1 Dwight Moody La Puissance D en Haut

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 104

La puissance d’en-haut

Dwight Moody
Préface

Une personne peut avoir un « zèle sans connaissance », et une


autre la connaissance sans le zèle. Si j’avais à choisir entre ces
deux grâces, je crois que je préférerais la première. Mais avec
une Bible ouverte, nul ne doit être privé de la connaissance de la
volonté de Dieu et de ses desseins. Le but de ce livre est
d’indiquer la source de la vraie puissance, a n que notre zèle et
notre connaissance s’accroissent dans le service du Maître.

Paul a dit que « toute l’Écriture est inspirée de Dieu, et utile »,


mais je crois que le sujet que nous allons traiter a été trop laissé
de côté comme n’étant pas assez pratique ; il en est résulté un
manque de puissance dans le témoignage de l’Église et dans son
œuvre. Si nous désirons travailler pour Christ, non « comme
battant l’air », mais avec un but bien dé ni, nous serons revêtus
de la vertu d’en haut. Sans cette vertu, notre service sera une
corvée ; avec elle, il deviendra une douce tâche et un travail
joyeux.

Dwight L. Moody
1
La puissance, d’où vient-elle ?

Le privilège le plus grand et le plus puissant que possède


l’Église de Dieu en ce monde, c’est la présence au milieu
d’elle du Saint-Esprit ; l’œuvre de cet Esprit manifeste le
mieux les preuves du christianisme. On dit que les
miracles ont cessé, mais le Saint-Esprit est un miracle
permanent dans l’Église. Je ne veux rien dire contre les
hommes de science qui défendent la religion par le
moyen de preuves extérieures ; ils rendent un bon
service, et je leur souhaite toutes sortes de bénédictions.
Mais quant à ma propre âme, je puis a rmer qu’elle n’a
jamais été ra ermie dans sa foi par toutes les
démonstrations tirées de l’histoire ou d’ailleurs. Le Saint-
Esprit a enlevé le fardeau de dessus mes épaules et m’a
donné la paix et la liberté. Voilà pour moi l’évidence. Les
preuves extérieures, nous pouvons les indiquer aux
autres cependant, pour Pierre et Jean c’était assez que le
peuple rassemblé vit l’impotent guéri, sans qu’ils
sentissent le besoin d’expliquer qu’ils étaient des envoyés
de Dieu

Charles-Haddon Spurgeon
« Vous recevrez la puissance du Saint-Esprit qui viendra sur
vous » (Actes 1.8).

« Si l’âme n’est pas vivi ée par une force divine, toutes les
cérémonies les plus grandioses du culte ne sont pour elle que les
mouvements que le galvanisme imprime à un cadavre ».

Je cite cette parole d’un écrivain inconnu, parce qu’elle me fait


entrer sans préambule dans mon sujet. Qu’est-ce qu’être vivi é ?
Qu’est cette puissance dont nous avons besoin ? D’où procède-t-
elle ? Je réponds en nommant l’Esprit de Dieu. Je crois au Saint-
Esprit, comme s’exprime le symbole des apôtres.

Quelqu’un a fort bien dit encore :

« Que sont nos âmes sans la grâce ? Une branche morte, où la sève
ne circule pas. Qu’est l’Église sans elle ? Un sol aussi aride et nu
qu’un champ sur lequel ne tombe ni rosée ni pluie ».

On s’est beaucoup occupé dernièrement du Saint-Esprit, et des


milliers ont étudié ce grand sujet. J’espère que nos recherches
nous disposeront à demander une plus complète manifestation
de sa puissance sur l’Église. Nous l’avons déshonoré, nous avons
méconnu son amour et sa présence. Nous avons entendu parler
de lui, sans avoir compris ses attributs, son œuvre et ses rapports
avec nous. Je crains que pour bien des chrétiens de profession,
son existence ne soit pas une réalité actuelle, ni qu’il ne leur soit
connu comme l’une des trois personnes de la Trinité.

Le Saint-Esprit communique d’abord la vie, une vie spirituelle. Il


la donne, et il la maintient. Là où n’est pas cette vie, il ne saurait,
y avoir de puissance ; comme le dit Salomon : « Un chien vivant
vaut mieux qu’un lion mort ». Mais quand l’Esprit a produit la
vie, il ne la laisse pas défaillir et mourir, car il en entretient
constamment la amme. Il demeure avec nous et nous
n’ignorons ni sa puissance, ni son action.

Personnalité et identité

Nous lisons dans 1 Jean 5.7 : « Il y en a trois qui rendent


témoignage dans le ciel : le Père, la Parole et le Saint-Esprit ; et
ces trois là sont un ». Le Père est la première personne, Christ la
seconde, et l’Esprit uni au Père et au Fils pour accomplir
parfaitement sa propre œuvre, est la troisième. Ma Bible
m’enseigne clairement que le Dieu qui réclame mon amour, mon
service et mon adoration s’est révélé ainsi lui-même, et qu’une
personnalité distincte est attachée au Père, comme au Fils et à
l’Esprit. C’est pour cela que Dieu a certains attributs comme
Père, il en a d’autres comme Sauveur, et d’autres encore comme
Consolateur et Docteur. Les plans formés par le Père sont
exécutés par le Fils et appliqués par l’Esprit. Je crois aussi qu’ils
ont fait le plan ensemble et l’exécutent de concert.

Les trois personnes sont indiquées dans l’Écriture comme étant


distinctes. Dans Matthieu 3.15-17, nous voyons Jésus qui se
soumet à être baptisé, le Saint-Esprit qui descend sur lui, et la
voix du père qui approuve, disant : « C’est ici mon ls bien-
aimé ». Jésus dit ensuite dans Jean 14.16 : « Je prierai mon Père
qui vous donnera un autre Consolateur ». C’est aussi par Christ,
que les Juifs et les gentils ont accès auprès du Père dans un même
Esprit (Éphésiens 2.18). Les trois personnes de la Trinité sont
donc distinctes et inséparablement unies. Ces textes, et d’autres
encore, nous montrent l’identité et l’existence actuelle du Saint-
Esprit.

Si l’on me demande : Comprenez-vous cette doctrine de


l’Écriture ? Je répondrai que non mais ma foi s’incline devant la
Parole inspirée, et je crois pleinement les grandes choses que
Dieu m’y révèle, même quand ma raison est aveugle et mon
intelligence confondue.

La Parole nous enseigne d’abord, puis le Saint-Esprit accomplit


dans nos âmes une œuvre précieuse et nous fait sentir sa
présence. C’est par lui que nous « naissons de nouveau » et
possédons une puissance surhumaine. Il a inspiré les prophètes,
quali é les apôtres et il vivi e, conduit et console les vrais
croyants. Ceux-ci éprouvent que sa personnalité est une réalité
mieux démontrée que toutes les théories scienti ques. Ces
théories basées sur l’observation uctuent nécessairement,
tandis que l’existence de l’Esprit de Dieu nous est d’abord révélée
dans l’Écriture, puis elle devient pour nous un fait d’expérience
intime.

Quelques sceptiques a rment que la force physique est l’unique


énergie vitale dans le monde, tandis que des milliers de milliers
qui ne peuvent se tromper, ont reçu une vie spirituelle par une
puissance qui n’est ni matérielle ni mentale. Des hommes morts
dans leurs péchés, des ivrognes qui avaient perdu l’énergie de
leur volonté, des blasphémateurs, des débauchés sans moralité,
des incrédules qui mettent leur gloire dans ce qui est leur
confusion, ont senti la puissance du Saint-Esprit et marchent
noblement comme des chrétiens devant tous, séparés par une
in nie distance de leur vie précédente. Que d’autres
méconnaissent à leurs risques et périls cette impérissable vérité !
Quant à moi, je crois toujours davantage qu’une puissance
créatrice, divine et miraculeuse, réside dans le Saint-Esprit. C’est
lui qui gouverne et édi e l’Église, en parfaite harmonie avec les
lois naturelles qu’il domine, avec la création et la providence ; il
accomplit un ministère de vie plus glorieux que celui de la loi (2
Corinthiens 3.6-10). Comme le Fils, il est éternel et possède la vie
en lui-même ; il peut donc agir d’après les conseils de sa propre
volonté, et pour la gloire de la Trinité de Dieu.

Il a les traits distinctifs d’une personne, le pouvoir de


comprendre, de vouloir, d’agir, d’appeler, de sentir, d’aimer. Une
simple in uence ne possède point ces choses-là. Ses attributs et
ses actes ne peuvent provenir d’un agent mécanique ou d’une
pure in uence.

L’agent et l’instrument

« C’est l’Esprit qui vivi e ; la chair ne sert de rien » (Jean 6.63).


Ceci nous montre que la proclamation de l’Évangile est liée
intimement avec l’action de l’Esprit ; si celui-ci ne l’accompagne
pas de sa puissance, elle est vaine, et le langage persuasif de
l’éloquence humaine n’est dans ce cas qu’un piège mortel. Le
prophète pouvait prêcher aux os secs, mais le sou e d’en haut
devait seul les animer (Ézéchiel 37.9).

Dans 1 Pierre 3.18 : nous lisons : « Christ a sou ert une fois pour
les péchés, lui juste pour les injustes, a n qu’il nous amenât à
Dieu, étant mort selon la chair, mais ayant été vivi é par
l’Esprit ».

Nous voyons donc que le même puissant Esprit qui a ressuscité le


corps de Jésus, ressuscitera nos âmes mortes, et leur rendra la
vie ; aucune autre puissance sur la terre ne peut opérer une
pareille transformation. Et si nous désirons que nos amis encore
ensevelis dans leurs péchés y aient part, regardons à Dieu et non
à l’homme pour obtenir le réveil de leurs âmes. Si nous
comptons pour cette œuvre sur les pasteurs ou sur les chrétiens :
nous serons déçus ; mais si nous attendons tout de la puissance
de l’Esprit de Dieu, nous honorerons cet Esprit, et il fera lui-
même le travail.

Le secret du succès

Je crois qu’un grand nombre de chrétiens désirent voir plus de


résultats dans l’œuvre qu’ils accomplissent pour le Seigneur.
Notre but est de montrer à ceux qui ont ce désir de quelle source
ils doivent attendre la puissance. Jésus a dit à ses disciples en les
quittant : « Allez donc, et instruisez toutes les nations : les
baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu
28.19). Ici le Fils et l’Esprit sont égaux au Père, un avec lui. Jésus
donne une dernière mission à ses disciples ; il va les laisser, car
son œuvre est terminée sur la terre, et il est prêt à s’asseoir à la
droite de Dieu. « Toute puissance m’est donnée dans le ciel et sur
la terre : » leur dit-il. Toute puissance ! Il la possède donc. S’il
n’eût été qu’un simple homme comme quelques-uns le
prétendent c’eût été un blasphème de se faire ainsi égal au Père.
Je vois ici trois choses ; la toute-puissance lui est donnée. Les
disciples doivent enseigner toutes les nations ; leur enseigner
quoi ? À observer toutes les choses ordonnées.

Bien des gens n’observent que ce qui leur plaît à l’égard de Christ
et laissent de côté ce qui les embarrasse. Mais Jésus dit aux siens
d’enseigner à toutes les nations à observer tout ce qu’il leur avait
commandé. Et quel droit a un envoyé de modi er son message ?
Si je charge mon serviteur d’un message, et qu’il ne le trouve pas
de son goût, — un peu trop rude peut-être — et qu’il y fasse
quelque changement, je renverrai promptement ce serviteur. De
même, lorsqu’un ambassadeur de Christ modi e son message
parce qu’il s’imagine qu’il n’est pas exactement ce qu’il doit être,
se croyant ainsi plus sage que Dieu, Dieu démettra cet homme de
ses fonctions.

Plusieurs des messagers de Christ n’ont pas enseigné « toutes


choses ». Ils en ont omis quelques-unes parce qu’elles ne
s’accordaient pas avec leur raison. Mais nous devons prendre la
Parole de Dieu telle qu’elle est, car nous n’avons aucune autorité
pour en retrancher ce qui ne nous plaît pas, ou ce qui ne nous
parait pas convenable, pour nous laisser conduire par notre
raison remplie de ténèbres.

C’est l’œuvre de l’Esprit de toucher nos cœurs, et d’y faire


pénétrer la Parole ; son o ce est de prendre ce qui est de Christ
et de nous le révéler.

Quelques-uns se gurent que cet Esprit n’a été manifesté que


durant la dispensation présente, et qu’il n’agissait pas avant que
Christ eût été glori é Mais il est dit du vieillard Siméon qu’il vint
dans le temple amené par l’Esprit de Dieu : et que cet Esprit lui a
révélé qu’il ne mourrait point sans avoir vu le Christ. « Les saints
hommes de Dieu étant poussés par le Saint-Esprit, ont parlé », dit
Pierre. Nous le retrouvons dans la Genèse comme dans
l’Apocalypse ; il a conduit la main qui écrivit l’Exode et inspiré
plus tard les épîtres ; c’est lui qui parle d’un bout à l’autre de la
Bible.

Sa personnalité

J’étais converti bien longtemps avant de savoir que l’Esprit saint


était une personne. De nos jours encore un grand nombre ne
paraissent pas l’avoir compris ; mais, si vous étudiez votre Bible,
vous trouverez que le Sauveur a toujours parlé du Saint-Esprit
comme étant une personne et jamais une simple in uence. Il en
est qui le considèrent comme un attribut de Dieu tel que sa
miséricorde, par exemple, ou une vertu venant de lui. Mais
Christ dit : « Je prierai mon Père qui vous donnera un autre
Consolateur, a n qu’il demeure éternellement avec vous » (Jean
14.16). Et encore au verset 17 : « Savoir l’Esprit de vérité, que le
monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le
connaît point ; mais vous le connaissez, parce qu’il demeure avec
vous : et qu’il sera en vous » (Jean 14.17) Et plus loin : il est dit au
verset 25 : « Mais le Consolateur : qui est le Saint-Esprit que le
Père enverra en mon nom : vous enseignera toutes choses, et
vous remettra en mémoire toutes celles que je vous ai dites »
(Jean 14.25).

Remarquez les mots il et lui. Je désire appeler votre attention sur


ce fait que Jésus parle du Saint-Esprit comme étant une
personne et non une in uence ; honorons-le donc comme une
part de la divine Trinité.

De lui procède l’amour

Le premier des dons de l’Esprit, c’est « l’amour ». Dieu est amour,


Christ est amour ; ne soyez pas surpris de ce que l’Écriture parle
de « l’amour de l’Esprit » (Romains 15.30). Quel précieux attribut
est celui-là ! Oserai-je l’appeler le dôme du temple de la grâce ?
Mieux encore, il est la couronne des couronnes de la Trinité.
L’amour humain est une émotion naturelle de l’âme qui la porte
vers l’objet de son a ection, mais l’amour divin est aussi élevé
au-dessus de lui que le ciel l’est de la terre. L’homme naturel
étant de la terre est terrestre, et quelque pur que soit son amour,
il est toujours imparfait ; tandis que celui de Dieu est complet et
n’a pas besoin qu’on y ajoute. Il est comme le grand océan,
rempli et débordant des ots de l’Esprit éternel.

Nous lisons dans Romains 5.5 : « Or, l’espérance ne confond


point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par
le Saint-Esprit qui nous a été donné ». Si donc nous sommes
ouvriers avec Dieu, nous devons posséder cet amour-là. On peut
être un avocat distingué sans avoir d’amour pour ses clients : un
médecin habile, et être sans a ection pour ses patients ; un
commerçant très heureux en a aires, sans avoir aucune
tendresse pour ses pratiques ; mais nul ne peut coopérer avec
Dieu dans l’œuvre sans avoir de l’amour. Si notre service n’est
qu’une simple profession, le plus tôt que nous y renoncerons
sera le mieux.
L’amour, sans lequel nous ne pouvons travailler pour Dieu, est le
seul arbre sur notre terre maudite qui puisse produire du fruit
acceptable aux yeux du Maître. Si je n’aime pas mon Maître ni
mes compagnons de misère, je ne puis rien faire qui soit agréé ; je
ne suis que l’airain qui résonne et la cymbale qui retentit. Si cet
amour est « répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit », nous
sommes prêts pour le service de Dieu ; sinon nous ne sommes pas
prêts du tout. Il est si facile d’atteindre le cœur d’une personne
quand nous l’aimons réellement ! Toutes les barrières sont alors
rompues et emportées.....

« Que les vieillards soient purs dans la foi, dans la charité, dans la
patience », dit saint Paul à Tite. J’ai remarqué que de nos jours
l’Église est parfois très jalouse de la pureté de la doctrine. Si un
homme n’est pas saint dans la foi, elle tire l’épée ecclésiastique et
le retranche ; mais cet homme pourra manquer de charité, et nul
ne dira rien contre lui. Il manquera de patience, il sera irritable
et inquiet constamment, sans qu’on pense à le reprendre pour
cela. Cependant, la Bible enseigne qu’il nous faut être non
seulement purs dans la foi, mais aussi dans l’amour et dans la
patience. Je crois que plusieurs ne peuvent être employés par le
Seigneur dans l’œuvre parce qu’ils sont irritables et impatients ;
ils sont agités du matin au soir. Dieu ne peut se servir d’eux ;
leurs bouches sont scellées, et ils ne sont point en état de parler
pour Christ. Quand je dis que sans l’amour je ne puis travailler
pour le Seigneur, je ne veux pas dire l’amour pour ceux qui
m’aiment, car la grâce n’est point nécessaire pour l’avoir ; le
hottentot le plus cruel, le païen le plus dégradé, et le plus vil dés
pécheurs peuvent le posséder. Avant de devenir chrétien,
l’amour des autres produisait le mien, et leur haine me poussait à
les haïr ; je sentais mon cœur attiré vers celui qui m’aimait le
premier.

Je suppose que quelqu’un vienne me dire :

« Monsieur Moody, un tel m’a dit aujourd’hui que vous étiez le


dernier des hommes. Si je ne possédais pas une bonne mesure de
la grâce divine dans mon cœur, je sais qu’aussitôt j’éprouverais
contre cette personne des sentiments d’aigreur : et que je serais
tenté de parler mal d’elle. La haine produit la haine.

Mais supposons qu’on vienne me dire :

« Monsieur Moody, savez-vous qu’un tel que je viens de


rencontrer pense beaucoup de bien de vous ?

Quoique je ne connaisse pas cet homme-là, je l’aimerai tout


aussitôt. L’amour produit l’amour ; nous savons tous cela : mais il
me faut la grâce de Dieu pour aimer une personne qui me
calomnie, qui me méprise, qui étrit ma réputation. C’est le
péché qu’il faut haïr. Faites la di érence entre le péché et le
pécheur, car l’un doit être haï d’une parfaite haine, et l’autre
aimé ; sans cela vous ne ferez aucun bien.

Vous savez que c’est l’amour qui donne au nouveau converti sa


première impulsion. Le jour où vous fûtes pardonné, comme
votre cœur fut rempli de douce paix et d’ardentes a ections !

Le cœur qui déborde


Je me souviens de la matinée où je sortis de ma chambre après
m’être con é en Christ pour la première fois. Il me semblait que
ce vieux soleil brillait d’un plus vif éclat qu’à l’ordinaire ; il me
souriait. J’allai me promener dans les champs, et je crus que les
petits oiseaux qui chantaient dans les arbres entonnaient un
hymne pour moi. Le croiriez-vous ? - je sentis que j’aimais ces
oiseaux, tandis que jusque-là je ne m’étais pas soucié d’eux.
J’a ectionnais la création tout entière ; je n’avais plus aucun
sentiment amer contre aucun homme, et j’étais prêt à les presser
tous contre mon cœur. Si quelqu’un n’a pas cet amour répandu
dans son cœur, il n’a jamais été régénéré. Si une personne se lève
dans une réunion de prières et qu’elle se mette à parler des
défauts d’autrui, vous pouvez douter de la réalité de sa
conversion. Cette conversion n’est qu’une contrefaçon ; car elle
n’a pas le vrai sceau. Le premier sentiment d’une âme convertie,
c’est l’amour, et non le désir de trouver les autres en faute et de
s’en plaindre.

Mais il nous est di cile de vivre toujours dans cette pure


atmosphère. Voici quelqu’un qui vient et qui nous traite
injustement ; peut-être serons-nous disposé à le haïr ? Car nous
n’avons pas pro té des moyens de grâce, et nous ne nous sommes
pas nourris de la Parole comme nous l’aurions dû. Une racine
d’amertume bourgeonne alors dans notre cœur sans que nous
prenions garde à elle. Dès ce moment nous devenons impropre à
travailler à l’œuvre du Seigneur, parce que l’amour de Dieu n’est
pas répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit.

C’est cet Esprit qui produit l’amour. Paul a pu dire : « La charité


de Christ me presse » (1 Corinthiens 5.14) ; aussi ne pouvait-il
s’empêcher d’aller prêcher l’Évangile de ville en ville. Jérémie a
dit un jour qu’il ne parlerait plus au nom de l’Éternel (Jérémie
20.9). Il avait assez sou ert, pensait-il, et son peuple ne se
souciait pas de la Parole de Dieu. Il vivait dans des jours mauvais
comme les nôtres. Des incrédules l’environnaient : soutenant que
les Écritures n’étaient pas la vérité. Ils nirent par le mettre en
prison, et là il se disait : « Je garderai le silence ; parler me coûte
trop cher ! » Vous savez que peu de temps après il ne put plus se
taire ; le feu était dans ses os, et il eut de quoi parler. Et nous-
mêmes : quand l’amour de Dieu remplit nos cœurs : nous
sommes contraints de travailler pour le Maître : et il bénit notre
travail ; tandis que si nous agissons par contrainte, sans divin et
puissant mobile, nous n’obtenons aucun résultat.

Maintenant nous posons cette question : « avons-nous l’amour de


Dieu répandu dans nos cœurs ? Disons-nous la vérité sous
l’impulsion de cet amour ? »

Quelques-uns parlent de la vérité d’une manière si froide et si


éteinte, qu’ils ne font de bien à personne. D’autres restent
attachés à beaucoup de choses terrestres, et laissent de côté une
partie de cette vérité. Mais il nous faut en parler avec amour,
même si nous devions tout perdre par notre délité ; si nous
faisons ainsi, Dieu nous bénira.

Un grand nombre essayent d’acquérir cet amour, et de le


produire par leurs e orts. Il n’y réussissent pas. S’il est
profondément enraciné dans notre nouvelle nature, ses e ets
seront spontanés. Je n’ai pas eu besoin d’apprendre à aimer mes
enfants ; je ne puis m’empêcher de les aimer. Une jeune lle
disait qu’elle ne pouvait aimer Dieu, que c’était pour elle très
di cile.
« Est-ce di cile pour vous d’aimer votre mère » ? Lui demandai-
je. « Avez-vous besoin de l’apprendre » ?

Elle regarda vers le ciel avec des yeux pleins de larmes, et dit :

« Non, je ne puis faire autrement ; c’est un sentiment spontané ».

« Eh bien ? Repris-je, lorsque le Saint-Esprit allumera l’amour


dans votre cœur, vous ne pourrez faire autrement que d’aimer
Dieu ; ce sera spontané. Quand cet Esprit vient dans une âme
comme la vôtre et la mienne, il nous devient aisé de servir le
Seigneur ».

Le premier des fruits de l’Esprit c’est « l’amour », comme il est dit


dans Galates 5. Neuf grâces di érentes sont énumérées dans le
même verset, et Paul met l’amour en tête de la liste. Il est donc le
fruit le plus beau de cette précieuse grappe. On est allé jusqu’à
dire que les huit autres étaient renfermées dans ce mot : amour.
La joie c’est l’amour qui s’exhale, la paix c’est l’amour en repos,
la patience c’est l’amour dans l’épreuve, la douceur c’est l’amour
qui déborde, la bonté c’est l’amour dans l’action, la délité c’est
l’amour dans la lutte, la bénignité c’est l’amour qui s’exerce, et la
tempérance c’est l’amour discipliné. C’est donc toujours
l’amour, l’amour à l’extrême cime, l’amour à la base même ; et si
chacun de nous maintenant manifestait devant tous ce fruit de
l’Esprit, quelle in uence nous aurions sur le monde ! Les agents
de police deviendraient inutiles ; on pourrait laisser là ses habits
sans qu’ils soient volés ; nul n’aurait plus le désir de mal faire.
Paul, en parlant de ces neuf grâces, ajoute : « La loi n’est point
contre ces choses ». Plus besoin d’avoir de lois ! Un homme rempli
de l’Esprit ne serait pas placé sous la vindicte de la loi : et n’aurait
pas besoin de surveillance. Nous donnerions congé à la police ;
les magistrats n’appliqueraient plus le code, et les cours de
justice n’auraient plus rien à faire.

L’espérance triomphante

L’apôtre dit dans Romains 15.13 : « Que le Dieu d’espérance vous


remplisse donc de toute sorte de joie et de paix dans la foi, a n
que vous abondiez en espérance par la puissance du Saint-
Esprit ». Ce qui vient ensuite : c’est donc l’espérance.

Avez-vous remarqué que ceux qui perdent cette grâce ne sont


plus jamais employés dans l’œuvre par le Maître ? J’ai observé
partout où je suis allé que ceux qui travaillent pour le Seigneur,
hommes ou femmes, et qui ont perdu l’espérance, ont très peu de
succès. Considérez-les ! Je n’en ai pas vus qui aient réussi à édi er
le royaume de Dieu sur la terre. L’espérance est nécessaire, et
c’est le Saint-Esprit qui la donne. Que cet Esprit descende sur une
Église où il n’y a pas eu de conversions depuis des années, et qu’il
transforme plusieurs personnes, vous verrez alors comme
l’espérance sera tout de suite ravivée ! Un homme rempli de
l’Esprit sera aussi plein d’espérance ; il regardera vers l’avenir
avec joie, parce qu’il le verra tout brillant, persuadé qu’il est que
le Dieu de toute grâce fera de grandes choses. Il est donc
important pour nous de posséder l’espérance.

Quand un chrétien l’a perdue, il a perdu aussi sa communion


avec Dieu ; l’Esprit ne repose pas sur lui quand il fait l’œuvre. Il
est peut-être sauvé, mais tellement découragé qu’il est incapable
de faire un service utile. Savez-vous qu’il n’est dit nulle part dans
les Écritures que Dieu ait employé une personne découragée ?

J’étais, il y a quelques années, très découragé dans mon œuvre,


et prêt à suspendre ma harpe aux saules du rivage. Depuis
plusieurs semaines mon esprit était a aissé et oppressé, quand je
reçus la visite d’un ami qui dirigeait une classe biblique très
considérable. J’examinais d’ordinaire ses notes de l’école du
dimanche, qui équivalaient à un sermon. Il me dit en entrant :

« Sur quel sujet avez-vous prêché hier, Je le lui dis ».

« Et moi sur Noé, reprit-il. Avez-vous jamais parlé sur ce texte et


étudié ce caractère » ?

« Non, je n’ai pas étudié cette vie d’une manière particulière ».

« Eh bien, elle est des plus étonnantes ; il vous serait bon de la


méditer, faites-le » !

Dès qu’il fut sorti ; je pris ma Bible, et je lus l’histoire de Noé. Je


fus saisi par l’idée qu’il avait travaillé cent vingt années sans
avoir converti une seule personne, et malgré cela il n’avait point
été découragé.

« Eh bien ! Me dis-je, je ne dois pas me décourager non plus ! Je


fermai ma Bible, et je sortis pour aller à la réunion de prières ; le
nuage était dissipé…»

Quelqu’un y raconta que dans une petite ville une centaine de


jeunes convertis s’étaient joints à l’Église, et je me dis :
« Noé n’aurait-il pas désiré d’entendre une pareille chose ? Et
cependant il travailla cent vingt ans sans se décourager » !

En ce moment, un homme traversa la nef, et se tenant debout


dit :

« Mes amis, priez pour moi, je suis perdu… Et je me dis : Noé


n’aurait-il pas désiré d’entendre cette parole » ?

Il ne l’a jamais entendue, et n’a pourtant pas été découragé. Oh !


Chers enfants de Dieu, ne le soyons pas nous-mêmes !
Demandons au Seigneur de nous pardonner si nous l’avons été ;
demandons-lui qu’il mette en nos cœurs l’espérance, a n que
nous ayons toujours con ance en l’avenir. Il m’est bon de serrer
la main aux amis que je rencontre quand je les vois joyeux dans
l’espérance ; tandis que d’autres me communiquent une sombre
impression, accablés qu’ils sont parce qu’ils ne voient que le
mauvais côté des choses, les obstacles et les di cultés du
chemin.

La liberté

Un autre don du Saint-Esprit c’est la liberté (Galates 5.1). Il


produit l’amour, il inspire l’espérance, puis il donne la liberté.
C’est cette dernière grâce dont plusieurs Églises ont besoin de
nos jours. C’est triste de constater que dans les meilleures, avant
que Dieu puisse faire son œuvre, il faudra procéder aux
funérailles du formalisme, et l’enterrer si profondément qu’il ne
puisse ressusciter.
Quand l’Évangile est prêché, les gens se mettent à critiquer
comme ils le feraient pour une pièce de théâtre ; et c’est ainsi que
bien des chrétiens de profession ne pensent jamais à écouter ce
que l’homme de Dieu a à leur dire. C’est une tâche ardue que
d’annoncer la Parole à ces esprits portés à la critique humaine ;
« tandis que là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté ».

Très souvent une dame écoute une centaine de bonnes idées dans
un sermon, et n’est frappée que d’une seule toute petite qui est
hors de propos. Elle revient chez elle, se met à table, et exprime
hautement sa désapprobation sur cette regrettable chose même
devant ses enfants, sans dire un mot des bonnes qu’elle a
entendues. Voilà ce que font les personnes disposées à la
critique. Dieu n’emploie pas des captifs pour son œuvre.

Ils ressemblent à Lazare sortant de son sépulcre tout lié de


bandelettes. Ces bandes lui fermaient la bouche et il ne pouvait
parler. Il avait pourtant la vie, vous ne pouvez le nier. De même,
plusieurs chrétiens vous diront quand vous les presserez de
travailler pour le Maître :

« J’ai la vie, je suis chrétien » !

Vous ne pouvez mettre cela en doute, mais ils ont encore les
pieds et les mains liés.

Que Dieu brise ces fers, et mette ses chers enfants en liberté ! Je
crois qu’il veut le faire, a n d’avoir des ouvriers qui travaillent et
qui parlent pour lui. Combien voudraient se lever et dire
quelques mots pour Christ dans une réunion intime de prières !
Mais il y a un tel esprit de critique dans leur Église qu’ils n’osent
le faire, et ainsi ils manquent de liberté. S’ils se lèvent, ils ont
tellement peur de ces critiques qu’ils tremblent et se rasseyent ;
ils n’ont pas le courage de parler. Tout cela ne vaut rien....
L’Esprit est venu justement pour nous donner la liberté (Ésaïe
61.1) ; vous trouverez cette liberté partout ou l’œuvre de Dieu
prospère. Les gens ne craignent plus alors de prendre la parole ;
et quand la réunion est terminée, ils ne s’empressent pas de
mettre leur chapeau pour partir au plus vite, mais ils se serrent
la main ; c’est là un signe de liberté. Un grand nombre vont aux
réunions de prières avec un sentiment légal qui les glace. « C’est
mon devoir d’y aller, disent-ils ; » et ils oublient que c’est un
glorieux privilège de se réunir pour prier, de se forti er et de
s’aider mutuellement dans le désert de la vie.

Nous avons besoin d’amour. Ne sentons-nous pas que nous en


avons besoin ? Ne désirons-nous pas aussi de voir briller
l’espérance sur notre sentier ? N’avons-nous pas besoin de
liberté ? Eh bien, toutes ces grâces sont des dons du Saint-Esprit !
Prions pour les recevoir.

Nous lisons dans l’épître aux Hébreux 10.19 « Nous avons par le
sang de Jésus la liberté d’entrer dans les lieux saints ». L’accès est
donc libre pour pénétrer dans le sanctuaire et pour demander
l’amour, la liberté et une glorieuse espérance ! Nous n’aurons pas
de repos jusqu’à ce que nous ayons reçu de Dieu une puissance
pour pouvoir travailler pour lui.

Si je connais bien mon propre cœur, je puis dire que je


préférerais mourir plutôt que de vivre comme autrefois : étant
un chrétien de nom que Dieu n’employait pas pour avancer son
royaume. Vivre pour l’amour de soi, est une pauvre vie bien
vide....
Cherchons donc à être utiles, des vases prêts à être mis au service
du Maître, brillants de la gloire de Dieu et du Saint-Esprit.

Ah ! Si ton cœur est seul, si son amour immense,


Aspire à se donner, va calmer la sou rance
De tous les malheureux....
Parle-leur de Jésus, de ses trésors de vie,
Soutiens leur faible cœur, relève, forti e,
Et travaille pour eux....
Oui, je ne puis dans ma faiblesse
Jésus vivre un instant sans toi !
Soutiens mon cœur par ta tendresse,
Dans ta main garde-le sans cesse,
Car ta force su t pour moi.
Mes besoins, Seigneur, sont immenses,
Mais la plénitude est en toi !
Dans mes luttes, dans mes sou rances,
Je crois malgré mes défaillances
Que ta grâce su t pour moi.
Oh ! Combien douce est ta Parole,
Quand mon cœur se con e en toi !
Elle est sur mon front l’auréole
Qui me conduit, qui me console,
Un roc qui su t à ma foi.
Dieu saint ! Mon âme te désire
Et ne peut se passer de toi ;
Ton Esprit en elle soupire,
Ton amour si profond l’inspire,
Cet amour est assez pour moi.
2
La puissance en nous et sur nous

Vous vous rappelez cet exil étrange et à demi involontaire de


Moïse dans le désert de Madian lorsqu’il s’enfuit en Égypte ?
Vous vous souvenez aussi de ces années de solitude presque aussi
étranges, que Paul passa en Arabie quand, humainement
parlant, une prompte activité semblait nécessaire ? Et vous savez
cet ordre du Seigneur à ses disciples avant de monter dans sa
gloire : « Demeurez à Jérusalem ». Personne n’aurait été surpris
d’entendre Pierre si ardent à prendre la parole, ou Jacques si
brûlant de zèle lui dire : Tarder, Seigneur ? Et combien de temps ?
Tarder ? Mais n’y a-t-il pas un monde qui périt, qui soupire après
la bonne nouvelle ? T’avons-nous bien compris, Seigneur ? Se
hâter, ne serait-ce point le vrai mot ?

« Et les ayant assemblés, il leur commanda de ne point


partir de Jérusalem, mais d’y attendre la promesse du
Père »

Actes 1.4 Grosart

Le Saint-Esprit habitant au dedans de nous est une vérité


clairement enseignée dans les Écritures, et le Saint-Esprit
demeurant sur nous pour accomplir l’œuvre de Dieu, est une
autre tout à fait distincte. La Parole nous parle de trois demeures
du Saint-Esprit.

Dans Exode 40.33, nous lisons : « Ainsi Moïse acheva l’ouvrage. Et


la nuée couvrit le tabernacle d’assignation : et la gloire de
l’Éternel remplit le pavillon, tellement que Moïse ne put entrer
au tabernacle d’assignation, car la nuée se tenait dessus, et la
gloire de l’Éternel remplissait le pavillon.

Au moment où le tabernacle fut érigé, la nuée, Scekinah


glorieuse, descendit et le remplit, tellement que Moïse ne put se
tenir en la présence de l’Éternel. Je crois aussi très fermement
qu’à l’instant même où nos cœurs sont vidés de leur orgueil et de
leur égoïsme, de leur ambition et de toute recherche d’eux-
mêmes, en un mot de ce qui est contraire à la loi de Dieu, c’est
alors que le Saint-Esprit vient pour en occuper tous les replis.
Mais si nous gardons de l’ orgueil, de l’ambition, si nous aimons
les plaisirs du monde, il ne reste plus de place pour Dieu. Je ne
doute pas que bien des chrétiens ne prient pour obtenir cette
grâce : mais ils sont déjà encombrés par mille autres choses.
Avant donc de demander que notre cœur soit plein de l’Esprit, il
faut désirer qu’il soit dépouillé. Il doit être retourné d’abord, a n
que ce qui est contraire à la loi divine en sorte. Le Saint-Esprit
viendra seulement à cette heure pour le remplir de sa gloire,
comme autrefois pour le tabernacle. Nous lisons dans 2
Chroniques 5.13 : « Comme donc ils étaient assemblés avec ceux
qui sonnaient des trompettes et qui chantaient et faisaient
retentir leur voix d’un même accord, pour louer et pour célébrer
l’Éternel, et comme ils élevaient leur voix en jouant des
trompettes, des cymbales et autres instruments de musique, et
qu’ils louaient l’Éternel disant : Qu’il est bon, et que sa
miséricorde demeure à toujours : il arriva que la maison de
l’Éternel fut remplie d’une nuée ; de sorte que les sacri cateurs
ne se pouvaient tenir debout pour faire le service à cause de la
nuée ; car la gloire de l’Éternel avait rempli la maison de Dieu ».

Louer Dieu

Dès que Salomon eut achevé de bâtir le temple, et que tout fut
prêt pour y célébrer le service divin, ceux qui étaient présents se
mirent à exalter l’Éternel d’un même cœur. Les chantres et les
prêtres n’avaient qu’une seule pensée, celle de louer Dieu : et
alors la gloire de l’Éternel vint remplir le temple comme elle
avait rempli déjà le tabernacle.

En étudiant le Nouveau Testament nous voyons qu’au lieu


d’habiter dans des tabernacles ou des temples, le Saint-Esprit
vient faire maintenant sa demeure dans le cœur des croyants. Le
jour de la Pentecôte, pendant que Pierre prêchait son mémorable
sermon et que les disciples priaient, le Saint-Esprit descendit
avec puissance. Nous demandons aussi qu’il vienne, et nous
chantons :

Saint-Esprit, d’un amour céleste

Ah ! Viens inonder notre cœur ;

Allume une amme qui reste

Et qui ranime notre ardeur !


Cette prière me semble parfaitement bonne, cependant si nous
disons au Saint-Esprit de redescendre du ciel, nous avons tort,
parce qu’il est déjà ici-bas, et qu’il n’a pas été absent de cette terre
depuis dix-huit cents ans. Il est demeuré dans l’Église et dans le
cœur de tous les croyants. Les croyants ont été appelés à sortir du
monde, et chacun d’eux est devenu le temple du Saint-Esprit.
Jésus a dit :

« C’est l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir parce qu’il


ne le voit point et ne le connaît point, mais vous le connaissez
parce qu’il demeure avec vous et qu’il sera en vous » (Jean 14.17).
« Celui qui est en vous est plus puissant que celui qui est dans le
monde », a dit saint Jean ; et s’il demeuré en nous, il nous rendra
vainqueur de la chair, du monde et de tous nos ennemis ».

Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit


de Dieu habite en vous ? (1 Corinthiens 3.16).

Des hommes étaient occupés à ensevelir un vieux chrétien ; ce


chrétien était pauvre selon le monde, mais il possédait au-delà de
la tombe de grandes richesses, des richesses que les vers ni la
rouille ni les voleurs ne pouvaient ravir. Ces hommes se hâtaient
de l’enterrer sans user de ménagement, quand le bon pasteur qui
faisait le service des funérailles, leur dit :

« Allez plus doucement, car vous portez le temple du Saint-


Esprit » !

Partout où vous trouvez un croyant, vous voyez le temple du


Saint-Esprit.
Dans 1 Corinthiens 6.19-20, nous lisons encore : « Ne savez-vous
pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous
et qui vous a été donné de Dieu, et que vous n’êtes point à vous-
mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glori ez
donc Dieu en votre corps et en votre esprit qui appartiennent à
Dieu ».

Nous savons ainsi qu’un hôte divin habite dans chaque croyant.
Cette vérité est clairement enseignée dans les Écritures. Nous
pouvons contrister le Saint-Esprit, ou ne pas le glori er assez,
mais cependant il demeure toujours en nous. Je veux
maintenant attirer votre attention sur ce fait que les chrétiens,
hommes et femmes, possèdent tous le Saint-Esprit en eux, mais
cet Esprit n’agit pas toujours avec pouvoir, en d’autres termes, un
grand nombre d’enfants de Dieu vivent sans puissance.

De quoi ont-ils besoin ?

Les neuf dixièmes des chrétiens au moins ne pensent jamais à


parler de Christ. S’ils voient un homme, peut-être un proche
parent, marcher vers sa ruine rapidement, ils n’ont pas assez
d’amour pour lui montrer qu’il est coupable et pour l’amener à
Jésus. Il y a là certainement quelque chose de condamnable ; et
cependant quand vous causez avec eux, vous voyez qu’ils ont foi :
et vous ne pouvez dire qu’ils ne sont pas des enfants de Dieu ; ce
qui leur manque c’est la puissance, c’est la liberté, c’est l’amour,
que tout vrai disciple de Christ doit avoir. Un grand nombre
pensent qu’il nous faudrait de nouveaux moyens, de nouvelles
Églises, de nouvelles orgues, de nouveaux chœurs ; mais ce n’est
point là ce dont nous avons besoin de nos jours ! Il nous faut la
vieille puissance que reçurent les apôtres ; si nous l’avions, nos
Églises posséderaient une nouvelle vie. Il nous faut de nouveaux
pasteurs, les mêmes vieux pasteurs puissamment renouvelés, et
remplis de l’Esprit.

Je me souviens qu’à Chicago l’œuvre était faite activement, mais


le char du salut ne paraissait pas se mouvoir. Un pasteur poussa
un jour ce cri des profondeurs de son cœur :

Seigneur ! Mets un nouveau pasteur dans chaque chaire !

Le lundi suivant deux ou trois hommes se levèrent et dirent :

« Nous avons eu dimanche un nouveau pasteur » !

C’était le même vieux pasteur revêtu d’une nouvelle puissance.

Je suis convaincu que nous avons besoin en tout pays, de


pasteurs renouvelés dans la chaire, et d’auditeurs renouvelés sur
les bancs. Il faut que l’Esprit qui vivi e descende du ciel, et
prenne possession des enfants de Dieu pour leur communiquer
de la puissance.

Un homme rempli de l’Esprit sait comment manier l’épée de la


Parole, sinon, il ne pourra jamais se servir comme il faut de sa
Bible : qui est l’épée de l’Esprit. Une armée serait-elle digne de ce
nom si elle ne savait comment faire usage de ses armés ?
Supposez une bataille engagée, et moi le général, suivi de cent
mille hommes tous fortement constitués et plein de vie, mais
dont aucun ne saurait manier son épée ni son fusil : à quoi cette
armée serait-elle bonne ? Un millier de soldats exercés et munis
de bonnes armes, les mettraient bientôt en déroute. L’Église ne
vainc pas le monde parce qu’elle ne sait pas se servir de « l’épée de
l’Esprit ». Il en est qui essaient de combattre le démon avec leurs
expériences ; le démon se soucie peu de cette arme-là ; et sort
vainqueur de la lutte ; d’autres vont contre lui avec leurs théories
et leurs idées favorites, mais ils ne remportent pas sur lui de
victoires. Il nous faut tirer « l’épée de l’Esprit ; » elle seule perce
plus profondément que tout le reste.

Lisez dans Éphésiens 6.11-17 : « Soyez donc fermes, ayant la vérité


pour ceinture de vos reins, et étant revêtus de la cuirasse de la
justice ; et ayant pour chaussure les dispositions que donne
l’Évangile de paix ; prenant par-dessus tout cela le bouclier de la
foi, par le moyen duquel vous puissiez éteindre tous les traits
en ammés du malin. Prenez aussi le casque du salut et l’épée de
l’Esprit, qui est la Parole de Dieu ».

L’arme la plus forte

L’épée de l’Esprit, c’est la Parole de Dieu ; nous avons donc besoin


d’être remplis de cet Esprit a n que nous sachions comment il
faut manier les Écritures. Un chrétien parlait à un sceptique en
lui citant des textes. Le sceptique lui dit :

« Je ne crois pas à ce livre, monsieur ».

Mais l’homme de Dieu continua à lui donner encore plus de


passages, malgré ses négations répétées. En n cet impie fut
atteint, et le chrétien put dire ensuite :
« Quand j’ai éprouvé la bonté d’une épée, je dois toujours la tenir
droite et ferme en l’employant ».

« Voilà ce que nous devons faire aussi ».

Les incrédules a rment qu’ils ne croient pas à la Bible, mais ce


n’est pas notre œuvre de leur donner la foi, c’est celle du Saint-
Esprit. Notre œuvre à nous, c’est de leur expliquer la Parole ; non
de prêcher nos théories et nos idées sur son contenu, mais
d’exposer simplement le message tel que Dieu nous l’a donné.
L’Écriture nous parle de l’épée de l’Éternel et de Gédéon.
Supposez que Gédéon fut parti sans l’ordre de l’Éternel, il aurait
essuyé une défaite. L’Éternel se servit de Gédéon, et vous verrez,
en parcourant la Bible, que Dieu emploie des instruments
humains. Je crois que vous n’y trouverez pas un seul exemple de
conversion où il n’ait pas employé un moyen ou un instrument
humain. Non qu’il ne puisse agir dans sa souveraine
indépendance, nul ne peut en douter ! Même après que Saul de
Tarse eut vu le Christ glori é : Ananias fut envoyé pour lui ouvrir
les yeux et faire briller devant lui la lumière de l’Évangile. J’ai
entendu un homme dire : « Placez quelqu’un sur la haute cime
d’une montagne, plus haut que le sommet des Alpes, et là Dieu
pourra le sauver sans moyen humain ».

Mais telle n’est pas la méthode de Dieu ; c’est l’épée de l’Éternel et


de Gédéon, c’est l’Éternel et Gédéon qui doivent ensemble
accomplir l’œuvre. Si nous voulons laisser le Seigneur se servir
de nous, il s’en servira.

Non plus moi


Vous remarquerez en lisant la Bible, que ceux qui ont été remplis
du Saint-Esprit ont prêché Christ cruci é, et non eux-mêmes.
Dans le premier chapitre de Luc 1.67-70 : nous lisons : « Alors
Zacharie son père fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa et
dit : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et
racheté son peuple ; et de ce qu’il nous a suscité un puissant
Sauveur dans la maison de David son serviteur, comme il en
avait parlé par la bouche de ses saints prophètes qui ont été
depuis longtemps ».

Vous voyez qu’il cite la Parole. Quand un homme est rempli du


Saint-Esprit, il magni e cette Parole et la prêche à un monde
perdu. Zacharie annonce ensuite que le petit enfant deviendra
un prophète, et donnera à son peuple la connaissance du salut
par la rémission de leurs péchés (Luc 1.76-80), ce qu’avait dit
Ésaïe.

Marie et Élisabeth, l’une et l’autre remplies du Saint-Esprit,


parlent ensemble du Sauveur et des Écritures. Siméon, animé de
ce même Esprit, cite des promesses ; et lorsque Pierre se tint
debout le jour de la Pentecôte pour prêcher son étonnant
sermon, il est dit qu’étant rempli de l’Esprit, il annonça la parole
à la multitude ; ce fut cette Parole qui atteignit leurs consciences.
C’était l’épée de l’Éternel et Pierre, comme autrefois l’épée de
l’Éternel et Gédéon. Nous voyons saint Étienne parler par
l’Esprit de telle sorte que nul ne pouvait lui résister (Actes 6.10) ;
et pourquoi ? Parce qu’il leur citait les Écritures. Nous savons
encore que Paul étant rempli de l’Esprit, prêchait Christ cruci é,
et que plusieurs furent ajoutés à l’Église. Barnabas, plein de
Saint-Esprit et de foi, annonçait la Parole et persuadait les gens
(Actes 11.24) Nous voyons donc que ceux qui possèdent cet Esprit
ne prêchent que Christ tel qu’il est révélé dans les Écritures.

Les disciples de Jésus publièrent au loin la Parole ; et quand


l’Esprit descendra sur l’Église et nous donnera une onction
divine, alors cette parole sera annoncée dans les rues et dans les
carrefours. Il n’y aura plus une sombre mansarde, ni une seule
maison où quelque chrétien plein d’amour n’apporte l’Évangile.

Les euves d’eau vive

Un homme peut recevoir tout juste le salut et être satisfait ; je


crois qu’un grand nombre de chrétiens sont dans ce cas.
Nicodème, quand il vint trouver Jésus, reçut une mesure de vie,
mais trop faible pour lui donner le courage de contester
hardiment son Maître ; il avait la foi sans la puissance que
communique le Saint-Esprit. Voyons dans le quatrième chapitre
de Jean l’histoire de la Samaritaine. Christ lui o rit la coupe du
salut, elle la prit, elle s’y abreuva, et cette eau vive devint une
source jaillissante en vie éternelle. Elle avait été vivi ée mieux
que Nicodème, et le salut avait pénétré dans son âme comme un
euve ; ce euve, descendu du trône de Dieu, l’avait ramenée par
son puissant courant jusqu’à ce même trône. L’eau tend toujours
à reprendre son niveau ; si donc notre âme est remplie de celle
qui sort du sanctuaire, les ots s’élèveront jusqu’à la source d’où
ils procèdent et nous y porteront.

Si vous désirez trouver la peinture la plus parfaite de la vie


chrétienne, allez au chapitre 7. Là il est dit que celui qui reçoit
l’Esprit par la foi en Jésus, des euves d’eau vive découleront de
lui. On peut creuser un puits de deux manières. Je me souviens
que lorsque j’étais un petit garçon employé dans une ferme de la
Nouvelle Angleterre, on me donnait la mission de puiser l’eau
pour les troupeaux au moyen d’une vieille pompe en bois.
Souvent je pompais, je pompais jusqu’à en avoir le bras très
fatigué. Maintenant ils se servent d’un meilleur procédé : ils
creusent à travers le sable et les rochers jusqu’à ce qu’ils trouvent
ce qu’ils appellent un sous-courant, et font ainsi des puits
artésiens qui élèvent l’eau spontanément et sans travail.

Dieu veut que ses enfants deviennent des puits artésiens qui
n’aient pas besoin de l’e ort d’une pompe, mais desquels la grâce
puisse jaillir sans peine. N’avez-vous pas vu des ministres en
chaire pomper, pomper et pomper, encore ? J’en ai vu bien des
fois, j’ai fait aussi comme eux, et je sais comment cela se
pratique. Ils se tiennent debout, et parlent, parlent, parlent,
tandis que leurs auditeurs s’endorment à tel point qu’ils ne
peuvent les réveiller.

Où est donc la di culté ? Pourquoi n’ont-ils pas de l’eau vive ?


C’est qu’ils pompent là où il n’y a pas d’eau. Vous ne sauriez en
trouver dans une source desséchée ; vous n’en tirerez jamais rien
si elle ne contient rien. J’ai vu d’excellentes gens qui sont obligés
de mettre de l’eau tout d’abord dans leurs pompes de bois pour
en faire sortir quelques gouttes. Puis ils demandent pourquoi ils
n’ont aucune puissance dans leurs discours, et s’en étonnent. Ils
se lèvent dans une réunion pour parler, et ne disent rien en
réalité ; ils avouent qu’ils n’avaient rien à dire, et vous le
découvrez assez tôt ; ils n’avaient donc pas besoin de vous
l’a rmer. Ils parlent, parce qu’ils pensent que c’est leur devoir
de le faire, et ils ne disent rien en vérité.

Mais quand l’Esprit de Dieu nous a oint pour un service, il


demeure sur nous et c’est alors que nous pouvons faire de
grandes choses : « Je répandrai des eaux sur celui qui est altéré,
dit le Seigneur » (Ésaïe 44.3). Oh ! Quelle douce pensée de savoir
que celui qui a faim et soif de la justice sera rassasié !

Les eaux jaillissantes

J’aime à voir un chrétien plein jusqu’au bord de cette eau vive, si


plein qu’il ne peut plus se contenir, et qu’il est comme contraint
de publier l’Évangile de la grâce de Dieu. Quand une personne en
est réellement remplie elle est propre à accomplir pour Dieu
n’importe quel service. Pendant que je prêchais à Chicago, le Dr
Gibson demanda dans une réunion pour les personnes qui
désirent se convertir, comment on pourrait reconnaître les âmes
altérées de paix et de grâce : « Si un garçon, ajouta-t-il, venait ici
et traversait la salle avec un seau plein d’eau et un gobelet, nous
verrions tout de suite ceux qui ont soif se lever pour aller boire.
Mais si vous portiez un seau vide, il vous serait impossible de
discerner leurs besoins, car voyant que vous n’avez pas d’eau à
o rir, nul ne remuerait de sa place ». Je pense que la cause de
notre peu de succès dans notre ministère, c’est que nous
apportons nos seaux vides ; les gens voient que nous n’avons pas
d’eau vive à leur présenter et ils ne s’approchent pas.
Je crois que ceci renferme une vérité importante. Nos auditeurs
comprennent que nous ne possédons rien de plus qu’eux, et ne
viennent pas à nous tant que nous ne sommes pas remplis nous-
mêmes. Il faut que l’Esprit de Dieu repose sur nous, et alors nous
aurons une puissance qui nous fera vaincre le monde, la chair, le
démon, nos vivacités de caractère, nos imaginations, et tout
espèce de mal ; quand nous pourrons fouler ces péchés sous nos
pieds, les gens viendront à nous et nous diront : « Comment avez-
vous acquis cette force ? J’en ai besoin. Vous possédez une chose
que je n’ai pas, et que je veux avoir ». Oh ! Que Dieu nous applique
cette vérité ! Avons-nous travaillé toute la nuit ? Jetons le let du
bon côté, et demandons le pardon de nos péchés à Dieu a n qu’il
nous accorde une puissance qui vienne d’en-haut ». Cependant
remarquez bien qu’il ne la donnera pas à celui qui est impatient,
ni à un égoïste, ni à un ambitieux avant qu’il soit vidé de lui-
même, de son orgueil et de ses pensées mondaines. Cherchons la
gloire de Dieu et non la nôtre ; et quand nous en serons là, avec
quelle promptitude le Seigneur nous bénira ! La mesure se
remplira. Savez-vous quelle est la mesure des biens célestes ? Elle
est pressée et secouée, et se répand par dessus (Luc 6.38). Si nos
cœurs sont remplis de la Parole de notre Dieu, comment Satan
pourra-t-il y entrer ? Comment le monde y pénétrera-t-il ? La
mesure des grâces divines est une bonne mesure, pleine,
débordante. Avez-vous cette plénitude-là ? Si vous ne l’avez pas,
cherchez-la et croyez que vous l’aurez, car c’est « le bon plaisir du
Père » de vous la donner. Il veut que nous fassions briller notre
lumière en ce bas monde, il veut nous rendre capables de faire
son œuvre et d’avoir la force de rendre témoignage à son Fils. Il
nous a laissés sur la terre a n que nous rendions notre
témoignage. Pourquoi nous y laisse-t-il, en e et ? Ce n’est ni
pour vendre, ni pour acheter, ni pour gagner de l’argent, mais
pour glori er Christ. Comment le glori erez-vous sans le Saint-
Esprit ? Voilà la question. Comment travailler sans la puissance
de Dieu ?

La cause de nos défaillances

Nous lisons dans Jean 20.22 : « Et quand il eut dit cela, il sou a
sur eux et leur dit : recevez le Saint-Esprit ! » Voyez maintenant
dans Luc 24.48 « Voici je vais vous envoyer ce que mon Père vous
a promis. En attendant, demeurez dans la ville de Jérusalem
jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la vertu d’en haut ».

Après avoir élevé sur ses disciples ses mains percées, il sou a
sur eux et dit : « Recevez le Saint-Esprit ». Je n’ai pas le moindre
doute qu’ils ne reçurent alors une mesure de l’Esprit, mais non
une puissance semblable à celle qui leur fut donnée plus tard
pour être rendus capables d’accomplir leur œuvre. Ce ne fut pas
une plénitude ; et s’ils avaient ressemblé à un bon nombre d’entre
nous, ils auraient dit : C’est assez maintenant ! Nous n’avons rien
à attendre de plus ; mettons-nous à l’œuvre. Quelques-uns
croiraient perdre leur temps s’ils attendaient la puissance d’en
haut. Ils vont et ils travaillent sans onction, sans aucune onction
et sans la moindre puissance. Cependant après avoir sou é
l’Esprit sur ses disciples, le Sauveur leur dit d’attendre à
Jérusalem la vertu du Saint-Esprit, qui allait descendre sur eux
(Actes 1.8). L’Esprit leur avait été déjà donné, autrement ils
n’auraient pu croire, ils ne se seraient pas mis du côté de Dieu, et
n’auraient pu supporter les moqueries et les dédains. Mais voici
ce que Jésus ajoute : « Vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui
descendra sur vous, et vous me servirez de témoins, tant à
Jérusalem que dans la Judée et la Samarie, et jusqu’aux
extrémités de la terre ». Ainsi le Saint-Esprit en nous est une
chose, et le Saint-Esprit sur nous en est une autre. Mais si ces
chrétiens s’en étaient allés prêcher ici et là sans posséder cette
puissance dont nous parlons, croyez-vous que l’étonnante scène
de la Pentecôte aurait eu lieu ? Ne pensez-vous pas que Pierre eût
battu l’air en vain pendant que les Juifs auraient grincé des dents
et se seraient moqués ?

Mais ils attendirent dix jours, à Jérusalem. Et quoi ! Dites-vous,


pendant que le monde périt autour de moi, dois-je attendre ?
Qu’est-ce que Dieu vous dit ? Qu’il est inutile de courir avant
d’être envoyé, de travailler avant d’avoir la puissance. Un
homme qui n’a pas cette onction du Saint-Esprit, s’il fait une
œuvre, perd son temps après tout. Il ne perd rien en vérité s’il
attend la vertu d’en haut. C’est le premier point de notre service
d’attendre jusqu’à ce que nous recevions cette énergie divine qui
nous rendra capables de devenir des témoins. Pensez-vous que
les apôtres après la Pentecôte aient pu douter d’avoir reçu ce
divin baptême ? Jamais ils n’en ont douté.

Quelqu’un met peut-être en question la possibilité de l’obtenir à


cette heure même, et croit que l’Esprit n’est pas descendu depuis
lors, et ne peut descendre avec un tel pouvoir.

Nouvelles e usions
Dans Actes 4.31 ; nous trouvons que l’Esprit est venu une seconde
fois, que le lieu où étaient alors les disciples a tremblé, et qu’ils
ont été remplis de puissance.

Dans le fait : nous sommes des vases percés qui ont besoin de se
tenir constamment sous la fontaine pour avoir de nouvelles
ondées, et être toujours remplis de Christ. Plusieurs sont
trompés par l’idée qu’il nous faut accomplir l’œuvre avec la grâce
que nous avons reçue il y a dix ans, et continuer toujours avec
cette même grâce. Mais nous avons besoin de nouvelles
provisions, d’une onction toute fraîche, d’une force renouvelée.
Si nous recherchons ces choses de tout notre cœur, nous les
aurons. Les convertis de l’Église primitive furent enseignés de
cette manière. Philippe se rendit en Samarie, et on apprit à
Jérusalem que plusieurs âmes avaient été amenées là au
Sauveur. Alors Pierre et Jean s’y rendirent, imposèrent les mains
à ces nouveaux disciples et ils reçurent le Saint-Esprit pour faire
leur œuvre (Actes 8) Je pense que nous devons tous demander cet
Esprit, a n qu’il nous rende propres à accomplir notre service
pour édi er avec courage l’Église, et hâter la manifestation de la
gloire du Maître.

Douze chrétiens d’Éphèse déclarèrent que depuis qu’ils avaient


cru, ils n’avaient pas ouï dire qu’il y avait un Saint-Esprit. Je
crains que bien des personnes auxquelles on adresserait de nos
jours cette question : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que
vous avez cru ? » n’aient sujet de répondre : « Je ne sais ce que
vous voulez-dire ! » Comme ces Éphésiens, ils n’ont jamais
compris le rapport particulier qui existe entre le Saint-Esprit et
les chrétiens sous cette dernière dispensation. Je suis fermement
persuadé que l’Église a laissé cette vérité de côté, et que c’est
pour cela qu’elle est sans puissance. Vous pouvez joindre cent
membres de plus à votre Église sans qu’ils ajoutent rien à sa
force. C’est un malheur ! S’ils étaient oints, du Saint-Esprit, cette
centaine de convertis apporteraient avec eux une grande mesure
de puissance.

Les champs verts

Quand j’étais en Californie, et que je descendis pour la première


fois des montagnes de la Sierra Nevada dans la vallée du
Sacrement, je fus très surpris de voir là une ferme entourée de
champs fertiles, où tout était plein de fraîcheur, où les arbres et
les plantes eurissaient ; tandis que de l’autre côté de la baie
régnait la plus grande aridité ; pas un brin de verdure ne s’y
montrait. Je ne pouvais comprendre cela. Je m’informai, et
j’appris que les terrains prospères étaient arrosés. Il en est de
même pour un grand nombre de nos Églises. Elles ressemblent à
ces fermes de la Californie qui sont un vrai désert, tout désolé et
sans vie apparente. On peut s’asseoir à côté d’un homme rempli
de l’esprit de Dieu, et qui porte du fruit comme un arbre vert,
sans rechercher la bénédiction qu’il possède. Pourquoi cette
di érence entre eux ? Parce que Dieu a répandu des eaux sur
celui qui était altéré, voilà tout le secret. L’un a désiré l’onction
divine, et il l’a reçue ; et quand nous la voulons par-dessus tout,
Dieu nous la donne certainement.

La grande question est pour nous celle-ci : Désirons-nous cette


bénédiction ? Lorsque je dirigeai ma première classe biblique en
Angleterre, un grand nombre de pasteurs étaient là devant moi.
Comme je ne connaissais pas leurs idées théologiques, je
craignais de heurter leur credo surtout sur le sujet qui nous
occupe, savoir le don du Saint-Esprit pour accomplir l’œuvre de
Dieu.

L’un de ces pasteurs demeura tout le temps avec sa tête dans ses
mains ; je pensais que ce bon chrétien était quelque peu honteux
de m’entendre, et cela me troublait. Quand j’eus ni de parler, il
prit son chapeau et s’en alla. Je me dis : « Je ne le reverrai plus
sans doute ! » À la prochaine séance je le cherchai des yeux, mais
je ne le vis pas, ainsi qu’à celle qui suivit, je crus qu’il avait été
blessé par ma manière d’enseigner. Quelques jours après, à la
grande réunion de prières, il se leva avec un visage rayonnant
comme s’il avait été avec Dieu sur la montagne. Je fus remplis de
joie en le voyant : Il raconta qu’à la classe biblique il avait appris
qu’il pouvait recevoir une nouvelle puissance pour prêcher
l’Évangile. Il s’était dit que si cette grâce lui était promise, il
l’aurait. Rentré chez lui, il avait regardé au Seigneur, et avait eu
un terrible combat contre lui-même. Il avait demandé à Dieu de
lui montrer la méchanceté de son cœur qu’il ne connaissait pas,
et crié avec énergie pour être vidé de lui-même et rempli de
l’Esprit.

« Le Seigneur a exaucé ma prière ! Ajouta-t-il. Six mois plus tard,


je le rencontrai à Édimbourg. Il me dit qu’il avait prêché depuis
lors chaque soir, et jamais sans voir quelques personnes rester
pour lui parler de leur âme. On l’avait engagé pour les quatre
mois suivants à donner chaque jour des prédications dans
diverses églises.
Vous auriez pu tirer un boulet de canon à travers l’édi ce où il
prêchait avant qu’il fut oint du Saint-Esprit, sans atteindre
quelqu’un. Mais un mois après son église était comble. Son seau
était plein d’eau vive, et le peuple accourait en foule pour en
prendre.

Je vous le répète, nous ne pouvons élever le torrent plus haut que


sa source. Ce dont nous avons besoin, c’est d’obtenir de la
puissance. Je me souviens d’un autre vieux pasteur qui disait :

« J’ai une maladie de cœur et ne puis prêcher plus d’une fois par
semaine ».

Il avait un su ragant qui prêchait pour lui, et faisait des visites.


Il entendit parler de l’onction du Saint-Esprit, et il dit :

« J’aimerais la recevoir pour le jour de ma sépulture, et prêcher


encore une fois avant de mourir avec cette puissance-là ».

Il pria pour être rempli de l’Esprit. Je le rencontrai bientôt après,


et il me dit :

« J’ai donné depuis lors en moyenne huit prédications par


semaine, et j’ai toujours eu des conversions ».

L’Esprit était venu sur lui. Je ne pense pas que cet homme ait été
tout d’abord usé par trop de travail, mais plutôt parce qu’il avait
employé ses ressorts sans graisser la machine. Ce n’est pas l’excès
de travail qui tue les ministres, mais c’est de travailler sans la
vertu d’en haut. Que Dieu répande l’onction sur son peuple ! Non
pas seulement les pasteurs, mais les dèles. Tous en ont besoin.
Il n’y a pas une mère qui n’en ait besoin pour diriger sa famille,
pas un moniteur dans son école du dimanche, tout autant qu’un
ministre dans sa chaire. N’ayons donc aucun repos, ni la nuit, ni
le jour, jusqu’à ce que nous possédions cette onction. Si ce désir
devient le suprême désir de nos cœurs, Dieu l’accomplira ; il
répondra à notre faim et à notre soif, et nous dirons :

« Avec l’aide du Seigneur, je n’aurai pas de repos jusqu’à ce que je


sois revêtu de la puissance d’en-haut ».

Maître et serviteur

J’aime à penser à l’intéressante histoire d’Élie et d’Élisée. Au


moment où Élie devait être enlevé, il dit à Élisée de demeurer à
Guilgal où se trouvait un séminaire de prophètes, mais celui-ci
répondit : « Je ne te laisserai pas ! » Il savait que son maître allait
le quitter. Il me semble les voir marcher ensemble en se donnant
le bras jusqu’au bord du Jourdain, qui se divisa et les laissa
passer à la vue des cinquante ls de prophètes.

« Demande-moi ce que je puis faire pour toi avant d’être enlevé


d’avec toi ? » Dit Élie.

« Ah ! Puisse-je avoir une double portion de ton esprit » ! Répondit


Élisée.

Il pensait sans doute en lui-même : « Maintenant que j’ai le choix,


je veux demander le plus possible ! » Il avait une bonne mesure de
l’Esprit, mais il voulut en avoir une double portion.
« Tu demandes une chose di cile, reprit Élie. Si tu peux me voir
enlever d’avec toi, il te sera fait ainsi ».

Croyez-vous qu’il eût été facile de les séparer dans ce moment-


là ? Je les vois marcher bien près l’un de l’autre jusqu’à l’instant
où un char de feu vint prendre Élie. Élisée saisit le vieux
manteau qui était tombé, en frappa les eaux du Jourdain qui se
divisèrent, et les ls de prophètes dirent : « L’esprit d’Élie repose
sur Élisée ! » C’était une double portion de cet Esprit.

Puisse-t-il reposer sur nous ! Si nous le demandons, nous


l’aurons. Que le Dieu d’Élie réponde maintenant par le feu et
consume les mondanités de nos Églises, toute notre écume, et
nous rende des chrétiens pleinement consacrés !

Que notre prière en famille et notre prière particulière soit :


« Seigneur, que ton Esprit vienne sur nous ! » Crions avec force
pour en avoir une double portion, a n que nous ne soyons plus
satisfaits de notre piété mondaine. Comme Samson, secouons
nos chaînes et sortons du monde, a n d’être remplis de la
puissance de Dieu.

Le messager dèle

Va ! Ceins tes reins, messager de la grâce,


Et parle à tous de l’amour du Sauveur !
Tiens-toi toujours sous ta croix : c’est ta place,
Pour la montrer à l’indigne pécheur.
Reste en repos, l’œil xé sur ton Maître,
Pour mieux répondre à ses moindres souhaits
C’est son doux nom que tu feras connaître,
Et son amour qui ne change jamais.
Dans le désert, son Esprit de lumière
Te guidera pas à pas vers les cieux ;
Sa main divine aplanit ta carrière,
Marche, lavé dans son sang précieux.
Soldat du Christ, que tes chants d’allégresse,
Malgré l’e ort des puissants ennemis,
Dans les combats retentissent sans cesse,
Car tu vaincras, ton Chef te l’a promis.
Il a gravé ton nom sur sa poitrine,
Pour toi son cœur ici-bas fut percé ;
Ne doute pas de sa force divine,
Il est dèle, et n’est jamais lassé.
Oui, ceins tes reins, joyeux, plein d’espérance,
Chante, et redis ton message d’amour ;
Veille ! Il est tard, c’est la nuit qui s’avance,
Parle aux pécheurs, parle-leur chaque jour !
Imité d’Anna Shipton.
3
La puissance dans le témoignage

Si nous n’avions pas le Saint-Esprit, il vaudrait mieux


fermer nos églises, en clouer les portes, mettre une croix
noire au-dessus, et dire « Ô Dieu ! Aie pitié de nous ! » Si
vous, les pasteurs, vous ne possédez pas cet Esprit, ne
prêchez pas ! Et vous, les auditeurs, restez chez vous. Je
ne crois pas m’exprimer trop fortement en disant qu’une
Église sans Esprit de Dieu est, dans un pays, plutôt une
malédiction qu’une bénédiction. Si vous n’avez pas
l’Esprit de Dieu, vous qui travaillez dans l’œuvre,
souvenez-vous que vous tenez la place d’un autre ; vous
êtes un arbre planté là où un arbre productif pourrait
croître. L’œuvre du Maître est une chose sérieuse ; il faut
pour la faire le Saint-Esprit, ou elle n’est rien, et pire que
rien. La mort et la condamnation pèsent sur une Église
qui ne soupire pas après l’Esprit, qui ne crie pas, qui ne
gémit pas jusqu’à ce qu’il descende au milieu d’elle avec
puissance. Il est sur la terre, et n’est plus remonté au ciel
depuis la Pentecôte. Souvent il est attristé et contristé,
car il est jaloux et sensitif, et c’est contre lui que peut se
commettre le péché irrémissible. C’est pourquoi, soyons
très attachés à lui ; marchons humblement devant lui,
recherchons-le avec ardeur, et soyons décidés à ne rien
garder volontairement qui puisse l’empêcher de
demeurer en nous à jamais

Charles-Haddon Spurgeon

L’Église ne comprend pas assez ce que c’est que de rendre


témoignage avec la puissance du Saint-Esprit. Jusqu’à ce que
nous soyons plus au clair sur ce point, nous travaillerons avec
désavantage. Si vous lisez dans Jean 15.26, vous trouverez ces
paroles : « Mais lorsque le Consolateur sera venu, lequel je vous
enverrai de la part de mon Père, savoir l’Esprit de vérité qui
procède de mon Père, c’est lui qui rendra témoignage de moi. Et
vous aussi vous rendrez témoignage, parce que vous êtes dès le
commencement avec moi ».

Nous voyons ici que le Saint-Esprit, après sa venue, devait rendre


témoignage à Christ. Dans le second chapitre des Actes, nous
lisons qu’au jour de la Pentecôte, quand Pierre eut rendu
témoignage à l’œuvre du Sauveur, le Saint-Esprit descendit et
convertit des centaines et des milliers. Ainsi donc, un homme ne
peut prêcher e cacement par lui-même ; il doit avoir l’Esprit de
Dieu pour en être rendu capable, et étudier la Bible a n que son
témoignage soit d’accord avec les pensées de cet Esprit.

Ce qu’est le témoignage

Quand nous laissons de côté les vérités évangéliques, et ne


plaçons pas Christ devant nos auditeurs, le Saint-Esprit n’a pas
d’œuvre à faire. Au jour de la Pentecôte, dès que Pierre rendit
témoignage à ce fait que Jésus était mort pour les péchés, qu’il
était ressuscité et élevé dans la gloire, l’Esprit descendit pour
rendre témoignage à la personne de Christ et à son œuvre. S’il
n’avait pas rendu témoignage à la prédication des faits de
l’Évangile, croyez-vous que l’Église eût subsisté durant dix-huit
siècles ? La mort, la résurrection, l’ascension et la naissance du
Sauveur auraient été oubliées depuis longtemps : et la preuve
c’est que lorsque Jean-Baptiste commença son ministère, les
Juifs ne se souvenaient déjà plus de la naissance du Christ
arrivée trente ans auparavant. Ils ne se rappelaient plus
l’histoire des bergers dans les plaines de Bethléem, l’étonnante
scène du temple où Jésus parlait aux vieux docteurs, ni la venue
des mages à Jérusalem. Mais dès que Jean arriva sur les con ns
du désert, ces choses leur revinrent à la mémoire. Si donc
l’Esprit n’était pas descendu d’en haut sur l’Église, tous les
grands-faits de la mort et de la résurrection du Christ auraient
été ensevelis dans le plus profond oubli.

Une plus grande œuvre

Le témoignage de l’Esprit est une puissance. Je ne comprenais


pas autrefois pourquoi Jésus avait dit que ceux qui croiraient en
lui feraient de plus grandes œuvres que les siennes. Ces paroles
étaient une pierre d’achoppement pour moi. Je me disais : Mais
quelles œuvres plus grandes que celles du Maître un chrétien
peut-il faire ? Qui peut par une seule parole ressusciter un mort
déjà corrompu ? Pourtant je reconnais toujours mieux
qu’in uencer une volonté humaine opposée à celle de Dieu, la
voir se briser et se soumettre, est une œuvre plus grande que la
résurrection d’un mort. Celui qui a créé un monde peut vivi er
une âme morte ; cependant je crois que le plus grand miracle,
c’est la Pentecôte. Je vois là des hommes remplis de préventions,
de malice, d’amertume, les mains encore dégoûtantes du sang du
Fils de Dieu, se tenir devant un homme illettré, méprisé, haï par
eux, l’écoutant prêcher, se convertissant par milliers, et prêts
désormais à suivre Jésus-Christ et à donner leur vie pour lui.
Saint-Étienne et d’autres martyrs furent peut-être convertis ce
jour-là. L’œuvre de la Pentecôte me semble le miracle le plus
extraordinaire que le monde ait jamais vu ; mais si Pierre avait
parlé sans avoir en lui le Saint-Esprit, il n’aurait certainement
pas eu de si merveilleux résultats.

La loi juive exigeait toujours deux témoins dans une procédure ;


quand Pierre prêchait, nous voyons avec lui un second témoin.
L’apôtre rendait témoignage de Christ, et l’Esprit rendait
témoignage en même temps de l’incarnation, du ministère de la
mort et de la résurrection du Sauveur ; le résultat fut la
conversion d’une multitude. De nos jours, si des multitudes ne se
convertissent pas, c’est que les prédicateurs oublient de parler de
la croix, et voilent le Christ lui-même derrière des sermons sans
saveur écrits dans un langage ra né. Ils ne le présentent pas tel
qu’il est devant leurs auditeurs, et je crois que c’est pour cela que
l’Esprit de Dieu n’agit pas avec puissance dans nos Églises. Ce
qu’il faut à un monde qui se perd, c’est qu’on lui montre Christ.
Le monde peut se passer de vous et de moi ; mais il ne peut se
passer de Christ, et c’est pour cela que nous devons rendre notre
témoignage à ce précieux Sauveur.

Je suis convaincu que les âmes ont faim et soif de cette grâce qui
seule peut les satisfaire. Des milliers sont assis dans les ténèbres
sans voir la grande lumière, et quand nous leur prêchons Jésus
sincèrement, dèlement, le montrant lui et non nous-mêmes,
l’exaltant lui et non nos théories, nos opinions ou quelque fausse
doctrine, c’est alors que le Saint-Esprit vient apporter son
témoignage pour con rmer la vérité de ce que nous annonçons ;
il l’accompagne de résultats. C’est la preuve la plus évidente de la
divinité de notre Évangile, puisque Christ a déclaré que l’Esprit
le glori erait et témoignerait pour lui. Dans Actes 2.36, au
moment même où Pierre prêcha Christ, nous voyons le Saint-
Esprit descendre sur la multitude, et montrer par des signes
visibles de puissance que tout ce qui venait d’être dit était la
vérité.

Un guide sûr

« Quand celui-là sera venu, savoir l’Esprit de vérité, il vous


conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera point par lui-
même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et vous annoncera
les choses à venir » (Jean 16.13). « Il vous conduira dans toute la
vérité ». Il n’existe donc aucune vérité nécessaire que l’Esprit ne
s’engage à nous révéler si nous le laissons agir en nous livrant à
ses directions. Nous aurions eu bien moins de sombres heures si
nous l’avions pris pour notre conseiller et notre guide.

Lot ne serait pas allé à Sodome, et David ne serait pas tombé dans
le péché et n’aurait pas eu tant de chagrins de famille, s’ils
avaient été conduits par l’Esprit.

Nos Églises sont remplies de personnes qui marchent dans les


ténèbres pour avoir fait comme eux. Que penseriez-vous d’un
messager qu’un époux enverrait à sa femme, et qui ne parlerait à
celle-ci que de lui-même en oubliant et celui qui l’envoie et le
message dont il est chargé ? Si donc nous parlons par le Saint-
Esprit, nous rendrons témoignage de Christ. C’est cet Esprit qui
sur cette sombre terre nous révèle ce qui concerne le Sauveur
absent, et nous conduit dans toute la vérité.

Ramper dans les ténèbres

De nos jours un grand nombre d’enfants de Dieu commettent un


grand péché sans même s’en douter. Puisque l’Esprit doit nous
enseigner la vérité, nous n’avons pas besoin de chercher un autre
guide. Pourquoi donc nous cacher pour consulter un médium
qui évoque les esprits des morts ? Savez-vous bien les menaces de
la Parole contre cet a reux péché ? Je pense qu’il est le plus
grand de ceux qui se commettent de nos jours, et que je
déshonore le Saint-Esprit si j’évoque un mort pour le consulter,
même si ce mort pouvait me répondre.

Le châtiment de Saül raconté dans 1 Chroniques 10.13-14, ne fut-


il pas bien terrible ? Il commit un double péché contre le
Seigneur et sa Parole, en recherchant les évocateurs des morts au
lieu de consulter Dieu. C’est pourquoi l’Éternel le t mourir et
transféra le royaume à David.

Il mourut donc pour ces deux forfaits. De nos jours un grand


nombre de chrétiens de profession ne croient pas mal faire en
allant interroger un médium qui prétend faire parler ceux qui ne
sont plus de ce monde. C’est un déshonneur pour celui qui nous
donne l’Esprit pour nous enseigner toutes choses ! Tout ce que je
dois savoir, tout ce qu’il m’est bon de connaître, l’Esprit me le
révèle par le moyen de la Parole écrite. Vous savez ce que le
mauvais riche demanda du fond de l’enfer, et la réponse du
Sauveur : « Ils ont Moïse et les prophètes », c’est-à-dire toute la
portion des Écritures alors complétée ; elle était su sante. Mais
plusieurs ne s’en contentent pas, et se détournent vers de fausses
lueurs.

« Que s’ils vous disent : enquérez-vous des esprits de Python et


des diseurs de bonne aventure qui marmonnent et qui parlent
bas ; le peuple ne s’enquerra-t-il pas plutôt de son Dieu ? Quoi !
Aller aux morts pour les vivants ? À la loi et au témoignage ! »
(Ésaïe 8.19).

Que sont ces tables tournantes et ces mystères occultes ? Croyez-


vous que Dieu ferait éteindre toutes les lampes s’il voulait vous
envoyer un message ? Le Maître n’enseignait rien en secret (Jean
18.20) « Il n’y a pas de lumière pour eux s’ils ne parlent pas selon
l’Écriture », ajoute le prophète.

Si quelqu’un, homme ou femme, vient à nous avec une fausse


doctrine, il est du diable et ennemi de toute justice. Ceux qui
consultent les esprits, attaquent la Bible, et n’y croient pas.
Quelques-uns disent qu’il faut connaître les deux côtés des
choses, mais si on m’apportait une lettre remplie de calomnies
contre ma femme, je ne croirais pas de mon devoir de la lire ; je la
déchirerais, et la jetterais à tous les vents. Dois-je lire aussi tous
les mauvais livres pour connaître les deux côtés de toutes les
questions ? Ouvrirais-je un écrit qui parle mal de mon Maître ?
Non ! Dix mille fois non ! Je n’y toucherai pas.
« L’Esprit dit expressément que dans les derniers temps
quelques-uns se révolteront de la foi s’attachant à des esprits
séducteurs et aux doctrines des démons » (1 Timothée 4.1) N’est-
ce pas très clair « doctrines des démons ? » Beaucoup d’autres
textes nous avertissent des tromperies de Satan. Rappelons-nous
donc que l’Esprit nous conduira dans la connaissance de la
vérité : et que nous n’avons pas besoin d’autre guide. Plusieurs
pensent que la conscience su t pour nous diriger sans la Bible.
Non, certes non ! Tant de gens semblent ne pas avoir de
conscience, et ne savent pas même ce que c’est. L’éducation a
beaucoup à faire avec elle ; mais la plupart du temps elle n’avertit
que lorsque le mal est commis. Ce qui est important pour nous,
c’est de savoir qu’une chose est coupable avant de la faire.
Souvent un homme accomplit un crime, puis il est repris,
tourmenté par sa conscience ; mais il est trop tard alors que l’acte
est consommé.

Le guide infaillible

Les voyageurs racontent qu’en traversent les Alpes, si un endroit


est trop périlleux, le guide les attache tous à lui, et marche le
premier.

C’est ainsi que le chrétien est lié à son guide infaillible pour être
en sûreté. Nul ne peut parcourir le labyrinthe de Mammouth
dans le Kentuky sans tenir ferme son conducteur ; s’il s’en
séparait, il mourrait certainement. Dans ces grottes, il y a des
gou res et de profonds torrents ; personne ne peut les parcourir
sans un guide ou une lampe. Nous n’avons aussi aucune chance
de traverser seuls le désert de ce monde en sûreté, si nous
n’avons la Parole et le Saint-Esprit pour nous diriger ; et si nous
essayons de travailler sans cet Esprit qui nous a été envoyé tout
exprès, nous risquons de tomber dans les ténèbres de l’éternelle
obscurité.

Il nous faut donc étudier l’Écriture qui est la lumière de l’Esprit.


Il est dit expressément que cet Esprit nous enseignera toutes
choses, et nous remettra en mémoire toutes celles qui nous ont
été dites (Jean 16).

Il nous enseignera les choses à venir

Beaucoup de gens pensent que la Bible est un vieux livre hors de


date, bon seulement pour les temps de ténèbres et non pour
notre siècle trop éclairé qui peut se passer d’elle et des quelques
bonnes histoires qu’elle raconte. Ce livre est vieux, il faut le
retrancher ! Ils pourraient dire tout aussi bien que le soleil brille
depuis trop longtemps, qu’il est de date trop ancienne, et qu’il
n’est plus nécessaire de faire des croisées aux maisons neuves
parce que nous possédons une nouvelle et meilleure manière de
nous éclairer avec le gaz ou l’électricité. Je conseille fort à ceux
qui pensent ainsi de l’essayer.

La presse nous donne les événements du jour, mais la Bible nous


parle de ce qui doit être ; ce sont des choses vraiment nouvelles,
plus nouvelles que les faits passés racontés dans les journaux.
Elle nous dit que l’Esprit nous « enseigne toutes choses », et
comment il faut prier, etc. Je suis sûr qu’aucune prière inspirée
par cet Esprit et prononcée sur cette terre maudite, ne restera
sans réponse. Beaucoup de supplications ne sont pas dictées par
l’Esprit. Dans ma jeunesse je désirais vivement devenir riche, et
je priais pour avoir cent mille dollars. Puis je me disais : « Dieu ne
m’exauce pas ; il ne me rend pas riche ».

Mais je n’avais aucune garantie pour une telle prière. Plusieurs


font de même ; ils ne demandent pas selon les Écritures ni selon
l’enseignement de l’Esprit.

C’est lui qui nous dit comment il faut répondre à nos ennemis. Si
quelqu’un me frappe, je ne dois pas tirer mon revolver et le tuer,
car l’Esprit de Dieu m’enseigne à ne pas me venger moi-même, à
ne pas tirer mon épée pour défendre mon droit. On pourra
m’appeler un lâche, mais Christ me dit de présenter l’autre joue à
celui qui m’a frappé, et j’obéis à son enseignement et non à ceux
des hommes. Je ne pense pas qu’on gagne à s’armer pour se
défendre ; assez de vies ont été sacri ées pour nous apprendre
cette leçon-là. La Parole de Dieu nous protège mieux qu’un
revolver, si nous accomplissons ses préceptes.

Un secours pour notre mémoire

Quelle douce pensée de savoir que l’Esprit nous remettra en


mémoire toutes choses ! (Jean 14.25). Je crois qu’un grand
nombre de chrétiens ont fait l’expérience de cette précieuse
promesse. Pendant qu’ils parlaient de Christ, ils se sont rappelé
bien des choses que Jésus a dites, et en ont été comme remplis.
Quand cet Esprit repose sur nous, nous pouvons nous exprimer
avec autorité et avec puissance, et le Seigneur honore notre
travail en le bénissant. Dieu emploie peu d’ouvriers de cette
manière, parce que chez la plupart ne se trouve pas la puissance
dont Dieu a besoin pour agir lui-même. Il ne se sert pas de nos
propres idées, mais quand nous avons sa Parole dans nos cœurs,
alors le Saint-Esprit allume une amme qui rend notre
témoignage abondant, plein de fraîcheur et de suavité ; la Parole
s’honore elle-même en le rendant fructueux. Le Seigneur veut
nous employer ; il veut nous rendre des canaux de sa grâce, mais
plusieurs ne sont pas en état de le devenir, et c’est un mal
fâcheux. Ils n’ont aucun témoignage à donner pour leur Maître ;
s’ils parlent, c’est pour ne rien dire ; s’ils prient, leur prière n’a
aucune puissance. Ils ne plaident pas dans la prière, ils ne
prononcent que des phrases banales. Ce dont nous avons besoin,
c’est d’être remplis de la Parole que le Saint-Esprit nous remet en
mémoire. « Les choses que Dieu a préparées pour ceux qui
l’aiment, l’œil ne les a point vues, et elles ne sont pas montées au
cœur de l’homme » (1 Corinthiens 2.9). Il en est qui s’arrêtent à ce
texte et qui prétendent que l’œil n’ayant pas vu le ciel, tout ce
qu’on en peut dire n’est que pure spéculation. Mais le passage qui
suit complète le précédent : « Dieu nous a révélé ces choses par
son Esprit, car l’Esprit sonde toute chose, même ce qu’il y a de
plus profond en Dieu ».

C’est là précisément ce que fait le Saint-Esprit.

Longue ou courte vue


L’Esprit nous révèle les biens que Dieu nous a préparés. J’ai
entendu il y ’a quelque temps un discours sur Abraham. Le
prédicateur disait :

« Abraham ne fut pas tenté par les plaines fertiles de Sodome,


parce qu’il avait une longue vue, et discernait la cité qui a des
fondements et dont Dieu est l’architecte et le fondateur.
Plusieurs dans l’Église de Jésus-Christ sont des gens à courte
vue, comme Lot, et ne voient que les biens qui sont autour d’eux.
Abraham contemplait la cité céleste ; Moïse laissa les palais de
l’Égypte pour s’identi er avec le peuple de Christ, — pauvre
peuple esclave alors ; — mais le prophète avait la vue longue, et
voyait des bénédictions en réserve ».

Il en est qui ont à la fois une longue et une courte vue ; j’ai un ami
qui d’un œil voit de loin, et de l’autre de près ; l’Église est remplie
de ces gens-là qui ont un œil pour le monde, et un autre pour le
royaume de Dieu. Pour eux tout est confus, et ils voient marcher
les hommes comme des arbres.

Saint-Étienne avait la vue longue, il voyait clair dans les cieux ; et


quand il mourait, ses ennemis ne purent le convaincre que Jésus
n’était pas à la droite du Père. Il le voyait là assis.

« Regardez ! Regardez ! Disait-il. Il est là !

Le monde était sous ses pieds et ne pouvait le séduire. Paul avait


la vue longue aussi ; car, ravi dans le troisième ciel, il avait
entendu des paroles ine ables, des paroles étonnantes et
glorieuses.
Je puis vous dire que lorsque l’Esprit de Dieu repose sur nous, le
monde nous semble bien vide ; il a peu d’empire, et nous
commençons à le lâcher ; nous laissons les choses visibles pour
saisir celles qui sont éternelles. C’est ce que doit faire l’Église en
nos jours. Elle a besoin de la puissante énergie de l’Esprit pour
consumer l’écume qui est dans les cœurs. Oh ! Qu’il descende
comme un feu, et qu’il brûle tout ce qui est contraire à la volonté
de Dieu et à sa Parole !

L’Esprit est appelé le Consolateur pour la première fois dans


Jean 1.16. Jusque-là c’est Christ qui porte ce nom. Sept cents ans
auparavant, Ésaïe le prophète avait dit de lui qu’il viendrait
guérir les cœurs brisés. Le monde n’a pas voulu du premier
Consolateur ; il l’a pris et l’a cloué sur la croix du Calvaire. Mais
en quittant cette terre, Jésus dit à ses disciples : « Je vous enverrai
un autre Consolateur ; - vous ne serez point orphelins ; - ne crains
point, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le
royaume ».

Ces textes donnent du courage aux enfants de Dieu, et les font


monter au-dessus des brouillards du monde. Quel Consolateur
que le Saint-Esprit !

L’ami dèle

Il nous reprend aussi, a n de nous élever plus haut dans la


sancti cation. « Il convaincra le monde de péché » est-il écrit.
Mais une certaine classe de gens n’aiment pas cette œuvre de
l’Esprit. Savez-vous pourquoi ? Parce qu’il les convainc de péché,
ce dont ils ne se soucient pas. Ce qu’ils désirent, c’est qu’on les
console et qu’on leur dise des choses agréables pour les laisser
vivre tranquilles. Ils veulent qu’on leur prêche la paix quand la
guerre est, aux portes, que tout va aller au mieux, que le monde
ira s’améliorant, que la lumière luit quand les ténèbres
s’épaississent. Les hommes se croient plus excellents que leurs
pères, et cela leur plaît, car la nature humaine est remplie
d’orgueil : « Mon père était un vieux puritain trop strict », disent-
ils ; les gens étaient alors trop rigides. Nous sommes devenus
plus larges qu’eux ; ils ne voyageaient pas le dimanche, mais nous
croyons pouvoir le faire et fouler aux pieds les lois de Dieu.

Voilà le langage que plusieurs aiment, et des prédicateurs s’y


conforment. Quand vous leur parlez dèlement, selon l’Écriture,
et que l’Esprit leur applique des paroles sévères, ils disent : « Je
n’ai pas de goût pour ce genre-là ! Je ne reviendrai plus ».
Quelquefois ils s’en vont avant la n du sermon, parce qu’ils
n’aiment pas ce que vous dites. Mais quand le Saint-Esprit est à
l’œuvre, il convainc les hommes de péché, de justice et de
jugement : — non parce qu’ils sont menteurs, voleurs, ivrognes
ou meurtriers — mais « parce qu’ils n’ont pas cru en Moi : » dit
Jésus. Voilà le vrai péché !

Le plus grand péché du monde

Beaucoup de personnes considèrent l’incrédulité comme une


sorte d’infortune, mais elles ne comprennent pas, si je puis
m’exprimer ainsi, que c’est le péché qui damne le monde de nos
jours, et qu’il est le père de tous les autres. Si l’incrédulité
n’existait pas, vous ne verriez pas les ivrognes et les femmes de
mauvaise vie parcourir nos rues ; il n’y aurait pas de meurtriers ;
l’incrédulité, contient tous les péchés en germe. Ne croyez pas un
seul instant qu’elle n’est qu’un malheur, mais sachez qu’elle est
un a reux péché ; parce qu’elle fait Dieu menteur. Un homme
frappera celui qui l’aura accusé d’être un menteur, et nous
accusons Dieu de mensonge ! Il en est qui semblent se jouer de
leur incrédulité, et qui pensent être très convenables, en doutant
de la Parole de Dieu et en répétant : J’ai des di cultés
intellectuelles ; je ne puis croire !

Oh ! Que le Saint-Esprit vienne les convaincre de péché ! Nous


avons besoin de la puissance qui convainc ; je suis très
reconnaissant de ce que Dieu n’a pas mis cette puissance-là en
nos mains. Si je l’avais je serais découragé de prêcher, et je
retournerais à mon commerce. Mon œuvre, c’est de tenir ferme
la croix et de rendre témoignage à Christ, mais c’est celle de
l’Esprit de convaincre les hommes de péché et de les conduire à
Jésus. J’ai remarqué une chose, c’est que les conversions qui
n’aboutissent pas n’ont pas été amenées par la conviction de
péché ; c’est le sol pierreux qui ne peut produire de fruits. La
moindre persécution, la plus légère opposition, fait retourner
dans le monde ces convertis-là.

Prions, chers amis chrétiens, que le Saint-Esprit vienne


convaincre tellement les hommes qu’ils renoncent à leur
incrédulité. Je préfère voir cent personnes vraiment converties,
plutôt que mille qui font profession de piété et que le Saint-
Esprit n’a pas convaincues de péché. Ne disons pas : « Paix, paix !
Là où il n’y a point de paix ». N’allons pas persuader ceux qui
vivent dans la révolte qu’il leur su t de se lever et de se dire
convertis s’ils ne haïssent pas le mal. Demandons à Dieu qu’il
montre à chacun la plaie de son cœur ; alors notre œuvre sera
réelle, profonde, et elle supportera le terrible jugement qui doit
mettre à l’épreuve notre travail.

Nous venons de voir que l’œuvre de l’Esprit est de donner la vie,


de produire l’espérance et la liberté, de nous faire rendre
témoignage, de nous guider, de nous enseigner, de nous
consoler, et de convaincre le inonde de péché.

Ô Saint-Esprit ! C’est ta pure lumière


Qui vint un jour resplendir dans mon cœur ;
Un chaud rayon dans ce cœur solitaire
Perçant la nuit de ma sombre carrière,
Vint me montrer que j’étais un pécheur.
Tu m’as conduit sous cette croix sanglante
Où mon Sauveur pour moi fut attaché ;
Là, j’adorai la victime mourante,
Et je reçus cette foi con ante
Qui me rassure ; et m’ôte mon péché.
Ô Saint-Esprit ! Ta divine présence
Remplit mon âme et l’inonde de paix ;
Tu donnes seul une sûre espérance,
De saints désirs, la douceur, la prudence,
L’amour sacré qui ne s’éteint jamais.
J’entends vibrer ta voix si pure et tendre
Dans les replis de mon cœur étonné ;
Elle me dit ce que je dois apprendre.
Et me console et m’enseigne à comprendre
Tout ce qu’en Christ le Père m’a donné.
L’Esprit en moi, c’est une vive amme
Qui me réchau e et réjouit mon cœur ;
Elle consume, en brûlant dans mon âme,
Tous vains désirs ; - et quand ma voix proclame
Le grand salut, Dieu bénit mon labeur.
Esprit divin ! ô source jaillissante
Ou je m’abreuve à grands ots chaque jour,
Ah ! Remplis-moi de ton eau débordante,
Et que je sois l’onde rafraîchissante
Qui donne à tous ta vie et ton amour.
4
La puissance à l’œuvre

« Vous n’êtes plus à vous-mêmes. - Vos corps sont les


temples du Saint-Esprit ». Sont-ce là des métaphores
vides de sens ou des expressions qui dépassent la réalité ?
Quand le Saint-Esprit entre dans une âme, le ciel y entre
avec lui. Notre cœur est comparé à un temple dans lequel
Dieu ne vient jamais sans ses serviteurs. La repentance
nettoie la maison, la foi l’approvisionne, la vigilance est
le portier qui la garde, la prière est l’actif messager qui
s’informe de ce qui manque, et part pour le chercher. La
foi lui dit ou il faut aller, et il ne revient jamais à vide. La
joie est le musicien du temple qui chante les louanges de
Dieu et de l’Agneau. Et un jour ce temple terrestre sera
transporté dans le céleste, car « la trompette sonnera, et
les morts ressusciteront »

Rowland Hill

Elle agit par le Saint-Esprit qui est tout-puissant. Quand elle est à
l’œuvre, c’est par l’action même de l’Esprit : et cette action
produit des fruits bénis. Saint Paul écrit aux Galates : (Galates
5.16-18, 22-25) « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez
point les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à
ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair, et
ces deux choses sont opposées l’une à l’autre ; de sorte que vous
ne faites point les choses que vous voudriez. Que si vous êtes
conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi. « Mais les
fruits de l’Esprit, sont la charité, la joie, la paix, la patience, la
douceur, la bonté, la délité, la bénignité, la tempérance. La loi
n’est point contre ces choses. Or, ceux qui sont à Christ ont
cruci é la chair avec ses passions et ses convoitises. Si nous
vivons par l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit ».

Il existe donc une vie de paix parfaite, de parfaite joie et de


parfait amour ; cette vie est le but que tout enfant de Dieu doit
atteindre, et en dehors duquel il ne saurait trouver un seul
moment de repos. C’est le niveau où le Seigneur veut nous élever.
Trois de ces neuf grâces, l’amour, la paix et la joie, forment nos
rapports avec Dieu ; il attend ces fruits de nous, fruits seuls
acceptables à ses yeux et sans lesquels nous ne pouvons lui
plaire. Les trois grâces qui suivent — la patience, la douceur, la
bonté — concernent nos rapports avec les hommes ; elles
composent les sentiments intérieurs qui dirigent ces rapports
journaliers. Les trois dernières grâces : — la délité, la bénignité,
la tempérance ont rapport à nous-mêmes. Cette manière de les
diviser peut nous être utile. En posant le pied sur le seuil du
royaume de Dieu, nous rencontrons donc tout d’abord les trois
premières grâces.

L’amour, la paix et la joie

Dès qu’une personne abandonne le péché pour se tourner vers le


Seigneur de tout son cœur, elle rencontre ces trois grâces à
l’entrée même de sa vie spirituelle. Examinons-nous pour savoir
si nous les possédons. Nous ne saurions les produire, et plusieurs
se donnent beaucoup de tourments parce qu’ils essaient de les
créer, mais elles ne peuvent germer sur le sol de notre cœur
naturel et descendent d’en haut. C’est Dieu qui dit une parole, et
il produit l’amour, et la paix, et la joie. Nous possédons toutes
choses en recevant Jésus-Christ dans nos cœurs par la foi ; alors
le Saint-Esprit y entre aussi et apporte ses fruits bénis.

Si l’Église tout entière vivait de la vie divine, telle que le


Seigneur la demande, elle deviendrait la plus grande puissance
que le monde ait connue. C’est justement l’abaissement du
niveau spirituel chez les chrétiens qui fait tout le mal. Un si
grand nombre n’ont qu’une vie éteinte ! Ils ressemblent à des
arbres plantés dans un sol ingrat, un terrain dur et pierreux où
les racines ne peuvent atteindre les riches engrais qui leur sont
nécessaires. - Ces chrétiens-là n’ont pas attendu les grâces
précieuses dont nous parlons.

Vous donc de même, y apportant tous vos soins, ajoutez la vertu


à votre foi, et à la vertu la science, et à la science la tempérance,
et à la tempérance la patience, et à la patience la piété, et à la
piété l’amour fraternel, et à l’amour fraternel la charité. Car si
ces choses sont en vous et qu’elles y abondent, elles ne vous
laisseront point oisifs ni stériles dans la connaissance de notre
Seigneur Jésus-Christ ».

Si donc ces choses sont en nous, nous porterons continuellement


de bons fruits, non un petit fruit de temps à autre quand nous
serons dans d’heureuses dispositions, et que nous ferons quelque
œuvre dans un moment d’excitation pour devenir aussitôt après
découragés ; mais nous ne serons point stériles, et donnerons des
fruits constamment ; nous croîtrons dans la grâce, étant remplis
de l’Esprit.

Ce qui peut les gagner

Un grand nombre de parents m’ont demandé comment ils


pourront gagner à Christ leurs enfants. Ils leur ont parlé, les ont
grondés, leur ont donné de bonnes lectures, et rien n’a réussi. Je
pense que le moyen le plus sûr de gagner nos familles, nos
voisins, et ceux dont nous aimons les âmes, c’est de faire honorer
la doctrine du Seigneur par la sainteté de notre vie en croissant
dans les dons de l’Esprit. Si nous possédons la paix, la joie,
l’amour, la douceur et la tempérance, - la tempérance dans le
manger, dans le boire et dans notre langage ; - si nous vivons
chez nous, jour après jour, d’une vie chrétienne telle que Jésus la
demande, nous exercerons une puissante et paisible in uence
qui contraindra ceux qui nous entourent à croire en Christ.

Mais une vie inégale, ardente aujourd’hui et froide demain, ne


peut que repousser les gens du monde. Le monde contemple
l’Église, et rien n’est pire pour ceux que nous voulons gagner à
Christ, que de nous voir par moment reculer en arrière et nous
refroidir. Ce n’est point là l’état normal du chrétien, et ce n’est
pas non plus l’intention de Dieu que cet état existe puisqu’il
désire que nous croissions dans toutes les grâces à la fois. La vie
chrétienne réelle et joyeuse, c’est de croître continuellement
dans l’amour et dans la faveur du Seigneur.
Même les plus vils des hommes reconnaissent la puissance des
fruits de l’Esprit. Ils peuvent les condamner et être poussés
parfois à blasphémer, mais au fond de leur cœur ils
comprennent que ceux qui vivent de la vie divine leur sont
supérieurs. Les choses du monde ne peuvent les satisfaire, et si
nous pouvons leur montrer que Jésus nous su t dans la vie
présente, ce sera là une prédication plus éloquente que tous les
discours de ceux qui n’ont de la piété que la profession
extérieure. Un homme peut parler comme un ange, mais s’il ne
pratique pas ce qu’il dit soit chez lui, soit au milieu des a aires,
son témoignage n’aura nul e et, et les gens diront qu’il n’est
après tout qu’un hypocrite. Les paroles sont vides sans les actes
qui doivent les suivre ; il faut être conséquent avec les vérités
qu’on professe. Prions a n que Dieu nous élève au-dessus de cet
état de froideur et de formalisme dans lequel nous avons vécu,
pour nous placer constamment dans une atmosphère céleste où
nous verrons sa face ; alors nous traverserons le monde en y
faisant briller notre lumière, et en ré échissant la grâce et la
gloire.

La première des neuf grâces énumérées dans les Galates et la


dernière citée par Pierre, c’est la charité ou l’amour. Sans elle
nous ne pouvons ni servir Dieu ni travailler pour lui ; c’est la clef
qui ouvre le cœur humain. Si je puis prouver à un homme que je
ne viens vers lui que par amour, il sera bientôt attiré. Si une
mère persuade son ls qu’elle ne l’avertit que par amour, il sera
conduit à mener une vie di érente ; si cet amour n’est point
égoïste et ne veut que la gloire de Dieu, l’in uence de cette mère
sera bientôt toute-puissante sur l’enfant pour le faire ré échir,
car la charité touche un cœur plus vite que tout autre chose.
La puissance de Dieu

L’amour est une marque que Christ donne à ses disciples ; tandis
que souvent ceux-ci en fabriquent eux-mêmes de leur invention.
Les uns s’habillent d’une certaine manière a n qu’on les
reconnaisse pour être des chrétiens, d’autres portent un cruci x
ou quelque chose de semblable ; mais l’amour est le sceau qui sert
à manifester les enfants de Dieu : « C’est à cela que tous
reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de
l’amour les uns pour les autres ».

C’est pourquoi si un homme se tient devant un auditoire, et parle


avec l’éloquence d’un Démosthène ou du plus grand orateur qui
soit au monde, sans que l’amour anime ses paroles, il n’est que
l’airain qui résonne ou la cymbale qui retentit. Je voudrais
recommander à tous les chrétiens d’étudier le 13e chapitre de la
1ère épître aux Corinthiens nuit et jour ; non pas une nuit et un
jour, mais continuellement, l’été et l’hiver, durant les douze mois
de l’année. C’est alors que la puissance du Christ et du
christianisme se ferait sentir comme elle ne l’a jamais fait dans
l’histoire du monde ! Voyez ce que dit saint Paul :

« Quand même je parlerais toutes les langues des hommes et


même des anges, si je n’ai point la charité, je ne suis que comme
l’airain qui résonne ou comme une cymbale qui retentit. Et
quand même j’aurais le don de prophéties et que je connaîtrais
tous les mystères de la science de toutes choses ; et quand même
j’aurais toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, si je n’ai
point la charité je ne suis rien » (1 Corinthiens 13).
Un grand nombre prient pour avoir la foi ; ils demandent une foi
extraordinaire, remarquable, et ils oublient que l’amour est plus
excellent qu’elle. La charité dont parle ce chapitre c’est l’amour,
ce fruit de l’Esprit qui est le grand et puissant principe de la vie
divine. L’Église a besoin aujourd’hui de cet amour, de plus
d’amour pour Dieu et pour les hommes. Mieux nous aimons
Dieu, et mieux aussi nous aimons nos frères ; nul ne peut mettre
cela en doute. Je pensais autrefois que j’aurais voulu vivre du
temps des prophètes, que j’aurais aimé être un prophète pour
voir les gloires des cieux et les décrire aux autres. Mais la
manière dont je comprends maintenant les Écritures me conduit
à penser qu’il vaut beaucoup mieux pour moi vivre dans ce 13e
chapitre aux Corinthiens, et de posséder brûlant dans mon âme,
comme une amme inextinguible, cet amour dont parle Paul
a n que je puisse enseigner les autres et les gagner pour le ciel.

Un homme peut avoir une étonnante mesure de connaissance,


sonder les mystères de la Bible, et cependant être froid comme
un glaçon ; il étincelle alors comme la neige au soleil. Vous avez
été parfois étonné de ce que certains pasteurs doués d’une
puissance attractive, ayant une merveilleuse facilité de paroles et
une grande intelligence, n’opéraient pas plus de conversions. Si
vous en découvriez la vraie cause, vous verriez que leurs
discours ne sont pas imprégnés d’amour divin, de pur amour.
Vous pouvez prêcher comme un ange, mais sans l’amour cela ne
sert de rien. Un homme peut donner tout son bien pour la
nourriture des pauvres, être très charitable et même distribuer
tout ce qu’il a, que rien de ce qu’il a fait ne sera agréé de Dieu si
l’amour n’a inspiré son sacri ce. S’il o re son corps pour être
brûlé sans avoir la charité, cela ne lui sert de rien. On peut aller
au bûcher pour ses principes, pour ce qu’on croit, mais si l’amour
de Dieu ne détermine pas une action, le martyre même ne sera
pas acceptable.

Les merveilleux e ets de l’amour

« La charité est patiente, elle est pleine de bonté ; la charité n’est


point envieuse, elle n’est point insolente, elle ne s’en e point
d’orgueil ; elle n’est point malhonnête, elle ne cherche point son
intérêt, elle ne s’aigrit point, elle ne soupçonne point le mal.

Ce sont là les fruits de l’amour qu’il n’est pas aisé de détruire ;


celui qui ne possède pas cet amour en son cœur est très
facilement o ensé. Peut-être si quelque membre de son Église ne
le traite pas convenablement ou ne le salue pas dans la rue, il
s’irritera. L’amour supporte tout, et quand nous l’avons ; ces
petites misères ne nous séparent pas du peuple de Dieu ; elles ne
sont que la poussière qui s’attache à une balance. Les froides
manières des hypocrites formalistes ne peuvent éteindre mon
amour pour le Seigneur, et s’il brûle sur l’autel de nos cœurs,
nous n’irons pas chercher à trouver les autres en faute, ni à
critiquer ce qu’ils ont fait.

Trouver en faute

L’amour rejette le mal, mais ne s’en réjouit pas ; il peut manquer


de patience à l’égard du péché, mais non à l’égard du pécheur.
L’habitude de condamner constamment les autres cause un très
grand dommage à notre vie spirituelle ; c’est la disposition la
plus avilissante et la moins digne. La meilleure de nos œuvres
pourrait toujours être mieux faite. Je n’ai jamais rien fait en ma
vie, - quand j’ai prêché par exemple, - sans être convaincu que
j’aurais pu mieux réussir, et sans me le reprocher souvent à moi-
même. Mais nous asseoir pour trouver des défauts chez les
autres, quand nous ne faisons rien nous-mêmes, quand nous ne
levons pas seulement la main pour sauver une seule personne,
n’est-ce pas une mauvaise chose, contraire à l’amour saint,
patient et divin ?

L’amour est indulgent, c’est pourquoi chassons de nos cœurs et


de l’Église l’esprit de critique et de jugement ; vivons comme
devant répondre à Dieu chacun pour notre compte et non pour
tous quand viendra le dernier jour. « L’amour est patient, il est
plein de bonté ; » il s’oublie et ne s’attache pas à lui-même. La
femme qui apporta son vase d’albâtre à Jésus ne pensait
nullement à elle, j’en suis sûr ; elle comprenait à peine ce qu’elle
faisait. Son amour pour le Maître était son unique mobile ; elle
oublia ceux qui l’entouraient, brisa le vase et remplit la maison
de parfum. En mémoire d’elle, ce qu’elle a fait a traversé dix-huit
siècles, et le parfum du vase est ici et dans le monde encore
aujourd’hui. Il valait à peu près deux cent cinquante francs,
somme assez forte alors pour une pauvre femme. Judas vendit
son Maître pour moins de cent francs Cette femme donnait tout
à Jésus, et ne se préoccupait que de lui, sans s’inquiéter de ce
qu’on pourrait penser d’elle. Ainsi, lorsque nous agissons en
regardant simplement à la gloire du Seigneur, sans rechercher
les fautes des autres et en faisant tout sous l’impulsion de
l’amour, nos œuvres pour Dieu parlent ; le monde reconnaît que
nous vivons avec Jésus et que son amour glorieux est répandu
dans nos cœurs.

Cet amour pour Christ, il nous le faut pour aimer sa Parole et son
Église ; nous vivons alors dans un esprit de charité, et nous ne
cherchons pas à médire des autres et à leur faire ainsi du mal.

Après l’amour, qu’y a-t-il ?

Après l’amour vient la paix. Un grand nombre essaient de faire


leur paix, tandis qu’elle est déjà faite. Dieu ne nous a pas laissé ce
travail à accomplir ; nous n’avons qu’à l’accepter, telle est
l’unique condition. Au lieu de nous tourmenter pour la
produire, cessons tout e ort et entrons paisiblement en elle.

Si je découvre un homme dans une cave qui se plaint d’être dans


le froid et l’humidité, je lui dis : « Mon ami, sors de là ! En haut tu
trouveras un chaud soleil, une belle journée de printemps
rayonnante de lumière ; monte et jouis-en ».

Il répondra peut-être :

« Oh ! Non, monsieur. J’essaie pour voir si je puis produire de la


lumière ici, et je travaille à me réchau er ».

Le voilà qui continue à faire des e orts, et cela pourra bien durer
toute une semaine. Mon lecteur sourit, mais c’est en
reconnaissant son portrait peut-être, car chaque jour j’en
rencontre qui s’évertuent à se donner la paix et des sentiments de
joie. La paix est une condition dans laquelle nous entrons ; c’est
un état ; et au lieu de faire notre possible pour la créer, croyons la
Parole qui nous déclare qu’elle a été faite déjà par le sang de la
croix. Christ l’a accomplie, et son désir est que nous entrions en
elle. La seule chose qui puisse y mettre obstacle, c’est le péché.
« L’Éternel renverse la voie des méchants » (Psaumes 146.9).

Il n’y a point de paix pour le méchant, a dit mon Dieu » (Ésaïe


48.22 ; 57.21). Les méchants sont semblables à la mer agitée qui ne
peut rester en repos, et qui jette de l’écume et de la fange sans
cesser. Mais la paix de Dieu, qui est par la foi en Jésus-Christ, - la
paix qui vient de la connaissance du pardon des péchés, - est
semblable à un roc ; les ots s’y brisent, s’élèvent et passent outre
tandis que le roc demeure. Nous ne saurions rencontrer la paix
sur le terrain de notre excellence naturelle ; elle nous vient du
dehors et elle entre en nous. Dans Jean 16.33, nous lisons : « Je
vous dis ces choses a n que vous ayez la, paix en moi ». Jésus est
donc l’auteur de la paix ; il procure la paix, son Évangile est un
Évangile de paix. « Je vous annonce une grande joie qui sera pour
tout le peuple, c’est qu’aujourd’hui dans la ville de David, le
Sauveur qui est le Christ, le Seigneur, vous est né ». Alors on
entendit un chœur dans les cieux : « Gloire soit à Dieu au plus
haut des cieux, paix sur la terre, bonne volonté envers les
hommes » (Luc 2.10, 11, 14) Jésus nous apporte la paix. « Vous
aurez des a ictions dans le monde, mais prenez courage, j’ai
vaincu le monde » (Jean 16.33). Que cette parole est vraie ! Avez-
vous des a ictions, des inquiétudes, des chagrins ? Souvenez-
vous que c’est là notre lot sur cette terre. Paul a eu des
tribulations, et d’autres des épreuves ; en serions-nous exempts
nous-mêmes ? Malgré cela, la paix règne au-dedans de nous
inaltérable. Si la douleur est notre portion, la paix est notre
héritage ; Jésus nous la donne. La di érence est grande entre sa
paix et la nôtre ; celle-ci peut être troublée ; mais la sienne
jamais ! Telle est la paix qu’il nous a laissée ; rien ne peut ébranler
ceux qui se con ent en Christ.

Pas aisément ébranlé

« Il y a une grande paix pour ceux qui aiment ta loi, et il n’y a rien
qui les fasse tomber », dit le psalmiste (Psaumes 119.65). Ce qui
assure cette paix, c’est l’étude de la Parole de Dieu. Les chrétiens
qui sont bien a ermis sur la Parole la possèdent en grande
mesure, tandis que ceux qui étudient peu leur Bible et qui la
connaissent imparfaitement, sont facilement désarçonnés
quand une légère a iction ou une petite persécution arrive ; à la
moindre opposition leur tranquillité disparaît.

Je suis étonné en voyant comme il faut peu de chose pour


détruire la paix d’un chrétien ! Une médisance peut su re ; mais
si cette paix est celle de Dieu même le monde ne saurait nous
l’ôter. Il ne peut la donner et ne peut la ravir. Sa source est au-
dessus de la terre, elle provient de Christ, et c’est une « grande
paix ». Il a dit : « Heureux celui qui ne se scandalisera pas de
moi ! » (Matthieu 11.6). Si maintenant vous trouvez un chrétien
bien enseigné par sa Bible, qui l’a remplie de marques et qui s’en
nourrit chaque jour, la méditant avec prières, vous verrez qu’il
n’est pas facilement ébranlé. Ceux qui font ainsi croissent et
travaillent.

Mais ceux qui n’ouvrent pas le saint Livre ou qui ne l’étudient


pas, sont vite troublés ; ils passent des moments di ciles et s’en
étonnent. Ils vous diront que le christianisme n’est pas tel qu’on
leur avait dit, ni ce qu’ils attendaient. Le mal vient de ce qu’ils
n’ont pas médité la Parole comme Dieu l’ordonne ; s’ils l’avaient
étudiée, leur âme serait dans une toute autre condition, et ils
n’auraient pas erré dans le monde se nourrissant de carouges
comme lui. Ces pauvres âmes a amées succombent de faiblesse
et défaillent ; elles sont aisément scandalisées et ébranlées.

Je rencontrai un jour un homme qui me dit que son âme ne


s’était nourrie de rien depuis quarante ans.

« Ah ! Lui dis-je, c’est particulièrement dur pour une âme de ne


rien manger du tout !

Cet homme est semblable à des milliers de milliers d’autres


pauvres âmes qui ne se nourrissent de rien ! Nous soignons très
bien le corps que nous habitons pour si peu de temps et qu’il
faudra sitôt laisser. Nous lui donnons à manger trois fois par
jour ; nous l’habillons, nous le garantissons alors qu’il
s’approche d’un moment à l’autre de la tombe où il sera dévoré
par les vers ; tandis que nous laissons s’amaigrir et s’a amer
l’homme intérieur qui marche vers une vie éternelle.

Douces paroles

Nous lisons dans Nombres 16.23-26 ces mots : « Vous bénirez ainsi
les enfants d’Israël en leur disant : L’Éternel te bénisse et te
garde ! L’Éternel tourne sa face vers toi et te fasse grâce !
L’Éternel tourne sa face vers toi et te donne la paix ! »
Ce sont là, je le crois, les paroles les plus douces de l’Ancien
Testament. Il y a bien des années que je les ai marquées dans ma
Bible, et je les ai souvent relues. « L’Éternel tourne sa face vers toi
et te donne la paix ! » Les Juifs en entrant dans une maison la
saluaient en disant :

« La paix soit sur cette maison ! » et quand ils sortaient, l’hôte leur
disait : « Allez en paix ! » Jésus a dit encore : « Je vous laisse la paix,
je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde
la donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne craignez
point » (Jean 14.27). Ces paroles sont un précieux héritage pour
tous ses disciples. Hommes, femmes et enfants peuvent y avoir
part s’ils croient en Christ ; il leur est donné et il leur appartient
pour jamais.

Voici le dessein de Dieu et sa promesse : « Je vous donne ma


paix ! » Je vous la donne et je ne vous la retirerai pas ; je vais vous
la laisser. - Quand un homme fait son testament et lègue ses
propriétés, il peut se trouver des avocats assez rusés pour
s’emparer de ce testament et l’annuler, une cour de justice et des
jurés pour l’anéantir, et alors l’héritage appartient à d’autres.
Mais le testament de Christ, nul ne peut le détruire, ni homme,
ni démon. Il nous a promis sa paix, et des milliers rendent ce
témoignage : « J’ai une part en son héritage ! » J’ai sa paix ; je suis
venu à lui et je l’ai reçue. Je suis allé à lui, dans mes ténèbres,
dans mes troubles et mes angoisses ; je traversais alors un épais
nuage de sou rance ; il m’a dit : « Paix ! Sois tranquille ! » et dès
cette heure la paix a régné dans mon âme. - Des milliers ont joui
de cette précieuse promesse après avoir accepté cette invitation
de Jésus : « Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés ; et
je vous soulagerai, et vous trouverez le repos de vos âmes »
(Matthieu 11.28). Ils ont trouvé le repos dès qu’ils sont venus, car
c’est Jésus qui crée le repos et la paix, et nulle puissance ne
saurait annuler son Testament. L’incrédulité peut mettre ce
privilège en question, mais Christ se lève pour exécuter sa
propre volonté ; dès lors l’homme contesterait en vain. Les
impies et les sceptiques peuvent nous dire que l’Évangile n’est
qu’un mythe sans réalité, mais la glorieuse nouvelle est répétée à
tous : « Paix sur la terre, bonne volonté envers les hommes ! » les
pauvres, les malheureux et les a igés y ont part.

Ainsi, lecteur ; vous n’avez pas besoin d’attendre plus longtemps


pour avoir cette paix. Entrez en elle aujourd’hui même. Ne vous
e orcez plus de la produire ; vous ne le pouvez, et c’est là une
fatale erreur. Elle a été déjà faite par Christ et vous a été
annoncée.

Déclaration de paix

Pendant que là France était en guerre avec l’Angleterre, un


baleinier français était parti pour un voyage au long cours. À son
retour, l’eau vint à manquer, et l’équipage se voyant à proximité
d’un port anglais craignait d’être pris captif s’il abordait pour
s’approvisionner. On aperçut leur signal de détresse et on leur
répondit de ne rien redouter, que la guerre était terminée et que
la paix était faite. Mais les matelots avaient grand’ peine à le
croire et n’osaient s’approcher malgré leur disette. Ils se
décidèrent en n à entrer dans le port et à perdre leur cargaison
et leur liberté plutôt que de mourir de soif sur la mer. Mais en
débarquant ils furent convaincus qu’en e et la paix était signée
et que ce qu’on leur avait dit était vrai.

C’est ainsi que bien des gens ne croient pas à la bonne nouvelle
de la paix. Christ sur la croix a satisfait les exigences de la loi qui
nous condamnait vous et moi, et l’a accomplie. Il a fait la paix, et
il veut que nous en jouissions et que nous y croyions. Qu’est-ce
qui peut nous en empêcher ? Nous n’avons qu’à entrer dans cette
bénédiction dès maintenant pour avoir une paix parfaite. Voici
la promesse : « C’est une délibération arrêtée que tu conserveras
la vraie paix, car on se con e en toi. Con ez-vous en l’Éternel à
perpétuité, car le rocher des siècles est en l’Éternel notre Dieu »
(Ésaïe 26.3-4). Tant que nous n’avons pensé qu’à notre cher moi ;
nous n’avons jamais eu de paix ; plusieurs s’occupent plus d’eux-
mêmes que du reste du monde. C’est le moi le matin, le moi à
midi, le moi le soir ; le moi quand ils veillent et quand ils vont se
livrer au sommeil ; ils regardent toujours à eux-mêmes au lieu de
« regarder à Jésus ». La foi porte notre regard hors de nous ; elle
n’a pas les yeux tournés en dedans, mais en dehors. Ce n’est ni ce
que je pense, ni ce que je sens, ni ce que j’ai fait, mais ce que
Christ est et ce qu’il a fait qui importe. Alors nous pouvons nous
con er en celui qui est notre force, une force qui ne défaille
jamais. Après sa résurrection, il dit par trois fois à ses disciples :
« La paix soit avec vous ! » (Jean 20.19 ; 21.26). Son sang donne la
paix à nos consciences, et son amour à nos cœurs.

Souvenez-vous donc que l’amour est une puissance, et la paix


aussi. Mais je veux maintenant appeler votre attention sur un
autre fruit du Saint-Esprit qui est encore une puissance, - la
grâce de la joie. C’est le privilège de chaque croyant de marcher
dans la lumière, et de posséder une paix qui jaillit sans cesse
quand il est occupé à l’œuvre de son Dieu ; son privilège est aussi
d’être rempli de la joie de l’Éternel. Quand Philippe prêcha à
Samarie, il y eut une grande joie dans la ville. Pourquoi ? Parce
que les habitants avaient ajouté foi à la bonne nouvelle ; « la joie
en croyant », tel est l’ordre divin.

Quand le Seigneur envoya les soixante-dix pour prêcher le salut,


ils obtinrent des succès et revinrent remplis de joie parce que les
démons leur étaient assujettis. Jésus paraît les reprendre en leur
disant : « Réjouissez-vous encore plus de ce que vos noms sont
écrits dans les cieux ! » (Luc 10.20). Ils avaient donc un sujet de se
réjouir, et ceci forti e notre assurance. Dieu nous donne un bon
motif de joie : car il ne veut pas que nous n’en ayons aucun. Que
penseriez-vous d’une personne qui paraîtrait très joyeuse et qui
ne pourrait vous en dire le motif ? Supposez que je rencontre
quelqu’un dans la rue qui me prenne les deux mains d’un air
heureux, et qui me dise :

« Béni soit le Seigneur ! Je suis rempli de joie… »

« Et qu’est-ce qui vous rend si joyeux » ?

« Mais je n’en sais rien ».

« Vous ne le savez pas » ?

« Non ; mais je suis si heureux que je ne sais si je pourrai le


supporter ».

Ne trouverez-vous pas cette personne déraisonnable ? Il en est


qui voudraient sentir qu’ils sont convertis avant de l’être, et faire
des expériences chrétiennes. Ils désirent avoir la joie du
Seigneur avant d’avoir reçu Jésus-Christ. Mais tel n’est pas
l’ordre indiqué par l’Évangile. Le Sauveur apporte la joie dans
une âme quand il y entre ; elle ne peut la posséder sans lui, car il
en est l’auteur, et c’est en lui que nous trouvons cette grâce.

La joie n’est pas égoïste

Il existe trois genres de joies. D’abord la joie du salut. Après


l’avoir goûtée j’ai cru qu’elle était la plus délicieuse que j’eusse
jamais éprouvée, et que je pusse éprouver jamais. Plus tard j’ai
trouvé que la joie de sauver les autres était encore plus grande.
Oh ! Quel précieux privilège lorsque Dieu se sert de nous pour
gagner une âme à Christ ! Quel ravissement nous avons lorsque
nous voyons une personne délivrée de ses liens par le moyen
d’un acte ou d’une parole de notre part. C’est le plus grand
honneur que Dieu puisse nous faire que de condescendre à nous
rendre ouvrier avec lui. Saint Jean dit qu’il n’a pas de plus
grande joie que de voir ses disciples marcher dans la vérité (3
Jean 1.4), montrant ainsi que sauver les autres est un bonheur
supérieur à tout. Ceux qui ont conduit des âmes à Christ,
comprendront ce que je veux dire. Jeunes disciples, marchez
dans la vérité, et vous serez joyeux tout le long de vos jours !

Je crois qu’il y a une di érence entre le bonheur et la joie. Le


bonheur nous arrive par le moyen des circonstances qui se
produisent autour de nous, et il peut être atteint aussi par des
circonstances. Tandis que la joie subsiste malgré les épreuves ;
elle jaillit au sein des ténèbres, de nuit comme de jour, au milieu
des oppositions et des persécutions ; elle coule sans cesse parce
qu’elle est une source qui bouillonne au fond de nos cœurs,
source cachée que le monde ne peut voir ni connaître. Le
Seigneur donne aux siens une joie permanente s’ils marchent
dans l’obéissance.

Elle est sustentée par la Parole. Jérémie a dit : « Dès que j’ai
trouvé tes paroles, je les ai aussitôt mangées : et ta parole a été la
joie et l’allégresse de mon cœur, car ton nom est invoqué sur
nous » (Jérémie 15.16).

Il mangeait les paroles de Dieu, et qu’en est-il résulté ? Elles ont


été la joie et l’allégresse de son cœur. Il nous faut donc chercher
cette joie dans la Parole et non dans le monde ; après cela nous
travaillerons pour Christ. Une joie qui ne me presse pas d’aller
vers les autres, qui ne me contraint pas de délivrer les pauvres
esclaves de la boisson, de visiter les veuves et les orphelins, de
m’occuper des écoles du dimanche et d’œuvres chrétiennes, n’est
pas digne que je la recherche et ne vient pas d’en haut ; si elle ne
m’amène pas à travailler pour le Maître, elle n’est qu’un pur
sentiment et non une divine réalité.

La joie dans la persécution

Saint Luc dit : « Vous serez bienheureux lorsque les hommes vous
haïront, qu’ils vous retrancheront de leur synagogue, qu’ils vous
diront des outrages et rejetteront votre nom comme mauvais à
cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce temps-là et
tressaillez de joie, car voici que votre récompense sera grande
dans le ciel, et c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes »
(Luc 16.23-24).

Le chrétien ne reçoit pas ici-bas sa récompense. Nous devons


nous opposer directement au courant que suit le monde. Nous
serons critiqués peut-être, et obligés d’entrer en con it avec
quelques-uns de nos meilleurs amis si nous vivons en Christ
saintement. Mais quand nous serons persécutés pour le Maître,
une joie constante jaillira du fond de nos cœurs, une joie
permanente et abondante que le monde ne peut faire tarir.

Si Christ est dans notre âme, nous porterons des fruits. Plus je
vis, et plus je suis convaincu que les chrétiens sancti és ne sont
pas appréciés de nos jours, mais que leurs œuvres les suivront et
que leur in uence sera sentie même lorsqu’ils seront partis de ce
monde. Daniel fait pour son Dieu mille fois davantage
maintenant que lorsqu’il était captif à Babylone, et Abraham que
lorsqu’il dressait ses tentes et son autel dans la plaine. Ils ont
encore vécu durant les siècles écoulés depuis ; c’est pourquoi il
est dit : « Heureux dès à présent les morts qui meurent au
Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, car ils se reposent de leurs travaux et
leurs œuvres les suivent » (Apocalypse 14.13). Que le courant de la
grâce coule encore quand nous ne serons plus ! Si nous sommes
persécutés, allons en avant avec courage, et notre récompense
sera grande. Oh ! Souvenons-nous que le Seigneur Jésus,
créateur des cieux et de la terre, a dit : « Ta récompense sera
grande ! » Il l’appelle grande. Si un de nos amis parlait ainsi, nous
pourrions trouver la récompense petite, mais quand c’est le Dieu
tout puissant qui donne cette appréciation, combien doit-elle
être justement nommée pour ceux qui le servent ! Il la tient en
réserve, et c’est là un motif de joie si nous sommes réellement ses
disciples.

Un chrétien abattu n’est pas propre pour l’œuvre de Dieu, parce


qu’il travaille avec un visage triste. C’est « la joie de l’Éternel qui
est notre force ». Il nous faut une Église joyeuse ; une telle Église
foulera l’œuvre de Satan, et nous verrons alors l’Évangile
pénétrer dans les plus sombres repaires, dans les plus misérables
réduits ; les ivrognes, les joueurs, les femmes de mauvaise vie
s’empresseront d’entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui retarde
les progrès du christianisme, c’est notre air abattu et le
froncement de nos sourcils. Oh ! Qu’en tous lieux une grande joie
remplisse le cœur des croyants, a n qu’ils éclatent en chants de
triomphe jour et nuit ! Une Église joyeuse, ah ! Prions pour
l’avoir ! Et alors nous constaterons des succès. Si nous n’avons
pas notre récompense ici-bas : rappelons-nous constamment
qu’elle ne nous manquera pas plus tard. Si du temps d’Abraham
on avait demandé à ses contemporains quel était le plus grand
des hommes, ils auraient dit Énoch et non Abraham ; durant les
jours de Moïse ils auraient dit : C’est Abraham ! Durant ceux
d’Élie et de Daniel, ils auraient nommé Moïse. Du temps du
Sauveur, Jean-Baptiste et les apôtres n’étaient point considérés
par le monde qui les méprisait, et cependant voyez ce qu’ils sont
devenus ! De même nous ne serons pas appréciés peut-être
durant notre vie, mais travaillons constamment avec joie.

Si cette joie nous fait défaut, disons au Seigneur : « Rends-moi la


joie de ton salut, et que l’esprit franc me soutienne. J’enseignerai
tes voies aux méchants, et les pécheurs se convertiront à toi »
(Psaumes 51.14) Jésus nous répète encore : « Je vous ai dit ces
choses a n que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit
accomplie » (Jean 14.11). Et encore en Jean 16.22 « Vous êtes
maintenant dans la tristesse : mais je vous verrai de nouveau, et
votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie ».

Je suis si heureux de posséder une joie que le monde ne peut


m’ôter, un trésor qu’il ne peut me ravir, que ni les hommes ni les
démons n’ont la puissance de me prendre ! « Personne ne vous
ravira votre joie ».

C’était pendant le second siècle. On amena un martyr devant un


roi qui essaya de lui faire renier Christ ; mais cet homme résista
avec fermeté.

« Si tu n’abjures pas, dit le prince, je te bannirai !

« Vous ne pouvez me bannir, dit le saint homme en souriant, me


bannir loin de mon Sauveur, car il m’a dit qu’il ne me laisserait
point et qu’il ne m’abandonnerait point.

« Alors je con squerai tes biens et te les ôterai tous ! Reprit le


monarque irrité.

« Mes trésors sont en haut, et vous ne pouvez les prendre.

« Eh bien ! Je te ferai mourir !

« Ah ! Dit le martyr : il y a quarante ans que je suis mort ! Je suis


mort avec Jésus, je suis mort au monde et ma vie est cachée avec
Christ en Dieu ; vous ne pouvez y toucher.

Nous devons donc nous réjouir parce que nous sommes


ressuscités avec Christ. Que la persécution et la contradiction
viennent, rien ne nous ôtera notre joie. Rappelons-nous que
notre récompense sera grande, et qu’elle est mise en réserve pour
nous jusqu’au jour où Celui qui est notre vie apparaîtra, et que
nous apparaîtrons nous aussi avec lui dans la gloire.

La charité

Charité ! Divine étrangère,


C’est sur le front d’Emmanuel
Que ton nom si doux et austère,
Brille d’un éclat immortel.
Comme la goutte de rosée
Qui tombe sur l’herbe épuisée.
Tu descends et soutiens mon cœur ;
Tu lui chantes de saints cantiques,
Et par des accents sympathiques
Tu sais ranimer sa ferveur.
C’est une ardente et vive amme,
Qui vient pénétrer dans mon âme
Pour la ravir et l’embraser ;
Invincible ! Dans la mort même
Elle atteint, saisit ceux qu’elle aime,
Lien que nul ne peut briser....
Douce, indulgente, tendre, aimable,
Elle pardonne le coupable,
Unit les cœurs d’un saint accorda
Cet amour des élus me reste,
Le seul dont la bre céleste
Ne se brise pas dans ta mort.
5
La puissance et ses obstacles

Les coups de l’épée de l’Esprit ne visent qu’à la


conscience, mais le tranchant est oint d’un baume qui
guérit toutes les blessures que cette épée a faites

Dr J. Harris

Toute pensée vaine, toute parole inutile et tout acte


coupable, sont des gouttes qui éteignent l’Esprit de Dieu.
Les uns l’éteignent au moyen des convoitises de la chair,
d’autres avec leurs inquiétudes, d’autres par leurs longs
délais ; au lieu de suivre son impulsion, on laisse les
mauvaises pensées se mettre en travers des bonnes, et
on fait ce que l’Esprit ne dit pas de faire. - Cet Esprit est
souvent contristé avant d’être éteint

H. Smith

Autrefois on employait le roulement des tambours pour


couvrir la voix des martyrs, a n que le témoignage qu’ils
adressaient à la foule de dessus le bûcher ne fût pas
entendu. Bien des personnes étou ent de la même
manière la voix de leur conscience, en essayant de
réduire ainsi au silence le Saint-Esprit quand il leur dit la
vérité
Arnot

Le peuple juif limita le saint d’Israël ; il irrita, contrista l’Esprit et


se révolta contre son autorité (Psaumes 28.41 ; Ésaïe 63.10). Mais
on peut commettre un péché spécial contre lui que nous allons
considérer de près. C’est dans Matthieu 12.22, qu’il est
mentionné pour la première fois.

Le péché irrémissible

« Cet homme chasse les démons par le prince des démons ! »


s’écrièrent les pharisiens après que Jésus eut guéri le
démoniaque aveugle et muet. Le Seigneur termina son
argumentation contre eux par cette parole : « Tout péché et tout
blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème
contre l’Esprit ne leur sera point pardonné ».

Lisons maintenant dans Marc 3.22

« Il est possédé de Belzébul, et il chasse les démons par le prince


des démons ».

Le mot Béelzébul désignait le prince des esprits immondes. Ainsi


les scribes accusaient le Seigneur non seulement d’être possédé
par un mauvais esprit : mais par un esprit immonde. Le Sauveur
leur explique par le moyen d’une parabole que Satan ne peut
chasser Satan, et il termine en disant : « Je vous dis en vérité que
toutes sortes de péchés seront pardonnés aux enfants des
hommes, et toutes sortes de blasphèmes par lesquels ils auront
blasphémé ; mais quiconque aura blasphémé contre le Saint-
Esprit, il n’en obtiendra jamais le pardon, mais il sera sujet à une
condamnation éternelle ».

Si la Parole ne nous donnait pas d’autres explications à ce sujet,


bien des ténèbres l’envelopperaient peut-être encore, et nous ne
comprendrions pas ce qu’est le péché contre le Saint-Esprit. Mais
le verset qui suit jette une pleine lumière sur ce qui précède.
« Jésus parla ainsi parce ce qu’ils disaient : Il est possédé d’un
esprit immonde.

J’ai rencontré en ma vie bien des athées, des sceptiques, des


déistes et des incrédules, mais jamais nulle part un homme ou
une femme qui m’ait dit que Jésus-Christ était possédé d’un
esprit immonde. En avez-vous trouvé ? Je ne le pense pas.
Plusieurs m’ont dit des choses révoltantes contre le Christ, mais
je n’ai jamais vu personne se lever et a rmer qu’il était possédé
du démon, ou qu’il chassait les démons par la puissance du
démon. Je ne crois donc pas que quelqu’un puisse dire qu’il a
commis le péché contre le Saint-Esprit, à moins d’avoir
malicieusement, avec préméditation et ferme décision, dit que
Jésus avait en lui un démon et qu’il chassait les démons par cette
puissance même. Vous avez peut-être entendu raconter que le
Saint-Esprit avait abandonné une personne qui l’avait contristé
et qui lui avait résisté, et vous avez dit : « Elle a commis le péché
irrémissible ! »

Ce qu’il n’est pas


J’admets qu’on puisse résister à l’Esprit de Dieu jusqu’à l’obliger
de s’en aller ; mais quand cet Esprit a réellement quitté une âme,
cette âme n’est plus tourmentée par le sentiment de ses fautes. Le
seul fait qu’elle en est encore troublée montre que l’Esprit ne l’a
pas abandonnée, car c’est lui seul qui convainc de péché. Satan
n’a jamais dit à quelqu’un qu’il est un pécheur ; il nous persuade
que nous sommes assez bons sans Dieu, en sûreté sans Christ et
que nous n’avons nul besoin d’être sauvés. Mais quand un
homme est assez réveillé pour comprendre qu’il est un pécheur
perdu, vous pouvez être sûr que c’est l’Esprit qui a fait en lui
cette œuvre ; si cet Esprit l’avait quitté ; il n’éprouverait pas de
repentir. Le fait seul qu’une personne désire devenir chrétienne
est un signe certain que l’Esprit de Dieu l’attire.

Si le péché irrémissible consistait seulement à résister à l’Esprit,


nous l’aurions tous commis, et il n’y aurait d’espérance pour
aucun chrétien. Je suis persuadé qu’il n’existe pas un pasteur ni
un ouvrier du Seigneur, qui n’ait résisté au Saint-Esprit plusieurs
fois en sa vie et ne l’ait contristé. Résister donc est une chose et
« blasphémer contre l’Esprit » en est une autre. Nous devons
comparer ces deux péchés d’après les Écritures. Quelques-uns
disent : « J’ai des pensées blasphématoires, de terribles idées
contre Dieu qui me viennent à l’esprit malgré moi ! » Et ils croient
que c’est là le péché irrémissible !

Les mauvaises pensées

Nous ne pourrons être condamnés pour les mauvaises pensées


qui nous arrivent. Si nous les accueillions volontiers, ce serait
di érent ; mais si le démon nous en décoche une comme un
dard, et que nous disions aussitôt : — Seigneur, aide-moi ! — ce
péché ne nous est pas imputé. Qui n’a eu de telles tentations
dirigées contre son esprit ou son cœur, et n’ait été appelé à les
combattre ?

Un vieux théologien a dit :

« Vous n’êtes pas à blâmer parce que les oiseaux volent sur votre
tête, mais seulement si vous les laissez construire leur nid dans
vos cheveux ; vous êtes coupables si vous ne les chassez pas ».

Il en est ainsi des mauvaises pensées, qui nous traversent


l’esprit ; nous devons les combattre et non leur donner asile. Ces
idées ne sont pas la preuve que j’ai commis le péché irrémissible.
Si je les aimais et les accueillais, si j’accusais Jésus d’être un
blasphémateur, je serais responsable pour m’être rendu coupable
d’une grande iniquité. Mais si je dis qu’il est le prince des
démons, alors je commets le péché irrémissible.

L’ami dèle

Attrister le Saint-Esprit est autre chose que de lui résister. Saint-


Étienne accusa les Juifs de « résister à l’Esprit » (Actes 7.51). Dans
tous les temps le monde lui a opposé la même résistance ; son
histoire nous le monstre, et de nos jours il en fait encore tout
autant.

« Les blessures faites par celui qui aime sont dèles » (Proverbes
27.6). Le Saint-Esprit révèle à ce pauvre monde ses fautes comme
un ami doit le faire, et c’est pour cela même que le monde le hait.
L’Esprit met la plaie des cœurs à découvert ; il les convainc de
péché ou les condamne, et ils luttent contre lui. Je crois que bien
des gens lui résistent ; je crois que de nos jours un grand nombre
combattent contre lui.

« N’attristez point le Saint-Esprit de Dieu par lequel vous avez été


scellés pour le jour de la rédemption. Que toute aigreur, toute
animosité, toute colère, toute crierie, toute médisance et toute
malice : soient bannies du milieu de vous. Mais soyez bons les
uns envers les autres : pleins de compassion : vous pardonnant
les uns aux autres, comme Dieu vous a aussi pardonnés par
Christ ».

Remarquez ce qui est dit à l’Église d’Éphèse (Éphésiens 4.30) :


« N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu par lequel vous avez été
scellés pour le jour de la rédemption ». Je crois que maintenant
l’Église chrétienne tout entière attriste le Saint-Esprit. Un grand
nombre de croyants d’Églises diverses s’étonnent de ce que
l’œuvre de Dieu n’est point ravivée.

N’attristez pas l’Esprit

Si nous cherchons bien, nous trouverons ce qui attriste l’Esprit ;


c’est un schisme peut-être, ou quelque mauvaise doctrine ou
quelque division. J’ai remarqué une chose durant mes voyages,
c’est que je n’ai jamais vu le Saint-Esprit à l’œuvre là où les
enfants de Dieu n’étaient pas d’accord entre eux. Si donc nous
désirons, qu’il agisse au milieu de nous, commençons par être
unis. Que les membres divisés d’une Église cherchent
immédiatement à se rapprocher pour enlever l’obstacle. Si le
pasteur ne peut parvenir à le faire, si ceux des membres qui sont
mécontents ne veulent pas entrer dans l’union proposée, il vaut
mieux que ce pasteur-là se retire. Un grand nombre d’entre eux
perdent leur temps ; durant des mois, des années mêmes, ils ne
voient pas de fruit de leur travail, et ils n’en verront point parce
qu’ils ont une Église divisée. Une telle Église ne peut croître dans
les choses divines, car l’Esprit n’agit pas où il y a des divisions. Il
faut de nos jours l’esprit d’union parmi les enfants de Dieu, a n
que le Seigneur puisse se mettre à l’œuvre.

Les amusement mondains

Ce qui attriste encore le Saint-Esprit, c’est la fâcheuse habileté


avec laquelle on introduit dans les Églises certains amusements.
Ce sont des loteries, par exemple ; en sorte que si quelqu’un aime
le jeu il n’aura pas besoin d’aller dans des cercles. On y trouve
quelque fois des foires, des bazars comme on les appelle. Si
même quelqu’un aime les drames, il n’a pas besoin d’aller au
théâtre, car certains lieux de culte sont transformés en théâtres ;
on peut y rester le soir pour jouir du spectacle. Je crois que ces
choses attristent le Saint-Esprit. Quand nous abaissons l’Église
au niveau du monde, nous a igeons cet Esprit et nous le
perdons.

Mais quelqu’un dira :


« Si nous prenons cette position élevée dont vous parlez, bien des
personnes abandonneront nos Églises » !

« Je le crois aussi, mais plutôt elles s’en retireront et mieux cela


vaudra ».

Le monde a envahi l’Église comme un euve. On y trouve même


des chœurs formés de gens inconvertis qui chantent pour
l’assemblée ! Avoir la pensée d’employer un inconverti pour
chanter les louanges de Dieu ! Il n’y a pas fort longtemps que j’ai
entendu parler d’une paroisse qui avait un chœur formé de gens
du monde. Le pasteur, ayant aperçu quelque chose qui ne lui
plaisait pas, en dit un mot au chef d’orchestre qui lui répondit :

« Vous êtes là pour les a aires de votre Église, et moi pour mes
propres a aires »

Vous ne pouvez attendre que le Saint-Esprit se mette à l’œuvre


dans une pareille Église !

Les choristes inconvertis

« Si donc je ne sais ce que ces mots signi ent, je serai barbare


pour celui qui parle : et celui qui parle sera barbare pour moi » (1
Corinthiens 14.11).

Ne serons-nous pas aussi des barbares si nous avons des chœurs


qui chantent dans une langue inconnue ? Je suis allé dans des
églises où j’ai entendu chanter un chœur cinq où dix minutes
sans comprendre un seul mot ; durant tout ce temps les gens
avaient des regards distraits.

Peut-être quelques personnes très passionnées de belle musique,


chercheront à introduire l’opéra dans la maison de Dieu ? L’église
aura donc des airs d’opéra, et le peuple nonchalant et endormi,
ne prendra aucune part au chant. On loue des hommes
inconvertis, impies même, qui apportent leur journal, le
déposent sur l’orgue pour le reprendre et le lire dès que le
pasteur commence son sermon, s’ils peuvent toutefois se tenir
éveillés. Et le pasteur s’étonne ensuite de ce que Dieu ne ravive
pas son œuvre, de ce que lui-même n’a plus d’in uence sur ses
auditeurs, de ce que les gens ne viennent pas en foule dans le lieu
de culte au lieu de courir après les amusements du monde ! Le
mal vient de ce que nous ne nous sommes pas maintenus à la
hauteur de notre position, et avons ainsi attristé le Saint-Esprit.
Un seul acte de puissance qui vienne de Dieu est plus précieux
que tout ce que produisent nos moyens arti ciels. Ce que l’Église
doit faire maintenant, c’est de s’humilier dans la poussière en
confessant son péché et en se séparant du monde ; vous verrez
alors si nous manquerons de puissance envers Dieu et envers les
hommes !

Qu’est-ce que le succès ?

L’Évangile n’a pas perdu sa puissance ; il en a tout autant


aujourd’hui qu’il n’en eut jamais. Nous n’avons pas besoin de
doctrine nouvelle c’est toujours le vieil Évangile que la vieille
puissance du Saint-Esprit accompagne. Si les Églises voulaient
seulement confesser leurs in délités et y renoncer, si elles
élevaient leur profession au lieu d’en rabaisser le niveau et
priaient pour obtenir une vie spirituelle plus sainte, alors la
crainte du Seigneur saisirait tous ceux qui nous entourent.
Quand Jacob tourna sa face vers Béthel et détruisit tous les dieux
des étrangers ; la terreur de Dieu tomba sur tous ceux qui
demeuraient là (Genèse 35.3). De même lorsque les chrétiens se
tournent vers le Seigneur, et cessent d’attrister le Saint-Esprit
a n qu’il puisse accomplir son œuvre, nous avons, des
conversions continuellement, et des âmes sont amenées à Christ
chaque jour.

Qu’il est a igeant le spectacle désolé qu’o re la chrétienté ! Il y a


si peu de vie spirituelle : et de puissance spirituelle ! Un si grand
nombre ne désirent pas même la puissance de l’Esprit dont nous
parlons. Ils aspirent à posséder une puissance intellectuelle, à
avoir dans leurs lieux de culte des chœurs qui « attirent »,
quelque prédicateur distingué qui « attire », sans prendre souci
de sauver les âmes. Pour eux ceci n’est pas la question ! Ils
cherchent à remplir les bancs d’auditeurs, à faire venir la bonne
société, les gens comme il faut du monde ; des personnes qu’on
rencontre un soir au théâtre et le lendemain à l’opéra. Ils
n’aiment pas les réunions de prières, ils les détestent même. Si le
pasteur leur fait des conférences ou des sermons, cela leur su t.

Il y a quelque temps que je dis à un homme :

« Comment marche votre Église » ?

« Oh ! C’est splendide ! Me répondit-il.

« Avez-vous beaucoup de conversions » ?


« Eh bien, eh bien, sur ce point cela ne va pas d’une manière aussi
satisfaisante. Mais nous avons loué tous nos bancs et soldé nos
dépenses courantes ; c’est splendide » !

Voilà ce que les gens du monde appellent splendide, quand ils


louent tous leurs bancs, qu’ils paient leur pasteur et bouclent
leurs dépenses courantes. Les conversions ! Mais ce n’est pas de
cela qu’on s’occupe...

Un jour un villageois entra dans une superbe église, et comme la


concierge lui montrait l’édi ce, cet homme lui demanda :

« Avez-vous beaucoup de conversions ici » ?

« Beaucoup de quoi » ?

« De conversions ».

« Ah ! Ceci n’est pas une chapelle méthodiste » !

Vous pouvez aller vous informer dans une quantité d’Églises en


Europe et en Amérique, s’il y a là beaucoup de conversions. On
ne saura pas ce que vous voulez dire, car on ne désire pas d’avoir
de conversions et on ne les attend pas.

Naufrage

Combien de nouveaux convertis ont fait naufrage dans de telles


Églises ! Au lieu d’être pour eux un port assuré, elles les ont
dirigés vers des lueurs trompeuses qui les ont conduits dans le
sentier de la destruction. Le moment n’est-il pas venu de nous
agenouiller devant Dieu, et de crier à lui pour qu’il nous
pardonne ? Le plutôt que nous le ferons ne sera que le meilleur.
On vous invite à une soirée où vous ne rencontrez peut-être que
des membres de l’Église. Sur quel sujet va rouler la
conversation ? Oh ! Je suis si fatigué de semblables distractions
que je les ai abandonnées depuis des années ! Je n’ai pas la
moindre idée de passer une soirée de cette manière, c’est une
perte de temps, car c’est à peine si on a une occasion de dire un
mot pour le maître. Quand vous parlez d’un Christ personnel et
vivant, tout le monde semble o usqué ; les gens n’aiment pas ce
sujet-là. Ce qu’ils aiment, c’est que vous les entreteniez de ce qui
se passe dans la ville, du pasteur qui plaît, de l’Église la plus en
vogue des meilleures orgues, et du chœur qui marche le mieux.
Mais ces choses-là ne réchau ent pas un cœur chrétien ! Le fait
est que le monde a envahi l’Église et pris possession d’elle ; et
nous avons besoin de demander que Dieu nous pardonne pour
avoir ainsi attristé le Saint-Esprit.

Cher lecteur, examinez-vous avec soin, et dites : Ai-je en quelque


manière attristé le Saint-Esprit ? Si vous l’avez fait, que Dieu
vous le montre dès aujourd’hui ! Il est nécessaire que vous
puissiez le voir maintenant même, a n de vous humilier devant
Dieu en lui demandant de vous pardonner et de vous donner la
force de renoncer à votre péché. J’ai assez vécu pour arriver à
cette conviction que si je ne pouvais avoir la puissance du Saint-
Esprit pour m’aider dans l’œuvre, je préférerais mourir ; oui, je
voudrais mourir plutôt que de vivre pour l’amour de la vie !
Combien de personnes qui sont aujourd’hui membres d’une
Église depuis quinze ou vingt ans, n’ont jamais fait la moindre
chose pour Jésus-Christ ! Elles ne pourraient désigner une seule
âme qui ait reçu du bien par leur moyen, qui ait été convertie par
elles.

N’éteignez point l’Esprit

Ce texte est dans 1 essaloniciens 5.19.

Je suis convaincu que ce sont les soucis de ce monde qui


éteignent l’Esprit chez beaucoup de chrétiens. Ils disent :

« Je ne m’occupe pas du monde » !

Ce ne sont peut-être pas les plaisirs du monde autant que les


soucis de la vie qui les détournent ; mais ils ont laissé entrer les
inquiétudes dans leur cœur, et elles ont éteint l’Esprit. Tout ce
qui vient s’interposer entre Dieu et moi, entre Dieu et mon âme,
éteint l’Esprit. Ce sera ma famille peut-être. Vous direz :

Mais y a-t-il quelque danger à aimer trop sa famille ?

Non, si nous aimons le Seigneur plus qu’elle, car le Seigneur doit


avoir la première place. Si j’aime ma famille plus que Dieu,
j’éteins l’Esprit au-dedans de moi ; si j`aime les richesses, si
j’aime la renommée, les honneurs, ma position, le plaisir, moi-
même plus que le Dieu qui m’a créé et qui m’a sauvé, je commets
un péché. Non seulement j’attriste le Saint-Esprit, mais je
l’éteins en dérobant mon âme à son in uence.

Les emblèmes de l’Esprit


Je veux attirer votre attention sur ces emblèmes. Un emblème
représente un objet, comme une balance, par exemple,
représente la justice, une couronne la royauté, un sceptre le
pouvoir. Nous trouvons dans Exode 17.6 ; que l’eau est l’emblème
de l’Esprit. Quand Moïse frappa le rocher au désert, l’œuvre de la
trinité fut rendue sensible par un emblème.

Paul déclare que ce rocher était Christ (2 Corinthiens 10.4) ; il


représentait Christ. Dieu avait dit : « Je me tiendrai sur le
rocher ; » et dès que Moïse eut frappé le rocher, l’eau en jaillit.
Cette eau était un emblème du Saint-Esprit ; elle coula à travers
le camp ; et le peuple s’y abreuva. L’eau puri e, elle fertilise elle
rafraîchit ; elle fut abondante et gratuitement donnée. L’esprit
aussi puri e, fertilise, rafraîchit et ranime. Il fut donné
gratuitement après que le Christ eut été frappé et glori é.

Le feu est encore un emblème de ce même Esprit. Il puri e, il


éclaire, il sonde. Nous parlons de sonder nos cœurs, mais nous
ne pouvons le faire nous-mêmes ; il faut que Dieu opère cette
œuvre. Oh ! Qu’il apporte à la lumière les choses cachées,
secrètes, celles qui s’amassent au fond de notre conscience !

Le vent est un autre emblème. Il est indépendant, puissant, ses


e ets sont sensibles ; il est vivi ant et semblable au Saint-Esprit,
qui est vraiment vivi ant quand il descend sur les membres
découragés d’une Église !

La pluie et la rosée sont encore d’autres emblèmes de L’Esprit ;


elles sont fertilisantes, rafraîchissantes, abondantes. Et la
colombe si douce aussi, qui est plus doux qu’elle ? L’agneau est
doux, innocent, il se laisse tuer ; il est un emblème de Christ. La
Bible nous parle pourtant de la colère de Dieu et de la colère de
l’Agneau ; mais nulle part elle ne dit que le Saint-Esprit puisse se
mettre en colère. Cet esprit est tendre, innocent, aimable, et c’est
lui qui veut prendre possession de nos cœurs. Il vient à nous
comme une voix, et c’est ici un autre emblème, une voix qui
parle, guide, reprend, enseigne. Il est le sceau qui marque sur
nous son empreinte sûre pour montrer que nous appartenons au
Seigneur.

Puissions-nous le connaître dans toute la plénitude de ses


richesses et de ses bénédictions ! C’est ma prière pour moi-même
et pour vous... Prenons garde à ces mots du grand apôtre : « Ma
parole et ma prédication n’ont point consisté dans des discours
persuasifs de la sagesse humaine, mais dans une démonstration
d’esprit et de puissance ; a n que votre foi fût fondée, non sur la
sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1
Corinthiens 2.4-5).

L’Esprit-Saint ; ô pécheur !
Déborde de tendresse,
C’est dans ton pauvre cœur
Qu’il la verse sans cesse.
Ne lui résiste pas !
Jette-toi dans ses bras !
Ne le fais plus attendre
Il veut sur toi descendre.
Toi, ls du Roi des rois,
Le monde te réclame ;
N’écoute point sa voix !
Et l’Esprit dans ton âme
À ots pressés viendra
Lui seul t’enrichira,
Car il aime et console,
Attristé, il s’envole....
Le temple est dépouillé,
Plus de céleste amme
Sur son autel souillé !
Mais l’Esprit dans ton âme
Rallume chaque jour,
D’un pur et saint amour
La lueur immortelle ;
N’éteins pas l’étincelle !

(Imité de P.-P. Bliss)


Table des matières
Préface
1 La puissance, d’où vient-elle ?
Personnalité et identité
L’agent et l’instrument
Le secret du succès
Sa personnalité
De lui procède l’amour
Le cœur qui déborde
L’espérance triomphante
La liberté
2 La puissance en nous et sur nous
Louer Dieu
De quoi ont-ils besoin ?
L’arme la plus forte
Non plus moi
Les fleuves d’eau vive
Les eaux jaillissantes
La cause de nos défaillances
Nouvelles effusions
Les champs verts
Maître et serviteur
Le messager fidèle
3 La puissance dans le témoignage
Ce qu’est le témoignage
Une plus grande œuvre
Un guide sûr
Ramper dans les ténèbres
Le guide infaillible
Il nous enseignera les choses à venir
Un secours pour notre mémoire
Longue ou courte vue
L’ami fidèle
Le plus grand péché du monde
4 La puissance à l’œuvre
L’amour, la paix et la joie
Ce qui peut les gagner
La puissance de Dieu
Les merveilleux effets de l’amour
Trouver en faute
Après l’amour, qu’y a-t-il ?
Pas aisément ébranlé
Douces paroles
Déclaration de paix
La joie n’est pas égoïste
La joie dans la persécution
La charité
5 La puissance et ses obstacles
Le péché irrémissible
Ce qu’il n’est pas
Les mauvaises pensées
L’ami fidèle
N’attristez pas l’Esprit
Les amusement mondains
Les choristes inconvertis
Qu’est-ce que le succès ?
Naufrage
N’éteignez point l’Esprit
Les emblèmes de l’Esprit

Vous aimerez peut-être aussi