Durabilité Des Matériaux: Université de Médéa Filière Génie Civil

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 38

Université de Médéa

Filière Génie civil

Durabilité des Matériaux


Chapitre 1 :Agents agressifs et modes d’action

Cours de Master 2
2017

Pr. Debieb
1
Chapitre 1 :Agents agressifs et
modes d’action

2
La norme NF EN 206 décrit les exigences applicables pour la composition et les
propriétés des bétons en fonction de différentes classes d’exposition.

Ces classes d’exposition traitent du lien qui existe entre les conditions
environnementales dans lequel sera situé l’ouvrage et des caractéristiques
du matériau qui doivent être respectées pour limiter les risques induits sur la
durabilité de la structure en béton armé (risques de corrosion par carbonatation
ou par l’action des ions chlorure, risques induits par l’action du gel/dégel, risques
liés au contact d’un environnement chimiquement agressif).

3
Classification des milieux agressifs

4
Différentes attaques peuvent affecter le béton

5
La notion de DURABILITE s’appuie sur la notion de CLASSE D’EXPOSITION.

Ces classes traduisent les ACTIONS DUES A L’ENVIRONNEMENT auxquelles le


béton de l’ouvrage ou de chaque PARTIE D’OUVRAGE, et les armatures vont être
exposés pendant la DUREE D’UTILISATION de la structure.

Les classes d’exposition permettent ainsi d’optimiser la formulation et les


performances des bétons ainsi que la conception des ouvrages en vue de leur
durabilité.

Prescrire un béton durable nécessite d’apprécier, dès sa conception, l’ensemble


des contraintes environnementales et les agressions et attaques potentielles qu’il
aura à subir pendant toute sa durée d’utilisation.

6
CLASSES D’EXPOSITION

Les normes NF EN 206-1 et NF EN 1992-1-1 définissent SIX catégories de


CLASSES D’EXPOSITION,
en fonction des ACTIONS dues à l’ENVIRONNEMENT (*) :

• XO : AUCUN RISQUE DE CORROSION NI D’ATTAQUE,


• XC : CORROSION INDUITE PAR CARBONATATION,
• XD : CORROSION INDUITE PAR LES CHLORURES, AYANT UNE ORIGINE
AUTRE QUE MARINE,
• XS : CORROSION INDUITE PAR LES CHLORURES PRESENTS DANS L’EAU
DE MER,
• XF : ATTAQUES GEL/DEGEL AVEC ou SANS AGENT DE DEVERGLAÇAGE,
• XA : ATTAQUES CHIMIQUES.

Les normes décrivent, pour chaque classe d’exposition, le type de béton concerné,
l’environnement et donne à titre informatif des exemples d’ouvrages ou de parties
d’ouvrages.

(*) risques de corrosion et attaques

7
8
9
10
11
12
13
14
15
Classes d’agressivité chimique

XA1 : Environnement à faible agressivité chimique

XA2 : Environnement d’agressivité chimique modérée

XA3 : Environnement à forte d’agressivité chimique

16
Environnements chimiquement agressifs

3 milieux : liquides, gazeux et solides

Milieux liquides
• Eaux pures : eaux faiblement minéralisées qui peuvent lessiver les
constituants
les plus solubles du béton (portlandite)
• Solutions acides : pH < 7
- Acides minéraux : HCl, HNO3, H2SO4 fort effet dissolvant sur les ciments
- Acides organiques
- Acides humiques
• Solutions basiques : pH > 7
• Solutions salines :
- Chlorures ou sulfates de magnésium
- Chlorures ou sulfates et nitrates d’ammonium
- Eau de mer : ions chlorure (Cl-), ions sulfate (SO42-), ions magnésium (Mg2+)
• Graisses et huiles acides

17
Milieux gazeux
Agressivité des gaz en présence d’eau ou d’humidité :
- Anhydride sulfureux : SO2
- Acide sulfhydrique : H2S
- Anhydride carbonique : CO2

Milieux solides
Agressivité des sols contenant des agents agressifs et soumis à des
circulations d’eaux :
- Sulfates
- Acides carboniques
- Acides organiques

18
Facteurs influençant l’agressivité pour le béton

Humidité Relative
Atmosphère sèche : HR < 65 %
Atmosphère humide : 65 % < HR < 80 %
Atmosphère très humide : HR > 80 %

Température
Si elle augmente, la vitesse de réaction croît
À basse température : dégradation importante

Cycle de température et d’humidité

Mobilité du milieu : gaz et solutions

Concentration de l’agent agressif

Durée d’exposition

19
Définition des classes d’agressivité chimique
Agressivité des eaux

Classe d’agressivité selon


Agent agressif Norme d’essai la norme NF EN 206-1
XA1 XA2 XA3
CO2 agressif > 100
NF EN 13577 ≥ 15 et ≤ 40 > 40 et ≤ 100
(mg/l) Jusqu’à saturation

> 600 et ≤ 3
SO42-(mg/l) NF EN 196-2 ≥ 200 et ≤ 600 > 3 000 et ≤ 6 000
000

≥ 300 > 1 000 > 3 000


Mg2+ (mg/l) NF EN ISO 7980
et ≤ 1 000 et ≤ 3 000 Jusqu’à saturation

ISO 7150-1 ou
NH4+ (mg/l) ≥ 15 et ≤ 30 > 30 et ≤ 60 > 60 et ≤ 100
ISO 7150-2

pH NF T 90-008 ≤ 6,5 et ≥ 5,5 < 5,5 et ≥ 4,5 < 4,5 et ≥ 4,0

NF EN ISO 9963-1
TAC (mé/l) et ≤ 1,0 et ≥ 0,4 < 0,4 et ≥ 0,1 < 0,1
NF EN ISO 9963-2
20
Définition des classes d’agressivité chimique

Agressivité des sols

Classe d’agressivité selon la norme NF EN 206-1


Agent agressif Norme d’essai
XA1 XA2 XA3

SO42- (mg/kg de sol ≥ 2 000 > 3 000 > 12 000


NF EN 196-2
séché à 105°C ± 5°C) et ≤ 3 000 et ≤ 12 000 et ≤ 24 000

Degré d’acidité Annexe A > 200 - -

Agressivité des gaz en milieu humide > 75 % en présence d’oxygène

Classe d’agressivité selon la norme NF EN 206-1


Agent agressif Norme d’essai
XA1 XA2 XA3

SO2 (mg/m3) NF EN 14794 ≥ 0,15 et ≤ 0,5 > 0,5 et ≤ 10 > 10 et ≤ 200

H2S (mg/m3) NF EN ISO 19739 < 0,10 ≥ 0,1 et ≤ 10 > 10 et ≤ 200

Nota - Si un agent agressif présente une concentration dépassant la limite


de la classe XA3, le béton doit être protégé (protection externe et interne)
21
Exemples de recommandations pour le choix du ciment
Milieu contenant des sulfates (sols)

CLASSES
CHOIX DU CIMENT
D’EXPOSITION

XA1 Pas de recommandations particulières

XA2 Ciment conforme à la norme NF P 15-317 (PM) ou NF P 15-319 (ES)

XA3 Ciment conforme à la norme NF P 15-319 (ES)

Milieu contenant des sulfates (solutions à l’exclusion de l’eau de mer)


CLASSES
CHOIX DU CIMENT
D’EXPOSITION

XA1 Pas de recommandations particulières

XA2 Ciment conforme à la norme NF P 15-317 (PM) ou NF P 15-319 (ES)

XA3 Ciment conforme à la norme NF P 15-319 (ES)


22
Milieu acides
CLASSES
CHOIX DU CIMENT
D’EXPOSITION
CEM II/B-S, CEM II/B-V, CEM II/B-P, CEM II/B-Q, CEM II/B-M (S-V)
CEM III/A conformes à la norme NF EN 197-1
XA1 CEM III/A conforme à la norme NF EN 197-4
Ciments conformes à la norme NF P 15-317 (PM) ou NF P 15-319 (ES)
CEM IV/A et B conformes à la norme NF EN 197-1
CEM II/B-S, CEM II/B-V, CEM II/B-P, CEM II/B-Q, CEM II/B-M (S-V)
CEM III/A conformes à la norme NF EN 197-1
XA2 CEM III/A conforme à la norme NF EN 197-4
Ciments conformes à la norme NF P 15-319 (ES)
CEM IV/A et B conformes à la norme NF EN 197-1
CEM II/A et C, CEM V/A et B conforme à la norme NF P 15-319
Ciment sursulfaté CSS conforme à la norme NF P 15-313
XA3
Ciments d’aluminates de calcium conformes à la norme NF EN 14647
CEM IV/ B conformes à la norme NF EN 197-1

Eaux pures
CLASSES
CHOIX DU CIMENT
D’EXPOSITION
CEM III/A, B et C, CEM V/A et B conformes à la norme NF P 15-319
XA1
Ciment sursulfaté CSS conforme à la norme NF P 15-313
XA2 Ciments d’aluminates de calcium conformes à la norme NF EN 14647
23
XA3 CEM IV/B conforme à la norme NF P EN 197-1
Mécanismes élémentaires de l’interaction entre agents agressifs et le
béton

Le béton est généralement exposé à la pluie, à la neige, aux eaux souterraines, à


l’eau de mer et à toutes les solutions résultant de la dissolution de sels ou de
gaz. Il est donc soumis à différentes substances chimiques dont le vecteur
commun est l’eau et qui peuvent affecter négativement ses performances et son
comportement dans le temps.

Les dégradations des bétons auront comme origine, soit des attaques acides,
par dissolution et/ou érosion, soit des agressions salines, par fissuration et
éclatement

24
Les agents agressifs peuvent être classés en quatre catégories :

a) les gaz : le transfert dans le béton se fait par diffusion et dépend fortement
de l’humidité relative du matériau ;

a) les liquides organiques ou inorganiques : le mouvement du liquide dans


le béton se fait soit par gradient de pression hydraulique ou capillarité soit
par diffusion ionique ou moléculaire ;

a) les solides : leurs capacité d’extraction et de passage en solution leur


permet de s’infiltrer dans le béton comme un liquide ;

a) les milieux biologiques : les bactéries contenues dans les eaux


d’épuration libèrent des acides par réactions biologiques et pénètre dans le
béton moyennant le vecteur d’eau comme un liquide. 25
Les mécanismes fondamentaux d’altération des bétons et leurs effets, sont basés
sur trois réactions importantes : hydrolyse des hydrates de la pâte de ciment durcie,
réactions d’échange entre le milieu agressif et les composés hydratés et enfin
réactions entrainant la formation des produit expansifs. Les processus de
détérioration sont résumés dans la figure suivante

26
Processus de détérioration du béton par les attaques chimiques
Porosité et fissuration : facteurs de durabilité des bétons

La porosité du béton constitue un paramètre fondamental dans la dégradation


potentielle du matériau : le diamètre, la forme ou la répartition granulométrique des
pores et capillaires jouent le rôle des voies de transport pour les agents agressifs
extérieurs et sont donc le siège des échanges entre le béton et son
environnement.

Structure poreuse du béton

a) Définition et classification des pores

Le milieu poreux est défini par un ensemble d’espaces vides connectés,


répartis de façon plus ou moins uniformes dans ce milieu, limités par une
matrice solide, qui peut contenir des vides mais non connectés.

La porosité p (en %) d’un matériau est définie (éq. 3.1) par le rapport entre
le volume des pores (vides) Vp et le volume total Vt (volume des pores +
volume du solide):
Vp
p= .100
Vt 27
Le béton durci est un matériau :
 Composite
 Poreux (perméabilité)
 Hydrophile (absorption et adsorption d’eau)
 Evolutif (définir l’âge du béton)
 Fragile (voir l’allongement a la rupture)

28
29
La porosité dépend de plusieurs facteurs : le rapport E/C, la compacité du béton
frais, le volume pâte/granulats et la porosité des granulats. La figure suivante
montre l’évolution de la porosité dans le béton en fonction du temps de séchage
et du rapport entre la quantité d’eau et celle de

Effet de la période de séchage en jours (Curing Time) et du rapport E/C (W/C Ratio) sur la porosité
(Porosity) de la pâte de ciment, déterminé par Porosimétrie par Intrusion de Mercure (PIM) [R.A. Cook and
30
K.C. Hover, 1996]
Deux sortes de pores sont envisageables : continus ou discontinus.

La porosité continue est l’ensemble des pores interconnectés (volume v1) qui
forment un espace continu dans le milieu poreux et participent au transport de
matière à travers le matériau et les pores "aveugles" (volume v2) ou bras mort
(interconnectés d’un seul coté) qui sont accessibles au fluide extérieur mais ne
participe pas au transport. Ce type de porosité est souvent défini par porosité
effective, en opposition avec la porosité fermée, constituée de pores isolés
(volume v3) qui ne communiquent pas avec le milieu extérieur.

V1 : porosité continue
3 Pores interconnectés

1 V2: pores "aveugles"


2 ou bras mort

V3: pores isolés

Les solides poreux sont décrits par la porosité ouverte


(ou accessible) P0 = (v1+v2)/Vt 31
La connectivité C est un paramètre topologique qui caractérise la structure
poreuse. Elle peut être définie grâce à la relation suivante:
C=b–n+1
avec
b: le nombre de branches (ou d’orifices d’une cavité)
n: le nombre de nœuds (ou de cavités).

Tortuosité
La tortuosité (τ), introduite dans le modèle géométrique de la perméabilité de
Carman-Kozeny (Carman, 1956), caractérise le chemin d’écoulement d’un
fluide à travers le réseau poreux par :

où Le est la longueur réelle du parcours d’un fluide et L est la longueur


projetée du parcours d’un
fluide en ligne droite.

32
Rayon moyen en m

10-1
Air occlus
10-2
Macropores
10-3
Air entraîné
10-4 Important
pour la
10-5
durabilité
Capillaire
10-6 Capillaires

10-7

10-8
Pores de gel Micropores
10-9

10-10
Répartition des pores dans le béton
d’après le Comité Euro – International du Béton (C.E.B)
33
Distribution de la taille des pores

Le béton est caractérisé par un large spectre de taille des pores. Deux familles de
taille de pores sont à considérer (Figure suivante) :
- les pores capillaires
- les pores internes aux hydrates
Les pores capillaires sont détectables par porosimétrie au mercure (voir
description de la méthode et exemple de résultats au paragraphe §4.2.2.3.). Ils
représentent les espaces intergranulaires et sont directement liés au rapport Eau /
Ciment du mélange de la pâte de ciment. En raison de la maniabilité du béton
(surtout ordinaire), le volume d’eau fourni pour la fabrication du béton est
supérieur au volume nécessaire pour l’hydratation. Par conséquent, cet excédent
d’eau s’évacue par séchage au cours du temps et laisse des pores capillaires
disponibles pour la circulation de gaz.

Cependant, les pores internes aux hydrates (en particulier au gel C-S-H), ne sont
pratiquement pas affectés par le rapport Eau / Ciment. Cette porosité, intrinsèque
aux hydrates, peut être observée à l’aide de l’adsorption gazeuse (Baroghel-
Bouny, 1994). A ces deux familles de taille de pores, les vides dus aux bulles d’air
(voir Figure 1.1), et les fissures (diamètre supérieur à 1 μm) sont à ajouter

34
Echelle dimensionnelle des constituants et des pores du béton (d’après Tsimbrovska, 1998).

35
Trois types de porosité sont considérés dans le béton :
1. la porosité de la pâte de ciment,
2. la porosité des granulats
3. la porosité de l’auréole de transition.

Les pores d’air entraîné sont des pores qui peuvent êtres dus au compactage
(pores de compactage) ou aux bulles d’air non éliminées lors du serrage
(pores d’air artificiels).

Les pores capillaires proviennent de l’excès d’eau vis-à-vis la quantité requise


pour l’hydratation du ciment et correspondent aux espaces non comblés par les
hydrates et initialement occupés par l’eau en formant un réseau continu.

Les pores de gel sont plus petits et se forment lors de l’hydratation du ciment.
Ils proviennent de la concentration de l’eau d’hydratation lors de son passage
de l’état liquide à l’état lié.

36
Porosité de la pâte de ciment hydratée

La porosité de la pâte de ciment est constituée par la porosité des hydrates et la


porosité capillaire.

La porosité des hydrates est caractérisée par les vides (pores de gel C-S-H) les
plus petits (± 10 nanomètres) formés lors de l’hydratation du ciment, en principe
non affecté par le rapport E/C. C’est donc une caractéristique intrinsèque des
hydrates formés. Les pores de gel sont remplis d’eau fixée physiquement, qui ne
s’évapore pas si la dessiccation se produit de manière usuelle. Dès lors, dans des
conditions normales, les pores de gel sont pratiquement imperméables aux gaz et
aux liquides. Ces pores étant très petits, l’eau y entre et en sort difficilement ; il ne
peut être libérée qu’à une température de 105°C.

Les pores capillaires résultent des vides laissés par l’eau excédentaires
nécessaire pour obtenir une hydratation complète du ciment et une bonne
ouvrabilité du béton. Ils sont tantôt isolés, tantôt reliés entre eux ; dans le
second cas ils forment des réseaux qui peuvent aboutir à une ou plusieurs des
faces de la pièce de béton. Etant donné qu’ils sont plus grands que les pores de
gel (Fig. III.3), le transport d’eau et de gaz dans ces pores, lorsqu’ils sont reliés,
est plus rapide.

37
Porosité des granulats et de l’auréole de transition

L’auréole de transition (interface pâte-granulat) est fort influencée par la présence


des granulats et par la porosité de la pâte de ciment.

Bien que la porosité de certain granulat naturels soit élevée (entre 1 et 5%), elle
est habituellement considérée comme négligeable par rapport à celle de la pâte de
ciment durci (comprise antre 25 et 30% pour un rapport E/C=0.5).

La porosité des granulats peut avoir une influence directe sur la perméabilité
intrinsèque du béton, surtout aux jeunes âges. En effet, si la porosité des granulats
ordinaires est habituellement inférieure à celle de la pâte, leur perméabilité n’est
pas aussi différente, car la distribution de la taille des pores est tout à fait
différente : pour l’essentiel de la pâte, les pores sont dans le domaine de 10 à 100
nanomètres, alors que les pores des granulats sont généralement au-dessus de
10 micromètres. Vis-à-vis de la perméabilité du béton, l’effet ira dans le sens de
son augmentation

38

Vous aimerez peut-être aussi