L'humilité, La Beauté de La Sainteté°andrew MURRAY°64
L'humilité, La Beauté de La Sainteté°andrew MURRAY°64
L'humilité, La Beauté de La Sainteté°andrew MURRAY°64
Andrew Murray
Préface
Aucun arbre ne peut croître que par les racines qui lui ont donné
naissance. A travers toute son existence, il ne peut vivre qu'avec la vie qui
était renfermée dans la semence d'où il est sorti. La pleine intelligence de
cette vérité dans son application au premier et au second Adam, nous
aidera fortement à comprendre le besoin et la nature de rédemption que
nous avons en Jésus.
Quand le serpent ancien, qui avait été chassé du ciel à cause de son
orgueil, parla à Eve dans le jardin d’Éden, ses paroles renfermaient le
poison même de l'enfer. Et quand notre malheureuse mère prêta une
oreille complaisante à la voix de Satan lui disant qu'elle serait comme
Dieu, qu'elle connaîtrait le bien et le mal, le poison entra dans son âme,
dans son sang, dans sa vie, détruisant pour toujours cette humilité bénie
et cette dépendance de Dieu qui devaient être notre bonheur éternel.
Désormais la vie d'Eve et celle de sa postérité étaient corrompues à leur
racine même par le plus terrible de tous les péchés et de tous les fléaux : le
poison de Satan. Toutes les détresses humaines ont là leur unique source :
fleuves de larmes et de sang, guerres entre peuples, égoïsme, iniquités,
souffrances corporelles et morales, ambitions, jalousies, cœurs brisés, vies
pleines d'amertume et de désespoir, esclavage, alcoolisme, impureté,
créatures écrasées par leurs semblables, tout sort de l'orgueil. C'est
l'orgueil qui a rendu nécessaire la rédemption ; c'est de notre orgueil que
nous avons besoin par-dessus tout d'être délivrés. La connaissance du
besoin que nous avons de la rédemption dépendra dans une grande
mesure de notre connaissance de la nature terrible de cette puissance
infernale qui a pénétré notre être tout entier.
Aucun arbre ne peut croître que par les racines qui lui ont donné
naissance. La puissance maudite que Satan apporta de l'enfer et jeta dans
la vie humaine travaille sans cesse avec une force extraordinaire dans le
monde. Les hommes en souffrent ; ils la craignent, ils la combattent et la
fuient ; mais ils ne savent d'où elle vient, ni d'où elle reçoit sa terrible
suprématie. Il n'est donc pas étonnant qu'ils ne sachent si elle peut être
vaincue et de quelle manière. L'orgueil a sa racine et sa force dans une
terrible puissance spirituelle, qui existe en nous aussi bien qu'en dehors de
nous. C'est pourquoi il est aussi nécessaire de le confesser et de nous en
humilier, que de le connaître dans son origine satanique. Alors seulement
nous serons amenés à désespérer complètement de pouvoir le vaincre et
le chasser ; et cette constatation de notre impuissance nous poussera
promptement vers cette puissance surnaturelle dans laquelle seule se
trouve notre délivrance : la rédemption de l'Agneau de Dieu. La lutte
désespérée contre les œuvres du moi et de l'orgueil au-dedans de nous
peut réellement devenir encore plus désespérée quand nous pensons à la
puissance de ténèbres qui nous enveloppe. Puisque l'ennemi n'est pas
seulement en nous, mais hors de nous, qu'il rôde comme un lion
rugissant, cherchant qui il pourra dévorer, c'est en réalisant notre
impuissance à le vaincre que nous serons amenés à accepter avec foi une
puissance et une vie qui se trouvent aussi en dehors de nous : cette
humilité céleste que l'Agneau de Dieu nous a apportée pour qu'elle prenne
en nous la place de Satan et de son orgueil.
Aucun arbre ne peut croître que par les racines qui lui ont donné
naissance. Pareillement, nous avons besoin de regarder au premier Adam
et à sa chute pour connaître le second Adam et sa puissance, afin de lui
demander avec foi de mettre en nous une vie d'humilité aussi réelle et
aussi puissante qu'a été celle de l'orgueil. Nous recevons notre vie de
Jésus-Christ aussi réellement, même plus réellement, que d'Adam, et de
même que nous vivons en Adam dans notre état naturel, nous pouvons
tout aussi véritablement vivre en Christ, demeurer en Christ, par le Saint-
Esprit. Nous pouvons marcher « enracinés en Lui » (Colossiens 2.7 ), « en
nous attachant au Chef, dont tout le corps tire l'accroissement que Dieu
donne » (Colossiens 2.19 ). La vie de Dieu qui entra par l'incarnation dans
la nature humaine est la racine d'où nous tirons notre vie spirituelle et
notre croissance journalière. Notre unique besoin c'est d'apprendre à
connaître et à croire que la vie qui nous a été révélée en Christ est à nous
maintenant, et qu'elle attend tout simplement notre consentement pour
prendre possession de nous et remplir tout notre être.
Sous ce rapport, il est d'une suprême importance que nous ayons des
pensées tout à fait justes sur ce que Christ est, ce qui fait de lui réellement
le Christ, et spécialement ce qui doit être regardé comme le trait principal,
la racine et l'essence de tout son caractère de Rédempteur. A cela, il ne
peut y avoir qu'une réponse : c'est son humilité. Qu'est-ce que l'incarnation,
si ce n'est son humilité céleste qui le fait s'anéantir pour devenir homme ?
Sa vie sur la terre n'est-elle pas une vie d'humilité ? « Je suis au milieu de
vous comme celui qui sert », dit-il à ses disciples (Luc 22.27 ; Jean 13.14-
15). Sa mort sur la croix n'est-elle pas la suprême manifestation de son
humilité ? « Il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort
» (Philippiens 2.8). Qu'est-ce que son ascension glorieuse, si ce n'est son
humilité exaltée jusqu'au trône de Dieu et couronnée de gloire ? « Il s'est
humilié lui-même, c'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé »
(Philippiens 2.9). Dans les cieux où il vivait avec son Père, dans sa
naissance à Bethléem, dans sa vie, dans sa mort, dans sa présence sur le
trône de Dieu, nous contemplons toujours et partout son humilité. Il est
l'humilité divine incarnée dans la nature humaine ; il est l'amour éternel
s'humiliant, s'enveloppant du vêtement de la douceur et de la bonté pour
gagner nos cœurs, nous servir et nous sauver. Il était ici-bas l'humilité
incarnée et il est encore au milieu du trône l'Agneau de Dieu, doux et
humble de cœur.
Si l'humilité est la racine de l'arbre, sa nature sera nécessairement vue
dans chaque branche, dans chaque feuille et dans chaque fruit. Si
l'humilité est la grâce suprême de la vie de Jésus qui renferme toutes les
autres grâces, — si l'humilité est le secret de son œuvre expiatoire, —
alors la santé et la force de notre vie spirituelle dépendront complètement
de la mesure dans laquelle nous posséderons cette grâce. Il faut que
l'humilité ait à nos yeux une telle importance que ce soit la chose
essentielle que nous admirions en Jésus, la grâce suprême que nous lui
demandions de nous accorder et pour laquelle nous soyons prêts à tous
les sacrifices.
Est-il étonnant que la vie chrétienne soit si souvent faible et stérile, quand
la racine même de la vie de Christ est négligée et inconnue ? Peut-on
s'étonner que la joie du salut soit si peu connue et sentie, quand la grâce,
dans laquelle Christ l'a trouvée et nous l'a apportée, est si peu cherchée ?
Jusqu'à ce qu'une humilité qui reposera uniquement sur la fin et la mort du
moi ; qui abandonnera toute gloire humaine, comme fit Jésus, pour ne
chercher que la gloire qui vient de Dieu ; qui renoncera à elle-même en
regardant toutes choses comme une perte, comme de la boue (Philippiens
3.7-10), afin que Dieu soit tout et que Christ seul soit exalté, — jusqu'à ce
qu'une semblable humilité devienne le désir suprême de nos cœurs,
jusqu'à ce que ce soit là ce que nous cherchions en Christ par-dessus tout
comme notre principale joie, jusqu'à ce que nous soyons décidés à obtenir
cette grâce à tout prix, nous ne pourrons être réellement vainqueurs du
monde.
Je ne puis insister trop sérieusement auprès de mes lecteurs pour les
rendre attentifs au besoin qu'ils ont de rechercher l'humilité de Jésus.
Arrêtez-vous, réfléchissez et demandez-vous s'il y a abondamment en vous
et autour de vous, dans ceux qui se disent chrétiens, l'Esprit de l'Agneau
de Dieu, doux et humble de cœur. Considérez que tout manque d'amour,
toute indifférence aux besoins, aux sentiments, aux faiblesses des autres,
tout jugement téméraire et tranchant, toute parole dure, dont on s'excuse
si souvent sous prétexte qu'on est franc et honnête, toute manifestation de
mauvaise humeur et d'irritation, tout sentiment d'amertume, ont leurs
racines uniquement dans l'orgueil et vos yeux seront ouverts pour voir
combien l'orgueil rampe presque partout, même dans les assemblées
chrétiennes. Commencez à vous demander ce qui se produirait si les
croyants étaient, dans tous leurs rapports avec leurs semblables,
réellement et d'une manière permanente, guidés par l'humilité de Jésus ; et
dites si le cri de votre cœur tout entier, nuit et jour, ne devrait pas être : Oh
! Seigneur Jésus, revêts-moi de ton humilité et revêts-en ceux qui
m'entourent ! Que votre cœur réfléchisse à tout ce qui vous manque pour
que votre vie ressemble à celle du Sauveur, et vous commencerez à sentir
que vous n'avez encore jamais réellement connu tout ce que Christ veut
être pour vous.
Croyant, étudie l'humilité de Jésus. C'est le secret et la racine cachée de ta
rédemption. Humilie-toi chaque jour plus profondément. Crois de tout ton
cœur que Christ entrera en toi pour y habiter, y travailler et te rendre tel
que le Père veut que tu sois ; Dieu te l'a donné afin que sa divine humilité
accomplisse l'œuvre de ton salut.
Chapitre III
L'humilité de Jésus
Que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui
qui gouverne comme celui qui sert
Luc 22.26
Celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer
Dieu qu'il ne voit pas ?
Jean 4.20
C'est une pensée bien solennelle de savoir que notre amour pour Dieu sera
mesuré à l'amour que nous manifestons aux hommes dans nos rapports
de chaque jour, et qu'il est une pure illusion s'il ne se prouve pas par un
amour réel et constant pour nos semblables. Notre humilité doit subir la
même épreuve. Il nous est facile de penser que nous sommes humbles
devant Dieu. Mais, la seule preuve suffisante de notre humilité devant Dieu
sera notre humilité vis-à-vis de notre prochain.
C'est à cela qu'on verra si l'humilité a établi sa demeure en nous et si elle
est devenue notre nature même. Quand nos sentiments d'humilité sont,
non pas une attitude que nous revêtons à certains moments, quand nous
pensons à Dieu, ou que nous prions, mais qu'ils sont l'esprit même de
notre vie, cela se voit dans toutes nos relations avec nos frères. Il y a une
leçon de profonde importance dans le fait que la seule humilité qui est
réellement nôtre n'est pas celle que nous essayons de montrer à Dieu en
priant, mais celle dont nous témoignons par notre conduite habituelle. Les
détails insignifiants de la vie journalière sont les faits révélateurs de notre
caractère et en sont les épreuves en vue de l'éternité, parce qu'ils donnent
le témoignage de ce qu'est réellement l'esprit qui nous possède. C'est dans
nos moments d'abandon, de détente, que nous montrons aux autres et
que nous voyons nous-mêmes ce que nous sommes. Pour connaître
l'homme humble, et voir comment il se conduit, il nous faut le suivre dans
sa vie de tous les jours.
N'est-ce pas justement ce que Jésus nous enseigne ? C'est lorsqu'il entend
ses disciples discuter entre eux pour savoir lequel d'entre eux est le plus
grand, ou bien quand il voit combien les pharisiens aiment les premières
places dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues, ou
encore quand il donne à ses disciples un exemple en leur lavant les pieds,
qu'il leur enseigne l'humilité. L'humilité devant Dieu n'est rien, s'il n'y a
pas d'humilité devant les hommes.
Paul donne le même enseignement. Aux chrétiens de Rome, il écrit : « Par
honneur usez de prévenances réciproques » (Romains 12.10). « N'aspirez
pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne
vous regardez pas comme sages » (Romains 12.16). Dans sa première
épître aux Corinthiens (1 Corinthiens 13.4-5), il dit : « L'amour ne se vante
pas, il ne s'enfle pas d'orgueil, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'irrite
pas. » Or, il n'y a pas d'amour qui n'ait pour racine l'humilité. Aux
Éphésiens, immédiatement après les trois merveilleux chapitres sur la vie
céleste, il ajoute : « Je vous exhorte donc à marcher en toute humilité et
douceur, vous supportant les uns les autres avec charité » (Éphésiens 4.1-
2). Aux Philippiens (Philippiens 2.3 -5) : « Ne faites rien par esprit de
dispute ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous fasse regarder les
autres comme plus excellents que vous-mêmes. Ayez en vous les
sentiments qui étaient en Jésus-Christ. Il s'est humilié lui-même jusqu'à la
mort ». Aux Colossiens (Colossiens 3.12): « Revêtez-vous d'entrailles de
miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience. Supportez-
vous les uns les autres, et, si l'un a sujet de se plaindre de l'autre,
pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné,
pardonnez-vous aussi ». C'est dans nos relations les uns avec les autres
que la vraie humilité se montre. Notre humilité devant Dieu n'a aucune
valeur, si elle ne nous prépare pas à révéler à nos semblables l'humilité de
Jésus. Étudions à la lumière de ces paroles ce que doit être notre humilité
dans la vie de chaque jour.
L'homme humble cherche en tout temps à servir les autres et à les
regarder comme étant plus excellents que lui-même. On pose quelquefois
cette question : Comment ces sentiments d'humilité à l'égard de nos
semblables peuvent-ils exister dans nos cœurs ? Comment pouvons-nous
les regarder comme meilleurs que nous-mêmes, quand nous constatons
qu'ils sont bien au-dessous de nous en sagesse et en sainteté, en dons
naturels ou en grâce ? Cette question montre une fois de plus combien
nous comprenons peu ce qu'est le réel esprit d'humilité. La vraie humilité
prend possession de nous quand, dans la lumière de Dieu, nous avons vu
notre impuissance et constaté notre néant, et que dans le double
sentiment de notre indignité et de notre néant, nous avons consenti à nous
séparer de nous-mêmes en chassant notre moi, afin de laisser Dieu être
tout en nous. L'âme qui a fait cela et qui peut dire : « Je me suis perdue
pour Te trouver », ne se compare plus aux autres. Elle a abandonné pour
toujours toute pensée personnelle et égoïste. L'homme humble se
souvient sans cesse qu'il n'est rien qu'un serviteur de Dieu et de ses
semblables. Un fidèle serviteur peut être plus sage que son maître, et
pourtant garder le véritable esprit et l'attitude d'un serviteur. L'homme
humble estime chaque enfant de Dieu, même le plus faible et le plus
indigne, et l'honore en voyant en lui le fils d'un Roi. L'esprit de celui qui a
lavé les pieds de ses disciples le rend capable de se réjouir d'être serviteur
des autres.
L'homme humble n'éprouve aucune jalousie, aucune envie. Il peut louer
Dieu quand d'autres lui sont préférés. Il se réjouît en entendant faire la
louange d'autres personnes, alors que lui-même est oublié, car il a appris à
dire avec Paul : « Je ne suis rien ». Il a l'esprit de Jésus et il ne cherche pas
sa propre gloire.
Quand les maladresses et les péchés de nos semblables sont pour nous
des tentations à l'impatience, aux pensées dures et aux paroles
tranchantes, l'homme humble pense à l'exemple et aux recommandations
du Sauveur. Il sait qu'en revêtant le Seigneur Jésus, il a reçu de lui un cœur
plein de compassion, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience. Jésus
ayant pris en lui la place du moi, il peut pardonner comme son Sauveur lui
a pardonné. Son humilité ne consiste pas simplement à se condamner en
pensées ou en paroles, mais à se revêtir d'entrailles de miséricorde, de
bonté, d'humilité, de douceur, comme Paul le recommande.
En s'efforçant d'atteindre les plus hauts sommets de la vie chrétienne, le
croyant est souvent en danger de chercher avant tout à posséder les vertus
les plus humaines, telles que la hardiesse, la joie, le mépris du monde, le
zèle, le sacrifice de soi-même, — les anciens stoïciens enseignaient et
pratiquaient ces vertus, — tandis que les grâces plus profondes, plus
aimables, plus divines, plus célestes, celles que Jésus enseigna d'abord ici-
bas, parce qu'il les apporta du ciel, celles qui font partie de sa croix et de la
mort du moi, — pauvreté en esprit, douceur, humilité, — le préoccupent à
peine et sont peu estimées. C'est pourquoi revêtons les sentiments de
Jésus-Christ et montrons que nous lui ressemblons, non seulement par
notre zèle pour sauver les perdus, mais avant tout dans nos relations avec
nos frères, en les supportant, en leur pardonnant comme Dieu nous a
pardonné par Jésus.
Frères, étudions dans la Bible le portrait de l'homme humble. Demandons
à nos amis, demandons au monde s'ils reconnaissent en nous une
certaine ressemblance avec l'original. Ne soyons pas facilement satisfaits,
mais prenons chacun des textes qui nous parlent de l'humilité comme une
promesse de Dieu qui se réalisera en nous, comme une révélation en
paroles de ce que l'Esprit de Jésus nous donnera .Que chaque échec, au
lieu de nous décourager, nous pousse simplement et humblement vers
l'Agneau de Dieu doux et humble de cœur, dans la certitude que s'il règne
dans notre cœur, son humilité et sa douceur seront comme un fleuve
d'eau vive qui coulera de lui en nous [1].
[1] « Je connaissais Jésus, et il était très précieux à mon âme ; mais je
trouvais en moi quelque chose qui ne voulait pas demeurer dans la
douceur, la patience et la bonté. Je fis ce que je pus pour le chasser, mais
inutilement. Alors je suppliai Jésus de me délivrer, et quand je lui
abandonnai ma volonté, il vint habiter dans mon cœur et il en ôta tout ce
qui n'était pas doux, bon, patient, puis il ferma la porte. » Georges Fox.
Une fois de plus, je répète ce que j'ai déjà dit. J'ai la profonde conviction
que nous ne comprenons pas combien l'Église souffre et reste faible, parce
qu'elle manque de cette divine humilité qui permettrait à Dieu de
manifester sa puissance. Un chrétien, plein de zèle, d'humilité et d'amour,
exprima dernièrement sa tristesse d'avoir constaté à quel point l'esprit
d'amour et de support manque entre ouvriers du Seigneur dans les
champs missionnaires. Des hommes et des femmes, qui pouvaient en
Europe choisir leur propre cercle d'amis, trouvent dur, en mission, de
supporter leurs collègues, de les aimer et de conserver l'unité de l'Esprit
par le lien de la paix. Et c'est ainsi que ceux qui devraient être pour leurs
compagnons de travaux une source de joie et de force, deviennent des
instruments de faiblesse et de découragement. L'unique raison de ces vies
stériles, c'est l'absence d'humilité. Comme tout changerait si ces
missionnaires se réjouissaient de n'être rien et cherchaient uniquement,
comme Jésus, à être les serviteurs et les soutiens des autres, même des
moins doués et des plus indignes.
D'où vient donc que des hommes, qui ont joyeusement tout quitté pour
suivre Christ, trouvent si dur d'avoir, vis-à-vis de leurs frères, des
sentiments de véritable et profonde humilité ? L'Église n'est-elle pas
responsable d'un pareil état d'esprit et de cœur ? N'est-ce pas parce qu'elle
a trop peu enseigné à ses enfants que l'humilité de Christ est la première
des vertus, la meilleure de toutes les grâces et de toutes les puissances de
l'Esprit ? Elle a trop peu montré qu'une humilité semblable à celle du
Christ est le but à poursuivre et à atteindre. Son importance n'a pas été
comprise et les prédicateurs n'en parlent pas. Que la découverte de
l'absence de cette grâce nous pousse à regarder à Dieu et à l'attendre de
Lui. Considérons chaque frère qui nous éprouve ou nous vexe, comme un
moyen de grâce, un instrument de Dieu destiné à notre purification, afin
que Jésus puisse nous remplir de son humilité. Mettons toute notre
confiance dans la puissance de Dieu, convaincus que nous ne sommes
rien. Alors, n'étant rien à nos propres yeux, nous pourrons, par le Saint-
Esprit, nous servir l'un l’autre dans l'amour.
Chapitre VII
L'humilité et la sainteté
J'ai tendu les mains tous les jours vers un peuple rebelle, qui
marche dans une voie mauvaise, au gré de ses pensées… qui dit
: Retire-toi, ne m'approche pas, car je suis saint
Ésaïe 65.2-5
Nous avons à bénir Dieu pour tous les besoins de sainteté qu'il a créés
dans le cœur de ses enfants. Les réunions de sanctification sont de plus en
plus nombreuses et fréquentées ; des multitudes de chrétiens rendent
témoignage du bien qu'ils y ont reçu. Jamais on n'a davantage mis en
lumière les précieuses vérités de la sanctification par la foi en Christ.
Comment pouvons-nous reconnaître que Dieu nous a visités en nous
sanctifiant ? Ne sera-ce pas en constatant en nous une humilité toujours
plus grande ? L'humilité est la condition indispensable pour permettre à la
sainteté de Dieu d'habiter dans la créature et de briller par nous. L'humilité
est le secret de la vraie sainteté. En Jésus, le Saint de Dieu qui nous rend
saints, une divine humilité fut le secret de sa vie, de sa mort et de son
ascension glorieuse. La seule preuve réelle de notre sainteté sera notre
humilité devant Dieu et devant les hommes. L'humilité est la fleur et la
beauté de la sainteté.
La sainteté apparente se reconnaît surtout à son absence d'humilité. Tout
croyant qui a soif de sainteté a besoin d'être vigilant, de peur
qu'inconsciemment ce qui avait été commencé dans l'Esprit ne se
continue dans la chair. L'orgueil se glisse si facilement là où on s'attendrait
le moins à le trouver. Nous connaissons tous la parabole des deux
hommes qui montèrent au temple pour prier. Il n'y a pas de lieu sacré
dans lequel le pharisien ne puisse entrer. L'orgueil peut se manifester
même dans le temple de Dieu et mettre la créature à la place du Créateur.
En ayant l'air d'adorer Dieu, le pharisien s'adorait lui-même.
Depuis l'époque où Jésus a mis à nu l'orgueil du pharisien, celui-ci a revêtu
le manteau du péager ; il sait confesser sa grande culpabilité, en même
temps qu'il fait profession d'expérimenter la délivrance du péché. C'est
justement quand nous aurons le plus soif d'avoir un cœur dans lequel
Dieu seul habite, que nous reconnaîtrons en nous les deux hommes en
train de monter au temple pour prier. Le péager fera l'expérience que le
danger de chute ne vient pas du pharisien qui se trouve à côté de lui et qui
le méprise, mais du pharisien intérieur qui le complimente et l'enorgueillit.
Dans le temple de Dieu, quand nous croyons être à l'abri des tentations,
dans la seule présence du Saint des saints, prenons garde à l'orgueil.
Souvenons-nous « qu'un jour les fils de Dieu vinrent se présenter devant
l'Éternel et que Satan vint aussi au milieu d'eux » (Job 2.1). « Ô Dieu, je te
rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, ou
même comme ce péager ».
Le moi peut trouver de quoi se nourrir et se développer dans des
expressions de reconnaissance. Oui, même dans le temple, même en
parlant le langage de la pénitence et de la confiance en la seule grâce de
Dieu, le pharisien peut entonner un chant de louanges et se féliciter lui-
même tout en ayant l'air de remercier Dieu. L’orgueil se revêt facilement
des vêtement de la louange ou de la pénitence. Même quand nous rejetons
avec dégoût ces paroles : « Je ne suis pas comme le reste des hommes »,
nous pouvons garder leur esprit dans nos sentiments et même dans notre
langage vis-à-vis de nos frères. Que sont toutes les médisances qui sortent
de bouches pieuses, sinon l'esprit du pharisien ? On oublie si facilement
de regarder les autres comme plus excellents que soi-même. N'y a-t-il pas
des Églises ou des assemblées de saints, des missions ou des
conventions, des sociétés, des comités, même des missions en pays
païens, dans lesquels l'harmonie a été troublée et l'œuvre de Dieu rendue
stérile, parce que des hommes qui font profession de ne plus s'appartenir
ont, par leur susceptibilité, leur impatience, leurs jugements sévères, leurs
paroles dures, donné la preuve qu'ils étaient loin de considérer les autres
comme meilleurs qu'eux-mêmes et que leur sainteté manquait de douceur
et d'humilité ? Nous pouvons avoir eu, dans notre histoire spirituelle, des
temps de grande humiliation et de brisement de cœur, et pourtant
demeurer orgueilleux. Être revêtu d'humilité, avoir un esprit humble, se
regarder comme le serviteur des autres, et ainsi manifester l'esprit même
qui était en Jésus-Christ, c'est tout autre chose.
« Retire-toi, ne m'approche pas, car je suis plus saint que toi ! » Quelle
parodie de la sainteté ! Jésus, le Saint de Dieu, est l'homme parfaitement
humble : le plus saint sera toujours le plus humble. Dieu seul est saint.
Nous n'avons de sainteté que ce que nous avons de Dieu en nous. Et, par
conséquent, notre humilité réelle se mesure aussi à ce que nous avons de
Dieu en nous, car l'humilité n'est rien que la disparition du moi, quand
Dieu se révèle à nous comme étant tout. Le plus saint sera le plus humble.
Hélas ! si le Juif orgueilleux des jours d'Ésaïe ne se montre plus autant à
découvert aujourd'hui — nous sommes trop bien élevés pour tenir son
langage — son esprit se voit encore fréquemment dans la façon dont nous
agissons avec les chrétiens ou avec les mondains. Il y a dans l'esprit qui
anime de nombreux croyants quelque chose qui révèle que si le vêtement
est celui du péager, la voix est encore celle du pharisien : « Ô Dieu, je te
rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes ».
Peut-on donc posséder une telle mesure d'humilité, qu'on s'estimera
moins que le moindre des saints (Éphésiens 3.8) et le serviteur de tous ?
Certainement. « L'amour ne se vante point, ne s'enfle point d'orgueil, ne
cherche pas son intérêt. » Dans le cœur où l'esprit d'amour est répandu,
où le Christ, le doux et humble Agneau de Dieu, est vraiment formé, habite
la puissance d'un amour parfait qui s'oublie et trouve son bonheur à faire
du bien aux autres en les supportant et en les honorant, quelque faibles
qu'ils soient. Quand cet amour entre dans un cœur, Dieu y entre. Là où
Dieu entre et se révèle comme étant Tout, la créature reconnaît son néant
et éprouve le besoin de s'anéantir. Lorsque la créature a pris ainsi sa vraie
place devant Dieu, il lui est facile de la prendre devant les hommes en se
faisant la servante des autres. La présence de Dieu devient permanente, et
l’âme, profondément courbée devant Dieu, devient le lieu saint de sa
présence.
Puissions-nous apprendre de Dieu que nos pensées, nos paroles et nos
sentiments concernant nos semblables sont pour Lui la révélation de notre
humilité envers Lui. Notre humilité devant Lui est la seule puissance qui
puisse nous rendre capables d'être toujours humbles dans nos rapports
avec les hommes. La seule vraie humilité n'est pas autre chose que la vie
de Christ, l'Agneau de Dieu, en nous.
Je me sens pressé de dire à tous les prédicateurs qui proclament la
nécessité et la possibilité de la sainteté et à tous ceux qui ont soif de
sainteté et qui la recherchent dans le secret de leur cœur ou dans les
conventions : Prenez garde, veillez, car il n'y a pas d'orgueil si dangereux,
parce qu'il n'y en a pas de si subtil et de si insidieux, que l'orgueil de la
sainteté. Ce n'est pas qu'un homme dise toujours, ou même pense : «
Retire-toi, ne m'approche pas, car je suis saint. » Certes, non ; une telle
pensée serait regardée avec horreur. Mais, inconsciemment, on pense à
soi avec complaisance, on se compare aux autres, et quelquefois on ne
s'en rend pas compte. Cet orgueil se révèle, non seulement en paroles ou
en pensées, mais dans un son de voix, dans une certaine manière de parler
des autres, dans laquelle ceux qui ont le don du discernement spirituel ne
peuvent que reconnaître la puissance du moi. Le monde même, avec ses
yeux perçants, le remarque et y voit une preuve que la profession d'une vie
céleste ne porte pas des fruits particulièrement célestes. Oh ! frères,
prenons garde. Si nous ne faisons pas notre étude de la nécessité de
croître dans l'humilité, nous pouvons vivre d'illusions en croyant grandir
en sainteté. Il est facile de trouver sa joie dans de belles pensées et dans
des sentiments pieux, dans des actes solennels de consécration et de foi,
tandis que la plus sûre marque de la présence de Dieu, la disparition du
moi, est toujours absente. Venez et fuyons vers Jésus ; cachons-nous en
lui, jusqu'à ce que nous soyons revêtus de son humilité. Demandons à
Dieu de se révéler à nous. Alors il y aura dans notre âme ce dégoût de
nous-mêmes, cette haine de notre vie propre qui est justement la marque
de l'âme qui a vu la gloire de Dieu (Job 42.5-6 ; Ésaïe 6.5). Cette humilité-là
est notre sainteté.
Chapitre VIII
L'humilité et le péché
L'humilité est le chemin de la mort, parce que dans la mort elle donne la
plus haute preuve de sa perfection. L'humilité est la fleur de laquelle la
mort du moi est le fruit parfait. Jésus s'est humilié jusqu'à la mort et a
ouvert le sentier dans lequel nous devons aussi marcher. De même qu'il
n'y avait pas pour lui d'autre chemin pour prouver sa parfaite soumission à
Dieu, que de se livrer à lui en passant par la mort afin de s'élever de la
faible nature humaine à la gloire du Père, il en est de même pour nous.
L'humilité doit nous conduire à mourir à nous-mêmes. Nous donnerons
ainsi la preuve que nous avons tout abandonné pour Dieu. La mort au moi
est le moyen d'être délivrés de notre nature déchue et de trouver le sentier
qui conduit à la vie en Dieu.
Nous avons dit ce que fit Jésus pour ses disciples quand il leur
communiqua sa vie de résurrection, le jour de la Pentecôte, en descendant
lui-même du ciel pour venir habiter en eux. Il reçut la puissance d'agir ainsi
en donnant sa vie. La vie qu'il communiqua était une vie sortant de la mort
et gagnée par la mort. Celui qui vint habiter en eux était lui-même
quelqu'un qui avait été mort, mais qui maintenant vivait pour toujours. Sa
vie, sa personne, sa présence, portent les marques de la mort, les marques
d'une vie sortie, issue de la mort. Dans ses disciples, cette vie porte
toujours aussi les marques de la mort. C'est seulement quand l'Esprit de
mort, l'Esprit du Mort habite et travaille dans l'âme, que la puissance de sa
vie peut être connue. La première et principale marque de la mort du
Seigneur Jésus, que montre le vrai disciple du Sauveur, c'est l'humilité.
L'humilité seule conduit à une mort complète ; la mort seule rend parfaite
l'humilité. L'humilité et la mort sont, dans leur nature, une seule et même
chose. L'humilité est le bouton ; dans la mort le fruit mûrit et devient
parfait.
Note A
Tout ceci fera connaître à travers l'éternité que l'orgueil dégrade les anges
les plus élevés et en fait des démons, tandis que l'humilité élève jusqu'aux
trônes des anges la créature humaine tombée. Tirer une nouvelle création
du royaume mis en ruines par les anges déchus, c'est le grand but de Dieu.
Pour atteindre ce but, il y a une lutte permanente entre l'orgueil des
démons et l'humilité de l'Agneau de Dieu, afin que la dernière trompette
puisse faire entendre à travers les profondeurs de l'éternité cette grande
vérité: le mal ne peut avoir d'autre commencement que l'orgueil et d'autre
fin que l'humilité. Voici donc la vérité : l’orgueil doit mourir en nous, ou rien
de céleste ne peut y vivre. Sous la bannière de la vérité, abandonnez-vous à
l'esprit doux et humble du saint Fils de Dieu. Si l'humilité ne sème pas la
semence, il ne peut y avoir de moisson céleste. Ne considérez pas l'orgueil
seulement comme une disposition fâcheuse, ni l'humilité seulement
comme une vertu agréable : car l'une est la mort et l’autre la vie ; l'une est
l’essence de l'enfer, l'autre l'essence du ciel. Vous avez donc en vous autant
de l'esprit du démon que vous avez d'orgueil ; et autant de l'esprit de
l'Agneau de Dieu que de vraie humilité. Si vous pouviez voir ce que chaque
sentiment d'orgueil produit dans votre âme, vous supplieriez tous ceux
que vous rencontrez de vous délivrer à tout prix de cette vipère, dussiez-
vous perdre une main ou un œil pour obtenir la délivrance. Et si vous
pouviez vous rendre compte de la puissance douce et divine qu'est
l'humilité, voir comment elle transforme tout dans le cœur et la vie,
comment elle expulse le poison de votre nature pour faire place à l'Esprit
de Dieu, afin qu'il habite en vous, vous aimeriez mieux être le marchepied
du monde entier que de perdre la moindre parcelle d'humilité (L'esprit de
prière).
Note B
Nous avons besoin d'apprendre deux choses : tout d'abord, que notre
salut consiste entièrement à être sauvés de nous-mêmes, c'est-à-dire de ce
que nous sommes par nature ; et ensuite, que rien ne peut être notre salut
excepté l'humilité de Dieu. De là cette première parole si absolue du
Sauveur à la créature déchue : « Si quelqu'un ne renonce à lui-même, il ne
peut être mon disciple. » Le moi est tout le mal et le malheur de notre
nature déchue ; le renoncement à nous-mêmes est notre unique moyen de
salut ; l'humilité est notre salut… Le moi est la racine, l'arbre, les branches
de tout ce qu'il y a de pervers dans notre état de chute. Tous les maux des
anges tombés et des hommes ont leur naissance dans l'orgueil du moi.
D'autre part, toutes les vertus de la vie céleste sont les vertus de l'humilité.
C'est l'humilité seule qui rend l'abîme impossible à franchir entre le ciel et
l'enfer. Quelle est donc la grande lutte pour arriver à saisir la vie éternelle ?
C'est la lutte entre l'orgueil et l'humilité. qui se disputent nos cœurs :
l'orgueil et l'humilité sont les deux puissances maîtresses, les deux
royaumes en lutte pour la possession éternelle de la créature humaine. Il
n'y a jamais eu et il n'y aura jamais d'autre humilité que celle de Jésus-
Christ. L'orgueil et le moi nous possèdent jusqu'à ce que nous ayons
trouvé la délivrance en Jésus. C'est pourquoi celui-là seulement qui lutte
sérieusement selon les lois spirituelles pour être délivré de la vie propre
reçue d'Adam, peut être amené à mourir à lui-même par l'humilité
surnaturelle de Christ qui lui apporte la vie. W. Law.
Note C
Par nos forces naturelles, nous sommes incapables de mourir à nous-
mêmes. Nous luttons vainement et désespérément en faisant l'expérience
de Romains 7 : « Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je
ne veux pas… Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps
de mort ? » La réponse, c'est : Jésus-Christ. En regardant à Lui avec
confiance, j'entre dans le vrai chemin de la mort à moi-même : dans le
chemin de la patience, de la douceur, de l'humilité, de l'abandon à Dieu.
C'est ainsi que se réalise dans toute sa vérité et sa perfection la mort au
moi… Si je vous demande, en effet, ce qu'est l'Agneau de Dieu, ne me
direz-vous pas qu'il est la perfection de la patience, de la douceur, de
l'humilité, de la soumission à Dieu ? Ne me direz-vous pas que désirer ces
vertus et en prendre possession par la foi, c'est se donner à Christ avec
confiance ? Et alors, parce que ce penchant de votre cœur à vivre une vie
de patience, de douceur, d'humilité, de pleine soumission à Dieu est
réellement un acte de renoncement à tout ce que vous êtes et à tout ce que
vous avez reçu par la chute d'Adam, il est donc un acte de parfait
renoncement à vous-mêmes pour suivre Christ ; c'est votre acte suprême
de foi en lui. Christ n'est que dans ces vertus et il n'est nulle part ailleurs.
Quand elles existent en nous, son royaume est établi au-dedans de nous.
Suivons donc avec foi le Christ patient, doux, humble, fidèle à Dieu.
L'esprit d'amour divin ne peut naître dans une créature déchue jusqu'à ce
que celle-ci ait choisi de mourir à elle-même, en voulant s'abandonner à la
puissance et à la grâce de Dieu pour revêtir Jésus-Christ.
Je me confie pour tout mon salut aux mérites et à l'intercession de
l'Agneau de Dieu. Il a donné sa vie pour moi afin que j'aie la vie. Lui seul
peut reproduire en moi ce qu'il est lui-même. S'il ne naît dans nos âmes, et
s'il n'y apporte ses vertus, sa douceur, sa patience, son humilité, nous
demeurons dans la mort. Mais, lorsqu'il plaît à Dieu de révéler en nous
son Fils, en nous faisant naître à la vie de l'Esprit, alors une vie nouvelle de
paix, de joie, d'humilité commence. Jésus-Christ fait briller en nous sa
lumière, il y établit son royaume et il nous remplit de son amour et de son
humilité (Tout entier à Dieu, par W. Law).
Note D
Le secret des secrets : l'humilité est l'âme de la vraie prière. — Jusqu'à ce que
l'esprit de notre cœur soit renouvelé, jusqu'à ce que notre cœur soit vide
de tous ses désirs terrestres et vive dans une faim et une soif continuelles
de Dieu, — ce qui est le véritable esprit de prière — jusque-là, toutes nos
prières seront, plus ou moins, comme des devoirs faits par des écoliers :
ils les font, parce qu'ils n'osent les négliger. Mais ne nous décourageons
pas. Si vous voulez suivre le conseil que je vais vous donner, vous pourrez
aller à l'église sans être en danger de prier seulement des lèvres ou
hypocritement, même si le langage dont vous vous servirez est plus élevé
que celui de votre cœur. Faites donc ceci : allez à l'église comme le péager
alla au temple ; restez intérieurement dans l'esprit des pensées qu'il
exprimait, quand il n'osait pas même lever les yeux au ciel et qu'il se
frappait la poitrine en disant : « Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur.
Demeurez invariablement dans ces sentiments, et chaque demande qui
sortira de votre bouche en sera sanctifiée. Alors, quand vous serez amené
à chanter ou à demander quelque chose qui dépasse l'expérience de votre
cœur, vous en ferez une occasion de vous humilier dans l'esprit du péager,
et vous serez certainement secouru et puissamment béni par ces prières et
ces louanges que des cœurs meilleurs que le vôtre, semble-t-il, auraient
seuls dû prononcer.
Ceci, mon ami, est le secret des secrets qui vous aidera à moissonner où
vous n'avez pas semé, et ce sera une source continuelle de grâce dans
votre âme ; car tout ce qui s'agite en vous, ou tout ce qui vous arrive
extérieurement, vous devient un bien réel, si ces choses trouvent ou
excitent en vous cette attitude humble que nous admirons chez le péager.
Quand l'âme est humble, tout lui profite, elle ne cesse de croître, tout ce
qui lui arrive est comme une rosée du ciel qui la fait prospérer. C'est
pourquoi revêtez-vous d'humilité ; toutes les bénédictions y sont
contenues. C'est l'eau du ciel qui change le feu de l'âme tombée, en
douceur de vie divine et crée cette huile qui donnera une flamme ardente à
notre amour pour Dieu et pour nos semblables. Demeurez donc toujours
dans ces sentiments d'humilité ; qu'ils soient comme le vêtement que
vous porterez sans cesse, comme une ceinture autour de vos reins ; ne
vivez que dans cet esprit ; ne voyez qu'avec ses yeux ; n'écoutez qu'avec
ses oreilles ; et alors, que vous soyez dans l'église ou hors de l'église,
écoutant les louanges de Dieu ou recevant les injures des hommes et du
monde, tout tournera à votre bien et vous fera croître dans la vie céleste
(L'esprit de prière).
Une prière pour l'humilité