled
un grandMiaâd, donc le Miaâd desTÀuazine-est qu'il présentesansdoute
signification-parce
Ounallahet des Maztoura a une grande
ouredounaltahqui ne sontpasdesdeux
l,uniondesTouazineavecles frèresvtLo*à'.t
(ouledBouzidet ouledMahmoud).
ir*a, parentsdesiouazine,

C , e s t u n e u n i o n d e M i a â d d e s T o u a z i n e e t d ' a u t r(pacte)
e s t r i bdes
u s avertueux
v e c l e sa
khezours
sein du Hilf
(Hararza,Ho,ruyu,lfufr, louu*aa). Cette union au
plusieurssignifications:
permanentes des tribus voisinesde
Dans une situation de menacesextérieures
avecla politiqueen dents de scie avec le
l,Est en tripolitaine et les tribus de liOuest
pouuoitcentraldesbeysdansla régencede Tunis'
avec les différents aspects
cette puissante confédérationdes werghemma réfractairedevantles
de sonhistoire malgréson caractèreostensiblement
susmentionnés
qui se rapprochedu sahara algéro-
grandespuissancesla colonisation française
du pouvoircentralbeylicalà Tunis
tunisienne,les othomanen Libye, et les hésitations
quijoueàcache.cacheaveclahiérarchieothmaneetlesmenacesfrançaisessurlescôtes
sudetnordetsurtoutelafrontièreouestalgérienne'
suite les colonsfrançaiset avanteux
Le statutde Najaâ statutspécial,quepar la au
lesvoyageurset les prédicateursdespr.Àier.t divisionsde la colonisationfrançaise
ont nommé confédération des
sein des espaces*u, l'autorité dàs Werghemma,
Werghemma.

CeNajaâensembleouuniondetribusguenièresbienencadréparunéchiquierde
maraboutset zaouiassauvegardantcettevie 'otio-étonomiqueet culturelle'estorganisée
unt organisationsolide bien
sous l,ententedes assembléesou Miaâds représentantt
respectéepar tous lesmembresdestribus et fractions'
espacevitale et d'influence des
La place stratégiquede la Jeffara fief et
la Tunisieet la tripolitaine'
werghenrmaoccupantunezonetamponentre
Saharaalgérienet sur le réseau
A la veille des menacesfrançaisessur le
et le sudalgérienpar le biais desoasisde
caravanierreliant Ghademes,Méd;i";, i.iU" à
n'ajamaisnié sonappartenance
GabèsNeffazoua,Djérid, El Oued.ô.ttl confédération pas I'envoide
deTunislorsqu'ilsn'évoquent
la régencede TrÉs,-son allégean* ;;L;ys
missionspour la fiscalité répressive'

Cettemenacedesbeysnelaissaitauxtribusd'autresrecoursquel'insurrection.
werghemmaet pour la régencede
A cet égard,le XIXème siècle fut pour les
Tunis,le siècledescatastroPhes'
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 89
Cas de la Jefara tuniso-lybienne1837-1956

Les beys,de leur côté, s'étaienttransformésprogessivementen "rois demandeurs


I'impôts"ou "rois fainéants"105et se voyaientmis sousfutelle par une camarielle106
composéede mamelouksforce apparentemaisdéguiséede la dynastiebeylicaleet dont la
légitimitéétaitincontestable.

La Jeffaratunisiennejusque là épargnéepar la pénétrationextérieurebeylicale


européenne,et othmane, a connu les débuts d'une réelle ouverture sur le monde
méditerranéenpendant les quelquesdécenniesqui précédentI'occupationfrançaisede
I'Algérie,et du protectoratfrançaisen TunisieavecI'unionet la confedération
desnoujoou,
ensemble deNajaâ.

Avec ce contratsocio-économique et politiqueet cetteorganisation


au seindu pacte
El Foudhoul, des vertueux la Jeffara montre une timide intégration dans une ère
sacréeet codifiée, légitiméepar tous les miaâdsdesdeux forcesde frappe
d'organisation
desWerghemmaqui sontles Touazineet lesKhezours.

Cetteintégrationtimide maisprogressivea par conséquent unepremièreassisedans


l'économiemonétairepar le biais des échangeset du modede vie hiérarchiséet organisé
dansun pactepour la premièrefois écrit bouleversant tous les tabouset les mythesde la
sociététribaleayantI'oralitécommebasedetoutecommunication ou échange.

Il està signalerque les momentsrelatifsà I'histoirede cetteconfedérationen dehors


de ce pactenousoblige à mentionnerla totalitédesfondateursde cet Etattamponentrela
régencede Tunis et la Tripolitainece sont (lesTouazinefils de I'aileverteles Ouderna,les
Accara,et leskhzours....).

Nous citeronsplus tard les autrespactes(Ahlafs)et leursspécificitésdansles zones


et d'influencede la confédérationdesWerghemma.
d'expansions

L'importancede I'institutiondu pacteestavant-gardiste par rapportà la situationpré


du pouvoir central
institutionnellede la confédérationet la situationdu vide et à I'absence
beylicalsuiteaux conditionssu-indiquées.

Le pacte sauvegardecette indépendance tribale vis-à-vis du pouvoir central qui


empêcheaux yeux de ces tribus I'interventionde tout pouvoir étrangerd'outre mer,
Français,
Espagnol, Italien,Turque.

Le retour d'une consciencecollectivecette fois ci écrite et sacréeà I'intérieurdu


territoiretribal une situationtrès pertinente,ce passage
de I'intérêtdu membrede la tribu à
I'intérêtdu werghemmi.

Le conçussocial qui extérioriseI'importanceet le consentement du miaâd de la


tribu vis-à-visdesautrestribus alliées de parentéou lointaines,a engendréla créationde

rlvlustapha Krai'em: la Tunisie précolonialetome I (STD) 1973: la faiblessede I'institutionbeylicaleau


XIXèmesiècle,p.9l
t06Camarielle: ensemblede personned'originemamelouks qui exercentunegrandeinfluencesouventocculte
surteschefshiérarchiques et sur les beys.
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride:
90
Cas de la Jefara tunisoJybienr" 18i7- 1956

,,kanounchartia" et de "cheikh chartia"c'està dire pour la premièrefois dans le monde


nomade,semi-nomadeet tribal on penseà la nécessité de créerI'ensemble de conditionsoù
tous les membres (notables,
la tribu s'imposaità elle même,et qui avaitforcede loi et dont
pauvresetc...)acceptaient I'adoption.

et
La créationde la chargedu cheikhchartiapour faire appliquerce nouveaucode,
(assembléede la tribu puis
les articlesdu pacte,elle fut confiéeà un hommequele miaâd
I'ensemble destribus)ou assemblée desnotablesle choisissait'

le
En terrede I'Islam,I'Imamestchoisiparmilesfidèles,on choisitsouventl'élite,
le
sage,qui connaisle Coranet le fikh (le récit du prophète),là aussidanscescirconstances
des membres
choix se fait en tenant compte de ces critèresavec souventla richesse
notablesde I'assemblée ou miaâd,un grandchangement qui touchelesrelationsextérieures
tribalessanspour autanttoucherlesallianceset la filiation au seinde la tribu.

L'image d'un systèmesegmentaire aux unitéssolidaireset rivalesest revendiquée


et mon frère
par le droit côutumierdestribus nomadesarabes"moi contremon frère,moi
contremon cousin,moi et mon cousincontrel'étranger"'
et
A traverscetterevendicationqui demeureavecune timide reproductionsociale
unedynamiquesocialequi s'élargitdansla formeet le fond.
et
On voit commentla reproductionde groupese fait par un processusd'ouverture
de tout modèlede
d,intégrationdansun espacerêgionallié à un espaceintemational,loin
sociétéfigéeet fermée.
cadre
Les chapitresdu pacte d'El Foudhoul,des vertueuxparlentau début d'un
premièrepriorité la
institutionnelécrit et signé par tous les partenairesqui donneen
défensede la tribu et dela confédération,le pactedisaitquetout hommeen état de porter
par un
les armesdoit concourirà la défensede la tribu égalementI'auteurd'uneagression
sabreà l'égardde sonfrèrewerghemmiestpuni de dix brebis.
qui prouve
Tous les articlesparlentde werghemmiet non d'individud'unetribu. Ce
d'unepart et les
que le pacte,bien qu'il soit signépar les Touazineet trois de leursalliés
au seinde
deuxmiaâdskhzours de*ararzarl Houuyud'autrepart,touchetout werghemmi
les Accaraet les
toutes les tribus Werghemma,c'est à dire les Touazine,les Oudema,
khzours,en d,autresi.*., toute la sociétéjeffarienneoccidentaledu satraraalgérien,
jusquà ia côteméditerranéenne, et de la Tripolitainejusqu'àI'Aradh'

1.3-Les Interprétationsde la Législationdu Pacted'EI Foudhoul


ttdesVertueuxtt

pendantcette phasenomadeou anté-coloniale,.une périodequi s'étendaitdepuis


l,invasionhilalienne siècle"jusquà la fin du xl*tt siècle,les tribus nomadesde la
urt1e'e
les Matmataet la
confedérationdes werghemmavivaientsur les parcourslocalisésentre
côte,I'ouedZeusset I'Aradhet la Tripolitaine'
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 9l
Cas de Ia Jefara tuniso-lybienne i,837-i,956

Ellespratiquaientun élevageextensifde brebis,de chèvreset de chameaux,avecla


propriétédu cheval pour monture et les déplacements et une inséparablelogistiqueen
tempsde guerre ou de paix au sein de la Jeffaraoccidentale,connuesous plusieurs
'Werghemma
appellations"watan" (patrie), "Barr" Werghemmac'est-à-direla terre des
Werghemma, en arabelittéraire "El Barr Wa El Bahr" la terreet la mer,également"Bilad"
Werghemma paysdesV/erghemmalo7.

Cetteconfédérationde plus de 21000habitantsen 1837démographiquementplus


importanteque Arch El Hamama(centrede la Tunisie Gamouda,Sidi Bouzid), que les
BeniZid (El Hammade Gabès)et Ben Yaakoub(à I'ouestde la régence)

Ces tribus suivaientla pluie et se déplaçaientsur I'ensemble


de la plaine ; elles
n'avaientpas ainsi de territoire fixe. Les tribus montagnardes,
par contre, sédentaires
occupantdesksour fortifiés et pratiquaientune aridoculturebaséesur la valorisationdes
eauxderuissellement.

Les rapports sociaux entre les nomadeset les sédentairesétaientbaséssur des


alliancesde sécurité : la protection de chaquetribu sédentaire
contreles Razziaset le
pillageétaitassuréepar unetribu nomadeloe.

Les sourceshistoriquess'accordenten mêmetempsà dire quecetterégiona de tout


tempsété une zone de peuplementet de passagefaisantde la Jeffaraune pièce maîtresse
dansle jeu internationalde rivalités et d'influencesentrelesbeysde la régencede Tunis,la
France,les othomansde la Tripolitaine, I'Angleterre,I'Espagne, et plus tard I'Italie, par
pacted'alliance,confrérieset groupestribaux "confédération" interposés,aussibien sur la
plainedu littoralquedanslesprofondeurs sahariennesll0.

Cesrivalités et ces influencesviennentde cetterencontredu paysdeswerghemma


entrela mer et le continentafricain (commercecaravanier)et entrele nord et I'extrêmesud
et I'orient.

totAndréMartel(1965): Lesconfinssaharotripolitainsde la Tunisie(l8l l-l9l l).


'o' ABAAB. Ali (1981) : Aridité et transformation socio-économiques dansle sudde la Jeffaratunisienne
I R A , 3 7P
- Bou HaouacheT. (1983) : Les incidencesdes phénomènes migratoiresdans le sud tunisienuniv.
Montpellier 169p.
- Khatteli.H. (1981): Recherches dansla Jeffara(Tunisie)IR, 218p
sur la désertification
- Talbi M. (1983): La désertification en Tunisiedu sud-estles changements dansles modesde vie et leur
conséquences sur l'environnementaride.IRA, l7 p.
"o AndréMartel: lesconfinssaharotripolitainsde la Tunisiel88l-l9l I P.U.F1965.
- IbnAbi DinarEl Kairaouani: Al munisFi akhbarIFzuQYIAwa TUNISenarabeTunis,1967.
Ibnabi Dhiaf:EthafAhl AzzamanTunis8 volumes.1963
LouisA. (1979)nomadesd'hieret d'aujourd'hui dansle sudtunisien. Ed sud1979.334p
MZABI. H. (1988) géographie
: La Tunisiedu sud-est, d'unerégionfragile,marginaleet dépendanteUnvi. de
TunistomeII. 941p
NASAR.N. (1993) : Organisations spatialeset agrairesen milieu arideUni. PaulValery.MontpellierIII
1993.217p thèsede doct.
^'
Les mutationssocio-spatiates "
;:',::'r": i,î:::',r;i::;y,:;;fÏ;t;;"

sources rapportent qu'exceptées certainescourtespériodesde I'histoire


Les mêmes et les
un certain équitibreentre le milieu
(occupationromai;î111s.,iit _n'aliennes),
Werghemma semblaitêtrerespecté'
originairesd'aurgnaî'nu"î ftt
qui
pacte d'el Foudhoul des vertueux vient unepériodehistoriqueen (1837)
Avec le de vie et
par un passage de l,orarité-à l,écrituresuiteà r'évolutiondu mode
se caractérise et culturelles
t *rrorrnutionr socio-économiques
d,utilisation de l,espace. ces les espacesde la
trois phases clés et ,oni-à un. grandeimportancedans
reconnaissent
:
Jeffaratuniso-tripolitaineà savoir
-Unept,u,.,,o*adeoud,équilibrejusqu,àl'année1830-1837I'arrivéedessociétés
Ouco.11iÏ:,:ïuu*ier saharienGhat' Soudan'
étrangèreset changementdes itinéraires
à sensuniqueJerba'Tripoli' Ghdames'
Ghdames,Médenine,Gabèspaf un-commerce de désequilibreavec la colonisationet
_ une pil; ,"tni no*uo. àu début
aun, r" l.ffara occidËntare et dans tout le sud de la
l,institution au tenitoire militaire jusqu'àla côte
jusqu'àr"itip"ii'"ine' et du Sahara(Remada)
régenceae t'naralt,-iôaucO
exceptée l'hommejeffarienà
fi:iî*:'3;dentaire ou de rupturetotaledesrèglesqui lient
sonenvironnement'

1.4-LectureduPacte,,d,EIFoudhoul'desvertueuxvaleursetattitudes
du mondenomade
de
et de circonscrireun certainnombre
Nous essaieronsici de faire une lecture
traitscaractéristiquesdelaviea.,no*uaesdelaplainedelaJeffaraetdeleursalliésdela
montagne.

E n e ffe t,p o u rl a p re mi èr efoisunepr isede.conscienceetuneallian


des Houaya avec les différentes c eentr el es
et t., ,nffirutar, la tribu
Touazine,les Hararzas
fractions.

plus pertinent c'est l'acte écrit "la hijjalr2'lsedit de tout contratou témoignage;
Le 'nijju" Je liÛérationd'unesclavepar sonpropriétaireet
il y a plusieursobjets d-.."hrjl.u",fu les tribus
à la ,,milkia ; il est a ffio q-1r.dansles tenitoiresde la Jeffara
son accession appartenant
pour l'héritage des esclaves ;t qui expliqueles populationsnoires
optent cette
et leurs posserrion,
"#;,
à. tfnes et de cheptelei diolivier ou de palmier'
à chaquetribu estpartagéepar
se remarque en plaine dans les oasiset tn tontugnt ; la propriété
attitude y compris les
respecteles membrésde là famille
les notablespar l'héritage ou on intégréeschez
des anciens -ari' ou femelles; ces traditions sont
descendants "r.luur,

Médenine
Médenine aurghamma;'
ancien
ancien p"uri'"i"") YÎl];*-t:î'"t1*"''::1}'"""ora,
(EnpuDlrcatt"'11
uurer,àl'toiib,, "-',1]-';Ï""ï;,";;i;." oupactes
ou
1".accords (orales
pactes clôturés
clôturés
orales
plusieurs, elleremplaceles
,,, Hriia: contratécritentreàeuxpartenaires.ou et ventesdebiensdeterre
ôr'-, it y. pË;;:;idât niiid pourlesachats
ler familles
oar le
la,,fatiha,' ".rï.,-a" ;';ilé*i;;'i ttËet'it pourlibérerun esclave'les
Lt de cheptel,it y a la Hijja AeJnfrf.Q il ;-"Htjja" à Jerba'etGabès anciens monopoles (souks)
*ATIKH" proviennent i"iï,. dè liberation sang surlesfrontières(STD
acte.iil;d tfiorramea (1976): Du
setrouvece genre decontrat ou
d,esclave
(2.tomes) srD. univ.deTunis
]tJl}"o" Kraiem(1973): LaTunisieprécoroniale STD'
8 volumes
- lbnAbiDhiaf(1963)tÉttufnftt eraamanTunis
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 93
Casde Ia Jeffaratuniso-lvbienne
1837-l 956

les ourouchset les tribus de la Jeffaratuniso-tripolitaine.La 'hijja" du Miaâd de tribu, à


titre indicatif; nous présentonsavecdétailsle miaâddesTouazine,le Miaâd desHararza.
On a essayéd'expliqueret de traduireci-dessusles articlesdu pacted'el Foudhoulsignéen
1837.

Il està remarquerque malgréles anciennes rivalitésentrelestribus frèresennemies


commeles Touazinede la Jeffaratunisienneet lesNoailsde la Jeffaralibyenne,il y a une
règle respectéepar les deux parties ; c'est I'héritageet le managedu citoyen "Gharib"
étrangerse trouvant dans le territoire inverse.Nous remarquonsI'effectif importantdes
tripolitainsintégréspar respectde cetteanciennerègleet attitude.Egalementnoustrouvons
desTouazineet desWerghemmaen Tripolitainequi s'intègrent à la populationautochtone.

Le pacte d'El Foudhoul vient à une époqueoù la Jeffaraet la confédérationdes


Werghemma assisteau lendemainde 1815à unevéritableoffensiveimpérialistemenéepar
lespaysde I'Europeoccidentaleet ayantpour objectifs,I'annexionpolitiqueet économique
et mêmeculturelle des pays arabo-musulmans commepremièreétapede ce partagedu
monde.

Cetteoffensiveimpérialisteprit bien entendudesmodalitéset desformesdiverses.

Cettepolitique de la "canonnière"marqueI'inauguration
de l'ère des traitésdes
pacteset destraitésinégaux.

Déjà en 1816 devant la puissancede feu de la flotte britarurique,les pays dits


acceptentla fin de la courseet la prohibitionde I'esclavage
barbaresques, desblancsl13

Lestraitésde 1824et de 1830jusqu'autraitéduprotectorat en l88l consacrèrent


le
triomphede I'influencede I'Europellaet ouvrirentla Tunisieà I'exploitationéconomique
à une véritablecolonisation,qui donnanaissance
aboutissant aux colonieseuropéennes.

C'est à cette époqueque se déclenchela prise de consciencedes tribus du sud


tunisienavecquatrepactesd'alliancesintertribalesdontle premierétaiten 1837en pleine
Jeffaracelui de la confédérationdes V/erghemmaavant-gardiste de 20 ans du pactede
"Ahd El Amen" pactede la paix de kheiriddineen 1857-1274 H., de 26 ansdu pactedes
krachouadansla régionde Tataouine(au seinde Werghemma) 1863-1280H., de 38 ans
du pactede Haddejedansla régionde Matmata1875-1292H et de45 ansdu pacte"Hilf El
Aachèche"tribus d'origineTripolitainedansla régionde Sfax 1882-1299H.

Justeavant 1830 à l'égal desautochtones,


les étrangersobtenaient,désormais,des
privilègesqui faisaientdeuxdeségaux,mieuxprotégés,desindigènes.

"' MustaphaKraiem(1973): La Tunisieprécoloniale(2.tomes)


STD.Univ. de Tunis
"n Ibn AbiDhiaf (1963): EthafAhl EzzamanTunis
: 8 volumes
STD.
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride:
94
Cas de la Jeffara tuniso'lybienne I 837-I 956

C'est le début de la pacificationéconomiquedonnant aux étrangerstous les


mais surtoutplus riches,devantla faiblesse
avantages; ils deviennentplus entreprenants
et les
des beys et les guelres d'usurepour le pouvoir entre la sublimeporte othomane
wilayasturcsdansles provincesothomanes'

progressive
Les beyschoisissentI'indépendance de la hiérarchieturquepourtomber
relations
sousla menaced'autresempiresôo-tn. ç'a étéexpliquéci-dessusà proposdes
de en
I'Algérie, 1830.
amicalesdesbeysde Tunisàvecla Francelorsde la colonisation

Les commerçantseuropéens annexèrentles activitéséconomiqueset contrôlèrentle


commercecaravanierde retouravecun financement deseuropéens,ils contrôlenttoutesles
du payslls.
ressources

La conséquence fut bien sûr l'appauvrissementgénéralde toutesles classessociales


autochtones et la ruine d'unecivilisationet un modede vie équilibréet qui se révoltecontre
pasdureravec
unesituationconsidéréedéjàcommeuneformede colonisationqui ne doit
Les tribus
l,empire othoman et leurs beys appartenantà un royaumeen décadence'
incorrects
pratiquaientune certaineforme dejustice ; ellespunissaientles auteursd'actes
et la chariâa,la loi musulmane'
iou pecnes)en appliquantleur droit coutumier

L'accordentreles tribusde la plaineet de la Tripolitaineaveccellesdesmontagnes


et surtout entre les différents miaâàs"assemblées de notablesdes tribus", miaâd des
de défensede
Touazine,des Hararzaet desHouayaconstituaI'ossaturede I'axe ou front
et I'Aaradh
toutela Jeffarade la montagnedesMatmatajusqu'àla côte,et de I'ouedZeus
(Gabès)jusqu'àla Tripolitaùe ils étaienttousd'accordet responsables de tout ce qui les
dansleurs affairescourantes quotidiennes, et dansI'ensemble
et coutumières,
concernaient,
de leursintérêtsà l'égardde tout agresseur destribuscitéesà l'égardde tout responsable
une coutumière
d,acteincorrectou un-péché.Ici il iaut signalerqu'il y a deuxdimensions
et la législation
des affaires quotidienneset une relativeà la chariaâ,les principes
coranique.
titre
Il est à signalerque tous les articlessontmodéréspar rapportà la.chariâa: à
jugement justifié et nonle
d,exemplela vengean".(kururr. en arabec'estI'applicationd'un
,,thaer,,
qui veut àire vengeance) n'estplus la règleentretoutescestribus bien au contraire
au citoyen
on purré du citoyen de la tribu ou membrede la famille noyau de la tribu
,,werghemmi"mémbre de cette confédérationde tribus où aprèssignature pactedes
du
Le pouvoir
vertueux"El Foudhoul" devientcitoyen avec des droits et des obligations.
par chaquetribus" qui à
législatifappartientaux notablesles cireihtrsdu miaâd"assemblée
,o-nto* .trôirit le cheikh chartiaou responsable de la policelocalequi représenteavecses
passagede I'individu
agents le pouvoir exécutif. C'est unô véritable révolution. Ce
werghemmi
aipartenanià une tribu de la montagne,de la plaineou de la côte citoyen
au
pacte dont les
uppun"n*t à la confédérationdesWerghemmaet régi par un statut ou

politaine'Ed' TiersMondeTunis1987'
de la guenesainteà la guerrejuste'
Les mutqtions socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 95
Cas de la Jefara tuniso-lybiennei,837-i,956

chapitreset les articlessont respectés


par I'ensemble
des tribus de la Tripolitaineà la
montagne.

Nous citonsici la dernièrephrasedu pacteavantle passage aux articles: "ils étaient


tous d'accord,responsables sur tout ce qui les concernentdansleurs affairescouranteset
coutumièreset I'ensemblede leurs intérêtsà l'égardde tout agresseurdes tribus citées...
aprèsavoireu I'accorddescheikhchartia...".

Les mots clés de ce pacte sont : le voleur, les camélidés,propriétaire,sang,


meurtrier,ghorfa,gardiendu ksar,tenteet kib (hutte),céréales(blé ou orge),dévaliserle
werghemmi,vol dansla cour de la bergerie,fuite avecla femmed'autrui,doubleamende
dont la deuxièmes'appellekafara c'est à dire un jugementsévèrepour ne pas refairece
genred'acteincorrect,dommageau ksar,El Hamzateson a pastrouvéI'explicationexacte
d'el Hamzates(les tù/erghemmaTouazinesont appelésEl Hamzates,des vieux disentles
tribusdescamélidés,"Ahla Harakaet Barka" c'està dire Arch ensemblede tribus connues
par la mobilitéet le déplacementet la défensedesterritoireset le soutiendesfaiblesa.dElt
et de barka,actionsdesvertueusesqui ne sortentjamaisde la coutumeet de la législation
de la charia coranique),agresseurcoup de pierre, de bâton,ce qui tire sur son frère
werghemmi,se préparerà tirer, cavalier,mauvaisemonture,cheval,pâturage,pâturedes
céréales,diya "prix du sang",brebis,ryal "unitéde monnaie"chèvre,ourouchs"ensemble
de tribus" cheikhchartia,les charttias,fusil, carabine,amende,saâorgeunité de mesurede
I'orge.

Nous expliquons les interprétations socio-économiqueset culturelles de


I'applicationsurtoutdu décretde I'ensembledesarticlesde ce pacte,premierpacte" hilf "
danscespopulationsnomadeset sédentaires.

L'importancequi découlede ces articlesc'estde rétablirla paix et la vie normale


danscesespaceset entretous les membres,citoyenswerghemmis. Nous analysousarticle
par articlece nouveaucode et cettenouvellelégislationinstituéepour être appliquéesans
distinctionsur tout le mondedesWerghemmaqui ont signéce "hilf " pacteet dont le nom
d'El Foudhouldesvertueuxn'estpasétrangeraux principeset idéauxdesarticles,c'estle
paysdeschameauxet des chevaux,desélevageset despâturages et des ksarsforméspar
lesmaisousou cellulesappelées ghorfas.

Le ler article parle du vol descamélidés; si le voleuresttué par le propriétairede


la bête,sonsangn'estpas payé; c'estuneincitationaurespectdela propriétédesautres.

Le voleur du ghorfadansle ksar s'il esttué par le propriétaireou le gardiendu ksar


son sangn'estpaspayépar le meurtrier;ce ksar estunevéritablebanque"c'estle grenier"
où touteststocké.

Egalementle voleur de la tente,I'agresseur sil est tué, le propriétaireou meurtrier


ne payepasle sangdu voleur;également le voleurdescéréales, blé ou orge...s'il esttué le
propriétairene payepasla "diya" du sangou prix du sang.

L'ensembledes tribus, si ellessont agresséesdansdesbiens,cheptelou autre,si


esttué,ils payenttousensemble
I'agresseur la diya(prix du sang).
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 96
Cas de la tuniso-lybienneI I 37' I 956

Si un werghemmifrappesonfrèrewerghemmiavecun coupd'épéeil estsanctionné


parI'abatde dix brebis.
par le cheikhchartia
Si quelqu'uns'enfuitavecla femmed'autruiil serasanctionné
paruneumènd"de centryalsplusdix brebisou centryals "kaffara"amendelourde.

Nous verrons dans le "kanoun chartia" loi ou législationchartia qu'il y a une


différencede la sanction d'un agresseurà l'égard d'une femme selon s'il s'agit d'une
agressionpendantlajournéeou pendantla nuit'

En effet, I'amendecontre I'agresseurde jour est très élevée,elle est lourde.Le


,,kanounchartia"et la sociétéWerghemmaconsidèrentque pendantle jour la femmedoit
sortiret doit travaillerlibrementet touteagressiondansce casestlourdementsanctionnée.
puisqu'unefemmene doit passortir
euant à I'agresseurde nuit I'amendeest moinslourde
là nuit et qùelle estprotégéepar safamille tantqu'ellene sortpasde sondomicile.

Le " kanounchartia"respectela femmejeffariennece qui impliquesonrôle dansla


vie quotidiennedesWerghemma.

EgalementI'atteinteau droit de I'autreet à salibertéou à sapersonnequi frappeson


frèrewerlhemmi avec un coup de pierre ou de bâton,est sanctionnée par I'abatde deux
brebis.

Celui qui tire sur son frère werghemmiavecson fusil ou il se prépareà tirer sera
d'uneamendede dix brebis.
sanctionné

Le pactedans I'un des articles,parle de I'unionde toutesles tribus signatairesdu


pactesi quelqu'unse trouve au sein d'une famille devantune révolte de ses frèresou
article
membresde la famille ou de la tribu, les autresviennentpour son secours.Cet
consolidele pouvoirdesmiaâdset du cheikhchartiaet de sesagents,touteactionou affaire
la
doit passerpar le pouvoir exécutif qui s'occupede tout jugementmêm9 au sein de
'ikaffara" à
attendtout agresseur I'un desmembres de
familienuclèaire,une lourdeamende
par toutes autrestribus'
safamille, la victime estsoutenue les

Egalementcelui qui attaqueles chartiasou leur cheikh serasanctionnépar I'abat


d'unchaÀeau.Celui qui provoqueet détruitou causeun dommageau ksar desHamzates
(ksardes Werghemmà,Touazine)et les autrestribus signatairesserasanctionnépar une
amendesix brebiset six chèvres.
pas
Le cavalierqui estreconnuayantachetéunemauvaisemonture(chevalqui n'est
quatre
aptepour toute epoquede guerreou de paix), il est sanctionnéd'une arnendede
(cet
brebisdont deux'ront egotgéssur le champ,jusqu'àce qu'il ait changéson cheval
r16.
articleestillisible... dans-laJopied'origineaàpiesiauteurMohamedMarzougui)

MohamedMarzougui(19?3):" Combatcontrele protectorat"


Edt.STO,1973.
"Du sangsurlesfrontières"
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 97
Cqs de la tuniso-lybienne I 837-I 956

Le cheval qui se trouve en train de pâturerdescéréalesavecI'autorisationde son


propriétaires'il est tué par le propriétairedu champdecéréalesle meurtrierne payepas"la
diya"prix du sang.
Cet article montreI'importancedu chevaldanscettesociétécommeanimalsymbole
et commelogistiqueen tempsde paix et de guerre.Samort est comparéeà la mort d'un
homme.EgalementI'articlene négligepasI'importance de céréaleset destravauxagricoles
pourla productiondesculturesvivrières.

L'économiede la région était agro-pastoraledansI'ensemblesi on considèreque


I'activitépastoraledesnomadesétait dominante,connuepar "AHL EDHARA" les peuples
vivant desproduits laitiers, mais que son maintienétaitconditionnépar I'activitéagricole
dessédentairesdes bassinversantset des montagnesqui fournissaientaux nomadesune
partiede leurs besoinsalimentaires.Ces sédentaires sontconnuspar "AHL EZARA" les
peuplesdescéréaleset de la productionvégétaled'unemanière. générale.

A I'intérieurde cette confédérationdesWerghemm4le pacte "d'el Foudhouldes


vertueux"codifie les rapportsentre les differentsmembres"werghemmi"régispar I'esprit
de clan qui consistaiten I'adhésionde tous les membresdestribussignatairesdu pacteaux
choixet aux décisionstouchantle sort,le servicede I'organisationinterne,la défenseetc..
detout le groupesocial.

Tous les articlesde pactemontrentbien qu'il s'agissaitd'un systèmeautarciqueet


précaired'où la notion de guerre,de défense,de violencepour la subsistancemais se
caractérisant
par une remarquableadaptationaux exigenceset contraintesdu milieu aride
et deconditionsclimatiqueset édaphiques
diffrciles.

A causede la mobilité constantedel tribus, et I'absenced'entravesjuridiques ou


politiquesaux déplacementsdu "MarhoulrrllTcaravane c'està dire de I'hommeet de son
troupeau.

Les articlesdu pactementionnentsansambiguiléI'unionet I'allianceentreles tribus


par cette"Hûja, AKED" contrat.
concernées

Marhoul : vient du mot Rahala(voyageur),ensemblede chameauxchargésformantune caravaneou un


marhoul,généralement un marhoulgroupeplusieurs"beyts"ou tentes.
aw:ct:;l:::n:;:f:lîî6en nitieuaride: e8
mutations
Les cuttur.:l:e-:et
socio'spatiates,

CIIAPITRE II: DE L'ORGANISATION TRIBALE


AL'ORGANISATIONCOMMUNAUTAIRE

Lectureetinterprétationde,,Kanounchartia''législationetcoutumespourtoutesles
tribusdu sudde la régencede Tunis""'
1837par les miaâdsdesdifférentes
Le pacted'El Foudhouldesvertueuxconcluen
groupeles tribus ailiéesde la plainede la
tribus werghemma,une véritableconféderation
Jeffara,de la Tripolitaineet de la montagne'
pas chose facile si on connaît
Allier des nomadesavec des sédentairesn'est
jeffarienP-{ Tàuazine'la créationdesksoursà
l'historiquede l'occupationde l'espace les la guerred'usureavecles
Aurghammaet leur âéplacement i*q"t la Tripôlitainependant
deMédêninecontreI'ennemidestribusde
tribusde l,Est,sansnégligerla défensedesksoù
I'Ouest.
gfoupantles tribus montagnardes
Une allianceentreles Touazineet lesKhesoursl2o
de Beni Éaddlchel2t
desHouayaavecl'ensemblede fractionsJébalias
differentestribus de tout le miaâd
Nous remarquonsque ce pacteHilf' a cité les
pacte-p1 * verset de coran relatif à la
assembléedes hamzatesen commençantle
et éviter tout acte incorrect' demandela
demandede tout ce qui est vertueux.Ët to,.tt,
109et I l4)'
justice....JsLll i,o-,',jlJ dJJn.1+ ;'Il " (souratEli Omrane'
de basele "kanounchartia"
Il est à signalerque ce pacteprendcommeIéféfnce
Ia chariaa irt^',''-Llt
législation ,*, p.rar" d.'*. unedonnéede basequi est
"r.o.rrii",
4JlJitl législation coranique.

A l a f i n d e l , i n t r o d u c t i o n e t a v a n t d e p a s s e r a u x a r t i c l e s dchartia"
upacte''hilf'les
précisent la remarque suivante "après avoir eu I'accorddescheiks
signataires
(en annexe)'
Voir le texte originaldu pacteet la traductionen français

res du sudtunisien'

Kanoun chartiaRev.Tunisienne 1903' capitaledes


r,e AurEamma: cite romaineà HenchirGhathama à El Hezna Médenine,I'ancienne
et citesromainesallant de Jektisau
werghemma, formantun maillonde la chaîneoesùu* ûèsanciennes Fibuset citesdansle
solf de D€titsyrtejusquàRemada. BerkaouiÀùàrfttÀia, historien.in. les anciennes
lud nrnisien. Université duSudfacdeSfot' 1999 formantla
r2oKhezours: A. Martel nom des ribus werghemm-a dans la. Jeffaranrniso-tripolitaine
fou.'i*, desOuderna'et Accara'également il y a
confédération desWergtremma aute quefo noiffii.
(commeles maztouras,les rebaielaetc' "')' Voir
des tribus khezo'rs aû sein de NajaâOeforiuzine d'aprèsles archivesconsidère queles
classificationet hiérarchiedeswerghemma à.r r""ùine. A.Martel
Hrarza,les -g;Jdeskhezours' "
Houaya....sont auxhouaya'commela
r2rFractionjabalia A" f"adeche danslesmontagtes deMatnataappartiennent
faspectt*.uoliqut o-rttoe ôrtuq* P"il a unksarperché'surle montdes
tribudezammourconnuepar "r.ru,nârtour,rcurzarimour,rsar naregel Jemal(la gorgedu chameau) etc"' Voir
montagnes t su, louomà-,
cartedesksoursdeWerghemma'
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 99
Cas de la Jefra tuniso'lybienne I 837-I 956

Nous essayonsd'analyser ce "kanoun", cette législation qu'on peut la considérer


comme code civique et pénal pour organiser la vie quotidienne des tribus, tout en
signalant qu'il exiite en parallèle une législation islamique, coranique, la "chariaa"
q.ie ctraque tribu ou un ensemble de tribus désignent un cheillh "chartia" pour
la chariaa islamique, le "cadhi" peut être désignépar le pouvoir central du
"pptiq".i
bey à Tunis.

A la fin du XIXème siècle le "cadhi" de la région de Medenine Belgacem Ben


Jeballah hérite de son père (Mohamed Ben Jeballah) cette fonction en (itinérant-
pèlerin) c'est à dire il se déplaceavec les tribus'

Le monde nomadejeffarien est régi par "le cheikh chartia" le pouvoir exécutif
Orf'
du "Miaad assemblée,par le cheiktr El Orf' c'est la référencedes coutumes,"El
la coutume.

par le "cheikùr El Cadhi" représentantle pouvoir exécutif de la législation du


,,chariaâ" la législation Islamique se référant au Coran et à la "Sunna" "Hadith" la
paroledu Prophètel22.
pour
Nous passonsen revue une situation réelle de ces espaceset des hommes
'bheikh" Cadhi appartient à une hiérarchiedirigée par "cheikh E Islam"
dire que le
politique du bey
Bach-Mufti ou chef des Muftiâ Tunis ou de la sublimeporte selon la
et sa relation avec le pouvoir central Othomanen Turquie'
désignéspar les membresdes
euant aux "cheikh El Orf' et "cheikh chartia" sont
tribus iar I'intermédiaire de I'assembléeou "Miaad" au niveau de chaquetribu. Voir le
que I'original et la
t"*t" origit al et la traduction du < kanoun chartia > (annexe)ainsi
Houaya
iruào"tioî des miaâds des Touazine, des Haratza, des Oudema et des
(annexe).

2.1- Des témoignagessur la rupture et les relations avecle pouvoir central

sJ.rr ;sl r- fe+lt Cf.t.r'lF cA,J !+'-j


' t - JL ++rt+ll é-r îJtJl "+
éitl f.;,Jls lJ3rJl '3ilJ

Aujourd'hui mon malheur est immense


je me dirige à Dieu pour porter plainte de mes maux
L'étatet le pouvoir demeureau Turc
Aujourd'hui le pouvoir du "badiya" desnomadesest anéanti
Ali Ben Aleyar23.

'22 Edgard Weber (1985) : Maghreb arabeet occidentfrançais,ialons pour une reconnarssance
intercuiorellep, a5 Ès musulmans.Univ. de Toulousele mirail 1985'
A.Martel: lesôonfinssatraro-tripolitainesl88l-l9l I Paris1965
Nfuoougoi Mohamed : unebataillesur les frontières(STD 1976)
b"Àurfugio dit kaddour: législationet coutumesdèsberbères du sudtunisien"kanounchartia"revue
tunisienne1903.
il3 HufrruouiAmairia (1975) : la poésiepopulaireet la luttesocialeet patriotiquedansle sudtunisien'
EcoledesHautesEtudespour I'AnimationCulturelle'
Les mutations socio-spatiales, cuhurelles et aspectsanthropologiques en milieu aride i 100
Cas de la Jellara tuniso-lybienne I 837- I 956

cJ,r 4il-r çt+ll tl dd+J e-àlJ ç9t4 at -â


dil'rr-ll irbCl et+ dJ'l4r ç.æ i1,oi1LS lg$tr*;
cIJ È{+û+,iY ûrl-3 r!-r-Jl e ti..r-r-.,r.l( À
t+b iH sl-c'

Ce bey sonpouvoir a perduéquilibre


Sesactions et faits néfasteset catastrophiques
Il a vendu la patrie aux agents "caïds"
Se précipitent mais ils sont tous accablés
Aucun cheikh d'eux n'est arrivé à son but
Comme ça on a entendu parler les gens
Ali Ben Aleya

rGç *t i..ltl {JU ç13 ÉLeL' {*-lt.,l-e JiL+ çl+ll


,
qJ
i,-tdl{: J ":s \ .9.;ô srl3Jl Jt-i----lJl ô--hJJl sÀr,l
''' it à
iJJ$ (r'-"'iél JL-iÉJlàj|j-L.i
I Î .rJâ dSLf.l .'.r j 'l'Gll- - ,..-sll.,,.i-ll
c-lÀj! sl{-+J. I cJ eS fi-,Tl .Ë-JJ UÉll'J I ç.1-l.lte T
!t - tl3.-r-j-I. lu-a
a-;lgr--'a ê+ irrYJ e-l etir $p T
r-13-e .itsllg Jl#i 4+& c,lÊ-s
"Àrj-ll
I .rt . iF,/-

Le bey a opprimé la nation qui est presqueanéanti


Les âmes sont vendues aprèsavoir été lésé dans son capital
Il a offert la patrie aux koffars (aux hâtés)
Les musulmans bien soumis sousI'humiliation
On n'a pas de chance I'espacese rétrécit
humilié le sentiment du tunisien en plein désarroi
l'être vivant lésé sous un grand fardeau
en plein catastrophe injurié et opprimé
loin de la vertu et de la justice bafouée
après l'époque historique du prophète et de ses sahabas
nous y sommes dans une situation déroutéeet sans raison
voyons la levée de cet esprit personnene suit son périple
avec d'iturombrables témoignagesde mensonge
où est la raison, la perte de nos droits me tiens à coeur
Ali Ben AlaYa
(notre traduction)

Il faut remarquer sans doute la rupture presque totale entre Werghemma dans la
Jeffara et le pouvoir central avec ses institutions politiques beylicales, de plus le faible
développemênt de ses institutions politiques tribales au sein de la confédération des
V/erghemma.

La vie sociale reste simple, les questions à régler peu nombreuses gérées par
cette hiérarchie tribale très cohérente "miaad" assemblée, cheikh el orf' législation
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride:
l0l
Cas de la I 837-r956

coutumière,et cheikh "el cadhi" I'uniquejuge danslesaffairesde la chariaaislamique.

Le pouvoir rested'allurefamiliale,solidaireavecles autrestribus dansle cadredes


alliancessanséloignementde trois constantes le droit pénalet civique issu du pacteou de
"kanounchartia",les coutumessuccessorales qui évoluentsousI'influencede la religion et
le pouvoirde la "Jemaâ"ou le Miaâd.

Le cheikh du Miaâd ou assembléeest souventsoit I'hommede religion, soit un


notable,riche qui aprèsle pèlerinagede la MecqueintègreI'assemblée
généraledu groupe
ou d'un ensemblede tribus. Nous citons les cheikh de Miaâd suivants:les cheikhsàe
MiaâdWerghemma:

OuledHamed cheikhDhiabEzzaghdoudi
OuledOunallatr cheikhkhalifabenEttoumi r
Echougmen cheikhMabroukEl Orf
Mastoura cheikhBoukhallout
Ejjra cheikhMohamedEl Jerou
El kraynia cheikhsChibaniEl Kraini et HamedTlig
Enebayia cheikhZaiedErreguii
Médenine cheikhAmmarbenDhaouEl Gammoudi

Cettesituationrésultantde pratiquesjuridiquestrèsanciennesest maintenuepar le


"kanounchartia"qui veut dire stipulertelle ou telle chosecornmeclaused'uneconvention,
d'un pacteou "hilf' c'est I'ensembledes conditionsqu'unetribu ou ensemblede tribus,
confédération,s'imposaità elle mêmequi avaitforcedeloi et dontles membresacceptaient
I'adoptions'appela"kanounchartia".

PourI'applicationdu nouveaucode,la nouvelleconventionou "AKAD" contrat,on


crée la charge du "cheikh chartia" qui était confiée à un homme que le "Miaâd" ou
assemblée desnotablesde la tribu, choisissait.

Cettemission est donnéeà ce fonctionnaireet les trois ou quatreadjointsqu'on lui


donnait pour assurerI'exécution de ses décisionset qui pouvaientêtre révoquéspar
I'assemblée
desnotables.

Il faut préciserque d'après,les archivesl2oil n'existait,à une époqueindéterminée,


qu'un seul "kanoun chartia" pour toutesles tribus du sud de la régence,c'est à dire les
Touazine,lesOuderna,les Khzoursetc...

Avec le temps les contacts avec les voisins, les alliés ou non alliés peuvent
rapprocherla coutumequotidienneou la coutumede I'orthodoxiemusulmane.

Plusieurscritères entrent en jeu avec la présencede groupesminoritaireset la


vocationde certainesfractionsdansle commercecaravanier,ou par I'abondance de bétail
ou par la mobilité de transhumance,ou par des anciennesalliancesaveclesjebaliasou les

MariusBernardletémoignagesurlesanciensksoursdeMédenine,in'mèmesiècË
d'aprèsle témoignagede cinq voyageursmissionnaires
FethiLessirséminairedu l5/05/99Médenine.
,",*,,",,"^,",,,-,0",'"!;;";t';';'J;:,îi)ÏÏî
j,filliiÏi'frriliiii'^"'"""'0"
les Touazine s'intègrentdans des pactes
tripolitains, à titre d'exempleles Ouderneet part et d'autrepart
d,occupation d,espace pour pâturageet labour(céréalesorge et blé) de
avantl'institutionde la frontièrearbitrairede
desfrontièresvécuespar chaquetribu même
1910.
'racial'
respect d'attitudede certainsgroupements ou tribus connuespar un don
Le
dansla conduiteet l'élevagedestroupea:ux camelins,ou d'autresguerriersdisposantd'une
à caractèreneutremaraboutiques dont la
situationprépondérant.pi tu force,ou d'autres au milieu de
missionest le gardiennage desksours,le "kib" ou hutte du gardiensetrouve
(Marien
la cour devant h;;; principale les gardienskhamassas,porteurs de clés
par un sanctuaire ei unefamille pieusel25
Bernard),sontprotégéspar les autrestribuset

T ou sl e sg ro u p e se ttri b usdelaJeffar atr ouventauseindu' ' kanounc har ti a''l e


d'un
pù, àr, moins paisibledansces espaces aridesmais se caractérisant
garantdunevie
âode devie équilibréavecleur environnement'
d'El Foudhoulbien qu'ils ne
Les groupesminoritairessont respectéspar le pacte
de ce contrat'
soientpassignataires

Da n sce se sp a ce so ù h abiteunem osaiquedetr ibusci- dessuscitéedepui s c ec od


,,chartia,,
u ,uii'quelques modifications,certainsarticresont été retranchésparceque
de
d'autrepart destribus ont dû y
leur applicationne .ànuénuitpasà tel groupede fraction,
cas que I'on ne retrouvaitpas dans
ajouterdes articlesqui étaientne..srulir". po* des
d'autresrégions.
plus ancien-que ce pacted'el
Il s,estavéréque le texte de "kanounchartia" est
La traductionvient des renseignements
Foudhour et les autrespactesdu sud tunisien. 'oralité
bouchedesautochtones,I'actede ce "kanoun" appartientà l'èreoù
recueillisde la
estdominante.

L e p a c t e d , e l F o u d h o u l s e r é f e r e a n a c t e s d e s m i a â d s d eet tribusetau''kanoun
qui sont tous oraux, nous présentons I'acte du miaâdsdesTouazine desHaratza
chartia,,
q u i s o n t p a r u s e n d o c u m e n t s é c r i t s , l e p r e m i e r g l ! ' ?-? 1 i l . 1 81887
7 3 JJc)'
c ) eTons
t l e d ces
euxièmeen
- i. troisième-des ouderna(1302-1305 H 1884-
(131 H 1893 l; précisant
Miaâdsse référentet respectent le ,,kanounet l; cheikhchartia"et cesagentsen
et "ourouchs",(voir les détails de
le témoignagedesnotableset notairesde ces"Noujoou"
miaâds)se basentsur le respectde
ces actesécrits, textes originaux ef tiaduction lés
l'égarddesmembresdetribu
l,organisation de la vie q.rotidir*e et précisentles sanctionsà
attitudesdu groupe(annexe)'
qui tioublentl,ordrede la vie couranteet desvaleurset

5/99Médenine'
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 103
Cas de la Jefaro tuniso-lybienne 1837-1956

destrois pactesau seinde


2.2-Lamultiplicité deslecturesanthropologiques
la confédérationdes\Merghemma et dansdesespaceslimitrophesde la
Jeffara tuniso-triPolitaine

Dans une note écrite "moudaouna"i-i.9rr sur les tribus funisienneset leur
répartitionélaboréepar le secrétariatgénéraldu gouvemementtunisien beylical.D'après
cetteréférencela confédérationdesWerghemma sediviseen quatreensembles.

iP..llcl JJFII tuJrJrll ôltSe


ETTOUAZINE* EL KHOUZOUR* EL OUDARNA AKARA
Maztoura Elhararza OuledDebab
OuledKhalifa El houaya El amerna
OuledHamed Ghbenten Ezorgane
Enabaia Ghomrassen El hamidia
Aounie Ouledchihida
Eielalta
El Melalha
Ennabahna
El Karainia
Zliten

*tribussignataires
du pacted'el Foudhoulen 1837
in AndréMartellesconfinssaharotripolitains1881-19l5

Dansuneétudesur la révoltedesOudernaen l9l5 du Prof ManourBoulifa.


pervinquière BoutalebMohamedNejib "l'émigrationde la
(L) "le sudtunisien".et
tribude Werghemma à Tunis".

Cestrois références de Werghemmaqui vivait


parlentde la confédération
presqueen indépendance, ellesedivisaiten 1887en ourouchssuivantsou ensembles
detribus suivantes:
- Touazine - Oudema - Akara
- Jelidat - Jbalia 'Hararza

Quantaux Oudernails sedivisenten ouledSlim et ouledAbdelhamid


OuledSlim: OuledAbdelhamid:
- OuledDebab - El Amerna
- OuledChihida - El Karachoua+
- OuledEdaghaghra ' El Hmidia
- El Ababsa
- Ezourgane

. * Tribussignataires en 1280H - 1863


du pactesdeMiaâdEl Karachoua
culturelleseî aspectsantlropologiques en milieu aride :
Les tnutations socio-spatiales, 104
Cas de laJelfara tuniso-lybienneI8i7-1956

Matrnata de Ahl El Kalaa


euant au pacte de Miaad et ourouch Ahl Hadaj ce sont :
(forteresse),Ejababra,El Aydarsa,OuledZayed'

Il est utile de faire une comparaisoncritique de pacteEl Foudhoulavecles deux


autrespactesbien qu'ils ne sontpas décrétésen même temps mais dansune période
de trente huit ans, le pacte d'el Foudhoul étant avancé de 26 ans du pacte des
karachouaset de 38 ansdu pactede Haddaj.

Nous essayonsde permettre une lecture du social effectué non pas pal
le
référenceà des doctrinesou à des systèmesde valeur établis d'avance,mais dans
but d'atteindreun certainordrede réalité, discuterles contenus, interroger les formes,
révéler le sens. Surtout qu'on se trouve devant trois pactesexistantsdans un seul
espacegéographiqueet avecdes critèresdifferents dans les détails mais ne touchant
jamais î" ànâ ou le substratde cette chaîne de tribus ou confédérationqui tient
d'une
i'ensemble de la sociétédu sud de la régencede Tunis, sous une influence
le paysage' la èulture, I'hospitalité,la
identité collective jouant le fil conducteur,
de caractère I'indulgence, la
linerosite, la .lariesse, la libéralité, la noblesse
iragnanimil6 "Lt4-,J,Jt"la vertus.;iirll oÊ .r#$r dq+.vll" (Sourat Eli Omrane,
109-etI14, traductionJacques Berque,éditionsindbad,Paris,1990).

Deux exemplestrouvéscommedesmots de clés au sein de "kanounchartia"la


loi et la législationsacréeestrespectéepar I'ensembledestribus du sud de la régence,
égalemeniau sein de trois pactêsci-déssuscités avec bien entendudes spécificités
duesau statutet au mode devie du Miaâdsen question'

Déjà nous remarquonsau sein des ourouchesWerghemmales différencesde


modede vie, d'habitatei de cultureentreles nomadeset les sédentaireset cesattitudes
et critères se répercutentsur leur comportementet leur_réaction avec les tribus
voisineset alliéesou avecles tribus lointainesde I'estou de I'ouest'

dansleursksour et leursjessours,les
Les krachouaou krechaousont sédentaires
surles plateauxet montagnesde I'atlasou Matmata'
Matmatasse sédentarisent

Toutescesdonnéeshistoriqueset identitairesfont ressortirune liaison entreles


trois ensemblesmais la lecture de leur pacte respectif font ressortir des éléments
dans le
matériels et même visuels, ceux-ci soni repérablesà différents niveaux
contenudestrois Pactes.

2.3-LesCritères communsdestrois pactes

Ces trois pactess'occupentuniquementd'affairesintérieuresrelativesaux tribus


: c'est Ia
ou ourouches(ensemblede tribus) signatairesle mot d'ordre qui se répète
rénovationet I'organisationcohérentesousI'anglelégislatif et institutionnel.

Le choix desdifférentsarticles se regroupentdans les domainesvitatx touchant


sur les
le survie et la continuité et la solidarité de la tlbu, le mutisme et la taciturnité
pas dire leurs
affaires extérieures malgfé leurs importamcesstratégiques ne veut
différents groupes au sein de
marginalitésbien uo rooùuirc peut être les alliances des
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 105
Cas de Ia Jeffara I 837-I 956

la confédérationdes Werghemmademeurentdes paramètresvisant un équilibre socio-


économique et politiqueinaliénable.

La préoccupation et I'attentionprêtéesdesaffairescouranteset du quotidienvécuau


sein de chaqueunité socialeminimaledansle mondedesgroupements de tribus,ce retour
aux détailsquotidienspour unenouvelleorganisation respectant
le membrede la tribu dans
sesdroitset clarifiant les devoirsde chacun.

Cesaffairessoulèventlesquestionssuivantes:

- La révélation des problèmeset affaires d'ordre intérieur soulève une sorte


d'indépendancede ces groupesvis-à-visdu pouvoir central;cettedoctrineautonomistese
manifestedans les trois pactesavecdes aspectsindépendantiste, organisationnel,socio-
économiqueet politique.

- Le retour au quotidienet aux affairesintérieurescouîantesest tine preuvepour


consoliderle front et les relationsavecI'autreet surtoutavecle pouvoir centralbeylical,et
pluslointainI'avancée de la colonisationfrançaiseenAlgérie.

L'analyse des articlesdesdifférentspactes,nousamèneà penserque cesespaces


sontun lieu de sociabilitéet de conflits.

Les "Miaâds" cherchentdansle cadrede la sauvegarde dune institution commune


mais essayentd'améliorerou de modifier et d'ajouterles articlesnécessaires et adéquats
parallèlementà I'environnement
localet international.

C'estune sociétéou desgroupements de tribu ou confédération"qui n'ontpasd'Etat


ou qui n'ont pas développéI'institution politique spécialiséeet autonome"commedit
MondherKilani dans son introductionà I'anthropologiel26 mais nous croyonsque cette
sociétéest contre I'Etat commedisait PierreClastres,recherched'anthropologiepolitique
dans"la sociétécontrel'Etat"t?7bienqu'il s'agirad'unexempletrèslointain en Amèriqueda
Sudmaisil y a beaucoup de ressemblances.

Surtout le retour à I'identité liée à I'autonomieet à l'équilibre de la sociétéet


L'humanismedes relationssocio-économiques bien que l'économiedans ces espaces
paraisse
commel'échodu politique.

Cela apparaîtdansI'analysecomparative entrecesdiverspacteset cessociétés, il


s'estproduit un renversement dansla relation"c'està dire dansle sensde la relation"entre
I'infrastructure
et la superstructure.

Les traits de ressemblanceentreces trois pactes,au point de vue strucfural,nous


amènentà détecterune structureconstantequi paraitdans la formule qui précèdeles

I'Anthropologie?objetsintellectuels.
1994
r27- Clastres
Piene(1980): La sociétécontrel'état.Parised.de minuit 1974seuil.Castres(pierre)recherche
d'anthropologiepolitique,ParisEd. du seuil1980
- Levi Strauss
(claude)Anthropologie Parislib. plon. 1974
structurale,
""0''
'"""^r'"'t*';";';'!;:,îi)lf,îi,iil![i!i'f#1Ïiif'*""'
,"r^,,",,'^
et ces
des pactes; l'introductionpar " les louangesa Dieu qui répandesesgrâces
textes
bénédiction.,,r, ,on ;ôhil;t qu'1 tui accordele saintle pluscomplet"
À uttt
b,.t*i t'*S n+r,aS.li., ;." Ur+'.(,JeÀf ,f-S
la conclusionconstituentun autrepoint
Le classementdes articlesspécifiqueset de
qt" l'écrit se trouve détenupar les hommes
communentre ces textes,cela dénott presque la
le coran et resnotairesqui utilisent
religionqui apprenn; É coeuret écrivËnt et
pactesleur langages'éloignede I'arabelittéraire
mêmeformuleui.n qJa'i;époquede.ces
du pacteen question'
,.l"ppt*fte du dialectedu groupesignataire
C e c i p e u t ê t r e e x p l i q u é p a r l a v i e n o m a d e d e c e s p o p uet
lationsavecdespoints
stockage dans les ksour Ghomrassen' Gragar'Médenine Ben Gardenet
d'escaleet de
Ksal Jouamaa'ksar Hallouf etc" le
pour leurs alliés KËours, Médenine,Metameur,
c'està dire du dialectequotidien'
langagedesnotairessetuppto.tt" de I'oralité
Cetteattitudejointlesystèmeculturelquiadéfinilesarticlesdecespactesetletrrs
et le type de productionet le modede vie de
prioritésc,estle n..a* définissantlesbesoins
consommatzurtoumévers la compétition-
ces groupesse basantsur le refus du citoyen
distinction.

Unelogiquesocialetournéeversledésiretl'obligationdesedistingueràl'intérieur dansles
qui parait un fil conducteur
d'un système de valeurset de comportements "ottnt
référenceàia rerigion"charia"musurmane, émerge
elre
troispactes,à titre dexemptecette-
puttug.,Jhé.itug. ou d'alliance,deconvention'
danslesmomentsdifficilesde conflit ou J" législation
elle est sous-entendue jusqu'à ce qubn ,. a.-*ae pourquoi le droit et la
chartia"Sontdesréférences quotidiennes en tempsde
coutumièreou le "orf "alvec-"kanoun
paix ou de guerre,commentexpliquer?
pour réglementer la.vie quotidiennede
Le non recoursà la "chariaa"pure et dure d'un
à traversI'hittoitt et les générations
cesgroupes,cefi; aftitudeest-elletranscendante
d'applicationou non de la chariaa le et
siècleà l'autre pour arriver à cette Ji4tttiqut
recourstoutens,éloignantdeslieuxsaintsentempsetenespacedesloisetdeslégislation
bàsantsur là "orf " on coutumes'd'ailleurs
(droit coutumier)et l-oipositi," OrJ; Crti se
troisième sourceaprèsle Coran et la
le ,,fikh islamique" (urispruden". *.rrutmane) ltit'i
setiouve le "charaa" +JJ Àl tx +SJ
Sunna,nouscitons" là où il y a récon.iiiu,ion''El
loi de Dieu,,; il est à signalerque orf ''1acoutumeestl'unedessourcesou
*la
référencede la législation'
Ledroitpénaltribalestleplusatteintparlestransformationspolitiquesetsocio-
du généralou régional
économiques et iulturelles" qui sont alléesvers une centralisation
tribus' de cettefaçon;
versle local concernant le tenitoire d\rn on de plusieurs$oupesou la
passe d.-;d;; chartia" institution de tout le mondénomadetribal du sud de
on est
des tribus en alliancespolitiqueset de mêmes
régencede Tunis à des pactesgroupant
uttitud.r, guerrières, sédentaires' nomades'
constantjouant le dénominateur communC'estla
Avec cesattitudes,un phénomène
,,civilisationdu verbe",les nomadesou citadinsdanscesespaces sontmuetssur les choses
et la formationou l'électionet
essentielles,la sociétéassistes'encieusementà l'édification
choixd'uncheikh'
Lcs nrutdtionssocio'spotiales,,
culturelleset aspects(tnthropologiquesen milieu aride:
107
Cosde la Jcllara tuniso-ll.bienneIgJT-l9jè

Dans la mémoired'enfant, le nomadeou le sédentaire vient s'inscrire


avecle
temps,jour aprèsjour lesimages de sondestin; on le responsabilisetrèsjeune,avec
destâchesdifficilesl'abreuvement du cheptel,la conduiteèt la sauvegarde du cheptel,
le pâtura-eejusqu'àla prièrede "Acha"c'està dire au milieude la nuit deur
à rois
heuresaprèsle coucherdu soleil.Pendantle jour il fait trèschaud,il estdéconseillé
de fairepâturerles ovinset lescaprins,le pâturage jusqu'àla prière"d'ElAcha,,c,est
la tâchedes mâles.Les jeunes fillesn'ontpasle droit de s'éloigner destentes; leurs
tâchesse limitentà touslestravauxet obligations féminines.

L'éducationdes jeunesfilles est très subtile,habile et du domainede la


préciositéet le maniérismele plus expert,bien qu'ellesoit chargéede toutesles
missionslégèresou lourdesla nomadeou sédentaire lesdécouvre avecle tempspetit
à petit danscesespaces;I'important, ne doit pas se dire commepourles garçons,
l'apprentissage
estmuetsurleschoses primordiales pluspoussépourlesfillesversle
sensd'un savoirjamaisnomméclairement, jamaisexpliqué..

Elles sont toujoursprésentes à coté des mères,des grand-mères a!.ec une


assistance
silencieuse, qui nepanicipeà aucundébatduranrlejeuneâge.
un auditoire

Elles apprennent quela sensibilité desêuesse cachederrièrela barrièrede la


prudeur"rlsJl i.+.i-rJl.l" . En réalitéle mot en arabeveutdire beaucoup de choses
autourde la doctrinedu comportement et le sensest pllrs-large.Mme SophieCaratini
anthropologue parlede "cil'ilisation du verbe"en Islaml:sen réaliténouJvivonsdans
ces sociétémusulmanes plusieurscivilisationsà la fois, celle du verbe,celledu
"IHTICHAIVIEet HAYA" qui toucheles mâleset les femelles,lesjeuneset les
adultespuisqueI'occasionne nous pennet pas de s'étalerd'avantage dans cette
questionje me limiteà la citationdecepoème.
Lll3t--. çri1L+ çtlg.-i.-r çr..tL+ çt or+ u"j;.l i,Éôi.l
ce versde poésiedisair

Je baisselesyeuxchaque foisquema voisineapparaît


jusqu'àcequ'ellesedissimuleauseindesondomicile
AnterbenCheddad El Ebsi,
poètedela périodepré-islamique.

Ce vers montreà quel point la pudeurou "El Haya" touchepas mal d'aspects du
comportementnomadeet citadin,ici le comportement
à l'égardd'unevoisineoir tout
gestecompteénormément.

Toute cefte civilisationou multiplicité de civilisationtribale sont sous-


entendues dansle "kanounchartia"ou dansles articlesdestrois pactesanalysés et
comparés ; c'estla pertinence de cesgroupessociauxdanscesespaces jeffariensle
non-ditou le récitentreleslignes,c'estle fil conducteur decenecivilisation
polyvalentedont les prescriptions recouvrent tous les domainesde la vie socialeou
privée.

128
SophieCaratinieet ShanaRao(t993):tuloresques.
Edifral99i
Sophie
Caratini: lesenfantsdesnuages (1610- 1934)deschameliers
1992Ed.seuillesrgaybats à la
conquête
d'unterritoire.I989L'HARNITTAN.
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 108
Cas de la Jeffara tunisoJybienne I 837- I 9 56

Ce pouvoir du verbedont I'oralitéest le vecteurjusqu'àla fin du XIXèmesiècle,


d'ailleurs"kanounchartia"étaitunelégislationoralequi a ététranscritevers 1830.

Tout article de ces pacteset de ce kanounjoue son rôle bien qu'il soit difficile
parfoisd'avoirla "Hijja" originaledu contratou du pacte.

Cettesociétéguenièresetrouveen faced'unphénomène généraliséc'estceluide la


violencestructurellefondéesur une sociale
dynamique basée sur la violencec'està dire la
priseen comptesimultanéede sonoriginede sadestination,de sonidentitéet sonmodede
vie en mouvancepermanente.

C'estune attitudeguerrièrepleinede violence,est-elleI'héritièred'unetraditionou


au contrairesurtoutle produitde soneffacement?

Cette autarcieet cetteautogestionsont le surviede ces modeset de cesattitudes


identitairescollectives,porteusesde vecteursglobauxtouchanttoutesles massestribalesà
I'intérieurdesespaces ennemies
jeffarienset à I'extérieur,mêmelestribus et confédérations
des Werghemmade I'esten Tripolitaineou de I'ouestau centreet sud de la régencede
Tunis au de la des chututs"les chottset dépressions, continuitédu golf de Gabèsà
I'intérieurdu continentjusqu'à"Chott Djérid" mêmesces tribus possèdent presqueles
mêmesstatuts,exceptées lesrégions privilégiéesdu point de vue politique,
économique et
socialdansle Sahel,au Cap- Bon ou DakhletEl Mouawiynes,la régionde Tuniset la
bassevalléede la Medjerda,le nordouestBéja,danslesoasisdu sud-ouest; danstoutesces
régionsprévalent une vie sédentairestable,une économiedifférenciéeet des formes
d'appropriation du sol évoluées,
et d'exploitation dansceszonesla propriétéprivéesemble
derèglel2e.

Dansune lettredu RésidentgénéralPaulCambonadresséele23janvier I 886au


Ministre des Affaires Etrangères on lit; "on n'a pas I'intentionde gérerles
Françaises
ourouchsde (Werghemma) de la mêmefaçon que les habitantsdocilesde la régiondu
Sahelou la basseuâUe.de la Medjerda"l30

D'autrepart, I'envoyéspécialdu Journalda PatrieHumaine>envoyéauxrégionsdu


sudtunisien,Gérard deLagaze- Duthiersécrivaitdansle mêmecontexte"il estdifficile à
un visiteur d'entrerdansle territoiremilitaire du sud tunisienpas à causedeshandicaps
naturelset climatiquesmais à causedu rideau de fer pour ne pas divulguer ce que le
-sovietscentralestentrainde réaliser....jusqu'àtrouverqu'il estplusfaciled'allerchezles
pouvoir
(URSS)que de visitercesterritoiresmilitairesdu sudtunisien.... > il a étédifficile
d'entrerdansla Jeffaraoccidentaleà causede ce blocusimposépar les autoritésmilitaires
coloniales.

s dansla Tunisiedu XIX èmesiècles'


Rewe de I'Occidentmusulman et de la MéditenanéeNo 30 2è semestre1980,p 2l-55'
r3oLessirFethi(1998) : Lestribusde I'extrêmesudtunisiensousadministration militairefrançaisecasde la
confedérationdesWerghemma (1881 - 1939)Univ.de Tunis.Ed. Temimi 1998.
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: r09
Cas de la tuniso-lybienneI 837-I 956

Nous donnonscet aperçupour mettreenfin I'accentsur les territoiresdestribus


jeffariennes,de I'Aaradh,de Beni Zid, dans le Nefzaoua,les Oudernaoù les rapports
iociaux sebasentsur desidéauxet desconstantes identitairesdéjàcitésci-dessus.

Cette solidarité tribale joue à plein, se manifestedans les essaisunionistesqui


passentpar le "kanoun chartia"et les pactesdes differentsgroupeset ensembleà peine
hterér dansquelquescaspar I'influencebeylicaleothomaneou I'avancée de la colonisation
françaiseen Algérie, ou par I'ascension de certainespersonnalitésexploitantsouventleur
posiiion éminente,ou manipulépar le bey de Tunis pour enraciner leur politique de
;Muibu" impôt et autredanscesespaces loin de leurspouvoir,desbeysde la Tripolitaine
ou I'autoritéothomaneen LibYe.

Même dansces conditions,cestribus se structurent,s'organisent pour faire passer


I'orageen se tournantsur une alliancede groupesdesunspar rapportaux autresselondes
systJmesgénéalogiques tout à fait mythiquer3rqui partentdu nom de la tribu "fils de la
tiibu ou ôonfédéraiionde ..." c'est I'emblèmequi rassembletous les élémentsde la
,,chajara"I'arbregénéalogiquequi se trouvebien connueet conservéepar chaquefamille,
groupeou fraction.

C'estpour cela que noustrouvonsle chapitrepremierde "kanounchartia"intitulé


défensede la tribu uu.ô un premierarticle tout hommeen état de porter les armesdoit
concourirà la défensede la tribu.

Le deuxièmearticle tout hommequi possèdedeux chameaux,vingt cinq brebiset


dont la femmeporte sur elle un rethle(une liwe) de bijoux doit avoir un chevalc'estle
"fares"ou cavalier o"ltl

Le troisièmearticle tout hommequi ne possèdepas la fortuneénoncéeplus haut


ou piétonul-É
doit avoirun fusil, c'estle "telTas"

Une sociétéqui se prépareainsi c'estune sociétécontreI'Etat mais elle est aussi


premiers
contre la violence, tout le "kànounchartia" et nous venonsde citer les trois
avecles trois chapitres: défensede la tribu, prise
articlesc,estune sociétéavant-gardiste
d'armeso:u"îezzaà",crimeset délits.

Cettesociétéassureuneimmunisationintérieurepour l'équilibre,la continuitéet la


solidarité des membres,extérieurepar cette prise d'arme par tous les membresSans
exceptionsl32

Même avec une granderichessele sursisn'est pas accepté,pourquoila richesse


danscesespaces? puisquetoutela vie du nomadeou sédentaire au seinde cettesociétése
(demandez
basesur le Hadith àu prophèteMohamed"que le salutet la paix soientsur lui"
la mort. la vie vous seraofferte) ôt+tllé i+À-ÉÉCl lJ$hl'

nordafricaine? hommageà LucienFèbre'


(déjàcité).
'rt;Fi;,i"" Ët ,ou'*rn. des^berbères sudtunisien.Kanounchartia.revuetunisienne1903
du
en milieu aride : 110
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et asPectsanthropologiques
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

que nos
Cbrt ,.tt" tlréorie du monde nomadeau XVIII et )ilXè'" siècles
decettehistoriqueentitétribale.
sociétésont perdueaprèsle démantèlement
despoints dedifférenc€assez
Les articles dans les trois pactesreprésentent
et traduction)dansles
nette(voir res textes des 3 pactesen annexàcopiesoriginales
un exposé
pu"t.. de krachoua(Tataouine)et de Haddaj(Matmlta) nousremarquons
de ces pactes: ce sont les
desmotifs directseivitaux qui ont pousséà la conclusion les
et nous préférons
affaires courantesquotidiennes,quant aux rnotifs indirects
natureguerrièrede ces
nonunerpar des*oiif, de fond et de basequi se réfèrentà 1a
tribuset liur structureet hiérarchie"contreI'Etat"'
le ou pacte
Dans le contextede la déclarationdesmotifs noustrouvons "hilf' étaient
que les "
signataires
destribus de Haddaf(desvtatmata)fait allusionsur le fait
sont convenuespour la
d'accord sur ce O"i été dit ei commenta été dit se
" arboricultureet en cheptel
sauvegardede I'intèrêt devantI'importancedu dégât en
l" des tribus pour faire
etc.. et l,importanceàes altératlen5"ô.lt,'-J. sur Ès membres
de I'observationet le
respecterles usagesen cours et les avantagesqui résultent
respectde ce code.
de et des
Il est à signalerdansles articlesdes"hilfs" pactesI'absence "meurtre" plus
mais
de cet aspect
crimes dans les a"rr* fa"t"s les plus récentset là présence
accentuéedansle hilf desTouazineet Khzours le plus ancien'

indépendance du
Ce qui montre I'attitudedesdernièrestribus guerrièreset leur
d'unetrentaine
pouvoir centralpo"i get"t la vie quotidienne,d'autrèpart la différence
en jeu pour changerles
d'annéesentre les "Ahlefs" pactesen questionentre-t-il
?
variantshistoriquesou bousculerles invariantsanthropologiques
de vie malgré le
Mais nous signalonsla différencedes attitudeset de mode
facteur temps .t par I'absencede la "monnaie"dans le hilf des Touazineet
""Ëi pactesde Krachouaet
Khzourset son importanceet sa présencepériodiquedansles
quantaux autresle système
de Haddaj qui optânt pour les éciangespar la monnaie,
et leurs relations
d,échange(le troc) ,àUt. être géniralisedans leurs transactions et un facteur
important
socio-économiques,lup*otion i, 1a*o*aie est un indice
du mode de vie de ces
vecteur de conséq""nt.t dans la natureet la continuité
sociétés.

motifs ?
2.4- Pourquoi I'allianceet le hilf ou pacte? quelssont les
bien desmouvements
Le XIX siècle"sièclede fer pourla T'nisiel33vit exploser
est une réponse
paysans,des çoffs et des alliancesde toutes sortes, I'alliance
qui contaignent les tribus à
automatique et nahuelle aux violences structurelles
par sapropreconception'
I'obéissance

t33 Tunisie du XIX ème siècle'Revuede


Mohorrd Hédi Cherif : Les mouvementspaysansdansla
semeste'
I'Occidentmusulmanet de la Méditerranée1980N' 30 2ème
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : III
Cas de laJeffara tuniso'lybienne 1837-1956

Il est à remarquerque pour notre cas ce sont les "lieux d'enfermement"comme


disait Michel Foucault, < la Jeffara s'esttrouvée loin du pouvoir central un camp de
redressemententre les ennemisde I'est et de I'ouestoù la répartition de I'obligatoireet
de I'interdit était en fonction des attitudes et comportementsdes tribus Werghemma
enffe les turcs de la régencede Tunis et les tibus ennemiesdu centretunisien, et les
fl5cs de Tripoli et les tribus ennemiesde la Tripolitaine et le danger lointain de la
colonisationfrançaisesollicitéepar les beysde Tunis en 1830>.

Toutes ces attitudes fondéesavant tout sur un découpageminutieux de I'espace


pour verrouiller la mouvancedesWerghemma.

Nous comprenons,maintenant,ce mode de vie de ces espaceset les hommes


des marges, mais en margepar rapport à quoi ? Déjà ils représententune civilisation,
une identité , et une permanenceculturelle qui est celle de la littératureorale.

Ils se considèrent avec leur pyramide hiérarchisée leurs "miaâds", leurs


cheikhs, leurs moyens de communication,leurs valeurs identitaires un centre et non
une périphérie grâie à I'homogénéitéde I'ensembleet le déterminismenaturel ; et cela
offrË unà ingéniosité et une sagessede I'agronomieantique,de la vie autarcique,de la
culture la cohésionsocialeles terresde labourset les terresde parcours"tegliat el fas"
" cJ"LillAr+$it'ce que I'on défricheà coupsde pioche'

Les femrnes, les terres de labour, de parcours, les sourcesou points d'eau,le
ksar la zemLaetc...ce sont les sourcesprincipalesde la plupart des conflits entretibu
ou ensemblede tribus.

La notion ou le phénomène d'alliance "hilf' ou pacte se comprend par


I'intermédiairede la dialectiqueentre la paix et la guene.

Nous dirons que le mouvement de type "tazzia" qui figure au sein de <<kanoun
chartia" par gne réponseadéquateà ce phénomène c'est le premier chapite "défense
de la tribu" donc elle est devenueun élémentfamilial de la vie nomadeexigéeça et là
pour des raisonséconomiques,socialesou politiques.

Ces tribus aliénatairesdevantcette exigencedu destin aux rythmes des saisons,


entre la paix et la guerre, et I'attentede la pluie ce bien-fait de Dieu, le choix est
difficile il faut le diie ; il n'y a même pas de choix "du betceauà la tombe", la voie
est unique.

Les groupes et membres des tribus se livraient à une action armée selon
I'importanJe du mouvement et la nature des rapportsentre les membresengagésdans
I'action qui lui donnent sa spécificité d'où le recoursà I'alliance, aux "Ahlefs" pactes,
le XIXème siècle a été
çoffs dans un environnr-.nt local, régional et international,
ienile en pareils mouvementset de toutessortessuivant les critèresci-dessusadoptés,
les tribus et confédérationdu sud de la régenceet même de toute la Tunisie étaient
unanimesdevanttout envahisseurl3o bouleversantcette forte organisationtibale.

l3aA M*t"l : lesconfinssaharo-tripotitainsl88l-l9l I Paris1965


- A Ibn tbi Dhyaf : Ithaf Ahl Zamen.tomeV pp 126'127
dansle sudtunisienEdi' sud1979
- A Louis : lesnomadesd'hieret d'aujourd'hui
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: t12
Casde la Je/farotuniso-lybienr"!ll1!2!!

CHAPITRE III: LES \ilERGHBMMA DANSLEUR


MOUVANCE ET LEUR SEDENTARITE

3.1-Pérégrinationd'unesociétépastorale
leur patrieaveceux et qui sontdonctoujourschez
Avec les tribus qui transportent
eux.
à celles
Ibn Khaldounétait persuadéque leursvaleursmoralesétaientsupérieures
cettevie sédentaire
dessédentaires; de cettesociétéet de
marquele débutde la décadence
cemodedevie pastorale.

au seind'une organisationpolitiqueinterne
segmentaires
3.1.1-Systèmes

Les Werghemmaou I'ensembledesdescendantsdes "septfrères"si on adopteI'un


des scénariosde mythe de fondation,forment un Najaâ ou groupementde tribus
CelledesTouazineprésente
(confédération). un exempleou modèlede type classiquedes
systèmes ou groupes.
segmentaires

heureusement
Dansles manuscritsou "chajara"arbregénéalogique découvertchez
quelquesfamilles,nousavonstrouvédesinformationsdatéessur I'ancêtreéponymede la
"Khabila"tribut".

Notre chroniqueurHadj MohamedEl Houdheiricité ci-dessusse trouveparmi les


qu'il
personnesdétentricesde la "chajara"d'une grandepartie du Najaâ Touazinebien
utilisedeux scénariosde ce myth; d'origine: celui de la seguiaEl Hamraet oued Edhaheb
des
commepoint de départet sourced'origlnepuis dansune_époquerécentede I'histoire
à Ras Tabia
Werghemma,I'escaiedesV/ergh..*u à runis I'un des fondateurs"Touzni"
plus exactementcité Erroumana,par la suite des descendants de la tribu des Touazine,
demandaient les autoritésbeylicaleileurpart de la propriétédesancêtresà Tunisavantleur
déplacement à ksar Hamdounà Ghomrassen, puis à Médenineet à Ben Gardensuiteà la
les limites
conquêtedu territoire au delà de Bou Hamedet oued Fessipour s'arrêterdans
actu;llesde Chouchaet RasJediret lesSebkhasdu Moqtaâ'

ferdinandewaldIm jabre 1835Beit


Elhekmal99l Tunis'
;tegliat el fas,'A. Louis parlede la miseen culturedesespaces jeffariens,chaquetribu choisissaitun endroit
éclataitlorsqu'une
précÏsen we d'y semerde l'orgeet du blé, on procèdeau défrichementmanuel,un conflit
on appelaitla coupe de el fas"
broussailles."tegliat
tribu venaitlabourersur la terrl défrichéepar une aure,
de piochè.Chaque tribu a dansla mémoire des anciens,
ou gagnerdu terrainpour la miseen cultureà coups
dresséunecartedesendroitsqu'ellea défrichés.
if,iuf.r le Boeuf (1909) : Les confinsde la Tunisieet de la Tripolitaine (peuplementdes plainespar les
Werghemma),.26.
- Cofpolani,p.129:Arbre généalogique (chedjara)du chorfa'
- Cop'polani,p. tZt Confedération desWerghemma (lesdescendants de Ghamma)'
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 113
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

"Chajara" ou arbre généalogique


des\ilerghemma: casdesTouazine
Chérif IdrissiteMoussaBenAbdallah El Werghemmi
Ksar HamdounChomrassen
Ghomrassen Bouilida Houava Touazine Ghbenten Ouderna Tarhouna

Ouled Mahmoud Ouled Bouzid Khzours


OuledKhlifa OuledHamed Zliten Maztoura
Chougmen Errejeila Ezzeneifa Essekerfa
OuledHlel Zghadid El Greb OuledFradj
OuledZaied Kbairia El Aghoual ElKhecheira
Echeheb OuledSai'ed Errecheicha OuledSiHassen
Henchir Ezzeguerib Ellouafi Nejejea
ElMeayen Ezzebaida ElKrada Dehahsa
Essaket Touahria Ettieb OuledBettaieb
El Akrout Abchar ElBereigua Errouss(El kout)
Ethouamer OuledAmara Ejjeleida Erramma
Jaballah Boubnia ElHaraba
Ejjra ElGheraslia Berrechech Ouled Ounallah
Khoualdia Benajah Ennebehna OuledMoussa
Edhib ElAiissa Nefkha OuledBelgacem
OuledBrahim El Aghouaf ErAjir OuledAttia
OuledNeji ElAghouem Abcha ElAraara
El Krachid El Hentech Lechiheb OuledBesseoud
ElOummalich Eddabar Essaadaoui Hmaza
ElHallem Baar Esselmi ElHafi
Mars Hamed Zendah
Guerfel Neji Errayen
Dhifallah Chefroud
Ismail Chellouf
Ouaji Zarroug
Haddar El kraynia
ElAloui ElAraidha
Ettieb Echoueikha
Manita Echereiha
Gutet OuledRhouma
Jouili OuledYahya
ElGuerii Ethebbet
Bouabid El Mahadha
Enneb El Melalha
El Bergui Abaab
Hdiden Ejjanay
ElIchi Ejendli
Boudir Essid
Benajah Chouat
Elouerghemmi Ellehioui
ElMahmoudi Bedhiaf
ElMograhi
El Hadded

D'aprèsHaj Hédi Bouznif


et qspectsanthroPologiquesen milieu aride : 114
Lesmutationssocio-spatiales,cultwellæ
Cas de la Jeffara I 837'I 956
tuniso-lybienne

dességmentsde la hiérarchie
et nomenclature
3ffie
desWerghemmâ
khabail
- Werghemma forme un (Najaâ ê- ) groupement de tribus'
(confedération).
(c'Ê'* ' r'ÊJJ9)
- UnNajaâ est formé de plusieursArchs ou Ourouches
't.l i
frigs sing' firgha é>l ''
- Un Arch est formé de plusieurs

.Chaquefirghaestformé.tÉ.4jjdeplusieursLahmatsign.lahma.

.ChaquelahmaestforméparplusieursBeyoutssing.Beit(tente)

-ChaquebeitestformédeDtrrariououled(filsouenfantsde..)

Najaâ I(habila ilnt


Werghemma Confédération

Ourouches,Arch cigP ' tiP


Touazine
Frigh,Frigha éJr' UJI
OuledHamed
Lahmat, Lahma ls.J ' ÉrL' ' I
Kbairia
t:,l++
Beyout,Beit (tente)É41e
OuledMoussa
Dluari, Ouled,Fils de..'s!31'rti'J
Cheitdo/Gouider

on dirait un systèmede niveaux intégrés'


Dans cette suucturehiérarchisée
niveaux : arch' lahma'beyout
chaquemembre,. ,ito. par référenceaux différents
.t ... do plusrestreintaupluslarge'

Danscettesituationsetrouventàlafoisdeuxsenscomplémentaires:
- L'un vertical
- L'autrehorizontal

patrilinéaireen descendant du sommetde la


Dansle premierc'estla référence
pyramidegénéalogique-.t :n T:T"iil;t fissionsqui ont marquéà jamais la
Jt U tnetnèfaçonil estpossibledefaire
dispositionsocialeiJi" oiU":usqy'àtaUast;
le chemininverse tJ; oËtaïaseversle sommetdu pyramide'
";
Parfissionnousremarquonslerésultatd'unéclatementdug:ol|:j:::l*et agissenten
plusieursunités qui montentthéoriquement uniesselonun consensus
ionction desmêmesprincipeslignagers'
sontsociologiquelentreparables' maisdansleurs
ces fissionsou éclatements évidentes
leurscausesparaissent
fiajetshistoriquesréelssont diffrcilesà retorivér,
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 1 l5
Cas de Ia Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

dansI'idéologiemêmedu goupe. Dansle second,il s'agitde se situerdansun groupepar


rapportà d'autresgroupessemblables.
Les liaisousde parentésecomplètentpar desrelationsd'alliancesmatrimoniales de
plus en plus qu'onélargitle cercledeparenté,danscesmilieux le mariageendogame estde
règle ce qui fait les risques de ramificationsexcessivessont rares. Dans cet espace
sociocritiquelié par desvaleursidentitairessolideset desalliancessouventsansfaille, les
rapportssontsouventgérésdansle cadredesrelationsde groupesfamiliauxet segments du
mêmelignage,maison peutsignalerdesrelationsde lignagedifferentou parfoisétranger.
Nous citons I'intégrationet les relationstrès anciennesentre les Touazineet les
Ouderna,la règle n'estpas généralemais desrelationsexistenten dehorsdu groupemais
dansla mêmeconfedération.

3.3-ConfédérationdesWerghemmaNajaâ desTouazine
3.3.1-Structure de la filiation desTouazine
MoussaBenAbdallahChérif El Werghemmi
KsarHamdoun.Ghomrassen
Chomrassen Jlidet Ouderna Touazine Ghbenten Houava Tarhouna
Ouled Mahmoud OuledBouzid Khzours
Ouled Khlifa OuledHamed Zliten Maztoura
Chougmen Errejeila Ezzeneifa Essekerfa
OuledHlel Zghadid ElGreb OuledFradj
OuledZaied Kbairia El Aghoual ElKhecheira
Echeheb OuledSai'ed Errecheicha OuledSiHassen
Henchir Ezzeguerib Ellouafi Nejejea
ElMeayen Ezzebaida ElKrada Dehahsa
Essaket Touahria Ettieb OuledBettaieb
ElAkrout Abchar ElBereigua Errouss(El kout)
Ethouamer OuledAmara Ejjeleida Erramma
Jaballah Boubnia ElHaraba
Ejjra ElGheraslia Berrechech Ouled Ounallah
Khoualdia Berrajah Ennebehna OuledMoussa
Edhib El Aiissa Nefkha OuledBelgacem
OuledBrahim ElAghouaf ErAjil OuledAttia
OuledNeji ElAghouem Abcha El Araara
ElKrachid ElHentech Lechiheb OuledBesseoud
ElOummalich Eddabar Essaadaoui Hmaza
El Hallem Baar Esselmi ElHafi
Mars Hamed Zendah
Guerfel Neji Enayen
Dhifallah Chefroud
Ismaïl Chellouf
Ouaji Zanoug
Haddar El kraynia
ElAloui El Araidha
Ettieb Echoueikha
Manita Echereiha
Gutet OuledRhouma
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et qspectsanthropologiques en milieu aride: 1 l6
Cas de la Jefara tunisoJybiennel'837-1956

Jouili OuledYatrya
El Guerii Ethebbet
Bouabid El Mahadha
Enneb El Melelha
El Bergui Abaab
Hdiden Ejjarray
El Ichi Ejendli
Boudir Essid
Benajah Chouat
El ouerghemmi Ellehioui
El Mahmoudi Bedhiaf
El Mograhi
El Hadded

D'aprèsHaj HédiBouznif

3.3,2-Filiationde Arch desO.Hamed(Touazine)Werghemma

OuledHamed
- OuledSaid
- Kbairia
- Zghadid
- Zgueib
- OuledAmara
- Zbeida
- Enejeila
- Boubnia
- Labchar
- Ghrasslia
- El Ayyssa
- El Aghouaf
- El Aghouam
- El Hentech
- Baar
- Eddabbar

dansla
3.3.3-Filiation de Arch desHouaya(Khzourr'Werghemma)
montagnede Béni khédacbe

Houaya:

Ouled Abdejjaoued Ouled Ali


- Jouamaa - OuledBouabid
- Jbatt - OuledMehdi
- Baroudi - Matradha
- Lamalma
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: ll7
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-I 956

Cesexemplespeuventsemultiplierentreles khzourstouazineet les ouled Bouzid


ou ouledMahmoud.

De la mêmefaçonles Oudema,ou les Touazineont desrelationsavecdesgroupes


de la Tripolitainepuisqueles frontièresont séparédestribusde part et d'autreà uneépoque
ou la généalogie,la terre(lesparcourset lesterresde semisen céréaliculture,et le cheptel)
fermentla pierreangulairede la propriétéou de la richesse,avecles valeursidentitaires,la
solidaritéet la gestion sous le pouvoir de "kanounchartia",du "kanoun el Orf "et des
alliancesentreles différentsgroupes.Cesphénomènes s'intègrentdansle mot d'ordreou le
principe"idéologiedu groupe"ou de la confédération.

Danscette mosaiques'expliquela fondationdu groupesa continuitéet son survie


sociocritiqueet économique,les fissionsentre ces fractionssont le point de péagequi
intègrentconsciemmentou inconsciemment à l'échellede chaquemembrequi se réfèreà
cette relation ou place dans la structurehiérarchiquedu systèmesegmentaire ce qui
détermineà agir en fonctiondu groupedontil dépend.

L'héritage venant de la terre exploitée,le cheptel se sont des paramètresde


I'organisationde ces groupessociauxconstituantl'élémentdécisif,non seulementde la
fissionmaisausside la fusionoù on setrouveparfoisdevantdessituationsoù les fractions
n'ont de points communsavecla tribu quela terre qui les a rapprochésd'une manièreou
d'uned'autre.

La conduite et la possessionde cheptel, son gardiennage,les problèmesde


le recoursà d'autrespâturagesou des
pâturageet de "Achaba"l36,lesannéesde sécheresse,
terrainsde labourdéterminentleur mouvanceet leurs rapportsde uSatlab""' ou allié avec
lesvoisins,avecle tempsleslienssetissentenpériodede paix et de guerre.

Nous donnons " I'entraide"I'exempleréel des voisins de part et d'autrede la


frontière tuniso-libyenneet la permissionde semis et labeursentre les Oudemaet les
Siaane,et entrelesTouazineet lesNouaielentripolitaine.

A I'intérieurde chaquefractionou sousfraction la solidaritéintangiblese justifie


par la croyanceen la consanguinité donttémoignele manageendogamepratiquéau sein
du grouped'unemanièrepresque générale.

a'sezancienneremonteaudébutdusiècle,|e5éarticle
du décretbeylicaldu 5 Aott l9l I stipulequetout ouazzeni(berbèrestripolitainssahabdesouderna)qu'il soit
ou non propriétairede biensmilk en Tunisie,seraitautoriséà laboureret à faire paîhesesanimauxdansune
région dite "d'achaba"désigrréepar le Miaâd dans le cadre des échangeset alliancesentre groupeset
ouiouchsou désignéepar la suitepar I'autoritémilitairecolonialemoyennantle paiementd'unetaxeannuelle
de 12francs.
- ABAAB. A et NaceurN. SGAIER. M. (1990): Mutationsdessystèmesagro-pastoraux et désertification
en zonearide: casde la Jeffaradu sud-esttunisien.IRA Tunisie
- BaduelP.R.émigrationet rapportssociauxdansle sudtunisien.Peuplesméditerranéens NolT
- BouliaonachiT. (1979) : Les transformations socio-2conomiques et la dégradationdu Milieu (sud- est
tunisien)Univ. de Monpellier.DEA.
r37,gu1u6,: pl. ashabiie pa, un contratde sohba,pactede "clientèle"entrehommesde la plaineet Jebaliya
et qride'
mitieu
es,cutturetry
socio'seatiat
Lesmutations
:;l:î:;;:I::l?3s;:l;; ;"

Cependant,riennenouspennetd'afftrmerl'exactitudedesfaitsdansunesociétéqui
d'unegénérationà uneautre'on constate
sebasesur l'oralité.i ittrunr*ission du message facteurde baseet ossaturede
que cette,,chajara"arbregénéufogiq* .i cege-généalogie
décisivesd'aprèsle récit de notre cheikh
l,idéologiedu groupepassepar trois phur", suivantes:
chroniqueur hadjftfonÀea EiHoudheiri qui fait lesremarques
parlent d'une périodetrès lointaine de
I ère phase: nos parentset ancêtres
chérif ou MoussaBen Abdatlah chéril
fondation,dans laquelle l'ancêtre Abdallah
El Hamra,puis de Tunis et Zaghouanpour
fondateurmythique-;JJL*.,ivenantde Sakiet
arriver.àkqarHamdounà Ghornrassen'
au fil du tempssansêtreremis en
Les récitset histoiresqu'ils donnentsont acquis
cause.
Werghemma'ou le grand-père"? est la
"Ce fondateurest-il le père des septfrères
ont-ils choisi ces noms de toute cette
questionqui est p"te. pourquoi nos ancêtres
tribu.
hierarchiequi auoùtieà la structureactuellede la
disait dans
- 2èmephase: une période d'oubli, JocelyneDakhlia, anthropologue
ou (assimilés) nétaientpasdespeuples
l'oublide la cité "... qu, les peuplessansécriture
on supposaitque.lesavoirhistorique
sanshistoire.Raisonnanten quelquesorteà I'envers,
à la-fois assimiléeà une mémoire
qui n,avaitpu pr.nàr. corps-dansl'écrit s'était donc
la transmissionn'étaitpo'r sa part jamais
collective... danstous res cas le prii.ipr de
remisencausel3E
et englobetoutela mouvanceet la
Cettepérioded'oubli qui succèdeà la première
Werghemma'
structuredesgroupessociauxet ourouchsdu Najaâ

Danscettephaseilestnormald'oublierlanomenclaturedesancêtresissusde
du tempsmythique'
demièregénération
fertileet riche,I'apprentissage
Il faut signalerquenos ancêtresont unemémoiretrès
de la ,'chajara,,ou arbregénéalogique
-autre, est une donnéede basepour le passagedu message
qui passe
d,unegénérationà une liur histoire mythe ou réalité est une notion
de chaque$oupe.
inup.riu. dansle cadredesvaleursidentitaires
Parmanqued,illustrationparfoisonoublie,lesdétailsetlescausesdesalliances
passées entrelesgrouPes'
sur des sequences ou périodes
Hadj MohamedHoudheiri évoquéet s'interroge
phénomèneliittorique par suite à des
D'oubli regrettablesqui font discontinuer le
instabilitésetdeconflitsintertribauxsocio.économ iqueet.politique,demêmele
de fractionou de lroupe à un
changement oe Jominancepar attianceou par indépendance jusqu'à néantisassent
peuventaller le
ensembleou un autre,ces changementstactiques
en effectif ou en importanceéconomique'
d,unefraction ou déplacementdu ^oiopot.

t t t
, ,==a
la mémoirecollectivedu ligl r - Ë , r u d r J t v
tunisienp.9Ed.la découverte'
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 119
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

avoir la chanced'éviter des catastrophesde sécheresse ou de maladiequi épargneles


troupeaux,et parfois les hommes,cesincidentsileuventeffacerà jamaisun ancêtreou des
ancêtres.
-3èmephase: une phasehistoriquemauvaisedansla vie du groupeconnuemais
influencéepar des guerreset des conflits ravageurs,elle peut s'étalersur une dizaineou
vingtained'annéesce qui impliqued'autresrelationset allianceset peut êtreune nouvelle
parenté.

F.n soulignant et analysantces trois phasespour se situer dans la "chajara",


généalogiqueles membresde groupeouderni,touzni ou autrewerghemmipartantà travers
cettestructuresegmentée de la base,c'està dire la phaserécentede deuxà cinq générations
il est mieux situé et bien renseignéjusqu'ausommet,I'origine étant admisepar tout le
groupeet toute la confedération, il peutêtreinduit en elreurpar cetteidéologiedu système
et le suivi difhcile de cettefiliation.

Pour tout werghemmile présentexpliquele passé,l'observationminutieusede ce


suivi peut ou retourau seindu groupe.
donnerdesvides,desdétachements

A titre d'exemplenous distinguonssur le schéma(p.115) de la structureet


hiérarchiedes fractionset "bouyouts",le Miaâd peut contesterles racines$énéalogiques
lointaines(les krayni,Nebhana,MelalhaetZliten) égalementles khzourswerghemmiet les
khzourTouazine.

Nous signalonsici commedisaitMme SophieCaratinià proposdu mariage"arabe"


discoursendogameet pratiquesexogames, I'exempledesRgaybatdu nord- ouestsaharien
(in I'homme,1989,XXIX annéenoll0), là aussichezles Werghemma une analysede la
le
répartitiondesfractionssur territoiremet en la
évidence relationhiérarchique
aîné/cadet,
lignageaîné/lignagecadet,fractionaînéelfractioncadette.

La tribu "la khabila"s'intègrecommeun ensemblede segmentsemboîtéset jamais


divisé et orientédu bat versle haut,descadetsversles aînés,et les élémentsextérieursqui
sontintégrés(soit par coutumesoit par la "charia"et le "orf' destribus arabo-musulmanes
ou les étrangerssontintégrés)en héritageet en alliancejusqu'àdevenirle gendreou le beau
frère,nouspouvionslesappelerparentsassimilés classificatoires.

Ces situations sont baséessur les attitudeset valeurs identitairesnomadeset


par lescontexteshistoriqueet géographique.
pastoralesencouragées

L'importancenumériqueet la dominationpour contrôlerlespâturages et lesespaces


pastoraux, assurer aux fractions et groupesalliés et parents I'accèsaux ressources
pastoralessurtoutsi noussignalonsla saturationde ce milieu écologiquearideet sec.

d'un pouvoir politique entreles mains


Il fapt alors à tout prix éviter l'émergence
d'unseulgroupeou mêmede quelques-uns.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 120
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

La dualité des Ouderna et Touazine en Jeffara occidentale est équilibrée par la


présence des frères ennemis les Siaanes et les Nouaiels à I'est en Tripolitaine en
Jeffara orientale, le pouvoir unique n'est détenu par aucun belligérant.

Le système est donc pratiquement en perpétuel conflit où personne ne règne


d'une manière totalitaire malgré les alliances de part et d'autre, nous rejoignons la
thèse de Mme Caratini où elle fait I'approche suivante chez les Rgaybets en évoquant
la structure et le systèmeacéphalede cette hiérarchie généalogique.

D'ailleurs des Rgaybets tripolitains à Bir El Ghanem, 30 km à I'ouest de Zaouya


ville en pleine Jeffara orientale où on remÉnqueles mêmes valeurs identitaires et le
même système que chez les Werghernma, (voir carte p.123) répartition géographique
des tribus de la Jeffara tuniso-tripolitaine.

Quels que soit les liens de parenté et les filiations, verticales ou horizontales
I'organisation politique de la confédération des Werghenlma n'a pas été affectée par
les polémiques intemes entre descendantslégitimes des O. Bouzid ou des O. Hamed
ou Ouderna etc ...

Les intérêts économiques et stratégiques des alliances semblent effacer les


phénomènes d'ordre généalogiquepour gérer ensemble les affaires quotidiennes dans
une atmosphèrede cohésion totale.

Ceci apparaîtdansles documentsdu "Majba" desimpôts ou les ourouchesqui


dominentI'esoacesont les plus concernés la fiscalité"' .
Ourouches Nombre

O. Khalifa r30
O. Hamed 162
Zliten ll0
Mlalha. Nebhana 132
Kravnia r04
Maztoura illisible)140
Harazadu Chikh Maatallah 40
il il
" (illisible)
il
41
rr tt I' tt 72
Ali B. Messoud
O. Ounallah(Hsini) 39
tl
" (O. Moussa) 7l
total destouazinset ourouches l04l
rattachés contribuables

Remarque: les zourigarattachésaux Touazinene paientpas,maisle nombredes


pubèresthéoriquementcontribuablesétait de :
203 dont - 130 (Medenine,Tmara, Chwachin).
- 35 Rabayaie
- 18 Chwachin
- 20 FugraGdiret

r3eLes registresFiscaux. AGGT.Rey.Fis/693


Les mutations socio-spatiales, culturelles et qspectsanthropologiques en milieu aride: l2l
Cas de la Jeffara tuniso.lybienne /,837-1956

L'impôt principal était le "Majba" dit aussi"Iaara" un subsideou une aide,C'est


unecapitationou impôt par tête,frappanttout hommepubère.

La répartition était à basetribaleet non territorialeles cheikhsdu Miaâd devaient


fournir les listesdescontribuableset faire le partagedescotes.

Le registredu Majbadatede 1276H 1860jc les listesdesTouazineet les groupes


qui leur étaientrattachéspouvaientcompterplus de l04l contribuableslaole Prof Kesraoui
donnéessur les registresde Majbades
BadreddineHistorien (Univ. do Sfax)a évoquédes'Werghemma
ourouchsWerghemmaen 1274H,la populationde est estiméeà 21000âmes
en 1857(693registresdu Majba)et derecensement deV/erghemma) lesregistresdu Majba
et derecensement des\Merghemma nesontpubliésqu'en1274H,1857.

Il faut attendreles annéescinquantepour découvrirle Majba et les relationsde


V/erghemmaavecles différents"ourouchs"alliés.

Une difficulté majeuredevanttoute recherches'occupantde la Jeffaraoù nous


trouvonsla plupart descartesgéographiques de la "Mahmiya"régencede Tunis s'arrêtent à
Gabèsnégligeantplus que la moitié des hommeset des espacesdu pays de la Tunisie.
Cetteattitudeétait courantesousle règnedesbeys,sousla colonisationfrançaisedécrétant
tout le sud est tunisien commetenitoire militaire, égalementsousle règnede la première
république,1957-1987; il faut attendreles annéesquatrevingt dix où une circulairedu
PremierMinistèrea interdittoutecartede la Tunisieatrophiée(annexe).

Que se passet-il entreles Werghemmade la Jeffaraet tous cespouvoirscentraux


qui ont ignoré les hommes,la fauneet la flore de cesespacesde 1705jusqu'auxannées
quatrevingt dix (1989X Nous essayons d'évoquertoutescesphasesde la politiqueen
dentsde scieentreWerghemmaet lespouvoirscentraux: othomans,beylicaux,coloniaux.

Cette étude prendra place dans le chapitre relatif aux comportementsdes


Werghemmaface aux grandescrises(l'invasion françaiseet les effets de la présence
militairecoloniale...).

Il est à signalerque notrechroniqueurHadj MohamedEl Houdheirifils desouled


Hamed,Touzni, werghemmi est connupar tout le monde à Médenine,à Ben Gardenà
'Werghemma
Ghomrassen,à Dakhla de la presqu'îlede Jorf de Sidi Makhlouf cornme
référencequi détientun patrimoine,culturelinépuisable.

AGGI. DOS477- 480 cart42; A 182-6


AGGT DOS474 cart42,dos480 car42
- KesraouiBadreddine: les tribus Werghemmad'aprèsles registresdu Majba. (1274 H). conférencele
t5/05199
univ. de sfax.fac d'histoireséminaireI'histoirede Médeninejusquà I 881 (Mairie de Médenine14- 15105199)
- A. Martel.lesconfinssaharotripolitainsdela Tunisiel88l'19l I tome2
^ O''
, ", * rr",,""' " "-'r'" "*'' * "";':;'r*::::î :;;r::;: : î';#:i; ; ;' ""' "'
"
Touazine ainsi
arbfe généalogiquedes ourouchsde
sa connaissancedes "chajara" poète
ou également
alliées, un corpus de poésietribale allant du
que les fractions r*he., Dhaou Bou
Mansour El Houch 3urqia bnaou Latrache'Souf El Mahmoudi'
Fitoùri Tlich,
Ghedimaetc....

vieux werghemmi'
s
Ici nous devons revenir à ces trois

présenteet vécue.
personnes
le ces trois stratessurtout chez les
qui
tamed El Houdheiri notre "chroniqueur"
limitant le
;ode tribal et ceffefrontièremorale
)n.

la
avec un refus catégoriquede chanter
Mais ce même poète refuse de chanter,
saisonetlacollectedesclovisses(pal.ourdesquidure6moissurlescôtesdelapresqu'île
cinq milles personnes)'
de Sidi Makhlouf et occupetrois à

Ilestàsignalerquelecorpusdelapoésiejeffarienneestunevéritableencyclopédie
à l'érotique'
poétiquepopulaùeallant du politique
socio
toujours presqueacadémique'historique'
Donc la discussionet le récit était des histoires
'Ë,"i.pti"J, d:: poe*es qui évoquent
anthropologique, nous étions "f"rt social ou
et à travers une de I'environnemént politique,
personneres

," :: ::: ,, OAmOur Ou Erùrr.1uc


ilæri" "u..te" sedit de la poésiesentlmental(
,0,Berque.l. (1955), ù; ;Jpl;i;ation de tu ,uint.t!auMaghreb'AnnalesESCN'3' 1955 No
sociales
dessciences
Revuetunisienne
- BouhdibaAbdelwahab : L'islammaghrébin t"àià;*t typ-otogie'
p
deAbidGbentenl3
chantées
lttiSirii;]jsrui.u d,émigrés
(198s): rmages troispoésies
àtravers
123

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Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 124
Cas de Ia Jefara tuniso-lybienne lE37-1956

économique.Ce geffe de poèmesest très cowant dansle corpuspoétiquesjeffarien


chezles Werghemmaetchezles tripolitains.

A titre d'exemple,la lecture de I'espacedu poète Amor Bel Arbi p... parle de
I'espaceavec une précision clairvoyanted'un écologisteet la moitié de son poème se
transformeen une histoire d'amour.

Le monismede Hadj MohamedEl Houtheiri :

Des récits m'étaient proposésrelatifs à I'histoire deslignagesdes Werghemma"


ou celle des tribus et ourouchesqui fréquentaientla Jeffaratuniso-tripolitaine, me
paraissaienttoujours partielspar rapportà I'histoirecoûrmunautairequej'escomptais.

Le phénomènede I'oubli se définissait dans ces espaceset même dans les


'Werghemma,
territoires d'autres"Noujous" gJ+i, Béni Zid, Hamamaetc. de toute
la régence comme I'oubli du collectif ces communautéssemblaients'oublier comme
telles.

C'est étonnantde trouver deswerghemmisqui ignorentleur histoire, ancienneet


récentemêmepanni les membresde la générationqui ont dépasséles soixantedix ans
ce qui en resten'est qu'un récit segmenté.

JocelyneDakhlia disaitdanssonlivre < I'oubli de la cité ,rtooà proposdu Djerid


"que I'historiographie de la mémoire est désormaiscentréesur la (production) de
l'oubli sur un oubli agi, actif et non plus simplementsubi".

En parlant de la mémoire fraîche et riche du Hadj MohamedEl Houtheiri je


dirais que c'estune exceptionet que nous risquonsde perdrele patrimoine que Hadj
Mohamed n'a pas évoqué dans un temps où les récits et même la mémoire sont
segmentés,discontinus, harcelés par une batterie d'informations jouant le rôle
d'essuyeurde mémoire.

Le changementde mode de vie de la structuretribale et familiale, la perte de


valerus identitaires et le code de cette approchepédagogiquetribale qu'a su lier et
assurerla permanencede la cohésionet de la solidaritédu groupeet la transmission
du messaged'une générationà une autre,d'ailleurs,le poèteJemaâEl Khof chef de
"Taiefa'"t " et poète Gbentenparle de ça en disant :

Un poèmeécrit et enregistrépar la voix du poète(notretraduction).

É3la4rT3loj-sll 4-lt J-rJ g'.-J ct1.+ils


,".J-ll g,r clU-U lJt+.l'll i-t$.;lt-c' "-g
dûirr ûj-rc (r-l|
r ?rll
UlJ,.ifàJJ (r-jt-.-J i1-4_1 ÊL.r-. d.-e g-t'43 J
cDt...tt; jÉi-J d.\t'Lr lJ, iJ ( ilr f r?t-.-f.r.t
ft-$t
d-,.T1-r l.l-r-+.r+ i-,.1,g'i*tt cÈ.1$ ,ri flrJ
êUiItJ

tnalocelyneDakhlia (1990) : L'oubli de la cité, la mémoire collectiveà l'épreuvedu lignage dans le


Dierid tunisien . Ed. la découverte1990
tn3"taiefa" : pluriel touaefstroupeconduit par le poèteavec5 ou 6 chanteursappelésbahris qui
répètentles chantset dansent,ils utilisent un seultabal (tambouré)'
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : I25
Cas de la Jelfara tuniso-lybienne 1837-1956

l-.l,Stf-U- lJ+lJ-J fli=i e+lll rT31ljÉl--s3


l-tJ-bJJ ô. U*:\-lr tt-i,-ê .Lrri-r-tl3 6..1JLJI
q.-,iJJù-.t t tJ ^l-L-t-il3 Êt...-3....r 4-.-cr ,r.jLJJ'q.l
'-'
llte(J-.s.-;
çt-àr-ll 4C+J,/l|
.jast+lt 19+ È-..'Yl o-l ..paU*ll lS:s
l_,i.J (:. rl L{+3 g"-hti j!.13 pl.;s l-s,.ts.lt él+ ,jt b e J

Le messageéternel des V/erghemma dans la Jeffara occidentale


Le message se transmettait de génération en Génération
et le temps passait d'année en année
comme sL faisait et se refaisait du pain sur le mellel (sable chaud)
ils étaient de wais hommes, fils de tribus et de tentes.
des cavaliers toujours prêts, leurs fusils préparés'
mais aussi disposés à aider les faibles et les pauvres
maintenant que reste -t-il de I'islam ? et des nomades'.
un souverain parmi nous au sein du "houch" maison
la charia dit que cela est péché, nous sommes donc
dans le péchéjusqu'au cou....
Jemaa El Khoff
(notre enquête et traduction)

De ce poème qui a été récité par le chef de taeifa de Ghbenten à contre cæur les
années l99i lors d'une rencontre avec les dix chefs de taeafa de la tribu des Ghbenten,
le début était difficile avec ces grands poètes, il a fallu se présenter pas comme
chercheur, enquêteur mais en tant qu'amatetrr de poésie des "Aaress billabid" des
mariages célé6rés avec les troupes Ghbenten. Une tradition très ancienne des
Werghemma, ce sont des occasions où les chefs de taéfas se préparent pour la saison
estivale où leur calendrier du premier jour du mois de juin jusqu'au 30 septembre se
trouve bien garni et sans faille, même pas une nuit de repos puisquela fête se déroule
pendant ta nuit après la prière "d'el Maghreb" au coucher de soleil et le dÎner.

La geste commence pour se terminer à I'aube, I'espace théâtre d9 la fête est


dominé pl, " B"it Echaar'i la tente au milieu, à gauche et à droite la place réservée
pour leslelnmes, devant la.tente se place le Mari "Sultan" et ses amis habillés tous de
iroulis blancs et de chachiarai le "sultan" porte avec le.houli un burnous léger blanc ort
itoukoumia"l4? point d'attache entre la partie
rouge, avec gn foular rouge attaché à sa
qui-couvre la tête et le reJte du houli, un petit bâton ou "logahia" canne de bambou à
là main (voir la façon de s'habillet clneàles hommes werghemmis p',128 ) et la
( p'
hiérarchie sociale ài'occasion d'un mariage de Werghemma célébré par les abids
rze).
placent au
Le poète chef de "taefa" ou Raiss avec les 5 ou 6 bahris (danseurs) se
10m) réservée cornme
milieu de la cour, il leur faut au moins une piste de (10m sur

la6 grandepièce d'étoffe


Houli (blanc) warza (rousseou grise) : vêtementmasculin pour se draper,une
de laine blanchedanslaquellese drapele nomadewerghemmi à l'occasiondes fêtes'
- Chéchiade couleurrouge : casquetterouge traditionnel, en laine
tt-i"J"r^ia: pow r" di"p"r d'un houli ou *uzr", une sorte d'attache,peut s9 faire-de différentes
façonssoit en fôrmant un petit chiffon une boule de maintien autourde laquelleen entoureraune
d'une
"u"ô
poigneed'étoffe ou attacherla frangeparfois, une forme d'attacheestréalisépar I'introduction
pieceae monnaiesousle pan destinéà efie attachéaux franges'
en milieuaride:
anthropol_ogiques 126
culturelleset aspects
Lesmutationssocio-spatiales,
Casdela JeffaratunisoJybienne 1837-1956

place
d'activité et de mobilité en face de la tente
espace de chant et de danse avec beaucoup hommeset les
à gaucheet à droiteentreles
réservéepour les hommesavecune séparation
femmes.

CettetroupeestprésidéeparleRaisschefdetaeafa,aveclesmembreschanteurset
et tapentsurle tambourinqui a
danseursappelésO"fuiô qui répètentles chantset frappent
lesnomades pourfairemanger5
la formed,un',GASAA"en bois,un grandplatutiliséfar
à 6 personnesensembles, transforméen tambourplat'
c'estle rendez-vous pouf passer
Le Raïschefde taefachanteles poèmesde I'année,
(du politique à l'érotique)'avec des
en revu, tous les faits de la vie du gioupe social
demandes émanantde I'auditoire'

P e n d a n t l e s p a u s e s o u a v e c u n g e s t e d e s a u d i t e u r s l e c h e f d e t ad'une
efacollectede
d'e"Ramou" célébratiJn de ce qui a donné.de I'argenten I'honneur
l,argentau moment
uoti" prrronnele mariéparexempleou le cheikh"'

Les poètes "Ghbenten"choichinesl4s, noirs échangentcette poésie' ce bien


prix'
symbolique(matérialisme symbolique)contrede I'argentsansexigencedetarif ni de
de la- confédérationdes
Ils se considèrentcomme les poètes du "Najaâ" par lestribus
également
Werghemma dansla Jeffaraoccidentale; iis sontsouventsollicites
tripolitaines.
lors d'uneenquêtesur
Le grandpoèteJemaaEl Khof, en réponseà notredemande
re thèmede la collectedesclovissesou
resactivitésdepécheursà piedsde nouschantersur dansla région
semi-nomades
palourdesactivitésqui attiientdesmilliers de nomadesou de
considèrequec'estuneatteinteà son
de sidi Makhlouf,refusede chantersur ce thème,et
poésietoucheuniquementles grandes
imagede marqueau sein du "NAJAA" et que sa
de la sociétélesplus organiques
ptJo-".upu,ions et vitales'

dont I'hémisticheparle
Il se lanceen chantantle messageéterneldeswerghemma
du passaged'unmessage sacréd'unegénérationà uneautre'
cesespaces dans
Ce message donnel'importancedeshommes,I'uniquerichessede
de tentesde poil de
l,organisationet ie modede vie de cette sociétéde "Byout Echaar"
diffZrentesfractionset famillesde la Jeffaraet des'Werghemma'

E n e f f e t , m y t h e s e t c r o y a n c e s o u c o n n a i s s a n c e e t e x i s t e n c e q u i men
afquentet
sa personnalité en jouant de la fonction de porteparolede cettelégitimation
influencent passésdans
célébieret glorifierlestemps
faveurde satribu et de son"Najaâ","o*-. pou lae' le cheikh des
sonpoème,exactement commeson ancêtretàintainle poèteÉto*i Tlich

ou "Abid
laEChouachine: sont les anciensesclavesnoÛs d'origine africainede la tribu des ghbenten,
de cette tribu, quand aux
les ni.ui poet"t et les adultes
Ghbenten"cette nominationne dérangepas
jeunesellen'estpasacceptée'
générations
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsqnthropologiquesen milieu aride: 127
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

poètes Ghbentendes annéesquarante(voir p.200) avec le même style et le même


défendantlesmêmescausestout en étantde générations
raisonnement differentes.

Le poète se place entre les croyancesde cette sociétéanciennepastoralepuis


de leursmembres.
et les valeursidentitairessacrées
nomadeet maintenantsédentaire

Nous remarquons,commeI'a montré Mme SophieCaratinianthropologue sur les


chameliersà la conquêted'unterritoire"les Rgaybat"1610- 1934(Ed.I'harmattan. 1989)
les mêmesattitudeset comportements chezles nomades,chameliersles Rbayiasrattachés
aux Touazineet partie organiquede I'organisation pastoraledeslWerghemma, toutesles
tribusappartiennent à unesociétéguerrièreoù le cheval,le chameau, le pouvoirdu verbeet
le sonde saflutte sontla pierre de
angulaire leur vie mystiquequi estdifficile.

Dessociétésreprésentant un tout cohérentle grandSaharapourla régencede Tunis


tout le suddeschututsa été considérécommeétattamponentretrois wilayasothomansde
Tunis,d'Algeret de Tripoli, puis décrététerritoiremilitaire sousle protectoratfrançaisavec
des conséquences néfastessur I'hommeet sonenvironnement qui s'estpoursuivijusqu'aux
annéesquatre-vingtdix (1987),au Saharaoccidentalle problèmerestesansissue,une
situationanalogue créepar les françaiset les italiensdepuisl9l2 où un territoiresaharien,
la Jeffaratuniso-tripolitaine,restesousI'autoritéplus ou nomsthéoriquede I'EmpireTurc
et I'ltalie avecdesmenacesfrançaisesdépassant la Jeffara pouratteindrele triangleGhat,
Ghdames, Dhiba,Remadajusqu'àla coteméditerranéenne.

A I'exceptionde I'Algérie,et le sud tunisiendécrététerritoiremilitaire du Golf de


Gabèset les "chututs"jusqu'à la Tripolitaine et Ghdames,qui ont du arracherleur
indépendance, s'estopéréeà
le restedu territoirede I'Afrique du Nord où la décolonisation
I'amiable.Dessolutions"mi-figue mi-raisin"protectorat,indépendance intérieure,territoire
militaire,puis indépendance théorique qui s'est
clôturéepar une unionentrelespartisansde
Bourguibaet les forcescolonialesfrançaisespour anéantirles mojahidinesqui ont opté
pouruneindépendance totale.

Jebel Demmer à Béni Kaddecheet les montagnesde Matmatajusqu'à Jebel


Nefoussaoù s'estdérouléles dernières bataillescontreles colons,lesbeyset lespartisans
rr ci-aprèsle comportement
de la solutionou plan "paix contrecapitulationls0nousvelTons
sans
et la résistance faille desWerghemma faceaux grandescrises.

Cette analysede I'organisationinteme de ce territoire immensereliant les côtes


et lescôtesocéaniques
méditerranéennes ce qu'onappellel'île desel 'Jaziratel Melh" de la

,leplusconnuetleplusanciendespoètesGhbententribude
Werghemma dansla Jeffara.Il a un "Diwan" recueilde poèmeséditépar MarzouguiMohamedEd. STD
ministèrede la culture 1976avecplus de vingt-sixpoèmesallantdu politiqueà l'érotique.(mort en 1944)son
premierpoèmeen 1922sur le parti du Destourprésidépar le cheikhAbdelazizEthaalbi.
r50CamilleAymard(1958): Tragédiefrançaise en Afriquedu Norded.desquatrefils AymonParis1958.
YvesLacoste(1986): Quelques réflexionssurlesproblèmesgéopolitiquesdu Sahara. Romrn4l-421986.
t28

tuniso-
Figure 7: Vêtementsmasculinschez les werghemmadans la Jeffara
triPolitaine

Source:A. louis:[æsnomadesedsud1976
129

Figure8: La hiérarchiesocialedansla Jeffaratuniso-tripolitaineà I'occasion


d'unefêtc de mariagecélebréepar abidsGhbenten(Sidi Malùlouf)
et abidstripolitains (rÉgionde Titlis)

%-
"td''
l-e poèteehef du troupeRats Une sépanationentre
Une séparation entre et 5 à 6 bahris(Danseurs) les hommes et les femmes
les hommes et les femmes

Place Éservée pow les hootmes

Source:EnquêteA.ABDELKEBIR 1995
Les mutat ionssocio'sPati al es'

Rgaybatou
El Hamra et oued Edhaheb, le Riodeore,de I'Adrar en Mauritanie'les
sagya malien' Sahara
,,trab,,de ces triuus anivées au ,ua **orain, algérien,mauritanien, à
pou, n.-l'*ê,", qu'rn leffa'a i'ipolitaine où résidentles nomadesRgaybat
occidental
;git ÊigtÉm" à 30 Kms à I'ouestde la ville de Zaodfa'

résidela Jeffaraoccidentaleet font


Il est à signalerqu'unefraction des "Rgaybat" (Touazine'
partie intégrante de la nnation Ëenedogiquedes Werghemma'
", "1g*iqte
àuledBouzid,KraYnia'RgaÈat)'

VoicilacontinuitédelafiliationdesourouchsdanslahiérarchiedesWerghemma à
Edhaheb"aprèsrésidenceà ksar Hamdoun
venant de la "seguiaEl Hamaraet oued qui se
la Jeffaratuniio-tripolitaine'La Question
Ghomrasscnils sont répartisdurrstoute
El Amen" lpuits desovins)en Tripolitaine
poseEst-cequeles "Rgaybet"se-trouvÂtà "bi1 six
*rn-" les tarhouniqui sontséparésde leur
viennentdes Touazinede w.rgt "*u,
le scénarioinversequi estprobableaussi'
frèrespour s,instari.iar*t ounà"n Liuyeou

Khzour Touazine
Ouled Mahmoud

du Saharapartantdesrivages
C'estcetteréflexionsur les aspectsanthropologiques
jusqu;auxrivagesde la Méditerranéequi
de l,Atlantique"t aU; uJr*, Rgaybet,Zammour Est ou
liant tes dzux partiesdu SatraraOuestet
soulèvela pertinenced'un fil ùnducteur perception
attitudeset valeursidentitaires'
occidentalet oriental,avecdespointscommuns, pastorale'
O. i.rpur., modeetÉrganisation ae la vie nomadeet

la perceptionde l'espaceen
Mme Anne Marie Frérot, Géographe,disait .dans ient en sécurité'là où des
t'.rpu.. où I'on se
Adrarl5l de Mauritanie"que la maîtrise"âJ
accomplie,au coursdestemps'par I'acquisition
repèresfamiliersuou, upp.aissent,s'est soigneusement
d'observations,d'associations,
extrêmementt.nt. a.'ruit, simples
conservées dansla mémoirecollective"'
nousretrouvons
Pourcomprendre commenten pleineJgffarl chezles werghemma
déjàra présenced'unefràctiondesRgaybetparmi
resmotscléschezlesAdrar,les Rgaybet
gouzia bien intégré"dansla structureet la filiation desTouazine'
le ,,Arch,,d.s oul.d

l993
ovencejanvier

vol I et vo!2.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 131
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne i,837-I 956

égalementen Tripolitaineoù une tribu puissantedesRgaybets'intègreentreles "Balaaza"


6je\ les Siaaneset lesHaraba,les Ghdamissia,lesMjabraqui sontà chevalen Tunisieet
en Tripolitaine,les Hwamed,les O. Mhamid etc.

En pleineJeffaraoccidentale,à Médenineentreles ksourset HenchirGhathamaou


Aurghammacapitaledes Werghemmase trouve tine palmeraie,limitrophede Médenine
s'appelle"Guetena"quel fil conducteur? et quelle liaison ? entrele Guetenad'Adrar en
Mauritaniela Gutenachezles Rgaybetde Zammour,et quel Zammour? Celle d'Adrarou
cellede la Jeffarasur lesmontsde Béni khedache? Est-ce I'espace politiquedesTakna,de
Rgaybetet ouledSalimaux XVIIè*'siècle ou Mme SophieCaratinipanedu pouvoirdes
'al-Dbayât"
aînéset la rivalité entreles frèreset les sousfractionsdes où die cite Ahl Dali,
Ahi Yahya,Mrazguuya,Ayaysa,Arramaetc..

Nous évoquonsla possibilitéd'un lignageet d'unefiliation de Zammourde Beni


kaddecheksoursperchéssur les montagnesde I'Atlaset de Matmataavecles Zammourde
la Mauritanie,également
les "ouled"ou "Ahl" Yahyaet les"Ayaysa"desTouazinecitésci-
dessuscommefractionset frèresappartenant à la tribu desKrayniade Wergheîlma.

Egalementla fraction "Arrama" en Mauritaniea-t-elleun lien de parentéavec la


fraction"Erramma"dontla filiation en ascendant
estainsi

Enamma- OuledHassen+ Maztoura-+ KhzoursTouazine- V/erghemma


(voir p 117,lignageet hiérarchiedesWerghemma).

La diversité à I'intérieur de ces franges sahariennesmarquantune profonde


homogénéité
dansI'ensemble du Maghrebet de "Ifriqiya"du fait socialet politique.

Cettediversités'expliquaitpar la dialectiquede motifs semblables et differentsà la


fois I'existenced'un point de rencontrequi est à la foi, la foi au Dieu unique source
d'universelet de transcendance, la "soumission"à Dieuou "Islam"à ce lui qui ne saurait
êtreici plutôt qu'ailleurs,chezles unsplutôt que chezles autres,celui qui "est le centreoù
tout seréunira"(Coran,III103).

Une dominationcertainedes groupessociauxet desnations,construireau-dessus


D'elles un édifice dont la cohésionexprimeraitI'aspirationdeshommesà I'unité et à la
solidaritéet à la fraternité.

En tenant compte de cette dimension universellenous comprenonscomment


D'aussipetits groupessociaux,ethniques,maraboutiques,
on guenièrespeuventmenerun
combatincessantde longuehaleineet desconflitsqui peuventdurerdesgénérations
et des
générations.

qui traditionnellementse
Il s'agit de populations nomadesou semi-nomades
déplacentsur de vastes
territoires.
cuttur;!;:,et:;:;î:;;:I::o,!fi-qÏ;;;n aride:
mitieu r32
socio-seatiaks,
mutations
Les

reste une exception, Ies


ces nomadesdans un territoire où lhomme lettré
sonttransmises
de perceptionde I'espace
connaissancescollectiveset le sensgéogfaphique
oralementen formulesstéréotypées apprisespar coeur'
de
Ainsi la de la généalogiequi permet.àchacund'affirmerla noblesse
,,chajala,,
origine religieusede chorfa,de nobles
son sangen se réféianttoujourst* ,ni. Uâseit
guerriersou de maraboutsvlcteurs de messages du "iihad Islamique"pour répondrela foi
du Dieu.
soient souventmieux
Il est remarquableque les ancêtreslointains et célèbres
mêmesi on n'ena
directement
connusque les p*.",r plus prochesdont on a pu entendre
pasun souvenirPersonnel direct'

dansle temps: confiance'sagesse


Repérage et connaissance'
propresà un groupe'
ou listesd'années
Leschronologies
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 133
Cas de la Jefara tunisoJybienne 1837-1956

CHAPITRE IV: LES \ilERGHEMMA ENTRE


LBS VARIANTS HISTORIQUES
ET LES INVARIANTS ANTHROPOLOGIQUES

Repéragedansle temps:

Les chronologiesou (listes d'années)propresà un groupepour la perceptionde


I'espace et la gestion de la vie quotidienne pastorale sont des documents
exceptionnellement intéressantspour I'analysede la vie nomade,c'est du domainede
I'oralitéoù les gensapprennentcesinformationsde pèreau fils.

Chaqueannéeporte un nom, se référant à l'évènementle plus important, les


Werghemmaont les années: annéeHégirienneet les mois lunâiresdont le débutou la fin
correspondent à des fêtes ou obligationsreligieusesque les nomadesrespectentplus au
moinsselonleur encadrement par deslettréset hommesde religionqui ont apprisle Coran
et le Hadithou la "Sunna"dansles"Kuttabs"écolescoraniques.

Il est à signalerque toute la Jeffaraet les Werghemma n'ontpasconnuecesécoles


coraniques et les universités islamiques comme au Maroc,en Libye et dansles Oasisdu
Djérid (Tozeur,Nefta), la capitaledes AghlabidesKairouanet Tunis avec I'Universitéla
Zitouna.

Nous avonsdéjà expliquécetteattitudedesnomadeset sédentaires de la Jeffaraet


desWerghemma pasassezles devoirsculturelsreligieux(Ibadat),comme
qui n'observaient
la prièrerituelle(Essalat),I'aumône
lespiliersde I'Islam,la professionde foi ou la chatrada,
légale ou (Zakat), le jeûne ou (Sawm) pendant le mois de Ramadan,le pèlerinageou le
(Haji).

Parallèlement à cetteattitudede négligencede cespratiques,bien qu'onne peutpas


généraliser,les historiensdisentque desfractionsde Werghemma ne font pasle jeûne au
mois de Ramadanpendantles moissonsde céréalesqui coihcidentavec la saisontrès
chaude(Juin,Juillet,Août),ce comportement desprincipesde I'islam
estsigned'ignorance
et de pratiquesculturellesdans ces régionsde passage des et messagers
envahisseurs de la
religionmusulmane.

de la théologiemusulmane.
Lesoasiset lesvilles ont étélesciblesd'ancrage

Il est vrai par ailleursque chaqueculture"adapte"la foi bien que la doctrineest la


mêmeprovenantde la mêmesourcequi est le Coranavecle "Hadith"la paroledu prophète
illustrantsesenseignements, sesexplications,sesexhortationscesdeux sourcesrestentla
basedela religionmusulmane.

Pour les Werghemmaet les jeffariensd'unemanièregénéraleil aurait fallu parler


du culte des marabouts,des pèlerinagesaux tombes des saints, des coufumesbien
est-ceuneapprocheutiliséepar ces
par les tribus et confédérationsjeffariennes,
respectées
messagers de I'islam pour laisseren dehorsdesoasiset des villes des institutionsqui
es'
Les mutat ionssocio-sPati al ";t',

pour créerdes
les "medersa" et "kottab" ou universitéSislamiques'une liaison
femplacent pour parlerle même
chaîneoù cesnoyaux'" to*'n*iquent
noyauxsolides,ou, io*. de pasperdrele
diffuser f. ,".r*g" de la foi et despratiquescultureilespour ne de
langageet rieux saintsdeta Mecquefait I'effet
qui tout .n ,'eioign*id.,
fond dece grandmessage
bouledeneigeenPleindésert'
et sédentaires
cet islam "populaire" dans cesfranges'solidechezles nomades
C,est ho**es toute leur vie de musulman
if i""ig"t-t"'
dansdes espacesi*iei iriaes car
depuisla naissance jusqu'àla mort'
où le
liaison organique est due au vécu concretde I'islamdansdesespaces
cette
p.ut ,re., ,tËrrrir'a l'imagination humaineles esprits,lesjinns etc"'
vide total

U n e re l i g i o n re fu g e o ù s,ar ticulentlesr éponsesàtoutquestionnementetàtout


évènement réelou imaginaire'
de la
modede vie qui prendcesorigines
cette organisationtribale pastorale,.ce religion
ou moins intégrésousl'égidede la
périodepréi-slamiquesetrouve plus
,,Jahiliya,,
du derniermessage surterre'
musulmans
nousrencontronsdansI'histoiredes
Nousdisonsplus ou moinslorsque la
faits interdits par I'isiam et pourtantpratiquésde part et d'autrede
Werghemmades
coflrmeles "razzias"'
frontièrepar desnomadesou sédêntaires

A l , i n t é r i e u r d e s g r o u p e m e n t s , l e s p r i n c i p e sde
.delislamsontbienrespectés,
a.,"p"tttt-"Jlt Foudhoul" la vertu que le prophète
l,existencea. "t uio* chalrtia'i avantlislam et
l,a cité comme un bon .*.'*pi. a suivrebien quil estpratiqué
Mohamed
quelestribusi.rrri*"s ont appliq,ri d*r le cadrede leur confédération'
les agressions de I'autre'
ces groupements parfoissontobligésde sedéfendrecontre et la
d,intérêt é.il;iùe et d'alliance et surtout I'hégémonie
c,est cette dialectique suf un groupement
d'un gloupe social sur u.nautreôu d'unpouvoircentrald'Etat
suprématie
I'Etat'
,o.iul qui resteoiganiquementcontre
et la hiérarchie
doubleaspectdansI'organisation
Il est mêmepertinentde voir ce
qui sontpresquelaiques'
desgroupessociauxâece genre

Cettelaïcitésemanifestemoinsdansleuradoptiondetroissystèmesinstitutionnelsles pactesou
tu le Coran, "El orf " les coutumeset 'e "kanounchartia"et
à la fois ".nJui
"Ahlefs"entreeux'
,,charia,, respectée mais elle n'est pas appliquéedans "les crimes et
La est peinecapitalepar
: il y a recours à la "diya; ou prix du.:*.F devantlés casde
châtiments,,
il y a recoursà la "charia"'
contrepo.o lesqlut'iion' d'héritage
coutumeset le
de la vie courante"Elorf' les
Pour l'organisationquotidienne dela "charia"loi coranique'
,,Kanounchartia" sontappliquésauectoujoursaccoutumance
Les mutations socio-spatiales, culturelles et crspectsanthropologiques en milieu aride :
135
Cas de la Jefara tuniso-lybienne Ig37-1956

Un autre aspect de laïcité c'est cette liaison avec les marabouts et les groupes
maraboutiques ou "Fougra" rs2avecune alliance où ces groupes sont rattachés, ne
payant jamais le "Mejba" impôt et où les tribus ou confedération guerrière
s'organisent pour que chacunpeut jouer son rôle dans I'échiquier socio-économiqueet
politique en période de paix ou de guene.

Les rôles sont partagésentre les groupes et tribus maraboutiques possédantle


point de péage des affaires religieuses et de la "Baraka" pouvoir détenu par les
"Zaouiets" et leurs descendantsou le réseau fiscal, Mejba at impôt prend uà autre
aspect chez ces groupes contre le pouvoir central royal, beylicat c'eit à dire contre
I'Etat.

Cette fiscalité ou Mejba, les Werghemma I'appellent "Iâana" une aide qui se
ventile en plusieurs catégories:

- La première est régulière et impérative c'est le "(Jchâr" : t/I0 qu'il faut payer
aux pauvres et nécessiteux souvent par I'intermédiaire des marabouts, saints et sages
et hommes de lettres qui coruraissentla "charia" : le Coran et le Hadith.

Ce "lJchar: 1/10" n'est que I'aumône légale ouZal<at Stsi le troisième pilier de
I'islam après la chahada, la prière. Sourate Ettaouba (le repentire ou la dénonciation,
essai de traduction de Jacques Berque) (IX, 60) :"les aurnônes ne doivent revenir
qu'aux besogneux et aux indigents, à la rétribution des collecteurs, au ralliement des
bonnes volontés, à affranchir des nuques (esclaves), à libérer des insolvables, à aider
au chemin de Dieu et à secourir le fils du chemin : autant d'obligations de par Dieu,
bien et connaissant et sage. "Anciennement la "Zakat" était chez les Wergliemma le
seul "impôt" payé par chaquemusulman croyant.

Le Coran ne fixe pas nettement, le pourcentage des prélèvements ce sont les


écolesjuridiques et les "Mathahabs".\+Àl3Jl

Il est à signaler que la Jeffara tuniso-tripoltaine est en grande majorité sunnite


c'est à dire fidèle à la sunna ou la tradition de prophète et le "Hadith " la parole du
prophète.

Se basant sur I'adaptation de I'islam aux problèmes du temps tout en s'alignant


sous le cadre de l'école juridico-politique Malikite de I'islam Malec Ibn Amas connu
dans toute I'Afrique du nord et I'Afrique noir avec des minorités chez les Jbalyas de
Werghemma et de la Tripolitaine ainsi qu à Djerba (des kharejites et abadhites).

't'Fougra : tribus et groupes


maraboutiques commeles "Rbaiyeas"Ies Jlidetset les Medeninisdansla
Jeffaratuniso-tripolitaineune complémentarité a régnéentreles tribus et les <<ourouchs> et < njous>
guerrièrescomme les Touazineet les Ouderna:
MarzouguiMohamed(1976): du sangsur lesfrontières,S.T.D. 1976.
- AndréLuis (1979): lesnomades d'hier et d'aujourd'huidansle sudtunisien.Edisud1979.
- AndréMartel (1965): Les confrnssaharo-tripolitains de la Tunisie(1381- l9l I).P.U.F 1965.
- KasraouiBadreddine(1999): Leshibustunisiennesd'aprèsles registresdu Mejba.Universitédu Sud
Sfax,1999.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et sspects anthropologiques en milieu aride : 136
Cas de la Jeffàra anisoJybienne I 837- I 956

Nous verrons à ce propos que dès I'occupation française de I'Algérie en 1830


puis la Tunisie en 1881 la résistanceà I'occupation a été presqueexclusivement le fait
de la massepopulaire et des tribus et confédérations.

Bien qu'elles soient sunnites ces tribus connues par I'adaptation d'un islam
modéré (Malekite), mais devant I'occupation coloniale française et la pacification, la
stratégiedes Wergherrma était difFérentec'est l'émigration totale en Tripolitaine et la
création du vide ( no man's land > devant l'occupant suivi par presquela majorité des
tribus tunisiennes du centre et du sud de la régence.

Les chronologies ou liste d'années et de saisonspropresà chaquegroupe :

Confiance, sagesseet connaissancede I'espace,toutes ces qualités viennent d'un


recorus permanent de < la charia du Coran >>ou la charia de toute sociétémusulmane,
( que de fois nous voyons ton visage virevolter en direction du ciel ! Eh bien ! que je
te tourne vers un orient susceptible de te contenter ! tourne donc ton visage du côté
sanctuaire consacré, ou que vous soyez, tovmez votre visage de ce côté là, les
détenteursde l'écriture savent bien qu'en cela réside le vrai, venant de leur seigneurr>
(SourateII < la vache >>,144,essaide traduction de JacquesBerque, 1990).

La perception de I'espace chez les Werghemma en Jeffara passe par une


conception considérant que leu.r région est un carrefour ou zone de passage et de
transition, le werghemmi hérite tout un langage de I'orientation puisqu'il est en
perpétueldéplacementà la recherched'un nouveau pâturage.

L'emploi des directions est toujours orienté par un point précis de I'espace à
partir duquel il fait situer son itinéraire ou encadresa parcelle ou son pâturage,c'est la
"Guibla" la direction de la Mecque et du lever du soleil, I'opposéde "Guibla" c'est
"Gharba" ou ouest, le Sud "Janoub" et à I'opposé le "Jouf' ou Nord.

C'est la perception du temps et de I'espaceliée à Ia terre et non plus au message


coranique.

C'est le temps de werghemmi dépendantdes saisons,du climat, du vent et de la


pluie.

On se trouve devant plusieurs calendriers ou "hisba" en effet il existe dans ces


espacesplusieurs hisba ou-calendrier: lunaire t+'s, Aajarnia 4+-+ej (non arabe)
"hisba" de Ghilen, "hisba" de chendoul, "hisba" se référant au "Meten"tt' ou poésie de

153 < Meten) c'est à dire poésie,dansles anciensdocuments, les matièresenseignéessebasant


".:--J
sur desconnaissances scientifiques,d'arts,de grammaireou dejurisprudenceislarnique(héritageetc...)
la forme de ces écrits sont en poésieou <<Metenr> en arabe.Meten < ERRAHABIYA >>c'est une
poésieécritepar ( ESSOUSSI> traitantde I'astronomieet descalendriers,également( ERRAADIA )
ou tonnitruantehéritéepar les notairesJaballatrs à Medeninede leursancêtres,le calendrier<<erradia>r
traite le calendrier< Aajamia) nom arabeavecen parallèlelesheuresdesprièresmesurées par I'ombre
de la personneen <<Khadernr>pied, et avecun calendrier d'el <<Manakhp 6u-J traitantfaune, flore
et santéde I'homme et les prévisionde chaquemois avecbeaucoupde détails. Il est à signalerque
d'aprèscesdétails,ce calendrierde < Erraadia> datedu débutdu XVIIIème sièctepuisqu'il évoquele
Sultande la sublimeporte othoman(le GrandSultan,etc...) égalementdesdétailssrrrles prévisionsde
guere ou de litiges entrelesberbèreset lestribusnomades<<mois d'octobre>.
Les mutations socio-spatiales, cttlturelles et attpects anthropologiques en milieu aride : 137
Cas de la Jelfara tunisoJybienne | 837- I 95 6

Essoussi,dansune "moudawina"documentécrit appelé"Meten Errahabia"où les


donnéesse basentsur I'astronomieavec un récit et une explicationsousforme de
poésie.

4.1- Le calendrier lunaire

Seréférantà I'annéeltmaire de354 ou 355jours ponctuéepar desrendez-vous


et des fêtes précises,avec douze mois de vingt neuf jous : Moharem(l'Hejir du
prophètede la Mecqueà la Medina),le dix de ce mois "Achoura"rappellele martyre
à Kerbelaen 680, fêtechiite avecrespectdessunnites
de Husseinfils de Ali assassiné
malikites.

Safar,Rabiael elawel(le 12 du mois la naissance de prophèteMahomed)Rabia


ethani2ème,Joumadael awel ler, Joumada ethani : 2ème, Rajeb (27 du mois la
(
montéeau ciel du prophèteou [a fête du < ISRA )) et Elmiiraj >>cettemontéeau ciel
c'estfaite à Jursalemvenantde la Mecquemiraculeusement'sur le cheval"burraqh").
Chaabane, RarnadanQemois de jeûne clôturé par "l'ardesseghir")Chaouel,Thou el
Khaada,Thou Et hajja (le mois de pèlerinageà la Mecque,le lOèmejour Aid Elkebir
ou ldhha ; la fête du sacrifice, Dieu a demandéà ABRAI{AM de sacrifier son fils
ISMAIL pour mettreà l'épreuvesa foi). Les fête musulmanes ne tombentjamais à la
datefixeèles obéissentau calendrierlunaire avecun décalagede onzejoursenviron
parrapportà I'annéesolaire.

Les nomadessuiventminutieusementles mois lunairesce qui provoque parfois


des doutesce sont les journees perturbeesavec des oragesou des nuagesqui les
empêchentd'observerla première lune du mois, c'e-stle "cadhiudu "charaâ"qui
décidede l'ouvertlre ou la clôtue du mois de Ramadan,les Werghemmaparlentde
"L'athigha"c'està dire I'annoncedu débutde mois dejeûneou de la fêtede l'Aïd.

Cetteannoncese fait par I'allumagedu feu danschaqueensemblede "Beyouth"


tentes,cette formule est obligatoire à chacun qui reçoit le messageet il doit le
transmettre,cetteobligation morale entredans les coutumesdeshibus dansun pays
où le "Mufti" de la régenceest à Tunis, c'estpour celaquechaquetribu estautonome
et souvent il y a un accord sur la tenue de ce calendrierconcernantles fêtes
religieuses.

4.2-Le calendrier,4Y19\4[rA"

4+ r.l ": non arabeou étranger"se réfèreà un astrologue( Essoussi> qui a


édité(MetenErratrabia)ou la poésierécitantet expliquantce calendrier,il commence
par Yanayar,Febrayer,Mares, Ebril, Muyu, Younya,Youlya, Ghoucht,Chebtanbar,
-Ouktoubar,
Noufanrber,Dijambar, avec un decalagede 14 jours par rapport au
calendriersolaire.

ll està signalerqued'aprèscesdétailsce calendrierde < RAADIA > datedu débutdu XVIIIéme siècle
puisqu'il'évoqujIe sultânde la porte sublimeOthoman(le grandsultanetc....)égalementdesdétails
surlesprévisionde guerreou de litiges entrelesberbèreset lestribus< Mois d'octobre> .
Lesmutationssocio-spariales,culturellesetaspe.ctsanthropologiquesenmilieuaride:138
I 837- I 956
j'Wa runiso-iybienne
C* a"-i"

ucht^Poq@ssoussi) Glouchtestunesarsonqul
' &Àô- i"Ju-"r ËJ sds'-rl
dure40jours qui s"pptrit Àoussou
jours'
coihcide avec (ç) la lethe (Mim) 9l 11tto.o9tieMim (e): 40
Cettesaison façonqdil
poème disait que la saison o" eot roo*J'ù-ffi u *T (p)c'estdecette
le .Jbur" sw les lettresde t'alphabetarabe
l" poèî" ai*ir, ce c.l"ndi",
faut compt.r, 40 etc'
ya' (É) le comptesetansforme10' 20' 30'
de I à 10puisuuoi""o"â" laiette

Noustrouvonsalors:
JGH
d d€ !cj J-À
iJÊ 65 432
50 40 30 20 10 981
ou périoded.Aoussou drrre40 jotus, le
D,aprèsle poèmed,Essoussi,la saison jours aussi
jours, d" l';;. Auecia periodedu froid de 40
débutestà la nuit de 24ème deuxpériodessontdécisives
ooittt.j
(20 jours de nuit ur*"rr"r, zô jours de "uit* pi"il ryt " qui.d'aprèsplusieurs"hisba"
i"
pour les conditionsclimatique! I *i;; le debutd'Aoussou'
calendriers ,'*oo""l" rr.riiàu 24èmejours del'été c'està dire

un autre calendrier ou ,.hisba,, la ,,Raadia,.


ou la ( tonnitruante)
Nous évoquons
desgrajnsde sel.pour*, tr*' desmoispluvieuxou secsde I'armée
de I'expérience El Aajemi>)'
encours(saison"d;;[ p*chaine qui débutà l'automne< october
un peu
Coran disait sourate (LxxIII,20)'' ton seigneursaitbienquetu veilles
Le
*6iCot i"^ton tiers' aveôunecompagniede
moinsdesdeuxti* à" la nuig a. ,u .l t. 3o* :.il voussait incapablesd'en
proches, or c,eJ Dieu qui m€sure i;;"t
tes faire
'"ptniîoit ptàr^9d"iezc,1qÏ" ]o-:.t 11-1v;z
faireIe compte; mais'* tàt" ir " qui parcoururent
y purti 'tto* desmalades'd'autres
aisémentdu Coran,il sait quil u au comtat sur le chemin de Dieu "'"
la te*e, en quêted,unegrâceae ni"o,îu"*t traductiondeJacques Berque,1990)'
(souratu rurouzraili-_îemmitouflé, "rrJar
uRahabia"d'Essoussidivisel'annéeen mois et
Le calendrierse référantà la
par t'inteile-diaire a'* "uËËfr-"is+ 6i' une poésieparlant de chaque
saisons
périodeetdesescaractéristiq,,","o**eaétéfaitpour''Aoussou''cidessus.
:
Cecalendrierseprésentecommesuit

Medeninequi a héritéde son


rn D'aprèsle récir de hadj Abdallahben BelgacembcnJaballahnotùe.à
q"i ;;;;i;r" *"tq"... des ksarsde Médenine(actuelle
uen
erandbèreMohamed iauattat..,cadhi" le nécessairede boiseriepour le
Bln Abid) en *rn*i;;;; dt; À*"tio
âosqué, de sidi Alaya la premièreboulanserie
(75 km), c'estlui.égal"*:{;ii;
olafond de Gabès "*{i:^-*:::'*n"par les habitantsWerghemmades
en pleine fefaË'a Medeniné,sontprojet a été protesté
tkoucha)
parre
ksour,on grande
d'une P'"lT.Pi1l:lt:iiii'***i*rt''**$i#i'i:iii'::':;
È.ou, ,oo Parle-d'unegrandeProre$auon
oruu'*ovr*-"Ë"alroii
( ne compterPlo: 1 la mise en
itr"â J ;ipffiÏiffi r'i;;irr"
"c"*'À1éL'4-r iÉd'3'rt'('
*f"n"m";m iï'ff
,Nffi;îù-àie ,iju*ù'-;;i;-ûJr*n
" ,rtuà JsraGabès' c'estlui qui a
A Gabès' a créel. Ghb'nttnntsinréà la placede
o'icim"tii'ùe
la première
construit *or'qie. à rt'rJ""i".iu' Ëi -tl demarabout sidi Alayaa étéplusà
actue'e a" i"iàËîr,lr"Ë"1Àu1ar,i'.k;b";;ûole sidi
la mosquée
u ao 'iio'n"rft mosquée ' te tomteaudu marabouten
l ouesrèntreru u not uuîËoo"il,a la mosquée
"e'e"r|'
desgben#;;;hi Ë;" j"9Ai*' a construit
Alayaa ététrursféré ;;il#;. oe càbesoù il a execréla fonotionde
amenant avecdes tute.iu:u* d;';";;tt"Ji"n
"o"ilrË'Ë.
< cadhiDPoulPlusdedix ans'
Lesmutationssocio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : 139
Casde la Jefara tunisoJybienne1837-1956

,tiTff";,,,mm
J-â9.t 'i.!J'| ;j$l .+.i+.i l+l-r qt-d irt- d,.j ..r_,rL >tJr, stid

20 nuitsbanches 2412
20 nuitsnooirs

entre24youlya et 5 chebtembre: Aoussou40jours


20 jours (nuitsbanches)du 25 dijemberjusqu'au5 yanayer
20jours(nuitsnoires)du 6 yanayerjusqu'au 26 yanayer

4+"'
4.3-Le calendrier"Ghilène ou Hisba de Ghilènertiril+ l.u.l-l.d O>t+É

Pouravoir plus de renseignementsur I'astrologuedesWerghemma connupar les


adulteset lesvieux par soncalendrierou "hisba"deGhilène.Nous rencontxons à Hessi
jleddi à I'estde Medeninele cheiktrhadj Eltaief Essahalqui raconteI'histoirede ses
ancêtres, il seréfèreà samémoirepuisqu'il n'a aucundocumentécrit.

Nous attendonsle chekhvêtu en blanc, la jebba,le houli, la chéchiarougeavec


la lehfablanchesur la tête,il fait la hoisièmeprièrede la jouméele "ASAR" avecles
quatre"sujud" Rakaates,c'est à dire il se prostemele front contre la terre, puis il
tèrmineson( salateD saprièreassissur les talonsavecla prièresur le prophèteet le
en récitantla "chahada"(ettachatred).
salutà I'assistance

Il se dirige vers nous, on se présente,it répond"marhababikoum" soyezles


bienvenus.

D'aprèsEl Hadj Eltaief ESSAHAL, le fondateurde ce calendrierc'estbien


"Ghilène" on dit quec'estun bergerde chameauxjuif ou d'originejuive.

Vous savez leur histoire ce sont des " Moukhalifines" des protestataires,
combattuspar notre seigneur (sayadouna)"Ali ibn Ali Taleb" jusqu'au dernier
combattant,il ne reste alors que les femmesjuives qui passentvoir le prophète
Mohamed (que le salut et la paix soient sur lui) portant plainte sur leur sort
puisqu'ellesn'ont plus d'aide ni soutien,le prophèteleur répond, chaque"cadavre
'Jifa" avecle cadawede la
à'*J personnenon musulmane(themi)rs.3resteavecsa
personneparenteet avecla puissancede Dieu il se produit une nouvellegénération
d'enfantset de descendants.
C'estpour celaqu'ondit qu'ils sontcréesde la "jifa"4i;+llCl.ifll, tÀ.

Donc la "hisba" de Ghilène et son calendrierse base sur I'expérienceet la


pratiqueen contactde la nature(fauneet flore)'

L'histoire de Werghemmaavec"Ghilène " un groupede V/erghemmavisitent


(Ghilène)en plein pâturageavec,sescamélidés,euxils veulenttesterce bergersur les
conditionsatmosphériques de I'annéeet I'abondancede la pluie .

Pourmontersalongueet riche expérience,il lesreçoit tout en proposantdu lait


dechamelle.
Les mutalions socio-spatiales, culturelles et a:tpects anthropologiques en milieu aride : 140
Cas de Ia Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

Il prend sa ( chakwa D outre à lait faite à partir de peaude chèwe sanspoils et il


se dirige vers la plus proche chamelle.

Il fait traire sa chamelle, après un moment de nafte (ûfLÊ l3t'ilt) la chamelle


s'apitoyait et inspire de la sympathie tout en se penchantvers une brise d'air de I'est
( 4# ) et son lait a subi u: léger changement,il fait une ligatue sur le premier lait et
il continue la traite dans la deuxième partie de la" chakwa " outre, juste après le
changementde comportement de la chamelle. Il retourne au groupe de Werghemma
en disant : "écouteur, curieux, docile et obéissantjt p*s en hiver et je retourne au
printemps ".

La première lactation s'est faite arrx derniers moments de I'hiver et la deuxième


s'est faité au début de la saison du printemps après le geste de la chamelle et à la
première brise de vent de I'Est, Ghilène, aidant par le comportementet I'attitude de sa
chamelle a le don de séparerle lait de I'hiver et le lait de printemps .
" e-.>ll ,ri C:.-l pE"i'll çP,tÀÂe+Lr e+-r,r"

C'est cette ingéniosité liée à la pratique et à I'expérienced'une vie quotidienne de


berger camelin en contact permanent avec le cheptel et les végétaux tout en
contemplant I'espace pendant le jour, et le ciel et les étoiles pendantla nuit .

Nous commençons par l'été, une saison qui débute le 22 mar (solaire) et le 2l
maya "Aajami" non arabe se caractérisepar I'apparition de cinq étoiles.

I - la thouraya I 8èmejour de l'été, la thouraya .t+ÉJl


2- El AYough 36ème jour éJ+rlt
3- El Mizane 54ème jours olj'lrlt (avec trois étoiles,la lère c'est Aoussou)
4-ElMarazem72"^" jour de l'été pjl-v'lt
5- Souheil 90èmejour de l'été d+'{."

D'après Mme Anne Marie Frerot géographelsschezles Adrar et les Rgabats en


Mauritanle , l'æmée est divisée en saisons lunaires et tous les 13 jours l'étoile qui
apparaîtla première à I'horizon change , son lever marque une étape ( dif'J fu$') .

Chaque saison se divise chez les tribus mauritanienneen 7 périodes de 13 jours,


c'est à dire une saison de 91 jours, chez les Werghemma de la Jeffara la saison se
divise en 5 périodes de 18 jours c'est à dire une saison de 90 jours. Même au sud
tunisien aans la Jeffara nous remarquons une légère difference entre les divers
calendriers ou "hisba" ; "hisba" Ghilène , hisba Chendoul "Toumi des ouled bouzid
tribu de krainya "hisba" "Enaadia" etc ...
Nous exposons en detail la hisba de Ghilene la plus pratique chez les Werghemma :

Etant donné I'importance de ce calendrier "hisba" Ghilène chez les tMerghemma


(agricultegrs, éleveuri , bergers etc...), nous évoquons les spécificités de_smois des
q*tr. saisons ghéliennes qui méritent en réatité r.ureétude plus approfondie pour

r5tAnneMarie Frcrot (1993) : Perceptionde I'espaceen ADRAR de Mauritanie. 1993Vl et V2 thèse


de doctoratUniv. de hovince.
Lesmutationssocio-spatiales,cukurelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : l4l
Casde Ia Jelfara tunisoJybienne1837-i/956

essayerde détectertout I'intérêtagronomiqueet environnemental


de cette"hisba" ou
calendrier< d'el Manakh>>metéorologiquechezles Werghemma.

La saisonde l'été débutele 21 maya fuL , ou le 2l mai, la périoded'Aoussou


commenceavecI'apparitionde la lère étoile d'el mizaneelle dure40jorus .

La période"ZA,AFRANATE" modérationdu climat 15jours pendentla fin


de I'automneet 15jours au débutde la saison d'hiver.

Les nuits blanchesdurent 20 jours caractérisées par le froid excessifde nui!


modéréespendantle jour, par
commencent I'augmentationds ssndrsduÀ*r'3$ ù.il 618
les gensutilisent beaucoupde feu pour se réchauffer,pas de croissancevégétative,
I'eau est congelée,et thuile d'olive se congèle, les nuits noires durent 20 jows
"croissancede tous végétaux"développementet croissance de toutebranche. Aynnar
II jours ctl,cette
(l I nuits) -,rËt| période par
secaractérise ur froid excessif.

For.rar"JJi " 28 jorns,l4 jours en hiver r<GuerretEl Anz): oragede la


chèvre,qui débutele l"jour de < fourar )) pour durer unjour et unenuit (24 heures)
et se caractérisepar des intempérieset du froid, et 14 jours au printempsle climat
changeversunemodérationprintanière.A la fin de deuxièmepériodede Fourar,il y a
apparitiondeshirondelles.

Le mois de mars caractérisépar "Elhousoum" f.r.*.,.rJl7 jours , 3 jours du


mois de Fouraret 4 jours du mois de mars caractérisés par un climat tès perturbé,
périodede mise-basde gazelleset des vachessauvages<<7æbus>.dtiills s,isJl i$.
L'arrivée deshirondelles,oiseauxmigrateursannoncentle changementde climat vers
Ia modération,les $/erghemmafêtent l'arrivée deshirondellespar la capturede ces
oiseaux.Ils préparentla"Bsissa" (farine d'orge gillée imprégnéed'huile d'olive à
I'aidede la main) en libérantles oiseauxaprèsavoir omé le coupar un fil rouge.

Le mois (d'EBRIR JJI ) chezles Werghemmac'estla saisonde la moissondes


céréales(orgeset blé), et de la tonte desovins , caprins, camelins.

Le chikh Hadj Ltaief ESSAHAL reprend,cheznoustout est lié et organisépar


le Puissant, le Bienfaiteur,le Miséricordieux,Seigneurdes mondes,Souveraindu
jour du jugement c'est Dieu , volts savez au mois d'octobreil y a "HALLAN
EZERRIA" i+*rjtt iil.s" looa est orchestré par le Dieu tout puissant : Sayoudor.rna
Adam" (quele salut et la paix soientsur lui) Adam au débutdu moisd'octobreDieu
tui fait un don en lui octroyant un tatueau et une chamrede tamarix " ÉJ,LllÔ|.,p-c"
c'est pour cela qu'octobre était la saison des labours et semis pour tous les
musulmans, nous les Wergheûrmanous croyons que le labour en octobre est
productif " Àl ir ;.13 fulav t€# et plein de louangeet barakade Dieu. Ainsi avant
octobrele labourest semispeut être productif mais sans louageet baraka de Dieu.
( illl,y -t+l k-rr u+J3 ûJ'-.s- t6;.l) .
aride : 142
et aspectsanttropologtÇaes en milieu
Lesmutations socio-spatiales, culturelles i,837-1956
cot ài i"Lntr*d tuniso-bbienne
' 56 '
1

4;- L. de Cnendoul ou "hisba" de Chendoul


""lt"drier
Chcndoulbienqu,ilestwerghernmi,Touzni,d,ouledBouzidetdelatribudes uhisba"
uu.. ,or, .ooi**"*loi pertinente Il est connupar sa
krainya son histoire "ti les pluies sont tombéesen période
q"1t"" Àèe
ou calendrier, mais li S*t avéré
Aébu;S"ftembtt' il y avait a:t n]-":"t-1*id.*"t'
(saison) "Ghoucht" l',l; no Août mais avant le
et te semis au 33èmejours d'automne'
les gensont commencéle labour référant sa "hisba"
',ri
*.tËtt"**i "Cheidoul" en se
début de mois d'octobre,l'astrologue OeUambou' il a accrochéun foulard
#;;
et son calendrier, a pris son "logha5i"" jo*ne" du33ême joursdeI'automne le
rousedesoie"" uo,it"t ii. -rifr r" b";;tvent'
-oiu"*.otdu foulard et la direction du

A l a f i n d e l a j o u r n é e i l d e m a n d e à s e s c o m p a g n o n s d e r e t i ren
ere t a r r êque
disant terles
,Jwabed,'l"s att"laf*'r-po* f"r labours et de stoppefÈhbour et semis
et
il est'fait- dans une période inadéquate
ce labour ne donnera pas de rendement,
avancéepar ræPort Loo moment de semis et de labour'
"u
Maislesgenstoutautouront.continuéàlaborrreretilsontobtenuunebonne disait
production et une très bonne *oirroo.- ô;"r, po* cela que werghemma
mais les
,,chenduol a tenu mn a sa ,,hisba,,,son c*enâtier et à sôn expérience
et à la confianceen Dieu '
$/erghemmaont t""o ata puissance

4.5-LaRaaddia''Llb+ll,'calendrierpluridisciplinaire

LatonnitruantedesWerghemma:undocumenttrouvédanslesarchivesdu mort en
Uen haOj Ali ben JabaltahEl Khelifr
notaire feu Mohamed ben Belgàcem
'
1992que Dieu lui accordele pardon
de môt
le titre s'intitule "ERRAADIA" vient
ce document de beize pagesdont de calendrier
ro iït-ittt*te titre signifrantle récit
raâd : le tonnerre, (lat tonitrus ) ou
"aajmia,'rronurub"de12mois,uu..l'rrprévisionsmétéorologiquesdechaquemols'
t"' i'ho**e ' la flore et la faune '
et les conséqo.nr"-' ;; ;* "onditio"'

Noustrouvonségalementlesheuresdelaprièredurarrtlemois.Comptéesen
(33 cm ) environ 12
,,khadam,,p$ pied d,ombre, meswe iJongu"ur ïalant environ
'
pouces.Une troisiè;; æ; note les grandsévénementsdu mois

I l e s t à s i g n a l e r q u e c e t t e ! u , t i " p a r l e d e s s t etrès
s r eproche
l i 8 i e ude
s eI'italien'
s i s l a m écrit
i q u een
s,
tio l*gug-
chrétienneset d'aùtres événementt ",ifit*t
sont pas compns'
cura"tèresarabesdont les mots ne d"t influences et conséquencÆs sur
Cette colonn" p*i" de I'astonomi", tout
"i de Dieu le
"ussi p'"*ia'" fage aeqte par "Au nom
l'homme,la flore et 1afaune' l'u son prophète
i; Jd;, et la paix soient sur
miséricordieux, et que la prière,
Mohamed> .

touchant
ictativ"sà la vie past'orale'
ffiibac,estàdirecalculer,hisbal'opérationet[escalculsdeChendoul,son
d'Elmanakhiu-''x s1sesprévision##;i";il"s
calendrier t::î**îJâiÏii
'i'r'o'esenprantes
tousresaspecrsagronomiquesetenvironncyi:tii:i"Ë:i:l*:ff à
adéquates
i5rLî"iii1i.:i'#:H3Ë.i;ïÏàï::ï;îâ*#' "ii"'
chaquetYPed'élevagectc""
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : 143
Cas de la Jffira tuniso-lybienne 1837-1956

Ceci est une copie, propriété de son éditeur le pauvre à Dieu qui I'adore
Mohamed ben Belgacem ben Hadj Ali ben JaballatrElkhlifi que Dieu lui accorde le
pardon ainsi qu'à tous les musulmans et les musulmanes,les vivants et les morts.

Dieu est entendant,connaissantet reconnaissantà tout appel.


Une telle grâce ne vient que de Dieu, Dieu est immenseet sage.
Ce document a été écrit "t{.i-'j t'" le soir du lundi le 28 rajab ,:.tJ êt le 15 maya
L,t- de I'année 1369 et 1950, document hérité de son père que Dieu lui accorde le
pardon EL" cadhi" "sitlll " Belgacem ben hadj Ali ben Jaballatr.

Ce calendrier est une véritable encyclopédie qui englobe à la fois les sciences,
la médecine,I'astronomie, I'histoire, I'horaire de cinq prières de la journée, la durée de
la journée et de la nuit, les événementsreligieux ou intéressantI'homme, la flore, la
fauneetc ...

Nous essayonsde choisir quelques exemples qui intéressentI'envirorurement


de la Jeffara etlapréoccupation des Werghemma.

Nous citons au mois de Yanayer .rJ|4 " ce mois est caractérisépar une période
de froid, du ler jour au 30èmejour de ce mois se fait la plantation des arbres, s'il y a
du tonnerre au cours du mois, I'année est mauvaise et dans une autre version s'il y a
tonnerre au début du mois, I'annéeest mauvaise, et s'il y a du tonnene à la fin du mois
I'annéeest bonne et productive et très froide ; il y a du séismeet de la moralité dans le
cheptel .
rrp*1unurrl57
Le ler du mois de "Yanayer " .l;E c'est une joumée perturbée
: ..ry : "c'est une période de perturbation du climat qui dure trois jours ". C'est le
7èmejours de la naissancede Jésus,dans une autre version on parle du 8èmejour de
sa naissanceet de sa circoncision.

Le 7ème du mois c'est la fête de la croix, une journée "Moubarek " bonne
joumée , le 13 le froid est excessif,le 15 la mort de Abi Bakar Essedikhet le "khalifa
l' ,u ,u"."rsion par Omar Ibn El khatab" que Dieu soit satisfait d'eux rr L'€ra Àt oa1'
le 17 fertuna i-:j;g " journée perturbée (saniataliana ) écrit en caractèrearabe et de
dont le sensn'est pas compris. Le 24ème la multiplication et reproduction des oiseaux
et des animaux sauvages"riJ.Jl ". Le 25 fertuna (Sania lère) qui dure trois jours
(perturbationprévisionnelle). Le 29 rassemblementethouraya' ,',tll " avec la luns Fill
( .,J!qllt+LJ-Éll ijJii!)

Le jour de la sortie du ELGFIARNOUG. diJ.ll oiseau : fl-amant (échassier


palmipèdé ), ce jour 1àse couche l'étoile Ettarfa lJIL-tt et I'orage 3.l3dure cinq nuits ,
le nombre de jours de ce mois est (31).

l5tFertunai-.i.5É;n
d'aprèslesnotairesle mot fertunac'est à direperturbationdu climatet temps
orageuxqui peutdurer3 jours de perturbation(d'aprèsle notaire Hadj Abdallahben Bengacemben
Jaballahâgéde 85 ansexerçantencorela fonctionde < Adal lchhad> héritéede son père).
Les mutations socio-spatiales, calturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : 144
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

Durant le mois de YANAYER , tu fais la prièredu "Dhor " midi lorsquevotre


g pieds, la prière ELASAR
ombre arrive à 10 pieds et dansune autreversionLlsl
J,a4ll 17pieds,dansune autreversioni-',l.u 15pieds.

Dansce mois le soleil se déplaceversle signede verseauJldl GJ:LJ cte*'t'll$il


ic'U" ;.,f'e g.-,f
" la duréede jour est de t heureset ll3, la nuit dure la heureset plus
le plusconnàissantfelÀ13.
ês ,et dansrm autrescénario13heureet 213etDieu

A I'entréede ce mois le flegmes'accroîtÊtlJ 1+i-Éq'il estconseilléde manger


de la viandechaquematin et boire de I'eautiède,égalementla viandebien engraissée,
du poissonà déconseiller,la boissondu lait du petitlait +lll.

S'il y a éclipsede luneunefamineseproduità I'Est et à I'Ouest,dansce mois se


plantes à
fait la plantation des arbresà pépinset les bouturesde grenadier.et les
pepirrr,bi"u est le pi"r ro*uitt*ft. Êl,rl4-Ill J irl-.Jl .rU3l3 als olÉll sr"v+ !i s.

D'après une lecturedesautresmois de ce calendriernousrelevons: le mois de


cette
FEBRAYER g'iclJie, c'est le mois des vents,de la pluie et de la neige, en
période le sang circule chez l'homme plus vite il est conseillé de manger une
nourriturefroide et de diminuerlesrapportssexuels
,:.-'...Ts gl,.ôll ej dt qtsr +4 J
:'*Jj .-.1 enL- T 3 .r_.,ÇtdJl3-lt t + .;:-q 6i

Semultiplient les abeilles( dirjllCJic ) et segreffentle pommieret le poirier et


sestabilisel'éLoulementde I'eau(dela sêve)danslesbranches.
Le mois où il y a éclipsede la iune, I'arutéeserabonneet prospè-re, et s'il y a du
tonnerrel'état destroupeauxest aussibon et le cheptelseraproductif,avecune bonne
productionde laitageet de miel .

Et s'il seproduitun séismedurantce mois,il seproduitunedispersiondansles


jusqu'à la moitié
tribus,et dansune autreversions'il y a du tonnerreaudébutdu mois
les prix augmententet uneguerresedéclencheentrelespaysansdestribus.

S'il se produit un séismeen deuxièmemoitié du mois, I'annéese réchauffleet sa


productionagricoleseraimportanteavecune mortalitédansle cheptel. Le nombrede
jows de ce mois estvingt huit jours-

Il est à signalerque les notairesWerghemmaqui détiennentla < Raadiaa> ou la


tonitruante> héritent àe père au fils ce genrede calendrierqui dépasse. le senset
et les fêtesreligieuses pour
I'utilisation d'un calendriôrlunairefixant les rendez-vous
engloberles prévisionsmétéorologiques et le calendrieragricoletouchantles datesde
qui
semis et de labour, de la productionvégétaleet animaleavec tous les détails -
tuniso
intéressentles difiérentes espècesvégétalesconnuesdans la Jeffara
tripolitaine.

Chaqueannéeavant le début d'automneet dès [a fin de la saison d'été les


paysansdô Werghemmapassentvoir les notaires,ou le < Chadhi> et les genslettrés'
ie'jo,.rs du marcne hebàomadairedans les ksours où s'installent d'une manière
presquepermanenteles notaires,le < cadhi> juge de la jurisprudencgislamique,les
les
o ffouf.ir > les tisserands,les < meddebs) ou ( moudarressdesécolescoraniques,
< Amines> des souksou juges de différentssoukset métiers,les maréchal-ferrands,
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride :
145
Cas de Ia Jeffara nniso-lybienne I g37_I 956

et les gardiensdes ksars ou porteursdes clefs ou kharnes,I'imam de la mosqueeet les


fidèles qui récitent quotidiennemententre la prière du < doher > de midi j la priere
du < asser> de l'âpres midi le < hizb; r-r.i-r'Jl ; c'est à dire la totalité des < ahzabs>
ou parties du coran , les soixante < hizbs >>ou cent quatorze sourates,que les écoles
en cofirmençant les repartissent en hizb groupe ou ensemble de sourates en
commençant par les courtes sourates pour faciliter aux enfants écoliers
I 'apprentissagedu coran avec I'utilisation du < louh > CC une planche en bois pour
écrire les souratesà l'aide d'une plume de roseau avec comme encre du < samagh >
è 'é.

On obtient le < smagh > par le traitement de poils de la toison des ovins, il
faut choisir les poils où se concentrela sueur, entre les pattes et autour des aisselleset
sous la queueou (amasde graisse),le cheptel ovin des Werghemmaest en majorité de
race barbarineà grossequeueçsrj!s..

La toison ou poil humecté de sueur est grillée jusqu'à devenir noirâtre et


visqueuse, on le récupèredans rur récipient puis on le répartie dans des encrines ou
écritoire un par écolier et par < louh D C.il après avoir ajouté une petite quantité
d'eau.

Les versets du coran dictés par le < Meddeb > ou (( Moderress> enseignantet
les écoliersécriventsur les louhs,chaquesouraterestesur le < louh > jusqu'aujour de
récitationpar coeur,généralementc'est le jeudi ou à la fin de la journéese terminela
récitationet I'oblitérationdu louh ClJlJl Jrl4 si l'écolier a bien apprisIa sourate.

Le vendredi c'est la journée de repos pour tout le monde < Meddeb > et
écoliers, c'est la journée de la grande prière , ce rassemblement<<Jomoa>>du
vendredi, groupe toutes les catégories , les riches, les pauwes, les cheikhs et les
paysans,les bergers,les notairesetc...c'est à la fois une prière et une récitationde la
< khoutba >>ou prône de I'imam . La <<Raaddia> des 'Werghemmamentionne toutes
les heuresdesprières.

< . ..Lorsque vient le jour du vendredi, les angesse tierment à chacunedes portes
de la mosquée et inscrivent les fidèles dans I'ordre de leur arrivée. Puis, lorsque
I'imam s'assied,les angesferment les pages(de leur registres)et viennentécouterla
mention de Dieu ( Sahih El Boukhari > .

La valeur de cette prière et sans équivoque aux yeux de tous les musulmanset
'Werghemma
aux yeux des qui respectentce rendez-vous dans leur mode de vie et
leur organisationet hiérarchie.
L'imam est très respecté qui avec les lettrés et les < meddebs> les moderïess,
enseignantsdes écoles coraniques, les notaires et le >cadhi> du charaa ( la loi
coranique ) restent le recours des tribus, des ourouches,et du Najaa ou confédération
pour tout litige ou ambiguiTé dans la pratique du rituel et des obligations
communautaireset les pratiquessecondaires.

Ce n'est pas par hasardque la < raadia > ou tonnitruante s'est trouvée chez une
famille de notaires et hérité d'un éminent < cadhi > du charaade werghemma.
Lesmutatiorusocio-spatiales, en milieuaride :
culturelleset aspectsanthropologiques 146
Casde la Jffira tunisoJybienne I8i7-1956

Aprèsla destructionde la majoritédes ksour de Medninepar les autoritésde la lère


Républiqueau début de l'indépendance,la rue desnotaireset I'environnementde la
mosquéeont résisté aux injusticesde I'histoire puisqu'ellesreprésententpow les
Werghemmaavecles trentecinq ksarsdestribus de cetteconfédérationla ( khebla>
desnomadesde toutela Jeffaratuniso-tripolitaine.

Où il y a les greniersde stockage,le marchéhebdomadaire, la mosquée de la


prièredu véndredi,I'imam et les lettrés,les notaires,les ksouravec6000 ghorfa,25
courset puits de surface et septentréesprincipalesreprésententle lieu privilégiéde la
rencontràdes Werghemmaoù leurs ancêtesont déjà édifié pierrepar piene chaque
< Ghorfa > ou celiule ou pièce , constituantle ksar en plusieursétages(4, 5 et 6
étages).

Ce sont ces lettrésqui déterminentle savoir et l'écrit et I'archivepour toute la


confédération et grâceà eux noustrouvonsce qui restede cetteencyclopédie nomade
qui de I'oralité pàcifiquepassede plus en plus vers la sociétéqui depuis1830a eu
,Lrour, à l'écrit av." i.t <<Hrjja )) contrats, les pacteset les actesde < AIKH > ou
< Hrjja> de libérationd'esclave.

Certainementle danger venant de I'extérieur de très loin a suscité les


mutationset le recoursaux pactespour se préparerà une phasenouvelleinconnue
dont les conséquences sont prévuespar les poètesqui font la lecturede l'espace,de
I'histoireet de I'avenir desgroupeshumaines.

C'est cettecultureet ce patrimoinenéantiou presquepar lespouvoirscentraux


des beys, des colons et leur Juite qui donne la valeur exactede I'ingéniositédes
Werghemmapour vivre dansles espacesarideset secsmenacéspar le ciel aveccette
aridiiépresquepermanenteet par deshorizonsfrontalierstoujoursmenaçants.

Cette multitude de calendriersmontre bien l'existence d'une batterie de


stratégiespropres à cette sociétéguerrièrepour toutes les périodesde paix ou de
guelTe.

C'est dansce genrede stratégieset d'organisationcollectiveque s'intègre la


< Raâdia> ou tonnittùot. desWergÉemmacommeétantla < Maoussouaâ > lof*"S-
encyclopédiescientifique, socio-économiqueet culturelle par la multiplicité des
dimensibnsqu'elle engiobecommele repéragedu tempset de I'espacepar la mesure
de I'ombre de la pJtso*" en pieds (khadem), toute la vie quotidiennede ces
nomadesavecle mæcimumde détàilsconcemantles évènements de chaquemois et le
calendrierà suiwe pour les travaux agricoles,la conduitedes fioupeaux,l'état des
pâturages, toutela vie du Werghemmasetrouveliée à
les prévisionsmétéorologiques,
ce .ul"ndtier de près ou de loin , c'est pour cela que cette sociétédonne une
importanceassezgrandeà lews notaires,lettréset Imam, Cadhietc...qui setrouvent
soiten mouvanceavecles tibus soit en pennanence dansles< ksour>'

Le repéragedu tempsse fait par le recoursà cesdivers< hisba> ou calendriers


qui serapprochentau point de vue forme et détails et au point de vue fond, tout passe
par< le miaad> et les notaireset lethésde la tribus ou de la confédération.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: I47
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

C'estunephasede transformationtrès importantedansI'histoirede cessociétésqui


utilisent I'oralité et uniquement I'oralité pour toute communicationà toute échelle,
familiale,fraction,tribus,confédération,ourouchou Noujooua.

C'estau débutdu XIXème sièclequ'ils étaientobligésde sortir du cercletribal et


mêmede I'environnement confédéralde Werghernmapour arriveraux alliancesautrefois
réaliséespar "EL KALMA" la paroledu " Miaâd" et descheiksdestribusmaisaveccette
nouvelle phase où ils observent le danger venant de I'Ouest (Saharaalgérien en
colonisation progressive par I'occupation française),du nordoù le pouvoircentraldesbeys
de la régencede Tunis est presqueallié au projet des colonsfrançais,du sud et de I'est,
I'EmpireOthomanqui gérédifficilement les coloniesothomanes menacées par les grandes
puissances nouvelles,I'Angleterre,I'Italie et I'Espagne,les Werghemmavoient de loin les
chimèresd'une alliance pan-islamiquesoutenueau début par I'Empire othoman puis
dissouteou presquedans la vague de dépendancedes coloniesd'Alger, de Tunis et de
Tripoli suiteà desmanoeuwes colonialespour le partagedu monde.

Le poète Hamdi Mabrouk de Beni Khedecheparle du Ksar. Edifice cher et


de la confédérationdesWerghemma.
stratégique

Le ksar,autrefoiscentregrenierdesnomades
le voilà encorerésistantaux intempéries
oh ksar,témoinde ton époque
éclairez-moisurton passé
A quelleépoqueon t'a ton construit?
Commentt'a ton bâti ?
Quanda eu lieu en ton seinla première
réuniondesV/erghemma?
Tant de fois ils se sontréunispour
débattrede I'intérêtcommun.
Ils étaientfiersde toi.
Leursctuavanes chargéesconvergent
verstoi deshamadasi lointaines
ceshommesbraveset généreux
cesdemoiselles charmantes maisprobes
Oh ksar ! astu reçude hautsdignitaires
le Caïd,le cheikhet leursagents?
As-tu étéenvahipar deschaouchs?
Desrégimentsde Mhala et de leur capitaine
aux étoileslumineuses?
As-tu étépiétinépar deslâchesMakhzensdu Bey
de leursagentset de lâchescollaborateurs?
Ceuxqui le fréquentaientétaient-ilsdesamateurs
de caféet de spectacles ou de sobresnomades
qui secontententde thé ?
Oh ksaras-tuété libre et souverain,
As-fu connules bataillesde courageux
corpsà corpset à dos de chevauxpur sang
Le ksarme répondpattentezpoète
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride :
l4g
Cas de Ia Jefara tuniso-lybienne 1837-i,956

tu veux . Connaîtrela vérité ?


Contente-toidemespierrespour méditer.
Ecoutez: le justecommele tyran périront.
J'ai vécuil y a plus de deuxcentquaranteans.
Mon influences'estentenduedu Zeussau CharbEssouada.
Ma longuevie m'a apprisquele tempsestdur pour
lescourageuxet doux pour les dociles.
La vie et sesexpériences vousapprendrontbiendesmerveilles.
Si la vie te souritelle ne tardepasdete trahir .
J'ai vécuen hautdescollinesavecmeshommes
bienrespectés : les Werghemma,lesdebbabis ....
mesbraves gueniers les ont combattus.
Ceshommesqui préfèrentmourir les doigtssurla gâchette
Maisunjour I'occupantm'a envahiavec
desmilliers de soldatset Makhzenet piétinéavec
cescharretteset chevaux
lesoccupantsvenantde loin ont forcémesGhorfa
et lesont brûlées.
Ils ont mis le feu dansmesjarresd'huile et ce fut
unebraisedontlestracesdemeurentencoreaujourd'hui

( Le poèteHamdi Mabrouk)
< V/erghemmade la Jeffara>
( Notre Traduction)

J=atll g- -,ij-r
iJs'; ('''JJ
!J .n!J
.crJ4l g'rt'r'
ôJt---.-r-ll f.f
o.tlj idi--r g)lJ-ll
,,---.st-+ '4 i I J dl-*i J.â-Ê l+ t-r J..a.-gt+
EJ+,-jrgJ.rlrI L 1J;.o.'.+l p3+ll ,J+.r^É LÂr C ll ,'r r i J J-4-Ê t+
ôrl-r-.,,3tiâ él-,;r--e uj,'. .'- . J ,r+ él.Ll,-,a qÊl I l.l a;r=;,a-! \
f dl-,,1-L3" I tl à c!t---4 uitill "Êl J é!-"1-'r l.u-t-r. uit-i-fu
f o$e+ ,r, ti L-n-e.iJ e- ,rt: il Clr.rt.,;.r l3.r-t-;l Jl$..1-t UÊLJ-3J
lJ-r*.'! élJ+ts}l jJy CISJ-r-+,3 l$-r-i-Àl .,1J JUÊtl-3J
y!
o.rl.r-sl dS J È{r-r; J+lJ l}.-All ul.ps ,rl L utt, I
",J,-l
iit i tl I psJl L; i t.lÊJ-h+,lJ-3+ ii.,a.-J d.+T uÊJit-s
t3j-J 3 lgr4 ,'l ,,.1J-^ cÊlr! S lfj---3-l ,rt; J gilr T
ôJ*-rg lr.r,l3 frr L'r lfl+ cly-rl ,{ tt rl Uilt-ll 3
çjx
ôrls-.l L. llÈ1-1rf lfji cJt+l,rlJ o
s-3cjl,
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o$,.SôJ.tll .,, r tl
,rJ" lé+ ..rltjc c,t4 éLdJ-il sJ ofu-l-t-r J
rrl.;ô'136rll I ûù'Â4ll 3 $tlJl riJÉs .r.l-.-ol ,4 :l5g-. oÊ.1-t-Ll
,rrÀlj cELl- sJ Ul&iÉ ;4--Ë tJ e,-À' r I it r ya-! l1
SrljrrJl3 cJitll lJ+rJ sJl cF,ul fu-lt t ' .ll+.i oÊJ-ltl t. sJ
o.rtr-3| ,'. iJ, ir '' tt
fJs-lt gJt-l ult-,$ l.jrtj-Sr çJ3-;I!3
d!Jl+-il e+--: r-r.
JL+ J,a--â t-, ... dtJLEi-j! #.|.4-.t t+
6J,4-lll3 F-r. el J+J élJbr t 6-,.e--.i' l-i -1.-...-,a-6 t+
6.rlJ ,.rrrll Ylt r'.i ( J+li é!.j,;-,,r g--.-1.e4, slJ-éJ J-é3 l+
Lesmutationssocio-spatiales, en milieu aride :
culturelleset aspectsanthropologiques 149
Casde la Jeffaratuniso-lybienne I 837-I 956

)-+l'-jl J éh-^i,J_j J s';lJt+. J-;Eil "X-,al dt-g J,a-lll


(t'r-+JJéJs.,aJsPJ+'i.,-.'-n *.....-e3--;.i O+r-l Cr-rô-ç cJUl
6JgJ3 rljl J Èjill r uijnallet-t.r1.; J (r-i{L..'
(1. r
i.rlgllf -r-r.jJ ,j..r Urlill ù- tfs-*J ,,. ï , , u . r .I r l s . . ù
AJ-,-.! l*-3 -r ... 1,-ilrJLrr
lif.;g,r.*r;l J ÉP SYl dLcL- *,'. r ll J
û*1. Jis, J-dLll
6rl;r-. lJ-i.ÀjJ,JJ ,-l.e rj-ilr-j 3 s-3tdl J J5ill,,J.e pLr,Tl3
ll-rr. dirlr dlJl 8r; '"' 'r c'"F+S
s,-JS t' u-r.làl éFJ
f.rt+-E3 ti-r;i''' J a J À .JEe-3 dl+il s lsj s é$ll uLe ' iJU
Éja(rl.o tir-Sj+ pl-;Tl 3 ... r3j'-r' ç'i- Jl-S3-l
i.rfs-ll '' t JS-/Ê 3.h31;Sa i.p:3Ul-. s riC+ qr&, cdi
çe.b'r'
àrtii d$Â e+.al tcir+ sJl urt-j .hjJJl Jl+r-J o.lt-t t e tli is
iJ-!g el r-...11 ,'. J Ct gaÂtis3 ç-+i s i,,+^nll C-3.iaF t:u-JLj!
lllJrrr.L$'s.1. | ,rJ tst.,a i,.,;lsJti g.-hj e-iull r ?:ùTl r-lt

çJ--.-i, CICJr+-c 3 .,;el '!" tl


Cr-rr-"+L.J++J| 4+É'il L + Lll il+-
( 1979)çiJ.i-J ç$+-ll 61.,P

Ce qui nousa amenéà cettepoésienostalgiqueoù le poèteglorifie son((Najaa))


et sa confedérationet fait l'éloge d'un passélointain richeoù la cohésionsocialeétait
trèsforte à I'intérieur du groupe.

Bien que la tribu vive en quasi-autonomieelle peut s'unir à d'autres


économiquementlors des déplacementssaisonniersou en adoptantdes cultures
d'autrui dansun domaineou autre.

A titre d'exemple< la Raadia)) ou la tonnitruante,ce calendrierqui englobedes


solutions en face des problèmesde la vie quotidiennenous avons bien constaté
I'universalité de ce calendrier qui touche à la fois religion, climat prévision
météorologiquede chaque mois de I'année, la vie personnellephysique et
sentimentàe,les horairesde la prièreavecdesdonnéestrèspratiquessebasantsur le
calcul de la longueurde I'ombre du paysanestiméen ( KFIADAM )) ou pieds, et
chaquemois setrôuve bien cernéde tous les aspectsqui touchentla vie sur terreet la
vie àe I'au delà.Ce calendriern'a pasnégligétous les critèresde la vie spirituelleet
temporelledu werghemmi.

Nous passons à [a toisième colonne qui se réfère à quelquesjournées


importantesdansI'histoire du Werghemmaet de l'humanité.

Le premier du mois de Febrayer,possibilité de chute de neige,le 2émejour


< Fertuna> périodeperturbéequi duretrois jours .

Le 7èmejour la tombéede la première< charbonardent> dansI'espace,le débutde


changemént du tempsde I'hivèr au printempsrlir$l 6.r+ d-ls,lrJt d '
Le 9émejour bonnejournée.étrt+ es:.
Le 10èmejour < fertuna> periodeperturbéequi dure3 jows .
Le 1lèmejour : I'arrivéedescigognes,revenantdeleurimmigration.
Les mutationssocio-spatiales, cullurelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : 1 50
Cas de Ia Jefara tuniso-lybienne1837-1956

Le 12èmejour : mauvaisejoumée , d j
NJ, avecoragequi dureseptjours .7 ,Fi
fL,l.
Le 14 èmejour : la tombée de la deuxièmecharbonardentdansI'eau .$l4+J$l stl
rLelli.pl
Le 15èmejour < fertuna> periodeperturbée,c'est le premierjour du printemps.
'anivée deshirondelles. liâùill
Le 2gèmelour sortie des insectesde la tene et I îrÂ3
cÈ.rTlr.gi i,. o$J{llG$ir
ie 21èmejour : tomble du boisième( charbonardent> dansle sable {p &tUttel
çljll6.r^..
Le 24 èmejour : la fusion de deux saisons, et le soleil entreau signedu poisson
i1C.ai6lJÊ.13 ''U-11 U*..i'I dfri
e*
Le 25èmejour u HSOUM D lJ..,.s 7 jows et 8 nuits , trois jours appartiennentà
Febrayeret 4 jours au mois de Mars. Le tempsestperturbé.
Le 26è'"jour commencement du froid du vieillard i.pll s.larl'til

On a présentédeux mois seulementde ce calendrieret déjà nous tirons une


sur tous les aspectsde la vie de
multitude de solutions riches de conséquences
I'hommewerghemmiet ailleurs.

Nous passons à la troisième colonne qui se réfère à quelquesjournées


importantesdansI'histoire du Werghemmaet de I'humanité.

Sa colonne relative aux horairesde prière, se résurnecommesuit : la prière


< Edhouher> de midi, lorsquevotre ombrearrive à 8 < khadam> piedsdansune aute
version7 pieds .( EIASAR > I'après-midilorsqueI'ombrearriveà 15 ( khadam>
piedset dansune autreversion14 pieds.

on va se limiter à l'étude des premiers mois de l'année ( yanayer> et


"febrayer>>et pour le reste des mois nous nous arrêtonsque devant les faits et
de ces
événementtouChantI'histoire de ces tribus ou les aspectsanthropologiques
groupeshumains.

Au mois de < maya)) nous soulevons: s'il y à du tonnerre,il se produit rlrle


fuite.

Le soleil se déplacevers le signe du poisson.La duréedejour est de 10 heures


pl al3.
et 1/3et la nuit l3 héureset ll3,et Dieu le plusconnaissant

Au mois de < maya) nous relevons: s'il y a du tonnerre,il seproduit une fuite
d'une régionà une autre,peur de danger,et s'il y a du séisme,c'est la mort du sultan
116t-L!*J > et dans une autreversion, s'il y a du tonnerrependantla première
quinzainela récolte descéréalesseratrès bonneet un séismese produit,une maladie
dans la population, une guelre enÛe les berbèreset une armée vient de la mer
envoyéepar le grand sultan udâ"Tl clLll gi. >+lt Cr ,,1i.;1ciL1.9llce qui plovoque une
gr*àt mortalité de paysans,et s'il y a du tonnene pendantla deuxièmemoitié
f annéeserapluvieuseet Dieu le plus connaissant pl Itl3 .

pans lâ toisième colonnenous citons,le 5èmejour du mois le demierjour de


I'oubli on I'omnésis.ç irl+..jJ ir e+l JiÏ ) .
Lesmutationssocio-spatiales, en milieu aride :
culturelleset aspectsanthropologiques l5l
Cas de la Jelfara tunisoJybienne1837-|956

Le 8èmejour : ne faiterien,rien que|e sommeil( f$Jy1 t t; t dbj-iY D .

Le 11èmejour : unejournéejoyeuse,portebonheur.

Le l7èmejour I'entréede la saisond'été selonla doctrinedesagriculteurs< dÂr+


iJiJ-lJ.lll .,. àL .,l-e d+.,all n.

Le l9èmejour une journée<Fartuna))avecdes mots écritsen arabeet dont


I'accenton dirait du Latin ou Italien ou Hébreucette périodede perturbationdure
troisjours.

Le 20èmejour la naissancedu prophète< ELIE D que Dieu lui accordela paix


fiJl+;.t-e oç16rTJ c'eStI'un desprophètes communsà la bibleet auCoran.

Une autre fois nous signalons I'ouverture des tWerghemma sur le monde
extérieuret sw l'universalitédesdonnéeset dessciencesdel'époquequeles lettréset
les notaireset < cadhi> adoptentpour se référerà cesdocumentset à ce patrimoineà
la fois culturel, religieux, astronomique, médicinal, culinaire, agronomique,
cosmétiqueet cosmologique,météorologique,horloge pour indiquer I'horaire des
prièreset les duréesdu jour et de la nuit avec une notion pratiqueet à la portéedu
nomadepuisqu'il peut déterminerrien quepar la distancedesonombre.

Tout ce qui intéresseles saisonsde labour,de semis,de plantation,de gref;Fage,


de taille et d'entretiende moisson,avecdesdétailsbotaniqueset de biologievégétale
et animalebaséssur des donnéesscientifiquesen liaison étroite avec le climat,
I'astronomieet les phénomènes naturels.

Le werghemmi peut alors à titre d'exemple trouver les détails au mois de


( mayan ++t- > très utiles à son mode de vie quotidien et à sa subsistance,ce
commea étécité ci-dessus
calendrierintéresseà la fois les nomadeset les sédentaires,
ou les groupeshumains
les tribus c'est à dire les nomadeset les berbèressédentaires
résidentdansles agglomérations, lesksour autourdes mosquées.

Nous citons au mois de < mayaD : se méfier à I'entréeau <<hamam> bain-


maureà faim glJillul" plsJl {9il iJÉiJiâ'J,il estconseillédenepasbeaucoupdormir,
ce qui peutattirerles maladies.

En ce mois c'est la périodeadéquatede voyageren mer, c'est la saisonde


nouaisondesoliviers, et l'apparitiondesprimeursde pommierset d'abricots,depnrne
et de concombre,à ce momentlà sefait la récoltedeslégumessecset de la fève. s'e
r'a':J.l't! ç.fJ s+Jb$.t'lt 13À
!l e"+^t r,t..$illr f.i.-9*tf3oil.^f,-t|J GÉill J.ÉtJJdi',J it*rl
j,illJ dél
oiÀt

Egalementla récoltede l'orge et lu lin ûtSslll;re^AIft.ar êf+ et l'éclosiondes


oeufsde paonne u"JJùll tictJ, la nouaisonde raisin ( vigne)et la maturitédu miel
de rucher.ù,.tlld$i!l dnr.$q$ll 1+iriu

S'il se produit une éclipse de lune, I'année sera pluvieuseet de bonne


production,les prix diminuentet lespauvrespeuventviwe aisément.
Les mutationssocio-spatiales,culturelles et aspêctsanthropologiquesenmilieu aride: 152
Cas de la Jefara tuniso-lybienneI 837-I 956

Le 22èmejour : le coucher du romarin r,FsJlçci et ici s'agit-il de la plante de


romarin,qui existe comme plante pastoraletrès répanduedans la Jeffara et sur les
montagnes.

La production des pléiades,et cette parution s'effectueavecune vague de froid.


r-;1ll,Jeff e$t T3 ta.,filletl'

sf rt $ uail.
Le26è jorr diminution de la sèvedansles végétaux.1ur61s5-1$*iTt

Le27ème jour orage qui dure deux nuits iHStcJsiI6i.

Le 29èmejour ( Fertuna> journée perturbée,trois jours ,

Le jour du < AI.ISARA ) le rendez-vous annuel des Werghemma avec les


prévisionsmétéorologiqueset les pronosticsde l'année agricole .

L'expérience des grains de sel, le 24èmejour de l'été ou I'annonce des


prévisionsmétéode I'année.

Les Werghemma connaissentet héritent cette habitudeet se demandentchaque


annéevers le 24ème et 25èmejour de la saisond'été sur la nouvelle des < Milhats >
desgrains de sel .
...itl+ 3l C*e ir pst-lJlLi+Éll ,r'tJ*,i3JsJ , i J rl ,SZe l+.t clsl*J L-*. -

Les tribus de la confedération de Werghemma croyaient à cette experiencequi


est effecfuée par les lettrés et les notaires, tout le monde supposequ'il s'agit d'une
expériencepersonnelle ou d'un don de la famille de notaires les Jaballatrset plus
exactementle notaire Mohamed ben Belgacemben Hadj Ali ben Jaballah< qui Dieu
lui accordele pardon >>.

Ces deux notaires Touazine, l'un du < Arch > ouled Khelifa, et l'autre du
< Arach > ouled Hamed font généralementcette expériencedite desMilhats > grains
de sel, pour connaîtreles prévisions de I'annéeagricole prochainequi s'annonce avec
I'abondanceou non des pluies en automne.

Mais il s'est avéré que cette expériencefait partie du calendrier< ERRAADIA )


ou tonnitruante ou elle commence la nuit du 25é jour de l'été et du mois de
< Younya > 4+.g.r sixième mois de I'année < aajamia) non ûafsl+.+eyl JCJTI.

Le jour de < Ansara > ;J.é!ll IJJ ou le 24ème jour de l'été, d'après la
< Raaddia> le vent qui domine la journée de Ansara du 24èmejour c'est le vent qui
dominetoute I'année.

L'expérience doit se faire le 24èmejour de l'été et la nuit c'est à dire la veille du


25èrejour, il faut prendre une planche de bois ou de carton, et sur la façade on écrit
tous les mois (Aajamia > de I'année et au niveau et sur la casede chaquemois il faut
mettre un grain de sel et faire sortir en plein air cette planchela nuit < d'Elafras > ou
la nuit du 25èmedu mois de < Younya > 4+j+l
Lesmutationssocio-spatiales, en milieu aride :
calturelleset aspectsanthropologiques 153
Casde la JeffaratunisoJybienne 1837-1956

la planchedoit ête à découvertet face aux étoilesjusqu'à I'aube,le mois où le grain


deiel a étédissoutest le mois pluvieux de I'année,et Dieu estle plus connaissantriùl.l
del.

Le poète Mohamed Said El Ghachat de la Jeffara parle de la pluie et


I'abondance.

Les soiréesdtouedGhadou

Un soir, de I'ouestdu lointainMeknes,


le ventpoussaitversnousdesnuages
Noirs et épais.
L'éclair déchiraitle ciel et le tonnerre
faisaittremblerla terre.
Les gensaccueillaientI'orageavectant dejoie.
La pluie tombaitjudicieusementrepartie
par la volontédevine
Une pluie tonentielleemportaitsable,roches
Et transformaitles ouedsfleuvesfurieux.
C'est le déluge,duZoaata
Au Dhahar (-rltÀlt; et jusqu'auxJeffaraon I'entendait
aprèsunesécheresse désolante,le paysage
estcouvertde verdure.
Diversesespècesde plantespoussaient:
Chaal,Arfeg, Chih, Lissless,Galiouana.
Et Sidreainsi s'étendaitun taPis,
beauet minutieusement tissé.
Les éleveurset les agriculteursont fait
Une bonnerécolte; c'est I'abondance,
La joie et la quiétude.

MohamedsaidEl Ghachat
Jeffaraorientale
(Notre traduction)

.bl-iitll l.r-s t..-!. ri+jJJ.ll 6;tiall r,l-.J*Lt.tt rl3.;3.'L-n

3.r.togll3 cil#,e :ûrl+;r

4-il-ls i;r-3-ll gt-pl3 Ud--iSri-r,-.4


4-StijliJ-r,l'ra-e rl.9-..rr5 ,..1rd--h-Jlj-^ll
4-ilJllolÀ-.É"+ græ,:ql-+
4-jlrtho*.h-.CÆ #.3iCJ!--tL+
15-r el;r-ooJll J Ui- (,yts,ls;rÇ
€L+3+1-|t+*-.l .tr-À
f",l-C
'?l
4-iL+L.f"!' I Jl J3d-S crr#IJJJ
or;r.-r.5 y.{S.. ''U < dJ--t-il o.,fr-,a-.rCf+
o.r-yl-g- J (..;'Àl,Ià-ll) (oJf.r).h-.f,C+
ôt-'r-+ iJL-ôJ=h-J (ôrt-Â+)-(.i9
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : 154
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

o.ts 41!J Jd-,i-t t+-tt Utb-.t-tç+J


Dt-r-/.it Étl-ll tf-r' i ( o.,f.ur3J#
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l+.J+tÉJliÉ.tr r ' t ijJr-è
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L.6,-tjlj ii-,jl dlr-.t c-J..Jl$i
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L{-++L l+J-l l-Ji cl-s G##r#
't J ..lJ!,-ll g;-ltr-A c-+-e
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I e . il. I e ^ -À t-l
C+l i,lJ-r-i
rd I tl 4 #+.tt çl.L..-,,l GJ--û$l+
l e J ul <r J-Ê UT.l-. C+s-J.,
L6.1l,i,r 4+t i-el i$-l j-s (i,+jl6-at ç33-Jl 3
Lt'1;,.a1'.i.-SÔJtsi,' I e4-
(æu) GJ oÉs gr l-rl3T (Jll$ 6Jr.r+:-ll 3
':'-Lè iriJr,ll J ilt+ Ct ii Gljlr-;irtlcil|Jil-J

Les Werghemma donnent beaucoupd'importance à ces multiplicités de


calendrierou < hisba>, dans leur vie quotidienne; tout est lié aux conditions
climatiqueset à la pluie clé de touteprospiritépourleshommes,la flore et la faune.

Cettepluie, ce bienfait de Dieu! le Coran(sourateX)OilX 2l).


< Ne vois-tupasque Dieu fait descendre du ciel uneeau?Il I'introduit sousforme de
sourcesdansla terre , et puis en fait sortir descéréalesde sortesdevises,et puis en
éclateleur exubérance; et puis tu les vois jaunir ; et puis il leshansforrneen d'étitus,
en quoi résideun rappelpour ceuxdotisde moelles." (SouratEzzoumour,Pat vague,
essaidetraductionJacquesBerqueédit. Sindbad,1990).

Qu'il ait soucidu croit de sontroupeau,de la bonnegerminationpuis l'épiaison


de son orge (ardhaoui)et son blé (Hamri) et de la verdurede ses pâturagessans
frontière,les efforts du nomadeswerghemmirisquentd'être vainssi bien < Àt t;$T>
que Dieu me recommandeou m'assignepas ça ) une expressiontrès utilisée par les
Werghemmaen signede soumissionà la prédétermination aux arrêts
et prédestination
deDieu.

le werghemmis'incline devant
ou une catastrophe
Mêmedevantune sécheresse,
I'anêt immuablede Dieu.

C'estpour celaqu'il esttrès importantpourlui de savoiroù il a plu, la lecturede


I'espaceporlr un nomadec'est une rechercheà la rencontredesdemièrespluieset du
secteurhumide,conrme disait le poèteAmor bel Arbi.

Chaquematin,je me dirigeversla dernièrepluie.


I'espacen'est défini quepar les sablessecset les
secteurshumides.
Et lorsquedeuxpluiessesuccèdent assurant
la levéedu semis.
Le nomadequeje suis,espèreet seréjouit.

extraitde recueilréunispar MarzouguiMohamed.


Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : 155
Cas de la Jefma tuniso-lybienne 1837-1956

L - l it-S HJÉl*Jl i-r,JS rJl d-h|3, pjLs rr$*l


r& ç..;.l.i
.. .Ll-i, ol.f ç3qJl ,r.t çJ+.i+ i-r,.;J---- {+t+ .,j+Âç$-e

-en arabe, STD.1976(notre traduction) g.r.Flt+


"'-.g
Les rites de Werghernmapour demanderde la pluie se conformeau dictant
suivant< il n'estplus d'espoirque dansles faveursdu ciel >.

Au seinde chaquetribu ou fractionde tribu, ensemblede < Beyouths> de tentes


lorsqueles nomadesvoyaientle ciel se couwir de nuagesou percevaientle bruit du
tonnerreune véritablealertese manifestentpour essayerde localiserla directiondes
précipitationsce sont ( AHL ELKHALA Wal Muzna) c'est à dire les habitantsà
domicilesen mouvancepermanente, fils desnuagesporteursde pluie 158,sedéplaçant
à la recherchede I'humidité et de pluie créatricede verdureet de pâttuages
.

Notre chroniqueurHadj MohamedEl Hotheiri disaità proposdesnouvellesdes


pluies,elles se propagenttrès vite suite à des sortieseffectuéespar lesjeunesou les
adultesaprèsavoir sutuéla positionexactedesnuagesou la directiondeséclairset du
tonnerre.

C'est une véritablecoursecontrela montre , ariver le premieret localiserles


zonespluvieusesc'est un repérageà lourdesconséquences.

Les premiersdétecteursde cette lecture exhaustivede I'espacec'est d'abord


faire la mesurede I'humidité du sol par les pluies selondesrepèresquenos ancêtes
nous avaientappris à en faire I'estimation et la mesluede la profondeurdu sable
humectépar cesprécipitations.

Il faut signalerles repèressuivantspour la mesurede l'humidité de la terre


future lit de semence,le détecteurcreusedans le sol avec la main ou avec un
insffumentet s'arrêteà la limite de I'arrivéede I'humiditéen profondeur.
- Jusqu'auniveau des doigts et de la paumede la main < Tcharik El asbaa>
c'est à direjusqu'auniveaude la séparationdesdoigtsde la main.
- Jusqu'àmi-paume,le pouceouvert,< biadh El kaff ) .
- Jusqu'aupoignet,< guetletEl yed >>c'est à direjusqu'auniveaudu poignetou
la totalitéde la < main morte>.
- Jusqu'aucoudeon plus < Lmerfeghou edhraa> .

Ces mesuressont connuesdans toute la Jeffara,et la nouvelledes pluies se


propagedeboucheà oreille.

Toutediscussionentredeux personneswerghemmisou unerencontrefamiliale,


le retour périodiqueau marché hebdomadairedans les ksour etc... débutepar un
aperçusur le temps, le climat et la pluie c'est le thème qui vient juste aprèsles
salutations.

158
SophieCaratini(1993): Les enfantsdesnuages(AHL KHALE Wal Muzra) .Chezles Rgaybats
Seuil.I 993 (37I P).
par SophieCaratineAnthropologue.ED.
:
Lesmutations socio-spatiales,calturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride 156
Cas de la Jefara tuniso-lybienne1837-1956

it"
jusqu'à se trouver parfois
et difh,se I'information dans tous les coins de la Jeffara,
zones
dans des situations de saturation où les agriculteurs se précipitent vers les
pluvieusesheureux qui alive le premier et commence son labour et son semis d'orge
ôu de blé. Car on ruuuit que les auhestribus avaientle même souci.

Généralementon décidait de partir aux semiset labourspar groupesde familles


appartenantà la même < Lahma > fraction de tribu'
des tentes et
Une caravaneest constituéepar des chameauxpour les fansports
pluriel de gherbapour le
accessoires,des Semenceset chamreset des outes < Ghreb >
jeunes hommes prenaient part
transport de I'eau potable les femmes valides et les
et les secours'
avectrois ou quatrecavalierspour la monture,le gardiennage
pour les travaux
Les animaux de traits sont généralementles charneauxdressés
de labour, dirigés par desadulteshommesou femmes'
participer vingt
une caravane compte cinq à six familles qui pouvaient faire
cinq adultes.
jeûner (pubère ou
on parle d'adulte celui qu'avait l'âge et la capacité de
et d'ensemencer'
saâyem)cîest le paysancapablehomme ou femme de labourer
moeurs et
Les hommes expérimentés,guerriers, réputéstravajlleurs de bonnes
connus par le la ténacité et la sagessedans des < tazias> et batailles de
"o*ug., guerrière.strès
récupération de chàmeaux ou de biens dans des expéditions.
celui là a
à*jrr"rr"s où la responsabilitéde chacunest une affaire de vie ou de mort
parmi les membres de cette
droiî a' double d'un adulte qui a droit à une parcelle
caravane.
parcelle complète,
ce sont les jeûneurs ou ( saâyem> adultesqui ont droit à une
veuves ou chargéesde
les femmes n'avaient pas droit à une parcelle excepteesles
surtout s'il a perdu un fils ou
famitte. Le guerrier -*perimente a droit à deux parcelles
pillage de cheptel avec des
un proche parent dans des expéditions guenièies ou de
tribus ennemies.
p[Lrj-''Il 6)-' '
Rogationspour la pluie et prière ( d'ELISTISKHA > :
Werghemmaest aride
Cette terre de la Jeffara ou < Barr >, < Bled D pays des
( il n'est plus d'espoir que
avec un climat aimcit" et une pluie inégUlière ou rare,
dansles faveurs du ciel >-
sur les récoltes et les
L'histoire des rites pour attirer la bénédiction divine
des symboles très anciens
animaux et par conséquencela prospérité de l'homme,
des'werghemmaet
trouvés en analysantles < hisbas, ELMAI\IACH )) ou calendriers
iimponance donnéepar les divers < ourouchs> et confedérations.
porte bonheurce trouve par
Les mots écrits en arabesignifiant la < Fertuna) ou
chez les nomadesen
hasarddans les rites destinésà attirer la pluie, existait encore
jeunesWerghemmaqui
plein Jeffarajusqu'atx annéescinquante,néanmoinschez les
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesenmilieu aride :
Casde la Jefara tuniso-lybienneIB37-1956
r57

célèbrentchaqueannéele jeux de < OMAKTAMBO ) et les tournéesde tout le


< douar) ou groupementde tentes pour faire finalementla < Khoullita> ou la
préparationd'une nourritureà basede farine d'orge < Acida D ou ( Aiche ) avecde
I'huile d'olive ou à basede blé moulu < la Dchicha> pour < ArrayaERROUS) pour
lesenfantsdejeuneâgequi ont les têtesencored'entéesde (Chechia)casquette.

Quandaux adultesse couvrentla tête les hommesd'une < chechiade couleur


rougeet les femmesou < Acaba> fichu de laine noire à usagede turbanautourde la
tête, la nourriturepréparéeen communpar tous les quartiersest offerte aux plus
innocentsles enfantsdu quartierqui pureset candidesignorentlesréalitésde la vie et
leursdemandes sontacceptées.

ce que nous avonsmentionnéau mois de < Youlya>), le 22 < Fertuna"santa


Maria qui dure 3 jours, égalementau huitième mois < Ghoucht> le 26 < Fertuna>
Santa Ghushta4L.'Ji rr.iL..€4iJjJr s ,t+lt- c'jt-. 4iJlJl qui duretrois jours .

< Yanayar> le ler mois de I'annéele 17 < Fertuna> SaniaTanit


.'''c :l} i;t-,. I :, i, ô, cesexpressionset phénomènes qui figurentdansla < hisba>
le calendrier de la < RAADIA > la tonnitruante des JaballahsTonazine de
lVerghemman'est que la célébratioqd'unefête connuede la tripolitaineet la Lybie
antiqueet mentionnéepar Hérodotelse.

Par respectd'Hateria (Alias Tanit) coflrmele prouvela similitudede nom avec,


la < Fertuna>SaniaTanit du mois de < Yanayer>le 17 et les 13jours qui suivent
chezles weghemmaen Deeffaratuniso-tripolitaine.

En effet il existait chez les Werghemmale jeu de balle ou < courat EL


MALKHA > la balle de cuir de peau d'animal avec les bâtons,lorsquela pluie se
faisaitattendreles femmesdu quartierorganisentle jeu, le < Rod > ou but c'est le fait
de chasseravecles bâtonsla balle au delàdu campadverse.

Généralement ce sont les vieilles femmesqui font ce jeu, les femmesâgées


portentla < BARAKA )) la bénédictionet la sagesse
et I'inocenceexactementcomme
lespetitsenfants.

L'un des< Sahabas> les compagnonsdu prophèteMohameddisait < que Dieu


nousoffre unecroyance< Imen )) commela croyancede vieillesfemmes> .

Les enfantset les vieilles femmeschantenten demandantà Dieu d'envoverla


pluiebénéfique.

Berthlon comme Ch, Monchicourt pensentque les tripolitainset libyens que


signaleHérodotecélèbrentlesjeux de < courat> balleon I'honneurde la déesse
Tanit
pourobtenirla pluie.

Les filles libyenneschaqueannéese devisenten deuxcamps,sebattentà coups


de prièreset de bâton, elles disent que ces rites sont héritéspar les ancêtrespour

ttn
Ch. Monchicourt(1915): Bertholon,Hérodotein, lesnomades
d'hieret d'aujourd'huidansle sud
tunisien,AndréLouisEdisud1979.
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesenmilieu aride: 158
Cas de la Jefara tunisoJybienne1837-1956

célèbrerla déesseTanit, ( OMAKTAMBOU )) la mère TAMBOU, des weghemmaet


la fille tripolitaine lors des cérémoniesde cesrites sont revetuestoutesles deux d'une
armure cômptète du pied à la tête, la première doit se promenerdans le quartier ou
donar, la dzuxième portant une sorte de casquefaisant le tour plusieurs fois autour
d'un lac.

Le jeu terminé par les enfants et les vielles dames, les lettrés, notaires,
< moudarress> et Imams des mosquéesse donnentun rendez-vousdans une grande
place en dehors des ksour pour que tout le mondeparticipe à < salâtELISTISQUA D
160>>acte volontaire
àu la prière de demandede pluie^qui s'accompugo.d" < Sadakha
d'aide matériellepour les pauwes et les nécessiteux'

Ce rite traditionnel dans l'islam por.u le demande de pluie est suivi par le
déplacementd'un cortège de jeunes filles et garçonsdans les quartierset douarssous
le ryttrme des youyous Jes femmes qui de tempsen temps lancentdeschantset appels
et
reprenanttes suppticationsdestinéesà attirer la bénédictiondivine sur les récoltes
les animaux pour accorderla pluie bien-faisante.

Le passagede quartier en quartier, et de tente en tente en répétantet chantant :


YA ALLAH YA ALLAH a-J.lll+ +IJ t+ .

- Envoie-nousla pluie Seigneurfais-pleuvoir. ô Maître , ô Dieu, ô Dieu


4.1llpt*i ôl r+j'll ui1cl*.J >
,ËjliùË.riib , <<lobbEtkhir in challah :

- Fai descendrela pluie, s'il te plait < JlJttL; I I ^ ^J! ) '

<l
- < Oumk tanbouya nsa Killit El aich bla hissa( cr."- C'Jr+ui^+rll ''' r I )'

- ( Oumk tanbou,hé les fsnïns5'eL,'i t+ J+r! 'tL^l > '

- Manger la (ASSIDA) bouillie de farine sans (hessa)sauceà basede farine fermenté


i.+.jJr i-f'sf L. r--l cb-o ô" Jà..-J t-' r'*"-r gUq;J+-éJl É,,-lsl
( trôJHij"t isllrll+r.r-'*i
.;J+.iÀlL+ Ui+J'

- < omuk tanbouya rejala ÂJt-..1t+J+L.tLD ( oumk tanbouoh les hommes.)

- Kulu El aiechbla-ghessala j-1-e uJ'c"çl: ilt*"'è \ ui'+lll lJls '

- Manger le aiechsanslaver les mains!


irle il .
err.hll.L3 chi O*$f gi*il uâl rtjl u! rl-ll prfi','rt

- Ya allah Ya allah çobb El ghaith in chaallatt


tIJl pÉ rj ''' l *Jl lr..a 4Jl q d$ q .

t60Sadakha: avec I'aumône légale ou Zakat: charitévolontaire,pour le cryfTl elle demeure


accordéedépassera le don
purin.utioncommela mentionneleCoran.DansI'au-delà,la récompense
qu'il n'a pasle libre usagede sesbienscar il n'est que le gérant
il; ;;;, elle rappelleau musulman
desbiensdu mondequeDieu tui ocnbie.Il peutuserdesbiensdu mondemais
pas en abuser' Zakat
>>
et Sadokhasontnettement synonymes'
Lesmutationssocio-spatiales, en milieuaridej
anlturelleset aspectsanthropologiques 159
Casdela Jeffaratuniso-lybienne 1837-1956

Oumktanbouavecsonpetit collier depâted'ambre!


- Oumktanbou. beskhayebbah
rtr-r I t.'J:'' rJÉLéLl
éLl|o.içt-i*

- Tolbetrabima ikhayebhaI e I I { ;Y ÙiLLll ir '"'trL . a demandé


à Dieuqu'il nela
déçoivepas!

Les autresreprennentavec le refrain Ya Allah , Ya Allahdlll l4 ; le cortège


poursuitsatouméedanschaquequartier, danschaquedouar,la femmede la tenteou
àu houch< maisonen ghorafs> visité sort,répondaux invitésen demandant du blé
ou de I'orge ou de I'huile d'olive : les femmesdu cortègeenseffentce qu'elles
reçoiventdansle ( pan> < khobna)) unepartiede la grandepiècedetissude cotonà
usage de vêtement féminin chez les Werghemmagénéralementc'est une
< Melhafahorra> : bleufoncéou < gtarech> de couleurrouge.

Raressontles femmesde tentequi ne donnentpasà ceshôtesde la "baraka> et


de la bénédiction; tout le mondeattendla pluie et le mot d'ordrec'estla charitéet la
solidaritéet la prièrenuit etjour, lorsquela pluie sefait attendre,et la < Zaouada> les
provisionsalimentairesde base, diminuent,et le niveau d'eau potabledans les
i<fasqhiyaet majels> (citernesde différentesformes)se trouve en diminutiond'un
jour à I'autre, il n'estplusd'espoirquedanslesfaveursdu ciel.

Donc la < sadaqha > à ces femmeset à ces enfantsdu < douar> devientune
obligationet uneparticipationà cesrites.
jette
Si une femmene donnerien, le cortègeprendseptgrainsd'orgequeI'on
sur I'enceintede la tenteen prononçantà hautevoix, une poésiede critiquesévère
considérant le gesteintolérablèdevantla périodedifficile quepassele < douar> ou la
tribu .
t--tif, t irst'4 6lJ ll
< El maramtallaghawa Errahamaallagua)) cÊJll S llLh-
Âil!. : que la femmede cettetentecontestataire soit répudiée,et que sa meulene
fonctionneplus (outil manuelpour moudrele blé et I'orge, sculptéenpierretès dur,
sousla formede ceuxcercles,celled'en basfixe et celled'enhautmobile)'

Le comportement de cettefemmeavareest en contradictionavecle codeet le


mot d'ordredela tribu ou d'ensembledetibus ou confédération.

Tous les regardss'oriententvers cettefemmequi ne donnerien aux gaminset


aux fémininesdu cortègeen préférantle poèmeci-dessus cité, soulignantqu'ellen'a
plusde grainpour faireturnèr la meuleou bien qu'ellea plusla forcedefairetoumer
cette méule ôutil de ménageau sein de chaquetentepour préparerla nourriture
quotidienne le jour aujour.

Lesenfantsaccompagnent le cortègeajoutantauxchantset youyousdesfemmes


un bruit assourdissant à intégrerâI'ambianceuneforteperturbationdeI'ordre
Oéstine
de la naturepour monfferau ciel le désir d'appelau changement de I'atmosphère
sècheet aridepar unepluiebénéfiqueaprès unètop longuesécheresse qui a anéanti
< le secet le vert > .
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 160
Cas de la I 837-I 956

Le Coran sourate (El Bakhara, la vache) IIl22 < Pour vous il fit de la terre une
couche, du ciel une voûte ; du ciel il fit descendrede I'eau et par elle fait sortir tels fruits
qu'il vous attribue.Ne donnezpas à Dieu d'égaux,maintenantque voussavez...)).

Ainsi dans cette société musulmane, les V/erghemma s'adressentà Dieu tout
puissantpour cet appel à la pluie bénéfique, sanspourtant oublier le fardeau du patrimoine
ôulturel des anciennescurlisations,religions, rites etc...ou les pratiquesmagiquescomme
croyancereligieuse entretenuepour donner aux faiseursde pluie la domination de faiseurs
d'oidre comme il disait Atfred Adler dans < Réflexion sur les rapports de la magie et du
pouvoir en Afrique noirel6l > , égalementcomme disait SophieCaratini dans < Les enfants
des nuages>.

Les anthropologuesqui rendent compte aujourd'hui quand ils ne se contententpas


de relever ce trait relatif au sacrifice et à des techniquesmagiquesdiversesou décrire les
rituels qui le manifestent,le rangent comme le faisait les werghemmapar I'intermédiaire de
leurs notaires,cadhi, et lettresdans la sériedes constructionsidéologiquesparticulièresqui
font corps avec les institutions politiques proprement dites, ou avec le système
organisationneltribal ou confedéral qui se renvoie à un patrimoine culturel, spirituel,
pràtique, fondé sur une multitude de calendriers de Elmanach de la Jeffara ou < hisba >
ôalenàrier , religion, culture terrienne, astronomie, expériencequotidienne liée à la réalité
d'une vie associéeau nomadisme où les points de péage sont verdure et pâfurage, eau,
cheptel,et mobilité dansdes espacesrudeset arides.

Ces rituels sont encore,dans les sociétéstraditionnelles,profondémentprisesdans


un milieu et confrériesde magie et de religion enveloppanttoute les activitéshumaines.

Robert Van Gulikl62 écrit : en évoquant les faiseurs de la pluie, faiseurs d'ordre
chez les Chinois I'hommeest un microcosmequi fonctionneexactementde la même façon
que le macrocosmeet I'union sexuellede la femme et de I'hommeest une réplique en petit
de I'interactiondes forcesjumelles de la nature.

Ainsi le mariagehumain est-il fondamentalement le mêmeque le mariagecosmique


du ciel et de la terre accompli pendantles pluies d'orages,depuisdestemps immémoriaux.
Les chinoisont considéréles nuagescomme les ovulesde la terre,qui sont fertiliséspar la
pluie, spermedu ciel.

Dans la sphèrehumaine I'union du roi et de la reine, cet homme et cette femme par
excellence,résume l'équilibre des éléments positifs et les élémentsnégatifs, et dans la
royautéet dans le monde.

Si I'harmonie fait défaut à leur union.


On en ressentirales effets par tout le pays.

Alfr.d Adt* (t9??) , faiseurs de pluie, faiseursd'ordre.Réflexionsur les rapportsde la magieet du


'sophieenAfriquenoireréoulibre7712.
pouvoir
Caratiniitgg3): Lesenfantsdesnuages(AHL KHALE WalMuma).ChezlesRgaybats par Sophie
CaratiniAnthropologue.ED.Seuil.I 993 (37 I P).
tu2RobertVanGulik (1971): La vie sexuelledansla Chineancienne. ParisGalleniard,1971.
Lesmutationssocio-spatiares,
curtureileset asp1cts
ant!rypotogiquesen mirieuaride :
Casde IaJffira nniso_lybiennelAîZ_lg56 l6l

ce ne serontqu'inondations,tempêteset autresdésastresnaturels.

C'est pourquoi les rapports sexuels du souverainet de son épouse


sont
soigneusementrégléspar desrites et un cérémonialt>.

Ces rites sont différentsde rites des Werghemma, aussitôtque le cortège


a
terminé-sonpéripledansle < douar> ou le quartiL les femmeslevantles
brasversle
ciel et font des voeux pour I'obtention d'une pluie automnalede primeur pour
les
semiset les labourset la verduredepâturages.

Chez les Werghemmaaussi, dans la promenadeet le cortègede OUMAK-


TAMBOU, le mannequinde celle-laestfait de deuxmontantsdu méiierà tisser
ou de
cuillers dJ'ir à remuerla nourriturede-basele < Aich > ou Assida(bouilliede farine
d'orge)I'un et I'autre,signede créativité163.

Il estparédesatoursd 'unejeunemariée:signede souhaitde fecondité.

Le cortègeet la processionsont faits d'un ensembledejeunesfemmessymbole


également
deféconditéet d'abondance.

On fait des jets d'eau autour d'elle et celles qui I'entourentdemandentla


< baraka> la bénédictionde Dieu tout puissantà faire semblantce gestequi relève
tout simplementd'un rite demagie.

OumakTambou,Maman Tambouet avec les multitudesde noms à traversla


Jeffaratuniso - libyenne,le scénariodu rituel fait semblantavecle nom de la déesse
Tanit (unoncélestis)à qui les libyens et les tripolitains il y a deux millénaires
demandaient la pluie.

4.6'Le partagedesterresde parcourset desterresde labours

Dans la Jeffaraet le Dhaharpeu de gens possédaientdes tenes en propriété


privée ou terre < milk > dansI'histoire et la culture des Werghemmaon dii souvent
tout < milk > c'estle < milk d'Ellah>>c'està dire la propriétédeDieu.

L'ensembledespenteset desmontagnes,
vallées,plainessontdesterresdites
collectivesou terre< cherka>.

Mais chezles Jbaliasles habitantsdespetits bergesfont partiede techniquesde


la petitehydrauliquepour la conservationdeseauxet de sols,ègalementpo* pl*t",

163ch. Monchicourt: Rogations,et Brethelon,essaisur la régiondeslibyens.


- Tataouine : H . Menouillard: Pratiquepourobtenirla pluie.Revuede Tunisie(1910)(p.302 3Og.
- Kairouan: Ch. Monchicourt: Rogations
- G . Prost: Utilisationde la terreet productiondu sol dans
le sudtunisien:Matrnataet Ouderna.
Cahiersde Tunisie,l95a (p 36).
Lesmutationssocio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : 162
Cas de la Jeffara tunisoJybienne I I 37-I 956

quelquesarbresderrièrecesjessoursl6a(desoliviers,despalmiers,desfiguiers,des
pistachiersetc...) qui se transmettraientde générationen générationpar voie
d'héritage.
Le Jeffarienwerghenrmiparle de ces arbresen disantque les ancêhesont
choisi ces espècesarboricolesparcequeun jour le palmier s'est adresséau
werghemmi parcemaxime:
a[:; s.t3s étt'jj crJ-ert Jt à! u-éJdl ù]tl:Uj'jll D
weghemmimoi palmier, je vous rassure la quiétude pour tes
et I'autosuffisance
enfantset tespetitsfils ; quandà I'olivier lui rassure:
( Uél.i-tl Ul g-.r.tJl
.,,;;J;.
werghemmimoi olivier vous autorisede faire des créditset c'est à I'olivier de
régulariserparle paiementaumomentdela récolte.
qiant aufiguieri A:tS-l,ritJ )r'eiJgl crlU!"LlS1tt it+ill ôJ+-L.sl )
werghemmimoi le figuier, ne comptezpas hop sur moi ma vie est courte,vous
disparaissezetmoije voussui.

fonciers
4,6.1-LesasPects
Les problèmésfonciersconstituentla principaleentraveà la réalisationdes
travauxdès semiset labourset la plantationde I'arboricultureet de la production
végétaled'une manièregénérale,cette situationest aggfavéepar la sécheresse et
I'ariditédu climat.

4.6.2-Rappelhistoriquede I'évolutiondu foncierchezlesjeffariens


Werghemma
Cettesituationfoncièreestpassée parplusieursétapeset a connutout le longdu
XIXè" et )C(è*tsiècleuneévolutiontrèscomplexe.

Dansleszonesmarquées par l'aridité climatiqueet la sécheressequi peutdurer


parfoisquelquesannées, iestenesétaientgéréespar lescollectivitéscequ'onappelle
terre collectiveappartenant
ieran tôntirat<tria; à toutesles tribus d'un <<Arch > ou
< Najaa> .

dansI'indivisionà plusieurstribus'
Cestenesappartenaient

C'estle < Miaâd> assemblée de gestion, de


de la tribu qui gèreles problèmes
labour,de semis, et despâturages par I'intermédiairedu < CheikhchartiaD et ses
agents,du cheikhEl Orf la législationcoutumière,du cadhijuge du < charaâ> qui est
désignépar le Bey de la Régencede Tunis et il est affectésoit < cadhi> mobilese
déplacentaveclei tribus pour les nomadesde la Jeffara,soit < cadhi> des semi-
nomades .
et sédentaires

Jebaliaset oasienssont géréspar un < cadhi> du charaâ


Les sédentaires
sédentaire.

En 1304H- 1883Jc le < cadhi> de Werghemma était BelgacemBen Ali Ben


| ç-.àL! '
dela Jeffara.3r-rl.
affectéparle Beypourlesaffairesdesnomades
Jaballah,

r6nJessour enterreet pienespourrécupérer


. pl dejisser:ouvrages leseauxderuissellement
entretenu pour
,ui un bâssin-versant la des
conservation eaux et dessols,techniques
miffrgnaires@isndes culhrrcseir-teuassesdanslcsudlunisien-
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 163
Cas de Ia Jefara tuniso'lybienne i,837-/,956

Son frère hadj Mohamedben Ali ben Jaballatrétait affectépour les affairesdes
sédentairesJ-â-tll (riLf

Les limites de ces terresétaientimpréciseset I'explorationse faisait presque


uniquementpar le Pâturage.

Des troupeaux des nomadeset des semi-nomadesrévélant des différents


ensemblesde tribus sanspour autantqu'elles aient de tihe foncier.Ce sont les actes
u Hrjja > du < miaâd> qui précisentet limitent cesterres( annexe).

Le miaâd des Touazinequi préciseles différenteslimites des espaces,terres


d'arboriculture,terresdesparcoursappartenantaux Touazine,égalementle < miaâd>
des< Ouderna> (annexe).

Signalonsque dans le droit musulmanla propriétéde la terre n'est accordée


qu'aux vivificateurset ce moyennantle payementd'une redevanceà < Bayt El Mal >
r0)
(trésoreriepublique),aussile contratde < Mogharsa > donneaccèsà la propriété
privée.

4.6.3-La pocessionde la terre chezles'Werghemmad'aprèsla lecture


de I'acte écrit du < miaâd >>

Selon qu'il s'agit d'un nomadeou semi-nomadeou sédentaire(Jbalias,et


Oasiens),cette processionde la terre est liée à des assisesteniennesou un terroir
précis ou à des-zonesde pâturageou de labour héritiers dansun cadrecollectif et
mentionnépar le pacteou actedu < miaâd> de la tribu.

Les nomadesse réfèrentdonc d'abord ou lien de sanget de parenté, réel ou


fictif , ou le résultat d'alliance inter-tribale ou conventionnellesuite a des actes
< Hrjja > ou pacte( Hilf ) .

Généralement toutesces formesd'appropriationcollectivedesterresde labour


et de zone de pâturagefigurent dansI'acte < HÙja> du < miaâd> qui précisele droit
d'usagedes terrainset les différentspoints limitant ces espacesde parcoursou de
miseen cultureet de labours.

4,6.4-Les terres de labour


Chaquetribu djeffariennechoisissaitun endroit précis en vtre d'y semerde
par le < miaâd> de la tribu
I'orge or, â,.tblé se réîérantaux droits d'usagementiorurés
pour limiter les zonesd'interventionde chaquetribu.

C'est un véritabledéfrichementdes broussailleset desjugulairespour préparer


le lit de semenceavecbien entenduun facteurtrès limitant la pluie et I'humidité du
sol , déjàétudiéset développés '
ci-dessus

t65Moghersa: c'estun contratentreun propriétaired'uneterrenueet unepersonne qui doit


prendrËen chargela plantationde cetteterre , dèsque les arbresentrenten production cette
terreseradiviséeen deuxparcelleségales, unepour I'ancienpropriétaire et I'autrepourla
personnequi a mis en valéurla terre.Ce contratest effectuéchez un notaire'
Les mutationssocio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : 164
Cas de la Jefara tuniso'lybienne 1837-1956

Ce qu'on appelle < tegliat el fas )) c'est à dire le défrichement de terre de


broussaillepasà pas et mètre par mètre à coup de pioche.

Cette tene devenait la propriété des membres de la tribu qui ont participé au
nettoyageet préparationdu lit de semence,cefie appropriation aprèsun an de labour
et de môisson ces terres porteront le nom de la tribu qui dresseune cartedes endroits
qu'elle a défrichés, mémorisésdans l'histoire des ancêtreset mentionnésdans l'acte
écrit < Hùja o du < miaâd )) par au moins deux notaires témoins .

Tout incident de labour sur la terre défrichée ou considéréeterritoire d'une autre


tribu déclencheun litige voir un conflit entre les deux tribus , le < cheikh chartia > et
ses agents sont habilités à gérer ces litiges et à séparerles tribus en se référant à la
n Hûja > du < miaâd > (voir exemple en annexe) .

Cette appropriation collective des terres < Ichtiralcya.> pose parfois des
problèmes surt-outen année pluvieuse, c'était au chef de la tribu , du < Cheikh
ôt uttiu > ou de < cadhi > mobile se déplaçant avec les tribus nomadesde répartir les
terrespar tirage au sort au moment de labour entre les familles.

Le labour dans ces régions de la Jeffara , ou du < Dhahar )) , en réalité on ne


pratique aucune préparation du sol pour la céréaliculture en sec dans ces régions
arides.

Les pluies d'automne,quand elles sont abondantes,déclenchentles semailleset


les labours.

En réalité, on ne pratique aucunepréparation de sol pour la céréalicultureen sec


dansces régions aridesde la Jeffaratuniso-tripolitaine.

A la suite d'une bonne précipitation d'automne comme l'ont indiqué les


calendriersdes weghemma: (( hisba >>de <<chendoul >, < hisba de Ghilène>, < hisba
de Ia Raâddia> toul en calendrierssont unanimes que la période d'automneet surtout
le mois d'octobrec'est la saisonla plus adéquate.

Les semisà la volée d'orge ou de blé, se réfèrentaux calendriersci-dessuscités,


de préférence il vaut mieux procéder à un semis précoce, c'est à dire après les
pr.àièrr. pluies d'automne la majorité des Werghemma disait dans ce contexte
i n ,f* Ul -t+ t6ll I ''';' tt+ Js++ (rJl > : celui qui veut émeuler doit semer de
bonneheure.

Dans la Jeffara occidentale, les Werghemma se divisent entre partisans du


calendrier du Touzni des ouleds Khelifa qui précisait le début des semailles au
( youm chendoul) ou ( journée de Chendoul >>pour l'ouverttue de la saison des
grains
serniset de labours. C'est le trente-troisièmejour de I'automne pour semerles
d'orge ou de blé.

Nous avons expliqué les péripéties de I'histoire de < Chendoul> avec ses
et
compatriotessur sa découvertepar son expérience baséesur la direction du vent
comment il a annulé la compagne de semis et de labours mas les environnantsont
Lesmutationssocio-spatiales, en milieu aride :
culturelleset aspectsanthropologiques 165
Casde la Jefara tuniso-lybienne 1837-l,956

continuéleur travaur en signalentbien que < Chendoul> a dit non , nous continuons
nos travaux de labour car nous nous attachonsà Dieu tout puissantqui a donnéla
pluie et non à l'expériencede < I'astronomewerghemmi< Chendoul>.

Le < youm >>de Chendoul> 33èmejour d'automnepour semerde I'orge et du


(
blé, afin que la récolte soit bonnepour les céréales,il faut que le vent soit bahri>,
brise marinece jour-là , depuisle milieu de la journéejusqu'au le soir, si non pasou
peude récoltesmêmesi lespluiesont étéabondantes lesjours avant.

entre< Chendoul> et les


C'est cetteprécisionqui a étéà I'origine du désaccord
autresWerghemmapuisqu'il tient à son calendrieret à son expériencedurant sa
journée duJ3ème jôur d'automneou il suivait toute la journée les circonstances
jujubier avec à
météorologiquesen tenant sa < Lougahia> bâton de bombou du
I'extrémitè1àmanchesousformed'un demiscercleouvert,pour tenir à la main '

Il a serré son foulard rouge pour observerla direction des vents toute cette
journée , tout en espérantque le vent soit ( bahril>venantde la mer et amenantune
fraîcheursi chère et sacréepour le wrghemmisurtoutdurant la périodechaudequi
peutdurerparfoiscinq ou six moisde I'année.

Ce vent marin (bahd) doit soufflerd'après< Chendoul> depuisle milieu de la


journéejusqu'au soii, dans le cas contrairela récolteet I'année sont condamnées
mêmesi les pluies ont étéabondanteslesjours d'avant'

Cette expérience,cette analysede < Chedoul>1166 tenait au détail de la joumée


du 33èmejoui d'automne, maisies weghemmaétaientanonymespour continuerles
travaux de semis se référantau retour à Dieu pour toute action d'une part et leur
jauneet une chamrede
croyancequ'au débutd'octobreDieu offre à Moiseunevache
tamarix, c-,estle mois du semis et des labours,.et qui laboure pendantce mois
gugn.ruitla bonnerécolteet de la récompense<<-r+Il3 d-r'a-r-Jl ; '

Une récolte issue d'un labour et un semisexécutéavant le mois d'octobre


de
donneraitpeut être une bonnerécolte, unebonnemoissonmaispasde récompense
Dieu.

C'est cette polémiquequi a incité les wreghemmade tenir à la bonnesaisonde


la
semissurtoutque la < Râaddia> la tonnitruantea bien cité le seizeoctobrecomme
première.loumeede labour de < ADAM >>, le quinzedu mois d'octobre c'est une
i;il j";ée < éUt+ fl; )), tout ce qui est coupédes arbreset végétauxne périt
jamais.
+trLepJ &';s ; '
Le seizedu mois d'octobre: le labour( d'ADAM ) ( ù-'dl

166 du sud tunisien; in


MenouillardH. (l9l l) :L'annéeagricolechezles indigènesde I'exfiême
RevueTunisienne N79.1911P.4.
- < ChendoulD est un cultivaæurde la tribu de ouledKhalifa,Arch desTouazine, Werghemma'
personnelleet sur la
éditeurd,un calendrierAgricole a ELMANACH > basésurI'expérience
connaissance astronomique et environnementale'
Lesmutationssocio-spatiales, en milieuaride :
culturelleset aspectsanlhropologiques 166
Casdela Jefara tunisoJybienne 1837-1956

La < Raaddia> disaitle mois d'octobreest tout entierautomnes'il se produit


pendantce mois un éclipsede lune,il y auradu tonnerreexcessifet lesprix baissent,
la productiondu miel et debeure (saman)i,*., seraabondante.

Dans une autre versions'il y a du tonnerredansla premièremoitié du mois


d'octobre,un mouvementet deslitigessedéclenchent dansla société,apparitionde la
maladiede la fièvre,uneguerresedéclenche entrelesberbèreset lesautrestribus.

S'il y a du tonnerredansla2émemoitiéde l'année,cetteannéeseratrèsbonne,


fructueuseet productive.
l3l J dJ,l-ll 3-er.r,i-"JlçJ.J+ cf.lTt,*rs pi+ Crl.S ,q.l d,*S lll LiiliÀ aJS J.{rj,ll liÀ
"r--tl
r-{.:u.bIf d,â-ill u', *, ,i I Llo # I Cr+!tt J d-4J| Jfs+ J llJlÀll o^r-+i s-e;'I qi gtJ
pt ''^ 3 rll gJ':3 u{lrJ o-s is,;-' lgS'
r.*ll iJ+i a;! O:i+ 3 gË;-J J sr.rlt È{+. 'ûll Cltl J È{j+r
yl r tt
.Ê!-el 4lll J d.jJJl 6J+3 isll-y ôuri ij*l JiÉ. d,..ill é *t irl .l !r-i du3 4.it ,' ,

Menouillard H. rapporteen parlant de l'annéeagricolechezles indigènesde


I'extrêmesud tunisienen disant<<qu'au débutdu siècleXX il a eu maintesfois
I'occasionde constaterquequelquescultivateursTouazin,Werghemma de la Jeffara
occidentaletenaitun grandcomptede < YoumChendoul> joumée deChendoul> .

Les semences utiliséeschezlesWerghemma sontdesvariétéslocalesfixes,pour


I'orge c'est <<Ardhaoui>r c'est à dire appartenant à la région de l'Aaradh, le
prolongementde la Jeffaradu côtéNord au delàd'oued<<Ezeuss>>,<<ç31-à;rs) pour
( ç-tsr D.
le blé c'estla variété(Hmirea)c'està diredecouleurrougeâtre

Ces deux variétés sont souvent auto-produiteset conservéesdans des


< Ghorfas> dansle ksar,ou dansles < Matmours))JJ*L. fossecreuséedansle sol
d'un mètre et demi à 2 m de profondeuret un à un mètreet demi de largeurou de
base,pour la conservationdescéréalesavecune couvertureavecde la paille de tous
lescôtés.

Pendantles guerreset les périodesdifficiles, les tribus ont créeles < RETEB>
pluriel de < RETBA > c'estun lieu loin desKsour,bien gardé,pour la conservation
sousformede < Matmours))collectifs'

Chez les Werghemmadans la Jeffara occidentalela notion de superficie


emblavée n'est pasutiliséeenpériodede semis,de labour,de moissonet de récolte,
tout est expriméen quantitéde semenced'orge ou de blé , ou en quantitéde grains
récoltésà |a moissonqui se faisait à I'aide des faucilles,les aires à bathe ou
< mandra> sontpréparéset nettoyés.

Avant cettedatevers le mois de Mars, Avril la tribu envoiedeshommespow


visiter les champs d'orge et de blé pour estimer la récolte , bien que I'avenir
appartienneà Dieu seul, il faut une visite de terrain pour voir I'abondancede la
.oito. et l'état des céréaless'agit-il d'une annéeà récolted'abondante< çaba>
L.t..asu récoltemédiocre< Ajroudap ôrr:+-c .

Le résultatde cettevisiteest communiquéde boucheà oreille faisantla boule


deneige, et l'informationoraletouchetouslescoinsde la Jeffara.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : 167
Cas de la Jeffara tunisoJybienne I 8i7- I 956

Selon l'abondance de Ia récolte, les nomades utilisent des expressions


traditionnelles, signifie l'état des récoltes traduit en tennes collnus par tous les
nomades:
- Lemmach : mauvaise récolte , c'est tout juste suffisait pour être moissonnée .
,j' ' L.
- < Yed ou menjel > : récolte moyenne, il faudraarracherà la main toute la récolte,
la faucille servira pour couper les racines.cl+-i'r 3 ! .
- Caba menjel : on pouffa moissonnerà la faucille, puisqueles épis et les tiges sont
bien développéeset denses.++'r^ll+ diJa.

La vie des nomadespassepar un cycle annueloir chaquesaisonest bien oc.cupée


par des travaux de préparation sur tenain repartis entre le Ksar, la ZemlaL67.Les
pâturug"r, les périodes de labour et de semis, les moissons,les travaux d'abattage;
àepiquâgr et vannages des céréales,le stockage et la conservation soit dans les
g6otiur àu Ksar, soit dans les matmoursdevant le douar et les lieux d'habitation, soit
àans les < retebs> pluriel de <retba> lieu de stockage.etde conservationoù se
fiouvent les matmo.tti d'otge et de blé de toute la tribu loin de I'ennemi et bien gardé
par < Cheikh Chartia D et sesagents.

4.7-Le cycle de migration et de transhumancesaisonnièretraditionnelle

En automne on part pour les labours et semisd'orge et de blé, parallèlementaux


travaux de céréaliculture qui débutentau mois d'octobre si I'année est pluvieuse .

Déjà à la fin de l'été les Werghemmase demandentsur les pronostiques et les


prévisions météorologiques et le résultat de I'expériencedes grains de sel effectuée
par les notaires et les lettrés des Werghernmapour annoncerI'espoir de bonne année
pluvieuse ou au contraire une annéedifficile et sèche.

4.7.1- La migration vers les oasispour s'approvisionner de dattes


Les Wergh"*mu ont I'habitudede migrer vers la Tripolitaine à la fin de l'été
pour retourner avec I'autosuffisanceen dattespour leurs besoins et le nécessairedes
produits pour les animaux.

Après la saison des dattes,et la saison des labours et semis dlorge et de blé ,
c,estla migration en groupevers les zonesoléicolesoù ils passenttout l'hiver.

Le printemps c'est le retour vers les grandsparcourssurtout en annéepluvieuse


où les pâturagespeuvent suffire aux troupeauxd'ovins, caprins,et camélides'
ÛlslCl , El
Les repos de pâturagessont connus par les djeffariens < El Owara
Hamada ô.rl-.-r.Jl, El Dhahar J^tHl)) .

Ces zones de pâturagessont loin des Ksours , des oasis et des Zemlas où il y a
les puits de surface et les citerneset ( Mejel )) pour stockerles eaux de pluie .

t6, Zemla: campementd'été où il y a l'habitationhtte ou laihaou tenteà cotédesjessoursd'arbres


(figuier,olivier,iatmier etc...),uneciterneou un ( Majel > pourconserverleseauxde ruissellement
àespluie,utiliséèscommeeaupotableet pourabreuverle cheptel'
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 168
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

Les tribus passenttout le printemps dans ces pâturageslointains, le pâturaged'El


Ouaraplus de 600.000 ha était toujours espacevital des troupeaux des Touazinede la côté
méditerranéennejusqu'au mont ( d'El Gualeb > où débute le pâturagedes tribus Ouderna.

A I'est vers la tripolitaine bien qu'il existe depuis l910 une frontière les
Werghemmad'un côté et les Nouaéls et Siaanesde I'autre côté se partagentces espacesde
pâturagescollectifs très riches en aruréepluvieuse de toutes sortesde faune et de flore utile
et vitale pour les nomadesqui vivent sur la transhumanceet la mobilité à la recherchede
I'eauet des bons pâturages

Une complémentarité a toujours existé entre les différents "Ourouchs" et


"Noujoous"de la confédérationdesWerghemma.

Les Accara peuvent se déplacervers I'Ouara ou Dhahar égalementles tribus de la


plaine des montagnes trouvent pour leurs troupeaux des pâturages aussi vastes que
"Ehvara" ou <Elhamado dans les pâturages stratégiques du Dhahar surtout en année
pluvieusequi ne sont limités vers I'ouestque par les limites du désert.

Le point de péagepour toutes ces tribus reste I'abreuvèrentdu chepteldans ces


pâturageslointains, on ne peut pas se hasarderloin des puits d'eau comme <Bir> puits
Moghri, bir Jaouaacha,bir Labbada,bir Ghrifa, bir Remthia,bir Bou Nebchaetc...

4.7.2-La transhumance
Les effets d'une dynamiquenomadesur le mode de vie et I'exploitationdes
naturelles
ressources et I'occupationde I'espace
:
La transhumance est une pratique très ancienne qui jouait un rôle fondamentalet
en années
stratégique difficiles.

On a recoursà cemodedevie pour fairevivre lestroupeauxenannéesèche.

Ce cheptelse déplaçaitalorsvers deszonesplus favorisées, en outre,les grandes


transhumances perrnettaientle pâturageet le repos parcours, certes, l'étudedu mode
d'organisation, socio-économique desWerghemma dansla Jeffaraà la veilledu protectorat
estencoreà étudierpour essayerde donnerles détailsde cetteculturenomadequi a hérité
tant de civilisationet qui a joué le pont de passage
entreI'occidentet I'orient,et lesrares
documents de XIXèmesièclene nousrenseignentque d'unemanièrelimitéequandil aurait
la possibilité

La vie desnomadesWerghemmaresteet demeureun secretriche en informations


largementignorées.

C'estpour cela que notredémarchedanscette analysepart donc destémoignages


orauxactuelsfournispar despersonnes âgéesqui ont vécu pleinementla premièremoitié
du XXèmesiècleou côtoyéleursparentset grands-parents ou les aînésqui ont dû vivre une
partiedu siècleprécédentpar la fraîcheurd'informationset de mémoirequi setransmetde
générationen génération.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride :
169
Cas de laJeffara tuniso-lybienne lB37-1956

Cette société se basant sur I'oralité comme les voyageurs Mohamed Tijani, ou
Mohamed El Hchaichi à travers le saharaet la tripolitaine et Ahmed Ibn Abi Dhiaf.
(chroniqueuraux palais desbeys), etc ...

La plupart de ces voyageurs avaient des litiges avec les weghemma qui
ignoraient le pouvoir central des beys de la régencede Tunis.

A titre d'exemple Mohamed El Hchachi c'est lui l'éditeur du liwe < La perle
fine et les bonnesintentionsde I'Etat français>. en 1881 .
" LSB1 i+.dJl.J| i-srS-Jl i.!1t .^ tl LrtilleJ 4+LjJ 6J$l

Tous ces historiens et voyageurs étaient sympathisants de I'intervention


étrangèrecoloniale, ou du pouvoir central des beys.

Ils ont évité le passagechez les V/erghemma connus par leur indépendance
presque totale de tous les pouvoirs centraux ce qui a retardé I'obtention de plus en
plus de détails sur cette sociétéet ces espacescontestatairesdurant le XVIII , XIX et
début de Xf-" siècle vis-à-vis du pouvoir central qui a largement ignorée la Jeffara
et les djeffariens .

On peut prétendre avec une certaine exactitude, exposer les caractéristiquesde


la vie nomade des Werghemma ; des Touazine, des Khzours, des Ouderna et des
Accara dans la Jeffara précoloniale sanspour autant dire cerner d'une manière totale
tous les aspectsde ce monde le long des trois derniers siècles avec des intérêts qui
s' entrecroisentdes partenaireset belligérants.

La situation est rendue plausible avec les témoignagesdirects, I'analyse des


poèmes, l'interprétation des récits des sages,I'analyse des pactes et des actes ou
< HÙja > des différents < Ourouchs> limitrophes groupait cette confédération des
Werghemma, la comparaison des lethes des <<Cai'eds> et les actes notariés de
l'époque.

Toute la culture djeffarienne nomade,semi-nomadeest riche en interprétation et


forme un patrimoine à plusieurséchelleset dimensions.

La vie nomade patronale,cette solitude en milieu difficile aride déclenchantla


sagesseet la révolte en même temps,les pratiquessocialesquotidiennesd'une société
organisée qui lutte contre toute intervention étrangère Turque , Beylicale, etc..., en
réalité il nous est confirmé chaque fois qu'on le pourra par des témoignages
d'archives, d'historiens bien qu'ils sont assezrares, de poésie etc .... que cette région
du monde a vécu des particularités étranges depuis le début de son histoire
mouvementée.

Nous tâcherons de voir en suivant un calendrier annuel , quels étaient les détails
de mode de vie, les activités économiqueset sociales qui s'articulaient en cours de
l'année et dans quelle mesureelles se conditionnaient une à autres .

Ksar Medenine ou la capitale < Aurgamma > capitale des Werghemma : suite à
la construction de trente cinq Ksars avec 6000 < ghorfasD , sept portes d'entrée, 25
cours et 25 puits du surface,entre deux oasistraverséespar deux vallées ou oueds .
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 170
Cas de la Jefara tuniso-lybienne I 837- I 956

Chaque "Beit" ou famille a sa ghorfa dans la quelle étaient stockésles produits


vivriers de premièrenécessité,sous I'impulsion de Sidi Ali ben Abid maraboutvenant lui
aussi de la Tripolitaine, les Touazine avaient invité les autres tribus à utiliser les Ksour
pour le stockageet la conservationde leurs biens et produits agricoles

Hadj Ali ben Jaballahnotaire à Médenine a côtoyé le pieu marabout Sidi Ali ben
Abid, dont la mosquéeétait à la place actuelle des bijoutiers, elle a été déplacéesur la
"Raoudha"cimetièredesGhbentensactuelleplacede la grandemosquée

Hadj Mohamed Jaballah <cadhi> à Gabès apportait de la boiserie pour la


constructiondu plafond de la mosquée.

Hadj Abdallah ben Jaballahpetit fils de Hadj Ali ben Jaballahdisait que son arrière
grandpèrefaisait la prière avecSidi Ali ben Abid.

Chaquetribu de Werghemmaa un Ksar qui porte son nom, chaque"Beit", tente ou


famille possèdeune ghorfa danslaquelleelle déposeles grains,de I'huile ou desolives, les
instrumentsde labour et de moissonet tous les biensencombrants.

Le Ksar n'estjamais vide, les tribus Alaya de I'Aaradh ont menacéle pieu marabout
Sidi Ali ben Abid, il s'adressaitaux Touazine qui étaient dix cavaliers seulementau
moment de I'attaque.

Ces paroles restent une source de sagessepour la complémentarité des tribus


Werghemmui"ff*ir*es, il ordonnait "Ô achara dounkum ichrin" c'est à dire les dix
cavaliers allez-y attaquerles vingt cavaliersagresseurs.
Les mutations socio-spatiales, culnrelles et aspectsanthropologiques en milieu aride :
17l
Cas de la Jefara tuniso-lybienne1837-J,956

CHAPITRE V : LE RJPERAGE DU TEMPS CIfEz LES


WERGHEMMA

Les Werghemma avec leurs calendriers se référant arD(sciencesasfronomiques


et à I'expérience sur terrain des différents auteurs de ces calendriers qui montrent
I'attachement des Werghemma à la science et aux poésies instituant ces matières
comme la < Raaddia > et la < Ratrabia> évoquant < Elmanach > le climat et les
prévisions atmosphériqueségalement ils repéraient les années par des événements
importants qui se produisent au cours de ces années et dont la teneur n'est pas
habituéeni connuepar les V/erghemma.

Les notaires détiennent une datation unique et spéciale pour les Werghemma de la
Jeffara .

Les annéesde datation :


- 1860 la récolte d'El Guelb : (Mechhed Salah) (eJl-,- ' € û-ù .,, I î tl ++t-. -

- 1861l'oragede Gôuta Alr.eô.rs-

- 1882 la disettede Zammit  'j -

- 1890 Aouithet Rabiaa (prés de El Hamma) -Ji i---*,J;L,ss)


1;.-r'--lf
- 1891 Année de l'émigration vers le Nord (première) fuTl çl.,,rÉ-tJlpts -

- 1905 Année de neige (première) c[$ Crlll ,u -

- l9l8 La mort des camélidésd+ll .'u -

- 1924L'annéede l'émigrationvers le Nord (deuxième)sitiJl qilJi-Â.llÊL-e-

- 1926 L'orage et pluie d'argile iF+--h-ll ;'Jr

- l93l L'année des sauterelles(première)dig$ rl.r+'ll ptc -

-1936 L'année de disette et de vent de sable (3è'" moughraba,émigration vers


le nord) çJl+Jl pl- -

- 1943 L'année de l'émigration vers les montagnss 6J- î cll J 6d i Jl el-c' -

- 1946 L'arurée de rationnement uJ"J-Éll pl-e -

- 1948 L'année du vent jaune J-i-allt-r,!l pL-c -

- 1949 2ème annéede neige ertiJlClill rt-e -

- 1955 L'année des sauterelles(deuxième) s-jti-J .tl.l+-ll tt -e -


Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : I72
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

5.1-L'exploitationet I'occupationdu sol

5.1.1-Lescéréales

Les Werghemmanomment les céréalespar ( NAAMA D c'est à dire ((


bénédiction,bienfait,faveur,grâcede Dieu ) ( L-{.t-i D .

En tout tempsles céréalesétaientI'alimentationde baseavecl'huile d'olive et


lesfiuits secsou frais(figues,date,etc ...).

Cette(NAAMA) est sacréeon apprendaux enfantsà respecterces produits,ne


pasjeter lesproduitsalimentaires,laisserle restepour les animauxet les oiseaux.

Le ProphèteMohameddit : < Tout musulmanqui planteun arbreou cultive la


terre,de sorteque les oiseaux,un homme,un animalpuissents'en nourrir, fait aussi
un actede charitéà soncrédit> d'aprèsI'Imam BUKHARI.

Des le début de I'automne, les premièrespluies d'octobre ouvrent la


transhumancevers la plaine.

Tous lesterrainsdestinésaux labourset arroséssontenvahis.

Il y a en effet deslabours, précoceset tardifs.

Le < harthbadri >ç+t-; &lrs le labourprécoce,dansles annéespluvieuses;


ces semisprécocesdonnentsouventdesrendementsbien supérieursaux semistardifs
dits harth mazouzi É.lsiL. 'o'.o labour tardif mais la plaine de la Jeffaran'est pas
entièrementcultivable.

Il y a deszonesappropriéesconrme( DAKHLAT Werghemma )) c'est à dire la


de (le
presqu'îledeJorf , Sidi Makhloufou deMhebelou Bougrara, petit Syrte).

Il faut citer deszonesde labouradéquates commeEl wahmia,et GaraâtEttyour


le long d'oued Fessi, les < Garaâs> dépressionset bas-fond,Choucha,Senia,
Elhamra,Jedeliane,Taguelmit, El Hezma, Bouhamed,il faut par contre éviter les
zonesde plainesiniguéespar I'oued< Sebeg> puisqueceseauxderuissellement sont
saléessuite à un passagesur des Sebkhats
très salées.

Les V/erghemman'ont pasun grandchoix de variétésde céréalesni desterrains


de labourassezvasteset de bonnequalité.

Ils choisissententreplusieursendroitsarrosés,leur connaissance desdifférents


terrainset sols expliquece choix les terres< Kliss > légèreset profondessont ainsi
ensemencées de blé de variétédite < Hemera)>c'està dire de couleur rougeâtre.

L'orge étant rustique s'adaptantavec tous les sols, la majorité des sols sont
ensemencés d'orge de variété djeffariennedite < Ardhaoui> appartenantà la région
de <<I'Aaradh> limitrophedu côtéNord de la Jeffara.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : 173
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

L'orge c'est la nourriturede baseen gueffeou en paix, en annéepluvieuseou en


annéesèche.

C'est un alimentde < I'est ou d'encombrement )) pour le bétail,en effettousles


troupeaux(d'ovins, caprins, équidets, camélidés)s'alimentent d'orge dont I'unité
fourragèreet sarichessesontexemplaires.

La paille constitueun aliment pour le bétail durant la périodeautomnaleet


parfoishivernale.

L'expansiondémographique des wrghemmaet l'augmentationde I'effectif du


cheptelpose des problèmes dans les régions où manquentdes grandesplaines de
labour , dansles montagneset les < Zemlas) où le terrain,est très accidenté,ce qui
restec'est les vallées.1 1.. bassin-versantsÉl+r:rj-rJl3 çl-r-'i!l qui sont appropriés
pourles labourset semis.

Dans les zonesde montagnes, les terres de labourse limitent aux jessoursen
inter-calairedesarbresd'oliviers,figuiers,pistachiersetc...

Lorsqueles déversoirsou < MenfesD u*ÀjJ , sontbien adéquatspar rapportà la


quantité de ruissellementdes eaux de pluie tombées sur les bassinsversants
car le lit de semenceest souventlimoneux
environnants,les récoltessontabondantes
riche en humus qui s'accumuled'une annéeà l'autre formant une terre profonde,
lourdemaisassezriche .

L'augmentation des tenes emblavées,reste en éuoite relation avec les


conditionsclimatiqueset écologiques.

En Jeffarales Werghemma ne peuventpass'attendreà de grandessemailleset à


de bonnesrécoltestous les ans,mais ils gardentI'habitudede laisserles réservesde
semencesconservéessu les récoltes précédentes,une organisations'effectueà
]'échelle de chaque < beit > ou tente pour emmagasinerles semencesdans des
< Matmours>>pastrès loin du < Douar> pour les werghammade la plaineet dansdes
< kambouts> tissusà basedehalfapour les Werghemmade la montagne.

Ces réservesconservées sur les récoltesprécédentessont toujoursune garantie


pour subveniraux besoinsde la populationet du bétailpendantl'annéeou les années
ingrates.

Les Beys de la régencede Tunis ignoraientces régionsqu'ils considéraient


désertiques, la grandepartiedesterresétantréservées pour le pâturagedesmoutons,
I'exhêmeSud et la Jeffarane figuraientmêmepassur la cartede la régencedeTunis,
cette carte s'arrêtaitavecune ligne horizontaledroite au niveau du Golf de Gabès,
c'est pour cela que nous étionsobligésde se réfererà des donnéesde 1890du
Lieutenantofficier de renseignements ROGIER de I'armée françaisequi dans un
rapportsur les <<Touazine> < arch> de la confedération desWerghemmadanslequel
I ifrifnait à (30.000ha) les surfacesensemencéesen orgede variété< Ardhaoui>
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : 174
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

locale de <<I'Aaradh >>, et à (2000 ha) seulement celles en blé de variété


(( Hemera,1168

Ces estimationsainsi que les recensementsde la populationde ces tribus, ne


reflètentqu'approximativement la réalitédeschoses.

La méfiancedestribus de toute la confédérationvis-à-visdu pouvoir centraldes


beys à Tunis puis vis-à-vis de I'occupantnourrie par les guerreset raziasintérieures
entre les frèresennemis, et la pacificationcoloniale qui avancede I'ouest dans le
saharaalgérienet au nord dansles horizonsde la < Jeffaraet de I'Aaradh> t 6Jll+ll
.at..;r.eIl, la dispersiondes lots de terrainslabourésne permettaientaux offtciers ou
leursreprésentants que desrenseignements trèsapproximatifs.

Matgré les conditionsclimatiquesdifficiles , on semaitrégulièrementtous les ans


sauf en cas de manquede pluie en automne,les semiset les laboursavec l'élevage
extensif sont devenusdes activitésvoir mêmedes institutionssocialeset religieuses
par respectdescitationsdu Coran.
Ô *on peuplet t':availlezselon vos capacités,moi aussije travaille (Sourat El
Aanâam- lestroupeaux136- et Hûd, 93, essaide traductionJacques Burque,1990)
< Personnene mangemeilleurenourritureque celui qui I'a gagnépar le travail de ses
mains> (SouratSabaâ,34-15,essaidetraductionJacques Burque,1990).

La politiqued'encouragement de la populationindigènesuiviepar les Beys de


Tunis s'arrêtaitau niveaude la région de Kairouanet du Sahel.

Pour toute terre de culture, I'unité de mesureutilisée était la < Méchia> < le
cheptelvif >, qui équivalaità (10 ou l2ha) suivantles régionsconsidérées utilespar
le pouvoir centralà Tunis .

< MechiaD on engageaitun métayerau cinquièmedit (Khamès)


'^iPor.ychaque
cl,..t ou un quartdit (Robaa)CjJJI+ et à qui I'on fournissaitdeuxboeufsde labour
et les semences.

5 quintauxde blé ,
Dansle nord et une partie du centre,on semaitgénéralement
5 quintauxd'orge et 50 kg de fèvespar < Méchia> '

A partir de Kairouan, zonesemi-aride,on ne dépassaitguèreles quantitésde 2


quintauxd'orge etde2 quintauxde blé .

Les Werghemmaconsidèrentle travail du sol , les labours et les semailles


conlmeun devoir et une obligationreligieuseliée à l'existencede I'hommeet à savie.

< Ton co{psa des droits sur toi, ton âme a desdroits sur toi, ton épousea des
droits sur toi > (souratEl Molk, la royauté 67'90) -
< Et dans lew fortune il y a une portion due à celui qui mendieet à celui à qui sont
refuséslesbiensde ce monde> (SouratEtthariet- Vanner51-19).

168
Mustapha Kraiem (1973): La Tunisie prècolonialeTome I et 2 S.T.D Univ. de Tunis 1973
MohamedMarzougui : Maâ El bedouiFi hillihim wa terhalihim .
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : 175
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

( Tout musulmanqui planteou cultive la terre, de sorteque les oiseaux,un homme,


un animalpuissents'en nourrir, fait aussiun actede charitéà soncrédit> ( Sourat4l-
01).

Nous pouvons néanmoinsobserverI'importancedes céréaleset des cheptels


(troupeaux)dans la vie quotidiennedu nomadeavec une supennatiede I'orge par
rapport au blé .

Cette préferenceest de quinze fois plus pour l'orge par rapport au blé, ces
phénomèness'expliquentpar la facitité et I'adaptationde l'orge dans les milieux
difficiles, c'est une plantenettoyantedu sol par excellence, elle peut tirer profil de
tousles sols,elle estmoinschèrequele blé .

L'importancede I'orge commeproductionshatégiquede premièrenécessitéet


vital pour les hommes et le bétail ; aux yeux des autochtonescette importance
s'expliquepar de nombreuxfactews:
- Le blé estune graminéeplus fragile que I'orge, plus vulnérable,auxaléasdu
climat et de la pluviométrie,à la nature du sol et aux maladiesspécifiquesà cette
plante(surtoutla variétéHmera).
- Le faible taux de rendementdu blé par rapportà I'orge ( rapportdu simpleau
double)danscesconditionsédaphiques pour la mêmesurface.

A quantitéégalede I'orge et de blé, ce dernieroccupele doublede la surfaceet


du tempsde travailnécessaireà I'orge , et donnedeuxfois moinsde rendement.
En cas de sécheressedurableet de ruptured'approvisionnement le blé estplus cher
queI'orge sw le marché.

Les'Werghemmaont parfoisdesproblèmesde maladiesdescéréalescommela


pertede la facultégerminativesuiteà desensemencements successifs
tousles ans, on
dit que les grainsd'orge sont atteintesdu < Tarach) ,JiJ} c'est à dire la grainene
poussepas par perte de sa facultégerminativeégalementl'échaudagequi attaquela
graineet fait diminuervoir anéantirla récolteparfois.

Un autre fléau redoutablepour les céréalesc'est le < Jrad; .tl.tr+.llcriquetset


sauterelles,en réalité c'est un fléau qui attaquele vert et le secdesvégétauxdansla
régionoù cesinsectesseposent.

Ils dévastenttout sw leur passage, on dirait de véritablesnuagesqui s'abattent


sur le sol cultivé, d'ailleurs un proverbedeswrghemmadisait parlantde celui qui ne
laisseaprèslui ni sou ni soutien< Je ne te laisseque ce que laissentles sauterelles
>
11.rl.tr+ll sJ3+ L- çj 4ll+Ii-jD.

Vu la gravitéde ce fléau lesWerghemmaont désignédesannéesconnuespar :


- l'annéedessauterelles rl.r+ll pte .
(première)1931d.1T|
- I'annéedessauterelles (deuxième)1955,u'jÉll J.,i'.+llltt .

Dès que on apprendque les criquets(sauterelles)sont dansla régionvoisine,il


faut s'organiserpour repérerI'endroit, le meilleur moyende lutte contrece fléau étant
le ramassage pendantla nuit car les sauterellesne volentpasla nuit.
Lesmutationssocio-spatiales, enmilieu aride :
culturelleset ospectsanthropologiques 176
Casde laJefara tunko-lybienne1837-1956

Les guetteurss'enquièrentde I'endroit où les insectesse posent, repèrent


l'endroit et reviennenten criant pour alerter le ( Douar> les sauterelles, les
sauterelles.

Les V/erghemmamangentles sauterelleset les criquetsaprès les avoir fait


bouillirà I'eaueny ajoutantun peude sel.

Le goût des sauterellescuites et séchéesrappelle exactementle goût des


marin).
crevettes(petit crustacédécapode

C'est une véritablealerte,on réunit alorsles < Ghraiïs> pluriel de ghrara(sacde


chargeen tissu de laineet poil tissésur le métierhorizontal,peucontenirquatreWiba
x 37 kg : 140kg de grain,le Himel : 2 ghraras:280 kg de grain,c'estla charged'un
chameau(dromadaire).

On allumeun grandfeu par endroit,les sauterelles et criquetssont fixéessur le


sol , il suffit de les ramasseret de les stockerdansles Ghraiïs> , dèsqu'un sacest
<
plein, on le lie puis on en remplit un autre , le travail de ratissagecontinujusqu'au
iever du soleil , il faut alors terminer le travail et le ramassage de toute la région si
non au lever du soleillesculturesenvironnantes sont ravagées.
L'opérationdoit êtreterminéesi non le chef du groupedisaitauxautresI
( HAYYA YA RIAL El jarad tar ou FennadAL- Mez wad>
a 6.,11ril1 3 .rjj!t-e .ri.l3 -j! rl.l+Jl dt-.-.1Ll t-'l >.

Allez les hommes,les sauterelless'envolentet déploientleursailes à la première


heuredujour, fermezvos dernierssacs.

Au < Douar> chaque famille doit se déplacer pour le préparer à la


consommation,il faut verser le contenu des ghraiis directementdans les grands
marmitesen les recouwantd'eaubouillante.

L'opérationduretrois ou quatreheures,avecun travail à la chaînepour terminer


toute la quantitéavantqu'il soit jour on égoutteet on met ensuitesécherau soleil ,
peuventseconserverpendantuneannée.
aprèsle séchageles sauterelles

La consommationdessauterellessèchesse fait sanspréparationil faut enlever


les aileset la têteet lespattes,chezles weghemmaon gardelesbonssouvenirsde ces
sauterelles séchéesressemblants aux petits poissons< Ouzaf> .ij3 athérinesle plus
petitcalibredepoisson,pêchésru les côtesà I'aidede filetsà maillontès fin, famille
àes atherinidesséchéest très utilisé et consommédans le sud pour remplacerla
viandeen alimentation.

Les Werghemmadisentque les sauterellesséchéessontmeilleuresque le petit


poisson< Ouzef> et çarappellele goût descrevettes.

Certainsvont lesproposersu les marchéshebdomadaires ou pæ I'intermédiaire


desvendeursambulantsqui se spécialisent,certainspour la ventedu sel à dosd'âne ,
dansla ventedestissuset de faux bijoux (challague>>vendeur
lesJuifsse spécialisent
deproduitsdetissusetc ...
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 177
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne I 837- 1956

D'aprèsles pactes<Ahle$ déjà cités, nous constatonschez les V/erghemmaun


systèmed'échangeou troc et peuou pasd'utilisationde la monnaie.

Le poète chef de "Taéfa" troupe de chanteurset de danseursde la tribu des


Ghbenten: le cheikhdespoètesGhbentens
Fitouri Tlich disant:

Leschameauxsontperdus,il ne resteplusque
lespetitspoissons< Ouzef>atherinemaisDieu
nousaideraà sortirde cetteaventure
cesmotssontdessymboles,un masquesurla bouche,
ils cachentleswais sensdesparolespourm'éviterla prison
mêmedansmeschansonsdemariage.
Jedois faireattentionde touscôtés
lesimpôts(Jibaya)pleuventou quenousallions,
ils nousretrouventet s'acharnent surnous,
nousdépouillentjusqu'ace qu'il ne restequ'unsquelette.
I'hommedanssondur destindoit savoiratteindre
le bon momentpourêtreplus efficacedanssonaction.
Tout musulmanestengagédansunebataille
dont I'issueestincertaine.
Le dangerseraitmoinsgrandsi le pilier
centralde la tente(le Bey) étaitplus solide.
Mais il estrecouvertde moisissures
il faut comptersurDieu le grandle pluspuissant.
FitouriTlich
(NotreTraduction)

En casd'attaquepar descriquetset sauterellesde plusieursjours on a eu recoursau


creusagedes tranchéeset on enterreles larves rampantesavant de les brûler ou les
ensevelir.Les WerghemmaredoutentégalementI'attaquedescéréalespar les rongeurset
lesoiseauxqui peuventaussicauserde gravesdégâtsà la récoltede I'année

5.2-Les techniquesagricolessousI'encadrementde I'esprit communautaire


La gestiondes tenes collectives(Ichterakyas)et I'organisationdes labourset des
semaillesrelèventd'uneculturetribale confedéralese basantsur un espritcommunautaire
et c'estune occasionde manifesterla solidaritépar le biais d'uneprescriptionreligieuse,le
<Ouchoun>le l/10 de la récoltevégétaleet du cheptelpassepour aiderlespauvreset les
nécessiteux.

Le plus pertinentc'est cette solidaritéformant une sorte d'institutionsocialetrès


cohérenteorganiséesous l'égide de "Cheikh Chartia" ou "Cheikh el orf' dans une
collectivitéà la fois hasardeuse
si on analyseles aléasdu climatdifficile et de la sécheresse
permanente qui setrouved'uneannéeà I'autreperturbéepar la chutede la pluieabondante.

Egalementelle est pleine de promessesjusqu'à se trouvé devantune association


jusqu'à trouver I'associationau
d'intérêt collectif fonctionnellemais non déclarée,
Lesmutationssocio-spatiales, enmilieuaride :
culturelleset aspectsanthropologiques 178
Casde la Jelfara tuniso-lybienne1837-1956

labour comme formule adéquateet mode de culture dominant sans oublier les
pauvres,les orphelins,lesfemmesdivorcéeset leshérosde gueneou de <<razÀas>>.

L'autosuffisancealimentaire, l'organisationsousla hiérarchiedu < Miaâd> de


la tribu, la gestion de I'espaceet les conséquences positives sur l'équilibre entre
I'homme et son environnement;il faut citer quelquesexemplesde symboleshouvés
dansles textesdespactes< Ahlefs > : où tout hommeestresponsable de la défenseet
de la sauvegarde du territoiretribal ou confédéral,laplace du < CheikhChartia> et
sesagents,le respectdesindigènesau codeet au < KanounChartia>.

L'intérêt accordéau Ksarlieu de rencontfe,de stockageet d'échange.

L'intérêt accordéau < Maréchalfenand)) et saplaceprivilégiéepar le < Kanoun


ChartiaD(rl!r,Jl 1+ ijts.) etc...

Une sociétéou le pouvoir centralest inexistant,où le pouvoirpersonneldoit


s'intégrerdansI'intérêt de la tribu .

C'est une sociétécontre I'Etatbaséesur rm pouvoir horizontalsegmenté,il est


partoutmais il échappeà un pouvoir uniqueou partieunique,lesactesdesdifférents
< Miaads>, les pu.iei, le Kanoun Chartiatémoignenttous unejustice socialeet une
dynamiqueoù chaquesegmentde pyramidese faisaitun point d'honneurd'exécuter
lès closei de la convention,du pacte,ou de I'alliance,desobligationsqui les liait.

Le nomadewerghemmiemploiesontemps, sonénergieet soninfluenceauprès


.
dessienspour assurerun équilibrepour cestribusvivanten économiede subsistance

En cas de force majeureou d'attaqueinévitabled'un ennemisou des ennemis


touchantI'honneurde la tribu et de la confédérationou touchantla régionde prèsou
de loin , et I'intégrité destribus, I'annoncedu départmassifpeut être déclaréedans
I'espoir de trouver dans leur espaceperçu I'aide et le soutienpour conquérirleur
tenitoired'origine.

Le poèteJemaaEl Khof disait:


Le messagesetransmettaitde générationen génération
'et le tempspassaitde I'annéeen année.
Ils étaientdesvraishommes,fils de tribus et tentes
descavalierstoujoursprêts,leursfusils préparés
maisaussidisposésà aiderles faibleset lespauwes...

JemaaEl Khof chef de taéfa"


PoèteGbenten
(Nofte Traduction)

Chaquefamitle au seinde chaquehibu possèdeune unité de labou ou < Jabda>


ou u ,n..hia > animaledetrait qui tire un instrumentagricole, attelage(unechamre).
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride :
l7g
Cas de Ia Jelfara tuniso-lybienne I 837-I 956

L'attelage composé,du laboureur,de son animal de hait, généralement et


d'une araire,dite < Mehrath arbi ) chamreen bois ou chamre<jamoussi> en boiset
dontla partietravaillantele soc,le versoirsonten fer.

Dansles terrescollectivesle partagedeslots pour le labouret les semaillesse


fait en fonctiondu nombrede < Jabdas > de la mêmefamille et de la même< Lahma>
unefractionde la tribu propriétaire
par le droit coutumier.

A chaque< Jabdas) correspond


à un lot de terrainlabourabledéfriché.

Samoyennede semence en orgeestde deux<<Galba> (environl0 kg d'orge)et


d'unegalbadeblé (5 kg environ)parjouméedetravailet pour un hectaredeterre.

Le laboursoussaformesimplepourpréparerle lit de semence.

En réalité chez les Werghemmala notion de superficien'est pas utiliséeen


céréales( NAAI\4r{ D A-.ri et tout estexpriméen qualitéde céréalesou < NAAMA >,
I'unité de mesureestla < Ouiba)) 4J-r.
Jll , une ouibad'orgepèseenviron29 kget une
ouibadeblépèse38 kg .

Les unitésde mesuredescéréales< NAAMA ) i.."4i chezles weghemma


dans
la Jeffaratuniso-tripolitaine
lpolltalne :
- Hemel l0 ouibas.
- Gfrz 16ouibas
- ouiba 04 guelbas.
- Themna 02 guelbasou % ouiba(c'estla ouibade Tataouineou ouiba
berkaoui) .
- Themna le contenud'un doubledécalihe.
- Guelba 02 nesfia outÀ de ouiba .
- Nesfia uneboitede 05 litres.

Ainsi le labour,les semailleset lesproductionssontexprimésenouibaet nonen


hectare(ha).
- Ie labourpourI'emblavured'uneouibad'orgeou de blé .
- la moissond'uneouibad'orgeou deblé .
uneouibade semence a produittantde ouiba,de Gfiz ou de Hemelou deHmoul

D'après Menouillard.H. (Revuetunisiennel9l l) chez les Werghemmade


I'extrêmeSud de la régencede Tunis il est difficile de recueillir chezles indigènes
desdonnéesexactessur lesrendements.

D'aprèsdes suivis réaliséschezquelquesexploitantspaysanson note que la


densitéde semisde céréalesestrelativementfaible et varie selonla naturedu sol, la
formedeterrainet le laboureur.semeurlui même.

5.3-Lessemailles

Le weghemmisuiteà la chutedes pluies d'automneplus exactement celles


d'octobreou la productionet la < Baraka> sejoignent , le labouret le semisavantla
Lesmutationssocio-spatiales,anlturelleset aspectsanthropologiquesen milieuaride : 180
Casdela Jefara tuniso-Iybienne I 837-1956

fin d'octobreest à la fois devoir et barakaet productiond'aprèsla < Raaddia>,


calendrierd'El manachiti.ltLu.l.t desWerghemma.

On a décidéde semer,uneprovisionde semences (graind'orgeou de blé) prise


au Ksar ou à la <<Zemla>des matmours, les hommesviennentsnr les terresde
tout le mondeestprêt à procéderauxsemailles.
laboursqui ont étépartagées,

Le poèteAmor ben ARBI, porte-parolede cetteconfedérationdesV/erghemma


de
occidentale
conçoitI'espacedansla Jeffara la manière :
suivante

Chaquematind'automne, je medirige versla dernièrepluie


humides
I'espacen'estdéfiniequepal lessablessecset lessecteurs
et lôrsquedeuxpluiesse succèdentassurantla levéedu semis
le nomàdequijô suisespèreet réjouitr6e.
L - * æl r-r..ÉlJl-e
ç.;rJ f+JSrJ. I d-hl3 pjtc rr$*t
.hl-â.ollj r-r..xti+ d+J-:-A-.,-, t+ J+j, ç$3
çt+

-
Le semeura mis du grain de semencedans la < Mekhla> ou musette
mangeoire(sactisséen laine et en poils servantpour le werghemmicommesac à
épaùeégalement pour contenirles grainsde semences,sertaussicommemangeoire
pàgr les-chevauxon met la ration d'alimentationd'orge dansla < Mekhla>>et on
i'accrochesur la tête du cheval,la bouchede cheval se trouve à I'intérieur pour
manger).Tout d'abordle semeurdélimite la surfaceoù il va répandreles grainsde
semis.

Le semisesttoujoursmanuel, de la main droitele semeurprendunepoignéede


grains, tend le brasvers la droiteindex ouvertet le ramèneprogressivementvers la
o M.thtu )) sac,en libérantles grainsd'une manièrehomogène du débutà la fin de
cettepoignéedegrainde semence.

Cettelancéeou gestecouwefacilementtrois < Dhraâ>6jl .,:Ot-l


ou trois coudées
environ(1.50m).

Cette opérationdébutepar la premièrepoignée,le semeurdoit prononcerle


< Besmallahir au nom de Dieu,parfoisil contentede cetteformulede bénédictionet
de < BarakaDpouravoir la protectionet la charitéde Dieu'

D'autressemeurschantentaprèsle < Besmallah> en disantque Dieu le plus


puissantassurerala part despauvrès,desveuves,desfemmesdivorcées, desoiseaux,
àes fourmis,d'aille-grsle sôuratdu Coran(41-l) d'aprèsI'explicationde I'Imam
Bukhari : < Tout musulmanqui plante un arbre ou cultive la tene, de sorteque les
oiseaux,rur homme,un animate,puissants'en nourrir, fait aussiun actede charitéà
soncrédit>.

Ya gasemelmeskine,Ya gasemEl Hajala


Ya gasemettir , Yagasemennemala
Ya Rabbiel Amal Alik Wa echeddaFik!

r6epoèmedu poèteAMOR BEL ARBI exhait de recueildepoésie,réunisparMohamed


Màrzougui(enarbre1976)nonetraduction..
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : I 8l
Casdela Jefara tunisoJybienne 1837-1956

Ô putt du pauvre! Ô pan de la veuve!


Ô purt du moineau! Ô part de la fourmi
Ô Dieu notretravail s'appuiesur toi!

tlçç.ltr.*eh #q
lJ4ill È.,,-3t+ J+LJ,| È,*3h
d, i 6$Jl J d+le dlr4ll (,.l..J q

Sous sa forme simple le labour est fait par une ou plusieurs< Jebda> ou
< Mechia > appartenantà la même farnille , en effet chaquetente possèdeune ou
plusieurs < Jebda> représentantl'unité de labour et le noyau organisationnelqui
relève d'un esprit communautaire et une obligationreligieuseà la fois pour avoir la
gràceet la bénédictiondu Dieu , c'estalors< Barakaet Haraka> .

Le werghemmi se lance dans toutes les compagnesagricoleslTo, qui se


succèdentdans le temps comme des événementshistoriques ou événements
pertinents,cycliques,paraboliquesrelatifs à chaqueindividu, à chaquefamille et à
chaquetenteet Douar.

Chez les V/erghemmatout est lié, la < Haraka>rc'est I'action de I'homme en


étroiterelationavecune notionpopulairequi est la justice immanente; le Corandit :
< celui qui agit bien, prometslui le bonheuret la gloire en tout et toujours; celui qui
agit mal, annonce-luiles pirescalamités,sa malfaisancese retoumeraun jour contre
lui>.

Des contesterrifiantsviennentappuyercetteaugmentationsi tenifiante qu'ils


provoquent: unesagesseinépuisablechezcesnomades.

Une premièrechosepourrait surprendre: c'est cette sagessedes weghemma


avec leur caractèrecasanierdénotant une constancec'est de rester chez soi,
< MourabitounD ou casaniermalgréI'aridité et la raretédespluieset despâturages.

C'est cette philosophiedes < Mourabitoun> qui déclarentla guerreà la vie


et à l'humeurvagabonde.
hasardeuse

Le déplacement et la mobilité des\Verghemmasont dictéspar un codepastoral


et par un mode de vie organisantla sociététribale et confédéraletouchanttous les
aspectssocio-économiques et culturels.

Cettetendanceet ce désirdu werghemmide resterau pays,danssonmilieu et le


milieu de sesancêtres.Quitter son milieu pour le werghemmiest en quelquesorte
mettreen péril l'ordre social.

170 deI'extrêmesudtunisien,in:
Menouillard.H.(1911): I'annéeagricolechezlesindigènes
revueTunisienneN 79-l9ll p 4
ouiba tounsi équivautà deux ouibasberkaouiou ouiba de Tataouinequi est un double
décalitre.
uneouibatounsideblé = 38 kB
uneouibatounsid'orge= 29 kE.
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 182
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

La premièrepreuveen estque I'enracinement et le retourau milieu natald'origine,


assureà I'individu une adaptationou les traditions ancestralesrestentune garantiepour
sauvegarder cettesagessequi ne tarit pastant pie cet individu secomportedansla société
avecspontanéité.

Nous verronsI'avenirde cettesociétédansune autrephasede sonhistoirelorsque


on a provoquépar I'usagede la contraintedesmutations,un véritabledéracinement
et une
par
transflantationqui sontsoldésau coursde XIXème siècleet XXèmesiècle la pertede
la personnalité

Dansun nouveaumilieu, attiré par la force colonialeet provoquépar les pouvoirs


coloniauximpérialistes.La vie du werghemmideviendraune contrainteartificielle,avec
une personnalitéd'empruntet d'imitation banale, ce qui a détruit le tissu social et
et culturellede cesespaces
I'infrastrucfuresocio-économique ayantpour conséquence des
impactsnéfastessur I'environnement et qui sont restéssans jusqu'à
solutions la fin du
XXèmesiècle.

5.4-Les secteurséconomiques au seinde I'associationau labourchezlesnomades


de la Jeffara tuniso-tripolitaineface à la politiquebeylicale

Loin du pouvoir central des beys de la régencede Tunis, la Jeffaratuniso-


tripolitainevivait presquemarginaliséeavecun statutsculptépar pouvoirdestribus de la
confedérationdes V/erghemma; devantl'état d'insécuritéet les conditionsnaturelles,les
rapportsde force intertribaux,les pouvoirs politiquescentralisésdesdeux régencesont
progressivedes
constituéles différentesconditionsqui favorisaientd'unepart I'expansion
Werghemma au dépenddestribustripolitaines.

Cette situation oblige les Touazine résidant dans les Ksour de Médenineet
occupantle milieu de la Jeffara,des monts de Ghomrassen, Ksar Hamdoun, Gragar,
jusqu'àla côtede la presqu'îlede "Dakhlet"V/erghemma de Sidi Makhloufou
ou presqu'île
de Jorf à continuerI'expansionvers le sud et I'estpour occuper"Bouhamed"' ou setrouve
le Ksar"ENNEBECHE"desnouâelstripolitains,jusqu'àlesoueds"Fessi"et "Sabeg"pour
arriverau niveaudes"Maâmrate"pour construirela nouvellelocalitéde Ben Gardenpuis
lesksourde Ben Garden.

Cetteexpansioncherchedesnouvelleszonesd'influenceet surtoutdesespacesde
pâturageet de labours,jusqu'auxzoneset régionsrichesen eau et en pâturages, c'estla
réserved'Elouara limitée par les frontières arbitraire de l9l0 et les " de
Sebkhats"
"Moqtaa"

A ce moment-làle pouvoir centraldes beysde la régencede Tunis négligeaitles


de la Jeffaraet de I'Aaradhet lespopulationsdesWerghemma.
espaces

Bien au contraireles Beys de leur côté participaientdirectementaux activités


et prélevaientunepartappréciablesur lesprisesde la courseet destribus.
économiques

du
Nous trouvonsalorsle pouvoir centralqui vivait avecdeuxélémentsessentiels
secteur économiquebeylical ce sont la course en Méditenanée et les tribus
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride :
l g3
Casde Ia Jefara tunisoJybiennei,837-1956

La course,on remarqueque les notablessédentaires et mêmedesindividus de la


population participaient à cette I'activité des grandes familles <<YoussefSatrab
Ettaba>, le Cahia de port Farinadansla région de Bizerte, les Jelloutis de Sfa.x,les
ben Ayed et Hadj Younesde Djerbaen face de la Jeffaraet destribus Werghemma.

A la fin du XVIIIè'. siècle et au début de )([*tt siècle la flotte tunisienne


retrouvaitl'apogéede lacourseavec 15 à30 bâtimentspuissants, en 1815lenombre
de sortiesen courseestarrivéà cent(100) , ils ramènentesclaveset biens.

En 1798 ils ramènenttoute la population de l'île Saint Pierre soit un millier


d'esclaves,en 1815 ils ramènentde Saint - Antioche (125) chrétiensou esclaves
blancs.

Les Beys avec les hois grandesfamilles borugeoisesdescôtes(Bizerte,Sfax et


Djerba) participaient à I'armementdes navires corsaires,soit par leur capitaux,soit
grâce à leurs forces physiquesde main d'oeuvre sur ces bâtiments, sont concernés
par le partagedu butin (esclaveset biens).

Ahmed Ebn Abi Dhiaf écrivait que (YoussefSahab Ettaba> de la régiondu


Bizerte (Porto-FarinagJ-.ll.,1t-è) sous le règne de Hamouda Pachaétait premier
Ministre , faisait desprêts à destaux modéréspour encouragerles gensà participerà
ce genred'activité individuelleou dansune associationpour I'arméeet la gestiondes
bâtiments.

En plus de sa part entantque participant, le bey recevait le dixième du butin


conrme< Mejba > ou impôts,d'aut€ part il réalisaitdesbénéficesde 100 à200 o/osur
la libérationdesesclaveschrétiens."'

Le Bey comptait sur d'autes ressources: c'étaient les tributs. Ces tributs
étaient des cadeauxverséspar les consulsdes Etats européenslors de leur arrivée
dansla régence,cesdonspouvaientêtrerenouveléslors desgrandesoccasions.

Certainspays occidentaux,pour acheterla paix avec le Bey préferait payerun


tribut plutôt que de chercherune éventuelle attaquede la course tunisienne,les
financesdes Beys étaientbaséessur cesdeux sources, I'associationpour la courseet
le payementdestributs par les consulatsétrangers.

Loin des palais de Bardo et de Carthage,de < Dar El Bey > à HammamLif et
Enfidha ville , la Jeffaraet les Werghemmavivaient sur les travaux de la tene, les
associationsde labour, où chacuntrouvait son compteavecles mêmesconditionssous
forme simple le labour chaque année est fait par une ou plusieurs < Jabda>r
appartenantà la mêmepersonneou mêmefamille .

Le labour, institution socialeet obligation à la fois temporelle,profaneautant


que ( Haraka>>action et travail, spirituel autant que ( Baraka> grâceet bénédiction

l7l - Ahmed Ebn Abi Dhiaf : Ithaf Ahl EzzementomeIII Le règnede HamoudaPacha( en arabe)
-Ahmed Ebn Abi Dhiaf : Ithaf Ahl Ezzemen.tome VII BIOGRAPHIE DE YoussefSahabEttaba
premierMinistre de HamoudaPacha(en arabe)
-Vlensi - lucette; < le Mghrebavantla prised'Alger >>.
Lesmutationssocio-spatiales,
culturelleset aspectsanthropologiques
en milieuaride: 184
Casdela Jefara tuniso-lybienne1837-1956

de Dieu , en effet les Werghemmadisaientsouventchaqueaction est suivie par la


barakailli L++.ifu1s,J: .

Il est alors évident que la vie quotidiennedu werghemmiest codifiée par


I'attitude du musulmanqui considèretravaillerla terre et produirec'estun devoir et
obligationreligieux.

Mais si certains des Werghemma sont propriétaires de plusieurs


attelages( Jawabads)pluriel de jabda, d'autresne possèdentque leurs forces de
travail.

Ils doivents'engagerà laboureraveclespremierscontreunepartdesrécoltes,le


< sehemD È#,'ll ou la part qui peut aller au quart ou au tiers de la productionc'est
une associationentre le capital(abda, attelageplus semenceset divers services,
nourritureetc ...) avecla main d'oeuvreet la force de travail souventexpérimentée,
connaissances deslieux, destenesdelabour,dessystèmes de'culture etc...

Le payementse fait en produitsrécoltés, jusqu'à 1837 les Werghemma


le payementjournalieren argentn'estappanrque
procédaientau troc et aux échanges,
trèsrécemment.

5.5-Le doulebet la Raghtta chezlesWerghemmadansla Jeffaratuniso-


tripolitaine

5'5'1-Ledouleb çTrrll

C'est une libre associationentre plusieurspersonnespour I'exploitationd'un


terrain , c'est un travail collectif qui ne tient compteque desrapportsd'amitié , de
confiancesurtoutet des intérêtscommunsunissantles agriculteursou les paysans,
surtoutdansla Jeffaratouslesagriculteurssansexception, chaquemembredu groupe
est appeléà défendresa tibu , sontirretoiremais égalementil est de sondroit et de
sondevoir de travaillerla terre, de faire deslabours,et de tenir comptede la part de
la veuve, desoiseauxet desfourmis, cofilmedit le Coran, et le poètelaboureurau
débutdesopérationsde semailleset deslabours.

Ce type de travail collectifpeut se faire à I'intérieur de la < Latrma> fraction


de tribu commeà I'extérieuret dansla terred'un seulpropriétairedu groupe, conune
sur celles de tous les collaborateursdu doulab. Nous citons des exemplesdes
\Merghemma et noustrouvonsquece doulabn'est pasinstituésur desdonnées tribales
ou familiales ou < latrma> fraction de tribu bien au contraire c'est le facteur
confrance,amitié et intérêtsunissantles participants: plusieursfois la participation
des< Jaballatrs> des<Arafs>>,descKbaîeria>àuntavail collectifde semailleset
de laboursà < Bouharned> se fait par le biais d'une associationdite doulabdonne
ure bonneproduction.

C'est trois fractionsou familles n'appartiennentpas à la mêmehibu bien au


confaire elles sont de deu tribus diftrentes les < ouledsHamed> et les < ouleds
Iftralifa > mais la confianceet I'intérêt unissantcestrois groupesentrentenjeu pour
conchuecetteassociation ou groupement à intérêtscommuns.
Les mutatiortssocio-spatiales,
cyltlyrelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride :
l g5
Casdela Jeffaratuniso_lybienne Ig37_195i

Lors des moissonset desrécoltesle pâhrage se fait sur nombre de < Jabda
> ou
< Mechia > ayant labouréensemble.

5.6- Quellessontalorslesraisonsqui unissentdesfractionsou groupes


de tribus différentes?

Danscesespaces des nomades chezles Werghemma I'activitéde la courseest


inconnuepar comparaison auxsédentaires de la régencede Tunissousl'égidedu bey
et en associantaveclui et lesnotablesils pratiquaientla courseet les tibuts comme
secteursde leursvie socio-économique.

De cette difËrence entre les pratiqueset les principeset les idéauxnous


pouvonstirer unemultituded'interprétations et de conclusionsqui ne demandenr pils
en réalitéun effort de raisonnementet d'analyse; nousnouslimitonsà I'exemplede
I'agriculteur, laboureur,poètequi commençaitles premiersjets de semences par la
< bessmallah> au nom de Dieu le puissantassurera la part despauvres, desve,gves ,
desoiseaux, desfourmis.

C'est cettesagesse
et cettedimensionhumainequi fait la differenceà ce qui se
passeà I'environnement
beylicaldela régencedeTunis.

Le < Doulab>>estdéterminé par certainesraisonsmajeuresqui obligentlesgens


à labourercollectivement:
nouscitonsparmicesraisons:
- l'éloignementdetenesde labourset le besoinde sécurité,
- la pluie et I'arrosage
decertainerégionplutôtqued'auhes,
- d'auhessont d'ordresocialéconomique, tel l'esprit communautaire,
ou la
manquedemoyensou desemences pourcertains.

Il està signalerquedanscemondenomadedjeffarienlesquantitésdesemences
empruntées pendantles laboursindividuelsou collectifs@oulab)serontremboursées
en naturesansintérêtsur la récolteattendue,aucunremboursement ne doit se faire
avantles moissons.

Cetteprocédurebien qu'ellesoit bonne, attireI'attentionà ce genred'emprunt


qui peut aboutirà une situationde dépendance
despetitset moyensagricultueJ par
rapport aux grandsfellahs (agriculteurs,laboureursnotables),en appliquantles
principeset les idéauxde cettesociéténomade,lesrapportsde solidaritélont assurés
auseinde la confedération.

Cesmoissonset ces labourssont aussl I'occasiond'autresformesd'assistance


: la
< Raghata)) i-hLèJ'llou(devoir):

C'est un travail bénévole,qui exécutentles labours< Harrathas > pendantle


ou (les) demiersjours de semis,à fin de dépenser
à titre d'aideuneou deux< Wibas>
une quantitééquivalanteà environ29 kg d'orge ou 38 kg de blé, à quelqu'unne
possédait pasd'attelage< Jabda))ou ( Mechia>.
Lesmutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : I 86
CasdeIa Jelfara tuniso-lybienneI 8i 7- I 956

Cetteaidefourniepar le groupe, sousformede travail investidansuneparcelle


deterre,sefait aunom desenfants: < Metira DEJ+-h'n.

Si la personneconcernésetrouveaisée(2 ou 3 attelages)( Jwabeds > et qu'elle


possède, donc,beaucoupde terreà labourer,cetteaidene peut lui êtreaccordée par
les < Harrathas> ayantdéjàfrni , que si ceux qui tiennentà rentrer dans
ensemble les
Douarsou le Ksar.

pendantla récolte
peut lui être dispensée
Par contreune telle aideet assistance
et la moisson.

Généralement cesoccasions de labourscollectifsou de moissonseclôturentpar


<<ZardaDrepascollectif où tout le mondedu même lieu de labourou de moisson
mangeensembledu < couscousà la viande> suite à I'abattaged'un ou plusiews
moutonsselonI'effectif destentessetrouvantsur le terrain.

Toujoursdanscet espritde solidaritéet de travail de semailles,de laboursou de


moissoncollectiverestele mot d'ordrede la plupartdestribus et de la confédération
desWerghemma.

Pour les paysansde la Jeffaratuniso-tripolitaineau sein destribus, fractions,


famillespeuventsetrouverdansdesrégionset desterrainsqui n'ont pasétéarrosés
en octobreou dans la périodeautomnaled'une manièregénérale,et qui viennent
solliciterdesparcelleset desterrainsà labourer'

Souvent toutes les parcelles,terrains de labour et réservespastoralesou


laboruablesdansles régionstrèsvastescomme< El Ouara> 6*Cl ou < El Hamada>
6.rtr.r,llou < Edhahalp .,pLE-Jlou la plainede < la Jeffara> 6J3+llclt.r sontgéréespar
un statutcollectif c'est à dire c'est la propriétéd'une tribu ou d'un groupedestribus
ou d'une confédération, le nom de terre <<Ichtirakya' 4Étjat ,t":l-i, vient du terme
< chirka>>c'est à dire collectif ou sousun régime associé,ou terres< Ourouches >
4$j.i.tsi r-É.p-e.r.àlJ .
Les étrangersqui se trouventprivés de la pluie automnalesur leurs terrainset
propriétéstribales,I'accèsà la terre collectiveà ces étrangersleur est interdit,sans
i'autorisationpréalabledu < Miaad>>.L'assembléedes tribus se réfèreà I'acte ou
< Hùja du Miâad> des Ouderna,Miaad des Haddejs dans les Matmata,ou de
KerchouadesKrachoua,desTouazine,desHrarza,desHouaya( annexe).

Cesactesécritsdélimitentd'une manièretrèspréciselestenainsde laboruet de


pâturageappartenantà la tribu ou au < Arch D, l'acte est signé toujourspar des
notaires,dài notables,descheikhsdu < Miaâd> représentant toutesles fractionset
familles.

Les < Tallabas; la)JrJl, demandeursde terre de labour,peuventêtre chassés


par n'importe quel paysandestribus ayantdroit sur cesterressansl'autorisationdu
( MiaâdD.

Il est à signalerque mêmeentreles < ourouchesD ou les groupesqui leur sont


rattachésles < tallabas> doivent demander l'accord préalable de la fraction
propriétairedu tenain, ils sontsouventdes < Akaras> de la presqu'îlede Zarzrsqui
Les mutationssocio-spatiales,
culturelleset as??ctsanthropologiques
en milieu aridej lg7
Casde la Jeffaratuniso-lybiennei,837-l,956
.
veulentlabourerou pâturerdansles terrains( d'El OuaraD ou de < ChouchaD au sein
de la confédérationdesWerghemmaunecomplémentarité entreles différentsgroupes
de la Jeffaraa toujoursrégné.

Les < ouderna>>,les < touazine> pratiquentdeséchangeset empruntsentreeux


et avecles voisinstriplolitainsles < Siaanes> les < Noaéls>.

Toutes cespratiquescoutumièressont négociéeset autoriséespar le < Miaâd>


de chaquepartenaire.

Cette assistance
se fait dansle cadredesrapportspolitiquesqui régissentla vie
destribus.

Ceffe solidaritéentreles tribus ou groupespolitiquementalliés prendpour base


et réference des petits politiques ou < çoffs >>ou clans , à titre d'exémple les
Werghemmaou les Oudernasont du même( çoffD politique < Youssef> quandau
Beni Zid ils appartiennent
à la partieadverse< Chaddad> ne viennentjamaislabourer
chezles Touazineou les Oudema.

Bien qu'il s'agissede parti politiqueet çoffs ou clansentreYoussefKaramenli


de la tripolitaine et la partie Chaddad,partisande I'appartenance
à I'empireOthoman
et avecIe retourà la sublimeporteconnuepar Ia suitepar les çoffs des< Pachias>.

Les Werghemmaont choisi toujours le clan ou le çoff partisande l'identité


nationale celui de Youssef puis aprèstant d'année et de générationle clan de
< Husseinite> partisan du retour à I'identité nationale et coupant les liens avec
I'empire Othoman.

Ces çoffs restent dans I'imagination populaire jusqu'à trouver des tribus
tunisienneset tipolitaines partagées
entreces deux partiespolitiques(voir cartedes
tribus Husseinites- Youssefet des tribus PachistesCheddaddansla Jeffaratuniso-
tripolitaine en annexe).

Nous pensonsque les rivalités de clan cachaientdes oppositionsremontantau


passélointain. Elles étaient provoquéespar les pouvoirs centraux,Beylicaux et
Othomanspour desintérêtspolitiquessousla pressiondesprincesrivaux < Hussein>
et < Ali Pacha> et des antagonistes<<Youssef> pour I'indépendancevis-à-visde la
sublimeporte < Cheddad>.

C'est le résultatde la politique( diviserpour régner;r.*e.3c!.,1liet provoquerles


rivalités 49^ çofft ou partis politiques ayant des raisons économiquespour
fondementlT2.

t72 MustaphaKraiem
: Les çoffs tunisiensversle milieu du XIXème siècle.
- A. Martel : lesconfurssaharo-tripolitainsde la Tunisie(1881-l9l l) p.62Unisde Tunis1965
- AhmedibenAbi Diaf : ITFIAFAHL EZZAMAN TomeV p.187, Tom II p.l13 .
- Ibn Abi Dinar, EL MOUENISp.231,
N.B. A. Martel : s'estparticulièrement atiachéà l'étudedesçoffs dansle sudde la régence.
Pour le centrede la régence, il placeouledSaiddansle clan PachistealorsqueBen Dhiaf
(Tom II ) lesplacesdansle clan husseinite,par contre A. Martel placeles Ounifa
dans le clanPachiste, d'aprèsMed Kraiem(TunisiePrécoloniale)ils faisaientpartiedu clan
husseinitece qui a étéconfinnédanslesnotessur lestibus de la régencede Tunisin . revue
culturelleset aspectsantlvopologiquesen milieu aride i
Lesmutationssocio-spatiales, 188
Casde Ia Jelfaratuniso-lybienne1837-1956

Ces fondementsrestentpour régir la vie des tribus, groupeet confedération


jusqu'à influencerl'organisationet la partagedesterresde labouret despâturages.

Un tel acte d'appartenance lointaine les engagentà entretenirdes rapports


amicauxavec les alliés < Youssef> et <<Husseinite> et s'abstenirà tout échangeou
complémentaritéet toute associationavec les çoffs adversesde < Chaddad> et de
< Pachia> .

pour les compagnesde labours,de semailleset de


Cetteattitudeestpermanente
moissons.

Une dérogationest faite par les Werghemmaau profit des< Tallabas> de tel ou
tel çoff peuvenivenir par contrefaire paîtreleurstroupeauxdanslesterrescollectives
des < Ourouches> ; égalementils peuventlaboureraprèsune autorisation;ils n'ont
droit qu'aux terres médiocr"s aprèsla grande opérationde partagedes différents
terrainsde labourbien arroséspar lespluiesd'automne.

Nous venons la situationet le comportementdes tribus Werghemmapendant


les annéesde sécheresseou opérationde < Htaya>, où ils sontobligésd'émigrervers
les régions céréalièresau nôrd de la régencede Tunis, ce déplacementreste la
dernièresolutiondevantI'aridité et la famine.

Le poèteFitouri Tlich (le cheikhdespoètesGhbenten)disait:

Quandla pluie ne vient pas,la vie s'arrête


et tout le mondepleure,Musulmanet Chrétiens
la pluie a tant deprix qu'ellerapprocheles coeurs
la vie estunepromenadeavantla mort
et la pluie le maintiende la vie dansla prospérité
et l'échangeente frèresqu'ils soientnomadesou sédentaires.

(Notre Traduction)

5,7-Lrêlwage : le troupeauc'estla richessedu nomadede la Jeffara


tuniso-tripolitaine

ChezlesWerghemmaun proverbedisait :
- < Elghenem ghenima,fôd,tragadima,Naâdoutrabin errehlawel emgima> .
.i-+i^ll , aË-p ilci trir*3 A'^Jr.llÉ3 ir+13 Èlill
- Le troupeauovin c'est une richesse,c'est de I'argent ancien, nousptlssons
aussibien lors desparcoursqu'aucampement

Le nomadewerghemmisuit sontroupeaudu berceauà la mort, il esten tout cas


et en toute circonrt*.t, en période de paix ou de gUeITe'de sécheresseou

1902.
tunisienne
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 189
Cas de la Je/fara tunisoJybienne 1837-1956

d'abondancede pluie, préoccupéde tout ce qui peut I'aider à viwe et à croître ou tout
au moins à ne pas perdrece capital,ce patrimoine.

Il est actif en perpétuel mobilité à la recherchedes bons pâturagespour ses


moutons , brebis, agneauxet agnellesou seschèvreset seschameaux.

Sa vie est partagéeentre la famille et les enfants et son troupeau, tous sont
précieux au nomade ou sédentairedes weghemma et I'on comprend le proverbe
djeffarien qui disait :
- ( El banat,wel khil, wel belle Htma Khiyar El Ksiba >.
- Les filles , les chewaux, les chameaux.
Ce sont les biensdu mondequ'il vaut le mieux posséder.

Ce cheptel et ces animaux pourront être vendus ou échangéscar, à l'époque


l'échangeéconomiquele plus courant,était le troc .

Le lait des chèwes et desbrebiset des chamellesest une des basesde nourrinue
avec les céréales,laine ou poil de chèvresou de charneauxseryentaux tissagesdes
vêtementsd'homme <WarzaD , (El Hûli>>,de femme (El Bakhnoug>, (El
Asaba ) , (( El Hizam> , ou des< Flijs ) pour les toiles de tente .

Sans négliger l'hospitalité des nomades,à I'occasion d'une fête religieuse ou


tribale ou célébrant les journéesd'héroi'smeet de guelre en I'honnetu d'un cavalier,
< Fares)), d'un parent ou d'un < Marabout>>, <<Krama >>ou bénédictionde Dieu .

Les chameaux servent aussi bien pour les travaux agricoles, labour,
défrichement etc..., ils permettentles transportscaravaniers,des biens, de la tente et
de la production céréalière.

Ces troupeaux occupentune placesanségalechez les V/erghemmade la Jeffara


tuniso-tripolitaine, ils ont une priorité absoluepuisqu'ils sont les vecteursde la vie
nomadeet sédentaire.

La céréaliculture étant limitée à deux périodes les semailles, les labours et la


moissonc'est à dire I'automneet la fin du printemps, débutde l'été .

Quant à l'élevage, il occupeles Werghemmapendantle restede I'année,avec


une sensibilité aux capricesde la pluviomètre et de l'état des pâturages. Tout dépend
de la nature et la volonté et la bénédictionde Dieu .

5.7.1- Le cheptel dans la Jeffara tuniso-tripolitaine : les espèces


- Le chameau(dromadaire)< Jemel> ou ( vaisseaudu désert> I'animal sacré
chez le werghemmi, les nomadesde la Jeffara gardent le secret de la conduite des
camélidés.D'après les Wergheûlmac'est à cet animal et à lui seul que le prophète
Mohamed a soufflé à I'oreille de sa chamelle le centième nom de Dieu (les
musulmansne connaissentque 99 nomsdu Dieu).

Toute la tribu des < Rabaiya> {.r.1-,.J,tl


thÉ ss spécialise dans le domaine de
l'élevage du dromadaire, de sa conduite,de sa naissance< Ehwar;.,11Jsjusqu'à son
vieillisiement < Charefou theleb> tôJj.d ,+$ .
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : 190
Cas de la Jefara tunisoJybienneI8i7-1956

Cette tribu maraboutiquepossèdela nomenclaturede quelque cinquantenoms


pour designerle chameauselonl'âge , la dentition et le sexe.

En fait les < Rbailas>>ont plusieurs ancêtresmaraboutiques; leur mausolées,


lieux de pèlerinage se trouvent à Sidi Tway. Ouled Hmid est une fraction de Rbaïa,
Sidi Hmid a transmis aux générationsde sa tribu un don que les Werghemmaet les
franges sahariennesen Tunisie, en Algérie et en Lybie ne peuventpas oublier, c'est
la guérison contre la maladiede la < rage) .

En effet ces bergerschevronnés,rustiqueset expérimentésdans le domainede


l'élevage camelin sont tous douéspour guérir les blessuresdes gens morduspar les
chiens enragéssuite à un traitementqui se limite à humecter un morceaude laine de
toison, de la salive du < Rabayi> et traiter la morsure rien que par cette salive; la
guérisonest assuréesansfaute.

Cette salive des ouled Hmid a un pouvoir qui prévient larage ils détiennentce
pouvoir de leur ancêtresurnommé,d'ailleurs, le guérisseurde I'enragé.

Ce phénomèneet cette miraculeuseguérison est connue danstoute la Jeffara


tuniso-tripolitainepar toutesles Tribus Werghemma.

La nomenclature camelière des < Rabayia> est la suivante : le chameau


(dromadaire avec une seule bosse) à sa naissanceest < Ehwar et Ehwara; J3s 3
i.js- jusqu'à l'âge de 6 mois, du 7èmemois on le dit < Makhloul ) dJÊ3r , àl'àge
d'un an, on dit < Ibn Leboune>, il arrive bientôt à l'âge d'être sewé où la chamelle
estde nouveauen rut, à l'âge de deux ans(Hig), à I'age de trois ans(J'dâa),à I'age de
quafre ans (Rebâa) et à l'age de cinq ans (Jemaâ). Le critère adopté dans cette
nomenclatureest la progressionde la pousséedeniaire.

Les Werghemma et les nomadesdans les franges sahariennesutilisent cette


nomenclaturedansla culturepopulaire(poésie,contes, proverbes...).

Nous trouvons tout un vocabulairerelatif à ce compagnondu nomade,les poètes


ont toujours utilisés < Elhaware> , < Makhloul > , chamelone dans leur poésie
u*o*"i." d'éloge gr-Jl , de satire rlçgJl , d'é1égie.rti..rlldans leur poésie
ç-.113À.t1,
Sophieet lr4arboutiqueet éducative,la correspondancepar la poésiey*il! d*l.lill, et la
poésie panégyriste çr.lt .p'll , la poésieet chants d'accompagnementdes activités
I'abneuvementdes troupeauxet chants au cours des longs voyages(Hidae,
"o**"-
elr-r; .

Le poèteFitouri Tlich : cheikh despoètesGhbenten: disait :


Oh jeune fille (la Tunisie ) toi la plus belle
Une jeune chamellesansdéfense
entre deux chameauxénervés(l'axe et les alliés )
dans leurs tas de fenaille
Le < Voleur >>est entréedansI'oasispendantla nuit
il a coupéles fleurs mâlesdespalmiers
Pour que le peuplesoit privé de fttits
qui peut comprendrecesmots à décoderma poésie
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride:
l9l
Cas de la 1837-t956

le poteaude la tenteestpourri(le beyde Tunis)


(NotreTraduction)DiwanFitouri TLICH

Le poèteOthmanIsmail disait:

Nouscontinuonsà viwe dansunerégiongérée


par la juste chariacoranique.
Et temps,voussavezbienestparfoislion parfoishibou
Vous I'avezdéclareraride,régiond'élogede Werghemma
possédants destentestissées
de poil bentel bounnlT3 surlesfrontièreslointaines.
Gâtéescesfamilleset chameaux? qui prenaientles fardeauxen totalité
Alors queleschevauxà côtébiensellés.
Ce sontles gâtésde la chamelleet lesgâtésde la devise
DansleurpéripleversI'orientet le sud.
Où la soif condamne à mort rapidementet sansdélais.
Mais avecça,nousne connaîtrons jamais
Desachatsdanslescouffrns
ni pain,ni painsecni biscuit
noussommesdesArabes,on sepromène
danstouteespaceet tene vertede pâturage
et la brancheprendsavigueuret saforcede la soucheinitiale.
Et le bois ne brûlejamaisqu'avecdu bois identique.
Le fardeaudu chameaun'estjamaissupportépar le chamelon.
(Notretraduction).

Le poèteAli Tleich (poèteGhbenten)neveude Fitouri Tleich disait:


Où estle tempsdestroupeauxde chameaux
qui sedirigeaientseulsverslespâturages
où les guerrierssansnourritureset sanseaux
n'avaientquede lait de chamelleà volonté
Oh chamellene me critiquepasle tempsnouveauxestarrivé.
Fini la belleépoqueou I'on ignoraitles frontières
descavaliersaux yeuxnoirsétaientà vos côtés
prêtsà foncerquandlesvoisinsnousmenaçaient
nousnousdéplacionsà notreguise,installantnostentesn'importesoù.
Danscet enfer,quelquefois, nosvieillardssereposaient
et surveillaientleschamellesqui mettaientbas
avecleurschevauxet leurscartouches quandj'entendle
bruit deschevauxet camélidés,
J'éprouveun incomparable plaisir
Il n'y a plus decavaliers,seigneursde notretemps
descaravanes de chameauxauxyeux noirs
Viwe le tempsprésentestun pêché
ce sontdesjoursqui précèdent lejour dessadates (Sahaba)
AIi TLLCH
(Notretraduction)

Ibn leboun: jeune chameau(chamelon)à I'aged'unan.


Lesmutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : 192
Casde la Jefara tunisoJybienneI 837-1956

C'est I'expériencepratiqueet le comportementde la chamelleau momentde la


traite et sa conduite à l'égard des pâhuages et plantes pastorales liées à
I'environnement,climat et intempérie,nuageset tonnerrequi étaientla basede tous
les calendriers( d'ElmanachD Ètjill desWerghemma(Ghilène,Chendoul,Raaddia
etc...).

A l'âge de deuxanslorsqu'onlui coupelespremierspoils on dit < ibenLebûn>,


on dit aussi< Bo11zezza>celuiqui enestà sapremièretoison

La quatrième année chamelon et chamelone reçoivent I'appellation de


< Gououd, ,st! r pour le mâl et la femelle< Bakra; 6.r's+

Le chameauest considérécomme adulte vers la septième année, on dit


ô;'S+
< JemâaD g.ob depuisqu'il entreà l'âge de cinq ans,tandis que la chamelone
peutêtre saillie dèsla quatrièmeannée.

A sa premièregestationon la nomme< Beker>, legha> et dèsqu'elle est suitée


c'estune< Naga> i"âu.

A la huitième annéele chameaurefait sa dentition : les WergheûImadonnent


beaucoupd'importanceà cescritèreset la valeur marchandede I'animal dépendde
son âge égalementla qualitéde sa viandeou de sa force d'attractionpour les divers
(
tavarix alricoles (labours, moissons, battageetc ....) on le dit alors Thni, o.r3
(
lorsqueà la septièmeannéeil refait les incisives(mitoyennes)il est Rbai D tL..r puis
< Sdès; g*l.t*,,lorsquelui pousselesincisivesde coin puis < Jemal; chameau>.

Quantà la gammedescouleursdu dromadaire,nouscitons :


Lassoued(noir)
Lasfar(aune)
Ahmar (rouge)
Azrag(bleu)
de blanc)
Ahjel (dont lespatessonttachetées
Achgar(rougeblanchâtre)
Abiodh (blanc)
Achaal(blancclaire).

Ce compagnondu werghemmide sa naissanceà samort en périodede paix ou


de guerrepeutporterjusqu'àenviron300kg de charge.

Toute la force guenièreet la puissanceéconomiquedes Werghemmaprovient


de la manièredont ils ont su perfectionnerla techniqueet la conduitede l'élevagedu
chameau.
lt+qll
C,est sansdoute encoreen Jeffaratuniso-tripolitainechez les Rbaiea
Werghemma,les Mrazigues en Nefzawa et les tribus < Rabaiea> des franges
qu'il faut aller de nosjours pow
sahùerines,tgniso-lybienneset tuniso-algériennes
houver les maîtresde cettetechnique.
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : 193
Cas de Ia Jefara tuniso-lybienne I 83 7-I 956

Le berger ashonome< Ghilène> de la Jeffara et des V/erghemmacélèbrepar


son calendrier < d'El manakh)) tti-ÈJl détaillant les saisons agricoles,ouverture,
clôture aveccommebase le milieu environnant(climat, faune et flore).

Ce berger qui est capable de diftrencier d'après le comportementde sa


chamelle, le lait des derniers moments de I'hiver et les premiers moments du
printemps,égalementavecle comportementde la chamelleet de son chamelonqui se
réveille le matin lorsque le berger déssèrrele protège-pie pour que les chamelons
puissent têter, le berger n'enlève le protege-pie que pour laver les mamelles
éventullement.

Les V/erghemmacontemplentla natureet vivent nuit jour avec leurs troupeaux.


D'après la connaissance détailléede I'environnement,ils placent la nuit avantle jour
(Ellaylou wa Ennatrarou),ils se réfèrentau Coran qui dit : < Il a donné à la nuit avec
le jour, qui , à son tour la poursuitrapidement.... > (souratgEl A.arafe,lesRedansVII
52, essaide traductionJacquesBerque,1990).

Le troupeau de < Ghilene>, la conduite du cheptel, lâ connaissancede la


végétation , lè partagedesjours en moment très précis en fonction du mouvements
desastres,mais égalementdesanimaux et surtoutdeschameauxet chevaux.
< Dieu mesurela nuit et le jour , il sait que vous ne savezpas compterexactementle
temps,c'est pourquoi il vous le pardonne> (sourateEl Mouzzemel,l'Emmitouflé L
XXm , 20, essaide traductionJacquesBerque,1990).

Cette précision de l'heure d'après les étoiles dont ils connaissentla succession
'Werghemma
au cows de la nuit, c'est que nous remarquonschez les qui se réfèrent
aux calendriersde < Ghilène> de < Chendoul> et de la < Raaddia > .

ChezlesV/erghemmala richessedesindividus, de tribus ou de groupess'évalue


en cheptelovin, camelinet équidés.

Le chameaureste I'animal ou le compagnonrespectéqui avec le berger de la


tribu possèdent la sagesseet la rusticité et si le berger est <<rebaiey) (,+l.J
appartenantà la tribu des < Rbaiea> il est guérisseurfils de Marabout( Sidi Hmid ))
possédanttoute la bénédictionet la < baraka> du Dieu .

Cette sagesseet ce respecta touché le berger< Astronome> Ghilènebien que la


mythologie tribale ne soit pas d'accord sur son appartenance;certainsWerghemma
d'autresdisentqu'il estd'originejuive
disentqu'il estde la tribu des< Rbaiea> 4t+1..1
qui vivait avecles tribus Werghemmadansla Jeffara.

Ces tribus, sansdistinction respectentce berger, ce scientifiquequi a laisséun


calendrieragronomique, utile dansle domaineclimatologiqueet astronomiqueet qui
jusqu'à présentn'a pas été étudié en détail comme les divers autrescalendriersdes
Werghemma.

Le vocabulaire technique du chameau et la richesse du patrimoine de


référentielde ce cheptelchezles V/erghemmamontre bien qu'ils existaientdanscette
Jeffarales plus beaux animaux,les plus fins et ceu:r dont les pedigréessont les plus
sê\èlsres.
Lesmutationssocio-spatiales, en milieu aride :
culturelleset aspectsanthropologiques 194
Casde la Jefara tuniso-lybiennei,837-1956

Dans cette région isolée et particulièrementaride, il sufflrt de voir les


< Diwans> de la poésiepopulaire,classiqueou contemporainepour constaterla place
quetient l'élevagedu chameaudansla civilisationarabo-berbère.

Il n'est guére de verbe ou d'expression,proverbe,mat<imeou conte qui


n'emprunte,d'une manièregénéraleou d'une autre quelquessensà I'un de détails
techniquesou pratiques,de conduite,de dressageou de I'utilisation du précieux
quadrupède.

Le vocabulaireutilisé par la poésiejeffarienne pour monter la rusticité, la


sagesse,la sobriétéde cet animaldanslequelles premierslexicographesde la poésie
populaire ont recueilli une nomenclaturedes tribus et des lieux pour constater
l'importancede ce compagnondu werghemmi.

Il faut citer la tribu Beni Mhira < Meheri> ou petite < Mohra), cette
nomination ne sort pas de < Meheri> (chameauxrapides)ou < Mohra > (poline),
également< CharaaMhira > ou le pacteou code, Hilf de Beni Mhira , fautede texte
originale de ca pacte de charaaMhira ô**'. t-lJ on I'a pas cité parmi les quarte
pactesqui ont existédansle suddela régencede Tunis au XIXème siècle.

Etant donné la richessede l'histoire de cette partie de la populationde


Werghemma: les Oudernaet Beni Mhira nouslaissonspour une autreétude,méritant
une thèsede rechercheà part vu I'importancedu patrimoinede ces tribus et leurs
>.
relationset alliancesavecles tribustripolitainesde < Nellout > et de < Ghdamess

Nous citons le Ksar et la localitéde < Halg El Jemel> ou la gorgede chameau


d-Â+ll dJ- , El Argoub,J.iJ'ill despattespostérieuresdu chameau,cesappelations
deslieux montrentbien I'attachement du werghemmià cet animal.

Il faut citer dans ce vocabulairepoétiqueet populaire de la noblessequ'on


utilise de préférencelorsqu'on veut parler agréablementdes jolies femmesnous
citons:

Ils I'ont amenéet ils marchaientvite ,


aux pasd'un chameaugéniteur< Fhel D auxyeux noirs
lorsqu'onamènele palanquin< La Jehfa))iL+'e.l1rÀ
prèsde la tentede la mariée.
< la mariéeamenéechezsonfutur époux >.
Ils I'ont amenée,ils marchaient
Vite, Ô j'en suisimpressionné !
à cellequi lesjouesrougescommedu filali ....
ils I'ont amenéeet ils mæchaientvite, choisiparmi les autreschameaux
pourtransporter< la jehfa >
A celledont lestressesde cheveuxont étédéfaites.
Belle commeunegazellede déserts
qui serepaîtici et là satiété!
C'est à peines'il avance,en posantsespattes
aveccettejeunesseà la taille svelteet aux lèwesfines !
c'est à peinesi le jeunechameausebalance
Lesmutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : 195
Casde Ia Jelfara tuniso-lybienneI I 37- I 9j 6

portantcellequi a la taillesvelteet desyeuxdegazelle!

,/il+ri ù r r ï lT ,rJ.,iÀt+d.l+;++u+
613s.6-r
s---!tEill fT c.rlS+ip,Jg++-*+L+
qrJLl$.lrl+urr,',. tl or3r5.-rJtdlj.\ëLÂ..é

ult;.eTty-.L
Chantsdemariagel7adesWerghemma

Ce vocabulaire techniquedu chameauentre dans les histoires mythiqueset


réelles des conteursqui se trouvaientau sein de chaquetibu ou fraction et qui
utilisaient pour renforcer I'effet de cette poésie populaire ou de cette
Ethnomusicologiecommecelle destribus GbentensChouachineslT5 , les récits des
chameliersqui font parlerla chèremonture,et ou dialoguede ce poètejouait le rôle
du bergercharnelierattirantles femmeset les hommesauditeurspassionnés de beau
langage,de chantet de dancesur le rythmedes< Abids Gbenten> dansles mariages
de wergemmadans la Jeffaratuniso-tripolitaine,chez les djeffarienstunisiensou
tripolitains les < Gbenten> donnentcettepoésiepopulairede chameliernomadeou
tout auditeuret toute audtrices'endéclarentravies.
Le poètedisait : la jeune fille estamenée en cortègedansle palanquinou < Jehfa> sur
le chameauqui la conduità la tentedesonépoux, durantle cortègeles femmes
chantent:
Conduitle chameau, héBackMadi
qu'il s'en aille emportantla gazelleblanchesi vite effarouchée!
conduitle chameau. ou'il s'enailleavec
celle qui portele collieriiambrelT6qui embaume
sademeureestbienloin
maiscequi estdécrété parDieuI'appelle.

g.tllill Ê#iCJ..;r-, É$-.rlt+ t+ di.sl. I rJj


gli-iJlçt&J pl+ Ct+t
ç rlj; (J"lJi -.
uj Fs. Cj!.L. slL + $Cl

ChantsdemariagedesV/erghemma

Le berger werghemmi< Ribaiei> vit constammentavec son troupeauet se


nourrit essentiellementde lait de chamelle, et de <<Zotxnita> de la farine d'orge
grillépréparéeavecde I'huiled'olive.

Il amènepaîte sontroupeauassezloin du Douar< biouts> et de la tribu jusqu'à


20 à 50 km et mêmeplus, safamille le suit danssesdéplacements
dansles pâturages

ttoChantsde mariage,A. Louis (1979):Lesnomades


d'hier et d'aujourd'huidansle sudtunisien.
Edizud.
175
Abid, ou Chouachine: esclavenegroide,chezles < Gbentens > le mot Abid ou Chouachinene
soulèveaucunproblème,sesontlespoètesbienrespectés par la confédérationdesWerghemma.
ttuAmbre : résinefossileprovenantde conifères,
debonneodeurutiliséeen bijouterieou dansles
parfums, d'une couleurjaunedoréeou rougeâtre-,,;r$o
.
Lesmutationssocio-spatiales,
culturelleset aspectsanthropologiques
en milieuaride: 196
Casde la Jeffaratuniso-lybienne 1837-1956

lointains.Au "Dhahar"ou à <El Ouara>toujoursà la recherchede nouveauxpâturages.

A l'époquedes semailleset labours,les propriétairesviennentchercherles bêtes


dont ils ont besoinpour cestravauxd'automne,les Werghemmagardentsouventau douar
(biouts)les animauxdetractionun ou deux<Jebdo par tente.

Dans le cadrede cesrythmestraditionnelsle propriétairegardela relationavecle


bergerpour visiter sontroupeau.Lespropriétaires ne viennentjamais lesmainsvides,c'est
toujoursI'habitudedesWerghemma dansleursvisitespour les parentsou pour autrechose
il est hors questionque le jeffarien assuresa visite en venant les mainsvides,car cela
pourrait être néfasteet entraînerun désastrepour son troupeautelle une mortalitéou
maladie.

C'estdansles habitudesdes Werghemmade se présenterlors desvisitespour des


prochesou desétrangersavecI'apportdenourriture,généralement
du thé,du sucreet autres
produitsalimentairesde premièrenécessité.

Cettevisite,c'estl'occasionpourle bergerde recevoirdesmainsdu propriétaire la


nourriture,le sucreet le thé, selon qu'il s'agit d'un troupeaucollectif ou individuel ; le
bergerreçoitde chaquepropriétaireun proratade cheptelqui lui estconfié.

Ce bergerguérisseur, les calendriersd'El manakh(climat),


vétérinaire,connaissant
connaisseurdu couvertpastoral
de tous les desréservespastoralesde toutela
pâturages,
plus encoreque les autresnomadeset lespropriétaires
régionet desrégionsenvironnantes,
destroupeaux.

des
Il resteI'hommedu désertet le recoursde tous les scientifiques,deséclaireurs,
voyageurset dessolutionspour suivreles pasde cheptelperdu et la connaissance de son
appartenance à telle ou telle tribu.

Sa sagesse,son expérience,son savoir faire et son ingéniositén'ont jamais été


déclarésaux autresmêmedansseschants.
Bienau contraireil disait:

Jesuisun bergerde chameaux


un hommelibre sousles cieux.
Et je préfèremesanimaux
au voisinagedeshumains
incertain
Dont le caractère
estla sourcedetousles maux

Hédi Msadak
(Notretraduction)

En hiver c'estla périodedesnaissanceset destravauxet occupationsdu berger,il


fait choisir un endroit abrité par desarbustespastoratxet broussaillesde Retemou de
Jonc,pour y baraquerlesbêteset leur procurersoinset nourriture.
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : lg7
Cas de la Jefara tunisoJybienneI 837-I 956

Après sa naissancele chamelonest sousle contrôle permanentdu berger


pendantau moins de 2 à 3 jours, où il est portésur le dos de sa mère; il estdétaché
pour faire téter le nouveauné puisil peutmarcher.

Le bergerveille à I'allaitementdesjeuneschamelonset à leur sauvegarde


des
animauxsauvagesqui les menacentcommele chacal(Dhib).

Chez les Werghemmaune pertede 20% desnaissances camélidésest due à


I'attaquedes loups dansces pâturageslointains.En fait, le chacaln'était un danger
réel pour la chamelleet sa progénitue qu'au momentde la mise-bas,si le berger
n'était pas 1àpour veiller à sasécurité.

Si la chamellea beaucoupde lait, il faut éviterque lejeune chamelon(Hwar,


J.p ) ne tête trop sa mère,le bergerfabriqueun < chmal;"/ s!*.i petit sac(cache
mamelles)en poil de chameaudanslequelle gardienou le.bergercacheles mamelles
de la chamelle-mèrepour empêcherle chamelondetéterà tout moment.Ce< chmal>
estretenu,bien fixé par descordonssur le dosdela chamelle.

La tétéeest autoriséelorsquele bergerdesserrele chmal à des heuresfixes au


Ieveret au coucherdu soleil, la tétéeterminé,il ressere< le chmal> et ainsi de suite.
Pourne pas être dérangéle berger,trait les autreschamellesà tour de rôle en utilisant
sa < Chakwa>>outre à lait faite à partir de peaude chèwe sanspoils tannéesur les
deuxfaces.

Dans le cas où la < Naga> chamellerefused'allaiter son petit chamelon,le


bergerdoit intervenirpour sauverle nouveauné par le serragetrès fort de la bouche
et lesnaseauxde la chamelleà I'aide d'unecordejusqu'àpresquel'étouffer.

Il laissela chamellenon affecfueuseavecsonchamelonet au milieu de la nuit,


le berger se cachedévêtupur effrayer la mèretout en serrantla patte de chamelon
d'une manièretrès forte I'obligeantà crier, la chamellene reconnaissant pasle berger
va essayer de protéger le chamelon contre I'agresseuret de ce fait accepteson
nouveauné et le laissetéter.

Cette conduite camelière se poursuit nuit et jour et à travers les saisons


différentesoù I'ingéniosité du bergerdoit éviter tout excèsnuisible menaçantla vie
deschamelonsou de leursmères.

Le berger se déplaceun peu partoutdansles parcoursde la Je_ffara, <<Elouara,


Elhamada, gdhahar etc...> pour retourner au printemps au < Gdal >>178
à l'époque de
la floraison des plantespastorales,le < Gdal> est un parcourssauvegardéet où la
plantationpastoraleestabondante et qui estréservéeau pâttragedescamélidés.

Les Werghemmaéclairéspar les bergersexpérimentés des< Rbayais> réservent


les terrains et pâturagesde réserve(Gdal) pour les chameaux,ils doivent cependant

ttt Chmal : sacou filée en poil de çhameaupour cacherlesmamellesde la chamellepour éviterque le


chamelontête samèreà tout moment.
ttt < Gdal >>: terrain ou I'herbe est abondanteet réservéeau pâfurage.Pâturage de réserve
pour les camélidés.
Lesmutationssocio-spatiales,
culturelleset aspectsanthropologiques en milieu aride : l9g
Cas de la Jeffara tuniso-lybienneI I 3 7- I 956

éviter le passagedes ovins et des caprins,surtout les moutonsqui broûtentI'herbe


pâturéetrès ras.

Il est à signaler que les pâturageslointains (Gdal) ou autres sont réservés


ruriquementpour les chameaux;si par erreur on autorisedes cheptels(troupeaux)
ovins il ne resteraitrien pour le chameau.

Au momentdu < rut > le bergerveille à éviter les combatsdangereuxentreles


chameauxmâles géniteurs( dJ'J > et séparerles chamellestout en protégeantles
femelles dans des lieux bien abrités,les Wergherlma pendantla saisonfroide de
I'hiver, couwentles chamellesconhele froid excessif.

L'époque de la tonte (hlaga)se fait habituellementaux approchesde l'été, le


poil est valorisépa.rune utilisationmassivedansla vie quotidiennedes Werghemma
(tente,sac,ghrara)chmal,vêtementsmasculinset féminins.

Avec les chaleurs d'été, le berger cirmpe prés d'un puits pow faciliter
I'abreuvagedes chameaux,les Werghemmaconnaissentavec détails les grands
pâturageset la localisationde puits ou les points de péagepour la continuitéde tout
élevagecamélidé,ovin ou caprin.

En tout état de causele werghemmi,berger, gardien,ou <<moulheg> (aide


berger)construitdanscespâturageslointainsson< Khoss> ËJJ hutteprovisoireavec
des branchageslégerssanspour autantnégligeren toute circonstancesa (( Wezra>
vêtementtraditionnelformé d'unebandede tissude laine bruneou grisede 10coudes
sur 3 danslequelle corpsestengoncéet faisantplusieursfonctions.La < wezra> dans
laquellese drapeavecgrandart I'hommedjeffa,rien(voir figure, vêtementsmasculins
du werghemmi,p. 128 ).

D'ailleurs,le proverbedisaità proposdu tissagetrès serréde la < wera> elle


est si épaissequ'un coup de couteaurebondiraitdessus,sansy pénétrer11çJ,àl ôlll
ea..rJ u,u'*ll Lf.+i o ce vêtementestutilisépendantles quatresaisons.

En été la lainepure protègecontrela chaleurdu soleil,en hiver contrele froid et


la pluie.

La < Wezra> du bergerrestele dernierrecours,puisqu'elleest à la fois son sac


de couchage,et sonparasolen été.

Les inséparablesdu bergeren tout temps sont sa <<weza )), son couteauet
souventsa boite de < Neffa > du tabacen poudresansoublier sa ( logahia> bâtonde
bois de jujubier avec poignéerecourbéeen demi cercle, et son chien de gardeet
guetteur des animau sauvagescorlme le chacal (Dhib) qui reste le premier
il s'attaqueégalementaux
déprédateurpar excellencedespetits gibiersbasses-cours,
troupeauxde chameaux.

Le bergerrestetoujoursen alerteet méfiancepour sauvegarderson chepteldu


chacal, les V/erghemmadisaient : < Itha jar el Far, chammer,itha jar el Dhib
ammarD.
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride j 199
Casde la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

(..,1....r--e çuul JL+ 13!J J-l-i J-ill $+ 13!> : s'il y a abondancede souris,
retrousseles mancheset changede lieu et de terrain, s'il y a abondancede chacals,
metstoi à I'ouwage,I'annéeserabonne(pâtruages et céréales).

La rusedu chacal(Dhib) estunemenaceréelleet permanente pour le berger,en


plein pâturageil s'étendpar terreet fait la mort, le chameauen pâturantavecla tête
baisséeen arivant à ce corpsimrnobile,semet à le sentir,le chacal,le saisitalorspar
les narineset le naseau,il I'empêchederespirerle chameau tombeasphyxié,le chacal
s'acharnesur lui en commencantà dévorerles partiessexuellespour s'attaquerà
I'arrière train pénétrantson museaudansles entrailles.Jusqu'à20Yodespertesde
chamelonssontprovoquéspar desattaques dechacal(Dhib).

Ce dangerpermanentlaissele berger,et le werghemmiqui disait:


( cptll Li'r' ( r JT 3 ç;3Jl tJ+J I )
< La ijou Edhib(lechacal),la yenkechifEnai(ESSARAH:le berger)>.

Tout le folklore et les contespopulairesparlentde la ruse du chacalet de ses


méchancetés. Le proverbedisait : < arrange-toi,pour que le chacaln'ait pas faim et
pour quele bergerne soit pasdévoilé>.

Les nomadesWerghemmadonnentà mangerln cervelledu chacalaux enfants


pour qu'ils deviennentrusés,poru quelqu'unqui est courageuxou vif d'esprit, ils
disentqu'il a sûrementmangéde la cervellede chacal.

Des voyageurscomme GreenvilleTemple(1833), Guérin (1854), Dumant


(1872)disentque les animauxsauvagescorrmela panthèreet le lion dont les contes,
la poèsiefont encorementionmaisenrealitéils ont disparudepuisplus d'un siècleet
demi de la Jeffaraet du Dhahar.

Autrefois ces animauxvivaientdansles montagnesde I'Atlass (les Matmata),


jebel Nefoussa,Matous, Oum Souighd'autresanimauxsauvagescommeI'autruche
Ltr-: , le guépard(Fahed .+i ), le boeufsauvagesJisCt JÉil. | , I'outarde 6.,f4-rJl,
le mouflon,la gazelle,le chacal(dhib),I'hyènerayéeg4;Jl ,le renard'-'r"'ï ,le
hérisson ,s r:!!ll , le porc-épici,L.Jràll , la perdrix 1[.rll, l'épervis1çtlrll , le lynx
U'.^illetc ...179.

Il a été signalé au débutdu XIXème siècledansles régionsde Bir Amir, El


Borma, la région de Bir Kecira, Bréga,Oum Zouggar,que la gazelle,l'autardese
trouventencorepartoutdanscespaturages, montagneset desertslointains.

L'élevagedu chameauoccupeuneplaceimportanteavecle chevalqui restele


desWerghemmachezles populations
fer de lancede la défensetribaleet confédérale
du sud-est de la régencede Tunis. Cet élevagese caractériselui aussi comme

179
Ch. Grenot sur la biologied'un rongeu héliophiledu Sahara: le Goundirgriii (Stenodactylidae).
actu.tropicVol 30, 1973lesvoyag€urs Guerin(1854),Dument(1E72)GreenvilleTemple'
- G. P Pillet (1915) (revue tunisienne)les animauxet la (Sima) à Tataouinechez les ouderna
(Werghemma)p. 50.
A. Louis (1976): in les nomadesd'hier et d'aujourd'huidansle sudtunisien: 1833ont rencontédes
animauxsauvages(lion, panthèrQdansI'ouestTunisiendepuisle DjebelChaambijusqu'auKef.
Les mutationssocio-spatiales,
culturelleset aspectsanthropologiques
en milieu aride : 200
Casde la Jefara tuniso-lybienne1837-1956

l'agriculture des zonesaridesou semi-aridespar sa sensibilitéaux capricesde la


pluviométrie.

La céréalicultureétant limitée à deux saisonsI'automne et le printemps. Les


activités pastoralespierre angulairede l'économie tribale chez les V/erghemma
occupentle paysanpendantle restede l'année.

La pluviométriede 100 à 200 mm par an, et parfois moindre lorsque on


s'éloignede la côteverslesrivagesdu désert.

Une sécheressequi peut durer de 6 à 10 mois, ce régime pluviométrique


discontinuet inégulier et cetterépartitiondespluies très aléatoiren'assurentpasla
régularitéd'une saisonhumidegarantissant uneactivitéagricoleou pastorale.

Paniculièrementbien adaptéau climat désertique,le chameau(dromadaire)est


utilisé dans la Jeffaratuniso-tripolitainecomme animal de trait, il est également
I'animal indispensableau dépicage desrécoltes(orge,blé etc ...) maisc'estsûrement
un animal de transport.

Le werghemmiI'utilise pour transportertenteset accessoires,


biens et céréales
pendantles déplacements,et pow les caravanes de commerceavecla Tripolitaine,le
Jerid Nefzaouaet Gabès,Ghdames, Ghatetc ...

L'utilisation des < MagetabD '."iâ ' et des< Jehfa; lJ-ra espacées,-
sortede
cagesadaptéesau chameauét fabriquéesen branchesde < Cider> jujubierts0 .;r*, .
servantau transportdesfemmeset desenfantset de bagages.

Le dromadaire,par sa sobriété, peut boire plus de 50 litres d'eau à chaque


abreuvagepour resteren tempsnormaljusqu'à 15jours sanseau,il peut également
repérerlieux et pâturagesà 350 km et mêmeplus,par sarobustesse, il est capablede
porter plus de 350 kg de chargeet de marcherquaranteà cinquantekilomètes par
jour.

Cet ami et compagnondu werghemmien période de paix ou de guelre,en


transhumance se classepar excellenceI'animal des Werghemmaet
ou en sédentarité
de la Jeffarale plus économiqueet le mieux adaptéaux conditionsnaturellesde cette
régionet peut supporterdessécheresses périodiquesquele petit cheptelovin et caprin
ne supporte pas.

Dans les pâturageslointainset mêmedanslespâturagesliminophesdesSebkhas


et desterres salin"r,les arbustestels que Rtem t'-l , Arfeg C-sp , Tgoufet É'iJÂi ,
Helfa iil-*, Gorthabç,liJi, Atriplex l-au.s, etc...que ne sontpas appétéspar le
et uneproductionde lait de chamelle
petit bétail, lui assurentunenourritue précieuse
suffrsante pour subvenir auxbesoinsdes chamelons et du berger.

rsojujubier arbusteà l'état sauvagedonnantun fruit (ujubes) é+ sedéveloppetrèsbiendans


teJbasfond de la Deffraet lespâturages. Hautde I à 2 m largeurde 8 à 10 m. Familledes
Rhamnacées, bois utilisépour leqcages
etc ...
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 201
Cas de Ia Jeffara tunisoJybienne 1837-1956

Les Wergheillma disaientque : le lait le plus prochedu lait de la femme (mère)


c'est le lait de la chamelle.

Le poète Hadj Othman Ismail parle de cet animal sacré en disant ( que les
Werghemmautilisent les chameauxpour les caravanesde commerces,je me souviens
d'une caravane<<d'ouled Khalifa )) une tribu du (Najaa)des Touazine Werghemma
résidant au milieu de la plaine de la Jeffara occidentale(Aurghamma ou Henchir
Ghthama région de Medenine), qui s'est rendu en Jeffara orientale chez les
(Dhawawda)Ë'r313'r'Jl tribu du (Najaa)desNouèls tripolitains de Libye résidantà Jemil
d';..+ région de Zouara. Nous étions dans une caravanede (24) chameauxet notre
destinationc,est la famille Khouiled et SaafateÉjLltr-.,,r rt+'i ça été en 1935,on a
amenédu thé, chaque chameautransportait4 sacsde 50 kg de thé c'est à dire 200 kg
et toute la caravanetransportait4 tonnes800 kg . A l'époque,ce commercecaravanier
est considéréde contre-bande,au retour pour la tripolitaine ont transportépresqueles
même quantitésde sucre,du savonou de I'huile d'olive .
Ce commerce était autorisé par la colonisationfrançaiseet interdit par les colons
italiens en Tripolitaine, quand au comrnercedu thé était interdit par les deux. Le thé
est achetéchez les Khouiled tripolitains à 8 Francsle kg pour le thé noir, et 6 à 7
Francsle thé vert >>.
'Werghemma,dans
Quels étaient alors les effectifs du cheptel chez les la Jeffara
e à la veille de la colonisation française?

r8l
Le cheptel dans le sud tunisien

Total chez les werghemmma dans la Jeffara

5.8- La <<sima > (signe)une référencepour chaquetribu, groupe de tribus


ou familles

La confédérationdes Werghemmaavec ces grands< Ourouchs>>ou < Noujou >


ensemblede tribus : les Ouderna,les Touazine,les Houayas,les Ghbentens,etc...
utilisent un vocabulaire d'un usagecommunpour la nomenclafurerelative à l'élevage
camelin, à sa conduite et à sa <<sima> ou marque (signe) de référencepour chaque
tribu, groupe,ou famille desWerghemma.

t" Deker David dont les chiffres ne paraissentpas tenir compte de Djerba.in les confins
Saharo-Tripolitainsde la Tunisie l88l-1911 A.Martel.p.188Tome II P.U.F. 1965.
Les mutationssocio-spatiales, en milieu aride :
culturelleset aspectsanthropologiques 202
Casde la Jeffaratuniso-lybienne /,837-1956

La Sima : L^+''ll chez les < Ibils > les troupeauxde chameauxce signe ou
maf,quagequ'on nomme < SimaD constifue en quelque sorte un estampage
signalétiqueou marque matérielledistinctive d'origine pour le chameauou un
signalementprécis.

A partir d'un certainâge,généralement quandle nouveauné arrive à l'âge de


I'animal mâle ou femelle
< Ibn Lebun) ù'+l ipJ c'est à dire à un an de sanaissance,
doit êtremarquépar la < Sima> .

Cette opérationconsisteà une marqueau feu, pratiquée sur la façaded'une


partie du corps de I'animal à conserverdansle troupeau,en brûlantla peauavecune
piè". métalliquechaufféeappelée< Matrag)) .dtJ'h.o.

Le <matrag>prendla forme d'une faucille sansdentsavecun mancheen bois


pow tenir, cet outil de marquageest fabriqué par les forgeronsdes Ksour de
Medenineet de BenGardaneles< Chanaiba> .

En cas d'absencede < Matrag)) on sesertd'une faucillesimple; cetteopération


'Werghemma
de marquage se fait pendantla période printanière dite chez les
( ENNAGOUa > l,à3jJ ; cettepériodesecaractérise par uneverdureabondante des
pâturagessuiteauxpluiesdeprintempset avantlespluiesd'automneet d'hiver.

Etant donné que I'effectif des troupeaux,et les vastesespacesdes pâturages


chaque< Arch ) ou ( Najaa> doit choisir un signe ou (SIMA) pour référencierson
bétail. Pour cette opérationon se sert du < MamouarD, une pièce en fer constituée
d'un mancheen bois et d'une tige de fer terminéepar un anneau.Le < Matrag> est
utilisé pour marquerune ou desbarressurunepariedu corp de I'animal,tandisquele
< Manôuar> sert à imprimerun rond sur la peaude la bête.Les deux instrumentsde
marquagesont chauffésà blancavantd'être appliquésà tel ou tel endroitdu corp de
I'animal.

Il marqueles siensd'une façonparticulièrequi doit obligatoirementdifférerdes


autresensemblesdetribusou fractionstout enconservantavecellesun fond commun.

Ce fond ou référencecommunepour le < Arch > desTouazineainsi quetous les


Werghemmaun estampage de deuxbaqrresparallèles.

La marqueou < SIMA > de chaque< Arch > consisteà ajouterun ou deuxautres
signesainsinoustrouvons:

Arch Maaoura ô.pLj- c.ti;e <<Sima> placéesur la joue droite'


o//
OuledHamedl-.Lr rTjl < Sima> placéesousl'oreille droit. //0
OuledKtratifalt.llL rï31<Sima> placéesurle coudroit. 0 /
o
Rebayeal-Jt.Jll < Sima> placéesur la cuissedroite.

Zliteul-h+lj < Sima> placéesurla cuissedroite.


Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : 203
Casde IaJefara tuniso-lybienne 1837-1956

f-irr+ < sima> placée


Nebahna surlapatteantérieure
droite.
/ /o x
Mlelhata-DL < Sima> placéesurla patteantérieure
droite.
o
Kraynya4-r*,t.f < Sima> placéesurle cououlajouedroite,

Jlaltal-h$l+ < Sima> placéesurla cuissedroite. I


......-.\

Les autres tribus des Oudema,Mrazigues,Houayas,etc...ontleur signe


< Sima>particulière.

Quantà toute la confédération elle a la < Sima> placéesur ul


de Werghemma,
membrede la partiedroitedeI'animal.

politiquedela " Sima" ? :


signification
5.8.1-.Quelle

Le choixdu côtéà marquer(gauche politique.


ou droite)a unesignification

Tous les Werghemma ont choisila partiedroitede la


(Touazine,Ouderna...)
l'épaule,ou la jouecelasignifiequandon estdu < çoff>, clande Youssefet
cuisse,
desHussinites.

Quandon estdu < çoff> ou clandeChaddafcommelesBeniZid, de la région


etdesBachiaspourlestribus
d'El Hammade Gabèsou lesNouaelsdela Tripolitaine,
la ( SIMA > sehouveducôtégauche.
dela Jeffaraoccidentale,

L'organisationet lestendancespolitiquesdechaque groupeseréfèreà turçoff


ou clan, ou parti politique où se manifestent les alliancesstratégiqueset les
politiquesdesancêtres
appartenances lointains.

fractionsfont desexcepions: lesTlaigasiSLLtt


Il est à signalerquecertaines
et lesThebbatot4-iJtbienqu'ils sont fractionsdesTouazine ont gardéleur < Sima>
d'origine de leurs ancêfres< Hamama> à une époquelointaineconservant leur
< Sima> d'origineet marquent leursanimauxà gauche.

Actuellementces derx fractionsappartiennentaux Kraynya (fractiondes


Touazine)qui euxmarquentleursanimauxà droite,

Cequi montreI'enracinement dela culture,dumodedevie et du codefamilialet


tribal dans I'esprit de ces deux fractions sont les variants des invariants
anthropologiques de plusieursgénérations, qui mæquentun patrimoineet des
antécédents que les variantsde l'histoire et les mutationssocio-économiques et
culturellesn'ont pas pu changer,et la < Sima> de cesdeux fractionsmarquéeà
gaucheestrestéeà gauchemalgréun environnement et uneintégrationnouvelle,dans
un autre groupe tribal et une confedérationqui utilise un signalementet une
estampillemarquéeà droite,c'est à dire opposéeà celle d'origine de ces deux
partenaires.
en milieu aride :
Lesmutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiques 204
Casde la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

5.8.2-La <<Sima > pour le petit bétail chezlesWerghemma


Le petit cheptel,ovin, caprin,etc...estmarquéà la fin de la saisonprintanière
à l,aide d'un petit instrumentqui n'est qu'une aiguille de grand forma appelée
< Mekhiat )) .h+j'r cet instrument est plus grand que l'aiguille à coudre et du
< Meber)) l# . En effet, le marquagedes caprins se fait à la naissance,il y a
principalementdeux signes: < El guetf> qui consisteà couperà l'aide d'un couteau
ie bout de I'oreille ; < le chark> qui consisteà fendrele bout de I'oreille. Le < hilel >
(le croissant)que I'on pratiqueen pliant I'oreille en deux du cheweauet encoupant
soit la partie de devantou la partiede derrière.
pour les ovins, on utilise les mêmessignes,mais le marquageest pratiquéau
moment du sevrageet à chaud (vers la fin de Mars), qu'il s'agissed'ovins ou de
caprins,seulesles femellessontmarquées.

Le signalementse fait de la mêmefaçonen une marqueau feu, le petit bétail, ne


pouvanr pas supporterle < Matrag>>et couvert de poil ôu de laine on lui porte la
i Si*u D sur l'oreilte droite ou sur le nez.Ce rnarquagediffère d'une région à I'autre
au seinde la Jeffaraoccidentale.

5.8.3-Pourquoi le signalementet la marque de <<Sima >>?


On a signalé au sein-de< KanounChartia> ou législationet <<coutumes> des
Werghemmuq* la majorité desarticlesdesdifférentschapitres(Défensede la tribu,
prisJ d'armes ou < Fazaâ>>,crimes et délits et annexes)que la plupart des articles
parlentd'une manièreou d'une autred'animaux(chevaux,chameaux,ovins, caprins,
du cheptelet les solutionspour les litiges
Ët"...) ces articles veillent sur la sauvegarde
et les crimes et délits ayantune relationavecI'utilisation despâturageset la conduite
des élevages,Ie petit élevageest souventutilisé pour le payementdes amendesou
< Diya >.

pour I'application de ces articles de ce code et pour I'organisation la vie


quotidiennepàitorale nomadeou semi-nomade et mêmesédentairedansla Jeffara,la
.i Si*u > permet I'identification de I'animal et permet de retrouver même après
'"'
plusieursannéesun chameauperduou volé

En cas d'achat, le nouveaupropriétaireappartenantà une autre fraction et


désirantmaxquerson nouvel animal,ajoutesa < Sima> à celle de l'ancien propriétaire
d'origine.
du cheptelà
Suite à des litiges, gueneou < Razia> elle facilite la reconnaissance
I'occasion d'ur accordâe restifutionde prise d'animaux, passéentre les tribus ou
entrelesgroupes.

Cette méthode d'arbitragepour résoudreles litiges inter-fiibaux est d'un usage


coutumier parfaitement admis par les < Miaads >>des tribus et confédération et
qui interdittoutescesopérationsde < Razia>.
sollicitéparla < Charia> islamiq-ue

lEt
G.p pillet (1915) : La marquedeschameauxdansI'extrêmesud tunisien, la <<SIMA > dansrevue
Tunisienne1915.
Lesmutationssocio-spatiales,calturelleset aspectsanthropologiques
en milieu aride : 205
Casde Ia Jefara tuniso-lybienne j,837-1956

Il est à signaler que ces signesou ( SIMA )) sont les mêmespour tous les
animauxet les objetsou biensmarquables à unemêmetibu, fractionou groupedes
tribus(gros,petit bétail,Ghorfadansun Ksar,tombe,puits,majel,etc...).

5.9- Le petit élevagechezleslVerghemmadansla Jeffara occidentale

L'élevagefamiliarisé c'estcelui des ovins et des caprinsqui sont beaucoup


plus sensiblesaux aléasclimatiques.

Deux espècesrustiquesqui peuvents'adapter,les caprinsde race locale ou


croiséeayantla capacitéde marcherplus vite et de mieuxrésisterà la fatigueque les
ovins.

Les moutonsde race"Ardhaoui"Barbarineà grossequeuea une laine,soupleet


uneviandetendre.

Cesdeux espècesconstituentl'élevageextensifde Ia région et donc la richesse


de la Jeffaraqui avec le dromadairepeuventmaintenirun équilibrefragile de la vie
desWergherilna,desdéplacements saisonnierssontobligatoiresporu menerà bien la
conduitede cet élevageextensifbasésurla transhumance.

L'abondancedes pâturageset la verduredansles régionsmieux arroséesassure


auxnomadeset semi-nomades uneproductionlaitière.

Ce bétail occupe une place privilégiée,chez les V/erghemma,en hiver les


chèvresqui souffrentdu froid excessifsontabritéessouslatente.

Les brebis-mèreset surtout les chèwesplus sensiblesau froid de la saison


hivernalepassentaux soinset à la gardedesfemmes,pendantles orageset le froid
excessif,le werghemmiattachéà sontoupeauvoir mêmeà soncapital,autoriseà ces
animauxfragilesde partagerla tenteavecle restedela famille,femmeset enfants.

Le proverbedesV/erghemma, disaitaunom dela chèwequi taquinele froid des


nuitsblanchesd'hiveren chantant:"
QueDieu gardeensantémamère(lalleti)
je mangeraide sonorge,je piétinerai
sespetitsenfantsaufond dela tente.
En rentrantenhâtesousla tente
toutegelée,bienautorisée parla patronne
dela tente.
Et je donniraisursanatte...

Sellem"Lelleti" nakelchiairha UJ++-i dlti r/ll É--


Wa Enbeki SAGHIRAHA ta.l ,"i-'a,/+.,
V/a nergudà la Hsira Ll;r=,a-l rJ-e ' i, i,

Les brebis mères et les chèvressont toujoursà proximité et à la gardedes


du lait en beurreet petit lait, et à la
femmesqui assurentla traite et la transformation
Lesmutations socio-spatiales, enmilieu aride :
culturelleset aspectsanthropologiques 206
Casde la Jeffara tuniso'lybienne1837'1956

firr d t*é
plusieurs mois, voire plusieursannées.En effet, les^feûImes, quand elles avaient
àccumulégne bonne q-uantitéde beurre,la faisaientfondre pour obtenir du beune
fondie aprèsfiltrage. iette dernièreopérationsefaisait au moyen d'une quantitéde
semouled'orge qul servaità retenirles poils de chèweou autresdéchets,et que I'on
el-e et les "pots"
mettait avecle beurredansle chaudronpuis stockerdansles outres
rr..g -' " récipientsd'argile à usagediversutilisé pour le stockagede lait, d'huileou
de beurrecuit.

5.10-La vie quotidiennedu werghemmi: importancedesapports


de l'élevage

5.10.1-Le lait
La basede la nourrifuredesnomadeset semi-norirades ou sédentairesdansla
Jeffaratuniso-tripolitaineest le blé et I'orgeavecle lait deschèweset brebiset le lait
de chamelle.

En Hiver, à compterdu mois de décembrele lait destroupeauxcaprinset ovins


qui
entredans le régime alimentairequotidien.A I'exceptiondestroupeauxcamélins
s'éloignentdansles réservespastoraleslointainescomme"Elouara",le "Dhahar" etc..'
le resie du cheptel est gardépar les propriétairesou par desbergersqui campentà la
résidencemêrnede la tribu au Douar< biout ) ou un campementdestentes.

Le matin il est de règle d'attendrel'évaporationde la rosée matinale par les


premiers rayons de soleil pour éviter certainesmaladies causéespar I'humidité
excessivedu pâturage.

Le trOupeauquitte alors les "Zraiebs"pluriel de "Zriba" c'est I'enclospour le


gardiennageêt la sàbulationdu cheptelsituépaskès loin destentes.Il y avait alors
I'enclos,n hiu"r, maisau printempsles bêtesétaientrassemblées la nuit dansuneaire
situéedevantla tente(M'rah) Cl-p .

La,,Zriba,' ou encloscirculaireservantpour assurerla sécuritédu cheptel'pour


chaque',Zriba', généralement le propriétairen'estassuréque lors qu'il laisse.devant la
porte de I'enclosun chiende garde-bienhabituéaux animauxsauvages de la Jeffara
le chacaluDhib" surtout.

Le cheptel quitte la "Ziba" pour aller paîtreà quelqueskilomètres des tentes.


Avec cettevèrdurà abondante pendantI'hiver et le printempsoù I'herbe restefraîche
avec I'humidité matinale qui ne s'évapore qu'en fin de matinée d'une manière
jor'E sur quatre.
définitive,pendanttoutecettepériodele cheptelne s'abreuvequ'un

La femme du bergerprocèdeà la premièrefaite de bon matin avant aùltc que le


toupeau quitte la < aib-a>>,et en fin d'apés-midi, la femme dite "Arradha"
trayËuse rejoint le foupeau ovin ou laprin por:r procéder à I'opération de la
deuxièmetraite.

Le bergeret son "Moulhag"aidebergerou le pèrede la famille qui gèrelui son


troupeaus'oôcupantde rassemblementdeJfemellesovines ou caprinesà I'aided'une
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiques
en milieu aride : 207
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

corde,la traitecommence par libérerchaquefemelleà tow derôle à fin de retouver


leschevreaux et lesagneauxséparésdeleurmèrespendant la nuit .

Les femmes"Arradha"rentent au Douarou aux tentesavecles "Chakwas"


outrespleinesde lait, ou les "Hallebs"potsdelait.

Le retour de cheptela la "Zriba" ne se fait qu'aprèsle pâturagedu soir "El


Acha", cettepratiqueest conseilléepar les Werghemma connaisseurs de la bonne
conduitede l'élevagedansceszonesdifficileset arides,le bétailprofltemieuxde la
assezélevéeI'après-midi,
diminutionde la température favorablepourbrouterI'herbe
du soir.

Pendantla saison chaude(été et automne)le bergerfaute d'habitat et


d'ombrage pourles ovinsgardesontroupeausurunecollinedesablependanttoutela
souventle chiende gardeassure
périodechaudesansautoriserle bétailà sedéplacer,
cettemanoeuvre,le proverbedit que le cheptelrefroidi sa stabilisation,le berger
n'autoriseaucunepersonneou animalvenirdéranger sonbétail,cartout déplacement
provoquele réchauffementrapidedeI'airede stabulation.
' ll ttt 'l*L-r rt .
"i,-r.ll At!31 3' iC ;i e lJ+i Èjill

Les femellessont séparées despetits,car I'effectifassezgranddu cheptelne


permetpasau bergerde fixer les "chmal"ou cachemamelleindividuelleempêchant
lespetitsà téterleursmères.

La réservede lait est laisséependanttoutela nuit dansun potsde terre"Halab"


qui estplacédansun trou creuséau coinde la tentechaufféappelé"Metrassa"l-,..,t.p"
ainsi on obtient du tait caillé < Rayeb>, le lait recueillipendantla journéeest
conservé dansun grospot placéégalement dansla < Metassa>.

Le lendemainle lait estbarattédansune grande"Chakwa"sorted'outre,c'estla


femmepropriétairequi fait cetteopérationtout en restantassiseet balançantla
"Chakwa"sur le genouen utilisantun tri-piedsjusqu'àobtenirdu beurreséparédu
lait.

Le lait légèrement par le


fermentéou petit lait c'estla boissonla plus appréciée
werghemmiainsi le petit lait ou "Lben"aveclesdattesou le Couscous sontdesrepas
quotidiensdansla Jeffaratuniso-tripolitaine.
presque

La richessedesWerghemma semesureparla propriétédescheptelsd'animaux


et quantitésde beurretransforrréen "Semen"aprèsunecuisson(le prix d'un life de
( semen> estl'équivalentde quatrelitre d'huiled'olive).Lesgrandsélevewspeuvent
produirede250à 300litresde "Semen" qui peutjouerle rôledesgraisses
et deI'huile
d'olive.

Le lait estutiliséà l'état chaudcorlmesaucepourle platde "Aich" unepuréede


farined'orgecuitec'estla "Righid4"6J.rr.ô.;
ceplatestsouventpréparéavecutilisation
du beurre.
en milieu aride :
anthro-1ol-zS-i7ues
culturelleset asPects 208
Lesmutationssocio-spatiales,
Casdela Jefara tunisoJybienne 1837-1956

la tente
S.l1.Z-La laine : lesWerghemmaentrele métier horizontal sous
et le métier vertical du tisserandau Ksar

de laine tissée soit


Les vêtementsdes Werghemmaétaientla plupart du temps
< houki > de la tribu au sein
sousla tenteou dansles Ghorfasdu Ksar par le tisserand
du greniercollectif'
métiers sacréset
Tisserand< houki > et Maréchal-Ferrand< haddad> sont les
,.rp""té, par les tribus de la Jeffaratuniso-tripolitaine.
poil pour renforcerun
Les Werghernma et les tripolitainsutilisent la laine et le
de chameau,on le corde'
tissu, car une-fois mêlé à la laine le poil de chèv-reou
floconsou < Gloums >
formant ainsi un agglomératpeignéà la main pour former des
mixtesen laineet poil'
,rri l"r < GloumeJi p".tn.niêtri en laineou
c'est un tissage de
Il est à signaler que les sacs"Ghraiers"pluriel de "Ghrara"
laine, de poil dr et poil de chameaud'unecapacitéde cinq "wibats" d'orge ou
"he*.^
185 à 200 kg, sacde chargetissésur le métierhorizontal'
de blé
"niiror,
,,wazrê", (( hOUliD OU( bernous> vêternentsmasculin sont tissés
Quant à la
sur le -èti.r vertical souventchezlestisseranddu Ksar.
- ,,El Hamsl" d-.-rll d'unelongueurde 5 m avecune largeurde 2 m, décorépar
Hamel" il faut des
des lignes multicolores espacéesae SO à 40 cm, avec "El
accessoires qui sont "ElOussada"et les "Mkhali" gJtÂ-^ll 3 6.rt-",jJl, de couleur rouge'
au rnilieu se localise les
c'estde la laine qui forme l'équipementintérieurede la tente,
;èt"ir.;; ;Éj gtÀo .ont.nànt fait de deux peaux de chameauxassemblées'
avecle tanin'
fuUtiq"e sousformËd'un grandsacen cuir rougeâtreou noirâtre
- "Elmarg;;;;F*$ c'est un, tissée la laine mais dont le
de
"ouu.rture
d',rtr" couleurrougeâtreavecbeaucoupde décorationset
tissageest du "R;;;"'É,
motifs géométriques,avecdominationdu blancet du rouge
- La tente, elle est formé par des "Flijs" C+S; chaqueFlij est tissé à base de
de 50 à 70 cm' Une tente
laine et de poil, d une longueurAe tO à 12 mèt d'unelargeu
estI'assemblage de 10 "Flijs".
- TroiJ "Trayeghs" &JllL deux aux extrémitésdu Flij, le 3ème au milieu
cm de largeur. Les
décoré en rouge chacun de 40 cm de longueur et de 15 la
< Ameyers> jr..*l sont les extrémitésdes Flijs qui tiennent les extrémités de
tenteau sol.

5 .1 0 .3 .L e svê te me ntsm asculinsisont' ' ElW azr a' ' vêtem entdep r em i èr e
grisede l0 coudessur 3 dans
importanceformé d'unebandede tissuen lainebruneou
lequelle corpsestengoncé(déjàcité)' ,rF, rr,---^,, r^ +:^-..^- r-;
- El Houti : c'est un vêtement comme "El Wazra" de tissu en laine et de
du vendredi très connu en
couleur blanche, I'habit des cérémonieset de la prière
Jeffaraoccidentaleet en tripolitane' de tissu
- ,,Chachia""Kabouls",sortede casquettede couleurrouge,COUwe-tête
en laine avecteintureguennezit,ri carmin'
- "El Balgha" Jhaussurefabriquéede peaude chèvrede couleurjaune teinte de
tanindegrenaddvoirfigurevêtementsmasculinsp.l2S).
Lesmutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : 209
Cas de la Jefara tuniso-IybienneI 837-I 956

5.10.4-Les vêtementsféminins
Jusqu'à (1920) il y avait plusieurs sortes de Melhafa iLJ- chez les
werghnmienneou "Takhlila" i'l+lÀl ou Mélia Â+L c'estrxre$ande piècede tissude
cotonde couleurbleu foncée.

La femme s'en enveloppetout le corps,une fois alrangée,la pièce de tissu se


présentesous forme d'une tunique sansmanches, non cousue,mais simplement
ietenueà hauteurdesseinspar deuxgrossesflrbulesd'argentet serréeau niveaude la
taille par uneceinturede laine.

Cette ceinture est faite de vingt quatrebrins de laine blancheou rouge.Une


extremitéest disposéeen boucle,habituellement elle est enrouléedeux ou trois fois
autourde la taillq le bout libre estpassédansla boucle.

La ceinturedoit prendrefin exactement au niveaude la hanchegauche'


- < La Melhafa> peut-êtrebleufoncé listr rLl$
- Melhfa Horra i-'- LL-L bleufoncéavecdesrayures.
- Melhfa Roboaçl ij-J- bleufoncéavecdesrayuresblanchesà la base.
- Melhfa GtarechcÉltlt3 LÂ-rJ-olsugeentotalitécanelée.
< El Houli > en soiejJF,/g- rougeavecdesmotifsà l'extémité.
< Le BakhnougD une pièced'étoffe poséesur la tête,tissu en laine de couleurrouge
ou blanche,voile detêteet d'épaule.
< ElassabaD L' *Jl tissu de laine de couleurnoir serretêtettrban de 2.50 m à 3 m
delongueuret de 40 à 50 cm delargeur(voir figurevêtementsfémininsp.2ll).

Le poète Hedi Msadekde la Jeffaraparle de I'importancede l'élevageet de la


laine:

La laineestunerichesse
entousmoisde I'année
sesbiensfais semanifestent
Le poil des caprinset camelinssechangeen tissu
bienutile pour leshommeset la tente
';
En sacpourtransportergrainsd'orgeet grainsde blé
maiscesvaleurssesontPerdues
fautede tâteurqui noussoutienne.

(Notretraduction)

5.11-Noceet mariagechezlesjeffariens

Chez les jeffariens la raison qui régnait et reste profonde était que les
descendants de tribus différentesne devaientpas être du même sang,les guerreset
titiges étant fréquentsdansce mondeoù I'organisationet la vie quotidiennetribale
,.rt-" un facteurd'unité à I'intérieurde la tribu ou de groupede tibus et peu aussiêtre
un facteurrapidede dissociationentreles< Ourouches > ou < Noujou > différentes.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 210
Cas de la Jeffara tuniso-lybienneI837-1956

L'unanimité premièren'a mêmepaspermisde reconnaîtreun chef unique ni un


pouvoir centralen dehorsdu pouvoir collectif du (Miaad) de la < Khabila > tribu ou
de I'alliancepolitique de tribus au sein d'uneconfédération.

Le calendrier du werghemmi demeure bien rempli par des travaux et des


obligations; toutes les périodes des quatre saisonssont chargéespar une suite
d,év?nements liés à sa vie nomadepastoraleet à desfêteset occasionsreligieusesqui
guident son mouvement et sa mobilité incessanteliée à I'exploitation d'un espace
àrideet à la conduited'un chepteltrèsimportantspour sa subsistance.

Les noceset les mariagesse faisaientquandla tribu se trouvait au campement


d,été<<Zemlarl83or, < DarEl mcif > résidence de la périodeestivale; en effet cette
périodecoincide avec un arrêtmomentanédu cycle d'activitésagro-pastorales basées
sur la transhumance.

L'échange de femme et la parentésont liés à la tribu et ne dépassentque très


rarementcettelimite.

Habituellementla fille doit épouserson cousingermaindu côté paternelou un


cousinindirect, s'il ne se trouvait point sur placede prochepar le Sffig, le père de la
jegne fille peut la faire marier à un autremembrede sa tribu, même si l'intéressé
âvait quitté sa tribu ou son groupepour vivre en Tripolitaine ou ailleurs- Il faut de
toutefàçon éviter tout risquede se battreentrefrèreset cousins.

A I'intérieur du < Arch > ou < Najaa> certainesfractions sont considérées


< religieuses)) ou d'origine maraboutique,leurs membresse marient entre eux et ne
vont fas chercher,-,n"ulliunceà I'extériew,à titre d'exempleles < Jlidat > fils de Sidi
nUaattafrBoujlida Marabout,et les < Medeninibien > fils de Sidi Ali ben Abid et les
< Rebaia> fili de Sidi Hmid bien respectéspar les autres< Ourouchs>>comme les
(
< Ouderna> et les < Touazine)) ou ( Ahl El JanahEl Akhdar >.18a Ctj+ll dÂl
.r--asTt> .
I tl
Les gens de la voile ou l'aile verte J.à-iïl 6t r , cette nomination clécoule
d,une histoire qui s'est passéeen pleine Jeffaraoccidentaleet où le Marabout Sidi
Abdallah Boujlida le septièmefrère des Werghemmaqui s'évade dans Ia nature,
vivait avec les animaux sauvages, dénudé,les bergerscamelinsne peuventI'attraper,
habituéà vivre avecles gazellesbuvantle lait de cesanimaux.

183
Z"-lu : lieu de résidencedesWerghemmaen dehorsdesKsoursou il y a une exploitationagricole,
desarbresfruitiers,oliviers, figuiersetc...
L'habitationest souventprovisoiresousformede Hûte ou Laiha,la possession d'un Majel ou Fesguia
(citerne)pour récupér",Ër eaux de pluie estune pour
nécessité cetterésidenced'été ou < Dar > El
Mcif >.
t8o racontée
AHL El Janatr El Akhdar < les Touazine> c'est I'histoiredesseptfrèresWerghemma
par Hadj Mohamed El Houdeiri, Touzni de la Jeffara presqu'île de Jorf ou Sidi Makhlouf CNotre
enquête1997).
Elalement les contesde Hadj MohamedSahhalde HessiAmor qui raconteI'importanceet les détails
guerrières
descalendriersd,El manach,chezles Werghemmaet les liaisonsorganiquesentreles tribus
et lestribus Maraboutiques(notreEnquête 2000)'
werghemmadans la Jeffara tuniso-
Figure 9: Vêtementsféminins chez les
triPolitaine

Source:A. louis: Les nomadesedsud1976


Lesmutations socio-spatiales,culturelles et qspectsonthropologiquesen milieu aride: 212
Cas de la tuniso-lybienneI I 37- I 956

Les Werghemmadécouvrentpar le biaisde cesbergersla présenced'un être vivant


ils sedécidentdepartirà sarecherche.
miraculeux,insaisissable,

La recherchea étélongueet difficile, I'hommemiraculeuxdépasse les gazellesdans


leurscourseet hébergesousles ailesd'autruches, ils ont eu I'idéede tendreun piègeà cet
hommeen lui présentantde la nourriturehumaine,I'appâta réussipour que le coureursans
anêt attrapeun grandmalaisedigestifpuisqu'ilesthabituéà urfâouniture à basede lait de
gazelle,lesWerghemmacontinuentla recherche du Maraboutfatiguéce sont les Touazine
qui anivent à attraperSidi AbdallahBoujlida en le couvrantpar la "Wazra" du premier
cavalierqui arrive à saisir le miraculeuxdénudé,ce sont alors les gensTouzlzinede I'aile
vertequi a été le premierhabit du Maraboutsacrédanstoute la Jeffara occidentalec'est
leur septièmefrère desWerghemma possédant la sagesse et la Baraka'

vivent souventsur I'aidedes autrestribus,


religieuses
CesfractionsMaraboutiques,
guerrièresdesTouazineet desOudemanepeuventpasfaire la guerre,ni êtrechamelierson
guerrierderazzia.

Les Jlidat, les Rbaiyat,les Médninis,toutescesfractionset tribusleursmembresse


mariententreeux et ne vontjamaischercherfemmeà I'extérieurdu groupeMaraboutique.

EgalemententreArabeet Berbère,chacungardedesliens de parentés,les Jerbiens


originairesde I'Ile ont la mêmeattitude,I'arabewerghemmimène une vie rude, fait la
transhumance, fait desrazziaset récupèreparforcesoncheptelperduou dérobé.

La femmewerghemienne va où va le werghemmi,elle monteà chameau,laboure,


conduitl'élevage
fait la moissondescéréales, sonmari à peuprés
ovin et caprin...etc...suit
partoutsaufencasde guelreou de razzia.

5.11.1-Paruredesfemmesjeffariennes
et procédurede mariage

Souventle mariageest arrangédès I'enfance,entre les parents.Dans le monde


nomadeon responsabiliseles enfantsdès le jeune âge, I'apprentissage et l'école c'est
uniquementl'école et I'apprentissagede la vie et de cet environnementaride et difficile,
gérépar les vertusd'unesociétélibre et vivantloin de tout pouvoir centralet finalementde
tout pouvoird'Etat.

La fillette dite (Missamya)promiseà un garçonquandelle arriveà l'âgede dix ans,


nedoit plus voir sonfiancéenpublic ou enprésence desparents.

Il est à signalerquela fille ne répondjamaisà unedemandeou posesa demandeet


sondésir,ce sont les parentset les famillesqui décident,souventelle doit accepterle point
devue de sonpère.

Il se passeparfoisdescasde refusde part et d'autrealors les amouretx s'arrangent


pour ul scénariode la fuite de la fille au début puis des intermédiairestâchentde
rapprocherles familleset lesparentsqui refusentcettealliance.
en milieu aride :
Lesmutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiques 213
Casde la Jeffaratuniso-lybienne/,837-1956

La fille est dite (Harraba),en tout étatde causeon arrangele litige par le biais
des notairesou d'un groupede sagesqui récitentla < Fatiha> la sourateliminaire
commeI'exigela coutume et le < charçaa))pourtout mariage.

Il ne fautjamais arriverà une situationde concubinage


interditeet déshonorante
danscesmilieux nomades arabo-musulmans.

Le mariageduretroisjours chezles Werghemmals5.


- La premièrejoumée c'est la (Keswa)où I'ensemblede tousseau,habits,
bijoux, corbeillede toilette etc...estamenéà la famillede la mariée,généralement
un
chevalest utilisé pour le transportde la < Keswa>. Les bijou sont généralement
en
argent(;iÉ-i).
* d,énormes bouclesd'oreillesappelés < Akhrass))pul. de< khorss>.
Jusqu'à1920on trouve:

LesAkhracs< cylÉl > (Boukyloi)( tdsJ+ u,+i D .


Les Akhracs(ChaguiRouha)114-r3pçit-,3 u"J3 ).
* Desgrossesfibules : (Khalal)
LesKhalal (Mabroum)( tJ'r+. Plsl;.
LesKhlal (AFTAH) ( eÀ31rjils' t.

* Les < Tiyers> (colliers) qui se détachentde la < Assaba> ou turbande laine noire
qui entourela tête,décorépar des<<Hassac> et du corailrouge'
eLi. Ji^'tl l-r--Y .,1-.l3
).
* Colliers 11ôrI--i p
portant5 à 6 mainsde faûnade grandetaille (psJj# ii;à'l ulrjl-'j' c!'-ri 8l)L!).

* El Magroun: collier autourdu cou décorédespetitscorau(rougesou multicolores:


(ûL''..J*lL+ 7-ùy,: I l.l tl 6.$3 gu..ll3-lt1.

* Deux grandsbraceletsd'argent ou moyens: (le.r cachéde I'orient souventde


Tripoli) @**4t+$ jJJJI i,. dJieJr! i-à! ii*"Ji' Jl 8J++16+s ).

La deuxièmejournée c'est la < Hennaet Khyat ElBeit > l-:-rlt J c++ll 'hl+i' ,
c'est la journéeoù les parentset la famillesdu mæiés'occupentde I'assemblagedes
(Flûs)unedizaineconstituantsla tentedu mariage.

Cettecérémonies'accompagne par des chants(deslWerghemma)


de nostalgie
et de célébrationdu ProphèteMohamed.

La < Oullaga)) ( l-!l*.tt " ou corbeillede toiletteprocuréd'un épicierspécialisé


du ksar.
Cettecorbeille ou coffin en folioles de palmier 11ç'L-rla d+ill d!'', > de bonne
qualité(Bouhattam) doit contenirun kilo de Hennéen feuilles(Hennéde Gabès)des
's-lCr
boutonsderoses11 LÊ.lÉ>>,desclousde girofles( l+lJ'hdl sj"e p, un demi kilo
d'amandesamères,"\J-.-l )) pour préparerla pâteet le collier du < Skhab> i'ùLi
genjôin- ,.,;.r-s'l
-;a:c , du luban,du masticdif Mestka,au louge çJL+" , du Benjoin-

185
Ré.it de Mme Ayadia Ismail née Kbaier, possédantdes anciensbijoux hérités de sa mère
renomméesous le nom de Mme Laroussi suite à ses capacitésmédicinalesdans le domainede
I'accouchementdesfemmeset lessoinset guérisonsdu nouveauné (note enquête,1997).
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : 214
Cas de Ia Jeffara tunisoJybienne1837-1956

'rd-si J J.,àÂi dtg.rStr, du (assa-foetida)11r'"r-ri - > , du


noir, du cumin noir et ysrt
< Afas )) noix de galle ( ua& >>.D'écorcesde racinesde noyer (Swak pour nettoyer
les dentset donnerla vigueur et la coulew rougeâûeaw( gencives), du chardonà glu.
dad .rlss .!*il, aux fumigationsbénéfiques,Oud Boulùtu, de Skenbir,-duFasuJ<h, un
paquetde bois-d'agalloche< rrlt-.3 .lJÊ )) .Un petit miroir circulaire (( l-L. *i 3i 8I.p;
Ûn-peigne en bois, 2 ou 4 bracelets en corne dit (Miggas) <grlJr >>.Un peu de fil et
desaiguilles, un rasoir, un grandmouchoir rouge.

La <<Oullaga > ou corbeille a gardé les mêmes constituantesà travers les


différentespériodesde I'histoire desWerghemmaet de la Tripolitaine.

Le mari doit acheterle trousseauavec également: une chemise longue avec


desmanches,arrivant au niveau de genoux,ouverteau col, se ferme avecune épingle
ayantle pouvoir de chasserle (mauvaisoeil).

Une (Melhafa blanche,un Houli, en soie), durant les septjours elle doit avoir
desvêtementsamples,elle porteracettechemiseet ce (Houli) sansceinture.

Un (Châle) dit < Bakhnoug> en laine blancheou noire, une paire de chaussures
(Balgha)jaune décoréen filali rouge'

La troisième journée c'est la @oukhla) ou nuit de Noce et la grande fête


célébréepar la réparationde plat de Couscousà la viandepour tout le monde'

Le jour de la (Keswa) premièrejoumée de Mariage on préparedes plats de


< Aich > à basede farine d'orge avecune sauce.Ce plat est à I'honner.rdesparentset
familles du marié qui amènentla (Keswa)à la maisonde la mariée.

Souvent ta famille du marié célèbrele mariagepar I'invitation d'une troupe de


(Abid Ghbenten)<<chouachines> chanteurset danseurs,dirigeaientpar un <<Rais > le
àhef lpo6te), des Batgia (5 ou 6) accompagnateurs qui eux font la répétitions et la
danse, les-auditeurs sont séparéspar sexe, le mari avec les < Arassas>> les
,o1npâgoonsdu < Aris > mariâdevant la tente à gaucheet à droite les femmes,puis
re!*ation de quelques mètres (on trouve les hommes). Au milieu une cour
"tt.
réservéecomme théâtre pour les chanteurset danseurs< Ghbenten>' (voir figure la
hiérarchie sociale des Werghemmaet des tripolitains pendant les cérémonies de
mariage,Abid Ghbentenou troupesde < Tabbala> ou Abid tripolitains p. 129 ).

La soirée commence après le dîner jusqu'à I'aube, généralementc'est la


deuxièmejoumée du mariageoù la joute poétiquepasseen revuedes chantsde guerre
et d'amour et de |a poésietouchantdesthèmesallantdu politiqueà I'érotique.

C,est l'occasion d'évoquerles poèmeset chantscélébrantles grandsévénements


importantsde I'année écoulèeet l'histoire mythique et réelle du passéglorieux de la
confédérationdesWerghemmaet de la ripolitaine.

Ces chantset dansess'accompagnentde I'acte de < Ramou)) ou < Ramyi )) qui


consisteà jeter des piècesde monnaieou des billets sur le < chouchane> poète rais
qui chanterrturr"" tes < gatris > partenairesen lançantd'offrande et d'éloge à l'égard
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsonthropologiquesen milieu aride: 215
Cas de la Jefara tunisoJybienne I837- l 956

du donateurde la monnaieet le poèmeou chantdevientalorsun madrigalde respectet de


célébrationde la personneou de la tribu auteurdu " Ramon".
186
Un échangesefait entrece publiqueet la "Taéfa" troupesdesGhbentenen effet
des échangesde bien symbolique(matérialismesymbolique),les poèteset chanteurs,
danseursfont échangerce matérielsymboliqueculturelavecun capitaléconomiquesans
exigencede tarif ni de prix (voir schémade la hiérarchiesocialechezles Werghemmaet
d'unefêtede mariage(enquête
lestripolitainsà I'occasion : A. Abdelkebir.1995.p.129).

Avant I'instaurationdu protectoratfrançaisen Tunisie1881,la Jeffaraoccidentale


connaissait un modede vie traditionnel.
Les tribus nomadesde Touazine,des Ouderna,desKhzour,des Ghbenten,formaient la
confédération desWerghemma,vivaient dansle cercled'uneéconomiede subsistance avec
une symbioseétablie entre groupesde sédentaires oasienset groupesde semi-nomades
s'attirentpar des centresd'intérêtsles " Zemla" et les " Jessours"où ils pratiquaientune
arboricultureen secen dehorsde leurs Ksoursde montagneou de plaine et aux environs
desMaraboutslieux d'appelde la Baraka,de la sagesse et dessciencesthéologiques, points
d'ancragede ce tissu tribal et de cette dynamiquesocio-économique et culturelle.Même
avecI'arrivéedu protectoratfrançaisles traditionsn'ontpaschangémais au contraireles
autoritésont toujoursencouragéla célébrationdesfttes de fantasiaet coursede chevaux.
Quant aux cérémoniesde mariage demeurentêtre des occasionsde rencontreet de
solidaritéau seinde la tribu et au seindu < arch>.

Une histoireancienneriche de contradictions et de mouvements de flux et de reflux


entreun espacevécula Jeffaraoccidentaleestun espace perçuqui anive en Tripolitaineau
boutde la Jeffaraorientaleet mêmeplus loin de cesfrontièresjusqu'àla SekiaEl Hamraet
OuedEdhhabà I'Ouestetjusqu'àla <Meque>lieuxsaintsà I'Est.

Cesdeux horizonsEst et Ouestnousconduisentà uneréflexiondépassant la limite


de la Jeffaraoccidentaleavecles espaceslimitrophesle Dhahar,les Matmatajusqu'à Jebel
Nefoussa et I'Ile de Djerba,I'Aradhet la Tripolitaine.

Pour analyserla formation généraleet les liaisonsde ce tissu tribal arabo-berbère


entreles deux frontièresnaturellesle SaharaAlgérienet la côteMéditenanéenne, une telle
analysede cespériplesde cettesociétéaveccestrois composants nomade,semi-nomade,
sédentaireva nous permettre de discerner les principales phases et de réaliser une
complexitéstructuraleque les apparences contribuentà masquer.

@Ûoupedirigéeparlepoète(Rais,chef;avecsixchanteurs,danseursappelés
<Bahris>qui célèbrentles manageset les fêtes dansla Jeffaratuniso-tripolitaineavec un calendrierbien
chargéduranttoutela saisonestivale.
Cesbhbentens utilisent un seul modèle de tambourparaboliqued'un diamètred'un mètre environ, ils
s'habillenten blanccommeles Touaregsavecdesfoulardsrougeset descanesdebambouà la main.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 216
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

Nous intégronsla composante culturellepourmontrerles nouvellesformulesde vie


et des changements culturels endogènes naturelsou provoquéspar des phénomènes
exogènes dont il nousfaut maintenantdiscernerplusprofondément à chaquefois devantla
poésied'un poètejeffarien, Fitouri Tlich, MansourEl Houch, Dhaou Latrach, Dhaou
Labiadh,Hédi Msadak,les poètesGhbentens, JemaaEl Khof, Ali Tlich, FaratrDebouba,je
diraisetc...pourne pasoublier desgrandspoètesWerghemma.

Leur poésie est chef d'oeuvre qui honore les "Mouallakhates jeffariennes et
tripolitaines"ayant beaucoupd'analogie avec les "Mouallakhates pré-islamiques" de la
"Jahilia"

Chaquepoèmemérite une analysede différentsaspects, je dirais sansexagérer,ces


poèmesgardenttoute une mémoireet tout un patrimoinesocio-économique et culturel
puisqu'ilsont passéen revueréaliséepresquetous les thèmestraités par les 2l poèmes
recueillisd'aprèsles étudeset I'enquêteet la traductionfaite parallèlementaux travauxde
cettethèsede 1995 à 1997 touchantdes poètesde la Jeffaratuniso-tripolitaine(voir en
annexecorpusde poésiesur la Jeffaratuniso-libyenne).

Noussignalonsles thèrnessuivants:
La tribu, la confedération,les parents,I'honneur,la cavalerie,la guerre,la résistanceau
pouvoir (Turc, Français,Italien, Beylical etc ...), le Ksar, la pluie (les éclairs), le
nomadismeet la transhumance,tenteset campements, les chameaux,les chevaux,les
sentimentsamoureux,la femme. Fêteset rites (manage, circoncision,fêtesreligieuses,
mort)le temps,la vie, et la destinée,la mort et I'au-delà,I'espace,le désert(flore et faune),
la sainteté, le pèlerinage).
la religion(l'élogedu prophète,

L'ensemble de cespoèmesévoqueles stylessuivants: l'éloge,le satire,l'élégie,le


dialogue,la poésieamoureuse, poésieéducative,
poétique,
correspondance poésiesoufieet
Maraboutique, desactivitésou de voyagesetc...
plaisanterie,chantsd'accompagnement

d'armesdesjeffariens
5.12-Laplacedu cheval,lecompagnon

Un vieux cavalier werghemmiparlantde son cheval,aimait à repérerce dit au


ProphèteMohamed"les biensde ce monde,jusqu'aujour du jugementserontpendusaux
crinsqui sontentreles yeux de vos chevaux".

Chaquetenteet chaquefamille dansla Jeffaratuniso-tripolitainepossèdeun cheval


qui devientle compagnond'armeset I'amiinséparableen périodede guerreou de paix.

L'article deux du chapitrepremier(Défensede la tribu) du Kanoun Chartia et du


pacted'Elfoudhouldesvertueuxen 1837disait:
Article deux : Tout hommequi possède deuxchameaux,vingt-cinqbrebis,et dont
la femmeporte un rethel (une liwe) de bijoux doit avoir un chevalc'est le < fares > ou
cavalier.
en milieu aride :
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiques 217
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

Dans les tribus nomadesqui se déplaçaientsur desvastespâturagesl'élevagedu


chevalest considérécommeune nécessitésociale.Avec sonchevalle werghemmiou
|e tripolitain commerceet voyageet surveillesontroupeau,il brille aux combats,aux
fêtes, auxrazzias,et pour restituerle cheptelperdu.

L'amour du cheval est passéedansle sangdu werghemmiet du tripolitain dans


toute la Jeftar4 c'est le serviteurde la famille, son porte bonheur,son animal sacré:
on étudiesesmceurs,saconduite,sesbesoins,on I'exaltejusqu'à dire :
El Khil lel-bala r-r.+r.ll3 r$l dij'll les chevauxpour la guelre
El Bel lel-Khala rl.*r.r,a$3p)lj,ll c!+lls les chamauxpour le désert
V/el Bgar lel-FagarJriJl .lrJ 3 les boeufspour la pauweté

Le poèteCheikh ELARDAOUI disait :

Sur le dos de mon cheval,je suisparti


vers deslieux lointains.
Sabouchepleine d'écume,soncorps
couvertde suèur,sonventrecreux
le rend plus léger,il estanogantet tenace
il défit le tempset I'espace.
Les amateursde chevalPur-sang
cherchenttoujoursdanssafiliation
l'origine de sonPère.
Les chevau<me sont chèrs,cescompagnons
courageuxsur lesquelsje peuxtoujourscompter
ils sontforts rapideset fidèles.
Le chevalma permisde vaincre
les longuesdistances, il m'estpluscher
que mon fils.
Mon chevalestbeauet d'une racepure
quandil tire lesrênes,j'entendle bruit
qu'ellesf,onten s'opposant au vent.
est
Monter le cheval Plaisir.
Mais mon chevalest enfermédansl'écurie
sur ordre du pouvoir central
ce pouvoir nousmaltraite
le coeurserré,j'ai senticommesi je tiens
mon foie entreles dents.
J'ai libéré mon cheval,sur sondos
j'ai fui la tyranniedu pouvoir central.
Mon cheval,je I'ai montéalors,sansqu'il s'entraîne.

(Notretraduction).

Les V/erghemman'ont pas réagi suite à des informationsvenantsde l'Algérie


sousla colonisationfrançaiseparlant d'un programmed'améliorationde la racebarbe
avecattributionspar les autoritésbeylicalesde la régencede Tunis et la colonisation
françaiseen Atgérie desprimes annuellesauxmeilleursspécimensde la racebarbe.
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 218
Cas de la tuniso-lvbienneI 837-I 956

Mêmeavecles autoritésde la colonisationfrançaisela commissiondespremiers


a étémal reçuepar lesTouazineen 1899.
éleveurs

Les Werghemmaont refuséces primes,les vaccinationsdu cheptel équidéspar


crainteque les autoritésles obligentà s'intégrerdansles groupesde cavaliers"Makhzen"
ou figurèrdansles recensements destroupeauxbien au contraireles éleveursdissimulent
leurschevaux.

Cettedissimulationet cetteméfianceviennentdu mauvaissouvenirde Werghemma


desdonsforcésau Beylik (pouvoircentral)et redoutantles réquisitionsde leursmeilleurs
chevaux.

Suiteà toutescirconstances l'élevagedu chevalchezlesTouazineet le Werghemma


et lestripolitainsd'unefaçongénéralegardesanécessité socialede premièreimportance.Il
est à signalerque le chevalétait le fer de lancede la résistanbedestripolitains contreles
othomanset les italiens.

Cetélevagegagnedéfinitivementsaplaceinstitutionnelledansles actesde "Miaâd"


et des" Kanounde Chartia"et de "Orf' où les articlesconsidèrent la propriétédu cheval
unenécessitéet un devoirà l'égardde la tribu ou de la confedérationdansles deuxJeffaras
et orientale.
occidentale

Chezles Werghemmacommechezlestripolitainsaprèsle chameau,il y a le cheval


de selleil n'estjamais chevalde trait, traitéestnourricommequelqu'unde la famille, il est
I'outil et I'ossaturede la force de frappe tribale et confédérale,sa possessionest une
obligationvoir articleII de "KanounChartia"et du chapitre"Défensede la tribu ".

estconduitvêtuet traité avecsoin.


Ce chevaldansla jeffra tuniso-tripolitaine

Lesjeffariensne reculentdevantaucunedépense lorsqu'ils'agitdu choix d'uneselle


d'unpoitrail,ou scintillentpaillettes
brodéede filali ou de sellede Tripoli ou de Ghdames,
d'oret cannetilleou d'étriersniellésd'argent.

Il est à signalerque la tripolitainese trouve bien en avancedans la forme et la


qualitédes accessoires de la cavalerieet des soinsdonnésaux chevauxpar rapport à la
leffara occidentaleet des Werghemmaqui au contrairese caractérisentpar une grande
habilitédansla conduiteet les soinsdeschevauxentempsde gueneet de paix'

Les chevauxdes Werghemmase trouventtoujoursécartésdes décorationset des


broderies.

Le cheval werghemmin'estjamais vêtu comme les chevauxtripolitains ou de


,,zlass"de la plaine dJKairouan. Il est conduitet soignépour accomplirune mission de
rapiditéet d'efficacitéen tempsde guerre.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 219
Cas de la Jefara tuniso-Iybienne 1837-1956

Les historiensdisent que les Ksour d'Aurghamaà Medeninecapitale de la


Jeffaran'ont jamaisétémenacésou touchéspar les envahisseurs
destribus de l'Est ou
de I'Ouestpe;danttouteI'histoiredu XVIII ème et XIXèmesièclel87
.

Le fer de lanceétait le chevalwerghemmidesTouazinequi protégeaientles (35)


Ksarset les (6000)Gftrorfasde la plaine de la Jeffara.

L'appel au secoursdu Marabout Sidi Ali Abi aux Touazinepour protégerles


Ksours, I'histoire mythique ou réelle de cei appel qui restedans la mémoire des
djeffariensen s'adressantaux Touazine< Ya Achra, Donnekoumichrine) ôJ*ie I'J
û+3'-r' fsj+.

C'est cettealliance,entre les tribus Maraboutiques et les tribus guerrièresqui a


sauvegardéles Ksours en tout temps, cette défenses'est poursuivie jusqu'à
'"".
l'indépendance et I'arrivéede la premièreRépublique

Quantaux Ksoursde montagnec'est les Oy,gemaqui protégeaient


cesterritoires
et cesksours,plus de 150 Ksarset < Kalaas>>t8e
dont 37 Ksarsdansla régionsdes
Ouderna(Tataouine),Beni Khédache(voir carte des ksotr de la Jeffara tuniso-
tripolitaine,p.227).

Les nombreuxqui chantentle cheval chez les Werghemmaforment un genre


littéraire spécialintitulé, la poésiedu < Kout ) "u <rl une appellationdu cheval de
selle.

Le poèteAmor El Ardhaouiparlede son< Kout > cheval:

Mon chevalestle seigneurdeschevaux


il estbien cornmeun pigeonsousI'ombre.
Et sescrinsnoirs sontondoyants
il supportela soif, la faim, il devancele coupd'oeil.
Véritablebuveurd'air pur balri
il noircit le coeuret lesjours denosennemis
aujour ou les fusils et les étrierssetouchent
mon (( Kout > estI'orgueilet le refugedu pays.

(Notretraduction).

Les ancètresdisent:
Rkub El Faras U/UÂllçsll Monterunejument
Wa Tlug el Maghras #s.t-ltt o{tJl-Jt éJJ-hJ lacherles (Slouguis)
V/a Terkib El Akluas u,.lJÊIl ,,.J(.JrJ lewiersdenière
Yeglaa Eddudmin Enas ,J"iJll ipr 't3'tJlêll+ uneproie.

t*t des tribus


ChibunibenBelghith (1999) : historien.Univ. du SudSfax.Mouvanceet sédentarisation
du sudtunisien.
- BerkaouiAbdelhamid(1999) : Historienuniv. du Sud Sfa,x: Les anciennes tribus du sudtunisiende
Ramadaà Jectis peit
(Boughrara, Syrte).(Séminaire d'histoire 1999).
Médenine,
t88AbdessamadZ\IBD(1992): le mondedesKsoursdu sud-esttunisien, BEIT ELHIKMA -
Carthage.
rEnchibani Ben Belghith, déjàcité.
Les mulations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 220
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

Entendrele bruit
desbouclesd'oreilles
ce qui enlève
le soucide la tête.

Dans ces territoires de la Jeffaratuniso-tripolitaine,le cheval est habilité à rendre


des servicesen temps de guerre et de paix que le dromadaireen raison de sa lenteur, ne
peutaccomplir.

L'élevageet la conduite du cheval sont une tâchedélicatemais les nomades,semis-


nomadeset sédentairesde la Jeffara connaissenttous les secretsde cet animal sacré qui
apporteà chaquetente ou "Ghorfa" la " Baraka"et la prospéritéaux yeux de tout jeffariens.

Il exige des soins particuliersen eau et en nourritureet ausside l'ombre, son prix et
sa raretésur le marché,sa place dans la hiérarchiedes élevagesdomestiques,familiaux et
tribaux en font le symbole de la richesseet d'aisancesansoublier sa présenceobligatoire
pour la sauvegardeet la défensede la tribu.

Malheureusement,la littérature du XIXème siècle ne nous donne pas de


renseignementsprécis, à I'exception des contes et le retour triomphal des cavaliers
accompagnésdesyouyousdes femmes.

Les Werghemman'oublient pas les souvenirslointainsd'unemenacequi venait des


tribus de I'Est, de la Tripolitaine des frères ennemis des " Siaanes"etdes "Nouayels"
jusqu'à conserver I'habitude de se diriger en course ou <Fantasio toujours vers une
orientationqui est toujours I'Est, égalementles tentessont orientéesvers I'Est par mesure
de sécuritépour voir I'arrivée de I'ennemien cas d'attaquedès son apparitionaux horizons
de I'espacerésidentiel.Cette orientationvers I'Est trouve son explicationfondamentaleen
seréférantà la direction des lieux Saints,la "khibla" c'està dire la Mecque.

Le tableau des effectifs de chepteldu sud de la régencede Tunis cité (p.201) fait
appelà plusieursinterprétationset remarques.

Les autoritésn'exerçaientjusque là aucuncontrôlede fait sur les Werghemma,qui


considèrentle recensementou I'encadrementune véritable opérationd'espionnagepour
arriverà desdons forcéspour le pouvoir centralBeylical.

Il est égalementdestiné à évaluer le nombre des cavalierset leurs capacitésde


déplacements.

en réalité portent sur les chevauxde selle les anes et les


Ces recensements
chameaux.

Les personnes interrogées se souvenaientdes compagnesde collecte d'impôt


(Majba) c# ou de dons pour le Bey qui touche tout bien précieux, ils ne pouvaient
délivrerdesrenseignements exacts.
Ctrteffi:Lesnomadesdans|aJeffaraTuniso-Tripolitaineçxtxè."siècle)

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Abdelkebir 1995
Source: enquêteAbderrahman
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 222
Cas de la Jefara tuniso-lybienne1837-1956

Ils avaienttout intérêt à tromperles autoritésqui cherchentsouventla collectede


spécimens desmeilleurschevauxde la Jeffarapourleursgarnisons.

Les chevauxsont devenusun nouveaudébouchéqui prendde plus en plus une


valeur marchandeascendantedans une région connuepar I'insécuritéen dehors des
entrelesdiversgloupes.
influencestribaleset desalliancesstratégiques
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride:
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

3EMEPARITE:
LBS CRISESDE LA SOCIBTEJEFFARIENNE
DANS LES CONFINS TUNISO-TRIPOLITAINS
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : 224
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

CHAPITRE I : LA JEFFARA TTJNISO.TRIPOLITAINE PONT DE


LA LIAISON ORGANIQUE BILATERALE ENTRE TUNIS ET
TRIPOLI

Pour comprendrecette liaison organiquebilatéralequi rattachevierghammaà


deux pays, mais en réalité à une seulepatrie mère à laquelleappartenaitdes tribus
( ourouchs) et confedérations,ossature et noyau dur de cette société arabo-
musulmanequi, avecles succèset les échecsd'une histoiretrès mouvementéemais
pleined'injusticeset de provocations
exogènes, subiele mêmesort.

A Tripoli et à Tunis deux autoritéscolonialesont confisquéla liberté en utilisant


toujoursune approchedespotiqueconduisantI'organisationêt la cohésiontribale en
plein désarroi.

En effet, depuis 1887le sultankhalife nommedespachasà la tête despouvoirs


de Tripoli, de Tunis et d'Alger, cesbeys gouvernentau nom de la sublime porte "
sJrll $UJ.

Cette partie du monde est nomméepar les Werghemma((Ifriquia > auquelles


géographeseuropéensont donné une si $ande extension,le mot africa défiguré en
< Ifriquia i+3+Jr! " ; se trouve danstous les textesarabesjqs^gu'auXIXème siècle,
on le retrouvedansle parler dialectalactueldetoutela Tunisie'vut+3+>!! r)l+; le mot a
survécuparce qu'un groupe humain administratifet politique centraliségroupantla
tripolitaine,toute la Tunisie et une grandepartiede I'Algérie constituaitle noyaudur
de la dynastiede plusieursanciennesprovincesarabes.

Ifriquia resteune unité à traversles âgesdes sultanatsou ( douailetes> petites


provinces,fatimides,sanhadjite,hafsideetc..jusqu'auxbeysturcsde Tunis, d'Alger
et de Tripoli.

Il est à signalerqu'au delà deshautessteppes, prolongationde I'Atlas, s'étend


ure grandeplaine fertile que les tunisiesnont toujours nommée< Ifriquia >, et sur
cetteplaine se trouve la ville religieusede kairouan,CapitaledesAghalabiteset du
Maghreb,cette plaine qui a des rapportset des relationsplutôt avec la tripolitaine
qu'avecl'Algérie.

Les conquérantsarabeset les arméesdu < Khalife > venantde I'orient, utilisant
la route tenestredes caravanesvenantde la tripolitaineet côtoyantla côte et n'ont
jamaiseu la maîtrisede la mer.

En raison de l'éloignementde la sublimeporte du sultankhalife othoman,un


courantlibéral en matièred'exerciceI'autoritéles provincesde Tripoli (l7ll) et de

tæIfriquia : dansle parlerdialectaltunisign,c'est le nord de la Tunisieactuellei+idi E.F Gautier.


I'Afriqueblanche1939Univ. d'Alger.
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 225
Cas de la I 837-l956

Tunis (1712)se dotentde beyshéréditairesavecun systèmed'autonomiepartielletolérée


parConstantinople.

pourquoien 1835 le sultan essayet-il de mettrefin à ce systèmeet échouet-il à


Tunis aprèsâvoir réussià Tripoli ? et en Algérie il a gardéI'autoritéothomanejusqu'à
(l 832).

Commentimposet-il son autoritéaux populationset régencejusqueJàattachéesà


un systèmebeylicalgérantla vie quotidiennede cessultanats?

Ce sontceschangements et cestransformations spatialeset politiquesqui, ont pesé


tunisiennes,I'attachement
lourd sur les tribus et confédérations au khalifede I'islamou à la
famille du bey son représentantplus ou moins obéissant était à I'origine de cette
qui
incertitude.

C'estle débutde la confusionchez les Werghemmaet le restedestribusdu centre


et du sud de la régencede Tunis qui vivaient une grandemutation de cette unité
géographique longuede
et poliiique dansune zone désertiqueou parfoissemi-désertique
2000Kms allantde I'Egypteà Kairouan.

C'est le premier démantèlementde cette unité et le début du pouvoir des


"Douaylates"petiis sultanatsou provinces se libérantdu <khalife>jusqu'audébut d'une
souveiainetéèn dents de scie entre I'empire othomanet les familles beylicalesdes
provinces.

Les tribus se trouvent dans les deux cas ignoréspar ces deux autorités qui
commencent le compteà reboursde la fin du règneturqueet beylicalet leur politique se
dissimuleà I'intérieurdesrégenceset au seindestribuset confedérations.

Cettesituationdonnelieu à une tendanced'indépendance desautoritésde provinces


et a encouragéles beys à déclarer leur autonomieet à tisser des liens politiques et
économiques avecd'autrespays et puissancesautreque la Turquie,ce qui a provoquéla
tribalespour sepréparerà cette
créationdes 1g37despactesd'allianceset d'organisations
nouvellephasede souverainetéet d'autoritéà nouveauxconfondueslel'

La questiond'Orient et le traité d'Hunkiat-skelessi (1333) établit sur I'empire


othomanun véritableprotectoratrussesurtoutque les Turcsont subi I'assauten Orient des
par
Francsen Egypteet en Palestine,et en Europeles provincesbalkaniquesencouragées
gt."qu. (1830)et soutenues
I'indépendanc. par l'Autricheet la Russie.

L'empireothomanet les puissanceseuropéennes considèrenttouscesévénements


avec le mouvementreligieux wahhabiteen Arabie (péninsuled'Arabieet lieux saints).
qui
Commeune menac. .ontr. leurs intérêts pour partagerle mondeavec I'Angleterre
depuisun demi-siècletient à l'édificationd'un systèmede sécuritéimpérialpourla maîtrise
et de I'océanindien'
de la Méditerranée

sementdel'autoritédirecte,lepointdevueturc.
AMartel (1966) : iripoli et Tunis : succès et autoritéothomane: la
et échecsothomans.in souveraineté
par A. Martel.
provincedetripoli du (couchant)
Lesmutations socio-spatiales, culnrelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 226
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

L'empire othoman et I'Angleterre contrôlaient le trafic transsaharientout en


encourageantla politique othomane pour arrêter les menacesde la France < en
couchantde I'empire >>.

Les V/erghemma et la Jeffara tuniso-tripolitainebalancententre le succèset


l'échec de la politique ottromane,mais en dehors de cette influence turque les
relations entre les Wêrghemmaet les tripolitains méritent un retour et une prise de
conscience,du domainè des étudeset des recherchespour pouvoir mesurer toute la
richesse,l'étendue et la profondeurdesaffinités culturellestisséesau fil des époques
entre le nord et le sud Africain; où les deux <<wilaya > de Tunis et de Tripoli se
superposentcréant un espacemédiand'échangesocio-économiqueet culturel entre la
,ei"n". de Tunis et surtout la Jeffara occidentalefief des Werghemma et partie
jusqu'à devenir aux
iniégrante de la Jeffaratuniso-tripolitaineet la wilaya de tripoli
y",ri O"r colonisateursétrangers( un état tampon>, qui jouissait tout le long de
i'hirtoir" depuis le XVè" siècle avec l'époque hafsid" -d'9tt -prestige et d'une
considérationtant dansle mondemusulmanque dansle mondechtétien'"" .
jusqu'à
Ces échanges qui passent par la Jeffara, Ghdames, Tripoli, Ghat,
Darfour, la piste trav"ir*t le sud tunisiendite Ghadamssiatémoignede ces échanges
et de ces bonnesrelations qui se multiplient avecles othomansen Tunisie, en Algérie
et en tripolitaine.

Le nord de I'Afrique othomanacquiertavec le contrôle de la Méditerranéeune


importancequi ne d" se développeravecle pèlerinage,laformation et l'échange
""s"
enùe les universitésislamiqueset le commercecaravanier.
> font trois voyages
Au cours du XIXètt siècleles caravanes< Ghadameciennes
par an entreTunis et Ghdames.

Le voyageurtunisien Ahmed Bin Amor El Tousni évoquele voyage de son père


à traversla Tunisie, la tripolitaine, le grandSaharaet I'Egypte et raconte, commentil
fut nommé ministre de sabin, Emir de wadaret fut remplacépar Ahmed El Fasi dans
sesfonctiorrrt93.

A Ghdamesgn célèbre proverbedisait < Ghdamesfait naître et Tunis élève >


qp.i cÉsjs .rlJ3 o,.,.tÉ, dans la Jeffara les chants et les danses des troupes
< chouachines>>noirs gbhentenpartie intégrantede la tribu Ghbenten(V/erghemma),
JgJ.-"r,t dans les zàouias maraboutiquespour citer les attributs de Dieu et du
piophète
-a" à l'occasion des fêtes religieuses,et d9s cérémoniesde <<hadtrara>>séance
ln*t et de danse de défoule*"ttt "t d'appel à la < baraka> ta bénédiction et la
guérisondes passionsqui demandentla grâceet la guérisonde leur malade à Dieu par

t92 (Maa El Bedoui


Mohurn"d Marzougui (1976) : Avec les nomadesdansleurs mobilité et sédentarité
Fi hillihim wa tirhalihim) en Arabe STD. 1976
- RobertBrunschivig ( igSO) : la dynastiehafside,leshafsidesau XIII et XIV ème siècle la Tunisie
hafside,in initiation à la Tunisie,Paris 1950.
193 par le doc'
Le cheikh Mohamedben Amor El Tounsi(1851): Voyageau ouaday,ûad. de l'arabe
Penon1851.
- Med ben othman El Hacheichi,voyaged'El Hachaichien Libye édité par Ali MustaphaEl Mustari,
Beyrouth1965.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 227
Cas de la Jefara tunisoJybienne 1837-1956

I'intermédiaitedes maraboutssouventspécialisésdanstelle ou telle maladie,par exemple


sidi Hmid, "ouli" pèrefondateurde la tribu des "Rbaia"bergers,chameliersrésidentsdans
toutesles frangessahariennes de la Jeffara,la tripolitaineet de I'Algérie,ils sont doués
avecjustification des faits de la guérisonde la rage ; cesphénomènes restentla basedu
patrimoined'unhéritagefolkloriquenoir africain.

Les Werghemma,avant la colonisation, se dirigent vers la tripolitaine pour


s'approvisionneren datteschaqueannéeen période automnale; égalementles tribus
jeffariennesse prêtentles terrainsde labouret de semisdescéréalesainsique I'utilisation
despâturages en communà El Ouara,El Hameda,El jouch,Edhaharetc...

de réfugiéset d'émigrantsavait pour


L'existence,de part et d'autre,d'associations
rôle de faciliter la tâcheet I'intégrationdes populationslors des guenescoloniales.En
réalité il y a eu des échanges permanentsen tempsde paix ou de guelreau seinde cette
Jeffaratuniso-tripolitaine.

Les crisesdes tribus et "ourouchs"tripolitaines: révoltede khalifa Ben Askar de


Nellut (Ghedames),de Ghouma El Mahmoudi, de son neveu Souf El Mahmoudi,
l'émigrationmassivedestripolitainsdevantI'hégémoniede la colonisationitalienneétaient
à I'originede créerunesolidaritéentreles tribus de Jeffaratuniso-tripolitaine.

Pendanttoutescespériodesils ont trouvé chezles Werghemma I'hébergement et le


soutien,sansoublierquedansle casinverselestripolitainsont accueillisà brasouvertsles
tribus et "ourouch"Werghemma ainsi que les autrestribus du sud-ouestet du centrede la
régence deTunisde 1881à 1884.

Dans la mémoiredes Werghemma,cette liaison est organiqueà traversI'histoire


mouvementéedes deux partenaires,le tripolitain émigrant trouve dans la Jeffara
occidentalechezles Werghemmale refugepuis la parentépar I'allianceet l'appropriation
terrienne.

La présencede familles dites "trabelsia"(tripolitains)en Jeffaraet danstoute la


régencede Tunis témoignede cette alliance,égalementplusieurstribus tripolitainessont
d'originewerghemienne,commelesTayayra,lesAacheches, lesRgybats,lesHmidiasetc...

Cetteliaison organiquea toujoursété ignoréepar les pouvoirscentraux,othomans,


beylicaleindépendant, français...,nous évoquonsla particularitéde cettezonemédianese
trouvantentre les deux wilayasde Tripoli et de Tunis et la méfiancepermanente de cet
<Etattampon>à maintesreprisesavantet aprèsle tracéde la frontièrearbitrairede 1910'

Cette situation était à l'origine du fait de décréterla Jeffaraoccidentalecomme


territoiremilitaire avantmêmequela Francedécided'envahircettezone.
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 228
Cas de la I 837-t956

Nous étudionsavecdétailsI'exceptionet les sortsréservésà cetteJeffaraet à la


interne(autonomie)
régionde Bizertedansle protocolede I'inâépendance de 19561e3.

Ces injusticesde I'histoire restentpour toujours aliénablesà ce territoire des


Vy'erghemmalea.

l.l- Les mouvements dansla


et les crisesde la sociétéWerghemmienne
Jeffaratuniso-triPolitaine

de Tunis
1.1.1-Destructionde l'état de la Régence

L'étatbeylicalentrel'échecet la réussitede la politiqueothomaneoù deuxfronts se


partagentle pouvoircentral,I'un confisqueI'autoritéavecI'appuidestribusde I'intérieurde
làutre,c'estcettemajoritéqui occupele terrainavecI'interventiondesforcesde
ia réglence,
la hièrarchiebeylicaledynastiqueà Tunis et danslesrégions.

Les turques,malgré leur importanteforce maritime, demeurenten perpétuelle


Ie5'
menaçante
hésitationdevantune situationinterna-tionale

En effet depuis 1837 les tribus jeffariennessentaientce dangerimminent, la


sublimeportehabituéeà chaquefois par desmanoeuvres militairesdevanttripoli et dansle
golf de syrte,petit SyrteJerbaet Gabès,le26Mai 1835I'escadre othomane conduitepar
Ne.'ib,lieutenantgénéralet ministrede la guerreothoman,débarqueà Tripoli, et
ilrtustapha
Ali beyestreienudansun navirede guerrepuisconduitet exilé enTurquie'

En 1836la mêmemanoeuvre pourrenverser et I'obligerà soutenir


le beyhusseinite
un ultimatumfrançaiscoupecourt à cesopérationsd'intimidationet
celui de Constantine,
de I'empireothoman.
deretourà la colonisation

En 1837,1838et l84l à chaquealertedesbeysde Tunis,la flotte françaiseparait


dansle golf de Gabès,à Tunis et mêmeen mer Egéedémontrantà chaquefois que la
Francefrotège le bey de Tunis qui a sollicité avant quelquesannéesI'occupationde
du
du palaisbeylicalpour faciliter les envahisseurs
I'Algériepar I'envoi.d;unreprésentant
re6.
paysvoisinen 1830

La situationde la Jeffarabasculeentre la fin du rêve orientalde la France, le


retour dela suprématiebritanniqueet I'arrivéede jeune sultanAbdelMejid (1839-

HistoiredumouvementffileNéo-destourfaceàlatroisièmeépreuvel952.
1956.
inn ne Bouvier(1952) : Tunisie,les droitsjuridiqueset morauxdu Protectoratfrançais,les revendications
hrnisiennes.
La victoire,Dar El Amel (1980): Texteréunieet comrnentée par MohamedS?y4. _ ---^--
Iùrr,loÀÀ.a Hédi chérif'(1980) : Les mouvementspaysansdans la Tunisiedu XIX"' siècle.Rewe de
*
I'occidentMusulmanet de la MéditenanéeN' 30 19E0.
ir;;MÀl et autoritéothomane: la province
(1963): La tripolitaineet la cyrinaiqueothmanesouveraineté
deTripoli du'couchant (lEi5-1918)centrederecherche économiques deTunis1963'
et sociales
Lcs mutatiotts socio-spattulcs,cukurelles et aspectsa,tthropologiqucsen mtlrcu aride : 229
Casde la Jefiara tuniso-lybienne/,837'1956

I 376)qui n'a plusà craindrelesproblèmeset le dangerduTsarRusseet desl(hédive


d'Egy'pte,maisperdtoutespoirde revenirà I'Algérieet la Tunisie.

Les Werghemmaobserventet attendent,leur confédération après les pactes


( d'E[ Foudhoul>desvertueux de 1837,deskachouas, de Haddage et desAcheches
leur a rappe{e,dans tout le grand sud de la régionintérieurde Sfar jusqu'à la
contrel'étranger.
et desedéfendre
tripolitaine,qu'il étaittempsdes'or-{aniser

Lesdiversarticlesdeleurspactesparlentde la défense dela tribu et du tenitoire


devantunecolonisationfrançaise,qui avancede I'Ouest,et uneautrenon arabemais
musulmanequi sèmele douteet la confusionaprèstantd'espoirset d'attentes.

Ce qui restepour cestribuset cetteconfédération,c'estla wilayade Tripoli qui


unjour les arméesdelibération.
un front d'où partiraient
demeure

La manoeuvrede créer le vide devant la colonisàtionfrançaiseavec un


mouvement de déplacementet d'exodevers la Tripolitained'unemasseimportante,
des centainesde milliers despaysansdes tribus de la Jeffara,deu sud-ouestet du
centrede la régencepourla créationd'un frontdéfensifetnonunetened'asile.

internationaladéquatà
; fautede dirigeantset d'environnement
Cesrésistants
à I'exceptionde la sublime porte, qui, dans I'esprit de ces
leur straté-sie
peutjouerle rôledelibérateur.
confédérations,

Ils se sont comportéscomme des acteursqui observaient et attendaientle


déroulementdesfaitset agressions .
sanscréerl'actionet I'histoireleT

Ce sontdesspectateurs observantunepiècede théâtrequi sedéroulaitdansles


espaces géographiques de la Jeffarasansavoirla possibilitéd'intervenir,ils n'avaient
qu. t. aroità'Jttenârelesévénements et pourtant était
I'histoire toujoursdansle passé
.iéutri.. desmasses d'individus.tribus,confédérations aux actionset
qui réagissaient
contrelesinjustices.

De cecivenaitle malheurdesWerghemma et de la Jeffaradanstous les temps


de I'histoirebien mouvementée,ne laissantaucunechance à cettesociétéde prendre
d'initiative

du systèmetribal, et des
Est-cel'époquequi restesousle fardeauetI'ambiguïté
de I'ouestotr les politiques
querelles*.rgh.**o-iripolitaines etwerghemmo-tribus
d. < diviser pour régnér>> &.3 é* a donné ses résultatssur l'échiquier des
événements.

Les lourdesconséquences affaiblie par une


de cenevie tribaieet confédérale
entredes.frèresennemiesde I'Est et de I'Ouest
Iutte,voire une guerreincessante
et résultat du
encouragéepar let pouvoirs centraux teylicaux et français
de I'empirearabo-musulman, époque.ou le khalifede I'Islam qui
àJmantè-lement
observaitdesnuagessurlavilledeBagdrdcapitaledel'empiredisait<làoirces

'orRalabAboudabous ( l9g7): pouruneexplicat'un


socialede I'histoire la sociétéet le
I'individu,
de I'histoirc(enarabe)1987-1396.dentreintemationaldes étudesdu livre vert.
rnoru'.rn.n,
culturelleset aspects
Lesmutationssocio-spatiales, enmilieuaride:
anthropologiques 230
Casdela Jefara tuniso-lybienne1837-1956
I'
nuagesdonneront des pluies et des récoltes, le bénéfice revient à moi >. ..JÀ-cit'rjJ.i
oia
H C=.>* tC +lJÀ-! r;r'-''Jl

La formation des < douaylatesD petites provinces après la chute de I'Emirat


Oummeyade et l'arrivée de la colonisation othomanepuis occidentale.

Cette société tribale, confédérale se dissimulait au XVIIIè" et XIXè*' siècle


devant une élite d'origine turque et une élite d'origine locale dont les relations
formaient le toile de fond des événements socio-politiques allaient s'ajouter une
colonie européerureen nombre croissant qui harcelait les consuls étrangers pour
dominer progressivement la politique des régencesliées à Constantinople avec des
hautset a" Uusjusqu'à 1830 où la politique françaiseréussità s'imposercomme force
déterminantemais en compétition à celle de l'Angletene'

Le jeu de la décadencefut déterminépar I'opposition de ces deux pays


coloniaux.

L'Angleterre voulait renforcer la souverainetéothomanesur la Tunisie, tandis


que la Franlcejouait la cartede I'indépendance : un dictor tunisiendisait < chacuna
rrls dS
plus d,un tour-dansson chapeau> et < chacuna son diabledanssa poche>
:;.,i JlÀ+-t au début,d\rne manièrediplomatique,puis sousNapoléonIII d'une
manièreagressive.

Sur le terrain politique et les théâtresgéographiquesde la régencede Tunis


l'élite d'origine twque avei sa tête le bey encourageutla politiquede la Francepour
sauvegarder les avantagesacquis.
et confedération
euant à l'élite d'origine locale avec la majoritédestribus
ellesétaientfavorablesà I'aplroche de I'AngleterreËt du .
Sultanle8

Les tribus Werghemmaétant entre cesdeux fronts,ont deux choix, la Turquie


passedepuisle débul du XIXè'" sièclepar un courantet desexpériences réformistes
àe plus èn plus profondes, ou le retour à I'affirmation nationalepar les militaires
(1839)etc..

pour le bey de Tunis indépendancesignifiait surtoutmoyen de conserverson


pouvoir absoluét ron trône ce qui servaientadmiralementles projetsfrançais,car ce
,egi*" beylical de était ainsi â la fois atraibli intérieurementpar des annéesde
séiheresse-etdesproblèmessocio-économiques avecle pouvoirtribal qui s'éloignait
jibaya >
de plus en plus dè la politique de gestiondu pays baséesur les impôts < la
anarchiques excessifs.

Extérieurementla régenceest isoléede son environnement afro-méditerranéen


et maghrébin,arabo-mosul*an.Cetteindépendance de
progressive la sublime porte
uu." d., reformesde 1846à 1857ne résolupasce problèmed'isolement'

Les beys de Tunis gagnaientpetit à petit leur autonomieavecdes changements


plus ou .oinr efficaceJei durablesdont les premiersétaienten réalité une pure

STD 1976'
in Ithaf Ahl Ez?arnan,
tesAhmed Ibn Abi Diyaf. (1976): Relationstuniso-othomanes
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 231
Cas de Ia Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

imitation soit de I'Europesoit de la Turquie, comme le changement de costumeet la


créationdes décorations (nayashine),ou la frappe de piècesde monnaie par Mustapha
brfto et la fermeturedu marchéd'esclavesà Tunis en (1846)qui était surtoutdestinéeà
fairebonneimpressionà l'étranger.

Quelquesbonnesinitiativessur le plan de-l'instructioncommela réorganisation


de
la < Zitouna>, et I'institutiond'unjournalofficiellee.

D'autresréformes concernaientI'armée, I'abolition du systèmedes Janissaires,


remplacépar une armée régulière (nizamyia) avec un effectif de 30.000 soldats par
enrôlementet serviceobligatoire,une écolemilitaire à Bardo(Tunis)avecdesinstructeurs
et unemarinede guerre.
turcset européens,

Cettepériodea vu desréformesturqueset égyptiennes ; il est difficile de donner


desjustificationsexactesà cesreformessi on analysela situationmisérabledestribus et
confédérations du nord-ouestjusqu'àla tripolitaine.

de la sublime
Il y a unevolontéde renforcerle potentieldéfensif,tout ens'éloignant
porteet devantuneéventuelleagressionde la Francemenaçantlescôtesde la régence.

Cetteplacestratégiquede la régenceen face de I'Europeet vis-à-visde la Turquie


et de I'Angleterrea pousséI'autoritébeylicaleà suivrecettetendanceet à selaisseréblouir
par les apparences de la modernité,avec une incapacitéde s'opposeraux convoitisesdes
marchandset sociétéseuropéensqui commencentà s'infiltrer par le biais des agents
responsables de I'autoritébeylicale.

A titre d'exemplele traité commercialanglo-turcde 1838que la GrandeBretagne


voudraappliquerà la Tunisiepar simplehomologation.

Nous citons l'étonnementdes responsablesfrançaisdevantcettetendanceà une


croissantes
modernitéd'imitationavec des projets coûteux et arbitraires,et des dépenses
desbeys.

Ces dépenses somptuaires par Mahmoudbey en 1815étaientun facteurdansla


rupturede l'équilibrefinancierde la régencede Tunis, qui ne géréen réalitéquela ville de
Tuniset lesrégionsenvironnantes, ou utiles pour I'intérêtet la sécuritédurabledesautorité
beylicales.

C'estcettepolitique de grandesdépensesqui est à I'originede la crise 1828'1829


pour le pouvoircentralet pour les régionsintérieures; toutescesraisonsde la politiquedes
beysde Tunismènentà un seulrésultat,c'estla créationd'uneforcedepolicemoderneplus
qu'unearméequi servirasurtoutà assurerI'ordre interneet continuerI'autoritarismeet la
tyranniepériodiquedes "Mhallas",pour la collectedesimpôts(ibaya) auprèsdestribus et
confedérations de la régence.

ànesVIpl8commentairessurlesdécorations(Nayashines.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 232
Cas de Ia Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

L'exigence fondamentalede la colonie étrangèreet de ses porte-parolesles


consuls,ce qui a pour conséquencedirecte de cettepolitique une réforme fiscale qui
toucheles produits agricoles,et multiplie les ta:resde tous genresjusqu'à la (dîme)
calculéesur la récoltedéjà faite.

Cetteréforme fiscale était ( la paille qui a brisé le dos du chameau) çr$f i6ll
-Ht+llJ+tsLU! çsry6e disait le dicton arabechosequi immédiatementmit à nu les
contradictionsde la sociétéde la régenceet la créationdespactesentreles tribus pour
sepréparerà cettepolitique de la canonnière.

Ahmed Pacha a eu l'idée de créer des droits de douane,des taces sur le


commerceintérieur, de se réserverle monopolede la ventedu sel,du tabac,du savon
etc.. et de recourir à I'approche utilisée par tous les gouvernementsen difficultés
financièresc'est I'affennagedesimpôtsfonciers.

Dans toutes ces réformes nous signalonssansdoute l'influence de conseillers


et les empreintesdes marchandsinternationaux,I'affermageenrichit les
étrangers2oo
individusen endettantl'Etat et en appauvrissantla population.

Ahmed Pacha a décidé de supprimer et I'armée et la fiscalité qui devait la


f,rnancieret de remplacercette procédurepar un impôt unique,personnelet général
< ianaD ou ( Majba > impositionen 1856/1272.

La pression des marchands étrangers était trop forte contre le < Majba >
I'accroissementde la colonie étrangèrequi exige le maximum de garantie ce qui
aboutit devant ces libertés des étrangerset à l'esprit réformiste avec un courant
contraireet ennemi au systèmejudiciaire islamique; les étrangersfurent la loi et
refusaientI'aspectcommunautaireet la propriétécollective.

Après I'abolition du commercecaravaniertraditionnel Tunis, Ghdames,Ghat


via Gabèset la Jeffarajusqu'au Soudan,ces nouveauxconcurentsoptent pour deux
méthodespour monopoliserle commercede la régencepar la voie maritime (Tunis,
Sfax, Gabès,Djerba, Tripoli) et par la voie terrestreen s'intégrantdansce circuit par
le financementdescaravaniersen capitauxde marchandise et enmain d'ceuvre,ce qui
a affaibli les partenaires autochtonesqui vont se trouver conclurencéspar des
bailleursde fonds étrangersinstallésdans les centresnévralgiquesde ce commerce,
Sfax,Gabès,Djerbaetc rol ...

Une menaceplus grave pesaitsur la vie socio-économiquedu sud de la régence


avec le projet de la Mer intérieure, le Bey, le gouvernement,la population sont
opposés au projet.

Les habitantsdu sud redoutentla ruine de leurs oasis,le pouvoir cental craint
I'isolementgéographiqueet l'indépendancede Nefzaouaet de la Jeffaratripolitaine et
du soufalgérien.
2* A. Raymond: la France,la GrandeBretagneet le problèmede la reformeen Tunisie.in. Etudes
maghrébines.
201
de la Tunisie(lE8l-l9l l)
A. M-trl : ls confrnssaharo-tripolitains
Lesderniersannéesde I'indépendance (1873-1881), et les agents
lesagentsderenseignements
consulaire.
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 233
Cas de la 1837-1956

Devant la politisation du projet, la sublime porte (le sultan) demandeau bey


d'interdirelestravauxde la Mer intérieure,la méfianceexistaitdéjàavantce projetentrele
pouvoir centralde Tunis et les Werghemmade la Jeffaraqui sont considérés souventdes
insurgésvis-à-visd'autoritébeylicalepuis coloniale au delà des "chututs"c'est à dire la
lignetracéepourI'exécutiondu projetnégocié

Cesdernièresannéesde I'indépendance théoriquede la régencede 1850à l88l la


régiondu sudet la Jeffaratuniso-tripolitainene sont pasépargnéspar lescrisesintérieures
favorisantles initiativescommercialeseuropéennes.
et extérieures

Voici à ce proposdeuxtémoignages, le premierd'undiplomatefrançaisqui écrivait


en (lg2g) à sonminiitre desaffairesétrangères" cesprincessont desgrandset ignorants
.nfàn6, iout cequi estnouveauleur paraitbeau,ils veulenttout ce dontils entendentparler
qui puissepiquei leur curiositésanscalculerni ce que I'objet qu'ils désirentardemment
pruil.u, coûtèr,ni s'il peut avoir pour eux un but d'utilité réelle,ils veulentavoir tout et ne
seservent derien2o2..."

AvecAhmedbey(1837-1855) le pouvoircentralpratiquaunevéritablepolitiquede
des décorations
gaspillage,le bey dépensaitdestrésorspour I'arméeet les constructions,
nouvellementcrées (Nayaschines)et dans les cadeauxenvoyésà la " sublime porte"
intitulésdansles régionsimpôtsou cadeau"Bernous"payéparles tribuset confédérations
aunord,au centreet en Jeffara.

Son ministreMustaphaV,haznadar avec sa bandede limiers qui ne tarderaientpas


d'accélérerla ruine complèiede la régencede leur patronAhmedbey,aprèsla construction
du palaisde Moham-.àiu, enjuillet 1852malgréI'opposition desmédecins il construitle
palaisde la Salihia,puis un autreà la Goulette.

Cette attitude n'est pas étrangeaux pouvoirs centrauxde la Tunisie où un chef


d'Etat au milieu du siècle à'aprèsordonnala constructiond'un palaisde résidencedans
chaquegouvernoratou caidats.

Le deuxièmetémoignagevient en 1828 de I'avis de A. de Flascqui disait "le


gouvemement est absolu,aègagemêmedesapparences d'institutionsqui existentdansles
iutres pays,le prince rend lui mêmela justice, recrute,paieet dirige I'armée,fixe I'impôt,
pro-uigu. ou âbrog. les lois tout enfin vient de lui, sefait par lui et pour lui Il estmaître
àbsoluàe la vie, dJa fortune,de I'honneurde tous sessujets,le premierministresoumisà
juif. Il élèveet
tous sescaprices,n'a pas plus le pouvoir de s'y soustraireque le dernier
abaissetour à tour de son affectionou de sa haine.Il peutd'unemain reprendrece qu'il a
donnéde I'autre"2o3.

e I STD 1973 chap.IX la fiscalitébeylicaleau


XIXèmeiiecleimpôtset monopoles p.327 lesdépenses croissantesdesbeys.
- Ahmedlbn AbiDhiaf (1963)':tthaient AzzarnanBiAkhbârîTouneswa Ahd El Aman.TomeVI (I.O.R.T)
enarabe
de la Tunisiel88l -l9ll tomeI premièrepartie(PUF)
- A. Martel(1963): Les confinssaharo-tripolitains
t963.
to'A. de Flasc:la régence
de TunisauXIXèmesièclep' 130
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 234
Cas de la r837-t9s6

dansles usagesde
Ce récit rappelles werghemmade I'attitudeet le comportement
gestionet de gouvernementà d'autrespouvoirscentrauxdurantle XIXème siècle et au
âili.u du XX èmesièclesousla premièreRépubliqueavant1987.

Ce refusde dialogueou le dialoguede sourdscontinuentrele pouvoircentralet la


de V/erghemmadansla Jeffaratuniso-tripolitaine.
confédération

Nousévoquonsun autretémoignagequi met en causeles reformesde cetteépoque


et le début de la laicité provoquéepar les puissancesétrangèrespar le biais de leurs
consulatsqui trouvent dans ces régimesplus ou moins autonomeset indépendantsde
I'empireothomanun foyer primaire de débutd'un déclenchement sûr et progressifd'une
colonisationd'abordéconomiqueet culturellepuis militaire, et en toute époquesousune
apparence et une nomenclaturedouteuse"protectorat,protocolesou traité,de sousmission,
indépendance interne,autonomieinterne,etc..'>'

Dansune lettre, le consulgénéralchargédesaffairesde sa majestéI'empereurde


FranceDe Lessepsau comptede la FERRONAYSle 20 janvier 1828deux ans ; avantla
colonisation de I'Algérie20ddisait "je ne puis dissimulerà votre excellence que malgréle
grandintérêtqu'oniles tunisiensà se mettredansune attitudede défenseen vers leurs
iedoutables voisinsles algériens....il prodigalitéet pénuriedansles
existede tels désordres
financesqu'il
- y a tout liéu de craindreque faute de moyenset de matérielnécessaireà
mettre à leur disposition, ces officiers ne restent dans une inaction qui ne sera
probablement troubléeque par le plaisir enfantinde voir un projectileatteindresonbut, et
pour
àe voir faire à I'officier le métier de chef de pièce.Le bey a fait desfrais immenses
établirunefonderiequi a étéabandonnée avantqu'unseulcanony ait étéfondu, il en a été
de mêmede toutessesentreprises....après avoir admiréavecle plusvif enthousiasme les
objetsde nos arts les plus précieuxqui leur sont donnésen présentspar les princes de
I'Europe,ils en font desjoujàux fragilesdesenfantset desesclaves deharem... au sujetde
l,envoidesoffrciersa'ariilteriefranç1isne peutêtred'unegranderessource à ce payspar le
faitedu gouvemement même...jepensequ'onne sauraittrop hâterleur départ.

Le beya encorefait desfondsà la Francepour le prompteconstructionde machines


et de bateauxà curer cet objet est extrêmementnécessaire mêmeà notre commercecar
jour en jour plus
I'entréeaux ports de la Gôulette, Porto farina, Bizerte devient de
impraticable...

Toutescesrelationsque le bey continuede lier avecnous,nousrendentde plus en


à lui...il n. r. laisseinfluencercontrenos intérêtpar aucunesuggestion
plus nécessaires
étrangère".

de Franceavecla cour' tome III Paris


1899.
IV * 1963(I.O.R.T)enarabe(TomeI à II)
A. lbn Ab Dhiaf(1963): IthafAhl EzzamanTome
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 235
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956

1.2-Les Werghemma entre les reformes (pacteset destours)et les pressions


militaires étrangères

Dans les textes qui ont été abordés,poésie et témoignagesnous n'avons donc
rien fait d'autre que de lire certains écrits, analyserun corpus aprèssa traductionet
surtout essayerde lire entre les lignes, le non dit de ces réformateurstunisiens au
coursdu XIXttt siècle.

Le professeurMohamed Hédi Cherif a écrit^en 1963 un article sur les


mouvementspaysansdansla Tunisie du XIXè" sièc1e205. Il a évoquéles réactionsdes
sociétéspaysannesdevant la dureté des temps et la pressionfiscale accrueà la suite
de la pénétrationeuropéenneet de seseffets indirectsjusqu'à conclureque le XIXème
siècleest le tournantdécisif et le sièclede fer pour la régencede Tunisie.

Cette intégrationprovoquéed'un esprit réformistevenantau début d'un courant


idéologiqueet politique de I'empire othoman dès 1808avec le sultanMahmoud,et
par teliàis delon ministre Mustapha Bâcha Biragder, qui a fait réunir les chefs et
notablesdesrégions et descaids et autorités de I'empire pour conclureun pactedit
< SanadouEl Ettifakh >dlilJl s,i.,,,c'est à dire <<le soutienou la basede I'accord >>ou
de pacte. Ce pacte comprend sept articles et une introduction où sont évoquésles
principesnécessaires pour l'élaborationdu Destour.
206auteur du liwe Ithaf Ahl Ezzanan a
Il est à signaler qu'Ahmed Ibn Diaf
oublié ou fait sèmbhnf d'oublier I'essai de réforme sousle règnede Soulimanben
Salim au début du XVIè" siècle lorsqu'il a demandéaux Imams et à l'élite de se
révolter contre les sultansqui ne respectentpas la < charia> et le devoir du < Jihad>
au début par des conseils puis en cas de désobéissance, la situation passeentre les
mains dejoffrciers militaires < El Inkichari > çj..i'S-il| les Janissairesqui se chargent
de destituerle sultan et de désignerson successeur.

C'est peut être ce pactedu début du XVIè" sièclequi a fait intervenir l'armée et
les rnilitair"l d*r la politique de I'empire othomanet par conséquence aux provinces
qui y sont rattachées.Ce pacte a des lourdes conséquences néfastespar la suite, une
pr.Àièr" intervention militaire sous le règne du sultan Mohamed Khan en 1825mais
ie sultana réussià anéantirce mouvementde I'armée'

Le pacte de 1808 au début du XIXè" siècle définit la fonction du sultan, les


autoritésèt la questionde finance égalementla nécessitéde secomporteravectous les
paysansde l'Etat sansconsidérationde race ou de religion.

Ibn Abi Dhiaf fait l'étoge de la parution du destourpacte < El Khat Echerif >
ô,J,.jJl .h-:-llen 1839 au debut de règne du sultan Abdelmajid, c'est cette annéequi

205MohamedCherif (1968): Les mouvementspaysansdanslatunisiedu XIX sièclein.. revuede


I'occidentmusulmanet de la Mediterrannée N" 30 2é semestre1980pp. 2l-25
ioàÀl,*ra Ibn Abi Diaf , réformateurtunisien du XIXème siècle(1845 - 1874)historien,poète,auteur
arabe,
d,un liwe de 7 tomes< Ithaf Ahl EzzamanBi Akabar Moulouki touneswa Ahdi El Amen > en
de SilianaNord Ouestde la régencede Tunis de la tribu ouled Aoun du çoff
originuit" de la région
Bey),
Yoîssed, husseiniie,Ministre sousle règnede quatre beys (Hssin,Ahmed, Mohamedet Sadek
éditeurdu pactede sécurité( Ahd El Amen >.
Lesmutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride : 236
Cas de Ia Jefora tuniso-lybienne1837-1956

coihcide avec la parution de la traduction du livre de Rifaa Ettahtaouide I'Egypte


uÉJgl qui évoquéle législationfrançaiseet son analyse,et de
(Takhlis El Ebriz) -Lu-xTl
ceci vient la ressemblance et I'accord sur des principes soulevéspar la législation
françaiseet le pacte(El Khat Echerifl de I'empire othoman.

Ahmed Ibn Abi Dhiaf a bien analyséle destourde 1839et les < Tanzymates>
(lesréformes)de 1856en faisantl'éloge et I'importancede ce destourothomanqui se
basesur les principesde la < chariaislamiqueD c'est à dire le Coranet le Hadith du
prophète,et la sauvegardede la liberté personnellerelative à la gestiondu trésor, le
respectde l'âme uôill et de I'honneur cÈl-ll.

Les principes de cette charte destour nous rappellentle pacte d'El Foudhoul
< desvertueux)) des Werghemmaconclu entreles divers tribusde la confedérationen
1837et qui sebasesur la chariaislamique,déjàévoquéet analyséprécédemmenl.

Ce qui nousmontreI'attituded'analogiede I'idéologiedesWerghemmadansla


Jeffaratuniso-tripolitaineavecla sublime porte de I'empire othoman,et de la ténacité
de ce flrl conducteurqui est < la charia islamique>, le Coran sacréet le hadith du
prophète,considéraientcomme législation de la sociétémusulmane Â,:*,,.llliJiJill
û.1+4ll L-rJÉ.

En poursuivantI'analysedeschartes,pacteset destoursau coursdu sièclede fer


pour la Tunisie, le XIX"^' siècle, nous veffons I'attitude et le point de vue des
réformateurset destouriens : Ahmed Ibn Abi Dhiaf, kheiriddine Pacha, Habib
Bourguiba...et leurs attitudes vis-a-vis des < Ourbanes>>nomadesd'une manière
généraleet desourghemmaen particulier.

Le plus pertinent dans cette étude relative à la parutiondes pactes,charteset


destoursdans le monde arabo-musulman,le foyer primaire du déclenchementdu
courant réformiste prend deux voies, qui partent toutes les deux de la < charia>
islamique,c'est à dire le Coranet le hadith et d'une réactualisationet de la résurgence
au XIXè-e siècle des notions majeures de l'éthique religieuseet sociale musulmane.
Plusieurshistorienset sociologuesclassentcetteproblématiqued'exercicedu pouvoir
souventautoritaire,feodal, dynastique; la Jeffaraoccidentaleet la régencede Tunis
ne se distinguaient pas des autres provinces et < douyalates> du monde arabo-
musulmandu golf arabejusqu'à I'Atlantique.

Cette problématique se cristallise dans ce territoire dit < espacetampon>>et


point de liaison (IfrykÏia) et zone ou espacemédian entreI'orient et I'occident où la
Jeffaratuniso-tripolitaine se trouve le bout de I'orient (Macherek)ou de I'occident
(Magheb) selonla direction de l'observateurdanscet espace.

En effet, les deux sensaboutissentà une riche histoirede la sakiatEl Hamra et


ouedEthahabsur la côte de l'océan atlantiquejusqu'aux lieux saintsla < khibla > de
tousles croyants; I'essentielest de mettreen évidencela problématiquedu pouvoir et
contrepouvoir- et I'exigencede modification.

Telles sont les crises de cette société nomade ou citadine de I'ancienne


< IfirykhiaD ou régence de Tunis avec deux pouvoirs distincts.Un pouvoir central
intégrantl'élite citadine étrangèreet turque,au sein de la capitale,qui porte le nom de
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride : 237
Cas de Ia Jeffara tunisoJybienne 1837-1956

la régenceothomane,où se concentxenttous les pouvoirs à travers I'histoire de ce


pays-du XVIIè'" et XIXè'" siècle qui est marqué par I'image perçuede la Tunisie
pràfondement conhadictoire entre le pouvoir encéphaliqueà Tunis, séparé du
ierritoire marquépar la ruralité et le nomadismeet occupépar les tribus ourouches,
confédérations,autochtones.

Nous essayonsd'analyser certains écrits des réformateurstunisiens tout en


prenantau sérieuxle manqueou la négligenceobservéedansles récits d'histoire ou
i'interprétationpartialeconcemantle mouvementde renaissanceet la globalitésocio-
pré-coloniale.
politiqueetj uridico-religieuse

Lorsqu'on trouve que toute la Jeffara-tuniso-tripolitaine,avec les territoires de


Nefzaoua sont en dehois du champs d'investigation et de réflexion de I'autorité
beylicale à Tunis, demeurantmarginaliséssous le règne de l'empire othomanou de
leur représentants:

Bien au contraire les rares historiens et chercheursqui ont passéen revue


l,histoire de cette zoîe, parlant en détails de la machine de guerre othomaneet de
leurs alliés dans la région, tout en considérantces populationsautochtones-comme
poussièred'individus, cette nomenclatruese trouve répétéepar le Généralkheiriddine
.^pacha en 1g59, par les chefs de guerre et responsablesde la colonisationfrançaise
(1881-1956)puis par le présidentHabib Bourguiba pendantl'époque de la lère
République( I 956-i9 87)'o't.

Ce sont ces réformateurs, ou coloniaux qui ont provoqué ce phénomène


d'investigationciblée qui ne manquepas d'arrièr-penséeset d'une partialité néfaste
handicapât I'aboutissementà un récit d'histoire et une réflexion qui prendpour base
,rn. *uiyre du processusgénéralde transformationdesfondernentssocio-culturelset
politiques du pôuvoir central, du pouvoir tribal ou confédéral,et des interventions
étrangères.

Il s,est avéréqu'après cette étude sur la Jeffara tuniso-tripolitaineet sur les


Werghemma,I'histoiie, l-eshistoriens,et les réformateursont traité en réalitél'histoire
et les raisonsde ce qui est.le plus fort, le plus dominantappliquantun dicton tunisien
qui disait W u A Àt que Dieu donne la victoire au pouvoir qui voit le jotu
demain. péu importe sa légitimité, sa revendication et les fondements de ses
institutions.

Nous essayonsd'analyserles écrits de ces réformateurset leur relation avec les


'Werghemma
et la Jeffaratuniso-tripolitaine.

207 en arabe
Khereddine(général)(1889) : (Akhamou El MaselekFi Maarifati Ahouali El Mamalik)
- Mongi Smida: kheireddine,ministreréformateurTunis' 1970
- A. Demersman: un grand témoin des premièresidéesmodernisantesen Tunisie Ibla 1965 pp 3a9-
3'79
- Béchir Tlili : note sur la notion d'Etat dansla penséede Ahmed B. Abi Dhiaf réformateurtunisien du
pp 141'l7O
XIX siècleRevuede I'occident musulmanet de ia MéditenanéeNoE2 semestre.1970
- A. Manel : lesconfinsSaharo-tripolitains tome
de la Tunisie(1881-1911) I le rechèvement de l'état
tunisien(1874-1877) P l7 2-173
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 238
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

Qui est Abou El Abas AhmedIbn Abi Dhiaf ? Ce ministrepoèteauteur,historien


estnéà Tunisen 1804-1874, originaired'unerégiondu Nord Ouestet d'unetribu desouled
Oun de Siliana appartenantau çoff, des husseinitesexactementcommeles Werghemma
qui sontdu çoff Youssef/Husseinitesc'està dire le parti ou clandestribusqui ont optépour
défensedu bey Husseinle considérantcomme"nationaliste"et contreles forcesétrangères
desothomanset desbachas,égalementpartisansde Youssef(karamenly)de la tripolitaine
qui ajoué le rôle de défenseurdesintérêtsarabo-musulmans de Tripoli et de
intrarégences
Tunis.

Dansson livre "Ithaf Ahl ezzaman",I'auteurse montrecommehistorienayantune


liaisonavecla penséepolitique,la sociologieet la "charia"islamique.En effet il étaitun
"Fakhih'unhommede "Fikhih" lessciences dela chariaet du hadith.

Nouscomprenonssesidéeset sonappartenance et sesidéauxd'aprèssamanièrede


au
diviserla sociététunisienne XIXè" siècleen deuxclasses:'

- La premièreune minoritéd'élite,fonctionnaires
de I'Etatet exécuteursqui vivent à
I'ombredesbeyset destraitementsde la trésorerie,puis les commerçants et les industriels
qui viventen symbioseavec les premierset qui ont besoindu soutienet de la satisfaction
du bey.

- La deuxièmeclasse,c'estla basedu pyramide,un basmondeoù vivent la majorité


qui subissentles ordreset n'ont jamais de mot à dire ni de voix déclaréeavecles zones
ruralesdesnomades,agriculteursjbalias et ourbanes.

Quantà Ahl "Edhema"les gensjuifs et chrétiensd'entreeux certainsont réussià


et financières.
s'intégrerdansla hiérarchiede I'Etatet desaffaireséconomiques

On va se limiter au point de vue de Ibn Abi Dhiaf vis-à-visdesarabeset "ourbanes"


pouressayer de conclureet de préciserla placedestribusnomadescommecellede lbn Abi
Dhiaf,surtoutelle esthusseinitecommeles Wergemma.

Il disait, que ces tribus arabeset "ourbanes"ont une grandeimportancedans la


dynamiquede la politique du pays,leurs actionsdirectesdansles guerreset les litiges a
basculéd'unemanièreou d'uneautreles basesde I'Etathusseinitebeylicalece qui amènele
désastreet la pauvretéet a favoriséet rapprochéI'infiltrationdu colonialismeétranger.

Cestribus représentent le nationalismetunisienpotentiel,latentet lanréqui apparaît


dansson duel avec les turqueset les mamaliks(anciensesclaves),l'étroiterelation avec
cettecatégorieet cestribus par principeet par sympathie.

Elles représententun çoff ou parti pour un éventuel dialogue civilisationel


important,c'est le dialogue entre nomadeset citadins et entre les puissantsde cette
hiérarchieet les faiblesau basde la pyramide.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 239
Cas de la I 837-r956

I .3-Terminologiedes<<ourbanes>)nomadesdansle livre: < Ithaf Ahl


du réformateur Ahmed Ibn Abi Dhiaf :
F;zzaman>>

Dans son lire <Ithaf Ahl EzzanranBi Akhbârî Moulouki Tounis wa Ahdi El
Ame111>,Ben Dhiaf ministre et homme de confiancedu palaisde quatrebeys(houssine,
Ahmed,Mohamedet Sadok)a cité plusieursfois les arabeset les ourbanes(nomades)ou
rurauxsurtoutlorsqu'ilparlede gueres, de révoltesdesinsurrections, descompagnes pour
corrigeret châtierou réprimerles tribus au cours ou à la suite du passagedes "Amhal"
garnisonschargées de la collectedesimpôts"Majba",lesépidémies et lespénuriesqui ont
menacéle paysauXIXè" siècle.

Les deux termes dans la nomenclafurede Ben Dhiaf "Arabes" ou "Orbanes"


signifientpour lui le même sensc'est à dire les <bedoins>nomadesou sédentaires qui
vivaient sur l'élevagedes troupeauxd'animaux,ils se déplaçaientà la recherchedu bon
pâturageou s'éloignaientdu pouvoir centralpar crainted'êtrechâtiésou êtreforcésà payer
la "jibaya"impôts.

D'aprèsIbn Abi Dhiaf cestribus ne reconnaissent jamais les frontièresqui figurent


dansles carteset documentsofficiels, autresque l'élevageet le pastoralisme ils s'occupent
de travaillerpendantles annéespluvieusesd'une agriculturesaisonnière, ils sont de bons
guerriersdans les troupes du "Makhzen" ou de I'armée,mais cette attituden'est pas
généralecar il y a toujoursunecertaineméfiancevis-à-vis du pouvoircentral.

L'utilisation de I'appellation"Arabe" pour ces bédouinsou "ourbanes"nomades


vient de I'originelointainede cestribus arabesou berbèresarabisés,égalementau passage
desBenihilal et Beni Souleimet leursalliésà l'époqueZiride.

Cette appellationprend souvent,dans la régencede Tunis, et surtoutchez les


jusqu'à
citadinsdesvilles,un senspéjoratifet de mépriseà l'égarddu bedoinet du nomade
I'utiliserparfoispour synonymed'ignorantet de sauvage!

Il està signalerque Ahmed lbn Abi Dhiaf n'utilisejamaiscetteappellationdansle


sensneutre,bien au contraireil I'utilise dansun sensplus largepour désignerlesrésidents
horsde la ville les "Ahl El Badia"les bédouinsou nomades, qui étaientla majoritéde la
populationde la régenceau XIXème siècle,et représentés par les tribus et confédérations
du nord-ouest jusqu'àla tripolitaine.

208
1.4-Lepactefondamental"Ahd El Amen "

Le livre de Ben Dhiaf "Ithaf Ahl Azzarcran" est parmi les raresdocumentsqui
évoquentla relation des nomades,ourbanes,comme les Werghemma,les Nefzaoua,les
Hammama etc...avecI'Etatet le pouvoircentral,et la relationdecestribusavecle pouvoir.

ÀhlEzzamanBiAkhbârîTouniswaAhdElAman.TomeIàVIl963
(I.ORT)enarabe.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride : 240
Cas de la Jefara tuniso-lybienne1837-1956

Bien qu'il soit membre du gouvernement, et homme du palais beylical, il


analyseavecfranchisecette relationdestribus nomadesavecI'Etat, il disait qu'elle
estnégativese caractérisant d'un seulsensuniquequi nousrappellede la relationdes
villes avecles rurauxet les gensde la < badia> lesbédouins.

En effet, ces tribus ne présententpour le pouvoir centralau XVIII et XIXème


sièclequ'une sourced'alimentationde la trésoreried'où viennentles recettesde la
< jebaya> impôts et où les responsables du pouvoir central trouvent toutes les
solutionspow leursdépenses et leursbesoins.

Ben Dhiaf est presquele seulà avoir fait desdéclarationsofficielles contreles


hommesde I'Etat qui encouragentcette attitudedu pouvoir central à l'égard des
nomades< Ourbanes>. Dans son livre < El Ithef > il prendpositionet se réfèreà la
< charia> islamiquequi a gérécetteaffairedansun contexteclair et précis dansles
règlementsde la < Zakette> I'aumône.

Il disaitquela < Jibaya> impôtsn'estliciteet légaleen islamquelorsqu'elleest


synonymede l'aumône,commedîmeou taxeaumônièrelégaledansun cadremoral
signifiant la tolérance,la solidarité,la puretéet la bonté, égalementdans un cadre
matérielpréciset codifiépar la < charia> islamique.

Ben Dhiaf powsuit sa critique contreles procéduresde pillage utilisés par le


pouvoir centralsansfin, il a cité le comportement du < bey D d'El Amhal D'"' et ses
proposen public < il n'a pasI'intentionde conduireles < ourbanes > à l'obéissance et
la soumissionmais par le rançonnement et I'usurpationde leursbienset le pillage de
leursproductionsen applicationd'un anciendicton arabequi disait < affamezvotre
chien,il vous suit > (' r i Js+ll e-ç..1.

La situation des <<ourbanes)) était en dégradationcontinuevu que le pouvoir


centralne sort pasd'un cerclevicieux secaractérisant par unedemandeincessantede
fortune, l'augmentationdes impôts et I'utilisation de la force pour écrasertoute
émeuteou révolution, avec toujoursdes demandesde fortune .. et d'impôts. Ben
Dhiaf, auteurde < I'Ithaf ) passeen revueles discussionslors deréunionsprovoquées
par le bey pour débattre les décisionsde releverou de généraliser
les impôts,tous les
pointsde vue dorurenttouteslesjustificationset raisonau bey.

Il està signalerquepour I'histoireil faut citerquelquesréformateursqui ne sont


pas nombreu<,qui étaientcontrele doublementdesimpôts commeI'opposition du
GénéralKheriddine Bachaet I'interventionde Farhat( Caid> de la région du Kef
(nord-ouest)qui disait : <<les ourbanesde la régencesont incapablesde payer ces
impôtset leur pauwetése fait remarquerà tout observatetr; l'annéedemièrej'ai fait
vendreà cespauwesleurstenteset ler.rshabitationsen les laissantsansabris du froid
et de la chaleur>. Même à l'égardde cesinterventionsle bey tient à I'exécutiondes
décisionsprisesavantcesréunionsconsultatives.

'* Bey El Amhal : plu.. de Mhala c'està dire le quartierou douaroù résideun groupementd'habitants
ou nomades: c'est le responsable
sédentaires desgarnisons qui s'occupentde la collectedu <Majba>
desimpôtsà traverstouteslesrégionsde la régence.
Les mutationssocio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu.aride: 247
Cas de la Jeffara tuniso-lybienneI8i7-1956

La réaction des tribus était contradictoireentre la révolte et la soumissionavec


des requêteset portes plainte aux ( caid > représentantsdu pouvoir central dans les
régions.Mais ces agentsde l'Etat se trouvent eux aussiintéresséspaf,un pourcentage
plus ou moins élevé de cesimpôts.

En tout état de causele bey demandedes châtimentspour les personnesqui


portent plainte. Il est du devoir du < card )) cJ.l'&ll qui exécute selon sa guise cette
missiondélicate.

Le chroniqueur et poète ben Dhiaf parle de cette responsabilitécontradictoireen


disant

t-€-te l+irll*fi+ 6Lri-Jl


selJg el-o2l4J ur.L.iiJl 13!{FLi
Le bergergardienéloignele chacalde son troupeau
Mais que passe-t-illorsqueles chacalssont eux les be:gers.

Le doyen des poètesGhbentende la Jeffara occidnetaleFitouri Tlich parle de


I'agressionde la nafureet du pouvoir central.
Je dois faire attentionde tous côtés
les impôts pleuvant où que nousallions,
ils nous retrouventet s'écharnentsur nous
nousdépouillentjusqu'à ce qu'il ne restequ'un squelette
les chameauxsont perdus,il ne resteplus que
le petit poisson (ouzef : Athérine) mai Dieu nous aidera
à nous sortir de cetteaventure
quandla pluie ne vient pas,la vie s'arrête
et tout le monde pleure,musulmanset chrétiens
la pluie a tant de prix qu'elle rapprocheles coeurs
la vie est une promenadeavantla mort
et la pluie le maintien de la vie dansla prospérité
et l'éthange entrefrèrequ'ils soientnomadesou sédentaires2lo.
Fitouri Tlich
(notre traduction)

''';t tl ot-!+3s ô'r-,rt+


di|jsl JÉ
,',
lÂl t d."t-
''' ,'*T.+l-i
t+jrltge
Le soutienet pilier de la tente(le bey) ?
se caractérisepar une froideur et une passivité
il setrouve penchéj'ai bien constatésesdécisions
j'ai peur de lui nommé,en cettepériodeconfuse2ll.
Fitouri Tlich
(Notre traduction)

2r0 Extrait de corpus de poésies sur la Jeffara tuniso-libeyenne présentépar A.ABDELKEBIR


(URBAMA) Tours 1998 pp: 28 sous I'encadrement du professeur Mme Sophie Caratini,
anthropologue.
ttt < Diwan > Fitouri tlich : recueil de poesiesde Fitouri Tlich. en arabenotretraduction.Ministère des
Affaires Culturelles.MohamedMarzougui(1976)Tunis 1976.p 24
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 242
Cas de la tuniso-lybienneI 837-I 956

Malgré I'isolement et la marginalisationdes tribus du nord-ouestjusqu'à la


tripolitaine,les Werghemmaont laissé des traits d'union avec Tunis par le biais des
caravanesde commerce,Tunis-Ghdamesvia la Jeffaraou les <talabas>étudiantsqui
suiventleursétudescoraniquesprimaireet secondairedansles oasisdu sud-ouestà Nafta
et Tozeurpuisdansla mosquée" Ezzetouna"à Tunis'

Un autrephénomènec'estl'émigrationdesWerghemma trèsanciennevers le nord


'Jebalias" de Douiret, Chenini Tataouinejusqu'aux
de la régenceà Tunis surtout les
Matmat*tz.

Ce va-et-vient et ces déplacementsde flux et reflux d'émigrantslaissent un


à Tunis, capitalede la régenceet
témoignagenégatif sur la situation socio-économique
siègedu pouvoircentraldesbeysothomans.

LesWerghemmase demandentoù sedépensent cesfortunesde la collectecontinue


des impôts, en observantla misère dans les rues et les quartiersde la capitale et les
monuments et rempartsde la médinaen ruine.

Où passentalorscesimpôtsde la'Jibaya" qui serépètechaqueannéed'unemanière


ou d'une autre avec des procéduresdifférentes d'une région à une autre et d'une
ou tribu à une autre.
confédération

Ces témoignagespassentde I'interrogationet du questionnement au doute et à


soupçonner I'attitudedu pouvoir central,ce qui amèneau refusde toutescesprocéduresde
pillageet collecteexagérée d'impôtsillicites.

Les "ourbanes"nomades(tribus et confédérations) refusentde payercesimpôtsde


la (ibaya >, le pouvoir central et son entourageet ses collaborateursassoiffésde la
suprematieet de I'or et qui n'ontpasd'intérêtqueceffemachineà sous'arrêted'unemanière
ou d'uneautre.

Devantce refusI'Etat utilise tous les moyens,les "beysd'Amhals",lesarméeset les


"Makhzen" pourobliger les autochtones à payerou à serévoltet'".

1.5-Les révoltesarméeset lesrépressions

Dansce livre "El Ithaf " Ahmed Ibn Abi Dhiaf parledu rôle des "ourbanes"dans
toutesles révoltesarméeset les soulèvements (Entifadha)à traversI'histoireassezsombre
de la régenceet destribus et confédérations du pouvoircentralisateur
qui restentI'ossature
desgroupes jeffariensde la résistanceà I'inféodation.

Lesdifférentestribus et confédérations de la régencesontdiviséesen deux çoffs ou


clanshusseiniteet bachias,Ben Dhiaf disait queces"ourbanes" étaientpartisansde tousles
desbeysou desrévoltescornmeGhoumaMatrmoudi.
adversaires

de"khabilet"Werghemma.
ry;fiam.d NejibBoutaleb: l'émigration
ztru614!eu "Fi IthafAhl
et "o-urbanes" enarabeRiadhEl Marzougui,
eza:tman" revue
p45Etudeetrecherche
El IthafTunis 1989(en arabe).
culturelleset aspects
Lesmutationssocio-spatiales, en milieuaride:
anthropologiques 243
Cas de la Jeffara 1837-1956
tunisoJybienne

Cette lecture de I'historiendu palais et homme de confiancede quatrebeys, a


ce qui montreque Ben Dhiaf ne connaîtpas
généralisétoutesles tribus et confédérations
commeles autrescollaborateursdu bey la situationet la réalitéde ce qui se passedansla
Jeffaratuniso-tripolilaine.

En effet, les V/erghemman'ontjamais étépartisansdes< bachias> clan adversaire


du bey au pouvoir mais au contraireils étaienthusseinites,et nousavonsdéjàanalysé,le
pourquoide cetteallianceorganiqueet stratégique,puisqu'ilsont optétoujourspour le parti
ou çoff nationalistesoit à l'époquede Youssefet chaddadsoit à la révolte des bachias
contrele beyhussein.

Ils considéraientque la Jeffaraet la régencede Tunis doiventmaintenirle noyau


dur de cetteallianceen optantpour les yousséfistes(Youssefkaramenlyde Tripoli) contre
les chaddadspartisansdu pouvoir othman de la sublime porte turque et du sultan de
Constantinople, puis partisansdesclansdeshusseinitesc'està dire desbeysoriginairesde
la régence,en(1729)et du courantnationaliste.

Ce sontles Werghemmaqui par leur influenceel allianceorganiqueet stratégique


au XVI[è" et XIXè" sièclequenoustrouvonsles mêmestribuset confédérations alliéesà
au
eux appartenaient même çoff ou parti.

Du côteouestce sontles Menzelde Gabès,les Hammama,lesNefzaoua,les Zlass,


les Neffet, les jbalias, Nefta, Tozeur, Gafsa, et du côté Est en Tipolitaine, Syrte et
Crénaîque c'està dire lesAjlats,Gedadfas,Roujben,Orchifalle,Magarhas,Tuibats,etc...

PourquoiAhmedIbn Abi Dhiaf n'a pascité les Werghemma ni évoquéqu'ellessont


exactementles tribus partisanesdesbeys husseinites,bien au contraireil a généraliséen
considérantles ourbanes sont tous adversairesdes beys et qu'ils ont opté pour toutes
révolteset soulèvements.

Peutêtreil a ignoréou sembleignoréque lui mêmeestd'originede la tribu d'ouled


Oun, avecles Drids étaientpartisansdes husseiniteset desyoussefs,bien qu'il a vécu la
rivalité,desçoffschaddadet Youssefil setrouvedanssonlivre El "Ithaf' au dessusde ces
Egalementil n'a pas
rivalités qui partagentle pays en deux clans ou partis antagonistes.
évoquélespactesentrelestribusdu sudde 1837à 1882.

En effet,il étaittémoinde trois pactesconclusdansle sudtunisien: ce sontle pacte


d'El Foudhoul(desvertueux)en 1837lorsqu'il avait l'âgede 33 ans(lorsqu'ilétait chef de
cabinet"au diwanEl Houkouma"diwan du gouvernementavecHusseinbey,puis le pacte
karachoua en 1863lorsqu'ila l'âgede 59 anssousle règnede MohamedSadokbey.

Il setrouveque Ahmedlbn Abi dhiaf et les autresréformateurs n'ontjamaisévoqué


touscespactescréespar les tribus et confédérationsdu sudde la régenceà I'exceptiondu
pactede ( Ahd El Amen > le pactede sécuritéou chartede sécuritéde 1857.
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride:
244
Cas de la I 837-t9s6

Nous essayonsd'analyserles circonstances qui étaientdernièrela marginalisation


pT-t::
de l,espace"médiantampon';de la Jeffaratuniso-tripolitaine,et de sa population
pouvoirsdesétatsbeylicauxothomans,et pourquoiils ont fait l'élogedu pactede "Ahd El
imen" et le phénomènede mondialisationet d'impérialismedéclarédes puissances
colonialesétrangères denièrela concrétisationpureet simplede I'imitationsoit de I'Europe
pressionsde la
soit de la Turqule,ce sont les "Tanzimates"les reformesen Turquieet les
colonieétrangère et desmarchandseuropéens'

Il a fallu, alors, pour protégerles intérêtsdes étrangersde créer une nouvelle


législationou chartequi àonne-naissance à la créationd'uneforcede policemoderneplus
qJun. arméepour déiendrela régencequi setrouvetranspercer.par descourantsétrangers
réformistessousune influenceothomanô,anglaiseet française2la, I'espritréformistede ben
Dhiaf,kheireddine,Bourguiba

Tous ces pacteset Destoursexprimaientla volonté'd'avoirdes bonnesrelations


avecl'étrang"r,qui ménagela régencede Tunis avecun processus de plus en plus évident
et potentiel,poui consoliàerle pouvoirde I'Etatet la prospérité du corlmerce aboutissantà
l,accroissementdes sociétéset marchandsétrangers,qui essayentpar le biais desconsuls
étrangerset des menacesmilitaires des puissancescolonialesaprèsla colonisationde
I'Algàrie, d'avoir de plus en plus de garantis pour les <loubys>économiqueset
dipùmatiques,intemationaux, juifs, anglais,turque,françaiset italien.

Le sloganest bien la mondialisationet la liberté socio-économique et politique,


avecun mot dordre cachéc'estI'hégémonieadressée à un ennemicommunde toutesces
beylicale,othomanéset colonialeseuropéennes,c'estle systèmejudicaire
forcesétrangères
islamiqueà abattreet à anéantir.

s'élèveà 12500en 1856,on peutajouter


Il està signalerquecettecolonieétrangère,
unebonnepartieaesZjOOOisraélites,que plusieursconsulatsessayaient de gagnerpar le
de la
canalde la protectionde ces forces ei puissanceséconomiquesdans capitale
la
régenceà Tunisou lesconsulsdespaysétrangers font la loi2ls.

wa
D'aprèsAhmed Ibn Abi Dhiaf tome IV "Ithaf Ahl EzzanranBi AkhbârîTunis
ou pacte
Ahd El Aman" pl65-231 "Ahd El Aman" pacte,charte,destourde la sécurité
fondamentalde 1857, d'aprèsle chroniqueurBen Dhiaf la politique de modemisation
d'Ahmedbey (1g37-1S55)-âgé de trenteet un an à son avènement au trônecherchaà se
en accordantde hauteschargesaux élémentsautochtones, son
rapprocherà, ,on peuple
-
pleine
orï*. réformiste uuàit I'objectif de doter, I'Etat tunisien des bases d'une
souveraineté.

Avec I'organisationde I'enseignementsecondaireet supériet[et avec le décret


du 27 Ramadanl'258, il désigne trènte professeurs pour enseignerà la Zitouna,les
differentes disciplines avec la création d'*. importante bibliothèque publique à

tomeVI p
Ix relationstuniso-othomanes
l3-30particulièrementp' 16en arabe.
tù Àr,r.a lbn AbiDhùf (1976): tomeIV p l8 commentaires
sur les "nayachines" in "Ithaf
lesdécorations,
Ahl Ezzemen",1976
J, Gagnage (1959): Lesoriginesdu Protectorat enTunisie(l36l-1881)Paris1959p 7l'
Français
Les mutationssocio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride : 245
Casdela Jefara tunisoJybienne1837-1956

I'université zitounienne,sonoeuvresociales'intéressaau problèmed'esclavageavec


des mesuresprogressivesà partir de 1841, aboutissantà I'abolition définitive de
l'esclavageenjanvier 1846,aprèssavisite en France(uillet 1847)il créaunebanque
d'Etat avecémissionde billets.

Une véritableferveurmilitariste,il imposaitle salutmilitaire à sesserviteurs,et


avec I'assistancefrançaisela régencea été doté d'une arrnéerégulière,les forces
terrestresétaientappuyéespar une marine adéquate,il est à signalerque ces forces
avaient atteint un effectif des chiffres que la régencen'avait jamais connu dansle
passé.

C'est en cette périodeque les Werghemmadans la Jeffaratuniso- hipolitaine


retournent aux alliancesdes ( ourouches> de cette confédérationpour créer et
conclurele pacted'El Foudhouldesvertueuxen 1837.

Ils considéraientces réorganisationsdes forces armées avec une assistance


françaisesurtoutaprèsla colonisationde I'Algérie une menaceet une manoeuvretrès
douteuse.

En effet, cettearméerégulièrequi comprenaitdouzerégimentsd'infanterie,de


bataillonsde chasseursà pieds,de cavalerieet d'artillerie.

Cestroupesn'ont jamaisétaientcantonnées dansles régionsde l'Aaradhet de la


Jeffaratuniso-tripolitaine,un seul point le plus prochedes Werghemmac'est l'île de
Jerba.

Cette armée était instruite par une importante mission d'offrciers français
détachésauprèsdu gouvernement tunisien.

La confectionde la poudreet celle des cartouchesétaientfaites à Tunis même


avecune écolemilitaire à Bardo où les élèvesoffrciers étudiaienten langues(arabe,
et les disciplinesmilitaires.
françaiset Italien) les sciences

Les troupesirrégulièresce sont les autochtoneset des étrangersdesturques,des


Zouaouasftabyles), desmakhzens,des spaihiset des me7ÆrgLryas (lanciers,tireus
fournis par les tribus makhzin). Cette arméequi ne dépasse jamais la limite des
chututsse trouve remplacéechezles Werghemma par une armée tribale ou populaire
géréepar le pacted'El Foudhoulet les articlesdu cheikh chartia,on a déjàanalyséet
éuoque les différents articles qui s'intègrent sous trois chapitres décrétéspar
l'ensembledes< Miaads> assemblées destribus.

Se réfèrantau récit de l'officier interprèteDeambrogiodit kaddourfils de la


Jeffara tuniso-tripolitaine et d'origine werghemienne natif de Medenine
< ourghamma) en pleineJefflaraqui disait < il n'existait à une époqueindéterminée,
qu'un seulkanounchartiapourtoutesles tribus du sudde la régence.

L'assembléedes < MiaadsD qui après la < choura> et El < Ijmaa> ÉJJuLll
grraTl.l de toutesles tribus de la confedérationstipulentles trois chapitrescomme
èlurrsed'une conventionet d'une législationqu'une confédérations'imposaità elle
Lesmutationssocio-spatiales, enmilieu aride :
calturelleset aspectsanthropologiques 246
Casde la Jefara tuniso'lybienne1837-1956

même,qui avaitforcede loi et donttous les membresde touteslestribusacceptaient


I'adoption.

à cettearméebeylicaleétatique,la sociétédesWergheTnma
par comparaison a
adoptéle premierchapiteintitulé: la défensede la tribu dontle premierarticle< était
toufhommeenétatdeporterlesarmesdoit concoutirà la défense dela tribu >.

Le deuxièmechapitrec'est la prise d'armesou (fezaà),dontle premierarticle


était< tout cavalierqui neparticipepasà uneprised'armesestpunid'uneamende> .

Le troisièmechapitrec'est( les crimeset délits>>,en effet,noustrouvonstous


les pouvoirsenhe les mainsde chaqueindividu de la tribu, et une responsabilité
assumée par chacundansI'esprit du versetde Coranqui vient à l'introductiondu
pacted'Ei < Foudhoul>>desvertueuxcommeun rappelet un retourauxprincipesde
jeffarienne
I'islam et du Coranqui demeurela < charia> législationde la société
cgJli+Jle.l+Jllr.^É.

eui en 1837se trouveavant-gardiste par la créationde ce < hilf > pactedes


divers tribus de la confédérationdes Werghemmadevant les menacesde la
colonisationnouvelle: sourate(Ali OmraneIII , 109, 114,essaide traductionpar
Jacques Berque)< Dieuvousdemande de faire tout acteconectet vertueux,demande
la justice, uu bi.n, à la générositéet bien servir les parents'vous déconseilleà
l,oLscénitéet à I'incridiblec'estune exhortationpour uneprisede conscience >. Ces
principesserépètentdansplusieurssouratesdu Coran'

Devantles menaces étrangèrescolonialesils tiennentà ce fil conducteurde la


religion qui les relientà I'empireothomaneet au khalifa de I'islam, et devantles
*.iu.r, àesdynasties et despouvoirssoutenuspar la colonisation ils se
européenne,
refugentuu ,.in de cetteconfedération ou systèmetribal par la créationde nouvelles
aliÀces ou de réorganisation au sein d'une nouvellelégislationou pactepour se
préparer à unephasenouvelleconfuseaprèsla colonisationdeI'Algérieen 1830.

La présence de pactesuniquementdansle territoiredesWerghemmaou chez


dessudistesoriginairêsde watanet bled $/erghemmacommeles (les Haddajs,les
Karchouas, dans
lesTouazineet alliés,et les Achèchesd'originetripolitaineresidents
leszonesnualesde Sfæ<. Cephénomène qui ne s'estpastrouvédanstoutela régence
de Tunisà I'exceptionde <Ahd el Aman)) pactefondamental de sécuritéen1857à
Tunis.

Il y a euunedynamique socio-économique et politiquedanscesterritoirespæla


créationde quatreiactes o Rtttefs) vingt ans avant le pactede < Ahd El Amen>,
dansunesociétécoirérente soutenue la libertéde
par une législationtribalerespectant
de la
chacun,et vivant au sein d'une autonomiedémocratiquesousle principe
jgynJ le rôle
< chouraD, un systèmedélibératifmaistoujotrs contreI'Eat.Un pacte
et respectée
d,unelégislationsacrée partouteslesfibus pourla premièrefois écrit'

Il s'estavéréquela confédérationdesWerghemma avecune partiede l'fuadh


une région geograpiiquement se trouvait au sud des < chututs> les bergesde Sdi
jusqu'à les oasisde
Makhl|ut té rt oti du golf de Gabèset les chots intérieurs
Dgueche et Tozeurétaientciblesdetoutesles menaces de stratègesdu pouvoircentral
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en milieu aride: 247
Cas de la Jefara tuniso-lybienne 1837-1956

beylicalmanipulépar lespuissances et le pouvoircolonialfrançaispar la suite.


étrangères

Cetteconfédération et sesalliéessetrouvaienten perpétuelleguere froide avecdes


dominants par intérim qui sont les othomansde Constantinopleet de la sublimeporte
(le k*ralifede I'islam)et desco-dominantes indépendants ou semi-indépendants qui sontle
pouvoirbeylicaldominantla vie socio-économique et politiquewerghemmienne de 1705à
1957 considérésdans une perspectivede chronologielinéaire, les rapportsWerghemma
étatbeylicalne manquentpasà priori de surprendre.

Variablespar le statut,ils paraîtraientau premierabordplutôt confus,voire parfois


capricieuxsujetsà des changements brusquesou insolites.Sousle systèmedesdynasties
beylicaleset dans le cadred'un projet fiscal qui avait ses constantesdominéespar les
défautset I'anarchie.

Sousun systèmebeylicalencoreascensionversI'indépendance de I'empireothoman


et en rapprochement aveclespuissances
progressif colonialeseuropéennesde 1830à l88l
sous un pacte non déclaré d'un protectorat voir même une véritable colonisation
économique qui a bienavancée militaire.
la colonisation

S'agifil d'uneréformeou d'unealiénationdesbeyssurtoutaprèsleursvisitesà Paris


et les visitesdesréformateursAhmed Ben Dhiaf et le Généralkheireddinecollaborateurs
intimesdu pouvoiret auteursdu pactefondamentalou pactede sécurité(Ahd El Amam de
I 857.

1.6-Le Pactefondamental<tAhdEl Aman> originede la réforme


et les intentionsdu consulde la Franceà Tunis

Comparéau pacted'El "Foudhoul"desvertueuxde 1837issude I'Ijmâaou "choura"


consensusde toutes les tribus de la confedérationdes Werghemlna,le pactede "Ahd El
Aman" setrouvecréeloin detout consensus national.

En effet, à I'origine de ce pacte un incident banal ordinaire de droit commun


politique de la régenceà Tunis.
perturbela vie quotidienneet I'atmosphère

Un juif tunisienprénomméSamuelSFEZ a proférédes injurescontre la religion


musulmane, alorsqu'il étaiten état d'ivresse2l6,ce juif était le conducteur de la charrette
(kartoun)du (caid) chef Nessimprésidentde la colonie juive, anêté et traduit devantle
tribunal"charaique"qui le condamna à mort le 24 juillet 1857.

En applicationdu droit malikite particulièrementsévèrepour les blasphémateurs


Mohamedbey confirme et ordonneI'exécutionde la sentence.Malgré la protestationdu
MinistreMustaphakhaznadar" abouEnnoukhba" disait " il estplus raisonnablede faire

ztt E. C"etteo"z(t983; : Lestempsmodernes de DiffirsionSTD


(histoirede la Tunisie)sociététunisienne
1983.
- Ahmed lbn Abi Dhiaf (1963) : Ithaf Ahl EzzamanBi Akhbar mouloukTunis wa ahd El AmanTomeIV
Tunis1963IORT
-AndréMartel(1991): La Libye 1835-1990 Essaide Géopolitique historique1991(PUF.)
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthroPologiquesen milieu aride: 248
Cas de la r 837-1956

passerI'accusépar le tribunal "hanafite"ou le juger vous mêmepour éviter sonexécution


àt laisserassezde tempspour plus de réflexion ", le bey répondaità sonMinistre" hier on
217".
a exécutéun soldat*utul** p-"" qu'il a tuéunjuif

Cet incidentde droit communouwe le dossierde la réformeet secoueles instances


diplomatiques étrangèresqui guettentles occasionset menacespour anéantird'unemanière
ou une autreaux principesde I'islam et de la "charia" avecune machinationcherchantà
nuirele pouvoirbeylicalet sareligion.

L'affairesetransformed'un incidentbanalde droit communde I'unedesruellesde


la médina,commes'il n'y a pas d'autrespréoccupations et d'autresprioritéstouchantla
régenceet sapopulationautochtoneou étrangère,surtoutau mois de Juin 1856fut créeun
nouvelet importantimpôt direct intitulé " I'Iana" appeléplus tard "Mejba ", 9ui était un
impôt de cafitation (dû par les sujetsmâles,pubèreset non comprisdansun des cas
d'exemptionlégale),cet impôt suite à une réforme de M'Hamed bey a remplacéune
législationfiscaledestinéeà regrouperet clarifier une fiscalitécomplexeet désordonnée,
c'JstI'impôt sur le cheptelet "l'achour"ou impôt sur les céréalesfixé à un 9u*f de "caffis"
''"'
deblé et un quartde "caffis"d'orgepar "Méchia"jusqu'aumoisdeJuin 1856

Le consul de FranceLéon Rochesdonne à cet incident un caractèrepolitique,


I'interprétantcommela manifestationd'une agressioncontre une minorité religieuseet
avecun arrièreplan,
parvientà donnerà cetteaffairetoutesles dimensionsintemationales
c'estla défensed'uneminoritéreligieuse.

La réactionde la puissancecolonialeprotectricede la générationdespouvoirsdes


beysdepuisla colonisationde I'Algérieen 1830jusqu'à 1957,et la conséquence était
au mois d'Août 1857 au port de la Goulette,d'uneescadrefrançaisesousle
I'arrivée-
commandement de I'AmiralTréhouart'

Sa majestéle Bey M'Hamed, devant cette menace,accordaitet promulguait


solennellementle 20 Moharrem 1274 (10 Septembre1857 une charte ou pacte
dit de sécurité(Ahd El Ameu 2 mois aprèsI'exécutiondujuif SamuelSFEZ
fondamentale
Conducteurdu (Kanoun)chanettedu grandRabinNassimdeTunis.

SaMajestéle Bey de la régence,le consulde France,et le grandRabindeTunisont


oublié,ou ignorésqu'en 1837jusque-là1857 et 1881 les Werghemmadansla Jeffara
tuniso-tripolitaineavant I'arrivéedes français,un certainnombrede juifs originairesde
Jerba puis sédentairesà Médenine, Zarzis, Ben Garden, Tataouinepratiquaientle
colportageà traversles campementsdes tribus et fractionsde tribus jeffariennesà dos
d'animaux.

Cescommerçantsjuifs ou " chellegues" vendent des produits de commerce et


stgtout destissus et petits équipementsde couture et de linge,desfaux bijoux etc...

2tt IthafAhl Euaman(enarabe)p.233tomeIV 1963fl.O.R.T)


2rsAhmedlbn Abi Dhiaf IthafAhlBzzaman(enarabe)tomeIV Tunis 1963(I.O.R.T)
El Ithaf revue 14é annéejuin 1999 (en arabe)les basesde la penséeréformistechez kheireddinePacha
Ettounsip.30parHassenbenSliman
,,Mechia,': unitéde travail du sot (labour)par fintermédiaired'unetractionanimaleéquineou camélidépour
lestravauxde labour.
culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride:
Lesmutations socio-spatiales, 249
Casde la 1837-1956

Chezles Werghemma,il est déshonorant pour un nomadede s'attaquerà un juif (Dhemi


d'uneautrereligion) qui payela "Jisiya" is-Fll impôt, et réputéfaible, il estconsidérédans
le Douar exactementcommeles anciensesclavesnoirs, qui peuvententrerdansles zones
intimesdestenteset du Douar.

C'est le "chellegue"qui proposeaux femmesnomadesdes bijoux, des parfums


etc...égalementil y a desjuifs petitsartisansqui suiventles caravaneset les campements
commeétameurs"Guezdar"ou commerçants dè produitsde beautéet de couture2le.

Le pacte"d'El Foudhoul"des vertueuxainsi que les trois autrespactesconcluent


entreles tribus alliéesdu sudtunisienont mentionnéles prioritéset les préoccupations de
de la vie quotidienne,la défense,la législation
cestribus et la réorganisation en temps de
guerïeou de paix, lés crimeset délitsect....sansaucuneinterventionni influenceétrangère
bi"n uu contrairese sontlesmenaces lointainescommeI'invasionde I'Algérieen 1830et
I'attitudedes beysde Tunis à l'égardde cet évènement,puis le comportement desbeyset
desconsulseuropéens plusou moinsmotivéspar desambitionsd'indépendance vis-à-vis
de la sublimeporteou coloniales déjàperceptibles.

Ces voyageurs,ces consuls,missionnaireseuropéensqui emploientsouventle


langagede I'appropriationétatiquede I'espaceque reprennentles chancelleriesétaientà
I'originede toutesles menaces pour rapprocherle jour
exercéespar les gtandespuissances
" j " de I'occupationet la colonisation.

Il suffit de lire leurs récits ou leurs rapports stratégiquesparlant des réalités


géographiques, économiques, sociales,fiscales,entrant dans les détails pour distinguer
àtoiis èt propriétéet droits de parcours,propriétéprivée et propriétécollective,impôt
personnelet impôt communautaire, ligne de partageet confins tamponsou médians,
iéfot*" et espritréformiste,imitationou désir de reformeret de se développer,situations
contradictoireset souvent confusententre un état beylical influencé par des alliés
européenscoîlme Roches Léon ancien officier (1852-1857)interprète,arabisant,
sociôlogue,historien, il connaîtparfaitementles problèmesdes confins algéro-tuniso-
tripolitains, lié familialementau généralChanzy,gouverneurgénéralde I'Algérie,il est
chargédansla wilayatothmnanede couvrir I'opérationtunisienne.

Nous avons analysécomment ce consul de la France, stratège,Expert de


renseignement a pu créerles occasionsdes 1837jusquà 1857pour obligerle pouvoir
beylicalà suivreune attitudeet une politique progressived'éloigneret de marginaliserles
triùus et confedérationsde la régenceen dehors de Tunis, et créer les conditions
d'endettement jusqu'àla promulgationde (Ahd El Ameo pactede sécurité? Sécuritépour
qui c'estce pacteet cettesécuritéqui ont rapprochéle jour (i) de la colonisationmilitaireet
220.
du protectoratde(1881)

@ieretd'aujourd'huidanslesudtunisienEdisud(|979)
Troc,marché,échange.
220AndréMarrel(1990):La libya 1835-1990.Essaide géopolitique historique.
- Ithaf Ahl EztarnandeAhmedIbn Abi Dhiaf tome lV 1963.
- Législationet coutumesdu sudtunisien.Kanounchartia,Deabrogiodit kaddourofficier interprète.
Revuetunisienne1903.
culturelles et aspectsanthîopologiquesen milieu aride: 250
Lesmutations socio-spatiales
Cas de la 1837-1956

Nous citons pour comparer le consul français Léon Roches à I'interprète


werghemienDeambrogiodit Kaddour offrcier interprète qui était le seul parmi ces
inteforètes,cesmissionnaires, cesofficiers de donnerune idée exacteet une imageréelle
de cËqui ,. pur.. dansla Jeffaratunsio-tripolitaineen traduistrntcettelégislation"kanoun
chartia,,et kanounEl Orf, de la confédératiôndeswerghe^m*zt

pour plus d'analysede cesthéâtresgéopolitiquesde la Jeffaratuniso-tripolitaine,


qui préparentpar des
nousévoquonsle rôle joué par les autoritésconsulairesétrangères
moyensdiplomatiqu.,àu profit nt les occasionspour souleverdesaffairescommecellede
la mort au iuir de tunis en 1857,exploitéepar les instancesconsulairespour créerun
incidentdiplomatiqueet une affaire touchantaux religions de minoritésde populations
vivantdansla régencede Tuniset qui ne sontpasmusulmans.

Lors du congrèsde Berlin (1878),la Régencede Tunis a été abandonnée à la


France,une multituaeae mesureset d'interventionséconomiques, sociales,diplomatique,
judiciaireet parfoismilitaireestutiliséepar lespayseuropéenset surtoutpar la France.

Depuiscettedatedu congrès,les autoritésconsulairesne sedésintéressent pasdes


qui
la JeffaraOccidentaleest bien liée à la Jeffaro-tuniso-tripolitaine
frangessaùariennes,
s'intégredans cette dimension sahariennede la question d'orient, ce partageet ces
délimitationsdetenitoireentreenjeux jusqu'atrouver le pouvoircentraldesBeyset même
le SultanOthomande la sublimeporte n'ont pas une politique clairepour défendrecette
partiedu monde,cet espacemédiande la Jeffaratuniso-tripolitainece qui a donnéà la
jeffara et à sa population un statut particulier relativisé entre provincesottomanes
directeou indirecte.
d'administration

D'une part, nous trouvonsla wilaya de Tripoli, et la régencede Tunis mais les
frontièresà cettedatese trouventchezles tribus et confédérations qui à compterde 1830
passentà l'écrituredescontratset des<hijjas>222 poul affairesdeventeou d'achat,pour
les
illustrerdes .,hilfs" pactesd'alliance,pour I'actede libérationd'un esclave(hojja Atigh)'
pour deshojjasde limitationsdesbienset territoirespastorauxde chaquetribu ou groupe
detribus.

nousprésentons
A titre d'exemple en annexe,descopiesde"hilf'pacte, des<hijja>
propriété
de MiaaddesTouazine,desOùderna,deshararzas,qui expliquentavecdétailsla
de ces terrainsde parcours,une précision extraordinaireoù les limites sont souvent
indiquéespar despointr fixes commedesMarabouts,desmontagnes, ou les "Nadhours"
bornèstrèi anciennesmontrantles ruines de Henchirs romainsancienset exploitations
agricolesRomaines(voirla cartede la localisationdesHenchirsp. 37)'

oun chartia,Deabrogiodit kaddourofficier interprète'


Revuetunisienne 1903.
D.iff;;; ;;écrit pour toute conventionbilatérale,achatou ventede bien,héritage,litige sur frontièrede
pâturage ou tenede laboursetc...
anthrcpologiquesen milieu aride: 251
culturelleset aspects
Lesmutotions socio-spatiales
Casde la 1837-1956

Ces actesou "Jijja" signéspar deux on plusieursnotaireset témoinsmontrentla


bonneorganisationde cestribus et le respectde la hiérarchiede ce pouvoirtribal basésur
la "choura", le consensus de la tribu, c'est
et "l'Ijma" par les biais de Miaad ou assemblée
cette hiérarchie sociale qui a été adoptéepar les Othomanspuis par la colonisation
françaisepour désignerles 'oOmda"en remplacementdu "Cheikh" au niveaude chaque
fractionou groupementde familles,puis le "Amel' ou chef de Miaad anniveaude chaque
tribu, puis le "Caid" le chef de plusieursMiaadsau niveaudu "Atch" ou "Najaa" c'estle
groupementdetribus.

II faut signalerla spécificitéde cettehiérarchiechez les \Merghemma de la Jeffara


tuniso-tripolitaine,ce qui a été très pertinentpour tous les pouvoirs étatiques beylicaux,
othomanset pour les colonsfrançaisc'estce groupementqui a dépassé I'autoritéde la tribu
et mêmedu'Najaa" et du "Arch" pour atteindretout le territoiredesV/erghemma et de la
Jeffaraoccidentale intitulé "Watan ou Bar ou Bled" Werghemma, c'est à dire I'ensemble
des "ourouches"et "Noujous" qui englobenttoutes les tribus de cettepartieou paysou
territoire des Werghemma,ce que la colonisationfrançaisea appeléla "confédérationde
Werghemma".

Lorsquenousanalysonsles cartesen annexe,noustrouvonsqueentre1835et l9l I


unecarteintituléeles othomanset le Sahara,cetteconfédérationdesWerghemma setrouve
partieintégrantede I'autoritéturqueothomane,(voir la limite de la revendication
othomane
qui part de Sahara(BirTurkia)en passantpar Ghdames,le Hoggar, jusqu'aKano).

Quantà la carteintitulée"délimitation(1908-l9ll)", une frontièrearbitrairetuniso-


tripolitaine (1910) englobantplusieursfrontièresautour de cette Jeffaraoccidentale,ou
devisantcetteJeffaratuniso-tripolitainepour la premièrefois dansI'histoirede cetteunité
géographique et humaine.

Il est à signalerque cettecarte soulèveplusieursversionsou frontières,frontière


revendiquée par I'Algérie,celleacceptée parla Tunisie?c'està
par I'Algérie,celleproposée
direpar la colonisation
française etc...

Danscettecarte,l'éditeurparle de limites d'actiondu Makhzentunisiendu côtéde


I'Algérie,mais du côtéEst cettefrontièredevientle mur colonial édifié pour faire oublier
I'espace,le tempset I'histoiredu passéprocheet lointain de I'année1910,les cartes,
intitulées la questiond'orient au XIXètt siècle et celle du monde arabeet du monde
musulman(G. Jandot),montrentbien I'hégémoniedespuissancescolonialeseuropéennes
et leur agressionde touteI'Afriqueet de I'orient.

Ce qui reste à cette époqueillustrée par la carte du monde arabeet du monde


musulmanc'est ce que les colons othomanset européensn'ont pas pu effacer de la
mémoire des V/erghemmac'est cette liaison organique,ce fil conducteurgéopolitique,
culturel et anthropologique unissantles groupementsde tribus arabo-musulmanes dansla
n'ont
Jeffaratuniso-tripolitaineet dont tous les pouvoirset leursréformateurs pascompris,
où ils ont cherchétoujoursà ignoreraprèsavoir démanteléet détruit un systèmecohérent
solideet durablejusqu'àl'agressionet la menacede la colonisationmilitaire,culturelle,
socio-économique.
Lesmutationssocio-spatialesculturelles et aspectsanthropologiqaesen milieu aride: 252
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

Une sociétécontreI'Etat qui a écartétout dialogueavecles pouvoirsétatiquesdes


beys, des colonset du protectorat,les ponts de ce dialoguesonttoujoursrompus,puisque
les partenaires étaientopposéset contradictoiresavecun point de vue et un regardde ces
administrateursen possessiondu pouvoir des états dits modernesaux yeux de leurs
réformateurs et auxyeuxdespuissances étrangères, qui menacentdeprèsou de loin le jour
souhaité de la colonisation
despays du Maghreb et de I'Orient.

Cespouvoirsétatiquesregardentd'un oeil soupçonneuxI'ancragede ceséternels


systèmes tribaux de la confédérationdes V/erghemma.Ces nomades"ourbanes"paysans
itinérantssoupçonnaient de la mêmefaçon par les citadins qui s'intègrentdanstous les
systèmes au pouvoirpar desliaisonsd'intérêtset de collaborationentredesautochtones et
des coloniesétrangères, souventamenéespar les Turquessoit commeesclavesnoirs ou
blancs pour aboutiraprès quelquesgénérationsà desrelationsorganiquesavecle pouvoir
au seinde I'administrationde I'arméerégulièreou du Makhzenirrégulier,tout ce monde
formele noyaudu pouvoiret de I'Etatou avecle tempsla ville et les citadinssymbolisent
le pouvoirexécutifet législatifet les autoritésd'un systèmequi ne peut vivre qu'avecle
mondepériphériquepastoralet nomadepour chercherson budgetde trésoreriepar le biais
du "Majba"etde la fiscalitéde tout genre.

Les pouvoirs des beys ne cherchent pas à vouloir sédentariserce monde


périphériquedestribuset confedérationsqui étaientla grandemajoritéde la populationde
la régencede Tunis, vivant en une indépendance presquetotale avec le pouvoir central
étant donné les spécificitésde leur systèmepolitique basé sur une structureet une
organisationtribaleautonome,caractérisépar une histoire anciennetrès mouvementée. El
kairaouanidanssonlivre <al Mounis Fi Akhbar Ifriqiya wa Tunis>chroniquede I'Ifriqiya
et de Tunisjusqu'auXVI siècleévoqueI'unité territorialedu rayonneHafsidequi pour la
premièrefois respecteI'indépendance des werghemmeet des autres"ourouches"et a
oeuvré pour I'ancragede la doctrine malikite sous l'égide du cheikh Ibn Arafa
Elwerghemmi.

Parallèlement à cette unité, il est à signalerle développement de Tunis et la


prospéritéde cesmarchéssuiteà I'exploitationde la mer et desplainesrichesdu Nord ou la
population est sédentaire,avec une disproportion intense avec les zones rurales et
I'intérieurdu paysdansles domainesindustrielartisanal,commercial et culturel.Pourles
villes de I'intérieurSousse,Sfax, Gabèssur la côte et les Oasis Djérid une activité
du
intensedanslesdomainesprécitésa vu le jour.

Sousle règnedesHafsidescettedisproportionseconfirmeentreun pôlequi a hérité


de voiescommerciales
I'importance et les activitésd'unmondetraditionnel.

De cetteépoqueil y a eu disproportionentre des régionset secteursrelativement


prioritaires(la capitaleet les villes bien sauvegardéespar des rempartsde défenseou
traverséespar des voies néwalgiquesde trafic caravanier),et le reste des régionsde
I'intérieurqui a eu le sort d'êtrecondamnépour demeurerdespâturages assezvastespour
les tribus eJl€roupements de tribus arabesou arabiséestout en restantdes espacessous
développés"'

"tMed HédiChérif(1980). de la Tunisie(en arabe)raisonCERESd'édit1980Tunisp.59


:L'histoire
culturelles et aspectsanthropologiquesen miliea aride:
Les mutations socio-spatiales, 253
Cas de Ia 1837-r956

dansles zonesruraleset les


Au point de vue culturel,I'arabisationa été généralisée
relationsavecle centreet le sudde I'Afriquesontintensifiées.

La langueberbèreva se limiter suiteà un brassageentreles raceset la répartition


dans les zones rurales des tribus hilaliennes,anD(montagnesdu sud-està I'ouestde la
Jeffaratuniso-tripolitaineet à Djerbadu côté religieux,une unificationqui se terminepar
du "Madhheb"doctrineMalikite, le plus exigeantdes4 doctrines
la victoire et l'émergence
deI'Islam.

Il faut citer lestravauxde Ibn ArafaEl werghemmid'origineberbère,lestravauxde


Ibn Arafa, commeréformateurpour clarifier la doctrineMalikite et vulgariserce système
pour être à la portéede tout le monde,cetteréforme arive mêmeà I'accommodation et à
I'adaptationde la doctrine Malikite avec I'environnementberbère et africain, cette
adaptationva dansle sensde soumettreles principesde cettedoctrinepour une meilleure
affinité aux exigencesdu "orf' des coutumeset des habitudeset la pertinencedictéepar
I'intérêtcommun.

C'est cette manæuvrede diligence pour faire une lecture adéquatede la


jurisprudenceislamiquequi est à I'originede cette attitudedes nomadeset destribus et
confédérationde Werghemmaà l'égarddesprincipeset piliers de la religion musulmane,
cette ignoranceou la compréhension d'un islam appartenantà une doctrineadaptéeaux
circonstances du milieu pastoralnomade,berbèreou africain.

Nous avons déjà expliquéces observationssur I'applicationdes Werghemmades


diversdevoirset obligationsreligieusescomme la prière et le jeune, phénomène
déjà
soulevéavantavecdesexemplesprélevésde la sociétéwerghemienne.

Une fois de plus nous revenonsà cette analyse pour voir les origines du
comportement où cette
et applicationdesprincipesde I'islam par lestribus werghemiennes
religion I'est pas bien ancréechezcesnomadespastorauxde la Jeffaratuniso-tripolitaine
auXVIIIett et XIV"'siècle.

Ce qui a été vulgarisépar Ibn Arafa qui est mort en l40l restele pas franchipour
propagerla religion musulmaneet surtout la doctrine malikite chez les nomadeset les
tribuslesplus isoléeset danstouteslesoasisdesfrangessahariennes.

Avec le ;çyèmesièclela portede <l'Ijtihad>adaptationse trouveferméedanstout le


Maghreblaissantla placeaux"zaouias"et maraboutssansaucuneouvertureet débatde la
docirineMalikite, ce phénomène a été encouragépar I'héritagedes cheikhsdu soufisme
venantde I'orientet qui proclamaientl'émergence et
de la réalitéde I'uniondu subconscient
de I'affectivité émotionnellepour se rapprocherde Dieu, contrairementaux sciences
religieusesde la "charia"liéeauraisonnement et à unedoctrinerationalistecommecelledu
"Malikite" exposéeet développée par Ibn arafaEl werghemmi.

L'ancrage des< zaouias>>etMaraboutsest arrivéavec la décadence du pouvoir


et rayonnemenr des " Oulémas" comme Ibn Arafa El werghemmiet Ibn Khaldoun
lorsquele pouvoir central Islamique s'est métamorphoséen " doualates" et provinces
qui four gâgn.r la sympathiedestribus et confédérationsont encouragéd'une manière
ou d'une autre les cheikhsdes " zaouilas" et les maraboutset les considérés
en milieu aride : 254
Lesmutqtions socio-spatiales,culturelles et aspectsanthrop_ologiques
Cas de la Jefara tuniso'lybienne 1837-1956

,"o@'autoritédupouvoir,lesexempIessontnombrerrxàTunis
de Tunis par la suite'
et banlieueet dansiort"r les rélions de l-frikhiaou de la régence
pouvoir à-l'instar des
Les Hafsideset avant eux les Mouatridinesexerçaientle
ils ont affectédes cheikhspot[
< khalifes Rachidounes) et vivaient une vie simple, dansles
))' et desreprésentants
,,o""op", desaffairesadministrativesou < dawawines se limite à
sa Îesponsabilité
régions< wali > puis nommé< caid > à la fin de ce règne,
laiollecte desimpôts et pour la sécurité'
quotidiennesdesvilles et
Ce que noussignalonsde cetteépoque9u1 les affaires
indépendantesdu
des tribus étaient ;é-r;;r ;* le biais d'institutions traditionnelles > et des
pouvoir de l'Etat,
'r ies divèrs < MajlessD u*'l .ts-ret < Chouwoukhs is+;
n Cuani; ir '' mobileset sédentaires'
la responsabilitéet la
Toutesles affairessocialeset I'enseignementétaientsousÂ-;';ÉJt r'1t"'r-'4iiJl sn
gi enuas )) uJtr5'It3
gestion des institutions bénévoleset <
dehorsdes villes ,oot les Miaads avec les cheikhs < chartia)) et ( cheikh el orf >
;;ï;il;i
""
les activités quotidiennessous l'égide d'un < Cadhi>>souventmobile' se
s'adaptantavecles conditions
déplaçantavecles t iu.rs.ce systèmeadéquatet souple
adopté par les tribus et les
socio-économiquesculturelles et politiques a e{e
confédérations du PaYs.
espano-turqueet le
cette situation a duré jusqu'à l'envahissementet le litige
recul et la faiblessede I'Etat Hàfsiae (1534) ce qui a aboutit au démantèlementdu
'l'organisation
système < hafside> très proche de et Ia hiérarchie tribale des
'Werghemma,et à la régressionde l'Etat devant les menacesdes corsairesl':-latlllt
et confedérationsavec
turqueser espagnoi"""Ë qui a favorisé1'émergencedes tribus
pouvoir menaçantothoman ou
iu Àe*" AynÀiq,re tout en se trouvant face à un
espagnole etc...
si on considèreque
En réalité c'est la dernière époque d'une indépendance,
grâce à la sagessedes
l,époque < Hafside> a été une phâseprospère-et équilibrée
partieintégrantedu
Emirs Hafsides,qui respectent1esystèmestribal en lJconsidérant
royaume.

cetre demièreétaped'une indépendance ouwe les portesa E:glg:9le othomane


pouvoirjusqu'à (1490)où le cycle
de < l'Ifrikya > après.-" lo6" dynastiquepour-le
ce qui aboutit à une ère de
de violence empêchala transmissionregdiere du pouvoir
troubleset d'instabilitésansfin'
que lnti-pédagogiqueet
En réalite, ce retour à cette phase précédente,.bien
pour l'analyse et
perturbantt" ctrorroiogie des actions et éàpes mais indispensable
de la confédérationdes
une tentation pour tluver les oriline, d" ""- désarroi
> puis de la régencede
Werghemmaà travers l'histoire moivementeé de t'Ifrikya
Tunis.
'werghemmaétaienten bon tenne
Nous cherchonsen vain, une époqueou les
d'une angoisseet une détresse
avec le pouvoir loin d'un diiogue d" ôttdt, et loin
permanente.
Les mutations socio-spatioles,culturelleset aspectsanthropologiqaesen milieu aride: 255
Cas de la 1837-1956

Sousle règnedes"Hafsides"les Werghemmasetrouvaienten paix avecle pouvoir


et avecI'ensembledestribus et confedérations"d'Ifriqiya"suiteà un héritagesebasantsur
la <charia>islamiqueet a l'émergencede la doctrine<Malikite>consolidéepar les travaux
et la réforme réaliséepar I'Imam Ibn Arafa El werghemmioriginairedu ksar Hamdoun
<Ghomrasseru> berceauet fief des sept frères Werghemma dans la Jeffara tuniso-
tripolitaine.

Est-ceune coihcidence,ceffeaffinité entreles Hafsides,desberbèresqui viennent


desmontagnesde I'Atlassur I'océanatlantiqueexactementcommeles berbèresarabisésles
Werghemmavenantde la sakiatel Hamrawa ouedEtthahabà la fin du quinzièmesiècle
cornmedisait le mytheou la réalitéde leursarrivéesà ksarHamdoun.

Ou s'agit-ild'unerencontreentreles Hafsideset les Werghemmacommec'estle cas


avec les différentestribus et confédérations
"Ifriqiyo sous leurs autoritéqui s'étendde
Tripoli à Alger en passantpar la Jeffara tuniso-tripolitaine où se trouve la cité
"d'orghamma"à HenchirGhthamaen pleine Jeffaraoccidentale,théâtregéographique, de
la confédérationdes Werghemmaet de leur savant,Imam et théologienlbn Arafa El
Werghemmi.

A proposde I'importancede l'époqueHafsidedansI'histoirede la régencede Tunis


et de Ifriqiya nous citons le discoursdu PrésidentHabib Bourguibaqui disait "la seule
époqueoù le pouvoir était entre les mains des autochtonestunisiensc'est le règnedes
Hafsides, en_.dehorsde cette époquele pouvoir était toujours entre les mains des
étrangers..."224

Il parlait de tousles pouvoirsqui envahissaient


la Tunisie danstouteslesphasesde
I'histoirede I'humanitésansoublier que lui-même était d'origine tripolitain de Mousrata
quartierdes Hamidl4 io+r"-llde la tribu des "DRADFA" ii:l-,;rll, fraction des Essagaief
,-;li-ll; et que la ville de Monastiroù le PrésidentBourguibaest né le 03/08/1903au
quartierdes trabelsia(tripolitains),compteen 1860, 10.000habitantsdont 9,7oÂdes
émigrantstripolitains,l'émigrationdestripolitainspar voie maritimeau Sahelde la régence
deTunisdataitde 179522s.

Nous citons cet exemple pour marquer I'importancehistorique du règne des


Hafsidesen < Ifriqiyo et les caractéristiques essentiellesd'une sociétéintégrantles
nomadeset citadins,et vivant en équilibreet harmoniesousles principesde la <choura>et
de la <chario islamique,à un momentou celle ci était a I'abri de I'impérialismeagressif
colonial.

Habib Bourguiba(1974)conférences du PrésidentH. Bourguibaà I'Ecole Sup.de Journalisme.Tunis


1974-t+ijt frb3 iit .olt rjr.
22aAlMouhaiiroun
AllibiouneBil Bilad Ettounisia(les émigrantslibyensen Tunisie)en arabelgll-1959
Doc.IbrahimAhmedAboukacemEd.E.. BenAbdallâhTunis.P60-64.
- SophieBessis,Bouhayre Bel Hassan:Bourguiba. PrinterIndustrieS.A 1988p.13
- HabibBourguiba(1975): Conférence H. Bourguibaà I'Ecolesup.dejoumalismeTunis 1974
du Président
,çIt pJrt lÀ-r..ll JCr.présenter par le prof. MoncefChennoufi
culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu ailde:
Lesmutations socio-spatiales 256
Casde la 1837-1956

CHAPITRE II: LES DROITS DE LA SOCIETE JEFFARRIENNE


DE LA REBELLION A L'ASSIMILATION :
L'EPREUVE DBS DESTOURS

2.1-Les principesde basede la penséréformatricedu GénéralKheireddine


Bâcha

Nous essayons d'analyserles péripétiesde la périodepré colonialeet la pensée


dekeireddine
réformatrice sonsle règnede AhmedBey (1837-1855), Mohamedbey(1855-
1859),MohamedSadokbey (1859-1864), le rapprochementtuniso-othoman et le rôle de
Kheireddine1871-1874 et les conséquences de I'avènement de <AhdEl Ameu 1857ou
et sacomparaison
pactefondamental avecle pacte "d'El Foudhoul"desvertueuxen 1837.

II est utile de voir cettenotion de réformeet cet esprit réformistedansson liwe


"AkhwamEl MasalekFi MaarifatiAhwali El Mamalek"éditéen 1867c'està dire quatorze
ans avant la colonisationfrançaise,et ses relations avec les Werghemmade la Jeffara
approchequi a été déjà faite pour Ahmed Ibn Abi Dhiat associéau
tuniso-tripolitaine,
gouvemement Ministre et chroniqueurdu palais,auteuret poète.
beylicalet porte-parole,

Quant à kheireddine,ce généralprésidentde la commissionfinancièredevient


Premierministre,ce mamloukd'originegéorgienneélevéedansle palaisdesbeyset reste
longtempsassociéau gouvernement,sa réforme tente de restaurerun systèmed'état
constitutionnel de la régencede Tunisdansle cadrede I'empireothomantout en seréférant
aux (Tanzymates)réformesde la sublime porte et surtout aux systèmespolitiqueset
culturelsoccidentaux aprèsdesvisiteset missionseffectuéesà la Franceen 1846entre
1 8 5 3e t 1 8 5 6 .

AhmedIbn Abi Dhiaf disaiten parlantde kheireddinequecederniern'hésitaitpasà


à des
s'attirerla colèredu bey et le ressentimentde son puissantministreen s'apposant
mesures qu'il considéraitcontrairesaux intérêtsde son paysadoptif26.

Le généralkheireddinea reçu I'enseignement des officiersde la missionmilitaire


françaiseet travailleen étroitecollaborationavecles membresdecettemission.

Ce réformateur,aprèsun long séjour à la Francequandil revient en Tunisie en


1853 kheireddineétait déjà un tunisien (adoptif) occidentalisé,ne cachantpas son
politiquésde la France227.
admirationdela prospéritéàessystèmes

@làTunisiePrécolonialeSTD.EconomieetSociétél973
,t, Le Géiéralkheireddine
Bacha: mémoiresde mavie privéeet politiqueRev.Tunisienne2 trimeshe1934.
anthropologiquesen milieu aride:
culturelleset sspects
Lesmutations socio-spatiales, 257
Casde lo 1E37-1956

Nous essayonsd'analyserle point de vu du réformateuret éditeurfondateurdu


,.pactefondamental"de 1857 quant aux régions intérieuresde la régencede Tunis et
desWerghemmadansla Jeffaratuniso-tripolitaine.
particulièrement

De 1850à 1870I'Aaradhet la Jeffarane sont pas épargnéspar les crisessocio-


économiquesaprès la créationd'un port à Gabès en liaison directe avec I'Europe,et
I'installationd'unepopulationétrangèreà Jerbaet Gabèsde vocationcommerciale,ce qui
perturbeles opérationsde commerceet de ravitaillementtraditionnel du sud, avec un
nouvel aspectde compétitioneuropéenne et israilite dans la région des Werghemmaet
zonesenvironnantes.

Le général,commesesprédécesseurs malgrésonoppositionà la politiquedesçoffs,


c'està dire le mouvementou le clan politique contrele
adoptele parti "Bachia-cheddad"
courantnationalistedes husseiniteset celui de I'indépendancede I'empireothomandes
"youssefs"

La confedérationdes V/erghemmase trouve une autre fois en face d'un pouvoir


central qui garde une politique confuseen s'éloignant des sociétéset populationsde
et leurs représentants
I'intéieur et en se rapprochantdeseuropéens à Tunis, situationdéjà
étudiéeet analyséeen soulevantlesoriginesde la créationdu "pactefondamental"

Kheireddine,envoieen 1874,une colonneappuyéepar les supplétifs"bachias",il


nomme des "caids"du çoff "Bachia chaddad" et neutralise Ali Ben Khalifat chef
traditionneldessupplétifs"hassinia-yousefs>.

Commeles autreshautsresponsables de I'autoritébeylicale,autorisantdesactivités


commercialeset maritimesdu sud et fait profiter les Européenset leursintermédiaires et
collaborateurspar une liaisondirecteGabès-Jerba-Europe avcc répercussions néfastessur
lesactivitéscommerciales deI'intérieurdu sud228.
traditionnelles

Le généralkheireddinene fait pasI'exception,il se dit tunisienet musulman,mais


dansune lettreadressée à CharlesVallat chargédu conseilgénéralde Franceà Tunis,cette
lettre révélatricede I'attitude de ce réformateur(turc) et homme d'état vis-à-vis des
"ourbanes"nomades,bédouinset desV/erghemma.

Il disait "Vous n'ignorezpasmonsieurla manièred'agir desarabesnomadesdans


les conditionsde prospéritécommedanscellesde la misère : s'ils sont malheureuxdans
mais s'ils commencent
leur vie, ils sont obéissants, à jouir d'un bien êtreet d'un peu de
prospéritéils oublientles bienfaitsqu'ils ont reçuset semettenten révoltecontreI'autorité
enméconnaissant qu'ilslui doivent.
I'obéissance

C'est pour ces motifs que S.A. le bey mon augustemaître a jugé à propos
d'ordonnerq1r;uncolonneexpéditionnaire,composéede troupesrégulières,et de cavalerie
inégulière sousles ordres du généralRustenministrede la guerre, soit expédiéecontre

- Mustapha Kraiem(1973): La Tunisiepré-colonialeSTD' 1973.


tttA. Màrtel(1965): Les'confins de I'Etattunisien
saharo-tripolitains la Tunisiel88l-1911 le relèvement
de
p. 172PUF 1965TomeI.
en milieu aride: 258
culturelleset sspectsanthropotogiques
Lesmutufions socio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

contraireà
certainestribus, les hamamaset les Werghemma'qui ont montréuneconduite
leur devoir,dansle but delesmettreà la raison'

ces tribus ayantleurscampements prés des frontières,s.A. le bey m'a chargéde


pour qu'il
vous prier en son nom d'écrireà monsieurle gouvemeurgénéralde I'Algérie,
donne les ordres nécessaires afin que ces tribus ne soient pas reçuessur le territoire
celacomme
algériendansle casoù il leurprendraiten vie de s'y réfugier.Nousdemandons
de la frontière
réIiprocitépuisquedéjà son ult.rr. avait prescritaux autoritéstunisiennes
qui voudraients'y
de ne point permettie I'accèsdu tenitoire tunisien aux algériens
transportersansautorisation'
avantI'arrivée
Il seraittrèsdésirablequecesordresfussentdonnéset renduspublics
ihez les tribus susindiquéesafin quen'ayantplus d'espoirde
de la colonneexpéditionnaire
pouvoirseréfugiersur le territoirealgérienau besoin,ellesconservent leurscampements"'

par le bey et
Cettelettre montreune autrefois de plus la politique colonialesuivie
ne cherche
par le généralkheireddineBachaqui avecsôn espritréformistepro-occidental
pour empêcher les
qu. tu demanded'aide des puisiancesétrangèreset à la France
'fuerghemma et leshamamas de seréfugieren Algérie'
ou semi-indépendantset même
Cetteattitudedespouvoirscoloniauxindépendants
aprèsl,indépendance intéiieurede 1956se répèteà chaquefois où il y a un litige entrele
de I'intérieur.
ptuvoir centralet lestribuset confédérations
1857
Même aprèsce pactefondamental,hilf ou (Ahd El Ameu de 10 septembre
la simplelecture
qui s,inspiraitdôs"Taniimates"Turcset de ce qui sepasseen Europe,et
il a été dit avant
de sesarticlesest révélatricedesintentionsdu consulde Francecomme
par la lettrede Kheireddineà
sur lesoriginesde la créationde "Ahd El Amen" et confirmé
charlesviet, chargédu conseilgénéralde Franceà Tunis (déjàcité).
les
Sur les onze articlesdu pacte,quatre seulement(I, II, III et V) intéressaient
intérêtseuropéens
Tunisiensmusulmans,et six articlessur onze traitent directementles
230.
dansla régence
ce pacteétaient
Il està remarquerque le point de péageet les véritablesraisonsde
"Léon Roches"à
desraisonspolitiqueset économiqu.,q,ri oni amenéle consulde France
aux étrangersde la
exploiterune affairede droit communpory urrur"r tous les privilèges
régence.
par les consulsdes
Ce hilf ou pactede la volonté de I'autoritébeylicaleest dicté
et les
puissancesétrangèies,kheireddineBacha ce <Turc>qui a reçu tous les respects
élogesde la premièreRépublique, jusqu'à trouver sa gravure de général de cavalerie

de I'Etattunisien
e relèvement
p. 172PUF1965TomeI
z3oE. Guellouz et Masmoudi,SMIDA (1983) : La crise des structuressocialeset de l'économie
Protectorat,pp329'
la politiquetn-gir. de kheirèddinê,la préparationdiplomatiquedu
traditionnelle,
- 383.Histoirede la Tunisie: lestempsmodernes' STD 1983'
Les mutations socio-spatiales,cultarelleset aspectsanthrupologiquesen milieu aride: 259
Casde la Jelfara tuniso-lybienne1837-1956

sur la monnaienationaleavecla nominationde kheireddineEttounsi(le tunisien).

Ce pactea étésuiviparla constitutiondu26 awil 1861sonsle règnede Mohamed


Sadokbey pour organiserla successionau pouvoir et les pouvoirsdu chef de I'Etat en sa
qualitéde chef de famille régnante.

Les cent quatorzearticlesde ce destoursont unecontinuitédespressionspolitiques


européennes, dans le domainedu commerce,des financeset f inadéquationdesréformes
ou desimitations despaysde I'Europeavecla Éalité de la situationsocio-économique de
I'intérieurde la régencede Tunis, sansoublier f intégrationdes sociétésfrançaiseset le
recoursà I'endettement de l'étranger.
2.2-La crisedesstructuressocialeset de l'économietraditionnelle
2.2.1-Le compteà reboursde I'Etat HusseiniteOtbomanet
EntifadhadesWerghemmadans la Jeffara tuniso-tripolitaine

Il est nécessaire
de faire unecomparaisondansI'espaceet dansle tempsau seinde
la régencede Tunis, l'état capitalequi gèredes tribus et confédérationdu nord-ouest,de
Jebelskhemir jusqu'à la Jeffaratuniso-tripolitaine,une population autochtonequi était
partieintégrantede tous les malheursde I'histoirecontemporaine sansavoir une seulefois
la chancede sedéciderde sondestin.

En 1837, en pleine Jeffara quatre pactes de reforme et de réorganisation


institutionnelledes tribus et confédérationde Werghemmaet du sud de la régence,nous
avonsdéjà analysé I'originede la créationde ces pactes(ahlefs) qui s'arrangentsousle
cadre d'une structure socio-économique et culturelle avant-gardiste,avec un système
politiquedémocratique, cohérentet équilibréaux yeux destémoignages desresponsables
de I'administration
et de I'armée coloniale23l.

Une annéeaprèsen 1838,débarqueà Tunis, un mameloukamené,alorsqu'il était


jeune, par I'agent du bey et devient I'homme de confiancede Ahmed bey, il était le
catalyseurdu pacte <Ahd El Amène>et du courantdes réformeset des "Tanzymates"
.rhl^:t Turques,dictéespar la France,tuteuret protecteurde la dynastiede Tunisen 1857,
vingt ansaprèsle pacted'elFoudhouldes'Werghemma, en tout tempsle pouvoirchezles
tribus était une responsabilitéde tout le monde, c'est le diviseur commun de tous les
membres des groupes ayant une liaison organique sanguine ou alliés stratégiques
(politique,économique).

En face de ces tribus et confedérations,où il y a la centralisationde tous les


pouvoirsle règneet entrelesmainsdesfamilles dont les membreshéritentles posteset le
pouvoir, les beys, les Mamelouksqui deviennentdes responsablesdans la hiérarchie
beylicaleetc., le pouvoira ététoujours,durantI'histoirecontemporainede la régencede
Tunis,une affairede liaisonsanguineet héréditaire.

"' Julesle Bæuf (1909) : Les confinsde la Tunisieet de la Tripolitaine(histoiredu tracéde la frontière
1909)ed. Berger Lewaut, Parisp.45-46en "l88 la confédération des Werghemmaformait une petite
républiqueindépendante,
ayantsesloisspéciales..."
Les mutationssocio-spatiales,culturelles el aspectsanthropologiquesen milieu aride: 260
Casde la Jeffara tunho-lyhienne1837-1956

L'exempledesBachiaet desHusseinites, une affaire familialequi setransformeen


guerrefroide et chaudeentreles tribus et confédérationsde la régencede Tunis et de la
Tripolitaineet mêmede la wilayad'Alger.

Mustaphakhaznadar Premierministresousle règnede MohamedSadokbey(1859-


1864)toujourssoutenupar les agentsbritanniqueset italiens,sesmanæuvres setraduisent
par uneoppositioncroissante
destribushesseinitessur lesquellesle Premierministres'était
appuyédepuis1854,aprèssa chuteil cèdela place à son gendrekheireddine Bachaen
I 873.

C'estle changement au sein de la mêmefamille en confusiontotale ; est-ceune


réalitécetteattitudeet la prisepositiond'unçoff à I'autrepar le Premierministre.

Les V/erghemmasetrouventen faced'un responsable nouveauappartenant


au çoff
chaddadet ayantdesbonnesrelationsavecle consulde France; le scénariode la politique
desbeysavecles <grandswezin>ou Premierministrepour changerde campsà chaquefois
où la situationsocio-économique
et financièredevientdifficile.

Ce sont les diplomatesdes pays européensqui dictent leurs politiquessouvent


antagonistes
avecI'intérêtde la régencede Tunis, aprèsla chutede Mustaphakhaznadar
beau-pèrede kheireddine,sonsuccesseurestsoutenupar le çoff Bacha-chaddadet par les
consulsétrangers.

Sesennemisfont courir le bruit que l'écrasementdestribus husseinites-youssefs


soutenues par le bey (y comprisles Werghemma)cornmencentpar le paiementdesarriérés
à conditionqueI'arméerégulière(les soldatsréguliers)ne paraissentpassur le territoirede
la Jeffara.

Avec I'aidedesautoritéscolonialesde I'Algérie, et la demandede Tripoli de régler


les différentsfrontaliers,les Vy'erghemmarespectentpendantdeux ans leur engagement,
garantipar le versementde cautionset I'anêt des incursionsen Tripolitaine,égalementle
wali othomanexige,encompensation, I'anêtdereprésailles destripolitains.

Le consulde Franceà Sfax J.H Mattei se félicite de cetteententeentreles tribus


tunisienneset tripolitaines,cette nouvelle situation (frontière tranquille et routessûres)
nousdevonscelaà kheireddine disaitle consul232.

L'espacede la Jeffaratuniso-tripolitaineresteaux yeux desautoritésbeylicales,des


consulsétrangerset diplomatesà Tunis et à Tripoli, de I'Italie et de la sublimeporteen
Turquieavanttout un passage obligéentrele Maghrebet le Machrek

Aussi, cette voie stratégiquedans une région empruntéepar les conquérants


militaires,les commerçants transsahariens,et les pèlerinsdansles deuxsenset unefois par
an de I'atlantiqueaux lieux saintsde la Mèqueen Arabie.

A. Martel(1965):Lesconfinssaharo+ripolitains
de la tunisie(1881-19ll)tomepremierp. 175PUF 1965.
culrarelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride: 261
Lesmutations socio-spatiales,
Cas de la 1837-r956

2.3-Les Werghemmadansla Jeffaraoccidentale:lesWerghemmade la


révolteà la soumission

Cettevasterégion occupantplus de 30% de la superficiede la régencedont nous


avons essaÉ dans les différentespartiesde notre thèse de retracerles momentsforts
relatifs à I'histoire pleine d'injusticesde cette confédération,les rapports que les
Werghemmatribus bédouinesd'origine berbèresentretenaientd'abord avec les tribus
voisinesde I'Ouestet de I'Estet avecÈ pouvoircentral233.

II ressort de toutes ces analysesdans les différentes phasesde cette histoire


mouvementée, que cettepuissanteconfedération redoutéepar les tribus frèresennemisde
I'Ouestet les tribus égalementfrèresennemisde I'Est, formantune partie destribus de la
Jeffara tuniso-tripolitaine,malgré son caractèreguerrier et son principe de garder ce
systèmesocio-économique,politique et culturel, autonomé et se caractérisantpar la
<chario islamiqueet par la "charia"tribale (orfs et coutumes)demeurantindépendante et
contreI'Etat,n'ajamais nié sonappartenance, à la régencede Tunis et sonallégeance aux
beysnationalisteset fidèlesaux causesde la société arabo-musulmane comme le royaume
hafside.

C'est cette dimensionet cette liaison à la "charia" islamiqueet aux principeset


idéauxde cettesociétémusulmanequi était la pommede discordeentrelesWerghemma et
les tribus alliéesde la régence
de Tunis et de la Tripolitaine et tous les pouvoirscentraux
étrangers du XVIII et XIVè" sièclejusqu'àla lè" républiqueen 1957.

Par ailleurs, les Werghemmadans la Jeffara tuniso-tripolitainejusqu'à la


domination othomanebeylicale,épargnéepar I'hégémoniede la pénétrationeuropéenne,
déjà en 1830 en Algérie, ce qui ébranlela hiérarchiewerghemmienneet modifie ses
convictionspar I'approchedu dangercolonial venantd'un autre continentet d'uneautre
religion.

Dés 1837,lesWerghemma changent de stratégie,lè" de la méfianceestouverte,le


passage de I'oralitéà l'écrituredespacteset alliancesa vu le jour, I'ouverturesur le monde
méditenanéenest entamépar I'ouverturedes ports de Gabèset de Djerba sur le monde
extérieur23a.

endogène
Au début,ils croyaientà I'autonomieet à la réorganisation par la création
de quatrepactes<Ahlefs>dans une périodede quarante quatre ans avant I'occupation
françaiseet vingt ansavantl'évènementdu pactefondamentaldit "ahd El Amen" en 1857,
et les débutsd'unprotectoratou plutôtunevéritablecolonisation.

La régence de Tunis dotée d'un pouvoir central imitant I'expérience


constitutionnelleaprèsla proclamationde "Ahd Al Aman", le 10 septembre1857,un
courantréformistedicté par les Turcs et les consulsdes puissancesétrangères(France,
Angleterre,Italieetc..)a w le jour.

e 2 éditionC.L 1884Paris.
2'nA.Martel: Lesconfinssaharo-tripolitains
de la Tunisie(1881-l9l l) tomepremierPUP1965.
culturelles et aspeclsanthropologiquesen milieu aride:
Lesmutations socio-spatiales,
262
Casde ta Jellara tuniso-IYbieW

bey Mohamed
L'espritet le fond de la constitutionde 186l sous le règnedu
capitaleen matière
Essadoksont considérésavecle pactefondamentald'une importance
t.girtutiu. et institutionnelledansI'histoiredu droit public tunisien.
un système
Cette chartevisait à établir, pour la premièrefois dans la régence,
pour (le royaumede Tunis)
constitutionnelen tant que loi org*iqu. et une constitution
avecuneentièresouvera'ineté, ostensibieapparenteau point de vueformeet théoriemaisle
ces modifications
fond et les faits réels ont toujours manqué puisque toutes
des "Tanzymates"la
institutionnellesdemeurentune recette,ou imitaiion, de la politique
en Turquieet despuissances étrangères qui ne sedécouragent
réformeet la réorganisation
sort de ses
jamais,avantcettetrèsprochecolonisation,de la régenceun étatqui ignorele
"ressortirsants de la capitaleet siègedu pouvoir à Tunis'
à I'extérieure

Les autochtones, tribus et confédérations,se trouvent écartésde tout impact des


conséquences de cettenouvelleréformeinstitutionnelle,les beysau pouvoirparallèlement
les félicitationsaprèsla
à cette imitation passive,manifestenttous les complémentset
chutedeI'Algérieen 1830.
desWerghemma à
Nous avonsdéjàanalyséI'attitudede refus et de condamnation
despactesen
cettecolonisationdu paysfrèie,puisqueça était une descausesde la création
de la
dès le débutde I'envahissement
1g37,dansle tenitoiie destribuset confedérations
Constantineet desfrangessaharo-algériennes'
et une
II s'est avéré que le pouvoir central beylical à Tunis avait des intérêts
politiqueantagoniste de I'intérieurdu pays'
a I'interêidestribuset confédérations
brièvement
Nous revenonsà I'exposédesdétailsde cetteinstitution pour conclure
exercé par le bey et sesministres'
queles trois pouvoirssontdistincts,le pouvoir exécu1i.!
le pouvoirtegistatifappartenait au conseilsuprême(électiondesnotablesdesrégionset
cadats),et le pouvoirjudiciaireexercépar lestribunauxcivils.
militaires,
Les questionsen rapportavecle droit religieux,le commerceet lesdélits
jurisprudenceislamique,tribunal
relevaientdestribunaux,peridirer : tribunal dul'chara"
commercial,tribunalmilitaire.
soit
De cettefaçonet aveccesréformes,la constitutionbien quethéoriqueet fictive
la confedérationdes
devenueanalogueaux organigrammeset à la hiérarchie de
'Werghemma,spécimend'unsystèmepolitiquetribale'
mainsdes
Il estmis fin par cetteconstitutionà la confusiondespouvoirsentreles
domainebeylicalet la
beys,ce qui aboutittôujoursauxdésordresfinanciers(fusion entrele
justice estentreles mainsdestribunaux
trésoreriede la régen..), l, pouvoirjudiciaire et la
pas'
autonomes. Finalement,le beydevientalorsun souverainqui règneet ne gouverne

Mais toutescestransformations et manceuwesendogènes et exogènesne font que


de
faireapparaître une seulefacede la médailleet de la réalitéde la situationde la régence
qui a adopté la
Tunis. Le pays, aprèsavoir connu une autorité beylicale héréditaire
aux possibilités
politique dès- innôvationsmilitaires disproportionnéespar rapport
Les mutations socio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride: 263
Casde la Jeffaratunho-lybienne1837-1956

et desprojets réalisés par des sociétés


économiques,et suite à des dépensesfastueuses
étrangères.

Ce qui a conduitaux abuspratiquéspar uneadministrationqui depuis1840,essaye,


puis desréformesencouragées
d'appliquerou d'imiter le projetdes'oTanzimites" et incitées
par les paysétrangerspar le biaisdesagentsderenseignements et les agentsconsulaires.

L'attentionsoutenue,que les Françaispar I'intermédiairedu consulde Sfax, et des


agentsà Gabèset à Djerbaportentà I'extrêmesud (JeffaraTripolitaine et Satraro-algéro-
tunisien, Dhahar, Sahara, Ghdames),une lourde conséquence,à l'équilibre socio-
économiqueet culturelde cetétattampon.

Cetteattentiontoucheau commercedesarmeset de la poudreque la Jeffaratuniso-


tripolitainea connuà traverstouteslesphasesde sonhistoire.

En effet, le commerceillicite et informel,la contrebandeet le transportdansleurs


deux sens, des armes et de la poudrepuis du matériel militaire, soit pour aider les
Werghemma à combattrela colonisation ou pourréglerleslitigeset divisionsintestines235.

Ce phénomènede commerceet deréseauxéconomiques informelsmériteuneétude


pour
exhaustive les
comprendre conséquences de ces activitésplus au moins illégauxdes
détendeurde pouvoir ou colonisé
unson desautresselonqu'il s'agitdepartenaire

Malheureusementd'après notre étude aucun pouvoir central national ou


colonisateurn'a appliquéles mesureset législationsinternationales,
donnantet statuantles
droits et devoirsdeshabitantsde zonesmédianeset transfrontalières, ce refuscatégorique
depuisla colonisationothomanea obligélescavaliersde la Jeffaratuniso-tripolitainede se
comporterindépendamment desinstitutionset desaccordsbilatéraux,dansle domainedu
commerce et d'échange
ou de déplacements pour le pâturageet les laboursen annéesde
disette236.

A traversI'histoirede la Jeffaratuniso-tripolitainece n'estqu'aprèsla colonisation


françaiseque desarbitragesfrontalierssontréalisésavecdesdroits d'usagedifferents,mais
toujoursne respectantjamais les légalitésinternationales, qui régissentce phénomène de
commerceet d'échange frontalier.

Cet aspectexplique les menaceset la fermeturedes frontièresgéographiquesdu


côté nord, c'est I'Aaradhespacedes tribus des "Alyas", ennemisdes V/erghemmaavec
bas- fondset
leursalliéslesBeniZid, puisla frontièredes < chututs> des dépressions,

235A. Martel(1965): Lesconfurssaharo-tripolitainsde la Tunisie(1881-l9l l) tomepremierp. 182


PUF 1965(lesroutesdescontrebandes)
- Kouchrid Aicha (1997) : Le mouvementd'émigrationet de commerceet le phénomènede contrebandeà
I'extrêmesud tunisien(en arabe)univ. De TunisFacultédes scienceshumainesdépartde sociologie.Thèse
de Doctorat199611997.
236Chaouchkhalifa (1980) : Passéet présentdu fait frontaliersurlesconfinsoccidentauxde la Tunisie.Revue
tunisiennedessciences socialesannée1980N0 63.Tunis.
culturelles et aspectsanthropotogiquesen milieu aride: 264
Lesmutations socio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

sebkhas.gof de Gabèsune mer de "chututs" qui a failli être une mer intérieureavant
237.
du projetroudaire
I'avorternent

Les colonsfrançaiset aveceux lesbeysothomanset leurshéritiersrépublicainsont


I'Aaradhdu restede la régencede
toujoursoeuvrépour la séparationdesWerghemmaet 'Werghemma
tunis ; et que le meilleur moyenest de mettre entre et la tripolitaineune
banièrenaturelleet de réaliserune mer intérieuresurtoutà l'époqueles projetsde canalde
Suez,de panamasont très à la mode,et que la natureet la configurationdu terrainde
,.chiâabs"dépressionset sebkhasde <El Grio à Sidi Makhloufjusqu'auchott El Gharsaet
golf de Gabèsseprêtentadmirablement à ce systèmede défense.

Cetteidéeou miraged'uneagressiondestripolitainsen Tunisieà panir deschututs


confirmela marginalisationde ce territoire des Werghemmapar les autoritésau pouvoir
durantle XJXè" siècle.

C'estce territoirequi va resteravecseshommesles Werghemmale point le plus


chaudde toutesles négociàtions entreles grandespuissances franco-
othomane,françaises,
beylical,lè" républiquejusqu'a1987.

pourquoi cette Jeffaratuniso-tripolitaine,territoire des Werghemmaest devenu


jouent
territoire militaire, zonede peur et de menacepour tous les pouvoirscentrauxqui
toujoursle jeu diplomatiqueet unevalsede politiquequi a ététoujoursconfuse?

Confusedansles négociations et arbitragesdesfrontièresentreles colonsfrançais


et les othomansde tripoli, confuseentreles héritiersdesdeux côtésde I'Est et de I'Ouest
avecdesoccasionsde disparitequi anivent au seuil de la guerre,ou d'unionqu,iarriveà
une union solennellebien signéeentreles beyset les républicainsdu XIX et xXé'' siècle,
où I'histoiren'estpasencoreécrite.
et
L'histoirese refait,dit un dicton arabe,puisqueles théâtresde ces négociations
de signatured'unification ou de litige sont les mêmes théâtres : la Jeffara tuniso-
tripolitaine, l'île de Jerbale golf do Gabèset du petit Syrte à Boughrara,le Sahara,
Ghdames,Remadaet Dhihibat.

GabrielCharmes23s parlaitde cetterégionen 1884,il disait"de Ouarglajusqu'a


Ghdames,s'étendune immensezone de dunes qui constituentpour nos processions
africainesune frontièrenaturelleauprèsde laquellela mer intérieureseraitqu'unesimple
cuvettedansun désert.Cettezonene s'arrêtequ'auxenvironsdu chott Gharsa,et c'estce
point jusqu'àla petite Syrteque nousdevonspar suiteporter nos principauxeffortspour
mettreI'Afriquefrançaiseà I'abridu mondemusulman"'"

Les Werghemma,cette confédérationde tribus doit être à I'abri du monde


musulmand'aprèilesstratègesde la colonisation françaiseet c'estcet espritde méfiance

térieuredansleschotts(1878)Julesle Bæuf
(1909): lesconfinsde la Tunisieet de la tripolitaine.
àf,Cu6ri"t Charmes(188a):la Tunisieet la tripotitaineEdit. CL 1884CalmannLévy éditeur.Paris2 édition
culturelleset aspectsanthrupotogiquesen milieu aride:
Lesmutations socio-spatiales, 265
Casde Ia 1837-1956

d'unestratégieimpérialistelointainedansle tempsmais héritéed'un pouvoir centralà un


autresansque les générations de tWerghemma trouventI'occasionde changercetteattitude
et cet état d'esprit,au contrairetout sembleprovoqueret restaurercettestratégiecoloniale
liée à une prise de consciencesédentaireà l'époque(beldisme allié aux notableset
capitalistesde la régencede Tunis).

Un héritageidéologiquequi n'a passéparéles autoritésdespouvoirscentrauxsous


le règnedesbeysothomans, descolonsfrançaiset de la l'* républiquejusqu'à1987.

En effet, le consulgénéraldeFrance,disposesur les ports du littoral orientalJerba,


Zarzis,El Biban, le petit Syrteà Boughraraun bon réseaud'agentsconsulaireset leurs
collaborateursqui s'intègrentdanslesmilieux de la sociétéwerghemmiennedepuis1824à
titre d'exempleMustaphaBen Brahimfils d'uncorsairealgériendéfendles intérêtsfrançais
à Jerba23e.

ThomasMattei gèrele consulatde Sfax puis Benghazîet Tripoli, il estchargéde se


de la contrebanded'armeet de poudreà destinationdes
renseignersur le développement
Werghemmaet du sudde I'Algérie.

Thomas Mattei et sa famille (1845-1850)oriententleurs activitésvers le sud


tunisien,représentantde diversesmaisonsmarseillaises,il se déplacesurtoutpour des
achatsde laine, de dattes,tissusde laine,articlesqui la plupart sont expédiésà Marseille
par desnaviresfrançaisdébarquant desportsde Jerba,Gabèset Sfax.

Cesagentsparcourantle territoiredestribus,de Sfax à Médeninepour acheterdela


laine, ont signalé aux autoritésbeylicaleset au consul général de France à Tunis
I'importancedu trafic clandestind'armeet de poudrevia le golf de Gabès,Jerbaet Zatas
suite à la propositiondes Mattei, ils créaientune agenceconsulaire(les fils de Thomas
Mattei) pour visiter et contrôlerles oasiset le territoirede la Jeffara,où ils viennentpour
leurs affaireséconomiqueset politiquesservaientpar la hiérarchiebeylicalerégionaleet
locale(les chaouchsde Makhzenà qui ont confié la gérancede I'agencequi en I'absence
du "kahia" exerceI'intérimdu "khalifa" lui-mêmedéléguéde I'Amel2ao.

Les autoritésbeylicalesautorisentcesmanæuwesn'ayantplus besoindesservices


desnomadesalgérienset tunisienssuiteau courantnouveaude contrôlerle tenitoiredepuis
du sud algérien.
la colonisationde I'Algérieet le débutde I'envahissement

descoutumestraditionnellesqui obligent les négociants


C'est le bouleversement
Ghdamessias Werghemmaou de I'Aradh et de Tripoli de changerd'itinéraireset de se
révoltercontrel'occupant.

-caniugeJ:trentedeuxansàtraversI'islam,lalégendedeL.Roches.
- LéonR|ches : cons.généralde Tunisie,interprètemilitaire,secrétairede I' Emir AbdelkaderEl Zazatri,
chargéd'affairesà Tunis,GrandChamp(p) :Autour desconsulat pl3 Mustapha Ben Brahim,chargédes
-
affairesconsulaires Jerba.
2noA.Martel (1965) : Consulset agentfrançais: les Matteïp I 13 lesconfurssaharo- tripolitainsde la Tunisie
I 88I - l9l I tomeI lè*partiePUF1965.
en milieu aride: 266
Lesmutationssocio-spatiales,culturellesef aspectsanlhropologiques
Casde ta JeITaratunko-tybienne 1837-1956

CHAPITRE III : LE TEMPS DES ADIEUX A LA SOCIBTE


DE LA
CONTRE L'ETAT OU LE PASSAGEDU TEMPS
PAIX AU TEMPS DB LA PEUR

que
ChezlesWerghemma dansla Jeffaratuniso-tripolitaine,la vie quotidiennetelle
lois et coutumesnécessitent
la gardedes troupeaix, le respectdes différents"Kanouns"
uneentraide.
seule du bétail dans un
Un homme seul, une famille ne peut s'occuper
esclavesnoirs des
difficile et aride,parfoisil y a recoursà I'utilisationdes
environnement
.,khammas,,
commemoyend'augmenter la main d'æuvrefamiliale et c'estainsique la vie
comptantdes dizainesde personnes
nomadeen groupep.ui ,urr.*Iler plusieurstentes
voir mêmedescentaines.
et tribus ou <Arch>vivant en
cette nécessitéde défensequi groupeles fractions
lignageavecun faibledéveloppementaËsinttitutionspolitiquestribales2ar'

à réglerpeunombreuses auseindela vie


La vie socialerestesimpleet lesquestions
et l'édificationdesksours'des
qui prendun aspectassociatifiquiapparaitdans1agestion
et arboricoleen sec' les
oasis et "Zemld' exploitation-avec une production végétale
systèmes de puits d'abieuvementcollectif destroupeaux'ou les zonescoutumesde labour
grandsparcourspastorauxégalement
et semis, des terrescollectiveset la gestiondes
collectifs.

Une absence totaled,individualisme et de production espritcompétitif,I'entraideet


où toute productionmêmeles
I'appropriationen groupedonnenaissanceà ces coutumes
au profil de tout le groupe'
produitsde la chas!. ou lu cueilletted'unproduitagricole-reste
qui s'organisesouventen respectant lesbaiisesde cè mondenomade'à savoirles"kanouns
de tribu, groupede tribus ou
chania,,et du "orf'et les actesde "hilf' pacteou "Miaad"
confédération.

tout membrede la tribu en tempsde paix ou de


Le pouvoirest entreles mainsde 'Jemaa"
.'cheikh"qui restesous|encadrement de la
guerreavectouslesrespectsà l'avisdu général' c'est
I'unanimité en
groupe, qui n'ont quun seul choix, c'est de âécider à
toujoursavecune
l,assemblée ou "Miâd" qui gèreles différentspouvoirsdistincts,mais
ou physiquedu grôupe2o2'
sotidaritéqui apparaîtà touteoccasionde menacemorale

l-l9l l) lesteneset leshommesvers


le milieudu XIX sièclePUF 1965 ses
2a2BoutalebMed Nejib (1985): Quelquesaspectsde la continuitéde la propriétécollectivedesterreset
'
1985
I'exemileàu tuâ tti tuniti.n (en arabe)universitéde Tunis
"onrequ.n.rt,
Les mutations socio-spatialesculturelleset aspectsanthropotogiquesen milieu aride: 267
Casde la Jeffara luniso-lybienne1837-1956

Avec la diversité des genresde vie dans la Jeffaratuniso-tripolitainemalgréun


climat arideet difficile, cesnomadeset semi-nomades gardentles mêmeslieux et positions
avec un système de rotation lié au temps et à l'espace,et respectantles conditionsdu
milieu naturel et les valeurset attitudes,avectoutesles représentations qu'ils ont sur ce
patrimoine culturel et ses impacts sur leur vie quotidienneentre la mouvanceet la
sédentarité.

Jules le Bæut capitaineadjoint au chef du service des affaires indigène,à la


résidencegénéralede Franceà Tunis,conespondant honorairedu ministèrede I'instruction
publiquedisait en 1909243 : "en 1881la confédération desWerghemma.formait une petite
iepuUiiqueindépendante ayantseslois, spéciales"le khanounchartia"2aaréglantla police
intérieurede la confédérationet appliquéepar le "cheikh chartia" magistratélu et le
"kanoun orfia" ou code des droits d'usagerégi par un des anciensde la tribu, appelé
"cheikh el orP'....la puissanteconfédérationne dépendantque nominalementdesbeysde
Tunis,s'étaitorganiséede façonà pouvoirsoutenirseulela lutte contresesvoisins...

Au de la de I'ouedZeusjusqu'àla Tripolitaine,et du golf de petit Syrteen facede


l'île de Jerba,jusqu'à Dhibat les Werghemmaoccupenttout le sud, ils formentune
confedérationde quatregroupesdetribuset appartiennent au çoff "youssef"'Hussein".

3.1-Les Werghemmahommed'épée,hommede Dieu,sédentaireset Jbalias


en l88l

de I'interrention coloniale:
3.f .1- Les conséquences

Touazineet Khzours, certainestribus


Dans la région littorale les semi-nomades
demeurentfixéesà JebelDemmersansappartenirau groupedesJbalias.

Les Jbaliasdu Djebel Labiadhasservispar les Oudarnaseux aussisemi-nomades


en contactde Ghdameset du mondesaharien.

Les mouvementsde transhumance paraboliquedes tribus de la confédérationdes


Werghemmanomades,semi-nomades, ou sédentaires n'ontpaschangéavec f intervention
de la colonisationfrançaisepuisqueI'ensemblede cestribus ont refusécatégoriquement cet
envahissement jusqu'à l'émigrationmassivedes sociétésdu sud et du centre pour créerle
vide devantcette avancéede I'arméefrançaise,qui en arrivantà Gabèset au niveaudes
"chututs" est resté en hésitationétant donné les politiques antagonistesdes grandes
puissancesde la France,de I'Angleterre,de I'Italie, l'état beylical et le sublimeporte de
l'empire othoman ne peuvent pas donner le feu vert à cette invasion d'une région
limitropheou considéréeà l'époquepartieintégrantede la tripolitaine.

203Julesle Boeuf(1909):Lesconfinsde la Tunisieet la Tripolitaine(1909)ed : bergerLewaultParis.


2noDEAMBROGGIO, de l'* classe,rewe tunisienne1903.
dit kaddour,ofTicierinterprète
culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu
Lesmutations socio,spatiales
aride: 268
Casde la Jeffata tuniso-lyblenne1837-1956

tuniso-
Nous allonsanalyserl'échiquierde cettegéographiehumainede la Jeffara
république
tripolitaine, considéréepar les instances internationales,comme -une
ou zone,étattampon,entreleswilayade Tunis et de tripoli2as.
indépendante,
ouled
D'aprèsA. Martel leskhezourssontles (Hararzas,Temaras,Ghbentens,
Ounallah,Rebaie| 12,Meztottta,Houaias,Ghomrassen)'
(ouled
Les Touazine (ouled Bouzid, Rabai ll2, Jebalia 213) ouled Matrmoud
Khelifa,ouledHamed).
Médenine,M'habeul,Accara'
Hamidia,
Les Oudema : ouled Abdelhamid (Ababsa, zotxgan, 116 Jebalia,
kherachoua,Amarna,Jebalia).
Jebalia'
Ouled Slim (ouledChihida,Traiefa,ouled Debbab,Mkhalba,Deghaghra'
Jelidat)
Zenata(Douiret,Dehibat,Chinini,Guermassa)'
ksar de
En 1886, à part les Hatarzaet Temara qui emmagasinentdans les
garde est assurée
Metameur,les Khzoùs et les Touazineont Médeninepour ksar,dont la
par lesfractionsde la tribu du mêmenom descendant de Sidi Ali BenAbid, ce groupement
àe ksarsaux ghorfassuperposées dontles mursextérieursformentdesremparts'
et des
Le marchéde cesksoursalimentépar les produitsagricoleset de I'artisanat,
venusde la côteJerba,Gabèset Sfax'
produitseuropéens
des
et Houaia,Jebaliasde Matmataet Beni Kadechentretiennent
Les Ghomrassen
un marchéà bled
vergersen teffasses,ils sontfidèlesaux vieux ksoursde montagneavec
kebiraet Ghomrassen, fréquentéparleursvoisinsles Ouderna.
au sein d'un
Des marchéslocaux se tiennentà Beni Barka, Douiret, Ghomrassen
entrearboriculteurset pasteurs,leur véritablecentreen pleine Jeffara
circuit d,échanges 246'
sontlesksoursde Médenineoù serencontrenttousles'Werghemma
tribus de
Les rôles sont bien partagésentre ces tribus ou groupementde
et Jebalias
V/erghemmapour se distingueren tribus guerrières,tribus marouboutiques
berbérophones
sédentaires souventen liais;n de "serf et sahab"avec les autrestribus,
quantà Jerbaelle a gardéun statutspécial,d'indépendance puis de territoirecivil en face
du continentoù le tenitoireestmilitaire.

D 1976du sangsurlesfrontières
- J. le BoeufoP.cit.
- Martel.A. oP.Cit
p72 edit' Des quatrefils 1959
- Camille eymarJ (1959) :Tragédiefrançaiseen Afrique du Nord,
AymonParis.
,nuJulesle Boeuf(1909): Les confrnsde la Tunisieet de la Tripolitaine 1909ed' BergerLewault Parisp' 30
chapitrelV.
de taTunisiel88l-l9l I TomeI PUP 1965p 80'
- A. Martel(1965): Lesconfinssaharo-tripolitains
Les mutqtionssocio-spatiales,calturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride :
Casde la Jefara tunisoJybienne I 837-I 956

Les Accarasavecleurssix ksoursentreI'oasismaritimeet la mer (environneuf


centsghorfas,ils pratiquentles laboursdansla régiond'ouedFessien ententeavecles
Touazine,les moutonset chafireauxsontconfiésauxTouazineet Orrdernapuisqueles
Accaracombattenta pied et ne possèdent quetrèspeude chevaux'"') , politiquement
liés à la confédérationde Werghemmaavec les jerbiens exercent des activités
maritimeset agricolesdansla presqu'îledeZarùset l'île de Jerbaliée par la chaussée
romaine.

Les terrainsde parcoursde cettepuissanteconfédération s'étendaientavecdes


droits politiqueset de servagevers le sudjusqu'à Ghdamesdont les ouled Bellil, la
Jemaadu Touat,la Jemaade Beni Mazighet les DouarsdesTingazine,qui payaient
aux tribus des Oudarnasl'(Ada) 6.th-lldroit de passagedescaravanessousforme de
taxeavecd'auhesfibuts ou redevances ou ennature.
frnancières

Egalementla protectiondeshabitantsde Nalout ctJU, El Jerd s.,nJl,Sinaouin


ùJË#"; Ghdamesu.-lré, Jadou .lt-L.r,KabaouJL.r avec une protection totale de
JebelNeffoussatos.

Les tribus tripolitianes payaientpow sa protectionpar les ( ouderna> des


redevancessuite à àes actesécrits,cet impôt esi intitule < SaybaArabia> Lt'tt-"
fp- sousfonne de produitsen nature(céréales, huile,dattes...) et surtoutdeshabits
brodées.....).
dequalité(houli, watzra,chaussures

Le rôle de tous cesacteurssociauxestsoumisà un partagede rôle selonla place


socialede la tibu concernéedansla hiérarchiede la confedération.

Chaque< Serf > Sahabmontagnardavait un seigneurwerghemmiet les derur


partenairessedonnaientréciproquementle titre de < Sahab; r-rr.l+ 3s1i.

Le seigneurdevait à son serf la protectionde son bétail et celui-ci payait en


retour une redevanceen naturesouventdesproduitsagricoles(blé, dattes,huile, ..) ;
I'organisationde ce modede vie estrégléeparle < cheikhEl orf ) .

Les montagnardsdépourvusde < Sahab> nomadesont obligés de chercher


ailleurs ce partenariat,les tribus de traiefa 4ÀilL et de Aouin UF ayant été
anéanties,leurs serfs montagnards(Matous)o.Jbl-. sont obligés d'abandonnerles
lieux et le ksar en ruine pour s'installerdéfinitivementau nord de la régence,actuel
< MedjezEl Bab>.

Par contreles nomadessans< sahab> montagnard, à


sont privés de ressources,
moins de cultiver eux-mêmesla terre achetéedes montagnards; ces dernierssont
connus par leur ingéniositédans les activitésartisanales,agricoles,bâtiment des
ksours,productionde poudred'armeetc...

2a7 de la Tunisiel88l-l9l I p'77


d'aprèsL. MAGUENOT(1965): .in lesconfurssaharo-tripolitains
tomeI PUF 1965.
2a8KourchidAichale mouvement clandestine
d'émigration informelà
et le commerce
univ.deTunisthèsededoc.1997.
tuniso-libyennes
traverslesfrontières
p.
JulesIe Boeuf (1909): Lesconfinsde la Tunisieet dela tripolitaine1909ed.Berger'Levrault 45
anthropologiquesen milieu aride:
culturellesel aspects
Lesmutations socio-spatiales, 270
Cas de la 1837-1956

plusieurs montagnardstripolitainsétaient, en 1881, les "sahab" des tribus


Werghemma: les ovez;anaux Hmidia, les Naboutsaux Hmidia et Deghagbra,les
Drej et les sinaoun venduspar les ouledDebbaban zenayaya,lesouled Bellil de
GhdamessahabdesouledDebbab.

Les werghemmaarivent aux zonespastoralesau sud de Jenein,les puits de


Zar q11eles ouàernacreusaientpar I'intermédiairede leurs <serf>de Sinaoun,Bir
montâsser,Bir Garaatzebes,BirKhechemEl Houauya,Bir HaddjerEssoud,pâturages
El Ouatia.

Les tribus Touaregtraversentsouventles frangessahariennessans pouvoir


voir carte (Werghemmaface aux
atteindrela plaine de la Jiffara tuniso-tripolitaine,
avec
Touareglg94) G,.Z7l)maisils étaientvis-à-visde I'autoritébeylicaleothomane
le mêmestatutd'indépendance quelesWerghemma'

Jusqu'àla colonisationfrançaiseils sont fidèlesaux traditionsdes marabouts


et Sidi
NefzaouaSiai nft-rd el Hachanià Menchia, Sidi Zeddanà Bou Abdallâtr
NaceurBerchechà Rabta.

Comme c,est le cas des Jebaliasavec les Werghemma,les Nefzaoua,les


Mrazigues,Ghrib, Adhara,Djemnaqui sansêtre nomadesils faisaientle commerce
Touareg
.*uuÀi., et les connaisseutrdu Sutt*a tout en payantdes redevancesau
'ovzguer"en échangede leur protectionau Sahara,appartenantaux çoffs chaddad
bachiails étaient continuelleavecles Werghemmasansatteindreles intérêts
"rigrrrrr, bilatéralesentreJebaliaset Touareg2ae.
et les relationscommerciales

En lggl la frontièretraditionnellede la tripolitianearbitraireet sansexistence


esttoujoursgardéeen premièreligneparlestribus arabesdebbabiennes desNouailset
des Mhamids en JeffaraorientaleTripolitaineface au nord en Jeffara occidentale
contreleursvoisins les Werghemma lei Touazineà I'est et les oudernaà I'ouest,(voir
cartep.123)

L'histoire des tribus frères ennemiesde premièreligne a commencépar le


de Tunis
refoulementdesNouailsde la MoqtaparI'expéditionde HamoudaBachaBey
en l792pour replacerAli El karamanlibeyde Tripoli'
au-delàde la ligne
Les Touazineen facedesNouailsrefoulésprogressivement
Jerba-Oued Bouhamed-Ghomrassen (1665),puis au-delàd'ouedFessi(1705)et en fin
à I'estde Mogta,(1792).

'ntA.Mattel(1965):lesconftnssaharo-tripolitainede la Tunisiel88l'l9l I PUT 1965'


- KourchidAtcha(199f r L. roou.rnent d'émigration clandestileet le commerceinformel à tavers les
universitéde Tunis.Thèsede doc. 1997.
frontièrestuniso-libyennes
- Julesle Boeuflesconfinsde la Tunisieet dela Tripolitaine1909ed' BergerLewautParis I 909
271

Cartell : Les werghemmasousla colonisationfrançaise: la séparationprovoquée


avecles tribus Touareget les autrestribus du centreet de I'ouestde I'Afrique

^Médenlno

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(Aût €cunhrr drortb.
(me) Gounlon llcnzlg.
(ÂJ) Gounlcn Âdhere.
(H.) Gouutorr Eeorya .w,
(SO) tBognlcn Sourfr.

Source:À Maræl PUF, 1965


culturelreset aspects en milieu aride: 272
anthropolo_giques
Lesmutationssocio-spatiales,
Castle ta Jefiara tuniso-tybienne1837'1956

L e sT o u a zi n e so n tma îtresdelaJeffar aoccidentaleàlafr


(1705)et ontièr eduMoqta
de ksours
les deux refoulements de ksar Nebech ,itilJ'-Ë
conquiseaprès
BenGardenen(1792).

DucôtéouestdeougletElHmarjusqu'auslhar.a,lafrontièreestlalimitedes de
terrainsd. par"ours des Ou-derna héritiersei propriétairespar droit de conquête
Sinaoun
Jebellabiadhjusquà Ghdames, touteslestribui et ksoursde Ouezzen'Nalut'
portentla "Sima" la marque de la tribu
tripolitainsdont les animauxcamelinset autres
desoudernatoujoursducôtédroitaveclaformede(----;.
la Franceest devenuela voisine
Après la colonisationde I'Algérieen 1830,
cette date une influencede plus en plus
immédiatede la régencede Tunis, et de
politique extérieureet même sur la
prépondéranteest elercée ouvertementsur la
et agentsde renseignements
potitiqueintérieurepar le biaisdesconsuls,missionnaires
;ffectés à Jerba,Gabèset Sfax'
tunisienne
Avec une suzeraineté turque,unedynastiedesbeys,et une vassalité
intemationalau début
semi-indépendante de la sublimeportedansun environnement
despuissances européennes durant
d,uneconfusiontotale dueà l'hégémoniecoloniale
le XIXè" siècle.
et d'approche de reforme
Toutes ces formes de système politique
de.part et d'autreen périodede
institutionnellesont théoriques,ne serontraipelees
de crise, surtout pour les tribus et
crise, et combien sont nombreuxces *o-èntr politique'
groupesde tribus et confédération,jouissantd'une complèteindépendance
avec
culturelleet socio-économique, seulun cordonombilical estmaintenuen liaison
la collectedesimpôtsou "Mejba" en
le mondeintérieurautochto;ede la régence,c'est
redevance financièreet en nature'

Le recoursaux puissances étrangèrespar le biais des entrepriseset sociétés


étrangèrede la régenceet
étrangèresaux service,Lt uu* prétentioÀde la population
lèsmenaces d'unecolonisation trèsprochaine'
sesconsulsà Tunisa accentué
les autrestribus du centreet du
La confédérationdes werghemmacomme
de I'appareild'étatdesbeyshusseinites
Nord-ouest se trouve en dehorsdesservices
quiréunissaittousles pouvoirsavec
qui assuraitla domination,d,uneminoritéféodale
'," *ini't" desfinances'un ministrede
un premierministre,un ministrea. iu prutnr,
prérogativeset desfonctionsmal définies
la guerre,un ministrede la marin. uu.i des
palaiset les financesde I'Etat'
et une confusioncertaineentrele domaineteyticaiau

Lescaidsougouverneurssontchoisisdanslesgrandesfamillesdel'aristocratie
destribus pour !a collectedu "Majba"
terrienne; ils sont déléguéspar le u.y uuptgt
,.Majba" aggravépar les'abu, d"t caids et de la hiérarchierégionaleet
impôts. Ce surtout
destribus et confédérations
localeétait à l,oigine dïrévolie et le soulèvement humains'
en annéede sécheresse ou dtpidémiepourlestroupeauxou pour les
les beysorganisentde
sansnégociationsde cessituationssocio-économiques' laissedevantelles
un dicton arabe"ne
véritablesexpejitionsmilitaires,laissantdisait
T dplI commedansune missionde droit divin'
ni le vert ni le sec"o,-J+lly g.xas$
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiqaesen milieu aride: 273
Cas de la 1837-1956

cesexpéditionsmilitaires "desbeysde lamhal"' utilisenttousles moyenspour forcer


lestribusà payerle Majba et pour faire entendreraisonauxréfractaires.

De crise en crise,la confedérationdesWerghemma passela périodeothomane


avecun mode de vie qui est restésensiblementle mêmedanstoute la Jeffaratuniso-
tripolitaine,colnme témoignele calendrierdes annéesoù on peut observerqu'à part
I'année1860qui était très productiveen céréales,les autresannéesse distinguentpar
des disettes et des intempéries ou épidémies,voir calendrier de datation des
Werghemma(en annexe).

SousI'influencedes puissances européennes et principalementde la Franceet


sousle règnede Ahmedbey (1837-1855) la politiquedesréformesaugmente la colère
et la confusionchezles tribus avectoujoursuneaugmentation desimpôts.

Les nouvelles institutions théoriques, restent sans effet aux yeux des
autochtones,car la réalité de la vie quotidiennedestribus n'a pas changé,bien au
contrairesecompliqued'unjour à I'autre.

Même la Franceregrettecesreformes,puisqueNapoléonsIII, au momentou il


rêvait,"d'un royaumearabe"qui s'étendsur les frangessahariennes de la Tripolitaine
jusqu'à I'Algérie du sud et du centre se trouve contrariépar les faits de ces
institutions,bien qu'élaboréeset sollicitéespar les puissances
étrangères reviennent
sur eux en ce qui concernele projet du royaumearabe,contestépar les tribus et
confédérations desfrangessahariennes.

En effet, cette nouvelleconstitutionsubstituaitles pouvoirsabsolusdu bey et


fait entreren considérationla séparationdespouvoirset la créationdu conseilsuprême
de soixante membres avec deux pouvoirs, législatif et judiciaire qui devenaient
indépendants.

Cette situation affecte I'influence des consulsfrançaisqui étaient avant les


réformes plus efficaces avec un bey possédanttous les pouvoirs, les Français
s'aperçurentun peu tard puisquecette constitutionemportaitla conséquence de la
suppressiondes garanties dont bénéficient avant les ressortissantsfrançais et
européens.

Finalementles réformeslimitent I'influencefrançaiseau lieu de la consolider


commec'est prévu par les stratégiesde la nouvellecolonisation,cetteréformedevient
alorscommedisait un dicton arabe"une déclarationdedroit et dejusticequi cacheune
autrenon avenueet du mensonge"&t+ t'H +J c!.4.!s puisqu'ellene devaitpastarder
d'êtrecombattuepar lestribus et les autochtones
tunisiens.

Devant I'alourdissement
continu de la fiscalitéet la pressiondes "calds", les
tribus tunisiennesdu sud au nord se révoltenten 1864 sousla conduitedu chef
populaireAli Ben Ghadhatroum, contrele pouvoir beylical,qui venait de doublerun
impôtde capitationdéjàimpopulaire.

Devant les embarrasfinanciers et les abus de dépensesdes beys et du


gouvernementbeylicalréformateuraggravées
d'annéeenannéepar unemalversationet
une confusion de la gestion financière qui conduisait à I'emprunt et à la
anthropologiquesen milieu aride: 274
culturelleset aspects
Lesmutations socio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

Banqueroute et enfin le recours à I'institution d'une commission financière


de la régencede
internationaleen 1869, c'est le débutde la fin de I'indépendance
Tunis250.

Cette commission était composéed'un comité consultatif comprenantun


français,deux tunisiens,et d'un comitéde contrôlecomposéde deux italiens,deux
et deuxfrançais.
anglo-maltais,

Avec le ministreMustaphakhaznadar(wazir El Amala) ministrede la régence


sousle règnede Ahmedbey, M'hamedbey et Med Sadokbey (1837-1859), avecce
ministre commencele déclin, cornmeson beau-pèrele généralKheireddine,il est
stravelakis).
mamalouk,originairede l'île dechio(aliasGeorges

La régence de Tunis perdant ainsi son autonomie financière avec une


mondialisationde la gestion financièredu bey de Tunis, la sociétéou le peuple
tunisienne devaientpastarderà combattre,la reformeet les réformateurs,et derrière
eux une main rouge mise sur la vie socio-économique où les grandespuissances
préparentI'arrivéedansles horizonsde leursoligarchiespour partagerle monde.
3.2- Lesjeffariens,la résistanceet I'appui aux révoltesde Ali Ben
Ghthehoumet GhoumaEl Mahmoudi1855-1864
pourquoiles Werghemmaétaientréticentspendantles deuxcriseset la révolte
desdeuxhérosbenGhathahoumet GhoumaEl Mahmoudi?

Nous avonsdéjàanalyséI'attitudedesréformateurset destouriens vis-à-visdes


Werghemma,et comment Ahmed lbn Dhiaf soutenait les <ourbanes>> et les
confedérations sansciter le nom destribus dansleur attachement, de sauvegarder les
intérêtsspirituelsde la "charia" islamiqueet de ce lien organiqueavecles principesde
la religionmusulmane, dessolutionsconfuses
et le refusde I'intégration desnouvelles
réformeset institutionsnouvelles.

Ben Dhiaf, chroniqueuret personneldu palais,n'hésitepasd'accuserclairement


les ..oulémas"de la Zitotna commele cheikh Tahar ben Achour, Tai'eb.Neiffer
etc...25l

Il disait "hélas que sera la réponsede ces oulémas (savantsou cheikhs


enseignants)lorsqu'ils sé présenterontdevantDieu. Commentjustifieront-ils leurs
sousprétextequ'elleétait
refusde collaborerà la réussitede cetteutilité indispensable
en contradictionavec leurs fonctionsreligieuses,en fait la religion est faite pour le
biendansce mondeet dansI'au-delà.

Leur attitude a provoqué I'approbredu pays au point que le général


kheireddine,pour éviter cette rupture, choisit malgré eux et après de longues
Omarbencheikh,SalemBouhajeb'"''
tractationsles cheikhsenseignants

dela TunisieI88I-I9I I PUF 1965'


-tripolitaine
E.Guellouz,A Masmoudi; M.Smida(1983): Lestempsmodemesed.sTD 1983p360.
tt' BenDhiaf Ahmed: tomeIV p248lthaf AhlEzzamanFi Akhbari touneswa Ahd El Aman.
252Ben rù/a
Dhiaf Ahmed: tomeV p38 lthaf Ahl EzzamenFiAkhbarib Tounes Ahd El Amen
culturcIleset aspects
Lesmutations socio-spatiales, en milieu arlde: 27 5
onthropologiques
Cas de Ia 1837-1956

Nous trouvonsle mêmepoint de vue de kheireddinequi accuseles "oulemas"


de I'université"Ezzitouna" et que cette accusationétait confirméepar le consul du
RoyaumeUni (Angleterre).

En effet, le consulanglaisn'affrchaitdésormaisplus ni révérence,ni respectà


l'égardd'aucun<ouléma>>,Ben Dhiaf poursuitles considérercommedesparures,des
traiteset des menteurs,à I'exemplede tous ceuxqui font peu de casde leur foi et des
obligationsdivines253

Le généralkheireddinequi tentasonexpérience réformistede 1873-1877,puis


plutard en Turquie, ne cessaitde son côté d'accuseret de dénoncerI'ignoranceet la
réactiondes'ooulémas".

Les cheikhs oulémaset enseignantsà la grandemosquéede la "Zitotxtd'


présententau bey leurs doléancesle 23 septembre1861et dénoncentla nouvelle
réforme et institution de "Ahd El Amène", ils sont alors a:rêtéset condamnésaux
travauxforces.

Au coursde la révolutionde Ben Ghedhahoum, des


en 1864,les revendications
tribus contenaienttreize revendications,comporteaprès la première exigence de
I'amnistietotalepourtouslesactescommisdansle passé,lespropositionssuivantes:

- Application de la loi charaique,que le bey rendejustice comme aupatavant,


suppression définitive destribunaux,suppression de la "soudia"(protectionétrang:re)
surtout le territoire du royaume,retourâ ia gestionantérieuredesbiens"habous"254

En réalité on ne trouve pas de tracesde toutescesréformeset destoursde la


périodebeylicaledans le patrimoinepoétiquedesWerghelnma,ni dansles conteset
ies récits des chroniquelrset les diwanesde Fitouri Tlich, de Souf El Matrmoudi,de
MohamedSalahEl Ghachat,etc ....Cesderniers, se limitent,dans leur corpusaux
thèmesqui soulèventles circonstances de ce modede vie des tribus sédentaires,
semi-nomades et nomadesen transhumance, leursrôlesmilitaire avant le protectorat,
leur prospéritéet leur maîtrisede cettevie pastorale,de ce commercetranssaharien et
aux échangeset alliancesavec les respectsde la "charia" islamique et des lois
coraniques,qui introduisaienttous les purtæ des"Miaads" de cette cônfédératiotr255,
tout en condamnanttoutes les oligarchieset les oligarquesde la Jeffara tuniso-
tripolitaine qui n'ont pas hésité d'ignoreret de marginaliserces territoires et leurs
populations.

2tt Ben Dhiaf Ahmed: tomeV p 88 et suite.


'55Habous: legset biensauxservicesdesmarabouts, mosquéeet écolecoranique.
2s5EAMBROCIOait kaddour(werghemmi) offrcier revuetunisienne
interprète, 1903p97- 103.
Lesmutations socio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride: 276
Cas de la 1837-1956

3.2.1-PourquoiI'oubli desdeuxhérosGhoumaEl Mahmoudiet Ali Ben


Ghathahoumpar la confédérationdesWergbemma1855-1864

En 1855 GhoumaEl Mahmoudicombattanttripolitain se révolte contreles


othomans,il gagne la régencede Tunis à l'époquedes troublesprovoquéespar la
guerrede Criméeque AhmedbeytrouveI'occasionpour mettreà l'épreuvela sincérité
à la fois auxalliés turcs,françaiset anglaisqui déclarentune gueffeen Russie.

Le bey tunisienparticipepar I'envoid'unearméede la régencede Tunis à cette


guerre dont les Werghemmaet les tribus de I'intérieur ne comprennentpas ces
manæuvresà une époqueoù les craintessont multiplesde cette confusiontotaledes
cartesjouéespar la France,I'Angleterreet le dangerothoman.

Le jeu de bardo"Pouvoir beylical"et aveceux les Werghemmapour défendre


cetteautonomieà l'égarddespuissances étrangères, une Francecolonialequi propose
la réformepar le biais de moyensdiplomatiques et consulairesindirectessoutenuspar
des interventions socio-économiques et juridiques touchant à cette population
étrangère,qui occupe une place stratégiquedans ce jeu de flux et de reflux de la
politiqueimpérialiste,que les tWerghemma ont refusé,et c'estpour ce la que le héros
ghou-u El Mahmoudi n'a pas trouvéla sympathiehabituellede tout combattantqui
défendla causearabo-musulmane dont les germessont seméspar le refus de toute
colonisationy compriscelledesothomans2s6.

GhoumaEl Mahmoudi s'enfuitde sa prison ou exil aprèsavoir mené une


résistancefarouche contre les othomansdans un triangle tripolitain ou il était le
troisièmechef qui domineJebelNeffoussaen Tripolitaineavec les chefs d'ouled
Sliman à I'est et Mraiet maître de Tarhounaau centre,à I'Ouestc'est à dire Jebel
Neffoussa, El Jouch etc des zones limitrophes ou champs d'influence des
Werghemma (Les Oudema).

C'estcette manæuvred,'unepartiede la résistanceTripolitaine (groupeAbdel


desarmesen échange
Jelil, et ouled Sliman)qui font appelauxfrançaispour_p_rocurer
de I'exploitationdes mines de soufredansles Syrtes"', cette manæuvredouteusea
semé ia confusion chez les $/erghemmaqui n'acceptentaucun lien avec les
sympathisants d'un pouvoircentralcolonialou d'unautre.

desémissaires
Plusieursfacteursentrentenjeu, I'agitationdestribus, le passage
de I'Emir Abdelkaderet I'ancienbeydeConstantine qui serendentà Tripoli en passant
par la Jeffaratuniso-tripolitaine,avecles Senoussiaune force nouvellepartantd'une
confrérie d'Oranie dont I'Imam Mohamed Ben Ali Essounoussi,en partant en
pèlerinage,vers 1830 s'arrêtedansI'oasisde "Jaghoub"pour s'étendresur les lisières
de Satrarajusqu'àGhdames.

256MohamedAbdelmoula(1987): Jihadet colonialisme la Tunisieet la Tripolitaineed. tiers-monde


Tunis 1987de la guerre sainteà la guenejuste'
2tt AndréMartel : les confrnssaharo-tripolitains
de la Tunisiel88l-l9ll tomeI un hérosde légende
p.l18.
culturelles et sspectsanthropologiquesen milieu aride:
Lesmutalions so;cîo-spatiales, 277
Casde la Jellara tunho-lybienne1837-1956

Les Werghemmarestentréticentsdevantla fuite de Ghoumade son exil aidé


par des agents européens,il trouve asile chez ses parents Mhamid réfugiés au
Nefzaouachez les beni Zid, c'està dire le clan ou çoff "chaddad""Bachia" ennemi
des Vy'erghemma,dans les deux régences,il jouit de I'appui français, et le
gouvernementfrançaislui offre un asiledansle sudalgériensousréservede neutralité.

Les autoritésbeylicalesde Tunis,Mustaphakheznadaret Wood consulgénéral


de Franceà Tunis sontd'accordpour donnersatisfactionau sultan,rétablirI'autoritédu
bey,il faut chasserGhoumadu sudet briserle çoff "cheddadat'"Bachia" en utilisantle
clan de la dynastie(Nationaliste)<youssefHusseinite>, le sultandonnesatisfactionà
cesmanæuvreset demandede poursuiweI'exilé, considérantGhoumaEl Mahmoudi
commerebelle.

RochesLéon, secrétairede I'Emir Abdelkader,intervienten faveurde Ghouma


EI Mehmoudiqui envoie H. Janinoà son camppour projeterle rêve d'un Royaume
"arabe" englobant le sud tunisien (Jeffaraoccidentale),la Tripolitaine et le sud
algérien.

Les Werghemmase trouventune autre fois entre deux solutionsdiffrciles :


commentaider et soutenirquelqu'unqui est sollicitépar les Françaispuisqueles
affaires étrangèresde la France souhaiteque GhoumaEl Mehmoudi obtienne le
gouvemementde Djebel Nefou^s_sa permettreune expansion
et par reconnaissance,
indirectede I'influencefrançaise"0.

Entre un royaumearabede NapoléonIll et de I'Emir Abdelkadersoulevéet


projetécomme un réel rêve après l'échecdu projet de protectoraten Algérie et la
petite républiqueindépendantedans la mémoirede Julesle Bæuf et les coloniaux
français,soulevéeet projetéecommeun cauchemarpar le Boeuf, le plus redoutable
descoloniaux(déjàcité),qui utilisepar la suitela premièreinventiond'avionmilitaire
pour être parmi les premierscandidatspour combattreles Werghetnma,(combattants
àavaliersà dos de chevaux)"n ; il meurten 1916lorsquesonaviontombesur Nalut
aprèsun combatentredesguerriersterrienset un avion qui bombardedesrévoltésen
plein désertentreborj le Boeufpuis Borj Bourguibaà I'Ouestde Remadaet pasloin de
Nalut.

Maintenantnous comprenonsI'attitudedes Werghemmaqui n'offrent aucune


margedans leur mémoire, ni dans leur corpusde poésieaux histoiresconfusesne
respectantpas ce code de leur confédérationtoujours en sens unique avec
indépendancede décisionet d'uneguerresainteà uneguerrejuste.

Les troubles,confusionset manæuvres, desautoritésfrançaisesen Algérie et


leurscollaborateurs,ni deseuropéens, ni du régimebeylicalquijoue le jeu desintérêts
de la régencede Tunis, c'està dire Tuniset banlieue,sansconsidérationdesintérêtsde
la populationintérieureet surtoutcelle qui setrouvaitau sud des"chututs>,territoire
desWerghemmadevenupar la suiteun territoiremilitaire.

3) : Les tempsmodernesde I'histoirede la Tunisie


ed.STD1983p326.
25eBoulifa Mansour:El lntifadhadesOudernaétudesur les Werghemma,
mars 1997,in RevueEl Hayet
Ethakhafiano83(en araha).
anthropologiquesen milieu aride:
culturelles et aspecfs 278
Lesmatations socio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

à Tuniset les othomansde la sublime


Les institutionsconsulaireseuropéennes
porte, aprèsle congrèsde Berlin en 1878 se mettentd'accordpour se partagerle
qui soit de
,,'oni., ies Anglairit l.r othomansn'onten Tunisieaucunintérêtspécial
natureà mettre en causeI'influenceprogressiveet croissante de la Francecoloniale
venantde I'Algérie.

3.3-Lesjeffprienssuiventde prèstouteslesmanæuvresrégionales
et internationales

Au débutdu printemps1864la régence estplacéesousla tutellede la


protecteur
commissionfinancière,Etatcomplètementparalysédanssonessoret son
pasen meilleuresituation,lestribusde I'intérieurdu pays
I'Empireothomann'était-le
à payer "Mejba" lesimpôts,le mécontentement
n'étantdisposées était général.

des
Dans ces conditions nous trouvons la même attitude de réticente
de la
Werghemmaà l'égard de la révolutionde Ali Ben MohamedBen Ghedhatroum
sur les évènements de
gr*à. tribu des ùajer, égalementon ne trouve pas de traces
cettecrisede 1864a*r f. récit deschroniqueurs et conteursni dansle patrimoinede
nous.allonsessayerd'analyser cette
corpuspoétiquede la Jeffaratuniso-tripolitaine,
negiig"ncequen'estpassansfondementmaisau contraireseréfèreà descirconstances
manifestent
intérieuresèt extérièures.En effet, le soulèvementet I'opposition se
d,abordchezles tribus <chaddada,Bachiu de longuedatehostileau régimemaiselle
la coteet les
sepropagearapidementdanstout le territoirede la régence,sanstoucher
inquiétépar
tribus de W.rgh"**u du çoff "youssefhusseinite".MohamedSadokbey
large de Tunis
l,ampleurdu ioulèvementqui marchesur Tunis, avecla présenceau
260.
d'unèescadreinternationale
et
Le consul de France <de Beau val> appuyait ouvertementla révolte
au
correspondaitavec Ben Ghadhahoum,le bey proclamait la renonciation
doublement de la "Mejba".

Le gouvernement contactaitle chef de la révoltepour la négociationavecle


.'Bey des Arabes" dès le début de cette révolte I'interventiondes
chef proclamait
puissancesétrangères devantles portstunisienss'ajoutaità la confusiongénéraledans
tout le pays,avec des rumeursde débarquement créaientune angoissedu côté des
autoritésbeylicaleset du côtédestribusenrévolte'
Les Werghemmane sontpasencouragés d'unepart par I'attitudedu consulde
qui
Franceet d'autre part les intentiônsde MustaphaKhaznadar(Premierministre)
ranimaitI'antagoniimeentreles çoffs opposéset nomadeset citadins'
qui
cette politique a été renforcéepar la prise de position anglo-othomane
consistaità contrecarrerlessouhaitset lesmenacesfrançaises.

in. la politiquede SadokBey-BenDhiaf:


2@Ayari Mohamed: ta révolution de Ali Ben Ghadhahoum
ITHAF AHLEZZAMENpp l4l- 152Tunis.
Les mutations socio-spatiales,cullurelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 279
Casde la Jeffarulunko-lybiennelE37-1956

L'attitudedesWerghemmaavecles deuxrévoltesde GhoumaEl Mahmoudiet

Ali Ben Ghadhahoumsetrouveinfluencéepar la politiqueet les manæuvresconfuses


de la colonisationfrançaisepar le biaisdu consulet pourplusieursobjectifs.
- Faire échouerles réformesdu fait que les institutionsencouragées
au début,
sont avéréescomme une entraveà la politique d'intégrationmassiveaux affaires
intérieures.
- Eviter une internationalisation
des deux révoltespour maintenir la crise à
l'échelle, de la régencesans atteindrele rapprochemententre la régenceet les
othomansde I'empire. La peur que cette crise et ces révoltesse prolongentfaisant
boulede neigepour ébranlerla guerrecivile danslesprovincesvoisinesd'Algérieet de
Tripoli.

Il y a eu recoursaux manæuweset missionsde renseignements pour diviser le


par la ranimationde cet antagonismeentre
front intérieurdes tribus et confédérations
lesçoffs et les intérêtsdesdiversgroupes.

Les Werghemmasensiblesau problèmede fond, et combattentpour une


tentativeunioniste du mouvementpanislamique,ils saventque les Turcs ne sont
nullementconsidéréscomme l'élite de la sociétémusulmane,ils ne parlentpas la
languedu Coran et I'attitudeet la politique socio-économique
et culturelle de leurs
représentantsà Tunis a été toujours fort contestéepar la confédérationdes
Werghemma.

C'estpour cela que pendantcesmomentsde crise,la réactiondesWergherruna


n'étaitpas changéemais fidèle à I'adoptiond'unecertaineligne politique fut d'autant
plus grandeque les manæuvres de la régencevoisineet desconsuls
descolonialistes
européens qui intervenaientde façonfranchement contradictoire
et antagoniste.

Les contradictionsentrecesforcesde frappenationalisteset hérosdesrévoltes


laissentparfoisdesséquelles.

Du côté des frontièresouestde la régence,cetteattitudedesV/erghemmabien


que justifiée par I'interventionet les manæuvres
de la Franceet desconsulseuropéens
vis-à-visde la révoltede Ben Ghedhahoum EL Majri entredansI'oubli de I'histoire.

Quant à I'attitudedes WerghemmaavecGhoumaEl Mahmoudi tripolitain et


voisin de I'Est, la neutralitédes guerriersde la Jeffaran'estpas oubliéepar le héros
junior Souf El Mahmoudi qui continuela guerrecontreles envahisseurs de la Jeffara
orientaleothomanset Italiens avec souventdesrencontresavec les Touazineet les
Oudernade la confedérationdes V/erehemmadansle mêmeterritoire défendantles
mêmescauses.

Souf El Mahmoudi, cavaliercombattantet poèteet petit-fils de GhoumaEl


Mahmoudi,se trouveun jour, suiteà desévènements provoquéspar les
contradictoires
mêmes investigateursimpérialistes,contrariéà combattreles tribus Makhzen de
Werghemma,il se souvientavecregretet amertumedansson corpusde poésieédité
par MohamedSaïdEl Ghachatsousformede"Diwan " intitulé " Souf El Mabmoudi,
anthropotogiquesen mllieu atide:
culturelleset aspects 280
Lesmutations socio-spatiales,
Casde la 1837-1956

262
sa vie et poésie ". Nous analysonsquelquesextraitsrelatifs à la relation existait
jour des
entre ce dernier et les werghemmapar une critique de son poème "le
Touazine".

262Souf El Matrmoudi : chef guerrier,poète des Mhamidesnipolitians (1857-1930),petit-fils de


libyens eur 9n1cgmbattusles
GhoumaEl Matrmoudi considér-éparmi lès redoutableschefs gueniers
ttutirn, et les Anglais, les quate irérosde la deuxièmegénérationaprèsGhoumaEl Mal[noudi sont
-khelifa
g.tg"r"r ktrichi, Ben Askarqui étaitpro-Werghemma eJamifidèl desOuderna,cheiltt Hachem
la zonede koufraet Fùibat,et
dissidentde Abed Sannoussiet connupar sonattitudede malfaiteurdans
plusieursfois, il choisison dernier
SoufEl Mahmoudiqui est né à Ourglaen Algérie,réfugiéen Tunisie
refuge(exile) à Douz en Nefzaoua.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropotogiquesen milieu aride: 281

4EMEPARTIE : L'INVASION FRANCAISE


DE LA JEFFARA OCCIDENTALE
culturelleset aspecfsanthropologiquesen milieu aride: 282
Lesmutations socio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

CHAPITRE I : LE DEMANTELEMENT DE L'INDEPEI\DANCE


DES \ryERGHEMMA DANS LA JEFFARA OCCIDENTALE
Avec la colonisationfrançaisede I'Algérieen 1830et I'entréeau nord-ouest de
estarrivéedansle Saharaalgérien en partantde
la Tunisieen 1881,I'arméfrançaise
de I'armée
Caustantine,à ce moment là, la missionde I'offrcier "Rebillet" éclaireur
de la vie
françaisevient de terminer une étude exhaustivesur les divers aspects
quotidienneet I'organisationdes"ourouches"tribusde werghemma.
Rebilet écrivaiten (1882)"le paiement deI'impôtétantla manifestation la plus
de la soumissiond'une tribu, cet impôt "Jibayd' de capitation qui
caractéristique
trouvé que cette
atteintégalËmentle pauvreet le riche est absolumentunique",il a
de même
pt.rJarË est insuffisantepour enfin proposerde la remplacerpar un impôt
qui figure au
iupport sur les troupeauxàu "Zakat"avecle mêmenom et appellation
..ôôran"et à "la Charia",I'aUmôneOn"Iana"dOnnée aux pauyres.
de sa
cette situation à I'avantagede faire contribuerchacunen proportion
entière en troupeaux
richessepuisque la richessedes nomadesest presquetoute
(chameaux,chevaux,ovins,caprinsetc"')'
à leurs
Donner par contre une prime à ceux des Werghemmaqui cédant
peut êtrepar ce
instinctsdesberbèresd'origine vôudraientretournerà la vie sédentaire
siècle et leur
débutd,édificationdesKsourset "Kalaâs"et "Kousba"depuisle XVIIètt
installationdanscesgloupements deKsarportantle nom de chaquetribu fraction'
ou

En 1884 le polytechnicien "Rebillet",officier de I'arméfrançaisenvoyéen


stratégie pour
Tunisie pour une mission d'espionnageet de préparationd'une
de ce tissuet cetteorganisationsocio-économique et culturellede la
l,anéantissement
confédération desV/erghemma.
des
Il està signalerqu'à ce momentlesrelationsde la Franceavecles autorités
la tâche aux
Beys de Tunis étaieni très bonnes,jusqu'à encourageret faciliter
de I'Algérieen 1830par I'envoi d'un représentant du Bey de Tunis pour
océupants
déjà citées) sur
féliciier et solliciter la colonisationde I'Algérie (circonstances
européennes et
l,attitude et la dépendancedes Beys avec les autoritésfrançaiseset
leursmouvementsd'indépendance de I'empireOthomanet de la sublimeporte "ur'Çl
glbll ".

ce qui a encouragé les grandespuissancesde l'époque(1830 -l8q+), I'Italie


pourun débarquement
'urriu., éminentsur lescô1es[byennes,la FranceoccupeI'Algériepour
jusqu'à Ghdameset Ghat surtoutque les occupantsTurcs bien qu'ils sont
musulmansreprésentaient aux yeuxdestribustunisienneset tripolitainesun occupant
des
hostile à la population indigène,ils sont mal supportéspar les confédérations
Askar de
Werghemmu, aèr Nouayels.-tSiuâr,.t,lesThenis,et les OuledsBillil, et Ben
Nelut.
en Tunisieet en Libye ne sont pas estimés,ils
Les Turcs et leurs représentants
sontpeutêtresupportéscar iis représentent le "Khalife "de I'Islam et politiquementles
Lesmutationssocio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiqaesen milieu aride: 283
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

confédérationsde la Jeffara tuniso-tripolitainen'ont jamais insulté I'avenir puisque


aux momentsdes crises et de menacesdes étrangers"Kuffars" (ltiS) infidèles,
incroyants,un seul refuge c'est de s?adresser à une aide politique ou militaire de la
sublimeportedu "Khalige de I'Islam" enTurquie.

Nous étudieronstoutes ces circonstanceset crisesqui ont traverséla jeffara


jusqu'à
occidentale la considérerun EtattamponentrelesdeuxV/ilayas(Régences) de
Tuniset deTripolie.

Le commandantF.rebilletdisait263' *i1y a enTunisieune questionsaharienne


commeen Algérie,il importede poserlesrèglespourtraitercettequestionet de ne pas
laisserau hasardde l'inspiration du momentde la solutiondes différentsincidents
qu'ellesoulèveconstamment".

Il a fallu à cet officier deux ans à la tête du centrede renseignements de


Metameurbanlieuede Médeninede 1882 à 1884 pow comprendreet analyser
l'organisation et la hiérarchie de la confédérationdes Werghemma et de la
Tripolitaine,profitant de la sagesseet I'hospitalité despopulationsautochtonesdans
ces Ksours et exploitations familiales agricolessur les bordures des oueds de
Metameuret de Médenine.

Il a soulevéles points forts de cettesociététribaleet égalementet surtoutles


pointsfaiblestouchantI'aridité du milieu et la précaritédescultureset despâturages,
et I'insuffisancedespluies.

C'estpar le biais de F.Rebilletet desmissionnaires


civilesqui étaientintégrés
dansla populationautochtonede Médenineque le démantèlement desWerghemmaa
étérapide.

D'aprèsle notaire Hadj.AbdallahBen Jaballahqui reprendle récit de son père


"Cadhi" juge du "Charaâ" des tribus nomadesde la région de Médenine affecté
264,il disait : "Pendant
comme"Cadhi" mobile se déplaçantavecles groupesde tribus
une dizained'annéesnous avonsbeaucoupde soupçonsà l'égard de deux individus
étrangersqui parlaientl'arabeet suivaientles coursde l'école Coraniqueavec les
"Modarres"enseignantsCheikh Ali El Fafi puis MohamedEl Houch Rejbani. Les
deuxétrangers apprennentde Coranet pratiquentlescinq prièresà la grandeMosquée
de Sidi AlayaBen Abid. Ils ont disparuavecI'arrivéede la colonisationfrançaisesans
laisserdestracesaprèsune intégrationtotale dansles milieux et avecles personnes
lettréesde Médenine, capitale des Ksour, lieu de rencontrede toutes les tribus
Werghemma".

F.Ribelleten analysantla structuretribalenomadedesWerghemmaa éprouvé


et I'a cruellement éprouvéjusqu'à avouersonmécontentement et saméfianceà l'égard
de la sociétéguerrièrede I'Ardh et de la Jeffaraoù il a trouvéle refuscatégorique

tu' Cdt.F.Rebillet
(1895): Lesrelationscommerciales et le Soudan,p.103.
de la Tunisieavecle Sahara
2t Gadhi Belgacem.Ben Jaballah.Jugeet Cadhidu "Charaa"se déplaçantavecles tribus, auteurdu
calendrier"L.rtc.rll" héritée par son fils MohamedBelgacemBen Jaballh,notaire qui a réédité la
"Raadia"en 1950aprèsla mort de sonpère.
cullurelles et aspectsanthropotogiquesen milieu aride: 284
Lesmutations socio-spatiales,
Casde h feffata tunho-lybienne1837-12!!-

grands groupeset
de la guerre de pacification coloniale chez les "Cheikhs" des
confédérationdu sudde la régencedeTunis'

Chez les "Miaads" et assemblées des tribus où chaquepersonnese trouve


Werghemmaet El
totalementconcernéepar cettecausetouchantle "Watan"ou "Barr"
région de Gabèset
Aradh (tenitoire ou p^utti.de la Jeffaraoccidentaleet de I'Aaradh
de BenZid).
puissance
c,est en 1881 que la France soucieusede développer sa
alors la régencede
économique,établissaitson protectoratsur ce qui I'on appelait
Tunis.
L aré g e n ce d e T u n i so u deTunisieiciseposelaquestion?

EdouardSoulierécrivait : "Tunis demeurera la ville, il suffirade la réunir à Bizertepar


Nord-Estd'Hudson
un train-électriquedirect,commela HayeI'Est à Rotterdam,la rive
jusqu'àAtbanyà New-York,Versaillesà Paris"

En attirant l'attention sur la Tunisieet sesressources Ferdinand- Lop donne


plus considérablesde
donc son cadre à I'un des problèmesafricainset françaisles
pour demeureren
l'heuredepuisce protectorat,le paysestdevenu,la régencede Tunis
aliénationpermanente, d'une épôqueà uneautreon passede l'occupationOthomane'à
un protectôratfrançaispuis a unô indépendance intérieureà I'exceptionde la Jeffara
occidentale(territoiremilitaire)et Bizerte'
a
Les occupantsdisent,en 1881,que cettepuissanceéconomiquefrançaise 26s
besoind'êtredéveloppée, maissurtoutpow accompliruneoeuvrede civilisation ?
de.tous les
Sansoublier que ce pays était le centreoù convergela flamme
que la capitale qui
regards, où la capiiale dêsigne aussi bien le tenitoire
malheureusement ,. t ouu" à lÈxtrêmeNord commeI'ont souhaitéles créateursde
rendez-vous desvoyageurs
l,histoiretrès loin dessouhaitsde la populationautochtone,
les flottes et les
de l'orient et de l'occident, c'est là que viennentse rencontrer
caravanes.
jamais été
On a parfois interprétécettesituationparfaiteque la Tunisien'avait
Tunisienne?
1300 ans
S'agit-il d'une qualité ou d'un territoire tirant sa civilisation de
purementautochtone,
d,histoireriche et féconde,et qui a tiré sa cultured'un fond
turc,
piéni.i.n, romain, vandale, byzantin, berbère,arabe, musulman,espagnol,joué
français,arabo-musulman... ou bien d'unedifficile placesfatégiqueoù le paysa
I'histoireà chaque
un grandrôle historiquepar sacapacitéd'attirer,deretenir,de créer
et avecdeséchanges pas
fois mais sousinfluenceexercéeau seind'unenvironnement
autochtone'
toujourséquilibrésen faveurdesintérêtsdurablesde la population
méridionaux
L'histoirede la Tunisien'oubliejamaisquela conquêtedesports
de I'arméebeylicale
en Juillet lggl était réaliséepar I'appuitotal des autoritéset
othomane266.

6maymond(1961) : la Tunisie,ParisPUF'
t*n. fnfurt.f(19;5) : iesconfirns de la Tunisie,PUF'1965
saharo-tripotitains
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologlquesen milieu oride: 285
Casde h feffara tuniso-lybienne1837-1956

Le GénéralSaussierFelix (1828-1905) Saincyrien reprendle commandement


du 19è" corps d'arméeavec autoritésur la division d'occupationde Tunisie placée
souslesordresde Logerot.

L'occupationde Sfax,Gabès,Djerbaen facedela Jeffaraet desWerghemmaa


été réalisépar le concoursde I'arméedu Bey ; le pluspertinentdanscette occupation
c'estque Paris ne peut envoyerque 8000 hommesen renfort, I'utilisationde I'armée
tunisiennebeylicaleaété d'unegrandeimportanceconformément à la lettre et à I'esprit
du traitéde Bardorelatif au protectorat,26T

Cettesituations'estrépétéeplusieursfois à traversl'histoirede la Tunisie,nous


évoquonsà titre d'exemplela dernièrebatailledesWerghemma contrela colonisation
françaiseles 15-16-17-18 et 19 Mars 1956ou le même scénarioserépèteet I'histoire
se refait esi.;+r'; etldl avant quelquesjours de I'indépendance interne ou I'armée
françaisesollicitée par le président
du Parti du pour
Destour anéantir la résistancedes
Werghemmadans les montagnesde Demmerà fin de clôturerle dossierle 20 mars
1956,jour de la signatured'un autretraité dit <indépendance interne>ou autonomie
inteme.

Nous revenonsen Juillet 1881 pour la conquêtede Gabès capitale de


"l'Aaradh"ou le dernierchampde batailleavantla Jeffara.
Il a étéprévuun Lieutenant-Colonel françaisayantsoussesordresunedemi-batterieet
deux bataillons,I'un françaisI'autretunisienpour I'occupationde Gabès,port et ville
dansuneambivalencetotaleéloignantla populationautochtone du pouvoir central.

l.l- L'invasion du sud de la régencede Tunis et la négociationinternationale


entreles grandespuissances

Aprèsla conquêtedesportsde la côteet lesvilles côtièresSfax,Gabès,Djerba,


françaisesconfirme devantle
le 25 Juillet 1881 le Ministre des Affaires Etrangères
Sénatla position de la Franceet sesintentionspour envahirla régencede Tunis a fin
de défendreI'Algérie.

Certainsresponsables du Sénat,sontcatégoriques, I'occupationde la Tunisie


était pour défendreI'Algérie,et il faudraconquérirTripoli pour défendreTunis, c'est
I'idéedu ducde Broglie268.

Cette stratégie coloniale impérialistea été encouragéepar des assurances


donnéespar la GrandeBretagnequi, aprèsune réactiondisant,que I'occupationde la
Tunisieestune aventureaussiextravagante queI'occupationde I'Algérieet ne pouvait
être souhaitée,à la France, que par sesennemislesplusdéclarés; maisquelquesjours
plus tard elle se félicite de la publicationde cet évènementpar les correspondances
diplomatiques,c'est elle aussiqui donnedesconseilspar le Foreign Offlrce (affaires

267A. Martel(1965): Lesconfinssaharo-tripalitains


de la Tunisie.PUP.1965'
268A. Martel(1965): LesconfrnsSaharo-Tripalitainsde la TunisiePUF. 1965.
culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aritle:
Lesmutatiorts socio-spariales, 286
Cas de Ia Jefiara tunko-|1'bienne 1837-1956

pour que le sublimeportede I'EmpireOthomanaccepteles manæuvres


étrangères)
coloniales ses.
françai

Essad Pacha confirme à son tour la volonté de palx de la Turquiemalgréles


renforts qui anivent en Tripolitaine.

Le 3l Juillet 1881 Abdelhamid(Sultan) de la sublimeporte assureque les


autoritésothomanesne créerontaucunedifficulté dansle sudtunisien268. Un" période
d'hésitation d'Avril à Juillet 1881, après I'accord résultant des négociations,des
grandespuissances;la Franceaffimre et établit sa protectionsur la Tunisie.

1.2-Les Werghemmaentre le refus de la colonisationet la volte face de la


sublime porte Othomane

Depuisla signaturedu protectoratavecMohamedSadokBey en l88l au Palais


a duré trois annéesqui s'estterminéepar un accord
de Bardo, une périoded'hésitation
des puissancesconcernées.la Grande Bretagne,I'Empire Othoman, I'ltalie sous
réservede respecterI'apparencede la souverainetébeylicaleet surtoutles droits acquis
despayseuropéens.

Elle y jouit maintenantde toute liberté d'action, ce qui ouvre les portes aux
planificateurscoloniauxpouratteindredeux objectifsprincipaux:

Primo développerla puissanceéconomiquede la Franceà I'extérieurde


I'Hexagone;et secondo réaliserune oeuvrede civilisation ? Et depuisl88l cette
oeuvrede civilisationne cessepasde se multiplier,pour anéantirune infrastructure
socio-économique et culturellepar le biaisd'un environnementgéopolitique,qui n'a
laisséaucunechanceà la Jeffaraet aux Werghemma de revenirà leur organisation
autochtone,et leur auto-suffisance économiqueet leur équilibresocioculturelet
politique.

Le pouvoircentralBeylicalavecle textedu traitéde Bardoet le consentement


desautrespuissances estmaintenant acquis,aprèsavoiraccepté sonagression et son
il
intervention, est peu probablequ'elles s'opposent à la de
réalisation sa politique,
restemaintenant intitulésau-delàdes"Chututus"c'est le
la réactionde cesterritoires
payset lespopulatiorisaprèsChottDjerid,le Golf de Gabès, ChottEl Guérinet I'oued
ZeussséparantI'Aaradhdela Jeffara.

deTunis
1.3-L'inten'entionmilitairedansle Sud de la régence
L'interventionmilitairefrançaisepourI'occupationdesportsde Sfax,Gabèset
Djerbaest une manoeuvre pour couperet empêcher Turquepar les
touteintervention
biais de ces ports et d'empêcher I'arrivéede tout armementou aide par les voies
maritimes,surtout que les "Ourouches"de Werghemmadans la Djeffra tuniso-
tripolitainesuivaientle déroulementdes évènements avec beaucoupd'attentionet

26tMinistèredes Affaires étrangères Turques,confirmeI'anitudede la sublimeporte le 23 Juillet,


réponsede la hauteautoritéle 3 I JuilletI 88l.
2teA. Martel(1965): Lesconfinssaharo - tripolitains
de la Tunisie.PUP1965.
Les maîations socio-spatiales,cullurelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 287
Casde la Jeffara tunisoJybienne1837-1956

surveillaientde près les nouvelleset les réactionsdesdiverspaysce qui apparaîtsans


équivoquedansles poèmesdeséminentspoètesde la confédération à ce momentlà270.
En effet le poètequi a émigréaveclestribus et groupesdestribus du Sud,du
centreet des Werghemmapour créerle vide devantI'arméFrançaised'occupation: il
disaitde cetteopération"No man'sLand" (irls* *,r-j ).
Nousne noussoumettrons jamaisau
Colonelmêmes'il nousoffre toutesles
richessesdu monde.
Nousvivrionslibresavecnos
troupeauxenpleindésert.
Si vousétiezdesbonscroyons,vous
awiezdû noussuivredansla juste voie.
A quoi vousvousattachezdans une
plainearide? vousvousêtessoumis
à desincroyants.
Jepleurevotreabsence, mesfrères,
je gémiscommeuneflûte,quellemalédiction
vousa frappés?
Vous n'aveznioliveraies, ni palmeraies,
ni port,à quoitenez-vous alors?
Orientez-vous versla JeffaraTripolitaine,
ellevousseraI'honorable issue.
Les Medeninset vosfrèresles Werghemmas,
n'hésitezpasà I'exodemassif,Dieu estclément
et sesportesvousserontouvertes.
VousavezserviI'occupant,
sonGénéralet sonColonel.
Pourquoivousvousretrouvezcontre
votreidentitépropre?
Tout musulmanqui sesoumetà un mécréant
devientcommelui renégat.
QueDieu vousanéantisse, gensmaudits.
Pourquoiabandonnerions-nous nostraditions?
Pourquoinousoublierons-nous notrepassé?
Jadisje vivaisdansun printemps.
PoèteMansourEL HOUCH
DjeffaraOrientale
(Tripolitaine)
1882/1883
(Notretraduction).

1.4-"NoMan's Land" la stratégiede la confédérationdes\Merghemma


devantla colbnisationfrançaise
L'organisationet le mode de vie tribal et fédéraldes groupesalliés de cette
confédérationdes V/erghemmadans la Jeffara tuniso-tripolitainea été toujours
marquéepar I'absencede contrôlede I'Etatet detout pouvoircentral.

"" Le poèteet résistantMansourEl Houch"CiraaMAA EL HIMAYA"llstl 6e gl=pall"...inMarzougui


Mohamed,STD 1979,p 287 et suite.
culturellesel aspects
Lesmutationssocio-spatiales, en milieu aride: 288
anthropotogiques
Casde la JeITaratunisoJybienne1837-1956

L'attitudeindépendanteet I'obstinationde ceux-ci, leur refus catégoriqueet


vital de s'inclinerdevanttoutes les autoritésrégionales,beylicales,colonialesautres
quele "Miaad" de la tribu et le "KanounChartia", "Kanoundu Orf coufumier"ou les
pactes "Ahlefs" qui depuis 1837 juste après la colonisationde I'Algérie, la
confédérationdes V/erghemmaa prévu le dangeréminentet prévisiblequi apparaît
dansleshorizonsouestde la Jeffaraet de toutela Régencede Tuniscetteanticipation
qui a provoquéla signaturede quatre pactes"Hilf'entre les groupestribaux de la
Jeffaraet du sud tunisien pour se préparerau grand évènement engloutissantvoir
mêmes'attendre à uneanéantisation par
instituéeet signée le pouvoircentraldesBeys

Les V/erghemmadans la Jeffara tuniso-tripolitaineavaient une sensation


communede ce grandpréludeavantquarantequatreansde sonévènement, c'està dire
en 1837lorsqu'ilsont concluet signéle "Pacted'El Foudhoul"desvertueuxpour une
mise au point et une réflexion les rapprochantde I'allianceentreles divers groupes
pour arriverà uneunitédurable.
tribaux,et lesforcesde frappede leur confédération

Leur réticenceou refus de payer les impôts et le "Majba", ne les ont pas
empêchésde faire alliance avec un "Caid" affecté par le Bey dans la région de
I'Aaradh,mêmesi ce dernierne tarde pas de mettreen prisonle 08 Ramadanl29l
(1874)dansun rapportdu "Caid"27lprécisant que la prisonde Gabèsdétenait118
prisonniersWerghemma,le rapport parle aussi d'une demandepressantepour la
créationd'une"Mhalla"et uneprisonchezlesTouazine".

Pour Werghemma,le taux de la taxe n'était pasfixe pourles tribus nomades,


les estimationsfaites sur les listes nominativespermettaientde partagerle total du
"Majba"entreles fractionsde la tribu.

De criseen criseet jusqu'ala faminede 1867les Touazine,les Oudernaet les


paspayéplusde (10) ryals(Piastres)
BeniZid n'avaient le contribuable.

Il est à signaler que la confédérationdes Werghemmanon inscrite sur le


registrefiscalpayaientle "Majba" et les frais de "Makhzen"pluslesfrais de deuxmois
de séjourde la "Mhalla" du Bey chez les Touazineet les Oudemapendantla période
du collectey comprisla nourrituredessoldatset ce de leurschevaux.

DansuneplaintedénonçantI'augmentation de la taxedu "Majba",le Miaad des


Touazineécrivait que El" Iana" aide, est très lourde comparéeà celle de I'année
précédente.

Cetteplainte a été adresséeau "Caid" qui à son tour a envoyéune lettre au


PremierMinistredatéedu 20 Muhanam (1283Hejri) parlantdu refusdesV/erghemma
de payerle 'lMajba"d'unemanièrerégulière,mêmeen nature,à moins de réduirecet
impôtà (10) piastrespour chacun.

Cette situation ambiguë demeuredes annéeset chaquepartie reste sur sa


position.

ment Tunisien,A.G.G.TDos479cu (42).


Les mutalions socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 289
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

Le "Card"exigeaitdesrfferghemma100.000piastres(ryals)de redevance,mais
le Miaâd desTouazinen'avaitpayé que 10.000piastres(ryals)refusantainside payer
plusde l0 (ryals)partête212.

En 1865le dialoguede sourdscontinueentrele pouvoircentralet lestribus de


la confédérationdes Werghernmapar le biais des représentants de I'Etat Beylical
féodalet les tribus du sud refusantce systèmeet optantpour une alliancede tous les
groupesavec le sublimeporte Othomanepour venir en aide contreI'hégémonisme
intérieurbeylicalet extérieurcolonial qui avancelentementdepuisla colonisationde
I'Algérie.
Les Werghemmasont recherchéspar tout en territoire de la Jeffaratuniso-
triolitaine et en dehors,le "Khalifa" "Caïd" de Djerba a fait payer les werghemmis
installésà Djerbaplus detrois fois leur impôt en une seuleannée.
En 1865le "Chaouch"Oun El Fourtya fait payersurles'Werghemma et Akara
pour son séjour avec les soldats 66000 Rayls (piastres)273 chez le Touazineen
particulier,le Khalifa SalahEl Wartani affectéà la têtedesV/erghemmaaccompagné
de sonadjointMohamedJuini percepteurd'impôts.

Ils font payerauxtribus suivantes:


o 1700 Ryals(piastres)payéspar OuledKhalifa.
. 600 Ryals(piastres)payéspar Zliten.
o 1000 Ryals(piastres)payéspar OuledHammed
o 900 Ryals(piastres)payéspar Maztoura
o 2000 Ryals(piastres)payéspar autrestribus et "Ourouches"

Soit un total de 6200 Ryals, non inscrits sur le Registrefiscal, lorsqu'ilsont


protesté,il leur avait répondu qu'il s'agit des cadeauxofferts aux autoritéssous
I'intitulédu "Bernous"seréférantà une anciennehabitudedu pouvoircentraldesbeys
demandés généralement aux <Ourouches)sousformed'impôtsen nature.

Les Touazineont alors à payer les cadeauxannuelsdits "Bernous"(vêtement


en laine,habit traditionnel)désignantcettehabitudecoutumièreexigéepar le pouvoir
central.
Les Accaraet les Djeraba(de Djerba)devaientpayerune taxesur les oliviers.
et Gabès(l'Aradh) payaientpour lespalmiersdattiers.
Le Jerid(sud-ouest)

Généralementle "Caid", les "Khalifas" et les "Cheikhs" représentants la


hiérarchiebeylicalerégionaleet locale se partageaient l0%o du montantglobal des
recettesdu "Majba", plusieurs témoignagesparlent de détoumementde fonds du
"Majba"par cettehiérarchie27a.Le payementde surtaxes illégalesà chaquevoyagede
cesautoritéspourmissionà Tunis à leur retourils font payerles tribustousles frais de
voyageet de séjour,chaquevillage ou Douar ou fractionde tribu paye2000,4000ou
6000(Ryals)piastreset plus.

"t A.G.G.T.Dos.478 car.42


2t3A.G.G.T.Dos.478 car.42
"n A.G.G.T.Dos.478 car.42
culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride:
Lesmutations socio-spatiales, 290

Nous comprenonsque la corruptionde ce systèmebeylicalétaitplutôt la règle


queI'exception.

Cettesociéténomadeou semi-nomadeassommée par desabusde tout genre,


vivait dans une région aride menacéede sécheresse et de climat difficile avecune
longuepériodesanspluie allant de 9 à I I mois par an, ajoutéeaux taxeset impôts
légauxet illégauxde I'Etat et desagentsnombreuxde Gouvernants Beylicaux.

Une situation qui pousse cette société et les groupeshabituésà une vie
quotidienne politiqueet culturelleà
équilibréeà toutesles échellessocio-économique,
serévolterdevantles injusticesvécues.

Toutesles circonstancesles éloignentde I'Etat et confirmentune idéologie


nomadeet tribale et mêmeconfédéralese rapprochantétroitementd'unesociétécontre
I'Etat.

Cet Etat et sesreprésentants qui selonun Dicton desV/erghemmaallumentle


feu et disentd'où vient la fumée.(cl*i"dilÂ$llslÉ"s JËlllJ'h.fu).

Le ,'Khalifa" de I'Aradh et des V/erghemma,pour satisfairesa hiérarchie


supérieureet conserverson posteet sesavantagespersonnels, a le talent de soulever
les tribus en provoquantd'une manièreou d'une autreleur intégrité,et leur honneur,
pourles pacifiereniuite,cetteopinionestpubliquedansles milieuxtribaux,on ne la
cachepai, mais craignanttoujoursla vengeance de I'autoritéet de sesagents,on parle
à voix basse275,d'énor*espressionsintertribalesprovoquées par lesagentsdu pouvoir,
sont exercéespar I'intermédiairedes hostilités entre les tribus jusqu'àprovoqueret
organiserdesrazziassur les fractionsqui s'opposaientà payerleurspartsdu montant
global: 5%pour le "Caid", 5% pourle "Khalifa" et le "Chikh"'

Le 13 septembre1860276 une caravanedes "Houaya",tribu appartenantà la


confédération des Werghemma,venantde Djerbavers Gabès(l'Aradh), a été arrêtée
par les autoritésde la Mhalla du Bey sousl'égided'un autre"Caid" Ahmed Zartoug,
qui exigeaitque la libérationde cette caravaneest liée au payementdes impôts de
I'annéeencourset desredevances de I'annéed'après.

Lescaravaniersentreles diverscentreset tribus,Ksaret "Zemlt'2Tlredoutaient


beaucoupplus la dite autorité beylicale régionaleet locale que les pillards et les
razzias.

2t5A. G : Agentconsulaire à Gabès,SICARD: 2l Janvier1866


2ttA.G.G.T.Dos476 car.42.
A.G.G.T. C "Cald" Dos 47442.
27iZemla:Exploitationagricole,Jisr ou Jessours
où il y a de I'arboricultureolivier,figuier etc ... où il y
a habitatprovisoire(tenteou hutte).
Lesmulationssocio-spatiales,cullurelles et aspeclsanthrcpologiquesen milieu aride: 291
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

1.5-La prise de Kairouan et I'annoncede JulesFerry I'entréedestroupes


Françaisesà la ville sainte: Prendre lassaut pour I'occupationdu
centreet du sud de la régencede Tunis

Le 26 octobre1881 Saussieret Logerot occupentla ville du centrede la


TunisieKairouancapitaledes AGHLABITES sansrésistanceavecI'appui du Goum
tunisien,la colonnes'estheurtéeaux Frechichet aux Hamama.

Cetterésistancese disperseavecun mouvementgénéraldesdiversestribusdu


centre vers le sud avec comme terminus la ruée et l'émigration vers la Jeffara
occidentaleet la Tripolitaine avec une escaledansla plaine de la JeffaraentreOued
Fessiet Moqta.

JulesFerryannonceI'entréedescolons au Kairouanà I'ouverturede la session


parlementaireet présentela démissionde son cabinetsansrêfuserla discussionsur sa
politiquetunisienne(voir carte: I'interventionjuillet-décembre
l88l) I'occupation
du
Centreet lesmouvements versle Sud(p. 292).

Le 14 novembrel88l Gambettaconstitueun nouveauministèreet prendla


responsabilitédes affairesétrangères.Le Ministère de la Défenserevientau Général
Campenonqui connaîtle cour beylicaldu Palaisde Bardoà Tunis,en liaisonde deux
séjoursà Tunis commeinstructeurmilitaire, porte beaucoupd'intérêtà la régencede
Tunis ; mais le changementreste sans conséquencesur le déroulementprévu des
opérationssur le terrain.

Nous tirons les interprétationsde la nominationde ce Généralen disantque


c'estunepreuvedebonnesrelationsentrele colonisateur et le protégé.
protecteur

Le choix d'un militaire familiariséavec les autoritésbeylicalesde la régencede


Tunis,ainsique la participationdu "Goum" et desbataillonstunisiensde I'arméedu
Bey danscette guerred'occupation,montre encoreune fois la position du pouvoir
centralà Tuniset sa stratégiepour une indépendance de l'empireOthomand'unepart,
et sa demandede protection devant une pression ascendantede la population
autochtone et de la situationinternationalecompliquéeet menaçante d'un paysdéchiré
sans Etat, et devant une population constituée des tribus et "Ourouches" et
confedération, qui se révoltentcontretout pouvoir centralou colonisationmettanten
péril le système et I'organisationsocialetribaledu nordau suddela régence.

Bien au contraire cette population groupée en tribus, "Owouch" et


confédérationa une confiancetotale dans I'alliance organiqueet l'aide de la force
militairedela Turquie.

Cette confianceest enracinéedans I'esprit des populationsmusulmanes,la


plupartdesgensde ce payssont convaincusqu'unetroupeOthomanevenantde la mer
ôu à. Tripoli n'a quesemontrerpour mettreen fuite touteslesarméesdu monde278.

2tt Lescolonnesexpéditionnaires de la Tunisie


de Sfaxet de Gabès,in. lesconfinsSaharaTripolitains
l88l-l9l I TomeI, lè* partiep.247.
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 292
1837-r9s6

LessirFethi : les Tribus de I'extrême sud tunisiensousadministrationmilitaire française casde la


( I 88l'l 939)
Ourghemma
confédération
cultarelles et aspectsanlhropologiquesen milieu aride: 293
Lesmutations socio-spatiales,

traitantde
Cetteattitudesemanifestedansle corpusde poésiedesWerghemma
I'occupationet de la lutte contrela colonisation.

Mêmeles français,en envahissantI'ouestde la régencede Tunis,commencent


de la côtemaritimeet desportsde Sfax,Gabèset l'île de Jerba,c'est
par I'occupation
unevéritablecraintede I'interventionmilitaire Turque.

Roustantdisaitle 29 Juin l88l "Ce qui faiblit à la fin de l'été ce n'.estpasla


croyanceen I'invincibilité desTurcs,c'est la certitudede leur procheintervention".

1.6-L'occupationde Jerba et I'attitude desWerghemmaet leur attente


dtuneinterventionTurque
Le 22juillet 1881le Desaix(navirede guene)se présente devantGabèset y
débarqueun messagertunisien chargéde rapporterune réponsedes autoritéset des
notablès,sur l'attifude qu'ils comptentobserverenversles occupants,une réunionà
Menzel Gabèsau début de cette discussion,des cavaliersviennentannoncerque les
troupesdu Sultansont en marche,dont CharfeddineMohamedseraitI'auteur,ce qui
renfôrcele déterminationdespartisansde la résistance, mais la majoritédesDjariens
de Gabèsinvoquentleur fidélité au Bey, le Khalifa de Djara El Habibben Djabeurse
rangeaux côtésdes résistantset signe la réponsenégativeà I'ultimatumfrançaisqui
laissaitprévoiruneactiontrèsprochainedesOthomans

Les tribus du Sud à GabèsMenzel et Djara de I'Aradh attendentcommeles


Werghemma de la JeffarauneinterventionTurquetrèsproche.

Le21juillet d'officier Garnaulta reçule télégrammelui confirmantla décision


d'occuperGabèset Djerba.
prisele 17juillet par le Gouvernement

Les bâtimentsde guerreutilisés pour le dispositif d'attaquequi conespondà


I'ordre de mouillage des navires : Marengos, Surveillante,RevancheFer-d-inand,
le Léopard,Voltigeur,enréservela Reineblanche2ie.
Hirondelle,la Galissonnière,

Gabèsest occupéeet le "Mufti" El Hadj Jilani du Menzel qui animait la


esttuéà chevalenpleinebataille.
résistance

Le Léopard et la Glissonnièredeux bâtimentsde guerre attaquentDjerba


Houmt Essouk,le djerbienscraignentle même sort que Sfax et Gabèset redoutent
I'action des"Arabes" Jeffarariensqui tententde les entraînerdansla résistanceavec
lesWerghemma et I'Aaradh'

Le ,'Cadhi"desKhzour (Werghemma)les a invités à "veiller sur la religionet


se préparerà la lutte contre les ennemis de Dieu" au nom de la ligue et la
desWerghemmade la Jeffaraoccidentale.
confédération

inistrationmilitaire françaisecasde la
( I 881- 1939)
Ourghemma
confédération
en milieu aride: 294
Lesmututionssocio-spafiules,culturelles et aspectsanthropotogiques

de France
consulaire
Le26juillet 1881le Khalifa,le Colonelfunisien,l'agent
du petit Syrte(Boughrara)entre
viennentau bort de la "Galissonnière"situéeau large
menaçantles Werghemmapour se
l'île et la Jeffaraoccidentale,dansla soirée du26
soumettre.
et de Gabèsle 2 Août
Les officiers Logerot,Conradet Jamaisarriventde Sfax
conditionavecles différentsBorjs
à Djerbapour recevoir-lasoumissionde l'île sans
(Marsa,Tarbella,Castella.")'
werghemmade la Jeffara
cette manæuvrestratégiquese joue contre les pour les
et un avertissement
résidentsl'île de Djerbaqui ont protestéiette occupation, et de la guerre
de la menace
habitantsdu continenten face qui attendentI'arrivée
..chutus,,,chott Djérid, Gotf de_Gabès,chott El Guérin, Sidi
colonialeau-delàdes
Djeba280' Cetteligne rougequi
Makhlouf,goffe Oepetii Syrtetgoughara) .i l'î1" de
menacelesoccupantscoloniauxfrançais'
au Ministèredes Affaires
Le consul Généralde Tunis Paul courbon écrivait
de faireune politique
Etrangères à la Francele 23l0lllggl "on n'a pasdansI'esprit
faite avecla populationdocile de la
dansle tenitoire militaire d. qqg commeon lia
fuf.àj.tauet la régiondu Sahel2sr
la Tripolitaine"Paris 1888
GabrielCharmesdisaitdanssonlivre "la Tunisieet relation
et du calmeen Tunisieesten étroite
p.Zl4..Lemaintientotalde la soumission
la frontière tuniso-tripolitaineet
avec la position des tribus des Mourabitinessur
surtoutla confédérationdesWerghemma'

1.7-L'occupationdezarzis,ladiplomatiedesautoritésbeylicalesetlaperte
desWerghemmadu dernier débouchémaritime libre
Le2|juilletl88ll'officierConraddemandel'autorisationauMinistre
FrançaisdeseprésenteraulargedeZatzis'.a.ej.1au-orlrtrdeJuinleCommandantdu
Corse(naviredè guene)a eu I'autorisationde débarquef'
pasoublié' avecson
La leçonde l'occupationde Sfax, Gabèset Djerban'est
occuperzatzis'
expérienceà Djerbale commandantdu Léopardestenvoyépour

plusieurscentainesde Werghemmaenviron800 à 900 cavaliersse présentent


contre I'embarquement
alors chez les Accara pour les supporterà une résistance
français.

ire françaisecas de la
confédération Ourghemma (l 88I - I 939)'
2r, Lettredu ConseilCeneraf de Franceen Tunisie adressée au Ministe desAffaires étangèresà la
en Tunisiedu XlXh' sièclepar MohamedHédi
Francele 23l01/lEgg in. Les mouvementsput**
Chérif.1980. en
2r2Jusqu,enlggl seulscoLoMBANI agentsanitaireet agentconsulaired'ltalieet son fils vivent
jeS efpenes'VolR P'l l4-l 15'
permanence tr4ettel Y SEJOURNEPOUR
àZarzis,mais
de TunisiePUF 1965'
i. Vtun.,. lesconfinsSaharo-Tripolitains
Les mutationssocia-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 295
Casde la Jeffara tunlso-lybienne1837-1956

L'interventionde "Khalifa" RehoumaBelhiba et les propositionsde I'autorité


beylicale retardentle débarquementde quelquesheurespour calmer les résistants
Werghemma et assurerleur départ.

Le 3 Août 1888,Logerotdébarqueet assurela soumissionavecune promesse


'Werghemma
de protégerles européens résidentsàZarzis,les tribus attendentla fin de
l'été l88l à uneinsurrection généraledans toute la qui
régence, doit donnerle signalà
un soulèvement en Algérie et peut-êtreà une agitationsaharienne,à ce momentlà les
Turcsinterviendraient alors.

militaire membredu conseilsupérieurde la guerreet du comité


Félix Saussier,
de défenseNationaledisait le 26 Mars 1881 "l'utilisation des 3 colonnes,non
seulementpour mener la chute certainede Kairouan, mais encorepour sépareret
disséminer leseffortsde I'ennemi,dégagerle nord de la régence,conteniret éloigner
les nombreuses et rémunantes tribus du Sud"

Lestroiscommandements créespar SaussierpourI'attaquedela Medjerdaet le


Nord (GénéralJapy),le secondle restede la régencesousl'autoritéde Legorotayant
soussesordresplusieursbrigades,régimentset cavaleriepour I'attaquedu Centreet
du Sudjusqu'àGabès.

Cetteopérationde grandeenvergurea été capitaledansla désuniondestribus


contreI'occupationcolonialefrançaisesoutenuepar le pouvoircentraldes
résistantes
beysde Tunis et sonarméede cavalerie,goum, et hiérarchiede I'autoritérégionaleet
localeayantdesintérêtspour resterfidèlesau Sultande Tunis.

Le plan Saussierest exécuté,les opérationspasassezloin de la Jeffaraet des


V/erghemmasur La limite Nord des "chututs" avaientpour but non seulementde
battre et de refoulerles résistantsdes tribus aggloméréesdansle sud mais ausside
montrer que les résistantsn'avaientrien à attendrede ces arméesde secoursde la
Tripolitaineet dela sublimeportede I'empireOthman.

Plusieurstribus et "Ourouchs" imitant Ali Ben Khalifa résistantancien


originairede Nffet qui s'estreplié au-delàde Médenine,ils ont franchi le chott une
lignerougeappuyéeiar I'arméecolonialeet marquantla limite de la pacification283.

Jusqu'àcettelimite les autoritéscolonialessontméfiantesde serapprochertrop


d'une zone confuse tuniso-tripolitaine qui commence au sud des chututs, les
préoccupationsparlementairessont influencéespar la décision du Gouvernement
françaiset non du Commandement sur le terrain d'occuperune ligne Tébessa,Gafsa,
Gabès,Djerbaet arriverà séparer une zone soumiseau Nord et une zoneen voie de
soumission au Sud.

tt' -
A. Martel (déjà cité)
- Marzougui Mohamed (déjà cité)
culturelles et aspectsanthropologiquesen mitieu aride: 296
Lesmutations socio-spatiales,
r837-1956

CHAPITRE II : LB GRAND MOUVEMENT D'EXIL DES


TRIBUSDU CENTRE ET DU SUD EN TRIPOLITAINE :
L'ATTENTB DE LA GRACE DE DIEU
ET DE L'ARMEB TURQUE
La facilité de la conquêterésultede la disproportionévidentedesforceset nom
d'un manquede déterminationdesopposantsà cettecolonisation'

Lesfaiblesmoyensutiliséspar les tribus, I'attentesansissuede I'aide venantde


au
I'Est de la Tripolitaineet surtoutde la mer pour une interventionmilitaire Turque,
secours desprôvincesde I'empireOthomanen déclinsocio-économique et politique'

Le protectoratfrançaiset le Traits du Bardo réalisentun compromisentrele


statutd'indépendance et celui de I'annexion,mais en réalitésur le terrainet dansles
espritsdesprotecteurset desprotégéssansconsultationni délibérationdesintéressés
.ri un. véritableannexionayant pour conséquence une limitation despouvoirsdes
beys et des ressortissantstunisienset la f,rn d'une indépendance du pays et de son
.nuiro*.rnent Arabo-Musulmanignorépar le pouvoircentraldesbeys'

Cette nouvelle situation des confins tuniso-tripolitainsde la régencea crée


depuislgS2un problèmede sécuritéperduedevantles autoritéscolonialesfrançaises
deuenuesresponsablesde la sécuritéintérieurdu payset surtoutaveclesétrangers'

La premièredespréoccupations de I'autoritédu Protectoratest de résoudrele


problèmeâe h ruée veis le suà et la Tripolitaine créantdevantcette avancéedes
àrméesfrançaisesun territoirevide de seshabitantsqui exodenten caravanes avecun
Centreet
mot d'ordrequi circule et touchepresquetoutesles tribus et "Ourouchs"du
du Sud, les Hammama,les Beni-Zid, les Werghemma,les Nefzawaetc "' C'est
et I'insoumission'
1'émigration

La Francechercheà organiserson protectoraten Tunisie surtoutsuite à un


par les
et le soupçond'un soutiende tribusrésistantes
Germano-Italien
rapprochement
Tripolitaines.
autorités

Lesrésistantset leschefsde tribus setrouventalorsrapprochés de Tripoli, avec


une libertéd'action qui dérangeles militaires français,qui hésitententreI'occupation
à
de toutela Jeffaraoctidentaloou I'arrêtà OuedFessi,sachantqueOuedBouhamed
une trentainede kilomètresà f intérieurdu tenitoire desWerghemma a été considéré
par les tribus desNouaèlsTripolitains commeleur fief, surtout qu'ils étaientchassés
par tesTouazinede leur Ksardit Ksar "Ennebech"auxbergesdeI'ouedBouhamed.

En juillet 1881le Gouvernementfrançaisopte pour I'occupationde Gabès,le


Commandement sur terrain n'a pas I'intention d'occuperGabèsni de s'y maintenir
La
considérantque I'Aradh et la Jeffaradoivent avoir le mêmesort, surtoutaprès.
résistancefarouche des gabésienssoutenuespar les tribus de Beni-Zid et des
Werghemma.
en milieu aride :297
culturelleset aspectsanthropologiques
Lesmutations socio-spatiales,
Casde la Jelfara tunho-lybienne 1837-1956

Mais I'occupant ne pouvait pas laisser la seule ville côtière de Gabèset


I'extrêmeSud échapperà I'autoritéde son protègele Bey avecle risquede créerune
capitalede I 'insurrectionpastrèsloin de la Tripolitaine.

Il a fallu rompre la relation politique et surtoutéconomiqueentre la Jeffara


Gabèset Djerba et éviter toute intervention ou aide venant aux tribus résistances
venantde la mer c'est pour cela à la fin de l88l le projet Tissotacceptépar les
responsables civils et militaires d'Algérie et de Tunisie, mais rejète par le
Gouvernement françaisqui réaliseune occupationd'uneligne Gafsa,Gabès,Djerba,
passantpar la ligne naturelledes"chututs"dépressions salineset golfesmaritimes.

La Jeffara occidentaledevient alors le territoire déclarenon soumis,et les


Werghemmaavec les tribus qui pénètrentdans cette zone sont déclarésinsoumis,
insurgéset résistants.Le mouvementdes "Ourouches"du Centreet du Sudmontrela
créationd'un Etat tamponentrele protectoratde Tunis et la Tripolitainesurtoutque
les tribus de la basse-steppe ont franchi cette ligne des "Chututs" abandonnant
familles,bienset bétails,cetterégiond'exodepolitiqueaurait-ellepu se prolongeret
s'entendreau littoral ?
'Werghemma
La position des et leur résistancemontre la fragilité de
"l'hypothèse"séparantla ligne des "Chututs" entre une zone au nord occupéeet
protégéepar I'arméefrançaiseet uneautreau sudindépendantenon soumise.

Mais la pénétrationet l'échangede part et d'autre à traverscette ligne était


dynamique,le soulèvementet les attaquescontinuentet la questionde résistanceà
n'estpasrésolue.
et a I'espritdeprotectorat
I'occupation

La Jeffaraoccidentaleet les Werghemmaacceptentcet appel sansfin d'une


émigrationvoulue, pour créer le vide total devant une colonisationayant toujours
uneréalisationd'uneoeuvrede civilisation.
considéréI'acted'occupation,

Cetteidéologiea convaincupeut être les signatairesde ce protectorat,les Beys


et leursalliésdansla hiérarchieféodalerégionaleet locale.

Les architectesde cetteoeuvrede civilisation, ne peuventlaissersubsisterun


foyer de résistanceet d'insoumissionsur les confins méridionauxde cetterégencede
Tunisprotégée depuisle 12Mai 1881.

Pour ces protégésla liberté d'action y est considérablement réduite par la


résistancedes triÙus, groupe de tribus, "Ourouchs" et confédération qui préfèrent
laisser,leurs biens, bétails,terre etc...pourfuir cet environnementtouché par cette
menaceterrorisant unesociétéenéquilibresocio-économique, culturelet politique.

Une commissiondesWerghemmaa contactéle Wali de Tripoli en Novembre


l88l pour demanderprotectionet aide, mais les Turcs de I'EmpireOthomanont
destituele Pachade Tripoli (Nacef Pacha)ce qui a provoquéla détériorationde la
situationdansla Jeffaratuniso-tripolitaineet la déceptiondestribus Werghemmaqui
ont décidéd'émigreren Jeffaraorientalec'est à dire en TripolitainedevantI'avancée
destroupesfrançaisesmalgréI'ambiguiléde la situationen Tripolitaine.
culturelleset aspecfs
Lesmutations socio-spatiales, en mitieuarlde:298
anthrcpologiques
Casde ta Jeffara unisoJybienne 1837-1956

Le corpusde la poésiejeffariennedes Werghemmaet despoètesTripolitains


traitetonslesàétailsde i'histoire mouvementée partous les
de cetterégionconsidérée
partenaires commeEtat tamPon.

Le poèteFitouri Tlich le "Cheikh" despoètesGhbentenet Werghemma éloge


le résistantMansourEl Houch:
Ayant perduun aigleétranglé
qui serejoint en le mettantaux épreuves
desguerriers.
il étaitmort par un coupde fer, le disperseur

Le poèteMansourEl Houchprévoit et dénoncela positiondesTripolitains


en 1883.
et desTurcslorsde la colonisationde la Jeffaraoccidentale

QueDieu lesPunisse, quela foudre


s'abattentsur eux de nuit.
Un bateausanglantde fer venantde I'Italie
un ennemide la religion ne comprenant
aucuneréclamationni armistice'
(Notretraduction).

Cettepoésiea étédite avantI'avancéedescolonsitaliensenLybie.28a

L'islam estignorépar les musulmanschezeux


le viol de vospropriétésm'aétépermis' âo
Jel'ai trouvéécrit dansle livre du Soufi"Allich"28s
Si du Pachade Tripoli venaituneinformation
on demandenouvelle.
Chacunde vousseprécipiteoffrantmêmesesfilles'
286
La batailledesRbayebsdansla régiondeTataouine
Lejour desRbayebs'vousne m'aviezrienfait
Cejour où I'hommeoublieparentset progéniture
Cejour desRbaYebs, je I'aivécu
quandlesjeuneshommesarméssesontheurtés'
Et combiende maisonsont étévidées?
Jen'avaispasI'attentionde vousdéplaire'
Mais vous rfavezfait aucungestedevantun ennemicommun
Patience!El Amir esten routevenantd'orient
il va vouslibérer,de I'Egypte,Tripolitain,Jeffraà Annaba
adultes,enfantset femmes.
vous êtessousla protectiondu prophèteet sescompagnons

(notre traduction).

sour-ElHouchSTD '1976en arabe


,t5;Àùich;,rhl' de I'universitéEl Azhar,Egypte,spécialistedes
ùÉtt Ctr.t*tt "Allich" I'un des lr,iufti
.tr#;ï .-oirui-,s*ii-l;;";;;i;ystique de I'islamné au vlIIè" sièclemet I'accentsur I'islam
orthodoxeet sonappellationstricteseréférantau Jihad"')
iïU*rouui f"foftàm.a: DiwaneEl Fitouri Tlich. STD 1976(NotreTraduction)'
onthrupologiquesen milieu arùle :299
culturelleset aspects
Lesmutalions socio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

Devantla résistancedesrWerghemma de la Jeffaraoccidentaled'émigreret de


laisserle terrain vide devantles troupescoloniales,Mansour El Houch : poète et
guerrierdisait287:
Ils appartiennent à la mèrepatrie,je dois en épuiser
Si ellessontI'égaleset permises, je cèdetout
etje doisen commencer.
Pourle retrouver,le jour de la résurrection,commeombrage
le jour ou la bouchedeshommesdevientsèchecommeuneéponge.
Vous êtespourvos ressources et biens,notregagne-pain licite
qui nouspermetd'échapper de I'Enferet d'entrerau Paradis.
Il estde notredevoirde quitterpar la loi divine
et lestraditionsdu Prophète.
Quantaux malfaiteurset lâchesils serontcertainement récompensés.
Et celui qui demandeEl Houchpour semontrer
ne méritequ'uneseulecartoucheentreles épaules.
Avez voustrouvéune issueau triple divorce?
Avez vousdemandéaux savantset aux connaisseurs ?
Avez vousinterrogéle <Cadhi>BenJaballah.
Surle sortet I'issuede votrereligionoh! Renégats ?
Avez vousinterrogéle gendredu <Cadhi> El Hadj
sur le sortde celui qui sesauvede I'incroyance
et celui qui I'accepte?
Deuxtribusne peuventmêmepasfaire cela!
le ligoténe peutguèrerompresesmenottes.
Desmauvaisjours ont succédéà desbonspour Werghemma
chaquenuit, desréunionstiennenten saprésence
ouvrantla porteau pillagedesvivres et desbiensdesautres.
Quela timiditéet la hontevoussuiventtouslesjours
et soixantefois plus votre ( Cadhi>.
Mesyeux sontsanscesseembuésde larmes
à causedesverts(El Khoders)qui sontloin de ma grandeprison.
La colonisationfrançaiseporte plainte au prèsdu Pachade Tripoli suiteà des
attaquesdu hérospoèteguerrierMansourEl Houch contreles Werghemmaqui n'ont
pasémigréen Tripolitaine.
'Werghemma
Mais des chefs de tribus résistants en exode en Libye
(Tripolitaine) interviennentpour la libérationde MansourEl Houch.
Suiteà la libérationdu poètepar le Pachade Tripoli qui s'engageà ne plus s'attaquer
à
la Jeffaraoccidentale,lé poètedisaiten élogedu Pachade Tripoli :

287.-poésie
et chantsde MansourEl Houchin iJ-I 6. tl-r- "SirâanMaa El Himaya" STD .1976en
arabe
-Poèmeschantéspar les GhbentenenquêteDEA. A. ABDELKEBIR 1995.Sur la presqu'îlede Sidi
Makhloufen arabê(notrehaduction).
la périodecoloniale.Med Marzougui(déjàcité).
-oiwaneFitouriTlièhévoquant
Les mutationssocio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen mitieu aride :300
Casde la Jellara tunisoJybienne1837-1956

Quevotre étatet pouvoirpuissentdurer


quevosjours soientles meilleurs.
N'acceptezpasI'explicationdesennemisà leursintentions
quevotreEtatpuissedurerdansla paix.
Nos régionsde Werghenuna, nousles avonsprises
pourrefuge,avecvotreprésence, rien ne nousmenace.
Notreémigrationet exodesontun devoir et uneobligation.
Grâceà votreprésence, rien ne nousÉlrrivera
queles angesdu Paradispuissentvouséclairer.
(notre traduction).

Le frèredu poète,DhaouEl Houchdisaitaprèsles menacesdestroupescolonialesà


Médenineen pleineJeffara:

Il a quittéunefois pour toutes


il a changésapatriepar celle desautres.
Moi, votreesclave, bienqueje ni touteintentionchezlesautreset mesvoisinsje suis
Othoman.
L'ennemia mis partoutdeschiensde chasse
C'estcommele jeu de "Kharabga"288 qui cherchecommentvaincre
de touscôtés,il ma flanquéun groupe.
Desgensqui ont venduleurreligionpourrien
et Mansour,aujourd'hui,et en fuite à l'étranger
et à I'avenir,il assureun au-delàmeilleuret tangible
je n'ai trouvéchezeux aucunintérêt
Ils sontapparuscommeune lumièrequi s'éteinttrèsvite
leur patronqui porteune"Wazra" rouge.
Pensaittoujoursà cespalmiersà Dzina.
Si El Houcherevenaitau pays,il seraitconsidéré
commetraîtreet s'il restejusqu'àdispersiondesnuagessombres.
Il devientalorsquelqu'unqui par sonbiais,demandela pluie
aprèsunelonguesécheresse.
Allez doucement, faitesce pour lequelvousavezquittévotrefamille
au Dieu Mansourcacheton Hystérie.
TenezbienqueDieu et sonProphètevousviennentenaide
mêmesi le tempspasseet dure,vousviendrezunjour
Si Dieu voulaità cettefin, il estcapableet commandeur toutpuissant.

2t8youssef Legto et Rangina: "Cald" de la Jeffara et de I'Aradh, offtcier Militaire, stratègede


I'occupationde I'Algérie et de la Tunisie, très connupar son intégrationdansles milieux indigènes.
A.Marytel.(déjàcité).PUP.1965.
MansourEl HouchdansI'unede cespoèmesdisaitqueYoussefLegrosa nommésafille Medeniné
signeintégrationdansI'environnement poètequi préfère
de la Jeffaramaisnon acceptépar le résistant
I'exodeà la soumission,porteurduneidéologieNationalisteradicalismesebasantsurun courantde
soufisme islamique(faireI'Exodeet revenirpourla libération...)avecI'aidedeI'orient
anthropologiquesen milieu aride :301
culturelleset aspects
Lesmutations socio-spatiales,
Casde la Jeflara tunisoJybÎenne1837'1956

Le poèteet guerrierMansourEl HouchréPond:


Tu esvieux et exPérimenté
chanceuxdePuiston grand-Père.
Mon cæurparrapportà mon corpsestpareil
à la montagnebleuedesMatmataet Nefoussa
quijamaisne sedéPlacé.
Si ton cæurestattachéà un poil de cheval
le mien,je I'ai attachépar deschaînesen fer'
Le Ksarestà toi, dispose-en,prenez-le pourpossession définitive.
Et patientez-vous pour vos dire, que vous soyezpour ou contre
je
devôtre incroyanceet de votrerenégat, ne peux plusvousvoir.
Touteportequi s'ouvrede ton côté,je la fermerai'
Le Ksar,je I'ai venduPourrien
et il vautpour moi Plusrien.
Desmécréants mêlésà ceuxdu Hara
t'ont transforméen zoneréservéeà la pègre
EcoutezBenMbareket toutela tribu.
QuemonretoursoitpourI'impossibledanscescirconstances.
DialogueentreMansourEl Houchrésistantémigrantet le poèteAhmed
Ellhioui demeurantdansla Jeffarasoumiseà I'occupation'
Houchetu esun mesquin
Tu prendspour ennemisles arabespaysanset citadins
Ce comportement te causedesennemis,fu ne peux le cacher,
tu esentrain d'enjamberdu fer chaufféà blanc
et la chaleurmonteavectoi et te brûle'
Le poèteMansourEl HouchréPond:
Si Ahmed,ta petiteparoleestpourrie
puisquevous,connaissez YoussefLegio et Rangina28e
De Bazijusqu'àla limite du CathaBouajila'
Personne n'a accepté mesexplicationset ma plainte'
Je suisPartide Zouaracontraint
qu'espères-tu voir d'un étrangerporteurde Képi'
J'aimebienêtrelibre et avoir les chameauxchargésdeviwe
etj'aimeavoirbeaucoup d'ovins donneursde lait
vousêtescélèbrespour vos méfaits
j'ai suivivotrecomportement, je I'ai trouvésansobjectif.
on estbien parti de chezvoussansentendreun aurevoir

28Eyoussef Legro et Rangina: ..CaId" de la Jeffara et de I'Aradh, offtcier Militaire, stratègede


indigènes.
l,occupationde-l'Algérie .T d. lu Tunisie, très connupar son intégrationdansles milieux
A.Marytel.(déjàcité).PUP.1965.
MansourEl HàuchdansI'unede cespoèmesdisaitque YoussefLegtosa nommésafille Medeniné
signeintégfationdansI'envfuonnement de la Jeffaramaisnon acceptépar le résistantpoètequi préfère
l,exodeà la soumission,porteurduneidéologieNationalisteradicalismesebasantsurun courantde
soufismeislamique avecI'aidede I'orient
(fairet'Exodeet revenirpour la libération...)
en milieu aride :302
culturelleset aspectsanthropologîques
Lesmutationssocio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

Aucunde vousn'apasaccompagné pour le derniersalut


saufla pauvreMabrouka qui m'a suivi en pleurant
me disantquema mèresainteDzériavousaccompagne
votreexécrationestapprouvée,personnene me prendpourami
mauditesoit la compagniesansamitié et sanssincérité
Tonslesjours,je penseà cellequi a dit quemoncherestmort.
Aucunedesdeuxtribus n'estvenuevoir MansourEl Houchmourir'
Ni Oudemi,ni Khazour,ni Hanzet.zeo
SaufDieu.sonserviteursanslui, il estmalheureux, exilé
avecsesétrangers.

MansourEl Houch(1881-1890)
(Notretraduction).

2.1-L'assautsur Ia Jeffaraoccidentale:1882-1883

LogerotCommandant de la division Sud qui vient en inspectiondansI'extrême


sud de la iégence,demandeaux responsables militaires Philibertet Forgemolde le
rejoindrediàtement à Médeninepour coordonneravecles troupesdu ColonelJamais
setrouvantsurplaceà Metameur,Médenine.

En effet Legerotdemandedes forces d'appui pour ne pas laisserle Colonel


Jamaisseulenraisondesinquiétudesprovoquées d'une
par lesTurcset lespossibilités
ripostedela Tripolitaine.2er

L'assautsur la Jeffaraoccidentaleet les Werghemrnacommencepar I'avancée


des troupesde Philibert qui se proposele ratissagedes crêteset montagnesdes
Matmatajusqu'à Douiret afin de menacerles tribus sur leur flanc occidentaldes
chaînesdemontagnes de Gabès.
aprèsavoir reçuI'autorisationet I'approvisionnement

Les puits sontdéjàoccupésdansla région du "Dhahar",en quittantcettezone


philibert n. luitr. aucunedoute pour la colonisationdes puits néwalgiquesde la
régioncommele puitsdeBir Zommitpuis Bir Soltan.

Le 03 mai 1882attaqueBeni Khedacheconsidéréecommezone insurgéeet


LogerotdonneI'ordrede tazzierleursKsour et leursvergers.
résistante,

2e0Le poèteMansourEl Houchparle de deux tribus ce sont les Touazineet les Oudernaaux quelsil
ajouteies Khzours.Le poèterésiitantn'estpasd'accordavecla totalitédesWerghemma qui refusentde
continuerl'émigrationet la révoltecontre la coloniale française.
ttt DELApOnfE (e. E Tripoli) signalantle passaged'un navire Othomanet les exigencesde son
commandant Faik Bey, belling.Note d'inquiétudedu Bey qui "sait que si ce dernier,porteurdu cachet
du sultanmontaitici â la gr*ae mosquéeet y proclamaitI'autoritédu commandeur descroyants,il n'y
la Tunisie qui ne s'inclinaitdevant la volonté du chef suprêmede leur
'foi * seulmusulmandaÀ toute
p*
juin 1874).Sur
le
.t n. cessaitde considérer Bey cornme son souverain A.E Tunisie 41, C'G'A.E l4
la questiond'orientet ses prolongements tuniso-tripolitains(1875-1878)' Colonel Jamais (1831-l9ll)
saint-cyrien ser.DansI'infanteriede ligne volontaire pour servir en Tunisie, 26 mars 1881.
culturellesel aspectsanthrupologiquesen milieu uride :303
Lesmutations socio-spatiales,
Casde la Jeffara tunisoJybienne1837-1956

L'arméefrançaiseutilise alors les gornmisFrachichsappuyéspar les soldats


françaispour le pillage et la destructiondestribus Houaiade Werghelrlma,une autre
fois les planificateurset les stratègesde I'armée françaisejouent sur I'appartenance
aux çoffs, ils mettent les Frachichs (çoff Chadad) pour attaquer les Houaia
(V/erghemma)de (çoff Youssef),Ksar Djouamaa,Ksar Demersubissentle mêmesort
(voir cartede partageet répartitiondestribus en çoffs dansla régencede Tunis,Jeffara
occidentale et tripolitaine,p.304)

De ces faits historiquesnous comprenonsla situation et le sort des divers


Ksars,de montagnesqui onfété cible de cetteattaquesansrépit surtoutque Logerot2e2
considèreles Houaiacommedesinsurgésen armes.

Ce patrimoinearchéologique desKsour de montagnea étéruiné par les tirs de


canonet I'attaquedu débutmai 1882par craintequecesKsourhébergentlesrésistants
et lesopposantsà cettecolonisation.

La sixièmebrigaderedescend vers la plaine de la Jeffara,avecun arrêtà Bir


Lahmarle 5 mai où le Cheikhde Ghomrassen vient demander"l'aman" gt-Tlpour les
tribus GhomrassenancienKsar Hamdoun,le 8 mai après une farouchebataille et
attaquedes Ksour de montagneles Houayaviennentprésenterleur soumissionsur
I'ouedBouhamed.
Pourquoi I'oued Bouhamed? cettepetitevallée sèchea été considérée par
les tribus desNouaèlsTripolitainscommeleur fief où il y a le Ksar f,mslssh I
ufuij.
occupépar les Touazineet dépassé à I'intérieurede la plaine de la Jeffarajusqu'àBorj
Ben Gardene,où les Touazineont édifié leurs nouveauxKsours après ceux de
Médenineou Aurghamma,capitaledes Werghemmaavecles 35 Ksarsappartenant à
touteslestribus de la Jeffaraoccidentale.

La colonne de Jamais,et le commandementde Logerot hésitentdevantun


territoirepresquevide où les tribus Touazine,Oudema,Khzour ont émigréen totalité
dansla zoned'ouedFessiquittantla régionde Médenineet l'OuedBouhamed toujours
versla Tripolitainedont I'espoirderecevoiraideet soutien.

2.2-Les campsd'émigrants\ilerghemmaà OuedFessi: I'attentesansfin


et I'embarrasde choixdesWerghemma
Cettepartie de la régencede Tunis en pleineperplexitéet incertitudequoique
du KanounChertiaet du "Orf'se réferantà
très liée aux principesde la confédération,
la chariaMusulmaneet directivedu Coran,et parfois fanatiqueet extrémistedevant
I'occupationdu payset la colonisationofferteaux étrangerspar I'EtatféodaldesBeys.

ônsuddelaTunisiel88l-l883d'aprèsA.Martel.P-278les
ConfinsSahara-Tripolitains de La Tunisie'
Tomepremier(lèie parrie)l88l-l9ll. Les instructionsde Legerot(Militaire)chef divisionSudqui
recommande(instammentune extrêmeprudencedans le voisinagede la frontière tripolitaine,afin
d'évitertout conflit pouvantamenerunecomplicationintemationale. *il
- Maintenantà Gabèssur demandede Forgemol.AE. Tunisie : 17juillet I 881 està désirerquecette
mesurevigoureuseimpressionneassezles populationsinsurgéespour les déterminerà rentrerdans
I'ordreet à fermerI'oreilleauxsuggestions qui leurviennentdu côtéde Tripoli".
Carte 12: les çoffrdansla J effaratuniso-tripcilitaine 304
1830-1881 - t88l-1921

t Frachiche
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Gcaoud (Ghribde Sabria)
fBenZid
o
O Beni Zelten a
lr'latmata
de Sabria) tl
lCHemama
CToujene
QAlaya
is Beni Zelten
13Anam
Q Beni rli'ssa
if Toujène

iEïî:#ï"*iT
.aDhibet , a Tousles Werghemma
OOudema
OTouaz.ine
f Salad
OSiâane
ONouarl
O lvthamid
I Djouari

fAjilet
I Tribus çoff Bachi OChâaline
f Blayis
o Tribusçoff Housseini oussef OOurchefâlla
f Ketna+Alouna
O Egouyat

a Tuibsr
I OuledBoussif
OMearhâ
I Roujban
O Guedadfa

Source: EnquêteA. ABDELKEBIR 1995


Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques en mitieu aride :305
Cas de la Jeffara 1837-1956

L'exemple du poèteguelrier et résistantMansourEl Houch qui n' a pasaccepté


I'attitudedes tribus en hésitationentrela résidenceet l'émigrationdevantI'occupantqui
chercheI'anéantissementde tout mouvementnationalde résistanceet d'indépendance.

Ceffe attitudetrès ennemiedes<Roumis>(desétrangers)d'uneautrereligion ne


ferait que peu ou pas de résistancele jour où elle tomberait sous notre domination
disait <Chevanier> agent vice-consulà Gabès, <mais ce sont des braillards et des
brouillards...querelleurs,dont la seule préoccupationest de chercher à créer des
difficultés sur tout et à tous, même à leur gouvernementdans I'intérieur des nomades
et surtout les habitantssédentairesde montagne...suiventquelquesrestrictionsau sujet
de certainesfractions...commeWerghemmadont la soif de tazzia ne tient pas devant
une ferme administration > .

Chevarrier note un réveil du <fanatisme))non dans I'intérieur du pays qu'il


parcourt seul et sans incident mais à Gabès même il est insulté ainsi que le Bach-
'Etat Beylicale( personnagereligieux)'
Mufti affecté par 1

Mais le plus redoutablec'est la résidencede la population autochtone,et une


éventuelle intervention terrestre Turque de la Tripolitaine plus difficile qu'une
démonstrationnavale.

Le problèmede I'occupationde I'extrêmesud devientune affaire internationale,


entre le puttug" des pays de I'Afrique du Nord et leur colonisationet I'attitudede la
Turquie et des autrespuissances commela grandeBretagne,I'ltalie et I'Allemagne.

Ce qui témoigne les échos des difficultés françaisessur les confins tuniso-
tripolitains, mais discrétionavec laquellele Sultan <Khalife>Abdelhamid de Turquie
traite les incidents de 1881 jusqu'a 1889; montre qu'il ne désire toujours pas
I'intervention d'un tiers lié en Italie dans ses difficultés tuniso-tripolitainesavec la
France.

Mais ce désirede I'empireOthoman cachela faiblessede I'empire maladequi


ne supporte plus une distribution nouvelle de carte d'Afrique du Nord et se trouve
dépass! pur l.r évènementsdevant I'attitude autonomistedes wilaya d'Alger et de
Tunis et parfois de Tripoli et la renonciation ou démission non déclarée des
.ng^g"-"nts de la sublimeporte et desprincipesdu <Khalife>de I'Islam commandeur
descroyants.

Il parait que ces principes,ces idéaux et cet espoir n'existentque dansI'esprit


des populations des tribus tunisiennesqui corroyaient à ce fil conducteurliant les
Arabes et les <Ajams )) non Arabes,Tutcs, et autresaux sentimentsd'appartenance à
I'Islam et à I'Empire Othoman analogue à I'Empire hérité par les <Khalifes
RachidounsDsuccesseurs du ProphèteMohamedderniermessagersur terre'
anthrcpologiquesen mitieu aride :306
culturellesef aspects
Lesmutations socio-spatiales,
Casde ta JeffaratunisoJybienne1E37-1956

destribus
2.3- Quel embarrasde choixdevantleswergbemmaet le reste
tunisiennesrésistantes à la colonisationfrançaise?
ce sont desjournées et desmois noirs sur les bergesd'ouedFessien plaine
"créer
Jeffara occidentale, le vide total devantI'occupantdans I'espoirde reveniren
positionde force soutenuepar le Sultan'

la défaite' le
C'est cette leçon inoubliabledes WergheÛlma,l'émigration,
devantune aide
désespoircrée par I'attitudede la sublimeporte et les othomans'
tous les résistantsd'une
éminentelonguementattendueet qui n'arrivepas; menaçant
dispersiondanstoutela Tripolitaine'
régionaride
Ont-ils aussienfin de comptechoisile retourau berceaudanscette
et désertiqueoù une cultureet un-patrimoineenvahisrappellentle retourà uneliaison
organiqueles obligéde choisirdélibérément de restertunisien'

Khzour et
La sagessedes cheikhs des werghemma : oudema, Touazine,
autres,devantles répercussions de I'exodi et les menacesde I'Ouest,et la négative
occidentale'
réactionde l'orientei deI'estlesobligeà penserauretourà la Jeffara
ce cas
Leur rentréeà la Jeffaraoccidentaletunisienne,se présenteraitdans
commeun retourà la clairvoyance, et commeune affirmationde nationalismepourne
toujours plein
pas insulter l'avenir devantun environnementinternational,comme
d'injusticeet imPitoYable.
appelés,dansla
Une guerreà outrancea fut menéecontretous les résistants
la liberté des peuples
nomenclaturecoloniale,des insurgés.L'impérialismebafouait
et le pouvoir
autochtoneset considéiaittout ,oulèu.*.ttt contre I'autoritécoloniale
beylicalféodalcommeuneaciionillégale
françaiseen
La légalité était d'accepterla présencedes troupesd'occupation
pouvoircentralet les
payantavecune majorationau profit âesintermédiairesentrele
offrcler1de I'armée
populations.En t'aii, la réalité du pouvoir était détenuepar les
qui faisait partie du
coloniale en particulier dans I'espacevital de V/erghemma
les ordresde I'autorité
territoire militaire dansle sud tuni,sjFnet qui doiventexécuter
militaire,lemakhzenet lesgoumis2e3'
pose le principal
L,attitudede l,ensembledes tribus résistantesen 1881
de cette
problème de cette premièrepériod: coloniale,elle éclaire les conditions
sur la naturedu
révolution qui n'estpastotaleni définitive,elle conduità s'intenoger
tunisiennes,I'intervention
sentimentnational âe la totalité des tribus jeffariennes
(1859-1882) à accepter la mise
militairefrançaisea obligéle 12mai 1881SadokBey
par la volontédu
en tutellede la régencedéTunisassezrapidement,encouragée

,rt M.khr- G*rtr : soldatou gardiengénéralement auxiliaireavecles soldatsdu Bey ou de l'armée


française":;::t"t',.'"tt:"t::ri:t"::
françaiserecrutéeparmi les indigènes,après l88l la colonisation et après
à la défense
Makhzinpourl'autonomie Tripolitaines
desfrontières
r;;ifi#;;;tb"s en
professionnels
â recrutédesmakhzens et goumis réguliers'
quelquesannées,I'arméefrançaise
soustecadredetribus
deI'inâépendance
fin auxprincipes makhzen "auto'defense"
mettant
culturelleset aspects
Lesmatations socio-spatiales, en mitieu aride :307
anthropotogiques
Casde la Jeffara lunisoJybienne 1837-19fr

pouvoir de Bey d'assurerI'autonomiede la dynastiedepuisle XVI[è" sièclesurtout


aprèsavoirvu le sortdu Beyd'Algeren(1830)et le Beydu Tripoli (1835).

L'Angleterre et la France cherchentles intérêts européenset l'équilibre


politiqueet stratégiqueen Méditenanée,il fallait semerle désordredansles zonessous
le drapeaude I'empireOthoman"'.

Dansce contextela séparationde la provincede Tunis habituéeà la garantieà


la fois Othomaneet Britannique.

Le bey du Tunis en l88l a voulu faire appelau Sultan,dont il a réclaméassez


tardivementI'appuide la puissance Othomane,cetteapprochea étévouéeà l'échecpar
les encouragements donnésà la Francepar I'Allemagneet I'Angletene,ce qui a laissé
les coudéesfranchesà la Francepour imposerle traité du Bardo par la force et
I'occupation,sousla manæuvredu protectorat,réaliséecommeoeuvrede civilisation
commedisait la nomenclaturecolonialeimpérialiste;SadokBey devait-il prendrela
tête d'une défensearméecommea fait le peupletunisien représentépar les tribus
tunisienneset organisésuivantunehiérarchietribale?

Le pouvoir centralbeylical s'est incliné devantles menacesde la France


lorsque la Turquie et les autrespuissancesI'ont abandonné,quant aux pouvoirs
centraux des tribus ont résisté préférant l'émigration vers la Tripolitaine à la
soumissionpure et simpledevantla machinede guerrecoloniale.

Cette situation a déclenchéune confusiontotale dans les troupesde I'armée


beylicale,exactementcommeI'attitudedes tribus, les soldatsdu Bey et les officiers
la
étaientconfrontésà un choix difficile : obéir aux autoritésbeylicalesou encourager
résistance?

Nous citons les troupesde Ali Bey, chefdesarméeset Bey de Campaccusépar


les bureauxarabesinstallés,par la colonisationpour contrôleret gérerle paysd'avoir
tolérési non encouragé ouvertement
la résistance aumoinsjusqu'enoctobre1881.

Ces observationset ces accusationssont discrètementoubliées lorsque le


princeaccèdeau pouvoira la têtedela dynastie(1882-1902).

t'n A. Martel : L'échecd'un mouvementde résistancenationalau XIXh' siècle, portéele timitesdu


soulèvement souveraineté
tunisienl88l-1883,traditionsBédouines, Othomane,intérêtseuropéens.
Les mutations socio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride :308
Casdela Jelfaru taniso-lybienne1837-1956

CHAPITRE III : \ryERGHEMMA ET LB PROTBCTORAT


FRANCAISEN 1881

La régencede Tunis faisaitpartie depuisenviron trois sièclesde I'empire


othoman,profitant desincursionsdestribus tunisiennesdes Khroumerieen territoire
algérienpour avoir le prétexteattenduà I'entréedestroupesfrançaisesle 12avril l88l
malgréla protestationde la sublime portemaissanseffet.Le gouvernement colonialse
réfèreà sesintérêtséconomiques et financiersen Tunisieobligelesautoritésbeylicales
à signerla conventionde Bardo,banlieuede Tunis,capitalede la régencele 12 mai
1881,autorisantlesFrançais à envahirla régencesousle cadred'unprotectorat.

Nous avonsanalyséles circonstances intemationaleset I' attitudede I'empire


othomanmalade,et des puissances
européennes qui observentun payssousla tutelle
de la commissionfinancièreintemationalesuite à la politique beylicaleintérieureet
étrangèreet aux projetsdesréformateursqui imitent I'occidentpourrapprocherle jour
de la colonisationmilitairepuisquetous les autresaspectsde cettecolonisationsont
acquis.

La Francetrouve en awil 1881une régencede Tunis absolumentparalysée


danssonessoret sesinstances culturelleset financières.
socio-économiques,

La reconnaissance diplomatiquedu protectoratpar les othomans,par le bey


MohamedEssadok,et par la populationintérieurede la régencequi a été considérée
par les colonisateurset les autoritésétatiquesbeylicalescommegroupementde tribus
forméde poussière d'individusqui ne sontutilesquepourpayerlesimpôts<leMejbo>

Cette reconnaissance ne slétaitpas imposéedavantageà notre attentionparce


qu'enréalitéelle estentréenaturellementdansle domainedesfaits accomplis,faitsaux
quels la Turquie, le pouvoir beylical,les puissanceseuropéennes ont d'ailleurs
contribuédeprèset de loin à cettecolonisation.

La réactiondesWerghemmaau protectoratcommencepar un soulèvement et


une révolte qui s'éclatedans le centreet le sud ce qui a nécessitéune deuxième
campagnemilitaire et une hésitation devant I'occupation de la Jeffara-tuniso-
tripolitaine,maisle paysestbientôtaprèsmoinsde dix ans,les V/erghemma aprèsune
émigrationtotale devantI'envahissement militaire françaisese soumettentavecune
autonomiedonnéeaux Touazineet Oudernaet par leur intermédiaireà tous les
Werghemma2es pour géreret défendrele territoire des confins de la Jeffaratuniso-
tripolitaine en les tribus Makhzensont dispensées
contre-partie, du servicemilitaire
(obligatoirepour les indigènestunisiens), mais ellesdoivent entretenir desgoums

"t Julesle Boeuf(1909): Lesconfinsde la Tunisieet de la tripolitaineed.BergerLewault1909.


Les mutations socio-spatiales,cullurelles et aspectsanthrcpologiquesen milieu aride :309
Casde la Jeffara tunisoJybienne1837-1956

toujours prêts à être levés,pour la protectionde la frontière sur la réquisitiondes


officiersdu servicedesaffairesindigènesqui en ont le commandement2e6.

Le gouvernementdu protectoratconsidérantla Jeffaratuniso-tripolitaineun


territoire militaire <<tamporu>entre la régencede Tunis sous le statut de protection
colonialeet celle de Tripoli demeurantothomane.

La colonisationfrançaiseface à cette zone semi-indépendante a maintenule


principe des demi-solutionsexactementcomme celui du protectoratpour parler
indirectement de la colonisation pure et simple, ces populations groupéesen
confédérationsguerrièressont classéesen tribus "Makhzen" sous la surveillance
permanentede I'autoritémilitaire en attendantla résignationou la soumissionde la
régencede Tripoli à une actionsimilaireeuropéenne pour assureret clôturele dossier
de la paix à cettefrontièrearbitrairetuniso-tripolitaine.

Le sud a été décrététerritoire militaire et rien ne se faisait sansautorisation


préalablede I'autoritémilitaire mêmeauniveaucivil.

Cettesituationet ce statutlaissentdesséquelles à conséquences néfastespour


la populationdu sud et sonenvironnement et cecidurantla périodecolonialede l88l
à 1956et mêmesousle règnede la premièrerépublique jusqu'à1987.

L'étatdu protectorata étéI'agentdu développement de la colonisationagricole,


celle-ciamorcéeantérieurement à 1881dansun premiertemps,empruntéela formede
déplacements spéculatifsde grandessociétésliées au capital foncier et aux premiers
investissementsde capitaux ce qui fait déterminer les français à intervenir
militairementafin d'ouwir une ère nouvelle,tout en faisantsemblantd'apporterque
despetitesmodificationsà I'ancienordrede chosesqui régnaitavecl'état beylical,il
devait être alors plus facilementacceptéde la populationautochtoneet des tribus et
groupementde tribus et confédérations du sud,centreet sahalet nord Ouestet ainsi
éviterunelongueet coûteuse expéditionmilitairecoloniale.

Le cardinalCharlesLavigerie,archevêque de Carthageen 1884disait de ce


protectorat"le protectorattunisiennousfait l'économied'uneguere de religion"c'est
celui qui fonda en 1867les missionnairesd'Afriquedits (pèresblancs)auquelon ne
peut pas éloigner toute responsabilitédans ces manæuvrescoloniales et
d'évangélisationau Maghrebet enAfrique.

Ce protectoratprésentaitpar rapportà I'annexionpure et simple de multiples


avantages,il était de nature à ouvrir la porte aux demi-solutionset aux statutset
conventions confuses et souvent douteusesmais facilement acceptéespar les
autochtonespouvoirs et populations(protectorat,tribus Makhzen, indépendance
interneetc...).

Cesmanæuvressont de natureà ne paseffrayeret gênerle moins possibleles


au statutquedespaysdu bassinméditerranéen
grandespuissancesintéressées et à titre
de méfiancede cet aspect,I'article quatre du traitéde Bardo formule que le

du 2 Mai 1905p2872in. lesconfinsde la Tunisieet de la


Journalofficiel de la républiquefrançaise
p4.
Tripolitaine
culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride :310
Lesmatationssocio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

gouvemement de la république française, se porte garant de I'exécution des traités


actuellementexistants entre le gouvemement de la régenceet les diversespuissances
européennes.

Quant aux affaires intérieurestouchant les autochtonesdu pays I'article premier


donne les précisions suivantes: les traités de paix, d'amitié et de commerceet toutes
autresconventionsexistantactuellement,la république françaiseet son altessle bey de
Tunis sont expressément confirméeset renouvelées.

Cette époque française coloniale était l'époque de controverse et des


contentieux où la raison est au plus forte économiquementet militairement, il faut être
naif pour croire aux demi-solutions déjà citées ci-dessus et à la lettre du traité qui
disait I'occupation est provisoire et que cette occupation cesseralorsque les autorités
militaires française et tunisienne, auront reconnu d'un commun accord que
I'administrationlocaleesten état de garantirle maintien de I'Ordre.

Les Werghenuna, avec la plupart des tribus et confédérations, ont émigré


laissant un territoire vide menacent la colonisation française d'une contre attaque
encouragéeet aidéepar I'orient arabo-musulmanet les turcs, RassimPachaà Tripoli et
le sultanAbdelhamidà Constantinople.

Les othomansparlentde 250.000émigrésdont plus de 70.000Werghemma,


50.000montagnardsdes Matmataet Heddej, 52.000 des Hamama,20.000Zlass,
10.000Neffet2eT.

Cetteémigrationmassivedevantune colonisationà doubleambitionà la fois


militaire et religieuse,c'est cet aspectqui touche au panislamismeet dont les
Werghemmaréserventune importancevitale et prioritaire c'estpour cela qu'ils ont
misé et parié sur I'interventiondu sultan le Khalifa de I'Islam et son représentant
RassimPachaà Tripoli qui au lieu d'organisermême à long termeles forcesdes
émigrés,tous conscients de leur cause,il s'estcontentéd'interdireI'exportationdes
céréaleset de produitsagricolespar crainte d'avoir à nourrir une telle massede
population.

C'estle granddésanoides WerghemmadevantI'ambiguitéde la situationen


1882 où les résistantss'installentavec leurs troupeauxet leurs force de frappeles
cavaliers combattantsqui attendentle jour O pour le retour et la bataille
d'indépendance,mais le vaste triangle où ils se sont installéset que délimitent
El Moqta, ouedFessi(Jeffaraoccidentaleentre Médenine_etBen Garden),la mer et
uneligneDouiret,ChininiTataouine,Zouarcentripolitaine2es.
Un triangle de plus de 3600 km2, où les liaisons restentétroitesavec la
presqu'îled'El Bibaneet Zaruiset Jerba,ce qui peut assurerun ravitaillementou aide
de l'étrangersurtout quela Turquie et les othomansde Tripoli sonthabitués au(

2e? BoulifaMansour:El IntifadhadesOuderna(en arabe)1992,revueElHayetEthekùafianol2l.


- A.Martellesconfinssaharo-tripolitains tomeI P 175
"8 2o Commandant DELVAT: J; Le Boeuf revue tunisienneNo63 Mai 1907 la frontièretuniso-
tripolitaine pp (l E9-197)
- il.rrii f f iÔgbl : 'NAIAA" Werghernma sousadministration (1881-1939)
militairefrançaise ed.fond
temimi1998 en (arabe)univ.de Sfax.
Les mutstions socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropotogiquesen milieu aride : 3ll
Cas de la 1837-1956

réseauxmaritimesen Méditerranéeen face de la Jeffaraoccidentaleet celle de la


Tripolitainequi restentsousI'autoritéet I'influencede la sublimeporte.

Du côté du front intérieur les liaisons sont permanentesentre les tribus


résistanteset leurs parentsou alliées en Djeffara et mêmedansles autresrégions
I'Aaradh,El Hamama(Gafsa,Sidi Bouzid, Gamouda)et lesmontagnards de la chaîne
desMatmatas jusqu'àJebelNeffoussa en Tripolitaine.

Du côté ouestles Oudernajusqu'àGhdameset les montagnes de Douiretet


Chinini Tataouine,la liaison estpossibleavecNefzaouaet les frangessahariennesde
I'Algérieet de la Libyejusqu'àGhatpuisqueleszoneslimitrophesde Ouazin,Nalutet
Ghdames sontconsidérés commedesterritoiresoù les autochtonessontdesalliésdes
Ouderna et desWerghemma.

C'estcetteliaisonorganiquequi était à I'originede la réussitedesrévoltesde


khalifa Ben Askar Ennalouti,de GhoumaEl Mabmoudi,SalemAbdenebiEnnakou
t$utt Ezentani2eedu côté de la DJeffaraoccidentaleon ne peutpasciter deschefsde
guelrepartenairesde ceshéros,puisquele front desV/erghemma était occupépar les
Touazineà I'Est et lesOudemaà I'ouest.

Cesdeux groupements de tribus guerrièresnationalistes


participentdanscette
guelrecontrela colonisationsousl'égidede la confédération desWerghemma, qui
était très cohérenteen ce qui concerneles litiges et les bataillespatriotiques,
pour
défendrela tribu égalementla confedérationet la patrie,la Tunisie,sansoublierque
cette patrie vécue se superposeavec une patrie perçue qui dépassela frontière
Tripolitainepour arriverà I'ouestau SakietEl Hamraet OuedEthababsur I'atlantique,
et du côtéestjusqu'auxlieux saintsà la Mecque.

Nous évoquonscesdétailspour montrerla difficultédu momentvécupar les


Werghemmadansce trianglede territoirearidetiraillé par deschoixdifficiles,la mort
commemartyr ou le retour aux lieux de départ sansaccomplirla mission sacrée
projetéeau granddépartdestribus et confédérations pour créerdevantle colonisateur
"kafer" non croyant ou "Roumi" un territoire "No mans land" vide de toute vie
humaine, pour témoigner d'un refus absolu et catégoriquede ce phénomène
despotique,arbitraireet tyranniquequi vient perturberune vie associative
tribaletrès
équilibrée.

Cettesituationde désanoiet la réactionà cetteavancéede colonisationversle


sud a été analyséeci-dessuspar I'exemplede la révolte du chef guerrieret poète
MansourEl Houch.

Nous évoquionsd'autrespoètesde la Jeffaraoccidentale


commele Doyendes
poètesGhbentenle feu Fitouri Tlich :

Cepoèteutilisele symbolepourdécrireun payssousla colonisation


française:

2eentaniMohamedAbdelwahab: SalemAbdennabiEnnakouaEzzentani(1915-1930)FaresEl Guebla


et chefde la batailleEl Gara(enarabe)ed.Dar El YaoumEl Jamahirya
1993.
culturelleset sspects
Lesmutations socio-spatiales, en milieu attde :312
anthropotogiques
1837-1956
roo4,.r-gaL.ie$L,,Je
(tr-C j.-É L--d 6+ q).l*Ji g+rl+t-fual
i-j-utJi;' aH'\4+JlfiL*
i,-,Jll ucJ iF +lC.i.l
et_4rJ6-irie r-É1.;rs 6tJ'tll-r'
if-r-fË p3tat*.r,t U"l 6)-i 6rjr..,

L.tli
ar-etJs.r F+ÊYS
sJtP i\9i IJLiJ tt-rte
ù.t ..3 oj,L*la altua r-r. Si9
rjËsï
o;l.r r-l r-sl3
r-r.l-3-r,i.i=Û Élljb .-r.L-$3 ôJrû,.
.:l-;l-;ilt4,Jà:È ritll r-r.
t-3J.pLe
i,-Jl oric y.tè d$li .flF I ÀIJJJ
'4"f
...0-.!3r-.,L olb d-b Al.ltgS 0..;-r[e
ôJÉ ç.,lrrJ#
- 01fr 1+iJ,.à+i,..ds
o;Uçé
ir-,..l$cf,.t É* >+gtj.t r'lrJJl
iJ--JjTfl f .J*lc,h J# 6lr..ir

Unejeunefille, trèsbelle(la Tunisie)


unejeunefille, unebeautéà observerdevantles yeux'
elle possède jusqu'auseptièmebeauté
et desqualitéssanslimitesdu nordjusqu'ausud
bien élevée,gâtéeencadrée de multiplesamours
elle offre I'ombredu contentement et de la jouissance
aux yeux noirs,en sonnomil y a plusieursdemandeurs
ellene sepliejamaisetjamaisne marchea pieds
fille à front brillant sursademandeil y a deuxfiancés
le premierseconsidèrechezlui,soncontratet déjàécrit (la France)
il I'a écrit sonproprecontratdemariageen ligneset entreleslignes
jeune et bellene cessededemander uneparurerouge
foudroyantbienéquipéavecdescavalierscourageux'
derrièreelle un corbeau(l'Italie)demandant unedettetrèsancienne
votre mariageestunechaudeguerre,et vosjours sontlongs
et amèrespourtout cequi vient vouscontrarier
grêleet orage,sonfeutoucheratouslesprésents
destêteséparpillées, leursblessuressontbien ciblées
une guerïesansfin touchele résidantainsi quele revanchard

FitouriTlich(1884'1944)
La datedenaissancèn' estpasprécise
enrv44
*"1#l#$fËiJiJ3itrit:::"'ort
d'après
(Notre traduction)

3æMohamedEl Marzougui(1976): < Diwan> El Fitouritlich (en arabe)Tunis 1976(126p)ed.revue


El HayatEthakhafiaP. 47.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiqaesen milieu aride :313
Cas de la 1837-1956

Cette poésie utilisant le symbolepar craintedes autoritéscolonialesmontre


encoreune autre fois ce patriotismedes tribus Werghemma,ce témoigneextrait du
"Diwan" recueil de poèmesdu feu Fitouri Tlich qui gardepour mémoireune culture
orale qui se transmet d'une générationà une autre. Ce mouvementillustrant les
momentsde guerreet de paix de cetteconfédération guerrièreà demi-indépendante.
Le
gouvernementdu protectorataprèsquelquesmois voir quelquesannéesde guerrea
maintenule principe de statutquo. De ce principe,d'autonomieet d'indépendance,
les
tribusWerghemmaont été considérées commetribus<Makhzemdansun territoirequi
étaitrestésousl'autorité militaire indéfiniment

Ils gardent ce statut en attendantla grâcede Dieu, le soulagementet la


déliwancevenantde I'Orient ? Une attenteau débutdansun territoiretriangulairepuis
aprèsla défaiteet le retour ou à la soumission,ils commencent
une autreattentedans
un territoirepresquerectangulaired'unesuperficied'environ1400km2,limitée par la
mer et la Moqtlia, Dhibet, Douiret, Oued Fessiet dont les autoritéscolonialesont
considéré commezoneneutreindépendante jusqu'ànouvelordre(1883-1s86).

3.1-Les pourparlers : tribus résistantes


et autoritéscoloniales1881-1887
L'origine des tribus et groupede tribus estiméesà plus de 250.000émigrésen
JeffaraTripolitaine venant de toutesles régionsdu sud et du centrede la Régencede
Tunis. Les rivalités entre ces groupesne facilitent pas I'unité et la cohérencepour
l'élaborationd'une stratégiede résistancesurtoutque leurs chefsrefusenttoujoursde
reconnaîtreI'autoritéde tel ou tel chefde groupeou confedération alliée.
Les Werghemmaet les autrestribusrefusentde reconnaîtreI'autoritéd'Ali Ben
Khechifaqui était "Caid" de la régionde Neffatpuisaprèsla colonisationil rejoint les
résistants. :

La majoritédesrésistantsrestenten Tripolitaineou dansla régiond'OuedFessi


Médenine,en 1882 les résistantsHamamaet Werghemmapénètrentmassivementen
tenitoire tunisien pour reprendreles opérationsd'attaquede toutes les régions de
Tunis,la tactiqueétaittoujourscelledesraidsrapides.

Le généralLogerot conservaitla divisionsud,il menaavecle généralPhilibert


des opérationsde répressionsans épargnerni hommesni bêtes, ni cultures, ni
agglomération.

Un véritable ratissagedevantla réactiondes Werghemmapour créer le vide


devantune armée coloniale qui avancesanstrouverni hommesni troupeaux,rien
qu'unmilieu aride et des miragesqui se succèdent,
elle qui est venuepour protéger
(protectorat)deshommeset de I'espacemaisellene rencontrepersonne?

On brûle alors les récoltes,les arbresen commençant par les tribus rescapées
ou insoumisesdes <Houaias>dansLes montagnes de Beni Kaddeche,les ksourssont
brûlésy comprisle ksar"Jouamaa"bien quevide,il estrazziéet incendié30l.

'o' A. Martel: les


confinssaharo-tripolitains
I881-l9l I tomeL
Les mutations socio-spatiales,cultarelleset aspectsonthropologiquesen milieu aride :314
Casde la Jelfara tuniso-lybienne1837-1956

Les Werghemmasontdécidésd'émigreren attendanttoujoursla grâcede Dieu


et le secoursdestroupesdu Sultanle Khalifa de I'Islamde la sublimeporte.

Les Werghernmaet aveceux toutesles tribus de I'intérieurde la régencede


Tunis c'est à dire tous les nomadesdes tribus et confédérationsde I'intérieur"les
Ourbanesou Bédouins"puisqu'onn'a pasvu des beldis ou sédentaires desvilles qui
ont pris cette décisiondangereuse, partir devant I'avancéedes (kouffars)renégats,
coloniaux,dans I'espoir d'organiserune résistanceet une contre attaqueavec leurs
réelsprotecteurs,qui étaientlesOthomansavecles représentantsdesbeyssurplace.

Mais ni les unsni lesautresn'étaientau rendez-vousdesrésistants,


le devoirde
tout musulman et de tout membre de cestribus organisées
en sociétés
bien soudéeset
alliées,sousI'encadrement d'unsystème politique,socio-économique,culturelle,tribal
ou confédéraldémocratique et indépendant aux yeux despouvoirsqui se succèdent à
la tête de la régencede Tunis, et aux yeux des officiers coloniaux,qui ont écrit
I'histoiredansleursrapportsquotidienset de mission(J.LeBoeuf,C. Deval,Gabriel
Charmes,G. Logerot,G. Philibert,G. Jamais,De Laroque,YoussefAllegro,Rebillet,
etc...).

Les résistantsattendentles troupesdu Sultan de la sublime porte qui ne


paraissentpas, cette attenteon la trouve dans la poésiedu chef poète et guerrier
MansourEl Houchqui était le plus radicalistedeswerghemadanscetteguerrequi se
préparesanssedéclencher.

Egalementon la trouve avec beaucoupde nostalgieet d'amertumedans le


corpusdes poètesDhaou Latrach,Fitouri Tlich, Dhaou Labaidh,MohamedSaid El
Ghachatt,Souf El Mahmoudi,et aussi chez la générationdes poètesGhbentens,
CheikhEl Ardhamui,Messoud Bouguiddima HamdiMabrouketc...

MêmeArabi Pacha,résistantet nationalistequi s'imposeet devientMinistrede


guerreen Egypte 188l/1882était abondonnépar les othomanset battu par les
britanniquespuis capturéet déporté,Arabi Pachad'Egypteet Nacef Pachade tripoli
étaientI'espoirdes émigréset résistantstWerghemma, et le poèteMansourEl Houch
croyait à la grâce de Dieu et de I'Orient, voir le poème de ce chef guerrier<La
résistanceà I'occupantfrançais>p (322 ) également"le poète Fitouri Tlich élègre
y'-tVlansourEl Houch l89l (voir corpusen annexe).

De son côté I'agentdoubleYoussefAllegro, I'ami des beyspuis des colons


françaisdéclenchela tentationdesnégociationsavecles émigréset les résistantsde la
Caid de I'Aaradhd'origine génoise,il a hérité de son
DJeffaratuniso-tripolitaine3o2,
père Louis Ahmed Allegro le consul du bey de Tunis à Bône mais serviteurde la
Francequi colonisaitI'Algériepuis la régencede Tunis avec la contributionde la
familleAllegro.

Promugouverneur(CaId)de I'Aaradhet du Djérid, puis chef de cavalerieinégulière


en 1881,il était le négociateurentrele Général Logerot et les nibus résistantes.
Le
hérosMansourEl Houch(1834-1891) poèteet chefguerrierconsidéraitdanssapoésie

302
A. Martel(1965): Lesconfinssaharo-tripolitains
l88l-l9l I tome I PUF. 1965ed.PUF,
Les mutalions socio-spatiales,culturelles et aspëctsanthropologiquesen milieu aride :315
Casde la Jeffara taniso-lybienne1837-1956

YoussefAllégro I'ennemi le plus redoutablede la résistance werghemmienne puisqu'il


a joué le rôle d'un agentdoubleen travaillantavecle pouvoirbeylicalpour représenter
le bey dans plusieursrégions du sud, aprèsson voyageà Paris avec le Ministre
MustaphaBen Ismail, il estaffecté(Caïô) de I'Aaradhet Djérid et chefde la cavalerie
issuedestribus ce qui lui permetde tisserdesliensd'amitiéet de sympathieavecles
tribus,dansla mémoiredesV/erghemma, les vieux disentqueles chroniqueurs
parlent
de I'intégrationde cet agent dans les milieux nomadesjusqu'à sa considérationpar
quelquescheikhsdes Miaads commele gouvemeurexemplaireet ce qui lui manque
c'estseulementêtremusulman?

Mais cettecarrièreavecles beyset les colonsfrançaisne laisseaucundoutesur


sonappartenance au pouvoir centralet aux servicesde la France.En effet, c'estlui qui
n'hésitepas de se rallier à I'occupantfrançaissuite à sa trahisondu gouvemement
beylicallorsqu'ilprovoquaitlestribus desDjebelsKhemirau nord-ouestde la Tunisie
pourpréparerle terrainà I'interventionmilitaire françaiseen 1881.

Après la colonisationc'est<Rustan>qui le maintientpour accéderà I'autorité


colonialecommegouverneurdansle sudde la régence(Aradhet Djérid) avecle grade
de Général.

Il faut seréféreraux rapportsdesmilitairesfrançaissur I'attitudedu gouverneur


le général Youssef Allégro et le <khalifo RhoumaBelhiba et leurs rôles dans
I'avancéede la colonisation françaisepuis dans les négociationsavec les tribus
résistantespour assurerleur retour de la Tripolitaine3o3
(voir documentsci-dessous
référencesconcernantces deux agentsde la colonisation,et I'attifude des tribus
Werghemma en Tripolitaine).

Danstous ces documentson n'a pastrouvéla citationde MansourEl Houch,


également
A. Marteln'a pascitécepoèterésistant
?
Le poèteMansourEl Houchrésistantdisaiten parlantdesWerghemmaqui ont
opté pour résideren DJeffaratunisienneet n'ont pas émigrédevantla colonisation
françaisequi avancevers le sud:

g-jJillJt ri*,'Ylf ltlo

8J-àll Ct+ltS,irsbilt c,,^ l.tr-+J.,1'_r.l


4ÈfsJJJielll tirle é+ ôyi'É'.s'. J-Jslf .rr clE.rJT.l
l+t.rrJr 43SJÉ (rli# d.-,r; o-; 0.,;S; uËlJÊïl c.1'lflti+
l_.._llt ,..-.:1Â$ll3.uit te3 i-lll+tJ.-j *
4+l{ éJlee+ Ëj ç;4é.re È-$Jrl1f.+ CSr.
4-r.t*rr.r. gtil4 U rrld l-À Èl+le qr{J (j*iiS L
lJt.;rlts ÊbJ&l uisuii fuôii>tilt ,til-b,ri (riJEil
cÈll,slllt jsll e -.JÀ.,l!,1",rÉlill ,++.d gtrJl gÊ3r.ii

303Rapport du généralde Bigarde


Saint Marc commandantla Bigarde d'occupationde Tunisie à
Mansourle ministre de la guerre(sectionAfrique) Tunis le 2 X 1888N'30-l-424 (6 pages),voir
annexe.
-Rapport: le résidentgénéralde la républiquefrançaiseà Tunisà Monsieurle consulgénéralde France
à tripoli : Tunisle I I novembre1888(7 pages).
Les mutationssocio-spatiales,ulrurelles et aspectsanthropologiEresenmilieu aride: 316
Casdela Jefra ttmisælybienne I 837-I 956

I I J Î.ÀJJj+lll , i ,l.UJ g-5".'Â i1r.tjd-u T...t<


*r, .,rl ç*\
4-.t..-ll i;r-s". j3 h fs-:+r;r: Àt e,-i+ ùr(r,.Âil| dJl r.il
L!u49 ot t ù !,-.r'i+,Jj-àJ ilrji-,. oJ,l-il.t- c,.i +d++J Jl-{j
j É).3-J ,.l.e r-ial.l- 6J,É-X -o.l-+-U:ll,;J.p
l+$tl
e-l-o.Jl eJÉ .3,-r6.f_;r,eç; ,-lS6l-3
ÉJ-rLll cr-13É4rLJldJ.r,:.t L lJ '-.I+! 6!r-J .- â Crtlr
r-r.Ls,..t*-ll
LL:-c r-.{ | { ^'l t, J.,,-iFÈlL+ 3lll-a r*-Tt 1jU4....ô!..1,+-e
A-r.l --,â-J|s dJ-.,;rll iJLi-S d È$-4+ÊSJLi,a.{ Élt+S+

,jJ+Jl e+"t-l| .;ri-Lll.;-cLr T


-d-U+."iJClrâ-. ir+Li,4j.ÂJl +#-ll r.t-;i--r.ê- d+3-r-l
(1997)LËJ+JILraj.. 6l

MansourEl Houchs'adresseà Werghemma (1882-1883)


conhela colonisationfrançaise
La résistance

avanceetpart au galop pourconquérirI'espace


enEedansles zoneslointaines et le payslibre
ne restezpasdansI'atmosphère derenégatdevie amère
un étrangercolonial nousgouverne le généralAllegro et seschiens
vousavezservirI'occupant songénéralet soncolonel
tout musulmanqui sesoumet àrur mécréant
devientcommelui un renégat pourquoinousoublionsnousnotrepassé
orientezvousversla DJeffara plusausudellevousseral'honorableissue

les Midninis et vos frèresles Werghemma


n'hésitezpasà I'exodemassif,Dieuestclément
et sesportesvous serontbien ouvertes
I'islam est ignorépar les musulmanschezeux
avezvoustrouvé une issueautriple divorce
avezvolrs demandéaux savantset connaisseurs
avezvoll{i intenogé le gendredu cadhiEl Hadj
surle sort de celui qui sesauvede l'incroyance
et celui qui l'accepte
avezvousinterrogéle < Cadhi> BenJaballah
surle sortet I'issuedevoûereligionoh! renégats ?
si Ahmedta petite pæoleestpourrie
puisquevous êtesau servicedeAllegro et Rangenia
le jonr de labatailledesRbayebs, vousne m'avezrienfait
ce joru où l'hornne oublieparentset progétriture
cejour desRbayebs, je l'ai vécu
quarrdlesjeuneshommesarméssesontheurtés
et votre chef celui qui portela petitewuÆarouge
il a peurde perdrelespalmiersàDzyia
si Et Houchrevenaitau pays,it seraitconsidérécornmetraîte
et s'il restejusqu'à la dispersiondesnuagessombres
il devientalon quelqu'unqui par sonbiais,on demande
la pluie aprèsrurelonguesécheresse
LesmutatÎons socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu oride :317
Cus de Ia 1837-1956

patience!L'Emir esten routevenantd'orient


il va vouslibérer de I 'Egypteà Annaba
adultes,enfantset femmes,vousêtessousla protection
du prophèteet sescompagnons.
(Notre traduction)
Dansle mêmecontexte,nousévoquonsun extraitdu < Diwan> recueildu poète
DhaouLATRACHE intitulé : < Ma tribu sousla colonisationétrangèreD.
Ma tribu sousla colonisationétrangère
Queteslarmescoulent,coulentuneet deuxfois demesveux
et lescris forts se lancent
Carnotretribu estenvahiepar lesétrangers
Tousvos bienset vos droits sontbafoués
aprèsles époquesde la gloire et de la sérénité
Hier notrevie était calmeet heureuse
Aujourd'hui,c'estla pire situation
Nousluttonsle dos contrele mur
Le cheikhet le khalifa ne prennentpasposition
Cesdeuxne cherchentque leur propreintérêt
Lescontraintesde la vie
J'aivu le chevalréprimépar l'âne
et qui osedire le contraire
Lesvaleurssontbien renversées
Si I'ImamlanceI'appela la prière
desfoulesdesfidèlesarriventcommedestroupeaux
qui cherchentdespâturagesou de I'eau
Cesgensse rongentpour se réclamercotrtmeserviteurs
Ils sontdevenussoudaindesassociés
Lesunssontpauvres,les autressontaisés
et le chacalne dortjamais avecsafaim
AvantI'aube,il attaqueun groupe
et neterminejamaissanuit sansproie
Dèsmonjeune âge,j'étais connu
parlesexplicationsdesrêves
Comprenez bienmesparolesoh! meschersamis.

Par DhaouLATRACHE
BenGardene
(notretraduction)
En 1883 le colonel La Roque et le général Youssef Allegro continuent
I'avancée
vers la Tripolitaine parfoisen utilisantla force à OuedFessi,à Remthaprès
deTataouineet souventen utilisantla négociationaveclestribus.

La tribu de Ali Ben khelifa accepte<<I'aman> (le retour au pays)pour lui et


tousles résistantsavecoubli de tousles actescommispendantles hostilités,restitution
des biens saisis aux émigrés.Un agentfrançaisentreen relationavecla famille Ben
Les mutalions soclo-spatlales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride :318
Casde la Jelfara tuniso-lybienne1837-1956

khelifa en la personnede Mohamedben Salahben khelifa, ce demier se rend à


Constantinople pour s'assurer
sur lesintentionsde la sublimeporteet sesoumettresi la
réponseestnégative.

Les Ben khalifa tententsanssuccèsde convaincreles tribus en Tripolitainede


quantau chef Ali benkhalifa
revenirà la régencede Tuniset à la DJeffaraoccidentale,
il estmort le 14novembre1884dansla régionde YeffrenenTripolitaineà l'âgede 82
ans.Les Werghemmaouled lihalifa et ouled Hamedpersistentdans leur hostilitéet
déplacentleurs campements en Tripolitaine,MansourEl Houchresteen exilejusqu'à
samorten 1891.

Dans le rapport déjà cité (ll novembre1888)du RésidentGénéralde la


RépubliqueFrançaiseà Tunisà Mr le consulgénéralde Franceà Tripoli, <àGabèsMr
Allegro a procédéà l'établissement d'un rapportd'ensemble....lesindigènesqui se
décomposaient en ouledHamed,Meztoura,ouledBouzid,Médenine,plus unefraction
des ouled khalifa, m'avaientfait déjà des offres de soumission,dans le courantde
janvier demier après des pourparlersqui se prolongèrentjusqu'aumois d'avril, les
tribus que je viens de nommer prirent I'engagement formel de rentrer en Tunisie
aussitôtqu'ellesauraientenlevéleursrécoltes ensemencées dansla régencedeTripoli

Je chargeraimon ancienkhalifade Zarzis,RehoumaBelhibade continueravec


cesgensdesrelationssuivies,et je lui recommandaid'employertout son crédità les
maintenirdansleursbonnesdispositions...

Mes efforts ont été couronnésde succès,en effet, à peine le dépiquagede


grainsterminéc'est à dire à la mi-juin, époquequej'avais fixée commedernierdélai,
aux tribusinsoumises...celles-cicommençaient leur mouvement, et le 3 juillet, Zarzis
pourraitannoncerà Gabès,la rentréedéfinitivedesMaaoura, desouled Bouzid,des
ouledkhalifaet unepartiedesouledHamed...>.

Si je m'en rapporteaux diversrenseignementsquej'ai pu recueillir,il resterait


encoreen Tripolitaineun assezgrandnombrede gensde cettedernièretribu, ainsique
beaucoupd'individusde Médenine...en outrej'espèreavoir bientôtà vous annoncer
leurretour 304...

3s Rapportdéjàcité : archivedesarméesde terrechâteaude VincennesPariscartontribusWerghemma


du sudtunisien.(notreenquête1995/1996).
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthrupologrquesen mîlieu arîde: 319
Cas de la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

sEMEPARTIE : LES \ryERGHEMMA


DE L'AUTONOMIE A LA PAIX FRANCAISE
Lesmutations soclo-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride: 320
1837-1956

CHAPITRB I: LES \ryERGHEMMA DB L'AUTONOMIE


A LA PAIX FRANCAISE
Nous avonsessayéde retracerles momentsde paix et de guerrede ce monde
nomadeou semi-nomadedansla Jeffaratuniso-tripolitaine, et de I'ancragede cemythe
fondateur guerrier, maraboutiqueou Djebali de montagne,où une symbiosese
concrétiseentre les hommesd'épée,les hommesde Dieu, et les artisansagriculteurs
sédentaires,pour aboutir à une organisationpolitique interne socio-économique et
culturelle grôup-rt toutes les fractionstribalesau sein d'une mêmeconfédérationà
entitédistinctedestribusvoisines.
Cette confédérationa joui d'un statut spatialsemi-indépendant et avec une
autonomiecapricieusecomme celle qui régnait sons I'effet de ce climat aride et
diffrcile, qui à éloigné les pouvoirsen toute époqued'un espacemédianstratégique,
maisdonil'utilité fo*..rx ne représente que I'importance de ce budgetcollectéde
I'impôt (Mejba), à i'occasionde chaquecompagne pour briser la routine d'un pouvoir
d'unerégenôede Tunis, ignoranttout ce qui sepassederrièreles rempartsde la ville-
étatde Tunis.
Il a fallu Ia présencedesconsulsau seinde cetterégence,pour déclencherles
differentsintérêts économiqueset stratégiques intemationaux,qui font penserà la
Jeffaratuniso-tripolitaineet aux Werghemma jusque là épargrrés,Pil la pénétration
étrangèreet cédéi à elle-mêmeet à sonéquilibreauseinde cet environnement nomade
pastoral.

En réalité, le courant de la pénétrationeuropéennefait éruption quelques


annéesavantI'invasionfrançaise,pourtoucherle réseaudeséchanges et
transsahariens
installerdes agentséconomiquesqui appartenaient aux renseignements des consuls
étrangers.
L'avancéehésitantedestroupesmilitairesfrançaisesà I'intérieurde la Jeffara
tuniso-tripolitaine, par craintedes circonstances internationales,devant le sublime
portequiieconnaît lè protectoratde la régencede Tunis en 1888,donnantlescoupsde
sommâtiott finale de I'espoir des V/erghemma,qui attendaientsans relâche en
Tripolitainela grâcede Dieu et le soutienmoralet matérielde I'empireOthoman.
Les autoritéscolonialesdu protectoratfrançaisdécidaientde mettrefin à cette
autonomiewerghemmienne, et à I'institutiondestribus makhzens,pour occupertoute
la régiondite neutreentreouedFessiet leslacssalésde Moqta à Dhibet.
Les deux tribus frappede force desWerghemma, les Touazineet les Ouderna
perdentleur autorité sur les frontièrestripolitaineset leurs alliancesavec les tribus
libyennesainsi que leursprivilègesfiscaux.
Les remaniementsadministratifset territoriauxpotr la créationdu territoire
militaire, la créationdu mur (territoiremilitaire) entre la Jeffaratuniso-tripolitaine,
I'Aaradh (Gabès) et le reste de la régencede Tunis représenteaux yeux de
Werghemmatrnedéclarationde guenedontla bataillenlajamaiscessé.
Les mutations socio-spaliales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu
aride: 3Zl
Cas de la 1837-1956

En effet, I'affectationd'HamotarD(
au MinistèredesAffairesEtrangèresde lg94
à 1898connu par ces ambitionsexpansionnistes en Afrique, le RésidentGénéralest
changé ci la régence est alors partagée en trois commandementsmilitaires
Tunis, Sfax puis Sousse,Gabès,suiteaux convoitisesitaliennessur la Tripolitaine
et
I'importancecroissanteet stratégiquede Bizerte.

Décisionministérielledu 19 octobre1894à la mêmeépoquesont créesles


troupessahariennes (loi du 5 déc.1881i.o.8 déc.)et réorganiséer
l.r.ir.onscriptions
militairesen Algérie(décretdu 9 déc.lg94 j.o. l4 déc.).

Le territoire militaire de Gabèsdemeurele bureaudu servicede renseignement


avecdix-neuf officiers aprèsla dissolutiondespostesde Gafsaet Ferianale l.î août
et
le 13octobre1895.

Le lieutenantcolonel Cauchemezest nommécommandantmilitaire en fewier


1894aprèsavoir dirigé pendantcinq ans la missionmilitaire au Maroc, son autorité
arrive au cercle de (Médenine,Tataouine,Zanis) et à partir de 1894 Ben Garden,
reconnuofficiellement en 1901 pour traiter avec les othomans,pour surveiller
et
contrôlerlesmontagnards, lespostesdekebili,Matmatasontcréesen 1g95.
Suiteà I'assassina
du MissionnaireMorèspar les twaregsdansla régiond'el
Wattiaen 1896Nefzaouaet Matmataconstituenturnouveaupostemilitaire à vocation
saharienne
maisdépendante de Gabès.
La présencede plus de trois centeuropéensde la populationcivile de Gabèsest
à I'originede la créationd'uncardatcivil en 1893à côtéàu caidatmilitaire.

Le gouverneurétait Youssef Allégro305qui resta à Gabèsjusqu'à devenir


presqueaveugle.

En pleine Jeffarala division d'occupationde I'extrêmesud a connula création


le 7 Juin 1895du Caidatde ksar Médenineet de Matmataet le 13 octobre1895cette
circonscriptionest deviséeen trois caidats:des Matmata,desAccara,des Oudema
(J.O.T7 Juin 1895).

Depuiscettedatele gouvernement tunisienbeylicalentamadanscetterégionla


reformede 1889 relative au recrutementet la nominationdes khalifas,et depuisles
caidsne choisissantplus leursreprésentants
qui sontnomméspar décret|eylical.
Le choix du khalifa est très importantcar il se déplaceet vit avec les tribus
quantau contrôlecivil de Djerba est annexéà Gabès,I'occupationde la zoneneutre
représentant
les margesfrontalièrestuniso-tripolitainespar I'arméefrançaise,aidéepar
desmakhzensréguliers.

305Youssef
Allégro : anciencald à Boun en Algérie,à Gabèsgénéralde l'arméedesmakhzenréguliers
négociateuravec le khalifa RhoumaBelhibadansI'affairede rétourdestribusrésistantes
immergées en
Tripolitainede l88l à 1889,certainestribus disentque ce caid de fAradh est bien intégré
dans les
milieuxtribauxjusqu'àdire qu'il s'agitd'unresponsableexpérimenté
lui manquequed'êtreÀusulman.
Lesmutations socio-spatiales,cullarelles ef aspectsanthropologiqaesen milieu aride: 322
Cas de Ia 1837-1956

Les autoritéscolonialeschangentde politiqueaprèsI'invasiontotaledu triangle


(Maqtasur la côte Méditerranéenne) (ouedFessi,El Maqta, Sidi Toui, Dhibet) et les
deurtribus de Werghemmales touazineet lesoudernafurentdéchargerde la fonction
dite <tribus Makhzeo et remplacés)par I'armée françaiseavec des cavaliersou
<Makhzenréguliers>connuspar lesMakhzenau Bernousbleu pourgarder,défendreet
faire respecterle nouveauterritoireaveccettelignecrééepour séparerà la fois I'espace
géographiquede la Jeffara et la sociétéjeffariennetuniso-tripolitaine,c'est la ligne
Flye SaintaMarie du côtéde I'ouestet Danoua I'ouest.
En effet, le lieutenantFlye SainteMarie Saint-cyr,infanteriede ligne au S'R de
Tunisiedu 31 décembre1894au 04 septembre l90l (BenGardene, Zarzis,Matmata,
Kebili, auA.I de l'Algérie du 03/06/1902 au24 décembre 1909,et auMarocen 1909.

Ce lieutenantest chargédu commandement frontalierde Bengardane,mission


assezdélicated'aprèsles souvenirsdeschroniqueursde la'régionqui disaientque ce
commandementvoulait créer autour des ksar un village doté de tous les services
enseignementprimaire franco-arabe,dispensaire,un marché et par la suite un
lotissémentagricole,mais les idéesde ce projet ne trouventpastoute la satisfaction
destouazine[ui, sont catégoriques et s'opposent proposéequi
à cette sédentarisation
d'aprèserD(se contreditavecleur résistancedevantI'invasionfrançaise une époque
à
ou-*r bonnepartiedesouled Hamedet ouledkhalifa du NajaadesTouazinene sont
pas encorerevenusde leur émigrationtotale devantI'avancéedestroupesmilitaires
coloniales.
Il est à signalerque la ville de Bengardense trouve actuellementdiviséeen
deux parties séparées,une constituéede tribus touazinequi n'ont pas acceptéles
transaôtionsavec la colonisationet I'autre forméepar des propriétairesAccara,ou
d'autrestribus n'appartenantpasau touazine,égalementdesjuifs qui se sont installés
''
dansceslotissements agricolesautoursdesksoursde I'ancienvillageou Borj

Du côtéouestdesoudernade sidi Toui à Dhibetc'estla Tripolitaine,Danouqui


dirige le bureaude renseignement de Tataouinequi a pour mission la surveillance
poliiiqueet le contrôleadministratifdesterritoiresqui lui étaientconfiés.
du
Le chef d'escadronsbillet puis le capitaineGuinet sont les responsables
commandementsupérieurdu cercledeMédeninel89l à 1894'

Les Werghernmasont alors sousle contrôlede la police frontièrede 1893à


1896,despostesde surveillance(Borjs) sontcréesà El Maghri, à Ben Gardenet les
officiers emprunterontles itinérairesles plus directs de Zaruisà Ben Gardenet de
Tataouineà El Maghri ou Dhibet.

Les tracésde cetteligne parallèleà la frontièreont pour objetde suiwe celle-ci


successivement point par point, maisles officiersne devrontjamais s'approcher de la
frontièreà plus de trois kilomètres.

de la petitehydrauliquefamilialedansle sud
36 AbaabA. (l98l) : La marginalisationdestechniques
tunisien,casdès souanisdansla régionde Ben gardane.
Thèse de 3 cycleen géographieuniversitéde
ParisXII.
Les mutations socio-spatiales,cullurelles et aspectsanthrcpologiquesen milieu aride: 323
Casde la 1837-1956

Ils doivent suiwe tine ligne forméepar les points de <Asso>surveillanceet


contrôles: El fiedh, Midher Rohi, le chareb ouest de la Sebkhat El Adhebat,
Jedlaouine,le chareb ouest du Moqta de Djedlaouineà oglat El Hmar, GaraatEl
Ecianes,GaraatRhiden, I'oued Sfira danssa partietunisienne,I'ouedDhibet danssa
partietunisienne,GaratAfina, oued Morteba307, devantI'absence totalede réactionde
la part desothomansde tripoli, au printempsde 1894lesautoritéscolonialesentament
leurprogrammeaidéespar du Makhzenrégulierpourpasserà unedeuxièmeunephase
dejalonnementde la ligue frontalièrepar des<Borjs>point de surveillanceconfiésaux
Mkhaznias.

Le premierest celui de Bengardane avecun officier françaiset septMkhaznias


de Médenine,la restaurationde ce poste(bori) a étéconfié à desouwiers venantde
Gabès,borj (Assa) à sidi Toui, à Bir Tartar,à GaraatEl Elane,à MechhadSalatret à
Dhehibat.

Les Ouderna et les Touazine et avec eux la totalité des Werghernmase


résignentà cette ligne fortifiée dotée de patrouillesde plus en plus nombreusesde
soldats,d'offrciers et d'une manièrepermanentede <Makhaznias> avec les bernous
bleu, d'ailleursles autoritéscolonialesexigentà cesréguliersMakhzende porter le
bernousde couleur bleu qui avec le <houli>blanc et un cheval rouge fait sortir le
drapeau<bleublancrouge))et si la monturedu Makhzenestde couleurblancheil doit

s'habilleravecle bernousde la casquette<chéchiorrougeet souventun foulardrouge


pourfaire sortir danstoutecirconstancelescouleursdescolons.

Toute la Jeffaraet I'Aaradhest doté d'un Makhzenrégulierportantle bernous


bleu,quandau Sahelle Makhzenporte le bemousrougebien qu'indicateurde I'armée
du protectoratappartiennentà <Askar el Bep arméedu Bey, et sous I'autoritédes
caidscivils de la hiérarchiebeylicale.

l.l-L'organisation desterritoires de la Jeffaraoccidentaleet de I'extrême


sud de la régencesousle protectoratfrançais
1.1.1- La Jeffara occidentaledécrétéeterritoire militaire

Le territoire militaire de la Jeffara: pourquoile tenitoiremilitaire ? Le


Makhzenrégulierau bernousbleu et les bureauxderenseignement et les <bureaux
arabes>>.

Ce territoire militaire est limité au nord par les contrôlescivils de Gabèset


Gafsapuisquele Nefzaouaétaitune régionsousrégimemilitaire,sur la côteet en face
du continentl'île de Djerbaelle aussiestsoumiseaucontrôlecivil.

La Jeffaraoccidentale,territoire desWerghemmalimitrophede la Tripolitaine


jusqu'à l91l puis I'italiennejusqu'à1945du côtéest de I'Algériedu côté
othomane
Ouest.

'ot Résidence
généraledesAffairesIndigènes,
Tripoli,novembre
1893.
Lesmutations socîo-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 324
Cas de la 1837-1956

Pourquoi|'héritaged'unesituationde méfianceet de régimede fer, en effet,ce


territoire a été placé constammentsousle contrôledirectde I'arméefrançaisepour
quellesraisons?
va demeurersans
La situation particulière de ces régions pré-sahariennes
changement à I'exceptionde touteslesrégionsde la régencede Tunis sud-ouest,Sahel,
centre,nord-ouestet nord-est.
Pourtantles régionsfrontalièresdu sud ouestjusqu'aunord se trouventelles
aussiconfinéespar un territoirejouant le rôle de continuitégéogaphiqueet humaine
cofilmecelui de la Tripolitaine,avecuneseuledifferencec'estqueà cetteépoqueil est
devenucolonisé par la France et que celle-ci a opté pour défendreune Algérie
considéréefrançaise,il faut la protégerpar unepolitiquede préventionqui débutepar
une invasionde la Tunisie et le maintientd'un statutquo militaire sur les confins
saharo-tripolitains.
Les stratégiesdesWerghemmaet desmilitaireset colonsfrançaisdivergenten
tout temps, avant la colonisation,pendantet aprèsplusieursfaits historiqueset
sont
plusieursraisonsexpliquentcettesituationtrèsparticulièredont les conséquences
graveset néfastespour I'avenirde la Jeffaraet desV/erghemma.
La proximité de la Tripolitainea toujourssuscitédesméfrancesde la part des
pouvoirs centraux de la colônisationet les beys, ils considèrentque leur danger
viendraitde I'orient ou de I'estexactement commepensentles Werghemmaà travers
leurspoètes,leurs chroniqueurset leurssages,il estvrai qu'onne choisi pasun voisin
mais cetteliaison organiqueavecla Tripolitaine,géographique et humainea joué un
rôle primordialpourâc"entuetla peurdesstratèges coloniauxà traversI'histoirede la
Jeffaratuniso-tripolitaine.
Région saharienneet aride d'où I'aide: armeset munitionspeuventparvenir
pire encore
aux tribus Ésistantes,qui ont refuséde négocieravecI'autreenvahisseur,
ils se méfientde cetteèolonisation dès 1830avecI'occupationde Constantineet des
frangessahariennesalgériennes,en l88l ils ont refusé d'accepterI'occupation
franfaise,bien au contraireils ont créedesespacesvidesdevantcette invasiondans
I'espoirderevenirunjour libérercetenitoire.
Les Touazine,les ouderna,les khezours,les Accaraont acceptél'émigrationet
I'attentesansfin devantI'hégémoniecoloniale.Ce problèmede police, d'arméeet de
makzenrégulier,spécialementalertéspour maintenirI'ordreet contrôlerles frontières
encoreconfusesentreles deux ailesd'unerégionqui a, toujours,vécu avecune entité
territorialegéographique et humainesanséquivoqueauxyelrxdesautochtones, de part
detouslesdangers
menacée
et d'autre,dè cetteJefiaratuniso-tripolitaine, despouvoirs
coloniauximpérialisteset leursalliés.
pour donnerune autrepreuveà cetteliaison organiqueentreles deux partiesde
la Jeffara,nousexposonsla situationde cespopulationsrésistantesqui ont émigréen
Tripolitaine (trrtarstgq+) d'après A.Martel (1965)< Dissidents du cercle de
Méàenine>3o8.

PUFtomeI p.566de la tunisie(1881-l9l l).


totA.Martel(1965): lesconfinssaharo-tripolitains
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropotogiquesen milieu
aride: 325
Cas de la Jeffara tuniso-lybienneIg3T-1956

Dissidentsdu Cerclede Médenine


(Mars1894)

Khalfalik Tribu ou Fraction Nombre(1) Refuges


nrincinaur

Rhouzours Honaiya t9 Zentarr


t9
Touazine od. Bouzid 26 Nonajel
od. Malimoud(2) 4l Nonajel, cian
Rebayai l0 Nouaiel, cian
od. AounAllah t4 Mehamid
Meztoura l0 Cian
Médenine 58
168
Ouderna od. Debab 9 Sinaoun
od. Chihida I Nalout
l0
Accara Mouensa
J

200

l) Chefde famille.
2) parmi les ouled,matrmoud
il n'y a plus qu'undissidentod; khalifa à zouara,tous
les autressontdesouledHamed.

Ce tableaumontre bien les liens de fraternitéet de parentéentre les tribus


V/erghemmaet les tribus tripolitaines pendantles momentsdiffrciles, le même
phénomènea été remarquélors de la colonisationitaliennede la Tripolitaine

l'émigrations'estdérouléedansun sensinverseet aveclesmêmesmotifs et les mêmes
objectifs3oe.

Cette situation de la résistancedes Werghemmatouche à sa fin après


I'occupationdu triangle Oued Fessi,Moqta,Dhibetpar I'arméecolonialeaprèsque
la
SublimePorte othomanea reconnule protectoratfrançaissur la régenced! Tunis en
I 888.

Il est étonnantde remarquerla poursuitede cette résistancejusqu'à 1894 et


I'hospitalitébilatérale entre les tribus Djefariennesde part et d'autrede cette zone
neutrefinalementoccupéeet contrôlée.

Devantcetteliaison organiqueentreles tribusde la Jeffaratuniso-tripolitaine,


et devantune organisationterritorialeprovincialeen l88l se basantsur les <<cards>
et
les <cheikhs>avec une délimitation de ces territoires assezimprécise,les
Werghemmasetrouventdéstabilisés.

3@Aboulgacem
A'I (1986): EL MouhajirounEllybiyounBill Bilad ETToUNISIA lgll-1959 ed.
MaisonbenAbdallâhTunis.
Les mutations socîo-spatiales,culturelles et aspeclsanthropologiquesen milieu arîde: 326
Casde la Jeffara tunho-lybienne1837-1956

1.2-Les remaniementsadministratifset territoriaux dansla Jeffara


occidentaleséparéede la JeffaraTripolitaine

Souventle tenitoire d'un <cardab> ou d'un <cheikhaDet du régional ou local


ces espaces correspondaientaux territoires de tribus, groupe de tribus on <arche>
confédérationsous le protectoratle postede <khalifab est crée pour jouer le rôle
d'auxiliaire de <caïd> (décret du 28 novembre 1889) et le remplace en cas
d'empêchement, les cheikhsrestentchoisispar les notablesde la tribu ou le <Miaad>
assemblée.

Ce sont les cheikhs qui s'occupaientde la gestionfinancière; collecte des


impôts(majba)oupaiementdestimbresimpôtssur le cheptelet les arbresfruitiers,ils
sont en contactpermanentavec la tribu et la fractionet ils recouwaientles sommes
perçueset les collectesdu <Mejbo et lesremettaientau <catd>.

A compter du 1887 les Werghemmavivent une situation nouvelle, les


circonscriptionséthiques sont remplacéespar des circonscriptionsterritoriales,
décidées par le RésidentGénéral,également le choixdes<caids> et les<cheikhs>,
dont
l'électionserasuggéréepar les autoritésdu protectorat,avecune règle importanteet
une nouvelleéquationpour séparerla classedirigeantede la populationindigène,le
choix d'unhaut fonctionnairede I'administration<caidale> ou du <cheikh)ne seréfère
doncni à la compétence, mais
ni à la valeur,ni à I'instruction dépendde la loyautédu
candidatà l'égarddesautoritésdu protectorat.

En effet, une règle redoutableayantdesséquelles très néfastessur I'avenirdes


<Werghemma )),et de toutesles tribusde la régence,c'estle choix de cescandidatspar
les autoritésmilitaires et de renseignement aprèsavoir établi la biographiede tout
candidat,ce qui tend à créerune classesocialequi chercheà gagnerla sympathiedes
autoritésdu pouvoircolonial.

Cetteloyautédu candidatà l'égardde I'autoritémilitaire ou de tout pouvoirqui


règne, demeureune condition exigée pour accéderà la hiérarchiedes fonctions
publiques.

C'estcettepartition entreles différentesrégionsdèsle débutdu protectoraten


1881 la région de la Jeffaraoccidentale,
et un écartde différenceentreune population
autochtone qui émigredevantI'invasioncoloniale,et d'autrespopulationsde la régence
qui s'intègrentdansle nouvelcrdredu protectoratd'unemanièreon uneautre

Nous constatonsI'importancedu rôle joué par la brigaded'occupationet les


officiers des servicesdes renseignements installésdans le sud, et le rôle joué par
Rebillet,l'ancienCommandantSupérieurdu cerclede Médenineet Metameur,devenu
RésidentGénéralaprèsavoir exercéles fonctionsde chef d'état-majorde la brigade
d'occupation, le pouvoir politiqueet I'autoritémilitaireont collaborépour I'application
d'une politique frontalière et sahariennedéjà conçuepar Rebillet lorsqu'il était en
pleineJeffaraà Médenineet Metameur.
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 327
Cas de la 1837-1956

D'après les déclarationsde cet ancien polytechnicien,républicainet franc-


maçonqui était I'ennemifarouchedes Werghemmaet surtoutdes idéaux du projet
collectif de la confedérationvis-à-vis de I'invasioncolonialeet de la libération du
territoireavecI'aidede la sublimeporteothomane.

1.3-Le CommandantRebillet I'ennemide la confédérationdesWergbemma


1886-r898

Il écrivait en 1886 <le paiementde I'impôt étant la manifestationla plus


caractéristique
de la soumissiond'une tribu...l'impôt de capitationqui atteint
égalementle pauvreet le riche estabsolumentunique.

Nous nous proposonsde la remplacerpar un impôt de mêmerapportsur les


troupeauxou Zakat, cette situation a I'avantagede faire contribuer chacun en
proportionde sa richessepuisquela richessedesnomadesestpresquetoute entièreen
troupeaux et de.... donner par I'exemption de I'impôt une prime à ceux des
Werghemmaqui cédantà leurs instincts de Berbères,voudraientretoumerà la vie
sédentaire,
transformationsi avantageuse à I'affermissement
de notreautoritédansle
pays.

...On lui (la tribu) imposeun chef dont on est sûr, on brisepour les tribus
comme celles des Werghemma I'organisationdémocratique,le ressort de leur
gouvemement intérieur,en défendantla réuniondu <Miaad>en forçantle chef à faire
acte d'autorité absolue....leschefs doivent être recrutésparmi les hommes très
énergiqueset ambitieuxet il ne faut pas redouterleursabusde pouvoirsmais plutôt
desactesde timidité dusà l'habitudequ'achacundesWerghemma de seplier toujours
à la volontéde la majoritéD, il proposaitde placerà la têtedes:

Haouya: Mohamedben Mabrouk Ounallah,et Maztoura: Dhaouben Dhaou,


des ouled Bouzid : Khalifa ben Neji, des ouled Khalifa et ouled Hamedencoreen
dissidence:Ahmed Mars et MohamedAli ben Salem,desouledSelim : Salembou
Adjila, les Accara: Rhouma Bellhiba, des Ghomrassen: Ali ben Abdenahman.La
comparaison de cetteliste avecles nominationsde 1895-1898 montreI'influencede
Rebillet,et le nombrerestreintdescandidatspossibles.

De ce démantèlement du tissu et lien de la tribu, de son systèmecollectif


démocratique, interdirela réunion du <Miaad>,briserI'organisation interne,forcerle
chefà faire desabusqui débordentde I'attitudeet du comportement bilatéralentreles
membresde la tribu et son miaadqui gèrede prèset de loin tous les détailsde la vie
quotidienne et de la vie collective.

En effet, Rebillet a compristoute I'histoiredesV/erghemmaaprèsavoir passé


quelquesannéesau cercle de Médenineet Metameuren plein fief destouazine,des
khzourpuisqu'il était intégrédanscettesociété qui ne refusepasI'autre,un autrequi
est venu organisateurpour devenir protecteuret pour passerenfin au bâtisseuret
urbanistepour changerI'espaceavecune politique qui commence,au début,par une
hésitationet une affentedevantune confédérationguerrière,équilibrée,démocratique
commeil disait Rebillet.Cettephasedure une dizained'années pour en fin occuperle
territoire définitivement par une arméedite protectrice,en suivant la stratégieet le
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu arlde: 328
Cas de Ia 1837-1956

projetde RebilletI'anciencommandantdu cerclede Médenineet de Matemeur,lui qui


estconnupar sa sagesse, son encouragement aux cérémonies de <Hadharareligieuse>
jusqu'àpayertous les Jeudissoir, les préparatifspour le dînerdes soulamiaou des
khadiria, les contes disent qu'il tache d'assisteravec sa femmeà la cérémoniede
Hadhara,cetteréunionen cercled'un gtoupede personnes, chaquevendredidansune
Zàvtyapourla récitationdeslitanies (dhik) et deslouanges,ainsique la pratiquede la
danseextatique3lo.
S'agit-ilde Rebilletou d'autresofficiersdisciplesqui ont adoptéleur pédagogie
et leur projet pour connaîtrela sociologiede cette sociétéwerghemmienne dans la
Jeffara tuniso-tripolitaine, pour en fin créer une autre science humaine dite
anthropologie fille adoptivede la colonisation.

De son côté Ibn Khaldun (1332-1406)nous révèle que les musulmansont


défini le courantde I'immanencedynamiquechezPlotin (205-270)par le courantdes
I r.
présences (madhabal-hadrât)3

Dansla régencede Tunis au XIXè" sièclele cheikhde la hadraappartenantà


composé
I'orchestre
l'une desconfréries,disposeen demi-cercle de personnedont le
nombren'est pas déterminé,le cheikhouvreet terminela hadaraqui comprenddeux
parties,le Hizb et la danseextatique.

Ces offrciers ne peuventpas pénétrerdansles écolescoraniquespar respect


pourla religion musulmaneles mosquées du ksarde Médenineoù il y a les <madersar>
écolescoraniquessont.Celles-ciétaientles suivantes:
- :
Lamosquéede Sidi Alaya benAbid avecdeux<Meddebs>
r Ali benAhmedEzayedi

- La*o,ouu...:Ïffiî::," :
un<Meddeb>
avec
. Jilani benDhaouEssaket

- Lamosquéede Sidi Saguer


entrela prière
Egalementle <Hizb>coraniquequi se déroulequotidiennement
du <Dhohnde midi et la prièrede<Asn.
Le <hizb>desWerghemma: (pourrécitationdu Coran)$oupe ou ensemblede
personnesde partisans défendentet luttent pour la diffusion du Coran et son
àpplicationdans la vie sociale,au siègede la mosquée,ce sensde <Hizb> a été
employépar les musulmanspour désignerunepartiedu Coran(60 Hizb).
Le <Hizb>à Sidi Alaya benAbid sedéroulepar la récitationde deuxHizb pour
terminer(le khetm) irîJ$l Ê3i à la fin de chaquemois c'està dire la récitationde
soixantehizb.

Au milieu du XXè" siècle,le groupearriveà terminerdouze(khatm)par an. Il


étaitconstituéde :

3r0lbn Mandhur: lisanal-arebp. 658 (le termehadara)le conceptlinguistiqueet le conceptascetique.


3rrlbn KhaldunAbdenatrman: al Muquaddima,Beyrouth,daral kitaballubnani
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 329
Casde la Jefrara tuniso-lybienne1837-1956

- Hadj MohamedbenAmmar ksiksi : Imamde la mosquéeet Reciteur


- Mohamedben AbdelhafidhAbdelkebir : Réciteur
- Ali El Fafi
- Mustaphaben Jaballatr
- Amor ben Lakhdar
- MohamedAli Nafti a( a(

La recitationdu "hizb" continuejusqu'àprésentpar des réciteurshéritiésdu


groupeci-dessuset de tout croyantvoulantparticiper.

Ce groupeavec d'autresbénévolesse chargent,le long du mois de Ramadan


(moisdu jeune) pour ravitailler, la mosquéeà tour de rôle, par la (Guasa)<grandplat
en bois>pour le dîner des pratiquantsde la prière du Maghrebet des <tarawih>ou
<Achfao précédéspar la prièrede <Ichâo la cinquièmeprière.

Nous évoquonstous ces faits historiquesdes Werghemmapour signalerque


I'autoritécivile et militaire coloniale du protectoratgère la vie politique et socio-
économiquede la région sanstoucheraux activitésreligieuseset lieux de la pratique
decettereligion(mosquées , zaouya...)
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 330
Cas de la Jelfara tunkoJybienne1837-1956

ECONOMIQUES
CHAPITRE II : LES CONSEQUENCES
ET SOCIALES DU PROTECTORATFRANÇAIS
ET DE LA COLONISATION AGRICOLE

Rebillet, militaire responsabledu cerclede Médenineet de Metameurpuis


consulgénéral,n'a pascédéà la séductionde la sociétéjeffariennedesWerghemmaet
de I'Aaradhau dela d'ouedEzeuss,bien au contraireil a tenu tête pour frapperles
en interdisantlesmiaâdsdeschefsde grandes
pointsforts de I'organisationconfédérale
tentes,égalementau niveau des conseilsde ces miaâdsqui sont remplacéspar une
hiérarchieadministrative,militaire et de renseignement, pour anéantirle tissu de la
pyramideconfédéraledes Werghemmadéfinitivement.Il a considéréque ces miaâds
(assemblées) représentaientcette aristocratiecollective où.-chaqueadulte faisant
entendresavoix en tempsde paix commeentempsde guerre3l2.

Il a condamnécette confédérationen attaquantle comportement des grandes


tribus de Touazineet Oudernaà l'égard desmontagnards <Jebalias>
il disait <cette
aristocratiecollectivequi opprimeles montagnardset empêchele développement des
activités agricoles sédentairesou commercialesvers lesquellesvont toutes nos
préferences...

D'ici commencela soumission,par I'encouragement du commandantRebiellet


des autoritéscoloniales,d'un conflit entreles nomadesguerriersde la Jeffaraet les
sédentaires<Jeballias>montagnards.Les militairesfrançaisont déclenchésanss'en
rendrecompteune révolutionprofondeen instaurantl'égalitéentreles <Djeballias>et
les<Ouderna> c'està dire entrele <sahab>et son<serf>.

Toutela Jeffaraoccidentalesetrouveconceméepar ce bouleversement dansla


vie politique et socio-éonomiquewerghemmienne, en effet, après l'équilibre des
sociétésjeffariennesqui se trouventen pleine symbiosesuiteà une intégrationà ce
lestribusguerrières,
systèmeconfedéraltribal de tous lespartenaires, les tribus Zaouya
et lesDjeballias.

Le choc de part et d'autreest porteur de conséquences très gravespour les


Werghemmaet pour les autorités militaires coloniales,tous ces facteurs qui
proviennentd'un souci militaire et sécuritaireobligeant les <ourouchs>de cette
nomade,semi-nomade,
confédération fils de Zaouyaet Djeballiad'intégrerpar la force
desarmesle nouveausystèmecolonial.

Cette intégration commencepar une stratégie consistantà planter une


administrationde renseignementcolonial dansles points névralgiquesde la Jeffara
occidentalec'est à dire en plein fief des grandestribus guenièreset le long de la
nouvelle frontière ou le <Mun> qui va séparerpour toujours la Jeffara tuniso-
tripolitaine.

3r2A. Martel(1965): lesconfinssaharo-tripolitains


de la Tunisie(1881-1911)
PUF. 1965TomeL Le
journaldu commandant Rebeilletchefdu cerclederenseignementde et Matemeuren1886
Médenine
p.5E9.
Les mulations socio-spaliales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 331
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

La mise en place d'une politique de sédentarisation des nomadeset semi-


nomades rWerghemma aprèsI'occupationde la zoneneutre,ou le triangle(El Moqta),
OuedFessi,Dhibibat), la créationdes centrescivils à côté des ksoursou noyauxde
cette nouvelle administrationcoloniale, Metameur,la Mhala de Médenine ou le
quartierdes caserneset la cité européenneavec l'égliseet le bureau( arabe) des
indigenes.

Tataouine,Ben Garden,Zarzis avec les points de contrôlele long de la ligne


séparantla Moqta sur la côtéjusqu'àDhibat,la tendanceà changerle régimedesterres
dansle territoiremilitaire de la Jeffaraoccidentale(voir tableauen annexedesdécrets
intéressantle changement de régimedesterrescollectivesdepuis(1881).

Les Werghemmanomadeset semi-nomades se trouventaltérésà cespôlesde


sédentarisationpar une séduction sans fin qui commenncepar la création des
propriétésindividuellepar le lotissement
agricolesdesterrescollectives autourde ksar
Bengarden,la politique des lotissementsde <DhaklatWerghemma) la presqu'îlede
Sidi Makhlouf ou Jorf et les encouragements pour la plantationde I'arbrefruitier et
surtoutde I'olivier, à Chamakhet danstoutela presqu'îledeZarzis.

Une multitude d'actionset de projetsqui était da paille qui a brisé le dos du


chameau)) .jx+llJ+È,'. ...i.r:lt l*itlt pour entamerune guerrefroide et parfois chaude,
pour en finir avec cette organisationet ce systèmetribal confedéral,qui se trouve
devantun choix trèsdifficile, s'aliénerdevantles tentativescolonialestouchantle fond
et la forme de cettevie quotidienne; ou se révolteret continuerla résistance.Nous
citonsla créationdespisteset routesentreles diversesagglomérations administratives
et militaires,la créationdeséoliennesdansles ksarspour pomperles eauxde puits de
surface,la création de souks et marchéspennanentsqui attirent les agriculteurs
céréaliersou autres,et les éleveurspour vendreleursproductions.

L'eloignementpetit à petit du systèmed'echange(de troc), par I'utilisation


d'unemonnaie,et surtoutle quadrillagede tout le territoiremilitaire desWerghemma,
de la côte en passantpar la plainejusqu'aux montagnes, puis le Dhaharet les franges
sahariennes par une administrationcivile et militaire par le recrutement
de <Makhzen>
cavaliersréguliersqui aidentles officiers et soldatsfrançaisdanstouteslesmissionsde
contrôleet d' observationpermanente.

Une nouvelle hiérarchie administrativeet militaire (Caid, I(hilifat, Cheikh,


Makhzen) se trouve installée parallèlementà une armée et des bureaux de
renseignement ; en effet, tout le personneldesofficiers qui administraient
le territoire
militaire du sud relevait du servicecentraldes affairesindigènesà Tunis, en (1906)
sous les ordres décretsdu résident généralcommandantsupérieurdes troupesde
Tunisie,qui était, d'ailleurs, le déléguédu Résidentgénéralet assurele contrôlede
I'administrationdesterritoiresdu sudet de I'extrêmesud3l3.

Il est à signaler que le Résident Général commandentétait le principal


du servicedesaffairesindigènesdu sud, son autorité s'exercedanstous
responsable

t'' A. Martel: (1965)lesconfinssaharo-tripolitains


de la Tunisie(1881-l9ll) PUF.1965TomeI. de la
Tunisie: lescaidscivilset lescaidsmilitairesp 587.
culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride:
Lesmutations socio-spatiales, 332
Casde la 1837-1956

les domainesà savoirla sécuritéet lespouvoirsdisciplinairesdetouslesbureauxde ce


territoire.

Il délégait ses pouvoirs aux chefs de bureaux qui sont responsables de la


surveillancepolitique et le contrôleadministratifdesterritoiresoù ils se trouvaientet
avecla liaisondirecteavecle RésidentGénéralpour gérerla situationéconomique, la
fiscalité,la justicetoutela conespondancedescaïdskhalifatsetc...étaitvisépareux.

Ils sont égalementresponsables avec tous les pouvoirs,en matièrede police


judiciaire et des travauxpublicsetc ..., le territoire de la Jef[araoccidentale,et les
Werehemma étaient bien contrôlés par ces <bureaux arabes>ou bureaux
d'inÀgènest'n,à titre d'exemplele bureaude Médeninecomprenaitdeux annexes
Zarziset Ben GardenplacéssousI'autoritéd'officiersou chefsannexesqui relevaient
de bureaude Médenine,avecune arméede terre sur place,un Makhzenrégulierqui
aide les offrciers,et un goumsatrarien(arméerégulièrerecrutéesouventde nomades
satrariensconune les Mrazigues (Meharistes)chargé de I'occupationet de la
surveillancedu Saharadesfrangestuniso-algériennes rattachéau
et tuniso-tripolitaines
bureaude kébili. Il recevaitles ordres du commandantmilitaire du sud tunisien
concernant lesproblèmes de gestion,du personnel et desquestions politiques.

Toutesles autoritéssont passéesdes mains des <miaads>de la confédération


des Werghemma(Touazine,Oudema, Khezour, Accara et Djebalia),aux mainsde
I'autoritédu protectoratet de la colonisationfrançaise.Les militaires,le Caïd,le
Khlifa, le Chéiruraffectéspar les hautesinstencesmilitaires,avecun seul critère,la
sympathieet la loyalitéà I'autoritécolonialefrançaise.
Cette autoritécolonialeaffectesur le caidat de Médenine,en 1895,Rhouma
Bellhiba ancien ktralifa de Zarzis suite à son rôle diplomatiquejoué dans les
négociationsentreles françaiset les tribus émigréesen tripolitaine,lesTouazinen'ont
pas apprécité Ia nomination du nouveau <Caid> connu par son passé comme
èollaborateurdu généralYoussefLegrotet ami du commandantRebillet.

Leur khalifa Amor benNeji un vigoureuxcavalierqui représente bien I'autorité


coloniale,il établiten 1894desprésentations despisteset du Borj
pourla construction
(de contrôle)de Ben garden,il oblige les autochtonesà emmagasinerleur céréaleset
productionsagricolesaux ksarsde Médenine,ainsi les khalifasdesTouazineétaient
vers 1888(Amor ben Neji, Med AmaraAbecha(anciencollaborateur de Rebeillet),
FadhelEl Krimi benSaâdLabiadh jusqu'à191l)3r5.

Lestribus Oudernaperdentleur autonomie,SalemBouajilaestnommécomme


"Caid"desOudema(ouledchhida)1894,par crainted'impôtset du servicemilitairele

3rnLessirFethi(1998): testribusde I'extrêmesudtunisiensousI'administration militairefrançaise: cas


dés
de la confédération Werghemma (1881 - 1939)ed. fond temimi Za$touan.
- AbdelmoulaMed (1987)jihad et colonialisme(la Tunisieet la Tripolitaine1914-1918) ed. tiers
mondeTunis1987.
- RichardSibollet(1996): ksarel Ahmar: la drôle de guerreimp.rullière.libeccio'
2rsLessirFethi (1998): lestribusde I'extrêmesudtunisiensousI'administration militaire françaisecas
désWerghemma.(19l
de la confédération l-1881)
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen mitieu aride: 333
Cas de la IE37-1956

mouvementvers la tripolitaine continu, le <Caiô démissionne,


I'autoritéI'oblige de
quitterla Jeffaraet sonassignationà résidencea Gabès.

L'autorité coloniale profite de cette situationpour supprimerle caidat des


Oudernaet le rattacherà Médeninepour former le <Caidabdes V/erghemmavers
I 895.

2.1-Lejour desTouazine3l6

Le combattant, cavalier,poèteSoufEl Mahmoudi(1 854-1930) de la tribu des


Mhamid tripolitaine,recherchépar les autoritésothomanes, anglaiseset italiennes,il
se refuge chez les Werghemmaen Jeffara occidentale,de la Tunisie il continu à
combattreles turcs, les italiens et les anglaisen tripolitaine,la colonisationfrançaise
prépareune arméeavecdes MakhzenWerghemmaqui surveillentles frontières,une
bataille se déroule en Tripolitaine entre Souf El Matrmoudi du côté est et la
colonisationfrangaisedu côtéouest.

MohamedSaidEl Ghachattauteurdu <diwane>recueilde poèmesde Souf El


Mahmoudidisait <quelorsqueSouf a protégéles immigréstunisienset s'estinstallé
avec eux sur les frontièrrestuniso-tripolitaines,la Francecolonialejouant comme
d'habitudesur la ranimationdes querellesentre<çoffs>à I'intérieurde la régenceou
mêmede part et d'autrede la frontièrearbitraireséparantI'espacede la Jeffaratuniso-
tripolitaine,en effet les Mhamid et les Werghemmaappartiennent chacuneà un <çoff>
antagonisteà I'autre,les Mhamidesavec les Nouailset les Siaanesétaientles frères
ennemisdesWerghemma,une stratégiede la colonisationothomanepuis beylicaleet
françaisedivise la populationet les tribus et confédérations pour régneret
autochtones
contrôlerle territoirede cetteJeffara>.

La colonisationfrançaisea attaquéSouf la journéede I'Aid El <Idhho>la fête


du sacrifice,malheureusement, disait Souf danssonpoèmequeI'ironiedu sort fait que
les émigréset réfugiésd'hier sont retournésau tenitoire colonisépar la Francepour
prendreI'assautsur lescombattantsfrèresd'hier.

Danscettebataille,Souf El Mahmoudiestgravementblessé,mais la blessure


la plus profondeétait cette manoeuvrede la colonisation,qui à chaquefois trouve
inter-tribal,cephénomène
I'occasionpour s'intégreret ranimerI'antagonisme setrouve
d'uneépoqueà une autreà traversI'histoire des<wilayas> régenced'Alger,de Tunis et
deTripoli durantle XIXè" sièccleet le débutdeXXè" siècle.

316
MohamedSaidEl Ghachat(1969): SoufEl Mahmoudisavie et sapoésieed.Dar Libnan(enarabe)
BeyrouthLiban 1969p 143.
Touazine: <Arch>ou <<Najaa> groupementde tribus appartenant des Werghemma
à la confédération
de la merjusqu'àenvironSidi Toui
occupantla Jeffaraoccidentateet les frontièrestuniso-tripolitaines,
(partieest)puis les Oudemajusqu'auxfrontièresalgériennes (partieouest)
A.Martel:les confinsSaharo-tripolitains de la Tunisiel88l-l9ll, les Werghemma vers 1886p80
tomel.
culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride :
Lesmutationssocio-spatiales, 334
Casde la Jelfara tuniso-lybienne1837-1956

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I l.r: ir+-i+J lî .rI c. ts+rj! 4+sJ r.H f:s sJ
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tJj:r.t4 lt rc;loT.9U.Lê"jôi.T
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JLi-.é! c}+l- 6ri-e È{=r+l rt+Lj È{j. É'ôJl-fu
l3ju-; ô:=o )lj 6.1-. J,*lt-Jf C .J.-3Êç
l3lgT lf-lil-l ls'rj. >t-s lJ,ÀllJl*-iJti+liJ$ I' J I
olJ r:r.r=r-;36r+ < 'ï l_Éjl! irtl tj+Jàll r# JlL-J
JJ-hti-LJ
/t 1l d3l++ 4+JLj. o.tu>ô l+j!l
3-1lrd,-r-: 3'Àill rr-r *j €
J.fJ r:, t' r5è ft+t-!.r-l dil.E-3 rt-.;Àl rs.-r 1;f-rl3

(rlg.,r.e.ll ' i-, ": J.-et-rir.ll


3lzi "' t,1.r-Lll 'r;-ot-'r+Jl ;il-#-!
,

Le Jour desTouazine

En pleinefête < Arafa > ils nousont attaqué


Soldatset CavaliersTouazinenous ont entouré
Au beaujour de I'Aid du sacrifice
de bonheuravantla premièreprière du matin
Ils ont frappéa doublecordece chevalbeaugalopeur
ils ont chassénosmeilleurstroupeauxcamelins
Le matin au lumièredu soleil desépéesappariaientbien brillant
et devanteux les coeurssont en pleine perplexité
En fête le dixièmejour sacré
ils ont décidéI'assautétait rythmé aux bruit de sabots
PerSorme n'a sotrhaitéle contraire,en I'absenced'espoiret de sourire
Soldatset Touazinesontvenusen ensemblebâillonnent
Un bon momentils nousont laissébien éparpillé
du Ghardeguià Ethieni et autreslieux de refuge
En fête de I'ard et du pélerinageils ont attaqué
une attaquedoubleplus une autre attaque
Au beaumatin voilà leûs chevauxenvahissentle camp
commeun jet de lait sansarrêt
Et le revanchards'estdécidéde demandersarevanche

3tt Libnan (en


Moho-"d SaId El Ghachat(1969) : Souf El Mahmoudi sa vie et sa poésieed. Dar
arabe)BeyrouthLiban 1969P 48.
Lesmutations socio-spatiales,culturelleset aspectsanlhropologiquesen milieu aride: 335
Cas de la 1837-1956

à I'aubevoici leurschevauxsedéversesansfin
Aucun parrni nousn'a étéépargnéni sauvé
blesséet fracturéils nousont amenéen fin d'aprèsmidi
En pleinefête,en fin dematinéeils ont attaqué
uneattaquede deuxcentcavalierset une centaine
Si Mhemeda étébattuet sonmaîtresafracturea touchéla jambe gauche
C'estmaintenantqueje prendsconscience de la séparationde meschers
loin d' eux monregarddevientcofilmecelui desenfants.
j
Les ourset le tempssontplein de suspenses
unefois desmomentsdifficiles, et amères
Ils sontd'avantage plusnombreuxquele beaumoment
lesjours ont pourmissionde disperser et d'unir
Mais ils font monteret descendre en tempsde misère'
ils peuventlaisserI'hommegénéreuxhospitalié
Au momentde disettesecachepour ne pasoffrir un agneaua sonhôte
ce mondebaset pleinde malheurs
Cettevie voussemblejoyeuse,maiselle cache
souventaprèslajoie I'amertume.
Et lorsqueDieu a voulunousjugerenpleinefêted'Arafa >
enpleinejournéecaniculaireils nousont attaqué
Le poètetripolitain
SoufEl Mahmoudi (1854-1930)
(notretraduction)

2.2-<LaHtaya > émigrationvers le nord de la régenceou le voyage


de la souffrancedeswerghemmavers < Ifriquia >>1924et 1936
En passanten revtrele calendrierdesWerghemmaou la datationannuelledes
circonstanceset évènementsqui restentdans la memoire desjeffariens,toutesles
annéesdes Werghemmasont gestantesd'amèressouvenirset de miragesqui ne
jamaismaissetransmeffent
s'effacent de générationen génération318.
Le peripleest long et pleinde malaiseet de désarroilorsquel'hommepasse
de I'annéeproductiveet pluvieusede 1860pour traverserdes longuesannéesde
disette: I'oragede Gouta,la disettede zommit, la mort descamélidés,I'orageet la
pluied'argile,I'annéedessauterelles,
I'annéedu ventjaune,I'annéede la neigeetc...
Chaque période mérite toute I'attention et la reflexion, nous essayons
d'analyserI'une despériodesdifficiles de cetteépoqueou le voyagede la souffrance
à la recherchede la nourritureet du pâturagepour les troupeauxest connupar la
(Hataya3re) de 1924et 1936.

318voir le
calendrier-des.werghamm4 op ^l-adatalion annuelledes
--- circonstances
et évènements
importantsqui restentdansta mfmôiiëdesjèftâriènl-(èîànn;îd).
3letranshumance
au nord (Hataya)pourIa moissondescéréalesavecunerémunération en nature.
culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 336
Lesmutations socio-spatiales,
Casde Ia r837-19s6

La pratiqueet le modede gestiondesressources au seinde la DJeffaratuniso-


des
tripolitaine est codifiée pal la coutume, une pratique ancestraleavec
déplacementsalternatifs nés d'une nécessité d'adaptation aux circonstances
climatiques.
Mais voilà que les années de sècheressese succèdentobligeant les
V/erghemmaà se recburirà une transhumance lointaine qui dépasseles limites de
pour se
I'altJmancepastoralerégionalepour prendreun caractèred'urgencemarquée
pâturage pour son
subvenirdes produitsalimentairesde premièrenécessitéet de
cheptel.
le
Les autoritésde tutelle,beylicale,turquepuis françaiseont toujoursfacilité
le but de
passagedes troupeauxpar intérét économiqueet humain, et ceci dans
àeuetippe' et d'éncourager l'élevagecomme moyen d'existenced'une population
peuttrouver
ruraletrà*aae qui fixee sur desterrescollectivesde médiocrequalité,ne
céréalières,la reciprocité
lesmoyensde vivre en seliwant uniquementà descultures
frontièreou
de pacageet de labouret semien annéepluvieusede part et d'autrede !a
basée sur une pratique
en'dehùs du tenitoire militaire, répond à une nécessite
immémorialeinter-tribaleou dansles régionslointainesinterditespar lesrèglements
administratifscoloniauxmaisdevenanttolérésenpériodede sècheresse'
El Hatayade la Jeffaratuniso-tripolitaineau nord de la régencede Tunis à
de la
Mateur,plaineconnuepar Sarichesseen céréalicultureet en fourrage,autour
de Tunisà 60 km de Bizerteet de la capitale,pluviométrie à
ville au nord-ouest
350
450mm/an
L ,automnede I'année1924 estsanspluie dans la Jeffaratuniso-tripolitaine,
leurs
les Werghemmasontprivésd'unecampagnede labourset de semis,également
troupeauxsontPrivésde Pâturage
la
It faut attendreet demanderla grâcede Dieu et la pluie. LesTouazinedans
pour le
régionàe Hazma,Bou hamed,Médenineet la presqu'îlede Jorf s'organisent
granddépartversle nord,la terreet la richesse<d'Ifrighya>'

Il ne faut pasinsulterI'aveniret toujoursattendrela grâcede Dieu peutêtre


I'hiversoitpluvieux,I'espoirdoit continuerjusqu'au la fin du moisdeMars'
et
sontdégradés
esttotale,les pâturages
Au mois de Mars 1924lasècheresse
d'herbeset de plantespastoralesannuelles'
dépourvusdepousses
d'une
Les miaadsdestribus se réunissentpour étudiertoutesles éventualités
annéequi s'annoncedifficile pour leshommeset les troupeaux.
Dans des circonstances pareillesd'alerteet de disette,il est normald'avoir
et
recoursaux alliancesde parenteet d'affinitémêmeau sein du <Arch > Touazine
desfractionsau seindestribusdifférentes'

Le groupea été constituépar desmembresde trois fractionslesDhiafines,les


Hadj
Smai'lia 1ô.nriira;, les Hmarine (o.Hamed) (Touazine). Le chro:riquegr
avait en
othman benchibani Ismail étaitparmi le groupede sa famille <Smailia> il
avrJ.l19241'âgedeneufans.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiques
en milieu aride: 337
Cas de Ia r837-1956

A l'époqueil y avait desimpôtsà payer,nousdevonspayerau (cheikh


) une <diya>
de vingt francspar personnepubère,et desimpôtssousformJ de timbres
achetésauprèsdu
cheikh,ces timbresintéressentles céréaleset lès laboursen automne,les
arbresde frguiers,
d'oliviers,le cheptelovin, caprinet camelin.

Cestimbressontpayesau cheikhpar arbreet par tête d'animaux,il està signaler


qu,il
y a un crédit de compagnedit créditsaisonnierqy'-J.
.É_rÉsf ceci pour I'achatde semences
pendantles annéessèchesou un manquede réserveest
^o^bservé-chez les agriculteurs,le
paiementde cescréditsestassuréaumomentde la moisson32o

L' année1924étaitsècheet I'automneet I'hiverétaientsanspluie la décision


estprise
par lestrois fractionsde partir au courantd'awil.

Les trois groupessontformésde :


l) LesSmaïliasi*cl- *lt 2) LesdhayafinesôJe.
t#àtt 3) Les hmarinegr-.,r-otl
- 04 hommes - 05 hommes - 03 hommes
- 04 femmes - 0l femme - 04 femmes
- 05 filles
- 0l garçon

Les Smailiasviennentde la <SaniaEl Hamro>sur la frontièreactuelletripolitaine



ils sontpropriétairesde terrede parcourset de céréales,les autresviennent
de Médenineet
Ben gardene,ils appartiennent tousau <arclu>(Touazine,Werghemma)itinéraire: DJeffara
occidentalepour arriver à I'ouestde Mateur,le retourestprévu après05 mois
c,està dire en
septembre1924.
Le Marhoulestforméde :
- 05 chevaux
- l5 chameaux
- unetentepar famille

Pendantce long voyagelesmembresdu groupefont la marcheà piedsou la montée


à
dosd'animauxà tour de rôle.

Mission : El hataya: moissond'orgeet de blé chez les agriculteursde la région


de
Mateur.

tto Talbi
Mohamed(lgg4):.IRA.Médenine:les changements dansles.qrodes de vie et l.ur, .lnGilG
I'environnementaridè: ca'sde ra désertifièiiionli-rufriiiË-au ,iâ'-Ëriïgg+
- Bouhawach T. (1983): Cyclemigratoire traditionnel.
- Abaab Ali (1984) : Aridité et transformations
socio-économiques
vvvuvu'rYsve dansle sud de la Jeffara(Tunisie)
thèsede III"'cyéle Universitédèp-arisï.iiih:--'-
' (1993).Systèmes agraireset organisation spatiales en milieuaride.Thèsede docMonrpellier
lTlt,)
Les mutationssocio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu afide: 338
Casde Ia Jeffara taniso-lybienne1837-1956

Le travail quotidienconsisteà la moissond'orge ou de blé par gerbe.Champsde


céréalesde bonnerécolte: moissonde 20 gerbes,I'unede cesgerbesrevientau moissonneur
rl-,anll .
- Récoltemoyenne: 15 gerbesdontunegerbepour le moissonneur.
- rr rr rr rr rr rr rl
Récolte faible : l0

Au momentdu retour,au mois de septembre,la récolte collectéeest estiméea 4 ou 5


wiba (37 kg) d'orgeou de blé par personne,ce groupe,en cas de besoinou de létige,peut
former une cavaleriede 5 chevauxavec5 autresqui peuventmonteravec les cavaliersou
<Radifs; r'i-;s.lles 10hommessontarmés.

Le chroniqueurHadj Othmanse souvientde tous les détailsde ce voyagequi a durédes


dizainesdejours pour I'alléeet le retouravecdesrepospour les voyageurset les animauxà
la recherchedesculturesviwièreset despâturages dansdesespaces trèslointains.

2.3-Le poème< El Moghraba>>ou la ruéevers ( Ifriquia >>le nord-ouest


de la régencede Tunis
< El Moghraba> desW erghemmac'estla hatayaen Ifriquia nord-ouestde la Tunisie
à 560 km de la Jeffara.
à Mateur,régionagricoletrèsricheen céréaliculture
La 1è"<MoghrabodesWerghemma porte le nom de I'annéesècheet difficile suiteà
un manquede pluie c'estI'annéede Ghabari(disette)en 1924.Le poèteOthmanbenChibani
Ismaï'ela participéà ce voyagede < Hataya> à I'age de 9 ans.
La deuxièmemoghrabades< Werghemma>>s'estdérouléeen 1936connuepar une
sècheressetotale et une grandedisette qui a obligé les tribus de la confédérationdes
Werghemmade se diriger vers Ifriquia à la recherchedes céréalesde premièrenécessite
et
despâturagespour le survide leurstroupeaux.

Le poète Othman ben Chibani Ismaïel à l'âge de 2l ans n'a pas participé à la
deuxième< Moghraba> de 1936mais le départdes membresde sa tribu lui a inspiréet
révéléle poèmesuivant:

Le poètenous a signaléque ce poèmeest chantéen 1936devantdes membresde


plusieurstribus,étaitprésente unevieille damede la tribu des<Rebaiye> 6#
<FiguiraYzza>>
t; elle a pleuréforte d'émotionparcequ'ellea desparentsau seindu groupedes<Hatayoen
mars-avril1936qui ont fait le départdes < Marhouls )) caravanesqui se dirigeaientvers
Ifriquia le grenierde la régencede Tunis.

elle s'estdirigéeversle nord-ouesten quittantla Djeffara


matribu trèschèreje n' oubliejamais
adieuauxamiset frères
ils nousont quitté
vivantdesmomentsdifficiles
ma tribu en détresse,
Les mutations socio-spatiales,culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride: 339
Casde la Jellara taniso-lybienne1837-1956

et le vent de marinn'estplusadéquat
uneannéeestpasséesansaucuneseulegouttede pluie
ni orage,ni averse,ni pluie fine pénétrante
ni bonnegerminationd'unecéréalebienenracinée
de très loin on I'observebiencouwir la plaine
ni herbe,ni plantepastoraleenvatrissant saterre
ni bon troupeaubien élevé,bienproductif
gardeà notregénération,puisquele bonheursesmomentssontrévolus
et I'annéeécouléeet bienbelleet riche quela prochaine
et les jours de la dernièredirzainedemomentsdiffrcilessontretournés
et touteactionde destinretourneau premierdestiné
gardeà tout ce qui sedirigeversI'IfriquiasondestinI'a emporté
et quelleterreuret malheurlui auend
il sedirige commeun étrangerdansunefoule étrangère
où il n'a aucunami ni amantni visiteur
il secomportecommeun pauvretype,dépourvude sesbesoins'
fautede sagesse toutelogiques'échappe de sesmains
c'estle mektoub,le destour,de Dieu sansreproche
et le destinc'estI'affairedu Dieu tout puissant
et l'êtrevivant, attendla part de sondestinjusqu'àsamort
avançantversun rendez-vous bien chronométré
tout êtrevivant né avecsapart du destin,et ce partageestuneaffairesure
jusqu'àla fin de la périoded'âgebiendéfinie
il commencepar I'observation autourde lui où il y a voisin et ami enterrés
penseurtoutela nuit sansfermerles yeux
d'unesituationalarmantepleinedemalheurs
qui dérouteà coupsurtout sageraisonnable
penseurmon coeurqui a perdutoutesagesse
les cartessemélangentet la filatureet mal quenouillée
perdantle bout du fil le filageet la filaturesontperdus
queDieu nousprotègeet nouspardonne
cetteannén'a pasde similaire,douzemoisde sèheresse et de misère
(
ni éclairni tonnerredansles amzans> cieux
ni herbeni pâturageprintanier
où serassasier < la chaouia> desovins
ni céréales,ni aire de battageni aéréesni moissonneurs et moissonneuses
Dieu demeuretémoinsurtoutesmesparoles
le tout puissantqui ne toléréaucunmal pour sescroyants
que le mauvaistempset lesmomentsdifficiles sedissipent
et apparaîssent les campements
de tentesdu < Najaa) commed'habitude
deslignesde tentesapparaissent bientissées jusqu'àI'horizon
Oh, NajaadesWerghemma queDieu vouséloignede touteexode
Oh, Dieu tout puissantfait changernosmoments
capriciantspar le tempspluvieux.
<<Najaole plus cherqueDieu vousassuretoute
la stabilitéet la sérénité
cettecrisefatalevousamènetouteslescontraintesqueDieu tout puissant
assurela pollinisationdesfleursde nosrégimes
Oh <Najau qui s'estdirigéversle nord<Gharb>> et a quitténos espaces
Lesmutations socio-spaliales,cullurelles et ospectsanthropologiquesen milieu aride: 340
Casde la Jeffara taniso-lybienne1837-1956

leurstroupeauxsontpartiséparpillésentouteconfusionet danger
messouhaitsà tout qui a pris cettedécisiondu <Moghraba>
queDieu lui protègedanstoutessesactions
aunomet la bénédictionde tout qui a apprisle Coran
queles marabouts(wilyanes)protègentnoscaravanes
cetteannéeagricolenousa montréqueventdesablemouvant
queDieu tout puissantnousouvretouteslesportesdela bénédiction
dèsle débutde cetteannéejusqu'àsafin
sapiluie estinexistanteet ne semanifestepas
ni pluieabondante, ni nuagesnoirspluvieux
ni écoulementd'eauà traverslesouedset vallées
ni céréales enpleinevégétationbienenracinés
ni pâturagesprintanierspour lestroupeaux
notreannéeestpasséesans<Jallado> ovinenonvelée,sans<hallaba> ovine
en lactation, ils n'ont pasisoléagneaux et chevraux
pourla meilleurelactationdesmèresovineset caprines
et tout calcul et pronosticn'a pasétéexacte
avecle pronosticde Dieu tout puissantne suffit ni poésieni verbiage
lorsqu'ilnousoffre grâceet pluiesbienfaisantes
vouséloigneOh! bon hommewerghemmidetoutediscorde
tout le passéestrévolucommesi onneI'avaitpasvtt
lesmomentset le tempschangerontavecun alleret retour
moije demandele toutpuissantmésiricorde
nousamènedu beautempspluvieuxet bénéfique
I'astrologiechangeet le tempsaussi
et le soulagement apparaîtau leverdujour
cetteannéesècheet difficile à échapper
ancalculdes<hassab> lesconnaisseurs decalendriers climatiques
égalementaux rêveset cauchemars sansexplication
toutesmesparoleset poésiec'estdela légende
il faut s'adresser à Dieu tout puissantqui fait l'équilibredetouteaction
Oh.mon <Najao qui était libre enplein pâturage et verdurespacieux
il setermineen éclats,laissantque des demeures vides
et I'espacevide sanstentessansfeux
sansmouvements, sansvoisins,sansalliés...
la grâcede Dieu souhaitéeestunepluieabondante
avectonnerreen pleins(amzanes)cieux
donnantdespluieset un écoulement torrentiels
et le <Najaa>vivant danssestentesen pleinesérénitéetjoie
le tout puissantdonnesagrâce,sespluieset sesoragesbénéfiques
mon<<Najaoaprèsson<Mogluabu sonvoyageà <Ifriquio>
enpleinesérénitébien uni suiteà cetteexpérience difficile de <Moghnabo>
je demandeà Dieu tout puissantnousoffre pluie
et bonneproduction

Le PoèteHadj Othman Ben Chibani Ismail (1936)


Médenine.Jeffaraoccidentale
(Notreenquêteet notretraduction)
Lesmutations socio-spatiales, culturelles et aspectsantlvopolagiques en milieu aride : 341
Cas de Ia Jefara tuniso-Iybienne 1837-1956

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cullarelles et aspectsanthropologiquesen milieu arlde:
Lesmutations socio-spatiales, 342
1837-1956

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Les mutationssocio-spatiales,culturelles et aspeclsanthropologiquesen milieu aride: 343
1837-1956

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:s_rilt6J3+Iû-Éjr._ (1936)
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu
arlde: 344
Casde la Jeffara tuniso'lYbienne 1837'1956

CHAPITRE III : OUVERTURE DES\ilERGHEMMA


SUR L'ECONOMIE EUROPEENNE
AprèsI'accalmiede la révoltedestribuset confédérations,soulevéesen 1864,
périodebeylicale,
contreI'augmentationexcessivedu <Mejba>, impôtspendantla
des sociétéss'inscrivant
avec I'interventiondes consulsétrangers,et I'intégration
dansle cadred'unélargissement de la sphèrede dominationde l'économiecapitaliste'

La confédérationdes v/erghemmacommenceà s'ouvrir sur l'économie


étrangèreparle biaisdesportsde Gabès,Sfaxet Jerba(Poncet1958),en effe,tils ont
asseztôt des
imité les Accarasdans la presqu'île de Zatzis qui ont développé
rapportsprivilégiésavec les sociétéseuropéennes pour_I'exportationde I'alfa ; les
le littoral de la
urrgfuiréiaientintéresséspar la culture massivede I'Alfa sur tout
Jeffaraoccidentale
L'exploitationde cetteplantepastoraledanstoutesles régionsmontagneuses,
entre
provoquaitune dynamiqueau sein desWerghemmaavecune intenseéchange
portuaireà vu le jour à
i., -orrtr, la plaineet les portsde la côte,uneinfrastructuaire
pourass'rerI'approvisionnement de
El Grine,Boughrara(Petii Sy,te), Zarzis,Gabès
cettenouvelleindustriecommerciale'

Exploitation d'Alfa à Gabes(1872-1877)


ventesannuelles

Observations
t872 7s0 à destinationde Sfax Parcabotage
I 873 520
1874 3,025 dont 1,195sur 4 bateauxbritanniques
I 875 4,290
t877 9,000
sanscompterlesportsd'Elgrine,Skhira,Zatat,Zarzis
(ensemble
1000T)

>
Dans toutes les agglomérations,il y a eu I'installationdes < Maquina
machineune
machinepour (presseAlia > en balles avec tout autour de chaque
ports du golf de
terrasseptur le aepOtet le stockaged'Alfa pour transitervers les
1965)p'
Gabèsei du petit Syrte et Zarzis1e.lr,tutt.t.les confinstuniso-tripolitains
157TomeI.
> par le
L'interventioncolonialeaprèsla signaturede la conventionde <Bardo
après une
Bey de Tunis le l2l05llggl, Ë sud a été décrététerritoire militaire
le triangle oued
t gritutionde plus de dix ans,pour en fin occuperla zoneneutreet
protectoratoù rien
Fessi,Moqta,Dhibat et les Wérghemmasetrouvaientsoumisau
civil'
ne sefaisaitsansautorisationpréalablede I'autoritémilitairemêmeau niveau
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthtopologiquesen milieu aride:
345
Cas de la 1837-1956

Cette nouvelleautorité colonialeva jeter les basesd'un nouveausystèmeet


une organisationsocio-économique par le biais d'unepart, d'unemise en placed'un
modèlede productionagricolepar la généralisation dei lotissements
agricoiesautour
descentresurbainsdanstoute la Jeffaraoccidentale,à Ben Gardaneles<Swanis>
avecdespuits de surfaces(exploitationssoumisesà un plan généralavecles mêmes
composantes), à Zarzis la créationdes foragesétait à I'origine de la créationdes
petitesOasismaritimesirriguéespar un réseaurespectantlé niveaudes plaineset
exploitationsmisesen valeurpar desculturesvivrièiescommele sorghoà grain,les
culturesde plein champen secou en irrigué.

La presqu'île de Zarzis, dès le début de I'occupation française attira


I'attentiondespremierscolonsagricoles,danscetordred'idéês,dèsI'annéelggl, le
Servicedes Affaires Indigènesconstituaà Zarzisdeux syndicatsagricoles,pour
I'utilisation des eaux de puits artésienssousformed'associationà intérêtcommu*
pour géreret faire fonctionner,avecla participationdedix européenset centquarante
six tunisiens,32ld'autressociétésdu même ordre ont été créées: associationsde
Oudref,de Metouia,de Ghanouchet de Gabèsetc...

Un systèmede colonisationqui permetla grandecultureet l'élevage,I'essais


entreprispar les colonsfrançaisde Zaruisest un effort isoléou les e,'oie.ns sont
attachésau sol de la tribu par achat ou par contrat de <Mogh*rut 2 > où ils
s'installent
avecleursfamilles.

3.1-L'olivier et la colonisationfrançaise

La mise en valeur des terres du sud sous le protectoratne trouve toute


I'attentequepar deseuropéens, les autochtones
de I'Aradh ou de la Jeffarahésitaient
encore durant toute cette période du choc de la colonisation, malgré les
encouragementsdes autorités coloniales pour créer les coopérativeset les
associations,pourla miseen valeurdesparcours, deI'elevageet descéréales, pourla
plantationdesolivierselle nécessitedesressourcespécuniairespograttendrÉ I'arbre
plantéà l'âgederapporter(8 -10 ansà I'epoque).

Cette colonisation agricole a débuté dans la presqu'île de Zarzis par


I'expropriationde terraindans la région de <Loukhayette> ,rt+ïr par Mettai et les
frèrescarilton en (1888) estiméeà 230 ha à (9 km ouestde zarzis),malgréla
résistancedes Accara,la colonisationdes terress'estcontinuéejusqu'à arriver aux
environsde 5.000ha (la tribu Accara1850-1907 Labiadh.s Ibla ]l9aj.

il Julesle Boeuf (
1909): Les confinsde la Tunisieet de la Tripolitaineoccupationmilitairede la
frontièretunsio-tripolitainechap.vII Ed. BergerLewaultparis1909p.4g
322La Mogharsa
: confat entreun propriétaired'uneterreet unepersonnequi doit prendreen charge
la plantationde cetteterre.Dèsque lesarbresentrenten production,elleseradiviséeen deux
l'une pour le propriétaireet I'autrepour celui qui a mis en vateur,c'estun moyentrèsfarceilés
égales,- répandu
d'accéder à la terre.
anthropologiquesen miliea aride:
Lesmutations socio-spatiales,culturelles et aspects 346
Cas de la 1837-1956

Surface de I'exploitation

à I'ouedEl Melah en 1883 fut


Le premiercolon françaisqui s'intéressa
FerdinanddeLessepsdansla régionde I'Aaradh.

et lesprojets de
3.2-LesWerghemmaentre le déclinde la transhumance
plantationd'oliviers dansla Jeffara

L'arrivéedu protectoratet du colonialismea manifestésonantinomieavecle


modede vie quotidienneJeffariennebaséesur le pastoralisme et la transhumance,
ainsi pour des raisons socio-politiqueset sécuritairesla structurecohérenteet
collective des Werghemma et cette mobilité paraboliquedes groupes, sont
considérées commefacteursde perturbationdecetordrecolonial.
et la mobilité des tribus et
En effet, à partir de (1890) la transhumance
groupementde tribus ou fractionsa été systématiquementencadréepar le pouvoir
cotoniat avec deux phasessuccessivesdans le cadre de la généralisationde la
sédentarisation.
La premièrephaseconcernele régimefoncier qui va provoquerune vague
d'appropriation de leur moded'usage,une batteriede
desterres,et le bouleversement
r.r*.r (lois) va être promulguéecommela loi 1901 qui délimite les terres
collectivesdestribus et confédérationdesWerghemma, les uns se trouventavecle
droit reconnudejouissance,les autresétaientplutôt favorablesà la domanialisation
decesterrescollectives.
La deuxièmephase réside dans les nouvellesformulesd'urbanisation,au
débutentraînéepar le systèmetraditionnelgenre<hutte>ou < layha>, représentant
I'habitatfixe sansbien entendurenoncerà I'utilisationdesksourspour le stockage
desproduitsagricoles,pour le marchéou souk hebdomadaire ou pour la prière en
groupedu vendredi.

Le compteà reboursvers la fin du nomadismecommenceavecune timide


intégration dans l'économie monétaireet les mutations provoquées par la
Les matationssocio'spatiales,culturelles et ospectsanthrupologiquesen milieu aride: 347
Cas de Ia 1837-1956

colonisationdéfinitive de la Jeffara occidentale,pow démanteleret perturberle


systèmesocio-économique et politiquede la confédération
deswerghemma.
Les tribus dans les <<zemla>>
et les montagnes,les paysansnomades,semi-
nomades,Djebalia succombentau mouvais ordre colonial, politique, économique
avecune résignationprogressiveascendanteparallèlement à un systèmede séduction
pourrallier lespopulationswerghemiennesrésistantes
et récalcitrantes.
L'intégrationde <Makhzeo réguliers et professionnelsa beaucoupaidé
I'arméefrançaisecolonialeà assurerI'exécutionde la stratégiepour neutraliserles
forcesde frappesde la confédérationdes Werghemma,cet amalgamede plusieurs
corpsd'arméesousI'autoritéd'un officier subaltemedonneles meilleursrésultatssur
terrain, pour aboutir la résistancedes tribus Touazineet Oudernasur la frontière
tuniso-tripolitaine.Nous citonsun extraitdu journal officiel de Tunisiedu l" mars
1889p 27 quiparlaitde remplacement desbataillonsde lignespar desunitésmobiles
de I'arméefrançaisede <Makhzen>>et <Goum>réguliersmercenaires <enAfrique un
effectif de 300hommesremplit le mêmerôle qu'uncorpsd'arméeenEurope,d'oùest
résultéela créationde la compagniemixte que sa compositionet sonadministration
indépendante desservicesgénérauxde I'arméerendentapteà faire faceà toutesles
éventualités de la guerrearabe.

Plusieurscompagniesmixtes réunies formeront facilementune colonne


expéditionnairesous le commandementd'un officier supérieur...rien n'est plus
propreà resserrerles liens du protectoratque la constitutiondescompagnies mixtes
où sontfondusles élémentsles plus actifsdu corpsd'occupation et les plusvivants
de I'arméeet de la populationtunisienne...cescompagnies par dessortiesfréquentes
et rapidesaccompagnées au besoin par les cavalierset fantassinsdes <Makhzen>
devant Élssurerla surveillancede territoire, renforcéespar quelquescompagnies
d'infanterie,ellespeuventanêterà sonorigineun mouvementhostileou lui tenir tête
en attendantI'arrivéede forcesplus grandes.L'emploi judicieux qui serafait de ces
élémentsessentiellement mobilesest préferablea I'occupationde postespermanents
pour assureravecle point d'appui de Gabès,la tranquillitédansle sud-estde la
régence.>

Cette stratégiede I'armée coloniale du protectorat,confirmeles proposde


<Bachchaouch> cavalierMakhzen(werghemmi)(Meftatr.S..) qui disait aux tribus
résistantes < la Francec'estnotre mère elle nous a donnéles armeset l'éducation>
g)-rll lJLcl 3 Ul*! U"l t ..:rlt
L'Etat du protectorat contenait à jour I'agent du développementde la
colonisation territoriale par le biais d'une colonisation agricole amorcée
antérieurement en 1881,dansun premiertempsempruntaitla forme de placements
spéculatifs
degrandes sociétésliéesau capitalfoncier.

Les Werghemmaperdentleur mobilité et leur transhumance, on se déplace


moins, I'usagede <BeytEchaanla tente devientmoins fréquenteà I'exceptiondes
compagnes detonte,de <achaba,323pro'rroquée
par obligationen annéede disette,ou

3"Achaba:location
des parcoursdans le sud en annéepluvieuseou sur chaumedans les terres
céréalières
aprèsla récolte(moisson)auNord de la régence
culturelles et aspectsanlhropologiquesen milieu oride:
Lesmutations socio-spatiales, 348
Cas de la 1837-1956

de < Moghraba> Htaya324àla recherchede cultureviwière ( céréales ) la granderuée


et demandeur
verslesrégionsdu nord-ouestou < Ifriquia > richesen céréaliculture de
maind'oeuvreagricole.

Les lois foncièresd'immatriculationet de domanialisation touchentainsi les


terres collectives des tribus de la confedérationdes Werghemma et des terres
<habous> (fondationspieuses),nous citonsla loi du 0lll2ll881 qui considèreque
I'Etat est propriétairede toutesles terrescollectivessousI'autoritédes tribus en se
référantà la loi islamiquequi disait que la terre inculte ou non exploitéerevientà
I'Etat,la loi du l5104/1885 et du l3l01/1886presque analogues à loi de 1881.

La loi du l4l0lll901 concernela limitationdesterrescollectivesintitulées


cettefois-citene sousgestioncollectivedestribus.La loi d:u23111/1918 relativeaux
terres collectives dans les propriétés militaires avec confirmation d'être non
allotissées.La loi du 30/1211935 concerneles tenescollectivesdansles <caidats>
civilesen les considérantallotissables,en les comparantaveclesterressimilairesen
Algérieet au Maroc,avecreconnaissance aux tribus de droit de propriétécollective
decesterres.

Avec ceslois touchantau patrimoinefoncierdestribusen considérantI'Etat


propriétairede toutes les terres collectives délimitéeset géréesavant par les
<Miaads>des tribus, les autoritéscolonialesse réfèrentà la loi islamiquequi
intéresseuniquementles terresnon exploitéesqui doiventrevenira I'Etat, ici les
coloniauxconsidèrentque la transhumance
législateurs et lesactivitéspastoralesdes
actionsantagonistesà I'ordre colonial et sécuritaire,c'estpour cela que toutesces
terresde pâturagesontconsidérées desterresinexploitéeset peuventrevenirà I'Etat
à tout moment.

t'o Hataya:transhumance
au nord-ouestde la régencepourlesfiavauxdemoissonà la tâche.
Les mutationssocio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 349
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

CHAPITRE IV: LA LECTURE DU PAYSAGERURAL


DE LA JBFFARA OCCIDENTALE SOUSL'AUTORITE
DU PROTECTORAT FRANÇAIS

4.1-Les\ilerghemmaentre la séductiond'une économied'echange


et une économietraditionnelle

L'économiemonétaireet d'échanges s'estbeaucouprenforcéedansl'échiquier


de
socio-économique la territoire
Jeffara, de la desV/erghemma.
confedération

L'existence de la pluri-activités et des revenus extérieurstrlt même


avecla créationen 1916,deslotissements
institutionnalisés indigènessurun domaine
exploitéd'unemanièrecollectivequ'ondéclarefaisantpartiedu domainede I'Etatou
<Belique> .

Ceslotissementsde 100à 150ha pour les colonseuropéens,et de l0 à 15ha


pour les indigènes,permettraientde fixer, à long terme, une populationrurale
anciennementnomadeet transhumanteautour des domainescoloniaux,afin de
unemaind'oeuvredisponiblepourlesmomentsdepointe.
s'assurer

Il est à signaler que les \iVerghemmaétaient résistantsà ce genre de


propositions,même I'exempledu lotissementde Ben Gardense trouve non
confirmant la thèse des autorités coloniales, puisque les Touazine étaient à
I'installationdans les lots sous les annesdu protectorat,c'estpour cela que nous
trouvonslespropriétairesappartenant à d'autrestribusou régions.

ParcontreI'imitationdescolonsagricolesfrançaisà El Guerine,Tedinadans
la presqu'îlede Jorf (environ 500 ha), à Zarzis a donnénaissanceà une mise en
valeurarboricolebaséesur la plantationd'uneforêt d'olivier danstoutesles régions
de la Jeffaraoccidentale,à savoir la Dkhlat des Wergherlma,Boughrara,Zarzis et
Ben gardenplainede la Jeffaraetjusqu'auJessoursdesbasinsversantsde ksarJedid,
d'El Ababsaetc...cetteréussiteest due à I'effort des Werghemmaqui mutentde la
transhumanceet l'élevage extensif à la culture arboricole,et surtoutde I'olivier
cultivé en secet espacéde 24 m sur 24 m avecutilisationd'undry-farming,basésur
une douzaine de labours de chaque oliveraie durant une annéeagricole, les
encouragements de I'Etat colonial crédits de compagnessaisonniers,apport des
souchesd'oliviers(irJ+jJl .-,.
Fs) de la régionde Sfaxpar le biaisdesportsde Adjim,
Boughrara,El Guerine,Gabès,ZaratetZarzis.

Un nouveaudécret va modifier le régime foncier des Werghemmamais


toujoursdansle sensde l'éloignementdu systèmedesterrescollectives,appartenant
à
un groupementde tribus ou <Arch>,pour faire oublierà cespopulationslessouvenirs
d'uneconfédérationcohérenteet organisée.

C'estI'ordredu23lll/1918 connusousle nom de Amr El Bey<ordredu bep>


survenuaprèsla révolte desV/erghemma ( 1915- l9l8 ) stipulantque ( lesterres
en milieuaride: 350
anthropologiques
culturelleset aspects
Lesmatutions socio-spatiales,
Casde la Jeffara tunlso'lybienne1837-1956

entreles occupantsquecinq ansaprèsle partage et


collectivespeuventêtrepartagées 32s'
ptoptieteprivée
s,ilslesont misesen valeur,peuventsevoir aftrituer un titre aà

Cette mise en valeur agricole par imitation, provoquéepar les autorités


systèmesocio-
coloniales,ou mutation suite à la perte d'un mode de vie et d'un
pour se
économique et politique,les werghemmasetrouventdevantle fait accompli
et politiquecontradictoire à celui de
mettentà un nouve* tytte-" socio-économique
d'uneéconomiede
la Jeffara,ils setrouventalorscontraintsà I'ouvertureet à I'usage
donc I'ouverturedansunereconvention
à I'européenne, dictéepar
renteet d'échanges
de toutes les valeurs
les stratègesdu protectoræqui va contribuer à la chute
la confédérationdes
intrinsèqu-esde la civilisation nomade, pastorale de
Werghemma.
mais bien
Une mutationou un passageprovoquéd'unesociétécontreI'Etat,
organisée, equilibrée,autarciiue,guenière,possédant uneingéniositémillénairedans
écologiquerudeet
lalestion de I'espacqet la màîtrit. d"t atoutsd'unenvironnement
sècheresse'sescaprices
holtile où le jeffari.n s" permetde braver,la natureavecsa
et créerdansce milieu une autosubsistance pour lui et pour sa famille, sa tribu, sa
confédération et sesalliés'

Le défi étaittrèsimportantdanscet espace<<tamporu>, cettepetiterépublique'


commedisaientles stratèglsdes grandespuissances, qui ont oeuvrépeut être par
peurou parprovocationpirr aboliicette cultureet ce système tribalconfédéral,qui a
du protectorat,- de la
tenu tête à tous les pouvoirs des othomans,et des beys,
en suivantles pas
colonisationfrançaiseàt de la premièrerépubliquequi a gouverné
et lesusagesde la colonisationfrançaiseet du protectorat'
pour compléterla lecturede paysage jeffarienpar les propos
Noussignalons,
perpétues de cettemutation
de <Despois> , qui a etuàié,pendantles annéesvingt, les de
socio-spatiale et poiitiqu. âË tu r.rr*a tuniso-tripolitaine,en étudiantla situation
desalliances organiques
Djebel\effourrâ .n tripolitaineoù les Oudernapossèdent
I'intervention de I'autorité du
auec la populationautochtonemontagnarde,avec
dela confédération des
protectorat,toutescesliaisonset relationssocio-économiques
s'estproduite
Werghemmasetrouventdéstabiliser,(une véritablerévolutionsociale
avecles Djabalia,ou
avecl,instaurationde l'égalitédes V/erghemmasemi-nomades
lesmontagnards deDemmer...))"o'
manifesté
Le débutde méfiancedes V/erghemmade cettecolonisation,s'est
et les franges
par une émigration des ksours de Médenine vers oued Fessi
à Matemeurpuis à
îripolitaines,juste aprèsI'installationen 1887de I'arméefrançaise
Médenine en 1888.

du
Semi-nomades ce,in Maghreb-
$aGimn97t:
MachrekNo84P64-66. dans
- AbaabA. (1981) : La marginalisationdestechniquesde la petitehydrauliquefamiliale
le sudtunisien.
- PoncetJ.(1961): La colonisationet I'agriculture européenne en TunisiedepuislESl- ed'
MoutonParis'
les Touazineà la veille du
Ellafi J. (1976) : Organisationsociale d'une fiibu du sud tunisien,
prot.ttotoifrançais(1856-l8Sl) mémoiredemaitrise'
dans
migratoires
desphénomènes thèse,
lesud'est (167p)'
ffi;-u.jiilrïirqti3)ihrln.id.n..,
t'?À6;e;isJ.(19à5): ie djebelNefoussa
Paris1935pp' 143-153'
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthrupologiqrresen milieu aride: 351
Casde la r837-1956

En effet, les Touazinepropriétairesde la plupartdesksoursde Médeninese


sont decidésde créerun vide autourde la nouvelleautoritémilitaire du protectorat.
<Boussotrot>>en parlant du ksar de Médeninedisait <les Touazinecherchentà
s'éloigner
de I'autoritécolonialequi controlaittousleursmouvements...>327.

En remplacementde I'usagedes ghorfasdu ksar de Médenine,les Touazine


procèdentà I'utilisationdes <rtebs>dans la régionallant d'OuedFessiè Moqta,ce
sontdes<<matamours> creusésau sol pour le stockagedescéréales(orgeet blé),pour
être à quelquekms de I'habitatdes Werghemmaou de leurs tentes,surtoutle bruit
court, à l'époque,sur I'intentiondes autoritésdu protectoratde réquisitionnerleurs
productionsagricolescorlme unepremièreétapede leur soumissiondéfinitive.

Parallèlementà cetteémigrationdesTouazinevers les zonesruralesloinsdes


ksours,c'està dire loins desquartiersde I'arméefrançaiseà Metameuret à Médenine.
Nous citons l'émigrationdesmontagnards<Djebaliu _versla plaine de la DJeffara,
est-cele retouraux berceauxaprèsenvironhuit siècles328 etla restitutionencouragée
par les autoritéscoloniales,qui ont, toujours,encouragéles rivalités entre les
Werghemmaet les Djebalia,par le recrutementde Makzen régulierprofessionnel.
Cette restitution,cette fois-ci, est faite par I'achatdes terresagricolesautourdes
ksoursde Médenineet non paspar lesarmes.

En réalité, ce mouvementa été encouragépar les autoritéscolonialespour


I'exploitationdesterresde la plaine,pour la miseen valeursousI'ordredu nouveau
régime du protectorat,cette procédures'est accentuéesuite à I'emigrationdes
Djebaliavers les grandesvilles, et surtoutà Tunis, et leur retourpour investirdans
les plainesavec une nouvelleforme de gestiondes ressourcesnaturelles,soit par
I'achatdes terres,soit par I'accèsà la terre par les contratsde < mougharsa> et le
développement de I'activitéextra-agricole,suiteauphénomène migratoiredictépar la
perturbationde I'ancien mode de vie et I'instaurationde I'ordre colonial, qui
s'accompagne par des mesuresparallèlestouchantles nouvellestransformations de
I'espaceet deshommes.

Les habitantsde la plaineTouazine,Oudema,Khouzoursne sontplus les


maîtres ou seigneursde ce territoire, la défaite après < I'Enthifadha> des
Werghemmaen (1916) oblige les Werghemmad'oublier les souvenirsd'une
confédération révolue, et d'un système de production agro-pastoraleet de
transhumance de plus en plus modeste,d'ou I'appelà une nouvellestratégieou issue
de secoursdevantune situationcatastrophique: perted'un mode de vie quotidien,
équilibré,sècheresseet aridité, occupationcolonialeétrangère,un bouleversement
socio-économique qui donnenaissance au phénomène migratoire.
Les Werghemmagardentles aspectsde la mobilité et de la mouvance,qui
vont selimiter cettefois-ci auxchefsde familles,leshommesémigrentà la recherche
d'autressolutions d'échange, avec I'apparitiond'uneprédispositionà I'attitude

n7 Boussotrot (197s).:
{. trad-uitparAyoubAb. : Desobservations
surMédenineun ksardesksours
du sudtunisien(en arabe)1978.
1'^t^t:^t:l Ies-tribusdeI'extreme
ryhjJ,l2?,q)-: sudtunisiensousI'adm_inisrration
militairefrançaise
:
cas dela confédérationdesWerghemma (1881-1939)UNIV.dusudSfaxed.temimiZaghôûri tDgS
p.I 99.
caburelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride:
Lesmufafions socîo-spatiales, 352
Casde la 1837-1956

individualistequi va remplacerI'intérêtcollectif du groupeou de la confédération,


c'estla ruéeversunenouvellesphèrede l'économiemonétaired'échange.

Ce phénomène aprèsla guelre


migratoireet d'échangemonétaires'accentuait
de 1914-1918, qui a secouélestribusV/erghemma sansdoutesuiteà la gravitéde la
périodede I'histoiremondialequi réveilleun sentimentnouveau,auMaghrebet dans
ie sudtunisien: desnouveauxEtats,desnouvellesfrontièresimposées par lesarmes.

Cettegéopolitiqueet le paysagesocio-économique émergeun mouvementde


libération nationale panislamique,fait revenir I'empire othoman à l'échiquier
politique avec des nouvellesalliances,le panislamismeétait alors un mouvement
avecI'apparitiondes<oulamas>
intemàtionalanti-impérialiste, panislamistes : Jamel
EddineEl Afghani, cheikh SalahEcherif Ettounsi (la verité au sujet de la guerre
sainteBeme 1916),cheikhMohamedal KhidherHoucein,ce dernierdisaitdansun
discours( non contentede ne point entraverI'evolutionmusulmane, l'Allemagnea
tenduune main loyaleau gouvernement du < khalife) pour de
I'arracher I'oppression.
Nousne pouvonsqueremercierles hommesde ce gouvemement pourles sentiments
a aussilibérauxqui lesamimientet la fidelitéde leursengagements..>'
Novembre
euandau cheikhSalahEcherifEttounsi,il disaiten1332H,le 03
l9l4 ( I'avantagede la guerresainteest la résistance contretoutesconfusionsvenant
deI'ennemi... lesanglais,lesrusseset lesfrançaisaprèsavoirconquisun pays,amène
tsa
la confusion dans situation économiqueen attirant à lui toute industrie, le
commerceet I'agricultureainsi que toute autreressourcede gain en expropriantde
force les biensde terrainde seshabitants,en tourmentantle peuplepar des impôts
pesantset en le laissantdansI'extrêmedegréde pauvreté...ils dépouillentI'islamde
ioutessesd"écorations extérieureset semettentavecrageà conomprelesmoeursdes
adolescents, desfemmeset designorants...ils le poussentdansla détresse et ils le
forcentà adorerleur barbarie,à la considérercommesainteet mêmeà s'enréjouir,
c'estainsiqu'ilslient l'humiliationde la situationsocialeà la ruinede la religion,de
la santé,de la convenance et dela gravité...>.

Les deuxcheikhstunisiensEcherifet Husseinrejoignentlescampsallemands32e


lesrangsturcs .
desprisonniersnord africainsà Berlin en les incitanta rè3oindre

C'estcette charnièrede I'histoiredu mondequ'està I'origine,d'unepart de


déclencher I'EntifadhadesWerghemmadansla DJeffaratuniso-tripolitaine, et d'autre
part de subir les conséquences néfastesdu conflit de la premièreguerrem_ondiale.
Cettemauvaiseexpéri.nr. s. répète,malheureusement, au momentet à la fin de la
deuxièmeguerremondiale,où les Werghemmagardentles bonnesimpressionssur
I'attitudeet la conduitede I'arméeallemande,de passagedansle territoire de la
Jeffara,I'histoirese refait et les Werghemmaont appuyéles arméesde I'axe, cet
appuin'a pasdépasséla sympathieet la collaborationlimitée,vu que la gueneétait
tôiAe et que les Werghemma étaient obligés d'émigrer vers les régions
montagneuses, et chaquetribu s'estretournéeversles fiefs d'origine,lesouledHamed
(Touaiine)ont choisiJ le ksarHamdonn< Ghomrassen>, ils sontinstallésdans les
T : E- 550-30/15du 17l03ll9l9<àTunisle l9 Mai
l9l5 le bruit courut que le cheikirKhidi venait de partir en missionà Berlin avecle cheikh Salah
Echerifin. Jihad et colonialisme(la Tunisieet la Tripolitaine 1914-1918)Abdelmoula M. ed. tiers
monde Tunis 1987.
Les mutations socio-spatiales,cullarelles et aspectsanthrcpologiquesen milieu aride:
353
Cas de la 1837-1956

troglodytesde <<Hariza>> à20 km à I'ouestde Bir LahmarversGhomrassen chezles


Ayayda Ghomrassni,là aussiest-il un retour au berceaupuisquela majoritédes
Touazineont choisisle refugedesmontagnesde Ghomrassen, 6ù le mythede leur
ancêtresdisait que leur départétait de ksar Hamdoun,où ils sont ptopriétuir.sde <
Swanis>, exploitationsoasiennes de montagneautourdespuits de surfacedansla
régionde Ghomrassen.

Cette émigration,provoquéepar les batailles entre les alliés et l,axe du


novembre1942à mai l943,les Touazineont emigréen 1943,en effet, I'arméedu
8è" régimentanglaisa attaquéla Jeffaraet la lign-ede Marethle 16 mars 1943en
deuxpositions,la premièrepar le biaisde la côteméditenanéenne, et la deuxièmeau
delà du Dhahar,ont pu participerà cettebataille de la DJeffaraoccidentaleet de la
lignede Mareth240.000soldats,160.000desalliésrtitrjle176.000 deI'axerl-r.j

Il està signalerque7.000civils de la DJeffaraont étéutiliséspourlestravaux


de preparationde la ligne de Mareth,creusagede 25 km de.tranchéei,et 100km de
fil barbelé et utilisation de 100.000mines anti-charset 70.000 mines anti-
personne33o.

Nous citons tous ces détailspour donnerI'importancedes dégatssubispar


I'environnementj effarien.

Nous comprenons finalementI'amournostalgique et la protestationchezles


poètesde la Jeffaratuniso-tripolitainequi ont traité I'impactdesconflits qui se sont
déroulésdans la Jeffaradepuisl'époquecolonialejusqu'àI'indépendance interneen
1956.

A titre d'exemplele poèteFetouriTlich parle danssa poésie,du discoursde


Mussolini en 1940déclarantson attentiond'annexerla Tunisieà I'Italie. C'estceffe
situation socio-économique et politique de la Jeffaratuniso-tripolitaine,théâtreen
1943de la guerreentreI'axeet les alliés qui s'estderouléedanstoute la Jeffarade
part et d'autre de la < ligne maginot du Desert > .L'impact et les conséquences
néfastessur lesjeffarienset leur environnement restentgravesdansla mémoired'une
générationcoloniséepar une arméequi se trouve confrontéeà une guerremondiale
avecune ambiguitéde choixet dessentimentsà l'égardd'uneforceou d'uneautre.

Le poète Fitouri Tlich, Doyen des poètes< Ghbenten> expliquebien les


effetsnéfastesde cetteguelresurla vie quotidiennesocio-économiqué,t*t enoptant
finalementpour.unevictoire de I'axe germano-italienet tout en Jinquiétantque le
beys de Tunis33ln'interviennepas po* etoigner la populationdes champsde la
bataillepuisquetout cepassedansla Jeffaraoccidentale:

A proposde Discoursde Mussolinirevendiquant


la Tunisieen (1940)Fitouri
Tlich disait :
330Musée
militaire de la ligne de Mareth(Ministèrede la DéfenseNationale)Tunisie(Modèlede la
bataillede la lignede Marethmarsawil 1943).
33rLe poète
Fitouri Tlich_soulève-dans
sonpoème,la positiondu bey de Tunis lors de la guerreentre
lesalliéset I'axedansla Jeffara,il symbolisesoninquiétudepar sarèmarqueque(l,axeprilcipal de la
tente)n'estpassolide,le dangerseraitmoinsgrandsi le piliei centralde litenÈ etàt ptui soliàe,none
traduction(Diwan) Fitouri-Tlich par MarzouguiMohàmed STD 1979 (en arabej. A. Abdelkebri
(1995),D.E.A.URBAMA,Tours.
anthrupologiquesen milieu aride: 354
culturelleset aspects
Lesmutations socio-spatiales,
Casde Ia 1837-1956

Unejeunechamellesansdéfense(la Tunisie)
entredeuxchameauxtrèsinnervés(l'axe et les alliés)
dansleurstasde fenaille.
dontI'un estsurplace
II y a surtoutdeuxprétendants
depuisl'époquedesRomains"'
et I'autrerevanchard
ton mariageseraitunechaudeguelre'
qui peucomprendre cesmotsà décodéma poésie
le poteaucentralde la tenteestpourri(le bey deTunis )
maissi par desmotsje le dis,j'ai tout à craindre
partoutles villes sontferméeset les lumièressesontéteints
maisici dansle suddepuislongtempsle poisonestfroid
Dieu nousaideraà noussortirde cetteaventure
Un jour, le pluschanceuxserale vainqueur

Fitouri Tlich (f940)


N otre traduction

en pleineJeffara
4.2-Laculture mécanisée

L'avancéede la politiquede développement d'unemiseen valeuragricole'a


en.réalité pour
été favoriséepar I'allocation-d'une batterie de crédits spéciaux,
pour s'installerdans
encouragerles-jeunespromoteurscolonsfrançaiset européens
grand,c'estde faire réussir
les zonesaridesoe ce tenitoire militaire, le défit était
agricoleà
l,acte deux de la colonisationmilitaire sur terrain, c'est la colonisation
doublesrôles.
l'économie
Assurerune entréerapide de la Jeffaraet des Werghemmaà
monétaireet d'échanges, pour iaire oublierdéfinitivementde leursespritsun système
qui gardaitune
et un modede vie dansle cadrede cettesolidaritédu groupetribal,
marché et les
certaine vitalité même avec les impératifs de l'économie de
cette
déstructurations diversesqui ont érodéet dénaturéle potentielidentitairede
confedération.
et
Le deuxièmerôle, c'est de persévérerà la fois sur le plan militaire
,unepart et sur le plandè la recherchedesdiversesdérivationsentreles
sécuritaire,d
divisionsobjectivesdu champsocialwerghemmien'
Les mutations socio-spatiales,cuhurelleset uspectsanthropologiquesen mitieu aride: 355
Casde la r837-1956

Le projet a réussitpar saupoudrer


les créditsde semences
pour I'orgeet pour
le blé, souventaprèsune périodesèche,les créditsnraux de I â 5 ansde I'Office
Populairedu Cédit Agricole (1927) et par le développementde la mécanisation
agricoledansles grandesfermescoloniales.

Cettecolonisationdesfermeset desgrandesplainescéréalières va engendrer


une réduction sensibledes complémentarités inter-regronialesjusqu'à ce que les
mouvementssaisonniersdes < Najaa > et des <<ourouch>>,souventpratiquéspour
resoudreles problèmesdes annéesde disettequi parfois se prolongent; mais seuls
les jeffariens connaissentle décodagede r.tt. équation aiffrcite à plusieurs
inconnues.

Les solutionsne sont guèretechnicistes ou matérielles,mais ellessontune


partie intégrantede la hiérarchiepyramidalede la confédérationdesWerghemmaet
des groupestribaux les plus influent dans I'alliance socio-économique et polico-
religieuseentreles hommesguerriers,les hommesde Dieux, Zaouyaeimarabout,et
les jbalua sédentaireset artisans,ce qui donnenaissancea une organisationd'une
large emprisesur les hommeset I'espace,aboutissantà cette puisianceet a cette
force calme d'une aristocratie guerrière, redoutable, qui étayait I'influence
maraboutiquevéhiculant les vecteursd 'une religion de pratiqueset de principes
d'aide et de solidarité,offertespar la < chariaa> Coranet Hadith du prophêteer par
une législationcoutumièrede < cheikhchartia> de < cheikhel orf n àer-oMiaads>
instituantla vie et le mort du jeffarien,sonmodede vie, sesdroits et sesdevoirsen
tempsde paix ou de guerre.

Cette puissance confedérale'assurait, au werghemmien, une certaine


hégémoniesur I'ensembledu territoire situe aux confins de la Jeffara tuniso-
tripolitaine et sur les territoires perçus ou le jeffarien a eu I'ingéniositéet la
diplomatie de tisser des alliances avec < Ifriqiya >, les frangés sahariennes
tripolitaineset algérienneset desaffinitésculturelleset économiquesàvecle centreet
I'ouestde I'Afrique332.

Les tribus de la confedérationdes Werghemmadans la Jeffara tuniso-


tripolitaineont finalementsubi,avecla colonisationfrançaise,un cloisonnement de
leur territoire et de leur marge de manoeuvre spatiale qui a contribue à
I'affaiblissementde leur potentieleconomiqueet guerrier,notammentI'effritement
des grandstroupeaux,la crise de commercialisation de I'artisanatet le tarissement
desressources de commercecaravanier.

L'implantation de bureauxmilitaires de renseignements pour contrôler les


espaceset les hommes, siest accompagnede I' affranchissementdes sociétés
berbérophones, qui ne ressentaient plus sousle règnedes autorisescolonialesdu
protectoratde verserun tribut aux guerriersde la plainepour solliciterleur protection
durable.

332
lemimi.A : (1981)-: Les affinitésculturelles-entre-laTunisie,la Libye, le centreet l,ouest
'- de
I'Afriqueà l'époquemôderne.Publiq.de la Revuedtriitôiié mâeËlèËiiièvorTîùirii-iîsl.-'
culturelles ef aspectsanthropologiquesen milieu aride: 356
Lesmutations socio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

CHAPITRE V: LA JEFFARA TUNISO.TRIPOLITAINE :


L'HERITAGE D'UNE COLONISATION ET LA
DESORGANISATIONDELA SOCIETE
\ryERGHEMMIENNE TRADITIONNELLE

En moins d'un siècle,la sociétéwerghemmienne a perdu 'on o'g*isation


traditionnelleconfédéralesuite aux impacts de la colonisationbouleversantson
existenceau seind'unmodedevie pastorale, nomadebasésur la transhumance.

On a essayéd'étudierlesconséquencessocio-écononiiques des
deI'interaction
face
pastoral
: le nomadismeet le systèmetraditionnel aux effets
deux phénomènes
de la colonisation.
hésitation,dansla Jeffara
euand les françaiss'installaient,aprèsune longue
aux
occidentàleavec des projets politiqueset sécuritairesstratégiquesanalogues
intentionsdesautoritesUeyticâtes avant1881,dansle cadred'un ordre international
joué < I'Etat tampon>
toujoursmenaçantsur cetteJeffaratuniso-tripolitaine,qui a
entie les deur wilayas othomanes,avecune indépendance déclaréeet un flux et
> de la
reflux continu entre la confédérationdes Werghemmaet les < ourouches
tripolitaineet lespouvoirscentrauxbeylicauxou coloniaux.

Au stadede l'économiede subsistance,ces communautés étroitementliées


aux conditionsdu milieu naturelaride ou hyperarideet qui continuaientavecune
rusticitéet uneadaptationdynamiqueà menerleursanciensgenresdevie'

Les stratèges de la colonisationont déstabiliséla sociététraditionnelle, en


incitant toutesles catégoriesjeffariennesà une sédentarisation et une urbanisation
provoquéeet accétéréi déstabilisantle système d'échange et le mode de vie
taditiônnel, qui garantissaitI'autosuffrsanceen (céréales,orge et blé, huile d'olive,
fruits secset paillè aveclesproduitsd'élevage: ovin, caprinet camelin)'

Avec le choc du changementparvenuet provoquépar le protectoratet la


colonisation,les échang.t*onétuiresselimitaient au débutdansles agglomérations
sédentaires pour être généralisésdanstoute la Jeffaratuniso-
ou semi-séàentaires,
tripolitaine.
justificationà la
Il està signalerqu'il n'estnullementquestionde trouverune
par les
colonisationet aux réformateurs,qui initiaient des approchessollicitées
avant la
consuls et les puissancesétrangères,qui cherchaientà s'intégrer,déjà
colonisationfrançaise,par le biaiJ desagentset collabgrateurs desrégimesbeylicaux,
les réformateurs et a.rto*irn, qui affiriraient quela régencede Tunisn'auraitpassu
sortir d'ellemêmede sastagnation,également la Jeffaratuniso-tripolitaine.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 357
Cas de la tunisoJybienneI 837-I 956

Plusieursindicesmontrentque la régencede Tunis, commela Jeffara,étaient


sur le point de démarrer,pas leur propreeffort, avecune vie socio-économique et
politique stableet équilibrée.La régencegèrela capitaleavec les impôtsde tout le
pays et de toutes les tribus, déjà depuis une dizaine d'annéesavant I'invasion
française.L'activitéde commercemaritimeet d'exportation< d'Alfa >>, et desproduits
de la mer au nord < large de Tabarka> était à I'originede la créationde la société
internationaled'exploitationdescorails,et de pêcheau sud dansle golf de Gabèset
de petit Syrteaprèsla créationdesportsde Gabès,Jerba,Zarziset Boughrara.

Les activités de I'agriculture baséessur I'arboriculture, à côté de la


céréalicultureet l'élevageétaientdes constantes
de ce mode de vie tribal, nomade,
semi-nomadeou sédentaire,avec des complémentarités entre les régionset les
groupessousformede < Pactes,Ahlefs > ou d'alliancesd'intérêtséconomiques.

Dire que la colonisationa déclenchédesmutationsen profondeur,c'estune


réalite, sans oublier que I'intervention colonialeétait brusqueet sous les armes
négligeant les valeurs et le systèmesocio-économique et politique de I'autoritè
beylicale à Tunis, et de I'organisationet la hiérarchieconfedéralèdes tribus des
Werghemmadansla Jeffaratuniso-tripolitaine.

Donc la Frances'installeen Algérieen 1830,en Tunisieen l88l avecdes


tentativesd'invasion,en profondeur,dans le Saharatuniso-libyenet algéro-libyen
pour instaurerla < PaxGallica> 333.

5.1-L'EntifadhadesWerghemma1914-f9lg

Au niveaude la Jeffaraoccidentale, c'est< I'Enthifadha> desWerghemma en


l9l5 et 1916 qui représentait une véritablerévolutioncontre I'invasionfrançaise,
avec I'accord de tous les < ourouches> gueniers de la confedérationdes
Werghemma,les Ouderna,les Touazineet les Khezoursqui se sontmis d'accordsur
le projet d'attaquede toutes les gamisonsde la colonisationdans le territoiredes
rWerghemma. Le chroniqueurHadj Amor BenAhmedNeji parlait de cettepériode,il
disait que touteslestribus étaienten alertetotale,et qu'uneréuniondes< miaâds> de
la conféderationdesV/erghemmaa été effectuée,dansla région de Médenine,pour
préparerI'assautdes tribus contre les quartierset casernesde I'arméecolonialese
trouvantapproximatifde cestribus.

Ces tribus craignaientdes Werghemmainfidèles à cette causecommele


khalifa Rhouma Belhiba et ses collaborateurs,qui détenaitle <Dossierrouge>de
toute la confedération,c'est à dire les mouvementsdes groupeset familles et les
attitudesde chaquetribu ou groupe.

L'accord de principea été pris a I'unanimite,avecla réticencede quelques


cheikhsde < Miaâd > qui hésitaient,en signalantle dangeréminentaprèsla première
attaque,surtout que les tribus n'ont pas un soutiensûr d'une arméeothomane,qui
selon les circonstancesinternationales, joue avec les < wilaya > othomanes la

333
LacroseReymondE. (1983): Méharistes
aucombatp.leCombatde Djanet(1916)p 5l Ed.
EditionsFranceEmpire.
culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride:
Lesmutations socio-spatÎales,
3s8
Cas h felfara tunisoJybienng1837'19fr
de

croyaientles
diplomatie d'intérêt stratégiqueet non la liaison organiquecomme
rMerghemma et lesjeffariensd'unemanièregénérale'

est observé
c,estpour celaqu'entre1914et 1918,un certainrapprochement
en Jeffaratuniso-tripolitaine'
entrela sublimeporteet lestribusrésistantes

5.2-Larévolte desouderna et leur allianceaveclestripolitains


ont attaquéles
Les Oudernan'ont pas respectéles délais et ouled Slim
le commandement
garnisonsfrançaisesen profitantI'arrivéedesbandesarméessous
une attaqueà fond
de khalifaben Askar te O+3uin 1916qui se proposede diriger
déjàen octobre1915,
contreles postes(français)sur la frontiéretunsio-tripolitaine,
Ben Askar, à la tête d'unearméede 3000homme-s. attaquale postetunisiend'Oum-
Souighavecla participatlonefficacedesOudema33a '

de principe de la
Ces attaqueset incidentsfrontaliersont perturbéI'accord
<inter-Miaads> en
confédérationdes werghemmapour continuerles négociations
vue d'étudiertoutesleséventualités'
de prolonger
Les <cheikhs>du Miaâdde la confédérationavaientbien raison
de la Jeffaratuniso-
les négociationset la réflexion entre les divers <ourouches>
colonisationvenaientde la
tripolitaine, puisque les dernièresattaquescontre la
Tripolitaines'avèrentinsuffisantes'
associés
Plusieursattaqueset combatsse déroulaiententreles Werghemma
et 1916a Oum Souighà
aux tripolitainset I'arméefrançaise,durantles années1915
kcira, Galb Tfourent'bir
Dhibat,Remada,ouedNekrif, ouedSamna,bir Mughir, bir
Awin,...Nalout,d'Al-HajraàlSkmaunord-ouestdebirKcira'
I'occupantfrançais
5.3-Le projet de la guerretotaledeswerghemmacontre

Le projet préparépar les werghemma,pour_l'attaque de toutesles troupes


par les attaquesde khalifa
colonialessur le ienitoira jeffarien,,.- trouu. cônsolidé
italienneset françaises,
ben said ben Askar qui éiait considéré,par les autorités
et compagnonde lutte
commele principal adïersaire< abadhite)) colnmeson chef
islamique de la
AboulkacemEL Barouni < zeytounien> sortant de I'université et
avecles Werghemma
Zitounade Tunis originairestoui lesdeuxdeNalout menant,
toute la Jeffara tuniso-
surtout les Oudema,une guere qui n'a pas cessédans
de l9l5 al9l8.
tripolitaine
Werghemma et
En effet, cet < Etattampon> setrouvaitavecsapopulationde

guerreincessante, les
des tripolitainsdansun <coulôirde Baroud>,territoire de
des italiens et des
litiges de l'Est avec les problèmes des othomans,

33nAbdelmoulaM. ( tggl): Jihadet.colonialisme ed' tiers


la Tunisieet la tripolitaine(1914-1916)
guenejuste'
rnonài-iiiiiit-isôï aè ia gfene sainteà la
liitËil'ffË"f,I
âHSii3'B',,[-;"H,1i":'i;,:.'i3y"','tR
mflîmf*,1,J"',3'1;,X'lîJl:ï
Lesmatutions socio-spatiales,culturelleset aspectsanthrcpotogiquesen milieu aride: 359
Cosde la 1837-1956

résistances senoussiteset abadhitede Nalout contreles Italienset les Français,puis


l'évacuationdes troupes othomanesenI9I2 (traitede Lausanne-ouchy)33s. De I'ouest
c'est la limite avant d'arrivéea I'aradh,d'un territoire militaire bien contrôlépar
I'arméecolonialeet sescollaborateurs Makhzenet goum réguliers,en parallèleavec
une autorisebeylicale souventtrès reconnaissante à la Franceet sa souveraineté
tunisiennedansle cadredu traitédu protectorat.

5.4-Le front de la Jeffara tuniso-tripolitaineet I'apologiedes'Werghemma

Seuls, les Werghemmaet les tripolitains, connaissaientI'atout de cette


équation difficile avec le pouvoir colonial et les autorités beylicales,souvent
contrainteaux idéauxdesconfédérations de la Jeffaratuniso-tripolitainede I'ouestou
de I'est,c'estce critèredu climat du sudtunisienet de la Tripolitainecaractérise par
la sécheresse la présencede la mer et du Sahara,I'altitudede
et I'ariditéexcessives,
certainsreliefs, modifient de manièresensiblele régimedespluies,destempératures
et desvents.

5.5-La dernière réunion des< miaâds> de la confédérationde Werghemma


pour I'organisationde la révolte

Après cette guerred'usureavecles autoritésothomanes,beylicalesdepuisle


XVIIIè" siècle,puis contrela colonisationfrançaiseassociéeavecI'autoritébeylicale
dansle cadrede leur projetdu protectoratde 1881,lesjeffarienssetrouvaientdevant
un choix difficile sesoumettreou poursuiwela résistance.

Cettepopulationjeffarienne,aprèsdesflux et desreflux, devantI'hégémonie


despuissancesintemationalesde l'époque,la Turquie,la France,I'Angleterre,I'Italie
qui ont opté pour une approcheimpérialistedite de civilisation ! Pour occuperet se
partagerles paysarabo-musulmans de I'ancienneIfriqiya jusqu'enEgypteet le moyen
orient,nous avonsdéjà analyséle sort de cespopulationset I'idéologiedesstratèges
militaires,politiqueset missionnaires
del'église.

L'enthifadhades Werghemmade l9l4 à 1918, bien qu'elle n'est pas


généraliséesuite à I'interventiondesrésistantstripolitainsqui ont attaquéles postes
français dans le territoire des Oudemace qui a obligé < Arch > El Oudernaà
participer massivementdans les combatsci dessusindiqués,quant aux tribus et
<ourouches> de la plaine et de la montagne,ils attendaientI'ordre des<Miaâdsuite
au Meeting> des Werghemmadans la région de Médenine pour profiter des
circonstances internationales de ( 1914-1913) pour une éventuelleattaquegénérale
contreI' occupantcolonialde la Jeffaraoccidentale.

Notre chroniqueurHadj Amor Ben Ahmed Neji a remarquéque les ouled


Slim n'ont pas respectéle mot d'ordredes Werghemma,en attaquant,avantle délai
prévu,les postesfrançaissur la frontièretuniso-tripolitaine.

Le werghemmiet le jeffarien conserventleur rôle guerrieret militaire de la


périodeavantprotectorat,ils sontmêmeplus catégoriqueset dynamiquesdevantun

335LarcherMaurice(1926): La guerreturquedansla guerremondialeParised.Berger-Lerault,1926'


Lesmutationssocio-spatiales, anthropologiquesen milieu aride :
culturelleset aspects 360
Casde la Jefara tuniso-lybienne1837-1956

ennemiconrmuncettefois-ci < I'autre D, c'est à la fois occupantmenaçantle système


tribal et conféderalet appartenantà une autrereligion, il est du devoir du werghemmi
et dujeffarien de combattrecet ennemi.

Mais en 1916,aprèstrentecinq ans de colonisationet d'autoritémilitaire, qui


de méfianceet d'alerte
régnait sw la Jeffarabccidentale,décrétéerégion militaire,rWerghemma
presquepennaneffe,dictéepar cetterésistancefarouchedes à l'égardde
iout ôccupant: lesothomans,lesbeys,lescolonsfrançais'

ce nomadejeffarien ne gardeplus ce rôle guerrier,sa propriétéet sonmétierde


convoyeurde caràvanessahariennes, soningeniositéagro-pastorale dansla gestionde
l,environnementpar sesdéplacements paraboliquessansfin à la recherchedu survi de
safamille et de sontrouPeau.

Cet environnementdesWerghemmaet desjeffariensde la côteen passantpar la


plainejusqu'à la montagnese trouve occupépar une populationhétérogène dansles
activitésde ce modede-vie,berbérophone ou arabophonedesculturesdifférentesqui
les
s,intègrentdansla culture de la confédérationdes Werghemm4les troglodytes,
lieux de
d"*.ir.r, les citernesles huileries,les jessoursles alliances,les ksours
rencontreet d'échangeset derassemblement temporaireetc ...

jeffarien et de la société
5.6- Le décodageet le démantelementdu mode de vie
guerrièrewerghemmienne

Toutes les composantes de cette civilisation et de cette culturejeffæienneou


qui a tout
werghemmiennese trouvent dévoiler et décoderpar une colonisation
jusqu'au
calJdé depuis les analyseset la synthèsece cet- ordre international
du toumi ou de oudèrni à l'égard de I'occupant' Le- début était
"o*port"r*nt confédérationde
l,hésitationet l,étude des éventualitéspuis I'assautsur la demière
de ce systèmepolitique et socio-économique de la Jeffara
tribus et le démantèlement jeffariens
et les
occidentale,de criseen criseet de-défaiteen défaiteles Werghemma
de très loin de
subissentles menacesde cette guerïe et de cette agitation venant
I'extérieur.
allemands
cette causes'est agravéedepuis la première gueffe mondiale,les
en créant,
avaient,en effet, compriJqu'ils pouvaientdestabiliserla franceet I'Italien
dans les franges rutt*i.*.s tuniso-tripolitaines, tuniso-algeriennes algero-
et
y maintenir,voir
iyui.*", * thguu, d'operationsmilitaires qui oblige les françaisà
des renforts à
même renforcer le front par des troupes nouvelles en envoyant
Medenine,Bengarden,Tataouine,Ghdames,Djannatetc "'
et dont les
Une guerre sans fin provoquéepar des puissancesétrangères
rù/erghemm-a, se fouvaient obligésd'y participerpour
les tipolitains, les senoussites
du côtédessoldatset
combathel'aute o i'ocrup*t >r, du côtédesrésistantscomme
contextelesproposdu
offrcierscoloniauxil y a desinnocents.Nousévoquonsdansce
khalifa benAskar
méharisteRaymonaLu"rouqui disait : (( en effei en octobre1915,
poste twrisiel d'oum-
à la tête d,une <mehalla> de 3.000 hommes attaqua le
S""tg;;; (i.ff; occidentale)qui résistavictorieusementen attendantI'arrivéed'une
>'
colonnede secoursvenuede îa:taouinequi mit en déroutela < mehalla
Les mutatîons socio-spatiales,culturelles et aspectsanthrupologiquesen milieu aride: 361
Cas de la 1837-1956

C'estcetteattaquede khalifa benAskarqui provoquaitI'alliancedesOuderna


avec les compagnonsd'armes tripolitains (satrabs),depuis des générationset
défendantles mêmes causes,qui était à I'origine de perturber la stratégiedes
Werghemmaqui ont programméune prochaineguerretotale contre les garnisons
militaires de toute la Jeffaraoccidentalesuiteà une décisionunanimedes<Miaâds>
de la confédération.

Nous revenonsaux proposde E.RaymondLacroze,ce méharistede carrière


qui écrivait danssonjoumal de compagne: Sahara1916:< la souveraineté française
est mise en péril, la tripolitaine, depuis peu italienne, subit la première les
mouvementsde dissidencesuscitéspar I'allianceturc-allemande>,Djanet, Oum
Souighe (près de Dhibat), Ghdamesdans la Jeffara tuniso-tripolitainesubit les
vicissitudesde I'heure. Assiégées,perduesreconquise,son histoire illustre cette
époquetroublée:

<cependantsi El Abed frère du grandSenoussienvoyésur le front algero-


tunisien, avait entreprisdans les tribus Werghemmade la région et même dans
certainsde nos élémentsmilitaires,une compagnede propagandepolitico-religieuse
qui ne manquait pas d'efficacité.Et le 06 mars 1916 notre pelite garnisonqui
comprenait une cinquantained'hommescommandéspar le marchal Des fogis
Lapierrefut attaquée,avecdu canon,par uneforteméhallasenoussite...toutela nùt.
l'adversairetiraille le combatreprend,il fautenfinir ou mourir...>.

L'histoire de Lacroze,de le BoeufJulesqui ne lâchepas et revientsur le


terrainen septembre1916pouren finir aveclesOudernaet lestripolitainsou le sang
des Werghemmaet des tripolitains a inigué les dunesde sablè entre Remadaei
Nalut, I'avion qui transportaitle lieutenantcolonelle Boeuf aprèsavoir mitraillé les
cavaliersWerghemmaet tripolitainsse perd dansles sablesde I'erg orientaljuste
aprèsle premierbombardement.
Les recherchesfaites dans toutes les directions, durant plusieursjours
resterontinfructueusespuisque,les secretsde ce desertrestenttoujoursdu domaine
de la scienceconjecturaledes<Rabaye> unetribu desWerghemmâ, jusqu'aujour de
decembre1916 où on découvraitles restesdu colonelle Boeuf et du lieutenant
colonelde Chatenayet le restede I'appareilbrûlé.

5.7- Pourquoi le recoursà I'aviationet à lutilisation desobusà gaz


asphyxiantdansIa Jeffara tuniso-tripolitaine?
Pour la premièrefois les Werghemmaet jeffariensmènentune guerretotale
de résistancecontre la colonisationfrançaise,italienneet turque aveq I'utilisation
d'unearme nouvelle en plein Saharaet partoutsur les frangestuniso-tripolitaines,
c'estI'aviation et les tracteursmitrailleurs,en effet, le commandement de la Jeffara
occidentalevenait d'êtredotéd'unearmeultramoderne uneescadrille301,composée
de Faram4l aété installéele l0 juillet1916àTataouineavecunebaseàGabès.le
généralcommandantle D.S.T en fixait ainsile doublerôle :
- Rechercheret déterminerles rassemblements des rebelles,signalésou non,
ainsi que leur directionde marche.
Lesmatations socio-spatiales, cullurelles el aspects anthropologiqaes en miliea aride: 362
Casde la Jeffara tunko-Iybienne 1837-1956

- Ces rassemblements en stationou en marche,et le cas échéant,pendantle


combat,aprèsune périoded'entraînement et de reconnaissance de la Jeffara
tuniso-tripolitaine,avec prise de clichés photographiques, cette aviation
manifestaitsaprésence le 15 septembre 1916, Pou la fois un faceà
première
facedescavalièrsWerghemma et tripolitainscontreun occupantéquipéd'une
armenouvellesoutenuepar un bombardement de la régiondeNalout,Dhibat,
Remadaà la recherchede la défaitedesOudernaet de kelifabenAskar,vingt
obusde 90,deuxobusde 155,douzeobusà gazontétélancés.
Cette bataille se termine par des morts et des blessésWerghemmaet
tripolitains,avecI'abatde I'aviondesLieutonant-colonels Le Bæufet De Chatenayau
noid-ouestentreRemadaet Nalout,fief de khelifa benAskar.
D'ou vient le gaz asphyxiantdes obus pour la premièrefois utilisé par I'aviation
françaisepour bombarderla Jeffaratuniso-tripolitaine?

A la côte Est de la Jeffaraoccidentaleet à la Sebkhad'El Melah près de


Zarz\s,richeen chlorurede sodium,maisaussien selsde potasse, de magnésie et de
bromea étéexploitéependantla guerrede 1914-1918 pour laproductiondebrome
destinéà la fabiicationdesgazasphyxiants. Lesexploitationsdirigéesprincipalement
versl'étranger atteignaientlqsSgltonnesen1937,Norvège 4l%o,Japon22To,StÈde
19%,autrei pays lS%. Tous cesproduitschimiquesont été traitésà la Francefaute
d'industrie.irirrriqu. locale dans la Jeffaratuniso-tripolitainesousla colonisation
française336.
Toute la Jeffaraoccidentalese trouve ébranléepar les combatscontreles
occupants malgréI'utilisationdesarmesnouvelles,pour la premièrefois commeles
avionset les tracteursmitrailleurs,le plus étonnantc'estI'utilisationdes obusà gaz
extrait de sebkhatEl Meleh à Zarzis(Jeffaraoccidentale),c'estvî gaz asphyxiant
provenantdu bromeutilisé pendantla guerre1914-1918.contre les ennemisde la
ôolonisationfrançaisey compris lesj effarienstuniso-tripolitains.
Les troublesdans le sud de la Régencede Tunis (protectoratfrançais)ne
cessaient pasde 1916à l9l8 malgréla forcefrançaiseultramoderne, les tripolitains
semblaientavecleur mouvementconcentré sur les franges frontalièresde la Jeffara
occidentaleallégerla répressiondesarméesfrançaisesqui se trouventmenacésde
I'intérieurdu tenitoirede la Jeffaraoccidentaleet de I'extérieur.
La concentrationdes forcestripolitainescontre les italiensen Libye et les
françaisen Tunisie montrebien la significationdu mot d'ordredu < miaâd > des
*..gh.**a pour une attaquegénéralisée des troupesfrançaisespour aider, d'une
part-lesalliéstripolitainset àe répondreà I'appeldu < jihed > proclamépar lestribus
àu centreet deI'ouest de la Régencede Tunis et que les colonsI'ont intitulé de
complo6, ou ( conspirationpanislamique > desBeni Zid et destribusalliées.

Vers la fin de 1916, le front de la frange frontalièretuniso-tripolitaine


s'ébranlaitpar descombatstrèsmeurtrierset la situationaussimilitaireque politique
étaittrèscritique. A cela s'ajoutaientles problèmeset révoltesde I'Algérie et les

ed. socialesp 89 I'industriede transformation'


336paul Sabag195I : la Tunisie: essaisde monographie
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 363
Casde h felfara luniso-lybienne1837-1956

défaitesfrançaisessubiesen Europedèsle débutde la guerre.Devantcettesituation


menaçantle prestigede I'arméefrançaisesur un front supportantà la fois les attaques
des tribus tripolitaines et werghemiennes parfois séparéeset parfois unies, mais
toujours à l'écoute d'un appel pour le (iheô contre I'occupation françaiseet
italiennedansla Jeffaratuniso-tripolitaine.

En résumé,il està signalerqueI'année1916étaitI'annéede I'enthifadha des


Werghemmaet I'allianceorganiqueentrela résistancedes deux ailes de la Jeffara
tuniso-tripolitainedans sa lutte contreI'occupationfrançaise,italienne,anglaiseet
turque.

Cette année,a été pour les autoritéscolonialesmilitaires françaises,avecun


absentéisme totale de I'autoritébeylicalede la régencede Tunis, malgréI'utilisation
d'un armémentredoutableet ultramoderne,une annéepénible pour les occupants,
marquée par des combats incessantsdans toutes les franges saharienneset
frontalièrestuniso-tripolitaines.

Nous relevonspour I'histoireslescombatsdesV/erghemmaet destripolitains


contrela colonisationfrançaise
au coursdeI'année1916:
- Affaire étrangère:Alapetite,vol 3, 30, 3. 1916 dans le sud tunisienles
troupesfrançaisesont cruellementfait souffrir les populations.Non seulementdes
hommes,mais aussidesfemmeset desenfantsont ététuéspar les ballesdesrebelles
et des shrapnells,de nombreusesfemmesont été violées par des troupiers,les
autoritésont tenu cachéesles atrocités,maisen vain,car M. Lutand,mis au courant

de ce qui s'était passé,s'estempressé,de la signalerà Mr Briand (Ministèredes


Affaires Etrangères).De son côté le caid ben khalifa de Matrdia a dénoncéces
cruautésà un hommeinfluentà Parisà qu'il a pu faireparvenirsalettreen la confiant
à un tirailleur qui rejoignitsondépôtà la Franceà I'expirationde sapermission.C'est
à la suitede ces révélationsque le généralVéranda été déplacé...> Tunisie(1885-
1916)vol 304 de R.G à A.E 0211011916. <<La troupes'y est conduited'unefaçon
barbare,aucunquartierni femmes,ni enfantsà tel point que notresouverainle Bey,
ému de ces faits plaint télégraphiquement au Présidentde la RépubliqueFrançaise.
Mais le directeurde I'office postaln'a pas voulu transmettrece télégramme.... il
sembleque la Francene peut plus assumerle protectoratde la Tunisiepuisqueles
tunisienssont obligésd'allerla défendre. Elle n'a doncqu'à retirersestroupeset à
abandonnerla Tunisie à son sort, le Bey ayant signifié au RésidentGénéralqu'il
voulait désormaisgouvernerseul sonroyaume.Les allemandset les turcs sontdans
nosports,un bateauItaliena étécoulésur les côtestunisienneset un croiseurfrançais
qui estvenu à son secoursa subi le mêmesort...>A.E. Alapetitevol 8 annexed'une
lettredu 3010311916

Devant la réorganisationdu front de la Jeffaratuniso-tripolitaineet la reprise


deshostilitésde résistance,
un décretdu l0/10/1915a réclaméla misesousséquestre
desbiens,meubleset immeublesappartenant aux indigènesdissidents(résistants) ou
convaincus de rébelliondontvoici la liste33E:

KraiemM. (1976):nationalisme en Tunisie(1918-1929)


et syndicalisme TunisUGTT 1976
- Châteaude vincennesmuséede I'arméede terre note anonymerelative aux dissidentstunisiens,
02t03n9 t6.
culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride:
Lesmutations socio-spatiales, 364
Casdeta Jeffaratunho-lybienne1837'1956 -

- Tribu desJlidats 80
- Tribu deskrachoua 2tr
- Tribu desHmidYa 103
- Tribu desouledDebbab t62
- Tribu desEch chehaYda 735
- Tribu desdeghaghra 3l
- Tribu desZorgane r95
- Tribu desSedra l3
- Tribu desAmerna 20
- Tribu desGuattoufa l5
- Tribu desTwazin 332
- Tribu desDhibat 65
- Fractionsdiverses 30
Soit au total t992

5.8-L'alliance<<colonisationet pro-coloniaux)>pour en finir


avecla résistancewerghemienne avantle 20 mars 1956

5.g.1-La dernièrebatailledeswerghemmacontrela colonisationfrançaise

Devant cette situation les poètes toujours à l'écoute des tribus de la


confédération, et à la dispositionde lâ volontépopulaireont encouragé, une tradition
de résistanceet de luttË,la poésiejeffarienne se réclanlantd'un arabo-islanlisme
parties
exclusif qui prône I'unificationlinguistique,culttlelle et politique des deux
occidentaleet orientaledela Jeffara.

Les emprisonnements, les contrôles,la mise sous séquestre des biensdes


politiqueset socialesimmenses,qui
tribus,uu"".nùite unegueffeauxconséquences
werghemmienne et
bouscule jusque dans ses bases la iociété traditionnelle
etc"')
ttipofituini avec les déportationslointaines(Gayenne,Nouvelle Calédonie
plongentdans un profond désanoi:
Urir.n, I'orianisationa. tu sociétéjeffarienneet le

Le poèteDhaouLatraclrdisaiten 1938'
e-.G {rilr e^il,JsiJ -Ù{iI,r.5ji,re.tc
- -i* , æ^ti.C.''.
-ilS#S;l',i#,t#,#di
a,-rlrirEei' q;F td eiralJls -*

33e-;9bLr rÈi$ syi-tslse dLif! .J.+ érr.ld 3l3ll tÀ3

3tt Matous: villageberbèredansla Égion je Ta.taoulne près.deRemada, Jebalias sédentaires de


a. Ë.ô"feiei"io" qei iverghemma, leurs voisins les < frayfas >
montasnes, vivaienrd;;î;d; > sous I'effet
Ëi"#iËiù àffi];'.Ëiià"';;Ë à;ds't-ï;iii;;;;"r iJ reignàaes bevs < Mouradites ;
l";i;;;fd aeso t'ayrasiieïaeiiomaaes iueniers,lesmatous qlrittentla
ËiliiiËîjîr;i;;';îil de la-régence de runis,
;;tr;;ï;ù;;6Ëp"".-àrig*i';;;;-Ë;Éi"ni. r'r"a;.' el Bab nordouest
cglTqe.le khlaa de Matouu, c'est à dire
laissant le ksardesMatousenruine,d'oùvient-Èpioyé"tUe-o a presenté.les 30
commeles ruinesd" Èiirï;ùA;* Là ôrtàiiè z de la télévisiontunisienne
par n3U et realisépar.Hamadi tuafa,
épisodes du film o f"futàuî iu*i.i-fè*itt- t*tiOOf ) édité $ti-
;ËïË;î.,-liJl'Èirtîitr-*"i"Ë"iéitiei aèstribuswerghemma dela Jeffaratuniso-tripolitaine.
Les mutations socio-spatiales,culturellesel sspectsanthropologiquesen milieu aride: 365
Casde la Jelfara tuniso-Iybienne1837-1956

Le désarroi de la confédération deswergbemma en 1938

Queles larmescoulentdemon æil, et lescris forts selancent


car notreconfedération estenvahiepar desétrangers
hier notrevie étaitcalmeheureuseaujourd'huic'estle pire
Oh Turquiela questions'adresse à vous
La demandedu prophètequi ne serefusejamais
noussouhaitons uneprocheguere sansfin
Tunisiea lesrênesbien tirés par un crieur
elle n'agagnéni armesne deniers
Tunis et Tripoli votre< Souk> n'estpasencoreouvert
toutesles deuxvousattendaient avecdeslumièreséteintes
patientezbientôtI'arrivéed'un chameanénervé
vousditescejour-là queLondresesten ruine commelesruinesdeMatous
DhaouLatrach
Jeffaraoccidentale
(Bengarden)1938
(notretraduction)

Les tentatives réussiesdes sous-marinsallemands sur les côtes de la


tripolitaineet de la Tunisie3ao
pour débarquerdes armeset desmunitions,également
les activitésdes < Moujahidines> tripolitainset werghemmaavaientréveillé I'esprit
despoètesjeffarienset desautrestribustunisiennesdu Sudet du Centre.

L'arrivée de Nury Bey avec un firman du Sultan a adressé des


correspondances aux tribustunisiennes
Werghemma,Ben Zid lesappelantau (ihad>
contre les coloniaux.Le bey de tripoli écrivait aux jeffariens de la Tunisie et aux
autrestribus ( vousvousplaignezdit-on de manqued'armesnousvousen enverrons,
mais vous avez déjà celles que portentvos fils dont la Francea fait des soldats
malgréeux ).

Les combatscontinuentdu côtédestripolitains,khalifa benAskarEnnalutiet


du côté tunisienAmar Al Guellaty,en 1918 les werghemmaet les tripolitainsne
recevaientplus d'aidede la Turquieet de I'Allemagnesuite aux armisticesconclues
en Europeen novembre1918,descadresturcs et allemandsqui ont été répatriéset
jeffariensrestaientseulssanssoutienétranger,ils doiventrenonceraux
les résistants
opérationsde la guerretotaledécrétée par les <Miaâds>deswerghemma pour adhérer
à compterde 1918auxmouvements des< Fellaga>résistantssousformesde guérilla.

L'anêt de la guene totale des werghemmacontre la colonisationfrançaise


sousI'ordredes <Miaâds>de la confédérationn'a pas mis un termeà la résistance
armée,toutefoisce mouvementanti-colonialpassedes soulèvements tribaux à celui
desactionsisolées.

3ooAffairesétrangers(tunisien)(1917-1929)vol 6l Alapetiteà peretti


l5ll7l}gllglT trèsconfidentiel
&q à Ribg!,.6.octobrel9l7 in Jihad et colonialismela Tunisie et la tripolitaine(1914-1918)
MohamedAbdelmoulah Ed tiersMonde1987.
Les mutations socio-spatiales, culturelles et aspects anthropologiques en milieu aride: 366
Casde la Jeffara tuniso-lybienne 1837-1956-

C'est ainsi que dansla Jeffaraoccidentaleet mêmeles autresrégionsde la


régencedes héros < falleguas> se manifestentavec des exploits dérangeantles
aùorités colonialeset perturbantmassivementle projet sécuritairedes territoires
militaires,en mettantfin d'unemanièretrèsclaireaux limitesde la < paix française>,
entaméeaprès 1881 à l'égard des tribus de la confédérationswerghemma.Ce
*o.ru.*.nt a mis fin au miragedesstratèges et officiers coloniauxqui prétendaient
aprèsla guerre(1916-1918)avoir réussià nettoyerla Jeffaraoccidentale (territoire
,nitituir"faansI'anciencouloirdepassage intituléle < couloirde baroud >.

La politique beylicale et coloniale d'occupation et de sédentarisation


provoquéeiat t'État colonisateura été,malheureusement, adoptéedansplusieurs
domainesavec autant de volontarismeet de violence par le pouvoir de la lè"
jeune
République; ce qui a provoquéune nuancede taille marquantles rapportsdu
Etat avecles tribus.leifariennes: de da dimensionidélogique>de ceci découlela
diffrculté desjeffariéns de dialogueravecle pouvoir central,ils sont alors soit en
de la
révolte soit en soumission.En effet, pour les werghemmaet les tripolitains
jeffaratuniso-libyennele tenitoireestun lien et non unefrontière'

Ces sociétésditestraditionnellesgroupéesen tribus (Noujouson ourouchs)


et
ou confédération,Werghemma:Touazine,Ouderna,Khezours,Accaraet Jebalia'
El Ajilate,El Haraba,Engibat,El Guedadfa..'Pour
Tripolitaines: Nouaiel,Siaânes,
toutescestribus ou groupements de tribusla Jeffarane sedéfinit paspar un principe
d'appropriation,maisparun principed'identification'

Cettenotion n'a pasété respectée, ni prise en considératignpar les pouvoirs


desothomans,de la colonisationfrançaiseou italienneet par la 1è"Républiquedans
la Jeffaraoccidentalepar imitationdu pouvoircolonial prédécesseur' en confisquant
le droit à I'identitéde groupe,et en pratiquantune politique de toute
d'éradication
référenceidenditaire(fes :i ksarsde-la confédérationdeswerghemmaà Médenine
avec25 cours,25 puits de surface,6000ghorfaset 7 portesd'entrée).Cetteattitude
qui se réservede monopoliserI'identificationet I'assujettissement des werghemma
éiait à I'origine de I'aûénationidenditaireet la déstructurationdes autonomies
culturelles, économiques et politiques.

Cettepolitique a pris les formesparticulièrementrépressivesdansI'histoire


gouvernantet
des jeffari.nJ .. qui a provoquécette rupture de dialogue entre
gouverné,et la mise en place d'un systèmetotalitaire imposant, par 11force, un
dansle territoire
et plus dangereux
irotectoratcolonial,qui setrouvaitplusmenaçant
jeffarien décrétémilitaire. C'estcetteviolencedirigée,non démocratiqueauxyeuxde
en
ioutes les < charias > de la société et au détriment des tribus groupées
que
confédérationdéjà menacéespar une aridité dévastatricedont I'origine n'est
I'expressiondeslois de la nature.

Le jeffarien setrouvealorsmenacédurantle XVIIIè*' et XIXè" et le débutde


XXèt. sieclepar desthèmesporteursd'uneviolencesansfins, ce sontdesviolences
naturellesmaitriséespar le jeffarien,et lui seul gardeles secretsdesproblématiques
de cetteadéquation: aridité-etmodede vie et exploitationagro-pastorale. Cessecrets
et
dessciencesde I'environnement
restentjusqulànouvelordreles thèsesinachevées
soulevées suiteaux démantèlements dessystèmes de mode
desactionsanthropiques
devie dansles zonesaidescommeceuxdes jeffariens'
Les mutations socio-spatiales,culturelleset aspectsanthrupologiquesen milieu aride: 367
Cas de la 1837-1956

Les autres violences sont d'ordre politique, économiqueet culturelle où


I'expressiondesactionsesten étroiterelationaveclesproblématiques deshommeset
où le recoursouvert à la force par les othomans,par les autoritésdu protectoratou
autrespouvoirs mal initiés, resteI'expression d'unecrise,d'uneanomaliequelleque
soit la justification et le fondementde la dynamique< politique> de la violenceallant
de la destruction de I'organisationpolitique confédérale werghemmienneà
I'appropriationdu territoire et le changement de sa fonction et son annexionà un
ordremilitaire étranger.

La séquestrationet les campsde concentration desjeffariensou destunisiens


d'autresrégions, la tentation d'appropriationdes âmespar I'imposition d'un culte,
d'une politique (les Makhzen, les goums, les collaborateurs,les groupesou
commission de < riaya > sauvegarde, les meilices,etc ), ajouterà cela les
anéantissements de la guerretotale et le régimesécuritaireet la spoliationpar les
autoritésmilitaires,la colonisation desmeilleursterresagricolesdansles régionsles
plus feniles, I'interdiction des réunionsdes < miaâds> dei tribus, < ourouchs> et
confedérations, et I'instaurationd'unecertainehégémoniebaséesur l'émergence d'un
rapport de classesau sein de la sociétéjeffarienneoccidentalequi assuraitune
suprématieà la classedominante,parce qu'elle est pro-colonialepu pro-pouvoir
despotique,bien qu'elleestminoritaire,restesoutenue par un pouvoir ou un autre.
Cettedomination,dansI'absence desprincipesdémocratiques, se réfèreà une
institution tribale ou confedéraleou à une institutionqui s'inclinedevantla majorité
et respecteles principesde I'indépendance sousun arbitrageimpartial.
Cette souverainetéétait possiblegrâceaux moyenscoercitifsdont disposele
pouvoircentralcolonial c'est-à-dire<d'Etab,plutôt qu'àl'élaborationd'unconsencus
règlementantles rapportssociaux.

Le vide crée par la destructionde la hiérarchieconfédéralejeffarienne et son


organisationpolitique a été inemplaçablepar I'Etatdu protectoratcolonial et par la
premièrerépublique.

En effet, le pouvoir centralétatiqueétait incapabled'æuvrerpour la création


d'un nouveauconsensussuit les ruines du consensusconfédéraljeffarien et s'est
fondéuniquementsur une manoeuwesystématique d'éradicationdesrésistantset des
hameauxde résistancecontre toute colonisationou pouvoir despotique,ce qui a
donnénaissanceà un échiquier,d'unemosaiquetrès hétérogèneavec des rapports
sociauxinhérentsaux groupestraditionnelspar I'introductionviolente et massivede
faux problèmeset de prétextesà I'instardes négociationspour I'indépendance ou
I'autonomieinterne, le statut spécialhors négociationdu tenitoire de la Jeffara
(militaire) qui doit rester sous la colonisationfrançaiseainsi que la questiondes
municipalitéshabitéespar desétrangers.

Les négociateursdu futur pouvoir centralsuccédantau protectoratont été


d'accordsur les exigencesdes coloniaux,et ce n'estpas la premièrefois que ce
territoire de la confédérationdes werghemmaest marginalisé,exclu du reste du
territoire de la régencede Tunis par les réformateursen 1857et par une partiedes
destouriensnégociateursen 1955.Nous donnonsun témoignageà cet étatd'espritde
culturelleset aspectsunthropotogiquesen milieu aride: 368
Lesmutations socio-spatiales,
Cas de la 1837-1956

quelquesnégociateursà l'égardde I'affairedu territoire militaire et la position du


Président,feu Habib Bourguibaprésidentdu néo-destour'
Le Journalle PetitMatin :25 avil1955 : (pour le territoiredu sud,le tracé
proposépar les expertsfrançaispartaitde I'extrémitéoccidentaledu choft Djerid,
.'in.u*uit versle sud,remontaiten bandele long de la frontièretripolitaineet le long
de la côté jusqu'àla hauteurde l'île de Jerba.Au sud: la zonedanslaquellela
sécuritédemeuresonsautoritémilitaires.
Le dessingénérala été assezvite acceptésauf en ce qui concemela bande
côtièreoù la délégationfrançaiseadmettaitqu'il put subsisterune enclaveautourde
Zarzis.M. EdgarFaurea renoncéà cettebandecôtièremoyennantun relevépartiel
du tracé,il n'eit passûr que I'accordait ététotal sur cettedernièremodification,mais
s'il subsisteencoreune difficulté, il ne s'agiraitplus guèreque d'un ajustementà
opérer.Il restaitalorsà liquider la questiondesmunicipalitésde Tunis,de Megrine,
Aih Draham,Fochiville,SaintGermainet Tabarka'
Jean Daniel, en parlant du protocole d'accord de I'autonomieinterne
< indépendance inteme>>,évoquantsesrencontresavecBourguibaau coursde cette
période,écrivait,vingt ansplus tard,danssonlivre, <Letempsqui reste>: Bourguiba
iint a Paris,je le rencontrai,il avait passéla moitié de sa vie dans les prisons
françaiseset i1 pouvaitparler de la Francecommeun journalistede la chambredes
députés,il me demandede gardersecretI'entretienqueje rapporteaujourd'hui,vingt
ansaprès.
C'était rue des Pyramides,là où se trouve aujourd'huiencorele consulatde
Tunisie.Bourguibaavaitdemandéà JeanRoux et à M. Masmoudide me présenter à
lui à la suits d'un article que j'avais écrit chez Berard Quelin, en pensantaux
tunisiens,j'avais parlédes< bien faits secondairesdu traumatismecolonial>(encore
le jacobinisme!). Il me reçuen rappelant cetteexpressionH' Bourguiba<< c'estvrai
qu! l.r civilisationss'effondrentet quepourrenaîtreellesont besoind'un choc.

Je n'ai aucunegèneà reconnaîtrequ'avantla Francela Tunisieétait unesorte


d'espacevide, sansréalitéet sansâme.Quandil n'y a une placevide, I'histoireestlà
et voisines'empresse
po* nou, dire que la puissancesupérieure de I'occuper,disons
quecetravailhistoriquea incombéà la France...
Aprèstout, s'il fallait un chocpour nousfaire reviwe autantque le chocsoit
venu de la France,de cesmilitaires,maisaussiheureusement, de sesinstituteurs.Si
bien qu'aulieu d'êtrede simplerévoltésnoussommesdevenusdesmatérialistes. On
nousa exploitéson nousa réveillés. ..

MendesFranceI'a compris.C'esttant mieux pour votre pays,mais moi qui a


acceptéun compromis,j'ai déjà ma propreopposition.BourgUibaa pris desrisques
considérables,ie travaii historiquece n'est plus vous c'est moi !>' Jean Daniel
reprend...cet arabe! auxyeuxbleuscroyaiten sonétoile'

Ce témoignage,et les accordsde 1955sur I'indépendance internelaissentla


plaie de la Jeffara occidentaleouvertepar I'intégrationviolente et massivedes
rapportssocio-économiques,culturels nouveauxjusquà trouvait en 1956-1958
Les mutations socio-spatioles,cultarelles et aspecîsanthrupologiques
en milieu aride: 369
Casde la Jeffara tunko-lybiennettSZ-t-gSA

émergéau sein de la Jeffaraun pouvoirnouveauformépar deux autorités


côteà côte
une françaisecoloniale,I'autredu paysdirigé par une partie du < Néo
destour> et
représentant
les négociateurspro-coloniaux

Cettenouvellearméeredoutableparcequ'elleveut gagnerdu tempset enfinir


avecla résistancewerghemmienne et dansd'autresrégionsdJ la régencelui ont opté
pour I'indépendancetotaleet pour la considération
dela Jeffarao.Jid"ntul" (tenitoire
militaire) commeles autresrégionsde la Tunisieenvoie d'indépendance ( interne>.

La Jeffaraa vécu des momentsdifficiles à la deuxièmequinzainede mars


1956 où s'est dérouléle 15-16-17-18 et 19 mars 1956 la dernièrebatailledes
werghemmacontre la colonisationfrançaisedansles montagnesde Béni khddache
(Demmer),aidée cettefois-ci, par les partisansde la solution coloniale.Le
scénario
seterminepar une guenedont les bataillonsmixtesde I'arméecolonialed'uncôté
et
desdestourienspro-coloniauxoptantpour une autonomieinterneet d'un autre
côté
une résistanceformée par des < fallaguas) appartenantà toutes les tribus de
la
confédérationdeswerghemma.

La Jeffara tuniso-tripolitainecomme I'a bien souhaité la colonisation


française,restait un territoiremilitaire sollicitépar une partie des destourienset par
S.A. le Bey de Tunis, ce qui était à I'originedlunconflit entrele présidentfeu H.
Bourguibaet le SecrétaireGénéraldu < Néo destoun feu Salah ben youssef.
Les
werghemmaà tort ou à raisonlors de la scissionyoussefisteont optépour continuer
la résistanceavec I'Algérie et ont æuvré pour la résistanceet la défensed,une
frontière pas atrx limites des frontièresarbihairesde 1910, mais pour une lutte
durablepan-arabe.

Jusqu'àI'indépendancetotale,les tunisiensignorentles traitéset conventions


parallèlesà cette autonomieinteme qui sont restésdu domaine du secretil y
a
maintenantquarantecinq ans.

Une réalitén'estapparueen 1987bien qu'asseztard.,qu'avec les deuxfaçons,


de dialogneravec le pouvoiren périodecolonialeet sousla premièreRépublique
c'estde se soumettreou se révolter. Une troisièmethéoriea vu le jour c'estI'espàir
des werghemmadans une ère nouvelledonnantnaissanceà une troisièmevoie de
dialoguelégitime pour lesjeffarienset obligatoirepour la sauvegardeet la continuité
d'un messagehistorique, politique, social, éconômiquese caractérisantpar des
principesnobles,nationalistesrespectantI'espacevécuèt I'espaceperçudu jËffarien,
facilitant tout dialogueou négociationqui ont ététoujou6 rrUigur auêcles pouvoirs
au seinde la Jeffara.

Ce phénomènes'aligne dans le contextede la société tunisienneoù un


équilibre et une harmonie bien codés avec des perspectives offertes
institutionnellementdepuis 1987à tous les réseanxmultiformi, à t uu.r, la société
jeffarienne et tunisiennesansdistinctionpour la premièrefois dans I'histoire
de la
Jeffaratuniso-tripolitaineentreles deuxJeffarasorientaleet occidentalese trouvant
depart et d'autred'unefrontièrearbitrairedécrétéeen 1910.
culturelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride:
Lesmutations socio-spatinles, 370
Casde ta Jeffara tuniso-lvbienne1837-1956

Cette étape positive dans le périple de la Jeffaratuniso-libyenneportant


préjudiceau dynamismeet à I'harmoniedes groupesjeffariensmais laissantporte
ôuverteaux investisseurs et à I'initiative individuelle,c'està la fois espoir pour
une périodenégligeabledansI'histoirede la Jeffaratuniso-tripolitainemais c'esten
même temps appréciableet critiquableétant donné que le dernier pas n'est pas
franchi po* qu" le dialoguedu jeffarien avec lui même se transmeten dialogue
le pouvoirà traversI'histoirede la Jeffarajusquà l'éternité.
bilatéral-avec
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 37I
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

CONCLUSION

Lorsqueles forces françaisesont occupéla Jeffaraaprèsune hésitationqui a


duré plus de deux ans,par craintedestribus Werghemma, cetteconfédérationn'était
pascommeles autrestribus ou groupements de tribus de la Régence,commedisait
Paul Courbon qui écrivait au Ministère des Affaires Etrangèresà la France,le23
janvier 1888( on n'a pas dansI'espritde faireunepolitiquedansle territoiremilitaire
du sud cornmeon I'a fait avecla populationdocile de la Medjerdaet la région du
Satrel>r3al.En effet, la colonisationvoulait consoliderla séparationentre la Jeffara
tuniso-tripolitaineet le reste de la Régencepar l'édificationd'unefrontièreou mur
écologiquedes< chututs>.

Au nord de la régencede Tunis les tribus et sédentairesne provoquaient


aucunemenaceà cette nouvelleinvasionmilitaire, sollicité et épauléepar I'autorité
beylicale qui depuis I'arrivée des colons français en Algérie se filicite de cet
évenementet avec elle les consulsdes pays européenset des grandespuissances,
pour inaugurerune ère de sympathie,d'échangesocio-économique et culturellequi
par
commence I'installationde sociétésétrangères sousI'encadrement d'un projet de
reforme dont I'initiative était au début un ballottage entre I'imitation des
<Tanzymetes>> reformes, othomaneselles aussi imitent une nouvelle civilisation
européenne touchantl'économieet la politique.

Les nouvelles institutions européennesont besoin de manifester cette


politique, pour gagner des intérêtséconomiques, jusque la monopoliséespar le
systèmede la course dans la rive sud de la Méditerranée,devenuethéâtred'un
investissement et un mode de vie partagépar les beyset les notables(bailleursde
fonds) qui enpouragentcette forme de piraterietolérée et officialisée par I'Etat
beylical.

Au delà des<chututs>danslesterritoiresde la confedération desV/erghemma


et des<Noujoue>tripolitainsuneprisede conscience s'estdéjàopéréedepuis(1837)
avecI'institution du premierpacteentreles tribus Werghemmamettantfin à I'usage
des<Razzias> et desviolences.La raisonet la sagesse viennentdu sud,d'unesociété
organisée,équilibréedotéed'uneorganisation politiquese basantsur une assemblée
<le Miaaô et des pouvoirs exécutifs<chartio et <el orf> se référantà la <chariaa>
islamique; principebafouéet rejetépar lespouvoirscentraux,othomansbeylicauxet
avant eux les provinces (douyalette)se détachantdu chapeletde I'empire arabo-
musulman,la seuleexceptionétait faite par le royaumedesHafsidesqui respectele
fond et la forme de la <chariau avecun penchantpour la doctrine<Medheb>ou rite
<Malikite>.Les historiensdisent,c'estla premièrefois queles autochtones dirigentet
gèrentleursaffaires.

'nt Affaires Indigènes,Servicedeshistoriquesdu BureaudesAffairesIndigènesde Médenine.Bourg.


1931,36p.
socio-spstia'i:;;:!:;ri:î;:"i::;i;:l'f{;::f;y'es
Lesmutalions enmÎtieuaride:372

Les rJ/erghemma trouventsousle règnedesHafsidesleur indépendance, leur


autonomieet la prospéritédes valeurs de la confédération,et de leur commerce
caravaniertranssaharien, égalementun équilibreculturelet religieuxpar I'ancragede
la rite <Madhbeb>des Malikites sous l'égide de I'Imam MohamedIbn Arafa El
Werghemmi qui diffrrsa cette doctrine dans toutes les régions de la régence,
encouragé par les autoritésHafsides.

Cette sociétéjefarienne au sein de la confédérationdes Werghemmaa


constituéun <Etattampon>entreles deux wilayasothomanesde Tunis et de Tripoli,
elle est considéréepar la colonisationfrançaise<des tribus Makhzeu mise en
embarrasen décrétantle territoirejeffarien, territoire militaire marginalisépar les
pouvoirsdes othomansde Tunis, de Tripoli puis de la colonisationfrançaisequi
redoutaitcet espaceet ceshommesjeffarienssuiteà un héritaged'unelittératurepré-
colonialeélabordeà tort ou à raisonpar les missionnaires, et les
les évangélistes
militaires.

Une réalité jeffarienne entre les <machoiresd'un lion >, d'une manière
permanente,sous I'autoritéd'un pouvoir central qui tâche toujours de créer une
concurrencesans fin, et une dualité avec d'autrespouvoirs étrangers,de I'ordre
international,qui ne lâchent pas le suivi dans I'espoir de partagerles intérêts
économiques du macro-espace maghrébin,le résultatde cettedualitéesttoujoursen
faveurdu pouvoir centralet aboutità unedépendance et unealiénationdujeffarien.

Ce milieu nomaden'exclutpasI'existence de défis anthropologiques, culturels


et une lutte entreles diversesforcesde confrériesreligieuses,souphiequi trouveun
énormeécho dansle corpusde poésiejeffarienne,chezles sageset les chroniqueurs
qui laissentleur récit orauxhéritésd'unegénérationà une autreau seind'undialogue
avec<l'autre>et avecle pouvoircentral,et vis-à-visde I'ordreinternationalqui a tissé
des liens pré-coloniaux de part et d'autre de cette Jeffara tuniso-tripolitaine
considérantquecet espaceestunezonemédianeentrele Machreket le Maghreb.

Le pacte d'<El Foudhoul>des vertueux,peut être considérécomme la


première expérienced'une organisationde la vie socio-économique, politique,
àdministrativeet judiciaire dans le monde nomade à la marge d'une autorité
centraliséebeylicaleothomaneen 1837, vingt ans avant I'avènementde <Ahd El
Amen>le pacteréformistede 1857à Tunis.

Ce pactedesvertueuxreprésente uneprisede conscience desWerghemma et


peutévoquerles interprétations suivantes:
-LaJeffaratuniso-tripolitaineau carrefourdu Maghrebet Machrekarabe.
- Les relationsexistantesentrele pouvoircentralet sesgouvernésdansun espace
d'autorité connuepar des actions antagonistestraduisantle poids de I'ordre
internationalde l'époque.
- Le pouvoir et le contrepouvoirdansla Jeffaraoccidentale
- Essaide traçagede I'espace du pouvoir,cettedélimitationfrontalièrearbitrairea
suscité un dualisme contre I'autorité othomane,la colonisationfrançaiseet
italienne.
- La stratégiede <noman'sland>ou la rudeet l'émigrationdestribus rilerghemma
et les autrestribustunisiennesdu sudet du centreversla tripolitaine.
Les mutations socio-spatiales,culturelles er ospects
anlhropologiquesen milieu aride: 373
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

- Le flux et le reflux de mouvementsd'émigrationet le rôle des associationsde


réfugiéset d'émigrants
- L'étude et I'analysede la <Moudawinocorpusdepoésierelativeà cetteépoque.
- La confédétrationdes rWerghemma et sesalliancesavec le restedes tribus et
<<ourouches> tunisienset tripolitains
- La comparaisonentre <Hilf> El Foudhoulpactedesvertueux(1837),un pacte
concinentreles tribus werghemmiennes dansla Jeffaraoccidentaleet le pactede
(Ahd Al Amen > à Tunisen (1857).
- Le corpus poétique des tribus jeffariennes les divers <diwans>(recueils)
évoquantla mobilité et la transhumance des nomadeset semi-nomadesde la
plaine, les Jebaliasde la montagneet du Dhaharet les tribus maraboutiques
<<Zaouya>> de part et d'autrede la frontièrearbitraireséparantles deux Jeffaras
orientaleet occidentale.
- La diversité des thèmesde cettepoésiequi balottedu politique à l'érotique et
son rôle dans I'histoire de la vie nomadejeffarienneconsidéréerassemblant
(accumulant)tous les aspectsde la civilisationet la culturejeffarienne.
- Le pouvoir central entrela politiquede <la carotteet du baton>et les pourpalers
diplomatiquesdansle but de démanteler le systèmepolitiquetribal et confédéral,
guerrier,organisé,autonomesousI'autoritéthéoriquedu principe de liberté et
d'indépendancedans le cadre d'une colonisationintitulée protectorat,cette
organisationpolitique imposéea été à I'origined'une dislocationrapide du
systèmesocio-économique pastoral.

Le pacte<d'El Foudhoul>desvertueuxsusciteplusieursquestions:
- Pourquoiles liens de parentéet du sanget les alliancesrelativesà cetteparenté
et ce tribalisme ne sont-ils plus suffrsantspour gérer I'environnementgéo-
politiquejefïiarien?
- Pourquoi ce systèmetribal confédéraln'est-ilplus le garantet le vecteurde la
continuité pour sauvegarderintact le mode de vie et les valeurs de la
conftdérationdes\Merghemma?
- En 1837il a fallu un pacted'allianceavec<l'autre>, le plus proche,les tribusau
seinde la confedérationsurle plansécutitaire,
économique et politique

Ce qui a déclenchécet esprit de méfiancec'estI'arrivéede la colonisation


étrangèrevenant de très loin et donc inconnuepar les tribusjeffariennes,il faut se
préparerpour affronter un dangerdont l'importanceest inconnue,I'instinct du
jeffarien est de défendresonterritoiredevantI'ennemiqui cettefois-ci est d'uneautre
religion considéré <Keffau mécréantce qui est plus grave aux yeux des
Werghemmaet destripolitains.
Ce sont les circonstancesintérieureset extérieures,une dualité inter-tribale
concurrencéepar une dualité à l'échelle des grandespuissancesétrangèresqui
inaugurentune nouvelle ère à la recherchede leurs intérêtséconomiqueset suite à
descrisesvécuesau seinde leursociétéeuropéennes.
La confédérationdes WerghemmareprésenteI'apparitiond'un phénomène,
d'un systèmepolitique, socio-économique et culturelramasseurde masses,déjàpar le
biais desMiaâdset cheikhchartia,et orf a étéen mesured'unir les ourouchesles plus
puissantsde la Jeffara occidentale : les Touazine,les Accaras,les Khezours,
-""'
socio-spatia,;:;:!:;rï:::::::::::::::f;:;:"::,frX:::l,r:r:nf;'
Lesmutations "" ""t

et Ahlefs (pactes)avecles
les oudernaet les Jebaliaset de concluredesconventions
le sudet le centrede la
gro.rp.*.nts tribaux à I'Est en Tripolitaineet à I'Ouestdans
régencede Tunis.
qui a été(duéà.l'ceuf>
c,est cetteidéologie,ce mouvementpolitiqueet social
les époquesde I'histoire des
considérédangereuxpui tou, les pouvoirs,à toutes
moyens : diplomatiques'
Werghemma,contrarié et combattu par des diverses
un espacearide' que la
militaires. C'est peut être pour la premièrefois, dans arabo-
p"p"f*i* autoclhtoneæuvïe dans le cadre d'un projet <nationaliste>
de cette confédérationdes
musulman soutenu par les diverses composantes
en pyramidede ce système
werghemmu,.. ,ont les partiesou axesprincipaux
politique, socio-économiquè et culturel; les trois partiesjouant I'infrastructureou le
(parti> des guerriers(Touazine'
substratde ce systèmeiont le groupementou
(Accaraet Jbalias),groupementou
ouderna, Khezour),groupementde sédentaires
Rebaia,Médenine'M'habel)
parti desmaraboutseî reûgieux(Mourabitines: Jelidet,
en équilibrepresquetotal et
force de l,ancrageà., uffuir., spirituelleset religieuses,
en complémentarité aveclesautresgroupes'
jeffarien, a nécessitéune double
L'étude élaboréesur le champ social
approchecelle des relationsintrinsèquès au sein du groupede la confédérationdes
werghemmaet celledesrappottsentretenus par le groupeavecle pouvoircentral'

L e s t a t u t , l o n g t e m p s , m a r g i n a l d e s g r o u p e s j e f f a r e i n s , Wprenait
erghemmaou
tripolitains a étéconstammentaccompagné d'unequêtede soumission'qui
restait dominantedansles
diversesformes la où violencematérieilÉet symbolique
colonialeet sestransformations
formations.o.iut., pié-coloniales,dansla politique
sur le milieu humainet environnemental, et dans[. pto..ttus de la colonisationqui a
sont dérouléesdansle tenitoire
suscitédes violenceset guenesdont la majoritése
continuejusquà
jeffariende 18Bl à 18891tde 1914à 1918pourprendreune allure
i'indépendance intemede 1956et mêmejusqu'à1963'
XXè*' siècle ont marqué
Les phénomènesde colonisationaux XIXè" et
conquêteinvasion' projet de
l'histoire des jeffareins par une périodecritique ou
civilisation,affrontements militaires,politiquesit culturelsentrelespeuplesdominés
par un nouvel ordre international,constitu'ant des faits dominantset complexesde
et des tripolitains; dont les conséquences immédiatesà
I'histoirea", W.rgi*-u
ne doiventpas être sous-
l'époqueet les effËtslointainsqui éàergentactuellement'
estimés.
le non-dit par les
Nous avons,au cours de notre analyse,essayéd'évoquer
premièrerépublique'qui
pouvoirsbeylicaux,coloniauxfrançaiset othomanset par la
monvementée deswerghemma
a héritétous les poiar desinjusticesde cettehistoire
et des tripolitains dansla léffara tuniso-lybienne, cet espacetarnponou couloir de
des méfiancesréelles ou
passageprovoquant des crises pour les jeffariens et
avec une vision loin d'être
mythiquesdes pouvoirscentrauxde I'Est ou de I'Ouest
innocentedesgrandespuissances'

Notreobjectifestloind'étudieretentrerdansledébatdel'expertisemilitaire
contraire mettre en relief la
de la colonisation ou de lâ résistance,mais au
restructurationdesespacespolitiques,culturelsetsociaux.
Les mutations socio-spatiales,cuhurelles et aspectsanthropologiquesen mitieu aride: 375
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1837-1956

Privilégiant I'histoire des mentalités,de la vie quotidienne,des mutations


structurelles,les historienset les anthropologues
avaientsouventtendanceà occulter,
à oublier, ou à négliger volontairementou intentionnellement des circonstances
et
des réalités,c'estpour cela qu'il est étonnantde trouverdes lacunesdansI'histoire
évènementielle, chronologique ou tout simplementpolitique.
C'estpour cela qu'il a fallu cet effort pour ariver à une critique raisormable
des acteursautochtonesou étrangers,résistantsou dissidents,soumisou insoumis,
collaborateursdes colons ou nomadestransformésen <Moujahidines>résistants,
suiteà cetteagressiontouchantleur civilisation,leurespacevécuet leur culture.
Le recoursà cetteapprochede restructuration desespaces géopolitiqueset par
conséquentdes moments privilégiés de rencontres,de contacts, d'interactions,
d'acculturationet d'influencesréciproquesqui peuventêtre appréhendées commede
simplesparenthèses historiques.Notre approche,le long de cet essaid'analyse,estde
gagnerdu tempsavantqu'il soit trop tard poursauvegarder les balisesde ceffeculture
jeffarienne,de cette histoire riche en détails, car mêmeles adulteset les vieux du
;ç;çème sièclene connaissentpasassezce passéprocheet lointin, suiteà I'hégémonie
et aux effets du choc provoquépar la colonisationsousforme de protectorat,pour
décoder Ia philosophie du système politique ou de I'organisation politique
jeffarienne, qui a été brutalementdisloquéepar la conquêtecoloniale, anêtant
I'initiative et le comportementqui découlentdes valeurs du jeffarien, de son
organisationsocio-économiqueet culturelle équilibrée, très adéquate à cet
environnementhyperaride.
Cette organisation politique basée sur le respect de I'autre, et sur la
responsabilitéet le devoir collectif se trouve comme partie intégrante d'une
impogtancecapitaledans les <miaâds>et les pactes<ahlefs> desjeffariens depuis
1837.Nous évoquonsun témoignagede ce systèmebasésur la <culturenomade>
jeffarienneavec un savoirparticuliersur la vision de la distance,I'importance du
positionnement géopolitique, lesnotionsd'extériorité, de mobilité,lesréférences et le
repéragedu temps,aux espaces visibleset invisibles,au territoire,à la parentéet aux
alliances,le domainede symbolique,le dialogueavecle pouvoir,le rôle de la guerre
danscettedualité invasion/résistance, le rôle de la violence,sansoublier les liensque
les jeffariens entretiennentavec la <choura>et la religion musulmaneà savoir le
Coran et le <hadith >, recornpositionéconomiqueset politiques, la reproduction
sociale,commentinterpréterles crisesdu passéqui ont véhiculéles crisesactuelles,
les interactionset le rapportde I'autorité.
Les appartenances identitaireset les stratégiesdes jeffariens, pour assurer
cette autonomieet cet équilibremalgrél'épreuvedifficile des <Destours>pacteset
conventionsaprès 1857, inaugurépar le pacte fondamental(Ahd El Amem du
GénéralKheiriddine Bâcha,qui vient commeimitation de l'étrangerothomanou
européen,important une institution et une législation bâtarde qui vient pour
contrarierle fond et la formedespactes<Ahlefs>dela Jeffaraet desjeffariensdepuis
1837,pour enracinerune réformeradicalesocio-économique, politique et culturelle
dansI'espoird'éloignerle dangerexogènede d'autre>avecsesfaits influant sur la
dynamique interne, affectant les conditions de vie et assignantdes tournants
historiquesaux sociétésdu protectorat(la régencede Tunis) qui ont profité de
l'évènemcnt de l88l ou qui le subissent indéfiniment.
culturelleset aspects
Lesmutations socio-spatiales, en milieu aride: 376
anthropotogiques
Cas de Ia 1837-1956

Nous revenonsà ce témoignagedu systèmepolitiquejeffarien par un extrait


du <Miaaô des Oudernaqui était, aux yeux des beys, des stratègeset coloniaux
françaisI'ossatureet la forcede frappede la confédérationdesWerghemmales deux
<ourouch>Oudernaont contractécet accordqui serala basede tous leursjugements
gui sera durable,et appliquéaussipar les générationspostérieures pour que leurs
ienitoiresrestentunis et leursvaleursrespectéesà traversles âges.

Tous s'engagent auxjugementséventuelsrenduspar le cheikh


à sesoumettre
et ses(ouzaras- ministres>adjointsqui serontfermessur le principede prêcheret de
faire régnerle bien et combattrele mal et veillerontaux intérêtsdesmusulmanssans
jugements
relâche,pour cela ils ne serontpasclémentspour celui qui passeoutreles
ou les refusesmais ils se conduiserontsansdespotismeenversceuxqui respecteront
leursjugements><Miaâd>assemblée des Oudernasignépar plus de cent membres
des iriUus des Oudema (cheikhs, leurs ministres (ouzan), leurs chaouchs)
1 3 0 0 H .1 8 8 4 JC .

Ce travail de recherche sur les jeffariens s'achève sur des points


d'interrogationaprès avoir essayéde passeren revue les épisodesd'une histoire
mouvementée d'unepartiedu territoiredu protectoratfrançais,cetterégencede Tunis
qui avait institué avèc I'empireothomanune ère de la politiquedes demi-solutions
po* go.rl,,ernerdes tribus et groupementsde tribus commela confedérationdes
Werghemma.

C'est le phénomène de la violencequi est à I'originede la colonisationet


thèmeporteurdei réformesimportées,en effet,I'histoirenousenseignequerien n'est
pasplui changeantque leslégislationsdansI'espacecommedansle temps'

La parole chez les nomadesjeffariens,avant le passageà l'écrit, était une


valeursacréeparmi les valeursdu systèmetribal confedéraljeffarien,c'està dire une
législationorul. cellequenousvenonsd'évoquerun extraitdont on connaît
*é.. pasla date "orn-e
de signatureoriginale,la remarquepertinentedesdeuxnotairessur
le fait à. n. pastrouvei I'espacedansleur documentpour la signaturede la foule de
témoins,ils Je sont anêtésà plus de centsignaturesou empreintes. Tous cesdétails
monffentbien sanséquivoqueque la tribu de la confedérationdesWerghemmaau
XVIIè.. et XIXè*' C'èst leur pàtti", I'appartenance à la tribu constitueun élément
essentielpour les jeffariens èt influence largementles relations sociales.Cette
cohésioniociale a èté forte à I'intérieurdu groupetribal gérépar une assemblée ou
(Miaâd), de ce (Miaâô) se constitue les autorités législatives, exécutives
représeniées par le cheikhet ses<ouzaras - ministres>ou adjoints,le cheikh<chartia>
et le <cheikhel or$.

Nous avons remarquéI'importancedes ces autoritéschez <Arch>Touazine


(Miaâd
lorsqu'àl'émigrationdestribusTouazineen Tripolitaine,il y a eu recoursau
prinôipab>à Werghemma,Jeffaraoccidentale,Pow l'électiond'un <cheikhel orf>
po* iet"t les tribus Touazineen Tripolitaine,avecdes dérogationsimportantesau
iona et au forme de la législationcoûtumièredu orf>. (voir texte d'électiondu
-
<cheildiel or$>desémigreslouazineenTripolitaine1312h 1892(enannexe)).
Les mutations socio-spotiales,culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 377
Casde la Jeffara tuniso-lybienne1E37-1956

A cette période prospèrepré-coloniale,le territoire de Ia Jeffara tuniso-


tripolitainede la confédérationdes Werghemmaéchappaitpratiquementau contrôle
desbeysde Tuniset de Tripoli.

L'absencede soumissionau pouvoirde I'Etat ne supposaitpasI'anarchie,à la


placede la loi de I'Etat il y a le <orf>ou ensembledesrèglescoutumièresfaitespar le
jeffarienet pour le jeffarien, le <orf>le <chartio.

I. Chelhod(1971) parlantdu nomadismedansson livre <le droit dans la


sociétébédouine>disait <... loin de se conduireen forban,le bédouindans son
comportementavecautrui estastreintà un nombresi élevéd'obligationsnon toujours
sanctionnées par deslois, qu'onseraittentéde voir en lui l'être le plus règlementédu
monde>> de ceci et de I'extrait du pacte (hil$ dds Oudemaet de I'exemple de
l'électiond'un cheikh <el orf> par le <miaâd>desTouazine>en dérogationspéciale
ponr gérer la vie quotidienne des Touazineémigrésen Tripolitaine, ci-dessus
indiqué,nous signalonsque le jeffarien : werghemmiou tripolitain ne peut pas être
présentécomme un individu incapablede se soumettreà aucuneloi ou à aucun
pouvoircentral,mais il n'admetcommeloi quecellequelestraditionsde songroupe
admettent.

La fin du règnede la confédération desWerghemma et du systèmede valeurs


jeffariennesen Jeffaratuniso-tripolitainen'estque la conséquencedu développement
et de I'apparition d'une autre forme d'organisationpolitique exogène, mirage,
apparence trompeusequi séduitun tempset sedétérioreenunelonguepériode.

C'est le pouvoir de I'Etat matérialisépar l'établissement de frontières et


délimité par des zonesou territoirescivils ou militaires,ce qui a brisé les courants
traditionnels d'allégeanceset d'échangesqui existaiententre les groupes de la
confédérationdes Werghemmaet les tribus tripolitaineset sahariennes du centreet
de I'ouestde I'Afrique et de I'orient,espacevécuet perçupartous lesjeffarienset les
tripolitainsavantl'établissement desfrontièresarbitrairesde 1910.

Le développementdu pouvoir de I'Etat a affaibli les tribus jeffariennesnon


seulementsur le plan politiqne (soumissionet rupturede dialogue)mais également
sur le plan économiqne,régressionde I'espacevital par le biaisd'unebatteriede lois
et décretsrelatifs aux terrescollectivestribalesdepuis1881,affectantl'équilibre
écologiqueet mettant les jeffareins devantune équationdifficile pour gérer leur
nouveauenvironnementagro-pastoral, c'estla fin du systèmedu tribut payépar les
agriculteurset pasteurssédentairespour leur propre protectionet la fin du trafic
caravaniersatrarien.

L'époquede la paix de la confédérationdesWerghemmaet destripolitainsest


marquéepar le declin du nomadismeet ses principeset valeurs de base socio-
économiques,
anthropologiques et culturelles.

Une nouvellepériodeestapparuesuiteau déclinde I'organisation politiquede


la confedérationdes Werghemma,sollicitéepar les autres<ourouches> du sud et du
centreavec une prise de conscienceprometteuse pour la résistance,la libérationet
I'indépendancetotale et durable, une réaction légitime et logique contre la
colonisationfrançaisequi a modifié I'organisation
socio-économique antérieure.
socio-spatia';?f::;:;ti:î;:"i:-i;:;t::#'ii;;:fiti^"':'*::
mutations
Les 378

plus la fonctionprotectriceguerrièrecommecelaest
Lesjeffariens n'assurent
exigédansie < kanounchartio et les principesde la confédération desV/erghemma
périodedepaix et de guerre(en annexe)).
lvoir textede ce < kanoun>législationen
La redevancede sécuritéque versentles jbalias et les sédentairesagro-
que
pastorauxaux nomadesa donc disparu.Elle s'esttransforméeen impôt annuel
verserau <Caid>militaire de
it urun (y compris lesjeffarienset iripolitains)doivent
la
ia region de ia Jeflara occidentale,et au <Caiô othoman ou italien dans
tripolitaineen Jeffaraorientale.
il
L'administrationcolonialea introduitI'impôtmonétaireoù tout estcontrôlé
sur la base
s,agitd'un impôt agricole,le dixièmede la production,celle-ciestestimée
payer en en
nature, monnaie ou en timbre la
du nombred'attelaie (un attelagedoit
valeurd'environ50 kg d'orge).
pour des raisons de sécuritéles nomadessont chassésde la plaine et
repoussés sur les plateauxmontagneuxet sontrepliésauprèsde leurs anciensalliés
sont
(lËs agriculteurs sédentaires); pour des mesuresde sécuritéles parcoufs
par le
localisésdans la plupart aer .ai dans les zonesmilitaires ou contrôlées
selonles
<Makhzen>ou otè gàu- >>ou I'accèsest règlementévoir mêmeinterdit
circonstances.

Désormais,les parcoursserontlimités et les grandsdéplacements <htaya>


grandessècheresses'
seront interdits ou tolèrés en cas d'exceptionpendant les
plus de la
Uél.uug., premièrerichessedesWerghelnma,a subi une dure épreuve,
moitié iu cheptel a été détruiteà la suite de ce chambardementdu systèmeagro-
pastoralet du mod. de uie deswerghemmaet destripolitains de crise en crise(voir
courbedes variations pluviométriq-ues comparéeà la courbe de Ia datationdes
jeffareinsde 1860à 1956)'

L'économie pastorale<traditionnelle>entre dans une phasede décadence'


c,estle débutde l'éclatementde la confédération deswerghemma,ce territoireintitulé
patrie des
nr.gion au-delà des < chututs>, < bled des werghemma),<<watan,
terre des werghemmo,<Etattamporu>'< Petite république >'
*.r"gt"rn-u,>, <<barr,
de
<territoiremilitaire i, Koyaumer,ia du saharu, <confinssaharo-tripolitains>,
des résistants>,d'ile du
tenitoire du makhzena Ué*ous bleu>,<le territoired'exil
entre des
sel>, une multitude de nomination avec des éditeurs qui balancent
nouvel ordre international au
colonisateurs,des stratègeset missionnairesdu
siècle,-desrésistantscontretouteingérenceet invasion étrangère ;
ivii'";iX."
des leaders d'originenomlde qui n'ont
desécologistesou politoioguespessimistes,
pas perdu-le mythe de cetti ère prospèrede la.Jeffaratuniso-tripolitaine-avecune
nosàgie qui ne s'éteintjamais,efquiieste emprisonniée-dans lespoèmesdespoètes
jeffariéns, trt*ro* Ei Houcit, fitouri Tlich, Soufe El Mahmoudi,Med Said El
Khattat,Dhaou Latrach,MessoudBougueddima, MabroukHamdi,DhaouLabaiedh'
le pouvoir
cheiLùEl Ardhao"i ... qui ont chantéle-prélude conflit incessantentre
d'un
centralet lesjeffariens.
dans
Dépourvusde la redevancehabituellede leur mode de vie, et limités
périodeen résidence
leursmouvement;,i déplu.r.ents, lesjeffarienssontdanscette
pour
surveillée,ils vont chêrcherd'autresmodes de vie et d'autresressources
subsister.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthrupologiquesen milieu aride: 379
Cas de Ia 1837-1956

Ils vont se convertir en agriculteurset essayerd'imiter leurs anciensalliés,


dansla Jeffaraoccidentale,ils vont s'adonnerà I'agricultureou I'art de cultiver est
une <sculpture>dans un environnementrude et hyperarideet où la grâcede Dieu
restele débutet la fin de chaqueprojetou actionde la vie quotidiennedu jeffarien.

Progressivement,les anciensnomadesde la Jeffaratuniso-tripolitainevont


adopterun mode de vie semi-nomade, leursactivitésserépartissentselonun périple
cycliquebasésur la migration saisonnière de groupeappelé<hattayo vers les oasis
de la tripolitaine ou les oasisde Nefzaouaou dejerid, à Jerbapour récolterles dattes
ou travaillerà la tâchedansle moissondescéréalesau nordde la régencede Tunis.

Les nomadeshabituésà une libertéde mouvementet de transhumance sonr


obligés indirectementet sous les armesde quitter leur mode de vie agro-pastoral,
nomade et leur organisation politique brutalementdisloquée par la conquête
coloniale,pour se trouver confronteraux problèmesd'unefrxation imposéepar les
planificateursréalisantdescadastresbaséssur desprojetssécuritairesde la politique
colonialeet post-colonialedansun milieu aride,fragile et dépourrnrdes ressources
viwières.

Le recoursaux differentesformesde migrationva-t-elleêtre la réponseà ce


déséquilibreentre les pressionsde la colonisationdanssesdéversesformesd'une
part et la recherchedes ressourcespour la subsistance de la sociétéjeffarienne
d'autrepart

La confédérationdes werghemmaet les tripolitainsdans la Jeffaratuniso-


libyennehabituésà un mode de vie équilibréeet à une autosuffisance des produits
viviers, assuréspar la complémentarité
çntre les fonctionsagro-pastorales,l'élevage
et I'artisanatnomade et des ksours, le commercecaravaniertransaharien,vont
connaîtreune mutation historiqueet dangereuseen sortantde la périodede paix, une
paix à la manièrejeffariennepow entrerdansuneèrede peuret une quêtecontinueà
la recherchedu produit alimentairede subsistance pour trouver son équilibre et sa
nourrituredansla migration.

Lesjeffariens vont alorspratiqueruneactivitécycliquedont les sécances sont


répartiesentre la migration saisonnièreet la fixation dansla <<Zemla>>
et le ksar pour
suivre des péripétiesallant de la fin d'automnepour la récoltedes dattesdans les
oasisde I'Estou de I'Ouestpuispasserverslestravauxoléicolesdansla plainede la
Jeffaraet à Dekhilat werghemmaou presqu'îlede Sidi Makùlouf,pour s'occuperen
awil des moissonsdes céréalessur placeen annéepluvieuseou se diriger vers le
nord-ouestde la régenceen annéede disette.

Cette fixation provoquée a permis le développement d'une certaine


diversificationdes activités l'élevagen'est plus la seulesourcede subsistance.
Toutefoisavec cette diversification(semailles,migration,arboriculture,élevage...)
commencentla concurrenceet le déclinde la solidaritéet desentraidescollectivesde
<Raghato> de <Douleb>et du labourpour soi et pour lesautrestout en considérantce
principecommedevoir et obligationde la <chario islamique.
culturelles et aspectsanthropologiquesen milieu aride: 380
Lesmutations socio-spatiales,
Casde la 1837-1956

La pyramide des valeursjeffarienneshéritéesde leur mode de vie agro-


pastorale nomade, et de leur organisationpolitique confédérale,brutalement,
àestabiliseepour perdre petit à petit, sous I'effet d'une colonisationothomane,
françaiseet des mèsurespost-coloniales, les pierresangulairesde leur patrimoine
socio-économique anthropologiqueet culturelsousle regarddespoètesenregistrant
les détailsdu désaroipour inaugurerune èrenouvellede peur,peur de I'avenir,peur
de demain.

La condamnationdu nomadismeet de I'organisationpolitique jeffariennea


du pouvoirde I'Etat aboutissantà un changement
été à I'origine du développement
brusqueet desPotique.
Lesjeffariensvivaientune douleureuse interrogationsur les mutationssocio-
économiquèset culturellesoù toutesles pratiquessoc_iales se trouvaientdénaturées
sinonconfisquées par I'Etatcolonialet aprèslui la le" Réubliquejusqu'à1987.La
petitebourgeôiseei les collaborateurs de I'Etatcolonialétaientles mêmesacteursqui
ieprésentaiént pour I'Etatet le pouvoircentralun çoff on parti qui n'a paschangéde
politiqrr. ni de position à traverstoutescespériodes,p9.r se trouver, surtoutaprès
i'upp*ition du litige entrele Partidu Destouret lesautoritéscolonialesà proposde la
q*rtion du territoiredu sud(la Jeffaraoccidentale). En effet, aa délégationfrançaise
a exigéque I'arméequi contrôlait la frontière tuniso-libyenne et le restede la Jeffara
occidintàleconservela responsabilité de la sécuritéde cesterritoiresaprèsI'octroide
I'autonomieinteme (ou indépendance interne) de la régencede Tunis. Pour le
territoiredu sud, des le début des négociations on a parlé des points essentiels
appelésà êtreexaminésou reprisdanslesdiscussions franco-tunisiennes concernant:
I'avenirdesterritoiresmilitaires(Jeffara occidentale).

Dansle journal <Petitmatin>du 1l décembre1954sousun titre : Débatsur


I'Afrique du noid, Mendès-France parlede la Tunisieen disant(mousavonsenvoyé
35 00ô à 40 000 hommesen Tunisie,c'estun élémentqui a largementcontribuéà la
stabilisationde la situation,le mêmeeffort a étéaccomplien Algérie, le présidentdu
Conseila évoquéensuitele rôle particulierdesancienscombattantsqui ont été les
meilleursug.nit de la fidélité française,il affirme à cetteoccasionque le droit des
anciens tunisiensserontsauvegardés sansrestriction...on critique la
aboutissantà I'autonomieinteme,on oublie ce qui était la situationque
politique"ombuttunts
nous avons trouvée en juin, les attentatsse multipliaient de mois en mois, les
victimes des <fellaguas>ont été beaucoupplus nombreusesavant qu'aprèsle 0l
juillet.

Nous avonsmontrénotreforce,puisnousavonsuséde clémence.Maintenant


ceux qui ne se sont pas rendusserontmis hors d'Etat de nuire, ayant approuvéla
formulede M. RêneMayer : autonomieoui, indépendance, non, noussouhaitonsque
SA. le Bey entendenos conseils,qu'il consolideson régime et qu'il ne cèdepasaux
recommandations des autonomistes,le traité de Bardo assigneà la Francecertains
devoirs...>
Le 5 janvier 1955(Petit Matin) le SecrétaireGénéraldu Néo-destour:feu
Salahben Yôussefdisait : <iseuleune autonomieconsacrantune puissancepublique
exclusivementnationaleet administrantsanspartagele territoiretunisienseraagréée
par notrepeuple>quantau Président: feu HabibBourguibadisait le 06 janvier 1955
'(petit
Vatinj troij jours après la prise de position de M. Salah ben Youssef,
SecrétaireGénéral âu Néo destour critiquant la tournure prisepar lesactuelles
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsonthrupotogiquesen milieu aride: 381
Cas de la tuniso-lybienneI I 3 7-I 956

négociations
franco-tunisiennes,M. Habib Bourguibaprésidentdu Néo-destoura fait à
Mr RogerStéphanede (Franceobservateur) la déclarationsuivante: notreparti a été
constituépour chercherà réaliser I'indépendance de la Tunisie avec I'appui de la
France... une orientation nouvelle...s'imposerait tôt ou tard aux tenants du
nationalismeintégral comme aux partisansdu colonialismeintransigeant... j'ai des
bonnesraisons de croire qu'un accord sera réalisé qui sauvegardera les intérêts
légitimesde la Franceet de la Tunisie...qu'il sera,désormais,clairpourtousà la fois
queI'histoireestun mouvementet que I'amitiéfranco-tunisienne estdéfinitive.>

La Jeffaraoccidentaleet les werghemmatrouventcette négociationet cet


accordcomportantdes risques énormes,puisquele néo-destourse trouve parfagé
entreI'autonomieinterne sansconsidérationde la Jeffara(territoiremilitaire), cette
partiede la régencede Tunis resteexcluedesnégociations et de I'accordfinal pour
conserverle statut d'une zone militaire avec une enclavecivile groupantJerbaet
Zarzis.

Malheureusement pour les jeffarienset mêmepour le restede la population


tunisienne,ces négociationsont montré clairementque le gouvernementcolonial
françaisn'a pas oublié les consignesdes stratègescoloniauxconcernantla Jeffara
tuniso-tripolitaineet les werghemma,surtoutaprèsla révoltede 1914-1818et la
décisiondes <miaâd>de la confedérationdes werghemmapour déclarerla guerre
totaleà l'occupant,le gouvernementfrançaisaccordaituneautonomiede pureforme
qui consacreraitle statu quo et ferait des tunisiensdes gestionnairesdu régime
colonialiste dans la régence. La jeffaru occidentalen'a pas droit à ce statut
d'autonomieet conserveI'occupationcoloniale,c'est en fait la responsabilitédes
négociateursdu <Néo-Destouu et du gouvemementfrançais qui assumentles
conséquences tragiquesqui résulteraientde cettevolte face.

JeanDivignauddansson livre (Tunisie)1964EdKahiadisait page25parlant


de Bourguiba: < Il a jeté la Tunisie dansI'histoire>,effectivementcet hommed'une
histoiretisséepar sespropresmains depuisles lointainscombatsdu néo-destour,a
optépour trne approchetotalitairedespotique,où nationet personnedu Présidentdu
parti ou de I'Etat sesuperposent.

Le désaccordentre le SecrétaireGénéraldu Néo-Destouret son présidenta


mené à I'apparitionde deux idéologiesantagonistes ; I'une panarabenationaliste,
I'autrepro-occidentaledansI'espritdesconventionsdu protectorat,desréformeset de
I'autonomieinterne de I'indépendanceinachevée...La Jeffaraet les werghemma
faisaientpartie de la marge, des tenitoires militaires,des confins où s'affaiblit le
poids dominantdu contrôle exercépar le centrepolitiqueselonI'adjudicationet la
ténacitéde I'enchérisseurcolonial. Les groupesjeffariens bien qu'attachésà leur
territoireet faisantpartie intégrantedu <Néo-Destoundepuissa création,ce dernier
se confond avec le pouvoir colonial en s'engagent mêmedansune lutte acharnée
contrelesrésistants au projetde I'indépendance
ou I'autonomie totale(1954-1956).

La politique sécuritairea fait de la Jeffaraet des werghemmades otages


soumisà I'arbitragedesnégociateurscoloniauxet autochtones ce qui ne facilitait pas
le dialogueentre les gouvernantset les gouvernés,bien au contrairec'est le grand
retourà la notion du traité de 12 mai l88l où la Tunisiey comprisla Jeffarala
Francelui doit un appui constant.
Lesmutations socio-spatiales,cultarelleset aspectsanthropologiquesen milieu aride: 382
Casde la Jeffaratuniso'Ivbienne1837-1956

Telles sont les conditions minima qui feront de I'autonomieinteme une


réalité pour les jeffariens et pour les tunisiens,une réalité qui fait rappelerle goût
amerdestraitéset conventionsconclusavantle 20 mars 1956.Cettedateouwe une
autre bataille pour les werghemmapour I'appelà une souveraineté totale afin de
revenirà la Jeffaratuniso-tripolitainetotalementindépendante. Le mondeentierest
témoinde la bonnevolonté desjeffarienset du peupletunisien,cettebonnevolonté
ne signifiedansle corpusdespoètesjeffariensni lâcheténi capitulation'

En effet, ['émigrationdeswerghemma vers la tripolitaineen 1882,la révolte


de 1914-1918, la résistance des<fellagaÈde 1918à l956,le refusde I'autonomie
interneet le statu quo du territoire militaire, la dernièrebataille des werghefilma
contre la colonisation, mars 1956, sont des témoignagesqui montrent, sans
équivoque,l'éternité du messagehérité des <miaâô de la confedérationde
*erghem-a qui se transmetde générationen générationavecles mêmesvaleursde
la sàciétéjeffariennepartie intégrantedu peupletunisienqui a dit non aux coloniaux
et auxpartisansdesdàmissolutions(protectorat, indépendance ou autonomieinterne,
tenitoiie militaire...), considérantque la patrie, ce territoire, ne peut être partagé,
jamais
vendu,négociéni même donné,il est un être et non pas un avoir, il n'est
définit p* ,rn principe ou convention(traité...) ou d'appropriationmais par une
<chariâosacréed'identification.
Les mutations socio-spatiales,culturelles et aspectsanthrcpologiqaesen milieu aride: 383
Casde Ia Jeffora tunlso-lybienne1837-1956

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ANNEXE
Sommairede I'annexe
r Carte13 : Répartitiondes<<ourouchs > ou confédértion dewerghemma au
XIXè" siècle... .............3
o Carte14 : L'invasion françaisedu territoiredela Jeffaraoccidentalesous
I'autoritéothomane (Régence de Tunis)printemps 1882.. .............4
o Carte15 : Villes et tribus tunisiennesl88l : exempledecartegéographique
atrophiéede la Tunisiesousle règnedesothomans, du protectoratfrançaiset
de la premièrerepubliqueet la note circulairedu PremierMinistèren"32 du
27l04l1988interdisant I'impression descartesatrophiées. .............5
o Carte16 : La Jeffaratuniso-tripolitaineet le Saharasousle règnedes
o t h o m a n1s8 3 5 - 1 9 1 1 . . . . . . .......7
o Carte17 : La Jeffaraoccidentaleet I'AaradhsousI'autoritémilitairedu
protectorat français 188l-1962 .................8
o Cartel8 : <Entifadhu deswerghemmacontreI'occupationcoloniale
1 8 8 2-1 8 8 3e t 1 9 14- 1918- 1956.
f r a n ça i se ..........9
o Carte19 : Leswerghemma: délimitationsfrontalières 1908-19lI (édification
du mur séparant lesdeuxjeffarastuniso-tripolitaines). ..........10
o Carte20 : L'espaceperçudeswerghemma(le mondearabeet le monde
m u su l ma n ) ........11
o Carte2l : Lesnomadesdansla Jeffaratuniso-tripolitaine (XIXè*'siècle)..12
o Carte22:Les acteursde <HelfEl Foudhoubpactedesvertueux1837Jeffara
occidentale-Médenine (l'Union deskhzourset desTouazine). . . . ....I 3
o Figure23 :Le calendrier(d'El Manakh>deswerghemma dansla Jeffara
occidentale ........14
. Graphique24:Adaptationde la populationjeffarienneauxvariations
climatiques de 1860à 1956(datationdeswerghemma et lesmoyennes de
variationspluvio-métriques). .....15
o Tableau25 Législationet circulairesrelativesauxtenescollectivesdansle
T u n i si e(1
t e rri to i re n 8 8 1 -1990) ..... .........16
o Datationdesrù/erghemma dansla Jeffaraoccidentale 1860-1955. ...........17
o Répartiondeshenchirsromains,deskhasbatset deszemlasdansla Jeffara
o cci d e n ta l e .........18
o Fac-similé du MiâaddesTouazine131l H -1893 ..........19
o Traduction deMiâadTouazine1311H-1893.... .....................21
o Textede MiâaddesTouazine(enarabe)l3l I H-I893... .........23
. Fac-similéde la décisionde désignationde CheiklhEl Orf desTonazine
émigrésen Tripolitainepar le Miaâd desTouazinel3l2H + complément en
1 32 0H -1 8 9 2+ co mp .1 9 0 0.. ...........25
o Traductionen françaisde la décisionde désignation de<CheikhEl Or$ des
Touazine émigrésen TripolitaineI 3 12-1892 et I 320-1900.. .............
........26
o Fac-simildé <
du Helf>> pacte destribusdesKrachoua 1280-1863.............28
-Traduction en françaisdu <Helf>pactedestribusdesKrachoua1280-1863... .....29
-Texteenarabedu <HeIf>> pactedestribusdesKrachoua 1280-1863....................30
o Fac-similédu <Helf>pactedesHaddej,tribusdesMatmata1292-1875......31
-Traductionen françaisdu <Helfl>pactedesHaddej,tribusdesMatmatal2g2-187...
..........32
-Texteenarabedu <Helf>pactedesHaddej,tribusdesMatmata1292-1875.........34
-Traduction en françaisdu <helfi pacteEl Foudhoul,desvertueux1253-1837.......35
-Texteenarabedu <helf>pacteEl Foudhoul,desvertueux1253-1837..................37
o Fac-similé du MiâaddesOudemaentre1300et 1305H- 1882et 1887.....38
-Traduction en françaisdu MiaâddesOudernaentre1300et 1305H-1882et 1887..41
-Texteenarabedu MiaâddesOudernaentre1300et 1305H-1882 et 1887.............44
e Fac-similédu MiaâddesHrarzal29lH-875 .........46
-Traductionen françaisdu Miaâd desHrarzal29l$-875 .........47
-Texteen arabedu Miaâd desHrarzal29lH-875 ............48
-Corpusde poésiessur a Jeffaratuniso-ybienne. .............49
o Poème: le ksarde Hamdi Mabrouk. .....50
o Poème: la tribusde Hamdi Mabrouk. .......52
o Poème: la chamellede CheikhEl Ardhaoui....... ..........53
o Poème: les contraintes de la vie de CheikhEl Ardhaoui...... .........54
o P o è m e: l e c h e v ael t s o n c a v a l i e r dC
e h e i k h E lA r d h a o u i . . . . . . .........55
e Poème: la pluie et I'abondance de MohamedSaïdEl Khachat .........56
o Poème: la résistance à I'occupantfrançaisde Mansour El Houch.....'..'..57
o Poème: Fitouri Tlich élègrele résistantMansourEl Houch. ...........58
o Poème : dialoguepoétiqueentreMansourEl Houch et les poètesqui n'ont
1881- 1890...
p asé mi g rée nT ri p o l i ta i ne ..............59
o Poème: la batailledesEsfefsde Haj Messaoud Bougueddima... ... ..........63
o Poème : Aicha (les soiréesd'Oued GhadouJeffaraorientale)de Mohamed
S a i dE l K h a c h a t . ..'...".64
. Poème: à dosde chameau. et Mbarkade Hammami... . ................'..65
o Poème: dialogueinachevéavecun ksar de DhaouLabayedh. .'.'.'.."67
o Poème: le ksarde DhaouLabayedh. .........68
o Poème: ma tribu de DhaouLatrach. '..'..69
o Poème : dialogueentredeux poètesde la Jeffara(1947) de Bouzemmitaet
OthmanBen ChibaniIsmailou dialogueentrecitadinet nomade................70
o Poème : entre citadinet bédouinde MerzouguiBelgacemAbdellatif . .....73
*Poème : l'émieration : une institutionsocialedansla Jeffaraoccidentalede
F a r a hD e b o u b a . .......75
o Poème : émigrationdansla Jeffaradiscoursdu poèteet discoursofficiel de
M'barek El Khoff... .............76
o Poème : I'agressionde la natureet du pouvoir colonial de Fitouri Tlich...77
o Poème : devant l'évolution démographiqueanarchiqueM'barek El Khoff et
Ettoumi s'attaquentà la source. .....'..78
o Poème le messageéterneldesWerghemmadansla Jeffarade JemâaEl
I(hoff. ......79
o Poème: lecturede I'espacedansla Jeffarade Amar Bel Arbi.. ........80
o Poème : mobilité. transhumance et culturesvivrières de Hédi M'sadak..".8l
o Poème : la tribu jeffarienneentremythe et réalitéde Ali Tlich neveu de
Fitouri
Tlich. 82
. Poème le poèteFitouri Tlich raconteI'histoire de la Jeffarasousla
colonisation......... "..........83
o Poème: la tribu jeffarienne
de Ali Tlich neveude Fitouri Tlich. ...".85
Werghemma
Carte13: Répartiondes"Ourouchsu
ou corfédératlon dej Werjhemrya

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français et de Ia première République'
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Source : La Tunisie. Paul Sebag, l95l


REPUBLIQUETUNISIENNE

PremierMinistère Tunis.le 27 avril 1988

No32

Du PremierMinistre
à Mrs lesMinistres d'Etat et Ministres
et Secrétairesd'Etat

Obiet : à proposdesCartesde la Tunisie

Il ^ été constaté I'intention de plusieurs institutions. et


administrations officielles d'imprimer des copies de carte de la
Tunisie sans considérationdu triangle du Sud jusqu'à Borj El
Khadra malgré I'intérêt et la considérationde Monsieur le Président
de la République à cette partie du territoire National comme
symbole de la souveraineténationale dans ces régions frontières
importantes.

Soucieux à ce que les cartes officielles soient crimplétéeset


intègrenttoutesles régionsdu payssansexception.

Je vous demande d'inviter toutes les institutions qui


dépendent de vous pour imprimer des Cartes complètes sans
indiqué.
omissiondu trianglesaharienci-dessus

Le Premier Ministre
P/lePremierMinistre
Le SecrétaireGénétaldu Gouvernement
Signé: HssineEcherif

Circulaire3211988 Jrin" rl' 3211988


Traductionde A. Abdelkebir(novembre2000)
7 annexe

sous le règne
carte 16:I-aJeffara tuniso-tripolitaine et le sahara
des othomans 1835 - I9lI

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Source : A. Maftel PltF, 1965


I annexe

Carte|TzLaJeffaraoccidentaleetl'Aradhsousl'autoritémilitaire
-
du hotectorat français 1881 t962

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Source:A. Martel PuF,1965


mondemusulman)
Carte20: L'espaceperçudeswerghemma(le monde arabeet le

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Source: A. Martel PIJF,1965


12 annexe

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( I'Union des khzours et desTouazines)

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Sourcc: EnquôteA. ABDELKEBIR 1995


14 annexe

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Source: EnquêteA- ABDEIJGBIR 1995


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Législationet CirculairesRelativesaux
Terres Collectives dans le Territoire Tunisien
- 1ee0)
(1881

Date de Partition
Extrait de loi relative aux terres collectives

avant I'indépendance

0 1 - 1 2 -8l 8 1 - Sont considérés<propriétéde I'Etat toutesles terres mobililés


par les tribus bédouineset ce suite à la conception islamique
disant que les terresincultesfont propriétéde I'Etat.

885
I 5-04-1 Imême choses
13-01-1886 t
l4-01-1901 - Relative aux limitationsdesterrescollectiveset I'ayantnommé
terres d'aliénation collectives des tribus ( cpt-+tt dJvéill s;lJl
ùr+39
23-l -1918
- Relativeaux terrescollectivesà caractèremilitaires (non
soumisesau partage)
l - l93 5
30-2
- Relative aux terres collectives dans les régions de contrôle
civiles mettant fin à I'indivisibilité et la comparant aux terres
similaires algérienneset Marocaineset faisantconnaissanceau
droit de propriétécommune.

aprèsI'indépendance

28-09-1957 - Faisantdébutdela propriété légales


privéparlesdispositions
concemant lesterrescollectives.

04-06-1964 en appuyantla
- Fixantlesstatutparticulierdesterrescollectives
propriétéprivée.
14-01-1971 - Permettant à titre privé.
desterrescollectives
I'attribution

(Notretraduction)
Source: MedNejib Boutaleb
Emigrationdespopulations tunisien
du sud-est
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DATATION DES WERGHEMMA DANS LA JEFFARA


OCCIDENTALE

1860: Ia récolted'El GuelbfMechhedsalah (d-+e) +EJrÂ..r*


1861: I'oragede Gouta(i".J,.È
a:-,.$.u;;y
1882: Ia disettede Zoummitl:.j Lj
1890: AouithetRabiâa(El Hamma): Htaya (4JF)L+;in-.9o
1905: Ia premièreannéede neigecJslJt
GIlletÈ
1907 : I'année de la fourgsfs a-bGJillptc
l9l8 : la mort des camélidéscJ,)t.-,-+.
1924 la première <<moughraba r>: Htaya (émigration vers le nord de la
régence)
1926 I'orage de I'argile ùtlliJe
1931 la première invasion des sauterellesd3U rt.njt pLo
1936: la deuxième<<moughraba> : Htaya (émigrationvers le nord
de la régence)
qf,irï LJJJ|rrc

1936 : Itannéedu < ghebbari >>: vent,r,rliltcf_rt+Jl


at-
1943 Itannée dtémigration vers les montagnes : 2ètt guerre mondiale (E,I+lr)
rJ+cr
êrÈ
1946 I'année du ravitaillement (par bon ou timbre) +-Flleb
1948 l'année du vent jaune:r.Jçjr ,'r-
1949 deuxièmeannéede neige ç;tïlë^Blletc
1955: deuxièmeannéed'invasiondessauterelles
çlï .lr+rrptc

EnquêÉe
A. Abdelkebir,1999
18

dansla
Répartitiondeshenchirsromains,deskhasbaset deszemlas
Jeffara occidentale

- Les henchirs romains:


.Henchirgdhama(ElHezmaMédenine)Aurghamma
. Henchir ôaraat zid (ElHezma Médenine)Aurghamma
' Henchir Essanam(MédenineEst)
' Henchir El Ghazel(MédenineEst)
. Henchir GsibetEddakhla(presqu'îlede Jorf)
' Henchir Ellabat(Médenineroute de Jorf)
' Henchir Enemethi (Médenine Sud)
' Henchir El Fjè (MédenineSud)
' Henchir El Grine (route Gabès-Jorf)
' Henchir Essiâane(HessiEnnour, route de Bengardane)
.HenchirErremeth(têtedel'ouedFessiBengardane)
. Henchir Ben NJim (au nord d'ouedEssederBengardane)
'HenchirLedhieb(prèsdeSidiHmidBengardane)
' Henchir Sarout(à I'estde Bengardane)
. HenchirEl Ghar(El HamadaBengardane)
' HenchirBenniri (à I'est de Bengardane)
.HenchirEssanamErreguig(àl'estdeBengardane)
' Henchir El Mnaffakh (Est d'EssanamMédenine)
' Henchir El fuaidha (nord d'EssanamMédenine)
' Henchir d'Essahabadu Prophète (les compagantsdu Prophète)
(Bouhamedroute de Zarzis)
.HenchirEchaouch(ogletElAbabsaBouHlamed)

- Les khasbas:
' KhasbadesGhbenten(Sidi Makhloufl
' KhasbadesZguerib (El Labba,MédenineSud)
' KhasbatSi MoussaAbdelkebir (MédenineNord)
' KhasbadesHnechirs(MédenineEst)

- Les Zemlas
' Zemlasaux environsdes ksoursde Médenine
' Zemlasaux environsdu ksar de Metameur
' Zemlasaux environsdu ksar de Sidi Makhlouf
. Lieux de sédentarisationet de retour des campagnesde labour et de
semi,deMoisson,depâturagependantlapériodeestivale
de palmiers
(expioitationsarboricoles,culture d'oliviers, de figuiers,
desksours'
autlur de puitsde surface(souanis)ou en sec.En dehors

EnquêteA. Abdelkebir
1995
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MIAAD DES TOAAZINB


1311H = 1893

Louangeà Dieq
Les témoinsdont les nomssuiventcertifientayantconstatétousles lieux des
terresnuesdestinées aux labours,cultureset pâfuresdesanimauxy comprisles points
d'eauqui sontnombreux,lesditesterresde Choucha- terredeHamada- tene Hania-
EI MDINA- HENCHIREL FRAS - EL MADLIJ - EL OUARA- DHAHREL BHIM -
GALB EL IBIL - GROOESSIANN- JORF GHAZAL - oM GORSAI.I- TOUIL EL
MTAMAR - AIN GHAZAL - TOUIL ZTTI - HISSI NAKHLA - GHARDGUI- AIN
FERTH - AIN EL BAGAR - GATAYET AMEUR - JEDLAOUINE- EL GRYAA -
ZMILET GMAR - ELOUBLIR D'EL OUARAA - qui sontlimitéesau suddesrerres
d'El OURAA KHAOUI SMIDA s'étendant de I'Est à I'ouest,et de OGLAAT EL
IHMIR passantdirectement parJERIRSOBKI{A ( SOBKIIATEL MAGTAA),passant
à MADHIL ERRAHA passantjusqu'aupoint de rencontrede SEBI(ATEL BRIGA
avecIa mer,la limite s'arrêteà RAS JEDIR.

A I'est d'un côtéIa mer,de I'autreles tenesdeAkkara- aunordlespropriétaires


citésci-après.A I'ouestEL MZAR qui passeau JebetRAFIACHsuivantKhachmEl
OGAB et OGLEL EL MORRA,Ouestpassantente HenchirEl FRAScité et Layhet
IIOROU passantà I'ouestde Zmilet GMAR cité,passant jusqu'auJorf SEBKHAoù
s'arrête(la limite).

Sachantconnaîhevraiment,entièrement, légalernent,visuellement et localement


êtrecapable dedistinguer
tousleslieux(aubesoins) sûrement aveclespointsd'eaucités
et certifientquecesteres dontdespropriétésdesTOUAZINEdepuisqu'ils ont connu
pèreset fils sansconcurrent
jusqu'ànosjours les existantsl'honorairecheikhAmor ben
Neji Klalifa des Totrazineà l'époque,I'honorairecheikhDhaouben DhaouOunalli
khalifad'El Khouzour,le cheikhLaatarbenAbdallahChouatet sesfrèresEl MLELHA
et le cheikhSalembenAli et sesfrèresOuledHamedet le greffierABDELKEBIRben
MOI'IAMED, le cheikhAmaraEL MALOUCHI, le cheikhDhaouben Amor et ses
frèresOuledkhalifa,le cheikhMohamedbenSlimanBoukhalout et sesfrèresMaztoura,
le cheikhFadhelEl Karim El Ounli et sesfrèrcsouledAounAllah, le cheikhMosbah
ben BelgacemBouguerbaet sesfrèresZliten,le cheikhHadj Rebi benTlig et frères
Krainia,le cheikhAoun benDkhil et frèresRabaiaet la totalitédestribusdesTouazine
pardescultures,Iabourspâfures, créationdespuitset le gardiennagedetoutespersonnes
étrangères qui la menacent.

ils I'exploitententantque propriétépersonnellede la tribu sansconcurrentni


conflits avecd'autresdepuisde longuesannées suivantleur age,parmi eux qui ont
soixantcdix ans,soixantedix ans, quaranteanset d'autresà vingt ansne connàissant
pasd'autresexploitantsdesditesterres,ce sonteuxqueI'ont mis envaleur aprèsête
incultede générationà génération sansrupturecomrnel'ont témoignéleschroniqueus
dela tribu Siaanpar ordrele cheikhKadhiSid BelgacembenJaballah à KsarMedenine
suivanten tête cachetéeet datéeIe 24 SAFAR 1311correspondant au 05 Sepembre
1893sansqu'il soit timbréà défautdetimbre,enregistéauregistredu greffiei et payé
enFrancsy comprislesfraisdu constatdurantquahejours.
22
onttémoigné:SaidBelFlajMohamed,HalboudaEssallemiEssouiiavecapprobation
Ahmed
de leshonorables MohameùTlihabenAbdallah,Khlifa BenJaberEssellemi''
BenAdhimKhabil,smidaBenMohamedKhabil,HajMabroukBenAbdessarniï,Amor
Ben Khatifa Khabil, DhaouBen Abdessz
EssellemiKhabil connuparles approbateurl
SaadBen JaberKhabl\, AzizAbdessamiÏKl
KhalifabenAhmedMiloudi,SallemBenAl
)un EddoudahiKhabil, Hmid Ben Khalifa
ned Ben Sard,HmidabenMohamedBen
Jouil Ben MabroukKhabil,Adhim Ben El
.i, MohamedBen Aoun Eddoudahi, Khalifa
rmed Ben SardKhabil, Said Ben El Haj
ler Khabil, Amor Ben Saleh,AbdallahBen
SalahKhabil, AhmedBen Ahmed Ben
MohamedKhabil, sard ben MohamedBen
Ben Aoun EddoudahiKhabil'
Naser El Hili, saad Ben M',barekKhabil, omrane
MohamedEnnaassKhabil' El Haj
Echiekh sallem Bribech Ben Adhim Khabil,
MohamedBen M',barekKhabil'
Mohamed Khabil, Dhaou Ben Adhim Khabil,
BenMohamedKhabil'Mohamed
AbdelhafidhBenMabroukEl MoherKhabil,Rhouma
tout cs qui nousconnaissons
Ben KhnissKhabif,MohÀed El AabelEl Ideni Khabil,
et noustémoignonsenI'an 1392H'

je residantdenièrele pâturagede
Je me suisdirigé auprèsdesTouazine, les ai touvé
BelgacemEl M'chater' avec
lew cheptetau pâtwageTerter chez-MohamedBen
reconnaissance des derixtemoinsci-dessous indiquéset la nominationde tous les
bien connus,identitéset appartenance'
indiqués, Les deuxtémoins
témoinsci-dessus
desnotaireset leur témoignage estofficielle,connupar le
attestentquerousdeux^sont
touteIa responsabilité de leurpæt
< Charâa)),c'estpourcelaqu'ils onttémoignéavec
suivantdateet ordreindiquésci-dessus
desintéressés :
suiteà la demande

Atémoignéavecapprobationetconnaissancedestémoins:

MohamedKachattEzzeneli
L'honorableEI Haj M'barekEzzenetiL'honorableHaj
Connuet honnête Connuet honnête
Bureaudu Caida@l Amel)
rédigéparlesdeux
etla dateindiquéeci-dessus'
Louangeà Dieu,avecl'autorisation
indiqués
témoins,notairessi-dessus
MohamedBenAli ounalliet MahmoudBenEl Haj Ali EllehyaniEl Ouerghemmi
23

.hfjlrallrt*-ço
(;1893--a1311)
;irr ^_rr
gl;rjYl3 è !^lJ;'-Jl rt--à+ll .ÈjYl rÉt-l ê.1.,-+rr;-oËjl*î ,-Sr;Vt 0.13"6.i ei;-;
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cu,*lrs.3 es,"l-c.iJ-l'iJ,.ri+ll ù-pa - ôJll Opa r,oi.r;nJll,êLl"llJ .iliijl .,.,-J
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ûs1v-.tlJ l^+it l-1ùi-È $" t e :1. a6-.,r;l 1!Çll-l ù+âJ--'l*ll: +fUl ù\ ùjn5-*l+J
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ir+jlJilt 4i+l ,r-. U tr -r s ê+-ill eji-*ll Jr3.J dÉd éIli ù^ ùYl u:r-nr^Jl d,-Jjlllt
Àl+r> + çyJt E$Jl ,-13jiJl ai+I3 ,A'll J-à u4 eG g+-ilt p-É--Jt _,rjf^ll-r g+Jt+
J.!c u{ .r+S-Jbrc dJ*-JlJ irgL-s. rYji r-i *iJj u êlL* é+.ill3 A-al)^Jl r-iJ---l3 -tlj-i
At*+l- c1r \1a { È:-illJ ri.i+Ii r)-i t3..riJ-l ;e "J- é uà èJ-tll3 .,'ç-3!lJl c_,f--c E$Jl3
1.rlCl+,* g+.ilt-, Àl û-p rY3l c3.:t-e ,,l-,r'-tt e-r^Flt d-à-i è+^ill-j ro;É j- d:slt ! ùi-t+
O-p è$Jtr a + illéll /'jJi'lr 4.fu,j.ir ++_pr+ e-t.i-l+
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êC dJJ^l*i Y3 pjill dJ- iiJl- â-:- g9-r-^i-e èJA-c- éa ee!-l ir* ù,1*l'11 oJ*-o o. r<-j*:
élJi cIJ La*.rli3 lsps tjlJ.- ùitlL^ '. t Lo-5';=J ù+.ll Ê-a ,Lç-rLc' r=l slrtr-: t, , i
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lJJ.6riJ 6'-oJl.,lÇ ærlt r*e-i-lt È1" -", d+ 11-^l- # élJl dJ . il i 1)-o. âl ..,gi;V rdl
U,]LXJI 1)^ ,,,1 L, eLc$*L -{+il 4++-4.i d.-L:- . jÉJ ùt -g-J æ+ .6-trt'.. ,Jt- a+
-*ir 4IlçL+ t-.rljliJ-r ç+l* G-^àUilt È+-ill J*Ftll -tlt gil +. éLlir o)-c.l d+JJsr" I|
g'"U"r-j*ll-lfll;Jt C*r"Jj.+o)-c.3{.:- Iç+qj.o)--cl a-r ltJC;+I.i^..-:4-l-r,J(Ht-
p^i:p .-1,a ,tsqt I ll éll;rÀllJ LillJ ijl-jË3 -r-.,i: ., ' ^,,!: 1311 4j* \+ll JÀ-
ç+-}!1
g -; gtS-JLr q-il ..n (J .Lill, Lj^jl-jJ ajË
-.;,-9liJl -r+i.+ ûj'+i, 1893 Aj-
.Ê1+i{-+Jl r-l -Ic' 4+-ilt -*rl dl-li # )-=lr Él5-:} -}-=!lJ cL--Jt jr!.: li+-:*+
4-{ra-i .|.+ .6 .i a+t{'I
g*lt)+Ê d {r.Sr .:* p-fJl J,i e tJ U{ UË-c 6\.j .-* -eL'-X gçi*u
l^* t. -i_l)* cl;=É
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25
26
émigrés en
Décision de désignation de cheikh El orf des Touazine
TriPolitaine

Louange à Dieu,
s'est présenté à nous muni d'une
Le respecté cheikh Dhaou ben Naji Ennabhani
Ettareb le président du conseil tribal
rettre de ra part de Mr le respecté Ari ùen Amor
(Orf el naraD le mandatant dgs Jsuazine immigrés'

Cette lettre comporte le règlement suivant :


propriétaires
_ Le troupeuo dË chameaux pris à d'autre fiibus peut être rendu à ses
chamelle, si elle allaite la rançon sera de
moyennant une rançon de dix riis pour une

ue le droit de le monter, quant au cheval lui


rs de la tribu-
ier de son cheval devient propriétaire de ce
cheval.
-Celuiquis,empared'unchevalparlaforceaidéparuncompagnonest
ei celui qui tient ce haram (ce cheval
copropriétaire de ce cheval, avec celui qui l;a aidé,
nie qu'il a été aidé et cela quand il
pris à un autre illégalemeni;, doit prêtei serment s'il
n'y- a pas de témoin.
- t" fusil est la propriété de celui qui I'a pris'
lieux habités
- L'assaut des ravisseursde bétall (zaghabas)ne doit pas toucher les
de ksar, Le conunencementde
dont le signe est la montée de fumée ou l'existence
et sa fin doivent être sous le regard de
l,assaut de ksar, Ie commencement de I'assaut
témoins.
- Le butin doit être réparti cofilme ce qui suit :
r Celui qui foumi aux raviss"rrr, .ro selle a la droit au /o qu'il partage avec le
cavalier qui I'a utilisé.
+ ie participant au ravissagesansmonture a droit à la moitié'
+ Le cheval sans propriétaire a droit à une bride complète (avec tous les
son propriétaire a droit à une
accessoires) et si ce cheval est perdu lors de I'assaut
indemnité payer par cclui qui I'a monté' du
- La bride de trop est ,emise à ceux qui aident les ravisseurs en s'occupant
butin lors de la bataille.
-Lescoupsreçupendarrtleratissagesontdédommagéscommecequisuit:
* Le coup.r".runt d'.rn cheval est indemniséde vingt cinq rials, si le coup est causé
d'élrier (eÇ) 1asomme
par un chameau il est indemnisé de dix rials, si c'est un couP
aussi de dix rials et enfin si le
sera de clix rials, si c'est un coup de fusil la somme sera
de cinq rials'
coup est celui diune épéela somme d'indemnisationsera
peut être indemnisé d'une
Pour Ie chameau ou le cheval pris son propriétaire
rials pour le se991ds'il refuse' ces
somme de dix rials pour le premier etie vingt ôinq
remettre à I'Arif, membre du
bêtes seront remis, leur ravisseurs qui doit à son tous les
conseil tribal dont il déPend.
l'écrit présenté à nous à la
Nous avons transcrit ce que nous avons trouvé dans
1320 (de I'Hégire)'
date des premiers jours du moi iaint de Ramadanen I'année

Rédigé par Ahmed ben Mohamed ben Dhiaf


El Touzni El Werghemmi'
2']
Surlnlément : Pour le chevaltuésonpropriétaireserainclemnisé par rluatrechameaux
choisisparmi les meilleursdeschameauxdu butin (parmiles chameap4u haram).
- I-'hotnme blesséou ayant une fracture a dr:oità un clrameau
porû le chcval
lrlessé,Ie propriétairea droit à unc indcnurisationdc cent rials et si ltl chevalest rnort
dans une bataille ;nur ravir des ovins, le propriétairesem inclernnisécle cinquante
moutonseLclixchcrvres, ct le térnoincluravissement cloitprêterserrernûnt.
- Celui auquclon a cottfiéun dépôtet qui le sueuralgréla présence
cl'untérroin
qui a lrrêtésçr'remcnldoit remettrelc clépôtà sonayant-clroit.
l,es'lourtzinese sottttni cl'accord
sur cc règlementet quc la paixsoitsur I'nuclite*r
(wa essalcm).

Itédigéii la datedc clixneuf'chaoual


cleI'améc l3l2 (clcI'l"ldgiro)
parI'hurnbleclevarit
Dieu
Moharncdbenl-lacljAliAllyhiani cluel)ieu l'aiclc,Arnin (ù..F"i)
L-ertifiéet signépar MoharncdbenAli l"ilOunalli.

'fexte
Fzrc-Similé
dr-r du Pacte( I-lilf ) dcs Kr.achouas
I) efl'araTuniso-tripolitaine1280 H
r,g

14
T

A
'1
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À
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29

Textedu pacte( Hilf > desKrachouas


Djeffaratuniso-tripolitaine
1280H - 1863

Louange à Dieu,le groupedesKrachouas


s'estprésenté
à nouslesdeuxnotaires
ety ontétéprésents
messieurs:

Ali ben AhmedMansourLaboubi,MabroukBen Soltane,Soltaneben Said,


NaceurbenMosbah,SalembenAhmedSaâdbenNaceurNaga,MabroukbenNaceur,
oun benAIi, MansourbenYahya,Amor benAhmed,SaâdbenBelgacem, Mabrouk
Boukchim,Ali benNaceur,Belgacem benSard,Ali Laouâr,SaâdbenMoubarek, Ali
benMoubarek, AmorbenMohamed ainsiquetouslesnotablesdevantnous,lesdeux
notaires,qu'ils ont mandatéle cheikrh
BelgacembenAli Sardpourveuillersurleurs
affairescommunes aidépardescollaborateurs
appeléschaouchdontlesnomssontles
suivants:

Abdelkader ben Jedyanes, Messaoud Zaatout, Amor benBelgacem, SaTd Jlidi,


Messaoud benHadjSalem, avecl'aidedessubordonnés suivant: Mohamed benNaceur
benMosbah, AmorbenAoun,AbdellatifbenAli, SaâdbenYahya,Abdelhamid ben
Salem,MabroukbenAhmedbenZayed,Messaoud benMansour Elloumi,Mabrouk ben
Mohamed ben Soltane, SalembenAli, SaâdbenBelgacem, ils ont touscontrôlé la
conventionsuivante :
qui
Celui utiliseou essaye d'utilisersonépéedoit payeruneamende dedeux
chèvres, celui qui menaceavecsonarmeà feu payedeuxchèvres, celuiqui tire sur
quelqu'un payequatrechèvres, celuiqui frappeou blessequelqu'un avecm battonou
unepienepayeunechèvre,toutjeunequi attache un vieuxpayeunechèwe,celuiqui
refuseun devoirpayeunechèvre, celuiqui refuseun droitreligieuxestobligéà payer
unechèvre,la femmeet I'enfantqui causent desdommages à autruileursfarents(le
mariou le père)doiventpayerunechèvre, celuiqui voledesfruits: olives,céréales
payedeuxchèvres, celuiqui refusede combattre I'ennemipayeunechèwe,celuiqui
refused'honorer cesengagements à ZarzisouDjerbaouMedenine payedeuxchèwes.

La tribu s'engageà indemniserlesparentsd'unétranger tuéquandle criminelest


nonidentifié,celuiqui refuseI'hospitalité
augroupede la < chartià) payeunechèvre,
ainsi tous les Krachouas admettentet confirmentcetteconvention tél qu'elle est
présentéeci-dessusetontmandaté tousceuxquisontcitésci-dessuspourl'appliquer.

FaitenI'année1280deI'hésire.
30
JV

'àg..ihlth,Jl3l-r
II

t:F-d!iFr
I xr**tv'o
32

Pacte de Haddej

Traite des Tribus des Matmatas 1292 H -1875

Des Jabarnas,des Adarsa et des Ouled Saïd du territoire du Haddej des montagnes
des Matmata,fait au mois de Muharram 1292de I'hégire/l875. sousle règnede Sadokbey.

Louangeà Dieu et que notre ProphèteMohamedsoit beni.

Les nommés ci-dessousse sont présentésà nous les deux notaires, ils sont les
notablesdes tribus de Haddej : les Matmatasde la kalaà,les Jebarnas,les Adarsaset les
ouled Zaïd. lls déclarentêtre d'accordsur la conventionsuivante:

Celui qui endommage les arbres d'autrui et dont la preuve est établie par le
propriétaire lui-même, ou par une autre personne,sans que I'un d'eux soit sermenté,doit
payerune amendede dix rials à la < chartia> et si ce dommageest causépar des chèvresou
des moutons. Si le dommage est causépar un chameau le propriétaire doit payer une
amendede cinq rials, pour celui qui est causépar une vache I'amendeest de deux rials si
c'estpar un âne I'amendeest d'un rial.

Pour la destructionde haie I'amendeest de cinq rials payésà la <chartio si I'adresse


veut être indemniséil doit être représentéet indemnisépar le responsabledu dommageet si
ce dernier refuse il serajugé par les représentant
de la tribu ou par son autoritéreligieuseet
les frais sont à son compte.

Celui qui taille les oliviers sans expériencedéjà acquise paye une amendede
cinquanterials, celui qui abime une greffe en pépinière paye une amendede vingt rials,
celui qui coupe le bois des oliviers ou d'autresarbrespaye vingt rials, celui qui abime le
pollin des palmiers paye une amendede dix rials, celui qui coupe les figuiers de barbarie
paye une amende de cinq rials, celui qui informe la <chartio de tout dommage est
recompenséde deux rials, celui qui arrachele <charroum>'paye une amendede cinq rials,
celui qui vol toute la récoltepaye une amendede dix rials, celui qui arrachel'alfa" payeune
amendede cinq rials, celui qui arrachecet alfa d'une propriété privée et protégéepayeune
amendede cinq rials, celui qui vole des dattesnon mûres paye une amendede vingt cinq
rials, celui qui arrachedes feuilles de figuierspayeune amendede vingt rials. Celui qui vole
des chèvrespaye une amendede vingt cinq rials, celui qui vole des chameaux,des vaches
ou des ânespaye une amendeégaleaux prix de I'un de ces animaux.

Celui qui vole une maison,ou entre dans une maison d'autrui paye une amende
de cent rials, celui qui menace quelqu' un lors d'un mariage ou dans d'autres

I le chanoum:
el-ÉJlce sont les figuesd'hivermâlesqui poussentau printempssetransformenten barroum
e-l: qui serventpour la fructificationdesfiguesde saisonen été,charroumpuis banoumce sontdesfigues
mâlesayantpourrôle de polliniserlesfrguesfemelles desaisond' été.
2 I'Alfa:plante pastoralequi poussedansla jeffaratuniso-tripolitaine
sevantpourI'alimentation
descamélides,
pourI'artisanat(corde,natte,batd'animaux etc..)et pourI'industrie enpapier(cellulose)
setransforme usinede
Cellulose dekesserine.
33
circonstances payeuneamende devingtcinqrials,celuiqui blessequelqu'und'unjet de
pierrepayeune amendedevingt cinqrials et si la blessureestcauséè paruneépéeou un
poignardil payeuneamende decinquante rials,celuiqui blessequelqu'unparuneaïme
à feu paye une amendede centrials, celui qui tue uoe p"rro*e payeune amende
de
trois centrials, celui qui anachedesplantesde pépinièrepayeuneamendedevingt cinq
rials, celui qui cueilledestrufÊesd'uneoliveraied'autruipayeuneamendede vingtcinq
rials,celuiqui anachelessemrresdesciternesd'eaude pluie (Majel)payeuneamende
de vingt cinq rials, celui qui abreuvecesvachesou sesmoutonidel,éau qu,il puise
d'une citerned'eau.depluie d'autruipayeune amendede dix rials,celui qui utilisela
terre (Jissr)d'autrui pour piégerdesperdrix paye une amendede cinq riais, celui qui
s'insurgecontreles ordresdesagentsde la < chrtia) payeune amendede vingt cinq
rials, celui qui s'attardeà payerles redevances qu'il doit à l'état ou n,obéitpasaux
ordresde la loi religieuse(charia)payeune amendede vingt cinq rials, celui qui n,
appliquepasles consignes de la < Jamâa) concernant les droitsde l;Etatou autrechose
payeuneamendede vingt cinq rials.

Ont conçu et approuvécette conventionmessieursles notablesci-dessous


nommés:le premieret respecté cheikhOmarben Med benAmor, le respecté El Hadj
Ali ben ZdÎd, le respectéHadj Issaben Hadj Med, le respectéHadj Ali ben Said,le
respectéAhmed ben El Fikih Med, Ie respectéAli ben Med, le respectéMed ben Ali
ben Jobran,le respecté IssabenAhmedben Ayed, le respecté Med benAli Jobran,le
respecté Ali El Hassoumi,le respecté
AbdallahbenMessoudbenAjala,le respecté Med
ben Aissaben Ajoula, le respecté Med ben AissabenAjala, le respectéMabroukben
Ajala, le respectéBelgacemben MoussaLahmar,le respectéAmor ben Salahben
Amor, le respecté Hadj MessoudEl Jaadaoui,le respecté
Hadj Messaoud benAnane,le
respectéAhmed ben Belgacemben Ahmed ben Ali, le respectéAissaben Ahmedben
Ali, le respectéMed benAissaben El Hadj, le respectéMed benAli ben El Hadj,le
respecté MoussabenIchouaya,le respecté Med benAhmedJoula,le respecté Med ben
Ali Sassi,le respectéSalahben Belgacem,le respectéAyed ben Mansùr, le respecté
Amor El Jeddaoui.

Tous sont d'accord sur ce qui est dit ci-dessusou I'intérêt généralet en
conséquence de ce qu'ils ont remarquédansla vie destribus.Nous nolairesqui ont
rédigéce traiténousen donnestémoins,fait à la datedu milieu du moisde Muharramel
Haramle premierdesmoisde l'annéequatrevingt douzeaprèsles deuxcentet mille
annéesrédigépar le serviteurde Dieu et soumisà lui Abou ElkacemMed el Matmati
queDieu soit clémentpourlui ainsiqueSassibenAmor el MatmatiqueDieu bénison
travail,Amine,et Ali benMoussael MatmatiqueDieubénisonttravail,Amine.
34

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r J."L+ esÉlf J,"l+ çi'll3 galL-r..,; !-iÇ € r t<6J"à-rll '-.J.c.-fu*-çiJl3 ett-r-,;
ç.rJ3 Ll. t C t< {1111 ciJ*;
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i,J.ir94 Jr"3l o.,pè Orf:+; cr ryLi..rjll ell+ çillj cl'r-lgi-ç3
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J,i,-c' J.!À+ o.,pè ç[t-r /.e âi+ Jl
Jl ô3tl.';rc,,.Js-*"++ çiJlg ollp Â-"-.S 0.,;+ê
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6fsJ p;rS.-Jl3.r.cr-rGt=ll rf r-5c 6t-rJl tÉ-ll3 .r'as'od
fU+ p;É-Jls gl..;; cP U.ur-r plS^JlJrl:c u+ r^i-ô U (# p.,f-'lll +li ÛÉs&
af .t- cJ1dlt\- p;fuJlt db-e U LP u{ t4!{ p..;É-Jl3fc*,.-rlt uJc p-f-'lll s'L,l'isJ
ç;lu-rj tjn*u 6lrJl p..;É-JljJ.-c .-11 elt 4 oi J".c p=;É-'Jl3 1l-aTl L.,.l3-l,.ll e*Él+ p5'lls
r$4''' 6Lrll p;É'Jl-l
ôi tq-à + u."Je eJS.cJIJsl-e U{ ù-r r.t 1*..Él+ û{ L.s ;.$JS iJljs iJd
Ctf ,r*r-e.,f-.fis Gt-Jl cr ,/e ùi .r^r. p.,f-JtJ GtJl U (P o'J l''â-' pS*ll-l uJs
r-r-jr-r r.c-r U{ .r.â.-.p-f^Jl3 4+JJl
e*Uf* drjCl* ftS--fft ç#L*,. iri,/e U{ J.L. plS-JlS
l-*bJJli.^Sr .;Si f4 ljÊi:l3lJ.àJ ê+^+ll ç.,rlu!l .;"-c ruÉaJlSJjl4j-r iri J.,'Jepi-Jl.l
o.;+è3 ijlJrrâll g,. ç,a..,fa.ii ol ;r,.a--tl iJisl ;.â1,4-'ll Ô" dul # tli, tJ 61t;*ti Ulli:|3
dL-.41r+ È{+le ,€ &g {i-e Lr44t a+ -r-jç t
,uili3 û+iiLU Cr:r-,*31O+:it ,t-e *ei C
.4J-l-..r.3d+Àl LiLl ^tl
J..e ul s-,1-, c.bt't
.ir+Ï Àt l3.il,r-ht^J
35

Le texte du pacte d'El Foudhoul(desvertueux)


1253h = 1837

Hilf. Pacte des Touazine et ouled Ounallah, Maztoura (de Bengardene) et


El
Hararza (de Metameur) de Medenine, et El Houawa, El Jouamaâet El iebah (de
Beni
kadèche)conclu à la date de 1253H et 1837j.c à l'époquede Mustapha bey et de ceci
vient le texte du pacte.

Ils sont mis d'accord tous les < miaâds> des Hamzates: les premiers sont les
Touazine et ouled Ounallah, Maztoura,ElHararza, El Houawa, Ejouamaâ, Ejebaah sur
"la demande de tout ce qui est vertueux et correcteet éviter tout acte incorrecte t3ifil
i:^lt gc ç,er.ll3
-i3-r-ll+ -r.)l Jl-l4l-1ï .,-Ic.

Selon ce qui a dit le Coran : Dieu vous demandede faire tout acte correcr er
vertueux, demande la justice, au bien à la générositéet bien servir les parents, vous
déconseille à I'obscénité et à I'incrédible c'est une exhortation po* on" prise de
conscience.

Ecrit par I'honorable cheikh Mohamed ben Mohamed ben Abdallah Ettouzni, et
I'honorable Hcine ben Amor ben Messoud El Ounalli et I'honorable Moussa ben
Mabrouk et M'barek ben Ali Ben Mabrouk, les deux Hrarza, et I'honorable Fraj ben
Mabrouk El Meftahi El Hanazi, et I'honorable Mosbah ben Dhaou Houwiwi El
Boughdiri, et I'honorableMohamed ben BoubakerEl Jemel,El I'honorableRhouma ben
Salem Ben Mbarek Elamboumi El Hwiwi, et I'honorable Amor Ben Mosbah El
Mehdaoui, et I'honorableSalemben Jebara,et I'honorableSalem BoudhreaEl Jemai. et
Mosbah Ettouzni et I'ensembledu Miaad.

Les cités ci-dessuspersonnelleset publiques,ils étaienttous d'accordresponsable


sur tout ce qui les concernant,dans leurs affairescourantes,et coutumières et I'ensemble
de leurs intérêts à l'égard de tout agresseurdes tribus citéeset fait un acte incorrect ou
un péché il sera jugé par les cités ci-dessus,après avoir eu I'accord des cheikhs
< chartia,>>comme suit :

- Le voleur des camélidés,s'il est tué par le propriétaire


son sang n'est pas payé par
le tueur ou meurtrier. J\ À4r.r J$-+ d1-!l5lJlJlôJL*
- Egalementle voleur de la ghorfa (pièce,celluled'un ksar)
s'il est tué par le propriétaire
du ghorfa ou le gardien du ksar son sangn'estpaspayépar le tueur ou meurtrier.
- Egalementle voleur de la tenteou le Kib (hute)s'il est tué
son sang n'estpas payé par
le tueur ou le meurtrier.
- Egalementle voleur de céréale(blé ou orge) s'il est tué
son sang n'est pas payé par le
meurtrier.

- Egalementce qui vole '''t'": le werghemmi(membredes


tribus de werghemma) s'il
est tué par la victime son sangn'estpaspayépar le meurhier.
- Egalement si le voleur est tué dans la cour de la bergerie
son sang n'est pas payé
par le propriétaire, meurtrier.
36
- Egalementsi quelqu'uns'enfuit avec la femme d'autruiil serasanctionnéde la part des
cheikhs cités ci-dessuspar une amende de cent ryals argent, dix brebis et cent ryals
: châtiment).
1i-,ytis)(Kaffara
- Egalement qui détruit ou fait dommage aux ksours El Hamzates31l.r werghemma
Touazine),sera sanctionnépar une amende de la part des cheiks cités ci-dessus: six
brebiset six chèvres.
- Egalementils sont d'accordpour tout I'ensembledes<ourouchs>s'ils sont agréssésdans
des biens ou cheptel ou autre, si I'agresseurest tué tous ensembleils payent la <diya>
(pris du sang).
- Egalementqui frappe son frère werghemmi avecun coup d'epée' âJ'i il est sanctionné
par I'abatg+q+;I' 6. dix brebis.
- EgalementI'agresseur 3l t-';
par un coup de pierre ou de bâton (Ërl-i-,l il est sanctionné
par I'abate+ 4È deux brebis ,-+t-i+È e+.
- Egalementce qui tire sur son frère werghemmi lLs^ll+'Ji ..!c:C-;u,'ocJJl avec Son
fusil, ou il se prépare à tirer +:l' 6+at rT également avec une carabine çJrill il sera
sanctionnéde dix brebis.
- Egalementcelui que sesfrèresse révolent l-ÈÉ+ qlc 1.r autrestribus viennentpour son
secoursôJtK 4jjli r cr-,,éill c,Ér!l +l:o-e 4rJil 4È I uâai ç$l il mérite alors une lourde
amende(kafara).
- Egalementils sont d'accord(...illisible...)oL. cavalierqui est reconnucomme ayant
acheterune mauvaisemonture, il est sanctionnéd'une amendede quatre brebis, dont
deux sontégorgéessur-le-champjusqu'àce qu'il ait changéson cheval.
-Egalementce qui attaqueles policiers < chartia) ;tJill è *+ serasanctionnépar I'abat
d'un chameau..)l hvq+:l' e+.
-Egalementle cheval qui se trouve entrain de paturerdes céréalesl:-!l avec autorisation
de son propriétaire,s'il est tué par le propriétaire,le meurtrierne payepas le <diyo (pris
de sang).

Ceci est I'accord de I'ensemble des ourouchs cités ci-dessus,dans I'entière


reconnaissance depuis le premier en date du premier Joumadede I'année1253 H mille
deux cent cinquantetrois de I'hégire.

Fait par le notaire


Hassenben Mohamed Ben HassinEl Meztouri
(Bengardane)(copie conformeà I'original)

3 Hamzates:tribusguerrièrespossédantdescheveauxet se fiouvanttoujoursà I'appelde tout incident


menaçant la confédération
a Textedu pacteen arabede MarzouguiMohamed: < combatcontrele protectorat
))ED. STD 1973
37
JI

JtL?,Jl ?l I
(pl837- tr253)

: r-bt-:.Tto.l.a ir
t+lelfJ O#s^l (-rdl
tD ur iiJt.,l'JlJ (ôhJÂiJ.)cl. 6tr!i-s Àt Os- rT_rlsrrJt"r.Lll . âr ^
, 'a-i lbj (,rLJ s&-é-.) {-
ç# 1837-1253 e;.lt+ rt. i itf (cÊfg qrir.) i}. ot J+JIJ
î;1;

6-rlr.+-1136jJlJrllJ i*u-i-,1 Àuso ry3î3 4!rji-.rt rel:l Étji^-rJ rr. Jr Ê+s-+ tJiij!))
(tiS) (LiJ..F^ll) + -r.l+ Àt O!u sJtÉ ilJil Jsj4lt i1a (,r{jJJ dJJ4Ii _J{f ,J", ct++j3
.O.ulri É!l é.â+c çi+llJ ;sj-rll3 pl-iur-ill e s$lJLrdJill rf 3 pull .gt-,,-!t3 c1r-1.s
lJÈ.dti .r.t iH il+r/-r f.',lÉ.lll ,,J'ji-ÉJl ,trl+,e cr Jr.Lâ cy seu
e-+.J| d+Tl eJs-ll .,l-e
p;É.Jlc rôj.l|;rs ilu-ryt gi1.r-lc cx ul.lt+s élJllÂll cl+ c+s- cl+yl
l-r.r+.lt f..J,s-j3 ,c#.rll
.t r-. p;É^Jls ,çlqÉ3;Jl çJi:$rll J.à iri ,çj.;l-rrJf q.rl1 t. ll dlJJÉÂlliJ+ AJI
Ct+.^. fls.ll3
Cq'E- u+ J:.-e fi.Jl .çS.r.gsJl cfCJ'elll cl,j-y rf dl*,O+ 4-+..1p;É*Jl3 .d;+Jl .É+*,cr
CJ-.S.J.,riiJiJ gt+-,a-.t rout 1 ll pJLr p...lÉ.rJlr ,otj I tl il1 dt*, r.rt Jl3 .ç31r4-Jt
tl.li++
fÀ..'-*-l # È.S-+eJ ÈC l3-1g-jJ rr_ulill .,& tllijl ptrJt3 gpr e ! o)t-el g+,,sùr .'";^
l -.g tJr+r ilJJJSi^Jl cÊl*ll ().l r.'ir I 61^.J tÉ+"lfg llb-Jt
d i,- dt s& È+slr
'" r ql_e lJ.t - t t_rJsÂ.,
- .;-.-Ur-1 6it N..'+r ô+-iÂiill o>t-l +rlsU.l
Ll.lLJl ç-,raX'! l3t i-.àJÀJt éJt* dLtS: .1-o 4-nrâ jll r-r.,,141i!tl! d+Jt dlrjs
ciJl*,cr&
Étr lil .,,J( tlJ (Jl.ill ,i,lù ,',; itl .!r* çiJt cLlrSl ,,;,ut 4-.u J.aill g*_lLr, tç*.,lf_.31
çl
,Ll.rSt r.;.t-è 4rrô 4x! 13!*+.1,*: .,..t , rt ti! .rl.lils t..tJ-À4-rr-i,lLJi fuJ,*
tlijt sl-e
1jJlCl- o-l g-,[*J crt- lil dllrst e;J-À 4-c!i ï+l*4ll +li.i t]! çr--èJJll .,,t .. , O".lt
.JL-,1l;t.-) c;.1+5il1 eil*iJl .1.:- Cui-il+ o.>l-ê 61..;-c!d-.-l
+_r-l fii+tt-s, r_;l-À 4-r.t_i
Élis.rll JJ-â,lê#.- Ér.s pr.4; çUt Alill Âit- jl ;_ltiS ol; .i ô.,tr-i-gui-:.-i
Ot+l
r. I rll I l-:* ùCJ_Ér-ll .+,-.tl n i-
È{+le O Lr&' lJÂill ,lLlSl 6jÉ-. ii-J 6tr ej' OÉil+
dllils t+r + o3r; r+=ils' grrj-Jt tJÊ3-ll3l dLJl J,Jn 3l
o*..,, sl .J.! cJ,rr,.Éll^lt cÉs$l
Là'.i -r.Ji
çil| rlLJ33 r or rt.t L^ 4n fu$t-J tJ^.{il 13!dtJ,..ll t'l. Ê+!Llt cl& lJLijl
ps ôst-i.;,r ij--Ltl éLlils 6r, ,i ô*Trc qt- C++ rl+J Lr.-,)..:+
çr.-èJ!t n+s,t ,-,,..1.-;

c,r-.r.usi^ll uil+ll n g;^: di1l-Âl d+le lJ.ar+ ç.rJt3 6t-r-.i i.,,ic N+l- .hl,*j dJrilt
,rJLl+À l' î I Li+-il 4*{i+ ,l+i-lt (........) s& lJii4 cLlisl 6r-1l.J.Jl ô_rrl< t' 4-j;1;J
ç.tJt
aJ-b.,F.l'll ,& ,c , or; .i i--.j 4+l- e-,,L (........) ç_Fi+ Tls l){j 4.1 d-a.J+
çuts
ç-,1a-Ji! lll Lt ' î . l+r oi!-l g.D-tt , a-.,t-
l.,rr-y-+
t-.rill # dsi+ rl ; çil| çrJt+ÂJt3 e+i ;
JLs disl ej r.s Ê+jj # a+t ùJJJsut uÊJJisll /-+tr, tgÊirt L- rii .;.ur a-..r-i
Â-f[j n$'Ai*,lL-
ç:pa-uill3 û+j4{,jr.g-r-is r q!.i131ê-lu-+ l-ot-: r++ ÂlJ,r*llJ
d+J t4
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MIAAD DESOUDBRNA
entre1300et 1305h - l8B2et lggT

Louangeà Dieux que notreProphèteMohamedsoit béni ainsi que sesproches


et
sescompagnons.

Les deux oudema : ouled Salim, ouled Ech-hida, ouled Debab,


ouled
Abdelhamid (tlamidi), les Zorganes,les Amarnas,se sont réunis et
ont décidé en
communaccordpour la demandede tout ce qui est vertueuxet correcte
et éviter tout
acte incorrecte,de suivre les lois religieuses< chariaa> et les commandement
du
ProphèteMohamed< Sunna> de bannircelui que commetdes crimeset
d,aider celui
qui fait desacteslouables.

Protègentles MaraboutsOuled ben .... et les Siâaneet les autresainsi que


les
habitantsdes montagnesles agriculteursJebaliatous ceux qui touchent
à leur bien
doiventles remettrede bon gré si non lesbiensde cesvoleursserontconfisqués
et leurs
têtesdemandées.
- Celui qui tue quelqu'undoit payéseizecentrials
aux parentset une amandede
deuxchamellesà la < chartia>.
- Celui qui tire sur quelqu'un sans le toucher
doit payer une amende à la
< chartia> de huit centsrials.
- Celui qui fait ...... paye une amendede cent
rials et quatre cents rials à la
< chartia> .
- Celui qui s'attarde à payer cela doit payer
une amendede plus de deux
moutons.
- Celui qui s'attardeencoreplus sonamendesera
majoréede quatremoutons.
- Celui qui commetseul ou avecdescomplices
un vol dont lâ preuveest établie
payeuneamendede centrials à la < chartia)) .........doit payerquatremoutons.
- Celui qui possèdeune épéedoit payer une
amendede deux moutons et s,il
I'utilise et blesseunepersonnedoit payeruneamendede quatremoutons.
- Celui qui bât une personneavecun bâton
ou .tn. pierre paye une amendede
quatremoutons,s'il utilise une hacheou une < bombara)) paye une amende
de quatre
moutons.
- Les deux ouderna ont contractécet accord qui
sera la base de tous leurs
jugementsqui seradurableet appliquéaussipar les générations postérieurespour que
leursterritoiresresterauni et ieursvaleursrespectées àlraversles âges.
- Les contractonssont les suivant: cheikhben Abdallan
nouajila ben salem Ech-
hidi, cheikh Mohamed ben Said Ezzorganiet Mbarak ben .... ainsi que d,autres
personnalités dont on ne peut les citéestoutespar manqued'espacedanscespapiers.
Tous s'engagentà se soumettreauxjugementséventuelirenduspar le cheikh et
ses( ouzaras- ministres>rou adjointsqui serontfermessur le principe de prêcheret
faire régnerle bien et combattrele mal et veillerontaux intérêtsdes musulmanssans
relâcherpour cela ils ne serontpasclémentspour celui qui passeoutre leursjugements
ou les refusemais ils se conduisirentsansdespotisme .rru"r, ..,lx qui respecterontleurs
jugements.
42

Messieurs ci-dessuscités ont élu comme cheikh (président) Ottomane


ben
Bouajila Ech-hidi et dix adjointsqui sont les suivants: cheik]rChelbi ben
Abdessamad
et Aoun ben Ali JemelEddabbabi,Mansourben Abdallah Lamari, Aoun
ben Ottoman
Ech-hidi,Ahmed benMansour,AbdelkaderEddabbabi, plutôt El omrani Salemben..
ibn Imbeije Ezzourgaru,cheikh Kerauemben Said, Dhaou ben Ammar Lakdar
et les
groupesdesdix desOuledSlim.

Ainsi que les cinquanteHamidiascitésci après: les OuledsEch-hidi : Ali


ben
Ahmed,NaceurbenSaâd,AhmedbenM'barek .....,said benAoun, Kalifa benAhmed,
Ali ben Kalifa, Ahmed El Garsan,salem Labiadh, Mohamed ben Ahmed, Ahmed
Belgacem,Ali ben Mansour,AbdallahLourifi, Abdallahben Belgacem,Ahmedben
Mohamed'......Ali benBouzid,Ali benEl Mountasar .....et .....benMansourTarroum,
Belgacemben Mansour,Essghaier, salem Lassoued, Naceurben Dhaou,Naceurben
saïd, Ali ben Belgacem,Amara ben Ahmed, Mohamedben KaramedBellouz, Dhaou
ben Mohamed, Soltane,Aoun ben salem, Mohamedben Aoun, Mohamed ben saâd,
Saïd ben Ahmed, Ahmed ben Saâd,Amor ben Abdallah, Mohamed Ïiha, Mabrouk
Labrizi, Naceurben oura .....Ahmedben saâd,Kalifa ben Mabrouk, Belgacemben
Mohamed,Dhaou ben Amara Ezzourgaru,salem ben Abdellatif ..... Karroim, ouled
DebbabMansouret salem,Naceurben said, Ari ben Belgacem,Ahmed ben Hamid
Bellouz, Dhaou ben Ahmed Saltane,Aoun ben salem, Mohamed said, Amor ben
Abdallah, Mabrouk Laltnzi, NaceurJanour4 Ahmed ben Saâd,Kalifa ben Mabrouk,
sard ben Abbi ..... Belgacemben Mohamed,Amor ben Amar zorgani, salem ben
Abdallah, Salemben Mansour,AbdallahbenLaztag,Mohamedben Ahmed Darouich,
LaztagHadidane,Abdelkader......Zaouambel - ouhichi,AbdellatifLoughrab,Abdallah
El Hèdi, Ahmed ben Abdallahet sonfrère Lahmar,MohamedbenNaceur.Naceurben
Ali, kelifa ben Amor,MohamedErrahin.

OuledEl Ardhaoui: MohamedEnnabi,El Ardhaouiben Karim, El Montahaben


zemzem,salem Bellafi et abd....,.....
Amari Moustapha,Ben Abid salem ben
Amara, Belgacem ben said, Amor ben Abdallah, Ali ben Saâd, Ali ben Abd
Errahim, Amara ben Kalifa , Hamid ben Nacew, Kalifa ben ottoman ben
Rhouma.........Rehouma..,.....Ahmed
ben Ali, Ahmed ben Abdallah. Ali ben
Jihidrer, Saâd ben Mosbah ben Daou.

Les Ajarda:Abdallah cheikh Abdallah Elwanissi, Ammar ben Ali er les


cents cavaliers.......représentant
Ies.........Ies
autres sont des Daghaghas, des
-
Magablas,des Krachouas et leurs dependants qui sont: Lazrag et Mohamed
El- Aboug,Bouzid et Ahmed ben Jedianes,Abdallah ben Said, satem et yahya
ben Mabrouk, Ahmed ben saâdet BelgacemBoukchim aussi,salem ihoul,
Kalifa Dalloul,Mohamedben Ahmed benMabrouk Kayb, Abdallah ben Mohamed
El Aouam, Rehouma ben letayef,yahyaben Bouzid, saâd ben Mansour,Ali
Lassouad.
Les Daghaghras:Fekih Dahaou, Mohamed ben Kalif4 Daou ben saâd,
Abdelkaderben Rekhisse,Salemben Ahmed, Abd el Jelil ben Ahmed, Ibrahim et
el Hamroun et Ahmedben Aoun,BelgacemDhoukaret Salem.....Mohamedben Ali
..... El Azzam ..... Bakerben Naceur.....Naceuret Said .... Naceurben Said ......
Mohamedben Attia
43

Conclupar I'ensemble desdeuxoudernatel qu'ils ont été citésci-dessuset


I'applicationserala tâchedu cheikh,de sesadjointset de sescollaborateurs
ci-dessus
mentionnés.
Dateillisible

N.B. Prof, MansourBoulifa (originairede Tataouine)qui a aimablement


mis ce
documentà nôtre dispositionavecune remarqueque la date de rédactionde ce
documentest illisibleet elle se limite approximativement
entre1300et 1305de
l'Hégire.
44

ii-i1lr9-Jlrl* =ro
- 1884-1130511300ixl t^l
1p1889s
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47

MIAAD EL HARART',,A
(rzerH - 187sj)

Louangeà Dieux quenotreprophèteMohamedsoit loué .

Le respectécheikhMohamedEl Orf El Hanazi a témoignédevantnousque les


Hararzass'engagentà rétablir le bien et bannir le mal et pour cela ils ont établi le
règlementsuivant:
- Le meurtred'une femme est condamnédu dédommagement (les parentsde la
victime) de la sommede seizecentsrials et d'une amendede soixantetêtesd'ovins
(trentechèvreset trentemoutons).
- Le coupde fusil qui blesseestcondamné d'uneamendede soixantetêtesd'ovins
avecI'obligationde soignerla victimecommeil sedoit.
- Si le coup de fusil n'atteintpersonneI'amendeet de dix têtesd'ovins (cinq
chèvreset cinq moutons).
- Le coup d'une piene et d'un bâton est pénaliséd'une amendede cinq têtes
d'ovins.
- Le coupd'uneépéeestpénaliséd'uneamendede dix têtesd'ovins.
- L'évasiond'une femmemariéede son domicileest pénaliséd'une amendede
soixanteovins (trentetêtede chèvreset trentetêtesdemoutons)'
- L'intrusiondansun domicilesignalépar la femmede foyerellemême(la mariée
A+:-rlt) estpénaliséd'uneamendedevingt cinq têtesd'ovins.
- Pourle vol dont la preuveestétabliepar deuxtémoinsle voleurdoit rendreles
objets volés et doit payer une amendede cent rials et sept rials aux cheikhsde la
< chartia>.
- L'attaquedu Miaâd est pénaliséed'une amendede vingt cinq têtesd'ovinssi
I'attaquantviselesMecheikhsde la < chartia> .
Ainsi nous a énoncéce règlementle cheikh cité au début de cetteécrit et nousa
pris pourtémoins.
Rédigéà la datedespremiersjours du moi MuharremAlharamde l'année1291
(deI'Hégire)pæ I'humbledevantDieuAli Ben Mohamed.
48

:i311>qJkl*=p
(pr87s-.lr29L)

C4., rr!. U+*,,ts Àt ,J-..1ùu-ft


611196lte .L çil.;s-tt ui,*lt ,-- . iJ+ ùs-.
t4-;i r.ri-c .:Uy i:f-.- êJ.ill d,aTl fJs-ll r3-ii

re ill) 6j.j.;rJl '+àL s.I.g t.9É 4+&' 4J J+-l,Tll 4j.Ê' dilill ,f t *. .; )l

J.i..e l-:*, t-tjli*tt ,-1,s.lt é- il:t ù1 I - '(jll gt (j4illJ dty-nll+ ÉÂJti (.rÉUl

.r.tt+ll Lljs rirt-à r-i,a.iJl3 iet-. d.,4jll il-.i,60 (i_lt.;-J; 6;tt1!lj dt+.11600 (dt+,1)e-',t-

tit3 (u+il) i+illl tÉ.lt rJ (,Jl rjl+ l- ol3r3g"r-+ ti! 65Jl rôt-i SQaJlJ g-ru uËu 13!

L..llàt ,ot-r.i g (J+.rJD 8J-i3ll i-r,-;, rdfJ ui-ri3 Pt-. d.â.j ôt;J 10 UL^É t.rr &..*

d,4j ôL-i 60 6.ltil ii,as- +Xi ôi;ri uÉj,+ u g.i:,o$ 10' i;'" ll L.l;s ot;'ï' 5 |'tll

lf.X+.1 .t.,tr*, l3l 6t r-ll3 ôt-.i 2S 4+$.ll 4+le ÉJ+Â tlt f.;.Jt ùÂlS rgli ui'a.j3 j-el--r

'"
dt,.l $lp tOO6.1ti< tl 4+ltJ dÂj t-{ ç!
ti'*-,,J 1JUU i*r-r ut*, (cJuLJ) \r3 i$ a'+c

e+.', tjl .l t l-cl,, iJ-b.


J,..tllell-ir r.,c iJ.- li! 6t-,i, ffij
"^*,
4if3t g;U+ Llj-llJ ilJ+Jl dL- 4ll+ 4+t" {-i 4+ 4.rrl-é-l U+.a'*fi s& JJÉr4J

.r.i-. iJi,/.c a-,r..;


.,;r;i-l1291'a:-"flFll ÊJ'-
49

UNIVERSITE DE METZ
U F RS C I E N C EH
SU M A I N E S
ET ARTS
Perspectives interculturel
les
Ecrits,médias,espaces, sociétés
lledu Saulcy
57045METZCEDEX1

Présentépar :
ABDERRAHMAN ABDELKEBIR
DécernéùM'ETZ

Professeurencadreur:
Monsieur : AbdelwadoudOuld Cheikh
Anthropoloque

MEDENINE (Novembre 1998)


50

LE KSAR

- Le Ksar, autrefoiscentregrenierdesbédouins
le voila encorerésistantaux intempéries

- Oh Ksar, témoin de ton époque


éclairez-moi sur ton passé

- A quelle époqueon t'a-tonconstruit?


comment t'a ton bàti?

- Quand a eu lieu en ton sein la première


réunion des werghemma?

- Tant de fois ils se sont réunispour


débattre de I'intérêt commun.

- lls étaientfiers de toi.

- Leurs caravaneschargéesconvergent
vers toi des hamadasi lointaines

- Ces hommesbraveset généreux

- Ces demoisellescharmantesmais probes

- Oh! Ksar as-tureçu de hautsdignitaires


le Caïd, le Cheik et leurs agents?

- As-tu été envahispar desGoumis


des régiments français et de leur capitaine
aux étoiles lumineuses?

- As-tu été piétiné par deschaouchs,


de leurs Mekhaznis et des lâchescollaborateurs?

- Ceux qui le fréquentaientessaient-ilsdesamateurs


de café et de spectaclesou de sobresbédouinsqui
se contentent de thé ?

- Oh Ksar as-tu été libre et souverain,


as-tu connu les bataillesd'Oum Souighet Lebbada?

- Le Ksar me répond : patientez,poète : tu veux connaîtrela vérité ?


contente-toide mes pierrespour méditer.
ùEt4ù

5l

- Ecoutez: le juste commele tyran tous périront.

- J'ai vécu il y a plus de deux cent quarante


ans,
Mon influences'estétenduedu Zeussau charb Essaouada.

- Ma longuevie m'a apprisque le temps


est dur pour
les courageuxet doux pour les dociles

La vie et sesexpériencesvous apprendrontbien desmerveilles.

Si La vie te sourit elle ne tardepasde te trahir.

- J'ai vécu en haut descollinesavecmes hommes


bien respectés: les Debbabis

- Mes bravesguerriersles ont combattus.

- ces hommes qui préfèrentmourir les doigts


sur la gâchette
- Mais, un jour, I'occupantfrançaism'a envahiavec
des milliers de soldatset piétinéavecsescharrettes.

- Les occupantsont forcé mes Ghorfaet les ont


brûlées
- Ils ont mis le feu dansmesjarres d'huile et ce
fut
une braise dont les tracesdemeurentencoreaujourd'hui.

Le poète: Hamdi Mabrouk


Béni Khedache
52

- Ma tribu, tambour battarrt, est partie vers des plaines lointaines


menant chameaux et chamelles

- IJn convoi d'hommes, de femmes et d'enfants avec


des cavaliers vaillants et un chef expérimenté

- Ils traversent des montagnes, des plaines où


n'habitent que des fauves, des gazelles et des hommes courageux.

- Là ils se sont installés et ont Ëté leur arrivée.

- Leurs chameaux vont paître librement dans de larges espaces.

- L'absence de mes parents a trop duré, ils m'ont manqué,


je suis triste et j'ai le coeur serré.

- Faute de pouvoir les rejoindre, je passe le temps à les imaginer.


-Les yeux de ma belle m'appellent, je monte mon cheval robuste
et je pars quand même.

- Mon cheval blanc et fort trempé de sueur


s'agite coûune un esprit volant.

- Je vais chez des gens braves et généreux, ne connaissant pas


de maisons, libres, ils n'acceptent pas d'habiter derrière une serïure.

- Des gens hospitaliers et bienfaisants qui répondent à


tout appel au secours.

- Mais par ignorernce, hélas, ils se déchirent entre tribus rivales.

-A chaque ère de I'histoire ses hommes.

- Notre époque moderne est celle de la paix, du travail et du civisme


heureux qui I'aura compris.

Le poète : Ilamdi Mabrouk


Béni I(hedache
53

LA CHAMELLE

-Chamelleton temps est révolu.


-Ma tribu t'avait suivie vers de lointaines
plainesoù règnele vide absolu.
-Là tu avaista liberté que tu cherchais
-Cesbédouinsavaientlié leur sort au tien,
Pour toi ils avaientvécu sousdes tentes,
Pour toi ils avaientcombattu les brigands.
-Chamelle,autrefoissi chère,te voilà
abandonnée.
-Tes bravespropriétairesont vieilli
et péri sousle poids des ans.
-Leurs descendantsont creusédespuits,
se sontoccupésd'irrigation et de plantationsd'arbres:
de figuierset d'oliviers.
Ils vivent dansdes maisons
et se contententde quelqueschameaux
qu'ils soumettentà la galèrede leurstravaux.
-Elle t'a oubliée, chamelle,cettegénération
de nouveauxcitadins dont je n'espèrerien.

Le poète: CheikhELARDHAOUI

Tataouine
54

LES CONTRAINTES DE LA VIE

- J'ai accueilli la vie à bras ouverts


mais en vain, elle m' a refoulé.

- J'ai invoqué ma chance,elle n'est pasvenue

- Ma vie est une barque qui a échoué

en pleinemer et moi son matelotnoyé


- Mais ma vie est soumiseà la volonté
du Créateur: Dieu le Tout-puissant

- La vie est instable:doucepar moments


et dureen d' autres.

- L'hommecourt inéluctablementvers sa fin.


Dieu seulest éternel.
- Tous nous sommessemblablesdans
notre destinée: celui qui chanteou celui qui pleure.

- De la Patience,vous réussirez.
Lesjours meilleurs suivent les momentsdifficiles
ne voyez-vousqu' aprèsla sècheresse
la pluie tombe.

- Mais dansla vie, il faut savoirsaisirsa chance


commeon s'accrochesur le dos d'un cheval
au galoppour conquérirplus d'espace.

- Mais soyezprudent,la vie si elle vous fait rire,


elle finira par vous faire pleurer .

- Je vous parle en homme expérimenté.

Le poète: CheikhELARDHAOUI
Tataouine
LE cHEvAL
.A'ALTER
""'io*
_ Sur le dos
de mon cheval, je suis
vers des lieux lointains. parti

oleine d'écun son


corps
on ventre
"r"lT
I est arrogant et
)mpset l,espace.
_
Les arr
t ilj :il::î."*::lîï?l,Tff,*,-
cherchen
I'origine de sàn père.

_ Les
chevaux me sont cher
couraseux
r.r,r ."ii;r:ï*
",q.r"lrl""Ë; ffi nt
_ Ils sont forts, rapides
et fidèles.
_ Le cheval m,a permis
de vaincre
les longues distrances'
il m'est plus cher
que mon fils.

- Mon chev-al
est beau et d,une race
quand il tire les rênes,j,ort";;r-lJuruit pure
qu'elles font en
","p;;;;;;;; .
- Monter le
cheval est plaisir.
- Mais mon
qhev_alest enfermé dans l,écurie
sur ordre du capitaine
français-^-'^'
- Ce capitaine nous maltraite

- Le cæur serré, j,ai


senti corïune si je tiens
mon foie entre les dents.

- J'ai libéré
mon cheval,
J'ai fui Ia tyrannie a.r.upi1Jrr"l*sur son
'" dos

- Mon cheval, je
I'ai monté alors, sans
qu,il s,entraîne.

Le poère : Cheikh EL
ARDIIAOUI
Tataouine
56

LA PLUIE ET L'ABONDANCE

- IJn soir, de I'ouest du lointain Meknès,


le vent poussait vers nous des nuagesnoirs
et épais.

- L'éclair déchirait le ciel et le tonnerre faisait


trembler la terre.

- Les gens accueillaient I'orage avec tant


dejoie.

- Lapluie tombait judicieusement répartie


par lavolonté divine.

- Une pluie torrentielle emportait sable,roches


et transformait les oueds en fleuves furieux.

- C'est le déluge, duZorxa


au Dahar et jusqu'au Djefar4on I'entendait

- Après une sécheressedésolante,le paysage


est couvert de verdure.

- Diverses espècesde plantespoussaient:


chaâI, arfej, chih, lissless,gahouana
et sidre ainsi s'étendait un taPis
beau et minutieusement tissé.

- Les éleveurs et les agriculteurs ont fait une


bonnerécolte : c'est I'abondance,la joie
et la quiétude.

Le poète : Mohamed SaiT El Gachat


Jeffara orientale
57

LA RESISTANCE A L'OCCUPANT FRANçAIS

- Nous ne nous soumettonsjamais au


colonel même s'il nous offre toutesles
richessesdu monde.

- Nous vivrons libres avecnos


troupeauxen plein désert.

- Si vous étiez de bons croyants,vous


auriezdû nous suivre dansla juste voie.

- A quoi vous vous attachezdansune


plaine aride ? Vous vous êtessoumis
à des incroyants.

- Je pleure votre absence,mesfrères,


je gémis comme flûte, quelle malédiction
vous a frappés?

-
Vous n'avezni oliveraies,ni palmeraies,
ni port, à quoi tenez-vousalors ?

- Orientez-vousvers la- leffara,


elle vous seraI'honorableissue.

- Les Medninis et vos frèresles wergherruna,


n'hésitezpas à I'exodemassif,Dieu est clément
et Sesportesvous serontouvertes.

- Vous avez servi I'occupant:


son généralet son colonel

- Pourquoivous vous retournezcontre


votre identitépropre. ?

- Tout musulmanqui se soumetà un mécréant


devientcomme lui un renégat.

- Que Dieu vous anéantisse,


gens
maudits.

- Pourquoi abandonnerions-nous
nos traditions ?

- Pourquoi oublierions-nousnotre passé?

- Jadisje vivais dansun printemps.


Le poèteMansourEL HOUCH
1882/83
58

EL HOUCH
Le poèteFitouri TLICH élègreMansour

(18e1)

AYantPerduun aigleétranglé
qui serejointenle mettantauxépreuves'
desgueniers'
Il étaitmort parun coupde fer, le disperseur
Ia positiondeslibyenslors de la
Le poèteMansourEl Houch prévoitet dénonce
colonisation
en i'883'
dela Jeffuratunisienne

deswergheÛlma le wali deTripoliennovembre1881pour


a contacté
Unecommission
ont destituéle PachadeTripoli
demanderdeIa protectiorietdel'aide,maislesTurcs
dela situationet la déceptiondestribus
(Nacefpachul.. quilprovoqué la détérioration
qui ont dériaea'e-igrer devantI'avancée destroupesfrançaises'
werghemma
MansourEl Houchdisait:
LesMusulmans , nul ne s'Yintéresse
aucuneaide,ni moraleni matérielle

foudres'abattesureuxdenuit
QueDieu lespunisse,quela

Un bateausanglantde feu venantdeI'Italie

Un ennemidela religionne comprenant


aucuneréclamationni armistice'

descolonsitaliensenLibye
Cettepoésiea étéditeavantl,avancée
chezeux
L'Islam estignorépar lesmusulmans

m'a étépermis
Le viol devospropriétés

JeI'ai trouvéécritdansle livre du SoufiAllich

Si du PachadeTripoli venaituneinformation
nouvelle'
on demande
sesfilles
Chacundevousseprécipiteoffrant même

La batailledesRbayebsprèsdeTataouine

vousne m'avezrîenfait
Leiour desRbayeb,

cejour où I'hommeoublieparentset progéniture


59

Ce jour des Rbayebs,je I'ai vécu


quandlesjeunes hommesarmésse sontheurtés
Et combien de maisonsont été vidées.?
Je n'avaispas I'intentionde vous déplaire
Mais vous n'avez fait aucungestedevantun ennemicommun
Patience!I'EMIR est en route venantd'Orient
Il va vous libérer, de I'Egypteà Annaba
Adultes, enfantset femmes
Vous êtessousla protectiondu Prophèteet sescompagnons.
Devant la réticence despopulations de ta Jffira d'émigrer et de laisser le terrain
vide
devant les troupes coloniales , il disait
Si vos propriétéset biens me sont illicites,je ne les tolère pas en possession
lls appartiennentà la mère patrie,je dois en épuiser
Si ellessont légaleset permises,je cèdetout etje dois en commencer.
Pour le retrouver,le jour de la résunection,commeombrage
Le jour où la bouchedes hommesdevientsèchecommeune éponge.
Vous êtespour vos ressourceset biens,notre gagne-painlicite
qui nous permet d'échapperà I'Enfer et d'entrerau paradis.
Il est de notre devoir de quitter par la loi divine et les traditions du Prophète
Quant aux malfaiteurset lâchesils serontcertainementrecompensés
Et celui qui demandeEl Houch pour semontrer
ne mérite qu'unecartoucheentreles épaules.
Avez-vous trouvé une issueau triple divorce?
Avez-vous demandéaux savantset connaisseurs
?
Avez-vous interrogéle Cadhi Ben Jaballah
sur le sort et I'issuede votre religion oh! Renégats?
Avez-vous interrogéle gendredu Cadhi El Hadj
sur le sort de celui qui se sauvede I'incroyance
et celui qui I'accepte.?
Deux tribus ne peuventmême pas faire cela !
Le ligoté ne peut guèrerompre sesmenottes.
60

à desbons pour werghemma


Des mauvaisjours ont succédé
se tierment en sa présence
érr^q""î"-' âes réunions
des vivres et desbiens desautres'
ouvrant la porte ut' piitug"
jours
honte vous suiventtous les
Que la timidité et la
J tti*** fois Plusvotre Cadhi'

MesyeuxSontSanscesseembuésdeLarmesàcausedesverts(ElKhodres)quisont
loin de ma grandePllson'
TriPoli' suite à
'ffirale Pachade
par a
et I'engagementà neplus s'attaquer

ue vosjours soientles meilleurs

à leursintentions
N'acceptezpasI'explicationdes ?n""-*t
puissedurer dansla palx'
Que votre Etat
refuge'
nous vous avonsprisespour
Nos régionsde werghemma'
nous menace'
u,r"".rJ,t" présence,rien ne
sont un devoir et une obligation'
Notre émigrationet exode
ne nousarrivera'
Grâceà votre présence'rien

Paradispuissentvous éclairer'
Que les angesdu

LefrèredeMansourElHouchDaouEtllouchdisaitaprèslesmenacesdestroupes
coionialesà Medenine:
toutes
ll a quitté une fois Pour
celle des autres
Il a changésapatrie par
queje nie toute intention
Moi, votre esclave'bien je suisOttoman'
chezles autreset mes voisins'
deschiensde chasse
L'ennemi a mis partout
qui cherchecommentvaincre
c,est comme Ie jeu du Kharabga
un gloupe
De tous côtés,il m'a flanqué
leur religion pour rien
Des gensqui ont vendu
est en fuite à l'étranger
et Mansour, aulourd'hui'
au-delàmeilleur et tangible
et à l'aveni', il ;;;;;
aucunintérêt
Je n'ai trouvé chez eux
trèsvite
une lumière qui s'étend
Ils sont apparuscornme
wazra rouge
Leur patron qui porte une
6l
pensait toujours à ses palmiers àDziria

Si El Houch revenait au pays, il serait considéré comme traître


et s'il reste jusqu'à la dispersion des nuages sombres.

Il devient alors quelqu'un qui par son biais, demande la pluie


après une longue sécheresse.

1*llez doucement, faites ce pour lequel vous avez quitté votre famille
au Dieu Mansour cache ton hystérie.

Et le vivant retourne un jour à ses origines et Ie temps le rarnène.

Tenez bien .Que Dieu et son Prophète vous viennent en aide

Même si le temps passe et dure, vous reviendrez un jour

Si Dieu voulait à cette fin, Il est capable et commandeur tout puissant.

Mansour EI Houch répond :


Tu es vieux et expérimenté

Chanceux depuis ton grand-père

Mon coeur par rapport à mon corps est pareil

à la montagne bleue des Matmata et Nefoussa

Qui jamais ne se déplace.

Si ton cceur est attaché à un poil de cheval,


le mien, je I'ai attaché par des chaînes en fer.

Le Ksar est à toi, disposes-en, prenez -le pour possession définitive


et patientez-vous pour vos dires, que vous soyez pour ou contre
de votre incroyance et votre renégat, je ne peux plus vous voir.

Toute porte qui s'ouvre de ton côté, je la fermera.

Le I(sar, je I'ai vendu pour rien


et il ne vaut pour moi plus rien

Des mécréants rnêlés à ceux du Hara

L'ont transformé en zone réservée à la pègre

Ecoutez Ben Mbarek et toute la tribu.

Que mon retour soit pour I'impossible dans ces circonstances.

Dialogue entre Mansour EI lfouch et Ellhioui (en 1883)


62

Houch tu es un mesquin

Tu prends pour ennemis les arabes paysans et citadins

Ce comportement te cause des ennuis, tu ne peux le cacher,


tu es en train d'enjamber du fer chauffé à blanc
et la chaletn monte avec toi et te brûle

El Houch répond :
Si Ahmed, ta petite parole est pourrie

Puisque vous connaissezYoussef Legro et Rangina

DeBanjusqu'à la limite de Catha Bouajila

Personne n'a acceptémes explications et ma plainte'

Je suis parti de Zouata contraint

porteur de képi
Qu'espères-tu voir chez un étranger

J'aime bien être libre et avoir des chameaux chargés de vivres


et j'aime avoir beaucoup d'ovins donneurs de lait

Vous êtes célèbrespour vos méfaits

J'ai suivi votre comportement,je I'ai trouvé sansobjectif'

On est bien parti de chez vous sans entendre un au revoir

Aucun de vous ne m'a pas accompagnépour le dernier salut

Sauf la pauvre Mabrouka qui m'a suivi en pleurant


me disant que ma mère sainte Dzéia vous accompagne

Votre exécration est approuvée,persorurene me prend pour ami

Maudite soit la compagnie sans amitié et sans sincérité'

Tous les jours, je pense à celle qui a dit que mon cher est mort

mourir
Aucune des deux tribus n'est venue voir Mansour El Houch

Ni Ouderni, ni Khzour, ni Hamzet'

avec ses étrangers'


Sauf Dieu, son serviteur sanslui, il est malheureux, exilé,

Mansour El Houch
1881- 1890
63

LA BATAILLE DES ESF,EFS(19s0)

- Au Sudd'El Ouahmia,à l'aube,un accrochage


a eulieu entrelesEsfefset lesgardes.

- Lesballesfusent,lesEsfefsripostent

- Rienne sertde fuir la mort,la mort estprédestinée.

- La confrontationdesballesestunedure
aventurequi nécessite
deshommes
aguerris.

- LesEsfefssesontrangésenligne
de combat,ceinturecontreceintwe.

- Hadi s'avance,Hamrouniselance,
Mohamedrugit et leur compagnon(le chouchan)
noirs'installe,
le Djihadestdéclaré.

- Labataillefait rage,lesballessifflent
detousbords,la fuméecouvrele ciel,
la terreesttransformée encendre.

- Le feu estnourri,le sangrépandu


et lescadavres desennemissontdispersés:
C'estl'enfer.

- Mes frères,sansrenfort,ont
combattufarouchement comme
desfauves,hélasils sonttousmorts.

- Ils sontmortsenhéros: ceswerghemma.

- Jelesai perdus,le feum'a prisjusqu'aux


maisrarequele sommeil
entrailles,
s'empare demesyeux.

Le poèteHadj MessaoudBouguiddima
Ben Gardarne
64

AICHA

Les soiréesdtOued Ghadou Jeffara orientale

Ton regard est foudroYant

Ton sourire me comble dejoie

Tes cheveux s'envolentavecle vent

Ton front est brillant, éclairela nuit

Tes sourcils noirs tracéspar une main d'artiste

Tes yeux ressemblentà ceux d'une gazelle

Tes joues sont de charmantesfleurs

Ton nez ressembleà celui d'un aigle

Tes lèvres rougessemblenttaillées

Dans du cuir frn filali de Guedamess

La poitrine Porte deux jumeaux qui


m'ont accablé.

Tes long bras telles deux éPées'

Ton corps on dirait un saPin

Aicha, je jure au nom de Dieu


que je te serai fidèle à jamais'

Le poèteEl Gachat Mohamed Said


Djefara libYenne
65

A DOSDE CHAMEAU

Oh nrononcleau chameau,
prends-moi
avectoi

Le tempsdureet dureetje t'aimerai,


tu demandes
ma main
Oh ! Khal propriétaire
dechameau
enchaleur

Prenonstouslesdeuxcegénéreux
animal,ne restezpasseul

Elle s'estdirigéeversle puitssansl'intentiond'amener


de |eau
Elle chercheIe bien-aimé
auxmultiples
éloges.

Elle s'estdirigéeversIepuitspourla formemaisal.ec


uneintention
ChercherIe bien-aimé
sanséeal.

M'BARKA

Les gens,leshommesqui ontnomméM,BARKA champignon

QueDieu punissed'unefoudrevenant
deshautscieux

Ceuxqui ont appeléM'BARKA < champignon


>

Ceuxqui ont nomménégresse


la filledu blanc

Que leurssourcestarissent,
queleursteresne donnentplusde héros

Ceuxqui ont laisséM'BARKA sesupplier,


je lesrattraperai
si ma vie seprolonge

QueDieu irrigued'uneeau(Mizna)et define grêlenuit etjour.

Les céréales
de bonnecultureau voisinage
de ma bien-aimée

QueDieu protègejusqu'àla moisson

Les céréales
qui séparent
Mbarka,lapetitefleurrose.

Oh ! puits,j'arrive surta margelle


si lisseet si belle
et non le reposde Mabrouka surtonvoisinage pensiveet refoulée
66

Ton chienaboie,oh! Mbarka,délivre-moi

J ai soif et cettesoif me toucheauniveau


de la ceinture,Etanchema soif.

de I'eau,puisque
J'ai soif et je ne peuxplus demander
ma demandeestsi difFrcileà satisfaire.

Lesyeux m'ont pris danslesduneslointaines,noirscomme


lesnuits obligeantde toucherla chaleurle voisinagede la braise.

IIAMMAMI
poètede Ia Jeffara occidentale
67

DIALOGUE A\rEC [IN KSAR


LE DIALOGTIE INACHEVE

Village ou une capitale bien connu et renommé


et qui a duré longtemps est mort avec sa patience

J'ai contemplé mes pierres qui m,ont pas séparées

Le gypse également qui a sondé mes lignes de Ghorfas

La vie ressemble à du vent ou de l,orage


dont la fureur ne reste à la fin que les grains de sable

Regarde bien en haut en direction du Dhahar et de la Jeffara

Y a-t-il quelqu'un sur terre qui a possédéplus que


la largeur de son tombeau.

Cette fin et cette future résidence définitive


Et pose la question où sont votre tronc et tous vos travaux

Et tout être vivanrt que vous rencontrez

arcndez-vous avec un jour bien fixé


Il s'inclinera sur son tombeau

Je te préviens oh ! poète sur tout ce que fu as dit sur moi

Y a-t-il une plaie profonde qui guérit


d'une infinité de soins et de pansements.

Et le dialogue s'arrête.

I)aou LABAYEDH
Béni Kaddeche
68

LE KSAR

Ô Ksar situé là-haut

Pouvant à Peine te tenir tout seul

Abandonné Pæ tes fidèles

Ayant les mains forcées

Ils t'ont quitté sansrevenir

Leur vie ne peut se dérouler entre tes murs

Matgré ta splendeur et ton histoire

Ils sont partis, te voilà esseuléet vide

Sur tes décombres,se reposentles corbeaux

Tes ruines sont le refuge des renardset des rapaces

Le poète Daou ABAYEDH


Béni Kaddeche
69

MA TRIBU

Que tes larmes coulent,coulentune et deux fois de mes veux


que les longs cris s'élèvent
Car notre tribu est envahiepar les étrangers
Vos biens sont usurpés,vos droits sont bafoués
aprèsla gloire et la sérénité
Hier notre vie était calme et heureuse
Aujourd'hui, c'est le calvaire
Nous luttons le dos contrele mur
Le cheikh et le khalifa ne prennentpasposition
Ces deux ne cherchentque leurs propresintérêts
Les contraintesde la vie
J'ai vu le chevalréprimépar l'âne
Et qui ose dire le contraire?
Les valeurs ont dégénéré
Si I'Imam lance I'appelà la prière
des foules de fidèles arriventcomme destroupeaux
cherchantdes pâturagesou de I'eau
Ces gens se réclamentserviteurs
lls sont devenussoudaindesassociés
Les uns sont pauvres,les autressont aisés
et le chacalne dort jamais avec sa faim
Avant I'aube,il attaqueun groupe
et ne terminejamais sa nuit sansproie
Dès mon jeune âge,j'étais connu
pour I'interprétation des rêves
Comprenezbien mes parolesoh! mes chersamis.

Par Daou LATRACHE


Ben Gardene
70

DIALOGUE ENTRE DEUX POETES


DE LA JEFFARA (1947)

Bouzoumitadisait en revenantde Tunis

J'ai laisséla ville, la mer et sesplages


et j'ai voyagépour la montagnecondamnéearide

J'ai bien voulu de faire une promenade

Je me suis retrouvédansla montagneséparée,déshéritée

J'ai souffert du siroccoqui brûle et lamente

Mon âme a été condamnée,mon voyageest plein d'amertume

Et Si Messaoudm'a amenéle serviteurde I'Etat pour contrôle


et pourquoi ? DiscuterI'affaire est devenuun scandale
est soupçonnée
Et même,en portantplainte auprèsdu Caid, ma présence

Il a répondu : ne parle pastrop et ne discutepas les règles


plotectorat
ce sontdes lois qui organisentla vie quotidiennesans
comportementdesautres
Heureusementque seul le Cadi n'étaitpasd'accordsur le

En arrivantà Gabès,j'ai trouvé un orageet un vent de sable


venusassiégersesespaces

Je n'ai trouvé danssessouksni molle ni dure

trèshaut sur les palmiersdénudées


seuleslesjarres accrochées

- Le poète OthmanIsmail réPond:

Toutesvos parolesdoiventretournerà leur lieu d'origine

Dis-moi comment ma région vousparaîtmontagnesarides


avecson Imam, son appelà la prièrequi dit à haute
voix la grandeurde Dieu.

son émir fait sa prièrerégulièrement,entouréde sescompagnons


musulmansaPPartenantà la Jemaâ'
chariâ
Nous continuonsà vivre dansune régiongéréepar lajuste
Et le temps,vous savezbien, estparfoislion parfois hibou

Vousl'avezdéclaréearide,régiondel'élogedeswerghemma
possédantdes tentestisséessur les frontièreslointaines
7T

Gâtéesces chamelles? Qui prenaientles fardeauxen totalité


alors que les chevauxà côté bien sellés
ce sont les gâtésde la chamelleet les gâtésde la devise

Dans leur périple vers I'Orient et Ie Sud.

Où les Gueblis,brûlent les visageset donnentsoif

Où la soif condamneà mort rapidementet sansdélais


Mais avec ça, nous ne connaîtronsjamais
des achatsdans des couffins

Ni pain, ni pain sec ni biscuit,


nous sommesdesArabes,on sepromène
dans tout espaceet terre verte de pâturage
et la brancheprend sa vigueur et sa force de la soucheinitiale.

Et le bois ne brûlejamais qu'avecdu bois identique

Le poète Bouzoumitarépond :
Ceci est une grandeeneur de votre part
quandvous avezdépasséles limites

Puisquevous répondezavantque vous ne comprenezmes paroles

Votre réponseet votre ignoranceme touchentet m'anéantissent

Le fardeaudu chameaun'est jamais supportépar le chamelon

Votre intelligent poète,a bien expliquémes mots

Je dois, vous préciserque montagnearide à mon sens


C'est la GAHBAYA et DAHAR EL BEHIM et BEHIRAT

GHADOU dansla Jeffaraorientaleen Libye.

Où il n'y a ni mosquéeni ceux qui font la prière

Et devantvous, la porte de la prière est bien fermée

Dans une lettre adresséeà la région, il disait pour cesgens de la Jeffara :


Je suispour la réconciliation, s'ils demandentpardon.

Le poète OthmanIsmail répond :

Nous, nous sommesle ribat bien protégéqui défend


la région et nous ne crolorrSjamais à vos interprétations

On ne demandejamais d'appui, Raîs et Riaad


et tribus bien organisées,patronset apprentis
Fils de tentesqui tissentet retissenten perrnanence
72

Avec ce comportement,vous paraissezvide d'antécédents


et d'histoire aprèstant d'annéesd'étudesen ville

c,est comme ça que vous paraissezcommeune bottedispersée


et non un N'ADER (lieu d'abattagedesmoissons)

vos raisonsne sont pas toléréespar desMalikites respectant


la chariâ

combien avanttoi, d'étudiantsoudarnas,Touazineset Accaras

vous I'avez
La région ne supportejamais cettefaussecritique quand
condamnéDhahi et Jfari (de I'ouest à I'est)

Coupé de vos racines,on dirait une pastèqued'eau

En arrivant à cette phase,le caid de la région


est intervenu en donnant des instructions au cheikh

ce dialogue
Le Miaad a demandéau Chikh MhemedHenchir d'affêter
de Ia ville
entre lesdeuxpoètesde Ia mêmerégion (1, l" étantpartisan
nomadisme
et du sédentarisme,le 2è'" représentaitIa bédia et le
et Ie semi-nomadisme plus exactement en 1947'
73

ENTRE CITADIN ET BEDOUIN

- Ton souhait est de te reposer dans un salon,


le mieux est d'être sur le dos d'un cheval

- Tu désires vivre dans une villa,


moi j'adore le Sahara et la vie sous une tente

- Tu te déplaces par l'autocar


ou la voiture, moi je voyage seul et librement
sur le dos de mon chameau

- Ton loisir consiste à déambuler de bar en bar,


le mien est de boire le lait de ma chamelle

- Toi, tu vis d'escroquerie après


après avoir dilapidé ton traitement mensuel

- Moi je mène une vie aisée, je me nourris


d'huile d'olive, de datte, de viande de chameau
et cle lait

- Toi, tu danses au son du mezoued

- Moi, je suis heureux avec mon cheval


et quand j'entends le sifflement des balles

- Ta frlle utilise le séchoir et s'habille en


mini-jupe, elle est frivole et ne respecte pas les vieux

- Toi, tu présentes à tes hôtes des poulets,


moi j'offre à mes hôtes trn repas avec un agneau complet

- Toi, tu aimes les chansons,


moi j'apprends le Coran et je me réjouis
quand j'entends le muezzin appeler à la prière

- Toi, tu es séduit par Jacqueline,


le foot et Travolta

- Moi, j'adore cultiver ma terre


et boire à même la source

- 'fon
fils est un bandit : il boit du vin,
vole, harcèle les filles et passe des nuits en prison

- Mon fils est un cavalier et un bon chasseur,


il signe par des balles
74

patron
- Toi, tu t'estimes heureux quand ton
t'offre un jour de congé
généreux
- Le Sahara a formé de bons cavaliers
et les femmes sahariennessont belles

- Pourquoi nous abandonnonsnos traditions

- Pourquoi nous oublions notre passé

- Jadisje vivais l'âge d'or de mon Sahara'


fusil
à dos de cheval, je me déplaçais et mon
passeport'
de chassetenait bien pour moi de

Le Poète
MARZOUGUI Belgacem Abdellatif
75

L'EMIGRATION : UNE INSTITUTION SOCIALE


DANS LA JEFFARA OCCIDENTALE

Bonnechanceà quiconqueva à Paris,travaillerpour la famille c'est un

Jihadnous devrionstousêtredestravailleursqui vont dansn'importe quel

payset ne ditespasquetravaillerpour un hommesoit unehonteetje

continuevers Parisen touristetout exprèspow vous Aradh et werghema

Le mondeentieraimelesTunisiens

Sensiblesaux qu'en dira-t-on

Agit pour son bien

Il préservesa dignitéet sesprincipes

Abandonnersesenfants,orphelins

ne se souciantni de sapatrieni du Miaad

affublé de costumeet cravate

qu'il jette au bout d'unesemaine

estimantqu'ils sontdéjàusés

mêmesonlangageet sontespritont changé

il a apprisla langueau boutde cinq mois

un tel leur dit Par dieu,c'estsûrje I'ai vu

Il a abandonnéla famille maisil s'accrocheà bonjour

IL estparti sansespoirderetour

Il laissepoussersescheveuxbienpeignés

Telle est sapassion.I1a apprisla langueau bout de cinq mois

au point de ne plus savoirs'il s'agit d'un hommeou d'une femme

Farah DEBOUBA
PoèteGhbenten
76

EMIGRATION DANS LA JEFFARA


DISCOURS DU POETE ET DISCOURS OFFICIEL

Ne négligez pasd' écrire,les enfants

envoyertoujoursvotre message

par lettre recommandée

Ils demandentdesnouvellesde ceuxqui sontla-bas


poru eux'
et ils sont contentsparcequ'ils sontbienstout si esten règle

Il a envoyéune télévision,unevoiture et un posteradio'

il rentre et ramèneune louage

ilsontconstruitdesdemeuresquinesedétruirontjamais'

Nous racontonsI'histoire de notrerégion

la majorité desgenshabitaientles gourbis"'

Ghbenten,Hr arza, Kmaïla,

nos frèresvivent tous maintenantdansdesbonnesconditions'

Ceux qui ont épouséune (autre)femme

et qui sont restésqu'elle catastrophe

tout le monde embarquentà Jerba

entrele mois de Juin et d'Août


à I'exception de ceuxqui sortentde la logique

et c'est la catastroPhe

toutedispersée
laissantleur descendance

M'barek EL KIIOF
PoèteGhbenten
77

L'AGRESSIONDE LA NATURE
ET DU POUVOIR COLONIAL

Ces mots sont des symboles,un masquesur la bouche,


ils cachentle vrai sensdesparolespour m'éviter la prison
même dansmes chansonsde mariage
je dois faire attentionde tous côtés
les impôts pleuventoù que nous allions,
ils nous retrouventet s'achamentsur nous,
nous dépouillentjusqu'àce qu'il ne restequ'un squelette.
Les chameauxsont perdus,il ne resteplus que
le petit poisson( ouzef : athérine-i_15)mais dieu nous aideraà nous
sortir de cette aventure
Quand la pluie ne vient pas,la vie s'arrête
et tout le mondepleure,musulmanset chrétiens
la pluie a tant de prix qu'ellerapprocheles cæurs
la vie est une promenadeavantla mort
et la pluie le maintiende la vie dansla prospéritéet
l'échangeentrefrèresqu'ils soientnomadesou sédentaires

Fitouri TLICH
PoèteGhbenten
78

DEVANT L'EVOLUTION DEMOGRAPHIQUEANARCHIQUE


MBAREK EL KHOF ET ETTOUMI S'ATTAQUENTA LA SOURCE

Je regrettela vie désordonnée


du passé

où il y avait douzeenfantschezmoi

sanscompter ceux qui demeuraientau cimetière

tout le monde faisait desréflexionsdéplaisantes

j'étais en effet dépourvude logique

je rêve de n'avoir que trois enfantspour mieux les éduquer

et les suivre.Veillez aux soinsde vos vêtements,à votre

proprétéaujourd'huiaprèsla libertéc'estla qualitéqui

comptefaites quejamais, l'étrangerqui vous visite

n'ait à remarquerque notre religion n'estpas appliquée

soyezlucides,le chanteurannonceà tout le monde

que l'être éduquéavecsestrois enfantsdoit sortir en tenue

convenablemême si I'eau manqueet avecpeu d'argent

tu dois comprendreet faire quelqueséconomies.

M'barekEL KHOF
Mabrouk ETTOUMI
poètesGhbentens
79

LE MESSAGE ETERNEL DES \ryERGHEMMA


DANSLA JEFFARAoccrorNrÀr,u

Le messagese transmettaitde génération


en génération
et le temps passaitd,annéeen année

comme se faisait et se refaisait re pain chez


le boulanger
ils étaient de vrais hommes,fils destentes

Des cavalierstoujoursprêts,leurs fusils préparés

mais aussidisposésà aider les faibles et les pauwes

maintenantque reste-t-ilde I'islam?

un souverainà la maison(la femme émancipée)

le Coran dit que cela est pêché,nous sommes


donc
dansla pêchejusqu'au cou....

Jemaâ EL KHOF
(notre enquêteet traduction)
80

LECTURE DE L'ESPACE DANS LA JEFFARA OCCIDENTALE

Chaquematin d'automne,je me dirige vers la dernièrepluie

L'espacen'estdéfini que par les sablessecset les secteurshumides

et lorsquedeux pluies se succèdentassurantla levée du semis

le nomadequi je suis espèreet se réjouit

Amar BBL ARBI


Extrait de recueil de poésies
Réunispar Mohamed Marzougui (en arabe, 1976)
(notre traduction)
81

MOBILITE, TRANSHUMANCE ET CULTURESVIVRIERES

Oh,olivier,tu méritestousleshonneurs

tu produisl'or le plusprécieux

paietoujourssesdettes
et ton propriétaire

aussit'offre-t-il onzelabourspar an

et lesmeilleurstailleursde la région

la Tunisie,depuistoujours,estvotreterre

I'olivierbeautéde la nature

soigneles maladesde son huile dorée

mêmeles animauxtrouvent leur survie

dansles grignonset les brindilles

Il prendavecI'importancede l'élevageet (la tonte des animaux)

La laine est une richesse

en tous mois de I'année

sesbiensfaits se manifestent

le poil des caprinset camelinsse changeen tissu

bien utile pour les hommeset la tente

En sacspour transportergrains d'orgeet grainsde blé

mais cesvaleursse sontperdues

faute de tuteur qui nous soutienne.

Hédi MSADEK
Béni Khedèche
82

LA TRIBU JEFFARIENNEENTRE MYTHE ET REALITE

Où est le tempsdestroupeauxde chameaux

qui se dirigeaientseulsversles pâturages

où les guerrierssansnourritureset sanseau

n'avaientque du lait de chamelleà volonté

oh chamellequi finissaitsavie chezun boucher

Ne me critique pas,un tempsnouveauxestarrivé

Finie la belle époqueou l'on ignorait les frontières

descavaliersaux yeux noirs étaientà vos côtés

prêtsà foncer quanddesvoisinsnous menaçaient

nous nous déplacionsà notreguise,installantnos tentesn'importe où

Dans cet enfer,quelquefois, nos vieillards se reposaient

et surveillaientles chamellesqui mettaientbas

des
Aujourd'hui,ma tribu estdansune ville où chacuns'occupeà vendre

animauxprisonniersd'un mondenouveauoir sont nos lters guerriers

avecleurschevauxleurscartouchesquandj'entends le bruit des chevaux,

j'eprouveun incomparableplaisir.

AIi TLICH
poète Ghbenten
Neveude Fitouri TLICH
Notre traduction
83

LE POETE FITOURI TLICH RACONTE L'HISTOIRE


DE LA JEFFARA SOUSLA COLONISATION

L'homme dansson dur destindoit savoir atteindrele bon moment

pour êtreplus efficacedansson action

Tout musulmanest engagédansune bataille dont I'issueest incertaine

le dangerseraitmoins grandsi le pilier centralde la tente(le Bey) était

plus solidemais il est recouvertde moisissures.il faut compter sur Dieu

le grand.

A proposdu discoursde Mussolinirevendiquantla Tunisieen (1940)en


utilisant toujoursle symboledanssa poésie:

Oh jeune fille (la Tunisie)toi, la plus belle

qui fait tant d'envieuxdanstous les coins du monde

il y a surtoutdeux prétendantsdont I'un est sur place

et I'autrerevancharddepuisl'époquedes Romains...

ton mariage serait une chaudeguerre

A proposde la guerredansla Jeffaraoccidentale entreles alliés et I'axe


en (1943) où 7000 civils ont été mobiliséspour les travaux de défensede
la ligne défensive,ligne maginot de désertau Nord-ouest de Sidi Makhlouf.

Une jeune chamellesansdéfense(la Tunisie )

entredeux chameauxtrès énervés(l'axe et les alliés )

dansleurs tas de fenaille

"le voleur"estentrédansI'oasispendantla nuit

il a coupéles fleurs mâlesdespalmiers

pour que le peuplesoit privé de fruits


84

qui peut comprendreces mots a décodééma poésie

le poteaucentralde la tente est pourri (le Bey de Tunis )

maissi par desmotsje le dis,j'ai tout à craindre

partoutles villes sont ferméeset les lumièresse sont éteintmais ici dansle

Suddepuislongtempsle poison est froid.

Dieu nous aideraà nous sortir de cette aventure

Un jour, le plus chanceuxserale vainqueur

Fitouri TLICH
poèteGhbenten
N otre traduction
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LA TRIBU JEFFARIENNE

Le grand poète chef de taefa : Ali Tlich, tranche mais Ie débat se poursuit,

Oh troupesd'autrefois, de quoi vous plaignez-vous?

les tempsont changé,on vous a remplacépar desviolons

oh cherstambourson vous a demandéde changerStanbaliet de

porterdescostumescomme desjupes

et vous ne supportezpas cela

j'ai vu danserensembledes hommeset des femmes

j'ai honteet je crois que chaqueannée

nousperdonsun peu plus nos vieilles traditions

il n'y a plus de cavaliers,seigneursde notre temps

de caravanesde chameaux aux yeux noirs

vivre le tempsprésentest un péché

ce sont desjours qui précèdentle jour de SADATE.

AIi TLICH
Neveu de Fitouri TLICH
De Ghbenten de la Kasba Sidi Makhlouf
Jeffara occidentale
Notre traduction

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