Réveil Traditionnel

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RÉVEIL TRADITIONNEL

Le chemin de la véritable éducation kamite


NÉ MWANDA-VÉEDILA

RÉVEIL TRADITIONNEL
Le chemin de la véritable éducation kamite

AK.

LES ÉDITIONS ALLIANCE KOONGO


Collection Spiritualité
Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou
reproductions destinées à une utilisation collective. Toute reproduction
ou utilisation intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit
sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause est illicite et
constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants
du code de la propriété intellectuelle.
© Les Éditions Alliance Koongo, 2020
ISBN : 979-10-377-0498-6
TL. : +242.05. 734.17.35
7

DU MÊME AUTEUR :

• Les fils du serpent royal, Edilivre


• Le Comte de Fontainebleau, Edilivre
• La danse du patriote, Edilivre
• La saga des rois d’Asgard, Edilivre
• La saga des rois d’Asgard– Tome II, Éditions du
Net
• Les sorciers de l’île Tibau II, Edilivre
• Les sorciers de l’île Tibau III, Edilivre
• Les caprices de Monna Lisa, Edilivre
• Les caprices de Monna Lisa II, Edilivre
• Le Rastaquouère, Edilivre
• Atlantide, le paradis perdu, Edilivre
• Le trésor de Cassandre I, Edilivre
• Le trésor de Cassandre II, Edilivre
• Les gardiens des mystères – Tome I, Éditions du
Net
• Les gardiens des mystères – Tome II, Éditions du
Net
• Bungunza ou la décolonisation spirituelle de
l’Afrique, éditions du Net
• Terrorisme d’Etat – Tome I, Éditions du Net
• A propos du SNOPRAC, Éditions Alliance
Koongo ;
• Renaissance africaine, Éditions Alliance Koongo ;
8

• Les clés de la mystique Koongo, éditions Alliance


Koongo ;
• Le sanctuaire des Nkulu-Mbimbi, Éditions Alliance
Koongo ;
• Antidote ou 55 questions pour sortir l’Afrique de
l’impasse économique, Éditions Alliance Koongo ;
• Les confidences du totem, Éditions Alliance
Koongo ;

À PARAITRE

• Les gardiens des mystères – Tome III, Éditions


Alliance Koongo ;
• Rêverie politique d’un Ngunza démocrate, Éditions
Alliance Koongo.
• Hymnes aux Dieux de la nuit des temps, Éditions
Alliance Koongo ;
9

Je dédie ce mien livre


à ceux qui ont consenti
à tous les sacrifices
pour porter,
sur leurs frêles épaules,
le lourd fardeau
de la libération spirituelle
de l’Afrique.
Par ma voix,
recevez les sincères
et chaleureuses bénédictions
de nos ancêtres méritants
10

« — Le passé est mort, et j’achève de le tuer,


déclara-t-elle, les yeux fixes.
— Non, objecta le mage, le passé ne meurt
jamais ».

CHRISTIAN JACQ, Ramsès, le temple des


millions d’années, éditions France Loisirs,
page 135.

« Comment peut-on répondre de ce qu’on voudra à


l’avenir puisqu’on ne sait pas ce que l’on veut dans
le temps présent ? »

LA ROCHEFOUCAULD

« Parfois, ce n’est pas l’avenir qui nous fait obstacle,


mais le passé. Renoncez aux illusions, acquittez-vous
de vos dettes envers le passé, acceptez la main
amicale que vous tends vos ancêtres, réconciliez-
vous définitivement avec l’Afrique afin que son destin
enténébré par une longue pratique d’aliénation
culturelle s’illumine ».

NÉ MWANDA-VÉEDILA1
Réveil traditionnel

1
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
11

« Le moment est venu pour les Fils de Mahungu2


de verser les eaux. Le moment est venu pour le
peuple Noir, longtemps resté à la verticale, de se
redresser. L’heure est venue pour le Kémite d’entrer
dans l’histoire. Le temps est venu pour l’Africain,
trop longtemps resté cloué dans le lit de l’ignorance
et de l’incertitude de se stabiliser ».

NÉ MWANDA-VÉEDILA3
Le sanctuaire des Nkulu-Mbimbi.

« Oh, l’Église ! L’Église aime se persuader qu’il n’y


avait aucune spiritualité digne de ce nom avant le
Christ. Elle essaie de nier les croyances ancestrales.
Mais elle ne peut pas les ignorer. »

INCONNU

« Dieu est unique (…) Il prend la couleur du pays


où Il se trouve. Mais les Blancs ont de la peine à

2
Dans la mythologie Koongo, le premier homme, créé par Mampûngu dans le
paradis terrestre de Ka-Koongo, d’où il fut chassé avec sa femme Hungama
pour avoir tué la civette Nzobo. Ils sont ce que les Anciens appelaient sinsi
dyatuuka bantu, nos origines, la souche primitive de la race humaine ; les
premiers hommes, le premier couple humain africain.
3
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
12

croire que, si chez eux Dieu est blanc, chez nous Il


demeure noir... »

ZOUNGA BONGOLO,
Le Phénix de Koongo-dia-Ntotila

« Les Anciens n’étaient pas des intellectuels, mais


ils étaient plus savants et plus sages que les hommes
de ce siècle... »

SAFI CHANTAL

« Nous sommes animistes parce que nos ancêtres


ont senti le besoin immense d'exprimer leur gratitude
à mère nature créatrice de toute vie. Nos ancêtres
ont pris la responsabilité de protéger la nature et de
la transmettre aux générations futures sans la
détruire.
Nos ancêtres ont pris consciences des forces
spirituelles qui régissent la vie et ont créé des rituels
afin de les capter pour améliorer notre existence.
Nos ancêtres ont codifié toutes les connaissances
dans le bois sacré.
Nos ancêtres ont compris que ce monde n'est pas
fait seulement de matière.
13

Nos ancêtres ont compris que la mort n’est pas la


fin.
Nos ancêtres ont compris que les morts ne sont pas
morts.
Nous sommes animistes parce que nous aimons
notre héritage culturel ».

DJORO DJORO NINDO

« Les problèmes de l’Afrique ne seront réellement


résolus que lorsque les nations africaines auront
incorporé un ministère des Affaires traditionnelles
dans l’échine gouvernementale. Tant que la
dimension traditionnelle ne sera pas prise en compte
par vos dirigeants, aussi longtemps que cette
vertèbre demeurera noyée dans le puits du Ministère
de la Culture, l’Afrique avancera certes, mais à pas
d’escargot dans un monde où la grande vitesse est
devenue un élément primordial dans le commerce, la
communication et les rapports humains.
Le Ministère des Affaires traditionnelles apportera
à coup sûr à l’Afrique ce qui lui manque le plus,
c'est-à-dire la vitesse du guépard, la force de
l’éléphant, l’agilité du serpent, l’envol de l’aigle et,
bien entendu, la sagesse et la bénédiction des mânes
des Ancêtres ».

NÉ MWANDA-VÉEDILA
14

« Si vous demandez à un âne de vous dessiner


Dieu, il vous dessinera un âne.
Si vous demandez à un arabe de vous dessiner
Dieu, il vous dessinera un arabe.
Si vous demandez à un chinois de vous dessiner
Dieu, il vous dessinera un chinois.
Si vous demandez à un Blanc de vous dessiner
Dieu, il vous dessinera un Blanc.
Demandez à un Noir de vous dessinez Dieu, il vous
dessinera un arabe ou un blanc, voire même un
âne ».

BWEMBA BONG

« Le réveil dont il est question ici est exclusivement


traditionnel. Le Réveil traditionnel est la prise de
conscience de la croyance des ancêtres. Cette prise
de conscience ne se limite pas uniquement à la
connaissance théorique ou livresque de l’univers
ngunza, mais surtout à l’adoption volontaire de la
conscience ngunza ».

NÉ MWANDA-VÉEDILA
15

Avertissement4

propos de ma nouvelle nomination, il sied de


À faire remarquer que dans une croyance comme la
nôtre où, pour mieux le dire, dans le combat qui est le
nôtre5 – combat triangulaire que nous menons sous la
direction éclairée des Ancêtres et des génies de la
nature – un grade spirituel n’est pas un simple objet
d’apparat ou un boubou que l’on décide de revêtir sur
un coup de tête pour impressionner, faire sensation
ou paraître sous un nouveau jour. Un grade spirituel
ngunza est le fruit d’une qualité appréciée, d’un
caractère louable, d’un mérite ayant pour "membres
du jury" les divinités incorruptibles que sont :
– Né Mwanda-Koongo, Mpungu-Nzevo6, "Nkua
Mpandu", "Mfumu Bisimbi7", Mfumu Mbiékolo8,
meso ma Bungunza mu nza ya mvimba ;

4
Lôngi dya ndwengosolo (pl. Malôngi ma ndwengosolo).
5
(RDR) Réveil traditionnel, Décolonisation spirituelle, Renaissance africaine.
6
Dieu à la forte barbe.
7
Seigneur des Forces de la nature.
16

– Né Kimpemba-Mpati, "Nkua Mpemba9",


"Mama-wa-Ndombi10" Mfumu Mpemba-Koongo11 ;
– Né Mbemba-Zulu, Mfumu Mbemba-Koongo12,
"Nkua Mikangu mia Makésa ma Koongo13", "Tuti
dia tiya14", Mubiri-wa-Nzangukulu15, etc.
En ce qui me concerne, ceux qui me lisent
régulièrement ont certainement constaté qu’en dehors
des grades inférieurs de M’longi, M’vungi, Ntumua,
etc., – que je n’ai pas jugé utile de mentionner dans
Bungunza ou la décolonisation spirituelle de
l’Afrique16, ma première publication ngunza – une
évolution progressive est constatée et mise en
exergue à partir du grade supérieur de Mfumu a
Mbanza17 et du titre honorifique de Mfumu
Nganga-Bakulu18.
L’humilité qui me caractérise aurait pu choisir de
se taire afin que mes lecteurs n’eussent point
connaissance de mon avancement dans les plus hauts
échelons hiérarchiques ngunza. Mais, il y a des

8
Maître des Initiations.
9
Déesse de la Justice, de la Rectitude et de la Vérité.
10
La Maât.
11
Reine de la Justice et de la Vérité.
12
Seigneur des guerriers spirituels.
13
Seigneur des Armées.
14
Nuage de feu.
15
Seigneur de l’Ascension.
16
Éditions, Alliance Koongo.
17
Nganga Nsamina (docteur de la lumière, Recteur).
18
Mbuta Nkosi (Vieux Lion ou Vénérable Lion).
17

paliers où il ne nous est pas permis d’agir pour soi. À


un certain niveau de responsabilité spirituel, le haut
dignitaire ngunza, aussi humble soit-il, ne peut plus
continuer à dissimuler sa dignité. De même que le
soleil doit briller pour indiquer le temps et
transmettre ses rayons à ceux qui ont soif de lumière,
l’autorité ngunza doit s’annoncer pour marquer son
époque à travers la solidité de son engagement,
l’originalité de son action ou de son enseignement.
Pour votre gouverne, le qualificatif de ‘‘Mwanda’’
qui précède le groupe de mots ‘‘Mwanda-Véedila’’
n’est pas un grade, mais une distinction honorifique
accordée aux traditionalistes dont la contribution a
été significative dans le chantier de la Renaissance
africaine.
Loin de moi l’idée de créer une certaine polémique
et de méconnaître la grandeur des éminences
spirituelles comme Mfumu Nkusu – dont je salue
sincèrement l’action, le mérite et l’indéniable
implication dans le combat spirituel pour la libération
de l’homme noir –, il ne demeure pas moins vrai que
de mémoire d’homme, précisément en cette ère de
Mahungu19, seuls deux hommes ont pu obtenir ce
titre prestigieux : Né Mwanda-N’sémi20 en RDC et
Né Mwanda-Véedila21 en République du Congo.

19
Ere du Verseau.
20
Esprit créateur.
21
Esprit de pureté.
18

Si Né Mwanda-N’sémi n’est plus à présenter pour


l’immense travail abattu au Congo voisin et pour
lequel les ancêtres ne cesseront de lui être
reconnaissants, Né Mwanda-Véedila – récemment
promu à ce titre honorifique22 – a encore tout à
prouver.
Mais ce qui importe pour l’heure est de véhiculer
l’information selon laquelle diki dia tétokélé23. Car,
comme prédit par les Anciens : « mwana nsusu wu
kuiji kula nkanda ndombé24. »
Mwanda-Véedila, pourquoi un pareil titre – mieux
– quelle est la symbolique de ce qualificatif ?
Mwanda-Véedila c’est ‘‘L’esprit de pureté’’ ; la
pureté c’est la blancheur. La blancheur c’est la
lumière. La lumière c’est la Vérité et la Vérité c’est
la Justice. La Justice c’est la Rectitude. La Rectitude
c’est l’Attitude positive. L’Attitude positive c’est la
Règle. La Règle c’est l’Ordre. Car là où il n’y a pas
d’Ordre, règne le Chaos.
Or, le Chaos c’est l’Impureté. L’impureté c’est
l’Obscurité. L’Obscurité c’est la Nuit. La Nuit c’est
l’Ignorance. L’Ignorance c’est le Mensonge. Le
Mensonge c’est l’Injustice. L’Injustice c’est la
Permissivité. La Permissivité c’est l’attitude

22
Ce fut en date du 24 février 2019 à 1h 15 mn du matin au cours d’un rite
officié par Né Mwanda-Koongo dont il ne nous est malheureusement pas permis
de dévoiler les différentes étapes.
23
L’œuf a éclos.
24
La libération spirituelle de la race noire sera l’œuvre d’un « poussin. »
19

négative. L’attitude négative c’est l’Irrégularité.


L’irrégularité c’est le Désordre. Car là où règne le
Désordre, règne le Chaos. Mais qu’est-ce que le
Chaos, sinon le désordre et la confusion ? Qu’est-ce
que le Chaos sinon le dérèglement ou l’anarchie ?
La présence tentaculaire et asphyxiante des
religions importées en Afrique n’est-elle pas le signe
d’un dérèglement ou de ce qui convient d’être
appelée « l’anarchie spirituelle » ?
Pour la petite histoire, pour assujettir Kama25, les
envahisseurs ont commencé par nous déconnecter de
la ‘‘Maât’’, c’est-à-dire briser l’Ordre multi-
millénaire établi par la Grande Matriarche du monde
noir vénérée dans l’antique Égypte sous l’aspect félin
de ‘‘Bastet’’, la facette fragile d’une ‘‘plume’’ et
l’aspect humain de ‘‘Maât’’, de la ‘‘Mama Africa’’,
déesse glorifiée à Koongo-dia-Ntotila, par les
mystiques koongo, dans sa nature fauve de ‘‘Ngo ya
wolo26’’ et sous l’aspect humain et mystérieux de
‘‘Mama-wa-Ndombi’’.
Tout bon ngunza pratiquant est conscient d’une
chose : les ancêtres ne font jamais rien au hasard et
n’agissent que lorsque le moment est venu. Les
Anciens n’agissent que lorsque les hommes sont
suffisamment matures pour accéder à des niveaux de
consciences supérieures.

25
L’Afrique.
26
La Panthère dorée.
20

Eu égard à cela, nul besoin d’être un grand clerc


pour deviner que l’avènement de l’Esprit de pureté,
en ces temps de confusion et de cacophonie
spirituelle et traditionnelle n’a pour but que de
rétablir la pureté de l’enseignement ngunza gangrené
par un syncrétisme27 déroutant et pénétré – pendant la
traite négrière et la colonisation – par les ennemis de
la tradition et autres destructeurs du schéma originel
de la voie spirituelle ngunza, infiltrée par des
destructeurs traditionnels à la botte des
missionnaires de l’Église catholique romaine ainsi
que des missionnaires protestants.
Étant donné qu’on ne peut purifier que ce qui est
souillé, encrassé ou dégradé, les Ancêtres – bénis
soient-ils – ont, dans toute leur sagesse, décidé de
déléguer un esprit purificateur, un aspirateur forgé
dans le moule de la pure tradition ngunza pour
nettoyer de fond en comble, aspirer la crasse,
améliorer et réhabiliter "la Hutte des ancêtres28",
sérieusement endommagée et discréditée par des
traditionalistes arrogants et prétentieux, des
commerçants religieux, des charlatans de tout poil,
des marchands d’illusions et autres escrocs spirituels,
dont les pratiques malhonnêtes ont découragé plus
d’un et souillé l’image de l’unique croyance négro-
africaine capable de restaurer l’Ordre de la ‘‘Maât’’
à nsima-nsi, au cœur de l’Afrique.
27
Kingunza kia buangala.
28
Nzo- Bakulu, vwèla-Bakulu, kinzonzokolo kia biiba, nsâapa, ki-sambudulu.
21

Mwanda-Véedila est un nom lourd à porter, car au-


delà de la pureté, ce terme désigne en même temps
l’Esprit saint, non pas au sens chrétien du terme,
mais au sens kamite. Que signifie ce nom dans la
vision kamite ?
D’un point de vue complètement dépouillé de la
gangue aliénante et abrutissante des religions
importées, le Mwanda-Véedila est en même temps
l’esprit pur et purificateur. Car pour purifier, il faut
être pur. Pour sanctifier, il faut être sain. Pour
abreuver la soif des chercheurs de vérité, il faut avoir
de l’eau.
Or, en cette ère de la communication, de la
spiritualité profonde et du retour à l’authenticité, seul
un Verseau oint par le dieu ‘‘Mentou’’29 et possédant
les clés du retour à la ‘‘Maât’’ peut répandre les eaux
célestes de la science ancestrale kamite.
À ce niveau, une question vient rapidement à
l’esprit Né Mwanda-Véedila est-il né sous le signe du
Verseau ?
Sa date de naissance en dit long30. Depuis les
prophéties de Mbanza Nsana, l’univers ngunza est en
l’attente du ‘‘Nkua Tulendo’’. Né Mwanda-Véedila
serait-il l’homme de la situation ?

29
Le premier Muntu, l’ancêtre de tous les Bantou dont le visage le plus connu
est celui de Thot. Protecteur de Koongo-dia-Ntotila, Mentou, en tant que
dispensateur du ki-muntu est connu dans le cercle ngunza sous le nom de
Mwanda-Koongo.
30
6 février 1980. Un authentique verseau, fils de l’ère du Verseau.
22

L’humilité qui caractérise les grandes âmes


m’interdit d’y répondre, d’autant plus que l’avouer
ou le nier n’apporterait rien à l’Afrique. Ça ne nous
avancerait à rien. De plus, la compréhension littérale
des prophéties conduit souvent les croyants à
l’erreur. Il est clair que Mfumu Kimbangu a parlé
d’un ‘‘Nkua Tulendo’’.
Primo, il faut savoir que Mfumu Kimbangu était
un grand initié et que les initiés parlent toujours en
parabole.
Secundo, ceux qui connaissent le mystère caché
derrière le groupe de mots ‘‘Nkua Tulendo’’ qui
signifie le ‘‘Tout-Puissant’’ savent qu’un être d’une
telle envergure ne peut en aucune façon s’incarner
sur terre, car le ‘‘Nkua Tulendo’’, chers lecteurs,
n’est autre que ‘‘Celui qui est caché’’, Celui dont
aucun humain incarné ou désincarné, vivant ou mort,
ne peut contempler le visage. Et celui-là n’est autre
que ‘‘Amon-Râ’’, le Dieu des dieux, que ‘‘Mwanda-
Koongo’’, le ‘‘Mentou Koongo’’, ce vénérable
‘‘Mukoongo-Muntu’’, nous a appris à invoquer sous
le nom vibratoire de ‘‘Ma-Mpû-Ngu’’.
Dès lors qu’on a compris cela, aurait-on encore
besoin d’un dessin pour réaliser que dans la prophétie
de Simon Kimbangu, le divin nom ‘‘Nkua
Tulendo’’ désigne non pas le Dieu ‘‘Tout-
Puissant’’, mais celui qui viendra en son nom pour
ramener le soleil oublié dans l’Enclos des Panthères
afin de dissiper la nuit et la confusion qui règne
23

depuis trop longtemps dans la vie des Fils de


‘‘Maât’’.
Mais comment le reconnaître ?
On reconnait l’Arbre à ses fruits. On reconnait le
maître par la nature de son enseignement.
Parallèlement, quand l’élève est prêt, le maître
apparait. L’Afrique est-elle prête à recevoir ‘‘Le
Porteur du Soleil’’ ? L’Afrique est-elle prête à être
purifiée dans les larmes sacrées d’Amon-Râ, versées
pour l’amour du kamite dans la cruche d’argile du
Verseau ? Pourra-t-elle le reconnaître dans le
foisonnement des imposteurs, des m’as-tu-vu et
autres escrocs spirituels ? L’Afrique est-elle disposée
à boire goulument dans la cruche ancestrale que
symbolise son enseignement ?
Contrairement à ce que l’on pense, ‘‘Le Porteur
du Soleil’’, délégué spécial du ‘‘Nkua Tulendo’’
n’est pas un « Être enflammé », mais un « Homme
liquide », qui ne viendra ni pour brûler ni pour
apporter l’épée. Mais il viendra pour étancher la soif
des déshydratés. Son raz-de-marée libérateur et
décolonisateur se déclenchera du cœur de Kama aux
extrémités du globe terrestre pour introduire les
Bala-ba-Ngo mu kati dia lukongololo lua ba Ngo,
c’est-à-dire ramener les enfants de la Maât dans
l’Enclos des Panthères ou – devrais-je dire – ramener
les fils de Kama dans le giron rassurant, protecteur et
maternel de ‘‘Mama-wa-Ndombi’’, la grande
Matriarche du monde noire.
24

LA BEAUTÉ TRADITIONNELLE

Qui vous a dit que la beauté a déserté l'Afrique ?


Qui vous a dit que tradition rime avec laideur ?
Qui vous a dit que pour être belle il faut absolument
s'habiller comme les leucodermes ?
Qui diable vous a appris à adopter des habitudes
vestimentaires qui n'honorent nullement les Ancêtres
et le continent noir ?
Regardez-moi bien
Ne suis-je pas attrayante ?
Ne suis-je pas magnifique ?
Ô fille d'Afrique
Redeviens la princesse que tu fus
Aux temps glorieux
De Nimi Lukéni
Fondateur de l'empire Koongo

NÉ MWANDA-VÉEDILA31

31
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
25

LIBATION

Même loin de ton pays


N'oublie jamais tes morts
Même aux États-Unis
N'oublie jamais
De verser une pieuse libation
Pour conserver le lien sacré
Que d'autres de par leur ignorance
Et leur méconnaissance des choses
Et des lois de l'univers
Perçoivent comme une attitude
Propre aux athées
Qu'à cela ne tienne !
Qu'ils le veuillent ou pas
Nous ne renoncerons pas
À nos pratiques ancestrales
Aussi nous ne nous lasserons jamais
D'exhumer notre passé
Pour l'inculquer
De génération en génération
À nos lointains descendants

NÉ MWANDA-VÉEDILA32

32
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
26
27

Note au lecteur33

D ans un monde de plus en plus globalisant, un


monde où le temps et l’espace s’amenuisent un
peu plus chaque année grâce aux Nouvelles
Technologies de la Communication et de
l’Information, un monde où les « meilleures »
habitudes, la mode et les goûts sont inspirés par les
grandes puissances occidentales, un monde où les
petits pays semblent ne pas avoir d’autres choix que
de se conformer aux standards internationaux – des
standards qui, dans le fond, ne sont, en fait, que des
normes typiquement occidentales – il est plus que
jamais temps de s’éveiller à la sagesse traditionnelle
pour affirmer son identité africaine et échapper par
ricochet à la broyeuse d’un système qu’on prétend
être globalisant, autrement dit se soustraire au moulin
d’un dispositif qui, tout en se gardant strictement
d’adhérer aux croyances africaines, tout en
s’abstenant fermement de vulgariser les langues
africaines et de vibrer au rythme de la mode et du

33
Mu-kànda wa ntàngi.
28

style de vie africain, encourage les croyances, les


langues, la mode et le mode de vie occidental – et ce,
bien au-delà des frontières de l’Europe – en
prétextant que la foi n’a pas de couleur et que
l’homme est libre d’adhérer à la religion de son choix
pendant que les Occidentaux, eux-mêmes, non
seulement ne sont pas prêts à adhérer aux religions
africaines, mais encore continuent de véhiculer –
sans le manifester ouvertement – l’idée préconçue
selon laquelle les croyances africaines ne sont que
cannibalisme34, fétichisme35 et sorcellerie36.
Est-il juste de juger ou d’observer uniquement
avec les lunettes des préjugés une croyance que l’on
ne connait ni d’Ève ni d’Adam et pour laquelle Adam
et Ève n’ont pas plus d’importance que Mahungu37
et Hungama38 l’ont au regard des croyances
étrangères ?
Autrement dit, peut-on décrire avec exactitude,
honnêteté ou impartialité une religion que l’on ne
connait même pas ?
« Que gagnent les calomniateurs en diabolisant les
croyances africaines ? » réagiraient quelques-uns.
La réponse est simple : ils y gagnent énormément
de choses.
34
Mù-ndia-bantu (cannibale, cannibalisme).
35
Bunganga.
36
Kindoki.
37
(Mythologie koongo) Le premier homme crée par Mampungu à Ka-Koongo,
le paradis terrestre.
38
(Mythologie koongo) La première femme créée par Mampungu à Ka-Koongo,
le paradis terrestre.
29

« Avez-vous des preuves de ce que vous


avancez ? »
Oui. D’ailleurs, toute une étude39 a été réalisée à ce
sujet. Je ne reviendrai donc pas là-dessus.
Par contre, dans le présent ouvrage, je vais tenter
d’expliquer, dans la mesure du possible, l’impérieuse
nécessité d’un réveil traditionnel ainsi que toutes les
exigences disciplinaires que cette prise de conscience
implique pour le kamite ou le Nouveau Serviteur de
l’Afrique.

NÉ MWANDA-VÉEDILA40
Mpiisa ya bundu dya Zimbwetete41

39
Antidote : 55 questions pour sortir l’Afrique de l’impasse économique par Né
Mwanda-Véedila, éditions Alliance Koongo.
40
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
41
L’ambassadeur de la Société des Etoiles.
30

NECTAR DES ANCÊTRES

Ô vin de palme42
Vin sacré et indispensable aux libations
Toi qui, par ta pureté, es l'égale de l'eau
Toi qui viens du palmier
Dont les branches sont profondément enracinées
Dans la chair de la Terre Mère
Aide l'Africain à comprendre ton mystère
Et à agir positivement dans ton ministère
Tu es le "Nsa-mba"
L’eau enflammée,
La flamme liquide
Qui augmente les vibrations du corps
Et élève la flèche de l'esprit vers Ka-Koongo
‘‘La montagne sacrée’’
De la grande famille animiste kamite.

NÉ MWANDA-VÉEDILA43

42
Cette boisson énergétique est la clé de la porte d'Anubis et du Royaume
d'Osiris. Il faut être animiste pour cerner la sacralité de cette substance
succulente qui est en même temps le fleuve sur lequel circule la barque solaire
des esprits, des génies et des Dieux.
43
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
31

Chapitre I
La spiritualité africaine
« L’un des outils des manipulateurs de
consciences – ou pour mieux le dire – la plus grande
arme des marionnettistes en soutane est la
dénonciation calomnieuse, c’est-à-dire la
diffamation ».

NÉ MWANDA-VÉEDILA44

S uite aux nombreuses questions que je reçois à ce


sujet, je pense qu’il est important de faire une
mise au point sur la spiritualité africaine que
beaucoup tentent désespérément de cerner ou de
décrypter avec un regard musulman ou chrétien.
D’emblée, je dirais qu’essayer de comprendre la
spiritualité africaine avec un regard, une approche ou
un jugement chrétien ou musulman est une énorme
erreur. Car, vous n’y verrez que du feu.

44
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
32

Or, l’expérience a démontré que lorsqu’une


philosophie, une doctrine ou une conception
traditionnelle ou ancestrale est mal comprise,
l’humain, spécialement le chrétien ou le musulman, a
tendance à la diaboliser ou la présenter de façon
totalement négative. D’où l’importance d’éclairer
l’opinion publique sur la nature véritable de la
spiritualité africaine.
Qu’est-ce que la spiritualité africaine ?
L’une des réponses instinctives ou habituelles que
vous recevrez de la part des chrétiens et autres
musulmans est la suivante : « c’est de la sorcellerie,
de la magie noire ». D’autres personnes, plus
persuasives ou plus influentes vous diront du haut de
leur soutane que : « la sagesse africaine, totalement
enracinée dans les eaux profondes d’un cannibalisme
satanique ne peut en aucun cas ouvrir les écluses des
cieux ; seule la parole de Dieu contenue dans les
Saintes-Écritures peut garantir le Royaume de Dieu.
C’est pourquoi tout Africain désireux de sauver son
âme des flammes de l’enfer et de la damnation
éternelle doit se débarrasser de toutes statuettes,
amulettes ou fétiches hérités de ses parents et
arrière-grands-parents qui, eux, n’ont
malheureusement pas connu la parole de Dieu et
croyaient en des Ancêtres qui à l’évidence avaient
pactisé avec le diable.
Or, la Bible déclare : ‘‘Nul ne peut aller à Dieu
que par Jésus, son fils bien-aimé.’’ Dieu n’a pas
33

d’autres enfants que Jésus ; c’est pourquoi vous


devez intérioriser sa parole et vous confesser quand
il le faut, comme le faisaient les apôtres en leur
époque afin de mériter le ciel », diraient-ils.
Bien que conscient que ce n’est qu’un ramassis de
balivernes, plutôt que de s’énerver, le traditionaliste,
c’est-à-dire le kamite éclairé, doit se poser les
questions suivantes : d’où viennent ces soupçons ?
D’où les chrétiens tirent-ils ces affirmations
infondées, injustifiées, abusives, illégitimes et
erronées ? Qui est à l’origine de ces allégations ou –
pour parler plus simplement – qui se cache derrière
ces propos malveillants, ces déclarations douteuses
souvent présentées aux Africains et au reste du
monde comme des vérités absolues ? Qui diable a
répandu de telles inepties, de telles absurdités dans
l’esprit des Africains ?
Eh bien, ce sont les missionnaires et les
colonisateurs
En réalité, les missionnaires qui ont passé le plus
clair de leur temps à traiter nos croyances et nos
pratiques ancestrales de sorcelleries n’avaient même
pas l’ombre d’une preuve. Mais ils sont parvenus à
nous le faire croire.
À la question de savoir s’ils avaient des preuves,
les plus honnêtes d’entre eux répondraient en ces
termes : « On n’a pas de preuves, mais on a un
mobile ». Mais le problème avec le mobile, c’est que
34

même s’il n’existe aucune preuve, il constitue une


bonne raison d’agir, de s’attacher les faveurs, de
gagner l’affection, la confiance ou d’obtenir
directement ou indirectement l’accord ou
l’approbation du plus grand nombre qui, ayant reçu
l’information d’une certaine manière, c’est-à-dire
dans la direction voulue par les manipulateurs
d’opinion, ne saura jamais ou ne comprendra que
bien plus tard que son point de vue a été canalisé,
qu’il a été dirigé, orienté ou qu’il n’était qu’un pion
sur l’échiquier d’un vaste complot ourdi par des
experts, maîtres dans l’art de la manipulation des
masses, experts en matière de travestissement de la
vérité.
Ce n’est que plus loin dans le temps qu’il réalisera
qu’il a été la proie psychologique d’une bande de
spécialistes en déguisement médiatique ou en
déformation de l’information.
Aux yeux de ces manipulateurs de consciences,
tout ce qui importe est d’avoir une bonne raison. Car
quiconque a une bonne raison d’agir, est d’office
considéré dans la conscience collective comme un
justicier. Et le monde ayant soif de justice, de paix et
d’égalité, le monde ayant soif de liberté, dès lors que
la colombe est présentée comme un corbeau,
autrement dit dès l’instant où l’innocent est présenté
comme un bourreau par des loups déguisés en
agneaux, et à partir du moment où l’affaire est
médiatisée dans le sens voulu par les calomniateurs,
35

tout acte porté contre l’innocent sera dans l’opinion


publique un acte de justice, donc une bonne action.
Le lecteur attentif comprend aisément que l’un des
outils des manipulateurs de consciences – ou pour
mieux le dire – la plus grande arme des
marionnettistes en soutane est la dénonciation
calomnieuse, c’est-à-dire la diffamation.
Une fois décrédibilisé, l’adversaire devient une
proie facile dans la mesure où souillé comme il est
par les propos diffamatoires, l’opinion publique qui,
n’a plus que dédain et mépris pour la personne
diffamée, n’aura plus aucune raison de la protéger, et
moins encore de l’écouter. Car lorsque le mensonge
est dit par des personnalités publiques ou par des
personnes respectées et crédibles, il est difficile d’en
douter, surtout si ces personnes forment un groupe,
une société, une secte ou constituent un réseau dont
les membres tiennent tous le même langage.
C’est par ces méthodes honteuses, frauduleuses et
scandaleuses, c’est par ces procédés indignes des
authentiques hommes de Dieu que les missionnaires
et les évangélistes d’autrefois ont pu convaincre le
monde noir de renoncer à leurs croyances liminaires.
À ce sujet, le témoignage honorable et véridique de
Leo Viktor Frobenius45 en dit long : « La traite des
Noirs ne fut jamais une affaire de tout repos ; elle

45
Ethnologue et archéologue allemand, essentiel de l’ethnologie germanique,
1873-1938, médaille de Goethe de la ville de Francfort.
36

exigeait des justifications. Aussi fit-on du Noir un


demi-animal, une marchandise. Et c’est ainsi qu’on
inventa la notion du fétiche comme symbole d’une
religion africaine, marque de fabrication
européenne.
Quant à moi, je n’ai jamais vu dans une partie de
l’Afrique nègre, les indigènes adorer des fétiches.
L’idée du ‘‘Nègre barbare’’ est une invention
européenne qui a, pour contrecoup46, dominé
l’Europe jusqu’au début du siècle ».
Ces propos se confirment dans le livre Angélique
et le Roy de Anne et Serge Golon : « Les esclaves
représentent une marchandise nécessaire et qui
rapporte ».
Aujourd’hui encore, il n’est pas rare de voir des
Africains – ou devrais-je dire – des Nègres aliénés
qui, sans avoir eu à fréquenter des foyers spirituels
africains, sans même avoir la moindre idée de la
spiritualité africaine, la traiter de tous les noms
d’oiseaux. N’est-ce pas injuste ?
Je vais vous faire une révélation. Dans un certain
milieu, lorsqu’on désire s’emparer des biens d’autrui,
la justice ne compte pas. Seule compte l’intention.
Bonne ou mauvaise, « la fin justifie les moyens. » Tel
fut, passez-moi l’expression, le raisonnement des
attrapeurs d’esclaves, des missionnaires et des
colonisateurs.

46
Conséquence indirecte, répercussion.
37

Ceux qui désirent s’emparer des biens d’autrui ont


pour fâcheuse habitude de procéder par la
diffamation. Savez-vous pourquoi ?
La diffamation est une arme forte. La diffamation
affaiblie dans la mesure où elle crée des divisions
dans le camp des victimes. Divisée et affaiblie, la
victime n’est plus qu’une proie facile. Telles sont les
méthodes déloyales que les chrétiens – ces prétendus
fils de Dieu – ont appliquées un peu partout en
Afrique pour nous contraindre à tourner le dos aux
croyances africaines.
Et ça, l’Église ne vous le dira jamais ! Car ce sont
des vérités qui fragilisent l’Église. On a beau être un
bon chrétien, lorsqu’on est confronté à une telle
vérité, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur les
sombres méthodes chrétiennes de fonctionnements
ainsi que sur le degré d’honnêteté, de duplicité, de
fourberie, d’escobarderie et de dangerosité de ceux
qui nous ont apporté et servi le christianisme sur un
plateau d’argent. Une question en appellera une
autre. Et de ce questionnement jaillira la lumière qui
ramènera tôt ou tard l’interrogateur vers la spiritualité
africaine.
Après cette digression nécessaire, revenons à
présent à notre sujet principal : qu’est-ce que la
spiritualité africaine ? Qu’est-ce qui la différencie des
religions occidentales ? Peut-on faire confiance aux
religions africaines sans courir le risque de sombrer
dans le fétichisme, le satanisme ou le cannibalisme ?
38

Réponse : la spiritualité africaine n’est pas


uniforme, mais multiforme. Un seul jardin, plusieurs
fleurs. Plusieurs plantes, un seul propriétaire. Comme
nous l’avons dit plus haut, observer la spiritualité
africaine comme une forme unique est une erreur.
Car seules les religions ont des formes uniques.
Or, en Afrique, nous parlons de spiritualité, et non
de religions. Nous parlons d’un ensemble de rites et
de croyances propres à une localité, une ethnie ou un
peuple donné et non d’une croyance ou d’une
religion continentale. La différence avec les religions,
c’est que les croyances africaines ne sont pas des
pieuvres religieuses expansionnistes. Elles n’ont pas
pour vocation de se répandre par-delà les océans.
Elles aspirent simplement à être connues et pratiquer
dans leur localité respective ; et ce, dans le respect
des traditions, c’est-à-dire en harmonie avec les
Dieux, les Ancêtres et les génies de nos pays, de nos
régions, de nos terroirs ou de nos contrées
respectives.
À ce niveau-là, une question mérite d’être posée :
peut-on appartenir à une spiritualité donnée de
l’Afrique et pratiquer la spiritualité d’une autre
contrée africaine ?
La réponse est oui. Dès lors qu’on ne s’éloigne pas
des réalités du continent africain et qu’en demeure
dans le jardin luxuriant des croyances africaines, il
n’y a pas à s’inquiéter. Mais dès lors qu’on tourne le
39

dos ou s’éloigne du cocon de la spiritualité africaine,


là commence l’aliénation et la déculturation.
Renier notre identité spirituelle au profit d’une
autre. Renoncer à nos traditions aux profits d’une
culture qui n’a rien à voir avec nos origines, c’est
sombrer dans l’importation des mœurs. Sombrer dans
l’importation c’est perdre son originalité.
Or l’africanité est une originalité. Et l’originalité
est une identité. Renoncer à l’identité africaine, c’est
renoncer à l’africanité. Renoncer à l’africanité c’est
trahir ses origines. Qui trahit ses origines est un
traitre à la mémoire de ses ancêtres. Dans quelque
pays que ce puisse être, il n’est pas possible
d’apprécier un traitre. Le sort d’un traitre n’est jamais
bien agréable.
Spirituellement parlant, un traitre est un homme
maudit. Tant que les Africains n’auront pas compris
cela, l’Afrique demeurera un continent maudit. Ce
continent sera le dernier des continents, car
totalement déconnecté de sa source, donc de sa
spiritualité.
40

DES OFFRANDES POUR LES MÂNES

Grande sera la récompense du Kamite


Quand le soleil sous la forme d’Horus
Descendra du ciel pour éclabousser les ténèbres
Qui depuis trop longtemps couvrent
De leurs ombres infernales
La terre de nos Ancêtres

Grande sera la joie du Kamite


Quand par vos efforts conjugués
Kama retrouvera sa liberté

Ô fils du continent
Le moment est venu de prendre ta décision
Le moment est venu de choisir
Entre le soleil ancestral
Et l’éclipse infernale

Le moment est venu de trancher


Entre les croyances immémoriales
Adapté ton notre ADN
Et la religion coloniale
Et sa doctrine hivernale
Dont la face cachée de l’iceberg
41

Porte le syndrome de l’aliénation culturelle


Et de l’allégeance continuelle

Ô enfant têtu
Le moment est venu
De reprendre le bâton ancestral
D’honorer ‘‘Ceux qui t’ont précédé’’
De renoncer au manteau de l’ignorance
Pour t’ouvrir à la science de Thot
Et à la magie d’Isis

L’heure est venue de mettre de l’ordre


Dans ses affaires spirituelles
L’heure est venue d’être en règle
Sur la balance d’Osiris

L’heure est venue de briller comme Hathor


L’ignorance des lois de la Maât
Sera châtié par Anubis
Avec la même intransigeance
Avec laquelle tu as tourné le dos
Aux croyances de tes ancêtres

Ô enfant du temps présent


De grands bouleversements
42

Approchent à l’horizon

Africain, pendant qu’il est encore temps


Redeviens le Kamite que tu étais
Réconcilie-toi avec les mânes de tes ancêtres

Enfant bien-aimé,
Reprends le raphia et le balai des Ainés
Arme-toi d’une poignée de noix de kola
Prends une cruche de vin de palme
Entre dans le bois sacré
Pour méditer au pied de l’Okoumé

Qui sait ?
Peut-être que le destin de l’Afrique est entre tes
mains !

NÉ MWANDA-VÉEDILA47

47
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
43

Chapitre II
Anticipation et certitude absolue
sont les boucliers du grand kamite
« À cœur vaillant rien d’impossible ».

Anne et Serge Golon, Angélique et le Roy, page 56.

V ous trouverez des gens sur votre parcours qui


vous diront : « vous autres kamites vous prônez
la renaissance africaine. Vos revendications sont
fondées, je le reconnais. Mais votre idéal n’est-il pas
une belle utopie ? »
Devant l’immensité de la tâche à accomplir,
certains d’entre vous risqueraient de renoncer à la
lutte et ainsi donner raison directement ou
indirectement à tous ceux qui – plutôt que de vous
encourager et de mettre l’accent sur vos avancées –
ont le malin plaisir de vous faire miroiter les
nombreux obstacles sur le parcours semé d’embûches
de la désaliénation culturelle, autrement dit les
difficultés qui jalonnent le stade actuel de la
44

décolonisation spirituelle de l’Afrique et ce que leur


pessimisme, donc leur sous-évaluation de votre
détermination présente comme une impossibilité, un
fait irréalisable, une chimère, bref une grande et
vaine illusion de kamites enragés ou un fantasme
irréalisable et obsessionnel de panafricanistes
survoltés sur qui le monde chrétien aurait très
certainement posé l’étiquette dégradante et abusive
d’hérétique à l’époque sanguinaire et intransigeante
de l’Inquisition.
Devant de telles personnes qui prennent le combat
du kamite pour une utopie inaccessible, la bonne
attitude serait non pas d’épouser leur pessimisme
excessif ou d’essayer de les convaincre. Mais la
bonne attitude, chers kamites, serait d’adopter la
politique de la caravane qui passe pendant que le
chien aboie. Car, les chiens, vous en trouverez
beaucoup sur votre parcours. Certains, de par leur
langue fourchue, tenteront de vous inoculer le venin
du pessimisme, c’est-à-dire une attitude mentale qui
consiste à imaginer le pire ou à privilégier le côté
négatif des choses.
D’autres, comme des lions blessés, grogneront et
s’opposeront instinctivement à votre démarche
salutaire pour l’Afrique pour une raison toute simple
autrefois énoncée par Nietzche : « Parfois les gens
ne veulent pas voir, entendre et parler de vérité,
parce qu’ils ne veulent pas que leurs illusions soient
détruites ». Le seul fait d’imaginer qu’ils ont passé
45

leur vie dans le mensonge à servir le mauvais maître


et à engraisser des pasteurs et des prêtres leur donne
la migraine. « C’est trop lourd à supporter » ;
s’imaginer un seul instant que les kamites aient
raison risquerait bien évidemment de bousculer les
mentalités, de démolir leur architecture spirituelle, de
bouleverser tout l’édifice, donc de déconstruire tous
les mensonges, toutes les faussetés, toutes ces années
de croyances aveugles qu’ils ont accumulées au fil
des ans. « Non ! c’est trop lourd à supporter », se
disent-ils. Leurs épaules, épuisées par le poids du
christianisme, sont bien trop faibles pour endurer,
supporter ou accepter brutalement les bouleversantes
ou les incontestables vérités kamites.
Ainsi, pour conserver leurs illusions, ils choisiront
de combattre les kamites, ils préfèreront s’opposer,
non pas à ceux qui contribuent à détruire, à piller et à
appauvrir l’Afrique, mais à ceux qui luttent avec
acharnement pour l’émancipation de l’Afrique et
l’érection de notre idéal commun : la Renaissance
africaine.
À côté de ces chrétiens endurcis, vous en croiserez
d’autres qui vous mettront des bâtons dans les roues
pour la bonne raison que par vos vérités et votre désir
effréné de vouloir libérer les Africains de leur prison
psychologique, vous portez atteinte à leur business.
Vous reconnaîtrez ces gens, par la virulence de
leurs interventions ou de leurs réactions sur les postes
des kamites sur Internet. Vous les reconnaîtrez par
46

des postes du genre : ‘‘voici les raisons pour lesquels


j’ai quitté la religion des ancêtres’’. N’importe quoi !
Avant de quitter la religion des ancêtres, il faut
d’abord y avoir été admis et l’avoir pratiquée. Quitter
une chose que l’on n’a pas comprise et pour laquelle
on n’a pas été initié ne fait pas de nous un adepte des
croyances traditionnelles, mais un simple observateur
extérieur qui ne connaît absolument rien de la
profondeur des lois, des mystères et des interdits de
la spiritualité africaine. Car, ceux qui connaissent,
ceux qui ont gouté ou qui ont sérieusement évalué la
profondeur de la spiritualité africaine non seulement
ne la confondent pas à la sorcellerie ou à la magie
noire, mais en outre, fort des engament qu’ils ont et
des différentes initiations qu’ils ont reçues, ne
quittent pas la spiritualité africaine du jour au
lendemain. Vous trouverez donc ce genre de
personne, qui diabolisent tout ce qui est culture et
traditions africaines sans raison fondée et qui
réagissent sur les réseaux sociaux avec leur dernière
énergie, comme si leur vie en dépend ou comme s’ils
étaient parfaitement capables de nous donner ne
serait-ce qu’une idée du déroulement d’une
authentique spiritualité africaine.
Bien évidemment, leur vie en dépend, puisque le
business religieux, c’est toute leur vie. Perdre ses
adeptes – ou devrais-je dire – perdre ses clients du
jour au lendemain est le pire cauchemar des
évangélistes, apôtres, pasteurs, imams et autres
47

prêtres catholiques. Car vous êtes leur gagne-pain.


Ces exploitants spirituels tirent leur salaire de vos
dîmes et des recettes de vos quêtes. Raison pour
laquelle, ils ne vous laisseront pas faire. « L’Afrique
n’a qu’à crever, ils s’en fichent. L’Afrique n’a qu’à
demeurer en l’état, ils s’en balancent », pensent-ils
secrètement. Seule compte à leurs yeux la quête du
dimanche, cette généreuse quête qui leur permet de
construire des maisons de plaisance, d’acheter des
voitures luxueuses, de conserver leur train de vie,
donc de demeurer à l’abri du besoin.
Pour revenir à notre question liminaire, lorsque
vous tombez sur quelqu’un qui vous dit : « vous
autres kamites vous prônez la renaissance africaine.
Vos revendications sont fondées, je le reconnais.
Mais votre idéal n’est-il pas une belle utopie ? »
Souvenez-vous de cette pensée de Samuel Eto’o :
« La différence entre le bon joueur et le grand joueur,
c’est que le bon joueur a toujours des doutes dans sa
tête. Il se dit : ce n’est qu’un match. Aujourd’hui, je
vais voir comment ça va se passer. Peut-être que je
vais gagner. Peut-être que je vais perdre.
Contrairement à lui, le grand joueur entre dans un
stade de football on se disant : je vais gagner ce
match. Je vais décider sur ce match. Je vais le
conduire à mon rythme ».
Ainsi doit se comporter le kamite.
Le grand kamite est un décideur
48

Soyez de grands kamites et non de bons kamites.


Le grand kamite est un décideur ; c’est un homme
positif, imperturbable, insensible au pessimisme. Un
grand kamite est un guerrier qui chaque jour visualise
la victoire de l’Afrique. C’est un homme qui se
projette dans l’avenir pour imaginer et concevoir un
futur positif pour l’Afrique. Le grand kamite est si
sûr de lui, il a tellement confiance en ses ancêtres et
en sa capaciter à accomplir des pas de géants, à
réaliser l’impossible, à agir efficacement pour
l’Afrique qu’il ne se contente pas que de rêver ou de
visualiser, mais il pousse la chose jusqu’à
l’entrainement. Bref, un bon kamite est un excellent
joueur dans le stade de la Renaissance africaine.
C’est un joueur si motivé, si déterminé, si passionné
et si combattif qu’il ne se lasse pas comme Sisyphe
de pousser la pierre glissante de la victoire vers le
sommet de la montagne. Un grand kamite sait qu’à
forcer de pousser, d’agir et de creuser, il finira par
trouver « son trésor » ou atteindre son noble but. Un
grand kamite est une personne qui agit sans tenir
compte du nombre. Il prend au pied de la lettre un
vieux proverbe koongo qui dit : « nyanzi za zingi kazi
nataka tuvi ko48 ».
Le grand kamite est bien conscient que ce n’est pas
le nombre de personnes qui importe, mais l’efficacité
sur le terrain. Un grand kamite est une locomotive ; il
sait que ses actions et sa force de frappe draineront
48
L’afflux de mouches ne fera pas disparaître l’excrément.
49

tôt ou tard des wagons bourrés de monde. Le grand


kamite n’attend pas que les passagers se présentent
pour démarrer, mais il démarre tout en sachant que
d’autres prendront le départ dans les prochaines
gares. Tel est l’état mental du grand kamite qu’aucun
vent, aucune intempérie, aucun tremblement de terre
ne peut décevoir ou décourager. Car, anticipation et
certitude absolue sont ses boucliers.
50

LES REPRÉSAILLES D’ISIS

De la divinité à l’humanité
De la sacralité à la vanité
Du privilège au sacrilège
De la chasteté à la perversité

Sachez ô obscurs blasphémateurs


Sachez ô habiles diffamateurs
Qu’on ne vole pas interminablement
Le pain et le vin des saints

Sachez ô fieffés menteurs


Sachez ô cruels calomniateurs
Qu’on ne joue pas impunément
Avec les attributs divins

L’occultation de l’étoile de Sirius


L’éclipse du rayonnement cosmique d’Isis
Auront des conséquences
Aussi profondes qu’un précipice

La dissimulation délibérée de la Gardienne des


Mystères
La dépréciation préméditée de la Reine Mère
Auront des suites fâcheuses
Dans les territoires de ceux qui

Quoique conscients de cette monstrueuse infamie


51

Cheminent sur le rail maudit


Qui a engendré dans les cieux
L’égrégore vicieux

Lumière fallacieuse
Lueur faussement dorée
Qui, en réalité
N’est qu’une subtile toile d’araignée

Sachez ô vaniteux religieux


Que le saint rosaire
Des célèbres faussaires
Ne vous sera d’aucun secours

Retenez que le char d’Heru


Brisera les roues d’airain
De la titanesque illusion d’étain
Qui ne cesse d’abrutir et d’appauvrir l’Africain

Heru brisera la force damnée


Intentionnellement engendrée
Par l’envahisseur étranger
Dans le but de manipuler
Et d’aliéner le peuple d’Osiris

Sachez ô Maîtres de jadis


Que les représailles d’Isis
Déesse aux lèvres cerises
52

Ne sont plus qu’une question de temps

NÉ MWANDA-VÉEDILA49

49
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
53

Chapitre III
Voici comment les Occidentaux
ont détrôné nos Dieux

« Allez, faites de toutes les nations des disciples,


les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-
Esprit, 20 et enseignez-leur à observer tout ce que je
vous ai prescrit ».

Le Nouveau Testament

P our évincer nos dieux, les Occidentaux ont utilisé


la méthode de la supplantation spirituelle. C’est
une approche psychologique qui consiste à déraciner,
désacraliser, inférioriser, clouer au pilori la déité
autochtone dans le noir dessein de la remplacer par
un ‘‘implant importé’’, une divinité jalouse,
belliqueuse et conquérante, une déité à la bonté
conditionnée, un dieu qui bien que prônant le bien, la
justice, l’égalité, la liberté et la fraternité, a des
manières qui vont à l’encontre des principes édictés
ou du moins ses fidèles ont des manières qui ne
54

correspondent nullement aux valeurs prônées par leur


Dieu.
Exemples : « Allez, faites de toutes les nations des
disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, 20 et enseignez-leur à observer tout ce
que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous
tous les jours, jusqu'à la fin du monde50 ».
Un nouvel ordre spirituel
Pourquoi vouloir faire de toutes les nations des
disciples lorsqu’on sait que ces nations ont déjà leurs
Dieux, leur histoire et leur culture ?
Pour dire les choses telles qu’elles sont, apporter
un nouveau Dieu équivaut à apporter un nouvel ordre
spirituel.
Or, en réalité, le groupe de mots « nouvel
ordre spirituel » n’est qu’une manière rusée de
désigner le « chaos », la révolution, l’usurpation, le
bouleversement, le chamboulement, le dérangement,
la dénaturation, l’incrustation culturelle51, le
déracinement, le putsch psychologique, la destitution
religieuse. Bref, la supplantation spirituelle.
Comme chacun le sait, on ne peut réellement
apporter de l’ordre que là où il y a du désordre ; car,
l’ordre est l’ennemi du désordre. Pensez-vous
vraiment que nos croyances ancestrales étaient
désordonnées ?
50
Matthieu 28 :19 ; 20
51
Kimbanguisme.
55

Évidemment que non, puisque plus haut, Leo


Viktor Frobenius, ethnologue, archéologue
allemand et médaille de Goethe de la ville de
Francfort, a été clair là-dessus : « (…) Et c’est ainsi
qu’on inventa la notion du fétiche comme symbole
d’une religion africaine, marque de fabrication
européenne.
Quant à moi, je n’ai jamais vu dans une partie de
l’Afrique nègre, les indigènes adorer des fétiches.
L’idée du ‘‘Nègre barbare’’ est une invention
européenne qui a, pour contrecoup52, dominé
l’Europe jusqu’au début du siècle ».
Nous apporter un nouvel ordre spirituel ne signifie-
t-il pas nous contraindre à incruster dans le panthéon
africain des dieux hostiles et jaloux des honneurs
dont jouissent ou devraient jouir – puisque les
Européens ont réussi leur coup – nos divinités
ancestrales ?
Le danger de l’allégeance envers les divinités
importées
Concernant la nature exacte de notre lien direct
avec notre spiritualité, nos dieux primitifs ne sont-ils
pas liés à nos ancêtres comme nos ancêtres sont liés à
nos grands-parents, nos grands-parents à nos
parents ; et ce, de la même façon que nos enfants sont
liés à nous ?

52
Conséquence indirecte, répercussion.
56

Perçu sous cet angle, adopter ou faire allégeance à


d’autres dieux n’équivaut-il pas à renier son
ascendance ? Qu’est-ce qui fait de nous de véritables
Africains, si ce n’est notre ascendance ? Qu’est-ce
qui nous rattache à l’arbre généalogique kamite,
sinon nos racines ancestrales ? Peut-on prétendre être
Africain lorsqu’on n’est pas suspendu ou accroché à
une branche ancestrale ? Notre ancestralité n’est-elle
pas notre spiritualité ? Notre spiritualité n’est-elle pas
notre culture ? Notre culture n’est-elle pas notre
patrimoine ? Notre patrimoine n’est-il pas notre
héritage ? Notre héritage ne constitue-t-il pas notre
force ? Notre force n’est-elle pas issue des
connaissances et des expériences vécues et léguées
par nos ancêtres ? Les connaissances et les
expériences vécues de génération en génération par
nos ancêtres ne constituent-elles pas nos mythes et
nos légendes ? Nos mythes et nos légendes ne sont-
ils pas le sédiment et le ciment de nos croyances ?
Nos croyances spirituelles ne résument-elles pas
notre véritable identité ? Notre identité n’est-elle pas
un indicateur de notre appartenance kamite ?
Vu sous cet angle, aurions-nous tort de dire,
qu’adopter une croyance étrangère ou une divinité
importée, au détriment de nos divinités liminaires,
équivaut à perdre son identité et à désorienter ceux
pour qui vous auriez pu être – si bien sûr vous aviez
suivi la voie des Ancêtres – le « miroir social », le
dépositaire des secrets, le gardien de la tradition, le
57

mentor, le guide ou la référence ? En Afrique, le


flambeau culturel et spirituel ne se transmet-il pas de
père en fils ou de mère en fille ? Un proverbe africain
ne nous enseigne-t-il pas que « le chevreau ne mange
que l’herbe que broute la chèvre ? »
L’emploi stratégique des euphémismes
Conscients que la religion qu’ils vont vous
apporter va inéluctablement bouleverser l’ordre établi
par vos ancêtres et briser votre harmonie avec vos
dieux et les génies de votre espace territorial, ces
manipulateurs de conscience, maîtres en
euphémismes et disciple de Machiavel, utilisent le
terme « nouvel ordre spirituel » pour nous donner
l’impression que nous sommes dans le faux, dans le
chaos religieux, et que ceux que les étrangers nous
apportent, c’est-à-dire leurs dieux importés, donc
leurs divinités jalouses et dominatrices, sont
impeccables, immaculées, justes ou parfaites.
Du coup, dans votre conscience naïve et innocente,
dans votre mental manipulable, tout est sens dessus
dessous ; car à cause des discours perfides et des
promesses mensongères des missionnaires étrangers,
vos glorieuses divinités, vos bons génies et vos
ancêtres vénérés (qui ne vous veulent que du bien et
qui ont toujours été bons envers vous) deviennent des
« désordonnés », des « anarchistes », bref
l’incarnation de toutes les transgressions morales,
alors que des légendes entières, des anecdotes et des
histoires contées de bouche à oreille depuis des
58

temps immémoriaux témoignent de la noblesse de


cœur et de la grandeur d’âme de nos valeureux
ancêtres, mais surtout de la sagesse et de la bonté de
nos génies et de nos dieux.
La principale mission des envahisseurs
Les missionnaires et les colonisateurs, dont la
principale mission est de vous « convertir », donc de
vous aliéner, vous poussent lentement, mais sûrement
à considérer vos divinités ancestrales comme des
démons ; ils vous entraînent sournoisement et
inexorablement à les rejeter grâce à l’argumentation
intentionnelle des versets bibliques (ou des sourates
coraniques) engendrés par l’intelligentsia chrétienne
(ou musulmane), c’est-à-dire par les autorités de ces
religions dominatrices et conquérantes.
La supplantation spirituelle : une méthode très
ancienne
Bien avant que les Romains se l’approprient, les
membres du clergé grec – jaloux de la gloire et de la
renommée des divinités égyptiennes, tant vantées par
les historiens grecs de l’antiquité, divinités
nilotiques dont les cultes importés par les savants, les
philosophes et les explorateurs helléniques
commençaient à prendre de l’ampleur en Grèce – les
Romains, disais-je, ont imaginé la stratégie de la
supplantation spirituelle pour débarrasser la Grèce
des divinités importées (ce qui est tout à fait normal),
mais surtout (ce qui n’est pas du tout normal) pour
59

renverser la vapeur à travers l’invention de légendes,


à l’instar de celle de Dionysos, dieu de la Vigne, du
Vin et de la Végétation, dont on disait que « sa
légende est peuplée d’une multitude d’épisodes
survenus au cours de ce voyage et durant lesquels il
se montre bienveillant avec ceux qui l'honorent, mais
terrible avec ceux qui le repoussent. Ainsi, à Thèbes,
le roi Penthée, qui a interdit le culte de Dionysos, est
tué par sa propre mère, Agavé, rendue folle par le
dieu53 ».
Un dieu bon peut-il se comporter ainsi ? En
agissant sur la peur, les légendes imaginaires et les
mythes inventés de toutes pièces, les Occidentaux –
je le répète jaloux du succès des pacifiques divinités
égyptiennes – étaient parvenus à refouler, bannir ou
faire interdire les cultes des divinités étrangères,
spécialement égyptiennes sur le sol grec.
Mais plutôt que de s’arrêter là, les Occidentaux ont
poussé le bouchant jusqu’à présenter de façon
totalement négative les sages et mystérieux dieux
d’Égypte. Ils se sont autorisés à diaboliser ceux-là
mêmes qui ont permis aux Égyptiens de régner
pendant près de 5000 ans sur le monde et de
construire des monuments jusque-là jamais égalés.
En quoi des divinités qui ont légué à l’humanité
tout le savoir qui a permis à l’Égypte de demeurer
pendant des milliers d’années le centre universitaire,

53
Confère Microsoft Encarta 2009.
60

le berceau du savoir de l’humanité peuvent-elles être


considérées comme démoniaques ?
Le complot contre l’Afrique, ses rois et ses
dieux ne date pas d’hier
Alexandre Dumas fils disait : « il y a de grands
bienfaits que l’on ne peut payer que par de grandes
ingratitudes. »
Dans un même élan de cruauté que les Grecs, pour
masquer le poids de la dette morale qu’ils
éprouvaient envers les Pharaons, les Hébreux – pour
leur part – n’avaient pas trouvé mieux que de
diaboliser l’Égypte, d’en faire un enfer sur terre, un
lieu de souffrance et d’esclavage.
C’est ici l’occasion de se poser la bonne question.
En quoi l’Égypte antique, qui a pourtant servi d’école
et de centre d’accueil aux anciens Hébreux, peut-elle
être considérée comme une terre d’esclavage ?
« La Bible est claire là-dessus », diraient les
aliénés et autres Nègres de maison qui confondent la
Bible, recueil de mythes et de légendes hébraïques, à
un authentique livre d’histoire. Convaincu que seuls
des historiens peuvent nous aider à cerner les faits
avec exactitude, qu’il nous soit permis de faire appel
au jugement impartial, car scientifique, d’un
égyptologue émérite, Christian Jacq54. L’extrait que
54
Christian Jacq est né à Paris en 1947. Docteur en études égyptologiques,
il passe sa thèse en Sorbonne qu’il publiera sous le titre Voyage dans l’autre
monde et rédige plusieurs ouvrages sur l’Égypte ancienne et notamment
l’Égypte des grands pharaons (couronné par l’Académie française), etc.
61

nous allons lire ci-dessous est tiré d’une biographie


romancée de l’illustre Pharaon Ramsès II : « (…) Le
travail était dur, étroitement surveillé par des
contremaîtres égyptiens, mais correctement payés et
entrecoupé de nombreux jours de congé. De plus, en
Égypte la nourriture était bonne et abondante, et l’on
se logeait sans trop de peine, les plus courageux
parvenaient même à se construire d’agréables
demeures avec des matériaux de récupération.
Moïse n’avait pas dissimulé que sur les chantiers
de Pi-Ramsès, le rythme de travail serait plus intense
qu’à l’ordinaire ; mais l’importance des primes
compenserait ce désagrément. Participer à la
construction de la nouvelle capitale enrichirait plus
d’un Hébreu, à condition qu’il ne fût pas économe de
sa sueur55.
(…) Parmi les Hébreux naquit une véritable
émulation ; il y avait l’augmentation de salaire et les
primes, certes, mais aussi la fierté de participer à
une entreprise colossale et de gagner le pari qui leur
était imposé. Dès que l’ardeur faiblissait, Moïse
redonnait l’impulsion, et des milliers de briques
parfaites sortaient des moules. Pi-Ramsès naissait,
Pi-Ramsès jaillissait du rêve de Ramsès pour entrer
dans la réalité. Maîtres d’œuvre et tailleur de
pierres, respectant le plan du roi, édifiaient de

55
Ramsès, le Temple des millions d’années, Christian Jacq, éditions France
Loisirs, page 253.
62

solides assises ; inlassables, les tâcheront


apportaient les briques que fabriquaient les Hébreux.
Sous le soleil, une ville prenait corps ».
63

VOUS ÊTES DES REINES

Renoncez aux coiffures postiches


Soyez authentiques et défendez les couleurs de
l'Afrique
Car défendre les couleurs de l'Afrique
C’est défendre notre dignité et honorer notre
identité

Tant que la femme de couleur


Aura la beauté européenne comme modèle
Elle demeurera la dernière des dernières
Vous êtes belles chères Africaines
Soyez aussi fières que Néfertiti et Nefertari

Ô femme noire, femme africaine


Si tu veux qu'on te respecte
Respecte-toi toi-même et le monde te respectera

Si tu veux un trône
Encourage ton homme
À reconquérir son honneur bafoué
Par des colons déchaînés

Si tu veux ta place au soleil


64

Alors sors de la nuit de l'ignorance


Brise les liens de ton aliénation culturelle
Range ton complexe d'infériorité dans le placard
Et mets-toi à l'ouvrage
Place-toi au-devant de la scène
Oublie tes peines et tes erreurs
Relève-toi avec la force du fleuve

Ô digne fille d'Afrique


Souviens-toi de Kimpa-Vita
La meneuse de la Révolution
Souviens-toi de la Reine Nzinga
Qui a combattu l'envahisseur colonial
Souviens-toi de Mama Ngounga
Qui combattait les colons

Ô Reine des savanes


Tu crois être faible
Mais ce n'est qu'une illusion
Tu te crois incapable
Mais ce n'est que ton imagination
Qui te joue des tours

On t'a appris à être une esclave


Mais en réalité tu es une Reine
65

On t'a appris à plier le genou


Mais en réalité tu es une déesse
Ne te crois jamais inférieure à l'homme
Ce n'est qu'une illusion
Car, aucun homme ne peut donner la vie
Aucun homme ne peut avoir autant de patience
Et déployer autant d'amour
Pour la vie en gestation
Qui après neuf mois de souffrances
De nausées et de malaises
Jaillit du monde de ton ventre
Ou du ventre de ton monde

Le jour où tu mettras la force que tu utilises


Pour donner la vie
Dans le combat pour la libération de l'Afrique
Le continent sera sauvé

NÉ MWANDA-VÉEDILA56

56
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
66

Chapitre IV
Le véritable chemin
« Quand on ne sait pas où on va, on doit au moins
savoir d’où on vient ».

NÉ MWANDA-VÉEDILA
Mpiisa ya Bundu dya zimbwetete

L e chemin qui mène à la décolonisation spirituelle


est un chemin long et truffé d’embuches. Car, la
spiritualité est un voyage. Je ne vous apprends rien
en disant que tout voyage commence par un point A
pour finir par un point B. Le point A est le départ.
Tandis que le point B est l’arrivée. Quand on ne sait
pas où on va, on doit au moins savoir d’où on
vient. En ce qui concerne le peuple noir, qu’on le
veuille ou pas – ou qu’on y croie ou pas – nos
lointaines origines sont égyptiennes57.
Et en Égypte, nos ancêtres disaient : « Tizaba ngé
béni, ngatu wa zaba nza ya m’vimba na bisimbi
57
L’Égypte antique, l’Égypte des pharaons, totalement différente de
l’Égypte musulmane actuelle.
67

biabio ». Traduction : « Connais-toi toi-même et tu


connaitras l’univers et les dieux. »
La connaissance de soi est une notion
pyramidale
Comment faire pour se connaître soi-même ? La
première des choses est de repartir à la base. Car,
comme le disait si bien les Anciens : « mayéla ma
buatu ku nkotolo ». Traduction : pour bien mener sa
barque, il faut entrer du bon pied ». Autrement dit, il
ne faut jamais rater le début. Et comme il est presque
inutile de le dire : qui rate le début court le grand
risque de rater toute la procédure ou de fausser toute
l’équation.
Oui, il s’agit bien d’une équation, car toute
connaissance est mathématique. Tout ce qui existe
physiquement, mentalement et spirituellement, est
mathématique. Tout est lié à un chiffre, un nombre,
un numéro, une période, une coordonnée, une
situation géographique. Tout est algébrique et
géométrique ou pour parler plus simplement, tout est
forme et nombre.
Or, toute forme correspond à un son et chaque
sonorité est liée à une lumière et la lumière varie
selon la dimension.
Or, toute dimension n’est que fraction de
l’architecture de l’univers. Et qui dit fraction dit
opération et qui dit opération nous renvoie dans des
calcules mathématiques. Le lecteur pressé dira :
« Mais quel est le lien entre les mathématiques et la
68

connaissance ». C’est simple ! Chaque connaissance


qui s’ajoute en l’homme est un nombre de plus qui se
grave dans son esprit. De façon imagée, on peut donc
dire qu’une tête bien pleine est une tête remplie de
chiffres et de lettres. Pour ce qui est des lettres, il faut
retenir que chaque lettre n’est que l’expression
verbale d’un nombre ou d’un chiffre et que le
langage même ou la pensée qui la précède est une
imbrication, une constellation, une bataille de
chiffres, un affrontement de nombre, une lutte
chiffrée de lettres dont la noble guerre a pour but de
donner un sens ou d’imager le son ou la subtile
vibration émise par la pensée.
Dès lors que l’on a cerner la nature du lien
mystique et indissociable qui existe entre la
connaissance et les mathématiques, on peut revenir à
notre sujet principal : « connais-toi toi-même et tu
connaîtras l’univers et les Dieux ».
De nos jours, beaucoup de ceux qui se disent
ngunza – car ils ne savent pas exactement ce que
c’est – ont raté le début. Ils ont une base chrétienne et
s’imaginent qu’ils sont ngunza. Ces « chauves-
souris58 spirituelles », totalement éloignées de
l’authentique sentier ancestral et qui se félicitent
d’appartenir à une spiritualité purement africaine,
croient à tort qu’ils sont confortablement installés

58
Ni chiens ni oiseaux. Figure de discours ngunza pour désigner les
« mutants de la religion ».
69

dans la case des ancêtres. Alors, qu’en vérité, ils


séjournent encore au seuil de la porte.
En dépit de leurs nobles intentions, malgré leur
profond attachement à la croyance ngunza et à
l’esprit koongo – aussi décevant que cela puisse
paraître – ces ngunza n’ont jamais franchi la porte
sacrée de la hutte des ancêtres. Ces traditionalistes de
pacotille59 – car il faut appeler le chat par son nom et
percer l’abcès dans la noble et secourable intention
de soigner le malade – trainent encore dans la
condition de l’étranger qui frappe à la porte et n’a pas
accès à l’intérieur de la maison pour la simple raison
qu’il lui manque le mot de passe. Bref, il ne possède
pas Les clés de la mystique koongo60.
L’une des choses que les ngunza christianisés
doivent savoir est que ce n’est pas dans la Bible et
encore moins à Rome qu’ils trouveront ou plutôt
qu’ils s’ouvriront au Réveil traditionnel ou au
chemin de la véritable éducation kamite. La Bible,
comme je l’ai démontré dans Antidote : 55 questions
pour sortir l’Afrique de l’impasse économique61, ne
contribue qu’à nous éloigner de plus belle de
l’authentique tradition africaine. La Bible est, comme
qui dirait, un « mécanisme » créé pour un code
génétique donné. En termes plus clairs, les véritables
bénéficiaires de la Bible sont les Occidentaux. Aussi
59
Nguza za buangala.
60
Ouvrage publié par Né Mwanda Véedila à l’époque où il était encore
Mfumu Nganga-Bakulu aux éditions Alliance Koongo.
61
Editions Alliance Koongo.
70

étrange que cela puisse paraître, la Bible n’a pas été


faite pour les Arabes, les Indiens, ni pour les
Asiatiques et les Africains. Car tous les peuples,
toutes les races de la terre ont leur propre livre sacré.
Mboka ngé ngunza buku diaku dia kimpévé kwé
diéna ? Traduction : « ô toi, ngunza des temps
modernes, qui cheminent aveuglément dans la voie
du christianisme où est ton ouvrage de
référence ? Où est ton propre livre sacré ?» Kio ni
kiuvu kitama kulu yula bo ba tékéla ku mpemba.
Telle est la question que nous posent ceux qui nous
ont précédés dans l’au-delà. Ngé mwanga Ngo ya
wolo, ntia lumbu kua bakula ti : nzila zo ka za
ngiako ? « Fils de la Panthère dorée, quand vas-tu
enfin comprendre que les sentiers dans lesquels tu
t’es engagé ne sont pas ceux qui ont été
débroussaillés pour toi ? » La sagesse kamite
voudrait qu’avant qu’on s’engage profondément dans
une voie qu’on sache qui en est, mais aussi dans quoi
on s’engage. Dans ton cas, ngunza chrétien, peux-tu
nous dire avec certitude : qui tu es ? As-tu réellement
une idée de ce que signifie Mwisi-Koongo ? Autres
questions : Que signifie être ngunza ? Quelle est la
mission actuelle du ngunza ? Que veulent les
ancêtres ? Qu’attendent-ils de toi ? Peut-on prétendre
être ngunza et développer une philosophie
chrétienne ? La vision chrétienne est-elle identique à
la vision ngunza ? Pourquoi y a-t-il des ngunza
chrétiens et pas l’inverse ? Pourquoi les chrétiens –
71

qui sont bien conscients que certains « ngunza »


utilisent la Bible comme « livre de chevet » – ne
s’embarrassent nullement de prier dans les lieux de
culte ngunza ? Est-ce parce qu’ils détiennent la vérité
ou c’est simplement parce que ce se sont les ngunza
chrétiens qui sont ignorants ou qui se trompent sur
toute la ligne ? Pendant que nous y sommes :
pourquoi n’existe-t-il pas de ngunza musulmans ni de
ngunza bouddhistes, hindouistes et autres ? Pourquoi
y a-t-il simplement des ngunza chrétiens ? Est-ce
parce que la vérité n’existe que dans la Bible ? Si tel
est le cas, que dire alors des autres livres sacrés – qui
pullulent dans les bibliothèques et que les ngunza
chrétiens ne prennent jamais le soin ou le temps
d’ouvrir ? Ces livres-là ne contiennent-ils pas la
même vérité universelle, présentée sous d’autres
formes ? En outre, il faut se poser la bonne question :
est-ce que la Bible elle-même vous autorise vous,
ngunza chrétiens – si tant est qu’on puisse vous
appeler ainsi – à avoir un pied dans le christianisme
et un autre dans vos croyances africaines, dites
paganistes62 ? Cette forme d’hybridité spirituelle est-
elle tolérable dans le monde chrétien ? Bref, vous
considérez-vous comme des chrétiens ou comme des
ngunza ? Le présent ouvrage qui constitue le socle63
du Réveil traditionnel, donc de la véritable éducation

62
Relatif au paganisme (à la fin de l’Empire romain, nom donné par les
chrétiens à l’ensemble des religions polythéistes.)
63
La base fondamentale et immuable.
72

ngunza, vous éclairera de ses lumières divinement


inspirées par nos glorieux ancêtres – ou devrai-je dire
– par ceux qui ont endossé en premier le nom de
ngunza avant que cette doctrine ne soit pervertie,
travestie, corrompue, tordue, souillée, tâchée,
encrassée, dévergondée, dépravée par des
exportations ou des apports de nature chrétienne.
Ce livre est un passeport. Ne le survolez pas.
Lisez-le avec la même attention soutenue que vous
avez à la lecture de la Bible. Puis, comparez les
vérités et les indications qui s’y trouvent avec le
cheminement chrétien. Ensuite, ayez l’honnêteté et le
courage de reconnaître où vous vous
situez exactement dans le sentier du Réveil
traditionnel : est-ce sur le seuil de la porte ou à
l’intérieur de la hutte des ancêtres ? Faites-vous
partie de la haie d’honneur des braves
confortablement installés à l’intérieure de la case des
ancêtres ou simplement des rêveurs et autres
pusillanimes qui hésitent ou traînent encore devant la
porte ? Êtes-vous un traitre qui s’ignore ou un kamite
inconscient ?
Quelle que puisse être votre réponse, après que
vous aurez lu ce livre, vous n’auriez plus le droit de
dire que l’éducation kamite ne vous a pas été donnée.
Vous n’auriez plus d’excuses pour demeurer dans
l’inertie, l’inaction, la neutralité, l’hésitation, la peur
ou la lâcheté. Vous n’auriez ni le droit de croiser les
bras ni de faire comme si vous n’étiez pas concerné.
73

LETTRE DE TOUTANKHAMON
AUX DESCENDANTS CORROMPUS

Pasteurs camouflés
Prêtres embusqués
Chrétiens dissimulés
Terroristes religieux
Qui fanfaronnent
Et fomentent des opérations secrètes
Contre nos dignes héritiers
Que sont les kamites

Vous qui vous opposez au réveil traditionnel


Vous qui maudissez le noble projet
De la décolonisation spirituelle de l’Afrique

Vous qui par votre cupidité


Aviez choisi de sacrifier
Et de reléguer les intérêts de Kama
Continent malheureux
À l’arrière-plan

Vous qui connaissez la vérité


Et refusez de l’étaler au grand jour
74

Vous qui abusez


De la naïveté de la chair
Et des ressources de vos ouailles

Vous, lions déguisés


Vous hyènes voilées
Vous qui régnez en maître dans vos bergeries

Vous, filiations déloyales


Qui aviez opté pour le divorce radical
Avec vos croyances ancestrales

Vous qui croyez faussement


Que vous serez accueillis à bras ouverts
Par des Anges lumineux
Sur la terre sainte de vos Ancêtres

Vous qui croyez que Dieu


Qui est si bon
Ne tiendra pas compte
De votre négligence
Envers les mânes de vos ancêtres

Vous, enfants méchants


75

Qui croyez à tort


Que vos Ancêtres sont des cannibales
Des démons qui iront droit en enfer
Le jour du jugement

Sachez que le jour de votre mort


Ceux que vous aviez reniés
Dans le monde des vivants
Se tiendront devant le parvis du paradis

Pour cueillir les traîtres que vous êtes


Afin de vous infliger
Le châtiment exemplaire
Que vous méritez

Repentez-vous
Pendant qu’il est encore temps
Car quand la mort viendra
Sachiez que ni la Vierge Marie
Ni Jésus ne pourront rien pour vous

Pour la bonne raison


Que le monde des morts
Appartient aux Ancêtres
76

Retenez, ô descendance indigne


Que dans les couloirs souterrains
Ni vos titres
Ni votre argent
Ni votre beauté
Et encore moins votre laideur
Ne vous seront d’aucune utilité

Dans le monde d’Osiris


Ce Dieu que vous aviez renié
Conduit par Anubis
Vous serez jugé sur la balance de Thot
Sous l’œil attentif d’Horus
Fils bienaimé de la Déesse Isis

Gare à vous, si vos terrestres péchés


Sont plus lourd que la plume de Maât
Gare à vous, si de votre vivant
Vous n’aviez pas amassé
Assez de noix de kola et de vin de palme
Dans les vergers luxuriants de la tradition
Pour adoucir la colère de Sekhmet

Vous serez jeté dans le désert


À la merci de l’Incorruptible Seth
77

Et de sa cohorte de scorpions

Les plus opiniâtres d’entre vous


Finiront dans le ventre d’Apopis
Le serpent du néant
Jusqu’à ce que Râ
Soleil de la compassion
En décide autrement.

Mais s’il y a bien une chose


Dont vous pouvez être sûr
C’est que le pardon d’Amon
Ne vous sera pas accordé
Avant bien longtemps

Car, il n’y a pas plus grand sacrilège


Que la trahison envers les Ancêtres
Il n’y a pas faute plus grave
Que la contribution volontaire
A l’endormissent de l’Afrique

NÉ MWANDA-VÉEDILA64

64
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
78

Chapitre V
Les injonctions du Réveil
traditionnel65

« La Renaissance africaine est le type d’idéal le plus


en résonnance avec les esprits et les énergies du
continent africain ».

Né Mwanda-Véedila66,
Réveil traditionnel

L e même esprit, le même combat, dans une forme


plus évoluée, mieux adaptée aux réalités
contemporaines et aux exigences actuelles du kamite
contemporain. Tel est le subtil distinguo entre le
Kingunza de l’Afrique coloniale et le Bungunza de
l’Afrique postcoloniale.

65
"Mitieno mia mfùlukusu mu Kikulu ".
66
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
79

Demeurer dans le Kingunza, c’est patauger


délibérément dans un passé révolu. Demeurer dans le
Kingunza, c’est refuser d’avancer dans les nouveaux
sentiers tracés par Né Mwanda-Koongo. Demeurer
dans le Kingunza c’est garder volontairement les
yeux fermés. Demeurer dans le Kingunza, c’est
refuser de regarder la réalité en face : celle d’un
monde en perpétuelle mutation.
1- D’un monde dans lequel le peuple africain, en
crise identitaire, peine à se forger une place de choix
dans le concert des nations.
2- D’un monde où l’Africain a non seulement du
mal à s’affirmer, mais encore persiste à cheminer
aveuglément dans des voies ou des directions
religieuses spirituellement inadaptées et/ou
incompatibles à son code ADN.
3- D’un monde où les sociétés africaines sont
encore consciemment ou inconsciemment victimes
d’infantilisation de la part des grandes puissances
occidentales.
Demeurer dans le Kingunza, c’est refuser de croire
que les temps changent et que chaque génération à
ses défis à relever, son travail à accomplir, sinon sa
part du contrat à réaliser.
Par contre, opter pour le Bungunza, c’est répondre
à l’appel et obéir aux injonctions de l’éveil
traditionnel ci-après :
80

1- Adoptez un caractère serpentin. Débarrassez-


vous de la vieille enveloppe pour revêtir une peau
nouvelle.
2- Votre continent est votre demeure. Votre
demeure est votre continent. Soyez maître dans votre
demeure ; celui qui n’est pas maître en sa demeure
peut-il prétendre l’être derrière le comptoir d’une
religion étrangère ?
3- Notre spiritualité est notre africanité. Notre
africanité est notre spiritualité.
4- Les Ancêtres sont nos racines. De même que nul
n’est censé ignorer la loi, nul n’est censé ignorer ses
racines.
5- Disciple, sois le vigile de ta vie ; le manque de
vigilance est la porte ouverte à l’araignée de la
faiblesse.
6- Votre lance67 est votre résistance68. Votre lance
est votre patience69. Votre lance est votre
persévérance70.
7- Votre bouclier71 est votre vigilance72. Votre
bouclier est votre connaissance73. Votre bouclier est
votre force74.
67
Dyonga.
68
Kibakala.
69
Luvivululu.
70
Fuki, bu-mfifu, ki-bângadi.
71
Ki-mfwili / Ngùbu.
72
Kengidila.
73
Mayela.
74
Ngolo.
81

8- Considérez votre religion comme une marque de


fabrique. Ne l’observez plus comme un outil
essentiellement spirituel.
9 – Apprenez à vous comporter comme des chefs
de village.
10- Soyez des flammes allumées que nulle
obscurité, nulles ténèbres ne pourront éteindre.
11- Braver la douleur, défier les larmes. Sans
douleur de l’accouchement, sans cri l’enfant qui
vient au monde a-t-il une vie ?
12- Vivez dans l’obédience la plus stricte aux
principes kamites.
13- Sortez des chrysalides tissées par les guêpes
étrangères. Ôtez vos couvertures pour révéler votre
véritable nature. Car se couper de sa nature
traditionnelle, c’est se sectionner une partie de soi.
14- Faites en sorte de ne jamais oublier ce qui
compte le plus : notre idéal.
15- Creuser le « soleil » est un rêve de lumière que
vous devez construire dans l’unité.
16- Apprenez à distinguer l’ombre de la lumière.
17- Enfants d’Afrique, trop longtemps endormis.
Renoncez au sommeil et optez pour l’éveil.
18- N’ayez pas peur de la nuit ; car, les nuits les
plus sombres font naître les plus belles étoiles.
19- N’oubliez jamais que plus on est grand, plus
on a des ennemis puissants.
82

20- Tenez compte des choses à ne pas faire pour


ne pas restreindre vos chances de vaincre.
La Renaissance africaine est notre avenir. La
Renaissance africaine est notre destin. La renaissance
africaine est notre rêve. La Renaissance africaine est
notre idéal de progrès. La Renaissance africaine est le
seul avenir possible pour le continent noir. La
Renaissance africaine est le meilleur destin qui puisse
être envisagé pour l’Afrique.
L’Afrique est le continent de la tradition. Une
tradition est à la fois une continuité de mœurs et
d’idéaux. La Renaissance africaine est le type d’idéal
le plus en résonnance avec les esprits et les énergies
du continent africain.
Naviguer à contre-courant du fleuve de la
Renaissance africaine, c’est être en marge de la
volonté de « Ceux qui nous ont précédés ».
Cheminer à l’opposé de la tendance de la
Renaissance africaine, c’est déshonorer la mémoire
des mânes de nos ancêtres.
Avoir connaissance de la lutte pour Renaissance
africaine et jouer la carte de l’abstinence, c’est
tourner le dos à ceux qui ont versé leur sang pour la
libération de l’Afrique.
S’opposer à la Renaissance africaine c’est
s’opposer à l’idée d’une Afrique efficace,
compétitive, libre et prospère ; c’est rejeter l’idée
83

d’une Afrique en meilleures conditions physiques,


psychiques et spirituelles.
Ne pas avoir de l’intérêt pour la Renaissance
africaine, c’est se départir de la conception des
ancêtres qui se sont sacrifiés dans l’espérance qu’un
jour les générations futures décèleront non seulement
dans la sagesse traditionnelle des proverbes diffusés
sous le feuillage rafraichissant des arbres à palabres
ou le murmure édifiant de l’Art kamite, l’inspiration
essentielle à l’exécution de ce plan colossal.
En d’autres termes, dire NON à la Renaissance
africaine, c’est renoncer au rêve de millions
d’Africains, morts dans l’espoir qu’un jour les
nouvelles générations – que nous sommes –
trouveront dans les messages transmis de bouche à
oreille, dans la chaleur conviviale des mbongi,
l’énergie nécessaire à l’accomplissement de ce projet
pharaonique auquel nous sommes génétiquement
liés.
84

MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS

Ô Afrique, ma vie !
Afrique, mon amour !
Jusqu’à quand vas-tu végéter dans la pollution ?
Jusqu’à quand vas-tu naviguer dans la limitation ?
Jusqu’à quand vas-tu baigner dans la perversion ?
Jusqu’à quand vas-tu patauger dans l’aliénation ?

Dis-moi ô bien-aimée
Dis-moi, belle Afrique
Jusqu’à quand vas-tu tourner le dos à la tradition ?
Jusqu’à quand vas-tu nous servir
Le triste scénario d’une soumission
Instrumentée par une religieuse oppression
Redoutable invasion
Qui a travers la noix de ta foi
Sécrète le café et le Coca-Cola
Le gaz et le kérosène nécessaire
Dont l’Occident a besoin
Pour faire fonctionner
Sa vieille entreprise spirituelle
Et les instruments de torture
Qui ont fait leurs horribles preuves
Pendant la grande Inquisition
Instruments religieux
Qui ont ravagé tant d’âmes
Aiguisé tant d’armes
Et fais couler ton de larmes
85

Durant la sombre époque


Où l’homme ne valait pas mieux qu’un phoque
Et semer le chaos
Pendant l'ère grossière et ordurière
Qui a précédé l’âge démoncielle
De la traite négrière
Ainsi que la période non moins cruelle
D’une colonisation pestilentielle

Ô Afrique !
Guerrière qui s’ignore !
Sors de ta torpeur
Afrique, berceau de la civilisation

Mère de l'humanité
Sors de ta trop longue hibernation
Bats-toi !
Extirpe-toi du joug des serpents
Détache-toi de la manipulation des scribes
Dont la Sainte Bible
Cette fascinante invention
Piège hellénique alléchant
N'est que l'appât de la domination
Le premier pas vers l'humiliation
Que représente l’aliénation

Ne t’étonne pas
Ne t’éloigne pas
Ne t’énerve pas
86

Ne te détourne pas
Comprends simplement ou humblement
Que si la mort nous élimine directement
La Bible, elle, fait de nous des morts-vivants
Elle fait des fils et des filles de Kama
Des arbres déracinés
Bon pour le bûcher
Des essences à exploiter
Pour la gloire de Cesare
Le fin renard
Qui prend un malin plaisir
À flatter le naïf corbeau
Des pays des Grands Lacs
Et du bassin du Congo
Missionnaire hivernal
Qui depuis un temps devenu spectral
Te caresse dans le sens du poil
Pour mieux consommer ton fromage
Te cajole dans le sens du poil
Pour mieux ôter le voile
De ton mystère ancestral

Ô Afrique !
Poufiasse de l’Occident !
Afrique pauvre amnésique
Qui ne reconnait même plus ses racines
À quand la droiture ?
Renonce aux courbatures
Renonce à l'inculture
87

Jusqu’à quand vas-tu demeurer dans cette sombre


posture ?
Jusqu’à quand vas-tu exécuter ta pieuse
génuflexion ?
Dis-moi ô lamentable prostituée
Jusqu’à quand vas-tu te faire sodomiser par les
suppôts de Satan ?

Ressaisis-toi, mon Afrique


Seules les imbéciles ne changent pas
J’ai foi en toi, belle Afrique
Il n’est jamais trop tard pour se racheter
Souviens-toi du conseil d'un sage :
« Mieux vaut tard que jamais »

NÉ MWANDA-VÉEDILA75

75
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
88

Chapitre VI
Que signifie être ngunza ?
« Adopter un caractère serpentin c’est être
capable de faire la mue, c’est-à-dire de se
débarrasser de la vieille peau pour devenir un nouvel
homme ».

Né Mwanda-Véedila76,
Réveil traditionnel

tre ngunza c’est tout un secret. Et le secret n’est


Ê pas de se contenter d’être ngunza ; il faut être vu
comme un ngunza. Être vu comme un ngunza ne
signifie pas aller au nsanga77 tous les mercredis et se
comporter dans la société, dans la famille, dans le
quartier ou dans son lieu de travail comme un homme
qui considère Mampûngu tel un objet que l’on range
tous les mercredis dans un placard après
utilisation ou un objet que l’on exhibe en public pour
passer pour un croyant pratiquant, alors qu’en réalité
76
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
77
(ou ki-sambudulu) Lieu de culte ngunza.
89

notre vie sociale ne cadre nullement avec les


préceptes divins. Être un ngunza n’a absolument rien
à voir avec ce genre d’attitude.
Être ngunza c’est adopter un caractère serpentin.
Au-delà de la vision chrétienne du serpent – car il
faut toujours garder à l’esprit que nous ne sommes
nullement chrétiens et que nous n’observons pas le
monde avec les lunettes romaines du christianisme
(autrement dit nous ne définissons pas le monde
d’après la philosophie biblique, mais d’après la
sagesse de nos ancêtres) – adopter un caractère
serpentin, disais-je, c’est être capable de faire la mue,
c’est-à-dire de se débarrasser de la vieille peau pour
devenir un nouvel homme.
Quel est le symbolisme de la vieille peau ?
La vieille peau est une couche tissulaire extérieure
dont chaque écaille symbolise un vice. La vieille
peau se compose des écailles de l’hypocrisie, de la
duplicité, de la félonie, du mensonge, de l’orgueil, de
l’adultère, de l’inimitié, de la criminalité, de la
sorcellerie, de la pédophilie, de la pédérastie, des
violences sexuelles, de l’animosité, de la prostitution,
du favoritisme, du clientélisme, de la corruption, de
la concussion, du terrorisme, du vagabondage sexuel,
du tribalisme, de l’antipatriotisme, de l’ivrognerie, de
la délinquance, de la tyrannie, de la chosification de
la femme, de la démission parentale, de la
maltraitance infantile, de la nuisibilité sociale, bref la
vieille peau symbolise les écailles, les mauvais
90

penchants ou pour parler plus simplement, les péchés


du corps et de l’âme.
La vieille peau c’est aussi la naïveté. Car un
ngunza n’a pas le droit d’être naïf. Un Ngunza naïf
est un nsùnuni78. Un ngunza naïf est un danger pour
la communauté – en ce sens que non seulement il est
manipulable – mais en plus on peut facilement lui
tirer les vers du nez, c’est-à-dire lui soutirer des
informations exclusivement réservées aux initiés. En
même temps, un ngunza naïf peut introduire l’ennemi
dans l’organisation en toute innocence de ses actes.
Autrement dit sans le vouloir.
La vieille peau représente également l’ignorance.
Un ngunza ignorant est un ngunza inutile. Or, tout ce
qui est inutile n’a pas sa place dans le chantier de la
Renaissance africaine, notre idéal commun. Un
ngunza ignorant est un ngunza qui ne sert pas la
noble cause79.
La vieille peau c’est aussi la faiblesse. Un ngunza
faible est d’abord un danger pour lui-même – en ce
sens que sa faiblesse ne lui permettra pas de
surmonter les épreuves inhérentes à la ngunzanité80
pour gravir les échelons de l’initiation – mais encore
il constitue un maillon faible, ce qui est totalement
inacceptable dans la chaîne de construction de la
Renaissance africaine.
78
Une personne immature qui trahit un secret (sans le vouloir).
79
Réveil traditionnel, Décolonisation spirituelle de l’Afrique, Renaissance
africaine.
80
(Les réalités inhérentes à la vie ngunza).
91

Je reviens particulièrement sur trois points :


- La naïveté81 ;
- L’ignorance82 ;
- La faiblesse83.
Un bon ngunza doit se dépouiller des manteaux de
la naïveté, de l’ignorance et de la faiblesse pour
refléter la prudence84, la connaissance85 et la force86
qui sommeille en lui.

81
Bu-mpamvu, ki-léeke, ki-mwàna, ki-tùnga. Kivùmba.
82
Bu-futu, Bunzimbua, Bùubu.
83
Lu-vompokoso.
84
Ma-lwénga, ndùuka, vènguzuka, (na) zûdi-zudi.
85
Bu-zàayi, lu-zàilu.
86
Ngolo, ngomo.
92

LA VOIX DES ANCÊTRES I


AINSI PARLE SHAKA ZULU

Trop de tueries
Trop de brimades
Trop de haine
Trop de racisme
Trop d’injustice
Trop de mensonges
Trop d’hypocrisie
Trop de vilenie
Trop de désordre
Trop, c’est trop !
Avant l’apparition des caucasoïdes
Les noirs vivaient en paix
Avant l’apparition des caucasoïde
Les négroïdes observaient les lois de la Maât
Mais depuis l’avènement des ombres blanches
La chaîne de l’ordre millénaire a été brisée
L’Afrique autrefois prospère
N’est plus qu’un terrain de chasse et de guerres à
répétition
Des maladies et des pratiques contre nature ont
vu le jour
Sur le continent noir des Pharaons
93

L’Afrique, propriété des négroïdes,


Est devenue la foire des braconniers
Depuis l’arrivée des leucodermes
Les mauvaises herbes de la haine, de la violence
Du viol et de l’aliénation ont sauvagement
bourgeonné
Le noir autrefois roi n’est plus qu’un pantin
Au service des marionnettistes étrangers
Devant le désordre des générations actuelles
Je n’ai qu’une seule parole :
Africain, redeviens l’homme libre que tu étais
94

Chapitre VII
À propos de la faiblesse
« L’esprit humain est un mécanisme complexe qui
se perfectionne au chalumeau des erreurs ».

Né Mwanda-Véedila87,
Réveil traditionnel

ontre la faiblesse il n’y a que deux remèdes : la


C force et le sens du devoir88. Le premier remède
est conseillable aux profanes et le second est l’une
des obligations imposées à l’initié ngunza89.
A- La force (ou le remède du profane)
L’homme est-il un être parfait ?
Évidemment que non ! Il est tout, sauf parfait.
C’est triste, mais c’est ainsi. Il est vrai qu’on a tous
nos moments de faiblesse. Mais lorsqu’on tombe – ce

87
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
88
Lù-mfwendé (faire tous ses efforts par amour du travail.)
89
Le lecteur doit garder à l’esprit que nous parlons du Bungunza et non du
Kingunza.
95

qui est humain – il faut savoir se relever. Car, se


relever, fait également partie de la nature humaine.
L’homme n’est peut-être pas un être parfait, mais il a
l’avantage d’être perfectible. Cette possibilité de
s’améliorer est la chose qui le distingue des animaux
ordinaires.
La chute et le relèvement
Si le fait de tomber est l’expression même de
l’imperfection humaine90, l’action de se relever ou
la capacité de revenir à un état psychologique normal
après avoir subi une rude épreuve91 est l’expression
de la possibilité que Mampungu Kalunga, notre
Dieu créateur, a offerte à l’homme de se redresser
après une chute ; c’est la possibilité qu’il lui a donné
de corriger ses erreurs, de revoir ses calculs, d’agir
autrement, d’effacer l’ardoise, bref de recommencer
encore et encore et autant de fois que possible pour
remonter à la surface, chaque fois que le torrent
impétueux de la chute aura fait chavirer la barque de
la résistance.
S’il y a une chose sur laquelle tous les hommes
sont d’accord c’est bien celle-ci : « Très souvent, les
solutions sont trouvées par tâtonnement, en
corrigeant successivement les erreurs ». Car de
même qu’on ne peut parvenir à un bon résultat sans

90
Vyàtukulu ya ki-bàntu ou fungulu ya ki-bàntu. Vyàtukulu : imperfection
(extension du verbe vyàtu, inachevé, imparfait, inaccompli) ; fungulu :
imperfection (du verbe funga, inachevé, imparfait, inaccompli).
91
(Une grande peine, un terrible malheur, une humiliation).
96

faire d’erreurs, de même nul ne peut arpenter le


chemin glissant et sinueux de la perfection sans
trébucher.
Les obstacles ont-ils un rôle ?
Bien sûr que oui ! Le rôle des obstacles ou des
embuches n’est nullement de nous rappeler nos
erreurs ou de brandir nos imperfections comme des
circonstances inévitables ou une fatalité invincible,
tant s’en faut ! Le rôle naturel des obstacles est de
nous rappeler que les chutes sont justement de
formidables opportunités de relèvement, de
redressement et de majoration du taux de notre
vigilance.
Quant à la faiblesse, elle n’est autre qu’une
araignée qui nous prend dans ses filets. D’où
l’injonction suivante : « Disciple, sois le vigile de ta
vie ; le manque de vigilance est la porte ouverte à
l’araignée de la faiblesse92. »
Les ennemis invisibles de l’homme
Au-delà de ses ennemis visibles et externes, c’est-
à-dire de chair et de sang, le ngunza est
consciemment ou inconsciemment (directement ou
indirectement) aux prises avec ses ennemis invisibles
et internes que sont les péchés fondamentaux93. En
fait, chaque chute est à la fois la preuve de

92
« Mwana ngunza, bâ nkengi ya luzingu luaku. Kondo kua kengedila, nkotolo
mu ntambu wa nkangala-bomi ya buyembamani. »
93
Masumu ma ngudi.
97

l’existence et de l’omniprésence de l’ennemi sur le


parcours.
D’un certain point de vue, la vie est un combat de
« boxe ». Dans une partie de boxe, on ne peut pas
toujours gagner. Il faut parfois perdre et mourir. Mais
on ne peut pas non plus toujours perdre et mourir.
Car, il faut parfois vivre et gagner.
98

LA VOIX DES ANCÊTRES II


AINSI PARLE BOUÉTA-MBONGO

Arrêtez de nuire à mon peuple


Arrêtez de tuer les Afrodescendants

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les asservir

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les coloniser

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les obliger à parler vos langues

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les capturer

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les enchaîner

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les torturer

Si vous n’aimez pas les noirs


99

Il ne fallait pas les humilier

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les rendre malheureux

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les priver de leur liberté

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les vendre comme du bétail

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les déporter

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les faire trimer dans vos champs
de coton

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas en faire des nègres de maison

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les convertir au christianisme

Si vous n’aimez pas les noirs


100

Il ne fallait pas leur apporter la Bible

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les accrocher à la vaine espérance
d’un paradis illusoire

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas leur apporter votre clergé

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas combattre leurs croyances
spirituelles

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les obliger à renier leurs ancêtres

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les rendre amnésiques

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas braconner les animaux des
brousses et des forêts tropicales

Si vous n’aimez pas les noirs


101

Il ne fallait pas chaparder leurs précieuses


créations artistiques

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas exposer leurs œuvres sacrées dans
vos musées

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas assujettir leurs rois et humilier
leurs reines

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas imposer le droit de cuissage à la
future mariée

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas violer leurs filles pour engendrer
des métis

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas diaboliser leur sagesse ancestrale

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas exploiter leur riche sous-sol

Si vous n’aimez pas les noirs


102

Il ne fallait pas pomper leur juteux pétrole

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas leur apporter la démocratie

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les corrompre

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas s’immiscer dans leurs affaires
politiques

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les retourner les uns contre les
autres

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas leur insuffler le tribalisme

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas les diviser pour mieux régner

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas morceler leurs royaumes
séculaires
103

Si vous n’aimez pas les noirs


Il ne fallait pas piller l’Égypte antique
Si vous n’aimez pas les noirs
Il ne fallait pas aller faire la courbette
Pour étudier la philosophie, les arts divinatoires
Et les sciences en Égypte pour ensuite inventer
Le concept usurpateur, prétentieux et mensonger
de miracle grec

NÉ MWANDA-VÉEDILA94

94
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
104

Chapitre VIII
L’homme vit dans un monde
bipolaire
« La sagesse est une luciole qui lutte constamment
contre la malveillance des ténèbres ».
Né Mwanda-Véedila95,

e monde terrestre ou monde de la dualité n’est


L pas un monde parfait. Il a été expressément créé
de façon bipolaire, c’est-à-dire avec ses hauts et ses
bas, ses contrastes96 et ses nuances97, ses oppositions,
afin que l’homme – créature en voie de perfection –
puisse vivre toutes les expériences possibles.
L’évolution étant un processus, tout processus
comporte ses erreurs de parcours. L’esprit humain
est un mécanisme complexe qui se perfectionne au
chalumeau des erreurs. Comme nous l’avons dit

95
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
96
Ndyayanu (du verbe yàayana ou hyàhyana ou encore vyàuyana) lu-kiiku,
binbanda, (nza yé na ndyayanu biandi).
97
Nsobolo (nza yé na nsobolo zandi).
105

plus haut, tous les hommes commettent des erreurs ;


ils ont leurs moments de faiblesse. Certains – les
moins résistants – demeurent coincés dans le cocon
des erreurs, piégés dans les toiles gluantes de
l’araignée de la faiblesse ou noyer dans le puits des
vices. Mais d’autres – les plus endurants – se relèvent
chaque fois qu’il se produit un accident de parcours.
Il n’y a que deux sortes d’hommes
Les accidents sont de sortes « de miroirs98 » qui
nous révèlent à quel point nous sommes forts ou
faibles ou encore combien nous sommes
spirituellement propres ou crasseux. Mais les
accidents ou les chutes sont aussi des clignotants, des
indicateurs qui témoignent de notre aptitude à se
relever ou de notre incapacité à surmonter les
épreuves de l’existence. Dans ce monde de la dualité,
il n’y a que deux sortes d’hommes : les bons et les
mauvais, donc les forts et les faibles.
Comment distinguer la force de la faiblesse ?
C’est simple ! La méchanceté est une faiblesse. La
bonté est une force. Le vice est une faiblesse. La
vertu est une force, etc.
Le péché peut être évité pendant un certain temps.
Mais pas tout le temps. Parallèlement, la faiblesse
peut nous gouverner pendant un certain temps, mais
pas à tout moment. Car l’homme possède un atout
naturel de taille : le libre arbitre, le choix de l’action
98
Bidulu (tàdulu).
106

ou de l’inaction, du bien ou du mal, bref de la force


ou de la faiblesse.
Dans un monde comme le nôtre, monde du péché,
de la faiblesse et des obstacles, la force ne consiste
pas à demeurer éternellement à l’écart de la chute,
mais à être à même de se relever après une
dégringolade. Ne dit-on pas : « Ce qui ne nous tue
pas nous rend plus forts ? »
B- Le sens du devoir (ou le remède de l’initié)
Faire son devoir, c’est faire ce qui est juste. Le but
du sens du devoir est de toujours demeurer dans la
lumière. Demeurer dans la lumière, c’est faire ce qui
est bon et juste. S’écarter de la lumière, c’est faire un
pas en arrière. Faire un pas en arrière, c’est avoir un
pied dans l’ombre et garder un autre pied dans la
lumière. Avoir le sens du devoir, c’est faire tout ce
qui est humainement faisable pour se tenir à l’abri
des ténèbres. L’ombre est une puissance qui
engloutit ; trop d’ombre nous détourne de la lumière.
Trop d’ombre nous écarte de la justice. Trop d’ombre
nous éloigne du droit chemin. Trop d’ombre peut
éclipser notre lumière intérieure. Trop d’ombre peut
nuire à la lampe de l’esprit99. Trop d’ombre peut
altérer la sagesse. Car, la sagesse est une luciole qui
lutte constamment contre la malveillance des
ténèbres.
La sagesse dans la tradition koongo

99
Mwinda wa kimpévé.
107

Dans la tradition koongo, la luciole symbolise la


sagesse. Les Anciens disaient : « dans l’obscurité, la
luciole émet de lumière pour narguer les ténèbres et
proclamer la supériorité du bien sur le mal, de
l’esprit sur la matière, de la connaissance sur
l’ignorance et de la force sur la faiblesse »
C’est, entre autres, pour cette raison que les
mystiques koongo associaient le nom luciole au mot
sagesse pour composer le groupe de mots
‘‘Kimburika-Malengé kia Ndwenga’’, La luciole de
la sagesse. La luciole est une créature associée au
grade de Mfumu mpû, le Nganga-Ndwenga,
l’éclairé, le Ntumua en chef, onzième degré de la
pyramide évolutive dont le supérieur hiérarchique est
le Mfumu a Mbanza. Comme il a été dit plus haut, le
sens du devoir est l’une des obligations imposées à
l’initié. Car, un initié ngunza est une luciole qui
clignote chaque fois qu’elle parvint à vaincre ses
ténèbres intérieures pour accomplir son devoir.
L’anecdote en prose ci-dessous en dit long :
Un ngunza représente une luciole
Qui dit luciole, dit vertus
Les vices incarnent la nuit
Et la nuit symbolise les ténèbres
Le jour où tu verras les ténèbres perdre la face
– ô fils de la Panthère dorée –
Sache qu’elles ont été ridiculisées par la luciole
En même temps, un ngunza qui clignote,
Est une luciole qui a vaincu les ténèbres
108

Liste des habitudes prohibées dans


le Bungunza100

L’injustice Bu-kàmbu
La haine ki-tàntu / Fwàka / lu-
basu
L’égoïsme / Lukokoto
Avarice
La médisance Mvwèzolo /
Lu-lokolo /
Bu-kyeze /
Bu-sekelele /
La sorcellerie Kindoki /
Ntekolo ya mpimpa
Le mensonge / Ki-mpwâla /
Tromperie Bu-khiita
La trahison Kàlala
L’inflexibilité Lu-ntùngu /
La criminalité/ bu-mfùmbu
l’assassinat
La jalousie Kimpala /
La convoitise Bu-kàri /
L’envie Lu-kwayi /

100
Milongo mya Bungunza.
109

La tentation Mu-sôki
L’inimitié lu-tàntu
La malhonnêteté / bu-mvùti-mvùti /
L’escroquerie / kimpùmbulu.
La filouterie /
La tricherie / Ky-èngele
L’illégalité / Vyangu
La contrefaçon /
La ruse /
Le stratagème /
La fraude /
La contrefaçon /
Le dévergondage/ Ki-nsobo /
La perversité ki-ntîmba-ntimba /
La dépravation ki-nsùza /
Le libertinage ki-nsusu /
La concupiscence kinsyémbila/
L’insubordination/ Kolama
La sauvagerie bù-nkitu
La négligence / Lu-kàmu
L’insouciance / Timpanu101 /
Le désœuvrement / Votalala
Indolence / Mavobé
La fainéantise Woolo
101
Mu-timpanu : insouciant, négligent, inoccupé.
110

L’oisiveté / Ki-yémba
L’inoccupation /
L’inaction /
Le chômage
L’indiscrétion Lu-nàna / ntôvodi
L’effronterie / Lu-kuzi /
L’indélicatesse / Bu-mbyu /
L’intrépidité / ki-nkèsi /
La témérité / Lu-tulanu /
La présomption Ma-yângalà
La méchanceté / Mbi /
La malice / Bù-mbi/
La violence Nkémi
La fourberie Bu-mvùuti/ ma-yùya
La fausseté Ma-yùyi /
La gourmandise / Ma-vùdila
La bombance
L’ivrognerie Ki-ndyàfu kyamalavu
La lâcheté Ki-kénto
La désobéissance / Luntùndundu
Le défi /
L’effronterie /
L’obstination
Voracité Ki-nduvu
111

Convoitise Ki-mpénene
La cruauté Ma-yingidi
La prostitution Bu-ndumba / Zumba
L’orgueil ki-nsàfa
La vanité Ki-nza /
Tulu-tulu
Bù-mpavalà
La vantardise Ma-vânza,
L’inconstance / Sàka-sàka
La versatilité /
L’humeur changeante
Désirer tantôt une Sàka-sàka dya-meeso
chose tantôt
une autre
L’impatience / Ky-àngula
L’irritabilité / Ki-mvuma
L’esprit de
contradiction /
Manie de se dédire,
de ne pas approuver.
La folie Mbwambwala102
La bêtise Bu-hulu
L’étourderie Bu-hùlangani
L’ignorance / Bu-futu /
102
Folie, aliénation mentale.
112

L’oubli / Bunzimbua /
L’inexpérience / Bùubu /
Etat de profane Humbu /
Etat de non initiation / Ky-alala
L’imbécillité / Tuni
La médiocrité Ki-yùudi /
La stupidité Kimpwàngidi /
L’extravagance Bù-nzéngelevwa
La corruption Lu-bodolo
Le corrupteur mu-mubwisi
Le tribalisme ky-ambula
Mépriser / traiter Tyàkidila103
avec mépris
Secret de s’enrichir / ky-ûngu104 /
Avarice /
Avidité par manière
magique /
Détruire les biens
d’autrui par magie
noire.
Le fossoyage à des Zuula / kinzuula
fins de magie noire
Le larcin / Yiba /
L’usurpation / Zuta /
Dérober / Zyémuna /

103
Du verbe de tyàka.
104
De yùngula.
113

La cleptomanie Ki-mbongila105
Voler au moyen Yingula
(de sortilèges)
Essayer /
Tenter /
Tromper /
Corrompre /
Gâter / Punga
Dépraver /
Démoraliser en secret,
secrètement

Tenter /
Induire en tentation /
Essayer de tromper / Sindisila
Suborner /
Pousser au mal
La maladresse / Bu-mbembele /
Gaucherie / Mfwoko-mfwoko /
Grossièreté / Bu-syénsi /
Défaut de civilisation
Gaminerie / Lu-kwaya
Légèreté /
Innocence / Bu-mpamvu /
Naïveté / Ki-léeke /
Ingénuité / Ki-mwàna /
105
De bônga.
114

Candeur / Ki-tùnga /
Crédulité / Kivùmba /
La contradiction /
Habitude de penser
différemment / Ma-binda mpaka
De contredire la
parole positive /
De contredire les
enseignements /
La rébellion Ki-tùnunu /
La conspiration Bùnkitu
115

LA VOIX DES ANCÊTRES III


AU DÉTRACTEUR DE CHEICK ANTA DIOP

Ô vantard ! ô piètre cafard !


Qui es-tu pour oser défier un coq ?
Qu’as-tu fumé pour ainsi t’adonner
À ce suicide intellectuel ?
Penses-tu qu'en pissant sur le chapeau
Du plus illustre de nos héros
Tu seras salué en grande pompe en Afrique ?
S’attaquer à Cheick Anta Diop
C’est s’en prendre à toute la communauté noire
S’attaquer à Cheick Anta Diop
C’est tenter inutilement de déconstruire
La flamme d’espoir que cette étoile noire
À fait jaillir dans le cœur des kamites
S’attaquer à l’œuvre de Cheick Anta Diop
C’est tenter de détruire une pyramide avec une
simple pioche
S’attaquer à l’œuvre de Cheick Anta Diop
C’est tenter de sculpter un sphinx avec une aiguille
S’attaquer à Cheick Anta Diop
C’est tenter vainement de vider les eaux de la mer
avec une cuillère à soupe
L’acte consistant, pour un noir, à s’opposer à Cheick
Anta Diop
116

N’est autre qu’un impudique exercice de


masturbation cérébrale
Tu auras beau jouir de ton forfait
Et du crédit maudit que cette lâche entreprise
t'apporte
Dans l’univers raciste de tes commanditaires
Et autres sponsors
Cela ne fera pas de toi un héros
Et encore moins une étoile
Mais un simple trou noir
Un traitre à la mémoire de tes Ancêtres
Sache ô moustique ! Sache ô nuisible insecte !
Qu’en niant l’apport magistral de Cheick Anta Diop
en Afrique
Tu démontres par la même occasion
Que tu es loin d’être une épaule sur laquelle
l’Afrique peut se pencher
En bafouant la dignité de l’immense Cheik Anta
Diop
Phare de tout un continent
Qui a sacrifié les plus belles années de sa vie
À effectuer des recherches
À compiler les connaissances
Afin de donner à l’Afrique
Des preuves de sa grandeur d’antan
Et inciter sa jeunesse à aider l’Afrique à renaître de
ses cendres
Tu as apporté la malédiction sur ta lignée
117

Avec ou sans Cheick Anta Diop


Le combat continue
La lutte pour la Renaissance africaine ne s’arrêtera
pas
Tant que le dernier des Africains ne sera pas
désaliéné
Honte à toi, triste élève !
Qui n’a aucun respect pour les morts
Honte à toi, triste élève !
Qui n’a aucune considération pour les ainés
Honte à toi, triste élève !
Qui pour quelques espèces sonnantes et trébuchantes
A trahi ton maître
Mais de quoi s’étonne-t-on ?
N’est-ce pas le propre des Judas ?
Comment pouvait-il en être autrement ?

NÉ MWANDA-VÉEDILA106

106
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
118

Chapitre IX
Existe-t-il une différence entre le
Bungunza et le Kingunza ?

« Être ngunza est avant toute chose une attitude ;


c’est un style de vie. Être ngunza est une totale
soumission à un code éthique, donc aux principes et
aux valeurs qui fondent la spirale évolutive. Bref,
être ngunza, c’est agir pour le bien et rien que pour
le bien ».

O ui. Ayant suffisamment épilogué sur la question


dans l’une de mes publications précédentes107,
j’aborderai le sujet sous un angle différent afin de
compléter les informations divulguées dans l’une des
vertèbres108 de la « colonne vertébrale littéraire109 »
du Bungunza qu’est Renaissance africaine.

107
Renaissance Africaine, par Mfumu a Mbanza Mbongolo Ramsès, éditions
Alliance Koongo.
108
Livres-clés ou ouvrage de référence du Bungunza.
109
Bibliographie sur le Bungunza.
119

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, qu’il nous


soit permis de décortiquer le mot "tradition" non
pas selon l’explication simpliste du dictionnaire, mais
à la lumière des explications des sociologues.
Qu’est-ce que la tradition ?
D’après Jean-Pierre Heyko Lékoba110, « La
tradition n’est jamais qu’une construction sociale,
l’expression des codes et des systèmes de croyances
d’une époque ou d’un contexte qui change et
progresse, en suivant la courbe de l’histoire des
communautés humaines concernées. »
Parallèlement, Georges Balandier111, dans son
ouvrage intitulé Le désordre précise : « La tradition
est génératrice de continuité ; elle exprime la
relation au passé et sa contrainte ; elle impose une
conformité résultant d’un code du sens, et donc des
valeurs qui régissent les conduites individuelles et
collectives, transmises de génération en
génération. »
Compte tenu des explications apportées plus haut,
je puis dire sans aucun risque de me tromper que le
Bungunza est la renaissance de la tradition ngunza.
Une renaissance dans le sens de l’évolution. Car, une
renaissance n’est jamais une réplique identique, mais

110
Ecrivain, sociologue congolais et préfet du département du Niari.
111
Anthropologue et sociologue français, dont les études ont contribué à
constituer l’ethnologie comme discipline, à renouveler l’approche des sociétés
africaines contemporaines et à développer la réflexion sur la complexité et
l’évolution des relations sociales dans le monde actuel.
120

une reproduction évoluée ou améliorée qui tient


compte du contexte historique (c’est-à-dire de
l’époque dans laquelle se situe les acteurs de cette
renaissance) et des enjeux religieux du présent
(autrement dit les défis et les exigences du moment).
Sans sombrer dans le dénigrement – car, ne pas
reconnaitre que le Kingunza a fait ses preuves en son
temps serait de la malhonnêteté intellectuelle ni plus
ni moins – en dépit du scandale que cette confidence
pourrait causer et que je suis malheureusement obligé
de dévoiler en ces temps de lutte pour l’avènement
du Réveil traditionnel, de la Décolonisation
spirituelle de l’Afrique et de la Renaissance
africaine (afin de faire obstacle aux imposteurs, aux
magiciens infiltrés et autres sacrificateurs d’êtres
humains, vêtus en « peau de ngunza », qui souillent
les plages sacrées, les grottes, les forêts et autres
lieux saints, pour faire porter aux entités de la nature
où, pour mieux le dire, aux entités112 invoquées par
les ngunza le poids des actes qu’ils n’ont point
commis et des sacrifices qu’ils n’ont nullement
demandé pour la cruelle et évidente raison qu’est de
semer dans la conscience africaine la confusion au
sujet des ngunza), le Bungunza – disais-je – est une
renaissance de la tradition.
Cher lecteur, c’est ici, le lieu de préciser que
contrairement aux préjugés, les ngunza – et je crois
l’avoir déjà signifié au chapitre XVII de mon
112
Chapitre XVII : « Bilundi bia Ka-Koongo », Les esprits de la nature.
121

ouvrage intitulé Les clés de la mystique Koongo – ne


travaille qu’avec des entités de lumière.
Être ngunza est une attitude
Les traditionalistes qui travaillent avec des entités
ténébreuses ne sont pas d’authentiques ngunza ; il ne
suffit pas de s’affubler de rouge, de prier en langue
africaine ou koongo, d’invoquer quelques entités
méconnues (et diaboliques pour la plupart) ou de
prétendre parler au nom de « Ceux qui nous ont
précédés113 » pour revendiquer l’affiliation officielle
ou tacite à la croyance ngunza, tant s’en faut !
Être ngunza est avant toute chose une attitude ;
c’est un style de vie. Être ngunza est une totale
soumission à un code éthique, donc aux principes et
aux valeurs qui fondent la spirale évolutive114. Bref,
être ngunza, c’est agir pour le bien et rien que pour le
bien.
Une précision utile
À propos de « Ceux qui nous ont précédés », il est
important de préciser qu’il existe trois types de
mânes :
1- les bîba, ancêtres bienfaiteurs et protecteurs
(invoqués par les ngunza et autres traditionalistes en
harmonie avec la nature, les forces évolutives ou
puissances lumineuses) ;

113
Les ancêtres (expression tirée du livre Les sentiers des origines) de Jean-
Pierre Heyko Lekoba.
114
Les 40 vertus de la spirale évolutive et les 12 degrés de l’échelle initiatique
ngunza. Rf. Les clés de la mystique koongo.
122

2- les impies Bakondolo-Kibuka (les traitres à la


mémoire des ancêtres) ;
3- les bimpumbulu, ancêtres malveillants et
menaçants (invoqués par les sorciers, les féticheurs et
autres magiciens en disharmonie avec les forces
évolutives et au service des forces involutives ou
puissances ténébreuses).
Après cette longue digression, revenant à présent
au sujet initial.
Existe-t-il une différence entre le Bungunza et le
Kingunza ?
Le Bungunza est une renaissance de la tradition.
Le Bungunza est une réponse du passé pour la
résolution des problèmes du présent. Le Bungunza
est la continuation de l’œuvre des ancêtres dans une
version mieux adaptée aux réalités modernes et au
niveau de conscience des Koongo contemporains.
Ce que le commun des mortels ignore c’est que
toute religion est appelée à évoluer, à s’adapter aux
évolutions des consciences. Les schismes qui
déchirent les organisations religieuses ne sont, en
fait, que l’expression mal comprise ou mal pressentie
de l’instinct d’évolution des religions. Car, de façon
naturelle et cyclique, des changements ou
améliorations interviennent à un moment donné de la
croissance d’une religion.
Certaines religions bien organisées comme le
christianisme et le bouddhisme le font sous la forme
de Concile, de grandes rencontres religieuses qui
123

déterminent les orientations de leur religion


respective en fonction des exigences de l’époque, des
signes du temps, des présages des bouleversements
futurs ou des changements inévitables qui se profilent
à l’horizon.
Dans d’autres religions, moins organisées, ces
changements sont le fruit de l’inspiration d’un leader
divinement inspiré – pour le cas des croyances
monothéistes – ou l’action – pour le cas des
croyances animistes – d’un ambassadeur des
ancêtres, venus spécialement pour réformer ce qui
doit être réformé et bannir ce qui doit être banni.
Le rejet catégorique de ces changements
(nouvelles lois ou nouvelles pratiques) par les
conservateurs est souvent la cause directe des
schismes qui fractionnent les organisations et les
mouvements religieux.
En ce qui nous concerne, loin d’être un schisme, le
Bungunza est une réincarnation, une réécriture, une
sophistication du Kingunza, dont l’interprétation
multiforme, le manque de colonne vertébrale
doctrinale, le recroquevillement des cellules
spirituelles, l’égoïsme des dirigeants, les guerres
inutiles de leadership, le manque de décision ou
plutôt l’incapacité à se fédérer autour d’une vision
unique ou d’un idéal commun, a montré ses limites.
De même que l’orientation encore en vigueur du
Kingunza fut, à une certaine époque, une réponse
ancestrale aux contraintes de la traite négrière et du
124

colonialisme, le Bungunza, fille du Kingunza, est une


réponse ancestrale aux défis du XXIe siècle.
Eu égard à ce qui précède, a-t-on besoin d’être
devin pour comprendre qu’être ngunza c’est adopter
une attitude de soldat ?
N’ayant point pour vocation de vous bercer
d’illusions, il est préférable que vous sachiez qu’être
ngunza n’est point une aventure de tout repos ; si
dans d’autres religions tout a déjà été fait, beaucoup
de choses restent encore à faire dans le Bungunza.
Comme l’exige la tradition, autant les richesses des
pères doivent être héritées par les fils, autant les
dettes des pères doivent être soldées par ces derniers.
Analogiquement, les dettes contractées par le
Kingunza doivent être payées par le Bungunza. En
termes plus précis, le retard accumulé par le
Kingunza dans la réalisation du dessein115 central des
ancêtres doit impérativement être comblé par le
Bungunza.
Telle est notre raison d’être. C’est à ce niveau-là
que se situe la ligne de démarcation entre le
Bungunza et le Kingunza.

115
Réveil traditionnel, Décolonisation spirituelle de l’Afrique et Renaissance
africaine.
125

LA VOIX DES ANCÊTRES IV


Ainsi parle THOUTMOSIS III

Imposture ! Triple imposture !


L’Égypte n’a jamais été blanche

Ils se sont substitués à nous


Pour vous éloigner de nous

Ils se sont substitués à nous


Pour vous égarer à jamais

Ils se sont substitués à nous


Pour vous pousser à croire que vous n’êtes rien

Ils se sont substitués à nous


Pour imprimer dans votre subconscient que vous ne
valez rien

Ils se sont substitués à nous


Pour vous donner l’impression que sans eux vous ne
pouvez rien

Ils se sont substitués à nous


Pour vous faire croire que tout passe absolument par
eux
126

Ils se sont substitués à nous


Pour démolir en vous toute forme d’espoir en un
probable avenir meilleur

Ils se sont substitués à nous


Pour vous donner l’impression qu’en eux coule le
sang des dieux

Ils se sont substitués à nous


Pour se faire passer pour les authentiques ayants droit
de l’antique sagesse égyptienne

L’intelligentsia occidentale
Le prit très mal
Quand l’un des Pharaons
Réincarné parmi les Afrodescendants
Avec le nom d’esclave de Michael Jackson
Par la magie de l’image et du son
Fit sonner le glas
De l’effondrement progressif
Mais inéluctable
De l’imposture occidentale
Dans l’arbre généalogique des Pharaons
Ainsi que dans l’affaire du blanchiment
De la nation d’Akhenaton

NÉ MWANDA-VÉEDILA116
116
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
127

Chapitre X
Résistance, Patience et Persévérance
sont vos seules armes

« Le réveil dont il est question ici est exclusivement


traditionnel. Le Réveil traditionnel est la prise de
conscience de la croyance des ancêtres. Cette prise
de conscience ne se limite pas uniquement à la
connaissance théorique ou livresque de l’univers
ngunza, mais surtout à l’adoption volontaire de la
conscience ngunza ».

NÉ MWANDA-VÉEDILA117

’une des figures emblématiques de notre


L croyance est André Grénard Matsoua, que les
ngunza appellent affectueusement Bitsua bia
Koongo118. Le maître mot associé à André Grénard
117
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
118
L’extraterrestre de "Mbanza-Koongo". Ici, le mot extraterrestre ne désigne
pas une étrange créature de l’espace, mais un esprit céleste, une entité venue
d’ailleurs, d’un autre monde, donc d’un autre plan de conscience que les
mystiques Koongo appellent "Mbanza-Koongo ya Mazulu", la cité céleste
128

Matsoua, icône de la croyance ngunza est


"Résistance".
Si en d’autres temps et sous d’autres cieux
d’aucuns ont résisté pour la liberté, l’égalité et la
fraternité, sous le soleil des tropiques, plus
précisément au Moyen-Congo, André Grénard
Matsoua est connu pour sa triple action :
– Résistance contre l’oppression coloniale ;
– Résistance contre le traitement inhumain infligé
aux Africains par les Occidentaux ;
– Et, enfin (en cercle fermé, car cet aspect de la
lutte d’André Grenard Matsoua est le moins connu de
tous), Résistance contre « l’hégémonie culturelle »
du christianisme à Mbanza Koongo, terre de ses
ancêtres.
Résister, c’est ne pas céder à la pression
extérieure. Résister, c’est ne pas céder à ce qui
corrompt notre nature. Résister, c’est demeurer égal
à soi-même. Résister, c’est exister selon un mode de
vie qui nous est propre. Résister, c’est demeurer
dans la droite ligne de l’une des trois actions nobles

Koongo. Autrement appelée "Nkulu-Mbimbi", "Ka-Koongo" ou "Nsinda-


Mpandu", "Mbanza-Koongo ya Mazulu" – à ne pas confondre avec "Mbanza-
Koongo" de la République d’Angola (Terre d’origine des Koongo et ancienne
capitale du Royaume de Kongo-dia-N’totela) – est le lieu céleste ou réside les
trois Nkulu-Mbimbi (Oiseaux solaires ou trois piliers de la hutte des ancêtres
que sont : Né Mwanda-Koongo ("Nzambi a Koongo") Né Kimpemba-Mpati
("Mama-wa-Ndombi") et Né Mbemba-Zulu ("Tuti dia Tiya"), les trois
personnages mythologiques qui aurait sorti les Koongo d’Egypte pour les
installer au cœur de l’Afrique, précisément en Angola.
129

menées par André Grenard Matsoua. Résister, c’est


montrer l’exemple jusqu’au bucher, c’est garder ses
convictions jusqu’à la dernière minute comme Mama
Ngunga. Résister, c’est faire fi de sa condition
féminine et des avantages que procure la couronne
comme la Reine Nzinga pour défendre contre vent et
marrés les intérêts de son peuple contre un
envahisseur technologiquement supérieur. Résister,
c’est montrer de quel bois en se chauffe comme
Mabiala-Manganga. Résister, c’est prendre le relais
jusqu’à la mort comme Bouéta-Mbongo. Résister,
c’est être prêt à donner sa vie pour une cause juste
comme Simond Kibangu. Résister, c’est montrer
l’exemple jusqu’au bûcher comme Kimpa-Mvita.
Raison pour laquelle ce mot est lourd de sens pour
les ngunza, car la Résistance119, c’est la capacité à
garder le cap spirituel ancestrale en dépit des
difficultés, en dépit des railleries et de la calomnie ou
« du sifflement des langues de vipère ». La
Résistance c’est à la fois la patience et la
persévérance qui animent le ngunza pratiquant et qui
est censée animer le mpeve120, la nouvelle recrue, dès
lors qu’elle est admise dans les ordres ngunza :
patience121 dans l’acquisition du savoir, car « long

119
Ngolo, tùku-tùku, lù-ntati
120
Mpeve est le terme qui désigne l’esprit. Par extension, ce terme désigne en
même temps « celui sur qui est descendu l’esprit » ou encore « celui sur qui est
descendu la colombe », symbole de l’esprit dans la mystique Koongo. Le mpeve
est le premier grade de l’échelle initiatique ngunza.
121
Mvibudulu, lù-nzizidi, mu-vivi, mpômbo.
130

est le chemin qui mène au sommet de la montagne de


l’initiation » ; patience dans l’élaboration des
projets, parce que « aucune grande action ne se
réalise dans la précipitation » ; et persévérance122
dans le travail, car un ngunza est avant tout un
commissionnaire.
D’une façon générale, le ngunza est chargé de
transmettre les messages de l’au-delà à ceux qui se
trouvent de ce côté-ci de la vie. Mais d’une façon
particulière, chaque ngunza a une mission. Et être
ngunza c’est parvenir non seulement à découvrir sa
propre mission, mais encore à la réaliser ou du moins
à faire ce qui est humainement faisable, à pousser la
chose jusqu’à un certain stade afin que d’autres que
lui prennent le relais. Car d’un certain point de vue,
toute mission ngunza est une course de relais dans
laquelle, chaque ngunza se doit tôt ou tard de prendre
le relais, autrement dit de pousser la marche, de
mettre la barre plus haut, donc de poser des actes
significatifs.
Les ngunza associent également le mot
"Résistance" à "Réveil123". Selon eux, la
Résistance est un Réveil, d’autant plus que seul un
éveillé peut parvenir à résister. Dans le sommeil de
l’ignorance, de l’insouciance ou de l’inconscience,
est-il possible de résister ?

122
Tàtamani, vivi, nkwâmina.
123
Mfùlukusu, lu-sùsumuku, Vùlumuka, vundumuna.
131

Il est important de faire remarquer que dans


l’entendement des ngunza, le mot "Réveil" est
intimement lié au vocable "traditionnel". En
d’autres termes, le réveil dont il est question ici est
exclusivement traditionnel. Le Réveil traditionnel
est la prise de conscience de la croyance des ancêtres.
Cette prise de conscience ne se limite pas
uniquement à la connaissance théorique ou livresque
de l’univers ngunza, mais surtout à l’adoption
volontaire de la conscience ngunza124.
Parallèlement, les nungza associent le mot
Patience à Décolonisation. Ils pensent – et ils n’ont
pas tort de le croire – que toute décolonisation est un
processus qui nécessite de la patience. Aucune
décolonisation ne se fait en un claquement de doigts.
Si hier, Kimapa-Mvita a lutté contre l’esclavagisme
et André Grenard Matsoua et ses pères125 ont lutté
pour la décolonisation politique de l’Afrique, de nos
jours, la mission du ngunza des temps modernes est
de lutter pour la décolonisation spirituelle de
l’Afrique. D’où le mot décolonisation.
En même temps, les ngunza associent le mot
Persévérance à Renaissance126. La Renaissance

124
Ensemble de rites et de croyances relatifs à la religion ngunza.
125
Mabiala-ma-Nganga, Bouéta-Mbongo, Mama Ngunga. Pour ce qui est de
Simon Kibangu qui est également une figure emblématique de la résistance
anticoloniale et de la croyance ngunza, il sied de signaler que ce dernier est un
comtemporain d’André Grenard Matsoua et que les deux n’avaient qu’une
différence de 4 ans d’équart, Simon Kibangu étant né 4 ans avant Matsoua.
126
Lu-bùtuluku, lu-fùtumuku
132

africaine – puisque c’est de cela qu’il s’agit – est un


vaste chantier qui nécessite une forte dose de
persévérance. Marcher sur le sentier de la
Renaissance africaine c’est s’armer de persévérance.
Le lecteur attentif a certainement dû remarquer que
trois grands thèmes ont été survolés : Le Réveil
traditionnel, la Décolonisation spirituelle de
l’Afrique et la Renaissance africaine. Ces thèmes
sont les trois lignes directrices de la lutte ngunza.
Comme dans toute guerre, leur réalisation nécessite
des armes. Or, les seules armes de combat
susceptible de nous conduire à la victoire sont
justement la Résistance, le Patience et la
Persévérance.
133

LA VOIX DES ANCÊTRES V


AINSI PARLENT LES ESPRITS

Vous nettoyez votre butin


Dans le vin cristallin
Vous nourrissez vos gamins
Avec les ossements des défunts

À la nuit tombée
Vous exécutez
Vos maudites corvées

Le fruit de votre commerce bavard


Est divisé en plusieurs parts

Vous vous croyez malin comme des renards


Vous croyez agir loin des regards
Ô fils de l’ombre ! ô charognards !

Comme des rats


Vous pouvez peut-être échapper à l’éclat diurne
de Râ
Comme tous les scélérats
Vous pouvez sévir sereinement sous l’œil
impassible d’Amon-Râ
134

Mais quoi que vous fassiez


Le mal laisse toujours des traces

Vous aurez beau prendre des précautions


Cela ne fera pas de vous des innocents
Comme les empreintes d’une souris
Vos malversations et vos exactions
N’échapperont pas au grand œil nocturne d’Isis

Sombre est la nuit


Mais clair est son témoignage
Renoncez au business de minuit

Ô profanateurs ! ô déterreurs !
Renoncez à ce sombre commerce
Qui met les esprits en rage

Ô sanguinaires ! Ô malfaiteurs !
Cannibales des temps modernes
Les forêts pleurent
Les génies sont sur les dents
Le sang des innocents n’a que trop coulé
Dans les buissons touffus
135

À force de trop creuser


Vous avez déterré la colère de Sekhmet
À présent la déesse lionne a soif de sang
Elle exige réparation

À cause de vous ô mécréants


La ruche a été secouée
Les abeilles sont furieuses

À cause de vous ô mécréants


Râ a apprêté les cruches

À cause de vous ô ignobles profanateurs


Des têtes vont tomber
Des villages seront inondés
De grandes pluies vont s’abattre
Au cœur du continent
Pour vous rabattre le caquet

À cause de vous ô mécréants


Vos pays subiront l’orage
Les vents impétueux des ravages
Souffleront sur vos plages

Des grincements de dents


136

Et des crépitements se feront entendre


Le tonnerre grondera
L’éclair jaillira
Des baobabs tomberont

NÉ MWANDA-VÉEDILA127

127
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
137

Chapitre XI
Notre spiritualité est notre
africanité. Notre africanité est notre
spiritualité
« Kimpévé kiéto, ni kimdombi kiéto.
Kindombi kiéto, ni kimpévé kiéto.
Kidombi ka kindéle’ako.
Kindélé ka kindombi’ako.
Bungunza bungunza.
Kimocristo kimocristo.
Mocristo wé na nsalulu zandi.
Ngunza mpé, wé na ndiatulu’andi».

N otre spiritualité est notre africanité. Notre


africanité est notre spiritualité. L’africanité n’est
pas l’européanité. L’européanité n’est pas
l’africanité.
1- Qu’est-ce que l’européanité, sinon l’ensemble
des croyances importées ?
138

2- Qu’est-ce que l’africanité sinon l’ensemble des


croyances ancestrales ?
3- Peut-on à la fois être un chien et un chat ?
4- Existe-t-il des espèces hybrides dans la nature ?
5- Dieu est-il partisan de l’hybridité spirituelle ?

Réponse : Dieu est l’arc-en-ciel dont les


différentes religions sont les couleurs. La religion est
une arme à double tranchant ; quand elle s’exerce
dans son milieu naturel, elle se développe et
développe en même temps la conscience collective
du peuple envers qui elle est naturellement et
géographiquement liée, comme en témoignent les
bienfaits du judaïsme, de l’islam, du christianisme,
du bouddhisme et de l’hindouisme dans leur
environnement respectif. Ces religions ont apporté à
leur peuple spécifique toute la sagesse, toute la
science et toute l’industrie dont ces peuples avaient
besoin pour devenir des civilisations autonomes et
respectables.
Mais quand une religion se déporte ou s’exporte,
son action devient nuisible sur les peuples étrangers.
Car elle a tendance à envahir les terres dans
lesquelles elle s’exporte ; elle a la fâcheuse habitude
de déraciner ce qui avait été naturellement planté
pour le remplacer par de nouvelles choses (de
nouvelles idées, de nouvelles pratiques, une vision
nouvelle, un nouveau destin) sans tenir compte de
139

l’environnement et du caractère naturel spécifique du


peuple converti ou à convertir.
Le désordre c'est-à-dire le bouleversement que ce
changement d’orientation spirituel apporte est
semblable à l’exportation de la neige dans le désert et
dans les forêts équatoriales.
Questions :
6- Les animaux habitués à la chaleur et au climat
tropical humide y résisteront-ils ?
7- Imaginez un instant que l’on exporte le désert
du Sahara en Sibérie ou en Alaska : les ours
polaires, les morses, les phoques et les
manchots, naturellement habitués au climat
hivernal et aux cours d’eau extrêmement froids,
survivront-ils ?
8- Y seront-ils en paix ?
9- S’adapteront-ils à ce nouveau climat, hostile à
leur nature ?
10- Supposons qu’ils soient parvenus à s’adapter à
cette nouvelle vie, conserveraient-ils leur
naturalité128 ?
11- Le fait de s’adapter aux nouvelles pratiques,
aux nouvelles exigences qu’impose le nouveau
climat ne les emmènera-t-il pas à combattre leur
propre identité culturelle et environnementale ?
12- Pour revenir à nos moutons, s’approprier ou
mimer des habitudes non adaptées à leur

128
Caractère naturel originel.
140

couleur, leur odeur, leur caractère129 ainsi que


leur milieu naturel n’est-il pas une façon de
favoriser ou de soutenir la pérennisation de
l’invasion religieuse étrangère sur le sol
africain?
13- Propager une doctrine, aussi belle soit-elle, qui
n’est point la nôtre – doctrine, qui plus est,
combat férocement notre africanité – ne fait-il
pas de nous des traîtres à la mémoire des
Ancêtres ?
14- Le fait d’être nés dans un univers
essentiellement chrétien est-il une excuse
valable pour ne pas songer à retourner dans la
hutte des ancêtres ?
15- Ne dit-on pas que : « Nul n’est censé ignorer la
loi ? »
16- Jusqu’à quand va-t-on continuer à tourner le
dos à notre héritage, notre patrimoine culturel,
notre richesse traditionnelle ?
17- Le christianisme pour lequel nous nous battons
bec et ongles fait-il partie du legs130 de nos
ancêtres ?
18- Le Lion de la tribu de Judas était-il venu pour
les Africains ou pour son peuple131 ?

129
Nature intérieure.
130
Héritage.
131
Les Hébreux.
141

19- Dans le cas où ce Lion serait venu pour les


Africains, depuis quand les Nègres ont-ils de la
parentèle en Israël ?
20- Supposons que le Lion de la tribu Judas soit
venu pour le monde entier : pourquoi n’est-il
pas reconnu comme messie par les judaïsants,
les bouddhistes, les hindouistes et les
musulmans ?
21- Pourquoi sa sphère de régence principale ou
son pôle de gouvernance naturel est-il
l’Occident ?
22- Croyez-vous que les différents peuples du
monde, dont la sagesse est millénaire et qui ont
su conserver leur authenticité spirituelle, peuple
dont le christianisme s’est beaucoup inspiré, ces
peuples remplis de clairvoyants et
d’intellectuels auraient été incapables de
percevoir en ce fameux Lion de la tribu de
Judas, le fils de Dieu ?
23- Pourquoi l’évangélisation chrétienne n’a-t-elle
pas eu le même succès en Asie et en Orient,
comme c’est le cas en Afrique et en Amérique
latine, continents dominés et infantilisés,
continents dont les pages de l’histoire
conservent encore les traces indélébiles de
l’invasion sauvage et génocidaire des
conquistadors et autres missionnaires chrétiens?
La réponse est simple : aussi sûrement que
chaque enfant à sa mère biologique, chaque peuple a
142

sa religion biologique. C’est ainsi ! Enfreindre cette


règle, c’est s’opposer à la volonté de Ma-Mpû-Ngu
qui est le Seigneur de la diversité.
Après quatre siècles de christianisme imposé au
prix du sang, de la destruction et de la neutralisation
complète de la culture africaine, il est plus que jamais
temps que l’Afrique fasse le serpent. Il est temps
qu’elle fasse la mue. Il est temps pour l’Afrique de se
dépouiller du manteau des croyances importées. Il est
temps pour l’Afrique d’arborer ses couleurs
naturelles afin de se délecter des fruits de la sagesse
ancestrale dont le verger n’a presque pas été exploité
durant ces quatre siècles derniers.
Comme il est presque inutile de le dire, ce livre a
été écrit pour impulser le Réveil traditionnel en
Afrique.
143

LA VOIX DES ANCÊTRES VI


AINSI PARLE LA REINE NÉFERTITI

Ils sont venus par les eaux


Dans de grands bateaux
Pour vous laver le cerveau

Avec la fougue du taureau


Ils ont dompté vos monarques

Comme un bon gâteau


Ils se sont partagé vos territoires

Ils ont arraché vos troupeaux


Et fait de vous des esclaves
Depuis le berceau

Leurs cruels généraux


Vous ont enchainé
Et obligé à marcher
Comme des escargots

En bons manipulateurs
Ils ont conditionné votre vision du beau
144

Après le lavage de cerveau


Avec du savon
Et des pommades éclaircissantes
Ils ont lavé votre peau

Pour avoir refusé de travailler


Dans leurs champs de cacao
Ils ont sorti les grands couteaux
Pour faire de vous des manchots

En bons escrocs
Ils ont confisqué les travaux
De vos plus grands artisans

Avec de gigantesques marteaux


Ils ont désarticulé votre culture

Munis du chalumeau
Du dénigrement
Ils ont incendié vos croyances

Dans de hauts-fourneaux
Ils ont consumé votre discernement
145

Dans les moulins à vent


Ils ont broyé vous espérances

Munis d’une paire de ciseaux


Ils ont cisaillé votre dignité

Du haut de leur raciste escarbot


Ils vous observent comme des crapauds

Comme des jouvenceaux


Qui guettent fiévreusement
L’arrivée du père Noël
Ils ont fait de vous des sots
Qui attendent pieusement
Le retour de l’enfant
Qui curieusement
Est né le jour de Noël

Simple coïncidence
Ou suspecte insistance ?

Ô enfant de Kama
Écoute ma voix
Quand est-ce que tu vas grandir ?
Quand est-ce que tu vas te réveiller ?
146

Jusqu’à quand va-t-elle durée


Cette vaine attente ?

Quand vas-tu enfin te décider de t’affranchir


Du joug d’une croyance importée
Pour te dominer, t’assiéger
Et te détourner de la vérité ?

Ô descendance aveuglée
Nègres écervelés

Êtes-vous des adultes ou des enfants ?


Jusqu’à quand allez-vous demeurer prisonniers
De cette habile tromperie ?

Jusqu’à quand allez-vous consommer


Les pommes aliénantes de ces bibleries
Qui vous empêchent de contempler
Le soleil traditionnel
Lumière tridimensionnelle
Qui brille au sommet des pyramides
Et dans le cœur des justes ?

NÉ MWANDA-VÉEDILA132
132
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
147

Chapitre XII
Considérez votre religion comme
une marque de fabrique

« Notre religion n’est pas faite que du « ki-mpévé »,


mais aussi du « ki-mazayu » et du « ki-mayala ».
Tant que nous n’aurons pas exploité ces deux autres
domaines, le kingunza ne prendra jamais son essor.
Il aura toujours l’air d’un patrimoine ethnique, alors
que c’est une religion qui ne demande qu’à être
réorganisée et à regagner ses lettres de noblesse ».

Né Mwanda-Véedila133

ne religion n’est pas simplement un style de


U prière, un clergé ou une façon de concevoir
Dieu et la création. Une religion c’est aussi une
image de marque, une marque de fabrique. Une
religion est une culture.

133
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
148

Or, toute culture est à la fois orale, gestuelle,


plastique, historique, vestimentaire, linguistique,
folklorique, poétique, théâtrale, livresque, ludique,
juridique et politique. C’est toute cette richesse, c’est
la somme de tous ces éléments matériels et
immatériels, tangibles et intangibles, qui compose ou
forme le corps d’une religion.
Que constate-t-on dans la croyance ngunza ?
L’exploitation du gisement culturel qu’est la
croyance ngunza n’est faite qu’en partie ; l’autre
partie, c’est-à-dire la plus dense, est encore en
jachère ; elle demeure inexploitée et inexplorée. Les
ngunza n’ont pas encore pris conscience qu’une
religion est un gisement d’emplois, une marque de
fabrique, une entreprise que chacun, dans son
domaine de compétence ou dans la mesure du
possible peut exploiter. La religion n’a pas
uniquement pour vocation de résoudre des problèmes
d’ordre spirituel, de santé, car l’homme n’est pas
essentiellement composé d’esprit, mais aussi de
matière. L’esprit et la matière doivent travailler de
concert et être exploités de la même manière pour en
extraire toutes les idées, toute l’inspiration, tout le
« jus » nécessaire à la réalisation des projets qui
promeuvent la religion et qui, par ricochet, offre à la
fois l’emploi, la rémunération, bref la sécurité
alimentaire et le logement. Car tout travail mérite un
salaire. En résumé, notre religion n’est pas faite que
du « ki-mpévé », mais aussi du « ki-mazayu » et du
149

« ki-mayala ». Tant que nous n’aurons pas exploité


ces deux autres domaines, le kingunza ne prendra
jamais son essor. Il aura toujours l’air d’un
patrimoine ethnique, alors que c’est une religion qui
ne demande qu’à être réorganisée et à regagner ses
lettres de noblesse.
Organiser, structurer, faire avancer les choses est le
travail qui incombe aux nouvelles générations. Le
ngunza d’aujourd’hui ne doit plus se comporter
comme le ngunza d’hier. Si hier le ngunza était
persécuté, aujourd’hui il ne l’est plus. Si hier le
ngunza ne pouvait pas exercer sa spiritualité en toute
liberté, aujourd’hui la réalité est différente. Si hier le
ngunza était analphabète, aujourd’hui on ne peut plus
en être fier. Si hier le ngunza luttait pour la
décolonisation politique de l’Afrique, aujourd’hui, il
doit lutter pour la libération spirituelle de l’Afrique.
Si hier, faute de documentation, le ngunza était
obligé d’emprunter les enseignements de la Bible –
livre sacré des Occidentaux – le ngunza
d’aujourd’hui doit se référer aux authentiques
enseignements des ancêtres et à la littérature ngunza.
Si hier les ngunza se regroupaient dans des lieux de
culte de fortune, aujourd’hui ils doivent se retrouver
dans des nsanga134 construits selon une architecture
inspirée de la tradition ou de la croyance ngunza. Si
hier les ngunza étaient scolarisés dans des écoles
134
(ou bi-sambudulu) Lieux de culte ngunza.
150

chrétiennes, aujourd’hui ils doivent apprendre dans


des écoles ngunza. Si hier ils étudiaient la
philosophie occidentale, aujourd’hui, ils doivent
s’ouvrir à la philosophie bantoue. Si hier les ngunza
employaient l’alphabet occidental, aujourd’hui ils
doivent s’approprier les alphabets nègres. Bref, si
hier le ngunza n’utilisait que 20% du potentiel de sa
religion, de nos jours il doit accéder au 100%. Pour
ce faire, il doit absolument intégrer l’idée que la
religion est avant tout une marque de fabrique. Sans
cette prise de conscience, tout autre effort de voir
éclore notre religion dans le caléidoscope des
religions mondiales sera vain. Inspirez-vous de tout
ce que la religion peut vous offrir comme idée pour
agir, créer, briller, chacun dans son domaine
respectif, afin de générer des dividendes et, par
ricochet, valoriser notre spiritualité.
151

LA VOIX DES ANCÊTRES VII


AINSI PARLE LA REINE NZINGA

Tout comme la vérité


Qui finit toujours par triompher
Il est des formes d’inhumanité
Qui jamais ne devraient être oubliées

Comme le fait d’exposer


À des fins mercantiles
La gent infantile
À la merci des grands reptiles

Se servir d’enfants charmants


Comme appât pour les caïmans

Jouer les vieux démons


Avec de noirs rejetons

Fut à une certaine époque


La plus choquante
La moins élégante des tueries
Et autres barbaries
Des braconniers sadiques
D’Europe et d’Amérique

Ce fut l’acte forestier le plus sale


Perpétré dans les dédales
Par le visage pâle
152

Aux lubies anormales


Qui jadis avaient jugé normal
De décimer l’ami du cheval

Quoique ces évènements remontent au passé


Nous ne le dirons jamais assez

Ce fut l’acte le plus malsain


Perpétré par les Anti-Africains
Héritiers de Caïn
Silhouettes au teint satin
Qui jadis avaient décimé les Indiens
Avec l’avidité des requins

Arrachés au giron
De leurs parents
Beaucoup d’enfants
Beaucoup de vies
Furent subitement abrégées
Dans les gueules lourdement dentées
Des alligators du Mississippi
Contrée jadis impie
Où la vie en noir et blanc
Des hommes de couleur
Ne valait pas moins
Que celle d’un babouin

Ainsi, sous les yeux larmoyants


Et impuissants de leurs mamans
153

Faute de babouins
Les chasseurs au scalpel
Égorgeurs de peaux rouges
Plaçaient ces pauvres gamins africains
Oints depuis le sein maternel
Dans les angles et autres coins
Pour attirer les féroces monstres marins
Dont la peau en croco
Leur permettait de faire le zigoto

Ô kamite ! Ô espoir d’Afrique !


Pour tous ces enfants brutalement croqués
Pour toutes ces âmes cruellement estropiées
Pour toutes ces mères qu’il aurait fallu aider
Et toutes ces vies qu’il aurait fallu venger
Tes ancêtres ne te demandent qu’une chose :

Poursuis la lutte de tes pères


Aplanis le terrain
Accomplis en cette vie
Ce que tu dois accomplir
Afin que ceux qui viendront après toi
Fassent ce qu’ils doivent faire

Ô kamite ! Ô espoir d’Afrique !


Conquiers ta liberté
Afin d’illuminer ta destinée

Conquiers ta liberté
154

Afin que ta parenté


N’est plus à endurer
Les brimades répétées
La haine injustifiée
La violence éhontée
Et le pillage des rares denrées
Par des colons enragés

NÉ MWANDA-VÉEDILA135

135
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
155

Chapitre XIII
Le chef du village
« La peur est un serpent qui ébranle ou agite le
village. Conscient de cela, un bon chef agit toujours
de façon à préserver la sérénité des villageois ».

Né Mwanda-Véedila

L es anciens disaient : « Mfumu gâta ka monanga


mukuyu ko. » Le chef du village ne voit jamais le
diable. Le chef du village est celui qui encaisse les
coups. C’est lui qui porte le poids de la douleur
collective. Ne pas voir le diable, c’est faire comme si
de rien n’était. Ne pas voir le diable c’est être capable
de maîtriser ses émotions, capable de ne pas laisser
transparaître son agitation intérieure, donc de
maîtriser le feu de la panique qui brûle en nous. Ne
pas voir le diable. C’est faire preuve de détachement
intérieur, c’est être à même de s’éloigner des
problèmes sans jamais les perdre de vue.
156

Ne pas les perdre de vue, c’est essayer de les


résoudre, c’est faire des pieds et des mains pour
trouver des solutions. Un bon chef expose
ouvertement le problème aux habitants qu’après qu’il
ait trouvé la solution. Ainsi, il informe tout en
dissipant le trouble. En agissant ainsi, le chef étouffe
dans l’œuf ce qui aurait pu devenir une panique
généralisée.
La peur est un serpent qui ébranle ou agite le
village. Conscient de cela, un bon chef agit toujours
de façon à préserver la sérénité des villageois. Car,
ces derniers sont les « enfants » dont il est le
« père ». Et comme chacun le sait, dans un village,
chacun à sa place : le chef à la sienne et les enfants
ont la leur.
Eu égard à cela, on peut dire que la condition de
chef ne comporte pas que des avantages, mais aussi
des devoirs proportionnels à la fonction.
Tâchez de ne pas l’oublier. Le village peut être,
une présidence, un ministère, une préfecture, une
mairie, une commune, un secteur, une association,
une congrégation, une organisation, une équipe, un
bataillon, un régiment, un établissement, une école
primaire, un collège, un lycée, voire même une
université. Quel que soit le lieu où un poste de
chefferie vous a été donné, comportez-vous toujours
en chef du village. Ne soyez pas le diviseur, mais le
rassembleur. Ne soyez pas le trouble-fête, mais
l’aimable hôte.
157

LA VOIX DES ANCÊTRES VIII


AINSI PARLE PATRICE LUMUMBA

Seul un néonazi déguisé


Suprématiste empressé
Zigzagant avec les mots
Peut à l’exemple d’un sot
S’emmêler les pinceaux
Au point de confondre
Avec des mots
Loin d’être tendres
Le singe à un nègre

Pour rire ensuite


Sans coup férir
Et concevoir
Avec le même dédain
Qu’un lapin crétin
Le fait que la société ait évolué

Car dans l’esprit tordu de Sarkosy


Qui ne s’était point empêché de dire
Que l’homme noir
N’est pas encore entré dans l’histoire

Ne pas utiliser le mot nègre


Équivaux à placer le singe
Sur le même piédestal
Que l’être humain
158

Observer le nègre
Comme un humain
C’est placer le monde
Sens dessus dessous

Car pour ce Français


D’ascendance sémite
Le racisme n’existe
Que lorsqu’il nuit
À la quiétude des Juifs

Dans sa conscience
De rejeton de colon
Il est impensable qu’on puisse parler
D’un racisme contre les singes

Puisque le singe étant


Selon toutes les apparences
Un noir involué
Et le nègre un singe évolué
Le Noir ne me mérite point
D’avoir les mêmes droits
Que ceux qui
Dans l’entendement de Sarkosy
Sont naturellement
De par la couleur de leur peau
Les seules créatures
Les seuls êtres vivants méritants
159

D’être considérés
Comme des humains

Entre nous, chers Africains


Entre nous, chers « Babouins »
Une telle conscience
Encore enfermée
Dans les marécages boueux
D’un racisme rétrograde
Mérite-t-elle le respect du monde noir ?

NÉ MWANDA-VÉEDILA136

136
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
160

Chapitre XIV
Un ngunza est une flamme
allumée

« Aussi longtemps que nos lumières demeureront


allumées, l’obscurité et ses créatures de l’ombre
seront constamment repoussées. »

Né Mwanda-Véedila

tre ngunza ne signifie pas être à l’abri des


E attaques. Mais ça veut plutôt dire être en état de
lutte constante. Un ngunza est un Africain éveillé,
c’est une lumière que la sorcellerie africaine veut
constamment éteindre. C’est pourquoi, pour parler
prosaïquement, un ngunza ne doit jamais dormir. Car
dormir, c’est mourir. Un ngunza ne dort que d’un
seul œil. Dormir d’un seul œil c’est demeurer de
façon constante en état d’alerte. Un bon ngunza est
un observateur. Chaque signe reçu en rêve, chaque
mouvement suspect, chaque geste, aussi futile puisse-
t-il paraître, doit attirer son attention ou interpeller sa
161

conscience. Analyser les rêves suspects, déceler les


mirages, les illusions, l’hypocrisie et les éventuelles
menaces verbales est le travail permanent des
ngunza.
Au moindre malaise, au moindre changement
corporel, à la moindre maladie, le ngunza doit
s’examiner, vérifier la nature du changement ou du
corps étranger en intrusion dans son organisme. Si
c’est un cas de maladie ordinaire, le ngunza doit se
rendre à l’hôpital et prendre ses médicaments.
Mais si c’est un cas suspect, donc occulte, le ngunza
doit immédiatement consulter ses ancêtres ou en
parler à ses supérieurs hiérarchiques pour bénéficier
d’une intervention spirituelle.
Sachant qu’un malade ne se soigne pas tout seul,
quand le cas dépasse ses compétences, le ngunza doit
faire recours au M’sadisi, le docteur spirituel.
Garder les yeux ouverts est plus qu’un devoir ;
c’est une sauvegarde. Une sauvegarde de sa vie dans
ce monde cruel ou le souffle vorace de l’obscurité
tente inlassablement d’éteindre la lumière.
Un véritable ngunza est une bougie allumée qui
contre vents et marées doit savoir garder sa flamme
spirituelle allumée. Car seule la lumière peut dissiper
les ténèbres. Et aussi longtemps que nos lumières
demeureront allumées, l’obscurité et ses créatures de
l’ombre seront constamment repoussées.
162

LA VOIX DES ANCÊTRES IX


AINSI PARLE FULBERT YOULU

Chers Kamites
Amoureux de l’Afrique
Ne croisez pas les bras
L’Afrique n’a pas d’autres bras que vous

Ne dites jamais :
« Les autres le feront pour moi »
Non. Mais dites :
« Je le ferai pour les autres »

Le match pour la libération de l’Afrique


Se joue chaque jour
Sous vos yeux
Sur le terrain des réseaux sociaux

Ne vous comportez pas


Comme des supporters radins
Assis bien sagement dans les gradins

Agissez plutôt
Comme des footballeurs
Conscients de leur rôle
163

Ne soyez pas angoissés


Vous n’êtes pas des étrangers

Ne soyez pas réticents


Vous n’êtes plus des enfants

Essuyez votre sueur humide


Ne soyez pas timides

N’ayez pas honte de défendre


Cette cause que vous savez juste

Ne vous laissez pas démotiver


Par l’antikamitisme
De ceux qui
En apparence
Portent une peau noire
Sur une âme blanche

Ô peaux noires !
Ôtez vos masques blancs

Si quelqu’un vous indexe


Parce que vous marchez
164

Sur le sentier
De la libération spirituelle
De l’Afrique
Taxez-le de collabo
À la solde des néocolonialistes

Si quelqu’un vous blâme


Parce que vous progressez
Sur le sentier
Du réveil traditionnel
Considérez-le comme un traitre
À la mémoire de ses ancêtres

Si quelqu’un vous empêche


De porter votre pierre
Au vaste chantier
De la Renaissance africaine
Révoltez-vous
Avec votre dernière énergie

Car en vous empêchant


D’accomplir votre devoir sacré
Envers votre Afrique bien-aimée
Il vous empêche également
De recevoir la bénédiction
165

Des mânes de vos ancêtres

Fuyez comme la peste


Ceux qui parlent du mal
De vos ancêtres
Pour vous obliger
À adorer les leurs

Écartez-vous du chemin
De ceux qui
Prétextant vous apporter
La Bonne Nouvelle
Vous servent la crainte de l’enfer
Sur un plateau d’argent

Méfiez-vous des lions


Déguisés en agneaux
Méfiez-vous des serpents
En soutane
Méfiez-vous des missionnaires
Des temps modernes

Ô kamites !
Mes très chers Kamies !
Méfiez-vous des paroles sucrées
166

De ceux qui
Tout en prêchant la pauvreté
Se sont démesurément enrichis
Grâce aux fruits de la dîme

NÉ MWANDA-VÉEDILA137

137
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
167

Chapitre XV
L’héritage d’une Afrique libre et
prospère

« (…) Sans douleur de l’accouchement, sans cri


l’enfant qui vient au monde a-t-il une vie ? »

Itous-Ibara-Ossoua

C omme une sculpture gigantesque taillée dans la


roche solide, la Renaissance africaine est une
œuvre douloureuse qui fatigue le cerveau, « épuise le
muscle » et « blesse les mains ». C’est une œuvre qui
« dévore le temps. » La construction de la
Renaissance africaine n’est pas une mince affaire ;
c’est une affaire en béton armé que seuls des
consciences solides, des âmes musclées, des esprits
prêts à tout et au pire peuvent endosser. La
construction de la Renaissance africaine exige des
sacrifices que seuls les durs à cuire peuvent accepter
en toute humilité pour le salut du continent.
168

Loin de nous l’idée de vous effrayer. Mais telle est


la vérité. Ceux qui s’imaginent que l’édification de la
Renaissance africaine sera juste une partie de poker
se trompent sur toute la ligne. Ce n’est ni un jeu ni un
travail rémunéré. Tout se fait gratuitement pour le
bénéfice continent. Aucun salaire à l’horizon. Notre
seule récompense : le bonheur de contribuer à une
Afrique libre et prospère. Une Afrique debout et
capable de se prendre en main sur le plan
spirituel, culturel, politique et économique.
Les nouveaux serviteurs de l’Afrique ne doivent
rien attendre, rien espérer après la réussite ou la
matérialisation de notre idéal commun. Car ce que
nous faisons ou ce que nous ferons pour l’Afrique,
nous le faisons non seulement pour nos Ancêtres,
pour nos enfants, les enfants de nos enfants, et plus
que toute autre chose, pour nous-mêmes. Car même
si nous n’en avons pas encore conscience, nous
sommes l’Afrique. L’Afrique, c’est nous. Je ne le
dirai jamais assez, l’Afrique n’a pas d’autre bras que
nous.
Que le poids du travail ne nous effraie point.
Au lieu d’avoir peur, méditons plutôt sur cette pensée
d’Itous-Ibara-Ossoua : « (…) Sans douleur de
l’accouchement, sans cri l’enfant qui vient au monde
a-t-il une vie138 ? »

138
Le Calendrier Ibara – Tome 1, page 29, par Itous-Ibara-Ossoua.
169

Comprenons que rien de durable, rien de grand,


rien de bon ne peut se faire sans la nécessaire douleur
qui nous permet de rectifier le tir, de corriger nos
erreurs, de mieux agencer nos projets, de savoir où
mettre le pied, d’obtenir de l’expérience, de
développer de nouvelles stratégies, de mûrir
mentalement et spirituellement, d’acquérir et
d’intérioriser toutes les leçons que nos échecs et nos
victoires pourront nous apporter, afin de les mettre à
notre tour à la portée de ceux qui viendront après
nous avec la même fougue, la même énergie, la
même vérité, la même lumière et la même foi avec
laquelle ce combat nous a été transmis par nos
Ancêtres, c’est-à-dire par ceux qui ont été enterrés
vivants, brûlés vifs, égorgés, éventrés, amputés,
malmenés, torturés, violés, assujettis et emprisonnés
pour l’Afrique, pour la restauration de la dignité de
l’Afrique, pour le redressement de l’échine de
l’Afrique, pour le réveil traditionnel de l’Afrique,
pour la décolonisation spirituelle de l’Afrique. Bref,
pour la Renaissance africaine.
Le combat que nous menons et dans lequel vous
vous engagez avait débuté bien avant que vous soyez
nés. Vous en êtes que les héritiers. Soyez-en digne.
Sachez mener la barque de cette lutte jusqu’à un
point suffisamment élevé afin que ceux qui viendront
après vous – donc vos successeurs – n’aient point à
endurer ce que nous endurons ou ce que nos ancêtres
ont enduré.
170

Ne laissons pas à la postérité le poids du travail


que nous devons accomplir ou que nous aurions dû
accomplir. Accomplissons notre tâche. Faisons ce
que nous avons à faire et si possible, menons cette
lutte jusqu’à la pose de la dernière pierre, afin de
laisser à nos enfants et aux enfants de nos enfants le
bel héritage d’une Afrique libre et prospère. Tout
ceci n’est-il pas une raison valable d’entrer dans la
lutte ou de s’enrôler dans l’armée des nouveaux
serviteurs de l’Afrique ?
171

LA VOIX DES ANCÊTRES X


AINSI PARLE ANDRÉ REGNARD MATSOUA

Beaucoup s’interrogent
Au sujet de la faisabilité
De la Renaissance africaine

Les questions sont si nombreuses


Et le scepticisme si lourd
Que certains renoncent à la lutte
Avant même d’avoir essayé

Mais ce qu’ils ignorent


C’est que ce n’est pas à eux
De parachever le Grand Œuvre

Soyez réalistes
Quatre siècles d’endoctrinement
Ne peuvent pas être effacés
En un claquement de doigts

Non. Il faut du temps


172

À la graine pour pousser


Il faut du temps à l’arbre
De la Renaissance africaine
Pour produire ses fruits d’or

Dès lors qu’on a compris cela


La bonne question serait :
Quel rôle avons-nous à jouer
Dans cette lutte titanesque
Qui ne fait que commencer
Et dont les premiers frémissements
Les premières étincelles
Ont commencé avec les irréductibles
Pères des indépendances ?

Votre noble rôle


Ô honorables Kamites
Est d’ériger pierre après pierre
Les fondements
De la Renaissance africaine

Votre tâche consiste


À rendre plus stable et solide
Le socle sur lequel
Vos descendants bâtiront
173

La grande pyramide
De la Renaissance africaine

Telle est la rude besogne


Des Kamites de ce siècle
Afin que plus jamais
L’Africain ne soit réduit à l’esclave
Sur la terre sacrée de ses ancêtres

C’est donc à vous


Valeureux acajous
C’est à vous,
Kamites d’aujourd’hui
De graver dans l’esprit
De ceux qui vont venir
L’importance capitale de la tradition
Le respect inconditionnel de la Maât
Ainsi que l’amour de la science
Qu’avaient nos grises éminences
Avant le cycle de l’ignorance

NÉ MWANDA-VÉEDILA139

139
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
174

Chapitre XVI
La couverture peut être enlevée,
mais pas la nature

« La couverture peut être enlevée, mais pas la


nature. Car se couper de la nature, c’est se
sectionner une partie de soi ou se faire amputer un
membre ».
INCONNU

L es souffrances qui ont été les nôtres sont trop


lourdes, trop profondes pour être franchies ou
enjambées par le pont de l’amnésie. Oublier la traite
négrière, faire fi des tortures, des mutilations, des
forfaitures, des injures, des massacres et des viols
perpétrés par les esclavagistes pendant la période
ténébreuse de l’Afrique – que fut la traite des
esclaves –, mais encore minimiser, banaliser ou
pardonner sans même avoir vécu les faits, accepter de
ne pas tenir rigueur de ce que d’autres que nous ont
subi dans leur chair, foulé aux pieds des souffrances
vécues pendant près de quatre siècles par ceux qui,
175

naturellement, n’aspiraient qu’à une existence


paisible, pardonner les yeux fermés et la conscience
tranquille à ceux qui ont réduit des destins entiers en
une existence cauchemardesque de fugitifs, de captifs
ou de bête de somme, accorder naïvement le pardon à
ceux qui, des siècles durant, ont violé nos filles, nos
mères et nos sœurs au nom de l’abject prétexte qu’est
la suprématie blanche, c’est faire insulte aux fleuves
de sang et aux avalanches de larmes qui ont coulé des
siècles durant des artères de l’Afrique.
Voyez-vous, chers nègres de maison, il est aisé de
pardonner les atrocités que d’autres que soi ont
subies. Mais en toute honnêteté, aurait-on été aussi
« bon chrétien », autrement dit aussi prompt à
pardonner si l’on avait subi toutes ces brutalités,
toutes ces humiliations ou toutes ces privations dans
sa propre chair ?
En réalité, ceux qui pensent que le pardon est
possible, ceux qui veulent évoluer dans le sens du
pardon, non seulement n’imaginent même pas le
poids des souffrances endurées par les autres, mais
encore ils ne comprennent pas qu’une souffrance –
que dis-je ! – un « séisme » d’une telle magnitude
créé forcément un choc psychologique. Et c’est
justement l’occasion de faire comprendre aux uns et
aux autres que le continent africain, en dépit de
l’image plus ou moins joviale qu’il présente aux yeux
du monde, c’est-à-dire en dépit des apparences, notre
continent – disais-je – souffre d’un profond
176

traumatisme. La vérité est qu’il s’est à peine remis de


ses douleurs charnelles. De plus, le souvenir de sa
« traversée du désert » est encore trop frais dans son
esprit pour gommer d’un seul trait ou supprimer
d’une seule touche quatre siècles de torture,
d’humiliation et d’exploitation, donc de traitre
négrière couronnée d’un siècle et demi de féroce
colonisation.
Ce discours peut étonner plus d’un, mais c’est la
stricte vérité. Or, la vérité est têtue ; elle a la fâcheuse
habitude de ressurgir quand on s’y attend le moins.
Que désire l’Afrique ?
L’Afrique n’est ni amnésique, ni stupide, ni
rancunière. Elle ne demande pas à ses fils de rendre
le mal par le mal ou coup pour coup. Non. Elle
demande seulement aux Africains d’avancer dans le
chemin de la modernité tout en renouant avec leur
passé, leur tradition, leurs croyances ancestrales. Son
‘‘traumatisme cérébral’’ ne prendra fin que lorsque
les Africains, dans leur grande majorité, auront
renoué avec leurs croyances ancestrales.
Quel est le message de l’Afrique ?
Africains, où que vous soyez, l’Afrique a besoin de
vous. Soyez l’Afrique. Sauvez l’Afrique. Aidez-la à
sortir, à surmonter ce traumatisme psychologique qui
l’empêche d’avancer et qui a semé dans son code
ADN des habitudes exotiques qu’aucun mot africain
ne peut traduire avec exactitude, car inexistant de nos
177

habitudes ancestrales et psychologiquement


inconcevables dans l’univers traditionnel africain.
Ces habitudes exotiques ne sont autres que le viol, la
pédérastie, la zoophilie et le génocide. Ces
habitudes exotiques sont des « virus » qui ont
infecté le tissu de la conscience africaine. Le seul
moyen de les déloger est de recourir au ki-mùutu140,
la sagesse des ancêtres, cette sagesse qui, de nos
jours, fait bougrement défaut à l’Afrique. Sagesse
dans laquelle l’Africain dit « moderne » – ou pour
mieux le dire – l’Afrique fortement occidentalisée et
déracinée ne se reconnait plus.
Or, pour le nègre, ne plus se reconnaître dans cette
sagesse, c’est s’oublier. S’oublier, c’est se couper du
passé. Se couper du passé c’est ne plus être à même
de savoir qui l’on est. Ne plus savoir qui l’on est
c’est se déconnecter de la source mystique de
l’Afrique. Se déconnecter de la source mystique c’est
adopter des mœurs qui ne correspondent nullement à
nos us et coutumes. Adopter d’autres mœurs c’est
singer l’étranger. Singer c’est – passez-moi
l’expression – makakouter141 l’Européen. Singer
c’est devenir un « mundélé-ndombi », c’est-à-dire un
Noir-blanc, donc un faux blanc, une pâle copie du
prototype caucasoïde auquel on s’identifie, car en
perte de repère identitaire ou en phase de
renonciation consciente de sa tradition au profit de la
140
Philosophie enseignée dans les centres de formation ngunza.
141
(Congolisme) Contrefaire.
178

culture occidentale, en faveur d’une culture que notre


cerveau complexé tente d’assimiler, mais que notre
esprit lucide142 et vaillant rejette. Singer c’est donc
s’oublier au profit d’une culture importée que notre
être profond, en dépit de la distance spirituelle qui
sépare le Moi inférieur du Moi supérieur, nous
conseille – à travers moult visions et auditions,
méditations et réflexions – d’abandonner, de lâcher,
afin de reconstruire, renouveler, déterrer,
dépoussiérer, rehausser et promouvoir la tradition qui
correspond le mieux à notre code génétique ou la
mieux adaptée à ce que nous sommes vraiment, c’est-
à-dire des Africains. Bref, assimiler, adopter et
valoriser des traditions étrangères au continent noir
c’est s’inférioriser.
Loin de nous l’idée de prétendre détenir le
monopole de la vérité. Mais s’il y a une chose pour
laquelle nous pouvons mettre notre main au feu, c’est
bien la vérité selon laquelle les races n’ont pas été
créées de façon hiérarchisée. De même qu’aucune
couleur, aucune fleur, aucune espèce de plante ou
d’animal n’est supérieure aux autres, toutes les
races se valent. Penser le contraire serait aller à
l’encontre de la volonté de Mampûngu143. Aucun
Dieu Bon et Juste ne pourrait cautionner une chose
pareille.

142
Car rien ne peut corrompre l’esprit, pas même les yeux (ces organes de sens
qui s’émerveillent de tout et de rien.
143
Nom de Dieu dans la tradition Koongo.
179

Eu égard ce qui précède, l’Africain doit apprendre


à endosser dignement et sans complexe d’infériorité
son africanité, donc son identité culturelle et
spirituelle. L’Africain aliéné doit impérativement se
débarrasser de sa couverture importée. Il doit
absolument se séparer du « manteau » occidental,
pour endosser sa nature africaine. La couverture peut
être enlevée, mais pas la nature. Car se couper de sa
nature, c’est sectionner une partie de soi ou se faire
amputer un membre.
Africains, réveillez-vous ! Sortez de la chrysalide.
Les religions étrangères sont des cocons qui vous
empoisonnent et vous emprisonnent dans un rêve
sans fin. Dans cette illusion de liberté et de
modernité, nous ne sommes en faites que des objets,
des marionnettes, des esclaves au service des
religions étrangères. Un esclavagiste disait : « Si tu
veux dompter un peuple, donne-lui un Dieu et une
monnaie ». N’est-ce pas ce que nous vivons en
Afrique.
Pour votre gouverne, la religion est un moyen
parallèle de pérenniser la servitude africaine ou la
traite négrière. Le christianisme poursuit subtilement
l’œuvre que les négriers ont commencée ; le
christianisme sous toutes ses formes est un moyen de
concentrer, d’orienter, d’attirer les énergies
spirituelles africaines sur Rome. À ce sujet, un
illuminé a écrit : « Oh, l’Église ! L’Église aime se
persuader qu’il n’y avait aucune spiritualité digne de
180

ce nom avant le Christ. Elle essaie de nier les


croyances ancestrales. Mais elle ne peut pas les
ignorer ». Savez-vous pourquoi elle ne peut pas les
ignorer ?
C’est parce l’Église est parfaitement consciente
que toutes les religions, excepté les croyances aux
pratiques satanistes, se valent. Elles sont toutes
l’œuvre de la volonté de Mampûngu et nées du désir
de servir Mampûngu. Comme des formules
mathématiques, les religions dans leur diversité et
leurs différences, sont des moyens qui conduisent
vers un seul et même but, vers une seule et même
vérité qui est Mampûngu. Les approches, les
méthodes sont différentes, mais le résultat est le
même.
Aucune religion ne peut prétendre être supérieure à
une autre. Seuls ceux qui pensent que certaines races
sont supérieures aux autres peuvent avoir
l’outrecuidance de croire que leur religion dite
« universelle » est supérieure à celles des autres.
C’est de l’orgueil pur et simple. Or non seulement
l’orgueil est l’un des sept péchés capitaux, mais en
outre l’orgueil est le premier péché du diable. Un
peuple qui pousse l’orgueil racial jusqu’à la
suprématie est un peuple spirituellement corrompu.
Ce peuple aura beau vous présenter de Saintes
Écritures et des mythes de résurrection, il aura beau
vous prôner la bonne nouvelle et la filiation divine de
ses icônes, il n’en demeure pas moins vrai que ça
181

restera une tomate pourrie, un peuple gangréné par


l’orgueil, donc pas un modèle à suivre. Prendre un tel
peuple pour modèle c’est s’associer volontairement
ou inconsciemment au diable qui l’a corrompu ou au
diable multifacette, à l’hydre effroyable auquel il
croit sous cape et dont les manifestations physiques
sont l’esclavage et la colonisation et l’idéologie le
racisme et la suprématie blanche.
182

LA VOIX DES ANCÊTRES


AINSI PARLE LES ANCÊTRES

À chaque peuple sa religion


À chaque peuple sa tradition
À chaque peuple ses mystères
À chaque peuple son savoir-faire
À chaque peuple ses horreurs
À chaque peuple ses peurs
À chaque peuple sa croix
À chaque peuple sa foi
À chaque peuple ses rois
À chaque peuple ses lois
À chaque peuple ses espoirs
À chaque peuple ses notions illusoires
À chaque peuple ses trous noirs
À chaque peuple ses miroirs
À chaque peuple son histoire
À chaque peuple sa mémoire
À chaque peuple son bonheur
À chaque peuple ses malheurs
À chaque peuple ses mensonges
À chaque peuple ses anges
À chaque peuple ses démons
183

À chaque peuple ses errements


À chaque peuple ses égarements
À chaque peuple ses serments
À chaque peuple ses serpents
À chaque peuple sa ses révélations
À chaque peuple ses frustrations
À chaque peuple ses séductions
À chaque peuple ses répulsions
À chaque peuple ses privations
À chaque peuple ses divagations
À chaque peuple ses superstitions
À chaque peuple ses libations
À chaque peuple sa révolution
À chaque peuple sa méditation
À chaque peuple sa malédiction
À chaque peuple sa bénédiction
À chaque peuple ses déboires
À chaque peuple son heure de gloire
À chaque peuple sa naissance
À chaque peuple sa renaissance

NÉ MWANDA-VÉEDILA144

144
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
184

Chapitre XVII
L’habit ne fait pas le moine

« Celui qui n’est pas maître en sa demeure peut-il


prétendre l’être derrière le comptoir d’une religion
étrangère ?»

Né Mwanda-Véedila

U n esclave est un esclave. Peu importe la façon


dont il est habillé, il demeure un esclave,
puisqu’il est sous la domination d’un maître. Il est
donc aux ordres d’une force supérieure. Il obéit au
doigt et à l’œil de ceux qui prétendent être ses amis,
mais qui en réalité ne le sont pas. Car, le véritable
ami ne prend pas plaisir à conserver ses compagnons
ou son entourage derrière les barreaux de l’esclave.
Les différentes formes d’esclavage
Il existe plusieurs forment d’esclavage ; c’est un
sujet dont j’ai beaucoup parlé dans mon livre intitulé
Antidote ou 55 questions pour sortir l’Afrique de
185

l’impasse économique. La forme d’esclavage qui


nous intéresse le plus est l’esclavage spirituel. C’est
l’esclavage le plus subtil. C’est certes une forme
d’esclavage difficile à distinguer, mais elle bien
réelle. L’esclavage spirituel est une prison dorée ; il
procure l’illusion de la liberté. Mais en réalité, on
n’est pas plus libre qu’un oiseau en cage.
Les personnes qui sont sujettes à cette forme
d’esclavage se croient fortes ; elles se croient aussi
puissantes que des lions ; elles ont la mensongère
impression que leurs « rugissements » font trembler
la forêt. Mais en vérité, ces personnes ne sont que des
chats qui prennent leurs miaulements pour des
rugissements, car bornées ou aveuglées par une
idéologie dont l’apparence, c’est-à-dire la face
émergée, prône l’amour, la paix, la liberté et l’égalité,
mais dont la face immergée de l’iceberg, n’existe que
pour étendre ses tentacules dans toutes les directions
de l’espace, c’est-à-dire dans tous les continents et
principalement en Afrique, continent truffé de
ressources naturelles et humaines, continent où la
main d’œuvre spirituelle est gratuite, continent
formaté pour livrer ses enfants comme des agneaux
dans les « abattoirs » spirituels du christianisme et de
l’islam. La face cachée de ces pieuvres religieuses a
donc pour but principal d’agir en Afrique, dans ce
continent amnésique, car programmé de façon à ne
plus se souvenir de son histoire, de l’histoire de ses
186

ancêtres et, plus que toute autre chose, programmer


pour faire table rase de sa culture.
L’Africain se délecte goulument des ‘‘sauces’’ et
du ‘‘vin’’ du christianisme tout en ignorant que dans
l’entendement des missionnaires, des prêtres et autres
mercenaires occidentaux :
1- l’Afrique est un continent qu’il faut
constamment endormir afin que jamais il ne se
réveille ;
2- C’est un continent dont il ne faut jamais soutenir
l’éveil traditionnel au risque de se faire de la
concurrence ;
3- C’est un continent qu’il faut constamment
abreuver d’espoir et non de solutions durables ;
4- C’est un continent qui doit perpétuellement être
drogué et soulé afin qu’il demeure dans l’illusion
d’une existence meilleure ;
5- C’est un continent qu’il faut constamment
exhorter à placer sa foi dans des paradis illusoires,
auxquels les Occidentaux eux-mêmes ne croient
absolument pas ;
6- C’est un continent psychologiquement
programmé à penser que toute solution doit
absolument venir d’Europe et que sans l’Europe
l’Afrique n’est rien ;
7- Les Africains déracinés ignorent que pour les
Occidentaux, l’Afrique n’est, en fait, qu’un continent
autrefois contraint à servir un Dieu blanc, afin que les
187

générations futures aient l’illusion mensongère que


Dieu est Blanc et que toute personne de race blanche,
bonne ou mauvaise, criminelle ou gentilhomme,
sorcière ou bienveillante soit, aux yeux des Africains,
plus blanche ou plus proche de Dieu que le plus
intègre des nègres ;
8- Les Africains occidentalisés ignorent que la
conscience collective africaine a été programmée de
façon à ce qu’elle soit persuadée que le salut, pour la
race noire, ne puisse être envisageable qu’avec l’aide
d’un Dieu blanc ;
9- Le nègre contemporain ignore que l’Afrique est
un continent qui a été forcé à vénérer des ancêtres
étrangers et occidentaux, c’est-à-dire les saints de
l’Église catholique, au détriment des ancêtres
africains, nos véritables racines, nos véritables
saints ;
La seule chose dont le nègre contemporain est
pleinement conscient est que les dirigeants africains
sont à la fois investis et la merci de l’Occident.
D’où l’inévitable questionnement suivant :
Celui qui n’est pas maître en sa demeure peut-il
prétendre l’être derrière le comptoir d’une religion
étrangère ? Celui qui n’a pas droit à la parole dans sa
propre maison, peut-il l’avoir dans la case d’un
autre ? Glorifié une croyance qui n’est pas à nous,
croire en des choses qui n’ont rien à voir avec notre
culture, notre façon traditionnelle de voir et de
188

concevoir les choses ou de comprendre le monde et


l’univers qui nous entoure, est-il une bonne chose ?
D’aucuns diront, c’est un choix ; les gouts et les
couleurs ne se discutent pas.
Très bien ! Mais pourquoi les chrétiens et les
musulmans ne viennent-ils pas se prosterner devant
nos divinités africaines ? Pourquoi n’ont-ils aucun
respect pour nos totems ? Pourquoi se pressent-ils à
nous vendre leur culture, leur religion, tout en faisant
fi de la nôtre ? Pourquoi les choses doivent-elles
toujours aller dans le sens voulu par l’envahir et non
selon les aspirations légitimes et objectives de
l’autochtone, qui en réalité est le véritable maître des
lieux ? Est-ce à l’étranger de dicter sa loi ou son code
de conduite à celui qui l’accueil ou au propriétaire
terrier de lui dicter la sienne ?
Africains, qu’attendons-nous pour valoriser ce qui
est à nous ? Qu’attendons-nous pour reconquérir
notre identité spirituelle ?
Le problème avec l’Africain en général et le
Congolais en particulier, c’est qu’il est habitué à ce
que les choses se fassent à sa place. Il attend bien
sagement que les autres se sacrifient pour
revendiquer sa part d’héritage.
Sachez que ce n’est pas une bonne façon de faire.
Bien au contraire, l’Africain doit apprendre à
développer le sens du sacrifice. Se sacrifier pour le
bien collectif. Se sacrifier pour que le plus grand
189

nombre soit libéré de l’emprise des religions


étrangères est à la fois un devoir et une chose très
noble. Les témoins de Jéhovah ne font que ça ; ils se
sacrifient pour que leur congrégation, déjà
tentaculaire, recrute encore plus de membres dans le
monde noir. Ils agissent – même s’ils n’osent
l’avouer publiquement – pour borner l’Afrique de
plus belle ; ils s’activent pour maintenir l’Afrique
dans les marécages aliénant du christianisme afin que
jamais elle ne s’éveille à sa foi originelle, à savoir
celle de ses ancêtres, celle de ses plus profondes
entrailles, celle qui – bien plus que toutes les autres
religions importées, expansionnistes et calculatrices –
désire voir fleurir une Afrique forte, une Afrique
indépendante, une Afrique prospère, éveillée ou
illuminée.
190

LA VOIX DES ANCÊTRES XI


AINSI PARLE RAMSÈS II

Ô Afrique suprême
Kamite né du sperme d’or d’Osiris
Et de l’utérus sacré d’Isis

Ô Kamite
Digne fils la lignée d’Horus
Ô Maître des hirondelles
L’oracle est formel

Le règne malsain des leucodermes


Touche à son terme

Ô fils de Kem our


Contemporains de Yousou Ndour
L’heure est venue de déserter les mosquées
Pour siéger dans les bosquets

Ô descendants de Nimi Lukéni


Dispersés dans la région des Grands Lacs
L’heure est venue d’actionner
La puissance de ton épiderme
191

L’heure est venue de descendre


Dans les caves de l’esprit
Pour sortir la grosse artillerie

L’heure est venue de descendre


Dans les abysses de l’âme
Pour exhumer la magie

L’étincelle lumineuse
Qui jadis fit de la Kémi
La civilisation des civilisations

Ô oints de Thot
Convoités par Aristote
La bête de Seth est aux abois
Le moment est venu de s’extraire
Du joug de ses lois hors-la-loi

Ô prêtres d’Hathor
Combattu par Pythagore
Le grand serpent blanc de l’illusion est
déboussolé
Il sied de le frapper
Le décapiter
Avec l’épée flamboyante de la vérité
192

Ô protégés d’Anubis
Pervertis par les filles d’Artémis
Les vieilles chaînes de l’aliénation sont rouillées
Il faut les briser avec le maillet de l’intrépidité

Ô héritiers fidèles de Ramsès


Assiégés par les mercenaires d’Hadès
La grande prostituée est grisée et épuisée
Il est temps de s’arracher
À l’étreinte dominatrice
De ses charmes ensorcelés

Ô phénix
Renais de tes cendres

NÉ MWANDA-VÉEDILA145

145
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
193

Chapitre XVIII
Insubordination,
tolérance zéro

« Il faut vivre dans l’obédience146 la plus stricte


aux principes. »

e même qu’avant d’apprendre à voler, il faut


D d’abord apprendre à marcher, avant d’apprendre
à commander, il faut d’abord apprendre à se
soumettre aux ordres. Seul celui qui connait la valeur
d’un ordre hiérarchique est apte à commander. On ne
saurait confier le commandement à un insoumis147.
Qu’est-ce qu’un insoumis ?
Un insoumis est une teigne dans l’organisation,
c’est un virus facilement corruptible par l’adversaire.
Un insoumis est un hypocrite148. Un insoumis est un
versatile149. Un insoumis est un traitre150, un
146
Soumission totale à la hiérarchie.
147
Tibula. (Du verbe bula, casser, briser, par extension, enfreindre. Enfreindre
les règles.)
148
Mavilu ngonda.
149
Mabaluka-ntangu.
194

insoumis est un potentiel conspirateur151. Un


insoumis est un porte-malheur152. Un insoumis n’a
rien perdre ; il n’a aucun scrupule153 ; il se sent libre
et agit comme un électron libre dans une structure ou
un organisme bien structuré. Un insoumis est un
ennemi154 éventuel. Un insoumis ne vient pas dans le
but d’aider, mais de gêner. Un insoumis est un
probable révolté155 ; c’est un rebelle156, c’est une
avalanche capable d’entrainer les autres membres de
l’organisation dans son sillon de désobéissance, de
désordre157, d’insubordination158 ou de rébellion159.
Un insoumis se fiche complètement de l’avenir de
son organisation ; seul compte pour lui son profit
personnel.
La mentalité de l’insoumis
Dans la plupart des cas, les insoumis n’adhèrent
aux organisations que dans le but de les démystifier,
les humilier, en livrer les secrets et les stratégies sur
l’espace public avec mention : « Il n’y a rien
d’intéressant ; ils ne valent rien ».

150
Ki-nzyànzya.
151
Nkitu.
152
Ki-nàta ki-nzuma.
153
Kondolo onga (n’avoir aucun scrupule).
154
Mu-ntàana.
155
Bàalu.
156
Ma-ntingu.
157
Bu-mpùmbulu.
158
Bu-mpola nkanu.
159
Ki-tùnunu.
195

Dans d’autres cas, un insoumis est un aventurier ;


c’est un amoureux de l’exotisme spirituel qui
vagabonde de congrégation en congrégation, de loge
en loge, de religion en religion pour assouvir sa
curiosité. D’autres encore se comportent de la sorte
sans vraiment savoir pourquoi ils le font. Ce type
d’insoumis est très souvent manipulé par des forces
surnaturelles qui l’obligent à infiltrer les
organisations secrètes pour en faire les yeux et les
oreilles de l’ennemi dans les structures at autres
groupements fermés.
À titre d’exemple, l’image la plus significative
d’un insoumis est celle d’un serpent dissimulé dans
une chambre à coucher. Nul ne sait vraiment à quel
moment cette menace potentielle mordra.
La conduite à tenir devant une telle menace
Un insoumis n’a absolument pas sa place dans les
cercles ngunza où les initiations sont conditionnées
par la soumission, l’impartialité160, l’intégrité, la
probité, la neutralité, la justice en action et en parole,
bref le strict respect des lois et de la hiérarchie.
Comment distinguer un insoumis ?
Les insoumis sont repérables par leur orgueil, leur
estime démesurée de soi et leur gloutonnerie des
leçons. On reconnait l’insoumis par son impatience.
Aussitôt arrivé, il veut tout savoir, gouter à toutes les
sauces, pénétrer tous les mystères. Il n’a pas encore
160
Lu-déede.
196

fait ses « dents » – en ce sens qu’il n’a pas encore fait


ses preuves – mais il bouillonne d’envie d’obtenir ce
qui le dépasse ; il meurt d’envie de porter des
« chapeaux » dont il ne pourra nullement supporter le
poids.
La logique de l’insoumis
L’insoumis est celui qui pense que le fait d’être
âgé ou plus âgé que les autres est une raison
suffisante pour avancer plus vite que les moins âgés
ou pour endosser des responsabilités spirituelles plus
élevées que ceux qui non seulement ont commencé
avant lui et connaissent le chemin mieux que lui.
L’insoumis est celui qui croit à tort que le fait
d’être le frère, l’ami, l’oncle ou le parent d’une
autorité ngunza lui confère le droit d’être considéré
ou adouber comme dignitaire dans la congrégation.
L’insoumis est celui qui manipule ou tire les
ficelles pour atteindre des objectifs strictement
personnels, donc contraires à celle du groupe.
L’insoumis est aussi le type de ngunza qui désirent
gravir des échelons, brûler les étapes ou encore
accéder à ce qui – à son stade actuel d’évolution
spirituelle – lui est encore interdit.
L’insoumis est celui qui veut posséder dans
l’instant présent les choses auxquelles il devrait
normalement avoir droit dans les années futures ; et
ce, si et seulement s’il se montre digne de confiance,
digne de foi, digne de se soumettre complètement
197

aux règles et aux ordres, aux us et coutumes, bref s’il


se montre digne d’accéder au niveau d’évolution
auquel il aspire ; et ce, uniquement sous le contrôle
avisé ou l’œil impartial des supérieurs hiérarchiques,
des mânes de nos ancêtres et des génies de l’espace
vie Koongo.
Il ne faut jamais laisser prospérer les insoumis ; ils
doivent être dénoncés afin que des mesures
disciplinaires soient prises pendant qu’il est encore
temps. Autrement dit, par trop de laisser-aller,
l’organisation aura un bâton entre les roues ; elle
souffrira d’une épine sous le pied. Car,
l’organisation, par son mutisme ou son laxisme, aura
elle-même nourri la main qui l’indexera, l’index qui
la calomniera « sur la place du marché ». Par son
inaction, elle aura nourri le « chien » qui la mordra
au moment où elle s’y attendra le moins.
Être ngunza est un état d’esprit
Nous ne le dirons jamais assez : être Ngunza est un
état d’esprit. Être Ngunza, c’est veiller à ne pas
sombrer dans de ce genre de travers tout en ouvrant
l’œil sur son entourage pour déceler des signes
d’insoumission, d’insubordination, de désobéissance,
de révolte, de rébellion, de traitrise ou de trahison.
Nota bene :
On ne demande pas aux membres de notre
mouvement de devenir des gendarmes pour d’autres.
Non. Loin de là ; car, une organisation n’est
198

réellement efficace que lorsqu’elle est bâtie sur la


pierre solide de la confiance mutuelle.
Or, la confiance, comme nul n’est censé l’ignorer,
n’exclut pas le contrôle.
Nous devons veiller fraternellement. Nous avons le
devoir de nous surveiller amicalement pour le bien de
notre organisation. Nous avons le devoir d’observer
le comportement des nouveaux membres ; de ceux
qui ne maîtrisent pas encore les ‘‘codes ngunza’’,
c’est-à-dire notre façon de faire. Notre mission est de
les mettre en confiance, de les aider à comprendre
que nous sommes une grande famille et, surtout, que
la vie en famille obéit à certaines règles, à certaines
dispositions – mieux – à une hiérarchie et à une
discipline préétablie. La vie en famille est guidée
par des parents. Et dans notre organisation, les
Anciens et la hiérarchie font office de parents.
Comme il est presque inutile de le signifier, une
bonne entente et un bon respect de la hiérarchie sont
importants pour atteindre nos objectifs. Il sied de
retenir qu’aucune armée indisciplinée ne peut gagner
une guerre. La discipline, c’est l’ordre. Et l’ordre est
conditionné par le respect des principes et de la
hiérarchie.
Or, qui dit respect de l’ordre et de la hiérarchie dit
absence totale d’insubordination et d’indiscipline.
Que celui qui ne se sent pas prêt à vivre ou à
fonctionner dans la discipline s’abstienne et que celui
199

qui, au contraire, désire évoluer dans une


organisation disciplinée et bien ordonnée nous
rejoigne. Car celui-là non seulement sera un bon
élément, mais fera un excellent chef. Autant
l’insubordination conduit à la déchéance, autant la
subordination est un gage d’évolution.
200

LA VOIX DES ANCÊTRES XII


AINSI PARLE MOBUTU SESE SEKO

Un peuple qui te marque au fer rouge


Est un peuple qui te déshumanise

Un peuple qui t’enchaîne


Est un peuple qui te hait

Un peuple qui te commercialise comme un objet


N'est pas un peuple avec lequel
Tu ne peux bâtir de beaux projets pour l’Afrique

Un peuple qui t’impose un nom


Est un peuple qui te gomme

Un peuple qui t’impose sa langue


Est un peuple aussi pourri qu’une mangue

Un peuple qui t’impose ses vêtements


Est un peuple de vilains garnements

Un peuple qui exploite ton sous-sol


Est un peuple injuste
201

Un peuple qui t’impose sa culture


Est un peuple qui t’encule

Un peuple qui attend de toi une certaine forme


d’allégeance
Est un peuple qui manque de manière et
d’élégance

Un peuple qui t’impose son régime politique


Est un peuple qui te manipule

Un peuple qui te fait croire que tu es une race


inférieure
Est un peuple dominateur

Un peuple qui t’enseigne son histoire


Au détriment de la tienne
Est un peuple qui t’efface

Un peuple qui t’impose un droit de cuissage


Pour éradiquer ta race
Est un peuple de rapaces

Un peuple qui te prescrit une monnaie


Pour faciliter tes échanges commerciaux
202

Est un peuple louche

Un peuple qui t’arrache tes totems et tes


statuettes
Pour les placer dans ses propres musées
Afin de s’enrichir sur le dos et la sueur
De tes ancêtres est un peuple malhonnête

Un peuple qui te gifle sur la joue droite


Et qui te demande de tendre la joue gauche
Est un peuple déloyal

Un peuple qui écrase ta spiritualité


Pour t’imposer son Dieu
Est un peuple venimeux

Un peuple qui prétend te montrer le chemin du


paradis
Par les sentiers de la pauvreté
Est un peuple qui te maudit

Un peuple qui détruit la couche d’ozone


Et qui pollue l’environnement
Est un peuple malveillant
203

Un peuple qui crée des virus


Pour te confiner
Afin de t’inoculer
Un vaccin malsain
Est un peuple mesquin

NÉ MWANDA-VÉEDILA161

161
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
204

Chapitre XIX
La Renaissance africaine est
notre but ultime

« Faites en sorte de ne pas oublier ce qui compte


le plus ».

Pour certains, c’est la famille. Pour d’autres, c’est


la nation. Pour d’autres encore c’est la religion. Pour
les Ngunza, rien n’est plus important que la tradition.
La vraie famille, c’est la tradition. La croyance
ngunza étant intimement liée à la patrie, aimer la
tradition, c’est considérer la religion comme la chose
la plus importante ; c’est mettre la patrie en
particulier et le continent en général au premier plan.
La patrie, c’est-à-dire l’espace vie Koongo. Cette
espace étant le centre ou le cœur de l’Afrique, aimer
la patrie, c’est porter l’Afrique dans son cœur. Aimer,
et servir sa tradition, c’est aimer et servir l’Afrique.
Le nègre aliéné ignore que l’amour du Koongo
confère la possibilité de ressentir les battements de
cœur de l’Afrique. Lorsqu’on a – ne serait-ce que
205

pour quelques poussières de seconde – ressenti les


battements de cœur de l’Afrique, on comprend
intuitivement les douleurs qui sont les siennes, le
poids de son combat, la détresse qui est la sienne,
mais aussi la grande souffrance due à l’abandon de
ses enfants, de cette descendance indigne, aux
pensées presque entièrement tournées vers les
croyances occidentales.
L’Afrique souffre-t-elle ?
Oui ! Elle souffre de l’absence de ses enfants. Ils
sont là, mais ils ne la voient pas. Ils résident en
Afrique, mais ils ne la perçoivent pas. Elle parle,
mais ils ne l’entendent pas. Elle murmure, mais ils ne
la pressentent pas. Elle sanglote, mais ils ne sentent
pas.
L’Africain ignorerait-il sa Mère ?
Absolument ! L’Africain ne connait pas sa
génitrice. En réalité, l’Afrique est encore un mystère
pour l’Africain. Car, le voile de la Mère Afrique n’a
pas encore entièrement été levé par les Africains.
Cela ne signifie pas qu’ils n’ont n’en pas la
possibilité ; ça veut simplement dire qu’ils n’en
manifestent pas le désir. L’envoutement du verbe
chrétien, a, comme qui dirait, arraché l’amour de
l’Afrique du cœur des Africains.
Trop de christianisme est-il dangereux pour le
kamite ?
206

Absolument ! Trop de christianisme a anesthésié le


cœur du Nègre. Les religions importées l’ont rendu
insensible à l’amour maternel, à l’amour de
l’Afrique, à l’affection du cordon ombilical, à
l’amour de Kama – où devrais-je dire – de Ma-
Koongo, la figure aux mille visages, la Grande
Déesse, celle que l’inconscient collectif des artistes
recherche dans leurs créations artistiques. Celle dont
les mystiques entendent l’appelle sans jamais la
localiser. Celle qu’on ne peut approcher. Celle qui
choisit elle-même ses élus.
Ma-Koongo, Reine des Sep Royaumes, est le
visage mystique de l’Afrique. Ma-Koongo est la
Déesse des Déesses. Elle est la Reine des Reines.
Ma-Koongo est « la Grande Reine qui sanglote
quand l’Afrique pleure ». Elle est « Celle qui rit et
se réjouit quand l’Afrique sourit. » Ma-Koongo dont
les visages et les noms changent selon le travail
qu’elle exécute, les langues et les contrées dans
lesquelles elle apparait, était bien connue en Égypte
ancienne sous ses visages d’Isis, la Grande
Prêtresse et d’Hathor, déesse de la beauté, de la
musique et de l’harmonie.
Pour la petite histoire, depuis la création de
Koongo-sia-Ntotila, la Grande Déesse ne s’était
jamais réellement installée ; elle flottait sans savoir
où se poser. De rarissimes apparitions ont confirmé
son existence jusqu’à ce qu’elle daigne habiter parmi
les hommes du 25 juin 2018 au 1 juillet 2018. Une
207

semaine plaine de grâce pour l’espace vie Koongo en


particulier et pour l’Afrique en général qui a vu se
rassembler quelque part, dans un lieu secret, en
République du Congo, les plus dignes fils d’Afrique,
c’est-à-dire ceux qui au cours des siècles se sont
sacrifiés pour la libération et l’émancipation de
l’Afrique, mais aussi les plus grandes entités de
Kama, c’est-à-dire celles qui travaillent sans relâche
pour le Réveil traditionnel du continent, la
Décolonisation spirituelle de l’Afrique et la
cristallisation de la Renaissance africaine.
Pendant une semaine de liesse, l’Afrique a vibré au
rythme de Ma-Koongo, la Mère des Mères. Ma-
Koongo, Tadi dia ntalu, Mama wa tumbu, Nkua
N’lenvo est l’âme de l’Afrique. Ma-Koongo est le
Cœur de l’Afrique. Ma-Koongo est l’un des côtés du
triangle mystique ngunza. Elle est la gardienne du
temple de Mampûngu. Ma-Koongo est notre Mère
commune.
La descente de Ma-Koongo dans l’espace vie
Koongo a été un moment exceptionnel pour l’Afrique
qui a vu descendre de grandes entités venues des
planètes éloignées. Des divinités venues du lointain –
dont nous conservons encore le souvenir – ont
honoré l’Afrique de leurs hautes vibrations et de leur
présence lumineuse.
Tout cela nous réconforte dans notre lutte. Le fait
de savoir que l’on n’est pas seul et que notre
démarche est soutenue par les gardiens des galaxies
208

est une chose réjouissante. Mais en dépit du soutien


spirituel de ces grandes entités, en dépit de leur
amour et de leur désir de voir l’Afrique s’élever à des
niveaux physiques et spirituels supérieurs, c’est à
nous d’agir ; c’est aux kamites de poser pierre après
pierre, l’édification de la Renaissance africaine.
Notre spiritualité n’existe que pour atteindre ce but.
Ma-Koongo, notre Mère Céleste, nous a fait
l’honneur de planter la fleur de la Renaissance
africaine dans l’espace vie Koongo. À nous de
l’arroser afin que de cette fleur rarissime et précieuse
pousse sereinement, c’est-à-dire dans les meilleures
conditions dans notre jardin.
Un spiritualiste doit toujours faire attention à ne
pas oublier ce qui compte le plus. Et pour nous autres
kamite ce qui compte le plus, c’est la Renaissance
africaine. Tâchons de l’imprimer dans notre
subconscient.
209

LA VOIX DES ANCÊTRES XIII


AINSI PARLE KIMPEMBA-MPATI
(MAMA-WA-NDOMBI)

Un serpent !
C'est ainsi que vous percevez la spiritualité africaine
Sans prendre la peine de la connaître
Vous la visualiser
Comme un dangereux serpent venimeux
Ce qui est archifaux
Car si la spiritualité africaine était aussi cruelle que
vous le pensez
Elle aurait mordu plus d'un
Que dis-je !
Elle aurait déclenché des guerres saintes
Elle aurait instauré la grande Inquisition
Elle aurait autorisé l'esclavage des gens de couleurs
Elle aurait envoyé des missionnaires
Donc des mercenaires pour laver le cerveau, c'est-à-
dire aliéner les peuples libres
Si les croyances africaines étaient si toxiques
Elles nous auraient promis un paradis céleste illusoire
Si la spiritualité africaine était si nuisible
Elle se serait enrichie sur le dos des fidèles
Comme certaines religions hypocrites
210

Qui promettent des places au paradis


Aux misérables qui se privent de nourritures et
d'économies
Pour engraisser une Église Financièrement
pléthorique
Car ivre des richesses importées
Ivre des trésors multiformes arrachés à d'honnêtes
gens au nom d'un messie monté de toutes pièces pour
emberlificoter les naïfs
Et dominer le monde
Eu égard à cela
Ne serait-il pas plus sage
De cheminer avec un serpent que l'on connaît plutôt
qu'avec un ange que l'on ne connait pas
Et qui au finish
Pourrait s'avérer être un démon
De l'ancien temps
Un ange déchu ?

NÉ MWANDA-VÉEDILA162

162
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
211

Chapitre XX
Creuser le « soleil » est un rêve de
lumière que vous devez construire
dans l’unité

« Ramsès163 est en train de creuser un soleil. Mais


ce rêve de lumière doit se construire dans l’unité. »

Huppert Malanda

C ette phrase fut prononcée le 22 juin 2018, au


cours des retrouvailles amicales au siège du
Forum des gens de Lettres164. Pris comme dans une
sorte de transe, Huppert Malanda, grand poète
congolais, donnait ainsi son ressenti après que j’eus
déclamé Kemi, renais de tes cendres165 et Une
colombe falsifiée, deux poèmes respectivement tirés
des livres Renaissance africaine et Bungunza ou la
décolonisation spirituelle de l’Afrique. Étant donné

163
Prénom du Né Mwanda-Véedila.
164
Association d’écrivain congolais.
165
Prélude poétique.
212

que je suis de ceux qui pensent que des propos d’une


telle perspicacité méritent un décryptage minutieux,
je me suis permis d’en décortiquer le sens afin de
permettre à ceux qui avaient écouté Huppert
Malanda, sans réellement l’avoir compris, de cerner
tous les contours ou de palper la profondeur de son
analyse.
a) Le soleil
Le soleil est l’union de deux éléments : le feu et la
lumière. Dans toutes les traditions, le feu a toujours
été considéré comme la flamme de la civilisation. À
ce sujet, le mythe koongo de Mahungu et le mythe
grec de Prométhée166, pour ne citer que ces deux
exemples, sont tout à fait significatifs. La
manipulation consciente du feu est l’une des choses
physiques qui opèrent une nette différence entre
l’humain et l’animal. Et c’est grâce à notre
« pouvoir » ou puissance du feu, vérifiable à travers
nos armes à feu (aux détonations similaires aux
grondements du ciel) que le monde animal s’incline
et reconnait en l’homme une force, une intelligence,
un génie qui non seulement le distingue des animaux,
mais encore fait de lui un dieu dans le règne animal.
L’importance du feu n’est plus à énoncer, car de
l’hémisphère nord à l’hémisphère sud, des peuples
dits « primitifs » aux peuples dits « civilisés »,

166
Mythologie – L’un des Titans, il déroba le feu du ciel pour le transmettre aux
hommes et fut puni par Zeus qui le fit enchaîner sur le Caucase où un aigle lui
rongeait le foie qui repoussait sans cesse.
213

l’utilisation multiforme du feu dans les ménages,


dans l’industrie, dans l’artillerie, dans l’art et dans les
pratiques religieuses en dit long.
B) La lumière
La lumière nous permet de dompter la nature, de
pousser nos limites au-delà des limitations naturelles
de l’homme ; elle nous ouvre à des horizons encore
plus larges et permet à l’homme de bien distinguer
les objets dans la nuit. La lumière, comme nous le
savons, est la puissance qui dissipe l’ombre. La
lumière est l’énergie qui démarque le juste de
l’injuste, les bienveillants des malveillants, les anges
des démons, bref les forces évolutives des puissances
des ténèbres.
Dans le domaine spirituel, la lumière est source de
clairvoyance ; elle ouvre à la clairaudience et permet
à l’esprit de réaliser toutes les pratiques spirituelles
possibles. Une âme remplie de lumière vit et
expérimente des choses qui non seulement vont au-
delà du champ expérimental du corps humain
ordinaire, mais aussi que l’organisme ne soupçonne
même pas.
La lumière est la chose qui distingue le sage de
l’homme ordinaire. La lumière est la force qui
distingue le scientifique du commun des mortels. La
lumière est l’énergie qui distingue l’artiste des âmes
dépourvues de sensibilité artistique. La lumière est
une intelligence autonome qui se réfléchie en
plusieurs rayons formant chacun les différents degrés
214

ou différents échelons de la lumière que sont : la


sagesse, la clairvoyance, la clairaudience, la science
dans ses multiples disciplines, l’art dans sa pluralité,
etc.
Le soleil est l’astre de la joie et de la gaieté. Dans
le combat qui est le nôtre – celui de la
décolonisation spirituelle de l’Afrique, condition
sine qua non pour la matérialisation de la
Renaissance africaine – le soleil est la source de
lumière principale. Le soleil est le chemin. Le soleil
est le trésor de connaissances ancestrales ; il
symbolise la somme des enseignements spirituels
dont l’Afrique a besoin pour sortir de la nuit de
l’esclavage spirituelle.
Que signifie creuser le soleil ?
Creuser le soleil c’est déterrer le savoir perdu ou
oublié. Creuser le soleil c’est prendre dans les
profondeurs occultes de l’Afrique les armes ou les
outils spirituels qui redonneront au Nègre
contemporain la puissance de ses ancêtres égypto-
nubiens. Creuser le soleil c’est puiser dans le « puits
antique de l’Égypte » et les « montagnes spirituelles
de Koongo-dia-Ntotela» les matériaux de
reconstruction de notre identité kamite. Creuser le
soleil c’est se nourrir de ses rayons ardents afin
d’illuminer l’Afrique de ses mille feux. Creuser le
soleil c’est aller aux sources de la sagesse africaine
pour ramener les brebis égarées sur le droit chemin
de l’éveil traditionnel, donc de la reconnexion avec
215

les Ancêtres contemporains, les Grands Ancêtres


égypto-nubiens et, plus que toute autre chose, avec
Amon-Râ, Soleil des soleils.
c) L’unité167
L’unité est la capacité d’être unanime dans nos
décisions, de suivre un cap commun, de dessiner un
destin commun, d’agir en commun, de réfléchir en
commun, de s’exprimer en commun accord, de
respirer ensemble, de vibrer à l’unissant. L’unité
c’est la magie d’être sur la même longueur d’onde,
d’être connecté à la même source d’inspiration, de
tirer sa sève du même baobab, de puiser ses forces
dans les mêmes racines, les mêmes entrailles ; l’unité
c’est parler – non pas la même langue – mais le
même langage ; l’unité c’est partager la même
philosophie ; c’est mener le même combat. L’unité
c’est la capacité d’utiliser des armes différentes pour
gagner une victoire commune ; c’est travailler chacun
dans son domaine respectif pour la matérialisation
d’un même rêve ou l’aboutissement d’un idéal
commun.
Que signifie construire dans l’unité ?
Construire dans l’unité c’est être les rayons d’un
même soleil ; c’est refléter les différentes couleurs
d’un même arc-en-ciel ; c’est constituer les branches
d’un même arbre ou les différents arbres d’un même
jardin ou d’une même forêt. Construire dans l’unité
c’est évoluer dans le même temple qu’est la
167
Bu-mosi.
216

mosaïque spirituelle kamites. Construire dans l’unité


c’est s’aligner dans la même direction
psychologique ; c’est avancer dans le même rayon
doctrinal. Aussi banales que ces exemples puissent
paraître, construire dans l’unité c’est constituer,
chacun, les grains de riz d’un même repas ou être les
bananes d’un même régime. Construire dans l’unité
c’est être les raisins d’une même grappe. Construire
dans l’unité c’est être les animaux d’un même
troupeau, les oiseaux d’une même colonie, les
poissons d’un même océan, les herbes d’une même
prairie. Construire dans l’unité c’est former ensemble
les briques d’une même maison. Construire dans
l’unité c’est s’oublier soi-même pour fondre dans la
masse. Construire dans l’unité c’est renoncer au
« moi individuel » au profit du « Moi collectif ».
Construire dans l’unité c’est fondre sa destinée dans
le destin collectif d’un peuple ou d’une nation.
Construire dans l’unité c’est s’oublier soi-même pour
vivre pour les autres. Construire dans l’unité c’est
adopter la vision commune d’un groupe, d’une
association, d’une congrégation ; c’est participer
activement aux actions d’une communauté.
Construire dans l’unité c’est se placer sous la tutelle
d’un égrégore forgé et chargé pour
l’accomplissement d’un idéal spécifique. Construire
dans l’unité c’est se comporter comme l’abeille dont
la récolte du pollen sert non pas l’égo, mais l’intérêt
général. Construire dans l’unité c’est jouer chacun le
217

rôle de fourmi laborieuse pour la gloire


communautaire. Construire dans l’unité c’est
accepter, de son plein gré, de porter humblement et
vaillamment sa part d’Afrique sur les épaules jusqu’à
la réalisation totale de la Renaissance africaine.
Construire dans l’unité c’est cesser de voir le combat
pour la libération spirituelle de l’Afrique comme
l’affaire des uns, mais comme un dossier collectif des
« peaux noires. » Construire dans l’unité c’est placer
la barre au-delà des clivages ethniques qui nous
séparent pour agir positivement et efficacement au
profit du continent noir.
Cependant, l’unité est un « mécanisme » qui se
coordonne. L’unité est un « dispositif » qui se pilote,
l’unité est un ensemble d’actions planifiées et
concertées auxquels il faut obéir ou réaliser sans
hésiter, sans rechigner, sans reculer, sans félonie,
sans vantardise, sans tambour ni trompette ou, selon
le but à atteindre – car chaque action à son propre but
et chaque mauvaise action a ses conséquences.
L’unité est un rail qui ne tolère aucun déraillement.
L’unité est un train, un ensemble de wagons tirés par
une locomotive préparée pour la cause ou choisie en
fonction du moment ou des contingences sous la base
de son expérience et de sa compétence. L’unité étant
un bateau piloté par un capitaine exercé, ramer dans
tous les sens ou naviguer à contresens ne
contribuerait qu’à ralentir ou alourdir la machine.
Avertissement
218

L’unité ne se construit pas avec des wagons


désordonnés et négligents. Dans le train de l’unité
spirituelle africaine, il vaut mieux être un passager
fidèle plutôt qu’un voyageur incertain, briseur
d’harmonie, démolisseur d’unité. Dans le chantier de
l’unité spirituelle africaine, il est préférable d’être un
bon ouvrier plutôt qu’un piètre maçon. Il est
formellement déconseillé à l’aspirant ngunza de
s’engager dans la file indienne de l’unité spirituelle
africaine dans le but obscur de détruire, de stopper ou
d’espionner.
Malheur au Ngunza ou au kamite qui par ses actes
inharmonieux, constituera le chaînon manquant du
puzzle de l’unité spirituelle africaine ! Honni soit le
Ngunza qui, par son caractère dissonant et
démissionnaire, deviendra l’épine dans la chaussure
de l’unité spirituelle de l’Afrique ! Maudit soit le
Ngunza qui, après avoir prêté serment, tourne le dos
aux ancêtres, et par ricochet, à ses frères et à notre
idéal commun.
Trahir l’unité, c’est trahir l’Afrique. Par contre,
préserver l’unité, c’est sauver l’Afrique.
219

LA VOIX DES ANCÊTRES XIV


‘‘AINSI PARLENT MOUDOUMA-NGÔ’’
Mais qui a dit aux missionnaires
Que l’Africain était perdu ?
Qui diable a dit aux colonisateurs
Que l’Africain était dans l’obscurité ?
Examinez bien cette image
Si la critique dissuasive
De l’intelligentsia coloniale
Y perçoit ‘‘le plus dégradant fétichisme’’
Et ce, dans le but inavoué d’empêcher
Les nouvelles générations africaines,
Formées dans les écoles coloniales,
De s’engager dans les sentiers traditionnels
Afin que se perde à tout jamais
Ce précieux héritage ancestral africain
Héritage qui,
Poussé à son paroxysme,
Pourrait constituer un frein
Aux sombres projets coloniaux
Sur le sol africain
En ce sens que
Les pratiquants des rites
Que les promoteurs de la compagne
De diabolisation
De la culture nègre ont faussement
Présenté aux yeux du monde
Comme ‘‘des féticheurs’’
220

Non seulement
Étaient à l’évidence
Des traditionalistes difficiles à manipuler
Mais aussi – et surtout –
Des clairvoyants.
Ces sages prêtres kamites
Gardiens des mystères
Et protecteurs de la nature
N’avaient pas eu besoin
De passer par l’école des blancs
Pour déceler la duplicité,
La fourberie, l’hypocrisie
La cupidité, la jalousie
La haine, la perfidie,
La cruauté et la tyrannie
Des envahisseurs en soutane
Qui sous l’habile prétexte
De ‘‘l’amour du prochain’’
Et de l’ordre reçu
De la part de leur maître
À savoir : « Allez et faites
De tous les peuples
Des ‘‘disciples…’’ »
Les envahisseurs en soutane
– disais-je – avaient traversé
L’océan atlantique
Pour nous montrer le chemin
Et la vérité.
221

Mais qui a dit aux missionnaires


Que l’Africain était perdu ?
Qui diable a dit aux colonisateurs
Que l’Africain était dans l’obscurité ?
Dans l’hypothèse où
Les Occidentaux étaient venus
Nous apporter la vérité :
Pour présenter cette vérité,
Fallait-il nécessairement diaboliser
Les rites et les cultes
Des peuples autochtones ?
N’était-il pas possible de transmettre
La lumière de la vérité,
Si tant est qu’on puisse l’appeler ainsi,
Sans passer par des pratiques diffamatoires
Ou utiliser des procédés calomnieux ?
Était-ce si difficile de commenter
Une image ou une coutume africaine
Sans la dégrader ?
Le problème avec ces envahisseurs
C’est qu’ils se targuent
De nous avoir civilisés,
Alors qu’en réalité,
Ils nous ont aliénés.
Les missionnaires prônaient l’amour,
La lumière et la sagesse,
Mais dans le fond,
222

Leurs enseignements
N’étaient que ruse et mensonges illusoires.
Conclusion :
Le christianisme est la religion de la ruse
Or qui dit ''ruse''
Dit le ''diable''
Vrai ou faux ?

NÉ MWANDA-VÉEDILA168

168
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
223

Chapitre XXI
L’ombre et la lumière

« Comme l’eau et le feu, ordre et désordre, ombre et


lumière, doivent cohabiter dans l’univers. C’est cette
sempiternelle, exaspérante, mais indispensable
promiscuité qui donne un sens à la vie ».

NÉ MWANDA-VÉEDILA169

Compatibilité et incompatibilité
’incompatibilité de l’esprit et de la matière crée
L l’obscurité ; elle engendre des zones d’ombres
intelligentes et autonomes qui n’ont pour seul but que
de déprogrammer la nature, de la corrompre, d’y
introduire des virus pour inverser le temps, court-
circuiter le futur et désorganiser le présent.
Ce qu’il sied de retenir de l’ombre
L’ombre c’est le désordre. L’ombre c’est le chaos.
L’ombre c’est la tentative d’engendrement du néant.

169
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
224

Ce qui est impossible, car chaque fois que l’ombre


essaye d’enfanter le néant, elle chute dans des
octaves, des dimensions de la vie encore
insoupçonnées qu’elle tente de corrompre au fur et à
mesure et ceux indéfiniment. Ainsi de monde en
monde se créent des ombres, des légions d’ombres,
que des armées de lumière repoussent avec férocité,
chaque fois que la vie est menacée et que le désordre
semble prendre le dessus sur l’ordre, comme c’est le
cas aujourd’hui dans la lutte qui oppose le kamite au
suprématiste blanc.
Quel rapport y a-t-il entre l’ordre et le
désordre ?
Ordre et désordre. Tel est le cycle infini de la vie.
Jamais l’un sans l’autre. La présence de l’un rappelle
automatiquement l’existence et l’importance de
l’autre. Un monde uniquement fait de lumière et
d’ordre est un monde estropié. Un monde
uniquement composé d’ombre et de désordre est un
monde incomplet.
Or la nature a horreur du vide. Pour maintenir
l’équilibre des forces de la nature, comme l’eau et le
feu, ordre et désordre, ombre et lumière, doivent
cohabiter dans l’univers. C’est cette sempiternelle,
exaspérante, mais indispensable promiscuité qui
donne un sens à la vie. Ce voisinage naturel
incestueux produit l’intelligence d’un côté et la ruse
de l’autre, la beauté d’un côté et la laideur de l’autre,
la force d’un côté et la faiblesse de l’autre, la victoire
225

d’un côté et l’échec de l’autre, le froid d’un côté et le


chaud de l’autre, le masculin d’un côté et le féminin
de l’autre, l’unité d’un côté et la division de l’autre,
la paix d’un côté et la guerre de l’autre, la
bénédiction d’un côté et la malédiction de l’autre, le
bonheur d’un côté et la souffrance de l’autre, l’espoir
d’un côté et le désespoir de l’autre, l’amitié d’un côté
et l’inimitié de l’autre, la vérité d’un côté et le
mensonge de l’autre, la réalité d’un côté et l’illusion
de l’autre, l’ignorance d’un côté et la sagesse de
l’autre, l’équilibre d’un côté et le déséquilibre de
l’autre, l’harmonie d’un côté et la disharmonie de
l’autre, la peur d’un côté et la bravoure de l’autre, la
liberté d’un côté et l’esclavage de l’autre, la tyrannie
d’un côté et la bonté de l’autre, la santé d’un côté et
la maladie de l’autre, la douceur d’un côté et la
vigueur de l’autre, le mariage d’un côté et le divorce
de l’autre, la vie d’un côté et la mort de l’autre, etc.
Ensemble, ordre et désordre forment la balance de
la vie qui donne aux créatures que nous sommes le
libre arbitre, la faculté d’opérer, d’opter pour le bien
ou le mal, pour l’ombre ou la lumière, bref pour
l’ordre ou le désordre.
226

LA VOIX DES ANCÊTRES XV


‘‘AINSI PARLE SIMON KIMBANGU’’

Ô toi qui défens à cor et à cri


Une civilisation pervertie
Qui a traversé les grands espaces marins
Pour faire de tes ancêtres son festin
Et des merveilles de ton sous-sol son butin
Civilisation belliqueuse
Qui nous a apporté l’épée et non la paix
Civilisation belliqueuse
Qui a fait des ravages
Brulé nos villages
Et morcelé nos royaumes
Sans aucun état d’âme
Civilisation des durs à cuir
Qui nous a injustement fait subir
Le martyr de l’esclavage
Et l’humiliation sauvage
De la colonisation
Civilisation pétrolière
Civilisation geôlière
Civilisation téméraire
Civilisation meurtrière
Civilisation dominatrice des nations
Civilisation corruptrice des traditions
Qui à l’aube de son déclin
Ne se gêne plus le moins du monde
227

De dévoiler au reste du monde


Ses pratiques immondes
Ô aliéné !
Ô nègre de maison
Quelle relation entretiens-tu
Avec tes glorieux ancêtres ?
Te comporterais-tu envers eux
Tel un grand civilisé envers
De petits indigènes
Ou avec le mépris
D’un missionnaire
Envers un groupe de féticheurs ?
Quelle place accordes-tu
À ceux qui ont versé leur sang
Pour la libération de ta nation ?
Quelle place accordes-tu
Aux héros de la lutte anticoloniale ?
Dis-moi la vérité
Réponds-moi en toute honnêteté
Les traites-tu avec autant de déférence
Que les fameux saints
Importés par des mercenaires malsains
Pour supplanter dans la hiérarchie de ton estime
La place logiquement et naturellement réservée
Aux mânes de ta parenté ?
Dis-moi ô mercenaires
Bourreau inconscient de ta propre tradition
228

Quelle attitude adoptes-tu envers


Ceux qui t’ont précédé dans l’au-delà ?
Les traites-tu telles de vieilles chaussettes
Abandonnées dans le tiroir naturel de la terre
Ou comme des objets précieux
À préserver dans le coffre-fort de ton cœur ?
En tant que noir
Donc issu d’une culture
Profondément lié à sa lignée
Ou à son ascendance
Quelle importance
Accordes-tu à ton arbre généalogique ?
Es-tu bien conscient
Que sans cette porte ouverte par ta mère
L’accès au monde physique
Ne t’aurait pas été accordé ?
Ne t’es-tu jamais posé les questions de savoir :
« Que serais-tu devenu
Si ton père biologique
Avait opté pour le célibat philosophique
Des prêtres catholiques ? »
Honnêtement
Cher enfant
Serais-tu venu à l’existence
Si ton père
Comme tous ceux qui grandissent actuellement
Dans l’environnement spirituellement pollué
Du monde occidental
229

Avait choisi la voie corrompue et déréglée


C’est-à-dire la voie inféconde et contre nature
D’une homosexualité légalisée
Par ceux qui
Ayant vendu leurs âmes au diable
Veulent imposer à l’humanité
Toute cette saleté
En totale inadéquation
Avec les édits de la Maât ?
Ô traitre à la mémoire de tes ancêtres
Sais-tu qui tu es ?
Ça m’étonnerait
Un conseil :
N’oublie jamais d’où tu viens

NÉ MWANDA-VÉEDILA170

170
Nom initiatique de Ramsès Bongolo.
230

Chapitre XXII
Les choses à ne pas faire
« Quand on ne sait pas ce qu’il faut faire, on sait
au moins ce qu’il ne faut pas faire. »

INCONNU

D ans toute organisation, il y a une ligne de


conduite. En termes plus simples, la
conduite, c’est la direction, le chemin à emprunter
pour atteindre ses objectifs. En ce qui vous
concerne, la voie dans laquelle vous vous êtes
engagés (ou dans laquelle vous vous apprêtez à
vous engager) est une voie essentiellement
spirituelle.
Pour vous permettre d’éviter les pièges et autres
obstacles sur le sentier du Bungunza – car tout
sentier spirituel est parsemé d’embuches – il y a
un certain nombre de choses à faire et de choses à
ne pas faire. Ayant largement épilogué tout au
long de cet ouvrage, sur ce qu’il sied de faire, le
231

présent chapitre concerne particulièrement les


choses qu’il ne faut absolument pas faire.
Un sage a dit : « Quand on ne sait pas ce qu’il
faut faire, on sait au moins ce qu’il ne faut pas
faire. » Oui, dans toute organisation, il est capital
d’avoir bonne connaissance de ce qu’il ne faut pas
faire. Car bien souvent, le disciple ne se concentre
que sur ce qu’il faut faire.
Conséquence : il est souvent surpris par ce
qu’il ne faut pas faire.
Or, dans certains cas – mis à part les cadeaux
d’anniversaires, les témoignages d’affection et les
marques de sympathie – les surprises sont des
obstacles susceptibles de « paralyser » le cerveau,
de faire perdre le sang-froid, de susciter la
panique, donc de déconcentrer, c’est-à-dire
d’affaiblir moralement, d’alourdir, de gêner, de
perturber, de choquer, de troubler, de bloquer, de
ralentir, de faire reculer, de court-circuiter, de
mettre hors-jeu, de déstabiliser, de stresser ou
même d’éliminer un « joueur » sur le parcours.
C’est donc pour nous éviter les mauvaises
surprises sur le parcours de la Renaissance
africaine qu’il convient de prendre des
dispositions en ce qui concerne le « puits
psychologique » dans lequel un kamite devrait
s’abstenir de tomber, c’est-à-dire les choses qu’il
ne faut absolument pas faire.
232

CE QU’IL NE FAUT JAMAIS FAIRE

1- Ne jamais perdre la foi ;


2- Ne jamais laisser tomber sa mission ;
3- Ne jamais oublier la discipline ;
4- Ne jamais perdre de vu le respect et les devoirs
de l’engagement ;
5- Ne jamais trahir le serment de fidélité envers
l’Afrique, sa religion et les Ancêtres ;
6- Ne jamais s’engager dans des plans qui nous
perdent du temps et de l’énergie ;
7- Ne jamais négliger toute information
susceptible de nous faire avancer dans notre
lutte ;
8- Ne jamais oublier de faire l’inventaire de vos
activités annuelles ;
9- Ne jamais négliger un pressentiment ;
10- Ne jamais tolérer les failles dans un plan
d’action ;
11- Ne jamais oublier que nous sommes du
côté des gentils ;
12- Ne jamais rien entreprendre lorsqu’on ne
se sent pas prêt ;
13- Ne jamais oublier qu’il n’y a rien pour
rien ;
14- Ne jamais se montrer imprudent ;
233

15- Ne jamais se lancer dans un combat


perdu d’avance ;
16- Ne jamais confondre intrépidité et
bravoure ;
17- Ne jamais confondre vitesse et
précipitation
18-
19- Ne jamais oublier que vous avez des
responsabilités vis-à-vis de l’Afrique
20- Ne jamais donner de noms étrangers à
vos enfants.
234

EXPLICATION DE CE QU’IL NE FAUT


JAMAIS FAIRE

1- Ne jamais perdre la foi. La foi c’est le


fondement de toute entreprise. Quiconque
espère bâtir sa maison et faire fi de la foi est tel
un homme qui construit des murs et qui aimerait
poser la toiture sans tenir compte du chainage et
de la fondation. Un tel édifice est forcément
voué à l’échec ; car le projet aura beau être
beau, il lui manquera la base, la fondation, le
fondement qu’est la foi.
2- Ne jamais laisser tomber sa mission. Une
mission est un enfant que nous mettons au
monde. Un kamite qui néglige sa mission est
aussi blâmable, condamnable et pendable ou
coupable qu’un père qui a déserté son foyer et
abandonné femme et enfants. Car, la mission,
chers kamites, est un foyer qu’il sied de nourrir
et d’accomplir autant que l’on peut avec les
moyens que nous possédons, mais surtout avec
constance et détermination jusqu’à
l’aboutissement. Dans la cadre de la lutte qui est
la nôtre, à savoir, l’émancipation de l’Afrique,
tant qu’il nous restera une parcelle d’énergie ou
un brin de souffle, nous devons absolument
nous atteler à accomplir notre tâche, à remplir
notre devoir ou à faire avancer les travaux.
235

3- Ne jamais oublier la discipline. Être kamite


c’est être non pas au-dessus, mais en dessous de
la Maât. La Maât étant la Règle, pour le bien de
la cause, on est obligé de se soumettre à la
Règle, de respecter à la fois les Règles de la
Maât, mais aussi celles proprement liées à la
matérialisation de la Renaissance africaine,
c’est-à-dire les choses à faire et les choses à ne
pas faire.
4- Ne jamais perdre de vu le respect et les
devoirs de l’engagement. Le respect de la
parole donnée est une vertu. L’engagement est
une vertu. Car celui ou celle qui s’engage à le
devoir d’aller jusqu’au bout. Dans une affaire
aussi sérieuse que la libération de l’Afrique, on
ne s’engage pas pour s’arrêter en chemin.
L’engagement dans la voie kamite ou le sentier
de la décolonisation spirituelle de l’Afrique
n’est pas un mariage que l’on peut briser ou
défaire à sa guise. Mieux vaut n’avoir jamais
commencé plutôt que de commencer et de
s’arrêter en chemin. Bref, les paresseux, les
poltrons, les couilles molles et les
démissionnaires ou les partisans du moindre
effort n’ont pas leur place dans la lutte pour la
libération de l’Afrique. Si vous avez une âme
pessimiste et démissionnaire, si vous êtes de
ceux qui ne vont jamais jusqu’au bout de leurs
projets, ne vous engagez pas dans cette lutte, car
236

elle n’est pas de tout repos. La lutte pour la


libération de l’Afrique n’a ni besoin des
efféminés ni besoin des capricieux ni besoin des
faibles d’esprit et encore moins besoin des
traîtres. Cette noble cause à juste besoin de
personnes courageuses, des jusqu’auboutistes.
Cette lutte a besoin des personnes obéissantes et
assidues. Elle a besoin de guerriers et non
froussards. Elle a besoin de combattants
capables de blanchir des nuits et non de
dormeurs.
5- Ne jamais trahir le serment de fidélité envers
l’Afrique, sa religion et les Ancêtres. La
traitrise est souvent due à la corruption. Comme
disait Frantz Fanon : « Le grand succès des
ennemis de l’Afrique c’est d’avoir corrompu les
Africains eux-mêmes ». Ne laissez pas votre
âme être corrompu par le virus de la traitrise.
Ne soyez pas le Judas de la cause. Si vous vous
sentez une âme de traître. Reculez. Ne vous
engagez surtout pas dans cette affaire qui
nécessite une extrême loyauté, un dévouement
sans bornes. Reculez parce que vous risqueriez
de devenir préjudiciable à la cause. Reculez, car
le sort des traîtres à la mémoire de leurs
ancêtres est une chose qui se paie très cher. Si
vous êtes incapable de garder des secrets,
reculez ; car cette lutte n’est pas la vôtre. Le
combat pour la libération spirituelle de
237

l’Afrique exige grande loyauté et respect du


secret.
6- Ne jamais s’engager dans des plans qui nous
perdent du temps et de l’énergie. Entre
plusieurs solutions, toujours choisir la plus
rapide, la plus simple. Le temps est précieux. Et
le problème avec le temps c’est qu’il n’est pas
notre allié. Ne perdez donc jamais votre temps
dans des opérations ou des solutions
compliquées, car le temps presse. Rapide,
efficace, précis. Tel doit être vos plans. Ayez
toujours à l’esprit que chaque minute, chaque
heure, chaque jour de perdu aurait mieux servi à
désaliéner un nègre acculturé.
7- Ne jamais négliger toute information
susceptible de nous faire avancer dans notre
lutte. La victoire est souvent dans le détail. Un
détail pris au sérieux, tourner et retourner, c’est-
à-dire analysé dans toutes les directions et dans
plusieurs scénarios, peut créer ou nous ouvrir
une brèche dans la résistance ennemie. Une
information qui, à première vue, pourrait vous
paraître banale peut vous conduire à un passage
secret ou à point vulnérable de l’ennemi. En
appuyant sur cette touche, on peut parvenir à de
bons résultats, voire même à la victoire ; et ce,
grâce à un simple détail qu’un esprit non averti
ou non préparé aurait négligé ou pris à la légère.
D’où l’importance de l’analyse du détail, donc
238

de l’inventaire du détail productif et du détail


inutile ou contre-productif.
8- Ne jamais oublier de faire l’inventaire de vos
activités annuelles : qu’est-ce qui a été fait ?
Qu’est-ce qui n’a pas été fait ? Qu’est-ce qui
n’aurait pas dû être fait ? Qu’est-ce qui aurait pu
être fait en priorité. Qu’est-ce qui nous a
ralentis ? Qu’est-ce qui nous a fait avancer ?
9- Ne jamais négliger un pressentiment. Le
pressentiment, c’est l’intuition. L’intuition, à ne
pas confondre avec une réflexion, est un
message, un avertissement du cœur. Le cœur
n’ayant aucune limite dans le temps est tout à
fait capable de voir ce qui a été, ce qui est et ce
qui sera. En fonction de ses visions et de ses
auditions, le cœur nous parle à travers
l’intuition ; il clignote pour nous indiquer
d’avancer ou de freiner. Il clignote pour signaler
le danger ou l’opportunité. L’intuition est un
allié sûr ; c’est un guide en qui nous devons
avoir confiance et dont nous ne devons jamais
négliger les ordonnances au risque de subir ou
de rater beaucoup de bonnes choses, beaucoup
d’opportunités.
10- Ne jamais tolérer les failles dans un
plan d’action. Les infiltrations de l’ennemi, les
petites erreurs remarquer sur le parcours et que
l’on peut éviter, les ouvertures qui n’ont pas
lieu d’être, tout cela doit être traité avec le plus
239

grand sérieux. Ce sont des détails à ne jamais


négliger. Dès lors que vous constatez quelque
chose de louche ou de la duplicité dans le
comportement d’un kamite, prenez la peine de
vérifier s’il est avec vous ou contre vous.
Autrement dit arrangez-vous à connaître ses
véritables motivations et à savoir si c’est un
traitre ou pas. Il sied également de retenir que
l’accumulation des petites erreurs sur le
parcours peut engendrer de grandes ou graves
erreurs. Or, dans la lutte que nous menons, nous
n’avons pas droit à l’erreur. Nos adversaires
sont puissants ; ils ont l’intelligence et les
moyens de leur politique. C’est pourquoi il ne
faut absolument pas se permettre des erreurs. Il
faut toujours vérifier que les choses ont été bien
faites avant de poser un acte.
11- Ne jamais oublier que nous sommes du
côté des gentils (être gentils ne signifie pas
qu’on n’a pas le droit de riposter. Non, loin de
là ! Être gentil c’est riposter seulement quand il
le faut ou quand on n’y est obligé. Car parfois,
pour sauver des vies, il faut riposter, attaquer ou
contrattaquer. Être du côté des gentils c’est être
du côté de la lumière. La lumière doit toujours
luire dans les ténèbres. La lumière souffle le
chaud et le froid. La lumière est douce quand
tout va pour le mieux comme dans le meilleur
des mondes et brûlante quand tout tourne mal.
240

La lumière est un vent fluctuant ; en temps de


paix, elle engendre le beau temps, mais en
temps de guerre, elle déclenche la tempête. La
lumière est un oiseau à deux visages : le
premier s’offre à nous sous le signe du sourire
et de la colombe171 – oiseau de paix et de vérité
– et le second s’offre à nous sous le signe de
l’ire et du phénix172 – oiseau de feu et de la
renaissance.
12- Ne jamais rien entreprendre lorsqu’on
ne se sent pas prêt. Ça ne sert à rien d’endosser
certaines responsabilités lorsqu’on n’est pas
mentalement ou physiquement apte à les
accomplir. De même, quand on n’est pas
disponible, point n’est besoin d’accepter une
tâche ou un poste de travail. Il ne faut jamais
rien entreprendre lorsqu’on ne se sent pas prêt ;
et cela est aussi valable pour les initiations, les
pèlerinages173 initiatiques. Même lorsqu’on a
été désigné, si l’on ne se sent pas prêt, il faut
poliment décliner l’offre et avouer ouvertement
que l’on ne se sent pas prêt. Cette petite
« confession » aura non seulement l’avantage de
faire gagner du temps aux encadreurs, mais en
plus elle vous permettra d’avoir suffisamment
de temps pour vous préparer pour la prochaine

171
Bembé.
172
Nkulu-Mbimbi.
173
Djiétolo.
241

occasion avec un courage et une détermination


qui n’auraient pas été les mêmes si vous aviez
accepté juste pour faire plaisir à vos supérieurs
ou pour paraître brave devant vos collègues.)
13- Ne jamais oublier qu’il n’y a rien pour
rien. Toute victoire exige un sacrifice. Sachons
que nous ne sommes pas seuls à combattre –
mais aussi les morts et les esprits – offrandes et
libations doivent régulièrement être offertes aux
ancêtres et aux dieux non seulement pour
préserver nos liens avec nos racines, mais
encore pour obtenir protection, guidance et
bénédiction. L’un des plus nobles sacrifices que
vous auriez à faire est de sacrifier votre temps
précieux pour le mettre au service de la cause.
14- Ne jamais se montrer imprudent. Loin
d’être un alarmiste, non seulement l’homme
prudent n’est pas uniquement une personne qui
voit le mal de loin, mais en outre l’homme
prudent est une personne qui a le sens du détail.
Avoir le sens du détail, c’est s’assurer que tout
est prêt. Et la meilleure façon de s’assurer que
tout est prêt est d’organiser des inventaires
journaliers ou hebdomadaires. Dans le cas d’un
gardien174 du temple, pour ne citer que cet
exemple, l’une de ses tâches quotidiennes est de
s’assurer que tout le matériel175 spirituel est bien

174
Nkengi.
175
Bimvuama bia mu nsanga.
242

en place, que les locaux sont propres, que les


paroissiens sont bien en ordre et que le culte
peut commencer sans inquiétudes. Autrement,
c’est le désordre. Un désordre dû à un manque
de précautions ou à une imprudence aux
conséquences fâcheuses.
15- Ne jamais se lancer dans un combat
perdu d’avance. Ne pas être sûr de gagner est
une chose. Mais perdre un combat d’avance en
est une autre. Celui qui n’est pas sûr de gagner
est guidé par de vagues impressions qui très
souvent se trompent. Tandis que celui qui est
conscient que le match est perdu d’avance est
guidé par l’éclair de l’intuition qui jamais ne se
trompe. Si l’impression est une observation
basée sur de vagues observations oculaires ou
sensorielles, l’intuition est une observation
essentiellement basée sur l’observation
spirituelle ou extrasensorielle. Autrement dit,
l’objet imparfait qu’est le corps peut se tromper,
mais pas l’objet parfait qu’est l’esprit.
16- Ne jamais confondre intrépidité et
bravoure. L’intrépidité, qui n’est autre que la
témérité, est une forme de courage négatif ou
dégénéré. C’est le courage inconscient ou
insensé de l’homme qui se jette dans les
cataractes sans avoir appris à nager. Tandis que
la bravoure est l’expression même d’un courage
réfléchi, d’un courage raisonnable et conscient,
243

d’une bravoure qui prend toute la mesure de la


situation, qui maîtrise les tenants et les
aboutissants d’une affaire avant d’ouvrir les
hostilités ou de riposter. À l’instar de la colère,
l’intrépidité est une courte folie dont, la plupart
du temps, le pourcentage de réussite est très
mince. L’intrépidité est souvent confrontée à la
dure réalité des impossibilités, des échecs
fracassants ou des décès inévitables et
imminents. A contrario, la bravoure est une
vertu intuitive qui très souvent mène à la
victoire, à la gloire, à la réussite et au sentiment
de satisfaction. Si la bravoure est divinement
inspirée, guidée, aidée et éclairée, l’intrépidité
est souvent guidée par la colère, la cupidité,
l’orgueil, la vantardise, le sentiment de
supériorité, la soif du pouvoir, le désir
immodéré et malsain de la gloire. Autant la
bravoure est fille de la vertu, autant l’intrépidité
est l’œuvre du vice.
17- Ne jamais confondre vitesse et
précipitation. Si la vitesse est une chose, la
précipitation en est une autre. Ce qui est bien
dans la vitesse c’est qu’elle n’annule en rien le
contrôle. On peut rouler vite et sous contrôle.
Ce qui n’est pas le cas pour la précipitation qui,
elle, est tout à fait hors de contrôle. Un homme
qui se précipite agit sous le coup de l’impulsion
ou de l’émotion. La précipitation est souvent
244

l’ennemi de la raison. Par contre, la vitesse se


marie bien avec la raison. Elle ne fait pas selon
l’émotion, mais elle s’active juste à vouloir être
dans les temps ou gagner du temps.
18- Ne jamais renoncer avant d’avoir
essayé. La personnalité se mesure à la capacité
de décider au moment où tout semble perdu.
Même lorsque tout semble perdu, tout est
encore possible. Il n’y a d’impossibilité que
lorsqu’on est dans l’incapacité d’agir. Tant que
l’action est encore possible, tant qu’il y a la vie,
il faut toujours essayer d’atteindre sa cible ou
son objectif.
19- Ne jamais oublier que vous avez des
responsabilités vis-à-vis de l’Afrique. Ces
responsabilités sont bien plus importantes que
nos choix personnels. Elles sont au-dessus de
nos sentiments et de nos émotions. Autrement
dit, la dette que nous avons envers l’Afrique est
bien plus importante que les responsabilités que
nous avons envers nos familles respectives. Les
besoins de l’Afrique doivent toujours passer en
premier. Si l’Afrique a besoin de toi, de ton
expérience, de ta force, de ton intelligence ou de
ta présence pour accomplir une action, un
projet, les raisons familiales ou sentimentales ne
doivent en aucune façon constituer un obstacle à
la réalisation de ce projet. Ne jamais oublier que
de braves gens comme les Mabiala-ma-Nganga,
245

Buouéta-Mbongo, Kimpa-Vita, la Reine


Nzinga, Mama Ngounga et André Grenard
Matsoua ont renoncer à certains avantages, à
certaines joies de la vie pour contribuer à la
lutte pour la libération de l’Afrique. Nous leur
devons bien ça.
20- Ne jamais donner de noms étrangers à
vos enfants. Le nom est la première porte de
l’aliénation culturelle. Donner un nom étranger
à sa descendance c’est lui ouvrir soi-même la
porte maudite de l’aliénation ; en agissant de la
sorte, vous les contraignez à vénérer un ancêtre
étranger qui n’a strictement rien à voir avec les
traditions et l'égrégore kamite. Donner un nom
étranger à sa progéniture c’est l’exposer
indirectement aux influences bonnes ou
mauvaises d’un nom étranger dont on ignore le
sens, la plupart du temps. Donner un nom
étranger à sa progéniture c’est contribuer à la
couper de ses racines noires. Donner un nom
étranger à sa progéniture équivaut ni plus ni
moins à raffermir la chaîne de l’aliénation
culturelle. Conscients de cette réalité, les
tenanciers176 des religions dominatrices avaient
inventé le baptême dans le but de placer les
autochtones – donc les habitants des pays
conquis – sous le joug d’un égrégore importé,
sous la domination d’un égrégore nuisible à
176
(C’est-à-dire les Occidentaux).
246

l’émancipation du monde noir et réfractaire au


réveil traditionnel, à la renaissance africaine ou
à la décolonisation spirituelle de l’Afrique.
247

LA VOIX DES ANCÊTRES XVI


AINSI PARLE MARIAM MAKEBA

Ceux qui sont venus en Afrique


Pour se faire du fric
En se pavanant
Comme des paons
En culotte courte
Chemise kaki
Couvre-chef nazi
Avec un fusil
En bandoulière
N’ont jamais aimé
Voir un Soninké
Un Bamiléké
Ou un Téké
Déambuler aux champs Élysées
En tenue zébrée

Dans la vision hautaine


Du peuple de Montaigne
Les pauvres hirondelles
Qui se croient belles
En tenue traditionnelle
Devraient se conformer
Aux tenues de ville exigées
Par la blanche autorité

Et laisser dans leurs bourgades


248

Les vêtements fades


Qui rappellent l’humeur maussade
Et l’accoutrement au goût de moutarde
Des bouffons de Bagdad

Mais en réalité
Jaloux de l’esthétique magique incontesté
De votre originalité
Les hérons de Franche-Comté
Qui pourtant vous trouvent beaux
Vous regardent de haut
Pour attirer votre attention
Et vous donner l’impression
Que vous êtes tombés bien bas

Ils vous lancent un regard désarmant


Pour vous pousser vers l’égarement
Ils vous flanquent un regard de piments
Vous zyeutent impoliment
Pour vous dire : « NON »

Pas de ça ici
Pas de ça à Paris
En Californie
À Kiev
À Genève
À Berlin
À Dublin, etc.
249

Ô Africains !
Victime des requins
Au-delà de toutes les raisons
Que pourraient t’avancer ces faquins

Sache que ne peut t’adresser un tel regard


Qu’une personne tout à fait consciente
De ton originalité

Qu’une personne convaincue


Qu’il n’y a aucune comparaison
Entre son monde cruel
Et ton humanisme originel

Qu’une personne qui sait parfaitement


Qu’il n’y a aucune concordance
Entre sa volonté de puissance
Et ton indéfectible hospitalité

Qu’il n’y a aucune espèce de ressemblance


Entre sa bestiale loi de la jungle
Et les 72 lois d’or de la Maât

Qu’il n’y a aucune comparaison


Entre sa loi égoïste
Et divisionniste du loup
Et l’Ubuntu unificateur
Et fédérateur des Zoulous
250

Ne te trouble point

Devant des discours du genre :


Ici vos gris-gris vestimentaires
N’ont pas le droit de citer
Ne fléchis point
Devant des paroles du genre :
Remballez votre authenticité
Rapatriez votre africanité
Dans vos cités mouvementées
Où les « Hommes-Singes »
Ont pour habitudes
De sautiller et de folâtrer
Au hasard de leur émotivité
Et de se bagarrer
Au gré de leur impulsivité

Souvent
De leurs yeux hagards
Ces visages pâles
Te lancent des regards éberlués
Nimbés de beaucoup d’autorité
Pour te contraindre à divorcer
Avec les habits du péché
Habits qui d’après eux
Ne cadrent pas avec le christianisme

Mais qui diable leur a dit


251

Que tout Africain est chrétien ?


Et pourquoi le monde noir
Dans son intégralité
Devrait-il se conformer
À une culture
Qui ne correspond nullement à sa nature
Et encore moins
À l’image qu’il aimerait léguer
Aux générations futures ?

Africain, sois fier de ta culture


Sois fier de ta chevelure
Et de ta coiffure
Car telle est ta vraie nature
252

Chapitre XXIII
Plaidoyer pour une
ancestralisation de l’Afrique

oici un autre sujet que j’aimerais mettre sur la


V table. De l’importance de l’ancestralisation
L’ancestralisation ou la traditionalisation de
l’Afrique nous redonnera une identité, mais aussi une
dignité. Ce processus nous donnera une vision et
tracera de façon naturelle le chemin qui convient le
mieux à la créature à mélanine qu’est l’homme de
couleur.
Ce réveil ou recentrage traditionnel facilitera une
reprise progressive des meilleurs éléments de notre
culture. Loin de nous la prétention d’affirmer que nos
ancêtres étaient des hommes parfaits. La perfection
n’étant pas de ce monde, comme toute créature dotée
d’intelligence et du libre arbitre, ils ont naturellement
commis des erreurs que l’ancestralisation nous
permettra de rectifier.
Ainsi, la traditionalisation nous permettra de
retenir les pratiques que nous jugerons bonnes et
253

ainsi de rejeter celles qui, à la lumière de la vision


actuelle, seront considérées comme obsolètes,
rétrogrades ou en inadéquation avec les besoins
actuels. Cela permettra en même temps aux nations
africaines d’avancer dans le strict respect des lois de
la Maât.
L’avenir se construit. Rejeter le christianisme
implique forcément décliner le modèle de
développement imposé par l’Occident. Tout cela peut
paraître fou. Mais à l’origine, tout idéal est avant tout
une folie. Entre l’utopie et l’idéal, il n’y a qu’un pas.
L’homme éveillé par la lumière de l’esprit peut éviter
le piège de l’utopie ou s’en servir comme marche
pied pour concrétiser son idéal. Car, toute utopie,
aussi vaine puisse-t-elle, paraître porte en elle les
germes de la visualisation. À force de rêver, on finit
par dessiner dans son écran mental des archétypes.
On finit par poser peu à peu les paliers qui formeront
ou mèneront vers la victoire.
C’est ainsi que ceux qui autrefois rêvaient de voler
dans les airs comme un oiseau ont fini par construire
un appareil volant imitant l’oiseau naturel.
Bref, le but est de construire, d'élaborer un futur
digne et propre à l’Afrique. Imaginer le futur de
l’Afrique avec des gratte-ciels c’est fausser
l’équation pour retomber dans l’aliénation pour la
simple et bonne raison que les gratte-ciels sont des
modèles de développement européocentriques. Il est
important de garder à l’esprit que le mot
254

‘‘développement’’ n’est pas subordonné à la pensée


des chercheurs et des visionnaires occidentaux.
Comme les Incas et les Mayas, chaque peuple,
chaque culture peut inventer son propre modèle de
développement. Chaque race se doit d’inventer son
futur avec la fantaisie créatrice du présent en tenant
évidement compte de na nature, de sa culture et, plus
que tout autre chose, du lien qu’il pourrait y avoir
entre le futur que l’on voudrait se donner et la place
qu’on n’y accorderait aux mânes de nos ancêtres. Il
sied de garder à l’esprit que construire un futur ne
signifie en aucune façon se déconnecter de « Ceux
qui nous ont précédés » et qui, dans l’au-delà,
continuent de nous parler, nous inspirer et nous
protéger.
Le futur que l’Afrique kamite – à ne pas confondre
avec l’Afrique colonisée177 – doit se construire
devrait absolument inclure, sinon donner une place
de choix à notre culture et, par voie de conséquence,
à nos Ancêtres. Le monde noir a besoin d’un futur ou
d’un type de développement où les descendants et les
Afrodescendants n’oublieront plus jamais d’honorer
leurs ascendants par des offrandes et des libations. Si
hier nos glorieux ancêtres égypto-nubiens ont pu
bâtir un modèle de développement qui n’avait
strictement rien à voir ni à envier aux
Mésopotamiens, aux Akkadiens, aux Babyloniens,

177
(Christianisée et islamisée).
255

aux Assyriens, aux Libyens, aux Incas, aux Mayas,


aux Toltèques, aux Arabes, aux Chinois, aux
Hébreux, aux Celtes, aux Indiens et aux
Amérindiens, nul doute qu’avec beaucoup d’effort et
d’intelligence, nul doute qu’avec un réel
investissement physique, psychologique, spirituel et
économique, l’Afrique d’aujourd’hui, soucieuse de
son émancipation, pourra IMAGINER, c’est-à-dire
mettre en image sur son écran mental, le modèle
kamite ou afrocentrique de l’avenir qui conviendra le
mieux aux Africains de demain ; car demain, mes
chers kamites, se préparent déjà aujourd’hui. Et qui
repousse à demain, trouve malheur en chemin...
256

LA VOIX DES ANCÊTRES XVII


AINSI PARLE MOUAMMAR KADHAFI

J’ai tant aimé l’Afrique


Que j’ai versé mon sang pour son salut

J’ai tant cru en l’Afrique


Au noble rêve des héros de la lutte anticoloniale
Que j’ai été victime des manigances occidentales
Des ennemis des indépendances équatoriales

J’ai tant souffert pour l’Afrique


Ma mère
Ma terre
Mon continent charmant
Qu’aujourd’hui encore
Du fond de ma tombe
Cet amour en or
Me cause bien des tourments

J’ai tant porté l’Afrique dans mon cœur


Tant souhaité son bonheur
Tant voulu l’écarter de l’erreur
Que j’ai été pris en horreur
Par les amis de la tyrannie et de la terreur

Pour ne pas m’écarter


De la vision de mes aînés
257

Pour demeurer en conformité


Avec le projet de mes devanciers

J’ai porté l’Afrique sur mes épaules


Malgré les décisions de la Baule
Malgré les crocs-en-jambe
Des successeurs de Charles de Gaulle

J’ai tant insisté


Tant milité pour l’émancipation de l’Afrique
Que tous ces chiens
Qui mangeaient dans ma main
Ces chiens que je protégeais
Et que j’engraissais
Non seulement m’ont abandonné
Mais aussi condamné et assassiné

Mais je ne regrette rien


Car contrairement aux autres
Je n’ai pas trahi les miens

Mon seul regret


Est d’avoir laissé une Afrique cassable
Et fragile comme un vase d’argile

Mon seul regret


Est d’avoir laissé
Une Afrique aliénée et assiégée
258

Une Afrique malotrue


Désunie et corrompue

À vous Afrique qui se lève


À vous jeune Afrique
Qui luttez pour le salut du continent
Je donne à méditer
Cette profonde pensée
De Frantz Fanon :

« Le grand succès des ennemis de l’Afrique,


C’est d’avoir corrompu les Africains eux-mêmes ».
259

Conclusion

D’ aucuns se demandent : « pourquoi suis-je


africain ? Pourquoi suis-je né en
Afrique ? Qu’est-ce que l’homme ?»
Eh bien, il y a une réponse à cela. Un sage a dit :
« La géographie c’est le destin. Le monde c’est le
potier et nous sommes l’argile. » Autrement dit, le
destin distribue les cartes. À nous de savoir jouer. Le
potier nous façonne avec l’argile de son choix. À
nous de savoir briller.
Il existe plusieurs types d’argile. Ce qui compte, ce
n’est pas le matériel avec lequel nous avons été
façonnés. Mais ce qui compte c’est ce que nous en
faisons... Ce qui est beau avec l’argile c’est que c’est
une matière qui peut prendre la forme de notre choix.
Nous n’avons peut-être pas choisi d’être Africains,
mais l’Afrique nous a choisis. Et si elle nous a
choisis, c’est qu’il y a bien une raison à cela.
Je ne prétends pas détenir le monopole de la vérité,
mais je puis dire avec un degré de certitude élevé que
ma mission est la formation et l’initiation des
260

Nouveaux serviteurs de l’Afrique, l’orientation des


âmes dans le sentier du Réveil traditionnel, de la
décolonisation spirituelle de l’Afrique et de la
Renaissance africaine. La Mission de Né Mwanda-
Véedila consiste à aider ses frères et ses sœurs
déculturés et en quête d’enracinement capter les
confidences du totem, c’est-à-dire à comprendre la
philosophie et la mystique africaine. Ma mission est
d’aider l’Africain à sortir du cycle de pauvreté, tissée
par les mygales178 du Vatican et les instruments du
colonialisme179. Ma mission consiste à détourner les
Africains du piège des divinités et des religions
tentaculaires et importées qui altèrent la souche de
notre africanité, qui nous éloigne de nos repères
traditionnels et qui, loin de faire de nous de véritables
chrétiens ou de véritables musulmans, ne contribuent
qu’à faire de nous des automates chrétiens ou
musulmans.
Bref, contribuer à délivrer l’Afrique noire des
chaines spirituelles de l’Orient et de l’Occident, telle
est ma mission. Telle est votre mission. Telle est la
mission des Nouveaux serviteurs de l’Afrique. Telle
est notre mission commune.
Le lecteur attentif a certainement compris que nous
avons ainsi répondu à la préoccupation posée plus
haut, à savoir : quelle est la seconde partie de la
mission de Né Mwanda-Véedila ?
178
Les missionnaires.
179
Les colons.
261

L’état mental de l’indigène


Qu’est-ce qu’un indigène ? Pour faire court, nous
dirons qu’un indigène est un homme. Et qu’est-ce
qu’un homme ?
L’homme est un stéréotype social. Son
comportement est une reproduction inconsciente ou
une mimique instinctive de la base de données
communautaire que représentent les us et coutumes
de la société dans laquelle il est né ou de
l’environnement dans lequel il évolue. L’homme
tient pour vrai ou considère comme juste ou normal
ce qu’il observe ou ce qui se produit régulièrement
dans son milieu.
Par exemple, arrachée à son univers occidental et
parachuté dans un monde oriental, une personne
habituée à manger avec une fourchette aura, dans un
premier temps, beaucoup de mal à s’adapter à cette
nouvelle réalité qui s’oppose radicalement à ce à quoi
elle a été habituée dès son jeune âge.
Psychologiquement parlant, son éducation
occidentale considèrera cette nouvelle donne comme
une sorte de violation de ses habitudes
traditionnelles.
Autre exemple, un enfant qui grandit dans un
univers de cannibales verra dans l’anthropophagie
une coutume à perpétrer. Déconnecté de son univers
anthropophage et placé dans une société qui s’oppose
radicalement au cannibalisme, il aura l’impression
262

d’être dans un monde à l’envers et manifestera une


attitude quasi similaire à celle d’un chien
profondément surpris de voir son propriétaire lui
attacher une corde à la ceinture, alors qu’elle devrait
être placée au niveau du cou.
Que se passe-t-il exactement ?
Il se passe que les informations antérieurement
enregistrées dans son esprit subissent une secousse
ou une onde de choc lorsqu’elles sont confrontées à
des réalités inconnues ou des idées diamétralement
opposées à notre vision du monde. Il se produit dans
certaines âmes un bouleversement qui, pour certaines
consciences fragiles, peut engendrer un traumatisme
ou un déséquilibre.
Être confronté du jour au lendemain à des réalités
spirituelles diamétralement opposées à votre
tradition, totalement différentes et étrangères à votre
continent, être contraint par la torture, la douleur du
fouet et la force du fusil à accepter l’inacceptable,
être obligé par le « feu glouton » de l’esclavage à
faire table rase, sinon à renoncer à son histoire, à son
passé, à ses totems, à ses talismans, à ses ancêtres,
donc aux choses auxquelles nous avions toujours cru
et qui nous ont accompagnés tout au long de notre
existence africaine, être obligé de tourner le dos aux
réalités que nous avions expérimentées avec nos
propres mains et nos propres yeux, mais aussi avec
notre corps, notre âme ou notre esprit, renoncer aux
choses que nous avions intuitivement perçues dans
263

les forêts, les savanes, les ravins, les grottes et les


montagnes, être sommés de faire abstraction des
lumières qui nous ont divinement été transmises ou
inspirées en état de transe, renoncer aux énergies que
nous avons accumulées au fil des prières, être forcé
de renier l’égrégore que nos efforts spirituels
conjugués ont conçu, être contraint de fouler au pied
sa foi, sa spiritualité, bref être obligé de se détourner
de la croyance des mânes de nos ancêtres, donc de la
sagesse millénaire qui nous a été transmise de
génération en génération et de prophète en prophète,
était la triste condition dans laquelle s’étaient
retrouvés ceux que l’orgueil occidental considérait
comme des indigènes – c’est-à-dire nos ancêtres – à
l’époque de la traite négrière et de la colonisation.
Quelle société, digne de ce nom, aurait accepté ce
brusque changement de mœurs sans répugnance et de
son propre gré ? Quel peuple, fier de l’être, aurait
toléré que sa foi – qui a fait tant de preuves et tant de
miracles par le passé, que sa religion qui ne s’oppose
en rien au message de paix et d’amour apporté par les
chrétiens, donc que sa croyance qui a son propre
système de pensée (c’est-à-dire ses mythes, ses
légendes, sa philosophie, son clergé et sa
cosmogonie) soi foulée au pied sans résistance, sans
mutinerie ou affrontement sanglant ?
C’est dans un tel contexte, que sont apparues en
Afrique de grandes âmes comme Kimpa-Mvita et la
Reine Nzinga (pendant de la traite négrière), mais
264

aussi des guerriers de la trempe de Mabiala-ma-


Nganga, Buéta-Mbongo, Mama Ngounga ainsi que
des hommes d’exception comme Simon Kibangu et
André Grenard Matsoua (à l’époque coloniale),
tous héros de la lutte anticoloniale et icônes de la
religion ngunza, dont les noms ont largement été
évoqués dans Bungunza ou la décolonisation
spirituelle de l’Afrique180.
Pour le reste, tout a été dit dans mes ouvrages
précédents181. Reste plus qu’aux Africains – puisqu’il
s’agit de la Renaissance africaine – de prendre en
main leur destin spirituel. Et je peux vous garantir
que tous ceux qui se lanceront dans cette voie – ô
combien pénible, mais exaltante – verront pleuvoir
sur eux une pluie de bénédictions de la part des
ancêtres, des génies et des dieux.
À propos de l’initiation
Il sied toutefois de préciser que pour ce qui est de
l’initiation ngunza, elle ne s’obtient pas dans les
livres ; et ce, pour la bonne raison que les livres ne
dévoilent que la partie émergée de l’iceberg. Car,
comme le dit si bien le proverbe koongo, « Nkélélé
ka butilaka ha lungidi bantu ko182 ». Les grandes
choses se préparent dans le secret. Et comme il est

180
Ouvrage publié aux éditions Alliance Koongo.
181
Bungunza ou la décolonisation spirituelle de l’Afrique ; Renaissance
africaine ; Les clés de la mystique koongo ; Le sanctuaire des Nkulu-Mbimbi ;
Antidote ou 55 questions pour sortir l’Afrique de l’impasse économique.
182
La pintade ne met pas bas en public.
265

presque inutile de le signaler, il y a certaines choses


auxquelles les lecteurs ne peuvent pas avoir accès.
Toutefois, je ne saurais clore cet ouvrage sans
inviter les musulmans fermes et les chrétiens183
endurcis à méditer sur le sujet ci-après : « Est-ce que
vous savez qui vous êtes ? Qu’est-ce qui vous dit que
les promesses du christianisme et de l’Islam ne sont
pas des illusions, des inventions, des fabrications des
imams, des missionnaires et des colons ? Et si tout ce
que vous savez n’était qu’un gros tissu de
mensonges ? Et si, en fait, vous n’étiez pas ce que
vous croyiez être, mais seulement ce qu’on vous a
fait croire ? Et si vous n’étiez que les esclaves d’une
croyance dans laquelle vous vous croyiez libres ? Et
si vous n’étiez que les serviteurs d’un système qui se
nourrit des énergies de vos prières pour mieux
appauvrir l’Afrique ? Et si en demeurant chrétiens
vous contribuez inconsciemment et indirectement à
l’amortissement de l’Afrique ?
À présent que vous êtes conscient de cela,
accepteriez-vous de porter un tel poids sur la
conscience, de vivre avec l’idée que vous êtes un
traitre à la mémoire des ancêtres et une sangsue
pour l’Afrique ? Seriez-vous la main noire qui
retarderait la réalisation de la Renaissance
africaine ? Voudriez-vous laisser dans la mémoire
collective le souvenir d’un homme qui a trahi son

183
Ici l’auteur s’adresse spécialement aux chrétiens africains.
266

continent ? Seriez-vous le Judas noir qui


contrecarrerait les desseins d’émancipation de
l’Afrique voulus par André Grenard Matsoua ?
Seriez-vous fier d’être considéré comme l’un des
bourreaux qui ont brulé Kimpa Mvita ? Seriez-vous
heureux d’être perçu comme le félon qui a
emprisonné Simon Kimbangu pour empêcher la
libération spirituelle de l’Afrique ? Seriez-vous la
main qui a coupé le sein de Mama Ngounga pour
étouffer le réveil traditionnel ? Seriez-vous le félon
qui a trahi la Reine Nzinga pour quelques babioles
occidentales ? Seriez-vous satisfait d’apprendre que
l’Afrique voit en vous le parfait criminel qui a
décapité Bouéta-Mbongo pour priver les générations
futures de la voie des Ancêtres ? Seriez-vous
indifférent devant l’accusation qui fait de vous
l’assassin qui a incendié la grotte ou la cachette de
Mabiala-ma-Nganga dans le but égoïste de priver le
monde noir des confidences du totem ?
Libre à vous de choisir le destin qui vous convient.
Mais sachez une chose : pour chaque décision,
Amon-Râ porte son jugement. Puissiez-vous ne pas
figurer parmi ceux qui subiront de plein fouet le
châtiment de la damnation !

Enkasukulu !
267

TABLE DES MATIERES

Avertissement .................................................................15
Note au lecteur ................................................................27
Chapitre I
La spiritualité africaine ...................................................31
Chapitre II
Anticipation et certitude absolue sont les boucliers du
grand kamite ...................................................................43
Chapitre III
Voici comment les Occidentaux ont détrôné nos dieux .53
Chapitre IV
Le véritable chemin ........................................................66
Chapitre V
Les injonctions du réveil traditionnel …………...…….78
Chapitre VI
Que signifie être ngunza ? ..............................................88
Chapitre VII
À propos de la faiblesse .................................................94
Chapitre VIII
L'homme vit dans un monde bipolaire .........................104
Chapitre IX
Existe-t-il une différence entre le Bunngunza et le
Kingunza ? ....................................................................118
268

Chapitre X
Résistance, Patience, Persévérance sont vos seules armes 127
Chapitre XI
Notre spiritualité est notre africanité. Notre africanité est
notre spiritualité ............................................................137
Chapitre XII
Considérez votre religion comme une marque de
fabrique. ........................................................................147
Chapitre XIII
Le chef du village .........................................................155
Chapitre XIV
Un ngunza est une flamme allumée .............................160
Chapitre XV
L'héritage d'une Afrique libre et prospère ....................167
Chapitre XVI
La couverture peut être enlevée, mais pas la nature.....174
Chapitre XVII
L'habit ne fait pas le moine ..........................................184
Chapitre XVIII
Insubordination, tolérance zéro ....................................193
Chapitre XIX
La Renaissance africaine est notre but ultime ..............204
Chapitre XX
Creuser le "soleil" est un rêve de lumière que vous devez
construire dans l'unité ...................................................211
269

Chapitre XXI
L'ombre et la lumière ....................................................223
Chapitre XXIII
Les choses à ne pas faire ..............................................230
Chapitre XXIII
Plaidoyer pour une ancestralisation de l'Afrique .........252
Conclusion ....................................................................559

AK.
271
272

Imprimé à Kinshasa
Achevé d’imprimer en janvier 2020
Dépôt légal : janvier 2020

Pour éditions Alliance Koongo


ISBN : 979-10-377-0498-6

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