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THESE
Etude expérimentale et numérique du comportement des
voiles en maçonnerie soumis à un chargement hors plan
Présentée devant
L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon
Pour obtenir
Le Grade de Docteur
Par
Membres du Jury :
François NICOT DR, Irstea-Grenoble Rapporteur
Marwan AL HEIB HDR, INERIS-Ecole des Mines Rapporteur
Laurent DAUDEVILLE Professeur, L3SR-Grenoble Examinateur
David DUREISSEIX Professeur, LAMCOS-INSA de Lyon Examinateur
Frédéric DUBOIS Ingénieur de Recherche, LMGC-Montpellier Examinateur
Julien MERCIER Ingénieur Matériaux-FREYSSINET Invité
Ali LIMAM Professeur, LGCIE-INSA de Lyon Directeur de thèse
ABSTRACT ............................................................................................................................ 11
CHAPITRE 1 .......................................................................................................................... 17
CHAPITRE 2 .......................................................................................................................... 31
A. Préambule .......................................................................................................................... 33
CHAPITRE 3 .......................................................................................................................... 97
A. Introduction ....................................................................................................................... 99
C. Validation de la méthode des éléments discrets : le cas de maçonneries à joint sec . 123
1. Les cas de sollicitations dans le plan .............................................................................. 123
1.1. Cas d’une perte de condition aux limites ................................................................. 123
1.1.1. Essais INSA....................................................................................................... 123
1.1.2. Etude de N. Bicanic ........................................................................................... 126
1.2. Le cas d’un chargement combiné : cisaillement et compression ............................. 129
1.3. Conclusion ............................................................................................................... 134
2. Maçonnerie soumises à chargements hors plan.............................................................. 135
6
E. Conclusions....................................................................................................................... 244
The study, based on experiments and numerical modeling, discusses the behavior of masonry
walls in the loading case of a uniform out of plane pressure. Engineering applications are
multiple, for example the case of detached house built on mountain in blue area, where
structures are liable to undergo an impact of snow avalanche type; or the case of masonry
subjected to lateral pressure induced by accidental load such as an explosion in Seveso area or
more generally in city following the explosion of a gas pipeline. Our study allows, first to
quantify the bearing capacity in the case of uniform pressure in quasi-static loading case, and
thus to highlight the associated modes of rupture, and secondly to estimate the improvements
in terms of global behavior when the structure is reinforced by Carbon Fiber Reinforced
Polymer (CFRP) layers. Then, discrete element method (DEM) is illustrated by applications
to various masonry problems from simple to more complicated, where in plane loading, out of
plane loading, or both, are considered. This modeling allows us to evaluate the pertinence and
limitations of DEM in masonry structure. Finally we discuss the dynamic tests, with the case
of impact, easier to manage in laboratory than the testing dynamic "blast type" that we will
put into perspective.
11
Le deuxième chapitre porte sur l’étude expérimentale de murs en blocs de béton, soumis à
une incrémentation quasi-statique d’un champ de pression hors plan. L’effet des conditions
aux limites et des murs de refend, qui correspondent aux dispositions constructives classiques,
sont étudiés. Le renforcement par matériau composite est proposé. Les essais de
caractérisation des matériaux constitutifs, ainsi qu’une instrumentation conséquente des essais
sur murs, permettent de disposer de résultats quantitatifs très complets. Couplés à l’analyse
qualitative, visuelle et par corrélation des images, de l’initiation et de la propagation des
dommages, ces résultats confortent une base de données expérimentales susceptibles
d’alimenter la modélisation numérique.
14
Enfin une conclusion rappelle nos contributions essentielles, et évoque quelques axes de
développement à envisager dans le prolongement de cette étude.
15
Sommaire
1. Introduction ...................................................................................................................... 18
2. Flexion uni-axiale ............................................................................................................. 19
3. Flexion bi-axiale ............................................................................................................... 24
4. Conclusion ........................................................................................................................ 29
17
Le comportement des murs en maçonnerie soumis à des chargements hors plan est un des
grands défis dans la construction des structures maçonnées. La résistance à la flexion de la
maçonnerie a été investie essentiellement en relation à la résistance des panneaux ou murs
sous charges dues au vent. Cependant, en dehors de l’effet du vent qui fut la préoccupation
première, l’effet de flexion peut être induit dans diverses configurations de sollicitations. Par
exemple en lien avec les catastrophes naturelles, comme les séismes, les inondations, les
avalanches de neige ou de boue suite à un glissement de terrain, la pression latérale induite
par un mur d’eau comme un tsunami. Ou alors dans le cas de sollicitations accidentelles,
comme l’explosion, d’une conduite de gaz, d’une usine ou d’un silo en site Seveso, ou due à
une attaque terroriste, et enfin les impacts de véhicule en ville, ou plus généralement d’un
projectile (Fig. 1.1).
a)
b) c)
18
Pour ces cas de charges, peu de travaux existent dans la littérature comme notre synthèse
bibliographique le montrera plus bas, que ce soit au travers d’approche simplifiée privilégiant
l’analyse en quasi-statique, ou via des essais ou des simulations en dynamique intégrant toute
la complexité des comportements à l’échelle des matériaux constitutifs et de la structure.
2. Flexion uni-axiale
Le comportement hors plan est essentiellement une conséquence du comportement dans le
plan. En effet, un exemple simple, la résistance d’une poutre sous flexion 3 ou 4 points est la
conséquence de la résistance à la traction par flexion. Normalement, la résistance à la traction
par flexion est plus importante que celle obtenue sous traction directe. Le comportement non-
linéaire de maçonneries sous traction directe a été étudié par Pluijm [PLU 1997]. Il est noté
que le comportement hors plan est considéré plus fragile que celui dans le plan, et donc plus
difficile à caractériser expérimentalement mais aussi numériquement comme on le verra plus
bas. En dehors des techniques classiques comme les tests sous flexion 3 ou 4 points (Fig.
1.2ab), une autre technique dite « bond-wrench » est aussi utilisée dans la pratique (Fig. 1.2c)
[HUG 1980] pour caractériser la résistance sous flexion des maçonneries. Se basant sur la
méthode du moment de flexion en tête de muret, le test « bond-wrench » nous permet en fait
de déterminer la résistance à la rupture d’un joint de muret.
a) b) c)
Fig. 1.2. a) Test flexion 4 points (Eurocode 6) [EUR 2003] : Plan de rupture parallèle au lit
de pose (flexion horizontale) ; b) Test flexion 4 points (Eurocode 6) : Plan de rupture
perpendiculaire au lit de pose (flexion verticale) ; c) Test dit « bond-wrench ».
19
3.5
3
ftx (MPa)
2.5 1:1
2
Fig. 1.3. Résistance à la flexion uni-axiale selon les deux plans de rupture.
Les comportements hors plan peuvent être finalement classés selon trois catégories: le cas de
la flexion uni-axiale, la flexion bi-axiale, et la combinaison membrane/flexion. Les techniques
présentées précédemment sont utilisées essentiellement pour caractériser la flexion uni-axiale.
Cette dernière est étudiée principalement dans deux directions : flexion avec plan de rupture
parallèle au lit de pose (flexion horizontale - fty Fig. 1.2a) ou avec plan de rupture
perpendiculaire au lit de pose (flexion verticale – ftx Fig. 1.2b). La résistance est évidemment
différente dans ces deux directions, et généralement, la résistance à la flexion verticale est
plus grande que celle horizontale. Le ratio des résistances à la flexion dans deux directions a
été étudié par [HEN 1990]. Nous proposons ci-après une synthèse des résistances à la flexion
dans deux directions en se basant sur les études de la littérature. Les résultats regroupés à la
Fig. 1.3 sont issus d’essais réalisés entre 1974 et 1999 [SIN 1974] [GAZ 1975] [WES 1977]
[SIN 1978] [HAM 1988] [CHE 1996] [PLU 1999].
14
Hamid & Drysdale 1988
Pluijm 1999 - wcJO90+GPM
12 Pluijm 1999 - CS-block92+TLM
Sinha 1978
Gazzola 1985
Sinha & Hendry 1974 -Test 1b
10 Sinha & Hendry 1974 -Test 1c
West 1977
ftx/fty (MPa)
Chen 1996
8 Lawrence 1975
0
0 0.5 1 1.5 2
fty (MPa)
Fig. 1.4. Résistance à la flexion uni-axiale selon les deux plans de rupture.
Ces résultats bien que ne synthétisant pas tous les essais disponibles dans la littérature, nous
permettent de constater une variabilité significative du ratio des résistances dans les deux
directions caractéristiques. On peut cependant confirmer que ftx est supérieur à fty car tous les
points sont à gauche de la diagonale y=x Fig. 1.3. Si on observe le ratio ftx/fty en fonction de
fty, une tendance à la diminution, lorsque fty augmente, est remarquée (Fig. 1.4). [LAW 1975]
20
21
déflection 1) est contrôlée par la résistance à la flexion des joints verticaux. Dès que la perte
La charge associée à cette fissuration est notée P1. Cette résistance P1 (correspond à une petite
résistance ultime Pu, avec la déflection u. En ce point, un mécanisme complet est développé,
contrôlé par la torsion dans les joints d’assises. La charge continue à augmenter jusqu’à la
soit par la rupture par torsion du joint d’assise, soit par la fracture des briques, il s’ensuit une
Fig. 1.7. Réponse idéale sous flexion horizontale uni-axiale [WIL 2004].
L’effet de torsion est un facteur important qui influence notablement la résistance ultime dans
le cas de la flexion verticale (ou on peut dire aussi l’effet de cisaillement par torsion) dans les
joints d’assises (mécanisme 3). Par contre, très peu d’études abordent la caractérisation de cet
effet. [WIL 2004] a réalisé des essais sur deux briques assemblés par un joint d’assises de
mortier soumises à une torsion, ce afin d’estimer la résistance au cisaillement des joints. Cette
couche de mortier est réduite au centre des briques avec une longueur égale au quart de la
longueur totale de la brique (Fig. 1.8a). Ces spécimens sont soumis à des niveaux variés de
pré-compression combinée avec un moment de torsion appliqué autour du centre du joint
maximale de cisaillement par torsion b, d’un joint d’assise, est liée à la résistance à la flexion
d’assise. Ces essais ont permis d’obtenir une équation empirique qui montre que la contrainte
a) b)
Fig. 1.8. Essai de torsion : a) banc d’essai ; b) comportement du joint d’assise [WIL 2004].
Les études de [MAS 2007][SCH 2008][SCH 2010], ont permis de mieux comprendre le
comportement à la torsion d’un joint. Dans ces études, la section transversale des spécimens
22
a) b)
c)
Fig. 1.9. Essai de torsion [MAS 2007] : a) banc d’essai ; b) comportement du joint d’assise ;
c) spécimens.
Le dernier point à discuter dans le comportement de flexion uni-axiale de la maçonnerie est
celui concernant ses propriétés élastiques. La majorité des études expérimentales menées,
consistent à déterminer la résistance à la flexion obtenue à la rupture, ainsi les propriétés
élastiques sont ignorées. Il n’y a que très peu d’études qui caractérisent ces propriétés. [LAW
1974] indique que le module d’élasticité de flexion est indépendant de la résistance ultime. La
configuration de chargement n’a pas un effet important sur les mesures dans le domaine de
l’élasticité bien qu’elle ait une influence importante sur les mesures de capacité ou résistance.
Le module d’élasticité de la maçonnerie sous flexion s’avère être orthotrope mais avec une
forte dépendance au type de brique. Le manque de résultats expérimentaux ne nous permet
pas d’estimer clairement le comportement sous flexion uni-axiale dans le domaine élastique
(Fig. 1.10). Assez récemment, [CEC 2005] a proposé, en ayant recours à la MEF, une
estimation du module d’élasticité sous flexion exprimé à l’aide du ratio Eb/Em (Eb, module
d’élasticité du bloc ; Em, module d’élasticité du mortier).
23
14000 1.4
12000 1.2
Ex/Ey (MPa)
Ex (MPa)
10000 1
8000 0.8
6000 0.6
3. Flexion bi-axiale
Un mur travaille à la flexion bi-axiale lorsqu’il est en appui sur 3 ou 4 de ses extrémités ou
bords (Fig. 1.11) [DRY 1988], ou bien lorsqu’il porte sur 2 bords adjacents. Le mécanisme
de rupture des murs sous flexion bi-axiale est très complexe car sous cette condition de
charge, la distribution du moment de flexion n’est pas monotone mais varie à travers le
panneau. Les modes de rupture caractéristiques dépendent des dimensions du panneau, des
conditions aux limites, ainsi que des résistances relatives des unités (briques, blocs) et joint
d’adhésion ou mortier.
Flexion diagonale Flexion horizontale Flexion verticale
a) b) c)
Fig. 1.11. [DRY 1988]
Afin de simuler le chargement uniformément distribué, la méthode classique utilisée est un
système de « Christmas tree » illustré à la Fig. 1.12 [AND 1976]. Ce système se compose
d’un servo-vérin, d’une série de poutrelles et de fils afin d’appliquer les mêmes charges sur la
surface du mur. La deuxième méthode, souvent utilisée souvent dans les études récentes,
consiste en un système de coussins d’air ou de coussins hydrauliques. Ce système peut être
amélioré pour simuler une pression cyclique [GRI 2007b] (Fig. 1.13a) ou même être utilisé
directement in situ sur les structures réelles [HOS 2011].
24
Pratiquement, la plupart des murs supportés sur 3 ou 4 bords subissent ainsi une combinaison
de flexion verticale et horizontale. En conséquence, en sus des risques d’apparition des modes
de rupture comme pour la flexion horizontale ou/et flexion verticale, comme observé
précédemment dans la partie flexion uni-axiale, un autre mode de rupture due à la
combinaison des deux flexions horizontale et verticale peut être engendré, nommé flexion
diagonale, il émane des coins des panneaux du mur (Fig. 1.11 & Fig. 1.14a). La résistance du
mur est fortement influencée par la capacité de flexion le long des lignes de fissure
diagonales. Selon [GRI 2005], la résistance ultime, associée aux mécanismes de rupture le
long d’une ligne de fissure diagonale, est fonction de plusieurs mécanismes décrits Fig. 1.14b.
Ces mécanismes sont associés à : la résistance à la traction par flexion des joints verticaux
(mécanisme 1), la capacité de torsion des joints d’assises (mécanisme 2), la capacité de
torsion des joints verticaux (mécanisme 3), et enfin la résistance à la traction par flexion des
joints d’assises (mécanisme 4). A cause de l’action bi-axiale, avant fissuration, les
mécanismes de torsion et de flexion se produisent simultanément. Après fissuration, la
résistance est contrôlée par la capacité de frottement des joints d’assises. Un test sous flexion
4 points peut être utilisé pour caractériser la flexion diagonale de la maçonnerie [LAW 2005]
[GRI 2005].
a) b)
Fig. 1.14. a) Rupture diagonale observée [AND 1976]; b) Mécanismes de rupture diagonale
[GRI 2005].
Pour les murs supportés sur 2 bords adjacents, il n’existe quasiment pas d’études disponibles
dans la littérature car ce mode constructif ou condition de support n’est jamais retenu car non
optimal. La Fig. 1.15a illustre le mode de rupture d’un mur sans mortier supportés sur deux
bords adjacents. [ZUC 2008].
a) b)
25
Pour les murs supportés sur 3 bords, la flexion va induire des contraintes principales dont
l’amplitude et l’orientation varient en fonction de la position sur la surface et au travers de
l’épaisseur. Lorsque les contraintes principales atteignent, pour certaines positions dans le
mur, la résistance de la maçonnerie, la fissuration apparait. [HEN 1973][AND 1976][ESS
1986][DRY 1988] [CHE 1996][KOR 2004] indiquent que cette première fissure propage
immédiatement pour former un mécanisme, le mur ensuite ne développe qu’une faible
résistance résiduelle due à l’effet équilibrant du poids propre. Ce mode de rupture correspond
à la réponde charge/flèche illustrée à la Fig. 1.17a (courbe WF). Les modes typiques de
rupture, illustré dans la Fig. 1.16, dépendent du ratio hauteur/longueur de panneau.
Fig. 1.16. Modes de rupture des murs supportés sur 3 bords [DRY 1994].
Pour les murs supportés sur 4 bords, une courbe charge/flèche caractéristique, montre une
perte progressive de rigidité lorsque le chargement approche la résistance maximale du mur.
La fissuration initiale dans les joints d’assises au milieu du mur a lieu longtemps avant
l’atteinte du mode complet de rupture. En effet, la capacité de rotation de la maçonnerie dans
le joint d’assise est bien moins importante que dans le joint vertical. La totalité de la charge
engendrée après fissuration est insuffisante pour causer immédiatement la rupture du mur.
Une augmentation de la charge est requise pour provoquer la rupture du mur. Les résultats des
tests de [DRY 1988] pour des murs avec différents ratios L/H montrent que la pression à la
fissuration initiale et à la rupture diminuent avec l’augmentation de la portée horizontale (la
longueur L) (Fig. 1.17b).
Les résultats de la littérature ont montré que, pour les deux types de conditions aux limites
(supportés sur trois bords et sur quatre bords), la géométrie du mur ou bien le ratio L/H
(longueur/hauteur) influence fortement la résistance du mur. Pour montrer cette influence, et
en se basant sur les études trouvés dans la littérature [LAW 1983][BAK 1973][DUA
1993][DRY 1988][CHE 1996][HEN 1973], on trace ci-dessous le diagramme qui met en
exergue l’évolution de la courbe de charge et plus particulièrement de la charge de rupture du
mur en fonction de L/H pour des murs appuyés sur leurs 4 extrémités Fig. 1.18 .
26
80
Lawrence 1983
Baker 1973
70
Duarte 1993
Drysdale & Essawy 1988
Pression de rupture (kPa)
60
Chee 1996
Hendry 1973
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 L/H 1.5 2 2.5
Fig. 1.18. Influence de L/H sur la pression ultime des murs appuyés sur 4 bords.
[CHE 1996] a instrumenté des murs à l’aide de jauges de déformation positionnées sur la face
tendue et selon les deux directions. L’auteur a trouvé que les panneaux en maçonnerie
possèdent à la fois une résistance qualifiée d’orthotrope (qui diffère selon la direction) et une
rigidité orthotrope. La charge latérale appliquée diffuse selon la rigidité ou orthotropie de la
maçonnerie. Par conséquent, le ratio du module d’élasticité dans les deux directions
orthogonales, exerce une grande influence sur le comportement du panneau. La relation
charge/déflection du panneau de mur est linéaire jusqu’à la fissuration. Après la fissuration, le
comportement devient non-linéaire, et cette non linéarité n’est pas due aux propriétés du
matériau, mais à la fissuration dans la direction la plus faible (normalement c’est la direction
de flexion horizontale). Après la fissuration, la charge est redistribuée de la direction la plus
faible à la direction la plus forte jusqu’à la rupture du mur. La rupture se produit seulement
quand la résistance dans la direction la plus forte atteint sa résistance ultime à la traction.
[PLU 1999] est allé plus loin dans l’évaluation du comportement anisotrope de la maçonnerie
sous chargement hors plan, en considérant des tests de flexion 4 points pour différentes
orientations des joints (0°, 30°, 45°, 70°, 90°). La Fig. 1.19 illustre une série de test qui
montre le comportement anisotrope de la maçonnerie testé par PLU. En réalité, une autre
étude similaire été réalisé avant Pluijm par [GAZ 1986], mais il n’y a que Pluijm qui a mesuré
27
Fig. 1.19. Résultats des séries de murets wc-JO90 sous flexion 4 points [PLU 1999]
Peu d’expérimentation sur maçonnerie soumise à un chargement hors plan avec une
combinaison des actions de membrane existe dans la littérature. Sans aucun doute, ce type
d’étude est certainement d’un grand intérêt pour des recherches futures, des sollicitations de
type membrane pouvant influencer considérablement la capacité portante hors plan. [DRY
1988] [GRI 2007a] ont montré quelques essais de murs supportés sur 4 bords, et ils donnent
l’influence d’une pré-compression verticale sur la résistance à la flexion du mur. Les murs
sont soumis d’abord une pré-compression constante, et ensuite une charge hors plan est
appliquée uniformément jusqu’à la ruine à l’aide de coussins gonflables. L’action de pré-
compression a amélioré la rigidité du mur et augmenté sa résistance ultime. Les modes de
ruptures trouvés dans le cas du mur initial et du mur sous pré-compression sont similaires.
a) b)
c)
Fig. 1.20. Banc d’essai et modes de rupture observés: a) b) [THU 1988]; c) [DAL 2008]
Par contre, les résultats obtenus par [THU 1988] montrent des modes de ruptures hors plan
qui diffèrent selon l’influence de la pré-compression (Fig. 1.20b). Dans cette étude, après
l’application de la pré-compression verticale constante, la charge hors plan est appliquée par
deux moments deux flexions (spécimens de Q1 à Q8), auxquels on ajoute un moment de
torsion pour les spécimens de Q10 à Q13. Une méthode de charge similaire a été utilisée par
[DAL 2008], mais le mur est assemblé par des petits morceaux de bois de dimensions 19x49
mm sans adhésion (contact frottant) (Fig. 1.20c). Cette étude montre une relation linéaire
entre la charge ultime hors plan avec les charges de membrane appliquées. Autrement dit, la
résistance hors plan est augmentée linéairement lorsqu’on augmente la pré-compression
verticale et horizontale. Une nouvelle étude très récente de [NAJ 2013] a utilisé une méthode
de charge différente de celle des études précédentes. Les murs subissent tout d’abord, une
certaine valeur de charge hors plan, on note 5 configurations qui correspondent à 33%, 50%,
67%, 83%, 90% de la résistance ultime de flexion des panneaux. Puis, la charge hors plan
28
a) b)
Fig. 1.21. Banc d’essai et résultats [NAJ 2013]
Les autres effets sur le comportement de la maçonnerie sous flexion, comme l’influence de
l’effet d’échelle, des conditions aux limites, ou comme la présence des murs de refend ou
d’une semelle de support, seront discutés dans le chapitre 2.
4. Conclusion
Ce chapitre nous permet, au travers de quelques études de la littérature, d’avoir une vue
générale sur le comportement de la maçonnerie soumise à des chargements hors plan. Nous
n’avons pas cherché à être exhaustifs, cependant nous avons constaté qu’une grande majorité
des travaux associés à l’étude de structures maçonnées sous chargement mécanique, traitent
plutôt de la maçonnerie chargée dans son plan. Trop peu de contributions concernent le
chargement hors plan. Le comportement de la maçonnerie sous flexion est quasi-fragile et
complexe. Malgré les efforts de recherche menés essentiellement sur le plan de
l’expérimentation, et de façon éparse, les connaissances dans ce domaine nous semblent
limitées. Deux questions nous semblent d’importance, et elles sont malheureusement quasi-
inexistantes dans les contributions de la littérature : Quid de l’effet des conditions aux limites
et de façon sous-jacente quid de l’effet de murs de refend ? Nous nous proposons donc par
notre contribution d’enrichir la base de données expérimentale qui reste somme toute assez
limitée, pour ce qui est des sollicitations hors plan, et au-delà d’aborder ces deux questions.
Par ailleurs nous avons pu noter que les expérimentations menées ne sont pas généralement
accompagnées de modélisations numériques. Ceci nous amène à nous poser des questions
quant à la pertinence et aux limites de la modélisation numérique pour les structures
maçonnées en général, que ce soit pour la maçonnerie sèche ou avec joint, dans le cas de
chargement plan ou hors plan. Qu’elle soit associé à la MEF ou à la DEM, la robustesse doit
être étudiée, elle passe par l’accroissement des cas étudiés (charges et géométries). Pour notre
part nous avons opté pour la DEM, nos essais seront donc simulés, et au-delà certains essais
de la littérature afin de juger de la robustesse de cette approche. La validation de la simulation
numérique, permettrait ensuite de pouvoir dégager au travers d’études paramétriques les
conclusions quant aux paramètres essentiels, tels que l’effet des grandeurs géométriques
(dimensions des murs testés) ou les paramètres matériaux, avec autant les caractéristiques
mécaniques des blocs que celles des joints, ou encore l’effet du maillage ou motif adopté.
29
Sommaire
A. Préambule .......................................................................................................................... 33
32
(a) (b)
Fig. 2.1. (a) Eglise de Vallorcine et sa tourne [GIV 2004] ; (b) La dent de Taconnaz détruite
par l’avalanche du 11 Février 1999 [BER 2007].
Notons d’autre part, qu’il est très courant que les avalanches charrient des troncs d'arbres, des
blocs de pierre ou de glace, ces éléments « rigides » viennent, en plus du chargement de
pression dynamique conséquent à l’écoulement, induire un impact localisé dont il faut prendre
compte dans le dimensionnement de la structure de protection [GIV 2004].
33
34
35
comme N cn Fu /(b.D) , où b est l’épaisseur de la structure, Fu est la charge au pic (Fig. 2.4).
évolue en fonction de la taille de la structure D (dimension caractéristique)
Cette théorie a été retenue pour des structures en béton, mais aussi pour des structures en
maçonnerie (Eurocode 6).
6
Sans refend - Expérimentation
Un refend - Expérimentation
5
Deux refends - Expérimentation
Deux refends
4
q = pression latérale ultime
Un refend Courbes sont tracées de l'analysis approximatif
3
Sans refend
1
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
L/h
Fig. 2.3. Effet des murs de refend sur la résistance latérale en fonction du paramètre L/h
(longueur/hauteur) caractérisant le mur [HEN 2004].
Dans la littérature, on dénombre plusieurs essais sur des structures en maçonnerie, conduits à
différentes échelles réduites. Mohammed [MOH 2011] a testé des prismes en maçonnerie
sous compression, il a considéré quatre échelles 1 ; 1/2 ; 1/4 et 1/6. Ses résultats montrent que
la résistance de la maçonnerie sous compression à l’échelle 1/4 et 1/6 est plus grande (le
triple) que celle du prototype échelle 1, mais celle de l’échelle 1/2 est similaire à celle du
prototype échelle 1. En particulier, cet auteur a trouvé que la rigidité du prisme est identique
pour les quatre échelles. Lourenço [LOU, 2000] a montré expérimentalement, sur des poutres
maçonnée sous flexion 3 points, que l’accroissement de résistance en flexion est fonction de
la hauteur (profondeur) des spécimens. Des essais de murs en maçonnerie soumis à des
chargements de flexion dans deux directions (murs supportés sur 3 ou 4 bords) ont été réalisés
par [HEN 1973] sur une échelle réduite de 1/6, ou [ZUC 2009] sur une échelle de 1/3, mais
ces auteurs ne donnent pas de conclusion sur l’effet d’échelle. Similairement, Laefer [LAE
2011] a testé le tassement de mur maçonné sur une maquette à l’échelle 1/10ème mais il ne
donne aucune analyse comparativement à l’échelle 1 de la structure. Via la modélisation
numérique, Lourenço [LOU 1998] a analysé des murs en maçonnerie de tailles différentes,
son modèle est basé sur un modèle d’interface. Ce modèle d’interface, formulé dans le cadre
des approches de type plasticité avec adoucissement, gère cette dernière pour les trois types
d’occurrence de la rupture, en traction, au cisaillement et à la compression, avec un traitement
cohérent des interactions de ces différents modes [LOU 1997]. L’implantation numérique
s’appuie sur des concepts algorithmiques basés sur la méthode de Newton Raphson, avec un
couplage des approche locale et globale, l'intégration implicite des équations de vitesse et
cohérentes des matrices de rigidité tangente. Les paramètres nécessaires à la définition du
modèle sont issus des micro-expériences dans les unités, les joints, et des petits échantillons
de maçonnerie. Avec cette approche de modélisation numérique, Lourenço a trouvé que
36
Critère de résistance
Mécanique nonlinéaire
de la rupture
2
1
37
c) d)
Pour notre étude les dimensions du mur à tester, la zone de charge, ainsi que les questions
liées au renforcement par bandes de matériaux composites, sont détaillées ci-dessous.
Bande de TFC de
Mur de largeur =Z mm
refend Micropores Y
H=2 m
Pression
Semelle
du béton X
L= 2,5 m
Nécessité d’ancrages des bandes??
Cas non renforcé Nombre de bandes??
Cas renforcé
Fig. 2.6. Dimensions du mur principal testé et problématique du renforcement
Les dimensions géométriques du mur, la nature des blocs maçonnés (blocs de béton creux
standards qui ont par ailleurs des bonnes capacités d’isolation thermique), ainsi que la
présence de deux murs de refend et, soit d’une dalle béton armé en partie basse, soit d’une
semelle filante en BA, respectent les standards de la construction. Les matériaux de
construction les plus courants ont été utilisés, du bloc de béton standard jusqu’au mortier
le spécimen 3. Ceci confère à la structure, une forme en « U », classiquement adopté pour les
constructions (Fig. 2.8). Les dimensions de ces maquettes sont choisies de telle sorte que les
diagonales des murs coupent au moins une fois les joints verticaux. Dans le but d’évaluer
l’effet des conditions aux limites comme énoncé précédemment et de maintenir leur fonction
de la semelle en forme de « U » envisagé pour le premier test ; les conditions de charge sont
similaires.
38
Les deux murs non-renforcés testés et leurs dimensions géométriques sont précisées Fig. 2.8.
La présence des murs de refend conduit au problème de liaison dans les angles de jonction
avec le mur principal. Une liaison de type imbrication croisée a été retenue. De plus, afin
d’assurer que les murs travaillent de façon monolithique, le renforcement des liaisons mur
principal/murs de refend est nécessaire, en particulier pour le type de chargement hors plan ici
considéré. En cas de faiblesse à ce niveau, ce sera la capacité de la liaison qui sera évaluée et
non la capacité portante du mur principal. Les modes de ruptures des bâtiments observés
après séismes prouvent la nécessité de liaisons performantes entre le mur de refend et le mur
principal pour éviter les ruines locales [BRU 1994] à l’interface. Plusieurs méthodes de
renforcement sont utilisées dans la réalité comme l’utilisation d’équerres d’ancrage dans les
coin [ARY 2006], ou des bandes d’acier positionnées comme à la Fig. 2.9, ou bien des murs
porteurs en maçonnerie chaînée. La méthode de renforcement classique de chaînage dans les
39
a) b)
c)
Fig. 2.9. a) Equerre métallique ; b) Bande d’acier ; c) Rupture d’un mur chaîné en maçonnerie
soumis à des chargements hors plan après un séisme au Chili 2010 [AST 2010].
positionnées côte à côte aux quatre coins du mur et de 2 tiges de 2 tiges 12mm, positionnées
au milieu de chaque mur de refend, et dont les longueurs sont égales aux hauteurs des
parpaings (Fig. 2.10). Les tiges des extrémités, aux quatre coins, ont été rallongées. Pour cela,
nous avons respecté la règle à savoir d’assurer que leur recouvrement minimum entre les tiges
est d’au moins 60 fois leur diamètre [AFP 2006].
40
Les chaînages horizontaux sont des poutres en béton armé, qui généralement ceinturent le
bâtiment. Les chaînages assurent la stabilité du bâtiment en reliant tous les murs entre eux et
limitent les risques de fissuration. Ils jouent un rôle de transférer les charges de membrane
aux murs de la structure. Ils sont situés au niveau de la dernière ligne de parpaing en haut du
mur et sur toute sa périphérie. Les blocs linteaux sont destinés à la réalisation de ces
chaînages. Ils sont utilisés pour la création de chaînages en béton armé sans coffrage. La
ferraillage est une poutrelle treillis triangulaire 6mm (Fig. 2.11a) qui est présente tout le
géométrie de ces blocs (en forme de U) permet d’accueillir un ferraillage horizontal. Ce
long du mur principal ainsi que le long des refends. Ce ferraillage est ensuite relié au
ferraillage vertical dans les angles ainsi qu’aux extrémités des refends. Enfin la dernière étape
de la construction consiste à couler du béton (le même que pour la semelle) dans les blocs
linteaux ainsi que dans les blocs d’angle.
a) b)
c)
41
(a)
42
Quant à l’emploi de matériaux naturels, les essais réalisés par Corazao [COR 1974] ont
montré l’efficacité des techniques de renforcement interne par des cannes verticales et
horizontales (Fig. 2.12a). Les « cannes écrasées », l’objectif étant l’obtention d’une couche
plane qui servira de lit d’armatures, ont été utilisées pour armer horizontalement, toutes les
quatre couches de joints horizontaux. L’essai dit statique consiste à positionner sur une table
inclinable en béton 4mx4m, un module d’adobe de taille réelle. Ces essais permettent
d’analyser les modes d’effondrement de chaque modèle testé et de qualifier les renforts
proposés. Ainsi, Les renforts utilisés ont amélioré la résistance et la ductilité du mur. Le
« coefficient sismique statique » est augmenté de 0,23g (Fig. 2.12b) à 0,42g (Fig. 2.12c) dans
le cas renforcé. Parallèlement à ces tests statiques, des essais dynamiques sur table vibrante et
considérant un signal sismique réel ont été réalisés. Ils ont permis de confirmer le rôle
important de ce type de renforcement. En conclusion, l’utilisation de renforcements intérieurs
verticaux et horizontaux a permis de doubler la résistance aux charges horizontales et de
diviser par 6 le déplacement latéral en tête du mur. En France, les matériaux de renforcement
les plus utilisés, sont bien entendu les aciers ou ferraillage de type industriel. Les règles de
base de la construction de structures en maçonneries armées sont décrites dans l’Eurocode 6.
L’avantage de l’acier est de garantir une forte adhérence (acier de type haute adhérence) avec
le béton coulé. L’utilisation de matériaux dits naturels est principalement dictée par des
raisons économiques et environnementales et non de performances mécaniques. Diverses
solutions peuvent être proposées pour le renforcement, au-delà des matériaux dits naturels,
ainsi, un matériau industriel économique comme le tuyau en PVC, peut être utilisé dans le cas
d’un renforcement vertical [BLO, 2005]. Ces applications peuvent en effet permettre de
recycler les structures diminuant ainsi le volume des déchets issu de la construction.
Béton projeté. : Béton normal et béton fibré : c’est par exemple le cas des égouts à Paris, où
la maçonnerie lorsqu’elle est dégradée, est renforcée par du béton projeté sur une grille
d’armatures.
43
(a) (b)
Fig. 2.14. (a) [DOW 2005] ; (b) [TUR 2007]
Des systèmes de connections sont aussi proposés pour améliorer le comportement mécanique.
Système de grille :
44
156
156
156
45
Le renforcement est assuré dans les deux directions, verticale et horizontale (Fig. 2.18) avec à
chaque fois une seule couche. Le renforcement vertical se compose de sept bandes de TFC
uniformément réparties, chacune de 20 cm de large et de 2 m de long. Le renforcement
horizontal est composé de six bandes de TFC uniformément réparties, chaque bande fait 20cm
de large et 2,5m de long. Afin d’éviter les décollements de bandes de TFC et d’assurer
l’efficacité du renforcement jusqu’à l’atteinte du comportement postcritique (effondrement),
des mèches d’ancrage sont mises en places sur les bandes horizontales et sur les bandes
verticales, conformément à la procédure décrite plus bas. Chaque bande est ancrée à ses
extrémités avec trois mèches par extrémité. En partie basse, l’ancrage des bandes verticales
est réalisé dans la dalle béton, sur les côtés l’ancrage des bandes horizontales est assuré dans
les poteaux d’extrémité, et en partie haute l’ancrage est assuré par un simple retour de bande
en tête de mur.
Le procédé de renforcement est constitué de plusieurs étapes. Tout d’abord, les découpes des
bandes sont réalisées dans le sens de la largeur. Avant de couper les tissus, une bande
d’adhésif est positionnée sur la partie lisse afin d’éviter l’effilochage des fibres du tissu lors
de l’opération de découpe (Fig. 2.19 a).
Cinquante-quatre mèches sont préparées pour l’ancrage des bandes TFC, une mèche d'ancrage
par bande verticale, positionnée en bas de bande, et une mèche d’ancrage de part et d’autre
des bandes horizontales. En haut les bandes seront ancrées par recouvrement (20cm) sur le
mur principal (Fig. 2.22c). Une mèche d’ancrage (Fig. 2.20c) est constituée d’un assemblage
l’ancrage : une partie destinée à être enfilée et scellée dans un forage dans le bloc de
de fibres de carbone, composé de deux parties :
46
a) b)
c)
Fig. 2.20.Les trous perforés: a) dans l’angle, ancrage des bandes horizontales ; b) dans la
semelle pour ancrage des bandes verticales ; c) une mèche.
Pour ancrer les mèches à l’extrémité basse des bandes verticales, la résine identique à celle
utilisé pour le tissu, est extrudée dans le trou de scellement au moyen d’une cartouche, d’une
pompe et d’une buse à fractionnement statique placée en extrémité de cartouche. Le trou est
rempli légèrement au-dessus de la moitié de sa profondeur (Fig. 2.21a). L’ancrage de la
mèche dans le trou est assuré à l'aide de la tige de scellement (Fig. 2.21b). Enfin, une bande
carrée de tissu est positionnée afin de recouvrit sur le fouet du mèche (Fig. 2.21c) dans le but
de conforter la liaison et d’assurer un ancrage optimale des fouets.
a) b) c)
La colle époxy bi-composante est livrée en kits pré-dosés, elle doit être mélangée dans son
intégralité (Fig. 2.22a). Le mélange doit être effectué de façon mécanique en utilisant un fouet
hélicoïdal monté sur une perceuse. Les deux composants sont de teintes distinctes. Le
mélange est prêt quand la teinte du produit mélangé est uniforme. Tout d’abord une première
couche de résine est appliquée. La bande est ensuite collée sur la surface et maroufler avec un
rouleau pour que le tissu s’imprègne de la résine et assurer une adhésion parfaite (Fig. 2.22b).
Enfin une autre couche de résine est appliquée sur la bande, c’est le matriçage.
47
mc
15
5 5
Fig. 2.23. Positions des mèches ancrées dans la semelle et dans les coins du mur.
L’application du TFC a été réalisée de façon similaire pour le deuxième mur renforcé, mais le
renfort est moindre. Le renforcement vertical se compose de 6 bandes de TFC uniformément
réparties, chacune de 75mm de large et de 2m de long. Le renforcement horizontal est
composé de six bandes de TFC uniformément réparties, chaque bande fait 75mm de large et
2,5m de long. Les 18 mèches sont préparées pour l’ancrage de TFC. On dispose d’une mèche
d'ancrage par bande verticale à sa base, et deux mèches d'ancrage, par bande horizontale, une
à chaque extrémité, ce qui nous fait 18 mèches d'ancrage au total. En haut les bandes sont
ancrées par recouvrement (20cm) sur le mur principal.
2510
75 75 75 75 75 75
75
311
75
311
311
75
311
75
311
75
48
HD
Semelle de béton 26
0 x9
3 OU
Tige d'ancrage HE
400x300x40 2 80
A
ep 40
200x40
2 gousset
Gousset ap 40 ap 40
Plat 400x40
0.60
LVDT
(a)
Comparateur
n0 3
Comparateur
n0 1
(b)
Fig. 2.26. (a) Positionnement des capteurs LVDT; (b) Comparateurs pour mesure des
déplacements de la semelle.
(a)
50
(b)
Fig. 2.27.(a) Positionnement des coussins de chargement; (b) Capteur de pression et système
d’alimentation des 6 vérins.
(a)
51
Fig. 2.28. (a) Fissures observées dans les joints par MCI [TUN 2008] ; (b) La déformation
tangentielle obtenue par MCI correspond à un mouvement latéral de 0,127mm [CAR 2011].
Concernant les structures en maçonnerie, des études récentes ont confirmé la fiabilité de
l’application de la technique par corrélation d’images. Tung [TUN, 2008] a testé un muret de
dimension de 40 x 30 cm2 (longueur x hauteur) assemblé de briques inclinés de 45° avec la
présence de mortier, soumis à un chargement en compression dans le plan. Cette étude a
montré l’efficacité de l’identification de la formation des fissures basée sur la concentration
de grande déformation sur la surface du mur. Il conclut que les fissures initiales peuvent être
identifiées grâce aux iso-valeurs de déplacement ou bien de déformation obtenues via
l’analyse par corrélation d’images en 2D. Cependant, l’analyse de la concentration des
déformations via les déformations de Von Mises permet de définir la position des fissures
(Fig. 2.28a). La distribution non-uniforme des déformations due à la présence de matériaux de
caractéristiques différentes, est bien détectée par l’analyse d’image MCI 2D. La taille de grille
a cependant une grande influence sur l’évaluation de la formation des fissures dans le mur
maçonné, une petite grille donne un meilleur résultat dans ce cas. Similairement, Carlo [CAR
2011] a testé in-situ un mur sous des niveaux différents de contrainte normale dans un test de
cisaillement indirect, il a eu recours à la MCI 2D. Les objectifs essentiels de ce programme
expérimental, sont la mesure de la cohésion initiale et de l’angle de frottement de
l’assemblage brique-mortier, nécessaires pour caractériser l’enveloppe de ruine basée sur le
critère de Mohr-Coulomb. Bien que ce test ait été réalisé sur un grand mur, il applique la
méthode de corrélation d’images sur une zone autour d’un brique, et ce à plusieurs endroits
(Fig. 2.28b).
La méthode dite de corrélation d’images peut être utilisée en 2D ou en 3D. Dans le cas 2D, la
MCI est basée sur la recherche des champs de déplacements homogènes bilinéaires de
chacun des patterns de la zone d’intérêt. Le pattern est défini par une zone d’étude qui sera
discrétisé en un ensemble de carrées de pixels. La taille de pattern est de l’ordre de 6 et 32
pixels et la distance entre les centres de patterns adjacents entre 6 et 20 pixels [CLE 2001].
Pour notre étude, une MCI 3D a été utilisé, réalisée à l’aide d’un système stéréoscopique
correspondant à l’utilisation de 2 cameras indépendantes, ayant une résolution appropriée,
connectées à un ordinateur pour l’acquisition des images. Avant le déroulement de l’essai, un
calibrage du système est nécessaire, il consiste à déterminer les paramètres de la fonction
reliant les coordonnées en 3D des points de l’espace et les coordonnées en 2D de ces points
projetés sur les deux plans d’images. Le problème du calibrage permet de donner à un
ensemble de points des coordonnées en 3D connus grâce à une mire.
52
(a) (b)
Fig. 2.29. (a) Deux caméras digitales; (b) Mire de calibrage.
(a) (b)
Fig. 2.30. La surface du mur, avant et après traitement par la spray-peinture.
Pour ce faire, un traitement de la surface des éprouvettes est nécessaire, l’objectif étant
l’amélioration de la capacité de détection des points aléatoires dans les patterns sur la surface
du mur. Une couche de peinture blanche est d’abord appliquée sur la surface du mur, puis un
mouchetis noirs est déposé sur le revêtement blanc à l’aide d’une peinture en spray. Les
peintures brillantes ou satinées doivent être évitées car elles induisent des réflexions sous
éclairage. Cette technique efficace pour les spécimens en métal, céramique et composite, sur
lesquels d’ailleurs les premiers résultats ont été obtenus, a été validée dans notre cas pour de
la maçonnerie. La Fig. 2.30 montre la surface du mur avant et après traitement. Le logiciel
Vic-3D permet ensuite l’analyse des images et le calcul des composantes des déplacements et
des déformations.
En ce qui concerne les essais d’identification, deux groupes sont possibles : les essais de
vibration avec entrée-sortie, où les forces d’excitation et la réponse vibratoire du système sont
mesurées ; et les essais de vibration avec sortie uniquement, où l’on mesure uniquement la
réponse du système. La technique de vibration avec entrée-sortie est basée sur le contrôle de
l’excitation d’entrée et la mesure de la réponse temporelle de la structure sur un ensemble de
points préalablement sélectionnés. Les points de mesure de l’effort et de la réponse sont
généralement différents. Les paramètres modaux sont ensuite calculés à l’aide des différentes
fonctions de réponses en fréquence (FRF) entre le point d’impact et les points de mesures
pour une structure linéaire est une matrice [H] qui relie à chaque pulsation , la réponse X
dans le domaine fréquentiel ou bien domaine temporel. La fonction de réponse fréquentielle
() à la force d’excitation F(). Elle est également définie comme étant le rapport de la
transformée de Fourrier d’une réponse en sortie X() divisé par la transformée de Fourier de
la force d’entrée F() qui a causé la sortie [Schwartz, 1999] : H()=X ()F(). Le problème
principal est la performance (précision) des équipements d’excitation. Pour les structures de
moyenne ou petite dimension, il n’est pas difficile de développer un système d’excitation
adéquat. Pour les grandes structures comme les bâtiments, les ponts, les tours, il n’est pas
évident d’appliquer une excitation contrôlée avec des caractéristiques dynamiques
appropriées. Par conséquent, la deuxième technique se focalisant uniquement sur la sortie sera
très pratique dans ce cas. La méthode consiste en la mesure de la réponse dynamique sous des
conditions de charge naturelles, les excitations présentent alors un caractère aléatoire en
fonction du temps, et elles nécessitent une énergie suffisante pour exciter globalement la
structure. Dans les structures réelles comme les bâtiments, les passerelles ou ponts, les tours,
les tunnels, l’excitation dynamique peut être engendrée par la circulation des voitures, ou plus
communément dans le cas de structures légères par le passage des piétons, ou encore par les
rafales de vent. Pour les structures testées en laboratoire, l’excitation consiste en un impact à
l’aide d’un système d’excitation par exemple un marteau d’impact. L’analyse est basé sur le
traitement du signal mesuré (accélération, déplacement, vitesse, déformation) en divers
points, traitement qui consiste en une description dans le domaine fréquentiel par l’application
de la FFT (Fast Fourier Transform ou transformée de Fourier rapide) et sur la corrélation
entre les signaux. Il est souvent nécessaire de faire une analyse modale par élément fini pour
avoir une idée préliminaire des valeurs des fréquences propres et surtout des déformées
modales de la structure. Ces calculs préliminaires, permettent de localiser les points de
mesure. Généralement, le nombre de points de mesure prévus est supérieur au nombre de
capteurs disponibles, il sera donc nécessaire de réitérer l’essai en changeant la position des
capteurs.
Dans le cas d’une structure de type continu avec un matériau unique, la détermination du
module d’élasticité à l’aide de l’analyse modale (corrélation essais et calcul) est plus facile
par rapport à une structure maçonnée. Dans certain cas, pour confirmer la pertinence de la
détermination du module d’élasticité, une analyse du vecteur modale ou déformée modale
sera nécessaire, la méthode FDD [AND 2007] est alors plus efficace pour caractériser le
mode. Par contre, pour la structure en maçonnerie, un calcul via la méthode des éléments
finis, mené pour faciliter l’identification modale expérimentale, n’est pas simple à mener à
cause de l’anisotropie induite par les éléments constitutifs (unités : blocs, briques, pierres…)
et du liant mortier. Dans ce travail nous n’aborderons que les analyses modales via le volet
expérimental, en particulier dans le but de chercher un indicateur d’endommagement. Pour les
structures maçonnées, cette technique peut être appliquée à diagnostiquer la santé des
ouvrages notamment ceux relevant du patrimoine historique [BIN 2004][LOU 2006].
54
La Fig. 2.33 présente un des accéléromètres utilisé dans nos essais de vibration. Il s’agit d’un
accéléromètre mono-axe de modèle 7504A, avec une gamme de mesure étendue (de -4000g à
4000g) et une plage de fréquences relativement large (de 20Hz à 15000Hz).
IMC
Conditionneur
(a) (b)
Fig. 2.33. (a) Accéléromètre mono-axe de modèle 7504A (www.meas-spec.com) ; (b) Central
d’acquisition IMC CRONOS et le conditionneur.
Un système d’acquisition enregistre l’excitation et la réponse des signaux pour une série de
pas de temps discrets. Pour certains capteurs il est nécessaire d’utiliser un conditionneur dont
la fonction principale est d’amplifier les signaux de niveau bas afin d’augmenter la résolution
et de réduire le bruit. Le signal doit être amplifié pour que la gamme de voltage (tension
mesurée) maximale du signal conditionné, soit égale à la gamme d’entrée maximale de la
centrale d’acquisition. Dans notre étude, le système d’acquisition est une centrale IMC
CRONOS de 8 voies.
56
Fig. 2.35.Moules et éprouvettes de mortier
a. Test non-destructif
Afin de caractériser le module d’Young du matériau mortier, nous procédons de façon non
destructive, afin de préserver les éprouvettes pour les essais de flexion. La nature non-
destructive des mesures ainsi que la rapidité et la simplicité des opérations permettent de
répéter sans restriction les mesures sur un même échantillon pour en observer l’évolution dans
le temps. La méthode consiste à recourir à l’excitation par impulsion. Cette méthode constitue
un mode dynamique de détermination des modules élastiques des matériaux. L’éprouvette est
excitée par une légère impulsion mécanique et on analyse ensuite les vibrations transitoires
qui s’ensuivent. Ces vibrations naturelles sont déterminées par la géométrie et les propriétés
physiques de l’échantillon. Un détecteur piézo-électrique ou un microphone est utilisée pour
capter la vibration mécanique et la transformer en signal électrique. Un circuit électronique
détecte les passages à zéro, marquant les périodes successives avec précision. Dès que le
signal commence à décroître, l’instrument mesure chaque période et en garde la valeur en
mémoire, ceci en continue jusqu’à extinction virtuelle du signal. Finalement, le
microprocesseur fait l’analyse des informations stockées, sélectionne la composante
57
m f f2 L3
E 0,9465 3 T1
b t
2 t
T1 1 6,5851 0,0752 0,8109 2 0,868
4
L
t
2
Fig. 2.36. Test Grindosonic : Flèche = capteurs pièzo-électrique, croix = lieu d’impact
58
Fig. 2.37. Calcul de vibration sous Castem; b) Déformée associée au mode 1 de vibration.
Les résultats sont traités sur les valeurs moyennes des 10 éprouvettes de mortier. On
considère que le coefficient de Poisson vaut 0,2. Les valeurs obtenues du module d’élasticité
et les mesures de la masse sont présentés Fig. 2.38 et Tab.2.1.
18000 550
16000 545
Module d'Young (MPa)
14000 540
535
12000
530
Poids (g)
10000
525
8000
520
6000
515
4000 Analytique 510
MEF
2000 505
Jours Poids
0 500
1 7 14 21 28
Fig. 2.38.Module d’Young et poids de l’éprouvette mortier en fonction du temps.
Cette technique non destructive permet une estimation fine du module, les valeurs sont
reproductibles ce qui confirme la robustesse de la méthode à condition de respecter
rigoureusement le protocole d’essais.
Sur la base de la courbe illustrée Fig. 2.38, on voit que, dans un premier temps (pendant les 7
premiers jours après le coulage du mortier), le module d’élasticité du mortier augmente
rapidement concomitamment à la perte rapide de masse de l’éprouvette. Cela peut être
expliqué par la perte importante d’humidité dans le mortier lors du séchage. A partir de 7
jours, on remarque une même tendance de l’amélioration du module d’élasticité mais avec
une cinétique plus lente. Pendant cette deuxième phase, le séchage est beaucoup plus lent ce
qui explique l’accroissement lent du module. En général, après 28 jours, le mortier atteint
presque sa capacité maximale en termes de contrainte. Le tableau ci-dessous reporte en détail
la comparaison du module d’élasticité obtenue par deux méthodes analytique et numérique
basées sur la mesure des fréquences propres expérimentales.
59
b. Test mécanique
Les essais de traction par flexion et de compression, sont menés de façon successive sur les
éprouvettes. C'est-à-dire qu’une éprouvette est d’abord testée en traction par flexion, puis,
après rupture, les deux parties de l’éprouvette sont testées en compression. Le premier essai
est réalisé selon le principe de flexion trois points, comme présenté Fig. 2.39. L’essai est
conduit jusqu'à rupture, on obtient la contrainte de rupture dite de traction par flexion avec
l’expression suivante :
R f f3
3F .l
2b
Rf correspond donc à la résistance en flexion.
Les deux demi-prismes qui résultent de cet essai sont ensuite testés en compression
conformément à la Fig. 2.40. L’essai est également conduit jusqu'à rupture des demi-
éprouvettes, pour finalement déterminer la résistance à la compression avec l’expression
suivante :
Rc 2c
F
b
60
Tab.2. 2 - Résistance en compression et celle de traction par flexion sur les éprouvettes
4x4x16cm.
Jauge 1
Jauge 2
20000
4
15000
3
10000 2
5000 1
0
0
-1
0
68.7
137
206
275
343
412
481
549
618
687
755
824
893
961
1030
1099
-5000 -2
Temps (s)
Un chargement quasi-statique est appliqué selon l’histoire de charge illustrée à la figure ci-
dessus. Deux cycles de charge-décharge sont appliqués dans la phase élastique, ce pour
déterminer proprement le module d’élasticité des blocs. L’exploitation des contraintes à l’aide
de la surface réelle (Fig. 2.58c) permet d’accéder à des valeurs caractéristiques plus
importantes, qu’il conviendra d’envisager dans une approche numérique 3D, l’approche
homogénéisée considèrera par contre les valeurs issues d’une analyse considérant la surface
totale. Les contraintes qu’on abordera dans les parties suivantes sont toutes basées sur la
surface réelle du bloc.
La surface S réelle est calculée comme:
S1=90870 mm2
S2=9618.5 mm2
62
0
0 0.0001 0.0002 0.0003 0.0004 0.0005
Déformation
Marteau
d’impact
15
10
5
0
-5
-10
-15
-20 Temps (s)
-25
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 0.035 0.04 0.045 0.05
50
Accéléromètre e2
40
30
Accélération (g)
20
10
0
-10
-20
-30 Temps (s)
-40
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 0.035 0.04 0.045 0.05
60
50 Accéléromètre e3
40
Accélération (g)
30
20
10
0
-10
-20
-30
-40 Temps (s)
-50
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 0.035 0.04 0.045 0.05
Fig. 2.47. Accélération du bloc mesurée expérimentalement dans le domaine temporel
64
150
FFT
100 623Hz
50
0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Fréquence (Hz)
Fig. 2.48. Réponse dans le domaine fréquentiel mesurée expérimentalement
En supposant que le module d’élasticité du bloc vaut 12050 MPa, l’analyse modale par la
méthode des éléments finis, nous donne une fréquence propre f=308 Hz qui correspond au
premier mode de flexion (Fig. 2.49). Ce mode trouvé numériquement n’a pas la même valeur
que celui mesuré expérimentalement f=623Hz. Avec une fraction longueur sur hauteur assez
faible (L/h=2,5) par rapport à une poutre normale, et la présence des nervures dans le bloc,
cette éprouvette est donc très rigide en flexion. Par conséquent, il n’est pas évident d’exciter
expérimentalement la vibration en mode 1 de flexion. En fait, les deux modes trouvés
expérimentalement, correspondent aux modes suivants donnés par le calcul numérique f4=615
Hz et f7=1052. Pour confirmer cette hypothèse, les vecteurs propres associés aux deux
fréquences mesurées expérimentalement sont calculés par la méthode FDD et illustrés à la
Fig. 2.50. Les modes de déformation associés aux fréquences mesurées sont très voisins de
ceux obtenus via le calcul numérique.
65
e2
0
Amplitude
0 100 200 300 400 500
-0.5
e3
-1 e1 e2 e3
-1.5
Position horizontale (mm)
0.4
e3
e1
0.2
0
0 100 200 300 400 500
Amplitude
-0.2
-0.4
-0.6
e1 e2 e3
-0.8
f=1052Hz e2
-1
Position horizontale (mm)
66
8
Force (kN)
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6
Déplacement (mm)
Fig. 2.53. Courbe force/déplacement pour quatre essais.
Des courbes force/déplacement caractéristiques sont présentées Fig. 2.53. Parmi les quatre
essais réalisés, trois essais (essais 1, 2,4) ont des courbes très proches, en particulier dans la
phase élastique. L’essai de l’éprouvette n°3 a donné une rigidité plus élevée, mais l’effort
67
(a) (b)
Fig. 2.54. Modes de rupture des essais : (a) n°1, n°2 et n°4 ; (b) n°3
Ces essais nous servent à déterminer la contrainte caractéristique de traction par flexion. Une
simple interprétation de l’essai via la théorie des poutres nous permet d’obtenir une estimation
de cette contrainte, associée au début de fissuration. Si on traite le problème en poutre, la
contrainte de traction maxi est donnée par :
R ( MPa)
3.F .d
t
b.h 2
Avec Rt la résistance en traction du béton, F la force associée au début de fissuration, d la
longueur entre l’appui et le point d’application de la force (ici 140mm), b la largeur de la
poutre (ici 200mm) et h la hauteur de la poutre (ici 200mm).
Alors : R ( MPa) 0,49MPa; 0,58MPa; 0,59 MPa; 0,58 MPa.
3.F .d
t
b.h 2
(a) (b)
Fig. 2.55. Iso-valeurs de contrainte S11 (ou Sxx) d’un bloc chargé : (a) face chargée ; (b) face
au niveau des appuis (valeurs positives en traction et négatives en compression)
68
1
0
-1
-2
-3
-4
-5
-6
0 100 200 300 400
Longueur de bloc - LIG-Bas (mm)
Fig. 2.56. Valeurs de contrainte S11 (Sxx) sur une ligne (partie basse du bloc, ligne rouge).
La contrainte obtenue numériquement est exploitée le long d’une ligne sur la surface tendue,
en bas du bloc, la contrainte en traction maximale trouvée est de 2,46 MPa (Fig. 2.56).
69
Mortier
Parpaing
béton
Fig. 2.57. Echantillons pour essais de blocs en compression
Les déplacements sont quantifiés à l’aide de trois capteurs LVDT placés sur le plateau de la
presse, la force à l’aide d’un capteur de pression. Le positionnement des capteurs est donné
Fig. 2.58.
a) b)
c)
Fig. 2.58. Essai de compression: bloc et prisme
L’exploitation des contraintes à l’aide de la surface réelle (Fig. 2.58c) permet d’accéder à des
valeurs plus importantes. Les contraintes qu’on abordera dans les parties suivantes sont toutes
basées sur la surface réelle du bloc.
On obtient la surface S réelle :
S1=90870 mm2
S2=9618.5 mm2
S3=9071 mm2
S= S1-(4S2+2S3) = 34254 mm2
S2 et S3 correspondent à la surface des trous; S1 est la surface du bloc sans les trous.
70
Bloc 1
Prisme 1
Bloc 2
b
Prisme 2
Bloc 3
Prisme 3
Les fissures (Fig. 2.59), pour les blocs 2 et 3 sont apparues dans le sens (a) transversal et
plutôt sur les bords. L’essai du bloc 1 a donné un mode de rupture différent. En effet les
seules fissures sont apparues dans le sens (b) longitudinal, le long de la ligne médiane. Pour le
prisme 1, on voit que seul le bloc supérieur est fissuré, le bloc inférieur est resté intacte. [GIH
2007] indiquent que le mode de rupture du prisme est divisé par 3 phases différentes. Dans la
première phase, la perte de cohésion est initiée dans le mortier. Dans la deuxième phase, le
mortier est écrasé, et dans la troisième phase les blocs sont éclatés. En particulier, la
résistance ultime du prisme en maçonnerie n’est atteinte qu’après la troisième phase. La
combinaison de l'écrasement du mortier et la rupture du bloc en tension traduisent la rupture
ultime. Ainsi, pour le prisme 1, la valeur maximale de la résistance en compression obtenue
(courbe bleu sur Fig. 2.60) n’est pas la valeur ultime car le bloc inférieur n’a pas encore
atteint la rupture. C’est pourquoi, nous ne retenons que les prismes 2 et 3, pour lesquels la
rupture est atteinte, pour déterminer la résistance moyenne en compression.
18
16
14
Bloc 1
Bloc 2
12 Bloc 3
Contrainte (Mpa)
E2=6181 MPa
10 E1=4957 MPa
8 zone élastique
2 E3=5889 MPa
0
0.000 0.001 0.002 0.003 0.004 0.005 0.006 0.007
Déformation (mm/mm)
Fig. 2.60. Essais de compression des blocs : Courbes contrainte/déformation
71
16
14
12
Contrainte (MPa)
E3=10160 Mpa E2=10168 Mpa Prisme 1
Prisme 2
zone élastique
Prisme 3
10
zone élastique
6
E1=6659 Mpa
4
0
0,0000 0,0005 0,0010 0,0015 0,0020 0,0025 0,0030 0,0035
Déformation (mm/mm)
Fig. 2.61.Essais de compression des prismes : Courbes contrainte/déformation
La résistance moyenne en compression, si l’on considère la section réelle est de 12,27 MPa
(CV=0.07) pour les blocs, et de 14,61 MPa (CV=0.01) pour les prismes (Tab.2. 3)
Il est normal que la résistance des prismes soit supérieure à celle des blocs, la superposition
de ces derniers exacerbe moins les singularités notamment pour les blocs autres que ceux aux
extrémités.
3.3. Béton
Le béton ayant servi à la confection des chaînages et de la dalle support est du type C40/45.
Le tableau ci-dessous en précise la formulation ou dosage des différents constituants.
Des tests de compression ont été effectués sur des éprouvettes 11x22cm cylindriques,
conformément à la norme NF P 18-406. La contrainte moyenne obtenue est en adéquation
avec celle attendue par la formulation.
72
3.4. Acier
HA de diamètre 12mm.
Le ferraillage utilisé pour le chaînage vertical a été testé en traction, il s’agit de tiges de type
600
500
Contrainte (MPa)
Fig. 2.64. Courbes de traction caractérisant les aciers de ferraillage de diamètre 12mm
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
Déformation
Le comportement est similaire à celui généralement observé pour les aciers de ferraillage
haute adhérence, avec un comportement élastique, parfaitement plastique, puis un écrouissage
qui apparait pour un seuil de déformation totale de l’ordre de 2%.
3.5. Composite
Le composite utilisé pour le renforcement est du TFC (Tissu de Fibres de Carbone plus résine
époxydique) développé par Freyssinet. Le composite est constitué d’environ 40 % de tissu et
60 % de résine. Les caractéristiques mécaniques indiquées dans le tableau ci-dessous sont les
caractéristiques minimales garanties. Elles concernent le tissu imprégné et durci qui constitue
le corps du composite, la section résistante, qui correspond à une section moyenne est donc la
section effective.
La colle qui assure la liaison sur la maçonnerie et l’imprégnation de la fibre est constituée de
2 composants : l’éponal TFC résine et l’éponal TFC durcisseur. Le tissu est appliqué sur une
couche de résine, préalablement badigeonné sur la zone où le tissu sera encollé.
74
lt= 0.3
Glt=5800 MPa
Il s’agit des valeurs minimales garanties.
a)Traction longitudinale
Dans l’essai de traction longitudinale, l’éprouvette a été soumise à une charge FL selon la
direction chaîne.
1
FL F
S1 S1
11 F1
S1
75
22 = l2 / l2
D’où le module longitudinal EL et le coefficient de Poisson LT :
EL = 11 / 11 et LT = - 22 / 11
Le module d’Young final a été admis comme étant une moyenne entre les deux valeurs
obtenues par la rosette et par la jauge longitudinale (l’éprouvette est en fait équipée de deux
jauges axiales).
b) Traction Transversale
L’essai de traction transversale est effectué en soumettant une charge F2 suivant la direction
transverse aux fibres ou suivant le sens de la trame.
LT / EL = TL / ET
À ce stade, les modules mesurés doivent satisfaire, aux erreurs de mesure près, la relation
c) Traction à 45º
charge F est appliquée dans la direction x sur la section S, créant une contrainte xx = F / S
Cet essai de traction a été utilisé pour mesurer le module de cisaillement longitudinal GLT. La
La mesure de l’allongement xx dans cette même direction permet d’en déduire le module
Traction à 45º
76
où seul le module de cisaillement GLT n’est pas connu. Ce module est donc déduit de la
Les éprouvettes de traction sont prélevées selon les directions longitudinales, transversales,
ainsi qu’à 20 ° et à 45 °par rapport à la direction longitudinale.
Les éprouvettes de compression sont prélevées selon les directions longitudinales (chaîne) et
transversales (trame). Sur les tableaux ci-dessous, sont reportées les différentes dimensions
des éprouvettes
Pour tous les essais, l’épaisseur théorique d’une couche de TFC a été prise égale à 0,43mm.
L’exploitation des rosettes nous permet de calculer le coefficient de Poisson lt. Celui-ci
oscille entre 0,03 et 0,15. Connaissant les modules élastiques dans le sens longitudinal,
transversal et hors axes, on peut déterminer la valeur du module de cisaillement Glt en
utilisant l’équation décrite précédemment.
3.5.5. Conclusion
Les essais réalisés permettent de retenir les valeurs données ci-dessous :
79
Sens Module(MPa) Contrainte (MPa) Déformation ultime Module(MPa) Contrainte (MPa) Déformation ultime
Sens Module(MPa) Contrainte (MPa) Déformation ultime Module(MPa) Contrainte (MPa) Déformation ultime
Le module de cisaillement Glt a été déterminé à partir des modules élastiques dans le sens
longitudinal (0°), transversal (90°) et à 45°. Sa valeur moyenne est de 5645 MPa.
En compression, vu la dispersion des résultats, nous avons reporté les valeurs minimales des
déformations et contraintes ultimes. Les valeurs de module corroborent extrêmement bien les
valeurs théoriques de 105 GPa dans le sens chaîne et de 45 GPa suivant la trame.
Les écarts sur les contraintes à la rupture et parfois sur les modules, proviennent de la
« qualité » des éprouvettes : la découpe induit dans certains cas des imperfections (rupture de
fibres) qui expliquent certaines valeurs basses obtenues pour des éprouvettes endommagées. Il
est en outre essentiel que le dispositif d’ancrage en bout de bande soit parfaitement centré, en
effet toute excentricité par rapport à l’axe de la semelle surtend les fibres à une extrémité des
éprouvettes qui atteignent leur valeur ultime de façon prématurée précipitant ainsi la ruine.
Les mors doivent avoir une raideur élevée et uniforme afin d’éviter toute concentration de
contrainte et ce pour des pressions de serrage limitée afin de ne pas endommager les fibres par
écrasement ou cisaillement.
D’autre part, les valeurs d’allongement mesurées proviennent des jauges de contrainte et non
pas des comparateurs placés sur les deux ancrages, la mesure est donc local et non pas
globale, ce qui explique la dispersion rencontrée. Cependant, ces difficultés sont courantes
lors de la caractérisation de ce type de matériau.
80
400
350
Pression(mbar)
300
250
Vitesse moyenne = 10 mbar/minute
200
150
100
50
Temps total=1heure
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000
Temps(seconds)
450
400
350
Pression (mbar)
300
250
Capteur 4
200 Capteur 7
Capteur 1
150
100
50
0
0 10 20 30 40 50 60
Déplacement (mm)
Fig. 2.68. Courbes pression /déplacement pour trois capteurs du mur 1-non renforcé
81
450
400
350
Capt 1
Pression (mbar)
300
Capt 2
250 Capt 3
Capt 4
200
Capt 5
150 Capt 6
Capt 7
100
Capt 8
50 Capt 9
0
0 10 20 30 40 50 60
Déplacement (mm)
Fig. 2.69. Courbes pression-déplacements des 9 capteurs du mur 1-non renforcé
500
450
400
350
Capteur 1
Pression (mbar)
300
capteur 2
250
capteur 3
200
150
100
50
0
-0,1 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
Déplacement (mm)
82
renforcé a été testé. Dans ce cas, au lieu de la semelle en U de 31012020 cm3, on considère
Dans le but d’assurer la condition limite tout au long de l’essai, un deuxième mur non
Il est bien sûr important de conserver les dimensions du mur principal, par contre, nous avons
allongé les murs de refends avec un parpaing supplémentaire, ceci afin de garantir une
meilleure rigidité globale de la structure, en particulier des refends, et ainsi mieux
appréhender le mécanisme de rupture. En effet, la courbe charge/flèche (Fig. 2.72) du
deuxième mur montre une rigidité de 578mbar/(mm/mm), cette rigidité est plus grande que
celle du premier mur dans la phase initiale quasi-linéaire. Une redistribution des efforts
permet aussi l’accroissement de charge jusqu’à une valeur maximale de 440mbars, associée à
un déplacement de la zone centrale du mur de 26,7mm.
700
600
500
Pression (mbar)
400
300
200
Mur 1- non renforcé
Mur 2 - non renforcé
100
0
0 10 20 30 40 50 60
Déplacement (mm)
Fig. 2.72. Comparaison des deux murs non renforcés : Effet des conditions aux limites
La Fig. 2.73 montre les déplacements de la semelle enregistrés par les 3 comparateurs. Les
modifications apportées à la semelle ont été bénéfiques en termes de rigidité et de résistance.
83
600
500
Pression (mbar)
400
300
comparateur 1
200
comparateur 2
comparateur 3
100
0
0 0,005 0,01 0,015 0,02 0,025 0,03 0,035 0,04 0,045 0,05
Déplacement (mm)
Fig. 2.73. Courbe de déplacement-pression de la semelle de mur 1-non renforcé
L’analyse des résultats associés aux 3 capteurs positionnés à la même hauteur du mur, nous
permet de voir que la rigidité issue des 3 courbes est presque similaire dans la phase élastique
pour les deux murs non renforcés (Fig. 2.68 et Fig. 2.74). Ceci traduit en fait un
comportement symétrique, dans la phase plastique on constate une perte de symétrie (Fig.
2.68) et (Fig. 2.74). Cette dissymétrie s’explique par l’apparition de dommages ou fissures
comme on le verra plus bas dans l’analyse des mécanismes de rupture du mur.
700
600
500
Pression (mbar)
400
300
200
0
0 5 10 15 20 25 30 35
Déplacement (mm)
Fig. 2.74. Mur 2- Coubre pression/flèche obtenue pour le mur principal
84
85
On observe de même deux types de fissures, tout d’abord des fissures verticales au droit des
poteaux d’angle qui assurent le maintien du chainage vertical et horizontal. Le chargement du
mur principal en flexion induit en effet des rotations au niveau de ces poteaux (Fig. 2.77 et
Fig. 2.78). Les murs de refend subissent également du cisaillement ce qui explique
l’apparition de fissures diagonales ((Fig. 2.77 et Fig. 2.78).
Fissure induite
par la torsion
Fissure induite
Fissure induite par le cisaillement
par le cisaillement
86
Fissure induite
par le cisaillement
87
*En rouge : les fissures qui apparaissent à la valeur de pression P indiquée pour chaque
figure.
88
1000
800
600
400
200
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Déplacement (mm)
Fig. 2.81. Comparaison entre les essais non-renforcés et les essais renforcés.
89
450 Pu=442,75
E3=0,92
400
350
Mur 1- non renforcé
Pression (mbar)
300 E2=10
250 P1=264
59,6%
200
150
E1=285
100
50
0
0 10 20 30 40 50
Déplacement (mm)
700
Pu = 580 mbar
600
500 E3 = -3.5
E2 = 9
Pression (mbar)
400
P1=340 mbar
300 58.6%
240
200
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Déplacement (mm)
1600
Pu=1415
1400
1200
E3=33
1000
Pression (mbar)
800
P2=719
600 50,8%
E2=245
400
P1=350
200 24,8% Mur 3 - renforcé par TFC
E1=640
0
0 5 10 15 20 25
Déplacement (mm)
90
800
700
E3 = 12
Pression (mbar)
600
500 P2=466
51,7%
400 E2 = 162
P1=330
300 36,6%
200
E1 = 508
100 Mur 4 - renforcé par TFC
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Déplacement (mm)
Fig. 2.82. Analyse de la rigidité pour les 4 murs.
Cependant pour le mur renforcé, les blocs de béton sont bloqués par le TFC et les fissures ne
peuvent se développer. Une chute de rigidité de 60% est constatée, bien plus faible que celle
de 95% et de 98% observée successivement sur les deux murs non renforcés. La baisse de
rigidité vers 800mbars traduit une troisième phase, qui correspond à l’apparition et à
l’ouverture de fissures importantes au niveau des murs de refend. Dans cette phase, on
constate une augmentation continue et linéaire de la pression essentiellement induite par la
présence du renforcement par TFC. La chute de rigidité de 85% dans cette troisième phase
reste très inférieure à la chute constatée sur les deux murs non renforcés. Dans ce dernier cas
nous avons en fait le collapse du mur, avec une rigidité quasi nulle et l’ouverture très
importante des fissures qui se traduit par les grands déplacements associés au plateau de
charge.
Au final, ce sont les fissures des murs de refend qui ont induit l’effondrement du mur. En
effet le mur principal, qui est renforcé, n’a été que très peu endommagé. De petites fissures
courtes, et d’ouverture très limitée sont apparues entre les bandes de TFC, mais elles ne se
sont pas propagées et leur ouverture semble inhibée (Fig. 2.85 et Fig. 2.86).
92
Uy
Ux
Fig. 2.87. Fissures observées expérimentalement et par MCI Vic-3D (déformation de
Lagrange).
L’utilisation de la MCI nous permet de mesurer les déformations induites à différentes étapes
du chargement. L’analyse des iso-valeurs de déplacement et de déformation sur le mur de
refend en fonction de la pression latérale appliquée sur le mur principal, montre que le
mécanisme de rupture du mur de refend a été capturé convenablement (Fig. 2.88, Fig. 2.89,
Fig. 2.90).
900
800
300
Point mesuré
200 par Vic3D
100
0
0 5 10 15 20 25 30 35
Déplacement UX (mm)
(a)
94
800
700
Pression (mbar)
600 Point mesuré
par Vic3D
500
400
300
200
100
380mbar 560mbar 760mbar 840mbar 900mbar
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Déplacement UX (mm)
(b)
2000
1800
1600
1400
1200
Y (mm)
100mbar
1000
200mbar
800 300mbar
400mbar
600 500mbar
600mbar
400
700mbar
200 780mbar
800mbar
0
-0.5 0.5 1.5 2.5 3.5 4.5 5.5 6.5
Ux (mm)
(c)
Fig. 2.91. (a) (b) Déplacement latéral d’un point (Z=1,3m) sur mur de refend ; (c)
Déplacement latéral sur une ligne du bord du mur de refend.
Il est indubitable que la méthode champ par corrélation d’images permet une meilleur
interprétation des essais, d’une part la localisation des fissures et surtout leur initiation
peuvent être capturées plus tôt ce qui permet d’expliquer parfois les non linéarités observées
sur les courbes de charge, d’autre part nous obtenons des renseignements sur toute une
surface au lieu de mesures ponctuelles. La méthode montre clairement la pertinence
d’approches de type homogénéisation en deçà de la phase de fissuration.
7. Conclusion
Cette étude nous a permis de caractériser le comportement d’un mur en maçonnerie,
composé de blocs creux de béton, soumis à une charge latérale ou pression uniforme.
L’initiation de la fissuration, la capacité portante ou charge maximale avant effondrement, et
le faciès de rupture ont été qualifiés, quantifiés et analysés. Le seuil de 300mbars proposé par
la réglementation Suisse semble être représentatif, du fait de la présence du chainage qui
permet une ductilité et donc une reprise des efforts en régime fissuré.
Le changement des conditions aux limites grâce au confortement de la semelle nous
donne une amélioration du chargement ultime de la structure. Cela nous montre la sensibilité
95
96
Sommaire
A. Introduction ....................................................................................................................... 99
C. Validation de la méthode des éléments discrets : le cas de maçonneries à joint sec . 123
1. Les cas de sollicitations dans le plan .............................................................................. 123
1.1. Cas d’une perte de condition aux limites ................................................................. 123
1.1.1. Essais INSA....................................................................................................... 123
1.1.2. Etude de N. Bicanic ........................................................................................... 126
1.2. Le cas d’un chargement combiné : cisaillement et compression ............................. 129
1.3. Conclusion ............................................................................................................... 134
2. Maçonnerie soumises à chargements hors plan.............................................................. 135
98
100
Le mouvement en rotation d’un bloc rigide est décrit par l’équation d’Euler exprimé dans les
Dans le cas de calcul quasi-statique, les équations du mouvement rotationnel peuvent être
simplifiées. En effet, les vitesses sont petites, le terme non-linéaire dans les équations ci-
dessus peut donc être occulté. De même, les forces d’inertie sont faibles par rapport aux
forces totales appliquées aux blocs, une représentation précise du tenseur d’inertie n’est pas
importante. Seul un moment d’inertie approximatif, I, est calculé en se basant sur une distance
moyenne du centre aux sommets du bloc. Cela permet d’obtenir les équations ci-dessous,
écrites dans le repère global :
i i i
M
(3. 3)
I
Un schéma explicite par la méthode des différences finies centrée est appliqué pour intégrer
les équations du mouvement du système des blocs. Les vitesses au temps t, en translation et
en rotation, sont calculées à l’aide des expressions :
ui(t ) [ui(t t / 2) ui(t t / 2) ]
1
2
( t ) 1 ( t t / 2 ) (t t / 2)
i [i i
(3. 4)
]
2
Les accélérations sont données par :
101
1 (t t / 2) (t t / 2)
i [i i
(3. 5)
t
(t )
]
Avec une insertion de ces expressions dans les équations du mouvement en translation,
[t t / 2] comme :
respectivement en rotation, (3.1) et (3.3), nous obtenons la solution en vitesses au temps
ui(t t / 2) Di ui(t t / 2) ( i g i )t D2
F (t )
m
(3. 6)
i(t t / 2) Dii(t t / 2) ( i t ) D2
M (t )
m
t
où D1 1
2
et D2
t
1
1
2
Les incrémentations de translation et rotation sont données par :
ui ui(t t / 2) t
i i(t t / 2) t
(3. 7)
La position et le déplacement d’un bloc centroïde est alors mise à jour par :
xi(t t ) xi(t ) xi (3. 8)
ui(t t ) ui(t ) ui
(3. 9)
Les nouvelles positions des tous les sommets de bloc sont données par :
xiv (t t ) xiv (t ) xi eijk j xkv (t ) xk (t ) (3. 10)
Les nouvelles orientations des lignes et des faces sont donc déterminées. Les calculs des
contacts sont alors menés pour en déduire les nouvelles forces d’interaction dans le step
suivant.
102
a) b) c) d)
Fig. 3.1. Discrétisation d’un bloc
La déformation de chaque élément d’un bloc déformable est décrite par le mouvement des
points nodaux. Les 3 équations du mouvement pour un nœud I sont :
uiI uiI i g iI
FI
m
où ui = accélération au point nodal I
ui vitesse au point nodal I
amortissement visqueux constant (masse-proportionnel)
m masse d’un bloc
g i vecteur d’accélération de gravité
En particulier, Fi est la force nodale donnée sous la forme suivante :
Fi I FieI FicI FilI
avec FicI les forces de contact transmises au nœud
FilI les forces extérieures
Enfin, FieI sont les forces nodales qui correspondent aux contraintes induites dans les
ij n kj S k
éléments adjacents. Elles sont calculées comme :
ij n j dS
N
FieI
S k 1
point nodal. L’incrément du tenseur de contrainte ij est calculé par la formule ci-dessous :
vecteur normal unitaire. Le symbole « k » désigne le nombre d’éléments connectés par ce
ij v ij 2 ij
Avec , les coefficients constants de Lamé, données par :
E
(1 )(1 2 )
G
2(1 )
E
i 1
1 si i j
ij est le symbole de Kronecker : ij
0 si i j
103
ij i ui, j u j ,i
2 x j xi 2 x j t xi t 2
ij ui, j u j , i t
1
2
2. Contacts
2.1. Détection du contact
L’objectif de l’algorithme de détection du contact est d’identifier les situations et les types de
contact pour que les lois physiques correctes puissent être appliquées afin de déterminer les
forces de contact. Un contact est établi lorsque la superposition se trouve entre les sommets,
les bords ou les faces. Un écart ou interstice entre deux blocs, devra aussi être calculé afin
qu’on puisse établir la situation de contact. En général, trois situations de contact peuvent être
détectées : interpénétration, contact affleurant, pas de contact.
104
N ( S A AA FA )( S B AB FB )
Si bloc A contacte bloc B, le nombre total de tous les possibilités de contacts combinés est () :
Si, Ai, Fi corresponde respectivement, au nombre des sommets, des arêtes, des faces de
bloc A et de bloc B. Par exemple, pour deux blocs cubiques, on a N=676 calculé comme ci-
dessous:
sommet-sommet=64
Bloc A Bloc B sommet-face=48
sommet-arête=96
edge-sommet=96
edge-face=72
edge-arête=144
Si =8 Ai =12 Fi =6 face-sommet=48
face-face=36
face-arête=72
N=676
Cette méthode n’est pas simple à suivre, en effet, les tests dépendent quadratiquement au
nombre des sommets (ou arêtes, ou faces). Par ailleurs, pour le contact sommet-face, ce n’est
pas évident de confirmer rapidement si le sommet est au-dessous ou au-dessous de la face. La
définition d’un vecteur normal unitaire est nécessaire, la détermination de ce vecteur est
simple dans certains cas (les cas avec la présence d’une face), mais difficile dans les autres
cas (en particulier, pour les contacts arête-arête, arête-sommet, sommet-sommet). En utilisant
ce schéma de test direct, l’identification de l’interstice maximal entre deux blocs n’est pas une
tâche triviale. Ces difficultés proviennent du test direct entre un polyèdre et un autre.
Plusieurs difficultés vont disparaître si le problème peut être divisé en deux parties : d’une
part on détermine un « plan commun » ce qui coupe l’espace entre deux blocs par deux ;
d’autre part on teste chaque bloc séparément pour contacter le plan commun. L’algorithme de
Cundall est basé sur ce concept de « plan commun » qui correspond à une plaque rigide sans
épaisseur (écrit par abréviation comme c-p). Ce plan est positionné (par translation et rotation)
pour que l’interstice entre « les deux sommets les plus proches sur deux blocs adjacents» et
« le plan commun » soit égal. Pour les blocs interpénétrés, l’interstice devient négatif, mais la
même logique est appliquée.
c-p c-p
105
106
WJ uicJ
triangle vert illustré Fig. 3.5a) :
J 1
AJ
sommets (P1, P2, P3) des faces (Fig. 3.5a)
A
3
est l’aire de la face de sous-contact
J 1
S-F A-A
P1 A3
A1
P3 L1
P2
A2 L2
a) b)
Fig. 3.5. S-F et A-A contact.
Pour A-A contact, la vitesse est interpolée à partir des vitesses des points extrémités de
WJe uicJ
l’arête :
J 1
J 1
Une fois que la vitesse relative de contact est déterminée, l’incrément de déplacement de
contact est calculé par :
uic uic t
107
Fn k n un Ac
élastique. Les composantes normales et de cisaillement des incréments de force sont :
Fsi k s u si Ac
avec k n , k s la rigidité [contrainte/déplacement] normale, respectivement tangentielle
Ac est la surface de contact
Il faut noter que l’unité normale de c-p, ni, est mis à jour à chaque pas de temps. Pour tenir
compte de la rotation de c-p, il faut corriger le vecteur de force tangentielle Fis comme ci-
dessous :
Fsiancien : Fsiancien eijk ekmn Fsjancien nm
ancien
nn
ancien
avec nm est l’unité normal ancien à c-p.
Le vecteur force de contact qui représente l’action du bloc A sur le bloc B est donné par :
Fic Fn ni Fsi
Dans le cas de bloc rigide, les forces de contact sont ensuite ajoutées aux forces et aux
moments qui agissent sur le centre des deux blocs. La somme des forces et des moments du
bloc A est :
f i A Fic
M iA eijk ( x cj x Aj ) Fkc
Les forces et les moments opposés sont appliqués au bloc B comme ci-dessous :
f i B Fic
M iB eijk ( x cj x Bj ) Fkc
Dans le cas de bloc déformable, les forces de contact sont distribuées vers les nœuds en
appliquant la procédure d’interpolation comme la partie précédente. Pour le contact S-F, sur
le bloc-sommet, la force est ajoutée directement sur la force nodale. Sur le bloc-face, elle est
f icJ WJ Fic
distribuée par trois nœuds de face en utilisant le coefficient de l’interpolation :
3
J 1
J 1
3. Stabilité numérique
Le schéma de résolution utilisé dans la MED est conditionnellement stable. La stabilité est
contrôlée par le pas de temps critique, qui doit être satisfait pour les deux calculs, celui
108
t n 2 i
m
ki
où mi est la masse associée au nœud i du bloc
ki est la rigidité des éléments autour du nœud
Pour le calcul du déplacement relatif de l’inter-bloc, la limite du pas de temps est :
tb 2( frac )
M min
K max
où M min est la masse du bloc le plus petit dans la système
K max est la rigidité maximale de contact
t min(tn , tb )
Le contrôle du pas de temps est :
4. Amortissement
L’amortissement est utilisée dans la MED pout résoudre deux genres de problèmes.
Pour simuler les problèmes quasi-statiques (quand la vitesse de charge ou de décharge est
suffisamment faible pour que les effets inertiels puissent être négligés), l’approche est
similaire à la technique de la relaxation. Les équations du mouvement sont amorties pour
atteindre l’état d’équilibre le plus tôt possible. L’amortissement est proportionnel à la vitesse,
autrement dit les forces d’amortissement sont proportionnelles à la vitesse des blocs. Deux
formes d’amortissement sont proposées dans 3DEC : l’amortissement global et
l’amortissement local décrits par Cundall [CUN 1982]. Ces deux méthodes nous donnent la
même solution.
Pour l’analyse dynamique, l’amortissement de Rayleigh est utilisé. L’inconvénient essentiel
de l’utilisation de l’amortissement de Rayleigh est la nécessité d’un pas de temps très petit
pour atteindre la convergence et la stabilité de la solution.
5. Remarques
Les deux types de blocs ne sont pas autorisés dans un même modèle. Il faut choisir un seul
type de bloc, soit rigide, soit déformable. En général, nous utilisons souvent le bloc rigide si la
physique observée lors des essais le confirme ou du moins le laisse penser, ce qui permet de
diminuer le temps de calcul.
109
a) b) c) 3 1 n
Fig. 3.6. a) Modélisation microscopique détaillée ; b) Modélisation microscopique simplifiée ;
c) La critère de Mohr-Coulomb avec cut-off.
Pour les blocs le comportement retenu est élastique, ce modèle ne peut donc traduire la
fissuration intra-parpaing. Les joints ne sont pas modélisés directement comme des éléments,
mais indirectement par une loi d'interface entre les blocs (Fig. 3.6). L’interface retenue suit le
modèle de Mohr-Coulomb (Fig. 3.6c). Le comportement mécanique du mortier est donc pris
en compte à travers la loi de contact qui est introduite à l’interface des deux blocs en contact.
Ce modèle constitutif du joint considère à la fois, la rupture par cisaillement et la rupture par
traction, la possible dilatation du joint est incluse.
K u (1)
s k s
Où :
0 u s
n 0 k n u
n
Une contrainte normale de compression ( n ) de 1 MPa est tout d’abord appliquée dans le but
-la masse volumique D: 2500 kg/m3
(Mpa) (°)
Joint
k n (MPa/m) k s (MPa/m) (°) C (MPa) T (MPa)
33000 33000 45 1.3 0.6 variable 15
3,0
2,5
Contrainte de cisaillement (MPa)
2,0
1,5
1,0
l'augmentation
de contrainte
normale
de compression
0,5 Sigma 0 MPa
Sigma 0,5 Mpa
Ks = 33 Sigma 1MPa
MPa/mm Sigma 1,5MPa
0,0
0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14 0,16 0,18
Déplacement tangent(mm)
Dans le but d’estimer l’influence de la précontrainte sur le comportement du joint, les valeurs
de 0 ; 0,5 ; 1,5Mpa sont testées. Nous remarquons que l’augmentation de la compression sur
le joint repousse le seuil de glissement. Avant glissement, le comportement est linéaire, de
111
2,5
Contrainte de cisaillement (MPa)
2,0
1,5
1,0
Cohésion = 1,3MPa
0,5 Sans cohésion
Ks = 33 Cohésion = 1,6 Mpa
MPa/mm
0,0
0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14
Déplacement tangent(mm)
Soit un massif soumis à une charge normale N ; un effort tangentiel T tend à faire glisser le
massif, il se produit une force de frottement : F N . tan (Fig. 3.10). La tangente de l’angle
de frottement diminue lorsque la contrainte normale augmente. On admet que la fore F existe
112
Cependant, les résistances résiduelles ( r ) sont différentes dans les trois cas. Plus est
et la déformation élastique linéaire est indépendante de la valeur de cet angle (Fig. 3.11).
grand, plus r est élevé. En particulier, r est égale à zéro pour le cas sans angle de
frottement. Le plateau qui présente la résistance résiduelle dépend de l’angle de frottement.
2,5
2,0
Contrainte de cisaillement (MPa)
1,5
1,0
0,5
Angle de frottement 45°
Sans angle de frottement
Ks = 33
Angle de frottement 30°
MPa/mm
0,0
0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14
Déplacement tangent(mm)
u n :
sous contrainte normale est exprimée par la raideur normale kn et le déplacement normal
n k n .u n (2)
Comme on peut l’observer sur la Fig. 3.12, le joint commence à dilater quand la rupture en
cisaillement du joint se produit, pour approximativement 0,067 mm de déplacement en
cisaillement (la courbe avec une contrainte de pré-compression de 1Mpa Fig. 3.8, montre le
atteint le glissement. L’angle de dilatance est égale zéro quand le déplacement tangentiel us
déplacement maximal avant la rupture). La dilatation ne se produit donc que lorsque le joint
0,040
zéro dilatation
0,035
Déplacement normal (mm)
0,030
zone de
0,025 dilatation
0,020
0,015
0,010
0,005
début de
glissement
0,000
0,00 0,05 0,067 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30 0,35
Déplacement tangent(mm)
Fig. 3.12. Déplacement normal versus tangent pour l’essai de cisaillement direct
ont toujours la même valeur de 15° lorsqu’on applique des contraintes différentes de pré-
dilatance, mais cet effet est ignoré dans ce modèle. En effet, les angles initiaux de dilatance
compression. Par ailleurs, l’angle résiduel est égal à zéro lorsque le déplacement de
cisaillement tend vers la limite zdil de 0,2 mm. Plus cette contrainte est grande, plus le
déplacement normal maxi est diminué.
114
0,025
0,020
0,015
0,010
0,005
0,000
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30
Déplacement tangent(mm)
Les caractéristiques des joints et des blocs sont identiques au cas du cisaillement traité
précédemment. Pour la traction, la réponse sous sollicitation (Fig. 3.15) présente un
comportement linéaire jusqu’à une intensité de pression de l’ordre de 0,6MPa. Le
comportement de joint obtenu, est élastique linéaire jusqu’à la limite de traction, suivi d’une
phase post-pic adoucissante. Pour la compression, une même valeur de rigidité que celle
obtenue en traction est constatée dans la phase élastique. La limite élastique de résistance
n’est pas introduite dans ce cas de compression.
115
0,4
Traction
0,2
0,0
-0,03 -0,02 -0,01 0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06
Compression
-0,4
-0,6
-0,8
kn=33
KPa/mm
kn=33
KPa/mm
116
c n (max) . tan
n T (5)
6.4. Conclusion
perte de résistance jusqu’à l’annulation de toute forme de cohésion (c=0) ceci se traduit par un
déplacement de cisaillement devient grand et atteint la valeur limite zdil (Fig. 3.18).
117
7. Torsion à l’interface
Dans le but d’évaluer l’effet de torsion dans l’interface des joints, on modélise deux blocs
avec un joint en interface, soumis à un moment de torsion excité par deux déplacements
imposés sur deux lignes opposées du bloc supérieur. Le bloc bas est bloqué dans les trois
directions de mouvement. Le centre de torsion correspond au centre du rectangle supérieur
(ou inférieur). La première configuration menée correspond au test sans mortier, ou joint sec
de type contact frottant. Le comportement non-linéaire des contacts est ainsi caractérisé par le
coefficient de frottement. La géométrie, les caractéristiques des blocs est des joint sont repris
dans le test de [ORD 2003]. En fait, [ORD 2003] a modélisé ce test de torsion à l’aide de la
méthode des éléments finis et du logiciel DIANA. Il a considéré trois modèles de calcul
inhérents à trois hypothèses différentes. D’abord, il suppose un spécimen homogénéisé avec
un comportement élasto-plastique de l’ensemble, ensuite, avec la même méthode
d’homogénéisation, il considère une partie relative au joint de comportement élasto-plastique
et d’épaisseur égale au ¼ de la hauteur totale du spécimen. Enfin, un micro-modèle avec prise
en compte du contact à l’interface est modélisé.
118
Les résultats des courbes du moment de torsion en fonction de l’angle de rotation sont
illustrés Fig. 3.20. On voit que la MED retrouve la même valeur du moment ultime obtenu par
la MEF (avec la présence des joints) [ORD 2003]. Par contre, bien que l’on ait les mêmes
coefficients kn, ks pour les deux méthodes, la rigidité globale de torsion obtenue par MED est
légèrement plus grande que celle obtenue par MEF. Généralement, trois phases sont
observées dans le comportement de torsion. Un comportement élastique linéaire dans la
première phase, une chute de rigidité jusqu’à la charge ultime pour la deuxième phase. La
troisième phase correspond à un plateau avec un moment de torsion constant et une
augmentation libre de la rotation.
0.018
0.016
Moment de torsion (kN.m)
0.014
0.012
0.01
0.008
0.006
MEF-Avec Joint
0.004 MEF-Elasto-Plastique entièrement
0.002 MEF-Mi-hauteur 1/4 plastique
MED
0
0 0.00005 0.0001 0.00015 0.0002 0.00025 0.0003
Angle de rotation (rad)
Fig. 3.20. Moment de torsion des blocs versus l’angle de rotation (de torsion) : MED/MEF.
Au vue de ces résultats, on peut faire une remarque importante, pour les deux méthodes MEF
et MED, on constate une phase de comportement non-linéaire avant d’obtenir l’atteinte de la
charge ultime. En observant les iso-valeurs de déplacement en cisaillement dans les joints
obtenus par MED, on voit un écart entre les déplacements en cisaillement dans les zones
extérieures ou périphériques (loin du centre de torsion) par rapport aux zones intérieures
(proche du centre de torsion) (Fig. 3.21b). De façon similaire, la contrainte de cisaillement se
concentre aussi dans les zones extérieures et la rupture des joints se développe de l’extérieure
vers l’intérieure (Fig. 3.21c). Ceci explique le comportement non-linéaire et la chute de
rigidité progressive observée sur la courbe caractéristique moment de torsion/rotation, avant
l’atteinte de la charge d’ultime.
(a)
119
La Fig. 3.22 détaille les modes de ruptures obtenues par les différentes méthodes de calculs.
Fig. 3.22. Modes de rupture de : (a) Modèle élasto-plastique totale ; (b) Modèle ¼ élasto-
plastique ; (c) Modèle avec joint MEF [ORD 2003] ; (d) Modèle MED avec joint.
Dans le but d’estimer l’influence de la précontrainte sur le comportement du joint, les valeurs
de 1 ; 2 ; 5kPa sont testées. Nous remarquons que l’augmentation de la compression sur le
joint repousse à la fois le seuil du moment ultime de torsion mais aussi la limite de linéarité
(Fig. 3.23a). L’influence de la précontrainte sur la charge ultime et sur la limite de linéarité est
illustrée Fig. 3.23b.
0.04
0.035
Moment de torsion (kN.m)
0.03
0.025
0.02
0.015
Sans pre-compression
0.01
Pre-compression 1kPa
0.005 Pre-comppression 2kPa
Pre-compression 5kPa
0
0 0.00005 0.0001 0.00015 0.0002
Angle de rotation (rad)
(a)
120
0,05 Mpa
0,5 0,1 Mpa
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0 0,0005 0,001 0,0015 0,002
Rotation (rad)
0,35
0 Mpa
0,3
Moment de torsion (N.m)
0,25 P2
V
0,2 V
P1
P3
0,15 V
0,1 P4
V
0,05 P5
0 V
0 0,0001 0,0002 0,0003 0,0004 0,0005 0,0006
Rotation (rad)
P2
P3
122
P5
123
TEST 1 TEST 2
CL1
CL2
CL 3
CL4
Fig. 3.26. Les modes de rupture dans le cas a) CL1 ;b) CL2 ;c) CL3 ;d) CL4
Les simulations effectuées avec la cohésion et la résistance à la traction égale à zéro peuvent
approcher l’effet de joints secs. Une faible rigidité de cisaillement k s et rigidité normale k n
sont affectées aux joints.
Les ouvertures de joints observées expérimentalement (Fig. 7a) dans le mur sont retrouvées
similairement par la simulation numérique (Fig. 7b). Une deuxième configuration de maillage
124
a) b) c)
Fig. 3.27.Géométrie, dimensions et discrétisation adopté pour la modélisation.
Les résultats expérimentaux nous donnent deux modes de rupture pour une même condition
aux limites. Cependant, la simulation MED, menée avec un coefficient de frottement unique,
ne conduit qu’à un seul mode de rupture. Cela nous montre la sensibilité de la structure
maçonnée sans mortier.
Fig. 3.28. Modes de rupture et vecteurs déplacements les cas a) CL2 ;b) CL3 ;c) CL4
125
4 Bloc A
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Déplacement de la semelle (cm)
9
CL1 - Bloc B
8 CL2 - Bloc B
CL3 - Bloc B
Angle de la rotation (degré)
7 CL4 - Bloc B
6
5
Bloc B
4
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Déplacement de la semelle (cm)
Fig. 3.29. Angle de rotation d’un bloc (A ou B) en fonction du déplacement de la semelle.
126
a)
b)
c)
d)
Fig. 3.31. Comparaison des faciès de fissuration : essai et calculs.
Les lignes de rupture obtenues numériquement sont similaires aux résultats observés dans les
essais. Ce mode de rupture est quasi-identique lorsqu’on raffine le maillage, la taille des
briques est divisée par deux. Ces résultats démontrent l’efficacité de la modélisation
127
10
Déplacement vertical (mm)
-10
-20
-30
Maillage 1
Maillage 2
-40
Maillage 3
-50
Fig. 3.32. Déplacement vertical pour deux maillages différents (unité en m).
Pour l’essai, nous ne disposons que du faciès de rupture, et pas de la courbe associée à la
distribution du déplacement le long du mur, nous ne pouvons donc comparer les résultats de
façon quantitative. A la Fig. 3.32, nous comparons les courbes numériques associées au
déplacement du bord supérieur du mur pour les deux maillages étudiés. Le comportement du
mur est similaire à celui d’une poutre en flexion 3 points. La densification du maillage a
conduit à augmenter de 25% le déplacement maximal. Autrement dit, avec le même
affaissement de 4cm du bord inférieur, plus la densité de maillage est élevée, plus la
128
a) b)
Fig. 3.33. a)Géométrie des murs et schéma de chargement ; b) Maillage dans 3DEC
129
La rigidité des joints est calculée comme ci-dessous :
Em Em u hm ( hbi ) n
u n
hm Em Eb 1 kn
hm n hm
Em Eb kn
1 1 1 n 1 1 1
Em Eb k n hm Eb k n hb
kn
1 Eb .E m
) hb ( Eb E m ) hb
1 1
(
E m Eb
Où :
kn -rigidité normale de joint
k -rigidité tangentielle de joint
s
E -module Young du mur
m
E -module Young du bloc (15500 N/mm2)
b
h -hauteur du mur (1000 mm)
m
h -hauteur du bloc (100 mm)
b
u -déplacement du mur
Les paramètres inélastiques des joints comme la cohésion, la résistance à la traction, l’angle
de dilatation valent zéro, conformément au fait qu’il s’agit de joints secs. Le comportement
non-linéaire des interfaces est principalement piloté par l’angle de frottement de 32°.
130
100 140
90 Mur SW200 Mur SW250
120
80
Force horizontal (kN)
Fig. 3.34. Courbes «charge/flèche» pour la DEM (3DEC), la MEF, les essais [LOU 2005].
Oliveira & Lourenço [LOU 2005] ont utilisé la méthode des éléments finis pour la simulation
numérique de leurs essais. Les résultats de nos calculs MED sont comparés avec les leurs
(expérimentaux et numériques) à la Fig. 3.34. Pour les essais SW30 et SW100, les courbes
obtenues par MED approchent convenablement celles issues de la MEF et des essais. Pour les
essais comprenant une augmentation de la compression verticale, jusqu’à 200kN et 250kN
(SW200 & SW250), l’apparition et l’accroissement de l’endommagement des pierres est
constaté expérimentalement. Nos calculs supposant un comportement élastique des blocs ou
pierres sèches, cet endommagement est négligé. De ce fait, cette hypothèse explique sans
aucun doute les écarts observés sur le comportement et plus précisément sur la charge de
rupture, entre essais et calculs numériques MED, pour les deux spécimens SW200 et SW250
(Fig. 3.34).
131
120
80
60
40
Expérimentation
20 MEF
MED
0
0 50 100 150 200 250 300
Chargement vertical (kN)
Fig. 3.35. Comparaison des charges horizontales maximales (Essais, MEF et MED).
Les modes de rupture observés lors des essais expérimentaux sont similaires aux résultats
obtenus par la simulation MED. La rupture est créée par une rotation de la poutre en béton
armé en tête de mur, et le glissement horizontal des joints secs. Ce mécanisme provoque une
fissure diagonale dans le mur. Lors de compression verticale élevée, les ruptures locales
commencent à endommager les pierres. Comme expliqué ci-dessus, cet endommagement
local n’est pas restitué par le calcul MED, car non pris en compte.
SW30
SW100
SW200
132
(a)
(b) (c)
133
L’effet de maillage est considéré sur deux cas de compression verticale, SW30 et SW250. Les
résultats ou courbes charge/déplacement et les modes de rupture associés à chaque maillage
sont montrés Fig. 3.38 et Fig. 3.39.
18
SW30
15
Force horizontal (kN)
12
Maillage 1
3
Maillage 2
Maillage 3
0
0 2 4 6 8 10
Déplacement horizontal (mm)
La mise à jour des valeurs k n , k s des joints, permet de maintenir la rigidité globale des murs
bien que les maillages différents. Dans la phase de comportement non-linéaire, plus la densité
de maillage est élevée, plus la charge de rupture diminue. Cependant, cette écart est très petit,
au maximum de 7% pour le mur SW30 et 4% pour le mur SW250. Cet écart devient plus
faible lorsque la compression verticale est incrémentée. Autrement dit, l’influence du maillage
sur la capacité portante du mur devient négligeable pour de grandes pré-compressions
appliquées. Les modes de ruptures principaux correspondent toujours à des fissures
diagonales qui empruntent les chemins privilégiés dus à la présence des joints.
120
SW250
100
Force horizontal (kN)
80
60
40
Maillage 1
20
Maillage 2
Maillage 3
0
0 5 10 15 20 25
Déplacement horizontal (mm)
1.3. Conclusion
Les trois exemples traités dans la partie précédente nous montrent les performances de la
MED pour l’étude du comportement dans le plan de la maçonnerie sèche, à la fois l’aspect
quantitatif et aussi qualitatif. La MED, non seulement peut reproduire l’endommagement dans
le plan jusqu’aux mécanismes de collapse, mais aussi, elle reproduit de façon robuste le
comportement complet en simulant correctement la courbe charge/flèche. La théorie élastique
permet une calibration optimale des paramètres qui caractérise la rigidité du mur en
134
Restrepo Vélez [RES 2010] a construit et testé un certains nombres de configurations qui
reproduisent la plupart des mécanismes de rupture hors plan proposés par D’Ayala [DAY
2003]. Parmi ces essais nous retenons quelques configurations qui traduisent les quatre
mécanismes de rupture A ; D ; B2 ; G, dont on effectue la modélisation. Les tests quasi-
statiques correspondent à un basculement de la structure.
135
Afin de déterminer le coefficient de frottement entre deux pierres, Restrepo Vélez a testé les
spécimens sous des contraintes verticales différentes. Les valeurs obtenues sont entre 0,67 et
0,77. Dans notre calcul, on choisit un coefficient de frottement de 0,67. La structure est tout
d’abord équilibrée sous son poids propre. Une inclinaison du mur est réalisé indirectement par
une rotation du support avec une incrémentation de 0,045° jusqu’au collapse. L’effet de
membrane n’est pas pris en compte dans ces tests, on accepte alors l’hypothèse que les deux
rigidités élastiques des joints sont assez faibles afin de traduire le caractère joint sec. La
plupart des mécanismes de rupture hors plan présentés par D’Ayala induisent aussi des
mécanismes de rupture dans le plan engendrés au niveau des murs de refend. Par contre, avec
la caractéristique très quasi-fragile du comportement hors plan, la rupture finale de la
structure est dominée plutôt par le mécanisme hors plan. Ce mécanisme hors plan est du, la
plupart de temps, à la perte d’équilibre plutôt qu’au dépassement d’un certain niveau de
contrainte.
Fig. 3.41. a) Géométrie des tests S1, S2, S3-Mécanisme G ; b) Maillage dans 3DEC.
On analyse, tout d’abord, le mécanisme G de collapse correspondant à une maquette
composée d’un mur principal assemblé avec deux murs de refend. Dans le but d’analyser
l’influence de l’élancement (L/H), ou fraction longueur du mur principal sur sa hauteur, trois
configurations sont étudiées. Pour la même configuration L/H=1,5 (avec 11 briques sur la
longueur du mur principal Fig. 3.41a), trois essais sont réalisés (S1, S2, S3). Pour deux autres
configurations, L/H=1,09 (test S5, avec 8 briques sur la longueur du mur principal) et
L/H=1,77 (test S6 avec 13 briques sur la longueur du mur principal), il n’y a qu’un essai
réalisé pour chaque profil. Le mécanisme G représente la rupture de la façade du mur
principal supporté par les deux murs de refend et chargé par son poids propre et les forces
hors plan horizontales proportionnelles aux masses des murs de refend. D’après Cassapula
[CAS 2008], ce mécanisme de rupture peut être caractérisé par une partie centrale en forme de
trapèze avec deux lignes de rupture : fissure verticale et fissure diagonale comme la Fig.
3.42a. Les résistances frictionnelles se produisent le long des lignes de fissures verticales et
souvent utilisée dans la littérature, est basée sur la méthode du travail virtuel et la
conservation de l’énergie [CAS 2008].
136
b)
c) d)
Fig. 3.42. a) [CAS 2008] ;b) MED avant de collapse ; c) [RES 2010] ;d) MED après le
collapse.
La MED reproduit bien le mode de rupture obtenu expérimentalement et celui proposé
analytiquement par [CAS 2008]. La Fig. 3.42b illustre le mode d’endommagement avant le
collapse pour les tests S1,2,3 (11 briques sur la longueur du mur principal), selon trois positions
d’observation de la structure (avant, arrière et du dessus). Le mode de collapse complet Fig.
3.42d obtenu par la MED est similaire à celui obtenu expérimentalement par Restrepo-Vélez
résume les valeurs obtenues lors des essais ( exp ), les résultats numériques MED ( MED ) ainsi
configurations géométriques (paramètre L/H) des deux essais S5 et S6. Le tableau ci-dessous
1 , 2 alternativement).
que les résultats analytiques de la littérature [DAY 2003] et [CAS 2008] (correspondant à
137
0.350
0.300
0.250
Lamda
0.200
0.150
Expérimentation
0.100 MED
[DAY 2003]
0.050 [VAC 2010]
[CAS 2008]
0.000
1.000 1.200 1.400 1.600 1.800 2.000
La Fig. 3.43 traduit l’influence de L/H sur les résultats de . Globalement, les calculs par
de lorsqu’on augmente la fraction L/H. Par contre, la méthode analytique proposée par
MED et par la méthode analytique [CAS 2008] confirment la même tendance de diminution
D’Ayala [DAY 2003] qui se base sur l’effet des arches ne peut reproduire cette tendance. Les
résultats obtenus par D’Ayala [DAY 2003] s’écartent notablement des résultats
expérimentaux et des résultats issus des autres méthodes. Il est important de noter que l’effet
approche. C’est ce qui explique la sous-estimation de 1 dans le tableau. Tandis que, la MED
de torsion de frottement sur les lignes de rupture a été supposé négligeable pour cette
La différence fondamentale entre les deux méthodes de calcul (analytique et MED) est qu’une
analyse globale ou « macro » bloc est utilisée au lieu d’une analyse détaillée des éléments
discrets. L’avantage de la méthode analytique est de simplifier la procédure de calcul et donc
le temps de calcul. Par contre, à cause de la perte des analyses « micro », la méthode
analytique conduit à « une approche trop conservative» par rapport à la MED, elle est donc
précisés dans le tableau ci-dessous, montrent que que 2 MED de façon systématique. Du fait
considérée comme une borne supérieure. Les résultats de calcul du coefficient de collapse
de la capacité d’analyse détaillée des mécanismes de contact entre les « micros » blocs, la
plupart des résultats obtenus par la MED corroborent mieux les résultats expérimentaux que
la méthode analytique de [CAS 2008] (voir écart en pourcentage dans le tableau ci-dessus).
Autrement dit, la MED peut bien reproduire « l’effet local » qui existe dans la structure en
maçonnerie au niveau des contacts des micros éléments (comme les briques) et ainsi obtenir
une meilleure description du comportement global de la structure. En réalité, afin d’améliorer
la méthode analytique qui conduit à une estimation qui serait « une borne supérieure» (upper
bound), [CAS 2008] a proposé de considérer une « borne inférieure » (lower bound) en
supposant que le coefficient de frottement entre tous les contacts est nul.
138
( exp ), les résultats numériques issues de la MED ( MED ) et les résultats analytiques de la
tableau ci-dessous donne une comparaison entre les valeurs obtenues expérimentalement
139
Fig. 3.46. Modes de rupture essais et simulations : spécimen S42 (mécanisme B2).
140
a)
b)
Fig. 3.47. a) Géométrie et schéma de chargement des tests ZW1 et ZW2 ; b) Maillage 3DEC.
De même, pour les calculs, nous considérons une semelle encastrée pour assurer les
conditions aux limites du mur. Un chargement vertical de pré-compression de 419kN et
833kN est appliqué sur les murs ZW1, ZW2 respectivement. Une charge horizontale est
ensuite appliquée sur la poutre haute et incrémentée jusqu’à la rupture du mur.
141
ks
hm Gb Gm
GmGb
(3)
où :
hm – épaisseur de mortier
Em, Gm – module d’Young et module de cisaillement de mortier
Eb, Gb – module d’Young et module de cisaillement de bloc
Le premier calcul est mené en considérant un comportement élastique des blocs, et avec une
masse volumique de 2000 kg/m3. Les caractéristiques mécaniques à la rupture adoptées pour
les joints mortier et les caractéristiques adoptées pour les blocs, présentées dans le tableau ci-
dessous, sont conformes aux données de F. Lurati & B. Thürlimann.
Bloc Interface
Module de Angle
Module de Rigidité Rigidité Résistance Angle de
cisaillemen Cohésion de
rigidité normale tangentielle en traction frottement
t dilation
K G kn ks T C
(MN/m3) (MN/m3) (MN/m ) 3
(MN/m ) 3 (MN/m2) (MN/m2) (°) (°)
1,188e4 4,01e3 7,643e5 2,467e5 0,4 0,5 39 0
Les charges de rupture obtenues numériquement pour les deux murs sont presque égales à
celles obtenues expérimentalement, l’écart maximal est de 4%.
142
400
200
100
Expérimentation
Simulation MED
0
0 2 4 6 8 10 12 14
Déplacement horizontal (mm)
800
Mur ZW2
600
Force horizontal (kN)
400
200
Expérimentation
Simulation MED
0
0 2 4 6 8 10 12 14
Déplacement horizontal (mm)
Fig. 3.48. Courbes « déplacement horizontal/force horizontal » (3DEC et essai).
Bloc
Cohésion Résistance à la Angle de frottement Angle de dilatation
traction
C ft
(MN/m2) (MN/m ) 2
(°) (°)
2,37 1,32 35 12
144
400
200
100 Expérimentation
MED-Bloc plastique
MED-Bloc élastique
0
0 2 4 6 8 10 12 14
Déplacement horizontal (mm)
800
Mur ZW2
600
Force horizontal (kN)
400
200
Expérimentation
MED-Bloc plastique
MED-Bloc élastique
0
0 2 4 6 8 10 12 14
Déplacement horizontal (mm)
Fig. 3.51. Courbes «Force-déplacement horizontaux » comparaison essai-calculs
145
Nous obtenons une excellente correspondance entre les essais et les calculs, autant pour les
caractéristiques globales tel que les courbes charge-flèche, mais aussi localement, avec la
bonne distribution et localisation des dommages.
Deux lois de comportement des blocs (élastique et plastique) ont été utilisées pour modéliser
le même test d’un mur soumis à un chargement combinant cisaillement et compression. Les
résultats assez similaires obtenus par les deux méthodes, avec des courbes de comportement
très voisines autant dans la phase élastique que pour la partie non-linéaire, nous permettent de
conclure quant au rôle secondaire du comportement plastique des blocs. Autrement dit,
l’hypothèse d’un comportement élastique des blocs, est suffisante pour obtenir des résultats
pertinents et en adéquation avec les essais pour les tests ici considérés.
anisotropes en particulier dans la phase non linéaire. Une série des 25 spécimens ont été testés
expérimentalement par Gazzola et Drysdale [GAZ 1985] [GAZ 1986]. Les murets constitués
sont de dimensions 390190150mm3, le joint mortier d’épaisseur 10mm. Dans les essais de
de blocs creux en béton sont soumis à flexion quatre points (Fig. 3.53a). Les blocs constitutifs
Gazzola, la largeur du mur est fixée à 790mm, par contre la longueur est légèrement variée
selon la direction de flexion, ce afin de reproduire tous les modes de rupture possible dans la
146
Fig. 3.53. a) Test de Gazzola et al [GAZ 1985] ; b) Stepped failure pattern [GAZ 1985]
1
Résistance en flexion (Mpa)
0,8
0,6
0,4
Expérimentation de Gazzola
0,2 Modèle de Lourenço
Modèle de Milani
Modèle de 3DEC
0
-5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95
L'orientation des joints horizontaux (°)
La résistance en flexion est plus grande dans le cas =90°. Les valeurs différentes (selon les
directions des joints) des résistances de la maçonnerie sous flexion, décrites à la Fig. 3.54 ci-
dessus, montrent que le comportement de la maçonnerie sous charge latérale est complexe
même dans le cas d’une même condition aux limites. En conséquence, la prise en compte du
caractère orthotrope est nécessaire dans toute approche homogénéisée du calcul de structure
en maçonnerie soumise à des chargements latéraux. Les modes de rupture obtenues
numériquement (Fig. 3.55) sont bien représentatifs de ceux mis en exergue
expérimentalement dans l’étude de Gazzola et al [GAZ 1986].
a) b) c)
d) e)
147
52m est constitué de blocs en béton creux de dimensions 190390150mm avec une
[GAZ 1986]. Trois panneaux WII, WP1 et WF sont présentés dans cette validation. Le mur
200400150mm. Les murs sont supportés sur les quatre bords sauf le spécimen WF (libre
épaisseur de mortier de 10mm. Cependant, la taille de bloc utilisée dans ce modèle est de
sur le bord supérieur). Le spécimen WP1 est confiné par une pression dans le plan de 0,2
N/mm2 qui a été maintenue constante jusqu’à la ruine induite par la pression hors plan. Les
murs sont chargés uniformément par des coussins d’air, la pression est donc orthogonal à la
surface du mur. Les déplacements sont capturés en zone centrale du mur à l’exception du
spécimen WF pour lequel le déplacement est mesuré au milieu du bord libre.
La courbe expérimentale pression en fonction du déplacement n’est pas donnée par l’auteur.
Donc on ne dispose pas de la valeur expérimentale de la rigidité du mur dans la phase
élastique, ce qui nous aurait permis de caler les valeurs de kn, ks. Nous avons donc utilisé les
courbes obtenues numériquement par Lourenço [LOU 1997b], ses résultats sont issus d’une
analyse par la méthode des éléments finis. Cet auteur a utilisé la méthode d’homogénéisation
en considérant la maçonnerie comme une plaque continue orthotrope. Un élément de type
coque mince a été utilisé, pour le matériau, un critère de type Rankine délimite la zone de
traction élastique, et un critère de type Hill régit la compression. Ce modèle continue, a donné
des valeurs de charges ultimes très proches de celles obtenues expérimentalement. Les
charges ultimes obtenues par MED sont aussi comparées avec les valeurs issues de l’analyse
limite de Gabriele Milani et al [MIL 2006].
Pour caler la bonne rigidité initiale dans notre calcul MED, nous avons varié les valeurs de kn
ks=kn/2(1+) avec =0,15 est utilisée conformément à la validation réalisée dans l’exemple
entre 8E9 Pa/m et 15E9 Pa/m. Dans le cas du chargement dans le plan, l’hypothèse
précédent. Nous essayons donc tout d’abord cette relation dans le cas du chargement hors
plan. La courbe de tendance obtenue en variant les valeurs de kn, ks dans la simulation MED
(Fig. 3.57) nous permet de converger vers les valeurs kn=11,69E9 Pa/m et ks=5,08E9 Pa/m
afin de retrouver la rigidité élastique KMEF=4744E3 Pa/m obtenue numériquement par
Lourenço (MEF).
148
1,5E+10
1,4E+10
1,3E+10
1,2E+10
kn (Pa/m)
1,1E+10 y = 3095,3x - 3E+09
R2 = 0,999
1,0E+10
9,0E+09
8,0E+09
7,0E+09 MED
Linéaire (MED)
6,0E+09
3,0E+06 3,5E+06 4,0E+06 4,5E+06 5,0E+06 5,5E+06 6,0E+06
Rigidité (Pa/m)
Les autres caractéristiques mécaniques adoptées pour les joints de mortier et les blocs sont
conformes aux données de Gazzola et al, et sont présentées dans le tableau ci-dessous :
Bloc Interface
Module Coefficient de Résistance en Angle de Angle de
Young Cohésion
Poisson traction frottement dilation
T C=3,8T
E (N/mm2)
(N/mm2) (N/mm2) (°) (°)
15000 0,2 0,157 0,5966 36 0
La charge ultime simulée par MED dans ce cas est très basse, vers 4540 Pa comparativement
à la valeur de 6820MPa obtenue expérimentalement. Cependant, la limite d’élasticité de
l’ordre de 3500 Pa est proche de la valeur simulée par MEF. Après cette phase d’élasticité, la
chute de rigidité trouvée est supérieure à celle de la MEF.
8000
7000
6820
6000
4540
4170 L.B.
4000
3000
WII Point à calculer déplacement
2000 Bord appuyé simple
8000
7320
7000
6820
6000
4170 L.B.
4000
3000
WII Point à calculer déplacement
2000 Bord appuyé simple
8000 WP1
7320
Pression (Pa)
6820
6000
WF
3900
4000
3550 Point à calculer déplacement
MED-WII MED-WP1
2000
MED-WF Essai-WII
Essai-WP1 Essai-WF
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Déplacement (mm)
Dans les figures ci-dessous, nous représentons les mécanismes de rupture obtenus
numériquement par la MED. Ces modes de ruptures sont similaires à ceux données par la
théorie des lignes de rupture, en particulier dans le cas du confinement par pression (WP1)
(Fig. 3.62).
150
Fig. 3.61. Modes de rupture obtenues par la simulation numérique du spécimen WII
WP1
Fig. 3.62. Modes de rupture obtenues par la simulation numérique du spécimen WP1
151
Normalement, il faut déterminer ces valeurs à l’aide des tests de flexion 4 points sur la
maçonnerie selon EN 1052-2 [BSI 1999]. Cependant, ces tests n’étant pas fournis dans le
papier de Gazzola [GAZ 1986], nous proposons deux modèles numériques qui permettent de
simuler ces essais de flexion 4 points décrits dans EN 1052-2, et donc d’obtenir les résultats.
152
1,5
0,5
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Déplacement (mm)
Fig. 3.66. Maillage 3DEC : a) plan de rupture parallèle au lit de pose ; b) plan de rupture
perpendiculaire au lit de pose.
153
- Détermination du coefficient :
xk 1 0,25
f 0,597
- Détermination des coefficients 1 et 2 pour un mur avec 4 appuis simples (mur WII).
f xk 2 2,372
b) Moment résistant de calcul pour un mur en maçonnerie non armée MRd2, par unité de
hauteur du mur, est donnée par l’équation :
M Rd 2
M
f xk 2 Z
2,372 10 6 0,00375
1
2,5 0,04608 1,5 2,8 2
6566( N / m 2 ) 6,566 kPa
On obtient : Wk 6,566 kPa pour le mur WII.
Pour le mur WF, on recalculé les coefficients 1 et 2 pour un mur avec 3 appuis simples.
Pour 0,25 et h/l=2,8m/5m=0,56 : 2 =0,08324 (tableau 13 de [BSI 2005])
Alors, la valeur de pression vaut :
Wk xk 2
M 2 Q l2
f Z 1
2,372 10 6 0,00375
1
2,5 0,08324 1,5 2,8 2
3634( N / m 2 ) 3,634 kPa
On obtient : Wk 3,634 kPa pour le mur WF.
154
70
0,43 0,86 2,0 4,29
60
50
Pression (kPa)
40
30
20
10
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5
L/H
Fig. 3.67. Comportement des murs en appui sur les 4 cotés.
Les résultats sont résumés à la Fig. 3.67, ils traduisent l’évolution de la capacité portante en
fonction du paramètre adimensionnel L/H, dans le cas où les quatre bords sont appuyés. On
peut délimiter trois zones, caractérisant trois types de comportement associés à différentes
classes d’élancement. Le cas L/H≤0,86 (zone 1), pour lequel la pression de rupture est la plus
importante, se caractérise par une rupture associée à une fissure verticale, au milieu du mur,
accompagnée de fissures diagonales aux quatre coins du mur. Le cas 1<L/H<2 (zone 2), la
rupture est caractérisée par une fissure horizontale au milieu du mur, accompagnée de fissures
diagonales aux quatre coins du mur. Enfin, le cas L/H>2, pour lequel on peut considérer que
le mur travail dans une direction unique avec un mode de rupture comme le cas précédent
(zone 2), mais la pression associée à la rupture est nettement diminuée. On constate l’atteinte
d’un plateau de pression, pour les grandes valeurs de L/H. Ces tendances, et l’allure de la
courbe sont similaires aux résultats obtenus par la méthode des éléments finis dans Essawy
[ESS 2004]. Ces résultats sont en adéquation avec la théorie des lignes de rupture de Johanson
[JOH 1972].
155
50
0,43 1,0 2,0 4,29
45
40
35
Pression (kPa)
30
25
20
15
10
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5
L/H
Fig. 3.68.Comportement des murs en appui sur 3 bords.
On remarque que le changement de condition aux limites induit une diminution de 10% à
50% de la pression ultime. La figure ci-après permet une comparaison des deux conditions
aux limites pour différents ratios L/H. Si on considère deux zones délimitées par la droite
L/H=2, et qu’on élimine le point correspondant à L/H=0,5, on peut conclure à un
comportement bilinéaire.
1
0,9
0,7
y = 0,0104x + 0,4751
0,6 2
R = 0,1349
0,5
0,4
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5
L/H
Fig. 3.69. Effet de la condition aux limites : murs supportés sur 4 et sur 3 bords.
156
60
50
Pression (kPa)
40
30
20
4 bords supportés
10 3 bords supportés
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5
L/H
Fig. 3.70.Comportement des murs en appui sur 4 et 3 bords.
Fig. 3.71.Comportement prévoit des murs supportés sur 4 bords et sur 3 bords.
Les caractéristiques mécaniques à la rupture adoptées pour les joints de mortier et les briques
sont données par Chong et al [CHO 1995] et présentées dans le tableau ci-dessous :
157
2000
Pression (Pa)
1500
Point à calculer déplacement
b)
158
159
160
500
Pression (mbar)
400
P2=360mbar
300
P1=350mbar
Mur 2 sans renfort
200 Pélastique=310mbar Point à calculer le déplacement
Test - Mur 2
100 Simulation
0
0 5 10 15 20 25 30 35
Déplacement (mm)
Fig. 3.76. Courbes pression-déplacement : comparaison essai/calcul.
Au début de la rupture (P1=350mbar), le faciès de fissuration est similaire à celui observé
pour l’essai (Fig. 3.77ab). Les faciès de ruptures du mur de refend sont présentés à la Fig.
3.77cd.
a) b)
c) d)
Fig. 3.77. Faciès de fissuration à P=350mbar, mur principal et mur de refend (( a) et c)) ;
Isovaleurs des déplacements tangentiels :Vecteurs normaux aux joints (b)d)).
La corrélation entre les résultats de l’essai et le calcul reste globalement très bonne,
l’initiation des dommages est bien capturée, les chutes progressives de rigidité retrouvées bien
que plus importantes pour le calcul que pour l’essai, la charge ultime est convenablement
estimée.
161
pour la cas du chargement. Une méthode analytique qui permettrait de déterminer l’un des
deux coefficients élastiques ainsi que leur ratio, dans le cas hors plan, est encore une question
ouverte.
Pour le comportement non-linéaire, la prise en compte de tous les paramètres comme la
cohésion, la résistance en traction et le coefficient de dilatation, conformément à l’approche
via la loi de Mohr-Coulomb, permet à la MED de retrouver les comportements non-linéaires
progressif jusqu’à la rupture, l’approche est déterministe pour ce qui est de la résistance
ultime de la structure. L’hypothèse d’un comportement élastique des blocs est suffisante et
permet d’obtenir de bons résultats. Les modes de ruptures obtenues numériquement pour les
différents tests précédemment simulés nous permettent de confirmer que la MED reproduit
bien les deux mécanismes importants observés, celui dans le plan et hors plan, excités
respectivement par le cisaillement et la flexion.
Pour le cas de chargement hors plan, la MED peut reproduire l’influence importante des
conditions aux limites. En comparant les courbes charge/flèche obtenues par la MED avec les
autres résultats de la littérature basés sur l’approche continue, il nous semble que la MED est
plus « fragile » quant à modéliser la phase d’adoucissement (seulement pour le cas hors plan).
Par contre, du point de vue des modes de rupture, la MED permet de mieux les reproduire,
depuis l’initiation, jusqu’à la phase des grands déplacements associés au collapse ou
effondrement de la structure.
E. Conclusion
Ce chapitre portait sur l’évaluation de l'efficacité de la MED à reproduire le comportement
non-linéaire des murs en maçonnerie soumis à des chargements dans le plan ou hors plan.
Plusieurs études expérimentales, dont certaines menées dans le cadre de notre contribution,
sont simulés en utilisant le code 3DEC. Le caractère hétérogène de la maçonnerie et la
discontinuité au niveau des interfaces des blocs peuvent être ainsi bien décrits. Les
simulations numériques montrent un bon accord avec les résultats expérimentaux. Leur
caractère prédictif est confirmé, les simulations effectuées permettent en particulier de
quantifier la capacité portante des structures et aussi de qualifier les modes de rupture
associés. Les comportements non-linéaires observés expérimentalement et qui se traduisent à
l’échelle des courbes charge-flèche par des pertes de rigidité, sont globalement correctement
reproduits depuis l'initiation des dommages ou fissures, la propagation des fissures, jusqu'à la
rupture finale. Les redistributions de contraintes inhérentes à l’apparition des fissures, sont
correctement gérées, ce qui permet de capturer la propagation des fissures et les divers sites
de dommages ainsi que le mécanisme de rupture finale. En conclusion, la MED est pertinente
pour la simulation des structures en maçonnerie, elle permet de gérer les discontinuités d'une
manière élégante et robuste, et donc in fine de simuler les phénomènes de rupture.
162
Sommaire
E. Conclusions....................................................................................................................... 244
165
Trois aspects seront abordés dans ce chapitre. Le premier concerne l’application de la MED
quant à l’analyse modale de structures maçonnées. Cet étape importante nous semble un
préalable à l’utilisation de la MED pour l’étude du comportement dynamique, que ce soit le
cas de l’analyse sismique ou le cas de l’impact, cas que nous abordons ensuite.
Pourtant, contrairement aux logiciels utilisant la méthode des éléments finis (MEF), la MED
ne permet pas d’obtenir directement les fréquences propres et les déformées modales de la
structure via un calcul classique de vibration. Il s’agit pourtant de caractéristiques dynamiques
qui sont indispensables pour les études parasismiques ou dans le cas de choc. Le premier
objectif de la présente étude est de proposer une méthode pour identifier indirectement les
caractéristiques dynamiques des structures en maçonnerie à l’aide de la MED. L’étude
aborde, tout d’abord, le cas d’une structure simple, le cas d’une colonne de briques avec un
contact frottant sans mortier. L’influence d’une précontrainte ou effort normal nous permet de
calibrer les caractéristiques dynamiques des joints qui sont nécessaires pour aboutir à une
analyse modale réaliste et représentative. In fine, on étudie le comportement vibratoire d’une
166
167
(X11,Y11,Z11)
Points Point
(X10,Y10,Z10)
mesure d'impact
(X9,Y9,Z9) 1.2
(X5,Y5,Z5) 0.6
(X4,Y4,Z4) 0.4
(X3,Y3,Z3)
0.2
Y
294
Y (X2,Y2,Z2)
147
Y 0
49
220,5 103
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
a) X Z X b) Temps (ms)
0.000005
-0.000005
-0.00001
-0.000015
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8
Temps (s)
0.000025
0.00002 Z2
0.000015
Déplacement (mm)
0.00001
0.000005
0
-0.000005
-0.00001
-0.000015
-0.00002
-0.000025
-0.00003
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8
Temps (s)
Pour les structures testées en laboratoire, l’excitation consiste à impacter à l’aide d’un
marteau. Le même principe est retenu dans l’analyse modale par MED, on excite la structure
par un impact de faible intensité et on observe la réponse dynamique qui est sensée contenir la
réponse fréquentielle de la structure. La Fig. 4.22b montre l’historique du chargement.
L’impact est appliqué en tête de la colonne, sur un point anguleux, selon la ligne diagonale de
la section de la brique. Ce type d’excitation facilite le mouvement vibratoire dans les deux
directions horizontales. Après l’impact on mesure la cinématique induite en dix points de la
colonne, décrits à la Fig. 4.22a. La réponse temporelle u(t) du point P2 (X2, Y2, Z2) est
présentée dans la Fig. 4.24. Pour nos calculs, on considère que l’amortissement est nul.
0.00045
15,93Hz Z2
0.0004 Z3
Spectre de puissance
0.00035 Z4
0.0003 Z5
Z6
0.00025
Z7
0.0002 Z8
0.00015 Z9
0.0001 Z10
96,49Hz 164,9Hz Z11
0.00005 260,4Hz
0
0 50 100 150 200 250 300
Fréquence (Hz)
a)
168
Spectre de puissance
X4
X5
0.00015 X6
X7
0.0001 X8
X9
X10
0.00005 164,9Hz 172,4Hz X11
0
0 50 100 150 200 250 300
b) Fréquence (Hz)
Les fréquences propres sont identifiées en transformant les données du domaine temporel au
domaine fréquentiel à l’aide de la FFT (Fast Fourrier Transform). L’identification des
déformées modales est réalisée à l’aide de la technique FDD (Frequency Domain
Decomposition) présentée dans [AND 07]. Le principe de cette technique est résumé ci-
après :
Un vecteur de déplacement v peut être développé comme la superposition de plusieurs modes
(Φi) avec des amplitudes adaptées (qi):
v(t) = Φ1 q1(t) + Φ2 q2(t) + … + ΦN qN(t) = Φ q(t)
Dans le domaine temporel, la covariance des réponses: Rvv( ) = E{v(t+ ) v(t)T}
=> Rvv( ) = E{ Φ q (t+ ) q (t)H ΦH } = Φ Cqq( ) ΦH
H
est la transposée Hermitienne.
Cette relation peut être passée au domaine fréquentiel en appliquant la transformée de
Fourrier : Svv(ω) = Φ Sqq( ) ΦH
Cette équation est équivalente à une décomposition des valeurs singulières de la matrice des
réponses Svv(ω). Par conséquent, en décomposant la matrice des réponses Svv(ω), le vecteur
de la déformée modale Φ peut être déterminé.
Deux rigidités élastiques des joints sont interpolées afin d’obtenir la fréquence propre du
premier mode qui s’approche de celle obtenue par la MEF. On a trouvé kn=62GPa/m,
ks=25,83GPa/m. Les fréquences propres obtenues grâce à la FFT des réponses temporelles de
dix points mesurés (selon deux directions horizontales X et Z) sont décrit Fig. 4.24. Les pics
trouvés dans les réponses fréquentielles correspondent aux fréquences propres de la structure.
Chaque fréquence propre correspond à un mode propre. Les fréquences de 15,93Hz, 96,49Hz
et 260,4Hz peuvent être identifiées dans la direction Z (Fig. 4.24a) et correspondent donc aux
modes de vibration dans la direction Z. Les fréquences de 29,98Hz et 172,4Hz sont identifiées
dans la direction X (Fig. 4.24b) et correspondent aux modes de vibration dans cette direction.
Le 4ème mode, correspondant à une fréquence de 164,9 Hz, est trouvé dans les deux directions
(X et Z), Il est probable qu’il s’agit d’un mode de torsion qui peut être capturé dans les deux
directions de la structure.
a) MED MEF b) MED MEF c) MED MEF
f=15,93Hz f=15,88Hz f=29,98Hz f=33,45Hz f=96,49Hz f=97,29Hz
1.47 1.47 1.47
1.323 1.323 1.323
1.176 1.176 1.176
1.029 1.029 1.029
0.882 0.882 0.882
Y (m)
Y (m)
Y (m)
169
1.029 1.029
0.882 0.882
Y (m)
Y (m)
0.735 0.735
0.588 0.588
0.441 0.441
0.294
0.294
0.147
0.147
0
0
-1 -0.5 0 0.5 1
-1 -0.5 0 0.5 1
X Z
Y (m)
Y (m)
0.735 0.735
0.588 0.588
0.441 0.441
0.294 0.294
0.147 0.147
0 0
-1 -0.5 0 0.5 1 -1 -0.5 0 0.5 1
X Z
Fig. 4.25. Déformées modales obtenues par FDD (à partir des réponses temporelles de dix
points de mesure dans MED) et par MEF.
La Fig. 4.25 présente les déformées modales de six modes (de f1,MED=15,93Hz à
f6,MED=260,4Hz) obtenues par FDD (de MED) et par MEF. Les déformées modales similaires
obtenues par deux méthodes nous confirment la pertinence des fréquences propres obtenues
par la MED. Pour obtenir une forme plus précise des déformées comme c’est le cas pour la
MEF, il faudrait un nombre de points de mesures plus important. Globalement, les déformées
obtenues (flexion et torsion) sont bien connues dans la dynamique des structures. En
particulier, le mode de torsion qui correspond à la fréquence propre de 164,9Hz est bien
corroboré (Fig. 4.25d2).
300 N° mode 1 2 3
MEF
250 MED MEF (Hz) 15,88 33,45 97,29
Fréquence (Hz)
La comparaison des fréquences propres obtenues pour les 6 premiers modes par les deux
méthodes de calcul (MEF et MED) est reportée Fig. 4.26. Les résultats sont très proches ce
qui confirme la pertinence de la MED quant à l’analyse modale sur deux aspects à la fois les
fréquences propres et les déformées modales associées. Cette première validation nous amène
ensuite à étudier l’influence des paramètres de calcul sur le comportement vibratoire de la
structure.
2.1.2. Influence du comportement du contact quant à l’analyse modale
Les deux paramètres caractérisant les rigidités élastiques, kn et ks sont étudiés. On varie kn
d’une valeur assez faible (10GPa/m) à une valeur assez forte (1000GPa/m). Le rapport
kn/ks=2,4 est gardé constant. La Fig. 4.27 montre l’influence de kn (ou ks) sur les fréquences
propres des six premiers modes (de 1 à 6). Le cinquième mode n’est cependant pas abordé
dans cette analyse, car comme on peut le constater à la Fig. 4.26, contrairement aux autres
modes, pour ce cas un écart persiste entre MEF et MED. Précisons que dans certain cas,
lorsque kn est assez faible, dans la réponse fréquentielle (déterminé par FFT et FDD), le pic
170
202 kn=80e9
kn=100e9
152 kn=200e9
kn=300e9
kn=400e9
102 kn=500e9
kn=600e9
52 kn=700e9
kn=800e9
2 kn=900e9
kn=1000e9
1 2 3 4 5 6
MEF
Numéro de mode
18 34
Mode 1 Mode 2
16
29
14
Fréquence (Hz)
Fréquence (Hz)
24
12
10 19
8
14
6
9
4
2 4
0 200 400 600 800 1000 1200 0 200 400 600 800 1000 1200
kn (xE9) kn (xE9)
110 200
Mode 3 Mode 4
100 180
90 160
Fréquence (Hz)
Fréquence (Hz)
80 140
70 120
60 100
50 80
40 60
30 40
20 20
0 200 400 600 800 1000 1200 0 200 400 600 800 1000 1200
kn (xE9) kn (xE9)
La Fig. 4.28 illustre indépendamment l’influence de kn sur la fréquence propre pour chaque
mode. On voit un comportement fortement non linéaire au départ, avec des fréquences très
faibles associées à ces modes, ensuite une variation plutôt linéaire qui traduit la création d’une
« rigidité de flexion (ou torsion) inter-briques », au final il y a une tendance à atteindre un
plateau. Théoriquement, avec l’empilement de brique sans aucune « cohésion » (au niveau
local, lié à l’interface entre 2 briques voisines, mais aussi global) nous ne pouvons capturer de
modes vibratoires, notamment pour les modes élevés (au-dessus des premiers modes
171
a) b) c)
Fig. 4.29. La colonne des briques avec mortier.
L’analyse vibratoire a été menée sur deux configurations :
a) Configuration 1
172
b) Configuration 2
Afin de confirmer les résultats obtenus en configuration 1, nous avons réalisé une deuxième
configuration en changeant, pour chaque essai, l’emplacement des accéléromètres :
- Accéléromètre 1b : sur la partie gauche du grand côté de la première brique
- Accéléromètre 2b : au milieu du grand côté de la quatrième brique
- Accéléromètre 3b : au milieu du petit côté de la septième brique
La photo à la Fig. 4.29b permet de montrer l’emplacement des accéléromètres.
a) b)
Fig. 4.30. a) mortier 4x4x16 cm3 ; b) test de Grindosonic.
Nous avons réalisé des essais pour caractériser le module d’élasticité du mortier et des
briques. Pour le mortier, le module d’élasticité est mesuré en se basant sur l’analyse des
fréquences propres à l’aide du système Grindosonic (Fig. 4.30b). Six éprouvettes 4x4x16 cm3
sont coulées et leurs fréquences mesurées en fonction du temps, intégrant ainsi la phase de
cure ou de durcissement du matériau (Fig. 4.30a). Le mortier utilisé est un T-MIX MS
standard pour ouvrages en maçonneries, avec un dosage de 3.289 kg de mortier pour 0.484 kg
d’eau. Pour mesurer la fréquence propre, on procède comme décrit au chapitre 2.
Pour déterminer le module d’élasticité des briques, on procède idem comme décrit au chapitre
2, à l’aide de l’analyse vibratoire, suite à impact et grâce à des accéléromètres piézo-
électriques mono-axe (modèle 7504A) (Fig. 4.31a). Pour s’affranchir des conditions aux
limites, qui sont généralement mal maitrisées expérimentalement et qui de ce fait introduisent
un biais dans l’analyse, l’éprouvette est « libre », en fait suspendue grâce à deux élastiques
(Fig. 4.31b).
173
2.2.3. Résultats
Pour interpréter les résultats expérimentaux, des calculs du spectre fréquentiel et des modes
associés sont obtenus grâce à la MEF. Le module d’élasticité est obtenu par recalage. Pour la
fréquence propre de 2000 Hz obtenue expérimentalement pour le premier mode, le module
d’élasticité de la brique est de 11200 MPa (Fig. 4.32).
Fig. 4.32. Déformée modale du mode 1 flexion donnée par MEF (Abaqus).
Pour le mortier, nous réaliserons 10 essais de Grindosonic par éprouvette pour mesurer la
fréquence propre, du premier mode en flexion, ce qui nous permet de calculer pour chaque
essai le module d’élasticité. A partir des 60 résultats, nous calculerons la moyenne des
modules d’élasticité. On considère que le coefficient de Poisson vaut 0,2. Les valeurs
obtenues du module d’élasticité et les mesures de la masse sont présentés :
174
9500
Poids (g)
480
9000
460
8500
8000 440
7500
Module d'Young 420
7000
Poids
6500 400
1 2 7
Jours
Fig. 4.33. Module d’Young et poids de l’éprouvette mortier en fonction de temps
La Fig. 4.34 illustre les courbes de fréquences propres en fonction de temps. Globalement, on
peut voir l’augmentation de la fréquence propre de la colonne en fonction du temps. Cette
augmentation est due à la rigidification du mortier lors du séchage. A partir de 14 jours, les
fréquences obtenues ont une tendance à converger vers un plateau. L’influence de la
rigidification du mortier sur la vibration de la colonne est plus claire pour les modes élevés.
En effet, après deux jours, on observe une amélioration forte du module d’Young du mortier
(Fig. 4.33, de 7349 MPa à 9972 MPa). Tandis que, pour le mode 1, la fréquence propre du
Jour 2 par rapport au Jour 1 est quasi constante (39,06Hz). A partir du deuxième mode, la
différence de la fréquence propre entre deux jours consécutifs devient plus notable. Cette
différence est plus importante pour les modes élevés (en observant la colonne B-A dans le
tableau ci-dessus).
43 85
42.5 84
42 83
Fréquence (Hz)
Fréquence (Hz)
41.5 82
81
41
80
40.5
79
40 78
39.5 77
39 Mode 1 76 Mode 2
38.5 75
0 7 14 21 28 35 0 7 14 21 28 35
Jours Jours
a) b)
175
Fréquence (Hz)
Fréquence (Hz)
258 315
256
254 310
252
305
250 Mode 3 Mode 4
248 300
0 7 14 21 28 35 0 7 14 21 28 35
Jours Jours
c) d)
475 690
470 685
465 680
Fréquence (Hz)
Fréquence (Hz)
675
460
670
455
665
450
660
445 655
440 Mode 5 650 Mode 6
435 645
0 7 14 21 28 35 0 7 14 21 28 35
Jours Jours
e) f)
Fig. 4.34. Fréquence propre de 6 premiers modes de la colonne en fonction de temps
Z2
8.00E-06 29,98Hz
73,54Hz 237,7Hz
6.00E-06
383,9Hz 613,8Hz
4.00E-06
2.00E-06
0.00E+00
0 100 200 300 400 500 600 700
Fréquence (Hz)
176
Fréquence (Hz)
500
400
300
200
100
0
1 2 3 4 5 6
Mode
3.1. Structure
Dans cette partie, nous utilisons la MED pour l’étude vibratoire d’une structure voûte en
maçonnerie. Les résultats de la modélisation numérique seront comparés aux résultats
expérimentaux obtenus par Ramos [RAM 07]. Cette structure comporte des joints verticaux et
horizontaux, ce qui induit une anisotropie de comportement.
La portée de l’arche est de 1500mm, le rayon externe de 795mm, le rayon interne de 745mm,
l’épaisseur de 50mm et la largeur est de 450mm. Cette voûte est constituée de briques en terre
cuite, de dimensions de 100×50×25mm3. La voute est assemblée par 63 lignes de briques.
L’épaisseur de mortier est de l’ordre de 0,5cm. L’arche repose sur deux butées en béton armé
fixés à la dalle par des boulons. La géométrie détaillée est illustrée Fig. 4.37
177
11
12 R7 52
53
10 9 5 54
P1 8
9 55
56
7 R7 57
6 4 5 58
5 59
4 60
3 Y 61
2 62
1 63
X
1500
fissure 3
fissure 1
fissure 4
fissure 2
a) b)
P12P13
P10 P11 P14 P15
P9 29 30 31 32 33 34 35 36
P16
P8 26 27 28 3738
P17
24 25 39 40
23 41
42
P7 20
21 22 43
44
P18
19 45
18
P6 17
46
47 P19
16 48
15 49
P5 13
14 50 P20
51
12 R7 52
P4 11
10 95 53 P21
54
9 55
8 56
P3 7 R7 57 P22
6 45 58
5 59
P2 4
Y
60 P23
3 61
2 62
1 63
c) X
Fig. 4.39. a)Maillage MEF ; b) Maillage MED ; c) Point de mesure pour MED.
1.E-04
X2
35,41Hz
1.E-04 X3
Spectre de puissance
X4
8.E-05 X5
X6
6.E-05
X7
130,2Hz 156,2Hz
4.E-05 X8
201Hz X9
120,8Hz
2.E-05 71,86Hz 180,2Hz X10
57,28Hz
X11
0.E+00
0 50 100 150 200
Fréquence (Hz)
Fig. 4.40. Fréquences de la voûte obtenues par FFT.
179
f=35,41 Hz f=57,28 Hz
1 0.9
0.9 0.8
0.8
0.7
0.7
0.6
Y (m)
Y (m)
0.6
0.5
0.5
0.4
0.4
0.3
0.3
0.2 0.2
-1 -0.5 0 0.5 1 -1 -0.5 0 0.5 1
X (m) X (m)
f=71,86 Hz f=130,2 Hz
1
1
0.9
0.9
0.8
0.8
0.7 0.7
Y (m)
Y (m)
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
0.2 0.2
-1 -0.5 0 0.5 1 -1 -0.5 0 0.5 1
X (m) X (m)
f=156,2 Hz
0.9
0.8
0.7
0.6
Y (m)
0.5
0.4
0.3
0.2
-1 -0.5 0 0.5 1
X (m)
La Fig. 4.40 présente les fréquences propres obtenues par deux techniques FFT et FDD.
Les résultats obtenus par ces deux méthodes sont toujours similaires. En particulier pour le
cas ici étudié, on a trouvé la même réponse fréquentielle pour tous les modes excités en se
basant sur la réponse temporelle dans une seule direction (X ou bien Y). La similarité des
déformées modales obtenues par la MED et par la MEF nous permet de confronter les
fréquences propres obtenues (Fig. 4.41 & Fig. 4.42).
180
150.00 150.00
100.00 100.00
50.00 50.00
Niveau 3
l’endommagement.
– Classification : la méthode donne l’information du type
la structure.
Dans cette étude, l’identification de l’endommagement de la structure est analysée au niveau
1. Les méthodes de vibration peuvent être divisées par Linéaire ou Non-linéaire selon le type
de comportement supposé après l’apparition de l’endommagement. Si pendant l’essai
dynamique (vibration), les fissure sont supposées ouvertes, la réponse est linéaire, et la
méthode est classifiée Linéaire. Par contre, la méthode Non-linéaire prend en compte le
changement de la rigidité en fonction des amplitudes d’oscillations de respiration des fissures.
Par exemple, lors de la fermeture de fissure, il a restauration de la rigidité initiale comme pour
la poutre encastrée dans la Fig. 4.44 [RAM 2007]
Fig. 4.44. La respiration d’une poutre d’encastrement : (a) la fissure fermée avec une
restauration de la rigidité initiale ; (b) le stade transitoire ; (c) l’ouvert de fissure avec une
rigidité minimale [RAM 2007].
Dans notre travail, on suppose que l’indentification modale peut être analysée précisément
avec l’approche linéaire.
181
fissure 3
fissure 1
fissure 4
fissure 2
Fissuration 1
Pour la MEF, on a diminué le module d’élasticité afin de caler la fréquence propre mesurée
expérimentalement pour le mode 1, soit E=3,5GPa.
Expérimentation
Sans Endommagement Endommagement A-B B/A
(A) (B)
35.59 33.72 1.87 0.95
67.30 65.68 1.62 0.98
72.11 69.36 2.75 0.96
125.74 124.48 1.26 0.99
140.08 135.68 4.4 0.97
173.38 173.24 0.14 1.00
199.32 188.78 10.54 0.95
MEF
Sans Endommagement Endommagement A-B B/A
(A) (B)
35.86 33.56 2.30 0.94
70.53 66.06 4.47 0.94
74.31 69.55 4.76 0.94
136.27 127.55 8.72 0.94
141.56 132.58 8.98 0.94
197.91 185.24 12.67 0.94
202.68 189.82 12.86 0.94
182
Dans la réalité, la position des fissures par rapport à la déformée de chaque mode, conduit à
des chutes de fréquences propres différentes. En conséquence, dans l’expérimentation, on
observe B/A est non-linéaire, tandis qu’avec la MEF, on observe une valeur B/A constante car
la fissure n’est pas modélisée. On a changé uniquement le module d’élasticité global de la
structure pour traduire la chute de rigidité ou bien la chute de fréquence du mode 1. Pour la
MED, grâce à une modélisation plus réaliste de la fissure, qui se traduit par la diminution de
la rigidité dans la zone fissurée, on a retrouvé l’évolution non-linéaire B/A des fréquences
propres pour les modes comme pour l’expérimentation.
C2
C3 C4
Fig. 4.46. Positions des fissures pour les niveaux d’endommagement C2, C3 et C4.
183
C0 C3 C4
Mode Exp MED Erreur Exp MED Erreur Exp MED Erreur
(Hz) (Hz) (%) (Hz) (Hz) (%) (Hz) (Hz) (%)
1 flexion 35.59 35.41 0.51 31.49 29.16 7.40 28.09 25.52 9.15
2 torsion 67.30 57.28 14.89 63.08 50.00 20.74 58.44 44.78 23.37
3 flexion 72.11 71.34 1.07 65.72 61.97 5.71 62.61 57.80 7.68
4 flexion 125.74 130.18 -3.53 121.97 108.32 11.19 119.44 98.94 17.16
5 torsion 140.08 156.75 -11.90 132.81 120.29 9.43 127.44 134.35 -5.42
6 flexion 173.38 180.18 -3.92 167.64 139.56 16.75 156.24 156.23 0.01
7 torsion 199.32 201.01 -0.85 188.25 161.95 13.97 180.27 178.10 1.20
200.00 C2 200.00 C2
C3 C3
150.00 C4 150.00 C4
100.00 100.00
50.00 50.00
0.00 0.00
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Mode Mode
184
(a) (b)
Fig. 4.48. (a) Disposition des accéléromètres sur le mur; (b) IMC CRONOS
Les mesures sont réalisées avant et après endommagement, induit lors de l’essai de
chargement précédemment décrit.
185
P3 P2
P1
P4 P5
1 3
P2
P3
2 4
P1
P4 P5
4.3. Résultats
Les essais sont d’abord menés sur le mur vierge de tout dommage. Quatre mesures de
l’accélération correspondant à cinq positions d’impact ont été enregistrées. La Fig. 4.51
illustre un exemple du signal de vibration capturé par les quatre accéléromètres après impact.
186
Accélération (g)
0.1
0
-0.1
-0.2
-0.3
-0.4 Temps (s)
-0.5
0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08
0.4
Accéléromètre 2
0.3
0.2
Accélération (g)
0.1
0
-0.1
-0.2
-0.3
Temps (s)
-0.4
0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08
0.6
Accéléromètre 3
0.4
Accélération (g)
0.2
-0.2
-0.4
Temps (s)
-0.6
0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08
1
0.8 Accéléromètre 4
0.6
0.4
Accélération (g)
0.2
0
-0.2
-0.4
-0.6
-0.8
-1 Temps (s)
-1.2
0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08
Fig. 4.51. Exemple du signal de l’accélération pour 4 points de mesure (mur non endommagé)
Afin de convertir le signal temporel vers le domaine fréquentiel, nous avons recours à la FFT.
La méthode dynamique de l’identification de l’endommagement est basée sur l’évaluation de
la fréquence propre. Nous faisons l’hypothèse que le dommage a entraînée une baisse de
rigidité et n’a aucune relation avec le changement de la masse. Le changement des fréquences
propres n’est pas susceptible d’être le même pour chaque mode car les changements
dépendent de la nature, de la localisation et de la sévérité du dommage [SAL 1997]. Pour
qu’on puisse qualifier la dégradation du mur, les fréquences propres ont été comparées avant
et après chargement. Les résultats du traitement FFT des réponses mesurées lors des tests
d’impact au marteau sont reportés Fig. 4.52. La même valeur de fréquence, soit 26,86 Hz, est
187
1.5
0.5
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Fréquence (Hz)
16
Avec l'endommagement 26,86 37,23
14
12 31,13
46,99
10
FFT
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Fréquence (Hz)
Fig. 4.52. Spectre de fréquences via la FFT pour le mur sans et avec endommagement
L’analyse modale par la MED pour ce test a été menée dans le cas sans endommagement. Le
même modèle utilisé dans le chapitre 3 (partie C.2.3) est ici utilisé pour le calcul vibratoire.
Le même principe d’excitation présenté dans la partie précédente est ici appliqué, une force
d’impact assez faible est appliquée en zone centrale du mur principal. On mesure ensuite la
réponse de trois points sur la face tendue en fonction du temps (Fig. 4.53).
0.4
Déplacement (mm)
0.2
-0.2
XP2
-0.4
Temps (s)
Fig. 4.53. a) mur dans 3DEC ; b) réponse temporelle (déplacement hors plan) de point P2
188
0.35
P1 28,26 Hz
0.3 P2
P3
0.25
0.2
Spectre 39,39 Hz
0.15
0.1
0.05 47,95 Hz
0
0 10 20 30 40 50 60
Fréquence (Hz)
Fig. 4.54.Spectre de fréquences/FFT pour le mur sans endommagement déterminé par MED
60
50
Fréquence (Hz)
40
30
20
10 Expérimentation
MED
0
0 1 2 3 4
Mode
5. Conclusion
Dans cette étude, nous montrons qu’il est possible via la MED de procéder à l’analyse modale
avec la détermination des fréquences et modes propres. De façon indirecte, en ce sens qu’il ne
s’agit pas ici de résoudre un problème aux valeurs propres, mais en procédant à l’analyse d’un
impact judicieusement choisi (en fonction des modes que l’on désire exciter). Cette approche
est intéressante à plus d’un titre. Cette étape est nécessaire lorsque l’on veut étudier le
comportement dynamique, notamment pour le cas de sollicitation de type sismique, il faut
effectivement s’assurer de la bonne représentativité des modes et fréquences propres de la
structure à analyser. Cela passe par le recalage des paramètres d’interface adéquats. Ainsi, la
méthode spectrale, classique avec la MEF, et qui restait un problème ouvert avec la MED,
trouve une solution avec la démarche et méthodologie d’analyse ici proposées. L’approche
proposée ouvre aussi de nouvelles voies quant à la caractérisation des paramètres élastiques
associés aux interfaces (contacts inter-briques) en meilleurs adéquation avec la réalité
expérimentale. Sachant les possibilités de la MED quant à l’introduction et gestion de la
discontinuité (fissure), jusqu’à son évolution, l’analyse modale proposée, peut donc nous
fournir un indicateur de dommage à corréler à l’endommagement par ailleurs quantifié.
D’autres exemples de validation de cette démarche sont nécessaires avant de conclure de
façon indubitable, certaines validations sont en cours d’étude.
189
2. Méthodologie
2.1. Approche statique
La réponse des structures en maçonnerie dans le cas d’un mouvement horizontal du sol est
une question qui reste ouverte, tant du point de vue de la modélisation MEF ou MED, mais
aussi du point de vue expérimentale, car relativement peu d’essais ont été effectués sur table
vibrante. D’autre part, soulignons la difficulté aussi liée à la diversité des séismes, mais aussi
et surtout à la diversité des types de structures, allant de la maison individuelle jusqu’aux
monuments historiques, les tours, les statues, les ponts en pierre, etc, chaque cas étant
finalement un prototype particulier. Un travail conséquent a été mené par P. Taforel [TAF
2013] qui a développé des outils numériques autour de la méthode des éléments discrets,
outils qui devraient permettre de telles études. Au vue de la complexité des comportements
des structures maçonnées sous sollicitations sismiques, il est nécessaire de valider tout
d’abord l’analyse numérique MED sur des cas d’école, et d’envisager des essais de
complexité croissante afin de progresser en termes de validation en corrélant
systématiquement essais et calculs.
Dans la conception des structures, une pratique courante pour simuler les séismes est
d’appliquer une force constante horizontale. Cela est équivalent à appliquer une accélération
qui est une fraction de l’accélération de la gravité. Cette action ne représente pas toute la
dynamique mais elle donne une idée de la charge latérale que la structure peut supporter avant
le collapse. Incliner la surface du sol est une manière de mettre en place une analyse statique
190
acritique=g*sin(cr)
mur :
périodique. La sollicitation est définie par son amplitude A, et sa pulsation . Elle est décrite
Cela consiste à exciter la base par un chargement harmonique ou bien un chargement non
par une fonction sinusoïdale : y(t)=Asin(t) (Fig. 4.57a). Le chargement non périodique
entretenu peut être défini comme le chargement résultant d'une succession d'impulsions. C'est
typiquement le cas d'une sollicitation sismique si l'accélération du sol est connue de façon
déterministe (Fig. 4.57b). Dans notre étude, nous utiliserons un chargement harmonique.
191
Vitesse (m/s)
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
-0.005
-0.01
-0.015
-0.02
Temps (s)
300
200
Accélération (cm/s2)
100
-100
-200
-300
0 5 Temps (s) 10 15
Fig. 4.57.a) Fonction sinusoïdale ; b) Excitation du séisme à Kalamata-Grèce (13 Septembre
1986)
Les photos ci-dessous illustrent les essais typiques que nous avons réalisés. L’objectif de ces
essais est d’étudier l’influence des paramètres liés à la géométrie de notre maquette quant au
comportement sous sollicitation représentative d’un séisme. Tout d’abord, nous testons un
module correspondant à un mur simple sous sollicitation dans le plan et hors plan, puis nous
considérons la présence de murs de refend. Une étude de l’élancement du mur a aussi été
menée. Enfin, nous étudions une structure complète sans et avec la présence d’une toiture
légère. Dans ce modèle complet, deux tailles de morceau de sucre ont été utilisées afin
d’évaluer l’influence de la taille des blocs, en référence au calcul nous parlerons de maillage.
Concernant les essais dynamiques de type harmonique, nous n’avons abordé que le module
complet correspondant à la maison carrée, l’étude a plus particulièrement portée sur
l’influence de l’amplitude et de la fréquence de la vibration.
192
(c) (d)
Fig. 4.58. Les divers types de structures étudiées : (a) Un mur simple ; (b) Un mur principal
avec deux murs de refend ; (c) Une maison carrée ; (d) Une maison carrée avec toiture.
maquette
de sucre
Vérin
table
hydraulique
en bois
profile
métallique
mass
194
Le vérin associé à une pompe hydraulique est contrôlé par un automate de régulation de type
MTS. L’automate de régulation permet de décrire la sollicitation harmonique ou consigne,
son amplitude, sa fréquence. Le vérin applique un mouvement de type harmonique décrit
comme suit:
4. Matériaux
4.1. Caractéristiques des blocs de sucre
Pour pouvoir réaliser des essais sur structures constituées de blocs de sucre, la première étape
consiste à déterminer les caractéristiques physiques et mécaniques de ces blocs. Pour nos
essais, deux types de bloc ont été utilisés : des gros et petits morceaux de sucre.
Fig. 4.62. Essai visant à déterminer l’angle de frottement entre les morceaux de sucre.
Pour la modélisation on optera pour un angle de frottement inter-blocs de sucre égal à 30.4 °.
4.2.2. Angle de frottement entre bloc de sucre et la table inclinable
Il est important aussi de bien caractériser la condition aux limites basse ou condition de
support des structures étudiées. Cela revient à caractériser l’interface entre bloc de sucre et la
table en bois, plus précisément dans le cadre de la loi ici envisagée, la caractéristique « angle
de frottement ». Pour ce faire, on procède de façon simple mais suffisamment représentative
de la réalité, un bloc de sucre est positionné sur la table et on procède progressivement à
l’inclinaison de la table jusqu’à constater le mouvement du bloc.
Les résultats obtenus sont précisés ci-après.
N° 1 2 3 4 5 Moyenne
Valeur (°) 34.6 31.6 34.7 31 34 33.2
Fig. 4.64. Angle de frottement entre blocs et table support en bois.
196
(a) (b)
Les essais sont dupliqués 4 fois pour chaque configuration afin de déterminer l’angle de
collapse moyen et de garantir le mode de rupture. Les valeurs obtenues sont reportées dans le
tableau ci-dessous.
On remarque que pour le cas hors plan, les résultats montrent plus de dispersion par rapport
au cas des essais dits plans. De plus, l’angle d’inclinaison moyen obtenu est plus faible, un
écart de l’ordre de 70% est constaté, comparativement au cas plan. En effet, dans le cas hors
plan, le mur se comporte comme une poutre console, le moment de flexion maximale est au
pied de la poutre (Fig. 4.69). L’effet de flexion induit donc plus une rotation des morceaux de
197
Essai L1
Angle de rupture (°)
L/h = 3.2
L1-1 9
L1-2 8.8
L1-3 8.4
Moyenne 8.7
Fig. 4.71. Angles de ruptures de l’essai L1
199
Normalement, le collapse de cette structure est dominé par la rupture du mur principal du fait
de la sensibilité du mode hors plan par rapport au mode dans le plan. Par contre, en
assemblant les deux murs de refend, une rupture induite par torsion dans les deux murs de
refend est constatée (Fig. 4.74).
Angles d’effondrement pour des essais où le mur principal a une relation L/h variable (o)
L/h 3.2 2.768 2.366 1.0
Angles de rupture (o) 8.7 10.2 12.4 19.9
Accélérations maximales (g) 0.151 0.177 0.215 0.340
200
(a)
(b)
(c)
(d)
Fig. 4.75. Photos précisant l’état avant, pendant et après la rupture des structures avec L/h
variable : (a) L/h=3.2, (b) 2.768, (c) 2.366, (d) 1.0.
En analysant les photos ci-dessus, on constate que plus le rapport L/h est grand, plus
l’effondrement sera tributaire de la flexion. Lorsqu’on diminue le rapport L/h, l’effet de
flexion est progressivement inhibé, laissant place aux effets de torsion et principalement aux
effets de glissement et de cisaillement qui vont interagir et piloter l’effondrement.
201
Fig. 4.78. Rupture du mur frontal d’une maison carrée constituée de gros blocs.
202
Fig. 4.79. Rupture du mur arrière d’une maison carrée constituée de gros blocs.
Toujours pour la même structure (maison carrée), mais cette fois-ci constituée de petits blocs
(17×12×17mm), les mêmes essais avec la même méthode de charge ont été dupliqués, et nous
avons considéré 6 essais afin de jauger de la robustesse et reproductibilité. En observant les
modes de rupture, on constate qu’ils sont similaires dans tous les cas. Ils se caractérisent par
l’existence de deux zones comme dans le cas de la structure constituée de gros blocs. Dans les
deux zones, la rupture se passe de la même manière que pour les essais avec des gros blocs.
La rupture se trouve toujours d’abord sur le mur principal amont (en bas de pente) au
voisinage de la barre métallique qui est utilisé pour bloquer le glissement du mur sur la table.
Ainsi on constate une rupture qui combine l’effet de flexion du mur principal amont et le
cisaillement des murs de refend. La deuxième zone se localise sur le mur principal aval, le
mode de rupture de cette zone apparait un peu plus tard, et de façon moins brutale. Cette
dernière zone de rupture est purement en flexion, on a observé que cela cause aussi un effet de
torsion sur les deux murs de refend. Soulignons qu’il n’y a pas de glissement du mur principal
aval, et ce durant tout l’essai.
203
L’angle moyen de collapse obtenu pour les structures constituées de petits blocs est plus
faible que celui obtenu pour le cas des structures constituées de gros blocs (écart de 15% pour
le premier angle critique, 18% pour le deuxième angle critique. En conclusion, la
discrétisation plus fine en blocs de la structure a diminué sa résistance, mais n’a pas changé
les modes de rupture.
N° Angle de rupture(°)
7-1 15.0
7-2 15.6
7-3 14.8
Moyenne 15.1
Fig. 4.84. Angles de ruptures d’une maison carrée avec toiture et poids de 200g.
Fig. 4.85. Processus de rupture d’une maison modulaire avec toiture et pré-compression.
205
Chaque essai est dupliqué. Le tableau ci-dessous reporte les résultats moyens de tous les tests
réalisés :
0.175
Premier mode
0.17 Deuxième mode
Accélération maximale (g)
0.165
0.16
0.155
0.15
0.145
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Amplitude (mm)
Les modes de ruptures sont relativement similaires quelles que soient les fréquences : les
murs qui se brisent sont ceux perpendiculaires à la direction de la perturbation, et le mur le
plus éloigné de la source (ici le vérin) casse en premier. La rupture est pilotée par la flexion
du mur. On observe la torsion au niveau des angles.
206
(c)
Fig. 4.87. Modes de rupture pour les amplitudes : (a) 2mm, (b) 3mm, (c) 3,5mm.
Enfin, on a mené un test sur une maison comportant un défaut. Ce test est réalisé avec une
amplitude de 3mm. Le mur principal amont est celui comportant les défauts (4 briques
manquantes). Pour ce mur : la fréquence de rupture est de 3.30 Hz et l’accélération maximale
de 0.131 g. Pour le deuxième mur principal ou mur dit aval, ne comportant aucune
imperfection, la fréquence est de 3.75 Hz et l’accélération de 0.170 g.
20
15
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5
L/h
La comparaison essais/calculs pour les angles critiques est présentée Fig. 4.89. Un écart
important entre le numérique et l’expérimentation est constatée, la tendance ou effet du L/h
est cependant bien retranscrite par les calculs. L’écart semble être constant, Cette différence
peut être expliquée par le choix d’une valeur moyenne trop forte. La caractéristique
inhomogène des interfaces entre les morceaux des sucres est certaine, c’est pourquoi, l’on
constate une variabilité (entre 28,5° à 33°) lorsqu’on mesure l’angle de frottement entre les
blocs. Pour les calculs, on a choisi un angle de frottement moyen de 30,4° ce qui donne les
résultats numériques à la Fig. 4.89. Cet effet devient important à cause de l’effet d’échelle (la
masse des sucres est faible par rapport au défaut important) lié à notre maquette. Par contre,
on retrouve numériquement une tendance similaire de diminution des angles critiques en
fonction de L/h comme constaté lors des essais. Cette tendance confirme la pertinence du
modèle numérique.
En ce qui concerne des modes de rupture, la simulation numérique à l’aide semble très
pertinente, bien conforme aux essais et ce pour les nombreux cas envisagés, ce qui prouve sa
robustesse.
208
209
ü g Ah . cos(t )
f=1,72Hz) :
ü
. sin(t )
Ah
g
Ce test a été modélisé par [Dejong, 2009] dans le cas de modèle de deux dimensions. On
refait ici les calculs dans un modèle 3D.
C M K
Dans 3DEC, l’amortissement de Rayleigh est utilisé :
1
proportionnel. De plus :
( ) ( )
2
Où ( ) est le taux d’amortissement critique.
Le comportement de contact entre le bloc rigide et la base est décidé par le coefficient de
frottement et la rigidité kn, ks de l’interface.
Pour bien comprendre l’influence des ces coefficients pour le comportement de structure,
c’est nécessaire à faire une étude paramétrique. Cependant, dans la première étape, les
coefficients proposés par [DEJ 2009] sont utilisés pour comparer avec les résultats
analytiques. La formule analytique de ce test est trouvée dans [DEJ 2009].
210
-1
-2
-3
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Temps (s)
Fig. 4.93. Angle de rotation du bloc rigide obtenu par 3DEC et la formule analytique.
0,6
Entrée de vitesse
Sortie de vitesse
0,4
0,2
Vitesse (m/s)
-0,2
-0,4
-0,6
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Temps (s)
Fig. 4.94. Vitesse d’entrée à la base (support) et vitesse de sortie dans le bloc rigide (3DEC).
Deux courbes obtenues illustrées dans Fig. 4.93 montrent la pertinence de l’approche
numérique par rapport l’approche analytique proposée par [HOU 1963].
211
Bloc 4
Bloc 3
Bloc 2 Bloc 1
Mouvement
Fig. 4.96. Déplacements des blocs et de la semelle : Amplitude 3mm (fréquence 4,38Hz).
212
Fig. 4.97. Mode de rupture obtenue via un test quasi-statique d’une maquette de maison
fabriquée par les mini-briques en terre cuite.
213
200
-100
-200
-300
Temps (s)
0 5 10 15
0.3
0.2
Accélération (g)
0.1
-0.1
-0.2
-0.3
Temps (s)
0 5 10 15
40
30
20
Vitesse (cm/s)
10
0
-10
-20
-30
Temps (s)
0 5 10 15
8
6
Déplacement (cm)
4
2
0
-2
-4
-6
-8
Temps (s)
0 5 10 15
Fig. 4.98. Séisme de Kalamata-Grèce (13 Septembre 1986)
L’amplitude du mouvement a été augmentée afin d’être suffisamment importante pour induire
de larges amplitudes vibratoires, et induire l’effondrement du bâti. Deux facteurs
214
20
Semelle
R9
15 R12
10
Déplacement (cm)
0
0 1 2 3 4 5 6 7
-5
-10
Temps (s)
Fig. 4.99. Mouvement de la semelle et des blocs R9 et R12 (haut de maison) séisme
KALAMATA 0,45g
1.5
1
Déplacement relative (cm)
0.5
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
-0.5
-1
R9
-1.5
Temps (s)
Fig. 4.100. Déplacement du bloc R9 par rapport à la semelle sous séisme KALAMATA 0,45g
215
3.669s 3.89s
4.052s 4.116s
Fig. 4.101. Modes de rupture du module sous séisme KALAMATA 0,45g
20
Semelle
R9
10
R12
0
0 1 2 3 4 5 6 7
Déplacement (cm)
-10
-20
-30
-40
-50
Temps (s)
216
0.2
0
0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00 3.50 4.00 4.50
-0.2
-0.4
-0.6
Temps (s)
Fig. 4.103. Déplacement relatif du bloc R9 par rapport à la semelle séisme KALAMATA
0,54g
2,85s 3,19s
3,35s 3,54s
217
En observant les résultats obtenus dans les figures ci-dessus, on constate que la simulation
numérique a donné deux modes de rupture différents selon l’amplification de l’accélération
longitudinale excitée. Pour l’amplitude de 0,45g, un seul mur s’effondre. Pour le cas 0,54g,
les deux murs excités en flexion s’effondrent, comme à la Fig. 4.104. Ces deux modes de
rupture correspondent parfaitement aux modes trouvés dans les approches quasi-statiques et
dynamiques de type harmonique.
(a) (b)
Fig. 4.105. (a) Module testé par [RES 2010] (b) Maillage 3DEC.
Le dernier calcul, toujours dans le cas de joints secs, est ensuite mené dans le cas d’une
maison de deux étages, à l’échelle 1/5ème, pré-chargée en compression. Ce module a été testé
sur un table inclinable par [RES 2010] pour reproduire les mécanismes de rupture hors plan
représentatifs des actions sismiques proposés par D’Ayala. Les tests quasi-statiques de
218
le coefficient de frottement entre deux pierres est de 0,67. La géométrie et les dimensions des
spécimens testés sont rappelées figure ci-dessus. Une même excitation du séisme Kalamata a
été appliquée à cette structure, avec une amplitude deux fois plus importante, correspondant à
une accélération horizontale maximale de 0,54g. Les modes de rupture trouvés seront
comparées avec ceux obtenus par l’essai dit quasi-statique ou statique sur table inclinable. Le
mode de rupture trouvé par le calcul après 2,41s d’application du signal sismique corrobore
pleinement celui obtenu expérimentalement. Ce mode est présenté à la figure ci-dessus.
219
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
-1
-6
-7 B3
-8
Temps (s)
Fig. 4.107. Déplacement longitudinal absolu (par rapport à un point fixe) de 3 blocs situés en
haut de maison et de la semelle.
0
Déplacement relatif (cm)
-2 B2 B1
-3
B1
-4 B2
B3 B3
-5
Temps (s)
Fig. 4.108. Déplacement longitudinal relatif (par rapport à la semelle) de 3 blocs situés en
haut de maison.
Les mouvements longitudinaux des blocs en haut de maison sont présentés aux figures ci-
dessus.
220
221
Tige de
précontrainte
Section A - A
1200
IP
IPN 140
1130
N
10
0
440
70
1540 140
1780
(c)
(d)
Fig. 4.109. (a) Mur avec joint mortier; (b) Mur joint sec; (c) Schéma du châssis; (d)
Etalonnage des tiges de précontrainte
Pour créer le chargement de type impact, nous utilisons un banc de type pendule de mouton.
Ce banc d’essai se compose d’un bâti parallélépipédique renforcé par deux axes transversaux.
Le pendule est relié à un châssis rigide par quatre tiges de même longueur 1,75m par
l’intermédiaire de liaisons pivot. A l’avant du bâti rigide, un butoir de forme cylindrique
assure l’impact. L’énergie cinétique du pendule lors du choc est définie par la donnée de la
hauteur de largage ce qui revient à l’angle d’inclinaison initial du pendule. Pour atteindre cette
hauteur de consigne, le pendule est tracté par un treuil électrique, un inclinomètre permet de
cibler l’angle désiré. Le mouvement du pendule est caractérisé par un champ de déplacement
décrivant une translation circulaire. Le pendule impacte la cible (le mur) au moment où il
passe la verticale, pour une hauteur z=440mm par rapport au sol. Des accéléromètres
positionnés sur le bâti rigide impactant, à mi-longueur, permettent de mesurer la décélération
lors de l’impact. Un capteur de force, positionné à l’aval du butoir, ou tête cylindrique servant
d’impacteur, permet la mesure de la distribution temporelle de la force, caractérisant ainsi tout
le processus d’impact. L’impacteur est de forme cylindrique (4cm de diamètre), ce qui
222
Une centrale d’acquisition dynamique de type Cronos IMC permet l’acquisition du signal de
force et des accéléromètres à une fréquence de 10kHz. Une caméra rapide Phantom v.84,
positionnée en vis-à-vis de la face aval du mur, la face amont étant celle directement
impactée, permet de filmer la propagation des fissures sur la surface tendue du mur et les
endommagements éventuels durant l’impact. La vitesse d’acquisition est de 1200
images/seconde.
223
Bra s rigide
H E B 160 Lg 2410
H E B 160 Lg 2225
H EB 100 Lg 640
A
0
IPN 100
257
2560
Bois
Lg
Tige de
0
16
pré contra inte
2 0°
B
225
HE
Lg 2
1600
60
B1
I PN
HE
IPN 140
10
0
c apteur
60
440
de force
°
50 Soudure A
600
25
Fig. 4.110. Banc d’essai: pendule de Mouton-Charpy et support du mur (unité en mm).
224
2.1. Le mortier
Le même type de mortier, utilisé dans le cas du chargement quasi-statique, est utilisé dans le
cas du chargement de type impact, ses caractéristiques ont été précisées au paragraphe 3.1 du
chapitre 2.
2.2. La brique
Différents essais sont menés pour obtenir les caractéristiques mécaniques classiques,
contrainte ultime et module, des briques utilisées.
2.2.1. Brique en compression
2.2.1.1. Tests qualitatifs
Afin de caractériser leur contrainte ultime en compression, les briques sont testées dans les
trois directions caractéristiques, sans mesure du déplacement ou déformation, uniquement
pour caractériser la contrainte à rupture. Les valeurs moyennes obtenues pour ces trois types
d’essais sont précisées au tableau ci-dessous :
orthogonale à son plan de plus grande surface (compression=77Mpa), dans ce cas, le mode de
maximale est obtenue selon la direction 1, lorsque la brique est chargée selon la direction
rupture décrit Fig. 4.111a est brutale. Pour les deux autres directions, la charge de rupture est
nettement plus basse, on note une chute de l’ordre de 67%. Le mode de rupture est décrit aux
figures Fig. 4.111b & c.
225
(a) (b)
Fig. 4.112. Eprouvette avec jauges: (a) compression selon direction 3; b) selon direction 2.
La contrainte de rupture de la brique, pour la configuration 1, est très proche de celle trouvée
dans les tests préliminaires, soit 24,5MPa. Pour la caractérisation du module d’élasticité, nous
considérons la moyenne des valeurs de déformations mesurées par les deux jauges collées sur
les faces opposées (Fig. 4.113), ceci permet de réduire les incertitudes de mesures et autres
problèmes liés à un chargement légèrement dissymétrique. Nous obtenons 16300Mpa pour la
moyenne des jauges 1-2, et 11400MPa pour la moyenne des jauges 3-4.
226
20
15
Jauge 1
10 Jauge 2
Jauge moyenne 1-2
5 Jauge 3
Jauge 4
Jauge moyenne 3-4
0
-0.0002 0.0003 0.0008 0.0013 0.0018 0.0023
Déformation verticale
Fig. 4.113. Courbes contrainte/déformation : Config 1, E1-2=16300MPa, E3-4=11400MPa.
20.00
15.00
Jauge 1-2
Contrainte (MPa)
10.00
5.00 Jauge 1
Jauge 2
Jauge moyenne
0.00
0 0.001 0.002 0.003 0.004 0.005 0.006
Déformation
Fig. 4.114. Courbes contrainte/déformation : Config 2, E1-2=9300MPa
227
228
(9)
Les éprouvettes testées sont constituées de trois briques avec la présence de deux surface de
joints (secs ou avec mortier) formant les deux plans de cisaillement. Les échantillons sont
maintenues par deux butées (4) constituées de deux poutrelles HEB, tenues solidairement par
deux tiges filetées (8) qui permettent d’appliquer la précontrainte à l’aide du vérin horizontal.
de déplacement LVDT dont l’étendue de mesure est de 2 mm, la précision de 1 m. Une
Le déplacement de la brique centrale (déplacement tangent) est mesuré à l’aide d’un capteur
pièce en PVC est collée sur la brique afin de fixer ce capteur. Deux capteurs de déplacements
ont été mis en place pour déterminer les déplacements horizontaux, normal au joint. La
sollicitation normale (ici horizontale) est appliquée en premier lieu, puis maintenue constante.
Le chargement vertical, piloté en déplacement imposé, est appliqué sur la brique centrale au
moyen du servo vérin avec une vitesse de 0.2mm/mn.
229
Les valeurs des résistances au cisaillement obtenues pour les différentes valeurs de la
contrainte normale sont reportées dans le tableau ci-après :
0.6
Contrainte de cisaillement (MPa)
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8
Contrainte normale (MPa)
Fig. 4.117. Contrainte de cisaillement en fonction de la contrainte normale.
La résistance au cisaillement des joints secs augmente avec la contrainte normale. Pour ce
type de joint dit sec, sous l’effet simultané du cisaillement et de la contrainte normale, la
résistance au cisaillement ne résulte que du frottement. La Fig. 4.117 décrit la variation de la
contrainte de cisaillement en fonction de la contrainte normale. On suppose que cette
230
de tendance devrait donc passer par l’origine. On obtient ainsi n 0.7021 (avec un
cohésion est caduc pour ce type de joint sec, on considère que la cohésion est nulle. La courbe
Sur la base des essais précédents, plusieurs essais visant à caractériser l’interface
brique/mortier ont été aussi menés. Le caractère non probant de ces essais, avec plus
particulièrement une piètre répétabilité, nous ont poussé à écarter ces résultats. Notre
conclusion, est que ce type de caractérisation nécessite un nombre plus conséquent de briques
afin d’être représentatif. L’utilisation du banc à trois briques, est jaugé non pertinent en ce
sens que l’on est immédiatement à l’échelle du joint, les effets de bord, d’imperfection de
charge, de légères dissymétries, d’imperfection de joint sont alors exacerbés et induisent donc
un effet drastique, puisqu’ils interagissent directement avec l’interface que l’on veut étudier.
Le problème de la caractérisation s’en trouve faussé puisque dans ce cas la réponse est
fortement liée aux singularités des conditions aux limites. L’échelle envisagée pour ce type
d’essais, est donc difficilement représentative.
3. Résultats
231
Vérin
hydraulique
1200
IP
IPN 140
N
Tube 10
0
de serrage
Tige
d'ancrage
140
1780
232
120
100
Force (daN)
80
60
40
500N
1000N
20 2000N
3000N
0
0 2 4 6 8 10
Déplacement (mm)
Fig. 4.120. Courbe de charge/flèche hors plan
120
100
Force hors plan (N)
80
60 y = 0.0294x + 24.294
R2 = 0.9867
40
20
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500
Précontrainte (N)
Fig. 4.121. Courbe d’interaction ou seuil (au glissement) de la charge hors plan en fonction de
la précontrainte
233
a) b)
c) d)
Fig. 4.122. F=23daN – Pré-Compression 50daN
234
(a) (b)
Fig. 4.123. F=18daN : a) Pré-Compression 500N ; a) Pré-Compression 3000N
La figure ci-dessus nous montre les iso-valeurs de déplacement hors plan des murs sous une
même valeur de charge hors plan de 18daN, mais pour une valeur différente de la pré-
compression (500N et 3000N). La diffusion de la flexion est plus étendue dans le cas de
l’augmentation de la pré-charge, à l’extrême, l’absence de la pré-charge conduira à un
comportement très localisé.
235
0 1
2 4 5
60
Posi 0 Pré-compression 500N 40,28Hz
50 Posi 1
Posi 2
40 Posi 3
Posi 4 28,69Hz
FFT
30 Posi 5
20
11,29Hz 23,50Hz
10
0
0 10 20 30 40 50
Fréquence (Hz)
70
Posi 0 Pre-Compression 8000N
60 Posi 1
28,38Hz 46,39Hz
Posi 2
50 Posi 3 37,54Hz
Posi 4
40
FFT
Posi 5
30
20
15,56Hz
10
0
0 10 20 30 40 50
Fréquence (Hz)
Fig. 4.125. Courbes FFT/Fréquence
236
50
45
40
35
Fréquence (Hz)
30
25
20
15
10
5
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000
Compression (N)
Mode 1 Mode 2 Mode 3 Mode 4
Fig. 4.126. Fréquence propre des quatre premiers modes en fonction de la précontrainte.
Toujours pour des murs en maçonnerie à joints secs, nous avons aussi mené des essais en
dynamique sous impact localisé, à l’aide du pendule de Charpy. Les impacts sont faits pour
différents niveaux d’énergie ou angle d’inclinaison du pendule : 10° ; 20° ; 30° (1,02m/s ;
1,70m/s ; 2,38m/s)
237
400
300
200
100
0
0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08
Temps (s)
1600
Test 2 - 20°
1400
Force d'impact (daN)
1200
1000
800
600
400
200
0
0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08
Temps (s)
2000
Test 3 - 30°
1800
1600
Force d'impact (daN)
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08
Temps (s)
Fig. 4.127. Forces d’impact en fonction du temps, pour les 3 essais : a) 10° ; b) 20° ; c) 30°
238
c)
Fig. 4.128. Ecaillages et modes de rupture pour les trois essais : a) 10° ; b) 20° ; c) 30°
On suppose le mur est monolithique pour son analyse modale. Le module élastique choisi est
de 16300MPa (le cas le plus conservatif) en se basant sur les essais réalisés. Le mur de
dimension 1.13m×0.105m×1.54m (hauteur×épaisseur×largeur) est modélisé en 3D à l’aide
d’éléments massifs de type C3D8R du code Abaqus. Pour les conditions aux limites, nous
faisons l’hypothèse d’un encastrement sur le pourtour du mur. Le premier mode de vibration
trouvé numériquement est de 2774Hz ce qui correspond à un temps caractéristique de 0,00361
seconde (tmode1). Le temps caractéristique correspondant au pic de charge obtenu
expérimentalement (le cas de l’impact à 10°) vaut 0,0008 seconde (tpic). L’écart important de
tmode1>tpic nous permet de confirmer le comportement dynamique du test d’impact.
Par ailleurs, grâce à la caméra rapide, on observe que le premier écaillage apparait sur la
surface tendue du mur pour environ t=0,000833 seconde (técaillage). La vitesse des ondes en
E (1 )
compression au travers de l’épaisseur du mur est de 2167,3 m/s. Cette vitesse est calculée en
239
L’écaillage est constaté, via la caméra rapide, sur une durée largement supérieure au temps
caractéristique du pic d’impact, ou au temps caractéristique de propagation d’une onde dans
l’épaisseur du mur, ce qui nous amène à conclure qu’il est bien induit par les allers et retour
des ondes dans l’épaisseur du mur, entre les deux faces d’extrémité du mur.
6000
5000
Force (daN)
4000
3180
3000
2000
1404
1000
Test 1 -35°
A B C
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (ms)
Fig. 4.130. Force d’impact en fonction du temps – Test 1 de 35°
240
a)
b)
241
5000
Force (daN)
4000
3000
2000
1000
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (ms)
Fig. 4.132. Distribution temporelle de la force d’impact : Test 1 à 35° et test 2 à 60°.
Un deuxième essai a été mené sur le même mur mais avec une énergie plus importante afin
d’évaluer les caractéristiques du mur après endommagement, et éventuellement d’étudier le
mode d’effondrement. Le mouton est déclenché pour une inclinaison de 60°. La vitesse du
242
Une chute de 23% de la force d’impact maximale est obtenue pour ce deuxième essai (Fig.
4.132). Les fissures initiales sont élargies, deux blocs dans la zone d’impact sont totalement
éjectés. Un écaillage de peau des briques est observé sur la face tendue au voisinage de la
zone d’impact. Ce phénomène s’explique par la propagation des ondes sous impact,
notamment les contraintes de traction générées lors de la réflexion de l’onde sur la face aval
du mur. Ceci met en exergue une nouvelle échelle géométrique et temporelle, complexifiant
celles naturellement mises en exergue par les matériaux constitutifs (échelle de la brique,
échelle du mortier ou interface). Ces phénomènes montrent les limites de la modélisation
discrète, lorsque l’on considère les échelles classiquement mises en interaction par l’approche
quasi-statique. Finalement, on observe une perforation localisée (Fig. 4.134) qui traduit la
pénétration de l’impacteur. Les échelles caractéristiques de la brique et de l’interface ne sont
pas représentatives de cette perforation.
Fig. 4.134. Modes de rupture de la face avale et amont du mur après impact (teta=60°).
243
244
Ce mémoire de thèse s’articule autour de deux grandes parties qui ont structuré mon travail :
– un volet expérimental
Un important travail a été accompli concernant l’aspect expérimental. L’ensemble des essais
et bancs associés ont été mis en place et validés dans le cadre de cette thèse, soulignons par
ailleurs que l’étude de la maçonnerie est un sujet nouveau au laboratoire. Les difficultés
inévitables issues du « caractère nouveau » de la manipulation pour les tests mécaniques de
caractérisation des éléments constitutifs, mais aussi pour la fabrication des structures, de la
mise en œuvre des essais ne nous ont pas permis d’aller aussi loin qu’escompté en termes de
nombre d’essais. Le temps nécessaire pour un essai à l’échelle, rend prohibitif, dans le cadre
d’une thèse, d’envisager plusieurs essais. Cependant, nous avons choisi de diversifier la
nature des essais mais aussi de puiser dans la littérature, l’objet étant au-delà de l’étude d’un
cas particulier de structure et de charge, de disposer d’une base expérimentale suffisante pour
étudier les pertinences et les limites de la MED.
Nous avons ainsi caractérisé le comportement d’un mur en maçonnerie à l’échelle, composé
de blocs creux de béton, soumis à une charge latérale ou pression uniforme. La capacité
portante ou charge maximale avant effondrement, l’initiation de la fissuration, et le faciès de
rupture ont été qualifiés, quantifiés et analysés. Au-delà les effets des conditions aux limites,
celles le plus couramment utilisées dans les systèmes constructifs, à savoir une semelle filante
ou une dalle ainsi que la présence de murs de refend, ont été analysés. Le confortement de la
semelle nous donne une amélioration du chargement ultime de la structure. Notre étude
montre aussi clairement, l’interaction importante entre le mur principal et les deux murs de
refend, en particulier l’effet de torsion induit dans la zone de liaison ou jonction des deux
murs (principal et refend). Tous ces résultats montrent la sensibilité aux conditions aux
limites, et la nécessité pour toute simulation, expérimentale ou numérique, de reproduire
précisément les conditions aux limites réelles de la structure afin de capturer le mode de ruine
et la capacité portante associée. Enfin, les modes de rupture observés sur le mur principal sont
similaires à ceux issues de la théorie des lignes de rupture préconisées pour les dalles en béton
armé. La rigidification de toute condition aux limites, basale ou verticale, est nécessaire si
l’on veut atteindre une capacité portante optimale. Au-delà, si l’on veut accroitre de façon
substantielle la capacité portante, nous avons montré que le procédé de renforcement à l’aide
de bandes en composite (fibre de carbone + résine epoxy) permet un gain de charge supérieur
à 140% lorsque l’on considère un confortement important, chaque bloc étant renforcé.
Enfin, nous avons mené divers essais sur des éléments de structures représentatifs en termes
de fonctionnement et modes de ruine, même si les éléments constitutifs et au-delà la structure,
ne sont pas en similitudes géométriques, et encore moins en similitude en termes de lois de
comportement des matériaux constitutifs et des interfaces. Ces études, suffisamment
instrumentées et dont les matériaux et interfaces sont proprement caractérisés, permettent
cependant d’interroger la MED, d’abord dans le cas de comportement simple puis complexe
du fait d’interaction entre divers éléments constitutifs de la structure. Ces études ont porté sur
la maçonnerie à joint sec puis à joint mortier.
Au-delà des cas de charge quasi-statiques, nous avons aussi investigué le cas du chargement
dynamique localisé correspondant à des impacts sur des murs en maçonnerie à joint sec ou
245
– un volet numérique
Des modélisations à l’aide de la MED sont proposées pour pratiquement tous les cas étudiés.
La modélisation MED a été validée dans le cas de structures planes (murs en briques)
soumises à des chargements membranaires, ou des chargements hors plan excitant la flexion.
Pour les premiers cas de charge, la simulation donne d’excellents résultats, et les paramètres
du model, ou loi d’interfaces entres les briques constitutives, peuvent être déterminées de
façon simple et robuste. Pour le deuxième cas de charge, moyennant une bonne estimation des
paramètres d’interface entre les blocs constitutifs, la modélisation numérique corrobore assez
bien les comportements observés, avec plus particulièrement l’initiation et la propagation des
dommages, jusqu’à l’atteinte de la charge ultime. Les paramètres de rigidité caractérisant les
interfaces, nécessitent cependant un recalage sur la base de l’essai qui permet l’obtention de la
rigidité globale de la structure.
Nous avons aussi amené des éléments de réflexion et des réponses quant aux calculs des
vibrations des structures maçonnées. La question de leurs caractéristiques spectrales n’est pas
anodine, elle est légitime pour des structures jointées, mais pas évidente pour une maçonnerie
à joint sec. Au-delà du périmètre « physique » de cette question, la méthodologie de calcul est
aussi une question ouverte sachant que ce n’est pas le cas pour la MEF. Nous avons montré,
par un calcul indirect, le moyen de capturer fréquence et modes propres. L’outil MED devient
alors plus puissant que la MEF, l’anisotropie induite par les éléments constitutifs étant
naturellement prise en compte et donc restituée par la méthode des éléments distincts.
– Des perspectives
246
Enfin la résistance et les modes de rupture dans le cas d’une explosion générant un Dirac de
pression est aussi une question que nous pensons essentielle à traiter pour à nouveau valider la
modélisation MED et par la suite procéder aux calculs paramétriques nécessaires à
l’optimisation du design des structures pour ce type de sollicitations. Un banc d’essai est en
cours de validation au laboratoire.
247
248
249
250
251
252
253
254
255
256
257
258
TITRE : Etude expérimentale et numérique du comportement des voiles en maçonnerie soumis à un chargement hors plan
RESUME :
Cette contribution, en s’appuyant sur expérimentation et modélisation numérique, vise à une meilleure
compréhension du comportement de structures en maçonnerie. Nous traitons tout d’abord le cas des murs soumis
à un chargement hors plan de type pression uniforme. Les applications en ingénierie sont multiples, par exemple
le cas de la maison individuelle construite en montagne en zone bleu, zone où les structures sont susceptibles de
subir un impact de type avalanche de neige ; ou encore le cas de la maçonnerie soumise à une pression latérale
induite par une charge accidentelle telle qu’une explosion dans une zone Seveso ou plus généralement en ville
suite à l’explosion d’une conduite de gaz. Notre étude se confine au cas quasi-statique, l’objet étant une
meilleure compréhension du comportement d’un mur en maçonnerie soumis à pression latérale uniforme. Nous
avons aussi testé différentes configurations de renforcement par matériau composite. Puis nous évaluons pas à
pas, les possibilités de la modélisation via la méthode des éléments discrets (DEM). Des essais judicieusement
choisis, maçonnerie à joint sec ou mortier, nous permettent d’en évaluer les pertinences et les limites. Nous
abordons ensuite sur maquettes, les essais sous charge ponctuelle hors plan en quasi-statique et le cas de l’impact
en dynamique, puis nous traitons des essais vibratoires et des sollicitations dynamiques harmoniques. La
modélisation DEM est aussi évaluée dans certains cas tels que les vibrations et les sollicitations modales, voir
l’application d’une sollicitation sismique unidirectionnelle. L’étude des sollicitations dynamiques est limitée à la
vibration et l’impact, plus facile à gérer en laboratoire que les essais dynamiques de « type souffle », non ici
abordés mais que nous mettons en perspective
MOTS-CLES : maçonnerie, MED, hors plan, avalanche, dans plan, TFC, impact, séisme
Président de jury :
260