Criminologie Justice Penale
Criminologie Justice Penale
Criminologie Justice Penale
(1999)
“Criminologie - Justice
pénale et criminologie.
Bilan et prospective”
Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, profes-
seur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de :
Jean-Paul Brodeur
criminologue, professeur agrégé, École de criminologie
Université de Montréal
Courriel : [email protected]
Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’)
Jean-Paul Brodeur
criminologue, professeur agrégé, École de criminologie
Université de Montréal
Introduction
Jean-Paul Brodeur
criminologue, professeur agrégé, École de criminologie
Université de Montréal
Introduction
Les appareils policiers ont fini par être sensibles aux allégations
sur leur manque d'efficacité et ont entrepris de se réformer en profon-
deur. Lancée dans les pays anglo-saxons, la réforme a consisté à adop-
ter un style d'intervention policière connu sous le nom de community
policing, traduit au Québec par l'appellation de police communautaire
(les pratiques correspondantes en France sont l'îlotage et la police de
proximité). C'est cette police communautaire qui donnera naissance,
après 1990, à la police de quartier à Montréal.
Qu'en fut-il des tribunaux ? Pour la période qui nous intéresse, ils sont
demeurés la composante invisible de la justice pénale, les magistrats
ayant toujours fait obstacle à la recherche sur leurs pratiques au nom
d'une revendication crispée du principe de l'indépendance de la magis-
trature. Néanmoins, le problème qui accable maintenant les tribunaux
- leur dépassement par le volume des causes -existait dès les années
60 et n'a fait que s'amplifier.
spectaculaires dans des pays qui, comme les États-Unis, avaient les
taux de criminalité violente les plus élevés. La ville de New York,
l'exemple le plus cité, a vu son taux d'homicide baisser de moitié de
1992 à aujourd'hui. Depuis l'année 1992, les taux de criminalité dans
une ville comme Montréal baissent chaque année, bien que cette
baisse ne touche pas également tous les types de crime. Le vol de vé-
hicule moteur, pour prendre un exemple significatif, est demeuré fré-
quent dans la région montréalaise. je noterai enfin que le nombre des
attentats terroristes a diminué de presque la moitié dans le monde.
Néanmoins, le caractère spectaculaire des attentats qui ont eu lieu a
continué d'alimenter les appréhensions du public, surtout aux États-
Unis. Le terrorisme politiquement motivé a disparu au Canada et au
Québec, pour autant qu'on se réfère à des groupes canadiens ou qué-
bécois. Quelques incidents de nature terroriste sont attribuables à des
groupes étrangers opérant au Canada. Surtout, la guerre que se livrent
les groupes de motards criminalisés s'est substituée au terrorisme poli-
tique, le Québec étant le champ de bataille de prédilection de ces
groupes.
Tous ceux qui réfléchissent sur la justice pénale - pas seulement les
criminologues - ont été pris de court par la décroissance marquée des
taux de criminalité. Habitués qu'ils étaient de s'efforcer d'expliquer la
montée de la criminalité, ils ont fait la découverte que la simple inver-
sion de leurs schèmes d'explication n'était pas suffisante pour rendre
compte de la baisse. Par exemple, une explication courante de la
croissance de la criminalité est de nature démographique : une aug-
mentation de la population masculine dans la classe d'âge des 18-24
ans se traduit souvent par une montée des taux de criminalité, les 18-
24 étant les plus criminellement actifs. On s'est toutefois aperçu qu'il
ne suffisait pas d'alléguer simplement une chute démographique parmi
les 18-24 pour expliquer la décroissance du crime (dans certaines ré-
gions, les taux de criminalité ont fléchi sans que le nombre des 18-24
ait faibli). Profitant de ce creux dans l'explication de l'évolution de la
criminalité, les responsables des appareils de la justice pénale sont
montés au créneau pour s'attribuer le crédit de la « victoire » sur le
crime. Aiguillonnés par l'ancien chef de la police de New York, Wil-
liam Bratton, les policiers ont été particulièrement actifs dans leur re-
vendication d'avoir précipité l'effondrement des taux de criminalité.
Jean-Paul Brodeur, “Justice pénale et criminologie. Bilan et prospective.” (1999) 12
telle que nous l'avons sommairement décrite plus haut, bien qu'on ne
puisse prétendre que la théorie ne soit que le simple reflet des grandes
tendances de la pratique. Deuxièmement, la recherche criminologique
au Québec a également été influencée par les programmes d'ensei-
gnement universitaire de cette discipline, en même temps qu'elle s'est
elle-même répercutée sur le contenu de ces programmes.
Tous ne rêvèrent pas, bien sûr, et il s'en trouve parmi ceux-là qui
voudraient maintenant que l'on prit leur sommeil sans songe pour une
tranquille lucidité au sein du tumulte. Quelles que soient les vicissitu-
des du rêve, il comporte un pouvoir mobilisateur dont la disparition
constitue le paysage sans horizon qu'habitent aujourd'hui la crimino-
logie et de façon plus générale les sciences sociales en panne de perti-
nence.
En conclusion :
éléments de prospective
Finalement, les coupes radicales dans les services fournis par l'État
vont progressivement conduire les citoyens à introduire une hiérarchie
dans l'ordre de leurs solidarités. Notre souci des malades en manque
de soins, des travailleurs au chômage ou sans revenu et des retraités
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Jean-Paul BRODEUR
Professeur-chercheur
Centre international de criminologie comparée
Université de Montréal
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CHRONOLOGIE
BIBLIOGRAPHIE
Fin du texte