Criminologie Justice Penale

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Jean-Paul BRODEUR

criminologue, professeur agrégé, École de criminologie


Université de Montréal

(1999)

“Criminologie - Justice
pénale et criminologie.
Bilan et prospective”

Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole,


professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi
Courriel: [email protected]
Site web pédagogique : http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/

Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"


Site web: http://classiques.uqac.ca/

Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque


Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi
Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 2

Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, profes-
seur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de :

Jean-Paul Brodeur
criminologue, professeur agrégé, École de criminologie
Université de Montréal

“Criminologie - Justice pénale et criminologie. Bilan


et prospective”
Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Robert Lahaise, Québec
2000. Multiples visages d'une culture, pp. 329-346. Montréal: Les Éditions Hur-
tubise HMH, ltée, 1999, 462 pp. Collection: Les Cahiers du Québec.

[Autorisation de l’auteur accordée le 29 juin 2006 de diffuser cet article dans


Les Classiques des sciences sociales.]

Courriel : [email protected]

Polices de caractères utilisée :

Pour le texte: Times New Roman, 14 points.


Pour les citations : Times New Roman, 12 points.
Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points.

Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word


2004 pour Macintosh.

Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’)

Édition numérique réalisée le 24 juillet 2006 à Chicoutimi,


Ville de Saguenay, province de Québec, Canada.
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 3

Jean-Paul Brodeur
criminologue, professeur agrégé, École de criminologie
Université de Montréal

“Criminologie - Justice pénale et criminologie.


Bilan et prospective”

Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Robert Lahaise, Québec


2000. Multiples visages d'une culture, pp. 329-346. Montréal: Les Éditions Hur-
tubise HMH, ltée, 1999, 462 pp. Collection: Les Cahiers du Québec.
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 4

Table des matières

Introduction

La justice pénale depuis 1960 : son évolution

La justice des adultes : de 1960 à 1990


La justice des mineurs : de 1960 à 1990
La justice des adultes : de 1990 à aujourd'hui
La justice des mineurs : de 1990 à aujourd'hui

La criminologie québécoise depuis 1960 : son évolution

La criminologie au Québec de 1960 à 1990 : l'idéalisme militant


La criminologie au Québec de 1990 à aujourd'hui : le désenchan-
tement

En conclusion : éléments de prospective


Chronologie
Bibliographie
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 5

Jean-Paul Brodeur
criminologue, professeur agrégé, École de criminologie
Université de Montréal

“Criminologie - Justice pénale et criminologie.


Bilan et prospective”

Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Robert Lahaise, Québec


2000. Multiples visages d'une culture, pp. 329-346. Montréal: Les Éditions Hur-
tubise HMH, ltée, 1999, 462 pp. Collection: Les Cahiers du Québec.

Introduction

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Je me propose dans ce texte de décrire l'évolution de la justice pé-


nale et de la criminologie au Canada et au Québec depuis 1960 jusqu'à
aujourd'hui. L'année 1960 marque la fondation du Département de
criminologie de l'Université de Montréal. Au départ, le programme fut
établi en 1950-60 dans le cadre du Département de sociologie. La
maîtrise en criminologie fut dispensée dans le cadre autonome d'un
département seulement à partir de l'automne 1960. Ce département ne
dispensait initialement ses enseignements qu'aux deux cycles supé-
rieurs (d'abord maîtrise et après 1964, doctorat). En 1967, on décida
de créer un premier cycle universitaire. Le département devint l'École
de criminologie en 1970, prenant ainsi sa place parmi les autres écoles
professionnelles de l'Université de Montréal. L’enseignement d'une
nouvelle profession étant assuré, les besoins de la recherche furent
pris en compte par le Centre international de criminologie comparée
créé en 1969. La pratique de cette (inter)discipline qu'on appelle la
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 6

criminologie venait ainsi d'acquérir au Québec un support institution-


nel stable, sur lequel elle pouvait s'appuyer pour rayonner plus outre.

Mon travail comprend deux parties, suivies d'une conclusion. La


première partie est un rapport sur les grandes tendances qui ont mar-
qué l'administration de la justice pénale au Québec et au Canada, de
1960 à nos jours. La seconde a pour objet de décrire la production
scientifique en criminologie et dans les disciplines connexes pendant
cette même période. En conclusion, je présenterai quelques éléments
de prospective.

Je dissiperai d'entrée de jeu quelques malentendus. Ce court texte


qui ambitionne de rendre compte d'aspects qui relèvent tant de la ré-
alité de la justice pénale que du discours sur cette réalité ne saurait
prétendre à l'exhaustivité. Mon compte rendu passe par le filtre de
mon point de vue et de ce qui s'est imposé dans mon champ d'atten-
tion. En deuxième lieu, la criminologie étant plutôt une discipline ap-
pliquée qu'un projet scientifique désincarné, le compte rendu de son
évolution ne saurait être dissocié de celui des changements au sein des
pratiques pénales, la théorie et la pratique se conditionnant récipro-
quement dans ce champ. En troisième lieu, la prérogative de légiférer
en matière de loi criminelle appartient au gouvernement fédéral. C'est
pourquoi on s'aveuglerait en voulant dissocier la justice québécoise de
la justice canadienne. J'ajouterai que le fondateur de la criminologie
au Québec - le professeur Denis Szabo - lui a d'emblée donné une vo-
cation internationale qui n'a jamais été reniée par la suite. C'est une
raison de plus pour insister sur le fait que toute perspective isolation-
niste sur la criminologie québécoise la méconnaît autant dans ce
qu'elle est que dans ce qu'elle veut continuer d'être.
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La justice pénale depuis 1960 :


son évolution

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L'évolution de la justice pénale depuis 1960 a épousé un mouve-


ment de balancier dont les deux extrêmes sont, dans l'ordre, sa délégi-
timation et sa relégitimation. Le premier mouvement s'étend de 1960 à
1990 et le second de 1990 à aujourd'hui. Aucun de ces mouvements
n'atteignit vraiment son point extrême, mais chacun fut aimanté par
son pôle de référence. Cette alternance a été plus sensible au sein de la
justice des adultes qu'en celui de la justice des mineurs (des jeunes
contrevenants). Le cycle de la légitimation des pratiques est influencé
par la nature de celles-ci et par le contenu des discours portant sur ces
pratiques. Ce cycle est le prototype d'un objet où s'amalgament de fa-
çon inextricable la pratique et la réflexion sur la pratique. Il est, dans
cette mesure, emblématique de l'argument de ce texte.

La justice des adultes : de 1960 à 1990

Deux phénomènes ont marqué les années 60 et le début des années


70. Le premier est commun à divers degrés à toutes les sociétés occi-
dentales, en particulier à celles d'Amérique du Nord. Il s'agit de la
montée des taux de criminalité. Cette montée a été spectaculaire aux
États-Unis et moins marquée au Canada et au Québec, où elle a été
néanmoins sensible. Le second phénomène est très limité dans le
temps, à tout le moins pour le Québec. C'est l'épisode du terrorisme
felquiste qui a duré de 1962 à 1973. Plusieurs pays européens - l'Al-
lemagne fédérale, l'Espagne, l'Irlande du Nord et l'Italie - ont été sou-
mis à cette épreuve, alors que les États-Unis en furent relativement
épargnés.
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 8

Ces deux phénomènes, entre autres, ont produit un effet de délégi-


timation de la justice pénale, dans ses diverses composantes. Cet effet
s'est d'abord exercé sur la police. Non seulement celle-ci a-t-elle été
jugée impuissante à contrer la montée du terrorisme, mais les com-
missions d'enquête Keable (Québec) et MacDonald (Ottawa) ont mis
en lumière le rôle de provocation assumé par les appareils policiers.
Devant la montée générale des taux de criminalité, des études ont été
effectuées non seulement par des chercheurs mais par des organes
gouvernementaux comme le Comité fédéral Ouimet (1969) pour trou-
ver la cause de l'impuissance relative de la police à stopper la crois-
sance du crime. On a alors trouvé que la police consacrait peu de ses
efforts - moins de 20% - à la lutte contre le crime, la majorité de son
temps étant employée à des tâches de service et des tâches administra-
tives, comme la rédaction de rapports. Dans la somme déjà restreinte
du temps policier consacré à lutter contre le crime, la part de la pré-
vention était pratiquement nulle. Cette contestation de la police a faci-
lité l'acceptation des restrictions budgétaires qui ont progressivement
réduit ses effectifs. La police de Montréal - qui deviendra le Service
de police de la Communauté urbaine de Montréal (SPCUM) - comp-
tait quelque 6 000 membres au tournant des années 70, alors que ce
service a maintenant peine à maintenir ses effectifs à la barre de 4 000
policiers.

Les appareils policiers ont fini par être sensibles aux allégations
sur leur manque d'efficacité et ont entrepris de se réformer en profon-
deur. Lancée dans les pays anglo-saxons, la réforme a consisté à adop-
ter un style d'intervention policière connu sous le nom de community
policing, traduit au Québec par l'appellation de police communautaire
(les pratiques correspondantes en France sont l'îlotage et la police de
proximité). C'est cette police communautaire qui donnera naissance,
après 1990, à la police de quartier à Montréal.

La police communautaire se caractérise par trois traits, qu'il m'im-


porte de fixer pour la suite de mon exposé. Son caractère fondamental
est de tenter d'établir un partenariat entre la police, le public et des
organisations non policières pour parvenir à une coproduction de la
sécurité dans une communauté donnée. En second lieu, le désordre et
l'incivilité - par exemple, l'ivresse sur la voie publique ou la pollution
de l'environnement par de la musique diffusée à volume maximum -
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 9

sont pour la police communautaire la cause principale de l'insécurité


et sont, par conséquent, des cibles prioritaires d'intervention. Finale-
ment, la police communautaire peut être qualifiée de « police douce ».
Née d'une tentative pour rapprocher la police d'une communauté dont
elle s'était trop souvent dissociée par la brutalité et les préjugés ra-
ciaux, la police communautaire s'investira en théorie dans des tâches
de médiation et de résolution de problème plutôt que dans des actions
répressives. Par ce troisième trait, le projet d'une police communau-
taire devait rencontrer une résistance soutenue parmi les policiers qui
craignaient d'assister à une confusion de leur rôle avec celui du tra-
vailleur social.

Quelle qu'ait été la vivacité de la critique de la police, elle demeura


mesurée en comparaison de la critique de l'incarcération. La montée
de l'incarcération suivit la croissance du crime sans effet perceptible
sur celle-ci. Elle fut beaucoup plus marquée aux États-Unis qu'au Ca-
nada, bien que notre pays se classât parmi ceux qui ont le plus souvent
recours à l'incarcération. La spécificité québécoise en ce domaine est
l'abus de l'incarcération pour défaut de paiement d'amendes, que l'on a
réussi à réduire sans jamais le juguler. Un consensus s'est progressi-
vement établi depuis 1960 sur les effets nocifs de l'incarcération, qui
incite les détenus a poursuivre une carrière délinquante à leur sortie de
prison, plutôt que de les en dissuader. Deux projets majeurs pour di-
minuer le recours à l'emprisonnement ont été élaborés au Canada, l'un
par le Québec et l'autre par le gouvernement fédéral. Le projet québé-
cois a été énoncé dans le Rapport du Comité d'étude sur les solutions
de rechange à l'incarcération (1986) ; le projet fédéral, qui devait
s'appliquer à tout le Canada, fut développé par la Commission cana-
dienne sur la détermination des peines. Son rapport, intitulé Réformer
la sentence : une approche canadienne, fut publié en 1987. Deux pro-
fesseurs de l'École de criminologie furent profondément impliqués
dans l'élaboration de ces projets de réforme, étant respectivement di-
recteurs de recherche de l'un et l'autre de ces deux organismes. Nous
verrons plus tard ce qu'il advint de leurs recommandations.

La justice pénale est constituée de trois composantes, à savoir la


police, les tribunaux et les services correctionnels. La police amène
les prévenus devant les tribunaux, ceux-ci décident de leur sort et les
services correctionnels appliquent les peines imposées par les juges.
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 10

Qu'en fut-il des tribunaux ? Pour la période qui nous intéresse, ils sont
demeurés la composante invisible de la justice pénale, les magistrats
ayant toujours fait obstacle à la recherche sur leurs pratiques au nom
d'une revendication crispée du principe de l'indépendance de la magis-
trature. Néanmoins, le problème qui accable maintenant les tribunaux
- leur dépassement par le volume des causes -existait dès les années
60 et n'a fait que s'amplifier.

La justice des mineurs : de 1960 à 1990

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Les problèmes dont nous venons de parler ne sont pas caractéristi-


ques de la société québécoise. Il est néanmoins un développement qui
nous est particulier. C'est la réforme de la justice des mineurs (des
jeunes contrevenants). Ce domaine était régi depuis 1869 par la Loi
des écoles d'industrie qui, en dépit de nombreux amendements, conti-
nuait de fournir le cadre obsolète de la justice des mineurs. Le Québec
mit en vigueur la Loi sur la protection de la jeunesse en 1979, qui al-
lait révolutionner les pratiques pénales par rapport aux jeunes. Un
nouveau réseau d'institutions fut instauré à la suite de la proclamation
de la loi. Plus important encore, le gouvernement fédéral devait éga-
lement revoir de fond en comble sa Loi sur les jeunes délinquants qui
datait de 1908 et adopter la Loi sur les jeunes contrevenants en 1984.
On peut penser sans chauvinisme que la réforme québécoise ne fut pas
étrangère à la volonté du gouvernement canadien d'introduire à son
tour de l'ordre dans sa maison des jeunes.

La justice des adultes : de 1990 à aujourd'hui

Le phénomène de base en ce qui concerne la criminalité dans les


années go réside dans la baisse très notable des taux de criminalité.
Au début des années 90, les taux de criminalité se sont mis à décroître
significativement dans tous les pays occidentaux. Cette décroissance a
été sensible autant dans le contentieux des crimes contre les biens que
dans celui des crimes contre la personne. Elle a pris des proportions
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 11

spectaculaires dans des pays qui, comme les États-Unis, avaient les
taux de criminalité violente les plus élevés. La ville de New York,
l'exemple le plus cité, a vu son taux d'homicide baisser de moitié de
1992 à aujourd'hui. Depuis l'année 1992, les taux de criminalité dans
une ville comme Montréal baissent chaque année, bien que cette
baisse ne touche pas également tous les types de crime. Le vol de vé-
hicule moteur, pour prendre un exemple significatif, est demeuré fré-
quent dans la région montréalaise. je noterai enfin que le nombre des
attentats terroristes a diminué de presque la moitié dans le monde.
Néanmoins, le caractère spectaculaire des attentats qui ont eu lieu a
continué d'alimenter les appréhensions du public, surtout aux États-
Unis. Le terrorisme politiquement motivé a disparu au Canada et au
Québec, pour autant qu'on se réfère à des groupes canadiens ou qué-
bécois. Quelques incidents de nature terroriste sont attribuables à des
groupes étrangers opérant au Canada. Surtout, la guerre que se livrent
les groupes de motards criminalisés s'est substituée au terrorisme poli-
tique, le Québec étant le champ de bataille de prédilection de ces
groupes.

Tous ceux qui réfléchissent sur la justice pénale - pas seulement les
criminologues - ont été pris de court par la décroissance marquée des
taux de criminalité. Habitués qu'ils étaient de s'efforcer d'expliquer la
montée de la criminalité, ils ont fait la découverte que la simple inver-
sion de leurs schèmes d'explication n'était pas suffisante pour rendre
compte de la baisse. Par exemple, une explication courante de la
croissance de la criminalité est de nature démographique : une aug-
mentation de la population masculine dans la classe d'âge des 18-24
ans se traduit souvent par une montée des taux de criminalité, les 18-
24 étant les plus criminellement actifs. On s'est toutefois aperçu qu'il
ne suffisait pas d'alléguer simplement une chute démographique parmi
les 18-24 pour expliquer la décroissance du crime (dans certaines ré-
gions, les taux de criminalité ont fléchi sans que le nombre des 18-24
ait faibli). Profitant de ce creux dans l'explication de l'évolution de la
criminalité, les responsables des appareils de la justice pénale sont
montés au créneau pour s'attribuer le crédit de la « victoire » sur le
crime. Aiguillonnés par l'ancien chef de la police de New York, Wil-
liam Bratton, les policiers ont été particulièrement actifs dans leur re-
vendication d'avoir précipité l'effondrement des taux de criminalité.
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 12

L'activisme des grands acteurs de la justice pénale a produit un ef-


fet systématique de relégitimation des appareils répressifs. Il a égale-
ment revitalisé les mythes de l'efficacité de la répression. Cette remy-
thologisation de l'efficacité de la justice pénale a été particulièrement
retentissante aux États-Unis. Ce mouvement a débordé sur le Canada,
où un parti fédéral - le Reform Party - fait campagne pour l'accentua-
tion des mesures de répression pénale et forge parfois une alliance
bancale avec des éléments du Bloc québécois. Le Québec, pour lui-
même, tente encore de contenir les effets de cette démagogie du res-
sentiment.

Dans le domaine policier, la relégitimation des stratégies d'inter-


vention répressive s'est principalement manifestée par le dévoiement
de la police communautaire et par le recul de la déontologie policière.
La police communautaire fut, on l'a vu, originellement conçue comme
un modèle de rechange face à la répression. Elle est de plus en plus
subvertie par les stratégies de tolérance zéro et se transforme en police
intensive, caractérisée par l'agressivité de ses interventions. Cette mé-
tamorphose est maintenant complète dans certaines villes américaines
comme New York, où les plaintes des citoyens contre la police ont
augmenté de 42% alors que les taux de criminalité chutaient de 40%.
Au regard du fait que les policiers du Canada et du Québec ne se sont
jamais convertis à la police communautaire, on peut appréhender le
même genre de mutation ici.

Quant à la seconde manifestation de la relégitimation de la répres-


sion pénale, elle tient dans le démantèlement des structures qui assu-
raient que la police soit responsable de son action et observe les règles
de déontologie qu'elle s'était elle-même données. Ce recul de la déon-
tologie policière est très sensible au Canada et au Québec, où les mé-
canismes prévus pour son application sont paralysés par leur judiciari-
sation, neutralisés par l'action syndicale policière ou tout simplement
abolis par suite de coupes budgétaires.

C'est toutefois dans le recours accru à l'incarcération qu'on trouve


les manifestations les plus significatives de la nouvelle foi dans les
vertus de la répression. Au Canada, le taux d'incarcération est passé de
116 à 136 détenus par 100 000 habitants de 1985 à aujourd'hui. De
1986 à 1996, la population carcérale a augmenté de 26% au Canada
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 13

(22% au niveau fédéral et 12% au niveau provincial). Dans une étude


récente, j'ai passé en revue toutes les législations Pénales qui ont été
promulguées depuis la publication du rapport de la Commission cana-
dienne sur la détermination des Peines en 1987. On se souviendra que
ce rapport proposait un cadre législatif pour réduire l'usage de l'incar-
cération. Que ce soit l'augmentation sélective des peines maximales,
le retour aux peines de prison obligatoires, la facilitation de l'imposi-
tion de peines d'incarcération indéterminées ou la multiplication des
obstacles à la libération conditionnelle, il n'est aucune des mesures
législatives récentes qui ne soit contraire à l'orientation proposée en
1987. Pour ce qui est du Québec lui-même, le problème de l'incarcéra-
tion pour défaut de paiement d'amendes y demeure aigu, en dépit des
recommandations du Comité d'étude sur les solutions de rechange à
l'incarcération. Il faut toutefois souligner que la vague de ressentiment
contre ceux qui enfreignent la loi n'a pas encore déferlé sur le Québec,
où l'on s'efforce toujours de fermer des prisons provinciales, en grande
partie pour des raisons budgétaires.

La justice des mineurs : de 1990 à aujourd'hui

Retour à la table des matières

C'est dans ce domaine que la situation est peut-être la plus inquié-


tante. La Loi sur les jeunes contrevenants (fédérale) a été deux fois
amendée - en 1995 et 1997 - dans le sens d'une plus grande sévérité
depuis sa promulgation en 1984. De 1986 à1995 le nombre des jeunes
contrevenants incarcérés a augmenté de 26%, cette augmentation pla-
çant le Canada en toute première ligne pour ce qui est de l'incarcéra-
tion des jeunes. Le gouvernement s'apprête à l'heure actuelle à sou-
mettre de nouveaux amendements à sa loi sur les jeunes contreve-
nants. Le but de ces amendements est de pacifier une opinion publique
complètement mystifiée par les médias en lui fournissant les boucs
émissaires qu'elle réclame.
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 14

La criminologie québécoise depuis 1960 :


son évolution

Retour à la table des matières

Avant de passer à l'évolution de la recherche criminologique au


Québec, il me faut présenter quelques considérations d'ordre général
sur cette discipline. Premièrement, la criminologie québécoise s'est
progressivement émancipée de la traditionnelle relation ancillaire des
sciences sociales québécoises avec l'université européenne. À part le
Royaume-Uni, la criminologie da pas acquis de manière institution-
nelle le statut d'une discipline distincte en Europe et, de façon particu-
lière, en France, où elle se pratique de façon restreinte dans les fa-
cultés de droit, de psychologie et même de médecine. Ensemble,
l'École de criminologie et le Centre international de criminologie
comparée de l'Université de Montréal constituent le regroupement ins-
titutionnel le plus important du monde non anglophone, pour ce qui
est de la criminologie. Ce statut privilégié a permis à l'Université de
Montréal d'assumer un leadership incontesté dans le développement
de nouveaux chantiers de recherche dans de nombreux domaines
comme la prévention du crime par le développement individuel, la
sociologie des appareils policiers, la recherche sur les sanctions inter-
médiaires (par exemple, l'assignation à domicile sous surveillance
électronique) et l'analyse stratégique du crime. J'insisterai en second
lieu sur le fait qu'autant considérée dans son origine que dans son dé-
veloppement, la criminologie a généralement adopté une position cri-
tique par rapport à l'usage des châtiments. Cela ne l'a pas empêchée de
légitimer par voie d'implication des pratiques répressives. On trouve
toutefois peu de plaidoyers impénitents en faveur de la sévérité des
peines dans les travaux des criminologues (par exemple, peu sont fa-
vorables à la peine de mort).

Je conclurai ces observations générales par deux remarques plus


contextualisées. D'abord, je répéterai que l'évolution de la criminolo-
gie québécoise s'est effectuée de pair avec celle de la justice pénale
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 15

telle que nous l'avons sommairement décrite plus haut, bien qu'on ne
puisse prétendre que la théorie ne soit que le simple reflet des grandes
tendances de la pratique. Deuxièmement, la recherche criminologique
au Québec a également été influencée par les programmes d'ensei-
gnement universitaire de cette discipline, en même temps qu'elle s'est
elle-même répercutée sur le contenu de ces programmes.

Ces remarques faites, je passerai à une brève recension des tendan-


ces de la recherche académique en suivant la même périodisation que
pour mon compte rendu des tendances de la pratique. Il ne semble
toutefois pas opportun de distinguer entre la justice des adultes et celle
des mineurs, dont je traiterai simultanément au niveau de l'évolution
de la production théorique.

La criminologie au Québec de 1960 à 1990 :


l'idéalisme militant

Retour à la table des matières

Bien que l'évolution des pratiques et celle de la recherche ne se su-


perposent pas, j'ai conservé les deux périodes précédemment distin-
guées. Les programmes d'enseignement de l'École de criminologie se
sont développés selon deux axes, d'abord officieux et ensuite institu-
tionnalisés sous la forme d'une option présentée aux étudiants. Le
premier de ces axes est de nature clinique et le second de nature socio-
logique. Le profil clinique est le plus robuste et ses caractères sont
demeurés relativement inchangés jusqu'en 1990 et même jusqu'au-
jourd'hui. À l'École de criminologie, la clinique consiste à élaborer
des stratégies d'intervention auprès des individus délinquants dans le
but de favoriser leur réinsertion sociale ; ces stratégies s'appuient sur
un effort pour connaître l'étiologie de la délinquance et les mécanis-
mes du passage à l'acte. Bien que la recherche clinique puisse prendre
pour objet autant les délinquants adultes que juvéniles, c'est essentiel-
lement sur ces derniers qu'a porté l'effort de recherche clinique au
Québec. La fondation en 1950 du centre d'accueil pour jeunes délin-
quants de Boscoville ne fut pas étrangère à cette orientation. Plusieurs
chercheurs dans le domaine clinique ont allié leurs efforts au sein du
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 16

Groupe de recherche sur l'inadaptation juvénile (GRIJ), fondé en


1973. Il faut insister sur le fait qu'en dépit de ses revendications par-
fois bruyantes de neutralité scientifique, la criminologie clinique qué-
bécoise s'est développée au sein d'une adhésion militante à un cadre
normatif polarisé par l'idéal de la resocialisation des (jeunes) délin-
quants.

On peut contraster le profil sociologique dans ses éléments défini-


toires avec le profil clinique. Alors que la clinique porte sur les délin-
quants, les recherches sociologiques ont interrogé les appareils qui
traduisent la réaction sociale à la délinquance (police, tribunaux et
services d'application des peines) ; alors que la clinique se penche sur
les individus avec leurs caractéristiques propres, la sociologie crimi-
nelle s'intéresse aux populations (par exemple, celle des personnes
détenues) ; pour des raisons de circonstances, la clinique, on l'a vu, a
concentré ses efforts sur les jeunes ; ce terrain étant pleinement oc-
cupé par les cliniciens, les sociologues se sont davantage investis dans
des recherches sur les appareils qui ciblent les adultes.

Il reste une dernière différence entre cliniciens et criminologues


d'orientation sociologique, qui a occupé tout le champ pendant la
tourmente au sein de laquelle furent plongées les sciences humaines
de la fin des années 60 jusqu'à la fin des années 80. Pendant ces an-
nées, il ne s'est pas développé au Québec ce qu'on aurait pu appeler
une clinique critique, c'est-à-dire une pensée clinique qui remette en
cause ses idéaux et ses postulats autant théoriques que pratiques.

C'est ce que devaient faire, avec un mélange d'arrogance, de théâ-


tralité et d'intégrité véritable, ceux-là parmi les criminologues d'obé-
dience sociologique qui avaient « le cœur à gauche », pour utiliser un
vocabulaire suranné (tous n'étaient pas de ce cœur, faut-il le mention-
ner). Fidèle à son habituel retard sur l'évolution des idées, la crimino-
logie devait être la dernière des sciences sociales à subir le choc du
marxisme. Il en fut d'autant plus rude. Pendant plusieurs années, une
criminologie qui s'affirmait critique et nouvelle reprit diligemment
quelques versets ambigus du Capital - Marx lui-même avait peu de
sympathie pour les éléments délinquants du prolétariat, dans lesquels
il voyait une réserve de casseurs que pouvait mobiliser la bourgeoisie
pour briser la volonté d'émancipation de la classe ouvrière. Cette cri-
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 17

minologie s'engagea donc avec résolution dans la vole théorisante de


la macrosociologie, de la recherche historique et, pour les plus intré-
pides, de l'épistémologie. Elle n'en produisit pas moins une version
originale du néo-marxisme en lui donnant une traduction abolition-
niste, l'abolition devant porter sur la criminalisation des comporte-
ments et sur les pratiques d'incarcération qu'elle autorisait. J'ai gardé
un vif souvenir d'un professeur invité par l'École de criminologie alors
que j'y poursuivais mes études vers le milieu des années 70. Il s'affir-
mait convaincu que l'incarcération régresserait au point de disparaître
dans les quinze prochaines années (terminus : 1985), quand en réalité
elle progressait au rythme des métastases dans un corps qui avait re-
noncé à se défendre contre le cancer. C'était alors l'époque exaltée où
l'on rêvait que l'Amérique du Nord n'aspirait qu'à devenir une grande
Hollande ou une vaste Norvège...

La criminologie au Québec de 1990 à aujourd'hui :


le désenchantement

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Tous ne rêvèrent pas, bien sûr, et il s'en trouve parmi ceux-là qui
voudraient maintenant que l'on prit leur sommeil sans songe pour une
tranquille lucidité au sein du tumulte. Quelles que soient les vicissitu-
des du rêve, il comporte un pouvoir mobilisateur dont la disparition
constitue le paysage sans horizon qu'habitent aujourd'hui la crimino-
logie et de façon plus générale les sciences sociales en panne de perti-
nence.

Les changements apportés aux programmes d'enseignement de


l'École de criminologie nous donnent un indice sur la nature de la
conjoncture actuelle. Le dédoublement maintenant contraignant du
programme en un profil clinique et un profil sociologique est toujours
effectif Toutefois, alors que le profil clinique a conservé son visage
antérieur, le profil sociologique s'est profondément modifié. Ce der-
nier comportait antérieurement une insistance marquée sur une ré-
flexion portant sur les politiques pénales - l'expression « politiques
pénales » était même l'appellation courante de ce profil. Or, dans la
réforme des programmes, la composante sociologique a été redéfinie
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 18

comme simple profil d'analyse, entendue de manière technique


comme la maîtrise d'un certain nombre d'habiletés statistiques et au-
tres. Cette redéfinition dénoue, au profit de la constitution d'un étroit
savoir criminologique comportant en lui-même sa raison d'être, le lien
traditionnel de la criminologie avec l'application large du résultat de
ses travaux, qui était explicitement maintenu Par l'appellation antécé-
dente de « politiques criminelles ».

Le choc de la réalité nous a donc bien réveillés d'un sommeil uto-


pique gouverné par un principe de plaisir et aussi d'espérance. Mais
dans cet état d'éveil reconquis, nous ne veillons plus à rien, si ce n'est
à la constitution d'un savoir qui a renoncé à s'incarner. En effet, la dé-
flation du militantisme en criminologie a entraîné une liquidation de la
place tenue par l'idéal. En se délestant du poids des idéaux, la crimino-
logie s'est du même coup dessaisie de leur capacité de rassemblement.
Le savoir criminologique a payé son émancipation de la tutelle de la
praxis du prix de sa fragmentation par la multiplicité de ses objets, de
ses perspectives et de ses intérêts. C'est pourquoi il est devenu pro-
blématique de brosser à grands traits un tableau des grandes tendances
de la criminologie : il y a maintenant presque autant de criminologies
que de criminologues. Les criminologues ont mal aperçu que ce qui
leur tenait lieu de paradigme relevait davantage ou au moins autant de
la valeur que de la science. En voulant épurer leur discipline de la sco-
rie de son application, ils ont précipité son émiettement.

En conclusion :
éléments de prospective

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Les trois éléments de prospective que j'ai identifiés se situent dans


le prolongement des thèmes discutés dans les pages qui précèdent.

Jusqu'ici, j'ai fait comme si la retraite vers le savoir avait été un


geste délibéré des criminologues. La réalité est plus complexe et l'on
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 19

peut distinguer deux variantes de ce repliement. La première est le


fruit du désenchantement. Après s'être heurtés aux difficultés du
changement, certains ont estimé que leur collaboration avec des orga-
nismes gouvernementaux se limitait à cautionner le statu quo, ou pis à
légitimer une dérive de la justice pénale dans le sens contraire de leur
travail. Ils ont donc effectue un « repli stratégique » en ne désespérant
pas d'avoir l'occasion de repartir à l'offensive. La seconde variante
exprime une confiance sans recul dans les vertus pénétrantes du sa-
voir. La « société de l'information » dans laquelle nous entrons pro-
gressivement nous offrirait par sa nature une garantie du passage de la
connaissance dans la pratique. Au lieu de s'épuiser à convaincre les
autorités de la valeur de leurs propositions, les criminologues n'au-
raient qu'à s'assurer de leur nature authentiquement scientifique pour
qu'elles jaillissent sur la réalité. Or c'est précisément cette garantie
d'actualisation du savoir, qui est partagée avec réserve par les crimino-
logues en attente et avec enthousiasme par les criminologues en
confiance, qui doit être interrogée. Étant donné le poids des passions,
on peut douter que la société de l'information parvienne jamais à être
une société de la connaissance dans le monde convulsif de la justice
pénale. Le poids des perceptions, que celles-ci soient fondées ou fa-
briquées de toutes pièces, est, dans cet univers, tel qu'il risque d'annu-
ler l'efficacité de la connaissance.

Cette première interrogation s'aiguise sur l'affiloir d'un second


phénomène dont la réalité est maintenant massive. Il s'agit de la priva-
tisation des services de la justice pénale. On ne saurait sous-estimer
les conséquences de ce phénomène. Lune des plus déterminantes de
ces conséquences est que des parties croissantes du système pénal ne
seront plus soumises à une logique du bien commun faisant l'objet
d'un débat public mais qu'elles tomberont sous la coupe de la logique
du marché dont les prémisses échappent en grande partie au regard
public. Les relations entre la raison scientifique et l'intérêt pécuniaire
sont du même ordre que celles entre le pot de terre et le pot de fer. On
sait bien qui brise l'autre.

Finalement, les coupes radicales dans les services fournis par l'État
vont progressivement conduire les citoyens à introduire une hiérarchie
dans l'ordre de leurs solidarités. Notre souci des malades en manque
de soins, des travailleurs au chômage ou sans revenu et des retraités
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 20

sans pension a commencé de provoquer notre impatience envers les


assistés sociaux. Pour ce qui est des délinquants et a fortiori des déte-
nus, nous serons bientôt trop fatigués pour compatir et trop soucieux
pour être solidaires.

Jean-Paul BRODEUR

Professeur-chercheur
Centre international de criminologie comparée
Université de Montréal
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 21

CHRONOLOGIE

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La criminologie est d'apport récent au Québec, c'est pourquoi cette


chronologie est de dimension restreinte.

1950 : Fondation du centre de resocialisation de Boscoville par le


père Noël Mailloux, fondateur en 1947 du Département de
psychologie de l'Université de Montréal.

1960 : • Fondation du Département de criminologie de l'Université


de Montréal, qui dispense des enseignements de maîtrise.

• Fondation de la Société de criminologie du Québec.

1964 : Le Département de criminologie offre un programme de


troisième cycle (doctorat).

1967 : Le Département de criminologie s'adjoint les enseigne-


ments de premier cycle.

1968 • Création de la revue Criminologie, publiée par les Presses


de l'Université de Montréal.

• Le Département de criminologie devient l'École de crimi-


nologie.

• Fondation du Centre international de criminologie compa-


rée.

1970 : Fondation de l’Association professionnelle des criminolo-


gues du Québec.
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 22

1973 : Fondation du Groupe de recherche sur l'inadaptation


juvénile.

Des professeurs de l'École de criminologie ont collaboré


avec presque tous les organismes gouvernementaux qui se
sont penchés sur la justice pénale depuis 1960. je cite pour
mémoire les plus connus de ces organismes en les identi-
fiant par le nom de leur président : Comité Ouimet (fédéral,
1969), Commission Prévost (Québec, 1970), Commission
Le Dain (fédérale, 1973), Commission Batchaw (Québec,
1976), Groupe de travail sur la police Saulnier (Québec,
1978), Commission Thiffault (Québec, 1978), Commission
Laplante (Québec, 1980), Livre Blanc Choquette (Québec,
1981), Commission Keable (Québec, 1981), Commission
Charbonneau (Québec, 1982), Comité d'étude Landreville
(Québec, 1986), Commission Archambault (fédérale,
1987), Commission Bellemare (Québec, 1988), Groupe de
travail Normandeau/Leighton (fédéral, 1990), Groupe de
travail Jasmin (Québec, 1992 et 1995), Comité Bordeleau
(Québec, 1993), Commission Malouf (Québec, 1993), En-
quête Malouf (1993), Commission Létourneau (fédérale,
1997).
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 23

BIBLIOGRAPHIE

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BRODEUR, Jean-Paul, « Sentencing Reform : Ten Years After the


Canadian Sentencing Commission » dans J. Roberts et A.N. Doob,
dir., Toronto, University of Toronto Press, (sous presse).

FOURNlER, Marcel, Entretien avec Denis Szabo. Fondation et


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JMT.]

GAGNON, R. et A. NORMANDEAU, L'École de criminologie :


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LABERGE, Danièle et Pierre LANDREVILLE, « La justice pé-


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LANDREV1LLE, Pierre et André NORMANDEAU, Politiques et


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l'occasion du 25e anniversaire de l'École de criminologie de l'Univer-
sité de Montréal, vol. 19, no 1, 1986.

NORMANDEAU, André et Maurice CUSSON, « Une criminolo-


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dans G. KELLENS et A. LEMAÎTRE, dir., Criminologie et société,
Actes du colloque du 50e anniversaire de l'École liégeoise de crimino-
logie Jean Constant, Bruxelles, Bruylant, 1998.
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 24

SZABO, Denis et Marc LEBLANC, dir., La criminologie empiri-


que au Québec, Montréal, PUM, 1985.

SZABO, Denis et Marc LEBLANC, dir., Traité de criminologie


empirique, Montréal, PUM, 1994.

Fin du texte

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